La Lumière électrique
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- La Lumière Électrique
- Journal universel cl'Électricité
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- LA
- JOURNAL UNIVERSEL D’ÉLECTRICITÉ
- DIRECTEUR :
- Dr CORNELIUS HERZ
- Secrétaire de la Rédaction : AUG. GUEROUT
- APPLICATIONS DE L’ÉLECTRICITÉ
- LUMIÈRE ÉLECTRIQUE --- TELEGRAPHIE ET TELEPHONIE
- SCIENCE ÉLECTRIQUE, ETC.
- TOME DIX-SEPTIEME
- PARIS
- AUX BUREAUX DU JOURNAL
- 3i, — Boulevard des Italiens, — 3i
- l885
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d9 Électricité
- 3i, Boulevard des Italiens, Paris
- directeur : D* CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout
- 7e ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI 4 JUILLET 1885 N° 27
- SOMMAIRE. — Sur la mesure des faibles résistances; P.-H. Ledeboer. — L’électricité en Amérique ; L’éclairage électrique ; Aug. Guerout. -- Sur la durée des lampes à incandescence ; G. Szarvady. — Armature nouvelle à molécules orientées; A. Gravier. — Indicateur de niveau à distance, n’employant qu’un seul fil; G. Mareschal. — Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch : Sur un dispositif qui permet d’obtenir sans calcul le potentiel magnétique dû à un système de bobines, par M. G. Lippmann. — Influence des orages sur les lignes télégraphiques ordinaires, par M. Blavier. — Un nouvel électro-dynamomètre, par J. W. Giltay. — La conductibilité électrique et le coefficient de température du mercure solide, par C. L. Weber. — Correspondances de l’étranger : Allemagne ; H. Michaèlis. — Angleterre; J. Munro. — Chronique : Les lampes à incandescence devant le tribunal, aux Etats-Unis; O. Kern. — Bibliographie. — Faits divers.
- SUR LA MESURE
- DES
- FAIBLES RÉSISTANCES
- Pour mesurer de très faibles résistances électriques, on se sert le plus souvent du pont double de M, Thomson (*).
- Nous nous proposons ici, de chercher dans quelles conditions il faut se placer, et quel galvanomètre il faut employer, pour que l’erreur relative de la mesure ne dépasse pas une valeur assignée à l’avance.
- Nous croyons que dans la pratique ordinaire, il suffit de ' pouvoir compter sur une erreur qui ne 1 . , dépasse pas de la résistance mesurée, et que
- pour des expériences de précision, on ne peut guère aller au delà de Dans ce dernier cas, s’il s’agit
- d’une barre métallique par exemple, il faut que les mesures linéaires s’effectuent avec le même degré d’approximation ; or, sur une barre de 20 centimètres, par exemple, il faut que la position de chaque contact soit déterminée à 1/10 de millimètre près, et nous croyons qu’il est difficile de pousser l’exactitude plus loin.
- Dans la disposition imaginée par M. Thomson, les deux conducteurs à comparer AB et CD sont reliés à l’aide d’une pièce de faible résistance F,
- et les extrémités libres A et D sont mises en communication avec les pôles d’une pile E. Sur les conducteurs à comparer, on prend 4 contacts en A B C D ; on joint BàCetAàDà l’aide de fils divisés en deux portions, par les points V et Y', où viennent s’attacher les fils du galvanomètre ; les résistances sont (figure ci-après):
- BV =a, VC =b, A V'=c, V'D = d.
- On établit d’avance entre ces fils la relation suivante :
- Les contacts A B C D étant placés de telle façon que le galvanomètre reste au zéro, on aura la relation
- En effet, si A B C D Y et Y' représentent les valeurs du potentiel en ces points, on a, si le galvanomètre n’indique aucune déviation :
- A—B C-D B—V_____V — C A—V'____V' — D
- r s ’ a b ’ c d
- Des deux dernières équations on tire
- B+Ctt _A+Dtt
- tt + I ’ K-f-I
- A — B_r a___ c___
- C—1) s ~b ~d n'
- (<) Phil. Mag. 1862 t. 24, p. 149.
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- Pour chercher quelle approximation on peut obtenir, nous supposerons que la condition
- a__ c__
- ï d
- est toujours satisfaite, mais, qu’au lieu der, il y ait une résistance
- r' = r{ i+e).
- Si g représente la résistance du galvanomètre et i l’intensité du courant qui le traverse, on a
- . V' —V
- i —-----,
- g
- et
- = -y- =~*+ s—
- En résolvant ces équations, par rapport à V et
- V', on trouve, en tenant compte de la relation
- a c b d H’
- V' — V A-B — »(C — D) .
- g ~ ii{b + d) + (n + l) g'
- on a toujours, très approximativement^:
- A—B C—D
- r‘ s '
- et, comme r' = r( 1 +e),
- il vient
- * g n(b-\-d) + (ti + i) g^G D^‘
- La discussion de cette formule va nous permettre de voir à quelles conditions doit satisfaire le galvanomètre.
- Soit, d’abord, n = i et b = d, on aura:
- Y' —v _ e
- g ~ i\b + g)
- (C-D).
- On voit d’abord que, dans le cas où les résistances auxiliaires sont égales, et par suite, la résistance à mesurer, r, égale à la résistance commune s, on obtient le meilleur résultat, en prenant les résistances auxiliaires aussi petites que possible.
- En négligeant ces résistances auxiliaires devant celle du galvanomètre, on a :
- V'-V = f(C-D),
- ce qui veut dire que la sensibilité du galvanomètre doit être telle, qu’il donne une déviation appréciable pour une différence de potentiel égale à la moitié de l’erreur relative multipliée par la différence de potentiel C — D ou A — B. Pour une
- erreur de e = il faut que le galvanomètre donne une indication pour une différence de potentiel
- (C-D).
- Il faut donc d’abord nous occuper de la plus grande différence de potentiel, C—D, qu’on peut établir aux extrémités des conducteurs qu’on compare. On est limité ici par l’augmentation de température produite par le passage du courant. M. Thomson indique dans son mémoire les nombres suivants :
- L’augmentation de température qu’éprouve une barre de cuivre de 3ocm. (i pied = 3ocln,48) de
- longueur, la f. é. m. aux extrémités étant ^ d’un élément (Daniell), est de o°,0676 par seconde. Dans deux secondes, temps nécessaire pour effectuer la mesure, l’augmentation de température sera donc deo°,i4 et une différence de o°,2 change la con-
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- ductibilité du cuivre de ——. L’échauffement pro-4000 r
- duit par le courant se calcule d’après la formule
- W=CJ =
- EH
- _EH
- où C— nombre des calories (en grandes calories),
- J — équivalent méc. de la chaleur = 430 kilo-grammètres.
- W — énergie en kilogrammètres,
- E — f. é. m. en volts,
- R — résistance en ohms, g — accélération de la pesanteur = 9,81, t — temps en secondes,
- on a d’ailleurs
- C==Q XçXjX/Xj et R /
- ou
- 0 — température,
- c — chaleur spécifique du métal considéré, d— le poids spécifique, l — longueur en centimètres, s — section en centimètres, r — résistance spécifique en ohms.
- On obtient ainsi pour l’augmentation de la température :
- 0 = Elf_ig°o ,
- /2 J g cdr
- Cette formule s’applique au cas où la différence de potentiel E est maintenue constante, comme par exemple pour des fils tendus parallèlement ou en dérivation. L’échauffement dans ce cas est
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- indépendant de la section, ce qui est évident, et inversement proportionnel au produit de la chaleur spécifique, de la densité et de la résistance spécifique. Les fils les meilleurs conducteurs s’échauffent donc le plus, car, dans une même section, il passe une plus grande quantité d’électricité. Ceci explique aussi cette anomalie apparente et qu’on montre dans les cours de physique que, si on prend deux fils de même longueur et de même section, l’un en platine l’autre en argent, c’est le fil de platine qui s’échauffe le plus lorsqu’on les réunit en tension, tandis que c’est le fil d’argent qui rougit le premier lorsqu’on les attache en dérivation aux bornes de la même pile.
- Dans le dernier cas, il faut en effet appliquer la formule précédente, tandis que dans le premier, c’est l’intensité qui reste constante, et on a
- r i
- E = I R = I
- s
- d’où
- I2 iooo r
- a = — t -=—
- 52 J gcd
- et dans ce cas, l’augmentation est proportionnée à la résistance spécifique r.
- Lorsque dans la formule
- , E2 . 1000
- 0 = -7- t 7--—
- /2 J gc a r
- on remplace c, d, r par leurs valeurs relatives au cuivre
- c = o,i, d = 8,8, r= 1,6X10—G,
- Ce tableau montre que le cuivre est un des métaux qui s’échauffent le plus rapidement, et comme d’autre part sa variation de résistance avec la température est considérable, les mesures seront plus difficiles qu’avec le mercure ou le maillechort. Il faut, dans tous les cas, que la variation de résistance due à l’augmentation de température n’excède pas l’erreur relative qu’on s’est proposé de ne pas dépasser. Ainsi, avec le cuivre, on ne peut pas
- dépasser z~ v°lt par 3ocm, ce qui introduit dans l’espace de deux secondes, une variation de résistance de près de
- Cherchons maintenant la condition à laquelle doit satisfaire le galvanomètre. Soit la distance CD entre les deux curseurs 10 centimètre s, et supposons qu’on se contente d’une erreur de 1 %, ce qui xevient à dire que, pour un déplacement de i™ d’un des curseurs, le galvanomètre doit dévier d’une manière appréciable. Pour une différence de
- potentiel de \ X -^= de volt, l’erreur due à
- l’augmentation de température est de pour 2 secondes: on pourra donc dépasser cette f. e.m. ; nous la maintiendrons cependant, par la raison que dans beaucoup de cas, et avec des galvanomètres à oscillations lentes, la durée de 2 secondes pour faire l’expérience n’est pas suffisante. Ainsi, dans ce cas, on a ,
- C—D=7^5 volt, . '
- d’où -
- on trouve pour E = ^ volt l -- 3ocm,
- f) = o°,o74,
- valeur voisine de celle indiquée par M. Thomson.
- Nous avons calculé dans le tableau suivant l’augmentation de la température qu’éprouvent les métaux usuels, lorsqu’on maintient une différence de potentiel de 1 volt aux extrémités d’une barre de 1 mètre de long.
- U P U TJ _ 3
- O' P 2 O >-
- tu O' 0 y, ,0
- U c. Ci, 0 O -a h 1/3 S gis g 2 c 0 H «.<u
- 10 c- t/3 û ac- S-B %
- ùO J < cü p £ ^ < -O TJ rt **
- X 0
- k U Ch TJ TJ
- Cuivre 1,6x io-° 0.1 8,8 17° 0,38
- Argent 1,6 x 10—ü 0,057 io,5 240 0,38
- Platine 9 X io-° 0,032 21 4°, 3 0,38
- Fer 10 X 10—0 0,114 7,8 2°, 5 0,38
- Plomb 20 X 10— 6 o,o3i n,4 i3,6 3», 6 0,39
- Mercure 100 X 10—6 o,o33 o°,5 0,075 0,38
- Aluminium. . . . Argent allemand 3 X 10—(i 0,21 2,7 i3°
- (maillechort). . 21 X 10—0 0, I 8 i°,3 0,044
- ce qui veut dire que le galvanomètre doit indiquer une déviation appréciable, pour une différence de
- potentiel de de volt. M. Thomson donne les
- indications suivantes relatives au galvanomètre dont il s’est servi. La bobine est formée par gim,44(5o yards) de fil de cuivre pesant ier,i2 par mètre (5 grains par pied), ce qui donne pour la résistance du cadre, environ 6 ohms, et la durée d’une oscillation simple, sous l’influence seule du magnétisme terrestre, est de os,7- Dans ces conditions, ce galvanomètre donne une déviation d’une demi-division, chaque division étant de 5/8 de millimètre de pouce), pou rune f. e. m. de
- d’un seul élément (Daniell), l’échelle étant placée à om,65 environ (25 pouces) du miroir. Ainsi donc, dans ce cas, on pourrait apprécier le dixième dé la valeur donnée de V’—Y ou de la
- résistance à mesurer. Une erreur de correspondra à une déviation de 4““, de l’échelle, et dans la pratique courante, il faut au moins
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- une déviation de i à 2mm, pour constater une déviation à l’œil nu. En remplaçant l’échelle par une unette, on peut apprécier facilement des fractions de millimètre et comme on peut se placer à des distances plus grandes, on peut augmenter la sensibilité dans des proportions notables. L’usage de la lunette toutefois est trop fatigant et trop incommode pour être employé couramment en dehors des laboratoires. Voici les constantes de quelques autres galvanomètres, qui se trouvent au laboratoire de physique de la Sorbonne. Les échelles sont placées à une distance moyenne de im environ.
- RÉSIS- DURÉE DÉVIATION
- TANCE d’osciil. pour volt
- i. Galv. Thomson à 2 bobines.. . . 4 secondes 1,5 millimétrés 10
- 1. Galv. Thomson à 2 bobines.. . . 4 4 3o
- 2. Galv. Thomson à 4 bobines . . . IOOOO 0,4
- 3. Melloni à aiguilles asiatiques.. . 3400 6,4 i,7
- 4. Autres 2 7 41
- 5. Autres 0,8 i3 224
- Le galvanomètre dont parle M. Thomson dans son rùémoire, donne pour volt une déviation de
- imm, mais avec une durée d’oscillation de o%7. On voit donc d’abord que pour ce genre d’expérience, il faut prendre un galvanomètre à faible résistance, et qu’une sensibilité de imm pour une f. e. m. de i microvolt, sensibilité qu’on atteint assez facilement, est suffisante. Nous avons vu d’ailleurs que la résistance des fils auxiliaires doit être inférieure à celle du galvanomètre. On se place donc dans de bonnes conditions en prenant ces résistances de i à 2 ohms, et un galvanomètre de 4 à
- 10 ohms. Dans ce cas, un déplacement de imm d’un des curseurs produira une déviation d’environ 3omm de l’image, et on peut aller jusqu’au millième avec un déplacement de 3mm.
- Jusqu’ici nous avons considéré le cas où les résistances à comparer sont égales. Voyons maintenant ce qui arrive lorsque la résistance à mesurer est petite par rapport à celle qui sert de terme de comparaison. C’est ce qu’on fait souvent dans la pratique, la résistance fixe étant un fil métallique, à laquelle on compare la faible résistance à mesurer.
- Soif donc n — — et b — d,
- 100 7
- 11 vient
- V'-V
- 2b +\oo i
- :(C - D).
- Ici on voit d’abord que les résistances b et d peuvent être plusieurs fois celle du galvanomètre, sans qu’il y ait une influence manifeste. En négligeant donc b, on a :
- ce qui montre que, pour obtenir le même degré d’approximation,il faut disposer d’un galvanomètre 5o fois plus sensible et qui donne une déviation appréciable pour une f. é. m. de ^ X 33^ = 5 X io-« volt, c’est-à-dire pour une f. é. m. de i/3 de microvolt. Il faudrait donc un galvanomètre excessivement sensible, mais il y a une autre circonstance qui permet d’obtenir encore dans ce cas, et avec le même galvanomètre, une approximation identique. Il suffit pour cela de comparer la barre à mesurer, à une résistance de mercure ou de maillechort, car pour ces deux derniers métaux on peut augmenter de beaucoup la f. e. m. sans que réchauffement produise une variation de —— dans la résistance.
- IOOO
- En effet, en consultant le tableau précédent, on voit que pour des barres de 1 mètre de long et avec une f. é. m. de 1 volt maintenue aux extrémités de cette barre, la variation de la résistance due à réchauffement est, par seconde :
- Cuivre......... 17 x o,38 =6,5 0/0
- Mercure........ o,5 X 0,075 = o,o38
- Maillechort. . . I,3X 0,044 = 0,057.
- Ainsi la résistance d’une telle barre de cuivre augmente par seconde de 6 % de sa valeur, tandis que la résistance du mercure n’augmentera que
- de 0,04 °/o ou —4— de sa valeur. On pourra donc
- établir une différence de potentiel au moins 100 fois plus forte sans introduire une erreur plus grande. Ainsi, si AB est une barre de cuivre et CD un fil de maillechort, ou une colonne de mercure, on peut établir entre CD une différence de potentiel 100 fois plus forte qu’entre AB, sans que l’augmentation de température ait une influence plus considérable sur CD que sur AB; on n’a donc pas besoin d’augmenter la sensibilité du galvanomètre. Le mercure est moins influencé que le maillechort et comme il faut finalement rapporter les mesures au mercure, on aura avantage à se servir de ce métal. Toutefois, dans certaines applications, l’emploi d’un fil de maillechort, calibré préalablement peut offrir plus de commodité.
- Lorsqu’on se sert du mercure, il faut l’enfermer dans une auge dont les dimensions sont appropriées à la résistance à mesurer ; les contacts aux extrémités sont pris par des lames de platine ou de fer et les contacts mobiles par des fils de platine ou de cuivre. La longueur se mesure par les procédés ordinaires et la section, une fois pour
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- toutes, parle poids du mercure. Pour les contacts AB sur la barre à mesurer on prendra des contacts tranchants qu’on placera sur la barre.
- On peut facilement vérifier sur l’appareil même que les résistances des contacts sont négligeables devant les résistances auxiliaires et que ces derniers vérifient la relation
- a__c
- b~d'
- Il suffit, pour vérifier cette relation, d’enlever les barres AB, CD et F, et de mettre CD en communication avec un des pôles de la pile et AB avec l’autre. On aura ainsi un pont de Wheatstone ordinaire. Dans le cas où les 4 résistances doivent être égales, il suffit d’intervertir deux des résistances, a et b, par exemple, sans les détacher de Y : si l’équilibre existe de nouveau, on aura a = c=b=d. Quant à la vérification des résistances des contacts, voici comment on opère : dans l’expérience précédente, on s’est assuré d’un bon contact, en plongeant, par exemple, les fils de cuivre amalgamés dans des godets de mercure. Puis on enlève un de ces fils, B, par exemple, 011 l’attache à la pièce qui sert de contact et on place ce contact sur la barre, tout près de A. Ceci ne doit amener aucune variation dans l’équilibre du pont, si la résistance du contact est négligeable devant celle de a, b, c, d. Ces essais se font d’ailleurs très rapidement, pendant le montage dupont double, car il suffit, après avoir posé un contact, d’abaisser la clef de la pile et de vérifier si le contact est bon.
- La barre à mesurer aboutit par ses deux extrémités dans des flacons remplis de mercure; ces flacons sont naturellement munis d’une ouverture latérale pour laisser passer l’extrémité de la barre. Un bouchon en liège ou en caoutchouc sert de fermeture. Il n’est pas nécessaire d’amalgamer les extrémités de la barre. Cette méthode a en outre l’avantage d’éliminer une correction introduite par M. Kirchhoff pour le cas où le courant entre par un seul point dans la barre, car ici les lignes de force sont parallèles. Pour avoir de bons résultats il faut que les résistances r et s soient au moins 100 à 1.000 fois moindres que les résistances auxiliaires a, b, c, d.
- Il est à noter que l’approximation obtenue, ne dépend nullement de la section de la barre à mesurer. Les barres de forte section se mesurent tout aussi facilement et aussi exactement que les barres de section plus faible. Il faut seulement augmenter l’intensité du courant.
- Voici un exemple de ces mesures. Une barre d’acier de 8mm de diamètre est comparée à une colonne de mercure de 255mm2 de section. Les résistances auxiliaires sont de 2 ohms et égales entre elles. Le galvanomètre Thomson à deux bobines n° 1 aune résistance de 4 ohms et donne une
- déviation de iomm pour une différence de potentiel de 10-5 volt. Afin d’obtenir l’équilibre pour une distance de iSS*"1" sur la barre d’acier, il faut que les contacts de la colonne mercurielle soient distants de i20mm. Le déplacement de immd’un des contacts donne un déplacement de plusieurs millimètres de l’image sur l’échelle. L’intensité du courant est de 5 ampères : ce courant est fourni par un élément à oxyde de cuivre. En effectuant le calcul, on trouvera que la résistance de la barre est de 444 micro-ohms et que la résistance spécifique est de 14,3 X io-0 ohms. D’ailleurs la f. e. m. aux
- extrémités de la barre d’acier est de de volt, pour une longueur de i55mm ce qui donnerait pour une longueur de 3ocentimètres, une f. e. m. de ^ de
- volt. On aurait donc pu augmenter cette f. e. m. dans de grandes proportions, sans avoir à craindre l’influence de réchauffement de la barre. Si on remplace la barre d’acier par une barre de cuivre, en conservant la même colonne de mercure, on est amené à donner aux résistances auxiliaires, un rapport égal à 10, et à augmenter la f. e. m. jusqu’à ce que la déviation de l’image du galvanomètre devienne bien visible, lorsqu’on déplace un des curseurs d’un millimètre environ. Il est bien évident que dans ces cas, lorsqu’on emploie plusieurs éléments de pile, il faut les mettre en quantité et non en tension.
- Une autre méthode pour la mesure des faibles résistances, consiste dans l’emploi du galvanomètre différentiel. M. Kohlrausch (') a indiqué une méthode qui permet d’éliminer les petites erreurs dues au défaut de symétrie du galvanomètre différentiel.
- Toutes les considérations précédentes relatives à la f. e. m. à employer, à la sensibilité du galvanomètre, etc., s’appliquent également à cette méthode. Comme dans le cas du galvanomètre différentiel on n’a pas besoin de résistances auxiliaires, la méthode est plus simple, mais, d’autre part, il est moins facile de comparer des résistances inégales. Il est nécessaire d’avoir autant d’étalons de résistance à sa disposition, qu’on a de résistances de diverses grandeurs à mesurer, tandis que par la méthode du pont double de Thomson, le même étalon permet de mesurer des résistances sur une échelle très étendue en changeant le rapport de proportion.
- Le galvanomètre différentiel, dont s’est servi M. Kohlrausch a une résistance d’environ 700 ohms et les actions des deux moitiés de la bobine ne
- diffèrent que de ^ environ.
- M. Kohlrausch n’indique pas la sensibilité de ce
- (<) XVied. Ann., i883, t. XX, p. 76.
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- galvanomètre, mais il dit avoir comparé les résistances de trois morceaux de même longueur (i9cm) d’un fil de maillechort de imm,4 de diamètre,
- avec une approximation de -,Les résistances
- de ces fils étaient d’environ 0,01 d’ohm chacune et pour obtenir l’approximation indiquée il faudrait que le galvanomètre différentiel indiquât une déviation appréciable pour une f. e. m. égale au de la f. e. m. aux extrémités de la résistance à comparer. Cette f. e. m. doit d’ailleurs être telle que -pendant la durée de la mesure* soit 2 secondes, l'augmentation de température n’entraîne
- pas une augmentation de résistance de —J—, or
- pendant 2 secondes, une f. e. m. de 1 volt, aux extrémités d’un fil de 1 mètre, entraîne une augmentation de ce qui correspond à j de volt pour 20 centimètres, longueur des barres de M. Kohl-rausch. Une variation de ^5555 ne permet donc
- qü’une f. e. m. de ^ de volt. Il faudrait donc que ie galvanomètre différentiel employé indiquât une déviation pour une f. e. m. de A- X ; - de volt
- — microvolt. Cette sensibilité nous paraît excessive. Il est vrai que les barres à comparer étaient de même métal et de même section : alors les différences introduites par la température se compensent.
- F*.-H. Ledeboer.
- L'ELECTRICITE EN AMÉRIQUE
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- • Une des choses qui frappent le plus, lorsqu’on arrive le soir dans une ville des Etats-Unis, est la grande quantité des foyers électriques à arc que l’on voit briller de tous côtés, tant dans les rues que dans les magasins. Du premier coup d’œil on se rend compte que le développement pris dans ce pays par la lumière électrique est considérable, et l’on se demande quelle peut être la raison de ce progrès si rapide, alors que chez nous les applications de l’éclairage électrique sont relativement restreintes.
- Les causes en sont diverses. En premier lieu, il faut citer le caractère entreprenant et hardi des Américains, qui les pousse à se lancer sans crainte dans l’exploitation de toute idée nouvelle leur paraisssant pratique. Grâce à cette tournure
- d^esprit, on n’a pas aux États-Unis débuté comme chez nous, dans l’éclairage électrique, par des essais timides, de simples installations particulières : on a dès l’abord créé des usines centrales d’éclairage électrique pouvant alimenter plusieurs centaines de foyers à ;arc et toujours prêtes à s’agrandir. Cela a permis de fournir de suite la lumière .à des conditions acceptables, aux villes comme aux particuliers, et de faire une concurrence effective au gaz.
- Ce dernier, d’ailleurs, au moment où ont été faites les premières installations électriques était d’un prix très élevé. Aujourd’hui, que la concurrence a produit une baisse notable, le prix du gaz, variable dans les différentes villes, est encore en moyenne de 2 dollars les mille pieds cubes, soit o fr. 35 le mètre cube. Le gaz n’était pas en outre, en général de bonne qualité et l’on comprend que de telles conditions aient engagé à essayer de la nouvelle lumière.
- En France, une des causes qui se sont opposées au progrès de l’éclairage électrique a été la difficulté avec laquelle on renonce à l’état de choses établi, et l’hésitation que l’on éprouve à transformer des installations présentant un caractère tout à fait définitif. Dans nos magasins, les lustres et appliques servant actuellement au gaz sont souvent mal disposés pour recevoir des lampes électriques; mais ce sont en général des appareils ornementaux d’un prix élevé, et l’on y regarde à deux fois avant de les remplacer, d’autant plus que l’on tient à ce que les nouveaux ‘lustres soient également d’un aspect agréable et qu’ils seront par conséquent coûteux. De même, dans nos rues, nos candélabres à gaz sont d’un modèle soigné, presque élégant, et en les remplaçant par les supports plus élevés que nécessitent les foyers à arc, on voudrait donner aux nouvelles colonnes un caractère artistique ; cela entraînerait à des frais devant lesquels on recule.
- Les choses se passent autrement en Amérique. Dans les magasins, les appareils à gaz sont rarement luxueux; on ne fait donc aucune difficulté pour les supprimer et, quand on les remplace par des lampes à arc, on se contente de suspendre celles-ci par deux crochets au plafond et on ne s’occupe guère de leur donner un aspect ornemental. Dans les rues, les candélabres à gaz sont des plus primitifs, de simples colonnes de fonte surmontées par une lanterne très ordinaire, et constituent un matériel de peu de valeur. Les supports élevés des lampes électriques, sont du même genre et dans bien des cas, de simples mâts en bois font l’affaire. En un mot, l’installation du gaz ayant un caractère presque provisoire, on se résout aisément à la remplacer par de nouveaux appareils établis dans le même genre, et qui, le progrès marchant, seront prêts à disparaître sans difficulté devant un autre système.
- Nous allons passer en revue les diverses so-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- io
- ciétés dont les lampes fournissent le brillant éclairage dont nous venons de parler.
- Société Brush.
- La compagnie Brush est certainement la plus importante. D’après ses indications, elle a tous les soirs 25.000 lampes brûlant sur le territoire des États-Unis.
- L’usine de la Compagnie Brush, que représente la figure i, est établie à Cleveland.
- Cette vaste usine dont les différents outils sont mus par deux machines de 3oo chevaux chacune, contient d’abord un atelier pour la fabrication des machines et des lampes, puis une très vaste installation pour la préparation des charbons cuivrés pour les lampes.
- La mixture de charbon est d’abord broyée dans des cylindres dans lesquels roulent des boules de fer. Elle est ensuite agglomérée à l’aide de la presse hydraulique, puis cuite dans des fours qui sont au nombre de 40, 32 petits et 8 grands. Les charbons sont ensuite cuivrés galvanoplastique-ment. L’usine en livre au commerce, par mois, 600.000 du petit modèle, et un million et demi en comptant toutes les grandeurs.
- Elle fabrique par semaine 700 lampes avec les machines correspondantes.
- Les usines centrales de la Compagnie Brush sont installées dans un grand nombre de villes et pour donner une idée de leur importance nous allons indiquer le nombre de lampes qu’elles alimentaient au mois de novembre dernier :
- Lampes Lampes
- New-York . 1800 Alpina, Mich 5o
- Philadelphie 1000 New-Orléans 600
- Rochester N. Y . i3oo Denbury, Col 200
- Boston 600 Sait Lalce City 140
- Baltimore 600 Oyden 5o
- Buffalo 55o San Francisco 400
- Cleveland 3oo Galvestou (Texas).... 75
- Toledo i5o Louisville.. i5o
- Detroit 55o Montgomery (Ala-
- Albany 5oo bama) 70
- Binghamptou 5o Butler (Miss) 40
- Niagara Falls 75 Fargo (Dakota) 70
- Pittsburg 320 La Crosse (Wisconsin) 60
- Saint-Louis 250 Nashville (Tennessee). go
- Cincinnati 400 Chattanoga. 80
- £j,ron 75 Atalanta 5o
- Indianapolis 125 Helena 40
- 75 Butte 40
- Rock-Island 5o Savannah 70
- Ottawa 5o Mecon 40
- Grand Rapids, Midi.. 125 Colombus 60
- Cette liste comprend environ les deux tiers des stations.
- Pour montrer comment sont faites les installations de la Compagnie, nous donnerons dans un prochain article la description de quelques usines centrales.
- (A suivre).
- SUR LA DUREE
- DES
- LAMPES A INCANDESCENCE
- La première étude sur la durée des lampes à incandescence, qui ait été publiée à notre connaissance, est une conférence très intéressante de M. Wilhelm Siemens (*).
- Elle a été analysée en son temps par notre collaborateur M. Frank Géraldy (2), aussi nous contenterons-nous d’examiner les conclusions.
- L’auteur établit d’abord que, pour une même espèce de charbon et à une température constante, un pouvoir lumineux donné entraîne une surface rayonnante et une dépense d’énergie parfaitement déterminées. Il montre ensuite que toutes choses égales d’ailleurs, la lampe la plus résistante sera la plus avantageuse au point de vue de la moindre dépense en frais de canalisation. Puis il aborde l’examen des conditions qui influent sur la durée des lampes, mais il n’introduit pas, comme nous l'avons fait, la notion de la densité de courant, aussi est-il conduit à des résultats que nous allons exposer et sur lesquels nous avons quelques réserves à faire.
- M. Siemens classe les lampes à incandescence d’une manière générale en deux espèces ; en considérant d’une part, celles qui, comme les lampes Edison, possèdent un filament long et mince et qui nécessitent de hautes tensions ; d’autre part, celles dont le filament gros et court demande une forte intensité, mais une faible tension.
- Ces évaluations ne sont, bien entendu, que relatives.
- « La distinction caractéristique à établir, poursuit-il, réside dans la différence des sections, dont la grosseur varie en sens inverse de l’intensité du courant. Un plus grand diamètre entraîne (toutes les autres conditions restant les mêmes), une plus grande solidité du filament et une plus grande durée de la lampe. »
- Il ajoute que : « plus la température supportée par le charbon sera élevée, et plus sa ténacité sera mise à l’épreuve » ; puis encore « qu’un filament épais pourra, en général, supporter une température plus forte qu’un filament mince ».
- Plus loin nous trouvons que : « si l’on imagine deux filaments de même longueur et de même section, mais ayant l’un une section rectangulaire, l’autre une section circulaire, le premier possédera une surface plus grande que le second. A tempéra-
- (') Uber die Beleuchlung durcit Gluhlicht. Elektrolech-tiische zeitschrift. Mars iS83.
- (2) La Lumière électrique, t. VIII, p. 533.
- Aug. Guerout.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- il
- ture égale son rayonnement sera donc plus considérable, parce que le rayonnement est proportionnel à la surface. Pour rétablir l’égalité entre les deux rayonnements, il faudra allonger la fibre ronde sans toucher à sa section.
- Nous aurons donc ainsi deux lampes de même surface émettant la même quantité de lumière, qui posséderont aussi la même solidité, parce que leurs sections seront égales. Le produit El est également le même dans les deux cas, mais la résistance du filament rond sera la plus grande, à cause de l’excès de longueur. C’est donc la forme ronde qui est préférable. «
- Bien que les conclusions en soient justès, le raisonnement ne nous paraît pas à l’abri de toute critique. Il n’est pas exact en, effet, de dire que deux filaments, même homogènes, ayant des sections égales, possèdent nécessairement la même solidité, et, par suite, la même durée.
- Il est facile de s’en convaincre en se reportant aux équations que nous avons établies dans notre dernier article (l) et que nous reproduisons pour mémoire :
- (O
- (2)
- (3)
- (4)
- avec
- (5) et
- (6)
- Rappelons que l représente la longueur du filament ; S sa surface rayonnante ; s sa section et p le périmètre de cette section.
- E, est la différence de potentiel aux bornes ; I l’intensité, et R la résistance à chaud de la lampe, lorsque son pouvoir éclairant est de b bougies, e, désigne l’éclat; il est mesuré par la quantité de lumière émise par unité de surface du filament. Enfin to est la quantité d’énergie absorbée par bougie.
- Supposons maintenant que nous nous donnionsla température ; e et w seront déterminés. Donnons-nous ensuite le pouvoir éclairant b ; la surface S sera également déterminée. Donnons-nous enfin la section s de filament.
- On déduit facilement des équations fondamentales les égalités suivantes :
- S = bt, EI = Z’!û,
- s
- lp=S, l
- R
- (9) . î = (*)<#,
- (10)
- n) T, Z'1' S \ I
- R~ (es*) d*
- Les quantités entre parenthèses sont des constantes.
- Pour une valeur déterminée de la section, il existe pour p, une valeur minima qui correspond à la section circulaire. Les équations (7) et (8) montrent que d passe en même temps par un minimum, et R par un maximum.
- On peut, tout en conservant les données que nous nous sommes imposées, faire croître p; alors d et I augmentent, tandis que l et R diminuent.
- Nous retombons dans les lampes à basse résistance ; mais ces lampes seraient dans de très mauvaises conditions, puisque, pour un même éclat, un même pouvoir lumineux et une même dépense d’énergie, elles subiraient une densité de courant supérieure à celle des lampes de haute résistance.
- On voit que, bien que la section reste constante, on pourra ainsi obtenir des densités de courant qui paraissent peu compatibles avec une grande durée de filament ; il n’est donc pas exact de dire que deux filaments de même nature et de section égale, émettant la même quantité de lumière à la même température, auront nécessairement la même durée.
- Ce n’est pas, nous le répétons, la section, mais bien la densité de courant qui, pour une même température, est la caractéristique de la durée de la lampe.
- M. Wilhelm Siemens indique les dimensions de trois lampes à section circulaire, fabriquées par la maison Siemens et Halske, et qui, avec une tension de io5 volts, et un éclat sensiblement le même pour toutes, avaient respectivement des pouvoirs lumineux de 10, 16 et 25 bougies.
- Nous reproduisons ci-dessous ce tableau. Les longueurs et les surfaces y sont, exprimées en millimètres.
- TABLEAU I
- rouvom lumineux en bougies b DIAMÈTRE du filament A LONGUEUR du filament l SECTION du filament 5 SURFACE du filament S
- 10 0, i5 IIO 0,0177 5i ,83
- 16 0,20 125 o,o3i4 73,54
- 25 0,27 145 0,0572 122,99
- (') La Lumière électrique, t. XVI, p. S48.
- L’auteur remarque que dans cette série, les sections croissent plus rapidement que les pouvoirs
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- lumineux et les surfaces rayonnantes, et que, par suite, la solidité et la durée des lampes augmentent avec le pouvoir éclairant.
- Il en conclut que les lampes les plus puissantes dbivent pouvoir être plus poussées que les lampes les plus faibles; mais il ne le démontre pas. Nous avons montré que cette conclusion se déduisait rigoureusement de nos équations fondamentales, et cela, en admettant que les filaments soient par-
- faitement homogènes, car, dans le contraire, elle ne serait pas exacte. - >
- Quelques mois après avoir publié le travail que nous venons d’étudier, M. W. Siemens annonça que la maison Siemens et Halske avait grandement perfectionné ses procédés de fabrication (*), et pour montrer la supériorité des nouveaux produits sur les anciens ainsi que sur les lampes Edison, il donne le tableau suivant :
- TABLEAU II
- NOUVELLES LAMPES SIEMENS ANCIENNES LAMPES SIEMENS LAMPE A Edison
- 11 IV VI 11 IV VI
- Pouvoir éclairant en bougies Volts Ampères Résistance à chaud Watts Nombre de bougies par cheval électrique 12 IOO 0,41 244 40,5 210 16 100 0,55 182 55 206 25 IOO 0,80 125 80 • 221 12 102, ï o,5o 204 5i,5 i65 16 101,4 0,72 141 72,6 157 25 101,7 1, i5 88 116,9 1S2 16 100,4 0,71 141 71,5 i5g
- Il est permis de supposer que les lampes anciennes, types IV et VI, dont les constantes électriques sont inscrites dans ce tableau, ne sont autres que les lampes de 16 et 25 bougies dont on trouve les dimensions dans le tableau I.
- Les résultats auxquels on est conduit en partant de cette hypothèse la confirment d’ailleurs entièrement.
- Il est probable, en outre, que la densité de courant de la lampe de 10 bougies était trop considérable pour lui assurer une durée suffisante et que les constructeurs se sont décidés, en conséquence, à élever leur type minimum à 12 bougies.
- Cette considération est intéressante en ce sens qu’elle nous permettra de déterminer avec une assez grande approximation la densité maxima que pouvaient supporter les anciennes lampes Siemens, et sans doute aussi les lampes Edison, car en présence de l’identité surprenante de l’ancien type IV Siemens, et de la lampe A Edison, on serait presque tenté de croire que la première n’était qu’une copie de la seconde.
- En ce qui concerne les lampes dites nouvelles, elles ne laissent pas que de nous inspirer quelques doutes.
- En premier lieu, la constance mathématique de la force électromotrice donnée pour ces lampes semblerait indiquer plutôt le résultat d’un calcul que celui de l’expérience (2).
- (') U ber die Oekonomie des Gluhlichles von Siemens and Halske. Elektroiechnische Zeitschrift. Août i883.
- (2) Les chiffres indiqués sont les moyennes de dix lampes prises au hasard.
- En second lieu, on verra que les résistances spécifiques à chaud du charbon, dans les trois nouveaux types, présentent des divergences telles qu’elles sembleraient être l’indice de quelque incompatibilité entre les données.
- Les lampes nouvelles, autant qu’il ressort du texte, avaient les- mêmes dimensions que les anciennes, et la différence qui existait entre les deux séries provenait uniquement, suivant M. Siemens, d’une fabrication meilleure.
- Pourtant ces lampes ayant, croyons-nous, complètement disparu de l’horizon, il est vraisemblable qu’elles n’ont pas tenu les résultats qu’on s’en promttait, et qu’elles n’étaient sans doute pas douées d’une durée suffisante.
- Revenons aux anciennes lampes.
- Connaissant les dimensions linéaires et les résistances à chaud des types de 16 et de 25 bougies, on en peut déduire la résistance spécifique du charbon de ces deux lampes par la formule
- On trouve pour la première,
- Pi 0 = 35,43
- et pour la seconde,
- P au = 34,74.
- Adoptons pour les lampes de 10 et de 12 bougies la moyenne de ces deux valeurs, soit :
- p»0 = p 12 =35,08,
- nous pourrons en déduire d’abord la résistance
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- de la lampe de io bougies dont on connaît les dimensions ; ce sera :
- R
- — °>n 10 ~ 0,0177
- x 35,08 = 218.
- En prenant comme f. e. m. la moyenne de celle indiquée pour les trois autres lampes, soit :
- EI0 = ioi,7,
- on en déduit
- I
- 101.7
- ,0— 218 — °>465.
- Calculons l’éclat de ces lampes (c’est le nombre de bougies émis par millimètre carré de surface) ; il est donné par la formule :
- b
- E fc>'
- Nous aurons :
- Eio — O? 193 e, 0=0,201 £ 25 = 0,203
- On voit que e est constant. On a sensiblement 0,2 bougies par millimètre carré. En adoptant la moyenne pour la lampe de 12 bougies, soit :
- £,2=0,199,
- nous pourrons calculer toutes les dimensions de cette lampe.
- Et d’abord, sa surface rayonnante sera :
- d’ailleurs, F, . M-ICfl II >
- et n A3
- S_ 4 ,
- puis, T) 0,001 / K = -1 p, s r
- d’où A3 0,004 p, 2 S, 2 ia“ rc2 r.2’
- 0.001 X 35.08 X 60.3
- 7t2 X 204 ’
- enfin A,2 = 0,161.
- On en déduit aisément la section, et la longueur. En calculant ensuite pour les quatre lampes les
- valeurs de l’équivalent mécanique
- El
- et de la densité a=\,
- on pourra dresser le tableau suivant qui renferme toutes les caractéristiques des différentes lampes.
- TABLEAU III
- Anciennes lampes Siemens.
- POUVOIR éclairant en bougies b DIA- MÈTRE m ni. A PÉRI- MÈTRE mm. p SECTION mm2 S LON- GUEUR mm. l SURFACE rayon- nante min2 S SURFACE par bougie en mm2 <7 NOMBRE de bougies par mm2 e RÉSISTANCE spécifique à chaud P RÉSIS- TANCE à chaud (oh ms) R VOLTS E AMPÈRES I WATTS par bougie 0) NOMBRE d’ampères par mm2 d
- 10 0, i5 o,47 0,0177 ï 10 5i 5,18 0,193 35,08 218 101,7 0,46 4.73 26,3
- 12 0,16 o,5o 0,020.3 1*9 ÔO 5,o3 0,199 35,08 204 102, 1 0,50 4,26 24,6
- IÔ 0,20 o,f>3 o,o5i4 125 78 4.97 ot 201 35,43 141 101,4 0,72 4,56 22,9
- 2 5 0,27 o,85 0,05/2 145 123 4.92 0,203 34.74 88 101,7 1. i5 4,70 20,2
- On peut effectuer de même le calcul des lampes nouvelles, ce qui donne
- TABLEAU IV
- Nouvelles lampes Siemens.
- POUVOIR éclairant en bougies . b RÉSIS- TANCE spécifique à chaud P U É S I S - TANCE à chaud R VOLTS E AMPÈRES I W A T T S par bougie w NOMBRE d’ampères pat mm2 d
- 12 41,96 244 100 0,41 3,41 20,1
- 16 45,28 182 100 o,55 3.4.3 17,5
- 25 49,83 125 100 0,80 3,20 14,0
- Les premières données numériques sur la variation de durée d’une même lampe, pour des pouvoirs lumineux différents, ont été publiées par M, Zacharias, dans la Zeitschrift fur Elektro-tcchnik du i5 mai 1884. Elles lui avaient été communiquées par une fabrique de lampes Edison.
- Nous les reproduisons ci-après (Tableau V).
- Le professeur Dr. Dietrich (*), de Stuttgart, prit ce tableau comme point de départ d’une étude sur l'équivalent mécanique de l'unité de lumière ou, si l’on veut, sur le nombre de watlspar bougie
- (*) Die Beanspruchungder Gluhlampen. Eleklrotechnische Zeitschrift, août 1884.
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- qu'il faut adopter pour rendre minimum le prix de revient annuel par bougie.
- L’auteur ne considère que les frais de remplacement des lampes et la dépense d’énergie dans le filament.
- TABLEAU V
- Durée des lampes Edison pour des pouvoirs éclairants différents
- POUVOIR éclairant en bougies b DURÉE EN HEURES
- Lampe de 10 bougies D Lampe de 16 bougies
- 8 2260
- 9 1470 »
- 10 1000 555o
- 11 714 3q63
- 12 S12 2857
- 13 385 2134
- 14 294 1628
- i5 233 1292
- 16 179 1000
- 17 145 ' 802
- 18 118 651
- 19 96 534
- 20 80 443
- 21 » 371
- 22 » 312
- 23 » 266 •
- 24 » 228
- 25 » 196
- 3o >f i63
- Soit pa le coût annuel d’un watt, calculé pour un nombre H d’heures d’éclairage dans l’année. L’énergie absorbée par bougie et par an coûtera :
- <nPa-
- Chaque foyer fonctionnant pendant H heures
- jj
- devra être renouvelé ^ fois, ce qui donne par bougie, pour les frais de remplacement des lampes,
- Hp D b'
- La dépense annuelle P„ par bougie provenant des deux chefs que nous venons d’examiner se chiffrera par
- (12) Pa=w AiXgf-
- Telle est l’expression que M. Dietrich cherche à rendre minima.
- Elle ne tient pas compte de l’énergie absorbée par les conduites, ni de celle perdue dans les machines, ni enfin de l’amortissement du matériel. L’influence de la résistance des lampes sur le prix de la canalisation se trouve donc également négligée. Aussi les résultats obtenus dans ces conditions ne peuvent-ils prétendre à un degré d’approximation très satisfaisant.
- L’auteur admet que la durée de la lampe est une fonction de la dépense d’énergie par bougie et il pose
- (i3) D =/H.
- Ce qui donne pour Pa :
- (*4) P« = w/a+ 57-T t .
- J(u>) b
- Suivant l’auteur, il faut distinguer deux cas. On peut se proposer de construire une nouvelle lampe d’un pouvoir éclairant donné; alors b sera une constante, et l’on cherchera simplement la valeur de ci» qui rend Pa minimum.
- S’il s’agit, au contraire, d’une lampe existante dont on cherche les meilleures conditions de fonctionnement, b sera à son tour une fonction de <0 qu'il faudra introduire dans l’équation (3), pour chercher la valeur de w rendant minima la nouvelle expression de Pa
- I^a première proposition ne nous paraît pas exacte. D’abord, lorsqu’on calcule une lampe nouvelle, w est presque toujours une donnée, puisque la lampe que l’on se propose de construire doit avoir le même éclat que celles qui existent déjà et qui doivent fonctionner simultanément avec elles.
- De plus, l’équation (3) n’est plus applicable dans le cas que nous envisageons, car la relation
- D =/(«*),
- qui est vraie pour une lampe donnée, n’est plus applicable d’une lampe à une autre.
- En effet, à un éclat donné correspondent, pour une même lampe, des valeurs déterminées de co et de D, de sorte que l’on peut considérer une de ces valeurs comme fonction de l’autre, quand l’éclat varie. Mais nous avons montré que l’on pouvait construire deux lampes différentes, de rendement très divers, ayant la même durée, de sorte que la relation (2) n’est pas générale.
- En réalité, est une fonction de la température, de la nature de la surface rayonnante et de celle du milieu dans lequel le filament est plongé. D, est une fonction de la qualité du charbon employé, de la densité de courant et peut-être de la température.
- Pour une même espèce de lampes, <0 est uniquement fonction de la température, tandis que D est fonction de la température du pouvoir éclairant et de la force électromotrice (*).
- (*) Cela résulte de l’équation
- _pf \ b da
- 4 7c/ co e2
- (voy. La Lumière Electrique, t. XVI, p. S48), car w et s sont des fonctions de la température t. Si L) est fonction de t et de. d comme nous venons de le dire, on aura finalement
- D=F(E bi).
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- ,On aura donc :
- D = F (E, b, t),
- et comme w est fonction de t,
- D — F (E, b, „>).
- Pour une même lampe, b et to sont fonction de É, où, si l’on veut, E et b sont fonction de w. On écrira par suite, dans ce cas seulement,
- D =/(«),
- c’est la relation (2).
- Nous n’examinerons que le cas auquel cette relation s’applique, c’est-à-dire la deuxième proposition.
- Pour déterminer la fonction (2), M. Dietrich combine le tableau V de M. Zacharias avec la formule, établie par le jury de l’exposition de Munich, pour exprimer le pouvoir lumineux de la lampe Edison de 16 bougies, en fonction de l’énergie W qu’elle absorbe. Voici cette formule (J) :
- b = 0,0000376 Wa = a W3, y
- W = tob-, a ü>3£2 = 1,
- En faisant successivement b égal à 10, 11, 12, etc..., on aura les valeurs de w correspondantes aux différentes données indiquées tableau n° 5.
- Le tableau VI résume les résultats obtenus :
- TABLEAU VI
- Lampe Edison de 16 bougies
- W A T T S (a) DURÉE D W A T T S (O D U R É E D
- 6 43 5550 4,iQ . 534
- 6,0 J 3963 4,o5 443
- 5,69 2857 3,92 371
- .5,40 2134 3,80 312
- 5.14 1628 3.69 266
- 4.9i 1292 3,59 228
- 4 >70 1000 3,49 196
- 4 52 802 3,09 l63
- 4.35 651
- La figure ci-jointe représente la courbe obtenue
- (15)
- comme on a et
- (16)
- en portant les équivalents mécaniques en abscisses et les durées en ordonnées.
- L’auteur pense qu’elle est suffisamment bien représentée par l’équation
- (17) D = a 4- bu> -f- cto2,
- où a, b, c, sont des constantes qu’il détermine à l’aide des considérations suivantes :
- On connaît les valeurs D, et <o4 qui correspondent au régime normal de la lampe, on aura donc :
- (18) D, et -j- b toi -f- c to j •
- On trouvera facilement avec un petit nombre d’expériences, une valeur w0 suffisamment petite de t» pour pouvoir considérer la valeur correspondante de D comme nulle.
- Cela donne
- (19) o = a + b to0-f"c<*>ô*
- Enfin l’auteur admet que l’on ne commettra pas une grande erreur en supposant que la courbe soit tangente à l’axe des x, au point dont les coordonnées sont respectivement
- li)=W(| D = O,
- Cette hypothèse fournit la relation
- (20) o— b-\-2 cwq.
- En éliminant a, b, c, entre les équations (17), (i8)(ig) (20), l’équation de la courbe prendla forme
- Reprenons l’équation (16) ; elle peut s’écrire :
- En substituant à b et D dans l’équation (12), leurs valeurs tirées des équations (21) et (22), on aura :
- (23) P„=»*„+
- ' JJ, \ÜJ — 0>o/
- En prenant la dérivée on trouve que la valeur de w qui rend P« minimum sera définie par la relation
- (2'J)
- jV) (m -f- 3 (Oo) _ ____2 pa D,______
- («> —1»0)3 — w0)“j/a
- Malheureusement la valeur to0 n’étant pas connue, cette formule, d’un emploi d’ailleurs peu commode, n’a pu servira déterminer la valeur cherchée de (o.
- Il n’y a pas lieu de le regretter outre mesure, puisque l’équation fondamentale (12) étant essentiellement incomplète, le minimum déterminé par l’équation (24) ne présente pas un grand intérêt.
- Nous devons ajouter que les méthodes graphiques nous paraissent préférables à l’emploi d’équations empiriques, lorsque celles-ci ne présentent même pas l’avantage de la simplicité,
- (') La Lumière Électrique, t. X, p. 86.
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- Ne pouvant faire usage de sa formule, l’auteur a dû avoir recours au procédé suivant :
- Il calcule par la formule (12) les valeurs P„ correspondant aux valeurs simultanées de w, b, et D données par les tableaux VI et VII, et détermine ainsi le minimum cherché.
- Il a effectué ces calculs pour une lampe Edison de 16 bougies, avec divers prix de la force motrice et deux nombres différents d’heures d’éclairage. Dans le tableau ci-dessûus, on a inscrit le minimum de Prt obtenu dans chacun de ces cas. Le prix p de la lampe est supposé de 7 fr. 5o.
- TABLEAU VU
- Valeur de l’équivalent mécanique rendant minimum le prix de revient.
- PRIX annue1 du cheval-électrique : 736pa NOMBRE d'heures d'éclairage dans l'année: II ÉQUIVALENT mécanique le plus favorable en watts : b) POUVOIR lumineux correspondant en bougies: DURÉE en heures : D PRIX de revient minimum par bougie : . P« PRIX de la bougie horaire K
- 125 600 4,91 l5 i3oo fr. 1,06 1,34 cent. 0,17
- 1800 6,23 10,5 4700 0,07 o,3i
- 250 , 6co 4,35 18 65o 1,86
- 1800 5,40 i3 2130 2,32 o,i3
- 375 6co 4,o5 20 440 2,57 0,43
- 1800 4,9i i5 i3oo 3,20 0, i3
- Nous avons ajouté la dernière colonne, qui donne les prix de la bougie horaire. Ces prix varient du simple au double et même plus, lorsque le nombre d’heures dans l’année varie du simple au triple. Cela paraît difficilement admissible, surtout lorsque l’on considère que l’amortissement du matériel n’entre pas dans le calcul.
- Enfin, quelques-uns des résultats indiqués sont dépourvus de sens, car une lampe de 16 bougies, fonctionnant à xo bougies, mais simplement rouge, n’éclairerait pour ainsi dire pas.
- L’auteur termine en donnant un tableau, qui indique suivant lui, les conditions pour lesquelles le régime normal de la lampe de 16 bougies serait celui du prix de revient minimum.
- Nous croyons qu’en pratique il sera toujours plus sage, même au point de vue économique, de s’en tenir au régime normal et de lui donner la préférence sur les régimes théoriques lorsqu’il y aura divergence.
- A peu près à la même époque où le travail de M. Dietrich paraissait en Allemagne, le Bulletin de la Société internationale des Électriciens publiait une étude sur le même sujet de M. R. V. Picou (*).
- Cet auteur se propose, comme le précédent, de déterminer le régime le plus favorable d’une lampe donnée, c’est-à-dire celui qui rend le prix de revient minimum.
- Il considère la dépense horaire Pi, par bougie, provenant àu renouvellement de la lampe et de l’absorption d’énergie dans le filament et pose
- t> w
- (75) p1 = -£.+_/l.
- (l) Sur la lampe à incandescence, T. 1, p. 3i5.
- Il adopte aussi la relation établie par le jury de Munich :
- (26) b — aW».
- M. Picou admet ensuite que la durée varie en raison inverse de la quatrième puissance du pouvoir lumineux et il pose, sans démonstration,
- Eliminant D et W entre (25), (26), (27) il vient
- (28)
- et* W'i/i-fS/., a S W2
- Cette expression de P passe par un minimum pour la valeur de W donnée par la formule
- (29) w =
- V 9 x'P
- L'auteur rapporte qu'il a appliqué le calcul à une lampe Edison de 16 bougies, et qu’il a trouvé que le prix de la lumière était minimum lorsque la lampe dépensait 6l(sm,5 à 6ksm,9 par seconde, en donnant une lumière de 10,6 à 12 bougies, selon le prix du kilogrammètre.
- 1 II semblerait donc, à priori, conclut-il, que ces « lampes faisant 16 bougies sont trop poussées. » Nous ne partageons pas cette manière de voir, car, ainsi que nous le disions précédemment, une lampe de 16 bougies qui en donne 10,6 est impropre à l’éclairage. Si le calcul indique que le régime le meilleur est celui de 10 boueies,6, la seule conclusion admissible est que le calcul se trouve en défaut.
- Jusqu’ici, les résultats atteints par l’auteur étaient en conformité presque absolue avec ceux obtenus
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- if
- parM. Dietrich; maisM. Picou fait un pas en avant en introduisant dans sa formule un terme tenant compte de l’amortissement.
- Il appelle Y le capital engagé, t le taux en bloc de l’amortissement ('), et il arrive ainsi à la nouvelle expression P du prix de la bougie horaire :
- (3o)
- ou
- ( 31)
- p_ P . W, A _LVf p-fcD+T/i + ir’
- di W‘2 p + S W pi + s : “ a SW»
- Vf
- En cherchant le minimum de P on est conduit à l’équation :
- (32)
- Vf
- 9 «* W12 p — '2 S MVp, — 3 S ~—o.
- L’auteur nous dit qu’il a trouvé que cette fois la valeur de W rendant P minimum, variait entre 7kgm,09 et 7ksm,6o, selon les différentes valeurs que l’on peut adopter pour les prix du kilogram-mètre, de l’installation, le taux de l’amortissement, etc. Il eût été intéressant de connaître ces valeurs. Le pouvoir lumineux correspondant varierait de i3,5, à i6,5 bougies.
- Ces calculs présentent évidemment un intérêt purement théorique, puisque, même à 13,5 bougies, les lampes de 16 produiraient un éclairage défectueux.
- L’auteur observe avec raison qu’une formule destinée à déterminer le régime le pins avantageux, devrait tenir compte de certaines considérations qu’il serait difficile d’y faire entrer algébriquement.
- Nous nous étonnons seulement qu’il place au nombre de ces considérations ce qu’il appelle : « l’effet moral qui a résulté de la destruction ou plutôt de la mort d’une lampe ».
- « La destruction est toujours imprévue, dit-il, et, « se manifestant tout à coup, elle frappe l’esprit « comme la destruction de la valeur initiale de la « lampe, bien plutôt que comme le résultat inévitable « d’une usure lente et progressive qui a amené la « lampe peu à peu à une valeur nulle. Aussi est-il « important que ce fait ne se reproduise pas, de telle « sorte que l’esprit ne soit pas désagréablement sur « pris par sa répétition. »
- Si l’effet moral produit par la mort d’une lampe à incandescence était aussi déprimant que M. Picou paraît le supposer, il serait bon d’éviter l’emploi de ce mode d’éclairage dans les chambres de malade ; mais nous ne pensons pas que la sensibilité des industriels soit en général aussi développée.
- Il nous paraît probable qu’un client quelconque
- (l) En se reportant à notre dernier article, on voit que le terme fV se décompose en trois, et qu’on doit avoir !V=(tM + (i.c-1- vA).
- sera d’autant plus désagréablement surpris, que le prix de revient de son éclairage sera plus élevé. Si on lui fournissait de mauvaises lampes, ayant une durée très inférieure à la durée normale, il serait, à coup sûr, péniblement impressionné par la répétition trop fréquente du bris des lampes.
- Mais nous croyons que le consommateur accepterait sans difficulté un renouvellement plus fréquent des lampes, si l’abaissement de la durée normale devait se traduire par une économie. Ajoutons en hâte que cette hypothèse nous paraît difficilement conciliable avec les données actuelles de la question.
- Géza Szarvady.
- Dans notre dernier article « Sur les conditions auxquelles doivent satisfaire les lampes à incandescence * (à la page 545), au lieu de la formule
- '!) b
- +
- (2-k)(,+„)[,, + £> ] + (£*
- il faut lire :
- dV (î-k)('+!‘) [' + Ml] (t en)
- G. Sz.
- ARMATURE NOUVELLE
- A MOLÉCULES ORIENTEES
- Applications.
- 1. — Tout circuit magnétique ouvert est un aimant.
- 2. — La tendance d’un circuit magnétique ouvert est de se fermer, cela résulte de la loi de Faraday.
- 3. —Le fantôme magnétique d’un circuit magné-
- FIG* !
- tique, les attractions et les répulsions magnétiques, sont l’expression visible de cette loi.
- En effet, lorsqu’on fait le fantôme magnétique au moyen de limaille de fer, on reconnaît la pré-
- 3
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- sence de courbes magnétiques qui semblent partir d’une extrémité, A, par exemple, figure i, pour se fermer sur l’extrémité opposée B.
- On remarque encore que ces lignes métalliques formées par les lignes de force tendent à se rapprocher pour fermer le circuit magnétique par le chemin le plus court possible.
- On observe cette même action des lignes de force sur ce qu’on appelle des armatures. Elles les attirent de façon à fermer le mieux possible le circuit magnétique.
- Les répulsions d’armatures préalablement polarisées sont dues à la même tendance. Les lignes de force, si l’armature est tout à fait libre, orientent celle-ci d’abord, et, ensuite, l’attirent de la même façon, pour le même but, fermer le circuit magnétique.
- 4. — Un circuit magnétique fermé n’a plus aucune manifestation extérieure.
- 5. — L’observation montre qu’un circuit magnétique, pour se fermer, est capable d’un effort qui peut être très grand.
- 6. — L’observation montre encore que pour ouvrir un circuit magnétique fermé, on est amené à faire un effort qui peut être aussi très grand.
- 7. — Le travail nécessaire pour ouvrir un circuit magnétique fermé correspond au travail que ce circuit magnétique est capable de faire pour se fermer.
- 8. '— En étudiant ces faits, j’ai été amené à penser que la meilleure armature serait celle précisément dont les molécules seraient disposées, orientées et fixées suivant les lignes de force du champ magnétique qu’on se propose d’utiliser.
- L’exécution a parfaitement répondu à mon attente.
- g. — Cette armature a été nommée « armature à molécules orientées ».
- 10. — Pour former ces armatures, divers procédés sont employés.
- a. — Quand l’armature n’a qu’un petit travail à faire, on se contente d’en fixer les éléments magnétiques avec une substance fusible, comme de la cire, de la stéarine, des résines, etc.
- b. — Quand, au contraire, l’armature a un fort travail à faire, et surtout si elle est susceptible de s’échauffer dans ce travail, on opère la fixation des éléments avec la soudure d’un mélange fusible à basse température, mélange d’Arcet, étain, plomb, etc.
- 11. — Une pareille armature sur le travail de laquelle on pourra se rendre compte par le spécimen joinç à cette note, une pareille armature, dis-je, placée dans un champ magnétique analogue à celui qui a servi à sa formation, prend de suite la position nécessaire pour fermer le mieux possible le champ magnétique.
- Cette position est indiquée dans la figure 2 ci-dessous.
- Tout déplacement angulaire de cette armature est suivi de son retour à la position de la figure 2, qui est pour elle une position d’équilibre stable.
- FIG» 2
- 12. — En faisant tourner cette armature sur son axe, on reconnaît qu’il faut faire un certain effort très petit pour commencer, que cet effort devient de plus en plus grand; qu’il est maximum à 45° de la ligne équatoriale n n', qu’il diminue ensuite jusqu’à ce que la ligne b a coïncide avec n n' ; à ce moment, cet effort est égal à zéro ; le système mobile est dans une position d’équilibre instable.
- Si l’on continue le mouvement, on retrouve les mêmes effets, mais se produisant dans un ordre inverse, c’est-à-dire qu’au lieu de faire un effort pour obtenir la rotation, on est obligé d’en faire un pour empêcher la rotation, effort de plus en plus grand depuis la ligne nn' jusqu’à la ligne m m' située à 45° de n n' où il est maximum, et qui diminue ensuite jusqu’à un effort nul pour un déplacement de 45° de m en a.
- En continuant le mouvement pour compléter un tour entier, on repasse par les mêmes phases que celles que nous venons de décrire et que nous pouvons résumer ainsi :
- Premier quart de tour, effort et travail mécanique dépensés pour le produire ;
- Deuxième quart de tour, effort et travail mécanique restitués ;
- Troisième quart de tour, mêmes phases que pour le premier;
- Quatrième quart de tour, mêmes phases que pour le second.
- 13. — Si les électros A et B ont été préalablement mis en circuit avec un ampère-mètre, chacune de ces phases est très nettement accusée :
- Premier et troisième quart de révolution, renforcement du courant qui correspond au travail dépensé;
- Deuxième et quatrième quart de révolution, affaiblissement du courant qui correspond au travail mécanique produit.
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- 14. — On pourrait, nous a-t-on dit plusieurs fois, obtenir les mêmes résultats avec une masse homogène de fer excentrée.
- Nous nous sommes convaincu du contraire en faisant varier la grosseur des éléments qui servent à former l'armature. Nous avons constaté qu’avec des éléments linéaires de plus en plus gros, l’armature devient de moins en moins sensible.
- Ce résultat va être rendu plus visible encore, en étudiant les propriétés d’une armature cylindrique" disposée pour tourner dans le champ magnétique d’un anneau de Gramme, par exemple.
- 15. — Soit (fig. 3) un anneau de Gramme formé comme on sait, muni de son collecteur, de ses brosses et monté de façon qu’une armature cylindrique à molécules orientées, comme celle qui
- FIG. 3
- vient d’être décrite, puisse être placée à l’intérieur.
- Supposons d’abord l'anneau fixe et les balais ou brosses placés suivant la ligne AB. A et B représenteront les pôles conséquents du système, et la ligne pleine à l’intérieur de l’anneau, la résultante du double circuit magnétique intérieur. Supposons, en outre, l’armature b a, libre de tourner autour de son axe ; dès que l’électro-aimant annulaire AB sera dans le circuit d’une source de force électromotrice, l’armature b a prendra la position d’équilibre stable représentée par la figure 3, laquelle correspond à celle qui ferme le mieux possible le double circuit magnétique A n B a b et A n’ B a b.
- 16. —En faisant tourner l’armature a b dans un sens ou dans l’autre, on retrouve des phases analogues à celles qui ont été plus haut décrites. On
- les retrouverait encore si, au lieu de faire tourner l’armature, on faisait tourner l’anneau avec ses balais. Il en serait de même encore si l’on faisait tourner à la fois anneau et armature, mais en sens inverses.
- 17. — Supposons maintenant que l’anneau tournant, les brosses sont, comme à l’ordinaire, fixes, indépendantes de l’anneau, ainsi que l’armature ab; si les balais occupent une situation correspondante à la ligne b a de l’armature, le travail nécessaire pour faire tourner l’anneau correspond, à peu près, à celui qui serait employé pour vaincre les résistances du système mobile dans ses coussinets. Il n’y a aucune induction. Il n’y a pas non plus de rotation si l’on considère le système comme moteur.
- 18. — Déplaçons les balais d’un côté ou de
- fig. 4
- l’autre de la ligne b a; donnons-leur la position indiquée par la ligne mm' (fig. 4), par exemple ; si l’anneau est en circuit, nous le verrons immédiatement tourner dans le sens de la flèche de rotation, tendant par là à reprendre sa position d’équilibre, à fermer le mieux possible le circuit magnétique et produisant un travail mécanique utilisable.
- Si la position des balais a été convenablement choisie, on obtiendra, avec ce système le maximum de travail.
- 19. — Et maintenant, si l’on fait tourner mécaniquement le système mobile en sens contraire, on obtiendra, en vertu du principe de la réversion, une force électromotrice qui sera aussi le maximum de ce que peut fournir le système et qui sera proportionnelle :
- A l’intensité du champ magnétique de l’électro-aimant annulaire A B ;
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- A la longueur du fil induit ;
- A la vitesse linéaire de l’induit ;
- Le débit sera proportionnel à la section du fil de l’électro-inducteur et induit.
- 20. — Le maximum de travail possible ou de force électromotrice dépendra toujours de l’état plus ou moins parfait de fermeture du circuit électro-magnétique par l’armature a b. La rotation de l’anneau nécessite un certain espace entre les deux parties du circuit magnétique ; d’autre part, le fil de l’anneau occupe encore un certain espace. Il y a là
- FIG. 5
- une cause qui limite le maximum à un chiffre bien au-dessous de ce qu’il pourrait être.
- Pour approcher autant que possible de ce maximum idéal, nous utilisons les effets de masses.
- Dans le cas qui nous occupe, nous enveloppons extérieurement l’anneau d’une seconde armature à molécules orientées ; nous la représentons figure 5. La ligne des balais, comme dans le cas ci-dessus, coïncide avec la ligne mm'.
- Dans la position actuelle des balais, la flèche indique le sens de la rotation de l’anneau comme moteur.
- Pour devenir générateur de force électromotrice, l’anneau devra être mu en sens contraire.
- Les grosses lignes pleines représentent les couples magnétiques résultant de la présence de
- ces armatures et qui produiseut la rotation de l’anneau.
- Nous terminerons cet article par la description d’un ampère ou voltmètre fondé sur l’emploi de l’armature à molécules orientées. Cet appareil, représenté par les figures 6 et 7, se compose d’un système électro-magnétique dont les pôles, de noms contraires, formés par deux bobines de fil très fin pour le voltmètre, très gros pour l’ampèremètre, sont en face l’un de l’autre, le tout enveloppé par une culasse cylindrique qui fait support. Une boîte en cuivre s’ouvrant sur les deux faces sert à protéger l’appareil.
- Au milieu du champ électro-magnétique se trouve l’armature à molécules orientées, formée comme on sait. Elle est montée sur pointes. En arrière, elle porte un contrepoids et en avant, une aiguille qui se meut devant un limbe divisé d’une façon arbitraire.
- L’aiguille et le contrepoids se trouvent représentés en détail dans la figure 7.
- Leslignes magnétiques del’armature, par l’effet du contrepoids, sont maintenues en repos, dans une direction qui fait un angle de 8o° environ avec les lignes de force du champ électro-magnétique; cela, pour que les lignes de force du champ dirigent l’armature dans le sens voulu.
- Lorsque le courant traverse le fil des électros, l’aiguille prend instantanément et sans hésitation, une position qui indique, par comparaison, le
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- nombre de volts compris entre les deux bornes de l’appareil. Avec le poids actuel, qui est de 6 grammes, le voltmètre donne, de o à la 3o°, division une différence de pression de 112 volts. Ses indications ne sont proportionnelles à l’angle de déviation que dans une partie de l’échelle comprise entre la 14“ et la 28° division, ainsi que le montre la courbe représentée par la figure 8, mais il est très facile de leur donner cette qualité dans toute l’étendue de l’échelle ; il suffit, pour atteindre
- FIO. 7
- ce but, de faire varier le bras de levier du contrepoids, conformément à la loi de variation des efforts statiques pour des forces électromotrices régulièrement croissantes. Si cette loi est rigoureusement suivie, on aura une courbe absolument droite d’un bout à l’autre. Il en résultera cette consé quence importante que, pour faire varier la sensibilité de l’appareil, on n’aura qu’à modifier la valeur du contrepoids. Nous ne croyons pas que ce
- INDICATEUR DE NIVEAU
- A DISTANCE
- n’employant qu’un seul fil
- La distribution de l’eau dans les villes prend tous les jours une plus grande importance et il
- moyen ait été appliqué jusqu’à présent ; en le faisant connaître nous pensons être utile aux lecteurs de ce journal.
- A. Gravier.
- est souvent utile, lorsque les réservoirs sont éloignés, de , faire connaître au lieu de consommation, quelle est la quantité d’eau qu’ils renferment. 11 existe déjà des indicateurs automatiques qui remplissent^ but, et ils ont été décrits dans ce jour-
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- nal; mais celui dont nous allons parler, imaginé par M. Parenthou et construit par la maison F. Bellet, a l’avantage d’être peu compliqué, tout en n’employant qu’un seul fil pour donner les indications de hausse et de baisse, sur le même cadran.
- L’appareil transmetteur se compose d’un flotteur H suspendu à l’extrémité d’une chaîne qui passe sur un tambour T. Celui-ci se trouve par conséquent entraîné dans un sens ou dans l’autre, suivant que le niveau monte ou descend.
- On remarque sur la figure i que la chaîne a une construction toute particulière. Elle se compose d’une série de petits cylindres suspendus les uns aux autres par trois chaînettes, et son extrémité libre passe dans un tube X Y fermé par le bas et qui descend jusqu’au fond du réservoir. A mesure que le flotteur monte les petits cylindres qui composent la chaîne viennent reposer les uns sur les autres dans le tube XY qui les guide et de cette façon, le poids de la chaîne reste constant, quelle que soit la position du flotteur.
- Le tambour communique son mouvement au
- FIG, I bis.
- pignon P (fig. i et 2), fou sur l’axe ab et percé d’une fenêtre f qui occupe un quart de la circonférence. Dans cette fenêtre vient s’engager une petite tige c qui est fixée sur un tube A B" rempli de mercure jusqu’au tiers de sa hauteur environ, et monté de façon à pouvoir pivoter autour de l’axe ab. Par suite de cette disposition on comprend que le pignon P pourra entraîner avec lui le tube A B, quel que soit le sens de la rotation, mais qu’il aura cependant une certaine latitude d’oscillation dans un sens ou dans l’autre, puisque l’entraînement du tube n’a lieu que quand la tige c vient butter contre l’une des extrémités de la fenêtre/. A ce moment, le tube suit le mouvement du pignon, mais pendant un quart de la circonférence seulement ; car, aussitôt qu’il arrive à la position horizontale, le mercure, se déplaçant, le fait basculer et achève de lui faire accomplir sa demi-révolution. C’est à ce moment que se fait le contact destiné à produire le mouvement de l’aiguille du récepteur. A cet effet, le tube AB porte à chacune de ses extrémités une paire de petits marteaux m, m', my m2, qui oscil-
- lent autour du pivot qui les supporte. Par l’effet de leur propre poids, ils prennent au repos la position verticale indiquée sur la figure 1; mais, lorsque le tube s’incline dans un sens ou dans l’autre l’un des marteaux (m2, par exemple, fig. 1 bis) de l’extrémité inférieure vient reposer sur une goupille
- et par suite, sa position se trouve fixée pour toute la durée de la demi-révolution. Au moment où le mercure change de place et fait basculer brusquement le tube, la tête métallique de ce marteau vient glisser à frottement entre deux lames de ressort F (fig. 1 et 2) isolées l’une de l’autre et qui se trouvent ainsi momentanément réunies. Ce contact est utilisé pour envoyer un courant dans la ligne.
- D’après ce qui précède et en examinant les figures 1, 1 bis et 2, il est facile de se rendre compte de
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- '2.3
- la position des marteaux et de leur fonctionnement. On voit que tn' et m2, par exemple, viendront toujours produire un contact sur les lames de ressort F, quand la rotation aura lieu de gauche à droite, et jamais dans le cas contraire, et que m et ml agiront de même sur les ressorts E, pour une rotation dans l’autre sens. On dispose donc de deux fermetures de circuit bien distinctes, qui correspon-
- dent respectivement Tune à une élévation, l’autre à un abaissement du niveau de l’eau dans le bassin où se trouve le flotteur.
- Afin de ne se servir que d’une seule ligne, on utilise au poste transmetteur les deux courants de la pile; l’un des contacts se fait toujours sur le positif et l’autre sur le négatif.
- Le poste correspondant est en conséquence
- muni d’un relai polarisé qui agit sur l’appareil récepteur, en envoyant le courant d’une pile locale dans l’un ou l’autre des électro-aimants M et N (tig. 3 et 4), suivant que le niveau monte ou descend dans le bassin.
- Chacun de ces électro-aimants est muni d’une armature qui vient reposer sur l’extrémité D d’un levier L D, dont l’autre extrémité L porte un crochet C et un contrepoids qui fait équilibre à l’ar-
- mature. Lorsque celle-ci est attirée, le levier bascule et le crochet entraîne la roue dentée devant laquelle il est placé. Cette disposition a pour but d’éviter les mouvements brusques qui se produisent au moment de l’attraction et qui auraient pour résultat de faire sauter au crochet plusieurs dents de la roue à la fois, s’il était directement fixé à l’armature. La course du levier L D est limitée par deux vis de butée qu’on peut régler à volonté. Chaque
- crochet se relève en même temps que le levier auquel il est fixé, de sorte que la roue qu’il vient d’actionner dans un sens devient libre aussitôt que l’armature cesse d’être attirée et retombe. Les deux roues peuvent donc être fixées sur un même arbre et celui-ci pourra tourner d’un côté ou de l’autre, suivant que l’une ou l’autre des armatures aura été attirée. Outre l’aiguille indicatrice qui est fixée à- cet arbre, il y a un petit pignon qui commande une crémaillère horizontale ; celle-ci porte à l’une de ses extrémités un crayon destiné
- à l’enregistrement des mouvements du flotteur.
- Cet appareil fonctionne sur les réservoirs de la ville de Paris, dans le service de M. l’ingénieur Bechmann, entre Villejuif et Ivry. Il a été construit pour donner des indications de 5 en 5 centimètres, avec une course de 5 mètres, profondeur des réservoirs. On peut, avec un transmetteur modifié, obtenir les indications en millimètres, si cela est nécessaire.
- G. Mareschae.
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- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitcii
- Sur un-dispositif qui permet d’obtenir sans calcul le potentiel magnétique dû à un système de bobines, par M. G. Lippmann (').
- * On sait que la détermination du potentiel magnétique dû à une bobine suppose, en général, que l’on connaisse les dimensions de chaque spire et que l’on évalue ensuite une série d’intégrales ; le calcul est assez compliqué pour que la discussion de l’approximation numérique finale présente quelque difficulté. Il y a donc intérêt, au point de vue des mesures absolues qui impliquent la détermination d’un potentiel magnétique, à signaler un dispositif particulier qui fournit le résultat final à l’aide d’une formule simple et rigoureuse, n’exigeant ni mesures ni corrections.
- « Supposons qu’au lieu d’une seule bobine on en prenne trois pareilles a, p, y ; qu’on les dispose aux sommets d’un triangle équilatéral, et de telle manière que leurs axes soient les trois côtés d’un triangle équilatéral ABC.
- « Je dis que la variation du potentiel magnétique dû à ce système et pris de B en C est égale exactement au produit 471 ni, i étant l’intensité du courant et n le nombre de spires portées par chaque bobine. Pour le démontrer, il suffit de remarquer que, si l’on prend l’intégrale des actions magnétiques exercées par la bobine a, considérée isolément, tout le long du contour du triangle ABC, cette intégrale est exactement égale à 47:»*', parce que le contour du triangle est une ligne fermée. D’autre part, on peut remplacer l’action exercée par a sur le côté CA par l’action de y sur le côté BC; de même, on peut remplacer l’action de a sur le troisième côté CA par l’action de (3 sur le côté BC; de sorte qu’en définitive l’action du système des trois bobines sur le côté BC est égale à la somme des actions exercées par a sur les trois côtés de ABC, c’est-à-dire 47mi, ce qu’il fallait démontrer.
- « Donc, dans toutes les mesures où il sera nécessaire de connaître a priori l’intégrale des actions magnétiques dues à un courant i le long d’une droite finie BC, on pourra employer le système des trois bobines ; et il sera plus simple d’employer trois bobines qu’une seule.
- « La démonstration donnée plus haut pour le cas du triangle équilatéral s’applique sans difficulté au cas d’un polygone régulier de n côtés. »
- (1) Note présentée à l’Académie des sciences, dans la séance du 22 juin i885.
- Influence des orages sur les lignes télégraphiques souterraines, par M. Blavier t,1).
- « Lorsqu’on a commencé, il y a quelques années, la construction des grandes lignes souterraines qui relient actuellement les principales villes tant en France qu’en Allemagne, on pensait que leurs fils conducteurs seraient complètement à l’abri des orages. Ces conducteurs, enveloppés de gutta-percha et réunis en câble, sont, en effet, protégés par une armature en fils de fer ou par un tuyau continu en fonte, et l’on sait que des corps placés dans un milieu entouré d’une enveloppe métallique en communication avec la terre, restent à l’état neutre, quel que soit l’état électrique à l’extérieur.
- « On a cependant constaté qu’il se produit quelquefois, par les temps d’orage, dans les bureaux desservis par des fils souterrains, des décharges électriques qui produisent des étincelles et fondent les fils fins des paratonnerres. Ces accidents sont beaucoup plus rares et ont moins de gravité que dans le cas où les fils sont aériens et ne paraissent pas de nature à troubler les transmissions; ils correspondent toujours à des orages qui éclatent dans la campagne, à une distance plus ou moins grande des villes où les fils télégraphiques souterrains sont protégés par le réseau des conduites d’eau ou de gaz au-dessous desquelles ils sont posés.
- « C’est ainsi, par exemple, que, pendant un violent orage qui a éclate le 9 mars dernier au milieu de la ligne souterraine qui relie Belfort à Besançon, on a constaté des étincelles aux deux postes extrêmes, alors que dans les deux villes on soupçonnait à peine une perturbation atmosphérique. »
- Un nouvel électrodynamomètre, par J. W. Giltay.
- L’appareil que nous allons décrire est principalement destiné à la mesure des courants téléphoniques. L’appareil construit à cet effet par Ader (2) convient mieux aux démonstrations qu’aux mesures. L’électro-dynamomètre de Kohlrausch (3) donne, avec une échelle placée à 2 mètres, une déviation de un millimètre pour un courant de 1/17000 ampères ; le dynamomètre de Siemens a à peu près la même sensibilité (4). Mais comme d’après Bos-scha (5 * *) des courants alternatifs de 77 X io~ 8 ampères suffisent à produire un son distinct dans un téléphone Bell, il est fort à désirer que l’on ait pour
- (4 Note communiquée par M. Mascart à l’Académie des sciences, dans la séance du 22 juin i885.
- (*) Ader, La Lumière Electrique, 10 p. 1S9, 1880.
- (3) F. Kolilrauscli-Wied. Ann. 18, p. 556. 1882.
- (4) W. Siemens. Eleckt. Zeitschrift, 2 p. 14, 1881. Beibl.,
- 5, p. 203.
- (8) Bossclia, Arch. Neërland, i3, p. 25o, 1878. Beibl., 2,
- p. 513.
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- les mesures téléphoniques des instruments plus sensibles que les précédents. Il est d’ailleurs inutile d’ajouter que les deux derniers appareils n’ont pas été construits pour cet usage.
- Bellati (J) a donné pour la construction des éiectro-dynaroomètres un principe absolument nouveau.
- Si dans un galvanomètre on remplace l’aiguille aimantée par un barreau de fer et qu’on suspende celui-ci dans le plan des spires, le courant qui traverse les spires ne le déviera pas, attendu qu’il
- MG* I
- n’est pas magnétique. Si l’on place le barreau dans le plan du méridien et en même temps normalement au plan des spires, le courant qui traverse les spires l’aimantera, mais il sera aussi peu dévié que précédemment, puisqu’il a déjà atteint la déviation maxima (90°). Mais si l’on fait faire au barreau avec le plan des spires un angle plus petit que 90°, ce barreau se trouvera aimanté aussi bien que dévié par le courant circulant à travers les spires. Comme la polarité du barreau change avec le sens du courant, la déviation aura toujours lieu du même côté, quel que soit le sens du courant. Il
- (*) Bellati, Atti del R. Inst. Ven. (6), 1, p. 563, i883. Beibl. 7, p. 617.
- résulte de là que le barreau sera dévié également pour des courants alternatifs.
- Bellati n’a mis son principe à l’épreuve que sur un instrument très provisoire. Mais les résultats par lui obtenus ont été si satisfaisants,,que je me suis efforcé de construire, d’après son principe, un appareil que je me propose de décrire ici. Je dois encore ajouter que Vicentini (‘) a déjà, au cours de ses recherches relatives à la résistance des dissolutions salines, fait usage d’un dynamomètre Bellati, dans lequel les lectures s’effectuaient toutefois sans miroir.
- Sur un disque rond en bois (fig. 1) se trouve fixé un cadre en ébonite a tout à fait semblable à ceux employés dans les multiplicateurs Nobili. Autour du cadre sont disposées 2.400 spires d’un fil de cuivre de o,imm. Ce fil se compose de quatre sections chacune de 600 spires; les fils d’entrée et de sortie de chaque section correspondent à déux bornes qui permettent de faire les groupements que l’on désire. Avec les quatre sections groupées en série la résistance de l’appareil était de 408 ohms.
- Le cadre bobiné est couvert par une plaque ronde en ébonite sur laquelle sont gravés deux traits blancs ; l’un est perpendiculaire au plan des spires, l’autre fait avec ce plan un angle de 45°. Sur le cercle métallique R sont disposées trois colonnes en laiton qui supportent la plaque ronde P.
- Dans cette plaque vient se visser l’ajutage en laiton avec lequel s’assemble le tube de verre B. Afin de mettre l’appareil à l’abri des perturbations atmosphériques, on place une enveloppe métallique au-dessus de la plaque P. Cette chemise s’assemble avec le cercle R et est munie d’une ouverture latérale formée par du verre à vitre. Pour éviter les inconvénients provenant de la réflexion du verre, la plaque de verre fait un angle de quelques degrés avec l’axe de l’enveloppe métallique.
- La figure 2 représente le faisceau de fils de fer avec le miroir, cd est un tube fin en ébonite formant un tout avec la tige en ébonite ab. Dans le tube cd on introduit un faisceau de fils de fer soigneusement recuits et dont chacun a une longueur de i8mm et une épaisseur de 0,4““ ; ef est un indice léger parallèle à l’axe du faisceau et constitué par un poil de porc blanc. A la partie haute de ab se trouve vissé un fil de laiton gh servant de support au miroir plan. Ce dernier a un diamètre de 20““, est mobile autour de la tige g h et peut par suite être amené dans un plan vertical quelconque. Tout
- (9 Vicentini. Atti delta Accad. R. dette Sc. di Torino (2). 36, 1884; Reill. 9, p. i3i.
- c d
- FIG. 2
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- le système est suspendu à 2 fils de cocon, qui ont 3oom de longueur et sont situés à une distance de o,3mm l’un de l’autre.
- On dispose l’instrument de façon que le plan des spires fasse un angle de 45° avec le méridien magnétique. Puis on amène l’enveloppe dans une position telle que l’on puisse, par la fenêtre, apercevoir sur la plaque d’ébonite la ligne blanche qui forme un angle de 45° avec les spires. En tournant la tige de laiton qui se trouve à la partie supérieure du tube de verre et à laquelle sont attachés les fils de cocon on peut prendre soin d’amener l’index ef (fig. 2) juste au-dessus de cette dernière ligne blanche. Le faisceau de fer forme dans ce cas un angle de 45° avec le plan des spires et est normal au méridien magnétique, c’est-à-dire qu’il est soustrait à l’induction du magnétisme terrestre. Lorsque tout ceci a été fait on tourne l’enveloppe jusqu’à ce que la plaque de verre soit venue se placer en face du miroir.
- La durée d’oscillations du système suspendu est de i5" environ. Il est donc très commode de saisir et de noter, par la lecture au miroir, les passages aux points morts.
- La mesure suivante fera voir que le zéro est suffisamment constant; la distance entre le miroir'et
- =®
- FIG. 3
- l’échelle était de 2 m. La figure 3 montre comment on produisait dans cette expérience les courants alternatifs : A est un petit appareil d’induction dont le circuit primaire est relié à un élément Buns en B ; on met le marteau de Neeff en vibration et on laisse le circuit secondaire ouvert. A une distance de quelques centimètres de l’inducteur se trouve un téléphone Bell T (*). Chaque fois que le noyau de fer de l’inducteur s’aimante ou se désaimante des variations de magnétisme prennent naissance dans le noyau de fer du téléphone et produisent des courants alternatifs dans la bobine téléphonique, courant que l’on conduit au dynamomètre D. Les courants engendrés de cette façon sont assez constants, à condition bien entendu que la vis de contact du marteau soit convenablement fixée et que le contact de platine soit suffisamment propre; pour des mesures de longue durée cette disposition n’est pas satisfaisante, attendu que le marteau de Neeff se met subitement à vibrer plus ou moins
- (i) Un téléphone Siemens ne peut servir dans cette expérience, attendu qu’il a un aimant en fer à cheval avec 2 bobines. Lorsque le magnétisme est renforcé dans, un des noyaux, il est en même temps affaibli dans l’autre ; il se développe donc dans les deux bobines des courants de sens contraires qui se neutralisent à peu près.
- vite, ce qui a pour effet de modifier l’intensité des courants d’induction.
- On notait chaque fois cinq points morts consécutifs qui permettaient de déterminer le point moyen des oscillations.
- On détermina tout d’abord le point zéro, puis on fit passer les courants alternatifs dans l’appareil; on ouvrait ensuite de nouveau le circuit et l’on déterminait de rechef le point zéro et ainsi de suite.
- Dans la première colonne du tableau qui suit figurent les diverses valeurs que j’ai trouvées pour le point zéro, dans la dernière colonne le point moyen des oscillations qu’affectait le cylindre en fer lorsque les courants alternatifs traversaient l’appareil.
- POINT ZÉRO POINT MOYEN des oscillations
- lorsque le courant traverse
- l'appareil
- 137,06 223,87
- i37,23
- 222,72
- 136,58
- 222,37
- 136,78
- 136,68 221,88
- 222,32
- 136,70
- Comme on voit, le zéro se modifie très peu, mais il est nécessaire, pour qu’il en soit ainsi, que la température de la chambre reste sensiblement constante. Pour une élévation de température de io° C. le point zéro se déplaçait de 80 m. m. environ et suivait assez régulièrement les variations de température.
- Les expériences suivantes peuvent mettre en évidence la sensibilité de mon dynamomètre. La distance , entre l’échelle et le miroir était encore de 2 m.; toutes les 2 400 spires se trouvaient groupées en série. Un microphone Blake fut relié avec un élément Leclanché et le circuit primaire d’un petit inducteur ; le circuit secondaire fut mis en communication avec le dynamomètre. Si dans ces conditions on parlait à une distance de 3o à 40 c. m. de la membrane microphonique, le dynamomètre accusait une première déviation de 3o m. m. environ. Si l’on parlait très doucement dans un téléphone Siemens, l’instrument donnait une première déviation de 100 m. m. Dans ces expériences le parler durait toujours plus longtemps que la demi-durée d’oscillations du système suspendu. Comme les courants que la parole provoque dans le téléphone changent, à chaque instant d’intensité, je devais me borner à noter les déviations initiales. En pro-
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- nonçant dans le téléphone Siemens un O vigoureux, le dynamomètre accusait une première déviation de go° enviion.
- Cet angle ne pouvait naturellement pas être mesuré par une lecture faite au miroir, mais on le déterminait en regardant, à travers l’ouverture de la chemise métallique, le déplacement de l’index blanc.
- Si l’on emploie l’instrument avec des courants alternatifs qui ne sont pas trop forts pour être mesurés par des lectures au miroir, on n’aperçoit aucune trace de magnétisme rémanent sur le faisceau de fer. Mais si l’on fait passer à travers l’appareil un courant énergique, de direction constante, ou si l’on approche un aimant puissant, il peut arriver que le faisceau de fils de fer garde des traces de magnétisme. Il en résulte toujours un déplacement du zéro, attendu que le magnétisme terrestre tend à ramener le faisceau dans le méridien magnétique. On pourrait, en recuisant les fils, leur ôter ce magnétisme; j’ai cependant imaginé un procédé plus simple et aussi bon. Nous allons supposer que le faisceau soit resté aimanté par suite du passage d’un courant que nous appellerons positif. Si nous faisons ensuite passer à travers les spires un courant négatif un peu plus faible que le précédent, le faisceau gardera, après cessation de ce courant, un magnétisme rémanent, mais les pôles auront changé de place et l’intensité du magnétisme sera plus faible, le courant qui l’a provoqué étant lui-même moins énergique. Si donc on lance dans les spires des courants alternatifs d’intensité décroissante, le magnétisme rémanent ira en décroissant pour disparaître finalement d’une façon complète (*). A cet effet je relie l’instrument à un téléphone Siemens dans lequel je prononce d’abord à voix haute, puis de plus en plus bas la voyelle O. Lorsque finalement le son se perd complètement, le magnétisme rémanent du faisceau a également disparu d’une façon à peu près absolue. L’expérience suivante démontre la justesse de cette affirmation.
- Le zéro était au commencement de la mesure à la division 181,5. On lança alors dans l’appareil un courant d’induction énergique. Ce courant était engendré en appuyant brusquement sur la membrane du téléphone Siemens; avant de lâcher la plaque, on rompait à nouveau le circuit. L’échelle sortit complètement du champ de la lunette ; une fois le faisceau revenu au repos, on constata que le zéro était à la division 126, le faisceau présentait donc du magnétisme rémanent. On ferma alors le circuit et on se mit à prononcer, comme il a été précédem-
- (’) Une méthode reposant sur le même principe a été appliquée par Marcel Deprez pour désaimanter les montres qui se sont trouvées aimantées par suite du voisinage de grandes machines dynamo. Comptes rendus, 97, p. 42, 1883.
- ment dit, la voyelle 'O devant le téléphone. Le faisceau effectuait des oscillations de 1800 environ; revenu à la position de repos, le zéro se trouvait à la division 178,5. Cette expérience terminée, on changeait de bornes les fils d’attache au téléphone, en sorte que le courant d’induction obtenu en appuyant sur la membrane changeait de sens dans les spires du dynamomètre. Si le faisceau gardait, par suite du passage de ce courant, un magnétisme rémanent, on devait constater la présence d’un pôle nord à la place où se trouvait antérieurement un pôle sud ; c’était justement le cas, le zéro étant maintenant plus élevé et occupant au repos la division 3oo. Mais une fois que l’on eut prononcé devant le téléphone la voyelle O à plusieurs reprises, et de plus en plus bas, le zéro revint à 179,0.
- Ce procédé fait, comme on le voit, disparaître très complètement le magnétisme rémanent du faisceau. Mais l’on est parfois obligé de répéter à plusieurs reprises l’expérience avant que le zéro revienne à sa première position. Ce fait provient probablement de ce que le barreau effectue, lorsqu’on prononce la voyelle O, de très fortes oscillations au cours desquelles il se trouve pendant un temps très court occuper une position sensiblement parallèle aux spires. Tant que le faisceau est parallèle aux spires, ou ne forme avec elles qu’un angle très petit, il est soustrait à l’influence magnétisante du courant qui traverse l’instrument. Si, au bout d’un certain temps, le faisceau revient dans une position telle qu’il fait avec les spires un angle sensible et se trouve de nouveau soumis à l’action magnétisante de ces mêmes spires, il peut arriver que les courants induits dans le téléphone n’aient plus une intensité suffisante pour renverser la polarisation rémanente. Il s’ensuit que le faisceau conserve un certain magnétisme.
- Pour obtenir un résultat sûr, il est bon de placer le faisceau perpendiculairement aux spires et de faire descendre ensuite les fils de cocon jusqu’à ce que l’index vienne reposer sur la plaque en ébonite.
- Pour de petites déviations, la théorie de l’instrument est très simple. Supposons que le faisceau placé normalement aux spires reçoive pour un courant i, traversant l’appareil, le moment magnétique c\j.i. Si le faisceau tourné d’un angle y, son moment magnétique ne sera plus que cl i (a. cos. y. Le moment de torsion exercé par un courant i sur un barreau aimanté dont le moment magnétique est 1 qui fait avec le plan des spires un angle de 90° — y est proportionnel à i sin y. Le moment de torsion exercé par ce courant sur notre faisceau dont le moment magnétique est c, i g. cos y se trouve donc être
- (1) K = C 2'2 n. sin y cos y-
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- Dans le dynamomètre de Bellati, le faisceau de fils de fer fait au repos un angle de 45° avec les spires. Si un courant lancé à travers les spires provoque une déviation a, le faisceau fera avec la normale au plan des spires, un angle de (45 — a).
- Il faut donc, pour connaître le moment de torsion qu’exerce un courant i sur notre faisceau, remplacer dans la formule (1), l’angle y par (45 — a) :
- K = Cn-sin (45 — a) cos (45 — a).
- Ce moment de torsion est équilibré par la torsion des fils de suspension, et comme celle-ci dans le cas d’une suspension bifilaire est proportionnelle au sinus de la déviation,
- Const. P. |x. fin (45 — a) cos (45 — a) = const. sin a,
- ., _ c_______sin a________ ç sin a
- 2 —0 sin(45 — ai cos (45 — a) 1 ’
- - COS 2 a 2
- -(1 — 2 sin2 a)
- 2 ' '
- Si a est petit, on peut négliger sin2 a; on a donc
- 22=Csin a,
- et comme pour a, petit, sin a est également proportionnel à tg 2 a, la déviation lue à l’échelle est proportionnelle au carré de l’intensité.
- Pour des déviations plus fortes, il faudrait graduer l’instrument, ce qu’on ferait en lançant dans les spires des courants alternatifs d’intensité connue et en traçant ainsi une courbe. Comme je n’avais pas les moyens indispensables à cette expérience, j’ai cherché à atteindre le même but en employant des courants continus, procédé qui ne me réussit pas, car, dans ce cas, le magnétisme terrestre exerce sur le faisceau une action encore plus grande que le courant qui traverse les spires. Le magnétisme terrestre tend à amener le faisceau dans le plan du méridien et renforce l’action des spires ou la contrarie, selon le sens du courant lancé à travers l’appareil. On reconnut alors que, non seulement la grandeur, mais encore le sens de la déviation se modifie avec le sens du courant.
- Un courant de I-g^0 ampères étant lancé dans l’appareil, la déviation fut de 24mm,8 à droite. Le courant, une fois renversé, on eut une déviation de 22mm,8 à gauche. Il ressort de là que le magnétisme exerce sur le faisceau une action notablement plus grande que le courant circulant à travers les spires. Ce procédé ne peut donc permettre la graduation de l’appareil.
- On pèut soustraire le faisceau à l’influence du magnétisme terrestre en groupant les spires de telle façon que le courant ait des directions contraires dans les deux moitiés de droite et de gauche du cadre. On développe ainsi 3 pôles dans, le faisceau, un pôle sud au milieu, par exemple, et
- FIG. 4
- un pôle nord à chaque extrémité ; pour une certaine position et une certaine intensité de ces pôles, le faisceau devient astatique. On pourrait, dans ce cas, graduer l’instrument avec des courants continus. Mais comme alors les actions des deux moitiés des spires qui tendent à aimanter et à dévier le faisceau se contrarient, il était à craindre que cette combinaison ne rendît l’appareil bien moins sensible, et, de fait, il en fut ainsi. On fit passer à travers l’instrument des courants alternatifs engendrés de la façon qui est indiquée figure 3; pour le groupement ordinaire des spires on avait une déviation de i55mD1,3 ; avec la polarisation astatique, cette déviation ne fut plus que de i4mm,ç). L’appareil ç-étant, dans ce dernier cas, bien moins sensible, je ne donnai aucune suite à l’idée qui vient d'être exposée.
- Les courants alternatifs sont donc les seuls qui permettent de graduer l’appareil. Il est superflu d’ajouter que la détermination de la constante ne saurait également se faire avec des courants continus: cette dernière ne peut être obtenue qu’en plaçant l’instrument dans le même circuit qu’un dynamomètre dont la constante est connue, et en faisant passer à travers les deux appareils les mêmes courants alternatifs.
- J’ai encore cherché à accroître la sensibilité de l’appareil en enfonçant deux faisceaux de fer dans deux trous ménagés à cet effet sur la boîte en ébonite. La position relative des pôles de ces trois faisceaux est telle (fig. 4) que les deux faisceaux B B tendent à placer le faisceau C normalement au plan des spires et ajoutent par conséquent leur action à celle du courant sur C. On reconnut cependant que cette disposition ne faisait que diminuer un peu la sensibilité de l’appareil; ceci provient sans a-doute de ce que les pôles N2 et S2 se s trouvent affaiblis par le voisinage de N, et de S3. Il s’ensuit que l’action du courant qui tend à dévier le barreau C est également plus faible qu’antérieurement. Ce qu’on gagne d’un côté on le perd de l’autre.
- Un dispositif meilleur, mais que je n’ai pas encore eu l’occasion d’expérimenter, est celui représenté figure 5. C est le faisceau suspendu, B B les faisceaux fixes, a b est le plan des spires entre lesquelles est suspendu C. Le courant circule également autour des faisceaux B B et les polarise de la façon indiquée sur la figure. Si le courant change de sens, les 6 pôles changent aussi de place et la déviation a lieu toujours dans la même direction.
- Comme nous avons vu plus haut, le magnétisme
- FIG. 5
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- -9
- terrestre produit une déviation assez grande si l’on envoie à travers les spires un courant galvanique de faible intensité. Ceci m’inspira l’idée de rechercher jusqu’à quel point le dynamomètre Bellati pouvait servir de galvanomètre. Le principe de ce galvanomètre est absolument différent de celui de tous les autres. Tandis que dans les galvanomètres ordinaires le magnétisme terrestre s’oppose à la déviation de l’aiguille, et qu’on cherche à diminuer cette influence en ayant recours à des équipages asiatiques dans l’instrument qui nous occupe, le magnétisme terrestre a justement pour fonction de dévier le barreau, et le courant ne sert qu’à polariser ce même barreau.
- On fit, à cet effet, tourner l’appareil, d’un angle de 45°, par rapport à la position qu’il avait occupée jusqu’alors, en sorte que le plan des spires se trouva coïncider avec le méridien magnétique. On — tourna également le faisceau de fils de fer jusqu’à ce que l’index blanc fût devenu parallèle au trait qui est normal B au plan des spires : le faisceau se trouvait donc normal aux spires ainsi qu’au méridien magnétique.
- s Dans ces conditions un courant de
- 0,00000125 ampère donnait une dé-wr A —is viation de 6mm,7 pour une distance de ira,g entre l’échelle et le miroir. n] Bien que ceci ne soit pas une sensibilité remarquable pour un galvano-. mètre à miroir, il n’en est pas moins
- c vrai que c’est là un résultat assez satisfaisant, étant donné la simplicité de l’appareil. S’il est permis d’admettre -S-l que la rigidité des fils de cocon ne I IG‘ 6 se modifie pas d’une façon sensible, la constante de cet appareil sera soumise à des variations moindres que celle des galvanomètres ordinaires, attendu que l'appareil ne renferme pas d’aimant permanent.
- Afin de rendre cet instrument plus sensible, il faudrait chercher à venir en aide à l’action du magnétisme terrestre. Ceci pourrait se faire très simplement par l’adjonction de deux aimants permanents, comme l’indique la figure 6, où A représente le faisceau de fils de fer suspendu, et B et C, les aimants permanents fixes. La polarité de A dépend naturellement de la direction du courant qui traverse l’instrument. Si les aimants B et C sont suffisamment forts, on pourra probablement négliger l’action du magnétisme terrestre, et placer l’instrument dans une posidon quelconque par rapport au méridien magnétique. Ce galvanomètre offre cependant un inconvénient : il est impossible d’avoir recours à un amortisseur en cuivre. Comme le faisceau est très faiblement aimanté, son mouvement ne peut induire que des courants amortisseurs de petite intensité.
- Je n’ai pas encore* eu l’occasion d’essayer le galvanomètre renforcé au moyen d’aimants permanents.
- La théorie de ce galvanomètre sans aimants permanents est, pour de petites déviations, la suivante : soit ji.f,le magnétisme induit par un courant i, dans le faisceau de fer, lorsque ce faisceau est normal au plan des. spires ; pour une petite déviation a, le magnétisme induit se trouvera être p. i. cos a. Le couple résultant de l’action du magnétisme terrestre sur le faisceau sera alors : Const. \j.i. cos2 a et comme ce couple est équilibré par la torsion, on a
- Const. jj,. i. cos2 a = const. sin a,
- i = c^.
- cos2 a cos a
- Pour a petit, on a cosa=i; i = Ctgv.. On peut de plus, si a est petit, prendre tg v. = ^tg 2 a, et alors la déviation mesurée à l’échelle est directement proportionnelle à l’intensité du courant.
- L’action directrice des spires sur le faisceau de fils de fer, et le magnétisme induit par la terre dans ce même faisceau, sont tous deux proportionnels à sin a, et peuvent, si a est petit, être négligés (•).
- M.
- La conductibilité électrique et le coefficient de température du mercure solide, par C. L. Weber (2).
- • A la suite des recherches très étendues qu’il effectua il y a vingt-cinq ans environ sur la conductibilité de divers métaux et de leurs alliages, A. Matthiessen a été conduit à diviser les métaux en deux groupes. La conductibilité des alliages du premier groupe peut être déduite du rapport des volumes des métaux formant l’alliage, tandis que les métaux du deuxième groupe alliés entre eux ou à des métaux du premier groupe présentent un pouvoir conducteur toujours inférieur à celui que donnerait le calcul basé sur les rapports des parties composantes (3).
- Cette loi pouvait s'appliquer à tous les alliages étudiés par Matthiessen, excepté à ceux dans lesquels entrait le mercure. — W. Siemens (4) a cherché a expliquer cette anomalie en admettant que la conductibilité d’un amalgame est égale à la conductibilité moyenne des parties constitutives, ces parties étant supposées à l’état liquide, et Sabine (5), s’appuyant sur cette hypothèse, a calculé
- (*) Annalen der Physik und Chemie. Nette Polge, B. XXV, 1885. — L’appareil décrit précédemment est construit par la maison P.-J. Kipp et fils, de Delft.
- (2) Ann. de Weid. — i885, 7° 6, p. 245.
- (3) Matthiessen. — Pogg. Ann. 110, p. 190, 1860.
- 9) Siemens. — Pogg. Ann. ii3, p. 96, i85i.
- (“) Sabine. — P/iil. Mag., 1862, p, 455.
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- les conductibilités des métaux à l’état liquide, en prenant comme base de ses calculs les conductibilités observées pour les amalgames liquides. — Mais les résultats ainsi obtenus, ne furent pas confirmés par l’expérience, en sorte que l’hypothèse précédente est, comme l’a fait voir Matthiessen ('), insuffisante à rendre compte des propriétés particulières que présentent les amalgames. — Loin de se ranger à l’hypothèse de W. Siemens, Matthiessen se crut fondé à faire du mercure le représentant d’un troisième groupe de métaux, groupe tout à fait spécial (2).
- Il y aurait donc lieu de croire que le mercure occupe vis-à-vis des autres métaux, surtout au point de vue de sa conductibilité, une position exceptionnelle, et que les propriétés anormales qu’il présente ne sauraient être expliquées par l’état d’agrégation liquide seul. Il semble que depuis l’époque, cette question n’a été l’objet d’aucune expérience nouvelle, ou du moins, nous n’avons aucune espèce de données sur la question de savoir si les propriétés électriques du mercure à l’état solide se rapprochent de celles des autres métaux, si, par exemple, son coefficient de température est analogue. Les observations sur la conductibilité que présentent à l’état de fusion les métaux solides à la température ordinaire sont d’ailleurs si rares qu’il est impossible de les prendre comme base d’une théorie quelconque.
- Il est cependant difficile de méconnaître l’importance de la question, surtout au point de vue du rapport entre la conductibilité électrique et les autres propriétés physiques des métaux. Aussi me proposé-je de faire connaître dans ce qui suit quelques expériences ayant trait aux propriétés électriques du mercure à l’état solide.
- J’ai été assez heureux, au cours de ces expériences, pour devoir à l’obligeance de M. le professeur Dr von Beetz (3), une assez grande quantité d’acide carbonique liquide (fourni par la société par actions qui fabrique industriellement l’acide carbonique à Berlin). Je suis heureux de pouvoir ici le remercier publiquement pour ce don gracieux, et en même temps pour l’intérêt qu’il n’a cessé de porter à mes travaux.
- Le mercure soumis à l’expérience était enfermé dans des tubes capillaires en forme d’U, aux extrémités desquels venaient se souder des tubes de verre plus larges, de io millimètres de diamètre environ. Pour être certain d’avoir tout le long de la colonne de mercure une température aussi uniforme que possible et en même temps pour ne
- (!) Matthiessen et Vogt. —Pogg. Ann., 116, p. 36g, 1862. (2) Matthiessen. — Pogg. Ann., 114, p. 3i7, 1861.
- (3; Le Prof. Dr von Beetz est le directeur du laboratoire de l’école technique supérieure de Munich, où furent faites les expériences dont il s’agit.
- pas user de trop grandes quantités d’acide carbonique à la fois, il fallait prendre des tubes capillaires assez courts ; d’autre part, on reconnut bientôt qu’avec des tubes capillaires très étroit, la colonne mercurielle se brise en se solidifiant. Je fixai en dernier lieu mon choix sur des tubes de 180 millimètres de longueur environ qui présentaient, dans la partie capillaire, un diamètre de 1 millimètre. La résistance à mesurer était donc très faible (jusqu’à 0,02 ohm).
- L’appareil se composait de deux vases cylindriques en verre placés l’un dans l’autre ; le vase intérieur contenait de l’éther dans lequel plongeait le tube en U ; le second renfermait quelques gouttes d’acide sulfurique concentré, ou bien encore un peu d’éther destiné à empêcher que les parois ne se couvrissent de givre ; il fallait en effet qu’on pût voir à travers les verres la colonne de mercure et reconnaître si, en se solidifiant, elle ne s’était pas brisée, cet accident se produisit même avec des tubes de 1 millimètre de diamètre, pour un abaissement trop brusque de la température. C’est pourquoi on prenait soin d’ajouter petit à petit l’acide carbonique solide à l’éther, en sorte que la température s’abaissait graduellement jusqu’à dépasser le point de congélation du mercure. Pour les mesures de température, on faisait usage de thermomètres d’alcool dont les tubes avaient été calibrés, et la valeur de chaque division de l’échelle déterminée par comparaison, dans le voisinage de zéro, avec un thermomètre à mercure de Geissler.
- Lorsqu’on avait obtenu une température suffisamment basse, on cessait d’ajouter de l’acide carbonique et, pendant que la température du mélange éther-acide carbonique s’élevait, on procédait aux mesures de résistance.
- Les bulles d’acide carbonique, qui ne cessaient de se dégager et de monter à travers la masse d’éther, rendaient tout agitateur inutile.
- Les résistances à mesurer étant, comme nous avons dit, très petites, il fallait opérer rapidement aussi, eus-je recours à une combinaison de pont indiquée par Thomson.
- TABLEAU I
- TEMPÉRA- W TEMPÉRA- W TEMPÉRA- W
- T U K 15 en ohms TURE en ohms TU R 15 en ohms
- — 55,3 0,02802 — 45,5 0,02970 — 3o,8 0,i3ooi
- — 53,9 2823 — 43,9 2994 — i8,5 l3156
- — 53,o 2843 — 42,4 3021 — 5,6 i33oo
- — 5i ,5 2863 — 41,0 3043 0,0 13372
- — 5o,o 2892 — 39.4 3147 + 15,8 13576
- — 48,8 2912 Commencement de la fusion + 45,1 13949
- — 47,0 2941 - 37,3 5362
- Les quatre branches de ce pont se composaient de 2 bobines de 10 ohms et de deux autres bobines
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- de ioo ohms de résistance; uWPdé maillechort tendu et muni de deux contacts glissants servait de résistance de comparaison. Le galvanomètre à miroir était très astatique.
- Le tableau précédent (tableau i) donne les résultats d’une série d’expériences.
- La représentation graphique de ces résultats montre qu’un commencement de fusion, se produit déjà à — 39°, 4; à partir de ce point, la résistance monte rapidement vers la valeur qu’elle affecte pour le mercure liquide, valeur quatre fois plus grande que celle du mercure solide à son point de fusion. Les onze premières expériences permettent de déterminer le coefficient de température pour le mercure solide. — Si l’on admet que la résistance de ce dernier est donnée aux deux températures T et t par les formules simples
- carbonique, des températures inférieures à — 55°, mais ces températures étaient si peu stables qu’il était impossible de procéder à des mesures qui pussent être utilisées.
- Le thermomètre à alcool employé au cours de ces différentes séries d’expériences avait un réservoir assez volumineux; il était donc très possible que, lors de l’élévation brusque de la température, les indications du thermomètre fussent en retard et les températures indiquées trop basses. Afin d’être complètement fixé sur ce point, je fis construire un deuxième thermomètre à alcool dont la boule à parois de verre très minces n’avait que 5 millimètres de diamètre ; le tube même était excessivement étroit.
- Dans le tableau suivant (tableau II) sont consignés les résultats d’une série d’expériences effectuées avec ce dernier thermomètre à alcool.
- et
- W = >!’o (1 + «T) w—w0 (1 + a/);
- on obtient alors
- _ W — w a wT — Wt‘
- En combinant 2 à 2 les 11 chiffres précédents (1) avec (7) par exemple; (2) avec (8) etc., on obtient pour a, les valeurs suivantes :
- Hg. Solide.
- Coefficient de température.
- Hg. Liquide.
- G,0045l3 0,004637 0,004467 0,004634 0,004494
- Moyenne : 0,004549
- Entre—3o et o° . . . 0,000901
- — —18 et+ i5° . . . 0,000932
- — — 5,6 et+ 45° . . . 0,000955
- Moyenne : 0,000927
- TABLEAU II
- TEMPÉRA- TURE W en ohms TEMPÉ- RATUltE W en ohms COEFFICIENT de température
- — 57,2 0,02455 — 47,5 46,8 0,02578 o,oo3 992
- 57,0 2457 2585 TJ 4 o36
- 55,9 2472 45,7 2600 fl 3 970
- 54,4 2491 44,9 1612 4) a n > S .2 3 884
- 53,o 25o3 43,7 263o' 4 311
- 52,3 2218 42,6 26481 0 CO fl 3 OJ w, 1 S a 1 0 0 4 000
- 5i ,3 2525 42,3 2652' 4 468
- 5o,o 2547 38,i 33oo 4 226
- 49,0 48,3 2560 2568 35,8 ± 0,0 0,io885 0,II23I Moy. 0,004 ni
- Résistance spécifique du mercure solide calculé pour o° :
- s0 = 0,2853,
- Conductibilité :
- Afin de compléter les expériences et de pouvoir porter un jugement sur leur valeur, on continuait les mesures avec le mercure liquide jusqu’à zéro degré et même au delà. Entre — 3o et -j- 45° on trouve les coefficients de température qui figurent dans la deuxième colonne, c’est-à-dire 0,000927 comme coefficient moyen. Cette valeur qui concorde avec celles données par Matthiessen, Siemens, Rink, Lenz, Retzoff et d’autres témoigne de la confiance que l’on est fondé à avoir également dans les mesures relatives au mercure solide.
- Les formules précédentes permettent aussi de calculer la résistance de Hg solide à o° ; si l’on divise celle-ci par la résistance de Hg liquide à o°, on trouve comme résistance spécifique du mercure solide, calculée pour la température de o° :
- «o =0,2799,
- ou comme conductibilité :
- 7>o — 3| 572.
- On obtint souvent, avec le mélange éther-acide
- ^ 0 * 3 ) 5o5 *
- Ces deux tableaux, et surtout les courbes qu’elles permettent de tracer font voir qu’au point de fusion, la résistance de Hg ne.prend pas un accroissement brusque; cette résistance augmente seulement à partir de ce point d’une façon rapide, mais qui laisse néanmoins le temps de faire plusieurs observations avant que la résistance du mercure liquide ne soit atteinte. On aurait cependant tort d’en conclure que le mercure traverse une période de ramollissement quand il passe de l’état solide à l’état liquide ; il est bien plus probable que les fils de cuivre qui amènent le courant sont, aux points d’attache, une cause d’échauffement, en sorte que la fusion commence en ces points et se transmet ensuite tout le long du tube capillaire.
- Cette considération explique également ce fait que le commencement de la fusion, nettement accusé par l’accroissement rapide de la résistance, ne se produit pas exactement à la même température. Si l’on compare les deux séries d’expé-
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- LA LUMIERE ELECT
- riences on reconnaît également que les craintes relatives à l’emploi du premier thermomètre ne sont pas justifiées; bien plus, le second thermomètre, accuse pour le commencement de la fusion, une température un peu plus basse que le premier.
- Si nous mettons en regard les résultats des deux observations, nous obtenons les chiffres qui suivent :
- Coefficient de température du mercure solide :
- Expérience I.........a = o,00455
- — II.............a — 0,00411
- Moyenne : a = 0,00433
- Résistance spécifique ou conductibilité du mercure solide calculée à o° :
- Expérience I.......s„ = 0,2799 >.0 = 3,572
- — II...........s0 = 0,2853 V= 3,5o5
- Moyenne : s0 = 0,2826
- = 3,538
- La concordance est plus grande que celle qu’on pouvait attendre étant données les difficultés de l’expérience, car il ne faut pas oublier que toute la résistance à mesurer ne dépassait pas quelques centièmes d’ohm, que le coefficient de température devait être déterminé dans un intervalle de i5° seulement et qu’enfin, les moyens employés étaient des plus grossiers.
- Voici les conclusions qu’on est en droit de tirer des chiffres précédents :
- i° Le mercure en se solidifiant devient sensible-blement plus conducteur ; la conductibilité du métal solide est, au point de fusion, environ quatre fois plus grande que celle du métal liquide immédiatement avant.la solidification. Si l’on rapporte les deux valeurs à o° la conductibilité du : mercure solide s’exprime parle nombre 3, 5.
- 20 Le coefficient de température du mercure solide est voisin de celui des autres métaux solides et il devient probablement égal à ce dernier si l’on s’éloigne assez au-dessous du-point de fusion.
- Il est à supposer que cette grande différence entre les conductibilités du mercure solide et liquide exerce une influence notable sur la conductibilité des amalgames qui sont solides à la température ordinaire. On ne peut encore se prononcer sur la grandeur de cette influence, ni expliquer les propriétés anormales des amalgames en prenant les chiffres précédents pour base.
- Les données que l’on possède sur les conductibilités de ces alliages sont insuffisantes et l’étude approfondie de la question est liée à des difficultés très grandes car la majorité des amalgames qui, à la température ordinaire, ne sont pas complètement liquides, échappent, par suite de leur état d’agrégation ^particulier, aux méthodes de mesure ordinaires. Il serait peut-être possible d’obtenir des résultats dont on pourrait tirer parti, si on se servait pour déterminer leurs conductibilités de la balance d'induction. M.
- CORRES
- ŒSPOT^I
- ANCES SPECIALES
- DE L’ETRANGER
- Allemagne.
- L’électro-métallurgie du cuivre. — On a introduit depuis peu, un procédé électrolytique pour l’obtention du cuivre dans les fonderies de la « Société par actions pour l’exploitation des mines, et pour la fabrication du plomb et du zinc » à Stolberg et en Westphalie. Ce procédé, dont l’inventeur est M. E. Marchese est déjà employé depuis deux ans, et donne les meilleurs résultats dans les fonderies de la « Société Italiana di Minière di Rome e di Elletrometallurgica » à Casarza près de Gênes, et à Sestri-Ponente près de la même ville.
- Ce procédé permet d’obtenir directement du cuivre pur avec des minerais riches en fer. Voici comment on opère :
- Une partie du minerai qu’on désire traiter est fondue et donne une matté crue avec 3o % de cuivre, 3o °/o de sulfure, et 40 % de fer. On réduit ces mattes en plaques minces destinées à servir d’anodes. La prise de courant se fait au moyen de bandes de cuivre introduites dans !a masse. Des plaques minces de cuivre forment les cathodes.
- Une autre portion du minerai de cuivre est grillée et puis lessivée, avec addition d’une petite quantité d’acide sulfurique pour dissoudre l'oxyde de cuivre.
- La solution, qui contient du sulfate de cuivre et du sulfate de fer, est amenée dans des bacs. Là,. le sulfaté de cuivre est décomposé et le cuivre se dépose sur les cathodes, pendant que les anodes sont corrodées. Les sels de fer, qui se forment, et l’acide sulfurique, empêchent la précipitation du fer, et le développement d’hydrogène, de sorte que l’on obtient à la cathode, du cuivre solide et chimiquement pur.
- Dans l’application de ce procédé, on se sert de vingt machines à électrolyse de quinze volts chacune et deux cent cinquante ampères. Elles alimentent chacune douze bains.
- Le tableau ci-contre indique clairement la marche des opérations (fig. 1).
- Pour tenir constantes la saturation et la composition de la solution, cette dernière va du tuyau collecteur des bains dans les réservoirs de lessivage, et de là, encore une fois dans les bains. Les anodes usées trouvent leur emploi dans l’obtention des sulfures ou de l’acide sulfurique.
- Si les bains sont disposés convenablement, si la solution est telle qu’elle doit être et que la circulation se fasse bien, le rendement minimum en cuivre pur est de 20 kil. par jour et par cheval.
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- IVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 33
- JO
- A côté des minerais de cuivre, la fonderie de Stolberg traite également des minerais de plomb qui Contiennent, non seulement de l'argent, mais encore du cuivre. Le traitement métallurgique donne du cuivre noir qu’on avait toujours, jusqu’ici, vendu à d’autres fonderies. Maintenant, on a étendu les opérations électrolytiques du procédé Marchese au cuivre noir, et l’on a déjà atteint d’excellents résultats. Le cuivre obtenu renferme, selon l’analyse, en moyenne 99,935 % de cuivre pur.
- M. Marchese a lui-même décrit ce procédé dans une brochure, que les intéressés pourront consulter avec fruit (*). Les avantages économiques du procédé ressortent clairement du calcul suivant :
- La matte de cuivre à Stolberg contenait i5-16% de cuivre, 14 %, de plomb, et o,o5 °/„
- \IilUMï/j-x tlo r/j/nr
- , Grillade a n minera i,
- ' 1 pour les cal hodes f]~
- , fîisnvi du \ v m trierai pour / I i es anodes •
- i i 1
- Acide sulfurique.
- de la
- première chambre
- Resic/ns ,_____( Solution \ I I
- non-dissousi ^.-jdeless ivaqe) Concentration
- I’ I -I |
- r- -yl.-iodes1
- Minerais
- grilles
- -Bail
- Electroli/le
- Acide
- sulfurique
- Cuivre pur Solution Résiduscortieiian1\_]
- en plaques finale' des sulfures 1
- ! j
- précipitation------, Slllfate
- du cuivre. L~~de fer
- Réduction pan H2S. |
- - Précipitation < J .. 1 r> . ' 1
- du cuivre fCuS.) . ' 11 r _____— Crislallisalion
- de fer
- FIG. 1
- d’argent. La valeur de ces métaux était, à la fin de février i885:
- i5o kilogr. cuivre à 1 fr. 3o par kilogr. 19S fr.
- 140 — plomb à o fr. 25 — 35 »
- o,5 — argent à 180 fr. — 90 »
- Total. . . 320 fr.
- A cette époque, la fonderie de Stolberg vendait à Freiberg la matte de cuivre à raison de 9 marcs les 100 kilogrammes; — c’est-à-dire 112 fr. 5o la
- () Traitement éleclrolylLpie des malles cuivreuses à Stol-terg, par le procédé E. Marchese. — Gênes, Imprimerie Gaétan Schenona. i885.
- tonne, donc, une différence de 207 fr. 5o, ou, par tonne de cuivre dans le minerai, i383 fr. 33 sans compter que le cuivre est obtenu pur.
- Une nouvelle méthode pour la transmission de LA VOIX HUMAINE AU TÉLÉPHONE. — M. J. N. MaC-
- Intyre, de New-York, vient de prendre un brevet en Allemagne pour un dispositif très simple qui a pour objet de transmettre au téléphone la voix humaine à l’exclusion de tout autre bruit.
- Les ondulations produites par la voix sont transmises au téléphone T, par l’intermédiaire d’une colonne d’air. Dans la figure ci-jointe, D représente une pièce élargie en forme de cloche, qu’on presse contre le gosier, ou contre une autre partie du cou, qui prend part aux vibrations produites par la voix. D est relié avec le téléphone par un tube élastique ou rigide C.
- L’inventeur prétend que les mots transmis au
- FIG. 2 .
- téléphone, au moyen de cet appareil, parviennent plus distinctement à l’autre poste que par un téléphone ordinaire, puisque tout bruit étranger qui pourrait se mêler à la voix se trouve écarté du diaphragme.
- L’influence de la lumière sur les réactions chimiques. — Dans une de mes lettres récentes, j’ai parlé du remplacement de la chaleur par la lumière, pour des réaction chimiques, et je lis aujourd'hui dans la Chemiche Zeitung que cette méthode est employée depuis quelque temps dans la pratique.
- Dans la fabrication des couleurs on se sert d’un trichloride de benzole très pur pour l’obtention de la couleur appelée vert-malachite, et on a trouvé qu’on obtient un produit particulièrement employa-ble, quand on soumet le chlore à l’influence des
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- LA LUMIÈRE ÈLECTRtê&è
- 1
- rayons du soleil. Pourtant les inconvénients résultant du mauvais temps ont fait essayer la lumière électrique à arc et, depuis, on l’emploie et l’on en tire d’excellents résultats.
- Pour la fabrication en gros, on fera bien d’opérer la réaction Chimique dans de grandes auges taillées eh pierre (ou dans des récipients d’argile) dont les ouvertures supérieures sont couvertes par des glaces coulées, qui sont calfatées.
- Par ces glaces, la lumière électrique se trouve réfléchie en dedans. Mais il est nécessaire déposer au-dessus de la glace formant couvercle, et à 30-40 millimètres de distance de celle-ci, une seconde glace protectrice plus mince, pour affaiblir la chaleur rayonnante de la lumière à arc au moyen de la couche d’air circulant entre les deux plaques. Comme les glaces planes éclatent très facilement, même à une distance de 5o-6o centimètres de la lampe, il sera utile d’employer, pour la fermeture, des verres ondulés qui s’étendent par la chaleur sans se rompre.
- La consommation de gaz a Berlin. — Il est intéressant d’observer comment la consommation de gaz augmente à Berlin, malgré, ou plutôt à cause des installations électriques qui s’y multiplient. Les usines à gaz font, d’année en année, de meilleures affaires. Sans doute l’emploi du gaz comme force motrice ne contribue pas peu à ce résultat. Dans l’année 1884-85 la consommation du gaz s'était accrue de 5,3g 0/0, et l’on s’attend à un accroissement de 6 0/0 pour cette année et les suivantes. On croit que la consommation qui, dans les années dernières, montait à 74.337.000 mètres cubes s’accroîtra jusqu’à io5.ooo.ooo pour l’année 1890.
- Dr H. Michaelis.
- Angleterre.
- L’appareil Siemens pour l’essai des paratonnerres. — La résistance des meilleurs paratonnerres, y compris celle des plaques de terre ne dépasse pas quelques ohms ; il importe donc d’essayer la tige et la terre de temps en temps. MM. Siemens frères et Cic ont construit un appareil très commode pour cette opération. La figure 1 en donne la perspective, la figure 2 en montre les communications, et la figure 3 représente le modèle d’un paratonnerre double.
- L’appareil se compose d’une petite machine magnéto-électrique M, renfermée dans une boîte avec un pont de Wheatstone B. La résistance divisée de ce dernier est formée par un fil courbé en maillechort sur lequel le contact se fait au moyen d’un bras P qui tourne autour d’un pivot et sert de commutateur pour la pile. Entre les bornes cf se trouve un petit galvanomètre horizontal avec une pièce mobile en laiton destinée à placer l’aiguille
- dans le champ magnétique ou,à l’enlever; une résistance variable complète le pont avec la bobine divisée. La machine M est reliée au pont par les bornes b, bet une clef K, en /, sert à mettre le paratonnerre en circuit avec le pont par le fil auxiliaire L.. Les plaques de terre sont représentées par E1 E2, tandis que D1 D2 sont les bornes de la
- FIG. 1
- pile. Un petit portefeuille en cuivre, qu’on voit en face de la boîte dans la figure 1, contient les fils de communication. L’appareil pèse environ 4 kilogrammes et mesure o,i52 X o,i52 X 0,229 mètres. Les indications de la résistance se lisent directement avec l’appareil, qui est utile, non seulement pour essayer des paratonnerres, mais aussi des
- FIG. 2
- circuits de lumière électrique de télégraphie ou de téléphonie,
- L’instrument peut mesurer 0,1 ohrn jusqu’à 5oo ohms.
- Les défauts dans les paratonnerres sont souvent attribuables à une communication défectueuse avec la terre, provenant d’une rupture partielle ou totale du conducteur, juste au-dessus ou au-dessous du sol. Parfois i’extrémité inférieure de la tige se trouve dans un terrain sec, ou bien la plaque de terre est trop petite, oxydée ou cassée. La communication à la terre doit donc être essayée d’abord, et, dans ce but, il faut visser une forte borne en laiton T au
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- conducteur et la souder immédiatement riu-dessus du sol. On se sert alors d’un fil séparé pour relier le point l du pônt avec la borne T.
- L’essai est beaucoup plus facile avec un double paratonnerre (fig. 3) du même métal et de la même section qu’un seul. Les extrémités supérieures des tiges doivent être bien soudées ensemble et les bouts supérieurs viennent se terminer immédiatement au-dessus du sol.
- Les plaques de terre sont munies de deux tiges qui se trouveront tout près des paratonnerres, au-dessus du sol, auxquelles elles sont reliées par des bornes à vis T1 Ta. Ces deux bornes peuvent être reliées à l’appareil par des fils. Pour essayer un paratonnerre double de ce genre, il faut d’abord rompre la communication de l’un en T1, et y relier un bout du fil dont l’autre extrémité est reliée au point l du pont. On fait alors l’essai comme si c’était une seule tige, et on vérifie la résistance.
- FIG. 3 ET 4
- On passe ensuite à l’autre, qu’on essaye avec les communications représentées dans la figure 4. En installant des paratonnerres doubles, les deux branches doivent être maintenues à une petite, distance l’une de l’autre et éloignées de tout métal sur le bâtiment, de manière à empêcher leur mise en court circuit. A ce propos, je puis ajouter que M„ P.-B. Delany, l’inventeur américain du système de télégraphe synchrone, a inventé un paratonnerre portatif pour les ouvriers maniant les fils de lumière électrique. En Amérique, où ces fils sont nus, une invention de ce genre sera très utile. L’idée n’en est pas tout à fait neuve ; mais aucun des devanciers de M. Delany n’a eu assez de confiance dans son invention pour en démontrer l’efficacité en s’attachant au paratonnerre et en s’exposant à un coup de foudre.
- Les accumulateurs dans la pratique. — M. M.-F.-G. Howard a, dernièrement, adressé une
- communication intéressante sur les accumulateurs, à l’Institution of Civil Engineers. L’auteur fait remarquer que la première précaution à prendre en installant des accumulateurs, consiste à bien isoler ces éléments l’un de l’autre. On y arrive en les rangeant sur des 'rayons en bois contre le mur, à une hauteur de 8 pouces au-dessus du plancher. Les éléments doivent être placés à un pouce l’un de l’autre, et les rayons rie doivent pas être superposés. Il faut installer ces éléments dans un endroit sec, où l’humidité ne pourra pas provoquer des fuites.
- Dès que l’accumulateur est en place, il faut essayer son isolement, ce qui est très facile, en reliant un pôle de la batterie (après la charge) à l’une des bornes d’un galvanomètre ordinaire, dont l’autre borne communique avec la terre. Toute déviation de l’aiguille indique une fuite à laquelle il faut remédier immédiatement. En général, la fuite est déterminée par la perte de solution de l’un des éléments.
- Les pôles des éléments doivent être reliés par de fortes tiges en plomb ou d’un alliage de plomb et d’antimoine ; les tiges de cuivre sont peu pratiques, parce qu’elles se corrodent au pôle positif.
- Les éléments ne doivent pas être chargés trop vite, et s’ils s’échauffent pendant l’opération, il faut arrêter la charge et leur permettre de se refroidir. La chaleur fait plier les plaques et peut parfois mettre un élément en court circuit. Il importe de maintenir tous les éléments dans une condition uniforme; on y arrive le mieux en les observant pendant la charge ; on peut alors mettre hors du circuit tous ceux qui dégagent trop de gaz. En cas de besoin, on peut intercaler une résistance correspondante pour protéger la dynamo contre un échauffement trop grand.
- J. Munro.
- CHRONIQUE
- Les lampes à incandescence devant le tribunal aux États-Unis ; O. Kern.
- Nous avons rendu compte dernièrement des procès auxquels les lampes à incandescence avaient donné lieu en Allemagne. Nous apportons aujourd’hui les pièces des débats qui vont s’ouvrir devant les tribunaux américains.
- Rappelons d’abord la situation en Allemagne. M. Edison ayant poursuivi en contrefaçon les représentants de M. Swan, ainsi que les fabricants des lampes Muller et Bernstein ; M. Swan attaqua à son tour les brevets allemands de M. Edison, qu’il prétendait entachés de nullité. Il fut débouté de sa demande par le Patentamt, mais il en appela de-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- vant la Cour suprême de Leipzig, où la cause est actuellement pendante. On sait que M. Edison vient de gagner également, devant lé tribunal civil de première instance de Berlin, le procès qu’il avait intenté à M;: Swan. Le jugement déclare que le brevet Swan ne peut être considéré que comme un perfectionnement du brevet Edison, et qu’il en est par suite> dépendant. M. Edison fut moins heureux dans son action contre M. Berristein, car celui-ci fut renvoyé des fins de la plainte en première et en seconde instances. , .
- Enfin, l’affaire Edison-Muller n’a pas encore reçu de solution..
- En Amérique, la Edison Electric Lighting Com-
- KIG. I
- pany, de New-York, attaque à peu près tout le monde, fabricants, vendeurs et consommateurs. Elle n'a pas craint d’entamer près de quarante procès au sujet du seul système Weston, ce qui fait supposer que ce ne doit pas être là un concurrent négligeable.
- Après la United States Electric Lighting Company, exploitant les brevets Weston, nous citerons encore la Consolidated Electric Light Company, qui emploie le système Sawyer-Man; puis la Brush Swan Company, qui fait usage de lampes Swan, enfin la Schuyler Electric Light Company.
- Les revendications de la Compagnie Edison contre les différents défendeurs étant presque identiques, nous nous contenterons de résumer, d’aprèsll’Electrical World, deNew-York, celles qui
- s’adressent à la Compagnie la plus importante.
- La United States Electric Light Company se trouve donc accusée d’avoir empiété Sur quinze brevets appartenant à la Edison Electric Lighting Company. Quatorze de ces brevets ont été délivrés à M. T.-A. Edison, le dernier à M. Wm.
- ; Holt^er.
- Le premier brevet, par ordre chronologique, et aussi le plus important, est .celui enregistré sous le numéro :
- 1) N° 223898, 27 janvier 1880. — La figure r montre comment la lampe était représentée. Ce brevet revendique :
- a) Une lampe électrique devant produire de la lumière par incandescence, et consistant en tin filament de charbon de haute résistance, relié à des fils métalliques.
- b) L’emploi simultané d’un filament de charbon, d’un récipient entièrement en verre et de conducteurs traversant le verre. Le récipient est privé d’air.
- Les deux dernières revendications ne présentent pas grand intérêt, aussi les passerons-nous sous silence.
- Le second brevet à analyser :
- 2) Na 227229, 4 mai 1880, est relatif à une lampe dont le filament en platine était chauffé graduellement, afin d’en extraire l’air sans désagréger le métal. Cette lampe est pourvue d’un régulateur thermique. Celui-ci agit sous l’influence de la dilatation d’une petite quantité d’air, placé dans une chambre ménagée au fond de la lampe et séparée de la chambre vide par un diaphragme. Les revendications principales sont :
- a) La combinaison, dans une lampe électrique; d’un récipient vide d’air, hermétiquement clos; de conducteurs métalliques qui traversent l’ampoule, et autour desquels le verre est fondu ; enfin d’un conducteur incandescent, intercalé dans le circuit électrique.
- b) Les méthodes spécifiées dans le corps du brevet, pour l’emploi des conducteurs métalliques des lampes électriques; méthodes qui consistent à enfermer le conducteur dans une chambre de verre, à faire le vide dans cette chambre en chauffant simultanément le conducteur au moyen d’un courant et à fermer hermétiquement l’ampoule de verre.
- Poursuivonsnotreexamen,nous trouvons dans le
- 3) N° 23o,255, 20 juillet 1880 :
- a) Une méthode pour construire des lampes électriques en faisant séparément d’une part l’ampoule qui forme la chambre vide, et d’autre part le support en verre du conducteur incandescent.
- On fixe dans ce support, les fils qui amènent le courant et le filament incandescent. On réunit ensuite les deux parties en verre (l’ampoule et le
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- support) par une soudure hermétique; avant de faire le vide.
- b) Une méthode pour fermer hermétiquement la chambre vide, en exécutant d’abord une fermeture provisoire, pendant l’opération du vide, et puis une fermeture définitive à l’air libre.
- 4) N° 239149, 22 mars 1881. Ce brevet décrit une lampe à incandescence dans laquelle le support en verre, auquel est fixé le filament porte à la partie supérieure une dépression, de telle sorte que la pression atmosphérique s’y exerce sur une surface convexe.
- Il renferme les deux revendications suivantes :
- a) Une lampe électrique, dont le col servant de support au filament présente une concavité à l’endroit où les fils conducteurs qui le traversent, se trouvent emprisonnés.
- b) Le support du filament est muni d’un rebord sur lequel viennent se souder les parois de l’extrémité ouverte de l’ampoule.
- Les six brevets suivants comprennent des détails de fabrication des lampes et des filaments.
- 5) Le n° 23gi53, 22 mars 1881, se rapporte à différents procédés, dont le but est d’éloigner le charbon incandescent du point de soudure de l’ampoule et du support du filament. On évitera ainsi que les fils ne soient trop chauds à la traversée du verre, et qu’ils ne produisent des rentrées d’air par le jeu de leur dilatation (fig. 2).
- 6) Le n° 248418, 18 octobre 1881, décrit une forme spéciale de filament dont la section décroît d’une manière continue du pôle négatif vers le pôle positif.
- La revendication principale a trait à :
- Un filament de charbon pour lampes à incandescence, tel que l’une de ses extrémités ou une de ses moitiés présentera une résistance moindre et une masse plus considérable que l’autre.
- 7) Le n° 266447, 24 octobre 1882, traite d’un procédé de fabrication décrit de la manière suivante dans les revendications :
- Un mode de fabrication de lampes électriques à incandescence, qui consiste d’abord à souffler directement l’ampoule ou le récipient en verre, ensuite à faire séparément le col intérieur ou tube-support du filament incandescent, puis à emprisonner les fils conducteurs dans ce tube, à fixer le filament aux fils, enfin à unir intimement les deux parties de la lampe par une soudure hermétique, avant d’effectuer le vide.
- Un fil spécial pour traverser le verre. Il est composé d’une partie médiane en platine qui se soude dans la masse du verre, et de deux portions extrêmes en cuivre, dont l’une extérieure ne présente rien de particulier, tandis que l’autre, placée à l’intérieur de la lampe, est munie d'un système de pince qui en fait partie intégrante.
- - 8) Le n° 266777, octobre 1882, est relatif au
- traitement du filament.
- La revendication principale en est : Une méthode pour traiter le filament de charbon des lampes à incandescence, qui consiste à élever le charbon, pendant la dernière période de l’opération du vide, à un degré d’incandescence plus élevé que celui ; qu’il ; devra supporter normalement;, cela aura pour effet d’expulser l’air et le gaz de l’intérieur du filament ainsi que de ses extrémités qui sont élargies et aussi des pinces qui maintiennent ces extrémités. Le filament de charbon aura acquis
- FIG. 2
- une flexibilité plus grande, et sera moins sujet à des déformations.
- 9) Le n° 307029, 21 octobre 1884, revendique la méthode suivante de fabrication du filament flexible : On commence par faire un filament rectiligne, en madère carbonisable, puis on le carbonise, enfin on le courbe de maniète à lui faire prendre la forme voulue.
- Viennent ensuite quelques brevets relatifs à l’appareillage aux supports de lampes, enfin aux machines dynamo.
- 10) Le n° 248424, 18 octobre 1881, revendique les coupe-circuits ou fils fusibles de sûreté, puis la combinaison d’une lampe suspendue la tête en bas, et maintenue dans une douille, avec un réflecteur ouvert fixé à la douille de telle manière que
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- les rayons de la lampe dirigés sur le bas ne projettent aucune ombre et que la lampe puisse facilement être enlevée et replacée dans sa douille sans déranger la position de l’abat-jour ou du réflecteur.
- n) Le n° 25i554, 27 décembre 1881, se rapporte à la figure 3. Il revendique :
- La combinaison d’une lampe et de sa douille, pouvant se détacher l’une de l’autre; avec des moyens pour assurer d’une manière certaine le contact entre les deux, et des dispositions permettant de relier automatiquement les deux extrémités du filament à travers la lampe et la douille, aux deux branches du circuit principal, par le simple fait de placer la lampe dans sa douille.
- FIG. 3
- Le même brevet revendique encore l’adaptation à la douille d’une clef ou d’un interrupteur.
- 12) Le n° 263140, 22 août 1882, a trait aux porte-balais des machines. La revendication principale s’applique aux machines dynamo et magnéto, et porte sur : la combinaison d’un collecteur, et de deux séries de balais (une de chaque côté). Chaque balais est monté d'une manière indépendante sur un support commun à tous les balais d’une même série, et chaque balai est pourvu des accessoires nécessaires pour permettre de régler sa pressiofi, indépendamment de tous les autres de la série..
- 13) Dans len° 205311, 3 octobre 1882, se trouve décrite une douille disposée de manière à pouvoir être adaptée à un appareil à gaz.
- 14) N° 288318, i3 novembre i883. Ce brevet
- donne des procédés de régulation des dynamos au moyen de résistances extérieures variables intercalées dans le circuit des électros qui eux-mêmes sont placés en dérivation sur le circuit principal.
- Des sept revendications de brevet nous ne retiendrons que les deux suivantes, qui ont trait à :
- a) L’emploi dans les générateurs électriques d’une résistance variable supplémentaire ne faisant pas partie du fil des inducteurs, mais intercalée directement dans le circuit de ces inducteurs, de manière à permettre de régler et de faire varier leur puissance en deçà du point de saturation.
- b) L’emploi, avec une batterie de machines ayant une excitatrice commune, de moyens spéciaux agissant sur l’excitatrice, de manière à régler sa production de courant et de régler par suite la capacité générale de la batterie entière.
- Nous arrivons enfin au brevet délivré à M. Wm. Holtzer qui appartient également à la Edison Electric Light Company. Il porte le numéro :
- i5) N° 264498,. 19 septembre 1882.
- On comprend aisément que la Edison Electric Light Company se soit rendue acquéreur de ce brevet, car il constitue une antériorité au brevet du 24 octobre 1882, de M. Edison. Il a trait à des perfectionnements dans la fabrication des lampes que l’on peut résumer ainsi :
- On introduit les fils qui doivent amener le courant au filament, dans un tube de verre dont on chauffe un bout jusqu’à la température de ramollissement. On pince alors l’extrémité ramollie du tube de manière à en fermer l’ouverture tout en emprisonnant les fils dans la masse pâteuse. La pièce ainsi obtenue formera le support sur lequel on montera le filament et que l’on soudera ensuite à l’intérieur de l’ampoule.
- Telles sont les grandes lignes des documents qui servent de base au plan d’attaque des représentants de M. Edison.
- Passons maintenant dans le camp adverse. Nous y trouvons la United States Electric Lighting Company se préparant au combat, et lançant dans la mêlée sept brevets pris au nom de MM. H. S. Maxim, M. A. Farmer, et Ed. Weston.
- Nous allons les analyser à leur tour par ordre chronologique :
- 1) Le n° 244277, H. S. Maxim, 12 juillet 1881, donne une méthode de faire pénétrer les fils de platine à l’intérieur de la lampe de manière à assurer une fermeture hermétique. Lorsqu'une grande section est nécessaire, M. Maxim la répartit sur plusieurs petits fils qui permettront d’avoir des joints bien faits (fig. 4).
- Il revendique : La combinaison d’un conducteur incandescent continu, enfermé dans une chambre vide transparente, et de fils conducteurs qui amènent le courant au conducteur incandescent et qui, pour traverser le globe de verre, se ramifient
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- en deux ou trois branches auxquelles la matière de l’ampoule est directement soudée par fusion.
- 2) N° 25:4836, M. G. Farmer, 24 janvier 1882.
- Ce brevet renferme une méthode pour contrôler et régler le courant dans un système par incandescence.
- Nous en extrayons les trois revendications par lesquelles l’inventeur réclame, dans un système d’éclairage par incandescence :
- a) Une méthode pour contrôler à chaque instant l’intensité du courant d’un circuit principal continu,
- l'IG. ,|
- ainsi que les variations accidentelles correspondantes, de l’intensité d’un courant circulant dans un circuit dérivé, au moyen même de ces variations.
- b) Une méthode pour faire varier l’intensité du courant d’un circuit principal continu, au moyen d’effets mécaniques provoqués par les variations d’intensité correspondantes, qui se produisent dans un circuit dérivé.
- c) L’emploi avec un générateur électrique de deux ou plusieurs circuits dérivés, réunissant les deux pôles ou les deux conducteurs principaux de ce générateur; d’un rhéostat variable à volonté, intercalé dans la portion du circuit du générateur qui est commune à toutes les lampes et à tous les appareils; de telle sorte que la résistance du rhéostat
- devra diminuer quand*la résistance réduite des lampes augmentera, et inversement.
- 3) N° 253817, M. G. Farmer, 14 février 1882.
- L’appareil visé est basé sur le même principe que le précédent énoncé; mais il constitue un régulateur automatique.
- Il comprend : un rhéostat, un mécanisme servant à augmenter ou diminuer la résistance du rhéostat, un électro-aimant intercalé dans le circuit du rhéostat ou dans une dérivation de ce circuit; un levier commandant le mécanisme précité qui, à l’étatnormal, se trouve en équilibre sous l’influence de l’attraction de l’électro-aimant et d’une force antagoniste constante; enfin des contacts servant
- FIG. 5
- d’arrêts, qui limitent le mouvement du levier et déterminent son action.
- 4) Le N° 254082, H. Maxim, 21 février 1882, revendique l’emploi, pour le filament, de sections décroissant d’une manière continue, depuis les points d’attache jusqu’au point où l’incandescence commence. Le but que se proposait l’inventeur était d’empêcher qu’une solution de continuité ne provoquât la rupture du charbon.
- 5) iV° 259614, Ed. Weston, i3 juin 1882.
- Ce brevet a pour but de couvrir l’invention des appareils de sûreté, dits coupe-circuits, qui sont composés d’alliages fusibles (fig. 6).
- Les revendications portent sur :
- L’emploi, dans un circuit principal ou dérivé, d’un appareil de sûreté fondant à une température inférieure à la température d’ignition du bois, du papier ou d’autres matières combustibles ;
- L’adjonction à un conducteur électrique d’une
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- bande ou d'un fil de résistance supérieure à celle du conducteur, et susceptible de fondre à une température inférieure à celles indiquées plus haut.
- 6) Le N° 25g6i8, r3 juin 1882, est relatif à l’enroulement des bobines de dynamo, représenté par la figure 5.
- Il revendique l’enroulement sur l’induit de deux systèmes de bobines. On passe d’une division à celle qui lui est diamétralement opposée, on place ensuite les génératrices d'un même système, dans les divisions successives, alternativement en dessus et en dessous ; enfin on réunit entre elles et au collecteur, lesdites génératrices.
- 7) Le N° 277644, Ed. Weston, i5 mai i883, qui termine la série, donne un moyen d’éviter l’emploi d’un fil gros unique pour l’enroulement des induits.
- FIG.' 6 ET 7
- L’invention consiste à faire usage avec un noyau cylindrique pour l’induit, de conducteurs formés de plusieurs fils distincts ou de bandes étroites, qui peuvent se plier plus facilement que des fils épais ou des barres. Ces fils peuvent aussi être éparpillés à l’extrémité du noyau, ce qui réduira l’augmentation de longueur de l’induit, due au croisement des fils.
- Nous nous sommes efforcé de résumer le plus possible les volumineux dossiers qui sont soumis actuellement à l’examen de la U. S. Circuit Court for the Southern District of New York.
- Une décision récente du Patent-Office, rendue en faveur de MM. Sawyer et Man, va probablement être le point de départ d’un nouveau procès assez intéressant qui se greffera sur les autres. Il s’agirait d’une plainte reconventionnelle de la Consolidated Electric Light Company, contre la Edison Electric Lighting Company.
- • Nous allons encore exposer brièvement cette nouvelle affaire,, d’après VElectrical Reviens de Londres.
- On a vu plus haut que M. Edison avait obtenu, le 27 janvier 1880, un brevet pour des charbons à haute résistance.
- Ce brevet est un des plus importants qu’il possède, puisque c’est celui qui lui a assuré en Allemagne la priorité sur M. Swan.
- La demande en avait été déposée le 4 novembre 187g, MM. Sawyer et Man déposèrent à leur tour, à la date du g janvier 1880, une demande de brevet pour des perfectionnements apportés aux appareils brevetés par eux, le 18 juin 1878 (n° 205144).
- La lampe Sawyer-Man primitive, brevetée le 18 juin 1878, se composait essentiellement d’un crayon de charbon vertical, buttant contre une électrode bombée. Le contact était maintenu au moyen d’un ressort qui se détendait au fur et à mesure de l’usure du charbon.
- Les perfectionnements visés dans la nouvelle demande comprenaient notamment l’emploi, dans un récipient entièrement en verre et hermétiquement fermé (tel qu’il est décrit dans le brevet n° 205144), d’un conducteur incandescent, fait au moyen d’une matière végétale fibreuse, en opposition à un conducteur semblable fait en charbon minéral ou en charbon de cornue.
- Les inventeurs disent qu’ils ont fait usage de papier carbonisé ainsi que de charbon de bois, et qu’ils ont essayé différentes formes de filaments, mais qu’ils donnent la préférence à la forme de l’arc, qui permet la dilatation et la contraction auxquelles le filament est soumis, par suite des variations de température, sans que la solidité des attaches en soit compromise.
- Ils terminent ainsi :
- « Les avantages qui résultent de l’emploi de « charbons provenant d’une matière végétale « fibreuse ou textile sont nombreux. Nous citerons, « en première ligne, la possibilité de découper le « filament et de lui donner la forme que l’on vou-« dra, la pureté et l’égalité du charbon obtenu, « la possibilité de le tremper, tant en vue de sa « dureté que de sa résistance, enfin sa ténacité et « sa durée.
- « Nous avons employé de semblables brûleurs « dans des récipients transparents et hermétique-« ment clos, et cela, tantôt dans le vide, tantôt 1 dans de l’azote ou encore dans de l’hydrogène ; « mais nous avons obtenu les meilleurs résultats « dans le vide ou dans une atmosphère raréfiée « d’azote. Le desidératum le plus important étant « d’exclure l’oxygène ou tout autre gaz susceptible « de se combiner au carbone à la température éle-« vée de l’incandescence.
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- « En conséquence, nous revendiquons comme « notre invention :
- * (a) Un conducteur incandescent pour lampes « électriques, extrait d’une matière fibreuse ou « textile carbonisée, et affectant la forme d’un « arc ou d’un fer à cheval.
- « (b) La combinaison d’un circuit électrique,
- « d’un conducteur en matière fibreuse carbonisée » faisant partie dudit circuit, enfin d’un récipient « transparent et hermétiquement fermé dans lequel « le conducteur est enfermé.
- « (c) Un conducteur incandescent pour lampe « électrique fait en papier carbonisé.
- « (d) Une lampe à incandescence formée de la « réunion des éléments suivants :
- « Premièrement, une chambre lumineuse, entiè-
- * rement faite en verre et fermée hermétique-« ment, dont on aura extrait ou chassé tous les « gaz qui peuvent consumer le charbon; deuxiè-« mement, les conducteurs d’un circuit électrique « traversant la paroi en verre de la chambre et
- * hermétiquement emprisonné dans cette paroi; » enfin un conducteur incandescent faisant partie « dudit circuit, enfermé dans ladite chambre et formé « d’une matière fibreuse ou textile affectant la « forme d’un arc ou d’une boucle. »
- La figure 7 acccompagnait le texte\que nous venons de citer.
- Cette demande de brevet fut d’abord refusée par le Patent Office, parce que la troisième revendication fut considérée comme empiétant sur les brevets de M. Edison. C’est ainsi que s’engagea la lutte, mais on ne tar^a pas à reconnaître qu’il s’agissait au fond d'une question de priorité plus importante que celle du papier carbonisé, dont l’usage est abandonné depuis longtemps.
- A vrai dire, c’est la priorité entière des lampes à incandescence actuelles qui forme le fond du débat.
- Aussi les deux parties mirent-elles tout en oeuvre pour réussir. L’affaire fut portée successivement devant l'examinateur en chef et le commissaire des brevets et finalement devant le secrétaire de l’intérieur.
- On invoqua les témoignages les plus divers et les plus circonstanciés et l'on a, paraît-il, pu établir que, si M. Edison avait terminé son invention en octobre 1879 et demandé un brevet le 4 novembre 1879, MM. Sawyer et Man auraient, par contre, réalisé grossièrement leur invention une première fois en mars 1878, et qu’ils l’auraient fait fonctionner pratiquement en septembre 1878.
- S’ils n’ont pas mis grande diligence à réclamer leur brevet et s’ils ont tardé jusqu’en janvier 1880, cela tiendrait à ce qu’ils n’avaient pas compris tout d’abord l’extrême importance de leur découverte.
- Mais ils furent néanmoins reconnus comme les
- premiers inventeurs, et leur brevet vient de leur être accordé, à la date du 12 mai i885, après une lutte de plus de cinq années.
- Cette décision des plus hautes autorités américaines, en matière de brevets, à une importance qui n’échappera à personne. Aussi est-il facile de prévoir que le procès, ou plutôt les procès qui s’engagent en ce moment, ne sont pas près de recevoir une solution.
- Il est vraisemblable que ceux qui auront le moins de confiance dans l’issue du combat tiaîne-ront les choses en longueur.
- Quiconque a éprouvé la rapidité proverbiale de la justice se rendra aisément compte de la durée probable de cette affaire, qui promet encore de beaux jours aux avoués et aux avocats.
- O. Kern.
- BIBLIOGRAPHIE
- Traité élémentaire d’électricité avec les principales applications ; par R. CoRon, capitaine du génie. Paris, Gau-thier-Villars, éditeur.
- On nous embarrasserait fort en nous demandant de définir exactement l’ouvrage du capitaine Colson. Nous éprouverions même une certaine difficulté à dire simplement à quelle catégorie de lecteurs il s’adresse.
- Ce n’est évidemment pas, à proprement parler, un tiaité; car l’auteur, qui a cherché à condenser en 204 pages in-itt jésus l’électricité théorique [et ses principales applications, n’a pu qu’effleurer un grand nombre de questions sans en approfondir aucune.
- En veut-on un exemple? Dans un chapitre intitulé Unités pratiques, avec le sous-titre Système C. G. S., nous lisons que :
- 1 Les unités adoptées comme points de départ 1 pour la mesure des longueurs, des forces et des « temps sont : le centimètre, le gramme et la se-« conde, trois quantités bien connues. Aussi ce « système est-il appelé système-centimètre-gramme-« seconde, ou simplement C. G. S.
- « De là dérivent les unités électriques dites « absolues ; elles sont d’ailleurs inutiles dans la « pratique, et, pour celle-ci, on leur a substitué « des unités dites pratiques, qui sont des multiples « décimaux des unités absolues.
- « Volt. — L'unité de force électromotrice est le « volt; c’est à peu près la force électromotrice « d’un élément Daniel!. Elle vaut cent millions d’u-« nités C. G. S. », et ainsi de suite pour les autres unités. Pour un traité, ces définitions sont quelque peu insuffisantes. Comment les unités électriques
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- dites absolues dérivent-elles des unités fondamentales? Cela est passé sous silence. Nous ne saisissons d’ailleurs pas l’intérêt qu’il peut y avoir à enseigner à des débutants que les unités fondamentales sont celles de longueur, de force et de temps; quand, en réalité, ce sont celles de longueur, demasseet de temps; puis encore que, dans le système C. G.S., l’unité de force est le gramme, quand chacun sait que c’est la dyne, c’est-à-dire environ la millième partie du gramme.
- Le livre que nous avons sous les yeux est impropre à servir de guide, pour une étude un peu sérieuse. Malheureusement nous serions porté à lui contester également son titre d'élémentaire.
- En effet, la première qualité à exiger d’un ouvrage élémentaire est assurément d’être compréhensible pour ceux qui ignorent précisément les éléments de la science qu’il s’agit d’enseigner. Or, la plupart des explications données dans la brochure qui nous occupe sont tellement sommaires, qu’elles ne nous paraissent pas de nature à évoquer des idées bien précises chez un lecteur ne possédant pas déjà des connaissances estimables en électricité.
- Ajoutons que l’exactitude des théories émises n’est pas toujours rigoureuse, et que quelques-uns des renseignements pratiques indiqués sont sujets à caution.
- C’est ainsi que, parlant de l’intensité magnétique développée dans un électro-aimant non saturé, l’auteur la dit soumise à la loi suivante : « elle est proportionnée à l’intensité du courant d’aimantation, et au nombre de tours de fil sur la bobine. » Il ajoute que « les spires du fil n’ont d’influence sur le barreau que dans une épaisseur égale à celle du noyau » (p. 45).
- Rien n’est moins démontré.
- En indiquant la loi de Faraday sur la différence de potentiel qui prend naissance dans un conducteur se mouvant dans un champ magnétique (p.46), M. Colson montre que le « nombre de lignes de force coupées dans l’unité de temps est proportionnel à la puissance du champ magnétique, à la vitesse de déplacement du conducteur et à la longueur de celui-ci » ; mais il omet de signaler l’influence de l’angle sous lequel le conducteur coupe les lignes de force. C’est pourtant là une notion indispensable.
- Plus loin, après avoir établi que le travail extérieur maximum a lieu pour une intensité moitié de celle de la machine fermée en court circuit, l'auteur ajoute que l’« on peut utiliser ces relations pour se placef pratiquement dans le cas du travail extérieur maximum ; il suffit pour cela de mesurer, au moyen d’un ampère-mètre, l’intensité du courant produit par la source en court circuit, en constituant le circuit extérieur au moyen d’un fil gros et court, dont la résistance soit négligeable, puis
- d’augmenter la résistance de ce fil jusqu’à ce que l’intensité soit diminuée de moitié » (p. 5i).
- En opérant ainsi, et faisant fonctionner sa machine en court circuit, on se placera pratiquement dans le cas de la griller.
- Les piles électriques, thermo-électriques et les accumulateurs, par W.-Tti. Hauck, traduit de l’ailemand par
- G. Fournier. Paris, Bernard Tignol, éditeur, 188S.
- Le traité sur les piles de M. W.-Th. Hauck a paru en Allemagne depuis quelque temps déjà; il fait partie des ouvrages publiés par l’éditeur Hart-leben dans la « Bibliothèque électro-technique ».
- Comme la plupart des livres qui composent cette publication, le traité de M. Hauck présente des qualités sérieuses et doit être très apprécié en Allemagne.
- Publié en France, après les ouvrages de Niaudet et de Cazin, dont l’auteur, du reste, s’est inspiré, il ne répond pas absolument à un besoin.
- M. Hauck consacre quarante pages seulement à la partie théorique; il y développe les idées admises universellement sur la source même de l’énergie dans la pile et les lois qui régissent sa distribution dans l’ensemble des parties qui composent un système électrique.
- Nous trouvons cet exposé assez clair mais, peut-être, un peu trop condensé. Il est nécessaire de posséder d’avance des notions sérieuses d’électricité pour le comprendre dans tous ses détails.
- La partie descriptive semble avoir pris tous les soins de l’auteur ; elle est très complète et bien présentée. M. Hauck divise les piles en trois classes. Dans la première sont compris tous les éléments dont l’oxygène dépolarisant est fourni par l’air.
- Suivant l’auteur, les piles à un liquide font partie de cette classe.
- Nous y trouvons la description de la pile Maiche, citée rarement, quoique d’une disposition ingénieuse et peut-être la seule où la propriété dépolarisante de l’air est réellement utilisée.
- Cette pile peut fournir un travail considérable et très rémunérateur lorsqu’elle fonctionne sur un circuit alternativement fermé et interrompu.
- Elle présente, en outre, une très grande qualité : l’utilisation complète du zinc, par la production du courant, c’est-à-dire la suppression de toute action locale.
- La deuxième classe renferme les piles dont l’oxygène dépolarisant est fourni par un oxyde.
- L’élément type et le plus répandu de tous ceux qui font partie de cette classe est l’élément Leclanché. M. Hauck y consacre plusieurs paragraphes et l’étudie dans sa disposition première, dans les modifications et les perfectionnements qui y ont été, ensuite, successivement apportés.
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- Les piles dont l’oxygène dépolarisant est fourni par un acide forment la troisième classe.
- Nous avons lu avec beaucoup d’intérêt la partie où se trouve la description de la pile Bunsen.
- M. Hauck donne de nombreux détails sur les précautions qui doivent être prises dans le montage de cet élément et sur les manipulations qui l’accompagnent.
- Vient ensuite l’étude des piles capables de fournir un grand travail.
- La pile au bichromate, la pile Bunsen, modifiée dans sa forme première, fait partie de cette catégorie d’appareils.
- L’auteur formule les réactions chimiques, qui se passent dans les éléments dont nous venons de parler, et tire de ces équations les proportions de sels et d’acides que doit contenir le liquide de la pile pour qu’une bonne marche soit assurée.
- Il cite ensuite le perfectionnement très important que M. d’Arsonval a apporté à la pile Bunsen, par l'utilisation de la propriété dépolarisante du chlore.
- Suivent quelques mots sur les piles où la dépolarisation est obtenue au moyen de l’iode, du fluor, du soufre, etc., et la description de quelques éléments où l’énergie prend sa source dans une réaction chimique s’opérant entre deux liquides, entre un liquide et un gaz ou entre deux gaz.
- M. Hauck nous parle ensuite des principales piles thermo-électriques et termine par une étude sur les accumulateurs.
- Il formule les réactions chimiques qui, par hypothèse, se passent dans ces piles d’un genre particulier, et développe une méthode permettant de déterminer leur capacité.
- En résumé, la partie descriptive de cet ouvrage est bien traitée et intéressante à lire.
- Nous adresserons quelques critiques au traducteur : pourquoi fait-il dire à M. Hauck force du courant pour intensité, marche de la pesanteur, pour accélération de la pesanteur, point de dérivation pour point de contact? etc.
- M. Fournier fait une traduction littérale du texte allemand.
- Dans chaque langue, il existe un terme propre pour exprimer une quantité physique donnée. C’est ce terme que le traducteur doit employer et non une périphrase tirée de l’étymologie du mot étranger. Le mot allemand, qui représente l’intensité du courant, veut bien réellement dire : force du courant, mais sous peine de dérouter le lecteur peu familiarisé avec les termes employés en électricité, le traducteur doit employer l’expression, intensité, généralement adoptée en France.
- Nous n’avions pas eu à relever des erreurs de ce genre dans les premières traductions de M. G. Fournier, qui ont paru dans la bibliothèque des actualités industrielles.
- Dans le « mot de la fin », l’auteur devient presque lyrique. Sa tâche terminée, jetant un regard sur les points délicats (de la théorie sans doute) qu’il a passés sous silence, il s’écrie : « Lorsque nous revenons chez nous après un long voyage, les contrées que nous avons traversées ne se présentent pas isolées à notre mémoire, mais il nous reste une impression générale qui ne s’oublie jamais et demeure toujours vivante. » Puis il souhaite * qu’après avoir feuilleté son livre, le lecteur éprouve une impression générale qui l’entraîne à songer aux perfectionnements des sources hydro et thermo-électriques ».
- Espérons que les vœux de l’auteur seront exaucés.
- Nous dirons, pour finir, que l’ouvrage de M. Hauck pourra être consulté avec intérêt par le praticien et qu’il sera utile à celui qui veut faire une étude approfondie de la pile, car il contient la description, non seulement des éléments le plus en usage, mais aussi detous ceux qui ont été combinés jusqu’à ce jour et qui présentent quelque intérêt dans leur disposition.
- Analyse des hypothèses physiques, par M. G.-A. Zanon._
- Venise i885.
- Quoique le volume de M. Zanon se compose de 400 pages grand in-8°, en texte très serré, que l’auteur se montre d’une sobriété remarquable de détails, et qu’à l’exception d’une assez courte introduction historique, il se borne à l’analyse des conceptions contemporaines, nous pourrions peut-être signaler quelques lacunes dans son œuvre, tant le sujet est, malheureusement, vaste et compliqué.
- En effet, ainsi qu’il le dit avec infiniment d’esprit tôt phy sici tôt sensus, il n’y a pas deux physiciens qui aient la même conception de la nature de la matière et de ses propriétés. Les dynamistes purs, qui tiennent aujourd’hui la corde, sont loin d’être d’accord les uns avec les autres.
- Les hypothèses relatives à l’électricité et au magnétisme sont énumérées les dernières, et avec un soin tout particulier. Nous y avons vu figurer avec détail les plus récentes, telles que celles de M. Ledieu et les expériences de M. Decharme. Les idées du Père Secchi sont développées avec toutes les sympathies que l’on peut attendre d'un écrivain italien. Mais, même en faveur du célèbre astronome, l’auteur ne se départit pas de son rôle purement descriptif auquel il renonce rarement pendant le cours de son ouvrage. Ce livre est fort intéressant, écrit en style très simple et très clair. Nous en recommandons la lecture aux personnes qui connaissent la langue italienne.
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- FAITS DIVERS
- * Depuis un mois on a observé dan s la ville d’Amiens quatre orages. Celui du 28 mai a été très violent; la foudre est tombée sur un platane du jardin de l’hôtel du Rhin, sans l’endommager grandement. Il paraît que ce n’est pas la première fois que la foudre visite ce bel arbre. Des personnes âgées se souviennent que le tonnerre est tombé deux fois sur ce même arbre, qui est, pour l’hôtel, un véritable paratonnerre. Il est sans doute en communication, par ses profondes racines, avec quelque nappe d’eau souterraine.
- Le 7 juin, après une journée très chaude, un violent orage a éclaté sur Amiens à 10 heures du soir et a duré une partie de la nuit, avec des alternatives d’accalmie et de recrudescence.
- Il en a été de même, à l’intensité près, de l’orage du 16 au 17. Enfin, celui du 25 qui a été faible à Amiens, a causé de véritables dégâts dans l’Aisne. Voici à ce sujet ce qu’on lit dans le journal d’Amiens du 28 courant :
- u laon (A/s/ze). — Un terrible orage s’est abattu jeudi soir sur notre ville; pendant deux heures, la pluie est tombée avec une violence inouïe, transformant les ruisseaux en torrents et rendant sur certains points la circulation presque impossible. Pendant dix minutes, vers huit heures, des grêlons dont les plus petits avaient la grosseur d’un œuf de pigeon, ont fauché les blés, les avoines, les vignes, les betteraves; des cosses de haricot ont été coupées net. C’est Craonne, Craonnelle et Oulches qui ont souffert ; les vignes sont perdues et les autres récoltes sont aux trois quarts détruites. «
- Le nombre des coups de foudre dans le royaume de Saxe augmenté d’une manière frappante ainsi qu’on le verra par le tableau suivant dressé par le bureau de statistique de Dresde.
- Les dégâts causés sont très considérables et en 1881 une seule Société d’assurances a dû payer 290,659 francs.
- A N N É E NO M B n E des coups de foudre par an AUGMENTATrON
- l85q-$862 67 I ,0
- 1863-1866 8r I ,2
- 1867-18 O . 104 1,6
- I87I-1874 123 1,8
- 1875-1878 145 2,2
- 1879-1882 189 2.8
- Dans sa séance du 16 juin, le conseil fédéral suisse à nommé M. E. Eschbacher, chef de bureau au ministère des postes et télégraphes en France, aux fonctions dt secrétaire du bureau international des administrations télégraphiques, vacantes par suite du décès de M. de Saint-Martial.
- Le 3o juin il sera vendu à Londres un grand nombre de machines et appareils électriques appartenant à la British Electric Light C° et comprenant plus de 36 dynamos, 200 lampes à arc et de 6 à 7,000 lampes à incandescence.
- Une nouvelle explosion de mine de houille vient de se produire dans les environs de Manchester,. Suivant toute probabilité le nombre des victimes dépasse une centaine. Cette catastrophe suivant de près celle de Vlnjlexiblc appelle de nouveau l’attention sur l’usage des lampes d’in-
- candescence dans les mines dangereuses et les navires chargés de charbon. Nous devons insister d’autant plus énergiquement sur ces tristes circonstances qu’un second accident heureusement sans gravité vient d’éclater à bord de ce navire. Un incendie heureusement sans gravité a été a!lumé par un chauffeur qui a commis de nouveau l’imprudence d’aller avec un feu nu dans la soute au charbon.
- L’imprudent, malgré la terrible leçon donnée il y a une dizaine de jours, n’avait pas compris la nécessité de prendre une lampe de sûreté ordinaire !
- La cour du Banc de la reine vient de juger un curieux procès de télégraphie.
- La compagnie du Great Western demandait au Post* master general une indemnité, pour l’usage des fils télégraphiques établis sur un de, ses embranchements, avant l’acquisition du réseau par l’Etat. Le jugement d’une réclamation relative a un état de chose oublié depuis longtemps a été favorable au gouvernement.
- Le 5 juin dernier, la ville de Washington a été surprise par un orage très violent. Les coups de foudre, au moment où le soleil se couche, ont frappé les deux principaux édifices, le Capitole et le tombeau du général Washington.
- Ce n’est pas la première fois que ces deux édifices ont été visités par le feu du ciel : ce qui indique que le système de protection laisse beaucoup à désirer.
- Nous ne nous rappelons point en quelle année le Capitole fut frappé, car il y a déjà longtemps; mais cette fulguration fut accompagnée de l’explosion d’une certaine quantité de poudre, de sorte qu’un des bâtiments fut détruit.
- Le monument de Washington fut atteint le 8 août dernier et la pointe du paratonnerre, qni était en aluminium, chose singulière, fut si bien fondue qu’on n’en trouva plus trace.
- Comme l’obélisque qui termine le monument possède une hauteur de lj5 mètres et .que l’on ne peut plus grimper au sommet depuis que les échafaudages sont enlevés, on s’est contenté d’observer ce qui s’était passé d’en bas avec un télescope. On a reconnu de la sorte que la pointe en pierre qui termine la partie supérieure avaic perdu, du côté du nord-est, un morceau de marbre de 10 centimètres carrés de base et de i5 centimètres de hauteur, se terminant en pointe. Ce fragment est arrivé à terre brisé en morceaux, qui ont été distribués à titre de souvenir aux amis du colonel du génie chargé de la conservation du monument.
- Au-dessus du fragment commence une fissure de la largeur de 2 à 3 centiiuèt es et qui se prolonge pendant environ im,5o.
- D’après les renseignements qui nous sont donnés, la partie aérienne du paratonnerre ne laisse rien à désirer, mais la partie' inférieure a été placée dans une citerne dont les fondations sont en béton et qui, par conséquente ne communique pas d’une façon irréprochable avec le réservoir commun.
- Or il est excessivement important de proportionner cette communication avec l’importance des courants électriques auxquels les orages peuvent donner lieu.
- Il cite un exemple fort instructif. Quoique bien moins élevée que le monument de Washington, la Bourse de Paris était le centre de manifestations électriques menaçantes en temps d’orage avant que l’on n’ait pris la précaution d’assurer les communications des perd-iluide avec la canalisation de gaz et d’eau.
- Le rapport publié par le comité de l’Exposition de Philadelphie chargé des accumulateurs fournit les renseignements suivants sur le rendement des éléments de Brush.
- Les expériences ont été faites sur une batterie de 19 éléments renfermant chacun environ 45 kilogrammes de plomb en trois plaques et formés d’après le procédé de M. Planté.
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- La force électromotrice et l’intensité étaient mesurées tous les quarts d’heure.
- Pendant la charge qui a durée 12 heures la batterie a absorbé 562,202,25 volts-ampères. Déchargée sur 40 lampes Swan placées en dérivation elle a fourni avec une différence de potentiel aux ohms cîe 3t volts, et pendant 4 heures 3i minutes, 390354,60 volts-ampères soit un rendement de 69,45 pour cent. Les expériences ont été faites dans un laboratoire avec toutes les précautions possibles.
- M. Maxim vient d’expérimenter une nouvelle grue électrique pour la manœuvre des canons au port de Garrison Point. Un homme a pu pointer et charger seul un canon de 33 tonnes au moyen du nouvel appareil. La manœuvre a été'très facile.
- Il y a à Chicago 1,286 avertisseurs électriques d’incendie accessibles au public et distribués dans tous les quartiers de la ville et le réseau du département des pompiers comprend 358 milles de fil aérien le système souterrain comprend 5,760 pieds de câble et 36 milles de fil simple.
- M. Morize de Rio de Janeiro a inventé un appareil ingénieux au sélénium pour mesurer les intensités relatives des rayons solaires à différentes altitudes au-dessus de l’horizon L’appareil se compose d’un cylindre en sélénium préparé selon les indications du professeur Graham Bell; 38 disques de cuivre sont isolés l’un de l’autre par des disques plus petits en mica et les vides sont remplis de sélénium. L’appareil est isolé par des supports en verre dans une enveloppe également en verre dans lequel on a fait le vide. L’axe de l’appareil est placé parallèlement à l’axe de la terre, et un courant constant traverse le sélénium ainsi qu’un galvanomètre intercalé dans le circuit.
- Éclairage électrique
- Nous empruntons à l'Etoile belge les nouveaux renseignements suivants au sujet de l’éclairage électrique de la gare de Schaerbeek.
- Les installations auxquelles on met en ce moment la dernière main comprennent huit phares, au haut desquels seront disposés des régulateurs.
- Ces phares sont en fer laminé « à treillis » pour que le vent ait moins de prise sur eux; ils atteignent une élévation de 33 mètres et leur base s’enfonce dans un puits maçonné de 3 mètres de profondeur.
- La lampe est amenée au faîte de ces immenses colonnes de fer par un treuil autour duquel s'enroule un câble métallique. Deux tubes en fonte protègent les fils, sur toute la hauteur du phare.
- Ces huit appareils d’éclairage longent de distance en distance la voie principale, sur tout le parcours de la novvelle gare.
- Le régulateur — système Gülcher — est à double feu de bougies. La lampe peut brûler, sans qu’on renouvelle ses bougies, pendant une durée de seize heures.
- La machine à vapeur qui doit produire la force motrice est installée dans un petit bâtiment, spécialement construit à peu de distance des ateliers, où se font les travaux de réparation des wagons.
- Construite par M. Van Acker, elle est d’une force de 25 chevaux à détente variable par régulateur. Le machiniste disposera de deux chaudières à système amovible et à retour de flamme, pouvant offrir une surface de chauffe de 38 mètres et une résistance de 5 atmosphères.
- La poulie-volant de cette machine à vapeur a 3 mètres de diamètre, elle commande une poulie d’un mètre de diamètre, actionnant la transmission, intermédiaire et une
- poulie de imio actionnant la machine dynamo-électrique, qui fournit une vitesse de 400 tours à la minute.
- De la chambre de la machine, un contremaître dirige l’éclairage. Il a, à sa disposition, un commutateur à huit poignées communiquant avec les régulateurs des huit phares. Une simple pression suffit pour interrompre l’éclairage ou pour le rétablir.
- Les ingénieurs qui dirigent l’installation espèrent pouvoir éclairer la nouvelle gare de Schaerbeek à partir du commencement de la semaine prochaine. La machine est entièrement prête; il ne reste à placer que les courroies de transmission et les régulateurs au haut des phares.
- Une Société américaine dont le représentant est en ce moment à Liège demande à éclairer cette ville à l’électricité, à titre d’expérience gratuite, et la Société consent à y apporter une somme de i5o,ooo francs. Si cet essai est jugé satisfaisant, la Société demande à être autorisée à prendre part à l’adjudication publique pour l’éclairage de la ville.
- L’administration des postes de Bruxelles vient de faire une nouvelle démarche auprès du Collège échevinal pour obtenir l’autorisation de construire sur la place de Brôuçkere une annexe destinée à recevoir les appareils et moteurs nécessaires pour l’éclairage électrique des locaux du Temple des Augustins (Hôtel des Postes).
- La situation dans les bureaux de la Poste devient en effet intolérable pour le nombreux personnel de nuit. Par les grandes chaleurs, l’éclairage au gaz rend les salles absolument insalubres, et la sauté des employés, comme l’intérêt du service, exigent qu’il soit apporté un prompt remède à cet état de choses.
- Le Collège échevinal a l’intention, paraît-il, d’accorder à l’État l’autorisation sollicitée, aussitôt que l’adjudication des travaux de la nouvelle Poste aura eu lieu. C’est donc à l’État qu’il appartiendra de faire cesser les plaintes fondées des employés du bureau central de Bruxelles.
- Le projet d’éciairer l’Hôtel de Ville et le théâtre flamand à Bruxelles, paraît sérieusement compromis, d’après le Mouvement industriel belge. Pour l’éclairage électrique du théâtre flamand on a fait appel à la concurrence, suivant un programme que M. l’ingénieur Wybauw a été chargé d’élaborer.
- Cet éclairage comprendra 779 lampes d’une intensité mi-nima de 1,70 carcel (16 candies); les demi-lampes ayant o,85 carcel au moins.
- Les jours de représentation de gala, on devra pouvoir allumer 7:9 lampes, et les jours de représentation ordinaire 5o5 lampes.
- Ces lampes seront réparties comme suit :
- Au niveau de la rue, vestibules et contrôles d’entrée : 40 lampes et 4 demi-lampes; au rez-de-chaussée, pour les foyers des artistes, etc., i3 lampes.
- Scène : 273 lampes, dont 64 blanches, rouges et bleues.
- La salle sera éclairée par une immense étoile au plafond comprenant 3oo demi-lampes.
- 63 lampes éclaireront le pourtour du balcon; les dégagements recevront 20 lumières.
- Le grand escalier sera orné de trois lustres à 8 lampes ; le grand foyer flamand, de deux lustres avec 40 demi-lampes.
- Le reste se répartit entre les 4 rangs de places, le second foyer, les escaliers et la marquise d’entrée.
- Dans les prix à produire, les chaudières et machines (fondations et cheminée comprises, ont été supposées établies par l’entrepreneur dans des souterrains construits par la ville, sous la voie pubilique, entre la bassin du canal et le théâtre : lahauteur de ces souterrains ne dépassant pas 3“,75.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Toutes les offres ont été soumises à la Commission d’électricité, qui les a renvoyées à une sous-commission composée de MM. Dumont, Pilloy et Wybauw.
- L'étude approfondie de cette importante question est d’autant plus nécessaire qu’il résulterait de l’ensemble des offres faites que la lampe-heure de 16 candies coûterait 6 centimes, prix demandé par la soumission la plus basse, soit une dépense annuelle de 56,ooo francs rien que pour l’éclairage du théâtre.
- Dans les mêmes conditions d’intensité de lumière, le coût de l’éclairage par le gaz, installations comprises, ne dépasserait pas 3o,ooo francs. Dans ces conditions il est probable que la Ville renoncera à recourir à l’éclairage électrique.
- M. Gratzel, de Brême, a breveté un procédé électrique pour la fabrication du magnésium par lequel celui-ci est devenu assez bon marché pour qu’on puisse rappliquer largement à l’éclairage. La fabrique de l’inventeur a ouvert un concours pour la meilleure lampe à magnésium avec mouvement d’horlogerie. Deux prix, l’un de 5oo et l’autre de 25o marks, seront décernés, mais les systèmes couronnée appartiendront de droit à la Société. Le concours sera fermé le 12 juillet. A l’occasion de la retraite aux flambeaux dans la soirée de l’anniversaire du prince de Bismarck, les étudiants de Berlin portaient des torches de la fabrication Gratzçl qui donnaient pendaat 2 heures 1/2 une lumière pareille à celle d’un foyer à arc.
- Mardi dernier un détachement du régiment dëé chemins de fer de l’armée allemande a fait des expériences d’éclairage électrique de la voie du chemin de fer militaire de Berliu à Marienfeld. La dynamo, d’une longueur totale de 3 pieds, était installée du côté gauche de la locomotive au-dessous des roues et actionnée par la machine. Une lampe électrique munie d’un réflecteur se trouvait en haut de la cheminée. On a pu éclairer la voie à une distance de 3oo mètres et par une disposition très simple le mécanicien pouvait régler la position de la lampe de manière à éclairer les courbes aussi. Ces expériences, qui ont donné, des résultats très satisfaisants, vont être continuées prochainement. __________
- La Compagnie Swan en Allemagne a installé une nouvelle usine à Kalk, sur le Rhin, pour la fabrication de ses lampes; ces lampes sont d’un nouveau modèle qui présente plusieurs perfectionnements de manière à les rendre absolument indépendantes du brevet Edison. La Société espère pouvoir mettre ce nouveau modèle de lampe en vente d’ici peu de mois. ^
- A l’Exposition industrielle de Gorlitz MM. Siemens et Ilalske, de Berlin, ont exposé un chemin de fer électrique pour les mines avec éclairage électrique. Ce chemin de fer passe dans un tunnel d’une longueur de i5o métrés, et à chaque extrémité il y a une station où l’on prend les voyageurs. L’éclairage électrique de l’Exposition même a été installé par une société de construction avec les appareils Gulcher.
- On annonce de Berlin qu’un inventeur de cette ville a réussi à construire une lampe à incandescence fonctionnant à l’air sans avoir besoin d’aucun vide, et par conséquent sans globe. Le filament de la nouvelle lampe se compose\l’un fil de platine, couvert d’une matière incombustible qui se dilate et se contracte avec le fil de platine quand celui-ci s’échauffe ou se refroidit.
- Le nouveau théâtre de la cour à Schwerin va être éclairé entièrement à l’électricité.
- 6n Vient de commencer l’installation de la lumière électrique au théâtre de Karlsbad dont une maison de Vienne a été chargée. La force motrice sera fournie par deux Machines à gaz, l’une de 30 et l’autre de 8 chevaux.
- On annonce que M. R. E. Crompton, l'inventeur anglais bien connu, est à Vienne depuis quinze jours pour surveiller l’installation de la nouvelle station centrale de lumière électrique de l’Imperial and Continental Gas association. M. Crompton fournira non seulement les appareils électriques, mais aussi les moteurs et les chaudières.
- L’installation de la lumière électrique à la gare de Sam-pierdarena près de Gênes est presque terminée. Les dynamos seront actionnées par deux turbines et les foyers à arc, au nombre de 9, seront de 6,000 bougies chacun. Les frais sont estimés à 100,000 francs. La petite ville d’Aosta a dernièrement été éclairée avec des lampes à incandescence du système Cruto alimentées par une dynamo Thury.
- L’installation de la lumière électrique à Saratoga a commencé à fonctionner la semaine dérnière avec cent foyers à arc alimentés par une station centrale. On parle aussi d’installer une station pour la lumière Edison à incandescence.
- A Hasting, en Angleterre, la Compagnie locale de lumière électrique alimente maintenant de sa station 29 foyers à. arc et 96 lampes à incandescence qui fonctionnaient à la même époque de l’année dernière. Les recettes de la Compagnie s’élèvent à 40,000 francs environ par an et cette somme suffît pour couvrir les frais d’exploitation.
- La discussion continue toujours dans les journaux américains sur le mode d’éclairage à adopter pour la statue de la liberté dans le port de New-York; trois propositions ont été faites à ce sujet. La torche que la statue tient élevée dans sa main semble être l’emplacement naturel des foyers électriques; cette disposition aurait, prétend-on, un avantage tout particulier : les rayons lumineux pourraient subir une réfraction dans les couches supérieures de l’atmosphère, ce qui augmenterait leur portée. On a aussi pensé à mettre les foyers sur le diadème de la statue, ou encore autour du piédestal. Certaines personnes craignent, en effet, qu’à la hauteur de 00 mètres les vibrations du monument soien trop fortes pour que le fonctionnement des régulateurs à arc puisse se faire d’une, manière normale.
- Eu attendant, rien n’est décidé et l’on va étudier cette question, ainsi que le système et le nombre de lampes nécessaires, l’établissement des machines, le prix de l’installation, etc. Il faudra donc attendre probablement quelque temps avant que la lumière électrique brille à l’entrée du port de New-York.
- On annonce de Boston la formation d’une nouvelle Société de lumière électrique pour la construction et l’exploitation d’une station centrale pouvant alimenter jusqu’à 10,000 lampes Edison, dont il y a déjà 3,5oo qui fonctionnent en dehors de la nouvelle entreprise.
- M. Ellis Lever de Bowdon en Cheshire a renouvelé son offre d’une prime de i2,5oo francs pour la meilleure lampe électrique portative pour les mines.
- L’éclairage électrique à Indianapolis se compose d’à peu près 25o foyers presque exclusivement du système Brush.
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- La station centrale de cette société alimente 1S0 foyers et contient 6 dynamos, :
- A Cincinnati Soo foyers électriques à arc fonctionnent d’une manière régulière tous les soirs pour l’éclairage de différentes maisons de commerce, presque tous sont du système Brush, et le nombre des lampes à incandescence est encore très restreint. La station centrale de la compagnie Brush située, au coin des rues Plum et Canal contient dix dynamos actionnés par deux machines à vapeur Wright. Il n’y a encore aucun éclairage public des rues à l’électricité.
- Les essais sur la vie des lampes à incandescence qui ont été faits par l’Institut de Frauklin à Philadelphie ont atteint 106 heures le 26 mai dernier. Les lampes ont été allumées le 11 avril et elles n’ont pas cessé de fonctionner depuis. A 11 heures 35, le 26 mai, la Compagnie Edison avait perdu 1 seule lampe sur 21, l’United States C° avait perdu 17 sur 24 la C'« Stanley iq sur 22 et enfin MM. Woodhouse et Ranson 11 sur 11.
- L’installation de la lumière électrique à incandescence dans le bâtiment de la Home Insurance C° à Chicago a été inaugurée la semaine dernière. Le nombre des lampes est de 2,000 dont on ne fera cependant fonctionner que 700 à la fois. Le courant est fourni par 4 dynamos et 2 moteurs à vapeur du système Porter Allen. Le travail a été exécuté par la Unité J States C°, qui a également fourni tous les appareils nécessaires.
- Télégraphie et téléphonie
- Dans la séance du 17 juin, M. Casimir Fournier a déposé sur le bureau du Sénat un rapport fait au nom de la commission chargée d’examiner le projet de loi. adopté par la Chambre des députés, relatif à l’établissement, l’entretien et le fonctionnement des lignes télégraphiques, téléphoniques ou autres destinées à l’échange des correspondances, appartenant à l’Etat.
- Voici, d’après le Journal télégraphique de Berne, la liste des principales communications internationales dont l’état a subi des modifications pendant le mois dernier :
- Date de l'interruption.
- Date du rétablissement.
- Câble Neuwerk-Heligoland. — Rio Grande - Montevideo ..................
- — Aden-Bombay. . . . Ligne indo-siamoise de Ta voy.....................
- 5 déc. 1884.
- 29 mai 1885. 3 juin i885.
- 16 juin i885.
- 29 mai i885.
- 30 mai i885. Encore inter.
- 20 juin i885.
- Plusieurs ingénieurs du département des télégraphes en Angleterre ont choisi les points d’atterrissement pour un nouveau câble qui va traverser le Moray Firth et relier les villes de Burghead et Hilmsdale où la communication sera faite avec le réseau existant.
- La ville de Détroit en Michigan est une des villes les mieux éclairées aux Etats-Unis et ne compte pas moins de sept différentes entreprises d’éclairage électrique dont la plus considérable est la Compagnie Brush. Fondée en 1880, cette société commença ses opérations au mois de septembre de la même année avec 10 foyers. Aujourd’hui elle éclaire toute la ville au moyen de 400 foyers disposés sur 90 tours dont 87 ont i5o pieds de hauteur et 3,175 pieds. Dans les quartiers très peuplés de la ville les tours sont espacées de 1,000 pieds et dans les faubourgs de i,5oo à 2,000 pieds. Elles sont disposées en triangle autant que possible. 2 des tours portent 6 lampes chacune, 3 autres en ont 5 chacune et le reste 4. Les lampes sont du système Brush et de 2,000 bougies. En dehors de. ces 400 foyers, la Société en a loué près de 3oo autres à des particuliers ou maisons de commerce.
- ' La lumière électrique va prochainement être installée dans huit des principales villes du Pérou : Lima, Callao, Are-quipa, Puno, Cuzco, Trujillo, Cajamarca et Puira. Par suite du prix élevé du charbon, beaucoup de ces villes sont éclairées avec des lampes à huile, et d’autres avec du gaz d’une qualité très inférieure ; mais il existe surtout à Lima des forces hydrauliques suffisantes pour actionner les machines électriques et on va maintenant en tirer parti. MM. Widlund et Llaguno ont obtenu du gouvernement péruvien un monopole de vingt ans pour l’éclairage électrique de ces huit villes, et ils se sont rendus aux Etats-Unis pour chercher le meilleur système à adopter. Ils ont choisi les appareils Thomson-Houston, et ils ont le privilège d’introduire les lampes et machines en franchise de douane, au lieu de payer 45 pour cent de droits d’entrée.
- A Kansas City le système Thomson-Honsten a été adopté pour l’éclairage d’une partie de la ville. Environ 25o foyers de ce système sont déjà installés.
- La lumière électrique du système Van Depoele vient d’être installée dans lâ~ petite ville de Flint en Michigan. Il y a provisoirement.36 foyers placés sgr 9 tours.
- Les recettes du département des télégraphes en Angleterre depuis le i1^ avril jusqu’au i5 juin i885 se sont élevées à la même somme que l’année dernière, soit 8.875.000 francs.
- Le gouvernement anglais vient de nommer MM. le capitaine Abnor et II. W. Preece membres du jury pour la section d’électricité à l’Exposition universelle d’Anvers.
- Il paraît que le changement de ministère en Angleterre ne servira pas à hâter la réduction du tarif télégraphique qui, selon toute probabilité, n’aura pas lieu avant l’automne. L’association de la Presse en Angleterre croit que Lord John Manners sera nommé directeur'général des postes et télégraphes dans le nouveau ministère.
- L’installation du système duplex de M. Muirhead a été terminée sur une longueur de 6.800 milles des câbles de la Commercial Câble C°.
- Les gamins en Angleterre semblent prendre un plaisir extrême à casser les isolateurs sur les poteaux télégraphiques. M. l’inspecteur du département local des télégraphes à Birmingham se plaint aux autorités de ce que plus de 3,ooo isolateurs ont été cassés depuis le commencement de l’année sur une seule ligne par méchanceté.
- La réduction du tarif télégraphique entre Victoria et la Nouvelle-Galles du sud en Australie, a eu des résultats fort satisfaisants. Pendant le premier trimestre de l’année dernière, le nombre des dépêches transmises de Victoria était de 29.851, et la réduction à 1 fr. 25 pour dix mots a porté ce nombre à 39.255 pendant la même période de cette année ou, en d’autres termes, il en est résulté une augmentation de trafic de 3i 1/2 °/0. Les recettes pour Ja première période étaient de io5,85o francs et pour la dernière de 100.425 francs, ou une réduction de 5 0/o. La construction d’une nouvelle ligne de Melbourne à Wodongs a entraîné
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- une dépense de 175.000 francs, et l’augmentation nécessaire | du personnel a coûté 20.000 francs. Des propositions ont été faites il y a quelques temps aux autoiilcs de Queensland et de la Nouvelle-Zélande pour une réduction proportionnelle du prix des télégrammes entre ces colonies, et Victoria, mais le gouvernement de Queensland a préféré attendre les résultats du nouveau régime entre Victoria et la Nouvelle-Galles du sud'avant de prendre une décision.
- Nous empruntons à YEiectrician and Eîeclrical Enginecr, de New-York, la statistique suivante des lignes télégraphiques du monde entier :
- ! PAYS ANNÉE NOMBRE des bureaux LONGUEUR des lignes en kilom. LONGUEUR du fil en kilom.
- Etats-Unis 1882 i3.528 230.375 728.QII
- Allemagne 1882 10.099 74.3i3 265.o58
- France, (y compris la ' Corse) i 1882 » 75.OQ! 232.451
- Russie 1882 2.968 101.519 229*947
- Grande-Bretagne et Irlande ... 1882 5.443- A3.362 2l3.254
- Indes anglaises., 1882 » 34*416 08.666
- Autriche 1882 2.696 36.043 93.993
- Italie 1882 1-747 27.788 93.014
- Mexique . i883 282 28.122 84.364
- Canada 1883 2.558 — 72.416
- Réseau indo-européen... 1883 1.069 15.831 56.730
- Turquie i883 417 27-497 52.142
- Espagne 1882 — 21.094 46.223
- Belgique 1882 855 6-14-7 29.I22
- Chili 1882 127 8.943 26.7OO 25.58o
- Nouvelle-Galles du S.id, 1882
- République Argentine.. 1882 307 i3.543 23.288
- Japon 1882 112 7.808 21.021
- Suède 1882 134 8.373 20.433
- Queens.and 1883 — 17.851.
- Norwège i883 388 q.o85 16.729
- Algérie et Tunis i883 166 8.064 16.365
- Nouvelle-Zélande i883 234 6.636 16.352
- Suisse i883 1.236 6.743 16.335
- Cap i883 — 5.246 i5.y38
- Pays-Bas 1883 — — —
- Cuba 1883 443 4. i32 15.484
- Australie du Sud 1883 — 12.937
- Egvpte 1878 168 7.841 12.040
- Portugal >878 226 4.468 11.335
- Victoria i883 — 5.623 I 1 .Ï2Q
- Danemark 1882 132 3.653 10.io5
- Roumanie 1882 242 4.621 0.639
- Guatemala 1882 63 3.114 5.835 9.D42
- Perse 1882 78 9.516 8.880
- Colombie 1880 2.960
- Sumatra et Java 1880 8+ 5.887 7.546
- Australie d'ouest 1880 2.549 7.5oo
- Pérou 1878 3 + 2.211 6.633
- Grèce 1878 IOO 4.667 5.743
- Bosnie et Herzégovine . 1878 68 2.4Q2 4; 758
- Chine 1878 — i .510 4.53o
- Bulgarie 1882 44 2.498 1.149 3.5o3
- Iles Philippines '. 1882 Î7 3.347
- Serbie 1882 60 2.252 3.258
- Uruguay 1882 21 1 -0,4? 3.120
- Honduras 1882 — 8o5 3.415
- Porto-Rico 1882 • — 758 2.250
- Costa-Rica 1882 — 727 2.181
- Tasmanie i883 — — 2,137
- Cochinchine 1883 — 1.692 1 *?-t4 1.332
- Monténégro 1883 11 41 1-
- Etat libre d'Orange.... 1883 — 441 1.323
- Nicaragua 1883 26 1.258 1.287
- •Venezuela i883 — 539 1.247
- Bolivie 1883 — 290 «7°
- Luxembourg 1883 6(. 3io 536
- TVnnsvall 1882 175 72 525
- Paraguay 1882 — 216
- Havai 1880 64 192
- Les deux câbles d’Aden à Bombay sont toujours interrompus et les dépêches pour l’Inde, la Chine, etc., sont transmises | ar les lignes de l’Indo Europcan Telegraph C°.
- On annonce que la Compagnie de Silvertôvvn prépare en ce moment 5oo milles de câble pour le gouvernement des* Indes anglaises. Le nouveau câble est destiné à remplacer celui qui fut posé dans le golfe de Perse en 1869.
- La ligne télégraphique militaire .construite par l’armée anglaise en Egypte, entre le Caire et Korti compte neuf stations (Le Caire, Assiout, Assouan, ICorosko, Halfa, Dal, Dongola, Debbeh et Korti). La ligne principale a une longueur de 1.808 kilomètres et les embranchements mesurent ensemble 3oo kilomètres.
- Le directeur du réseau télégraphique de la police à New-York a dernièrement été chargé de dresser un rapport recommandant le meilleur système pour la mise sous terre des fils du réseau. Lé système Edison, qui consiste: à placer les fils sous le pavé dans des tubes en fer, a eu la préférence et sera probablement adopté.
- On annonce que les bénéfices de la Western Union Telegraph C° ont augmenté de 3on,coo francs pendant le mois d’avril.
- La Western Union Telegraph C° vient d’absorber encore une des compagnies rivales la Southern Telegraph C°. Le réseau de cette dernière société comprend environ 4,000 milles de fils allant de Washington à Savannah et Montgomery.
- Les journaux américains annoncent que le résultat de la course du Derby en Angleterre a été transmis à New-York par la Direct United States Cable C° en trois secondes, tandis que la Commercial Cable C° est arrivée deuxième en quatre secondes. Naturellement, ajoute VElectrical Review de New-York, il est très difficile dans un cas pareil de dire laquelle des deux compagnies a été la première à donner la nouvelle à New-York, mais il est cependant à remarquer que les câbles transatlantiques ne sont capables que d’une vitesse de transmission limitée, généralement calculée à raison de tant de mots composés de cinq lettres par minute. Pour que le mot Milton puisse passer de Londres à New-York en trois secondes, il faudrait supposer une vitesse d’au moins vinut mots par minute, ce dont le câble en question n’est certainement pas capable, sans compter que toutes les dépêches venant de Londres passent, par l’Irlande et la New Scotia avant d’arriver à New-York.
- Le 25 juin dernier un violent orage a interrompu le» communications téléphoniques entre Bruxelles et Anvers.
- Une ligne téléphonique vient d’être établie par la com-' pagnie Edison Bell Teléphou C°, entre le château de Pena et le château royal, à Cintra, en Portugal. Les rochers et les milliers d’arbres qui se trouvent entre les deux bâtiments, ont rendu la pose de la ligne extrêmement difficile. Le fil été attaché à Tune des cheminées du palais royal, d’où il va jusqu’à un ancien château maure, et enfin à Pena. Pour arriver d’un point à l’autre, l’ingénieur a été obligé d’attacher une corde mince à des fusées, pour pouvoir plus tard tirer le fil au moyen de la corde.
- Le Gérant : Dp C.-C. Soulages.
- Paris,— Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire.— 57870
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 3i, Boulevard des Italiens, Paris
- <1 directeur : D* CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout
- 7e ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI II JUILLET 1885 N" 28
- SOMMAIRE. — Application de l’électricité à la manœuvre des signaux de chemius de fer; M. Cossmann. —Les Machines à vapeur rapides ; G. Richard. — Sur la durée des lampes à incandescence ; G. Szarvady. — L’Électricité en Amérique : L’Eclairage électrique (suite) ; Aug. Guerout. —Hydromètrographe automatique à distance; J. Ravaglia.— Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch : Sur les travaux de M. Palmieri, relatifs à l’électricité atmosphérique, par M. Paye. — Sur ia variation séculaire de ia déclinaison magnétique à Rio de Janeiro; par M. CrulS.— Sur les progrès dans la théorie dès machines dynamo-électriques, par le Dr O. Frœlich.— Correspondances spéciales de l’étranger : Angleterre; J. Munro. — Chronique : Le nouveau Transmetteur téléphonique de M. Freeman.— A propos de l’éclairage électrique en Suède. — Gouvernail électrique de M. C. IL Washburn. — A propos des appels dans les réseaux téléphoniques. — L’Electrolyse appliquée à la fabrication de l’aluminium. — Bibliographie.— Correspondance. — Faits divers.
- APPLICATION DE L’ÉLECTRICITÉ
- A LA MANŒUVRE DES
- SIGNAUX DE CHEMINS DE FER (i)
- Troisième série.
- II, — APPAREILS DE BLOCK AND INTERLOCKING SYSTÈME SIEMENS ET HALSKE
- Ce système est le plus ancien de ceux dans lesquels il y a solidarité entre les signaux électriques et les signaux s’adressant aux mécaniciens, et dépendance entre les sections successives de la ligne de block. Ils sont très répandus en Allemagne et se prêtent exactement aux habitudes d’exploitation de ce pays, où le système de la voie normalement fermée n’est pas en vigueui ; on annonce les trains d’un poste à l’autre, mais on ne demande pas la voie, excepté à l’entrée des gares qui sont traitées d’une manière differente de la pleine voie.
- Aux gares, en effet, ou du moins dans toutes celles qui ont une certaine importance et qui n’ont pas le caractère de simples stations de passage, la ligne de block est coupée et chaque extrémité de la gare comporte un poste de couverture, qui ne peut admettre les trains se dirigeant vers la gare qu’avec l’autorisation d’un poste central, placé directement sous la surveillance du chef
- f1) Voir La Lumière électrique du 23 et du 3o mai i885.
- de service, La gare est donc normalement fermée à ses deux bouts, et c’est seulement un peu avant l’arrivée des trains qui leur sont annoncés, que les gardes des postes de couverture demandent au chef de service central le déclenchement de leurs appareils pour pouvoir effacer les signaux d’entrée de la gare
- Il résulte de là que le appareils présentent quelques différences dans leurs dispositions, suivant qu’ils sont applicables à un poste ordinaire, à un poste de couverture de gare, ou à un poste central.
- Disposition des appareils. — La figure 54 représente un poste intermédiaire, comportant une boîte en fonte A qui contient les appareils électriques, un sémaphore S à deux ailes manœuvrées à l’aide des manivelles K, Ka, deux sonneries d’avertissement W, W2 et un paratonnerre P.
- Sur la face antérieure de la boîte A sont deux guichets devant les vitres desquels peuvent apparaître des disques blancs ou rouges indiquant que la voie est libre ou occupée dans la direction désignée par la flèche au-dessous de chacun des guichets.
- A la partie supérieure de la boîte sont placées deux touches B, B2 servant à débloquer les postes correspondants, et deux ouvertures m2 cadenassées, mais servant à modifier, au besoin, avec la main, les indications de l’appareil. Enfin lés deux poussoirs Y, V2 servent à actionner les sonneries des postes correspondants pour annoncer les trains.
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- Un seul fil de ligne est employé pour trans mettre, dans les deux directions, les courants d'induction qui sont utilisés pour la manœuvre des appareils |et que le garde produit en tournant la manivelle K placée sur l’une des faces latérales (celle du côté droit) de la boîte A.
- Le poste de couverture de gare ne diffère extérieurement de celui que nous venons de décrire, que par l’existence de deux fils entre le poste de couverture et le poste central et par la position normalement horizontale de l'aile commandant l’entrée de la gare.
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- SIEMENS&HAtS)
- FIG. 54. — VUE D'UN POSTE INTERMEDIAIRE
- Le poste central ne comporte qu’une boîte d’organes électriques A (fig. 55), mais pas de manivelle ni de sémaphore. Il est muni de louches, de poussoirs et de sonneries, en double, quand il correspond avec deux postes de couverture de gare, et est relié avec chacun d’eux au moyen de denx fils de ligne.
- Le mât, représenté à la figure 55 bis, est une
- colonne en tôle portant deux ailes à jour et un dispositif destiné à faire apparaître des feux rouges, pendant tout le temps qu’on hisse la lanterne au haut du mât ; à bout de course, un petit déclic fait baisser le verre rouge qui masquait la lanterne pendant l’opération.
- Fonctionnement des appareils. — Cela posé, considérons deux gares I et II, avec deux postes intermédiaires B et C et les postes de couverture A et D. Supposons qu’un train parte de la gare I pour se diriger vers la gare II (fig. 56).
- Avant d’expédier le train, le chef de la gare I tourne la manivelle de son inducteur et appuie, en même temps, le doigt sur la touche supérieure
- SIEMENSaHALSKE
- BERLIN
- FIG. 55. — POSTE CENTRAL DE GARE
- pour annoncer le train par un coup^de timbre au poste de couverture A.
- Puis, le train étant en marche, il appuie sur le poussoir de droite en manœuvrant encore l’inducteur, ce qui a pour effet de faire passer au rouge le voyant de droite a et aucun train ne doit plus être expédié avant que ce voyant soit revenu au blanc, ce qui dépend du garde dit poste A. Celui-ci en voyant passer le train l’a annoncé au poste B, au moyen de la sonnerie d’avertissement, puis il a dû le couvrir avec la grande aile de droite L
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- de son propre sémaphore. Tant que cette aile est effacée, le garde du poste A ne peut appuyer sur le poussoir de droite p qui lui permettrait de
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- FIG. 55 bis. — MAT SÉMAPHORIQUE DE SIEMENS
- ramener au blanc le voyant a du poste central I et de débloquer ainsi la section àl’intérieurde la gare. Le garde A est donc matériellement dans la néces-
- sité de couvrir le train avec le signal extérieur L et quand il débloque la gare, en manœuvrant le poussoir/», il se bloque lui-même en faisant passer au rouge le voyant y. A partir de ce moment l’aile L et le voyant y sont enclenchés dans cette position d’arrêt qui défend le passage d’un second train, jusqu’à ce que la voie ait été rendue libre par le poste B.
- Ce dernier poste,à son tour, ne peut débloquer À qu’après s’être bloqué lui-même en appuyant sur le poussoir q et en amenant l’aile M à la position horizontale.
- Les choses se passent de même, à chaque poste, de proche en proche, jusqu’au poste D qui couvre la gare II, où l’aile N et le voyant x sont normalement à l’arrêt et au rouge. Pour que le train puisse pénétrer dans la gare, il faut que le garde du poste D, averti de son approche par la sonnerie, manœuvrée du poste C, demande la voie au poste central.
- Pour demander la voie, il appuie sur le bouton z en manœuvrant l’inducteur, de manière à lancer dans l’un des fils de gare une série de courants alternatifs qui font tinter la sonnerie du poste central.
- Si rien ne s’y oppose, le chef de gare, appuie sur le poussoir s, en tournant l’inducteur, ce qui a pour effet de ramener au blanc les voyants x et xly des appareils du poste central et du poste D, et de permettre à ce dernier d’effacer l’aile N pour laisser entrer le train. Dès que le train a dépassé le poste, l’aile N est remise à l’arrêt afin de dégager le poussoir r, à l’aide duquel le garde D peut alors débloquer la section C D, tout en faisant apparaître de nouveau la couleur rouge en x et xt.
- On se rend compte pour quelle raison deux fils sont nécessaires entre le poste central et chaque poste de couverture de gare. C’est le poste central qui fait passer les voyants au blanc, tandis que c’est le poste de couverture qui les? fait repasser au rouge. Ces deux résultats ne pourraient être obtenus si l’on faisait passer des courants d’induction à travers un seul et même fil.
- Pour que cette organisation fût pratique, il faudrait qu’elle pût s’appliquer à des trains franchissant les gares sans s’y arrêter ; or, il n’en est pas ainsi quand la ligne est coupée, comme nous venons de l’indiquer, à toutes les gares. Supposons, en effet, qu’un train express traverse la gare I, aussitôt après que l’on a expédié un train de cette gare.
- Comme rien n’a obligé le garde placé au poste A à mettre L à l’arrêt, et que la gare I, si elle est bloquée ne l’est pas d’une manière effective, par un signal s’adressant à des mécaniciens, il en résulte que l’express peut franchir la gare et pénétrer dans la section A B où circule le train précédent qui n’a pas été couvert.
- Une objection de cette gravité ne pouvait
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- échapper aux inventeurs de ce système ; ils ont donc admis que l’on ne couperait la ligne de block qu’aux grandes gares principales, où tous les trains s’arrêtent, et qu’aux stations de passage on installerait un poste intermédiaire ordinaire, agencé de manière qu’il pût se prêter aux nécessités du service et en particulier au garage des trains.
- Quand un train doit se garer pour être dépassé par un autre, le garde du poste se dispense de l’annoncer au poste suivant, mais il se bloque lui-même afin de pouvoir débloquer le poste précédent, quand le garage est effectué. Il ne reste plus alors qu’à annuler le blocage en déclenchant l’aile du sémaphore, c’est-à-dire en introduisant la main par l’une des ouvertures pratiquées à la partie supérieure de l’appareil, pour modifier la position des mécanismes, dans les mêmes conditions que si le poste suivant envoyait les courants
- nécessaires pour ramener le voyant au blanc. L’aile du sémaphore est ensuite effacée pouf autoriser le passage du train direct, pour lequel on opère comme à l’ordinaire.
- Cela revient à donner aux agents la possibilité de supprimer la garantie que l’on avait demandé au système de réaliser. Quand les garages ont fréquemment lieu dans une station, cette ouverture répétée d’une porte qui doit rester normalement cadenassée, est un inconvénient assez sérieux pour que les inventeurs aient entouré cette infraction, de précautions qui réclament une certaine solennité. C’est le chef de gare lui-même qui doit mettre la clef dans le cadenas; mais, dans la pratique, il est à craindre qu’il ne s’en remette de ce soin à son délégué, et que le garde ne demeure, en définitive, le seul maître des moyens qui lui permettent de se débloquer sans l’intervention du poste suivant. Or,
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- Fil'.. 56. — DISPOSITION DES POSTES SUCCESSIFS
- nous avons vu, dans la discussion du programme des conditions que doit remplir le block and inter-locking, qu’il était prudent de toujours compter sur la coopération de deux agents qui ne puissent pas communiquer ensemble.
- Il reste maintenant à examiner par quelles dispositions sont réalisés les divers enclenchements dont nous avons exposé le jeu, à savoir : impossibilité pour chaque poste de débloquer le poste précédent, sans avoir mis à l’arrêt l’aile du sémaphore, et impossibilité d’eifacer cette aile sans l’intervention du poste suivant.
- Description des appareils. — La figure 57 indique la disposition schématique des organes contenus à l’intérieur de la boîte d’un poste intermediaire; B, B2 touches de blocage et de déblocage, Kt K2 manivelles servant à élever ou effacer les ailes du sémaphore, K manivelle de l’inducteur j, o, o2 secteurs dentés sur lesquels sont montés les disques « voie libre » et « voie occupée * qui viennent apparaître devant les guichets de la boîte.
- Prenons les appareils dans l’état où la figure 57 nous les montre : la position de la manivelle Ka correspond à la mise à l’arrêt de l’aile sémaphorique commandant la circulation de la droite vers la gauche; la manivelle K,, pour l’autre sens de circulation est, au contraire, à voie libre.
- Le signaleur ne peut pas effacer le signal qu’il a mis à l’arrêt, car il faudrait pour cela achever la rotation de la manivelle K2 et le disque échancré. Qa, monté sur l’axe de cette manivelle, est enclenché par le doigt v2. Il en est ainsi tant que le tram expédié dans la direction L4 n’est pas arrivé au poste suivant. Mais, quand la section est libre, ce poste envoie vers celui que nous considérons une série de courants alternatifs d’induction ; ces courants, en passant dans les bobines mlml, font osciller plusieurs fois la pièce g2; en même temps que cette pièce donne des coups sur le timbre G, la crémaillère, montée sur son axe d’oscillation fait échapper successivement toutes les dents de l’ancre o .j qui descend jusqu’à ce qu’elle atteigne une
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- position semblable à celle de l’ancre o, ; l’axe x de cette ancre est échancré suivant un diamètre, de sorte que, quand l’ancre descend, le doigt h., qui battait contre la partie pleine de cet axe x est dégagé ; il déclenche le rebord «3 de la tige p3 et celle-ci obéit à l’impulsion du cliquet à ressort v2 qui sort à ce moment de l’échancrure du disque Q2; la manivelle K2 est libre; le garde du poste peut effacer son signal et donner passage à un autre train.
- Admettons maintenant qu’un train venant de la direction L, soit annoncé au poste que nous considérons; quant à présent, le garde ne peut débloquer la section et rendre la voie libre au poste qui lui a annoncé le train, car il faudrait pour cela qu’il lui envoyât des courants d’induction, en appuyant sur le poussoir B„ et la tige py (qui est tout à fait remontée quand la manivelle K, est complètement à la position de voie libre) empêche la tige Ut de descendre et de déplacer le commutateur à ressort D, qui doit changer de contacts et diriger les courants dans le sens nécessaire.
- Il faut donc, avant de pouvoir débloquer le poste précédent, amener la manivelle K, à la position que la figure indique pour I<2, c’est-à-dire mettre le sémaphore à l’arrêt.
- Dans ce mouvement, le cliquet v, tombe dans l’encoche du disque Qj qui vient se placer en face de lui, la tige pi descend sous l’action de son propre poids, et cela permet alors au garde d’appuyer sur le bouton B, tout en tournant la manivelle k de l’inducteur; les courants d’induction sont envoyés au poste précédent où ils produisent l’effet que nous venons de voir plus haut, et en même temps dans les bobines m2 du poste que nous considérons. La pièce gl se met à osciller et ramène l’ancre o, dans une position symétrique à celle que la figure indique pour l’ancre o2. Le voyant passe au rouge, ce qui indique que la section est bloquée dans le sens de L2, ou, ce qui serait plus exact, qu’elle est débloquée vers L, ; car c’est la manœuvre de déblocage et non la manœuvre du sémaphore, qui fait passer ce voyant du blanc au rouge.
- Les deux désidérata du problème sont ainsi réalisés.
- Si par hasard un train se présente pendant que la grande aile du sémaphore est à l’arrêt, les appareils étant, par exemple, dans la position B2, h2, Pu Qu K2, et si on le laisse conformément au règlement, pénétrer dans la section L, bloquée, après qu’il a stationné pendant un certain délai, il est possible au garde de manger ce train, car, le sémaphore étant à l’arrêt pour couvrir le premier, rien n’empêche le garde d’appuyer sur B2 pour débloquer le poste précédent (vers L2); puis quand le poste suivant (vers L,) débloque pour le premier des deux trains engagés dans la section,
- le garde peut tourner là manivelle K2, remettre le sémaphore à voie libre, et s’abstenir de le remettre à l’arrêt. En d’autres termes, quand un sémaphore est à l’arrêt, rien n’empêche le garde de donner plusieurs déclenchements successifs à l’arrière, et c’est là une lacune au programme général du bloch and interlocking.
- Cette lacune, regrettable dans des appareils aussi pertectionnés que ceux de MM. Siemens et Halske, tient à ce que l’appareil de déblocage est enclenché directement avec l’appareil de couverture du poste; pour éviter cet inconvénient, il faudrait que l’enclenchement existât entre l’appareil de déblocage en arrière et l’organe qui reçoit le déblocage du poste suivant; or cinématiquement cette combinaison n’est réalisable que si, au lieu d’organes
- INTÉRIEUR DE LA BOITE D’ENCLENCHEMENT
- FIG. 57. —
- d’enclenchement à mouvement alternatif, on a recours à des organes à mouvement circulaire continu. Sans quoi, on n’empêchera jama'is le garde de profiter de ce que son sémaphore est à la position d’arrêt, pour donner en arrière autant de déclenchements qu’il voudra. Cependant cette lacune a été comblée par l’addition d’une pédale, qui n’est guère restée qu’à l’état le projet et qui fait alors rentrer l’appareil dans la catégorie des systèmes à automaticité restreinte.
- Dans les stations de passage qui ne sont pas munies de postes de couverture, et où le block n’est pas coupé, nous avons dit que, lorsqu’un train se garait, il fallait ouvrir l’appareil pour produire avec la main le déclenchement de l’aile mise indûment à l’arrêt. Le clapet cacheté par lequel on peut introduire le doigt, permet en effet de faire osciller la pièce g2 exactement comme si des courants d’induction étaient envoyés du poste suivant
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- dans les bobines ml; l’ancre se redresse, déclenche hi et />2 et l’on peut alors remettre à voie libre l'aile du sémaphore qu’il avait fallu mettre à l’arrêt pour débloquer le poste précédent.
- Aux bifurcations, les appareils sont disposés d’une manière un peü différente ; ils sont doublés pour chacune des directions déviées et munis d’organes d’enclenchement alternatif qui s’opposent à ce qu’on mette simultanément à voie libre les deux ailes s’adressant aux trains arrivant du tronc commun.
- Appareils de voie unique. — Sur les lignes à voie unique, on peut aussi appliquer des appareils du système Siemens et Halske, mais en se servant de deux fils de ligne, au lieu d’un seul. L’appareil central de la gare a, dans ce cas, trois guichets, un pour l’entrée et deux pour le départ. Tous les autres postes ont quatre guichets, deux pour chaque sens de circulation. Soient deux stations
- (fig. 58) I et II, ayartt chacune leur poste central, leur poste de couverture de gare A et C, et un seul poste intermédiaire B. En l’absence de toute annonce de train, les appareils sont au repos, c’est-à-dire qu’à chaque poste, les deux voyants extrêmes sont au rouge, tandis que ceux du milieu sont au blanc. Il est, dans ce cas, impossible d’effacer aucune des ailes sémaphoriques et la ligne est fermée à la circulation.
- Quand on signale le départ d’un train de I vers II, par exemple, le poste A appuie sur la touche 2, ce qui fait passer au rouge son voyant 2 et au blanc le voyant 3 du poste central; il peut alors appuyer sur la touche 3 et effacer l’aile II pour le passage du train ; les voyants 3 du poste A, 2 du poste B passent au rouge, ensuite le poste A remet son aile II à l’arrêt et il peut alors débloquer la gare I. Les choses se passent de même jusqu’à l’arrivée du train à la gare II et les appareils se trouvent revenus à leur position initiale.
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- FIG. 58. — DISPOSITION DES APPAREILS SIEMENS SUR LA VOIE .UNIQUE
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- Comme toutes ces manœuvres exigent la manipulation de plusieurs touches pour chaque passage de train, on a, dans les derniers appareils, réuni ces touches de manière que, quand on en abaisse une, l’autre doit s’abaisser en même temps.
- Nous n'insisterons pas sur cet appareil qui est employé, pour la raison générale que nous avons exposée au début; à de très rares exceptions près, si une ligne à voie unique mérite le block System, on en double la voie.
- Conclusions. — En résumé, les appareils de MM. Siemens et Halske ont le grand avantage de se prêter exactement au mode d’exploitation en usage dans le pays où ils ont été presque partout adoptés. En Allemagne, ils sont, pour ainsi dire, dans leur home, et pour bien apprécier toutes leurs qualités, qui sont réelles, surtout lorsqu’on réfléchit que ce sont des appareils venus de toutes pièces, il ne faut pas les sortir de leur milieu habituel.
- Leur mérite principal est d’être, aussi complètement que possible, àd’abri des influences atmos • phériques; car les piles y sont remplacées par des machines d’induction ; chaque manœuvre exige l’envoi d’une série de vingt courants induits, alternativement positifs et négatifs, et il n’est pas
- admissible que, pendant le temps qui s’écoule entre deux manœuvres, il se produise vingt décharges atmosphériques, changeant régulièrement de sens.
- Toutefois, il semblerait résulter de certains faits que les ancres d’échappement s’usent à la longue, et que, dans ce cas, il peut s’échapper quelques dents, sans qu’il passe aucun courant, par le seul effet des trépidations dues au passage des trains. Là encore, le nombre des dents, qui est de 10, est une garantie contre les conséquences que pourrait avoir cette usure, au point de vue de la sécurité, car il serait étrange que l’on ne s’aperçût pas de cette imperfection avant que les 10 dents du peigne fussent usées jusqu’à la dernière.
- Quant à l’inconvénient des déclenchements successifs, nous avons dit plus haut qu’il est possible d’y remédier en rendant l’appareil semi-automatique.
- Le seul reproche sérieux que l’on puisse adresser, en définitive, à cet appareil, c’est qu’il manque d’élascicité : la dépendance des sections y est si rigoureusement réalisée que, dans les gares, on ne peut s’en affranchir qu’en créant trois postes, ce qui ne laisse pas que d’être coûteux, ou en trichant avec l’appareil, ce qui est encore moins à recommander. Les Allemands n’ont pas trouvé que ce fût là un inconvénient; un système d’exploitation,
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- ou tout est aux mains de l’État, s’accommode de cet abus excessif de personnel; autre pays, autres mœurs, voilà pourquoi l’appareil, excellent chez nos voisins, serait sujet à discussion, en France.
- (A suivre.) M. Cossmann.
- LES
- MACHINES A VAPEUR RAPIDES
- MACHINES A SIMPLE EFFET
- Le présent article a pour objet de compléter, par quelques exemples récents, les descriptions de machines à simple effet que nous avons données
- BROTHERHOOD. MOTEUR COMPOUKD
- dans .nos numéros d’avril et de mai 1884 au sujet des moteurs de Brotherhood, Gardner, James et Wardrope, Abraham Parsons, Westinghouse, Turner, Williams Wats, Beer, Besnard, Rldealgt,
- Farcot, Locoge, Demehge. Nous compléterons de même, dans la suite, les notices que nous avons publiées dans ce journal sur les autres lypes de machines à grande vitesse.
- Les machines à simple effet conservent toujours la faveur des électriciens, pour des raisons faciles à saisir et que nous avons exposées dans notre numéro du 12 avril 1884; elles subissent donc, comme tous les appareils recherchés du public, de nombreuses modifications destinées soit à perfectionner des types connus en profitant de l’expérience acquise par une pratique plus prolongée, soit à créer de toutes pièces un moteur nouveau. Tel est, par exemple, le cas de la machine, malheureusement compliquée, de M. Fielding.
- Parmi les modifications, il faut citer l’adaptation à la marche en compound, plus économique et plus régulière (Brotherhood, Bever, Mégy, Mathew), la multiplication de la vitesse de l’arbre moteur par la rotation des cylindres (Wynne, Browne), les distributions équilibrées , cylindriques ( Brotherhood, Mathew, Chandlers, Lowry), plats (Bever) ou rotatifs (Mégy) (*), l’anticipation de l’échappement à travers les parois du cylindre (Lowry, Chandlers), ou de l’articulation de la bielle (Bro-
- [plü. 2 > — BROTHERHOOD. ARTICULATION SPHÉRIQUE
- therood) : ce sont des perfectionnements de détail, mais dont peut dépendre entièrement le succès d’un moteur.
- Brotherhood.
- Nous avons déjà décrit, dans notre numéro du 12 avril 1884, la machine Brotherhood et les diverses transformations qu’elle a subies avant
- (l) Comme celui de Jacomy (Revue industrielle du 25 juin 1885).
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- d’arriver au type actuel à trois tiroirs équilibrés; I moteur, quelques perfectionnements de détail. M. Brotherhood a ajouté depuis, à son remarquable 1 L’un de ces perfectionnements, le plus impor-
- FIG. — MACHINE COMPOUND DE MATHEW
- OA fl C
- FIG. 4 ET 5.
- tant, consiste à modifier la distribution de la vapeur et à doubler le nombre des cylindres, de façon
- que sa macnine puisse fonctionner en compound avec plus de régularité, plus d’économie et moins
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- de fatigue, comme nous l’avons déjà exposé (l).
- Dans l’état représenté par la figure 1, la vapeur à haute pression est admise directement, par G g H, au-dessus du petit piston c, et celle qui se trouve au-dessous passe, par KL, sur le gros piston B
- qu’elle repousse en sè détendant dans l’espace compris entre les pistons solidaires c et B, espace croissant jusqu’au bas de la course.
- Lorsque les deux pistons arrivent au bas de leur course, le tiroir cylindrique F remonte, de
- FIG. 6 A g. —- BROTHERHOOD. MACHINE DE TORPILLEUR
- façon à mettre L en communication avec l’échappement M, et K en rapport, par g, avec la vapeur de haute pression, qui agit dès lors également sur
- les deux faces du petit piston.
- On remarque que le tiroir F est disposé de façon à être toujours pressé sur sa tige par la vapeur.
- Le petit piston c est aussi toujours appuyé sur le grand: pendant la descente par la différence des tensions effectives de la vapeur sur ses deux faces (*)
- (*) Lnm ière électrique du 8 mars 1884.
- et pendant la montée par son poids et par la différence des pressions due à la présence de sa tige.
- Le second perfectionnement consiste à articuler les bielles aux pistons par une rotule sphérique B (fig. 2), très large de manière à réduire le plus
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- possible l’intensité des frottements, et percée d’une ouverture d’échappement D, jouant, mais avec plus de simplicité, le rôle des lumières indiquées en m et en n sur les figures 114 à 117 du numéro du 12 avril 1884.
- On reconnaît sur les figures 6 à 9 l’application de ce système à une machine de torpilleur : l’échappement a lieu anticipé par L, puis définitif par M, à travers les rotules des bielles. L’admission de la vapeur ou de l’air comprimé introduit en K a lieu dans chaque cylindre par un tiroir F, lorsqu’il prend la position F', sous l’impulsion que la came à rainure B imprime, par le galet C, au levier I)', autour de E.
- Mathew
- La marche en compound de la machine à trois cylindres de Mathew (fig. 3), adoptée par la maison
- FIG. 12. — BEVER. DÉTAIL DU TIROIR
- Siemens, est différente. La vapeur admise à haute pression par Y, au-dessus du petit piston A, jusqu’à la moitié de sa course, se rend, au retour de ce piston, dans le réservoir intermédiaire R, commun aux trois gros cylindres B, auxquelles elle est distribuée comme aux petits cylindres et par les mêmes tiroirs, et dont elle s’échappe, non pas autour des manivelles, mais par le conduit annulaire E.
- La régularisation s’opère au moyen d’une valve d’étranglement V', et le moteur actionne sa dynamo directement par l’intermédiaire d’un accouplement flexible.
- Les machines de Mathew exposées actuellement à Londres présentent les particularités suivantes :
- Diamètre du petit piston...... d 23om/m
- x — du gros —................. p 46r
- RaPP°rt....................... ÿ 4
- Pression de la vapeur à l’adm' ssion Hk,5o
- Nombre de tours................ 320
- Puissance indiquée............ 200 chevaux.
- Brown
- La machine de Brown est à quatre cylindres qui tournent autour d’un axe fixe A (fig. 4 et 5), placé dans le prolongement de l’arbre moteur A', tandis que leurs pistons tournent autour du deuxième axe fixe B, excentré de A d’une longueur égale à leur course. Les tiroirs cylindriques de distribution D
- FIG. l3 ET I4. — BEVlvR. COUPE LONGITUDINALE ET PLAN
- pivotent aussi, entraînés dans le mouvement de la masse couverte de doubles hachures, autour du bouton de la fausse manivelle fixe C.
- Les poids des tiroirs et des pistons sont calculés de façon que la force centrifuge soit, en marche normale, constamment supérieure à la pression centripète de la vapeur admise par V V' Y",
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- de sorte que leurs articulations sont sans cesse sollicitées dans le même sens, ou tirées autour des axes B et C.
- La rotation des pistons P n’étant pas uniforme autour de B, mais accélérée pendant la montée,
- FIG. l5. —
- les articulations de leurs bielles doivent être distinctes autour de B.
- L’échappement anticipé à travers les ouvertures ee permet de dégager l’échappement principal et de diminuer la contre-pression des tiroirs.
- Frank Wynne
- La machine de Frank Wynne est fondée sur le même principe que celle de Parsons décrite dans notre numéro du 12 avril 1884.
- Les boutons abc (fig. 10) des manivelles de l’abrer moteur D (fig. i5) décrivent une circonférence qui roule virtuellement à l’intérieur du tourillon F de
- FIG. 16. — BEVER. COUPE PAR LE TIROIR
- diamètre double. En réalité, c’est l’ensemble des cylindres, représenté par les doubles hachures, qui tourne autour de F et de la circonférence a bc, avec une vitesse moitié moindre que celle de l’arbre moteur D.
- La distribution s’effectue par un tiroir circulaire dont on voit, sur la figure 12, les lumières d’admission, en na nbnc les lumières d’échappement,
- et en M (fig. 11) l'excentrique oscillant autour du point N, dont on peut faire varier le calage au moyen du boulon o.
- On voit clairement, sur les figures 11 et i5, comment la vapeur est admise par q et r autour du tiroir annulaire L.
- M. Brown réclame en faveur de sa machine les avantages d’une régularité plus constante parle volant des masses en mouvement, et d’une grande facilité de réglage et d’entretien.
- Bever
- La machine Bever (fig. 12, i3, 14,16 et 17) est à six cylindres horizontaux groupés en compound de chaque côté de l’arbre moteur. La vapeur admise de la chaudière au cylindre de haute pression A, parVV7 xhQ, passe, au retour du piston A, der-
- — BEVER. DÉTAIL DE LA DISTRIBUTION
- rière les deux pistons de basse pression B, par Q s t, puis s’échappe dè B B, par t u E.
- Le double tiroir, équilibré en r, qui distribue la vapeur aux deux groupes de cylindres, a sa tige i, commandée par une paire d’excentriques/-(fig. 17) et par un renvoi F. L’arbre de relevage o permet de régler la détente et de changer la marche du moteur en déplaçant le coulisseau m, comme on le voit en détail sur la figure 17.
- La distribution est combinée de façon à égaliser les travaux sur les pistons de haute pression et de détente, de sorte que l’arbre moteur soit en équilibre de rotation. Le tiroir à double canal est très simple, mais on peut lui reprocher, au point de vue thermique, le rapprochement des vapeurs d’admission de détente et d’échappement.
- (A suivre.)
- Gustave Richard.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 6ù
- SUR LA DUREE
- DES
- LAMPES A INCANDESCENCE (')
- Notre dernier article avait un caractère un peu rétrôspectif, mais il était nécessaire de faire connaître les travaux qui ont précédé les études plus récentes que nous allons analyser maintenant.
- La question, on l’a vu, n’était guère avancée lorsqu’un lecteur de Y Electrician de Londres, ayant adressé à ce journal une question d’ailleurs plus facétieuse que compréhensible, au sujet de la durée des lampes à incandescence (2 3).
- Un autre lecteur, M. G. Foussat, répondit parla même voie en publiant le tableau suivant qu’il déclarait, contenir les moyennes d’un très grand nombre d’expériences, exécutées à l’usine Edison, d’Ivry-sur-Seine (:f), sur des lampes Edison donnant seize bougies à la tension de ioo volts.
- TABLEAU I
- Durée en fonction de la tension
- DIFFÉRENCE DE POTENTIEL aux bornes DURÉE MOYENNE
- 95 volts 3595
- 96 2761
- 97 2135
- 98 1645
- 99 1277
- IOO 1ÛOO
- 101 785
- 102 601
- io3 477
- 104 375
- io5 284
- Nous remarquerons immédiatement qu’il est difficile d’admettre que ce tableau soit le résultat direct de l’expérience, car il ne paraît pas probable que la Société Edison indiquerait 800 heures pour la durée moyenne de ses lampes.* en régime normal, si la moyenne d’un grand nombre d’expériences était de 1000 heures.
- Il en résulte que le tableau de M. Foussat n’a pas dû être dressé avec les seules ressources de l’expérience, à l’exclusion de tout calcul. On ne doit pas être très éloigné de la vérité en supposant que la manière de procéder, pour l’établir, se rapprochait beaucoup de la suivante :
- On mesure la différence de potentiel et on observe la^durée des pouvoirs lumineux supérieurs au pouvoir normal.
- (!) Voir La Lumière électrique du 4 juillet i885.
- (2) The Electrician. — Correspondance. T. XIV, p. 224.
- (3) fhe Electrician, — Correspondance. T. XIV, p. 226.
- Dans ces conditions Jes durées sont courtes et on arrive assez rapidement à tracer la portion correspondante de la courbe des durées en fonction des tensions. On prolonge cette courbe en deçà du point de régime normal, et on relève les ordonnées pour les tensions que l’on veut inscrire dans la table.
- Tel qu’il est, le tableau de M. Foussat a exercé l’imagination de nombreux électriciens qui se sont ingéniés à le représenter par des équations empiriques plus ou moins compliquées.
- Le premier en date, M. F. M. Wright (‘) a trouvé que la fonction qui exprimait le mieux la relation de la durée et de la différence de potentiel était la fonction logrithmique.
- E„ - E= K log E
- E0 et D0 sont deux valeurs correspondantes de E et de D; K est une constante qu’il faut déterminer.
- A cet effet, l’auteur considère deux paires consécutives de valeurs de E et de D.
- Ainsi on aura
- E0—gS=Klog3S95—KlogD0j
- En—g6=K)og275i—KlogD0,
- d’où
- K — --------1----:--.
- log 3595— log'2751
- M. Wright calcule des valeurs de K, puis il en prend la moyenne, qui est de K = 9,098213.
- Il faut lui savoir gré de s’être arrêté à la sixième décimale.
- L’équation cherchée est alors
- 100— E = 9.098213 log ,
- - . • 1000
- ou plus simplement
- E = 9,1 [3 —logD] = 127,3 —9,1 logD.
- Nous arrivons au travail de MM. Ayrton et Perry (2).
- De même que MM. Dietrich et Picou les deux savants anglais cherchent à déterminer le régime le plus favorable pour une lampe donnée, et comme ils expriment toutes les variables en fonction de la différence de potentiel aux bornes, ils énoncent le problème de la manière suivante :
- « Trouver la différence de potentiel la plus économique pour des lampes à incandescence ».
- Ils représentent par /'(E) la durée en fonction de la tension, et par 6(E) la relation qui unit le pouvoir lumineux à la différence de potentiel, en sorte que '
- (') D=/.(E),
- (2) ,A=0(E).
- (') The Electrician, T. XIV, p. 3n. • ..
- (“) The mosL Ecônômical Potential Différence to employ wuh Incandescent Lamps. Philosophical' Magazine. Avril 1885, p. 304.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 6 i
- La dépense annuelle par bougie due à l’usure des lampes sera
- H H
- bDp—f(E)xi){E)pm
- En désignant par 9 (E) le nombre de watts par bougie on aura
- (3) «> = 9 (F).
- Soit maintenant pc le prix annuel du cheval électrique, calculé pour un nombre (H) d’heures d’éclairage dans l’année (J), les frais annuels par bougie provenant de la dépense d’énergie de la lampe seront
- Le prix annuel total par bougie sera, par suite :
- A P — H M __ H p <p (E)
- n bd pJr 736Pc f{E) x fl(E) ' 73b Pc‘
- On voit que cette formule est identiquement la même que celle de M. Dietrich (2), avec cette seule différence qu’elle renferme le prix annuei pc du cheval électrique, au lieu du prix annuel pa du watt.
- Nous n’avons donc pas à revenir sur la critique que nous en avons déjà faite.
- MM. Ayrton et Perry se proposent de chercher la valeur de E qui rend Pa minimum.
- Ils emploient successivement la méthode graphique et la méthode analytique.
- 1) Méthode graphique. — On trace les courbes (1) (2) et (3) en portant les volts en abscisses, puis successivement D, b, et w en ordonnées. On porte ensuite des valeurs correspondantes de D, b, et u> dans la formule (4) et on calcule autaut de valeurs de Pa qu’il en faudra pour tracer une quatrième courbe avec les volts en abscisses, mais cette fois avec les prix annuels par bougie en ordonnées.
- On relèvera facilement sur cette courbe la valeur de E qui correspond au minimum de Pa, et le problème sera résolu.
- La courbe des durées est donnée par le tableau I ; celles des différences de potentiel ;• et des watts par bougie, ont été déterminées par M. Robertson pour des lampes Edison de îoo volts et 16 bougies, venant de France et supposées, par suite, devoir être identiques à celles de M. Poussât.
- (') MM. Ayrton et Perry, disent qu’on admet souvent que pc est proportionnel à H, mais que cela est inexact.
- Suivant eux, pc est une fonction de H, de la forme A.=// + F(H);
- h est une constante indépendante du nombre d’heures d’éclairage, qui ne dépend que du loyer de l’emplacement, et du capital immobilisé en machines, conducteurs, etc... F(H) est une fonction complexe de H, qui dépend du prix du charbon et de la main-d’œuvre.
- (2) La Lumière Electrique, t. XVII, p. 14.
- Le tableau suivant résume les résultats obtenus par M. Robertson. Nous y avons joint la valeur de l’équivalent mécanique o>.
- TABLEAU II
- Pouvoir lumineux et énergie absorbée en Jonction de la tension.
- POUVOIR lumineux b VOLTS E \V A T T S /’<«> ÉQUIVALENT mécanique 0)
- 3 84 56,62 18,9
- 4 «7 63,5i i5,g
- 5 87 8 66, oî i3,2
- 6 90,5 69,05 11,5
- 7 93,5 75,74 10.8
- 16 96.75 79,34 7.9
- 11 97,61 81,01 7,4
- 12 98,04 82,35 6,9
- h 98,9 85,55 6,1
- Ih 100,6 90,54 5., 6
- 18 ioi,5 92,37 5,i
- 20 io3,6 96,66 4,9
- 22 105.4 ICO,10 4,5
- 24 107,5 104,28 4,3
- 20 ioq,2 108,1I 4,2
- 28 110 I U , ÏO 3,9
- 3o 111,4 113,63 3,8
- 35 1*4 n8,56 3,4
- 40 I 15,2 122,II 3,0
- MM. Ayrton et Perry ont appliqué leuis formules en admettant pour :
- Le prix de la lampe p, 5 shellings ou 6 fr. 25 ;
- Le nombre d’heures d’éclairage dans l’année H, 56o;
- Le prix annuel du cheval, pc, 5 livres ou 125 francs.
- Cela met le cheval-heure, sensiblement à 20 centimes, prix évidemment très exagéré.
- La figure 1 représente les résultats obtenus.
- Les courbes de ce diagramme ont été tracées en portant, en abscisses les volts, et en ordonnées, les prix annuels par bougie exprimés en schellings. La courbe AA, représente le premier terme de la formule 4, celui qui dépend de l’usure des lampes ; la courbe BB en est le second terme, c’est la dépense afférente à la force motrice absorbée, enfin la courbe CC donne le prix total Pa dont on cherche le minimum. Les auteurs ont ainsi déterminé que le prix de revient minimum était de 11 pence ou 1 fr. 11 et qu’il correspondait à une différence de potentiel de 101,4 volts. Le prix de revient par heure de la lampe de 16 bougies serait, dans ces conditions, de
- I, Il x 16
- —TT----ou3,2 centimes
- 5 60 *
- Si on abaissait la différence de potentiel de régime à 98,7 volts, ou si on l’élevait au contraire à 104 volts, le prix de revient deviendrait 1 fr. 25 par bougie et par an, ou o fr. o36 par lampe et par heure.
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- Ô2
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 2) Méthode analytique. — Pour appliquer la méthode analytique, il faut chercher d’abord à représenter par des équations les différentes courbes fournies par l’expérience, c’est-à-dire qu’il faut déterminer/(E), 9 (E et <p(E).
- a) Courbe des pouvoirs lumineux : b — 0(E). — Les auteurs ont trouvé que la fonction qui représentait le mieux la courbe obtenue par M. Robertson (tableau II) était la suivante :
- (5) 5 = a(E-p;3;
- a et p sont des constantes qui, pour la lampe dont on s’était servi avaient les valeurs suivantes :
- a = 0,0002621 P = 62,12
- L’équation (5) est loin d’être générale.
- MM. Ayrton et Perry ont trouvé en effet qu’elle
- à- FIG.ïl
- se vérifiait assez bien pour certaines lampes, mais qu’elle cessait d’être exacte pour d’autres.
- b) Courbe des durées: D = f(E). — En admettant, d’après M. Wright, que/(E) est une fonction logarithmique, les auteurs sont conduits à l’expression suivante :
- (61 d = iou-0,ue.
- La fraction qui entre dans le premiet terme de la formule(4), devient alors, en vertu des équations (5) et (6),
- _0,UE-0,U
- (7)
- b D~ a (E — p)1
- Cette formule ne se prêtant pas commodément au calcul, on lui a préféré la suivante :
- (Ibis) _L=IO0.07513 E_ 11,697,
- ce qui, paraît-il, revient à substituer à l’équation (5) l’équation
- {5 bis) b = ,o0,03155 E-2,303.
- c) Courbe des watts : m — <p(E).—MM. Ayrton et Perry ont trouvé qu’entre g5 et io5 volts, l’équation qui convenait le mieux était :
- ,n\ , „ 1 , JS,007 — 0,0766 7 E.
- (8) tü = 3,7-j-JO
- mais entre 84 et 114 volts, ils préfèrent
- (8 bis) 0>= 2 + IO8.007-O.03793E.
- Pour éviter toute ambiguité, ils indiquent dans un tableau les nombres qu’ils ont adoptés dans les différents cas.
- Nous reproduisons ci-dessous ce tableau.
- TABLEAU III
- Valeurs admises dans les calculs de MM. Ayrton et Perry
- VOLTS POUVOIR lumineux COÏT gé b — 0(E) \Y A T T S ÉQUIVALENT
- i- corrigés bu mécanique - = ï(E)
- 84 2,741 56,oo 20,4013
- 86 S, 582 60, i5 16,"go
- 88 4,574 64,25 14,270
- ço 5.700 61,40 12,000
- 92 7,000 72,60 10,370
- 94 93 8,55o 76.85 9,000
- 10,280 81.00 7,882
- 98 12.167 85.15 7.000
- lüO I4-240 8q.3o 6.271
- 102 i6,6go g3,5o 5.600
- 104 1Q,290 97,80 5,070 4,5q3
- K)(: 22,188 101,qo
- 108 25,412 100,00 4,172 3,824
- I lu 28,790 no 10
- 112 32,6iO 36,591 114,25 3,504
- 1 *4 118,3o 3.233
- d) Equation fondamentale. — En substituant dans l’équation (4) aux symboles /(E),ô(E), <p (E), les expressions adoptées, on aura la formule analytique du prix de revient annuel par bougie.
- La forme simplifiée correspondant aux équations (7 bis) et (8) est
- (9) Pa=P H .o0’0734e E " n'697 + ^(3,7+ io8’007 - 0-07667 E)
- Le minimum de Pfl correspond à la valeur de E donnée par l’équation.
- (10) E ^ 110,66 -j- 6,574 log-^l.
- H/»
- En prenant pour p, pc et H, les mêmes valeurs que dans la méthode graphique, on trouve
- Emi„ = IOI,l5 VOltS.
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- JOURNAL UNIVERSEL Z)’ ÉLECTRICITÉ
- 63
- En prênant les équations plus rigoureuses (7) et (8 bis), au lieu de (7 bià), et 8 on trouve
- Émin = 101,46 VOltS.
- Les calculs que nous venons d’exposer, intéresseront certainement les personnes dont l’esprit est tourné vers ce genre de Spéculation, mais il ne faut les envisager que Comme une récréation mathématique et l’on doit bien se garder de leur attribuer une valeur pratique quelconque.
- Pour montrer d’abord sur quelles bases incertaï nés de semblables recherches reposent, nous avons relevé dans les tableaux qui ont servi tant à M. Dietrich qu’à MM. Ayrton et Perry, pour établir eurs formules, les valeurs de D et de w correspondant à dés valeurs communes du pouvoir éclairant b, et nous les avons mises en regard dans le tableau suivant (').
- TABLEAU iv
- Comparaison des données de M. Dietrich et de MM. Ayrton et Perry
- POUVOIR éclairant h M. frlETRiGH ^ ^ / M. Zàchâriaè. ' {ÊXpôsitiôrt dé M Sôufc L ayrton et perry ( M. Foussat. ( M. Robertson.
- l M D unich. Méthoc D e graph. Méthode D analyl.
- 10 55Sô 6,48 2289 7.9 3021 8,i
- II 3q63 6,04 IÔ36 7.4 2283 7,5
- 12 2857 5,69 1Ô30 6,9 1743 7.i
- 14 1628 5,14 1814 6 1 1064 6.3
- IÔ IOOO 4.70 875 5.6 704 5,8
- 18 651 4,35 693 5,1 476 5,3
- 20 443 4,o5 416 4.9 33o 4.9
- 22 3l2 3,8o 251 4,5 211 4,6
- Les divergences considérables accusées par ce tableau montrent suffisamment que l’on ne doii accorder qu’une confiance des plus limitées aux données empiriques publiées de temps à autre sur les lampes à incandescence. Aussi est-il prudent de n’accueillir que les résultats d’expériences rigoureuses, dont toutes les conditions sont connues.
- Si l’on considère ensuite que les formules qui ne tiennent compte que du renouvellement des lampes et de la dépense d’énergie sont essentiellement incomplètes, et qu’elles omettent des termes de première importance tels que l’amortissement du ré-
- (J) Nous avons pris les pouvoirs éclairants qui sc trouvaient à la fois dans le tableau V de M. Zacharias (p. 14), et dans le tableau II de M. Robertson, et nous avons cherché les valeurs correspondantes de D et de w dans les tableaux V et VI (p. 14 et iS), ainsi que dans les tableaux I, II et III du présent article.
- Les valeurs qui ne s’ÿ trouvaient pas directement ont été calculées par interpolation.
- Il, n’est pas inutile de rappeler que M. Dietrich et MM. Ayrton et Perry ont opéré sur des lampes semblables.
- seau des conducteurs, on reconnaîtra que le minimum auquel conduisent ces formules n’est pas exact, même théoriquement.
- Enfin pratiquement les lampes livrées au commerce sont étalonnées de volt en volt.
- En admettant que les mesures aient été exécutées avec toute la précision qu’elles comportent, on ne pourra jamais compter sur une approximation de plus d’un demi-volt.
- De plus les réseaux sont généralement établis de manière que les lampes ne puissent être soumises à des fluctuations de régime de plus de deux volts, mais cette différence de deux volts pourra être atteinte.
- Une lampe marquée 100 volts, parexemple, pourra très bien n’être qu’une lampe de qqvoU%5 et fonctionner à 102 volts. Dans ces conditions, il semble un peu puéril de chercher la différence de potentiel la plus favorable au centième de volt près, ou encore de calculer comme dans le tableau III, les pouvoirs lumineux avec une approximation de un millième de bougie.
- Géza Szarvady.
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE (i)
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- Système Brush
- L’usine centrale de la Compagnie Brush à Philadelphie, usine que représente la figure 1 et qui est d’une construction récente, présente cette particularité que les machines dynamo-électriques sont placées au premier étage et non au niveau du sol, comme il eût semblé naturel de les installer.
- La majeure partie de la force est fournie par deux machines Corliss de 25o chevaux chacune, et qui mettent en mouvement un arbre de transmission placé presque au niveau du sol. Les- poulies de cette transmission sont garnies de courroies qui traversent le plancher et font tourner les machines dynamo-électriques.
- On a installé aussi 8 machines Porter-Allen à grande vitesse et pouvant actionner chacune une machine électrique.
- Ajoutons qu’auprès de chaque machine se trouve un des régulateurs que nous avons déjà décrits.
- Les lampes alimentées en ville par cette station centrale sont réparties en 22 circuits. On met de 5o à 53 lampes dans chaque circuit, 60 quand cela est possible.
- Un des circuits comprend 12 milles. La lampe la plus éloignée est à 4 milles de la station principale. (*)
- (*) Voir les précédents numéros depuis le 4 juillet 1885.
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- F (G. I
- USINE CENTRALE DE LA COMPAGNIE BRUS H; A PHILADELPHIE
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- FIG. 2. — SALLE DES MACHINES A LA STATION CENTRALE DE LA COMPAGNIE BRUSH. A ELISABETH STREET (N~EW-YORK)
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Comme la Compagnie mère de Cleveland a cédé à des Sous-Compagnies l’exploitation de la machine Brush dans les différentes villes, il s’ensuit que les installations d’usines centrales diffèrent notablement. La figure 2 représente la salle des machines de la station d’Elisabeth Street à New-York. La figure suffît à faire voir avec quel soin cette installation a été faite.
- A Boston, dans la principale station, une machine double fournit une force de 3oo chevaux. L’usine comprend trois dynamos de 45 lampes, seize
- de 5o, trois de 60, six de 40, trois de 16, une de 6 et une de 3.
- Les circuits sont au nombre de 23. Les conducteurs des bornes de chaque machine se continuent en cordon souple terminé par une lame à manche isolant; celle-ci s’enfonce sous une autre lame clouée au tableau et un cran l’empêche de tomber.
- A Cincinnati, où la station comprend seulement 6 grandes machines et 4 petites, on retrouve, comme à Philadelphie, les dynamos installées au premier étage.
- A Pittsburg, les machines dynamo-électriques sont encore au premier étage, mais les machines motrices sont du type Westinghouse et leurs
- volants reçoivent directement les courroies. Ces machines motrices comprennent : une de 25 chevaux, quatre de 5o, une de 120, une de 100. Elles mettent en action neuf machines Brush.
- A Saint-Louis, l’histoire de la station présente
- l'Ui. 4
- un point intéressant. Les concessionnaires de la Compagnie mère n’avaient pas l’intention d’.exploi-ter eux-mêmes. Ils se proposaient seulement de revendre des licences.
- Un jour cependant, un négociant de laviiie vint trouver la Société et lui demanda de lui fournir la lumière électrique. « Oui, fut-il répondu, si vous
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- JOURNAL UNIVERSEL /)’ÉLECTRICITÉ
- 67
- trouvez un nombre suffisant de souscripteurs. » Quelques jours après, dix-sept habitants demandaient l’éclairage électrique ; le directeur trouva un vieux bâtiment et l’usine fut installée de suite. Il est vrai que le vieux bâtiment a dû être notablement consolidé, mais cette station n’en est pas moins devenue florissante.
- A la fin de l’année dernière, elle comptait trois machines de 65 lampes, une de 40 et une de 25. Ces machines étaient installées sur le sol.
- A ]a Nouvelle-Orléans, la situation est assez particulière. La ville n’éclairant pas suffisamment les rues au moyen du gaz, les particuliers, bien que payant ia taxe du gaz, ont souscrit pour l’éclairage de certaines rues par l’électricité. Canal Street a d’abord été éclairée électriquement et, lorsque nous avons quitté cette ville, au mois de novembre dernier, on préparait encore de nouveaux contrats pour l’éclairage des rues. En ajoutant à cela les éclairages particuliers, on voit que la station est appelée à alimenter un assez grand nombre de lampes.
- A l’époque 'dont nous”’ parlons, le nombre des lampes était de 600. Trois moteurs à vapeur fournissaient une force de c5o chevaux chacun ; les machines dynamo-électriques, pour la plupart de 60 lampes, étaient au nombre de 12, dont dix seulement eh marche constante.
- Les lampes employées pour l’éclairage des rues sont du type de la figure 3, elles sont placées sur des poteaux du type que représente la figure 4, mais l’éclairage préféré pour les rues et surtout les places et squares, consiste en de grands mâts en fer à l’extrémité desquels sont suspendues 8 lampes de 4.000 candies.
- Dans une expérience faite par la compagnie un soir de pluie, avec un mât de 80 mètres de haut, on pouvait voir l’heure à sa montre à une distance d’un mille.
- Nous ne contestons pas cette expérience, mais nous avons vu plusieursjie ces mâts, à Cleveland et à New-York, et nous trouvons que ce mode d’éclairage pèche un peujpar les ombres portées qu’il produit. Un mât def’cette|espèce placé dans un square, éclairera parfaitement lesjétages supérieurs des maisons avoisinantes, mais l’éclairage des allées du jardin est loin d’être aussi bon.
- En ce qui concerne le prix de l’éclairage, les contrats avec les villes varient un peu suivant le prix
- du charbon et du gaz dans les endroits considérés.
- Il va par an de 100 dollars par lampe brûlant jusqu’à ^minuit, jusqu’à 333 dollars par an pour une lampe brûlant toute la nuit.
- Pour les particuliers, le prix varie de q5 cents par soirée jusqu’à minuit à 1 dollar.
- La compagnie Brush nous a donné certains détails financiers sur sa prospérité : nous les reproduirons sans les garantir.
- Le capital total de la compagnie, y compris les compagnies locales, est de 37 millions 1
- La compaguie Brush insiste beaucoup sur ce point que toutes les compagnies divisionnaires font de l’argent.
- Quelques-unes de ces compagnies locales payent 1 0/0 par mois à leurs actionnaires.
- A la Nouvelle-Orléans, la compagnie donne 9 0/0 par an.
- A Rochester, le dividende serait de 20 0/0, grâce à l’emploi d’une force hydraulique.
- A Canton O., une petite station de 3o lampes est menée par un homme et un mécanicien; on fait par jour un bénéfice net de 10 dollars.
- En moyenne la valeur de dividende, est de 1,5o à 2 0/0 par trimestre.
- Jusqu’à présent, la compagnie Brush ne s’était pas préoccupée des lampes à incandescence ; maintenant elle a construit des machines dans ce but, mais les lampes dont elle se sert sont des lampes Swan et nous n’avons pas à nous en occuper.
- Aug. Guerout.
- HYDROMÉTROGRAPHE
- AUTOMATIQUE A DISTANCE
- Les hydrométrographes dont on se sert pour indiquer automatiquement les variations du niveau de l’eau dans une rivière, dans un canal ou dans tout autre réservoir, sont de constructions différentes; ils peuvent cependant se réduire à deux types principaux, suivant qu’ils sont à diagramme ou à cadran. [Cesjlhydrométrographes présentent l’inconvénient d’exiger l’emploi d’un bureau destiné à recevoir leurs indications. On ne peut donc pas les relier à une ligne télégraphique. Mon hydro-métrographe fonctionne, au contraire, comme un poste télégraphique automatique, expédiant, chaque fois qu’on le veut, des dépêches en caractères Morse à n’importe quel poste télégraphique. Le récepteur est un récepteur Morse ordinaire. Il suffit pour cela de relier l’hydrométrographe en question au poste télégraphique le plus proche. Il est cependant facile de comprendre qu’il peut être relié directement au bureau de l’ingénieur en chef. Cet appareil présente donc sur les appareils analogues, les avantages suivants : i° il envoie des dépêches par lignes et points, c’est-à-dire en caractères Morse ; 20 il fonctionne seulement lorsqu’on veut avoir une dépêche; 3° il est relié à une ligne télégraphique quelconque.
- L’appareil représenté dans la figure ci-jointe se compose d’une poulie A qui porte, au moyen d’une chaîne B, un flotteur. Cette poulie mesure o®,5o de circonférence et, grâce à un contrepoids, elle peut
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- tourner de gauche à droite, lorsque le flotteur se soulève. La borne C est reliée à la terre. Un pignon D, fixé sur l’axe de la roue A engrène avec une crémaillère E, qui se déplace le long de la tige FF. Cette crémaillère porte une petite pointe G qui vient s’appliquer contre le cylindre H.
- Ce cylindre H est enduit d’une substance isolante. Sur sa surface se trouvent des saillies en métal d’une grande conductibilité. Ces saillies ont des dimensions différentes sous le rapport de la largeur. Dans le mouvement rotatoire du cylindre, la pointe G vient butter contre ces saillies. Le temps pendant lequel le contact a lieu dépend de la largeur des saillies. Par conséquent, le récepteur tracera alternativement des points et des lignes de
- différentes longueurs. Les plus grandes représenteront des mètres, les moyennes des décimètres, et les points des doubles centimètres. Ces dimensions se rapportent à la hauteur du niveau de l’eau au-dessus du point critique. Chaque fois que le flotteur se soulève de 2 centimètres, la crémaillère E, sous l’action du pignon D, rétrograde de droite à gauche de 2 millimètres; ce déplacement de 2 millimètres est nécessaire et suffisant pour accuser la dépêche. Les variations du niveau de l’eau correspondent à la longueur des traits. L’échelle adoptée est basée sur le système décimal. Ainsi, 4 points représentent 8 centimètres, le trait moyen 1 décimètre.
- Donc, g traits moyens et 4 points représentent
- 98 centimètres, et un grand trait donne le mètre.
- On verrait de même qu’un grand trait, 9 moyens et 4 points représenteraient im98.
- Ainsi la dépêche suivante :
- veut dire que le niveau de l’eau est de 2"’,38 au-dessus du point critique.
- Le cylindre H est mis en mouvement par un système d’horlogerie qui fonctionne sous l’action d’un poids, chaque fois que le déclenchement a lieu.
- En 0 se trouve un électro-aimant dont l’armature est mobile autour de l’axe Q, et qui, en venant s’appliquer par son extrémité antérieure contre la saillie T du cylindre, empêche ce dernier de tourner, toute les fois que l’armature P n’est pas attirée par l’électro-aimant 0.
- En R, est placé un relai par lequel passe le courant de la ligne, et qui sert à fermer le circuit
- local de l’électro-aimant 0, ce qui produit le déclenchement et permet au cylindre T de tourner. Le courant de ce circuit local est emprunté à deux éléments Ravaglia-Fabbri.
- Le cylindre porte latéralement une petite saillie T, qui, venant s’appliquer contre l’extrémité de la tige de l’armature P, empêche le cylindre de tourner comme nous venons de dire.
- L’extrémité de F est supportée par une petite colonne verticale.
- Voici comment l’appareil fonctionne :
- Du pôle de la pile qui se trouve dans le poste télégraphique le plus proche, part le fil de la ligne qui passe par le manipulateur et le récepteur Morse, et vient ensuite se relier à l’hydrométrographe, au moyen de la borne a du relai R.
- Lorsqu’on appuie sur la clef Morse, le courant arrive par Q, anime la bobine 7, sort par b et en traversant Q, court le long de la tige de l’armature P qui est en contact avec la saillie T, et de là, passe
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- par le cylindre pour se fermer ensuite par S, C et la terre. L’électro-aimant / attire son armature et, par conséquent, le circuit local cOa se trouve fermé, de sorte que l’éïectro-aimant O attire son armature P.
- Aussitôt que la pièce saillante T cesse de butter contre la tige P, le cylindre est rendu libre et se met à tourner sous l’action du mouvement d’horlogerie MM. Le courant de la ligne est donc interrompu en T et ne peut plus passer, à moins qu’il ne prenne une autre direction.
- Lorsque le niveau de l’eau n’atteint pas le point critique, le flotteur étant suspendu en l’air, toute la chaîne B se trouve déroulée et tendue. La crémaillère E est à bout de course à droite et s’applique par son extrémité sur la colonne qui lui sert de support.
- Dans cette position des pièces la pointe G, sitôt que le déclenchement du cylindre aura lieu, ne fera que passer au-dessus de la partie de celui-ci qui n’est pas en saillie et qui est ercouverte d’une couche isolante, de telle sorte que le circuit de la ligne se trouvant ouvert, aucune dépêche ne pourra être transmise.
- Ceci indique au poste récepteur que l’eau n’a pas encore dépassé le niveau normal. Si, au contraire, l’eau vient à dépasser ce point limite, dès qu’au poste télégraphique on appuie sur la touche (qui doit toujours être maintenue baissée pendant la réception de la dépêche), le déclenchement se produit de la manière que nous avons indiquée et le courant, qui est interrompu en T, parcourt le chemin suivant :
- Du pôle-)-il passe par la clef et par le récepteur du poste télégraphique, va à l’hydrométrographe où il traverse le relais R, le support de la crémaillère, puis F et G.
- Comme le cylindre en tournant présente successivement à la pointe G les saillies qui tracent les caractères, il en résulte qu’une fois que le déclenchement est produit, le courant passera à travers le fil de ligne pendant des intervalles de temps qui dureront plus ou moins, selon que les bandes saillantes seront plus ou moins larges, comme du reste nous l’avons déjà expliqué plus haut. Le récepteur imprimera donc des dépêches qui indiqueront en mètres, décimètres et centimètres la hauteur de l’eau au-dessus du niveau normal.
- Il est superflu de faire remarquer que ces dépêches pourront être transmises non seulement au poste télégraphique qui est directement relié avec l’hydrométrographe, mais encore à n’importe quel autre poste du réseau télégraphique du pays.
- J. Ravaglia.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée p3r B. Marinovitch
- Sur les travaux de M. Palmieri, relatifs à l’électricité atmosphérique, par M. Faye(>).
- « Tout le monde connaît l’observatoire du Vésuve et les travaux que M. Palmieri y a consacrés, depuis un tiers de siècle, à l’étude des phénomènes des volcans et de l’atmosphère. Le célèbre savant italien vient de résumer ses recherches sur l’électricité atmosphérique dans un Mémoire du plus haut intérêt. Je vais en donner une analyse rapide, et je comparerai quelques-uns de ses résultats aux idées que j’ai moi-même publiées il y a une dizaine d’années, sur le même sujet.
- « M. Palmieri après avoir essayé tous les instruments connus, s’est arrêté à un électromètre de -son invention, et il a opéré par des méthodes qui lui sont propres. Ses appareils, destinés à fournir des mesures précises, ne se prêtent pas, il est vrai, à l’enregistrement continu des phénomènes, condition à laquelle les météorologistes actuels tiennent essentiellement ; mais, pour une branche de science peu avancée, comme celle de l’électricité atmosphérique, M. Palmieri pense que l’observateur doit être à côté de son instrument, afin de noter des détails non prévus qui ne sauraient s’inscrire d’eux-mêmes sur une feuille de papier. Ses méthodes s’appliquent d’ailleurs, avec un égal succès, à l’étude de l'électricité ordinaire par un ciel serein et, en cas d’orage, à toutes les phases du phénomène, sans faire courir à l’observateur le risque d’être foudroyé.
- « Par un ciel serein, M. Palmieri trouve que l’électricité atmosphérique est toujours positive, pourvu que dans un certain rayon, qui peut aller à 70 kilomètres, il ne tombe ni pluie, ni grêle, ni neige.
- Si, par un ciel clair, on note la présence de l’électricité négative, on peut être certain qu’il pleut, qu’il neige ou qu’il grêle à une certaine distance.
- « M. Palmieri a constaté, comme bien d’autres observateurs, que l’électricité de l’air est soumise . à une variation diurne avec deux maxirna et deux minima ; mais il a reconnu que cette période diurne est facilement troublée par un vent qui souffle, un nuage qui apparaît à l’horizon, ou un brouillard venant de la mer.
- « Enfin il a trouvé, par des observations faites simultanément à l’Université de Naples, à l’Observatoire de Capodimonte et à celui du Vésuve, que
- (‘) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du 29 juin i885.
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- cette période varie singulièrement avec l’altitude et que la tension électrique de l’air est loin de croître régulièrement à mesure qu’on s’élève dans l’atmosphère.
- « L’observatoire du Vésuve peut être considéré comme un véritable observatoire de montagne. Il lui arrive d’être enveloppé pendant des journées entières, et même des semaines, par les nuages qui coiffent la montagne jusqu’à plusieurs centaines de mètres en contre-bas de l’édifice. M. Palmieri a donc eu de fréquentes occasions d’expérimenter directement sur les nuages. Il a constaté ainsi que les nuages n’accusent pas d’électricité propre, lorsqu’ils ne se trouvent pas en voie de se résoudre en pluie, en neige ou en grêle (').
- « Mais c’est surtout en temps de pluie qu’il importe d’étudier les variations de l’électricité. M. Palmieri formule à ce sujet la loi suivante :
- « Là où tombe la pluie, on trouve de fortes traces d'une quantité d'électricité positive, qui est entourée d'une zone plus ou moins étendue d'électricité négative, à laquelle succède une nouvelle zone positive, qui va en diminuant jusqu'à une certaine distance.
- « Cette loi se vérifie aisément dans les pluies qui parcourent des espaces assez longs, mais d’une largeur restreinte. Elle s’applique aussi aux pluies d’orages ; seulement, à des averses plus fortes, répondent des manifestations plus énergiques. Les grandes tensions électriques qui font sauter violemment l’index de l’électromètre au delà de go° indiquent toujours qu’il existe de fortes pluies à quelque distance.
- « De là l’auteur conclut que tout nuage qui se résout en pluie est une source continue d’électricité : qui, lorsqu’elle ne peut se dissiper par l’humidité de l’air ambiant, se décharge, sous forme d’étincelle ou de foudre, vers le sol ou vers les nuages voisins. Ces puissantes tensions naissent au commencement de la pluie, durent avec elle et finissent comme elle. On comprend de cette façon, dit le célèbre physicien italien, le phénomène laissé sans explication par les météorologistes et qui consiste dans ce fait que, pendant un orage, une série indéfinie d’éclairs peut jaillir du même nuage, par cette raison que l’électricité se développe tant que dure la résolution du nuage en eau.
- « Effectivement M. Palmieri attribue l’abondante production de l’électricité dans les nuages
- (') C’est une erreur invétérée, dit-il, de croire que les nuages se comportent comme des conducteurs se chargeant tantôt d’électricité positive, tantôt d’électricité négative. Tant que ceux qui s’occupent de météorologie électrique ne sortiront pas de leur cabinet pour consulter la nature à l’aide d’observations directes, tant qu’ils s’en rapporteront exclusivement aux courbes fournies par les appareils enregistreurs, ces erreurs se perpétueront.
- orageux à la condensation qui y réunit les vésicules aqueuses en gouttes de pluie.
- « Là me paraît être le point faible de cet important Mémoire. M. Palmieri a bien cherché à vérifier cette opinion par des expériences directes; mais il n’a obtenu ainsi que des traces insignifiantes d’électricité. D’autre part, des expériences récentes en Allemagne n’en ont pas donné du tout (*). Il n’y a peut-être pas à s’en étonner. Bien que des changements d’état soient toujours accompagnés, en théorie, de phénomènes électriques, encore faut-il que les deux électricités opposées soient appelées à suivre des chemins différents pour que leur manifestation soit sensible. Or, dans les condensations qui se produisent artificiellement dans les expériences de laboratoire, ou qui donnent lieu à la pluie au sein d’un nuage, s’il y a production d’électricités contraires, celles-ci doivent se recombiner immédiatement, grâce à la mobilité et à la continuelle juxtaposition des parties, et ne laisser place qu’à un dégagement de chaleur.
- « D’ailleurs la condensation doit elle-même avoir une cause. Il est tout aussi difficile de comprendre un nuage capable de verser indéfiniment de la pluie ou de la grêle, qu’un nuage capable d’engendrer continuellement de l’électricité et de fournir indéfiniment des éclairs et le tonnerre. Enfin il ne faudrait pas laisser de côté, comme s’il s’agissait de phénomènes accessoires, les mouvements de giration et de translation qui se manifestent invariablement dans les orages. Loin d’être accessoires, ces phéno-mènes-là sont, à mon avis, et je crois l’avoir démontré, la partie première et essentielle.
- « Dans une Notice qui aura échappé à l’attention de M. Palmieri (2), j’ai montré, il y a une dizaine d’années, que les pluies d’orage, les grêles et même les simples averses sans tonnerre sont dues à des mouvements tourbillonnaires, à axe vertical, qui descendent des hautes régions, entraînant avec eux des cirrhus ou aiguilles de glace, et produisant en dessous un abaissement parfois considérable de température, de manière à déterminer la condensation des vapeurs contenues dans la couche d’air et de nuages où ils aboutissent. Mais j’admettais alors que l’électricité qui accompagne ces phénomènes était celle des hautes régions de l’atmosphère, ramassée et condensée sur les aiguilles de glace des cirrhus. Aujourd’hui M. J. Luvini, de Turin (3), qui a adopté ma théorie des
- (!) Annales de Wcidemann, n° 12, i833, et La Lumière Electrique du 19 janvier 1884.
- (-) Voyez dans l’Annuaire du Bureau des longitudes pour 1877, ma notice Sur les orages et sur la formation de la grêle.
- D Sept études de M. J. Luvini, 1884; Turin et chez Gau-thier-Villars.
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- orages, et M. Andries, de Wilhelmshaven (4), dont les idées se rapprochent beaucoup des miennes, pensent que l’électricité propre des cirrhus ne joue pas le rôle principal. A leurs yeux l’électricité se développe par le choc ou le frottement de ces innombrables aiguilles de glace (ou, suivant M. Andries, des gouttelettes d’eau condensées ou même congelées) contre l’air humide des régions traversées par le tourbillon. Ce serait un cas de transformation de la force vive en électricité tout à fait semblable aux phénomènes observés par Faraday dans son étude des machines hydro-électrique, et tout récemment par M. Cailletet dans son appareil de production de l’acide carbonique en neige, ou par M. Joly dans le jet d’acide carbonique sortant de la bouteille de Natterer.
- « Cette opinion me paraît fort plausible. A la vérité, elle semble tout d’abord tomber sous le coup de l’objection que je faisais tout à l’heure à l’idée de M. Palmieri. Si, en effet, le frottement de particules hétérogènes, solides ou liquides, contre une masse gazeuse, produit la décomposition de l’électricité neutre, dans un mouvement giratoire, les deux électricités opposées doivent se recombiner, avec simple manifestation de chaleur, au fur et à mesure de leur séparation. Cela aurait lieu effectivement si le tourbillon était stationnaire ; mais il n’en existe pas de tels, et, en réfléchissant à la nature des mouvements giratoires qui, tous, voyagent avec rapidité sur de vastes trajectoires, on voit que l’objection ne porte pas ici. Leurs spires, animées d’une gyration violente, et en même temps d’une translation rapide, à raison de 18 ou 20 lieues par heure, à travers l’air relativement calme des régions inférieures, doivent laisser derrière elles l’air ambiant, mauvais conducteur, chargé de l’une de ces électricités, absolument comme dans le jeu du plateau de verre d’une machine électrique, la partie frottée, mauvaise conductrice, fuit en arrière du coussin frottant, et emporte avec elle toute l’électricité d’un même signe qui s’y est développée, sans lui permettre de se recombiner avec celle du coussin, à laquelle on offre d’ailleurs un autre chemin. S’il en est ainsi, ce sera surtout à l’arrière d’un orage ou d’une averse que l’on observera les phénomènes si bien décrits par M. Palmieri. C’est ce que j’ai observé moi-même, il y a une quarantaine d’années, à l’aide du grand mât électrique qu’Arago avait fait ériger à l’Observatoire de Paris (* 2).
- « Il y a plus, pour que le passage violent de particules solides (ou liquides) dans l’atmosphère humide engendre de l’électricité en abondance, et
- (*) Ueber Gewitler und Hagelbidung (Ann. d. Ilydr., etc. XII Jahrgang, Berlin, 1884, Heft I und III; 1385).
- (2) Annuaire du Bureau des Longitudes, 1877 : Sur les
- orages et la formation de la grêle, p. 555.
- d’une manière continue, il n’est pas nécessaire que ces particules soient des aiguilles de glace : les cendres volcaniques lancées par une éruption produisent le même effet, et déterminent quelques-uns des phénomènes d’un orage ordinaire. C’est justement dans les belles observations de M. Palmieri sur le Vésuve que M. J. Luvini (') a puisé les éléments de cette importante remarque. M. Palmieri a en effet réuni de longue main toutes les descriptions, tous les dessins et tableaux des éruptious anciennes du Vésuve. En compulsant cette précieuse collection, en la comparant aux éruptions qu’il a observées lui-même, parfois au péril de sa vie, il a reconnu que les éclairs et les traits de foudre s’y sont montrés chaque fois que l’éruption, où la vapeur d’eau ne manque jamais, a été accompagnée d’une forte pluie de cendres (2). Si, au contraire, les cendres ont manqué, comme dans la grande éruption de i85o, les éclairs et le tonnerre volcanique ont absolument fait défaut.
- 1 Mais le phénomène est encore plus général. De simples poussières terrestres, soulevées par le vent et entraînées dans les violentes girations d’une trombe ou d’un tornado, peuvent produire, non pas sans doute du tonnerre et des éclairs, mais des phénomènes électriques très appréciables. Ainsi l’on a constaté aux Indes anglaises que, dans les tempêtes de poussière si fréquentes au Penjaub et dans le royaume de Lahore, on peut tirer, de conducteurs métalliques placés sur des maisons, des étincelles d’un pouce de longueur (3).
- « Toutefois, pour produire un orage complet, l’intervention continue des cirrhus entraînés par une violente giration descendante est indispensable. J’ai fait à ce sujet une remarque que M. de Lap-parent a bien voulu citer dans son beau Traité de Géologie, p, 893(1" édition), c’est, qu’en dépit de la masse énorme de vapeur d’eau qui accompagne les éruptions et qui va, loin du cratère, former des nuages lançant des éclairs, jusque surle Pausilippe (en 1707, par exemple), jarûais on n’a vu tomber la grêle.
- « Bien que mes idées théoriques sur les orages diffèrent beaucoup, comme on vient de le voir, de celles de M. Palmieri, je suis heureux de rendre ici hommage à ses beaux travaux et d’appeler l’attention de l’Académie sur le récent Mémoire où le célèbre physicien vient de les résumer (4). »
- (1) Origine, de l’électricité de l’air, des nuages orageux et des éruptions volcaniques, dans l’ouvrage intitulé : Sept études de J. Luvini, 1884; Turin et chez Gauthier-Villars.
- (2) M. Palmieri a constaté directement la présence d’électricité négative dans les cendres qui tombaient sur son observatoire pendant les éruptions.
- (3) Annuaire déjà cité, p. 571, et Baddeley, On the dusl-storms in India (Philosophical Magazine, i85o).
- (i) Lois et origines de l’électricité atmosphérique. Traducr i tion de MM. P. Marcillac et A. Brunet ; Gauthier-Villars, i885f
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- M. Mascart présente les observations suivantes à propos de la communication dont M. Faye vient de donner lecture :
- « Je demande la permission de présenter quelques remarques à propos de la communication précédente. D'après la théorie que M. Faye vient de rappeler et qu’il a exposée souvent dans les Comptes rendus, les cyclones ou. plus généralement, les mouvements tournants de même allure, quel que soit leur rayon d’action, proviendraient des régions supérieures de l’atmosphère, et le centre du phénomène serait le lieu d’un courant descendant.
- « Si j’ai bien compris les idées de notre illustre confrère, cette manière de voir ne semble pas conforme aux faits les mieux observés.
- « Autour d’une aire de hautes pressions sur l’hémisphère nord, le vent tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, ou avec une rotation droite, mais sa direction n’est pas exactement tangente aux courbes d’égale pression, elle a une composante centrifuge très marquée. On le voit nettement, soit dans les cartes météorologiques journalières, soit dans les résultats moyens des observations.
- « Les belles cartes marines de M. Brault sur le régime du vent dans l’Atlantique nord, en particulier, montrent que la région des Açores, où se trouve un maximum barométrique, est le centre d’un vent qui diverge dans tous les sens; la rotation droite est alors une conséquence toute naturelle du mouvement de la terre. Il est donc nécessaire que l’air descende des régions supérieures sur un centre de hautes pressions pour alimenter les vents divergents.
- « Les minima moyens de pression et les cyclones présentent, presque exactement, les apparences inverses. La rotation du vent est gauche, mais sa direction en chaque point a une composante centripète, même dans les cas où une dépression reste presque stationnaire pendant plusieurs jours. Comme l’air ne peut s’accumuler sans limite au centre de la dépression, il doit y avoir en ce point un courant ascendant. Cette aspiration énergique est démontrée d’ailleurs par tous les effets connus des cyclones : les toits enlevés, les habitants mêmes emportés à une grande hauteur, la mer soulevée, et je ne sache pas qu’on ait jamais constaté un affaissement de la surface des eaux à la base d’une trombe.
- « Il est vrai qu’on a vu souvent les nuages descendre, mais n’est il pas naturel d'expliquer cette apparence par le refroidissement rapide de l'air ascendant et par une condensation progressive de la vapeur d’eau, qui se propage de haut en bas?
- « Enfin, sans entrer dans aucune considération théorique sur l’origine et le développement des cyclones, l’observation semble démontrer aussi que les régions supérieures de l’atmosphère y sont
- médiocrement intéressées; j’en citerai seulement deux preuves. M. Eliot a étudié avec le plus grand soin deux cyclones qui se sont formée en 1876 sur le golfe du Bengale et ont ravagé les côtes de l’Inde, pendant que, dans ies stations élevées de Ceylan, le baromètre n’éprouvait aucune variation en rapport avec la tempête. De même, d’après les nombreuses observations étudiées par M. Loomis, il arrive fréquemment que la pression sur le Pikes Peak, à l’altitude de 4.300 mètres n’est pas affectée par les cyclones qui passent au pied de la montagne.
- « L’opinion à peu près unanime des météorologistes sur le mouvement de l’air dans les cyclones me paraît donc s’appuyer sur un ensemble d’observations concordantes. »
- M. Faye, sur la demande de M. le Président, remet sa réponse à la prochaine séance.
- Sur la variation séculaire de la déclinaison magnétique à Rio de Janeiro, par M. Cruls (O.
- « Aujourd’hui que nous sommes en possession d’un certain nombre de valeurs de la déclinaison magnétique obtenues à Rio de Janeiro, par divers observateurs, et à diverses époques, embrassant une période d’un peu plus d’un siècle, j’ai pensé que le moment était venu de rechercher avec ces éléments la loi suivant laquelle varie cette déclinaison.
- « M. Scott, du Coast and geodetic Survey des Etats-Unis, a publié en 1883 un travail très complet sur la variation séculaire de la déclinaison magnétique en un grand nombre de points du globe, entre auties Rio de Janeiro, et j’en ai extrait les observations faites en ce dernier lieu, auxquelles j’ai ajouté les résultats recueillis à Rio, par Bento Sanches Dorta, il y a juste un siècle, de 1781 à 1785, et publiées in extenso dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Lisbonne, ainsi qu’une valeur déterminée tout récemment par M. Indio do Brazil, de la Répartition hydrographique du Brésil.
- « Toutes ces données, qui m’ont servi pour le calcul, se trouvent réunies dans le tableau ci-contre (p.73).
- « Les valeurs de v, mises entre parenthèses, sont évidemment entachées de quelque erreur.
- « En adoptant pour origine du temps l’année 1830 = la méthode des équations de condition m’a conduit à la fonction périodique suivante, qui donne la déclinaison magnétique pour une année quelconque A', telle que A'— i85o = ± /« :
- D = 3",81 + io°85 sin (0,8 m — i8°,90).
- « On suppose positives les déclinaisons occidentales et négatives les déclinaisons orientales.
- (>) Note adressée par S. M". l’Empereur du Brésil et présentée par M. Faye dans la séance du 29 juin i885.
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- Dans l’expression ci-dessus, le facteur 0,8 est égal à (p étant la période séculaire de la déclinaison, d’où p = 450 ans), et a été obtenu par hypothèses successives, de manière à réduire à un mini-
- mum la somme des carrés des différences entre les valeurs observées et les valeurs calculées. Afin de donner une idée du degré d’approximation avec lequel la formule représente les valeurs observées, je réunis dans le deuxième Tableau ces mêmes valeurs
- ÉPOQUE A INTERVALLE I
- de l’observation entre deux époques
- en année, et dixièmes consécutives
- 1768,5
- 1783,5 I ,> ,o
- >787.5 1820,5 4,0 33,0
- 1821,5 l O
- l83o,4 8,9
- 1836,5 6.1
- 1857.5 21,0
- 1866,0 0.3
- 1876,5 10,5
- 1885,0 O, D
- DÉCLINAISON magnétique I) en degrés et dixièmes DIFFÉRENCE $ en minutes d’arc entre deux déclinais, consécutives
- — 7°57 E — 6,60 — 6,20 — 3, go — 3,35 — 2,14 — 2,00 E + 1,33 W -- 2,70 -- 4.43 + 5,33 W + 58',2 -f- 24,0 + 198,0 27,0 + 72.6 + 8,4 + >99-8 -f- 82,2 + 10.3,8 -p 66 0
- % VALEURS j- = y en variation annuelle de la déclinaison ÉPOQUE MOYENNE E correspondant à $ v ~l
- + 3'g 1775,0
- + 6,0 1785,0
- + 6,0 1804,0
- (- 27,0) 1821,0
- 4- 8,2 1826,0
- (+ ‘-e*) 1833,5
- + 9,5 1847,0
- + 9.£ 1861,7
- + 9 f 1871,7
- 1880,7
- observées et calculées de la déclinaison magnétique, leurs différences A, le carré de celles-ci et la valeur de SA2.
- ÉPOQUE DÉCLINAIS. MAGNÉTIQUES O. — G. (O. - C.)*
- OU OU
- l’observation observées calculées 4 A-
- 1768,5 — 7057 — 6° 98 - o°i9 0,3481
- 1783,5 — 6,60 — 6,5i - 0,09 0,0081
- 1787,5 — 6,20 — 6,3i -0,11 0,0121 0,3721
- 1820,5 — 2.Q0 — 3,5i - 0,61
- 1821,5 — 3,35 — 3,40 - o,o5 0,0025
- l83o,4 — 2,14 — 2,35 - 0,21 0,0441 0,1936
- i836,5 — 2.00 — 1,56 - 0,44
- 1857,5 + 1.33 -f- > 39 - 0,06 o,oo36
- 1866.O + 2,70 + 2,66 + 0,04 0,0016
- 1876,5 + 4,43 + 4,24 + 0.19 o,o36i
- i835,o -p 5,33 + 5,52 - 0,19 o,o36i
- £A2= i,o58o
- « L’erreur probable pour une observation isolée est
- e=v/o.455 + SA*
- expression dans laquelle n — 11 est le nombre total des observations et n' — 3 celui des inconnues qui entrent dans la fonction périodique. Sauf pour les observations de 1768, 1820 et i836, l’accord entre l’observation et le calcul est assez satisfaisant, et il est à présumer d’ailleurs que les A représentent en partie un second terme périodique dont l’existence est assez bien accusée par le changement périodique du signe de A.
- « Toutefois, après quelques tentatives infructueuses pour arriver à déterminer ce deuxième terme, j’ai dû y renoncer, attribuant cet insuccès aux erreurs
- qui entachent quelques-unes des observations, ainsi qu’au petit nombre de celles-ci. En différentiant la formule qui donne D et égalant à zéro la dérivée par rapport à m, nous en tirons m — — 88ans,8, valeur qui rend maximum la déclinaison orientale; une deuxième valeur m ~ 4- i36ans,i rend maximum la déclinaison occidentale.
- « En résumé, nous pouvons admettre les conclusions suivantes, qui résultent de la discussion à laquelle nous nous sommes livré, conclusions que les observations futures pourront altérer partiellement, mais qui cependant sont autorisées dans l'état actuel de nos connaissances sur la question :
- « i° La variation séculaire de la déclinaison magnétique à Rio de Janeiro embrasse une période d’environ 450 ans;
- « 2° La valeur qui correspond à l’élongation maximum orientale de l’aiguille est de 70, et la dernière s’est produite vers 1761;
- 1 3° La valeur qui correspond à l’élongation maximum occidentale est de i5° et la prochaine se produira vers 1986;
- « 4° L’aiguille magnétique a passé par sa position moyenne, D 22: -f- 3°, 8 W, vers 1874; à cette époque aussi la variation annuelle était maximum et d’environ 10' ; depuis lors elle décroît ;
- « 5° Finalement, en i85o, la déclinaison était presque nulle, d’environ -f- o°, 3o W. »
- Sur les progrès dans la théorie des machines
- dynamo-électriques, par le Dr O. Frœlich (*).
- Parmi les problèmes relatifs aux machines dynamos quelques-uns ont été jusqu’à ce jour telle-
- (•) Elektrotechnische Zeitschrift, mars 1885, p. 129-
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- ment étudiés, et pour ainsi dire fouillés, qu’il est temps de s’arrêter à une théorie qui corresponde à l’état actuel de la science et à certaines conclusions qui s’imposent. Lorsque la carcasse en fer et le mode de groupement de la bobine avec le reste du circuit sont donnés, on sait comment il convient d’employer la machine dynamo, c’est-à-dire que l’on connnaît les différents enroulements qui répondent aux divers cas d’utilisation pratique, et le parti qu’on pourra tirer d’une machine dont l’enroulement est donné. A ce point de vue, l’étude de la question est assez complète.
- A un autre point de vue, il est évident que la théorie de la machine dynamo est loin d’avoir dit son dernier mot ; nous voulons parler de la forme de la carcasse en fer et du groupement de la bobine. Bien qu’au cours de ces dernières années, depuis l’Exposition de Paris, notamment, on soit arrivé, dans cet ordre d’idées, à des notions plus exactes, il ne peut être question de mettre un terme aujourd’hui aux études dont est l’objet cette partie du problème. Il est même difficile que jamais la théorie, en ce qui concerne la disposition des masses métalliques, devienne assez complète pour pouvoir être d’un secours réel dans la pratique, car la forme des pièces de fer pratiquement employées échappe presque toujours à des considérations théoriques rigoureuses.
- J’ai cherché à pousser assez loin la théorie que j’ai publiée, en 1880, concurremment avec les expériences de MM. Siemens et Halske, pour permettre à l’ingénieur électricien de traiter et de résoudre les principales questions qui peuvent se présenter dans la construction des machines dynamos. Comme j’ai eu plus d’une fois l’occasion de constater une concordance satisfaisante entre cette théorie et les phénomènes dont les machines sont le siège, il me semble qu’on pourrait dès aujourd’hui l’utiliser avec profit et sans beaucoup de peine, à l’effet de résoudre les problèmes qu’offre la pratique en se dispensant de toute expérience ou en n’ayant recours qu’à un petit nombre d’expériences. Pour prouver que la théorie en question est réellement susceptible d’un emploi pratique, je puis citer quelques cas dans lesquels elle a permis de prévoir certains phénomènes nouveaux, et cela justement dans les conditions où ces phénomènes prennent effectivement naissance.
- Je me propose, dans ce qui suit, de jeter tout d’abord un coup d’œil sur l’état actuel de la théorie des machines, dynamo-électriques, puis j’exposerai mes idées personnelles, dont on pourra suivre le développement lié à des expériences dont l’honneur revient à la maison Siemens et Halske.
- Le fonctionnement des machines dynamos a été théoriquement étudié par deux procédés différents, la représentation graphique et le calcul algébrique.
- La théorie graphique est basée sur la courbe à laquelle M. Deprez a donné le nom de caractéristique et moi celui de courbe du magnétisme et, en substance, cette théorie se borne à tirer directement de cette courbe par voie graphique, les déductions auxquelles elle se prête. La caractéristique s’obtient, cpmme chacun sait, lorsque, pour une vitesse de rotation constante, l’on fait produire à la machine des courants d’intensités différentes et que l’on porte les f. é. m. en ordonnées et les intensités en abscisses. Pour obtenir la courbe du magnétisme on peut utiliser les observations effectuées avec des nombres de tours différents, attendu que l’on prend comme ordonnées, non pas la f. é. m., mais le rapport de cette force à la vitesse. Les deux courbes ne diffèrent que par des facteurs constants; mais il est bonde noter que pour une machine donnée il n’existe qu’une courbe du magnétisme, tandis qu’il y a une infinité de caractéristiques, une pour chaque allure.
- Si l’on se demande ce qui caractérise en réalité ces courbes, on trouve qu’une caractéristique de ce genre ne définit qu’une partie du fonctionnement de la machine, et non pas son fonctionnement entier ; ces courbes montrent uniquement comment agissent les électros et comment se comporte le magnétisme; c’est d’une façon indirecte seulement qu’on se rend compte du fonctionnement de la bobine.
- Les théories graphiques ne doivent et ne peuvent servir en principe qu’à représenter, si j’ose m’exprimer ainsi, par des courbes, une machine dont l’enroulement est donné, de telle sorte que l’on soit en état de répondre, d’une façon simple, à toutes les questions relatives au fonctionnement de la machine considérée.
- Une partie de ces questions se rapporte évidemment au champ magnétique ; mais il en est d’autres, de beaucoup les plus nombreuses, qui ont trait aux rapports entre les grandeurs électriques (intensité, f. é. m., etc.), et les conditions extérieures. Par conditions extérieures, j’entends parler du nombre de tours et de la résistance extérieure. Ni la caractéristique ni la courbe du magnétisme ne résolvent directement et d’une façon qui se présente naturellement à l’esprit ces dernières questions.
- La définition graphique du problème doit donc, selon moi, comprendre non seulement les courbes qui viennent d’être mentionnées, mais aussi la courbe que j’ai appelée courbe de l'intensité; cette courbe donne, comme on le verra plus loin, la relation entre les grandeurs électriques, d’une part, le nombre de tours et la résistance de l’autre ; elle donne cette relation, non seulement pour les conditions réelles du fonctionnement de la machine, mais encore pour le cas où la même machine fonctionnerait avec le magnétisme maximum, et elle montre enfin la quantité de courant qui, dans les condi-
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- tions réelles de marche, est employée à produire l’aimantation.
- Réunies, les courbes du courant et du magnétisme caractérisent d’une façon simple la machine à tous les points de vue, et cette combinaison rend possible une théorie graphique complète pour une machine donnée, et cela pour tous les modes de groupement.
- Mais le champ des investigations ne se borne pas là, car une théorie complète doit encore montrer comment se comporte la machine pour différents enroulements et comment enfin les grandeurs électriques se modifient avec les dimensions.
- II faut, pour répondre à ces questions, faire appel au calcul; nous rencontrons ici les théories algébriques. Des théories assez complètes de ce genre ont été données par Clausius (*) et par moi-même (1 2) ; on trouve également une série de considérations détachées, dues à W. Thomson, Ayrton et Perry, Sylvanus Thompson, Pierre et à d’autres physiciens encore.
- La théorie de Clausius est la seule qui soit directement basée sur les principes de l’électro-dyna-mique ; mais les formules qui découlent de cette théorie n’ont pas, en général, toute la simplicité désirable, lorsqu’une théorie doit donner lieu a des applications faciles et simples. Or c’est là une condition qu’il est essentiel de remplir, si l’on veut que la théorie soit d’un secours réel pour le praticien ; ce dernier sera toujours porté à choisir les solutions les plus promptes et il préférera avoir recours à l’expérience, au lieu de consulter la théorie si cette dernière offre à ses investigations un chemin plus long et plus laborieux.
- Ma théorie est basée sur la loi d’Ohm, la loi de l’induction dans un champ magnétique et la loi expérimentale selon laquelle la courbe de l'intensité, pour une machine dynamo-électrique s’écarte peu d’une ligne droite ; cette dernière loi permet d’établir entre le magnétisme et l’intensite du courant, une relation simple qui semble d’ailleurs avoir été depuis employée par tous ceux qui ont écrit sur la matière. Au point de vue du calcul, cette théorie est très simple, et conduit à des formules qui se comprennent à l’inspection seule ; il est vrai qu’elle n’a pas la prétention de tenir compte des phénomènes de moindre importance.
- Mais ,bien qu’elle ne fasse entrer dans le calcul que les éléments principaux, elle conduit à des résultats suffisamment exacts pour la pratique.
- Un des points essentiels de cette théorie est la formule que j’ai donnée pour le magnétisme; cette formule revient souvent et est féconde en applications. Aussi, me semble-t-il bon de faire remarquer ici :
- (1) Elektrotechnische Zeitschrift, 1884, p. 119. La Lumière Electrique, t. XI, p. 224, 273, 510.
- (2) Elektrotechnische Zeitschrift, 1G81, p. 134-
- i° Que c’est cette théorie qui, la première, a établi une relation entre l’intensité, le nombre de tours et la résistance pour une machine groupée en série, relation qui, malgré sa simplicité, avait échappé à mes devanciers, MM. Hopkinson, Hagenbach, Mayer et Auerbach, etc. ;
- 20 Que cette théorie est la seule qui présente, en considérant tout l’ensemble du fonctionnement d’une machine donnée, un accord satisfaisant entre les déductions théoriques et la réalité.
- Les considérations détachées dont j’ai parlé plus haut ont, il est vrai, conduit à certains résultats, mais la concordance entre la théorie et la pratique n’est pas suffisante ; ce défaut provient surtout de ce que l’on a admis que le magnétisme est proportionnel à l'intensité; c’est là une hypothèse que M. Deprez à également admise dans ses déductions graphiques.
- Ôr, l’hypothèse en question ne s’écarte pas seulement des conditions réellement existantes, elle est en contradiction absolue avec la nature même des machines dynamos, car personne n’ignore que si elle était exacte, l’équilibre dynamoélectrique se trouverait impossible. Aussi n’y a-t-il pas lieu de s’étonner si des résultats obtenus de cette façon ne peuvent prétendre à une grande exactitude.
- Si, après ce rapide aperçu des théories existantes, nous nous demandons comment le praticien constructeur de machines dynamos se sert de ces théories, nous devons malheureusement reconnaître que ce dernier, la plupart du temps, s’en passe ; j’ai même la conviction que le constructeur borne généralement ses spéculations au tracé et à l’inspection de la courbe dénommée caractéristique. Ii est évident que la théorie n’est pas encore entrée dans la confiance des praticiens, et que ceux-ci ne croient pas que les résultats théoriques aient une valeur pratique réelle.
- La tâche que je me suis donnée ici est justement de combattre ces préventions; je voudrais faire voir que l’accord entre ma théorie et la réalité se conserve, même dans les cas compliqués, où elle reste encore pratiquement utile; que l’application de la théorie épargne souvent des expériences fastidieuses et qu’enfin, la voie théorique permet d’envisager et déjuger les combinaisons nouvelles plus facilement que la voie expérimentale.
- Bien que je suppose, dans ce qui suit, le lecteur déjà familiarisé avec ma théorie, je commencerai par rappeler les formules principales et par apporter, pour plus de clarté, certaines modifications à quelques-unes d’entre elles.
- Pour une machine dynamo quelconque, la f.é.m. (E) est proportionnelle au nombre de tours v et au magnétisme M, en sorte que l’on a :
- E-Mv.
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- D’après la loi d’Ohm,
- T-~-
- J —W’
- J étant l’intensité et W la résistance du circuit; on a donc :
- __Mv
- J— W‘
- Comme le magnétisme dépend üniquement de J, en divisant, de part et d’autre, parM, on obtient, à
- gauche, une fonction dej, et à droite, l’intensité ne dépend donc que du rapport du nombre de tours à la résistance.
- L’expérience montre que si l’on porte ce rapport en abscisses et l'intensité en ordonnées, la courbe de l’intensité est assez bien représentée par une droite qui ne passe pas par l’origine; on peut donc écrire:
- J = cW-£/’
- c et d étant des constantes.
- Si l’on élimine entre les deux équations précédentes, le quotient on obtient pour le magnétisme M, une expression de la forme
- dans laquelle a et b sont des constantes. Ceci démontre, à posteriori que cette formule concorde avec l’expérience, puisque la forme de la courbe de l’intensité a été expérimentalement déterminée.
- Cette même considération s’applique en principe, non seulement au groupement en série, mais encore au groupement en dérivation et aux groupements mixtes.
- Si l’on calcule les constantes a et b, pour différentes machines, on obtient pour chaque machine d’autres valeurs, car elles renferment implicitement à côté des grandeurs magnétiques une certaine constante dépendant de la bobine. Mais cette réunion des constantes n'est pas commode; le magnétisme est une grandeur qui dépend, il est vrai, de la forme de la carcasse, de l’enroulement et du degré d’utilisation de la machine, mais il dépend seulement des rapports de ces quantités er non pas de leurs valeurs absolues. Si l’on construit toute une échelle de machines de diverses grandeurs dont les dimensions sont accrues ou diminuées dans le même rapport, c’est-à-dire géométriquement semblables entre elles, et si le travail que l’on fait produire à chacune de ces machines est en raison directe de sa grandeur, elles auront toutes le même magnétisme,
- C’est là un fait que les électriciens constructeurs de machines connaissent bien et mettent souvent à profit, pour se rendre approximativement compte du fonctionnement de leurs machines. Nous avons
- déjà eu occasion de faire remarquer que le degré d’utilisation d’une machine est déterminé par le nombre de tours et réchauffement de l’enroulement ; on peut ajouter, qu’il est également défini par le nombre de tours et le magnétisme. Aussi le praticien évalue-t-il, à défaut d’appareils de mesure, réchauffement, avec un thermomètre ou bien avec la main, et le magnétisme à l’aide d’un instrument simple (dans la maison Siemens et Halske on se sert d’un petit disque en fer excentré), en même temps qu’il note le nombre de tours; il a ainsi des données suffisantes pour se rendre compte de la façon dont se comporte sa machine.
- On voit donc qu’au lieu de s’attacher à connaître le magnétisme en tant que grandeur absolue, c’est-à-dire à proprement parler le nombre de lignes de force coupées par le fil de la bobine, il est plus naturel de mesurer sa valeur relative ou le degré d’aimantation. Pour effectuer cette mesure nous supposerons le magnétisme maximum égal à un, c’est-à-dire que nous ferons b — i dans la formule précédente, qui donne la valeur de M. Ceci conduit à écrire
- M;
- J _
- i-f-J
- ou, en posant
- (>)
- M:
- m J
- i + mj ‘
- La quantité m est proportionnelle au nombre des spires de l’inducteur, ou peut-être, plus exactement, à une certaine puissance de ce nombre; le magnétisme ne dépend que du produit de la quantité m par l’intensité du courant; si l’on porte ce produit en abscisses et le magnétisme en ordonnées, on obtient toujours la même courbe (fig. i) pour le magnétisme d’une machine quelconque. Le degré de l’aimantation dans une machine est donné à chaque instant par le point correspondant de cette courbe; si les machines sont semblables et le travail qu’on leur fait produire, toutes proportions gardées, égal pour toutes, on obtient pour le degré d’aimantation, en tenant compte de l'hypothèse introduite plus haut dans le calcul, toujours le même nombre, 0,72 par exemple, c’est-à-dire 72 °/0 du magnétisme maximum.
- L’allure qu’affecte la courbe du magnétisme est bien connue; cette courbe est, dans sa première partie, sensiblement rectiligne, puis elle s’infléchit assez brusquement vers la droite et devient asymptotique à une droite horizontale dont l’ordonnée est 1 (voy. la branche pleine de la courbe, fig. I). Je donnerais volontiers le nom de genou à la région de la courbe où la direction se modifie le plus.
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- Lorsqu’on veut soumettre au calcul des exemples pris dans la pratique, on ne tarde pas à s’apercevoir que le genou est à peu près la seule partie de la courbe où l’on travaille et que les portions sensiblement rectilignes de l’origine et de la fin sont aussi rarement employées l’une que l’autre. Ceci s’explique d’ailleurs facilement, car on ne fonctionne pratiquement ni avec un magnétisme très faible, la machine donnant alors trop peu de courant, ni avec un magnétisme très fort, l’énergie dépensée pour créer ce magnétisme étant dans ce cas trop considérable. Mais on reconnaît en même temps combien il est peu judicieux d’admettre que le magnétisme est proportionnel à l’intensité.
- Remarquons de suite qu’en réalité la courbe du magnétisme ne s’approche pas d’une manière continue de la valeur i ; pour les fortes intensités elle s’infléchit de nouveau, passé le genou, et s’abaisse graduellement (voy. la partie pointillée de la courbe,
- FIG. 1
- lig. I). Ceci provient, comme nousl’avons expliqué ailleurs, de la réaction du courant qui parcourt les fils de l'induit ; l’écart, entre le magnétisme réel et le magnétisme qu’on obtiendrait, si cette influence de l’induit n’existait pas, varie suivant les machines.
- On peut tenir compte dans le calcul de ce changement d’allure, bien qu’on introduise alors dans toutes les formules une complication notable. Heureusement que la considération précédente, à savoir que jamais on ne travaille dans cette partie de la courbe, nous autorise à ignorer l’écart en question; nous nous bornerons à remarquer qu’il faut se garder de le négliger sitôt qu’on a affaire à des intensités de courant bien plus élevées que celles généralement usitées.
- Depuis quelque temps, on emploie beaucoup les enroulements mixtes, c’est-à-dire des enroulements dans lesquels une partie est montée en série avec le circuit principal, une autre en dérivation ; le champ magnétique résulte dans ce cas de l’action concomittante des deux enroulements, c’est-à-dire de deux forces magnétisantes que l’on peut faire varier à volonté indépendamment l’une de l’autre.
- Comment, dans ce cas, comparer les deux magnétismes; c’est-à-dire obtenir le magnétisme résultant M, connaissant les magnétismes isolés M, et M2 qui correspondent aux deux enroulements? Par magnétisme isolé nous entendons parler de l’aimantation que produirait l’un des deux enroulements agissant seul.
- La formule suivante donne la solution de ce problème :
- si l’on a, par exemple, pour les magnétismes isolés :
- M,=o.6o, M2=o,25, la formule précédente donne :
- i —M = o,3î,
- FIG. 2
- d'où
- M=o,65.
- Cette formule montre comment se composent des magnétismes de valeurs différentes. Si l’on choisit pour ceux-ci des valeurs telles que l’on ait toujours
- m, + m2 = i
- et que l’on porte Ms en abscisses et M en ordonnées, on obtient la courbe de la figure 2.
- Il ressort de cette courbe que, si la somme des magnétismes isolés reste constante, le magnétisme total est d’autant plus intense que l’un des magnétismes isolés est lui-même plus intense. C’est ainsi que, pour :
- Mi = î-etM, = -, on a M=o,6?;
- 2 “ 2
- pour
- M, = - et M2 = -, on a M= 0,77 ;
- 4 4
- pour
- M, = t et M2 = o, onaM = 1.
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- Si nous portons la valeur de M, tirée de la formule (I) dans l’équation qui donne l’intensité J, nous aurons, en considérant d’abord une machine groupée en série,
- (31 3~fw~m
- expression dans laquelle f est une constante qu’il faut introduire parce qu’on a fait disparaître la constante b.
- Les termes à droite du signe d’égalité ont tous deux une signification bien définie ; tous deux représentent des intensités de courant ; / est l’intensité maxima (J), c’est-à-dire celle qu’on aurait pour le nombre de tours v et la résistance W, si l’on atteignait le magnétisme maximum (i), — est
- l’intensité qui doit traverser les spires de l’inducteur pour créer le magnétisme 1/2.
- La signification de ces deux termes devient encore
- i-’ir,. j
- plus claire sur la courbe de l'intensité (üg. 3) que l’on obtient en portant comme abcisses, le rapport du nombre de tours à la résistance, et comme ordonnées l’intensité du courant, courbe qui, abstraction faite de la partie voisine de l’origine, se confond avec une droite ne passant pas par l’origine. Si l’on mène par l’origine des coordonnées une parallèle à la droite en question, cette parallèle aura pour équation
- J— J W
- autrement dit, ce sera la courbe du courant maximum (M= 1). Pour une valeur quelconque de 2-
- on obtient le courant réel, si l’on retranche de la valeur correspondante du courant maximum l’in tensité
- c’est-à-dire l’intensité qu’il faut avoir dans la ma-
- chine, pour que le magnétisme engendré soit égal à 1/2.
- La courbe de l’intensité montre donc immédiatement la différence qui existe entre la puissance réelle de la machine et la puissance maxima (M =1); elle donne de plus, dans la valeur de l’intensité J, une mesure inverse de l’action magnétisante des spires qui enveloppent l’inducteur.
- Ce curieux théorème, qui est une conséquence de la formule que nous avons établie pour M, ne s’applique pas seulement à l’intensité, mais encore à la f. e. m. et à la différence de potentiel aux bornes, et, cela aussi bien pour les machines groupées en dérivation ou d’une façon mixte, que pour les machines groupées en série, comme il a été admis plus haut.
- Si l’on veut trouver une grandeur électrique quelconque (excepté toutefois le travail électrique), pour une] machine dont le groupement est également quelconque, on considère la machine dans deux états différents (sans modifier le nombre de tours ni la résistance) : i° lorsque le magnétisme a la valeur 1 ; 20 lorsque les courants dans l’inducteur ont les valeurs auxquelles correspond le magnétisme 1/2, on calcule la grandeur électrique cherchée pour chacun des deux états, la différence entre ces deux valeurs est précisément égale à la valeur que l'on se propose d'obtenir.
- Ce théorème, outre les simplifications qu’il introduit dans le calcul, indique immédiatement que chaque grandeur électrique doit être divisée, pour ainsi dire, en deux termes, dont l’un dépend de la bobine et l'autre des électros. On admet en effet, dans le premier état, que l’on ait, par un procédé quelconque, réalisé le magnétisme maximum; l’enroulement de l’inducteur seul ne permet pas d'atteindre ce résultat, aussi faut-il, pour pousser le magnétisme jusqu’à la valeur 1, recourir à d’autres moyens; l’enroulement de l’inducteur n’agit donc que comme résistance ; son action magnétisante est indifférente, il suit de là que la grandeur qui correspond à cet état dépend uniquement de la bobine. Le deuxième état, est au contraire, caractérisé par une action magnétisante bien définie des électros ; la grandeur correspondante ne dépend donc que des électros.
- Cette division des grandeurs électriques en termes dépendants de la bobine ou de l’inducteur n’a pas seulement l’avantage de rendre plus aisée l’intelligence des formules, elle permet aussi de se rendre plus facilement compte de l’influence qu’exerce un accroissement donné aux dimensions de la machine.
- Tous les praticiens savent que la construction d’une machine dynamo comprend deux parties qui sont presque absolument indépendantes l’une de l’autre : la construction de la bobine et celle des électros. C’est la bobine qui détermine la puissance
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- de la machine (courant et différence de potentiel aux bornes). Le seul élément étranger à la bobine auquel on ait recours dans ce calcul, est l’hypothèse J que les électros créent un champ magnétique d’une certaine valeur; dans la construction des électros, il faudra veiller à ce que le magnétisme engendré atteigne bien cette valeur.
- Si l’on classe les machines pour un même degré d’utilisation d’après leurs dimensions, il faudra supposer le magnétisme égal pour toutes et l’on n’aura plus affaire qu’aux termes qui dépendent des bobines; or les formules précédentes permettent d’évaluer ces termes pour le magnétisme i, il s’ensuit que le terme précédemment défini, comme dépendant de la bobine, donnera immédiatement l’ordre de classement de la machine d’après ses dimensions.
- Je me propose d’approfondir et d’appuyer ultérieurement ces considérations sur des expériences ; j’aurai également l’occasion de montrer, par des exemples, comment les courbes de l’intensité et du magnétisme se prêtent à la solution des questions pratiques. Je me borne à indiquer ici les formules relatives à la différence de potentiels aux bornes, à la f. e. m. et les différentes intensités de courant pour les divers mode de groupement de machines dynamos. (Je ferai remarquer que les formules qui se rapportent au groupement en série ont été données pour la première fois dans mon étude précitée ; les formules du groupement en dérivation sont dues à M. S. Thompson; quant à celles établies, par M. Thompson, pour les groupements mixtes elles ne peuvent être considérées que comme des approximations car elles reposent en partie sur l’hypothèse, M = m i.
- 2° Groupement en dérivation , j'i____________i_ u+n
- 3a--
- a -f*
- u + 11
- H + 11 Ct 4“ 11
- J =
- it + n
- i n ni.. n’
- r, e i / n + 11 \
- E =/y— ------ I Cl --1----(-«);
- ma\ u ^ r
- f '> 11
- P ==
- -»(- + -) \« 11/
- 3° Groupement mixte (Circuit dérivé branché sur le circuit extérieur) u + 11
- __ f') u 11
- 3 a —
- J,t=
- ij, «ft ni., il , l\’
- u 4- n \ii n J
- i
- fv n
- E = f'i
- P =
- {a + d) (l + î)+“ T+md{i+ïï
- a+d + ul+a-~) ’-~+m«(ri + 7iy
- + {a + d) (~+7*)
- + "’d
- (s+ à)
- + {a + d)(7i + Ti) ’lï +m‘l(Ti + 7i)-
- Nous désignerons par :
- E — la f. é. m;
- Ja, J», J — les intensités dans la bobine, le circuit dérivé et le circuit extérieur;
- P — la différence de potentiel aux bornes ;
- a, d, n, — les résistances de la bobine, du circuit en série et du circuit dérivé ; u, — la résistance du circuit extérieur ;
- nid, mn — les grandeurs qui sont fonction du nombre des spires pour l’enroulement en série et l’enroulement dérivé.
- i° Groupement en série :
- Jrt=J =
- ____f)>________i_.
- a-t-d-j- u m,i ’
- E — f'i — — (a -\-d 4- il) ;
- md
- i 4- r
- a-\-d
- m d
- 4° Groupement mixte [Circuit dérivé branché sur la bobine) :
- J« =
- Jn~
- 114- u 4- d ,/v ' 11 [u 4- d)
- i7_|_ n(ii + d) 11 ~j-11 —f- d mn nid ’ 11 u-\-d
- fi I II
- 11 + u + d a M+J +" l/H , UH n u -f- d
- f'! Il -f- ci
- a 4~ [n 4“ ei)
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- E =f'i--
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- u + d
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- w,t+ md ’ Il il 4- d
- P =
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- 8o
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- J’ai vérifié l’exactitude de ces formules sur toute une série de machines différentes comme grandeur et comme groupement au moyén d’expériences qui sont la propriété de la maison Siemens et Halske. Le seul point que je ne sois pas encore arrivé à élucider complètement, est la question de savoir si les grandeurs m doivent être considérées comme
- TABLEAU 1
- p P .1 J
- V VOLTS VOLTS AM PÈRES AMPÈRES M
- OHMS observes calculés observ. calcul.
- 8S0 0,841 127 127 i5i ,0 i5i,o 0,91
- 853 1,22 i33 133 109,0 109,0 0,89
- 855 2,34 1.39 14O 58,9 59,4 0,87
- 8fo 4,52 l38 139 30.3 3o,5 0,84
- 85o 9,25 i36 l38 M.7 14,7 0,83
- 85o 22,1 137 136 6,2 6.2 0,80
- 845 222,0 133 134 0,6 0,6 0,79
- 7 55 0,876 1i3 113 129,0 129,0 0,8)
- 753 1,20 115 115 96,0 95,8 0,88
- 754 2,47 119 119 48.1 40,2 0,84
- 755 4,80 119 119 24.8 24,8 0.82
- 75o 9 83 118 118 12,0 12,0 0,79
- 755 23,9 1 '7 117 4,9 4,9 0.79
- 755 293,0 117 117 0,4 0,4 0.78
- 648 0.540 88,5 88,7 164,0 88,7 0,90
- 640 0,807 92,0 92,9 114,0 02.9 0,88
- 652 1,6i 97.8 98,8 60,6 98,8 0,84
- 648 3,17 100,4 98,7 31.7 98.7 0,8i
- 653 7,7* 99,4 98,1 12,9 98,1 0,77
- 653 i5,7 97,3 95.7 6,2 96,7 O 75
- 65o i58,o 95,0 91,5 ot6 94,5 0,73
- 553 0,583 75,2 75,3 129,3 129,5 0,88
- 548 0,85o 78,1 78.5 91,9 92,1 0,87
- 550 1,7* 82,0 80,8 48,0 47,3 0,81
- 553 3,33 82,7 8o,3 24,8 24,1 0,77
- 552 8,32 79-0 78.2 9,5 9,4 0,73
- 552 16.9 76,2 76,9 4.5 4.6 0.71
- 55o 178,0 71,2 75,i 0,4 0,4 0,69
- Dérivation simple: md- = 0 mn = 0,443
- 855 0,829 124 126 i5o,o 15 2,0 o,77
- 857 1,23 i3o 128 107.0 106,0 0.79
- 855 2,25 133 i33 59,2 5q,2 0,80
- 848 4.60 13 4 133 29,0 28,9 0.79
- 855 9.17 l38 135 l5,0 14,8 0,81
- 850 22,0 '37 i35 6,2 6,1 0,80
- proportionnelles au nombre des spires ou bien à une puissance de ce nombre différente de i ; je me réserve de revenir sur ce sujet.
- Afin de montrer tout d’abord la concordance qui existe entre cette théorie et la réalité je reproduis ci-dessus, avec l’autorisation bienveillante de MM. Siemens et Halske, une série d’expériences effectuées sur une assez grande machine à groupement mixte destinée àl’électrolyse; il faut remarquer que, pour
- des raisons d’ordre pratique, le groupement n’est pas celui qui convient le mieux lorsqu’on se propose d’obtenir une différence de potentiels aussi constante que possible (Tableau i).
- Le circuit dérivé était branché sur la bobine et des mesures directes avaient donné les valeurs suivantes :
- a — o,o5 ohm d= 0,12 — n = i5, io —
- On observait le nombre de tours v, la différence de potentiels P, et l’intensité J du courant dans le circuit extérieur; la résistance extérieure est calculée au moyen de P et de J ; les constantes de la formule théorique furent trouvées égales à :
- /=o, 199 mti = 0,0392 mn = 0,443
- L’écart entre la théorie et la réalité est en général égal à 1 0/0 delà valeur considérée; des erreurs plus grandes se produisent cependant pour des intensités de courant très faibles ; ceci provient de ce que les valeurs de m sont choisies de façon à correspondre le plus exactement possible au genou de la courbe du magnétisme ; l'accord est moins satisfaisant dès qu’on arrive à des intensités ou plus faibles ou plus fortes.
- On a joint au tableau les valeurs de M afin de donner une idée des nombres que l’on obtient par rapport à l’unité qui a été choisie.
- Cette exactitude dans le calcul doit être considérée comme un progrès essentiel, si on se reporte aux théories établies jusqu’à ce jour; c’est une réflexion qui s’impose surtout si l’on considère les règles déduites de ces théories approchées pour les groupements mixtes des machines à différence de potentiel constante et que l’on compare ces règles à la réalité, ou à celle qui résulte de notre théorie.
- Sylvanus Thompson, dans son traité : On dyna-moelectric machinery, p. 246, pose la règle suivante pour ce groupement mixte:
- i»n. _ a_+_n
- 111,1 — a + d
- Dans la machine à différence de potentiel constante g D 7 de Siemens et Halske, on a
- et au contraire pour le rapport
- On rencontre des différences analogues pour d’autres machines; cette règle est donc loin de donner la sécurité que la pratique est en droit d’exiger.
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- Le Dr Pierre a publié une série de règles pour l'enroulement des machines mixtes ; ces règles ont à peu près la même valeur pratique que les précédentes, car elles sont également basées sur la proportionnalité entre le magnétisme et l’intensité du courant.
- Si l’on cherche à déduire de notre théorie plus exacte une règle analogue, on se heurte à de sérieuses difficultés de calcul qui proviennent de ce que, d’après cette théorie, la représentation graphique de la différence de potentiels n’est pas une droite, comme l’admettent les théories approchées, mais bien une courbe, ce qui est conforme à la réalité. Se propose-t-on alors de réduire au minimum la somme des carrés des écarts entre la courbe et la droite, on arrive en effet à une solution, mais de forme si compliquée qu’elle est d’une utilité pratique douteuse.
- Cette solution montre que l’enroulement d’une machine destinée à donner une différence de potentiels constante entre ses bornes dépend de tous les éléments qui en général influent sur le fonctionnement de la machine; aussi bien de la valeur plus ou moins grande que l'on se propose d’obtenir pour celte différence de potentiel que du volume de l’enroulement, de la carcasse métallique, etc. Çeci correspond d’ailleurs bien à la réalité; l’expérience apprend en effet que chacun de ces éléments a son influence, qu’il est impossible d’établir une règle générale simple et même au cas où une règle de ce genre s’appliquerait à une machine donnée elle cesserait d’être vraie pour une machine de construction différente, etc
- Mais malgré cela notre théorie trouve ici son application d’une façon utile et peut épargner plus d’un essai expérimental; il n’y a en effet qu’à déterminer les constantes/, nid et mn pour un enroulement mixte quelconque et à chercher ensuite par le ca’cul comment il faut faire varier md et mn pour que la courbe qui représente la différence de potentiel se rapproche le plus possible d’une droite. C’est là un travail facile et qui conduit plus rapidement au but que si l’on s’astreint à combiner un assez grand nombre d’enroulements et de groupements différents que l’on soumet ensuite à l’expérience. Je me réserve d’appuyer ce que j’avance ici par des exemples probants.
- Il m’est impossible d’insister sur toutes les applications auxquelles se prête la théorie ; j’engage seulement ceux qui s’occupent des questions que nous traitons ici à mettre la théorie précédente à l’épreuve ; ils ne tarderont pas à se convaincre combien elle est d’un emploi commode.
- Une question, par exemple, sur laquelle on a beaucoup discuté au cours des dernières séances de notre Société est celle de la variation de la différence de potentiel avec la vitesse pour les groupements en dérivation ou les'groupements mixtes ; une simple
- inspection des formules précédentes permet de résoudre la question et montrer que, toutes choses égales d’ailleurs, cette variation est. moindre pour les machines à enroulement mixte que pour celles groupées en dérivation.
- Comme application de la théorie, je veux encore indiquer une nouvelle espèce dégroupement mixte dont la possibilité a été tout d’abord théoriquement démontrée. Dans l’exemple que je vais citer, la théorie a permis de prévoir le mode d’enroulement qui convenait le mieux étant donnée la destination delà machine: il s’agit d’un enroulement mixte propre à créer dans le circuit extérieur un courant d'intensité aussi constante que possible. (Objet d’une demande de brevet faite par MM, Siemens et Halske.)
- Au point de vue pratique le besoin d’un dispositif de ce genre se fait principalement sentir pour l’électrolyse, peut-être aussi pour les lampes à arc et le transport de la force. Sans entrer dans une description détaillée, je me bornerai à faire remarquer quel’on réalise dans une certaine mesure ce desideratum, si l’on ajoute à une machine groupée en dérivation un enroulement en série, composé de quelques piles seulement et dont l’action magnétisante est contraire à celle du circuit dérivé; on obtient dans ces conditions une intensité de courant sensiblement constante pour des variations de résistance extérieure, qui peuvent aller jusqu’à 400/0.
- Je crois intéressant de reproduire ici les résultats d’expériences qui suivent.
- TABLEAU II
- V il O H M S r VOLTS J A M PEU ES
- 862 0,98 76,0 77.3
- 862 1,00 82,8 82,5
- 860 1,04 90,0 86,2
- 860 1,11 98,0 88,5
- 860 1,19 106,0 89,3
- 855 1,29 111,0 86,1
- î-îxJÜ i.44 118,0 82,2
- 860 1,07 124,0 74.4
- Ces expériences ont été faites dans les ateliers de MM. Siemens et Halske avec la même machine (après modification de l’enroulement) qui avait servi aux expériences communiquées plus haut.
- Détermination d'un enroulement mixte destiné à donner une différence de potentiel constante. ,
- Depuis la publication de la première partie de cette étude j’ai été assez heureux pour trouver la règle qui doit présider,à l’enroulement d’une
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- machine dynamo quelconque, lorsqu’on veut obtenir une différence de potentiel aussi constante que possible ; avant de poursuivre ici l’étude commencée, je crois bon de faire part de cette solution (*).
- Il est très facile de s’assurer que dans un enroulement mixte destiné à maintenir la différence de potentiel aux bornes constante, la partie essentielle, celle dont l’action prédomine, est représentée par l’enroulement dérivé et non par l’enroulement direct. Ceci ressort du reste des courbes tracées dans la figure 4 qui donnent la différence de potentiel (P) aux bornes, pour une machine en série et pour une machine en dérivation les résistances extérieures u étant prises pour abscisses. Tandis que la première de ces courbes s’élève d’abord brusquement, passe par un maximum, puis retombe à zéro, la deuxième, après une période de montée rapide, devient asymptotique à une valeur finale. Ainsi donc, la seconde de ces courbes réalise déjà par son allure, d’une façon assez approchée. Va constance que l’on recherche, la première, pas du
- fig: 4
- tout; il résulte de là que l’on peut employer l’enroulement en série pour rendre plus constante la différence de potentiel aux bornes donnée par l’enroulement en dérivation, mais que le contraire est impossible.
- Imaginons que l’on trace pour une machine donnée (le modèle gE.20 de la maison Siemens et Halske), les courbes de la différence de potentiel pour une action toujours croissante de l’enroulement en série ; on commence par tracer (fig. 5) la courbe (o) qui correspond à la dérivation seule, sans enroulement direct, puis une série de courbes (i,2,3,4,5,6), obtenues pour des valeurs croissantes du nombre des spires mj qui sont groupées en tension c’est-à-dire pour ma = o, oi; 0,02; o,o3; 0,04; o,o5; 0,06. Nous supposerons-ici que le volume de l’enroulement en série est toujours le même; on a entre le nombre des spires mu et la résistance d de l’enroulement en série la relation v d — 78,1 X md
- C’est-à-dire que nous imaginons ce volume d’abord formé par du fil très gros, puis par du fil de plus en plus fin.
- (') Elektrotechnische Zeitschrift, avril i885, p. 139,
- Si l’on examine la figure 5, on reconnaît que dans la région voisine de l’origine, les premières courbes de la différence de potentiel s'élèvent à mesure que le nombre des spires groupées en série s’accroît ; mais ceci n’a lieu que jusqu’à une certaine limite (courbe 3), à partir de laquelle elles s’abaissent au contraire (4,5,6,); dans la dernière région de ces courbes, on remarque constamment une montée pour une augmentation du nombre des spires, mais là l’écart est moins accusé. On voit de plus que le maximum de la courbe (o), qui correspond au groupement en dérivation simple, est placé à l’infini tandis que les autres courbes de 1 à 6 ont un maximum fini et cela, dans le voisinage de l’origine; mais ce maximum recule de plus en plus vers la droite, c’est-à-dire vers une résistance extérieure plus élevée, à mesure que le nombre des spires augmente.
- Si l’on cherche à déterminer parle calcul le maximum de ces courbes, on trouve que, pour la valeur la plus petite donnée au nombre des spires en série, le maximum est à l’infini comme pour la courbe (o) qui correspond à la dérivation simple, mais qu’à partir d’une certaine courbe (k, poin-tillée) le maximum se produit à l’origine de la courbe, et qu’à partir de ce moment, ce maximum se déplace sans cesse vers la droite à mesure que le nombre des spires en série va croissant.
- La différence de potentiel aux bornes peut s’exprimer, pour les deux espèces d’enroulements mixtes (circuit dérivé branché sur la bobine et circuit dérivé branché sur le circuit extérieur), par la formule
- p = A—r-----B -L-
- uf-tx. « + P
- dans laquelle p croît en même temps que l’enroulement direct, et est égal à zéro dans le cas de la dérivation simple.
- Lorsqu’on a p — 0, c’est-à-dire que l’on considère le cas de la dérivation simple, P ne devient maximum que pour une résistance extérieure (u), infiniment grande.
- Mais, même dans le cas où il existe un enroulement en série, le maximum est rejeté à l’infini tant que la valeur de p est telle que l’on ait
- Q A POg.
- A la valeur p = a g correspond la courbe de passage K dont le maximum est encore à l’in-fini; mais dès que l’on a(3> a g le maximum se produit vers l’origine de la courbe.
- La courbe de passage est donc celle qui se rapproche le plus d’une droite, puisque pour cette courbe le maximum est sur le point de sauter, pour ainsi dire, de la fin de la courbe à son origine. II.
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- sera, d’ailleurs encore plus avantageux de choisir un nombre de spires en série un peu supérieur à celui de la courbe de passage, afin de rehausser encore la première partie de la courbe ; cet accroissement donné à la valeur du nombre des spires devra cependant être très faible, car la courbe de passage satisfait déjà à la condition d’être aussi voisine que possible d’une droite.
- La valeur u' de u qui rend P maximum se déduit de la relation
- o:=!^=A-
- du (//-)-«)* (» -f- ;i'-
- Cette équation n’est satisfaite que pour u'— co
- A
- tant que l’on a p — o ou bien $ < a g-
- Pour /3 = «| on a
- __ Aa Aa
- 0— (w' + a'2 (M'-fp)s’
- ou, en divisant par A a
- _ -f-pa-gs
- ~ («'+a)*(ÏT' + p)» ’
- et finalement
- . 2//.'-fa-fa
- Klü. 0
- équation qui n’est également satisfaite que pour «' — co.
- A
- Mais dès que 0 est plus grand que a g, pour
- 0= a g -J-e par exemple, & étant une quantité très peti;e, on a, après transformation,
- (P-«1 (2«'+a + p)-|(«' + pP
- ° = (»' + «)>(«' +P)* ’
- Cette équation est satisfaite pour une valeur finie de u', ainsi que pour
- uf = co ;
- la première valeur correspond au maximum, vers l’origine de la courbe, la deuxième à la valeur asymptotique, valeur qui représente un minimum.
- La courbe de passage est donc caractérisée par la condition
- A
- (I) a g-
- Si l’on choisit pour le nombre des spires en série une valeur un peu supérieure à celle que donne cettë relation, on obtient pour la-différence de potentiel aux bornes, la courbe qui se rapproche le plus d’une droite.
- Si le circuit dérivé est branché sur la bobine on a
- * = ? = * +
- md
- A = h,
- tî
- et la condition qui définit la courbe de passage est la suivante :
- (il)
- . . md d -4— w ‘
- Ll.
- n
- mn
- Le circuit dérivé est-il branché sur le circuit extérieur, alors :
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- LA LUMIÈRE. ÉLECTRIQUE
- a
- — ^ + d> p — A =/v. B=
- m,i
- »i,i + »>d 11
- mn -f m,i
- n,
- et la condition devient
- /v _ 11 III,,
- n i»n + >»d d+a
- >»u + »‘d .
- ou bien
- 111,1 ___ /v
- l'UI^ ('««H-«Irfpt^+u) —
- On voit que les formules II et III renferment tous les éléments qui influent sur le fonctionnement de la machine, la vitesse v, la constante de la bobine /, les résistances de la bobine a, de l’enroulement en série (d) et de l’enroulement en dérivation (n) et les nombres de spires mj et mn de chacun de ces enroulements.
- Pour la machine qui a servi à tracer les courbes de la figure 5 et dont la résistance extérieure devait varier entre o,8 et i3o ohms, on trouve que la courbe de passage donne, comme variation maxima de la différence de potentiel, i volt; si l’on ajoute encore i volt pour tenir compte de l’écart entre la théorie et la pratique, on reconnaît que la variation maxima que donne l’enroulement déterminé à l’aide des règles exposées plus haut est de 2 volts. Les procédés d’ajustage empiriques ont permis de réduire jusqu’à présent dans la pratique la variation à i volt; je crois peu aux données qui permettent d’atteindre une constance à o,i volt près, c’est-à-dire à un millième près de la valeur considérée.
- Comme toutes les constantes de la machine entrent dans les formules II et III, il faudra déterminer chacune de ces constantes, hormis les quantités md et d, relatives à l’enroulement en série et que ces formules sont précisément destinées à établir. Les formules qui précèdent ne donnent qu’une relation entre nid et d; si l’on veut déterminer chacune de ces quantités, il faut en choisir une arbitrairement ou établir une deuxième relation entre elles. Le plus simple est de se donner, comme dans l’exemple précédent, le volume de l’enroulement en série; on a ainsi de suite une seconde relation entre nid et d.
- Pour déterminer la constante de la bobine f ou la grandeur fv, la f. é. m. dans le cas du magnétisme i, il faut bien se garder de borner ses observations à une seule vitesse ou à des vitesses peu différentes, car on pourrait ainsi être conduit à des résultats très erronés. Il est également bon de ne pas oublier que la position des balais exerce sur ces constantes une influence qu’il n’est pas permis de négliger ; aussi évitera-t-on de déplacer les balais pendant les expériences. Remarquons cepen dantque l’enroulement une fois déterminé pour une
- position donnée des balais, cet enroulement répond aux conditions essentielles du problème pour d’autres positions de ces mêmes balais.
- Voici comment il faut procéder dans la pratique pour déterminer, au moyen de nos formules, le véritable enroulement qui assure une différence de potentiel constante aux bornes de la machine.
- i° On cherche d’abord l’enroulement dérivé qui convient le mieux, et l’on détermine pour cet enroulement le terme dépendant de la bobine fv, et le
- terme dépendant des électros
- Au point de vue auquel nous nous plaçons, les conditions à réaliser par cet enroulement sont les suivantes, seulement:
- a) Il faut que, pour une vitesse convenable, la machine donne en circuit ouvert, la différence de potentiel que l’on veut avoir, ioo volts par exemple (on aura la même différence de potentiel plus tard si, après avoir ajouté l’enroulement en série, on tourne sans circuit extérieur).
- b) Il faut que la grandeur — ne représente qu’une partie (la moitié au plus) de la grandeur fv.
- Il n’est pas besoin de faire entrer ici directement en ligne de compte, les considérations relatives à la dépense d’énergie et à réchauffement, considérations qu’en pratique il faut se garder de négliger.
- Pour déterminer avec ce groupement en dérivation de la machine,- les grandeurs fv et le plus simple est de taire tourner la machine en circuit ouvert à des vitesses aussi différentes que possible. Ou a alors la formule simple :
- (La quantité ^ peut être négligée à côté de x). On porte la différence de potentiel P„ en ordonnées, la vitesse en abscisses, et l’on trace la droite qui cadre le mieux avec les observations ; deux points
- quelconques de cette droite donnent alors fv et—
- tu n
- 2U Lorsqu’on a trouvé la dérivation qui convient le mieux, on y ajoute, à titre d’expérience, un enroulement en série et, avec l’enroulement mixte ainsi obtenu, on effectue quelques expériences à la même vitesse, mais avec une résistance extérieure faible, c est-à-dire une forte intensité de courant ; ces expériences servent à déterminer le nombre des spires m ; on mesure en outre les résistances a, n et d.
- Si la dérivation est branchée sur la bobine par exemple, on a :
- m„
- in,i —------- iu + d) -f-
- a + u+d /v—J (a-\-u + d)
- md se laisse calculer pour chaque expérience : on prend d ailleurs naturellement la moyenne de plusieurs expériences.
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- 3° Une fois et d connus pour l’enroulement provisoire, on se donne la relation entre nid et d; on porte cette relation dans les formules II et III, et l’on calcule l’enroulement en série qui correspond à la courbe de passage; il suffira alors de choisir pour l’enroulement définitif une valeur un peu supérieure à celle trouvée pour la courbe de transition.
- La relation entre mj et d peut être, suivant le cas, arbitrairement choisie. On peut, non seulement supposer le volume des spires constant, comme nous Pavons fait plus haut; c’est-à-dire écrire
- md — cd,
- mais encore s’imposer la condition que le volume soit variable, mais le diamètre du fil constant, c’est-à-dire se donner la relation
- md = c' d.
- Rien n’empêche enfin de faire choix d’une autre relation quelconque, les résultats obtenus avec l’enroulement en série provisoire pourront toujours servir à calculer vu et d pour un autre enroulement en série.
- Il faut évidemment s’attacher dans toute cette recherche à avoir de bonnes expériences ; c’est le point important, le calcul offrant peu de difficultés et étant l’affaire d’une heure tout au plus, même pour l’homme le moins habitué à calculer.
- Je me réserve de communiquer et de décrire ultérieurement l’application qui a été faite de cette méthode au calcul de l’enroulement d’une machine.
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER
- Angleterre.
- La décomposition de l’acide carbonique par l’étincelle électrique. — Dans une des dernières séances de la Société de Chimie MM. Dixon et Lowe ont fait une communication relative à l’action de l’étincelle électrique sur l’acide carbonique sec.
- Des expériences antérieures ont démontré qu’aucune explosion n’a lieu par suite du passage de l’étincelle électrique dans un mélange d’oxyde de carbone et d’oxygène rendu sec au moyen d’acide phosphorique anhydre. MM. Dixon et Lowe ont répété l’expérience avec de l’acide carbonique préalablement désséché sur de l’acide phosphorique anhydre.
- L’acide carbonique, après avoir été desséché par le procédé indiqué, était soumis à une série d’étincelles d’induction dans un eudiomètre muni d’un assez grand nombre d’électrodes en platine. La quantité d’acide décomposée varie entre des limites assez étendues et n’offre rien de bien défini.
- Des résultats analogues furent obtenus en intercalant une bouteille de Leyde dans le circuit secondaire d’une bobine Ruhmkorff, avec cette différence que la quantité décomposée se trouvait être moindre» Si l’on fait passer une série d’étincelles d’induction à travers un mélange d’oxyde de carbone et d’oxygène, une combinaison partielle se produit, mais on ne peut saisir de loi déterminée.
- Une bobine de fil fin de platine chauffée au rouge blanc par le passage d’un courant électrique
- et introduite dans de l’acide carbonique sec, ne donne pas lieu à un changement de volume permanent; si l’on place une bobine semblable dans un mélange d’oxyde de carbone et d’oxygène, le fil de platine présente pendant quelques minutes une incandescence éblouissante, et une combustion complète des deux gaz se produit sans qu’aucune flamme soit visible autour des spires de fil.
- M. Cowper a toujours observé, en faisant passer des étincelles électriques à travers un mélange d’oxyde de carbone et d’oxygène secs, une auréole bleue autour des spires; ce phénomène est dû à une action locale, mais aucune explosion n’a lieu, excepté au cas où les gaz n’auraient pas été suffisamment bien séchés.
- Un nouvel indicateur de vitesse. — Un indicateur de . vitesse pour les machines dynamos et
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- en général pour les machines rapides a été récemment imaginé par M. K. Hedges (*).
- L’appareil est formé par un cylindre de verre enfermé dans un tuyau en laiton et placé sur un axe vertical; cet axe porte à son extrémité inférieure une roue dentée qui engrène avec une autre roue mise en mouvement (voy. la figure ci-dessus) par la dynamo dont on veut connaître la vitesse à chaque instant. Quand la machine marche, le tube tourne rapidement autour de son axe vertical. Ce tube est en partie rempli d’eau qui, par l’effet de la force centrifuge, s’élève le long des parois de verre, et cela plus ou moins, suivant la vitesse angulaire de tube.
- Une colonne d’air est enfermée dans le cylindre, au-dessus de la surface du liquide, et les variations du niveau inférieur de cette colonne indiquent, sur une échelle graduée par comparaison et placée à côté d’une rainure du tube en laiton, les variations du nombre de tours. Les lectures peuvent se faire avec précision au moyen d’un anneau muni de deux fils tendus transversalement et qui glisse à frottement doux le long du tube.
- Plusieurs de ces indicateurs sont exposés à l'International Inventions Exhibition.
- Les propriétés des éléments au sélénium. — M. Shellford Bidwell a fait une série de nouvelles expériences à l’effet de nettement déterminer les propriétés des éléments au sélénium. Dans une lettre récente, j’ai parlé des éléments soufre-argent préparés par M. S. Bidwell, lesquelles donnent sous l’influence de la lumière, des résultats analogues à ceux qu’on constate pour les éléments au sélénium. On a considéré l’action de l’élément soufre-argent comme une action électrolytique, parce que dans la préparation de cet élément, il se forme du sulfure d’argent. C’est cette hypothèse qui a suggéré l’idée de rechercher si l’action de l’élément au sélénium n’était pas également due à l’électrolyse de séléniures métalliques formés dans le sélénium. M. Bidwell pense avoir confirmé par l’expérience l’hypothèse, en ce qui concerne l’élément soufre-argent; il a également mesuré la résistance spécifique d’un morceau de sélénium n’ayant pas été chauffé en contact avec un métal. On a rendu l’échantillon cristallin en ie chauffant dans un moule en verre, puis on a mesuré sa résistance en appliquant fortement contre la surface du sélénium des électrodes constituées par des feuilles d’étain. La résistance ainsi trouvée, était de 25qo meghoms, c’est-à-dire de beaucoup supérieure à la résistance que présentent ordinairement les éléments au sélénium. Ce fait confirme, d’après M. Bidwell, l’hypothèse que l’action de ces
- (*) Cet appareil est construit dans les ateliers de la Globe electrical Company, Dartmouth Street, à Westminster.
- éléments est due à l’électrolyse des séléniures formés au contact des électrodes.
- Le « PLATINOÏDE » ET SA RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE.
- — Platinoïde est le nom donné par M. F. W. Martino, de Sheffield, à un nouvel alliage que sa résistance électrique et d’autres propriétés mécaniques peuvent rendre utile dans les applications de l’électricité; cet alliage semble plus spécialement destiné à remplacer industriellement le maillechort. Le platinoïde a l’aspect extérieur de l’argent; il est constitué du reste, principalement par du maillechort auquel on ajoute i à 2 0/0 de tungstène.
- On ajoute tout d’abord le tungstène sous forme de phosphure, en quantité assez considérable, et on commence par le faire fondre, avec une partie du cuivre qui entre dans l’alliage; on ajoute en second lieu du nickel, et après cette opération on complète l’alliage en additionnant le mélange, de cuivre et de zinc. Ce mélange est fondu à plusieurs re prises, jusqu’à ce qu’une grande partie du phosphore et du tungstène ajoutés au commencement de l'opération, ait été éliminée sous forme de sco ries. Le résidu est un très bel alliage blanc, le platinoïde. Cet alliage résiste fort bien à l’oxydation de l’atmosphère; il peut être rendu doux comme le cuivre, si on le chauffe et qu’on le refroidisse brusquement après.
- Le poids spécifique du fil de platinoïde est 8,78 en prenant l’eau à 20° C. comme unité. Sa résistance à la rupture est de 6,02g X ioB grammes par centimètre carré.
- Ces expériences ont été faites par M. J. J. Bot-tomley F. R. S. E., de l’Université de Glasgow, qui a également mesuré la résistance spécifique du nouvel alliage, et l’a trouvée i,5 fois plus grande que celle du maillechort. La résistance du maillechort est très variable avec les différents échantil* Ions, mais elle est généralement considérée comme étant égale à 21,17 X io—6 B. A., entre deux faces opposées d’un centimètre cube du métal pris à o°, ou, en d’autres termes, à 20, g35 X 10 ohms légaux. M. Bottomley a trouvé que la résistance du platinoïde variait entre 28,87 X io-6 et 26,98 x 10—6 ohms légaux, suivant l’échantillon essayé. Un échantillon a varié, par exemple, de 0,02087 0/0 par degré entre les températures de o° et ioo°C., un autre a donné le chiffre de 0,022 dans les mêmes conditions. Matthiesen a trouvé une variation de o,388 0/0 par degré à la température de 20° C., pour le cuivre, pour l’alliage platine-argent o,o3i, or-argent o,o65 et pour le maillechort 0,044; la variation du platinoïde est donc beaucoup moins considérable que celle des métaux et alliages que nous venons d’indiquer. Comme le maillechort, il se prête très bien à la construction des boîtes de résistance.
- La variation de la résistance en fonction de la tem-
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- pérature fut mesurée par M. Bottomley, en enroulant le fil de platinoïde sur une bobine en bois munie d’une gorge hélicoïdale, dans laquelle venait se placer le fil. On plongeait ensuite la bobine dans un bain d’huile chauffée aune température voulue. La bobine était montée en série avec un fil de maillechort d’une résistance connue, et maintenu à une température constante, ainsi qu’avec un élément Daniell ; on mesurait les différences de potentiels aux deux extrémités de chaque fil, au moyen d’un galvanomètre de grande résistance. — La différence des quantités [ainsi déterminées est égale à la différence des résistances des deux fils (').
- Electricité atmosphérique. — Le professeur C. M. Smith a dernièrement communiqué à la Société Royale d’Edimbourg, quelques observations faites sur le potentiel atmosphérique à Doda-betta. Ces observations ont démontré que la courbe moyenne du potentiel atmosphérique passait par son maximum, lorsque la température était maxima.
- Des observations faites dans les après-midis exceptionnellement belles, ont démontré que le potentiel était régulièrement, ces jours-là, moindre qu’en temps normal, lorsqu’il y a une légère brume ; sa valeur est de beaucoup supérieure à la valeur normale, si la brume est très épaisse.
- La détérioration des métaux dans l’eau de mer mêlée a l’eau douce. —- Des expériences récentes faites par M. Thomas Andrews sur des pièces de fer et d’acier plongées à l’embouchure des fleuves, à l’endroit où l’eau de mer se confond avec l’eau douce, ont démontré que le fer se détériore, dans ces endroits beaucoup, plus vite que dans l’eau de mer seule. L’auteur trouve que l’action corrosive est de i5 à 5o o/o (suivant les métaux), plus grande dans ces eaux que dans l’eau de mer pure.
- M. Thomas Andrews attribue ce résultat à une action galvanique due à une différence de potentiel produite par la diffusion des eaux.
- J. Munro.
- CHRONIQUE
- Ije nouveau transmetteur téléphonique de M. Freeman.
- M. Freeman, de Chicago, bien connu pour ses beaux travaux en téléphonie, vient de breveter un transmetteur téléphonique. Cet appareil est d’au-
- V») Nous laissons à notre correspondant l’entière responsabilité de ses affirmations. (Note de la rédaction.)
- tant plus intéressant à étudier que, suivant l’auteur, il repose sur un principe nouveau.
- Jusqu’à ce jour, les courants téléphoniques étaient considérés comme essentiellement ondulatoires, et les personnes un peu familières avec
- FIG. I
- cette question se rappelleront sans doute que, dans son brevet original, M. Graham Bell insistait tout particulièrement sur la nature des courants engendrés par le téléphone.
- L’illustre inventeur avait joint à ses descriptions
- FIG. 2
- des figures schématiques qui devaient faire ressortir d’une façon très nette la distinction à établir entre les courants ondulatoires, objets de sa revendication, et les courants intermittents et d'impul-
- sion dont on faisait usage dans les télégraphes de toute espèce.
- Dans un mémoire lu a la Société des ingénieurs télégraphistes de Londres le 3o octobre 1877, M. Graham Bell s’exprimait même ainsi : * Les
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- courants - ondulatoires n’avaient pas été employés avant moi, et ce sont eux qui ont permis de résoudre le problème de la transmission de la parole. »
- Le nouveau transmetteur de M. Freeman dont nous reproduisons les dessins d’après YElectrical World, de New-York, présenterait précisément cette particularité curieuse, que les courants produits seraient intermittents; pourtant nous devons dire que cela ne nous paraît pas démontré.
- On se rendra facilement compte du fonctionne • ment de l’appareil sur le diagramme (fig. i) composé d’après la description assez incomplète que nous avons entre les mains.
- L’appareil ressemble beaucoup à un microphone
- MiM;*
- FIG. 4
- et à vrai dire nous ne sommes pas encore convaincu que ce n’en soit pas un.
- Le circuit de la ligne sur lequel sont greffés les récepteurs RR aboutit, comme dans les microphones ordinaires, à l’enroulement secondaire M, d’une bobine d’induction, représentée à part sur la figure 2. Cette bobine est munie de deux enroulements primaires m et m', montés en dérivation l’un sur l’autre. Les entrées de ces enroulements sont reliées entre elles et à l’un des pôles d’une pile X, le positif par exemple.
- Les sorties des bobines primaires aboutissent à des contacts en charbon K, K' (1).
- En face de ces charbons se trouvent les pointes de deux crayons h et h' également en charbon, montés dans des bagues isolantes et fixés à un levier F, articulé autour du point O. Les autres extrémités de ces crayons sont en contact permanent avec deux petits ressorts I, F, reliés au pôle
- .• t1) Les lettres se correspondent sur toutes les figures, on . sé reportera aisément de l’une à l’autre. S
- négatif de la pile. On trouvera le détail de ces pièces sur la figure 3.
- A l’ét^Lpormal le crayon h’ ne communique pas avec le çmtt&ct K', tandis que le crayon h touche le contact IC, en sorte que le courant de la pile traverse'd’une manière continue la bobine m.
- La plaque vibrante D est munie d’une pointe c qui appuie sur le levier F, en un point situé entré le centre d’oscillation O et le crayon h'.
- Lorsqu’on parlera devant le téléphone, le diaphragme D se mettra à vibrer. La pointe c appuyant sur le levier F le fait pivoter, ce qui aura pour effet de rompre le contact h K et d’établir presque instantanément le contact h' K'.
- L’interruption du courant de la bobine m et la production d’un courant dans la bobine m' donneront naissance à des courants induits dans la bobine secondaire M. - ,
- Le sens des enroulements a été choisi de telle sorte que les deux effets s’ajoutent.
- Suivant l’inventeur, on obtient ainsi des impul-
- Fin. 5
- sions très puissantes qui actionnent les appareils du poste récepteur.
- On remarquera que sauf au moment précis où a lieu l’ouverture d’un circuit et la fermeture de l’autre, l’appareil fonctionne exactement comme un microphone puisque la pression du crayon contre le contact en charbon doit produire des variations de résistances qui se traduisent par des variations d’intensité du courant de la pile. Il serait donc intéressant de déterminer quel est le rôle des courants microphoniques, et quel est celui des courants de rupture et de fermeture.
- La figure 4 montre la forme géne'rale de l’appareil et quelques détails de construction.
- On y voit que le diaphragme D est monté sur le dos de la porte d’une boîte renfermant la bobine d’induction.
- Le levier F est placé sur une équerre ff également fixée contre la porte. Enfin les contacts K et K' sont disposés sur deux ressorts coudés Kl, K'l', dont la tension peut être réglée au moyen des vis de pression P,l'3.
- La figure 5 est une coupe passant par le centre du diaphragme.
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- A propos de l’éclairage électrique en Suède.
- A l’heure où l’on nomme chez nous des commissions scientifiques chargées de réglementer l’emploi des courants électriques, on lira sans doute avec intérêt les prescriptions suivantes imposées par les Compagnies d’assurances, en Suède, dans les cas où l’immeuble assuré comprendrait une installation d’éclairage électrique.
- Nous empruntons ce document à V Elektrotech-nische Zeitschrift, du mois d’avril (p. 178).
- i° Machines dynamo-électriques. — Les machines dynamo-électriques ne pourront être installées dans les ateliers ou espaces clos servant à loger des matières facilement inflammables ou sujettes à explosion.
- Les machines devront être assises sur une fondation incombustible, placée à une distance de 3o centimètres au moins du commutateur. Elles devront en outre être isolées au moyen de cales en bois disposées entre le bâti de la machine et sa fondation.
- 20 Circuits. — On aura soin de munir toute installation d’un nombre suffisamment grand d’appareils de sûreté, ayant pour fonction de rompre le circuit, toutes les fois que pour une raison quelconque, l’intensité se sera élevée au-dessus du régime normal, à un point tel que réchauffement des conducteurs pourra devenir une cause d’incendie.
- Dans le cas des lampes à arc, la section des conducteurs, si ces conducteurs sont en cuivre, devra être calculée de telle façon que jamais l'intensité de circulation ne dépasse deux ampères par millimètre carré.
- Dans le cas des lampes à arc, on se tiendra aux limites suivantes :
- 3 Ampères par mm2 pour un courant de 5o amp.
- 2,5 — — — — 100 —
- 2,0 — — — — 3oo —
- La même proportion devra être gardée pour des courants d’intensité plus élevée.
- Si l’on emploie pour les conducteurs un métal quelconque autre que le cuivre, les sections de ces conducteurs devront être calculées en tenant compte des propriétés particulières du métal considéré.
- Dans le cas des lampes à arc, deux fils isolés traversés par des courants de tension différente seront placés à une distance de 5o millimètres au moins l’un de l’autre, lorsque la différence de potentiel n’excédera pas 120 volts. Cette distance devra être augmentée de 25 millimètres par 60 volts d’accroissement donné à la différence de potentiel; un écart de 3oo millimètres devient dans tous les cas suffisant.
- Dans le cas des lampes à arc, il faut que l’intervalle entre les conduites principales soit de 5o millimètres au moins pour des courants de tensions
- différentes. Dans les circuits dérivés cette distance pourra au besoin être prise un peu plus petite.
- Entre les fils nus placés au-dessus des toits ou bien dans le voisinage des bâtiments, l’écart devra être au moins cinq fois plus grand qu’entre les fils isolés ; 600 millimètres sont cependant suffisants dans tous les cas.
- Partout où l’on est amené à placer deux fils l’un au-dessus de l’autre, on aura soin de fixer ces fils solidement et de les séparer l’un de l’autre par un corps isolant et peu combustible.
- Partout où les fils sont placés dans des conditions de fonctionnement particulièrement désavantageuses, il faudra avoir soin de les protéger par des moyens particuliers et exceptionnels.
- Les fils que l’on fera passer à travers des tubes de fer ou des supports de lampes, etc., devront être isolés avec des précautions tout à fait spéciales.
- Si l’on prend comme conducteurs du courant des tiges métalliques,des supports de lampes, etc., ces tiges, supports, etc., devront également être isolés.
- On ne pourra en aucune façon, employer le retour par la terre.
- Dans le voisinage immédiat des machines dynamo-électriques, aussi bien qu’à l’entrée dans les bâtiments, les fils devront être pourvus d’un ou de plusieurs interrupteurs, afin qu’il soit possible de couper instantanément le circuit.
- On devra encore, dans la pose du circuit, tenir compte des prescriptions suivantes :
- A l’intérieur des bâtiments, il faudra fixer avec soin et bien isoler tous les fils; dans les endroits humides, il y a lieu d’employer des précautions spéciales, à ce point de vue; aussi isolera-t-on, dans ces endroits, les conducteurs, avec de la gutta-percha ou avec une autre matière isolante.
- Tous les joints se feront par soudures, à moins que l’on n’emploie des bornes; dans tous les cas, ces joints devront être isolés comme le reste du circuit par des bandes de toile imprégnées de gutta ou de toute autre matière isolante.
- Les fils qui traversent des murs ou des toits doivent être protégés au moyen de gaines en ébonite, en verre, en porcelaine ou en une autre matière analogue, et si, dans le cas de force majeure, on est obligé de faire passer deux fils par la même ouverture, il faudra enfermer ces fils dans un tube isolant et peu combustible, afin d’écarter tout risque d’incendie.
- Si, à l’intérieur d’une maison, on est amené à placer, sur quelques mètres de longueur, un circuit librement tendu, les deux fils doivent être éloignés l’un de l’autre de 3o centimètres au moins.
- Pour des lampes portatives, on pourra se servir de cordons souples, en admettant, bien entendu, que les fils soient convenablement isolés l’un de l’autre.
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- On pourra, en dehors des bâtiments, se servir de conducteurs nus; placés sur des supports isolants, mais il faudra, dans ce cas également, se conformer aux prescriptions énoncées plus haut, en ce qui concerne la résistance des fils.
- 8° Lampes électriques. — Les lampes à arc doivent être enfermées dans des globes en verre ou des lanternes disposées de telle façon que les produits de la combustion ne puissent tomber par la partie inférieure de la lampe.
- Les lampes à arc, de même que les machines dynamos ne devront jamais être employées dans les locaux où se trouvent des matières trop facilement inflammables, ou sujettes à explosion.
- Les lampes à incandescence pourront être employées partout, à condition toutefois que le globe de ces lampes soit solide et que, dans tous les locaux où se trouvent des produits inflammables, ou bien où l’atmosphère est sujette à se remplir de gaz explosifs, le circuit soit pourvu de commutateurs. -
- - Gouvernail électrique de M. C. H. Washburn.
- UElectriçal World annonce que le gouvernement des Etats-Unis va entreprendre à bord du navire le Dispatch des expériences sur un gouvernail électrique, imaginé par M. C. H. Washburn.
- L’aiguille aimantée d’une boussole porterait une tige verticale oscillant entre deux contacts. Dès que le navire dévierait de sa direction, l’aiguille toucherait l’un ou l’autre de ces contacts et fermerait ainsi un circuit actionnant l’une des soupapes d’admission d’un petit cylindre à vapeur, lequel actionnerait à son tour la soupape d’un grand cylindre dont le piston commanderait le gouvernail.
- La plus légère déviation doit faire mouvoir la barre, et ramener le navire dans la bonne direction.
- Des commutateurs seront placés en différents points du vaisseau, de manière à pouvoir manœuvrer le gouvernail, indépendamment de la boussole, si le besoin s’en fait sentir. Dès que le navire changera de direction, le capitaine en sera averti au moyen d’une sonnette placée dans sa cabine.
- Le voisinage de l’aiguille de la boussole et des courants assez intenses qui prennent naissance dès qu’un des circuits de commande est fermé, a été relevé comme un inconvénient sérieux. L’inventeur a répondu en disant qu’il avait découvert des lois nouvelles qui lui permettent d’utiliser sans crainte des courants puissants, à proximité de la boussole.
- Nous voulons bien croire à la possibilité de faire fonctionner l’appareil que nous venons de décrire, mais nous ne pouvons nous empêcher de nous méfier singulièrement des lois nouvelles dont il relèverait.
- A propos des appels dans les réseaux téléphoniques.
- Il y a avantage, lorsque deux abonnés d’un même réseau ont entre eux des communications très fréquentes, à relier, au bureau central, ces abonnés d’une façon permanente en leur laissant, bien entendu, la faculté de s’appeler l’un l’autre ou d’appeler le bureau central.
- Si les abonnés sont reliés au bureau central par des circuits métalliques fermés, le problème ne présente pas de difficultés bien grandes. Nous avons déjà mentionné (tome XYI, p. 444) la solution adoptée par la Société Générale des téléphones.
- Parlant de cette solution, M. C. Elsasser rend compte, dans un article récemment paru (Elek-trotechnische Zeitschrift, juin i885, p. 240), du dispositif qu’il a lui-même imaginé pour répondre à ces exigences particulières du service et alors qu’il n’avait aucunement connaissance du système appliqué au réseau de Paris.
- Ce système se trouve représenté d’une façon schématique dans la figure 1 où A est un poste d’abonné, L L' le fil de ligne et S l’annonciateur placé au bureau central Z. L’abonné a à sa disposition deux touches T, et T2. Quant il appuie sur le bouton T, il met à la terre le pôle positif de la pile B en même temps qu’il relie au pôle négatif de B par /, c, b, a d’une part et g, d, b, a de l’autre les deux lignes L, L' ; il est évident que l’annonciateur S ne fonctionne pas tandis que la sonnerie W du poste B, identique comme montage à A, entre en jeu. — Si au contraire c’est la touche T2 qui est abaissée la pile B s’intercale entre r et h et les courants qui traversent LL' ayant des directions contraires, le bureau central se trouve appelé.
- Si les abonnés sont reliés au central par un seul fil, le problème devient plus compliqué. M, Elsasser indique dans ce cas également une solution dont la figure 2 reproduit le schéma. — A représente un poste d’abonné, Z le bureau central. Le poste A est muni, en plus des organes précédents, d’un inducteur dont le circuit secondaire communique d’une part avec la terre et de l’autre avec la borne k,
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- et d’un interrupteur automatique U. Au bureau central le relai phonique, récemment employé en Belgique, trouve son application d’une façon ingénieuse. L’une des armatures d’un condensateur C est reliée à l’entrée de la bobine d’un téléphone F; la sortie de cette même bobine communique avec la terre. L’autre armature est reliée avec la borne m. — En l’état de repos, la pile B est fermée en court circuit, l’un de ses pôles étant mis en communication avee la membrane du téléphone F et l’autre avec un marteau n qui, appuie sur cette membrane et est mobile autour de son point d’attache. Les autres détails de la figure s’expliquent d’eux-mêmes ; il nous suffira de faire remarquer que les chevilles
- des commutateurs sont construites de telle façon que l’extrémité servant de support au loquet mobile se trouve isolée de la masse.
- Lorsque l’abonné appuie sur le bouton T2 il lance dans la ligne une série de courants alternatifs ; ces courants se rendent en partie par s,, s2, L2 chez l’abonné B ; ils passent en partie par m C dans la bobine téléphonique. Ils sont de trop courte durée pour faire fonctionner la sonnerie trembleuse de l’abonné, mais ils mettent en vibration la membrane du téléphone F; le court circuit de la pile B s’ouvre et le courant de cette pile, passant par l’enroulement de l’annonciateur K, opère le déclenchement de la palette.
- Si, au contraire, l’abonné appuie sur la touche Ti il envoie sur la ligne un courant continu qui, étant donné un bon réglage au bureau, n’a aucune influence sur l’appareil en Z et met seulement en activité la sonnerie au poste correspondant B.
- L’électrolyse appliquée à la fabrication de l’aluminium.
- M. L. Senet a imaginé un nouveau procédé qui permet d’obtenir l’aluminium par voie d’électro-lyse, aussi bien que le cuivre, l’argent, etc. — On fait agir un courant de 6 à 7 volts et de 4 ampères, sur une solution saturée de sulfate d’aluminium, en présence d’une dissolution de chlorure de sodium ; les deux solutions sont séparées par un vase poreux. Il se forme un chlorure double d’aluminium et de sodium qui est décomposé et l’aluminium mis en liberté se dépose sur l’électrode négative.
- Le procédé peut être appliqué, soit à l’obtention de dépôts d’aluminium sur des objets quelcon-
- ques, soit encore, et c’est à ce point de vue surtouque l’invention mérite d’être signalée, à la fabrication économique de l’aluminium.
- BIBLIOGRAPHIE
- éclairs et tonnerres, par W. de Fonvielle. [Bibliothèque des merveilles). — Paris, Hachette, éditeur.
- Le livre de M. de Fonvielle est une monographie, détaillée des curieux effets de la foudre. On jugera de l’intérêt de cet ouvrage par un seul exemple pris au hasard.
- « Le 14 juin 1794, la foudre, indiscrète, pénètre, « visiteuse inattendue, dans une cabane où une « famille de paysans se trouvait réunie. Les trois « enfants sont jetés à terre avec violence ; jugez « de l’effroi du père et de la mère. En relevant les 1 pauvres petits êtres, ils s’aperçoivent que les trois « malheureux qui étaient tombés avec les joues « blanches et roses se relèvent affreusement mar-« qués de la petite vérole. » (P. 204.)
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- CORRESPONDANCE
- Anvers, le 29 juin 188S.
- Monsieur le Directeur,
- Dans le numéro 26 de votre estimable journal, je trouve un entrefilet concernant mes piles' à lumière à l’Exposition d’Anvers. De petites erreurs se sont glissées : i° dans le nom, 20 dans les constantes.
- Les voici : l’élément de i5 centimètres de hauteur sur 10 centimètres de diamètre avec un zinc circulaire a :
- 7 à 8 ampères minima,
- 1 volt, 5o.
- Après les essais de M. le Recteur de l’Université de Bruxelles, M. Rousseau, de M^. Eric Gérard et de l’administration des télégraphes de l’Etat, je vous ferai parvenir les résultantes.
- Veuillez agréer, etc. J. Warnon.
- P. S. — J’obtiens facilement une heure de lumière sur une lampe de 10 volts avec 12 éléments.
- FAITS DIVERS
- Voici près d’un an que nous nous efforçons de démontrer que la Société générale des téléphones encombre nos égouts d’un réseau dont le plan a été déplorablement conçu. La multiplicité des bureaux auxiliaires a été la conséquence fatale de l’organisation précaire à laquelle M. Cochery a condamné la téléphonie.
- N’ayant ni le courage d’entreprendre la téléphonie sous sa responsabilité ministérielle, ni la loyauté de respecter une industrie nouvelle n’ayant que ses brevets pour toute protection, l’ancien ministre des postes et télégraphes a créé à ses successeurs (il espérait peut-être n’en avoir jamais) une situation d’une extrême délicatesse.
- La Société générale des téléphones s’est fondée en 1880 à un capital déjà formidable. 8.65o.ooo francs, à 2.000 et quelques cents francs par chaque nouvelle installation, cela leprésentait déjà quatre mille abonnés.
- L’année suivante, en 1881, la Société portait son capital à 25 millions : et pourquoi tant de millions, grands dieux ! La Société va-t-elle acheter un vaste immeuble d’où rayonnera un puissant réseau, susceptible de satisfaire une dizaine de milliers d’abonnés au moins? Pas du tout : le public a mordu à l’hameçon, il a payé 7 et 800 francs les actions émises à 5oo francs; les syndicats ont empoché de ce fait 3 ou 4 millions sur cette première affaire; l’appétit vient en mangeant et l’on triple le capital, espérant tripler la prime; quant à la téléphonie, les financiers habiles qui forment le conseil d’administration n’en ont guère souci; cela regardera l’ingénieur directeur de faire suer à cette piètre exploitation un dividende rémunérateur, et le pauvre Lartigues n’a pas tardé à s’user à cette ingrate besogne. L’ingénieur administrateur qui le remplace, M. Richard, ingénieur en retraite des postes et télégraphes sera-t-il plus heureux? Il est permis d’en douter en examinant le dernier bilan.
- A qui la faute, si tant de millions ont été employés pour une part à la téléphonie, et pour le reste en achats d’usines destinées à construire toutes sortes d’appareils électriques et autres, et même toutes sortes d’articles de ménage en gutta-percha ou en caoutchouc.
- En lisant le dernier rapport présenté à l’Assemblée générale du 20 juin dernier, on voit même figurer à l’actif une certaine somme de 993.000 francs pour participation dans diverses entreprises, sans autre désignation. Les commissaires n’ont pas osé avouer les noms des industriels soutenus par la Société générale des téléphones, et même les actionnaires ont mis une discrétion rare à ne pas demander d’autres détails sur l’emploi d’une somme de près d’un million ; c’est leur affaire, et cette caisse de fonds secrets s’ouvrira bien un jour ou l’autre.
- Notre joyeux confrère le Petit Bleu, en rendant compte de l’Assemblée générale du 20 juin, termine sa narration par ces quelques paroles dites par un actionnaire convaincu : « Et surtout pas de concessions !
- — A moins que ce ne soit une concession de vingt ans », a répondu finement le président.
- Les espérances du président doivent, à l’heure présente, s’être envolées au pays des chimères, et les dispositions du ministère à l’égard de la Société générale paraissent bien modifiées depuis le départ de M. Cochery.
- Le nouveau ministre des postes et télégraphes devait-il, par pitié pour les gogos de la Société, respecter le monopole de fait, dû à la complaisance de son prédécesseur, ou devait-il, s’autorisant du droit inscrit par son prédécesseur même dans tous les traités antérieurs, accorder une nouvelle concession à qui lui offrait de construire un nouveau réseau avec des prix d’abonnements réduits équivalents, malgré les frais élevés de la pose souterraine, aux prix d’abonnement dont jouissent le commerce et l’industrie des autres nations européennes?
- Le nouveau ministre a pensé que la résistance de la Société des téléphones à baisser ses prix, n’avait pas d'excuse avouable, et il vient d’accorder à M. Dauderni, le riche entrepreneur de travaux publics, bien connu, une concession parallèle à celle que M. Cochery avait accordée à la Société générale des téléphones. Nous avons le plaisir d’annoncer à tous ceux qui n’ont d’autres reproches à faire au téléphone que so'n prix élevé, que le réseau Dauderni ne coûtera qu’un franc par jour, soit 365 francs par an, au lieu de 600, que prend la Société générale des téléphones. Disons aussi que, s’appropriant les meilleurs appareils magnétiques de MM. Abdank Abakanowicz et Marcel Deprez, que nous avons décrits dans les nos 2, 9, 16, 23 et 3o mai, 6 et t3 juin, les nouveaux abonnés n’auront pas à supporter dans leurs appartements, les horribles boites à piles qu’il faut presque tous les mois renouveler ou nettoyer, sous peine d’être envahis par les infectes odeurs ammoniacales qu’elles finissent toujours par dégager.
- Le jour où M. Sarrien a signé la concession de M. Dauderni, et celui où le préfet de la Seine, déjà autorisé par le conseil municipal aura ouvert au nouveau concessionnaire les égouts de la ville de Paris, seront deux dates heureuses pour l’industrie parisienne. Une clause très importante, due a l’initiative du conseil municipal, oblige les concessionnaires à donner mutuellement et gratuitement la correspondance à leurs abonnés respectifs.
- Nous publierons prochainement le texte du contrat des abonnements au réseau Dauderni.
- Une nouvelle publication a vu le jour. Elle s’intitule Le Chercheur, journal des inventions nouvelles, paraissant le ior de chaque mois.
- Voici quelques extraits du programme indiqué par la rédaction.
- « Le Chercheur sera, comme l’indique son sous-titre, le « journal des inventions nouvelles; il tiendra ses lecteurs « au courant de toutes les inventions et découvertes les - plus récentes. Nous nous occuperons spécialement, dans • une chronique industrielle des questions techniques telles « que l'éclairage électrique, les moteurs domestiques, le <• transport de la force à distance; des questions d'hygiène
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- . et d'assainissement, et en général de tous les problèmes « industriels offrant un intérêt d’actualité.
- « Notre journal s’est assuré le concours de plusieurs « ingénieurs distingués qui se sont fait une place honorable « dans la presse scientifique et industrielle et dont les noms « sont déjà avantageusement connus de nos lecteurs. »
- Le premier numéro contient entre autres une étude sur les lampes à incandescence, par M. Juppont dont le nom est éminemment sympathique, et un article de fond intitulé: .. Tout à l’égout » émanant de la plume autoiisée de M. A. Good, rédacteur en chef.
- Signalons encore la collaboration de MM. H. Rolland, H. Mamy et Odin.
- M. Sàrrien, ministre des postes et des télégraphes, continuant à étudier lui-méme l’organisation de tous les services de son département, a visité, hier, avec M. Besnier, directeur des correspondances postales, l’atelier de fabrication des timbres-poste.
- Le ministre s’est fait rendre compte longuement de la fabrication si délicate des timbres-poste, des cartes postales, des cartes télégrammes, des enveloppes timbrées, des bandes timbrées, des mandats-poste.
- Il a visité l’atelier de galvanoplastie, où l’on produit, au moyen de types primitifs, qui ne sont jamais employés, les planches destinées à l’impression; il a vu également l’atelier de composition des couleurs. Partout il a suivi attentivement le travail des ouvriers, se faisant expliquer le fonctionnement de chaque machine et les divers moyens destinés à prévenir les fraudes. Il a paru très satisfait de la façon dont ce service était organisé.
- Nous lisons dans le Bulletin international des téléphones :
- M. Mariez a pensé à utiliser l’électricité pour régler automatiquement à l’usine, l’émission du gaz suivant la consommation. L’appareil, d’une complication plus apparente que réelle, peut trouver son emploi dans certains cas particuliers. Nous allons en indiquer le principe, sans entrer dans sa description, que le cadre de notre journal ne saurait comporter.
- Les usines à gaz règlent en général la pression du gaz au moyen d’un régulateur d’émission sur la cloche duquel on met, à certaines heures désignées à l’avance, des poids proportionnés à là pression que l’on veut obtenir. Cette dernière se donne ainsi d’une façon brusque et ne correspond pas souvent aux besoins de la consommation. Dans le but de parer à ces inconvénients, quelques usines emploient un manomètre avertisseur à contacts électriques, placé en ville et relié à l’usine par un fil aboutissant à une sonnerie d’appel. Le surveillant ainsi prévenu modifie la pression d’émission jusqu’à ce que la sonnerie s’arrête ; mais le service manque de régularité et dépend du plus ou moins d’attention apporté par l’ouvrier dans l’exécution de son travail.
- Le mécanisme de M. Mariez évite ces défauts en corrigeant lui-même,d’une façon rapide et certaine, les moindres variations de pression qui lui sont indiquées par un manomètre à contacts électriques situé au centre de la ville et avec lequel il est relié par un fil. Le poids que l’on met ordinairement sur le régulateur est remplacé par un petit réservoir muni d’un tube flexible placé sur la cloche et dans lequel on peut faire arriver de l’eau. Cette eau agit par son poids sur le régulateur. Le tube est mis en communication avec le mécanisme qui porte des robinets, les uns pour l’arrivée de l’eau, les autres pour la sortie; ces robinets sont manœuvrés par le mécanisme qui entre en mouvement sous l’influence d’un poids moteur; le courant électrique n’agit que pour soulever des détentes.
- On voit par ce rapide exposé que le but du mécanisme est de faire varier la pression d’émission suivant l’importance de la consommation, et cela, automatiquement, d’une façon rapide, douce et certaine. Son emploi améliorerait les
- «
- distributions de gaz, en permettant de maintenir constamment, au point le plus important de la ville, la pression reconnue nécessaire et suffisante pour obtenir une bonne alimentation dans toute la canalisation.
- M. Bonneville indique l’emploi de l’électricité pou.r la régénération des bains qui servent dans le blanchiment des tissus. Cette opération s’effectue de la manière suivante on verse dans une solution iroide au 1/100 de brome, 1 0/0 de soude caustique à 36° Baumé ou la quantité équivalente d’une bai-e alcaline quelconque. Le tissu végétal, préalablement humecté, est plongé dans cette solution et y reste jusqu’à ce qu’il se décolore. On le passe ensuite à l’eau acidulée et l’on rince pour terminer.
- Après un certain nombre d’opérations,le bain est épuisé; on le reconstitue en y ajoutant 1 0/0 d’acide sulfurique ou d’acide nitrique qui libère le brome. On y met ensuite de la soude caustique pour reproduire l’hypobromite de soude. L’acide hydrofluosilicique, pendant la formation des bromures et des bromates, donne un fluosilicate insoluble de soude que l’on élimine facilement par décantation. Dans ce cas, il n’y a ni sulfates ni nitrates mélangés au bain.
- Si l'on place aussi dans la solution deux électrodes de charbon, reliées à une pile, l’oxygène actif est constamment renouvelé par la régénération de l’acide hypobromeux. On a vérifié qu’un bain entièrement épuisé peut être régénéré par le passage du courant électrique, et la même action a lieu avec le chlore et ses composés.
- M. Bonneville recommande donc l’emploi du brome et des hypobromites pour le blanchiment des tissus végétaux, la régénération des bains par les acides, plus particulièrement par l’acide hydrofluosilicique, et la reconstitution du pouvoir décolorant au moyen de l’électricité.
- C’est à Paris que l’orage du 28 juin a causé le plus de véritables désastres.
- Une partie de la berge de la Seine, sous le pont de l’Archevêché, s’est effondrée, entraînant dans sa chute une dizaine de personnes qui, pour la plupart, n’ont pu être sauvées. La foudre est tombée sur l’église de la Madeleine. Une marchande de journaux, dans un kiosque voisin, a été à demi paralysée.Rue Championnet, un cheval a été tué. A la station de Sceaux-Ceinture, le fil télégraphique a été coupé et le bureau du sous-chef de gare incendié ; enfin, et pour terminer cette triste nomenclature, avenue d’Orléans, i3i, le fluide, en tombant, a déterminé un incendie chez un marchand de vin [dont le mobilier a été presque détruit. _________ ’
- Un accident, qui ne se produit heureusement que rarement, vient d’avoir lieu dans le département de la Charente Un employé du service technique des télégraphes, nommé Boudet, a été foudroyé au moment où il réparait la ligne télégraphique entre Le Queroy et La Rochefoucauld, au poteau kilométrique 16, sur le territoire de la commune de Pranzac. Boudet, accompagné de deux ouvriers, établissait un raccord lorsque la foudre est tombée sur la ligne; il fut renversé du poteau auquel il était monté et projeté sur le sol. La mort a été instantanée.
- C’est un des rares accidents où l’on ait à signaler la chute de la foudre sur les lignes télégraphiques ; il vient à l’encontre de l’opinion de certaines gens qui soutenaient jusqu’à présent que le fait ne pouvait pas se produire.
- Il n’est bruit dans la ville de Chartres que d’un affreux événement qui s’y est produit dimanche dernier.
- Pendant l’orage qui a éclaté vers les dix heures du soir, la foudre est tombée sur la caserne des dragons; le fluide a traversé le mur, tué net un homme dans son lit, crevé
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- un œil à un autre, et projeté plusieurs cavaliers à quatre ou cinq mètres de distance, puis il a tué un cheval dans l’écurie qui est au-dessous de la chambrée.
- De même dans le dépôt du Rhône, plusieurs accidents suivis de mort ont eu lieu : à Charensal, un vieillard a été foudroyé et à Aix-la-Fayette un jeune homme a eu le même sort.
- Enfin à Châlons, un soldat du 6° cuirassiers atteint par le fluide a complètement perdu la vue en même temps que la paralysie se déclarait dans tout le côté gauche du corps.
- L'orage du 28 juin a causé de grands dégâts dans le département du Doubs. Non seulement la foudre y a occasionné des pertes sensibles, mais l'avalanche de grêle qui s'est abattue sur une grande partie du territoire de Besançon a failli anéantir complètement la récolte des céréales; à Montfaucon, les grêlons, dont le diamètre variait de 3 millimètres à 1 centimètre, formaient une couche de 4 centimètres d'épaisseur.
- On signale dé Villedieu-les-Vesoul un singulier effet de la foudre. Le fluide en tombant sur un tilleul près duquel se trouvait un paysan, a coupé net le soulier de ce dernier, sans lui faire éprouver le moindre mal.
- A Souillac (Lot) la foudre est tombée sur la caserne de gendarmerie et a atteint tous les gendarmes de la brigade qui s'y trouvaient réunis. Trois ont été blessés grièvement et deux légèrement.
- A Vinça (Pyrénées-Orientales) un orage épouvantable a causé de grands désastres. Taudis qu’une pluie torrentielle anéantissait les récoltes, le tonnerre est tombé sur le clocher de l'église qui s’est effondré en partie. Deux énormes poutres qui soutiennent les cloches ont été fendues. L'église offre un aspect désolant. Les murs sont lézardés et toutes les vities ont volé en éclats.
- Nous empruntons les détails suivants sur l'électricité à l'Exposition d'Anvers, à une correspondance adressée au Bulletin international deà Téléphones :
- L'électricité ne brille ni par le nombre ni par la qualité des objets qu'elle a envoyés.
- Quelques lampes de trois ou quatre anciens systèmes, surtout du Brush, éclairent le jardin. M. Julien, concessionnaire du brevet Brush, est le seul qui se soit mis en frais pour ses machines ainsi que pour quelques accumulateurs, encore son installation n'est-elle pas terminée.
- Nous avons remarqué aussi dans la section française les appareils électriques pour chemins de fer, présentés par M. Mors, et dans la section belge, les appareils pour réseaux téléphoniques de la Compagnie anversoise.
- Le reste mérite à peine une mention.
- La Société générale des Téléphones de Paris occupe, dans un endroit presque inaccessible, un petit compartiment, et ce qu'elle y fait voir n'inspire pas une idée suffisante de sa production industrielle et de son organisation, malgré la peine que se donne son représentant.
- La Compagnie belge fait également une assez triste figure dans un coin noir et écarté.
- Nous n'avons vu qu'une seule transmission électrique de force : encore n'est-elle pas exposée. Elle a été installée par un tailleur de diamants, en peine de se procurer la force motrice nécessaire à son travail : un constructeur français, dont nous regrettons d'ignorer le nom, lui a fourni une petite machine Gramme à laquelle l'énergie est envoyée de la salle des machines, et qui rend deux chevaux. Le patron et les ouvriers sont très satisfaits de son service.
- Nous nous réservons de revenir sur la partie électrique de cette Exposition lorsque tout seia bien rangé.
- Avant de quitter Anvers, nous avons cherché à nous rendre compte des applications de l'électricité dans cette ville.
- La lumière électrique y est jusqu'ici peu répandue : à peine remarque-t-on deux ou trois éclairages privés. Cependant, les magnifiques installations maritimes et le port sans rival de cette ville trouveraient un complément avantageux dans un large usage de lampes à arc.
- Par contre, la ville possède un excellent réseau téléphonique, établi un des premiers eu Europe ; ce réseau compte environ huit cents abonnés; il est construit en lignes aériennes. A ce sujet, notre curiosité avait été piquée par la vue de nombreuses boules noires enfilées sur les lignes, et dont nous ne comprenions pas l'utilité; l'ingénieur de la Compagnie nous a expliqué que ces boules étaient destinées à signaler les fils aux nombreux pigeons voyageurs qui auparavant venaient à chaque instant se blesser contre eux. Le réseau anversois communique avec ceux de Bruxelles et de Gand; entre Anvers et Bruxelles, les communications sont fréquentes. Les appareils employés sur le réseau sont ceux du système américain : transmetteur Blake, récepteur Bell, sonnerie magnétique. Le bureau central d'Anvers va installer le système de mise en communication usité à Liverpool.
- En résumé, l'Exposition d'Anvers nous a paru être la plus réussie des manifestations de ce genre tentées depuis celle de Paris en 1878; elle donne une haute idée de la puissance et de l'initiative du commerce local.
- Pendant les six années qui viennent de s’écouler, on a fabriqué en Allemagne plus de 600 dynamos présentant une valeur totale de 17.500.000 francs et 20.000 lampes à arc évaluées à 6.25o.ooo francs. De 1880 à 1884, le nombre des bureaux de télégraphe s’est élevé de 5.114 à 9.529 et la longueur du réseau de 121.520 milles à 150.040 milles.
- Le téléphone a été introduit en Allemagne en 1880; il y a aujourd'hui 58 bureaux centraux dans le pays, ayant 7.311 abonnés et possédant un réseau de 10.100 milles de développement.
- On annonce de Yarmouth que des essais de tramways électriques semblables à celui établi à Edimbourg, au Cristal-Palace, y seront prochainement exécutés. M. Binko a soumis des plans pour la construction d'un tramway permanent le long de la Drive, ou, en cas d’objections, sur la plage s'étendant de Britannia au Wellington Vier.
- Un nouveau bill vient d'être introduit aux États-Unis ,pour nommer dans les vingt jours qui suivront sou adoption, dans les villes de New-York et de Brooklyn, trois personnes désintéressées, qui formeront un conseil des communications électriques souterraines. Ce conseil aura pour mission de faire exécuter le bill de l'année précédente, en faisant enlever tous les fils électriques ou câbles aériens placés dans les rues et en les faisant placer sous terre quels qu'en soient les moyens pratiques.
- Des essais du moteur électrique Daft ont eu lieu récemment à Baltimore sur la ligne de la Union Passenger Railway C°, entre Iluntingdon avenue et Poodbury. Quelques instants après le départ et pendant que les invités s’extasiaient sur ses mérites, un choc violent se fit sentir et ils aperçurent le moteur sorti des rails et menaçant de tomber sur une chaussée de pierres placée en bas de la voie. L'obscurité étant complète, les invités durent s’aider des mains et des genoux pour retrouver la voie et remettre le moteur sur les rails.
- Plus heureux que ceux qui les avaient précédés dans les
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- essais du moteur Daft à Saratoga. ils n’eurent pas d’accidents à déplorer.
- Eclairage électrique.
- La société Edison vient d'installer plusieurs nouveaux éclairages électriques comprenant : 220 lampes à incandescence et 4 lampes à arc, chez madame veuve Saint, au château de Flexieoun; 5o lampes à incandescence, chez MM. Fort,entrepreneurs de charpentes à Nancy; 100 lampes à incandescence chez MM. Irénée Brun, à Saint-Ghamond; 3oo lampes à incandescence dans la filature de lin de MM.-Dutilleul, à Armentières; 400 lampes dans la filature de MM. Vindries frères, à Roanne.
- 5 dynamos de 5oo lampes chacune ont été installées par les soins de la société Edison au Théâtre-Marie, à Saint-Pé-tersbourg.
- On termine en ce moment à Schaerbeek les installations électriques pour l’éclairage de la gare de formation des trains de marchandises. Cette gare, la plus importante du pays, comporte un mouvement de 2.5oo à 3.000 wagon par jour, et c’est surtout la nuit que le mouvement est considérable. On y a installé huit grands mâts surmontés de lampes électriques qui éclaireront non seulement la gare, mais encore la campagne environnante. Ce sont des colonnes en fer de 33 mètres d’élévation, reposant chacune sur uu piédestal en maçonnerie. Les lampes sont du système de l’ingénieur allemand Gulcher.
- Elles seront mises en action par une machine à vapeur de la force de 25 chevaux, alimentée par deux chaudières.
- La gare est traversée par une cinquantaine de voies sur une étendue de près de 3.000 mètres. Les installations sont presque achevées. On fera très prochainement les essais définitifs.
- Divers essais intéressants ont été faits pour utiliser des ballons captifs lumineux en vue des communications optiques. Cela est réalisable, en employant des ballons opaques sur lesquels on dirige à intervalles inégaux, un faisceau lumineux à l’aide d’un projecteur.
- Quant à faire usage d’une souice lumineuse placée dans la nacelle de ces ballons captifs, il n’y faut pas songer dans l’état actuel de la science aéronautique; le mouvement continuel de rotation autour de leur axe dont ils sont mécaniquement affectés, rendrait la projection et la réception des signaux dans une direction déterminée, également impossibles.
- Le conseil communal de Bruxelles, vient de voter un crédit de 40.000 francs pour l’installation de la lumière électrique dans une série des salles de l’Hôtel de Ville.
- La maison Siedle est la première, qui, il y a deux ans, ait introduit la lumière électrique; elle a eu la satisfaction de la voir se généraliser dans tous les pays voisins.
- Pour faire marcher les machines dynamos, on se servait jusqu’à présent du cours de la petite rivière Gutach. L’hiver dernier, l’eau étant assez basse, le fonctionnement des machines n’a pu être satisfaisant. Aussi a-t-on cherché aujourd’hui à utiliser la chute qui donne plus de 200 chevaux. Il n’y avait qu’une seule difficulté à surmonter, celle de placer les machines, sans nuire à la beauté du paysage.
- La petite ville de Triberg fForêt Noire) est depuis le mois d’octobre 1884, éclairée à la lumière électrique. A l’intérieur de la ville se trouvent 11 lampes à arc de 3oo bougies normales chacune, la cascade est éclairée par une ampe de 1.2C0 bougies.
- ' Le nouveau phare construit sur le sommet des falaises de Douvres, au-dessus des travaux du tunnel cle la Manche et
- à l’extrémité ouest du tunnel Je Skakespeare, sera éclairé-à la lumière électrique..
- On annonce que M. A. Bertelli, de Brescia, aurait inventé une nouvelle méthode de transmission de la force élecr trique.
- La compagnie fJabIochkoff va éclairer pendant la saison des concerts-promenades, le théâtre deGovent-Garden, au moyen de 5o lampes à arc et de 400 lampes à incandescence.
- La fabrique de charbon pour la lumière électrique à Forest City, qui a été fondée il y a 3 mois, en prévision d’une production de 2oq.ooo charbons par mois, a déjà dû être agrandie considérablement de manière à pouvoir porter la fabrication à 600.000 charbons par mois.
- M. Ellis Lever offre de nouveau une récompense de i2.5oo francs pour la meilleure lampe portative et de sûreté électrique ou autre, à l’usage des mineurs.
- Les essais qui ont été faits de l’éclairage électrique d’une partie des rues de Brooklyn ont donné de si bons résultats que le conseil municipal a décidé qu’on introduirait la lumière électrique pour l’éclairage de toutes les rues et avenues importantes de la ville.
- O11 annonce d’Alger que les petites villes de Temouchent (n’ayant que 3.400 habitants) et Mascara ont traité avec une Compagnie de lumière électrique, pour l’éclairage à l’électricité des rues.
- Beaucoup d’agriculteurs en Algérie se proposent d’utiliser la lumière électrique pendant la récolte, afin de pouvoir travailler la nuit et éviter les grandes chaleurs de la journée.
- La compagnie Thomson-Houston, de Chicago, vient de tra:ter avec la ville de Bloomingtou, en Illinois, pour l’éclairage électrique des rues avec 100 foyers à arc Le contrat a été fait pour trois ans.
- Télégraphie et téléphonie.
- Dans sa séance du 3o juin, le Sénat a voté en pemière délibération le projet de loi, adoptée par la Chambre des députés, relatif à l’établissement, l’entretien et le fonctionnement des lignes télégraphiques, téléphoniques ou autres, destinées à l’échange des correspondances appartenant à l’État.
- Sur les 14 articles de ce projet de loi, les articles 1, et 3 à 14, ont été adoptés presque sans modifications.
- L’article 2 voté par la chambre des députés, à ffnstiga-tion de M. Cochery, l’ancien ministre des postes et télé graphes, était ainsi conçu :
- Art. 2. — Lorsqu’il sera besoin d’établir sur le sol, les murs, façades, toits, terrasses, dans les cours et jardins des propriétés privées, des édifices quelconques ou d’établir sur ou sous le sol des chemins et leurs dépendances notamment dans les égouts, les appuis et les conduits destinés au service des lignes télégraphiques, téléphoniques ou autres, un arreté préjectoral prescrira les mesures nécessaires pour Inexécution des travaux.
- La commission du Sénat, sur l'avis du nouveau Ministre des postes et télégraphes. M. Sarrien, a proposé une rédaction plus libéra,e :
- Art. 2. — L’Etat a le droit d’exécuter sur le sol et sous le sol des chemins publics et de leurs dépendances, tous
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- travaux nécessaires à la construction et à l’entretien des lignes télégraphiques et téléphoniques.
- Les fils télégraphiques et téléphoniques autres que ceux des lignes d’intérêt général, ne pourront être établis dans les égouts appartenant aux communes, qu’après l’avis des conseils municipaux, et moyennant une redevance, si les conseils municipaux l’exigent.
- Un décret rendu en forme de règlement d’administration publique, déterminera le taux de cette redevance.
- L’article 2, ainsi rédigé a été adopté contre un amendement de M. Georges Martin tendant à substituer, dans le deuxième paragraphe de l’article 2 aux mots « qu’après l’avis des conseils municipaux >, ceux de : « qu’après délibération des conseils municipaux.
- Des expériences de télégraphie optique, dirigées par M. le chef d’escadron d’artillerie de marine, Bertin, ont été faites au mois d’avril dans le but de relier, par des signaux lumineux, les îles françaises de la mer des Antilles.
- Les résultats ont été aussi satisfaisants que possible et il résulte du rapport du commandant Bertin qu’il y a certitude absolue de pouvoir relier par un réseau de télégraphie optique, la Martinique, la Guadeloupe et ses dépendances, avec une dépense de première installation très modérée.
- L’ouverture de la conférence télégraphique internationale aura lieu le 10 août à Berlin
- La plupart des Etats européens ont déjà annoncé qu’ils se feraient représenter à cette conférence, à laquelle assisteront également les délégués de presque toutes les compagnies télégraphiques.
- Les établissements de MM. Krupp, à Essen, d’après de récents rapports, possèdent 40 milles de lignes télégraphiques, 35 stations télégraphiques et 55 appareils Morse.
- D’après le rapport annuel pour l’année 1884, le total des recettes de la Compagnie ifrançaise du télégraphe de Paris à New-York s’est élevé à 2.820.212 francs et les dépenses à 846.912 francs.
- Un télégramme de Saint-Pétersbourg, daté du 3o juin, annonce l'ouverture dé bureaux télégraphiques à Karibent, Rukhnabad et Merv.
- L’Eastern telegraph C° annonce le rétablissement des communications, viâ Suez, avec la Chine et l’Inde, par suite de la réparation du Câble Aden-Bombay.
- Le service de la correspondance téléphonique entre le réseau concédé de Louvain et ceux de Bruxelles et Anvers est ouvert au public depuis le 29 juin, celui entre Mons et Bruxelles le sera à partir du i5 juillet.
- Les communications téléphoniques entre Francfort-sur le-Mein et Mayence, par le nouveau pont sur le Rhin, viennent d’être terminées. Les fils seront livrés au service public dans quelques jours. Il y a 8 abonnés à Francfort, 17 à Mayence, les services de police des deux villes seront légalement reliés.
- Le prix pour 20 abonnés est fixé à ivS marks, il sera de 125 marks lorsqu’il y aura 3o abonnés et enfin de 100 marks quand le nombre s’élèvera à 40.
- A partir du x®' juillet, la Western Counties and South Wales Téléphoné C°va ouvrir des cabines téléphoniques au
- public dans les trois villes de Plymouth, Devonport et Stonehouse. Le bureau central des postes sera également relié de sorte que les abonnés pourront envoyer et recevoir des dépêches télégraphiques directement; enfin un service de nuit sera inauguré à la même date.
- Le ministre de la guerre en Russie, a ordonné la construction immédiate d’une ligne télégraphique entre Merv et Askabad. La ligne passera par Annow, Babadourwa, Bou-gatchik, Artchigan et Saraks. La longueur totale sera de 5oo versts et la dépense est estimée à 400.000 roubles.
- L’United Téléphoné C®, de Londres, avait demandé au Parlement l’autorisation de pouvoir placer ses fils au-dessus et au-dessous des maisons, rues et routes, dans un rayon de 100 railles du bureau central des postes à Londres; mais en face des quarante-sept oppositions qui avaient été faites par toutes les autorités locales, la Compagnie s’est décidée à retirer cette demande qui, d’ailleurs, n’avait aucune chance d’être favorablement accueillie.
- La New England Téléphoné and Telegraph C° vient de terminer la construction d’une ligne téléphonique en cuivre de 45 milles de longueur entre Belfast et Augusta dans l’Etat de Maine. La ïiene fonctionne parfaitement bien et une autre du même fil va être inaugurée sous peu par la Compagnie, entre Boston et Portland sur une distance de no milles.
- Le réseau téléphonique d’Indianapolis compte maintenant 1.025 abonnés desservis par 20 employés. Le bureau central est en communication directe avec i35 villes et villages, aux alentours de la ville.
- La National Improver Téléphoné C" a demandé aux tribunaux de Pittsburg d’interdire l’emploi du transmetteur Blaked à la Bell Téléphoné C® ainsi qu’à plusieurs autres Sociétés téléphoniques. On croit cependant généralement que les appareils appartenant à la National C® ne sont que des contrefaçons des brevets de l’Américan Bell Téléphonée®.
- Le réseau téléphonique de Cincinnati compte aujourd’hui 2.700 abonnés reliés à 5 bureaux centraux. Le bureau principal contient 700 lignes, et la Compagnie occupe 108 personnes pour répondre aux appels des abonnés.
- Le directeur de la Pueblo Téléphoné C® au Mexique a, paraît-il, inventé un nouveau paratonnerre pour les appareils téléphoniques et télégraphiques, qui est appelé à rendre les plus grands services.
- Les autorités militaires au Canada viennent de faire construire deux nouvelles lignes télégraphiques, l’une de Moose-Yaw à Woodhiils, et l’autre, déjà en train, de Peace-Nills à Edmonton.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Paris.— Imprimerie P. Mouillot, l3, quai Voltaire.— 58206
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- La Lumière Électriqjy^
- Journal universel d’Électricité
- 3i, Boulevard des Italiens, Paris \ -<r'U
- directeur : D1 CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout
- 7e ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI 18 JUILLET 1885 N° 29
- SOMMAIRE. — La tour métallique de M. Eiffel; P. Clemenceau. — Application de l’électricité à la manœuvre des signaux de chemins de fer (2e article); M. Cossmann. — L’Electricité en Amérique. L’éclairage électrique; B. Abdank-Abakanowicz. — Les piles électriques; P. H. Ledeboer. — Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch : Réponse à la note de M. Mascart sur les grands mouvements de l’atmosphère; par M. Faye. — Spectre de l’ammoniaque par renversement du courant induit; parM. Lecoq de Boisbaudran. — Sur les progrès dans la théorie des machines dynamos; par le Dr O. Frœlich. — Correspondances de l’étranger: Allemagne; Dr' H. Mi-chaëlis. — Angleterre; J. Munro. — Chronique: Essais sur le magnétisme permanent des aciers; par F. Osmond. — Bibliographie. — Correspondance. — Faits divers.
- LA TOUR MÉTALLIQUE
- DE M. EIFFEL
- On en a déjà beaucoup parlé, de ce projet fantastique d’élever à Paris pour l’Exposition de 1889, une tour colossale de 3oo mètres de hauteur. Devant les deux projets en présence, celui de M. Bourdais et celui de M. Eiffel, les discussions se sont ouvertes et les avis partagés. Chacun a dit son mot, a fait valoir ses arguments. Les uns se sont enthousiasmés pour la pierre, les autres ont préféré le fer, et finalement le public s’est désintéressé de la question. A vrai dire, il était difficile qu’il en fût autrement. Dans tout ce qu’on a dit, ce qu’on a écrit, on n’a presque jamais fait valoir que des raisons de sentiment. Les dessins et croquis qu’on a présentés, n’ont été, pour ainsi dire, regardés que comme des images, et suivant que l’œil était plus ou moins flatté, que la gravure était plus ou moins bonne, on s’est fait une opinion. Les ingénieurs eux-mêmes, n’ont pas, à mon avis, étudié avec le soin qu’il fallait, le projet d’une œuvre pareille et- c’est trop au .point de vue de l’art pur qu’on s’en est occupé.
- Cela étant, il m’a paru intéressant d’examiner d’un peu près, les choses par moi-même, et de me faire personnellement une opinion. Dès l’abord, je dois le dire, je n’étais partisan d’aucun des systèmes proposés. Je concevais tout autrement le monument commémoratif à élever à la gloire de la Révolution française, et n’étant pas de ceux qui croient que
- pour faire beau il faut surtout faire grand, c’est à peine si je lus, d’un œil indifférent, ce qu’on écrivit à propos de ces tours colossales. Lorsque, plus tard, M. Bourdais, voulant faire de plus fort en plus fort et ne se contentant pas de présenter un projet fantastique au point de vue de la construction, prétendit qu’avec une tour de 36o mètres de haut, il était possible d’éclairer tout Paris, je fus bien obligé, comme électricien, de regarder, si, sérieusement, une pareille conception était réalisable. En cinq minutes et après un calcul que tout enfant de dix ans peut faire, je vis que l’idée était absolument grotesque, et je ressentis, pour ainsi dire, une sorte de colère contre les gens'qui, par des idées absurdes ne peuvent que nuire à la cause de l’éclairage électrique, et attirer sur nous les railleries des gaziers. En considérant en effet le plan de Paris comme un cercle de 5.5oo mètres de rayon, et en admettant pour les points les plus éloignés une intensité lumineuse de T de carcel reçue, le calcul montre qu’il faudrait un foyer de plus de 5.000.000.000 de car-cels.
- En second lieu, si l’on tient compte de la hauteur des maisons, on reconnaît que les rues qui ne convergeraient pas vers la position centrale, et elles seraient nombreuses, ne recevraient aucun rayon lumineux au delà de 3oo mètres ; et enfin, en négligeant ces considérations, la répartition de l’éclairage serait la même que si l’on voulait éclairer une grande place de 5o mètres de rayon avec un seul foyer placé au centre, à une hauteur de 3 mètres
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- seulement. De pareilles conceptions, ne supportent pas la discussion. En ce qui regarde, en outre, la construction proprement dite, il ne me paraît pas que les objections soient moindres. Jusqu’à preuve du contraire, je crois que le mortier et même les pierres des assises inférieures s’écraseraient facilement sous le poids du monument, et le projet Bourdais fait vraiment l’effet d’une tour de 5o mètres, dont on a tout à coup changé l’échelle du dessin. Ces considérations, comme on le pense, n’étaient pas de nature à m’enthousiasmer, et je n’aurais jamais songé à rien écrire sur ce sujet, si la dernière discussion qui a eu lieu devant la Société des ingénieurs civils n’avait ramené mon attention de ce côté. Je ne connaissais pas le projet conçu par MM Eiffel, Nouguier, Kœchlin et Soüvestre et je le regrettais d’autant plus que, lorsque je l’examinai, je m’aperçus que j’avais pris le change et que contrairement à ce qu’on croit, la comparaison entre les deux tours, celle de pierre et celle de fer, n’était pas possible. Autant l’un des projets est fantastique, autant l’autre est sérieux.
- D’abord cette question de l’éclairage de tout Paris par un seul foyer n’existe pas dans le projet de M. Eiffel. La tour n’est destinée qu’à montrer aux visiteurs de l’Exposition de 1889, un modèle de ce que la construction métallique peut faire ; l’intérêt tout entier réside dans l’établissement et le montage de l’ensemble, et l’utilité d’un pareil monument, utilité, comme on le verra, très sérieuse, ne se présente qu’en dernier lieu.
- L’idée d’élever une tour gigantesque n’est pas neuve, d’ailleurs. En 1874, les Américains avaient déjà songé à ériger à Philadelphie une tour de mille pieds, mais bien que le projet n’ait jamais été construit, l’idée toutefois était restée, et en France notamment, avait été accueillie avec faveur. C’est ainsi qu’en 1881, M. Sébillot crut voir la possibilité d’éclairer Pans avec un foyer unique placé à 3oo mètres de hauteur, et c’est sur cette idée que se greffa le travail dé M. Bourdais. M. Eiffel au contraire, ne fut pas guidé par les mêmes considérations. Ce n’est qu’après les études qu’il eut occasion de faire avec ses ingénieurs sur les hautes piles métalliques, comme celles du viaduc de Garabit, qu’il pensa qu’il était possible, sans difficulté, d’atteindre des hauteurs plus considérables que celles qui avaient été jusqu’ici réalisées.
- La principale difficulté qui se rencontre en effet pour l’établissement de ces très hautes piles métalliques, réside en ce que les barres de treillis placées dans les faces normales à l’axe du viaduc, pour résister énergiquement à l’action du vent, deviennent d’une efficacité à peu près nulle, lorsque, par suite de l’augmentation de hauteur, la base des piles vient à s’élargir. On peut, à la vérité, donner à ces barres de treillis la forme de caissons, de manière à ce que chacune d’elles soit susceptible de travailler
- aussi bien à la traction qu’à la compression ; mais les difficultés restent toujours très grandes quand l’écartement des pieds de la pile atteint 25 mètres. Il y a donc un avantage très marqué à se débarrasser complètement de ces pièces accessoires dont le poids est énorme, et à donner à la pile une forme telle que tous ses efforts tranchants viennent se concentrer dans ses arêtes, c’est-à-dire à la réduire à quatre grands montants dépourvus de tout treillis de contreventement et réunis simplement, de distance en distance, par des ceintures horizontales. Quand il ne s’agit que d’une pile de viaduc métallique, et si l’on ne tient compte que de l’effet du vent sur le tablier lui-même, effet toujours plus considérable que celui qui s’exerce sur la pile, il suffit, pour pouvoir supprimer le contreventement des faces verticales, de faire passer les deux axes des arbalétriers par un point unique placé sur le sommet. Il est évident que, dans ce cas, l’effort horizontal du vent pourra se décomposer directement suivant les axes de ces arbalétriers et que ceux-ci ne seront soumis à aucun effort tranchant.
- Dans le cas, au contraire, où il ne s’agit que d’une pile isolée, telle que la tour qui nous occupe, dans laquelle il n’y a plus au sommet la réaction horizontale du vent sur le tablier, mais simplement une action sur la construction elle-même, les choses se passent différemment. Il suffit alors, pour supprimer l’emploi des barres de treillis, de donner aux montants une courbure telle que les tangentes à ces montants, menées en des points situés à la même hauteur, viennent toujours se rencontrer au point de passage de la résultante des actions que le vent exerce sur la partie de la pile qui se trouve au-dessus des points considérés.
- Enfin dans le cas où l’on veut tenir compte, non-seulement de l’action du vent sur le tablier supérieur, mais encore de l’action sur la pile elle-même, la courbe extérieure de celle-ci n’est pas une ligne droite, mais s’en rapproche sensiblement. Une haute pile de viaduc ainsi conçue serait simplement constituée par quatre montants d’angle en forme de caissons, avec parois évidées de manière à diminuer la surface offerte au vent ; et en donnant à la base une hauteur assez considérable, la stabilité de la construction serait largement assurée.
- Dans cet ordre d’idées, M. Eiffel et ses ingénieurs étudièrent d’abord une pile de 120 mètres de hauteur, de 40 mètres de base, et de cette étude naquit le projet de la tour de 3oo mètres que la figure i représente.
- L’ossature de cet immense pylône se compose essentiellement de quatre montants formant les arêtes d’une pyramide à faces courbes. Chaque montant offre une section carrée, décroissante de la base au sommet, et forme un caisson courbe à grand treillis ayant i5 mètres de côté à la base et 5 mètres au sommet ; l’écartement des pieds des
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- montants est de ioo mètres d’axe en axe. Ces montants reposent sur de solides massifs de fondation, dans lesquels ils viennent s’ancrer, pour donner un excès de stabilité.
- Au premier étage, c’est-à-dire à 70 mètres environ au-dessus du sol, les montants sont réunis par une galerie vitrée faisant le tour de la construction et ayant i5 mètres de largeur. Cette galerie, d’une surface de 4,200 mètres carrés, y compris les balcons, pourrait servir de lieu de réunion, ou de restaurant par exemple.
- Au deuxième étage est une salle carrée, également vitrée, de 3o mètres de côté. Au sommet est installée une coupole vitrée avecbalcon extérieur de 25o mètres carrés, d’où l’on découvrira un immense panorama de plus de 100 kilomètres d’étendue. Il serait possible d’y installer un foyer électrique et de procéder à des observations ou à des expériences scientifiques. Enfin à la partie inférieure, et sous chacune des faces est, comme le montre la figure, une arche grandiose de 80 mètres, d’ouverture et de 5o mètres de hauteur, formant le principal élément de la décoration.
- Les conditions de résistance d’un pareil ouvrage sont intéressantes à étudier, d’autant qu’il est facile de comprendre ce qui se passe, si l’on décompose les efforts du vent suivant les principes posés plus haut. Supposons, en effet' (fig. 2), qu’on ait placé dans les faces du pylône, un treillis simple formant une paroi capable de résister aux ef-
- pées par un plan MN, il suffit de déterminer la résultante R de toutes les forces extérieures agissant au-dessus de la section, et de décomposer cette
- résistance en trois forces passant par les pièces coupées. Si la forme du système est telle qu e pour chaque coupe horizontale MN, les deux arbalétriers prolongés se coupent sur la force extérieure R, les efforts dans la barre de treillis seront nuis et l’on pourra supprimer cette barre. C’est l’application de ce principe dans le projet de M. Eiffel qui est une des particularités les plus intéressantes du système. De cette façon, il arrive à ce que la direction de chacun des éléments dés montants s’infléchit suivant une courbe déterminée. En réalité, la courbe extérieure de la tour reproduit à une échelle particulière, la courbe même des moments fléchissants dusauvent. L’incertitude qui existe sur les effets du vent et sur les données à adopter tant sur l’intensité même que sur la valeur des surfaces frappées a conduit M. Eiffel à se placer dans des conditions de prudence toutes particulières. En ce qui concerne l’intensité, il a admis deux hypothèses ; hune qui suppose que le vent a, sur toute la hauteur de la tour, une force constante de 3oo kilogrammes par mètre carré, et l’autre, que cette intensité va en augmentant de la base, où elle est de 200 kilogrammes, au sommet, où elle atteint 400 kilogrammes.
- Quant aux surfaces frappées, il a admis l’hypothèse que, sur la moitié supérieure delà tour, tous les treillis du caisson étaient remplacés par des
- forts tranchants du vent, dont les composantes horizontales seraient PP'P"P"'. On sait que pour calculer les efforts agissant dans les trois pièces cou-
- parois pleines ; qu’en outre, sur les parties înter-i émdiaires, où les vides prennent plus d’importance,
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- chaque face antérieure était comptée à quatre fois la surface des fers. Enfin, au-dessous (galerie du premier étage et parties supérieures des arcs), la surface antérieure a été supposée pleine, et à la base de la tour, les montants ont été comptés comme pleins et frappés deux fois par le vent. Comme on le voit, les précautions ont été exagérées, et la sécurité, par contre, est complètement assurée.
- Les moments de renversement et de stabilité peuvent s’établir comme il suit. Dans l’hypothèse d’un vent uniforme de 3oo kilogrammes sur toute la hauteur,l’effort horizontal sur la construction est de 3.284 tonnes, et le centre d’action est situé à
- FIG. 2
- 92m,3o au-dessus de l’appui. Le moment de renversement est donc égal a
- Mr = 3.284 X 92,30 = 3o3.113 tonnes.
- D’un autre côté, le poids total de la construction est le suivant :
- Métal..................................... 4.800 tonnes.
- Planchers hourdés 5.5oo,u(i à 3ookB...... i.65o —
- hivers...................................... c0 __
- Total.................. 6.5oo tonnes.
- La base de la tour étant enfin de roo mètres, le moment de stabilité Ms, sera, par suite, de
- -, , - T IOO . „ '
- Ms = 6.5oo X — — 325.ooo tonnes mètres, .
- chiffre supérieur de 22.000 tonnes à celui du moment de renversement.
- \Dans la deuxième hypothèse, celle d’un vent variant de 200 à 400 kilogrammes, l’effort horizontal n’est plus que de 2.874 tonnes; mais le centre d’action s’élève à 107 mètres au-dessus de l’appui et le moment de renversement devient
- Mr = 2.874 X 107 = 3o7.5i3 tonnes mètres.
- Comme on le voit, ce chiffre est presque identique à celui de la première hypothèse et reste toujours inférieur au moment de stabilité.
- En ce qui concerne les fondations, les difficultés ne sont pas aussi considérables qu’au premier abord ; elles paraissent être, et quelques chiffres suffiront à montrer qu’elles seraient en somme, assez faciles à exécuter. Dans le projet, en effet, elles sont construites de la manière suivante :
- Chacune des membrures d’angle s’appuie sur un massif carré en maçonnerie ordinaire de 6 mètres de hauteur et de 8 mètres de côté, reposant sur une base en béton de 4 mètres d’épaisseur et de 9 mètres de côté. Ces massifs, qui sont traversés par des amarrages d’une largeur de 8 mètres, sont reliés les uns aux autres par un mur de 1 mètre d’épaisseur, et il reste entre eux une grande salle vitrée ayant la forme d’une croix de 19“,5o dans sa plus grande longueur et d’une superficie de 25o mètres carrés. Dans ces conditions, la charge sur le sol de fondation, dans le cas du vent de 3oo kilogrammes, sera la suivante :
- i° Charge due au montant métallique :
- Pour la charge propre -...............= 1.625 T )
- 307 518 3.162 T
- Pour l’effet du vent ’........— 1.537 ]
- 2 x 100 /
- 20 Charge due aux maçonneries.................... 5.400
- Total . . . ,................ 8.562 T
- La surface totale sur laquelle ce poids se répartit, est de 324 mètres carrés. Par suite, la charge par centimètres carré, est :
- Ces conditions n’ont rien d’extraordinaire. Ce chiffre de 2kB,6 est constamment dépassé dans la pratique, et comme je le disais plus haut, les fondations n’offriront aucune difficulté sérieuse.
- Si l’on examine à présent les conditions du travail du fer, on reconnaît que là encore, les précautions les plus grandes ont été prises, le cas du vent de 3oo kilogrammes ayant été seul considéré. Un vent d’une telle force n’est pas à redouter à Paris, où jamais il ne s’est, à beaucoup près, manifesté ; aussi, le coefficient de travail, fixé à 10 kilogrammes, ne doit correspondre, dans les circonstances ordinaires, qu’à un travail effectif de 6 à 7 kilogrammes. La part du coefficient total due en effet aux charges propres est, dans la tour, de 5 kilogrammes, et la part due à un vent de 3oo kilogrammes est également de 5 kilogrammes ; mais pour les vents ordinaires de Paris, elle ne sera guère que de 1 ou 2 kilogrammes.
- Reste enfin la question de la flèche que peut prendre une telle tour, sous l’influence, non seulement des vents de tempêtes, mais encore des vents
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- ordinaires à Paris. M. Eiffel a calculé les flèches correspondant à des vents de vitesses différentes, et a construit le tableau suivant, dont les chiffres sont tout à fait rassurants.
- DÉSIGNATION DES VENTS VITESSE par seconde FRESSION par mètre carré FLÈCHES prises par le vent
- Très forte bise Bise faisant serrer les IOm i3,54 om,o:8
- hautes voiles 12 19.£0 0, o55
- Vent très fort i5 30,47 0, 086
- Vent impétueux 20 £4,16 0, 153
- Tempête 24 78,00 0, 221
- Il est en outre à remarquer, que comme les oscillations seront d’une extrême lenteur, en raison de la grande longueur de la partie fléchissante, il est certain que l’effet sera absolument insensible, et moindre encore que celui des phares en maçonnerie où l’élasticité des mortiers est la principale cause des flèches observées.
- Tel est, en son ensemble, le projetdeMM. Eiffel, Nouguier, Kœchlin et Souvestre.
- Considéré seulement au point de vue construction, il offre un intérêt spécial et ne laisse aucun doute sur la possibilité de réalisation, comme sur la sécurité que doit présenter une oeuvre aussi colossale. Pour la compléter et rendre son accès possible, ces messieurs se sont adressés à M. Heur-tebise pour l’établissement d’ascenseurs hydrauliques, desservant tous les étages de la tour dans l’intérieur même des montants.
- Le système d’ascenseur hydraulique à compensateur pourrait en effet être appliqué dans les conditions suivantes : il actionnerait deux tiges articulées régnant sur toute la hauteur de la tour, et suivant la courbure des montants. Chacune de ces tiges recevrait de 3o en 3o mètres (course des pistons), des cabines qui viendraient, grâce à un mouvement alternatif donné aux tiges, se mettre l’une en face de l’autre à chaque fin de course. A ce moment se produirait un arrêt d’une durée d’une demi-minute environ, pendant laquelle la cabine inférieure se remplirait. Chaque cabine intermédiaire céderait ses voyageurs à la cabine d’en face, et la. cabine supérieure laisserait ses voyageurs sur la plate-forme de la tour. Un second ascenseur sem blable servirait à la descente et, compris ainsi, le système permettrait l’ascension simultanée d’un grand nombre de personnes avec des départs continus. La vitesse d’ascension ne dépasserait pas 5o centimètres par seconde, ce qui fait que, les temps d’ar rêt compris, i5 minutes suffiraient pour atteindre le sommet de l’édifice.
- Pour terminer l’étude sommaire, que je viens de présenter de ce monument, et après avoir montré
- en somme, que les'difficultés à résoudre n’étaient que peu de chose, comparées à la grandeur de l’œuvre, il me reste à indiquer les principaux éléments qui ont permis à M. Eiffel de déterminer le prix de revient de la tour.
- Comme on va le voir, ce prix n’est pas considérable, et reste au-dessous des approximations, qu’à vue d’œil on peut faire.
- Le poids du métal se décompose comme il suit :
- Montants avec les entretoisements.............3.5ooT
- Galerie du ior étage = 70™ x i5 x 4 =:4.20om<i Salle du 20 étage = 3o x 3o = 900
- 5.ioom<i
- à iookE............................................ 5io
- Salle supérieure et plate-forme de ioom'i....... 100
- Amarrage...................................... 100
- Quatre arcs doubles à la base................... 600
- Total....................... 4.810 T
- En comptant le kilogramme de métal mis en place à
- o fr. 5o le kilogramme, on a............... 2.4o5.coofr.
- Le détail estimatif des fondations et des maçonneries du massif s’élève à ....... . 400.000
- Les diverses travaux complémentaires de vitrerie, couverture des salles, etc., sont estimés à ......................................... 100.000
- Etablissement des ascenseurs............ 25o.coo
- Coût total de la construction. . . . 3.i55.ooo fr.
- C’est donc trois millions, en chiffres ronds, que coûterait cette tour gigantesque. Verrons-nous la réalisation de cet étonnant projet? Je l’ignore, mais je le souhaite vivement pour ma part. Comme je le disais en commençant, ce n’est pas comme monument élevé à la gloire de la Révolution française que je le considère, ni même comme phare pour l’éclairage de l’Exposition. En ne prenant en effet, comme le fait M. Eiffel, qu’un cercle de 1.000 mètres de diamètre à éclairer, le calcul conduit à des chiffres qui m’inquiètent, non pas au point de vue delà possibilité, mais je me demande si les résultats acquis -seraient à la hauteur des efforts réalisés. En ne prenant, comme toujours, qu’un éclairement de 1/10 de carcel reçu au point extrême, et en négligeant même la perte occasionnée par l’atmosphère, l’intensité lumineuse du phare devrait être :
- j _ 3oo— 2+ 5oo— 2 10 siu a
- j (3oo-2 -f- 5oo— 2) \!3oo— 2 + 5oo~2 _ 340000 \/3 40000
- 3ooo ~’ 3oô
- I=66.ooo carcels en chiffres ronds.
- Pour réaliser une pareille intensité lumineuse, je ne vois pas quels foyers seraient employés utilement. Les plus gros projecteurs dont l’industrie électrique dispose ne peuvent guère recevoir plus de 120 ampères, et ne donnent pas plus de 100 carcels par cheval. Une force de 600 chevaux environ
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- serait donc nécessaire, pour actionner des machines donnant 4.000 ampères et 110 volts, et alimentant au moins 33 foyers. Les conducteurs, en outre, qui relieraient le sommet de la tour aux bornes des machines prendraient une importance co-ossale et absorberaient en chaleur,quoi qu’on fasse, un travail assez important. Non, je ne crois pas, véritablement, que le résultat mériterait une pareille entreprise. Les tentatives d’éclairage faites avec un foyer unique n’ont pas jusqu’à ce jour donné satisfaction à ceux qui les ont entreprises, et dans l’état actuel des choses ce n’est encore que par la division de la lumière que les meilleures répartitions peuvent être réalisées dans des conditions économiques. Si donc le projet de M. Eiffel m’apparaît comme un de ceux qui doivent fixer l’attention et tenter les gens hardis qui ne redoutent pas d’entrer résolument dans la voie du progrès, c’est que cette tour métallique serait, incontestablement, le travail le plus merveilleux que pourrait offrir l’Exposition de 1889. Si même on renonçait à l’uti-lisèr pour l’éclairage, elle serait encore pour la science d’un très grand secours» Les expériences qu’elle permettrait de faire seraient du plus haut intérêt, et le cas échéant, comme télégraphe optique, elle rendrait impossible, dans l’avenir, la séparation de Paris et de la province. Enfin, par des lettres rendues publiques, les savants les plus autorisés n’ont pas craint d’affirmer leurs dispositions favorables ; et sans parler de ces témoignages, le nom seul du cpnstructeur des viaducs de Porto et de Garabit, suffirait à donner la sécurité nécessaire pour entreprendre la construction du majestueux édifice qu’on montrerait au monde entier comme le chef-d’œuvre du génie civil français en 1889.
- P. Clemenceau.
- APPLICATION DE L’ÉLECTRICITÉ
- A LA MANŒUVRE DES
- SIGNAUX DE CHEMINS DE FER (Deuxième article. — Voir le numéro du 11 juillet i885).
- Troisième série.
- II, — APPAREILS DE BLOCK AND INTERLOCKING
- ' ÉLECTRO-SÉMAPHORES TESSE, LARTIGUE ET PRUDIIOMME
- Ces électro-sémaphores datent, à quelques mois près, de la même époque que ceux dont la description précède (Brevet de février 1872). Les revendications qui se sont produites à ce sujet n’ont
- pas de raison d’être; les deux systèmes ne procèdent nullement l’un de l’autre; les qualités du
- iMb,
- FIG. 5g. — ÉLECTRO-SÉMAPHORE LARTIGUE.
- premier sont les défauts du second et réciproquement, à tel point qu’on dirait que les inventeurs se
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- sont proposé, si ce n’est pour le programme général, du moins pour certains détails, des buts
- FIG. 5q bis. — ÉLECTRO-SÉMAPHORE LARTIGUE.
- diamétralement opposés. On s’en convaincra dans la comparaison que nous ferons plus loin.
- Disposition des appareils. — L’électro-sémaphore Lartigue est caractérisé par la simultanéité, aussi complète que possible, des diverses manœuvres que le garde doit faire au moment du passage des trains. Sur le mât lui-même qui porte les ailes sont montées des boîtes munies de manivelles, que l’on tourne pour manœuvrer ces ailes et, en même temps, pour produire les effets électriques, consistant dans l’annonce des trains en avant, et dans le déblocage des sections à l’arrière.
- La figure 5g représente un mât intermédiaire, en fer, portant, à la partie supérieure les deux grandes ailes rouges A A, s’adressant à chaque sens de circulation, éclairées chacune par un feu double rouge et vert, au milieu deux petits bras jaunes aalf éclairés par la réflexion des feux du haut, enfin à hauteur d'homme quatre boîtes B*B2, B,B3,BiB3 munies de manivelles mlm2 qui
- sont respectivement reliées, par des tringles articulées, aux quatre ailes A, a, A, a,
- Les deux boîtes B,B2, dites boîtes N0B i et 2, et situées d’un même côté du mât, s’adressent à un sens de circulation, et les deux autres à l’autre-sens; la manivelle mt lorsqu’on lui fait faire une rotation partielle de 2io°dans le sens de la flèche; sert à amener l’aile A à la position horizontale en surmontant son contrepoids qui tend à la ramener à la position verticale, et à l’effacer; la manivelle m2, lorsqu’on lui fait achever le tour commencé, sert à remonter le petit bras janne, a, et à l’effacer le long du mât, en surmontant son contrepoids qui tend à la ramener à la position horizontale. De même pour l’autre sens de circulation.
- L’aile A horizontale ou à l’arrêt, et le petit bras a vertical ou effacé, sont calés chacun dans cette position sous l’action d’un puissant aimant Hughes contenu dans la boîte de manœuvre B, ou B2. Lorsqu’un courant de sens contraire à celui de l’aimantation de cet aimant est envoyé dans ses bobines, le calage est annulé, l’aile supérieure A s’efface, et, au contraire, le petit bras se développe horizontalement.
- Fonctionnement des électro-sémaphores. — Cela posé, il est facile de se rendre compte du fonctionnement des postes. Lorsqu’un train passe à un poste intermédiaire situé en pleine voie, ce train ayant été annoncé par le poste précédent, le peti bras jaune est apparent et horizontal au poste que nous considérons; le garde commence par manœuvrer la manivelle de la boîte n° 1 correspondant ail sens de la circulation du train, ce qui a pour effet d’annoncer le train en avant, en faisant apparaître le petit bras du poste suivant, et d’élever la grande aile à la position horizontale, pour couvrir le train qui passe. Puis, quand le train entier a dépassé le poste, le garde manœuvre la manivelle de la boite n° 2, ce qui a pour effet de
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- déclencher la grande aile du poste précédent pour débloquer la section devenue libre, et d’effacer le petit bras jaune au poste que nous considérons.
- Les choses se passent de même successivement à tous les postes, chaque garde n’ayant que deux tours de manivelle à donner, sans qu’il y ait toutefois aucune obligation pour le garde à manœuvrer la manivelle n° i, avant le n° 2, c’est-à-dire que les sections sont indépendantes.
- Accessoirement, quand un train est annoncé à un poste, le petit bras déclenché produit, en s’abaissant horizontalement, un double effet : d’abord un coup de timbre se fait entendre au poste où le petit bras apparaît ; en outre la chute de ce bras produit un courant électrique, de retour vers le poste qui l’a déclenché et fait appparaître, derrière un guichet pratiqué sur la boîte n° 1, ces mots voie occupée à la place des mots voie libre.
- De même, quand la section est débloquée par l’envoi d’un courant qui déclenche, la grande aile produit un double effet ; d’abord un coup de timbre se fait entendre au poste qui débloque fait disparaître les mots « voie occupée » qui sont remplacés par les mots « voie libre », ce qui constitue également un accusé de réception de la manœuvre.
- Dans les gares ou les stations où Ja ligne de block n’est pas coupée, c’est-à-dire dans la majorité des cas, puisque cette coupure n’a lieu qu’aux très grandes gares de bifurcation où tous les trains s’arrêtent, les choses se passent de même, chaque fois qu’un train passe, ou même quand il s’arrête et stationne, sans quitter la voie principale. Le réglement prescrit seulement de ne débloquer la section précédente, qu’au moment du départ du train.
- Au contraire, lorsque le train doit quitter la voie principale pour se garer, dès que la voie est devenue libre, le garde se borne à manœuvrer la boîte n° 2 pour débloquer la section en arrière, s ans toucher à l’appareil n° 1.
- Enfin, aux postes terminus,le mât ne porte qu’une grande aile, s’adressant aux trains qui partent du poste, et un seul petit bras, annonçant les trains qui se dirigent vers ce même poste. Le garde n’a donc, pour un train, qu’une seule manœuvre à faire, suivant le cas, soit la boîte n° 1, soit la boîte n° 2.
- Dans quelques cas particuliers, tels que celui d’une gare de passage très allongée, où les communications de chacune des voies principales avec les voies accessoires sont respectivement à des extrémités opposées de la gare, le mât sémaphorique a été dédoublé, c’est-à-dire qu’à chaque bout de la gare,41 y a mât portant une grande aile et un petit bras relatifs à la même voie. Mais cette disposition tend à disparaître; dès l’instant qu’il faut un poste gardé à chaque extrémité de la station, on préfère y installer un mât complet et faire de la longueur de la station une section de block. C’est cette
- dernière solution qui a prévalu, dans la plupart des cas.
- En résumé, les conditions essentielles du jeu d’un électro-sémaphore peuvent se définir de la manière suivante :
- i° La position de la grande aile d’un poste est solidaire de celle du petit bras du poste suivant ; tous deux sont effacés ou apparents en même temps;
- 20 La position d’enclenchement ou de calage électrique est l’horizontale, pour la grande aile (soulevée), et la verticale, pour le petit bras (redressé);
- 3° La position de déclenchement est la verticale, pour la grande aile (pendante), et l’horizontale pour le petit bras (rabattu) ;
- 40 L’enclenchement est fait mécaniquement et le déclenchement électriquement ;
- 5° Tout déclenchement produit par un courant donne lieu, mécaniquement, à un coup de timbre au poste où il se produit, et à un accusé de réception à vue et acoustique au poste qui l’a envoyé;
- 6° La manœuvre se borne pour l’agent du poste à un ou deux mouvements de manivelle, limités par l’appareil lui-même, comme sens et comme amplitude ;
- 70 La grande aile une fois enclenchée (voie fermée), ne peut être déclenchée par l’agent du poste, à moins qu’il ne démonte ou qu’il ne brise l’appareil; seul, un.courant envoyé par le poste suivant peut produire cet effet ;
- 8° Une communication accessoire entre les postes, a lieu au moyen des mêmes fils et à l’aide de sonneries d’après un sens conventionnel déterminé à l’avance;
- q° Les sections sont indépendantes (dans l’appareil primitif), ce qui fait que l’appareil peut être installé dans les stations et se prêter sans modifications, au cas du garage des trains dépassés par d’autres trains;
- io° L’installation exige deux fils de ligne, un pour chaque sens de circulation.
- Il resie maintenant à montrer rapidement comment et par quels organes ces divers résultats sont obtenus, chaque fois que le garde manœuvre la manivelle de l’une de ses boîtes.
- Description des appareils primitifs. — Les deux boîtes 1 et 2 ne sont pas absolument semblables. Le type de boîte n° 1 dont nous donnons les coupes à la figure 60, appartient à la forme primitive. Sur l’axe X de la manivelle M sont montés i° un doigt D, formant avec la manivelle un angle de i5o°; 20 une came en hélice C, 3° uu disque O, en ébonite, muni à sa circonférence de touches métalliques contre lesquelles frottent 4 contacts à ressort communiquant avec les pôles d’une pile, avec la ligne et avec l’électro-aimant A ; 40 une
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- contre manivelle B, à angle droit avec la manivelle M et commandant la tringle T qui met en mouvement la grande aile du sémaphore.
- Autour d’un second axe de rotation F peut tourner un système composé de deux règles prismatiques, faisant entre elles un angle invariable et situées l’une J dans le plein de la came C, l’autre r dans le plan du doigt D qui, lorsque la manivelle M occupe une position à 210° de la verticale, vient butter contre la pièce P articulée en U avec la règle r.
- Cette règle porte, à son extrémité, la palette en fer doux p qui se colle, en temps normal, contre
- les pôles de l’aimant A; quant on fait passer un courant négatif dans les bobines, la force attractive de l’aimant est neutralisée et la palette p se détache.
- A la partie supérieure de la boîte est un second électro-aimant R, plus faible, inverse du premier, c’est-à-dire qu’il faut faire passer dans ses bobines un courant positif pour détacher sa palette/, reliée au voyant Y et au marteau t de manière que, quand la palette se détache, le marteau frappe un coup sur le timbre T et que le voyant vient apparaître devant la fenêtre ménagée, à cet effet, dans la paroi de la boîte. Lorsque la palette / quitte
- FIG. 60. — COUPE DE LA BOÎTE DE MANŒUVRE (APPAREIL PRIMITIF)
- l’aimant, la pièce g vient, d’ailleurs, en contact avec lui, pour le maintenir constamment armé.
- Pour terminer avec les accessoires, il nous reste à ajouter que Z est le paratonnerre, et que K est un commutateur annexe tout à fait indépendant du block System, et servant à échanger des signaux conventionnels, au moyen des mêmes fils. Comme l’indique la figure, il met à volonté le fil de ligne en communication avec l’appareil où avec l’un des pôles de la pile, en même temps qu’il relie l’autre pôle à la terre. Ce commutateur annexe n’existe que latéralement à la boîte n° 1.
- Enfin une roue à rochet avec son cliquet W empêchent de tourner la manivelle M dans un sens contraire à celui de la flèche indiquée à la figure.
- A l’état de repos, dans chaque poste, la manivelle M de la boîte 1 est horizontale, ce qui correspond à la position pendante et déclenchée de la grande aile; la manivelle M de l’appareil n° 2 est,
- au contraire, à 210 degrés, au-delà de la position horizontale et le petit bras est redressé verticalement ou effacé. Dans la boîte n° 1, le commutateur O occupe la position n° 1 (fïg. 61) dans laquelle il n’y a aucune communication établie entre l’appareil et la ligne, par les frotteurs et les touches métalliques situées à la circonférence de ce commutateur.
- Au moment du départ d’un train, le garde du poste expéditeur se borne à tourner de 2100 la manivelle delà boîte n° 1. Le doigt D (fig. 60) vient butter contre la pièce P; pendant ce mouvement, le commutateur O, qui occupe la position de passage n° 2 (fig. 62), envoie au moyen des frotteurs, un courant négatif dans la boîte n° 2 du poste suivant. Sous l’influence de ce courant, l’aimant A de ce poste est désaimanté, la palette/) se détache, le buttoir P s’éloigne et dégage le doigt D, qui s’appuyait sur lui en temps normal. Sous l’action
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- du poids du petit bras qui n’est plus enclenché et qui tend à retomber, tout le système monté sur l’axe X obéit au mouvement que lui imprime la contre-manivelle B et achève la rotation de i5o° pour prendre, après l’annonce du train, exactement la même position qu’occupait la manivelle de la boîte n° i au poste expéditeur à l’état de repos. Pendant ce mouvement, le commutateur O prend la position de passage nc 4 (fig. 63), dans laquelle un courant positif est envoyé à l’appareil n° 1 du poste expéditeur. Ce courant,qui n’agit quesurl’élec-tro-aimant A de ce poste, détache l’armature /, fait apparaître le voyant rouge à la fenêtre et donne un coup de timbre, ce qui constitue le double accusé de réception dont il a été question.
- On remarquera qu’à partir de ce moment, le doigt D butant contre la pièce P, il est impossible au poste expéditeur d’achever la rotation de la manivelle M, et comme d’autre part il ne peut la faire rétrograder, la grande aile qu'il a mise à l'arrêt s'y trouve calée jusqu'à ce que le poste suivant la
- déclenche au moment de l'arrivée, du train, po u débloquer la section.
- A ce moment, ce poste tourne de 210° la manivelle de son appareil n° 2 qui, comme on vient de le voir, était automatiquement revenue à la position horizontale; son commutateur passant par la position 2 (fig. 62) envoie un courant négatif dans l’appareil n° 1 du poste en arrière, qu’il s’agit de débloquer.
- L’effet de ce courant: est analogue à celui qui s’était produit dans le premier cas ; l’électro-aimant A se désaimante, la palette p se détache, le doigt D se dégage et, sous l’action du poids de la grande aile qui retombe, il s’efface; la manivelle M revient à sa position initiale; dans ce mouvement, la règle J en s’abaissant recolle, au moyen de la tringle S, la palette/contre l’électro-aimant R et fait revenir le voyant au blanc; puis la règle J est remontée par la came G, et la palette p est recollée contre l’électro-aimant A. En même temps, le commutateur O qui passe de la position fixe n° 3 (fig. 64) à la
- Aypufe.iL
- FIG. 64. — POSITION N° 3
- L____Liyi
- Appareil
- FIG. 61. — POSITION N° 1
- Appareil
- FIG. 63. — POSITION Nu 4
- Appareil
- position n° 1, occupe transitoirement la position n° 4, dans laquelle il envoie un accusé de réception au poste débloqueur, au moyen d’un coup de timbre et en ramenant au blanc le voyant.
- Dans ce qui précède, nous avons laissé de côté le jeu du carillon qui se produit mécaniquement au moment où le petit bras prend la position horizontale, ou quand la grande aile se déclanche et s’efface, carillon qu’il ne faut pas confondre avec le coup de timbre qui accompagne l’accusé deréception. Ainsi que l’indique la figure 65, quand la tringle se relève, elle entraîne le levier#, et la came x fait basculer la queue du marteau m, qu’un ressort à boudin r tend à ramener contre le timbre t ou le timbre t,, suivant le cas, de manière que le carillon ait un son différent; la tringle de triage est, d’ailleurs, formée de deux parties K. K1 articulées sur Je levier q, afin que les appareils de manœuvre puissent être placés exactement sous les signaux, sans que le balancement de la tringle, produit par la rotation de son point d’attache avec la contre-manivelle, empêche la pa'.tie supérieure de se mouvoir verticalement.
- Les bras et les ailes sçrnt à claire-voie, pour donner moins de prise au vent et afin que l’on
- puisse les distinguer plus facilement de loin sur le fond du ciel ou des arbres. Les bras inférieurs sont à section triangulaire, et leurs faces inclinées réfléchissent, d’une manière diffuse, les rayons tombant verticalement des miroirs à 45°, qui renvoient les feux de l’unique lanterne hissée au haut du mât, au moyen d’une chaîne passant sur une poulie.
- Modifications successives à la construction des boîtes. — Le type de boîte dont nous venons de donner la description a reçu quelques améliorations qu’il est utile de signaler. La plus importante de ces modifications, introduite par M. Eugène Sar-tiaux, chef du service télégraphique au chemin de fer du Nord, a consisté dans la substitution d’un aimant d’une seule pièce aux lames superposées dont se composait l’aimant Hughes des appareils primitifs : l’aimantation de ces pièces n’était jamais égale ; elle subissait un affaiblissement facile à constater le soir, au moment du coucher du soleil et il était nécessaire de la régler très fréquemment. Ces inconvénients ont disparu avec les aimants d’une seule pièce.
- La boîte en tôle peu résistante a été remplacée par une boîte en fonte, à fermeture hermétique,
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- garnie de feutre. A l’intérieur, comme l’indiquent les figures 66 et 67, le réglage du contrepoids de la règle B se fait avec une sorte, de chariot O qui glisse sur une tringle longitudinale ; ce n’est plus la règle B qui remonte la palette de l’électro-aimant U et. la colle contre les pôles, mais un goujon fixé sur la face postérieure du commutateur en ébonite P et actionnant un long ressort qui forme le prolongement du voyant S.
- Enfin le commutateur accessoire, qui permet d’échanger des signaux conventionnels a été totalement modifié : au lieu du ressort spirale qui inclinait les contacts, on a placé un commutateur en cbonite L que l’on déplace en tirant sur la poire
- Coupe IJ.
- FIG. 65. — GARILLON DE l’ÉLECTRO-SÉMAPHORE
- pendant à l’extérieur de l’appareil, et sollicitée par un ressort antagoniste, des frotteurs placés à la circonférence de ce commutateur circulaire produisent les inversions.de courants nécessaires pour envoyer sur le fil de ligne le courant positif qui est sans action sur l’électro-aimant U, mais qui passe dans les bobines X et donne lieu à la production d'un coup de timbre.
- Ces signaux conventionnels ont la signification suivante :
- i° Une sonnerie prolongée : appel et réponse à l’appel ;
- 20 Deux sonneries : manœuvrez l’appareil n° 2 pour effacer la grande aile (pour vérification d’appareil) ;
- 3° Trois sonneries : manœuvrez l’appareil n° 1 pour faire apparaître le petit bras (pour vérification d’appareil) ;
- 40 Sonneries brèves et multipliées : prévenez la station de rentrer dans le circuit télégraphique et de répondre. Si ce signal est reçu par le garde d’un poste en pleine voie, il le répétera aussitôt du côté de la station à laquelle il est destiné.
- 5° Une sonnerie brève : bien.
- Ces correspondances remplissent une partie du programme qui est réalisé par les indicateurs Jousselin dont il a été question plus haut. Elles sont étrangères au blok System et peuvent rendre certains services quand on n’en fait pas d’abus et quand, par exemple, les sonneries qui commandent de bloquer, surtout de débloquer, ne sont
- Z \ T C
- t a
- I?IG. 66. — BOITE MODIFIÉE
- manœuvrées exclusivement que dans le but de vérifier les appareils ou d’en faire l’essai. L’usage doit en être interdit en temps normal et notamment, quand il y a des trains annoncés ou occupant encore une section. De même que, d’après un dicton connu, on ne parle pas sous les armes, de même on ne doit pas tolérer l’échange de conversations, quand le blok System est en jeu.
- Modifications projetées, mais non appliquées. — Il ne sera pas sans intérêt de faire ici mention de deux perfectionnements de détail, qui sont toujours restés à l’état de projet et qui n’ont pas été appliqnés aux appareils mis en service.
- Le premier est relatif à la possibilité de retenir l’aile à 45° dans une position qui commande encore le ralentissement aux mécaniciens. En effet, quand les sections sont très courtes, on peut décider que
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- le garde fera, ainsi que cela se pratique sur le chemin de fer de Ceinture, le signal de ralentissement pendant quelques minutes après que le train aura dépassé le poste suivant et que la section sera devenue libre. A cet effet, M. Lartigue avait proposé d’ajouter à l’appareil un verrou mis à la main au moyen d’une clef Y et qui aurait arrêté le doigt D (fig. 68) dans sa rotation, en un point correspondant à la moitié de la chute de l’aile, c’est-à-dire quand elle est à 45°. Au bout d’un certain temps le verrou aurait pu être retiré, soit à la main, soit automatiquement, et l’effacement complet de l’aile aurait eu lieu.
- Le second perfectionnement étâit relatif au cas où l’on laisse pénétrer plusieurs trains successifs
- JJm,
- Commutateur agissant sur la sonnerie de i'appareii N^ldupcste voisin
- BOITE MODIFIÉE
- dans une même section, avant qu’elle soit débloquée pour le premier des trains qui ont été engagés. Dans ce cas, le garde a bien une ardoise sur laquelle il inscrit les numéros des trains qu’il a autorisé à pénétrer dans la section bloquée, mais il faut un effort de mémoire que M. Lartigue a cherché à éviter en réalisant le dispositif suivant :
- A la manivelle de l’appareil est adapté un doigt qui engrène avec une roue sur laquelle sont pratiquées six ouvertures munies de viroles; dans leur position normale, les viroles permettent au doigt d’engrener la roue; si, à l’aide d’une clef, on fait décrire aux viroles une demi-révolution, le doigt ne peut plus engrener, il est arrêté et la rotation de la manivelle l’est également. Par conséquent, lorsque l’appareilest déclenché, la manivelle reste calée, la grande aile demeure presque horizontale; elle s’abaisse cependant .assez pour qu’un circuit se forme et qu’une sonnerie trem-bleuse se fasse entendre sans interruption.
- Avant d’engager un train sur une section déjà occupée par un train précédent, le garde tourne la première virole ; puis, quand la section est libre et que la sonnerie se fait entendre, l’agent ramène la virole n° 1 à sa position normale, ce qui permet la chute de la manivelle et celle de la grande aile; puis il couvre immédiatememt, à la manière ordinaire, le second train qu’il a engagé dans la section; s’il y avait deux viroles tournées, c’est-à-dire un troisième train engagé dans la même section le doigt se retrouverait en prise avec cette deuxième virole, au moment du déclenchement pour le deuxième train sorti delà section. Cette manœuvre pourrait être répétée successivement autant de fois qu’il y aurait de trains engagés simultanément dans la même section.
- Cette disposition n’a jamais été réalisée, parce que son utilité pratique était des plus discutables;
- rie. 68. — VERROU DE RALENTISSEMENT
- il est rare qu’un train ait à forcer la ligne de block et si ce fait se produisait, il vaudrait mieux réduire la longueur de la section ou, à la rigueur, modifier les itinéraires que d’admettre des pénétrations en service normal.
- Sur les lignes exploitées d’après le principe de la voie normalement fermée, on peut admettre que les grandes ailes seront équilibrées par des contrepoids qui les ramèneront toujours à la position normale; pour les effacer, le garde manœuvrerait une tringle spéciale. Dans ce cas, le courant venu du poste d’aval déclencherait, non pas les ailes elles-mêmes, mais un levier qui les calait lorsqu’elles étaient dans la position enclenchée et qui serait commandé par la tringle ordinaire de l’electro-sémaphore. Cette disposition n’a pas été réalisée, autant qu’il est à notre connaissance.
- Postes volants. — Il est quelquefois utile de serrer davantage les trains, à certains'jours exceptionnels, comme celui des courses de Chantilly, où 24 trains sont successivement expédiés sur la
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- même voie à 4 ou 5 minutes d’intervalle, avec une vitesse de 5o kilomètres à l’heure, ce qui permet de ramènera Paris i5.ooo voyageurs en deux heures, Cette condition a été réalisée, dès le début, au chemin de fer du Nord, avec des postes volants ordinaires. Aujourd’hui encore, bien que les postes de block System aient été dédoublés, et que leur distance ne dépasse pas 2.400 mètres sur la ligne de Chantilly, on fait usage de ces postes supplémen-
- FIG. 68 bis. — POSTE VOLANT.
- taires qui rendent d’excellents services, et permettent de régulariser la marche de ces trains exceptionnels, en donnant plus de confiance aux mécaniciens.
- Ces postes volants se composent d’un appareil réduit et simplifié que l’on fixe après un poteau télégraphique en l’intercalant dans le circuit des électro-sémaphores. Les deux grandes ailes et les deux petits bras sont enclenchés directement à la main, sans appareil de manoeuvre et l’envoi des courants est fait au moment opportun, au moyen d'un basculeur à mercure actionné par le mouvement des bras. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, l’accusé de réception est supprimé.
- La figure 68 bis représente cette disposition ; les
- électro-aimants Hughes sont placés en HH' pour les grandes ailes, h h' pour les petits bras; les grandes ailes AA', BB' oscillent autour des axes x et y et tendent à retomber dans la position verticale, tant qu’elles ne sont pas maintenues à l’horizontale par les leviers L et N qui servent d’armature aux aimants AH'. Lorsque le courant passe, les leviers se détachent et la grande aile est déclenchée. En même temps la queue Q ou R fait basculer l’un des commutateurs à mercure C, qui envoient les courants au poste correspondant, soit pour faire apparaître le petit bras, soit pour déclencher la grande aile. Seuls, les accusés de réceptions ont été supprimés.
- Ces appareils volants pourraient même être
- FIG. 69. — ÉLECTRO-SÉMAPHORE D’UNE CABINE SAXBY.
- employés en dehors du circuit des électro-sémaphores ordinaires et ne nécessiteraient, dans ce cas, qu’un seul fil, pour une ligne à double voie. Les électro-aimants Hughes seraient alors disposés pour être actionnés, ceux de gauche par un courant positif, et ceux de droite par un courant négatif, les commutateurs à mercure étant disposés en conséquence. Dans ces conditions, une ligne de block peut être installée avec des appareils portatifs et avec une grande promptitude, comme par exemple pour une opération tactique, en cas de guerre.
- Sémaphores adaptés aux cabines Saxby. — Dans un grands nombre de cas, à l’entrée ou au milieu de gares importantes, le poste sémaphorique coïncide avec un poste d’enclenchements installé dans une cabine surhaussée. Les boîtes de manœuvre sont alors placées à l’intérieur de la cabine, à la portée du signaleur, tandis que le mât est à l’extérieur, comme l’indique la figure 69. Les tringles
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- de manœuvre des ailes sont munies de- transmissions d’équerre qui les font communiquer avec les manivelles.
- Avec un montage bien fait et quand il n’y a pas de tassements inégaux entre la cabine et le socle du mât, le fonctionnement de ce système ne laisse rien à désirer et ne donne lieu à aucune avarie des tringles au moment de la chute des ailes. L’emploi des câbles n’a pas donné de résultats très satisfaisants.
- Il eût peut-être été plus rationnel de placer le mât dans l’enceinte de la cabine en le faisant sortir
- par le plafond: il n’y a là que des difficultés de construction qu’il serait probablement aisé de surmonter, mais devant. lesquelles on paraît avoir reculé, bien que cela se pratique communément en Angleterre.
- C’est pour s’affranchir de ces solutions que la Compagnie de l’Est a préféré, dans des cas analogues, placer le mât avec ses boîtes sur une plateforme ou balcon extérieurement à la cabine, de plain pied avec le plancher de celle-ci, ce qui n’a d’autre inconvénient que d’obliger le garde à sortir, mais ce qui ne l’oblige pas à descendre
- FU cLc Ligne
- FIG. 70. — SONNERIE HEURTEAU ET GUILLOT
- toutes les fois qu’il doit manœuvrer son appareil.
- Précautions prises contre l'électricité atmosphérique. — Les inventeurs ont paré aux inconvénients des mélanges de fils en faisant déclencher la grande aile, ce qui rend la voie libre, par un courant de sens contraire à celui par lequel travaillent les postes télégraphiques.
- Une interruption du circuit, par suite de la rupture d’un fil, ne peut qu’empêcher l’annonce des trains ou le déblocage des sections, mais elle ne peut compromettre la sécurité.
- On n’a donc sérieusement reproché aux électrosémaphores Lartigue que la possibilité d’un déclenchement accidentel sous l’influence de l’électricité atmosphérique. Or, un coup de foudre direct, de sens déterminé et d’intensité comprise entre des limites données peut seul déclencher les appareils.
- i° Le sens doit être déterminé, sinon il y aurait augmentation de puissance et non diminution :
- 20 L’intensité doit être comprise entre des limites données car, si le courant de sens convenable est trop faible, il ne désarme pas l’aimant, si, au contraire, le courant est trop intense, il produit, en sens contraire, une aimantation suffisante pour maintenir l’armature en contact. En fait, on n’a jamais cité de déclenchement dû à une cause de ce genre, depuis plus de dix ans queles électro-sémaphores sont en service sur le réseau du Nord; les appareils fonctionnaient encore, quand le télégraphe ne marchait plus. Le reproche est donc tout à fait théorique et l’inconvénient pourrait, à la rigueur, être négligé.
- Cependant, en étudiant l’application de ce système au réseau d’Orléans, MM. Heurteau et Guillot
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- ont eu l’idée de chercher une garantie supplémentaire pour parer à la réalisation d’un déclenchement par l’orage. Voici en quoi consiste la disposition imaginée par MM. Heurteau et Guillot :
- Pendant tout le temps qu’un train est annoncé à un poste, et que la voie est bloquée au poste précédent, un courant positif circule sur la ligne entre les deux postes; si, dans ces conditions, la grande aile s’efface par une cause accidentelle, une sonnerie d’alarme se fait entendre simultanément dans les deux postes qui sont alors prévenus du dérangement.
- Pour obtenir ce résultat, MM. Heurteau et Guillot ont simplement ajouté deux frotteurs et une surface métallique de contact au commutateur inverseur.
- Comme cela est indiqué sur la figure 70, quand la grande aile a été mise à l’arrêt, un courant positif est envoyé, non seulement sur le fil de ligne, mais aussi dans 1 électro-aimant qui cale cette aile, de sorte que ce courant augmente la force attractive de l’aimant et le rend capable de résister aux perturbations atmosphériques. Si, néanmoins, le fait venait à se produire et si la grande aile tombait, le commutateur en tournant, dirigerait ce courant dans la sonnerie S, à un poste aussi bien qu’à l’autre.
- Un coup d’œil jeté sur le schéma de la figure 70, permet de se rendre compte de la marche des courants dans ce cas.
- Ce contrôle automatique du fonctionnement de l’appareil n’est pas le seul résultat obtenu : un poussoir spécial placé au poste expéditeur, permet de compléter, à la main, lorsqu’on le presse, le circuit de la sonnerie d’alarme et de la faire tinter, en y dirigeant le courant permanent, s’il existe sur la ligne, c’est-à-dire si la grande aile reste à l’arrêt par la volonté du poste correspondant. Par conséquent, dans le cas où la sonnerie ne tinterait pas lorsqu on appuie sur la poussoir, cela prouverait que la grande aile reste à l’arrêt malgré le déblocage de la section.
- Ce moyen de vérification est précieux dans certains cas; il fonctionne en effet, même en l’absence du garde du poste d’arrière, ce qui ne pourrait avoir lieu s’il fallait correspondre par les moyens ordinaires.
- Enfin, l’addition d’un petit interrupteur sur la communication du pôle zinc de la pile avec la terre permet l’emploi d’une pile unique pour desservir un nombre déterminé de fils; dans ce cas, lorsqu’un appareil quelconque en manœuvre doit faire une émission de courant négatif, il détruit, au moyen de 1 interrupteur, le contact entre les deux tronçons de la communication du pôle zinc avec le sol.
- (A suivre.) M. Cossmann.
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE (*)
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- Système Weston
- La United States llluminating Company aun réseau de fils immense, qui couvre une grande partie de la cité de New-York.
- Nous avons cherché à montrer sur le plan (fig. 1) la distribution des conducteurs principaux de ce réseau, qui est alimenté dans toute son étendue par trois grandes stations centrales, indiquées par les lettres A, B et C sur la figure.
- Ces trois stations fournissent le courant aux lampes distribuées entre le Hudson et l’East-River d’un côté, et la Battery et la 99° rue de l’autre. La plus grande dimension de ce réseau est de 8 1 /a milles.
- Sur notre continent, nous n’avons pas une seule installation qui pourrait être comparée, comme grandeur, à ce réseau immense s’étendant sur la-capitale presque entière et ayant, comme les grandes usines à gaz, une surveillance et une direction centrales.
- Quand on a étudié attentivement le travail dans ces stations, quand on a suivi dans les rues les fils alimentant les lampes jusque dans les limites de l’île sur laquelle est bâtie la ville de New'-York, quand on a examiné l’excellent fonctionnement des lampes, l’organisation presque militaire du service, le contrôle étendu et rapide, on se départit facilement du pessimisme, à l’égard de l’éclairage électrique, ce pessimisme qui entrave d’une manière formidable, la marche des affaires électriquejien Europe.
- On trouve un système étendu, pratique, fonctionnant régulièrement, tout aussi bien que le bon vieux gaz, et on se demande pourquoi on n’arriverait pas au même résultat chez nous. Est-ce la différence de prix du gaz?Est-ce l’impossibilité de mettre les conducteurs sur des poteaux qui a entravé le développement de la lumière électrique? Les Américains compétents en la matière, me répondaient invariablement à cette question : « Vous n’avez jamais essayé de faire des intallations suffisamment grandes; chez vous, la lumière est toujours à titre d’essai, et les essais coûtent ordinairement trop cher. » Peut-être ont-ils raison.
- Les trois du système Weston, à New-York, ont les importances suivantes :
- i° La station de Fulton Street (206 et 208) peut disposer de 000 chevaux-vapeur. Cette station, indiquée sur le plan par la lettre A, alimente 160 lampes à arc, distribuées entre la Battery et le City-Hall, sur un rayon de 1 1/2 mille.
- (’) Voir les précédents numéros depuis le 4 juillet 1885.
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- I 12
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 2° La station B, se trouve au centre de la ville, sur la Stanton Street (36). C’est la plus importante. Les machines et les chaudières fournissent l’énergie de i.iod chevaux. Nous y trouvons 64 machines dynamo-électriques qui pioduisent le courant suffisant pour 490 lampes à arc et 2.100 à incandescence. .
- Le réseau de cette station s’étend de la City-Hall, jusqu’à la 34e rue, sur un rayon de 2 milles.
- 3° La dernière station C, se trouve dans la44° rue, et dispose de 55o chevaux-vapeur. Elle distribue le courant à 325 lampes à arc, dispersées entre la 34e et la 99e rue.
- En somme, les trois stations disposent de
- 1.950 chevaux-vapeur. Elle font fonctionner 975 lampes à arc et 2.5oo lampes à incandescence.
- Parmi les lampes à arc, il y en a 3oo qui brûlent toute la nuit.
- Les stations centrales sont réunies électriquement entre elles, de sorte qu’en cas d’accident ou quand un besoin spécial se présente, une des stations peut venir en aide à l’autre.
- On juge encore mieux de l’étendue du réseau quand on examine la longueur des conducteurs principaux. La « United St. Ilium. Company » a, dans les rues de New-York, 220 milles de cuivre, posés sur 2.200 poteaux.
- En dehors des lampes alimentées par les sta-
- £./>Tohjev 5c.
- FIG. I. — DISTRIBUTION DE L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE, SYSTÈME NVESTON (NEW'YORK)
- tions centrales, il y a encore une série d’installations privées et isolées, qui se servent du système Weston.
- Cela fait un total respectable d& 1.404 lampes à arc et de 7.000 lampes à incandescence pour la seule ville de New-York, et pour une.seule Compagnie.
- J’estime que toutes les lampes à arc existantes en France n’atteignent pas encore ce chiffre
- Prix de l'éclairage.
- Voici les règles générales d’après lesquelles on fait payer au client l’usage des lampes :
- Lampes à arc.
- 75 cents pour un soir;
- 1 dollar pour toute la nuit ;
- 1 dollar pour le jour.
- Lampes à incandescence.
- 1 1/4 cents par lampe-heure.
- 3oo lampes Weston brûlent pour le compte delà ville de New-York, qui paye seulement 70 cents par lampe brûlant toute la nuit. Mais, si une des lampes appartenant à la ville vient à s’éteindre, c’est la Compagnie qui paye 1, 40 dollar (le double de l’abonnement), comme amende. Toutefois, si la lampe s’est éteinte après minuit, cette amende ne s’élève qu’à 70 cents.
- STATION CENTRALE WESTON, STANTON STREET
- Cette station est la mieux organisée de toutes celles que j’ai eu l’occasion de voir en Amérique. Projetée selon un plan large, elle contient tous les perfectionnements imaginés dans ces derniers temps.
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- FIG. 2. — STATION CENTRALE WESTON DE LA S T A N T O N-S TR E ET. — SALLE DES MACHINES A VAPEUR.
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- FIG. 3. — STATION CENTRALE WESTON DE LA S T A N T O N - S T R E ET. — SALLE DES MACHINES DYNAMOS ET GRAND COMMUTATEUR
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- • x 15
- Les salles des machines sont larges et spacieuses, le travail est bien distribué, les machines motrices élégantes et économiques.
- Cette station se trouve au centre du réseau qui couvre, comme une toile d’araignée, une grande partie de la ville de New-York. Si nous cherchions une comparaison avec les installations européennes nous ne pourrions faire autrement que de la comparer à une station centrale de téléphones. Les nombreux fils, incomparablement plus épais, partent d’un tableau central, d’un commutateur de dimensions colossales, où l’on fait toutes les communications nécessaires. On allume les lampes, on couple les machines et les circuits au moyen de jack-knifes et de cordons souples. Il y a une surveillance continue de ce tableau, et on contrôle, toujours le courant et son potentiel pour voir si le travail se fait bien dans les rues de la ville.
- La station occupe un bâtiment de 20 mètres sur 34 mètres environ. Comme presque toutes les maisons à New-York, la station est construite en briques rouges.
- Dix chaudières alimentent les machines à vapeur. Ces chaudières sont en acier et on travaille à une pression de 6 atmosphères. Chaque chaudière peut alimenter une machine de 125 chevaux. Un appareil de chauffage, système Berryman, envoie dans la chaudière l’eau chauffée à 200° Fahrenheit. On se sert pour ce chauffage de la vapeur utilisée préalablement dans les cylindres des machines.
- A côté se trouve la salle des machines, représentée par la figure 2. Les quatre machines employées sont du type Corliss, construites par Watts, Campbell et C°, de Newark. Deux de ces machines sont couplées ensemble et ont un volant commun deôm,5o de diamètre et pesant 20 tonnes. Ces deux machines couplées fournissent un travail de 600 chevaux-vapeur.
- La courroie (au fond de la figure) qui met en mouvement l’arbre de transmission des machines dynamo-électriques est unique dans son genre. Elle a les plus grandes dimensions de toutes celles employées dans la ville de New-York, et c’est la plus grande de celles qui ont été jamais appliquées en électricité. Sa largeur est de im5o sur 36 mètres de longueur.
- Cette courroie monumentale présente à un très haut degré le phénomène d’électrisation par frottement. Quand on passe dessous, les cheveux se dressent sur la tête, et, quand on approche les doigts écartés à une distance de 5o centimètres, on voit, malgré l’éclairage intense, des aigrettes blanches sortir du bout des doigts.
- Deux salles adjacentes contiennent les 64 machines dynamo-électriques de différentes dimensions, pouvant alimenter chacune 10, i5,2o,3o et 5o lampes à arc, ou un nombre équivalent de lampes à incandescence.
- La figure 3 représente une de ces salles. Les circuits des machines aboutissent au tableau commutateur placé au centre de la salle. Sur le même tableau arrivent les fils du circuit extérieur, que l’on voit venir sur la surface du plafond, et descendre dans les facks supérieurs.
- Cette disposition permet de réunir une machine quelconque avec n’importe quelle ligne du circuit extérieur, en enfonçant les fiches fixées au bout des cordons souples dans les trous correspondants du tableau. Le même commutateur permet de coupler d’une manière quelconque les machines et les circuits. Dans le cas où une des machines viendrait à se déranger, on peut la remplacer immédiatement par une autre, et l’interruption de la lumière est d’une très courte durée.
- La station centrale de Stanton Street ne travaille que pendant la nuit. Il n’y a que la station située dans la Fulton Street qui soit continuellement en marche. Mais cette dernière est réunie par des câbles auxiliaires aux deux autres stations, de sorte que chaque circuit appartenant à la « United States Illuminating C° » peut être alimenté dans le courant de la journée par les machines de la Fulton Street.
- B. AbdanioAbakanowicz.
- LES PILES ÉLECTRIQUES
- Les méthodes dont on se sert pour la mesure dés constantes d’une pile sont très nombreuses et variées; plusieurs de ces méthodes sont d’un emploi commode et donnent des résultats rapides et exacts; dans un article sur le laboratoire de l’enseignement de la physique à la Sorbonne, nous avons décrit les méthodes de mesure les plus employées, et qui sont appliquées dans ce laboratoire. Nous avons entrepris une série de recherches en vue de rendre ces méthodes de mesure appliquâmes à des piles en fonctionnement, afin de tirer de ces mesures des renseignements utilisables dans la pratique.
- Le problème général que nous nous sommes posé, peut se résumer ainsi : comment faut-il disposer une pile pour obtenir, pendant une durée donnée, un effet prévu d’avance et cela, avec le-minimum de dépense?
- Pour résoudre ce problème, il est avant tout nécessaire d’avoir les données numériques relatives à la variation des divers éléments qui constituent une pile : or ces données ne se trouvent nulle part, du moins il nous a été impossible de les trouver.
- De plus les méthodes de mesure et les résultats publiés d’après ces méthodes s’appliquent le plu3
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- souvent à des cas particuliers et il n’est pas facile d’en tirer des considérations générales.
- Le fonctionnement d’une pile dépend de deux quantités, la f. é. m. E, et la résistance intérieure R; on les appelle souvent les constantes d’une pile, bien qu’elles varient toujours d’une manière continue. Lorsqu’une pile fonctionne ou travaille sur une résistance extérieure r, on doit avoir, d’après la loi d’Ohm :
- R + r’
- I étant l’intensité du courant.
- Dans la pratique, c’est cette quantité I qu’on mesure, pour établir le débit de la pile. On voit immédiatement que cette mesure ne permet pas de séparer les variations de la f. é. m. E, et de la résistance intérieure R. D’ailleurs, lorsqu’on mesure d’après les méthodes ordinaires et qu’on substitue ces valeurs dans la formule précédente, on obtient pour l’intensité I, sauf de rares exceptions, toujours des. valeurs supérieures à celles trouvées par la mesure directe.
- La f. é. m. E d’une pile, se mesure facilement soit par des méthodes directes : électromètres, galvanomètres avec une grande résistance, décharge d’un condensateur (flg. i),etc., ou par des méthodes d’opposition : méthodes de Poggendorf et les modifications de cette méthode. Il est à remarquer que dans toutes ces méthodes l’intensité du courant de la pile est rigoureusement nulle, ou très petite.
- II n’y a en effet aucun moyen pour mesurer la f. é. m. d’une pile fermée et pourtant, c’est cet élément dont la connaissance est indispensable. On verra plus loin comme nous avons essayé de tourner cette difficulté.
- La résistance intérieure R est assez difficile à déterminer d’une manière rigoureuse. Dans les méthodes primitives employées par Ohm et Pouil-let on est obligé de supposer que la f. é. m. est constante et ne varie pas avec le régime du courant. Cette méthode ne donne de bons résultats que pour des piles du genre Daniell. Dans les autres méthodes on est encore forcé d’admettre que la f. é. m. ne varie pas sensiblement avec le régime du courant, pendant la durée des mesures. Dans la méthode de Mance, la f. é. m, n’intervient plus, mais on suppose dans la formule qu’elle x'este constante et lorsque la pile est polarisée, les mesures ne sont plus exactes. Cependant cette méthode peut donner de bons résultats et nous entrerons plus loin dans quelques détails. Il existe une autre méthode basée sur les phénomènes d’induction, qui permet de trouver la résistance intérieure pendant que la pile travaille, et cette mesure est indépendante de la f. é. m. C’est cette méthode surtout que nous avons employée; on en trouvera plus loin la description détaillée.
- On peut encore déduire la résistance intérieure de la connaissance de la résistance spécifique des liquides employés, et de la forme des éléments. L’emploi des diaphragmes rend ces déterminations peu certaines; cependant ces calculs donnent, comme on peut le juger par la suite, des renseignements très utiles.
- Quant à la mesure de l’intensité du courant, elle se fait très simplement, soit par un galvanomètre convenablement monté, soit par la mesure de la différence de potentiel aux extrémités d’une résistance connue.
- Avant de décrire en détail la méthode de mesure que nous avons employée : méthode qui a pour but d’essayer de déterminer simultanément sur une pile en fonction les trois éléments E, R et I, nous exposerons quelques considérations théoriques sur la f. é. m. des piles, en partant de la chaleur de formation, et sur la résistance intérieure, en nous basant sur la résistance spécifique des électrolytes et des diaphragmes.
- En partant de la chaleur de combinaison, on
- FIG. I
- peut prévoir la f. é. m. d’une combinaison voltaïque. Soit J l’équivalent mécanique de la chaleur en kilogrammètres, C la chaleur de combinaison en grandes calories, se rapportant à l’équivalent des corps combinés, et q le nombre de coulombs nécessaires à dégager un gramme d’hydrogène; on aura:
- E = -IJii'c.
- 4
- Le nombre g,8i représente l’accélération de la pesanteur et est très exactement connu. Sa valeur exacte à Paris est 9,8088
- Quant au nombre q de coulombs nécessaires pour dégager un gramme d’hydrogène, les déterminations récentes de Kohlrausch, Rayleigh et Mascart surl’équivalent électro chimique de l’argent, dont l’équivalent chimique est 108, permettent de fixer ce nombre à i/5oo près de sa valeur. En adoptant imsr,n8 par coulomb, on a
- 108
- ? = ---------T3-
- 1,118x10
- L’équivalent mécanique de la chaleur, J, est moins bien connu. Les valeurs oscillent entre 424 et 425 (exp. de Joule; Théorie des gaz) et 435 et 436
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- (exp. de Violle et Vit. du son dans les gaz, par Régnault). En prenant la moyenne des valeurs, 430, l’erreur probable ne dépasse guère 1 0/0. Nous accepterons d’autant plus volontiers ce dernier chiffre, qu’il correspond presque exactement à la valeur déduite par Joule de la chaleur dégagée par un courant électrique.
- En substituant ces nombres, on trouve ainsi :
- E= 0,0437 C,
- et le facteur constant n’est pas affecté d’une erreur relative supérieure à 1 0/0.
- Les valeurs de C, chaleur de combinaison, sont beaucoup moins bien connues ; ici les erreurs peuvent être considérables ; d’autant plus que souvent on ne peut pas se rendre compte des véritables réactions qui ont lieu dans la pile. Une autre cause vient ajouter son effet à ce désaccord; elle résulte d’un effet thermo-électrique ; M. Helmholtz a montré en effet, qu’il faut retrancher de la force électromotrice E, résultant de la combinaison chimique, le terme
- t^e
- dt
- où T = 273 J-1 représente la temp. absolue et -jf ou
- les variations de la f. é. m. avec la température.
- Dans la plupart des piles, la force diminue avec la température, et il faut retrancher le terme correctif
- T ^ ; dans le cas où la force augmenterait avec la
- température, il faudrait ajouter ce terme.
- Les expériences entreprises par M. Czapski dans le but de vérifier la théorie de Helmholtz ont démontré que, pour des piles réversibles et formées par deux métaux plongeant dans des sels de ces métaux, l’expérience suit la marche générale indiquée par la théorie ; mais que des vérifications numériques exactes sont actuellement impossibles, parce que les chaleurs de combinaison telles qu’elles se font dans la pile, ne sont pas assez bien connues.
- L’élément qui intervient dans ces déterminations est la variation de la force avec la température; lorsque cette variation est très faible (comme par exemple dans l’élément Daniell) la f. é. m. doit être voisine de celle trouvée d’après la chaleur de formation.
- M. Potier a indiqué un moyen simple pour arriver à la formule de M. Helmholtz en considérant le circuit formé par deux piles identiques mises en opposition et dont l’une a un légerexcès de température sur l’autre. En appliquant la formule
- au couple zinc-argent, dont la f. é. m. diminue
- de ov 0012, par degré centigrade, M. Potier trouve à i8° :
- T = 273-j-i8—2910
- La f. é. m. de l’élément zinc-argent est, d’après les données thermo-chimiques iv,g; on doit donc avoir :
- E = iT,9 — = iv,S4 à 180.
- L’expérience donne iv ,51. L’accord est donc très satisfaisant.
- Comme les variations de la f. é. m. avec1 la température sont faibles, les méthodes directes,sont assez difficiles à appliquer. Ainsi dans le travail de M. Czapski, les différences ne portent que sur les dernières décimales et la méthode d’opposition partielle de du Bois-Raymond employée par l’auteur, ne permet de constater ces différences, qu’avec des soins très minutieux. La méthode indiquée par M. Potier peut faciliter beaucoup ce genre de déterminations, car il suffit de prendre deux éléments identiques, dont on a mesuré la. force
- par une méthode ordinaire à ^ près; puis en réunissant ces deux éléments en opposition, après avoir intercalé un galvanomètre, il est facile de constater des différences de potentiel de moins
- de To-353 ou de volt- Comme Ies éléments
- ne sont jamais tout à fait identiques, il est indispensable d’intervertir les mesures, et de prendre les moyennes. Dans une publication récente, M. Lippmann a traité le cas où la f. é. m. varie aussi avec la concentration des liquides, et il a pu déduire de l’analyse, dans quel cas la f. é. m. est indépendante de la température.
- Dans la grande majorité des cas, le métal attaqué est le zinc; or l’oxydation d’un équivalent ou de
- 32Srdezinc fournissent ............. 41e,8 = iv,53
- et la sulfatation............................. n 7 = ov,5i
- Ce qui donne comme énergie disponible 53°,5 = 2v,3|.
- Il faut retrancher de ce nombre, l’énergie absorbée par la combinaison inverse. Ainsi dans les piles de Volta, la décomposition de l’eau nécessite :
- 340,5 = iv,5i.
- Et il reste :
- 190,0 = ov,83.
- Cette f. é. m. correspond exactement à celle de l’étalon Reynier.
- Dans l’élément Daniell, c’est la réduction du sulfate de cuivre qui demande :
- 28°, 2 = 1V4.
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- Il reste donc dans' ce cas
- 25°,3 = iT,io.
- La combinaison la plus avantageuse serait celle où la fixation de l’hydrogène se ferait avec le moins d’énergie possible.
- A ce point de vue, l’élément au chlorure de platine mérite d’être mentionné, caria chaleur de combinaison du chlorure de platine est très faible et il reste par conséquent une f. é. m. très élevée.
- Dans la pratique, c’est l’acide azotique et les solutions de bichromate de potasse qui réduisent l’hydrogène, en absorbant le moins d’énergie. Il reste, dans ce cas, pour la f. é. m. de l’élément Bunsen iv,9, et pour l’élément au bichromate de potasse, environ 2 volts (’).
- On pourrait effectuer les calculs relatifs à d’autres corps dépolarisants, comme le permanganate de potasse, le chlorate de potasse,l’eau régale, etc., et on trouverait le plus souvent des nombres qui se rapprochent sensiblement de ceux de l’acide azotique; mais ces calculs laissent toujours beaucoup d’incertain, car il est difficile de savoir au juste, quelles sont les réactions qui se font,,et le plus simple est de recourir directement à l’expérience.
- Les considérations relatives à la f. é. m. ne sont pas les seules qui entrent enjeu : il faut en outre que le corps qui sert de dépolarisant soit bon conducteur de l’électricité, ou qu’il puisse être rendu conducteur par l’addition d’autres corps, et qu’un faible volume puisse absorber une grande quantité d’hydrogène.
- On voit donc que la f. é. m. d’un élément zinc-eau acidulée, avec dépolarisant quelconque, ne dépasse pas 2 volts. Pour augmenter cette f. é. ni., on pourrait chercher une énergie supplémentaire dans les réactions qui se font dans la pile. Si, par exemple, on remplace l’eau acidulée par une solution de potasse ou de soude, on obtient une augmentation de f. é. m. d’environ o,5; dans l’élément Bunsen, cette augmentation est due à la chaleur de combinaison de la potasse avec l’acide azotique contenu dans le vase poreux.
- Un autre moyen plus efficace encore est d’enduire le charbon et le platine de bioxyde de plomb : dans ce cas, au lieu d’avoir une perte d’énergie due à l’absorption de l’hydrogène, on obtient une énergie supplémentaire, et la f. é. m. atteint une valeur bien supérieure à2v,34, qui correspond à la sulfatation du zinc; mais alors on a affaire à des accumulateurs; la disposition au bioxyde de plomb n’offre d’ailleurs pas les avantages indiqués par la théorie, car ce qu’on gagne au point de vue de la (*)
- (*) Oq trouve ces calculs dans Je traité de Niaudet, Pile électrique, 3e édition, p. 322.
- f. é. m. on le perd pratiquement à cause des difficultés très grandes delà construction et du prix de revient.
- On a également proposé de remplacer le zinc par d’autres métaux. Les seuls métaux qui se présentent par leur bon marché, sont le fer et le plomb. Quant au plomb, la différence de prix avec le zinc est trop faible pour offrir des avantages, d’autant plus que le plomb n’est pas soluble dans l’eau acidulée à l’acide sulfurique; dans tous les cas, la f. é. m. est notablement plus faible que dans les combinaisons correspondantes avec du zinc.
- Le fer donne lieu à des remarques intéressantes. C’est un métal pour lequel il n’y a aucune concor-dence entre la f. é. m. et la chaleur de combinaisons.
- Pour les sels de protoxyde de fer, on trouve les nombres suivants, en regard desquels nous avons mis les valeurs correspondantes.du zinc.
- Chlorure dissous . . 5o°,o = 2V,29 £6°,4 = 2V,57
- Azotate.............44°,4 = iv,95 53°,O = 2V,32
- Sulfate.............5 7°.o — 2V,49 540,9 = 2V,4Q
- Ainsi la substitution du ter au zinc dans un élément Daniell, ne devrait pas donner une diminution de f. c. m., tandis qu’en réalité on ne trouve pas même la moitié : l’expérience fournit ov,4 en moyenne.
- Pour l’azotate, le résultat est un peu meilleur : un élément Bunsen,'dans lequel on a substitué du zinc au fer, avec une solution d’acide azotique à o,ot donne E:=iv,35. Pour un Bunsen, on trouve E = iv,85 ; la différence est donc ov,5, et celle d’après la chaleur de formation est 2V,32 — iv,9i — ov,4i. L’accord est assez satisfaisant dans ce cas.
- Nous reviendrons plus loin, avec plus de détails, aux piles dont le métal attaquable est le fer.
- Détermination de la f. é. m. — Pour cette détermination nous avons employé la méthode par dédécharge de condensateur. Cette méthode est très expéditive et donne des résultats exacts à un centième près, approximation suffisante pour le cas qui nous occupe ; de plus elle permet de rapporter à chaque instant la mesure à la f. e. m. d’un étalon. Comme étalons nous avons employé deux éléments Latimer Clark, l’un d’origine anglaise, l’autre cons truit au laboratoire de la Sorbonne. Les f. é. m. de ces deux éléments ne diffèrent pas d’un millième de volt à la même température.
- La valeur de l’étalon L. C. a été trouvée par l’auteur égale à iv,457 ; plus tard, lord Rayleigh a trouvé iv,453, l’unité de résistance étant l’ohm de l’Association britannique. Avec l’ohm légal, on trouverait iv,437 (comparez Journ. de Phys., 2rao série, 1884, t. III, p. 3c>7).
- C’est cette f. é. m. que nous avons adoptée
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- comme base dans toutes les déterminations qui suivent.
- Cette valeur suppose que 1 coulomb dépose Jme%ii8 d’argent. La f. é. m. de l’élément L. Clark varie légèrement avec la température : la diminution pour i° est de ov,oo8.
- Un élément Daniell, monté avec des solutions concentrées et chimiquement pures de sulfate de zinc et de cuivre, plongeant dans des métaux également chimiquement purs, donne, dans ces conditions, iv,09- Pour avoir un élément Daniell dont la f. é. m. soit bien constante, il faut employer des solutions absolument neutres et dissoudre les sels chimiquement purs dans de l’eau distillée récemment bouillie, et puis faire bouillir la solution de sulfate de zinc avec de l’oxyde de zinc. Il faut employer des éléments sans vase poreux, et ne pas faire travailler l’élément.
- Un élément Daniell dont les solutions sont tant soit peu acides a ordinairement une f. é. m. supérieure à iv,c>9 et un élément monté avec de l’eau acidulée dans les conditions ordinaires, a le plus souvent une f. é. m. de iv, 12 et qui peut aller jusqu’à iv,20. Lorsque le sulfate de cuivre n’est pas saturé, la f. e. m. diminue légèrement.
- Voici la disposition adoptée pour les expériences: i° un galvanomètre Tomson, d’une résistance de xo.ooo ohms, avec échelle transparente; 20 un micro-farad, divisé en dixièmes. On place l’aimant directeur de telle façon que pour une capacité de o,3 à 0,6 micro-farad, 100 divisions de l’échelle correspondent à 1 volt. Il suffit pour cela que la décharge d’un L. Clark donne 144 divisions; ce résultat s’obtient assez facilement après quelques tâtonnements. Il est bon de s’assurer directement que les déviations sont proportionnelles aux f. é. m. La clef de décharge est disposée de telle façon que la décharge seule passe par le galvanomètre.
- Avec cette disposition, il est facile de prendre les f. é. m. d’un grand nombre de combinaisons voltaïques, en très peu de temps. Au lieu de changer chaque fois l’élément entier, il est plus commode de commencer avec des métaux, par exemple le zinc, et d’opérer comme il suit :
- Un flacon est rempli de sulfate de zinc pur dissous dans l’eau distillée et récemment bouillie; dans cette solution plonge un bâton de zinc pur distillé et amalgamé. L’extrémité du siphon plonge dans une auge remplie également de sulfate de zinc.
- Un petit tube recourbé et terminé par une ouverture capillaire reçoit le métal et la solution qu’on veut étudier. Il suffit de mettre ce tube dans l’auge pour mesurer la f.é:m. de cette combinaison voltaïque. Il est bon de changer de temps en temps le sulfate de zinc qui peut se trouver mélangé des divers liquides contenus dans les tubes. Au lieu du flacon zinc, sulfate de zinc, on peut en disposer d’autres : cuivre, sulfate de cuivre, platine, chlorure de platine. C’est
- même un excellent moyen pour construire des étalons de f. é. m., car les solutions ne se mélangent pas, il n’y a pas de diaphragme, et ces éléments peuvent se conserver indéfiniment; pour cela, il faut faire aboutir chaque flacon dans une auge remplie de la même solution : autrement les liqueurs se mélangeront à la longue, malgré la finesse du tube.
- Les f. é. m. de presque toutes les combinaisons voltaïques sont bien connues ; on les trouve dans tous les traités, et nous donnerons plus loin nos mesures pour chaque cas particulier ; nous voulons insister seulement ici sur ce fait que ces f. é. m. changent beaucoup avec la pureté et la nature des métaux. Nous avons employé, par exemple, le platine, sous trois formes différentes : des lames, des fils et de la toile de platine. Or les différences ainsi obtenus sont considérables et irrégulières. Pour le charbon, cette différence s’accentue encore. Ainsi il est impossible, dans ce cas, de donner la f. é. m. à quelques centièmes de volt près. Ce qu’il s’agit d’ailleurs de déterminer, ce n’est pas cette f. é. m. de début, c’est-à-dire avant que la pile n’ait travaillé, mais la f. é. m. de la pile en action, ce qui est tout autre, comme on le verra dans la suite.
- (A suivre.) P.-H. Ledeboer.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée p.tr B. Marinovitch
- Réponse à la note de M. Mascart sur les grands
- mouvements de l’atmosphère par M. Faye (>).
- « La note très concise de notre savant confrère M. Mascart porte sur les points suivants :
- « i° La distinction des cyclones où l’air monterait, dit-on, en tournoyant du sol vers les nuages, là où se manifeste une dépression barométrique, et des anticyclones où, par suite d’un excès de pression, l’air descendrait au contraire jusqu’au sol;
- « 2° L’aspiration serait démontrée dans le premier cas par tous les effets observés dans les trombes ou les cyclones. Jamais on n’aurait constaté d’affaissement de la surface des eaux à la pointe d’une trombe;
- « 3° Si les trombes paraissent descendre, c’est que le refroidissement de l’air ascendant se propage de haut en bas;
- « 40 Enfin, la cause des mouvements giratoires ne doit pas être cherchée dans les couches supérieures de l’atmosphère (2). * (*)
- (‘) Communication faite à l’Académie des sciences, dans la séance du 6 juillet i885.
- (*) M. Mascart dit {Comptes rendus de la semaine dernière)
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- « C'est là, en effet, l’ensemble des affirmations des météorologistes. Il y manque un trait caractéristique et capital, c’est que les tempêtes, les cyclones, les tornados sont tous, sans exception, animés d’un mouvement de translation rapide : ils marchent, en tournant, très souvent avec la vitesse d’un train express. Si l’attention de M. Mascart se portait sur ce caractère constant et universel des mouvements giratoires, il lui serait bien difficile de le concilier avec les opinions des météorologistes, car comment admettre qu’une raréfaction locale se mette à marcher avec une vitesse de dix, quinze ou vingt lieues par heure, dans un air immobile, et parcoure d’énormes espaces pendant des heures, des jours ou même des semaines entières, sans jamais se combler. Convenez que cette raréfaction locale serait douée de propriétés bien étonnantes.
- « Les météorologistes ont tenté d’expliquer ce phénomène grandiose en disant que la précipitation de la vapeur d’eau, dans la moitié antérieure du cyclone, sous forme de pluie, renouvelle sans cesse le vide à l’avant, malgré l’air ascendant qui tend à le combler, en sorte que le cyclone est forcé de marcher de ce côté. Mais je ne croirai jamais que M. Mascart accepte une explication pareille.
- « Passons au second point. Il s’agit plus spécialement des tornados et des trombes, qu’on attribue aussi à une raréfaction locale de l’air. L’air afflue, dit-on, de tous côtés, mais seulement dans le sens horizontal, pour la combler. Vous croyez peut-être qu’il y parviendra, et que les deux ou trois centimètres d’une dépression barométrique très limitée ne tarderont pas à disparaître. Pas du tout. L’air appelé vers le centre de la dépression ne saurait s’y accumuler sans limite. Dès lors il s’établira en ce point un courant ascendant qui entretiendra énergiquement l’aspiration!
- « M. Mascart pense que cette aspiration est démontrée par tous les effets des cyclones, les toits enlevés (* *), les habitants même emportés à une grande hauteur (2), la mer soulevée. Il ne croit
- que, d’après mes idées, le centre de ces phénomènes serait le lieu d’un courant descendant. Ces termes ne reproduisent pas exactement ma pensée. J’ai toujours parlé de girations descendantes, comme celles qui se forment dans les cours d’eau, et jamais de courants descendants.
- (*) Un toit, frappé par un coup de vent horizontal qui s’engouffre dans une maison, peut être soulevé, puis entraîné obliquement à une certaine hauteur comme un cerf-volant, sans qu’il y ait là le moindre, indice d’une aspiration.
- (2) Dans les tornados des Etats-Unis, on cite beaucoup de cas de ^personnes renversées, roulées sur le sol, ou même projetées violemment contre des murs ou des palissades et tuées sur le coup. Mais, en fait d’habitants enlevés à une grande hauteur, je ne connais que la particularité suivante du tornado de Delphos (Kansas, 3o mai 1879). Un individu qui s’était réfugié dans une meule de foin, fut enlevé par le vent du tornado; mais il ne s’éleva pas tellement haut qu’en passant en l’air, à côté d’un cheval (non renversé), il
- pas qu’on ait jamais constaté un affaissement de la surface des eaux à la base d’une trombe (4).
- « J’ai passé en revue bien des cyclones et des tornados sans y trouver jamais la moindre trace de cette aspiration si souvent affirmée par des témoins peu compétents. Mais, pour ne pas répéter ici ce que j’ai déjà dit devant l’Académie, et aussi pour ne pas laisser croire que je sois seul de mon avis, je laisserai la parole à un savant italien, M. Luvini, qui a publié, sur les mouvements giratoires, les orages et la grêle, des écrits dignes de toute notre attention.
- « M. le professeur Luvini, au lieu de se contenter des relations d’hommes mal préparés à apprécier les phénomènes, a compulsé les témoignages d’observateurs compétents, qui ont l’avantage, sur presque tous les météorologistes vivants, d’avoir vu de leurs yeux, et sans parti pris, des trombes ou des tornados. Ces observateurs compétents sont Spallanzani, de la Nux, Colden, Perkins, etc. Je me borne à citer (2). Colden écrivait à son ami Franklin :
- «Je suis loin de prétendre à la gloire pour avoir dit quelque chose de juste sur les trombes, les tornados et les cyclones ; mais j’ai voulu montrer à l’Académie que l’opposition à mes idées est loin
- n’ait pu essayer de s’accrocher à sa crinière. Malheureusement l’impulsion était trop forte : on le retrouva plus loin, tenant encore son chapeau d’une main et une poignée de crins de l’autre.
- (>) Dans les inondations produites si souvent sur les côtes par les cyclones, la dénivellation de la mer peut bien aller à deux, trois ou même quatre mètres ; mais c’est là un effet de raz de marée qui se fait sentir autour du cyclone et non un effet d’aspiration. C’est, en très grand, l’analogue du buisson d’eau ou d’écume et de vagues circulaires que les trombes produisent autour de leur pied, en fouettant circu-lairement l’eau de la mer avec énergie.
- (2) Les lignes qui suivent ont été extraites du Livre de M. Luvini, intitulé Sept études (en double original, français et italien). Turin, 1884, et chez M. Gauthier-Villars, p. 110-1M =
- « Vous avez embrassé l’opinion commune sur les trombes ; mais ma propre observation oculaire me persuade que c’est une fausse idée. Dans un voyage aux Indes occidentales, j’eus occasion d’observer plusieurs trombes. Il en passa une à moins de 3o ou 40 verges du vaisseau où j’étais. Je la considérai avec toute l’attention possible, et, quoiqu’il y ait de cela quarante ans, elle fit sur moi une impression si forte, que je me la rappelle encore bien distinctement. Celle qui passa si près de nous avait la figure d’un cône renversé, c’est-à-dire, sa pointe tournée vers la mer, à 8 pieds environ de sa surface. La base était (en haut) dans un nuage noir Nous avions un calme absolu. La trombe passa lentement à côté du vaisseau ; j’eus la facilité d’observer clairement qu’il sortait de la trombe un courant violent qui faisait une trouée de 6 pieds de diamètre sur la surface de l’eau et soulevait l’eau autour de cet enfoncement, de manière à former un bourrelet circulaire et inégal, comme pourrait le faire le vent très fort d’un soufflet de forge dont la tuyère aurait été dirigée perpendiculairement à la surface de l’eau et nous entendions fort bien le bruissement qu’un pareil soufflet produisait sur l’eau. Je suis très sûr qu’il n’y avait rien que l’on pût rapporter à une succion de l’air dans la trombe, à moins que l’on ne voulût se faire illusion en pre-
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- d’être unanime aujourd’hui. On verra en effet, par une seconde Note, que j’ai obtenu d’autres adhé-
- nant le rejaillissement de l’eau, qui s’élevait en bourrelet, pour de l’eau moutant dans la trombe. Je distinguais aisément un espace vide d’environ 8 pieds entre le creux de la mer et l’extrémité de la trombe où rien n’interrompait la vue, comme cela n’aurait pas manqué d'arriver, s’il s’y était élevé de l’eau de la mer(1).
- « Voyons maintenant ce que dit le D* Perkins dans ses Lettres à B. Franklin :
- « Ce qui m’a donné occasion de penser que toutes les trombes descendent, c’est que j’ai trouvé la chose bien constatée par rapport à quelques-unes, c’est qu’il m’a paru difficile de concevoir qu’un corps aussi pesant que l’eau pût être élevé (jusqu’aux nues) par aucune force à nous connue, et c’est principalement l’inspection des dessins de trombes que M. Stuart nous a donnés dans les Transactions philosophiques... Cette circonstance de la courbure du sommet du buisson en dehors ne paraît pas s’accorder avec un tourbillon ascendant, mais elle s’accorde à merveille avec un tourbillon descendant; car un tourbillon ascendant balayerait l’intérieur du buisson, si toutefois, dans ce cas, il y avait quelque apparence de buisson. Quant au pilier d’eau, comme on l’appelle à cause de sa forme, je suppose que ce n’est que le bout de la trombe plongé dans le buisson... La partie engagée dans le buisson est cylindrique aussi bien que celle d’au-dessus, c’est-à-dire que son épaisseur est la même depuis le haut du buisson jusqu’à la surface de l’eau. Dans le cas d’un tourbillon ascendant, au lieu de cette figure, ce devrait être celle d’une pyramide.
- « Si, aux écrits de Perkins et de Cadwalader Colden, que j’ai cités, nous ajoutons les belles déductions de Buffon (2) et les observations de Spallanzani, dont parle M. Faye dans les Comptes rendus de 1879, nous pouvons conclure que, au xvix° siècle, ce préjugé a été combattu par des savants illustres avec de solides raisons et d’excellentes observations. Spallanzani a vu directement et décrit, dans plusieurs endroits de son Mémoire, le mouvement tourbillonnaire dans les trombes qu’il a observées, soit dans le nuage et à la base (supérieure) de la trombe, soit dans les autres parties de cette dernière; et, dans les couclusions, lesquelles ne se trouvent pas dans les Comptes rendus, il dit explicitement que le mouvement tourbillonnaire, qui doit avoir son origine dans le choc des vents contraires, part d’en haut, perce et traverse le nuage et descend en bas, quelquefois jusqu’à la mer, et quelquefois moins profondément. C’est doue au mouvement tourbillonnaire descendant qu’il attribuait l’abaissement des eaux et la formation du buisson, et non pas à un simple souffle de haut en bas (3). Certes il n’a pas fait connaître la vraie origine des tourbillons qu’il a observés.
- « Tout cela ne diminue en rien la gloire de M. Faye qui,
- (1) Ainsi Colden a vu la dépression produite à la surface de la mer et le bourrelet qui bordait cette dépression. Ce bourrelet est justement le buisson dont a parlé M. Mascart. Colden se trompe en l'attribuant à un souffle vertical de haut en bas : il était produit par le mouvement de rotation descendant de la trombe battant l’eau tout autour d’elle, comme ferait une écope tournant horizontalement. Mais il s’agit là d’une interprétation, et non d’une question de fait. Le fait, constaté par les yeux, c’est que la mer était violemment creusée par la trombe, et que l’eau formait autour du pied de la trombe un bourrelet ou buisson écumcux.
- (2) Buffon n’a pas vu de trombes, mais il savait choisir ses correspon-
- dants. Le témoin oculaire dont il s’est servi en cotte circonstance était M. de la Nux, astronome bien connu, de l’île Bourbon. (H. F.)
- (3) J’ai rapporté l’observation de Spallanzani dans les Comptes rendus du 4 août 1879, mais on aimera peut-être la lire ici, dans le texte ori-ginal :
- « Nel tempo ch’ io cra giulivo observatore di quel non più ammirato fenomeno, eccho chc délia stessa gonfiezza di nuvoîa, che allora era nerissima, e che non desisteva di lampeggiare e tonare, si spiccano due altre trombe, l’una più voluminosa, e l'altra mono délia prima, le quali
- sions. Pour aujourd'hui, je me borne à prier M. Mascart de considérer, avec l’impartialité sur laquelle je puis compter de sa part, les deux points sur lesquels je viens d’insister :
- « i° On ne saurait, dans cette grande question, laisser de côté le mouvement de translation des mouvements giratoires, car à lui seul ce mouvement de translation met à néant les préjugés que j’ai combattus;
- « 20 II ne serait pas exact de dire que l’on n’a jamais constaté un affaissement de la surface des eaux à la base inférieure d’une trombe, car c’est au contraire ce qui a été hautement constaté toutes les fois que le phénomène s’est présenté, de près, à un observateur compétent et sans parti pris.
- « J’examinerai les deux derniers points dans une Note complémentaire et je tâcherai de donner à l’éminent Directeur de notre établissement météorologique les explications qu’il m’a fait l’honneur de me demander. Je suivrai la même marche, c’est-à-dire j’analyserai les travaux les plus récents, qui tous convergent vers les idées que j’ai émises il y a une douzaine d'années, idées qui m’ont été suggérées par l’étude des phénomènes solaires. »
- Spectre de Fammoniaque par renversement du courant induit, par M. Lecoq de Boisbaudran (*).
- « Quand on fait jaillir l’étincelle d’induction sur une solution aqueuse d’ammoniaque, en rendant
- dans la discussion d’un nombre immense d’observations, a su démêler les faits vrais de ceux qui étaient dus à des illusions d’optique ou à des préjugés, et surtout en déduire, d’après un mûr examen, la seule théorie qui soit d’accord avec les faits exactement observés et à la hauteur de la science actuelle. Les théories de ceux qui l’ont précédé dans le chemin sont loin d’avoir la précision et l’exactitude de celle de M. Faye; quelques-unes mêmes sont ridicules, et c’est pour cela que, dans mes citations, je n’ai rien dit des idées théoriques du Dr Perkins et de M. Colden. *
- (!) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du 6 juillet i885.
- scendendo, quasi con pari velocitâ, giunsero al marc. Il tempo délia disccsa fu poco più di tre ininuti. Oltre il solito incurvamento, vidi alla loro sommité o base un movimento vortiginoso, et vidi altresi, per la maggior vicinanza, con più precizione e chiarezza, i due monticelli di aqua sottostanti ai due apicî délié trombe, giacchè qui pur si formarono, tosto che quelle toccarono il marc. Comechè adunque da prima preso avessi per solido quel monticcllo d’acqua, non. ne aveva perô che l’in-gannatrice apparenza. Questo era un vélo di acqua,chc di alcuni piedi si sollevava dal livello del tnare, e che da me impuntato con buon can-nocchialc, appariva schiumoso; il quai vélo essendo in più parti lacero lasciava non oscuramente vedere un incavo dentro di sè non occupava if mezzo, e che per più di due piedi internavasi nel mare. Pensai io adunque, non senza fondamento, que questa fosse una potenza che dal alto al basso agendo sul mare, creava quella cavità, obligando poi l’acqua a lateralincnte satire... Con la più decisa chiarezza si sentiva il rumore del)’ aria, chc piombando dall’ alto délia troinba percuotcva potente-mente il mare, equindi lo obligava ad incavarsî,sorgcndo poscia attorno
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- la lumière Electrique
- le liquide positif, il se forme dans l’espace interpolaire une nappe globuleuse ou cupuliforme jaune,
- (F=~=
- A. Nappe jaune interpolairc. D. Petit disque verdâtre.
- C. Tube entièrement plein d’ammoniaque aqueuse.
- quide. Autour de cette pointe et appliqué contre la surface extérieure du liquide, se développe un petit disque verdâtre, très mince, à bords assez nets. La lumière de ce disque donne au spectroscope une belle bande verte.
- « La nappe jaune fournit aussi un spectre (d’ordre très différent de celui du disque verdâtre) qui paraît être identique avec un de ceux décrits par Dibbits et A. Mitscherlich (*) et obtenus au moyen d’une flamme chargée d’ammoniaque. Ge spectre se compose d’un assez grand nombre de raies nébuleuses dont quelques-unes, très voisines, se fondent en petites bandes nébuleuses. Les principales raies ou bandes sont seules décrites ici.
- se rétrécissant vers le bas, tout en augmentant d’éclat, et se terminant en pointe très près du li-
- « Nota. — Ce spectre se voit ainsi avec une fente d’une ouverture relativement modérée ; quand celle-ci est plus large, les raies ioô,5 et 107,8 se confondent en une bande assez.brillante ayant son
- MICROMÈTRE
- OBSERVATIONS
- Spectre de la nappe jaune interpolaire (').'
- 1
- E
- 88,9-89,b.
- 92,3.
- 95.6.
- 96.6.
- 9U9-io5,8. Vers n3,8.
- ii5,o environ. 116,2 —
- 122,5
- 632,5.
- 629,3.
- 618,0.
- 604,5.
- 600,8.
- 596,4.
- 570,2.
- 547,0.
- 540,6.
- 525,2.
- Raie nébuleuse, mais pas large.
- Raie nebuleuse, mais pas large. Bien marquée. Plus forte que 88,9. Se lie à la précédente, avec laquelle elle forme une petite bande nébuleuse quand la fente est plus ouverte.
- Raie nébuleuse, mais pas large. Un peu plus faible que 89,6.
- Raie très peu large, mais nébuleuse. Très bien marquée ou assez forte.
- Raie très nébuleuse et assez grosse. Bien marquée, mais notablement plus faible que 95,6, avec laquelle elle se lie.
- Raie très nébuleuse. Légèrement plus faible que 96,6.
- Raie très peu large, mais nébuleuse. Assez forte.
- Commencement très indécis d’une bande un peu dégradée de droite à gauche, très facilement visible à cause de sa largeur et paraissant formée de plusieurs raies nébuleuses.
- Milieu de la bande.
- Fin, nébuleuse, mais moins vague que le commencement.
- Milieu apparent d’une petite bande très nébuleuse, large d’au moins 1 div. du micromètre. Un peu plus faible que 8 n5,o.
- Spectre du petit disque contigu au liquide.
- io5,7 environ.
- io6,5. 568,1.
- 107,8. 564,3.
- 108,9 environ.
- Commencement nébuleux de la bande.
- Milieu du maximum de lumière d’une raie nébuleuse, large de | à § de division. Liée à la suivante par une lumière nébuleuse. Très bien marquée.
- Milieu du maximum de lumière d’une raie très nébuleuse, large de | à de division. Plus nébuleuse que 106,5, mais un peu plus brillante.
- Fin de la bande. Plus nébuleuse que le commencement.
- (’) Les mesures actuelles ne sont pas absolument définitives, mais leurs inexactitudes ne peuvent être qu'assez peu importantes. Les intensités relatives des raies se rapportent'à une fente assez large.
- bord gauche un peu plus net que le droit, et son milieu placé à environ 107,3 ou 107,4 (fig. 2).
- « La bande 107,3 paraît bien correspondre à une
- al incavo uno schiuiriD30 vélo d’acqua alto pîù pîedi : e la superficie délia cavità ribolltva, spumegiava, et venia rapita da un circolar movi-mento; effetti tutti quanti dell’ aria împellente. »
- (Voy. les Mainorie délia Società italiana, 1788, t. IV, p. 43.)
- des trois bandes indiquées dans l’un des dessins de A. Mitscherlich ; sa formation n’est pas due à un effet de phosphorescence proprement dite, mais à l’illumination de la vapeur d’ammoniaque traversée par la portion positive de la décharge qui s’étale
- C) A. Mitscherlich. Phil. Magaz., XXVIII, p. 169.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- sur le liquide. Avec l’air et une solution inactive, on obtient un disque analogue fournissant le spectre primaire de l’azote.
- « Le même spectre de la bande verte 107,3 prend naissance quand on fait éclater l’étincelle d’induction dans la vapeur d’ammoniaque, entre deux lils de platine; le flux électrique est jaune, mais diffère spectralement de la nappe obtenue à l’air libre au-dessus d’une solution aqueuse d’ammoniaque, en ce que cette nappe ne donne pas la bande io7,3, et montre assez brillamment les autres raies décrites ci-dessus.
- « Avec le gaz humide dégagé par l’ébullition de l’ammoniaque aqueuse, la bande 107,3 est d’autant plus intense qu’on vise au point plus rapproché du pôle positif, et les autres raies se voient très
- bien, surtout à une certaine distance du fil de platine positif.
- * Dans la vapeur d’ammoniaque presque complètement pure et sèche, la bande 107,3 se renforce toujours en allant vers le pôle positif, mais les raies de l’autre spectre sont totalement éteintes, sauf la bande (3 95,6-96,6, dont j’ai toujours aperçu une trace très faible. Si l’on introduit quelques bulles d’air sec dans le courant d’ammoniaque gazeuse qui passe entre les électrodes de platine, on voit aussitôt apparaître le spectre des nombreuses raies. C’est donc la présence de l’oxygène qui paraît déterminer la production de ce spectre.
- « La -bande 107,3 ne se produit pas sur les solutions des sels ammoniacaux exempts de AzH3 libre; des solutions aqueuses de .triméthylàmine
- FIG- 2
- et de triéthylamine ne me l’ont pas donnée. Avec ces deux derniers composés, il se forme sur le liquide un disque bleuâtre dont le spectre est celui du carbone (flamme bleue du gaz d’éclairage). »
- Sur les progrès dans la théorie des machines dynamo-électriques, par le docteur O. Frœlich (* *).
- EFFORT ET VITESSE
- Bien que dans la théorie des machines dynamoélectriques, la question du transport de la force soit une de celles sur lesquelles on ait le plus disserté, il n’en est pas moins vrai qu’on ne possède presque aucune donnée en ce qui concerne la relation entre l’effort et la vitesse; or c’est justement le point le plus important à connaître, dès qu’on veut pratiquement réaliser un transport de force. MM. Ayrton et Perry sont les seuls qui, à ma connaissance, aient traité cette, question au point de vue théorique (2). Mais les machines étudiées dar MM. Ayrton et Perry ne sont pas des machines dynamos simples; ces messieurs prennent de plus, comme base de leurs considérations théoriques une loi dont nous avons déjà plus haut indiqué l’inexac-
- (i) Voy. la Lumière Electrique du 11 juillet i885, p. 72.
- (*) Eleklrolechnische Zeitschrift, 1884, p. 434.
- titude, a savoir : que le magnétisme est proportionnel à l’intensité.
- Nous chercherons à donner ici un aperçu de la relation qui existe entre l’effort et la vitesse pour les différents modes d’enroulement des machines dynamos simples, nous appuyant dans cette étude sur la théorie précédente dont l'accord avec les résultats de l’expérience peut être considéré comme suffisamment démontré.
- Pour que des considérations de cette nature aient une utilité pratique, il ne faut point se borner, comme l’ont fait MM. Ayrton et Perry, à étudier les cas où la vitesse doit être maintenue aussi constante que possible ; il faut encore voir comment varie la vitesse dans certaines conditions déterminées, la connaissance de cette variation étant indispensable, toutes les fois qu’il s’agit d’un transport de force; et en général, il faut chercher à se rendre nettement compte de ces phénomènes, sans quoi il est impossible de soumettre à un calcul théorique rigoureux, les problèmes qui se présentent dans la pratique.
- La relation entre l’effort et la vitesse d’une machine réceptrice, caractérise, au point de vue mécanique, tout le transport de force, et c’est ce qui rend cette relation si utile à connaître. Le mécanicien qui entreprend un transport de force a affaire à deux espèces de grandeurs : les grandeurs élec-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- triques et les grandeurs mécaniques ; ce qu’il lui importe, c’est de pouvoir séparer les deux espèces de grandeurs, car les premières n’ont pour lui qu’un intérêt secondaire et il peut les considérer comme des phénomènes intérieurs aux machines, les deuxièmes, au contraire, ont un intérêt capital. Il faut, avant tout, qu’il puisse connaître, pour des machines électriques données, les relations entre les grandeurs mécaniques du transport, c'est-à-dire entre l’effort et la vitesse de la génératrice d’une part (K,, vf) et de la réceptrice de l’autre (K,, v2).
- Il s’agit donc, dans toute cette série de phénomènes qui s’enchaînent et dont les termes extrêmes sont de nature mécanique, d’éliminer les termes intermédiaires de nature électrique, pour établir une relation directe entre les termes extrêmes.
- Pour définir le problème au point de vue mathématique, imaginons que l’on considère un transport réalisé au moyen de deux machines dynamos différentes, à enroulement mixte ; nous éviterons des complications inutiles en admettant que la résistance du circuit entre les deux machines est égale à zéro et en négligeant la différence des courants dans la ligne et dans les anneaux des machines. — On a alors les équations suivantes :
- ( K,=JM„
- (i„) M, = 9l(J,P),
- + ;
- ( K2 = JM2,
- (H)\ M2=?2(J,P),
- (/2M2v2= P — w2J,
- dans lesquelles,
- K représente l’effort, v — la vitesse,
- J — l’intensité du courant,
- w — la résistance de la machine,
- f — une constante qui dépend de la
- bobine.
- cp veut dire fonction de.
- On a donc six équations et huit inconnues ; quatre grandeurs mécaniques (K,, K2, vt, v2,) et quatre grandeurs électriques (JjPjM^Ma,); pour que le problème soit déterminé il faut que, parmi ces huit quantités deux soient données.
- En réalité ce sont toujours des grandeurs mécaniques et jamais des grandeurs électriques que l’on connaît, car on se donne presque toujours la vitesse vt de la génératrice, et l'effort I<2 sur la poulie de la réceptrice.
- Nous allons chercher à considérer isolément les phénomènes dont la réceptrice est le siège. A cette machine appartiennent les trois dernières équations (I*) avec cinq inconnues dont deux mécaniques (K2,v2) et trois électriques (J, P, M2); si l’on veut que tout soit déterminé, il faut, à côté de l’effort K2 se donner une autre quantité : connaître
- cette deuxième quantité c’est connaître en quelque sorte l’influence de la machine génératrice.
- On choisira naturellement pour cette quantité, soit l'intensité, soit la différence de potentiel aux bornes (comme l’ont déjà fait MM. Ayrton et Perry), car tout le monde sait qu’on s’arrange en réalité dans le choix de la génératrice, de telle façon que l’un ou l’autre de ces éléments demeure le plus constant possible. Au cas où ni l’intensité, ni la différence de potentiel ne seraient données, on pourrait s’imposer une autre condition quelconque d’ordre électrique. Nous allons considérer dans ce qui suit la relation entre l’effort et la vitesse pour une machine réceptrice, en supposant que l’on se donne d’abord l’intensité de circulation et, ensuite, la différence de potentiel aux bornes et cela, dans le cas de différents enroulements simples et mixtes.
- La solution analytique tout à fait générale du problème, outre qu’elle est assez compliquée ne permet pas de bien saisir l’ensemble des phénomènes; je crois même, qu’on peut faire mieux que de chercher à établir l’expression analytique de la relation entre l’effort et la vitesse dont il s'agit, car ce procédé conduit à des expressions qui peuvent être interprétées de plusieurs façons, et toutes ces discussions nuisent à la clarté de l’ensemble.
- Nous préférons avoir recours à la représentation graphique dans un cas déterminé (cas de la machine gE20, dont il a été question plus haut), en nous appuyant toujours pour le calcul sur les formules fondamentales (i*).
- Nous avons posé précédemment
- K=JM.
- Si la poulie a un diamètre quelconque, si, de plus, l’effort K est exprimé en kilogrammes, le courant J en ampères et le magnétisme en unités définies plus haut, cette formule n’est pas exacte, et il faudrait y joindre un facteur variable avec le diamètre de la poulie. Mais, comme il est évident que pour chaque machine dont l’enroulement est donné, il existe un certain diamètre de poulie qui satisfait à l’équation ci-dessus, nous admettrons, pour plus de simplicité, que la poulie de la machine considérée ait précisément ce diamètre-là.
- Nous admettrons également que la constante f, qui dépend de la bobine, soit égale pour une même position des balais, que la machine soit employée comme génératrice ou comme réceptrice. Nous appuyons cette hypothèse sur des expériences publiées il y a quelque temps déjà (*), bien qu’on doive s’attendre à rencontrer une certaine différence dans les deux états, car l’action magnétique du courant qui traverse les fils de l’induit n’est pas la même dans les deux cas. Quoi qu’il en soit, les
- (') Elektrotachniiche Zeitschrift, i883, p. 63.
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- 125
- différences qui entrent en jeu ici sont d’ordre négligeable.
- En ce qui concerne le calcul des valeurs de la vitesse v2, qui correspondent à des valeurs déterminées de l’effort K2, il ne faut pas oublier que la vitesse et l’effort doivent toujours être de même signe, ou que l’on doit avoir
- Les valeurs auxquelles conduisent les formules fondamentales, mais qui ne satisfont pas à cette inégalité, ne peuvent réellement exister.
- Nous considérerons comme positif, le sens de rotation que la machine doit prendre pour être génératrice du courant ; il résulte de là, que le sens de rotation est négatif, lorsqu’elle est groupée en série, positif lorsqu’elle est simplement groupée en dérivation. Pour le cas des enroulements mixtes, nous désignerons par enroulement mixte à actions de même sens, celui dans lequel les actions magnétisantes des circuits dérivé et en série viennent s’ajouter, et par enroulement mixte à actions contraires, celui dans lequel les actions de ces mêmes circuits se contrarient. Pour les exemples qui suivent, c’est toujours le circuit dérivé de l’enroulement mixte qui exerce une action prépondérante; les raisonnements ne cesseraient pas de s’appliquer au cas ou l’action prédominante serait due au circuit monté en série.
- Pour des valeurs négatives du magnétisme on emploie la formule suivante :
- M =
- x l 'fi,,
- m,l J +
- j--"p
- Remarquons, en dernier lieu, que nous avons pris pour l’intensité constante de courant ou la différence de potentiel constante, des valeurs relativement faibles, afin de faire ressortir davantage la différence des enroulements.
- La figure 6 montre les courbes (vitesses en ordonnées, efforts en abscisses) que donne la machine ^E20 pour une intensité de courant constante (J = 5o).
- Pour une intensité de courant constante, on remarque tout d’abord cette particularité, que l’effort ne peut croître au-dessus d’une certaine limite correspondante au magnétisme i ; pour J — 5o, par exemple les valeurs extrêmes de l’effort sont ± 5o car le magnétisme ne pouvant varier en dehors des limites ± i, l’effort, qui est égal au produit du magnétisme par l’intensité, ne peut également dépasser les limites correspondantes.
- Dans le cas de l’enroulement en série ordinaire, on n’obtient aucune courbe, car c’est le cas (unique) où le problème est indéterminé et où les conditions précédentes ne suffisent pas à déterminer toutes
- les inconnues. Pour ce mode de groupement, le magnétisme est en effet fonction de l’intensité seule :
- L’effort K2 = JM2 ne dépend donc que du courant. Si donc l’intensité du courant est donnée l’effort est, par là même, déterminé, et comme les deux quantités que l’on suppose connues correspondent à une seule équation, il manque une équation pour résoudre le problème.
- L’effort est donc déterminé dans le cas du groupement en série simple, lorsqu’on se donne
- Flü. Ô
- l’intensité du courant, et la vitesse peut prendre une valeur quelconque (négative), suivant la valeur de la différence de potentiel P.
- La dérivation simple donne pour la vitesse une courbe (positive) qui, pour une certaine valeur de K, part de zéro, passe par un point d’inflexion à partir duquel elle s’approche indéfiniment d’une valeur limite. Le magnétisme dépend uniquement de la différence de potentiel aux bornes ; la différence de potentiel et le magnétisme se déduisent directement des valeurs de l’intensité et de l’effort. Comme la vitesse est déterminée par l’équation
- r P —»'2J J 2 M ’
- elle croit en même temps que la différence de potentiel et celle-ci croît, à son tour, avec l’effort;
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- une vitesse infiniment grande correspond à une différence de potentiel infiniment grande et à la valeur limite (-j- 5o) de l’effort.
- Voici les valeurs des constantes de l’expérience :
- —2=0,0293, e = 0)20o, w2 = o,o5ohm.
- Dans le cas d’un enroulement mixte à actions de même sens, on a, comme dans le cas de la dérivation simple, une courbe positive, mais dont l’origine correspond à une valeur plus élevée de K et qui devient également asymptotique. La vitesse est nulle pour
- Pu = M’a J ;
- dans ce mode de groupement, P0 à la même valeur que dans la dérivation simple; mais pour cette valeur de P0, le champ magnétique est plus puissant, car à l’action du circuit dérivé vient s’ajouter celle du circuit en série, et c’est ce qui fait que l’effort correspondant à la vitesse zéro est plus grand.
- Les constantes de cette expérience sont :
- f =0,200 — = 0,0293,
- ’ n
- mci = 0,01 w2 = o, o5
- La courbe dont l’allure est la moins simple est celle que donne le groupement mixte à actions contraires; elle présente une branche positive qui a pour asymptotes les droites K=:oet K-—5o, et une branche négative qui part de=:—cc ,pourK = o, s’approche rapidement de l’axe des x et s’éteint par K =ri5 environ.
- La branche positive à une asymptote qui correspond à la valeur limite (-)- 5o) de K pour les mêmes raisons que les courbes précédentes, c’est-à-dire parce que la différence de potentiel aux bornes devient infinie. L’asymptote K =• o provient de ce que, dans ce groupement, les actions contraires des deux enroulements peuvent faire prendre au magnétisme la valeur zéro ; l’effort est, dans ce cas, aussi égal à zéro, et la vitesse infiniment grande.
- La branche négative correspond aux valeurs négatives du magnétisme ; ces valeurs prennent naissance par des différences de potentiel comprises entre :
- où l’on a
- M = o et v2 =— =-,
- et
- où l’on a
- P = M’a J,
- ^2 = 0.
- Entre ces valeurs extrêmes,la différence de potentiel reste toujours positive, attendu que nid est négatif.
- Si,comme dans les freins ordinaires, par exemple, l’effort est tel qu’il change de sens en même temps que la vitesse, ce mode de groupement présente ce caractère particulier que, pour des valeurs faibles de l'effort (K. — o jusqu’à K = ± i5), la vitesse peut être aussi bien positive que négative, sans que cette propriété entraîne un état d’équilibre instable ; le sens dans lequel la machine se mettra à tourner dépend d’ailleurs des conditions où se trouve cette machine avant que l’effort ne commence à s’exercer.
- Les constantes de cette expérience sont les suivantes.
- mn
- = 0,200 - =0,0293
- 11 '
- «!,; = —0,01 M’2=0,05
- En ce qui concerne la constance de la vitesse, il est à remarquer que l’adjonction d’un circuit en série dont l’action vient s’ajouter à celle du circuit dérivé, rend la vitesse plus variable qu’elle n’est dans le cas de la dérivation simple, tandis, qu’au contraire le groupement mixte à actions contraires donne une vitesse assez constante pour des valeurs moyennes de l’effort. Ces valeurs moyennes sont comprises entre des limites d’autant plus étendues que l’intensité (constante) du courant est plus élevée.
- Cette propriété a une grande valeur pratique, mais la possibilité d’un renversement dans le sens de la rotation, pour de petits efforts, atténue son importance; pratiquement, il est indispensable de mettre la machine à l’abri de perturbations de ce genre.
- Nous abordons maintenant le cas de la différence de potentiel constante qui, jusqu’à présent, a été d’une application pratique infiniment plus fréquente que le cas qui vient d’être considéré, c’est-à-dire celui de l’intensité constante.
- La figure 7 montre les courbes qui correspondent aux divers modes de groupements pour une différence de potentiel aux bornes de 68 volts.
- Il y a lieu de remarquer tout d’abord, d’une façon générale, que dans ce cas l’effort peut prendre une valeur quelconque et qu’il n’est pas limité comme dans le cas de l’intensité constante, attendu que dans le produit JM, l’intensité peut avoir une valeur quelconque. En second lieu, le magnétisme ne peut plus ici, comme précédemment, servir de mesure directe de l’effort.
- Dans le cas d’un enroulement simple en série (nid — 0,04, v’2 — 0,11), on obtient une courbe (négative) qui, pour une valeur élevée de l’effort, coupe l’axe des x, présente ensuite une partie sensiblement rectiligne et tend vers —co, à mesure que l’effort s’approche de zéro. — Dans la région rec-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- tiligne le magnétisme est voisin de 1, l’effort est égal à l’intensité et l’on peut poser :
- Vï = j.(P— »-sK).
- Dans le cas du groupement en dérivation simple
- ^— = 0,0293, )V2 — o,o5 J ,
- on obtient exactement une droite (positive); la vitesse présente une valeur maxima qui correspond à un effort nul et elle devient égale à zéro, pour une valeur excessivement élevée de l’effott.
- Le magétisme est constant (égal à | dans le cas actuel), car pour une machine groupée en dérivation, ce magnétisme ne dépend que de la différence de potentiel aux bornes qui, ici, est constante.
- FKÎ. 7
- Pour la vitesse, on a la relation simple :
- ’*=7ït(p=mk>
- L’enroulement mixte à actions de même sens :
- —‘ = 0,0293, md = o,oo3, jr2 = o.o5),
- 11 /
- donne une courbe positive qui diffère également très peu d’une droite, mais qui s’approche un peu plus vite de l’axe des x que la courbe précédente (dérivation.) La droite substituée à cette courbe a pour équation
- expression dans laquelle M„ représente le magnétisme qui correspond à l’enroulement dérivé seul, c’est-à-dire
- le terme affecté du coefficient ntj, dans cette même
- expression, est celui dont la présence rend l’inclinaison de la droite sur l’axe des x plus grande.
- Le groupement mixte à actions contraires :
- ^‘ = 0,0293, m(i——o,oo3, w2 = o,o5j,
- donne lieu à des courbes moins simples.
- On obtient dans ce cas une branche positive et une branche négative, suivant le signe du magnétisme, qui est positif pour une action prépondérante du circuit dérivé, et négatif pour une action prépondérante du circuit en série.
- La branche positive présente tout d’abord une partie sensiblement rectiligne, parallèle à l’axe des ;v, puis elle s’infléchit brusquement et remonte en se rapprochant peu à peu de l’axe des y.. Lors-
- FIG. S
- que l’eflort varie entre certaines limites, on obtient pour chaque valeur de l’effort deux vitesses différentes.
- La branche négative s’élève très rapidement, du moins dans la région qui correspond aux efforts moyens.
- La figure 8 donne les variations que présente l’allure de la branche positive, lorsqu’on fait croître l’enroulement en série ; la courbe pointillée est celle qui correspond au groupement en dérivation; les autres sont caractérisées par les différentes valeurs du nombre nid des spires montées en série. A côté de chaque courbe se trouve indiquée la valeur correspondante de mj; on a ainsi six courbes pour
- in,i= — 0,0010,—o.ooiS, —0,0020,
- — 0,0025 — o,oo3o, et -|“0,oo3o.
- On voit que, pour une action croissante de l’enroulement en série (qui agit en sens contraire de l’enroulement dérivé), la partie rectiligne de la
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- courbe s’élève constamment et devient sensiblement horizontale lorsqu’on a m = — o,oo3o ; la partie extrême de la courbe revient d’abord vers l’axe des x, puis elle change de direction, s’approche en s’élevant, de l’axe des y, et se termine par une branche asymptotique. On voit enfin que le changement de direction s’effectue de plus en plus brusquement jusqu’à un maximum, après lequel la courbe reprend une forme plus arrondie.
- MM. Ayrton et Perry, qui emploient ce mode de groupement pour obtenir une vitesse constante des machines réceptrices (*) n’ont pu se rendre aucunement compte de ces propriétés curieuses que présente la variation de la vitesse, car ils se sont toujours appuyés sur l’hypothèse insuffisante que le magnétisme était proportionnel à l’intensité (pour les deux enroulements).
- D'après ces auteurs, il faut choisir l’enroulement en série de telle façon qu’il satisfasse à la condition :
- P — ^2 J
- 'ÿp + ^J
- = constante,
- ou que l’on ait,
- mH
- Wrf=-_ Wîf
- ce qui, dans le cas actuel, donne
- = — o,ooi5.
- Les considérations plus précises auxquelles nous nous sommes livré, montrent que la première partie de la courbe qui correspond à cette valeur de ma n’est pas horizontale comme l’admettent MM. Ayrton et Perry; enfin cette courbe, de même que toutes celles tracées pour des enroulements en série plus forts encore, ne s’étend qu’aux efforts compris entre certaines limites, limites entre lesquelles il existe deux valeurs différentes de la vitesse pour chaque valeur de l’effort.
- Ce mode de groupement présente encore un autre inconvénient de nature à le rendre pratiquement presque inapplicable dans le cas des machines réceptrices; cet inconvénient résulte de ce fait, que la machine ainsi groupée peut, lorsqu’elle part de l’état de repos, se mettre à tourner dans un sens ou dans l’autre.
- Si, en effet, la différence de potentiel aux bornes est bien maintenue constante, le courant qui traverse le circuit dérivé atteint l’intensité de régime qu’il doit avoir tout le temps, dès qu’on lance le courant dans la machine, tandis que l’enroulement en série est à ce moment parcouru par un courant beaucoup plus intense que pendant la marche normale, attendu que ce courant n’est pas encore affaibli par
- (•) Elektrotechnische Zeitschrift, 1884, p. 434. La Lumière Electrique, t. X, p. 276.
- une force contre-électromotrice; le magnétisme créé par les spires en série peut donc exercer à ce moment une action prépondérante et imprimer à l’induit une rotation négative. Une fois que l’induit est en mouvement le sens de rotation définitif dépend de la grandeur de l’effort; si l’effort à une valeur relativement grande, le signe de la vitesse reste négatif, et alors il ne peut être question de vitesse constante ; si au contraire l’effort est compris entre les limites qui correspondent à une vitesse positive, un renversement du sens de la rotation pourra se produire et encore ceci n’est pas certain, car la bobine devra passer par l’état de repos, si critique au point de vue de son mouvement.
- Les autres combinaisons indiquées par MM. Ayrton et Perry, notamment celles dans lesquelles les inducteurs sont constitués en partie par des aimants permanents, ne présentent pas l’inconvénient que nous venons de mentionner; mais ces combinaisons se prêtent peu à la construction des machines, dès que celles-ci atteignent certaines dimensions.
- Les considérations qui précèdent mettent bien en évidence ce fait que, pour obtenir une vitesse aussi constante que possible, la différence de potentiel aux bornes étant maintenue constante, on aurait tout avantage à grouper la machine réceptrice tout simplement en dérivation, si on ne se heurtait ici à une nouvelle difficulté qui est celle du démarrage de la machine. En effet, les machines génératrices destinées à donner une différence de potentiel constante possèdent généralement un enroulement mixte à actions de même sens, et ont par suite, la propriété de donner une différence de potentiel faible lorsque la résistance extérieure est faible. Il peut alors fort bien arriver qu’une machine groupée en dérivation et qui est au repos ne se mette pas en mouvement parce que le magnétisme créé par une différence de potentiel faible, est lui-même trop faible.
- Aussi est-il nécessaire, ou du moins avantageux, d’ajouter dans ce cas à l’enroulement dérivé un enroulement en série agissant dans le même sens que le premier, et composé d’un petit nombre de spires seulement. Cette modification a pour conséquence, comme nous l’avons fait voir, précédemment de rendre la vitesse plus variable, mais .dans unemesure très faible. (En réalité, les variations de la vitesse dans toute la période correspondant aux efforts qui se présentent dans la pratique ne dépassent pas 10 à i5 %)• On est en revanche certain, et ce n’est pas là un avantage à dédaigner, que la machine pourra toujours démarrer. (Cette combinaison a fait l’objet d’une demande de brevet de la part de MM. Siemens et Halske.)
- Afin d’éviter tout malentendu, je tiens à faire observer, en terminant, qu’une machine qui, employée comme génératrice, et à enroulement mixte
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- à actions de même sens, devient, si on l’emploie comme réceptrice, sans changer les connexions, une machine à enroulement mixte différentiel ; dans une machine de ce genre il faudra avoir soin de renverser le groupement du circuit en série si l’on veut qu’elle présente comme réceptrice un groupement mixte à actions de même sens.
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER
- Allemagne.
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE APPLIQUEE A L’ART MILITAIRE. — Dans les archives de l’artillerie et du génie de l’armée allemande, se trouvent certaines prescriptions relatives à l’emploi de la lumière électrique en temps de guerre ; j’en extrais quelques détails présentant un intérêt général au point de vue technique.
- En ce qui concerne la distance limite à laquelle on peut se servir de la lumière électrique, il faut toujours, pour déterminer cette distance, tenir compte du chemin total franchi par les rayons de lumière (rayons directs émanant de la source et rayons réfléchis par l’objet éclairé). Des expériences faites dans ce sens au cours de l’année 1879 oat donné les résultats suivants :
- DISTANCE DE L’OBJET ÉCLAIRÉ CHEMIN TOTAL franchi par les rayons lumineux
- de la source lumineuse de l’observateur
- 8.000 mètres 7.800 — 6.000 — i.5oo — 5o mènes 100 — 600 — 4-3oo — O.oSo mètres 7.900 — ô.tico — 5.800 —
- Quelques autres expériences effectuées avec un foyer assez puissant pour qu’il fût possible de viser les objets, ont donné les chiffres qui suivent :
- DISTANCE DF. L ODJET ÉCLAIRÉ CHEMIN TOTAL franchi par les rayons lumineux
- de la source lumineuse de l'observateur
- 6.000 mètres 3.400 4.000 6.000 3.900 mètres 6.5oo 6.500 4.500 9.900 mètres 9.900 io.5oo io.5oo
- Pour la recherche des points de visée à l’aide de la lumière électrique, on recommande d’employer des réflecteurs avec appareil de dispersion, — mais des réflecteurs simples. A l’occasion de quelques
- reconnaissances de terrain faites à Portsmouth, dans l’année 187g, un appareil de dispersion de ce genre a rendu d’excellents services. A une distance de 2.400 mètres au maximum, le terrain éclairé avait une largeur de 700 mètres, pour un angle de dispersion de ô°42 ; pendant que sans appareil de dispersion, on ne pouvait éclairer le terrain que sur une largeur de 100 mètres.
- En ce qui concerne les couleurs, on trouva naturellement, que les couleurs claires sont plus faciles à reconnaître que les couleurs sombres. Voici l’observation que l’on fît à Portsmouth en 1879: sur la pointe extrême d’un promontoire on installa une lampe électrique éclairant, à une distance de 900 à 1.000 mètres, trois bateaux qui s’approchaient graduellement de la côte. L’un de ces bateaux était blanc, le second blanc vernis, et le troisième noir, et sur ce dernier bâtiment, l’équipage avait les mains et la figure couvertes de noir de fumée. Les deux premiers bateaux étaient distinctement visibles ; le troisième ne fut aperçu qu’à 5oo-6oo mètres, et même il ne le fut à cette distance que par l’éclat de son sillage. A la distance ' de 400 mètres, il n’était visible que comme une tache et la couleur ne devenait distincte qu’à dix mètres.
- Dans quelques autres expériences on procéda de la manière suivante : on éclaira à des distances différentes, plusieurs groupes de six personnes, dont deux étaient toujours habillées de blanc, deux de bleu et deux de rouge. L’expérience fut faite sur une grande prairie, au pied d’une longue colline, sur laquelle se trouvaient un moulin à vent, un clocher d’église, et une forteresse. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau (p. i3o).
- Quelques expériences faites en Autriche à l’effet de paralyser l’action des projecteurs électriques, sont à noter comme particulièrement intéressantes.
- D’après ces expériences, il serait possible — en dirigeant un cône de lumière électrique normalement au faisceau conique par lequel on est soi-même éclairé, de produire, un voile, pour ainsi dire, derrière lequel on ne peut être aperçu.
- La source de lumière électrique forme d’ailleurs un but très difficile à atteindre, car il éblouit les yeux des canonniers, et de plus la position élevée du point lumineux est une cause d’erreur dans le calcul de la distance.
- QUELQUES NOTES SUR LA TÉLÉGRAPHIE MILITAIRE.
- — M. le capitaine von Massenbach, attaché au corps des ingénieurs de Bavière, vient de consacrer dans les annales de l’armée et de la marine allemandes une étude à la question de savoir si la télégraphie de guerre et tout ce qui s’y rattache, peut bien trouver une place convenable dans l’organisation militaire, et si l’on doit espérer pour l’avenir un développement de la télégraphie militaire. En ce qui
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- concerne l’Allemagne, il n’existe aucun besoin pressant qui rende la télégraphie d’avant-postcs nécessaire, et en général on réduit autant que possible l’emploi du télégraphe dans les opérations militaires. M. von Massenbach croit que l’économie de force elfectuée d’un côté est en grande partie perdue de l’autre par le système lui-même, et il arrive à cette conclusion que la télégraphie militaire ne trouve sa vraie place que dans la guerre de forteresse. Le télégraphe d’avant-postes, construit pour la guerre de forteresse par Büchholz-
- Siemens, et qui a attiré l’attention des tacticiens et des ingénieurs, ne possède pas, selon M. von Massenbach, les qualités solides nécessaires au service des avant-postes. Il contient beaucoup de points faibles, dont plusieurs dans la ligne. Bien que, manié par des mains habiles, il soit d’un usage satisfaisant pendant qu’il est neuf et par un temps sec, certaines conditions en rendent quelquefois l’usage tout à fait impossible. L’appareil a été employé en Allemagne dans les grandes manœuvres., et en Russie également; on manque
- GENRE de machine GENRE de réflecteur GENRE d’observation blanc 685“ & 3 O 3 3 C 3 914“ O tuo 3 O U 3 3 blanc .143'" 3 Ih 3 3 blanc j I 372“ SjQ 3 O 3 3 0 CO CO Z 3 » 0 e 0 CO V© U J 0 'W fl ta Ul X U 0 m] U FORTERESSE 3200”
- Deux machines, Gramme A. G. de 5oobougies chacune,combinées, fonctionnant en dérivation. Manschen. Diamètre om6oavec régulateur à main. à l’œil nu au té'escope . . D D D D M » D D )> D M D )> D » » D )> D >) ))
- j« Deux machines Siemens, D2, combinées, fonctionnant en dérivation. Siemens - Sotter, (lanterne Kata-dioptrique)avec lampe automatique. à l’œil nu au télescope. . . à l’œil nu au télescope. . . D D D D » D E » M » D D D D » » )) » D D- D M » » » » J J J » » » » » » D )) D » » M )) » »
- 3° Machine Gramme, DQ, de 4000 Manschen. Dia-mètreom90,avee régulateur à l’œil nu ... . D D D D » D D D D » E D J
- bougies. main.
- D = Distinct. M = Mauvais. E = Exact. J = Inexact.
- néanmoins de données exactes sur son compte. Il ne faut pas non plus oublier que, bien que pendant une guerre les stations d’avant-poste puissent être à chaque moment prêtes à marcher et à fonc-tionnner, il n’en est pas de même pour les lignes elles-mêmes, et l’approvisionnement limité des câbles est une source de difficultés constantes. Ceci est également vrai pour la téléphonie militaire. Le manque total de contrôle, de pièces formant documents de la correspondance, de toute responsabilité enfin, de la part des intermédiaires, ne peut s’accorder avec les exigences du service militaire. Le téléphone ne peut être employé pendant un engagement avec l’ennemi à cause de sa sensibilité extrême aux bruits secondaires. On ne peut s’en servir que dans l’administration des dépôts,
- et dans la guerre de forteresse, pour les affaires régulières et courantes de l’administration.
- II est assez curieux de voir que ce sont les armées les moins nombreuses et les moins importantes au point de vue politique qui ont la meilleure télégraphie de guerre. Une armée qui ne fait la guerre que dans son propre pays pour se défendre contre des invasions, se trouve dans des conditions bien plus stables que son ennemie. Elle peut donc mieux mettre à profit les progrès de la science, et se préparer par une organisation plus compliquée.
- L’arrangement (introduit à titre d’expérience dans l’armée russe) d’un appareil d’écriture Morse attaché à la selle, ne semble pas être bien recommandable.
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- Selon l’avis de M. von Massenbach, on devrait confier le réseau télégraphique de guerre entier au soin de corps spéciaux ; de cette façon seulement on peut espérer obtenir une surveillance uniforme.
- Quant au nombre de corps de télégraphistes à présent en existence, l’Allemagne est en retard sur toutes les grandes armées européennes. Le nombre de ces corps dans i’armée allemande est, avec le nombre des corps d’armée, dans le rapport de 2 à 3; en France le rapport est de 1 : 1 (attachés aux corps) ; — en Autriche (sans les compagnies de réserve) 3 : 1 ; et en Russie 3 : 1.
- D1' H. Michaelis
- Angleterre.
- Les signaux de chemin de fer de M. Enright. — M. Enright a appliqué sur le chemin de fer entre Penally et Tenby, un nouveau système de signaux.
- L’appareil imaginé par M. Enright, a deux fonctions à remplir :
- i° Il doit permettre au garde d’un poste de communiquer avec le mécanicien d’un train en marche au moyen d’un dispositif électrique, et sans avoir recours aux pétards ou à des signaux visibles à distance, tels que les disques ou les sémaphores. Ces signaux sont exécutés de manière que le mécanicien puisse voir, malgré un brouillard intense, si la voie est libre ou occupée.
- 20 L’appareil est combiné de façon à pouvoir enregistrer automatiquement la marche et la position de tous les trains qui circulent sur la ligne.
- Cette dernière propriété peut également être utilisée pour indiquer si la voie est bloquée ou non.
- L’appareil enregistreur est placé à la station de Penally et se compose essentiellement d’un tambour cylindrique recouvert de papier et mû par un mécanisme d’horlogerie ordinaire. Deux stylets tracent sur le tambour des lignes continues ; un seul de ces stylets sert d’ailleurs pour l’enregistrement Enright, l’autre (on pourrait également en employer plusieurs) est affecté à un usage différent. Ces stylets sont actionnés par des électroaimants, disposés de telle façon que, lorsqu’un courant passe, ils viennent s’appliquer sur la surface du cylindre; les électro-aimants sont de plus animés d’un mouvement de va-et-vient, cette combinaison économisant de la place.
- Une pile de 6 éléments Leclanché est placée à la station ; elle coiûmunique avec un inverseur de courant et l’un de ses pôles est mis à terre, tandis que l’autre est relié avec l'électro-aimant de l’appareil enregistreur. Cet électro-aimant communique lui-même avec un fil isolé placé le long de la voie du chemin de fer.
- Pour compléter le* circuit à travers la locomotive, on a disposé le long de la voie, attachés aux traverses, des isolateurs en bois recouverts à leur partie supérieure d’une plaque métallique formant contact.
- Sous la locomotive, sont placées deux petites lames en bois dont la surface inférieure est garnie de tôle; ces lames sont chargées de poids afin d’assurerun bon contact quand elles viennent butter contre les isolateurs fixés sur les traverses. L’une de ces lamelles, que nous appellerons A, est reliée au corps de la locomotive ; l’autre lamelle, B, communique avec l’un des deux pôles d’une batterie de ôéléments Leclanché portée par la locomotive ; le second pôle de cette batterie est relié à un galvanomètre qui sert simplement comme galvanoscope, et . dont la seconde borne communique avec le corps de la locomotive. Quand on ferme le circuit par la lame A, le galvanomètre n’accuse aucune déviation; mais un signal se trouve enregistré sur le tambour de la station, parce que le circuit de la pile locale est fermé à travers le contact A, la locomotive et la terre ; si c’est, au contraire, la lamelle B qui vient faire con* tact avec le fil de ligne, les deux batteries de la station et de la locomotive se trouvent montées en opposition; on n’aura, par conséquent, ni signal sur le tambour de la station, ni déviation sur le galvanomètre de la locomotive. Mais si l’on manœuvre la clef à inversion placée à la station, de façon que les deux batteries s’ajoutent, on aperçoit un signal distinct sur le tambour, et en même temps, une déviation sur le galvanomètre de la locomotive. Cette déviation indique au mécanicien que la voie est occupée. M. Enright a l’intention de remplacer le galvanomètre par un petit sémaphore deM. Preece, disposé de manière à laisser le signal en position, jusqu’à ce que le mécanicien l’ait remarqué.
- Les contacts pour la lame A sont placés à une distance d’un mille les uns des autres, ceux pour la lame B se trouvent disposés entre les premiers. Près de la station, on a mis trois contacts A sur trois traverses successives, afin de laisseruntrait très distinctif sur le tambour; dans ce même but on a placé deux contacts B voisins l’un de l’autre à une petite distance de la station.
- Le docteur J. Hopkinsona examinéle système que nous venons de décrire et il dit dans son rapport que les signaux sur la locomotive s’aperçoivent sans erreur possible et que le contact s’enregistre sur le tambour même pour une vitesse de 80kilomètres à l’heure, vitesse qui est rarement dépassée.
- M. Enright s’occupe encore de perfectionner son système, et il a dernièrement imaginé un dispositif à contacts,différent de celui que nous venons de décrire. La hauteur du contact au-dessus de la traverse sera deom,25 environ. Leslamesde contact seront maintenues par des chaînes et des ressorts à boudin ; leur surface présentera une première partie ru-
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- gueuse, sur une étendue de om,25, en avant de la pièce métallique. On sera ainsi certain qu’au moment où la partie métallique touchera le contact fixe, la neige, la glace, ou d’autres matières qui peuvent s’attacher à ce contact auront été enlevées et que le contact sera toujours bon.
- Le nombre de contacts enregistrés indique sur le tambour la position d’un train.
- Le sémaphore proposé par M. Enright pour remplacer le galvanomètre, sera muni de deux bobines, l’une placée dans le circuit de la batterie du train, tandis que l’autre sera en communication avec la pile locale de la station. Tant que les deux circuits sont fermés, aucun signal n’est donné, parce que les enroulements des deux bobines étant de sens contraires, leurs effets s’annulent.
- Si, au contraire, l’un des circuits vient à être rompu, le sémaphore fonctionnera et une sonnerie trembleuse entrera en branle, dès que le train passera sur un contact.
- Les manœuvres à faire par l’employé de la sta-tioti sont les suivantes : l’employé se rend compte, en regardant le tambour enregistreur, de la position du train. S’il désire arrêter le train dans l’une quelconque des sections dont il a le contrôle, il rompt la ligne quand le train arrive sur un contact. Le sémaphore sur la locomotive se met sur « danger » et la trembleuse sonne. Le mécanicien arrête alors graduellement son train sur le contact suivant, et il ne doit pas quitter cette position avant que l’employé de la station ait ôté le signal, « danger » du sémaphore et arrêté la trembleuse.
- Le mécanicien est informé par un indicateur spécial, si le train est en contact avec la ligne ; dans cette position, des dépêches peuvent être échangées à volonté.
- En cas d’accident ou d’arrêt involontaire d’un train, le mécanicien ou garde-fiein peut arrêter tous les trains sur la voie en coupant simplement la ligne et en la reliant avec la terre. L’accident peut être signalé ainsi à la station prochaine.
- Le système peut être employé avec les sémaphores existants et peut également remplacer les signaux dont on se sert en temps de brouillard.
- Aimantation de l’acier dur. — Voici une nouvelle méthode que l’on a proposé d’employer pour aimanter des barreaux d’acier dur.
- Le barreau à [aimanter est placé verticalement à l’intérieur d’une bobine et entre deux blocs en fer. Une des extrémités du fil de la bobine communique avec l’un des pôles d’une source d’électricité ; l’autre extrémité est reliée au bloc en fer supérieur; le deuxième pôle de la source d’électricité, batterie ou machine dynamo, communique avec un marteau placé dans l’axe du système. Dès que le marteau touche le bloc de fer supérieur, le circuit est fermé, en sorte que la bobine agit en même
- temps que le barreau est sous l’influence d’un choc mécanique.
- J. Munro.
- CHRONIQUE
- Essais sur le magnétisme permanent des aciers, par M. F. Osmond.
- Les essais publiés récemment par M. Osmond (l) remontent déjà à une époque assez éloignée. Ils ont été exécutés en 1881 au laboratoire des usines du Creusot et sont, par suite, antérieurs aux beaux travaux du professeur Hughes sur le même sujet.
- L’auteur a jugé avec raison que ses expériences n’avaient pas encore perdu leur intérêt, et s’est décidé, quoiqu’un peu tardivement, à les livrer à la publicité.
- Historique
- Le premier qui ait découvert que l’aimantation de l’acier dépendait de sa trempe, fut Knight; mais il reconnut seulement que, d’une manière générale, l’acier trempé s’aimantait mieux que celui qui ne l’était pas.
- Bien plus tard, en 1878, M. Jamin réussit à établir quelques données précises sur ce phénomène.
- Il admettait que l’on pouvait prendre pour mesure du pouvoir magnétique, la force d’arrachement/ par unité de surface à l’extrémité du barreau, et il appelait coefficient de polarité, le rapport K de la force d’arrachement f à la longueur l de l’aimant, en sorte que :
- Ce coefficient est une constante qui dépend : i° de la composition chimique de l’acier, et 20 du l’état physique déterminé par les opérations auxquelles le métal a été soumis (telles que trempes, îecuits, écrouissages, etc.).
- M. Jamin trouva à la suite d’un grand nombre d’expériences, que le coefficient de polarité est maximum pour les aciers moyens après la trempe raide, et qu’il diminue jusqu’à s’annuler, quand la température du recuit s’élève. Pour les aciers rebelles, K est nul après la trempe vive ; mais il prend des valeurs croissantes, lorsqu’on augmente la température du recuit; puis il atteint un maximum, passé lequel il décroît.
- En 1875, MM. Auguste Trêve et Léon Durassier imaginèrent de baser une classification des aciers sur leurs propriétés magnétiques (2).
- (') Génie civil, t. VH, p. 148.
- (2) Nouvelles recherches sur le magnétisme intérieur des aimants. Comptes rendus, 1875, LXXXI, p. 1246.
- Sur la distribution du magnétisme à la surface des aimants. Ibid. 1876, LXXXIII, p. 814.
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- Danslesessais àlatraction, jusqu’alorsjseuls usités, la structure de la matière est profondément modifiée, surtout lorsque ces essais sont poussés au delà dè la limite d’élasticité. Il s’ensuit d’abord que les résultats observés ne sont plus nécessairement en relation avec l’état moléculaire de l’échantillon à l’origine. D’autre part, les essais à la traction exigent la confection d’éprouvettes préparées dans des conditions qu’il est difficile de maintenir identiques pour toutes, et qui sont toujours très différentes des conditions de fabrication auxquelles sont soumises les grandes masses de matières qu’elles représentent.
- La méthode magnétique étant fondée sur « les « variations de la force coercitive, cette véritable « caractéristique du métal acier », les éprouvettes sont simplement découpées dans la masse même que l’on veut étudier, et la faculté de trempe (caractéristique complémentaire de l’acier) est seule mise à profit dans leur préparation. Les auteurs concluaient en disant :
- « Nous pouvons espérer que l'analyse magné-« tique des aciers indiquera à la métallurgie, quels « sont les poids de silicium, de phosphore, de « manganèse, susceptibles de donner à un acier « les mêmes propriétés physiques qu’un poids « déterminé de carbone. »
- Les travaux de MM. Trêve et Durassier furent malheureusement interrompus. Leurs expériences n'avaient porté que sur des aciers purs, où les corps autres que le carbone pouvaient être négligés.
- En 1877, M. Ryder, ingénieur aux aciéries d’Otis (Cleveland, Ohio) fit faire un pas de plus à la question i1).
- La méthode qu’il employait pour comparer les aciers est la suivante :
- On oriente une boussole, puis on dispose à une certaine distance de l’aiguille et perpendiculairement à la direction nord-sud, un barreau type servant de terme de comparaison.
- Les barreaux à essayer étaient placés de l’autre côté de la boussole, sur le prolongement du barreau fixe, de manière que les pôles en regard soient de même nom.
- On mettait d’abord les barreaux d’essai, pendant une minute, en contact avec les pôles d’un électroaimant, puis on les opposait au barreau type, ainsi que nous venons de le dire, et on les promenait le long d’une règle divisée jusqu’à ce qu’on eut atteint le point où les actions des deux barreaux sur l’aiguille se compensaient exactement.
- M. Ryder a trouvé que les teneurs en carbone étaient proportionnelles aux carrés des distances d'équilibre. Les aciers de toute dureté et même les fontes blanches satisfont à la loi. Aussi peut-on
- (•) The Engineering and Mining Journal, i3 janvier et 3i mars 1877. .
- aisément graduer la règle divisée en degrés de carburation.
- M. Ryder découvrit encore que le manganèse avait une influence sur le pouvoir magnétique, tandis que le phosphore et le silicium semblaient n’en pas avoir.
- Il proposa enfin d’appliquer la méthode à l’arrêt des opérations Martin.
- On a pu voir à l’Exposition d’électricité de 1881, dans la section autrichienne, un appareil de M. Wal-tenhofen, qui reposait sur un principe un peu différent de celui des appareils employés par les expérimentateurs précédents (’).
- Dans la balance de M. Waltenhofen, le barreau à essayer est suspendu à l’une des extrémités du fléau, et plonge dans un solénoïde parcouru par un courant constant. On équilibre l’attraction du solénoïde par des poids.
- On utilise ici l’aimantation temporaire produite par le solénoïde, tandis que, dans toutes les autres expériences dont nous parlons, on ne s'occupe que de magnétisme permanent. Aussi ne doit-on pas confondre ce que M. Osmond appelle la satura- tion d’un aimant permanent qui est le degré d’aimantation le plus élevé que cet aimant puisse conserver, avec la saturation réelle, qui représente le degré d’aimantation le plus élevé qu’un aimant puisse présenter, même momentanément, lorsqu’il est soumis à de très forts courants.
- Expériences de M. F. Osmond. — M. Osmond reprit les expériences de M. Ryder et les compléta. Il se proposa : i° dè comparer différents aciers préalablement amenés au même état physique; 20 de comparer les mêmes aciers sous des états physiques différents. La première étude devait servir de base à la classification magnétique; la seconde permettrait peut-être en mesurant l’influence de la trempe, du recuit et de l’écrouissage, de déterminer l’état physique réel d’un acier chimiquement connu.
- Disposition de l'expérience. — La disposition des expériences fut la même que celle de M. Ryder. Elle est représentée figure 1. Le barreau type b est placé à une distance fixe de 200 millimètres de l’aiguille; le barreau d’essai b' est placé à une distance D, telle que son action sur l’aiguille contre-balance exactement celle du type.
- C’est cette distance d’équilibre D, que l’auteur prend comme caractérisant le pouvoir magnétique de l’acier considéré.
- L’aiguille aimantée se trouve en a (fig. 1); elle est formée d'un morceau d’aiguille à tricoter de 5o millimètres, et se trouve suspendue par un fil
- (') Uber einen neuen apparat zur Unlersuchung der Hær-tegrade des Stables auf electromagnelischem Wege. (Din-gler, Polyt. Journal, vol. 232.)
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- de cocon, de telle manière que son centre de gravité soit au zéro de la règle et sur l’axe commun des barreaux opposés. Elle porte une petite palette en clinquant (fig. 2) baignant dans l’huile, pour amortir les oscillations, et un miroir m réfléchissant un rayon lumineux pour amplifier les déviations. Le tout est contenu dans un verre de Bohème qui met l’aiguille à l'abri des courants d’air. La
- a. Aiguille aimantée. — bb. Barreaux. — /. Lampe et accessoires. — v.vf. Règle divisée perpendiculairement au méridien magnétique.
- lampe et l’échelle de déviations du rayon lumineux sont placées en l (fig. 1).
- Aimantation des barreaux.
- L’auteur avait adopté pour les barreaux des dimensions voisines de cellesindiquéesparM. Ryder soit 100 X 20, X 20 millimètres, mais il a reconnu depuis que la section était un peu forte, et qu’on aurait pu la réduire, à i5 X i5; la saturation aurait alors été obtenue avec une pile moins puissante.
- Il est évident que tous les barreaux à comparer doivent avoir, aussi exactement que possible, les mêmes dimensions et surtout la même longueur. Aussi faisait on fraiser toutes les éprouvettes à
- longueur exacte, tout en gardant les quatre faces latérales brutes de forge, pour simplifier la préparation. Un forgeron soigneux obtient facilement des dimensions suffisamment constantes. L’aimantation fut produite au moyen d’un électro-aimant représenté dans la figure 3 et bobiné avec du fil de i“m de diamètre. L’excitation était obtenue au moyen de 5.éléments Bunsen montés en tension. On\ avait également essayé de faire usage d’un solénoïde construit par M. Carpentier. 11 avait 32mm je diamètre intérieur sur 220““ de longueur et était formé de 6 couches de fil isolé de 2mœ. La résistance en était de o,3 ohm. Les résultats obtenus avec le solénoïde étant très inférieurs à
- ceux donnés par l’électro-aimant, le premier fut abandonné.
- L’auteur a trouvé avantageux d’aimanter deux barreaux à la fois, en les plaçant debout, chacun sur l’un des pôles de l’électro, et les reliant par un troisième de mêmes dimensions. Outre que l’on gagne ainsi du temps, on serait plus sûr d’amener toujours les pôles à la même position que par un contact horizontal.
- Il est prudent de séparer toujours les barreaux de l’électro-aimant de la même manière, en les faisant glisser. En effet, le fer doux de l’électro-aimant forme, après la rupture du courant, une sorte d’armature qui influe sur la distribution du magnétisme dans le barreau aimanté, et quelques auteurs ont avancé qu’avec différentes modes de séparation, on pouvait modifier la position des pôles.
- Se conformant aux indications de M. Bouty(l), M. Osmond, réunissait l’électro-aimant à la pile au moyen d’un commutateur, et aimantait les barreaux par secousses successives. Cette méthode est plus rapide et plus sûre que celle de M. Ryder, qui laisse les barreaux pendant une minute sur les pôles de l’électro. Six secousses suffisaient largement pour les aciers recuits de moyenne dureté. Pour les mêmes aciers trempés on allait jusqu’à dix. —
- Relation entre la composition chimique, la résistance à la traction{2) et le magnétisme. —Tous les barreaux employés étaient recuits et avaient les dimensions suivantes : 100 X 20 X 20. Le barreau type contenait 0,28 °/„ de carbone et o,i3 % de manganèse. Il était placé à 200 millimètres de l’aiguille aimantée. On le remettait de temps en temps sur l’électro-aimant pour le maintenir en saturation. L’auteur a opéré sur 272 barreaux d’acier Bessemer basique, et 29 d’acier Bessemer acide, dont on connaissait la composition chimique et la résistance à la rupture.
- Il chercha tout d’abord à déterminer l’influence exercée sur le magnétisme par les différents corps qui entrent ordinairement dans la composition des aciers. Pour mesurer l’action de l’un de ces corps, en particulier le phosphore, par exemple, on classait tous les aciers par teneur croissante en phosphore, et on groupait ensemble, les teneurs de :
- 0,00 à o,o3, de o,o3 à 0,06, de 0,06 à 0,10 %.
- Dans chacun de ces groupes on réunissait les aciers ayant mêmes teneurs en carbone et en manganèse, on cherchait la moyenne de leurs distances d’équilibre magnétique, et on inscrivait les
- C) Sur l’aimantation de l’acier. — Comptes rendus, 187a, LXXVIII, p. 842.
- (2) Il s’agit partout de la résistance à la rupture, par millimètre carré de section primitive.
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- moyennes ainsi obtenues, dans un tableau à double entrée.
- Mn = 0,21 à o,3o Mn = 0,31 à 0,40 M11 = 0, |.i à o,5o Utc.
- C = 0,25 à 0,26 .
- C = c,2Ô à 0,27 .
- C = 0,27 à 0,28 .
- Etc
- On avait ainsi autant de tableaux que de groupes à teneur variable en phosphore. Prenant ensuite la différence positive ou négative des moyennes correspondantes dans chaque tableau, on faisait la somme algébrique de ces différences. On trouva qu’elle était sensiblement nulle pour le phosphore. Il en est de même pour le soufre. Ces deux corps n?ont donc pas d’influence sur le magnétisme, du moins dans les limites très étroites où les maintient une bonne fabrication. Il n’y avait donc plus à s’en préoccuper.
- On trouva ensuite qu’une augmentation de 0,10 % de la teneur en manganèse augmentait en moyenne de i centimètre la distance d’équilibre.
- Enfin, on réunit les aciers de même teneur en carbone, on prit la moyenne de leurs distances magnétiques et de leurs teneurs en manganèse, et l’on retrancha de la moyenne distance d’équilibre, un nombre de millimètres égal à celui des centièmes pour cent de manganèse. Le reste représentait le magnétisme dû au carbone.
- En prenant les teneurs c % en carbone, pour abscisses, et les distances magnétiques y pour ordonnées, on obtint une courbe qui se rapprochait sensiblement d’une parabole ayant pour axe l’axe des x et représentée par l’équation :
- (i) o,ooo863j2 = c-t-0,014,
- ou
- La constante de l’équation étant très petite, on voit que ces résultats sont suffisamment d’accord avec ceux de M. Ryder.
- Si, maintenant, on tient compte du manganèse, la formule qui relie la distance vraie, D (en centimètres) d’équilibre magnétique à la composition chimique devient :
- (3) D =/1159 c-p 16+ 10 Ma,
- Mn représentant la teneur en manganèse pour 100 parties d’acier.
- En calculant D, de'cette manière, pour les aciers Bessemer fabriqués sur garnissage acide, et faisant la moyenne des différences entre les valeurs calculées et trouvées, on voit que l’influence du silicium est sensiblement nulle.
- L’auteur n’attache aucun sens absolu à sa formule, et il la donne simplement comme reliant ses expériences.
- La charge de rupture des aciers sur lesquels on a opéré allait de 48 à 82 kilogrammes (limite extrême). En moyenne, elle variait de 55 à 75 kilogrammes.
- Nous allons comparer maintenant les résultats donnés par le magnétisme avec ceux des essais à la traction, essais qui servent de base à la classification bien connue des usines du Creusot.
- On sait que la résistance à la traction peut, elle aussi, s’exprimer en fonction de la composition chimique.
- M. Deshayes a proposé la formule :
- R=3o+ i8C + 36Cs + i8Mn+i5Ph + ioSi,
- où les symboles chimiques représentent les teneurs pour cent, et où R est évalué en kilogrammes par millimètre carré de section primitive.
- Cette formule est suffisamment exacte pour les aciers très bien recuits (quoique le coefficient attribué au phosphore paraisse trop faible). Aussi, voit-on immédiatement qu’une classification fondée sur le magnétisme ne pourra pas être théoriquement d’accord avec la classification fondée sur la traction. En effet, la formule de la traction tient compte du silicium et du phosphore, tandis que celle du magnétisme les néglige.
- De plus, les autres éléments ne sont pas représentés par des coefficients équivalents dans les deux cas.
- Pour comparer les charges de rupture aux distances d’équilibre magnétique, l’auteur procède, de la façon suivante :
- Il retranche de la charge de rupture de chaque acier (au moyen d’une formule analogue à celle de M. Deshayes, qu’il ne donne pas) la partie de cette charge due au phosphore et au silicium.
- Il calcule ensuite au moyen de la formule 3, les distances maxima et minima d’équilibre magnétique, qui correspondent, pour une même charge de rupture, aux variations relatives possibles du carbone et du maganèse ; on porte ensuite les charges de rupture en abscisses et les distances magnétiques extrêmes, précédemment calculées, en ordonnées.
- A chaque valeur de x correspondent donc deux valeurs de y. On détermine ainsi une certaine aire qui devra contenir toutes les valeurs observées de D, s’il y a concordance entre les deux méthodes de classement.
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- En fait, sur dix ^‘ers étudiés, huit satisfaisaient à la condition que nous venons d’énoncer avec une erreur de akB,5 en plus ou en moins, et sont par conséquent classés par les deux méthodes sous le même numéro de dureté toutes corrections faites.
- Sur les deux aciers qui restaient, un s’écartait peu de l’erreur acceptée.
- L’auteur explique les anomalies observées, par l'irrégularité du recuit, qui avait été volontairement abandonné aux soins d’un forgeron sans surveillance et sans recommandations spéciales, afin de créer des conditions plus favorables.
- Il en conclut que le magnétisme pourrait pratiquement servir de base à une classification qui, en principe, ne serait ni meilleure ni plus mauvaise qu’une autre.
- L’état d’une pièce d’acier est la résultante de sa composition chimique et des circonstances physiques auxquelles elle a été soumise jusqu’au moment où elle a atteint sa forme définitive et la
- température atmosphérique. Cet état final dépend donc en réalité d’un assez grand nombre de variables indépendantes, et toute méthode de classification fondée sur un seul essai aurait la prétention plus ou moins avouée de déterminer plusieurs inconnues avec une seule équation.
- La méthode magnétique est évidemment dans ce cas ; les données qu’elle fournit sont de même ordre et de même valeur que la charge de rupture. Suivant l’auteur, la préparation des barreaux d’épreuve demande les mêmes soins dans tous les cas, et si les essais magnétiques sont, à vrai dire, plus rapides, ils sont aussi d’une exécution plus délicate, en sorte que les avantages de la classification magnétique ne seraient pas en somme de nature à justifier un changementdansles habitudesindustrielles.
- Pourtant, tout en abandonnant l’idée de chercher dans le magnétisme un moyen exclusif de classification générale, on est en droit d’attendre des
- NUMÉROS des bureaux PRÉPARATION DES BARREAUX DISTANCES d’équilibre MOYENNES TENEUR EN CARBONE calculée des aciers recuits (sans Mn) de même puissance magnétique
- \ Recuits au rouge et refroidis lentement Type à 2ÛOmm o,33
- ; i Recuits au rouge cerise et refroidis lentement 179 196 . 187,5 0,29
- 5 6 Brûlés et refroidis lentement ibg 190 188 0,29
- 7 8 Trempés au rouge dans l’eau froide 3gi 409 400 1,37
- 9 10 Trempés au rouge cerise clair dans l’eau froide 421 384 402,5 i,38
- 12 Brûlés et trempés dans l’eau froide 38o ( 406 393 1,32
- 13 Trempés au rouge cerise clair dans l’eau bouillante. . 235 235 0,48
- M Trempés au rouge cerise clair dans l’huile froide. . . . 278 282 280 0,66
- 16 17 Recuits au rouge, puis écroués au pilon 279 [ 278 1 2:8.5 o,É6
- essaismagnétiques, des services réels, dans certaines circonstances particulières, par exemple, pour définir l’état physique d’un métal dont la composition chimique est connue.
- C’est là, précisément, l’objet de la deuxième partie des recherches de l’auteur.
- Influence de la trempe et de l'écrouissage sur la force coercitive.
- Ôette question avait été élucidée d’une façon très complète pour les aciers carburés, par MM. Trêve et Durassier (^mais il restait à déterminer exacte-
- C) Comptes rendus, 187S, LXXX, p. 79g.
- ment l’influence du manganèse, du silicium, du phosphore, sur la force coercitive, après différentes trempes, comme M. Osmond l’avait fait pour les. aciers recuits. L’auteur ne put pousser ses recherches très loin dans cette direction et il se borna à donner les résultats de quelques expériences faites sur l’acier Martin (0,28 °/0 de carbone, o,i3 % de manganèse), qui avait déjà servi de type pour tous les essais. (Tableau ci-dessus.)
- Ces résultats confirment ceux déjà connus. Ils montrent, une fois de plus, que lemagnétisme peut servir de mesure commune à des effets produits par des actions ou des causes très différentes, telles que la trempe, l’écrouissage et la teneur en carbone, ce qui conduit à supposer que toutes ces causes
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- n’ont en réalité qu’un seul effet, celui de produire des modifications moléculaires du fer.
- Expériences du professeur Hughes. — Nous ne saurions mieux compléter les renseignements fournis par M. Osmond qu’en rappelant les résultats obtenus plus récemment par M. Hughes. Les expériences du savant professeur ont été communiquées par lui, dans le courant de l’année dernière, à la Society of mechanical Engineers et publiées dans le Génie civil (*).
- Les idées sur le magnétisme que le professeur Hughes cherche à faire prévaloir et qui sont le point de départ de ses expériences comparatives sur le fer et l’acier sont les suivantes :
- i° Chaque molécule de fer est un aimant ; il est aussi difficile de la priver de sa propriété magnétique que d’enlever la gravité aux corps pesants ;
- 2° Les molécules d’une substance magnétique sont susceptibles de mobilité autour de leur axe de symétrie ;
- 3° Abandonnées à elles-mêmes, ces molécules ont leur pôle nord et leur pôle sud tellement disposés, qu’il y a équilibre entre leur action moléculaire et qu’il n’est donné naissance à aucune force extérieure ;
- 4° Que par une circonstance spéciale, les axes moléculaires viennent à être déplacées, l’équilibre est rompu : les pôles nord et sud ne se contrebalancent plus, et il y a production d’une force magnétique, sans qu’il y ait lieu d’admettre l’existence d’un fluide magnétique plutôt que celle de la pesanteur.
- Dans cet ordre d’idées, toute altération dans l'arrangement moléculaire devra, si la manière de voir du professeur Hughes est juste, amener également une modification à l'état magnétique du fer. C’est ce que montre l’expérience.
- La torsion à droite ou à gauche aimante une tige de fer, et celle-ci revient à son état naturel non magnétique, quand cette déformation cesse.
- Quand la modification moléculaire est permanente, comme dans la trempe, l’état magnétique persiste. Parmi les expériences intéressantes imaginées par le savant professeur, nous relaterons seulement les suivantes :
- i° Si l’on remplit un tube de verre de limaille de fer et qu’on aimante le tout d’une manière quelconque, on obtient un pôle nord et un pôle sud ; mais si l’on secoue le tube, de manière à déplacer les molécules, toute aimantation cesse ;
- 2° Si le dérangement- moléculaire des particules métalliques ci-dessus est empêché par l’empâtement dans une matière liquide qu’on laisse solidifier, comme de la stéarine, par exemple, l’aimant reste permanent;
- (i) Le magnétisme et la distinction du fer et de l’acier, par F. Gautier. Le Génie civil, t. V, p. ig3.
- 3° Si l’on fond la s’téarine qui empêchait les molécules de se mouvoir, et que l’on agite la masse, l’état magnétique disparaît.
- Revenons aux études sur la relation entre l'état physique du fer et de l'acier et les variations de leur magnétisme.
- L’appareil imaginé par le professeur Hughes se compose, comme l’indique la figure 4, d’une aiguille aimantée A, suspendue par un fil de soie. Elle a 5 centimètres à peu près de longueur. Les oscillations de cette aiguille sont limitées, à droite et à gauche, par deux buttoirs B,B, en ivoire, qui sont placés à 5 millimètres de chaque côté d’un repère R, servant de zéro. Quand le nord de l’aiguille et le repère R sont dirigés du côté du nord, l’aiguille reste en repos, mais la moindre influence extérieure,
- FIG. 4.
- telle que la présence d’un morceau de fer d’un millimètre de diamètre à 10 centimètres de distance, détruit cet équilibre, et l’aiguille tourne à droite ou à gauche suivant la nature de l'action magnétique exercée.
- Si l’on place de l’autre côté de l’aiguille et à la même distance, un fil possédant la même polarité, son action contre-balancera celle du premier et on comprend que l’aiguille puisse revenir au zéro.
- La pièce de fer ou d’acier, dont on veut expérimenter l’état magnétique, est placée en P et vient butter contre une pièce en cuivre MM, qui limite sa distance à l’aiguille. Cette pièce de fer ou d’acier peut avoir une forme quelconque, fil, tige, barre allongée, etc. La distance à l’aiguille est de 10 centimètres et elle est placée à angle droit de la ligne nord-sud de l’aiguille; comme celle-ci est dans la direction nord-sud magnétique, la barre se trouve orientée est-ouest magnétique et est soustraite à l’action de la terre.
- De l’autre côté de l’aiguille, à une distance de
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- 3o centimètres, est un compensateur CC. C’est un aimant puissant de 3 centimètres de largeur, d’un centimètre d’épaisseur et de 6 centimètres de longueur. Cet aimant tourne autour de son centre O et entraîne avec lui un index I, qui permet de mesurer sur un demi-cercle QQ, divisé à droite et à gauche en 36o°, l’angle dont on le fait tourner pour con-tre-balancer l’effet que peut produire sur l’aiguille A le morceau de fer P.
- Pour magnétiser le fer P, on l’entoure d’une bobine SS de fil de cuivre, qui le transforme en électro-aimant. Comme cette bobine, outre l’action qu’elle exerce sur le fer P, en exerce également une sur l’aiguille AA, il est nécessaire de compenser cette action au moyen d’une autre bobine TT, dont on peut faire varier la distance à l’aiguille AA.
- Entre les deux bobines S et T se trouvent une bobine de résistance Q et un commutateur Y, permettant de changer le sens du courant fourni par la pile.
- La méthode d’essai, qui consiste à opérer en aimantant les différents échantillons avec un courant égal, est la plus simple. Mais M. Hughes en a essayé également plusieurs autres très intéressantes pour l’étude du magnétisme. On peut, par exemple, aimanter les objets jusqu’au même degré de saturation et noter l’intensité du courant correspondant.
- On peut observer le magnétisme rémanent, l’influence de la succession d’un courant faible à un courant fort, etc. Le type adopté pour les essais est un fil de i millimètre de diamètre et de io centimètres de longueur.
- L’auteur a trouvé d’abord les deux lois suivantes :
- i° La capacité magnétique est directement proportionnelle à la douceur ou mobilité moléculaire ;
- 2° La résistance à l’aimantation par un courant faible est directement proportionnelle à la dureté ou rigidité moléculaire.
- Dans le fer doux de Suède, la trempe n’amène qu’un durcissement de 25 o/o à l’échelle adoptée, tandis que le martelage et la compression produisent uri effet double. Dans l’acier dur, la trempe amène un durcissement de 400 0/0, tandis que la compression ne produit que 5o 0/0 comme dans le cas du fer de Suède doux.
- L'influence de la température sur le recuit du fer de Suède donne les résultats suivants :
- TEMPÉRATURE approchée du recuit DEGRÉ de douceur ou capacité magnétique
- Fil étiré à froid 230°
- Recuit au rouge très sombre. Soo° 255
- — rouge sombre. . . . 700 329
- — rouge vif ÏOOO 438
- — jaune IIOO 507
- — jaune blanc i3oo 525
- L’étude du temps du refroidissement après le recuit amène à des conclusions nouvelles. Le chauffage peut avoir toute la rapidité qu’on voudra, sans produire d’effet sensible, mais le temps du refroidissement doit être en raison inverse de la teneur en carbone. Pour du fer doux, le refroidissement peut être instantané, tandis que l’acier dur demande plusieurs heures ou même plusieurs jours. Cependant, pour éviter la trempe à l’air, il vaut mieux, même pour le fer doux, refroidir lentement les corps recuits.
- Une pièce recuite ne peut être ni pliée, ni étirée, ni martelée, ni limée sans altérer la capacité magnétique. Rien qu’en frottant la surface avec un papier d’émeri, on modifie sensiblement l’état magnétique proportionnel à la douceur d’un corps.
- Le tableau suivant montre les résultats obtenus pour quelques types de métal :
- CAPACITÉ MAGNÉTIQUE
- 1 état nature état recuit
- Fer de Suède, ire variété. . . 23ü° 525»
- — 2° — . . . 236 5io
- — 3» — . . . 275 5o3
- Fer fondu au four Martin . . i65 43o
- — puddlé best best 212 340
- Acier Bessemer doux i5o 291
- — — dur 115 172
- — fondu au creuset .... 5o 85
- Il y a bien une certaine différence entre le fer doux et l’acier doux, mais cette différence n’est pas considérable, car l’auteur a trouvé également de l’acier Bessemer doux qui lui donnait 21g0 à l’état naturel.
- TENEUR CAPACITÉ MAGNÉTIQUE
- en carbone Recuit Trempé
- Acier Bessemer doux. 0, i5 2190 255
- - s, 0,40 346 206
- — Sa o,5o 250 160
- - s3 0,60 209 i33
- - S* 0,65 195 107
- — s6 0,75 144 6l
- Acier Bessemer dur. o,44 172 60
- — au creuset. 0,62 84 28
- La trempe et le recuit agissent beaucoup sur l’acier dur, comme on pouvait le supposer. Ainsi :
- CAPACITÉ
- magnétique.
- Acier au creuset chauffé au jaune clair et trempé A Peau de toute sa force............................ 28°,
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- CAPACITÉ
- magnétique
- Acier revenu au jaune paille........................... 33°
- — revenu au bleu.................................... 43
- — trempé à l’huile................................. 5i
- — chauffé au rouge et trempé à l’eau de toute
- sa force.......................................... 66
- Acier trempé à l’huile................................... 72
- — recuit............................................ 84
- Le plus haut degré de trempe ne correspond pas à la plus forte teneur en carbone, ce qui tient, sans doute, à des impuretés renfermées dans
- l’acier et dont il n’a pas été tenu compte (voy. le tableau ci-contre).
- Une autre série d’expériences, où l’analyse chimique a été consultée, présente plus d’intérêt.
- Les essais mécaniques et chimiques ne montrent pas de différence bien sensible entre le fer doux et l’acier doux, l’essai magnétique ne renseigne pas davantage. Pour M. Hughes, le fer est un acier doux et l'acier est un fer dur. Les déformations mécaniques ont plus d’effet que la trempe pour le fer doux et l’acier doux; la trempe a, au
- RÉSISTA N C E S électriques en ohms CHARGE de rupture à la traction par mm2. C A P A C I TÉ MAGNÉTIQUE ANALYSE CHIMIQUE
- Etat naturel Recuit Trempe dur Carbone Silicium Soufre Phosphore Manganèse
- Fer de Suède (1) . . . 191 44*e 230° 525“ 435“ 0,09 tr. tr. 0,012 0,06
- Fer de Suède (2) . . . 198 47 236 5io 4i5 0,10 tr. 0,022 0,045 o,o3
- Fer de Suède (3) . . . 199 48,5 275 5o3 395 o,i5 0,018 0,019 o,o58 0.234
- Fer fondu au marteau 226 53 i65 43o 390 0,10 tr. o,o35 0,034 0,324
- Fer puddlé 259 47 212 340 328 0,10 0,09 o,o3 0,218 0,234
- Acier Besaemer (doux) 266 55 i5o 291 255 0, i5 0,018 0,092 0,077 0,72
- Acier BeSsemer (dur). 3l2 77 11S 172 60 0,44 0,028 0,126 0, io3 1,296
- Acier au creuset. . . . 35o 86 5ü 84 28 0,62 0,06 0,074 o,o5i 1,584
- contraire, plus d’influence sur l’acier dur. La seule ligne de démarcation serait de considérer comme fer tout ce qui, dans les conditions d'expérience ci-dessus, donnerait une capacité magnétique supérieure à 400 ; tout ce qui donnerait des résultats inférieurs serait de l'acier doux ou dur.
- La rigidité moléculaire est une cause de durcissement; elle diminue la capacité magnétique et augmente la résistance électrique.
- L’auteur se propose de présenter une nouvelle théorie complète du magnétisme ; en attendant, il espère que l’on pourra tirer parti de ses expériences et de sa balance magnétique, pour déterminer quel est le meilleur métal pour les électroaimants et les aimants.
- BIBLIOGRAPHIE
- Traité élémentaire des mesures électriques de Kempe, par M. H. Berger, directeur-ingénieur des télégraphes (librairie de Gauthiers-Villars.)
- M. H. Berger, en traduisant l’ouvrage de Kempe, si estimé des électriciens anglais, a rendu un véritable service aux électriciens français, peu familiarisés avec les langues étrangères.
- On peut dire qu’en dehors du cours professé à l’École supérieure de télégraphie de la rue de Grenelle, il n’existe pas encore de cours pratique où les étudiants puissent apprendre à fond toutes les méthodes et toutes les précautions au moyen
- desquelles on parvient à mesurer avec précision tous les éléments d’une installation électrique et à déterminer toutes les qualités d’un câble sous-marin, avant ou après la pose.
- Le livre de Kempe ne fait pas double emploi avec ceux du savant directeur de l’École française de télégraphie, M. Blavier : il en est la suite obligatoire.
- Nous ne pouvons que féliciter M. Berger de la netteté de sa traduction et de la franchise de son style.
- Le développement de la fabrication des câbles en Angleterre devait faire naître des livres spéciaux, et la France, très en retard sur la fabrication anglaise, l’était aussi naturelleinent sur les traités pratiques; espérons que la lacune comblée par M. Berger aidera à mettre prochainement l’industrie électrique française à la hauteur de celle des nations voisines. Il n’est que temps ; il est regrettable que M. Berger, pendant qu’il était en train, n’ait pas traduit la petite édition élémentaire, publiée par Spon en 1876. Il faudrait bien aussi que le ministère des postes et télégraphes se décidât à encourager la fabrication en France des câbles sous-marins, au lieu de confier toutes les commandes à l’étranger, comme l’ont fait M. Cochery et ses prédécesseurs. On assure même que, jaloux de l’industrie privée, M. Cochery, songeait très sérieusement à fonder, pour la fabrication des câbles, une manufacture d’État, dans le genre probablement de l’étonnante manufacture de porcelaine de Sèvres. Le budget l’a échappé belle.
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- CORRESPONDANCE
- Paris, le i3 juillet i885.
- Monsieur le Directeur,
- Vous reproduisez d’après le Bulletin international des téléphones, la description d’un procédé de M. Mariez sur l’emploi de l’électricité pour régler automatiquement à l’usine, l’émission du gaz suivant la consommation.
- Ce procédé n’a absolument rien de nouveau en sa faveur; il est une copie des mêmes procédés, inventés et employés depuis longtemps déjà par M. H. Giroud, le père de la distribution rationnelle du gaz (voy. ses divers traités sur la matière).
- Pour notre ami M. H. Giroud, et dans l’intérêt de la vérité, nous venons vous prier de vouloir bien insérer, dans un prochain numéro de votre estimé journal, la présente réclamation de priorité.
- Veuillez agréer, etc.
- A. Gravier.
- On nous adresse de Saint-Pétersbourg la lettre suivante :
- « Monsieur le Directeur,
- « Dans le n° 26 de votre estimable journal (27 juin i885), j’ai lu parmi les faits divers (p. 634), qu’un violent ouragan avait détruit une grande partie des réseaux téléphoniques aériens de notre ville. Votre bonne foi a été surprise, car, après informations, nous avons appris que l’orage qui, en effet, a sévi pendant deux jours sur Saint-Pétersbourg n’a cassé que 6 fils, lesquels ont été immédiatement réparés, en sorte que le service n’a pas eu à en souffrir.
- * Nous croyons qu’il est de l’intérêt de la téléphonie en général de rectifier le renseignement auquel il est fait allusion plus haut.
- « Il est dit également dans le n° 22 (3o mai i885), à la page 444, que le prix de l’abonnement au téléphone est de 625 francs pour la Russie; en réalité ce prix, pour les différentes villes, n’est que de 400 francs en moyenne.
- « Les prix comparatifs entre les différents pays ne présentent d’ailleurs pas grand intérêt puisque les conditions de construction, d’exploitation et d’impôt varient d’un point à l’autre.
- « Veuillez agréer, etc.
- « Un abonné ».
- FAITS DIVERS
- La pointe du paratonnerre de la cheminée de la maison Bréguet, rue Didot, 19, a eu presque toute la durée de l’orage une splendide aigrette. En outre, les personnes qui ont eu la chance de jouir de la vue de cet intéressant phénomène ont constaté plusieurs fois des boules de feu se promenant sur le bord du sommet de cette cheminée. Il n’y a eu aucun dommage autre que quelques briques de la cheminée projetées dans la cour.
- \
- Les concours de Trains ont commencé il y a deux jours à l’Exposition d’Anvers. Une ligne spéciale qui relie la gare de l’Est à l’Exposition a été installée à cet effet.
- Il n’est pas facile de se prononcer entre les divers systèmes en présence. L’usage seul peut faire connaître lequel d’entre eux mérite de l’emporter sur les autres. Il semble pourtant que l’avenir est au train électrique.
- Le modèle de train électrique qui roule en ce moment j
- obtient un succès fou. Et rien n’est plus étrange, en effet, que cette voiture qui glisse silencieusement, sans moteur apparent et avec une vitesse remarquable.
- Chaque fois qu’elle s’arrête — et les arrêts sont en quelque sorte instantanés — la foule surprise au plus haut chef se précipite vers elle et l’entoure pour tâcher de découvrir son secret.
- Il y a même des gens qui se jettent à plat ventre pour examiner les roues, sans se douter que les piles sont dissimulées à l’intérieur de la voiture, en dessous des banquettes !
- Un autre train (celui-ci à vapeur) procure des moments de douce gaieté au public qui flâne sur les boulevards. Ce véhicule est si élevé que les personnes qui sont sur l’impériale sont froissées sur une grande partie du parcours par les branches des arbres qui bordent la ligne.
- MM. Borel et Berthoud ont fait breveter un isolant pour conducteurs électriques, à base d’huile de lin et de résine. L’huile de lin est chauffée vers 3oo degrés centigrades, température à laquelle elle prend une coloration brune et une consistance sirupeuse. On additionne alors d’un poids égal de colophane en poudre, et pendant quelques heures, tout en maintenant la température, on brasse énergiquement, le mélange. L’isolement des conducteurs se fait en les immergeant dans cette matière fondue, maintenue à ioo° environ.
- Un nouveau projet de chemin de fer électrique aérien a vu le jour et s’est présenté modestement dans « le Génie civil ». L’auteur, M. Gutperle, ne cache pas qu’il s’est inspiré de M. J. Chrétien et des idées de M. F. Jenkin, l’inventeur du telphérage. Son système comporte une double voie à rail unique porté à la partie supérieure et de chaque côté d’une poutre métallique centrale en treillis à larges mailles. Les rails uniques de chaque voie sont espacés de 2m,8o, d’axe en axe et tenus à une hauteur moyenne de 10 mètres. Les voitures automobiles, à 4 compartiments et de 8 places, sont suspendues par deux galets sur le rail de chaque voie. La poutre unique du système est composée de travées d’une longueur moyenne de 5o mètres, et les points d’appui sont des colonnes creuses en fonte, d’un mètre de diamètre, reposant. dans le sol sur une fondation convenable, en massif ou en voûte, suivant les circonstances. Les voitures portent leurs moteurs électriques auxquels le courant serait fourni par une station centrale, avec distribution appropriée.
- On nous signale parmi les plantes remarquables du Fouta-Djalon, pays nouvellement ouvert à l’activité coloniale par les conquêtes exécutées au Sénégal, le Byrtos-permum Parkii, qui est susceptible de servir de succédané à I’lsonandra gulta ou arbre du caoutchouc. Cette plante arborescente d’un port majestueux est commune dans toute l’Afrique équatoriale et particulièrement dans les sols argileux et ferrugineux comme dans le Djalon.
- Les noirs recueillent la gomme en faisant des incisions au tronc. Le lait qui en coule s’épaissit à l’air, comme il arrive pour la gutta-percha elle-même.
- Ils ne dédaignent pas non plus les fruits du Byrtospermum, dont ils tirent une sorte de graisse végétale qu’ils emploient également. __________
- Des expériences vont prochainement avoir lieu en Russie avec un bateau torpilleur sous-marin actionné par l’électricité. Le bateau, qui a été inventé en Amérique, aura 28 pieds de long avec une vitesse de 10 nœuds à l’heure; il doit pouvoir faire iS nœuds sous l’eau ; la ventilation sera faite au moyen de l’air comprimé; et tout l’équipage se composera de deux hommes.
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- M. C. I. Hubbell, de Washington, vient d’expérimenter pour la protection des immenses réservoirs à huile, exposés à être frappés par la foudre, un paratonnerre dont les conducteurs paraissent basés sur d’excellents principes.
- On a démontré sur un modèle de réservoir avec un paratonnerre ordinaire que la foudre pouvait l’atteindre dans de certaines conditions, tandis que avec le système de l’inventeur, aucune décharge ne peut atteindre le réselvoir et enflammer le gaz qu’il peut contenir. La démonstration a été faite avec une machine électro-statique.
- Des essais d’embrayage électrique ont eu lieu récemment à Cincinnati sur un train de io wagons chargés de charbon et pesant 40000 libs. Le train chargé avait une vitesse de 40 milles et a été arrêté en 37 secondes et demie, sur une distance de 445 yards.
- M. Smith, maire de Philadelphie, s’exprime ainsi, dans le rapport annuel qu’il adresse au conseil de cette ville : « A « mon avis, le conseil de la ville a perdu une excellente * source de revenus en n’inaugurant pas un. système de « canalisation souterraine pour son usage personnel, dont « elle aurait pu, en outre, affermer une partie pour le passage « des câbles de fils télégraphiques, téléphoniques et autres « des diverses Compagnies. Une redevance si petite qu’elle « fût, aurait beaucoup profité aux affaires en général et pro-« curé à la ville un gros revenu. Du reste, dit-il, il n’est pas « trop tard pour exécuter le plan que je vous soumets. »
- Un inventeur américain a dernièrement inventé une balance électrique qui pèse et enregistre automatiquement le poids et le nombre des objets pesés. Sa disposition est applicable à une balance ordinaire quelconque, mais elle est spécialement destinée aux chemins de fer pour peser un train en marche, quelle que soit sa vitesse.
- Le Japon qui jusqu’alors avait joui de toutes les inventions du monde entier sans loi protectrice, vient d’édicter une loi sur les brevets d’inventions. Cette loi puisée dans les divers codes accorde une protection de i5 ans à toutes les inventions, sauf à celles contraires à l’ordre moral, à la santé, à la médecine, etc.; les inventions devront être appliquées dans le délai de deux années, et des patentes ne seront pas accordées aux inventions importées de l’étranger ou achetées.
- Les taxes à percevoir s’élèvent à 7S francs pour la protection de i5 années, sans autre redevance annuelle. Les amendes pour infractions sont suffisamment sévères pour protéger efficacement les inventeurs.
- En somme cette loi est à l’avantage seul des Japonais.
- On annonce la construction d’un chemin de fer électrique le long de Behnont avenue à Philadelphie. Ce chemin de fer, au lieu d’employer les rails comme conducteurs, recevra le courant électrique de fils de cuivre placés entre les deux rails sous la voie, dans une enveloppe en bois percée d'une fente longitudinale. La longueur sera de un mille et quart et dix voitures, portant chacune de So à 60 voyageurs circuleront sur ses rails.
- Éclairage électrique:
- On peut voir actuellement â l’Académie des sciences, dans la salle des Pas-Perdus, le fusil « Trouvé » dont la mire s’illumine par incandescence électrique et qui peut servir à tirer la nuit sur un ennemi qu’on éclaire tout en restant dans l’obscurité.
- Il y a quelques mois orf parlait vaguement de nouvelles lampes dont la lumière, obtenue par la combustion du magnésium, devait faire une concurrence écrasante à la lumière électrique.
- Ce métal, préparé par de nouvelles méthodes, devait être vendu à un prix tellement réduit, que la lumière qu’il produit en brûlant devait être économique, comparée à celle du pétrole, du gaz ou de l’électricité. Les résultats n’ont pas répondu aux espérances des fanatiques de la lumière au magnésium, mais les efforts des chimistes pour préparer ce métal économiquement n’auront pas été perdus.
- On nous communique à l’instant un procès-verbal authentique du laboratoire du Ministère des postes et télégraphes constatant que la maison Mouchel, dont notre journal a décrit les usines, vient de produire un fil de cuivre avec alliage de magnésium, dont les qualités sont les suivantes : conductibilité électrique 5i, o5 0/0 de celle du cuivre pur, force nécessaire pour la rupture de 82 kilos par millimètre carré; dans les dimensions usuelles, il supporte sans se briser 12 pliages à angle droit.
- De pareils résultats ont pour les lignes téléphoniques aériennes une importance qui n’échappera à personne ; ils dépassent tout ce qu’on avait pu obtenir du phosphore du silicium ou du chrome. Toutes nos félicitations à la maison Mouchel, et à son savant et persévérant directeur, M. I. O. Mouchel.
- Ce n’est pas encore cette année qu’a pu être mis à exécution le projet présenté, il y a fort longtemps déjà, par M. Abadie, architecte, pour l’illumination à la lumière électrique de Notre-Dame, à l’occasion de la fête du 14 juillet.
- La dépense considérable qu’occasionnerait l’installation des appareils est la seule raison qui a privé les Parisiens, cette année encore, du splendide spectacle qu’offrirait un tel mode d’illumination appliqué à la vieille basilique.
- Dans la soirée donnée par M. Lynen, président de la commission exécutive de l’Exposition universelle d’Anvers, à l’occasion de la présence de M. Pierre Legrand, ministre du commerce, et d’une partie des membres de la commission française, les jardins du splendide hôtel du boulevard Léopold étaient éclairés à la lumière électrique. Cet éclairage avait été fait au dernier moment, au moyen de régulateurs à arc et de dynamos Phœnix Compound, installées par MM. Scrive-Hermite et C*° de Lille, qui éclairent les principales galeries de la section française à l’Exposition.
- L’intérieur du canon de 14 tonnes de l’Exposition des inventions de Londres, a été éclairé dernièrement, pendant deux soirées, à l’aide d’une lampe électrique spéciale qu’alimentait une batterie de piles Holmes-Burke.
- L’hôtel Victoria de Manchester qui sera un des plus grands de cette ville, renfermera trente-deux milles de fils de cuivre pour les sonneries électriques, les tableaux indicateurs et les boutons d’appel placés dans les appartements Le gaz sera employé dans lés chambres à coucher et dans les grands salons, mais toutes les petites pièces sont éclairées à l’électricité.
- Les journaux américains s’occupent d’un projet dont l’utilité pour la navigation transatlantique serait capitale et dont l’exécution ne présenterait aucune difficulté sérieuse-c’est simplement une question d’argent, et l’importance dé la dépense est sans aucune proportion avec les avantages à recueillir. Il ne s agit de rien moins que de l’éclairage pat l’électricité de la route que suivent les navires se rendant de la Manche aux Etats-Unis, entre la côte d’Irlande et le banc de Terre-Neuve.
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- Voici d’après le « Bulletin de la Société des ingénieurs civils » comment s’effectuerait cet éclairage.
- On placerait dix feux flottants de grande puissance disposés à 200 milles de distance l’un de l’autre, en ligne droite Ces bateaux-phares seraient amarrés au moyen d’ancrages leur permettant de suivre en hauteur les mouvements des marées sans changer de place. Ils seraient reliés entre eux et avec les côtes des deux continents par des câbles électriques et formeraient des stations télégraphiques où les navires pourraient recevoir et laisser des communications. En dehors de la question de l’éclairage, l’utilité de ces stations est évidente.
- En cas d’avaries ou de sinistres, on connaîtrait très approximativement la position du navire en péril ou manquant.
- Quant à l’éclairage nocturne, il ne faut pas oublier que la ligne directe entre l’entrée de la Manche et Terre-Neuve commence à être si parcourue que la Compagnie Cunard, la plus ancienne des Compagnies transatlantiques, laquelle se glorifie, de n’avoir jamais éprouvé de sinistres sur la ligne des États-Unis, préfère, pour maintenir cette sécurité traditionnelle, s’écarter de cette grande route tracée idéalement sur l’Océan, au prix d’un allongement de parcours. Les stations télégraphiques marines rendraient aussi d’importants services en prévenant les navires du passage fréquent des banquises de glace dans ces parages à la fin de l’hiver. __________
- La lumière électrique éclairera bientôt toutes les pelouses des sociétés athlétiques des États-Unis; les terrains de l’Athletic Club, à Williamsburg, sont éclairés chaque soir au moyen de lampes à arc et les jeux s’y tiennent régulièrement.
- Les vastes bâtiments que l’on construit en ce moment sur les terrains situés en face de la Bourse à Bruxelles, et qui comprendront des magasins, un grand hôtel et un immense théâtre, l’Elyséum, sorte d’Eden, seront entièrement éclairés à la lumière électrique; toutes les dispositions ont été prises pour placer de puissants moteurs à gaz dans le sous-sol.
- Le restaurant Baumgarten, de Vienne, vient d’être éclairé au moyen de lampes à arc Klostermann.
- La Pensylvania Railroad vient d’introduire l’éclairage électrique régulier des trains entre New-York et Chicago. Les résultats obtenus jusqu’à ce jour sont excellents; le courant est fourni,'par des batteries d’accumulateurs placées sous les banquettes.
- Le wagon-salon coutient quatre-vingts batteries d’accumulateurs » Constant Current » du poids total de 800 pounds, qui fournissent 120 ampères-heures. Les lampes employées du type Bernstein, sont au nombre de 12 dans chaque voiture, 10 de 20 carcels et 2 de 10 carcels; elles dépensent 35 volts et itt'“i>,5 pour donner toute leur intensité.
- Les accumulateurs sont chargés au départ et à l’arrivée sans être enlevés des voitures. Les conducteurs électriques sont fixés sur eux de la même façon que les tuyaux pour charger les réservoirs à gaz. La dimension de chaque 'accumulateur est de o™,387, sur om^o centimètres et om,7o.
- vM. William Widhund, de Callao, se trouve en ce moment à Boston, pour introduire l’éclairage électrique dans huit des principales villes du Pérou : Lima, Callao, Arequipa, Puno, Cuzco, Trugillo, Cajamarca et Puira.
- Quelques-unes de ces villes possèdent une force hydraulique suffisante pour actionner les dynamos et réaliser ainsi une notable économie.
- Une Société, la Peruvian Electrical Construction and
- Supply C° existe déjà à Boston pour l’exploitation au Pérou, des brevets Thomson-Houston et une installation de qo foyers à arc avec dynamos-moteurs est en construction à Lynn pour la ville de Lima.
- Un nouveau système d’éclairage électrique du point de mire des fusils au moyen d’une petite lampe électrique et d’une pile portative se présente chaque semaine.
- Aujourd’hui c’est M. Winans, de Brighton, qui présente son système.
- New-Britain, dans le Connecticut, vient, après différents essais, d’adopter l’éclairage électrique pour ses rues; quarante foyers du système Schuyler seront placés prochainement et des pétitions se signent pour en ajouter cinquante autres.
- La Edison Electric llluminating C°, vient de proposer à la ville de Lawrence, Massachussets, de remplacer les becs de gaz ou les lampes à huile qu’elle possède, par des lampes électriques et de lui fournir 25 lampes supplémentaires.
- Ces lampes éclaireraient pendant le même nombre d’heures et 100 éclaireraient pendant la nuit entière.
- Les dépenses s’élèveront à 3.25o francs par mois, et les lampes supplémentaires seraient comptées au prorata de ce prix.
- La compagnie Maxim Weston a traité avec le département des Postes en Angleterre pour l’éclairage électrique des locaux de la caisse d’épargne postale de la Queen Victoria Areet.
- L’installation comprendra 35o lampes à incandescence de 20 bougies et 35o de 8 bougies. La force motrice sera fournie par trois machines à gaz Crowley de 16 chevaux chacune. Les frais de premier établissement s’élèveront à 72.475 francs et la Compagnie garantit que les frais d’exploitation ne dépasseront pas, pendant les premiers deux ans, la somme de 17.500 francs par an.
- Les vaisseaux suivants de la marine anglaise vont être pourvus de la lumière électrique : les canonnières Medway, Médina, Pike et Snap actuellement à Portsmouth. Les machines à bord du Medway et de la Médina seront des dynamos Siemens actionnées par des moteurs Brotherhood. le Pike et le Snap auront des dynamos Victoria également actionnées par des machines Brotherhood.
- A l’occasion du dîner annuel de la Trinity Nonn auquel assistait le prince de Galles tout l’appartement a été éclairé à la lumière électrique, avec des lampes à incandescence alimentées par les accumulateurs de l’Electrical Power Storap Co.
- Uue installation de 200 lampes à incandescence vient d’être terminée au collège d’Ottawa, à Ottawa.
- Une station centrale d’éclairage électrique sera prochainement ouverte à Old Orchard Beach pour fournir 100 lampes arc.
- Pendant les six derniers mois La Guatemala Electric Light C° a installé 3oo lampes à arc dans la ville de Guatemala. Le système employé est celui de Thomson-Houston.
- La Consolidated Electric Light C° de Portland, qui possédait déjà 225 foyers électriques, vient de disposer ses usines de manière à fournir 3oo nouveaux foyers électriques.
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- La ville de Marshalltown, dans PIndiaua, vient de passer un traité avec une Compagnie pour l’éclairage électrique de ses rues, malgré les protestations de la Compagnie du gaz.
- Le bureau central des postes à Pittsbourg va être éclairé à l’électricité avec 25 foyers à arc et 80 lampes à incandescence.
- MM. Crompton et C10 de Chelmsford viennent de fournir un projecteur pour un cuirassé de la marine brésilienne avec une lampe à arc de 25.000 bougies.
- 1 Le ministre d’Italie, à Pékin, a donné récemment un bal dans les salons de l’ambassade, splendidement éclairés au moyen de lampes à incandescence.
- Télégraphie et téléphonie.
- C’est la téléphonie qui a fait les frais de la séance de mardi dernier à la Chambre des députés de Bruxelles.
- On sait que M. l’ingénieur de Locht a demandé — mais en vain — une concession s’étendant à la ville de Liège et aux communes environnantes. La demande date du 28 mai 1880, c’est-à-dire de la même époque que celles de la Société Gower, de M. Bède et de la Compagnie Bell. Or, la loi qui régit la concession des réseaux téléphoniques promulguée le 11 juin i883, porte que les concessions sont octroyées par le gouvernement, mais sans privilège exclusif.
- Nous avons sous les yeux une brochure publiée par M. de Locht, dans laquelle il établit le point de droit; puis, passant au fait, il prouve, par les pétitions mêmes des habitants des communes qu’il s’agit de desservir, que sa demande est opportune. Il termine enfin par une longue nomenclature des personnes qui se déclarent prêtes à s’abonner à son réseau.
- On vient d’inaugurer à l’Exposition d’Anvers les auditions téléphoniques musicales entre le Waux-IIall, à Bruxelles, et une des salles du phare, à gauche de l’entrée de l’Exposition. Cette installation a été faite par les soin du personnel de la Compagnie belge du Téléphone Bell et par le personnel des ateliers Mourlon, d’après les indications de M. Berlin, ingénieur des télégraphes de l’Etat. Dix personnes pouvaient entendre en même temps la musique jouée par l’orchestre du Vaux-Hall.
- On annonce pour le 10 août, l’ouverture de la conférence télégraphique internationale qui siégera à Berlin.
- M. Curchod, chef du bureau télégraphique international de Berne, vient d’arriver à Berlin pour se concerter avec le directeur général des Postes d’Allemagne, M. le Dr Stephao, pour régler les arrangements' définitifs d’un congrès télégraphique universel.
- La première réunion a été fixée au 10 août prochain.
- Le duc de Richmond a reçu dernièrement au Board of Tradeune députation importante des principales Compagnies de câbles, au sujet du bill porté devant le Parlement, relativement à l’exécution de la convention internationale pour la protection des câbles sous-marins. Cette convention, a répondu le duc, qui a été acceptée par les représentants de 26 États, a passé sans opposition à la Chambre des Communes, et est actuellement devant la Chambre des Lords*
- La ligne télégraphique cle Moulmein à Myawaddy, sur la frontière siamoise, d’une longueur de 75 milles qui réunira la ligne de Siam à Bangkok, sera probablement terminée avant la saison des pluies.
- On annonce qu’un câble va bientôt être placé entre Auckland et Fiji, de sorte que cette dernière colonie serait ainsi reliée télégraphiquement avec l’Angleterre.
- La commission d’enquête parlementaire nommée, en Angleterre, à l’effet d’examiner la question des conducteurs électriques aériens ou souterrains, vient de publier son rapport, après de longs travaux, et un examen très attentif de la question, qui devenait d’une importance capitale pour une ville comme Londres, non pourvue d’un système d’égouts comme ceux établis à Paris et à Lyon. C’est pourquoi le rapport de ladite commission conclut au maintien des fils aériens, mais en les soumettant à une surveillance et à un contrôle ’des plus sévères. La commission a placé principalement la question sur le terrain de l’utilité des communications téléphoniques et a considéré surtout les immenses services que les réseaux téléphoniques peuvent rendre et sont destinés à rendre dans l’avenir.
- Les recettes des télégraphes, en Angleterre, du Ier avril au 3o juin dernier, se sont élevées à 445.000 livres, contre 440.000 livies pendant la période correspondante de l’année dernière.
- On sait qu’une association s’est formée à Gothenburg, ville de 80.000 habitants, pour l’exploitation d’un réseau téléphonique. Le prix d’abonnement est de 75 francs par an dans un rayon de neuf milles. Le nombre des souscripteurs est de 600 et les appels s’élèvent à 2,000 par jour. Malgré ce bas prix, l’association a pu constituer un fonds de réserve.
- Dans la même ville, la Bell Company, exploite aussi un réseau de 600 abonnés, qui demandent 3.ooo appels par jour; le prix d’abonnement est de 112 fr. 5o.
- Beaucoup d’autres petites villes ont suivi l’exemple de Gothenburg, et fondé des associations mutuelles de téléphonie fonctionnant très bien et à bon marché. II est qu’en Suède l’État, propriétaire du télégraphe, n’apporte aucune entrave à la téléphonie, et ne la charge d’aucune redevance.
- On annonce que des propositions sont faites par deux Sociétés pour établir un réseau téléphonique à Tanger.
- La Wallace Electric Téléphoné Manufacturing C° va essayer un nouveau système de téléphonie dont le récepteur diffère de ceux généralement en usage aux Etats-Unis, en supprimant l’aimant permanent.
- La American Bell Téléphoné Co a établi de la manière suivante les prix de locations de ses appareils : 3o francs, pour les abonnements de i5o francs et au-dessous, 4.0 francs pour ceux de 180 francs et au-dessous, 5o francs pour ceux de 200 francs, et 60 francs pour ceux de zio francs.
- Le 23 juin, la Dundee and district Téléphonie Ço, a été absorbée par la National Téléphonie Co, par achat. Les actionnaires rentreront dans leurs fonds, avec un bénéfice de 10 0/0.
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- Les prix d’abonnements au téléphone, sur le continent, sont, d’après les correspondants de divers journaux de :
- i85 fr. à Hambourg, en Allemagne, i85 à Altona, —
- i85 à Lubeck, —
- i85 à Kiel, —
- i85 à Berlin, —
- i85 à Bâle, en Suisse,
- 25o à Bruxelles, en Belgique,
- 200 à Ghent, —
- 225 à Charleroi, —
- 200 à Verviers, —
- 25o à Anvers, —
- 25o à Amsterdam, en Hollande,
- 190 à Arnheim, —
- 62,50 à Enschelde, —
- Le prix de 62 fr. 5o, demandé à Enschelde, est remarquablement bas surtout si l’on remarque que la Société n’a que i5o souscripteurs et que quelques-unes des distances reliant des abonnés au bureau central sont de plus de deux milles et demi. De plus si un abonné ou un actionnaire de la Société d’Enschelde désire posséder le téléphone dans sa villa, souvent très éloignée de la ville, la Société demande 2 fr. 75 par 100 mètres, fils et poteaux compris, et après le paiement des frais, la ligne appartient au souscripteur.
- Le Manchester Guardian annonce que la Société de téléphonie, la Lancashire and Cheshire, sera supplantée à l’expiration de ses droits en 1890. Un comité qui vient de se former à Manchester et à Liverpool, va émettre en janvier 1888, le prospectus d’une association coopérative de téléphonie. Il espère réunir dès l’origine 4.000 souscripteurs et l’installation sera faite pour 5.oco abonnés. Le capital sera de 1.250.000 francs avec intérêt à 5 0/0.
- Une nouvelle société, la United Lines Telegraph C° vieDt de se formera New-York, au capital de 5o.ooo dollars, pour racheter tous les droits de la Bankers and Merchants Telegraph O. _________
- Une concession du gouvernement américain vient d’être accordée à la Central and South-American Telegraph C° pour l’autoriser à jeter un câble entre Buenos-Ayres et Rio de Janeiro, et une ligne aérienne entre Buenos-Ayres et la côte du Pacifique ; les autorisations ont été signées par le président de la République Argentine.
- Un décret de la Circuit Court, des États-Unis, à Philadelphie, a rendu en faveur de l’American Bell C“ et à la Pensylvanian Téléphoné C°, un jugement définitif enjoignant à la Rogers Telegraph et Téléphoné C°, à Robert Klotz, à John Lenkel, de cesser l’emploi et la veille des téléphones contenant des modifications spéciales aux bre vêts d’Alexander Graham Bell.
- A Philadelphie les compagnies Western Union Telegraph Philadelphia Local Telegraph et Bell Téléphoné, ont réuni leurs efforts pour une démonstration pratique de l’emploi des lignes souterraines. Des autorisations nécessaires ont été accordées pour placer des conduits souterrains dans Chestnut Street de la 220 avenue à la rivière Delaware, et dans la 3° rue de Walnut à Vine.
- Le système de communication souterraine de New-York comprend 7,931 pieds de conduits, 4,872 pieds de tuyaux en fonte, 5,760 pieds de câble, 36 milles et demi de fils simples et 23 chambres pour réparer les câbles.
- A New-York une statistique du département de la Police constate ies multiples services que lui rend l’électricité : Il a reçu par le téléphone 857,084 rapports de policemen, et 23,921 appels d’incendies. Grâce au téléphone 14,592 arrêts ont été opérés et 3,256tumultes réprimés sans arrestations ; 365 cadavres portés à la morgue, ou chez des amis, 2,375 malades ou blessés transportés à leur domicile, ou l’hôpital, 8,010 prisonniers transférés aux cours de police.
- La Chesapeake and Potomac téléphoné C° a commencé à placer sous terre, dans Baltimore, une grande partie de ses lignes pour desservir les parties ouest et nord-ouest de la ville. Ces fils sont placés dans des tuyaux en plomb, contenant chacun 100 fils. Les deux câbles sont mis dans des boîtes en bois que l’on remplit ensuite d’asphalte.
- Le comble de l’invention nous vient d’Amérique. Henri Seligman et Emma Seligman, d’Irvington, sur l’Hudson, New-York, ont pris un brevet consistant à établir dans un téléphone mécanique un diaphraame supplémentaire et à le relier à l’autre au moyen d’une ficelle.
- La commission des communications électriques souterraines de New-York vient enfin d’être nommée. Le maire M. Grâce a nommé le professeur Ch. L. Chandler, MM. Frank L. Pope et John P. Townsend. Le contrôleur Loew et le commissaire des travaux Squire, qui lui étaient adjoints pour compléter la commission ont désigné M. Charles E. Loew, Jacob Hess et Théodore Mon. Le premier est le frère du contrôleur, ie second est un boucher, personnage politique républicain et le troisième trésorier du théâtre Wallack. Ces messieurs ont tous les pouvoirs discrétionnaires en ce qui concerne la pose des fils sous terre et adresseront un rapport d’ici deux ans. Pendant ce temps ils toucheront chacun 20,000 francs d’appointements qui seront payés par toutes les Sociétés électriques de New-York employant des fils.
- Le système des avertisseurs d’alarme à New-York possède six stations à Stock Yards, 520 dans les diverses corporations d’où des signaux d’alarme peuvent être adressés à l’office central par le public, 424 pour la police publique, et 332 boîtes pour la police privée, soit en tout 1,286 stations d’où l’on peut signaler un incendie au bureau centra).
- 338 milles de fils aériens de bonne qualité d’une résistance de 25 ohms par mille, sont employés pour le réseau.
- Le gouvernement de la Dominion du Canada vient de décider la construction d’une ligne télégraphique entre Edmonton et Calgary, deux centres d’industries importants des territoires du nord-ouest.
- On annonce que l’assemblée coloniale du Cap a approuvé la construction d’un second câble pour relier la colonie à l’Europe.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Paris.— Imprimerie P. Mouillot, l3, quai Voltaire.— 58206
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- La Lumière Électrique
- Journal universel df Électricité
- 3i, Boulevard des Italiens, Paris
- directeur : Dr CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout
- 7e ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI 25 JUILLET 1885 N” 30
- SOMMAIRE. — Résultats de quelques expériences sur le transformateur Zipernowski, Déri, Blâthy ; G. Ferraris. — Application de l’électricité à la manœuvre des signaux de chemins de fer (3e article); M. Cossmann. — Courbes caractéristiques des lampes à incandescence; G. Szarvady. — Les machines à vapeur rapides (2° article); G. Richard. — L’Électricité en Amérique : L’Eclairage électrique; B. Abdank Abakanowicz.— Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch : Réponse à la note de M. Mascart du 29 juin et bases de la nouvelle météorologie dynamique, par M. Faye. — Sur la résistance è'ectrique du cuivre à la température de 200° au-dessous de zéro, par M. S. Wroblewski. — Sur les progrès dans la théorie des machines dynamo-électriques, par le D1' O. Frœlich. — Correspondances spéciales de l’étranger : Angleterre; J. Munro. — Chronique : A propos de la répartition de la lumière dans une installation d’éclairage; P. Clemenceau.— Correspondance : Lettres de MM. G. Poussât et G. Szarvady. — Faits divers.
- RÉSULTATS DE QUEL QUI' S EXPÉRIENCES
- SUR 1-li
- TRANSFORMATEUR ZIPERNOWSKI
- DÉRI, BLÂTHY
- Je dois à l’amabilité de MM. Ganz et Cin, de Budapest, d’avoir pu étudier, dans mon laboratoire du Musée industriel italien, à Turin, un transformateur ou générateur secondaire, du système inventé par les ingénieurs Zipernowsky, Déri et Blâthy. J’ai réalisé avec cet appareil, dans la seconde moitié du mois de juin dernier, quelques expériences et quelques mesures destinées à me permettre, avec d’autres, une étude que je compte faire du système de distribution électrique récemment proposé par les trois ingénieurs que je viens de nommer.
- Cette étude devra naturellement comporter deux parties : l’une, relative au transformateur, ou générateur secondaire proprement dit, l’autre, relative au système complet de distribution dont le transformateur n’est qu’un organe. Mes expériences actuelles, concernent, uniquement la première de ces parties. Toutefois les résultats obtenus sont tellement favorables qu’ils acquièrent à eux seuls une certaine importance, et méritent qu’on les fasse connaître. C’est pour cela que je crois qu’il n’est pas inutile de consacrer, dès à présent,
- aux résultats acquis, une notice sommaire.
- Désignons par :
- P et i'2 les moyennes des carrés des intensités des courants primaire et secondaire;
- q et q' les quantités d’énergie que l’on dépense dans le transformateur pendant l’unité de temps, et que celui-ci restitue dans le même temps, dans la partie extérieure du circuit secondaire;
- k — ^ le rapport entre l’énergie restituée et
- l’énergie dépensée, c’est-à-dire le coefficient de rendement du transformateur.
- Les grandeurs qu’il est Jmportant de connaître pour juger des qualités d’un transformateur sont essentiellement les suivantes ;
- i° Le rapport (Jj • L’appareil est d’autant plus
- avantageux que ce rapport est plus petit; parce que c’est là la condition nécessaire, si l’on veut que, pour des valeurs données de i et de la résistance du circuit primaire, la quantité d’énergie transformée en chaleur dans ce dernier circuit soit la plus petite possible.
- 2° Le coefficient de rendement k. Ce coefficient doit être aussi grand que possible.
- 3° La résistance p- qui, multipliée par la valeur moyenne du carré de l’intensité du courant primaire, donne comme produit l’énergie transformée utilement par l’appareil. Cette résistance donne une idée de la puissance du transformateur, et doit être la plus grande possible, si l’on veut,
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- avec un petit appareil, pouvoir transformer de grandes quantités d’énergie.
- Or si l’on représente par «le nombre des périodes, c’est-à-dire par 2n le nombre des renversements de courant pendant une seconde;
- Par r', la résistance totale du circuit secondaire ;
- Par p et p', les résistances des deux hélices primaire et secondaire ;
- Par M, le coefficient d’induction mutuelle entre l’hélice primaire et l’hélice secondaire, et par L', le coefficient de self-induction de l’hélice secondaire, et si, partant de ce que j’ai démontré dans mon travail sur le générateur secondaire Gaulard et Gibbs (‘), on néglige, comme première approximation, la chaleur développée dans le fer, on démontre facilement que les grandeurs précédentes peuvent être données par les formules (2) :
- r — p
- (?) =(fe) +4^n*Mi*
- *' — P'
- r' + P (py r' + p(wy + P4~Jn*M*
- g _ r — p _
- (?) (sr) + ïàr
- (O
- (2)
- (3)
- Pour des valeurs données de r', de « et du rapport 00 la valeur (1) diminue lorsque M et L' croissent, et les valeurs (2) et (3) croissent, lorsque M et U croissent ou que p et p' diminuent. Donc les conditions nécessaires pour avoir un bon transformateur peuvent se résumer ainsi :
- Avec un poids de cuivre donné et avec les résistances intérieures p et p' les plus petites, obtenir de très grands coefficients d'induction M et L'.
- Les expériences que j’ai exécutées les 19, 20, 22, et 23 juin, ont eu précisément pour but de déterminer les coefficients d’induction M et L', pour un transformateur de MM. Zipernowsky, Déri et Blâthy.
- Ce transformateur a été construit pour donner 3.000 watts. Il a la forme annulaire. Les hélices primaire et secondaire sont à l’intérieur et constituent le noyau de l’anneau; le fer, au contraire, est à l’extérieur; c’est un fil de fer fin, verni, enroulé sur les hélices de cuivre comme la spirale de Gramme l’est sur le noyau en fil de fer. L’hélice
- (•) Ricerche tcoriche e sperimentali sitl •.reneratore secon-rlario Gaillard e Gibbs. — Metnorie délia R. Accademia delle scienze di Torino, sérié II, t. XXXVII, p. 1, et la Lumière Electrique, t. XVI, p. 39g.
- (2) Voir: Mascart et Joubert, « Leçons sur l’électricité et le magnétisme », t. 1, p 594. Paris, 1882.
- Voir aussi : Roiti, « Di un elettrocalorimelro e di alcune misure faite cou esso inlorno al generatorc secondario Gaulard e Gibbs ». — Alemorie delle R. Accademia delle scienze di Torino, sérié II, t. XXXVII.
- primaire, formée par un fil de cuivre de 2mm,5 de diamètre, a 216 spires. Les hélices secondaires sont au nombre de deux, et se composent chacune de 54 spires d’un fil de cuivre de 3mm,5 de diamètre. On peut les grouper, à volonté, en tension ou en quantité, en se servant d’un commutateur très simple. Dans le premier cas, le rapport de la transformation est environ 1:2; dans le deuxième cas, il est environ 1 P4.
- Le poids total du fil de cuivre est de 14 kilogrammes; celui de l’appareil tout entier est de 34 kilos à peu près.
- Les résistances, mesurées à 20° C., sont les suivantes :
- Hélice primaire........................... 0,562 ohms.
- Hélices secondaires....................... 0,072 —
- — o,o63 —
- Les deux secondaires en tension........... o,i38 ^—
- Les mêmes, en quantité.................... 0,034 ’—
- Pour déterminer les coefficients d’induction M et L’ je me suis servi de l’électromètre à quadrants de M. Mascart.'J’ai mesuré avec cet instrument, employé suivant la méthode de M. Joubert, les valeurs
- de (jrj correspondantes à des valeurs connues de
- n et à une série de valeurs de la résistance r’ comprises entre 1,74 et 17,73 ohms; j’ai calculé ensuite les valeurs de M et de V au moyen delà formule(i), par la méthode des moindres carrés.
- En expérimentant avec les hélices secondaires groupées en tension, j’ai trouvé les résultats suivants :
- M = 0,225, L'= 0,117,
- L' e
- — = 0,520.
- M
- En prenant ces résultats comme base, il est possible de faire une comparaison entre le transformateur annulaire Zipernowsky, Déri, Blâthy et le générateur secondaire du type Gaulard et Gibbs.
- Si l’on veut, avec les appareils à disques de MM. Gaulard et Gibbs, obtenir un transformateur de 3.ooo watts à peu près, ayant un rapport de transformation d’environ 1 : 2, on peut combiner deux colonnes de deux chevaux, en groupant les deux hélices primaires en tension et les deux hélices secondaires en quantité. Il suffit donc, au point de vue qui nous occupe, de comparer un tel système au transformateur annulaire que nous venons de décrire.
- Le générateur secondaire Gaulard et Gibbs de deux chevaux a été l’objet des expériences bien connues deM. Uzel, et de celles que j’ai faites moi-même et que j’ai décrites dans le mémoire cité plus haut. Nous pouvons donc nous servir des chiffres que j’ai déduits de ces expériences.
- Afin que la comparaison soit, autant £que possible, favorable au générateur secondaire Gaulard
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- et Gibbs, nous supposerons que cet appareil est pourvu d’un noyau entièrement en fer. Dans ce cas, j’ai trouvé (voy. mémoire cité, p. 73) que l’on avait, suivant les expériences de M. Uzel :
- 2 iikM = 2 MicL' = 26,3.
- En acceptant ce chiffre et en remarquant que dans les expériences de M. Uzel, comme dans toutes celles faites à l’exposition de Turin, on avait in = 268, on trouve pour une seule colonne Gaulard et Gibbs :
- M = L' = o,o3i2,
- et pour le système des deux colonnes M = 0,0625. L' = o,o3i2.
- On a, de plus, en ce qui concerne les résistances et les poids, les données que voici :
- Résistance des deux hélices primaires groupées en tension........................... o,56o ohms.
- Résistance des deux hélices secondaires
- groupées en quantité................... 0,142 —
- Poids total du cuivre des disques......... 36 kilos.
- Poids total des deux colonnes............. 40 —
- On déduit tout de suite de ces chiffres que le trans formateur annulaire Zipernowsky, Déri, Blâthy a des résistances intérieures presque égales à celles du système des colonnes Gaulard et Gibbs, mais, quen
- même temps, il ne contient que les | du poids de cuivre de celui-ci, et que, ce qui est plus important, il présente des coefficients d'induction M et L' 3,6 fois plus grands.
- La supériorité du transformateur annulaire sur les générateurs secondaires à disques est donc évidente et considérable.
- Nous pouvons nous faire une idée de la grande différence des effets que l’on obtient avec les deux types d’appareils à l’aide des formules (1),
- (2), (3). En supposant, pour simplifier, que j-j- ait exactement la même valeur dans les deux cas, et en remarquant que p et p' ont été trouvés presque exactement égaux dans les deux appareils, on voit que
- les formules (1), (2), (3) donnent pour (ff > k et
- Cl?
- p-, des valeurs égales pour les deux appareils, toutes
- les fois qu’on donne la même valeur au produit «M. Ceci veut dire que le transformateur Zipernowsky, Déri, Blâthy fonctionne dans les mêmes conditions économiques et .avec la même puissance que les générateurs secondaires Gaulard et Gibbs, pourvu que les valeurs de n avec lesquelles on fait fonctionner les deux appareils soient entre elles en raison inverse des coefficients d’induction respectifs M. Comme nous avons trouvé que la valeur de M pour le transformateur annulaire est égale à 3, 6
- fois celle du générateur secondaire Gaulard et Gibbs, nous sommes autorisé à dire que pour faire fonctionner les deux appareils avec la même puissance et dans les mêmes conditions économiques, il suffit que le nombre de renversements du courant avec lequel on actionne le premier, soit au nombre de renversements du courant avec lequel on actionne le second, comme 1 est à 3, 6.
- Pour avoir la puissance voulue et fonctionner dans des conditions normales, le générateur secondaire à disques de Gaulard et Gibbs, demande un nombre m de renversements de courant égal environ à 268 par seconde, comme cela avait lieu pendant les expériences de l’exposition de Turin. Le transformateur annulaire de Zipernowsky, Déri et Blâthy aurait la même puissance, et fonctionnerait dans les mêmes conditions économiques avec
- , , 268 „ .
- un courant renverse seulement ou 74>4 fois
- par seconde.
- MM. Zipernowsky, Déri et Blâthy emploient habituellement le chiffre 2n = 100; de cette façon, les conditions de puissance et d’économie de leur appareil se trouvent donc considérablement meilleures que celles précédemment considérées.
- Pour rendre plus claire notre comparaison, nous pouvons encore comparer les puissances qu’auraient les deux transformateurs, si tous les deux étaient actionnés avec le même nombre de renversements de courant, et supposer précisément 2«=ioo. Pour fixer toutes les conditions du problème, nous prendrons aussi une valeur déterminée pour r'; nous poserons, par exemple, r' = 6 ohms. Nous trouvons alors pour É les valeurs suivantes :
- 2 5,86
- Pour le système des deux colonnes Gaulard et Gibbs : -
- , . 5.86
- Pour le transformateur annulaire..............
- Ces deux valeurs sont .entre elles comme 277 : 364,
- c’est-à-dire, comme
- 1 : i,3i,
- ou à peu près comme 3 est à 4.
- Si au lieu de comparer les puissances absolues, nous comparons les puissances rapportées à l’unité de poids de cuivre, nous trouvons que celle du transformateur annulaire est à celle des colonnes Gaulard et Gibbs comme
- Les comparaisons que nous venons de faire suffisent à démontrer que la forme du transformateur annulaire est beaucoup meilleure que celle des générateurs secondaires à disques. Et ceci s’explique aisément, car on peut démontrer à priori que la forme du transformateur annulaire est, non
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- seulement très rationnelle, mais qu’elle est, peut-être, la meilleure de toutes celles que l’on pourrait imaginer à l’effet d’obtenir de grands coefficients d’induction avec de petites résistances et de faibles poids de cuivre.
- En effet :
- i° Pour avoir une grande surface des spires avec la plus petite masse possible de métal, on doit éloigner, autant que possible, le métal du centre des spires; et par conséquent on doit préférer le fil aux disques ;
- 20 Pour obtenir la plus grande surface totale possible des spires avec la plus petite longueur de fil, il faut faire un petit nombre de spires avec un grand diamètre ;
- 3° Pour donner au noyau de fer le maximum d’efficacité, il est utile de lui donner une forme fermée. Or la couche de fer qui recouvre le transformateur annulaire équivaut évidemment à un noyau fermé sur lui-même.
- 40 Pour éviter les courants de Foucault, il faut interrompre la continuité du fer précisément comme on le fait en employant, au lieu d’une masse unique, un fil de fer verni, enroulé de manière à ce qu’il soit partout perpendiculaire aux courants'.
- On est donc conduit, tout à fait naturellement, au dispositif adopté par Zipcrnowsky, Déri et Blàthy.
- Enfin il est à remarquer que l'induction produite par les courants qui circulent dans les hélices du transformateur annulaire, est sensiblement indépendante de la place que ces hélices ont à l’intérieur de la couche de fei entièrement fermée où elles se trouvent, et que, par conséquent dans le transformateur annulaire, aussi bien que dans celui à disques, les hélices primaires et secondaires se trouvent, relativement au fer, dans des conditions identiques ’('). ’ Galileo Ferraris.
- APPLICATION DE L’ELECTRICITE
- A I.A MANŒUVRE UES
- SIGNAUX 1>E CHEMINS UE FER (Troisième article.— 1 air les numéros des 11 et îtl juillet i885) Troisième série.
- Il, — APPAREILS UE BLOCK AND INTERLOCKING ÉLECTRO-SÉMAPHORES TESSE, LARTIGUE ET PRUDIIOMME
- v Répétiteurs ci'électro-sémaphores. — Dans quelques gares d’une grande étendue, quand il n’est pas possible de placer l’électro-sémaphore près du bâtiment principal, où à proximité des agents qu’tl est cependant utile ou nécessaire de prévenir quel-
- (') Nous laissons entièrement à l’auteur la responsabilité de ses affirmations. (Note de la rédaction.)
- que temps avant l’arrivée des trains, la Compagnie du Nord a disposé des appareils répétiteurs des indications données par le petit bras de l’électro-sémaphore.
- Ces répétiteurs consistent en un voyant et une sonnerie, dont le fonctionnement est obtenu chaque fois que l’avant-dernier poste précédant la gare, manœuvre la manivelle de la boîte n° 1 pour faire apparaître le petit bras de l’électro-sémaphore de la gare. En même temps que ce petit bras se déclenche, la contre-manivelle, qui suit automatiquement ce mouvement, commande la rotation d’une manivelle spéciale chargée de' faire tourner un commutateur en ébonite, à l’intérieur d’une , boîte en fonte, de manière à donner naissance à un courant qui arrive à l’appareil de la station.
- Ce dernier, placé soit sur la marquise, soit dans l’un des bureaux, sc compose d’un voyant A (fig.71),
- nu. 71
- d’environ om,io de diamètre suspendu à un tige de fer doux qui peut osciller comme un pendule, entre deux électro-aimants B et Ç. Suivant le sens dans lequel arrive le courant, c’est l’un ou l’autre des noyaux qui attire la tige de fer doux; le pendule oscille et le voyant apparaît devant un guichet ménagé à cet effet. Il porte, d’ailleurs, une inscription qui indique la direction d’où vient le train annoncé.
- Un ressort de contact «fixé à la tige de fer doux établit, en même temps, un circuit local qui fait tinter une sonnerie S pendant tout le temps que le voyant est apparent. Dès que la section de block System qui précède la gare, est devenue libre par le fait de l’entrée du train dans la gare, le garde du poste terminus relève le petit bras de son. sémaphore, pour déclencher la grande aile de l’avant-dernier poste, dans ce mouvement la contre-manivelle fait tourner le commutateur accessoire, qui envoie un courant de sens contraire au premier; le
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- pendule revient à sa position initiale, le voyant s’efface et la sonnerie cesse en même temps de tinter.
- FIG. 71 bis.
- Cet appareil dont nous donnons la vue (fig. 71 bis) n’a pas reçu un très grand nombre d’applications, parce qu’il est surtout destiné à être installé à l’in-
- ' i' jC
- FIG. 72. —- RÉPÉTITEUR DF PASSAGE A NIVEAU
- térieur d’un local: sous une grande halle couverte
- comme celles des gares terminus de Paris, il faut un appareil sonore, trompe ou sonnerie, de même nature que ceux que nous avons précédemment décrits, dans une autre sérié d’articles (v. Lumière élec-
- trique n° du 7 avril*i883, pages 435 et fig. 24et 26). Dans ce cas, comme l’appareil répétiteur est un déclenchement à rouages, il faut nécessairement qu’après une annonce, on le ramène à la main à sa position normale et cette opération ne peut plus se faire automatiquement comme avec l’autre appareil.
- Aux passages à niveau, les répétiteurs installés par la Compagnie du Nord sont d’un type différent ; ce sont des appareils à ailettes disposés pour signaler l’approche des trains circulant dans les deux sens, et avertir le garde qu’il ait à fermer ses barrières, si cela n’est déjà fait.
- Ainsi que l’indique la figure 72, l'appareil se compose d’une boîte en fonte F, contenant deux électro-aimants Hughes A, A', dont la palette B maintient, quand elle est normalement en contact, un voyant H, dans une position presque verticale, mais un peu inclinée dans le sens de la chute. Quand un courant de sens contraire à l’aimantation de l’aimant Hughes, passe dans les bobines, la palette se détache, le voyant entraîné par son propre poids, apparaît horizontal, en dehors de l’appareil, par une fente ménagée à cet effet dans la paroi en fonte de la boîte. La figure indique cette position pour le voyant H'. Chaque bras correspond à une des deux voies.
- Quand un bras est apparent, sa palette B' est relevée et sert à établir le contact entre les deux lames de ressort R, R' auxquelles sont reliés les deux pôles d’une pile locale, de sorte que la sonnerie S ou S' se met à linter avec un timbre distinct, selon le sens de la circulation du train annoncé.
- Le courant qui fait fonctionner chaque petit bras est envoyé du poste précédent dans le sens de la marche du train, au moyen d’un commutateur spécial, actionné par la contre-manivelle de la boîte n“ 1, comme il a été dit plus haut.
- Une fois le train passé, le garde-barrière relève à la main, le bras, qui se réenclenche de lui-même.
- Nous sommes arrivé au terme de l’énumération des modifications et additions accessoires, successivement apportées à l’appareil primitif de Lartigue. Il nous reste à parler de deux derniers perfectionnements tout récents qui contribuent à le rendre à peu près parfait.
- Dépendance des sections. — Nous avons indiqué au début de cette étude que ia possibilité de débloquer à l’arrière sans être obligé de bloquer à l’avant, ou, en d’autres ternies, l’indépendance des sections successives, est un inconvénient ou du moins une lacune, quand il s'agit d’assurer le passage de trains qui se succèdent régulièrement; que la faculté de séparer ces deux manœuvres est, au contraire, un avantage quand il s’agit d’assurer le" dépassement de certains trains par d’autres trains à marche plus rapide.
- Les inventeurs des électro-sémaphores et ceux qui en ont fait l’application sur le réseau du Nord
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- ont pensé que l’avantage était plus grand que l’inconvénient n’avait d’importance, et ils ont franchement adopté l’indépendance des sections, qui leur paraissait d’autant moins à redouter que, ' sur ce réseau, les sections ont à peine 2 kilomètres de longueur en moyenne, et que la présence simultanée de deux trains dans la même section est un fait exceptionnel ; que, par conséquent, la possibilité de manger un train, qui est plus à craindre avec l’indépendance des sections, était improbable.
- Toutefois, dans le but de donner aux électro-sémaphores toutes les qualités théoriques que l’on peut désirer et qui, pour quelques postes placés dans des conditions tout à fait spéciales, peuvent être d’une réelle utilité, le service télégraphique de
- la Compagnie du Nord a reçu la mission d’étudier un appareil complémentaire, capable d’assurer la dépendance des sections, d’empêcher le garde de manger aucun train et de rendre possible, dans les gares, le dépassement de certains trains, sans que le garde du poste sémaphorique intervienne lui-même pour détruire la dépendance des sections.
- Après bien des essais infructueux et d’inutiles tentatives, ces résultats furent obtenus par M. Eugène Sartiaux, chef du service télégraphique de ladite Compagnie, au moyen d’un dispositif purement électrique, consistant dans l’intercalation d’un appareil complémentaire, tout à fait distinct des boîtes, pouvant se monter sur un poste quelconque ou s’en enlever, sans interrompre le ser-
- vice de ce poste, et sans qu’il soit nécessaire de faire aucune modification aux boîtes de manœuvre (’).
- Cet appareil a été décrit par M. A. . Sartiaux, ingénieur, sous-chef de l’exploitation de la Compagnie du Nord, dans la Revue générale des chemins de fer (n° de novembre i883 p. 278, PL. XXVI)
- (r) Le même problème, posé à MM. Mors, constructeurs des électro-sémaphores, a été résolu par eux, d’une manière élégante, en ajoutant à l’intérieur des boites de manœuvre, à la circonférence du commutateur inverseur, des contacts supplémentaires, et sur l’axe du commutateur, un doigt de buttée, disposé de manière qu’il ne soit pas possible de manœuvrer la manivelle n° 2, pour débloquer une section, qu’après que la manivelle n° 1 a effectué sa rotation, c’est-à-dire, après qu’on a bloqué la section suivante. Pour des appareils en service, l’inconvénient de cette solution très simple était de nécessiter leur rentrée aux ateliers pour en opérer la transformation, ce qui n’était pas sans gravité et ne laissait pas que d’être coûteux.
- et nous 11e pouvons mieux faire que d’emprunter les principaux éléments de cet intéressant article.
- Les figures 78 à 76 représentent les vues intérieure et latérale ainsi que le plan de la boîte intercalée en X, comme l’indique la figure 77, entre les deux boîtes de manœuvre x et 2 d’une même direction.
- Cette boîte en fonte est munie sur ses deux faces, de deux manivelles Mj M2 (fig. 74) solidaires des contre-manivelles des deux boîtes 1 et 2 ; leurs axes sont dans le prolongement l’un de l’autre, mais ne communiquent que par l’intermédiaire d’organes qui les enclenchent entre eux ou les rendent indépendants suivant les cas.
- La boîte contient :
- i° Une roue en ébonite A (fig. 75) montée sur l’axe de la manivelle solidaire de la boîte n° 1, et
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- munie de deux frotteurs de contact f, f, reliés l’un à la pile et l’autre à un électro- aimant Hughes E
- (fig- 7-3) ;
- FIG, 75. — VUE INTÉRIEURE DE LA BOITE D’ENCLENCHEMENT
- 2° Un levier L mobile autour d’un axe O (fig. 73, 74), sollicité par un ressort antagoniste R et dont l’une des extrémités est l’armateur a de l’électro-aimant E, tandis que l’autre porte un taquet t;
- Boite N?2 Petits ai/e
- FIG. 76. — COUPE HORIZONTALE DE LA BOITE
- 3° Un doigt D monté sur l’axe de la boîte n° 2, et venant butter contre le taquet t quand l’armature a est en contact avec l’aimant E;
- 40 Une tige V, montée sur l’axe de la boîte n° 2, et orientée de manière à ramener le levier L à sa position normale, c’est-à-dire l’armature a en contact avec l’électro-aimant E ;
- 5° Une sonnerie S (tig. 76 et 78), placée dans le circuit d’un fil de ligne, entre une pile et un commutateur G situé à distance du poste sémapho-rique, près du point où s’effectue le garage ;
- 6° Une deuxième roue en ébonite B, munie de deux frotteurs e, e, pour actionner, dans certains cas, un répétiteur d’électro-sémaphore R (fig.
- 79b
- Examinons comment fonctionne cet appareil dans les deux cas où l’on peut être conduit àl’appliquer, c’est-à-dire suivant qu’il s'agit d’un poste de gare où le garage des trains est possible, ou bien d’un poste de pleine voie, où les trains ne sont jamais appelés à se garer.
- I. Poste de gare.—
- Les ailes étant normalement effacées à un poste intermédiaire, supposons qu’un train soit annoncé du poste précédent, de manière à faire apparaître la petite aile; l’axe de la boîte n° 2 tourne, et le doigt D vient butter contre le taquet t du levier L,qui l’empêche d’aller plus loin. Il est dès lors impossible au garde d’achever la rotation de la manivelle n° 2, c’est-à-dire desupprimer l’annonce du train et débloquer la section en arrière.
- Si letrain passe sans se garer, lorsqu’il a dépassé le poste, le garde manœuvre la grande aile; la roue A tourne en même temps que la manivelle de la boîte n° 1 et les frotteurs f, f, reliés ensemble par un contact métallique à la périphérie de la roue, envoient un courant qui désarme l’électro-aimant E. Aussitôt, l’armature a sollicitée par le
- KZ
- SL
- FIG. 77.
- MAT AVEC LA BOITE INTERCALEE
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- ressort R, se déclenche et le levier L oscille, de Sorte que le taquet t dégage le doigt D.
- ‘ A partir de ce moment, le garde peut achever la rotation de la manivelle n# 2 et débloquer la section en arrière; dans ce mouvement, la tige V ramène aussitôt le levier L et l’armature a en con-
- s
- |l [C. 78. — DISPOSITIJX DES CIRCUITS
- tact. Ainsi il faut bloquer la section en avant pour pouvoir la débloquer en arrière, c'est-à-dire que les sections sont dépendantes.
- Si à ce moment, la grande aile étant horizontale et la section d’arrière venant d’être débloquée, le postejprécédent annonce un second train, la mani-
- 1 U'i. 7<). — 1 NTLRCALATl O N DUS ULPKTITLUK
- velle de la petite aile se trouve de nouveau enclenchée par la buttée du doigt D contre le taquet t. Par conséquent le garde ne peut supprimer cette annonce et débloquer en arrière, bien que la grande aile de son sémaphore soit à l'arrêt pour couvrir le premier train
- (>) Nous avons vu que l’appareil Siemens et Halske ne donnait pas cette garantie.
- 11 ne pourra le faire que quand le poste suivant l’aura débloqué en faisant tomber la grande aile et qu’après que cette grande aile aura de nouveau été mise à l’arrêt pour couvrir le passage du deuxième train, et ainsi de suite, si l’on introduisait successivement plus de deux trains dans lamême section bloquée. Il faut, en définitive, faire autant de tour de manivelle qu’il est entré de trains, à moins que de laisser les sections bloquées en arrière jusqu’au 11— iu,c poste, ainsi que nous l’avons démontré au début de cette étude.
- Le dispositif que nous venons de décrire réalise donc ce que nous n’avons trouvé dans aucun autre appareil ; il empêche un garde quelconque de manger des trains, sans s’entendre avec les postes correspondants; il faut alors qu’il y ait, au moins chez trois agents successifs, la volonté bien arrêtée de comm etire une irrégularité, et la négligence d’un seul ne peut plus avoir de conséquences fâcheuses.
- FIG. 8.)
- Quand le train ne doit pas dépasser la station et quand il doit se garer, la dépendance des deux sections entre lesquelles est comprise la station, est supprimée, après que le garage est effectué par l’agent qui dirige cette manœuvre de garage. A cet effet, cet agent manœuvre un commutateur à manivelle (fîg. 80), composé d’une boîte en fonte F, fixée à un mur ou à un poteau télégraphique et contenant un cylindre C, en caoutchouc durci, sur la surface duquel est disposé un large contact K en cuivre; trois frotteurs/-, parfaitement isolés, se réunissent deux à deux sur le contact. Le cylindre est mis en mouvement quand on tourne la manivelle M, ordinairement enclenchée par un ressort énergique. Quand l’appareil est dans sa position normale, les frotteurs communiquant avec la ligne et la terre sont réunis ensemble par le contact;'dès
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- qu’on déclenche la manivelle M en surmontant la résistance du ressort Z, à l’aide d’une tige verticale T, dont la poignée P fait saillie à l’extérieur de la boîte, et qu’on tourne la manivelle, les frotteurs reliés à la pile et à la ligne, communiquent ensemble et un courant est envoyé au poste sémapho-rique.
- Ce courant arrive dans la sonnerie S qui se met à tinter et, dans l’électro-aimant E, il produit exactement les mêmes effets que si le garde du poste avait manœuvré la grande aile, c’est-à-dire que le doigt D est déclenché et que l’on peut dès lors débloquer la section en arrière. Dans cette manœuvre, la tige V ramène, comme nous l’avons déjà dit, le levier L à sa position normale, de sorte que les appareils sont prêts à fonctionner de nouveau avec la dépendance des sections.
- Ainsi ce dispositif qui ne supprime la dépendance des sections que pour un seul tour de manivelle, a l’avantage d’être mis hors de la portée du garde qui pourrait en abuser. Pour chaque voie principale, on place un commutateur à tous les points ou centres de groupes d’aiguilles, où les trains peuvent quitter la voie de circulation. Si le garde veut supprimer la dépendance des sections, dans des circonstances où cela constituerait une irrégularité du block System, il faut qu’il quitte son poste et qu’il aille au point où sè trouve un commutateur, souvent à 5oo mètres de là. En plein jour, la surveillance exercée dans la gare rend cette démarche fort improbable et difficilement réalisable; la nuit, s’il ne doit pas y avoir de garage, le chef de gare peut, avant la cessation du service, cadenasser lui-même le commutateur de manière à en interdire l’usage.
- Il ne nous paraît pas qu'il soit possible de trouver une solution qui soit plus simple et qui se plie mieux aux exigences si variées du service des gares, exigences auxquelles il est notoirement impraticable de donner satisfaction avec une simple formule mathématique.
- Au-delà de ces précautions, il n'y a plus que l’emploi des contacts fixes : rien n’empêcherait d’ailleurs de les appliquer à l’appareil d’enclenchement dont nous venons de donner la description. Il suffirait pour cela, de doubler l’électro-aimant E de manière qu’il ne déclanchât le levier L que sous l'action supplémentaire d’un courant, produit par le passage du train sur le contact fixe ; dans ces conditions, pour pouvoir débloquer la section en arrière, il faudrait non seulement que la grande aile eût été manœuvrée, mais encore que le train eût réellement quitte la section. Ces quelques mots suffisent pour prouver que la chose est possible avec l’appareil du Nord, mais ils n’infirment pas les réserves que nous avons faites au commencement, en discutant l’application des contacts fixes au block System.
- Enclenchement avec le disque à distance. — Ce dernier perfectionnement n’est pas un élément essentiel du programme du block System ; cependant il vient en compléter utilement les dispositions, et c’est à ce titre qu’il doit trouver sa place ici.
- Le règlement prescrit de mettre à l’arrêt le disque à distance précédant un sémaphore, tant que la grande aile est horizontale. Cette précaution est justifiée par la nécessité de prévenir un mécanicien qu’il va trouver un signal d’arrêt et qu’il doit prendre ses mesures pour ne pas dépasser ce signal. Il est certain qu’on se mettrait à l’abri d’une erreur, si peu probable qu’elle soit, s’il était possible d’enclencher le disque à distance avec le sémaphore, de manière que la grande aile ne puisse être amenée à la position horizontale, pour couvrir un train, sans que le disque qui la précède ait été préalablement mis à l’arrêt.
- Comme le disque à distance du sémaphore est, dans les stations, destiné à couvrir, en outre, les manœuvres effectuées sur la voie principale, il est nécessaire qu’il puisse être mis à l’arrêt indépendamment de la grande aile; il faut aussi que, quand on l’a mis à l’arrêt pour cette raison, et qu’on l’efface ensuite, après que les manœuvres sont terminées, les appareils se remettent en place pour que l’enclenchement fonctionne dans les conditions normales.
- La solution de ce problème a été réalisée dès l’Exposition de t88i, par MM. Mors, constructeurs, au moyen d’un dispositif purement mécanique. Un plateau de fonte, monté sur l’axe de la boîte n° i et échancréàsa circonférence, était enclenché dans sa position normale par une tige dépendant du levier du disque à distance. Quand on mettait ce disque à l’arrêt, la tige s’abaissait, dégageait le cran du plateau, et l’on pouvait alors tourner la manivelle de la boîte n° i. A partir de ce moment, l’on ne pouvait plus effacer le disque,'la tige buttant contre la partie pleine de la circonférence du plateau. Quand la grande aile était déclenchée, l’échancrure du plateau, venait, dans le mouvement de rotation de la manivelle, se placer en face de la tige, ce qui rendait possible l’effacement du disque.
- Il est facile de se rendre compte, d’après cette courte description, que l’appareil en question était très lourd, très coûteux, d’une installation à peu près impraticable sur des postes déjà en service, et c’est pour ces raisons qu’il n’y a pas été donné suite.
- La solution électrique imaginée par M. Eugène Sartiaux, chef du service télégraphique, au chemin de fer du Nord, est beaucoup plus simple et plus élégante. Elle forme d’ailleurs, pour ainsi dire, le complément de l’appareil d’enclenchement électrique entre les boîtes, auquel il faut se reporter pour bien comprendre cette addition. Au levier du
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- disque est adaptée une sorte de serrure, communiquant par un fil électrique avec cet appareil d’enclenchement. A côté du commutateur en ébonite A, monté sur l’axe de la manivelle n° i et dont les frotteurs envoient le courant qui déclenche la ma-nivelle n° 2, est ajoutée, sur le même axe, une deuxième roue en ébonite a (fig. 81) sur laquelle frottent quatre contacts c,c,c,c qui sont deux à deux en relation avec l’électro-aimant delà serrure du disque.
- Sur l’axe de ce deuxième commutateur a est calé
- FIG. Sr.— BOITE d’enclenchement avec le disque
- un doigt de buttée E, normalement enclenché par le levier F G qui peut osciller autour de l’axe H, et dont l’extrémité G est la palette de l’électro-aimant I commandé par la serrure du disque.
- Quand on manœuvre le levier du disque, poulie mettre à l’arrêt, ou pour l’effacer, la tringle J (fig. 82, 83), solidaire du levier, prend un mouvement de va-et-vient dans le sens longitudinal, et par conséquent le doigt K, qu’elle porte fixé sur elle, fait faire un demi-tour, toujours dans le même sens au moyen d’une rainure hélicoïdale, à un cylindre L, portant à l’une de ses extrémités, deux roues concentriques M„Ma, sur chacune desquelles frottent les contacts N, N'.
- Si l’on met le disque à l’arrêt, la roue M2 et ses deux frotteurs envoient un courant dans l’électro-aimant I de l’appareil additionnel du sémaphore, ce qui a pour effet de faire osciller le levier FG dans le sens de la flèche, de dégager le doigt de buttée E, et, par conséquent, de permettre au garde de manœuvrer sa grande aile. Ainsi celle-ci reste enclenchée tant que le disque est effacé : il faut donc commencer par mettre le disque à l'arrêt.
- Dans le mouvement de rotation obtenu pour la manœuvre de la manivelle de la boîte n° 1, le commutateur a envoie un courant dans l’électro-aimant O de la serrure du disque, ce qui a pour effet d’attirer la palette P et de dégager le verrou Rjdu cran Q, où il enclenchait le secteur T sous l’action
- FIG. 82. — SERRURE ÉLECTRIQUE DU LEVIER DU DISQUE
- du ressort antagoniste S; aussitôt le système T T, sollicité par le ressort r, tourne autour de l’axe T, pénètre dans l’échancrure Z, pratiquée sur la tringle J, solidaire du levier du disque, et qui a été
- SERRURE ELECTRIQUE DU LEVIER DU DISQUE
- amenée précisément en face de T dans le mouvement de mise à l’arrêt de ce disque. En outre, la palette P R, sollicitée par le ressort R enclenche en Q’ le secteur T, de sorte que le garde ne peut tourner la poignée V pour dégager la tringle J et manœuvrer le disque à sa volonté.
- Dès lors le disque est enclenché et il ne pourra plus être remis à voie libre que quand l’aile du sémaphore retombera, effacée par le poste suivant. Quand ce fait se produit, les deux autres frotteurs
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- contre lesquels glisse le commutateur a, envoient un second courant, permanent cette fois, dans la serrure du disque, ce qui a pour effet d’attirer de nouveau la palette PR et de déclencher en Q' le secteur T. Quand le garde juge que le moment est venu de remettre le disque à voie libre, il manœuvre la poignée Y de gauche à droite, dégage le doigt T, du cran Z et ramène en arrière la tringle J, en renversant le levier du disque.
- Dans le mouvement de la poignée Y, les deux lames de ressort », u s’écartent et le circuit de la pile est rompu, de sorte que le courant qui passait dans l’électro-aimant O, cesse d’y passer; la palette PR reprend sa position initiale et enclenche le secteur T en Q.
- En outre, quand on ramène la tringle J en arrière, le second commutateur M,, monté sur l’axe du cylindre M à rainure hélicoïdale tourne et envoie, grâce aux frotteursN,N', un courant passager dans un électro-aimant X ajouté à l’intérieur de la boîte d’enclenchement de l’électro-sémaphore, ce qui a pour effet de rappeler le levier FG et de le remettre en contact avec l’aimant Hughes, en même temps que l’enclenchement de la grande- aile est rétabli comme au début.
- Grâce à cette disposition, on peut manœuvrer le disque indépendamment du block System et sans que cela ait aucune influence sur le dégagement de la grande aile du sémaphore.
- Cet appareil est à l’essai et paraît devoir donner des résultats très satisfaisants.
- (A suivre.) M. Cossmann.
- COURBES CARACTÉRISTIQUES DES
- LAMPES A INCANDESCENCE
- Nous avons analysé dans notre dernier article, (J) l’étude de MM. Ayrton et Perry parue dans le Philosophical Magazine du mois d’avril. La livraison suivante de cette Revue contenait un long travail de M .F. A. Fleming, sur le même sujet (s).
- Suivant l’auteur, il faut considérer quatre variables : la différence de potentiel, la résistance, le pouvoir éclairant et la durée. — Les deux premières grandeurs sont seules susceptibles d’une détermination satisfaisante, quant à la troisième, elle est encore mal définie, tandis que la quatrième n’est qu’une moyenne d’observations insuffisantes jusqu’ici.
- On peut se proposer de rechercher la relation qui unit deux quelconques de ces grandeurs et en
- (>) Voy. la Lumière Électrique, t. XVII, p. 10 et p. 60.
- (2; On the Characteristic Curves and Surfaces of Incandescence Lamps. — Philosophical Magazine. Mai i885, p. 368.
- déduire ce que M. Fleming appelle les courbes caractéristiques de la lampe.
- Les deux caractéristiques les plus importantes seraient celles qui relient d’une part la force électromotrice et le rendement (nombre de bougies par cheval), d’autre part, la différence de potentiel et la durée. L’auteur leur donne le nom de caractéristiques principales. Il ajoute que l’on obtient encore trois courbes utiles, en considérant le pouvoir lumineux en fonction de l’intensité, ,1e pouvoir lumineux en fonction de la différence de potentiel, enfin la différence de potentiel en fonction de la résistance, et il appelle ces courbes des caractéristiques subsidiaires.
- Il poursuit de la manière suivante :
- « Puisque la durée et le rendement varient en même temps que la différence de potentiel, la relation qui unit ces trois quantités ne saurait être représentée que par une surface, que l’on peut appeler la surface caractéristique de la lampe.
- « Considérons un système de trois axes de coordonnées sur lesquels nous porterons la durée, le rendement et la différence de potentiel. Traçons dans le plan des xy la courbe qui représente la relation entre la différence de potentiel et la durée, et dans le plan des xz la courbe de la différence de potentiel en fonction du rendement — Traçons ensuite pour différentes valeurs v,, v2,v3, de la différence de potentiel, les deux autres coordonnées correspondantes,et complétonslesrectangles ayant ces différentes paires de coordonnées pour côtés. On voit que ces rectangles sont les sections o rtho-gonales d’un solide limité par les plans xy et xz et par deux surfaces cylindriques dont les traces dans ces plans sont les caractéristiques d et r. On peut dire que la surface de ce solide est la surface. caractéristique de la lampe. On voit que l'aire de la section droite parallèle au plan yz croît graduellement jusqu'à un maximum, pour décroître ensuite. Ceci tient évidemment à cette circonstance que, pour une force électromotrice nulle, la
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- durée est infinie et le rendement nul, tandis que pour une force électromotrice très élevée, la durée est nulle et le rendement maximum.
- . « Or, l’aire de la section, qui est maximum pour une certaine valeur v2 de la force électro-motrice, représente le produit de la durée par le rendement (ou le nombre de bougies par cheval); c'est-à-dire le plus grand nombre de bougies horaires que l'on puisse obtenir par cheval, aussi, la valeur du produit dr, est-elle une quantité très importante. J’appellerai cette valeur maxima de dr, le module principal de la lampe, parce que l'on évalue la valeur commerciale d'une lampe en divisant le nombre qui représente son module principal par le prix de cette lampe. — On prendra le prix de revient ou Je prix de vente, suivant que l’on se placera, au point de vue du fabricant ou du consommateur. Le produit dr est lui-mème une fonction de la force électromotrice. Il est important de déterminer la valeur de la force électromotrice qui rend ce produit maximum. C'est la pression qu'il faut faire subir à la lampe, pour réaliser la plus grande quantité de lumière possible pour une dépense d'énergie donnée dans lalampe. »
- Les passages en italique sont ceux sur lesquels nous avons quelques réserves à faire.
- En premier lieu, la dprée et le rendement n’étant pas reliés à la différence de potentiel par une seule fonction, mais étant, au contraire, séparément fonctions de la tension, la figure géométrique qui représente la dépendance de ces trois quantités ne sera pas une surface, mais bien une courbe. Aussi la surface comprise entre les deux cylindres projetants et deux plans de coordonnées, à laquelle l’auteur donne le nom de surface caractéristique, ne nous paraît-elle pas, à vrai dire, présenter des particularités bien caractéristiques.
- En second lieu, le produit dr partant de la valeur o X co qui est indéterminée, rien ne permet de supposer à priori qu’elle commence par croître pour passer par un maximum. — Cela est si vrai que, si nous prenons pour représenter les deux caractéristiques principales, les équations admises par l’auteur lui-même, ainsi que nous le verrons plus loin, nous aurons, en conservant nos notations habituelles, pour la durée D en fonction de la différence de potentiel E,
- o: D=é’
- et pour le rendement ou le nombre de bougies B par cheval (') en fonction de E
- (•) Ainsi que nous l’avons fait remarquer, le rendement B ou p est l’inverse de l’équivalent mécanique. On aura donc
- suivant qu’on prendra pour unité le cheval-vapeur ou le watt.
- (2) B = K' E4,
- K et K' étant des constantes. Le module de la lampe est BD et l’on déduit des deux équations précédentes
- (3)
- BD —
- K It'
- Eüi ’
- Lorsque E = o, le produit BD est infini. Il décroît ensuite constamment jusqu’à zéro, lorsque E croît vers l’infini et ne passe donc jamais par un maximum.
- Pour M. Fleming, le module représente le plus grand nombre de bougies horaires que l’on peut obtenir par cheval, ou encore, la plus grande quantité de lumière réalisable pour une dépense d’énergie donnée dans la lampe.
- Nous ne parvenons pas ici à saisir la pensée de l’auteur, car nous ne voyons pas comment le nombre de bougies par cheval peut dépendre de la durée des lampes. D’un autre côté, pour une dépense d’énergie donnée dans la lampe, il n’y a aucune limite théorique à la quantité de lumière émise. En effet, dans ces conditions, la quantité de lumière sera proportionnelle au nombre de bougies par cheval :
- Or
- 1 _36oo _ 36oo ut<?(t) C)
- ^ Q 736" 0> "t36 ^ ~fît) ’
- et l’on sait que la fonction yyy croît indéfiniment
- avec la température, et par suite aussi avec l’éclat, du moins dans les limites des expériences faites jusqu’à ce jour.
- Enfin, suivant l’auteur, le module, divisé par le prix de la lampe, donnerait la valeur commerciale de la la lampe. Cela encore est inadmissible.
- Il est évident que le critérium de la valeur commerciale d’une lampe est le prix de revient de l’unité de lumière. Nous avons vu que, lorsque, ainsi que le fait M. Fleming, on ne tient compte que de la durée et du rendement, le prix de la bougie horaire est représenté par :
- ou
- b ü
- + u/„
- tandis que l’expression préconisée par l’auteur
- (>) Voy. la Lumière Électrique, t. XVI, p. 546, col. 1, note 2, et co). 2, formule (S).
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- pour définir la valeur commerciale d’une lampe est :
- BD _ _D P ~ üp'
- Nous ne savons en vérité quel sens théorique ou pratique y rattacher.
- Ceci posé, nous allons chercher avec l’auteur quelles sont les équations qui se prêtent le mieux à la représentation algébrique des différentes caractéristiques.
- i° Courbe de la durée en fonction de la différence de potentiel : D =/(E). — L’auteur rapporte qu’il a pu prendre connaissance en Amérique d’une grande quantité d’observations faites dans le but de déterminer la relation entre la durée et la différence de potentiel des lampes Edison, dans le voisinage de ioo volts. La courbe obtenue était une exponentielle de la forme :
- (4) D = K E
- K et a sont des constantes.
- Pour une lampe de io5 volts, a était égal à 25.
- Les courbes présentées à l’auteur s’étendaientjus-qu’à des valeurs telles que 11.793 heures, ce qui correspond à un fonctionnement sans arrêt de 491 jours ou x an et 4 mois. Avec dix heures de travail par jour, il aurait fallu plus de 3 ans pour atteindre ce chiffre.
- Il semble difficile d’admettre que l’on ait pu exécuter un nombre suffisant d’expériences d’une pareille durée pour pouvoir en tirer une moyenne. Il est donc probable que la partie extrême de la courbe était calculée et non déduite de l’expérience.
- L’auteur compare les résultats obtenus en Amérique avec ceux publiés par M. Foussat. A cet effet, il met l’équation (4) sous la forme :
- (5) log D — logD, = — a (Iog E — log E, ), d'où
- _ (logD-logP.) 0)
- (logE — log E,)
- Puis il calcule d'après le tableau de M. Foussat, les différences successives (log D — log DJ et (log E — log E,), et il calcule les valeurs correspondantes de a.
- La moyenne de ces valeurs est 25.4. Elle est sensiblement d’accord avec celle adoptée en Amérique.
- Pourtant l’auteur trouve que la courbe exponentielle ci-dessus ne donne qu’une approximation assez grossière; aussi recherche-t-il une formule
- (') Nous ne savons pourvoi l’auteur écrit logD — log D, a~ loglCE— logKE,’
- puisque cette forme de l’équation (4) a précisément pour but de faire disparaître le coefficient K.
- qui puisse représenter le phénomène avec plus de précision. Il rappelle à cet effet que les tables de mortalité dressées par Carlisle donnent pour toutes les périodes de l’existence humaine, la durée moyenne du temps qui reste à vivre déduite d’un grand nombre d’observations.
- Pour déterminer par le calcul le nombre probable d’années e que l’on a à vivre à un âge donné x, on peut employer une formule empirique de la forme
- (7) e = a -J- bx + c.v2.....,
- et l’auteur propose la formule
- (8)
- 10 log e —
- 7.2 —
- x
- 100
- 10000 ' ’
- qui donne les résultats suivants :
- TA15LEAU 1 Vie humaine.
- EXISTENCE PROBABLE EXISTENCE CALCULÉE
- AGE fournie par In
- par la table formule empirique
- 10 48,82 49,60
- 20 41,46 44,00 36,60
- 3o 34,34
- 40 27,61 28,60
- 5o 21,11 14,3 t 20,90 14.00
- 60
- 70 9,i« 9,64
- «0 5,5i 5,54
- 9° 3,28 3,14
- M. Fleming établit d’une manière analogue pour la durée des lampes à incandescence, en fonction de la différence de potentiel, la formule :
- E2
- 19) 10 log D= i35 — E — —--,
- 0 2000
- OU
- I0) D= 10 >5-0.00005E,5
- qui conduit aux résultats suivants :
- TABLEAU II
- Duree d'une lampe à incandescence.
- DIFFÉRENCE de potentiels DURÉE OBSERVÉE d’après M- Foussat DURÉE CALCULÉE par la formule de M. Fleming
- 95 3S3g 35q5
- 96 2749 2751
- 97 2136 2135
- 98 1653 1645
- 99 1289 1277
- 100 IOOO lOOu
- 101 776 785
- 102 602 601
- 103 467 477
- 104 362 375
- io5 281 284
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- 2° Courbe de rendement en fonction de la différence de potentiel : B = ^ (E). L’auteur extrait le tableau III d’un travail du professeur Jamieson (').
- TABLEAU III
- Lampe Edison de 8 bougies, d’après le prof. Jamieson.
- POUVOIR lumineux b DIFFÉRENCE de potentiel E 1 N T K N S I T É 1
- 5,2 45,9 0,722
- 6,2 46,-7 0,737
- 8,2 48,3 0,770
- 12,9 5i,9 o.85o
- 14,3 53,o 0,874
- 21,3 56,2 0,948
- 25,3 58,0 0,995
- 35,8 61,1 1,060
- 43,8 63,1 1,210
- Il calcule ensuite les logarithmes de B au moyen de la formule
- (ii) B~746 El’
- et remarque que la différence,
- 4 log E — log B ,
- est sensiblement constante et égale en moyenne à 4,52968.
- Il s’ensuit que, pour la lampe considérée, l’équation qui relie le rendement à la différence de potentiel est
- Le professeurjamieson n’avait opéré que sur des lampes Edison du type de 8bougies; or, toutes les autres données sur lesquelles s’appuie M. Fleming se rapportent à des lampes de 16 bougies.
- Il existait bien, d’autre part, des résultats d’expériences faites sur des lampes Edison de 16 bougies par la Commission de l’Exposition d’Electricité de 1881.
- Malheureusement, la Commission n’avait étudié le-rendement d’une même lampe que pour deux A'aleurs. différentes du pouvoir éclairant et par suite, de là différence de potentiel.
- Voici les résultats obtenus :
- (>) On Tests of Incandescent Lamps, Journal of lhe Society of Telegraph Engineers and Electricians. Vol. XI, p. 164.
- TABLEAU IV
- Comité de l’Exposition de 1881.
- NOM DIFFÉRENCE RENDEMENT
- de potentiel lumineux
- du fabricant E B
- Edison 89,11 98,39 196,4 307,2
- Swan 47,3o 54,21 177,9 262,5
- Lane-Fox 43,63 48,22 173,6 276,9
- Maxim 56,49 62,27 151.3 239.4
- L’auteur admet d’après l’équation déduite des expériences du professeur Jamieson que la loi qui relie le rendement à la tension est de la forme :
- B = K,E“,
- En appelant alors Bt E, et B2 E2 deux valeurs correspondantes de B et de E extraites du tableau IV, on aura la valeur de «. par la formule:
- (13)
- log B, —log Ba log Ei — log Ea’
- On trouve ainsi pour
- Edison . . Swan. . . Lane-Fox Maxim . .
- -x = 4,5, a = 2,9,
- ot = 4,6,
- 3 = 4,7.
- L’auteur admet en conséquence que pour les lampes Edison de 16 bougies, la relation B = ÿ (E) est
- (14) B — K, E4-B.
- 3° Courbe de la durée en fonction du rendement: D=fl (B). Pour contrôler les résultats précédents, l’auteur déduit des équations :
- (K)
- (.5)
- et
- (16) B = (K,) E'"\
- la relation :
- (17)
- D =
- (K.Ky''7) B8-1 ’
- qui indique que la durée varierait en sens inverse de la puissance 5,7 du rendement.
- Or M. Fleming a eu communication en Amérique d’un tableau indiquant la durée correspondant à différents rendements déduits d’un grand nombre d’expériences. Nous le reproduisons ci-dessous'.
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- i5()
- TABLEAU V
- A cet effet, il calcule la valeur de
- j> u n É b R E N D E M E N T
- 11,793 IOO
- 7, l5o 1 IO
- 4,528 120
- 2,974 2,015 i3o
- 140
- 1,403 i5o
- 1,000 160
- 727 170
- 539 180
- 406 190
- 3io 200
- 236 210
- 102 220
- Les chiffres de ce tableau satisfont assez bien à la relation.
- (A')
- (18) 1) =
- L’auteur trouve un accord suffisant entre la relation (18) déduite des observations d’Amérique et la relation (17), déduite des données fournies par MM. Foussat, Jamieson ainsi que par la Commission de l’Exposition de 1881.
- Pourtant ces équations ne le satisfont pas et il considère comme très probable que la relation entre le rendement et la différence de potentiel serait mieux exprimée par une formule de la forme :
- log
- dans laquelle a, p, et y sont des constantes.
- Nous avons vu que, pour la durée, l’auteur a déjà donné la préférence à une formule semblable :
- log D = rt+ b E + c E-.
- On remarquera que le tableau V contient le même chiffre de 11.793 heures auquel nous nous sommes déjà heurté.
- Il est donc probable que le tableau a été calculé en partie et que, par suite, il n’est pas entièrement dû à l’observation.
- 40 Courbe du pouvoir lumineux en fonction de la différence de potentiel', b — 0 (E).
- L’auteur a cherché à vérifier la loi de MM. Ayrton et Perry (*)
- (18 l'is) b=ot(E — p)3.
- (>) La Lumière Électrique, t. XVII, p. 62.
- (•9)
- a
- E-p
- V»
- pour deux lampes de 16 bougies sur lesquelles il a opéré lui-mème ainsi que pour la lampe de 8 bougies du professeur Jamieson.
- Les résultats obtenus, sont enregistrés dans le tableau VI.
- TABLEAU VI
- Vérification de la loi
- E-P
- Vi
- = constante :
- POUVOIR lumineux b DIFFÉRENCE de potentiel E E-p yi OBSERVATIONS
- 16,00 11,50 8,25 4.80 2.80 2,00 105,27 99,56 94,32 90,o3 85,74 81,22 18,80 18,80 18,40 19,00 20,00 19,08 Lampe Edison de 16 bougies n° 1. Mesures de M. Fleming. P = 57,17
- 16,00 i3,oo 9.50 8,25 7,œ 5.50 103,84 ioo,o3 97,65 94,79 92,89 88,12 21,5 21.3 22^4 22.1 22.3 22.2 Lampe Edisou de 16 bougies n° 2. Mesures de M. Fleming. p=5o
- 43.8 35.8 25.3 21.3 14.3 12.9 8.2 6.2 5,2 63.1 61.1 58,0 56.2 53,0 51.9 48.3 46,7 45.9 9,759 9,83i 9,981 9.921 9,937 9,892 9,720 . 9,79» 9,928 Lampe Edison de 8 bougies. Mesures du professeur Jamieson. P = 28,7
- L’auteur observe que la loi se trouve confirmée et que la racine cubique du pouvoir lumineux est très sensiblement proportionnelle à l’excès de la f. é. m. au delà d’une certaine valeur. L’expérience semblerait indiquer, dit-il, que cette valeur est précisément celle que prend la f. é. m., au moment où la lampe commence à émettre une lueur. Cela était évident sur la formule même, car pour
- b =0 ,
- on a
- E = p.
- M. Fleming appelle la différence E — p le nombre
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-
-
- iôo
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- de volts effectifs et il énonce alors la loi de MM. Ayrton et Perry sous la forme suivante :
- La racine cubique du pouvoir éclairant est proportionnelle au nombre de volts effectifs.
- Pourtant l’auteur ne se contente pas de l’équation (18 bis); il préfère la transformer de la manière suivante :
- (20) I log b = log a + log (E — fi),
- puis, développer log (E—(3) en série, ce qui donne :
- log (E — p) = (E — J5 — i) — ^ (E — fi — i)2 (E — [î — i)3... ou en posant
- P+ i =Y:
- (21) log (E -p) = (E - y) - \ (E — Y)t + g (E - y)3, enfin :
- (22) log b = A, + B, (E - y) + C, (E - y)2 + D, (E - y)3, A,, B,, C,, D,, y représentant des constantes.
- mieson où il trouve la formule :
- (2.|) log K = log E -f- IC' R,
- où K et K' sont des constantes.’
- Une observation, même sommaire, dit-il, montre que dans les lampes à incandescence la résistance commence par décroîire rapidement à mesure que la force électromotrice croît ; mais elle finit par atteindre une valeur minima à partir de laquelle elle semble rester constante. Aussi ne pense-t-il pas que la formule (24) soit suffisamment précise, car elle ne montre pas le fait que la résistance tende vers un minimum. Cette particularité se trouvera au contraire exprimée par la formule empirique ci-dessous.
- Désignons par E0 la différence de potentiel correspondant à l’instant où la lampe commence à émettre une lueur et soit R0 la résistance correspondante. Soit encore Rmin la résistance minima vers laquelle on tend lorsque E augmente indéfiniment jusqu’à la rupture du filament.
- L’auteur a imaginé l’équation :
- 5° Courbe du pouvoir éclairant en fonction de l'intensité: b — <p. (I).— On admet depuis les travaux de MM. Kittler, du capitaine Abney et de M. Preece que le pouvoir lumineux est proportionnel à la sixième puissance de l’intensité, c’est-à-dire que
- (25) R = R min + 10 l0s «0 - - K (K -
- et il fait remarquer que pour E — E",
- on a
- (23) b = K21°.
- L’auteur a vérifié cette loi sur sa lampe Edison de 16 bougies n° 1.
- et pour
- on a
- R = R
- E=02,
- TABLEAU VII
- R=R
- : 1).
- Vérification etc la loi : — constante.
- On peut encore écrire la formule (25) de la manière suivante :
- POUVOIR lumineux b 1 N T E X S I T É I
- 16,00 0,7582 2,09
- 11,5o 0,7065 2,12
- 8,25 0,6720 2. 11
- 4.80 0,6203 2,09
- 2,80 0,585g 2,03
- 2,00 0,55i4 2,02
- 6° Courbe de la résistance en fonction de la différence de potentiel : R —/ (E).
- Pour déterminer cette fonction, M. Fleming a de nouveau recours au travail du professeur Ja-
- (26) log (R — R niln) = ïog (Ro - R mi;l) - K (E - E„).
- L’auteur a d’ailleurs soumis cette formule à une vérification, en comparant les résultats qu’elle donne avec ceux observés directement par M. Ja-mieson sur une lampe Edison de 8 bougies. Cette dernière lampe, commençait à émettre une lueur pour E0 = 28,7 volts. La résistance minima R,,,;,, était de 53,5 ohms. Eu adoptant pour K la valeur
- =, on avait finalement :
- ul)
- (27) 5o log (R—-53,5) + (E — 28,7)=5o log 73,4 —53,5 =64,95.
- Les résultats comparatifs de l’observation et du calcul sont consigés dans le tableau VIfl.
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-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 161
- TABLEAU VIII
- Vérification de la loi des résistances.
- (29)
- (30)
- B = K, ES * = Ka I«.
- DIFFÉRENCE RÉSISTANCE RÉSISTANCE
- de potentiel observée calculée
- K R R
- 28,7 73,4 73,40
- 32,7 7M 68,1 70, o5 67,65
- 36,i
- 39.7 66,4 64,7 65,49
- 43,1 63,78
- 45,9 63,7 62,51
- 46,7 63,3 62,19
- 48,3 62,7 61,57
- 51,9 61,0 60,34
- 53,0 60,6 60,00
- 56,2 59,3 59, i3
- 58,0 58,4 58,66 57,98
- 6l , I 57,8
- 63,i S7,o 57,58
- On en déduit d’abord :
- (31 )
- D =
- KK,
- K
- B B L’auteur admet ensuite que (32) b = K:j E®,
- parce que, dans les limites où l’on opère, c’est-à-dire lorsque la lampe a atteint l’incandescence, la résistance varie très peu. Il en résulte que
- (33)
- ^4.1/0 —^4.1/4-
- On voit que la concordance est suffisante, mais l’auteur ne se déclare pas satisfait. Il juge encore probable que la relation de la résistance et de la différence de potentiel serait bien mieux représentée par une équation de la forme
- log (R - R lnin) = A + B (E - E.) + C (E - Eu)*( etc.
- « On conçoit donc, dit-il, la possibilité d’exprimer la durée, le rendement, le pouvoir lumineux et la résistance sous forme de fonctions semblables de la force électromotrice, connaissant certaines constantes, ainsi que la force électromotrice qui correspond à la première lueur, et la résistance minima vers laquelle tend la lampe. »
- Nous avouons ne pas saisir l’intérêt que peut présenter cette forme d’équation à laquelle M. Fleming paraît attacher une aussi grande importance.
- II est d’ailleurs évident, à priori, qu’on peut représenter n’importe quel phénomène physique entre certaines limites, par ces équations particulières, de même qu’on le représenterait non moins bien par des séries toutes différentes.
- Pour des variations de force électromotrice relativement faibles, l’auteur admet que les équations exponentielles sont d’une rigueur suffisante, aussi les adopte-t-il pour la détermination de la différence de potentiel la plus avantageuse, qu’il recherche à l’instar de MM. Ayrton et Perry.
- 7° Recherche de la différence de potentiel la plus avantageuse. —Nous rappelons sommairement les relations sur lesquelles nous nous appuyons.
- Ceci posé, M. Fleming établit pour le prix par bougie horaire la formule bien connue :
- (34) P = - ? /’D ^ B'
- On sait que
- (35) D = K __ I£i.
- B* l
- on aura donc
- (36) 7’D = 1 K, P D î - I •s = m
- (37) B = 1 : Iv“D I = «D
- d’où
- (38) p = = 1Hp D I- I ? -1 + »
- où m et n sont des constantes.
- L’auteur admet encore :
- (3g) n =
- et en déduit
- ,8 — I •;
- (40) P = mpE ? ‘ + « Pi E “ •
- Pour trouver le minimum de P, on prend la dérivée, et on l’égale à zéro, ce qui donne:
- D =
- K
- (40
- ympE '
- r-f- 3 np, E Z = 0.
- (28)
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-
- LA LÜMIÈRE ÉLECTRÏQÜÊ
- fôi
- ou
- (42) ^(P—i)î«/,e 1 r =-«/>,e|
- et enfin;
- Pour que le prix de revient soit minimum, il faut que le rapport des frais de renouvellement des lampes au prix de la dépense d’énergie soit
- P
- Si l’on admet que « = 6 1/4 et (3 = 4 t/6 comme nous l’avons fait jusqu'ici pour les lampes Edison, on a
- P 4
- ot(l —P) 19'
- Le rapport de la dépense des lampes à. la dépense totale est donc de A ou 17,4 0/0.
- On arrive à ce résultat curieux, dit l’auteur, que les conditions les plus favorables de régime sont indépendantes du prix de la lampe et du prix de l’énergie, et qu’il faut simplement faire usage de la force électromotrice qui donnera pour les frais de lampe environ 18 0/0 de la dépense totale.
- Enfin, ajoute-t-il, si au lieu des équations exponentielles approchées dont nous avons fait usage, nous avions introduit dans nos calculs les équations plus rigoureuses que nous avons indiquées plus haut, la différentiation de la valeur de P nous aurait donné une équation en E qu’il aurait fallu résoudre pour avoir la différence de potentiel la plus favorable.
- M. Fleming ajoute, qu’à la fabrique de lampes d’Edison en Amérique, on s’est livré à des calculs qui devaient précisément déterminer pour un certain type de lampe et pour un prix donné du cheval-vapeur, le rapport le plus favorable entre la dépense de remplacement des lampes et la dépense totale.
- Qn a précisément trouvé 16 0/0, et l’auteur remarque avec satisfaction l’accord qui existe entre ce résultat et celui auquel lui-même est arrivé.
- Nous croyons pourtant qu’il ne faudrait pas s’en exagérer la portée.
- En premier lieu, nous ne possédons aucune
- donnée sur le calcul américain ; nous ne pouvons donc accepter le chiffre de 16 0/0, qu’à titre de renseignement empirique et sous bénéfice d’inventaire.
- En second lieu, les calculs de M. Fleming lui-même, ne sont pas à l’abri de toute critique, ainsi que nous allons le faire voir. La coïncidence des deux résultats obtenus ne peut donc guère être que fortuite, car si elle était motivée, elle indiquerait seulement que les calculs d’Amérique ne reposaient pas sur des données beaucoup plus certaines que ceux du savant anglais.
- En effet, la formule (34) qui sert de point de départ à M. Fleming, omet de tenir compte, ainsi que nous avons eu occasion de le faire remarquer plusieurs fois au cours de cette étude, de l’amortissement du matériel et de l’énergie dépensée dans les conduites. Elle est donc essentiellement incomplète.
- Puis les lois admises par M. Fleming pour relier la durée à la différence de potentiel, ou àu pouvoir éclairant ou encore au rendement, sont déduites d’un nombre d’observations beaucoup trop faible pour pouvoir être acceptées sans réserve. Ensuite, les observations mêmes que nous possédons actuellement sont tellement contradictoires, ainsi que nous l’avons montré à propos du travail de MM. Àyrton et Perry et de celui de M. Dietrich, que la légitime méfiance qu’elles seraient de nature à inspirer par elles-mêmes s’en trouve singulièrement accrue.
- En réalité, malgré le nombre de courbes et de tableaux qui ont été publiés jusqu’ici sur le fonctionnement des lampes à incandescence, les données les plus essentielles font encore défaut. C’est là la raison pour laquelle les équations, même les plus complexes, n’ont encore conduit à aucun résultat sérieux, et ne sont à vrai dire, que des développements mathématiques assez stériles.
- Géza Szarvady.
- LES
- MACHINES A VAPEUR RAPIDES
- (Deuxième article. — Voir le numéro du 11 juillet 188S.)
- MACHINES A SIMPLE EFFET
- Mégy.
- Les figures 18 à 24 vont nous permettre d’exposef le fonctionnement de la machine de M. Mégy.
- La distribution s’opère au moyen de deux tiroirs ou distributeurs tournants concentriques; l’un E, figuré en doubles hachures, tourne de pair avec la
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-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- i63
- moteur; l’autre F ou tiroir de détente, ne se déplace que sous l’action du régulateur.
- La vapeur admise à l’intérieur du tiroir de détente F passe au tiroir principal, qui l’admet aux cylindres par ses lumières E', puis l’en fait échap-
- per comme en GV (fig. 21). On voit que l’admission est réglée par la position relative initiale des lumières E' et F' (fig. 18 à 21),des deux tiroirs. Le régulateur modifie cette position en faisant pivoter, par K L H, le tiroir de détente. Le manchon L. est ac-
- tionné, comme 011 le voit sur les figures 20 et 21, par la force centrifuge des poids R (fig. 19), malgré les ressorts o.
- Enfin, on remarque cette circonstance favorable à sa durée, que le tiroir de détente doit tourner
- d’autant moins vite que ses lumières E' sont plus nombreuses ; dans le cas figuré, il tourne quatre fois moins vite que le moteur.
- La figure 24 indique comment un seul de ces tiroirs peut alimenter quatre cylindres au lieu de
- FIG. 20 ET 21. — MÉGY. COUPE PAR L’ARBRE MOTEUR. DETAIL DU REGULATEUR ET DE LA DISTRIBUTION
- deux, en doublant le nombre des lumières de sa glace D.
- Si l’on veut marcher en compound (fig. 23 et 24), la glace enveloppe D porte trois lumières, une pour l’admission à haute pression sous le piston, dans
- l’espace annulaire X, l’autre pour l’admission de la détente de X au-dessus du piston, et la troisième pour l’échappement en Y.
- Le distributeur de M. Mégy, entièrement équilibré, a l’avantage de donner, avec des espaces nui-
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- 164
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- sibles diminués, des admissions très vives et des échappements largement ouverts.
- Une de ces machines simples, construites par Sautter, Lemonnier et C:% et muni d’un régulateur différentiel analogue à ceux de Marcel Deprez, fonc-
- tionne avec succès pour l’éclairage électrique du Richelieu (*).
- Westinghouse.
- M. Westinghouse a proposé, pour sa machine
- ET 23. — MÉGV. MOTEUR COMPOUND
- que nous avons décrite dans le numéro du 19 avril 1884, un régulateur analogue à celui d’Ârmington (') et composé (fig. 25 à 29) de deux poids P et P' entraînés par leurs tourillons A et A' dans la rota-
- tion du disque D, solidaire de l’arbre moteur, et retenus contre leur force centrifuge par les ressorts
- P) Revue industrielle, i3 août 1884.
- R et R', articulés en r et r' à ce même disque D. Les poids P et P' s’équilibrent par la liaison de
- WESTINGHOUSE. REGULATEUR. VUE PAR BOUT
- leur bielle b, de sorte que leur écartement est indépendant de leur pesanteur. L’un d’eux, P,
- (*) Lumière Électrique du 29 mars 1884.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 165
- actionne par la bielle pe l’excentrique de distribution E, mobile autour de l’axe E'.
- FIG. 26. — WESTINGHOUSE. RÉGULATEUR. ÉLÉVATION
- I Les figures représentent le régulateur au repos, I déterminant, à la mise en marche, une admission de
- /. — WESTINGHOUSE. RÉGULATEUR. COUPE DIAMETRALE
- 60 °/0, tandis qu’en marche normale l’admission est réduite au quart environ de la course. L’action de ce régulateur est très sensible.
- Chandlers.
- La machine de Chandlers (fig. 28 et 29), d’un aspect analogue à celle de Watts (*) est remar-
- FIG. 28 ET 29. — CHANDLERS
- quable par l’emploi, pour chaque cylindre, de deux tiroirs cylindriques, l’un pour l’admission et l’échap-
- PUISSANCE au frein DIAMÈTRE du cylindre NOMBRE de tours HAUTEUR SURFACE de base
- 4ch 1/2 I00mm 1100 66omm 355mmX 5io
- 7 1/4 i3o 1000 710 35S x 5io
- 12 16S 800 760 4OO x 660
- 20 200 700 810 460 x 810
- pement et l’autre pour la détente, actionnés par des excentriques séparés e et a. L’échappement anticipé à lieu directement, par les trous t, que le piston découvre avant la fin de sa course.
- La vapeur d’échappement sort de l’enveloppe par E, E', et laisse condenser en B de l’eau qui vient, par c, c, maintenir automatiquement le niveau du bain d’huile où plongent les tètes de bielle.
- (*) Lumière Électrique du 3 niai 1S84,
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 166
- Le tableau de la page précédente (Engineering, 16 janvier i885) contient quelques données numériques sur les types Chandlers à deux cylindres.
- Lowrie.
- La distribution de la machine de Lowrie s’opère
- (fig. 3oet 31), comme celle de Turner (l) par un tiroir G, mû par les oscillations de la bielle D, terminée par une came D', à galet G', sur laquelle le tiroir est constamment appuyé par la vapeur.
- L’admission est coupée au tiers environ de la course. L’échappement anticipé a lieu par les ou-
- FIG. 3o ET 3l. — LOWRIE
- vertures A, lorsque le piston les découvre, puis il s’achève par le tiroir et les orifices B.
- Fielding et Plaît. '
- La machine de Fielding et Platt est fondée,
- FIG. 32. — FIELDING ET I'LATT. PISTONS ET CYLINDRES DÉTACHÉS
- comme celle de Tower (2) sur les propriétés bien connues du joint de Cardan. (3)
- (q Lumière Électrique, du 3 mai 1884.
- (2) Lumière Électrique, du 17 mai 1884.
- (3) The Engineer, 5 juin 1882.
- La croix du joint est formée (fig. 32) par l’ensemble E des quatre pistons c, c,f, f, et les bras par leurs cylindres circulaires C, C et D, D (‘J, articulés par les tourillons H, I,J au cadre des pistons.
- Ces différentes pièces, séparées sur la figure 32, sont représentées assemblées sur les figures 34 et 35.
- La machine fonctionne en Compound, la vapeur
- FIG. 33. — WESTINGHOUSE. — REGULATEUR. — COUPE DE LA FIG. 25
- admise aux petits cylindres C, se distendant ensuite aux grands cylindres D.
- (*) M. Fielding applique depuis longtemps ce genre de cylindres aux riveuses hydrauliques (voy. la Revue générale des chemins de fer, de décembre i883.)
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 167
- La distribution s’opère par les tiroirs tournants K et L.
- Les figures 36 et 37 indiquent les positions successivement occupées par les differentes pièces de
- FIG. 34. — PLAN
- la machine, pendant l’accomplissement d’un demi-tour dans le sens des flèches.
- Dans la position de la figure 36, la vapeur est admise au petit cylindre inférieur et s’échappe du cylindre supérieur; les gros pistons sont à demi-
- FIG. 35. — COUPE VERTICALE
- course, celui d’avant recevant la vapeur du petit cylindre supérieur, et l’autre, caché sur la figure, étant ouvert à l’échappement.
- De la position (fig. 36) à la position (fig. 7),
- l’arbre moteur A fait un huitième de tour, de à 38, un second huitième est dé 38 à 39, le troisième huitième de tour.
- Les arbres A etB font un angle de 167°, de sorte
- [fig. 36 A 39. — FIELDING ET PLATT. ÉVOLUTION d’üN DEMI-TOUR
- que l’irrégularité du tourillon B est de 0,13 environ.
- Tous les organes de cette machine sont enveloppés dans une chambre cylindrique.
- La machine de MM. Fielding et Platt fonctionne
- régulièrement à l’Exposition des inventeurs, de Londres, mais il est à craindre que son entretien soit onéreux, à cause de la multiplicité des joints.
- Gustave Richard.
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- >63
- LA LUMIERE ÉLECTRIQUE
- L’ELECTRICITÉ EN AMERIQUE (*)
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- Système Weston.
- La station centrale de Stanton Street que nous avons décrite sommairement dans notre dernier article se trouve sous la surveillance d’un groupe très restreint d’employés. En tout, il y a un mécanicien surveillant la marche des moteurs, deux chauffeurs, un homme de peine pour transporter le charbon, deux mécaniciens pour les machines dynamo-électriques, un homme s’occupant du graissage et dix autres faisant le service extérieur, contrôlant les circuits, remplaçant les charbons dans les lampes et entretenant le réseau en bon état.
- Malgré ce nombre très faible des employés, l’éclairage du réseau fonctionne parfaitement bien. Nous avons passé une nuit à examiner les installations les plus éloignées de la station, nous avons visité les théâtres, les restaurants éclairés par les lampes à arc et à incandescence, nous avons suivi l’éclairage des rues, nous guidant par les conducteurs suspendus sur des poteaux, et partout le service se faisait d’une manière tout à fait régulière et satisfaisante.
- En général, ce qui frappe le plus en Amérique, dans les grandes administrations, dans les usines, c’est que le nombre des employés, des surveillants est très petit, et on peut presque toujours compter que sur notre continent, pour le même service, on en prendrait au moins deux fois plus.
- Comme les grandes stations centrales pour la distribution d’électricité sont inconnues en Europe, nous croyons intéressant de donner les schémas, d’après lesquels se fait le contrôle du service d’éclairage, de manière que chaque matin on soit exactement renseigné sur le fonctionnement de l’éclairage dans la journée précédente. Ces schémas sont assez explicites, pour que nous soyons obligés de faire nos remarques; nous les donnons d’après les originaux mis gracieusement à notre disposition par M. Weston.
- I
- RAPPORT JOURNALIER DU MÉCANICIEN
- U. S. Illuminating Company, 206 et 208, Fulton St.
- Date........... 188
- ' Station F
- Quand le travail a commencé.......................
- Travail en TP indiqué par heure..................
- Pression moyenne des chaudières..................
- Nombre de chaudières en train......
- Nombre de chaudières en repos......
- Quantité d’huile, employée.........
- Quantité de charbon consumé........
- Quantité d’eau évaporée par heure
- Quand le travail a été arrêté......
- Demandes ...........
- Remarques.........................
- Signé...................
- Mécanicien
- II
- United. States Illuminating O.
- RAPPORT JOURNALIER............. ÉTAT DES CIRCUITS
- Station..... N“....... Rue....... New-York....... 188
- Numéros des essais Moment des essais . A la terre A circuit ouvert Numéro du circuit Cause de mauvais fonct:onnenicnt
- III
- Station
- RAPPORT JOURNALIER DU MATÉRIEL REÇU United States Illuminating C°...... 188
- Fournisseur Matériel reçu
- IV
- h. S. Illuminating C°, New-York.
- RAPPORT SUR LES LAMPES A LA STATION N°...... 188
- V
- RAPPORT JOURNALIER SUR L’ÉTAT DES CIRCUITS ET DES LAMPES
- U. S. Illuminating Company, New- York.
- Station............ 1884.
- Ï5 £
- £
- ÏÏ'JS g a O Ë
- J 3
- S.H
- n. u
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- Cl, 3
- E*§
- 0.2 X w
- £
- te
- (*) Voy. les précédents numéros depuis le 4 juillet 1885.
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-
-
-
- FIG. I
- ATELIER d'eMBORINACE A N E \V A R K
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-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 171
- VI
- RAPPORT DU SURVEILLANT....... STATION...
- U. S. llluminaling Company, New- York,
- Sur- Lampes Charbons Cordons Rcmar-
- veillant simple double pris retirés em- ployés souples globes ques
- Vil
- ÉTAT DES LAMPES. — RAPPORT JOURNALIER
- U. S. llluminaling Company. — Station....
- N°...... New-York............ 188 .
- Nom Adresse -d a. * e £ * N* du circuit Circuit fermé Circuit ouvert Temps de visite Etat
- La « United States.Illuminating C° » qui surveille l’éclairage de la ville de New-York dépend de la Compagnie générale des États-Unis, portant le nom : « United States Electric Lighting Company ».
- L’usine centrale pour la construction des machines, des lampes, charbons et accessoires se trouve dans l’état de New Jersey, dans la ville de Newark, située à une quinzaine de kilomètres de New-York.
- Les ateliers Weston couvrent une surface de 10.000 mètres carrés. L’usine est assez large pour occuper en pleine marche 700 ouvriers et produire par jour 100 lampes à arc, 2.000 lampes à incandescence, et un nombre correspondant de machines dynamo-électriques, suffisant pour alimenter ces lampes.
- Les figures 1 et 2 donnent une idée de cette usine. La figure 1 représente la salle où se fait l’embobinage des machines dynamo-électriques.
- La figure 2 représente la salle de construction des lampes et rhéostats (voy. Lum. Él. t. XV, p. 442. Système Weston. Aug. Guerout).
- VIII
- RAPPORT JOURNALIER DU MÉCANICIEN
- Machines dynamos.
- STATION
- N°... Rue........ New-York...... i8...
- U. S. llluminaling Company.
- Commencé à.......... Terminé à............
- Vitesse à l 2 3 + 5 6 7 8 9 10 11 12
- Dynamo n°
- IX
- Les ateliers sont construits de manière à fournir tout le matériel nécessaire pour l’exploitation de l’éclairage électrique. On y fait les grosses pièces, comme les machines, ainsi que les petites, comme les lampes à incandescence, supports, coupe-circuits, instruments de mesures, etc. Un si vaste établissement nécessitait un laboratoire ayant des dimensions correspondantes, pour étudier toutes les applications nouvelles et pour contrôler les appareils sortant de l’usine. Le laboratoire de M. Weston, adjacent à l’usine, est un des plus complets dans son genre. Les courants nécessaires pour l’étude sont fournis par une série de machines spéciales, installées dans une salle à part (fig. 3). A chaque instant on peut obtenir, dans le laboratoire, des courants d’une intensité et d’une différence de potentiel quelconques, par des commutateurs où aboutissent les fils de toutes les machines dynamoélectriques.
- Incandescence.
- RAPPORT JOURNALIER INSPECTEUR N°
- U. S. llluminaling C°. — Station...
- Les recherches du domaine de la physique, les mesures, se font dans la salle représentée par la figure 4. Il y a une salle à part pour le laboratoire de chimie, ainsi que pour l’étalonnage des lampes à incandescence, les pompes à mercure et autres travaux et recherches concernant l’éclairage électrique.
- B. Abdank-Abakanowicz.
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- FIG. 3. — SALI. E DF. S MACHINES DYNAMO-ÉLECTRIQUES AU SERVICE DU LABORATOIRE WEST O N
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- FIG. 4. — LABORATOIRE DE PHYSIQUE
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- 174
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- Réponse à la note de M. Mascart, du 29 juin, et bases de la nouvelle météorologie dynamique, deuxième partie, par M. Faye (‘).
- 3° « On voit souvent, dit M. Mascart, descendre les nuages (lisez trombes ou tornados) ; mais n’est-il pas naturel d’expliquer cette apparence par une condensation rapide de la vapeur d’eau qui se propagerait de haut en bas ? »
- Consultons encore les faits. Tout le monde sait, aux Etats-Unis, que les tornados, cette plaie du pays, sortent à peu près des nues et pendillent d’abord comme une sorte de poche étroite ou de sac. Ils s’allongent ensuite en descendant et ressemblent alors à une trompe d’éléphant. Tant que leur bout inférieur reste en l’air, il n’y a point de dégâts. L’action mécanique commence dès que la pointe a touché le sol. Elle s’interrompt lorsque la pointe se relève tant soit peu, même momentanément (5). On voit alors la trombe, inclinée sur l’horizon, l’embouchure supérieure en avant, poursuivre sa marche à peu près rectiligne sans produire de dommages. Si elle doit enfin disparaître, ce sera en se relevant de plus en plus, et en rentrant, pour ainsi dire, dans la nue. Est-ce là une apparence? Le tornado est-il en réalité formé par un courant ascendant? Non, s’il était ascendant, son action mécanique ne s’interromprait pas ainsi : il n’y aurait que des variations d’intensit é dans les dégâts; on sentirait sa présence au ras du sol, alors même qu’il ne serait pas rendu visible, en bas, par la condensation de la vapeur. D’ailleurs le seul aspect des trombes ou des tornados, je veux dire leur mode d’inclinaison sur l’horizon, prouve que leur descente est bien réelle. Imaginez une colonne d’air montant en s’épanouissant vers le ciel, comme la fumée d’une cheminée. Si l’air ambiant est immobile, ce qui arrive fréquemment, la colonne sera verticale. Pour la mettre en mouvement, il faudra que la base, où se produit l’ascension de l’air, se déplace à la surface du sol; mais alors la partie supérieure de la trombe restera en arrière, à cause de la résistance du milieu aérien. Or c’est justement le contraire qui a lieu : la partie supérieure, l’embouchure évasée du tor-
- (i) Note présentée à l’Académie des sciences, dans la séance du i3 juillet i885 (Voir la Lumière électrique du il et du ï8 juillet i885).
- (!) Le tornado descend ou remonte selon que la gyration supérieure s’accélère ou se ralentit.
- nado ou de la trombe marche en avant, et la pointe reste en arrière. Si, comme cela est désormais prouvé, les trombes sont descendantes, comment s’étonner de ce qu’elles produisent une dépression sur la mer?
- 4° Le dernier point sur lequel M. Mascart veut bien m’interroger est celui-ci : les régions supérieures ne sont-elles pas médiocrement intéressées dans ces mouvements gyratoires?
- Continuons à consulter les faits. M. Colladon a étudié avec soin les deux orages à grêle des 7 et 8 juillet 1875 ('). Ces deux orages ont traversé, en Suisse, des chaînes de montagnes hautes de i.5oo mètres et 2.000 mètres sans que leur vitesse et leur direction aient été sensiblement modifiées. Quelques-unes de ces montagnes étaient couvertes de forêts qui n’ont ni arrêté la grêle, ni modifié la forme ou le volume des grêlons. Le phénomène passait donc bien au-dessus de ces montagnes et n’avait pas sa raison d’être dans les régions inférieures. Notre célèbre correspondant accepte d’ailleurs ma théorie de la grêle, bien qu’il ait cherché un second mode de production.
- Passons aux cyclones. Voici le résultat des observations d’un juge compétent, M. le commandant Bridet, ancien capitaine de port à la Réunion ((i) 2 * (*)).
- « Dans un pays de montagnes élevées comme la Réunion, on doit se demander si la hauteur des montagnes n’est pas une cause d’altération dans la course d’un ouragan, et si un obstacle aussi considérable n’est pas capable d’arrêter ou d’anéantir le météore qui vient s’y heurter.
- « Quant à la course générale, nous savons qu’elle n’est influencée en aucune manière. Nous avons des exemples nombreux de cyclones ayant frappé la Réunion et qui, plus loin, sévissaient à bord des navires sans qu’on pût remarquer le moindre changement soit dans la vitesse de rotation, soit dans l’orientation des vents. Nous en citerons un exemple qui s’est passé sous nos yeux en i86r (suit l’analyse détaillée des observations). Voilà donc un cyclone que nous avons poursuivi pendant plus de 400 milles, sans altération dans sa nature (quoiqu’il ait passé sur la Réunion).
- Cela ne veut pas dire que la baisse du baromètre ait été la même à la cime de ces montagnes qu’au niveau de la mer,car, à cette altitude de 3.000 mètres, plus près de l’énorme embouchure du cyclone, les lentes gyrations supérieures n’intéressent qu’une' épaisseur moindre de l’atmosphère. Les faibles variations barométriques sur le Pikes Peak, ou sur les montagnes de Ceylan, pendant un cyclone, n’ont pas d’autre signification. Ce qui est établi par les
- (!) Comptes rendus, t. LXXXIX, p. 202.
- (*) Bridet, Étude sur les ouragans dans l'hémisphère austral, 3° édition, p. i65.
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- faits précédents, et par bien d’autres du même genre, c’est que les grands orages et les cyclones ne sont pas gênés par des chaînes de montagnes de 2.000 mètres et 3.ooo mètres de hauteur : donc leur siège se trouve bien au-dessus dans l’atmosphère ; il se trouve dans la région même des cirrhus dont l’apparition est d’ailleurs considérée partout comme un signe précurseur des cyclones (* (i)).
- Laissant de côté les prétendus anticyclones (aires de hautes pressions) qui n’ont aucun rapport avec nos mouvements gyratoires, j’ai montré par des faits incontestables que j’aurais pu multiplier beaucoup :
- l° Que les trombes ne pompent pas l’eau de la mer et qu’elles en creusent au contraire la surface ;
- 2° Que les trombes et tornados descendent des nuées : ce n’est pas une illusion, c’est une réalité ;
- 3° Que les grandes gyrations ont leur siège, leur origine et leur cause dans les hautes régions de l’atmosphère, et qu’elles passent par-dessus les obstacles du sol sans en être modifiées;
- 40 Que la gyration des cyclones est mécaniquement liée à leur mouvement de translation.
- Sur tous ces points, les idées (2) de la presque Unanimité des météorologistes sont contredites par les faits; elles doivent être remplacées par celles de l’école nouvelle de météorologie dynamique, dont l’influence se manifeste de plus en plus à l’étranger par des travaux importants (3).
- « En voici une nouvelle preuve. Je traduis, en abrégé, les passages suivants d’un Mémoire de M. le Dr Andries, astronome adjoint de l’Observatoire Wilhemshaven (4). Après avoir montré que les hautes régions de l’atmosphère sont sillonnées de courants aériens, aussi rapides que les plus rapides cyclones, et que la grêle qui accompagne les orages dans les mois chauds tombe sur des bandes de terrain presque toujours parallèles au mouvement de translation de l’orage lui-même, M. Andries continue ainsi :
- « Ces faits sont la condamnation de toute théorie qui cherchera la cause de ces phénomènes dans les couches basses de l’atmosphère, car on ne
- (*) Les grands accidents du sol influent sans doute sur' les phénomènes locaux, mais cette influence ne se fait sentir, sur la marche générale d’un cyclone, que dans les régions septentrionales où les trajectoires des courants supérieurs se rapprochent beaucoup du sol.
- (2) J’ai fait voir la filiation de ces idées : elles dérivent d’un préjugé des anciens marins qui ont raconté, pendant deux ou trois mille ans, que les trombes aspirent et pompent jusqu’aux nues l’eau de la mer.
- (3) Je citerai, entre autres publications, le livre de M. Diamilla-Muller, Le leggi del tempeste (secondo la teoria di Faye); Turin, 1881.
- (*) Ueber Gewilter und Hagelbildilng {Ann. d. Ilydr.) Berlin, ]885, Ilcft III.
- trouvera jamais dans ces couches les courants rectilignes qu’exige leur explication.
- « Les courbes de pression montrent que, dans les tempêtes violentes, les tornados surtout, il se produit une chute rapide du baromètre, suivie d’une hausse plus rapide encore. Or les tornados consistent dans une gyration violente ; de plus, ils sont intimement liés à d’autres phénomènes orageux, tels que la grêle et les averses. Les orages et la grêle se rattachent donc à des gyrations, bien que ces gyrations ne descendent qu’exceptionnellement au-dessous des nuages, jusqu’au sol, sous la forme nette des tornados et des trombes. De plus, la grêle y suit aussi des bandes rectilignes. Si donc les gyrations constituent les tornados, il doit en être de même des orages.
- « C’est une loi fondamentale que des phénomènes intimement associés entre eux ne doivent pas être rapportés à des causes différentes. Or à quelle autre cause que celle qui engendre les gyrations pourrait-on attribuer, à la fois, le mouvement de translation des cyclones et la subite dépression du baromètre? Serait-ce à de grandes précipitations aqueuses, dues à des courants d’air ascendants? Mais le professeur Hann (*) a démontré qu’il n’y a pas de relation nécessaire entre les variations barométriques et les pluies.
- « Malgré l’opinion contraire, les minima ne déterminent pas des pluies abondantes et étendues. De même, les averses les plus fortes sont sans action sur un minimum voisin, pour le déplacer et l’attirer de leur côté. Le baromètre baisse tout autant du côté sud des Alpes, où il ne pleut presque pas, que du côte nord, dans le cercle de Salz-bourg, où régnent des pluies excessives (160 millimètres en quatre jours), et c’est en dehors des régions des grandes pluies qu’il baisse le plus.
- « M. le professeur Hann a étendu ses recherches en Autriche, à d’autres périodes que celle du mois d’août 1880; partout il a'trouvé les mêmes résultats, à savoir que les pluies fortes et de longue durée ne peuvent pas même engendrer un minimum secondaire de pression, ni imprimer à un minimum voisin le moindre mouvement de translation dans leur direction.
- « Ainsi, dit M. Andries, la baisse brusque du baromètre et les tempêtes doivent être rapportées à une cause mécanique et il ne peut s’en trouver de telle en dehors des mouvements gyratoires des hautes régions.
- Les personnes qui sont au courant de ces questions reconnaîtront aisément que les conclusions de MM. Hann et Andries visent l’explication du’
- (i) Voy. la Œslerreichische Zeitschrift ftlr Météorologie,
- Band XVI, Seite 3i2-3i5.
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- mouvement progressif des cyclones, auquel j’ai fait allusion dans ma première note, page 20 (1).
- Maintenant, je demande à l’Académie la permission de résumer en quelques lignes les bases de la nouvelle Météorologie dynamique (2) :
- i° Les cyclones, typhons, pampères, travades, tornados ou trombes, ainsi que les tempêtes, ouragans, bourrasques et orages, qui tous voyagent à grande vitesse dans l’océan aérien et sont associés à une baisse brusque du baromètre, se forment dans les grands courants supérieurs de l’atmosphère, tout comme les tourbillons se forment dans nos rivières, suivent le fil de l’eau et descendent parfois jusqu’au fond, pour l’affouiller en marchant.
- 20 Ces tourbillons n’ont rien de tumultueux ; quelles qu’en soient les dimensions, ils sont réguliers, persistants, de figure conique, à axe vertical et descendants (3). Ils peuvent durer, tout en marchant à grande vitesse (la vitesse réduite du courant où ils se forment et s’alimentent aux dépens des inégalités de vitesse du susdit courant), quelques heures seulement ou bien des semaines entières. Leur translation n’est nullement modifiée, en général, par les obstacles du sol. L’énergie de leur descente se mesure sur celle de leur gyration.
- 3° Les courants supérieurs partent des hauteurs de l’atmosphère, dans la région de l’équateur thermal, et coulent vers les pôles avec une vitesse accélérée, en décrivant sur la sphère des sortes de paraboles dont la concavité est tournée à l’Est. Ces trajectoires sont symétriques par rapport à l’équateur sur les deux hémisphères. Il en résulte que la gyration des cyclones est directe sur notre hémisphère et rétrograde sur l’hémisphère austral. Ces courants s’abaissent vers le sol, ainsi que leurs cir-rhus, à mesure qu’ils s’éloignent de l’équateur : les mouvements gyratoires qui s’y forment, très nets vers les tropiques, s’élargissent, s’affaiblissent, se déforment de plus en plus dans les régions tempérées et disparaissent près des contrées polaires.
- 40 Les mouvements tournants peuvent, en s’ampli-
- (*.) Celte explication ingénieuse, la seule que les météorologistes aient pu jusqu’ici formuler, est basée sur la supposition, évidemment inadmissible, que l’air inférieur afflue à la base du cyclone par des spires convergentes comprenant juste, sur le tour de l’horizon, le nombre de degrés nécessaire pour amener constamment l’air chaud et humide du sud à l’avant du cyclone, et l’air froid et sec du nord à l’arrière.
- (s) On les trouvera exposées en détail dans les notices de l'Annuaire du bureau des Longitudes : i° Défense de la loi ^des tempêtes, 1875; 2® Sur les orages et la formation de la grêle, 1877 i 3° Sur les grands fléaux de la Nature, 1884, p. 802-845; ou dans un grand nombre d’articles des Comptes rendus.
- (3) Leurs spires tournent autour d’axes verticaux, même quand elles se succèdent en formant un cône très incliné sur l’horizon. Lorsqu’elles sont très vastes, l’intérieur peut ne pas participer à la gyration.
- fiant, se segmenter et produire des tourbillons distincts, de même figure, marchant de conserve. Inversement, des tourbillons nés dans le même entonnoir et marchant ensemble peuvent se réunir en un seul et y sommer toutes leurs gyrations respectives.
- Des gyrations parasites peuvent naître dans les immenses spires d’un cyclone et donner naissance à de vastes séries de trombes, de tornados et d’orages, dans les demi-cercles dangereux, un peu à l’avant.
- 6° Les effets mécaniques de ces tourbillons sont toujours et partout les mêmes. Quand ils rencontrent, en descendant, l’obstacle du sol ou de la mer, ils épuisent sur cet obstacle la force vive recueillie en haut dans un vaste entonnoir, et concentrée en bas sur un espace beaucoup moindre ; ils affouil-lent le sol ou la mer à la manière d’un outil qui marcherait rapidement en ligne droite, tout en tournant sur lui-même, à peu près horizontalement, avec une grande violence.
- 70 Les effets physiques dépendent de la constitution du fleuve aérien plus ou moins élevé au sein duquel ces tourbillons ont pris naissance et qui en alimente les gyrations.
- Si le courant supérieur est dépourvu de particules aqueuses plus ou moins congelées, le mouvement gyratoire descendant amène en bas de l’air sec et surchauffé par la compression. De là les phénomènes du fœhn, du sirocco, etc. Si même la gyration est assez énergique (et alors le mouvement gyratoire se propage jusqu’au sol sous forme de trombe), l’air surchauffé, sorti du pied de la trombe au contact du sol, possédera une certaine force ascensionnelle ; il emportera en haut les torrents de sable ou de poussière chassés horizontalement au loin et en tous sens par la trombe; celle-ci devient alors visible par cette poussière dont ses spires s’emparent en la traversant.
- 8° Si le fleuve aérien contient des particules aqueuses et surtout des aiguilles de glace à très basse température, les spires gyratoires seront froides malgré la compression croissante qu’elles subissent en descendent. Elles produiront alors, dans les couches d’air chaudes et humides des régions inférieures, les nuages, les averses, la grêle, le tonnerre. Si une de ces gyrations descend jusqu’au sol, à travers la couche de nimbus, sans que ses spires se désunissent, elle s’entourera d’une gaine légèrement conique de vapeur condensée qui la rendra visible en totalité ou en partie (’). Enfin, l’air froid sorti tangentiellement de la trombe, au contact du sol, ne possédera pas en propre de tendance ascensionnelle comme dans le cas des trombes sèches.
- (‘) Ce sont les faibles gyrations communiquées à cette gaine nébuleuse dans les trombes et l’ascension de ces
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- En terminant, je remercie notre éminent Confrère, M. Mascart, d’avoir bien voulu provoquer ces explications. Elles sont encore utiles aujourd’hui, car les notions élémentaires sur les mouvements gyratoires, même dans le cas le plus accessible, celui de nos cours d’eau, sont fort peu répandues, et tel est, au fond, l’obstacle qui a le plus entravé, au commencement, la propagation de mes idées.
- M. Mascart présente les remarques suivantes à propos des Communications de M. Faye :
- Je tiens à remercier M. Faye d’avoir accueilli mes observations ave une bienveillance particulière, mais je dois avouer que je n’ai trouvé dans ses deux réponses aucun fait démontré qui fût de nature à modifier ce que notre confrère appelle les préjugés des météorologistes.
- J’avais cru traduire exactement les idées de M. Faye par les mots de courant descendant, pour indiquer que l’air irait de haut en bas dans le centre d’un cyclone, sans rien préjuger, d’ailleurs, sur Informe de la trajectoire ; je ne fais aucune difficulté à dire courant gyratoire descendant.
- Après avoir résumé ma Communication, M. Faye ajoute :
- « 11 y manque un trait caractéristique et capital : c’est que les tempêtes, les cyclones, les tornados sont tous, sans exception, animés d’un mouvement de translation rapide... Comment admettre qu’une raréfaction locale se mette à marcher avec une vitesse de 18, i5 ou 20 lieues par heure dans un air immobile et parcoure d’énormes espaces pendant des heures, des jours ou même des semaines entières sans jamais se combler? »
- S’il est admis que tous les mouvements tournants à rotation gauche sont d’une même nature mécanique, et je n’ai aucune raison de ne pas adopter cette manière de voir, il paraît nécessaire, pour en connaître le mécanisme, de s’adresser à ceux d’entre eux qui permettent des observations exactes, c’est-à-dire aux cyclones de quelque étendue.
- En second lieu, je n’ai pas à expliquer comment les dépressions se propagent, ni à répudier ou à défendre les opinions émises sur ce sujet par les météorologistes, mais seulement à chercher quels sont les phénomènes, d’après les observations les plus dignes de foi.
- Enfin le transport rapide d’un cyclone n’est pas une condition nécessaire de son existence. Il arrive souvent qu’une dépression reste pendant plusieurs jours sur le golfe de Gênes. Au mois de novembre 1878, une dépression importante avait son centre : le i3 au Havre (7q5mm), le 14 à Dunkerque (745““),
- vapeurs extérieures qui ont produit si souvent l’illusion d’une aspiration ascendante, et porté le spectateur à croire que l’eau de la mer y monte en tournoyant jusqu’aux nues, lesquelles s’épaissiraient à vue d’œil grâce à ce singulier apport d’eau préalablement dessalée par la trombe.
- le 15 près de Groningue (y35mm); le 16 elle était revenue sur ses pas vers la mer du Nord, à mi-chemin entre York et Groningue (i3omm), où elle était encore le lendemain (745““), et elle s'est comblée sur place. Dans un intervalle de sept jours, le cyclone n’a pas fait plus de 4 kilomètres à l’heure, quoique le vent soufflât en tempête depuis les côtes d’Irlande jusque dans le golfe de Finlande.
- Cette propagation des cyclones dans une direction très différente de la direction moyenne vers le nord-est se présente fréquemment, et il paraît difficile de la considérer comme dominée par les courants supérieurs de l’atmosphère.
- Il ne conviendrait pas non plus de discuter les autorités sur lesquelles s’appuie M. Faye, en tant qu’il ne s’agit pas de faits d’observation. D’après des souvenirs qui remontaient à quarante ans, Colden dit avoir vu sur la mer, à la distance de 3o ou 40 mètres, une cavité de 2 mètres de diamètre entourée par un bourrelet circulaire. Comment l’observateur a-t-il pu s’assurer que le centre du bourrelet était plus bas que le niveau général? Il est vrai que Spallanzani est plus explicite. A l’aide d’une bonue lunette, une trombe lui est apparue comme un voile d’eau qui, s’étant déchiré en plusieurs parties, laissa voir une cavité qui pénétrait de plus de 2 pieds dans la mer. Chacun peut apprécier si ces deux descriptions suffisent pour mettre en doute l’opinion des marins qui ont vu tant de fois des masses d’eau soulevées en cône sur le passage des trombes.
- Pour être assuré que les cyclones ne proviennent pas des régions supérieures, il n’est pas nécessaire de démontrer que le trouble atmosphérique n’atteint jamais une hauteur déterminée, mais seulement que dans un grand nombre de cas il est limité aux couches voisines du sol. Aux exemples que j’ai déjà cités j’ajouterai que des deux cyclones de 1876, étudiés par M. Eliot, le premier a été dévié presque à angle droit au moment où il a abordé la côte et rencontré les monts Ghats, le second a été arrêté par les monts Tipperah, qui 11e s’élèvent pas à plus de 1.200 mètres.
- Quant aux tornados, le catalogue de 600 observations réunies par M. Finley montre qu’ils se manifestent surtout dans les grandes plaines; non ' seulement il n’en existe pas dans les montagnes Rocheuses, mais la région des Alleghanys, dont le plus haut sommet est de 2.000 mètres, est absolument épargnée, tandis que les tornados apparaissent de tous côtés autour de cette chaîne.
- En résumé, laissant à part les aires de pression maximum que M. Faye considère comme en dehors de la question, l’hypothèse d’un courant qui descendrait des régions supérieures dans les mouvements tournants à rotation gauche ne me semble démontrée par aucune observation; en particulier, cette hypothèse paraît inconciliable avec deux cir-
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- constances bien établies : que la pression est maximum au centre d’un cyclone, mobile ou stationnaire, et que de tous côtés le vent horizontal a une composante dirigée vers le centre de la dépression, la direction du vent faisant quelquefois avec les lignes d’égale pression un angle supérieur à 45°.
- Sur la résistance électrique du cuivre à la température de 200° au-dessous de zéro et sur le pouvoir isolant de l’oxygène et de l’azote liquides, par M. S. Wroblewski (').
- M. Clausius, en discutant, en >856, les expériences de M. Arndtsen sur la conductibilité électrique des métaux chimiquement purs à des températures différentes, fit remarquer que la résistance électrique de ces corps doit être sensiblement proportionnelle à la température absolue. Si donc l’on pouvait abaisser la température d’un conducteur métallique jusqu’au zéro absolu, sa résistance s’annulerait, et sa conductibilité croîtrait indéfiniment. Bien que les expériences de MM. Matthi'es-sen et Bose aient rendu peu probable la simplicité de cette relation entre la résistance électrique et la température absolue, j’ai pensé que la conclusion de M. Clausius était digne d’être vérifiée par une expérience faite dans des conditions très différentes.
- Dans ce but, j’ai étudié la résistance électrique du cuivre jusqu’au minimum de la température que l’on peut obtenir à l’aide de l’azote bouillant à la température de sa solidification.
- Les fils de cuivre employés avaient -A-demil-
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- limètre en épaisseur, et ont été recouverts d’une double couche de soie (2). Au moyen de ces fils, j’ai fabriqué de petites bobines dont la résistance à la température ordinaire a varié entre 3 et 20uni-tés Siemens.
- Comme on devait plonger ces bobines dans les gaz liquéfiés, j’ai commencé ces expériences par l’étude des propriétés électriques de l’oxygène et de l’azote liquides. L’expérience a montré que ces corps doivent être rangés parmi les isolateurs les plus parfaits.
- La résistance a été mesurée, d’après la méthode Wheatstone-Kirchhoff, aux températures suivantes: i° La température d’ebullition de l’eau;
- 2 La température ordinaire ;
- 3° La température de la fusion de la glace ;
- P) Note présentée à l’AcaJémie des s-ienccs dans la séance du i3 juil et 11.185.
- (2; L’usine dans laquelle ces (ils ont été commandés a garanti une conductibilité de 98 pour 100.
- 40 La température d’ébullition de l’éthylène à la pression atmosphérique (— io3° C.) ;
- 5° La température critique de l’azote (— 146° C.) ;
- 6° La température d’ébullition de l’azote sous la pression atmosphérique (— 193° C.) ;
- 7° La température voisine de celle de la solidification de l’azote [ — 200° jusqu’à 202° C. (')].
- Les expériences faites dans l’azote ont été effectuées au moyen de mon appareil que j’ai décrit il y a quelques mois dans mon Mémoire « sur l’emploi de l’oxygène bouillant, de l’azote, de l’oxyde de carbone et de l’air atmosphérique comme moyens réfrigérants » (2).
- Dans le tableau suivant, qui résume quelques résultats obtenus, t représente la température, r la résistance en unités Siemens, a le coefficient de variation de résistance entre deux températures consécutives.
- B O B 1 N K \ BOBINE I I
- / r « / r «
- 0 + 100.0 t 2':4 — 103,0 — 146,0 — 193,0 — 200,0 5,174 3,934 3,614 2,073 1,36o o,58o 0,414 0,00436; 0,064136 0^00414 0,004588 0.004592 0,006562 -J- 23,75 — io3 — 146 — i93 — 201 19,251 17.559 9,848 6,749 2,731 i,65i 0,004057 0,004263 0,004104 0,004869 0,007688
- L’aspect de ces nombres fait voir que la résistance décroît beaucoup plus vite que la température absolue, et qu’elle s’approche de zéro à une température qui n’est pas très éloignée de celle que l’on obtient en évaporant l’azote liquide dans le vide.
- Sur les progrès dans la théorie des machines dynamo-électriques, par le docteur O. Frœlich (»).
- LE MAGNÉTISME REMANENT ET L’AMORÇAGE DES -MACHINES DYNAMOS
- Dans toutes les considérations théoriques qui précèdent, nousavons complètement fait abstraction du magnétisme rémanent, car nous nous sommes surtout attaché à donner la théorie, aussi exacte et aussi simple que possible, des phénomènes auxquels donne lieu la partie réellement utile du fonctionnement des machines dynamos, et que dans cette
- (>) L’azote, comme l’on sait, se solidifie ù — 20.3° C.
- (-) Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Vienne, vol. XCI, p. 667-711; i885.
- (:1). Voy. La Lumière Electrique du 11 et du 18 juillet i885.
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- partie le magnétisme rémanent n’exerce aucune influence sensible. Nous allons maintenant élargir le cadre de nos formules, de façon à tenir compte du magnétisme faible et de ce qu’on nomme l'amor-çzge.
- Il convient de se demander tout d’abord de quelle manière le magnétisme croît à l'origine, lorsque la vitesse est très petite et la résistance extérieure très grande. Tous les auteurs qui, jusqu’à ce jour, ont écrit sur la matière, MM. Herwig et Clausius tlàtàmment, semblent avoir admis qu’il est nécessaire que l’intensité du courant dans la machine atteigne une certaine valeur pour que le magnétisme commence à croître et que le magnétisme (rémanent) ne se modifie pas, tant que le courant n’a pas atteint cette valeur.
- Cette hypothèse, à laquelle je m’étais d’ailleurs également rallié autrefois, n’est pas d’accord avec les faits.
- Avant que M. Clausius n’eût publié son travail, on avait exécuté chez MM. Siemens et Halske l’expérience suivante : on lançait dans les inducteurs d’une petite machine dynamo des courants d’intensité excessivement faible et l’on notait la valeur du magnétisme, en observant avec beaucoup de soin le courant qui prenait naissance dans la bobine, à laquelle on imprimait un mouvement de rotation régulier. Cette expérience permet de s’assurer que l’action d’un courant, quelque faible qu’il soit, modifie le magnétisme, comme le prouvent les variations du courant induit dans la bobine.
- On fit encore dans les ateliers de MM. Siemens et Halske une autre expérience, lors de la pose du Direct United States Cable. — On voulait renforcer les courants télégraphiques recueillis à l’extrémité d’un long câble, et à cet effet, on envoyait ces courants dans les inducteurs d’une machine dynamo dont la bobine était animée d’un mouvement de rotation aussi rapide que possible : les courants induits se rendaient à l'appareil récepteur. Il fut reconnu de cette façon que l’on pouvait télégraphier à travers la machine, pour ainsi dire, et qu’à chaque variation dans le courant circulant autour des inducteurs correspondait une variation dans le magnétisme.
- Ces faits paraissent en contradiction avec cette autre observation, dûment constatée, à savoir que les machines nouveltement construites souvent ne s’amorcent pas, c’est-à-dire que, dans ce cas, le magnétisme de la machine n’augmente pas, comme en général, sous l’influence du courant de la bobine. Il est vrai que le fait se produit assez fréquemment; mais il n’est pas moins vrai qu’on y remédie toujours, notamment en faisant agir un fort courant sur les inducteurs; il y a surtout lieu de remarquer que la même machine qui, lors de son premier emploi, présente cet inconvénient, plus tard s’en trouve exempte ou totalement ou du moins au même degré
- que les autres machines. C’est donc exceptionnellement que la machine se comporte ainsi, et il est impossible qu’une théorie générale tienne compte des exceptions.
- Si nous voulons définir et fixer nos idées sur ce sujet, par un exemple, nous dirons que cette sorte d’arrêt est au magnétisme ce qu'est l’entorse à l’une de nos articulations. L’entorse a pour effet d'immobiliser une articulation essentiellement mobile dans les conditions normales ; mais cette articulation, une fois l’entorse passée, reprend sa mobilité : de même, le magnétisme rémanent peut perdre et reprendre sa mobilité.
- Lorsque M. Clausius a traité cette question ('), il a admis que, pour une vitesse graduellement croissante, le magnétisme reste d’abord constant (égal au magnétisme rémanent), puis commence à croître sitôt que l’on a dépassé la limite que j’ai appelée les tours morts ; cette hypothèse conduit à considérer la machine comme une machine magnéto-électrique, tant qu’on est dans la période des tours morts et après seulement, comme une machine dynamo.
- Si l’hypothèse en question était exacte, il faudrait que la courbe que nous avons nommée courbe
- de l’intensité ^ ordonnées J, abscisses ^.présentât une première partie rectiligne peu inclinée (fig. 9), puis, s’élevât après un coude aigu et brusque ; en réalité cette courbe a l’allure indiquée par la ligne pointillée.
- Il faudrait de plus, d’après cette hypothèse, que la machine ne s’amorçât pas du tout, tant qu’elle fonctionne comme machine magnéto, c’est-à-dire que le courant devrait, sitôt le circuit fermé, atteindre son intensité de régime et non pas s’élever graduellement (pendant une seconde au moins), jusqu’à cette valeur, ainsi que cela se produit dans
- fig. y
- le fonctionnement des machines dynamos. Or, les expériences dont nous parlerons plus tard montrent que, même pour les valeurs les plus faibles
- de ÿÿ, une augmentation graduelle du courant a
- (1) Elektrolechnische Zeitschrift, 1884, p. 208. I.a Lumière Electrique, I, XI, p. 278.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- lieu, ce qui prouve que le magnétisme, pendant que cette augmentation se: produit, s'ést modifié.
- Ces raisons me font considérer l’hypothèse de M. Clausius et les formules qu’il en a déduites comme inexactes.
- Il y a lieu de remarquer enfin que cette conception des tours morts est une conséquence de la théorie que j’ai établie, en considérantle fonctionnement des machines pour des valeurs pratiques de l’intensité, et en ne tenant pas compte du magnétisme rémanent; j’ai été amené à cette conception, dans le désir de représenter les phénomènes d’une façon simple et suffisamment exacte au point de vue pratique; en réalité, la courbe de l'intensité ne s’élève pas brusquement à partir de l’axe des x comme on l’admet quand on parle des tours morts.
- Qu’il me soit permis de rappeler ici, puisque le sujet m’y porte naturellement, que les aimants permanents en acier ne semblent pas présenter cette espèce à'immobilisation que l’on rencontre fréquemment dans le magnétisme rémanent. Les preuvesde ce que j’avance je les trouve surtout dans la télégraphie pratique où l’expérience a conduit à employer des aimants permanents toutes les fois que l’on veut être certain, comme dans le. télégraphe imprimeur de Hughes, par exemple, que l’appareil fonctionne lorsqu’on l’attaque; ces appareils sont bobinés de telle façon que le courant agit soit sur l’aimant permanent lui-même, soit sur un noyau en fer doux solidaire de l’aimant. Les téléphones offrent d’ailleurs l’exemple le plus merveilleux de ce fonctionnement si sûr et si sensible.
- Nous ne tiendrons pas compte ici des phénomènes relatifs à la variation du magnétisme rémanent, phénomènes qu’il est facile de constater également dans les machines dynamos, pour nous occuper uniquement du magnétisme (rémanent) moyen.
- Il s’agit donc d’introduire dans la formule que nous avons établie pour le magnétisme un terme qui tienne compte du magnétisme rémanent et cela, de telle façon que la formule modifiée cadre le mieux possible avec l’expérience. La formule complète pour le magnétisme M doit présenter les propriétés suivantes : elle doit, en général, offrir le même caractère que celle précédemment employée, donner, pour J = o, la valeur du magnétisme rémanent et pour des valeurs plus élevées de J, valeurs que l’on rencontre dans la pratique, elle ne doit pas accuser une influence appréciable de ce même magnétisme.
- Ces conditions sont satisfaites par la formule I + «H
- dans laquelle ;j. représente le magnétisme rémanent et m le nombre des spires.
- Si la machine est tout simplement groupée en série, on a :
- , -/M*.
- J — w ’
- si l'on reprend pour M les formules précédemment établies, et qu’on en tire J, on trouve
- J a(w m,) + (w " mj + lJ\Vmd formule qui, pour
- jj. — O,
- devient égale à l’expression trouvée plus haut:
- } — ÈL —L.
- J w md
- Si, au moyen de cette formule, on construit une cour en portant les intensités en ordonnées et les
- valeurs de ^ en abscisses, on obtient la courbe indiquée en pointillé sur la figure 9 qui représente les variations réelles de l’intensité.
- Lorsque la machine est groupée simplement en dérivation on a
- M = -
- , "n P
- T + Ci' P n
- et
- P _ /v
- \u,n\ ~ W
- p+-^p
- ___n p
- expression dans laquelle W représente la résistance totale du circuit
- W = a + O, «] — a
- 11 ' n
- et [u, n\ la résistance totale des deux branches montées en dérivation, circuit extérieur {u) et circuit dérivé (n) en sorte que l’on a :
- ["» «] = •
- U Il
- On obtient finalement pour P, l’expression :
- p = -
- 1 + r------
- [«, «J
- + 4/ I /fl--------1LV
- V 4 ( 1 -4- a j , a
- T \ / i+nr»j
- Cette équation donne, pour la différence de potentiel aux bornes, P, une courbe dont la foi'me est
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- tout à fait semblable à celle obtenue précédemment pour J (on prend comme abscisses les valeurs de
- ----—-—); la concordance des formules est donc
- 1 + [!/, n\
- complète.
- Grâce aux formules qui viennent d’être établies, la théorie qui fait l’objet de cette étude tient compte des phénomènes dus au magnétisme rémanent; en ce qui concerne les enroulements mixtes, l’établissement de formules dans lesquelles figure le magnétisme rémanent n’apparaît pas comme très utile.
- Voici le moment de donner quelques développements à une considération qui figure en tête de notre mémoire de 1880, mais ne se rapporte qu’aux machines groupées en série; je veux parler du théorème que j’ai énoncé ainsi : l'intensité du courant (pour un enroulement en série) dépend uniquement du rapport du nombre de tours à la
- résistance du circuit (ÿ0.
- On établit facilement un théorème tout à fait analogue pour le groupement en dérivation simple, tandis que les groupements mixtes ne donnent lieu à aucune loi du même genre.
- Dans le cas du groupement en dérivation simple, on a :
- T =Æ
- J a -yy I
- M =
- Mais on a de plus :
- J« =
- d’où
- P _
- [«,w] —
- P
- n
- l + —P n
- P
- ' [«,«]’ /M ')
- Comme M est ici uniquement fonction de la différence de potentiel P, on peut écrire
- M
- +
- [«> «]
- et inversement :
- p=iY--±ï:\
- V1 + 1.»,«]/
- où © et F sont des signes de fonctions. Ceci veut dire que : dans une machine groupée simplement en dérivation, la différence de potentiel aux bornes dépend uniquement du rapport du nombre de tours -j, à la grandeur
- dans laquelle il n’entre que des résistances.
- On voit donc que dans le cas de la dérivation simple la différence de potentiel aux homes joue un rôle analogue à celui que joue l'intensité .dans l’enroulement en série ordinaire, c’est-à-dire qu’elle est liée par des relations excessivement simples au nombre de tours et aux résistances dont elle dépend.
- De même que dans le groupement en série, la courbe de l'intensité (abscisses : commande,
- pour ainsi dire, la théorie entière de la machine et donne la solution de tous les problèmes qui s’y rattachent, de même dans le groupement en dérivation, la courbe de la différence de potentiel aux bornes
- (Abscisses : ------\
- '+E*1>
- sert de base à l’explication de tous les phénomènes.
- Dans la formule qui donne l’intensité pour l’enroulement en série
- T-Ù-J-j — W
- /V 1
- ^ est le terme qui dépend de l’induit, —- celui qui
- dépend des inducteurs ; cette dernière grandeur dépend uniquement du nombre des spires et non de leur résistance. Si l’on modifie dans i’enroule-ment des électros la section du fil sans modifier le nombre des spires, le second terme de la formule ne change pas du tout, le premier terme varie de toutes façons, mais cette variation est faible, eu égard aux valeurs extrêmes qu’il peut prendre. On peut donc dire, si l’on considère l’influence des inducteurs seuls, que dans une machine groupée en série, l’intensité du courant est essentiellement déterminée par le nombre des spires et non par la section de ces memes spires; le même théorème s’applique à la différence' de potentiel aux bornes.
- Dans la formule qui donne la différence de potentiel aux bornes d’une machine groupée en dérivation :
- p= —h—— JL
- a m,r
- 1 ' [«, «]
- le terme ~ qui dépend des inducteurs, dépend
- uniquement de la section des spires et non de leur nombre; la résistance (n) des spires est en effet directement proportionnelle à leur nombre m„ et inversement proportionnelle à leur section q; le
- terme est.donc indépendant de m„ et dépend seulement de la quantité q (à laquelle il est inversement proportionnel). Il résulte de laque, si dans une machine groupée en dérivation, on conserve
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- toujours au fil des inducteurs la même section et qu’on fasse varier le nombre des spires, le terme dépendant des inducteurs ne change pas; le terme dépendant de l’induit se modifie sans doute, mais excessivement peu. On peut donc dire, si Von considère l'influence des inducteurs seuls, que dans une machine groupée en dérivation, la différence de potentiel aux bornes, et par conséquent, l'intensité dans le circuit extérieur dépendent uniquement de la section des spires, et non pas du nombre de ces mêmes spires.
- Je termine en indiquant succinctement les résultats d’une étude sur l'amorçage des machines dynamos; cette étude comprend une partie expérimentale et une partie théorique; les expériences furent faites dans les ateliers de la maison Siemens et Halske et les conclusions théoriques comparées aux données expérimentales ainsi obtenues.
- On se servit pour ces expériences d’un appareil enregistreur à rotation rapide; le cylindre de l’appareil portait deux spires dont l’une enregistrait l’intensité du courant dans la machine et l’autre marquait les secondes. On maintenait, aussi constante que possible, la vitesse d’une petite machine dynamo groupée en série et l’on enregistrait, sitôt le circuit extérieur fermé, l’augmentation graduelle de l’intensité.
- FIG. lO
- FIG. 1 l
- Les figures io et n représentent deux courbes obtenues de cette façon pour une même vitesse mais avec des circuits extérieurs différents; les dents dont la pointe est tournée vers le haut indiquent les secondes, celle dont la pointe est tournée vers le bas correspond à la fermeture du circuit.
- On voit que pour la petite résistance, la courbe monte pendant */2 seconde environ, tandis que pour la résistance plus grande, elle monte pendant v 5 secondes environ. Ces courbes montent d’abord lentement, puis plus rapidement, présentent un point d’inflexion à partir duquel elles s’élèvent de plus en plus doucement, pour devenir bientôt asymptotiques à la droite qui correspond à l’intensité du régime et se confondre avec cette droite.
- Je ne puis m’empêcher de signaler ici l’analogie frappante qui existe entre la courbe de l’amorçage d’une machine dynamo et ce qu’on appelle la courbe du courant ascendant dans un câble, c’est-à-dire la courbe que décrit, en fonction du temps, le courant, à l’une des extrémités d’un câble dont l’autre extrémité communique avec une source d’électricité; l’allure des deux courbes est absolument la même ; les points d’inflexion sont seuls placés un peu différemment. Cette concordance autorise à dire que l'électrisation d'un câble est semblable à l'aimantation d’une machine dynamo; il serait certainement intéressant de comparer ces phénomènes en les étudiant de plus près.
- Pour ce qui est de la partie théorique, nous nous bornerons à indiquer le point de départ et la conclusion. Le magnétisme variable est représenté par l’équation
- v-+™
- +»»J
- dans laquelle J est l’intensité variable et y. le magnétisme rémanent.
- L’équation différentielle qui définit l’état variable est :
- /|=/vM-Wj,
- dans laquelle, p est un coefficient.
- Pour t = o on a :
- J=o, M=M0; pour t,~ co (état stationaire) : ;
- J = J, m=m-
- Si l’on intègre, après transformation, l’équation différentielle, on obtient, en fin de compte, la formule :
- E, . T i
- p l~~ °s jV i+™j
- log
- J
- m J i +mJ
- 1 + m J °S 1 + m J°
- La discussion de cette formule et la comparaison des résultats auxquels elle conduit avec ceux de l’expérience m’entraîneraient trop loin. Je remarquerai seulement que si l’on compare chacune des courbes à la théorie, on trouve une concordance satisfaisante, notamment en ce qui concerne la forme générale des courbes, mais que, si l’on fait varier les résistances, on trouve encore pour la constante p des valeurs qui s’écartent trop les unes des autres ; il est cependant plus que probable que ce désaccord provient de la défectuosité des expériences, et notamment des variations de la vitesse qu’on maintient difficilement constante.
- En somme, nous pouvons dire que ce phénomène particulier aux machines dynamos est aujourd’hui éclairci, lui aussi, et qu’il a pris place dans la théorie générale des machines.
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- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER
- Angleterre.
- LE COUPE-CIRCUIT DE SIR W. THOMSON ET DE
- m. bottomley. — Sir W. Thomson et M. Bot-tomley ont dernièrement imaginé un coupe-circuit particulier, basé sur l’emploi d’un métal dont le point de fusion est excessivement bas. On a recours à ce procédé pour rompre le courant dans
- l’K;.
- I
- un temps aussi court que possible. En un ou en plusieurs points du circuit, on fait une soudure avec le métal en question, pour les conducteurs dont les extrémités sont ainsi soudées l’une à l’autre. MM. Thomson et Bottomley emploient de l’argent ou bien du cuivre d’une très grande conductibilité, attendu que l’augmentation de température provoquée dans un conducteur par suite de l’augmentation soudaine d’un courant est inversement proportionnelle au produit de la résistance électrique par la chaleur spécifique du conducteur, et aussi parce que ces métaux sont les plus propres à donner des résultats constants et délinis, et que les contacts sont meilleurs qu’avec le plomb ou les autres métaux à basse fusion fréquemment employés dans les Coupe-circuits.
- La figure i représente une forme de coupe-circuit : a, est le fil en cuivre ou en argent et b est une soudure, faite avec un métal très fusible, qui assure la continuité du circuit.
- Chaque extrémité du fil a est reliée à un lourd an-
- neau c en cuivre ou en un autre métal bon conducteur.
- Le crochet d avec lequel l’anneau supérieur c est en contact communique métalliquement avec une des extrémités du conducteur à l’endroit où ce conducteur est interrompu pour l’insertion du coupe-circuit.
- Le crochet e avec lequel l'anneau inférieur c est en contact, tend à descendre constamment, sous l’action d’un ressort à spirale f, relié métalliquement avec l’autre extrémité du conducteur principal. Les crochets d et e sont disposés approximativement dans le même plan vertical et présentent une surface supérieure et inférieure lé-
- FIG. 3
- gèrenient arrondie, destinée à empêcher que les anneaux c du fil fusible a n’échappent à ces mêmes crochets. En pointillé se trouve indiquée sur la figure i, la position du bras e, quand il n’y a pas de lil fusible en circuit ; lorsque le bras e occupe la position figurée par des traits pleins, il exerce une certaine traction sur la soudure b et sépare les deux moitiés du fil a, aussitôt que l'intensiie de circulation dépasse sa valeur de régime. La façon de mettre en circuit le fil à soudure fusible se comprend très nettement d’après notre dessin.
- La figure a montre un montage différent du fil à soudure fusible. Le fil q, porte en son milieu un point de soudure; il est recourbé en forme d’U et est maintenu en place par les pièces r et s. De cette façon, les deux bouts du fil tendent constamment à se séparer l’un de l’autre. MM. Thomson et Bottomley emploient aussi tout simplement des poids pour soumettre le lil à un effort constant. L’appareil est enfermé dans une boîte munie d’un couvercle en verre.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- LES POTEAUX TELEGRAPHIQUES DE M. SIEMENS. --
- Les poteaux télégraphiques pour la ligne qu’on devait établir le long du chemin de fer de Souakim à Ber-ber et qui, pour le moment, a été abandonnée, sont des poteaux en fer de M. Siemens, assemblés avec des pieux nains de MM. Legrand et Lutcliffe. Le pieu nain est en fonte, il est pointu à sa partie inferieure et légèrement coni-> que à sa partie haute pour faciliter l’assemblage avec les poteaux en fer forgé. Le pieu s’enfonce de ïa manière indiquée sur notre dessin. Le marteau dont on se sert est enfer forgé et on frappe directement sur la pointe du pieu. Le poteau est un tube conique dont la partie basse pénètre dans l’évidement du pieu; un manchon complète et consolide l’assemblage. On dit que deux hommes sont capables de poser 3 kilomètres de poteaux par jour, lorsque la terre n’a pas été fraîchement remuée; le fil et les isolateurs peuvent être montés aussitôt les poteaux posés.
- J. Munro.
- CHRONIQUE
- A propos de la répartition de la lumière dans une installation d’éclairage.
- La mesure et la répartition de l’éclairement dans les espaces libres ou les locaux fermés a, depuis longtemps déjà, donné lieu à un grand nombre d’études. Le sujet a été traité à différents points de vue suivant les auteurs, et la Lumière Electrique a publié à peu près tout ce qui a paru. Aujourd’hui M. Wybauw vient de faire paraître dans le numéro du Bulletin de la Société belge d'électriciens une longue communication dans laquelle la question est reprise, et dont le but est d’arriver à l’établissement de quelques formules simples pouvant, dans la pratique, être facilement appliquées. Ce travail est intéressant. L’auteur y propose une unité nouvelle, dont la nécessité se fait sentir, dès qu’on veut étudier les formules de la répartition de la lumière. Dès les premières lignes, en effet, il constate que l’intensité lumineuse proprement dite d’un foyer importe moins pour une question d’éclairage, que l’éclairement des surfaces qui reçoivent les rayons lumineux. Or, contrairement à ce qui devrait être, on mesure avec toutes
- les approximations désirables des pouvoirs éclairants, tandis que, jusqu’ici, on ne se préoccupe pas assez de l’éclairement, seul terme en fait, qu’il importe de déterminer exactement.
- « Üne unité de ce genre, dit-il avec raison, donnerait le moyen de s’entendre dans la pratique au sujet des divers degrés d’intensité d’éclairement que l’on désirerait obtenir à l’aide d’une disposition quelconque de foyers lumineux. On lui donnerait même très utilement, à notre avis, un nom spécial tel que celui de lux, qui a été proposé déjà pour l’unité de lumière... L’unité lux serait l’intensité de l’éclairement fourni à un mètre de distance par une lumière: égale à un dixième de carcel ou, si l’on aime mieux, à un dixième de la valeur d’un carcel en unités légales de lumière. Dans le langage üsuel les expressions : i lux, i lux, io lux, etc., signifieraient que l’on obtient ou que l’on veut obtenir, à l’aide d'un éclairage quelconque, un effet égal à celui que produirait un foyer de l’intensité susdite de i/io de carcel à un mètre de distance ou à un effet double, décuple, etc. Ces désignations seraient invariables, simplesetbien définies pour les personnes qui s’occupent d’éclairage; celles-ci ont surtout besoin de connaître le nombre de lux à réaliser dans un espace ou un point donné.
- Elles en déduiront le nombre d’unités de lumière légales ou pratiques, bougies, candies ou carcels, à donner aux foyers éclairants, ce qui sera bien plus logique que la marche actuelle, où l’on s’occupe surtout, et souvent uniquement, du nombre de bougies ou de carcels des foyers, confondant la cause avec l’effet, l’éclairage avec l’éclairement qu’il donne. »
- Cette théorie me paraît être la bonne. Dans ce journal déjà, j’ai eu occasion de développer les mêmes considérations, sans toutefois proposer un nom nouveau pour la nouvelle unité, et le mot lux me paraît d’autant plus acceptable queM. W.-H. Preece a proposé la même dénomination pour une unité semblable, dans son rapport sur l’éclairage électrique des rues de Londres.
- Partant de là, M. Wybauw aborde immédiatement la mesure de l’éclairement et, prenant comme point de départ, la formule connue e_______________________I sin 0
- établit rapidement, la hauteur que chaque foyer doit avoir au-dessus de la surface éclairée, pour que l’utilisation soit la meilleure, et que l’éclairement maximum soit atteint à la distance la plus grande.
- Appelant 0 l’angle d’incidence du rayon lumineux, ce maximum lui est donné pour un angle
- cos o = y/|-
- Cette valeur est exacte évidemment, mais M. Wybauw seulement me permettra de lui faire remarquer qu’au commencement de l’année 1884, j'avais déjà déterminé cette valeur dans un article auquel
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- je faisais allusion plus haut, et qui a passé dans le ïi° 3 de la Lumière électrique, portant la date du 19 janvier 1884. La marche du raisonnement, d’ailleurs, était à peu près la même, sauf que dans mon équation, la tangente de l’angle, au lieu du cosinus, seule entrait, et que par suite la valeur trouvée était
- = v/|-
- L’angle dans les deux cas était en effet le même, car si
- cos-2 0 =
- par suite sn-2o = ^
- et tg-2o=i.
- A la vérité, je n’avais pas cru devoir pousser plus loin la partie théorique de mon travail. M’appuyant sur les mêmes considérations que M. Wy-bauw, et sur ce que M. Marché avait déjà publié, je m’étais borné à dresser quelques éléments de courbes donnant les hauteurs que doivent avoir les divers foyers, suivant l’éclairement maximum que l’on veut réaliser.
- Dans la pratique, je ne crois pas en effet qu’on doive chercher davantage. Il ne faut pas se dissimuler qu’il y a dans les questions d’éclairage un côté purement empirique et qu’une grande pratique seule permet de déterminer exactement.
- Par exemple, quand il s’agit d’un local fermé, de dimensions restreintes, l’emploi de petits foyers seul est véritablement convenable et là les formules ne peuvent rien, car les lampes à incandescence ne peuvent jamais être placées à la hauteur qu’il faudrait pour que l’utilisation de la lumière soit complète.
- M. Wibauw n’est pas de cet avis, et cherche à serrer de plus près le problème en évaluant la somme des éclairements reçus. Pour un plan horizontal d’abord, il considère l’anneau infinitésimal compris entre deux circonférences ayant pour centre le pied de la verticale du foyer et pour rayons, respectivement les distances x et x -f- dx. La quantité de lumière reçue par un élément dx ds de l’anneau infinitésimal s’exprime donc par
- I sm 0 , ,
- ——— dxds,
- Ci
- et pour l’anneau entier
- I sin 0 ,
- 2 7t x —^— ii.y,
- or, comme on a
- valeur qui, pour éclairement
- sia 0 =
- \J h’ + -v‘ ’
- ' 2 TU I h
- X d X [II- + X-)i
- un cercle de rayon ,v, donne
- un
- f
- xdx
- 2 tu I h
- (/r-p.Y-, -
- et en intégrant
- De cette formule, M. Wibauw tire quelques conclusions, notamment celle-ci, que le cercle de rayon h\J3 reçoit la moitié de l’éclairement total que donne le foyer sur le plan de ce cercle prolongé à l’infini. Pratiquement, ce résultat ne sert pas à grand’chose; aussi l’auteur, ne s’y arrêtant pas, continue son raisonnement comme il suit :
- « Ce serait à tort, suivant nous, écrit-il, que pour évaluer l’effet d’un éclairage on calculerait simplement la lumière reçue par le plan horizontal éclairé. Ce n’est pas en général le plan géométrique horizontal proprement dit qui doit être éclairé, mais les objets qui se trouvent sur ce plan. »
- J’avoue ici que je ne saisis pas bien la différence ; mais je n’insiste pas et je continue la citation :
- « Sur la voie publique ce sont les passants et les voitures, les bosses et les fosses du pavage qui tous présentent des surfaces différentes du plan horizontal ; dans une salle, ce n’est pas le plancher qu’il s’agit d’éclairer, ce sont surtout les personnes et les meubles qui s’y trouvent, etc.
- « Dans la réalité donc, quoique nous, nous trouvions sur un plan horizontal, nous n’avons aucun motif pour considérer un élément horizontal plutôt qu’un autre; et ce qui nous intéresse bien plus, c’est l’éclairement maximum que peut donner le foyer au point où nous sommes sur une surface normale à la direction de ses rayons. C’est ce maximum que nous considérerons dans le calcul de l’effet utile fourni par l’éclairage d’un foyer. La somme des effets de la lumière dans un espace donné, mesurée de cette façon sera supérieure à la somme des quantités de lumière reçues par le plan de même étendue, comme le démontre aussi la formule à laquelle on est conduit. Si nous reprenons en effet l’élément dx ds et l’anneau compris entre deux circonférences concentriques de rayon x et .v* -\-dx, nous aurons, d’après ce qui précède, pour l’effet utile de l’éclairement dans l’espace de cet élément 4 ds dx; et pour l’anneau entier : 2 u x 4 dx.
- 0“ ^
- Par suite, l’effet total d’éclairement dans un cercle . de rayon quelconque x est exprimé par
- E=2tu1
- X d X
- 7F+x*’
- Pour x — o on a E = o et l’intégration donue :
- h- -f- .v2
- E--k I log nep
- Passant aux logarithmes vulgaires, on peut écrire alors :
- I-= 7)234 log * (B)
- Telle est la seconde formule qu’établit M. Wy-
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- LA LUMIÈRE ELECTRIQUE
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- bauw. Il pense que dans la pratique elle pourra être couramment appliquée. Qu’il me permette de le dire, je n’en suis pas absolument convaincu. — Elle me paraît déjà trop compliquée, et les causes diverses que le calcul ne peut enregistrer y aidant, je ne pense pas qu’elle soit plus exacte que la simple
- formule E = Que fait l’auteur en effet pour
- montrer l’application directe qu’on en peut tirer? Il revient à la courbe dont les abcisses sont des distances, les ordonnées des éclairements, et sur le plan de la surface à éclairer il indique le même procédé graphique que celui où l’on est conduit sans avoir besoin de calculer les volumes d’éclairement. Aussi M.Wybauw ne s’en tient-il pas là encore, et avouant même que, dans certaines circonstances spéciales, cette façon de calculer pourrait conduire « à des résultats peu exacts, » il introduit dans ses formules un nouvel élément, la surabondance d’éclairement.
- « La surabondance d’éclairement dans le voisinage des foyers, dit-il, est une circonstance dont il y a lieu de se préoccuper dans la comparaison de deux éclairages. La formule (B) donne la somme de tous les effets d’éclairement, y compris les surabondants, et l’on doit se demander s’il ne serait pas rationnel d’introduire de ce chef une correction dans les calculs. Il faudrait pour cela fixer la limite d’intensité au-dessus de laquelle l’éclairement sera jugé surabondant; elle sera évidemment arbitraire. Si l’on prend cette limite égale-à n lux, le rayon du cercle qui limite l’éclairement surabondant sera
- I
- TT~,—; = »,
- ’-Vi-*
- L’éclairement total dans l’intérieur de ce cercle sera donné par la formule (B) en y substituant cette valeur de x :
- E = n i log nep —L.
- n A2
- Il faut en soustraire l’éclairement de n lux d’intensité uniforme sur la surface du cercle -
- — A'2j c’est-à-dire
- k (I — n h-).
- Il reste donc pour l’éclairage surabondant :
- 711 log «T* ~'K (ï —
- De sorte que si l’on écarte l’éclairage surabondant dans les calculs, la formule (B) devient
- E—7> I log hl —log — + it (I - n A
- OU E = n I log -f H (I - n h-). (B')
- passant aux logarithmes vulgaires, on aura :
- E=7,234 log
- Il (/<» +A'8)
- + n (I — n h-).
- On pourrait à notre avis, pour un éclairage en plein air, prendre n — i o, l’éclairement i o lux permettant de lire facilement un imprimé. C’est cette formule (B') qui imprimera avec le plus de vérité, pour chaque foyer, ses effets utiles dans l’acception réelle du mot.
- Etant donné un cercle de rayon x, cette formule permettra de déduire, pour chaque valeur I d’un foyer, la hauteur A pour laquelle cet effet utile sera un maximum. Nous le trouverons en égalant à zéro la dérivée de l’expression (B')
- 2 7c A ( j-j-J—i — «'l = o,
- \li- + x-__]_
- d’où A=y/i—aï. »
- Voilà donc le résultat définitif de M. Wybauw. Comme il le dit plus haut, ce sera donc cette valeur de A qui sera la véritable pour un foyer d'intensité I donnant l’éclairement n. Or examinons un peu cette formule, n étant un éclairement reçu, appelons-le e pour garder les notations usuelles et élevant au carré, écrivons :
- , T
- OU A2 — x- = -,
- c
- qui donne
- Sous cette forme le doute n’est plus possible ; c’est la loi fondamentale qui a servi de point de départ à l’étude de M. Wybauw, à ceci près que l’influence de l’obliquité des rayons est négligée. Ainsi donc, après tous les calculs que nous venons d’exposer, le résultat est une formule inexacte. Cette incorrection suffit à démontrer qu’il faut se défier des développements algébriques et que, parfois, en trop cherchant on arrive à ne plus rien trouver.
- Arrivé là, je ne suivrai pas M. Wybauw dans ses développements sur la détermination plus ou moins arbitraire de l’éclairage surabondant, pas plus que sur les moyens pratiques a’employer les formules précédentes dans l’éclairage des espaces libres. Je signalerai toutefois une comparaison qui ne me paraît pas absolument légitime. L’auteur, après avoir déclaré, en effet, que la nécessité de rechercher l’uniformité dans les rues est une condition désavantageuse pour les grands foyers électriques, montre par deux équations que des foyers de 2.000 bougies espacés de ioo mètres et fixes à io mètres de hauteur, donnent, pour les points les plus éloignés, un éclairement moindre qu’un nombre double de foyers de 5oo bougies éloignés de 5o mètres. Quoi qu’il en dise, cette affirmation est inexacte, et je la comprends d’autant moins que, dans route la première partie de son travail, M. Wybauw démontre que pour chaque pouvoir éclairant, une hauteur et une seule correspond à l’effet utile le plus grand. Comparer donc des
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- foyers de 2.000 et de 5oo bougies en les plaçant à la même hauteur est inadmissible. Si 10 mètres sont convenables pour les uns, ils ne le sont certainement plus pour les autres, et dans le cas actuel ils ne correspondent à aucune des deux intensités.
- Ceci dit, je signalerai en passant la détermination de la meilleure forme d’un abat-jour lorsqu’il s’agit d’éclairer une table, et j’arriverai à la partie la plus intéressante à mon sens de ce travail : l’influence des plaionds et des murs blancs dans l’éclairage des locaux fermés. Désirant en effet se rendre compte exactement de la puissance éclairante directe d’un plafond blanc ordinaire, éclairé par une source de lumière, M. Wybauw a entrepris une série d’expériences dans une salle de 6m,5o de hauteur et d’une largeur de 10 mètres, dont une paroi avait été blanchie à la chaux tandis que les autres avaient été peintes en noir. Le photomètre employé était une petite caisse prismatique présentant deux bases en verre opale, et ayant à l’intérieur deux miroirs à 45 degrés permettant de comparer aisément par transparence l’éclairement des deux bases. La source type de lumière était une lampe carcel, éclairant l’une des bases, et au moyen d’un écran mobile on empêchait la carcel d’éclairer le mur. L’autre base du photomètre était tournée vers le mur dans la position où l’éclairement fourni devenait maximum.
- Dans les deux tableaux qui suivent, les résultats ont été exprimés en bougies de 1/10 de carcel. La ligne pleine représente le mur, F, le foyer éclairant à des distances variables. Les lignes pointilléeshori-zontales et verticales sont à des distances uniformes d’unmètre.Lesindications cp=36©' —18, etc., aux angles des carrés signifient que l’intensité d’éclairement maximum fourni en ces points par le mur est celle que donnerait un foyer de 36 ou 18 bougies placé en <p. Les résultats 9 se rapportent au foyer F = 100 bougies placé à 1, 2, 3, etc., mètres du mur ceux cp' se rapportent au foyer F' = 5o bougies.
- Dans le second tableau, les chiffres inscrits aux angles des carrés donnent la valeur du foyer qui, placé à la même distance que le mur, donnerait au point considéré le même éclairement que ce mur.Ces expériences, comme on le voit, présentent un certain intérêt jusqu’à ce jour rien n’ayant été fait dans ce sens. Malheureusement encore, pour faire dans la pratique l’emploi de ces résultats on est conduit à une complication assez grande et il est à craindre qu’on ne puisse, tels quels, faire un usage sérieux des chiffres que nous venons de citer, M. Wybauw, donne, en effet en terminant un exemple,en prenant le cas d’une salle rectangulaire. Il cherche l’emplacement de deux foyers seuls, réalisant l’éclairement le plus uniforme, et est conduit à une équation transcendante dans laquelle il est obligé de considérer quelques cas particuliers
- pour arriver à un résultat. Il s’ensuit donc, comme je l’ai dit, qu’au point de vue pratique, tout ce travail n’est pas assez simple surtout pour une application où l’empirisme tient une si grande place. S’il est vrai qu’on ne tient pas toujours compte, dans les installations d’éclairage, des données théo-
- 2„, = 100 h i ; - .
- 1"= 5 oh
- ~m, Sf =36 ip = 48 j(f> =56 j(p = 50
- y-=.18 ijV— 26 ;<j>’=28. !if'=33
- : If = 44 y = 60 iip == G2 jlp = 62
- ;ip'= 24 :tf’=5L i(f'=30 i(f'= 29
- ' _ÿ = 78 jv = 70 i ;
- riques, on ne pourra jamais réagir contre cette tendance qu’en apportant des formules simples et exactes que le premier praticien venu pourra comprendre sans difficulté. Avant tout, le besoin d’un appareil mesurant les éclairements se fait sentir.
- Jusqu’ici je n’en connais pas de pratiques, et il y a quelque chose à trouver dans cette voie. M. Wybauw a, paraît-il, fait construire un petit instrument portatif, qu’il appelle luxmètrc et qui permet de mesurer, d’une manière approchée, l’éclairement réalisé en un point quelconque d’une salle. Je regrette qu’il n’ait pas cru devoir en donner la description; en tout cas, je m’empresserai de le signaler aux lecteurs de la Lumière Electrique, dès que les détails en seront connus.
- P. Clemenceau.
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- CORRESPONDANCE
- Saint-Leu dJEssorent (Oise), 20 juillet i835.
- Monsieur le Directeur,
- M’est-il permis, Monsieur, de vous demander l’insertion de ces quelques lignes en réponse à un article paru dans la Lumière électrique sous la signature de M. Szarvady?
- M. Szarvady, dans son article sur les lampes à incandescence (n° du 11 juillet), semble me donner la spécialité des réponses aux questions « plus facétieuses que compréhensibles » faites dans certains journaux.
- La lettre sienée « Carbon *> Electrician ft. XIV, p. 224) à laquelle M. Szarvady fait allusion ne serait qu’une aimable facétie. M. Sarvady ignore peut-être que « Carbon » et le professeur Ayrton ne sont qu’une seule et même personne. Or, le professeur Ayrton n’a jamais passé pour un homme dépensant son temps à poser des questions plus « facétieuses que compréhensibles » dans les journaux anglais. 11 est même tenu pour un homme de grand talent, de ce côté-ci de la Manche comme de l’autre.
- Quant aux suppositions de M. Szarvady sur la manière dont ont été faits les essais, qu’il me soit permis de lui dire qu’il se trompe.
- Ces résultats n’ont pas été obtenus en faisant brûler des lampes Edison à 2, 3 ou 4 fois leur intensité normale, afin d’opérer sur des durées très courtes et arriver à tracer une courbe des durées en fonction des tensions. Ce genre d’essais se fait quelquefois, mais à titre de curiosité, je suppose, car il est impossible, dans ces conditions, de déduire la durée moyenne des lampes, si elles avaient brûlé à leur intensité normale.
- Comme preuve que les chiffres communiqués au professeur Ayrton ne sont pas le résultat d’expériences, M. Szarvady ajoute que la Société Edison n’indiquerait pas 800 heures si la durée de ses lampes était de 1.000 heures. Qu'il me soit permis de faire remarquer que la Société Edison donne la moyenne de 800 à 1.000 heures comme on peut le voir dans différents catalogues ; dans ce cas, nos résultats ne seraient pas loin de la vérité officielle.
- Enfin, si, comme l’ajoute M. Szarvady, le tableau en question a exercé l’imagination de nombreux électriciens, il nous aura tout au moins valu l’intéressant articlede M. Szarvady dont la lecture est incontestablement fort instructive.
- Veuillez agréer, etc.
- Gab. Foussat.
- Nous donnons ci-dessous les pièces du débat.
- A Monsieur le Directeur de YElcclrician.
- 24 janvier i885.
- Monsieur,
- Un de vos lecteurs, parmi ceux qui peuvent être initiés à l’art et aux mystères des lampes à incandescence, aurait-il -l’obligeance de m’expliquer pourquoi, si une lampe est appelée arbitrairement lampe de 20 bougies, quel que soit d’ailleurs le rendement qu’il puisse convenir au constructeur d’adopter, pourquoi, dis-je, s’ensuit-il, nécessairement, que, si l’on fait fonctionner cette lampe à 12 ou 10 bougies, chiffre très inférieur à son pouvoir lumineux «normal », sa durée doit être alors très considérable? Comme cela a été dit par les membres de la commission de l’Exposition de Vienne, on doit supposer que cette assertion n’est pas dénuée de tout fondement en fait, sans quoi un ignorant comme moi aurait cru que ce n’état qu’une facétie.
- Agréez, etc.
- P. S. — En lisant le passage attentivement, je remarque que les commissaires out eu soin de dire devrait être et non doit être. A quoi peut-il servir de nous dire ce qu’unè lampe devrait faire.
- A M. le Directeur de l'Electrician.
- Londres, le 29 janvier i885.
- Monsieur,
- Je ne sais si ma connaissance de la langue anglaise est insuffisante, ou bien si « Carbon » a posé sa question dans votre dernier numéro sous une forme très embrouillée.
- S’il recherche simplement des informations au sujet des durées relatives des lampes à incandescence, lorsqu’elles fonctionnent en deçà ou au delà de leur pouvoir lumineux normal, je vous demanderai la permission de lui offrir une série très étendue d’essais qui ont été exécutés à l’usine Edison, d’Ivry-sur-Seine, près Paris.
- (Suit le tableau que nous avons donné.)
- Des lampes autres que celles d’Edison, que nous avons observées en grand nombre nous ont donné des résultats presque identiques.
- Agréez, etc.
- Gab. Foussat,
- 8, Bernard St. W. C.
- J’ignorais, sans aucune espèce de doute, que le spirituel pseudonyme de Carbon (je retire facétieux) dissimulât la haute persounalité du professeur Ayrton. Je me demande même comment j’aurais pu ne pas l’ignorer, ce symbole n’ayant pas été proposé, que je sache, à la commission des notations, réunie actuellement à Londres.
- Je serais même porté à croire que M. Gabriel Foussat n’était pas mieux renseigné que moi à cet égard, lorsqu’il posait, au début de sa réponse au savant professeur, le di-iemne que l’on a pu lire plus haut.
- Quoi qu’if en soit, quand M. Gabriel Foussat nous donne son tableau comme reproduisant les chiffres mêmes de l’expérience nous accueillons son assertion à titre d’excellente plaisanterie.
- M. Foussat,ayantcxécuté un grand nombre d’observations sur la durée des lampes à incandescence Edison, ne peut ignorer que la durée moyenne des lampes de 16 bougies n’a jamais dépassé 800 heures. Il doit savoir aussi que la Société Edison ne garanlit pas une moyenne supérieure à ce chiffre déjà très respectable. Alors même que nous ue saurions pas comment tes tableaux de durée sont dressés dans les fabriques de lampes, la seule inspection /des tableaux de MM. Foussat, Zacharias (déjà cités) et celui' de M. Fleming (dans le numéro de ce jour) qui proviennent tous de la même source le montrerait amplement. On voit, en effet, à première vue, que ces divers tableaux 11e concordent que sur uu seul point qui est précisément la durée de mille heures pour le régime normal.
- La raison en est bien simple. Lorsqu’on a déterminé expérimentalement une relation entre la durée et lè pouvoir éclairant ou la différence de potentiel aux bornes, on considère une lampe idéale dont la durée serait de mille heures en régime normal. On déduit ensuite de la relation fournie par l’expérience les durées correspondant à différents régimes de cette même lampe. On emploie à cet effet des méthodes graphiques ou analytiques.
- En supposant même une égale habileté chez tous les observateurs, la différence seule des méthodes adoptées suffirait souvent à expliquer la divergence des résultats.
- Les tableaux considérés ne donnent donc en réalité que des durées relatives pour différents pouvoirs lumineux* ainsi que le disait fort bien M. Gabriel Foussat dans sa lettre à VÈlectrician.
- Ces tableaux peuvent donc servir de point de départ à des spéculations mathématiques qui ne sont jamais dénuées i d’intérêt lorsqu’elles sont dues à des hommes aussi éminents
- Carbon.
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- que MM. Ayrton et Perry, mais ils ne donnent pas, nous ne saurions trop le répéter, de valeurs absolues, et ne sauraient servir au calcul des prix de revient.
- Je termine en remerciant M. Gabriel Foussat de l'intérêt qu'il prend à mes articles. G. Szarvady.
- FAITS DIVERS
- MM. Liepmaun frères ont installé dans leur bureau du passage des Pauoramas une application de l'électricité à la ventilation, qui peut rendre de grands services dans les appartements et surtout dans les boutiques de Paris, ordinairement si mal aérées.
- Le moteur électrique qui actionne le ventilateur est d'une construction très simple, l'arbre de son induit est vertical et supporte une hélice bien équilibrée qui se meut dans un cylindre également vertical. Il est alimenté par trois accumulateurs Faure-Sellon-Volckmar, et ne consomme pas plus de 3 ampères par seconde, pour une vitesse de 2.000 tours par minute. La dépense est donc de 18 watts par seconde.
- Il faut aussi citer l'ingénieux mécanisme qui, sans compliquer aucunement la construction du moteur, lui permet de refouler l'air ou de l’aspirer, suivant les besoins; ce résultat est obtenu au moyen d’un commutateur denté, mis en relation avec les électros par quatre fils de dérivation, qui permet de changer le sens du courant dans ces électros, et par suite, le sens de rotation de l'induit.
- On peut ainsi, avec un seul moteur, renouveler constamment et dans les meilleures conditions, l'atmosphère d'une pièce. Il suffit de placer deux ventilateurs que l’on fait marcher alternativement, l'un à la partie supérieure de la pièce qui aspire l’air chaud et vicié, l’autre au Lniveau du sol et dans un coin opposé au premier, qui refoule de l’air frais C’est une application fort utile et peu coûteuse, qui sera très appréciée par les habitants des grandes villes.
- D’après le rapport de plusieurs capitaines de navires, les régions polaires sont, cette année, exceptionnellement couvertes de banquises. Les journaux ont, dernièrement fait connaître divers sinistres dus à des rencontres de banquises, et ces accidents aiment aussi bien le jour que la nuit, la présence de ces montagnes de glace donnant naissance à des brouillards épais qui s'étendent à de grandes distances.. Que des propriétaires de barques ou de navires marchands pensent que l'emploi de la lumière électrique est de peu d’importance pour leurs bâtiments, cela les regarde, mais qu'un navire ayant 1.281 passagers à bord néglige, dans l’état actuel de la science, une précaution aussi simple, aussi élémentaire et aussi peu coûteuse que l’emploi d’uu projecteur électrique, cela frise la culpabilité.
- Dans la dernière séance de la Société française de Physique, M. Gartcl a présenté, au nom de M. Guérin, une pile qui devient transportable grâce à l’immobilisation préalable des liquides.
- M. Guérin a obtenu ce précieux résultat de la pile par une dissolution faite à chaud d’agar-agar, sorte d’algue que l’on trouve dans les pays d'extrême Orient et qui en se refroidissant devient une gelée solide et élastique.
- Il va s’ouvrir à Lille, dans le courant de septembre, une exposition internationale de matériel d’incendie. La catégo-
- rie relative aux signaux sera particulièrement intéressante pour tous ceux qui s’occupent d'électricité, car on y pourra voir, exposés, tous les appareils télégraphiques et téléphoniques avertisseurs et contrôleurs d'incendie.
- Le syndicat professionnel des industries électriques s’est’ réuni le mardi 7 juillet sous la présidence de M. Postel-' Vinay, vice-président. Il a examiné un certain nombre de' questions qui intéressent les industries électriques, notamment h question des téléphones, l'Exposition du travail au palais de l’Industrie et la création â i'école municipale Diderot d'une école spéciale pour former des contremaîtres électriciens.
- Nous lisons dans le Bulletin International des Téléphones :
- On vient de faire au restaurant Marguery une nouvelle application fort curieuse de la transmission électrique de la force. Il s’agit de la mise en mouvement de punkahs, sortes de grands éventails employés contre la grande chaleur aux Indes, où les coolies sont chargés de les faire fonctionner.
- Ces punkahs, au nombre de 4, sont placés sur la terrasse du théâtre du Gymnase que M. Marguery a louée pour la saison d'été. Ils sont actionnés par un moteur Gramme de 17 kilogrammètres et celui-ci reçoit le courant électrique de la dynamo génératrice employée pour le lavage des bouteilles, des assiettes et le cirage des parquets, dont nous avons parlé il y a quelque temps.
- C’est une application d’uu geure particulier que tous les Parisiens voudront voir et qui donne un nouvel attrait aux dîners du grand restaurant du boulevard Bonne-Nouvelle.
- Le département du Rhône est celui de tous nos départements qui, jusqu’à ce jour, ait été le plus éprouvé par les orages.
- Le dernier a fait bien des victimes dans les communes de, Saint-Georges, des Ramiers et de Chalèins.'
- A Saint-Georges, deux jeunes gens ont été frappés par la foudre;Jà Chàieins, Je flui'dë a'fôudrôy'é également un' malheureux jeune' ftoinmé qui était dcéupé* à charger des gerbes de blé àuî* ünë charette,' le Chargement a été réduit en cendres’.
- Éclairage Électrique.
- La Compagnie Transatlantique se propose, parait-il, d'éclairer exclusivement à l'électricité les quatre nouveaux’ paquebots de la ligne de New-York. L'installation sur chaque navire comprendra 600 lampes; elle sera faite sur deux d’entre eux par MM. Sauticr et Lemonnier, et sur les deux autres par la maison Breguet.
- Nous apprenons que la Cour d’appel de Beriin (Lands-gericht Civilsenal 17), jugeant sans doute en référé, a suspendu, après dépôt d’un cautionnement de iôo,oco marcs, l'exécution du jugement obtenu par la Compagnie allemande Edison contre Naglo frères (Swan).
- Nous lisons dans le Bulletin international des Téléphones : #
- Nous avons parlé en son temps de la tentative d'éclairage électrique par accumulateurs exécutée dans le passage des Panoramas par l'Agence générale d'électricité. Grâce à l'adhésion de nouveaux clients, et notamment de ,la brasserie du Coq-d’Or, située rue Montmartre, à 25o mètres de la salle des machines, le nombre de lampes à incandescence actuellement en service est de 87.
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- • L’installation fonctionne dans les meilleures conditions depuis le 3 janvier, et les 21 accumulateurs qui composent la batterie n’ont encore nécessité aucune réparation. La lumière est fournie d’une façon très régulière; elle possède une grande fixité, grâce à l’emploi des éléments secondaires.
- « En présence de ces résultats, le syndicat du passage des Panoramas vient d’adopter définitivement l’éclairage électrique. MM. Liepmann frères ont été chargés de l’exécution de cette installation. »
- A partir du i5 septembre prochain, l’appareil d’éclairage électrique du phare du cap Griz-Nez, qui donne actuellement un feu blanc à éclipses de 3o en 3o secondes, sera remplacé par un appareil de même nature donnant un feu scintillant à trois éclats blancs et un éclat rouge : les trois éclats blancs formant un groupe seront séparés par un intervalle de 12 secondes environ, au milieu duquel apparaîtra l’éclat rouge. ____
- Nous lisons dans le Bulletin international des Téléphones :
- Nous avons énuméré, il y a quelques temps, les avantages que les industriels pouvaient retirer de l’introduction, de la lumière électrique dans leurs usines et notamment dans les moulins. Il nous paraît utile d’insister sur un point particulier, l’économie de l’installation ; elle est iucontestable dans ce genre d’applications où l’appareillage n’est soumis à aucune condition de luxe, et peut être importante dans un graud nombre de cas, lorsqu’on possède déjà la force motrice, par exemple.
- Voici les moulins de MM. Visseaux, à Stenay, où, comme nous l’avons dit, on a monté un éclairage de 56 lampes à incandescence. Grâce à la présence d’un moteur hydraulique dans l’usine, les frais de premier établissement sont minimes ; ils sont répartis de la manière suivante :
- Prix convenu pour la fourniture de la machine électrique, lampes, câbles, supports, suspensions,
- globes, tubes, abat-jour, etc......................2.400 »
- Transport, voyage du monteur, deux jours de travail............................................. 140 »
- 1 contre-arbre, 2 supports, 3 poulies, i5o kg.
- à 0.60............................................... go »
- 2 courroies........................................ 120 »
- 40 globes en verre.................................. 40 »
- 14 lampes en plus, contacts, fils et pose. . . . 210 »
- 1 volt-mètre........................................ 80 »
- 3.080 »
- Une installation de 56 lampes, c’est-â-dire une installation déjà assez importante, ne revient donc qu’à 3.o8o francs, tout en donnant de très bons résultats. Il est assurément difficile d’agir plus économiquement, et cette considération doit avoir une grande influence auprès des industriels qui disposent, dans leurs établissements, d’une force hydraulique utilisée en partie seulement pour les besoins de leur industrie.
- Il y a quelque temps, le steamer City of Berlin de la ligne Inman entrait, à la pointe du jour, en collision avec une banquise, laquelle enfonçait environ 6 mètres de sa proue et 9 mètres du pont, des tonnes de glace tombant sur l’avant-pont, pénétrant à l’intérieur du navire et causant des dommages considérables en même temps qu’un grand effroi parmi les passagers. A son arrivée à New-York, deux jours plus tard, d’énormes blocs de glace qui n’avaient pu être extirpés étaient encore logés entre les plaques du navire. Les hommes de garde placés à l’avant ont déclaré n’avoir aperçu la banquise qu’après la collision. Par le plus grand des hasards, personne n’a été tué par cette pluie de glace, de mâts, d’agrès, etc. U Arizona était sauvé d’un désastre analogue, il y a environ trois ans, par l’emploi d’un projecteur électrique qui lui permit de découvrir, au moment psychologique, une banquise contre laquelle il allait se jeter à
- toute vitesse. Ajoutons que le City of Berlin allait à faible vitesse, le sifflet d’alarme fonctionnant sans interruption, précaution suffisante pour éviter les collisions avec d’autres navires, mais parfaitement insuffisante contre les banquises. .
- Le Coliseum de Leeds inauguré par le prince de Galles, est éclairé à la lumière électrique au moyen de lampes à arc et à incandescence. Les lampes sont disposées alternativement sur deux circuits, de façon qu’en cas d’accident à une des deux dynamos, les lampes placées sur un des circuits puissent fournir dans chaque salle un éclairage suffisant.
- Le steamer Algoma, récemment lancé par MM. J. L. Thompson and Sons sera éclairé à la lumière électrique.
- Le baron Henry de Worms vient d’informer M. Worton que le gouvernement anglais n’a pas l’intention, quant à présent, de proposer d’amendement à l’electric lighting Act de 1882.
- Dans une récente réunion, le Conseil de la ville de Has-tings a refusé d’accorder l’autorisation d’établir des fils aériens destinés à l’éclairage électrique de Eari Street et de Robertson Street.
- On télégraphie de Philadelphie au Times qu’un incendie a détruit à Washington la maison dans laquelle se trouvaient les bureaux des journaux la Washington Post, le Washington national Républican, le Washington Critique et la Gazette du dimanche, ainsi que les bureaux d’une Compagnie de lumière électrique.
- Les dommages sont évalués à i5o,ooo dollars.
- Par suite de l’incendie, les lampes électriques qui éclairent la ville se sont éteintes et une partie des rues a été plongée dans une obscurité complète.
- Une troupe de voleurs a tenté, récemment, de couper les fils alimentant l’éclairage électrique de la cathédrale de Mexico, pour voler les fidèles rassemblés. Par maladresse, le chef de la bande, en voulant arracher un des fils conducteurs, reçut la décharge à travers le corps et fut tué sur le coup.
- Une Société américaine d’éclairage électrique, actuellement à l’Exposition des inventions, à Londres, vient de proposer au Conseil municipal d’Edimbourg, d’installer à titre d’expérience l’éclairage électrique du quartier Princess Street pendant un certain laps de temps.
- Le Conseil consulté a répondu que Princess Street était suffisamment bien éclairé par les procédés actuels, se souvenant d’un essai d’éclairage électrique, qu’il avait autorisé il y a quatre ans, dont les frais considérables étaient restés à la charge de la Ville. Il est vrai que, comme dans beaucoup d'autres endroits, la Compagnie du gaz, pour éviter une concurrence, avait rivalisé de zèle, et placé de nombreuses lampes à gaz qui avaient fait de Princess Street le quartier le mieux éclairé du monde.
- Il existe plus de 600 Compagnies d’éclairage électrique au Canada et dans les Etats-Unis. Si aux lampes à arc et à incandescence fournies par ces Sociétés on ajoutait celles appartenant à des installations particulières ou à des particuliers, il serait possible de se faire une idée approximative
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- du développement considérable de l’éclairage électrique et de ses bases solides qui défient toute comparaison avec les installations réunies de l’Europe entière.
- L’Europe l’emporte seulement par le nombre des éclairages particuliers et des châteaux ou résidences particulières et par le développement qu’elle a su donner à l’éclairage électrique de ses paquebots.
- Dans une récente réunion de la commission des égouts de Londres, tenue à Guildhall. M. J. V. Moore a fait la proposition, en présence des faillites répétées des Sociétés d’éclairage éleetrique, d’entreprendre l’éclairage électrique des rues et de soumettre ce projet à la commission des rues qui choisirait un petit emplacement de manière à se rendre approximativement compte du prix de revient d’une pareille installation.
- Il a ajouté qu’en présence du succès obtenu par la lumière électrique dans beaucoup d’autres villes, il était regrettable que la cité n’en profitât pas. Après discussion, la proposition a été renvoyée à la commission des rues.
- Les cuirassés chinois qui viennent de quitter Kiel sont pourvus d’un puissant éclairage électrique. Le ÇhvuYuen et le Ting-Yuen possèdent à leur avant un foyer électrique de 40.000 carcels. Le troisième le Tae Yeen possède seulement des feux électriques de position.
- Des projecteurs électriques vont être installés pour la défense du port d’Auckland (Nouvelle-Zélande). Des projecteurs semblables seront installés pour la défense des autres ports de la colonie. Une de ces lampes a été essayée avec succès sur des hauteurs, près d’Otago, et un rayon puissant a été projeté au moyen d’un réflectenr parabolique argent de 22 pouces. Cette lampe peut se mouvoir dans toutes les directions.
- Le théâtre de M. Mac Vicker à Boston, vient d’être éclairé à l’électricité parla * Western Edison Company ». Cette installation comporte 1.200 lampes à incandescence réparties dans tout l’édifice, et 3 lampes à arc suspendues aux balcons de la façade.
- La ville d’Evansville, dans l’Indiana, a trouvé tant d’avantage dans l’éclairage électrique qui vient d’être installé au moyen d’une tour, que la municipalité a commandé l’érection de dix nouvelles tours.
- Les six tours d’éclairage électrique qui ont été construites à Fort-Wayne, Indiana, viennent d’être éclairées avec succès. La lumière a été aperçue jusqu’à cinq ou six milles dans les environs. Trois ou quatre autres tours seront construites sous peu et un certain nombre de foyers seront placés aux intersections des rues.
- Télégraphie et téléphonie.
- Par décision du Ministre des postes et télégraphes a été autorisée la création de bureaux télégraphiques municipaux dans les communes de :
- Castelnau d’Estrétefonds, Saint-Jory (Haute-Garonne); Saint-Août (Indre/;
- Gizeux (Indre-et-Loire);
- Villemontais (Loire);
- Frayssinet (Lot);
- Gestè, Jallais (Maine-et-Loire) ;
- Marinviller (Meurthe-et-Moselle) ;
- Cercié (Rhône);
- " Aillevillers (Haute-Saône);
- Romenay, Saint-Julien-de-Civry (Saône-et-Loire);
- Courlon (Yonne).
- La longueur totale de tous les câbles télégraphiques sous-marins atteint aujourd’hui le chiffre de 60,000 milles géographiques, environ 111,000 kilomètres ou presque 3 fois la circonférence de la terre.
- 17 Compagnies de câbles sous-marins existent actuellement.
- La France a placé 12018 milles de câbles dans la Méditerranée, et l’Angleterre en possède le même nombre dans l’Océan indien.
- On a distribué à la Chambre des députés un projet de loi portant approbation d’une convention signée, d’une part, par le ministre de la marine et le ministre des postes et télégraphes, et, d’autre part, par la société « West african Telegraph, C° limited », de Londres, à l’effet de relier, par un câble sous-marin, les possessions françaises du Rio-Nunez, Grand - Bassani, Porto-Novo et le Gabon à Saint-Louis du Sénégal, point qui est depuis peu en communication télégraphique avec le réseau européen.
- La Compagnie recevra, pour la pose, l’entretien et le service de la ligne, une subvention de 75.000 francs pour chacune des stations françaises, soit 3oo.ooo francs au maximum. En réalité, la dépense qui incombera à notre budget se trouvera inférieure à cette somme, parce que la France reçoit une part de o fr. 33 par mot pour toutes les dépêches du Sénégal. De plus, la subvention sera réduite progressivement à partir du moment où le produit brut de chaque station atteindra 125,000 francs. Elle disparaîtra donc entièrement quand les recettes des stations seront de 200,000 francs.
- Ainsi, on a la certitude que le Gabon, qui va devenir la tête de ligne et desservira toute la région du Congo, aura, dès l’ouverture du service, un produit suffisant pour payer les 75,000 francs prévus par la convention.
- Disons en terminant que le personnel des stations françaises sera entièrement composé d’agents de nationalité française agréés par le gouvernement, que la correspondance officielle de la métropole avec ses possessions africaines bénéficiera d’une réduction de moitié sur le tarif des correspondances privées et que chacune des colonies rançaises reliées par le câble touchera i5 centimes par mot pour les correspondances d’arrivée et de départ et une taxe de transit de 10 centimes. Enfin, tout compte fait, on estime momentanément à 175.000 francs, la dépense maximum qu’il y a à prévoir pour relier nos possessions de la côte occidentale d’Afrique à la métropole.
- C’est sur l’invitation de la Belgique que s’est réuni, à Bruxelles, en i858, le premier congrès international de télégraphie; Paris (i865), Vienne (1868), Rome (1872), Saint-Pétersbourg (1875), Londres (1879) ont été, depuis, et Berlin va être, le mois prochain, le siège de ce congrès.
- A la première réuuion ont été adoptés, on s’en souvient peut-être, par toutes les administrations télégraphiques, à l’exception de l’administration anglaise (les lignes n’étaient, point alors en Angleterre sous la direction de l’Etat), les statuts et le règlement de l’Association générale des télégraphes. Le point de départ a été, depuis, élargi et la compétence étendue. Les premiers pays non européens (la Russie d’Asie et l’Inde britannique) ne sont entrés dans le réseau international qu’au congrès de Vienne; c’est à celui de Rome que les représentants des Compagnies sous-
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- / ,1 LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- marines ont pris pour la première fois part aux discussions. A Saint-Pétersbourg, ont été adoptées d'importantes et nombreuses modifications dans le service d'exploitation, et à Londres ont été faits les premiers pas vers une simplification des tarifs par l'adoption du tarif par mots dans le trafic international.
- Il y a lieu de croire que la réunion de Berlin donnera des résultats,satisfaisants pour le public et que les délégués de tous les États européens et des Etats les plus civilisés des autres parties du monde, ainsi que les représentants des Compagnies des télégraphes sous-marin démontreront encore l’utilité de ces congrès périodiques internationaux Des questions, comme celles de remploi d’appareils semblables et d'un langage des signes commun à toutes les administrations, des heures de service concordantes, ont besoin d'être discutées autrement que par correspondance, si l'on veut qu'une organisation aussi compliquée que celle des télégraphes ne reste pas en arrière des progrès que fait chaque jour la science.
- Le Congrès international des télégraphes; qui se réunira à Berlin le 10 août, a déjà reçu les adhésions du Brésil, des Indes anglaises, des Indes hollandaises, l'Egypte, l’Algérie, la Cochinchine, le Japon, Natal, la Nouvelle-Zélande, la Perse, Siam, la colonie du Cap, l'Australie du Sud et Victoria, ainsi que des grandes compagnies de câbles.
- On nous écrit de Saint-Pétersbourg que le réseau télégraphique, reliant cette capitale aux avant:postes russes de l'Afghanistan est terminé.
- Des mesures sont même prises pour qu'un télégraphe de campagne complète cette connexion dans le cas probable d’une marche en avant soit sur Hérat, soit sur la passe de Zulficar. _____
- D’après le Mouvement géographique, le gouvernement du Poîtugal se dispose à poursuivre, le long de la côte occidentale d'Afrique, par la côte de Guinée, le Caméron, le Gabon,- le Congo et l'Angola, jusqu’au Cap, la pose d’un câble transatlantique, dont le point extrême est en ce moment l'ile Saint-Vincent.
- Les différentes Compagnies de câbles atlantiques ont tenu une conférence pour abaisser à quarante centimes le mot le prix des correspondances télégraphiques, de manière à lutter contre la concurrence des câbles Mackay-Bennett. Cette décision sera exécutée jusqu’à ce que les câbles Gould soient réparés, parce qu'alors, une guerre de tarifs sera inaugurée « contre la Commercial Câble C°. »
- En Angleterre des cabs nouveaux ont été pourvus d’une sonnerie électrique pour appeler le cocher.
- Le 14 juillet, a éclaté à Berlin un violent orage dans lequel la quantité d’électricité, mise en mouvement, était considérable.
- Les signes d’électrisation des fils du réseau téléphonique étaient si nombreux que l’on a cru prudent d’interrompre le service. _____
- Une députation d’abonnés du téléphone de Manchester a présenté, dernièrement, au directeur de la Manchester Téléphoné Exchange, une demande de réduction des prix d’abonnements. Le président, M. C. Moseley, a répondu que la majeure partie des griefs exprimés n’avaient pas de bases sérieuses; que les comparaisons étaient injustes; que
- dans une exploitation aussi considérable que cehe de Manchester les charges par abonné étaient plus lourdes que dans de petites villes, que le service du capital était par conséquent plus onéreux; et qu'enfin les prix d’abonnements étaient beaucoup moins élevés qu’à Paris, New-York et dans d’autres grandes villes. Après avoir ajouté que les directeurs accorderaient aux abonnés toutes les lacilités données dans d’autres réseaux et d’une façon plus étendue s'il était possible, le président a dit qu’il regrettait de ne pouvoir accéder à la concession demandée.
- La « Baltimore and Ohio Telegraph C0„*. avait réclamé de la « Ohio Valley Téléphoné G0 » les mêmes facilités que celles-accordées à la « Western Union », pour l'envoi de dépêches par le téléphone. Sur le refus de la Société, elle a saisi du cas le tribunal, qui lui a donné gain de cause, et donné pour règle absolue que toutes facilités doivent être accordées par les Sociétés de téléphone.
- 1
- Le nombre total des stations téléphoniques existant en Amérique, au 1™ janvier i885, est de 772. La longueur totale des fils est de 101.734 milles et le nombre des employés est de 5.i68. Le nombre des souscripteurs est de 134.847, en augmentation de 11.222 pour l’année 1884.
- Le prix de l’abonnement dans les différentes villes est de 750 francs à New-York, 875 francs à Cincinnati,. 625 francs à Boston, 62c francs à Baltimore, 625 francs à Philadelphie, 625 francs à la Nouvelle-Orléans, 625 francs à Saint-Louis, et 65o francs à Chicago.
- Des expériences de téléphonie à longue distance viennent d’avoir lieu entre Uxbridge et Liverpool sur une nouvelle ligne télégraphique, c’est-à-dire sur 400 milles de fil.
- Le gouvernement du Queensland met en adjudication une ligne télégraphique jusqu’à Cape York, avec extension jusqu’à Thursday Islaud. La longueur totale de cette ligne sera de 400 milles environ.
- Des expériences de téléphonie à longue distance ont été faites avec plein succès par la Téléphoné Company of Egypte entre le Caire et Alexandrie; sur une distance de 135 milles. Les appareils employés étaient des transmetteurs de la Consolitaded Téléphoné Construction and Maintenance C° avec des récepteurs et sonneries magnétiques.
- Les employés de la « Dominion Téléphoné C° » ont opéré, d’après une dépêche de Montreal, une saisie sur la Société,, pour obtenir le payement de leurs appointements, de telle sorte que les travaux ont été interrompus.
- La ville de Chicago a passé un contrat avec la United States Electric Lighting C« pour l’éclairage des bâtiments du comté, moyennant 40.000 francs.
- 3.585 lampes à incandescence serout réparties, aux termes du contrat, 1.200 dans la Cook Courty, 35o dans la cour criminelle, i.3oo dans l’hôpital, 25o à l'infirmerie et 485 à l’asile des aliénés.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Paris.— Imprimerie P. Mouillot, i3. quai Voltaire. — *5S.j20
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- La Lumière Électriqué
- Journal universel Électricité /
- 31, Boulevard des Italiens, Paris
- directeur : D* CORNELIUS HERZ
- Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout
- 7e ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI I" AOUT 1885 N» 31
- SOMMAIRE. — Mesures électriques sur les câbles sous-marins; A Rouilliard. — Application de l’électricité à la manœuvre des signaux de chemins de fer (4e article); M. Cossmann. — L’électricité en Amérique. L’éclairage électrique; B. Abdank-Abakanowitcz. — Les piles électriques (2e article); P. H. Ledeboer. — Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovich. — Etude spectrale des corps rendus phosphorescents par l’action de la lumière ou par les décharges électriques, par Edm. Becquerel. — Sur les régimes de charge et de décharge des accumulateurs, par MM. Crova et Garbe. — Sur la résistance électrique de l’alcool, par G. Foussereau — Sur la conductibilité électrique des dissolutions salines aqueuses très étendues, par G. Vicentini. — Correspondances spéciales de l’étranger: Allemagne; H. Michaëlis. — Angleterre; J. Muoro. — Autriche ; J. Kareis. — Chronique : Note sur les observations des coups de foudre en Belgique; par E. Evrard. — Bibliographie. — Correspondance : Lettre de M. Grenet. — Faits divers.
- MESURES ÉLECTRIQUES
- SUR LES CABLES SOUS-MARINS
- ÉLIMINATION DE L’iNFLUENCE DES COURANTS ;TERRESTRES.
- Il serait superflu de s’étendre sur l'importance des mesures électriques que l’on effectue sur les câbles sous-marins, ainsi que sur les méthodes communément employées. Ces méthodes donnent généralement d’excellents résultats lorsqu’elles sont employées dans l’usine de production. Mais s’agit-il d’un câble posé et reliant deux stations éloignées l’une de l’autre, leur application devient d’une difficulté extrême, et ce n’est qu’avec une grande habitude qu’on arrive à faire tant bien que mal les essais électriques du câble.
- La cause de cette difficulté réside dans la présence des courants terrestres. On sait, et les remarquables études récemment faites sur ces courants l’ont encore montré, combien varie à chaque instant la f. é. m. de ces courants. On sait aussi que ces variations peuvent s’étendre entre des limites fort étendues.
- En pratique, on élimine l’influence de ces courants terrestres en faisant un grand nombre d’expériences, et en prenant la moyenne des résultats obtenus, ce qui revient à admettre que les erreurs commises par suite de ces courants se tiaduisent
- par des termes tantôt positifs, tantôt négatifs, dont la somme se trouve être sensiblement nulle. Il est évident qu’au premier abord rien n’autorise une semblable hypothèse, cependant cette méthode fournit des résultats suffisamment voisins de la vérité pour que l’expérience l’ait consacrée. En tous cas elle est bien imparfaite, et si l’on s’en est contenté jusqu’ici, c’est un peu faute de mieux.
- Or par quels effets les courants terrestres troublent-ils les essais et viennent-ils par conséquent invalider les méthodes employées?
- i° Par la production de courants induits qui se développent dans le câble ;
- 20 Parce que les méthodes employées supposent que le potentiel de la surface extérieure du câble est constant tout le long du câble; et comme on se sert de la terre en la mettant en communication avec l’un des pôles de la pile, cela revient à admettre implicitement que le potentiel de la terre est. le même tout le long du câble, ce qui n’a pas lieu.
- Si donc on pouvait supprimer ces courants induits et se passer de la terre, le problème de l’élimination des effets des courants terrestres serait résolu.
- Si le câble n’a qu’un seul conducteur, la chose est impossible, mais pour les câbles composés de plusieurs cores(*), si on se sert toujours d'un dés conducteurs comme fil de retour, on voit de suite
- (!) On donne le nom de core à l’ensemble du conducteur en cuivre et de sa gaine isolante '(gutta-pefeha ou caout-1 chouc).
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- que les courants induits seront évités dans le circuit ainsi formé, car étant d’intensités égales et de sens opposés, ils se détruisent. En un mot, on a un circuit métallique.
- Reste à prouver que les variations du potentiel de la terre n’auront aucune influence sur les nouvelles méthodes employées pour la recherche de la capacité, de l’isolement, et de la résistance du cuivre.
- I. — Capacité.
- Câbles à deux conducteurs.— Considérons tout d’abord deux condensateurs, de capacités Ct et
- FIG. I
- système des deux condensateurs, nous pourrons poser :
- Q = yl.2(V-v) + F, (e)
- ce terme F représentant une certaine fonction qui a dû être ajoutée au second membre pour tenir compte, dans la valeur de Q, des changements qui pourraient provenir de la variation de v'.
- Evidemment les équations (a), (b) et (c) doivent être vérifiées à chaque instant, et pour toute valeur de v'. Considérons en particulier l’une de ces valeurs, et déterminons la fonction F par l’élimination des quantités Q et v' entre les 3 équations (a), (b) (c).
- Les deux premières donnent :
- •S = V — v'
- O, G,
- d’où, par addition
- Q(È + c;)=v_’' ct q=ttt- <“
- c. + c,
- Éliminant Q entre les équations (c) et (d), il vient :
- d'où
- ^-T=ï,.i(V — *) + F, G, G,
- Ca (fig. i), dont les armatures intermédiaires 2 et 3 sont en communication, et dont les armatures extérieures, 1 et 4, sont reliées aux pôles d’une pile, pôles dont les potentiels sont V et v.
- Lorsque au moyen de la clef K on enverra le courant de charge, l’électricité neutre qui se trouve en A se décomposera par influence en
- 1 -f- Q qui se portera sur l'armature 3, l -Q - - 2.
- Et comme les quantités d’électricité que prennent les armatures d’un même condensateur sont égales et de signes contraires, nous aurons
- F = f“T ~ r, 2 Cv - v) = CV - v) [j-j-p - Yl ,2] W
- Portant enfin cette valeur de F dans l’équation (c), il vient :
- q = T(>1 (v - v) + (V-v) r^ - r,2]= (V - v)~j~~ 1
- Le, Cj _| Cj G.
- OU
- Q=tâ%(v-V) (/)
- Or les équations (e) et (/') devant être identiques, il en résulte que l’on a :
- ( — Q sur l’armature 4,
- 1 +Q - 1.
- Et, quelles que soient les variations que pourrait subir la charge Q sous l’influence des causes extérieures, il est bien évident que les quatre charges des armatures 1, 2, 3 et 4, seront toujours égales en valeur absolue.
- Le potentiel en A prendra une certaine valeur, inconnue pour le moment, que je désignerai par v’. \ Appelant C, et C2 les capacités des deux condensateurs considérés, on peut écrire :
- Q = C, (V —v'), (a)
- Q — C, (v'—v); {b)
- Désignons maintenant par y,.2 la capacité du
- r,.2 =
- et F=
- C, C3
- G* Gj
- o.
- Cette seconde relation se trouve d’ailleurs vérifiée si, dans l’équation (c), on remplace yt.i par la
- valeur
- c, c5
- G, + G,
- C, et C2 étant des quantités invariables, ainsi que la différence de potentiels (V—v) des pôles de la pile, l’équation (/) montre que les variations de v' n’auront aucune influence sur la charge Q. Mais alors, pour que les équations (a) et (b) demeurent toujours satisfaites, il faut que (V—v') et (v'—v) soient des constantes, et si v' varie d’une quantité ± v/, V et v devront varier dans le même sens, et de la même quantité.
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- Cette conséquence pourrait, au premier abord paraître inattendue, car V et v sont, par hypothèse, les potentiels des pôles de la pile, niais il ne faut pas oublier qu’un potentiel ne peut jamais représenter par lui-même une valeur absolue, et qu’il ne peut en être ainsi que d’uné différence de potentiels. Or ici, la différence de potentiels entre les pôles de la pile est (V—v) et cette quantité est invariable, de même que doivent l’être les différences de potentiels (V—v') et (v'—v).
- Il est donc bien établi que, quelles que soient les variations du potentiel v' du système des armatures 2 et 3, la quantité d’électricité Q, que possède le système, est invariable. Or, toutes les méthodes qui permettent de mesurer les capacités d’un condensateur consistent à mesurer la charge Q qu’il prend sous l’influence d’une différence de potentiel (V—v). Donc si l’on mesure la capacité yi.2 du système des armatures 1 et q, on ne sera aucunement troublé par les variations de v'.
- Ceci posé, appliquons cette remarque aux câbles à deux et à plusieurs conducteurs. Nous prendrons les conducteurs à deux cores pour armatures et
- FIG. 2
- mesurerons la capacité yi.a du système (fig. 2), sans être aucunement troublé par les variations de v', c’est-à-dire par les courants terrestres.
- Nous pouvons alors écrire l’équation
- Y ___ Cg
- Yl-*-Cf+C,’
- ou
- Les 2 équations précédentes donnent alors pour les capacités cherchées.
- Ci—r,.2
- p___C, 1 T k 1 >
- 2° Câbles à plus de deux conducteurs. — Quel que soit le nombre des cores, nous pouvons tpu-jours les assembler par groupes de trois ; il nous suffira par conséquent d’examiner les cas d'un câble à trois conducteurs.
- Soient donc C0 C2, C3, les capacités à déterminer.
- Nous mesurerons successivement les capa-cités.
- . y( 2 du système des 2 cores C, et C„
- r,.3 — — C, et c3,
- Ï2.3 — — C, et C,.
- Nous obtiendrons ainsi trois équations
- On résoudra aisément ces équations en prenant pour inconnues auxiliaires et, si l’on pose
- *1.2 h.3 h.:, y
- on aura
- y y^
- 1 1
- y • yi.3
- 3 1 — 1 ÿ y 1.2
- Il nous faut une seconde équation, que nous obtiendrons facilement en mesurant le rapport k des capacités et C2 :
- Remarquons que dans ce cas, nous serons obligé d’employer la terre, et que nous serons par conséquent affecté par les courants terrestres. Toutefois, leur influence sera beaucoup moins grande que si nous mesurions séparément C4 ou C2, car ces courants terrestres affecteront les deux cores au même instant et dans le même sens, et le rapport des charges ne sera que légèrement modifié; d'autant plus qu’en pratique les cores sont semblables, et le rapport k voisin de l’unité.
- Et nous avons évité cette fois toute influence des courants terrestres.
- II. tSOLEMENT
- i° Câbles à deux conducteurs. — Mettons les pôles de la pile en communication avec chacun des deux conducteurs, et mesurçns l’isolement du système des deux cores. Considérons une portion de ce système d’une longueur infiniment petite, et soient f, et les isolements de ces portions de cores, et v', le potentiel de la terre en ce point, et à l’instant considéré.
- La quantité d’électricité qui traverse un isolant, dans l’unité de temps, est directement propor-
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- ic/>
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- tionnelle à la différence de potentiels, et inversement proportionnelle à la résistance d'isolement. De sorte qu’en désignant par
- ?<
- ^12
- la quantité d’électricité qui traverse le core n° i,
- — '— — le core n°2,
- — — — les cores n°ietn°2,
- on peut écrire
- 777 (V— V') *= 7. ’ («)
- 77 (v'—v) q*~ 72 » (*)
- - ._P(V-V) , „ qi.2~ it+h +*> . (c)
- <p étant une certaine fonction inconnue du potentiel v'.
- est évidemment la somme algébrique de qï et de ÿj, donc
- îi.g —
- __m (V—y’) | n (v'—v)
- H
- {d)
- Mais les équations (c) èt [d) qui donnent toutes deux la valeur de qu^ doivent être les mêmes. En les identifiant, on a
- p _____m p __________11
- û + h ~~ V 1-,+û ~ », ’
- équations qui donnent
- j
- I ^ î.-HV
- de sorte que la valeur de q^% se réduit à
- _ „ V— v ?1'2 ^ h + ù ’
- valeur indépendante de v’ et par conséquent invariable.
- Il en serait de même pour chaque longueur infiniment petite que nous pourrions considérer. Or, les méthodes qui permettent de mesurer l’isolement reviennent toutes à mesurer la somme de ces quantités qui ou ; et comme cette quantité
- est invariable, ces méthodes ne seront pas troublées par les variations de v', c’est-à-dire par les courants terrestres. Le résultat de cette mesure donera
- ï,.,—Ï.-I-1. («)
- Pour avoir une seconde relation entre I, et I4, rappelons-nous que, pour une matière isolante déterminée, quel que soit le câble ou condensateur que l’on construise avec cet isolant, le produit de la résistance par la capacité est un nombre constant, ce qui nous donne
- C, I( = Cs [j =. constante,
- d’où
- h _ê,_
- I^C,- k’
- (/)
- k désignant, comme précédemment, le rapport des capacités gr ; et les équations (e) et (f ) donnent
- l.=l
- + i’
- It = I, k =1
- k
- 1>a k + i'
- 2° Câbles à plus de deux conducteurs. — Il nous suffit de considérer le cas des 3 cores. Soient I4, I2, I3 les résistances d’isolement à chercher, si nous mesurons
- I. „ résistance d’isolement du système des cores i et 2. 1.2 ,
- 3 I et 3;
- *2.3 — — — — 2 et 3;
- nous aurons :
- II.2~I’+I2 ^.S — 1< + l3 X2.3 1 +Ï3’
- Si l’on pose
- I|.2 + I1.3 + I2.3=21’
- on aura
- t I<=I-I2 3' l2 = I-I1.3,
- ( l3 = I-I1.2-
- Valeurs indépendantes de la variation des cou rants terrestres.
- III. Résistance du cuivre.
- a. Câble à deux conducteurs. — Soient Rj et R2 les résistances à déterminer.
- i° On mesurera la résistance Rlt2 de la boucle formée en faisant communiquer les conducteurs à une extrémité, ce qui donnera :
- R12=R,+R2, (a)
- quantité indépendante des courants terrestres.
- 2° En mettant la boucle à la terre, on pourra mesurer le rapport a, des résistances R, et R2, au moyen du pont de Wheatstone, et on aura ainsi une autre équation
- Ici, la mesure de a sera troublée par les courants terrestres à cause de la différence qui existera généralement entre les potentiels aux deux extrémités du câble. Toutefois, ce rapport étant habituellement voisin de l’unité, sa valeur ne sera pas sensiblement modifiée.
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- Des équations (a) et (b) on tire
- ( Rj^=R, *—j—.
- \ * *•*(* +\)9
- b) Câbles à plus de deux conducteurs. — Il suffit de considérer le cas de trois conducteurs. Soient R„ R2, R3 les résistances à chercher. On mesurera successivement les résistances des trois boucles obtenues en faisant communiquer les conducteurs deux à deux, ce qui donnera :
- ( R,.2=R-+R2>
- | R1i3=R1+R3)
- ( R2.3=R2 + R3-
- Et en posant
- R1.2 + R1.3+R2.3=2R’
- on aura
- ( Rl==R Ra.s,
- r2=r-r ( R3 = R-Ri.2.
- En résumé, l’on voit que, dans le cas de plusieurs conducteurs ces méthodes permettent d’opérer complètement à l’abri des causes d’erreur dues aux courants terrestres; il en est de même dans le cas de deux conducteurs (sauf pour deux mesures, celles de k et de a où subsiste une petite influence). Donc on peut, en les appliquant, se dispenser de multiplier les essais, comme on le fait pour atténuer les erreurs dues aux courants terrestres, ce qui a le double avantage d’économiser du temps tout en donnant des résultats plus exacts.
- A. Rouilliard.
- APPLICATION DE L’ÉLECTRICITÉ
- A LA MANŒUVRE DES '
- SIGNAUX DE CHEMINS DE FER
- (Quatrième article.— Voiries numéros des n, 18 et 25 juillet 1885)
- Troisième série.
- IL — APPAREILS DE BLOCK AND INTERLOCKING ÉLECTRO-SÉMAPHORES TESSE, LARTIGUE ET PRUDIIOMME
- Électro-sémaphores pour voie unique. — Nous ne pouvons mieux faire que de reproduire ici les excellentes explications fournies, au sujet de ces appareils, en 1877, par M. Clérault dans les Annales des ponts et chaussées, t. XIV.
- Les postes qui séparent les sections sont munis d’électro-sémaphores qui ne diffèrent de ceux de la double voie que par quelques points :
- i° Les deux bras inférieurs sont, non plus des
- voyants indicateurs, mais des signaux adressés aux mécaniciens, et, par suite, ils ont même forme ét mêmes dimensions que les bras supérieurs et apparaissent du même côté du mât. Au lieu d’être en-
- FIG. 84. — SÉMArHORE TOUR VOIE UNIQUE
- clenchés dans la position verticale redressée, ils sont enclenchées dans la position verticale pendante, mais un contrepoidsi placé en queue les fait exactement rentrer, au point'de vue des actions mécaniques, dans les conditions "des petits bras des sémaphores de double voie. • •
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- 2° Dans la position déclenchée (horizontalité-,arrêt) le bras inférieur produit le clavetage du bras .supérieur dont le déclenchement est paralysé pendant tout le temps du déclenchement du bras inférieur.
- La figure 84 montre l’électro-sémaphore pour voie unique. La figure 85, indique la disposition qui réalise la deuxième des conditions précédentes.
- La pièce de carillon est pourvue d’un loquet W. Une came fixée sur l’axe du levier q, où s’articulent les tringles de triage du bras inférieur, soulève la queue de ce loquet lorsque le bras est horizontal et s’applique contre une dent de rochet que porte l’axe du levier O correspondant au grand bras, qui est habituellement horizontal dans le service de la voie unique. Le grand bras se trouve donc cla-CA3XSu“Eveté dans sa position horizontale (voie fermée) aussi longtemps que le bras inférieur est lui-même horizontal ou déclenché. Par le relèvement du bras inférieur, le loquet est lui-même relevé par le poids de sa queue et le jeu du bras supérieur rendu libre.
- Sauf les deux différences mentionnées ci-dessus, tout le mécanisme des appareils est le même que dans l’électro-sémaphore pour double voie. Les communications électriques sont différentes, et le commutateur de l’appareil n° 2 ne sert plus ici pour les communications accessoires, mais est utilisé pour l’envoi obligatoire du courant négatif de l’appareil n° 1 d’un poste, à l’appareil n° 2 du poste suivant (comme il sera dit plus loin).
- Le commutateur homologue de l’appareil n° 2 continue à servir pour les communications accessoires et est dans les conditions convenables pour que le courant ne produise aucun effet sur les signaux à vue.
- L’apparition des voyants intérieurs, accompagnée d’un coup de timbre, n’a plus la signification d’accusé de réception qu’elle a sur la double voie ; dans l’appareil n° 1, elle indique l’arrivée du train à l’extrémité de la section par les mots arrivé, et dans l’appareil n° 2, elle indique l’expédition du train dans la section par les mots train expédié.
- Pour la continuation de la marche du train, ce poste B agit alors vers C comme A a agi vers B, puis C agit vers B comme B a agi vers A.
- En définitive, on voit :
- i° Que la voie ne peut être débloquée à l’extrémité d’une section sans qu’elle soit préalablement bloquée doublement à l’autre extrémité ;
- 20 Que pendant tout le temps qu’un train circule sur une section, il ne peut être envoyé, ni dans
- un sens ni dans l’autre, de nouveaux signaux pouvant faire confusion dans l’esprit des agents;
- 3° Que le rôle des agents des sémaphores consiste uniquement : 1. A appuyer sur un commutateur pour faire, par l’intermédiaire du poste suivant, ouvrir la voie avant le départ du train; 2. A couvrir le train après son départ en réenclenchant par un demi-tour de manivelle, l’appareil qui venait d’être déclenché; 3. A annoncer que le train est arrivé, en effaçant le bras inférieur par un demi-tour de manivelle de l’appareil qui le manœuvre.
- FIG. 86
- Il paraît inutile d’examiner ici les cas de garage pour la simple voie ; tous ces cas se déduisent très facilement des cas homologues étudiés pour la double voie, au moyen des explications qui précèdent.
- La figure 86 résume les divers cas qui peuvent se présenter sur une ligne à simple voie.
- Relèvement prématuré du petit bras. — Il est un cas qui pourrait se produire; supposons que, pendant que le train circule de A en B, l’agent du poste B, contrairement aux prescriptions, efface le bras inférieur de son sémaphore ; il annoncera ainsi indûment à A l’arrivée du premier train en B et, par suite, A pourra expédier prématurément un second train de A vers B ou le même B, expédier un autre train à la rencontre du premier dans le
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- sens B À. Il faut tout d’abord remarquer combien il est peu problable que cette erreur se produise, puisque l’agent du poste B ne doit effacer le bras inférieur qu’au passage, devant son poste, du train annoncé. A cette éventualité, d’ailleurs, il est remédié d’une façon radicale par l’emploi de postes accessoires intermédiaires installés comme suit.
- Postes intermédiaires. — Dans le circuit des électro-sémaphores sont intercalés des mâts à deux bras; ces deux bras sont enclenchés par un aimant Hughes dans la position horizontale.
- Lorsque le poste A envoie le premier courant jen B pour déclencher le bras inférieur de ce poste, il ne produit aucun effet sur les mâts intermédiaires dont il ne fait que renforcer les aimants, mais le courant de retour vers A (conséquence du rabattement du bras inférieur du poste B), déclenche tous les bras des mâts intermédiaires (mouvement accompagné du jeu d’un carillon), comme le bras supérieur du sémaphore A. Le train parcourant régulièrement AB, trouve donc tous les mâts intermédiaires à voie libre, et chaque garde est averti par la mise à voie libre de l’un ou de l’autre bras de son mât, de l'approche d’un train dans tel bu tel sens; la mise à voie libre de son mât pour les deux sens (double signal à vue doublé de deux signaux acoustiques) signalerait le danger de collision à tous les gardes placés entre les deux postes A et B; mais, comme il paraîtrait peu logique de faire interpréter le signal de voie libre dans les deux sens, comme indiquant la nécessité de faire un signal d’arrêt, on a solidarisé le jeu des deux bras des postes intermédiaires, de sorte que dès que l’un est mis à voie libre, l’autre reste forcément à voie fermée (ce qui n’empêche pas le double jeu de carillon de se produire pour prévenir le garde d’une anomalie dans le service). L’un des deux trains est donc forcément arrêté.
- Pour doubler la couverture du train, contre les trains de même sens, les gardes relèvent d'ailleurs le bras de leur mât après le passage de chaque train. Les positions de ces postes intermédiaires sont indiquées aux grands passages à niveau et spécialement aux dédoublements de la voie aux abords des stations; en ces derniers points, en effet, le poste intermédiaire remédierait toujours à la seule hypothèse de collision qui soit admissible, en arrêtant avant la voie unique tout train dont on aurait indûment autorisé et signalé le départ.
- On peut se demander encore ce qui arriverait si au même instant électrique les agents de deux postes A et B demandaient le passage de deux trains de sens contraire; l’indépendance des communications qui transmettent ces signaux fait que les deux demandes seraient transmises en même temps; or celle qui vient du poste A produit double fermeture en B et celle qui vient du poste B produit double fermeture en A. La voie sera doue
- doublement bloquée aux de deux bouts, chacun des bras inférieurs clavetant à l’arrêt le bras supérieur. On aurait recours alors à l’échange des dépêches réglementaires. Ce cas est d’ailleurs presque chimérique. ' ' •
- Signaux de nuit, éclairage. — Les chbses sont disposées dans l’électro-sémaphore pour voie unique, de telle sorte qu’une seule lanterne suffise pour l’éclairage de tout le mât. La lanterne unique L est hissée soit à la hauteur des bras inférieurs, soit à la hauteur des bras supérieurs; les feux correspondant aux bras seraient donnés par des verres rouges liés aux tringles de tirage de ces bras. Des réflecteurs éclaireraient les appareils de manœuvre.
- SYSTÈME KRIZIK
- Les objections plus ou moins fondées faites au sujet de l’ancre d’échappement, qui est l’organe essentiel des appareils Siemens et Halske, ont
- z ïz-
- FIG. 87. — VUE EXTÉRIEURE DE i/APPAREIL KRIZIK
- sans doute donné à M. Krizik, chef du service télégraphique du chemin de fer de Pilsen à Priesen, l’idée de remplacer cet organe par une fourche oscillante, d’un type analogue à celle qui est presque partout utilisée dans les appareils autrichiens.
- A part cette différence fondamentale, l’appareil Krizik se rapproche, par plus d’un point, de celui de Siemens et Halske et cette similitude nous permettra de rendre la description beaucoup plus brève.
- En principe, les sémaphores à l’aide desquels on fait aux mécaniciens les signaux d’arrêt et de voie libre, sont manœuvrés à l’aide de manivelles enclenchées avec les signaux électriques, de manière à réaliser la dépendance des sections et à mettre chaque garde dans l’impossibilité d’effacer, sans l’intervention dp poste suivant, le signal qu’il
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- a lui-même mis à l’arrêt. Les organes d’enclenchement sont contenus à 1’intcrieur d’une boîte double, représentée à la figure 87, de laquelle sortent les manivelles K, K' servant à manoeuvrer les ailes des sémaphores, pour chaque sens de circulation, quatre poussoirs P, B', D, D' et un carré P, se manoeuvrant à l’aide d’une clef, pour remonter le poids d’un mouvement d’horlogerie.
- La source d’électricité est fournie par une machine d’induction qui, contrairement à ce qui a lieu pour les appareils Siemens, ne se manœuvre pas à la main, mais à l’aide d’un déclenchement du mouvement d’horlogerie dont il vient d’être question. Un frein à ressort règle la vitesse de la chute du poids moteur.
- La mise en marche et l’arrêt de ce rouage, ou, en d’autres termes,
- la production et la cessation des courants électriques, s’obtiennent par la pression des manipulateurs B, B',
- D, D', qui servent en même temps de commutateurs pour envoyer ces courants dans les postes correspondants.
- La manœuvre de l’appareil Krizik est donc plus simple que celle de l’appareil Siemens, mais cette simplification entraîne la nécessité de remonter périodiquement le mouvement d’horlogerie.
- Comme l’indique la figure 87, des voyants portant les mots voie libre et voie occupée viennent apparaître devant les guichets ménagés sur la face antérieure de la boîte et une sonnerie G, placée latéralement, permet de donner des coups de timbre qui servent à mettre les postes successifs en correspondance.
- Conformément aux règles adoptées par l’Union des chemins de fer allemands, le signal se compose d’un sémaphore portant deux ailes mobiles pour chaque direction; l’une seulement de ces ailes,
- celle du haut, est manœuvrée par la manivelle de la boîte de l’appareil. L’autre aile n’intervient que pour former, dans certains cas, avec la première, des combinaisons d’une signification particulière; elle est manœuvrée par une manivelle indépendante de l’appareil de Block : quand l’aile supérieure est à 45°, indiquant que la voie est libre, l’aile inférieure à 45° signifie « ralentissement ».
- Une roue à rochet r (fig. 88) montée sur l’axe E de la manivelle motrice K de l’aile supérieure, oblige le garde à tourner cette manivelle toujours dans le même sens. Lorsque cette manivelle est verticale et dirigée vers le haut, cette position correspond à la position horizontale de l’aile, qui, d’ailleurs, par son propre poids, tend toujours à se remettre d’elle-même à l’arrêt. En faisant tourner la manivelle de 1800 pour l’amener en bas, on exerce un effort de traction sur le fil de transmission et l’aile s’incline à 45° vers le haut, ce qui indique voie libre. En achevant la rotation de la manivelle, l’aile se remet à l’arrêt.
- En outre, pour fixer la manivelle K exactement dans la position correspondant à l’arrêt ou à la voie libre, un disque i, monté sur le même axe E
- engrène avec les taquets b,b',placés aux extrémités d’un même diamètre et poussés par des ressorts qui prennent leur point d’appui sur le bâti fixe de la boite. C’est en saisissant la poignée de la manivelle que l’on dégage ces ressorts etces taquets de manière à pouvoir effectuer la rotation.
- A ppareil d'enclenchement électrique. — Ainsi que l’indique la vue intérieure de la est, en temps
- K'<5>
- — VUE INTERIEURE DE LAPPÀREIL KRIZIIC
- figure 89, représentant la boîte de l’appareil, l’armature normal, attirée contre le noyau aimanté d’une bobine verticale actionnée par un puissant aimant M; les choses se passent de même symétriquement en m1, m',, M', pour l’autre direction, l’appareil d’un poste intermédiaire étant double, sauf en ce qui concerne l’inducteur L. Pour détacher l’armature, il faut supprimer ou affaiblir l’aimantation de la bobine; cet effet est obtenu par l’envoi de courants d’induction émis par le poste correspondant. Sous l’action de ces courants alternatifs, l’armature est plusieurs fois repoussée et attirée
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- successivement, de sorte que ses oscillations se transmettent à un échappement à fourche dont le détail est indiqué à la figure go.
- Il se compose d’un levier oscillant autour de l’axe p, dont la queue z, rappelée par un ressort n, va de l’une à l’autre des deux pointes c,c’, tandis que la fourche formée de deux branches k,k', articulées en b, b' et armées de dents o, o', laissent échapper entre ces dents et descendre d’un cran à chaque
- I'IG. QO. — ÉCHAPPEMENT A FOURCHE (SYSTÈME KRIZIK)
- oscillation, le prisme s fixé à l’extrémité du levier A.
- Cette disposition rappelle celle de l’ancre Siemens, et elle a les mêmes avantages, en ce qui concerne la neutralisation de l’effet des courants atmosphériques, car il faut une série d’oscillations pour que le barreau A achève de descendre complètement.
- Ce levier tourne autour de l’axe G, et dégage, par l’intermédiaire de la goupille r, le taquet h, d’un cran V, existant à la circonférence d’un disque monté sur l’axe F de la manivelle du sémaphore.
- Ainsi, cette manivelle étant normalement enclenchée à l’arrêt, il faut, pour qu’on puisse effacer le signal, que le poste suivant envoie des courants d’induction qui ont pour effet de déclencher cette manivelle, et de rendre possible sa rotation dans le sens de la flèche. Le garde fait alors faire un demi-tour à sa manivelle, et le cran i' vient se placer en face du crochet h qui empêche le disque d’achever sa rotation.
- Pour remettre le sémaphore à l’arrêt, il suffit d’appuyer sur le bouton l; la pression se transmet au levier y qui tourne autour de l’axe q, et dont l’autre extrémité h est précisément le crochet qu’il faut dégager du cjran.
- Le garde peut alors achever la rotation de la manivelle; dans ce mouvement, la came a' vient relever le taquet a et par suite, la barre A; le prisme s se dégage des dents de la fourche, dont les branches articulées à ressort lui cèdent le passage, et la goupille r, ramenée vers la gauche, laisse
- le taquet h’ revenir à sa position initiale, de sorte que l’appareil se trouve de nouveau enclenché et prêt à fonctionner comme nous venons de l’indiquer.
- Ainsi la mise à voie libre d'un signal ne peut s'effectuer sans l'intervention du poste suivant. Il reste à faire voir comment est réalisée, au même poste, la dépendance des sections successives.
- L’inventeur de l’appareil a atteint ce résultat en empêchant Je garde d’un poste d’envoyer des courants'd’induction au poste précédent, pour le débloquer, tant que la manivelle de son propre sémaphore n’est pas à l’arrêt. Il y a deux dispositifs pour obtenir cet effet ; l’un consiste en un commutateur, l’autre en un enclenchement mécanique. Le commutateur est simplement composé d’un manchon cylindrique (fig. 91) monté sur l’axe FF, de la manivelle du sémaphore; il est entouré d’une matière isolante K, telle que du caoufchouc, et porte deux douilles métalliques C, C,, découpées en gradins; contre ces douilles fig. qi frottent quatre ressorts I, II, III,
- IY, disposés de manière que, grâce au tracé des gradins, suivant qu’on tourne la manivelle, les ressorts III et IV reliés aux deux pôles de l’inducteur, communiquent chacun tantôt avec le ressort I, c’est-à-dire avec la ligne, tantôt avec le ressort II, c’est-à-dire avec la terre.
- On voit alors que, pour envoyer au poste précédent les courants d’induction qui débloquent la section en déclenchant son appareil, il faut, non-seulement faire tourner la machine, ce qui se fait automatiquement, comme on l’a vu, par le déclenchement du rouage, mai§ encore il. faut que III communique avec I et IV avec II, ce qui n’a lieu que quand la manivelle du sémaphore est à la position d’arrêt.
- Au contraire, quand le sémaphore est à voie libre, les gradins C, C, renversent la communication et les courants traversent le poste voisin dans un sens qui renforce l’aimant au lieu de l’affaiblir et qui, par conséquent, ne déclenche pas les appareils de ce poste.
- L’autre combinaison ne fait pas tout à fait double emploi avec le commutateur dont il vient d’être question, car elle fait partie presque intégrante de l’installation des manipulateurs, dont la disposition chématique est représentée à la figure 92.
- Les manipulateurs se composent de quatre boutons B, B,, D, D,, dont deux rouges sont employés quand il s’agit de bloquer la section et d’annoncer le train en avant, et deux blancs servent à débloquer en arrière, chaque fois qu’on veut envoyer
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- LA LUMIÈRE ELECTRIQUE
- des courants à l’un des deux postes correspondants afin de déclencher le rouage qui fait tourner l’inducteur.
- A cet effet, l’inducteur qui tourne dans le sens de la flèche entre les aimants M, M' porte sur son axe, un taquet Y qui butte contre un levier J ; pour faire faire un tour à l’inducteur, il faut relever ce levier ou ses tourillons P, P', ce qui a lieu chaque fois qu’on fait osciller, à l’aide des manipulateurs des leviers T,T^C^CiOscillantautour des axes*,
- En outre les boutons de déblocage D, Da portent une entaille dans laquelle peut pénétrer une tige Z, poussée par un puissant ressort spirale contre un excentrique E qui est calé sur l’axe F de la manivelle du sémaphore. Quand la manivelle est dans la position correspondant à l’arrêt (tel est le cas de la figure 92), la tige Z ne pénètre pas dans l’entaille située en face d’elle, et l’on peut appuyer sur le bouton pour lancer les courants positifs qui permettent de débloquer le poste précédent. Si au
- Terre
- FIG. 92. — DÉPENDANCE DES SECTIONS SUCCESSIVES
- contraire, le sémaphore est à voie libre, l’excentrique E, quia changé diamétralement de position, fait loger la tige Z dans l’échancrure et paralyse tout mouvement de descente du bouton D. C’est dans ce dispositif que consiste l’enclenchement mécanique qui vient, au besoin, corroborer l’enclenchement électrique obtenu à l’aide du commutateur à gradins.
- Aux tiges des quatre manipulateurs sont fixés des taquets isolés n, nl N, Nt qui, lorsqu’on appuie sur les boutons, déplacent les contacts à ressorts dC R, A, A,, en les appuyant d’une vis contre l’autre ; sans entrer dans le détail de la marche des courants au moyen des communications indiquées en traits ponctués à la figure 92, il est facile de se rendre compte que ces déplacements de contact coïncident précisément avec l’envoi du courant dans la direction nécessaire dans chaque cas, et
- que le sens du courant peut être lui-même modifié, comme par exemple dans le cas où l’on utilise le même fil pour l’échange des signaux courants de la ligne.
- Contrôle optique et acoustique. — Pour compléter le système, des voyants portant les mots voie libre ou voie occupée viennent apparaître devant les guichets ménagés sur la boîte de l’appareil, au-dessus de chacune des deux manivelles de sémaphore. Le voyant, qui oscille devant le guichet et qui est formé d’une mince feuille de tôle peinte mi-partie en blanc, mi-partie en rouge, est fixé à l’extrémité du bras A (fig. 89), dont le bout est en prise avec la fourchette d’échappement. A l’état normal, le sémaphore étant enclenché dans sa position d’arrêt, c’est la partie rouge du voyant qni apparaît devant le guichet ; lorsque le déclenchement est effectué par l’envoi de courants du
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- poste suivant, le bras A tombe, et le voyant passe du rouge au blanc. Lorsque le garde remet son signal à l’arrêt, après l’avoir effacé, le bras A revient à sa position initiale et le voyant passe de nouveau au rouge.
- Cette disposition est celle relative au cas où l’on exploite avec la voie normalement fermée. Dans le cas contraire, comme il faut que l’on travaille avec des courants tantôt positifs, tantôt négatifs, M. Krizik a eu recours à un appareil spécial indépendant de l’organe de déclenchement et représenté à la figure 93.
- IYI
- C.. M
- FIG. g3. — VOYANTS OSCILLANTS (SYSTÈME KIÎI2IK)
- Dans ce cas, le poste correspondant peut seul donner le signal de voie libre, mais aussi le signal de voie occupée. A cet effet le voyant se compose d’un disque mince en papier P, peint moitié en rouge, moitié en blanc et fixé à l’extré-trémité supérieure S d’un levier oscillant autour du point O et dont l’autre extrémité N forme l’armature d’un petit électro-aimant en fer à cheval M ; selon que le levier oscille dans un sens ou dans l’autre, c’est la partie rouge ou la partie blanche du voyant qui vient apparaître derrière la vitre du guichet L. Cette oscillation a lieu selon le sens du courant lancé par le poste correspondant. Un courant positif peut seul convertir l’indication de voie occupée en celle de voie libre ; de même le courant négatif peut seul produire l’effet contraire.
- Cependant comme il peut arriver que le garde ait à mettre son signal à l’arrêt sans en avoir reçu l’invitation de son correspondant, il y a un dispositif qui fait, dans ce cas spécial, concorder l’indication du voyant avec la position du signal.
- A cet effet, quand on tourne la manivelle du sémaphore, un excentrique non visible sur la figure et calé sur l’axe de cette manivelle, exerce une pression latérale sur l’un des bras d’un levier à ressort, de manière qu’un crochet fixé à l’autre bras, saisit
- l’armature N du voyant et la fait changer mécaniquement de position.
- Outre ce contrôle optique, l’appareil comporte un contrôle électro-acoustique, composé d'une sonnerie placée sur la face latérale de la boîte de l’appareil, et disposée de manière à pouvoir être actionnée par des courants lancés, soit parle poste même où se trouve l’appareil, soit par le poste voisin.
- C’est un électro-aimant e en fer à cheval (fig.89), dont l’armature a est écartée, en l’absence de tout courant, par le ressort v qui la presse contre lavis d’arrêt z. Chaque fois que l’armature est attirée, elle soulève la tige s du battant, et chaque fois qu’elle revient en arrière, elle laisse retomber le battant contre le timbre g. On a donc autant de coups de timbres qu’il y a d’alternances de courants d’induction envoyés dans l’électro aimant.
- Emploi des appareils. — L’appareil'que [nous venons de décrire sommairement peut être employé, soit dans le cas où la voie reste normalement fermée, les signaux étant normalement à l’arrêt, soit dans le cas où elle est normalement libre et où l’on ne met les signaux à l’arrêt que pour couvrir chaque train qui passe.
- i° Ce cas est celui où l’on ne fait usage que d’une seule touche de manipulateur dans chaque sens de circulation.
- Dans cette hypothèse, toute émission de courant actionne la sonnerie correspondante et celle du poste d’où part le courant. Mais il faut lancer un nombre de courants positifs égal à celui des dents de la fourche d’échappement, pour déclencher le sémaphore du poste correspondant, et amener au blanc le voyant de l’appareil; on conçoit donc que le signal qui autorise l’expédition d’un train, après qu’on a demandé la voie en avant, est précisément formé d’un, nombre de coups de timbre égal à celui des dents de la fourche d’échappement.
- Toutefois, on ne distingue dans l’appareil aucun dispositif qui empêche un poste de donner successivement plusieurs déclenchemente. Car il suffit, pour qu’un poste puisse débloquer le poste précédent, que l’agent ait mis son sémaphore à l’arrêt; rien ne l’empêche donc, lorsqu’il a reçu l’avis que ce poste a expédié un premier train, de lui rendre la voie libre, avant d’avoir vu passer ce train et de lui permettre, par conséquent, d’engager un second train dans la section encore occupée par le premier.
- Bien que cette éventualité ne paraisse pas à craindre, c’est un inconvénient, ou plutôt une lacune, commune d’ailleurs à tous les appareils de block System antérieurs à l’année 1878. Ce n’est qu’à partir de cette époque, qu’en étudiant de plus près les problèmes du block System, on a reconnu que, pour se mettre à l’abri de toute chance d’ac*
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- SÔ4
- eident, fût-elle même improbable, il fallait empêcher le signaleur de débloquer plusieurs fois la section. Les appareils Hodgson et Sykes sont conçus dans cet ordre d’idées; une modification récemment apportée à l’électro-sémaphore de M. Lartigue permet de réaliser le même désidératum.
- 20 L’appareil diffère de celui qui s’adapte au cas précédent, en ce qu’il est muni de deux touches pour chaque sens de circulation, et que le voyant est indépendant du mécanisme de déclenchement, conformément au deuxième dispositif que nous avons précédemment indiqué.
- Chaque émission de courant actionne les sonneries; l’envoi d’un courant négatif, à l’aide de la touche de déblocage, met au blanc le voyant, s’il était au rouge, et en répétant plusieurs fois ces émissions de courant (autant de fois qu’il y a de dents d’échappement), on déclenche l’appareil sé-maphorique. Au contraire, l’envoi d’un courant positif à l’aide de la touche de blocage, sert à faire passer le voyant optique du blanc au rouge. Mais on ne peut lancer ce courant que quand le sémaphore est à l’arrêt.
- Quant au mode d’emploi, on est obligé de reconnaître qu’il est assez bizarre. En effet, lorsqu’on parle du système de la voie normalement libre, on entend par là que l’on ne met les signaux à l’arrêt, à chaque poste, que lorsqu’il y passe un train, quitte à ne pouvoir effacer le signal que lorsqu’un train a atteint le poste suivant.
- L’usage de l’appareil Krizik comporte, au contraire, le mode d’emploi suivant, qui paraît fort compliqué : à chaque poste, il faut mettre le signal à l’arrêt avant que le train ait quitté le poste précédent, afin de pouvoir donner voie libre à ce poste, puis se faire déclencher par le poste suivant, de manière à ne pas arrêter le train à son passage, et enfin remettre son signal à l’arrêt après le passage du train, pour ne l’effacer que quand ce train à atteint le poste suivant.
- Nul doute que la sécurité ne soit parfaitement garantie de cette manière, sous la réserve toutefois de la critique que nous avons faite dans le premier cas, relativement à la possibilité de donner plusieurs déclenchements successifs, et qui conserve toute sa valeur dans le deuxième cas. Mais on conviendra qu’il existe des moyens d’atteindre plus simplement le même but en simplifiant la manœuvre des appareils et en n’obligeant pas l’agent de chaque poste à mettre sans motif ses signaux à l’arrêt; car avec un pareil mode de procéder, le deuxième cas revient absolument au premier, et l’on peut dire que la voie y est normalement fermée dès que la circulation est quelque peu intense.
- Conclusions. — En résumé, l’appareil Krizik, très voisin de l’appareil Siemens, présente comme lui certaines lacunes, au point de vue du programme
- auquel doivent satisfaire les appareils de block System, tels qu’on les conçoit actuellement.
- Malgré ses imperfections, il réalise une solution assez simple du problème sur les lignes exploitées d’après le principe de la voie normalement fermée.
- L’emploi de courants d’induction et surtout la manœuvre automatique de l’inducteur, constituent un réel avantage et mettent le mécanisme à l’abri des effets perturbateurs de l’électricité atmosphérique.
- Enfin, et c’est encore un autre point que l’on peut porteir à l’actif de ce système, il n’est pas nécessaire d’employer plus d’un fil conducteur, même dans les sections de voie qui précèdent ou qui suivent les gares.
- En dehors de ces observations générales, l’appareil que nous venons de décrire sommairement comporte d’excellents éléments, utilisables même dans le cas où l’on se proposerait de le refaire en. l’appropriant aux nécessités nouvelles de l’exploitation des chemins de fer. A part l’échappement à fourche, qui est à peu près aussi délicat que l’échappement à ancre du système Siemens et qui est sujet à se détériorer facilement, les autres pièces du mécanisme sont relativement robustes et inaccessibles aux influences extérieures, telles que les trépidations produites par le passage des trains. La manœuvre en est peu compliquée, quoique moins simple encore que celle des électro-sémaphores de M. Lartigue; aussi s’explique-t-on que quelques lignes de la Bohême, qui ne sont pas extrêmement chargées de trafic, aient recours à ce système.
- (A suivre.) M. Cossmann.
- sède, à New-York, outre les trois stations centrales une grande quantité d’installations isolées, pour les besoins des grandes administrations, telles que banques, clubs, théâtres et autres localités du même genre.
- Parmi ces installations une des plus intéressantes
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE (Q
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- Système Weston.
- ÉCLAIRAGE DU PONT DE BROOKLYN
- La « United States Illuminating Company », pos-
- f1) Voy. les précédents numéros, depuis la 4 juillet i885.
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- FIG. 2. — ÉCLAIRAGE DU PONT DE BROOKLYN (SYSTÈME WESTON).
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- 207
- est celle du grand pont sur l’East-River reliant la ville de New-York avec Brooklyn.
- Ce pont est une des choses les plus remarqua-
- bles que le génie américain ait produit dans le domaine de la construction.
- Incontestablement c’est l’œuvre la plus hardie,
- FIG. 3 — INTÉRIEUR D'UN FERRY-BOAT ÉCLAIRÉ PAR LE SYSTÈME WESTON
- la plus originale et la plus grandiose de tout ce qu’on a fait dans cette direction et les Américains sont jus-tementfiers de cette construction imposantequi sur-
- passe tous les autres monuments et qui est le premier objet, dominant la ville, que le voyageur remarque en arrivant à New-York.
- FIG. 4
- Après de longues hésitations entre les diverses Sociétés concurrentes pour l’éclairage du pont, 'administration a choisi le système Weston, qui
- est maintenant définitivement installé. Il y a 70 lampes à arc qui sont alimentées par une station placée près dupont, du côté de Brooklyn.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- La figure 2 donne l’aspect général du pont, vu du port, éclairé par les lampes électriques, qui, malgré leur éclat, se perdent dans les immenses proportions du monument.
- La figure 4 montre la disposition du circuit.
- Il y a deux circuits distincts qui se suivent parai lèlement sur tous le parcours et dont chacun ali mente la moitié des lampes.
- FIg. 5. — STATION D’ÉCLAIRAGE DU PONT DE BROOKLYN
- Cette mesure de précaution a été prise pour que, s’il arrivait un accident dans l’un des circuits, la lumière fût quand même distribuée sur tout le parcours du pont.
- Pour éviter encore plus sûrement tout danger d’une extinction prolongée, les deux circuits du pont peuvent être reliés par un commutateur (placé sur l’extrémité du pont aboutissant à New-York), avec la station centrale de la cité, qui est toujours en état d’alimenter les soixante-dix lampes du pont.
- Avec ces précautions, il n’y a aucun danger pour que le pont soit plongé dans l’obscurité.
- Les deux circuits du pont de Brooklyn ont à peu près 45 kilomètres de longueur. Ils sont en fil de cuivre, couvert par une couche épaisse de kérite et par un guipage de coton (fig. 6). Comme le pônt est métallique, il fallait des précautions spéciales pour obtenir un excellent isolement du câble. Il est fixé sur des supports en bois bouilli dans de la paraffine. La figure 7 montre comment se fait l’entrée du fil conducteur dans le support ornemental de la lampe.
- On voit le second circuit placé au-dessus qui se dirige vers la lampe suivante. L’aller et le retour de chaque circuit se trouvent du côté opposé du pont.
- La figure 8 présente la suspension des lampes sur les poteaux. On emploie les lampes à deux paires des charbons, pour obtenir une grande durée d’éclairage.
- La station de machines dynamo-électriques se trouve du côté de Brooklyn. Son intérieur est représenté par la (fig. 5). La machine employée est du système Corliss, type Watts-Campbell.
- Chaque circuit de 35 lampes est alimenté par deux dynamos Weston, chacune, d’une capacité de 20 lampes.
- Les machines sont couplées en tension. La station du pont de Brooklyn est projetée sur un plan plus large que celui qui suffirait pour l’éclairage du pont seul. On est convaincu que l’éclairage va s’étendre dans l’avenir et qu’on aura besoin d’alimenter un nombre de lampes beaucoup plus considérable.
- FIG. 6
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- Éclairage des bacs à vapeur (Ferry-boats).
- La Compagnie Weston a installé l’éclairage à incandescence sur treize bacs à vapeur qui font le service entre l’île de Manhattan, sur laquelle est
- FIG. 7 ET 8
- bâtie la ville de New-York, et les rivages situés de l’autre côté de l’East-River et de l’Hudson. Ce moyen de transport est très caractéristique pour les grandes villes américaines situées sur les embouchures des fleuves immenses. Les ferry-boats (voy. fig. 2) sont de larges bateaux à vapeur, mus par des machines à balancier, qui transportent, non seulement les voyageurs, mais encore les voitures chargées avec leurs attelages, et même, en certains endroits, comme à la Nouvelle-Orléans, des trains entiers de chemins de fer. L’éclairage des ferry-boats est presque toujours électrique, et on donne la préférence à la lumière à incandescence, que l’on peut bien distribuer dans les corridors du bateau. La figure 3 représente l’intérieur d’une des salles d’un ferry-boat éclairé par les lampes appartenant à la « United States Illuminating Company. »
- L’installation de cet éclairage est bien simple. Ordinairement on emploie 60 lampes, distribuées sur 10 suspensions. Une machine à grande vitesse placée près des chaudières principales fait marcher la machine dynamo du type ordinaire.
- B. Abdank-Abakanowicz.
- LES PILES ÉLECTRIQUES
- (Deuxième article. — Voir le numéro du 18 juillet i885.)
- Force électromotrice et résistance intérieure d’une pile polarisée.
- Les trois éléments qui interviennent dans le fonctionnement d’une pile sont : la force électromotrice E, la résistance intérieure R et l’intensité I du courant produit. Habituellement, on déterminé les deux premières constantes sur des éléments neufs. La force électromolrice se mesure, comme nous l’avons déjà indiqué, soit par la déviation d’un galvanomètre, avec une grande résistance intercalée dans le circuit (méthode de Fechner), soit par la décharge d’un condensateur à travers un galvanomètre à long fil, soit à l’aide des électromètres : électromètre à quadrant, électromètre capillaire, soit finalement par des méthodes d’opposition ou de compensation. Dans tous ces cas, le courant produit par la pile est nul ou extrêmement faible. Quant à la résistance intérieure, la plupart des méthodes consistent à faire deux observations avec des régimes différents. En supposant alors la f. é. m. la même dans les deux cas, on a deux équations entre lesquelles la f. é. m. s’élimine, ce qui permet de mesurer la valeur de la résistance intérieure.
- Méthode de Mance. — Nous dirons d’abord quelques mots de cette méthode, qui est très commode et qui donne des résultats exacts, sauf le cas où la pile est fortement polarisée. Elle consiste, comme on sait à remplacer dans le pont de Wheas-tone,la résistance à mesurer par la pile, en remplaçant la pile par un fil sans résistance (fig. 2). La f.é.
- m. de l’élément n’intervient pas, maisonestobligéde la supposer constante pendant la durée de l’expérience. Pour trouver de bons résultats, il faut que la résistance l soit plus petite que la résistance de la pile; V au contraire doit être supérieure à celle de la pile. Ceci revient à dire, qu’en abaissant la clef, il faut mettre pour ainsi dire, la pile en court circuit ; les deux régimes sont donc tout à fait distincts, la clef levée, la pile est fermée sur une grande résistance et sitôt qu’on abaisse la clef, la
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- pile se trouve en court circuit. On comprend assez facilement que pour ces deux régimes si différents, la f. é. m. ne reste pas la même, comme on le suppose dans la formule, surtout lorsque la pile se polarise rapidement.
- La plupart des piles ayant une résistance assez faible, on ne peut pas se servir, sans employer une disposition particulière, de la boîte à pont, dont l’usage est pourtant si commode. Voici une méthode qui permet d’employer cette boîte, même pour la mesure des résistances des piles à grand débit, et cela sans crainte de brûler ou de chauffer les bobines de la boîte de résistances. Il suffit pour cela de fixer entre B et A (fig. 3), un fil
- FIG. 3
- de faible résistance o,i ou 0,2 ohm par exemple, en ouvrant la bobine de 1.000 ohms entre B et A. Cette résistance étant mise en place, on la détermine exactement en plaçant entre B et C une résistance bien connue, un ohm étalon par exemple. Il suffit d’établir l’équilibre comme dans le cas ordinaire, et de faire le calcul inverse.
- Pour faire la mesure de la résistance intérieure par la méthode de Mance, on attache la pile en B,C et on ouvre en A, D une résistance telle qu’il faut à peu près toute la résistance dont on dispose en R, pour établir l’équilibre.
- Supposons qu’entre A, B, on ait interposé un fil dont la résistance est 0,1 ohm : cette résistance fera avec la résistance de 1.000 ohms une résistance réduite, très voisine de 0,1 ohm et qu’on a d’ailleurs mesurée comme nous venons de l’indiquer. Supposons en outre que la résistance de la pile est o,3 ohm environ, on ouvrira entre A, D la résistance de 1000 ohms, ce qui fera qu’il faut déboucher dans R une
- ésistance de o,3 X == 3ooo ohms. Dans ce cas, la pile travaille sur une résistance de 4.000 ohms à peu près, et si l’on a la précaution d’intercaler une clef dans le circuit de la pile, le circuit ne reste fermé que le temps nécessaire pour effectuer les mesures. Nous croyons que dans ces conditions la boîte de résistance ne court aucun danger. Il est presque indispensable pour ces mesures d’employer un galvanomètre apériodique. Le galvanomètre Deprez d’Arsonval avec l’échelle transparente de réflexion,
- est celui qui convient le mieux. Il faut naturellement employer un shunt pour que l’image ne sorte pas de l’échelle. Il est inutile d’employer un galvanomètre plus sensible, un galvanomètre Thomson par exemple, car on est obligé d’employer un shunt plus énergique et l’erreur de la mesure est absolument la même. Cette erreur dépend d’ailleurs de la sensibilité relative du galvanomètre et non pas de la sensibilité absolue. La sensibilité absolue est la déviation que donne le galvanomètre, pour 'un courant donné, un micro-ampère par exemple : c’est ce qu'on appelle quelquefois le nombre de mérite du galvanomètre. La sensibilité relative, au contraire, est la déviation obtenue lorsque l’intensité du courant subit une certaine variation. Or il est à remarquer que cette sensibilité relative, dépend plutôt du système adopté pour la lecture de la déviation, que du galvanomètre lui-même. Ainsi, lorsqu’on lit les déviations sur des échelles identiques placées à la même distance de l’équipage mobile du galvanomètre, tous ces galvanomètres auront la même sensibilité relative, pourvu que les angles de déviation soient assez petits pour qu’ils soient proportionnels aux intensités du courant, ce qui arrive toujours lorsqu’on se sert d’une échelle de réflexion. On peut augmenter la sensibilité dans ces cas, en ramenant par un aimant, l’image sur l’échelle.
- On peut, par la méthode que nous venons de décrire, mesurer la résistance intérieure de piles très énergiques : il suffit de prendre un nombre pair d’éléments, et de les mettre en opposition. Il reste ordinairement assez de f. é. m. pour taire dévier le galvanomètre.
- On arrive par cette méthode à une approximation de -^5 à peu près, dans le cas où la pile ne se
- polarise pas sensiblement, pendant les quelques secondes que durent les mesures; mais lorsque la pile est fortement polarisée, on constate que l’image ne se fixe plus, et tend à se déplacer dans le sens qui indique une diminution du courant. Il est ainsi presque impossible d’obtenir une indication exacte, d’autant plus qu’un effet d’induction produit souvent un premier déplacement irrégulier de l’image.
- Mesure de la résistance intérieure par le pont à induction. — M. Kohlrausch a imaginé de remplacer dans le pont de Wheatstone, l’appareil de mesure par un téléphone, et la pile par une bobine d’induction. Cette bobine est actionnée par une pile locale, dont le courant est interrompu un grand nombre de fois par seconde. Cette disposition à le grand avantage de permettre la mesure de la résistance des liquides et des piles, comme celle des conducteurs ordinaires. Les mesures sont en effet indépendantes de la polarisation des électrodes, et on trouve la résistance intérieure d’une pile polarisée, aussi facilement que celle d’un été-
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- ment constant ou d’un conducteur ordinaire. Comme, d’autre part, le fonctionnement du circuit inducteur n’affecte nullement l’intensité du courant de la
- 1. L
- ,------------------------------, Fil in il u il
- ' ----------------------------^—v i
- \ Fil illllllrh'llr S j
- FIG. 4
- pile dont on mesure la résistance, on peut déterminer à la fois, la résistance intérieure et l’intensité du courant, il suffit d’intercaler un galvano-
- no, 5
- mètre de faible résistance dans le circuit de la pile, pour mesurer l’intensité. On peut constater directement l’indépendance de cette intensité du fonc-
- tionnement du circuit induit. Nous indiquerons plus loin la disposition pratique.
- Nous avons employé le pont à induction sous la forme qui lui a été donnée par la maison Bréguet et dont les figures ci-jointes indiquent les détails. La figure 4 montre comment les fils sont attachés et la figure 5 reproduit la forme extérieure de l’appareil. Les quatre sommets du quadrilatère du pont sont représentés par les lettres A, B, C, D ; en A, B on peut intercaler la résistance fixe de 1,10 ou 100 ohms ; et la résistance à mesurer, soit un conducteur, soit une pile ou une auge à résistance liquide est attachée entre B, D. ACD est le fil divisé qui constitue les deux autres branches du pont. Le téléphone est intercalé entre B et C'. Un commutateur TA'G permet d’employer le pont, comme pont de Wheatstone ordinaire, ou comme pont à induction ; dans le premier cas, on établit la communication entre A' et G, celle entre T et A' étant coupée. Dans ce cas la bobine d’induction ne se trouve pas dans le circuit, et il faut remplacer le téléphone par un galvanomètre ; on a ainsi le pont de Wheatstone ordinaire. Si, au contraire, on veut employer l’appareil, comme pont à induction, et c’est là la manière ordinaire de s’en servir, il faut couper la communication A', G et établir celle de A' à T, ce que l’on fait à l’aide d’une fiche. Alors, en faisant marcher le mouvement d’horlogerie qui commande l’interrupteur, la pile P fait naître un courant d’induction entre A et D et le téléphone restera en silence, lorsque entre les quatre résistances R, l et f on a la relation ordinaire
- *=Rr
- Le fil ACD est tendu sur un morceau de bois de rorme circulaire, ce qui permet d’employer un contact C tournant autour de l’axe C'. Ce fil ACD n’est pas divisé en millimètres, mais on a déve-
- ' V
- loppé et tracé le rapport j, de sorte que si R = 1 ohm, on lit directement la résistance en ohms sur les divisions du cercle. On évite ainsi les calculs. La pile P qui actionne la bobine d’induction est formée de plusieurs éléments; les éléments à l’oxyde de cuivre de MM. Lalande et Chaperon donnent de très bons résultats. Pour bien observer le point silencieux, il est avantageux de prendre peu d’éléments au début (de 2 à 4) et d’augmenter ce nombre, une fois qu’on a trouvé le point silencieux. Il est avantageux de pouvoir changer à volonté, le nombre des piles, car les mesures deviennent ainsi bien plus faciles.
- Revenons maintenant à la f. é, m. Lorsqu’on fait travailler une pile, sur une résistance donnée de telle façon que la pile dohne son débit normal, on constate le plus souvent, lorsque l’intensité baisse, que la f. é. m. a diminué. On peut faire
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- cette mesure simplement en substituant à la résistance donnée, une résistance assez considérable pour que le galvanomètre employé puisse servir de mesure pour la f. é. m. Cette mesure se fait très bien avec un galvanomètre apériodique Deprez d’Arsonval; mais lorsque la pile est polarisée d’une manière notable, on voit que l’image ne se fixe plus, et que la déviation augmente constamment dans les premiers instants. Il est très difficile, sinon impossible, de fixer quelle valeur il faut prendre, car dans les premières secondes la f. é. m. peut augmenter de plusieurs centièmes de volt.
- Il va sans dire que si l’on n’emploie pas un galvanomètre apériodique, les mesures deviennent tout à fait impossible.
- ' Pour obvier à ces inconvénients, j’ai employé la disposition suivante pour mesurer la f. é. m. d’une pile en action. Cette métho le revient en principe à ouvrir le circuit de la pile pendant un temps assez court pour que la pile ne se dépolarise pas, et que les indications d’un galvanomètre intercalé dans le circuit ne subisse pas de modifications appréciables après la fermeture du circuit. Pendant cette courte durée de l’ouverture du courant on charge un condensateur, qu’on décharge ensuite et finalement on ferme le circuit. Toutes ces opérations peuvent s’effectuer dans une fraction de seconde et nous indiquerons tout à l’heure comment on peut évaluer cette durée. Le temps nécessaire pour charger complètement un condensateur est théoriquement infini, car ce temps intervient comme une exponentielle dans la formule. Mais lorsqu’on cherche le temps nécessaire pour effectuer la charge jusqu’à la millième partie de sa valeur finale, on trouve la formule
- i=CRlog nép 1.000 = 6,9 CR,
- C étant la capacité du condensateur en farads, R la résistance totale du circuit en ohms. Ainsi un micro-farad, se charge à travers une résistance de mille ohms, dans un temps
- / = 6,9 x io~6 X 1.000 = 0,0069 de seconde.
- Ainsi il faut moins qu’un centième de seconde pour charger ce condensateurjusqu’à i/i.ocode sa valeur. On peut donc disposer une clef qui permet de réaliser successivement les contacts suivants :
- i° Ouverture du circuit;
- 20 Charge du condensateur;
- 3° Déchargé du condensateur à travers un galvanomètre à long fil;
- 40 Fermeture du circuit.
- Les quatre operations peuvent s’effectuer dans une durée de temps qui n’excède pas 1 ou 2 dixièmes de seconde. Voici comment on peut évaluer cette durée d’une manière très simple. Dans le circuit de la pile, on intercale, outre la résistance sur
- ! laquelle elle travaille, un galvanomètre apériodique Deprez d’Arsonval, shunté convenablement. Ce galvanomètre indique alors l’intensité du courant et pour que l’image ne sorte pas de l’échelle, le shunt doit avoir une résistance très faible, 0,01 ohm, environ. Si dans ces conditions on ouvre le circuit à l’aide de la clef en question, l’image revient
- FIG. G.
- au zéro de l’échelle ; mais elle reprend la première position, lorsqu’on ferme le circuit. Or, la durée que l’image met à parcourir l’échelle n’est pas d’une seconde et en opérant par la clef, on constate que entre l'intervalle de l’ouverture et de la fermeture du circuit, l’image n’a le temps que de parcourir 1/10 de cette distance, ce qui indique que l’intervalle n’est pas supérieure à 1/10 de seconde. On constate d’ailleurs que, même dans une pile fortement polarisée, l’image revient toujours au point de départ, ce qui veut dire que la pile n’a pas eu le temps de se dépolariser.
- Nous allons donner maintenant quelques détails sur la disposition expérimentale. En combinant convenablement ces différents genres de mesures,
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- ou peut donc trouver simultanément l’intensité I par un galvanomètre apériodique Deprez d’Arson-val ou par un galvanomètre à mercure de M. Lipp-jnann, la résistance intérieure R, par le pont à induction, et la f. é. m. E, par la décharge d’un condensateur à travers un galvanomètre à long fil. Il existe entre ces trois données et la résistance extérieure, la relation donnée par la loi d’Ohm et qui peut servir de vérification. Cette méthode a ceci d’avantageux qu’elle permet de séparer les deux effets' qui contribuent à l’affaiblissement du courant d’une pile, savoir : la diminution de la f. é. m. ou la polarisation et l’augmentation de la résistance intérieure. On peut ainsi suivre pas à pas le fonctionnement d’une pile et, comme on fait trois mesures distinctes, on a dans la loi d’Ohm une garantie de l’exactitude des mesures.
- L’intensité du courant se mesure, comme nous
- FIG. 7
- venons de le dire, soit par un galvanomètre apériodique convenablement shunté, soit par le galvanomètre à mercure de M. Lippmann. Ce dernier galvanomètre (fig. 6), qui est complètement apériodique convient très bien pour ces mesures. On n’a pas besoin d’employer un shunt et comme la résistance intérieure est négligeable, on peut l’intercaler directement dans le circuit. Avec cet appareil on évite l’emploi d’une échelle à réflexion, ce qui rend le dispositif plus simple, car on est déjà obligé d'employer une échelle à réflexion pour le galvanomètre Thomson.
- Nous dirons encore quelques mots sur l’emploi du shunt dans les galvanomètres du genre Deprez d’Arsonval. Les shunts ordinaires au 1/9, 1/99, etc. de la résistance du galvanomètre, ne rendent de service que pour mesurer la f. é. m. par la décharge du condensateur; dans ce cas, lorsque la pile à mesurer est assez forte pour faire sortir l'image de l’échelle, il suffit d’employer le shunt à t/g, par
- exemple, et de multiplier le résultat par 1 o. L’échelle, une fois graduée, de la manière ordinaire, on peut donc mesurer des f. é. m. très fortes, sans faire d’autres calculs. Mais pour la mesure des intensités, ce shunt n’est plus d’une aussi grande utilité, car il faut dans chaque cas tenir compte de la résistance totale du circuit extérieur.
- Comme le galvanomètre apériodique Deprez d’Arsonval ne sert pas habituellement pour la méthode des décharges du condensateur, mais plutôt pour la mesure des intensités et celle de la f. é. m. à l’aide d’une grande résistance, il est bien préférable d’arranger le shunt d’une manière différente. Voici la description d’un shunt construit sur notre demande par M. Carpentier, pour un galvanomètre Deprez d’Arsonval dont la résistance était de 200 ohms environ (fig. 7).
- En B se trouve une bobine dont la résistance est égale à celle du galvanomètre. En A il y a une bobine, dont la résistance est telle (9.000 ohms à peu près) qu’une f. é. m. d’un volt produise un déplacement de 100 divisions de 1 millimètre chacune sur l’échelle transparente placée à 96 centimètres. La pile doit être attachée aux deux bornes extérieures du shunt; un fil du galvanomètre, est attaché sur la borne qui se trouve entre A et B, et l’autre fil sur la borne extérieure du shunt où se trouve déjà un des fils de pile.
- On est obligé d’employer une résistance en B, autrement le galvanomètre ne serait plus apériodique. En C et D se trouvent deux autres résistances telles qu’en ôtant la fiche D, après avoir remis les fiches B et A à leurs places, l’échelle indique une déviation de 100 divisions pour un courant de 1 ampère.
- La résistance de cette bobine D est de 0,01 ohm environ.
- La bobine C a une résistance telle qu’un courant de ampère produit' une déviation de 100
- divisions sur l’échelle transparente. Avec ce shunt on peut donc mesurer à la fois des f. é. m. et des intensités de courant dans des proportions assez variées. Il est évident qu'on aurait pu donner à la bobine B une résistance telle que chaque division de l’échelle correspondît à une fraction décimale d’ampère, mais il faudrait changer la résistance de la bobine A.
- On peut objecter à cet arrangement que ces graduations, justes au moment où le shunt a été construit, sont sujettes à des variations. Mais il est toujours facile de vérifier les graduations par une méthode de mesure analogue à celle que nous exposons. Supposons qu’au bout de quelque temps on s’aperçoive qu’il faut diminuer les indications de 2 0/0 par exemple; il est beaucoup plus facile d’effectuer ce petit calcul, que de recommencer chaque fois la disposition de toutes les bobines
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- de résistances et dans bien des cas, une approximation même très grossière est suffisante.
- Pour la mesure de la f. é. m., nous nous sommes servi d’un galvanomètre Thomson, d’une résistance d’environ 10.000 ohms, la capacité du condensateur étant de o,3 à o,6 de micro-farad. L’aimant directeur du galvanomètre est disposé de telle façon que ioo divisions de l’échelle correspondent juste à i volt, c'est-à-dire, 144 divisions à un élément L. Clark.
- Dans chaque série d’expériences, nous avons vérifié avant et après l’expérience l’exactitude de la graduation. On constate d’ailleurs que d’un jour à l’autre, le zéro de l’échelle se déplace légèrement, mais que ce déplacement n’influe pas sensiblement sur la graduation.
- Quelquefois nous avons employé en même temps un étalon Daniell sans diaphragmé et monté avec des métaux chimiquement purs, et des solutions également pures et concentrées. On trouve pour la f. é. m., 1,09 volt.
- Comme clef de décharge, nous avons employé une simple clef Morse, les attaches étant faites comme sur la figure. Dans la position ordinaire de la clef, l’extérieur et l’intérieur du condensateur sont en communication à travers le galvanomètre : pour prendre une mesure, il faut donc d’abord abaisser la clef et la relever. Mais, lorsqu’il s’agit de réaliser les quatre contacts, dont il a été question plus haut, il faut que la manœuvre de la clef ouvre en même temps le circuit, et que le circuit se ferme lorsque la clef s’abaisse. Une disposition très simple permet d’arriver à ce résultat (voy. fig. 7). A la clef Morse, on a fixé une pince c servant à fixer un fil a, lequel fil arrive par son extrémité dans un godet b rempli de mercure, de telle façon qu’en appuyant sur la manette m, le contact se coupe en d et se rétablit lorsqu’on lâche la manette m. Le fil a est, bien entendu, isolé de la borne métal-ique c. En S se trouve le shunt du galvanomètre apériodique et dont nous avons donné une description détaillée ; dans notre cas c’est la fiche D qui est ôtée ; chaque division de l’échelle correspond à un centième d’ampère et la résistance de la bobine est d’environ 0,01 d’ohm. Lorsqu’on emploie le galvanomètre de M. Lippmann, on n’a pas besoin de shunt ; on intercale ce galvanomètre, dont la résistance est négligeable, directement dans le circuit.
- Les attaches étant faites comme sur la figure, il sest facile de se rendre compte du bon fonctionnement du contact en d. Il faut, en effet, lorsqu’on appuie sur la manette m, que l’image du galvanomètre apériodique revienne à zéro et reprenne sa position initiale lorsqu’on lâche la manette.
- Quant à la graduation de l’échelle du galvanomètre apériodique, on l’obtient d’une manière rigoureuse en substituant à la résistance r une
- résistance exactement connue (un ohm étalon, par exemple) et en prenant la différence de potentiel aux extrémités de cette résistance. Pour cela, il suffit de faire monter le mercure dans le godet b, de telle façon qu’en appuyant sur la manette m le contact en d ne se coupe plus. On y arrive à l’aide d’un petit piston plongeur p. Toutes les mesures se trouvent donc définitivement rapportées à un élément L. Clark et à un ohm étalon.
- Ainsi, avec les communications indiquées sur la figure, on peut mesurer l’intensité du courant et la f. é. m., et vérifier en même temps les gradua-
- t'oiuli’iisulciw \
- (iqlvan.
- Thomson
- f 01I ï«j II l>
- De.'] nez P'Ar.siniriil
- Pi It’iJoca le
- FIG. 8
- tions des échelles. Pour vérifier la f. é. m., on enlève les fils a' et e et on les attache aux bornes de l’élément étalon.
- L’avantage principal de cette méthode est que la pile reste toujours fermée sur la résistance r et qu’on arrive à mesurer la f. é. m. avec laquelle la pile travaille réellement. Cette f. é. m. est ordinairement toute différente de celle qu’on mesure à circuit ouvert.
- Pour mesurer en même temps la résistance intérieure, on intercale à la place de la résistance r le pont à induction et pour pouvoir examiner plusieurs piles à la fois, on arrange les commutateurs de telle façon qu’on puisse prendre telle ou telle pile et intercaler à volonté soit une résistance r, soit le pont à induction.
- L’ensemble des communications se trouve réalisé comme sur la figure ci-jointe (fig. 8); les contacts sont pris à l’aide de godets de mercure, et les attaches sont faites pour pouvoir prendre simultanément les valeurs de I, E et R, relatives à plusieurs piles à la fois, sans avoir besoin d’ouvrir les circuits ; on peut vérifier en même temps lçs
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- graduations des échelles et mesurer les résistances sur lesquelles les piles travaillent.
- Les piles à examiner se trouvent en E, E’, etc., près d’un commutateur à mercure ; pour chaque pile, il y a trois godets de mercure a, bet c. Un des pôles est en communication avec b, l’autre avec a. Entre b et c se trouve la résistance r sur laquelle la pile travaille. En joignant a et c par un fil de cuivre on fait travailler la pile sur la résistance r. Pour procéder aux mesures, on peut d’abord chercher laf. é. m. de la pile à l’état initial et non fermée.
- Pour cela on joint Y à a et Y' à b par des arcs en fil de cuivre amalgamé. En faisant fonctionner la clef de décharge on lit la force électromotrice.
- Puis on procède à la mesure simultanée de l’intensité I de la résistance intérieure R et de la force électromotrice E; comme on a déjà joint V à a et V' à b dans l’expérience précédente, il suffit de joindre V' à C et aussitôt le galvanomètre apériodique indiquera l’intensité du courant. La constance de la déviation donne immédiatement quelques données sur la polarisation. On trouve la résistance intérieure R par le point silencieux sur le pont à induction, et pour la f: é, m. on abaisse et on relève rapidement la clef Morse.
- Le galvanomètre Thomson indique laf. é.m. E. La mesure de ,1a résistance du circuit extérieur, circuit qui contient les résistances du pont à induction, celle du shunt du galvanomètre apériodique et celles des fils de jonction, se fait par un pont de Wheatstone ordinaire, les fils étant attachés en V et C. On reconnaît que la position du curseur du pont à induction n’influe pas sensiblement sur la résistance totale, ce qui provient de ce que la résistance du téléphone est considérable par rapport aux autres résistances.
- Soit r, la résistance totale extérieure ainsi mesurée, on doit avoir
- Comme dernière mesure, on peut chercher l’intensité du courant et la f. é. m., lorsque la pile travaille normalement sur une résistance donnée et intercalée entre c et b. On prend cette résistance telle que la pile donne un débit normal, c’est-à-dirc qu’on prend cette résistance deux ou trois fois la résistance intérieure. La polarisation dépend beaucoup de la résistance extérieure et bien que le débit maximum se trouve lorsque la résistance extérieure est égale à la résistance intérieure, nous avons toujours pris la résistance extérieure plus grande, pour nous placer dans des conditions plus favorables ; soit f, cette résistance intercalée entre c et b, pour procéder aux mesures, on enlève les communications entre Y' et C et V' et b en laissant celle entre V et a. Puis on joint V' à B d’une part et à c d’autre part; le pont à induction se trouve ainsi hors du circuit et le galvanomètre apé-
- riodique indique l’intensité I; la manœuvre delà clefMorse fait connaître la f. é. m. E. Ordinairement la formule d’Ohm
- I=_l_
- R + r
- se vérifie encore très bien, en prenant pour la résistance intérieure R la valeur trouvée précédemment; cela tient à ce que la résistance intérieure ne varie que lentement.
- Finalement on joint a et c et on enlève les communications précédentes : la pile travaille alors sur la résistance r et au bout d’un certain temps on refait les mêmes mesures, mais en sens inverse, c’est-à-dire qu’on prend d’abord l’intensité correspondant à la résistance r, puis la f. é. m., mais en ayant soin de ne pas ouvrir le circuit en établissant les communications.
- La moyenne des intensités prises avant et après le temps pendant lequel la pile est restée fermée,, multipliée par le temps de fermeture, donne la quantité d’électricité produite : cette quantité est exprimée en ampères-heures, si le temps est évalué en heures, et en coulombs, si l’unité de temps est la seconde.
- Dans le pont à induction que nous avons employé, la résistance était de 2,25 ohms et l’ensemble des fils de communication avec le shunt de galvanomètre, 0,01 ohm à peu près. On devrait tenir compte de cette dernière résistance dans la résistance intérieure de la pile, mais cette correction est assez faible pour pouvoir être négligée.
- On constate d’ailleurs, comme nous l’avons déjà fait remarquer, que le fonctionnement du courant inducteur n’a aucune influence sur le régime du courant. On peut faire marcher ou arrêter l’interrupteur, sans que l’image du galvanomètre apériodique subisse aucune modification. Voici quelques exemples de mesures prises par cette méthode. Ces mesures se rapportent à de petits éléments ronds à vase poreux. Les zincs, de forme cylindrique, étaient extérieurs et la capacité du vase poreux, de 3o à 5o centimètres cubes. La hauteur du vase poreux est de io centimètrès environ.
- Élément Daniell ordinaire. Petit modèle, \inc extérieur. E à circuit ouvert — iv, 14. — On fait . travailler cet élément sur une résistance r = 2 ohms et on trouve pour l’intensité du courant I = 0,29 ampères; f. é. m. E = iv,i3; résistance, intérieure R = 1,90 ohm.
- D’après les valeurs de E et de R l’intensité de
- courant serait
- r E 1,14
- 1= - . --.t =-r— = 0,29 ampere,
- r -f R 1,90 + 2 ’ v
- valeur qui correspond exactement à l’intensité observée.
- Élément Bunsen ordinaire. E à circuit ouvert = iv,89.
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- 2IÔ
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- On le fait travailler sur 2 ohms, et après quelques minutes on trouve : intensité I = 0,67 ampère, E = tv,85, R ==0,75, d’où l’on tire
- T I.8S ,
- 1 = Ô7Î5+2 ~ 0,67 amPere'
- et l’accord est encore parfait.
- Prenons maintenant le cas des éléments polarisés :
- Élément au bichromate de potasse. E à circuit ouvert = 2v,o4-
- Après la fermeture sur une résistance extérieure r = 2 ohms, on observe pour l’intensité après les premières minutes de fermeture I = 0,49 ampère, puis E= tv,88, R= 1,6 ohm, ce qui donnerait pour l’intensité :
- T 1,88 _
- I - —C——. = o.So ampere.
- 1,6 + 1
- Après 20 minutes de fermeture, on observe I =o,38 ampère et on trouve
- E — it,6i, . R = 1,6 ohm,
- d’où, pour
- 1.61
- 1 = 776+~2= 0,44 ampere'
- valeur supérieure au nombre o,38 fourni par l’expérience. Cet écart tient probablement à ce que la valeur de la f. é.m., iv,6i, est supérieure à la valeur réelle. Dans le cas des piles qui se polarisent beaucoup, on constate en effet que la f. é. m. n’est pas tout à fait indépendante de la rapidité avec laquelle on manoeuvre la clef. En opérant très vite, on trouve une valeur plus faible et qui satisfait mieux à loi d’Ohm.
- Après 3 heures 1/2 de fermeture, la pile étant épuisée on trouve I = 0,15 ampère et E = ov,Ô4, R = 2,25 ohms, d’où
- T 0.64 -
- 1 = —, - = 0.15 ampere.
- 2-f-2,25 "
- On voit donc dans cet exemple que la f. é. m. a diminué de 2v,o4 à ov,Ô4 et que la résistance intérieure a augmenté de 1,6 ohm à 2,25 ohms.
- Sur une autre pile à bichromate de potasse, on a, après un certain temps de fonctionnement, relevé les nombres suivants :
- Intensité sur une résistance extérieure de 2,25 ohms = 0,37 ampère.
- Puis f. é. m. E = iv,2i, résistance intérieure R = o,85 ohm, d’où
- I=ïï^Tkë5 = °’3g ampère> au lieu de 0..37 fourni par l’expérience.
- Avant de donner les résultats que cette méthode d’investigation peut fournir, nous allons nous occuper de la résistance intérieure des piles, et partant, de la résistance spécifique des liquides et des diaphragmes poreux.
- (A suivre.) P.-H. Ledeboer.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- Étude spectrale des corps rendus phosphorescents par l’action de la lumière ou par les décharges électriques, par M. Edm. Becquerel (* *)
- L’analyse de la lumière de phosphorescence émise par certaines substances peut quelquefois, comme celle de la lumière provenant de l’irradiation des vapeurs incandescentes, être utilisée dans l’analyse chimique ; j’ai déjà montré comment à cet égard on peut faireusage duphosphoroscope quand il s’agit de corps solides, tels que l’alumine, les composés d’uranium et les carbures d’hydrogène comme l’anthracène, et analyser la lumière émise par les corps rendus actifs dans cet appareil (2).
- Lorsque les substances qui peuvent présenter des effets de ce genre sont à l’état de dissolution, ou même quand, à l’état solide, la durée de la persistance des impressions lumineuses, après l’action du rayonnement excitateur, est de trop courte durée pour pouvoir être appréciée dans le phospho-roscope, elles donnent lieu à des effets dits de fluorescence, ne différant des effets de phosphorescence que par 'la durée de la persistance, on peut dans ce cas avoir recours à un procédé simple consistant à éclairer vivement les substances au moyen de la lumière violette concentrée à l’aide d’une lentille et obtenue en faisant traverser les rayons solaires au travers d’une dissolution cuivrique ammoniacale (3), puis à analyser, par réfraction, la lumière qu’elles émettent en vertu de leur action propre, pendant l’influence des rayons excitateurs. Les rayons de lumière émis étant en général de moindre réfrangibilité que les rayons excitateurs, on peut observer le spectre de phosphorescence dans la partie la moins réfrangiblè de l’image et en dehors de la région violette.
- Un autre moyen d’étudier ces effets de phosphorescence, et dont j’ai indiqué l’emploi dès 1857 (4), consiste à placer les corps dans des tubes, dont on raréfie l’air, et à faire traverser à l’intérieur de ces tubes, au moyen d’électrodes en platine soudées à leurs extrémités, les décharges d’une bobine d’induction ; les éléments très réfrangibles
- (*) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du 20 juillet i885.
- (S) E. Becquerel, La Lumière, ses causes et ses effets, t. I, p. 334.
- (3) Annales de chimie et de physique, 40 série, t. XXVII, p. 539. 1872; Comptes rendus, t. LXXV, p. 296.
- (*) Annales de chimie et de physique, 3° série, t. LV, p. 93, 1857.
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- de la lumière donnée par ces décharges excitent très vivement la phosphorescence des corps impressionnables renfermés dans les tubes et permettent de se livrer à l’analyse spectroscopique de la lumière qui en émane. En opérant ainsi, on perçoit, en même temps que la lumière de phosphorescence, celle qui provient de l’illumination des gaz raréfiés, ce qui nécessite la connaissance du spectre donné par ces gaz. Dans certains cas on peut simplement, au moyen d’une bobine d’induction, exciter des décharges d’une batterie électrique très près des corps impressionnables et analyser la lumière que ceux-ci peuvent émettre.
- En raréfiant l’air dans les tubes à l’aide d’une trompe à mercure, de façon que la pression du gaz intérieur diminue à tel point qu’elle soit à peine appréciable, les effets de phosphorescence qui se produisent sur le verre des tubes, ainsi que sur les matières impressionnables contenues à l’intérieur, augmentent en général dans une très forte proportion; je dis en général, car la réfrangibilité des rayons actifs dépendant de la nature des substances; celles-ci commençent à devenir lumineuses à des degrés divers de raréfaction, la réfrangibilité des éléments contenus dans les décharges variant avec cette raréfaction. Les effets lumineux de phosphorescence qui se produisent dans ces conditions sont les mêmes que ceux que l’on peut observer avec la lumière solaire violette, ou à l’aide du phosphoroscope, si la durée de la persistance des impressions lumineuses sur les corps soumis à l’expérience le permet ; toutefois, dans les tubes à vide, ils sont bien plus intenses.
- Ce fait, que je regardais comme évident, avait été constaté par M. Crookes(1) au moyen de l’alumine qui, dans les tubes, donne les mêmes lignes rouges que celles que j’avais observées à l’aide des deux méthodes indiquées précédemment; les expériences que je viens d’instituer récemment en faisant installer une trompe à mercure de façon à faire à volonté
- le vide dans les tubes au-dessous de d’atmosphère et en plaçant dans ces tubes des composés d’uranium bien déterminés (sulfates doubles, nitrates, etc.), du spath fluor et d’autres corps, donnent également une démonstration de ce principe. Quand le vide est suffisamment fait, on reconnaît à l’aide du spectroscope que les corps excités par les décharges donnent les mêmes bandes et lignes que lorsqu’ils sont excités par la lumière solaire. Je dois même ajouter que M. Lecoq de Boisbaudran ayant mis à ma disposition les substances avec lesquelles M. Crookes a obtenu récemment, dans les tubes à vide, les lignes et bandes lumineuses des
- ‘) Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 283, 1879; Annales de chimie et de physique, 5° série, t. XIX, p. ig5, 1880, et t. XXVIlI, p. 555, 1881.
- composés d’yttria, de samarium, etc., j’ai pu distinguer au spectroscope les mêmes lignes et bandes en éclairant ces substances au moyen de la lumière violette et par la méthode indiquée plus haut.
- Quand on commence à raréfier l’air et que l’on opère avec un tube en rapport constant avec la trompe, muni à ses extrémités d’électrodes formées de plaques d’aluminium perpendiculaires à la direction du tube et contenant différentes substances capables d’être rendues actives, si l’on fait passer dans le tube les décharges d’un appareil d’induction, on a d’abord les effets bien connus d’illumination de l’air raréfié ; la phosphorescence de certaines substances, quand elle se manifeste, a lieu tout autour dans le tube, quels que soient les points où se trouvent placées ces substances. Si l’on continue à faire le vide, on sait que l’espace obscur qui existe entre la gaine bleuâtre entourant le pôle négatif et la traînée lumineuse s’étendant jusqu’au pôle positif, augmente peu à peu d’étendue, et il arrive un moment où, lorsque la pression est très faible, la lumière qui apparaît dans le tube lors des décharges électriques est à peine sensible, mais la phosphorescence des substances est très vive et cela seulement dans la direction normale à la plaque formant l’électrode négative ; c’est là un des points les plus intéressants résultant des observations de différents physiciens, notamment de MM. Hittorf et Goldstein (1) et plus tard, de M. Crookes et de M. E. Wiedemann (2). Si l’on continue ensuite à pousser plus loin la raréfaction du gaz au delà de toute limite facilement observable, l’intensité lumineuse due à la phosphorescence diminue, car les décharges traversent alors très difficilement le tube, et bientôt elles ne peuvent plus passer. Il y a donc au moins trois phases dans les phénomènes observés, et les effets de phosphorescence sont les plus brillants dans la seconde phase, alors que l’illumination des gaz raréfiés à l’intérieur est à peine apparente.
- Il est nécessaire que ces expériences soient faites avec un tube toujours en rapport avec la trompe ; car, en général, lorsqu’on fait passer les décharges pendant quelques instants, des vapeurs ou des gaz sont émis par les substances excitées ou même par les électrodes, une lumière blanchâtre apparaît dans le tube et la pression augmentant, la phosphorescence diminue, au point même de cesser presque complètement. Après quelques minutes d’action de la trompe, on se retrouve dans les conditions necessaires aux bonnes observations.
- L’hypothèse la plus probable pour expliquer ces
- (1) Journal de physique, i'e série, (. VII, p. 63 (1878), et t. X, p. S3i.
- (2) Annales de chimie et de physique, 5° série, t. XXI, p. 449.
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- effets consiste à admettre, comme on l’a fait, que le pôle négatif, dans ces conditions, est le point de départ de vibrations extrêmement réfrangibles et agissant puissamment pour produire la phosphorescence; car la supposition faite parM. Crookes d’une émission de matière pouvant exciter les corps ne me paraît pas devoir être adoptée. Il serait cependant possible que les décharges électriques qui se produisent sur la surface même des matières, excitent les molécules de celles-ci, de façon à les rendre phosphorescentes ; dans ce cas, l’électricité donnerait lieu à un ébranlement moléculaire semblable à celui qui est produit par la lumière, car l’expérience prouve que la composition de la lumière émise est la même que celle donnée par les substances soumises à l’action du rayonnement lumineux.
- En tous cas, les effets lumineux que l’on obtient alors que les substances sont aussi vivement excitées dans ces tubes à gaz très raréfiés, sont plus énergiques que tout autre mode d’action et donnent lieu aux observations suivantes : le spath d’Islande qui présente une si belle phosphorescence orangée et qui, dans le phosphoroscope ou sous l'influence des rayons violets, n’offre qu’une persistance de peu de durée après la cessation de l’action lumineuse excitatrice, donne dans les tubes une émission lumineuse de même nuance, mais avec une persistance de lumière orangée qui peut durer pendant plusieurs minutes ; M. Crookes avait déjà observé cet effet. L’alumine et la leucophane offrent également une persistance de lumière phosphorescente, mais d’une durée moindre que celle du spath d’Islande; le spath fluor ne semble pas présenter un effet aussi marqué. Ce prolongement d’émission lumineuse tient sans doute à l’intensité et à la nature de l’action excitatrice des décharges sur les substances, qui, sous l’influence de rayons de diverses réfrangibilités, offrent des persistances de durées inégales, comme je l’ai montré en faisant usage du phosphoroscope.
- Cette énergie d’action est également rendue manifeste par la coloration rapide de plusieurs minéraux impressionnables. On sait que certains échantillons de spath fluor incolore, soumis à l’action de nombreuses décharges électriques éclatant dans l’air très près de leur surface, prennent une légère teinte violette, qu’ils perdent ensuite quand on élève leur température (J) ; en plaçant dans un tube à gaz très raréfié un fragment de spath fluor blanc, qui m’avait autrefois présenté une action de ce genre, au bout de peu de temps ce fragment, soumis ainsi à l’effluve du pôle négatif, s’est fortement coloré en violet. Des échantillons de sel
- (i) Observation de M. Pearseal (Annales de chimie et de physique, 2° série, t. XLIX, p. 337 et 346, 1832); La Lumière, ouvrage déjà cité, t. Ior, p. 55.
- gemme incolore, qui sont phosphorescents avec une teinte jaune verdâtre, se sont rapidemeut colorés en jaune ; mais leur couleur a diminué d’elle-même peu à peu après quelques jours, tout en brunissant.
- On a dit que des écrans en lames très minces, comme le mica, interposés dans les tubes entre le pôle négatif et les substances actives, arrêtaient toute action sur celles-ci; pour vérifier s’il en était ainsi avec une matière très phosphorescente et différents écrans transparents, j’ai fait disposer, sur le côté d’un tube horizontal muni d’électrodes plates en aluminium et communiquant avec la trompe en mercure, une tubulure dans laquelle se mouvait un bouchon rodé auquel on pouvait suspendre un fragment de blende hexagonale très impressionnable. De petites lames minces de quartz, de sel gemme, de spath fluor, de spath d’Islande pouvaient successivement être interposées entre le pôle négatif et la blende par un monvement du bouchon; ces différents écrans, tout en affaiblissant beaucoup l’action excitatrice du pôle négatif, n’ont pas arrêté toute influence, et le sel gemme a paru offrir une perméabilité un peu supérieure à celle des autres matières.
- On doit observer que ces divers corps sont eux-mêmes phosphorescents, même le quartz, qui émet une lumière légèrement jaunâtre, et que l’énergie excitatrice -émanée du pôle négatif est en grande partie employée à les rendre lumineux; on pourrait donc supposer que la blende reçoit l’action des rayons émanés des corps phosphorescents et celle du tube lui-même; mais les éléments actifs peuvent ne pas être les mêmes pour la blende et pour ses divers écrans, et dès lors ces derniers n’arrêteraient pas toute action excitatrice. Cette question, très digne d’intérêt, demande à être étudiée avec plus de détails; je compte le faire prochainement.
- L’analyse spectrale, basée sur les phénomènes de phosphorescence, et dont j’ai indiqué l’emploi il y a longtemps, ne paraît pas jusqu’ici être aussi générale que l’analyse spectrale au moyen des vapeurs incandescentes ; elle ne conduit pas à la même composition lumineuse pour le même corps soumis à ces deux modes d’investigation, et, en outre, elle ne suit pas les mêmes lois. Alors qu’avec les vapeurs incandescentes on constate la fixité de position des lignes dans l’image spectrale de chacune d’elles, les spectres de phosphorescence des solides et des liquides, tout en donnant des lignes qui restent les mêmes et à la même place, dans les mêmes conditions (aluminium, spath fluor), dépendent autant de l’état moléculaire que de la composition chimique de ces substances (exemples : alumine anhydre rouge et alumine hydratée verte; spath d’Islande orangé et aragonite verte).
- Je dois rappeler, en outre, qu’avec les divers
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- composés de sesquioxyde d’uranium, il y a dans chaque image une série de bandes et de lignes dont les longueurs d’onde successives semblent assujetties à une loi que j’ai eu occasion d’indiquer (* *).
- D’un autre côté, les différents corps sont très inégalement phosphorescents, et un grand nombre d’entre eux donnent des spectres continus, comme les oxydes de magnésium, de calcium, de potassium, de sodium, etc., et ne présentent pas de raies; mais il résulte des observations récentes que dans les mêmes conditions quelques-unes des terres dont les combinaisons ont des propriétés chimiques très voisines, telles que l’yttria, les oxydes de samarium, d’holmium, etc., et qui font l’objet des recherches très intéressantes de M. Lecoq de Bois-baudran, donnent des lignes et des bandes lumineuses bien déterminées; il est donc permis d’espérer que ce mode d’investigation pourra apporter dans l’étude de ces combinaisons, comme dans d’autres circonstances, de précieuses indications.
- Sur les régimes de charge et de décharge des
- accumulateurs, par MM. Grova et Garbe (?).
- Dans une communication précédente (3), nous avons indiqué les méthodes que nous avons suivies pour observer et enregistrer la charge et la décharge des accumulateurs. Nous résumons dans cette note les résultats que nous avons obtenus par la méthode d’enregistrement.
- Nous rappellerons que les accumulateurs dont nous nous sommes servis sont ceux de M. Planté, perfectionnés par M. Faure : chacun d’eux est formé de douze fiâmes de i'lul,1,i sur chaque face, développant sur chaque pôle une surface active de 28,lmii, 4.
- i° Phénomènes de charge. — L’intensité du courant de charge étant considérable (12 ampères), le poids des lames diminue rapidement, mais un dégagement gazeux se produit à leur surface au bout de trois heures; ce dégagement n’indique pas que l’accumulateur est saturé, car la ligne droite inclinée qui accuse le régime de charge {') commence alors à s’infléchir en tournant sa concavité vers l’axe auquel elle tend à devenir parallèle ; elle devient alors tremblée, à cause du dégagement gazeux qui imprime à la balance de légères oscillations, et au bout d’un temps assez long (huit
- >1) Annales de chimie et de physique, 4» série, t. XXVII, p. XXVII, p. 53g; 1872.
- (*)• Note présentée par M. Faye à l’Académie des sciences dans la séance du 20 juillet i885.
- (3) Comptes rendus, t. C, p. 1340.
- (*) Cette ligne a pour axe des abscisses l’axe des temps, et pour axe des ordonnées les variations.de poids de l’accumulateur.
- heures environ), elle devient droite et parallèle à l’axe, en accusant ainsi la limite de charge; la diminution totale de poids, correspondant à une charge complète, a été de 148 grammes.
- Plus l’intensité du courant de charge est faible, plus tard apparaît le dégagement gazeux; avec un régime constant de charge de 3 ampères, il ne. se manifeste que lorsque la charge totale est acquise.
- Le dégagement gazeux doit, autant que possible, être évité; en effet, il accuse une perte d’énergie non absorbée, et il concourt à la désagrégation de la couche active; on voit alors des flocons bruns et gris de bioxyde et de sulfate se détacher des lames et tomber au fond du vase.
- L’intensité du courant de charge ne doit donc pas dépasser une certaine valeur, qui est celle pour laquelle le dégagement ne se manifeste que lorsque la saturation des lames est obtenue, c’est-à-dire lorsqu’elles cessent de diminuer de poids.
- 20 Phénomènes de décharge. — L’accumulateur étant fermé sur une résistance connue, le régime de débit uniforme s’établit presque instantanément; l’intensité varie à peine au début, et atteint rapidement une constance remarquable ; l’enregistreur trace alors une droite d’autant plus inclinée sur l’axe des abscisses que le débit est plus intense.
- Au bout d’un temps variable avec l’intensité du courant de décharge, la ligne droite s’infléchit rapidement ; le débit diminue brusquement et l’accumulateur trace une ligne beaucoup moins inclinée, qni finit par dégénérer en une courbe très longue tendant à devenir une droite parallèle à l’axe des abeisses; l’épuisement est alors à peu près complet.
- Le second régime de décharge faible et non constante correspond à une fraction, pratiquement non utilisable, de. la charge. Plus l’intensité du courant de décharge est grande, plus la ligne droite qui représente le débit pratiquement utilisable et constant est inclinée et courte ; plus aussi la durée de la décharge résiduelle correspondant à un faible potentiel est longue ; après une décharge puissante de 8amP, 4, ayant duré trois heures seulement, la décharge de faible régime a duré cent
- quinze heures et représentait les | de la charge
- 3
- totale ; une fraction g de la charge totale était seule utilisée; dans ce cas, il fallait recharger les accumulateurs pour les saturer de nouveau, sans essayer de recueillir la charge résiduelle; mais alors les choses se passent comme si la capacité de l’accumulateur était réduite à une fraction d’autant plus faible que l’intensité du courant de décharge est plus considérable. Plus le courant de décharge est faible, plus le régime constant se prolonge; avec un régime de 3 ampères, nous avons eu un débit constant pendant plus de .quinze
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- heures; dans ce cas, la fraction de la charge utilisée en régime constant a été les | de la charge totale ; avec un débit plus faible encore, le rendement utile serait encore plus grand.
- Pendant la décharge intense, l’action chimique se localise sur les parties de la couche active immédiatement en contact avec le plomb ; si le régime est faible, l’action chimique tend à s’égaliser dans l’épaisseur de la couche; plus il est rapide, plus la couche de sulfate formée au contact du plomb tend à le séparer du reste de la couche active.
- Aussi, si, après avoir établi un régime de décharge déterminé, on interrompt le circuit, voit-on la balance tracer, non plus une droite parallèle à l’axe des temps, ce qui indiquerait l’invariabilité du poids des lames, mais une courbe ascendante, qui ne tend que lentement vers une parallèle à l’axe; on voit que, dans ces conditions, l’accumulateur continue à se sulfater quelque temps en circuit ouvert, accusant ainsi des réactions qui se produisent dans l’épaisseur de la couche active, sans émission de courant, entre le plomb, le sulfate formé, le bioxyde restant et l’acide sulfurique libre.
- 3° Phénomènes qui se produisent en circuit ouvert. — Notre méthode nous a permis l’étude prolongée des accumulateurs même en circuit ouvert. Dans ce dernier cas, l’enregistreur trace une droite parallèle à l’axe des temps, indiquant que la charge se conserve sans déperdition.
- Cependant, si après avoir chargé les accumulateurs par un courant puissant, avec dégagement abondant longtemps prolongé, on laisse le circuit ouvert, la balance accuse un accroissement de poids très lent et relativement faible (5sr), en même temps que le voltmètre montre que le potentiel, de i volt,92 au début, tend lentement vers une valeur fixe de ivolt,87. Cela tient probablement à l’influence des gaz retenus dans la couche active. Au bout de peu de temps, l’accumulateur finit par acquérir un poids et un potentiel invariables, et cette constance s’est maintenue pendant toute la durée de l'enregistrement (40 heures).
- Conclusions. — Le potentiel correspondant au régime de charge est constant, tant que l’enregistreur trace sa ligne droite inclinée; le dégagement gazeux n’est pas un indice de saturation, c’est une cause de perte d’énergie et de destruction de la couche, qui apparaît d’autant plus tôt avant la fin de la saturation que le courant de charge est plus puissant.
- La rapidité du débit a pour résultat de diminuer la capacité pratiquement utilisable; le travail chimique consécutif à l'interruption ne peut produire aucun résultat utile postérieurement au régime uniforme; car l’effet produit, énergique au moment
- où l’on referme le circuit, décroît rapidement et s’épuise presque aussitôt.
- Les couches épaisses de matière active ne sont donc utiles que lorsque le débit, rapporté à l’unité de surface, est suffisamment faible, environ oamP, 1 par décimètre carré de surface active ; il est donc avantageux, dans le cas d’un puissant débit, d’augmenter la surface des lames et d’opérer sur des couches actives d’épaisseur relativement faible, les limites dans lesquelles on peut augmenter utilement cette épaisseur dépendant du débit par unité de surface des lames, et probablement aussi de la constitution de la couche active, variable avec le mode de construction ou de formation.
- Sur la résistance électrique de l’alcool, par M. G. Foussereau (').
- J’ai étudié les résistances spécifiques de l’alcoo et de ses mélanges avec l’eau et avec les sels, en les comparant à la résistance connue d’un trait de crayon tracé sur une plaque d’ébonite. J’ai employé la méthode deM. Lippmannet la disposition expérimentale dont je m’étais servi dans plusieurs recherches antérieures (2).
- Divers échantillons d’alcool absolu du commerce ont présenté, à la température i5°, des résistances spécifiques comprises entre 2 még°hms,47 et et 3még°hms,68. Ces écarts peuvent être attribués à priori soit à la présence d’une trace d’eau, soit à la dissolution de substances empruntées aux parois des récipients.
- Pour apprécier le degré d’influence de ces diverses causes, j’ai d’abord ajouté à des échantillons d’un même alcool des poids croissants d’une eau distillée, dont la résistance était à peu près 10 fois plus faible que celle de l’alcool employé. J’ai reconnu que la résistance des mélanges ainsi obtenus va en décroissant, atteint un minimum peu différent de la résistance de l’eau, quand il n’y a
- 3
- plus que — d’alcool, puis croît ensuite iusqu’à la résistance de l’eau. Mais il faut toujours une altération notable de la composition pour produire un changement notable de la résistance du mélange. L’écart entre les nombres cités plus haut ne peut donc être attribué à la petite quantité d’eau que peut retenir l’alcool absolu du commerce.
- Si, au contraire, on ajoute à l’alcool une trace d’une dissolution titrée de chlorure de sodium, on obtient un changement énorme dans la résistance. Elle s’est abaissee dans le rapport de 1 à 0,527 par
- l’addition d’un poids de sel représentant -- 6—ô"00o de celui de l’alcool. L’addition d’une dissolution * (*)
- (’•) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du 20 juillet i885.
- (*) Voir Comptes rendus, 26 maiet i5 juillet 1884.
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- de potasse donne des résultats analogues. On se trouve ainsi conduit à attribuer les divergences observées à l’absorption par l’alcool de quelques dix-millionèmes de sels empruntés au vase qui le contient.
- J’ai constaté, en effet, que la conductibilité de l’alcool augmente, dans les vases de verre, plus rapidement encore que celle de l’eau. Elle peut doubler en quelques heures. De l’alcool absolu, préparé avec beaucoup de soin et conservé deux ans dans un flacon de verre plein et fermé, au laboratoire de chimie de l’Ecole normale, était devenu dix fois plus conducteur que l’alcool absolu du commerce. Brûlé sur une lame de platine, cet alcool colorait la flamme en jaune après sa combustion. Il contenait une trace de sels de soude empruntés au verre.
- J’ai cherché à éviter ces altérations en rejetant l’emploi des vases de verre et, dans ce but, j’ai fait recueillir à l’usine de M. Billault de l’alcool absolu dans des vases de porcelaine. J’ai vu en effet la résistance s’élever et atteindre, pour les échantillons observés, les valeurs de 5még°hms,i5 et Smégohms^ à i5°. Le second échantillon, contenu dans de la porcelaine non vernissée, conserva pendant plusieurs jours une constance remarquable.
- Enfin M. Delachanal a eu l’obligeance de préparer pour moi, par une série de distillations, de l’alcool au minimum de densité, semblable à celui qui a servi à déterminer le point ioo des nouveaux alcoomètres. Deux échantillons de cet alcool provenant d’une même opération m’ont été remis, l’un dans un vase de porcelaine, l’autre dans un vase de verre, et ont été observés deux heures après leur préparation. Le premier a donné à i5° la résrstance 7mégohmS>03I) ja p]us grande que j’aie obtenue; le second, déjà altéré par le verre, a donné 2mdg°hms,023. Un nouvel échantillon, préparé de la même manière six jours après les premiers et recueilli dans un vase de porcelaine, a donné 6m“gohms,bg9, nombre qui diffère du premier
- de moins de ^ de sa valeur. Bien que les traces
- de sels dissoutes soient incapables d’altérer d’une façon appréciable la densité de l’alcool, il pourra être avantageux de distiller et de conserver dans les récipients en porcelaine l’alcool absolu destiné à des opérations chimiques délicates.
- J’ai aussi examiné les changements éprouvés par la résistance de l’alcool quand on fait varier sa température. J’ai trouvé que la résistance diminue en moyenne de 0,0145 de sa valeur quand on élève la température d’un degré, au voisinage des températures ordinaires. Cette variation n’est pas proportionnelle à celle du coefficient de frottement intérieur, comme cela a lieu pour l’eau distillée et pour les sels. Cette dernière quantité varie en effet de 0,0210 par degré aux mêmes tempéra-
- tures. Le mécanisme de la conductibilité paraît donc être plus complexe pour l’alcool que pour les sels et leurs dissolutions aqueuses (*).
- Sur la conductibilité électrique des dissolutions
- salines aqueuses très étendues, par M. G. Vi-
- centini (2).
- Au mois de juillet de l’année dernière, j’ai présenté au R. Institut dn Venise une note3 tendant à démontrer que les lois énoncées par M. Bouty4 sur la conductibilité électrique des solutions salines aqueuses n’étaient pas rigoureuses. J’en avais conçu le doute, en me basant sur les résultats des recherches très étendues entreprises précédemment, d’abord par M. Kohlrausch3 et ensuite par M. Lenz6. La vérification que j’en ai faite m’a conduit à des données expérimentales qui se trouvèrent d’accord avec mes prévisions. Les différentes communications que M. Bouty présente à ce sujet à l’Académie des sciences de Paris, forment l’objet d’une note qui a paru au mois d’août de l’année dernière dans le Journal de physique. Un mémoire bien plus étendu a été ensuite publié dans les Annales de chimie et de physique 7.
- Vu l’intérêt de la question, j’ai voulu poursuivre mes recherches afin d’étudier la manière dont se comportent les différents électrolytes, lorsqu’on fait passer un courant électrique. Le degré de dilution était de beaucoup supérieur à celui atteint par M. Bouty. Dans la note précitée je m’étais limité aux sels suivants : NH, Cl; Ka SO.; KC1; Pb (N03)2; Ag2 SOt; Ag NOa; Cu SO»; Cu Cl*; Zn SO». Je puis maintenant publier les résultats de mes études relativement aux composés suivants : Na Cl; Na2 SO», Li2 C03; BA (NO,),; Ca CI*; Sr Cl*; Sr (N03)2; Mg Cl,; Al* Cl,; AÏ, (SO»)8; Zn Cl,; Cd SO» ; Cd Cl,; Fe Cl,; Fe2 Cl,; Fe SO»;CO SO»; Ni Cl,; Ni SO»; Na OH; KOH.
- D’après ses expériences, M. Bouty est arrivé à établir que pour les solutions des différents sels, il existe un certain degré de dilution, au delà duquel
- f1) Ce travail a été fait au laboratoire de recherches physiques de la Sorbonne.
- (2) Note présentée par le Dr G. Vicentini à la R. Académie des sciences de Turin, dans la séance du 26 avril i885.
- (3) G. Vicentini., Atti del R. Ist. Vcneto, s. VI, t. II, p. 1699, 1884.
- (’>) E. Bouty, Acad, des sc. de Paris, 21 janv., 11 févr., i3 mars, 7 avr. 1884.
- (6) F. Kohlrausch, und O. Grotrian, Pogg. Ann. Bd CLIV, s. I und, 21S, 1875. — F. Kohlrausch, Pogg. Ann. Bd CLIX, s. 233, 1876. Wied. Ann., Bd VI, s. I, und 145, 1879.
- (6) R. Lenz. Mém. de P Acad. Imp. de Saint-Pétersbourg, 3. VII, t. XXVI, 1878.
- P) E. Bouty, Journ. de physique, s. II, t. III, p. 325-355. 1884. — Ann. de chim. et de phys., s. VI, t. III, p 433-5oo, 1884.
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- leur conductibilité électrique c croit proportionnellement au poids p de sel dissous dans l’unité de poids des mêmes solutions. De sorte qu’en désignant par e l’équivalentjchimique d’un sel, et par k une constante, on aurait :
- Ayant trouvé que pour tous les sels neutres, le coefficient k est sensiblement le même, et en observant qu’en faisant p = e, il en résulte c — k, M. Bouty est arrivé à conclure que la conductibilité moléculaire k est la même pour tous les sels.
- M. Bouty a admis que les sels qui cristallisent anhydres, dans des solutions à un degré de dilution variant entre et ^3, suivent exactement
- la loi susdite et qu’il est, au contraire, nécessaire de dépasser de beaucoup cette limite de dilution, pour la trouver vérifiée pour les sels cristallisant avec de l’eau de cristallisation. Cependant il a reconnu ensuite que même les sels qui cristallisent anhydres n’obéissent pas tous à cette loi et il a été amené à faire une exception pour ceux d’entre eux qui, soumis à l’électrolyse, se décomposaient de manière à ne pas avoir un nombre égale de transports pour les deux ions. On sait que la conductibilité électrique des solutions est attribuée en général au transport qui a lieu entre les deux électrodes des éléments électrolytiques du corps dissous, c’est-à-dire des ions. M. Kohlrausch a établi, il y a longtemps déjà, que, dans les solutions étendues, à chaque ion correspond une mobilité spéciale, indépendante de celle de l’autre ion dont il se sépare, et par conséquent de la nature de l’électrolyte dont il résulte. M. Bouty, au contraire, s’est cru autorisé à admettre qu’à chaque ion correspond une égale mobilité, et par conséquent une conductibilité moléculaire identique pour les différents électrolytes.
- Partant du fait constaté par M. Lenz, que les éléments électro-négatifs (anions) n’exercent pas une influence sensible sur la conductibilité des solutions très étendues des sels d’un même cathion, au lieu de répéter les déterminations sur tous les sels anhydres essayés par M. Bouty, qui, en grande partie, étaient des sels d’un même métal, le potassium, je me suis limité, dans mes premières recherches, à l’examen de six sels seulement, mais constitués par différents cathions. Ces sels sont : un sel d’ammonium, deux de potassium, un de plomb et deux d’argent. Je les ai étudiés en solutions beaucoup plus diluées que celles qui avaient servi aux expériences de M. Bouty, c’est-à-dire étendues
- jusqu’à 2^35 et au delà. En me rapportant soit aux résultats numériques obtenus, soit à la représentation graphique, j’ai été amené à conclure que les ois de M. Bouty ne se vérifiaient pas rigoureuse
- ment, non seulement à un degré de dilution tel que celui que j’ai atteint, mais encore pour un degré supérieur. J’ai étudié aussi l’influence de la température sur la conductibilité des solutions essayées et même sur ces points, je n’ai pu tomber d’accord avec le physicien français. Voici les conclusions que j’avais tirées de mes expériences :
- La conductibilité électrique des solutions salines aqueuses ne croît pas proportionnellement à leur concentration, même pour des solutions extrêmement étendues. Elle croît au contraire plus lentement que cette même concentration ;
- Les différents sels étudiés, quoique se trouvant en solution très étendue, ne semblent pas, pour le même degré de solution, posséder une égale conductibilité moléculaire ;
- L’influence de la température sur la conductibilité électrique des solutions est approximativement la même pour des solutions très étendues des différents sels. En représentant la conductibilité électrique d’une solution saline très étendue, à la température J, parla formulée, — c0 (i-|-af-|-6Js), il ressort que la valeur de a tend vers la valeur du coefficient analogue qui donne la variation du coefficient de frottement de l’eau pour la température. Le coefficient (3 est beaucoup plus petit que celui du terme correspondant de la formule qui sert pour le coefficient de frottement.
- La méthode dont je me suis servi dans la détermination de la résistance des solutions étudiées, est celle de M. Kohlrausch qui consiste dans l’emploi de courants alternatifs. J’ai cependant remplacé l’électro-.dynamomètre Weber par un électro-dynamomètre Bellati quelque peu modifié (‘),tel qu’il a été décrit dans une note que j’ai publiée sur la conductibilité électrique des solutions alcooliques de différents chlorures. D’après les nombreux essais faits par moi sur cet appareil très simple, j’ai pu constater de suite tous les avantages qu’il présente sur l’emploi, par exemple, du téléphone dont je me suis assez souvent servi à cause de la commodité qu’il présente, dans la détermination de la résistance des électrolytes. Rien de plus facile que de se munir d’un électro-dynamoscope que celui que j’ai employé, en se servant du cadre et de l’armature d’un galvanomètre ordinaire.
- Les sels que j’ai soumis à l’expérience, tous d’une très grande pureté, provenaient de la maison Trommsdorff d’Erfurt. L’eau distillée qui servait aux solutions était préparée au fur et à mesure au moyen d’un appareil en verre qui fonctionnait déjà depuis très longtemps. Les nouvelles solutions ont été toutes préparées par pesées et avec des sels qu’on rendait anhydres suivant les règles bien connues de la chimie. La quantité de solution em- (*)
- (*) G. Vicentini, Ment, delta li. Acc. délia Sc. di Torino, s. II. t. XXXVI, p. 385, 1884.
- p.222 - vue 226/640
-
-
-
- JO URNA L UNI VE RS EL D'ÉLEC T RI CI TÉ
- 223
- TABLEAU I
- d t Cf IO9 C18.I09 d l Ct. IO9
- 1
- Chlorure d'ammonium.
- i
- 54 5
- 1
- 1060
- 1
- 1880
- 1
- 3240
- 1
- 6680
- 12290
- 0,00 224
- 19,88 365
- 33,41 474
- 40,37 533
- 0
- 0,00 118
- 20,42 196
- 41,09 286
- 0
- 0,00 20,52 68
- 114
- 41,49 167
- 0
- 0,00 20,65 41
- 68,5
- 40,97 99)7
- 0
- 0,00 20,5
- 2C,07 34,0
- 40,92 50,2
- 0
- 0,00 11,4
- i8,63 i8,5
- 40,81 28,6
- 351
- 186
- 108
- &4»7
- 32,2
- 18,2
- Chlorure de potassium.
- »
- 196
- L
- 722
- 1340
- 1
- 3520
- 1
- 7023
- 1
- l38o8
- « 0,00 125,4
- 17.31 194
- 40,62 297
- 0
- 0,00 68,9
- 18, II 108,5
- 41,04 166
- 0
- 0,00 22,9
- 16,45 40,7
- 40,17 63,9
- 0
- 0,00 .13,6
- 22,02 39,70 23,6
- 33,3
- 0
- 0,00 7.29
- 18,08 ii,5
- 42,04 18,4
- 108
- 42,1
- 2J,6
- Sulfate de potassium.
- 1
- 1160
- 1
- 35oo
- 1
- 735o
- i35oo
- 17920
- 0
- 0,00 63,3 »
- 19,07 io3 10:
- 40,90 i56 »
- 0,00 22,3 »
- 18,75 36,4 35,8
- 40,09 55,o »
- 0
- 0,0 IM »
- 17,81 18,0 18,0
- 39,52 27,1 »
- 0
- 0,00 18,04 6,6 »
- io,3 io,3
- 40,66 i6,3 »
- 0
- 0,00 16,73 5,3 »
- 7-75 7.98
- 40 39 12,6 n
- CJH-IO®
- Chlorure de sodium.
- 1 35oo « 18,00 »
- 1 10450 18,00 »
- 1 i573o 25,98 i8,5
- 18,00 »
- 25,96 12,6
- 44)9
- 15.6 »
- 10.6
- Sulfate de sodium.
- 0 18,00 »
- 18,01 »
- 18,01 U
- 24*3
- i3,3
- 8,6
- 1
- 5440
- 1
- 16290
- 1
- i65oo
- Carbonate de lithium.
- 3i,3 23,6 14,5
- 1
- 6705
- 1
- 9010
- 1
- 15400
- 0 18,00 »
- 18, o5 »
- 18,00 »
- 26,02 17)4
- Nitrate de barium.
- 1
- 4000
- 1
- 7320
- 1
- i5ooo
- Chlorure de calcium.
- 18, o5 18,00 18,01
- 18,7
- 10,4
- 5,ii
- 1 6800 0 18,00 » 25,1
- 1 18,00 i5,o
- 11640 17,8
- 26,00 !7)9° » 9
- 18230
- 26,o3 u,8 )>
- Chlorure de strontium.
- 4798 U 0,00 i5,i3 41,28 15.8 23.8 40,3 25,4 »
- 1 9046 0 0,00 14)79 41.44 B,7 i3,o 22,3 » 14,0 »
- TABLEAU I (suite).
- t Ct. IO9 Cl8.I09 d t Ct. IO9 C18.IOa
- \
- Chlorure de strontium (suite) 1
- 14590
- U 0,00 14,39 5,53 »
- 8,28 9,04
- 41,16 14,4 • »
- 0 0,00 4,2 »
- 14.M 6,18 6,8
- 41,19 1,09 »
- 19930
- Nitrate de strontium
- 32,7
- H,4 10,1 8,55
- 1
- 2690
- 6250
- 1
- 93io
- 0 18,04 »
- 18,00 »
- 18,00 »
- 18,02 »
- iog5o
- Nitrate d'argent. 1
- 2434
- 1
- 6Ô58
- 1
- 10860
- 12920
- 0 0,00 18,37 40,18 i5,o 23,9 35,6 » 23,9 »
- 0 0,00 18,i3 42,55 6,10 9.81 i5,4 n 9,79 »
- 0 0,00 17)97 42,76 3.45 5,54 8,84 5,54 »
- 0 0,00 18,10 42,95 2,92 4,75 7,55 » 4.73 »
- Sulfate d'argent.
- 1 1870 0 0,00 20,7
- 18,02 »
- 1 3784 18,04 »
- 1 7976 17,94 »
- i 14060 18,01 »
- Nitrate de plomb.
- 1
- 4022
- 7880
- 12390
- 0
- 17)99 »
- 25,93 17.9
- 18,11 »
- 26,05 9,5o
- 0
- 0,00 3,38
- 18 o3 »
- 40,41 8,3i
- 33,5
- 8,4
- 5,0
- i5,i
- »
- a, 07 »
- »
- 5,38
- Chlorure de magnésium.
- 29.1 17,6
- 14.2
- 1
- 656o
- 1
- 11000
- 1
- 13700
- 18,08 »
- 18,01 »
- 18,00 »
- Chlorure d'aluminium (sublimé anhydre).
- 0 18,01 »
- 18,00 n
- 18,06 »
- 29,S 16,0 i3,o
- 1
- 6i5o 1
- ii3oo 1
- 14400
- Sulfate d'aluminium.
- 13.9
- 10.9 5,3
- 1
- 8240
- 1
- n3oo
- 1
- 0 l8,0I »
- l8,00 *
- 18,04 »
- 27100
- Chlorure de cuivre
- 0 l8,00 »
- 27,13 HQ
- l8,00 U
- 18, o3 »
- 18,00 »
- 0 0,00 17,96 39,98 5,3o 8,7 13,9
- 1 i3i
- 1
- 2541 r
- 5007
- 9420
- 1
- Î5870
- Sulfate de cuivre
- 1953
- 1
- 3940
- 6380
- 1
- 10114 1
- 15960
- 1
- 20430
- i8,o3 »
- 18,00 »
- 17)99 »
- 17,98 >>
- 17,98 »
- 18,01 »
- 98.3
- »
- 50.3 26,0
- 14.3
- 3,7
- »
- 44 »7 25, 1 i6,5 11,8 7,58 6,25
- p.223 - vue 227/640
-
-
-
- 224
- LA LUMIERE ELECTRIQUE
- TABLEAU I (suite).
- d t ct. io° e18.io»
- Chlorure de zinc.
- X 4350 18,o5 » 29,6
- 26,04 35,4 »
- I 8 j 70 17,98 » i5,7
- 25,99 18,8 »
- Suljale de zinc.
- I 3700 0 18,01 » 25,3
- I 9570 17,96 » 10,9
- I i65io 17,94 » 6,8
- I 24880 18,00 » 4,8
- Chlorure de cadmium.
- I 2130 0 0.00 i3,38 39,77 24.9 36,o 61,6 40,3
- ï 5170 0 0,00 13,67 40,42 11,31 16.6 28.6 18.3 »
- I 9220 0 0,00 i5,38 39,96 6.74 io,3 17,1 10,9 »
- I 15405 0 0,00 14,95 40,65 4,23 6,43 11,0 6,85
- Suljale de cadmium.
- I 6i5o 18,06 - 12,9
- 1 10700 18,01 » 8,0
- 1 15200 18,o3 » 5,9
- Chlorure de fer.
- 4180 0 18,00 » 24,5
- 9760 18, o5 » 11,2
- I i55oo 18,00 » 7,17
- d t c,. )09 c18.io°
- Sulfate de fer.
- 1 4M0 • 0 18 00 » 21,4
- I 8390 0 18,00 » u,5
- 26,02 14,0 »
- I io3oo 18,00 » 9,68
- 26,00 n,5 »
- I 10820 18,00 » 8,97
- 25,96 11,1 »
- I i536o 18,00 6,61
- 26,00 8,17 »
- Sulfate de cobalt.
- I 4870 18° 00 » 18,4
- I 9bbo 18,o5 » ' 10,5
- 1 Ï35oo i5,ii » 7,6
- Chlorure de nickel.
- I 0 18,00
- 5208 21,1
- 25,94 25,2 »
- I 8370 18,00 » i3,5
- I io38o 17,98 » 10,8
- 25,95 12,9 »
- I 12700 17,85 » 8,87
- 25,89 10 6 »
- Sulfate de nickel.
- 7240 0 18,00 » 12.2
- I i3ooo 18,00 1» 7,18
- I 17400 l8,00 » 5,39
- pioyée pour chaque expérience était d’environ 3oo grammes. Plusieurs solutions ont été étudiées à la température ordinaire et à celles de o° et de 40° ; d’autres seulement de 18° et 26°. Pour quelques-unes, je m’en suis tenu à la température de 180, en suivant l’exemple de M. Kohlrausch.
- TABLEAU II
- m
- k. 101
- NH4 Cl; A = 53,5
- 0,0342
- 0,0176
- 0,0099
- 0,00578
- 0,00282
- 0,00152
- io3 jo6 109 112 115 120
- H Cl; A = 74,6
- 0,0184 0,0100 o,oo38 0,0019 0,00097
- 106 108 m 114 118
- 1 K2 S04 ; A = 87,2
- 102
- 0,0099
- 0,00328
- o,ooi55
- o,ooo85
- 0,00064
- 109
- 116
- 121
- 125
- Na Cl; A = 58,5
- 0,0049
- 0,0016
- 0,0011
- 92
- 95
- 97
- jNa2 S04; A = 7i,i
- 0,00258 94
- o,ooi37 - 97
- o,ooo85 101
- i Li2C03; A = 37
- 0,0040
- o,oo3o
- 0,00175
- 78
- 79 83
- i Ba (N03)2; A=i3o,6
- 0,00191 o,ooio5 o,000511
- 98
- 100
- 101
- iCaCl2; A =55,3
- 0,0027
- 0,0016
- 0,00099
- 93
- 97
- 99
- | Sr Cl2 ; A = 79
- 0,0029 0,0014 o 00087 0,00064
- 88
- 100
- 104
- 107
- •j Sr (N03)2; A= ioS, i
- o,oo355 O 00152 0,00102 0,00087
- 92
- 95
- 99
- 98
- AgN03; A = 170
- 0,00242 99
- 0,00097 101
- 0,00054 io3
- 0,00045 104
- m
- k. io7
- |Ag2 S04; A = i55,7
- 0,00344
- 0,00169
- 0,00080
- 0,00046
- 97
- 101
- io5
- 109
- | P (N03)2 ; A = i65,2
- o,ooi5o o 00076 0,00049
- 101
- 106
- IIO
- * Mg Cl2; A =47,3
- 0,00322 90
- 0,00192 91
- 0,00154 82
- I A12C1g; A = 44,4
- 0,0037 80,6
- 0 0020 80
- 0,00157 92
- 1 Al, (S04) 3 ; A = 57
- 0,00211 66
- 0,00156 70
- 0,00065 81
- Cu Cl2; A = 67
- 0,0132
- 0,0059
- o,oo3o
- 0,0016
- 0,00094
- 75
- 86
- 87
- 9°
- 93
- I Cu S04; A = 79,8
- 0,0064
- o,oo3i5
- 0,00196
- 0,00124
- 0,00078
- 0,00061
- 70
- 80
- 84
- 95
- 97
- 102
- ; Zn Cl2; A = 68
- 0,0034
- 0,00173
- 87
- 91
- £ Zn S04; A =80 6
- o,oo335
- 0,00129
- 0,00075
- 0,00057
- 76
- 85
- 9'
- 95
- £ Cd Cl2 ; A = 91,4
- o,oo5i5
- 0,00211
- 0,00120
- 0,00071
- 78
- 87
- 91
- 96
- js-Cd S04; A = io3,8
- 0,00157
- 0,00090
- o,ooo63
- 82
- 89
- 93
- p.224 - vue 228/640
-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 22.5
- TABLEAU II (Suite).
- m k. 107 m k. 107
- J Fe Cl,; A =63,3
- o,oo33 68 \ Ni Cl 2 ; A = 6-1,7
- 0,0025 70
- 0,00101 7* 0,0029 73
- -iFe S04; A = 75,9 o,ooi85 74
- o,oo3i8 67 0,001^9
- 0,00157 73 0,00122 t J
- 0,00128 76
- 0,00086 78 4 Ni S04; A = 77.3
- \ Co S04; A=77,3
- 0,00265 70 0,0018 68
- 0,00135 78 0,00099 72
- 0,00094 81 0,00074 73
- Dans le tableau I se trouvent consignés les résultats de toutes mes expériences. La colonne d correspond au degré de dilution des solutions qui représentent comme je l’ai indiqué ailleurs, le rapport du poids du sel à celui de l’eau dans lequel il se trouve dissous. Dans les colonnes suivantes figurent au-dessous de t la température à laquelle on a déterminé la résistance des solutions et au-dessous de c, le degré de conductibilité (cl8) à i8° qui pour les solutions qui n’ont pas été étudiées à cette température, a été calculé d’après la formule
- ct — c0 (i + $l2)
- La conductibilité des solutions est rapportée à celle du mercure prise comme unité.
- TABLEAU III
- Valeurs de la conductibilité moléculaire — = k,
- m ’
- pour m =0,001.
- Cl NO3 i S04 J- CO3
- NH4 k. I07=I24 n
- K 118 »» 119 »
- Ag » IOI 104 »
- 1 Pb » io3 » »
- i Sr io3 98 » »
- Na 102 100 *
- J Ba » 100 )) »
- 2 Ca 99 » „ »
- iZh 97 » 92 »
- |Mg 94 » )) «
- J Cu Li 93 ** 93 90
- | Cd 93 » 87 )>
- ï ai2 85 » 74 »
- J Ni 73 » 72 »
- J Fe 7i » 76 »
- 4 Co ” 81 ”
- Au moyen des valeurs de c18 j’ai calculé la conductibilité moléculaire k, en me servant de la for-
- mule k— ^8, dans laquelle /«représente le degré de concentration des solutions exprimé en nombre de molécules. Le nombre des molécules m a été obtenu en divisant le poids en grammes du sel dissous dans un litre d’eau par l’équivalent électrochimiques A, de ce sel. J’ai opéré delà sorte pour pouvoir comparer les résultats de mes expériences avec ceux que M. Kohlrausch vient de publier tout récemment (*).
- Dans le tableau II se trouvent les valeurs de k pour les divers sels aux différents degrés de concentration de leurs solutions.
- En examinant les valeurs enregistrées dans ce tableau, il est facile de reconnaître que, pour les sels qui cristallisent anhydres comme pour ceux qui cristallisent avec des molécules d’eau, la conductibilité moléculaire augmente d’une manière très sensible au fur et à mesure que le degré de concentration diminue. D’après M. Bouty, pour les sels anhydres la conductibilité moléculaire devrait être
- déjà constante à partir de la dilution de —— à
- I .ooo
- I
- 4.000'
- Je ne crois pas nécessaire de répéter ici les observations que j’ai faites dans ma note précédente relativement aux sels de différents radicaux électro-positifs anhydres. Il est facile de voir que ces sels ne possèdent pas la même conductibilité moléculaire. A titre de comparaison, je donne dans un autre tableau III la valeur de la conductibilité moléculaire k de tous les sels, déduite graphiquement pour la concentration m = 0,001.
- II résulte clairement de ce tableau que les cathions ont une influence très notable sur la conductibilité moléculaire des électrolytes; de même, pour les divers sels d’un même élément électro-positif, on observe également une différence dans celte conductibilité moléculaire. Ainsi, contrairement à ce qu’admet M. Bouty, et conformément à ce que l’on pouvait prévoir, les divers ions, en se déplaçant au sein d’une solution très étendue, rencontrent une résistance différente, ainsi que M. Kohlrausch. l’a d’ailleurs déjà fait remarquer. Il en résulte donc que pour des solutions d’une concentration m — o,ooi les sels alcalins C1K, K2S04, possèdent une conductibilité moléculaire très voisine de celle de C1NHV
- Viennent ensuite, avec une conductibilité moléculaire plus petite, les sels de Ag, Pb, Sr, Na, Ba, Ca, Zn, Mg, Cu, Li, Cd; les sels de Al, Ni] Fe et CO pour le même degré de dilution, ont montré la conductibilité moléculaire la plus faible:
- (') F. Kohlrausch, Nachrichten von der KOnig. Gesell-schaft der W/'ss. Go'.tiugen, feb. i885.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER Allemagne.
- L’électrolyse appliquée aux analyses quantitatives. — M. le professeur Classen publie dans les annales de la Deutsche Chemisette Gesellschafl quelques renseignements sur les méthodes qu’il emploie pour l’analyse quantitative par l’électro-lyse. Comme les piles donnent lieu à beaucoup d’inconvénients, il se sert d’une petite machine magnéto-électrique Siemens, quilui permet d’exécuter simultanément un assez grand nombre d’analyses de même nature et exigeant toutes à peu près la même intensité de courant. Mais la machine cesse d’être pratique dès qu’il s’agit d’exécuter simultanément des analyses de nickel, de fer ou de cobalt, ainsi que des analyses d’antimoine, de cuivre, de cadmium ou de platine, puisque celles-ci exigent une intensité beaucoup moindre que les premières.
- Dans les derniers temps, M. Classen a employé pour ses recherches analytiques un dispositif imaginé par MM. Siemens et Halske, qui permet de faire simultanément un assez grand nombre d’expériences de toute nature, sans que ces expériences nuisent les unes aux autres. Voici en quoi consiste essentiellement ce dispositif : le courant principal de la machine passe à travers une résistance artificielle constituée par une succession de conducteurs en cuivre jaune et la différence de potentiel aux bornes de la machine est maintenue constante. Il règne ainsi, dans chaque portion de ce conducteur, une certaine tension constante qui ne s’altère pas quand on vient greffer sur cette portion un circuit alimentant une expérience et nécessitant une intensité relativement faible. Le courant est engendré par une dynamo Siemens (modèle C6) qui donne, à une vitesse de mille tours à la minute, jusqu’à soixante ampères avec dix volts. La consommation de travail dans la machine est un peu supérieure à un cheval. La plus grande partie du courant passe à travers un rhéostat constant en fil de cuivre jaune; les bains séparés ne reçoivent que des courants embranchés relativement faibles, dont l’intensité peut être variée, indépendamment pour chaque expérience par des jonctions faites en des points différents.
- Le surveillant de la machine doit avoir soin que lax tension, indiquée par un volt-mètre, reste la même, c’est-à-dire, que la vitesse de la machine demeure constante. Si, par exemple, la différence de potentiel aux extrémités du rhéostat, est de six volts, et s’il se compose de vingt-quatre parties égales dont les extrémités sont reliées à des
- bornes, la différence de potentiel entre deux bornes
- consécutives est de ~ ^ volt. Si le potentiel
- à la première borne est désigné par o, les poten-
- 12 3 5
- tiels aux bornes qui suivent seront, -, -, -, i, -, etc.
- Si alors on intercale entre deux de ces bornes un électrolyte nécessitant une intensité de courant faible relativement au courant circulant dans le rhéostat en cuivre jaune, les potentiels aux bornes ne seront pas sensiblement modifiés; on peut donc intercaler ces électrolytes entre deux bornes quelconques, sans altérer en rien le circuit principal. L’intercalation même de plusieurs électrolytes n’altère pas considérablement la différence de potentiel aux bornes de la machine, et la tension pour une expérience séparée peut être modifiée à volonté sans que les autres expériences en souffrent.
- M. Classen emploie un dispositif dans lequel le rhéostat de cuivre jaune est divisé en vingt parties égales. Des soixante ampères environ quarante passent à travers le rhéostat, de sorte qu’il reste vingt ampères pour les expériences électrolytiques. La différence entre les potentiels de deux bornes consécutives sont de 10/20 =z ^ volt.
- L’électrolyse se fait dans des vases en platine, qui sont attachés au pôle négatif ; et pour chaque vase, la tension et l’intensité du courant peuvent être mesurées au moyen d’un galvanomètre.
- Afin de se rendre exactement compte de la valeur de l’appareil, M. Robert Ludwig (sur le désir du professeur Classen) a exécuté douze expériences, simultanément. Des solutions de fer, de cobalt, d’étain, d’antimoine et de cuivre qui exigent, pour leur séparation, des intensités différentes, furent soumises à l’électrolyse. Les résultats obtenus parlent en faveur de l’appareil, et donnent une preuve de l’exactitude de la méthode électrolytique.
- EMPLOYÉ TROUVÉ
- I. 0,3546g. Fe203 0,2479g. Fe = 0,3541 g. Fe203
- ir. 0,3836 0,2691 •> =0,3844 ”
- iii. 0,2424 Co 0,2234 0,2419 Co 0,223l »
- IV.
- V. 0,1145 Su 0,1142 Su
- VI. O,22C)0 0,2290 »
- VII. 0,2025 Sb2S3 0,1444 Sb=o,2019g. Sb2S3 0,1348 » =o,i885 »
- VIII. 0,1890 »
- IX. 0,1670 » 0,1189 » =o,i663 » 0,2i33 Cu = 25,47 °/o (Théorie 25,3(j °/o).
- X. 0,8374 CuSO,,
- XI. 0,8768 » 0,2225 » =25,3i »
- XII. 0,7905 » 0,1991 » =25,29 ”
- Les manipulations nécessitées par la méthode que nous venons de décrire sont si simples, que ceux mêmes qui s’en servent pour la première fois obtiennent d’excellents résultats. M. Classen. fit
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- faire une séparation électrolytique de fer et de manganèse par un étudiant qui n’avait jamais, jusque-là, exécuté une analyse quantitative. Il obtint :
- EMPLOYÉ TROUVÉ
- 0,2265 g. = 34.67 °/o F2 O;, 0,4268 g. = 65.33 °/o Mna O; 0,2260 g. = 34.62 % f2 o3 0,4258 g. = 65.38 % Mn^ O.,
- 0,6523 100,00 0,6528 100,00
- Pour les déterminations électrolytiques d’après la méthode de Classen il ne faut que quatre à cinq heures, si l’on chauffe à 70-80° Celsius la solution en question et que l’on tienne constante la température pendant l’électrolyse ; avec les méthodes généralement usitées, la séparation d’un précipité compact ne réussit qu’avec l’emploi de courants très faibles et nécessite dix à quatorze heures.
- H. Miciiaelis.
- Angleterre.
- . Les éléments au soufre de M. Bidwell. — Dans plusieurs de mes lettres antérieures, j’ai déjà parlé des expériences si intéressantes de M. Schell-ford Bidwell, faites sur des éléments soufre et argent préparés par lui d’après la manière dont on prépare les éléments au sélénium. Les éléments en question se comportent de la même façon que ces derniers, c’est-à-dire changent leur résistance sous l’inflence de la lumière. Ce sont même ces variations de résistance que l’on a utilisées jusqu’à présent.
- M. Bidwell vient de faire un pas en avant en construisant des éléments soufre et argent, qui sont des générateurs d’électricité, comme les éléments au sélénium de M. Fritts, de New-York.
- M. Bidwell a eu la complaisance de me donner les détails suivants sur la construction et la manière dont se comportent les éléments.
- i° Éléments au soufre capables d'engendrer un courant électrique. — Ces éléments ont été préparés en prenant des plaques de cuivre et d’argent de 25 millimètres carrés. La plaque en cuivre était chauffée après avoir été recouverte de cinq parties de soufre et d’une partie de sulfure de cuivre précipité. On chauffe ensuite la plaque en argent comme la première, on la pose sur le mélange et on presse les deux plaques l’une contre l’autre.
- Aussitôt que l’élément ainsi formé est devenu froid, on obtient un courant constant. La force électromotrice a été trouvée égale à 0,0712 volt et la résistance intérieure est de 6,537 ohms. Le courant augmente de beaucoup pour une légère augmentation de température. Le courant va de
- l’argent à travers-le soufre à la plaque de cuivre.
- Un élément analogue formé de parties égales de soufre et de sulfure de cuivre entre les deux plaques a donné une force électromotrice de 0,0071 volt, mais la résistance intérieure n’était que de i3 ohms.
- On a aussi soumis à l’essai un élément où le soufre et le sulfure de cuivre étaient à l’état de poudre au lieu d’être fondus. Les plaques étaient maintenues l’une contre l’autre par des pinces. Cet élément a donné, comme ceux que nous venons de décrire, un courant très peu stable; il augmentait et diminuait sans cause apparente. La force électromotrice ainsi que la résistance intérieure, variaient quand on modifiait les proportions de sulfure de cuivre et de soufre. Avec trois parties de sulfure de cuivre et une partie de soufre, la force électromotrice était extrêmement petite et la résistance intérieure n’était que de 0,088 ohm. Avec du sulfure de cuivre seul, la force électromotrice disparaissait complètement et la résistance tombait à une petite fraction d’ohm. M. Bidwell en conclut que la présence de soufre libre est nécessaire pour qu’il y ait production d’une force élec-tromotrice.
- 2° Des variations de conductibilité de ces éléments.— Le soufre se combine avec l’argent beaucoup plus facilement qu’avec le fer, par conséquent on doit s’attendre à ce qu’un élément, avec une anode en fer oppose une résistance beaucoup plus considérable au passage d’un courant de pile qu’un élément avec anode en argent. La matière dont on forme la cathode est, suivant M. Bidwell, de peu d’importance. Pour vérifier cette assertion, M. Bidwell a construit un élément dont les électrodes sont en fer et en argent et qui plongent dans un mélange de sulfure d’argent et de soufre. Quand on fait passer à travers l’élément un courant de pile qui entre par l’argent et sort par le fer, on constate une déviation 3p fois plus grande, que si on fait entrer le courant par le fer.
- 3° Des courants indépendants engendrés par le passage d'un courant de pile à travers un élément soufre-argent. — M. Bidwell a construit un élément formé de deux électrodes en argent, plongeant dans un mélange par parties égales de soufre et de sulfure de cuivre, le tout fondu ensemble. L’élément une fois froid, on le relie pendant un moment avec une pile de 10 éléments Leclanché.
- Si après avoir ôté la pile Leclanché, on met un galvanomètre à sa place, on constate un courant ayant la même direction que celui de la pile. Ce courant dure une heure environ, et l’aiguille revient, après ce temps au zéro.
- On répétait cette expérience avec un manipulateur double, permettant de détacher l’élément de la pile Leclanché et de le relier ensuite au galvanomètre dans un laps de temps ne dépassant pas une
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- fraction de seconde. On trouvait par cette méthode que le courant indépendant ayant la même direction que celui de la pile Leclanché était précédé par un courant ayant une direction inverse, et qui durait seulement 2 ou 3 secondes. En laissant l’élément en communication avec le galvanomètre pendant plusieurs heures, on constatait une série de courants ayant des directions opposées.
- Si nous désignons les deux électrodes en argent par A et B, on a un courant de pile dans la direction de A à B suivi d’un courant instantané de B à A. A ce courant succède un autre qui dure à peu près une heure, ayant la direction de A à B, suivi par un courant de plusieurs heures de B à A, et ainsi de suite. M. Bidwell n’a pas encore déterminé la durée de cette action réciproque des courants.
- Un nouveau téléphone mécanique. — On a essayé dernièrement à Ludgate Circus, n° 4 (Londres), un téléphone basé sur les vibrations longitudinales d’un fil. Ce téléphone a été proposé par MM. Knudson et Ellsworth, d’Amérique; le diaphragme est d’une construction spéciale et est formé par un tissu de rubans d’osier. Le fil était tendu le long de Fleet-Street et l’on prétend que l’expérience a fort bien réussi.
- Notre figure montre un dispositif de l’instrument : BB est une boîte en bois avec une embouchure ouverte C, conduisant à un disque métallique a qui est attaché à une membrane D, formée comme nous avons dit par un tissu de rubans en osier. Quelquefois on construit cette membrane en comprimant, l’un contre l’autre, deux disques en osier avec une couche de drap ou du papier entre les deux. Derrière le diaphragme se trouve un morceau de bois sonore d avec un trou e, percé au milieu pour loger le fil b qui traverse le disque en osier et le diaphragme en métal pour être attaché autour de la pièce c. La base du morceau de bois sonore est légèrement concave permettant seulement aux deux bouts de toucher le diaphragme métallique D, contre lequel il est pressé parle ressort à boudin y.
- L’intérieur d’un canon. — Quelques expériences ont eu lieu récemment à l’arsenal royal de Woolwich, pour essayer s’il était possible de photographier l’intérieur des canons au moyen de la lumière électrique, ce qui permet de voir s’il
- ne se trouve pas de pailles dans les tubes, soit pendant la fabrication, soit après avoir servi pour le tir. Les lampes sont placées à une petite distance à l’intérieur du canon, et au moyen d’un réflecteur, on éclaire tout le fond du tube. Les photographies prises de la culasse sont assez bien réussies.
- J. Munro.
- Autriche.
- Le chemin de fer électrique dont j’ai eu l’occasion de vous entretenir dans ma dernière lettre, a été prolongé sur ur,e longueur de i,5 kilomètre. Les travaux sont, à l’heure qu’il est, complètement terminés. Une première fraction de ce chemin de fer a été inaugurée à la date du 22 octobre i883 ; quelques-uns des visiteurs de l’Exposition électrique purent même assister à cette solennité. Peu de temps après, à la date du 6 avril 1884, on inaugurait le reste de la voie, et enfin, tout récemment, le 14 de ce mois-ci, on vient de livrer à l’exploitation, la portion de voie qu’on s’est décidé à ajouter au projet primitif, en sorte que la ligne part aujourd’hui de la station du chemin de fer Mœdling pour aboutir à Hinterbruhl.
- A en juger d’après la faveur que ce nouveau mode de transport rencontre chez le public de notre ville, il y a tout lieu de croire que ce prolongement ne sera pas le dernier, et que bientôt les Viennois pourront compter, au nombre de leurs plus chères distractions, les agréments d’une promenade électrique à travers la vallée pittoresque de la Brahl et YHelenenthal, promenade qui aura pour terme Baden, près Vienne.
- La portion du parcours dernièrement inaugurée, est loin de présenter des courbes aussi raides que l’ancienne ligne; bien que ce parcours n’ait qu’une longueur de 1,5 kilomètres, il a fallu dériver un ruisseau, car on n’a pas admis de courbes d’un rayon inférieur à 80 mètres, tandis que l’ancienne voie emploie, à la traversée de vallées très encaissées, des courbes de 3o mètres de rayon.
- Le coût de la nouvelle ligne se monte à 32.000 florins pour les travaux de terrassement, à 8.000 florins pour les travaux d’art et à 3.3oo florins pour les constructions de bâtiments. Le terrain et les terrassement seuls coûtent 3o.ooo florins, attendu que l’on n’a pas voulu, cette fois-ci, placer la voie dans la rue, car l’expérience antérieure a malheureusement permis de se convaincre que, dans ce mode d’exploitation, la moindre négligence, souvent même, la malveillance, donnaient lieu à beaucoup d’ennuis.
- Le nombre des machines dynamos a été augmenté de deux; ces deux machines ont été construites dans [les ateliers de la Sudbahn, sous la direction du Dr Dolinar, électricien de ce chemin de fer, en en prenant pour modèles les. pre-
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- miers appareils livrés par la maison Siemens et Halske. On a également ajouté deux voitures au matériel roulant, mais une seule de ces voitures est pourvue d’un moteur. Le coût total de ce prolongement de la voie, comprenant l’achat du terrain, la construction et le matériel, s’élève à la somme de 97.000 florins.
- Comme j’ai déjà eu l’occasion de vous le dire dans une de mes précédentes lettres, Vienne aura sans doute bientôt un autre chemin de fer électrique. MM. Siemens et Halske se proposent d’entreprendre la construction d’un chemin de fer de ceinture avec traction à la vapeur; mais ce. chemin de fer sera alimenté par un réseau à traction électrique, ainsi que par les tramways actuellement existants.
- Pour ce qui est des installations nouvelles, j’ai à vous signaler l’éclairage électrique de la salle du Conseil ainsi que d’un certain nombre d’autres locaux du nouvel Hôtel de Ville de Vienne. Cette installation est, pour le quart d’heure, la plus grande parmi celles que possède notre ville et elle a été faite par la maison B. Egger et Cie.
- La force motrice est fournie par deux grandes machines accouplées de 5o chevaux, avec un système spécial de distribution et de transmission par câble; les dynamos à double enroulement sont au nombre de quatre. Ces machines donnent 200 ampères environ, avec une différence de potentiel de 100 volts aux bornes; mais elles peuvent facilement être poussées jusqu’à 25o ampères, car on a prévu 1.000 lampes dans l’installation, qui, aujourd’hui, n’en comprend que 5o8, de 16bougies. Un commutateur général permet de mettre l’une quelconque des quatre dynamos sur l’un ou l’autre des deux circuits qui alimentent toute l’installation; chaque lustre, chaque support de lampe, chaque applique a la moitié de ses lampes montées sur un de ces circuits, et la moitié sur l’autre.
- Dans la grande salle du Conseil, l’éclairage comprend un lustre de 262 lampes, projeté par M. l’architecte Schmidt, 40 lampes sur appliques et 36 lampes sur candélabres. Les 180 lampes restantes sont distribuées dans d’autres parties de l’édifice et montées sur des supports également très élégants.
- Bien que la municipalité de Vienne ait ainsi apporté tous ses soins à l’éclairage électrique dés locaux qui lui sont affectés, nos édiles ne veulent point entendre parler de l’éclairage électrique de la ville entière. Une hostilité ouverte règne entre le Conseil municipal et la Impérial Gas Association, qui s’est engagée par contrat à fournir le gaz à la ville jusqu’en 1899; néanmoins les adversaires les plus acharnés de la Société anglaise, aiment mieux sacrifier des millions de florins à la création d’une autre usine à gaz que tenter l’épreuve de l’éclairage électrique et voir, si parce moyen, on ne viendrait pas à bout des exigences de la Compagnie anglaise.
- Mais revenons à l’installation de l’Hôtel de Ville. Nous croyons de notre devoir de ne pas passer sous silence le nom de M. R. Drexler, ingénieur, qui a conçu et exécuté le projet de cet éclairage. L’ampère-mètre que l’on emploie est gradué en lampes et non en ampères, de sorte que les surveillants peuvent immédiatement se rendre compte du nombre de lampes qu’il sont en état d’alimenter Les instruments de mesure, parmi lesquels se trouve l’ampère-mètre représenté figureb, sont fon-
- dés sur la répulsion magnétique, et offrent une grande sensibilité en même temps qu’ils sont d’une construction simple. Les indications obtenues sont invariables, attendu que l’on ne se sert ni d'aimants permanents nî de ressorts: les seuls agents sont la pesanteur et la répulsion magnétique.
- L’appareil, dont la figure 1 donne une vue générale, se compose d’une bobine horizontale qui est munie de deux noyaux en fer doux dont l’un, a (figure 2,) est fixe, tandis que l’autre, b, est mobile
- autour d’un axe monté sur pointes, et coïncide avec l’axe géométrique de la bobine. Chacun des noyaux représente le quart d’un tube cylindrique. Le noyau mobile tend à occuper, sous l’action de
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- son propre poids, la position b ; la répulsion magnétique le dirige, au contraire, vers la position c, en sorte qu’il occupe, sous l’influence de ces deux forces, une position d’équilibre moyenne indiquée par une aiguille sur un limbe gradué.
- Si l’on veut que’l’instrument accuse les faibles intensités de courant, c’est-à-dire, que l’aiguille occupe au repos le zéro de l’échelle, il faudra placer le noyau mobile et le noyau fixe dans la position relative indiquée sur la figure 2. Mais, comme dans la pratique, il suffit souvent de connaître les indications entre certaines limites, on se contentera, dans une installation de lampes à incandescence, par exemple, d’avoir un cadran divisé de 80 à 120, ce qui permet d’augmenter la sensibilité de l’appareil-On choisira dans ce cas la position relative de la figure 3. A mesure que le noyau mobile s’approche de la position limite c, l’effort dû à la pesanteur diminue, tandis que la répulsion magnétique croît. On voit donc que l’on peut faire varier la sensibilité de l’instrument en changeant simplement la position du noyau fixe. Dans un appareil dont l’aiguille n’a que i5o millim. de longueur, un volt est représenté par une longueur de 1 centim. sur le limbe divisé.
- Ces instruments sont fabriqués par la maison B. Egger et C10, à Vienne.
- J. Kareis.
- CHRONIQUE
- Note sur les observations des coups de foudre en Belgique, par E. Evrard, ingénieur en chef des télégraphes.
- On sait que le Congrès des électriciens qui se tint à Paris, en 1881, pendant l’Exposition d’Élec-tricité, avait inscrit parmi les diverses questions qui devaient être discutées, l’examen des meilleures conditions d’établissement des paratonnerres, et notamment l’utilité et la possibilité de réunir les éléments d’une statistique internationale concernant l’efficacité comparative des différents systèmes de paratonnerres en usage. Depuis, la Conférence internationale des Electriciens, dans ses sessions de 1882 et de 1884, a aussi poursuivi l’étude de ces questions.
- Mon but est de résumer ici les discussions qui ont eu lieu dans ces diverses réunions ; je donnerai ensuite les renseignements qui ont été recueillis, en i883 et 1884, par le service technique des télégraphes, sur les effets de la foudre en Belgique.
- On peut admettre deux systèmes de paratonnerres : i° celui de Gay-Lussac ou le paratonnerre classique de Franklin, qui ne comprend qu’une ou qu’un petit nombre de tiges de grande hauteur en communication avec un petit nombre de conduc-
- teurs : 2° celui de notre éminent compatriote M. Melsens, qui consiste à entourer l’édifice à protéger d’une véritable cage métallique munie de pointes petites et nombreuses ; il est suffisamment défini par son nom : paratonnerre à pointes, à conducteurs et à raccordements terrestres multiples.
- Il ne rentre pas, dans le cadre de ce travail, d’établir un parallèle entre ces deux systèmes; la question a été traitée d’une manière tellement concluante, par M. Melsens, dans sa conférence au Congrès des Electriciens, dans son beau livre sur le paratonnerre de l’Hôtel de Ville de Bruxelles, et dans ses diverses notes à l’Académie des sciences de Belgique, que je ne pourrais faire que la résumer; encore un résumé, pour être complet, me demanderait trop de temps. Aussi, devrai-je me borner à indiquer quelques points dont il y aurait lieu de tenir compte dans les observations des coups de foudre ayant frappé des bâtiments munis de paratonnerres.
- Sir Snow Harris recommande de rattacher aux conducteurs des paratonnerres et par des circuits fermés, toutes les masses métalliques utilisées dans les constructions; M. Melsens va plus loin et y rattache les conduites d’eau et de gaz; il assure un contact à la terre, non seulement par le puits usuel ou la terre humide, mais encore par la grande surface des canalisations. On peut dire qu’ainsi les édifices sont à l’abri de coups latéraux.
- On ne saurait trop insister sur l’importance de cette recommandation dont tous les constructeurs d’édifices, de travaux d’art, etc., devraient être pénétrés. Comme le dit M. Melsens, c’est avant la construction que l’on doit se préoccuper de cette question et pas après.
- Un fait d’une extrême importance et qui a été signalé à diverses reprises, c’est que l’on a constaté que beaucoup d’anciens paratonnerres étaient défectueux, par suite d’une mauvaise communication à la terre; on en a trouvé dont les conducteurs ne s’enfonçaient que de om,3o, om,6o et 1 mètre dans le sol. En Angleterre, on a reconnu, à la suite de coups de foudre sur certains bâtiments munis de paratonnerres, que ceux-ci n’ont pas fonctionné, parce qu’ils présentaient une résistance anormale à la terre ou un joint défectueux.
- En admettant même qu’un paratonnerre ait été établi suivant les règles de la science et de l’art, et que dans les premiers temps il protège efficacement le bâtiment sur lequel il est établi, bien des causes peuvent arriver à le rendre défectueux : les pointes peuvent se corroder par l’oxydation et la fusion, des joints se défaire ou devenir mauvais à cause des changements de température, etc., des raccordements se détériorer au-dessus ou au-dessous du sol, des défauts se développer, des modifications être faites par les propriétaires, les locataires ou les ouvriers. Il est donc nécessaire de vi-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 201
- siter et d’essayer électriquement les paratonnerres au commencement de chaque printemps.
- La zone de protection des paratonnerres est encore sujette à discussion; aussi, dans les coups de foudre que l’on pourra observer, il convient de noter soigneusement la hauteur du paratonnerre et la distance du point frappé.
- On n’est pas non plus absolument d’accord sur la section, sur la forme et sur le choix du métal à adopter pour les conducteurs; ce sont là des points qui doivent attirer l’attention des observateurs.
- Je crois également devoir rappeler que les conducteurs de paratonnerres, exposés à de fréquents orages, peuvent être devenus fragiles par le passage de grandes quantités d’électricité.
- On s’est souvent demandé dans les derniers emps, si les lignes télégraphiques et téléphoniques placées sur les édifices, sont sans inconvénient pour la sécurité; c’est-à-dire si elles n’augmentent pas les dangers de la foudre.
- Les savants et les ingénieurs des télégraphes sont généralement d’accord que les lignes peuvent être au contraire considérées comme protégeant les maisons sur lesquelles elles sont attachées, si elles sont bien établies, avec de bonnes terres au poste central et aux postes extrêmes. Pour surcroît de précautions, quelques-uns des supports doivent être reliés à la terre ou aux conducteurs des paratonnerres, si la maison en est munie, et les appareils des abonnés doivent être pourvus de paratonnerres. Il convient aussi d’exiger que les lignes ne passent pas trop près de masses métalliques; car il y aurait à craindre des décharges latérales.
- On accueillera avec intérêt les observations suivantes du professeur Neessen, de Berlin :
- La moyenne du nombre des orages n’augmente pas, mais d’après les documents fournis par les Compagnies d’assurances, le nombre des bâtiments atteints (dans les bâtiments assurés) est triplé depuis i853-i857.
- Le danger est bien plus grand pour les bâtiments de la campagne, les églises, les moulins à vent.
- M. Holz trouve qu’on doit attribuer l’augmenta-tation des effets de la foudre à l’usage très répandu de grandes masses métalliques et aussi au défrichement des forêts.
- Le nombre de coups de foudre lumineux varie suivant les régions et dépend surtout de la manière de bâtir et de la couverture des bâtiments.
- Les girouettes non reliées à la terre et les pompes intérieures constituent des dangers, ce que l’on a pu constater là où elles sont répandues; il en est de même des arbres voisins des maisons.
- La moyenne des dommages pendant la période de i873 à 1877 a été, pour une partie de l’Allemagne, partie importante, il est vrai, de 1.261.000 marks, ne se rapportant qu’aux dommages causés aux proprétés immobilières; il faut y ajouter le bétail, le
- mobilier, etc. On voit donc que le budget de la foudre est considérable pour chaque pays.
- M. Neessen est d’avis qu’il faudrait répandre l’emploi des paratonnerres, le favoriser énergiquement pour les campagnes, où l’on pourrait employer des dispositifs très simples et très peu coûteux, et qu’il conviendrait d’établir une statistique par région, dans laquelle on indiquerait la valeur des maisons munies de paratonnerres, de celles qui n’en ont pas et la valeur des dégâts.
- Les considérations de M. Neessen devraient avoir la plus grande publicité; il est extraordinaire qu’actuellement encore l’usage des paratonnerres soit si peu répandu en Belgique, et j’aurai l’occasion de signaler tantôt que plusieurs de nos monuments remarquables n’en sont pas munis. Beaucoup d’établissements industriels sont dans ce cas.
- Il est à remarquer que depuis que M. Melsens a produit son système, la dépense pour un paratonnerre est de beaucoup diminuée.
- Pour les campagnes, on pourrait recommander l’emploi de paratonnerres mobiles pour meules de foin, charrettes ; utiliser les peupliers qui paraissent le plus attirer la foudre, en enveloppant leur base de lames métalliques et en mettant ces lames en communication avec un ruisseau ou une mare. Il serait possible aussi d’utiliser les gouttières, en les rattachant par une bonne communication métallique avec les cheminées et le faîte du toit, et en les prolongeant par un conducteur métallique pénétrant profondément dans le sol.
- Ce qu’il faut surtout soigner, c’est la communication avec la terre, qui peut être : puits, marais, cours d’eau naturel, grandes conduites, pompe, racines des arbres, sol sablonneux humide, sol bas humide, argileux.
- On peut voir par ce qui précède que les observations des coups de foudre doivent comprendre un grand nombre de renseignements qui sont énumérés dans le questionnaire dressé par la Conférence des Unités électriques et qui a paru dans le premier Bulletin de la Société des Electriciens. Il faudrait aussi indiquer le nombre et la direction des orages.
- Les observations des coups de foudre en Bel-gipue ne manquent pas; il me suffira de citer celles très intéressantes dues à MM. Melsens, Duprez, Montignyet Macquet et qui ont paru dans des publications scientifiques. Je ne puis m’en occuper ici, car je dois me limiter aux observations faites par le service technique des télégraphes.
- En i883, nous n’avons pu recueillir que les renseignements concernant les coups de foudre sur les lignes télégraphiques ; je les ai résumés dans une note publiée dans le compte rendu de la Conférence des Unités électriques. Cette note n’ayant paru dans aucune autre publication, je crois utile de la reproduire complètement ici.
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- Le premier coup de foudre qui ait atteint nos lignes en i883, a eu lieu le 4 juin, entre Ath et Jurbise, sur la ligne de chemin de fer qui côtoie la vallée de la Dendre. Six poteaux de la ligne télégraphique ont été détruits ; les uns ont été fendus en deux, de haut en bas, d’autres déchiquetés en petits fragments, d’autres marqués d’une rainure hélicoïdale courant de la tête au pied ; aucun ne présente de trace de brûlure. Dans le cas où le poteau est complètement divisé en petits fragments, on doit expliquer, je crois, la violence de l’effet mécanique par la vaporisation brusque de l’eau renfermée dans les canaux du bois; les autres effets, séparation en deux parties du poteau ou rainure hélicoïdale, proviennent sans doute de la différence dans l’écoulement du fluide qui se ferait par les rayons médullaires ou par l’aubier ; il est très curieux qu’on n’ait plus retrouvé dans les débris aucun nœud; tous étaient partis comme s’ils avaient été enlevés au burin.
- Les deux büreaux télégraphiques voisins, Lens et Brugelette, distants chacun de 2 kilomètres de l’endroit de la chute de la foudre ont eu les papiers des paratonnerres de leurs appareils légèrement perforés ; ce sont les seuls bureaux de la ligne où l’on ait retrouvé une trace delà chute de la foudre.
- On peut en conclure que celle-ci a trouvé parles poteaux un écoulement àla terre assez parfait pour qu’aucun des quatre fils qu’ils supportaient n’ait été influencé d’une manière notablé ; si les deux bureaux que nous venons de citer ont pu vérifier le fonctionnement de leurs paratonnerres, c’est grâce àla petite résistance du fil qui les reliait.
- Le 10 juin, un orage violent sévit sur la ligne de chemin de fer de Namur à Charleroi, et la foudre tomba dans la gare de Couillet. Malgré une différence de niveau de quatre mètres entre les saillies pointues du toit de la gare et la tête des poteaux télégraphiques, malgré le voisinage de nombreuses et hautes maisons et la présence, dans un rayon de moins de 200 mètres, de plusieurs cheminées d’usines très élevées, la foudre brisa net un des fils entre le bureau et le poteau d’arrêt. Le dégât se borna à cette détérioration.
- Le même jour, on constatait à Namur un autre effet non moins singulier. Le passage à niveau situé à la sortie de la gare de Namur vers Bruxelles était gardé par deux agents qui, pour échapper à a pluie, s’étaient réfugiés dans la cabine qui leur sert d’abri; ils se trouvaient assis au fond de celle-ci, à 4 mètres environ de la porte. Tout à coup, aujnoment où la foudre tombait sur un bâtiment situé à plus de 3oo mètres de là, l’un des gardes se sentit subitement paralysé du bras droit; le second recevait en même temps, en pleine figure, un éclat de bois violemment arraché au chambranle.
- Le premier de ces hommes n’a recouvré entièrement l’usage de son bras que quinze jours plus tard,
- le second n’a éprouvé aucun malaise; il n’en est résulté pour lui qu’une légère égratignure produite par l’éclat de bois.
- Nous avons examiné minutieusement les parois en planches delà cabine,les charnières de la porte, le morceau de bois enlevé, la sonnerie trembleuse qui se trouvait près de l’entrée, les fils de cuivre recouverts qui y aboutissent, les poteaux plantés aux environs; en aucun point, nous n’avons pu découvrir la moindre trace 'du passage de la foudre.
- Les papiers des paratonnerres du bureau de Namur étaient intacts. Et cependant la décharge a du être très violente ; la force de projection de l’éclat de bois et la paralysie partielle du garde en sont la preuve.
- Faut-il y voir un cas du choc en retour, contesté encore par beaucoup de physiciens, ou, en présence de la violence de l’effet mécanique, admettre qu’en même temps que la décharge principale atteignait un bâtiment, une décharge secondaire frappait les fils de la sonnerie adaptée au refuge des gardes-barrières?
- La terre de cette sonnerie était excellente, le fluide a pu s’écouler sans laisser de trace de son passage. La projection de l’éclat de bois serait due à la volatilisation à haute tension de l’eau ; l’accident survenu au garde serait le résultat d’une dérivation ou d’une action par influence.
- Pendant la nuit du 9 au 10 juin, la foudre atteignit huit poteaux de la ligne télégraphique reliant les bureaux éclusiers de Turnhout et de Desschell, dans la province d’Anvers, et en incendia complètement deux. Le fil n’ayant pas été rompu et les bureaux s’étant mis sur terre la veille avant la fer meture, ceux-ci n’eurent connaissance de la chute de la foudre que le lendemain.
- Comme ils étaient peu éloignés de l’endroit où la chute a eu lieu, il est inadmissible qu’ils n’aient pas reçu une partie du fluide; si la foudre n’a laissé aucune trace sur leurs commutateurs et sur leurs fils, cela tient sans doute aux conditions dans lesquelles avaient été installées leurs terres.
- Le fait suivant confirme cette manière de voir. Le même jour, la chute de la foudre sur un fil de sonnerie du signal à distance, dans la gare de Mazy (ligne de Charleroi à Gembloux), eut pour conséquence la destruction presque complète de la pile Daniell desservant cette sonnerie. L’examen attentif des lieux, après l’accident, fit reconnaître que la terre de cette pile était formée d’une simple baguette métallique piquée dans les cendrées du remblai du chemin de fer. (Cette pile avait été installée et était entretenue par des particuliers et non par le service des télégraphes.) Dans le courant du mois de juillet, la foudre atteignit une partie de la ligne de Bruxelles à Courtrai ; la décharge ayant eu lieu en pleine voie, à proximité d’une sonnerie de route ; la foudre chercha à s’écouler à travers le fil, le pa-
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- ratonnerre et le pied de sonnerie. L’entrée dans le sol fut facile, car aucune trace ne put en être constatée autour de la base de la sonnerie ; mais, selon toute probabilité, le sol cessait d’être conducteur à une faible profondeur, car une excavation de 5o centim. de largeur, produite à 2 mètres de là, tout contre un rail du chemin de fer, indiquait que le fluide avait préféré interrompre sa marche naturelle et retourner à l’état neutre par une voie plus facile.
- J’ai cité cet exemple pour démontrer, une fois de plus, la nécessité d’assurer de bonnes terres. Je reviens maintenant à deux décharges du 26 juin.
- La première, qui a marqué légèrement presque tous les poteaux plantés entre les gares d’Alost et de Denderleeuw, c’est-à-dire sur 6 kilomètres de la ligne de Bruxelles à Gand, nous a donné un exemple remarquable du phénomène connu sous le nom de feu Saint-Elme, très rare sur le continent.
- Vers 2 heures, entre deux coups de tonnerre très éloignés, on put voir s’échapper de tous les poteaux de la ligne des flammes persistant pendant un temps assez long. Nous n’avons d’ailleurs constaté aucune trace de brûlure sur ces poteaux.
- L’appareil de blocage des trains placé dans la cabine située à la sortie de la gare d’Alost, vers Bruxelles, a été gravement atteint ; nous ajouterons que cette cabine est entourée de trois ou quatre cheminées d’usines très élevées, dont la plus éloignée est située à 60 mètres.
- La seconde décharge s’est produite entre Gand et Bruges, en pleine voie, à proximité de la gare de Landeghem. Elle a présenté ceci de remarquable que l’un des poteaux incendiés avait été planté deux ans auparavant, en remplacement d’un poteau foudroyé à la même place.
- Parmi les traces de fusion relevées sur les plaques de cuivre du commutateur de Landeghem s’en trouvent deux correspondant à des fils ayant une direction complètement différente de celle des fils atteints. Seulement sur une longueur de 6 mètres, à l’entrée du bureau, tous ces fils sont réunis en un seul câble. Il faudrait donc admettre que la foudre, se rendant à la terre par les fils sur lesquels elle était tombée, a produit dans les autres, à l’intérieur du câble d’induction, des courants induits d’une tension extrêmement élevée.
- Enfin, un fonctionnaire de l’administration des chemins de fer, qui se trouvait en ce moment sur le seuil du bureau, prétend avoir distinctement aperçu au milieu des voies, un globe de feu, lequel, après quelques instants, a disparu avec fracas.
- Le même phénomène paraît s’être produit lors d’un orage survenu le 3o du même mois, à la gare de Bruxelles (Ouest). Le garde du bloc foudroyé, affirme avoir vu un globe de feu tomber de l’appareil en tourbillonnant et disparaître en laissant derrière lui une longue traînée lumineuse.
- Tels sont les cas les plus remarquables constatés
- par le service technique des télégraphes ; il me reste à ajouter quelques observations. Nous avons été amenés à placer des paratonnerres sur nos poteaux, surtout, sur ceux qui sont à proximité d’un bureau télégraphique ou d’appareils électriques pour les besoins du chemin de fer. Sur ceux-là, en effet, lorsque la foudre tombe, elle ne se perdrait pas en terre par le pied des poteaux, mais elle suivrait les fils aboutissant au bureau ou à l’appareil de signal. (Cet effet est dû à la faible résistance que présen-
- FIG. I
- tent les conducteurs du poteau à la plaque de terre.) Le paratonnerre se compose de deux fils de fer de 5 millimètres ou de 4 millimètres fixés latéralement au moyen de grands anneaux à pointes, et les deux bouts contourneut, sous le sol, plusieurs fois, le pied du poteau ; les deux branches du fil sont tressées au sommet du poteau de façon à former une pointe de 7 à 8 centimètres de longueur. Des bouts de fils galvanisés de 2 millimètres réunissent une des vis de chaque étrier et de chaque console avec le fil principal. Le conducteur principal ne présente aucune ligature sur son parcours. Les poteaux de coupure, de canal, etc., sont munis d’un paratonnerre semblable (fig. i).
- Quant aux paratonnerres pour appareils, nous avons pu reconnaître que le paratonnerre à papier (on ne le paraffine même plus), nous semble devoir être recommandé tout spécialement; on peut dire qu’il fonctionne toujours et parfaitement.
- Il n’en est p^s de même de celui à stries, qui nous paraît trop résistant ; nous avons pu constater, chaque fois que la foudre était tombée sur des appareils de signaux qui en sont munis, que, non seulement les bobines étaient détériorées,
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- mais que les lames des paratonnerres eux-mêmes se trouvaient légèrement soudées l’une à l’autre.
- M. Van Rysselberghe a construit un paratonnerre qui se compose de deux disques en cuivre séparés par une mince feuille de papier ayant la forme représentée ci-dessous. L’écartement ainsi obtenu est de omra,o5 à omm,o6. Ce paratonnerre est très sensible ; il devient conducteur pour le courant de 200 Leclanché.
- Nous avons lancé des étincelles obtenues par une bobine RuhmkorfF de om,8o de long ; la lon-
- gueur des étincelles était de om,20 au moins. Il a été constaté qu’il n’était pas détérioré ; les deux faces n’étaient que légèrement brunies. Au sujet des traces laissées par le passage de la foudre dans les papiers de paratonnerres, il est curieux de constater qu’elles présentent toutes la forme d’un pentagone, d’une régularité presque parfaite. Les bords intérieurs des trous sont légèrement noircis et entourés d’une étroite bande de cuivre volatilisé et affectant elle-même la forme p entago-itale. La direction de la décharge et son intensité relative peuvent être étudiées par le rhéélectromè-tre deM.Melsens; un certain nombre de ces objets sont en service dans les bureaux télégraphiques dé notre pays et nous ont déjà permis de faire des observations intéressantes. Mais elles sont encore trop incomplètes pour que je puisse les comprendre dans cette note. Je me bornerai à exprimer le vœu que les administrations des autres pays utilisent également le rhéélectromètre pour leurs observations sur les manifestations de la foudre.
- Les observations de 1884 sont résumées dans deux tableaux annexés ('), l’un donnant le relevé des coups de foudre en dehors des lignes télégraphiques et téléphoniques, l’autre, des coups de foudre le long de ces lignes. Nous ne pouvons encore dire que cette statistique est complète, d’a-bovd, parce que les questionnaires ont été envoyés assez tard dans l’année, et aussi, parce que bien
- (») Nous renvoyons pour ces tableaux, auxquels ne se prête pas le cadre de notre journal, à la publication originale ; Bull, de la Soc. belge des Elect. (N. D. L. /<.).
- C
- es coups de foudre ont dû ne pas être signalés ; nous espérons bien présenter pour l’année i885 un relevé plus , exact.
- COUPS DE FOUDRE EN DEHORS DES LIGNES
- provinces Sur h mouli Effets méca- niques abitations, 'lises, îs, meules Incendies Sur personnes ou animaux isolés | Sur le sol. Sur arbres, perches Totaux
- Luxembourg . . . . I » 2 „ 4
- Limbourg I 2 1 » » 4
- Anvers . I 4 U » )) 5
- Brabant U1) 3 3 » 2 9
- Hainaut 6 3 » » 2 11
- Namur . 2 4 ' 2 » 5 i3
- Liège . ....... 4 6 I I 2 14
- Flandre Occidentale 4 3 I • 7 i5
- Flandre Orientale. . 4 6 (3 s. meules) 3 10 .23
- Totaux. . . 24 3i 1.3 1 29 (1 perche) 98
- (*) Sur paratonnerres (2 bâtiments).
- Il ne faudrait par exemple pas en déduire que c’est dans le Luxembourg que les coups de foudre ont été les moins nombreux. Les coups de foudre sur les arbres peuvent facilement ne pas être remarqués ni signalés, et il est très problable que grand nombre de coups de foudre ont frappé des arbres dans la province boisée du Luxembourg, sans que nous en ayons eu connaissance. Le nombre de coups de foudre sur des personnes ou sur des animaux isolés est sans doute celui qui est le plus rapproché de la vérité. Ce nombre est d’ailleurs relativement considérable, plus de i3o/o. du total.
- Le nombre de personnes et d’animaux tués et celui des personnes simplement atteintes, sont bien plus considérables encore :
- Personnes atteintes :
- En rase campagne. i5 \ Dans habitations. . 8 t 35
- Sous des arbres.. . 1
- Contre des meules. 11 J
- Tuées sur le coup :
- En rase campagne. 6 \ Dans habitations. . 6 / 'J
- Sous des arbres. . 1 1 1 .
- Contre des meules. 2 )
- plus celles qui ont été renversées dans l’église de: Saint-Hadelin.
- Une des personnes atteintes est morte des suites du coup qui la frappée (en rase campagne).
- Je ferai remarquer que ce nombre est très considérable, eu égard à la population du pays, et qu’il paraît confirmer les observations du professeur Neessen.
- Nombre d’animaux tués :
- i» En dehors d’habitations { ^ raae campagne. 22, t Sous des arbres . . 3 J 20 Dans les habitations..........................17)
- total 42
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- De ces chiffres, il ressort, ce que l’on sait généralement, qu’il est dangereux de se mettre à l’abri de la pluie sous des arbres, pendant les orages. L’on paraît savoir moins qu’il est imprudent, au plus haut point, de porter des objets en métal et surtout avec la partie métallique vers le haut: 3 hommes ont été frappés et tués net dans ces circonstances ; un à Eelen, un second à Coxyde le troisième à Herbaimont.
- Parmi les 52 coups de foudre sur des bâtiments non munis de paratonnerres, 12 ont atteint des églises ou des moulins à vent.
- J’ai été très étonné d’apprendre que plusieurs monuments remarquables du pays, notamment la magnifique cathédrale de Tournai, dont l’un des clochers a été foudroyé l’année dernière ne sont pas protégés par des paratonnerres. Je serais heureux de voir l’attention de la Commission royale des monuments, attirée sur ce fait. Je ne sais si la Société des électriciens peut exprimer ici un vœu, mais dans l’affirmative, je lui demanderais de transmettre au gouvernement le vœu que tous les édifices du pays soient munis de paratonnerres et que tous les pâratonuerres soient visités périodiquement. Elle ne ferait, du reste, que rappeler l’un des vœux de la Conférence des unités électriques, qu’il conviendrait de ne pas laisser ignorer de la Commission royale des monuments.
- Si j’ai insisté sur ce fait, c’est que je suis convaincu que beaucoup de monuments se trouvent dans le cas de la cathédrale de Tournai et que d’autres sont, peut-être, dans des conditions plus dangereuses, c’est-à-dire que leurs paratonnerres sont défectueux.
- On remarquera aussi le nombre de maisons incendiées; cette proportion est principalement due au mode de construction des toitures : chaume, paille, etc.
- Certains incendies, dont la cause est inconnue, peuvent être attribués à la foudre; il se peut aussi que certaines observations fausses fassent attribuer à la foudre des incendies dus à une autre cause.
- Dans le but ^d’obtenir une statistique exacte des effets de la foudre* j’exprime le désir que les administrations communales et les Compagnies d’assurances veuillent bien communiquer à la direction des télégraphes, les observations concernant les incendies dus ou pouvant être attribués à la foudre.
- Certains faits démontrent l’importance de ces observations; ainsi la statistique établit que plusieurs commencements d’incendie ont été occasionnés par des décharges d’électricité atmosphérique qui se sont produites entre les fils électriques et les conduites de gaz en plomb et qui ont pour objet de fondre ces dernières en enflammant le gaz. Cette observation n’a pas été faite en Belgique, mais des incendies n’ont-ils pas été dus à la même cause?
- Il auiait peut-être’ été intéressant d’établir une subdivision dans les effets par les coups de foudre sur les habitations, suivant que ces coups de foudre^ avaieut été ou non précédés de pluie, grêle, etc., de rapprocher de cette circonstance météorologique, le choix que la foudre a fait dans certains, cas, entre les maisons et les arbres de même hau-; teur qui les avoisinaient; mais les rapports qui nous ont été fournis ne disent trop souvent rien à ce sujet. ’
- La valeur approximative des dégâts occasionnés par les coups de foudte sur les bâtiments non munis de paratonnerres, ne nous a été donnée que dans 20 cas. La valeur totale pour ces 20 cas est de 174.825 francs, soit de 8.741 fr. 25 en moyenne pour chacun d’eux.
- Pour terminer l’examen de la statistique des coups de foudre en dehors des lignes, je signalerai les cas suivants :
- Au bureau télégraphique de Bruges, le 26 février, (pour la date).
- A Anvers, le 5 juin (pour l’étrangeté de la distribution à la terre du fluide électrique).
- A Wilryck (bureau télégraphique militaire) le 5 mai. A Merxem, le i3 juillet (éclairs en boule).
- A Statte, le i3 mai (éclair en boule frappant le soi entre deux rails et à im,5o d’un poteau de 9 mètres muni d’un paratonnerre.
- A Saint-Hadelin, le i3 juillet. A Yilvorde, le. 12 août (grande surface frappée par un même coup),
- A Ertvelde, le 19 août (femme tuée à côté d’un jeune homme qui n’a rien ressenti).
- De la statistique des coups de foudre sur les lignes et les bureaux et de l’état récapitulatif des objets du matériel télégraphique détériorés par la foudre, il résulte que notre matériel a peu souffert.
- Le nombre pour 100 des poteaux et des isolateurs atteints est très faible ; cette proportion a été réduite depuis l’établissement de paratonnerres sur nos poteaux.
- Le nombre d’appareils télégraphiques atteints est à peu près nul; deux paratonnerres de bureaux télégraphiques seulement, dont l’un à pointes, dans un poste de la Compagnie du Nord-Belge et l’autre à papier de notre type, ont gardé des traces du passage de la foudre.
- D’autre part, les postes du block-system et des sonneries de route qui sont protégés par des paratonnerres à stries ont relativement fort souffert.
- La position des coups de foudre sur les lignes par rapport aux bureaux télégraphiques, le grand' nombre de papiers perforés, nous permettent donc de recommander une fois de plus les paratonnerres à papier et de constater que les terres de nos bureaux sont généralement établies dans de bonnes conditions.
- Il a paru intéressant de tracer les diagrammes ci-joints du nombre des coups de foudre relevés pen-i
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- dant les différents mois de l’année et les différentes heures de la journée. (Il est à remarquer que pour quelques-uns d’entre eux, l’heure exacte ne nous a pas été donnée).
- Nous croyons aussi pouvoir ajouter, en ce qui concerne les lignes télégraphiques, que lorsque les poteaux sont foudroyés, les bureaux voisins éprouvent peu de dégâts; lorsque les poteaux ne sont pas atteints, les dégâts dans les bureaux sont au contraire plus considérables.
- FIG* 4
- Quanti aux lignes téléphoniques, les appareils sont le plus souvent foudroyés lorsqu’il s sont desservis par des fils de long parcours dont les supports sont peu chargés de fils.
- Les décharges atmosphériques agissent peu sur les appareils dont les fils empruntent sur la plus grande partie de leur parcours des chevalets chargés d’un grand nombre de fils.
- En terminant, je dois remercier M. Lambotte, sous-ingénieur des télégraphes, M. Lassance, et nos autres chefs de section qui se sont attachés à recueillir toutes les observations au sujet des coups
- FIG. 5
- de foudre qui leur étaient signalés et qui sont souvent même allés en étudier les effets sur place. v Je|voudrais pouvoir espérer, pour l’année prochaine, la collaboration à notre travail de statistique des membres de la Société des Electriciens qui s’intéresseraient à cette question, et qui pourraient si utilement nous communiquer les résultats de leurs observations sur les lignes téléphoniques privées, sur les installations de lumière électrique, etc., en
- temps d’orage, ainsi que sur les coups de foudre qui leur seraient signalés.
- Je serais également désireux de voir les journaux belges annoncer à leurs lecteurs que l’Administration des Télégraphes est chargée de recueillir toutes les observations concernant les effets de la foudre en Belgique, et qu’elle adressera aux personnes qui lui en feraient la demande, le questionnaire indiquant les renseignements qu’il y aurait lieu de lui transmettre.
- BIBLIOGRAPHIE
- Revue internationale de l’électricité et de
- ses applications, paraissant par fascicules
- mensuels (Paris, Georges Carré, éditeur).
- Nous avons à signaler l’apparition d’un nouveau confrère, la Revue Internationale de l'Electricité et de ses applications.
- Dans une introduction dédiée à ses lecteurs, la Rédaction du journal développe son programme qui est de fournir aux électriciens, le moyen de trouver facilement et promptement les documents disséminés dans les diverses publications scientifiques.
- Chaque numéro renfermera les chapitres suivants :
- i° Traductions, analyses, descriptions; — 2° Comptes rendus des Académies et Sociétés savantes; — 3° Variétés; — 40 Revue de la Presse scientifique; — 5° Brevets d’invention français et étrangers; — 6° Liste des livres nouveaux et comptes rendus bibliographiques.
- La Revue Internationale comprend en réalité deux parties distinctes. La première, la plus importante de beaucoup, est une table des matières détaillée de tous les travaux importants en électricité qui ont été publiés dans le courant du mois, soit à titre de communication dans les comptes rendus des Sociétés savantes, soit sous formé d’articles dans la Presse scientifique de tous les pays, soit enfin, en volumes chez les principaux éditeurs. Il faut y ajouter la liste des titres des brevets pris en France, en Allemagne, en Autriche, en Belgique, aux Etats-Unis d’Amérique et en Angleterre.
- Cette partie présente un intérêt réel et satisfera à un besoin véritable, pourvu qu’elle soit très complète.
- Dans la deuxième partie, destinée à donner le caractère d’un Journal à la Revue Internationale, nous trouvons des extraits de la presse étrangère, ou de livres français ainsi que des comptes rendus bibliographiques.
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- CORRESPONDANCE
- Paris, le 25 juillet 188S.
- Monsieur le Directeur,
- L’appareil Siemens, que M. J. Munro décrit dans sa correspondance du 4 juillet, ne me semble pas appelé à une bien grande extension, du moins comme contrôleur de paratonnerres, d’abord à cause de son caractère scientifique et aussi par suite du prix relativement très élevé de son acquisition.
- Et d’abord est-il indispensable, est-il même utile, de connaître la mesure exacte de la résistance que peut offrir un conducteur de paratonnerre, la seule indication d’une résistance quelconque ne suffit-elle pas pour démontrer, au contraire, l’existence d’un vice dans l’établissement du conducteur? Les indications galvanométriques suffisent largement pour cette opération et point n’est besoin de recourir au pont de Wheatstone ni à d’autres appareils. En effet, la résistance au passage de l’électricité doit être nulle ou presque nulle. Si une résistance existe dans la mise à terre et que le conducteur soit en parfait état, c’est que la superficie du perd-fluide est trop restreinte ; il est alors nécessaire de l’augmenter jusqu’à ce que le galvanomètre n’indique plus aucun changement, le courant d’une pile servant de point de comparaison. Partant de ce principe, j’ai fait breveter en 1875 un contrôleur de paratonnerre, construit actuellement par la maison Ch. Mildé et Ci0 dont les éléments constitutifs sont principalement 1 galvanomètre très sensible à aiguille astatique, une pile sèche, une canne à large surface servant de prise de terre et une résistance variable formée par 3oo ou 35o mètres de fil de 9/10. Cet instrument, ainsi que vous le voyez, est simple, la lecture en est facile et les indications des plus rigoureuses; il peut être mis dans les mains les plus inexpérimentées et il possède l’avantage inappréciable d’être très bon marché. J’ai fait maintes expériences avec mon contrôleur et les résultats ont toujours été conformes à l’état des paratonnerres vérifiés.
- J’ajouterai que le double conducteur nécessaire pour obtenir des indications précises avec l’appareil Siemens est une fantaisie coûteuse non usitée dans la pratique.
- En résumé, cet appareil, entre des mains habiles, trouvera de fréquentés et utiles applications pour la vérification des circuits de lumière, de télégraphie et de téléphonie ; mais là se bornera son rôle, car ma longue pratique des paratonnerres me permet d’affirmer que, pour les raisons ci-dessus, son emploi comme contrôleur de paratonnerres, sera des plus restreints.
- Veuillez agréer, etc.
- Grenet.
- FAITS DIVERS
- Le conseil de la Société de physique, sur l’initiative de son secrétaire général M. Joubert a résolu de consacrer une partie de ses ressources disponibles à la reproduction des mémoires parus depuis un siècle environ et qu’il est devenu difficile de se procurer.
- Les mémoires de 'Coulomb sont la base de nos connaissances actuelles sur l’électricité et le magnétisme.
- Ils se trouvent épars dans la collection des Mémoires de l’ancienne Académie, très peu répandus. Le conseil a ouvert avec raison la série de reproductions que la Société Je physique compte faire par la publication de l’œuvre de Coulomb. C’est une décision à laquelle on ne saurait trop I
- I applaudir. La Société 'de physique va rendre encore un service considérable aux jeunes physiciens et à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des sciences. Le tome le* est, d’ailleurs, édité avec luxe, et le texte a été revu par M. Potier.
- D’après une dépêche de Nice, une série d’orages sans exemple vient de s’abattre sur le département des Alpes-Maritimes.
- Les communications ont été, sur plusieurs points, interrompues avec la frontière italienne, et la foudre y a causé de grands ravages.
- Grâce à l’électricité, la profession de dompteur de bêtes féroces est mise à la portée des plus timides.
- Une cravache métallique, en communication avec une source d’électricité suffisante, constitue la nouvelle invention : c’est un dompteur qui l’a imaginée et qui en a démontré la puissance.
- Quand un animal semble devenir dangereux, il le touche avec sa cravache et l’effet est foudroyant ; c’est bien le cas de le dire.
- Les lions sont saisis de la plus grande frayeur, ils tremblent et reculent en faisant entendre des cris inarticulés. Le tigre est encore plus terrifié. Mais l’Eléphant, tout au contraire, pousse des cris sauvages et devient furieux. Chez les serpents les phénomènes sont plus saisissants encore. Un boa constrictor sur lequel l’expérience fut faite eut une véritable attaque de paralysie qui dura six heures ; quand il reprit ses sens, il resta d’une extrême faiblesse pendant trois jours encore.
- U est plus que probable que M. Gower, l’aéronaute de la Ville d’Hyères a péri, noyé dans la mer du Nord. Le nom de M. Gower est principalement connu des électriciens, par suite du brevet qu’il avait pris pour un téléphone magnétique.
- M. Gower avait exécuté son ascension, le 17 juillet à Cherbourg, et le lendemain, d’après les rapports des marins qui se trouvaient non loin du lieu du sinistre, le ballon était vu, flottant au caprice des-flots, pendant quelques instants, puis disparaissait tout à coup derrière un nuage. Enfin le lundi suivant, des pêcheurs recueillaient, entre Dieppe et le Tréport, l’enveloppe de la Ville d’Hyères dont les cordes qui soutenaient la nacelle avaient été coupées..., sans aucun doute par M. Gower, après sa terrible chute.
- Un bien faible espoir reste aux amis du courageux aéro-naute, c’est que celui-ci ait été recueilli par un navire faisant voile pour l’Amérique, ce qui expliquerait l’absence de nouvelles.
- Nous lisons dans le Bulletin international des téléphones : Le tramway électrique qui relie la gare d’Anvers au palais de l’Exposition vient d’être livré au public. Comme nous l’avons dit précédemment, la voiture est actionnée par un petit moteur Siemens, mis en mouvement par le courant . d’une batterie d’accumulateurs Faure, placée sous les banquettes. L’installation a été faite par la Compagnie belge et hollandaise d’électricité.
- L’électricité est, dans ce cas, destinée à concourir avec les autres modes de traction établis le long de l’avenue du Sud et qui fonctionnent avec la vapeur, avec l’air comprimé et avec des chevaux. Le tramway électrique est de beaucoup celui qui excite le plus la curiosité du public.
- Des orages épouvantables viennent d’éclater dans plusieurs endroits de la partie centrale de l’Espagne et y ont occasionné de grands désastres.
- A Médina, la récolte des céréales est entièrement détruite, La foudre a tué plusieurs personnes.
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- A l’Exposition internationale des inventions, à Londres, MM. Robey exposent un type de machine Compound demi-fixe, spécialement étudiée en vue des applications à l’électricité, et munie d’un régulateur Richardson, pour obtenir un courant de force électromotrice constante quelles que soient les variations du travail ou de la pression dans la chaudière.
- Un violent otage qui s’est abattu sur Victoria a causé des dégâts considérables. On rapporte que la foudre tombant sur Wilson’s Promontory, a paru se diviser en une douzaine de boules de feu, qui ont frappé les fils téléphoniques et télégraphiques près de la station principale. Ces fils onf été fondus à quatre poteaux de distance de la pièce où se trouvent les piles et où tous les matériaux accumulés reçi^roblaient à du plomb fondu ou à de la soudure. Les instrufùents téléphoniques ou télégraphiques ont été complètement brisés. Une caisse renfermant le téléphone dans le vestibule du phare a été réduite en petits morceaux dont quelques-uns Ont été projetés à une distance de i5 pieds dans les escaliers de la tour. La table aux instruments du bureau télégraphique a été brûlée ; d’autres dégâts ont été faits aux appareils, et toutes les piles reliées ont été complètement brûlées. Les communications télégraphiques avec Melbourne qui se trouvaient interrompues, ont été rétablies le jour suivant sur de nouveaux fils et avec de nouveaux instruments. ___________
- On nous écrit de Londres qu’une Société vient de se former sous le nom de « Electrical Navigation C° » au capital de un million de francs, pour la navigation électrique. La Société exploitera les brevets de moteurs électriques dont elle s’est rendue acquéreur.
- Pendant un orage récent, un habitant du New-Jersey a été renversé par un coup de tonnerre sans en souffrir autrement d’ailleurs; mais il se trouva dépouillé par le fluide d’une bague en or de forte dimension qu’il portait à son petit doigt.
- Après recherches faites, on retrouva la bague complètement redressée et plantée verticalement dans le sol.
- Un tramway électrique, du système Daft, sera établi à Boston, à la Pointe des Pins.
- Le Time-Ball, récemment montré à l’exposition de New-Orléans est replacé dans cette ville au Cotton Exchange. Il est mis en communication avec l’Observatoire naval des États-Ucis à Washington et sera mû par l’électricité.
- Éclairage électrique.
- On nous écrit d’Anvers :
- « Il est difficile de se faire une idée du merveilleux effet que produit l’éclairage à la lumière électrique de l’Exposition.
- Le palais de l’Industrie, la galerie des machines et les jardins offrent un aspect vraiment féerique. Aussi le nombre des étrangers est-il considérable en ce moment à Anvers.
- ,Le conseil municipal de Moscou vient de préparer une enquête sur les meilleurs moyens à employer pour l’éclairage électrique de cette ville.
- L’association impériale du gaz, de Vienne, a décidé d’établir dans cette ville une station centrale d’éclairage électrique qui fournirait le courant nécessaire pour alimenter
- 12.000 lampes à incandescence de soixante candies. Cette installation de station centrale comprendra quatre machines à vapeur de 200 chevaux, quatre dynamos de 9.600 accumulateurs.
- Les travaux d’installation des lignes de la • Southern Telegraph C» » de Meridian à la Nouvelle-Orléans sont commencés. Aussitôt son achèvement, la « Mutuel Union » et la « Southern Telegraph » établiront des bureaux,, à la Nouvelle-Orléans et dans les autres villes du Sud.
- Nous trouvons dans II Giorno de Milan, la description des principaux éléments de fonctionnement de la dynamo de Tecnomasio (type T. V. G).
- Armature de 25 centimètres de diamètre et 45 centimètres de longueur utile. Vitesse de 80c tours par minute, alimentant 200 lampes à incandescence de 100 volts et 0,75 ampères, montées en dérivation.Rendement électrique: environ 92 0/0.
- M. Eric S. Bruce, l’inventeur d’un nouveau système d’application de la lumière électrique aux ballons pour transmettre de nuit des signaux lumineux à travers de grands espaces, a fait une démonstration de son invention dans les jardins d’Albert Palace.
- Cette invention consiste dans un ballon ordinaire dont l’enveloppe est faite d’une étoffe aussi transparente que possible, et dans laquelle sont placées un certain nombre de lampes à incandescence. Le ballon est captif, et le câble qui le retient 6ert à transmettre le courant aux lampes à incandescence. Le système télégraphique Morse est employé pour les signaux qui illuminent le ballon par des éclats de lumière plus ou moins prononcés. Le principal obstacle rencontré par l’inventeur dans l’introduction de la lumière électrique à l’intérieur du ballon provenait de la nature excessivement inflammable des gaz renfermés dans son enveloppe.
- M. Montefiore-Levi, vient de faire installer l’éclairage électrique dans son château du Rond-Chêné, en Belgique. Cette installation comprend une machine de 18 chevaux actionnant une dynamo Victoria et une dynamo Gramme qui alimentent 3oo lampes à incandescence de 20 candies distribuées dans toutes les pièces du château.
- M. Ellis Lever, de Bowden, près Altrincham, a renouvelé son offre d’une récompense de i2.5oo francs pour la meilleure lampe portative électrique à l’usage des mineurs.
- L’éclairage électrique d’Albert Palace à Batteroca comprend 19 lampes à arc Brush de 200 candies chaque, réparties dans les jardins et 19 lampes à incandescence Victoria. Le courant est fourni par deux dynamos Brush ancien type. Cette installation sera complétée par 65o lampes à incandescence.
- La commission municipale de Lowestoff a reçu de la maison Laing, Wharton et Down une offre pour l’éclairage électrique de cette ville au moyen de leur système.
- La « Consolidated Electric Light C°» vient d’intenter une action devant la haute cour des Etats-Unis contre M. Edison et la « Edison C°» au sujet d’une défense qui lui a été faite de fabriquer, d’employer ou de vendre des filaments de lampes à incandescence, tels qu’ils sont décrits dans un brevet accordé à la Consolidated Electric Light Ce brevet a trait à une lampe â incandescence ayant un conducteur en matière fibreuse ou textile carbonisée.
- Cette action,ajoutée à celles déjà pendantes vient encore compliquer toute la série de procès engagés aux Etats-Unis.
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- La • United States Electric Lighting C» » va installer 25o lampes à incandescence dans le pénitencier de Santa-Eé. et 45o autres dans l’institut polytechnique de Saint-Louis.
- Les habitants de Cleveland se plaignent de ce que les foyers électriques placés au sommet de mâts élevés éclairent mal et qu’une partie de leurs rayons lumineux sont .absorbés par les abat-jour et les globes; ils demandent qu’on les suspende au milieu des rues.
- Le plus considérable de tous les foyers électriques a été exposé récemment à Seneca Faits; son pouvoir éclairant était de 5o.ooo candies, le foyer était placé sur une tour de 35 mètres d’élévation et illuminait tout le village.
- A Lowel, dans le Massachusset, il y a aujourd’hui 25o foyers électriques placés tant dans les rues, dans les magasins, que dans les lieux de plaisir. Des lampes à incandescence seront prochainement ajoutées à ces foyers pour l’usage des particuliers.
- Les steamers «Burrumbert »et « Coranganuto », vont être éclairés par l’électricité. Une machine horizontale Tangye à double cylindre actionne à 425 tours une dynamo Andrews Woodoide, qui fournit le courant à' 160 lampes.
- L’hôtel Ryan à Saint-Paul, Etats-Unis vient de recevoir une installation complète d’éclairaue électrique comprenant 100 lampes de 125 candies et 320 de 60 candies, ce qui donne un ensemble de plus de iô.oco candies.
- Le contrat passé par la ville de Brooklyn avec les Compagnies d’éclairage électrique vient de recevoir un commencement d’exécution, et dans quelques semaines il ne restera plus dans les rues que quelques rares becs de gaz. Dans le district oùest de la ville, 100 foyers électriques remplaceront 052 becs de gaz et dans le district est, i5i foyers remplaceront q55 becs. La puissance lumineuse de tous ces foyers électriques équivaudra à 316.000 candies, tandis que celle du gaz ne donnait que 44.567 candies.
- Le Music Hall de Boston vient de recevoir une complète installation de lampes à incandescence d’une puissance totale de 12S candies.
- La ville de Woburn, Massachusset, a passé un contrat avec la « Edison Electric Lighting O », pour l’installation d’une station de 600 lampes à incandescence.
- Le conseil municipal de Hastings a refusé l’autorisation d’établir des fils aériens pour l'éclairage électrique dans les rues de la ville.
- M. Coats, de Paisley, fait installer 800 lampes à incandescence par la Compagnie Edison et Swan dans ses ateliers.
- Télégraphie et téléphonie.
- La « Western Union C° », la « Commercial Cable C° » la «Compagnie française du Câble de Paris à New-York», et MM. Siemens frères et Cio ont adressé une pétition à la Chambre des Lords ponr être entendus par le conseil au
- sujet du bill des câbles “télégraphiques sous-marins. Cette pétition tend à obtenir la réalisation de la convention internationale pour la protection des câbles sous-marins, qui a déjà passé à la Chambre des Communes.
- Nous lisons dans le Moniteur universel :
- Une nouvelle amélioration très intéressante va être apportée ad service télégraphique. Les relations commerciales et les relations privées en profiteront également.
- On sait que, par suite de l’encombrement dans certains bureaux et à certaines heures, la transmission des dépêches éprouve souvent des retards très préjudiciables. C’est au’ point que, dans l’intérieur de Paris, des télégrammes ont souvent une durée en transmission de deux heures, alors que la distance à parcourir nécessiterait une course d’une demi-heure, tout au plus.
- La nouvelle mesure administrative qui va être adoptée a pour but de permettre à l’expéditeur d’un télégramme urgent de couper en quelque sorte la file des télégrammes déposés avant le sien, ainsi que cela a [lieu déjà pour les communications télégraphiques échangées entre les bureaux français et un certain nombre de bureaux étrangers.
- En effet, par l’application de conventions internationales,1 le public est admis à échanger avec l’Allemagne, l’Italie, la' Belgique, l’Autriche-Hongrie, la Russie. l’Espagne et le Portugal, des télégrammes pour lesquels l’expéditeur moyennant payement du triple de la taxe ordinaire, obtient la priorité de transmission sur les autres télégrammes privés.
- En cas de dépôt dans un même bureau de fplusieurs télégrammes réclamant la priorité d’expédition, l’ordre de départ sera fixé par l’ordre de dépôt.
- Tout en approuvant l’esprit de cette réglementation, nous trouvons que le payement d’une taxe triple constitue une augmentation un peu excessive.
- Il est probable que, pour son application aux communications entre bureaux français, la taxe double seulement sera appliquée aux télégrammes urgents.
- Un général du génie de l’armée russe, M. Boreskoff a fait, ces jours derniers, au Champ de Murs, l’essai d’un nouvel appareil de télégraphie optique.
- Ce petit instrument peut se placer facilement sur une jumelle de n’importe quelle dimension. A plus de 12 kilomètres il projette une lumière brillante fournie par une lampe électrique à incandescence. La lampe est placée dans un tube entre un réflecteur et une lentille plan-convexe. Une clef Morse fait passer le courant et l’in; terrompt. L’éclair est projeté directement sans une trop grande divergence des rayons, et les communications sont ainsi tenues tout à fait secrètes.
- Ajoutons que cet appareil a été inventé par un Français M. Albert Wedell, fils du regretté membre de l’Académie des sciences; c’est donc une découverte bien française, et nous sommes heureux d’en constater le succès.
- L'Indépendance Belge publie un télégramme de Saint-Pétersbourg qui annonce que les Anglais, après avoir établi à Quelpaert (Port-Hamilton) plusieurs dépôts de charbons ont rasé les fortifications et jeté un câble sous-marin entre Quelpaert et une île du Yang-tse-Kiang.
- Le nombre total des appels de bureaux dans tous les bureaux des Etats-Unis est de 697.966 ou 20.938.980 par mois et 261.267.760 par année.
- Le nombre total des messages extra-territoriaux est de 8.33o par jour, soit 249*900 par mois ou 2.998.800 par année.
- Le montant total des constructions et des comptes d’établissement au i« janvier 1884 s’élevait à 141.049 33o fr. 55 et pour l’année 1884 il faut ajouter 11.818.935 Ir. 80, ce qui forme un total de 1S2.868.266 fr. 35.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- La « Bell Company » annonce l’ouverture prochaine de nouvelles stations à Sandy et à Bingham, dans l’Utah.
- Les bureaux centraux de la « Baltimore and Ohio Tele-graph C° », à New-York, ont été détruits par un incendie, dans la journée du 4 juillet; le 9 juillet des bureaux provisoires étaient prêts et toutes les lignes réparées.
- Les communications télégraphiques entre les États-Unis et les Indes ont été complètement interrompues par suite d’une rupture des câbles depuis le commencement de juillet.
- Des expériences intéressantes ont été faites dernièrement à Washington pour déterminer la vitesse des signaux sur un fil télégraphique. On a employé des instruments très exacts, et le résultat a été de fixer la vitesse d’un point à i5,744 kilomètres par seconde ou 944,645 kilomètres par minute. La vitesse est donc de deux fois et demie le tour de la terre en une seconde. On sait que la lumière parcourt un trajet de i5î millions de kilomètres en 8 minutes i3 secondes ou 493 secondes pour nous parvenir du soleil.
- Le président de la « Baltimore and Ohio Telegrah C° » vient de signer un contrat avec la « Averell Insulating Conduit C° », pour placer les fils de la Compagnie sous terre. Les travaux vont commencer à Washington immédiatement. La matière isolante qui entoure les fils est composée de silice pure et de ciment asphaltique raffiné. Des expériences faites récemment ont démontré que 1.600 fils pouvaient être placés dans un espace d’un pied carré et parfaitemënt isolés.
- La colonie britannique de la Tasmanie et la Tunisie ont déclaré leur adhésion à la Convention internationale télégraphique, en se plaçant la première dans la 4e classe, et la seconde dans la 5° pour la participation aux frais communs du Bureau international.
- Le gouvernement britannique a notifié ces adhésions par la voie diplomatique aux différents Etats faisant partie de l’Union télégraphique. Elles ont pris date à partir du ior juillet.
- La pose du nouveau câble entre Aberdeen et les îles Shetland vient d’être heureusement terminée et l’électricité remplacera les steamers rapides chargés du service des correspondances.
- Les essais du système télégraphique Edison-Smith-Giliiand, au moyen duquel des messages peuvent être adressés d’un train en marche ou expédiés à ce même train ont été faits avec un succès complet à Clifton, Staten Island. Ce système est basé sur une invention faite il y a plusieurs années par MM. Smith et E. F. Gililand, et perfectionnée depuis par Edison.
- Une nouvelle station du Lloyd sera établie sous peu à Anaga Point, dans l’île de Santa Cruz de Teneriffe. Les communications télégraphiques de cette station s’établiront au moyen du câble récemment posé entre Cadix et Teneriffe. ___________
- Un inventeur de Gettysburg, en Pensylvanie, vient de faire breveter un système destiné à empêcher les mauvais plaisants d'user des avertisseurs publics d’incendies. Son système oblige la personne qui envoie un avis d’incendie, à rester devant la boite jusqu’à l’arrivée d’un homme détaché du poste voisin.
- Les travaux d’installation de la lumière électrique dans les bureaux du président de la commission municipale de Milan et dans les différents bureaux de la municipalité viennent d’être commencés. Le contrat a été fait pour cinq années et commencera à courir à partir du ior septembre prochain. _______
- Depuis plus d’un an et demi les communications télégraphiques avec le Venezuela se trouvent interrompues par suite du fonctionnement, très défectueux et incertain des lignes terrestres de cet Etat.
- Pendant cette interruption, les télégrammes peuvent être expédiés par poste à partir de Trinidad ou de Panama ou un service régulier de paquebots est organisé pour la correspondance avec les principaux ports dé Venezuela.
- Voici la liste des principales communications internationales qui ont été rétablies, ainsi que celle des lignes qui restent actuellement interrompues :
- 1° RÉTABLISSEMENTS
- Date
- de
- l’interruption
- Date
- de
- rétablissement
- Cable Aden-Bombay.............. 3 juin i885
- Lignes de Sibérie entre Irkoutsk,
- et Koultouk................. 18 juillet i885
- Câble Coquimbo. — Valparaiso.. 8 juillet 1885
- 27 juin i885
- 20 juillet i885 20 juillet i885
- 2° INTERRUPTIONS
- Date
- de
- l’interruption
- Lignes égyptiennes entre Berber et Souakim....
- — du Venezuela (V. ci-dessus)...........
- — Argentines entre Parana^et Santa-Fé....
- Câble Bakou-Krasnoryodsk.....................
- Ligne Saïgon-Bangkok.........................
- Câble Brest-Saint-Pierre delà Compagnie (P.-Q).
- Souakim-Suez.................................
- Souakim-Perim................................
- Antigua-Guadeloupe...........................
- Guadeloupe-Dominique.........................
- 2 Septembre l883 2 Décembre i883 12 avril 1884
- 20 avril i885 23 avril i885 18 avril i885
- | l3 juillet i885 | 20 juillet i885
- Le projet de loi relatif aux lignes télégraphiques et téléphoniques tel qu’il avait été modifié par le Sénat dans sa séance du 3o juin dernier, est revenu devant la Chambre des députés, le 24 juillet, et a été voté dans son ensemble avec les modifications qui y avaient été introduites.
- Dans la même séance, la Chambre des députés a voté d’urgence le projet de loi portant approbation de la convention relative au câble télégraphique du Sénégal aux possessions françaises de Rio Nunez, Grand-Bassam, Porto-Novo et du Gabon.
- Le congrès international d’otologie de Bâle fait annoncer l’ouverture du concours pour le prix de 3.ooo francs, offert par le baron Léon de Leuval pour la meilleure application des principes microphoniques à la construction d’un appareil facilement portatif et améliorant l’audition de ceux qui ont l’oreille dure.
- L’université de Cornell vient de faire construire le plus grand galvanomètre fait jusqu’à ce jour. Sa construction a exigé une année entière. Il a quatre cercles de deux mètres de diamètre.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Paris.— Imprimerie P. Mouillot, l3, quai Voltaire.— 5863o
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- La
- Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 31, Boulevard des Italiens, Paris
- directeur : D* CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout vy;,
- 7e ANNÉE (TOME XVII ) SAMEDI 8 AOUT 1885 N° 32
- SOMMAIRE. — Sur les dimensions des molécules et leurs distances relatives. Réponse à une lettre de M. J. Bourdin; R. Clausius. — Application de l’électricité à la manœuvre des signaux de chemins de fer (5e article); M. Cossmann. — Étude sur les galvanomètres ; A. Minet. — L’Électricité en Amérique : L’Eclairage électrique ; Aug. Guerout. — Détails de construction des lampes à incandescence; G. Richard. — Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch. — Suite de la discussion sur les grands mouvements gyratoires de l’atmosphère, par M. H. Faye. — Sur la conductibilité électrique des dissolutions salines aqueuses très étendues, par G. Vicentini. Correspondances spéciales de l’étranger : Angleterre; J. Munro. — Chronique : Du développement de la télégraphie en Allemagne par l’usage du téléphone. — L’électricité esclave de l’homme. — Correspondance : Lettres de MM. J. Wybauw, P. Clemenceau, Ç. L. R. E. Menges, Berthoud et Borel. — Faits divers.
- SUR LES
- DIMENSIONS DES MOLÉCULES
- ET LEURS DISTANCES RELATIVES Réponse a une lettre de M. Jules BOURDIN (4)
- Monsieur et très honoré Collègue,
- J’ai lu avec le plus vif intérêt la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser en votre nom et au nom d’un groupe d’électriciens. Une de mes conférences vous a suggéré la première idée de cette lettre, mais les considérations fort judicieuses qu’elle renferme embrassent un champ d’investigation tellement vaste, qu’il me serait impossible, à moins de sortir du cadre forcément limité d’une réponse, de discuter, avec tout le développement qu’elles comportent, chacune de vos idées. Permettez-moi donc de borner ma réponse à une seule question, celle à laquelle vous semblez attacher une importance capitale et qui se résume ainsi : est-il nécessaire ou non d’admettre, en dehors de la matière pondérable, une autre matière, de nature plus subtile?
- J’ai dit, au cours de ma conférence, que les petites vibrations qui constituent la lumière et la chaleur rayonnante ne pouvaient être propagées ni par l'air, ni par aucun autre gaz, attendu que les gaz
- (q Voir La Lumière électrique du 3o mai i885, p. 419.
- sont formés par des atomes pondérables, et que leur masse ne présente qu’une divisibilité trop grossière. Vous vous élevez contre l’exactitude de cette assertion lorsque vous dites : « Nous n’admettons pas l’accusation de grossièreté et de manque de subtilité portée par Huygens contre la matière pondérable; nous la croyons capable de se prêter d’elle-même à la propagation des vibrations lumineuses, caloriques ou électriques aussi facilement et mieux même, quand il s’agit de certains corps, qu’elle ne se prête à la propagation sonore. »
- La seule considération qui puisse faire pencher la balance en faveur de l’une ou de l’autre de ces deux manières de voir est la considération des dimensions et des distances atomiques. Vous dites à ce propos : « Nul, jusqu’à présent, n’a osé mesurer ni un atome ni une distance atomique. » Si vous prenez le mot « mesurer» dans son acception la plus rigoureuse, c’est-à-dire, si vous entendez parler d’une détermination basée sur l’observation directe ou encore d'une détermination précise et indiscutable des grandeurs dont il s’agit, je reconnais que vous avez absolument raison. Mais on peut par une série de déductions de natures différentes, déterminer, au moins d'une façon approchée, ces mêmes grandeurs. M. C. Decharme a déjà signalé, dans le numéro 23 de ce journal, la méthode de détermination imaginée par Athanase Dupré. Permettez-moi d’appeler aujourd’hui votre attention sur un mode de raisonnement auquel plusieurs autres physiciens ont eu recours, et qui, selon moi, conduit à des résultats plus précis.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- La méthode en question repose sur la théorie cinétique des gaz. On admet, dans cette théorie, que chaque molécule de gaz suit une trajectoire rectiligne tant qu’elle ne se heurte pas contre une autre molécule, ce qui la force à modifier la direction de son mouvement. L’action réciproque de deux molécules qui se rencontrent est certainement loin d’être aussi simple que l’action réciproque de deux sphères élastiques solides qui rebondissent après être venues se heurter l’une contre l’autre ; on peut cependant, lorsqu’on se contente d’une approximation, partir de cette hypothèse que les molécules sont des sphères élastiques solides et chercher ensuite, en s’appuyant sur les propriétés des gaz, à déterminer la grandeur et la distance relatives de ces sphères.
- Dans une étude publiée en i858 (*), j’ai établi une relation entre le diamètre des molécules et la longueur moyenne des chemins qu’elles ont à parcourir entre deux chocs successifs ; cette relation peut s’énoncer sous la forme qui suit :
- La course moyenne des molécules, multipliée par 8 est à leur diamètre, comme le volume total occupé par le gaz, est au volume occupé par les molécules. — On admet dans l’établissement de ce théorème que toutes les molécules sont animées de la même vitesse. Si l’on veut, au contraire, ainsi que cela a été fait plus tard par Maxwell, tenir compte des différences que présentent en réalité les vitesses des diverses molécules, il faut augmenter
- le facteur numérique 8, dans le rapport de j/â à
- c’est-à-dire lé remplacer par le nombre 8,485 ou, plus simplement, par 8,5.
- Pour donner à ce théorème une expression mathématique, nous supposerons que le volume total occupé par le gaz représente l’unité de volume. Si, dans ces conditions, nous désignons par e le volume réellement occupé par les molécules, par S le diamètre d’une molécule et par l la longueur moyenne de la course, nous obtenons, pour exprimer le théorème précédent l’équation
- 8.5/ _i 8 e*
- d’où
- (1) S = 8,5 f e.
- Cette relation permet de calculer S, lorsque l et s sont connus.
- Pour ce qui est de la course moyenne des molécules, elle peut être déduite aussi bien de la vitesse avçc laquelle s’accomplit la diffusion de deux gaz
- (!) Poggendorff’s Annalen, t. CV, p. 23g, et Théorie mécanique de la chaleur, par R. Clausius, traduite par F. Folie, t. II, p. 23o. La sphère qui, dans le dernier ouvrage cité, est appelée sphère d’action, a un rayon deux fois plus grand, et, par suite, un volume huit fois plus grand que la sphère considérée ici comme une molécule.
- que du frottement entre deux couches gazeuses, animées de vitesses différentes, car l’un et l’autre de ces phénomènes proviennent de ce que les molécules se précipitent d’une couche dans l’autre et pénètrent jusqu’à une certaine profondeur dans cette dernière. Ces considérations ont permis de déterminer les courses moyennes des molécules pour plusieurs gaz et les résultats obtenus par différents observateurs présentent entre eux un accord tellement satisfaisant qu’il y a tout lieu de croire que ces résultats sont très voisins de la vérité.
- Prenons comme exemple l’acide carbonique. On trouve dans une note de A. von Obermayer (*), pour l’acide carbonique à la pression atmosphérique et à la température zéro, les valeurs suivantes de l :
- 0,000049 m.m.; o,oooo5o m.m.; o,oooo56m.m.
- Ces valeurs sont déduites des expériences faites par différents observateurs.
- O. E. Meyer dans son ouvrage si remarquable, la Théorie cinétique des gaz, donne, page 142, pour l’acide carbonique à la pression atmosphérique et à la température de 20°, la valeur suivante de l
- 0,000068 m.m.
- qui, ramenée à la température de zéro degré, devient o,oooo63m.m.
- On a donc comme moyenne de ces quatre valeurs, prises toutes les quatre à zéro degré :
- (2) f = o,oooo545 m.m.
- Quant à la grandeur e, c’est-à-dire au volume réellement occupé par les molécules d’une masse gazeuse, il faut également, pour la déterminer, prendre pour base la théorie cinétique des gaz. Cette théorie apprend en effet, comme j’ai eu l’occasion de le montrer avec plus de développements dans la première étude que j’ai consacrée à ce sujet (* 2), que si les gaz s’écartent de la loi de Ma-riotte et de Gay-Lussac, cet écart tient à plusieurs causes. L’une de celles-ci est que le volume réellement occupé par les molécules d'une masse gazeuse, n'est pas assez petit pour être négligé à côté du volume total occupé par le gaz. De ces écarts on pourra déduire la grandeur du volume occupé par les molécules. Les expériences faites dans ces derniers temps par M. Andrews à l’effet d’étudier la façon dont se comportent les gaz pour de très fortes différences de pression fournissent, au point de
- (*) Répertoriant für Experimental Physik herausgegeben von Ph. Cari, t. XIII, p. 157.
- (2) Poggendorff’s Annalen, vol. 100, 1857, p. 358, et Théorie mécanique de la chaleur, par R. Clausius, traduite par F. Folie, t. II, p. 191.
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- vue de cette recherche, des données particulièrement dignes de confiance.
- J’ai cherché à représenter par une formule les résultats que M. Andrews a obtenus pour l’acide carbonique et j’ai été ainsi conduit à l’équation
- .... T> T
- F~ V — OL T(v+p)2*
- Dans cette expression, p représente la pression en atmosphères, T la température absolue, v, le volume d’acide carbonique, l’unité de volume étant prise égale au volume qu’occuperait la même quantité d’acide carbonique à la pression atmosphérique et à zéro degré.
- Les lettres R, c, a. et p représentent des constantes dont voici les valeurs :
- R — o,oo3688 c = 2,0935 a = 0,000843 [i = 0,000977
- L’une de ces constantes, la constante a, offre un rapport très intime avec la grandeur e qui figure dans l’équation (1). Elle représente en effet le volume le plus petit auquel on puisse réduire les molécules gazeuses par l’augmentation de pression, car si dans la formule précédente on fait v — a, on trouve p — °0 . Mais le volume capable de contenir un certain nombre de sphères, lorsque celles-ci se sont rapprochées jusqu’au contact, ne saurait être de beaucoup supérieur au volume que représentent réellement ces sphères. Le. rapport entre ces deux volumes varie un peu selon le mode de groupement des sphères. — Si ce groupement est aussi serré que possible, le rapport en question est égal à 7/6 environ. Nous pouvons donc, en supposant l’espace perdu par suite de la sphéricité des molécules aussi réduit que possible, écrire
- 6
- e_- a.
- Remplaçons dans cette expression a par sa valeur indiquée plus haut, nous arrivons à la relation
- £ = ^0,000843,
- ou bien
- (3) 6 = 0,000723.
- Si, maintenant nous portons dans l’équation (1) les valeurs fournies pour / et e par les expressions (2) et (3), cette équation devient :
- S = 8,5.0,000723.0,0000545 m.m.
- d’où
- (4) S =o,oooooo335 m.m. ou bien encore
- (4n) 5=à“
- Connaissant le diamètre d’une m écule, il est
- facile de déterminer le nombre de molécules qui entrent dans un millimètre cube d’acide carbonique. Ce nombre est égal à celui des sphères dont le volume total est e; nous pouvons donc écrire, en désignant par N ce nombre,
- relation qui devient, lorsqu’on remplace e et S par leurs valeurs tirées des expressions (3) et (4) :
- (5) N = 37.1013
- Ce nombre est également valable pour tous les autres gaz, puisque, suivant Avogadro, tous les gaz supposés à la même température et sous la même pression, renferment, dans un même volume, le même nombre de molécules.
- Lorsque l’on connaît le nombre de molécules que contient un volume pris pour unité, on peut se rendre compte de la distance moyenne qui sépare deux molécules voisines. Imaginons en effet les molécules rangées de façon à former des cubes, c’est-à-dire imaginons que l’on ait partagé le volume d’un millimètre cube en N petits cubes, et admettons que les centres des molécules coïncident avec les sommets de ces cubes, il est évident que la distance entre les centres de deux molécules voisines aura pour mesure la longueur du côté d’un de ces petits cubes. Il résulte de là que l’on peut écrire, en désignant cette distance par X, l’équation
- Remplaçons N par sa valeur trouvée plus haut, et nous avons :
- (6) \ = o, ooooo3 m.m.
- Cette distance est évidemment très petite et indique que la division de la matière est poussée fort loin ; mais, au point de vue de la propagation des ondes lumineuses à travers l’espace, c’est une divisibilité qui est encore beaucoup trop grossière.
- Si l’on admet que la matière qui propage les ondes lumineuses à travers l’espace est un gaz pondérable, il faut supposer à ce gaz un état de raréfaction extraordinairement grand pour expliquer la faible résistance que les corps célestes rencontrent dans leur mouvement. Une densité un million de fois inférieure à celle qui correspond à la température zéro et à la pression atmosphérique, serait certainement encore beaucoup trop grande; et cependant, même pour cet état de raréfaction,, qui est encore très loin d’être suffisant, la distance des molécules voisines se présente déjà comme une grandeur évidemment incompatible de toutes façons avec la propagation des ondes lumineuses. La dis^ tance des molécules deviendrait, en effet, cent fois
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- plus grande que celle donnée par l’équation (6), en sorte que l’on aurait pour ce gaz raréfié :
- >.=o,ooo3 m.m.
- Cette distance se trouverait déjà à peu près égale à la longueur d’onde de la lumière violette. Mais il est absolument inadmissible, qu’un mouvement vibratoire se propage régulièrement dans un milieu dont les parties élémentaires sont distantes d’une longueur d’onde.
- On est donc forcé, pour expliquer la propagation des ondes lumineuses à travers l’espace, d’admettre l’existence d’une matière susceptible d’une division autrement subtile que les gaz pondérables. Cette matière, c’est celle à laquelle on a, jusqu’à présent, donné le nom d’éther; pour moi, j’estime qu’elle n’est autre que l’électricité.
- R. Clausius.
- APPLICATION DE L’ÉLECTRICITÉ
- A LA MANŒUVRE DES
- SIGNAUX DE CHEMINS DE FER
- (Cinquième article.— Voir les numéros des u, 18, 25 iuillet et ior août i885)
- Troisième série.
- II. — APPAREILS DE BLOCK AND INTERLOCKING
- BLOCK-SIGNAL DE HATTEMER ET KOHLFURST
- L’appareil de block-System de MM. Hattemer et Kohlfurst présente plusieurs dispositions différentes, suivant qu’il est installé, comme l’appareil Siemens, contre une maison de garde, ou au contraire, qu’il est en pleine voie. Dans le premier cas, la boîte de manœuvre des ailes sémaphoriques, celle qui contient les enclenchements électriques, est appliquée contre un mur de la maison et le mât est à l’extérieur ; dans le second cas, au contraire, les appareils sont montés sur le mât lui-même, comme dans le système Lartigue. Nous passerons brièvement sur la première disposition, qui ne paraît pas avoir été appliquée ; le second type, au contraire, a été construit pour les chemins de fer autrichiens.
- Appareil à boîte indépendante. — Nous en donnons la coupe et la vue latérale, aux figures 94 et g5. Les tiges Z, Z' servant à manœuvrer l’aile pénètrent à l’intérieur de la boîte G et sont articulées avec les manivelles H, H' placées de part et d’autre de la boîte et normalement dans une position verticale correspondant à l’effacement de l’aïle. Pour mettre le signal à l’arrêt, le garde tourne la manivelle d’un angle de 6o°, de manière à faire remonter la tige Z dont le renflement vient butter contre l’arrêt h. Pour l’enclencher dans cette position d’arrêt et empêcher l’aile de retomber à voie libre, sous l’influence de son poids, le garde sou-
- lève, en outre, à l’aide du bouton, une patte d’arrêt qui, sous l’action d’un ressort spiral, vient se placer en Y dans une entaille pratiquée sur le levier
- H-
- Dans cette position, grâce à la pression exercée par le levier mn tournant autour de l’axe O, sur le
- FIG. 94. — COUPE DE LA BOITE DE MANŒUVRE. SY STÈME KOHLFURST
- bras q du cliquet qrx, tournant autour de l’axe O', le bras r de ce levier vient enclencher en u un étranglement de la tige Z, de sorte que le levier H ou H' ne peut plus être déplacé et que le signal ne peut plus passer de l’arrêt à la voie libre. Un écran rouge, fixé au levier mn, vient en même temps apparaître derrière la vitre V d’un guichet pratiqué sur la face antérieure de la boîte G.
- A partir de ce moment, le signal ne peut plus être déclenché que par le poste suivant, quand la section est libre.
- Pour envoyer les courants d’induction qui produisent le déblocage, le garde tourne à l’aide d’une clef le carré Z monté sur l’axe de la roue de l’inducteur, et lui fait faire au moins cinq tours, en abaissant simultanément le bouton T.
- Les courants alternatifs ainsi lancés au poste précédent, pénètrent dans l’électro-aimant M, de ce poste, et font osciller d’un pôle à l’autre une armature polarisée sur l’axe de rotation de laquelle est fixée une fourche gg' portant deux dents op-
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- posées. Or, le bras S du levier coudé PQ, mobile autour de l’axe i, est recourbé en arc et armé de éinq pointes ss demi-circulaires qui engrènent avec les dents de la fourche gg'. En outre, la tige d porte une douille bb', repoussée par un ressort spiral F et portant une petite poulie d’acier Y, qui butte contre la saillie c de la tige de traction
- FIG. 95. — VUE ET COUPE DE LA BOITE. SYSTÈME KOHLFURST
- Z de l’électro-sémaphore. De l’autre côté, le même ressort F agit sur l’anneau j et tend à relever continuellement le levier PQ, et la fourche g g' peut obéir à cette impulsion, quand des courants alternatifs passent dans l’électro-aimant et que les pointes s du râteau viennent échapper successivement les deux dents gg'. En même temps, le leviér qrx, est ramené en arrière ce qui déverrouille le sémaphore, tandis que le levier mn remonte et que le voyant blanc W vient apparaître derrière la fenêtre du guichet.
- Le garde peut alors manœuvrer le levier H et le ramener à la position verticale : la tige Z descend ; le taquet en biseau e n’est plus en face de la molette Y et le ressort F perd sa bande, ce qui permet au levier PQS de retomber par son propre poids; toutes les dents échappent à la fourche g g qui recule, de sorte que l’armature polarisée vient toujours s'appliquer contre le même pôle de l’élec-
- tro-aimant M, et que l’appareil se trouve prêt à fonctionner de nouveau sous l’action de courants alternatifs émis dans le même ordre.
- La dépendance entre les sections successives est obtenue de la manière suivante: tant que l’aile ne se trouve pas exactement à l’arrêt, la partie r du verrou d’enclenchement ne se place pas dans le col de la
- FIG. 96. — ÉLECTRO-SÉMAPHORE HATTEMER ET KOHLFURST
- tige Z et le bras x placé vis-à-vis de la tige k dm bouton T ne peut s’enfoncer à une profondeur suffisante pour que ce commutateur entre en jeu et dirige les courants de l’inducteur vers le poste précédent.
- Il est inutile d’insister sur l’extrême complication des organes de cet appareil qui, on le voit immédiatement, est loin d’avoir la valeur du système Siemens.
- Nouveaux appareils. — Dans ce système plus récent, la boîte en fonte G (fig. gô) est directe-' ment fixée au mât du signal, qui est construit en
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- fer forgé. C’est à raide des leviers H^»H2 qne l’on
- FIG. 97,
- COUPE LONGITUDINALE DE LA BOITE
- met chacune des ailes à l’arrêt ou à voie libre
- FIO. 98. — COUPE TRANSVERSALE DE LA BOITE
- Quand un train passe au poste, le garde manoeuvre l’un de ces leviers pour couvrir le train, ce qui a
- pour effet de faire monter la tige Zt ou Z2 ; mais il faut préalablement écarter avec la manivelle K, ou K2 le verrou vt qui s’opposerait à ce mouvement; après que la manoeuvre est faite, l’appareil est réenclenché par le même verrou vl qui retombe de l’autre côté du taquet m (fïg. 97 et 98) et à partir de ce moment, on ne peut plus relever ce verrou et dé-
- FIG. 99. — PLAN DE L*ORGANE DE DÉCLENCHEMENT
- gager m tant que la tige P dépendant de l’enclenchement électrique, s’y oppose.
- Donc le sémaphore, une fois mis à l’arrêt, ne peut être remis à voie libre sans l’intervention des courants envoyés du poste suivant, à l’aide d’un inducteur d placé en arrière de la boîte G. Il faut, à cet effet, faire faire cinq tours à la manivelle K
- FIG. IOO. — VUE DU DÉCLENCHEMENT
- de cet inducteur et appuyer sur le bouton D. Toutefois cette manoeuvre ne peut être effectuée que quand le sémaphore du poste qui veut débloquer est lui-même à l’arrêt, sans quoi la tige Q, dépendant du verrou v, reste engagée dans une encoche
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- pratiquée sur la tige du bouton D et empêche qu’on puisse appuyer sur ce commutateur pour faire parvenir les courants jusqu’au poste précédent.
- Il reste à indiquer comment s’effectue le déclenchement sous l’action de ces courants : la pièce P
- SECONDE POSITION
- qu’il faut pouvoir soulever pour déverrouiller l’appareil, est engagée dans un bâti G (fig. 99 à 102) et elle y est arrêtée par la saillie b d’une*pièce mé-
- FIG. 102. — DÉTAIL DE LA PREMIÈRE POSITION
- tallique v qui tourne sur les tourillons 0, et qui est équilibrée par le, poids des voyants rouge et blanc r et w fixés au bout de la tige a. C’est encore à l’aide d’un arc denté Z, comme un râteau, que s’effectue le déclenchement. Les pointes i dont est armé cet arc Z mobile autour de l’axe t, échappent aux palettes d’acier p, q de la fourche g, quand on
- fait passer dans l’électro-aimant M un nombre de courants alternatifs double du nombre des pointes i. Dans la chute de l’arc Z, le bras m relève le système Yawr, fait passer le voyant du rouge au blanc et dégage la tige P.
- On peut alors déverrouiller le sémaphore en soulevant cette tige ; dans ce mouvement son arête supérieure K appuie sur le bras m, et relève de nouveau l’arc Z, qui revient à sa position initiale, tandis que la pièce V est fixée dans la position correspondant à l’apparition du voyant blanc derrière la vitre du guichet.
- Ce n’est que quand on remet le signal à l’arrêt pour couvrir un autre train, que la tige P retombe par son propre poids et que V retombe en s’inclinant de nouveau.
- Comme on le voit, ce dispositif est plus simple que le précédent, mais il est encore bien compliqué, quand on le compare aux autres appareils allemands déjà décrits. Pas plus qu’eux, il n’empêche le garde de pouvoir donner plusieurs déclenchements successifs et de manger, par conséquent, un ou plusieurs trains.
- ELECTRIC SLOT SIGNAL DE TYER ET FARMER
- Dans les installations anglaises de signaux, on appelle ordinairement Slot ou coulisse, un dispositif qui ne permet pas à un signaleur de manœuvrer un signal sans l’acquiescement d’un autre agent posté plus loin.
- En réalité c’est une variante du désengagenr bien connu, dans les appareils Saxby et Farmer, avec cette différence toutefois, que le désengageur permet seulement de couper transitoirement le fil de transmission d’un disque, lequel se met alors à l’arrêt sous l’action de son contrepoids, tandis que le slot donne, en outre, la faculté d’effacer le signal.
- Si la distance qui sépare les postes de block System était en général de 1.000 à 1.200 mètres, si en outre la pose et l’entretien d’une transmission par fil mécanique n’exigeait pas des soins coûteux, il est certain que l’emploi de disques manœuvrés à l’aide de plusieurs leviers résoudrait le problème du block System. Mais comme il faut recourir à l’électricité pour obtenir ce résultat, MM. Tyer et Farmer ont remplacé le slot mécanique par une disposition brevetée en 1874, et atteignant le même but.
- Cette disposition a l’avantage de s’adapter aux installations d’enclenchement, dans lesquelles le signal du block System est aussi celui qui sert à couvrir la voie dans les gares et stations et qui est enclenché avec les aiguilles et les autres appareils de la voie.
- Le levier de l’electric slot signal est donc un levier à mouvement alternatif analogue à ceux des
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- cabines Saxby, installé dans l'alignement des autres leviers, enclenché au besoin avec eux et les organes d?enclenchement électrique sont situés au-dessous du plancher de la cabine.
- Dans la position indiquée par la figure io3, le evier L du signal est dans sa position normale, c’est-à-dire celle qui correspond à la mise à l’arrêt de ce signal; pour l’effacer, il faut renverser ce levier, manœuvre qui a pour effet de faire remonter la bielle T, ainsi que l’extrémité des deux bras du
- levier AS articulés en O et que réunit le crochet G : on tire ainsi sur le fil de transmission F qui est attaché au levier S et qui actionne le voyant du disque ou l’aile du sémaphore.
- Un électro-aimant M contenu dans une boîte fixée au dessous du bâti de l’appareil, est mis en communication électrique avec le poste que l’on veut rendre maître de la manœuvre du signal, ou poste enclencheur ; le relai est d’ailleurs alimenté par une pile locale située dans la cabine et qui n’est mise en jeu que d’une manière intermittente.
- Relais
- FIG. IO4. — BO.TK A RÉPÉTITION
- Dans la cabine elle-même, au-dessus du levier de l’appareil enclenché, est installée une petite boite J (fig. 104) analogue à celle des appareils Preece, avec un petit sérrçaphore miniature a qu’actionne un électro-aimant b relié, comme l’indique la figure, avec la ligne, la terre et les appareils sous le plancher de la cabine. Ce répétiteur est destiné à faire connaître au signaleur si les appareils sont enclenchés ou déclenchés par le poste correspondant.
- Tant que le courant passe dans l’électro-aimant M, le marteau H est attiré par cet électro-aimant et retenu au moyen de la patte D ; un petit commutateur à ressort Z, représenté en plan à la figure io5, et sur lequel appuie le bouton b (fig. io3), ferme le circuit du relais tant que le marteau est vertical.
- Si le poste enclencheur veut fermer la voie, il interrompt le circuit et, grâce au commutateur du relais, désaimante les électro-aimants M. Le marteau cessant alors d’être retenu par la patte D, tombe sur l’extrémité a du crochet C.
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- Le choc produit par sa chute déclenche ce crochet qui, en temps ordinaire, est équilibré de manière à saisir la pièce S. Il en résulte que les leviers A, S ne sont plus solidaires l’un de l’autre et
- Galvanomètre
- ferre
- Galvanomètre
- Terre
- FIG. I05. — COMMUTAT.: URS A RESSORTS
- que, lorsque le signaleur veut renverser son levier L, pour effacer le signal, le bras de levier A remonte seul, sans entraîner la pièce S, et que le signal reste à l’arrêt malgré cette manœuvre.
- Le signaleur a d’ailleurs été averti du déclenchement du marteau par le déplacement de l’aile du sémaphore a (fig. 104).
- Cette situation dure jusqu’à ce que le poste en-clencheur ait rétabli le circuit, ce dont le signaleur est également prévenu par la chute de l’aile a. Dans ce cas, lorsqu’il devient nécessaire d’effacer le signal, il renverse le levier L ; dans ce mouvement le marteau H est renversé contre l’électro-aimant M, par le doigt d qui appuie sur le bouton b ; ce bouton, en pressant sur le commutateur à ressort, détermine la fermeture du circuit de la pile locale, et le marteau reste collé à l’électro-aimant ; il faut ensuite renverser le levier L, de manière que le crochet G saisisse de nouveau la pièce S, et rien ne s’oppose désormais à ce que le signal soit effacé.
- Si le déclenchement du marteau avait lieu pendant que le signal est à voie libre, le crochet G serait déclenché de la même manière et lâcheraient la pièce S; le signal se remettrait donc de lui-même à l’arrêt, sous l’action d’un contrepoids de rappel.
- Voici comment l’appareil s’emploie quand on l’applique à la réalisation du block System, avec la voie normalement fermée. Quand la voie est libre, le signaleur du poste devant lequel se présente un train, peut lui effacer son signal; au même moment il envoie au poste vers lequel se dirige le train, l’avis voie occupée ; celui-ci répond voie fermée, ce qui a pour conséquence d’inter-
- rompre le circuit.* Il en résulte que le signal se remet à l’arrêt, si le signaleur ne l’y a déjà remis, et que l’on ne peut plus l’effacer. Quand le train arrive au poste suivant, le poste enclencheur rétablit le circuit et il ne peut le faire qu’après avoir demandé et obtenu la voie dans la section suivante : c’est ainsi que se réalise la dépendance des sections. A cet effet, le commutateur au moyen duquel on donne le déclenchement, est manœuvré à l’aide d’une clef qui est reliée, par une tringle verticale aux autres appareils du poste d’enclenchement.
- On remarquera que la pile locale doit être puissante pour maintenir le marteau en contact dans la position verticale ; mais comme le marteau n’occupe qu’exceptionnellement la position verticale, seulement pour le passage des trains, la dépense d’électricité est, en réalité, assez faible.
- NOUVEAUX APPAREILS DE P.-L.-M.
- L’appareil de block System employé sur le réseau de P.-L.-M, est, comme on l’a vu plus haut l’ancien appareil Tyer à aiguilles, appuyé d’un sémaphore dont la manœuvre est absolument indépendante de celle des poussoirs qui permettent d’échanger les signaux électriques de voie libre et de voie occupée.
- Bien qu’une pratique de plus de vingt ans ait permis à la Compagnie de P.-L.-M. d’affirmer qu’on n’a jamais constaté sur son réseau, un seul cas où les stationnaires aient négligé d’appliquer les prescriptions du règlement, qui remplacent cette solidarité absente, entre les appareils électriques et les appareils mécaniques, cette Compagnie a dû, pour se conformer aux indications de la circulaire ministérielle du 12 janvier 1882, chercher à combler la lacune en question, par l’adoption d’un système quelconque de liaison entre les organes des deux catégories.
- Déjà, à l’exposition d’électricité de 1881, la Compagnie exposait un premier dispositif qui résolvait le problème qu’elle s’était posé.
- Cette disposition se composait de deux parties distinctes.
- i° Par la première, un électro-aimant spécial • verrouillait le bouton d’appel du télégraphe Tyer et empêchait l’agent d’appuyer sur ce bouton, si le bras du sémaphore n’était pas préalablement mis à l’arrêt. Le verrou électrique ne déclenchait ce bouton, qu’après la manœuvre du sémaphore.
- 20 Par la deuxième, la manivelle du sémaphore était électriquement verrouillée tant que l’appareil indi-quait voie occupée. Quand le poste correspondant rendait la voie libre, et quand l’aiguille indicatrice revenait à sa position normale, la manivelle du sémaphore était déclenchée et le garde pouvait effacer ce signal.
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- Cette serrure électrique montée sur le mât du sémaphore est représentée, en vue intérieure, à la figure 106.
- Lorsqu’on met le sémaphore à l’arrêt, cette manœuvre a pour effet d’incliner légèrement le doigt d, d’établir un contact entre les deux ressorts r, ri et de donner naissance à un courant qui déclenche le bouton de l’appareil Tyer : donc on ne peut annoncer un train sans le couvrir effectivement.
- FIG. 106. — SERRURE ÉLECTRIQUE DE P.-L.-M.
- Dans le mouvement de mise à l’arrêt du sémaphore, la manivelle est venue se loger entre le doigt o et la pièce P, de sorte qu’il est désormais impossible de la ramener en arrière et d’effacer le signal. Pour cela il faudrait retirer à la main la pièce P et l’amener à la position P,, ce qui est impossible parce que le taquet a pénètre dans une échancrure du pêne située vis-à-vis de lui.
- Quand le poste suivant rend la voie libre et que l’aiguille de l’appareil Tyer revient à sa position normale, un léger contact placé sur cette aiguille ferme le circuit local de la serrure ; aussitôt la palette M est attirée par l’électro aimant E, l’arrêt a cesse d’enclencher le pêne P, qu’on peut tirer en arrière, de manière à dégager la manette et le sémaphore.
- Ce dispositif n’a jamais été appliqué et n’est resté qu’à l’état de projet ; il est probable que le contact réalisé au moyen d’un objet aussi délicat que l’aiguille eût été d’un fonctionnement peu sûr et la serrure aurait pu rester maintes fois enclenchée, même après le déblocage de la section. D’ailleurs, l’appareil ne satisfaisait qu’à une partie des conditions générales du block System, et, dès l’instant qu’elle apportait. des modifications à un appareil existant, la Compagnie préférait évidemment trouver une solution plus conforme aux données de ce programme.
- Appareil Chaperon et Rodary. — Le nouvel appareil étudié par MM. Chaperon et Rodary et construit par M. Postel Vinay, n’a de commun avec l’ancien système Tyer que l’aspect extérieur de la boîte. L’intérieur a été radicalement changé, de manière à satisfaire aux conditions suivantes :
- r \ ;
- O O
- FIG. I07. — ENCLENCHEMENT DU SÉMAPHORE
- Étant donnés trois postes consécutifs A, B, C :
- i° B ne pourra rendre voie libre à A que quand le disque avancé couvrant le poste B aura été mis à l’arrêt ;
- 20 B ne pourra rendre voie libre deux fois de de suite à A, ou du moins il ne pourra le faire que quand le disque avancé aura été mis derechef à voie libre, puis à l’arrêt ;
- 3° B, en couvrant un train par la mise à l’arrêt de son sémaphore, l’annoncera par cette même manœuvre au poste C;
- 4° Par ce même mouvement il enclenchera mécaniquement le sémaphore et ne pourra plus l’effacer que quand C lui aura rendu voie libre;
- 5° Un poste ne pourra mettre son sémaphore à l’arrêt sans avoir préalablement fermé le disque avancé.
- Le règlement relatif à l’usage de cet appareil, a été.homologué par une décision ministérielle en date du 4 mai i883.
- Les dispositions prises pour appliquer ce système aux mâts sémaphoriques, en usage sur le réseau P.-L.-M. se réduisent à la substitution d'un levier à renversement alternatif à la place de la manette qui servait à manœuvrer l’aile.
- Le levier L, placé dans la cabine du signaleur et susceptible d’être enclenché avec d’autres appareils, si cela était necessaire, est relie d'une part avec le sémaphore par une transmission rigide, d’autre part à l’appareil A(fig. 107) au moyen d’une équerre cd, d’une tringle verticale b et d’une nouvelle équerre pivotant autour de l’axe a : quand on renverse le levier, pour l’amener^à la position indiquée en pointillé à la figure, c’est-à-dire pour mettre le signal à 1 arrêt, cela a donc pour effet de faire pénétrer le
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- verrou v dans l’intérieur de la boîte A. Au contraire, pour effacer le signal, il faut que ce verrou puisse sortir de la boîte.
- L’appareil indiqué à la figure 107 est double et
- s’appliquerait à un poste intermédiaire ; il est bien entendu qu’un poste terminus aurait chacun de ces appareils en simple.
- La figure 108 représente la vue intérieure de la
- FIG. IO-S. — VUE INTERIEURE DE LA BOITE D’ENCLENCHEMENT
- boîte, le couvercle étant rabattu à gauche; la figure
- 109 donne les coupes transversales faites dans le fond et sur le couvercle de la boîte ; enfin, la figure
- 110 est la coupe horizontale d’une partie des organes contenus dans la boîte.
- Le verrou B qui, ainsi que nous l’avons indiqué, est solidaire de la manœuvre du levier du sémaphore, glisse entre les guides g et porte une encoche h dans laquelle retombe, sous l’action de son propre poids, la tige d’acier i guidée elle-même dans une rainure verticale. Tant que cette tige n’est pas relevée, le verrou B est calé et enclenché dans la position correspondant à l’arrêt du sémaphore.
- Quand un courant électrique, de sens convenable, est envoyé, par le fil de ligne, dans la bobiney, il produit, dans le noyau de fer doux de cet électroaimant, une action magnétique répulsive sur la palette K soumise à l’influence de l’aimant permanent l et maintenue en temps normal, au contact du noyau par cette influence. Le courant électrique détruit cette adhérence, la palette K se détache et cède à l’action du ressort antagoniste n en relevant la tige i à l’aide de la goupille R.
- Ainsi, le sémaphore, une fois mis à l’arrêt, est en-
- clenché dans cette position, jusqu’à ce que le poste suivant rende la voie libre, en envoyant un courant électrique. Ce n’est qu’à ce moment seulement que le garde peut remettre son sémaphore à voie libre, ce qui a pour effet de faire sortir le verrou B de la boîte de l’appareil.
- Dans ce mouvement .de sortie, le verrou B soulève, par le plan incliné du taquet p, la came d’acier q qui recolle la palette k contre le noyau de la bobine dans laquelle toute action électrique a cessé, et la tige i retombe et vient butter contre la partie pleine de la règle B. S’il arrivait qu’un courant accidentel ou envoyé par inadvertance du poste suivant, traversât la bobine, pendant que les appareils sont dans cette situation, ce courant n’aurait d’autre effet que de déclencher de nouveau la palette K; mais celle-ci ne pourrait basculer, parce que la came q reste normalement relevée; de sorte qu’un déclenchement de ce genre est absolument sans effet : la came q ne retombe et ne dégage de nouveau la palette k que quand on ramène le levier du sémaphore à l’arrêt.
- Quand le verrou B se meut de droite à gauche, c’est-à-dire quand on remet le sémaphore à l’arrêt, il fait basculer le balancier r et déplace la tige s
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- qui tire l’intermédiaire de l’équerre V (fig. iio bis) le bouton m' fixé sur le poussoir servant à annoncer les trains au poste suivant : il en résulte que
- Coupe a b.
- Coupe cd
- FIG. 109. — COUPES TRANSVERSALES DE LA BOITE
- cette annonce se fait automatiquement par la mise à l’arrêt du sémaphore. Au contraire, quand on remet le sémaphore à voie libre, aucun effet ne se produit.
- On remarquera enfin que quand la tige i se sou-
- Coupe ef.
- FIG. IIO. — COUPE HORIZONTALE DE LA BOITE
- lève, le contrepoids t suit ce mouvement et fait basculer l’extrémité u d’un levier qui porte le voyant E. Ce voyant blanc apparaît derrière la vitre d’un guichet pratiqué sur la face antérieure de la boîte, quand la tige i est relevée, ce qui indique au garde qu’il peut remettre son sémaphore à voie libre. Au contraire, dès que la tige i est retombée, le voyant s’efface et laisse apparaître le fond rouge de l’ouverture.
- Pour envoyer le courant qui déclenche l’appareil du poste précédent, le garde doit appuyer sur un poussoir G (fig. 109) à ressort, au-dessous duquel est placé un électro-aimant H dont les bobines sont mises en dérivation sur le circuit du commutateur.
- Cet électro-aimant actionne une palette a dont le prolongement est percé d’un trou, à travers lequel passe librement une tige d’acier b, verticale et guidée en cc. Celle-ci pénètre dans la tige du poussoir G et l’empêche de fonctionner tant que la palette a n’est pas attirée. Quand, au contraire, le disque à distance est fermé, le courant de la sonnerie passe dans l’électro-aimant H et la palette a est attirée, de sorte que le poussoir est déclenché. Ainsi il faut mettre le disque à l'arrêt pour dégager le bouton. En outre, la palette porte à son extrémité un crochet f; lorsqu’on appuie sur le poussoir, la pièce à trois branches g est entraînée dans ce mouvement, reste accrochée au crochet f, et demeure soulevée dans cette position aussi longtemps que la palette est en contact avec l’électro-aimant.
- FIG. IIO bis. — MANŒUVRE AUTOMATIQUE DU POUSSOIR
- Or, l’une des branches de cette pièce est une fourchette dans laquelle passe une seconde tige verticale h, d’un diamètre plus gros que la tige b et qui pénètre dans un second trou i de la tige du poussoir. Il en résulte que si l’on a, le disque étant fermé, appuyé sur le poussoir pour donner un déclenchement en arrière, cette manœuvre a suffi pour enclencher le poussoir et pour rendre impossible l’envoi d’un second déclenchement en arrière.
- Pour envoyer le second déclenchement, il faut que l’on puisse remettre le disque à voie libre ; or celui-ci est enclenché avec le sémaphore et ce dernier ne peut être effacé que par l’intermédiaire du poste suivant.
- Donc on ne peut manger aucun train à moins que, suivant le principe démontré au début, il n’y ait connivence entre plusieurs postes successifs, ou à moins qu’on ne ferme le disque avancé sans mettre le sémaphore à l’arrêt.
- Quand le disque peut être effacé et que le courant cesse de passer dans les bobines de l’électro-aimant H, la palette a se détache, le crochet /lâche la pièce g et la tige h retombe, de sorte qu’elle ne verrouille plus le poussoir ; mais celui-ci reste en-
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- clenché par l’autre tige b jusqu’à ce qu’on ait remis le disque à l’arrêt, afin de pouvoir envoyer un déclenchement en arrière.
- Un voyant K' articulé, à l’aide d’une équerre, sur la pièce g vient apparaître devant le guichet carré N, quand çëlle-ci est soulevée et indique au stationnaire s’il a ou s’il n’a pas rendu la voie libre au poste précédent pendant qu’il lui était loisible de le faire.
- L’appareil que nous venons de décrire répond à peu près au programme posé pour les postes de pleine voie. On remarquera toutefois que la réalisation de la sécurité est fondée non pas sur l’emploi exclusif du sémaphore d’arrêt absolu, mais sur l’intervention d’un disque avancé, que nous avions jusqu’ici considéré comme servant simplement à doubler les signaux absolus du sémaphore.
- D’ailleui s le disque avancé est tout à fait indépendant et on peut le manœuvrer pour le mettre à l’arrêt, puis l’effacer ae nouveau, sans toucher au sémaphore, de sorte que, en réalité, la faculté de débloquer en arrière ou de donner plusieurs déclenchements successifs est complètement subordonnée à l’usage que l’agent du poste fait de son disque à distance, dont il est absolument maître.
- Cette objection était tellement grave que les inventeurs de l’appareil l’ont levée par une addition ultérieure qui consiste à placer un interrupteur sur le circuit de la sonnerie du disque avancé; cet interrupteur empêche le courant d’arriver au bouton de déclenchement, tant que le sémaphore n’a pas été mis à l’arrêt, et il est ramené au contact, dès qu’on renverse le levier du sémaphore. Grâce à cette disposition le signaleur est alors forcé d’annoncer le'train en avant et de le couvrir à l’aide d’un signal d’arrêt absolu, qu’il n’est plus maître désormais d’effacer sans l'intervention du poste suivant.
- Dans ces conditions, il n’y a plus à faire à ce système d’autre objection que d’être exclusivement fondé sur le fonctionnement de la sonnerie du disque à distance qui est un appareil de contrôle et qu’on détourne ainsi de son véritable rôle, pour le faire entrer en jeu dans le block System.
- Postes de gare. — Dans les gares, où à tout point intermédiaire de la ligne, muni d’une aiguille qui permet aux trains de quitter la voie principale, il a fallu disposer autrement l’ensemble de l’installation du poste, en prévision des manœuvres locales de toute espèce. Comme nous l’avons indiqué, au début de cette étude, en discutant les conditions générales de l’application du block System, le poste uniqüe est toujours au centre, mais le sémaphore est dédoublé, l’un des mâts étant à l’extrémité en amont sans avoir préalablement mis à l’arrêt le disque avancé et le sémaphore qui commande l’entrée de la gare.
- Au contraire, le sémaphore d’aval est enclenché
- par le poste suivant, comme à l’ordinaire, et il est également enclenché avec le disque avancé, de sorte qu’on ne peut le mettre à l’arrêt pour couvrir un train sans que le disque avancé ait été mis à l’arrêt.
- Ainsi, quand un train doit passer dans la gare, sans s’y arrêter, ou du moins sans s’y garer, le garde doit commencer par mettre à l’arrêt le disque à distance, puis le sémaphore d’aval, ensuite le sémaphore d’amont, et enfin il débloque en appuyant sur le poussoir ad hoc. A partir de ce moment il ne peut plus effacer le sémaphore d’amont à voie libre. Il lui est d’ailleurs impossible de manger un second train.
- Quand, au contraire, un train doit se garer, le garde opère de la même manière, mais il se dispense de mettre à l’arrêt le sémaphore d’aval, ce qui laisse toute liberté pour remettre à voie libre le disque à distance et par conséquent, pour donner à l’arrière plusieurs déclenchements successifs.
- C’est là que réside le principal inconvénient de ce système : il ne différencie, en effet, le cas où le train passe sans se garer et celui où il se gare, que par la suppression d’une manœuvre du sémaphore d’aval; la dépendance des sections est donc rompue à la volonté du garde, cela revient à dire qu’elle n’existe pas.
- Toute autre était la solution que nous avons indiquée pour l’appareil Lartigue, où la solidari-sation des boîtes est obtenue par Xaddition spéciale d’une manœuvre du commutateur ; il faut aller tourner le commutateur pour obtenir l’indépendance des sections, et cela peut passer pour une réelle garantie de sécurité, car l’agent ne se borne plus alors à se dispenser de faire une manœuvre, chose que l’on peut omettre en tout temps.
- Dans certains cas spécifiés au nouveau règlement de P.-L.-M., il peut être utile que le garde rende la voie libre sans faire les signaux préalables, ou, par exemple, en cas de détresse, qu’il puisse rendre deux fois la voie libre en arrière sans manœuvrer les disques : à cet effet, l’extrémité de la palette qui verrouille le bouton de déblocage, est prolongée à travers une ouverture faite à la porte de l’appareil. En temps normal, cette ouverture, qui permet au garde de manœuvrer à la main cette palette, est fermée par une plaque à charnière, mise sous scellé.
- On peut encore, pour atteindre le même but, poser un commutateur, normalement sans emploi, qui ferme, quand on l’actionne, le circuit de la pile du disque, de manière à dégager le bouton de déblocage, sans qu’il soit nécessaire de manœuvrer le sémaphore.
- Le règlement indique les mesures à prendre dans ce cas.
- Au point de vue de la construction des appareils, on remarquera que les effets demandés à l’élec-
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- tricité sont uniquement des effets de déclenchement; que les efforts qu’un agent pourrait exercer sur l’appareil, s’il essayait de faire une manœuvre, quand elle lui est interdite par les enclenchements, n’agissent en aucune façon sur les organes électriques proprement dits : les pièces formant verrou sont indépendantes et leur résistance peut-être calculée pour répondre à telle épreuve que l’on voudra.
- Un seul fil suffit à l’échange de ces signaux sur une ligne à double voie, même en y ajoutant les appareils Jousselin, placés dans le circuit à la suite de l’électro-aimant magnétisé : la ligne entre dans l’appareil par la lame de cuivre L (fig. 108) et n’est en communication avec cet électro-aimant et avec la sonnerie, que par le courant de cette lame et de la vis V.
- Les boutons poussoirs ont pour premier effet de rompre ce contact, c’est-à-dire d’isoler l’appareil en question; les courants qu’ils établissent passent directement sur la ligne, sans troubler en rien l’état du poste. De plus, le bouton de déblocage envoie un courant négatif, et le bouton d’annonce, un courant positif. Ces deux courants traversent, à l’arrivée, la bobine et la sonnerie Jousselin. Il suffit donc de disposer l’aimant de façon que ce soit un courant négatif qui opère le déclenchement de la palette.
- (A suivre.) M. Cossmann.
- ÉTUDE
- SUR LES GALVANOMÈTRES
- CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
- Dans un article précédent ('), nous avons tracé un tableau, où se trouvaient groupés les instruments de mesure de l’intensité du courant électrique, d’après une classification fondée sur les forces mécaniques, les énergies calorique et chimique, mises en jeu dans les appareils.
- Ceux-ci sont très nombreux et présentent une grande variété tant dans leur forme que dans la disposition de leurs éléments.
- Nous avons conservé, en les citant, le terme qu’on emploie, actuellement pour les distinguer les uns des^ autres.
- Ces diverses désignations rappellent quelquefois le genre de mesure qu’ils permettent d’effectuer, le plus souvent la propriété qui les caractérise.
- Nous laissons de côté, dans la première partie de cette étude, les appareils compris dans les deuxième et troisième classes pour nous occuper spécialement des galvanomètres.
- Une théorie complète de ces derniers est chose assez délicate, surtout pour ce qui concerne la nature et l’évaluation en unités absolues des forces mises en jeu et des éléments qui entrent dans leur composition.
- Elle ne peut être présentée avec intérêt, à cause de la variété des appareils, que si l’on suit un ordre logique et déterminé d’avance.
- Cette considération nous a amené à établir la classification à laquelle nous venons de faire allusion; ayant pour base un point commun à tous les galvanomètres, l’antagonisme de deux forces, elle permet de les différencier assez nettement.
- Elle est le résultat d’un premier travail d’ensemble et ne doit pas être considérée comme définitive; nous signalerons les modifications qu’on doit y apporter, s’il y a lieu. Dès à présent, on peut prévoir qu’elles ne porteront que sur des questions de détail.
- Les appareils intéressants à étudier, au point de vue de leurs applications, seront passés en revue dans l’ordre indiqué par le tableau.
- Lorsque nous aurons à nous occuper à propos de l’un d’eux d’une propriété, non encore définie, nous traiterons de cette propriété au point de vue général, en donnant comme exemple le cas] particulier présenté par l’appareil cause de la digression.
- La méthode adoptée dans cette étude, n’est autre que celle que M. Marcel Deprez a employée dans ses recherches sur les machines dynamo-électriques.
- Elle repose sur un principe vérifié expérimentalement par M. Marcel Deprez, dont voici l’énoncé :
- proposition. — Dans un système électrique dont la forme géométrique est invariable, une bobine formée d'un fil métallique isolé, exerce toujours le même effort sur les autres éléments du système, quelle que soit la section du fil, pourvu que l'intensité de circulation reste proportionnelle à la section et le poids du métal actif constant et semblablement placé.
- Corollaire. — La résistance de la bobine varie en raison inverse du carré de la section, et l'énergie absorbée par la bobine est constante.
- Remarque. — En pratique, on peut toujours loger dans un volume déterminé le même poids de métal ; il suffit pour cela de donner à l’isolant qui entoure le fil une épaisseur de plus en plus faible, à mesure que la section du fil diminue, ou pendant l’opération du bobinage de serrer davantage les spires correspondant aux sections plus petites.
- (’) La Lumière électrique. u° 25, 20 juin i885.
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- L’expression algébrique de cette loi est la suivante :
- E=/(s)-
- L’effort f sera évidemment, constant pour
- Î-Jj. i s,
- ^ J-* = = constante (i).
- O» o*>
- On donne le nom de densité de courant à ce rapport. En d’autres termes, la densité de courant est l’intensité dans l’unité de section.
- Elle est égale à l’unité lorsque l’intensité du courant qui traverse l'unité de section (i millimètre carré), est égale à un ampère.
- Lorsqu’on veut comparer plusieurs galvanomètres entre eux, il est nécessaire de fixer, pour l’aiguille, un même angle de déviation; la force constante/, pour une disposition fixe des éléments de l’appareil, sera celle qui correspond à cet angle. Nous prenons comme degré de comparaison, 45° ; il peut être considéré comme étant le degré de l’angle de déviation maximum pratiquement.
- La résistance R de la bobine, pour un poids du métal P constant, est donnée par la formule
- p est la résistance que présente 1 gramme du fîi métallique d’une section de 1 millimètre carré ;
- P est exprimé en grammes;
- S, la section du fil, en millimètres carrés. L'énergie W, absorbée par la bobine, suivant la loi de Joule, et exprimée en kilogrammètres peut être formulée ainsi :
- p pi; = = = pPI
- irs‘; #8- g Si; g
- constante.
- D’où, pour l’expression de l’énergie constante absorbée par la bobine, pour une densité de courant égale à i~.
- Nous aurons l’occasion de nous servir souvent des formules (1), (2), (3), dans le cours de notre étude, surtout pour ce qui concerne la partie qui traitera plus spécialement des applications pratiques des instruments de mesure.
- Rappelons que les galvanomètres sont fondés sur « la mesure d’un effort mécanique dû aux actions à distance de deux éléments électriques » et qu’ils font partie de la première classe.
- Cette classe est divisée en trois groupes ; chacun d’eux comprend un certain nombre de divisions.
- La nature de la force motrice différencie les groupes entre eux, celle de la force résistante, les subdivisions.
- PREMIER GROUPE
- Action d'un courant sur un aimant.
- Première division. — La forme résistante est produite par l’action du magnétisme terrestre sur une aiguille aimantée.
- Le Multiplicateur Schweigger (fig. 1). — La partie fixe de cet appareil est composée d’un cadre de forme rectangulaire sur lequel est enroulée une bobine de fil isolé et la partie mobile d’une aiguille aimantée fixée sur un pivot au centre géométrique du cadre.
- Avant de faire une observation, on oriente l’appareil de façon que la direction du cadre soit la même que celle de l’aiguille. Au passage du courant l’aiguille change de position et se meut, à droite ou à gauche, suivant le sens du courant, dans le plan horizontal qui coupe le cadre symétriquement.
- FIG. I
- Cet instrument assez primitif n’est autre chose qu’une application directe de l’expérience d’Œrsted (1819), sur laquelle du reste sont basés les galvanomètres du premier groupe.
- On l’emploie dans certaines tables d’expérimentations, dans celle, par exemple, qui sert à vérifier une partie des lois d’Ampère.
- Il présente peu de sensibilité ; il sert surtout à déterminer le sens d’un courant.
- Pour le multiplicateur et les boussoles du même genre, les efforts moteur et résistant se réduisent à deux couples.
- L’équation qui satisfait aux conditions d’équilibre pour chacune des positions de l’aiguille galvano-métrique est la suivante :
- H|j.siaot = Kn (nl)f(x). (4)
- H représente la composante horizontale du magnétisme terrestre ;
- u le moment magnétique de l’aiguille; a l’angle de déviation, c’est-à-dire, l’angle formé par le plan de l’aiguille au passage du courant avec le plan magnétique ;
- K un coefficient que l’on peut considérer comme la caractéristique de l’instrument ; n le nombre des spires ;
- I l’intensité du courant;
- /(a) une fonction variant avec la position relative de l’aiguille aimantée et des éléments du
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- courant, dont on n’a pas encore déterminé l’expression mathématique*
- D’après le principe énoncé plus haut, la déviation de l’aiguille sera constante pour des intensités proportionnelles à la section du fil, la forme, le volume de la bobine, le poids du fil nu, restant, les mêmes.
- En d’autres termes, a ne variera pas pour (n I) = constante, toutes choses égales d’ailleurs.
- Nous avons dit que le multiplicateur était un appareil peu sensible ; il importe de définir ce qu’on entend par la sensibilité dans les galvanomètres.
- DE LA SENSIBILITÉ
- On trouve rarement une bonne définition de cette propriété. Quelques physiciens l’envisagent à des points de vue qui s’y rattachent peut-être, mais qui ne la définissent qu’imparfaitement.
- On peut diviser son étude en quatre parties : dans la première, on traitera de la sensibilité absolue des galvanomètres; dans la seconde, de leur adaptation à la mesure de l’intensité d’un courant qui traverse un circuit indéfini ; la troisième partie aura pouf objet de définir ce qu’on peut appeler le coefficient de bonté, et la quatrième, de déterminer l’angle de déviation pour lequel l’action, sur l’aiguille aimantée, d’une variation constante, en valeur absolue et la plus petite possible dans l’intensité, est maximum.
- i° De la sensibilité absolue. — Il n’est pas exact de dire qu’un galvanomètre est d’autant plus sensible que l’intensité du courant qui le traverse, pour une déviation donnée, est plus faible.
- Il faudrait admettre pour cela que la section du fil lût la même dans tous les galvanomètres.
- La sensibilité absolue ne dépend que de la densité du courant et lui est inversement proportionnelle.
- En effet, pour que l’aiguille galvanométrique reste fixée à une déviation constante (45°), il faut que l’effort résultant du passage d’un courant reste constant.
- Or, nous savons que dans ce cas, l’eflFort est constant, pour une densité de courant déterminée.
- La déviation de l’aiguille est donc indépendante de l’intensité de circulation, lorsque celle-ci varie proportionnellement à la section.
- Donnons à la sensibilité le symbole A et considérons comme unité de cette quantité celle qui, pour une déviation de l’aiguille égale à 45°, dans un galvanomètre quelconque, correspond au passage d’un ampère dans l’unité de section.
- La sensibilité est en raison inverse de la densité de courant ; ceci est évident à priori et découle de la définition même du terme sensibilité.
- Nous pouvons écrire
- A = i; (S)
- pour l’équation qui fixe la valeur absolue de cette quantité.
- 20 De l'adaptation des galvanomètres à la mesure des courants. — Ce problème consiste à déterminer la section du fil de la bobine, pour que l’appareil donne une déviation de 45°, lorsqu’il est intercalé dans un circuit indéfini traversé par un courant d’une intensité I,, la sensibilité de l’appareil étant connue.
- Les formules (1) et (5) nous donnent immédiatement la solution de ce problème.
- Nous aurons en effet pour la valeur de la section S,, correspondant à l’intensité I,,
- Si = y d’après l’expressioa (1),
- La valeur de la densité i, est tirée de la formule (5) ; celle de A étant connue, d’après l’hypothèse, en valeur absolue,
- On peut se proposer de déterminer également entre quelles limites d’intensités, les mesures peuvent être effectuées et cela, à condition que la déviation reste toujours égale à 45°.
- Soit S, la section réduite delà bobine, c’est-à-dire non comprise la place occupée par l’isolant.
- L’intensité maximum I,„ est encore donnée par l’expression (1) :
- I — iS I —-
- Dans ce cas, il n’y .a qu’un fil sur la bobine et ce fil est logé dans l’espace laissé libre par le volume constant de l’isolant.
- L’intensité minimum I„ de circulation atteindra sa limite en même temps que celle de la section S du fil qui peut être employée pratiquement, et nous exprimons de la même façon la valeur de cette intensité :
- i» = /S, l„=|.
- On voit que la limite supérieure est d’autant plus élevée que la sensibilité absolue du galvanomètre est plus faible et que l’intensité, qui correspond à la limite inférieure, est d’autant plus faible que cette même sensibilité est plus grande.
- Lorsque nous parlerons desgalvanomètresindus-triels et de leurs applications, nous reviendrons sur certains cas particuliers concernant l’adaptation de ces instruments en circuit direct et en dérivation.
- 3° Du coefficient de bonté. — La bonté d’un appareil ne dépend pas seulement de sa sensibilité absolue, mais aussi du poids du fil métallique qui compose la bobine et de la résistance spécifique du métal.
- Lorsqu’on veut mesurer l’intensité du courant qui traverse, non pas un circuit indéfini, mais un système électrique fixe et déterminé, il est important de savoir si l’énergie absorbée par le galva-
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- nomètre (toujours pour une déviation de 45°) est négligeable ou non par rapport à l’énergie totale développée dans le système.
- Déjînition. — La bonté d’un galvanomètre est d’autant plus grande que sa résistance, par rapport à celle du système dont il mesure l’intensité de circulation, est plus faible, c’est-à-dire que l’énergie absorbée par lui, est plus petite.
- Nous savons que cette énergie est constante pour une déviation donnée, et qu’elle ne dépend que de la densité du courant pour un poids de métal invariable.
- La formule (3) nous donne sa valeur
- W = -
- Soit B le symbole de la bonté d’un appareil ; prenons pour unité de mérite, celui que présente un galvanomètre dépensant un kilogrammètre pour une déviation égale à 45°.
- B sera exprimée en valeur absolue par l’équation :
- PP
- soit, en remplaçant i par sa valeur ^
- B :
- Q A*
- W
- (6)
- On voit que la bonté d’un appareil, c’est-à-dire sa faculté plus ou moins grande d’adaptation à un système fini, est proportionnelle au carré de sa sensibilité absolue, et en raison inverse du poids du fil qui constitue la bobine et de la résistance spécifique du métal.
- 40 Détermination de l'angle de déviation pour lequel l'action, sur l'aiguille aimantée, d'une variation constante en valeur absolue et la plus petite possible dans l'intensité de circulation, est maximum.
- Lorsque l’expression mathématique de la fonction /(a) qui donne pour chaque angle de déviation, la valeur de l’intensité est connue, il suffit pour résoudre ce problème, de trouver la valeur de a qui rend maximum une certaine fonction ©(a) qui n’est autre que le rapport de /(a) à sa dérivée,
- ? (<*)--
- PL)
- f(*y
- Il n’est pas nécessaire cependant de connaître l’expression mathématique de /(a) pour résoudre le problème.
- Soit une courbe tracée pour l’expérience dont les abscisses représentent les déviations, les ordonnées les intensités correspondantes. La courbe nous donnera pour chacun de ses points une ordonnée qui n’est autre que f(a.) et la tangente (3 à la courbe pour chaque point la valeur /'(a)-
- Nous pouvons, 'dès lors, déterminer graphiquement l’angle de déviation qui correspond au maximum de sensibilité de l’aiguille.
- Nous reviendrons du reste sur ce sujet.
- De tout ce que nous avons dit concernant la sensibilité, il résulte que, lorsqu’on veut établir un galvanomètre dans les meilleures conditions possibles, il faut tâcher de déterminer, par des expériences préliminaires, la forme, le volume et la disposition de ses éléments, de façon que le poids du fil de la bobine soit le plus petit possible, tout en maintenant une certaine sensibilité fixée d’avance.
- Pour le multiplicateur Schweigger, la sensibilité ne pourrait être augmentée qu’en multipliant le nombre dés spires; il y a un point cependant où les spires ajoutées n’ont plus d’influence et ne servent qu’à augmenter le poids du métal dans la bobine, ce qui est défavorable.
- Il faut donc s’arrêter à une limite ; elle sera déterminée par le point où, pour une faible augmen-
- A2
- tation du nombre des spires, -p- = constante.
- Dans un prochain article, nous parlerons d’une disposition spéciale employée pour augmenter la sensibilité des instruments du même genre que celui du multiplicateur, sans pour cela donner à la bobine des dimensions exagérées.
- (A suivre.) Adolphe Minet.
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE Q)
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- Système Thomson-Houston.
- C’est à Lynn, près Boston, que se trouve la fabrique de MM. Thomson-Houston. Cette fabrique consiste en un grand bâtiment à trois étages présentant la forme d’un L., à l’intérieur duquel se trouve encore un bâtiment contenant les chaudières et machines à vapeur et différentes autres dépendances.
- Au rez-de-chaussée se trouvent les machines-outils (fig. 1), et c’est là que sont reçues les pièces de fonte et qu’on leur donne leur forme définitive. C’est aussi au rez-de-chaussée que se fait l’enroulement des inducteurs.
- (i) Voir les précédents numéros, depuis le 4 juillet i885.-
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- SALLE D’ESSAI DES MACHINES
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- Fî G . 3. — ATEL.ER DE FABRICATION DES LAMPES
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- 2b i
- FIG. 4. — ATELIER D’ENROULEMENT DES ARMATURES
- puissent brûler tranquillement et que les essais ne soient pas troublés de ce fait. Le premier étage comprend en outre la fabrication des lampes (fig. 3).
- Au second étage (fig. 4) se fait l’enroulement des armatures, et celui des aimants destinés aux lampes.
- On y construit aussi différentes pièces de détail qui demandent une certaine précision. Au même étage sont encore les laboratoires d’essais et un atelier pour la fabrication des lampes à incandescence (fig. 5).
- Ce qui frappe, quand on parcourt l’usine, c’est l’excellente disposition de ces différentes parties, l’ingéniosité 'déployée pour arriver à donner aux pièces des machines des formes fort souvent irrégulières et enfin le bon ordre qui règne partout.
- Nous avons donné, il y a quelques mois, une description fort étendue de la machine Thomson-
- Malgré les singularités de son fonctionnement cette machine a pris en Amérique une notable extension; des Compagnies secondaires se sont formées et l’exploitation a marché rapidement. Pour qu’on puisse s’en faire une idée, nous donnons ci-dessous la liste des lampes à arc du système Thomson installées dans les Etats-Unis, à la date de décembre 1884 :
- Portland et Old Orchard (Maine)......... 125
- Lewiston et Aubrorn (Maine).............. ?S
- Boston (Massachussets).................. 5oo
- Lynn — I3°
- Salem — 75 ,
- Glocester — 5o
- Worcester — 200
- Lowell — 200
- Fitchburg — ................‘*3 5
- New-Bedford — 88
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- Fall-River (Massachussets)........ . . . . 106
- Haver-Hill — ................
- Cottage-City — ................ 5o
- Woon-Socket (Rhode-Islancî)............... 26
- Providence — ..............
- Pawtucket — ..............
- FIG. 5. — FABRICATION OES LAMPES A INCANDESCENCE'
- Hartford (Connecticut)................... <5o
- New-Haven — 104
- Bridgeport — s5o
- Waterbury — 80
- Syracuse (New-York)...................... qoo
- Utica — So
- Auburn — 25
- Brooklyn — 240
- Saratoga — 100
- Elmira — 25
- Springfield (Ohio)........................ 5o
- Akron — i5o
- Colombus — 100
- Bethlehem (Pennsylvania)................... £0
- Ashland — 5o
- Mac-Keesport -- 90
- Germantown (Pennsylvania)....................5o
- Quincy (Illinois).......................... 160
- Ottawa — 75
- La Salle — 75
- Council Bluffs (Iowa)....................... 75
- Des Moines — 5o
- Muscatine — 5o
- Mendota — 5o
- Saint-Louis (Missouri)..................... 3oo
- Saint-Joseph — ..................... q5
- Kansas-City — 235
- Duluth (Minnesota)......................... 75
- Leavenworth (Kansas)........................ 5o
- Sacramento (California).................... 200
- Oakland — 75
- Cleveland — 3o
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 203
- Les nombres ci-dessus se rapportent aux lampes alimentées par les stations centrales; il faut y ajouter les lampes des installations particulières.
- Dans la plupart /les usines centrales les lampes desservies sont accouplées simplement en séries; mais M. Thomson est l’auteur d’un procédé à
- no. G. — APPAREIL DE SÛRETÉ
- l’aide duquel il peut réunir en quantité plusieurs séries de lampes à arc. Son système consiste à introduire dans toutes les séries ou dans toutes moins une un fort électro-aimant à gros fil, avec un noyau de forte dimension.
- Il produit ainsi une, sorte d’inertie électrique qui empêche chaque série d’être influencée par les fluctuations des autres. Il exposait à Philadelphie un exemple de ce système dans lequel un courant de g,6 ampères se divisait en deux branches de 4,8 ampères constituées chacune par une série de lampes à arc.
- Les machines de M. Thomson ont une force électromotrice qui ne dépasse pas 2.000 volts. Dans ses installations il intercale dans les cir-
- cuits des lampes à arc, des lampes à incandescence et les dispose en autant de dérivations qu’il y a de lampes. Pour le cas de rupture des lampes, elles sont munies d’un appareil de sûreté (figure 6) composé d’une série de résistances RR et d'électro-aimants M destinés à substituer les résistances aux lampes, lorsque celles-ci se brisent. En S est un commutateur pour exclure d’un seul coup du circuit tous les électros, et en D, un commutateur pour exclure successivement tous les électroaimants M. En K est une série de pièces qui permet de relier ou d’exclure les fils AA, allant aux lampes.
- Une autre disposition ingénieuse combinée par M. Thomson, est destinée à protéger les machines
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- dynamo-électriques contre la foudre. Elle consiste (fig. 7) en deux plaques de laiton CF isolées l’une dé l’autre et séparées à leur partie inférieure par un intervalle d’un millimètre, en a. Les plaques, à partir de ce point, se recourbent en s’écartant l’une de l’autre. En face la partie a, sont placés des deux côtés les pôles aplatis d’un électro-aimant M,
- FIG. 7. — PARAFOUDRE
- et ils sont assez distants des plaques pour en être isolés.
- Le courant partant d’un des pôles de la machine arrive à l’aimant, de là à la plaque G et au circuit des lampes en B; ensuite il traverse en sens inverse un autre appareil semblable pour se rendre au second pôle de la machine. La plaque F est reliée au sol. Lorsque la machine fonctionne, l’électro se trouve toujours aimanté.
- Si une décharge se produit sur la ligne, le flux électrique va au sol en traversant l’espace a ; mais l’aimant, agissant sur l’arc qui se forme en ce point, le repousse, jusqu’à ce qu’il atteigne un endroit où il se rompt.
- Aug. Guerout.
- DÉTAILS DE CONSTRUCTION
- DES
- LAMPES A INCANDESCENCE (4)
- La construction des lampes à incandescence n’a été, dans les six derniers mois, l’objet que de perfectionnements de détails, dont nous allons faire connaître ceux qui nous ont paru présenter quelque intérêt.
- (') La Lumière électrique, 27 déc., p. 493.
- La monture proposée par sir William Thomson est (fig. 1 et 2) remarquable par son extrême simplicité. Les attaches en platine c du filament sont
- FIG. I ET 2.— SIR WILLIAM THOMSON
- reliées aux conducteurs positif et négatif/ et g par deux lames b formant ressort, et s’ouvrant comme l’indique le tracé pointillé quand on enlève la
- FIG. 3 , 4 ET 5.
- GREENHILL
- lampe. La tension de ces ressorts elle décapage perpétuel des attaches c occasionné par les oscillations peut-être trop mobiles de la lampe, suffisent pour en assurer les contacts.
- Nos lecteurs savent que M. Gardiner avait antérieurement proposé une monture analogue à celle de sir William Thomson (*).
- Les lampes de Greenhill (fig. 3, 4 et 5) emmanchées dans une simple monture en bois M ont leurs crochets réliés aux conducteurs par les extrémités des fils b, tordus en ressorts, et séparés par un bloc isolant i.
- Chacune des attaches a et a' du filament des lampes de Cox Walker aboutit (fig. 6) à une mâchoire en platine p et p', saisie dans le bloc isolant M., reliée au conducteur correspondant par une borne B ou B' et serrée sur l’attache par une vis de
- (') Voir dans La Lumière électrique du 9 août 1884, p. 222, la monture analogue Swan.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- pression V ouV'. On assure ainsi, entre l’attache
- /
- FIG. 6.
- COX WALKER
- — WOODHOUSE ET RÀWSON
- FIG. 8, () ET IO. — WOODHOUSE ET RAWSON
- et la borne, un contact ferme et très étendu, par
- la pression des bras de la mâchoire correspondante. C’est une monture simple et très solide.
- La monture en ÿitrite de Woodhouse et Rawson, déjà mentionnée dans ce journal, se fixe sur l’embase de la lampe par l’emboîtement des pitons A, dansl’entailie à baïonnette F (fig. 10). Les touches B' (fig. 9) emboîtées dans le socle en vitrite V, sont appuyées sur les bornes B (fig. 7) par des ressorts logés dans les écrous E, qui les compriment (fig. 8) en même temps que leurs vis servent de pinces aux conducteurs. Il suffit de prolonger l’encoche F de part et d’autre de sa partie
- verticale pour que ce joint puisse en même temps servir de commutateur, allumant ou éteignant le lampe, suivant qu’on la tourne de manière à faire porter les touches B' sur les bornes B ou sur la vitrite Y' (fig. 7).
- Les nouvelles montures deSware sont aussi formées de deux pièces en vitrite A et B (fig. 11 et 12) reliées par l’emboîtement des pitons c de la douille intermédiaire C (fig. 13) dans leurs entailles en baïonnette
- r>r-
- Le courant se transmet des bornes b (fig. 12) aux pinces a des conducteurs x, par les touches d, pressées par leurs ressorts.
- C’est également par un joint à baïonnettes f, h (fig. 14 et i5) que M. Sellon appuie les bornes d de sa lampe sur les ressorts de contact p de sa monture élastique.
- Les lampes de M. Harvie sont solidement fixées au support m (fig. 16) par un collier l, vissé sur m, appuyé sur l’isolant k et surmonté d’une douille o, vissée sur la gaine a. Cette douille porte une galerie p, à vis r, permettant de suspendre entre s et les bordures b
- FIG. l3. — SWAN Détail de l’enveloppe de la monture.
- m CI
- FIG. 14 ET iS. —
- un abat-jour ou un globe. Le contact entre conducteurs et filaments s’opère par le serrage des pinces i.
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- Les candélabres c des lampes de sir William Thomson sont supportés (fig. 17) par deux douilles isolées fixées à la pièce de boise creusée de manièreà pouvoir recevoir un interrupteur ordinaire, et isolées par la gaine g. Cet appareil est muni d’un interrupteur desûreté formé par une aiguille h qui ferme
- ru;. ](>.— harvif.
- le courant par le ressort k, et, quand on la pousse de bas en haut, ne se maintient dans cette position que par son frottement. Le poids de cette aiguille est tel que ce frottement doit être, afin de la maintenir, assez fort pour assurer un contact parfait entre l’aiguille et le ressort, contact sans cesse décavé à chaque fonctionnement. On évite ainsi les échauffements et les autres inconvénients des contacts imparfaits.
- Dans la disposition représentée par la figure 18, le plongeur h se termine par une boule n pouvant faire'contact avec l’une ou l’autre des bornes o et p, sur lesquelles elle reste appuyée par l’élasticité de la tige m, qui fait ressort.
- Sir William Thomson a en outre imaginé, en collaboration avec M. Bottomley, des interrupteurs de sûreté, pour courants de‘8 à 10 ampères, fon-
- dés sur le même principe que ceux d’Edison, très simples et très accessibles.
- L’interrupteur est formé par un joint fusible soudant les deux extrémités d’un fil de cuivre
- FIG. 17
- SIR WILLIAM THOMSON
- Interrupteur de sûreté.
- FIG. l8 ET IQ SIR WILLIAM THOMSON Interrupteur double.
- h
- traversé par le courant, et se rompant dès que la soudure fond, soit par la traction dun ressort qui amène le courant, soit par sa propre élasticité.
- Nous n’insisterons pas davantage sûr cet appareil, car il a été décrit avec détail par notre collaborateur J. Munro, dans le numéro du 26 juillet.
- Gustave Richard.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- Suite de la discussion sur les grands mouvements gyratoires de l’atmosphère, par M. H. Faye (').
- Je crois comprendre pourquoi notre récente controverse n’a pas abouti au résultat que je désirais vivement. Parmi les idées que les météorologistes étrangers ont importées chez nous, ce qui a frappé
- (4) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du 27 juillet 188S. — Voir La Lumière électrique, tome XVII, n08 28, 29 et 3o.
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- notre savant confrère, M. Mascart, c’est précisément le point sur lequel je n’ai pas insisté : c’est l’opposition, le contraste de cyclones et d’anticyclones qui lui paraissent résumer le travail quotidien des météorologistes d’aujourd’hui, celui des cartes synoptiques où l’on trace jour par jour les isobares et les flèches du vent (*). L’atmosphère serait ainsi le théâtre de vastes gyrations opposées : les unes, les cyclones, accusées par des dépressions barométriques, se déplaçant sans cesse à grande vitesse, pomperaient l’air des couches basses comme d’énormes vis d’Archimède et l’amèneraient dans les hautes régions ; les autres, les anticyclones, caractérisées par des aires de pression maxima, à mouvements lents, couvrant même pendant des mois entiers de vastes régions, comme celui qu’on imagine peser sur l’Atlantique nord autour des Açores, recevraient en haut cet excès d’air et le ramèneraient en bas par une gyration inverse. A la base des cyclones, les flèches du vent, coupant les isobares en s’inclinant vers le centre, indiqueraient un mouvemeut centrifuge et descendant.
- Cette étonnante conception de la circulation atmosphérique pèche par la base. On ne connaît même pas la signification mécanique de ces isobares, de ces gradients, de ces déviations des flèches du vent. Les minima sont-ils dus à une raréfaction de l’air? quel rapport existe-t-il entre leur configuration et les mouvements gyratoires ? entre la direction du vent au ras du sol, sur les terres, et les lignes d’égale hauteur du baromètre? Quand il s’agit de mouvements gyratoires, ce n’est pas ainsi qu’il faut opérer; ce n’est pas non plus par cette voie que les belles lois des tempêtes ont été découvertes. Reid, Redfield, Piddington et, après eux, Bridet, qui nous ont fait connaître ces lois sur les deux hémisphères, comparaient les directions du vent, non pas à des isobares, mais aux rayons tirés vers le centre présumé des cyclones. Et comme ils ont reconnu que sur mer, où ces directions ne sont pas altérées par les obstacles du sol, et dans les régions voisines des tropiques, où le phénomène n’a pas encore subi de déformation, ces directions sont sensiblement perpendiculaires aux rayons ; ils en ont déduit cette grande découverte que toute tempête est un phénomène régulier dû à une gyration puissante qui décrit une trajectoire, comme la terre dans son orbite.
- Ce n’était pourtant là qu’une première ébauche. Il aurait fallu, pour la développer, tenir compte de l’influence du mouvement de translation de la tempête sur la direction des flèches du vent, influence d’autant plus marquée que le cyclone s’éloigne plus des régions tropicales. Dans les climats sep-
- (i) Jé désire qu’on ne m’accuse pas de contester la grande utilité de ces cartes.
- tentrionaux, où la gyration s’affaiblit en s’étendant, l’influence du mouvement de translation sur la direction des flèches est plus marquée, et il faut même tenir compte des vents régnant en bas que le passage rapide d’un cyclone n’interrompt pas. C’est par une telle composition de vitesses que j’ai montré moi-même pourquoi les navires qui vont du Cap aux Indes, en passant près de la Réunion, trouvent toujours les alizés soufflant en tempête à l’avant d’un cyclone. Mais à cette étude qui aurait pu porter des fruits, on a substitué celle des isobares, qui est restée stérile, ou plutôt qui tend à altérer complètement les lois des tempêtes, en donnant à croire, par exemple, que l’air se meut en spirale du cyclone sans y décrire un angle de plus d’un quadrant autour de son centre.
- Une autre difficulté non moins grosse, dans l’étude des cyclones, consiste en ce que ces vastes phénomènes ne sauraient être embrassés d’un coup d’œil par l’observateur. Ils n’ont pour lui ni limites, ni contours. Il y est plongé, mais il ne les voit pas, ce qui permet toutes sortes de divagations à leur sujet. Enfin ces cyclones ont une si longue durée qu’ils ont tout le temps de subir en chemin d’étranges modifications. Le cyclone qui a traversé l’Amérique change déjà, non pas d’allure, mais de figure, sur l’Atlantique, et.devient parfois méconnaissable quand il aborde; l’Europe.
- Ce n’est donc pas sur les cyclones qu’il faut faire porter tout d’abord notre discussion. Heureusement il existe d’autres mouvements gyratoires , mécaniquement identiques aux cyclones, pour lesquels ces difficultés n’existent pas : ce sont les trombes et les tornados. L’observateur les embrasse d’un coup d’œil, depuis les nues d’où ils descendent, jusqu’au sol sur lequel ils exercent leurs ravages. Là, point d’incertitude ni sur la forme, exactement de révolution (l), ni sur la position du centre à un moment donné ; la gyration y est bien plus intense et plus nette que dans les cyclones. Inutile et impossible de s’occuper ici d’isobares ou de gradients. C’est donc sur ces phénomènes-là qu’il est facile d’arriver à la vérité et que la discussion doit porter tout d’abord. Si nous trouvons que ces trombes et ces tornados sont descendants, il en résultera aussitôt, pour tout le monde, que les cyclones le sont pareillement, et la météorologie dynamique se trouvera établie sur ses vraies bases.
- Voici maintenant la description rapide de ces beaux et terribles phénomènes.
- On voit les trombes et les tornados descendre des nues, atteindre le sol et le ravager, ou atteindre la mer et en fouetter l’eau circulairement.
- On les voit marcher à grande vitesse, non pas au hasard, mais dans une direction déterminée,
- (') Bien qu’ils puissent aussi se segmenter comme les cyclones.
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- sans égard aux obstacles du sol, franchir les collines, les vallées, les cours d’eau, les plus épaisses forêts, sans que leur marche en soit affectée.
- S'ils rencontrent un étang, ils en projettent au loin l’eau et les poissons; un village, ils le renversent et le détruisent de fond en comble; une forêt, ils s’y pratiquent une allée en cassant, au ras du sol, ou en déracinant les arbres séculaires.
- Ils marchent inclinés, leur embouchure en avant, leur extrémité inférieure en arrière.
- Ils marchent à grande vitesse au sein d’un calme profond; si le vent souffle en bas, il peut bien faire osciller quelque peu la pointe inférieure du tornado, mais il n’en dérange pas la trajectoire générale.
- En France, l’épouvantable tornado de Monville-Malaunay, près de Rouen, en i8q5, a présenté tous ces caractères. On les retrouve dans tous les tornados si fréquents aux États-Unis.
- Là, on a constaté qu’ils marchent toujours de l’ouest à l’est (ou plutôt du sud-ouest au nord-est), jamais dans le sens opposé. De même, les cyclones traversent les États-Unis, l’Atlantique, et vont frapper nos côtes jusqu’en Norwège. On nous les signale de New-York. Jamais cyclone n’a suivi la marche inverse, et jamais nous n’annoncerons de tempêtes aux États-Unis.
- Enfin, la gyration des tornados est absolument indépendante des accidents du sol. Aux États-Unis, elle est directe, jamais rétrograde.
- Tous ces caractères concordent avec ma théorie [Comptes rendus, p. 127-129), qui assimile si naturellement les gyrations de l’atmosphère aux gyrations toujours descendantes de nos cours d’eau. Partez, au contraire, de l’idée que ces mouvements sont ascendants, et tout devient inexplicable. Il me reste à exposer la théorie que les météorologistes ont essayé d’adapter â cette idée que la cause est en bas, théorie que l’on enseigne, à l’étranger, dans les chaires et dans les livres (’).
- Si, sous l’influence d’une forte insolation, la couche d’air qui est en contact avec le sol surchauffée s’échauffe elle-même, l’air dilaté s’élèvera quelque peu dans les couches supérieures, de manière à rétablir l’équilibre. Si, de plus, l’atmosphère est dans un état de calme parfait, il pourra se produire, dans ces circonstances exceptionnelles, une sorte d’équilibre entre le poids des couches supérieures et la tendance ascensionnelle de l’air inférieur; mais cet équilibre momentané, qui se réalise effectivement dans les cas de mirage, sera éminemment instable. Le moindre accident, un§ feuille d’arbre qui se détache et qui tombe, un
- (!) Je ne parlerai pas des idées de ceux qui s’imaginaient autrefois qu’il se produit là-haut quelque raréfaction dans l’air ou dans les nues, et que, pour la combler, le nuage émet de haut en bas un long suçoir qui va, jusqu’à la mer, pomper l’eau et la faire monter jusqu’aux nues.
- oiseau qui s’envole détruira cet équilibre en quelque point, et, par là, l’air chaud de la couche inférieure s’élèvera dans les couches placées au-dessus.
- Ces prémisses sont incontestables. Vous en conclurez que, si l’équilibre instable est détruit en un point par cet accident, cette rupture d’équilibre ne manquera pas de se propager de proche en proche sur toute la couche d’air surchauffée, et que par tout cet air s’élèvera quelque peu en vertu de sa surchauffe, pour rétablir l’équilibre stable, c’est-à-dire la succession normale des densités et des températures. Mais le météorologiste déclare, aù contraire, que là où l’air a commencé à s’élever, il faut que tout l’air de la couche surchauffée, s’étendant sur des centaines et des milliers de kilomètres carrés, passe par cette étroite issue ! Alors, il se formera là une mince colonne d’air ascendante qui montera en s’élargissant jusqu’aux nues. Ce sera une trombe ou un tornado.
- Ici je m’interromps pour demander aux professeurs de physique de nos lycées ou de nos collèges quelle place ils donneraient à un élève qui, dans une composition de prix, leur exposerait une théorie pareille.
- Ce n’est pas tout. L’air, en montant par cette étroite ouverture, se dilatera, se refroidira, et sa vapeur d’eau, en se condensant, produira en haut une nébulosité qui rendra visible la partie supérieure de la trombe. Peu à peu, cette condensation progressera vers le sol et bientôt elle rendra visible le pied même de cette colonne, même dans la couche où l’air qui l’alimente n’a pas cessé d’être transparent. Enfin, l’air en montant se dilate et se refroidit sans doute, mais on assure que la chaleur produite par la condensation de sa vapeur d’eau le réchauffe sans cesse, et que cet air, maintenu à une température partout supérieure à celle du milieu ambiant, montera à des milliers de mètres !
- L’air de la couche inférieure qui est appelé vers le pied de la trombe par le tirage susdit, comme s’il s’agissait d’une cheminée, s’y précipite en rampant sur le sol avec une vitesse accélérée, avec une force capable de renverser une maison ou de briser un chêne qui lui ferait obstacle et, arrivé au pied de la trombe, il se redressera verticalement pour monter dans son tube !
- Cet air, qui afflue horizontalement de tous côtés vers le pied de la trombe ou du tornado, est animé de vitesses à très peu près égales dans toutes les directions. Ces vitesses étant sensiblement dirigées vers un même point ne sauraient donner lieu à des couples sensibles de gyration. La gyration dans les trombes et tornados sera donc nulle ou peu marquée ('), et, dans ce dernier cas, le sens de la faible gyration sera déterminé par les accidents du
- (•) De même on affirme que, dans les cyclones, la gyration ne dépasse guère un quadrant.
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- sol qui auront plus ou moins retardé ou dévié quelques-uns des afflux horizontaux.
- Enfin, ces vitesses convergentes ayant une résultante nulle et l’atmosphère étant parfaitement calme, la colonne d’air restera en place là où elle a commencé à se former, ou, si elle se déplace, ce sera avec lenteur, en vertu de l’excédent de vitesse de quelques-uns des affluents, moins gênés que les autres par les obstacles du sol.
- Comparez maintenant cette théorie avec les faits et prononcez.
- On me dira peut-être : Nous n’acceptons pas plus que vous cette théorie, mais nous n’en soutenons pas moins que les trombes et tornados sont ascendants. Soit, répondrai-je, mais affirmer que les trombes et tornados sont des gyrations ascendantes, c’est émettre un commencement de théorie, et il faut au moins que le début ne soit pas en opposition manifeste avec les lois de la mécanique et de la physique.
- i° Si les trombes ou tornados sont des colonnes d’air ascendantes, ils puisent en bas l’air qui les alimente. Par où passe donc cet air, lorsque le pied de la trombe ou du tornado touche le sol ou la surface de la mer?
- 20 Si l’air monte verticalement dans les trombes et tornados, comment se fait-il que le buisson écumeux qu’on voit soulevé tout autour du pied, retombe sur place dans la mer au lieu d’être entraîné dans le tube de la trombe ?
- 3° Si l’air est ascendant et puisé par conséquent dans la couche inférieure à l’état de calme parfait, en vertu de quelles forces mécaniques ou physiques cette colonne ascendante se met-elle en marche, dans un sens déterminé, avec la vitesse d’un train express?
- 40 II est certain, en effet, que les trombes et tornados marchent à grande vitesse. Si ce sont des colonnes d’air ascendantes, en vertu de quelles lois mécaniques ou physiques marchent-elles inclinées en avant et jamais en arrière, comme les colonnes d’air chaud qui sortent verticalement des cheminées de nos locomotives ou de nos bateaux à vapeur ?
- 5° Si les trombes ou tornados sont des colonnes d’air ascendantes alimentées par l’air immobile des couches inférieures, en vertu de quelles causes mécaniques ou physiques présentent-elles au pied, brusquement, sans transition, une gyration effroyable (*)?
- 6° Si les trombes ou tornados sont des colonnes d’air qui montent du sol vers les nues, et qui sont rendues visibles parle brouillard qui s’y développe grâce à un léger abaissement de la température, en
- (*) Sans aucune proporiion avec l’excessivement lente rotation de la terre, estimée autour de la verticale (moins d'un tour par vingt-quatre heures).
- vertu de quelles loisjnécaniques ou physiques leur action destructive cesse-t-elle dès que ce brouillard cesse de se propager jusqu’au sol, dès que la trombe a quitté la terre, pour recommencer un instant après, lorsque la trombe descend de nouveau?
- 70 Enfin, si les tornados ou les trombes sont des colonnes d’air ascendantes, puisant leur force et leur aliment au. ras du sol, en vertu de quelles causes mécaniques ou physiques les tornados des Etats-Unis (et de France) vont-ils de l’ouest à l’est, ou plutôt du sud-ouest au nord-est, et jamais dans le sens opposé? Pourquoi leur épouvantable gyration est-elle invariablement directe, et jamais rétrograde?
- Sur aucune de ces questions la théorie de mes contradicteurs n’est en état de faire espérer même un semblant de réponse. Ma théorie, au contraire, les résout toutes sans effort. De plus, ma théorie s’est montrée féconde, en donnant l’explication d’une foule de phénomènes, ceux des orages, de la grêle, du fœhn, du simoun ou du sirocco.
- Voici, à ce sujet, l’opinion d’un juge dont personne necontestera la haute compétence, M. Hirn(‘) :
- « Le progrès accompli par M. Faye dans la météorologie, et définitivement acquis à la science, a consisté à ramener à une même classe un grand nombre de phénomènes naturels, entre lesquels on n’avait aperçu aucun rapport, et de plus, à rapporter ces phénomènes à un même ordre de causes. Ce progrès est immense. »
- Je me permettrai de faire remarquer à l’Académie que ce débat, sur la question de savoir si les mouvements gyratoires de l’atmosphère sont ascendants ou descendants, n’est pas sans analogie avec ce qui s’est passé, en astronomie, pour le mouvement diurne. Attribuez-le à la terre, tout se comprend ; attribuez-le aux astres et vous tombez dans les impossibilités qui ont entravé la science pendant vingt siècles.
- Réponse à la communication de M. Faye; par M. Mascart.
- Je prie l’Académie de m’excuser si je reviens, à la suite de M. Faye, sur une question où il ne semble pas que nous soyons près d’avoir des opinions conciliables.
- J’ai été un peu surpris d’entendre notre confrère affirmer que l’étude des isobares est restée stérile, que les anticyclones et les cyclones sont des effets trop complexes et que la discussion des tornados est plus facile.
- Il m’avait semblé, au contraire, l’identité mécanique des phénomènes étant admise, que l’étude
- (>) Ilirn, Étude sur une classe particulière de tourbillons. Paris, Gauthier-Villars, 1878.
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- des cyclones en particulier présente plus de garanties que celle des tornados, puisque l’on peut connaître en chaque point la pression, la température de l’air, son état hygrométrique, la direction et la force du vent, c’est-à-dire toutes les conditions physiques, tandis qu’on n’a jamais évalué la pression sur le trajet d’un tornado, l’observation présentant beaucoup de difficultés et même de dangers.
- L’aire de pression maximum qui existe dans la région des Açores n’est pas un produit de l’imagination, mais le résultat de milliers d’observations faites par les navires qui traversent l’Atlantique.
- On ne connaît pas, dit M. Faye, la signification mécanique de ces isobares, de ces gradients, de ces déviations des flèches du vent.
- Est-il nécessaire de rappeler que les progrès de la météorologie dynamique dans ces dernières années tiennent en grande partie à la discussion des observations simultanées pour laquelle le tracé des isobares est aussi utile que les courbes de niveau en topographie? Pour apprécier le rôle du vent dans un cyclone, il ne faut pas comparer sa direction aux rayons tirés vers le centre présumé du cyclone, mais à la position véritable du centre, et je ne connais pas d’autre moyen de connaître cette position que par le point où l’ensemble des observations démontre l’existence d’une pression minimum. Dans ce cas, si l’on discute les résultats indiqués par des observateurs indépendants les uns des autres et qui ne sauraient être guidés par un parti pris, puisqu’ils ignorent l’usage qui sera fait de leurs observations, on trouve que le vent a toujours une composante dirigée vers le centre. Je ne voudrais pas multiplier les citations à ce sujet et je préfère les emprunter aux travaux étrangers. M. le Directeur de l’Observatoire météorologique de l’Athénée municipal de Manille, par exemple, après avoir étudié un cyclone qui a passé à Manille le 4 novembre 1882, en allant de l’est à l’ouest, conclut en ces termes :
- « Il serait vraiment étrange que sur les vingt-deux points dont nous avons des observations sûres, faites par des personnes intelligentes auxquelles il n’est pas facile de se tromper sur la direction du vent, il n’en est pas un où l'on eût observé un vent circulaire ou divergent. Non, -la théorie circulaire pourra enthousiasmer le mathématicien par sa beauté et sa simplicité dans son cabinet d’étude ; le météorologiste' ou le marin qui observe les faits dans le phénomène même et qui les trouve contraires à ce que dit cette théorie, laquelle peut, quand on s’y assujettit, conduire à des conséquences funestes, fera peu de cas de sa simplicité et de son élégance, et préférera toujours s’en tenir à ce que l’expérience enseigne. »
- M. Faye dit encore: « Les minima sonDils dus à une raréfaction de l’air? » J’avoue, que je suis
- confondu par cette question. S’il est permis de douter que le poids de la colonne d’air qui se trouve au-dessus du point où la pression barométrique est minimum soit lui-même un minimum, je ne vois plus qu’aucune discussion soit possible.
- M. Faye préfère limiter le débat à la discussion et à l’explication des tornados ; je suis donc obligé, à regret, de rester sur ce terrain, où les données exactes font singulièrement défaut.
- Si les tornados descendent des hautes régions de l’atmosphère et se propagent sans égard aux obstacles du sol, comment expliquer leur préférence si marquée pour les vastes plaines du Missouri et du Mississipi, ainsi que l’immunité de la région des Alleghanys?
- J’ai pris soin d’éviter toute considération théorique, uniquement pour rester dans l’examen des faits, mais je crois que les météorologistes, tout en reconnaissant dans l’exposé de M. Faye, l’indication des causes qui expliquent le mouvement ascendant de l’air dans les cyclones, n’accepteraient pas sans réserves tous les détails de son interprétation.
- Je m’associerais volontiers à notre confrère pour apprécier sévèrement la théorie d’après laquelle « là où l’air a commencé à s’élever, il faut que tout l’air de la couche surchauffée, s’étendant sur des centaines et des milliers de kilomètres carrés, passe par cette étroite issue ». Je me hâte d’ajouter qu’aucun météorologiste ne revendiquera une pareille conception.
- Je voudrais seulement répondre à l’objection que l’hypothèse d’une masse d’air ascendante serait impuissante à expliquer la rotation des cyclones et des tornados. Si le vent, dans l’hémisphère nord, converge vers un centre d’aspiration, il doit se dévier à droite, par suite de l’influence connue du mouvement de la terre, et l’ensemble de la masse d’air qui entre en jeu doit prendre une rotation gauche. Le sens du phénomène s’explique donc sans difficulté, et j’ajouterai que la rotation devrait être inverse pour une masse d’air descendante.
- Enfin, je terminerai par une citation de M. le lieutenant Finley, qui poursuit depuis plusieurs années l’étude des tornados et dont on ne saurait méconnaître la compétence.
- « Lorsqu'un tornado court à la surface du sol, l’air est aspiré (sucked) des deux côtés de sa route avec une grande force... Comme preuve de la force centripète, je mentionnerai le fait observé fréquemment par des personnes placées en dehors de la trajectoire : c’est que de petits objets, tels que des ustensiles de ménage, des seaux, des boîtes, même à la distance de 5oo à 800 pieds sont subitement entraînés vers le nuage comme par une force mystérieuse, etc. »
- Est-ce là une illusion ou le résultat d’une idée préconçue ?
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- Sur la conductibilité électrique des dissolutions salines aqueuses très étendues, par M. G. Vi-centini (>).
- Nous croyons qu’il n’est pas sans intérêt de résumer brièvement les résultats obtenus par AI. Kohlrausch dans ces derniers temps.
- Dans un travail dont j’ai pris connaissance lorsque mon étude expérimentale était déjà terminée, M. Kohlrausch donne les résultats de recherches destinées à résoudre complètement le problème en question. Il a étendu ses expéiiences à des solutions extrêmement diluées de manière à atteindre un degré de solution beaucoup plus fort que celui auquel j’étais arrivé. M. Kohlrausch a donc été obligé de tenir compte de la conductibilité moléculaire de l’eau, qu’il a dû ensuite retrancher de la
- conductibilité des solutions. Les conclusions générales auxquelles M. Kohlrausch a été conduit par les résultats de ses expériences, sont contraires à celles de M. Bouty. Elles concordent au contraire complètement avec celles que j’ai publiées l’année dernière et avec les résultats que je communique dans ce nouveau mémoire. Je crois très utile de rappeler ici le tableau que M. Kohlrausch donne, pour la conductibilité moléculaire des solutions de plusieurs sels, pour des concentrations variant entre m — 10 et m — 0,00001.
- Les conséquences que M. Kohlrausch tire de ces données numériques, sont les suivantes :
- « La conductibilité moléculaire de ces sels est toujours du même ordre de grandeur, mais variable selon les ions de l’électrolyte qui, suivant leur
- TABLEAU IV
- Conductibilité moléculaire spécifique de solutions aqueuses de sels neutres pour la température de 180,
- d’après M. Kohlrausch.
- lit = 0,00001 0,0001 0,001 0,0 I 0,1 I 5 10
- K Cl A — 7.1,6 k. 101 = 122 121 119 115 105 92 .
- NH.f Cl — 53,5 » 121 121 119 _ - 114 IÛ4 9i 75
- Na Cl — 58.5 .. io3 io3 101 96 87 69 40 »
- Li Cl — 42,5 » 96 94 92 Ü7 78 5g 3o I I
- 4BaCla — 104,0 114 u3 109 101 86 66 » »
- à Zn Cl., — 68,0 103 io3 99 91 77 5i ». 0
- Ki = 165,9 122 121 120 116 107 97 38 «
- KNOj —: 101,2 121 I 21 ns 112 98 75 » »
- NaNOa — 85,1 97 97 95 91 82 62 32 »
- tBa(NOa), — i3o,6 112 110 106 95 76 »> » »
- XgNO;j — 170,0 » 108 108 107 102 8 9 64 35 M
- K Cl O-, — 122,6 114 112 110 io5 93 « » >,
- KCjHjOj = 98.1 94 93 92 88 78 59 24 4
- K2SOv — 87,2 » 127 125 121 1 10 9~> 6- » »
- INa, SO-, = 71,1 » io5 io3 100 9! 73 47 » **
- J-LiaSOj — 55,o 95 94 91 82 64 39 »
- iMgSO., = 60,0 106 io3 94 *"1 47 27 îi »»
- 5 Zn SO., = 80,6 io5 102 91 68 43 25 !_î »»
- à Cu SO-, = 79,8 " 108 io5 94 6? 42 24 *
- conductibilité, peuvent se classer pour les cathions comme il suit : potassium, ammonium, barium, argent, cuivre, magnésium, zinc et lithium, pour les anions : acide sulfurique, chlore, iode, acide nitrique, acide chlorhydrique, acide acétique. Le potassiumetl’ammonium et ensuite le magnésium, le zinc et le cuivre forment des groupes distincts. De même pour de fortes dilutions, les différences entre SO.t, Cl, I, NCL sont très peu accentuées, ainsi que M. Leroy l’a déjà fait remarquer. »
- Le degré de dilution des solutions que j’ai étudiées est de beaucoup inférieur à celui atteint par M. Kohlrausch. Dans la note que j’ai publiée l’année dernière, j’ai cependant fait observer que les résul-
- tats obtenus avec le degré de dilution employé pour les solutions des sels d’ammonium, de potassium, d’argent et de plomb (degré supérieur à celui qui correspond à la concentration m = 0,001), étaient de nature à m’autoriser à admettre que les conséquences déduites pouvaient s’appliquer pour un degré de dilution plus fort. M. Kohlrausch a, dans ses dernières expériences atteint la limite extrême de dilution au-dessous de laquelle on se demande s’il est possible d’étudier les différents sels. Ses conclusions concordent parfaitement avec les miennes. En examinant le tableau deM. KohL-rausch que nous avons donné il est facile de voir que, pour les sels de K, NH, et Ag, la conductibilité moléculaire varie très peu lorsque la concentration passe de m~ 0,001 à m — 0,00001. On
- (') Voir La Lumière électrique du 1™ août 1885, p. 221.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- trouve, au contraire, qu’elle varie encore sensiblement pour les autres sels. C’est ce qui fait que dans le tableau III, relatif à mes expériences, l’ordre suivi dans la série des cathions n’est pas le même que celui donné par M. Kohlrausch. Lui-même fait observer que pour les sulfates de Mg, Zn, et Cu spécialement, de même que pour d’autres sels de métaux bivalents, la conductibilité moléculaire croît rapidement au fur et à mesure qu’augmente la dilution des solutions, même en partant de degrés plus forts de dilution. Il pense que cette coïncidence de l’augmeutation rapide de conductibilité avec la polivalence des éléments n’est pas accidentelle. Mes expériences, étendues à un plus grand nombre de sels ayant un radical électropositif polivalent (Ca, Cd, Al,Ni,Fe, Co) seraient de nature à corroborer cette supposition de Kohl-rausch. En effet ces sels, pour la concentration m — 0,001, ont une conductibilité moléculaire du même ordre de grandeur que celle trouvée par M. Kohlrausch pour les sels de Ba, Mg, Zn, et Cu. Elle serait, au contraire de beaucoup inférieure à celle correspondant aux sels de métaux monovalents pour un même degré de dilution. On peut aussi remarquer que pour une concentration m — 0,001 les sels de Al, Ni, Fe et CO montrent une conductibilité moléculaire minima, comme s’ils formaient un groupe à part.
- J’établis ci-après dans le tableau V, une comparaison entre les conductibilités moléculaires que j’ai trouvées pour une concentratidtH?? = 0,001 des solutions de quelques sels, avec les valeurs correspondantes déterminées par M. Kohlrausch. On verra que l’accord est suffisant, si l’on veut tenir compte des différentes causes qui peuvent avoir plus ou moins influencé les résultats d’expériences de ce genre, entre’autres, de la différente provenance des sels. Les valeurs de M. Kohlrausch sont marquées de la lettre (K).
- M. Kohlrausch a également étudié les solutions de quelques acides et de quelques hydrates alcalins. M. Bouty, M. Ostwald (') et M. Arrhenius (2) se sont aussi occupés, l’année dernière, de ces corps, quoique en solutions moins étendues. M. Ostwald se propose dans ses expériences de démontrer qu’il y a proportionnalité entre la conductibilité électrique et la vitesse de réaction chimique, pour un très grand nombre d’acides tant inorganiques qu’organiques. Je n’ai pu jusqu’à présent m’occuper des travaux de M. Arrhenius. M. Kohlrausch a trouvé que les acides de même que les hydrates soumis par lui à l’expérience (HCl, HNOa, H2S04, OH, NaOH) présentent l’anomalie suivante : à par-
- (*) W. Ostwald, Journ. für prakt. Chem., N. F. Bd. XXX, s. g3 und 225, 1884.
- .(*) Sv. Arrhenius, Bihang till. K. Svenska Vet. Akad., Handl. 8, n° 13, 1884.
- TABLEAU V
- Valeurs de k. io7 pour ni = 0,001
- k. io7 (K) k. 107 (V) DIFFÉRENCES sur 100
- N H, Cl 119 124 -j~ 4 2
- K Cl 119 118 — 0 9
- K2SOv 121 119 — 1,6
- AgNO, 107 IOI — 5,6
- Na Cl io3 IOI — ',9
- Na2SOv 100 IOO 0.0
- Ba"(N03)2 106 100 - 5,7
- Zn Ola* 99 97 — 2,0
- Zn SOv 91 92 + 1.1
- CuSOv 91 93 — 1,1
- Mg SO j 1 ') 94 » „
- MgCI, 94 »
- LiCI 92 » »
- Li2 COy 0 90 *
- (M Faute de données, je place en face des valeurs trouvées par M. Kohlrausch pour le sulfate de magnésium et le chlorure de lithium, celles que j*aî trouvées pour le chlorure de magnésium et le carbonate de lithium. Comme, d’après les observations précédentes, les conductibilités moléculaires des sels d‘un même élément électro-positif diffèrent entre elles très peu, les nombres qui se trouvent ainsi rapprochés les uns des autres pour pouvoir établir une comparaison, suffisent à donner une idée de la concordance qui existe entre les valeurs de M. Kohlrausch et les miennes, meme pour ce qui concerne les sels de lithium et de magnésium.
- tir de la concentration minima (111 = 0,00001), jusqu’à une concentration un peu plus forte, comprise entre m = 0,001 et m = 0,01, leur conductibilité moléculaire va en augmentant pour décroître ensuite, comme cela a lieu pour les sels neutres.
- D’après M. Kohlrausch, tous les sels qui présentent une réaction acide ou alcaline, en solution très étendue devraient se comporter d’une manière analogue à celle des acides et des hydrates alcalins. Il donne les résultats de ses expériences pour les carbonates de potassium et de sodium ; pour ces deux sels, la conductibilité va réellement en augmentant lorsqu’on passe des solutions concentrées à celles diluées ; elle croît jnsqu’à la concentration m =0,001 pour diminuer ensuite.
- Jet remarque ici que le chlorure de fer d’après mes expériences, montre une conductibilité très grande. J’ai préparé diverses solutions avec du FeClr> anhydre et j’ai obtenu les résultats suivants:
- ^ Fe Clc A = 54 ;
- m — 0,0060 o,oo53 0,0034 0,0024 0,0020 0,0010
- k. 107 = i3o 129 146 i5i 166 236
- J’ai remarqué cependant que la conductibilité des diverses solutions de ce sel allait en augmentant avec le temps. Même en faisant des déterminations de résistance, pour une certaine solution, à des intervalles de temps très courts, je trouvais à chaque fois une diminution dans cette résistance. Ceci semble démontrer que le sel se décomposait au fur et à mesure. J’ai dû par conséquent, prendre
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 273
- soin d’étudier ces solutions dès qu’elles étaient préparées, et en opérant le plus vite possible. Cette conductibilité si grande du chlorure de fer pourrait facilement s’expliquer, en admettant qu’il se décompose en dégageant de l’acide chlorhydrique. Voici la comparaison qu’on peut établir entre les conductibilités moléculaires del’H Cl et du Fe2 Cl0, pour m = 0,001.
- Cl H A = 36,46 k. io7 = 345 (K)
- Fe2C/6 =54,0 =236 (V)
- Lorsque je parlerai de l’influence de la température, je ferai mention de quelques autres anamolies que j’ai observées pour d’autres composés.
- J’ajoute pour terminer qu’une partie importante du mémoire de M. Kohlrausch a été par lui destinée à l’étude de la loi qu’il a établie sur le mouvement indépendant des ions (unabhængige Wanderung der Ionen), loi qui avait été mise en doute par M. Bouty. M. Kohlrausch démontre que même pour une dilution supérieure â celle qu’il a étudiée dans ses premières déterminations, et pour laquelle on a encore des données expérimentales sur le nombre de transports des ions, la loi se trouve vérifiée.
- Dans ma première étude sur la conductibilité des solutions salines aqueuses très étendues, j’ai démontré que la conductibilité d’une solution très étendue à la température t peut s’exprimer par une équation du second degré :
- Ct — C0 f1 + V-t + P^2)-
- et que dans aucun cas elle ne peut être exprimée par la formule linéaire ct — c0 ( 1 -|- ht) comme M. Bouty a cru pouvoir le prouver. Cependant lui-même dans son dernier mémoire publié dans les Annales de physique et de chimie, a reconnu qu’avec une équation si simple on ne pouvait pas représenter la conductibilité à une température élevée, tout en admettant qu’entre o° et 20° la variation qui a lieu dans la conductibilité est telle qu’on peut la considérer comme proportionnelle à la variation de la température.
- Comme j’ai étudié plusieurs sels à trois températures différentes en me servant des expériences nouvelles et anciennes, je donne pour ceux-ci, dans le tableau qui va suivre (VI), les valeurs trouvées pour les coefficients a et p de la formule précédente. Ainsi que précédemment, m représente
- la concentration des solutions. La colonne
- W8
- contient les valeurs, exprimées par le nombre de molécules, du rapport entre l’augmentation moyenne de la conductibilité, pour un degré, entre 180 et 26°, et la conductibilité à 180. C’est cette valeur que M. Kohlrausch appelle le coefficient de température, je place à côté des miennes les
- valeurs (K)) que M. Kohlrausch a trouvées comme coefficient de température pour des solu-
- TABLEAU VI
- m a P A c C'18 A c c~ (K) c18
- Chiot <-ure d'ammon
- 0,0.342 0,0292 0,000122 0,0221 »
- 0,0176 0,0302 0,000110 0,0221 »
- 0,0100 o,o3o2 0,000109 0,0224 0,0226
- o,oo58 o,o3oo 0,000121 0,0224 •
- 0,0028 0,0302 0,000124 0,0226 N
- o,ooi5 o,o3oo 0,000106 0,0233 "
- Sulfate de potassium.
- 0,0100 0,0304 0,000134 0,0223 0,0223
- o,oo33 0,0312 0 000134 O,023i 1»
- o,ooi5 0,0320 0,oooi56 0,0239 »
- 0,0008 0,0270 0,000227 0,0237 »
- 0,0006 0,0291 0,000200 0,0208
- Chlorure de potassium.
- 0,0184 0,0296 0,00010.3 0,0218 »
- 0,0100 0,0296 0,0001i3 0,0220 0/>22I
- o,oo38 0,0295 0,000121 0,0222 »
- 0,0019 0,0295 0,000181 0,023l
- 0,0010 0,0293 0,0 0163 0,0236 »
- Chlorure de lithium.
- 0,0100 » » „ 0,0223
- o,oo55 o,o3o3 0,000174 0,0237 .»
- 0,0025 0,0302 0,000177 0,0238 »
- 0,0016 o,o323 0,000140 0,0235 *
- Chlorure de strontium.
- 0,0029 o,o3o5 0,000168 0,0237 »
- 0,0014 o,o3og 0,000164 0,0240 »
- 0,0004 o,o3o8 0,000191 0,0244 *
- Nitrate d'argent.
- 0,0100 . » » 0,0221
- 0,0010 o,o3i5 0,000112 0,0227 »
- o,ooo5 0,0317 0,000111 0,0229 •
- O.OOOt o,o328 0,000095 0,0228 »
- Nitrate de plomb.
- o,ooo5 1 o,o3o2 1 0,000147 1 0,0231 1
- Chlorure de cadmium.
- o,oo5i 0,0314 0,000160 0,0237
- 0,0021 0,0319 0,000145 0,0236 »
- 0,0012 o,o3i8 0,000168 0,0244 »
- 0,0007 o,o3i5 0,000170 0,0241 1
- A c
- A c
- (K)
- Chlorure de line.
- 0,0100
- 0,0034
- 0.0017
- 0,0012
- Chlorure de calcium.
- 0,0016
- 0,0010
- 0,0237
- 0,0246
- A c
- rJK>
- C|8
- » 0,0239
- 0,0245 »* 0,0100 .
- 0,0246 » 0,0016 0,0232
- 0,0243 o,oon 0,0236
- Chlorure de sodium.
- 0,0238
- Carbonate de lithium. 0,0017 1 0,0237 I
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- TABLEAU VI (Suite).
- m A c ci% A c — (K) Cl9 ni A c cis A c — (IC) G 8 '
- Chiot 1 tire de nickel.
- Hydrate de potasse.
- 0,0029 0,0245 "
- o,ooi5 0,0240 »
- 0,0012 0,0245 0.0100 *
- o,oo55 0,0188 »
- Chlorure de fer. o,oo53 0,0188
- 0.0016 0,0280 » 0,0020 0,0210 »
- Sulfate de fer.
- Hydrate de soude.
- 0,0016 0,0270 »
- o,ooi3 0,0230 »
- 0,0012 0,0296 » 0.02 o5 0,0200 "
- 0 0009 0,0296 ‘ 0,0046 0.0208
- tions très étendues. Pour des sels qui ont été étudiés seulement à deux températures, je donne uniquement la valeur de
- En examinant le tableau VI, on voit que le coefficient de température est une quantité qui varie très peu pour les différents sels. Pour les solutions que j’ai étudiées à plus de deux températures, il est clair que le coefficient (3 du terme en t2, de la formule qui donne la conductibilité à t°, est loin
- d’être négligeable. La valeur__de — montre qu’une
- faible augmentation se produit lorsque la dilution des solutions augmente.- Il est à noter cependant que, tandis que sur les différents sels étudiés le
- coefficient de température se maintient à peu près le même, pour les deux sels de fer (Fe Cl2, Fe SOt) il est beaucoup plus fort, et pour les hydrates alcalins (KO K, Na OH) beaucoup plus petit que la valeur moyenne. Je remarque cependant que pour les solutions des deux sels de fer, j’ai trouvé à la température ordinaire une augmentation dans la conductibilité, après les avoir chauffés. Les solutions des deux hydrates alcalins présentaient, au contraire, une augmentation de résistance, lorsqu’on les étudiait dans les mêmes conditions. Il est donc probable que ces solutions changeaient sous l’influence de la chaleur et par suite du contact avec l’air atmosphérique, comme cela est d’ailleurs prouvé par la chimie.
- Le tableau VI montre également la parfaite concordance qu’il existe entre les valeurs de — déter-minces par M. Kohlrausch et celles que j’ai trouvées, lorsqu’on tient compte du degré de dilution des solutions pour lequel elles ont été calculées et du faible accroissement que ces valeurs reçoivent lorsqu’on augmente la dilution.
- En se basant sur les résultats de ces expériences
- et de celles dont j’ai déjà fait mention sur la conductibilité électrique des solutions salines aqueuses très étendues, on peut établir les conclusions générales suivantes, qui se trouvent être en parfait accord avec celles auxquelles est arrivé M. Kohlrausch à la suite de ses dernières recherches.
- A chaque sel, même en solution très étendue, correspond une conductibilité moléculaire propre (spécifique). La conductibilité moléculaire des électrolytes est donc liée à la nature des deux ions.
- La conductibilité moléculaire des sels dissous dans l’eau est une quantité variable ; en général elle augmente au fur et à mesure que croît la dilution des solutions.
- L’influence de la température sur la conductibilité électrique des solutions salines aqueuses très étendues est, pour les différents sels, à peu près de la même grandeur et tend sensiblement à croître lorsque la dilution des solutions augmente.
- Pour exprimer la conductibilité électrique d’une solution saline aqueuse, même très étendue, on ne peut recourir à une simple équation linéaire; il faut au moins employer une expression de la forme ct = c0( i -)- a/ -f- pP). Pour les sels que j’ai étudiés, je trouve que le coefficient a est un nombre qui varie peu, de o,o3oo; et p est, par rapport à a plus grand que ce qui a lieu dans beaucoup d’autres lois physiques exprimées par la même formule.
- Ces expériences ont été faites dans le laboratoire de physique de la- R. Université de Turin, dirigé par le professeur Naccari, auquelje témoigne les plus vifs remercîments pour les moyens qu’il a bien voulu mettre à ma disposition.
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER Angleterre.
- Une nouvelle pile étalon. — Le docteur A. Fleming a imaginé une pile étalon Daniell, constituée par un tube en forme d’U, renfermant dans, ses branches une solution de sulfate de cuirre et une solution de sulfate de zinc ; ces deux solutions ont la même densité. Une électrode formée par du cuivre fraîchement déposé par l’électrolyse plonge dans la solution de sulfate de cuivre; l’autre électrode est constituée par un bâton de zinc chimiquement pur plongeant dans la solution de sulfate de zinc. La force électromotrice de l’élément est de 1,02 volt et ne change pas quand la température varie.
- Nous pouvons encore mentionner une pile étalon imaginée par M. C. Van Dyck, de Rutgers College, New Brunswick N. J.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 275
- L'élément est formé par du zinc amalgamé, de l’hydrate de potasse et du cuivre métallique; son action est basée sur ce fait que le cuivre et le fer se dissolvent dans l’hydrate de potasse ou l’hydrate de soude lorsqu’on les emploie comme cathodes. Il se forme une combinaison de l’alcali avec le cuivre lorsque le courant passe. M. Van Dyck charge son élémentavec une pile Daniëll, jusqu’à l’apparitionde la couleur bleue. En chargeant l’élément, on met dans le circuit une résistance et un galvanomètre shunté, pour indiquer le courant.
- Quand l’élément est chargé, le liquide devient bleü et la déviation est constante selonM.Van Dyck. L’électrode en cuivre a la forme d’un ruban roulé en spirale, le zinc est suspendu à deux centimètres environ au-dessus du cuivre.
- L’extraction de l’or des minerais par l’élec-trolyse. — La présence de l’antimoine, de l’arsenic, des pyrites et d’autres substances étrangères, dans les minerais d’or, rend l’extraction de l’or difficile au point de vue économique. Il arrive que l’amalgamation de l’or n’a pas lieu à cause du soufre ou de l’oxyde de fer qui recouvre l’or et qui le protège contre l’action dissolvante du mercure. Suivant le procédé de Plattner, les minerais impurs sont rôtis pour chasser le soufre; ils sont ensuite mis en contact avec du chlorure qui attaque l’or et le convertit en un chlorure soluble. Les minerais sont ensuite lavés avec de l’eau chaude pour enlever le chlorure soluble qui se dépose après sous forme de vase noire et qu’il faut fondre dans un creuset pour en séparer l’or. Le procédé de Plattner n’est économique que lorsqu’on a à sa disposition des minerais riches ou quand on n’est pas obligé de les transporter à de grandes distances.
- Un procédé nouveau breveté par M. Henry R. Cassel, a été appliqué par la « Cassel Gold Extracting Company à Verulam Street * Gray’s Inn road, Londres. Il consiste à employer concurremment l’électricité et les réactions chimiques.
- Comme dans le procédé Plattner on chlorure l’or par la chlorine avec cette différence que celle-ci se forme en partie au pôle positif d’un bain électrolytique. De cette manière l’or est attaqué par la chlorine à l'état naissant et la combinaison est le plus énergique possible. Pour cela une solution de sel de cuisine est employée dans le bain dont les électrodes sont en charbon; mais on peut naturellement se servir aussi d’autres sels capables de donner de la chlorine sous l'action du courant.
- Lorsque le minerai contient des pyrites de fer, un courant secondaire prend naissance et empêche l’extraction de l’or: Ce courant est dû à la chlorine et à l'hydrogène libre dans le bain qui se combinent pour former de l’acide chlorhydrique et qui transforment la pyrite en un protosel, précipitant l’or aussi vite qu’il est dissous par la chlorine. La présence de l’acide chlorhydrique est
- aussi un obstacle, car il attaque l’antimoine et l’arsenic qui peuvent exister dans le minerai. M. Cassel détruit ces actions nuisibles par l’addition de chaux caustique au mélange des minerais cassés et d’eau salée. La chaux caustique se combine avec l’acide chlorhydrique à mesure qu’il se forme et ainsi neutralisé il ne peut attaquer les combinaisons de fer et former un protosel qui précipiterait l’or.
- Il ne peut non plus attaquer les combinaisons d’arsenic ou d’antimoine qui s’y trouvent, et il devient alors inutile de rôtir les minerais pour chasser ces derniers. En même temps, il se forme de la chaux hydrochlorique qui est décomposée par l’action de l’eau présente, et qui donne de la chlorine à l’état naissant.
- Les produits de la réaction sont du chlorure de sodium en excès, du chlorure de calcium, du tri-chlorure d’or et une masse non décomposée à l'anode; tandis qu’on trouve du chlorure de sodium et de l'hydrate de sodium à la cathode.
- L’appareü employé consiste en un grand tambour rotatif qui contient 2 tonnes et demie de minerai cassé, auquel on ajoute une certaine quantité d’eau salée.
- Les anodes de charbon à l’intérieur du tambour sont placées de telle manière que le minerai les touche, et qu’il puisse être ainsi exposé à la chlorine naissante que le courant met en liberté. Aussitôt que le tambour est mis en mouvement, on ajoute la chaux caustique au minerai déjà mélangé au sel. La cathode est également en charbon et peut être placée dans une cuve à l’extérieur du tambour ou dans l'intérieur d’un tube qui peut en même temps former l’arbre du tambour. Dans tous les cas, on dispose un morceau de toile d’amiante entre les deux électrodes. Le minerai reste alors toujours dans le voisinage de l’anode tandis que le chlorure d’or passe à travers la toile pour se déposer à la cathode sous la forme d’une boue noire, qu’on enlève de temps en temps pour recueillit l’or en le fondant à la manière ordinaire.
- M. Cassel a l’intention d’appliquer cette mé 'thode de production de la chlorine au blanchiment des étoffes. Les linges à blanchir sont placés dans le compartiment de l’anode du bain, pour qu’ils rie soient pas mis en contact direct avec l’anode dont un écran les sépare. Une cloison poreuse d’amiante est employée aussi pour séparer l’anode du calhode.
- UN INDICATEUR DES STATIONS DE CHEMIN DE FE1\.—
- M. F. M. Rogers a imaginé un appareil électrique destiné à indiquer le nom de la station de chemin de fer où vient de passer un train ou à laquelle un train est arrêté. Un cadran est placé dans chacun des compartiments de toutes les voitures qui composent un train. Sur ce cadran sont gravés les noms des stations par lesquelles le train doit passer; une
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- aiguille indique la station ou le train s’arrête ou bien celle où il passe à un moment donné. Ce système est très utile, dans le cas d’un chemin de fer métropolitain, et plus spécialement pour le chemin de fer souterrain de Londres.
- Je m^ propose de vous envoyer dans ma prochaine leKre le détail de l’appareil en question.
- J. Munro.
- CHRONIQUE
- Du développement de la télégraphie en Allemagne par l’usage du téléphone depuis l’année 1881 (4).
- Si, depuis qu’elle a commencé à être employée pratiquement, la télégraphie a obtenu des succès surprenants dans la transmission des nouvelles à grande distance, elle n’était pas, jusqu’à ces dernières années, en mesure d’opérer une évolution correspondante dans le domaine de l’échange de communications à petite distance. Une ramification plus subtile du réseau télégraphique ne pouvait s’effectuer, tant que le service des appareils connus jusqu’alors exigeait des connaissances préalables spéciales. Dans les campagnes ainsi que dans les grandes villes, on se trou-vait souvent astreint à de longues courses pour le dépôt et pour la remise des télégrammes, et le temps ainsi dépensé était hors de proportion avec la courte durée de la transmission des nouvelles. Mais c’est pour les services privés que la difficulté de la manipulation des appareils mettait encore plus d’entraves à l’établissement de communications télégraphiques, en sorte que le nombre des lignes d’intérêt particulier restait, pour ainsi dire, insignifiant et qu’elles n’étaient, dans le plus grand nombre des cas, utilisées que pour la transmission de signaux au moyen d’avertisseurs électriques.
- C’est seulement depuis l’apparition du téléphone qn’il a été possible de combler cette lacune.
- L’administration des Postes et des Télégraphes de l’empire allemand a été la première à affecter cet appareil au service pratique de la télégraphie. Le prompt essor qu’ont pris les communications télégraphiques desservies par des téléphones, a montré combien l’introduction de cet appareil satisfaisait à un besoin déjà ancien.
- Dans le domaine de la télégraphie de l’Empire, l'emploi du téléphone pour les communications télégraphiques a revêtu principalement les trois formes suivantes : (*)
- (*) Journal télégraphique de Berne, IXe vol., 17e année, a5 février i885.
- i° Communications télégraphiques du service général ;
- 20 Installations téléphoniques urbaines;
- 3° Installations télégraphiques privées pour relier les comptoirs et les habitations particulières entre eux ou avec un bureau télégraphique de l’État.
- L’administration impériale a maintenu constamment le principe que les entreprises ayant pour objet l’exploitation, au moyen du téléphone, de communications télégraphiques, dans un but de trafic, tombent dans le droit régalien qu’en matière de télégraphie, la Constitution a réservé à l’Empire, et, par conséquent, que les particuliers ne peuvent établir et exploiter de pareilles installations télégraphiques, sans une autorisation du gouvernement impérial.
- Que la substitution du téléphone à l’appareil Morse ou Hughes n’enlève pas aux installations le caractère de « télégraphes » dans le sens de la législation impériale, c’est là un fait qui a été reconnu aussi par un arrêt du tribunal de l’Empire, en date du 20 septembre 1881. Quant aux conditions sous lesquelles l’établissement des lignes télégraphiques peut être concédé à des tiers, sans distinction des appareils qui viendraient a être employés, elles ont été fixées de la manière suivante par une ordonnance du chancelier de l’Empire :
- Il ne pourra être interdit aux particuliers d’installer des télégraphes à l’intérieur de leurs propres immeubles, établissements et propriétés, sous réserves que ces installations restent exclusivement dans les limites des terrains appartenant à leur propriétaire et n’empiètent ni sur la propriété d’autrui, ni sur des voies publiques, rues, etc... Par contre, ne peuvent être établies sans l’autorisation spéciale du gouvernement impérial, les communications télégraphiques :
- i° Entre propriétés appartenant à un seul et même propriétaire, mais séparées les unes des autres par les propriétés d’autres personnes ou par des voies publiques ;
- 20 Entre des maisons, établissements, propriétés, etc... n’appartenant pas à un seul et même propriétaire. Il est admis une dérogation à cette disposition en faveur des autorités locales qui ont généralement la faculté d’établir, sans être soumises à aucun contrôle, des lignes télégraphiques pour des usages spéciaux, ne rentrant pas dans le ressort de l’administration des télégraphes de l’empire sous réserve que ces lignes ne soient pas employées à des communications publiques.
- Après la constitution à l’étranger et principalement en Amérique, de nombreuses Sociétés par actions pour l’exploitation du téléphone avec les systèmes les plus divers, il ne tarda pas, en Allemagne, à s’organiser dans le même but, des entreprises privées qui sollicitèrent l’autorisation de
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- l’Empire pour l’établissement d’installations télégraphiques desservies par des téléphones. Le gouvernement impérial refusa cette autorisation pour ne pas laisser passer entre les'mains des particuliers une partie des droits qui lui étaient réservés; mais il résulta de ce refus la nécessité pour lui de donner satisfaction aux besoins publics en établissant lui-même des installations téléphoniques.
- Installations téléphoniques pour le service général. — La lacune que nous avons mentionnée plus haut s’étant principalement fait ressentir dans les campagnes, l’administration des télégraphes se préoccupa avant tout d’y remédier en recourant à l’emploi du téléphone. A cet effet, elle a accru d’abord, dans une mesure considérable, le nombre des bureaux postaux pourvus du service télégraphique. Tandis qu’à la fin de 1880, il y avait 1.126 bureaux téléphoniques ouverts au service, ce nombre, à la fin de i883, s’était élevé au chiffre de 1.800.
- Pour fournir aux habitants des localités dont le trafic relativement faible ne justifiait pas la nécessité d’y installer des bureaux de poste, la possibilité de pouvoir envoyer des télégrammes à la station télégraphique la plus rapprochée, notamment dans les cas de maladies subites, d’accidents, d’incendies , d’insolations ou autres circonstances analogues, l’administration a fait procéder à l’installation de bureaux télégraphiques auxiliaires desservis par des appareils téléphoniques. Vis-à-vis du public, ces bureaux ne sont pas considérés comme des bureaux télégraphiques indépendants, mais comme de simples succursales du bureau télégraphique dans le rayon duquel ils sont établis, ayant d’ailleurs, une compétence illimitée pour accepter des télégrammes et pour en effectuer la remise dans l’étendue de la circonscription qui leur est assignée. Les agents de ces bureaux auxiliaires ne sont pas, il est vrai, astreints à observer un horaire de service déterminé, mais l’installation d’un avertisseur les met à même de recevoir à toute heure, sur la demande du bureau dont ils relèvent, les communications qui leur sont destinées.
- La création de ces bureaux auxiliaires a été considérée par la population des campagnes comme une amélioration sensible des moyens de communication mis à sa disposition. Les i3o bureaux auxiliaires que l’on avait ouverts en i883, d’abord à titre d’essai, ayant également satisfait aux exigences du service, l’administration a décidé de les maintenir et de donner un plus grand développement à ce système. Aussi, en 1884, à côté de 5ig nouvelles installations téléphoniques établies dans les bureaux de poste, il a été créé 227 stations télégraphiques auxiliaires.
- Installations téléphoniques urbaines. — Les installations téléphoniques urbaines ont pour but
- de fournir aux abonnés, au moyen d’une communication télégraphique établie entre leur domicile et un bureau télégraphique de l’Empire, la possibilité de se mettre directement en rapport avec d’autres abonnés; les abonnés peuvent, en outre, faire parvenir au bureau télégraphique des communications destinées à être transmises par un autre moyen (télégraphe, poste, etc.,), soit dans la même localité, soit à une autre localité; enfin, ils peuvent recevoir par cette voie les télégrammes arrivant pour eux à un bureau télégraphique.
- La première démarche pour provoquer la création d’installations téléphoniques urbaines en Allemagne, a été la publication que l’administration impériale des postes et des télégraphes a fait paraître, le 14 juin 1880, pour la ville de Berlin. Cette publication avait pour objet de s’assurer si le besoin se faisait sentir à Berlin de relier les habitations, les bureaux, les fabriques des personnes qui désireraient utiliser le téléphone comme mode de communication, et de fournir à tout participant la faculté de se mettre, à toute heure, en relation avec chacun des autres participants, au moyen du téléphone.
- Voici les conditions qui furent généralement fixées pour la participation à ces nouvelles installations.
- Pour le service téléphonique à Berlin et dans les environs, l’administration des postes de l’Empire se charge d’établir et d’entretenir des lignes télégraphiques et aussi de fournir les appareils nécessaires. Ces lignes et appareils seront mis à la disposition des autorités et des particuliers contre le payement d’une redevance annuelle.
- La redevance annuelle, pour avoir la jouissance d’une ligne téléphonique d’une longueur maxima de 2 kilomètres, y compris les appareils, ainsi que pour desservir les appareils du bureau télégraphique qui doit établir, suivant les besoins, la communication télégraphique entre les participants, est fixée à 200 marks (25o francs).
- Pour les lignes d’une plus grande longueur, le prix est augmenté de 5o marks (62 fr. 5o) par chaque kilométré ou fraction de kilomètre additionnel.
- Si un propriétaire désire faire relier par une ligne commune au bureau téléphonique central, des locaux différents situés dans le rayon urbain, la redevance sera augmentée de 100 marks (125 francs) par année pour chacune de ces installations.
- A ces taxes viennent s’ajouter encore les frais éventuels des indemnités que l’administration aurait à payer, dans certains cas, pour pouvoir utiliser les immeubles des particuliers à la fixation des points de support de la ligne.
- Pour la réception et la remise d’une communication qu’un abonné enverrait par le téléphone au bureau intermédiaire, il sera perçu une taxe fixe
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- de 10 pfennigs (o fr. 125) et une taxe par mot de x pfennig (o fr. 0125) si le destinataire demeure dans le rayon de la remise du bureau télégraphique. Si le destinatairë ne demeure pas dans le district du bureau télégraphique auquel l’abonné est relié, ou si la communication a une destination extérieure, il sera perçu, en outre, les taxes réglementaires pour la retransmission par la poste tubulaire ou par le télégraphe. Les taxes pour la réception et pour la retransmission des communications devront être payées à la fin de chaque mois. Dans ce cas, on appliquera les dispositions générales en vigueur pour le payement différé des taxes télégraphiques.
- Les redevances annuelles doivent être payées d’avance. En cas de retard ou s’il a été constaté qu’un particulier a fait un emploi abusif de son abonnement, l’administration a le droit de supprimer immédiatement la communication télégraphique entre l’abonné en faute et le bureau, et les sommes déjà payées pour la redevance ne sont pas remboursées. Quand il se produit une interruption dans une communication télégraphique d’un abonné, ce dernier n’a droit au remboursement de la somme correspondante à la durée de l’interruption que si cette interruption s’est maintenue d’une manière continue pendant quatre semaines au moins, à partir du jour de sa notification.
- Les obligations prises de part et d’autre font l’objet d’un contrat de deux ans, au moins, pour les courtes distances et de quatre ans pour les lignes d’un plus long parcours, avec cette stipulation que le contrat sera prolongé tacitement d’une année et, ensuite, d’année en année, si aucune des parties ne l’a dénoncé trois mois avant son expira tion ; les frais de timbre du contrat sont à la charge de l’abonné.
- A la suite des expériences faites depuis cette époque, ces conditions ont été modifiées en ce 1 qui concerne les quelques points ci-après.
- i° En raison des exigences du service, il a été décidé' qu’il ne pourrait être intercalé, dans une ligne téléphonique qu’un poste intermédiaire.
- 20 II a été accordé aux abonnés qui en auraient fait la demande, la faculté de recevoir par téléphone ; les télégrammes arrivant pour eux au bureau télégraphique.
- Cette faculté présente surtout des avantages pour les abonnés dont le domicile est assez éloigne du bureau télégraphique. La taxe afférente à cette transmission est fixée â 10 pfennigs par télégramme et à 1 pfennig par mot. Après la transmission téléphonique du télégramme, le bureau en envoie gratuitement par la poste une copie au destinataire.
- 3° L’ajournement des perceptions des taxes pour laréceptionetlaretransmission des communications, , télégrammes, etc., dictés par.le téléphone aux bu-
- | reaux télégraphiques ne donne lieu à aucune boni-I fication spéciale. Par suite, est supprimée l’obligation de fournir caution pour garantir le payement des droits susmentionnés.
- 4° Sur la demande du propriétaire, il peut être établi dans les différents logements de sa maison, des postes téléphoniques à l’usage des locataires. Pour chaque poste de ce genre, il sera perçu une bonification annuelle de 5o marks ; toutefois le chiffre total de la redevance, par maison ou propriété, ne pourra pas être moindre de xoo marks par an.
- 5° Si les abonnés le désirent, l’administration fera installer dans les différents corps d’un même bâtiment plusieurs appareils téléphoniques qui, au moyen d’un commutateur, pourront utiliser momentanément la communication reliant la maison au bureau central. O11 pourra aussi installer un avertisseur dans les parties éloignées de l’immeuble (cour, chantier, dépôt, etc.) pour appeler l’abonné s’il ne peut pas rester constamment à proximité du téléphone. La taxe additionnelle à payer pour ces dispositions s’élève annuellement à 20 marks (a5 francs) pour chaque appareil nouvellement installé, et à 10 marks (12 fr. 5o) pour l’installation d’un avertisseur du système ordinaire.
- Une nouvelle facilité a été accordée, en outre, aux abonnés, c’est celle de pouvoir mettre gratuitement leur appareil à la disposition d’autres personnes. Ainsi dans les hôtels ou autres établissements publics, de même que dans les cercles et clubs, les hôtes et respectivement les habitués et les membres des cercles peuvent faire usage des téléphones qui y sont installés, sous la seule condition que le détenteur du poste téléphonique ne réclame aucune bonification de ce chef.
- Le nombre des souscriptions adressées à l’administration à la suite de la publication précitée fit reconnaître que, malgré les facilités de communication qu’offraient déjà la poste tubulaire et le grand nombre des stations télégraphiques de la capitale, l’établissement de lignes téléphoniques serait accueilli comme une innovation très désirable, par les commerçants et les industriels de Berlin, l’administration décida, en conséquence, de procéder immédiatement à l’éxécution de ces installations.
- Pour faciliter les raccordements, les fils conducteurs ont été conduits par-dessus les toits, et grâce à la bonne volonté des propriétaires, il n’a jamais été nécessaire de déroger à ce système.
- Pour l’établissement des communications avec les postes d’abonnés, on avait, dès le début, prévu la création de deux stations centrales, qui ont été installées dans les bâtiments impéi'iaux situés à Franzôsische strasse, n° 33 c, et Mauer strasse, n° 74. Chacune de ces stations a été pourvue, dès l’abord, de deux commutateurs (armoires à clapets)
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- disposés chacune pour 5o abonnés, de sorte que la première, installation devait suffire pour 200 abonnés. Aujourd’hui Berlin a six stations centrales dont celle de la Franzosische strasse possède, à elle seule, 12 commutateurs correspondant à boo lignes.
- Au début de la construction, le nombre de demandes de participation s’était élevé à 94 pour ig3 postes téléphoniques, dont une grande partie ne furent pas reliés aux stations centrales, mais directement entre eux.
- Une partie de ces lignes a pu déjà être ouverte au service, le 12 janvier 1881, tandis que tout le réseau ne l’a été qu’au ior avril suivant. Partout, la netteté de la reproduction orale a été excellente.
- Peu de temps après, l’administration ayant décidé d’établir, pour son propre compte, des installations téléphoniques dans les villes de l’Empire où le besoin viendrait à s’en faire sentir, la chambre de commerce de Mulhouse demanda que cette ville fût dotée de ce système de communication. Le réseau téléphonique de Mulhouse, établi dans les mêmes conditions que celui de Berlin, a été ouvert au service le 24 janvier 1881. Le jour de l’inauguration, on a effectué 159 communications, et les conversations ont toutes été parfaitement claires et intelligibles.
- A Hambourg aussi, des informations prises presque à la même époque donnèrent lieu de constater qu’on pourrait compter pour le commencement, au moins, sur une participation de i5o personnes. Bien que les conditions locales et princi paiement la disposition architecturale des maisons présentassent encore à Hambourg de plus grandes difficultés qu’ailleurs pour la construction d’un réseau téléphonique général, on procéda immédiatement à son exécution, et les travaux furent poussés si activement que le réseau put être déjà ouvert au service le 16 avril 1881.
- Sur ces entrefaites, la mise en exploitation des premières lignes de Berlin et de Mulhouse avait tellement excité l’intérêt du public que le nombre des abonnés, principalement dans le monde des commerçants et des industriels, s’était accru de la manière la plus satisfaisante.
- Ce qui contribua surtout à Berlin à développer cet accroissement, c’est d’avoir compris la Bourse . dans le réseau général. Ce fait engagea plusieurs banques à se relier au réseau téléphonique. Le système téléphonique de la Bourse fournit à chaque visiteur la faculté de se mettre en rapport avec tout abonné pendant les heures de Bourse, de midi à 3 heures. Le droit de faire usage des installations téléphoniques de la Bourse est accordé aux abonnés des téléphones urbains, contre le paiement d’une redevance annuelle de 170 marks (212 fr. 5o) dont 70 marks (87 fr. 5o) reviennent à la caisse postale et 100 marks (126 fr.) à la corporation des mar-
- chands (Kaufmannschaft). Quant aux visiteurs de la Bourse, ils peuvent y employer le téléphone, en payant, pour chaque utilisation, une taxe de 70 pfennigs (o fr. 8j5) repartie dans la proportion de 5 à 2 entre la caisse postale et celle de la corporation des marchands. Les abonnés ne sont nullement limités dans l’usage de cette communication, tandis que pour les visiteurs non abonnés, le payement de la taxe simple ne donne droit qu’à une conversation de 5 minutes. Les cabines téléphoniques nécessaires ont été établies par le collège des doyens de la corporation des marchands, et l’administration, de son côté, a fait relier chacune de ces cabines à la station centrale la plus rapprochée. C’est aux intéressés à faire les démarches nécessaires auprès du collège des doyens pour obtenir l’autorisation de faire usage des postes téléphoniques.
- Les heureux résultats qu’ont donnés les premières lignes téléphoniques urbaines, encouragèrent l’administration à poursuivre énergiquement l’extension de ce moyen de communication. C’est ainsi qu’elle a pu faire se succéder rapidement l’ouverture au public, dans les conditions générales ordinaires, des installations téléphoniques de Francfort-sur-le-Mein, le ior août, de Breslau, le ior septembre, de Cologne ainsi que de Mannheim, le ior octobre, et qu’elle a, dans la même année, pu encore entreprendre la majeure partie des travaux de construction pour l’établissement des réseaux téléphoniques des villes d’Altona, de Barmen, d’Elberfeld, de Hanovre, de Leipzig, de Magdebourg, de Stettin et de Strasbourg en Alsace.
- C’est en 1882 qu’a eu lieu l’ouverture de ces installations à savoir: à Magdebourg, le 18 janvier, à Leipzig et Altona, le 1e1' février, à Stettin, le ior mars, à Barmen et Elberfeld, le ier avril, à Hanovre le 4, et à Strasbourg, le 18 septembre. Pendant cette même époque on avait déjà livré à l’usage du public les installations téléphoniques de Crefeld et de Deutz, les ior et 17 juillet. La même année encore, on a pu achever et ouvrir au service les installations urbaines de Dresde, le ier octobre, de Brême, le 16 octobre, de Brunswick, le 27 octobre et de Gebweiler, en Alsace, le 5 décembre. En outre, c’est en 1882 que l’administration a fait établir les premières communications reliant entre eux les systèmes téléphoniques de diverses villes par un nombre approprié de conducteurs. Ces nouvelles communications ont été établies,d'abord : entre Elberfeld et Barmen, entre Cologne et Deutz, entre Hambourg et Altona, entre Mulhouse et Gebweiler, puis après une entente avec l’admi1 nistration bavaroise, entre Mannheim et Ludwigs-hafen. Enfin, dans les derniers jours de cette même année, on avait en partie entrepris et en partie préparé les travaux de construction des ins-
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- tallations téléphoniques des villes d’Aix-la-Chapelle, de Chemnitz, de Dantzig, de Kiel, de Kœnigsberg en Prusse, de Mayence et de Potsdam.
- Dans cette même année, on a poursuivi également l’extension des installations téléphoniques affectées à des buts spéciaux, en établissant, pour les personnes qui fréquentent la Bourse, 16 cabines téléphoniques à Berlin et 2 dans chacune des villes de Breslau et de Cologne. C’est surtout à Berlin qu’il est fait usage de ces cabines. En outre, il a été ouvert, dans g bureaux de voies de communications à Berlin et dans un bureau de chacune des villes de Hambourg et de Francfort-sur-le Mein, des postes téléphoniques publics où toute personne est admise à converser pendant cinq minutes avec un abonné quelconque du système télépho nique urbain, contre le payement d’une taxe de 5o pfennigs (ofr. 025).
- De la même manière que les années précédentes, l’administration a continué, en i883, à développer les installations téléphoniques urbaines déjà existantes, ainsi qu’à construire de nouveaux réseaux de ce genre.
- C’est ainsi qu’elle a ouvert au service les réseaux téléphoniques de Potsdam, le i3 mai, de Kiel et de Düsseldorf, le icr juillet, de Chemnitz, le 16 juillet, de Kœnigsberg en Prusse, le 16 septembre, d’Aix-la-Chapelle-Burtscheid et de Wandsbeck, le ior octobre, de Mayence et de Bremerhaven-Geeste-münde, le i5 octobre, de Harbourg sur l’Elbe et de Dantzig le icr décembre, et enfin, celui du district industriel de la haute Silésie, le 11 décembre i883. De toutes ces installations ainsi que des installations antérieures, la plus remarquable et la plus étendue est certainement celle du district industriel de la haute Silésie qui comprend les cercles de Beuthen (haute Silésie), de Gleiwitz, de Kattowitz, de Tarnowitz et de Zabrze, embrassant une superficie de 1.660 kilomètres carrés. La plus grande distance entre deux postes est en chiffres ronds de 60 kilomètres.
- La Société des mines et usines de la haute Silésie a contribué à la construction de la première ligne dont les frais avaient été évalués à 84.000 marks (io5.ooo francs) par une subvention à fonds perdus de 3o.ooo marks (37.5oo francs;. Cette subvention a permis à l’administration de déroger au tarif généralement en vigueur, lequel est établi sur la base de la longueur de la ligne de raccordement, et de fixer l’abonnement pour un poste téléphonique à une moyenne de 200 marks par an. Après avoir fait poser dans le court intervalle du 6 septembre au 11 décembre, ii4kra,i6 de poteaux de bois et ikm,83 de supports métalliques, soit en tout 1 i6km,oi de supports et 8o7km,5i de fils conducteurs, l’administration a pu, le 11 décembre précité, ouvrir au service tout le réseau comprenant 73 postes téléphoniques reliés à la station
- centrale établie à , Beuthen, en haute Silésie. Une autre ligne qui mérite également d’être relevée à part, est celle qui a été établie pour la communication entre Berlin et la résidence de Postdam, avec laquelle la capitale entretient des relations sociales et commerciales très animées. Les travaux d’exécution ont été poussés assez activement pour que l’inauguration du système téléphonique urbain à Postdam ait pu être accompagnée en même temps de l’ouverture au service de la communication avec les abonnés de Berlin. La ligne de communication entre le bureau téléphonique central n° n de la Manerstrasse à Berlin, et le bureau. central de Postdam qui a été installé dans le bureau de poste n° 1, se compose de quatre conducteurs, et a une longueur d’environ 33 kilomètres. Malgré la distance assez grande qui sépare ces deux localités, l’entente entre les correspondants s’effectue sans difficulté. Les abonnés de Postdam payent pour le droit de communication avec les abonnés de Berlin une redevance additionnelle de 5o marks par an. Une ligne plus longue encore est celle de Brême à Bremerhaven, d’environ 63 kilomètres. On a pu procéder à l’établissement de cette ligne après que. des essais préalables eurent démontré que l’emploi du microphone assurait constamment une communication claire et distincte entre les deux localités. Il a été établi quatre fils de jonction. Pour l’usage de ces communications, les abonnés de Brême et de Bremerhaven payent une redevance additionnelle de 100 marks par an.
- Outre ces deux grandes lignes de communication, l’administration en a encore établi entre Hambourg et Harbourg sur l’Elbe et entre Hambourg et Wandsbeck.
- En i883, le nombre des cabines téléphoniques installées dans les Bourses, s’est élevé à 25, dont 20 à Berlin, 2 à Breslau, 2 à Cologne et 1 à Magde-bourg, tandis que le nombre des bureaux téléphoniques publics a été porté à 14 (g à Berlin, 1 dans chacune des villes de Cologne, Francfort-sur-le-Mein, Hambourg, Magdebourg et Postdam). A l’exception du bureau téléphonique public de Cologne dont la direction a été confiée à un particulier, tous les postes de ce genre sont dirigés par des fonctionnaires de l’administration.
- Avec l’extension croissante des bureaux télégraphiques desservis par téléphone, le nombre des classes sociales et professionnelles qui font usage de ces communications s’est considérablement étendu. Au moment de la construction des lignes téléphoniques urbaines, il n’y a eu généralement que les grandes maisons de commerce et de banque qui aient demandé à entrer comme abonnées, tandis que les maisons de moindre importance n’ont apporté leur concours qu’après s’être rendu compte, par l’effet pratique du nouveau moyen de communication, des avantages qu’il leur offrait.
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- Les listes d’abonnés dans les villes où ces installations fonctionnent déjà depuis un certain temps, forment aujourd’hui une nomenclature des représentants de toutes les professions et de toutes les classes.
- En dehors des autorités impériales et autres, on y trouve des maisons de commerce, des fabriques, des entrepôts, des entreprises de transports, des Sociétés d’assurances, des expéditions dejournaux, des librairies, des magasins et des ateliers artistiques, des imprimeries, des distilleries, des teintureries, des hôtels, des auberges, des confiseries et pâtisseries, des pharmaciens, des médecins, des architectes, des rentiers, des hommes de loi, des agents de brevets, des entrepreneurs de bâtiments, des acteurs, des maîtres-maçons, des commerçants en farine, des restaurateurs, des peintres, des traiteurs, des marchands de comestibles, des bouchers, des horlogers, des bijoutiers et beaucoup d’autres professions.
- A la fin de i883, il y avait dans trente-sept villes un ensemble de 5.35! postes téléphoniques, dont la communication avec les stations centrales a nécessité l’emploi de 5i8 kilomètres de poteaux en bois et 832 kilomètres de supports métalliques, soit en tout i.35o kilomètres de supports et 10.431 kilomètres de fils. Les frais d’établissement de tous ces systèmes se sont élevés à la somme totale de 3.789.324 marcks (4.736.655 francs).
- La fréquence de l’utilisation des téléphones urbains, donne les résultats les plus favorables. Elle s’accuse par le nombre moyen des communications établies par jour et par poste d’abonnés. Cette moyenne s’élève pour Berlin à 8,10, pour Crefeld à 7,66 pour Hambourg à 7,39, pour Mayence à 4,98, pour Brême à 4,60, pour Magdebourg à 4,3i, pour Stettin à 4,02. Pour les autres réseaux téléphoniques urbains, le nombre des communications établies ne dépasse pas 4 par iour et par poste d’abonnés.
- En 1884, on a ouvert des installations téléphoniques dans sept nouvelles localités et dans huit autres, elles sont actuellement en voie d’exécution. A la fin de l’année 1884, le nombre des postes téléphoniques s’élèvera bien au delà de 8.000 pour cinquante-deux villes et le district industriel de la haute Silésie. Au ier octobre 1884, on comptait 7.602 postes téléphoniques, avec une longueur totale de 1.6g5 kilomètres de lignes et un développement total de 14.138 kilomètres de fils conducteurs. Ces chiffres s’accroîtront encore à l’avenir, l’administration ayant, en 1884, décidé de réduire, pour faciliter l’usâge des communications téléphoniques, le prix de l’abonnement, dans les limites du territoire des localités desservies, à i5o marks (187 fr. 5o) par an, sans égard à la distance.
- Lignes télégraphiques spéciales pour l'établisse-
- ment des communications directes entre des comptoirs et des maisons d'habitalioni ou entre ceux-ci et un bureau télégraphique de l'Etat. — Ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer au commencement de ce compte rendu, le nombre des lignes télégraphiques établies pour des usages privés était autrefois peu considérable. Il n’a pas également augmenté d’une manière sensible dans les premières années qui ont suivi l’invention du téléphone. Mais déjà lorsque l’administration a établi les premières lignes téléphoniques urbaines, des particuliers ont manifesté le désir d’obtenir des communications directes entre leurs bureaux, sans raccordement avec les stations centrales.
- Ces demandes engagèrent l’administration à faire procéder, en même temps que s’effectuait l’établissement des installations téléphoniques urbaines, à la construction d’un assez grand nombre de réseaux privés. Lorsque les avantages du téléphone vinrent aussi à être connus en dehors des grandes villes, les demandes d’établissement de lignes télégraphiques pour des usages privés devinrent si fréquentes que l’administration qui, jusqu’alors, avait pris, dans chaque cas, une décision spéciale pour accorder son autorisation, a cru opportun de fixer d’une manière générale les principes d’après lesquels elle concéderait des lignes privées. A cet effet, le secrétaire d’Etat de l’Office des postes de l’Empire a fait publier, à la date du 22 novembre 1882, un résumé « des conditions « auxquelles est soumis l’établissement, par l’ad-« ministration des postes et télégraphes de l’Em-« pire, de lignes télégraphiques privées ». Ces conditions déterminent, en premier lieu, les relations avec les bureaux télégraphiques des lignes privées qui doivent leur être reliées. Dans les endroits où il n’existe pas de stations téléphoniques centrales, elles donnent aux personnes qui se relient au réseau télégraphique de l’Empire, le moyen de correspondre directement entre elles et leur assurent ainsi tous les avantages d’une station centrale, compatibles avec la situation; elles visent enfin les communications télégraphiques établies par l’administration pour des particuliers, sans être reliées aux bureaux télégraphiques de l’Empire.
- Les installations télégraphiques nécessaires sont effectuées et entretenues par l’administration et données aux particuliers en location pour leur usage exclusif. Les rapports entre les locataires de ces lignes et l’administration sont réglés d’après les principes suivants-.
- Les télégraphes privés, comportant communication avec les bureaux télégraphiques de l’Empire sont destinés à transmettre aux locataires de cés lignes les télégrammes que les bureaux reçoivent à leur adresse et à recevoir pour être retransmis, les télégrammes qu’ils expédient.
- Ces télégraphes peuvent aussi être employés pour
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- la remise aux locataires des télégrammes consignés à leur adresse au bureau du télégraphe, ou pour la réexpédition à destination, par exprès ou par poste, des télégrammes transmis par le télégraphe privé au bureau télégraphique.
- La rente annuelle à payer pour ces lignes est fixée :
- Par kilomètre de fil conducteur à 5o marks,
- Et pour les installations et les appareils :
- a. En cas d’emploi du téléphone à 100 marks;
- b. En cas d’emploi de l’appareil Morse à i5o marks.
- Si plusieurs bureaux privés sont reliés à un même bureau de l’État et si leurs locataires désirent être reliés entre eux, cette faculté leur est accordée contre le payement d’une taxe additionnelle de 5o marks (62 fr. 5o) par an pour chaque bureau privé.
- Les télégraphes privés non reliés aux bureaux télégraphiques de l’État servent à la correspondance télégraphique entre diverses résidences et bureaux d’une seule et même personne ou Société, ou à la correspondance échangée entre diverses maisons ou personnes.
- Les locataires de lignes privées ne peuvent en faire usage que pour leur propre correspondance et ne doivent autoriser, ni contre rémunération ni gratuitement, la transmission de la correspondance d’autres personnes.
- La rente annuelle pour ces lignes est fixée aux chiffres ci-après :
- A. Pour un kilomètre de fil conducteur, 5omarks ;
- B. Pour chaque poste, quand la ligne est employée seulement à la correspondance entre les bureaux d’un seul et même propriétaire :
- [a) . Avec l’usage du téléphone 5o marks;
- [b) . Avec l’usage de l’appareil Morse, 100 marks.
- Quand la ligne est affectée à la correspondance
- échangée entre les bureaux de différentes personnes, la taxe indiquée sous la lettre B doit être payée par chaque abonné séparément, de sorte que la rente totale pour chaque poste téléphonique avec deux abonnés s’élève à 100 marks, et avec trois abonnés à i5o marks, et ainsi de suite. Les locataires de ces lignes doivent s’engager par contrat à payer ces rentes pour la durée de 5 ans.
- Pour le fonctionnement de ces lignes, on peut faire usage du téléphone ou de l’appareil Morse.
- Ces installations ont pris également un rapide développement. A la fin de l’année 1880, il existait :
- i° 5o lignes privées reliées à des bureaux télégraphiques de l’Etat, dont 42 fonctionnant avec des appareils Morse, et 8 avec des téléphones;
- \2° i55 télégraphes privés reliés à des stations télégraphiques de l’État, dont 42 fonctionnant, en majeure partie, avec des appareils Morse. Ces lignes servaient principalement au service du chemin de fer sur des lignes de jonctions, de mines, etc.
- 3° 84 lignes privées, seulement pour la corres-
- pondance directe eutre des comptoirs, etc., sans jonction avec les bureaux télégraphiques de l’Empire, dont la moitié fonctionnant avec des appareils Morse, un quart avec des téléphones et le reste avec différents autres appareils.
- A l’occasion de l’établissement des installations téléphoniques urbaines, il a été effectué, avant que les conditions susmentionnées aient été fixées, 289 lignes télégraphiques privées avec 602 postes desservis par des appareils téléphoniques.
- Depuis le 22 novembre 1882, date de la mise en vigueur des conditions réglementaires en question, jusqu’à la fin de l’année i883, on a érigé 249 lignes, dont 6 desservies par des appareils Morse et 243 par des téléphones. La longueur des fils conducteurs de ces lignes s’élève, en chiffres ronds, à 723 kilomètres, soit environ 3 kilomètres par chaque ligne.
- En outre, à la fin de i883, il y avait dans l’étendue des territoires qui relèvent de l’administration des postes et télégraphes de l’empire allemand, 783 lignes télégraphiques construites et exploitées par certaines autorités ou particuliers, en vertu d’autorisations générales ou spéciales de l’administration impériale. Sur ces 783 lignes, qui ont un développement de fils conducteurs de 2.702 kilométrés, 646 sont desservies par des téléphones.
- A cette même époque, on comptait en tout 1.178 lignes télégraphiques privées desservies par des téléphones.
- Les renseignements qui précèdent montrent que, grâce à l’emploi du téléphone, la télégraphie a acquis une extension dont on pouvait à peine avoir l’idée auparavant. Il est indubitable que la facilité avec laquelle se manœuvre cet appareil, en rendra, dans les années suivantes, l’usage de plus en plus accessible à des classes plus nombreuses de la population.
- L’électricité esclave de l’homme.
- Notre nouveau confrère la Revue Internationale de l'Electricité et de ses applications, reproduit un article d’Edison lui-même, paru dans plusieurs journaux américains sous le titre dramatique qu’on vient de lire.
- Déjà, des fragments notables de conversations échappées à l’illustre inventeur et pieusement collectionnées par d’infatigables reporters, étaient parvenus à notre connaissance; mais nous ne possédions pas encore d’œuvre littéraire émanant directement de sa plume. Aussi demandons-nous la permission de citer quelques extraits du document traduit par M. A. Gérard.
- Pourtant, comme il ne faut jamais négliger de j rendre à César ce qui appartient à César, nous
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- ferons remarquer que lorsque M. A. Gérard fait dire à M. Thomas Alva Edison qu’en inventant le système d’éclairage par incandescence, son intention était de vendre de la lumière au, mètre, il dépasse évidemment la pensée de l’auteur. Le mot anglais meter signifiant à la fois mètre et compteur, il est permis de supposer que M. Edison voulait dire qu’il se proposait de mesurer, à l’aide d’un compteur électrique, l’énergie dépensée dans les lampes, vu l’extrême difficulté que présenterait, même pour un esprit aussi ingénieux et aussi hardi, la mesure de la lumière au moyen d’un simple mètre.
- L’article de M. Edison est un hymne consacré à l’électricité.
- En parlant de cet agent de la nature, voici comment s’exprime l’illustre inventeur :
- « Il n’y a, pour ainsi dire, aucun nerf ou aucune fibre de cette organisation complexe que nous appelons la société, qui n'ait été soumis à son influence.
- « Elle a fortifié les liens d’amitié entre les nations, activé le commerce et donné une précision et une vivacité bien plus grandes aux nombreux moyens d’échange; elle a communiqué une nouvelle vie aux arts (???) et aux sciences; enunmot on peut revendiquer pour elle le titre de stimulant universel, bien plus que pour tout autre agent purement physique.
- « Avant d’arriver au triomphe définitif des applications de l’électricité, les physiciens et les électriciens ont un grand problème à résoudre, c’est la production directe de l’énergie électrique au moyen du charbon (1).
- «c Quelques savants français ou allemands ont rêvé de l’obtenir directement au moyen de l’énergie. solaire, mais .c’est une chimère ou tout au moins un fait d’une réalisation éloignée, qui ne saurait nous inspirer confiance; l’auteur de ces lignes croit qu’il est certain que l’on réussira par un procédé simple et peu dispendieux à l’obtenir directement du charbon, qui n’est autre chose que la chaleur et la lumière solaire emmagasinées par la nature.
- « Les méthodes employées actuellement pour produire l’électricité sont très incommodes et très coûteuses : il faut des chaudières, des machines, des dynamos pour transformer le carbone de la houille en électricité (sic) et on en perd une quantité énorme. Mais un jour on découvrira le secret de la production directe de l’énergie électrique au moyen de la houille, et il y aura une merveilleuse révolution. Les frais du consommateur seront minimes. Une grande usine centrale fournira l’électricité qui donnera la lumière, la chaleur et la force aux magasins, établissements publics, fabriques et
- ateliers à un prix assez réduit pour diminuer notablement les frais de l’existence et du travail.
- « On peut utiliser l’électricité dans la maison, pour mettre en mouvement de petits éventails destinés à rafraîchir, pour actionner une machine à coudre, pomper de l’eau, monter un porte-assiettes ou faire fonctionner un élévateur, et pour cent autres usages domestiques qui exigent actuellement un travail manuel... (jusqu’où n’ira-t-on pas dans cette voie?)
- « De nombreuses expériences ont été faites pour la propulsion électrique de voitures de toutes sortes et de traîneaux. Le défaut de ce système est que la force a été donnée par des piles secondaires dont la déperdition est si rapide et le poids si considérable (* *), qu’à moins de modifications radicales dans l’emmagasinement de l’électricité ou à moins qu’on ne réussise à la produire directement au moyen de la houille, nous ne saurions espérer de voir ce fluide si subtil appliqué à la locomotion dans nos rues.
- « On commence déjà à voir clair dans cette question, et nous croyons certainement que nos charrettes et nos voitures de place auront recours à cette force nouvelle. »
- « Lorsque ce moment arrivera, l’électricité jouera un rôle considérable, et nous verrons des voitures sans chevaux, des bâtiments sans vapeur ni voiles et bien d’autres applications nouvelles. C’est alors qu’on résoudra facilement le problème de la navigation aérienne (2) »
- « Les immenses gisements de minerais qui sont aujourd’hui sans utilité pratique, en raison de l’absence d’une méthode économique de traitement, fourniront à l’homme, à une époque probablement peu éloignée, les métaux précieux qu’ils contiennent et qu’on aura extraits au moyen de l’électricité (3). j>
- « Les essais de téléphonie, à grande distance ont été reconnus satisfaisants au point de vue commercial et promettent d’excellents résultats. La grande difficulté est la perte de courant par induction statique, avec la terre et par les fils voisins.
- « Si l’on pouvait établir un fil suffisamment haut pour dépasser les sommets des montagnes on pourrait facilement causer tout bas à travers le monde entier. La communication serait tout aussi bonne, si l’on pouvait tendre un fil de la terre à la lune (*) »
- Là-dessus nous pouvons tirer l’échelle qui aura servi à tendre le fil en question.
- C) Renvoyé à la Electric Power Storage Company limited (N. D. L. R.).
- (2) Renvoyé à M. A. Robida (N. D. L. R.).
- (*> Renvoyé à Cailhava (N. D. L. R.).
- (*) Renvoyé à M. J. Verne (N. D. L. R.).
- (>) Hic jacetjlepusJ(N. D. L. R.).
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- CORRESPONDANCE
- Bruxelles, 29 juillet 188S.
- Monsieur le Directeur,
- Je regrette de devoir demander une rectification à l’article que votre collaborateur, M. Clemenceau, a bien voulu consacrer, dans votre numéro du 25 courant, à l’examen d’une note publiée par moi dans le Bulletin de la Société belge d'Électriciens, et relative à la recherche d’un procédé pour évaluer avec exactitude la somme des éclairements fournis par un ou par plusieurs foyers dans un espace de contour donné.
- A propos d’une remarque toute subsidiaire concernant la hauteur du foyer correspondante à la somme maxima d’éclairement dans un espace circulaire, M. Clemenceau fait le calcul algébrique suivant (page 186) :
- ou
- qui donne
- /<*=ï — .v*,
- e
- hï—X*=\
- e
- I
- S~ h*—X*’
- et il en déduit que mes calculs conduisent à une formule inexacte. *
- Il y a, dans le calcul de votre collaborateur, une petite inadvertance : une erreur de signe dans la 20 équation et dont la correction rendra absolument exacte la valeur de e tirée de ma formule. L’incorrection de celle-ci est donc rien moins que prouvée.
- La conclusion où l’auteur, à ce propos même, engage à se défier des développements algébriques, est ainsi immédiatement appuyée par un exemple.
- Veuillez agréer, etc.
- J. Wybauw.
- Je m’empresse, au nom de la rédaction du Journal, de remercier M. Wybauw de l’obligeance avec laquelle il nous signale une faute de texte échappée au correcteur; comme un bon procédé en veut un autre, nous prendrons à notre tour la liberté de faire remarquer à notre méticuleux correspondant qu’il ne faut pas confondre faute d’impression avec erreur de signe : ce n’est pas la même chose. Une erreur de signe infirme un raisonnement, tandis qu’une faute d’impression, ne change en rien la valeur d’une argumentation. Evidemment, M. Wybauw voudrait faire croire que, parce que dans mon article, le signe (—) a été, à tort, mis à la place du signe (+) les reproches que j’adresse à son travail ne portent plus; malheureusement pour lui nous ne sommes pas ici en Belgique, et puisqu’il faut insister, eh bien, je ne demande pas mieux.
- Oui ou non, la formule
- est-elle celle que donne M. Wybauw?
- Oui ou non, cette formule peut-elle s’écrire :
- x Oui ou non, peut-on remplacer /z2 -f- a:8 par d- ? Oui ou non, enfin, l’équation
- est-elle l’expression incomplète (un terme manquant) de la
- loi de la répartition de la lumière? Il me semble donc que la discussion est impossible, et qu’il est bien prouvé, encore une fois, que les calculs compliqués de mon contradicteur ne l’ont conduit, comme je le disais, qu’à sa formule du point de départ, inexactement modifiée. M.Wybauw, après s’être moqué des électriciens belges, a voulu en faire autant de nous : pardon, Monsieur, c’est une faute de géographie que vous avez commise !
- P. Clemenceau.
- Creuznach, 3o juillet i885.
- Monsieur le Directeur,
- Dans le n° 3o de votre journal, p. i33, je trouve la description d’un coupe-circuit de sir W. Thomson et M. Bot-tomley. Cet appareil présente beaucoup d’analogie avec un coupe-circuit que j’ai décrit dans mon brevet anglais, pris au commencement de l’année i883. (Comme je n’ai pas le document ici à Creuznach, il m’est impossible d’indiquer le numéro du brevet; il est du reste facile de le trouver dans une bibliothèque, si cela intéresse quelqu’un.)
- Le croquis ci-joint montre l’appareil (le couvercle étant enlevé), tel que je l’ai indiqué dans mon brevet. A est une pièce flexible à résistance électrique négligeable, par exemple, une lame de cuivre mince mais large, B est la pièce fusible.
- Le fonctionnement se conçoit sans autre explication; je ferai remarquer seulement, qu’après rupture du circuit, il n’y a qu’à remplacer la pièce fusible B, à bouts larges pour assurer un bon contact. Il me semble que cette disposition est à tous les points de vue (simplicité, régularité dans le fonctionnement) préférable à la disposition de sir W. Thomson et M. Bottomley. Comme les métaux et alliages très fusibles ont tous des résistances électriques bien plus fortes que le cuivre ou l’argent, il en résulte que l’élévation de température se produira surtout au point de soudure, b (fig. 1, p. 183) du fil bon conducteur a, ce qui est du reste un fait bien connu. Il en résulte donc que le fonctionnement de l’appareil dépend essentiellement de la manière plus ou moins bonne dont la soudure sera faite, c’est-à-dire, d’une circonstance dont il est impossible de garantir l’uniformité. Car il est évident, que dans ce cas, on ne peut employer un joint à résistance négligeable comme on le pratique pour la réunion de deux bouts de câbles électriques.
- Un coupe-circuit, tel qu je l’ai indiqué (soit sous la forme figurée ci-dessus ou arrangé différemment selon les circonstances), présente l’avantage qu’avec une résistance aussi faible que possible, on obtient néanmoins une rupture de circuit très brusque et d’une grande étendue, de manière à éviter la formation d’un arc voltaïque.
- Veuillez agréer, etc.
- ' C.-L.-R.-E. Mf.nger.
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- Cortaillod, le 29 juillet i885.
- Monsieur le Directeur,
- Nous avons lu dans les faits divers de votre-journal (n°« des 16 mai et. 18 juillet), un article dans lequel vous donniez comme nouvelle invention de MM. Berthoud et Borel, un procédé utilisé depuis longtemps déjà et exploité parla Société d'exploitation des câbles électriques, système Berthoud, Borel et Cio à Cortaillod (Suisse), ce qui-assure comme vous l'avez fait remarquer d’ailleurs, à ses câbles une supériorité marquée relativement à Pisolement.
- Nous espérons que vous voudrez bien rectifier l'information que vous avez reproduite dans ce qu'elle a d’inexact et vous prions d'agréer, etc.
- Berthoud et Borel.
- FAITS DIVERS
- Nous avons le plaisir d'annoncer que MM. Gaulard, et V. Mouche], viennent d'être nommés chevaliers de la couronne d'Italie.
- Un orage épouvantable qui n'a pas duré moins de deux grandes heures, vient de s'abattre sur Rodez, en y occasionnant de grands ravages. La foudre est tombée sur le monastère de Gaeres, sur le petit séminaire de Saint-Pierre, et sur la ferme de Gros, près de Rodez.
- Sur plusieurs points, le fluide a déterminé des incendies assez sérieux pour nécessiter la présence des pompiers.
- D'après le professeur Holdefleiss, une graine de betterave semée dans un terrain exposé aux rayons d'un foyer électrique a germé deux jours plutôt qu’une autre graine placée en dehors de ces rayons. D'après une autre intéressante observation de M. Scholler, des betteraves semées dans un endroit frappé par la foudre auraient développé une luxuriante végétation.
- Un chemin de fer électrique est actuellement en construction à Yarmouth, en Angleterre.
- Une Société vient de se former à Saint-Louis au capital de 1.750.000 francs pour la construction et l'exploitation d'un chemin de fer électrique sur un parcours de dix milles. La Compagnie pourra également produire et distribuer l'énergie aux industries particulières sur tout le parcours du chemin de fer, de même qu'elle pourra construire et maintenir des lignes électriques pour les particuliers qui lui en demanderaient. La force motrice pour le chemin de fer sera produite à plusieurs points de la route.
- Éclairage Électrique.
- A l'occasion du mariage de la princesse Béatrice, le yacht royal la Victoria and Albert avait été pourvu d'une installation de lumière électrique comprenant 100 lampes à incandescence, disposées de manière à former la lettre B surmontée d'une couronne, le tout était suspendu entre les mâts du navire.
- Ces lampes avaient été fabriquées spécialement pour cette illumination par MM. Woodhouse et Rawson; elles étaient de 20 bougies et de 46 volts. Le courant était fourni par une dynamo Gramme installée dans la canonnière le
- Bloodhound, amarrée à côté du yacht et reliée à celui-ci avec des câbles électriques.
- De temps en temps, un foyer à projection de 25,000 bougies éclairait par ses rayons le château d’Osborne, les jardins et les différents navires dans la baie.
- Le conseil municipal d'Exeter, d'après The Electrician, de Londres, vient de décider l'application de l’éclairage électrique dans son nouvel asile d'aliénés. Le rapport de l'architecte conclut à ce qu'un éclairage d'une intensité totale de 8.000 bougies sera suffisant, et des offres ont aussitôt été faites par différentes Sociétés d'éclairage électrique, dont voici les principales :
- SOCIÉTÉS N'EMPLOYANT PAS D'ACCUMULATEURS
- Frais de premier établissement Rede- vance annuelle
- MM. J.-D. Andrews et C°, de Glasgow, ont demandé J. Geere Howard, de Londres — Walker et Ollivier, de Cardiff — Simplex Company, de Manchester — 62.250 80.250 57.750 77-i5o 19.200 8.695 i8.o55 11.675
- SOCIÉTÉS EMPLOYANT LES ACCUMULATEURS
- L’Anglo-American Brush C° a La Consolidated Electric C° La Gulcher Company MM. Woodhouse et Rawson dema-dé 6o.25o 43.375 74.000 6o.65o i3.53o 8.475 14. j 55 13.175
- Cette dernière proposition n’a été faite que pour 6.000 candies.
- On voit, d'après ces chiffres, que c’est l'offre de la Consolidated Electric C° qui est la plus basse. Cette Société se propose d'employer une puissance d'accumulateurs, ce qui d'après elle, fournira un courant plus régulier et une lumière plus fixe que sî la force électromotrice provenait de dynamos.
- Dans une prochaine réunion, la municipalité d'Exeter décidera de l'offre qui lui semble la plus acceptable.
- La Chambre de commerce vient de soumettre au Parlement un rapport sur les applications de la loi sur l'éclairage électrique de 1882, pendant l'année qui vient de s'écouler, ainsi que sur ses résultats.
- Ce document ne constate qu'un seul ordre provisoire reçu le 21 décembre dernier; il émanait de la « Chelsea Electricity Company *>, qui demandait l'autorisation d'éclairer une partie de la paroisse de Chelsea, et n'a pas eu de suite.
- Depuis le dernier rapport, le Board a révoqué la totalité des ordonnances provisoires au nombre de cinquante-cinq accordées à diverses Sociétés pendant la session de i883, à l'exception de celle de Birmingham, parce que le versement et le dépôt du capital ordonné n’avaient, dans aucun de ces cas, suivi la demande.
- Quant aux ordonnances provisoires accordées pendant la session de 1884, le bureau a reçu des demandes de prorogation de délais accordés pour le versement du capital de garantie pour l'autorisation provisoire de l'éclairage électrique du district de Fulham, accordée en 1884 à la « West Middlesex Electric Lightiuing O », et pour celle de l’éclairage électrique de Saint-James, Saint-Martin et Saint-George (Hanover-square), accordée également en 1884 à la «West London Electric C°». Dans chacun de ces deux cas, le bureau, après avoir consulté les autorités locales, a accordé une prolongation jusqu'au 3 juillet i885. Pour ie cas cité, en premier lieu, une demande en approbation de délai de payement vient d'être introduite et est actuellement à l'examen.
- Deux nouvelles demandes viennent d'être introduites
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- récemment et sont également soumises à l’examen : l’une de la part d’uue autorité locale, le bureau local de Dalton-in Furnen, et l’autre par M. J.-E. Veale, de Saint-Austell.
- Le conseil municipal de Lawrence en Massachussets a accepté la proposition de l’Edison Electric Illuminating C° pour l’éclairage des rues de la ville, moyennant une somme de 3,a5o francs par mois; le nouveau traité permet à la ville de réaliser une économie de 6,5oo francs par an pour l’éclairage des rues.
- Télégraphie et téléphonie.
- Le Journal officiel du 3o juillet dernier publie le projet de loi suivant qui a été adopté par le Sénat et la Chambre des députés.
- Article premier. — Les opérations relatives à l’établissement et à l’entretien des lignes télégraphiques ou téléphoniques appartenant à l’État et destinées à l’échange des correspondances seront effectuées dans les conditions indiquées ci-après.
- Art. 2. — L’État a le droit d’exécuter sur le sol ou sous le sol des chemins publics et de leurs dépendances tous travaux nécessaires à la construction et à l’entretien des i gnes télégraphiques ou téléphoniques.
- Les fils télégraphiques ou téléphoniques autres que ceux des lignes d’intérêt général, ne pourront être établis dans les égouts appartenant aux communes, qu’après avis des conseils municipaux et moyennant une redevance, si les conseils municipaux l’exigent.
- Un décret rendu en forme de règlement d’administration publique déterminera le taux de cette redevance.
- Art. 3. — L’État a pareillement le droit d’établir des supports, soit à l’extérieur des murs ou façades donnant sur la voie publique, soit même sur les toits et terrasses des bâtiments, à la condition qu’on y puisse accéder par l’extérieur.
- Il a enfin également le droit d’établir des conduits ou supports sur le sol ou sous le sol des propriétés non bâties qui ne sont pas fermées de murs ou autre clôture équivalente.
- Art. 4. — Dans tous les cas qui viennent d’être prévus, l’établissement des conduits et supports n’entraîne aucune dépossession,
- La pose d’appuis sur les murs des façades ou sur le toit des bâtiments ne peut faire obstacle au droit du propriétaire de démolir, réparer ou surélever.
- La pose de conduits dans un terrain ouvert ne fait pas non plus obstacle au droit du propriétaire de se clore.
- Mais le propriétaire devra, un mois avant d’entreprendre les travaux de démolition, réparation, surélévation ou clôture, prévenir l’administration par lettre chargée adressée au directeur des postes et télépraphes du département.
- Art. 5. — Lorsque, pour l’étude des projets d’établissement dé lignes, l’introduction des agents de l’administration dans les propriétés privées sera nécessaire, elle sera autorisée par un arrêté préfectoral.
- Art. 6. — Avant toute exécution, un tracé de la ligne projetée indiquant les propriétés privées où il doit être placé des supports ou des- conduits, sera déposé pendant tfois jours à la mairie de la commune où ces propriétés sont situées.-
- Çe délai de trois jours courra à dater de l’avertissement qui sera donné aux parties intéressées de prendre connaissance du tracé déposé à la mairie.
- Cet avertissement sera affiché à la porte de la maison
- commune et inséré ,dans l’un des journaux publiés dans l’arrondissement.
- Art. 7. — Le maire ouvrira un procès-verbal pour recevoir les observations ou réclamations. A l’expiration du délai, il transmettra ce procès-verbal au préfet qui arrêtera le tracé définitif et autorisera toutes les opérations que comporteront l’établissement, l’entretien et la surveillance de la ligne.
- Art. 8. — L’arrêté préfectoral déterminera les travaux à effectuer. Il sera notifié individuellement aux intéressés. Les travaux pourront commencer trois jours après cette notification.
- Ce délai ne s’applique pas aux travaux d’entretien.
- Si les travaux ne sont pas commencés dans les quinze jours de l’avertissement, celui-ci dëvra être renouvelé.
- Lorsque pour des raisons d’ordre et de sécurité publique, il y aura urgence à établir ou rétablir une ligne télégraphique, le préfet, par un arrêté motivé, pourra prescrire l’exécution immédiate des travaux.
- Art. 9. — Les notifications et avertissements prévus ci-dessus pourront être donnés au locataire, fermier, gardien ou régisseur de la propriété.
- Art. 10. — Lorsque les supports ou attaches seront placés à l’extérieur des murs et façades ou sur des toits ou terrasses, ou encore lorsque des supports et conduits seront posés dans des terrains non clos, il ne sera dû au propriétaire d’autre indemnité que celle du préjudice résultant des travaux de construction de la ligne ou de son entretien.
- Cette indemnité, à défaut d’arrangement amiable, sera réglée par le conseil de préfecture, sauf recours au conseil d’Etat.
- Si le conseil de préfecture croit devoir ordonner une expertise, il y sera procédé par un seul expert qui sera désigné d’office par le conseil, à défaut par les parties de l’avoir nommé d’accord dans le délai qui leur aura été imparti.
- L’expert désigné d’office ne pourra être un agent de l’administration.
- Art. 11. L’arrêté préfectoral, autorisant l’établissement et l’entretien des lignes télégraphiques ou téléphoniques sera périmé de plein droit, s’il n’est pas suivi d’un commencement d’exécution dans les six mois de sa date ou dans les trois mois de sa notification.
- Art. 12. — Les actions en indemnité prévues par l’article 10 ci-dessus seront prescrites par le laps de deux ans, à dater du jour où les travaux auront pris fin.
- Art. i3. — Dans le cas où il serait nécessaire d’exécuter pour l’établissement des lignes, des travaux de nature à entraîner une dépossession définitive, il ne pourrait, à défaut d’entente entre l’administration et les propriétaires, être procédé que conformément aux lois des 3 mai 1841 et 27 juillet 1870. 1J
- Toutefois l’indemnite, le cas échéant, serait réglée dans la forme prévue par l’article 16 de la loi du 21 mai i836.
- Art. 14. — La présente loi est applicable à l’Algérie èt aux colonies régies par le sénatus-consulte du 3 mai 1854.
- Art. iS. Toutes les dispositions antérieures sont abrogées en ce qu’elles ont de contraire à la présente loi.
- Le Conseil municipal de Paris vient de mettre à la disposition de M. le Préfet de police une somme de 70.000 fr. pour faire face aux dépenses d’achèvement du réseau des lignes télégraphiques reliant les postes de police.
- On sait que le 10 août courant doit s’ouvrir, à Berlin, la conférence télégraphique internationale.
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- Nous apprenons que MM. Fribourg, directeur, et Lorin, chef de bureau au ministère des Postes et Télégraphes» ainsi que M. Brunot, chef 'du cabinet du ministre, délégués de la France à la conférence, viennent de quitter Paris p our se rendre à Berlin.
- La Russie et l’Autriche ont le plus grand nombre de télégraphistes de campagne, car chaque corps d’armée comprend trois corps de télégraphistes; en France, nous en avons un seulement par corps d’armée.
- Nous lisons dans « the Electrician » de Londres, que d’après le rapport annuel du directeur général des postes et télégraphes d’Angleterre, les dépêches télégraphiques montrent un léger accroissement, mais qu’une augmentation de 435.ooo dépêches pour l’année ne paraît pas satisfaisante. Cette faible augmentation annuelle qui tient sans aucun doute à la stagnation des affaires, à la rivalité des téléphones et à la rapidité des lettres s’est fait sentir graduellement pendant ces cinq dernières années. Les dépenses ont beaucoup augmenté et elles excédaient l’année dernière les revenus de près de 900.000 francs. Le département possède aujourd’hui 27 bureaux téléphoniques installés dans plusieurs villes de province avec 1.141 souscripteurs payant 565.ooo francs par an, mais la majeure partie des affaires téléphoniques est entre les mains de Sociétés privées, qui obtiennent facilement des licences d’après les termes libéraux de l’acte du mois d’août 1884. Les redevances payées par ces Sociétés s’élèvent seulement à 484.250 francs pour l’année. Le plein effet de la rivalité du téléphone avec le télégraphe reste encore à juger mais le •< Post master général » d’ores et déjà ne doute pas un instant que les revenus du télégraphe n’aient été et n’en soient malheureusement affectés.
- Une nouvelle ligne télégraphique vient d’être construite dans le New Hampshire, entre Wolfeborough et Alton Bay via Dover.
- La concurrence de la » Commercial Câble Company » (câbles de MM. M. Mackay et Bennett) avec les anciennes lignes de câbles transatlantiques a causé un préjudice considérable à M. Jay Gould, qui est intéressé à toutes les anciennes Compagnies.
- Comme une partie du service terrestre de la Commercial Company se fait sur les fils de la Bankers’ and Merchants, C°, qui se trouvent mélangés avec ceux de « l’American Rapid C° », M. Gould, sous un prétexte spécieux, a réclamé toutes les lignes de cette dernière Compagnie et, quelques jours après, il s’emparait aussi de toutes les lignes de la Bankers’ Company. Dans toutes les villes des Etats-Unis il fit saisir et couper les fils de la Bankers’ and Merchants C° et les conduisit aux bureaux de Western Union.
- En faisant ainsi, il pensait rétablir en sa faveur le monopole du service des câbles avec l’Europe et empêcher la réorganisation de la Bankers’ and Merchants C° qui menaçait d’une si sérieuse concurrence la Western Union; mais le 17 juillet une ordonnance du juge fédéral a ordonné le rétablissement immédiat de tous les fils de la Bankers’ C°. Ce travail a été aussitôt commencé.
- La presse et le public s’expriment sévèrement sur les agissements de M. Jay Gould.
- Le service des câbles n’a subi qu’un léger dérangement, qui est déjà réparé.
- La Mexican central* Railroad C° fait installer en ce moment une nouvelle ligne télégraphique entre la ville de Mexico et Pilao. Plus tard on poussera la ligne jusqu’à Paso-del-Norte afin de faciliter la transmission rapide des dépêches entres les différentes stations de la route.
- Les autorités militaires au Canada vont construire une ligne télégraphique entre Morse Yon et Woodhills, tandis qu’une autre ligne a déjà été commencée entre Edmonton et Peace Hills.
- Le Journal officiel du 3o juillet dernier contient le décret suivant :
- Art. icr. — Les cercles et les établissements publics, tels que cafés, restaurants, hôtels, etc., abonnés aux réseaux téléphoniques concédés à l’industrie privée, sont autorisés à mettre le téléphone à la disposition de leurs membres ou clients, moyennant le payement d’un abonnement double de celui qui est fixé par le tarif applicable aux abonnés ordinaires.
- Le deuxième abonnement perçu par le permissionnaire revient intégralement à l’Etat.
- Art. 2. — Le ministre des Postes et des Télégraphes est chargé de l’exécution du présent décret.
- Fait à Paris, le 28 juillet i885.
- Jules Grévy.
- Sur le rapport du ministre des postes et télégraphes, le président de la République vient de rendre le décret suivant, à la date du 28 juillet :
- « Art. i«. Les abonnés aux réseaux téléphoniques exploités par l’industrie privée peuvent obtenir la [faculté de correspondre par l’intermédiaire des cabines téléphoniques publiques dans les limites de chaque .réseau urbain, moyennant le payement préalable d’une taxe d’abonnement qui tient lieu de la taxe perçue pour chaque communication en vertu du décret du 3i décembre 1884.
- « Art. 2. L’abonnement applicable à la correspondance par cabines téléphoniques est fixé à 40 francs par an à Paris et à 20 francs par an dans les départements.
- « Art. 3. Les conditions dans lesquelles cet abonnement est perçu et en général toutes les dispositions relatives à l’exécution du service des cabines téléphoniques sont déterminées par arrêtés du- ministre des Postes et des Télégraphes.
- Il se signe en ce moment parmi les abonnés au téléphone, à Paris, une pétition qui doit être remise au ministre des Postes et Télégraphes, dans le but d’obtenir :
- i° Pour MM. les abonnés, le droit d’employer gratuitement les cabines publiques téléphoniques;
- 2° Pour les associés ou employés d’abonnés, des cartes d’abonnement à vingt francs, leur donnant le même droit;
- 3» Pour le public, l’abaissement à 25 centimes du ticket téléphonique qui en coûte acluellement cinquante.
- Le ministère italien vient de commander à la « Societa Telefonica Romana », 7 postes téléphoniques complets, destinés à mettre, la station de Massouah, sur la mer Rouge, en communication avec différents postes.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Les journaux anglais donnent d’intéressants détails sur les Compagnies de téléphonie du Royaume-Uni. D’après ces documents, c’est l’« United Téléphoné Company» qui a fondé toutes les autres Sociétés .existantes. C’est elle qui possède les brevets et qui, avec l’appui de différents groupes locaux, a créé les six autres Sociétés. Voici leurs noms et leur capital.
- Date
- de la fondation. Capital.
- United Téléphoné C° 3 juin 1880 Io.g5l. 100 fr.
- Lancashirc and Cheshire Tele-
- phone C° 3i mai 1882 7.404.025
- National Téléphoné C° 3o mars 1881 15.480.000
- Northern District Téléphoné C°. i3 décemb. 1881 4.375.000
- Téléphoné Company of Ireland... 27 mai 1880 4.758.750
- Western Counties Téléphoné C®. 24 mars 1884 10.000.000
- South of England Téléphoné C®. •7 décemb. 1884 10.000.000
- Ensemble 62.968.875 fr
- Toutes ces Sociétés comptaient, il y a trois mois, 12.730 abonnés, et leur tâche consistait à gagner le dividende de près de 63 millions de capital. Cette attente, avec un nombre si restreint d’abonnés, a été déçue ; car qüelques-unes ne donnent aucun intérêt, et les autres ne payent qu’un dividende absolument insignifiant.
- Du reste, une partie de ce gros capital, i6.25o.ooofr., est entre les mains de la « United C° », et il n’a été créé qu’en vue d’une cession au gouvernement anglais.
- Enfin, disent les correspondants de journaux anglais, malgré ces capitaux élevés et ces Sociétés multiples, nous sommes, pour ainsi dire, sans téléphonie, car les Sociétés de téléphonie sont tellement grevées par leur capital que leur développement est impossible, et nous ne pourrons véritablement employer le téléphone qu’un an oti deux après l’expiration des brevets.
- Nombre de téléphones et de transmetteurs
- en usage..........;....................... 3i3.ii2 »
- Recette nette par instrument........... 55 »
- Nombre des bureaux dans les Etats-Unis. 772
- Nombre des bureaux construits en 1884. . 63
- Nombre des souscripteurs............ 134.847
- Augmentation depuis le i°r janvier 1884. . 11.222
- Nombre des bureaux auxiliaires.......... 3.341
- Nombre des lignes privées et autres bureaux.................................. 12.868
- Total général des bureaux et stations. . . i5i.o56
- Longueur totale des câbles en usage, en
- pieds................................. 582.442
- Réseau des bureaux, milles de fils sur poteaux .......................................... 88.607
- — — sur les maisons. 11.902
- — — souterrains. . . 1.225
- Longueur totale des fils en milles...... 101.734
- Longueur totale des fils au ior janvier 1884 85.896
- Augmentation depuis le i®1, janvier 1884. . 15.838
- Nombre de lignes extra-territoriales.... 826
- Longueur des lignes extra-territoriales . . 35.63i
- Nombre des employés de jour....................... 2.623
- — de nuit....................... 773
- Nombre total des employés......................... 5.700
- Les rapports des différentes Compagnies donnent les moyennes suivantes pour le nombre d’appels par bureau et le prix des appels servis par souscripteur :
- Daifs les bureaux de 100 abonnés ou moins.
- — 100 à 200. . .
- — 200 à 5oo. . .
- — 5oo à 1000 . .
- — 1000 à i5go . .
- — i5oo ou plus .
- 4 appels 0.40 cent.
- 4 — tfô °-33 —
- 5 "HH) 0.31 —
- 5 - S-0.36 -
- 5 - o.36 -
- 5 — tthf 0-38 —
- Le secrétaire de la U. S. Treasury, à Washington, vient d’adresser par lettre l’ordre à l’architecte de la Treasury de faire enlever du toit du palais tous les fils téléphoniques et télégraphiques qui restaient encore et de les enrouler autour des poteaux des rues les plus proches, de manière à ne pas gêner les piétons et les chevaux. L’ordre avait été donné il y a déjà quelque temps, à toutes les Sociétés, et quelques-unes seulement avaient enlevé leurs fils : tous les fils étaient à terre le lendemain du jour où l’ordre en a été donné.
- ' Des démarches actives sont faites auprès des représentants de la « Western Counties Téléphoné C° » pour obtenir une station téléphonique à Torquay.
- Les débats préliminaires du procès de la « Bell Téléphoné C° » contre la « Western Pennsylvanian Téléphoné and Telegraph C° » viennent de commencer devant la cour de Pittsburg. La cour a refusé d’accorder l’autorisation de continuer les opérations jusqu’à l’issue du procès, prétendant que le travail devait être suspendu.
- La « Mexican Téléphoné Company » a passé un contrat avec le gouvernement mexicain pour fournir vingt cinq téléphones destinés au service des bureaux des contributions et des baraques du district fédéral. Le nombre des souscripteurs particuliers s’accroît tous les jours. -
- Le maire de Boston a déclaré que dans le nouveau budget, la ville payera 5o.ooo francs par an pour l’usage des téléphones.
- Les journaux américains nous donnent les chiffres suivants sur le trafic et l’état des Sociétés téléphoniques aux Etats-Unis pendant l’année 1884 :
- Recettes générales........................ 47.S00.000 fr.
- v Dépenses................................. 3o.250.000 »
- Recettes nettes........................... i6.25o.ooo »
- Montant des dividendes distribués pendant
- l’année...................................... 9.606.195 5o
- Recettes brutes des affaires hors des Etats-Unis......................................... 2.560.120 75 »
- Une nouvelle ligne téléphonique en cuivre entre Lawrens-burg et Aurora, dans l’Indiana, sera prochainement livrée au public. Deux lignes en fer existent déjà entre ces villes, mais à cause de l’inductiou, il est impossible d’employer en même temps les deux lignes, car les abonnés qui parlent sur une ligne peuvent facilement converser par induction avec les autres abonnés parlant sur l’autre ligne. Des expériences seront faites sur l’une des lignes lorsque celle de cuivre sera achevée. Une des lignes en fil de fer sera mise en communication avec la terre de quatre en quatre poteaux.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Paris.— Imprimerie P. Mouillot, l3, quai Voltaire.— 58778
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- La Lumière Électrique
- Journal universel dyElectricité
- 31, Boulevard des Italiens, Paris
- V"
- directeur : D* CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout
- 7° ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI 15 AOUT 1885 N“ 33
- SOMMAIRE. — Nouvelles analogies entre les phénomènes électriques et les effets hydrodynamiques; C. Decharme. — Application de l'électricité à la manœuvre des signaux de chemins de fer (6me article) ; M, Cossmann. — Les dynamos Jones et Sterling; G. Richard. — L’Electricité en Amérique : L’Eclairage électrique; B. Abdank-Abakancwicz. — Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch : Recherches sur les effets de l’excitation faradique directe des glandes; par M. Vulpian. — Sur l’emp'oi des courants alternatifs pour la mesure des résistances liquides; par MM. Bouty et Foussereau. — Sur la conductibilité électrique du mercure et des métaux purs aux basses température^,,..par MM. Cailletet et Bouty. — De l’influence du magnétisme sur les caractères des raies spectrales, 'par Ch. Fiëvez. — Correspondances spéciales de l’étranger : Angleterre ; J. Munro. — Chronique •' L’induction téléphonique, par M. Ch. Elsasser. — A propos de la grue électrique de M. Farcot. — Les moyens mécaniques de dépolarisation des piles; P. Clemenceau. — Les suites du procès Edison-Swan en Allemagne.— Bibliographie. — Le3 applications de l’électricité aux chemins de fer.— Faits divers.
- NOUVELLES ANALOGIES ENTRE
- LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES
- ET LES EFFETS HYDRODYNAMIQUES
- L’assimilation du courant électrique à un courant liquide, présente, au point de vue théorique, comme au point de Vue pratique, une importance réelle qui n’échappe à aucun observateur. On comprendra donc notre ihsistance à venir ajouter des preuves nouvelles à celles, très nombreuses déjà, que nous avons apportées précédemment à l’appui de cette assimilation (*), car c’est par le nombre de ces exemples, par leur variété et leur valeur particulière, que nous espérons l’amener à parfaite évidence.
- Parmi les meilleures preuves d’analogie entre les deux ordres de phénomènes comparés, nous pouvons placer l’imitation, par voie hydrodynamique, des anneaux colorés électro-chimiques. Nous allons donc donner à ce sujet de nouveaux exemples qui nous semblent propres à faire ressortir les rapports intimes qui existent entre les deux phénomènes.
- (•) La Lumière électrique, t. IX, p. 498; t. XI p. 36; t. XII, p. 86; t. XIII, p. 7,.123, 441, 484; t. XIV, p. 161, 282, 333,
- 371.
- I. — ANALOGIE ENTRE LES ANNEAUX ÉLECTRO-CHIMIQUES ET HYDRODYNAMIQUES
- J’ai imité les anneaux électro-chimiques simples ou multiples par des courants d’eau continus, dirigés verticalement contre une plaque de verre ('). Ce procédé, bien que correspondant mieux que tout autre à celui de Nobili, pour les anneaux colorés, ne permet pas la fixation de ces anneaux liquide sur la plaque, au moyen d'une poudre lourde en suspension dans l’eau. Mais si, au lieu de courants d’eau continus, on n’emploie que des courants finis, c’est-à-dire de petites colonnes liquides s’écoulant d’un tube unique, ou simultané ment de tubes égaux sur le dépôt pulvérulent ordinaire (couche de minium' aqueuse), on obtient fixés sur le verre, des anneaux simples et des anneaux multiples de divers systèmes. Les figures 1, a, b, c, d, représentent quelques variétés d’anneaux simples (voir pour les autres, La Lumière électrique, XH, S62, 363, et IX, 499).
- Pour réaliser commodément la chute simultanée (condition indispensable), des liquides de tous les tubes, je me sers d’ajutages, à 2, 3, 4, etc., tubes, analogues à ceux que j’ai employés pour les courants continus et dont la description a été faite précédemment {La Lumière éleclriqueXll, 88).Nous en reproduisons seulement un des types (fig. 2). Au lieu de l’adapter au tuyau conducteur, on l’en sépare, on le plonge verticalement dans l’eau, puis
- (t) La Lumière électrique, t. XII, p. 86.
- 1
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- LA , LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- dn ferme avec le doigt l’ouverture supérieure (unique), on enlève doucement le système et l’on emporte ainsi, dans, chaque tube, une colonne d’eau (dont on a pu faire varier la longueur, en plon-
- pourra les comparer aux figures correspondantes des anneaux électrochimiques représentées pour la comparaison avec les anneaux thermiques [La Lumière électrique XIII, 488,489,492, fig. 9, r i, i3) ;
- FIG. I. a. ANNEAU HYDRODYNAMIQUE SIMPLE
- FIG. I. C. — ANNEAU HYDRODYNAMIQUE SIMPLE
- géant plus ou moins les tubes dans le liquide). On tient fixe l’appareil au-dessus de la plaque préparée, on débouche le tube en levant le doigt rapi-
- et aux anneaux hydrodynamiques obtenus par courants d’eau continus {La Lumière électrique, XII, p. 88 et suiv.).
- Ces résultats m’ont engagé à poursuivre une
- FIG. I. b. — ANNEAU HYDRODYNAMIQUE SIMPLE
- FIG. I. d. — ANNEAU HYDRODYNAMIQUE SIMPLE
- dement; le liquide s’écoule en même temps de tous ces tubes, et détermine, sur la plaque, des anneaux symétriques. Les figures 3, 4, 5, représentent quelques-uns des systèmes obtenus par ce moyen, On
- imitation plus difficile des anneaux électro-chimiques, c’est celle des rosaces multicolores que Notifia réalisées, d’une façonqu’on peut appeler artis tique.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 2Q t
- IMITATION, PAR VOIE HYDRODYNAMIQUE, DES ROSACES ÉLECTRO-CHIMIQUES DE NOBILI
- On sait que l’ingénieux physicien, pour produire ses belles rosaces métallo-chromiques (qui ont figuré à l’Exposition universelle d’électricité de Paris, en 1881), employait un certain nombre d’électrodes de diverses formes rattachées à un même pôle et disposées symétriquement au-dessus de la plaque métallique de projection.
- J’ai cherché à imiter, par voie hydrodynamique, d’abord les formes, puis la couleur de ces rosaces.
- i° Imitation des formes. — A cet effet, j’ai eu recours à des appareils analogues à ceux dont je me suis servi pour la production des anneaux multiples, mais plus compliqués. Je ne décrirai que l’un d’eux (fig. 6). C’est un vase cylindrique aplati, sorte de tambour dont la base inférieure porte 9 tubes de o^Soô de longueur sur om,oo4 de diamètre; 8 sont disposés circulairement, le 9e au centre. La face supérieure n’a qu’un tube court de om,02 de longueur et de om,oo7 de diamètre.
- On opère ayec cet appareil comme avec les ajutages plus simples, dont l’emploi vient d’être
- FIG. 2
- TYPE D’AJUTAGE A TAMBOUR POUR LA PRODUCTION DES ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES MULTIPLES
- fl IG. 3. *1. — ANNEAUX MYD.RQPYNAM1QU.es (système binaire)
- jé. On laisse tomber simultanément, sur la plaque préparée, les neuf colonnes égales de liquide et l’on produit une véritable rosace, dont la figure 7 bis est un spécimen assez analogue à celui de Nobili (fig. 7). On conçoit qu’en faisant varier le diamètre, la disposition et le nombre des tubes, la longueur des colonnes liquides et la hau-
- teur de chute, on obtienne des formes très diverses de rosaces symétriques.
- Avec un tube unique et une colonne liquide plus
- ss.4'- ' , . \> ; r
- FIG. 3. 6. — ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES (SYSTÈME BINAIRE)
- ou moins longue, on produit ainsi des rosaces de formes variées (fig. 8. a, b).
- /K
- ri è y
- MM.y
- FIG. 4. — ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES (SYSTÈME TERNAIRE)
- La chute de simples gouttes d’eau sur la couche de minium, donne lieu à de petites rosaces très ornées (fig. 9, a, b, c, d, e, f).
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- LA LÜMÏÈRË ELËCtRlQUË
- Ügi
- Un courant d’eau continu, appliqué à l’appareil à neuf tubes, forme également des rosaces liquides. 2° Imitation des couleurs. — Pour imiter les
- rayons bleus traversent la zone ronge suivante, qu te termine par un liséré rouge suivi d’un anneau1 bleu; au delà, jusqu’à la périphérie, sont des por-
- FIG. 5. — ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES (SYSTEME QUATERNAIRE)
- 1-TU. 7, — SPÉCiMEN'Dj ROSACE MËTALLOCHROMIQU E DE NOBIL1 '
- couleurs que Nobili a si habilement produites sur ses rosaces, on peut employer le moyen suivant que j’ai appliqué à l’analyse des effets respectifs des liquides puisant et résistant (*), c’est-à-dire, prendre pour liquide de chute une colonne d’eau
- tenant en suspension une poudre de couleur différente de celle du liquide répandu sur la plaque de projection, par exemple, du bleu, pour liquide puisant, de l’eau avec du minium, pour liquide résistant. De celte manière, les effets restent séparément inscrits sur la lame de verre, où l’on peut les examiner, les étudier à loisir. — L’exemple suivant donnera une idée plus précise de cette imitation : En laissant tomber le liquide bleu de la hauteur de om,o5 à om,io, on obtient un cercle bleu centralpuis vient un anneau rouge très étroit; des
- Flti. 0. — APPAREIL POUR PRODUIRE PAR VOIE HYDRODYNAMIQUE, DES ROSACES IMITANT CELLES DE NOBILI.
- P) L.i lumière cleclri.jue, t. Xll, p 36e.
- lions de secteurs pétaloïdes rouges, formant le troisième anneau, terminé par un filet étroit et
- .A%, 'VîM. £
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- FIG. 7 Ois. IMITATION HYDRODYNAMIQUE DE CETTE ROSACE.
- onduleux de la même couleur; des rayons bleus très déliés se voient encore sur ces espèces de pétales (ig. 10, A, B.)
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- ?ç,3
- Au lieu d'un seul liquide puisant, on peut, dans un même tube en superposer deux ou trois de couleurs différentes qui ne se mélangeront pas sensi
- et présenteront aussi des rosaces plus ou moins compliquées de formes et de couleurs.
- Enfin, imaginez que l’on combine les effets des
- FIG. 8. a. — ROSACE HYDRODYNAMIQUE PRODUITE PAR UN SEUL TULE
- blement si ce tube est étroit et si on les aspire successivement avec précaution.
- Appliquons ces procédés à l’appareil à neuf
- Flü.Ji.Jl' — ROSACE HYDRODYNAMIQUE PRODUITE FAlt^UN SEUL TELE
- l'IG. 9. a, b, C, d. — ANNEAUX, ROSACES,’ FLEURONS PRODUITS PAR LA CHUTE DE SIMPLES GOUTTES D’EAU
- tubes de différents diamètres et de diverses formes polygonales, elliptiques, linéaires, etc., contenant chacun plusieurs liquides colorés, et supposez en outre que la couche de dépôt répandue sur la plaque
- FIG. 9. 0, f, A. — ANNEAUX, ROSACES, FLEURONS PRODUITS PAR LA CHUTE DE SIMPLES GOUTTES D'EAU
- tubes et de plus, au lieu de laisser tomber librement toutes les colonnes liquides, supposez qu’on les souffle avec plus ou moins de force, on aura encore des effets qui différeront des précédents
- de verre soit plus ou moins épaisse, vous concevrez la possibilité de réaliser des rosaces d’une infinie variété de formes et de couleurs.
- Revenons maintenant aux anneaux simples
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- hydrodynamiques, dont nous avons à expliquer le mode de développement et certaines particularités comparatives avec les anneaux électro-chimiques,
- FIG. 9. /. — FLEURON PRODUIT PAR LA CHUTE D'UNE SIMPLE GOUTTE D'EAU
- afin de poursuivre l’analogie jusque dans le détail des phénomènes.
- Pour se rendre compte de la formation simulta-
- FIG. 10. A. —ROSACE COLORÉE, OBTENUE PAR VOIE HYDRODYNAMIQUE r, ROUGE. — b, BLEU.
- née des cercles concentriques et des lignes rayonnantes dans les anneaux hydrauliques, il faut remarquer que la colonne liquide tombante étant cylindrique, tend à produire autour d’elle une impulsion circulaire. La matière pulvérulente lui fait obstacle et constitue, par sa réaction, un bourrelet circulaire, produisant une sorte de mascaret qui finit par vaincre momentanément la force d’impulsion; alors, un premier anneau se constitue; mais la force impulsive n’est pas épuisée; elle continue
- d’agir, de pousser en avant les couches solides et liquides qui lui font obstacle; un deuxième, puis un troisième anneau se produisent, etc.
- Quand la chute est suffisamment élevée, le corps choquant se divise en tombant, fait nappe auréolée; les anneaux se roinpént par l'effet prépondérant de la force impulsive. Il en résulte des rayons, des secteurs plus ou moins larges, ou finalemeut des gouttelettes lancées plus ou moins loin, suivant la hauteur de la chute. Lorsque cette hauteur n’est que de om,o2 ou o“,o3, la force impulsive est faible, les actions et réactions sont plus rapprochées les unes des autres, et les anneaux plus serrés et plus nombreux, surtout avec les tubes étroits.
- Pour les chutes basses et les longues colonnes liquides, il n’y a pas production de lignes rayonnantes dans les anneaux, parce que, dans Ces conditions, la veine fluide ne se divise pas et tombe doucement, sans bruit, en s’épanouissant circulai-rernent, tandis que dans les chutes un peu élevées c’est-à-dire, qui sont supérieures à la distance à
- FIG. 10. B. — ROSACE COLORÉE, OBTENUE PAR VOIE^HYDRODYNÀMÎQUE
- r, rouge. — b, Bleu.!
- laquelle la veine liquide se divise avant de toucher le dépôt, les anneaux sont auréolés, comme les nappes de jets d’eâu.
- Ainsi, pour les chutes basses, ce sont les formes annulaires qui dominent, tandis que pour les chutes élevées, ce sont les lignes rayonnantes qui l’emportent.
- Quand nous comparons ces effets à ceux des anneaux électro-chimiques, qui sont dépourvus de lignes rayonnantes, nous devons en conclure que
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- la force de résistance opposée par le métal à l’écoulement de l’électricité l’emporte de beaucoup sur la force impulsive du courant. Donc, pour se rapprocher de nos effets hydrodynamiques, il faut diminuer la résistance et augmenter la tension du courant, dans une certaine mesure, car avec des courants trop forts on n’a pas d’anneaux.
- On sait que pour la production des anneaux électro-chimiques, le courant doit avoir une certaine force, en deçà et au delà de laquelle le phénomène change de caractère, ou plutôt cesse de se manifester: Un courant électrique trop faible ne produit pas d’anneaux; un courant trop fort ne donne qu’un dépôt noir non adhérent.
- De même, dans la production des anneaux hydrodynamiques, il faut que le courant réunisse certaines conditions d’intensité, et de continuité ; un courant trop faible ne donne pas d’anneaux marqués ; un courant trop fort fait disparaître les anneaux et ne laisse plus apercevoir que des jets rayonnants étoilés, des nappes auréolées : c’est encore une analogie de plus entre les deux phénomènes électro-chimique et hydrodynamique.
- La formation des anneaux hydrodynamiques est plus rapide que celle des anneaux électro-chimiques. L’effet est presque instantané. L’état variable du courant liquide ne dure que le temps du glissement de l’eau sur la plaque, c’est-à-dire une petite fraction de seconde, et ce temps est suffisant néanmoins pour produire ces figures d’une extrême délicatesse, ces franges, ces ornements gracieux et symétriquement disposés. Mais si rapide que soit le phénomène, il comporte cependant des effets successifs, comme on peut s’en assurer en examinant l’anneau qui limite ordinairement les secteurs rayonnants; on constatera qu’il est visiblement traversé par eux et s’en trouve même un peu masqué ou déformé (fig. n). Par conséquent le jet des secteurs (ou si l’on veut, des rayons qui ne sont que des secteurs plus petits), est postérieur à la formation de l’anneau. On juge ici, comme en géologie de l’âge relatif des jets de matière à travers les stratifications ou les couches diverses ; celles qui sont traversées sont nécessairement antérieures à celles qui les traversent. Ce résultat montre que c’est le liquide puisant qui forme les rayons et que c’est la matière pulvérulente qui détermine les anneaux.
- En beaucoup de cas, selon la nature de la plaque et celle de la dissolution, les anneaux de Nobili sont alternativement clairs et obscurs, ou de deux teintes ; le premier effet étant dû à la surface métallique de la plaque mise à nu, et le second au transport de la matière, en dissolution et de celle de la plaque oxydée.
- Dans les anneaux hydrodynamiques, on constate aussi deux effets : l’un dû à la résistance qu’offre la matière pulvérulente répandue, sur la plaque, l’autre à la force impulsive du courant
- liquide. On fait ressortir la coexistence de ces deux effets, en donnant au liquide de chute une couleur différente de celle du dépôt. Si la première couleur est opaque, comme la seconde, on n’aura qu’à regarder la plaque de verre en dessus et en dessous, pour observer ce double effet. Quand le liquide tombant est de l’eau pure, il laisse, après évaporation spontanée, des vides qui se dessinent, sur le fond, en noir, par réflexion, on en clair, par transmission ; ce qui permet de distinguer, à première vue, les deux effets simultanés.
- Les irrégularités des anneaux hydrodynamiques tiennent à plusieurs causes : d’abord au défaut d’homogénéité de la couche pulvérulente, le développement étant empêché ou ralenti du côté de l’obstacle le plus grand, c’est-à-dire du côté où la couche est la plus épaisse ; ensuite à la proximité des bords de la plaque ou à celle d’un autre anneau. Dans les apparences de Nobili, on remarque pareil lement des causes d’arrêt dans leur développement, soit par défaut d’homogénéité de la couche d’or, d’argent ou de platine, soit par insuffisance de poli de la plaque, soit par le voisinage d’un autre anneau ou des bords de la plaque, ou par la présence de quelques grains de poussière, d’une tache de matière grasse, etc.
- Il en est de même, d’ailleurs, pour les anneaux thermiques ou chimiques.
- Je cite ces petits faits pour montrer que les analogies entre les phénomènes comparés, se maintiennent jusque dans les détails.
- (A suivre.) C. Decharme.
- APPLICATION DE L’ÉLECTRICITÉ
- A LA MANŒUVRE DES
- SIGNAUX DE CHEMINS DE FER
- (Sixième article.— Voiries numéros des 11, 18, 25 juillet et ceux des ior et 8 août i885.)
- Troisième série.
- II. — APPAREILS DE BLOCK AND INTER LOCK ING
- APPAREILS REGNAULT MODIFIÉS.
- A la suite de la circulaire ministérielle du 12 janvier 1881, la Compagnie de l’Ouest a été amenée à modifier, comme l’afaitla Compagnie de P.-L.-M., les anciens appareils Régnault qui ne répondaient pas aux données du programme recommandé par le Ministre.
- Tout en conservant l’ancien type d’appareils, on s’est borné à les relier avec les signaux s’adressant aux mécaniciens de manière à réaliser les conditions suivantes :
- i° Un poste ne peut annoncer un train au poste
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- suivant, sans avoir effectivement couvert le train à l'aide d'un signal d’ariôt absolu de forme carrée;
- 20 Le garde ne peut plus effacer ce signal carré, après l'avoir mis à l’arrêt, tant que le poste suivant n’a pas rendu la voie libre;
- 3° Un poste ne peut rendre la voie libre en
- FIG. III. — ENCLENCHEMENT DE LAPPÀREIL REGNAULT
- arrière sans mettre à l’arrêt son disque à distance dans cette direction.
- La première condition a été résolue par un enclenchement mécanique, les deux autres, par lelec tiicité.
- On se rappelle que les indicateurs de Regnauli se manœuvrent à l’aide de deux boutons poussoirs
- .-Appareti
- FIG. Il 2. — SERRURE ÉLECTRIQUE (SYSTÈME REGNAULT)
- servant l'un à annoncer le départ des trains, l’autre à signaler leur arrivée et à débloquer, par con séquent la section. On a donc établi une liaison mécanique, indiquée aux figures ni et n3, entre le levier de manœuvre du signal carré et le poussoir de départ A. Lorsque Je signal est effacé, jun crochet embrasse une encoche du bouton de départ
- et immobilise ce bouton; quand on ferme ce signal, le jeu de la tringle de la transmission T et des leviers L, L, soulève le ciochet et laisse libre le mouvement du bouton A.
- En outre, le levier du signal carré enclenche celui du disque à distance, de manière qu’il faut toujours mettre ce dernier à l’arrct avant l'autre, pour couvrir les trains.
- Pour obtenir les autres conditions.
- M Régnault a adapté au levier de manœuvre du signal carré une serrure électrique dont le diagramme est donné à la figure 112.
- La serrure électrique est placée horizontalement dans une boîte sur le support du levier de manœuvre.
- Un pêne K est poussé par le ressort r, et peut être tiré parla poignée F. Par son extrémité opposée V, le pêne appuie toujours sur la face latérale du secteur du levier de manœuvre.
- Lorsque le signal carré est fermé, le pêne K se trouve poussé à fond de course en avant, par suite d’un retrait correspondant qui existe sur la face
- lstérilf* /tu çpf>-
- l“l'-uuv' ENCLENCHEMENT DE L APPAREIL REGNAULT
- tour.
- Pour effacer le signal, il faut donc tirer le pêne par la poignée F, de manière à faire passer la saillie du secteur contre laquelle butte l’extrémité V du pêne. Mais en prenant la position correspondant au signal fermé, le pêne chassé par le ressort r va se trouver lui-même fermé mécaniquement par l’extrémité recourbée de la branche b de l’équerre ab, sous l’influence du ressort r. Dans cette position, on ne peut plus tirer le pêne que si, sous l’influence d’un courant passant par les bobines, la
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- *9?
- palette a, attirée, fait pivoter l’équerre ab et libère le pêne ou l'ouvre : ce courant, provenant de la pile locale z' c’ (fig. 114) ne peut passer que si l’on forme deux solutions de continuité, l’une entre les contacts x et y de la serrure, et l’autre entre le le levier / et le contact e, lequel contact n’existait pas dans l’appareil primitif. La première solution de continuité entre x et y est fermée sous le mouvement de l’équerre mn, dont la branche m est menée par le pêne, dès que le pêne K prend sa position à fond de course, correspondant au signal
- fermé, autrement dit,*dès que le pêne se ferme mécaniquement; la seconde, comme le représente le diagramme, n’est fermée que si l’aiguille de répétition r est verticale.
- Donc le train étant annoncé, et le signal carré étant fermé derrière ce train, on ne peut plus effacer ce signal, tant que le poste suivant n'a pas rendu la voie libre.
- Le courant de la pile locale ne sert donc qu’à ouvrir la serrure électrique, en sorte que si l’électricité vient à faire défaut, le signal reste fermé.
- FIG, II4. — DIAGRAMME DE l’aTPAREIL REGNAULT .MODIFIÉ
- Une aiguille de galvanomètre placée au-dessous de la serrure, indique si elle est ouverte ou fermée par le courant électrique.
- Dans le cas où, pour une cause quelconque, un train devait pénétrer dans une section avant qu’on ait reçu voie libre en amont, le stationnaire peut faire usage d’une clef spéciale pour ouvrir la serrure électrique, afin de manœuvrer le signal carré.
- Cette clef agit directement sur l’équerre ab et en écartant b, elle déclenche le pêne à ressort, que l’on peut alors tirer de la main.
- La troisième condition mise à l’arrêt du disque avancé du poste, avànt que ce poste puisse rendre voie libre au poste précédent, s’obtient en intercalant un relais à double effet dans le fil de sonnerie du disque, ainsi que le représente le diagramme figure 115.
- Pour que le bouton d’arrivée du poste C puisse lancer dans le fil de ligne le courant négatif de la pile de ligne P, il faut que le levier k ait basculé de la position du repos, représentée sur la figure, et soit venu sur le contact n. Ce mouvement ne peut avoir lieu que lorsque le circuit de la pile de sonnerie N placée au bas du disque, est fermé par le commutateur du disque t, c’est-à-dire lorsque le disque est à l’arrêt. En ce cas, en effet, l’électro-aimant du relais attire la palette s et fait basculer, dans le sens vouju, le levier k.
- En même temps que le levier tombe sur le contact n, le levier p vient sur le contact m et ferme le circuit de la pile locale M, qui fait marcher la sonnerie du disque.
- 11 résulte de ce qui précède que les additions et modifications faites par M. Régnault à ses appa-
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- reils primitifs ont eu pour effet, d’une part de les solidariser avec les signaux s’adressant aux mécaniciens, d’autre part, d’établir la dépendance des sections successives par l’intermédiaire du disque à distance de chaque poste. C’est donc au fond une solution à peu près semblable à celle que fournit le nouvel appareil de P.-L.-M., avec cette différence toutefois que l’appareil de M. Régnault n’empêche pas le garde de donner plusieurs déclenchements successifs à l’arrière.
- Signaux optiques de cantonnement.— L’organisation du block System sur le réseau de l’Ouest, avec les indicateurs modifiés, présente encore un caractère spécial, consistant dans l’emploi de sémaphores à deux bras, en guise de signaux d’arrêt enclenchés avec les boutons-poussoirs. Les deux bras de ce signal de cantonnement sont, l’un des-
- Fil de sonnerie.
- Relata
- j Enclenchement, électrique du signal avancé avec lebouton d'arrivée de l'indicateur Régnault modifié.
- I Indicateur
- i----_o—QBoutor
- Terre
- FIG. II5. — INTERCALATION' D* UN RELAIS
- tiné à commander l’arrêt absolu, et l’autre à commander seulement l’attention au mécanicien ; grâce à cette disposition, on peut, le jour comme la nuit, donner trois indications distinctes :
- i° Si les deux bras sont horizontaux, celui de devant qui est peint en rouge et éclairé de deux feux rouges, est seul visible et le signal commande l’arrêt ;
- 2° Si le bras antérieur tombe et s’efface verticalement, il démasque l’autre bras, qui est formé d’une glace dépolie portant le mot attention peint en noir, et éclairée par transparence la nuit ;
- 3° Les deux bras peuvent être abaissés et effacés verticalement, en démasquant la nuit le feu blanc de la lanterne, ce qui signifie que la voie est libre.
- Chacune de ces trois indications est donnée au moyen d’un seul levier qui peut occuper trois positions. Par suite des dispositions que présente ce levier, le bras portant le mot attention ne peut être effacé qu’après le bras rouge commandant l’arrêt, et encore le garde est obligé de marquer un temps d’arrêt entre ces deux manoeuvres.
- L’usage de ce signal de cantonnement est le suivant : lorsqu’un train passe à un poste, le garde manoeuvre son levier pour amener simultanément les deux bras à la position horizontale ; puis, quand il s’est écoulé dix minutes après le passage du train, s’il se présente un second train avant que
- la voie ait été rendue libre par le poste suivant, le garde est autorisé par le règlement à substituer le signal d’attention au signal d’arrêt absolu. Mais comme la serrure électrique empêche d’effacer le voyant rouge sans l’autorisation du poste suivant, c’est alors que le garde doit faire usage de la clef dont il a été question plus haut, et qui lui permet en quelque sorte de crocheter sa serrure électrique.
- Toutefois un artifice spécial empêche, lorsqu’on fait usage de la clef, d’effacer aussi le second bras ou signal d’attention : à cet effet la clef est fixée sur le secteur qui sert de curseur au levier de manœuvre du signal ; en la dévissant, on fait apparaître sur ce curseur une pièce de buttée qui s’o-pose à ce que le levier continue sa course au delà de la position correspondant à l’effacement du bras rouge.
- Malgré cette précaution, il est impossible de se dissimuler que l’emploi de cette clef, qui peut faire disparaître la solidarité entre les signaux optiques et les signaux électriques, n’est pas une innovation très heureuse. Il est vrai qu’elle n’est pas imputable à M. Régnault, qui ne l’a introduite dans son système, que pour donner satisfaction au désidé-ratum duèrglement de la Compagnie, qui échappe, bien entendu, à la portée de nos critiques.
- Lignes à voies uniques. — Les appareils de M. Régnault ont également été modifiés, pour le service des lignes à voie unique et complétés par l’addition d’enclenchements entre les indicateurs et les signaux de la voie.
- Le mécanisme intérieur de la boîte des indicateurs est indiqué au diagramme de la figure 114; il est de même que pour les appareils à double voie, mais il diffère de celui des indicateurs primitifs par quelques petits détails que la comparaison des figures fera facilement ressortir.
- Quant aux enclenchements, leur disposition est la suivante : les boutons d’arrivée des indicateurs électriques de chaque poste sout seuls enclenchés avec les signaux avancés du poste ; ainsi que l’indique la figure 116, l’enclenchement est obtenu comme précédemment au moyen de crochets dépendants des leviers de manœuvre des disques à distance. En outre, une serrure électrique normalement fermée par un aimant, est appliquée au levier, du signal d’arrêt absolu, de manière que le garde ne peut effacer ce signal, pour autoriser le départ d’un train, tant que l’aiguille indicative est inclinée et annonce l’approche d’un train circulant en sens contraire.
- Cette serrure, représentée à la figure 117, se compose d’une boîte en fonte F, qui porte à l’extérieur une coulisse K destinée à recevoir le levier de manœuvre À du signal d’arrêt absolu. Ce levier est maintenu au fond de la coulisse par un pêne C que repousse dans cette position le ressort r. Un électro-aimant Hughes E retient normalement.en
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- contact la palette a formant l’une des branches d’une équerre mobile autour du point o, et dont l’autre branche b enclenche en permanence le pêne G, et par conséquent le levier A. Quand un cou-
- VOIE UNIQUE
- 'unique
- FIG. Il6. — ENCLENCHEMENT POUR VOIE UNIQUE
- rant positif est envoyé du poste suivant et traverse les bobines de l’électro-aimant dans la serrure, c’est-à-dire tant que l’aiguille indicative est inclinée pour signaler un train se dirigeant vers le poste, l’action de l’aimant est augmentée et la serrure est doublement fermée.
- Pour pouvoir autoriser le départ d’un train, en
- K
- FIG. 117. — SERRURE REGNAULT POUR VOIE UNIQUE
- effaçant le signal d’arrêt absolu, il ne suffit pas que l’aiguille indicative soit verticale, c’est-à-dire que la voie soit libre, parce que dans cette situation, aucun courant ne circulant dans le fil de ligne, la serrure est normalement fermée par l’action de l’aimant. Il faut encore que le garde signale le départ du train à la gare suivante, et que le garde du poste destinataire autorise lui-même l’ouverture de la serrure, en faisant agir un relais qui, à l’état de repos, maintient, au poste expéditeur, une solution de continuité dans le circuit de la pile locale. L’action de ce relais a pour effet de faire circuler dans le fil des
- bobines de l’électro-aimant, un courant négatif qui neutralise l’action de l’aimant; le ressort antagoniste s écarte alors la palette a, et la branche b dégage le pêne G; le garde peut alors, à l’aide de la poignée B, retirer le pêne, ce qui lui permet de manœuvrer le levier A pour effacer le signal d’arrêt absolu. Dans ce mouvement le courant négatif du relais a été supprimé, la palette a est revenue en contact avec l’électro-aimant, et la serrure est toute prête à enclencher de nouveau le levier du signal d’arrêt absolu, quand celui-ci est ramené à l’arrêt après le départ du train.
- Quand le train est arrivé à destination, le garde pousse un instant le bouton d’arrivée, pour redresser les aiguilles des deux postes. Cette manœuvre a pour effet de faire cesser le courant positif permanent de la pile du poste destinataire, et de déterminer l’émission d’un courant négatif, qui rétablit la solution de continuité du courant électrique de la serrure au poste expéditeur, et qui immobilise la sonnerie du poste destinataire.
- Si par suite de détresse d’un train ou de dérangement des appareils électriques, un second train devait pénétrer dans une section dans le même sens que le premier, avant d’avoir reçu l’indication que la voie est libre, le stationnaire ferait usage d’une clef spéciale pour ouvrir la serrure électrique, afin d’effacer le signal carré. Il suffit que cette clef écarte l’équerre ab de la serrure. Son emploi peut donner lieu, en principe, aux mêmes observations que celles qui ont été présentées à l’occasion de la clef analogue proposée pour les appareils de la double voie; nous n’y reviendrons pas.
- On voit d’après ce qui précède que l’enclenchement du signal carré est obtenu mécaniquement, l’électricité n’intervenant que pour produire un déclenchement à distance. En ce qui concerne la condition spéciale à la circulation sur une seule voie, c’est-à-dire l’impossibilité de lancer dans une même section deux trains en sens contraire, elle est matériellement réalisée, sans que le système soit cependant complètement à l’abri d’une erreur volontaire des agents. En effet, dès qu’un train a été lancé de A vers B, B ne peut plus communiquer avec A par le fil qui est coupé et par suite ne peut plus demander ni obtenir le déclenchement de son signal carré. Mais rien n’empêche le poste À, lorsque son signal carré a été refermé, de pousser son bouton départ autorisé et de déclencher électriquement le signal carré de B. Il faudrait, il est vrai, d’une part, que le poste A commît une première erreur ou une faute grave en poussant le bouton sans que la chose lui ait été demandée, et d’autre part, le poste B devrait, de son côté, expédier le train alors qu’il n’aurait pas pu passer sa demande, que son aiguille de répétition ne serait inclinée et que son aiguille indicative le serait, au contraire.
- Ce reproche n’a donc qu’une valeur théorique.
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- 3oc>
- INDICATEURS TYER COMPLÉTÉS.
- Nous avons indiqué, dans un chapitre précédent, les modifications que M. Tyer avait successivement apportées à ses indicateurs primitifs, soit dans les détails de la construction, soit dans la forme extérieure des organes optiques, par la subs-
- FIG. II8. — APPAREIL TYER A POUSSOIR ET A ROTATION
- titution de sémaphores en miniature, aux aiguilles indicatrices. Dans un brevet plus récent, pris à la date du 17 mars 187g, l’inventeur revendique une
- FIG. Il8 bis. — DISPOSITION DU CONTACT
- nouvelle série de perfectionnements, ayant principalement pour objet de solidariser ces indicateurs avec les signaux à vue s’adressant aux mécaniciens. Nous n’avons pas de renseignements sur les applications qui auraient été faites, en Angleterre, de ces nouveaux appareils; mais le soin même que
- M. Tyer a pris d’indiquer une simple transforma tion d’appareils existants, pour en faire à peu de frais des signaux de block and interlocking, prouve qu’il s’agit probablement d’utiliser les appareils en service, en leur donnant les qualités qui leur manquaient.
- La liaison établie entre les signaux à vue et les appareils électriques, s’applique à deux types différents de commutateurs, le poussoir à rotation,
- DÉTAIL DU BOUTON POUSSOIR
- et le bouton à coulisse. Nous commencerons donc par indiquer brièvement le mode spécial de fonctionnement de ces commutateurs, sans insister, d’ailleurs, sur les autres parties de l’appareil de block System, qui'ne diffèrent pas sensiblemet de ce qui a été décrit précédemment.
- i° Commutateur à rotation. — La figure 118 donne l’élévation et la coupe transversale de la boîte de l’indicateur ; la figure .118 bis, les touches de con-
- O O
- FIG. Iig bis. — DÉTAIL DU CROCHET D’ENCLENCHEMENT
- tact placées au fond de la boîte; les figures 119 et 119 bis, les détails du bouton poussoir. Ce bouton «j est emmanché sur un axe quadrangulaire a, à l’extrémité duquel est monté le commutateur en ébonite A, dont la face postérieure est armée de deux couronnes métalliques inégales m, n, servant, quand on appuie sur le bouton a, à mettre deux à deux en contact les quatre lames de ressort E, communiquant avec les deux pôk s de la pile, avec l’électro-aimant inférieur et avec le fil de ligne. Un ressort à boudin b tend à ramener le commutateur à sa position normale quand on a appuyé sur le
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- bouton. L’axe a peut en outre tourner en entraînant dans ce mouvement de rotation, le commutateur A et un cylindre enveloppe B qui porte le voyant G et en outre un petit disque d. L’amplitude de mouvement de cette rotation est limitée par les deux crans du cliquet à ressort E (fig. 119 bis),
- FIG, 120. — ENCLENCHEMENT AVEC LES SIGNAUX
- dans lesquels vient se loger un bouton i, monté sur l’une des faces du disque d. Le voyant G portant les deux inscriptions « voie libre j et « train sur la ligne », vient apparaître derrière la vitre H d’un guichet pratiqué sur la face antérieure de la boîte.
- FIG. 121 • — DÉTAILS DE L’ENCLENCHEMENT
- Enfin un taquet f, fixé au commutateur A, empêche la rotation de tout le système, quand il se trouve dans le plan du buttoir F (fig. 118 et 119).
- Pour envoyer un signal, il faut donc, suivant les cas, combiner la pression sur le bouton ax avec le mouvement de rotation imprimé au commutateur, et le courant auquel on donne naissance par le contact des lames, produit des effets qui sontjentcor-rélation avec l’indication donnée par le voyant derrière le guichet de l’appareil.
- Pour enclencher le bouton avec les signaux à vue s'adressant aux mécaniciens, M. Tyer propose d’appliquer le dispositif suivant, indiqué aux figures 120 et i2i. A coté du voyant G, qui porte les inscriptions « voie libre» et «voie occupée», s’en trouve un second T, équilibré par un contrepoids e
- VOIE
- OUVERTE
- FIG. 122. — VUE FIG. 123.— COUPE
- DE l’appareil A COULISSE (système tyer)
- qui tend à le ramener vers la gauche ; ce voyant T est accroché par un cliquet Q, qui est lui-même commandé par un levier V* auquel s’attache un fil relié à la transmission du signal. Quand on met ce dernier à l’arrêt, le fil descend, le levier Y relève
- FIG. — DÉTAIL .DU COMMUTATEUR
- le cliquet U et le voyant T vient apparaître devant le guichet ; dans sa chute le contrepoids t tombe sur l’extrémité du levier W qu’il fait basculer ; le taquet w est alors dégagé, et l’on peut tourne le commutateur A de manière à envoyer les courants électriques qui débloquent la section précédente. Grâce à cette disposition, la dépendance des sections successivés est abandonnée à la mise à l’arrêt du signal de chaque poste.
- 2° Commutateur à coulisse. — Dans ce système
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- de poussoir, qui est aujourd’hui plus employé que l’autre en Angleterre, parce qu’il donne des indications plus nettes, tout le système (fig. 122 et j23) composé du bouton al du socle C, de l’axe qua-drangulaire a, et du commutateur rectangulaire A, glisse horizontalement dans une coulisse C', en démasqnant, dans chacune de ses positions extrêmes, l’inscription correspondant à cette position. Pour empêcher qu’on ne déplace le curseur sans appuyer en même temps sur le bouton a£, le contact F (fig. 124), fait office de buttoir et enclenche, dans les deux positions extrêmes les deux échancrures / du commutateur A, qui est situé dans
- [rTRAIN sur LIGNE
- I'IG. 125. — ENCLENCHEMENT AVEC LES SIGNAUX
- le même plan que ce contact tant qu’on n’appuie pas sur le bouton a.
- L’enclenchement d’un commutateur à coulisse avec les signaux à vue, s’obtient par l’addition d’un voyant T (fig. 125), pivotant autour de l’axe O et portant l’inscription « voie fermée », qui peut, lorsque ce voyant retombe, apparaître dans la case de gauche de la coulisse, en masquant l’inscription « train sur la ligne ». Ce voyant T est muni d’un prolongement T2 qui vient heurter l’axe a, lorsqu’on fait glisser le commutateur pour l’amener à la position de gauche et démasquer l’inscription « voie libre». Quand le voyant T a opéré ce mouvement de bascule qui l’amène à la position indiquée en pointillé sur la figure 125, il est enclenché par le cliquet K que commande le levier V', auquel s’attache un fil dépendant de la transmission du si-gftal. Quand on met celui-ci à l’arrêt, le voyant T se trouve déclenché, il tend à retomber sous l’action de son poids et il dégage l’axe a qui était immobilisé dans une échancrure formée par les deux branches T,, T2. On peut alors faire glisser le commutateur de gauche à droite, pour débloquer la section précédente.
- Cet appareil est peu compliqué, mais il paraît délicat et peut-être ne résisterait-il pas longtemps aux vibrations énergiques que lui communiquerait la manœuvre de signaux robustes comme ceux de la voie. Quoi qu’il en soit, il peut rendre certains service, quand il s’agit simplement d’utiliser des appareils de block simple pour les transformer en appareils de block and interlocking.
- SYSTÈME RA.DCLIFFE.
- L’appareil pour lequel il a été pris, sous ce nom, un brevet, à la date du i3 juin 1882, est destiné à empêcher un signaleur d’effacer le disque placé à l’entrée d’une section de bloçk System, tant que le poste suivant ne lui a pas transmis le signal de voie
- FIG. 126. — SYSTÈME RADCLIFFE
- libre, indiquant que le train à effectivement quitté la section.
- L’enclenchement du levier F (fig. 126) du signal, est obtenu au moyen d’un verrou vertical A, en acier, contre lequel vient butter une pièce D solidaire du levier F ; l’oscillation de ce verrou A autour de son extrémité supérieure est commandée par une équerre C dont la branche B sert de palette à un électro-aimant E. Ce dernier est relié, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un relais polarisé aux appareils électriques du poste suivant, de sorte qu’il est mis en action par un courant lancé de ce poste pour donner le signal de « voie libre ». Quand ce courant passe, la palette B est attirée, le verrou A oscille légèrement vers la droite et dégage la pièce D de sorte qu’on peut dès lors renverser le levier F, pour effacer le signal.
- Quand on emploie un relais, celui-çi est intercalé dans le circuit des appareils de block, de manière à être isolé lorsque l’on manœuvre le poussoir de ces appareils. Enfin un ressort de contact Qt sur lequel agit le levier, isole la pile des appareils block, de manière qu’on soit obligé de remettre le signal à l’arrêt avant qu’il soit possible de transmettre au poste suivant l’avis « train sur la ligne ».
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- On voit qu’il manque à cette disposition la troisième des conditions caractéristiques du block and interlocking, c’est-à-dire le moyen d’assurer la dépendance des sections.
- . I27. — APPAREIL DE BLOCK (SYSTEME RADCLIFFE) POUR VOIE UNIQUE.
- La figure 127 indique les dispositions spéciales de ces appareils appliquées à la protection de la circulation sur une seule voie.
- Un levier en cuivre G, pouvant osciller autour d’un axe placé en son milieu, porte à son extrémité supérieure, une armature en fer doux H, sur laquelle peut agir le courant qui traverse les bobines de l’électro-aimant I; à son extrémité inférieure, deux ressorts de contact K, L, isolés l’un de l’autre. Lorsque l’électro-aimant est au repos, la palette H en est écartée, et le ressort K touche la borne M ; mais, lorsqu’un courant traverse les bobines I, la palette H est attirée et le contact est déplacé de M en N.
- S’il s’agit, par exemple, des appareils relatifs à la voie descendante, on voit, par la marche des courants indiquée à la figure 127, que quand un train descendant est annoncé, c’est-à-dire quand le courant passe dans les bobines I, G est isolé de M et par conséquent le circuit relatif aux trains montants est rompu, de sorte qu’il est impossible d’autoriser le poste suivant à expédier un train en sens contraire.
- Dans ces conditions, si l’on suppose que le signal de ce poste, commandant le départ des trains
- montants soit normalement enclenché à l’arrêt, on voit qu’il est impossible d’effacer ce signal, tant que le train descendant circule dans la section comprise entre les deux postes.
- (A suivre.) M. Cossmann.
- LES
- DYNAMOS JONES ET STERLING
- Nous avons décrit, dans notre numéro du 8 novembre 1884, la première dynamo de M. Édouard Jones; on en retrouve les principales particularités dans le nouvel appareil qui fait l’objet de cette notice, mais avec de nombreuses simplifications et quelques modifications pratiques.
- FIG. I. — DYNAMO JONES, VUE PAR BOUT
- Les figures 1 et 2 représentent, la première une vue par bout et la seconde une coupe longitudinale de la dynamo Jones;
- L’arbre tourne dans un long fourreau b ajusté à force dans les portées alésées aux extrémités de la gaine B fondues avec le plateau A, auquel les noyaux e des armatures sont fixées par des boulons. Les pôles e’ de ces noyaux sont assemblés à l’avant sur un anneau de bronze F et reposent sur un socle en bois.
- L’anneau F sert en même temps de support et de guide au porte-balai H — qui se trouve représenté en détail par les figures 3 et 4.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Ainsi qu’on le voit sur ces figures, les balais H' i sont maintenus dans des pinces h', qui peuvent appuyés sur le commutateur I par les supports h, | tourner avec l’anneau H autour du commutateur,
- dynamo jones, coupe longitudinale
- Le déplacement des balais s’opère ainsi en agissant sur la poignée X munie d’une vis de pression qui sert à fixer le porte-balais H dans la posi-
- tion voulue. La plaque d’ébonite K retient le col lier H sur l’anneau'G.
- La figure 5 donne le détail de l’armature.
- — DÉTAIL DU P O R T E**lî A LAIS, VUE DE FACE
- Cette armature est formée d’un corps ou anneau D2, en gros fils de fer isolés enroulés sur des rais dd', en tôle de fer, encastrés dans le moyeu conique à douves de bois D' (fig. 5), et serrés par la pression des écrous D, sur les rondelles isolantes d2. — L’anneau, parfaitement isolé de son arbre, est
- ainsi divisé par les ailettes d en douze sections composées chacune de six enroulements en rubans de cuivre. Ainsi qu’on le voit sur la figure i, ces ailettes, qui agissent comme celles d’un ventilateur pour rafraîchir la dynamo, sont échancrées à la partie supérieure pour faciliter l’enroulement de
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- l'anneau D2; ces échancrures sont ensuite fermées par des pièces rapportées.
- Les écrous C2 permettent de rattraper les jeux
- de l’arbre dans le fourreau b et de régler exacte-, ment la position de l’armature.
- La nouvelle dynamo de Jones est donc remar-
- quable! par sa légèreté, ainsi que par l’heureux groupement de ses diverses parties.
- On retrouve quelques - unes seulement des qualités de la dynamo Jones dans celle de M. Mortimer Sterling représentée par les figures 6, 7 et 0.
- L’inducteur [I, mené par une corde G et de forme annulaire, roule sur les galets G'
- induits E, en entraînant avec lui les bobines F2 F:i et les aimants permanents F et F4. Les fils E
- sont enroulés' à l’extérieur du cylindre A et à l'intérieur de B, en passant sur les pla-teaux C'. et serrés par les douves de bois O forcées par la poussée des cônes N'. Une machine de Jones analogue à celle que nousvenons de décrire et construite
- (fig. 8) entre les cylindres fixes A et BC' reliés I par Greenwood et Batley a donné les résultats sui-par t les plateauxjiqui portent les enroulements | vants, d’après YEngineer du 24 juillet dernier.
- FIG 7 ET 8. — DYNAMO STERLING, COUPE LONGITUDINALE ET VUE PAR BOUT.
- Courant: Intensité....................... I = 64 amp. p. sec.
- — Force électromotricc aux bornes. E = 100 volts.
- Armature: Nombre de tours„.................... 95o
- Enroulements: Section des rubans 5m/ra6Xim7= 9 m/mq 52
- rv ... 64 = 6 amp.7p.m/m<i
- — Densite du courant..........—=— 1 /r /
- 9,52
- - — >-r- • Nombre des-sections... 52“
- Enroulements: Sccti.on des enroulements........ 416
- — Longueur — .......23om
- — — par volt.................... 2m3o
- Anneau: Diamètre........................... 370 «n/m
- — Largeur............... .-....}............. i65
- — Epaisseur............................. 70
- — Section............................. 1 i,55o
- Résistance de l’armature........................... o ohm io()
- 3
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Perte de potentiel due à l’armature................... 6 volts 85
- Inducteurs-noyaux: Longueur........................... 33o “/m
- — Diamètre........................... 145
- — Section............................ »
- Enroulement direct: Pouvoir inducteur................. 7.8ooamp.-t.(‘)
- — dérivé: — ............... 8.700 —
- Puissance totale.
- i6.5oo —
- Énergie électrique interne 64,7 amp. X 109,65 volts — externe 64 — X 100 —
- Rendement électrique..
- 64
- 7i
- o,9°
- 7.100 watts. 6.400 —
- L’armature renferme i9k,5o de rubans de cuivre, et les inducteurs 7ik,6, dont i5k,4 pour l’enroulement direct et 56k,20 pour le circuit dérivé. La machine pèse 5oo kilogrammes ; elle est tarée à 100 lampes.
- Gustave Richard.
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE (2)
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- Système Edison
- En visitant les installations faites par la Société Edison aux Etats-Unis nous n’avons fait que revoir les choses que nous connaissions depuis longtemps par les descriptions et les croquis parus dans nos journaux électriques. Le système Edison existe déjà depuis un nombre respectable d’années ; c’est un système presque complètement cristallisé, qui ne s’applique que selon les formules définitivement établies, et les Compagnies qui l’exploitent en Europe, n’ont pas manqué de nous faire connaître les installations américaines, sous tous les aspects et avec tous les détails possibles, de sorte que nous sommes dispensé d’entrer dans des descriptions étendues.
- La société Edison ne s’occupe que de l’éclairage à incandescence et ce n’est que dans de rares occasions qu’elle applique l’arc voltaïque.
- La chose la plus intéressante à voir était la grande station centrale de New-York. Maintenant on ne peut la considérer, que comme un premier essai, essai qui a suffisamment bien réussi, mais qui ne sert plus comme modèle pour les nouvelles installations.
- Cette station est la première expérience en grand qui ait été faite avec les lampes à filament de charbon d’Edison, aussi est-ce à ce titre qu’il faut
- (') On désigne sous le nom d’ampère-tours le produit du nombre des tours du fil d’une bobine, par celui des ampères qui le traversent en une seconde; ce produit détermine l’intensité du champ magnétique de l’ôlectro excité par cette bobine.
- (8) Voir les précédents numéros, depuis le 4 juillet 188S.
- la considérer. C’est âussi une des plus grandes expériences que l’on ait tentées en général dans le domaine de l’électricité.
- La station de la Pearl Street occupe deux maisons contiguës et présente l’aspect de toutes les installations américaines. Le quartier qu’elle ali-
- FIG. I
- mente, est le quartier principal des affaires. Toutes les rues irrégulières de cette ancienne partie de la ville sont occupées par des .offices», maisons de banques, administrations et buvettes. C’est un des quartiers les plus déserts dans la nuit. L’éclairage est principalement employé aux heures avancées de l’après-midi, pendant le crépuscule, et surtout en hiver quand la nuit tombe vite. Ceci fait que la station ne bat son plein que pendant un couple d’heures, et qu’on est beaucoup plus calme pendant le reste de la nuit.
- Comme nous l’avons dit, cette première station n’est qu’une grande expérience, et il ne faut la con-
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- sidérer qu’à ce point de vue. C’estun modèle que l’on ne copie plus maintenant. Les frais d’installation ont été énormes et il a fallu remanier souvent les différentes parties des conducteurs.
- Mais en somme on peut dire que l’expérience a réussi, car la station fonctionne depuis le 3 septembre 1882, et depuis cette époque, il n’y a eu que quelques heures d’interruption.
- FIG. 2
- Au mois d’octobre 1884, quand nous avons visité la station, elle comptait 586 abonnés. Le nombre de lampes réunies aux conducteurs était de i2.5oo,mais ces lampes ne marchaient pas toutes à la fois. Le chiffre maximum des lampes allumées à la fois est de six à sept mille.
- Les abonnés payent l’équivalent de ce qu’ils payeraient s’ils se servaient du gaz donnant le même éclairage. On compte le gaz à 2 dollars 25 cents par 1.000 pieds cubes. Ceci revient à peu près à 1 ou 2 cents par heure et par lampe de 16 bougies.
- M. Preece, dans son rapport, affirme qu’on obtient 5 lampes par cheval-vapeur. Comme contrôle de la quantité de. courant employé, on se sert des compteurs électrolytiques,, par lesquels passe une faible partie du courant usé. Ces compteurs sont bien connus des lecteurs de La Lumière électrique. Ce sont des lames de zinc plongées dans une solution
- de sulfate de zinc, D.ans une chambre spéciale de la station située dans la Pearl Street, on pèse les zincs rapportés de chez les abonnés et on fait payer à ceux-ci une somme déterminée par gramme du métal dépensé. Les pesées se font avec toutes les précautions nécessaires et jusqu’à présenties clients sont contents de ce mode de contrôle de la quantité de courant employée. Du reste on a donné des preuves de l’exactitude de ce genre de compteurs en comparant pratiquement les indications des compteurs avec le nombre d’heures d’éclairage, que l’on inscrivait chaque fois chez divers clients de la société.
- Cependant, au point de vue pratique, on ne peut considérer cette solution comme définitive et il reste toujours à résoudre le grand problème des compteurs d’électricité, agissant mécaniquement, sans lesquels la distribution d’électricité ne peut se développer.
- Les différences de potentiel dans les différentes parties du réseau sont contrôlées chaque jour, pour voir, s’il n’y a pas de fuites, ce qui arrivait assez souvent au début, mais ce qui devient de plus en plus rare. A cet effet on a installé à la station centrale une salle spéciale des mesures, où aboutissent tous les fils de contrôle qui suivent dans les tubes les conducteurs principaux, jusqu’aux boîtes de jonction.
- En somme cette station fonctionne d’une manière très régulière, mais les nouvelles stations que l’on installe ne sont pas faites d’après ce modèle, qui était très coûteux. Du reste la pratique de plusieurs années a amené de nouveaux progrès et dans ce moment, l’éclairage électrique de ce système se propage sur une vaste échelle.
- Dans les nouvelles installations des stations centrales on emploie maintenant presque exclusivement le système dit à trois fils (three wires System), qui présente beaucoup d’avantages sur l’ancien système à deux fils, surtout comme économie de cuivre dans les conducteurs-distributeurs et comme régularité de service.
- Au lieu d’avoir toutes les machines mises en dérivation sur les deux circuits principaux, on couple deux machines en tension et on laisse suivre les deux conducteurs sortant des bornes extrêmes, par un troisième aboutissant entre les deux machines. Cette distribution a été déjà décrite dans La Lumière électrique, et nous n’avons pas besoin d’en expliquer les détails.
- Au mois d’octobre 1884, la Société Edison avait déjà installé, d’après le nouveau système, les stations suivantes :
- Brockton, Mass......'............. 1.600 lampes.
- Beliefonte, Pa................. 8oo —
- Middletown, Ohio ............ 5oo —
- Williamsport, Pa ........... 3.200 . —•
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Piqua, Ohio.......................... 1.000 lampes.
- Newburgh, N. V. (réseau souterrain) . 1.600 —
- Tiffni, Ohio...................... 1.000 -
- Fall River, Mass, (réseau souterrain) . 1 600 —
- Hazelton, Pa....................... 5oo —
- Mont-Carmel, Pa.................... 5oo —
- Lawrence, Mass.................... 3.200 —
- ShamJkin, Pa.................; . . . . 1.600 —
- Sunbury, Pa........................ £00 —
- Ashland, Pa.........:............. 800 lampes. •
- Cumberland, Mo. • .............. 800 — i
- Des Moines, Iowa.................. r.600 —
- J'ai visité la station installée à Newburgh dans l'État de New-York. C’est une ville située sur le Hudson avec une population s’élevant à 18.000 habitants.
- FIG. 3. — USINE DE CONSTRUCTION DES MACHINES EDISON
- La capacité de la station est de 3.200 lampes, mais l’installation n’est mise en marche que pour 1.600. Les conducteurs sont plus gros que ne le demande cette quantité de lampes, mais on les a posés en vue d’un agrandissement prochain. La longueur totale des conducteurs souterrains est de 17.075 pieds.
- La station centrale occupe une petite maison située au centre' de la ville.
- L’installation comporte :
- Deux chaudières de 73 chevaux-vapeur chacune ;
- Une machine à vapeur de i5o chevaux faisant marcher deux machines dynamo-électriques (vieux type) de 3oo ampères ;
- Une machine à vapeur de ï5o chevaux, faisant marcher deux machines dynamos (nouveau type) de 400 ampères ; -
- Une machine à vapeur de 35 chevaux, faisant marcher deux machines de 100 ampères (nouveau' type).
- Au moment de mon passage à Newburgh, il n’y avait que t.200 lampes reliées définitivement à la'
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- 3oq.
- station centrale et le maximum des lampes allumées à la fois, ne dépassait pas le chiffre de 800.
- Les installations chez les abonnés sont très simples ; chacun doit payer son installation privée, ses conducteurs intérieurs, candélabres, et la Société ne fait que les réunir au réseau souterrain
- en même temps qu’elle pose les compteurs.
- On fait payer, d’après les indications de ces compteurs, comme à New-York. Une lampe de 10 bougies revient à 1 1/8 cent américains par heure de marche.
- Quatre usines travaillent pour fournir le matériel nécessaire à l’exploitation. Ce sont les « Edison
- Eiü. 4. — ATELIERS BERGMANN ANDC<>, A NEW-YORK
- Machine Works », « Bergmann and C°», le « Tube Works », et l’usine des lampes à Newark.
- L’atelier des machines est représenté par la figure 3. Il se trouve sous la direction de M. Bat-chelor, le collaborateur d’Edison depuis de longues années et l’introducteur du système sur notre continent. Dans ces ateliers on travaille maintenant activement à la production des machines selon le « nouveau type » qui a déjà été décrit dans ce journal et qui diffère de l’ancien, surtout au point de vue des dimensions des inducteurs.
- Pour donner une idée des résultats que l’on obtient avec les machines construites dans les « Edison Machine Works » nous reproduisons les résultats des essais faits sur deux types : l’un de 23 ampères et l’autre de 100 ampères.
- I. — Machine de 23 ampères.
- Ce schéma donne la moyenne de 5o machines.
- Nombre de tours par minute . . . 1.686
- Ampères.......................... 23
- Résistance de l’induit......... o.3i
- Résistance des inducteurs .... 62
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- 3io
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Force électromotrice .......
- Longueur de la bobine induite.
- Diamètre extérieur . .......
- Diamètre du noyau en fer . . .
- Numéro du fil B. W. G.......
- Epaisseur d’isolant.........
- Nombre des sections du commu
- tateur..................»
- Jeu entre la bobine et les épa
- nouissements polaires.....
- Température de la bobine pen
- dant la marche............
- Nombre des noyaux des induc
- teurs ....................
- Réunion des fils............
- Résistance de chaque bobine .
- Numéro du fil B. W. G.......
- Epaisseur d’isolant.........
- Poids du fil sur chaque bobine . Longueur du noyau en fer . . .
- Diamètre....................
- Poids net de la machine.....
- no
- io 1/8 (en pouces) 5 9/16
- 19 cr
- 0,007
- 22
- 1/8 72» C.
- 2
- en série 3i 20
- 0,049
- i5 livres anglaises
- 1^3/4
- 1.073 livres anglaises
- II. — Machine de 100 ampères.
- Nombre de tours par minute . .
- Ampères.....................
- Résistance de l’induit......
- Résistance des inducteurs . . .
- Force électromotrice.......
- Longueur de la bobine induite.
- Diamètre extérieur..........
- Diamètre du noyau en fer ...
- Numéro du fil B. W. G.......
- Epaisseur de l’isolant......
- Nombre des sections du commu
- tateur....................
- Jeu entre la bobine et les épa
- nouissements polaires.....
- Température de la bobine pen
- dant la marche............
- Nombre des noyaux des induc
- teurs.....................
- Réunion des fils . .........
- Résistance de chaque bobine. .
- Numéro du fil B. W. G.......
- Poids du fil sur chaque bobine. Longueur du noyau en fer . . .
- Diamètre....................
- Poids net de la machine ....
- 1.075
- 100
- o,o5
- 33.49
- 110
- i3"
- 8 1/16 7 1/16 16
- o.o85
- 60
- 3/i6 8ô°5 C
- 2
- en série j 6,79 17
- 55 1/2 livres angl. 143/4 9
- 2.475 livres anglaises
- Dans le même atelier on essayait, lors de notre passage, une nouvelle lampe à arc, représentée par les figures 1 et 2. Comme dans presque toutes les lampes américaines, le mécanisme déclencheur du porte-charbon est basé sur l’emploi d’un « clutch», agissant par coincement. Le réglage électrique est fait par de petits solénoïdes dont l’un se trouve dans le circuit direct, et l’autre en dérivation sur l’arc. La figure 2 explique le mode de réglage. Les noyaux de solénoïdes sont fixés sur un système de leviers, et le mouvement trop brusque du levier coinçant est amorti par une petite pompe à air, dont le piston est fixé au bout du levier.
- Le laboratoire d’Edison qui se trouvait, pendant de 'longues années, à Menlo-Park, est maintenant transporté à New-York, et il occupe l’étage supérieur de l’atelier Bergmann and C°, représenté par la figure 4. Nous aurons d’ailleurs l’occasion de revenir sur la description de ce laboratoire.
- B. Abdank-Abakanowicz.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- Recherches sur les effets de l’excitation faradique directe des glandes, par M. Vulpianp).
- Cl. Bernard avait esssayé de faire sécréter des glandes en agissant directement sur elles par l’électricité, et il n’avait pas réussi (2). Il croyait que, pour parvenir à obtenir la sécrétion d'une glande, par ce procédé, il faudrait les soumettre à l’action d’un courant bien plus fort que celui qui suffit à la faire sécréter, lorsqu’on électrise le nerf excito-sécréteur correspondant. Cl. Bernard visait surtout les glandes salivaires en parlant ainsi, car c’est dans une de ses leçons sur la sécrétion de la salive qu’il s’exprime de la sorte, et d’ailleurs fine peut rester aucun doute, lorsqu’on lit cette phrase: «Je ne prétends pas que ce résultat (la sécrétion « par l’excitation directe de la glande) ne puisse « s’obtenir; toutefois, jusqu’ici j’ai vu la galvani-« sation de la glande produire de la douleur, mais « pas de salive, et l’on n’a encore pu faire sécréter « les glandes que par l’excitation au moyen de la « galvanisation des nerfs qui s’y distribuent. *
- «Je ne sais pas-trop à quelle circonstance attribuer les résultats négatifs auxquels était arrivé Cl. Bernard dans ses tentatives d’excitation directe des glandes salivaires, car j’ai toujours vu la faradisation directe, soit de la glande sous-maxillaire, soit de la glande parotide, déterminer une sécrétion assez abondante.
- a. Glande sous-maxillaire. — On introduit une canule dans un des canaux de Wharton, sur un chien curarisé modérément et soumis à la respiration artificielle, et l’on met ensuite à découvert la glande sous-maxillaire du côté correspondant. On attend que l’écoulement de salive, qui a souvent lieu dans ces conditions (influence de la curarisation), soit arrêté ou tout au moins très ralenti; on applique alors très légèrement sur la surface externe de la glande des excitateurs mis en communication avec un appareil à courants induits saccadés (appareil à chariot, pile de Grenet de moyen modèle); en faisant usage d’un courant d’assez faible intensité (bobine au fil induit écartée du point où elle recouvre entièrement la bobine au fil inducteur par un intervalle de om,i5) ; on voit, au bout de deux ou trois secondes, quelquefois après un temps un
- P) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du 3 avril i885.
- (3) Cl. Bernard, Leçons sur les propriétés physiologiques et les altérations pathologiques des liquides de l'organisme, t. II, p. 263 et suivantes.
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- 3ii
- peu plus long, la salive apparaître à l’extrémité de la canule et s’écouler alors par gouttes, plus ou moins rapidement. S’il y avait écoulement salivaire avant la faradisation directe de la glande, cet écoulement devient beaucoup plus abondant sous l’influence de cette faradisation (*).
- L’écoulement de salive ainsi provoqué m’a paru en général moins rapide et partant moins abondant que lorsque je faradisais, chez le même animal, le filet sécréteur qui se détache du nerf lingual pour se rendre, par une sorte de trajet récurrent, à la glande sous-maxillaire. Il convient de noter que les excitateurs dont je me servais étaient maintenus à une faible distance l’un de l’autre, 5 millimètres à 6 millimètres, et que, par conséquent, lorsqu’ils étaient appliqués à la surface de la glande sous-maxillaire, ils ne comprenaient entre eux qu’une faible partie d’un des diamètres de cet organe : au contraire, lorsqu’on faradisait la corde du tympan ou le filet sécréteur qui en provient, l’excitation était transmise à tous les points de la glande.
- Lorsque ces expériences sont faites sur un chien curarisé d’abord, puis atropinisé par injection intra-veineuse de osr,o3 à o®p,04 de sulfate neutre d’atropine (en solution au centième), la faradisation de la corde du tympan ne produit plus aucune action, ainsi qu’on le sait, mais la faradisation directe de la surface externe de la glande sous-maxillaire n’est pas sans effet. L’écoulement salivaire se fait attendre plus longtemps; les gouttes sont beaucoup plus rares, surtout au début des électrisations; mais il y a une sécrétion indubitable et elle se reproduit chaque fois que l’on faradise de nouveau la surface externe de la glande. Il est nécessaire de rappeler ici que, chez les animaux atropinisés, la faradisation du cordon cervical sympathique, comme l’a montré M. Heidenhain, détermine une sécrétion bien nette de la glande sous-maxillaire.
- La faradisation de la surface de la glande sous-maxillaire provoque la secrétion salivaire, sur un chien curarisé, même lorsque ce chien a subi quinze ou vingt jours auparavant, soit la section de la corde du tympan, soit la section de ce rameau nerveux et du cordon cervical sympathique, du côté où l’on excite la glande.
- (!) Dans la plupart de mes expériences, le courant minimum à l’aide duquel on pouvait, par faradisation de la surface de la glande, déterminer la sécrétion salivaire, était celui que donnait l’appareil, lorsque la bobine au fil induit était à om,i6 ou om,i7 du point où elle recouvre entièrement la bobine au fil induit. Dans un cas, j’ai obtenu encore un effet excito-sécrétoire lorsque l’écartemcnt, au lieu de om,i6 du om,i7, était de om,35, et même il y avait encore une très légère action sécrétoire par faradisation de la surface de la glande, avec un écartement de om,42.
- L’excitation mécanique de la surface des glandes n’a produit, dans mes expériences aucun effet sécrétoire.
- M. Ludwig a constaté que l’on peut provoquer encore une issue de salive par le conduit de Whar-ton en excitant la corde du tympan sur la tête d’un animal qui vient d’être décapité. Cl. Bernard a vu, sur un chien, après une énucléation si complète de la glande sous-maxillaire, qu’elle ne tenait plus au corps que par l’artériole provenant de la carotide exerne, la faradisation de Ja corde du tympan, pratiquée au moment où l’on comprimait cette artère de façon à faire cesser toute circulation dans la glande, déterminer encore un faible écoulement de salive (').
- J’ai répété ces expériences en étudiant principalement les effets de faradisation directe de la surface externe de la glande. Sur un chien dont le cœur venait d’être arrêté par électrisation faradique des ventricules, on a pu provoquer la sécrétion de la glande sous-maxillaire, en faradisant la surface de cette glande quelques minutes après l’arrêt de la circulation artérielle. D’autre part, après avoir reconnu, sur des chiens curarisés, alors que la circulation s’effectuait bien, que la faradisation directe de la surface de la glande déterminait facilement un écoulement salivaire assez abondant, on a enlevé rapidement la glande avec son canal et le tube métallique qui y était fixé, puis on a mis cet organe sur une table et l’on a faradisé de nouveau sa surface externe. On a provoqué l’issue de plusieurs gouttes de salive. Il m’a semblé encore que, dans ces conditions, la faradisation des nerfs de la glande, surtout lorsque les excitateurs étaient placés au voisinage immédiat de cet organe, produisait un effet excito-sécréteur un peu plus prononcé que lorsqu’on électrisait la surface glandulaire. J’ai pu obtenir l’issue lente d’une forte goutte de salive, par l’excitation de la surface de la glande, huit minutes, dix minutes et même quatorze minutes après l’extirpation de cet organe.
- Ces expériences ont réussi de la même manière lorsqu’elles ont été faites sur des chiens curarisés d’abord, puis atropinisés. L’action de la faradisation directe était plus prononcée lorsque, chez un chien curarisé et atropinisé, on avait, avant d’enlever la glande sous-maxillaire, injecté dans l’épaisseur de son tissu, quelques gouttes d’une solution aqueuse assez forte de nitrate de pilocarpine.
- . Dans un cas où la glande avait été extirpée sur un chien curarisé et atropinisé, une injection interstitielle de quelques gouttes de solution de nitrate de pilocarpine faite aussitôt après l’extirpation, dans la glande déposée sur une table, a déterminé un écoulement de quelques gouttes de salive.
- b. Glande parotide. — La faradisation directe de la surface externe de la glande parotide, après mise à découvert de la surface, provoque en quel-
- (>) Cl. Bernard, loc. cil. p. 325.
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- ques instants l’issue de gouttes de salive par le canal de Sténon. Si l’on a introduit dans ce canal un tube métallique, et si on l’y a fixé, on peut facilement recueillir la salive qui s’écoule ainsi. La sécrétion est abondante et assurément c’est là un des meilleurs moyens pour obtenir en peu de temps une assez grande quantité de salive parotidienne. La faradisation de la surface externe de la glande parotide n’a produit aucun effet excito-sé-eréteur chez les chiens atropinisés que j’ai soumis à ces expériences. Dans le seul cas où j’ai faradisé une glande parotide, après l’avoir entièrement séparée du corps et déposée sur une table, je n’ai pas obteuu la moindre sécrétion (4).
- L’écoulement de salive que l’on provoque en faradisant la surface soit de la glande parotide, soit de la glande sous-maxillaire, est-il dû réellement à une excitation du tissu glandulaire lui-même, ou bien sont-ce les nerfs de la glande qui sont excités au travers des couches superficielles ou de toute l’épaisseur de la glande ? De nouvelles expériences sont nécessaires pour répondre catégoriquement à ces questions. En tout cas, de ce que l’on peut encore provoquer la sécrétion de la glande sous-maxillaire par faradisation de sa surface, alors que les fibres de la corde du tympan et celles du cordon cervical sympathique sont altérées, il ne faudrait pas conclure que l’effet est bien dû à une excitation du tissu glandulaire lui-même.
- La glande sous-maxillaire reçoit en effet des fibres nerveuses sympathiques qui ne proviennent pas du cordon cervical, et d’ailleurs, à cause des nombreux ganglions placés sur le trajet des fibres de ce cordon et de celles de la corde du tympan, l’altération produite par la seciion de ces nerfs ne se propage pas telle quelle jusqu’à la glande : la plupart des nombreuses fibres nerveuses que l’on trouve près du point où le canal de Wharton se dégage du tissu glandulaire sont absolument saines et, si on les faradisé en ce point, on détermine un écoulement de salive chez les chiens qui ont subi, une quinzaine de jours auparavant, la double section de la corde du tympan et du cordon cervical sympathique (uni au nerf pneumogastrique chez le chien). Cet écoulement est toutefois plus lent que dans les conditions d’innervation normale.
- c. Glande lacrymale. — La faradisation directe de la glande lacrymale a été faite une fois sur un chien curarisé; on n’a obtenu qu’un résultat peu net; cependant il m’a semblé qu’il y avait une faible excitation sécrétoire.
- "'(1) Sur un chien dont la circulation venait d’ôtre arrêtée par faradisation des ventr.cules, j’ai vu l’excitation faradique directe de la face externe de la parotide provoquer la sécrétion de deux ou trois gouttes de liquide, trois minutes après la cessation du pouls crural.
- > d\ Pancréas'. —’ Un tube métallique est introduit dans le canal pancréatique et y est fixé sur un chien curarisé et soumis à la respiration artificielle. Parfois il ne s’écoule aucune goutte de liquide; dans d’autres cas, le liquide pancréatique se met à couler lentement, goutte à goutte, et il n’est pas toujours facile d’expliquer ces différences par le temps qui s’est écoulé depuis le dernier repas.
- La faradisation directe dé la glande a toujours produit, dans mes expériences, ou une accélération de la formation des gouttes, si le suc pancréatique coulait avant l’excitation, ou l’apparition d’un écoulement notable de ce suc, lorsque la canule ne donnait issue auparavant à aucune goutte de liquide. La faradisation doit être faite successivement et rapidement sur les divers points de la glande. Je me suis servi d’un courant un peu plus fort que par les glandes sous-maxillaires (o,-i 2 d’écartement, quelquefois 0,10, au lieu de o,i5).
- La faradisation des nerfs destinés au pancréas a déterminé aussi, mais moins constamment et d’une façon moins évidente, un écoulement de gouttes de suc pancréatique. J’ai obtenu cet effet, au contraire, avec la plus grande netteté, en faradisant le ganglion semi-lunaire et le plexus solaire (du côté gauche).
- Ces résultats me paraissent démontrer, ce dont on ne doute guère du reste, que le pancréas est pourvu de nerfs excito-sécréteurs.
- e. Je n’ai rien vu de semblable ni pour le foie, ni pour les reins, soit par l’excitation : faradique directe de la surface de ces organes, ni par la faradisation des nerfs qui leur sont destinés.
- Sur l’emploi des courants alternatifs pour la mesure des résistances liquides, par MM.Bouty et Foussereau (*).
- Deux méthodes ont été signalées comme fournissant des mesures exactes de la résistance des liquides : l’une, fondée sur l’emploi des électromètres, et dont nous avons fait usage dans nos recherches antérieures, est à l’abri de toute critique, puisqu’elle élimine absolument l’influence de la polarisation des électrodes; l’autre consiste à affaiblir la polarisation jusqu’à la rendre négligeable, en augmentant le plus possible la surface utile des électrodes et en ayant recours à des courants alternatifs de la plus courte durée possible. Cette méthode a été fréquemment employée à l’étranger, particulièrement par M. F. Kohlrausch.
- Désireux de nous rendre compte de la comparabilité des résultats obtenus par les deux mé-
- (*) Note présentée à l’Académie des sciences, dans la I séance du 3 août 188S.
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- thôdes, nous avons fait usage d’un petit moteur Marcel Deprez, tournant avec une vitesse de ioo tours par seconde, et nous avons dirigé lés courants qu’il fournit dans un pont de Wheatstone, où le galvanomètre était remplacé par un excellent téléphone Ader.
- - Première expérience. — Les quatre branches du pont sont entièrement métalliques : nous les empruntons à dés caisses de résistance de la maison Elliot de Londres ou bien encore de la maison Breguet.
- Il est absolument impossible de régler lerpont de manière à rendre le téléphone silencieux. Trois branches A, B, C, du pont, étant égales à dix mille ohms, le minimum du bruit correspond à D=g.3oo ohms. Si l’on prenait C comme inconnue, le calcul ordinaire du pont en fournirait donc la valeur avec une erreur de 7 pour 100. Pour A = B = 10.000 ohms, C = 100.000 ohms, on a trouvé D == 80.000 ohms; l’erreur relative serait de 20 pour 100.
- Deuxième expérience. — En remplaçant successivement une, deux, trois branches métalliques par des résistances liquides impolarisables, formées de sulfate de zinc concentré avec des électrodes de zinc amalgamé, on améliore beaucoup l’expérience, sans cependant obtenir de bonnes extinctions.
- On n’en a pas davantage en formant la quatrième branche d’une sorte de rhéostat à sulfate de cuivre et à électrodes filiformes.
- L’induction propre des bobines dans la première expérience, la polarisation des petites électrodes dans la dernière, introduisent dans le pont des forces électromotrices parasites ; il en résulte une cause d’erreurs systématiques, qui n'a peut-être pas toujours été évitée par les expérimentateurs.
- La méthode des courants alternatifs ne peut donc être appliquée que si :
- i° On exclut du circuit toute résistance métallique non rectiligne et, en particulier, les caisses de résistance du commerce, et que si :
- 2° On n’emploie, même dans les liqueùrs concentrées, que des électrodes à très large surface.
- Pour réaliser des mesures dans ces conditions, nous avons utilisé un rhéostat à sulfate de cuivre, dont voici la disposition : deux éprouvettes superposées A et B, pleines de sulfate de cuivre, contiennent chacune une électrode de cuivre de plusieurs décimètres carrés de surface. Les deux éprouvettes communiquent par un tube vertical dans lequel s’engage une tige de verre pleine, de section presque égale, que l’on enfonce à volonté, et dont on note la position à l’aide d’un index et d’une règle divisée. On mesure, à l’aide de courants continus de très faible intensité, la résistance du rhéostat correspondant à chaque division de
- l’échelle, et l’on peut» désormais employer l’appareil pour des mesures absolues (').
- La résistance liquide à mesurer est formée par deux vases, contenant chacun une électrode en platine platiné de 1 décimètre carré de surface, et communiquant par un siphon plein du même liquide que lés vttses. Les branches fixes du pont de Wheatsone ont une disposition analogue, mais les électrodes sont des zinçs.amalgamés de pile, plonr géant dans une solution concentrée de sulfate de zinc.
- Dans ces conditions, on obtient, au téléphone, des extinctions de bruit absolues, et les résultats des mesures concordent sensiblement avec ceux que fournit l’électromètre ; mais la précision relative est d’autant plus médiocre que les résistances à comparer sont plus grandes. Par exemple, tandis que le. rapport des résistances de solutions de chlorure de magnésium et de chlorure de potassium au j-L^) a été trouvé, dans deux mesures consécutives à l’électromètre, de 1,546 et 1,54?, la méthode des courants alternatifs, appliquée aux mêmes liquides, à la même température, a donné 1,609 et i)586 pour valeur du même rapport.
- Les moyennes des valeurs obtenues parles deux méthodes ne diffèrent pas plus entre elles que ne diffèrent deux mesures individuelles du même rapport, fournies par les courants alternatifs ; mais, avec l’électromètre, la précision des mesures est bien plus considérable. Il semble même bien difficile que l’on puisse appliquer, avec quelque succès, la méthode des courants alternatifs aux liqueurs très diluées ou extrêmement résistantes que nous avons eu l’occasion d’étudier précédemment (2).
- Sur la conductibilité électrique du mercure et des métaux purs aux basses températures, par MM. Cailletet et Bouty (G).
- La résistance électrique des métaux purs croît avec la température. Cette variation, constatée d’abord par Pouillet, a fait l’objet de mesures nom-, breuses de Lenz (*) et de MM. Ed. Becquerel (3), Arndtsen (°), Matthiessen (7), Mousson (8) et Be-
- (’) Il est indispensable de connaître la température du liquide, car la résistance du sulfate de cuivre varie de i/3o de sa valeur à o°, par degré centigrade.
- (2) Ce travail a été exécuté au laboratoire de Recherches physiques de la Faculté des Sciences.
- (3) Journal de physique, juillet i835, p. 297.
- (*) Lenz. Leitungsfæhigkeit der Melalle fur Elektricitæt bei Verschiedcnen Temperaturcn {Pogg. Ann., t. XXXIV, p. 418 et t. XLI, p. io5; i835-i83«).
- (5) E l. Becquerel. Annales de chimie et de physique, 3° série, t. XVII. p. 2bb; 1846.
- (°) Arndtsen, Pogg. Ann., CIV, p. 1 et CV, p. 148; i858.
- . (7) Matthiesen und v. Bose, Pogg. Ann., CXV, p. 353; 1862.
- (8) Mousson, cité par G. Wiedemànn, Die Lettre von der Electricitxl, t, 1, p. 507. ~ '
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- noit (* *). De leurs expériences, on peut conclure que dans un intervalle de température peu étendu, la résistance d’un métal est en général représentée par la formule :
- (1) r,=r„(i+a/),
- et dans un intervalle plus considérable par des formules à trois termes
- (2) rt=ra{i +a/+pi2)>
- dans lesquelles a et p sont des coefficients constants.
- Toutes les expériences ont été réalisées, soit entre o° et ioo°, soit à des températures plus hautes. Elles établissent que les coefficients a diffèrent peu d’un métal pur à un autre, et qu’ils
- ne sont pas très éloignés de c’est-à-dire du
- coefficient de dilatation des gaz. Si cette loi était rigoureuse et si la formule (2) était applicable aux très basses températures, la résistance électrique d’un métal pur pourrait, au même titre que la pression d’un gaz parfait, être employée à la mesure des températures, puisque les deux quantités varieraient proportionnellement. Il y avait donc intérêt à effectuer des mesures de conductibilité électrique des métaux aux plus basses températures possibles. Tel a été l’objet de ce travail.
- Nos expériences s’étendent de o° à — ioo°et — 123°. Elles ont porté sur le mercure et divers autres métaux.
- Le mercure était contenu dans un tube de verre capillaire, contourné en spirale (2) et terminé par deux tubes larges, dans lesquels plongeaient des électrodes en cuivre amalgamé de 3mm,5, de diamètre. Le réservoir d’un thermomètre à hydrogène pénétrait à l’intérieur de la spirale et le tout était plongé soit dans la glace, soit dans un bain formé de chlorure de méthyle, d’un mélange de chlorure de méthyle et de neige carbonique ou enfin d’éthylène. Un courant d’air sec dont on réglait convenablement l’intensité brassait incessamment le bain liquide et en baissait la température suivant la méthode indiquée par M. Cailletet.
- Quand on voulait opérer sur d’autres métaux, du cuivre par exemple, on remplaçait le tube en spirale par une bobine creuse de fil métallique enroulée sur un support d’ébonite, dans lequel on avait pratiqué de nombreuses et larges fenêtres, de manière à bien assurer le mélange des couches iquides et l’uniformité de température du bain et de a résistance à mesurer. Le fil métallique, tantôt nu, tantôt entouré de soie, plongeait directement dans le bain liquide.
- (!) R. Benoit. Comptes rendus de l’Académie des sciences, t. LXXVI, p. 342, 1873.
- (*) Ces tubes avaient été construits par M. Alvergniat.
- La glace, le chlorure de méthyle, l’acide carbonique et l’éthylène sont des isolants parfaits, et l’on n’a pas à craindre qu’il s’établisse, d’une spire à l’autre de la bobine, des dérivations susceptibles d’altérer notablement les mesures. On s’en est assuré par des expériences directes. Sauf pour le mercure solide, nous n’avons opéré que des mesures relatives.
- Une résistance en mercure, de la forme précédemment décrite, était plongée à demeure dans la glace fondante et servait de terme de comparaison. Elle constituait l’une des branches d’un pont de Wheatstone, dont les trois autres branches étaient formées de deux caisses de résistance, et du fil métallique étudié. Les communications étaient établies par de très gros fils de cuivre dont la
- résistance, en général inférieure à la ^ partie de la branche du pont qui les comprenait, pouvait être considérée comme invariable pendant la série des mesures; on constatait l’équilibre du pont à l’aide d’un galvanomètre à réflexion très sensible.
- Toutes les températures ont été mesurées par un même thermomètre à hydrogène que l’on observait à volume constant, et dans lequel la pression du gaz à o° était de 5o9mm,3. Le réservoir du thermomètre, de même hauteur que les bobines dont il occupait le centre, était complètement immergé à plusieurs centimètres de profondeur au-dessous de la surface libre du liquide, au fond d’une éprouvette de hauteur à peu près triple ; cette éprouvette était protégée contre le réchauffement par une double enveloppe et par un tampon de ouate qu livrait passage à la tige capillaire du thermomètre, au tube qui insufflait l’air et aux gros conducteurs de cuivre du pont. Voici maintenant les résultats que nous avons obtenus :
- i° Mercure. Le mercure que nous avons employé était du mercure pur du commerce, purifié à nouveau par son séjour dans une série de trois flacons contenant le premier de l’acide azotique étendu, le second de l’acide sulfurique et le troisième de la potasse caustique.
- Ce mercure était introduit par aspiration dans le tube en spirale que nous avons décrit : ce tube avait 1 mètre de long et 1 millimètre carré de section; il avait été contourné en une spirale d’à peu près om,io de hauteur et se terminait par deux tubes de plus de 1 centimètre carré de section contenant une masse assez considérable de mercure, dans laquelle plongeaient les électrodes en cuivre amalgamé. Les mesures ont toujours été conduites très rapidement pour éviter la diffusion d’une quantité appréciable d’amalgame de cuivre dans la partie du tube contournée en spirale.
- Qnand on abaisse progressivement la tempéra-rature, la résistance du mercure varie d’abord très lentement jusqu’au voisinage de — 40°. Le coeffi-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- cient moyen de variation de o° à — 40°, déduit de nos expériences, a pour valeur
- o, 00080.1.
- La formule
- (3) rt = r 0 ( 1 -f- o, 00086491 +°i 00000
- température change avec la valeur de t, comme on le voit par comparaison des formules (3) et (4). Les observations, réduites à l’aide de ces formules, nous ont donné
- r-4P P — 40
- = 4,087.
- proposée par M. Benoît pour représenter la résistance apparente du mercure dans le verre, et adoptée par MM. Mascart, de Nerville et Benoît^) dans leurs recherches sur la fixation de l’ohm, donne pour coefficient moyen de o° à —40°,
- 0,000820,
- nombre sensiblement identique au nôtre. Il y a donc lieu d’admettre que la formule (3) représente exactement la variation de la résistance du mercure liquide au-dessous de o° ; nous avons d’ailleurs constaté qu’il n’y a aucune variation brusque de la conductibilité au voisinage du point de congélation, alors même que le mercure demeure surfondu à des températures légèrement inférieures à celle de la congélation normale. Cette circonstance se présente assez fréquemment dans les tubes capillaires.
- On est prévenu de la solidification du mercure, par une impulsion extrêmement brusque de l’aiguille du galvanomètre. La résistance du mercure tombe subitement au ^ de sa valeur et diminue ensuite régulièrement, à mesure que la température s’abaisse, avec un coefficient de variation que nous nous sommes attaché à mesurer avec exactitude. Désignant par p_4o la résistance du mercure solide à — 40°, par p, sa résistance à une température t quelconque inférieure à — 40°, nous avons trouvé que l’on a très exactement
- avec
- 0=0,00407.
- Ce coefficient de variation est près de cinq fois plus fort que celui qui caractérise le mercure liquide au voisinage de — 40°.
- La formule (4) est applicable dans les limites de température où ont été réalisées nos expériences sur le mercure, c’est-à-dire de —40° à — 92°,i3; la valeur de a que nous indiquons, résulte d’une quinzaine de mesures bien concordantes, effectuées avec trois échantillons distincts de mercure récemment purifié.
- La valeur du rapport - de la résistance du mer-... • P‘
- cure liquide à celle du mercure solide à la même
- (1) Mascart, de Nerville et Benoit. Expériences pour la détermination de l’ohm (Journal de physique, 1n série, t. III, p. 23o; 1884.
- On sait, par les expériences de M. L. de la, Rive (’), que la plupart des métaux (étain, zinc, plomb, cadmium) augmentent de résistance en fondant. Le mercure rentre dans cette règle, dont s’écartent le bismuth et l’antimoine ; la variation de résistance qu’il subit est la plus grande que l’on connaisse; elle est à peu près double de celle que subissent l’étain et le zinc par exemple.
- Nos expériences permettent de calculer approximativement la résistance spécifique absolue du mercure solide à o° ; négligeant la dilatation du mercure et du verre, on a en effet :
- __ P —40 _________r—id________
- P° 1—40.0,00407 4,087(1 —40.0,00407)
- __rn( 1 —o, 0008469.40 4-0,00000112.40*)
- 4,087(1—40.0,00407)
- La résistance spécifique r0 du mercure liquide à
- o° étant de ohms légaux, on trouve, tous calculs faits,
- p0=ooim ,2,668= 2,668. io8C. G S.
- 2° Métaux solides. — Tous les métaux puis que nous avons étudiés, à l’exception du platine, présentent au-dessous de o° une résistance qui décroît régulièrement d’après la formule
- (4) r(=r0(i + a/).
- a. Etain. — L’étain de Banca que nous avons employé nous a donné un fil extrêmement flexible, sur lequel nous n’avons constaté, par les plus grands froids auxquels nous l’avons soumis, aucune des variations de structure que l’on a signalées pour l’étain ordinaire fortement refroidi. La valeur de a déduite de 11 expériences à des températures comprises entre o° et — 85° est
- a =0,00424.
- D’après M. Becquerel, la valeur de a, au-dessus de o°, varie d’un échantillon de métal à un autre de 0,003675 à 0,006188. D’après M. Benoît, la résistance de l’étain pris au-dessus de o° est représentée par la formule
- rt — ( 1 + o, 004028 /+o, oooooSo2ô/*).
- b. Argent. — Nous avons eu à notre disposition un fil d’argent chimiquement pur, que M. Debray a bien voulu nous prêter. La valeur de a
- (') L. de la Rive. Comptes rendus de l'Académie des sciences, LVII, p. 698, i863.
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- ,3i0
- déduite de huit expériences entre 29°,97 et —.1010,75 est
- «=0,00385.
- La formule de M. Benoît, pour l’argent pur, est rt—r0 ( 1 + o, 0039721+o, 000000687 /*).
- ,c. Magnésium. — 6 expériences entre o° et — é8°,3i donnent :
- «=0,00388.
- • M. Bénoit indique la formule
- r,—r0 (1 + o, 003870 /+o, oooooo8631).
- d. Aluminium. — 8 expériences entre -f- 270,7 et — go°,57 donnent :
- a=0,0Ô3ç)C'.
- , D’après M. Benoit
- rt—r0( 1 -fo, 0038/6 / + o, 000001320/-).
- e. Cuivre. — Nos expériences les plus étendues se rapportent à divers, échantillons d’un même fil de cuivre rouge isolé par deux couches de soie et d;environ omm,3 de diamètre. Une trentaine de mesures réparties en trois groupes ont donné les valeurs de a suivantes :
- 0°.00 à — 58°,22............... «=9,00418
- — 68°,65 ,à —, ioi0,3o....... «=0,00426
- — ii3°,o8 à — 1220',82........... «=0,00424
- Ces valeurs de a ne diffèrent pas entre elles de quantités supérieures à la limite des erreurs d’expérience. On doit donc admettre que jusqu’à — 123°, la résistance du cuivre varie d’après la formule (4) avec une valeur de .a égale à 0,00423.
- Tous les auteurs qui ont étudié la résistance du cuivre indiquent pour le coefficient de variation entre o° et -j- ioo°, une valeur notablement plus faille. Par exemple, M. Benoit donne la formule
- r,=r0(i -|-o,co367 f+o, 0000005871-).
- De quelques expériences effectuées par nous au voisinage de o°, il semble en effet résulter que le coefficient qui convient à cette température est voisin de 0,00370, pour l’échantillon même sur lequel nous avons opéré. Il serait donc impossible de représenter par une formule unique ia variation de la résistance du cuivre de -{- ioo° à — 123°.
- f. Fer. — Une dizaine d’expériences sur divers échantillons de fil de fer fin du commerce nous ont donné entre o° et — 920.
- «=0,0049.
- " Let formule de M. Benoit pour le fer recuit est
- . , r,= r0(i+P,oo45i6/ + o,ooooo5828/s).
- g. Platine. — Le fil de platine que nous avons Employé provenait d’un échantillon de platine chi-
- miquement pur que nous avait prêté M. Debray.; 9 expériences réalisées entre -j- 29V6 et — 94°>57 nous ont donné :
- De 4- 29°,i6 à — 24004........ «=o,oo3oi1
- De — 40°,i8 à — 5g,3i......... a=o.oo333
- De — 63°,62 à — 94,97........ J . ' a=o,00342
- Les valeurs de a croissent d’une manière évidente, à mesure que la température s’abaisse, la formule (3) n’est donc pas applicable, mais on satisferait à peu près aux observations par la formule trinôme
- rt — rü ( 1 4~o,go3 t — o, ooooo551*).
- Le tableau suivant résume nos observations sur les métaux solides, à l’exception du platine.
- MÉTAUX LIMITES DE TEMPÉRATURE ot
- Arpent + 20°,97 à — ioi°,75 'O,oo385
- Aluminium -j- 270,70 à — 900,57 o,oo388
- Mapnésium o° 00 à — 88°,3i 0,00340
- Mercure . — 40“,oo à — 92°,i3 0,00407
- Cuivre — 23°,00 à — 1220,82 0,00428
- l-tain — o°,oo à — 85°,08 0,00424
- Fer — o°,oo à — 920,00 0,0049
- En résumé, nous pouvons tirer de nos expériences les conclusions suivantes :
- i° De o° à — ioô°, la formule binôme r, = r0(l —a()
- représente avec une exactitude suffisante la variation de la résistance de la plupart des métaux purs.
- 20 II en résulte qu’à la condition de déterminer 7. par une série d’expériences sur une spirale du fil métallique (argent, étain, cuivre fer, etc.), que l’on veut employer, on peut mesurer toutes les températures de o° à — ioo° par la variation de résistance de cette spirale. L’erreur, par rapport au thermomètre à hydrogène, sera toujours inférieure à x°.
- 3° Pour chaque métal, a présente une valeur particulière, supérieure en général au coefficient de dilatation des gaz.
- L’application de la formule empirique r,=r0(i+<xt)
- conduirait à une valeur nulle de la résistance pour une température supérieure à — 273°. Il faut donc qu’à une température suffisamment basse, la variation de résistance des métaux devienne moins rapide. L’application de la formule empirique conduirait alors, pour le calcul des températures, à des nombres trop voisins de zéro.
- Nous nous proposons d’étendre ces recherches à des températures très basses, et de les compléter
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- par la comparaison de plusieurs thermomètres à hydrogène observés à volume constant, mais sous des pressions différentes (*).
- De l’influence du magnétisme sur les caractères des raies spectrales, par Ch. Fiévez (2).
- La découverte de la rotation du plan de polarisation de la lumière sous l’influence des forces magnétiques, par Faraday (1846), a fait connaître la relation qui existe entre la lumière polarisée, le magnétisme et l’électricité.
- L’action du magnétisme sur l’étincelle électrique, traversant des milieux gazeux très raréfiés, a été mise en évidence par les travaux de De la Rive (3 * *) et les expériences spectroscopiques de Trêve (’*), de Daniel (s), de Secchi (6) et de Capron (7).
- D’après De la Rive et Daniel cette action est soumise aux lois de l’électro-dynamique et les effets observés, consistant dans un accroissement d’intensité lumineuse de l’étincelle et de son spectre, sont dus à une augmentation locale de densité de la matière gazeuse raréfiée, tandis que Secchi les attribue plutôt au diamagnétisme des gaz, c’est-à-dire à une répulsion produite par l’aimant sur ces gaz très raréfiés, ayant pour conséquence une diminution considérable de la surface gazeuse dans la section du tube traversée et par suite, production d’une température plus élevée.
- Selon ces physiciens, l’influence du magnétisme sur l’étincelle électrique traversant les gaz raréfiés n’aurait d’autre effet que de modifier la résistance ;de la matière gazeuse soumise à son action. Aussi, Cazin a-t-il conclu des expériences de Secchi « qu’il n’y a pas de spectre particulier « au magnétisme, c’est-à-dire, pas d’action directe « de l’aimant sur les rayons émis parla sourcelumi-neuse » (8).
- Cette conclusion va cependant au delà des faits acquis, car rien ne s’oppose à ce que l’on attribue au contraire l’augmentation d’intensité lumineuse de l’étincelle et de son spectre à l’action du magnétisme sur les rayons lumineux eux-mêmes.
- P) Dans le cours de ce travail, nous avons été assisté avec beaucoup de zèle, par M. J. Voisenat, élève ingénieur des télégraphes.
- (2) Bulletin de l’Académie royale des sciences de Belgique t. IX, p. 38i.
- (3) De la Rive, Recherches sur l’action qu’exerce le magnétisme sur les jets électriques dans les milieux gazeux très raréfiés. (Archives de Geneve, t. XXVII, p. 290.)
- (’>) Trêve, Action du Magnétisme sur les gaz. (Comptes rendus, t. LXX, p. 36.)
- (s) Daniel, Action du Magnétisme sur les gaz raréfiés. (Comptes rendus, t. LXX, p. i83.)
- 1°) Secchi, Sur les modifications apportées par le magné-lisnte dans la lumière émise par les gaz raréfiés. (Comptes rendus, t. LXX, p. i3i.)
- (7) Rand Capron, Auroræ, their characters and spectres.
- (8) Cazin, La Speclroscopiè, p. 9S.
- Quoi qu’il en soit, cetté question pourrait être éclaircie, sinon résolue,'par des expériences où les forces magnétiques seraient en présencè du mouve-1 ment lumineux et calorifique, sans autre intermédiaire que la matière pondérable ; les expériences magnétiques sur les flammes satisfont à ces conditions. . :
- Depuis longtemps (*), on connaît l’influence exercée par le magnétisme sur la direction de la flamme d’une bougie et on sait que toutes les flammes présentent, à des degrés différents, le même phénomène. Il reste à examiner si l’action des forcer magnétiques est bornée à ce changement de direction de la masse gazeuse ou bien, si elle affecte directement les ondes lumineuses elles-mêmes.
- Quoique l’analyse spectrale puisse résoudre cette question, ilest cependant nécessaire de réunir les conditions les plus favorables d’intensité magnétique et de dispersion lumineuse, afin que les modifications spectrales qui peuvent se produire ne puissent passer inaperçues.
- L’installation spectroscopique de l’Observatoire, disposant d’un appareil dispersif de très grande' puissance (3) et d’un électro-aimant Faraday, construction Ruhmkorff (3) pouvant être activé par un courant de 5o ampères d’intensité, a permis d’aborder ce problème.
- La flamme oxhydrique d’un petit chalumeau était dirigée horizontalemént sur un charbon sodé placé entre les armatures coniques de l’elecLro-aimant, distantes l’une de l’autre de dix millimètres. Une image de la flamme était projetée sur la feuille du spectroscope par un objectif double. La quantité d’oxygène introduite dans cette flamme permettait de régler la température de façon à donner aux raies spectrales D, et D2 l’apparence voulue. Dans ces conditions, les raies sodiques D, et D.2 étant d’abord peu- larges et non renversées avant le passage du courant d’aimantation, deviennent immédiatement plus brillantes, plus longues et plus larges aussitôt que l’électro-aimant est mis en activité.
- Si les raies brillantes D, et D2 sont déjà élargies,1 l’électro-aimant étant inactif, elles deviennent plus larges encore et se renversent (c’est-à-dire qu’une raie noire paraît au milieu de la raie brillante élargie) pendant le passage du courant d’aimantation, )
- Si les raies sont déjà élargies et renversées,-l’élargissement de la raie brillante et de la raie noire devient beaucoup plus considérable. -1
- (1) Cette observation, faite pour la première fois à Gênes,'
- en 1846, par le P. Bancalari, a été ensuite répétée par
- Plucker sur diverses flammes (voir Annales de Chimie et
- de Physique, 3° série, t. LIV, p. 264.
- (2) Déjà décrit précédemment : Annales de l’Observatoire
- royal de Bruxelles, t. IV, nouvelle série.
- (3j Cet appareil est décrit dans le 'traité de physique de
- Ganot. ‘ ' ’ ' - .
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- Ces phénomènes, qui disparaissent instantanément lors de Vinscription du, courant, peuvent être observés, mais avec moins d’intensité, sur la raie rouge du potassium, du lithium, sur la raie verte du thallium, etc., lorsqu’une minime quantité de ces métaux ou d’un de leurs sels est placée sur le support de charbon.
- Enfin, les armatures coniques de l’électro-aimant étant remplacées par les armatures méplates, de manière que toute la longueur de la flamme sodique soit comprise entre les armatures, les raies P, et D2, préalablement renversées et élargies, présentent un double renversement (c’est-à-dire l’apparition d’une raie brillante au milieu de la raie noire élargie), lorsque l’électro-aimant est en activité.
- Ces expériences, qui démontrent l’influence du magnétisme sur les ondes lumineuses, sans l’intermédiaire de l’étincelle électrique, font voir aussi que « les phénomènes qui se manifestent sous l'action du magnétisme sont identiquement les mêmes que ceux produits par une élévation de température.
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER
- Angleterre.
- Un indicateur des stations de chemin de fer. — Dans l’appareil de M. F. M. Rogers dont je vous ai promis une description plus détaillée (*) l’aiguille de l’indicateur est mise en mouvement par un courant électrique envoyé par le train lui-même quand il passe à un certain point de la ligne près d’une station. Le circuit d’une pile portée par le train et de l’électro-aimant qui actionne l’aiguille est fermé par le contact F (fig. i), placé en dessous de la plate-forme de la station et par un bras court C, fixé sur le marchepied de la voiture ; des fils relient le bras C à la pile B à l’indicateur I et le circuit se trouve complété par le contact F et C.
- Dès que ce contact a lieu, l’électro-aimant E, (fig, 2 et 3) attire son armature A (fig. 2) qui est solidaire d’une ancre à échappement D. La roue dentée avance d’une dent. Dès que le courant est rompu, le ressort S ramène l’armature dans sa position initiale. Le même jeu se répète à chaque station.
- Les indicateurs sont montés en dérivation; et unx seul indicateur peut suffire pour deux compartiments. On place cet indicateur dans la cloison
- et on lui donne deux aiguilles, comme le montre la figure 3. Dans ce cas, l’aiguille se meut dans la direction des aiguilles d’une montre, dans l’un des compartiments et dans l’autre, son mouvement a lieu en sens inverse.
- M. Rogers a également imaginé un dispositif qui reproduit à l’intérieur d’une maison les mouvements d’une girouette ou de tout autre instruments météorologique. Il emploie à cet effet une espèce de galvanomètre portant les points cardinaux inscrits sur son cadran. L’aiguille est mise en mouvement par une bobine à travers laquelle sont envoyés des courants produits par une série de contacts disposés sur le cercle de rotation de la girouette.
- Un régulateur électrique de pression, — Le
- FIG. I
- docteur Eugène Obach, l’inventeur du galvanomètre qui porte son nom, a imaginé un appareit destiné à maintenir l’air ou d’autres gaz enfermés dans un espace clos à une pression constante au-dessous ou au-dessus de la pression atmosphérique.
- L’appareil consiste essentiellement en un baromètre à mercure dont l’extrémité courte communique avec le gaz que l’on veut maintenir à une certaine pression. Le récipient qui contient ce gaz est également relié à une pompe à air. Le baromètre est disposé de façon que, sitôt que la colonne de mercure atteint une certaine hauteur, le courant d’un élément Leclanché se trouve envoyé à travers un électro-aimant; l’armature de cet électro est attirée et ouvre un tuyau en caoutchouc fermé
- (•) Voir La Lumière électrique, nu 32, p. 276.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 3iç
- ordinairement par une pincé de serrage. Immédiatement, le gaz pénètre par un récipient jusqu’à ce que, le niveau du mercure baissant, le circuit viènt à être rompu. Le contact se fait au moyen d’une tige d’acier à pointe platinée. Le gaz qui entre ainsi dans l’appareil et rétablit la pression voulue, quand la raréfaction excède celle qu’on désire avoir, passe à travers une bouteille qui renferme un liquide non volatil et les bulles qui sé dégagent témoignent de la bonne marche de l’appareil. De l’acide sulfurique concentré sert à dessécher le gaz qui entre dans le récipient. En mettant un condensateur en dérivation dans le circuit on évite entièrement les étincelles produites par des interrup-
- FIG. 2
- tions fréquentes du courant et la surface du mercure reste très longtemps propre.
- L’appareil est construit de façon à servir aussi bien pour des pressions basses que pour des pressions élevées grâce à un commutateur que nous allons décrire.
- Dans la figure 4, B représente le baromètre à siphon, E l’élément Leclanché et M l’électro-aimant. Le commutateur est monté sur une planchette carrée C, sur laquelle se trouve un quadrant en laiton ab et une touche carrée c. Les contacts a, b et c sont platinés. Deux lames flexibles fl et/2 sont fixées à une pièce isolante mobile autour de son centre, grâce à la poignée H. Les ressorts communiquent par les fils 1 et 2 avec les pôles de l’élément E. Lorsque la poignée H occupe la position de la figure, les communications'sont faites de manière à maintenir une pression inférieure à la pression atmosphérique. Le courant suit la direction des flèches et se rend à travers le fil 5, la cheville S, au fil d’acier W qui glisse librement et peut être fixé à une hau-
- teur quelconque. Si le mercure monte suffisamment-dans l’extrémité gauche du baromètre, il touche les bouts platinés du fil W et le courant passe par le mercure, le fil 7, l’électro-aimant M, ab et par le ressort f,j il retourne à l’élément.
- L’aimant attire alors son armature et permet au gaz d’entrer dans le récipient jusqu’à ce que le contact soit rompu par suite de la chute du mercure.
- Si au contraire on déplace la poignée H de gauche à droite (90°), le régulateur maintient constante une pression supérieure à la pression atmosphérique. On enlève la cheville S de sorte que le courant de l’élément E passe à travers le ressorta, l’électro-aimant M et retourne à l’élément par c et f2. Tant
- FIG. 3
- que le mercure n'est pas en contact avec le fil W, l’armature de M est attirée et le tube en caoutchouc reste ouvert permettant à l’air ou au gaz de s’échapper. Lorsque le mercure fait contact avec le fil W, une partie du courant passe à travers la dérivation formée par le baromètre et un rhéostat composé de deux fils de maillechort parallèles nt ,n2 et reliés électriquement par un curseur g. Ce dernier permet de régler la dérivation de manière à affaiblir le courant suffisamment pour que le ressort puisse attirer l’armature de M. Le but de ce rhéostat est d’introduire une résistance aussi considérable que possible pour ne pas trop user la pile.
- Pour une pression plus grande et par conséquent une colonne de mercure plus courte entre W et 7, on peut intercaler une longueur de fil de maillechort plus considérable que pour une pression plus basse.
- La résistance de l’électro-aimant dans l’appareil du docteur Obach est de 10 ohms.
- Le commutateur est placé en face de la planchette
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- LA L UMlÈRE ÉLECTRIQ UE
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- •verticale qui porte l’électro-aimant, et les deux fils de maillecfiort sont tendus sur une longue planche verticale sur laquelle est attaché également le baromètre. Quand l’appareil est soigneusement réglé, il marche très régulièrement et la pression est maintenue constante sans grandes oscillations ; mais si l’appareil est mal réglé il se produit un mouvement semblable à celui d’une pompe et qui est créé par lès oscillations du mercure dans le baromètre.
- . Le régulateur électrique de pression du docteur Obach, dans sa double forme, c’est-à-dire pour haute et basse pression, peut, suivant l’inventeur, être d’une grande utilité dans des recherches chimiques et physiques, par exemple pour la détermination du point d’ébullition d’un liquide à des pressions différentes ou de liquides différents à
- Fin. 4
- la même pression, 760 millimètres par exemple. Il peut aussi être employé pour la distillation partielle d’un mélange de plusieurs liquides.
- Une ancre indicatrice. — Lorsqu’on repêche un câble sous-marin, il est très souvent difficile de dire quand l’ancre touche le fond de la mer.
- Sir James Anderson et M. Kennelly, un électricien de L'Eastern Telegraph Company, ont breveté dernièrement un dispositif destiné à ce but. Il consiste essentiellement en un manipulateur à mercure, ressemblant beaucoup à la clef imaginée par M. Lartigue pour les signaux de chemin de fer. Dans ce manipulateur le contact est fait et le circuit complété par l’écoulement d’une certaine quantité- de mercure, écoulement obtenu en déplaçant ou en renversant le récipient qui renferme le mercure. Dans le dispositif que nous signalons ici, le mercure se trouve au fond de l’ancre et quand cette dernière touche le fond de la mer et prend
- une position horizontale, le mercure se dé verse, et fait contact avec l’extrémité d’un conducteur, ce qui forme le circuit à travers une sonnerie trem-; bleuse placée à la partie haute du câblé.
- Une nouvelle disposition des coupe-circuits.— Le système suivant adopté par la « Pitsen Electric Light Company », pour relier des lampes électriques avec des coupe-circuits, présetite cet avantage que les lampes ne s’éteignent pas lorsqu’il y a seulement un excès momentané de coiffant. Le sys^-tème consiste à intercaler un coupe-cirpuit dans le circuit principal de la lampe, et à en placer un second' en dérivation sur le premier. Si l’excès de courant a fondu le fil du premier coupe-circdit, une com-' munication existe encore par celui quf est placé en dérivation ; le courant passera encore par la lampe, mais avec une intensité moindre à cause d’une résistance artificielle placée dans là dérivation. Les lampes donneront alors une lumière plus faible et appelleront l’attention du surveillant. Si l’excès du courant est assez considérable pour fondre les fils dans les deux coupe-circuits, une fruptüre totale du circuit aura lieu et éteindra toutes lès lampes.
- Sur la pose des cables pour la lümière électrique. — Pendant la pose des conducteurs souterrains pour l’installation de la lumière électrique à Greenock, on a employé la méthbde qui sert pour la pose des câbles sous marins. Cette méthode consiste à avoir constamment un circuit fermé à travers le câble en pose, pour éviter toute négligence au cours de cette même pose.
- Les joints ont été faits en coupant, sur une longueur de 25 à 5o millimètres, l’enveloppe de plomb et l'isolant du câble à chaque extrémité des conducteurs à relier. On entoure alors les deux bouts avec du fil fin; on les soude ensemble et on met ensuite l’isolant.
- Le tout est recouvert par un morceau de tuyau en plomb, d’une longueur de om,20. De petits morceaux de tubes de cuivre minces, d’une Ion-: gueur de i2mm,5, fendus longitudinalement, servent à loger les bouts de fil que l’on veut joindre. La fente longitudinale permet de verser la soudure jusqu’à ce que le tout forme une masse solide.
- Un joint fait de cette manière, est plus propre et plus vite fait que l’épissure directe; il faut seulement faire attention qu’il ne reste pas de gouttes de soudure qui pourraient facilement, après quel-: que temps, percer l’enveloppe isolante, et entrer en contact avec le plomb. — Pour isoler le joint, on roule des rubans trempés dans de la résine, et de l’huile autour du joint, et on couvre le tout par un tuyau de plomb. Jusqu’à ce jour, les joints ainsi faits ont donné de très bons résultats.
- J. MuNro.
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- CHRONIQUE
- L’induction téléphonique, par M. Ch. Elsasser (').
- Le fait connu que des courants électriques se développent dans un conducteur fermé quand l’état électrique d’un deuxième conducteur établi dans le voisinage du premier subit un changement, quand, par exemple, des courants électriques s'établissent ou disparaissent dans le deuxième conducteur, se présente également dans les conducteurs télégraphiques fixés parallèlement aux mêmes poteaux. Ces phénomènes d’induction n’exercent pas d’influence préjudiciable sur la télégraphie quand on fait usage des appareils Morse, Huerhes et autres comme récepteurs, qui ne sont guère actionnés pâlies courants d’induction de si faible intensité.
- Mais quand on se sert du téléphone pour appareil récepteur, par suite de sa grande sensibilité, l’induction est assez forte pour empêcher, dans certaines circonstances l’exploitation simultanée de plusieurs conducteurs fixés parallèlement et aux même poteaux. Quand un grand nombre de fils téléphoniques sont situés sur une même ligne qu’ils servent simultanément, ce qui arrive presque toujours, les courants occasionnent un trouble tel que la conversation entretenue par l’un des conducteurs peut être entendue, bien qu’elle ne puisse guère être comprise, par l’appareil qui dessert un autre conducteur. Le fait est le même que dans la conversation de plusieurs personnes réunies dans une même salle où elles parlent à la fois ; on entend les discours de tous ceux qui parlent, mais on ne les comprend pas en général, et la conversation qu’on entretient soi-même n’est nullement influencée.
- Les inconvénients provoqués par l’induction se font bien remarquer dans le cas où un nombre restreint de conducteurs téléphoniques est fixé à une même ligne de grande étendue. C’est notamment le cas où les appareils de deux réseaux téléphoniques sont mis en communication. Quand les localités à desservir sont tant soit peu distantes l’une de l’autre, le nombre des conducteurs, eu égard aux fortes dépenses à faire pour le premier établissement, est réduit le plus possible, et la conversation entretenue par l’un d’eux peut être entendue distinctement par l’appareil récepteur de l’autre conducteur.
- Pour pouvoir y remédier, le département des postes de l’empire germanique a réalisé, à titre d’essai, presque toutes les propositions faites à ce sujet, jusqu’à ce jour, notamment : (*)
- (*) Conférence faite le 23 mars à l’Observatoire de Paris.
- i” Celle de M. Preece, qui, pour détruire l’induction, alterne les points d’attache à chaque poteau. Cet essai n’a pas réussi.
- 2° Celle d’attacher aux poteaux un fil spécial qui communique avec la terre en divers points. A l’exception d’un seul essai qui avait assez bien réussi, aucun affaiblissement de l’induction n’a pu être constaté.
- 3° L’introduction dans le circuit de bobines d’induction, de façon que les courants induits engendrés dans les bobines se trouvent inverses aux courants d’induction développés dans les fils voisins. On remarqua bien un affaiblissement de l’induction, mais l’effet phonétique en souffrait. Il faut toutefois reconnaître que, jusqu’à cette heure, on ne s’était servi que des bobines d’induction ordinaires. Quoi qu'il en soit, cet essai n’a pas réussi.
- 4° Employer pour un des circuits, un fil d’aller et un fil de retour, c’est-à-dire un circuit entièrement métallique, à l’exclusion entière du sol. Ce procédé est celui qui a donné les meilleurs résultats. On obtenait ainsi deux bonnes communications au moyen de trois conducteurs, surtout quand on avait soin que les deux conducteurs, réunis en un seul circuit, fussent partout symétriques par rapport au troisième. De la même manière on peut,faire de quatre fils simples deux conducteurs exempts de toute induction, quand on a soin de grouper ces fils, de manière que les deux plans qui passent, l’un par les deux fils d’un des circuits et l’autre par les deux fils du second, se coupent gle droit ; dans ce cas, en effet, le total algébrique des courants d’induction engendrés dans les conducteurs voisins est nul.
- Comme la communication de deux appareils téléphoniques raccordés aux bureaux centraux des différentes localités, au moyen de conducteurs simples, ne peut guère être établie par un circuit fermé d’aller et de retour, la communication téléphonique entre Bremen et Bremerhaven fut, à titre d’essai, établie de façon à faire des quatre fils existants trois communications. On employa les fils 2 et 3 (fig. i), réunis en un seul circuit d’aller et de retour, pour la correspondance de service des deux bureaux centraux, et l’on se servit des fils i et 4 comme de conducteurs simples pour les transmissions téléphoniques des abonnés. Quoique ces conducteurs fussent distants de om,8o l’un de l’autre les effets d’induction étaient si grands que la conversation entretenue par l’un des conducteurs était complètement entendue à l’appareil récepteur de l’autre conducteur.
- Afin d’obvier à cet inconvénient, on fit l’expérience proposée à la page 507 du Journal de la
- sous un an-
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- Société électro-technique de Berlin, année 1883. On réunit les fils de raccordement simples de deux abonnés par un conducteur double (fig. 2), établi au moyen d’un fil d’aller et d’un fil de retour, et l’on y intercala des translateurs appropriés. Une expérience semblable a été proposée par M. Nystrôm dans le Journal télégraphique de Berlin (année i883, p. 208).
- On aurait pu atteindre le même but en faisant communiquer tous les abonnés avec les bureaux centraux au moyen de conducteurs doubles, mais il fallut renoncer à ce procédé, qui aurait exigé un nombre double de fils et aurait entraîné un grand surcroît de dépenses.
- L’expérience de transmettre les sons par l’intermédiaire des bobines d’induction, jouant le rôle d’appareils de translation, réussit. Par malheur, les sons ne parvinrent que fort affaiblis à cause de
- t,t Ceitr'fS d tt&.t
- FIG. 2
- l’effet qu’exerçait la double translation et l’accroissement de la résistance électrique, ce qui nuisait beaucoup à la conversation. Ces difficultés de service inspirèrent à M. Landrach, inspecteur des télégraphes à Berlin, l’idée de donner à la bobine d’induction la forme d’un électro-aimant en fer à cheval, dont les noyaux sont munis d’une armature. On sait que, quand on emploie des bobines d’induction dont les noyaux forment un circuit complet, les courants d’induction engendrés ne sont pas seulement plus forts que ceux qui sont engendrés dans les bobines dépourvues de noyaux ou pourvues de noyaux à pôles épanouis, mais qne la marche des courants induits s’effectue mieux et favorise la translation.
- Il résulte des mesures prises à ce sujet que les courants d’induction engendrés dans les bobines aux noyaux fermés étaient plus forts, d’à peu près 1,7, que les courants d’induction engendrés dans les bobines aux noyaux épanouis.
- Voici les dimensions des appareils d’induction dont on se servit à l’occasion des expériences faites sur la ligne de Bremen-Bremerhaven :
- Longueur de chaque bobine, i5o millimètres;
- Diamètre des noyaux de fer, 16 millimètres.
- Chacune des spirales d’induction enroulées parallèlement consiste dans une pile de cuivre (fig. 3) de o10111,2 de diamètre ; la résistance de chaque spirale pour chacune des deux bobines est d’environ 125 ohms; le nombre des tours, environ 2.65o.
- La distance de Bremen à Bremerhaven est de 69 kilomètres; les conducteurs, dans la plus grande partie de la ligne sont des fils de fer de 4 millimètres; la résistance de deux fils bouclés est d’environ i.3oo ohms.
- En intercalant un appareil d’induction à chaque bout du circuit bouclé, on constate que le son phonétique, lorsqu’une translation était installée entre le circuit bouclé et des fils de raccordement simple de grande étendue, était un peu moins fort que lorsqu’on communiquait sur toute la ligne à l’aide d’un conducteur simple sans translation. Mais quand les piles de raccordement de l’un et de l’autre des abonnés étaient courts, ou qu’on réunissait le récepteur directement au deuxième fil de l’appareil d'induction, le son pho-
- EIU. 3
- Résistance de chacun des fils
- Nombre de lours
- Ai 1
- A2 e2 A3 K 3 A, E%
- = 125 uhms.
- 2.6*0
- nétique parvenait sans être, en aucune manière, affaibli par la translation. Aucun dérangement ne se produit par l’effet de l’induction, et les conversations des abonnés s’accomplissent si régulièrement que les deux conducteurs, constitués par les quatre fils existants suffisent à présent au trafic assez important de 260 à 3oo communications par jour; tandis que, lorsqu’il y avait trois conducteurs desservant les deux réseaux, il fallait souvent laisser les abonnés attendre assez longtemps la communication demandée, et les conversations étaient retardées par suite de la difficulté de s’entendre, due à l’induction.
- Quand, pour satisfaire aux exigences du trafic, on a besoin de plus de deux conducteurs pour établir la communication entre les deux réseaux, il est difficile d’augmenter le nombre des conducteurs qu’on ne pourrait fixer aux mêmes poteaux, de manière à faire disparaître l’effet réciproque de l’induction. Et comme l’emploi de deux fils pour
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- chacun des conducteurs exige un surcroît de frais d’établissement, on a essayé de détruire l’induction qui se fait remarquer dans les conducteurs constitués par des piles simples, en profitant des bons résultats qu’on avait obtenus par l’emploi des appareils d’induction de M. Landrath. Voici les résultats qui ont été obtenus :
- Lorsqu'on mit les deux bobines de l’appareil inducteur décrit ci-dessus, à chaque bout des piles i et 4 de la ligne Bremen-Bremerhaven, choisie pour l’expérience, les paroles se transmirent moins distinctement qu’auparavant de l’un des conducteurs sur l’autre; mais, à force d’attention, on put toujours les entendre. En mettant, en outre, à chaque bout des conducteurs l’une des deux bobines d’un deuxième inducteur, les sons transportés par l’induction de l’un des conducteurs sur l’autre furent tellement affaiblis, qu’on ne pouvait plus comprendre les paroles. Mais, lorsqu’on mit aussi l’autre bobine du deuxième inducteur, on obtint un renforcement des sons transportés de l’une des piles sur l’autre fil. Donc, qnand on procédait ainsi, l’effet de l’inducteur était plus fort que
- KIG. 4
- l’effet que l’un des conducteurs exerçait sur l’autre.
- Quelque diificulté qu’il y ait encore de s’entendre, probablement par suite de l’accroissement de résistance, produit par l’introduction dans le circuit des bobines des inducteurs, l’expérience qui a donné les meilleurs résultats a eu lieu avec des bobines offrant une résistance de r.Soo ohms ; on a pensé que le résultat de la dernière expérience était assez satisfaisant pour que les essais fussent continués jusqu’à ce qu’on aitinventé une meilleure disposition des bobines d’induction-
- Quand, pour détruire l’induction, on procédera de la manière qui vient d’être indiquée, pn aura à surmonter bien des difficultés, lorsqu’il y aura plus de deux conducteurs ; aussi s’occupe-t-on de chercher des dispositions qui puissent permettre d’avoir entre deux réseaux téléphoniques plusieurs conducteurs qui ne souffrent pas trop de l’induction.
- En s’occupant de cette question M. Münch, inspecteur des télégraphes à Berlin, a fait les observations qui suivent: où il y a trois fils aux mêmes poteaux (fig. 8), dont deux, par exemple, le deuxième et le troisième, forment un fil d’aller et retour, les courants d’iniuction que le premier conducteur simple fait naître dans les deux fils bouclés ne se
- font pas remarquer quand les branches du conducteur double sont entièrement symétriques par rapport au conducteur simple.
- Lorsque leurs positions nesontpas symétriques, on obtient le même résultat quand les fils qui forment un même circuit se croisent à mi-chemin, c’est-à-dire quand les fils 2 et 3 occupant une position dans une moitié de la section, les fils 3 et 2 occupent la même dans l’autre moitié. Cet arrangement étant établi, le total des courants d’induction développés dans le conducteur double doit être nul si tous les courants inducteurs ont une égale intensité dans tout leur parcours.
- Cette supposition ne se justifie ni toujours ni entièrement dans la pratique, mais les expériences faites jusqu’à ce jour laissent espérer qu’en procédant de cette manière les phénomènes d’induction disparaîtront assez pour ne pas être trop préjudiciables aux transmissions. Le résultat devant être le même quand il existe plusieurs conducteurs simples, une communication par téléphone, à peu près à l’abri des effets de l’induction, pourra être établie
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- aussi sur des poteaux qui supportent plusieurs conducteurs desservis par des appareils télégraphiques Morse, Hughes ou autres.
- Ce résultat semblera toujours fort avantageux.
- C’est par un heureux hasard que j’ai reçu hier l’avis du résultat d’une expérience intéressante, faite dans ces derniers jo,urssur une ligne télégraphique dont les poteaux portaient déjà 14 fils télégraphiques. Sur les poteaux de cette ligne, d’une longueur de 5 kilomètres, deux fils fixés parallèlement constituent un circuit téléphonique. Ces deux fils, un fil d’aller et un fil de retour, changent de place à chaque point de changement du nombre des fils télégraphiques, ainsi qu’au milieu de chacune des sections ainsi formées. L’expérience a montré que, grâce à cet arrangement, l’effet de l’induction est assez affaibli pour que la conversation téléphonique ne subisse aucun trouble. On a pu entendre aux appareils téléphoniques les signaux échangés sur les fils télépraphiques, mais cela n’a pas nui à la conversation télépho-’ nique.
- En suivant le principe signalé ci-dessus, on pourra établir aussi, sur les poteaux où sont attachés exclusivement des conducteurs téléphoniques,
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- plus de deux conducteurs téléphoniques qui ne souffriront pas trop des effets de l’induction. Quand les fils 1 et 4, 2 et 3 (fig. 5), seront arrangés de manière à opérer comme fils d’aller et de retour et à former ainsi des circuits téléphoniques, une troisième communication, établie par les fils 5 et 4, ne souffrira pas non plus de l’induction, lorsque les fils changeront de place à mi-section. Une quatrième communication utilisable pourra être établie sur les mêmes poteaux que les fils 7 et 8, si la position des points d’attache de ces deux fils est intervertie tant à mi-section qu’au premier et au troisième quart de la même section (fig. 5).
- On peut imaginer encore d’autres arrangements pour établir aux mêmes poteaux plus de deux conducteurs téléphoniques qui resteraient exempts de l’induction. En bouclant, par exemple, les fils 2 et 5 et les fils 3 et 4 ( fig. 6), on détruit ou on paralyse l’induction, comme il a déjà été indiqué ci-dessus. En bouclant les fils 1 et 6, l’induction n’y produira pas non plus un effet nuisible quand, en
- renonçant à la translation, on réunira directement les conducteurs simples qui raccordent les abonnés aux bureaux centraux, au conducteur bouclé, c’est-à-dire quant on disposera les fils 1 et 6 en quantité au lieu de les disposer en tension. Pour avoir un quatrième conducteur, on peut réunir les fils 7 et 8 en faisant une inversion des communications au milieu de la ligne.
- L’accroissement Toujours progressif du nombre des abonnés obligera, dans un avenir prochain, les administrations à substituer au système généralement adopté des conducteurs téléphoniques aériens celui des câbles. Dans les villes qui ne jouissent pas, comme Paris, de l’avantage de posséder un ensemble d’égouts de grande étendue, favorisant à un haut degré la pose des câbles, il sera fort difficile d’embrancher tous les conducteurs de raccordement sur le conducteur principal des câbles souterrains. C’est pourquoi on fera bien d’établir souà terre les conducteurs de raccordement à partir des bureaux centraux jusqu’à plusieurs endroits appropriés de la localité, afin d’y rattacher les abonnés au moyen de conducteurs aériens de petite étendue. J’ai recommandé cet arrangement dans le
- Bulletin de la société électrotechnique de Berlin de i885 p. 62.
- Jusqu’à présent on n’a pu établir des câbles qui ne souffrent pas trop des effets de l’induction, que là où chaque conducteur est constitué par des fils doubles d’aller et de retour, et il a fallu pour cela, doubler aussi le nombre des fils aériens qui constituent les câbles. Eu égard aux grands frais d’établissement, on a, depuis longtemps, cherché les moyens de construire des câbles dont chaque fil, tant seul que réuni aux conducteurs aériens, peut servir à l’exploitation du téléphone.
- Par suite de plusieurs expériences secondées par le département des postes d’Allemagne, les maisons de Siemens et Halske, à Berlin, et de Felten et Guilleaume, à Mülheim-sur-le-Rhin, près de Cologne, ont construit des câbles qui paraissent satisfaire à toutes les exigences (‘). MM. Siemens et Halske enveloppent de quelques fils de cuivre nus, chaque conducteur protégé par une couche isolante. Ces fils de cuivre nus, peuvent être disposés de manière à servir de conducteurs de retour. Quand on n’a pas besoin d’un circuit métallique complet, les fils nus qui entourent les âmes sont reliés les uns avec les autres et mis à la terre au moyen d’une armature protectrice de métal. MM. Felten et Guilleaume enveloppent chaque fil isolé d’une couche continue d’étain battu, puis réunissent les fils ainsi préparés en un câble maintenu par trois' fils de cuivre nus qui communiquent avec les couches d’étain; puis le câble reçoit une double enveloppe de plomb. En posant un câble destiné aux communications téléphoniques, on met à la terre le tuyau de plomb et les trois fils de cuivre nus.
- Les câbles ainsi construits peuvent être établis sous terre et dans l’air; il faut seulement faire un choix convenable de leurs armatures protectrices.
- Les essais de câbles que le département des postes d’Allemagne à faits jusqu’ici ont donné de bons résultats. Pour raccorder par exemple, les abonnés de Mülheim-sur-le-Rhin au bureau central de Cologne, on fait usage d’un câble téléphonique, contenant 14 conducteurs simples d’une longueur de 2.415 mètres, fourni par MM. Felten et Guilleaume, qui sert d’intermédiaire pour les conducteurs aériens simples. Aucun trouble des transmissions télépho niques n’y a été Causé par l’induction qu’engendrait l’effet de l’un des fils du câble sur l’autre fil.
- Afin de construire des câbles téléphoniques tant à un prix modéré que le plus possible ténus et légers, on a substitué à la gutta-percha, cette matière isolante tant appréciée depuis quelques années, une autre matière isolante dont la durée n’a pas encore été établie par l’expérience. C’est pourquoi
- P) Voir Eleclrotechnische Zeitschrift, p. 61 et suiv., 188S.
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- l'administration allemande ne s’est pas encore définitivement décidée pour l’adoption générale de ces câbles ; elle attend à cette fin les résultats des expériences ultérieures qui ont été mises à exécution sur une grande échelle.
- Depuis mon départ de Berlin, des expériences nouvelles ont été faites sur des câbles téléphoniques. Il a été constaté qn’il n’y avait pas d’induction nuisible de l’un des fils simples d’un câble d’une longueur de 2.400 mètres, sur un autre fil du même câble.
- Le câble choisi pour cette expérience contient 27 fils simples du modèle adopté par la maison Felten et Guilleaume. En combinant plusieurs fils, on a constitué deux circuits simples de diverses longueurs. Jusqu’à 6 kilomètres l’effet d’induction a été très faible entre les deux fils les plus rapprochés, choisis pour cette expérience. En augmentant la longueur jusqu’à 8 kilomètres, l’induction se faisait remarquer; mais elle n’a pas rendu la conversation téléphonique incompréhensible.
- Dans un espace de temps relativement bien court, on a obtenu des résultats inespérés dans le domaine de l’électricité, grâce aux efforts réunis des physiciens des électro-techniciens, et grâce aussi à la coopération et à l’instigation des Sociétés électro-techniques.
- En présence de ces succès, il nous sera permis d’espérer fermement que les études et les travaux des électriciens de toutes les nations qui ont le même but en perspective, auront pour résultat l’anéantissement entier de l’action si préjudiciable que l’induction exerce sur les conducteurs téléphoniques établis parallèlement.
- A propos de la grue électrique de M. Farcot.
- M. Farcot vient de faire installer dans son usine de Saint-Ouen une grue électrique de 20 tonnes, dont la presse scientifique s’occupe beaucoup en ce moment.
- Nos lecteurs se rappellent sans doute que dans le temps nous avions annoncé, parmi les faits divers, le montage de cet engin, auquel nous n’accordions qu’une importance secondaire. Aujourd’hui, notre avis n’a pas changé ; il est vrai, les détails que les journaux nousapportent ne nous apprennent pas grand chose, et si nous revenons sur ce sujet, c’est pour ramener les choses à leur juste valeur et calmer un peu l’enthousiasme de nos confrères. Nous n’avons pas besoin de le dire, n’est-ce pas, nous sommes ici tous partisans du transport de la force par l’electricité. Nous sommes convaincus des besoins reels auxquels il peut repondre, mais tout en étant toujours prêts à encourager les installations électriques nouvelles, nous tenons encore à bien distinguer et à n’applaudir qu’aux bons endroits.
- La grue de M. Farcot, par exemple, n’a rien qui nous déplaise. Il esrt absolument évident que la substitution du travail d’une machine Gramme à celui de l’homme est un réel progrès, qu’à tous égards une notable économie est ainsi réalisée; seulement nous ne voyons là rien de bien extraordinaire, et la
- jfll
- réalisation de ce problème nous paraît d’une extrême simplicité.
- De quoi s’agit-il en effet? De transporter à 100 mètres de distance un travail de 4 chevaux ; mais avec n’importe.quelle machine sortie de chez le premier constructeur venu, avec n’importe quel conducteur, un pareil idéal est peu de chose à réaliser. A proprement parler, ce n’est pas là du transport de force, tel qu’on l’entend aujourd’hui.Une longueur
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- de iqo mètres n’est pas une distance appréciable et lorsque deux machines sont réunies par un circuit qui n’a pas ^ d’ohm de résistance, on dit
- avec raison que les deux machines sont au contact. Dans ces conditions, on avouera que le transport à une distance nulle n’est pas du transport, et que dans la nouvelle installation de la Compagnie Électrique il n’y a qu’une simple application sans aucune qualification du principe de la réversibilité.
- Ces réserves faites, voici ce dont il s’agit :
- La grue transformée, dont nous donnons une vue partielle (p. 325), est consacrée chez M. Farcot au service de l’ébarbage. Primitivement elle était mue à bras et exigeait io hommes, alors qu’aujour-d’hui un seul suffit pour la manœuvre. La transformation a été très simple et très facile. Une machine Gramme type n°6, de 4 chevaux, a été installée sur les deux moises inférieures et immédiatement au-dessus a été fixé un rhéostat de 5o ohms. Les mouvements primitifs sontrestés les mêmes et l’on s’est borné simplement à l’addition d’un débrayage permettant à volonté de passer de la manœuvre électrique à la manœuvre à bras, au cas où un accident surviendrait. Un frein Mégy placé sur l’arbre à manivelles limite la vitesse de descente, et un jeu de deux pignons de diamètres différents, donne la possibilité de marcher à petite ou grande vitesse.
- La génératrice qui est également une machine Gramme, est placée dans une des salles des machines à vapeur, à go mètres environ de la grue. Sa vitesse est de i.55o tours par minute, et avec 35o volts de différence de potentiel aux bornes, elle donne naissance à un courant de i3 ampères. Le circuit est formé par un conducteur de 7 fils de cuivre de 12/10 millimètre de diamètre, et présente une résistance d’un ohm par kilomètre. La réceptrice, qui fait 1.000 tours par minute, peut développer un travail de 33o kilogrammètres, soit 4°h,4. A la grande vitesse, on peut lever 6 tonnes à raison de i“,25 par minute et 20 tonnes à petite vitesse, à raison de om,35 par minute.
- Enfin un commutateur inverseur permet de changer le mouvement de la machine réceptrice. Cet appareil, qui est commandé par des tringles et des leviers, n’est qu’une modification de l’appareil de Bourseuil. Avec une seule manœuvre, on peut à la fois renverser le sens du courant dans l’anneau seul et changer convenablement le calage du balais.
- D’après M. Fontaine, le rendement est de 65 pour 100. Les chiffres qui nous sont donnés ne nous permettent pas de vérifier l’exactitude de ce rapport ; mais, étant donné le faible travail perdu dans la ligne, nous ne voyons là rien que de très rationnel. Comme le dit justement le directeur de la Revue industrielle, « la grue de M. Farcot, mate nœuvrée à bras d’hommes nécessite quotidienne-« ment une dépense moyenne de 3o francs ; avec
- « l’électricité, cette dépense est réduite de plus des « trois quarts. En présence de ce résultat, il est * vraiment puéril de discuter sur le rendement « proprement dit. Si une transmission dépense 35, « voire même 5o pour 100 de travail initial, cela « ne change pas pratiquement le rendement indus-« triel. Nous considérons que l’emploi de l’électri-« cité donne un rendement supérieur à celui que « l’on obtient avec n’importe quel autre système » de transmission, mais nous insistons sur le peu « d’importance de ce rendement dans les appli-« cations courantes. »
- Ces considérations nous paraissent fort justes. A maintes reprises nous les avons développées dans ce Journal; mais c’est avec étonnement que nous les trouvons dans la Revue. Notre confrère n’a pas toujours parlé de la sorte. Dans le temps, et à propos d’applications plus sérieuses que celles dont il s’agit ici, les dissertations sur le rendement étaient bien différentes. Elles n’étaient pas puériles alors ; le rendement était la seule chose importante, c’était lui seul qu’il fallait connaître...........
- ...Pardon, nous oubliions : ce n’était pas la Compagnie électrique qui était en cause !
- Des moyens mécaniques de dépolarisation des piles.
- A une époque comme la nôtre, où l’épidémie de l’invention sévit d’une façon toute particulière et fait dans les cerveaux des ravages épouvantables, il est quelquefois intéressant, pour ceux qui, en spectateurs, assistent au défilé des choses nouvelles, de regarder un peu en arrière et de chercher, autant que possible, le lien qui réunit toutes ces inventions. Généraliser cette revue rétrospective, serait un colossal travail à entreprendre ; la vie d’un homme suffirait à peine, aussi n’en parlons-nous pas. 11 faut se restreindre, prendre, quand l’occasion se présente, quelques cas particuliers, et l’on est sûr de trouver toujours un enseignement qui, s’il est désagréable à quelques-uns, peut rendre des services à d’autres.
- Aujourd’hui par exemple, c’est le cas de quelques piles que nous voulons considérer. La pile est en effet un des instruments qui a le plus tenté les esprits chercheurs, et le nombre de brevets qui y sont relatifs n’est plus à compter. Aussi n’est-ce pas sur la constitution intime, sur les réactions servant de base, que nous voulons insister, mais simplement sur ce point particulier : les moyens de dépolarisaiion des électrodes.
- Ces moyens peuvent eux-mêmes se diviser en deux classes : i° les moyens chimiques; 20 les moyens mécaniques. Ceux de la première classe, qui sont à proprement parler les meilleurs, par suite les plus pratiques, sont trop nombreux et trop liés directement à la nature des corps excitateurs, pour que nous puissions les énumérer ici.
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- Nous les laisserons donc de côté, pour le moment du moins, nous réservant d’y revenir, si l’occasion favorable se présente. Les moyens mécaniques, au contraire, sont en très petit nombre. Leur origine remonte presque à la découverte des phénomènes voltaïques, et comme ils ont été, à cause dé ou malgré cela, plusieurs fois inventés, nous allons rapidement les rappeler au souvenir de ceux qui les ignorent ou les connaissent trop, comme on voudra.
- La première idée d’un dépolarisateur à mouvement remonte à M. Becquerel, qui indiqua en 1840, le moyen mécanique de dépolariser continuellement deux lames de platine en communication avec la source électrique et destinées à réagir sur la dissolution soumise à l’action du courant.
- Son système se composait d’un vase en verre cylindrique renfermant l’électrolyse et dont le bord supérieur était recouvert d’une garniture métallique interrompue en deux points. Chacune des moitiés était mise en communication avec l’un des pôles d’un couple. Sur cette garniture venaient s’appliquer avec pression les deux extrémités d’une traverse horizontale mobile en laiton.
- La traverse était interrompue sur une longueur d’un centimètre par une tige d’ivoire servant d’isolant, et à chacune des branches de cette traverse venait se fixer une lame de platine plongeant dans le liquide du vase. Chacune de ces mêmes branches portait en outre une lame de cuivre formant ressort, qui venait s’appliquer sur un interrupteur cylindrique mobile placé au-dessus et mis en rapport avec un multiplicateur. Enfin, en imprimant à tout le système un mouvement de rotation au moyen d’un engrenage et d’un moteur quelconques, les deux lames de platine étaient sans cesse dépolarisées, et le courant était constant. A la même époque, M. Becquerel construisit encore une pile à mouvement mécanique. Partant de ce principe que des lames d’un même métal, même inoxydable peuvent constituer un couple voltaïque par leur immersion dans un liquide conducteur, pourvu que l’une d’elles soit en mouvement et l’autre en repos, il modifia en ce sens les piles à un seul liquide, celle de Smée en particulier. Il mit en mouvement les électrodes négatives de chaque couple, et il parvint à augmenter assez leur énergie pour leur faire produire un dégagement électrique au moins égal à celui qui est obtenu dans les piles à courants constants de même résistance.
- Pendant plus de vingt ans, rien d’analogue ne fut fait, ou du moins rien dont on retrouve trace. Ce n’est qu’en 1859,. que M. J. Erckmann résolut le même problème, par des moyens identiques. Il appliqua aux éléments métalliques des couples de Wollaston, un mouvement de va-et-vient susceptible de leur faire subir une série d’immersions suc-
- cessives alternées d’un élément à l’autre, et dont l’action fut complétée par un système de nettoyage des masses métalliques au moyen de brosses fines. De cette manière, suivant lui, la polarisation des lames devait se trouver détruite et l’effet électrique était maintenu au maximum.
- Pour obtenir en outre une disposition plus en rapport avec ce système de dépolarisation des piles, M. Erckmann proposa de faire les couples de forme circulaire, de les monter sur un axe de rotation commun mis en mouvement par un moteur quelconque, et de les immerger jusqu’à la hauteur de cet axe dans des auges isolées remplies du liquide excitateur. Enfin les brosses étaient fixées au bâti de l’appareil entre les surfaces métalliques de ces couples, de telle sorte qu’une moitié était immergée pendant que l’autre était brossée.
- Telle fut l’idée de M. Erckmann, identique, comme on voit, à celle de Becquerel. En 1864, c’est-à-dire cinq ans plus tard, elle fut de nouveau reprise par M. L. Maiche. Les dispositifs préconisés par ce dernier étaient encore les mêmes que ceux que nous venons de rappeler, et il est d’ailleurs facile de s’en rendre compte par la description suivante, faite par l’inventeur lui-même :
- « Dans une caisse en bois sont disposés, très près l’un de l’autre, dix bocaux de verre ou de grès ayant à peu près la forme de ceux de la pile de Wollaston. Dans chacun de ces vases, qui sont remplis d’eau acidulée par un centième de son volume d’acide azotique, plonge une feuille de tôle de fer, roulée en forme de cylindre creux. Dix roues en charbon ou en cuivre, supportées par un arbre en fer recouvert de gutta-percha et isolées les unes des autres par des rondelles de porcelaine, sont installées au-dessus des vases de verre, de manière à plonger dans ce liquide par un tiers de leur surface environ; l’arbre est supporté à ses extrémités par deux coussinets fixés sur la caisse et se trouve mis en mouvement par un tournebroche. Dix lames de cuivre également fixées au bord de la caisse par des feuilles en laiton, servent à recueillir l’électricité du charbon. Pour mettre la pile en tension, chaque borne, percée d’un trou et garnie d’une vis de pression, établit la communication du charbon d’un couple, au fer du couple suivant, au moyen d’un fil de cuivre soudé à chaque feuille de fer. »
- Si M. Maiche, lorsqu’il inventa sa pile, crut avoir trouvé une idée nouvelle, on voit qu’il n’en est rien. D’ailleurs, il ne fut pas le dernier à vouloir appliquer les principes de MM. Becquerel et Erckmann, car un constructeur nommé de Combette, construisit, il y a trois ans environ, une pile rotative qu’un moteur électrique faisait tourner, et récemment, on nous l’affirme, la même speudo-inventiôn vient de réapparaître sous un nom différent.
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- Ceci dit, examinons maintenant, la deuxième catégorie des moyens mécaniques qui ont été proposés pour combattre la polarisation des piles, celle qui repose sur l’agitation non des électrodes, mais du liquide excitateur.
- La première application remonte à M. Grenet, qui, comme on le sait, avait, même dans la construction de ses plus anciennes piles, disposé un tube de plomb descendant jusqu’au fond du liquide. A ce tube, il en reliait un autre, en caoutchouc, par lequel on pouvait souffler de l’air, soit avec la bouche, soit avec un soufflet.
- Cet air traversait le liquide du fond à la surface, l’agitait et dépolarisait la pile. Nous n’avons pas ici à décrire ce système, que tout le monde connaît aujourd’hui. Pourtant, d’autres inventeurs indépendamment de M. Trouvé, ont repris depuis cette idée d’agitation du liquide. Au lieu d’insufflation d’air, ils adoptèrent de préférence l’écoulement continu du liquide.
- M, Chutaux, le premier, disposa ses éléments, en cascade, les uns au-dessus des autres, et put ainsi construire des piles où le liquide passait lentement, dans deux ou trois couples successivement.
- M. Camacho après lui, construisit une pile dans laquelle les vases étaient placés sur des gradins, et comme en escalier. Le liquide tombait d’un réservoir spécial dans le vase poreux de l’élément le plus élevé, en sortait à la partie inférieure et était conduit par un siphon de caoutchouc souple dans le vase poreux suivant ; ainsi de suite.
- Vint ensuite M. Estève qui, simplifiant la pile précédente, la réinventa après avoir supprimé le vase poreux, mais conserva l’écoulement continu du liquide. La circulation dans ce système s’effectuait par déplacement des liquides de bas en haut, d’un élément dans l’autre, et les liquides sortaient de la pile après avoir servi six fois.
- Enfin pour terminer cette nomenclature, nous signalerons la pile Oliphont, Burr et Gowan. Le point essentiel de cette pile en effet réside encore dans la suppression de la polarisation du charbon par la circulation du liquide.
- L’idée première des inventeurs était de faire circuler seulement le liquide baignant le charbon ; mais après plusieurs essais, ils trouvèrent favorable d’effectuer le mouvement des liquides au moyen de siphons et de petites pompes mues par un moteur. Les liquides traversent ainsi chacun des compartiments correspondants des éléments qui composent la batterie. Pour éviter tout engorgement possible dans les conduits, le premier élément est plus élevé de 2 millimètres que le second, et ainsi de\ suite. Les deux cases du premier sont reliées à leurs réservoirs respectifs. Le réservoir qui content la solution de bichromate est disposé de façon à constituer un élément par lui-même. Le courant particulier qu’il produit actionne un moteur
- Griscom qui fait marcher deux petites pompes, travaillant jour et nuit, que la batterie principale soit en activité ou non.
- Nous finirons ici cette revue. Ce que nous avons dit suffit à rappeler, qu’en ce qui concerne le point de vue particulier où nous nous sommes placé, tout a.été fait et refait plusieurs fois.
- Nous n’avons pas à apprécier les mérites particuliers des piles et à examiner si les unes sont préférables aux autres. D’ailleurs il est certain que successivement, nous verrons réapparaître, sous des noms différents, les systèmes exposés plus haut, car les inventeurs ne connaissent pas toujours assez ce qu’ont fait leurs devanciers à moins que ce 11e soit tout le contraire.
- P. Clemenceau.
- Les suites du procès Edison-Swan en Allemagne.
- L’avant-dernier numéro de VElektrotechnische Zeitschrift contenait une feuille volante intitulée « La lampe à incandescence Swan » datée de Londres, le 20 mai i885, et signée C.H. Stearn administrateur délégué de la Swan United Electric Light Company limited.
- Nous reproduisons ci-dessous ce curieux factum :
- 1 On a donné, au jugement du tribunal de « Berlin (Landgericht) rendu le g avril dans l’affaire 1 Edison-Naglo, une publicité qui n’est nullement « en rapport avec l’importance que l’on doit attri-« buer à un jugement de première instance; et « c’est là ce qui motive notre présente déclaration.
- « Le jugement auquel nous faisons allusion, « condamnait les défendeurs, MM. Naglo frères, de « Berlin :
- « A cesser l’exploitation des lampes électriques « à incandescence fabriquées d’après le brevet « allemand accordé à Joseph Wilson Swan, sous le « n° 18071 ; dont ils faisaient usage avant le dépôt « de la plainte des demandeurs, et à s’abstenir « dorénavant de l’emploi, de la mise en circulation « et de la vente de ces lampes.
- « Il ressort de là, d’une manière indubitable :
- « i° Que ce jugement ne vise que MM. Naglo « frères, et ne peut, en aucun cas, être rendu exé-« cutoire contre des tiers;
- « 20 Qu’il ne concerne que les lampes fabriquées « d’après le brevet n° 18071.
- « D’ailleurs on a interjeté appel de ce jugement « et les motifs de l’appel, ont été basés sur des « considérations de droit tellement probantes que, « de l’avis même des hommes compétents les plus « distingués, il y a tout lieu de s’attendre à voir « infirmer le jugement par la Cour.
- « De plus nous ne fabriquons pas intégralement « nos lampes d’après le brevet n° r3o7t. La cons-« truction de certaines parties relèvent de brevets « tout différents et entièrement indépendants.
- «. Aussi sommes-nous convaincus que les lam-
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- « pés exploitées maintenant par nous ou par notre t représentant général ne rentrent pas dans le bre-1 vet Edison, auquel, soit dit en passant, la Société t allemande Edison attribue une importance beau-« coup trop considérable.
- « Nous avons déposé une demande en nullité de « ce brevet devant la Cour suprême de Leipzig - (Reichsgericht). Alors même que notre plainte « n’aboutirait pas à l’annulation complète du brevet « Edison, il est au moins probable que ce brevet » recevra enfin, par arrêt de la Cour, la seule inter « prétation véritable dont il soit susceptible qui est « celle déjà admise par le Patent-Am; et que la dé-® cision de la juridiction la plus élevée en délimi-
- * tera le contenu etla portée, de manière à mettre une t fois pour toutes un terme aux velléités de mono-« pôle que manifeste la Société allemande Edison.
- « Nous venons d’installer tout récemment sur le « sol allemand, à Kalk près de Cologne, une usine t pourvue des machines, et des appareils les plus « nouveaux pour la fabrication de nos lampes.
- « Nos efforts tendant à améliorer constamment « la lampe Swan, nous sommes sur le point d’en-1 treprendre à nouveau d’importants perfectionne-« ments qui, de l’aveu des jurisconsultes les plus « éminents, auront pour effet d'exclure toute incur-« sion sur le domaine du brevet d'Edison, même « si l’arrêt de la Cour devait confirmer le jugement « du tribunal, en sorte que MM. Naglo frères
- < eux-mêmes pourraient exploiter cette nouvelle « lampe sans aucun empêchement.
- « Nous espérons pouvoir livrer ces nouvelles « lampes au commerce d’ici quelques mois.
- « Notre procès civil ayant encore à passer en « deux instances, n’atteindra pas un résultat défi-
- < nitif avant un ou deux ans; aussi toutes nos 1 lampes actuelles seront-elles remplacées d’ici là •< par de nouvelles, au fur et à mesure de leur « usure normale.
- « Quoi qu'il arrive, et si contre toute attente la « décision finale devait confirmer le jugement de
- * première instance, nous nous engageons, dès « maintenant, à remplacer par nos nouvelles lampes, « toutes les lampes dépendant, en totalité ou en « partie, du brevet tia i3o?i, qui pourraient encore « être en service à cette époque. »
- S'il y a encore des juges à Berlin, on paraît s’en soucier à Londres comme de Colin-Tampon.
- On a vu dans les faits divers du numéro 3o (p. 189), que la cour de Berlin avait autorisé la Compagnie Swan, moyennant un cautionnement de 125.000 francs,à continuer la vente de ses lampes jusqu’au moment où l’arrêt définitif sera rendu.
- Ajoutons que cette mesure ne permet en aucune façon de préjuger l’issue du procès.
- BIBLIOGRAPHIE
- LEÇONS ÉLÉMENTAIRES DE TÉLÉGRAPHIE ÉLECTRIQUE, PAR
- l. michaut et m. üillet. — Pdris, Gautliier-Viilars,
- éditeurs.
- Sous ce modeste titre, MM. Michaut et Gillet viennent de publier un petit livre qui, à divers points de vue, mérite d’être signalé. Les auteurs ont su rester fidèles au programme qu’ils s’étaient tracés, et poursuivant un but éminemment pratique écarter toutes les considérations qui n’y concourraient pas directement. Praticiens consommés, ils se sont appliqués surtout à grouper en une méthode synthétique, les procédés qui permettent de parvenir rapidement à une manipulation correcte du télégraphe Morse, et ils ont su borner l’exposé des principes théoriques à ceux qui sont indispensables pour l’étude rationnelle des appareils dont il est fait usage. Le chapitre qui traite exclusive-ment de la manipulation dans le système Morse renferme une série de règles mnémotechniques dont la connaissance doit faciliter l’apprenlissage des débutants. A la description des appareils, les auteurs ont fort judicieusement ajouté des indications sur leur réglage, leur démontage, et leur remontage. Enfin, une des parties du livre qui n’est pas des moins intéressantes est celle qui traite des dérangements. On y trouve la classification des accidents les plus fréquents, qui peuvent interrompre les communications télégraphiques, ainsi que les procédés d’investigation et de réparation auxquels il faut avoir recours. L’unique critique que nous adresserions à MM. Michaut et Gillet, est d’avoir, sur certains points théoriques, sacrifié un peu de l’exactitude à la conception par trop élémentaire des phénomènes.
- Nous citerons par exemple, leurs considérations sur le maximum d’aimantation et sur la force attractive d’un électro-aimant' qui n’est pas proportionnelle à l’intensité du courant et au nombre de tours du fil des bobines, comme il est dit dans l’ouvrage.
- L’aimantation croît, il est viai, avec ces deux variables, mais sans suivre une loi de proportionnalité qui exclurait la saturation.
- Nous croyons devoir, insister sur cette erreur qu’on retrouve dans presque tous les traités de télégraphie, et qui consiste à appliquer aux électroaimants les lois générales des solénoïdes, sans tenir compte de la présence du fer qui modifie radicalement les phénomènes. Sauf ces légères réserves, nous n’hésitons pas à reconnaître les sérieuses qualités de ce petit traité qui, sans nul doute, sera d’un secours utile.à tous ceux qui sont appelés à remplir les fonctions de télégraphistes.
- G. D.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- LES APPLICATIONS DE
- L’ÉLECTRICITÉ aux CHEMINS DE FER
- Rapport fait à la demande du Congrès des chemins de fer par L. WEISSENBRUCH, ingénieur du ministère des chemins de fer postes [et télégraphes de Belgique.
- INTRODUCTION
- I. — DIVISION DES MATIÈRES
- Un courant électrique peut produire des effets mécaniques lumineux, calorifiques, chimiques, etc. Les applications de l’électricité pourraient être classées d’après les effets utilisés. Mais comme on considère, en général, plus particulièrement le but à atteindre, c’est ce but qui est la base ordinaire des classifications.
- Sous ce rapport, l’industrie des chemins de fer peut employer l’électricité: i° pour la transmission à distance des signaux et des mouvements mécaniques; 2° pour l’éclairage des gares et des trains et le chauffage des voitures.
- 2.— DE L’UTILITÉ DE L’ÉLECTRICITÉ DANS L’EXPLOITATION DES CHEMINS DE FER
- On ne peut plus concevoir aujourd’hui des gares de chemins de fer qui ne seraient pas reliées par des fils électriques.
- Par une heureuse coïncidence, les chemins de fer étaient à peine inventés que naquit la télégraphie électrique. Il est pourtant inexact de dire que sans elle l’exploitation intensive des railways eût été impossible. Si l’on n’avait pas disposé de ce moyen de correspondance rapide, on en aurait établi d’autres, et l’on sait que, en France, par exemple, avant son introduction, il existait un système complet de sémaphores. Mais l’exploitation aurait certainement été plus onéreuse qu’auiourd’hui.
- Partout la télégraphie électrique fut, dès l’origine, considérée comme un complément indispensable des railways. Déià en 1840, douze ans après l’établissement de la ligne de Liverpool à Manchester, cinq ans après l’inauguration des chemins de fer en Belgique, l’électricité était pratiquement employée pour signaler les trains sur le chemin de fer à câble et à machine fixe de Londres à Blackwall. L’invention était encore antérieure à cette époque, car l’appareil employé, combiné pour l’usage dont il s’agit par MM. Wheat-stone et Cook, avait obtenu un brevet en i837, et on trouve même, dans une lettre de G. Weber, du 12 juillet i835, la proposition de construire un télégraphe en employant comme conducteurs des rails de chemins de fer placés sut le sol et reliés métalliquement les uns aux autres. L’idée de Weber n’aurait pu être mise en pratique sans modification; il est néanmoins curieux de constater, avec M. Banderali, que c’est elle qui a inspiré l’inventeur du block-system automatique le plus progressiste qui soit employé en Amérique, celui de 1’ « Union Electric signal Compagny ».
- A la fin de 1844, huit lignes de chemins de fer étaient déjà exploitées au moyen du télégraphe en Angleterre, en utilisant le principe du retour du courant par la terre, que venait de découvrir Steinheil.
- En Allemagne, vers cette même époque, un appareil Wheatstone, modifié par Fardelly, fut placé sur la ligne du Taunus.
- En France, les premiers essais eurent lieu eu 1845, sur la ligne de Saint-Germain.
- En*Belgique, la première ligne télégraphique fut ouverte au oublie eutre Anvers et Bruxelles le 9 septembre 1846. Mais ce n’est qu’à partir de i85o que cette.ligne fut rachetée par l’Etat et que ce dernier en établit de nouvelles le long de ses principaux chemins de fer, pour en faciliter l’exploitation.
- Si la télégraphie électrique parvint, dès l’origine, à- imposer son concours à l’exploitation, des chemins de fer, il n’en fut pas de même des autres applications de l’électricité, qui eurent à lutter contre les plus graves préjugés. Nous en excepterons pourtant l’éclairage électrique, qui n’est d’ailleurs devenu réellement pratique que dans ces dernières années et auquel on n’a jamais fait d’autre objection sérieuse que celle résultant de son prix élevé.
- Les motifs donnés par certaines Compagnies de chemins de fer pour rejeter systématiquement tous les appareils de sécurité, basés sur l'emploi de l’électricité, ont été résumés à peu près comme il suit, par M. du Moncel :
- i° Les moyens électriques ne sont pas assez sûrs pour qu'on puisse leur confier la sécurité des chemins de fer;
- 20 L'emploi de ces moyens insuffisants par eux-memes, rendrait les surveillants moins attentifs et endormirait leur responsabilité.
- La deuxième section du Congrès d’électricité de Paris de 1881 a eu son attention attirée sur ce sujet, dans la séance du 28 septembre, par M. de Routkowsky, délégué du ministère impérial des voies de communication de Russie. Le but de cet ingénieur était de faire affirmer, par le Congrès, la confiance que l’on peut avoir dans l’électricité appliquée aux signaux de chemin de fer, afin d’engager les Compagnies à installer sur leurs railways les derniers perfectionnements imaginés en cette matière.
- La deuxième section du .Congrès se déclara incompétente à émettre le vœu demandé par M. de Routkowsky, mais elle admit cette conclusion proposée par M. Mercadier: * L’utilité de l’électricité appliquée à l’exnloitation des chemins de fer est si évidente qu’il est oiseux d’émettre un vœu à ce sujet ».
- Cette conclusion renvovait. en somme, la question à un Congrès de chemins de fer.
- La défiance que l’on témoignait autrefois à l’électricité n’a plus de raison d’êtr-e. Elle n’est plus, comme on le croyait, ce fluide subtil, insaisissable que des influences mystérieuses et inconnues faisaient disparaître tout à coud. Aujourd’hui, on la connaît mieux, ses moyens de production se sont perfectionnés ; elle est devenue un agent des plus sûrs, pour qui sait s'en servir. Certes, toute chose en ce monde a sa part de faillibilité. Mais si un courant électrique peut être interrompu, un fil de transmission, une barre de manœuvre ne Deuv&nt-ils se briser?
- Quant àTobjection tirée du danger d’endormir l’attention du personnel, l’expérience, qui seule peut décider, tend à démontrer qu’elle n’est nullement fondée. C’est là une opinion de plus en plus générale, et particulièrement, d’après !e témoignage de M. Lartigue (*), celle du capitaine Taylor, une des personnes les plus expertes en la matière.
- Ceux qui'ne partageront pas cet avis ne pourront d’ailleurs condamner pour ce motif l’électricité, mais simplement en limiter l’emploi au contrôle du personnel et à la transmission des signaux, ceux-ci étant à leur tour contrôlés par le personnel. Nous reviendrons plus tard sur ce sujet, à propos de l’automaticité des appareils de block.
- PREMIÈRE PARTIE
- EMPLOI DE L’ÉLECTRICITÉ POUR LA TRANSMISSION A DISTANCE DES SIGNAUX ET DES MOUVEMENTS MÉCANIQUES
- INTRODUCTION
- Dans toutes les applications, de l’électricité aux chemins de fer, si l’on fait abstraction de l’éclairage électrique, on n’utilise l’électricité qu’en quantité relativement faible.
- La raison en est que les seules sources considérées comme suffisamment sûres, pratiques et commodes, sont les piles télégraphiques (Leclanché, Daniell et leurs dérivés)
- C) Congres inlenuHiony.il des Electriciens, y- séance de la 2e section.
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- ainsi qué les petites machines magnétos à bobines Siemens mues à la main. Dans les deux cas, la force électromotrice est faible et, par suite, la quantité de travail dont on dispose est assez limitée. Il en résulte que, sauf de très rares exceptions, on ne demande pas au courant électrique de produire directement un effort quelque peu considérable, comme celui que nécessite la manœuvre des disques, des cloches ou des freins. En réalité, la force mécanique est empruntée à des contrepoids, à des ressorts ou à la main de l’homme, et l’électricité agit simplement sur un électro-aimant pour lui faire attirer ou lâcher son armature de façon à produire un déclenchement. Nous examinerons plus tard, à propos de la manœuvre des disques et des freins, s’il n’y a pas lieu, dès aujourd’hui, de chercher à remplacer les fils de transmission mécanique ou l’air comprimé, par l’électricité utilisée, non plus comme agent d’aimantation ou de désaimantation, mais comme véhicule de la force.
- La question de sécurité étant fort importante dans l’exploitation, il est essentiel que l’on soit assuré à tout moment du bon état des communications électriques. Il faut aussi que l’électricité atmosphérique n’ait pas d’influence nuisible sur les appareils, et que les lignes ne puissent être interrompues par des actes de mauvais gré ou par les agents atmosphériques.
- P6ür Satisfaire à ces dernières conditions, faut-il que les lignes soient souterraines? Ce serait à désirer, mais la question de dépense y a toujours été un obstacle et elle est utie considération d’autant plus importante que les changements sont aâsez fréquents dans un service télégraphique dè chemins de fer. D’ailleurs, la surveillance organisée le long des voies empêche les accidents dus à la malveillance et pérmèt de réparer rapidement ceux qui sont causés par lés bourrasques.
- Afin d’être averti immédiatement de toute interruption de? lignes, ne faut-il pas qu’elles soient constamment parcourues par un courant continu, le déclenchement étant alors produit, soit par un renforcement du courant, soit par son itaterfüptiôn ? C’est là une question à examiner dans chaque cas particulier. Pour se mettre à l’abri des effets de l’élec-triéité atmosphérique, on fait parfois en sorte que le déclenchement que l’on veut produire, n’ait lieu qu’après plusieurs émissions de courants de sens différents; on peut aussi atteindre le même büt par plusieurs émissions de même sens, Ou ënCOre par une émission d’uné certaine durée. On a recours le plus généralement à la première solution, parce qu’elle est la plus sûre et que les courants alternatifs sont naturellement produits par les petites magnétos, à bobines Siemens, vülgârisées par la téléphonie urbaine.
- Ne faut-il pas préférer les machines magnétos aux piles} Leur prix d’achat est un peu plus élevé, mais l’entretien en est presque nül. Les piles ont d’ailleurs cet inconvénient que le courant qu’elles fournissent subit de fortes variations d'intensité lorsqu’on leur fait accomplir un travail un peu trop considérable, Ou qu’elles ne sont pas entretenues avec soin. Pour fournir un courant continu, les magnétos à bobines Siemens peuvent encore servir avec avantage, car il Suffit de recourir à l’adjonction d’un commutateur des plus simples.
- Même avec l’emploi des magnétos, il est possible de faire constamment parcourir la ligne par Un courant très faible qui sert èxcîUSivemer.t à faire mouvoir un avertisseur en cas d’interruption. Il semble que cette dernière solution devrait être la règle.
- L’Union des chemins de fer allemands, dàrts sa huitième réunion (Stuttgârd 1878), s’est prononcée franchement en fâveur des appareils d’induction. Voici sa conclusion relative à cèt Objet :
- « Dans le cas où Von se sert de moteurs électriques pout la manœuvre à distance des signaux, doit-on employer k courant constant de préférence au courant d'induction? »
- {Rapporteur X' Direction générale de la Compagnie I-R. P. autrichienne des chemins de fer de l’Etat).
- Dans le cas où Ton se sert de moteurs électriques pour la manœuvre è distance des signaux, on doit employer b courant d’induction de préférence au courant constant, et cela pour les raisons suivantes :
- x° L’emploi du courant d’induction nécessite des frais d’entretien bien moindres que ceux des batteries.
- Si d’un côté les dépenses occasionnées par l’achat des appareils nécessaires à la production des courants d’induction, sont plus considérables que celles nécessitées par l’achat des batteries, de l’autre les frais d’entretien de celles-ci atteignent déjà au bout d’environ quatre ans, en plus de ceux des appareils d’induction, la différence des prix d’achat;
- 2° Le courant d’induction offre une sécurité beaucoup plus grande pour la manœuvre des signaux :
- a) En raison de la force beaucoup plus grande qu’il possède comparativement au courant constant, ce qui permet d’augmenter la force du ressort destiné à ramener en place le signal lorsque le courant a cessé d’agir;
- b) Par suite de sa régularité, laquelle augmente la sûreté de la manœuvre; avec les batteries, la force du courant est Sujette à des variations qu’on ne peut pas éviter et qui nécessitent un réglage fréquent des vis de pression des ressorts qui ramènent les signaux;
- c) En raison de ce qu’il est beaucoup moins facilement influencé par l’électricité atmosphérique;
- d) Par suite de la suppression de toutes les causes de troubles résultant, avec les batteries, de contacts mal établis entre les piles, soit par suite de la négligence du personnel, soit par suite de l’oxydatiôn des fils du circuit. On supprime également les causes de troubles résultant de l’aimantation permanente que prennent'les aimants magnéto-électriques sous l’action de courants dirigés constamment dans le même sens;
- 3® L’emploi de courants d’induction simplifie l’installation, les appareils d’inductiôn n’exigeant qu’un espace restreint et fonctionnant à n’importe quelle température, tandis que les batteries doivent être tenues à l’abri de la gelée.
- L es avantages des courants constants consistent en ceque toute perturbation dans le Circuit est immédiatement signalée et petit êtfe écartée aussitôt, et que dans ce cas le disque donne toujours le èignàl d’arrêt.
- Ces avantages eux-mêmes sont compensés, en partie, dans le cas de courants d’induction, par la diminution considérable des causes de-perturbation.
- Iro SÉCTlON. — l/ÉLECtRlCITÉ COMME MOYEN DE CORESPÔN-
- DANCE.
- 1. — Télégraphes électriques ordinaires.
- Ainsique nous l’avons dit, les appareils télégraphiques ordinaires ont été, dès l’origine, utilisés pour l'exploitation des chemins de fer.
- Faut-il que les appareils permettent de conserver la trace des dépêches échangées?
- On admet généralement en Europe que cela est nécessaire afin de déterminer les responsabilités, et c'est pour ce motif que l'on y a abandonné le Wheatstone et le Breguet en faveur du Morse. Celui-ci a pourtant l'inconvénient d’exiger une certaine instruction préalable de la part des agents appelés à le manipuler, mais cette instruction est, en somme, de très courte durée.
- Le Morse a, du reste, encore d’autres avantages qui ont déterminé son adoption dans la plupart des exploitations de chemins de fer.
- Ainsi, une transmission défectueuse ou des pertes légères par la ligne n'empêchent pas la réception, et l’on supplée facilement à quelques signes erronés.
- Le fonctionnement à longue distance, au moyen de relais, s’établit très aisément.
- La vitesse de la transmission est de 25 mots (de 5 lettres chacun) environ, par minute, tandis qu’elle est moitié moindre avec les appareils à cadran.
- En Amérique, où l'on trouve inutile de conserver la trace des dépêches, On se sert de parleurs Morse.
- Parfois les postes télégraphiques sont munis de sonneries d*urgence; ces sonneries ne doivent fonctionner qu’en cas d’alarme. Elles sont placées sur le trajet du fil commun qui met en relation avec la terre tous les appareils de réception du poste. Ce sont des trembleüses, qui marchent par l'action d’une pile locale lorsque le courant de cette dernière est fermé par le déclenchement d’un électro-aimant à armature 1 polarisée. Pour obtenir ce déclenchement, il faut inverser le sens ordinaire du courant.
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- Les rappel* par inversion de courant peuvent rendre de grands services sur les réseaux télégraphiques des chemins de fer. en donnant la faculté d9attaquer un poste éloigné sans l’intervention des postes intermédiaires, que l’on ne pourrait prévenir qu’au prix d’une grande perte de temps.
- Le principe des rappels par inversion est exactement le même que celui des sonneries d’urgence.
- La polarisation de l’armature peut être obtenue par un aimant permanent ou par un électro-aimant mis en action par une pile locale chaque fois qu’un courant de sens quelconque parcourt la ligne.
- Dans le premier cas, cet aimant, qui est forcément de petit volume, peut avoir ses pôles renversés ou même être désaimanté parla charge électrique accidentelle des conducteurs aériens en temps d’orage, laquelle est, comme on le sait, en raison directe de leur longueur et de leur section-
- Daus le second cas, le réglage est difficile, attendu que si le couraut de la pile locale est toujours le même, celui qui est envoyé par les postes en correspondance est essentiellement variable; aussi arrive-t-il, quand ce dernier courant est trop fort, que la tige polarisée se trouve attirée, quel que soit le sens du courant de la ligne. Les avis son,, encore partagés, croyons-nous, sur la question de savon a quel système il faut donner la préférence.
- 2. —Appareils de correspondance à nombre de sigaux limité
- Les avis que l’on doit transmettre pour les besoins du service du chemin de fer se reproduisent presque toujours identiques à eux-mêmes et peuvent être facilement codifiés, la régularité du service exige même qu’on réduise le plus possible le nombre de communications, celles-ci devant être faites par des agents d’une éducation bornée. C’est ce qui a fait remplacer, dans bien des cas, les télégraphes ordinaires par des appareils plus simples et, partant, plus rapides.
- Les disques appartiennent à cette catégorie d’appareils mais ils ne peuvent servir que pour un nombre très restreint de signaux (2 ou 3). Les sonneries, dont le nombre et l’espacement des tintements ont des significations différentes, sont incommodes à cause de la confusion qui peut résulter de leur emploi, dès que le nombre d’indications dépasse 4 ou 5. D’ailleurs, leurs signaux ne laissant pas de traces, nécessitent un effort de mémoire et une assiduité constante de la part des agents, et peuvent ainsi être une cause d’accidents.
- On a donc été conduit à imaginer des appareils électriques capables de fournir des indications à la fois optiques et acoustiques.
- Le signaleur Leduc est un des plus simples et des plus robustes qui aient été inventés. Le mécanisme se compose d’un secteur denté qui tend à tomber par son propre poids en tournant autour de son centre; mais il pone des dents qui sont retenues successivement par .une' ancre d’échappe-ment commandée par un électro-aimant. Lorsqu’on produit une émission de courant, l’ancre laisse échapper une dent du secteur qui tourne vers le bas d’un certain angle correspondant à la moitié du signal; l’interruption du .courant produit l’autre moitié. En face de chaque dent est' inscrite une indication à transmettre, de façon à ne pas dépasser les limites de l’angle correspondant. Parla rotation du secteur, ces indications apparaissent donc successivement devant _un guichet. Lorsque ce secteur est au bas de sa course, ou le relève à la main. Dans un autre type d’apparèil, le secteur a été remplacé par un coulisseau tombant librement dans unè coulisse à guillotine. Le manipulateur est une simple clef Morse ou mieux un transmetteur automatiqué, ayant pour objet d’éviter les erreurs provenant de ce qu’il n’y a pas d’accusés de réception.
- Une sonnerie trembleuse à relais est intercalée . dans le circuit. Elle indique par des coups secs le nombre d’émissions du courant et constitue de la sorte un signal auditif.
- L’inventeur, ayant voulu avant tout conserver à son appareil l’avantage de laf simplicité, n’y a pas ajouté d’autre moyen de contrôle.
- M. Breguet a combiné un appareil formé d*un télégraphe à cadran ordinaire simplifié, dont les lettres sout remplacées par les phrases à échanger.
- Cet appareil est sujet à se déranger, si l’on en tourne la manivelle avec trop de rapidité; il est alors nécessaire de ramener l’aiguille à la croix. En outre, la manœuvie est lente.
- M. Walker a inventé un appareil analogue; seulement, la manivelle* au lieu d’être mue à la main, obéit à un mouvement d’horlogerie. Lorsqu’on déclenche ce mouvement, l’aiguille s’arrête devant la case ou l’on a placé un buttoir. Cet appareil est moins sujet à se déranger que le précédent, mais la manoeuvre en est plus lente encore.
- L’avertisseur Jousselinest aussi une espèce de télégraphe à cadran.
- L’aiguille du récepteur avance d’une des treize divisions du cadran à chaque émission de courant, ce qui est annoncé par un coup frappé sur-un timbre. Le transmetteur se compose d’un manipulateur simple armé d’un compteur du nombre d’émissions, lequel sert d’appareil de contrôle. On peut disposer l’appareil de telle.façon que l’aiguille du récepteur, pendant tout le temps qu’elle n’est pas sur-la croix, envoie, par un. fil spécial* au poste transmetteur un courant qui y fan marcher une sonnerie.
- Cet appareil, qui est simple et peu susceptible de dérangement, est toutefois d’une marche assez lente et a l’inconvénient d’avoir des organes distincts pour la réception et la transmission.
- L'appareil Guggemos est encore une variété de télégraphe à cadran, mais le récepteur et le transmetteur en août identiques, et portent tous deux un bouton devant chacune des divisions de leurs cadrans.
- Lorsque l’agent d’un des poates appuie sur un des boutons de son appareil, il déclenche son mouvement d’horlogerie. Son aiguille se met en marche en produisant les envois et les interruptions de courant nécessaires pour faire mouvoir l’aiguille du poste correspondant, et eile s’arrête en face du*bouton pressé qui lui sert de buttoir. L’autre agent accuse réception en appuyant sur le bouton de son appareil devant lequel son aiguille s’est arrêtée* Les deux aiguilles font alors un tour complet du ca,d?an et reviennent s’arrêter au même signal; puis le premier agent ramène les deux aiguilles à la croix en poussant sur un bouton spécial.
- Cet appareil est commode et pratique, on ne peut lui reprocher, que d’être d’une constitution assez compliquée et, par suite* un peu délicat et assez cher.
- Les appareils à guichets sont analogues aux tableaux placés dans les antichambres des hôtels.
- A chaque poste il y a autant de guichets qu’il y a d’indications à transmettre. Chaque guichet est muni d’un voyant armé d’une pièce en fer doux oscillant entre les pôles d’un électro-aimant Hugues. Les électro-aimants des deux guichets analogues du poste transmetteur et du récepteur sont réunis par un même fil. Il suffit de presser sur un fbouton pour faire apparaître, simultanément, les deux voyants dans les guichets des deux appareils en correspondance et faire tinter une sonnerie. Le poste appelé répond en appuyant aussi sur un bouton, ce qui a pour effet d’effacer les voyants, le courant envoyé étant inverse du précédent.
- Ces appareils exigent autant de fils qu’il y a d’indications, différentes à transmettre. Aussi sont-ils trop coûteux dès que la distance dépasse 4*00 à foo mètres. Mais, à part cet inconvénient, ils sont précieux, car ils n’exigent des agents ni précautions, ni aptitudes spéciales. Leur manœuvre est très sûre et instantanée.
- Pour déterminer les appareils auxquels il faut donner la préférence, la question de prix de revient1 est fort importante-
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- La Compagnie du Nord-Français, d’après MM. Cossmann et Sàrtiaux (*), donne la préférence à l’apparëil à guichets en dessous de Soo mètres, et. à l’appareil Guggemos au delà de cette distance.
- Très récemment, M. G. Dumont (*) a décrit un système d’appareil à guichets, simplifié, dont il est l’inventeur, et qui a pour but d’employer un nombre minimum de fils, tout en conservant l’avantage de la manœuvre unique pour la transmission de chaque signal. Un appareil qui a n* guichets n’a besoin que ?.ri fils.
- Nous ne connaissons pas les résultats donnés par l’emploi courant de ces ingénieux appareils, mais il semble que c’est dans la voie indiquée par M. Dumont que l’on doit chercher la solution du problème.
- (4 suivre.)
- FAITS DIVERS
- La fonderie de Bourges, qui possédait déjà un chariot transbordeur électrique de 20 tonnes, vient d’en commander un autre de 40 tonnes.
- Un violent orage vient d’éclater à Bordeaux.
- La foudre.est tombée en plusieurs endroits sans occasionner, cependant; des dégâts importants.
- On signale du bassin à flot que le fluide a atteint la nouvelle halle métallique, et y a fait d’assez sérieux dommages. Personne n’a été blessé.
- Parmi les applications de la transmission électrique de la - force installée à l’exposition d’Anvers, il faut citer celle exécutée par la Compagnie générale d’électricité pour élever l’eau de mer jusqu’à Taquarium de la section belge.; L’installation comprend deux dynamos Gramme; la génératrice est placée dans là galerie des machines, la réceptrice près dé l’aquarium. L’eau est élevée à une hauteur de 7 mètres. •
- La même génératrice sert aussi à actionner une seconde dynamo située dans l’Exposition de la Société Électro-métallurgique, de Genève, à une autre extrémité de la galerie des rqachines.
- Le 22 juillet, pendant un orage violent i3 personnes ont été tuées et 22 autres ont été plus ou moins dangereusement blessées parla foudre, à Torre Cajetani un petit village près d’Ariagni, en Italie.
- Les autorités de Blackpool en Angleterre ont refusé à la Compagnie du nouveau chemin de fer électrique de laisser circuler ses voitures: Il parait que la voie n’a pas été construite, conformément aux règles de la chambre de commerce.
- Le 18 juillet à 2 heures du matin- un incendie assez violent s’est déclaré dans les bureaux de la « Western Union Telegraph C° », à Philadelphie. Les dégâts sont assez considérables et un grand nombre d’appareils ont été détruits. Les fils rompus ont cependant bientôt été réparés et le travail a repris dans une autre partie du bâtiment. On croit que le feu a été mis par suite d’un contact entre un des fils télégraphiques et un fil de lumière électrique.
- (’) Revue générale des chemins de fer, octobre 1880.
- (-) Traité pratique d’électricité appliquée à l’exploitation des chemins de fer, per G- Thonont, inspecteur principal de la Compagnie des chemins de 1er ,1e l’Kst trauçai.-.
- Éclairage Électrique.
- Pour clore l’Inspection générale, les régiments du génie et de l’artillerie, èn garnison à Versailles, ont fait des exercices de nuit fort intéressants.
- Grâce à l’éclairage par la lumière électrique, plusieurs ponts ont été jetés rapidement sur le grand canal et ont permis à de nombreuses batteries d’artillerie de gagner la rive opposée, en quelques minutes.
- Des officiers supérieurs des garnisons voisines et de nombreux curieux assistaient à ces exercices.
- L’éclairage électrique de la galerie centrale et de la halle des machines à l’Exposition d’Anvers a été inauguré officiellement le 3o juillet dernier. La presse ainsi que les différents comités organisateurs assistaient à cette solennité, et les jardins étaient éclairés à giorno. De même la façade de l’Exposition avec son immense portique était comme inondée de lumière; enfin les lampes à incandescence dissimulées dans les arbres donnaient à l’ensemble un caractère original et pittoresque.
- Avec l’installation de la lumière électrique dans les paieries, on peut dire que l’Exppsition est enfin complète. La galerie centrale acquiert, par l’effet de l’éclairage électrique, un aspect très attrayant; la lumière blanche, d’une fixité complète, fait ressortir les couleurs accuse mieux les formes et produit dans le lointain des ombres étranges.
- Le correspondant de l’Étoile belge à l’Exposition universelle d’Anvers écrit à la date du 3i juillet, à ce journal, la lettre suivante sur les nouvelles installations de lumière électrique à l’Exposition :
- Il y â quelques semaines déjà que les jardins de l’Exposition sont éclairés à l’électricité. Mais pour les halles, on n’avait fait jusqu’ici que des essais partiels.
- Hier soir, pour la première fois, ces dernières ont été éclairées à giorno, et dorénavant les visiteurs de l’Exposition pourront jouir gratuitement de ce merveilleux spectacle, à certains jours de la semaine, jusqu’à onze heures. Ce sera une attraction de plus pour l’Exposition.
- Ce n’est pas tout; 600 lampes minuscules, à globes de couleur, seront prochainement installées dans les arbres. Hier, un platane a été illuminé de cette façon, à titre d’expérience.
- Les fils conducteurs et les appareils étant complètement dissimulés par l’obscurité, on ne voyait que de petits foyers multicolores et intenses, disposés le plus capricieusement du monde. Le public s’arrêtait avec stupéfaction devant cet arbre qui semblait chargé d’étoiles ou de vers luisants.
- La galerie des machines surtogt présentait un beau coup d’œil. Les électriciens,'qui y ont leurs installations, avaient rivalisé de zèle. On a beaucoup admiré le compartiment de la Société anonyme VÉlectrique, de Bruxelles; ce compartiment, où cette Société expose, entre autres appareils ingénieux, un nouveau système de globe à verre diffusant, était complètement éclairé à l’aide d’une batterie d’accumulateurs de 35 kilogrammes. De son côté, la « Société générale d’électricité », qui a également son siège à Bruxelles, avait fait grandement les choses. Ses installations étaient éblouissantes.
- Nier les progrès réalisés depuis une dizaine d’années par l’éclairage électrique, ce serait nier... la‘lumière! Cèt éclairage a d’ailleurs fait son chemin. Il s’ëst imposé partout où l’on a, besoin d’une lumière puissante. L’Allemagne, la France, l’Angleterre et surtout l’Amérique lui ont donné ses parchemins. II a pénétré dans les manufactures, et bientôt, les ateliers à travail nocturne où il ne sera pas établi seront des exceptions.
- En effet, la lumière électrique n’échauffe pas, ne corrompt pas l’air, et elle ne dénature pas la couleur. Enfin là où on dispose de la force motrice nécessaire, elle est plus économique que n’importe quel autre système.
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- Aujourd’hui on peut dire que la qualité de la lumière est excellente. Elle est fixe, très blanche, facile à régler; bref la période des tâtonnements est passée. Les spécialistes ont poursuivi leurs recherches avec une ardeur infatigable.
- Les inventeurs et les constructeurs se sont donné la main pour arriver à la plus grande somme de perfection et d’économie possible. Ainsi la substitution des charbons artificiels aux graphites de cornue a constitué un progrès énorme, tant au point de vue de l’éclat et de la solidité de la lumière qu’au point de vue de la diminution du prix de revient.
- Sans doute, le dernier mot n’a pas été dit dans cette matière, et il y a encore des perfectionnements à réaliser; mais la voie est tracée, il n’y a plus qu’à la, suivre.
- Ceci veut-il dire que la lumière électrique finira par supplanter complètement le gaz? Cela n’est pas probable. Elle aura son domaine comme le gaz aura le sien, et la preuve, c’est que le gaz n’a pas tué l’huile et la bougie.
- En terminant, qu’il me soit permis de féliciter le comité exécutif des sacrifices qu’il a faits pour que l’électricité soit dignement représentée à l’Exposition. Le succès qu’il a obtenu est du reste aussi complet qu’on pouvait le rêver. Il n’y avait qu’une voix hier, dans le public, pour le constater.
- La semaine dernière a été inauguré l’éclairage électrique de la section d’horticulture à l'Exposition universelle d’Anvers. L’effet de la lumière électrique parmi les fleurs est des plus heureux et provoque l’admiration de tous les visiteurs. __________
- La question de l’éclairage public provoque une vive agitation parmi les habitants de Liège où la lumière électrique compte beaucoup d’amis. Le 14 juillet a eu lieu une réunion nombreuse qui s’est prononcée énergiquement en faveur de la mise en adjudication la plus étendue possible qui a également été adoptée et votée par le conseil communal.
- La boule ou sphère qui surmonte la façade monumentale de l’Exposition d’Anvers va être dorée. Le soir elle sera éclairée à la lumière électrique.
- Dans sa séance du 3 août dernier, le conseil communal de Liège a longuement discuté la proposition de la Société Thomson-Houston, de Boston, d’éclairer le Théâtre royal à la lumière électrique.
- Les commissions réunies s’étaient prononcées en faveur des propositions de la Compagnie américaine, moyennant certaines modifications à apporter au contrat, dont la plus importante avait pour but d’accorder à la ville, à l’expiration de chaque année théâtrale, la faculté de racheter le matériel sur experitse et sans que le prix d’achat pût jamais dépasser la somme de 75,000 francs. La durée du contrat était de dix ans.
- Un revirement s’est cependant produit dans l’opinion du conseil par la lecture d’une lettre de l’électricien belge bien connu, M. Jaspar, réclamant l’adjudication publique et annonçant son intention de faire des propositions plus avantageuses que celles de la Compagnie étrangère. L’ajournement fut ensuite voté par i5 voix contre 8.
- Dans la même séance, le conseil a décidé la création d’un cours élémentaire d’électricité à l’école industrielle.
- On sait qu’il existe à Gastein, dans ce coin reculé des Alpes autrichiennes, où résid actuellement l’Empereur d’Allemagne, des Thermes qui ét ent connus déjà au temps des Romains.
- Autrefois on y trouvait de l’or, et il n’y a pas si longtemps que le gouvernement a abandonné les mines comme étant épuisées.
- Une de ces mines, carhée dans les déserts de Gross-glockner, a été reprise par un ouvrier mineur qui, pour chasser l’ennui de la solitude, s’amuse à éclairer à la lumière électrique, pendant la saison des bains, toutes les montagnes qui se trouvent à sa portée, utilisant les nombreuses chutes d’eau pour la transmission de la fprce. Imaginez la stupéfaction du touriste qui gravit ces hauteurs, et qui, l’obscurité venue, voit tout d’un coup les glaciers inondés de lumière électrique.
- A la suite des expériences d’éclairage électrique exécutées pendant la dernière exposition, le conseil municipal de Turin a décidé d’établir la lumière électrique dans certaines rues ds la.ville.
- L’installation, qui doit être terminée le 1” janvier prochain, sera divisée en deux zones. Dans la première, les lampes électriques seront alimentées directement par les machines dynamos; dans la seconde, qui se trouve trop éloignée de l’usine, on emploiera le système des générateurs secondaires Gaulard et Gibbs. Les lampes seront des foyers à arc de 800 à 5.ooo bougies et des lampes à incandescence de 5o bougies.
- Les frais du nouvel éclairage doivent s’élever par an à t3o.ooo francs, tandis que le gaz ne coûtait que 80.000 fr.; il y a donc surcroît de dépense, mais on aura par cqntre une intensité lumineuse totale de plus.de 70.000 bougies,c’est-à-dire 8 fois supérieure à celle du gaz. Toutefois, ces . résultats ne sont admissibles qu'en raison du prix élevé du chgr-bon à Turin. On n’y peut avoir, en effet, que du charbon français venant de Lyon ou du charbon anglais arrivant par Gênes, et dans les deux cas le transport est très coûteux. Quoi qu’il en soit, nous doutons que l’opération puisse donner beaucoup de bénéfices.
- Sir James Douglas et plusieurs membres de la Trinlty House ont commencé une nouvelle série d’expériences aux phares de South Foreland en Angleterre.
- La question de l’éclairage électrique des rues de Londres a été agitée à l’une des dernières séances de la Commission des égouts, qui a adopté l’amendement suivant : '
- « Le Comité des rues sera chargé d’examiner et de dire s’il est désirable que la Commission des égouts entreprenne la fourniture de la lumière électrique; il devra aussi désigner un espace limité où l’on puisse faire l’expérience et donner le devis des dépenses de l’installalion. »
- La discussion qui a précédé le vote de cet amendement a été assez vive ; mais, en présence des progrès considérable s de la lumière électrique dans les théâtres, les hôtels ei les maisons particulières, la majorité de la Commission a pensé qu’il devait etre également possible d’employer lenouvel éclairage dans les rues, sans entrer dans des dépenses aussi fortes que celles auxquelles ont donné lieu les premières installations faites il y a plusieurs années.
- Le jugement dans le procès commencé par la « Swan Elec-trical C° », de Londres, contre MM. Woodhouseet Rawson ne sera probablement pas rendu avant le mois de noyembre prochain.
- L’ « Electrical Power Storage C° », de Londres, a été chargée d’installer la lumière électrique dans les bureaux de la « Prudential Insurance C° ». L’installation comprendra i.5oo lampes à incandescence de 20 bougies, alimentées par des accumulateurs capables de fonctionner pendant dix heures de suite.
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- Il vient de se former une nouvelle Société à Londres, au capital de 2.5oo.qoo francs, en actions de z5o francs, pour l'acquisition et l’exploitation de ia lampe Bernstein.
- La ville de Lockport dans l’Etat de New-Vork va être éclairée à la lumière électrique et le conseil municipal a autorisé le maire à commencer des négociations à cet effet.
- Le Newark Journal, qui reçoit des contributions volon taires pour le piédestal de la statue de la Liberté a fai placer dans ses bureaux une reproduction exacte de l’œuvre de M. Bartholdi, dans laquelle cependant la torche est remplacée par une petite lampe à incandescence reliée à une batterie de piles Bunsen. Dès qu’une pièce de monnaie est introduite dans la fente d’une boîte destinée à recevoir les contributions, un ressort ferme le circuit et la lampe fonctionne pendant un moment. Pour faire un contact suffisant, il faut introduire au moins une pièce de 25 sous.
- ‘ La Compagnie du chemin de fer de High Valley a fait placer des foyers électriques sur plusieurs de ses locomotives et après de nombreuses expériences, les ingénieurs ont réussi' à disposer le foyer de sorte que les rayons ne tombent que sur une seule des voies, de manière à ne pas éblouir et aveugler le conducteur d’une locomotive passant sur l’autre voie dans une direction opposée.
- Deux Compagnies de lumière électrique, les Compagnies Brush et Jenny, ont construit des tours pour leurs foyers à Indianapolis. Toutes les deux ont offert d’éclairer f une partie de la ville pendant plusieurs mois à titre d’expérience, pour que les habitants puissent choisir entre les deux systèmes.
- Télégraphie et téléphonie.
- Le projet de loi voté par la Chambre des députés et portant approbation de la convention passée pour la pose et l’exploitation du câble télégraphique des colonies françaises de Rio-Nunez, Grand-Bassam, Porto-Novo et du Gabon, a été adopté par le Sénat dans sa séance du 3i juillet.
- * L’Akhbar nous apprend, dans son numéro du 3i juillet, que le réseau télégraphique du Tonkin a son centre à Hanoï et un développement d’environ 260 kilomètres. Les lignes en exploitation régulière sont au nombre de trois : i° Hanoï à Haiphong, en suivant le fleuve Rouge et le canal des Bambous. Cette ligne date de la fin de i883 ; elle se soude à deux câbles sous-marins, dont l’un va à Saigon, et l’autre à Hong-Kong. Le premier met la capitale du Tonkin en rapport avec la Chine et le Japon, et la seconde avec l’Inde et l’Europe ;
- 2° Hanoï à Hong-Hoa, en passant par Son-Tay (60 kilomètres);
- 3° Hanoï à Phu-Lang-Thuong (q5 kilomètres). Phu-Lang-Thuong servira de point de départ à deux lignes actuellement en construction, et allant l’une à Kep, l’autre à Chu.
- Ces lignes, et surtout les dernières ont été souvent coupées par les indigènes, qui, tous les cinq ou six jours, emportaient les fils, dont ils utilisaient les débris pour fabriquer une multitude de menus objets. A l’aide d’amendes collectives sur les villages, on est parvenu à rendre les télégraphes à peu près inviolables.
- Le nombre dès dépêches qui ont circulé sur les trois lignes, a été Je i5i,000 pendant les onze premiers mois de 1884.
- Indépendamment du réseau télégraphique, il y a au Ton-
- kin un réseau optique qui a rendu les plus grands services dans les commencements *de la conquête, mais qui cède progressivement la place au télégraphe électrique.
- Cependant, on ne détruira les postes optiques que quand on n’aura plus à craindre la suppression intentionnelle des lignes.
- Le Delta étant excessivement plat, iljsuffit presque partout d’avoir des tours faisant partie des fortifications annamites pour placer les miroirs avec les lampes. Dans certains endroits, comme à l’Eléphant et aux Pins Parasols, on a profité d’éminences naturelles. Dans d’autres, comme à Palan, et aux Bambous, on a élevé des pilones.
- Au i5 décembre 1884, le réseau télégraphique mixte se composait de 46 postes, et 22 appareils optiques. Le, per-: sonnel était de 45 télégraphistes.
- La télégraphie optique a marché saus interruption du mois d’avril 1884 au mois de novembre de la même année. A partir de ce moment, les dépêches ont été-interceptées par quelques brouillards.
- Quoique la rapidité de transmission ne soit pas aussi grande qu’avec l’électricité, on doit noter que dans une seule nuit, le poste optique d’Hanoi n’a pas reçu moins de 2,3oomots.
- On annonce que pendant le congrès télégraphique international de Berlin, le gouvernement allemand à décidé de proposer l’introduction d’un nouveau tarif télégraphique uniforme et modéré pour les dépêches échangées entre les différents Etats européens.
- Les propositions que présentera l’administration allemande des postes et télégraphes à la conférence télégraphique de Berlin sont en substance les suivantes.:
- Le tarif des | télégrammes internationaux pour l’Europe est fixe à o fr. 5o par télégramme plus o fr. 20 par mot;
- La taxe de transit des télégrammes expédiés par les lignes de terre sera de o fr. 02 par mot, pour la Belgique, la Bosnie et l’IIerzégovine, la Bulgarie, le Danemark, la Grèce, le Luxembourg, le Monténégro, la Norwège, les Pays-Bas, le Portugal, la Roumanie, la Serbie et la Suisse;
- De o fr. 04. pour l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Russie, la Suède et la Turquie. Cette dernière taxe de o fr. 04 pourra être réduite à o fr. 02 si les pays qui opèrent le transit le jugent à propos.
- Pour les télégrammes transmis par les câbles sous-marins, la taxe sera de o fr. o5 par mot pour une distance de 3oo milles et de o fr. 10 pour toute distance dépassant 3oo milles. Dans aucun cas, les_ taxes de transit par terre ou par mer ne pourront être supérieures à celles des tarifs actuellement existants.
- Le rapport semestriel de la « Direct Câble C° », publié à la date du i5 juillet, prouve que les recettes pour les premiers six mois de cette année présentent une diminution de 811.675 francs sur les recettes de la même période de l’année iernière. Cette diminution est causée par une réduction générale du trafic.
- Le 27™° anniversaire de l’ouverture du premier câble transatlantique a été célébré à Londres le 5 août dernier par un banquet auquel assistait un grand nombre d’électriciens distingués.
- Les recettes du département des télégraphes en Angleterre, depuis le i0? avril jusqu’au 25 juillet'se sont élevées à i3.125.000 de francs; contre i3 millions pour la même période de l’année dernière.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Le Lloyd anglais va prochainement établir une station de signaux à Aroga Point, sur l’île de Ténériffe. Le nouveau câble placé entre Ténériffe et Cadiz assurera la communication télégraphique avec Londres. La date de l’ouverture sera annoncée ultérieurement.
- La commission nommée à l’effet d’imposer la loi sur les conducteurs aériens à New-York s'est réunie le 20 juillet dernier pour constituer son bureau. Il a été résolu de demander aux propriétaires et locataires des maisons de refuser toute permission pour le placement des conducteurs électriques au-dessus de leur maison ou sur leurs maisons à moins d’en avoir préalablement conféré avec la commission.
- Le gouvernement persan aurait dit-on, l’intention d’établir une ligne télégraphique entre Meshed et Sarakhs.
- Le Gouvernement indien a décidé de faire poser un nouveau câble dans le golfe de Perse, les nombreuses interruptions ayant démontré le mauvais état de l’ancien câble
- A l’Asseemblée générale semestrielle de la « India Rubber and Telegraph Works O », de Silvertown le directeur a annoncé aux actionnaires que la Société avait reçu une commande de 5oo milles de câbles pour le gouvernement des Indes anglaises.
- On annonce que la ligne télégraphique de Merv a été continuée jusqu’à Bokhara.
- La communication télégraphique est maintenant rétablie avec Souakim. ______
- Le service téléphonique entre Bruxelles et Ostende et entre Mons et Ostende a été ouvert au public le 3 août dernier. ______
- Le réseau téléphonique de Berlin vient d’être étendu jusqu'au faubourg de Ludwigsfelde où deux abonnés ont été reliés dernièrement avec le bureau central à Berlin.
- Nous reproduisons d’après le dernier numéro du Journal télégraphique de Berne, une traduction de la circulaire suivante en date du 18 février i885'qui règle l’emploi du téléphone dans les réseaux urbains de la Russie.
- Abonnements collectifs.
- i° Le droit de faire usage d’un seul et même appareil téléphonique est accordé :
- a. Dans les édifices officiels et privés — par les locataires qui'informeront les personnes chargées de la direction de ces bâtiments de leur désir de participer à l’abonnement aux appareils téléphoniques;
- b. Dans les cercles — aux membres ;
- c. Dans les hôtels — outre les propriétaires — aux personnes qui y séjournent d’une manière- soit permanente, soit passagère;
- d. Dans les douanes et les ports — aux chefs de ces services, ainsi qu’aux personnes y ayant des occupations constantes.(agents, expéditeurs, commissionnaires, etc.) et ayant notifié par écrit leur intention de participer à l’abonnement aux téléphones;
- è. A-la, Bourse — aux personnes attachées à l’administration de la Bourse.
- 2° Les appareils téléphoniques destinés au service commun des personnes ci-dessus, doivent être installés dans des pièces spéciales ou être disposés de manière à ne pas être accessible aux étrangers.
- 3° Le prix d’abonnement aux appareils, destinés à l’usage commun de plusieurs personnes, est fixé au chiffre le plus élevé des prix arrêtés pour les abonnés aux communications téléphoniques dans chaque ville.
- Bureaux téléphoniques urbains {publics).
- i» Les bureaux téléphoniques publics sont installés à la Bourse, dans les gares de chemin de fer et sur d’autres points reconnus utiles pour la population de la ville.
- 20 Le concessionnaire doit demander l’autorisation du Directeur des télégraphes (actuellement du chef de l’Administration principale des postes et des télégraphes) pour la construction de chaque bureau téléphonique public.
- 3° Chacun de ces bureaux est relié directement par un fil spécial, au bureau principal ou aux bureaux centraux téléphoniques.
- 4° Le concessionnaire est chargé de l’établissement et de l’entretien des bureaux téléphoniques publics et des fils qui les relient au réseau téléphonique urbain.
- o° Toute personne a le droit de correspondre au moyen des appareils installés dans les stations téléphoniques publiques, mais les conversations ne pourront être échangées qu’avec les abonnés au réseau téléphonique.
- 6° Dans chaque station téléphonique publique et pendant les heures de service, il devra y avoir des employés du concessionnaire, chargés d’appeler, par l’intermédiaire du bureau central, les abonnés avec lesquels les personnes étrangères voudront causer, de tenir le registre des conversations et de percevoir la taxe prescrite.
- 7° Les heures de service des stations téléphoniques publiques sont fixées par le concessionnaire avec l’autorisation du Département des télégraphes (actuellement de l’Adminiatration principale des postes et des .télégraphes).
- 8» La taxe à percevoir dans les stations téléphoniques publiques est fixée à 25 kopecks (t franc) pour 5 minutes de conversation entre une personne quelconqûe et un seul et même abonné.
- 9° Les taxes pèrçues dans les stations téléphoniques publiques sont ajoutées aux recettes générales du concessionnaire, sauf déduction d’un droit de 10 0/0 au profit du trésor.
- io° Les recettes faites par ies employés du concessionnaire sont portées sur des registres à souche fournis par le département des télégraphes (actuellement l’Administaation principale des postes et des télégraphes) et sur lesquels on inscrira également le temps de conversation de chaque personne.
- Le département des télégraphes fixera les époques auxquelles le concessionnaire devra présenter les registres à souche qui lui ont été fournis ainsi que sa comptabilité en général.
- ii° Les fonctionnaires locaux des télégraphes ont le droit de contrôler, par leurs délégués, le service des employés des stations téléphoniques qui sont tenus de présenter à ces personnes toute la comptabilité de ces stations.
- A la suite des expériences faites par la Société des Télé.-phones de Zurich pour l’installation du réseau téléphonique de la ville .de Namur et des communes environnantes, la concession a été accordée à cette Société, dont les prix d’installation étaient de beaucoup inférieurs à ceux de ses concurrents.
- Une ligne téléphonique vient d’être établie entre les villes de Tixtla et Chilpancingo au Mexique. D’autres villes dans le voisinage seront prochainement reliées également.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Taris.— imprimerie P. Yiouiüot, |3, quai Voltaire.— 53ij58
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 31, Boulevard des Italiens, Paris
- directeur : Dr CORNELIUS HERZ
- Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout
- 7” ANNÉE (TOME XVII)
- SAMEDI 22 AOUT 1885
- N» 3A
- SOMMAIRE : Organisation de la télégraphie militaire dans les armées européennes; J. Bertrand. — Nouvelles analogies entre les phénomènes électriques et les effets hydrodynamiques (2e article); C. Decharme. -- L’Electricité en Amérique : La téléphonie; B. Abdank-Abakanowicz. —Application de l’électricité à la manœuvre des signaux de chemins de fer (/« article); M. Cossmann.— Sur quelques nouveaux galvanomètres à miroir et leurs accessoires; F. Uppenborn. — Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch : Sur un enregistreur de l’intensité calorifique de la radiation solaire; par M. A. Crova. — Sur un étalon de volt; par M. A. Gaiffe. — Produits d’oxydation du charbon par l’électrolyse d’une solution ammoniacale; par M. A. Millot. — Force électromotrice de combustion. Etude des moyens employés pour prendre le potentiel de l’air; par M. H. Pellat. — Correspondances spéciales de l’étranger : Allemagne; H. Michaelis. — Angleterre; J. Munro. — Autriche; J. Kareis. — Chronique : La machine de Pacinotti et la machine de Gramme ; Frank Géraldy. — L’emploi des substances colorées dans la pho-tométrie des foyers électriques, par le D1' H. Kriiss. — Les applications de l’électricité aux chemins de fer (suite). — Correspondance : Lettres de MM. Helot et P. von Faund-Szyll. — Faits divers.
- ORGANISATION
- DE LA TÉLÉGRAPHIE MILITAIRE
- DANS LES ARMÉES EUROPÉENNES
- En 1868, une commission nommée par le maréchal Niel, fut chargée d’étudier l’organisation du service télégraphique militaire et de déterminer le matériel à adopter. Après des expériences faites au camp de Châlons, il fut décidé que l’on organiserait une brigade comprenant quatre sections télégraphiques.
- Cependant, au moment où éclata la guerre de 1870, l’armée française ne comptait, comme troupes télégraphiques, qu’une compagnie du ier régiment du Génie. Augmentée de quelques volontaires et d’une trentaine d’employés civils, elle fut adjointe à la réseive principale du Génie de l’armée. Enfermée dans Metz après les premières batailles, à la chute de la place, elle fut faite prisonnière sans avoir eu l’occasion de rendre de grands services.
- En même temps, tout le matériel télégraphique construit dans les dernières années, qui, au début des opérations, avait été dirigé sur Metz, tomba entre les mains des Allemands.
- Pour les armées qiii furent créées dans la seconde période de la guerre, le service télégraphique fut entièrement confié au personnel de l’administration des télégraphes. A Paris, on organisa une mission divisée en trois brigades, et, dans tous
- les forts et redoutes, des employés furent chargés de la manipulation des appareils. En province, le gouvernement de la défense nationale décréta le 8 novembre 1870 qu’un service télégraphique serait attaché à chaque corps d’armée. Il était chargé d’établir les communications entre le quartier général et la ligne permanente la plus voisine, puis entre le quartier général et ses divisions. Ce service devait se composer d’une direction centrale et d’autant de sections qu’il y avait de divisions, munies chacune d’un équipage avec appareils de transmission, et du personnel nécessaire.
- Il fut organisé successivement six missions, qui furent affectées à l’armée des Vosges, à l’armée de Garibaldi, à l’armée de la Loire, à l’armée du Nord, à la deuxième armée de la Loire et à l’armée de l’Est. Il y eut en outre deux brigades de télégraphie optique, l’une à l’armée du général Chanzy, l’autre à l’armée du général Bourbaki.
- L’Allemagne, dès le début des opérations, possédait pour la télégraphie militaire une organisation plus complète que la France. En Prusse, on mobilisa tout d’abord cinq abtheilungs de télégraphe de campagne et trois de télégraphe d’étapes ; les premières avaient à relier les quartiers généraux des armées avec leurs corps ; les secondes à mettre ces mêmes quartiers généraux en communication avec le réseau fixe situé en arrière. Le télégraphe de l’Etat,'qui avait fourni les employés nécessaires aux formations de campagne, était chargé de consolider les lignes des télégraphes d’étapes et ! de les exploiter en permanence. Pour assurer le
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- fonctionnement régulier de ce service, le directeur général des télégraphes de l’État était représenté au grand quartier général par un colonel, avec lequel il restait toujours en communication.
- La Bavière et le Wurtemberg avaient également chacune formé une abtheilung de télégraphe de campagne.
- Dès la fin du mois d’août, l’insuffisance des communications télégraphiques se fit vivement sentir ; on forma deux nouvelles abtheilungs de télégraphes de campagne et de télégraphe d’étapes, qui arrivèrent sur le théâtre des opérations au commencement d’octobre ; puis, pqur soulager l’administration des télégraphes de l’État, on institua trois directions de télégraphes de campagne à Nancy, Épernay et Lagny.
- Les lignes exploitées par la télégraphie de campagne atteignaient à la fin de la guerre, une longueur de io.83o kilomètres, dont 8.252 de lignes françaises rétablies, 798 de lignes provisoires et 1.780 de lignes de campagne, avec 407 stations, tandis que le télégraphe de l’Etat entretenait les communications sur une longueur de i2.5oo kilomètres avec 118 stations.
- Ces chiffres, encore plus que les éloges donnés par le grand état major prussien à * ces formations télégraphiques de création encore récente et peu exercées au début, qui ont, malgré cela, su se mettre à la hauteur de leur mission, ont répondu, sous tous les rapports, à toutesles exigences, et prouvé qu’elles étaient un moyen aussi efficace qu’indispensable pour faciliter l’action militaire et politique », montrent le rôle important que le télégraphe a joué et est appelé à jouer auprès des armées en campagne.
- Pendant les premières années qui suivirent la guerre franco-allemande, de nombreuses modifications furent apportées à l’organisation des différentes armées européennes, et les leçons de la dernière campagne conduisirent presque toutes les puissances soit à améliorer leur service télégraphique militaire, soit à en créer un.
- Dans ces dernières années, l’organisation télégraphique de plusieurs armées a subi de nouveaux changements. L’Autriche et l’Espagne ont créé un corps pour les chemins de fer et télégraphes de campagne ; la Russie a augmenté Je nombre de ses formations télégraphiques et a établi sur de nouvelles bases le service galvanique du corps des ingénieurs ; l’Angleterre a créé un corps spécial pour le télégraphe de campagne ; la France a remplacé par un nouveau règlement celui qui avait été adpoté en 1874.
- xLe moment nous paraît donc propice pour exposer l’organisation de la télégraphie militaire dans les armées européennes.
- La plupart des renseignements relatifs aux armées étrangères ont été pris dans la Revue militaire de l’Etranger.
- FRANCE
- La commission chargée au mois d’avril 1872 d’étudier la réorganisation du service télégraphique militaire, dans le rapport qu’elle a adressé au Ministre de la guerre à la fin de l’année 1874, a été d’avis de confier le service télégraphique des armées à l'administration civile.
- « Les éclatants services rendus par les missions télégraphiques de l’armée d’Italie en i85g, des armées de Metz, de la Loire et de l’Est en 1870-71 ; l’énergique attitude des employés qui, pendant les deux sièges de Paris, ont toujours suivi pas à pas les mouvements de nos soldats, sont, aux yeux de la Commission, une garantie certaine de ce que le personnel habile et dévoué de l’administration des télégraphes, saura faire un jour pour la France et pour ses armées.
- « Cherchant avant tout à conserver à ce personnel son homogénéité et sa direction technique bien entière, la commission lui attribue tous les services télégraphiques aux armées, en lui adjoignant seulement pour la conduite de son matériel, les conducteurs et attelages nécessaires pris dans les rangs de l’armée. Mais, tout en laissant au point de vue technique une grande- liberté aux chefs de la télégraphie militaire, il convient de les subordonner partout et toujours à l’autorité militaire. »
- Le règlement proposé par la Commission, approuvé le 19 novembre 1874, « ne se trouvant plus eu harmonie avec la situation nouvelle créée par les lois, décrets et règlements nouveaux sur l’organisation de l’armée et aussi par le rattachement du service télégraphique au département spécial des postes et télégraphes », a été abrogé le 23 juillet 1884. Le nouveau décret portant organisation du service de la télégraphie militaire, tout en conservant les principes posées par la Commission de 1872, admet, qu’au personnel civil, on puisse adjoindre un certain nombre d’auxiliaires militaires, et de plus, fait disparaître « certaines imperfections et certaines lacunes que le fonctionnement du service pendant ces dernières années, notamment dans les récentes campagnes d’Algérie et de Tunisie, avait donné lieu de constater. C’est ainsi que, d’un côté, le règlement de 1874 renfermait des prescriptions trop étroites sur des questions d’ordre technique et administratif, tandis que d’un autre côté il ne définissait pas nettement la nature des différents services de la télégraphie de l’armée, la situation du personnel civil appelé à concourir à l’exécution desdits services, et les obligations réciproques des deux départements ministériels intéressés dans la préparation de l’organisation en temps de guerre. »
- Organisation en temps de paix. — Dans chaque corps d’armée, un fonctionnaire supérieur du département des postes et télégraphes, accrédité
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- auprès du commandant de la région, arrête à l’avance, de concert avec le chef d’ctat major du corps d’armée, toutes les mesures propres à assurer en cas de guerre la prompte mobilisation des différents éléments qui doivent marcher avec l’armée, ainsi que le fonctionnement des services télégraphiques du territoire. Il est organisé en permanence vingt-quatre sections de première ligne et des parcs télégraphiques dont le personnel, constamment tenu au complet, est recruté parmi les employés du ministère des postes et télégraphes soumis à la loi du recrutement ayant ou non passé sous les drapeaux, mais ayant reçu l’instruction professionnelle télégraphique, et de fonctionnaires, agents, sous-agents volontaires du même département, qui ont contracté un engagement de trois ans vis-à-vis de leur administration. A ce personnel peuvent être adjoints des auxiliaires militaires.
- Les différents effets d’habillement et d’équipement sont du type adopté pour l’artillerie, sauf les modifications suivantes :
- FIG. I. — BRASSARD
- L’attribut du service est une étoile entourée de foudres se portant au képi pour tous les agents, et au collet, pour les agents des directions. Les agents des sections portent au collet le numéro de l’unité à laquelle ils appartiennent.
- Les boutons d’uniforme ont l’étoile estampée en relief.
- Le drap de couleur distinctive est bleu de ciel au lieu de rouge écarlate, mais les parements du dolman restent bleu foncé. La bande du pantalon est simple; le bandeau au képi est bleu de ciel.
- L’armement des fonctionnaires se compose du sabre d’officier d’artillerie et du revolver, les télégraphistes ont le sabre d’adjudant, modèle de l’infanterie; les chefs d’équipe, maîtres-ouvriers et ouvriers ont le sabre d’infanterie modèle 1866; tous sont armés du revolver.
- Le tableau suivant indique les emplois- à conférer au personnel, les grades correspondants à ces emplois, et les insignes de grade.
- Afin d’être toujours en mesure de remplir les .fonctions qui doivent lui incomber en temps de
- guerre, le personnel reçoit dès le temps de paix une instruction militaire et un complément d’instruction technique, donnés autant que possible par classe de mobilisation et suivant l’ordre fixé par les appels des réservistes et de l’armée territoriale.
- Le matériel roulant et les accessoires qu’il comporte sont conservés dans les bâtiments de la guerre. L’habillement des agents et sous-agents, le
- Fonction-
- naires
- supérieurs
- EMPLOIS
- GRADES
- Directeur de télégraphie..................
- Sous-directeur de télégraphie...............
- Ll-Colonel Chef d’esc.
- insignes
- 5 rangs de soutache 4 rangs de soutache
- Fonction-
- naires
- Chef de section......
- Sous-chef de section.. Chef de poste........
- Capitaine
- Lieutenant
- S8-Lieutenl
- 3 rangs de soutache 2 rangs de soutache 1 rang de soutache
- Agents
- Télégraphistes
- Adjudant
- 1 rang de cordonnet tressé argent et soie bleu de ciel
- Sous-
- Agents
- Chef d’équipe. Maître-ouvrier Ouvrier.......
- Mal-des-Log. 1 galon en or Brigadier 2 galons en laine Soldat »
- harnachement pour les fonctionnaires et le matériel technique sont conservés et entretenus par les soins du département des postes et télégraphes dans des locaux fournis par le Ministre delà guerre. En cas de mobilisation, ce département doit réunir aux points de formation désignés, le personnel qu’il est appelé à fournir et le matériel dont il a la garde en temps de paix.
- Le service télégraphique est centralisé à l’état major du Ministre de la guerre. Un officier général est chargé de l’inspection annuelle des différents services de la télégraphie militaire. De son côté, le Ministre des postes et télégraphes peut prescrire des inspections périodiques, ayant pour but de le renseigner au point de vue technique, sur le personnel ainsi que sur l’état d’entretien et de conservation du matériel.
- Toutes les questions relatives à la télégraphie militaire sont étudiées par une commission instituée au ministère de la guerre, présidée par un officier général et composée de fonctionnaires du département des postes et télégraphes, et d’officiers de différentes armes.
- Les auxiliaires militaires qui peuvent être adjoints au personnel civil, sont choisis : i° parmi les cavaliers dont l’instruction militaire et technique a été faite à l’École de cavalerie de Saumur ; 20 parmi les jeunes gens ayant appartenu comme agents manipulateurs à l’administration des télégraphes; 3° parmi les jeunes soldats qui, ayant été exercés dans les bureaux de garnison, ont reçu un certificat d’aptitude.
- Le Ministre de la guerre désigne tous les ans le nombre de cavaliers que chaque régiment doit en-
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- voyer à Saumur pour suivre le cours de télégraphie fait par un professeur assisté de trois maréchaux des logis et de six brigadiers instructeurs de télégraphie. Une commission composée d'un capitaine et de deux lieutenants, s’assure, par une dictée, et une composition d’arithmétique élémentaire que les candidats ont une instruction générale suffisante.
- Le cours dure du i5 décembre au i5 juillet. Un second cours, qui a pour but de compléter l’instruction des jeunes gens de la 2e catégorie qui ont été versés dans la cavalerie, et d’un certain nombre de ceux de la 3e catégorie, a lieu du 25 juillet au 25 octobre.
- Tous les soldats télégraphistes, que l’on peut reconnaître à des foudres brodés sur la manche gauche, sont tenus de travailler au moins neuf heures par semaine dans les bureaux télégraphiques de leur garnison.
- Un capitaine est chargé de surveiller leur instruction technique.
- Ajoutons que, dans l’artillerie, les sous-officiers proposés pour officier, garde ou gardien de batterie, et un certain nombre de sous-officiers et brigadiers des bataillons de forteresses sont exercés soit dans les écoles de l’arme, soit dans les forts à la manipulation des appareils.
- Service en temps de guerre. — Le service télégraphique aux armées est placé sous les ordres des chefs d’état-major des armées, ou des corps d’armée et divisions opérant isolément.
- D’après la circulaire du 16 mars 1884, les sections dites autrefois de 2° ligne ont été remplacées par une section de iro ligne et un parc télégraphique; les sections dites supplémentaires de 2e ligne sont devenues sections d’étapes et de chemins de fer; enfin il a été créé des sections de forteresse, de sorte qu’actuellement le service télégraphique comprend :
- Des directions;
- Des sections de irc ligne;
- Des parcs télégraphiques ;
- Des sections d’étapes et de chemins de fer (service de 2e ligne) ;
- . Des sections de forteresses.
- En 3° ligne, se trouve le service du territoire.
- Direction. — A la tête du service télégraphique d un théâtre de guerre est placé un directeur général de la télégraphie militaire, qui fait partie du grand quartier général. Il prescrit, d’après les ordres qu’il reçoit, la construction des lignes et l’établissement des postes télégraphiques; il réparfit le personnel et le matériel suivant les besoins; il centralise les services de iro ligne et de l’arrière des diverses armées, et, se tenant en relations constantes avec le Ministre des postes et télégraphes, provoque les envois de personnel et de matériel supplémentaires.
- Un sous-directeur adjoint est spécialement chargé des services de l’arrière.
- Dans chaque armée, une direction télégraphique est chargée, sous les ordres du chef d’état major général, du service de irc ligne et d’étapes de cette armée. Elle est scindée en deux sous-directions, une au quartier général de l’armée pour le service de iro ligne; l’autre, auprès de la direction des étapes, pour le service de 20 ligne.
- Le directeur, dans la limite des instructions techniques qu’il reçoit du directeur général a, dans la zone affectée à l’armée à laquelle il est attaché, les mêmes attributions que le directeur général.
- Service de 1™ ligne. — Il a pour mission : i° de relier le quartier général d’armée avec les quartiers généraux des corps d’armée et d’assurer ses communications avec le réseau de l’arrière ; 20 de relier à l’un des quartiers généraux le chef d’une troupe temporairement détachée pour un service spécial; 3° de détruire les réseaux télégraphiques existants, mais seulement sur les ordres formels du commandant en chef ou du chef d’état major général.
- Le sous-directeur chargé de ce service, recueille et tient à jour les renseignements les plus complets sur les ressources télégraphiques du pays traversé; il répartit les travailleurs entre les sections. Chaque section se partage en deux ateliers qui fonctionnent autant que possible simultanément et en un groupe de réserve. Elle peut établir et desservir trois postes.
- Le réseau de iro ligne peut être construit de deux manières : soit en reliant directement entre eux les divers quartiers généraux (système des transversales); soit en établisant les lignes parallèlement aux routes suivies par les troupes (système des parallèles) et en les rattachant à une même base télégraphique, que l’on change tous les trois ou quatre jours.
- Le système des transversales a l’avantage de développer le moins de fil possible, et de ne pas gêner les mouvements des troupes. Mais il présente les inconvénients suivants : l’absence de chemins de traverse peut rendre la construction très pénible; les troupes sont privées de communications télégraphiques depuis le moment où elles quittent leurs positions jusqu’à celui où, après l’arrivée à l’étape, les ateliers ont accompli leur tâche ; les ateliers, dans les intervalles entre les corps, sont peu protégés; enfin ce système est impraticable dans une marche en retraite.
- Inversement, le système des parallèles a l’inconvénient de développer beaucoup de fil et d’exposer les ateliers à se trouver mêlés aux troupes ; mais en revanche, celles-ci ont toujours une communication télégraphique et les ateliers sont bien protégés. .
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- Suivant les circonstances, on emploie l’un ou l’autre de ces systèmes.
- Les lignes de ce réseau sont établies en général avec le câble de campagne qui est mis en place au moyen de la voiture dérouleuse ou de la brouette à dérouler; quelquefois au moyen de la voiture-poste elle-même.
- Le travail est réparti de la manière suivante :
- Le chef de poste et un chef d’atelier font la reconnaissance de la ligne, et indiquent la place et la nature de chaque support ;
- Le marqueur qui les accompagne, jalonne la ligne de repère conventionnelle ;
- Le distributeur d’outils et ses aides conduisent les outils à chaque chantier;
- Les dérouleurs déroulent le fil et font les soudures;
- Les monteurs creusent les trous, placent les poteaux ou les supports et tendent le fil ;
- Le sous chef est chargé de l’essai du fil.
- On peut admettre qu’un atelier construit de 2 à 4 kilomètres à l’heure; mais que dans une journée, il dépassera rarement 12 kilomètres.
- Le relèvement s’exécute en sens inverse. Le marqueur, dont l’emploi change, a pour mission de surveiller et de régulariser l’enroulement du câble.
- Les parcs télégraphiques servent à renforcer les sections de i1'0 ligne en personnel, et surtout en matériel.
- Service de 20 ligne. — Ce service a pour objet : i° de relier les quartiers généraux d’armée entre eux et avec le grand quartier général; 20 de relier le réseau de ir0 ligne avec celui de l’intérieur; 3° de desservir dans les territoires occupés les lignes d’étapes et de chemins de fer et tous les postes occupés par l’armée.
- De plus, il assure le renouvellement du personnel et du matériel du service de iro ligne. Pendant les marches, il prend possession des communications établies par l’armée, lorsqu’elles doivent avoir un certain caractère de durée, et y remplace par des lignes ordinaires les lignes et postes établis avec le matériel de campagne, qui est ainsi rendu disponible pour de nouvelles constructions.
- Pour le renouvellement du matériel des services de irp et de 2° ligne, un dépôt de matériel télégraphique est constitué dans l’une des stations magasins affectés à chaque armée.
- Pour le service télégraphique des chemins de fet-au delà des stations de transition, la direction générale des chemins de fer fait connaître au directeur général de la télégraphie, les lignes et postes à établir. Ce dernier donne des instructions en conséquence aux directions télégraphiques des armées, qui fournissent le personnel et le matériel nécessaires.
- Une section d’étapes et'de chemins de fer peut desservir environ vingt postes.
- Service de forteresses. — Le service télégraphique des forteresses est chargé, sur le théâtre de la guerre, de relier les places fortes au réseau du territoire et avec les places et forts voisins, et de desservir les postes électriques ou optiques établis à l’intérieur de chacune de ces places. Les agents désignés pour ce service font partie de la garnison de guerre et sont sous les ordres du gouverneur.
- Service du territoire. — Dans les régions déclarées en état de siège ou comprises dans la zone des opérations de l’armée, le service télégraphique continue à être assuré à l’aide des ressources du ministère des postes et télégraphes. Toutefois, au personnel civil, peuvent être adjoints, si le besoin en est reconnu, des auxiliaires militaires. Les employés du ministère des postes et télégraphes en résidence dans les régions dont il s’agit, sont mis sur le pied de guerre et considérés comme belligérants, fis reçoivent, comme signe distinctif, un brassard en drap bleu portant, brodé en blanc, l’attribut du service (fig. 1).
- Le service du territoire est également chargé de pourvoir les différents services mobilisés des hommes, effets et matériel de remplacement qui leur sont nécessaires.
- Service télégraphique dans la cavalerie. — En dehors du service télégraphique général confié aux agents de l’administration, un règlement du 28 mai i883 a créé dans chaque régiment de cavalerie deux ateliers de trois cavaliers commandés, l’un par un maréchal des logis; l’autre par un brigadier. Tous doivent avoir reçu l’instruction télégraphique spéciale dont nous avons parlé précédemment. Chaque atelier est pourvu de deux paires de sacoches portant chacune 5oo mètres, d’un câble léger et d’un appareil de déroulement, d’un parleur, diun téléphone. Les ateliers peuvent être réunis par brigade ou par régiment.
- Dans les divisions de cavalerie indépendantes, les ateliers forment des sections télégraphiques légères, sous la direction d’un agent de la télégraphie, chef du service télégraphique de la division. Une voiture légère télégraphique à deux chevaux, portant du matériel de réserve, complète le service. Ce matériel comprend 2 appareils Morse, 2 appareils optiques, 2 appareils de déroulement, 2 parleurs, 4 piles, 6 téléphones et 10 kilomètres de câble léger. Ces sections légères et ces ateliers sont principalement destinés à faire lés reconnaissances pour l’organisation du service télégraphique, à remettre les lignes du pays en état de fonctionner, à établir des communications optiques, et au besoin de nouvelles lignes électriques de peu d’étendue, à détruire et à mettre hors de service les ligues ou bureaux de l’ennemi.
- A ce dernier sujet, le règlement sur le service en
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- campagne de la cavalerie donne les indications suivantes :
- Pour procéder à la destruction des lignes télégraphiques, on emportera, si on le peut, des pinces à main, des cisailles, une pelle et une pioche. On coupera les poteaux en bois, on déchaussera et renversera les poteaux en fonte. On coupe ensuite et on enlève sur la plus grande longueur possible
- PERSONNEL ET MATÉRIEL
- Fonctionnaires et agents.
- Directeur................ 1
- Sous-directeurs.......... 1
- Chefs de section...... 1
- Sous-chefs de section. » Chefs de poste........ 2
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- Détachement télégraphique.
- Télégraphistes.......
- Chefs d’équipe.......
- Maîtres ouvriers.. . .
- Ouvriers.............
- Cavaliers-plantons . . Ordonnances..........
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- 2
- 3
- 9(2/
- 1
- 25
- 4
- 2 b
- 3 6
- Total.
- Officiers f1) Troupe. .
- Colonne du train.
- Officiers.........
- Sous-officiers....
- Brigadiers........
- Conducteurs.......
- Chevaux...........
- 5
- 33
- 5
- 10
- » 1
- 1 1
- 1 1
- 8 2
- 10
- 8
- 4
- 49
- 1
- 23
- »4(*)
- 44
- 4
- 48
- 1
- 2 11
- 23
- Matériel roulant.
- .. .1 m'°i874 »
- Voiture-poste { m,ei8kj j
- Voiture télégraphique
- légère................. 1
- Voiture de transport du personnel ou voiture-
- bureau................. 1
- Chariot télégraphique.. 1
- Voiture dérouleuse. . . »
- Chariot fourragère ou
- forge.................. »
- Fourgon à bagages.. . 1
- Total......... . 5, 2 12
- v (*) Tous les fonctionnaires, sauf le chef do section et un chef de poste de la direction générale, sont montés.
- Les fonctionnaires supérieurs ont 2 chevaux.
- (!) En temps de guerre, l'effectil peut être renforcé, suivant les besoins, jusqu’à concurrence de 5 télégraphistes et 10 ouvriers.
- (3) Dont I trompette et un maréchal-ferrant.
- (*) Dont I maréchal-ferrant et un bourrelier.
- MATÉRIEL DIRECTION générais SECTION de ire ligne PARC, télé- graphique SECTION d’étapes et de chemins de fer
- Appareilsj 6 1 8 3 II 4 12 »
- Piles portatives . .,. 10 14 *7 18
- Téléphones 4 8 6 4
- (de eampa-
- Câble . .] gne. Ki1. 4 42 66 2
- (léger. Ki 1 10 8 12 4
- 1 sur bobi-
- Fil nu . .J nés. Itil. 1,5 6 i5 12
- (couronnes 2 8 2 3
- Echelles 4 12 11 4
- Perches 14 526 25o 200
- Brouettes à dérouler 1 I 1 I
- les fils en ayant soin de briser les supports isolants. Quand l’opération s’effectue aux stations, enlever les appareils, briser les piles, saisir les
- FIG. 2. — BROUETTE A DÉROULER
- registres et rouleaux d’inscjiption de dépêches.
- Les tableaux précédents donnent la composition en personnel et en matériel des différentes formations télégraphiques.
- Matériel. — Le fil nu, exclusivement employé .pour ligne aérienne isolée sur ses supports est un fil de fer galvanisé de 4 millimètres pour les grandes lignes et3 millimètres pour leslignes secondaires.
- Le câble est formé de sept fils de cuivre, de omm,4, réunis en torons, couverts de gutta-percha et enveloppés d’une gaine de filin tressé et goudronné. Il a un diamètre de4mm, 5 et peut supporter, sans se rompre, un effort de traction de 3o kilogrammes. Chaque bobine qui, vide, pèse 10 kilogrammes, et garnie, 3o kilogrammes porte un kilomètre de câble. Son axe est muni de deux tourillons qu’on fait reposer sur des supports placés soit à l’arrière des voitures dérouleuses, soit sur les montants de la brouette à dérouler, qui portent à cet effet des fourches maintenues par des clavettes. Pour rendre possible le déroulement et l’enroulement en marchant, un des mon-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 343
- tants reçoit une tige d’exhaussement munie extérieurement d’une poulie réunie par une chaîne sans lin à une seconde poulie fixée à l’extrémité de l’axe de déroulement. Une manivelle est adaptée à la poulie supérieure (fig. 2).
- Le câble léger est un fil de cuivre de omm, 5 entouré de trois autres fils de omm, 3 ; le tout est recouvert d’une enveloppe en gutta-percha et d’une gaine protectrice en soie caoutchoutée. Ce câble pèse 12 kilogrammes, par kilomètre, et peut supporter, sans se rompre, un effort de traction de 25 kilogrammes.
- PERCHES ET LANCE A FOURCHE
- L’outillage destiné à faciliter la construction et le relèvement rapides des lignes comprend :
- Des crampons servant à suspendre le câble aux arbres et aux murailles; une gaine en caoutchouc empêchant le câble d’être entamé par le frottement sur les crampons ;
- Des lances à fourche pour soulever le câble et le placer sur les arbres (fig. 3);
- Des perches doubles ou triples, supports du câble, composées de tringles coulissant l’une dans l’autre et maintenues par des vis de pression; la perche double a une hauteur totale de 4 mètres ; la perche triple une hauteur totale de 6 mètres (fig. 3) ;
- Des perches en bois;
- Des échelles dont chaque montant porte une fer-
- rure, permettant au besoin de les accoupler et d’atteindre jusqu’à une hauteur de sept mètres;
- Des isolateurs en ébonite (fig. 4) ; la tête présente une gorge destinée à recevoir le conducteur électrique. Ils se placent soit à l’extrémité des perches, qui portent à cet effet à l’extrémité une tige droite filetée; soit à une tige en U, qui permet de suspendre le fil aux arbres ou aux parties en bois des constructions; soit enfinà des tiges à angle droit pour fixer le fil après les murailles (fig. 4);
- FIG. 4. — ISOLATEUR ET TIGES
- Des commutateurs de ligne (fig. 5), permettant de se relier rapidement à une ligne AA,, sans modifier la tension du fil; les plaques Met N sont en substance isolante. Le fil est coupé en A', et l’on intercepte le nouveau poste dans le circuit «a.,;
- A‘
- FIG. 5.
- COMMUTATEUR DE LIGNE
- Des serre-fils permettant de rétablir rapidement la direction primitive (fig. 6) ;
- Des piquets de terre.
- Les piles sont du système Leclanché et comprennent douze éléments.
- L’appareil est du système Morse avec un électro-aimant à noyaux mobiles, de manière à pouvoir faire varier sa puissance magnétique. Comme organes accessoires, signalons un paratonnerre à stries, un galvanomètre, un commutateur bavarois, une sonnerie.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Le parleur est un appareil Morse de dimensions très réduites, donnant la dépêche au son, lequel est renforcé par suite du montage de l’électro-aimant sur un socle en bois creux (fig. 7).
- Les téléphones en service sont du système Gower ou Siemens.
- Matériel roulant. — La voiture-poste, modèle 1874 (fig. 8), faisait autrefois partie des sections de première ligne ; mais elle a été trouvée trop lourde et n’est plus affectée qu’aux parcs de réserve et aux sections d'étapes et de chemins de fer.
- Fin. 6. — SERHE-FII.S
- Elle est suspendue et traînée normalement par 4 chevaux. Le chargement est porté, partie à l’intérieur, partie à l’extérieur, où il est maintenu par des ferrures spéciales. A l’avant, est un siège à trois places. A l’intérieur est un coupé, en arrière duquel se trouve un magasin séparé en deux par un couloir longitudinal. Sur la tablette du coupé sont installés toutes les communications et les appareils. Quatre fils de ligne peuvent aboutir à l’intérieur de la voiture; ils pénètrent à l’intérieur du coupé par des ouvertures pratiquées dans les parois. Deux autres ouvertures laissent passer les fils de terre.
- Les dispositions suivantes permettent de ne pas
- FIG. 7. — PARLEUR
- interrompre les commurtications télégraphiques, lorsque la voiture est en mouvement. Le fil de terre communique avec le ressort de derrière de la voiture, et le courant suit la voie de ce ressort, du moyeu en bronze, d’une lame métallique fixée dans l’un des rais et aboutit à l’un des boulons qui retiennent le cercle delà roue. Quant à la communication de la pile avec le fil de ligne, elle s’établi
- par la liaison, au moyen de pinces, de l’électrode libre avec les longerons en fer qui supportent les bobines, de telle sorte que les fils, qu’ils s’enroulent ou se déroulent, sont toujours prêts à fonctionner.
- Le magasin, qui est aéré à la partie supérieure par des châssis mobiles, contient, entre autres objets, 4 çaisses de piles, 1 appareil de rechange,
- 1 table-planchette montée pour poste et 10 bobines de câble.
- A l’arrière, à droite du marchepied, se trouve un appareil de déroulement.
- La voiture-poste, modèle 1884, ne transporte que le matériel de poste, parmi lequel nous signalerons
- 2 appareils Morse, 1 appareil optique, 2 parleurs,
- 3 piles, 2 téléphones, 1 kilomètre de câble léger.
- FIG. S. — VOITURE-POSTE, MODELE 1874
- La voiture légère est destinée au transport rapide du personnel.
- Elle porte un appareil optique, 1 parleur, 1 pile, 1 kilomètre de câble léger.
- Les chariots télégraphiques sont des voitures à hautes ridelles, attelées à 4 chevaux, servant à transporter la plus grande partie du matériel de ligne et le personnel d’un atelier de construction. Â l’avant est un siège à trois places; à l’intérieur, 4 hommes peuvent se tenir assis sur des coffres ; trois autres peuvent se tenir debout et complètent ainsi l’équipe d’un atelier. A l’arrière, est une porte à côté de laquelle se trouve un support pour l’axe de déroulement.
- Le chargement des chariots télégraphiques varie suivant la nature du détachement télégraphique auquel ils sont affectés. Un chariot marchant avec une section de première ligne transporte, dans une cantine placée sous le siège, un appareil Morse, une pile et un parleur, et, comme principaux objets, soit placés à l’intérieur de la voiture, soit fixés à l’extérieur par des ferrures spéciales, environ 10 kilomètres de câble ou de fil nü, une brouette à dérouler, des isolateurs, des crochets, quelques pelles
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- et quelques pioches, 14 perches triples, 3 lances à fourche, 2 échelles de quatre mètres.
- La dérouleuse est une voiture à deux roues, avec siège à l’avant et appareil de déroulement à l’arrière. Elle porte 7 bobines garnies de câbles et 3 vides.
- Le chariot fourragère transporte 200 perches en bois et 200 isolateurs.
- La forge, outre l’outillage de poste, contient, dans des coffres, des outils pour ouvrier en bois et ceux nécessaires pour la réparation des appareils.
- (A suivre.) J. Bertrand.
- NOUVELLES ANALOGIES ENTRE
- LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES
- ET LES EFFETS HYDRODYNAMIQUES (Deuxième article. Voir le numéro du i5 août i885.)
- Anneaux de divers ordres. — Il y a lieu de distinguer, comme dans les anneaux de Newton, de Nobili, et comme dans les anneaux thermiques et chimiques (*), divers ordres d'anneaux hydrodynamiques. On ne peut ici, comme en optique, compter l’ordre des anneaux à partir du centre ; il faut, au contraire, commencer par la périphérie, comme on a dû le faire pour les anneaux thermiques et chimiques, qui sont néanmoins, pour l’ordre des couleurs, semblables à ceux de Newton. Je nommerai donc anneau de premier ordre, le plus grand, le premier formé, celui qui limite extérieurement la figure. Les divers ordres d’anneaux irisés ne sont pas tous également beaux ; il en est de même des anneaux hydrodynamiques. Ici, l’anneau du premier ordre n’a pas ordinairement de contours bien nets et réguliers ; il est terminé souvent par des festons d’un assez bel effet. L’anneau du deuxième ordre est large et le plus beau, comme dans les anneaux thermiques ; on y distingue, la plupart du temps, des lignes rayonnantes plus ou moins déliées. Les anneaux du centre sont de plus en plus étroits et rapprochés les uns des autres, très nets et très réguliers. Quand la chute du liquide est élevée, c’est-à-dire de om,io et plus, ces petits anneaux centraux disparaissent emportés par la violence du courant liquide, surtout, lorsque le dépôt pulvérulent est très divisé ou léger.
- Quant aux lois de formes des anneaux hydrodynamiques, lois des diamètres, des longueurs, des épaisseurs, lois relatives à l’influence de la force du courant, de la hauteur de chute, du diamètre des tubes, de la nature et de la densité du liquide puisant et du liquide résistant, des dimensions de la plaque de projection, de la direction verticale ou
- (') La Lumière électrique, t. XIII, p. 442; t. XIV, p. 162.
- oblique du jet, lois des'anneaux multiples etc., je n’ai pu encore les déterminer par suite de difficultés assez grandes résultant de la délimitation des anneaux périphériques et del’évolutiondes anneaux centraux.
- Un premier examen montre facilement que les diamètres des anneaux ne croissent pas avec une grande rapidité et que les divers ordres d’anneaux d’une même figure ne sont pas équidistants: les plus près du centre, les derniers venus, sont très rapprochés les uns des autres et ordinairement très nets, très étroits et régulièrement formés. Les suivants occupent des zones très étendues et embrassent la majeure partie de l’espace influencé par le choc du courant liquide.
- Il est à remarquer que la largeur des anneaux hydrodynamiques, comme celle des anneaux thermiques et chiniques va en augmentant du centre à la périphérie, tandis que pour les anneaux électrochimiques, c’est l’inverse.
- L'épaisseur proprement dite des anneaux hydrodynamiques est assurément beaucoup plus grande que celle des anneaux électro-chimiques de Nobili. Toutefois, avec des poudres très fines, provenant de précipités, comme le sulfate de baryte, on obtient des figures d’une extrême minceur, surtout vers la partie centrale. L’épaisseur de ces anneaux peut croître depuis le voile léger, très transparent et à peine visible, jusqu’à une couche épaisse donnant du relief aux figures et presque impénétrable à la lumière.
- On pourrait croire qu’en employant des poudres plus fines que celles du minium, du vermillon ou du sulfate de baryte, dont je me suis servi, par exemple en ayant recours aux couleurs à l’aquarelle, à la sépia, à l’encre de Chine, etc., on obtiendrait de meilleurs résultats. Il est vrai que, par ce moyen, on produit de très beaux eflets, d’une extrême finesse, mais en revanche, ils ont un très grave inconvénient : ils sont si fugitifs qu’ils laissent à peine le temps d’en voir exactement les formes ; car le liquide, même assez épais, tend à reprendre immédiatement après le choc, son niveau primitif, entraînant avec lui la matière en suspension; de sorte qu’au bout de quelques secondes, il ne reste plus trace des lignes dont on vient d’admirer la délicatesse. Pour réussir dans ces expériences, il faut employer une poudre lourde que l’eau ne puisse pas entraîner facilement ; alors elle reste à la place où la force propulsive l’a jetée et conserve ses formes.
- Cependant si la poudre est trop lourde, elle se mélange mal avec l’eau et ne peut se répandre en couche uniforme sur la plaque de verre. Le minium, ou le sulfate de baryte de second dépôt, me semblent réunir les meilleures conditions de succès.
- i Nobili, pour obtenir de bons résultats, mélan-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- geait ses dissolutions. On pourrait ici, dans le même but, mélanger en certaines proportions, des poudres lourdes avec des poudres légères et de diverses couleurs, pour avoir des effets variés de finesse et de tons.
- Lorsqu’on mêle au liquide une petite quantité de gomme, on rend les anneaux produits dans ces conditions, très adhérents au verre; ils résistent au contact du doigt et n’ont pas besoin d’être vernis pour se conserver. Malheureusement, ces anneaux sont diffus; ceux du centre sont encore assez marqués, mais les autres sont comme couverts d’un voile épais. Il faut dire cependant que l’emploi de la gomme permet de faTe usage de poudres légères, comme l’amidon, les couleurs à l’aquarelle,
- FIG. II a. — ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES AVEC JETS RADIANTS
- ce qui donne plus de sensibilité au dépôt qui reçoit le choc de la colonne liquide; mais les formes délicates ainsi obtenues, s’effacent, en majeure partie, dans le milieu ambiant.
- Les anneaux obtenus par voie hydrodynamique présentent ordinairement, dans leur structure, des lignes rayonnantes (fig. 11) plus ou moins déliées, s’étendant parfois du centre jusqu’à la périphérie.
- Dans les anneaux deNobili on n’aperçoit aucune trace de rayon. Cette différence disparaît lorsque les anneaux hydrodynamiques sont produits par la chute d’une colonne liquide tombant d’une faible hauteur, de deux ou . trois centimètres, ou moins encore; alors ils ne présentent que des cercles réguliers et de zones continues, d’épaisseur variable (fig. 11 a, b et 12). Ce résultat s’obtient surtout quand, pour imiter plus exactement le procédé de Nobili, on laisse au-dessus du dépôt une couche d’eau de om,oo4 à om,oo5 dans laquelle plonge l’extrémité du tube contenant le liquide dont la chute doit produire les anneaux qui, dans ce cas, se rapprochent beaucoup de ceux de Nobili, pour
- la délicatesse des tons. Nobili avait remarqué qu’avec un courant trop fort, les anneaux étaient dissymétriques. Peut être, dans ces conditions, en y regardant de près, verrait-on apparaître dés traces de lignes rayonnantes, comme dans les anneaux hydrodynamiques produits par des chutes élevées du liquide propulseur. Peut-être un jour découvrira-t-on, dans les anneaux colorés, des raies transversales, comme on en a trouvé dans le spectre solaire bien longtemps après la belle expérience de Newton. Les anneaux rayonnants hydro-
- FIG. II b. — ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES AVEC JETS RADIANTS
- dynamiques appellent leurs correspondants en optique et en électricité. On sait ce qu’on doit chercher, c’est déjà quelque chose.
- Les expériences d’acoustique ont servi à l’optique; les expériences hydrodynamiques pourront peut-être aussi servir à l’électricité.
- M. G. Planté, dans une récente communication à l’Académie des sciences (*), a montré que le flux électrique peut produire des effets très différents et des phénomènes variés, suivant la nature de la source d’où il émane : courants continus ou discontinus de la pile, en tension ou en quantité ; décharges d’électricité statique (des machines ordinaires, de la bouteille ou des batteries de Leyde) ; courants d’induction, effluve silencieux et enfin flux d’électricité obtenu à l’aide de la machine rhéostatique (flux qui tient à la fois de l’électricité statique et de l’électricité dynamique). En sorte que, selon la source et les dispositions employées, les
- (*) Comptes tendus, 25 mai i885, p. i338. — La Lumière électrique, 6 juin i885, p. 475.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- effets dominants sont mécaniques, physiques (calorifiques, lumineux, magnétiques), chimiques ou physiologiques.
- Dans nos expériences hydrodynamiques d’imitation des phénomènes électriques, nous avons aussi obtenu des effets très différents et très variés, selon la nature de la source du flux liquide employé. La correspondance des effets produits dans les deux ordres de phénomènes est facilement saisis-sable et bien significative :
- Aux courants électriques continus ou discontinus correspondent les courants d’eau ou d’air continus ou discontinus ;
- A l’étincelle d’électricité statique, à la décharge
- FIG. 12. — ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES SANS RAYONS, IMITANT LES ANNEAUX SIMPLES ÉLECTRO-CHIMIQUES
- de la bouteille ou des batteries de Leyde correspondent la chute d’une goutte ou d’une colonne d’eau (s’écoulant par un tube), ou le soufflé d’une colonne liquide sur une plaque de verre recouverte d’une couche de minium aqueux.
- Les figures hydrodynamiques sont analogues aux figures correspondantes déterminées par l’électricité sur une plaque d’ébonite recouverte d’une poudre plus ou moins conductrice.
- D’autre part, M. Planté nous montre le flux électrique produisant directement des effets mécaniques semblables à ceux qu’on obtient par voie hydrodynamique (par l’effet du bélier hydraulique).
- Toutes ces analogies viennent s’ajouter à celles que nous avons déjà fait connaître et se présentent comme de nouvelles preuves à l’appui de l’assimilation du flux électrique à un flux liquide, objet de nos recherches.
- Il est à remarquer quô nos figures hydrauliques d’anneaux simples produisent beaucoup plus de variétés que celles des anneaux électrochimiques. En effet, ces derniers ont tous le même cachet, les mêmes nuances, les mêmes formes. Les figures obtenues par la chute de simples gouttes ou de petites colonnes d’eau sur le dépôt aqueux de minium, offrent des variétés pour ainsi dire indéfinies. Il suffit d’une légère modification dans l’épaisseur ou la densité du dépôt, dans la quantité du liquide tombant, dans le diamètre du tube et la hauteur de chute, pour amener des effets très différents et des figures extrêmement remarquables par la régularité des dispositions des lignes, généralement symétriques qui les constituent et pour produire des arrangements d’un très agréable effet. Les figures 8, g, 10, 11, donnent une idée de ces dispositions variées.îjElles montrent les formes évolutives des dispositions annulaires et rayonnantes, depuis le simple trait rectiligne jusqu’aux espèces de fleurons et de festons assez compliqués qui ornent ces figures.
- La conséquence à en tirer, c’est que ces formes, jusqu’ici sans correspondantes parmi les phénomènes électiochimiques ouvrent aux électriciens un nouveau champ de recherches ; c’est-à-dire, qu’au lieu d’imiter hydrauliquement les phénomènes électro-chimiques, comme je le fais, on aura à imiter, par voie électrique, les phénomènes hydrodynamiques.
- C. Decharme.
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE (>)
- LA TÉLÉPHONIE
- RÉSEAU TÉLÉPHONIQUE DE NEW-YORK.
- Le réseau de New-York appartient à la « Metropolitan Téléphoné and TelegraphCo » qui possède les licences de la Société générale du téléphone Bell.
- La figure ci-jointe montre la distribution des stations centrales appartenant à la Société. Ces stations se suivent à la file suivant le grand diamètre de l’île de Manhattan. Elles sont évidemment le plus nombreuses dans le quartier adjacent au port.
- Les stations centrales ne sont pas faites sur un modèle unique, et il y a presque autant de systèmes différents que de bureaux. Ainsi il existe simultanément des stations installées par Bergmann sur le modèle du commutateur suisse, le * Multiple
- P) Voir les précédents numéros, depuis le 4 juillet i885.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Switchboard » de la « Western Electric C° » et le « Law System » que nous décrirons en détail comme le moins connu en Europe.
- Malgré cette diversité des bureaux centraux, le service se fait régulièrement et, au point de vue de la rapidité avec laquelle on donne les communications, ce service ne laisse rien à désirer.
- Voici les stations centrales de New-York :
- i. — 38 Whitehall str. capacité du bureau. . 3oo fils.
- 2. — 58 Broadway — ... iooo —
- 3. — 182 Broadway — ... 1200 —
- 4- — jo8 Broadway str. capacité du bureau. . 700 fils
- 5. — 33 Murray str. ... 600 —
- 6. — 97 Spring str. — ... 800 —
- 7- — 923 Broadway. ... 600 —
- 8. — 673 Sixtb Ave. ... 1800 —
- 9- — 14O 125 str. Harlem — ... 200 —
- En outre, il y a trois stations installées d’après le « Law system ».
- 1. — 140 Fulton str................. capacité. 400 fils.
- 2. — 35 Beaver str...................... — 400 —
- 3. — County Court House Brooklyn. — 5o —
- RÉSEAU TELEPHONIQUE DE LA VILLE DE NEW-KORK.
- Sur le plan, toutes ces stations sont indiquées par des symboles différents. Les principaux réseaux privés sont marqués sur le même plan.
- Tout le réseau est installé avec un seul fil de communication et le retour par la terre. Les bureaux du « Law System » ont un second fil, mais ce fil a une destination particulière comme nous le verrons plus loin.
- En somme, tous les bureaux centraux sont capables, dans l’état où ils se trouvent maintenant, de réunir 8.o5o abonnés.
- Le chiffre des abonnés actuellement reliés aux bureaux (octobre 1884) monte à 4.804, parmi lesquels 598 se servent du « Law system ».
- Pour appeler, les abonnés emploient ordinairement des appels magnétiques du type Gilliland, sauf dans le cas du « Law system » où l’on se sert de la pile.
- Les bureaux centraux se servent des appels magnétiques mus mécaniquement, des inverseurs
- de courant et des appels magnétiques que l’on tourne à la main.
- Le nombre des fils auxiliaires réunissant les stations, s’élève à597, dont 106 pour le « Law system ».
- Le chiffre des employés, comme du reste partout en Amérique, n’est pas bien élevé, 207 hommes, contrôleurs et surveillants compris, suffisent pour le service. Tous ces employés ne travaillent évidemment pas à la fois, et le chiffre maximum que l’on atteint pendant les heures de la plus grande activité est de i65 personnes.
- Chaque employé du bureau central a en moyenne à répondre par jour à 455.appels des abonnés.
- Chaque abonné fait en moyenne 9 appels par jour, et chaque fil auxiliaire est utilisé en moyenne 62 fois.
- Le chiffre moyen des communications par jour monte à 86.410.
- Vingt-sept hommes sont employés pour réparer les lignes et les appareils. Les dérangements dans
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- les lignes se produisent en moyenne ç3 fois par jour et dans les appareils 54 fois.
- Ces quelques données statistiques suffisent pour donner une idée générale de l’état du service téléphonique à New-York. Nous avons déjà donné la description des appareils employés.
- B. Abdank-Abakanowicz.
- APPLICATION DE L’ÉLECTRICITÉ
- A LA MANŒUVRE DES
- SIGNAUX DE CHEMINS DE FER
- (Septième article. — Voiries numéros des 11, 18, 25 juillet et ceux des icr, 8 et i5 août i885.)
- Troisième série.
- II. — APPAREILS DE BLOCK AND INTERLOCKING
- APPAREILS HODGSON
- Dans une étude précédente sur les appareils à contact fixe (voir Lumière électrique, E., VIII, p. 536), nous avons donné la description d’un appareil automatique ou block System à pédale, imaginé par M. Hodgson, et appliqué dans les installations faites par là maison Saxby et Farmer. Avant d’atteindre ce type définitif, le système en question a
- passé par plusieurs phases de perfectionnements successifs, dans lesquelles l’automaticité n’intervient pas encore; ce sont donc des apparéils de block and interlocking, appliqués sur plus d’un réseau anglais, et dont la description sommaire doit, par conséquent, prendre ici sa place.
- Premier perfectionnement.— Dans un brevet pris à la date du 3i janvier 1877, M. Charles Hodgsona spécifié la revendication d’un système destiné à établir une liaison entre les appareils de block et les leviers d’enclenchement manœuvrant les signaux et les aiguilles.
- Pour mieux fixer les idées, nous supposerons l’application de ce système faite à une station dont le plan est donné par la figure 128. Soit A, la cabine du signaleur, dans laquelle sont concentrés les leviers commandant les liaisons de voie 4, 5 et 6, ainsi que les signaux à distance 1 et 9, les signaux fixes 2 et 8 commandant l’arrêt absolu, et les signaux de départ 3 et 7. Ces neuf leviers sont, comme à l’ordinaire, alignés dans l’ordre voulu et enclenchés entre eux au moyen de grils, d’après le système Saxby et Farmer, que nous n’avons pas à décrire ici, mais dont on trouvera l’exposé complet dans le numéro de juillet de la Revue générale des chemins de fer. Au-dessus de ces leviers est monté un bâti B (fig. 129), supportant les quatre boîtes C des appareils de block correspondant deux à
- 1—
- Voie TTumàvnte
- Voie d&rceaicUonte
- Caàvn#
- FIG. 128. — DIAGRAMME lï'UNE STATION MUNIE D’APPAREILS DE BLOCK
- deux à la voie montante et à la voie descendante. La figure i3o représente la coupe transversale de tout l’appareil d’enclenchement; la figure i3i, les deux coupes verticales de l’une des boîtes C, et les figures i32, i33 et 184, les coupes horizontales faites dans cette boîte suivant XX, YY, ZZ.
- Chacune des boîtes de block, C, est traversée par un axe vertical D, muni, à sa partie supérieure, d’une manette d. Sur l’axe D se trouve fixée, une plaque recourbée e, dont la face verticale, portant l’indication « voie fermée » se présente derrière le guichet de la face antérieure de la boîte de block, quand on tourne la manette d, de 90°.
- A la partie inférieure, chacun des axes D porte un taquet d' qui s’engage dans une machine ds montée sur une barre de la table d’enclenchement. Il en résulte que, quand ces barres sont enclenchées, c’est-à-dire quand les grils occupent une position déterminée, il est impossible de faire tourner l’axe D au moyen de la manette d. On comprend donc que, grâce à cette disposition, il est impossible de manœuvrer l’appareil de block, si les signaux de
- la voie n’occupent pas une position déterminée; il est inutile d’insister sur ce détail qui appartient plutôt au domaine des enclenchements mécaniques qu’à celui de l’électricité.
- A la plaque e se trouve fixée une pièce de métal isolée e, qui, lorsqu’on tourne la manette d vient s’appuyer sur deux ressorts de contact e3, de manière à fermer le circuit électrique venant de la station voisine. A la partie inférieure de la même plaque e se trouve encore montée une goupille e4, qui peut glisser sur le biseau compris entre les deux échancrures du levier à ressort e7, de sorte que si la manette d n’est pas à fond de course dans l’une ou l’autre de ses positions, le ressort de la pièce e,, tend à les ramener.
- La face supérieure de la face e porte une entaille, dans laquelle peut pénétrer un bouton fixé à l’extrémité du levier e.à formant l'armature de l’élec-tro-aimant e6. Quand la station voisine lance un courant électrique à travers les bobines de cet électro-aimant, l’armature est attirée, le bouton dégage la plaque e qu’il enclenchait jusqu’alors, et l’on
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-
- 35o
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- peut, à partir de ce moment, tourner l’axe D. Grâce à cette disposition, le garde d’un poste ne peut, sans l’autorisation du poste suivant, dégager les signaux d’arrêt qui bloquent la section et les effacer pour autoriser l’entrée d’un train dans cette section.
- Comme ces appareils sont construits pour l’exploitation d’après le principe de la voie normalement fermée, chaque poste doit demander au suivant l’entrée de la section et le déclenchement de ses appareils, de sorte qu’il suffit au poste suivant
- Voie 'm/TïvtwntG Vole cCeace/nda/nte/
- FIG. I29. — ENCLENCHEMENT DES LEVIERS ET DES APPAREILS ÉLECTRIQUES
- de lancer un courant passager pour donner cette autorisation; si, au contraire, on voulait appliquer l’appareil au principe de la voie normalement ouverte, il faudrait que le courant fût permanent d’un poste à un autre, et le circuit ne serait interrompu pour enclencher les appareils du poste expéditeur, que pendant le temps où un train circulerait dans la section. Cela serait évidemment une cause d’infériorité du système, ce qui prouve une fois de plus qu’un appareil doit toujours être construit en vue de s’appliquer exclusivement au mode d’exploitation auquel il est destiné, et qu’une adaptation ultérieure modifiant cette destination primitive, est généralement une solution vicieuse.
- M. Hodgson a indiqué une variante dans laquelle les tiges verticales reliant les appareils d’enclenchement aux boîtes de block, au lieu d’être animées d’un mouvement de rotation autour de leur axe,
- prennent un mouvement d’élévation ou de descente, qui produit d’ailleurs les mêmes effets. Comme l’indiquent les figures i35 et i36, les barres d’enclenchement d2 sont armées de mâchoires m qui font tourner des grils g’ commandant directement les bielles G; dans ce cas, les manettes g des boîtes de block C sont montées sur des axes ho-
- COUPE DE L’APPAREIL D’ENCLENCHEMENT
- rizontaux, sans que cela apporte aucune modification à la disposition intérieure des mécanismes de ces boîtes.
- On remarquera que, dans cet appareil, rien n’empêche le signaleur de donner plusieurs déclenchements successifs à l’arrière.
- Deuxième perfectionnement. — Le brevet a été pris à la date du 2 avril 1881. La figure 137 représente l’intérieur de l’une des boîtes électriques qui surmonte l’appareil d’enclenchement. Sur l’axe S de la manette qui correspond, par une tringle verticale, avec la table d’enclenchement, est monté un secteur Q muni d’une encoche q. Au-dessus se trouve installé un électro-aimant M, dont l’armature tn
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- porte un taquet t qui tombe dans l’encoche «y, dès que le courant électrique cesse de passer dans les bobines de l’électro-aimant M. Si, au contraire, le courant passe, l’armature m reste collée à l’electro-aimant, et l’on peut tourner la manette.
- D’autre part, sur le levier d’enclenchement L (figure i38) qui manœuvre le signal d’arrêt, se
- <s»?
- FIG. 1 3 I. — BOITE ÉLECTRIQUE
- trouve fixée une pièce l qui, lorsque le levier est amené à la position indiquée en pointillé, établit le contact électrique entre les deux ressorts C, l. Grâce à l’adjonction de ce commutateur, on peut donc enclencher ou déclencher électriquement les manettes des boîtes électriques, soit au même poste, soit au poste correspondant.
- FIG. 132 A l34- — COUPES HORIZONTALES DE LA BOITE ÉLECTRIQUE
- Le même résultat peut être obtenu, comme l’indique encore la figure i3g, par le déplacement du commutateur à coulisse de la boîte électrique. Ainsi qu’on l'a vu plus haut, ce commutateur peut donner certains signaux, quandle poussoir se trouve dans la position P ; mais pour donner les autres signaux, il faut le faire glisser horizontalement, de manière à amener le poussoir P en P'. En passant d’une position à l’autre, il agit sur les ressorts de contact C, exactement dans les mêmes conditions que cela se passait avec le levier d’enclenchement.
- M. Hodgson a encore ajouté à l’appareil un dis-
- positif qui empêche le *garde de donner plusieurs déclenchements successifs à l’arrière. C’est un mécanisme de détente indiqué aux figures 140 à 143.
- Les deux positions du poussoir sont indiquées sur ces figures en P et P'. Lorsque le commutateur occupe la position P' et qu’on pousse une première fois le bouton J, cette pression se transmet à la tige A', au levier coudé D et de là, au levier C dont l’extrémité c se relève et vient reposer sur la branche supérieur du levier B. Lorsque, ensuite, on ramène le commutateur à la position P, le
- J L, 11 1 ! 1 ! ! 1 |! ,1 |1 il rJ
- A 1 ! 1 ! I ! i ! 11 1 ! I ! l!
- FIG. l35. — VARIANTE POUR LE MOUVEMENT DES TIGES DE CONNEXION
- bouton J peut être poussé une fois afin de donner le signal de voie libre ; mais cette pression se transmet à une tige à ressort A, qui fait osciller le levier B ; le levier C n’étant pas soutenu, son extrémité c retombe et s’oppose à ce que l’on puisse appuyer de nouveau sur le poussoir J, car elle vient se loger derrière la tige A.
- Dans ces conditions, pour qu’il fût possible de donner un second déclenchement à l’arrière, il faudrait ramener le commutateur à la position P' et appuyer sur le bouton J, manœuvre qui n‘est, en général, possible qu’autant que le poste suivant l’a autorisée.
- A ces organes, M. Hodgson ajoute encore une mécanisme assez compliqué, qui a pour but de permettre d'utiliser le fil électrique de la ligne de
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- block pour la transmission d’autres signaux acoustiques, tels que des appels destinés à éveiller l’attention des agents, sans qu’un deuxième signal détruise l'indication donnée par un signal antérieur. Nous ne croyons pas nécessaire d’entrer dans le détail de ces dispositions compliquées, qui n’ont qu’un intérêt indirect au point de vue du block System proprement dit. L’artifice consiste d’ailleurs à disposer les contacts de manière que les courants transmis pour envoyer d’autres signaux que ceux du block System, soient toujours d’un signe contraire à celui du dernier courant en-
- 0 D D 00 D
- K1G. l36. — COUPE TRANSVERSALE
- voyé à l’aide du commutateur ; par suite, les effets qu’on a produits en poussant le bouton du commutateur dans l’une ou l’autre de ses positions ne sont pas modifiés par l’emploi d’autres appareils d’appel, et même, si le garde oubliait d’appuyer sur le bouton quand le commutateur est dans la position P', le même effet serait produit par l’emploi des autres appareils, comme si l’oubli n’avait pas eu lieu.
- Troisième perfectionnement. — M. Hodgson a pris, à la date du 6 juin i883, un brevet pour la transformation d’un appareil à aiguilles en un appareil de block and interlocking. A cet effet, sur l’axe A (fîg. 144 et 145), de la poignée B de l’appareil, est pratiqué un trou oblique dans lequel on peut insérer la goupille C, afin de fixer l’axe dans la posi-
- tion correspondant à la voie libre. L'insertion de cette goupille a pour effet d’amener en outre le ressort C en contact avec la borne V ; le courant auquel on donne ainsi naissance, déclenche au poste correspondant les appareils qui devaient y être enclenchés jusqu’à la production du signal de «voie libre».
- L’insertion de la goupille C a encore un autre résultat: elle soulève l’extrémité du levier E et fait par conséquent relever le taquet e qui vient s’enclencher dans le crochet /, fixé à l’extrémité de l’armature F de l’électro-aimant N ; de plus, le bouton e' fixé au levier E s’engage dans une rainure de la plaque G qui peut glisser verticalement et que commande le levier à contrepoids H, qui tend à faire remonter cette plaque lorsque rien ne s’y oppose ; comme cette plaque porte une ouverture o à sa partie supérieure, on ne peut insérer la goupille
- FIG. 137. — APPAREIL HODGSON; SECOND PERFECTIONNEMENT
- C que quand la plaque G est descendue. Ainsi l’insertion de la goupille fait remonter le bouton i' jusqu’à la partie supérieure de la rainure de G, tandis que quand on retire la goupille, le contrepoids du levier H fait remonter la plaque G et parcourir de nouveau la rainure au bouton e' ; l’ouverture o se trouvant déplacée, il est désormais impossible de remettre la goupille.
- Pour modifier cette situation, il faut qu’un courant électrique, émanant du poste correspondant, traverse les bobines de l’électro-aimant N ; aussitôt, l’armature F étant attirée, le crochet / dégage le crochet e; le levier E peut alors descendre sous l’action de son propre poids, et, comme il est plus haut que H, le bouton e fait redescendre la plaque G et la maintient à une hauteur telle que l’ouverture o permet d’insérer la goupille. Il est inutile d’ajouter que^ pour que cette insertion soit possible, il faut d’abord que la poignée B se trouve dans la position correspondant à l’envoi du signal de voie libre, sans quoi le trou pratiqué au travers.
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- de l’axe A ne se trouverait pas en face de l’embouchure i de la boîte.
- On voit que cette modification de l’appareil à aiguilles consiste dans l’addition d’un petit nombre d’organes qui lui permettent de répondre à toutes les conditions du Block and interlocking.
- M. Hodgson a imaginé une variante (fig. 146 et 147), dans laquelle la goupille est remplacée par un levier à main K qui, lorsqu’on le rabat derrière un épaulement b de la tige B', permet d’arrêter la poignée B. Ce levier K porte latéralement un
- FIG. l38. — VUE DES RESSORTS DE CONTACT
- bouton p qui sert à relever le taquet l du levier L; un bouton V fixé à ce levier L s’engage dans une coulisse dépendant du crochet N. Le levier L est encore muni d’un taquet 4 qui, orsqu’on le remonte, vient s’enclencher dans le déclic f de l’armature F.
- Quand on fait mouvoir la poignée B, de manière à donner le signal de voie libre, le levier K est rabattu derrière l’épaulement b, de manière à faire remonter la bielle O qui établit la liaison entre la boîte électrique et la table d’enclenchement des leviers des aiguilles et des signaux. Dans ce mouvement, le levier L se relève et le bouton 4 s’enclenche dans le déclic f de l’armature de l’électro-aimant; d’autre part, le bouton V cessant de relever
- la coulisse tt, le croche]: N retombe dans la position indiquée en pointillé à la figure 147; à partir de ce moment, la manette K, qui était retombée à la position K3, ne peut plus être remontée au-dessus de la position intermédiaire K,, parce que la saillie U vient butter contre le crochet N.
- Dès qu’un courant électrique est envoyé dans les bobines de l’électro-aimant M, l’armature F est attirée, et le déclic f lâche le taquet 4» Ie levier L peut alors retomber, en relevant la coulisse n et le crochet N, de manière à dégager la manette K.
- On remarquera qu’à côté de la manette K se trouvent placés deux ressorts de contact D, dont l’action est la même, chaque fois qu’on manœuvre la manette ou celle du commutateur qu’actionnait la goupille dans l’autre disposition.
- RÉSUMÉ
- Tl n’est pas aisé d’établir une comparaison entre les divers appareils de Block and interlocking dont
- C n
- FIG. I 39. — RESSORTS PLACÉS DANS LA BOITE
- il vient d’être question ; ils sont nombreux et cependant il n’en est peut-être pas deux qui satisfassent exactement aux mêmes conditions; bien plus, ainsi que nous l’avons fait remarquer, telle condition recherchée par le constructeur de l’un de ces appareils, a été manifestement exclue du fonctionnement de l’autre. On ne peut donc faire de rapprochement entre eux que d’une manière très indirecte et n accorder de préférence absolue à l’un quelconque ae ces systèmes que sous la réserve que cette opinion n’a qu’un caractère personnel.
- Cela posé, si l’on ne considère que les appareils qui ont a sanction d’une expérience prolongée sur un réseau important, soit qu’ils aient été construits de premier jet avec toutes leurs qualités définitives, soit qu’ils aient été successivement perfectionnés pour arriver à leur état le plus récent, on trouve qu’il n’est guère possible de mettre en parallèle que les systèmes Siemens, Krizik, Lartigue complété, P.-L.-M. modifié, Régnault complété et Hodgson (type Saxby et Farmer non automatique).
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- Examinons sommairement de quelle manière ils répondent aux différentes conditions du programme.
- i° Solidarité des signaux à vue et des signaux électriques.— Elle existe, à titre fondamental, dans tous les appareils énumérés ci-dessus et forme pour ainsi dire leur caractère essentiel; sans cette solidarité, ce ne seraient plus des appareils de block and interlocking. Mais ils la comportent cependant à un degré plus ou moins élevé ; ainsi, dans les trois derniers systèmes, il y a simplement un enclenchement établi entre les deux catégories d’organes, qui restent absolument distincts. Au contraire, dans les systèmes Siemens et Krizik, il y a une liaison déjà plus intime entre la manivelle du sémaphore et les poussoirs de blocage et de déblocage; enfin l’électro-sémaphore de Lartigue est encore plus parfait à ce point de vue, parce
- FIG. I40
- que c’est la manœuvre même du signal qui réalise toutes les communications électriques et qu’à part la mise à l’arrêt des signaux avancés, nécessaire dans tous les systèmes, il ne faut à un poste intermédiaire, pour un train qui passe, que deux tours de manivelle, avec l’appareil Lartigue. Au contraire, avec l’appareil Siemens, il ne faut pas moins de cinq mouvements, en raison de la manœuvre de l’inducteur qui absorbe une main chaque fois qu’il s’agit d’envoyer un signal électrique : l’appareil Krizik ayant un inducteur qui se déclenche automatiquement, il u’y a plus que trois mouvements à faire, seulement il faut remonter périodiquement le moteur de l’inducteur automatique.
- Les appareils P.-L.-M. et Régnault nécessitent chacun trois manœuvres, c’est-à-dire une de plus que l’appareil Lartigue. Quant aux appareils Hodgson, qui sont faits pour l’exploitation à voie fermée, il ne faut pas les faire entrer en ligne de compte à ce point de vue.
- Enfin avec tous les systèmes en question, sauf un seul, le déblocage d’une section a pour effet de permettre au garde d’effacer son signal : seul l’électro-sémaphore Lartigue s’efface automatiquement par l’envoi du courant de déblocage, et indépendamment de toute action du garde. Cette propriété a été très discutée : les uns y voient un avantage sérieux, puisque la voie peut redevenir libre
- sans l’intervention du garde, qui peut ainsi vaquer à d’autres occupations^ les autres en font un grief plus apparent que fondé, car il est certain que si les Compagnies qui appliquent le système Lartigue voyaient des inconvénients à cette disposition, rien ne leur serait plus facile que de faire agir le déclenchement électrique non pas directement sur l’aile, mais sur un encliquetage placé hors de la portée du garde, qui serait ainsi obligé d’effacer lui-même le signal, après le déblocage. Par conséquent le déclenchement automatique n’est pas un défaut de l’électro-sémaphore Lartigue, et il n’existe que parce que le système d’exploitation des Compagnies qui l’appliquent réclame cette facilité de service et n’admet pas que le signal sémaphorique puisse servir à autre chose qu’au
- FIG. I4I. — DERNIÈRES ADDITIONS A L’APPAREIL HODGSON
- block System, comme le prétendent les adversaires de cette combinaison.
- 20 Dépendance des sections. — Cètte condition est remplie d’une manière absolue et directe par les appareils Siemens, Krizik, Lartigue complété et Hodgson ; elle n’est remplie que d’une manière indirecte et seulement par l’intermédiaire des disques à distance, par les appareils Régnault et P.-L.-M. C’est là une réelle infériorité de ces deux systèmes et on se l’explique d’autant moins, qu’il n’était pas difficile d’établir la même relation avec le signal d’arrêt absolu, au lieu de l’établir avec le disque à distance dont la manœuvre est toujours libre, et qu’il suffit par conséquent de mettre à l’arrêt, pour pouvoir débloquer le poste précédent. Le but évident des ingénieurs qui ont étudié les modifications apportées aux appareils Régnault etTyer(P.-L.-M. j, a été de produire un appareil qui pût se plier aux exigences du service des stations ; on s’est dit avec raison que si la dépendance des sections était réalisée, sans correctif aucun, entre le signal d’arrêt absolu et le bouton de déblocage, le garage des trains ne serait plus possible ; tandis que, si c’est le disque à distance qui intervient, comme il n’y a aucune corrélation avec l’annonce des trains au poste suivant, et qu’on peut le remettre à voie libre après le garage du train, l’inconvénient n’existe plus,
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- mais on tombe dans un autre en laissant au garde la faculté de supprimer en fait la dépendance des sections par l’effacement du signal à distance. Dans les gares, où le disque sert, en outre, à couvrir les manœuvres qui engagent les voies de service, il i.’est pas rare'qu’on manœuvre ce signal dix à douze fois par heure ; il est alors permis de se demander ce que devient, au milieu de ce va-et-vient continuel du levier, la notion du block System.
- Il n’est donc pas douteux que cette pseudo-dépendance des sections soit inférieure à celle qui est réalisée directement par l’intermédiaire du signal d’arrêt absolu de la ligne de block. Mais alors il reste à examiner comment les systèmes qui ont recours à cette disposition peuvent se prêter au cas des gares et des stations.
- Les appareils Siemens et Krizik sont munis d’ou-
- FIG. K|2. — PLAN
- vertures qui permettent de débloquer à la main et de tricher pour ainsi dire avec le block System ; mais cette infraction est entourée de précautions solennelles qui, pour peu qu’elle se présente fréquemment, seraient inadmissibles. On prend alors le parti de couper la ligne de block et d’établir les postes de couverture de gare, c’est- à-dire de doubler le personnel de la station : c’est là un moyen peu économique.
- Tout autre est la solution récemment appliquée à l’appareil Lartigue : il y a un commutateur qui permet de désolidariser les stations situées de part et d’autre de la gare ; mais ce commutateur n’est pas laissé à la disposition du garde. C’est au moment de garage seulement, et à proximité du point où l’on se gare, que l’on peut s’en servir, sans qu’il y ait à cette manière de procéder d’autre inconvénient que de laisser la section bloquée en arrière, jusqu’à ce que le train soit garé ; c’est un surcroît de sécurité. Quant à la fraude, elle est écartée par la division même des responsabilités : si le garde voulait se débloquer indûment, il fau-
- drait qu’il quittât son poste et qu’il allât subrepticement à une distance de 4 ou 5oo mètres au moins manœuvrer le commutateur qu’on peut d’ailleurs mettre à l’abri de cette tentative coupable.
- Nous n’hésitons donc pas à préférer cette dernière solution ; quant à l’appareil Hodgson, comme il est disposé pour permettre l’exploitation par le système de la voie toujours fermée, l’inconvénient n’est plus le même dans les stations ; chacune d’elles comporte en effet, d’après les habitudes anglaises, deux disques d’arrêt, l’un commandant l’entrée et l’autre le départ. C’est le disque d’entrée qui entre seul en jeu pour la dépendance des sections, de sorte que, si un train se gare, comme il n’atteint pas le disque de départ, on n’a pas à demander la voie au poste suivant, et qu’on peut débloquer en arrière, une fois le garage effectué. Il y a toutefois ce surcroît de sécurité que les signaux d’arrêt du
- block System sont aussi ceux qui servent à couvrir la manœuvre du garage et sont, par suite, enclenchés avec les aiguilles qu’on emprunte pour effectuer cette manœuvre. Des appareils désengageurs, manœuvrés à distance par d’autres agents, permettent au besoin d’immobiliser le disque d’entrée de la gare, et de le soustraire à 'l’action du signaleur, de sorte qu’on a tous les avantages de la solution indiquée pour l’appareil Lartigue, avec l’addition des enclenchements entre les signaux et les aiguilles. Seulement, il nous paraît douteux que cette solution soit d’une exploitation bien économique.
- 3° Déclenchements successifs à l'arrière. — De tous les systèmes que nous, avons décrits, il n’en est que trois où l’on se soit préoccupé d’obtenir une disposition qui empêche le garde de débloquer plusieurs fois de suite la section précédente, sans avoir mis le même nombre de fois à voie libre et à. l’arrêt le signal commandant l’entrée dans la section suivante. Ce sont les appareils de P.-L.-M., dans lesquels cette impossibilité de donner plusieurs déclenchements successifs est subordonnée à la manœuvre du disque à distance qui est abso-
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- lument libre ; de sorte, qu’en fait, c’est comme si elle n’existait pas.
- Dans l’appareil Lartigue modifié, l’effet est obtenu parla conséquence même du mouvement de rotation qui sert de base à ce système ; il faut un tour complet pour chaque train et à la fin de la rotation, les
- ON UNÇ
- FIG. I44. — APPAREIL HODGSON *, TROISIEME DISPOSITION
- organes se remettent en place et se réenclenchent pour fonctionner de nouveau de la même manière. Il en résulte que, bien que le sémaphore soit à l’arrêt pour couvrir un premier train, cela ne permet pas de supprimer l’annonce d’un second train, avant que le sémaphore ait été remis à voie libre et ensuite à l’arrêt.
- M. Hodgson a réalisé ce même desideratum avec le commutateur à coulisse, mais en faisant intervenir des ressorts.
- 40 Enclenchement du signal d'arrêt avec le signal
- avancé. — Dans la plupart des systèmes récemment agencés, cet enclenchement est réalisé mécaniquement entre les leviers des deux catégories de signaux. Il n’y a donc que l’électro-sémaphore Lartigue dans lequel cet enclenchement ait été obtenu
- FtO. 145. — COUPE TRANSVERSALE
- électriquement, c’est-à-dire par une addition peu coûteuse aux appareils existants. Mais la question d’économie n’est pas la seule qui soit enjeu, et ce n’est pas le principal motif qui nous fasse préférer l’appareil électrique aux enclenchements ordinaires, pour la réalisation de ce but.
- En effet, dans la plupart des stations, le disque à distance qüi couvre le sémaphore est aussi celui dont on se sert pour protéger les manœuvres de la station; il en est ainsi parce que l’on évite, avec raison, de multiplier les signaux et de produire la
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- confusion dans l’esprit des mécaniciens. Dans ces conditions, il faut que, si le disque avancé est mis à l’arrêt pour couvrir une manœuvre de gare, en l’absence de toute annonce de train, et s’il est remis ensuite à voie libre, les organes d’enclenchement reprennent d’eux-mêmes leur position initiale pour fonctionner avec le block System, et que la manette de l’électro-sémaphore ne se trouve pas indéfiniment dégagée. Or, c’est précisément ce qui arrive-
- FIG. 146. — VARIANTE
- rait, si l’on appliquait des enclenchements à mouvement alternatif aux manivelles à mouvement de rotation continue qui servent à manœuvrer l’électro-sémaphore Lartigue. L’électricité seule pouvait donner la solution de cette difficulté, et l’on a vu plus haut par quel artifice.
- 5° Conditions de bon fonctionnement. — Les chances de dérangement d’un appareil sont en raison directe de sa délicatesse, du nombre de fils qu’il exige et des influences que l’électricité atmosphérique peut avoir sur lui. A ce point de vue l’appareil Siemens serait parfait, si la construction de l’échappement à ancre et à dents de peigne ne laissait un peu à désirer sous le rapport de la solidité. Les courants alternatifs d’induction qui provoquent le déblocage de cet échappement, bannissent
- toute crainte d’un déclenchement intempestif sous l’effet d’un orage. Il n’y a qu’un seul fil pour une ligne à double voie, sauf aux abords des gares munies de postes de couverture à leurs deux extrémités. Enfin l’appareil n’exige pas l’emploi et l’entretien des piles.
- L’électro-sémaphore Lartigue est, au contraire, l’appareil robuste par excellence ; il peut être placé sans inconvénient sur le quai, en plein air, à portée
- FIG. I47. — COUPE TRANSVERSALE
- de la vue de tous les agents de la gare, qui sont ainsi renseignés sur la circulation des trains, ce qui n’est pas un mince avantage. Il exige, il est vrai, l’emploi de deux fils sur une ligne à double voie et la désaimantation de l’aimant Hughes peut être produite par un courant atmosphérique qui réalise ainsi un déblocage intempestif, à l’insu des agents, à moins que l’on n’adopte le perfectionnement Guillot, en usage sur le réseau d’Orléans.
- Quant aux appareils P.-L.-M., Régnault et Hodgson, ils sont plus délicats et comportent obligatoirement la construction d’une cabine qui les mette à l’abri des intempéries. Ils fonctionnent avec des courants continus et des piles, et n’ont même pas l’avantage du système Lartigue, dans lequel il faut, pour qu’il y ait dérangement, que la décharge at-
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- mosphérique ait été d’un sens déterminé. Il est vrai que, dans ces trois systèmes, le déblocage intempestif d’une section ne provoque pas directement l’effacement du signal d’arrêt, mais donne seulement au garde la faculté d’effacer ce signal tandis que si la foudre agissait sur l’électro-sémaphore Lartigue, de manière à désaimanter l’aimant qui cale la grande aile à l’arrêt, celle-ci tomberait malgré le garde. Mais nous avons vu que ce cas ne s’était jamais produit pendant une longue période de temps.
- 6° Annonce des trains. — L’annonce des trains d’un poste au poste suivant n’est pas une des conditions essentielles du block System, et cependant c’est un complément très utile, qui n’a été négligé par aucun des inventeurs. Seulement, dans la plupart des appareils allemands et anglais, cette annonce est la partie sacrifiée et se fait seulement acoustiquement à coups de timbre ou par une sonnerie : il ne reste alors aucune trace matérielle de Favis reçu et c’est à sa mémoire que l’agent doit se fier : c’est précisément ce qu’il faut éviter sur les lignes chargées de trafic. Un signal optique, bien visible et tangible, restant apparent jusqu’à ce que celui à qui il s’adresse l’ait fait lui-même disparaître, est un moyen d’annonce bien supérieur aux sonneries, dont il n’exclut pas, d’ailleurs, l’emploi.
- A ce titre, les appareils français présentent un réel avantage : les aiguilles par lesquelles les indicateurs P.-L.-M. et Régnault signalent l’arrivée prochaine d’un train annoncé sont fort utiles au garde ; mais nous leur préférons encore le bras jaune de l’électro-sémaphore Lartigue, qui se développe horizontalement et est visible de loin, même la nuit, souvent d’un poste à l’autre, quand la ligne est droite et qu’il fait clair. Il n’y a pas, jusqu’au voyageur impatient, attendant le train sur le quai de la gare et familiarisé avec la signification de ce bras, qui ne sache gré à l’appareil de lui fournir ainsi la promesse que cette attente va bientôt prendre fin.
- On résumerait d’une façon très exacte la discussion comparative que nous avons tâché d’esquisser avec toute l’impartialité dont nous sommes capable, en disant que si les autres systèmes sont, à certains égards, plus parfaits théoriquement et plus conformes au programme d’un électricien, le système Lartigue, avec ses imperfections, est encore l’appareil le plus pratique pour les lignes exploitées d’après le principe de la voie normalement ouverte. Pour établir cette préférence, ce serait plutôt l’avis des simples agents que celui des ingénieurs, qu’il faudrait prendre.
- M. Cossmann.
- SUR QUELQUES NOUVEAUX
- GALVANOMÈTRES A MIROIR
- ET LEURS ACCESSOIRES
- MM. Hartmann et Braun, deBackenheim, viennent de construire un galvanomètre qui est une combinaison du galvanomètre à réflexion et du galvanomètre à aiguille.
- La figure i donne une perspective de l’appareil en question.
- Un petit aimant Siemens, dit aimant à cloche, est suspendu à l’intérieur d’un cylindre en cuivre,
- FIG. I
- de sorte que ses mouvements sont presque périodiques. L’aimant porte une tige de laiton sur laquelle est fixé le miroir dont on aperçoit la fenêtre en M.
- Au-dessus de cette fenêtre se trouve une sorte de boîte circulaire à couvercle de verre qui contient un limbe gradué ainsi qu’un index très fin en aluminium attaché au porte-aimant. Le fil de suspension se trouve à l’intérieur du tube de laiton que l’on aperçoit au-dessus du disque de verre.
- L’appareil est muni de deux bobines B et B', dont l’une, la bobine B, est fixe, tandis que l’autre est mobile je long d’un système de glissières qui amènent également le courant.
- Les extrémités de l’enroulement des bobines sont fixées aux bornes a, b, c, d, en sorte que l’on peut faire les combinaisons suivantes :
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- i° Bobine B, seule ;
- 20 Bobine B', seule;
- 3° Bobines B et B', en série ;
- 40 Bobines B et B', en dérivation.
- La bobine B' peut être maintenue fixée au moyen des deux vis V et V'.
- La même maison construit un autre galvanomètre représenté sur la figure 2.
- On sait que si l’on place un aimant en fer doux dans un champ magnétique, de façon que l’axe de
- FIG. 2
- l’anneau soit normal aux lignes de force, cet anneau ne laisse passer dans son intérieur que très peu de lignes de force, tandis que la plus grande partie de ces lignes est déviée et reste dans la masse de l’anneau.
- La figure 3 représente schématiquement la déformation que subit dans ces conditions le champ magnétique. On voit, en se reportant à cette figure, que l’intensité du champ magnétique à l’intérieur de l’anneau est excessivement faible relativement à ce qu’elle est à l’extérieur de ce même anneau.
- C’est cette propriété des anneaux de fer doux qui a servi de point de départ à MM. Hartmann et Braun dans la construction de leur galvano-
- mètre. La figure 2 indique assez bien les détails de construction de ce dernier appareil.
- Un aimant Siemens D est suspendu à un fil de
- rie. 3
- cocon, de la façon ordinaire. — On aperçoit au-dessus de D,la fenêtre, placée devantlemiroir, ainsi
- FIG. 4
- que la lanterne de celui-ci, supportée par deux petites tiges verticales. Le long de ces tiges glissent deux douilles, solidaires d’un anneau en fer doux. On peut, en déplaçant l’anneau métallique, modi-
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- 36o
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- fiér le champ magnétique dans lequel se trouve l’aimant et donner à l’appareil une sensibilité plus ou moins grande.
- L’amortisseur est en cuivre et est constitué par deux tiges cylindriques. L’appareil se compose de deux bobines qui peuvent être groupées de différentes façons, et qui sont mobiles le long d’une crémaillère fixée sur le tube T.
- M. Hartmann emploie avec ces galvanomètres à miroir des lunettes à échelle d’une ^construction fort bien étudiée. La lunette est montée sur un tré-
- K tü< ^
- pied muni de vis calantes. Un petit pignon à crémaillère permet de faire varier la hauteur de l’appareil.
- Les déplacements autour de l’axe horizontal et de l’axe vertical de la lunette s’obtiennen t au moyen des vis V et s.
- On met l’appareil approximativement au point en manoeuvrant la lunette après avoir desserré les vis B et v. L’échelle E est fixée à un support et son poids est équilibré par le contrepoids P.
- L’appareil est très léger et très commode. Son emploi ne se borne pas aux déplacements angulaires d’un miroir autour d’un axe vertical. Pour le rendre propre à l’observation des déplacements angulaires autour d’un axe horizontal, il suffit d’ôter l’échelle et son porteur, et de fixer celui-ci sur le
- cylindre horizontal qui se trouve un peu au-dessus des paliers de la lunette.
- La figure 5 représente une autre lunette construite par M. le docteur Edelmann de Munich, et destinée à l’usage des laboratoires de physique. L’appareil est monté sur un grand trépied en bois, ce qui lui donne une grande mobilité. Un parallélogramme h,i,k,l, sert pour les petits déplacements latéraux, la vis d, pour les petits déplacements angulaires dans un plan horizontal, et la vis e, pour les mouvements angulaires dans un plan vertical.
- F. Uppenborn.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- Sur un enregistreur de l’intensité calorifique de la radiation solaire, par M. A. Crova (*).
- Dans le cours de mes recherches sur les variations diurnes et annuelles de la radiation solaire, j’ai souvent remarqué des écarts et des causes d’incertitude, dont je n’ai pu obtenir l’explication que par l’enregistrement continu de son intensité.
- Le problème peut être posé de la manière suivante :
- Enregistrer les indications d’un actinomètre donnant l’intensité calorifique de la radiation solaire, cet appareil recevant les radiations solaires directement, c’est-à-dire sans interposition d’une lame transparente quelconque, et étant soustrait à l’action pertubatrice du vent.
- L’actinomètre enregistreur est formé de deux disques parallèles, composés chacun de deux lames de fer et encore soudées sous pression, d’un cinquième de millimètre d'épaisseur totale et de om,oi5 de diamètre, constituant un élément thermo-électrique enfermé dans un tube mince de laiton; l’une des soudures est dans l’obscurité; l’autre reçoit un faisceau solaire tombant normalement à sa surface noircie dans l’axe du tube, qui est muni de cinq diaphragmes en aluminium, d’ouvertures progressivement décroissantes, jusqu’à la dernière qui a 4 millimètres de diamètre, et convenablement espacés. Ce tube est monté sur un mouvement équatorial, qui maintient son axe dans la direction des rayons solaires. Quoique librement exposé au soleil, le disque actinométrique ne reçoit pas l’action des courants d’air; il se produit ici un phénomène analogue à celui de la machine à pis-
- (‘) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du io août i885.
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- ton libre de M. Deleuil, et dont l’explication est la même.
- Ce disque ne reçoit le soleil que sur une faible partie de sa surface ; mais, par suite du phénomène de Peltier, l’effet est le même que si la quantité d’énergie contenue dans la section droite du faisceau solaire était uniformément répandue à sa surface. J’ai vérifié ce fait, en concentrant, au moyen d’une lentille convergente, un faisceau solaire sur cet actinomètre; l’intensité du courant obtenu est la même, soit que l’on fasse tomber le foyer principal sur la lame, soit qu’en la rapprochant on reçoive la section droite du faisceau convergent, jusqu’à couvrir la totalité de sa surface.
- Les deux extrémités de l’élément et les points de jonction des fils sont soudés galvanoplastique-ment, par un dépôt de cuivre, à un circuit qui se relie à un galvanomètre placé dans une chambre
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- Cette figure est la reproduction exacte de la courbe du 17 juillet.
- obscure; l’actinomètre monté sur son mouvement est placé sur le toit.
- Les indications du galvanomètre à miroir sont enregistrées photographiquement, par un dispositif qui, à quelques modifications près, est identique à celui qu’emploie M. Mascart pour l’enre-gistremént du magnétisme terrestre et de l’électricité atmosphérique.
- Afin d’éviter l’enregistrement simultané des variations de la déclinaison et d’autres causes perturbatrices, le galvanomètre est entièrement enfermé dans une large enveloppe en fer, munie d’un orifice latéral pour le passage des rayons lumineux; la force directrice est donnée par un système de barreaux aimantés, placés dans l’enveloppe; on peut obtenir ainsi telle sensibilité que l’on veut.
- La courbe actinométrique est tracée sur du papier au gélatino-bromure d’argent ; afin d’obtenir la concordance rigoureuse des mouvements du cadre photographique et de l’actinomètre, l’horloge du cadre, réglée sur le temps solaire vrai, porte un interrupteur qui actionne électriquement le mouvement équatorial ; les deux mouvements sont ainsi solidaires l’un de l’autre.
- Les courbes diurne^ sont étalonnées au moyen d’observations faites avec mon actinomètre ; immédiatement après l’observation, on ramène un instant au zéro l’aiguille du galvanomètre au moyen d’une dérivation, et l’on trace ainsi sur la feuille une ordonnée qui donne le moment de l’observation.
- L’appareil a été installé à l’École nationale d’Agriculture de Montpellier ; je dois ici remercier M. Foex, directeur de l’école, qui a bien voulu mettre à ma’ disposition tous les moyens nécessaires pour mener à bonne fin ces études qui intéressent l’agriculture, et M. Houdaille, répétiteur de physique, qui a bien voulu accepter la direction et le contrôle de l’appareil.
- Voici les premiers résultats, concernant les journées d’été: au lever du soleil, la radiation augmente avec rapidité jusqu’à gh ou io", époque à laquelle elle atteint souvent un maximum ; puis, elle oscille rapidement de part et d’autre, d’une valeur moyenne qui diminue en atteignant un minimum au moment où la température est le plus élevée ; elle augmente ensuite vers 411, sans atteindre toutefois le maximum de 9", et décroît ensuite régulièrement jusqu’au coucher du soleil.
- Je n’ai pu encore obtenir une journée symétrique par rapport à midi ; dans mes recherches précédentes, je n’en avais rencontré que par de belles journées d’hiver.
- Les plus légers nuages, les moindres accidents atmosphériques sont traduits par des oscillations de la courbe, qui donne ainsi la physionomie de la journée.
- Les oscillations continuelles de la courbe contrastent d’une manière remarquable avec la constance apparente de la lumière solaire, surtout par un beau ciel et un temps calme ; elles sont dues soit à des courants atmosphériques supérieurs, soit aux courauts ascendants d’air humide qui s’élèvent du sol, dès qu’il est échauffé par les rayons solaires.
- Pendant que l’actinomètre traçait sa courbe à l’École d’Agriculture, il m’est arrivé plusieurs fois d’observer avec un appareil identique, mais à lecture directe, placé dans mon cabinet de la Faculté des sciences, à une distance de près de 3 kilomètres, et d’obtenir.ainsi des courbes identiques, avec les mêmes oscillations, dont l’amplitude, sans cause
- apparente, dépasse souvent ^ de la valeur moyenne, dans les conditions atmosphériques les plus favorables. L’étude des variations diurnes et annuelles donne une indication de l’état atmosphérique bien autrement délicate que celles que l’on obtient par les autres observations. Il serait du plus haut intérêt de comparer les courbes obtenues au même moment, à la surface du sol, c’est-à-dire au fond de la vase atmosphérique, avec celles que
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- l’on obtiendrait à une grande altitude, dans une atmosphère relativement peu absorbante, toutes ces courbes étant tarées au moyen d’un actinomètre absolu. On en déduirait avec précision la valeur de la constante solaire.
- J’ai l’honneur de présenter à l’Académie deux courbes actinométriques, obtenues pendant le mois de juillet. »
- Sur un étalon de volt, par M. A Gaiffe (J ).
- Lorsque j’étudiai, en 1872, les propriétés des solutions de chlorure de zinc ; comme liquides excitateurs de la pile au chlorure d’argent, j’avais remarqué que leur densité influait sur la force électromotrice des couples et que, chose inattendue, les liqueurs les plus concentrées donnaient les couples les plus faibles.
- je m’étais arrêté à la liqueur contenant 5 pour cent de chlorure de zinc, elle est suffisamment conductrice et donne E ~ 1 volt,o2 (B.A.) ou 1 volt,oi (C.G.S.).
- Des expériences un peu hâtivement faites à cette époque, en vue de créer un volt étalon, n’ayant pas donné des résultats très constants, avaient été abandonnées momentanément.
- J’ai reconnu depuis que les perturbations étaient causées par l’emploi de produits impurs, et aussi par des variations de température dont je ne tenais pas compte et dont l’influence, très légère vers 180, va s’accentuant de plus en plus à mesure qu’on approche du zéro de l’échelle centigrade. A cette dernière température, E ne vaut plus que o Tolt,g8 environ.
- En opérant avec du zinc bien amalgamé, du chlorure d’argent fondu pur, des solutions limpides de chlorure de zinc pur, aussi neutres que possible et à la température de 180, la même solution donne toujours la même force électromotrice.
- C’est la liqueur pesant 107 au densimètre qui semble donner le volt légal.
- Avec le couple au chlorure d’argent, on doit, lorsqu'on veut faire des déterminations exactes, expérimenter sur des résistances considérables, 5ooo ohms au moins : i° à cause de la polarisation; 2° à cause de réchauffement des lames constituant le couple qui résulte du courant même. »
- Produits d’oxydation du charbon par l’électro-lvse d’une solution ammoniacale, par M. A. Mil-lot P).
- J’ai indiqué dans une note précédente qu’en se servant de charbon comme électrode positive,
- (!) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du 10 août i885.
- et d’une lame de platine comme électrode négative, dans une solution ammoniacale, on obtenait au bout d’un certain temps une liqueur fortement colorée en noir.
- Le liquide noir, additionné d’un acide minéral, se décolore et laisse précipiter une matière noire renfermant du charbon, de l’oxygène, de l’hydrogène et de l’azole, dont j’ai indiqué la composition centésimale. Cette matière a la plus grande ressemblance avec les matières ulmiques.
- Si l’on évapore la solution noire au bain-marie, elle devient acide et la matière noire se précipite. On évapore à siccité et l’on reprend par l’alcool chaud : la matière noire est insoluble et l’on obtient une solution alcoolique jaune. Cette liqueur, évaporée à consistance sirupeuse, laisse déposer une substance azotée faiblement colorée en jaune, que l’on peut séparer par le filtre ; cette matière est soluble dans l’eau bouillante, à laquelle elle donne une réaction acide, et se précipite par le refroidissement.
- On recommence plusieurs fois cette opération, jusqu’à ce que l’on n’obtienne plus de dépôt.
- Enfin, en évaporant la liqueur filtrée, on obtient un produit cristallisé, que l’on sépare d’eaux mères incristallisables. Cette substance cristalline, purifiée par plusieurs cristallisations dans l’eau et l’alcool, a été analysée. Sa formule est exactement celle de l’urée : le nitrate et l’oxa-late ont montré que c’était de l’urée pure.
- Le liquide incristallisable est acide et sera étudié ultérieurement; mais il ne présente pas les propriétés de l’acide mellique et de ses dérivés, comme l’ont annoncé MM. Bartoli et Papasogli.
- La matière noire, oxydée par l’hypochiorite de soude, se transforme en la substance azoteé soluble dans l’eau bouillante obtenue ci-dessus, sans donner naissance à de l’acide mellique.
- Le charbon employé était du charbon de cornue de sciage, purifié au chlore. La pile se composait de 8 éléments Bunsen de très grand modèle.
- En huit jours, l’électrolyse de oIU,5 d’ammoniaque étendue de son volume d’eau donne 6sr à 8sr de matière noire et igr d’urée pure.
- On réalise donc dans cette expérience la synthèse de l’urée à froid, par combinaison des éléments de l’acide carbonique et de l’ammoniaque, sous l’influence de la force électrique.
- Force électromotrice de combustion. — Étude des
- moyens employés pour prendre le potentiel de
- l’air, par M. H. Fellat(i).
- Pour déterminer le potentiel d’une masse d’air, on se sert souvent d’un corps en ignition relié àl’élec-
- (*) H. Pellat, Journal de physique, 2» série, t. IV, juin
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- tromètre. On admet que cet instrument se met, au bout de quelques instants, au même potentiel que la couche d’air dans laquelle se produit la combustion.
- Nous avons voulu voir s’il en était ainsi, et nous avons étudié d’abord, à ce point de vue, les mèches en papier à filtre (papier Berzelius) imprégnées d’azote et de plomb, qui sont très employées pour les électromètres portatifs. Ces mèches étaient enfilées sur une tige de laiton pointue, isolée et reliée à l’aiguille d'un électromètre dont les quadrants étaient portés à des potentiels égaux et de signes contraires. La combustion se faisait à l’intérieur d’une pièce dont l’air n’était pas électrisé.
- Nous avons reconnu ainsi que l’aiguille, loin de se mettre au potentiel de l’air, sensiblement le même que celui des murs de la salle, prend un excès de potentiel de plusieurs volts ; il y a une force électromotrice due à la combustion.
- Cette force électromotrice est, du reste, variable, d’une façon très irrégulière, au cours d’une même combustion. En particulier, quand la partie incandescente descend au-dessous de la pointe de la tige de laiton et forme une couronne autour d’elle, le potentiel de l’aiguille peut être supérieur de plus de ioo volts à celui de l’air ambiant.
- On voit à quelles graves erreurs on s’expose en employant ces mèches; leur usage doit être abandonné dans toutes les recherches précises sur l’électricite atmosphérique.
- Ces expériences nous ont amené à essayer, comme prise de potentiel, une flamme de gaz brûlant à l’extrémité d’un bec métallique isolé et relié à l’aiguille de l’électromètre.. Contrairement à ce qui a lieu dans la combustion des mèches de papier, l’aiguille de l’électromètre prend rapidement une position fixe.
- Pour voir si l’aiguille obéit bien à une brusque variation du potentiel de l’air entourant la flamme, nous avons disposé, à quelque distance de celle-ci, une feuille de carton de i mètre carré environ, recouverte de papier d’étain et suspendue verticalement par des cordons de soie; à l’aide d’un commutateur, on pouvait mettre cette feuille métallique, soit en communication avec les conduites de gaz de la pièce, soit en communication avec le pôle positif d’une pile de ioo éléments Volta, dont le pôle négatif communiquait avec les conduites de gaz. En faisant varier ainsi le potentiel de la feuille métallique, on faisait varier le potentiel de l’air entourant la flamme. Or, à chaque changement du commutateur, l’aiguille passait dans un temps très court de son ancienne position d’équilibre à sa nouvelle position et restait fixe ; ces prises de potentiel à flamme obéissent rapidement aux variations de potentiel de l’air.
- Nous avons étudié alors les forces électromotrices auxquelles nous pensions que la combustion
- du gaz pouvait donner .naissance. Pour faire cette étude dans des conditions bien définies, le bec a été placé à l’intérieur d’un grand cylindre creux en métal, fermé en haut par une plaque de même métal, ne laissant que les ouvertures nécessaires pour le tirage. Nous appellerons cette enveloppe cylindrique, l'inducteur. Voici les résultats :
- L’appareil que nous venons de décrire se comporte exactement comme un élément de pile. Si l’on soude à l’inducteur et au bec métallique deux fils d’un même métal, qui seront les deux pôles de l’élément, on constate entre eux une différence de potentiel constante, dans l’état d’équilibre électrique, et qui se rétablit rapidement dès qu’on vient à l’altérer: c’est la force électromotrice de l’élément.
- Ces éléments peuvent se mettre en opposition ou en tension avec une pile quelconque, tout comme un élément hydro-électrique. Leur force électromotrice se mesure aisément par l’électro-mètre; elle dépend : i° de la nature du gaz qui brûle; a° de la nature du métal qui constitue le bec; 3° de la nature de la surface interne de l’inducteur. Elle est indépendante de la dimension de l’inducteur et de la hauteur de la flamme, pourvu que celle-ci ne dépasse pas o0,,oi; quand la flamme est grande, le phénomène devient irrégulier, par suite probablement de la mauvaise conductibilité de la flamme. Voici les nombres trouvés pour quelques éléments (1).
- Gaz hydrogène, bec en laiton, inducteur en cuivre. volt. o,3o
- — zinc. * 0,88
- — — zinc, — cuivre. 0,09
- — — platine, — — 0,45
- — — — — platine. 0,10
- Gaz d7éclairagc, — — o»94
- — — — — cuivre. 1,72
- — — zinc, — zinc . . ï,i5
- Le pôle positif est au bec, le pôle négatif à l’in-
- (') Il est bien évident que la moindre altération de la surface Interne de l’inducteur ou de la surface du bec doit modifier la force électromotrice, comme les altérations de la surface des électrodes modifient la force électromotrice d’un élément hydro-électrique. La difficulté d’avoir des surfaces métalliques bien nettes, malgré le soin apporté au nettoyage de ces surfaces, ne nous permet de présenter ces nombres que comme une première approximation. Nous avons tenu plus à montrer la régularité des phénomènes qu’à chercher la valeur exacte delà force électromotrice dans le cas de métaux d’une netteté irréprochable.
- Ce qui rend difficile la recherche de la valeur de la force électromotrice avec des métaux parfaitement nets, c’est que ceux-ci s’altèrent peu à peu pendant la combustion, ce qui est indiqué par une variation régulière des nombres. Cette variation de la force électromotrice était peu accusée avec le gaz d’éclairage, et presque nulle, même pour des becs et des inducteurs en platine. Elle était beaucoup plus notable dans le cas de gaz hydrogène. Ce gaz était préparé par le zinc et l’acide chlorhydrique, et malgré la précaution de le faire passer sur de la potasse, sur de la poudre imbibée d’azotate de plomb, sur de la potasse imbibée d’azotate d’argent, et de nouveau sur de la potasse, il gardait encore une légère odeur due à l’hydrogène arsénié.
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- ducteur; dans tous les cas, le gaz d’éclairage a donné des forces èlectromotrices beaucoup plus grandes que l’hydrogène.
- Nous ne croyons pas que ces forces électrômo-trices de combustion aient déjà été étudiées ni même signalées nettement.
- La résistance de pareils éléments est énorme ; bien évidemment elle a été mesurée par la durée de la charge d’une bouteille de Leyde, de capacité connue. L’armature intérieure était réunie au bec et à l’aiguille de l’électromètre, l’armature extérieure à l’inducteur; on réunissait d’abord les deux armatures, puis on les isolait et l’on notait, toutes les trente secondes, la position de l’aiguille.
- Désignons, au temps t, après l’isolement des deux armatures, par V leur différence de potentiel; désignons par E la force électromotrice de l’élément, par R sa résistance et par r celle du verre de la bouteille, qui était du même ordre de grandeur; soit enfin C la capacité de la bouteille de Leyde, cette capacité étant très grande vis-à-vis de celle de l’aiguille.
- Pendant le temps dt, la charge de chaque armature est augmentée d’une quantité dq donnée par
- (0
- On a, d’ailleurs (2) d’où
- (3)
- . e—v .. v
- dq = —— dt --7 dt.
- dq = CdV,
- + v-!-~
- La fonction qui satisfait à cette équation différentielle est de la forme
- (4) V—A -J- Be— mt.
- On a d’ailleurs B = — A, puisque, pour t — o, on a Y = o, ce qui donne
- (5) V=A(i — e-mty
- Par substitution, on trouve, pour l’expression des constantes A et m'
- (6)
- A=-
- 1 + '
- If
- On tire de là
- 1 E jn A. C '
- Trois observations équidistantes, donnant les valeurs de Y aux temps /, t -f- 6 et t -f- 20, permettent de déterminer m et ensuite de trouver A. Ces valeurs étant portées dans la formule (5) ont montré que cette formule représentait d’une manière très exacte la loi du phénomène ; les nombres calculés coïncident, aux erreurs d’observations près, avec les nombres observés, même en dehors des nombres choisis pour faire le calcul des constantes.
- La connaissance dp A et de m, jointe à celle de E et de C, fait connaître la valeur de R.
- On a trouvé ainsi, pour la résistance de l’élément, pour une flamme de gaz d’éclairage de om,oi de haut, dans le cas : i° d’un inducteur en zinc, deom,i3 diamètre et deom,3o de haut, environ 115.000 megohms; 1° d’un inducteur aussi en zinc, mais de diamètre et de hauteur moitié moindre, 69.000 megohms (la résistance diminue avec les dimensions de l’inducteur).
- L’explication des phénomènes qui se produisent dans ces piles d’un nouveau genre nous paraît assez simple. Tant que les particules gazeuses qui s’échappent de la région conductrice de la flamme ne sont pas au même potentiel que l’air qui les environne, elles se chargent et emportent de l’électricité ; le potentiel de la flamme varie par là jusqu’à ce que les gaz, en quittant la flamme, aient le même potentiel que l’air ambiant, et, par conséquent, que la couche d’air qui recouvre la partie interne de l’inducteur.
- Si cette explication est exacte, on doit trouver, pour la différence des forces électromotrices correspondant à diux inducteurs de natures différentes et dans lesquels brûle le même gaz à l’extrémité du même bec, une valeur égale à celle de la différence de potentiel des couches électriques qui recouvriraient les surfaces internes de ces deux inducteurs si on les mettait en communication métallique. C’est bien, en effet, ce qui a lieu en gros. Si ces nombres trouvés pour la différence des forces électromotrices ne sont pas identiques à ceux que nous avons obtenus par une autre méthode bien plus précise pour la différence de potentiels apparents de deux métaux au contact (4), cela nous paraît tenir simplement au défaut de netteté de la surface des inducteurs en cuivre ou en zinc qui s’altéreraient assez rapidement par le fait même de la combustion (voir la note de la page 363).
- Tant que la flamme n’est pas au même potentiel que la couche d’air qui couvre l’inducteur; cette couche et la flamme sont chargées d’électricité contraire ;les particules gazeuses, en quittant la flamme et emportant son électricité, sont attirées par l’inducteur et le déchargent. Cet écoulement d’électricité, dû à son transport par les particules gazeuses, doit être d’autant plus considérable, que la charge des particules est plus grande et que la force électrique qui les attire est plus considérable : or, pour une même différence de potentiel entre la flamme et l’inductèur, cette charge et cette force augmentent quand la distance entre la flamme et l’inducteur diminue Ainsi s’explique la moindre résistance des éléments à petites dimensions.
- (4) Annales de chimie et de physique, 3e série, t. XXIV, 1881.
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- II. La disposition qui nous a servi à étudier la rapidité avec laquelle une flamme obéit aux variations de potentiel de l’air ambiant nous a servi aussi à faire la même étude pour les appareils à écoulement d’eau. On sait que ces appareils, imaginés par sir W. Thomson, sont constamment employés dans les observatoires météorologiques.
- Nous avons reconnu ainsi que ces appareils mettent un temps assez long à charger l’aiguille de l’électromètre au potentiel de l’air. Ainsi avec un débit de 8 litres d’eau en douze heures, il fallait six mi-
- 8
- nutes pour que l’électromètre accusât les ^ de la variation de potentiel produite ; avec un débit de 12 litres en douze heures, il fallait cinq minutes pour que l’aiguille accusât la presque totalité de la variété de potentiel.
- Du reste, la grosseur des gouttes a évidemment une influence marquée sur la rapidité de l’égalisation de potentiel. Pour une même dépense d’eau, il y a avantage à employer des gouttes fines, car la masse de la goutte varie comme le cube de son rayon et sa capacité électrique comme la première puissance du rayon.
- Cette lenteur des appareils à écoulement est un défaut ; de brusques variations dans le potentiel de l’air, suivies d’un brusque retour au premier état doivent passer inaperçues ; les maxima et les mi-nima doivent être diminués.
- En résumé, une flamme courte brûlant à l’extrémité d’un bec métallique serait une prise de potentiel bien préférable à un écoulement d’eau. Malheureusement, l’emploi d’une flamme est restreint à la détermination du potentiel d’une masse d’air connue; car, en plein air, le vent éteindrait la flamme. Dans ce cas, il faut bien se servir des appareils à écoulement. Or je crois qu’on remédierait beaucoup à la lenteur des indications en multipliant les orifices d’écoulement (en les disposant, par exemple, sur le pourtour d’une couronne), et en réduisant convenablement les orifices pour ne pas augmenter la dépense d’eau.
- Il nous paraît nécesssaire aussi que les orifices d’écoulement soient notablement au-dessous du fond du réservoir d’eau, pour que la diminution de la hauteur du liquide dans le flacon ne fasse pas trop varier le débit : un vase de Mariotte serait très convenable.
- Enfin il ne faut pas oublier que les flammes ou les appareils à écoulement ne donnent le potentiel de l’air qu’à une constante près de l’ordre de grandeur du volt. Cette constante s’élimine si l’on mesure la différence de potentiel de deux couches d’air avec des appareils semblables, mais elle ne s’élimine pas dans d’autres cas.
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER
- Allemagne
- Un nouveau voltmètre. — M. Walter décrit, dans 1 q Journal de Chimie pratique, un voltmètre construit d’après un principe très usité dans la chimie pour la mesure de gaz différents au même niveau, et plus spécialement d’après le « nitro-mètre » de M. Lunge.
- Dans la figure ci-jointe (fig. i) le tube A est large de 16 millimètres, long de 5o centimètres, et porte à son extrémité supérieure un entonnoir, séparé du tube par un robinet en verre. A la partie inférieure de A se trouve un petit ajutage latéral m, communiquant avec le tube B par un tuyau en caoutchouc. Au fond de A deux électrodes a, b, en cuivre platiné, sont soudées dans la paroi de verre. Le tube B sert à recevoir l’eau déplacée, et à régler les niveaux pour la lecture. A cet effet, le tube B porte une pince mobile le long de la tige F.
- Le tube A est divisé en [centimètres cubes, et est muni d’une échelle gravée sur le verre. Pour se servir de l’appareil, on remplit d’eau les tuyaux un peu plus qu’à mi-hauteur, en ajoutant à l’eau i/io environ de son poids d’acide sulfurique. On élève ensuite le tube B, de sorte que A est presque rempli; on ferme le robinet de verre, puis on lit et l’on note la hauteur du liquide dans A le niveau étant le même de part et d’autre.
- Quand le courant électrique a passé à travers l’appareil pendant quelque temps, on ramène encore une fois au même niveau le liquide dans les deux tubes en élevant ou en abaissant le tube B, et on lit la hauteur à l’échelle du tube A. On peut aussi faire passer le courant assez longtemps à travers le liquide sans fermer le robinet, et ne procéder à la mesure qu’après plusieurs heures, et sans interrompre le courant.
- Comme le liquide diminue par suite de l’électro-lyse, et encore plus par évaporation, on ne peut pas commencer l’observation avec un niveau fixe, mais on marque un repère quelconque sur le tuyau B.
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- On commence alors par régler le liquide, en faisant monter ou descendre B jusqu’à ce qu’il se trouve à niveau du repère sans s’occuper de A, dont la surface ne peut pas être distinctement vue à cause du dégagement gazeux. Puis on ferme le robinet, on rompt le circuit après un certain temps, on fait la lecture comme de coutume, et on détermine à la fin de l’expérience la hauteur du repère r.
- Lorsqu’on opère avec des courants intenses on peut intercaler une résistance toujours constante, qui se trouve dans l’appareil lui-même (la colonne de liquide qui remplit le tube de caoutchouc). L’on place dans ce cas, l’une des électrodes dans la partie inférieure de B, et on laisse l’hydrogène ou l’oxygène se dégager dans ce tube.
- Si l’on met une échelle divisée sur chacun des deux tubes, il est bon de graduer l’un des tubes en centimètres cubes, et l’autre en i.5 centimètres cubes. On peut ainsi lire directement sur l’un la quantité d’hydrogène contenu dans la colonne de gaz détonant noté sur l’autre.
- H. Michaelis.
- féliciter de toute disposition qui évitera la nécessité d’électriser l’encre et supprimera le Mouse-Mill. On a également essayé de remplacer le Mouse-Mill en faisant passer une série d’étincelles empruntées à une petite bobine d’induction à travers l’encre et le siphon, mais cette idée n’a pas reçu d’application pratique.
- De plus on a cru pouvoir garantir la continuité des traits constituant les signaux, par la
- FIG. I
- Angleterre.
- Les signaux du siphon recorder de sir William Thomson. — L’usage du Siphon Recorder va probablement devenir beaucoup plus général par suite de la déchéance prochaine des brevets, et M. S. F. Pescad, de San Juan del Sur (Nicaragua) a imaginé un procédé pour augmenter la vitesse de la transmission et pour distinguer les signaux, qui mérite d’être signalé.
- M. Pescad a appliqué sa méthode à un appareil dans lequel des aimants permanents remplacent les électro-aimants primitivement employés avec tant de succès par sir William Thomson. M. Clément Chevallier a déjà essayé, à la station d’Aden del 'Eastern Telegraph C°, de remplacer les électroaimants nécessitant une pile coûteuse composée d’éléments Daniell, par des aimants permanents fortement aimantés ; mais la possibilité d’une modification de ce genre a certainement été entrevue aussi par sir William Thomson. En effet, l’auteur se souvient d’avoir essayé, il y a plusieurs années, un recorder à aimants permanents destiné par le professeur J enkin F. R. S a être employé sur des lignes terrestres, et qui ne possédait pas de Mouse-Mill pour électriser l’encre ni d’électro-aimants pour le siphon.
- L’abandon du Mouse-Mill aurait ainsi rendu inutiles les piles locales et épargné à l’électricien chargé de l’instrument de s’occuper de cette partie de^ l’appareil qui est très sensible aux changements atmosphériques. Au point de vue pratique, il faut se
- cohésion de l’encre au moment où la pointe du siphon passait sur la surface du papier. Sur des lignes dépassant 800 ou 1.000 milles, le frottement entre le papier et le siphon exerce cependant une influence fâcheuse sur la netteté des signaux, quand l’encre n’a pas été électrisée. M. Pescad a donc adopté pour réduire le frottement à un minimum, la méthode qui consiste à multiplier les vibrations du siphon au moyen d’un petit interrupteur comme on s’en sert pour les bobines d’induction. Pendant près d’une annnée, cette disposition lui a donné de bons résultats sur la section la plus longue de la Central and South American Telegraph C°, entre San Juan del Suret Santa Elena, dans l’Ecuador, c’est-à-dire, sur une distance de près de 1.600 milles, et il déclare que l’apparence des signaux n’indique en aucune façon la vibration imprimée volontairement à la bobine.
- La trace de l’encre est uniforme, même en employant un siphon plus fin que dans les appareils ordinaires.
- Dans la figure 1, S représente la bobine suspendue par le file entre les pôles d’aimants permanents et reliée par des cordons et un levier amplificateur au siphon i, de sorte que les oscillations de cette bobine sont communiquées au siphon i et transmises ainsi à la bande de papier télégraphique, p, qui se déroule sous sa pointe. M. Pescad relie le fil de suspension e de la bobine à un long fil f placé à angle droit; ce fil communique à l’autre extrémité avec le marteau de l’interrupteur d’une petite bobine d’induction CD. Cette bobine est montée sur des supports à réglage A,B mobiles
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- dans le même plan et pouvant préserver l’interrupteur de l’influence fâcheuse des aimants permanents de l’appareil tout en permettant de donner au fil f la tension nécessaire. Dès que la pile est mise en circuit avec l’interrupteur, le siphon se déplace rapidement de haut en bas sur la bande de papier, et pourvu que le réglage soit bon, l’encre laisse une trace faite sur le papier, pareille à la ligne de l’encre électrisée du recorder muni d’un Mouse-Mill; ainsi, au lieu de traîner sur la surface du papier, on peut dire que le siphon saute sur celui-ci, ce qui vaut mieux.
- Pour effectuer le réglage il faut détendre le fil f du vibrateur en déplaçant le support A dans la direction des aimants permanents ; on renverse ensuite lentement le mouvement de A de manière à éloigner l’interrupteur CD des aimants, jusqu’au moment où le siphon vibre régulièrement de haut en bas.
- Il faut alors veiller à ce que la bobine S ne touche ni d’un côté ni de l’autre aux pôles des aimants car, dans ce cas, les vibrations de la bobine faute de place suffisante donneront une ligne indistincte. Si le vibrateur ne fonctionne pas bien au commencement, cela tient, le plus souvent, à ce qu’il est influencé par le grand aimant et il faut l’en éloigner un peu. Les meilleurs siphons sont longs, fins et ne présentent que deux coudes; quelquefois on passe à la meule les pointes des siphons en verre; on a aussi essayé de fondre les pointes à la flamme d’un bec de gaz. par exemple, niais rien de tout cela n’est nécessaire lorsque le tube est bien coupé.
- On a également remplacé les siphons en verre par des siphons en argent afin de pouvoir compter sur une durée plus grande, mais on n’obtient pas dans ce cas une ligne aussi fine qu’avec des siphons en verre parce qu’il n’est pas facile de faire le canal assëz mince.
- LA RADIATION MOLÉCULAIRE DANS LES LAMPES A
- incandescence. — L’attention des savants vient d’être appelée sur un phénomène qui a lieu dans le filament des lampes à incandescence et qui paraît être analogue à la décharge dans un degré de vide très élevé, si bien étudiée par M. Crookes. La surface intérieure de la lampe est très souvent recouverte d’un dépôt de charbon à l’exception d’une ligne nettement définie, marquant l’intersection du verre avec le plan du filament. Le docteur J. A. Fleming a trouvé qu’on pouvait reproduire cet effet à volonté, en faisant passer momentanément un très fort courant à travers la lampe. M. Fleming a obtenu par ce procédé des dépôts analogues avec plusieurs métaux.
- Quand on éclaire ces dépôts, ils présentent des couleurs différentes; M. Fleming conclut d’une façon générale, que des métaux rouges, comme l’or
- et le cuivre, paraissent verts, tandis que des métaux blancs, comme l’argent et le platine, donnent une coloration brune; cette conclusion a été contestée par M. le capitaine Abney, bien connu par ses écrits sur la photographie.
- J. Munro.
- Autriche.
- Dans votre numéro du ior août, vous dites que la ville de Brooklyn se prépare à écarter entièrement l’éclairage au gaz et à introduire la lumière électrique partout.
- Chez nous, à Vienne, on n’en est pas encore arrivé là, et cependant nous avons assez d’exemples près de nous pour nous encourager à faire un essai de l’éclairage électrique. L’exemple nous vient de Berlin, de Milan et surtout de Temes-var; mais, tandis que la cour impériale, les particuliers et surtout les grands industriels font tout leur possible pour pouvoir profiter des avantages du nouvel éclairage, la commune de Vienne, et, notamment, les membres radicaux du conseil municipal ne veulent pas entendre parler de la lumière électrique.
- Le système appliqué à Temesvar a pourtant admirablement réussi, et les résultats satisfaisants de cet essai, jusqu’ici unique au monde, d’éclairer une superficie de 6 kilomètres de long sur 2 de large, dont les rues ont un développement de 60 kilomètres, prouvent suffisamment que la lumière électrique est arrivée à un degré de perfection technique qui lui permet d’accepter la lutte avec les autres modes d’éclairage, si ce n’est sur le terrain financier, car nous n’avons pas la prétention de soutenir que la lumière électrique à Temesvar ou ailleurs soit arrivée à la perfection sous ce rapport.
- Cependant, on a toujours parlé de la fragilité des lampes et des conducteurs installés dans les rues, ainsi que de l’impossibilité de s’en servir pour une exploitation permanente; le tableau suivant prouve qu’à Temesvar, après 2.85o heures d’éclairage, le total des lampes détruites ne s’élève qu’à 35, soit 4,7 pour cent, dont 18 seulement ou 2,4 pour cent ont été détruites, par suite de l’ex ploitation journalière, tandis que la mise hors service des autres 2,3 pour cent doit être attribuée à d’autres circonstances.
- Comme vous le savez probablement, l’escadre des cuirassés de la marine impériale a dernièrement fait des évolutions dans la mer Adriatique. A cette occasion, on a essayé un appareil à signaux nocturnes qui constitue une nouvelle invention pleine de promesses et se recommandant par la régularité
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- de son fonctionnement et sa forme commode, aussi bien que par la simplicité de construction et la nature facile des signaux. MM. Sautter, Lemonnier et C‘°, de Paris, avaient exposé l’année dernière à
- DATE de la mise en exploitation CAUSE DU DÉRANGEMENT NOS des 1 3 U X détruites 1 3 § pourd’autresl 1? w raisons 1 w NOMBRE d’heures d’éclai- rage fournies
- 14 déc. 1884 Charbon brûlé I » 612.5
- i5 — . 1 » 012.5
- 17 — — I 529.5
- 23 — Fil cassé » 1 612.25
- 26 — Charbon brûlé I (?)6l2.25
- i°rjanv.i885 Fil cassé » »
- 14 — Brûlée I 1048.5
- 19 — » I »
- iq — Verre Cassé » I »
- 7 février.. — » 1 i366. »
- 10 — Brisée par malveillance » 2 »
- 22 — Brûlée, verre cassé I » 1526.75
- 25 — Brûlée I » 1445.25
- i8mars.... — I » 1806. »
- 6 avril.... — I » 1998.5
- i6 — — I » 1449.25
- 29 — — I » 2188.o5
- 6 mai — I M 2238. »
- 17 — — 1 )) 23o5.5
- 5 juin — I )) 352. »
- 6 — — I 2484.25
- 6 - Cassée » I 2434.25
- 6 — — » I 2434.25
- 6 — — » I 2434.25
- 9 — — » I 2451.5
- 9 — — » 1 2451.5
- 14 — Brûlée I )> 2480.25
- 20 — Cassée » I 25ii.5
- 27 — Brûlée I » 2549. »
- 2 juillet... 5 — — I I I 2574.25 25ço. »
- 5 — 5 — Cassée par la grêle )) I I 2590. » 2590. »
- l6 1 18 •7 2651.75
- Turin un appareil de ce genre, mais sous une autre forme. M. Sellner, un jeune officier de marine, a, de son côté, eu l’idée d’utiliser la lumière électrique pour les signaux à bord, de manière à établir une correspondance entre les différents bâtiments, sans employer les éclats de lumière plus ou moins longs et de différentes couleurs, mais en laissant visibles les signaux combinés de feux blancs et rouges et représentant des chiffres ou lettres pendant assez longtemps, pour qu’on puisse les répéter de l’autre station et laisser entendre d’une manière convenue d’avance, que tout a été compris.
- L’appareil de M. Sellner se compose d’une petite machine dynamo, actionnée par la machine du navire ou bien à la main, ainsi que de parties optiques et d’un distributeur de courant avec les clefs pour les signaux. La partie optique est formée par quatre lanternes contenant chacune deux lampes à incandescence superposées et séparées au moyen
- d’une cloison non transparente. L’un des foyers dé chaque lanterne est blanc et l’autre rouge. Les quatre lanternes sont placées au sommet d’un mât où l’on pèuties laisser, car la construction des lan-. ternes commé des câbles est assez solide pour les garantir contre tout accident. Le distributeur forme la partie la plus importante de l’appareil et se compose d’une boite de dimensions assez restreintes pour qu’on puisse la placer commodément sur une petite table ; cette boîte porte les clefs pour environ 3o différents signaux formés par des combinaisons de 2, 3 ou 4 feux rouges et blancs. Une fois la dynamo en marche, on n’a qu’à lever une des clefs pour produire immédiatement la combinaison voulue, et celle-ci restera visible tant que la clef sera levée. Il est évident que les signaux se suivent très rapidement, car l’appareil Sellner permet une transmission plus rapide que les meilleurs procédés optiques connus pour envoyer des signaux en plein jour.
- Trois navires de l’escadre d’évolution ont été pourvus des appareils Sellner, avec lesquels le service des signaux de nuit a été fait d’une manière très satisfaisante, et il est probable que ces appareils seront adoptés pour la marine. M. Burstyn, l’électricien bien connu, s’est prononcé eu leur faveur dans une revue technique. Depuis quelque temps, M. Burstyn construit des éléments secs, selon le type de la pile Leclanché, dont les essais ont donné de très bons résultats. Comme on le sait A. H.'Wolf de Blankenese, en Allemagne, a également construit un élément sec qui a été décrit dans le numéro de septembre 1884 de l’Electrotechnische Zeitschrift ; selon toute probabilité, les éléments de M. Burstyn ne le céderont en rien à ceux de M. Wolf au point de vue de la f. é. m. comme au point de vue de la résistance.
- Le professeur Stanecki, de Lemberg, a construit une pile intéressante qui a quelque ressemblance avec une ancienne invention de M. l’abbé Mocenigo. Le dépolarisant dont on se sert est l’oxygène de l’air, avec lequel les électrodes de cuivre viennent en , contact d’une manière régulière.
- Au milieu d’un axe horizontal en laiton qui tourne facilement entre deux anneaux se trouve un petit plateau métallique dont le bord plonge dans un réservoir de mercure. Un petit cylindre, à l’une des extrémités de l’axe, sert à recevoir une courroie, mais l’axe peut aussi porter une manivelle ; l’autre extrémité porte un petit plateau en cuivre muni de 16 tiges de cuivre d’un petit diamètre. Ces tiges forment les électrodes de cuivre et plongent, pendant la rotation, l’un après l’autre dans le liquide excitateur.
- Une plaque en zinc amalgamé est placée dans le baquet, dans le sens de la longueur de ce baquet, qui, lorsqu’on se sert de deux liquides, est partagé en deuxcompartiments par une cloison poreuse.
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- Pouf empêcher le liquide de sortir,les côtés les moins larges du baquet sont munis d’ailes. Les fils conducteurs aboutissent à deux bornes dont l’une communique avec la plaque de zinc et l’autre avec le mercure. Si l’on désire observer la température du liquide, il est facile d’installer un thermomètre. Il va sans dire qu’au lieu de tourner la roue à la main on peut se servir d’un moteur. On a essayé un mouvement d’horlogerie d’une marche assez régulière, malheureusement le remontage donnait toujours lieu à des dérangements qui se manifes-
- ^ r in L
- tent sous forme de variations du courant. Quand on dispose d’une force hydraulique, il est facile de relier une série de ces éléments en une seule batterie et de la faire fonctionner. Il est avantageux dans ces installations de pouvoir faire sortir le cuivre du liquide dès que la pile cesse de tourner. La meilleure vitesse de rotation à adopter dépend en partie de la distance entre les tiges qui plongent ainsi que la longueur de celles-ci. Par cette disposition l’électrode en cuivre vient toujours en contact avec l’air.
- La preuve que c’est bien l’exposition à l’air qui agit comme dépolarisant, se trouve dans l’augmentation remarquable de l’intensité du courant. J’ai fait passer, le courant entier aussi bien qu’une partie dans un galvanomètre, et j’ai trouvé comme résultat de quatre séries d’essais que le rapport entre l’intensité moyenne pendant la rotation et celle correspondant au repos était de i /1,33, 2/1,3o, 3/1,34, 4/1,3o. La rotation de la roue durait 10 minutes au moins et une heure et demie au plus. Le liquide (de l’acide sulfurique étendu) était renouvelé avant chaque essai. Les chiffres que j’ai obtenus avec mon modèle, qui ne peut servir qu’à donner une idée du principe, font croire qu’un appareil de ce genre, mais construit dans de meilleures conditions, donnerait des résultats beaucoup plus satisfaisants.
- J. Kareis.
- CHRONIQUE
- La machine de Pacinotti et la machine de Gramme.
- Une publication industrielle insérait il y a quelque temps un article sur « l’abus de la recherche des antériorités en matière d’invention ». Selon elle, cet abus égare le public qui n’est pas assez éclairé pour discerner le caractère essentiel des inventions; de plus, il nuit à l’intérêt des inventeurs en gênant la prise de leurs brevets.
- Si cette dernière considération n’eût pas laissé voir clairement la raison d’être de l’article, il eût été assez difficile d’en découvrir le but. Où commence en effet l’abus dans la recherche des antériorités? Toute invention a forcément les siennes; ce n’est pas lui nuire que de les signaler ; c’est au contraire lui donner sa vraie valeur, en montrant précisément ce qu’elle apporte de nouveau, son caractère essentiel comme dit l’article; et si le public n’est pas assez éclairé pour le discerner du premier coup, la recherche et l’étude des antériorités sont justement utiles pour le lui faire reconnaître. Cet établissement d’état civil est d’ailleurs nécessaire, car si quelques-uns voient à bon droit dans leur invention une source de bénéfices et entendent être récompensés matériellement, il en est d’autres qui se contentent de la considération due à leur travail et à leur mérite; la recherche des antériorités, la répartition des découvertes rend justice à ceux-là, leur donne la récompense qu’ils ont cherchée et à laquelle ils ont droit.
- Parmi les questions de ce genre, qui semblaient avoir reçu leur solution définitive, celle de l’invention première, par le professeur Pacinotti, de la machine connue sous le nom de Gramme, semblait complètement tranchée. Il paraît qu’il n’en est rien; M. Pacinotti est revenu sur ce point dans un mémoire très vif adressé au jury de l’Exposition de Turin. Nous n’avons pas cru, à ce moment, devoir entrer dans la discussion ; elle conduisait en effet à frapper de nullité les brevets Gramme, grosse question d’intérêt qui n’élait pas tout à fait du ressort de la presse scientifique. Aujourd’hui, ces brevets sont périmés; il n’y a plus que de la gloire à réclamer : nous sommes dans notre rôle en apportant notre avis.
- Bien que les faits soient connus, je les rappelle très brièvement afin de faire ressortir certaines circonstances.
- En i863 et 1864 environ, M. le professeur Pacinotti inventa une disposition particulière d’enroulement de fil formant un électro-aimant annulaire. Il fit usage de ce dispositif comme organe essentiel d’une
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- machine motrice magnéto ou dynamo-électrique à courant continu ; un modèle de la machine pourvue de ses détails et en état de marcher fut construit et marcha effectivement. Enfin le 3 mai i865, M. Pacinotti publia dans le Nuovu Cimento, la description complète de la machine, exposa le principe de ce qu’il nomme « les électro-aimants transversaux » et leur théorie ; il énonça clairement dans ce mémoire le principe de la réversibilité des machines dynamo et magnéto-électriques.
- En 1869, MM. Gramme et d’Ivernois prennent le brevet de la machine si connue; les dispositions essentielles en sont les mêmes que celles de la machine Pacinotti; l’enroulement, le mode de collection, etc., sont semblables; mais la machine est conçue dans de plus grandes proportiqns, mieux ordonnée au point de vue mécanique. Étudiée dans le sens industriel, elle se fabrique en effet, se perfectionne et prend la place que l’on sait.
- Comment se fait-il que, pendant ces années, aucune réclamation ne se soit élevée? Je conçois assez q|ue dans le public personne n’ait signalé le fait. Il faut le dire, le mémoire de M. Pacinotti, cette œuvre de premier ordre, était oublié ou inconnu.
- Dans sa récente brochure, M. Pacinotti s’insurge contre cette idée : « Comment oublié ! mais il était dans toutes les bibliothèques », et il le prouve. Il n’était pas besoin de preuves, la chose n’est pas douteuse, mais cette remarque montre seulement que M. Pacinotti étudie beaucoup et fréquente les bibliothèques; tout le monde n’est pas comme lui, < et il est bien des ouvrages qui sont sur tous les rayons et qui n’en sont pas moins enfouis dans le plus profond oubli. Aucune étude électrique écrite dans les années comprises entre i865 et 1879 ne donne, que je sache, une description de la machine de Pacinotti. M. du Moncel qui était si complètement renseigné, ne la connut pas, ou plutôt, ce qui est pis, fut informé tout de travers sur ce point. Pour ma part, la première étude sérieuse que j’ai vue à ce sujet, je l’ai trouvée dans le livre de Schellen sur les machines, édition de 1879. La chose me sembla même si étonnante que je crus devoir réserver mon opinion. Il me paraissait, et même, je l’avouerai, il me paraît encore un peu étrange que M. Pacinotti, qui avait tant de motifs de parler, ait gardé le silence. Car si le public ignorait ses travaux, et ne pouvait leur rendre justice, il pouvait bien la réclamer lui ; c’était son droit, presque son devoir.
- Qu’il n’ait pas développé son invention après i865, cela s’explique très bien; modestie d’homme de grande valeur, manque d’argent, défaut d’un public électrique, sont de bonnes raisons ; mais en 1871, la machine de Gramme est présentée à l’Académie; elle entre dans l’industrie et M. Pacinotti, qui a dû certainement reconnaître ses
- idées et son œuvre, ne dit rien; s’il a été longtemps laissé dans l’ombre, il y a vraiment un peu de sa faute.
- L’Exposition d’électricité de 1881, changea la situation. Ce fut je pense pour beaucoup de personnes une vraie surprise. Au moins, pour ma part je l’ai ressentie. L’Exposition d’Italie fut un peu en retard ; un matin, Guerout et moi, la trouvant ouverte enfin, nous voulûmes voir cette machine de Pacinotti si mal connue et, arrivés devant elle, nous fûmes vraiment stupéfaits ; une machine si complète, l’anneau, le collecteur, les balais, la réversibilité, tout cela depuis près de vingt ans et on l’ignorait ! Le diplôme d’honneur accordé à M. Pacinotti, témoigna de l’admiration de tous et fut la constatation de son invention vraiment géniale.
- La question de priorité semble donc, et est réellement bien tranchée en faveur de M. Pacinotti. D’où vient donc la querelle encore subsistante? La voici : Il est bien vrai, disent quelques-uns, que M. Pacinotti a eu l’idée et a formulé le principe de la machine, mais il ne l’a point faite ; il s’est arrêté à l’appareil, au petit modèle de laboratoire. Gramme ayant retrouvé ces idées, construisit la machine, l’étudia, la rendit pratique : c’est lui qui a véritablement rendu le service et constitué définitivement l’invention.
- C’est, en effet, le point délicat et qui veut être précisé. Dans beaucoup d’inventions, le phénomène nouveau, l’organe principal ont été entrevus,
- | indiqués avant l’invention ; on ne considère point ces indications comme donnant des droits à leur auteur. C’est que tout en voyant le phénomène, en le signalant même, ils n’en ont pas vu l’importance, n’ont pas cherché à en déterminer les conditions pour le reproduire d’une façon régulière et enfin n’ont pas tenté de l’appliquer pour un résultat défini.
- Un exemple : certes, il est impossible d’approcher plus du téléphone parlant que n’a fait Reiss dans ses belles expériences de 1860 ; il a construit un téléphone qui chantait et qui même, cela est certain, a parlé; cependant Reiss n’est pas l’inventeur du téléphone parlant. Cela est juste, il a vu le phénomème, mais il l’a considéré sans doute comme un résultat de hasard, impossible à réaliser pratiquement ; il n’a point poursuivi ce but et n’a construit aucun appareil pour l’atteindre régulièrement, suivant une marche déterminée et conformément à une théorie. Graham Bell a fait tout cela, aussi est-il l’inventeur.
- Appliquez ceci au cas qui nous occupe, et vous, verrez immédiatement que M. Pacinotti remplit complètement les conditions. lia parfaitement voulu faire une machine susceptible de se mouvoir sous l’action d’un courant continu et de produire du travail, susceptible aussi de donner un courant continu lorsqu’elle est mise en mouvement. Il a réalisé une
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- petite machine qui a donné régulièrement et qui donne encore ces résultats, qui est pourvue de tous les organes essentiels que la machine définitive a conservés.
- Il a donné du jeu de cet appareil une théorie très bien liée ; il est l’inventeur, cela ne peut faire de doute. Que les travaux de Gramme aient été fort utiles, qu’il ait apporté dans la constitution de la machine industrielle des perfectionnements importants, cela est certain, et le devient d’autant plus qu’on étudie davantage la machine et qu’on voit combien la machine de Gramme ( le type d’atelier surtout), était vraiment bien combinée et proportionnée, surtout en tenant compte de l’époque où elle a été créée, mais cela ne constitue pas l’invention. Elle reste à Pacinotti.
- Une chose reste à expliquer, c’est la similitude si complète de l’invention première et de celle qui l’a suivie.
- Dans son mémoire au jury de Turin, M. Pacinotti n’y va pas par quatre chemins, il accuse carrément Gramme d’avoir pillé son invention. Il s’appuie sur les dates qui rendent en effet la chose possible, la publication dans le Nuovo Cimento étant de i865, et le brevet Gramme, de 1869. Il s’appuie beaucoup aussi sur certains détails du brevet de Gramme,
- Ce dernier, en exposant la disposition de machine qui s’est répandue, en a breveté diverses autres. M. Pacinotti montre que la théorie formulée est inexacte, que les dispositifs indiqués ne peuvent rien donner; il en conclut que ces idées fausses n’ont pu conduire Gramme à une conclusion juste et que la machine efficace ne peut être de son invention.
- Il est certain que Gramme s’est mépris sur la théorie; il parait avoir cru que le développement de la force électromotrice dans ses machines tenait au déplacement relatif du pôle magnétique et des anneaux de fer mobiles; partant de là, il a indiqué des dispositifs sans valeur. Cela est vrai, mais cela ne prouve pas qu’il n’ait pu en même temps en constituer un bon. Ce n’est pas la première fois qu’un inventeur se trompant sur l’explication ne se trompe pas sur le résultat ; on discute actuellement la théorie des courants ondulatoires de Bell, mais son téléphone marche toujours ; la théorie de Yolta est tombée, mais sa pile demeure. L’argument n’est donc pas probant. Dçs coïncidences aussi curieuses que celles-là, en fait d’inventions, pourraient être signalées. D’ailleurs à quoi bon? A.quoi servirait-il de chercher à entrer sur un pareil terrain. Quand on arriverait à prouver que M. Gramme a commis une mauvaise action, le mérite de M. Pacinotti en serait-il augmenté?
- Il ne tenait pas à l’argent, sans doute, puisqu’il n’a pas réclamé dans le temps où il y en avait à gagner, les brevets étant en vigueur; il tenait et il tient à sa renommée, cela est naturel, mais il n’y a
- pas besoin d’attaquer* des questions d’un ordre aussi délicat pour la sauvegarder pleinement. Oui, nous devons à M. Gramme l’étude industrielle et la mise en pratique d’une machine très précieuse, mais cette machine a été inventée et complètement constituée par M. Pacinotti. Il faut dire cela et le constater hautement car c’est justice. Le reste est inutile et fâcheux.
- Frank Géraldy.
- L’emploi des substances colorées dans la pho-
- tométrie des foyers électriques, par le Dr Hugo
- Krüss.
- La grande différence que présentent, au point de vue de la coloration, les lampes à arc et les sources lumineuses auxquelles on a coutume de comparer ces lampes quand on veut déterminer leur pouvoir éclairant, est un inconvénient qui rend la photométrie électrique singulièrement délicate.
- Quiconque aborde pour la première fois ce genre de mesures, c’est-à-dire, quiconque cherche à comparer l’intensité lumineuse d’un arc puissant à celle d’un autre foyer, ne tarde pas à reconnaître que, même dans le cas du photomètre Bunsen, le plus favorable à ces essais, l’expérience est d’une difficulté extrême, sinon impossible. Les deux côtés de l’écran présentent en effet des colorations absolument différentes; l’une des faces paraît d’un jaune tirant sur le rouge, l’autre d’un bleu tirant sur le vert. Si l’on entre plus avant dans la question et qu’on ait présent à l’esprit que, théoriquement, une comparaison de cette nature est tout à fait inadmissible, puisque l’une des sources lumineuses contient des radiations qui font défaut à l’autre, et que, par suite, la première ne saurait servir de mesure à la seconde ou inversement, on arrive facilement à considérer toute la photométrie électrique et les résultats qui en dérivent comme totalement dénués de valeur.
- Et cependant la nécessité de mesurer l’intensité lumineuse des lampes électriques s’impose davantage de jour en jour, puisque la lumière électrique est entrée dans nos mœurs, et qu’à moins de déterminer le pouvoir éclairant des lampes, on demeure complètement dans le vague au point de vue des résultats obtenus. Ces mesures sont indispensables au fabricant de machines dynamoélectriques et de lampes, pour constater les progrès réalisés dans l’utilisation de l’énergie dépensée; elles sont également indispensables à l’ingénieur électricien pour comparer l’effet utile d'une installation à celui d’une autre, ou bien pour établir un parallèle entre la lumière électrique et les autres modes d’éclairage, car il est impossible de se prononcer exactement sur le prix de revient d’un éclairage, lorsqu’on manque de données précises relatives aux intensités des divers foyers.
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- la lumière électrique
- La première idée qui se présente à l’esprit pour sortir de cet embarras causé par la diversité de coloration des sources lumineuses que l’on compare, est de faire disparaître ou du moins d’atténuer dans une large mesure cette même diversité, en recourant à l’emploi de substances colorées. Les procédés les plus variés ont été proposés dans cet ordre d’idées; malheureusement, et c’est ce que nous nous proposons de démontrer ici, aucun d’eux n’échappe aux critiques de la théorie.
- Il suffit, pour se rendre compte de la grande différence qui existe entre la coloration de l’arc électrique et celle des autres sources lumineuses, de jeter un coup d’œil sur les résultats fournis par les mesures spectro-photométriques. Nous croyons utile de rappeler brièvement quelques-uns de ces résultats.
- M. O.-E.Meyer (') a trouvéles pouvoirs éclairants qui suivent pour les différentes régions du spectre de l’arc en prenant comme unité le pouvoir éclairant de la région correspondante du spectre d’un brûleur à gaz :
- Rouge...................... o,5i
- Jaune...................... 1,00
- Vert....................... 2,33
- Bleu....................... 3,70
- Violet.................... 6,67
- D’après M. A. Crova('2) les intensités relatives de l’arc et d’un étalon Carcel, sont pour différentes longueurs d’onde :
- LONGUEURS D'ONDE 670 6o5 56o 523 486 459
- Lumière électrique. . 1000 707 597 S06 309 228
- Lampe Carcel . . . . 1000 442 296 100 80 27
- M. W.-H. Pickering (3) donne également quelques chiffres sur les intensités relatives de plusieurs sources lumineuses et d’un étalon Carcel, dans différentes régions spectrales :
- LIGNES SPECTRALES C D b' F 1/2 G
- Bougie 73 100 104 i34
- Lampe à gaz 74 100 io3 125
- Lumière électrique . bi 100 121 735
- Enfin les chiffres donnés par M. H.-C. Yogel (4)
- l1) La Lumière électrique, t. X, p. 493.
- (*) Comptes Rendus, 90, p. 322.
- (3) Proc, of Ac. of Arts and Sc. 1880, p. 236. P) Berlin, Mon.-Der. (1880), p. 801.
- ont la même signification, avec cette différence qu’ils sont rapportés à la lumière d’une flamme à pétrole.
- Longueurs d’onde. 633 600 555 5i7 486 464 444 426 Lumière électrique 0,53 0,67 1,00 1,57 2,33 3,12 4,00 5,00
- Tous ces chiffres ont été déduits à des points de vue un peu différents ; on peut cependant les grouper ensemble en prenant comme unité la lumière du gaz ou d’une lampe à huile, et en choisissant pour les régions spectrales : rouge, jaune, vert et bleu, dans chacun des tableaux précédents, les chiffres qui correspondent le mieux à ces couleurs. On obtient ainsi le tableau suivant :
- ROUGE JAUNE VERT BLEU
- O. E. Meyer 0,5 1.00 2,3 3,7
- Crova 0,5 1,00 1.7
- Pickernig 0,6 1,00 7,3
- H. C. Vogel o,5 1,00 2,3 5,o
- Ce tableau montre avant tout la grande richesse en rayons très réfrangibles de la lumière à arc, par rapport à la lumière des brûleurs à gaz ou à huile que l’on prend généralement comme termes de comparaison; c’est là d’ailleurs un fait qui frappe, à première vue, même les personnes les plus étrangères aux questions d’éclairage.
- D’accord sur ce point, les données empruntées aux différents observateurs s’écartent dans une très large mesure les unes des autres, dès qu’il s’agit des intensités relatives dans la partie la plus réfrangible du spectre; les nombres qui se rapportent au bleu varient, en effet, de 3,7 à 7,3. Il est plus que probable que cette divergence dans les résultats obtenus, tient à la différence d’intensité absolue des arcs soumis à l’expérience. Nous reviendrons d’ailleurs sur ce point d’une grande importance, au point de vue de l’emploi des substances colorées.
- Avant de poursuivre cette étude, nous croyons qu’il n’est pas sans intérêt de compléter les données numériques qui précèdent, en reproduisant ici les valeurs trouvées par M. O.-E. Meyer (') pour les intensités relatives d’une lampe à incandescence. On a, suivant cet auteur, en prenant partout l’intensité d’une flamme de gaz comme unité :
- Rouge.................... o,3
- Jaune...................... 1,0
- Vert....................... 1,4
- Bleu....................... 1,0
- Violet..................... 1,1
- Ces chiffres se rapportent à une lampe Edison
- (*) La Lumière électrique, t. X, p. i52.
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- A, ei font voir la prédominance des radiations rouges dans la flamme d’un bec de gaz.
- M. Tresca paraît avoir été le premier à signaler la difficulté extrême que présente la détermination de l’intensité d’une lampe à arc. Dans une note communiquée à l’Académie des sciences en 1876 ('), il appela l’attention sur ce fait que, lorsqu’on éclaire l’une des moitiés de l’écran d’un photomètre Foucault avec une lampe Carcel, et l’autre avec une lampe à arc, on constate des colorations différentes. L’une des régions paraît verte et l’autre rose.
- Parmi les divers moyens essayés pour remédier à cette différence de teinte, le plus efficace consiste, selon M. Tresca, à intercaler entre la source et l’écran des plaques de verre présentant des colorations à peu près inverses. Ceci veut dire qu’il faut placer sur le chemin des rayons rougeâtres de la lampe Carcel, un verre vert, et sur le chemin des rayons de la lampe à arc, un verre rougeâtre. Si les verres colorés qu’on intercale ainsi étaient rigoureusement complémentaires par rapport aux radiations de la source correspondante, tous les rayons se trouveraient interceptés et les deux côtés du photomètre resteraient obscurs; mais comme on emploie des verres ayant une coloration à peu près inverse, on constatera de part et d’autre une teinte mate, grise dont la tonalité pourra être sensiblement la même des deux côtés. Il résulte de là, que le procédé imaginé par M. Tresca, pour corriger la différence des nuances, répond bien au but que s’était proposé l’auteur. Malheureusement, on ne voit pas comment il faudrait faire pour tenir compte des quantités de lumière perdues de part et d’autres par suite de l’intercalation des verres colorés. M. Tresca semble admettre àpriori, que les pertes sont équivalentes de part et d’autre, c’est-à-dire qu’il se perd autant de rayons rouges par la plaque verte que de rayons verts par la plaque rouge, ce qui n’est rien moins que prouvé. Si l’on voulait apprécier expérimentalement la valeur de toutes ces pertes, on serait de nouveau conduit à comparer les intensités relatives de deux lumières très diversement colorées, et c’est justement là ce qu’on cherche à éviter.
- Il faut dire que le procédé de M. Tresca paraît avoir été peu suivi, précisément pour les motifs que nousvenons d’exposer. On a préféré s’attacher à rechercher une seule substance colorée à travers laquelle on regarderait les deux côtés ou les deux champs diversement colorés du photomètre. MM. Sautter, Lemonnier ei Cio (2) ont été les premiers à indiquer comme couleur remplissant le mieux cette condition, une espèce déterminée de vert. M. Crova
- (*) Comptes rendus, 82, p. 3oo (1876).
- C) Appareils photo-électriques, etc., Note de Sautter, Lemonnier et Cio, Paris 1881, p. 35.
- a depuis (') pleinement, approuvé le choix de cette couleur, en raisonnant de la façon qui suit.
- Imaginons que l’on ait séparé toutes les radiations homogènes qui constituent la lumière d’une lampe à arc et d’un étalon Carcel, de façon à avoir deux spectres continus. Si ces deux sources lumineuses sont placées par rapport au photomètre à des distances telles que l’éclairement moyen soit égal de part et d’autre, l’aspect des deux spectres est loin d’être le même ; celui de l’arc est bien plus brillant vers l’extrémité violette et bien moins brillant vers l’extrémité rouge que celui de la lampe à huile; c’est là d’ailleurs un résultat que les chiffres reproduits plus haut permettaient de prévoir. Comme la température d’émission de la lumière électrique est beaucoup plus élevée que celle de la lampe à huile, le rapport des intensités des radiations homogènes dans le spectre de la première source et dans celui de la deuxième sera, en supposant le même éclairement moyen, exprimé par une fraction supérieure à l’unité lorsqu’on considère la région violette ; mais ce rapport diminue graduellement à mesure qu’on s’approche du rouge et finit par devenir plus petit que l’unité dans cette dernière région.
- Il existe donc une radiation simple déterminée, dont la longueur d’onde dépend de la nature des lumières que l’on compare, pour laquelle ce rapport est rigoureusement égal à un ; cette radiation une fois connue, il suffira de la considérer dans chacun des deux spectres ; le rapport des intensités relatives de ces radiations simples, sera évidemment égal au rapport des intensités totales des deux sources que l’on compare. On voit que pour déterminer cette radiation, il est d’abord nécessaire de placer les deux foyers de telle façon que l’éclairement moyen de l’écran photométrique soit le même de part et d’autre. Mais si l’on a satisfait à cette condition, on se trouve avoir déjà déterminé le rapport du pouvoir éclairant des deux foyers et c’est justement là que gît la-difficulté. En opérant ainsi, M. Crova a reconnu que les radiations simples correspondant à la longueur d’onde X = 582, satisfont à la condition précédemment définie, c’est-à-dire que la courbe du spectre de la lumière électrique, tracée en prenant l’intensité de l’étalon Carcel pour unité, donne pour les radiations considérées, des ordonnées égales à ± o.
- D’après le même auteur, le chlorure de fer et le chlorure de nickel mélangés dans un rapport déterminé, laissent passeruniquement les radiations qui correspondent à X rz 582.
- Au premier abord, cette méthode parait excellente. Mais il ne faut pas oublier que la radiation qui, d’après M. Crova, correspond à la condition énon-
- (*) Comptes rendus, 93, p. 5i2 (1881).
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- « LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- cée plus haut, n’est valable que dans le cas particulier considéré par l’auteur, pour l'étalôn Carcel et la lampe à arc dont il a fait usage. Dès que la température d’émission de l’arc varie, la distribution du spectre se modifie également, en sorte que le point neutre devrait être déterminé à nouveau, dès que l’intensité totale de la lampe vient à changer. Or, ceci n’est possible, comme nous le faisions remarquer plus haut, que si l’on mesure préalablement cette intensité totale.
- Les résultats suivants, communiqués par M. Ab-ney (*), font voir combien le point considéré du spectre se déplace avec la variation de l’intensité totale. (Voir le tableau i.)
- M. Abneya mesuré, pour différentes vitesses de la machine, l’intensité d’une lampe à arc, en interposant d’abord un verre rouge puis une solution de sulfate de cuivre ammoniacal (bleu) ; finalement il a déterminé dans les mêmes conditions, l’action chimique sur du papier préparé au chlorure d’argent, en interposant une solution de sulfate de quinine.
- Ces chiffres montrent combien la distribution de l’intensité dans le spectre se modifie avec l’intensité totale; pour un nombre de tours égal à 240, l’intensité du rouge est à celle du bleu, comme 1 est à 2 ; pour une vitesse de 600 tours, ce rapport devient 1 : 4,2. Plus on pousse la lampe et plus la prédominance des rayons très réfrangibles est accusée.
- On a déjà constaté le même fait pour les lampes à incandescence, comme il ressort d’expériences fort intéressantes publiées par M. O. Schumann (2). Les chiffres du tableau 11 donnent les intensités relatives, dans le rouee et dans l’indigo, d’une petite lampe Edison et d’une lampe à benzine, pour une intensité égale de la radiation verte correspondant à la longueur d’onde 1 — 557.
- Les chiffres du tableau 2 font bien voir que la distribution de l’intensité dans les spectres des lampes à arc et à incandescence varie avec le travail dépensé, ou bien avec l’intensité totale et prouvent que la méthode de M. Crova ne saurait se prêter à une application générale. La longueur d’onde qui, pour un rapport déterminé des intensités totales des deux foyers satisfait a la condition définie plus haut, à savoir que l’intensité relative dans cette radiation soit la même que l’intensité relative totale, se modifie, la lumière de comparaison étant supposée constante, avec l’intensité de la lampe à arc sur laquelle on opère.
- On peut, par contre, recommander l’emploi de la méthode de M. Crova dans les cas où l’on a toujours affaire à des intensités qui sont sensiblement
- les mêmes, où l’on essaye par exemple, des lampes et des machines du même type, ces dernières tournant constamment avec la même vitesse, la plus favorable aux essais. — L’intensité totale de la lampe varie dans ces conditions, entre des limites relativement étroites, en sorte que la longueur
- TABLEAU I
- NOMBRE de tours ROUGE BLEU CHIMIQUE
- 24O 180 36o _
- 3o8 280 660 ,
- 35o — 75o 890
- 425 — 1700 —
- 460 860 25oo 2700
- 490 — 3ooo —
- 5oo 1080 — —
- 520 — 4860 —
- 540 1620 — —
- 55o — 4800 —
- 56o — — 9000
- 565 — 65oo —
- 575 1520 — —
- 58o 2100 6000 ioo5o
- 600 2400 10100 II020
- d’onde choisie pour un cas moyen, reste sensiblement exacte pour tous les cas, et les mesures effectuées en interposant une substance de couleur
- TABLEAU II
- INTENSITÉ
- TRAVAIL
- en voitampères Rouge Indigo
- 82 0,73 1,70 1,78
- 86 0,69
- 92 0,66 2, 12 2,43
- 94 0,63
- 97 0,62 2,63
- III 0,60 2,91
- 118 0,5g 2,94
- 120 0,58 3,38
- verte conduisent à des résultats au moins aussi vrais que ceux qu’on obtiendrait par des mesures directes, dans lesquelles l’influence perturbatrice de la diversité des couleurs se ferait sentir.
- Je crois bon de faire remarquer ici que pour contrôler ainsi des lampes et des machines du même type dans les mêmes conditions de travail, il n’est pas absolument nécessaire de choisir la radiation correspondante à la longueur d’o'nde indiquée par M Crova. On peut fort bien employer une autre couleur quelconque du spectre; on peut par exemple, comme l’a fait M. L. Weber (*) dans
- f1) Proc. Roy. Soc., 27, p. 161 (1878). (*) La Ltimière électrique, t. XII, p. 60.
- (*) La Lumière électrique, V. XII, p. 468.
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- 3?5
- son photomètre, se servir de l’oxyde rouge de cuivre, seulement on n’obtient plus alors immédiatement le rapport des intensités totales, car le rapport des intensités des radiations rouges n’est pas, dans les deux foyers que l’on compare, égal au rapport des intensités totales. Un coefficient devient dans ce cas nécessaire et ce coefficient est, pour des raisons physiologiques, impossible à déterminer, lorsqu’on ne veut pas recourir à la méthode de M. Crova, puisqu’il est basé surla comparaison d’une lumière monochromatique rouge et d’une lumière blanche.
- Il va aussi de soi, pour ainsi dire, que le photomètre de Weber, dans lequel on admet que les variations d’intensité n’entraînent pas une modification de la courbe des intensités relatives du spectre, ne saurait être d’une application générale dans les mesures électriques. Cet appareil rend, par contre, d’excellents services, quand il s’agit de déterminer la clarté de la lumière diffuse du jour, ainsi qu’il ressort des expériences communiquées par MM. Weber (') et Cohn (a).
- Comme l’intensité totale de l’arc électrique ne peut être déterminée, par l’observation d’une seule couleur du spectre, plusieurs physiciens ont recommandé l’emploi de deux couleurs. — C’est ainsi que MM. Ayrton et Perry (3) déterminèrent l’intensité de l’arc en interposant d’abord un verre rouge, puis uu verre vert. Mais ils n’ont pas, que je sache, indiqué la façon dont ces deux résultats doivent être combinés. Les chiffres donnés par MM. Abney et Schumann prouvent d’ailleurs surabondamment que le rapport des intensités des radiations rouges et vertes est loin d’être constant. M. Macé de Lepinay (4) a proposé de se servir pour les mesurer en question des deux extrémités du spectre. Comme substance ne laissant passerque les radiations rouges, il recommandait d’employer une solution de chlorure de fer à 38° Beaumé et pour les radiations violettes une solution de chlorure de nickel à 180 Beaumé; l’une et l’autre de ces solutions devaient avoir une épaisseur de 3 centimètres.
- Si l’on désigne par J, l’intensité du foyer considéré, prise par rapport à l’étalon Carcel, par R, l’intensité dans le rouge, et par V, celle dans le violet, Draper etE. Becquerel ont démontré que, pour toutes les sources lumineuses à la même température, les rapports
- I et -R 1 R
- p) Zeilschr. f. Inst’k, 4, p. 343 (1884).
- (2) H. C. Cohn. — Ut ber der Beleuchlungswerth der Lam-penglocken. Wiesbaden. Bergmann (i885).
- (s) Phil. Mag. (S). 14; 46 (1882).
- (4) Comptes rendus, 97. 1428 (i883).
- sont constants. Ces mêmes rapports varient tous deux d’une façon continue, lorsque la température de la source se modifie également d’une façon continue.
- On peut donc considérer ^ comme une fonction
- de g et M. Macé de Lepinay s’est arrêté à l’expression
- Il a trouvé pour une lampe Swan
- V = 0,167, R = 0,184,
- d’où
- J=0,l8,
- tandis que la mesure directe donne
- J = 0,182.
- Il détermine de même pour la lumière Drummond
- d'où
- V = 6,59, R = 5,04,
- J =S,39,
- la mesure directe donnant
- J=5,43.
- La grandeur du facteur constant (0,208) dépend évidemment de la forme de la courbe des intensités relatives dans le spectre de la lumière qu’on mesure, l’intensité de la radiation correspondante dans l’étalon de comparaison étant prise comme unité, et pour que ce facteur demeure constant pour les intensités totales les plus diverses, il faut que les ordonnées des courbes représentant les intensités relatives soient proportionnelles à ces intensités totales. Malheureusement on ne possède pas encore de données suffisantes, déduites d’expériences électro-photométriques suivies, pour connaître la façon dont se modifient les courbes des intensités relatives d’une source lumineuse, lorsque l’intensité totale de cette source varie. Il semble, à priori, douteux qu’il existe entre les intensités relatives en deux points des spectres de deux sources lumineuses et les intensités totales de ces mêmes sources une relation aussi simple, que celle admise par M. Macé de Lepinay, et qui soit valable pour toutes les sources de lumière, quelles que soient leurs intensités et leurs compositions spectrales. Les résultats d’expériences mentionnés plus haut ne prouvent pas grand’chose, car il s’agissait de sources lumineuses qui, au point de vue de leur composition spectrale, diffèrent, relativement à l’arc électrique, très peu de la source de comparaison, l’étalon Carcel. Il serait fort à souhaiter que des expériences analogues fussent entreprises
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- avec des lampes à arc de différentes intensités.
- J’ai souvent entendu proposer l’emploi de deux substances rigoureusement complémentaires. En les plaçant l’une après l’autre sur le passage des rayons lumineux, et en prenant ensuite la moyenne arithmétique des résultats obtenus, on aurait la valeur exacte de l’intensité des lampes à arc. Il est facile de s’assurer, d’après ce qui précède, que ce procédé ne saurait être toujours exact; on peut d’ailleurs aisément déterminer les conditions dans lesquelles il est permis de l’employer.
- Imaginons que l’on ait partagé le spectre de la lumière de comparaison, ainsi que celui de la lampe à arc, en deux parties, et que dans chacun des spectres, la ligne de partage se trouve exactement au même point. Supposons de plus que l’on possède deux substances dont l'une absorbe complètement la première partie du spectre et laisse complètement passer la deuxième, tandis que l’autre exerce une action inverse. Nous admettrons, pour plus de simplicité, que ces deux substances sont l’une rouge, l’autre verte : ce rouge et ce vert sont rigoureusement complémentaires.
- Si l’on désigne par i, ir, et iv l’intensité totale, l’intensité du rouge et celle du vert ainsi définis, pour la lumière de comparaison, et par J, J,- et J„ les mêmes grandeurs pour lampe à arc,- on a évidemment :
- Si l’on pose
- z = ir -j- iv
- J=Jr + J0
- J = mi
- (1)
- (2)
- on a, dans le cas où la composition spectrale des deux foyers est absolument la même :
- J = mir + miv. (3)
- Mais si, comme dans le cas qui nous occupe, la composition spectrale n’est pas la même, les termes ir et iv de l’équation (3) ne pourront être affectés des mêmes facteurs, en sorte que l’on aura
- Si l’on a
- J — air + biv
- a < 111,
- il faut que l’on ait
- b > m.
- Nous pouvons donc écrire
- et
- d’où
- a~m — x.
- J = mi = (m — x) ir + biv,
- I_mi — (m — x) ir
- h '
- Mais pour que l’on ait
- a -j- b = 2 m,
- il faut poser
- b = m + x,
- d’où
- mi — (m — x) ir miv 4-xir
- m 4-x =-------:------=-----:---,
- *0 »0
- ce qui donne la condition
- ir = i0.
- Ceci veut dire que les deux substances colorées, rigoureusement complémentaires,, doivent de plus présenter cette propriété que l’intensité de la somme des radiations que chacune d’elles laisse passer soit la même de part et d’autre, et cela, pour la source de lumière choisie comme terme de comparaison. C’est seulement lorsque cette condition est satisfaite que la moyenne arithmétique des valeurs obtenues avec chacune des substances, représenteTintensité totale de la lampe à arc.
- Mais il est très difficile de se procurer deux substances colorées qui satisfassent à ces conditions. Si, par exemple, l’une laissait passer un faisceau de rayons donnant une coloration rouge-jaune, et l’autre, un faisceau de rayons donnant une coloration bleu-vert, on se trouverait de nouveau réduit à comparer les intensités de ces deux couleurs. A cette difficulté vient s’ajouter une autre d’ordre purement technique, qui consiste à trouver deux solutions telles que les radiations absorbées par l’une soient rigoureusement complémentaires de celles absorbées par l’autre.
- Il serait d’ailleurs assez facile de voir si cette condition est réalisée ou non : les deux substances placées l’une derrière l’autre, doivent absorber tout le spectre, et tout le spectre doit réapparaître dès qu’on augmente tant soit peu le degré de dilution de l’une et l’autre solution.
- En somme, ce dernier procédé trouvera peu d’applications dans la photométrie électrique, car l’on ne peut l’employer que dans des cas tout à fait spéciaux.
- Il ne reste à ceux qui s’occupent de mesures relatives à l’intensité des lampes à arcs qu’à chercher à se dispenser de l’emploi de substances colorées, et à prendre l’habitude d’opérer avec des colorations diverses de l’écran.
- Dans les premiers temps cette différence de colorations est très gênante, mais on finit par s’en rendre maître, surtout si l’on emploie le photomètre Bunsen, dans lequel, comme chacun sait, la plus ou moins grande netteté des bords de la tache de graisse sert de critérium pour la mise au point. Une certaine pratique permet d’obtenir avec le photomètre en question, des résultats relativement sûrs et même concordants pour plusieurs observations ; aussi croyons-nous que cet appareil, qui est d’un usage courant dans l’industrie du gaz est également appelé à prendre pied dans l’industrie électrique.
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- LES APPLICATIONS DE
- L’ÉLECTRICITÉ aux CHEMINS DE FER
- Rapport fait à la demande du Congres des chemins de for parL. WEISSENBRUCH, ingénieur du ministère des chemins de fer, postes et télégraphes de Belgique.
- ( Suite.)
- 3. — Cloches.
- Nous avons dit que les sonneries ordinaires peuvent servir de moyens de correspondance, mais qu'elles ont l'inconvénient de ne pas laisser de traces des messages. Lorsqu’il n'est pas indispensable de conserver ces traces, que les sonneries trembleuses ordinaires n'attireraient pas suffisamment l’attention et qü'il faut des avertisseurs plus puissants, on emploie les cloches. On peut facilement former un code de signaux en différenciant le nombre de coups ou de volées de coups.
- L'usage des cloches pour l'annonce des trains' circulant sur lés lignes à une seule voie, et même quelquefois sur les lignes à double voie, a pris naissance en Allemagne où il avait déjà reçu une certaine extension en i855. C'est pour ce motif qu'on appelle souvent ces ; cîochçs : « sonneries allemandes ».
- Les principaux systèmes en usage sont les types Leo-polder (de Vienne) et Siemens (de Berlin), ou leurs dérivés. Le principe en est toujours le même : un fort mouvement d'horlogerie, mû par un poids, met en action le marteau de la cloche. Un électro-aimant sert à déclencher le mouvement d'horlogerie.
- Dans le système Leopolder, un courant continu de pile circule dans la ligne et dans rèlectro-aimant, dont l'armature est ainsi constamment maintenue au contact des pôles. Une rupture et un rétablissement du courant communiquent à l'armature et à l'ancre qu’elle porte, une oscillation complète qui déclenche le mécanisme et donne un coup de cloche.
- Un premier type des cloches Siemens est basé sur l’emploi d'inducteurs à courants alternatifs. Un autre type, au lieu de piles, a des inducteurs Siemens à courants redressés. Le mouvement d’horlogerie doit alors se mettre en mouvement à chaque émission de courant. U ne s’arrête qu'après avoir fait frapper à uu marteau unique ou à deux marteaux (suivant la variété du type) une volée de 5 coups.
- Les volées de coups ont l'inconvénient de ne permettre de combiner qu'un nombre assez restreint de signaux (4 ou 5). Un autre inconvénient des appareils Siemens, c'est que les postes intermédiaires n’ont pas d’inducteurs à leur disposition.
- D’autre part, les piles, nous l'avons dit, sont d'un entretien onéreux et présentent des chances nombreuses de dérangement.
- Une Compagnie française de chemins de fer a modifié la cloche Siemens, de façon à lui faire frapper des coups simples, et J'a fait actionner, comme la cloche Leopolder, par un courant continu de pile.
- Une autre Compagnie française a combiné un système mixte employant des inducteurs [Siemens. Un coup simple est frappé sur la cloche à chaque demi-tour de la manivelle de l'inducteur. Tous les postes intermédiaires ont été transformés en postes de secours par l'adjonction d'inducteurs.
- Tous ces systèmes ne laissent aucune trace des signaux émis. M. Vérité avait ajouté aux appareils Siemens un petit cadran indiquant extérieurement le nombre de volées de coups frappés et le moment de remonter le poids moteur. Mais cette complication ne semble pas avoir été reconnue pratique. Il en est de même de l’enregistreur automatique des cloches Leopolder inscrivant les signaux
- *
- transmis au moyen d'un poinçon perforant une bande de papier.
- On a aussi ajouté aux cloches des postes de secours Morse. Pour cela, quand le courant est continu, on profite de ce qu'un affaiblissement, insuffisant pour déclencher les cloches, peut actionner un relais qui met en jeu le récepteur de la station. Quand on se sert d’inducteurs, on fait encore marcher l'appareil télégraphique par un-relai; mais celui-ci fonctionne par la rupture d'un courant constant de pile auquel on fait parcourir la ligne, et qui doit avoir une tension assez faible pour ne pas produire le même effet que les courants d'induction.
- On peut compléter les postes de ligne en y adjoignant ün jeu de molettes ayant sur leur pourtour des saillies représèntant, en alphabet Morse, les différents signaux usuels. Pour transmettre un signal, il suffit que l'agent de la roule place la molette correspondante sur un pivot du mécanisme d'horlogerie et qu’il déclenche ce dernier à la main. La molette tourne alors et produit les mêmes interruptions qu'un homme exercé produirait au moyen d’un manipulateur Morse.
- Les sonneries Siemens, avec postes de secours, réunissent les avantages des courants constants à ceux des courants d’induction, puisqu'un courant faible circule toujours* sur la ligne. Il semble que cette dernière condition devrait toujours être exigée, ainsi que nous l'avons dit plus haut.
- Faut-il préférer les cloches à un coup ou celles à volées1 de coups?
- Les volées s’entendent mieux; elles ne permettent que l'emploi d'un code de six indications au maximum; mais, avec l’emploi supplémentaire du télégraphe Morse, il est inutile de transmettre un plus grand nombre de signaux par les cloches.
- Il ne paraît pas indispensable d’adjoindre des postes de secours aux cloches; mais ces postes peuvent être fort utiles dans bien des cas, surtout dans celui des wagons partis en dérive. De plus, l’emploi de ces postes permet, comme nous venons de le voir, de réaliser plusieurs avantages accessoires très sérieux.
- Les cloches Siemens et Leopolder ont un inconvénient commun : la nécessité de remonter les mouvements d'horlogerie. Afin de l'éviter, M: RegnatiU avait inventé de remplacer chaque cloche par une forte sonnerie trembleuse,' mise en action par une pile locale,' dont le circuit était fermé par un relai à chaque interruption du courant constant parcourant la ligue. Ce système, essayé par la Compagnie de l'Ouest, a été abandonné. Le son produit n'était pas assez intense et il fallait un trop grand nombre de piles.
- D'après une étude récente de M. Marinovitch (J) sur les signaux magnétiques de M. Abdank-Abakanowicz, construits sous la direction du Dr Herz, il paraîtrait que le problème de la mise en action directe des cloches par un inducteur magnétique serait résolu. Comme on le sait, le transmetteur est une bobine de fil que l'on fait osciller entre les pôles d'un aimant, et le récepteur se compose d'une bobine creuse située aussi entre les pôles d'un aimant et suivant l'axe de laquelle est placé un balancier en fer doux, portant à son extrémité libre le battant de la sonnerie. Lé balancier fonctionne lorsqu'on met le transmetteur en action.
- 11 semble douteux que le transmetteur soit assez puissant pour produire un son intense. Quoi qu’il en soit, c'est dans cette voie que l’on doit poursuivre les recherches. Le problème n'est pas insoluble; c'est celui du transport électrique de la force mécanique dont nous aurons l'occasion de parler plus loin.
- 4. — Téléphones.
- Le téléphone pourrait, dans un très grand nombre de cas, remplacer les appareils de correspondance et le télégraphe pour l'exploitation des chemins de fer; malheureusement,
- (’) Voir La Lumière Electrique du 18 avril i885.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- la difficulté que l’on éprouve, même avec les microphones les plus perfectionnés, à percevoir le son de la voix au milieu des bruits si divers qu’occasionne le service d’une grande gare, restreint beaucoup l’usage qu’on peut en faire particulièrement pour mettre en relations un poste Saxby avec divers points d’une gare. Pourtant, d’après les conclu-sions de la dixième assemblée de l’Union des chemins de fer allemands, une des administrations de cette Union avait obtenu, dans cet usage, des résultats favorables de l’emploi du téléphone.
- Parmi les conclusions de la même réunion, on en trouve encore une autre relative au téléphone. La voici :
- A-t-on employé le téléphone pour faire communiquer les stations avec le personnel de la voie ou le personnel des trains, et de quelle manière assure-t-on la sécurité de l’exploitation ?
- , Réponse : On peut employer le téléphone avec succès pour faire communiquer les stations avec le personnel de la voie et le personnel des stations, placés à des postes éloignés du bureau de la gare, et pour leur transmettre des ordres concernant le service des trains. On peut assurer la sécurité en faisant répéter, par le destinataire, l’ordre donné et en déterminant par des prescriptions spéciales la forme des communications téléphoniques^ En enregistrant ces dernières, on a un moyen de contrôle.
- Il y a lieu d’ajouter une attention particulière aux deux dernières phrases de cette conclusion. Il semble, en effet, que la trace des messages conservée par le télégraphe Morse ne soit nullement une preuve plus sûre que l’enregistrement à la main, dans un carnet, des ordres reçus. On peut supprimer une partie d’une bande Morse. Il est difficile d’arracher une page d’un carnet à feuillets numérotés.
- Sur les lignes où il existe des cloches, des téléphones pourraient, avec avantage, être ajoutés à chaque poste intermédiaire. Sur les lignes insuffisamment outillées sous le rapport des signaux, il serait aussi fort utile d’établir certains postes de secours convenablement répartis et munis de téléphones.
- En ce qui concerne particulièrement le cas des wagons en dérive, ces installations seraient des plus précieuses.
- Quant au service des gares, il convient d’y continuer les essais avec les microphones d’invention récente, qui renforcent le plus la voix.
- 5. — Intercommunications dans les trains.
- Dès l’origine des chemins de fer on s’est préoccupé de mettre les gardes-freins en communication avec les machinistes. Un peu plus tard, à la suite d’attentats commis dans des compartiments isolés et qui émotionnèrent l’opinion publique, peut-être plus par leurs détails émouvants que par leur fréquence, on chercha à résoudre le problème de la mise à portée de tous les voyageurs d’un moyen d’appeler les gardes à leur secours. On admet aussi assez généralement la nécessité, pour ce moyen d’appel, d’être un signal d’alarme permettant de provoquer l’arrêt en cas d’avarie grave du matériel.
- Pour créer un moyen d ’ inter communication entre les voyageurs, on a expérimenté successivement un porte-voix formé d’un tube en caoutchouc courant le long du train, un sifflet à air comprimé mis en action par l’essieu du wagon, etc. Il a été prouvé qu’aucun son grave ou aigu continu ou intermittent, n’est plus entendu du mécanicien, même quand le train est court, dans certaines conditions presque habituelles, lorsque, par exemple, le vent est contraire ou la marche du train accélérée.
- En Angleterre, une commission spécialement nommée à cet effet a recommandé l’emploi d’une corde en métal ou en chanvre goudronné courant le long du train et agissant sur un timbre placé sur la machine. Ce moyen est adopté par quelques exploitations. Il a été rendu obligatoire en
- Prusse par un décret assez récent (*). On s’accorde généralement pour le juger insuffisant. Les Compagnies qui ont adopté le frein à air comprimé Westinghouse peuvent s’en servir pour établir une intercommunication que l’on dit sûre et simple (!). Si l’on repousse ce moyen, l’emploi de l’électricité s’impose.
- Nous nous bornerons à parler des différents systèmes d’intercommunication électrique.
- Leur principe est toujours le même; c’est celui des sonneries électriques d’appartements. Seulement, pour que l’installation offre plus de sécurité en cas d’accident, par exemple, lors d'une rupture d’attelage, on place une pile et une sonnerie à la fois dans le fourgon d’arrière et dans le fourgon d’avant. Cette disposition a été appliquée pour la première fois par M. Prud’homme sur le réseau de la Compagnie du Nord français. Elle a pris le nom de cet inventeur.
- Le schéma suivant représente la 'disposition générale du circuit. On y voit deux piles P et P' reliées en opposition. Comme elles sont égales dans l’état normal, il n’y a pas de courant sensible. Mais en poussant sur l’un quelconque des boutons i, 2, 3, 4, 5, placés dans les compartiments, on crée une dérivation, l’équilibre est rompu et les deux sonneries des fourgons parlent immédiatement. Au lieu de se servir du fil de retour CD, on peut fermer le circuit par la terre en employant, à cet effet, les roues des wagons et les rails.
- Les détails d’application varient : On peut disposer les conducteurs sous les wagons ou bien le long des corniches
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- où il est plus facile de les visiter et de les entretenir. Si l’on emploie un fil de retour, les accouplements qui réunissent les tronçons de fils de chaque wagon doivent être doubles.
- Quand on prend la terre sur les roues, ces accouplements peuvent être disposés de telle sorte que, en se détachant par une rupture d’attelage, ils ferment automatiquement le circuit. Pourtant, aujourd’hui que l’emploi des freins automatiques s’est généralisé, cette dernière disposition paraît inutile. Elle ne donne jamais de bons contacts. C’est pourquoi on préfère l’emploi d’un accouplement mis à l’abri de la poussière, par exemple au moyen d’une boîte fermée par un couvercle avec joints à baïonnette, comme à la Compagnie de Lyon.
- MM. Preece et Langdon ont proposé de combiner les accouplements électriques avec ceux des freins continus, de façon à diminuer le nombre de manœuvres nécessaires à la formation des trains; mais nous ne connaissons pas le résultat des essais tentés dans ce sens (3).
- On a aussi employé en Autriche un système mixte, mécanique et électrique, inventé par M. Pollilzer, dans le but de permettre d’intercaler facilement dans la composition du train des voitures étrangères. Le conducteur électrique est contenu dans une corde métallique portée par des poulies au-dessus du toit des voitures et pouvant être tirée à la main, de façon à agir sur le sifflet du mécanicien.
- Une administration de chemin de fer allemande a essayé, sans l’adopter, croyons-nous, le système Swez. Le but de cet inventeur était de remplacer l’emploi des piles par celui
- (’) Décret du 25 octobre i883.
- (2) Ce moyen est employé par la Compagnie de l’Ouest français.
- (3) V. La Lumière électrique, 1884, Vol. XI, p. 23.
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- d’inducteurs de petites dimensions placés au-dessus des cloisons des voitures et actionnés par des poignées à portée des voyageurs. I.a tension du cordon d’une poignée avait pour premier effet de placer l'un des pôles de l’inducteur en communication avec la terre en le faisant glisser légèrement sur son socle. Le second effet était de dérouler un cordon enroulé sur l’axe de l’inducteur, d’en produire la rotation et de donner ainsi naissance au courant. Il semble que c’est dans cette voie qu’il faut continuer les recherches. Au lieu des appareils Swan, on pourrait, peut-être, employer avec avantage les signaux magnétiques inventés par M. Abdank Abakanowicz et dont nous avons parlé à l’article des cloches. Ils figurent à l’Exposition d’Anvers de cette année et paraissent extrêmement pratiques.
- Dans le système appliqué au chemin de fer du Nord français, on a voulu que l’appel d’un voyageur produise un signal qui permette au garde de reconnaître immédiatement dans quelle voiture il doit se rendre. A cet effet, chaque poignée d’appel commande une tige transversale portant à ses deux extrémités de petits voyants extérieurs au wagon; la traction de l’anneau de tirage fait faire un quart de tour à ces voyants. Un système analogue, inventé par M. Chaperon, est à l’essai au chemin de fer de Lyon. La circulaire du iS avril 1884, de M. le ministre des travaux publics de France, indique l’existence d’un signal extérieur comme indispensable.
- Dans certains systèmes anglais, notamment celui de M. Floyd, appliqué au « Great Indian Peninsular Railway », chaque voiture porte une petite pile locale dont le circuit se ferme en même temps que les sonneries des fourgons extrêmes se mettent à tinter.
- Dans les premières installations, les commutateurs d’appel des voitures étaient toujours garantis par des glaces. Dans les systèmes plus récents (Nord-Ouest et Sud-Autrichiens, etc.), ils ne sont plus cachés que par des feuilles de papier. Comme ces commutateurs sont disposés de façon que le garde seul puisse les remettre à leur état normal après qu’on s’en est servi, il paraît inutile de les protéger par des glaces qui rendraient, en cas d’attaque, les manœuvres d’alarme fort difficiles. Aussi le chemin de fer de l’Est français les laisse-t-il tout à fait à découvert (’-).
- Une des objections pratiques qui a le plus souvent été faite à l’usage des moyens d’intercommunication électrique, c’est la grande difficulté éprouvée, dans l’origine, à faire opérer régulièrement la jonction des conducteurs (!).
- Mais l’usage des freins continus a obligé de surmonter la répugnance qu’ont les ouvriers, en faisant un attelage, d’opérer la réunion de plusieurs liens distincts. D’autre part, si l’invention de MM. Preece et Langdon est reconnue pratique, la difficulté que nous avons signalée peut être considérée non seulement comme vaincue — elle l’est déjà — mais comme tout à fait disparue.
- On peut rattacher aux appareils d’intercommunication les indicateurs des stations destinés à montrer aux voyageurs, dans les compartiments, le nom de la station dont ils approchent. M. Pollitzer en a exposé un, en 1881, à Paris. Ce n’est tout simplement qu’un appareil de correspondance manœuvré par le conducteur du fourgon de tête au moyen du fil de l’intercommunication.
- Les indicateurs des stations ont l’avantage de forcer les conducteurs du train à tenir l’intercommunication électrique dans un bon état.
- Les journaux spéciaux du commencement de cette année nous ont appris que la Compagnie du chemin de fer souterrain de Londres a adopté définitivement un de ces indicateurs. (*)
- (*) Voir la description du système d'intercommunication électrique adopté par la Compagnie de l'Est français, dans le Traité d’électricité appliquée à l'exploitation des chemins de fer, par Dumont, p. 325.
- (!) Voir l’article de M. dtt Mancel dans La Lumière électrique du I01'octobre 1879.
- 7. — Communications des postes fixes avec les trains en marche et de ceux-ci entre eux.
- D’après M. du Moncel, M. Tyer conçut le premier, en i85i, l’idée de remplacer les signaux sémaphoriques échangés entre les machinistes et les agents de la voie par des moyens de correspondance électrique. Pour la réalisation de cette idée, le point délicat était de parvenir à faire arriver sur la machine le courant envoyé dans une barre ou un fil métallique placé à demeure le long de la voie.
- Afin d’éviter de devoir recueillir le courant par un frotteur glissant continuellement le long du conducteur, M. Tyer se contentait d’une série de contacts intermittents obtenus par des pièces métalliques échelonnées et reliées entre elles par un fil télégraphique. Les essais furent bientôt abandonnés. Ce système employait pourtant des contacts analogues à ceux du sifflet électro-automoteur Lartigue, dont tous les électriciens français font aujourd’hui l’éloge. Mais ils n’étaient pas encore assez perfectionnés.
- M. Bonelli reprit le problème, qui, remarquons-!e en passant, est analogue à celui qu’eurent à résoudre les promoteurs des tramways électriques.
- Comme M. Siemens le fit plus tard pour son premier tramway, M. Bonelli plaçait une bande métallique isolée continue entre les deux rails existants. Sur la bande s’appuyait un frotteur constitué par une grande tringle horizontale munie de quatre ressorts arqués qu’on pouvait élever ou abaisser de l’intérieur du train au moyen de leviers articulés. Le frotteur était relié à un télégraphe de Wheatstone, lequel prenait terre aux roues d’un wagon. La communication électrique devait s’établir uniquement avec le train le plus rapproché, à l’exclusion des autres trains situés sur la même voie. Les essais durent être abandonnés à cause de la difficulté, de maintenir la bande de contact isolée et intacte pendant les réparations de la voie.
- M. Gay voulut perfectionner ce .système, mais en réalité il le compliqua; il remplaça le « Wheatstone » par un appareil de correspondance à nombre de signaux limité, nécessitant deux bandes de contact au lieu d’une, et il ajouta un appareil indiquant la position du train au moyen de contacts placés de distance en distance.
- En 1847, M. Breguet, et après lui MM. Maigrot, Vérité et Bellemare, proposèrent des appareils électriques à cadran et à aiguille, destinés à enregistrer dans les gares d’avant et d’arrière le passage des trains devant les poteaux kilométriques de la voie, au moyen de pédales servant à interrompre un courant. Chaque interruption faisait avancer les aiguilles d’une division de leur cadran.
- Dans le système de M. Maigrot, il y avait une aiguille pour chaque sens de marche, mais l’inventeur n’avait pas songé que si deux trains se suivaient dans le même sens, entre deux stations, ils feraient mouvoir la même aiguille.-
- Ces systèmes restèrent à l’état de projet.
- MM. du Moncel (France), de Castro (Espagne), Guyard (France), de Laffolye (France), Bergers (France), Vincenzi (Italie), Salomon (Angleterre), Brunius (Suède), de la Tour du Breuil (France), inventèrent aussi successivement des appareils pour faire communiquer les trains avec les stations et avertir deux trains, se suivant sur une même ligne, de leur trop grand rapprochement. Tous employaient à cet effet des frotteurs adaptés aux convois et rencontrant des contacts échelonnés sur la voie. Des appareils fixes, placés dans les stations, sur lesquels les trains agissaient à distance, réagissaient à leur tour sur les appareils mobiles portés par ces derniers, et sonnaient l’alarme lorsque deux convois étaient menacés d’une collision. Quelques détails différaient : M. Brunius suspendait les contacts au-dessus des wagons sur des potences. M. de Castro employait des bandes métalliques ne fournissant que des interruptions de deux mètres de distance en distance. Enfin, M. Salomon mettait en usage un troisième rail, divisé en sections, et présentant le tracé suivant :
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- Chaque locomotive portait deux galets prenant contact l’un sur le corps du troisième, rail, l’autre sur les parties coudées, de telle sorte que si un convoi circulait déjà dans la section où le train allait s’engager, ils pouvaient fermer un circuit à travers un appareil d’alarme.
- : Quelques-uns des systèmes que nous avons cités, ceux de MM. de Castro, Yincenzi et Salomon, furent sonmis à des expériences; aucun pourtant n’a survécu.. D’ailleurs, lorsque les stations sont trop éloignées les unes des autres, ces systèmes nécessitent l’érection de postes intermédiaires, et alors ils se confondent presque avec les block-systems entièrement automatiques dont nous parlerons plus loin et qui doivent leur être préférés.
- ' En 1880, les journaux suédois parlèrent de nouvelles expériences* faites sur le chemin de fer de Westerwick à Hults pour télégraphier entre des trains en marche, et proclamèrent leur succès, comme autrefois on avait annoncé celui des premières expériences de M. Bonelli. Depuis lors, il n’en a plus été question. Nous croyons que, pas plus que ceux de M. Bonelli, les essais dont il s’agit n’ont pu avoir de suite sérieuse dans la pratique.
- • Enfin, cette année même, des expériences ont été faites en Amérique sur le « Michigan central Railway » toujours dans le même but ('). Des poteaux étaient placés le long de la voie ; ils portaient des potences sur lesquelles était tendu un fil de façon qu’il fût le plus rapproché possible du train. Ce fil n’avait aucun contact avec la terre, si ce n'est qu’à chaque station il existait des dérivations qui pouvaient être reliées au réservoir commun. Un bras .réglable et monté sur des ressorts était placé sur chaque locomotive de façon à pouvoir être amené en contact avec le fil. La locomotive portait aussi une petite machine magnéto mue par la vapeur, et un poste téléphonique. « S’il y a deux locomotives sur les mêmes rails, disait le Journal qui rendait compte des expériences », les deux sonneries fonctionnent. A ce signal, les deux mécaniciens s’arrêtent et entrent en communication au moyen de leurs téléphones. » C’est là un mode d’exploitation qui peut être praticable en Amérique, mais qui certes ne l’est pas en Europe. On peut faire la même observation pour le système de M. Phelps, installé en ce moment, à titre expérimental, paraît-il, sur une ligne de 22 kilomètres, entre Harlem-River et New-Rochelle Junction, sur le « New-York, New-Haven, Hartford Raiiroad ». Voici dans quels termes le journal The Electrical World fait la description du système :
- . M. Pheîps a cherché l'établissement des communications du train et de la station dans une voie toute différente de ce qui avait été fait jusqu’aujourd’hui, en mettant ù profit les phénomènes d’induction qui s’exercent à distance et sans contact métallique entre le conducteur fixe et le système mobile placé sur le train en marche. Ce conducteur fixe est placé au milieu de la voie entre les deux rails; il est isolé dans une gaine en bois, relié à la terre à l’une de ses extrémités et au manipulateur ’dc la station, par son autre extrémité.
- On peut ainsi envoyer sur cette ligne une succession de courants courts et longs, qui viendront agir sur le système induit placé dans le jrain sur le fourgon spécial consacré aux communications. Le lil induit forme une sorte de bobine allongée de 90 tours occupant toute la longueur du fourgon et présentant environ 2.400 mètres de longueur, sur lesquels 1.200 environ sont amenés très près du conducteur couché entre les rails, tandis que l'autre partie en est éloignée le plus possible* •Les extrémités libres de celte bobine induite aboutissent à un poste télé" graphique installé dans le fourgon. Deux cas sc présentent, suivant que le fourgon reçoit ou transmcl.
- Pour la réception, la bobine induite est’reliée à un relai très sensible qui ferme le circuit d'une pile locale sur un sounder. Pour la transmission, la pile est fermée sur la bobine induite, par rintermédiaire d’un bu-tfer ou vibrateur, qui envoie une série de courants interrompus dans :cette bobine. Ces courants induisent sur la ligne une série de courants
- (d) Voir La Lumière Electrique du .4* avril. i885.
- qui influencent, un téléphone à la station de réception et permettent de lire les signaux Morse au son. Le téléphone ne peut être employé comme récepteur sur le train à cause du bruit, tandis que le relais et le snumier produisent des clics perceptibles à 3 mètres de l’appareil, même quand le train est lancé à toute vitesse.
- Tout cela est fort ingénieux, mais, dans l’état actuel des nécessités de l’exploitation des chemins de fer, nous ne croyons pas que la solution du problème de la communication des trains en marche entre eux et avec les stations doive être poursuivie, et la Commission d’enquête française de 187g, sur les moyens de prévenir les accidents de chemins de fer, s’est prononcée catégoriquement dans ce sens.
- Et, en effet, quelle est la garantie de sécurité nouvelle que donneraient les systèmes du genre Bonelli et qui ne pourrait être obtenue mieux et à moins de frais par d’autres moyens? C’est peut-être d’empêcher le danger d’une collision entre deux trains engagés en sens contraire sur une voie unique. Car, en ce qui concerne la communication des trains en détresse, elle peut, sans conteste, être obtenue fort aisément par des postes de secours, et quant à l’annonce des trains aux passages à niveau, elle peut se faire très facilement par les stations au moyen de cloches aile* mandes. Or, le danger d’une collision, seule éventualité à laquelle il reste à obvier, est, il faut en convenir, bien rare des appareils qui ne devraient servir que pour un cas aussi exceptionnel seraient fort probablement mal entretenus et hors d’usage au moment opportun. Le danger d’une collision est d’ailleurs aussi évité, dans une certaine mesure, par les signaux des cloches allemandes, qui peuvent avertir les mécaniciens de deux trains qu’ils marchent à la rencontre l’un de l’autre.
- (A suivre.)
- CORRESPONDANCE
- Rouen, 12 août iS85.
- Monsieur le Directeur,
- Dans le numéro du ier août de votre journal La Lumière électrique, il est question d’un appareil inventé par M. Albert Wedel el appliqué par le général russe Boreskoff à la télégraphie optique. Il est dit dans cet article que l’appareil se compose d’une lampe à incandescence placée dans un tube entre un réflecteur et une lentille plan convexe.
- C’est dans des termes identiques que, le 16 avril i883, M. Boullay a présenté, au nom de M. G. Trouvé et au mien; le photophore électrique Hélot-Trouvé. 'Le lendemain, M. le
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- Dr Dujardin-Beaumetz le présentait à l’Académie de médecine.
- Depuis ce temps notre appareil de projection a reçu de nombreuses applications; je vois avec plaisir que la liste n’en est pas terminée.
- Vous voyez, Monsieur, que vous aviez bien raison de dire que si l’application venait d’un Russe, l'invention était française; mais il me semble que le nom de M. Trouvé et le mien devaient être rappelés à cette occasion.
- Je compte Monsieur, que vous voudrez bien faire dans ce sens une rectification dans votre Journal et publier ma lettre.
- Veuillez agréer, etc.
- Paul Hëlot,
- Chirurgien chef des Hôpitaux de Rouen.
- Trieste, 9 août i885.
- Monsieur le Directeur,
- En vous remerciant très vivement de l’article que vous avez bien voulu consacrer à mon brevet sur un Selen-Differenzialrecorder {La Lumière électrique du 9 mai i885), je prends la liberté de vous informer que j’ai réussi à remédier à un défaut de cét appareil, défaut qui m’a été signalé par plusieurs personnes, et qui réside dans le trouble qu’auraient probablement apporté au fonctionnement dudit appareil les courants terrestres. J’ai pu, grâce au concours bienveillant de M. H. Blackwood Price, vice-directeur à Trieste de la Easlern Telegraph C°, éliminer toute l’influence de ces mêmes courants. Cet appareil figurera d’ailleurs a la prochaine exposition d’électricité.
- Je vous serais très obligé de publier ces quelques lignes comme complément à l’article visé plus haut et vous prie d’agréer, etc.
- F. von Faund Szyll.
- FAITS DIVERS
- Éclairage électrique.
- MM. Lachambre, Joseph Jaubert et Costrejeau viennent de faire une ascension très intéressante à bord du ballon le Sully. - • '
- Partis à six heures du soir de la place des Vosges, ils se sont élevés à 1.200 mètres et, à cette altitude, ils ont pu faire de très curieuses observations concernant le coucher du soleil et la formation des bandes lumineuses.
- A huit heures moins un quart, M. Joseph Jaubert a fait une expérience d’éclairage électrique.
- Le ballon planait à ce moment à 800 mètres; les rayons lumiaeux émis par la lampe furent aperçus de terre très distinctement par les habitants de l’endroit, et servirent de j fanal afin de permettre à ces derniers d’accourir à la descente de l’aérostat que l'obscurité aurait empêché d’apercevoir. ___________
- La flotte des Compagnies des chemins de fer de l’Ouest et du London Brighton South Coast a été récemment augmentée de deux grands et rapides steamers qui, pendant le service de nuit, sont éclairés par la lumière électrique.
- Une entreprise minière en Angleterre, la « Lo\v MoorCoal and IronCo», a essayé d’introduire la lumière électrique dans une de ses mines eu vue de réduire les risques d’explosion et en même temps d’obtenir un meilleur éclairageJ pour les mineurs. Toutes, les galeries principales sont éclairées avec des lampes à incandescence fixées aux murs, tandis que les environs sont munis de lampes portatives reliées
- par des fils d’une longueur suffisante pour permettre* aux mineurs de les déplacer selon les besoins du travail. Ces lampes portatives sont pourvues d'un commutateur qui permet â l’ouvrier de les éteindre en quittant le travail.
- Le courant est fourni par une dynamo Blakey-Emmott à double enroulement pouvant alimenter depuis une seule jusqu’à 60 lampes sans changer de vitesse. Les nombreuses expériences qui ont été faites prouvent la supériorité de la lumière électrique et ses avantages sur le modèle de la lampe Davy, qui jusqu’ici a été employée dans les mines. II reste maintenant à déterminer le prix de la lumière électrique; et si l’écart entre les deux éclairages n’est pas fort considérable, le premier ne tardera pas à être adopté dans un grand nombre de mines.
- A l’occasion du dernier bal à Buckingham Palace, les salons étaient éclairés à l’électricité avec 340 lampes à incandescence, dont 280 de 20 bougies et 60.de 10. Le courant était fourni par des accumulateurs placés sous une tente dans le jardin.
- Le malentendu qui existait entre les autorités municipales de Leeds et l’entrepreneur de l’éclairage électrique. de l’Hôtel de Ville a été écarté, ce dernier ayant promis d’apporter quelques modifications à l’installation; et la lumière électrique va maintenant fonctionner dans 2 ou 3 semaines.
- Le 11 juillet dernier s’est effectuée la fusion de trois des plus importantes entreprises d’éclairage électrique de Boston : la Compagnie Brush, la Compagnie Weston et la Mer-chants Electric Light C°. La nouvelle Société prendra le nom de V «Union Electric Light and Power C° »,et le capital social a été fixé à 3.5oo.ooo francs. Sur cette somme, la Com -pagnie Brush touchera i.25o.ooo francs et chacune des autres Compagnies 1.125.000 francs. Les dettes des anciennes Sociétés seront soldées au moyen d’une émission d’obligations de la nouvelle Compagnie, remboursables en quinze années. La nouvelle entreprise desservira 1.900 foyers de ses stations centrales, elle dispose en outre d’une force motrice suffisante pour en alirac-'*^r 5oo de plus.
- La Compagnie Edison, à Manchester, a proposé aux autorités d’éclairer le Royal Institute de cette ville à la lumière électrique. Les propositions de la Compagnie seront probablement acceptées et on se servira, dans ce cas, de deux machines à gaz actionnant des dynamos Etwell-Parker.
- La « Mayo Electrical C0 », de Boston* est en ce moment occupée à installer une station centrale pouvant alimenter 600 foyers Brush-Swan à incandescence dans la ville de Taunton en Massachussets. Une partie de l’installation fonctionnera à partir du 25 de ce mois.
- La « Brush Electric Light C° », de laNouvelle-Orléans, vient d’obtenir l’autorisation de placer ses fils pour l’éclairage électrique à incandescence dans une canalisation souterraine pour certaines rues de la ville. Les fils.seront renfermés dans un tube passant le long des trottoirs à une profondeur de 18 pouces au-dessous du niveau des trottoirs.
- Télégraphie et Téléphonie.
- La conférence télégraphique de Berlin a élu ses commissions dans sa séance du 11 août. '
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- L.A LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- La commission des tarifs est composée des délégués de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Bulgarie, du Danemark, de l’Espagne, de la France, de l’Angleterre, de l’Italie, du Japon, du Luxembourg, de la Norvège, des Pays-Bas, du Portugal, de la Russie, de la Suède, de la Suisse, de la Turquie.
- Le président de la commission est M. Brunner (Autriche); le vice-président, M. d’Amigo (Italie); le rapporteur M. Fribourg (France).
- La commission technique se compose des délégués de l’Allemagne, de la Belgique, du Brésil, de la France, de l’Angleterre, de la Roumanie, de la Suède, du Portugal, de la Russie, de l’Inde anglaise.
- Elle est présidée par M. Hake (Allemagne); le vice-président est M. Capanema (Brésil), et le rapporteur M. Delarge (Belgique).
- Le nombre des dépêches transmises par la grande C'0- des Télégraphes du Nord pendant les premiers deux mois de l’année a été de 168.799 contre 170.021 pour la môme période de l’année dernière. Par contre, les recettes ont été de i.o3o.ooo francs ep 188S contre 967.000 francs en 1884.
- La Western Union Telegraph C°, la Commercial C°, la Compagnie française de Paris à New-York et MM. Siemens frères de Londres ont adressé une pétition collective à la Chambre des Lords en Angleterre contre l’adoption de la loi projetée et votée par la Chambre des Communes sur les câbles sous-marins.
- Notre confrère l'Èleclricial de Londres donne les détails suivants sur le réseau télégraphique russe dans l’Asie centrale. Deux lignes séparées relient Saint-Pétersbourg avec Bami entre Kizil, Arvat et Askabad. Par une ligne terrestre traversant Michaelovski et Kizil, Avrat, Bami peut communiquer avec Rrasnovodok qui est relié au réseau russe à Baku par un câble traversant la mer Caspienne. D’autre part la ligne télégraphique russe est reliée au réseau perse à Julfa sur l’Arax, d’où elle passe par Tabrecz et Téhéran pour rentrer en Russie à la frontière d’Askabar et passe ensuite par Tchikislar jusqu’à Bami. Une seule ligne va de cette dernière ville à Askabar, la résidence du gouverneur de la province transcaspienne, et c’est cette ligne qui a dernièrement été prolongée jusqu’à Merv et Sarako.
- La National Téléphoné C°, de Glasgow, vient d’obtenir la permission de placer des poteaux et fils sur toutes les routes du comté d’Irvine en Écosse, afin de relier Kilmarnock, Troon, Irvine, Ardrossan et Ayr avec Glasgow. La Compagnie s’engage à payer une redevance de 6 pence par poteau placé. ________
- Les journaux anglais recommandent au gouvernement, comme une nécessité absolue, de faire construire une ligne télégraphique entre Jamrud et Caboul afin de mettre l’émir de l’Afganistan en communication télégraphique directe avec le gouvernement indien. La distance à franchir n’est que de 160 milles, et on croit que le travail ne rencontrerait pas d’obstacles du côté des habitants, dont beaucoup se sont servis du télégraphe aux Indes et seraient très contents d’avoir les mêmes facilités chez eux. C’est surtout au point de vue de.son importance stratégique que la nouvelle ligne parait nécessaire aux Anglais.
- Les trois cinquièmes de tous les fils souterrains dans l’Amérique du Nord se trouvent à Washington où il y en a aujourd’hui 1.300.000.
- On annonce que la Central and South american Tçle-graph C° vient d'obtenir la concession des câbles entre Buenos-Ayres et Rio de Janeiro, ainsi que celle des lignes terrestres entre Buenos-Ayres et la côte du Pacifique. Le décret a été signé par le Président de la République Argentine et la communication télégraphique directe entre les États-Unis et le Brésil se trouve ainsi entre les mains d’une société américaine.
- Notre confrère l’Electrical Review, de New-York, en constatant l’augmentation constante des personnes employées dans les bureaux télégraphiques, prédit que dans 20 ans d’ici ce service sera fait uniquement par des femmes
- En effet, un grand changement est survenu pendant les derniers dix ans, car tandis qu’à cette époque il n’y avait qu’une femme par 3o employés hommes, la proportion est aujourd’hui de 1 sur 6. Au bureau central de la « Western Union Telegraph C° » il y avait, en 1880, 90 femmes tandis qu’il y en a 275 aujourd’hui; à la même époque le personnel de la Compagnie à New-York se composait de 65o hommes et de 100 femmes, aujourd’hui il y a 5oo hommes et 35o femmes. __________
- Les journaux de Rio-de-Janeiro annoncent que la construction de la ligne télégraphique de l’État qui traversera Piauhy, Maranhao et Para avance aussi rapidement que le permettent les difficultés du terrain. Le travail sera commencé ce mois-ci entre Para et Vizeu, et une communication sera effectuée avec le câble américain à Vizeu.
- La législature de l’Inde a été saisie d’un projet de loi garantissant aux journaux le droit de propriété, pendant 24 heures, de toutes les dépêches télégraphiques qu’ils auront reçues à leurs propres frais.
- On annonce que le gouvernement indien est décidé à étendre le réseau télégraphique jusqu’à Candahar et Hérat.
- Il paraît que la ligne télégraphique en construction entre Moulmein et Myawaddy sur la frontière de Siam, une distance de 75 milles, sera bientôt terminée. Cette ligne sera reliée à la ligne siamoise de Bangkok.
- Nous avons reçu du ministère des postes et télégraphes en Belgique l’avis suivant :
- « Le ministre des chemins de fer, postes et télégraphes, fait connaître qu’il sera procédé, sous réserve d’approbation, le merçredi g septembre i885, à onze heures du matin, à la Bourse de commerce (Salle de l’Union syndicale), à Bruxelles, par-devant M. l’Ingénieur en chef, directeur des télégraphes ou son délégué, assisté d’un fonctionnaire de l’administration, à l’adjudication publique de la concession de l’établissement et de l’exploitation d'un réseau téléphonique dans la ville d’Iseghem et les villes et communes d’Ardoye, Bavichove, Beveren-lez-Roulers, Bevercn-sur-Lys, Bisseghem, Cachtem, Coolscamp, Courtrai, Cuerne, Dadizeele, Desselghem, Eeghem, Emelghem, Gits, Gulleghem, Harlebeke, Heule, Hooglcde, Hulste, Ingelmunster, Ledeghem, Lendelede. Lichtervelde, Meulebeke, Moorseele, Moorlsde, Oostnieuw-kerlce, Oostroosebeke, Ouckene, Oyghem, Pitthem, Rol-leghemcappelle, Roulers, fRumbeke, Thielt, Wevelghem, Wielsbeke, Winkel-Saint-Eloi.
- Cette adjudication aura lieu aux clauses et conditions du cahier des charges annexé à la loi du 11 juin i883 (Moniteur belge du 12 juin i883, n° i63) et aux conditions complémentaires suivantes :
- Article Ier. — Le calcul du montant des abonnements J s’établit d’après la distance, mesurée en ligne droite, entre
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- le bureau d'échange principal de la concession et rétablissement à relier.
- Art. 2. — Le concessionnaire est passible des mesures édictées par l'article 21 du cahier des charges susmentionné, si, dans le délai de six mois à partir de la date de l'arrêté de concession, il n’a pas ouvert un bureau central avec au moins dix abonnés.
- Art. 3. — Chaque poste téléphonique du réseau concédé
- sera pourvu de deux téléphones récepteurs.
- Les installations de ces postes devront être capables de transmettre la parole, d'une façon satisfaisante, à une distance de deux cents kilomètres, dans les conditions suivantes :
- a. A travers une ligne aérienne composée :
- i° D’un circuit de 180 kilomètres de longueur, formé de deux fils de fer de 4 millimètres de diamètre et approprié, d'après le système Van Rysselberghe, à l'échange simultané des dépêches télégraphiques et des correspondances téléphoniques;
- 2° De deux fils simples, de 10 kilomètres de longueur chacun, se raccordant aux deux extrémités de la ligne précédente, par l'intermédiaire de deux translateurs téléphoniques et de deux annonciateurs conformes aux types admis par l'Administration des télégraphes;
- b. A l'intervention d'un poste de réception du système Blake-Bell muni de deux téléphones.
- Postérieurement à la séance d'adjudication, les soumissionnaires désignés par le Ministre des chemins de fer, postes et télégraphes, auront, dans les quatre semaines à partir de la date de l’invitation qui leur en sera adressée, à administrer la preuve expérimentale que les appareils à mettre en œuvre dans le réseau concédé satisfont à la condition spécifiée ci-dessus. L’Administration se charge, à cet effet, de fournir la ligne ainsi que le poste Blake-Bell destiné à la réception.
- Les soumissionnaires qui n'auraient pas observé ce délai pourront être considérés comme renonçant à concourir pour l'obtention de la concession.
- Art. 4. — Nul ne sera admis à concourir à l'adjudication s’il u'a, au préalable, déposé entre les mains de l'un des agents du caissier de l’Etat, placés dans les chefs-lieux d'arrondissement et à La Louvière, un cautionnement de dix mille francs, soit en numéraire, soit en fonds nationaux.
- Le dépôt du cautionnement devra être accompagné, au moment du versement, d'un bordereau détaillé distinct pour les valeurs en numéraire et pour les valeurs en fonds publics. Ce bordereau devra être revêtu de la signature du déposant et indiquer : i° la nature de l'entreprise en vue de laquelle le dépôt s'opère; 20 le nom et le domicile du concurrent à l'adjudication; 3° la nature des valeurs déposées; 4° le bailleur, le cas échéant; 5° le propriétaire des valeurs, si elles appartiennent à un tiers.
- Chaque soumissionnaire annexera à sa soumission la reconnaissance de dépôt qui lui aura été délivrée par l'agent du caissier de l'Etat, après avoir fait détacher le talon de cette reconnaissance par l’agent du Trésor.
- Si le cautionnement déposé est en numéraire, il portera intérêt à 3 pour 100 l’an à partir du icr du mois qui suit celui de la régularisation du versement au Trésor; cet intérêt cessera le dernier jour du mois qui précède le remboursement.
- Les fonds nationaux seront reçus aux taux suivants :
- Le 4 pour 100 et les bons du Trésor au pair;
- Le 3 pour 100 à raison de 80 pour 100;
- Le 2 1/2 pour 100 à raison de 65 pour 100;
- Les obligations à 4 1/2 pour 100, émises sans primes ou lots par la Société du Crédit communal, instituée en vertu de l'arrêté royal du 8 décembre 1860, sont admises au pair.
- Les obligations émises avec le visa de l’Administration de la Trésorerie et de la Dette publique par la Société ano-
- tnyme dite : « Caisse d'annuités dues par l'Etat », seront admises respectivement au pair, pour celles qui 'portent intérêt à 4 pour 100 et 4 1/2 pour 100 et à 75 pour 100, quant à celles dont l'intérêt est de 3 pour 100.
- Ne seront pas admises, les obligations au porteur dont il aurait été détaché des coupons d’intérêts non échus à la date du dépôt.
- Les valeurs déposées ne pourront être échangées contre d'autres valeurs, si ce n'est en vertu d'une autorisation spéciale de M. le ministre des Finances délivrée à la demande de M. le ministre des chemins de fer, postes et télégraphes, et dans les limites des conditions de l'entreprise.
- Art. 5. — L'adjudication aura lieu par soumissions sur timbre, rédigées d'après le modèle annexé au présent Avis.
- Ces soumissions pourront être remises en séance publique ou adressées au fonctionnaire appelé à procéder à l'adjudication, par lettres recommandées, remises à la poste en temps utile.
- Dans le premier cas, elles seront remises sous enveloppe cachetée, portant pour suscription :
- Soumission pour Ventreprise de Vétablissement et de Vexpîoi-
- tation d'un réseau téléphonique dans la ville d'Iseghem
- et dans les villes et communes environnantes.
- Dans le deuxième cas, les soumissions devront être renfermées dans une enveloppe cachetée, avec suscription conforme à la précédente. Une seconde enveloppe devra recouvrir la première et porter l'adresse suivante :
- A M. l'Ingénieur en chef, directeur des télégraphes, station du Nord, à Bruxelles.
- Les soumissionnaires indiqueront exactement, en toutes lettres, le tantième pour cent de rabais qu'ils offrent soit directement, soit par toute autre combinaison de tarifs à détailler dans la soumission, sur les chiffres maxima stipulés aux articles 9 et 11 du cahier des charges annexé à la loi du n juin i883.
- Toutes les soumissions qui ne seraient point dans la forme du modèle annexé ou qui renfermeraient des conditions contraires à celles stipulées au cahier des charges et au présent avis, pourront être rejetées. Il en sera de même des offres auxquelles les soumissionnaires auraient négligé de joindre la reconnaissance de dépôt de cautionnement préalable, ou auxquelles il serait annexé des valeurs destinées à tenir lieu de cette reconnaissance.
- Au jour et à l'heure fixés par M. le ministre des chemins de fer, postes et télégraphes, le conseil se réunira dans la salle d'adjudication qui sera ouverte au public. Lorsque tous les concurrents présents à la'séance d'adjudication auront déposé leurs soumissions dans la boîte, à ce destinée, le directeur des télégraphes, ou son délégué, chargé de présider à l'adjudication, assisté d'un fonctionnaire de l'administration, déposera également dans la boîte les soumissions qui lui auraient été adressées directement.
- Après ce dernier dépôt nul ne sera plus admis à déposer de soumission et il sera procédé immédiatement au dépouillement des plis renfermés dans la boîte.
- Le président du conseil d’adjudication rompra le cachet de chacun de ces plis et proclamera, à mesure de leur ouverture, les noms des concurrents et les prix auxquels ils s'engagent à exploiter.
- S'il arrive que plusieurs soumissionnaires aient stipulé le même rabais, et que ce rabais soit le plus fort, ils seront invités, s'ils sont présents, à déposer immédiatement par écrit de nouvelles offres.
- Si cette seconde épreuve laisse subsister une parité de prix, ou si les deux plus bas soumissionnaires ne sont pas présents, il sera procédé, séance tenante, à un tirage au sort.
- Le ministre aura, dans tous les cas, la faculté d'ordonner
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- .une réadjudication, ou de déclarer adjudicataire celui que le sort aura désigné.
- Les nouvelles offres de rabais pourront être rédigées sur papier libre, sauf à être visées pour timbre, dans 24 heures, aux frais des concurrents.
- Le ministre des chemins de fer, postes et télégraphes se réserve le droit, si les offres ne lui paraissent pas acceptables, de ne donner aucune suite à l’adjudication, d’en ordonner une nouvelle ou de prendre telle autre mesure qu’il jugerait convenable. Il statuera dans les six semaines qui .suivront la date de l’adjudication.
- Art. 6. — Tout particulier concessionnaire doit faire élection de domicile en Belgique.
- Toute Société concessionnaire est tenue d’avoir son siège social en Belgique.
- Des exemplaires dn cahier des charges et du présent avis sont à la disposition des amateurs au Ministère des chemins de fer, postes et télégraphes (direction des télégraphes, 2° bureau, station du Nord, à Bruxelles) et au bureau central des renseignements, rue des Augustins, 17, à Bruxelles.
- Bruxelles, le 3o juin 188S.
- Le ministre des chemins de fer, postes et télégraphes,
- J. Vandenpeereboom.
- MODÈLE DE SOUMISSION
- Je soussigné (noms, prénoms et qualités), demeurant à ' rue n° ayant pris con-
- naissance suffisante des clauses et conditions du cahier des ) charges annexé à la loi du 11 juin i883, pour l’établissement et l’exploitation de réseaux téléphoniques, m’engage par la • présente, sur mes biens, meubles et immeubles, à établir et à exploiter, conformément aux clauses et conditions dudit cahier des charges et de l’avis n° 196, approuvé le : 3ojuin 1885, un réseau téléphonique dans la ville d’Isêghem 1 -et les villes et communes environnantes, moyennant un j rabais : (1) il
- i° De pour cent sur le taux maximum de 25o francs s relatif au rayon de 3 kilomètres ;
- 2° De pour cent sur le taux maximum de 5o francs applicable à chaque kilomètre indivisible en plus ;
- 3° De pour cent sur le taux de 5o centimes par correspondance de 10 minutes indivisibles dans les bureaux publics.
- Fait à le i885.
- Le Soumissionnaire,
- AVIS IMPORTANT ‘
- Les représentants de Sociétés, de Compagnies ou de par-‘ticuliers munis des pouvoirs suffisants (2) pour traiter au nom de ces Sociétés, Compagnies ou particuliers, doivent : formuler leurs soumissions en ce sens que ce sont ces So- ; ciétés, Compagnies ou particuliers mêmes qu’ils engagent. Exemple :
- « Je soussigné (direcleur-gèt ant, ou président, ou administrateur-délégué, ou mandataire, etc.) de (indiquer la firme sociale, ou les noms, prénoms et domicile des mandants), dûment commissionné à cet effet, ayant pris connaissance,
- (') Le cas échéant, indiquer en détail la combinaison des tarifs dans les limites maxima fixées par le cahier des j charges.
- (a) Les personnes qui prennent part aux adjudications ; pour compte de tiers doivent être en mesure d’exhiber leur ; délégation au fonctionnaire qui préside la séance. Si la sou- . mission est envoyée par la poste, une copie de la déléga- j tion certifiée conforme devra y être jointe. Cette copie est restituée ultérieurement à l’intéressé. .......... !
- etc,, prends l’engagement pour (celle Société, Compagnie, ou pour mon mandant), et sur ses biens, meubles et immeubles, d’établir, etc. »
- Les soumissionnaires qui, bien que portant le titre de directeur-gérant, ou président, ou administrateur-délégué de Sociétés ou Compagnies, etc., ne sont pas munis de pouvoirs suffisants pour les représenter, stipuleront en leur nom personnel. Exemple :
- « Je soussigné (directeur gérant, ou président, ou admi. nistrateur-dèlèguè, ou fondé de pouvoirs, etc.) de la (indiquer la firme sociale), ayant pris connaissance.etc., m’engage par la présente, sur mes biens, meubles et immeubles, etc. »
- N. B. Pour les soumissionnaires étrangers au pays, la soumission doit être rédigée comme suit :
- « Je soussigné (noms, prénoms .et qualités) demeurant à rue n» et faisant élection de domicile, à l’effet des présentes, en Belgique, à chez
- M. rue n° et ayant pris, ete. »
- Des expériences de téléphonie à grande distance ont dernièrement eu lieu entre les villes de Csorna, Gallya et Herény, en Hongrie, sur une distance de 178 kilomètres. Les résultats ont été fort satisfaisants et les trois stations reliées ensemble ont pu causer pendant longtemps sans aucun inconvénient.
- Un téléphone à bon marché, inventé par le professeur S.-P. Thompson vient d’être mis en vente en Angleterre parla «New Téléphone C°. ». Au lieu de louer ces appareils comme le font les autres entreprises téléphoniques en Angleterre, la Société en question se propose de les vendre à ses clients avec une garantie contre le résultat des poursuites en contrefaçon possibles qui pourraient être commencées par une autre Société téléphonique.
- Le journal le Mercury de Liverpool raconte que quand le téléphone fut introduit en Angleterre, le représentant de M. Bell offrit l’invention au département des Postes et Télégraphes pour tout le Royaume-Uni, au prix de 750,000 fr. Le département ne crut pas pouvoir payer une somme aussi forte, mais quelques années plus tard il offrait — mais en vain — de payer i3.5oo.ooo francs, rien que pour le réseau de Londres.
- La Compagnie des Téléphones à Chicago a traité avec la « Western Electric C° » pour la pose de 5oo milles de fils en câbles souterrains, modèle Patterson; 900 fils partiront du bureau central auxiliaire de Washington Street, et 3oo de celui de la 22e rue; les fils seront du n° 18 et groupés en câbles de 5o à 100 conducteurs. En sortant de terre la plus grande partie de ces fils seront reliés aux câbles aériens qui existent déjà au centre de la ville.
- Une ligne téléphonique sera prochainement installée entre les villes de Santos et Sao Paulo au Brésil.
- Le nouveau vaisseau de guerre anglais le Pylades a été muni d’appareils électriques pour la décharge des torpilles.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- - Paris.—-Imprimerie P.-Mogillot, «3, quai Voltaire.—59068.
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 3i, Boulevard des Italiens, Paris
- directeur : D* CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Avg. Guerout
- 7* ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI 27 AOUT 1885 N° 35
- SOMMAIRE. — Une visite à l’observatoire du Vésuve; P. Marcillac. — Note sur un nouveau modèle de galvanomètre Deprez-d’Arsonval; W. C. Rechniewski. — Organisation de la télégraphie militaire dans les armées européennes (20 article); J. Bertrand. — Etude sur les galvanomètres (3e article); A. Minet. — Revue des travaux récents en électricité dirigée par B. Marinovitch : Sur la théorie de la machine Gramme, par M. Mascart. — De la polarisation des récepteurs téléphoniques. — Influence des orages sur les lignes souterraines, parM.Blavier. — Correspondances spéciales de l’étranger : Allemagne; H. Michaëlis. — Angleterre; J. Munro. — Chronique : Rapport du jury des sections V et VIII à l’Exposition internationale de Philadelphie. — De la gutta-percha. — Les applications de l’électricité aux chemins de fer {suite). — Faits divers.
- UNE VISITE
- A L’OBSERVATOIRE DU VÉSUVE
- « Tout le inonde connaît de nom l’observatoire du Vésuve » disait récemment M.. Faye dans une note adressée à l’Académie des Sciences. II n’est pas, en effet, un électricien qui n’en ait entendu parler : toutefois, comme il en est peu qui le connaissent de visu, j’ai cru devoir, avant de passer en revue les divers appareils qui y sont employés, fournir quelques détalis sur la position exacte et la distribution intérieure de la célèbre station.
- Il n’entre pas dans le cadre de La Lumière électrique de donner une description détaillée du volcan; cependant la position même des stations météorologiques étant en corrélation étroite avec l’ensemble des phénomènes qu’il est possible d’y observer, il est nécessaire d’esquisser la physionomie générale du sol sur lequel s’appuie l’observatoire du Vésuve. Ainsi que le montre la vue générale de Naples (üg. 2), dans laquelle se trouve indiqué l’emplacement de la station, le Vésuve s’élève en quelque sorte d’un seul jet, du niveau de la mer, jusqu’à une hauteur d’environ i.3oo mètres.
- Prise ainsi isolément, la masse du volcan paraît plus considérable que celle de certaines cimes fort connues et beaucoup plus élevées, mais à demi perdues dans des massifs de premier ordre. Jusqu’à mi-hauteur, des coulées de laves rousses ou
- noires, rayonnant d’un centre commun comme les jantes d’une roue, alternent avec de longues bandes de terrain, implantées de vignes célèbres qui donnent le lacryma-christi. A 700 mètres environ, commence la base du grand cône supérieur^qui va s’exhaussant chaque jour des matières rejffées par le cratère. A l’est se développe en un demi-cercle dont le cône actif est le centre, le mont Somma, autrefois point culminant du Vésuve et aujourd’hui dépassé de haut parle cône de cendres. C’est à cette altitude, mais regardant vers Naples, que l’observatoire occupe le sommet d’un petit mamelon au bas duquel gisent à droite et à gauche deux longues coulées de laves refroidies, affectant la forme d’énormes câbles calcinés et tordus dans un fouillis sans nom.
- Un météorologiste chercherait en vain une vue plus belle et une situation à la fois aussi périlleuse, aussi charmante, aussi étrange. A ce propos, deux faits pris au hasard : lors de la grande éruption de 1872, la température atteignit 72°C. à l’extérieur de l’observatoire, qui se trouva cerné par deux nappes de feu d’une longueur de plusieurs milles; d’autre part, quelque temps avant mon passage, au mois de mai dernier, une rafale terrible enleva jusqu’à la plus petite trace des ferrures qui soutenaient et consolidaient l’arbre de l’anémomètre,, et enfouit le tout dans les cendres, sans que l’on ait pu, me disait le gardien, retrouver l’endroit où cet enlisement brutal avait eu lieu. Dans ces conditions particulièrement détestables, il est aisé d’observer des phénomènes tendant vers un maximum d’éner-
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- gie, et, par suite, plus nettement accentués. L’observatoire, pris dans son ensemble (v. fig. i) constitue une sorte de coquet et vaste pavillon dont les divers étagés contiennent, en même temps que les appareils spéciaux, de riches collections minéralogiques. Un beau perron dominant un élégant jardinet donne accès dans une première pièce garnie de vitrine contenant une collection unique de cendres des diverses éruptions du Vésuve. Ces
- débris pulvérulents que leur nature semble exclure de toute autre étude que celle de la géologie pure, se trouvent rattachées d’une façon directe et immédiate aux essais électriques.
- On sait, en effet, que dans les collecteurs actuellement en usage, on emploie, soit un gaz, soit une llamme, soit un liquide, pour recueillir les traces d’électricité atmosphérique. Le directeur de l’observatoire du Vésuve, M. Palmieri, eut l’idée
- FIG. 1. — VUE DE L’OBSERVATOIRE
- d’employer, dans un but analogue, les cendres volcaniques.
- Il en est, d’une texture grossière que l’on peut comparer à un léger gravier, d’autres ressemblent à du sable de mer, d’autres enfin paraissent une fine cendre de cigare. Ce furent ces poussières que M. Palmieri utilisa au lieu et place d’un liquide, pour recueillir l’électricité atmosphérique, suivant des procédés détaillés par lui-même dans un récent mémoire auquel je renverrai le lecteur (‘). En continuant la visite de la station, on trouve, à côté de merveilles géologiques fort petites et de bombes volcaniques semblables à des bombes de guerre
- (i) Voir Lois et origines de l’éle:tricitè atmosphérique, Paris, Gauthier-Villars, i885.
- du plus grand diamètre et tapissées intérieurement de gemmes rares ou de cristallisations magnifiques, un appareil d’observation des variations du magnétisme terrestre. L’instrument n’étant pas spécial à la station du Vésuve et d’ailleurs étant fort connu, je ne m’arrêterai pas à le décrire, me bornant à rappeler que c’est un appareil, de Lamont, de Munich. Il comprend, comme on lésait, un ensemble d’aiguilles formées de petites lames d’acier convenablement suspendues, dont les mouvements les plus faibles peuvent être observés sans peine, grâce à un système de réflexion identique à celui que sir William Thomson adopte pour ses galvanomètres.
- Il est toutefois une remarque à faire au sujet de cet appareil et du rôle qu’il joue au Vésuve ou peut
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- FIG. 2
- VUE GENERALE DE NAPLES
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- jouer dans tout autre lieu d’observations placé dans une situation analogue. M. Palmieri considère l’appareil de Lamoiit comme étant d’un secours précieux pour l’observation des variations locales temporaires du magnétisme terrestre, mais il objecte, avec raison, que, les mesures fournies par l’instrument, au poiut de vue des variations générales des divers éléments du magnétisme du globe, n’ont, à la station du Vésuve, aucune signification. En effet, dit-il, le magnétisme particulier des roches ou des laves qui possèdent des polarités propres, fait changer ces valeurs du magnétisme général, d’un lieu à un autre et même parfois à un même point, si quelque bloc ou quelque lave plus considérable vient à se rapprocher. Aussi les résultats obtenus ne sont-ils considérés par M. Palmieri que comme des indications locales variant suivant des causes locales. Quant aux variations générales, ce n’est point au Vésuve, mais à une certaine distance du volcan, à Naples même, qu’elles sont étudiées, les effets secondaires magnétiques des laves pouvant être considérés alors comme négligeables. Il est inutile de donner ici une description des nombreux instruments communs à toutes les stations météorologiques : je me borne à dire que l’observatoire du Vésuve possède une ample collection de thermomètres, baromètres, pluviomètres, hygromètres, etc., plus une certaine réunion d’objets particuliers tels que deux belles réductions en relief du Vésuve et de l’Etna. Ces pièces, fort remarquables, en cuivre galvanique, figuraient dans le pavillon italien, à l’Exposition d’électricité de Paris.
- Le premier étage de la station est, presque tout entier, réservé à de nombreux sismographes ou enregistreurs de secousses, peu connus, et en général peu employés si l’on excepte les observatoires italiens. Sans entrer dans des considérations sur l’origine ou les lois des tremblements de terre, il est difficile de ne pas dire quelques mots de ces phénomènes, à propos des sismographes qui servent non seulement à en accuser la présence, mais encore à en mesurer l’intensité.
- L’allure de ces mouvements est extrêmement variable. Tantôt le sol oscille, comme une table que l’on heurte, horizontalement, tantôt l’écorce terrestre vibre à la façon des parois d’une chaudière, tantôt enfin les trépidations sont analogues à celles d’une membrane vibrante dont un coup sec, frappé soit de bas en haut, soit de haut en bas, gonflerait ou déprimerait la surface. On comprend dès lors qu’il soit indispensable de posséder des modèles d’appareils très différents qui, quoique concourant àu même but, l’enregistrement des tremblements de terre, se prêtent par leurs dispositions spéciales à l’observation des divers genres de mouvements.
- Sismographes. — De ces appareils, les uns sont de simples indicateurs, les autres comprennent, au
- contraire, un indicateur et un enregistreur. Les premiers sont représentés dans la figure 3, sur laquelle il suffit de jeter un coup d’œil pour comprendre de quelle manière ils fonctionnent. A est formé d’un fil d’acier fixé par une de ses extrémités, chargée
- B d
- d’un curseur sphérique qu’une vis de réglagepermet d’arrêter à telle hauteur que l’on veut, et terminé à son extrémité libre par un cône de substance légère, surmonté d’une fine, aiguille. Le tout est enfermé dans un cylindre de cristal. A la moindre oscillation latérale du sol, le système vibre ou oscille. Il suffit d’observer les mouvements de l’aiguille : leur amplitude indique le plus ou. moins d’énergie de l’action souterraine. L’appareil B comprend une hélice de fil de laiton retenue à sa partie supérieure par une pièce et munie à son extrémité inférieure d’une boule de métal ou d’un cône aigu dont la pointe platinée affleure la convexité d’une petite quantité de mercure contenue dans un godet de fer. Pour toute oscillation verticale du sol, la spirale s’allonge et se contracte tour à tour, rendant visible à un œil attentif, des mouvements que l’observateur, même le plus exercé, ne perçoit pas au pied, bien que placé sur le terrain qui vibre. Il est rare que ce sismographe reste muet : il suit pour ainsi dire toutes les pulsations duvolcan en travail et signale d’une façon très sûre les variations d’énergie de ce dernier. Si l’on fait passer un courant dans la spirale et que l’on réunisse le godet de, fer à un enregistreur dont nous verrons plus loin les détails, on peut évidemment obtenir l’euregis-freraent de tous les mouvements du sol. On voit en C, l’appareil à ressauts de grande amplitude. Une petite lame d’acier maintenue horizontalement, fixée à une colonnette verticale d’une part, munie d’autre part, en son extrémité libre, d’une pointe platinée séparée de quelques millimètres d’un godet plein de mercure, tel est l’instrument réservé, je le répète, à l’enregistremeut des secousses exception-
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- nellement fortes. La figure D représente le sismographe indicateur des mouvements horizontaux. A l’intérieur d’un cylindre de verre est suspendu un fil métallique très fin supportant une petite boule de laiton, munie, en dessous, d’une pointe de platine. Sous la pointe est placé un vase de fer dont le fond se relève en forme de cône tronqué. La cavité annulaire ainsi obtenue est remplie de mercure qui forme un bourrelet circulaire au milieu duquel descend la pointe de platine qui, au repos, ne touche pas l’anneau de mercure. Si une secousse déplace le pendule de sa position verticale, la pointe de platine oscille et touche le mercure, un circuit électrique se ferme et le signal est enregistré. L’instrument est muni en outre d’une série de petits tubes de verre formant comme les rayons d’une boîte cylindrique, mais très mobile ; la balle de laiton heurte un ou plusieurs de ces tubes, dans ses déplacements latéraux, et l’on peut voir ainsi
- A B
- la direction de l’ondulation. Cette partie inférieure de l’instrument est figurée en R (fig. 3 bis).
- Les divers indicateurs de tremblements de terre nous étant maintenant connus, voici comment on enregistre les secousses à l’observatoire du Vésuve grâce aux récepteurs spéciaux.
- La figure 4 donne la vue perspective du sismographe enregistreur fixe, ainsi appelé par opposition à un autre modèle d’enregistreur portatif destiné seulement à être temporairement employé, là où il vient à se manifester des phénomènes particuliers n’exigeant qu’une observation passagère, et là où ne se trouve aucune station météorologique.
- L’enregistreur fixe se compose de deux horloges À et B. La première marche et indique les jours du mois, les heures, les minutes et les demi-secondes; la deuxième est au repos et ne se met en marche qu’au commencement d’une secousse, comme nous le verrons plus loin. Quand cette horloge fonctionne, elle fait dérouler avec une vitesse de 3.600 millimètres à l’heure une bande de
- papier KK contenu dans le rouet i. Entre les deux horloges se trouvent deux électro-aimants mtn, nn, dont les armatures sont réunies à deux leviers coudés terminés, l’un par un crayon noir, l’autre par un crayon rouge. Ces leviers sont articulés de telle sorte que, lorsque les armatures sont attirées, les crayons appuient sur la bande de papier qui passe au-dessous de leurs pointes. S’il survient une secousse verticale très légère, le courant électrique animant l’électro mm, un mécanisme fort simple (qu’il n’est pas utile de dérire, car tout mécanicien peut le modifier comme il lui plaît) fait arrêter l’horloge A qui met en movement une sonnerie d’appel. L’horloge B se met en marche en entraînant la bande de papier sur laquelle le crayon rouge tracera des lignes dont la longueur donnera la mesure de la durée de la secousse. Celle-ci terminée, le papier se déroule en blanc; mais si
- PIG. 5
- une heure après, par exemple, une nouvelle secousse se produisait, on trouverait après une longueur de papier de 3.6oo millimètres, les traces d’une secousse et sa durée, et ainsi de suite. Si, au lieu d’être vertical, le mouvement était horizontal ou ondulatoire, le courant passerait, comme on le verra plus loin, dans l’électro-aimant nn, qui fonctionnerait ainsi qu’on vient de l’expliquer, et le crayon noir enregistrerait la secousse et sa durée. Il est clair que, averti par la sonnerie d’appel, l’observateur se rendra auprès des appareils; mais on voit, qu’en cas d’absence, ceux-ci fonctionnent de manière que les phénomènes ne passent pas inaperçus. D’après la description des indicateurs, donnée plus haut, on conçoit qu’il suffit de relier au premier éleçtro-aimant l’un des indicateurs de secousses verticales et au second électro, un indicateur de secousses horizontales.
- Il me reste à décrire le modèle qui remplit le mieux ce dernier but et qui enregistre aussi les mouvements ondulatoires.
- Il est représenté dans la figure 5. Une sorte de
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- châssis, un ensemble de colonnettes soutiennent d’une part quatre tubes communiquants, et d’autre part quatre petites équerres supportant de petites roues à gorge. Une des branches verticales de chaque tube est large et a un diamètre de deux centimètres, l'autre branche plus étroite n’a que le tiers du diamètre de la première. Les quatre tubes, qui contiennent du mercure, sont placés dans la direction des points cardinaux. Dans la branche large de chacun d’eux, plonge en permanence une tige de fer ou de platine; dans les branches étroites se trouvent des pointes de platine très voisine du niveau du mercure (fig. 5 bis. Dans ces conditions, si une secousse, même très légère, se produit dans le sens horizontal d’un des tubes, le mercure touche la pointe de platine, le circuit électrique se ferme, l’é-lectro à crayon noir fonctionne et la secousse est enregistrée. Il existe en outre dans chaque branche étroite un flotteur d’ivoire suspendu à un fil de cocon qui passe dans la gorge d’une des petites poulies q,q,q,q, et qui est muni d’un contrepoids.
- Suivant les mouvements d’un flotteur, la poulie tourne et déplace une aiguille fixée sur son axe; indiquant ainsi la direction et l’amplitude du mouvement. Pour une oscillation qui se produirait dans une direction intermédiaire à celle de deux tubes, deux aiguilles seraient déplacées.
- Un dernier mot sur ces appareils dusàM. Palmieri et qui ont servi de modèle à tous ceuxque l’onaima-ginés depuis. Ce n’est pas seulement au Vésuve qu’ils sont employés. La Société de sismologie du Japon en possède deux beaux modèles, sortis de chez MM. Negretti et Zambra, bien connus dans la science; un troisième est employé au Mexique, contrée favorable, s’il en fut, à dépareilles observations; un quatrième existe enfin, à San Francisco, croyons-nous.
- Évidemment les massifs montagneux de la France ne sont pas bouleversés ou agités aussi souvent que les contrées citées plus haut. Il y a une différence marquée entre l’Italie du sud avec ses trois bouches volcaniques, le Japon avec ses 29 cônes ignivomes, le Mexique avec ses 23 volcans, la Californie même avec son unique exutoire de las Virgines, et notre sol d’Auvergne, de Provence, du Dauphiné, aujourd’hui endormi depuis plusieurs siècles ; mais il me paraît regrettable xque nos observatoires, tout au moins dans les trois provinces que je cite, ne soient pas munis de sismographes. Les effets sont faibles, il est vrai, moins fréquents assurément que dans des centres volcaniques, mais ils ne sont pas négligeables. Sans parler d’observations personnelles, je renvoie
- le lecteur aux ouvrages spéciaux : il y verra que le vœu que j’exprime ici a été formulé de longue date par des auteurs fort autorisés (1). C’est avec regret que je n’ai relevé sur la liste des appareils destinés à l’observatoire du Mont Ventoux, que l’on va inaugurer sous peu, aucun sismographe. L’occasion serait belle cependant, cette station se trouvant à peu près au centre du cercle qui embrasserait toutes les portions du territoire français les plus fréquemment agitées. Faut-il que
- FIG. 6
- l’exemple nous arrive du Japon, qui vient à peine de naître à la civilisation?
- Sous peine de sortir des limites d’une simple visite que des règles inéluctables prescrivent de ne pas prolonger outre mesure, je dois laisser de côté de nombreux appareils, fort ingénieux pourtant, ou ne les effleurer que d’une course rapide. Je ne cite donc que pour mémoire l'udographe enregistreur, Y anémométro graphe ou, par contraction, anémographe, le sismographe mobile ou portatif, sur lesquels je reviendrai un jour, pour passer en revue les appareils d’observation de l’électricité atmosphérique. Dans son récent mémoire, le savant directeur de l’observatoire du Vésuve les a décrits avec quelque détail; mais, (*)
- (*) Voir Traité de météorologie ou physique du globe, par J.-G. Garnier. Paris, 1839, et Volcans et tremblements de terre, par Boscowitz. Paris, 1861, chez P. Ducrocq.
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- pour ne pas distraire de la partie fondamentale de son travail l’attention du lecteur, il s’est attaché plutôt à l’énoncé des lois qu’il a pu établir, grâce à ses instruments, qu’à la description minutieuse de ces derniers. Son mémoire ayant été analysé, au point de vue théorique, d’une façon magistrale, par M. Faye, je m’abstiens d’y revenir, si ce n’est pour fournir quelques renseignements secondaires ou complémentaires, utiles à la théorie, précieux pour la pratique.
- C’est au dernier étage de l’observatoire que sont placés les appareils d’électricité proprement dits et les piles qui servent à actionner les divers enregistreurs, horloges sismographiques, anémo-graphes, etc., dont j’ai précédemment parlé. Là sont rangés et entretenus avec un soin particulier, les éléments Callaud, à col étranglé, qui composent les batteries de la station. Là aussi, se trouvent les
- FIG. 7
- piles constantes modifiées par M. Palmieri, et dont le savant physicien se sert dans ses expériences en plein air, pour reconnaître la nature de l’électricité accusée par ses enregistreurs portatifs. Là, enfin, figurent à titre d’appareils historiques, les collecteurs à veine liquide ascendante ou descendante, précurseurs des instruments si éminemment pratiques que l’on emploie actuellement dans toutes les stations italiennes et qui sont les suivants : un électromètre, un collecteur mobile, un électroscope de Bohnenberger modifié.
- Électromètre. — Soit une cloche en verre AA, cylindrique, portant sur son pourtour une échelle graduée, supportée à sa partie inférieure dd, par un socle de bois ou de métal et soutenant à sa partie supérieure un disque de verre percé en son centre d’une ouverture assez large (fig. 6). Dans cette ouverture est fixé un cylindre de verre S contenant une suspension bifilaire en fil de cocon qui soutient un disqùe mince i, en aluminium, traversé suivant un de ses diamètres par un fil métallique très fin. Le disque i tourne à l’intérieur d’un godet de métal doré, portant deux bras horizontaux e, e, formés de tubes coupés suivant un plan perpendiculaire à celui du godet. Le fil métallique se
- meut parallèlement à ces bras et s’en éloigne ou s’en rapproche suivant qu’il est ou non électrisé. Ces bras e, e, sont soutenus, ainsi que le godet r, par une tige de cuivre c, isolée de la surface inférieure de l’appareil par un manchon de substance isolante bb, de nature particulière, (fig. 7). Laissant de côté les applications de l’instrument lui-même, je ne veux parler que de la composition de cette substance, capable de rendre de réels services aux constructeurs ou aux électriciens en général.
- C’est un mastic formé de deux tiers de poix grecque et d’un tiers de plâtre calciné, en poids.
- FIG. 8
- Ce plâtre désigné en italien par le mot scagliola, n’est pas le plâtre naturel, mais du plâtre porté à une température élevée, de façon à perdre la moitié de son eau et qui, jeté -ensuite rapidement dans l’eau elle-même, durcit en reprenant le liquide perdu, ce qui l’a fait nommer en Italie ® plâtre de prise ». Le mastic ainsi obtenu forme, à chaud, une masse pâteuse qu’il faut agiter sans cesse avec une spatule jusqu’à ce que l’on possède une pâte bien homogène. On laisse alors refroidir quelque peu la substance et, suivant les besoins, on la coule dans des moules ou on l’applique encore visqueuse sur la pièce à isoler. Elle n’a pas la consistance de l’ébonite et ressemble plutôt à de la cire d’Espagne, mais on peut, avec quelque précaution, la travailler au tour et la polir.
- Elle offre alors l’apparence de l’ambre légèrement teinté de bistre. Son pouvoir isolant est supérieur à celui de l’ébonite, son prix de revient est presque nul ; enfin elle possède deux propriétés de premier ordre au point de vue électrique : le chaleur assez élevée ou une humidité considé-
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- rable ne lui font pas perdre sa vertu isolante. J’ai cru bon d’insister sur la composition de ce corps peu connu, en raison de sa grande utilité dans les applications scientifiques ou industrielles. Je serais heureux de penser que ces renseignements, fournis obligeamment par M. Palmieri, ont pu rendre quelques services.
- Quoi qu’il en soit, il faut rappeler que c’est au parfait isolement obtenu avec cette matière que le directeur de l’observatoire du Vésuve attribue la supériorité de son excellent électromètre qui, disait M. Mascart au Congrès météorologique de Rome, « pourrait servir à contrôler les résultats fournis par les autres appareils de même nature ». Cet éloge d’un de nos météorologistes et électriciens les plus connus, me dispense de toute autre remarque.
- Appareil à conducteur mobile (fig. 8). — Une tige métallique munie à son extrémité supérieure d’un plateau de laiton et à sa partie inférieure d’une poulie à gorge soigneusement isolée de la tige, tel est en substance le collecteur d’électricité employé au Vésuve. Un guide triangulaire armé de ressorts (fig. 8 bis), sert à maintenir verticalement la tige, longue d’environ deux mètres, pendant son mouvement ascendant et sert aussi à établir la communication électrique entre le plateau collecteur placé à l’extérieur du toit de l’observatoire et l’électromètre bifilaire (*).
- Toute la manœuvre consiste à tirer un cordeau iii, qui passe dans la gorge de la poulie inférieure h, puis dans une seconde poulie fixée au plafond de l’appartement, mouvement qui oblige la tige à s’élever ainsi que le plateau, au-dessus de la terrasse H qui couvre le cabinet d’observation et qui permet de recueillir les traces de l’électricité qui domine dans l’atmosphère. Celle-ci influence l’électromètre et il ne reste plus à l’observa-teurqu’à noter la déviation obtenue.
- FIG. S bis
- Comme on le voit, rien n’est plus simple ; et, bien que ce système de collecteur paraisse tout d’abord presque rudimentaire, on reconnaît vite de quel précieux secours il peut être pour les stations de montagnes. Dans ces dernières, on éprouve des difficultés autrement sérieuses qu’au sein même ou dans le voisinage des grandes villes, pour créer des réservoirs à gaz ou à eau destinés à l’alimentation des collecteurs à veine liquide. D’autre part, s’il pleut, s’il vente, s’il neige ou s’il gèle, la régularité de l’écoulement se trouve fort compromise Sinon absolument arrêtée. Il faut l’avouer, rien de
- P) Voir pour les détails de l’installation et la théorie de l’appareil, le Mémoire déjà cité : Lois et origines de l'électricité atmosphérique. Paris, Gauthier-Villars, 1885.
- pareil n’est à redouter avec l’appareil it^ien dont le maniement est à la fois rapide, simple et sûr. C’est du moins l’impression que j’ai p,q en rapporter, après avoir assisté à une série d’expériences à la station du Vésuve.
- On objecte que ce système ne permet pas un enregistrement continu : l’objection est évidemment sérieuse.
- A cela M. Palmieri répond en démontrant l’irrégularité d’écoulement des jets liquides ou gazeux exposés à tous les caprices du temps. Î1 insiste de plus sur un point capital, à savoir que : même en ne tenant pas compte des irrégularités et des pertes subies par les enregistreurs continus actuellement connus (et ceci n’est pourtant pas négligeable) les courbes n’indiquent pas grand’chose, si les indications qu’elles fournissent ne sont pas doublées d’une observation personnelle du météorologiste.
- Le savant italien a voulu, en écartaüt de la station qu’il dirige, tout genre d’appareils à enregistrement continu, forcer l’attention de l’opérateur et l’obliger à considérer simultanément les mouvements de ses instruments et l’aspect du ciel. « De cette façon, dit-il, de cette façon seuleinent, j’ai pu arriver à trouver et à énoncer les lois qui régissent l’électricité atmosphérique. » Cette manière de voir a été nettement résumée par M. Faye dans son récent mémoire sur les travaux de M. Palmieri et je ne puis que citer sa conclusion qui est la suivante :
- « M. Palmieri pense que l’observateur doit être à côté de son instrument, afin de noter des détails non prévus qui ne sauraient s’inscrire d’eux-mêmes sur une feuille de papier. Ses méthodes s’appliquent d’ailleurs, avec un égal succès, à l’étude de l’électricité ordinaire par un temps serein et, en cas d’orage, à toutes les phases du phénomène, sans faire courir à l’observateur le risque d’être foudroyé (i). »
- Un second vœu pour clore cette description presque purement mécanique et parfois trop incomplète, faute d’espace, d’une visite à l’un des plus remarquables observatoires de météorologie. A l’inverse de certains appareils de physique, les instruments qu’il m’a été donné d’étudier au Vésuve sont peu compliqués, peu coûteux, élégants même et en même temps robustes. Leur maniement est en général tellement simple que c’est souvent le « custode » ou gardien de la station, qui fait, avec beaucoup de précision du reste, les essais des appareils électriques. Les résultats obtenus avec ces instruments sont connus et sont, comme on le sait, d’une très grande valeur. Il est donc naturel de souhaiter les voir s’introduire et se propager en France, non pas à l’exclusion des autres appareils qu’ils serviraient au besoin à contrôler ou à com-
- (') Voir Comptes rendus de l’Académie des sciences, séance du 29 juin i885. — La Lumière électrique du 11 juillet i885
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- pléter, mais concurrement avec eux, ou tout au moins dans les stations de montagnes qui pourraient sans inconvénients être confiées à des observateurs ne possédant que des connaissances fort limitées. Il serait surtout très intéressant de voir quels résultats ils fourniraient ailleurs qu’au Vésuve. Le travail volcanique, les frottements (d’intensité extrêmement variable) des fumées ou des gaz contre les parois du cratère ou à travers l’écorce même de la montagne, constituent presque un cas exceptionnel pour l’observatoire vésuvien. Lorsque, par exemple, des fissures s’ouvrent et laissent échapper sur des longueurs de plusieurs centaines de mètres (et tel était précisément le cas que je pus étudier en Mai, i885) des torrents de gaz ou de fumée bleuâtre que le vent fait tourbillonner sur les blocs de laves figées, il y a nécessairement là un travail de frottement, sans parler des multiples effets chimiques échappant à l’observateur, qui doit donner naissance à des manifestations électriques d’une intensité exceptionnelle. L’observatoire n’est donc pas dansune situation normale. Il faudrait par suite examiner, dans les conditions ordinaires, les résultats fournis par les instruments ingénieux mais trop peu connus, de la station du Vésuve. La dépense, qui n’est jamais une quantité négligeable dans les questions d’installation, me paraît des plus modérées et la construction très aisée. Je souhaite que la grande publicité de la Lumière électrique, qui a bien voulu me donner l’hospitalité de ses colonnes, mette ce travail sous les yeux des directeurs de nos observatoires français et que celle de nos stations qui sera prochainement créée, reçoive pour en contrôler au moins les résultats, des modèles des divers appareils que j’ai essayé de décrire d’après les documents recueillis à l’observatoire même du Vésuve.
- P. Marcillac.
- NOTE SUR UN
- NOUVEAU MODÈLE DE GALVANOMÈTRE deprez-d’arsonval.
- Ce nouveau modèle de galvanomètre ('), dont la figure i donne une vue perspective, a des avantages importants pour la pratique.
- Il se distingue des modèles précédents en ce que la suspension du cadre, au lieu d’être verticale, est horizontale, ce qui fait que l’aiguille indicatrice peut se mouvoir dans un plan vertical.
- Il existe deux,modèles de ces galvanomètres. Le premier avec un cadre à grande résistance, environ 2.3oo ohms, destiné à être employé comme voltmètre, et le second avec un cadre à faible ré- (*)
- (*) Ce modèle est construit par la maison P. Barbier et C'°.
- sistance, 1,4 ohm avec les communications, destiné à être employé comme ampèremètre shunté.
- Dans les deux cas les cadres sont suspendus par des fils d’acier de omm,2 de diamètre et de 10 centimètres de longueur.
- La sensibilité dans le premier cas est d’environ 180 pour 1 volt, et dans le second, de 120 par 0,01 d’ampère.
- Le fil d’acier est fixé d’un côté à un ressort que l’on aperçoit dans la figure 1, derrière le galvanomètre, de l’autre, à un bouton représenté sur le devant de la planchette et qui permet de tourner le fil et de faire prendre ainsi à l’aiguille une position d’équilibre quelconque sur le cadran, ce qui souvent est très utile; ainsi, pour mesurer des courants dont le sens peut varier, on mettra l’aiguille verticale, c’est-à-dire à 5o°; dans le cas où les courants sont de même sens, on placera l’aiguille sur o ou ioo°, suivant le sens du courant pour avoir une échelle plus étendue.
- La figure 2 montre la coupe de ce bouton; le fil est pincé entre les moitiés d’un double cône en acier n. Ce cône est fixé dans un tube qu’on peut déplacer dans le sens de l’axe, en tournant l’écrou b; enfin en tournant le bouton c, on donne au tout un mouvement de rotation qui déplace l’aiguille sur le cadran; le bouton c lui-même appuie sur une plaque fixée par 3 vis l, sur le support m du bouton; les jeux ménagés dans le support au passage des vis permettent de déplacer le bouton et par conséquent l’axe de suspension, d’une petite quantité dans tous les sens; ces mouvements permettent de régler la position de l’axe de suspension.
- Les pièces polaires (fig.3), ajoutées parM. Marcel Deprez aux aimants, rendent le galvanomètre proportionnel de o° à ioo°, et comme le cadran a un rayon d’environ 20 centimètres, l’échelle parcourue par l’aiguille a une longueur d’environ 3oo millimètres, ce qui permet d’évaluer avec beaucoup de précision des' courants fort différents, variant du simple au décuple.
- Il est une chose à laquelle il faut prendre garde en réglant l’appareil, c’est que le centre de gravité du cadre et de l’aiguille se trouve bien sur l’axe de suspension; sans cela, malgré l’homogénéité du champ magnétique, les déviations ne seraient pas proportionnelles aux courants.
- Voici quel est le moyen le plus pratique d’effectuer ce réglage.
- Supposons que le centre de gravité ne se trouve pas sur l’axe de suspension, maisenA(fig. 4), par exemple: on peut alors décomposer le poids P du cadre en deux composantes P'et P", agissant l’une en un point A' de l’axe de symétrie de l’équipage, l’autre P" en un point A" situé sur une perpendiculaire à l’axe de symétrie passant par le point de suspension O.
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- Le moment de torsion produit par la position excentrique du centre de gravité pour une position quelconque du cadre, est alors égal à
- P a — P' O A' cos <p — P" OA// sin <p,
- ce qui correspond à une déviation angulaire parasite de
- . P' OA' cos m—P" OA" sin cp Acp—---------------------L,
- q
- où q est le moment directeur s’opposant au mouvement de rotation
- et provenant dans notre cas de la torsion du fil; q est le moment pour une rotation cp = i.
- Les deux moments MetM':
- M=P' OA'coscp,
- M' —P" OA" sin ç.
- peuvent être ramenés à o; le moment M' en vissant plus ou moins un contre-poids sur la tige filetée OA", et le moment M en ajoutant un poids sur un des deux côtés du
- cadre. FK
- Il s’agit de séparer l’action des moments M etM' ; pour cela on ramène, en tournant le bouton auquel est fixé le fil de suspension, l’aiguille à sa position verticale ; en ce moment, M' = o et M a sa valeur maximum.
- male, et l’on fixe sur le cadre un poids excentrique P", tel que l’aiguille prenne la position qu’elle avait lorsque le fil était vertical.
- Le moment M sera, par cela, presque complètement annulé ; on n’a qu’à répéter du reste l’opération encore une fois pour s’approcher davantage de l’équilibre.
- Le moment M' produit son maximum d’effet dans la position la plus inclinée de l’aiguille, c’est-à-dire à o et à ioo°; on équilibre ce moment de la
- même manière, en renversant le galvanomètre et en vissant plus ou moins le contrepoids.
- Lorsque lecadre est bien équilibré, l’expérience montre que les déviations sont réellement proportionnelles aux courants; la différence k n’atteint pas i %•’ Parmi les constantes de l’appareil qu’il est intéressant de connaître,se. trouvent : i° l’intensité h du champ magnétique dans lequel se ’ meut le cadre;
- 2° Le moment directeur q dû à la torsion du fil pour un angle égal à i.
- Je suppose connues les dimensions du cadre, que l’on peut du reste facilement mesurer; sa
- FIG. 3
- On renverse le galvanomètre de manière à placer le fil de suspension dans une position verticale, ce qui est facile à faire en mettant un support sous l’aimant.
- Dans cette position M et M' sont tous les deux nuis, et l’aiguille dévie d’un angle A cp; nous avons
- 0Acp=M'.
- On remet le galvanomètre dans sa position nor-
- résistance R et le diamètre du fil employé; de cette dernière donnée, on déduit la résistance r du fil par mètre courant; sa longueur sera donc :
- ^ = L = 2n{a-\-b), où n est le nombre de tours, a la longueur moyenne du côté du cadre se mouvant dans le champ magnétique et b la longueur de l’autre côté (fig. 5).
- Nous mettons l’aiguille verticale et nous ajoutons
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- 3ç5
- un poids p' à une distance horizontale c' de Taxe, son moment sera m = c'p' et l'aiguille s’inclinera du côté du poids. Nous pouvons la faire revenir dans la position primitive en lançant dans le cadre un courant i que nous mesurons, par un moyen quelconque. De cette manière nous éliminons l’action du couple directeur q.
- L’équation exprimant l’équilibre est alors
- m—c'p’= nabhi,
- d’où
- ,__ m
- 1 nabi'
- Dans plusieurs instruments nous avons trouvé pour h des valeurs aux environs de 600 unités
- FIG. 4
- (C. G. S.) Nous enlevons maintenant le poids p', l’aiguille dévie d’un angle cp, le couple électrique est resté le même, c’est-à-dire égal à m; le couple directeur étant qy nous aurons :
- m
- <p *
- Connaissant q il serait facile de calculer le moment d’inertie I du cadre, d’après la durée T d’une oscillation double. Nous aurions en effet :
- Cette valeur est cependant plus utile à connaître pour les galvanomètres à supension verticale, et à lectures à miroir qui, étant plus sensibles, sont plus aptes à être employés comme galvanomètres balistiques; l’amortissement résultant des courants induits qui rendent le galvanomètre apériodique, est toujours nul pendant une déviation balistique, le circuit n’étant pas fermé.
- En se servant de la décharge d’un condensateur de capacité connue C, chargé à un potentiel connu V, nous pouvons obtenir, encore une relation
- entre les constantes de l’appareil qui peut rendre quelques services :
- 11a b h
- ou <p0 est l’élongation maximum.
- Un des avantages des pièces polaires concentriques est de produire un champ constant avec des lignes de force axiales, ce qui fait que la sensibilité de l’instrument n’est pas altérée par des impuretés dans le cuivre employé, et qui auraient pour résultat de le rendre légèrement magnétique; en effet les forces magnétiques qui pourraient naître sont dirigées radialement et n’ont aucune tendance à faire tourner le cadre ni dans un sens ni dans l’autre.
- La sensibilité de ces galvanomètres à grande résistance ou voltmètres peut être modifiée facilement au moyen de quelques résistances additionnelles comme le montre la figure 6.
- FIG. 5
- Pour prendre la différence de potentiel entre deux points on applique en ces points les extrémités a et b du fil, en série avec le voltmètre on place une résistance de 5.000 ohms, par exemple, et on calcule le shunt S de manière à ce que le voltmètre donne un nombre voulu de divisions pour 1 volt. On peut modifier la sensibilité en fixant sur une planchette plusieurs shunts S donnant différentes sensibilités, les shunts rendent de plus le voltmètre apériodique.
- Ampèremètres. — Dans les ampèremètres, le cadre mobile forme une dérivation sur le courant principal, lequel traverse un conducteur de faible résistance, qui peut être, par exemple, un gros fil de cuivre fixé en zigzag sous la planchette entre a et b.
- Il est évident qu’en modifiant les dimensions de ce conducteur, on peut rendre les ampèremètres plus ou moins sensibles : la résistance restera toujours négligeable variant aux environs de ^ a
- 1000 ^ ohm.
- Comme le gros fil doit toujours rester dans le circuit, il faut lui donner des dimensions suffisantes, pour qu’il ne naisse aucune erreur par suite de
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- réchauffement de ce fil, le rapport entre la résistance du cadre et du gros fil devant rester constante.
- Prenons par exemple pour ce conducteur un fil en cuivre de 0,4 centimètres de diamètre. Posons comme limite de l’erreur provenant de réchauffement 2 0/0, ce qui correspond à un échauflfement du fil de 5°, le coefficient pour le cuivre étant o,38 °/0 par degré, et cherchons quel est le courant maximum que nous pouvons y faire passer.
- La chaleur développée par un courant dans un conducteur est par seconde ïy- en mesures absolues, où i est l’équivalent mécanique de la chaleur; la chaleur perdue par rayonnement est Tzdlhkt, où d est le diamètre du fil, l la longueur, et h, la chaleur perdue par seconde et par unité de surface du
- FIG. 6.
- conducteur, pour une différence de température de i». L’élévation maximum de temp. A/ du conducteur sera donc
- d’où
- p = résistance spécifique du cuivre = 1.700 unités (C.G.S.);
- J = l’équivalent mécanique de la chaleur = 42 X io7;
- h pour le cuivre nu et exposé à l’air libre == 2 X 10—4.
- Nous aurons donc pour i en admettant 5° comme maximum d’échauffement du fil par le courant :
- ____________________jlP_______________
- 10 x 64 x io~3 x 2 xio~*x 42 x 107 x 5 __ Ij98i 4 X 1700
- c’est-à-dire en mesures absolues 19,8 ampères.
- Nous ne pouvons donc faire passer plus de 20 ampères dans l’ampèremètre shunté de cette
- R|2
- ndlhAt = -j-,
- R-ÛÏË!
- Af=.^LPiL:
- rcWiJ
- tmanière; il faudra par suite déterminer la longueur L du conducteur de manière que l’aiguille parcoure tout le cadran pour 20 ampères environ, c’est-à-dire nous devons avoir environ 5° de déviation par ampère.
- Veut-on mesurer de plus forts courants, il faut choisir un conducteur principal plus gros, ou le maintenir artificiellement à une température constante.
- Il est vrai, d’un autre côté, que la dérivation du courant passant par le cadre* réchauffe notablement, et compense en partie l’erreur provenant de réchauffement du gros conducteur.
- En effet le courant maximum passant dans le cadre est celui qui le fait dévier de ioo°. Ce courant est le même pour tous les galvanomètres construits de la même manière ; il est égal à peu
- près à — d’ampère.
- La seule partie portée à s’échauffer est le fil d’acier de omm,2 de diamètre portant le cadre, le diamètre du fil de cuivre du cadre étant de omm,6.
- L’échauffement du fil d’acier sera :
- \t — 4 P i2 _ ______4X 9825___________________
- 10 X 8 X 10-6 x 2 X 10-4 X 4,2 X ÎO1
- ce qui produit un changement de résistance de i,56 “/o.La longueur des fils d’acier étant de 20 centimètres, leur résistance est o,63 ohm ; c’est-
- à-dire la partie de la résistance du cadre et de *>4 r
- ses communications ; l’augmentation de résistance du cadre sera donc de ~ i,56 = o,7 %• De sorte que l’erreur totale ne sera plus que de 2 % —
- 0,7 % == 1*3 °/0.
- Pour avoir 5° par ampère, la résistance du gros conducteur devra être de 7^ ohm, ce qui lui donne une longueur de plus de 4 mètres, qui est déjà une longueur très incommode ; et plus le courant à mesurer croîtrait, plus il faudrait prendre un gros conducteur, de sorte qu’il est préférable de prendre du maillechort au lieu de cuivre ; la longueur en serait environ 13 fois plus petite, la résistance étant i3 fois plus grande ; l’échauffement serait aussi i3 fois plus grand, mais l’augmentation de
- résistance du maillechort pour i° est ^ = 0,116
- de celle du cuivre, de sorte qu’il suffirait d’augmenter un peu les dimensions du maillechort pour rester dans les mêmes conditions d’exactitude.
- Nous avons du reste encore un moyen de rendre ce conducteur plus maniable, c’est de remplacer le gros fil par plusieurs fils plus fins. La formule nous montre en effet qu’en remplaçant 1 gros fil par n petits de même section totale et de même longueur,
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- et par conséquent de même résistance, on obtient un échauffement A£'
- 4P
- M'=-
- 0,)'
- *(?)'«
- A l'—^L Vn
- L 4PÜ
- donc \fn fois plus petit on peut donc réduire les dimensions des conducteurs, qui peuvent être renfermés dans une boîte de grandeur moyenne annexée au galvanomètre.
- Il serait utile aussi de recouvrir ces fils, soit par du noir de fumée soit par du caoutchouc afin d’activer le rayonnement.
- L’ampèremètre étant shunté par une résistance très faible comparativement à celle du cadre est absolument apériodique; il peut être employé à suivre les variations même très rapides du courant, produites, par exemple, par l’irrégularité dans la marche du moteur.
- W. Cam. Rechniewski.
- ORGANISATION
- DE LA TÉLÉGRAPHIE MILITAIRE
- DANS LES ARMÉES EUROPEENNES
- (Deuxième article. — Voir le numéro du 22 août 188S.)
- ALLEMAGNE
- L’organisation de la télégraphie militaire en Allemagne ressemble beaucoup à celle que nous avons décrite pour la France. Il n’y a pas de troupes spéciales de télégraphistes, et, en temps de guerre, le service est confié aux employés de l’administration des télégraphes de l’empire.
- Il a été créé à Berlin en 1877, une inspection permanente de la télégraphie militaire, à la tête de laquelle se trouve un colonel.
- Le colonel est assisté d’un officier supérieur du génie et de quatre premiers lieutenants destinés à remplir, au moment de la mobilisation, les fonctions de chef d’une des sections de télégraphie de campagne.
- L’inspecteur s’occupe de la construction et de l’entretien des appareils télégraphiques fonctionnant dans les places fortes, garnisons, champs de tir et sur ies côtes.' Il s’assure de l’état du matériel destiné aux formations de campagne; il étudie l’organisation de la télégraphie militaire étrangère et surveille l’instruction du personnel qui doit entrer dans le service télégraphique au moment de la mobilisation.
- Un certain nombre d’hommes des corps de troupes, destinés à remplacer dans les bureaux de l’Etat, les employés cédés par l’administration des' télégraphes à celle de la guerre pour le service de campagne, sont exercés, dès le temps de paix, à ces fonctions spéciales. Des écoles de télégraphie’ sont installées à Metz dans la vieille citadelle et à Mayence. Le résultat de l’instruction est constaté officiellement par un examen, à la suite duquel les élèves sont répartis, suivant les besoins, entre les stations télégraphiques du gouvernement et celles des forts. A Berlin, par exemple, la télégraphie militaire a pris un grand développement. Un bâtiment central situé dans le Kurfürstrasse a pour but unique de réunir par communication télégraphique les bâtiments militaires principaux de la capitale. 11 est permis de correspondre officiellement avec toutes les autorités, ce qui, vraisemblablement, supprime bien des paperasseries. En principe, il n’y a qu’un service de jour; mais une sonnerie aboutissant au poste de police de chaque établissement, on peut, la nuit, transmettre au télégraphiste l’ordre de venir à son poste.
- Dans les grandes places, les forts détachés sont reliés avec la commandanture et les bâtiments militaires importants pour une communication télégraphique souterraine qui s’étend aux postes de police et de pompiers. De plus les principales forteresses sont reliées entre elles et à Berlin par un réseau télégraphique souterrain, qui a une longueur de près de 6.000 kilomètres.
- Dans l’outillage spécial dont sont munis les sept ou huit pionniers que compte chaque escadron de cavalerie, se trouve un appareil composé d’une sorte d’étrier en fer, qui peut être fixé solidement par une courroie à la jambe du cavalier et qui est armé sur le côté d’une pointe aiguë et solide. Cette griffe, analogue à celle des élagueurs d’arbres, sert à grimper le long des poteaux télégraphiques pour couper les fils et briser les isolateurs. Chaque année, un détachement d’instruction tiré du régiment de chemin de fer se rend à l’école de cavalerie de Hanovre pour y procéder à l’instruction des élèves en ce qui concerne la construction et la destruction des voies ferrées et des lignes télégraphiques.
- Organisation en temps de guerre. — En temps de guerre, le service est assuré par une direction générale des sections télégraphiques de campagne, des sections télégraphiques de réserve et des directions de télégraphes d’étapes.
- La direction générale de la télégraphie sur l’ensemble du théâtre de la guerre est confiée soit au directeur général des télégraphes de l’empire, soit à un officier supérieur. Le directeur marche avec le grand quartier général et dispose des sections qui y sont attachées; il relève directement du chef d’état-major général. Pour la télégraphie de cam-
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- pagne, il ne donne des ordres aux sections que par l’intermédiaire des commandants d’armée ; il se tient en relations constantes avec l’inspecteur général du service des étapes et détermine le rayon d’activité des directions d’étapes ; il se maintient en raports avec la direction générale des télégraphes de l’empire.
- Les sections télégraphiques de campagne au nombre de huit ou neuf, sont chargées du service de ire ligne. On en affecte une ou deux à chaque armée et au grand quartier général. Elles doivent relier les divisions et brigades au quartier général de leur corps d’armée, et celui-ci au quartier général de l’armée.
- Les sections télégraphiques de réserve, au nombre de six, construisent les lignes nécessaires pour relier l’armée avec les directions télégraphiques d’étapes; elles viennent relever les sections de campagne pour leur permettre de rejoindre d’armée, et leur fournissent le matériel de remplacement nécessaire. Une section de réserve est affectée au grand quartier général; les autres sont réparties entre les armées.
- Chaque section se compose d’un détachement télégraphique comprenant des employés civils pour le service technique, et des pionniers ' pour la construction des lignes, et d’une colonne du train attelant le matériel roulant.
- La section de première ligne peut se partager en trois ateliers, disposant chacun d’une voiture-station ; de deux voitures de matériel et d’une voiture de transport d’employés, ce qui permet de commencer la construction simultanée de trois lignes. Elle possède un matériel suffisant pour établir 35 kilomètres de ligne, dont 23 sur poteaux et 12 au moyen de câble isolé; elle possède en outre 3oo mètres de câbles spécial.
- Le matériel de six sections de réserve est constituée de telle sorte qu’elles puissent construire la même longueur de ligne que les sections de campagne. Chacune dispose de 17 voitures.
- En arrière des sections, fonctionne pour chaque armée une direction des télégraphes d’étapes à la tête de laquelle est un directeur résidant au quartier général de l’inspecteur d’étapes.
- Elle assure les communications télégraphiques reliant le réseau de l’Etat aux lignes de campagne.
- Elle active et consolide à cet effet les lignes construites par les sections, en construit, s’il est nécessaire de nouvelles, et fournit auxsections le matériel de remplacement ; elle-même se réapprovisionne à un dépôt formé à proximité des têtes d’étape. Huit voitures pour le transport du directeur, des inspecteurs et des employés, six voitures de matériel sont affectées à chaque direction. Le personnel dont dispose le directeur et qui peut être augmenté par des travailleurs militaires et des ouvriers civils, est réparti entre deux sections, l’une de construc-
- tion et l’autre de reconstruction. La première transporte 5i kilomètres de fil pour lignes télégraphiques sur poteaux, 17 kilomètres de câble et environ 1 kilomètre de câble spécial. La seconde, chargée de reconstruire d’une manière plus solide les lignes antérieurement établies, possède 75 kilomètres 1/2 de fil, 65o isolateurs. Elle emploie du reste tous les matériaux qu’elle peut trouver sur le territoire où elle opère.
- Il doit être mobilisé 4 directions d’étapes. Il existe de plus pour les directions télégraphiques une réserve générale de 190 kilomètres de fil.
- Il résulte des chiffres qui précèdent, que les diverses formations peuvent former environ i.3oo kilomètres de communication.
- Le tableau suivant donne la composition en personnel des différentes formations.
- PERSONNEL DIRECTION générale SECTIONS de campagne SECTIONS de réserve DIRECTIONS de télégra- phes d’étapes
- Détachement télégraphique.
- Directeur I » » I
- Inspecteurs » » 3
- Officiers. ,1 3 3 »
- (employés. . . I 7 à n 20 3o
- Télégraphistes! contre-maître » )) » 10
- (ouvriers . . . » » » 3o
- Sous-officiers » 8 8 )>
- et pionniers » 81 81 )>
- Clairons j, I I ))
- Médecin » I I ))
- Soldats du train 3 II 13 »
- Chevaux )> IO 10 »
- Colonne du train.
- Officier I 1 1
- Sous-officiers » 4 6 6
- Soldats » 32 39 49
- Chevaux 66 81 65
- Matériel. — Le fil conducteur ordinaire est en cuivre ; il a 2 millimètres de diamètre et pèse 28 kilogrammes par kilomètre. Une partie de l’approvisionnement des directions d’étapes consiste en fil d’acier de 2mm,i8 de diamètre, pesant 3o à 33 kilogrammes par kilomètre.
- Le fil conducteur isolé se compose de trois torons en cuivre; il est recouvert d’une triple couche de matière isolante et entouré d’une enveloppe de feutre. Son diamètre total est de 5mm,i.
- Le câble spécial employé dans les circonstances où les conducteurs précédents auraient une résistance insuffisante, a un diamètre total de 6 millimètres et pèse 48 kilogrammes par kilomètre. Il se compose d’un fil d’acier flexible noyé dans une matière isolante et protégé par six fils de cuivre enroulés en spirale. L’ensemble est entouré d’un tissu de chanvre imprégné d’une composition isolante.
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- Pour franchir les fleuves ou les bras de mer, on fait usage d’un câble constitué par 7 torons en cuivre, noyés dans une matière isolante et recouverts d’une enveloppe de chanvre goudronné et de 16 fils de 2mm 1/2 chacun de diamètre, tordus en spirale autour du câble.
- Les poteaux, de 4 centimètres de diamètre et 3m,76 de hauteur, sont en bois de sapin. Ils sont munis à leur partie supérieure d’une pièce en fer destinée à recevoir les » isolateurs et, à leur partie inférieure,
- -'Sk d’un sabot. Sans armatures, leur poids ne dépasse pas 3 kilogrammes. Espacés de 40 mètres, ils soutiennent le fil à 2m,5o au-dessus du sol.
- Pour traverser les routes, on emploie des poteaux également en sapin, formés de deux parties réunies par des colliers (fig. 9). Ils permettent de franchir un espace de 40 mètres, le fil restant à 5 mètres au-dessus du sol.
- Les isolateurs sont en ébonite et sont fixés au sommet du poteau au moyen d’une tige métallique terminée par une partie filetée. Le fil s’engage dans la rainure en forme de T, de telle sorte qu’il peut difficilement s’échapper.
- Lorsqu’on accroche le fil après les fig. g.— poteaux arbres, on se sert d’un isolateur PTesL?iouteSsGE spécial (fig. ro), qui peut suivre les mouvements des branches , sans exercer de traction trop violente sur le fil. L’isolateur étant accroché par un anneau à l’extrémité d’une tige métallique que l’on enfonce dans une
- branche, peut osciller
- —433'%,------- librement autour de son
- point de suspension. Le fil est soutenu par un crochet doublement recourbé, fixé à la partie inférieure de l’isolateur, et peut glisser facilement dans cette sorte d’anneau.
- Les tiges de terre sont de deux sortes : les unes, employées dans les terrains meubles, sont munies à la partie inférieure d’une pointe en forme de tire-bouchon; deux poignées servent à lui imprimer un mouvement de rotation permettant de l’enfoncer facilement; les autres, employées dans les terrains durs sont des tiges creuses, terminées par une pointe et percées de trous de manière qu’on puisse faire circuler de l’eau à l’intérieur et assurer ainsi une meilleure communication avec le sol (fig. 11).
- Les piles, du système Marié-Davy se composent de dix éléments.
- Les appareils de station sont du système Morse.
- FIG. 10. — ISOLATEUR SPECIAL
- La voiturestation’est fermée; elle est pourvue de deux fenêtres à l’avant et deux sur le côté gauche; la porte, percée d’une fenêtre, est à l’arrière (fig. 12.)
- Dans l’intérieur de la voiture, à gauche, se trou-
- TIGES DE TERRE
- vent une table pour les appareils, et, à droite un banc. Deux télégraphistes peuvent travailler simultanément.
- L’espace situé sous le siège, est divisé en deux
- FIG. 12. — VOITURE-STATION
- parties, l’une, prolongeant l’intérieur de la voiture, de sorte que le banc peut avoir une longueur de i“,95, suffisante pour se coucher, l’autre servant de coffre. Cette voiture pèse avec le chargement 941 kilogrammes. Elle est attelée à deux chevaux.
- La voiture de matériel (fig. i3) est couverte ; elle sert au transport de 200 poteaux, munis d’isolateurs, de conducteurs et des différents objets utiles pour
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- la construction des lignes. Elle a 3m,90 de long et im,25 de large ; elle est suspendue et à tournant illimité. L’intérieur est divisé en trois compartiments : celui du milieu pour les perches; ceux de côté, pour les perches et les conducteurs. Sur les bords supérieurs des cloisons est disposée une
- série de tambours en bois, limités par des disques en tôle et sur lesquels sont enroulés les fils. A l’arrière se trouve un siège pour deux hommes ; sur le côté est suspendue une échelle double. Cette voiture pèse, avec le chargement, 2.084 kilogrammes ; elle est attelée à six chevaux.
- FIG. l3. — VOITURE DE MATERIEL
- La voiture de transport des employés est une sorte de coupé attelé à deux chevaux, pouvant se découvrir et présentant à l’avant et à l’arrière un coffre à bagages, renfermant deux appareils Morse et les piles correspondantes.
- Les Allemands ont songé à organiser un service télégraphique spécial d’avant-postes. Ils ont expérimenté à cet effet un appareil portatif qui a déjà été décrit dans La Lumière électrique, à propos de l’exposition d’électricité de Philadelphie.
- Dans une brochure parue dernièrement en Allemagne, à laquelle la haute personnalité de son auteur donne une importance particulière, le général-major de Chauvin, directeur général des télégraphes de l’Etat, regrette que, contrairement à ce qui s’est passé pour toutes les autres armes qui, dans ces derniers temps, ont été perfectionnées et augmentées, la télégraphie militaire ait été jusqu’ici traitée en marâtre (stiefmutterlich). Il demande la création d’un corps spécial, composé de deux bataillons à quatre compagnies, qui instruirait, en temps de paix, le personnel nécessaire pour mettre sur pied, au moment de la mobilisation, 12 sections de campagne et les 7 sections de directions d’étapes chargées de la construction de nouvelles lignes. Les employés de l'Etat ne seraient plus chargés du service que sur les lignes permanentes.
- La diminution du poids des voitures de matériel et l’adoption d’un appareil Morse plus léger que celui actuellement en usage lui paraissent indispensables.
- Il désire que des mesures soient prises pour faire comprendre à toute l’armée l’importance du
- télégraphe, et la nécessité de protéger et de respecter les lignes. Il rappelle, à ce sujet, les difficultés que le mauvais vouloir ou l’indifférence des troupes ont créées pendant la dernière guerre au service télégraphique. Pendant le siège de Paris, pour ne citer qu’un exemple, l’état major général désirait vivement, pour mieux assurer l’investissement, la création d’une seconde ligne télégraphique. Le fil nécessaire avait été rassemblé ; une nuit, il disparut. Une compagnie d’artillerie s’en était emparée pour faire des liens de fascines.
- ANGLETERRE
- D’après un ordre général du commandant en chef de l’armée, les 22e et 34° compagnies, et la compagnie montée C, du Royal Engineer Corps, qui étaient spécialement chargées du service télégraphique ont été supprimées et remplacées à partir du icr août 1884, par un corps de télégraphistes, appelé Royal Engineer Télégraph Corps.
- Ce nouveau corps comprend deux divisions : la première a été pourvue en tous temps de voitures et d’attelages ; la deuxième est composée d’hommes employés en temps de paix dans l’administration civile des télégraphes et destinés à renforcer en temps de guerre la première division.
- La première division doit à ce moment se diviser en sections comprenant chacune 2 officiers et 52 hommes, savoir: 12 télégraphistes, 21 constructeurs de lignes, 6 ouvriers et i3 conducteurs. Le matériel comprend i3 voitures. A chacun des deux corps d’armée de première ligne, sont affectées quatre de ces sections.
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- Pendant la première campagne d’Egypte, un corps de volontaires du service postal, recruté exclusivement parmi les employés de l’administration des postes, ayant donné d’excellents résultats, il a été décidé qu’on constituerait, dans les mêmes conditions, pour le service de la deuxième ligne, une Compagnie de télégraphistes volontaires. Nous n’avons pas de renseignements sur l’organisation de cette compagnie, qui serait, paraît-il forte de 200 hommes.
- Le matériel en usage en Angleterre a déjà été décrit dans La Lumière électrique (t. YI, p. 417) nous n’y reviendrons donc pas.
- AUTRICHE
- Le régiment de pionniers fournissait autrefois les quarante détachements d’auxiliaires militaires nécessaires aux quarante sections de télégraphie de campagne que devait comprendre l’armée autrichienne en temps de guerre. Le personnel était complété par des employés de l’administration de l’Etat. Cette organisation a été modifiée par une décision impériale du 8 juillet i883 qui a créé un régiment de chemins de fer et de télégraphes de campagne, placé au point de vue de l'instruction technique sous la direction du chef de l’état major général. En temps de paix, le régiment comprend deux bataillons à quatre compagnies chacun et un cadre de dépôt. 18 sous-officiers et soldats de l'effectif de paix de chaque compagnie et environ 20 volontaires d'un an pour tout le régiment sont, chaque année, préparés au service de la télégraphie. Le personnel nécessaire pour compléter à l’effectif de guerre les différentes formations télégraphiques créées au moment de la mobilisation est pris parmi les employés des télégraphes de l’Etat astreints au service militaire et parmi les anciens soldats du régiment ayant reçu l’instruction spéciale. A cet effet, le bureau des télégraphes, à l’état-major général, tient à jour les contrôles nécessaires.
- En cas de guerre, le régiment doit former pour le service des télégraphes :
- 3 directions de télégraphe de campagne, ire ligne ;
- 3 directions de télégraphe de campagne, 2e ligne ;
- 43 sections de télégraphe de campagne ;
- 3 sections de télégraphe de montagne.
- Les sept premières compagnies mobilisent chacune six sections de télégraphe de campagne ; la huitième compagnie mobilise une section de campagne, la 43% qui est affectée au commandant supérieur de l’armée, et les trois sections de montagne.
- A la tète du service, est un directeur supérieur des télégraphes, officier supérieur provenant du corps d’état-major; il a comme adjoint un capitaine
- appartenant au même'corps, attaché au quartier général de l’armée ; il a sous ses ordres immédiats la 43° section qui attelle 2 voitures-stations et 2 voitures de matériel. Une voiture à 2 chevaux et à 4 places pour le transport du personnel est à sa disposition.
- A chaque commandant d’armée est affectée une direction de ir° ligne, à la tête de laquelle est un lieutenant-colonel ou major, provenant du régiment de chemins de fer et de télégraphes. Il dispose d’une voiture partant du matériel de réserve. Les sections de campagne, qui sont chargées de l’établissement et de l’exploitation des communications télégraphiques nécessaires dans la zone des opérations et de l’interruption éventuelle de ces communications, sont réparties à raison d’une section lourde et de deux sections légères par corps d’armée. Les sections lourdes sont celles qui ont les voi • tures de matériel modèles 1867-80 ; les sections légères ayant la voiture 1877. Chaque corps d’armée dispose de 6 voitures-stations, de i3 voitures de matériel et de 1 voiture d’outils.
- Les sections de montagne dont la destination dépend des circonstances, ont 44 animaux de bât : 4 pour le matériel des stations, 2 pour les outils, 24 pour les câbles, 2 pour les bagages, 4 pour les vivres, 4 pour le matériel de détachement du train, 4 haut le pied. Le détachement du train à quatre chevaux de selle destinés aux télégraphistes.
- Le service de 20 ligne, qui est chargé de l’établissement et de l’exploitation des nouvelles lignes demi-permanentes ayant pour but de relier les lignes de campagne à celles de l’intérieur, est placé sous les ordres des directeurs du télégraphe de 20 ligne qui sont des capitaines provenant du régiment des chemins de fer et de télégraphes. Un directeur est attaché à chaque commandement général d’armée (Armeegeneral Kommando). Une voiture à 2 chevaux et à 4 places pour le transport du personnel est à sa disposition.
- Ce service est assuré par les sections de réserve constituées au moyen d’employés de l’administration des télégraphes de l’Etat. Leur nombre doit dépendre des conditions dans lesquelles opérera l’armée. Elles se divisent en deux catégories :
- i° Les sections de réserve de construction composées en principe d’un employé directeur de la construction, d’un surveillant et d’une cinquantaine, d’ouvriers. Elles transportent sur des voitures louées ou expéditionnaires le matériel qui leur est nécessaire.
- 2° Les sections de réserve d’exploitation comprenant un personnel et un matériel variables, suivant les conditions dans lesquelles se trouve le' théâtre de la guerre.
- Le tableau suivant donne la composition en personnel des différentes formations télégraphiques, autres que les sections de réserve.
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- PERSONNEL DIRECTION supérieure DIRECTION de première ligne DIRECTION de deuxième ligne SECTION de télégraphie n° 43 SECTION de télégraphie de campagne SECTION de télégraphie de montagne
- Directeur I I I w
- Officier I I I 10 if1) H1)
- Cadet suppléant
- officier » • » » I I
- Télégraphistes. . 1 I » 4 4 4
- Sous-officiers.. . » » » I 2 2
- Caporaux » » I 2 4 2
- Soldats » >» » 18 36 18
- Ordonnances.. . 5 3 2 I 1 I
- Total 1 Officiers. 2 2 2 I 1 I
- lotal ( Troupe.. 6 4 3 28 52 3o
- Détachement du
- train.
- Sous-officiers.. . „ „ ,, » 2
- Brigadiers » » » I I I
- Il ou
- Soldats I » 7 14c2) 3i
- Chevaux ou ani- 22 ou
- maux de bât . n i3 27W 51
- (!) Du grade de lieutenant.
- (2) Suivant que la section est légère ou lourde.
- Les troupes qui sont chargées de l’exploitation militaire des chemins de fer comprennent le personnel nécessaire pour assurer le service télégraphique.
- Une section qui doit assurer l’exploitation d'un développement de 45 à 60 kilomètres de voie comprend 8 télégraphistes et un ouvrier télégraphiste. Pour deux ou trois sections, il existe une inspection d’exploitation à laquelle sont attachés un ingénieur des télégraphes du grade de lieutenant et un surveillant des télégraphes, sous-officiers.
- Matériel. — Les conducteurs en usage dans la télégraphie militaire autrichienne sont : le fil nu, le câble de campagne, le câble à 2 fils et un conducteur isolé.
- Le câble de campagne se compose d’un fil d’acier entouré de six fils de cuivre ; le tout isolé par une enveloppe de caoutchouc recouverte de chanvre. Le diamètre total est de 6mm,5; le poids, de 56 kilogrammes par kilomètre. Une force de 123 kilogrammes est nécessaire pour rompre ce câble.
- Le fil nu est un fil en cuivre de 1 millimètre de diamètre.
- Une section légère dispose de 16 kilogrammes de fil nu, 8 kilogrammes de câble de campagne, iks,5, de câble à deux fils; une section lourde, de 24 kilogrammes de fil nu et 2 kilogrammes de fil isolé ; une section demontagne,de24kilogrammesde câble à deux fils; la section n° 43 de 8 kilogrammes de fil nu, 4 kilogrammes de câble de montagne,
- iks,5 de câble à deux fils. Les différentes formations ont donc des conducteurs en quantité suffisante pour établir environ i.i5o kilomètres de lignes télégraphiques.
- Les poteaux pour supporter les lignes ont 4 mètres de hauteur ; ils sont en bambous et ont sur ceux employés par la plupart des autres armées, l’avantage de la légèreté. Mais il est indispensable pour qu’ils aient une solidité suffisante que les bambous aient été choisis avec beaucoup de soin.
- Les isolateurs sont en ébonite et fixés sur les poteaux au moyen d’une vis.
- Les piles comprenant 10 éléments, sont du système Marié-Davy.
- L’appareil télégraphique est du système Morse, à pointe sèche et à relais ; il comprend également un parleur. Les sections légères et celles de montagne disposent de quatre appareils ; les sections lourdes, de trois.
- La voiture-station est une voiture à quatre roues attelée à 2 chevaux. A l’intérieur sur l’un des côtés, est une banquette et, en face une tablette, pour l’installation de deux appareils. Sous la tablette, est une bobine de câble léger, qui peut, sans être déplacé, être enroulé et déroulé par une ouverture pratiquée à l’arrière de la voiture. Des casiers sont disposés pour recevoir les papiers. A l’avant, sous le siège, il y a un coffre pour les bagages.
- FIG. I4. — VOITURE A MATÉRIEL
- A.Tiges et brouette à dérouler. — B. Boite à outils. — C. Isolateurs de réserve. — D. Tambour pour le fil.
- La voiture de matériel (fig. 14),modèle 1867-80, est une voiture à quatre roues, attelée à quatre chevaux. En avant est un siège, sous lequel se trouve un coffre; les bobines de fil sont à l’arrière. Au centre, se trouve un compartiment contenant les crampons et les différents objets nécessaires pour la construction. A l’intérieur, sont les poteaux et une brouette à dérouler.
- La voiture de matériel, modèle 1880, est également attelée à quatre chevaux. Elle est divisée sur sa hauteur en trois parties. A la partie supérieure, à l’avant et à l’arrière, sont des sièges pour trois hommes. Entre les sièges, sous lesquels il y a dès
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- coffres à outils, se trouvent quatre bobines de câble de 5oo mètres chacune. Dans le compartiment du milieu il y a 70 perches armées d’isolateurs ; quant à la partie inférieure, elle contient des échelles, des lances à fourche, des pelles, des pioches, et, vers l’avant, quatre bobines portant chacune 1 kilomètre de fil de cuivre nu. Le long des parois sont fixés le corps et les roues d'une brouette dérouleuse.
- Cette brouette qui peut porter deux bobines de
- l'IG. l5. — BROUETTE DÉROULEUSE
- fil est munie d’un système de roues dentées, permettant en agissant sur une manivelle, de dérouler le conducteur (fig. i5).
- BELGIQUE
- L’armée belge, en temps de paix, compte deux compagnies de télégraphistes, qui sont annexées, mais seulement pour l’administration, au régiment du génie. De ces deux compagnies, l’une est dite des télégraphistes de campagne, l’autre des télégraphistes de place et d’artificiers, cette dernière comprenant, outre les télégraphistes, un détachement d’artificiers. Chaque compagnie se compose de 4 officiers et 81 hommes de troupe; l’effectif, en cas de mobilisation, est porté à 209 hommes.
- L’armée belge, en cas de guerre, doit se diviser en deux groupes : l’armée de campagne et l’armée d’Anvers à laquelle sera attachée la compagnie des télégraphistes de place. L’armée de campagne comprenant deux corps d’armée, la compagnie de télégraphistes de campagne se divise en trois sections: les deux premières disposant chacune de 3 voitures-poste, 1 voiture de fils, 1 voiture de poteaux, sont réparties entre les deux corps d’armée pour le service de iro ligne; la troisième, disposant de 3 voitures-poste, 1 voiture de fils, 3 voitures de poteaux, 1 voiture d’outils, x forge, assure le service de 2e ligne ou d’étapes. Chaque section possède 20 kilomètres de câble et 24 kilomètres de fil nu.
- Matériel. — Le fil nu est un fil de cuivre de om,oo2 de diamètre.
- Le câble est formé par un noyau comprenant 1 fil
- de cuivre de omm,6 de diamètre entouré de 6 fils de fer de omm,8 de diamètre ; le tout est isolé au moyen d’une gaine en caoutchouc enveloppé d’un ruban et d’un tissu goudronné.
- Le diamètre total est de 6mm,25; le kilomètre pèse 70 kilogrammes. Le câble ne se rompt que sous une traction de 240 kilogrammes. Un joint spécial formé de deux tiges en laiton, taillées en biseau avec tenon et mortaise, s’emboîtant l’un dans l’autre, est soudé à l’extrémité de chaque câble; il est consolidé à l’aide de deux viroles à rainures qui s’engagent dans les tenons. Le tout est recouvert d’une gaine en caoutchouc.
- Les bobines sur lesquelles sont enroulés les conducteurs sont à la fois solides et légères. Elles se composent d’un axe en fer recouvert d’un manchon en bois de o“,3o de longueur, et de côtés en tôle présentant des vides.
- Les poteaux, pour supporter les conducteurs, sont en sapin; ils ont une longueur de 3m,85, et pèsent 9 kilogrammes. Pour le passage des routes, on peut les allonger au moyen de poteaux de 2m,4o de longueur munis à leur partie inférieure de ferrures, permettant de les relier aux précédents.
- Les isolateurs sont en caoutchouc vulcanisé, et munis d’une pointe en fer, qui sert à les fixer aux poteaux.
- Les piles sont du système Leclanché.
- Les appareils télégraphiques sont du système Morse.
- Toutes les voitures sont couvertes et suspendues, à l’exception de la voiture à fils. Les roues et essieux, pour faciliter les rechanges, sont du modèle adopté par l’artillerie.
- La voiture-poste ressemble beaucoup à lavoiture française modèle 1874. Elle est divisée en deux
- l'IG. l6.
- CAMION PORTE-BOBINES
- compartiments, avec porte de communication ; la partie antérieure sert de bureau aux télégraphistes; la partie postérieure, de magasin contenant 6 kilomètres de câble, des piquets de terre, des fanions, des appareils pour la télégraphie optique. Près de la portière, sont disposés deux montants en fer
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- entaillés d’encoches pour recevoir les axes des bobines; ce qui permet de dérouler, lorsque le terrain est favorable, le câble au moyen de la voiture-poste.
- Une voiture à poteaux contient 200 perches en sapin.
- Une voiture de fils porte 24 kilomètres de fil de cuivre, enroulé sur huit bobines, et une brouette dérouleuse, appelée camion porte-bobines {fig. 16).
- Ce camion se compose de deux roues, d’un timon et d’un plancher sur lequel est fixé un châssis supportant deux bobines. Deux hommes suffisent pour le traîner, tandis qu’un troisième, faisant glisser le câble dans sa main droite, assure le déroulement.
- ESPAGNE
- Jusqu’en 1876 le service télégraphique dans l’armée espagnole devrait être assuré par des employés civils. A cette époque fut créé un régiment monté du génie qui, avec des pontonniers et des troupes de chemin de fer, comprenait deux compagnies de télégraphistes.
- Un décret royal du 14 décembre i883 qui a modifié l’organisation du corps du génie espagnol, a donné une plus grande extension à la télégraphie militaire.
- Lestroupe3 du génie comprennent actuellement:
- 4 régiments de sapeurs-mineurs;
- 1 régiment de pontonniers;
- 1 train des services spéciaux divisé en trois sections ; télégraphes, topographie et chemins de fer, et placé sous le commandement d’un général de brigade. La section des télégraphes est montée.
- Les sapeurs-mineurs, dans les places fortes, sont chargés de tous les services rentrant dans le domaine de la défense des places; entre autres, du service des lignes télégraphiques permanentes, de l’établissement et de la manipulation des appareils d’éclairage par l’électricité.
- Le brigadier, directeur du train, surveille l'instruction technique des différentes sections. Il est informé trimestriellement des divers changements survenus dans le réseau télégraphique du royaume, des modifications effectuées dans les tracés, du nombre des fils en service et de celui des stations.
- La section des télégraphes, commandée par tin lieutenant-colonel auquel est adjoint un commandant, comprend actuellement deux subdivisions, quj, doivent être portées à quatre, dès que l'état des finances le permettra.
- Son effectif se décompose ainsi : i3 officiers et 221 hommes de troupe, savoir: 2 sergents-majors, 28 sergents télégraphistes, 33 caporaux, 128 télégraphistes, 6 clairons, 24 ouvriers. L'unique service de ces troupes, en temps de paix, est l'élude
- et la pratique des divers systèmes de télégraphie militaire, y compris le téléphone et la microphonie. Tout officier de la section doit être muni d'un plan du réseau télégraphique de la fraction territoriale à laquelle il est attaché, et le tenir constamment à jour. Chaque année, il fournit un rapport sur l'état du réseau dans sa subdivision et sur les progrès faits par les sciences électriques en général, s'attachant principalement à ceux qui concernent la télégraphie.
- Un certain nombre d'officiers de cavalerie sont, chaque année, détachés dans les diverses sections du train des services spéciaux, pour se mettre au courant des travaux de destruction des voies ferrées et des lignes télégraphiques.
- En temps de guerre, la section des télégraphes est chargée de l’établissement et du service de toutes les lignes qu'on peut avoir à créer pour relier les divers corps d'armée soit entre eux, soit avec les détachements avancés, et la ligne du front d'opération à celles des services de l'arrière.
- Les corps d’armée ne comprennent normalement aucune troupe télégraphique. Des détachements sont affectés par les ordres des commandants d’armée et suivant les besoins à telle ou telle fraction d’armée.
- Chaque subdivision qui comprend sur le pied de guerre 260 hommes, 8r chevaux ou mulets, se divise en quatre groupes. Le matériel est réparti en charges qui, maintenues par des cadres en fer ou renfermées dans des caisses en bois sont portées par les animaux de bât (fig. 17). La charge
- EIG. IJ. — DAT
- d’un mulet, y compris sa nourriture, ne dépasse pas 115 kilog. Chaque subdivision a de plus deux voitures ; dans l’une est le -poste central où peuvent aboutir six lignes; dans l’autre, des objets de réserve et huit appareils de station.
- Chacun des quatre groupes de la subdivision transporte 44 appareils Morse, 4 héliographes du système Morse, 5 téléphones, un appareil d’avant-postes système Trouvé, 7 kilomètres 1/2 de câble comprenant la ligne de retour; 20 kilomètres .de câble léger et 20 kilomètres dé fil isolé.
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- Le câb!e léger se compose de deux fils de cuivre isolés avec de la gutta-percha et réunis par une enveloppe de chanvre entourée d’une toile goudronnée. Son diamètre est de 4mm,i5; le kilomètre pèse i7ke,5; il peut supporter, sans se rompre, une force de 54 kilogrammes.
- Il est à remarquer que, pour l’établissement d’un poste permanent ayant à sa disposition 3 kilomètres de câble, 6 caisses transportées par trois mulets sont suffisantes. Voici d’ailleurs le chargement de ces caisses (fig. 18) :
- FIG. l8. — CAISSE
- A. Bobine avec 5oo mètres de fil. — B. Boîte à outils. — C. Appareil
- de télégraphie acoustique. — D. Héliographe. — E. Pile Trouvé. —
- F. Boîte renfermant des crampons et des isolateurs. — G. Réservoir
- d’eau. — H. Objets de bureau.
- Caisse n° 1 : 2 appareils Morse, 4 piles, 2 galvanomètres, objets de bureau ;
- Caisse n° 2 : 1 appareil d'avant-postes, 1 kilomètre de câble, 2 galvanomètres, 4 téléphones, 4 piles, 2 piquets de terre;
- Caisse n° 3 : 1 héliographe et 1 appareil de télégraphie optique.
- Caisses n° 4 et 5 : chacune 1 kilomètre de câble et appareil de déroulement;
- Caisse n° 6 : renfermant du câble et des objets de rechange.
- La caisse n° 2 suffit ponr établir un télégraphe d’avant-postes; la caisse n°3, pour établir un télégraphe optique.
- GRÈCE
- D’après le décret du 8 janvier 1881 qui règle l’organisation de l’armée grecque, le service des postes et télégraphes en campagne est assuré par 18 employés civils attachés aux commandements d’armée.
- HOLLANDE
- L’armée hollandaise comprend un bataillon de sapeurs-mineurs à huit compagnies, parmi lesquelles est une compagnie de chemins de ter et de télégraphes. L’effectif de cette compagnie, en temps de paix, est de 6 officiers et i84,hommes. Le détachement télégraphique qui doit, en campagne, assurer le service de première ligne, construction et exploitation, est complété, au moment de la
- mobilisation, par des volontaires et des employés du télégraphe faisant partie de la milice et désignés dès le temps de paix. On s’assure par un examen qu’ils connaissent la manipulation des appareils télégraphiques et des signaux optiques.
- Chacune des quatre divisions que doit comprendre l’armée hollandaise sur le pied de guerre comprend une section de télégraphistes commandée par un officier.
- Les sections affectées aux ire et 2mc divisions disposent de 2 voitures-stations, 1 voiture de poteaux, 1 voiture de câbles, 1 charrette à câbles; les deux autres sections ont une seconde voiture de câbles. La voiture de câbles des iro et 2e divisions, qui porte 18 kilomètres de câble, pèse 3.200kilogrammes et est attelée à six chevaux. Elle a été jugée trop lourde et a été remplacée, pour les deux autres divisions, par line autre ne pesant que 2.100 kilogrammes. Elle est attelée à quatre chevaux et ne porte que 9 kilomètres de câble.
- Le matériel roulant est gardé dans le dépôt d’artillerie à Utrecht; les harnais sont conservés par le bataillon du génie qui doit, au moment de la mobilisation, acheter les chevaux nécessaires.
- Matériel. — Le câble de campagne, qui se pose directement sur le sol, a l’inconvénient d’être lourd et d’un diamètre considérable. II se compose d’un noyau formé par la réunion de trois fils de cuivre, recouvert avec trois couches de caoutchouc ; le tout protégé par une enveloppe d’un tissu goudronné. Il a 8 millimètres de diamètre et pèse 80 kilogrammes par kilomètre.
- Le fil isolé se compose de trois fils de cuivre recouverts de deux couches de caoutchouc; le tout protégé par une enveloppe en toile. Il a 5 millimètres de diamètre.
- Le câble pour rivière se compose d’un fil de cuivre de imm,25, isolé avec de la gutta-percha, recouvert d’une bande de jute et protégé par vingt fils de fer de 1 millimètre, enroulés en spirale. Il a 8 millimètres de diamètre et pèse 170 kilogrammes par kilomètre.
- Pour les lignes aériennes, on emploie un fil de fer nu de 2nm,5 de diamètre, des poteaux en fer et des isolateurs en ébonite.
- Les piles formées de dix éléments sont du système Leclanché.
- L'appareil de station est l’appareil écrivant de Siemens et Halske. Il se met automatiquement en mouvement au moment où une dépêche est envoyée ; une sonnerie prévient l’opérateur.
- La voiture-station (fig. 19), qui est à quatre roues est munie de ressorts, et attelée de deux chevaux. Avec le chargement, elle pèse i.35o kilogrammes. Elle est formée d’un cadre en bois recouvert de zinc. A la partie antérieure se trouve une table sur laquelle sont placés les appareils ; au-dessous sont les piles ; au-dessus, des casiers contenant des
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- objets de bureau. Des ouvertures pratiquées dans la paroi antérieure, laissent passer les fils de ligne et les fils de terre. A l’arrière est la porte, qui est munie d’une tablette se rabattant Sur les côtés sont disposées des banquettes; celle de gauche se
- rabat ; celle de droite se relève. Des jalousies permettent d’assurer la ventilation. Au-dessus de la voiture se trouvent des grilles à l’intérieur desquelles on peut mettre les sacs des télégraphistes et du conducteur. La voiture est pourvue de deux
- sièges, sur lesquels cinq hommes peuvent prendre place. Au-dessous du siège inférieur, il y a deux compartiments contenant différentes pièces de
- rechange et des objets pour l’entretien de la voiture.
- Un drapeau bleu pendant le jour, une lanterne
- VOITURE DE CABLES
- à feu blanc pendant la nuit, indiquent la position de la station télégraphique.
- JLes voitures de câbles, nouveau modèle, sont des voitures à quatre roues formées d’un cadre en bois, recouvert de zinc. Elles sont compartimentées, comme l’indique la figure 20. Les compartiments extérieurs a, b, c, d contiennent 12 bobines en bois avec axe en fer et côtés métalliques;
- sur chacune d’elles sont enroulés 5oo kilomètres de câble. Les compartiments c et d contiennent des caisses renfermant 24 pinces, 5o piquets pour supporter le câble et 5o crampons. Les compartiments g et h contiennent des fanions pour le marquage des lignes et des bouts de bois de 1 mètre de longueur, 20 millimètres d’épaisseur, 40 millimètres de largeur, percés d’une rigole et employés
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- pour protéger le câble au passage des routes. Sous le siège du conducteur se trouvent deux compartiments renfermant différents outils. A l’extérieur de la voiture sont fixés une brouette servant à transporter les bobines dans les endroits où la voiture ne peut pas aller, 2 roues de rechange, un timon de rechange, une lance à fourche, une échelle, un seau, une boîte à graisse et deux lanternes, et 400 mètres de câble pour la traversée des cours d’eau.
- m, l, n, n', o sont des parties pouvant s’ouvrir. Lorsqu’on doit placer le câble, un homme pénètre dans l’espace i, par la porte n'o, tend une bobine à un homme se trouvant à l’arrière ; celui-ci place
- CHARETTE A CABLE
- l’axe de la bobine sur le support k et surveille le déroulement, qui se fait pendant que la voiture marche.
- La charrette à câble, qui pèse 1.000 kilogrammes, peut transporter 6 kilomètres de câble et un certain nombre d’accessoires; elle est munie d’une limo-nière. Le câble est protégé par une enveloppe métallique. Un système de roues dentées et de manivelles (fig. 21) facilite l’enroulement et le déroulement du câble.
- (A suivre.) J. Bertrand.
- étude
- SUR LES GALVANOMÈTRES
- (Troisième article. — Voir les numéros du 10 juin et du 8 août i885.)
- PREMIER GROUPE — PREMIÈRE DIVISION
- Les galvanomètres ne remplissent pas tous la même fonction ; ils doivent présenter une ou plusieurs propriétés caractéristiques, suivant le genre de mesure à effectuer.
- On peut diviser en trois familles principales, ceux qui font partie du groupe et de la division indiqués en tête de cet article.
- Les appareils compris dans chacune de ces familles ont la même destination et par suite, pos-
- sèdent certaines propriétés communes, mais à un degré de perfection plus ou moins grand.
- Nous les avons groupés dans le tableau ci-dessous.
- PREMIER GROUPE (lrc DIVISION)
- Multiplicateur de Schweigger. Galvanomètres asiatique, différentiel. Magnétomètre de Weber à amortisseur. Boussoles des tangentes, des sinus, des cosinus.
- Boussole de Gaugain.
- Méthode des oscillations.
- Double système astatique de Gostynski. Galvanomètre proportionnel de Gaiffe. Galvanomètres de Sabine, Wiedemann, Menges, Edelmann.
- Galvanomètre astatique de Ducretel.
- Première famille. — Les galvanoscopes servent le plus souvent à déceler la présence d’un courant, à en indiquer la constance ou la direction ; lorsqu’ils présentent une sensibilité suffisante, ils peuvent être employés également comme appareils témoins, dans la méthodê du pont de Wheatstone ou celle de Poggendorff par exemple.
- Nous avons déjà parlé du multiplicateur de Schweigger. Les galvanomètres astatiques et différentiels et le magnétomètre de Weber, font partie de la même famille et sont beaucoup plus sensibles que le multiplicateur.
- La figure donne le détail des éléments qui composent ces instruments ; nous dirons plus tard ce qui les différencie.
- La partie mobile est formée de deux aiguilles AB, A'B', réunies au moyen d’une tige rigide, et dont les pôles sont opposés.
- Cette disposition porte le nom de système astatique.
- Ce système est suspendu à un fil dont le couple de torsion, pour les angles observés pratiquement, est négligeable par rapport aux forces mises en jeu dans ces appareils.
- Galvanoscopes. .
- Etalons.........
- Ampèremètres . .•
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- La bobine est de forme rectangulaire; la partie centrale est réduite le plus possible afin d’augmenter l’action des spires. L’une des aiguilles est placée à l’intérieur du cadre, l’autre extérieurement. • Cette dernière sert d’index et se meut parallèlement à un disque de cuivre gradué, placé entre elle et le cadre galvanométrique,
- Le disque de cuivre sert à amortir les oscillations du système des deux aiguilles.
- DE l’aSTATICITÉ
- Lorsqu’on considère une boussole à aiguille simple, on exprime les conditions d’équilibre, pour une position quelconque de l’aiguille, par l’équation générale :
- Hsa sin <x = Kja (nl)f(a), (i)
- dans laquelle on peut remplacer le coefficient («I) par un autre (Pi) qui exprime la même loi
- Hja sin a = Kja (Pi)/(a) : (2)
- P représente le poids du fil actif de la bobine, que nous supposons invariable, i la densité du courant.
- Rappelons que pour comparer les galvanomètres entre eux nous avons adopté un angle de déviation fixe et égal à 45°.
- Nous avons également pris comme valeur de la sensibilité absolue A, l’inverse de la densité du courant correspondant à l’angle de déviation de 45°, soit :
- A =4 (3)
- D’où, pour l’expression de la sensibilité absolue d’une boussole à aiguille simple :
- A=(KP)
- 1 /(45q) _ H sin 45°'
- (4)
- On voit qu’elle est indépendante du moment magnétique de l’aiguille.
- il n’en est pas de même pour les appareils à aiguilles astatiques.
- Appelons [i. le moment magnétique de l’aiguille intérieure; w, celui de l’aiguille extérieure.
- L’effort résistant est dû à la différence des actions du magnétisme terrestre sur les deux aiguilles; il peut être rendu plus faible que toute quantité donnée.
- L’effort moteur, au contraire, est représenté par l’action totale du cadre galvanométrique sur l’aiguille AB et la différence des actions des parties mn et (noop-\-ptn) de la bobine, sur l’aiguille A'B'.
- L’action de la portion mn sur A'B', est de même sens que l’action du cadre sur AB et supérieure à celle de no -}- op -f- pm; l’effort moteur, dans un sytème astatique, est donc supérieur à celui que l’on observe dans une boussole simple de même
- bobine et dont l’aiguille intérieure présente le même moment magnétique.
- Posons ji. — [/., = (as et affectons d’un coefficient h, plus petit que l’unité, le moment magnétique de l’aiguille A'B', afin de représenter, dans l’équation qui fixe les conditions d’équilibre d’un système astatique, l’effort moteur partiel dû à la différence des effets sur A'B' des parties mn et (no -j- op -j- pm) du cadre galvanométrique, l’expression (2) devient
- Hja, sin a = K(Pi) (ja -f- Aja,) /(a).
- Nous pouvons écrire, pour un appareil invariable et un angle de déviation déterminée (45°)
- KP/(45°) H sin 45<>
- = K, “ constante.
- D’où, pour la valeur dé la sensibilité du système
- A =
- JA + ha, ‘ H JA,
- (5)
- On voit que la sensibilité absolue d’un système astatique est inversement proportionnelle à la différence |j.2 des moments magnétiques, et directement proportionnelle à un binôme composé du moment de l’aiguille intérieure et d’une fraction du moment de l’aiguille placée extérieurement.
- Elle est infiniment grande pour
- (J. —[A,=0.
- Dans ce cas, le système des deux aiguilles atteint sa position limite d’équilibre, c’est-à-dire se met en croix avec la bobine pour les intensités de circulation voisines de zéro.
- C’est à Nobili que l’on doit la première application d’un système astatique. Nous le retrouvons dans chacun des trois appareils qui font partie de la famille du multiplicateur de Schweigger.
- Le magnétomètre de Weber se distingue des deux autres, par l’emploi d’aiguilles aimantées à masse plus grande et par suite, possédant un moment magnétique plus puissant, ce qui en augmente encore la sensibilité, suivarit l’expression (5).
- Signalons également comme disposition particulière dans le magnétomètre, l’emploi d’un miroir., invariablement fixé au système astatique et projetant un trait lumineux sur une échelle graduée disposée à une distance d’un mètre environ. Pour un angle de déviation égal à l’unité, le trait lumineux parcourra sur l’échelle un chemin égal à la longueur d’un degré d’une circonférence dont le rayon serait le double de la distancé du miroir à l’échelle.
- DE L’AMORTISSEMENT DES OSCILLATIONS
- L’aiguille avant de se fixer au point correspondant à l’intensité de circulation effectue autour de sa position d’équilibre, une série d’oscillations
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- pendant un témps qui peut être quelquefois assez considérable.
- Il existe plusieurs procédés qui permettent d’amortir les oscillations, mais tous reposent sur un principe général.
- Un corps ne peut osciller que s’il subit l’influence d’une force (force d’inertie, force produite par la différence entre l'effort moteur et l’effort résistant dans les galvanomètres) ; la durée des oscillations peut être très grande, si les résistances passives sont négligeables et si la force directrice ne diminue que très lentement.
- Il faut créer, pour arriver à un amortissement rapide, une force agissant dans un sens contraire à celui de l’effort directeur, variant avec la vitesse du corps oscillant et s’annulant avec cette vitesse.
- Gambey observa (1824) que les oscillations d’une aiguille aimantée, sous l’influence du magnétisme terrestre, étaient de faible durée lorsqu’il existait dans le voisinage une grande masse de cuivre.
- Arago établit, d’après cette expérience, qu’il devait se produire une force agissant entre la masse métallique et l’aigiiille et s’opposant au mouvement de celle-ci.
- L’emploi du disque de cuivre n’est donc autre chose qu’une application aux galvanomètres, de l’expérience de Gambey.
- L’aiguille aimantée, en oscillant, fait naître dans la masse du disque métallique des courants qui s’opposent à son mouvement, d’api ès la loi de Lenz.
- Suivant Neumann, l’intensité de ces courants induits et par suite la force résistante sont proportionnelles à la vitesse angulaire de l’aiguille.
- M. Jamin a donné une équation différentielle du mouvement de l’aiguille :
- d2x . „dx . ~dÏÏ+2Kdt+w{X'
- -a)= o,
- dans laquelle K est une constante qui dépend du disque et de l’aiguille, a; l’élongation au temps t,a, l’élongation correspondant à l’équilibre, u>2(x-a), la force qui attire l’aiguille vers la position d’équilibre.
- En résolvant cette équation M. Jamin a démontré que les meilleures conditions correspondaient à K > co.
- Le coefficient K est fonction de la masse de l’amortisseur et de l’aimantation de l’aiguille.
- Il existe d’autres méthodes pour amortir les oscillations. Nous en parlerons en temps et lieu. Un mot pour finir au sujet du galvanomètre différentiel.
- Il se distingue des deux autres par une disposition spéciale de sa bobine qui est formée de deux fils enroulés ensemble. Il peut servir à déterminer la différence d’intensité de deux courants, d’où son nom de galvanomètre différentiel.
- Pouillet l’a employé dans ses recherches expérimentales sur la loi de Ohm.
- Nous verrons plus tard combien il est avanta tageux de former des bobines non seulement de deux fils, mais d’un grand nombre de fils enroulés ensemble ; on simplifie ainsi les manipulations que doit subir l’instrument, lorsqu’il importe d’effectuer, en circuit direct, des déterminations d’intensités variant entre de très grandes limites.
- (A suivre.)
- Adolphe Minet,
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- Sur la théorie de la machine Gramme par M. Mascart (>).
- I. Sans aborder dans toute sa généralité le problème des machines magnéto-électriques, il est utile d’examiner d’abord des cas simples qui per-metttent une analyse détaillée du phénomène. Les résultats ainsi obtenus ne s’appliquent pas directement aux machines réelles, mais ils sont au moins une première approximation qui peut servir de guide; c’est à ce titre que nous ferons quelques remarques sur la machine de Gramme.
- Considérons une machine de Gramme dont la bobine tourne dans un champ magnétique invariable, comme celui qui serait produit par des aimants dont le magnétisme serait absolument rigide, et supposons que le champ magnétique soit symétrique par rapport à deux plans rectangulaires passant par l’axe de rotation.
- L’aimantation du fer doux qui constitue l’anneau est immobile dans l’espace et l’on peut admettre qu’elle occupe la même position que si l’anneau était immobile. Il est probable que cette hypothèse n’est pas exacte et que l’aimantation n’est pas instantanée; mais aucune expérience ne semble avoir démontré encore qu’il y ait un retard appréciable, en dehors des courants induits dans la masse de fer et qui produisent un effet équivalent.
- L’expérience indique, en outre, que les points d’appui des balais ne doivent pas correspondre aux boucles situées dans le plan de symétrie perpendiculaire aux forces, ou plan neutre, mais lorsque la machine est employée comme électromoteur aux boucles qui ont dépassé cette position d.’un angle ô, qu’on appelle angle de calage: on en verra plus loin la raison.
- (1). Journal de physique, 2mc série, t IV (août 188S).
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Si les balais sont réunis par un circuit extérieur, le courant ne peut pas être constant en toute rigueur, car la force électromotrice et la résistance du circuit sont modifiées périodiquement, parce que les boucles sont tour à tour fermées sur elles-mêmes quand les balais appuient sur deux touches consécutives. Cette espèce de vibration du courant principal donne lieu à des extra-courants qui diminuent l’effet utile de la machine, mais l’amplitude relative des oscillations est d’autant plus faible que le nombre des boucles de la bobine est plus grand, et l’on ne s’éloigne pas beaucoup de la vérité en supposant le courant uniforme.
- Enfin, nous admettrons encore que l’aimantation du fer est la superposition des deux aimantations qui seraiennt produites séparément par le champ extérieur et par le courant lui-même.
- Dans ce cas, l’aimantation due au courant n’influe pas sur la force électromotrice, par raison de symétrie, chacune des moitiés de l’anneau comprenant des boucles qui renferment deux à deux de ce chef, des forces électromotrices égales et de signes contraires.
- II. Supposons qu’il y ait 4m boucles distinctes, chacune d’elles étant tournée de p spires autour de l’anneau, et appelons 4P le nombre total des spires; on a
- 4P=4mp, ou P=mp.
- Soient q, le flux de force magnétique, provenant du champ extérieur, qui est coupé par une spire pendant une demi-rotation entre deux points situés dans le plan neutre /(ô), le flux de force coupé dans l’angle 6 de calage. Ces dernières forces agissant en sens contraire, l’excès de force utile est q — 2/(0) et le secteur réellement efficace correspond à l’angle 7t—26. Le flux de force utile coupé par une spire pour une rotation complète est
- 2(? — 2/(0)],
- et si la bobine fait n tours par seconde, le flux de force coupé par seconde est
- (1) Q=4 P 2 « [?—2/(6) ].
- Pour un courant d’intensité I dans le circuit extérieur, c’est-à-dire d’intensité | dans la bobine, le travail électro-magnétique W dépensé par seconde est
- 2)- W=ï Q=hI4P[<? — 2/(0)]=nIE!.
- Le facteur E,, que M. Deprez appelle fonction caractéristique de la machine, dépend du champ extérieur et de l’angle de calage.
- Lorsque l’angle de calage est invariable, ce facteur est constant, si le champ extérieur est produit par une cause étrangère au courant, ou une fonction de l’intensité seule, si le champ est dù à des électroaimants excités par le courant lui-même.
- Si l’on remarque, en outre, que l’aimantation de l’anneau par le courant est oblique au champ extérieur, le mouvement de l’anneau lui-même exige une dépense de travail inutile, puisqu’elle provoque des courants induits et un dégagement de chaleur dans la masse de fer ; nous n’en tiendrons pas compte.
- III. L’angle de calage est déterminé pratiquement par la condition de supprimer les étincelles. Or les étincelles sont dangereuses, non pas au moment où le balai rencontre une touche, mais quand il s’en détache; pour supprimer les étincelles dans ce dernier cas, il faut que les deux touches successives, celle qui reste sous le balai et celle qui lui échappe, soient au même potentiel et que l’introduction de la boucle correspondante dans le circuit général n’altère par l’égalité des potentiels. Si la boucle a été fermée pendant un temps supérieur à celui de la période variable relative à son propre circuit, la condition précédente exige que cette boucle renferme déjà une force électromotrice capable d’y
- produire le courant 5, Cette force électromotrice
- comprend d’abord une partie qui est due au champ extérieur, c’est-à-dire
- En outre, on doit tenir compte, comme l’a fait remarquer M. Potier, de l’aimantation de l'anneau par le courant qui donne un flux de force de sens contraire, et l’on peut représenter la force électromotrice correspondante par />2«ttM, le facteur M étant proportionnel à l’aimantation. Pour que la boucle fermée sur elle-même renferme le courant il faut donc qu’on ait, en appelant r la ré. sistance d’une spire,
- pr^=p2nn[f' (6)— M],
- OU
- (3) /'(())= — + M=l(—+ Î^Y
- ' J ' 4nu 1 \4H1t 1 I /
- Il en résulte que l’angle de calage est indépendant du nombre des spires qui constituent chaque boucle.
- Si l’aimantation par le courant est proportionnelle à l’intensité, on peut poser
- ce qui donne
- (4) /'(0) = ^(r+"r')-
- Dans ce cas, l’aimantation par le courant n’interviendrait dans la condition relative à l’angle de calage, que par l’introduction d’une résistance fictive nr’ proportionnelle à la vitesse.
- IV. Le travail perdu comprend d’abord l’énergie
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- calorifique qui correspond au passage du courant dans la résistance extérieure inutilisée p et dans la résistance moyenne de la bobine. La résistance de
- suivant que les balais appuient sur une ou sur deux touches; on peut prendre la valeur moyenne
- (in — £) pr. Le travail | perdu par échauffement est donc égal à
- D’autre part, M. Jeubert a montré que la suppression et le rétablissement du courant dans la boucle fermée constituent une perte de travail qui équivaut à un accroissement fictif de la résistance. En appelant l, le coefficient de self-induction d'une boucle, la perte d’énergie due à la chute du cou-l I2
- rant est - comme l’opération se répète deux fois par tour pour chaque boucle, il en résulte une perte totale par seconde de mnll3, c’est-à-dire équivalente à celle qui serait produite par une résistance fictive égale à mnl.
- Le coefficient d’induction l est proportionnel au carré du nombre des spires et peut être représenté par X/>2. Si l'enroulement renferme un nombre total constant 4P de spires, cette résistance fictive
- la bobine est alternativement mpr ou (in
- (5)
- mnl — — iù,p:i — nPlp
- P
- est proportionnelle au nombre des spires qui constituent chaque boucle, tandis que la résistance moyenne de la bobine
- («-I)/r=(p -*)r
- en est à peu près indépendante.
- La résistance fictive mnl = riV\p est réduite au minimum quand chaque boucle ne comprend qu’une spire. Cette condition est réalisée dans les machines à gros fil employées en galvanoplastie; mais des difficultés mécaniques ne permettent pas de l’appliquer aux machines à fil fin, nécessaires pour obtenir de grandes forces électromotrices.
- Finalement, l’excès de l’énergie dépensée sur l’énergie perdue, ou le travail utile U, pendant l’unité de temps, est
- (6) U=mIE, — I2[p+ (in — r+mnl].
- V. Pour un calage déterminé, Et est une fonction F(I) de l’intensité seule; en représentant par R la résistance totale comprise dans la parenthèse, on a donc
- (7). U = »IF(I) — RF,
- et le rendement est
- (8)
- RI
- n F(l)*
- Dans les machines auto-excitatrices, le rapport va toujours en croissant avec l’intensité
- comme F(o) n’est pas nul à cause du magnétisme rémanent, le rendement est d’autant plus grand que le courant est plus faible et la rotation plus rapide.
- A vitesse constante, le travail utile est maximum pour la condition
- (9) »[F(I) + IF'(I)] = 2IR,
- qui détermine l’intensité correspondante du courant; on en déduit
- (loi
- IR 1 IF'(I)
- hF(I) 2' 2F(I)’
- de sorte que le maximum est
- (11)
- rendement a„,, relatif au travail
- ___1
- 2
- IFM)
- »f(i y
- Or, la fonction F(I) est toujours croissante, parce que l’aimantation des excitateurs n’atteint jamais sa valeur maximum et que les fils mêmes de l’électro-aimant introduisent dans cette fonction un terme proportionnel à l’intensité du courant. La valeur de F'(I) étant toujours positive, on en conclut que le rendement relatif au travail maximum est toujours inférieur à o,5. Ce rendement ne peut atteindre la valeur de o,5 que si l’on a F'(I)=r o, c’est-à-dire si le champ extérieur est invariable.
- VI. La forme de la fonction f{6) peut être déter minée par expérience. Il suffit, le champ extérieur étant maintenu par un courant I, de relier une seule boucle à un circuit extérieur renfermant un galvanomètre balistique et de mesurer les quantités d’électricité induites pour une série de variations égales et très petites dm de l’angle u que fait la boucle avec le plan neutre; ces quantités sont proportionnelles à /» dm. On vérifierait ces résultats partiels par la quantité d’électricité induite correspondant à un déplacement d’un quart ou d’une demi-circonférence. La courbe des valeurs de f'{m) est symétrique par rapport à l’ordonnée
- f ^ et la force électromotrice E, est représentée par l’aire comprise entre les ordonnées qui correspondent aux angles 0 et u — 0. La valeur de l’ordonnée f\6) sera donnée par l’équation (4).
- Si l’on représente par R' la résistance extérieure utile, y compris la résistance équivalente aux forces électromotrices vaincues, on aU = IaR' et l’équation (7) donne
- (12)
- I = 11
- F (I) R+R'*
- L’équation (4) devient alors
- /'(O)
- __F(I) 2 -\-nr'
- - 1ÎT (R+R'f
- (13)
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- 41.2
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pour une machine donnée la dérivée /'fl et l’angle de calage fl croissent avec F(I), c’est-à-dire avec l’intensité du courant, avec la vitesse et en sens inverse de la résistance totale.
- Les étincelles reparaissent dès que l’angle de calage est plus petit ou plus grand que la valeur donnée par cette équation ; la force électromotrice est alors plus grande ou plus faible que celle qui correspond au régime sans étincelles.
- VII. On peut, dans certains cas connaître approximativement la fonction f(ô). L’anneau est généralement à peu près cylindrique. Si le champ extérieur est uniforme, l’aimantation de l’anneau est analogue à l’électrisation d’un conducteur dans un champ électrique ; le flux d’induction magnétique dans la masse de fer doux est uniforme et, comme il est la continuation du flux de forces extérieur, il en résulte que /(fl) est proportionnel à la projection de l’arc correspondant sur le plan neutre, c’est-à-dire à i — cos fl. On a donc
- (14) /(0) = A(i—cosô),
- ce qui donne
- q=J\n) — 2 A, q — 2/(0) = 2 A cos 0 F (I) = E!=4P îAcosO,/'(0) = Asin0.
- On déduit alors de l’équation (i3)
- (15)
- tang0=:
- 2P2 -\-nr' ^R+R'-
- L’angle de calage est nul. si la résistance totale est très grande et, par suite le courant très faible.
- Le courant est maximum quand la résistance extérieure est nulle ; on a alors
- tangO = -
- P(2 -\-itr')
- % + (p —fV+4»P/>).
- VIII. Les considérations qui précèdent ne sont, sans doute, qu’une première approximation ; mais elles me paraissent avoir l’avantage de mettre en relief les causes qui interviennent dans le jeu des machines.
- Pour le calage des balais, en particulier, on a admis que le couraht a eu le temps de s’établir dans la bobine isolée. En réalité, au lieu de l’équation (3), on doit employer, pour déterminer le courant i dans la boucle, l’équation
- r/+i J = anw[/'(fl)-M] = E.
- La force électromotrice E étant sensiblement constante, l’intensité du courant, au moment où la boucle échappe au balai, à l’époque t après qu’elle a été isolée, est
- L’intensité initiale i0 étant égale à — -, pour que
- l’intensité finale soit égale à il faut qu’on ait
- ___ rt
- 2E — ;-I = (2 E + rl)e 7’
- OU
- 2E^i— =rî ^i+e— T-j.
- Remplaçant dans cette expression la force électromotrice E par sa valeur, on en déduit
- rt
- i T
- 4«« I/' (0) - M] = ri ----
- 1 —c~T
- Si l’on admet encore que l’aimantation est proportionnelle au courant, il vient
- au lieu de l’équation (4).
- On voit que, pour une même intensité I, la valeur de l’angle de calage ô est plus grande que si le temps de fermeture t de la boucle était supérieur à la durée du courant variable dans le circuit de cette boucle.
- De la polarisation des récepteurs téléphoniques.
- L’emploi des -condensateurs en téléphonie remonte, comme on le sait, au commencement de l’année 1880, époque à laquelle M. le docteur Herz fit parler le condensateur en polarisant ses armatures par l’intermédiaire de la pile même servant à la transmission. Les résultats furent concluants; mais la théorie du phénomène, quoi qu’on ait fait, ne fut jamais élucidée d’une manière bien nette. M. Coulon, le premier, fit cependant un assez grand nombre d’expériences, et conclut en admettant que les flux électriques, alternativement de sens contraire, qui se produisent dans la charge d’un condensateur animé par une bobine d’induction, et qui parcourent la bobine d’induction elle-même, peuvent donner lieu à un mouvement intermoléculaire. Ce mouvement se traduit par une vibration sonore dans le condensateur et la bobine ; enfin la combinaison à travers l’air sous forme d’aigrettes lumineuses, des flux électriques successivement condensés, peut dérerminer les sons produits par les aigrette,s. M. du Moncel crut en effet trouver la même explication dans l’expérience de MM. Duter et Govi, de laquelle il résultait que lorsqu’un corps électrisé réagit sur un conducteur à travers une enveloppe isolante, il se manifeste un changement de volume attribué au corps isolant par M. Duter et au corps électrisé lui-même par M. Govi. M. Lippmann, de son côté, apporta en 1881, une théorié analogue. Il résultait en effet de
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- 4i3
- ces formules, reposant sur le principe de la conservation de l’énergie, que si on électrise de plus en plus le plateau d’un condensateur, le gaz qui l’entoure se contracte sous l’influence de cette électrisation. Or de cette contraction et de la dilatation subséquente qui en est la conséquence, il devait résulter, suivant lui, par des actions rapides, une vibration de la couche gazeuse interposée entre les lames du condensateur et, par conséquent, un son. Quelque vraisemblables que puissent être ces théories, elles ne satisfont pas d’une manière parfaite. Depuis, la question n’a guère avancé, mais nous avons cru devoir rappeler ces explications, à l’occasion de quelques résultats intéressants que M. J. W. Giltay a publié dans le Med. d. K. Alccid, van Wetensch. Afdeel natuurk. 2, Deel 20, p. 78-101; 1884.
- L’auteur partant de ce point que pour faire parler un condensateur, il est nécessaire de le polariser en introduisant dans le circuit secondaire quelques éléments de pile, a cherché à expliquer le rôle de cette polarisation.
- Après quelques expériences, il vint à penser que l’emploi d’une pile de charge dans le circuit secondaire, n’avait d’autre effet que d’abaisser d’une octave le son rendu par le condensateur. L’expérience, d’ailleurs, donna raison à cette manière de voir. Il constitua un circuit téléphonique avec un microphone Ader, une pile Bunsen et un condensateur. Il polarisa ce dernier avec six éléments Leclanché et joua de la clarinette devant la plaque vibrante du transmetteur. Les sons furent exactement reproduits; mais lorsque avec un commutateur disposé ad hoc, il supprima l’action de la pile Leclanché, le son s’affaiblit brusquement et les notes montèrent d’une octave. A plusieurs reprises, il retrouva le même résultat et, se rapportant aux travaux de Helmholtz, M. Giltay put alors donner l’explication suivante :
- Dans la transmission des paroles, les voyelles sont caractérisées par des notes bien définies et quelquefois, par une même note d’octaves différentes comme pour l’A et l’O par exemple. II s’ensuit alors que le transmetteur non polarisé, changeant son octave, les notes produites devant le microphone 11e peuvent rendre que des bruits inarticulés, par suite, incompréhensibles. Partant de là, M. Bosscha a pu donner les courbes représentatives des mouvements du condensateur polarisé et non polarisé, et c’est par l’exposé de cette étude que M. Giltay termine sa communication. Ces résultats, comme on le voit, ne manquent pas d’un certain intérêt. Ils. ajoutent à ce qu’on savait déjà sur le rôle du condensateur en téléphonie; mais en somme, il faut remarquer que ce ne sont là que des faits n’éclaircissant pas la théorie même, et que, si les effets sont utiles à connaître, c’est la cause première qu’il faut démêler.
- Influence des orages sur les lignes souterraines,
- par M. Blavier (').
- Lorsqu’on a commencé, il y a quelques années, la construction des grandes lignes souterraines qui relient actuellement les principales villes, tant en France qu’en Allemagne, on pensait que les fils conducteurs de ces lignes seraient complètement à l’abri des influences de l’électricité atmosphérique. Ces conducteurs, isolés par plusieurs couches de gutta-percha et réunis en câbles, sont, en effet, protégés par une armature métallique ou par un tuyau continu de fonte ; or on sait que des corps entourés complètement d’une enveloppe métallique en relation avec la terre restent à l’état neutre, quel que soit l’état électrique à l’intérieur. Une masse électrique située dans le voisinage produit une charge sur la surface enveloppante, dont le potentiel reste nul par suite de sa communication avec le sol, mais elle n’exerce aucune influence sur les conducteurs intérieurs et ne modifie en rien leur état électrique.
- On â cependant constaté que par des temps d’orage, les fils des lignes souterraines donnent quelquefois lieu, au moment des éclairs, à des décharges électriques qui, en traversant les paratonnerres et les appareils des postes télégraphiques, produisent, bien qu’à un degré moindre, les effets ordinaires que l’on observe lorsque les conducteurs sont aériens : étincelles, fusion des fils fins des paratonnerres, etc.
- Ces effets ont été signalés à diverses reprises, notamment dans un article des Archiv fiir Post und Télégraphié (septembre i883), où il est surtout fait mention de décharges qui se sont produites plusieurs fois dans les postes des forts de Strasbourg, desservis par des lignes souterraines.
- M. Massin, sous-ingériieur des Télégraphes, a également appelé l’attention de l’admiuistration sur les décharges qui auraient produit simultanément des étincelles, le g mars dernier, dans les deux bureaux de Belfort et de Besancon, en communication par un fil souterrain, pendant qn’un violent orage sévissait à peu près au milieu de la ligne.
- Suivant l’auteur des Archiv fiir Post und Télégraphié, le fil conducteur d’une ligne souterraine prendrait, en même temps que. l’armature extérieure, une charge électrique contraire à celle des nuages orageux, qui, devenant libre au moment d’une décharge atmosphérique, s’écoulerait dans le sol par les extrémités du fil, s’il n’a qu’une faible longueur, et serait neutralisée en partie sur les longues lignes par le fluide contraire accumulé, à une distance plus ou moins grande des nuages électrisés. Cette explication ne peut être admise, puisque, comme nous l’avons rappelé plus haut,
- (') Ann. tèlègraph. 3" série. Tome XII, mai-juin i8U5.
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- un conducteur entouré d’une [armature métallique ne peut être influencé par une charge extérieure. D’un autre côté, M. Massin attribue les effets observés dans les postes télégraphiques à un courant instantané d’induction dû à l’écoulement partiel de la charge électrique le long de l’armature, explication qui ne paraît pas suffisante, car la décharge ayant lieu dans les deux directions opposées, il doit se produire deux courants induits de sens contraires qui se détruisent en grande partie.
- Il faut, croyons-nous, chercher ailleurs la cause du phénomène.
- Considérons, en premier lieu, un conducteur revêtu seulement d'une ou plusieurs couches isolantes de gutta-percha, placé à une faible profondeur dans un terrain sec et par conséquent peu conducteur.
- Il prend, comme un fil aérien, sous l’influence des nuages orageux, de l’électricité contraire, et sa charge, s’opérant lentement en général, ne donne lieu qu’à des courants très faibles, insensibles aux appareils. Au moment où se produit un éclair, cette électricité devenant subitement libre, du moins en partie, suit le conducteur et se rend à la terre à travers les paratonnerres et les appareils des poste extrêmes, où se produisent les effets connus. Le fluide, en se répandant dans le conducteur, perd une partie de son énergie; aussi la décharge est-elle d’autant plus faible que l’orage qui en est la cause est plus éloigné.
- L’effet est en somme le même que pour les lignes aériennes. La quantité d’électricité accumulée sur un conducteur souterrain est sans doute moindre que celle qui serait prise par un fil aérien parallèle en raison de son plus grand éloignement des nuages et de l’influence du sol environnant; mais, comme d’un autre côté la décharge ne peut s’effectuer partiellement par les isolateurs, on comprend qu’elle puisse agir aussi vivement sur les appareils des postes extrêmes.
- En second lieu, considérons un fil recouvert de gutta-percha placé dans un milieu bon conducteur, comme cela a lieu pour les câbles sous-marins, que l’âme soit ou non revêtue d’une armature protectrice.
- Les nuages orageux produisent par influence une charge électrique qui se porte entièrement à la surface de la mer et le fil télégraphique reste à l’état neutre, aussi bien que son armature métallique.
- Au moment où, à la suite d’un éclair, l’électri-eitévdevient libre à la surface de la mer, elle se dissipe instantanément en raison de la bonne conductibilité de l’immense masse d’eau qui entoure le câble, et disparaît sans avoir d’influence sensible sur le conducteur.
- On ne constate, en effet, aucune action perturbatrice des orages lointaius dans les bureaux en
- relation avec les lignes sous-marines, malgré la sensibilité des appareils employés.
- Les orages qui éclatent entre les points d’atterrissement des câbles et les postes télégraphiques sont seuls à craindre, et pour mettre les fils sous-marins à l’abri ; on a soin de placer des paratonnerres aux points de jonction des ligne terrestres et des lignes sous-marines.
- Examinons enfin le cas des lignes souterraines ordinaires, formées de conducteurs isolés, entourés d’une armature protectrice en fer ou en fonte.
- Si le terrain qui entoure le câble est bon conducteur, les choses, pendant les orages se passent comme pour les lignes sous-marines, et le conducteur est à l’abri de l’influence des décharges d’électricité atmosphérique ; c’est ce qui a lieu le plus souvent.
- Ainsi les orages qui éclatent dans l’intérieur des villes, où les lignes télégraphique sont protégées par les maisons et par les tuyaux de conduite d’eau ou de gaz, n’ont aucune influence sur les transmissions télégraphiques.
- Mais il en est autrement si le terrain est peu conducteur, ainsi que cela a souvent lieu dans la campagne surtout par les temps secs, les plus favorables aux orages.
- Sous l’influence des nuages orageux, et alors que le conducteur intérieur reste à l’état neutre, l’armature extérieure prend une charge électrique plus ou moins considérable, qui devient partiellement libre au moment où éclate la foudre. Cette charge prend subitement un potentiel élevé avant de s’écouler dans le sol et suit l’armature métallique pendant un instant dans les deux directions opposées.
- Deux effets doivent se produire :
- Un effet d’induction électro-dynamique, tenant à ce que la charge extérieure, en s’écoulant par l’armature, développe dans le fil intérieur deux forces électromotrices d’induction et, par suite, deux courants de sens opposés, dont la différence réagit sur les appareils des postes extrêmes. L’effet qui en résulte est probablement assez faible, comme nous l’avons dit plus haut, car les deux courants induits doivent avoir des intensités à peu près égales, et de plus ils ne peuvent atteindre une grande intensité.
- Un second effet doit être produit par l’induction électro-statique. Au moment où les nuages se déchargent, l’électricité de l’enveloppe conductrice extérieure ne disparaît pas instantanément en raison de la résistance de l’armature et de la faible conductibilité du terrain ; l’équilibre électrique cessant d’exister, le potentiel de l’enveloppe s’accroît brusquement pendant un instant, si court qu’il soit. Son fluide électrique réagit sur le conducteur qui se charge d’électricité contraire par les points de communication avec le sol, c’est-à-dire par
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- l’intermédiaire des appareils que le fil met en communication.
- Cette charge, en s’écoulant ensuite par la même voie, doit donner lieu à deux courants de sens opposés qui suivent les premiers de très près, et se confondent avec eux si la décharge de l’armature est à peu près instantanée.
- C’est surtout à ces courants dus à l’action électro-statique que doivent être attribués, croyons-nous, les effets constatés sur les lignes souterraines pendant les orages ; ils doivent varier d’intensité avec la conductibilité du terrain aux environs des points où se manifestent les perturbations atmosphériques.
- Ces effets pourraient être évités ou tout au moins diminués, semble-t-il, en rendant aussi bonne que possible la communication de l’armature avec le sol, ce qu’on peut faire en diminuant sa résistance dans les endroits secs, au moyen d’un fil de fer ou de plaques métalliques augmentant l’étendue des points de contact avec la terre.
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER
- Allemagne
- La Conférence internationale télégraphique de Berlin. — Une Conférence internationale télégraphique vient de s’ouvrir à Berlin, le 10 août, dans la grande salle du bâtiment de la poste impériale. Le discours d’ouverture a été prononcé par le ministre des Postes, M. v. Stephan, élu président de la Conférence, sur la proposition du délégué de l’Angleterre.
- La conférence compte parmi ses membres quatre-vingt-deux représentants de différents Etats ou de diverses Sociétés, parmi lesquels nous citerons MM. Werner Siemens, James Anderson, John Pen-der, Julian Golsdmid, Jules Depecher, le capitaine Svenson. La conférence s’occupera tout d’abord et principalement des questions de tarif ; un grand nombre de questions techniques formeront l’objet d’une deuxième série de délibérations.
- On a déjà nommé, à cet effet, deux commissions. Le baron Brünner délégué de l’Autriche, préside la commission des tarifs, le délégué de l’Italie, directeur général des télégraphes, M. d’Amico a été nommé vice-président, et le rapport sera rédigé parle délégué de la France, M. le directeur général Fribourg. La commission chargée d’étudier les questions techniques et celles ayant trait à l’exploitation, a nommé le délégué de l’Allemagne, M. le directeur des Postes Hake, président, le délégué du Brésil, M. le baron de Capanema, vice-président. Le rapport de cette commission sera rédigé
- par le délégué de la Belgique, M. le directeur des télégraphes, Delarge.
- La Société électrotechnique de Berlin compte offrir, le icr septembre, une fête aux membres de la conférence, dans les salles du Reichstag. On espère y joindre une exposition, d’appareils scientifiques se rapportant à l’électricité.
- J’exposerai, dans une prochaine lettre, avec plus de détails, les travaux de la conférence, qui aura probablement une durée de quatre à six semaines.
- Un nouveau mode de fabrication des lampes a incandescence. — Un nouveau procédé pour faire le vide dans les globes de verre des lampes à incandescence vient d’être breveté en Allemagne par M. Wellstein, de Berlin. Ce procédé permettra de se servir toujours des mêmes ampoules, même lorsque le filament sera complètement usé.
- La figure ci-dessous rend compte du procédé. Le globe de verre A, ouvert à sa partie inférieure, est
- FIG. I
- posé, avec fermeture .hermétique, sur un appareil à faire le vide, après qu’on a introduit le bouchon g. Le bouchon g, traversé par le filament jj, porte une garniture en caoutchouc ou en une autre matière isolante. Une bande élastique ee, tend à faire entrer le bouchon dans le col de la cloche. Au moment où l’évacuation cesse, le bouchon est pressé hermétiquement contre aa, par la pression atmosphérique.
- Pour éviter la diffusion de l’air extérieur à l’intérieur de la cloche, l’inventeur recommande de mettre une légère couche de ciment désoxygénè
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- autour de la surface de la garniture. L’appareil à faire le vide est muni à sa partie supérieure d’un
- FIG. 2
- tuyau coudé k, qui possède une soupape ou un autre dispositif analogue.
- Pour assurer la fermeture, causée par la pression atmosphérique, le bouchon peut être soutenu par un crampon ou par une vis (fig. 2).
- H. Miciiaelis.
- Angleterre.
- Un nouvel isolateur.— Quand on se sert d’isolateurs en forme de cloche pour des conducteurs télégraphiques ou téléphoniques, on passe le fil autour de l’isolateur et, si ce dernier se casse par un accident quelconque, le fil tombe souvent par terre et peut occasionner des dégâts. Pour remédier à cet inconvénient on vient d’introduire en Angleterre, partout où les fils traversent ou suivent les routes, un nouveau modèle d’isolateurs connu sous le nom de shackle (anse).
- MM. Johnson et Phillips, les constructeurs bien connus, ont imaginé un autre modèle destiné également à empêcher le fil de tomber.
- On donne une forme courbée à la tige métallique à laquelle est attaché l’isolateur cloche; la tige forme alors une espèce de crochet auquel le fil est attaché. Cette disposition est représentée par la figure 1 où a est la tête de l’isolateur et de la tige métallique. En cas d’accident au fil, il sera pris par la tige métallique courbée b, comme par un crochet qui l’empêchera de tomber à terre. La figure 2 représente
- deux de ces : isolateurs; a, a fixés sur Un poteau; avec un fil d reliant ensemble les conducteurs c, c.
- FIG; 2
- des deux côtés des poteaux, de manière à former un circuit continu.
- Quelques nouveaux téléphones. — La New Téléphoné C° a exposé, à l’Exposition internationale des inventions, quelques appareils pour la transmission de la parole inventés par le professeur S.-P. Thompson et M. Jolin. Les appareils se composent d’un récepteur magnétique et d’un transmet-
- FIG. 3
- teur microphonique. Le récepteur est un modèle perfectionné de l’ancien instrument de Bell, dans lequel une petite armature en fer était fixée à une membrane. Le brevet anglais de Bell ne comprend pas celte forme du récepteur, et on peut s’en servir sans risquer des poursuites en contrefaçon. Le téléphone à membrane de Bell a été décrit dans le n° du 11 août 1876 de YEnglish Mechanic, par conséquent avant la date du brevet anglais de Bell. Les perfectionnements de MM. Thompson et Jolin portent sur des détails. Le diaphragme, par exemple, peut, d’après ce brevet, être composé de deux membranes avec une armature ayant la forme d’un ressort d’horlogerie en fer entre les deux.
- Le transmetteur est déjà connu sous le nom de valve téléphoné. Il est facile de se rendre compte de sa construction par la figure 3, dans laquelle a
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- représente une boule en charbon ou en un mélange métallique tel que du bronze phosphoreux, bronze siliceux, bronze sélénieux, etc. Cette boule est montée sur trois pointes ff dont les bouts sont en platine ou en or. Quelquefois un poids D est suspendu à la boule. Le courant traverse les pointes, et la boule, les ondes sonores agissent par l'intermédiaire du tube acoustique hh' sur la boule a, de sorte que cette dernière forme avec les pointes sur lesquelles elle repose une combinaison microphonique et transmet la parole. Les fils w et w' servent à faire passer le courant à travers le microphone.
- La boîte qui renferme le microphone est indiquée sur la figure par les lettres g, g', A, B, tandis
- FU. 4
- que e, e' représentent des anneaux en caoutchouc destinés à empêcher les vibrations de la boîte de déranger l’action du microphone.
- Le récepteur électro-dynamique de M. Théodore F. Taylor, présente encore une nouvelle disposition dans laquelle les sons transmis sont reproduits au moyen de l’attraction de deux courants parallèles. Ce principe a sans doute été appliqué déjà, et par plusieurs inventeurs. En 1882, il a, par exemple, fait partie d’un brevet anglais pris par M. Lorraine et moi-même. J’ai constaté qu’en attachant des spires de fer, de cuivre et de feuilles d’étain à des plaques parallèles traversées par le courant, les effets les plus considérables se produisaient par l’interruption du courant dans les spires de fer.
- Les figures 4, 5 et 6 font voir l’appareil de M.Taylor. Areprésente une boîte en caoutchouc durci ou en toute autre matière qui renferme les spires. Cette boite peut affecter la forme d’un anneau large, divisé en deux parties a4 et a2 vissées ensemble et munies d’une embouchure av A l’intérieur se
- trouvent deux plaques en fer comme celle du téléphone Bell ct et c2. On peut aussi employer du papier, de la porcelaine, etc., pour ces plaques.Un anneau a* sert à les maintenir à une petite distance
- FIG. 5
- l’une de l’autre. Les deux surfaces intérieures de ces diaphragmes portent deux spirales plates de fil, comme celles représentées dans la figure 6, placées respectivement en c, et c2. Il est préférable de fixer ces deux spirales aux plaques au moyen d’un vernis épais et de les relier de sorte qu’un courant électrique entrant par l’extrémité dx traverse successivement les bobines et les spires dans une direction parallèle. Les deux extrémités di et d2
- FIG. 6
- sont attachées à des bornes el et e2 qui les mettent en circuit avec la ligne et avec l’appareil transmetteur ; une plaque en fer doux c., placée entre les deux diaphragmes ct et c3 présente une disposition originale de l’appareil qui sert à amplifier les sons émis par les spires. Le centre de cette plaque peut être perforé en f2 de la même manière que c,. Tout effet produit sur l’air par l’action des bobines spirales ct et c2 et par la plaque c3 se communique plus facilement à l’air extérieur et par conséquent à l’oreille de l’opérateur, si l’on a soin de ménager un trou en fv.
- On peut aussi renforcer le son au moyen d’une épaisse masse de fer au lieu d’une plaque mince du même métal. La boîte peut également être construite en fer.
- Ce modèle de récepteur a dernièrement été exposé par M. Taylor. Il fonctionne avec des éléments Fuller et demande une pile assez puissante.
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- M. W. E. Irish, de Sunderland, a inventé un troisième modèle de récepteur. Il se compose d’un aimant en forme de fer à cheval avec une bobine enroulée autour des deux pôles ensemble; l’espace au centre entre les pôles est occupé par un morceau de bois qui supporte le centre du diaphragme, tandis que les bords vibrent au-dessus des pôles. La plaque est ainsi libre tout autour et fixée au centre seulement.
- J. Munro.
- CHRONIQUE
- Rapport du jury des sections V et VIII (lampes
- électriques) à l’Exposition internationale d’électricité de Philadelphie.
- Le jury chargé d’examiner les lampes électriques devait à l’origine être composé de quatre commissions dont le travail porterait: i°sur les lampes à arc; 20 les charbons pour lampes à arc; 3° les lampes à incandescence et 40 les mesures photométriques. Mais les membres de ces diverses commissions étant toujours les mêmes, on ne tarda pas à s’apercevoir que la subdivision projetée entraînait à des discussions stériles, et l’on confondit les quatre commissions en un seul groupe désigné sous le nom de groupe B, chargé d’effectuer toutes les mesures relatives aux lampes électriques.
- Depuis longtemps, on a reconnu l’insuffisance des mesures qui ne portent que sur le rendement des lampes à incandescence ; la détermination de la vie des lampes étant d’une nécessité évidente, on s’est efforcé de faire des essais dans ce sens. Le temps nécessaire pour ce travail a manqué à la commission, mais le comité exécutif de l’Exposition ayant proposé de donner suite à l'idée, la question fut soumise aux membres du groupe B, qui décidèrent par un vote que les essais des lampes àincandescence comprendraient des mesures sur la durée aussi bien que sur le rendement, et que ces essais seraient faits sous la direction du comité exécutif de l’Exposition. Il fut également décidé que le groupe B prêterait son concours dans les limites possibles à ces essais. Le comité exécutif a pris les dispositions nécessaires à cet effet, et les différentes sociétés de lumière à incandescence représentées à l’Exposition ont été invitées à participer à ces expériences. Le travail du groupe B a donc été limité aux foyers à arc.
- L’examen des lampes à arc a porté principalement sur les mesures du pouvoir éclairant, depuis le^plan horizontal jusqu’à soixante degrés au-dessous de ce plan de l’intensité du courant et de la différence de potentiel aux bornes de la lampe. On ne s’est pas occupé d’examiner le mécanisme régulateur, ni de mesurer la résistance des bobines de réglage. Toutes les expériences ont été faites dans un local spécial. Chaque lampe a été alimentée par
- 1 la machine en vue de laquelle elle était construite, le réglage et la mise en marche ont été faits par l’exposant même qui réglait également l’intensité du courant.
- Les mesures ont été faites avec les mêmes instruments dont on s’est servi pour les mesures des machines. Les méthodes et les appareils photométriques méritent une mention spéciale. L’étalon auquel on a rapporté tous les foyers était un bec à gaz, type Argand et un écran de Methven prêté par M. Wright du laboratoire de M. Weston ; d'après un certificat délivré par le fabricant, l’intensité lumineuse de l’étalon correspondait exactement à 2 bougies.
- Comparé à deux bougies étalon, il donnait la même intensité lumineuse d’une manière bien plus uniforme. Cet étalon était placé à l’extrémité d’une règle photométrique, d’une longueur de q5o centimètres, à l’autre extrémité de laquelle se trouvait une lampe Swan de 5o bougies servant d’étalon secondaire. Cette lampe était alimentée par un accumulateur Brush, gracieusement prêté et chargé par le représentant de la Compagnie Brush. Une deuxième règle graduée formant un petit angle avec la première, allait de cette lampe dans une pièce à côté où était suspendue la lampe à arc qu’on voulait examiner. Afin de pouvoir mesurer la lumière émise par le foyer à arc à différents angles avec la ligne horizontale, on avait suspendu la lampe à l’extrémité d’un bras mobile autour d’un axe horizontal, parallèle à la règle photométrique, mais placé dans un plan vertical passant par cette règle, de telle sorte que, lorsque le bras était dans une position horizontale, l’arc de la lampe suspendue à son extrémité se trouvait à la même hauteur que le centre du disque photométrique.
- Quand on soulevait l’extrémité du bras, le point lumineux traçait, grâce à cette disposition, un cercle vertical autour d’un axe formé par une ligne passant par le centre du disque photométrique et par-rallèle à la barre. Le rayon de ce cercle avait 127 centimètres et son plan était à 640 centimètres de l’étalon secondaire. Au centre du cercle on plaçait un miroir en verre dont la face postérieure était argentée, de sorte que la lumière de la lampe à arc qui frappait ce miroir était réfléchie sur le disque photométrique dans la direction de l’axe du cercle. On voit que la distance entre la lampe et le miroir était constante pour toutes les positions de la lampe, que le miroir une fois réglé pour réfléchir la lumière sur le disque, les angles d’incidence et de réflexion étaient toujours de 45°, et qu’enfin, la distance entre l’image de la lampe et l’étalon secondaire était toujours de 767 centimètres. Le pouvoir absorbant du miroir était déterminé avec soin et il en a été tenu compte dans les calculs du résultat.
- En général on procédait de la manière suivante ;
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- on plaçait horizontalement le bras portant la lampe et l’on réglait la hauteur de la lampe de manière à mettre au même niveau le point lumineux, le centre du miroir et celui du disque photométrique. Deux observateurs réglaient dix fois les positions des deux disques. L’extrémité du bras et la lampe qui y était suspendue étaient alors levées et les observations répétées ; on recommençait plusieurs fois la même opération de manière à déterminer un nombre suffisant de positions. Pendant les lectures photométriqucs, on mesurait fréquemment l’intensité du courant et la différence de potentiel aux bornes de la lampe.
- Pour faciliter la comparaison entre les foyers à arc et l’étalon, on se servait d’un appareil au moyen duquel on pouvait, à volonté, faire disparaître la moitié ou une fraction plus grande encore de la lumière. Cet appareil se composait d’un disque en laiton d’un diamètre de 3o centimètres environ et pourvu de 24 ouvertures en forme de secteurs, égales entre elles et aux parties pleines intermédiaires. Un autre disque absolument pareil était placé sur le pre mier et pouvait être tourné de manière à obstruer une fraction quelconque des ouvenures.
- Cet appareil était monté sur un axe disposé de telle sorte que la lumière de la lampe à arc était obligée de passer par les ouvertures avant d’arriver au disque du photomètre. La rotation de l’appareil, même à une vitesse modérée, ne produisait aucune variation sensible dans la lumière.
- Pour les expériences de la commission, l’appareil a été employé avec les secteurs ouverts, il supprimait alors théoriquement la moitié de la lumière.
- L’expérience a démontré que si l’on commet là une erreur, elle est bien moindre que celle produite par les oscillations des foyers électriques.
- Les tableaux suivants contiennent les résultats de tous les essais.
- La première colonne du tableau n° 1 donne les
- hauteurs de la lampe auxquelles le pouvoir éclairant a été mesuré.
- La deuxième colonne indique la vraie valeur en bougies pour chaque hauteur toutes corrections faites. Chaque résultat représente la moyenne de dix observations.
- La troisième colonne donné la moyenne des observations de l’intensité du courant.
- La quatrième contient la moyenne des différences de potentiel entre les bornes.
- La cinquième colonne donne l’énergie électrique
- en watts absorbée par la lampe.
- La sixième indique la même énergie exprimée en chevaux.
- La septième contient l’intensité lumineuse en bougies de i5 en i5° à partir de l’horizontale, jusqu’à 6o°, déduite des courbes de la figure.
- Enfin la neuvième colonne donne le nombre de bougies par cheval pour les mêmes angles.
- Sous le utre observations, on trouvera les remarques auxquelles le fonctionnement des lampes a donné lieu.
- Le tableau n° 2 a été dressé pour mon trer les résultats des observations sur la fixité de la lumière. Les différentes colonnes donnent le rapport entre la îuuuerc a arc et l’étalon pour chacune des dix observations, faites pour chaque hauteur.
- La figure ci-jointe montre, dans un système de coordonnées polaires, les intensités relatives des différentes lampes essayées et la distribution de la lumière au-dessous d’un plan horizontal.
- L’avantage de placer une lampe à arc à une hauteur considérable ressort très clairement de l’examen de ces courbes.
- Pour connaître la lumière des lampes à arc, il faut multiplier l’intensité de l’étalon avec les coefficients du tableau n° 2. Le produit doit être multiplié par la constante 1,192, afin de compenser la perte par réflexion, et par 2 quand on se sert du disque tournant. Ce dernier produit représente l’intensité lumineuse en bougies des foyers à arc.
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- LÀ LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- TABLEAU I
- Résultats des expériences sur les lampes à arc.
- ÉNERGIE
- dans la lampe RESULTATS REDUITS
- LAMPES HAUTEUR BOUGIES AMPÈRES VOLTS Watts Chevaux Hauteur Bougies Bougies par cheval OBSERVATIONS
- électrique
- Arago Horizont. 273 >5,44 39.87 614,4 0,824 Horizont. 273 332 i5 lampes en circuit.
- i5°3o' 356 » » » » l5° 35o 425
- 3o i5 5 05 » » » » 3o 465 565
- 44 3o 557 » » » » 45 583 708
- 56 40 644 » » » » 60 645 783
- Bail Horizont. 233 6,60 48,83 322,3 0,432 Horizont. 233 539 17 lampes en circuit.
- I9°iç' 431 )> )> » » l5o 38o 880
- 35 05 534 » » )) » 3o 520 1.204
- 46 25 346 » » )» )> 45 485 1.123
- 60 00 284 )) » )) » 60 182 421
- Brush (1.200) . • . Horizont. 180 6,62 52,5o 347,5 0,466 Horizont. 180 386 Une seule lampe dans
- » 118 )) » » » » 118 253 un circuit de résis-
- I002Ô' 266 )> » )> » l5o 332 712 tance inerte.
- 22 II 439 » » » » 3o 537 l . 152 Lumière très fixe.
- 37 3o 617 )) » » » 45 6i3 i.3i6
- 47 00 597 )> >> » » 60 355 762
- 56 35 422 » » » » » » »
- Brush (2.000). . . Horizont. 389 10,32 56.73 585,5 0,785 Horizont 389 496 Une seule lampe dans
- I2°i6' 575 )) » » » l5° 6i3 819 un circuit de résis-
- 22 11 842 )> )> » » 3o 1.082 1.379 tance inerte.
- 32 00 1.253 ») » » » 4 5 1.373 i .750
- 58 40 1.246 » )> » » 60 1.200 1.529
- Diehl Horizont. 323 17.67 31,84 502,6 0,754 Horizont. 323 428 4 lampes en circuit.
- 26° 10' 673 )) » » » l5o 496 658
- 38 30 809 )) » » » 3o 725 961
- 56 40 881 » » » » 45 83o 1.101
- » » » » » » 60 887 1.176
- Richter Horizont. 3i3 20,19 » 3o,oo 6o5,7 » 0,812 )) Horizont. 3i3 386 862 6 lampes en circuit. Lumière très irrégulière.
- 14030' 691 » l5» 700
- 29 l5 44 25 5o 3o 956 8i3 986 » » » » » )) » » » )) )> )) 3o 45 60 t,6o 894 6o3 1. i83 1.101 743 L’alimentation des charbons est périodique, l’intensité touche presque à zéro et monte à
- 57 24 633 » » » » » » » 25 amp.,tombe ensuite à 10 ou 18 amp. pour
- redescendre à zéro.
- Van de Poele Horizont. 451 16,91 37,88 640,5 0,858 Horizont. 451 525 1 lampe dans un circuit
- (machine de 20 foyers) l5°00 701 » » » » l5° 708 825 de résistance inerte.
- 28 40' 1.020 )) » » » 3o 1.060 1.235 La lampe a été fré-
- 46 25 56 24 1.377 848 » )) » » » )> » 45 60 1.377 670 1.604 780 auemment réglée par l'exposant.
- Van de Poele Horizont. 333 i3,3i 45,77 609,2 0,817 Horizont. 333 408 1 lampe dans un circuit
- (machine de 60 foyers) l6°00 700 » » » » l5° 535 655 de résistance inerte. Lumière très irrégulière ; des oscillations fréquentes et assez considérables.
- X 34 OO 46 25' 57 24 890 1.156 606 » » » » » )) » )) )) » » » 3o 45 60 900 1.162 5co 1.101 1.423 612
- Western Electric Horizont. 263 17,89 25,74 460,5 0,617 Horizont. 263 426 22 lampes en circuit.
- 3o°3o' 355 » )) » » l5° 3.i3o 523
- 35 i5 340 » » » » 3o 355 575
- 46 3o 247 » » )) » 45 266 431
- 52 00 i83 » )) » » 60 75 121
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- ’â
- TABLEAU II
- Variations d’intensité des foyers pendant les essais.
- LAMPE ARAGO "40' LAMPE BALL l
- LAMPE Horizont. i5"3o' 3o°i5' 44°3o' 56 LAMPE Horizont. i g° 19' 35°o5' 46"2 5' 6o°
- Arago . . . . Moyenne. . . Etalon Coefficient.. . Bougies. . . . 3,35 4,64 3,60 1,87 2,17 4,10 2,01 5,27 2,01 4,10 4,35 3,93 5,84 4.23 5,o6 3,44 4,82 3.23 » » 6,10 5,73 7,93 6,46 5,87 6,68 8,66 7, i3 8,48 4,26 4,5o 4,76 4,67 5,84 6,80 8,60 8,20 5,88 9,22 15,10 9,22 4.97 9.90 5,99 7,82 9,22 11.97 14,86 8.90 7,67 Bail Moyenne. . . Etalon Coefficient. . Bougies.. . . 2,77 2,92 3,31 3,o5 3,64 3,02 3,68 3,35 3,3t 3,i5 » 7.12 6,18 6,85 6,42 6,18 6,85 6,94 5,58 7.12 6,42 » 5.84 8,37 9,90 7,82 9,76 8,37 6.85 9,76 10,18 8,04 » 5,66 2,36 4,o3 6,58 2,65 6,34 9,22 7,12 4,o3 4 88 )) 1,49 1.67 1,63 1.42 4,38 7.42 3.68 4,94 8,96 7>o3 6,85
- 3,3i2 69,2 1,192 273 4,36 68,4 1,192 356 6,73 63,06 1,192 5o5 7 » 357 63,54 I,I92 557 9,o52 59,76 1,192 644
- 3,222 60,6 1,192 233 6,566 55,04 1,192 43i 8,489 52,76 1,192 534 5,287 55,46 1,192 346 4,497 53,o6 1,192 284
- LAMPE BRU S H (1.200 bougies)
- LAMPE Horizontale Horizontale IO"2Ô' o 2°11r 37”3o' 47° 56»35'
- Brush (1.200 bougies) . . . . Moyenne. ... ... Etalon Multiplicateur Bougies 2,68 3.11 3,o5 3.11 2,83 3,o5 2,83 3.o8 2,89 2,77 1,67 i,85 1,81 1,33 1,29 2.53 2,83 1,87 2,71 1.53 4.53 4.54 4,28 4,64 4,33 4,53 4,33 4,1.3 4,48 4,33 6.42 7,03 7,62 7,62 7.42 7,12 7,42 7>°3 7,32 6,34 9,76 10,64 11, II 10,33 9,48 9,48 9,48 9,76 9,90 10,04 9.76 11,27 8,96 10,18 9.48 10,04 9,09 9.76 8.48 9,62 5,84 9,35 7.42 9,62 7.32 6,16 7,92 6,18 6.42 2,53
- 2,94 54,25 1,192 180 1,942 5i ,06 1,192 118 4,4i 5o,82 1,192 266 7,i34 5i .56 1 i 192 439 9,998 Si, 74 1,192 617 9,664 5i ,82 1,192 597 6,916 5i,I4 1,192 422
- LAMPE BRUSH (2,000 bougies) LAMPE DIEHL
- LAMPE Horizont. I2°i6' 22° I 11 32° 58°4o' L A M P E Horizont. 26°io' 38»3o' 56°4o'
- Brush .... (2.000 bougies) Moyenne. . . Etalon .... Coefficient. . — du disque Bougies . . . 3,64 4,08 4,28 4,88 3,27 2,92 3,04 3,o5 4,48 1,99 )) 5,00 4.94 5.95 4,i3 6,26 4,38 6,26 4,2,3 8,04 4,48 )) 10,33 1 o,33 6,34 6,94 6,5o 7,32 7,42 7,52 7,22 6,5o )) 9.76 10,79 12,5i 12,70 10,18 15,59 11,78 10.33 9,62 i3,3i 12.33 14,16 16,92 14i86 l3,10 11,27 14,63 5,45 9,76 io,33 6,08 » Diehl Moyenne. . . . Etalon Coefficien'. . . Bougies .... 2,19 1,77 1,01 1,55 4,28 7.12 7,42 5,68 1.46 3,98 6,26 7,82 6,18 7,82 6,26 7,82 7,52 8,72 10,95 7,92 4.76 7,72 9.76 i3,5i 9,22 11,11 7,82 12,70 12,90 4» 94 12,70 l3,5i. 9,90 l3,5l 11,96 9,0Q 8,84 9,35 9,76 9,35
- 3,646 74,38 1,192 323 7,727 73,02 1,192 673 9,444 71,80 1 » 192 809 io,797 68,44 1,192 881
- 3,623 45,05 1,192 2 389 5,362 44,96 1,192 2 5?5 7,642 . 46,26 1,192 2 842 11.72 44,84 1,192 2 1.253 11,656 44,84 1,192 2 1.246
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- TABLEAU II (suite).
- Variations d’intensité des foyers pendant les essais.
- LAMPE RICHTER VAN DE POELE (circuit de 20 foyers)
- Lampe Horiz. I4“3o' 29°i5' 4i°25' 5o“3o' 57-24' LAMPE Horiz. i5° 28-40' 46-25' 56-24'
- Richter Moyenne Etalon Coefficient. . . . — du disque Bougies 5,06 5,24 6,85 6,18 3,88 3,35 4.76 7.32 6,67 5,38 10,79 i3,94 12,70 12,70 i3,3i 9,90 11,44 11,27 14,16 11,27 15.59 16.11 14.63 15.59 14.39 18,72 18,09 15.59 18.40 16.11 6,26 8,60 8,04 8,60 7,52 5,68 5,oo 6,58 6,94 7,52 7,12 I0,l8 8,37 7,'2 10,33 10,04 7,42 7,32 8,96 9,90 3,02 8,60 4,94 4,33 5,68 4,76 3,39 7,62 8,60 6,00 Van de Poele (circuit de 20 foyers) Moyenne Etalon Coefficient — du disque Bougies 5,76 7>°3 2,83 4,03 4,28 1,55 1,87 3,o8 3,6o 3,19 0,926 1.42 1.75 1,73 4.43 2,09 7,62 4.76 2,25 2,30 6,94 3,3g 3,56 4.23 4,48 4,38 3,o5 4, i3 3,64 3,68 8,04 3,98 3,68 4,94 5,6o 4,45 7,62 6,76 1,63 1,42 i,5i 3.27 2,74 2,3q 2,68 4,23 6,o3 6,10
- 5,469 48,000 1,192 3i3 12,148 47,74 1,192 691 i6,32 49, H 1,192 g56 7,074 48,20 1,192 2.00 8i3 8,676 47,64 1,192 2,000 986 5,694 46,64 1,192 2,000 633 3,722 101,70 1,192 » 451 2,928 100,45 1,192 2,000 701 4,148 103,04 1,192 2,000 1.020 5,63 102,64 1,192 2 1.379 3,20C 111,20 1,192 2 848
- VAN DE POELE (circuit de 60 foyers) LAMPE WESTERN ELECTRIC
- LAMPE Horizont. i6° 34» 46-25' ' 57-24' LAMPE Horizont. 3o»3o' 35“i5' 46-30' 52®
- VandePoele (circuit de 60 foyers). Moyenne. . . Etalon .... Coefficient. . Bougies.. . . 3,39 4.18 3,02 3,80 3,84 6,34 2,59 3,80 4,i3 4,33 9.1 8,86 9,90 7,23 9,90 5,58 6,78 9,22 8,37 7,43 i5,io 16,09 14,16 17,47 10,97 2,80 6.18 8,74 6.18 6,76 i5,85 8,84 11,27 7,62 i3,5i i5,10 17,79 18,40 11,78 15,34 4,08 7,22 10,79 12, Si 1,75 2,11 7,52 5,84 8,04 3 1,11 Western Electric. Moyenne. . . Etalon . . . . Coefficient. . Bougies.. . . 4,38 4,33 _ 1,01 5,3i 2,o5 7,42 4,28 5,52 2,98 5,24 4,252 51,86 1.192 263 6,94 2,98 3.8o 5.12 5,06 5.12 8,72 4,70 7,32 5,76 4,64 5,12 4,28 5,38 5,i8 7,72 3,o8 6,00 6,58 6,58 3,56 3,88 5,38 2.25 1,69 3,98 3,84 4,33 6.26 5,68 2.62 2,80 3,72 3.68 1.63 2.68 2.69 3,19 4,18 4,38
- 3,942 10,94 1,192 333 8.237 7i,3o 1,192 700 10,445 71,38 1,192 890 i3,55 71,54 1, 192 i. i56 7,097 41,66 1,192 606 5,552 53,56 1,192 355 5,456 52,22 1,192 340 4,o85 5o,66 1,192 247 3,147 48,8 1,192 183
- La variation du coefficient dans une colonne constitue donc une mesure de l’irrégularité de la lumière à arc à cette hauteur. Si l’on désire avoir les vraies variations exprimées en bougies, il faut multiplier chaque coefficient par l’intensité de l’étalon, par 1,192 et par a, quand on emploie le disque.
- De la Gutta-Percha.
- La gutta-percha, qui est un des isolants les plus employés en électricité, soit pour la fabrication des câbles ou la confection des moules de galvanoplastie, est peut-être celui sur lequel on a, en général, le moins de données scientifiques, tant sur sa composition que sur sa production. Dans presque tous les traités, on ne trouve aucun document
- sérieux sur ce produit. Les savants, pas plus que les industriels, ne donnent d’indications positives, sur la gutta et ses variétés très nombreuses. Aussi, comme on confond la plupart du temps, sous ce nom générique, un assez grand nombre de produits très différents, nous empruntons au dernier numéro du Génie Civil quelques renseignements intéressants sur la gutta-percha.
- Le pays originaire de cette résine est la Malaisie. Les premiers échantillons en auraient été introduits en Angleterre sous le nom de Mazer-wood; mais, considérés seulement comme une essence de bois, particulière, ils n’auraient pas été tout d’abord jugés dignes d’applications spéciales. « Ce n’est qu’en i832 que le D* Montgomerie, de Singapour, en étudiant les nombreuses variétés de caoutchouc qui se rencontrent dans le pays, eut connaissance
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- d’un getah, suivant le nom donné par les indigènes à toute espèce d’insudation végétale concrétée, douée de propriétés qui la distinguaient complètement des caoutchoucs, beaucoup plus rigide, fort peu élastique, acquérant, par une faible élévation de température, une plasticité remarquable pour reprendre, en refroidissant, son étatprimitif. Jugeant que cette matière serait susceptible d’applications utiles, il la signala à la Société médicale de Calcutta, et en fit parvenir des spécimens à Londres et à Paris. En peu de temps, il s’établit sur cet article une demande assez active pour faire disparaître des îles de Singapour et de Poulo-Pinang, ainsi que des côtes les plus proches, les arbres à gutta-percha que le Dr Montgomerie y avait vus assez abondants; et, lorsque le Dr Siemens eut montré combien cette matière était avantageuse pour la construction des câbles télégraphiques sous-marins, les besoins s’accroissant encore dans une proportion considérable, bientôt il s’établit sur les prix un mouvement continu de hausse, et sur la qualité des produits mis en vente, une baisse, qui n’ont plus cessé, et qui, à l’heure présente, causent à l’industrie de sérieuses difficultés. »
- Les seuls marchés d’Europe, pour ainsi dire, où se font les arrivages de gutta-percha sont ceux de Londres, d’Amsterdam et Rotterdam. Dans les premiers, le classement des produits est basé sur la diversité des lieux de provenance. La première qualité, est dite : Macassor, qui est caractérisée par un grain serré et compact, mais qui contient encore i5 à 20 pour cent d’impureté. Les espèces qui viennent ensuite sont celles de Java et Sumatra, qui ne sont pas aussi dures que la première et qui perdent jusqu’à 25 pour cent au nettoyage.
- Les guttas Bornéo, qui sont blanches, appartiennent à la troisième catégorie. Elles sont assez friables, leur texture est feuilletée et elles renferment une assez grande proportion de matières résineuses. Enfin, en dernier lieu, se rangent ce qu’on appelle les reboiled qui sont des débris de matières avariées que, sous l’action de la chaleur, on peut agglomérer.
- En Hollande, au contraire, les commerçants n’ayant à juste titre qu’une confiance limitée dans l’exactitude des lieux de provenance, ont fait une classification artificielle, reposant sur les qualités seules des produits et ne se distinguant que par des lettres : les Guttas A, les Nina B, les Bonca, les Sounis, etc., et enfin les BB, et BBB. Quoi qu’il en soit, il est toujours très difficile d’être sûr de la qualité d’une merva de gutta quelconque, comme de son lieu d’origine, car à Macassar, dans l’île de Célèbes, et à Singapour, les guttas sont toujours, avant leur expédition, triées et divisées en lots, suivant leur apparence extérieure.
- Les botanistes, comme nous le disions en commençant, ne sont pas absolument d’accord sur le
- nom de la famille dans laquelle doivent se ranger les arbres guttifères. « Parmi le grand nombre de plantes signalées et décrites plus ou moins complètement, il n’en est que fort peu sur la valeur desquelles on ait une simple indication. Tantôt les espèces sont originaires d’un pays qui fournit en effet de la gutta-percha; mais on ignore à laquelle de ces espèces est dû le produit : c’est le^-cas pour les sept guttifères que M. Wotley a trouvés à Bornéo. Tantôt les espèces décrites, venant de pays qui ne font aucune exportation, paraissent ne pas se rapporter à la véritable gutta-percha (ainsi de Java, Chrysophyllum, Rhodoneuum, Attenalum Miq). D’autres fois encore la nature de la matière est absolument méconnue : c’est ainsi que l’on a fondé de grandes espérances sur une plante co-chinchinoise (Dichopsis Krantziana L. Pierre) dont le produit, appelé thior, au Cambodge, est une sorte de résine soluble entièrement dans l’alcool et ne présentant aucun rapport avec la gutta-percha. » Lorsque le Congrès des Électriciens, en 1881, s’éinut de la question, le gouvernement français examina si, dans la Cochinchine française, on ne trouvait pas des arbres guttifères ou susceptibles de le devenir par la culture. Une enquête très sérieuse fut entreprise notamment sur un grand nombre de points éloignés de l’île de Sumatra, et eut pour résultat de constater l’existence de huit sortes de guttifères, dont cinq se rapportant aux trois premières qualités. Ceux-ci ne se rencontrent, presque exclusivement, que dans les terrains secs et très élevés, tandis que les arbres ne donnent que des résines inférieures se trouvant dans les terres basses et humides des régions alluviales.
- Les deux premières qualités de gutta-percha se reconnaissent à leur couleur brun rosé, fortement accentuée et à leur structure nerveuse. Les arbres qui la fournissent sont élevés, leurs feuilles assez petites et garnies d’un côté d’une sorte de duvet fauve. La troisième variété présente le même aspect au point de vue de la couleur ; mais, lorsqu’on parvient à séparer la gutta proprement dite, du suc colorant, elle n’offre plus qu’une matière analogue au suif, comme consistance et comme couleur. Les arbres dont on l’extrait se trouvent dans les terrains humides. Ils sont peu élevés et se rapprochent du saule comme aspect général.
- La quatrième et la cinquième espèce sont de couleurs très variables suivant la quantité et la variété des matières étrangères qui y sont mêlées. Les arbres se rapprochent pourtant de ceux de la première qualité. Ils poussent sur des terrains élevés, sont de grande taille, et les feuilles en son.t recouvertes de duvet.
- Enfin la dernière qualité, qu’on rencontre dans les marnières du bord de la mer a l’aspect d’une matière grise et gluante, peu élastique, qu’il est à peu près impossible d’utiliser telle quelle.
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- Avec une telle variété de produits de qualités si différentes, on conçoit facilement que la fraude est impossible à éviter. Dès le début, lorsqu’on commença à utiliser la gutta-percha en Europe, il est probable que les produits ont pu être expédiés sans mélange ; mais les demandes affluant de plus en plus, les indigènes ne tardèrent pas à recourir à de frauduleuses opérations. Les énumérer serait trop long ; on les devine d’ailleurs, et nous ne signalerons que les deux suivantes, signalées par M. Wotley. A Sumatra, il surprit une bande de falsificateurs qui le mirent eux-mêmes au courant de leur travail. Ils lui apprirent ainsi qu’à Singapour on vend sous le nom de gutta-percha première qualité, au prix de no à 120 dollars le pikul un mélange de
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- Gutta ire qualité à 100 — 120 dollars le pikul... g — 2° _ 7c — 75 — • • • \
- qui donne un bénéfice net de i5 dollars par pikul.
- De même, ce qui se vend sous le nom de sounis de Singapour, au prix de 75 ou 85 dollars par pikul est un mélange de
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- Gutta 20 quaiité à 70 — 75 dollars............. g
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- Mélange ire et 2e qualité à 80 — 90 dollars... g
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- Gutta poutéh à 3 — 5 dollars.................. g
- donnant un bénéfice de 20 pour cent résultant de la fraude seule.
- Evidemment, il est à peu près impossible d’éviter ce trafic, qui ne peut aller qu’en augmentant avec le nombre des demandes et la disparition des arbres guttifères. L’exploitation est en effet aussi primitive que possible, et c’est par une véritable destruction que le suc est extrait des diverses essences d’arbres. « Les indigènes qui vont dans la forêt à la récolte des gommes ne sont point des Malais, mais des hommes de races particulières ; Battaks à Sumatra, Dayaks à Bornéo, Sakayes et Jakuns dans la presqu’île de Malacca.
- Leur état de civilisation est trop rudimentaire pour laisser place à la moindre idée de prévoyance ; aussi leur façon d’exploiter se réduit-elle à détruire. Lorsque le hasard de leur course vagabonde à travers les forêts les a conduits auprès d’un arbre à gutta, ils le coupent à deux ou trois mètres au-dessus du sol, là où le tronc commence à être moins épais, et sur la tige renversée, ainsi que sur les branches maîtresses, ils lèvent, à des intervalles dexi5 à 20 centimètres, des bandes d’écorce; le liquide guttifère commence à suinter par toutes ces blessures, se rassemble et tombe sur des feuilles disposées dans des trous au-dessous de chaque entaille. Une fois l’opération en train, on l’abandonne à elle-même et l’on part en quête d’un autre
- arbre à traiter de même. Cette recherche est souvent longue, car, bien différentes de nos bois, qui renferment toujours un très petit nombre d’essences, les forêts de la Malaisie se distinguent par le nombre et la variété des plantes, et il est rare que l’on y trouve des arbres à gutta même ramassés en bouquets. Le suc est d’un blanc de lait au sortir de l’entaille, et se colore bientôt en se mêlant à un autre liquide non guttifère et très coloré, qui s’échappe des parties extérieures de l’écorce. Il se concrète très lentement s’il est abandonné à lui-même, et d’ordinaire, on doit hâter sa prise en masse en l’agitant d’abord, et ensuite en le pétrissant entre les doigts. Certaines espèces de guttas inférieures du commerce présentent dans leur masse des cavités pleines d’un liquide louche, d’odeur sûre, qui n’est autre que le latex surnageant sur la gomme après sa coagulation. Les petites boules de gutta provenant de chaque incision sont agglomérées ensemble ; les boules plus grosses ainsi formées sont découpées en menus morceaux, et mises à cuire avec un peu d’eau dans de grandes bassines.
- Lorsque la chaleur les a ramollies, elles sont moulées dans des formes de jonc, puis battues à coups de maillet sur une planche de bois dur ; les impuretés diverses, cailloux, terres, débris de bois, etc. ; sont ainsi refoulées à l’intérieur, tandis que le dehors du pain présente un aspect propre et homogène. On voit de suite toutes les imperfections de ce mode d’exploitation ; le suc se mêle d’impuretés, il fermente ; au point de vue du rendement, la récolte en toute saison est une erreur, l’arbre étant forcément plus pauvre après les sécheresses qu’apres la saison des pluies ; et, d’autre part, s’il survient un orage avant la fin de la récolte, l’eau, pénétrant dans les cavités pratiquées dans le sol, sous les incisions, entraîne le suc qui est en partie perdu. j>
- Il est clair, d’après ce récit, qu’il est impossible, avec un tel état de choses, d’espérer obtenir des produits purs et homogènes. De plus, cette destruction continuelle des arbres guttifères ne fera jamais qu’encourager la fraude en augmentant les prix, et malheureusement, la gutta-percha est d’un usage que le développement de l’industrie électrique ne fera que répandre de plus en plus. Il serait temps qu’en Europe on s’émût de cette situation, d’autant que le remède est tout indiqué.
- Une culture d’exploitation rationnelle des arbres guttifères pourrait seule arrêter le mal. Les débuts seraient difficiles, c’est évident; mais,à notre avis, il est certain cependant qu’on arriverait rapi-ment à de bons résultats et que les Européens qui entreprendraient une pareiile œuvre rendraient à la fois un service signalé à la science, à l’industrie, et feraient en outre une excellente spéculation.
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- LES APPLICATIONS DE
- L’ÉLECTRICITÉ aux CHEMINS DE FER
- Rapport fait à la demande du Congrès des chemins de fer par L. WEISSENBRUCH, ingénieur du ministère des chemins de fer postes et télégraphes de Belgique.
- (Suite.)
- 2° SECTION. — L’ÉLECTRICITÉ APPLIQUÉE A LA RÉALISATION DES BLOCK-SYSTEMS.
- C’est Cook qui, en 1842, bien peu de temps après l’apparition de la télégraphie électrique, songea le premier à substituer à l’intervalle de temps que l’on ménageait entre les trains se succédant sur une même ligne, un intervalle de distance. A cet effet, il recommanda de diviser la ligne en sections limitées par des postes sémaphoriques gardés par des agents, et à donner à chacun de ces derniers la mission de ne laisser passer un train que lorsque le précédent aurait atteint le poste suivant. C’est de cette façon que le block-system fut réalisé, dans l’origine, sur une section à voie unique du chemin de fer « Eastern Counties ». Pour les sections ayant une longueur de 2 à 3 kilomètres et même davantage, il fallut avoir recours au télégraphe électrique pour relier les signaleurs des postes successifs et leur permettre de s’annoncer l’arrivée et la sortie des trains de leurs sections.
- Dans l’exploitation par les blocks, il y a une distinction à faire, assez importante au point de vue de la construction des appareils : ou bien les règlements prescrivent que la voie doit être toujours libre, et que les signaux doivent être mis à l’arrêt seulement pour couvrir le point occupé; ou bien l’on considère tout point de la voie comme un point dangereux, ce qui conduit à laisser normalement à l’arrêt tous les signaux et à ne les ouvrir que quand la voie est demandée.
- Nous n’avons pas à prendre parti dans la discussion entre les partisans de ces deux systèmes, mais nous devons faire observer que le principe de la « voie fermée », qui paraît préférable pour les lignes très chargées de trafic, exige le concours de trois postes successifs pour qu’un train passe à celui du milieu, tandis que deux seulement interviennent dans l’exploitation à « voie ouverte ».
- Nous étudierons les différents appareils de block uniquement au point de vue électrique, non pas afin de conseiller aux exploitants de chemins de fer quel choix ils doivent faire entre les appareils actuellement en usage, mais (pour découvrir les perfectionnements désirables et guider les efforts des inventeurs. Le rapporteur de la 7e question a d’ailleurs à traiter tout ce qui concerne le côté pratique de la question.
- 1. — Block-systems à signaux exérieurs indépendants des appareils de correspondance intérieurs.
- Il suffit, pour réaliser un block-system, d’un signal fixe à l’entrée de chaque section et d’un moyen de communication électrique quelconque entre les stationnaires des différents postes. Le plus simple de tous est donc le block-system par sonneries ou par cloches (>). Il a l’inconvénient de ne
- (*) Remarquons, à ce propos, que les cloches allemandes ne sont généralement appliquées qu’aux lignes à voie unique et qu’elles n’y réalisent pas le block-system. Elles ne servent, en effet, qu’à annoncer l’expédition et le sens de la marche des trains. Cette annonce, qui se fait à tous les postes de gardes-barrières intermédiaires, a l’avantage de faire concourir ceux-ci à la sécurité de la ligne et leur fournit la possibilité de corriger une erreur commise par les stations pour les trains circulant en sens contraire, mais elle ne leur permet que de faire maintenir des intervalles de temps entre les trains circulant dans le même sens.
- conserver aucune trace, même passagère, des signaux transmis.
- On peut aussi faire usage des appareils télégraphiques ordinaires, tels que le Morse; mais la manœuvre de ces derniers est lente et exige des agents plus intelligents et plus exercés que ne le sont généralement les gardes-blocks ordinaires. On a parfois employé les télégraphes lorsque les extrémités des sections étaient des gares où l’on disposait d’un personnel spécial.
- Pour remplacer les télégraphes, on a inventé des appareils de correspondance électro-optiques à nombre de signaux limité. De plus, toute Ja sécurité reposant sur la façon plus ou moins exacte dont les indications transmises étaient traduites par les signaleurs, on a cherché à établir les relations de telle sorte que les opérations ne pussent se faire que dans un ordre déterminé.
- Tous ces appareils ont le grave défaut de ne réaliser aucune dépendance entre les indicateurs et les signaux sémaphoriques, dépendance qui est aujourd’hui reconnue nécessaire. Nous n’en parlerons que parce que plusieurs d’entre eux sont restés en usage sur les lignes où ils avaient été placés et surtout parce que quelques-uns ont été transformés de façon à obtenir la dépendance dont il s’agit
- -----î>-
- A B C
- Ne considérons qu’un seul sens de marche, la voie de gauche par exemple. La seule indication essentielle est l’annonce par B à A de l’arrivée du train à son poste, par la transmission du signal « voie libre » (déblocage); mais il est aussi toujours utile que, lorsque A expédie un train, il avertisse B de se tenir prêt à le recevoir. De plus, si la voie est normalement fermée, il faut que B, avant d’ouvrir son signal, demande à C la section intermédiaire B C, et que celui-ci la lui donne par la transmission du signal « voie occupée » (blocage).
- Lorsque la ligne est à une seule voie, elle doit toujours être normalement fermée, car, sans cela, deux trains pourraient s’engager en même temps en sens inverse sur une section par les deux extrémités opposées.
- L’appareil primitif de Cook, appliqué à l’origine, comme nous l’avons dit, par une ligne à une seule voie, se composait simplement d’un télégraphe à aiguille. L’annonce des trains et la demande de la voie se faisaient par des coups de sonnerie; les signaux « voie libre » ou « voie bloquée » étaient produits par l’inclinaiso.n de l’aiguille du télégraphe à gauche ou à droite.
- L’inconvénient principal de cet appareil — outre celui de servir pour d’autres usages — c’était que les indications en étaient passagères. Clarke eut donc l’idée, en 18S4, d’envoyer un courant assez constant sur la ligne pendant tout le temps que la voie était libre ou occupée, pour maintenir l’aiguille dans sa position déviée. La rupture du fil faisait revenir l’aiguille à la verticale, ce qui signifiait « train sur la voie » et pouvait être produit à dessein par un machiniste en cas de détresse. Clarke eut, de plus, le premier l’idée de consacrer un appareil spécial à chaque sens de circulation.
- Les systèmes principaux qui succédèrent aux précédents et qui, par leur emploi prolongé, affirmèrent leur supériorité, sont ceux de Tyer, de Régnault et de Preece :
- Le système Tyer a été combiné originairement pour l’exploitation à voie normalement fermée. L’annonce des trains et la demande de la voie se font au moyen d'une sonnerie Les signaux de « voie libre » et de « voie occupée » sont obtenus en appuyant pour chacun d’eux sur un poussoir spécial. On envoie ainsi un courant positif ou négatif qui fait dévier d’une façon permanente à droite ou à gauche une aiguille polarisée. Cette aiguille est doublée d’une aiguille répétitrice située au poste d’où se fait la manœuvre.
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- En appuyant une seconde fois sur le bouton dont on vient de se servir, on ne dérange aucune aiguille et l’on envoie un courant sur la ligne; on peut donc se servir de ce moyen pour avertir par sonnerie de l’envoi d’un train; mais, comme le garde peut alors, par distraction, se tromper de poussoir et débloquer indûment une section, on a préféré, dans les appareils les plus récents, ajouter un poussoir spécial de sonnerie. On a aussi substitué en Angleterre, aux aiguilles indicatrices, des sémaphores à ailettes en miniature.
- Cet appareil n’emploie qu’un seul fil de ligne.
- Aucune disposition ne donne d’accusé de réception; on peut, il est vrai, se servir de la sonnerie pour correspondre, mais comme il ne reste alors aucune trace optique des signaux transmis, on a, à la Compagnie de Lyon, préféré substituer à la sonnerie un appareil de correspondance Jousselin.
- On a reproché à cet appareil de pouvoir fonctionner par l’électricité atmosphérique, mais l’inventeur y a ajouté un perfectionnement qui répond à cette objection, aux dépens, il est vrai, de sa simplicité primitive.
- Le système Régnault a été combiné pour la voie normalement ouverte. — L’appareil porte aussi deux poussoirs et deux aiguilles, dont une indicatrice et l’autre répétitrice.
- Mais on emploie deux fils de ligne et l’aiguille répétiteur ne fonctionne que par un courant de retour envoyé automatiquement par l’appareil du poste correspondant, dans le second fil de ligne et venant produire ainsi un contrôle fort utile.
- L’annonce d’un train produit d’elle-même le signal de voie occupée, tandis que dans l’appareil Tyer, employé pour la voie ouverte (ainsi que cela a lieu en France), ce signal n’est donné que par le poste qui reçoit l’annonce. Si ce poste ne répond pas, les aiguilles restent à voie libre, et, quelque temps après, le poste expéditeur peut donner l’entrée à un second train, croyant la section dégagée, tandis qu’en réalité elle ne l’est pas encore.
- Cette remarque n’a plus de raison d’être quand l’exploitation se fait à voie fermée.
- Le signaleur peut, comme dans le Tyer primitif, se tromper de bouton et débloquer la voie de gauche au lieu de bloquer celle de droite. Afin de pouvoir remédier à un pareil accident, un bouton, placé sur le côté de l’appareil, permet de produire le même effet que si un train était signalé par le poste précédent, c’est-à-dire de rebloquer la ligne indûment débloquée.
- Le système Preece, comme le système Tyer, a été originairement combiné pour la voie ouverte. Il est caractérisé par l’emploi d’un sémaphore miniature et d’un commutateur en forme de levier d’excentrique pour l’envoi des indications «voie libre » et « voie occupée ». Les accusés de réception se font au moyen d’un voyant indicateur et d’un bouton poussoir.
- Le type primitif comprend trois fils de ligne. M. Preece a combiné un type plus récent à un fil, mais cet avantage est dû à certaines complications. Il a aussi ajouté un dispositif grâce auquel le concours des deux postes est nécessaire pour effacer l’aile. Il faut que l’un d’eux envoie d’abord un courant négatif et que l’autre réponde en envoyant un courant de sens contraire. L’électricité atmosphérique ne peut alors que mettre l’aile à l’arrêt. Si elle produit le courant négatif qui correspond à la première manœuvre de l’effacement, le poste en relation en est averti par la récep-tioh d’un seul coup de timbre au lieu de plusieurs.
- D’après ce qui précède, on voit que, lorsqu’on veut perfectionner les appareils de block simples, on arrive à des dispositions fort ingénieuses, mais de plus en plus compliquées, et qu’il n’y a plus aucune raison, alors, pour repousser les appareils où est réalisée la dépendance réciproque entre les indicateurs et les signaux sémaphori-ques.
- 2. — Block-Systems à signaux extérieurs dépendant des appareils de correspondance intérieurs.
- Pour réaliser cette dépendance il faut :
- i° Que l’annonce au poste suivant de l’envoi d’un train ne puisse se faire avant que le signal du poste envoyeur ait été refermé derrière le train ;
- 2° Que l’annonce « voie libre » ne puisse être donnée au poste précédent avant la fermeture du même signal;
- 3° Que ce signal une fois fermé reste calé jusqu’à la transmission par le poste suivant de l’avis « voie libre ».
- Accessoirement, si l’on emploie des signaux à distance Qj on peut en outre demander qu’aucun signal d’arrêt absolu ne puisse être fermé avant le signal à distance correspondant.
- Voyons comment les systèmes de block les plus employés réalisent ces conditions.
- Dans le système Siemens et Halske, à chaque poste se trouve un appareil comprenant, pour chaque sens de marche, une sonnerie trembleuse et une lunette derrière laquelle se meut un voyant mi-blanc, mi-rouge, donnant les indications « voie libre » et « voie occupée ».
- Les courants sont produits par un inducteur Siemens, qui donne des courants redressés ou alternatifs, suivant que l’on appuie sur un poussoir ou sur un bouton. Les courants continus agissent sur la trembleuse, les autres, sur les voyants.
- A la partie inférieure de l’appareil se voient les manivelles de manœuvre des leviers de signaux; chacune d’elles est enclenchée par le mouvement du voyant correspondant, lequel a une forme de secteur denté, et est en prise avec une ancre d’échappement qui ne se meut que par l’envoi d’une série de vingt courants induits, alternativement positifs et négatifs. Des sonneries polarisées intérieures à la caisse de l’appareil ne marchent aussi que par l’envoi de courants alternatifs, et attirent l’attention du signaleur au moment où son signal extérieur est rendu libre.
- Cet appareil présente l’inconvénient que l’annonce de l’arrivée d’un train, se faisant par la trembleuse, ne subsiste pas matériellement; cela augmente encore le danger résultant de ce qu’il peut arriver que, oubliant un instant cette annonce, le signaleur s’endorme, croie le train passé, à son réveil, alors qu’il ne l’est pas encore, ferme son signal et débloque ainsi par erreur la section précédente (2). Quand les signaux sont normalement fermés, cela est moins à craindre, car le garde-block est tenu à plus d’exactitude par la nécessité d’effectuer plusieurs manœuvres entre l’annonce du train et son arrivée.
- Un autre type d’appareil (qui nécessite deux fils au lieu d’un seul entre les postes) porte quatre lunettes au lieu de deux. Les deux lunettes supplémentaires ne servent qu’à répéter les indications des lunettes du poste d’arrière. La manœuvre de l’enclenchement du sémaphore d’un poste met donc non seulement au rouge une lunette à ce poste, mais aussi une lunette au poste d’amont. Ces voyants rouges ne disparaissent qu’en même temps que le signaleur du poste d’amont débloque la station d’arrière. Ces dispositions mnémotechniques empêchent un oubli de la part des agents, mais non d’une façon absolue la méprise dont nous avons parlé plus haut.
- (*} Dans l’exploitation à voie fermée, il n’est nullement indispensable de doubler les signaux d'arrêt de chaque poste par des signaux à distance, car le mécanicien doit être en mesure de s'arrêter, le cas échéant, au signal de chaque poste. M. Cossmann est néanmoins d’avis qu'il est préférable d'ajouter des signaux à distance (Lumière Electrique du 6 juin i885). M. Mors est le seul, à notre connaissance, qui ait réalisé la dépendance des signaux à distance et des signaux d'arrêt. (Voir, plus loin, description du block Lartigue.)
- (-) Le doublement du signal acoustique d'annonce des trains par un signal optique diminue le danger, mais ne l'évite nullement. Nous reparlerons plus loin de ce point à propos de la pédale.
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- Le second inconvénient est que ni le garde qui transmet l’avis acoustique de l’annonce d’un train, ni le signaleur qui déclenche le sémaphore du poste précédent ne reçoivent d’accusé de réception indiquant que les opérations effectuées par eux ont réellement produit leurs effets. Or, il peut parfaitement arriver que l’appareil du poste précédent soit dérangé ou que, par suite d’un retard, le signaleur d’aval se bloque lorsque les courants destinés à le débloquer ont déjà été envoyés. (Son appareil restera alors paralysé jusqu’à ce qu’on ait descellé un clapet pour le manœuvrer à la main.)
- Remarquons : i° que l’électricité ne sert pas à la manœuvre des signaux ; ceux-ci se mettent automatiquement à l’arrêt en cas de rupture de leur fil de manœuvre ; 2» que l’oscillation de l’ancre d’échappement n’étant obtenue que par l’envoi de 20 à 21 courants de sens contraire, l’influence de l’électricité atmosphérique ou celle du contact d’un fil télégraphique n’est pas à redouter.
- Ces appareils donnent encore lieu à quelques objections quand un train doit dépasser celui qui le précède; la manœuvre qui débloque la section précédente cale alors, à l’arrêt, le signal du poste qui commande l’entrée de la section où doit avoir lieu le dépassement. Dans les grandes gares, on rompt la continuité du block, on installe un poste dit « de couverture » à chaque extrémité de la gare, et un troisième poste appelé « poste de gare »; mais dans les petites gares, et même en tous les points intermédiaires, chaque fois que doit avoir lieu un garage, un rebroussement ou une circulation à contre-voie, des manœuvres irrégulières à la main sont inévitables. La boîte de l’appareil porte même, à cet effet, une ouverture ordinairement fermée par un clapet scellé à la cire. En Belgique, dans les dernières installations, on a même complètement renoncé à la dépendance des postes pour éviter les manœuvres à la main.
- Dans l’application du système Siemens aux voies uniques, chaque appareil relatif à une direction est relié électriquement à l’appareil du poste voisin relatif à la direction inverse, tandis que, comme nous venons de le voir en voie double, tous les appareils relatifs à la même direction de marche sont reliés ensemble. Il en résulte qu’un signaleur, eu rendant libre l’appareil du poste suivant, cale à l’arrêt l’aile de son poste pour la direction inverse. Les trains sont alors absolument couverts à l’avant, mais ils ne sont couverts à l’arrière que par des signaux non enclenchés. De plus, un signaleur a la faculté d’introduire plusieurs trains dans une section en ne demandant la voie qu’une seule fois au signaleur suivant. Il peut en résulter des collisions.
- Le système Lartigue, Tesse et Pudhomme a été combiné pour l’exploitation à voie normalement ouverte. Il emploie deux fils de ligne.
- Le point caractéristique est que les ailes de sémaphores ont manœuvrées électriquement à distance pour la mise au passage; les inconvénients qui pourraient provenir de ce fait sont mitigés par cette circonstance que, si l’électricité fait défaut, le signal est maintenu à l’arrêt, et il n’en résulte qu’un retard.
- L’annonce des trains est faite par une sonnerie trem-b'.euse. En outre, les avis de « voie libre » et de « voie fermée » sont donnés aux signaleurs par la position de l’aileron d’un sémaphore miniature fixé à mi-hauteur sur le mât sémaphorique.
- Les appareils assurent le contrôle immédiat de tout avis électrique par l’envoi automatique en retour, aussitôt que l’effet que l’on a voulu produire à distance a été réellement produit, d’un courant qui produit un coup de timbre et l’apparition d’un voyant répétiteur.
- La Compagnie d’Orléans a voulu que si, pour une cause quelconque, il y a discordance entre les signaux, les agents en soient avertis immédiatement et que, dans tous les cas
- et à tous les instants,* ils puissent constater la position réelle des signaux au poste correspondant, afin d’avoir un moyen de contrôle dans le cas d’erreur ou d’oubli. A cet effet, elle a ajouté un dispositif tel qu’en appuyant sur un bouton au poste où une aile est à l’arrêt, on envoie un courant qui va vérifier si l’aileron correspondant du poste suivant est bien aussi à l’arrêt. Si l’aile du premier poste retombe accidentellement, le poste suivant en est averti par un coup de sonnerie.
- Le stationnaire d’un poste doit d’abord manœuvrer son aile pour protéger la section d’aval et effacer ensuite son aileron pour ouvrir la section d’amont, mais rien ne l’oblige à suivre cet ordre, qui, inobservé, pourrait produire les plus graves accidents. M. Mors a réalisé un interverrouillage mécanique, entre l’aile et l’aileron d’un même poste, qui empêche cet inconvéniéht. M. Sartiaux a inventé un autre dispositif pour le même objet : il ajoute à chaque poste entre la boîte de manœuvre électro-mécanique de l’aile et celle de l’aileron, une boîte supplémentaire contenant certains organes, les uns solidaires de la manivelle de l’aile, les autres de celle de l’aileron. Quand l’aileron d’un poste se met à l’arrêt, il est enclenché dans cette position et il ne peut être déclenché que par la mise à l’arrêt de la grande aile de ce même poste.
- Pour cette dernière solution, comme pour celle de M. Mors, il faut, ainsi que nous l’avons vu en parlant des appareils Siemens, rompre la solidarité quand un train doit se garer pour en laisser passer un autre. Bien que l’on puisse entourer cette opération de garanties réglementaires on ne semble pas disposé en France à admettre la dépendance entre les appareils de déblocage en avant et de blocage en arrière.
- M. Mors a également réalisé un interverrouillage mécanique entre les disques à distance et les sémaphores. A notre connaissance, ce système n’est pas encore appliqué.
- Les appareils Lartigue ont cet inconvénient que les grandes ailes peuvent être effacées par l’électricité atmosphérique. A la Compagnie d’Orléans, on a cherché à y remédier en lançant, pendant l’enclenchement, un courant électrique continu qui est supprimé par la manœuvre régulière. mais qui persiste après la manœuvre intempestive et fait alors résonner une sonnerie. Mais si l’agent n’est pas à son poste, la disposition ne remplit plus son but : la palette reste alors abattue et la section ouverte.
- Le système Régnault est une modification du système primitif du même inventeur dont nous avons parlé plus haut.
- Les additions faites sont les suivantes :
- i® Un enclenchement mécanique entre les signaux extérieurs d’un poste et les poussoirs de l’indicateur de ce poste, afin de ne permettre au stationnaire ni d’annoncer un train en aval avant d’avoir placé à l’arrêt son signal carré et avoir bloqué ainsi la section d’aval, ni d’annoncer que la section d’amont est libre avant d’avoir couvert, par son disque à distance, le train qui la quitte;
- 2® Une serrure électrique .permettant au poste d’aval d’autoriser ou d’empêcher la manœuvre du signal extérieur du poste d’amont; son fonctionnement est solidaire des indications des aiguilles indicatrices du poste d’aval. Elle réalise la solidarité entre les manœuvres des deux postes par l’intermédiaire des manipulateurs.
- Pour le cas de la voie unique, M. Régnault munit chaque garé de deux disques de départ normalement fermés et enclenchés électriquement. Le stationnaire du poste A ne peut ouvrir lui-même la serrure électrique qui enclenche son disque de départ vers B : c'est B qui l’ouvre. A doit donc demander la voie à B;;.or, il ne peut le faire si l’aiguille de l’indicateur lui annonce un train en sens inverse.
- Il ne peut ni rendre la voie libre à B, ni lui demander la voie avant d’avoir protégé par un disque à distance le train qui vient vers lui, et d’avoir fermé son disque de départ vers B.^Pour ouvrir la serrure deux fois de suite, il
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- serait nécessaire d’avoir le concours de l’agent du poste suivant. (Ce résultat s’obtient par un relais et une pile locale.)
- L’appareil simple Tyer-Jousselin a aussi été modifié de façon à résoudre le problème de la solidarité entre les indicateurs et les signaux à vue. On emploie dans ce but :
- i» Un enclenchement électrique formé par un électroaimant spécial verrouillant le poussoir d’appel de l’appareil Tyer tant que le sémaphore est à voie libre. Un agent ne peut donc pas annoncer un train en avant sans avoir mis son sémaphore à l’arrêt, c’est-à-dire sans avoir couvert la section qu’il garde;
- 2» Un verrou électrique porté directement par l’armature d’un électro-aimant ordinaire et commandé par le courant venant de l’appareil Tyer du poste suivant. Ce verrou enclenche la manivelle du sémaphore dans la position d’arrêt et l’y maintient tant que le poste suivant n’a pas rendu voie libre en arrière. Ainsi se trouve réalisé l’inter-verrouillage électrique entre les appareils de correspondance du poste d’aval et la manœuvre des signaux optiques du poste d’amont.
- Un des systèmes les plus répandus est celui d'Hodgson construit par la maison Saxby et Farmer. Il n’exige qu’un seul fil et est construit d’après le principe de la voie normalement fermée.
- Les avis « voie ouverte » et « voie fermée » sont obtenus par des sémaphores en miniature manœuvrés au moyen de courants tantôt positifs, tantôt négatifs. Le commutateur inverseur servant à les envoyer, est formé d’un bouton plongeur qui est unique, mais qui glisse dans une coulisse et peut être amené vers la droite ou vers la gauche. Toute méprise est ainsi rendue impossible.
- Les enclenchements n’ont pas lieu directement avec les leviers de manœuvre des signaux extérieurs, mais avec les poignées des grils tournants dépendant de la table d’enclenchement de ces signaux. Il est impossible à un poste, après avoir débloqué une première fois la section précédente, de le faire une seconde fois avant d’avoir, au moment du passage du train, manœuvré une clef spéciale. (Nous verrons plus loin qu’une pédale, actionnée directement par le train, peut produire le même eftet.)
- Cet appareil est très perfectionné, mais on lui fait' le reproche d’être fort compliqué et très cher.
- L’emploi des courants continus n’amène pas ici de danger sérieux. Une décharge d’électricité atmosphérique ne pourrait, en effet, qu’attirer pendant quelques secondes le bloc qui enclenche la poignée de manœuvre des grils d’enclenchement ; mais, pour qu’il en résulte un inconvénient, il faudrait que le signaleur eût au même moment l’idée de manœuvrer cette poignée passagèrement déclenchée, et cette coïncidence paraît peu probable.
- Le système Sykes suppose aussi la voie normalement fermée et emploie des courants de pile. Il comporte également l’emploi d’un sémaphore miniature, mais il a en plus de l’appareil précédent deux lunettes à voyants répétiteurs. Le poussoir d’un poste, qui sert à débloquer la section précédente, ne peut être enfoncé une seconde fois avant que l’aile sémaphorique de ce poste ait été abaissée de nouveau, puis remise à l’arrêt, et cela ne peut avoir lieu sans l’intervention du poste suivant.
- En cas de garage d’un train, il faut adopter, comme dans tous les systèmes à enchaînement, des dispositions spéciales pour interrompre la continuité du block.
- Aux points de bifurcation ou de garage, les poussoirs déclencheurs sont enclenchés mécaniquement par des pièces dépendantes des leviers des signaux et des aiguilles de telle façon que l’aile d’un sémaphore ne puisse être effacée avant que les aiguilles aient été faites pour une direction réellement libre et immobilisées dans cette position.
- Le système Krizik est un des plus récents. Il est très voisin du système Siemens; peut-être le mécanisme intérieur
- est-il pourtant plus robuste et plus simple. Il se distingue par cette particularité que la machine d’induction, analogue à la machine Gramme, est mue par un mouvement d’horlogerie.
- (A suivre.)
- FAITS DIVERS
- Le 3 septembre 188S, à 10 heures du matin, il sera procédé à Paris, rue de Grenelle-Saint-Germain, 99, salle B, à l’adjudication publique des fournitures suivantes :
- i° 2.090 tonnes de fil de fer galvanisé et recuit, en i5 lots, dont un par transformation;
- 20 405.000 consoles en fer galvanisées; 900.000 vis à bois galvanisées; i5.ooo tiges en fer galvanisées; 6.000 entretoises en fer galvanisées, en 8 lots;
- 3° 523.000 pièces en porcelaine, en 7 lots;
- 4° 3.oo6 mètres de tuyaux en fonte et 600 coudes, en 1 lot;
- 5° 100.000 crampons en fer galvanisés, en 1 lot;
- 6° 5.ooo kilogrammes de fil de bronze de 11/10 de millimètre de diamètre; 6,000 kilogrammes de fil de bronze de 2 millimètres de diamètre, en 1 lot;
- 7° 45.000 manchons fendus, en fonte malléable, galvanisés, i5.ooo cloches, en fonte malléable, galvanisés, en 1 lot;
- 8° Outils, soudures à l’étain et échelles eu 5 lots.
- Le 4 septembre i885, à dix heures du matin, il sera procédé à l’adjudication publique d’une fourniture de câbles électriques, en 4 lots.
- Le 4 septembre i885, à dix heures du matin, il sera procédé à l’adjudication publique d’une fourniture de 211.200 poteaux télégraphiques en bois injecté, livrables en 18 lots.
- Pour ces trois adjudications, on pourra prendre connaissance des cahiers des charges, rue de Grenelle-Saint-Germaiu, io3 (direction du matériel et de la construction, 1er bureau) tous les jours non fériés, de dix heures à 4 heures, ainsi que dans les bureaux télégraphiques des chefs-lieux de département.
- Lorsqu’on a commencé la construction des grandes lignes souterraines qui relient actuellement les principales villes, tant en France qu’en Allemagne, on pensait que leurs fils conducteurs seraient tout à fait à l’abri des orages. Us sont en effet protégés par une armature én fils de fer ou par un tuyau continu en fonte, et l’on sait que des corps placés dans un milieu entouré d’une enveloppe métallique en communication avec le sol, restent à l’état neutre, quel que soit l’état électrique à l’extérieur. Il arrive cependant, parfois, qu’au moment où la foudre éclate au milieu d’une ligne souterraine, on observe dans les postee extrêmes des étincelles plus ou moins vives, comme dans le cas où le fil conducteur est aérien.
- Ce phénomène a frappé M. Blavier qui l’explique par la faible conductibilité du terrain qui entoure le câble aux environs du point où se manifeste l’orage. Sous l’influence des nuages électrisés, le conducteur reste à l’état neutre; mais l’armature protectrice prend une charge de fluide contraire à celle renfermée dans les nuages, qui devient libre subitement au moment où éclate un éclair. Cette charge ne disparaît pas instantanément; elle suit le conducteur dans les deux directions opposées, au moins sur une certaine longueur.
- Par suite il doit se [développer dans le conducteur intérieur deux courants induits de sens contraire dont la différence seule agit sur les appareils des postes extrêmes; il se produit ainsi un effet électrostatique, tenant à ce que la charge extérieure, étant libre au moins pendant un instant, réagit sur le conducteur intérieur qui prend de l’électricité
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- de nom contraire par les points en communication avec le sol aux postes extrêmes. C’est surtout à ce dernier effet qué doivent être attribués, suivant M. Blavier, les effets constatés dans les bureaux télégraphiques.
- Le tramway électrique à l’Exposition d’Anvers qui va de la gare à l’Exposition obtient un très grand succès.
- C’est le même système qui a fonctionné à Bruxelles, rue de la Loi. Sous les banquettes sont placés les accumulateurs, d’un poids de 720 kilogrammes, comprenant 36 boîtes doubles en ébonite de 20 kilogrammes. Ces accumulateurs, que vient encore de perfectionner M. Julien, administrateur délégué de la nouvelle Compagnie VElectrique, sont chargés depuis 6 heures du matin jusqu’à 10 heures du soir. Cette opération terminée, ils peuvent fonctionner pendant plus de 14 heures. Le moteur employé et qu’actionnent ces accumulateurs est du système Siemens; son poids est de 180 kilogrammes.
- Prochainement, fonctionnera un remorqueur électrique portant 60 accumulateurs du même type, qui pourra tirer deux voitures de la Société des Tramways bruxellois.
- Beaucoup d’administrations télégraphiques commencent à remplacer les poteaux en bois par d’autres en fer. Les chemins de fer suisses possèdent déjà 35o milles de fils sur poteaux en fer et le gouvernement allemand en fait l’expérience sur la ligne du chemin de fer de Weissenfels à Géra, ainsi que de Berlin à Potsdam. Le prix du fer ayant considérablement diminué, ces dernières années, il est probable que ce dernier sera bientôt employé partout au lieu du bois.
- Plusieurs journaux allemands ont dernièrement donné la description d’une plante nouvellement découverte, à laquelle on a donné le nom de Phytolacea elecirica à cause de ses propriétés magnétiques remarquables.
- Quand on en brise une tige, la main reçoit un choc semblable à la secousse produite par une bobine d’induction. Une aiguille aimantée est affectée à une distance de6mètres et elle s’affole complètement, si on la rapproche. L’énergie de cette influence varie avec les différents moments de la journée, atteint un maximum vers deux heures de l’après-midi, et s’annule pendant la nuit; elle augmente considérablement par les temps d’orage, mais en temps de plufe la plante semble se flétrir. On ne voit jamais les oiseaux ou les insectes se poser sur cette plante, et le sol où elle végète ne contient aucun métal magnétique.
- Le banquet offert par la Société des i télégraphes allemands réunis aux membres de la Conférence du congrès télégraphique, sous la présidence du docteur Lazard, a eu lieu dans la salle des fêtes du Jardin zoologique où l’on avait arboré, à cette occasion, et disposé avec beaucoup de goût, les drapeaux et les écussons de toutes les nations représentées.
- Le nombre des convives était de 142. parmi lesquels le secrétaire d’Etat,M. von Stephan, le ministre du commerce, docteur Lucius, presque tous les délégués au congrès, et un certain nombre d’autres notabilités.
- Le docteur Lazard a exposé le développement colossal pris par le télégraphe.
- Le représentant de l’Italie, M. d’Amico, a bu à la Société des télégraphes allemands réunis et à son président, le docteur Lazard.
- M. Pender a porté la santé du docteur Stephan. Celui-ci a répondu en rappelant les services rendus par le prince de Bismark à la télégraphie et a bu ensuite à tous ceux, morts ou vivants, qui ont contribué au développement des télégraphes.
- Dans une lettre du Dr Stephan, le directeur général des postes en Allemagne, un des amis de ce haut fonctionnaire, résidant à Cameroon, fait connaître un moyen inventé et pratiqué depuis longtemps par Jes nègres de Doëlla, pour communiquer entre eux. C’est un système de téléphonie assez intéressant qui est, sans doute, une des rares choses que nous ayons à apprendre des noirs.
- Ce système est aussi bon qu’il puisse l’être sans le secours de l’électricité.
- On se sert d’un petit tambour en bois, sorte de tam-tam faisant beaucoup de bruit et qu’on entend à une grande distance.
- Par un système assez compliqué, les mots et non les lettres, — comme c’est le cas ponr le système Morse — ont des signes conventionne'fs.
- Les communications ainsi faites, sont de transmission obligatoire; de cette façon, les nouvelles se propagent vite et loin.
- Il n’y a qu’une certaine catégorie de personnes qui ont le droit de faire des communications de ce genre, car ce droit est considéré comme un honneur.
- Les esclaves et les femmes ne peuvent apprendre le secret des mots, qui est tellement respecté que, jusqu’à ce jour, aucun blanc n’est parvenu à le connaître.
- Le 29 juillet dernier vers minuit un phénomène remarquable a été observé sur le lac Wettern près de Jonkoping en Suède. Une lumière très intense parut subitement au nord où plusieurs nuages ressemblant à des banquises de glace semblaient toucher l’eau. Des décharges électriques partaient continuellement de ces nuages et leur donnaient une nuance bleue phosphorescente. Le lac était absolument tranquille, le ciel était serein et il faisait un beau clair de lune. Le même phénomène a été observé dans le nord, à Katrineholm, pendant près d’une heure.
- Un accident assez sérieux est arrivé la semaine dernière sur le nouveau chemin de fer électrique de Bessbrook à Newry, en Angleterre. Le directeur de la Compagnie accompagné de plusieurs personnes est parti de Bessbrook pour faire un essai de la ligne. A mi-chemin, entre Bessbrook et Newry, se trouve une descente assez rapide, et arrivée à cet endroit, la machine fut arrêtée, car on donna l’ordre d’appliquer le frein; malheureusement l’appareil ne fonctionnait pas et la voiture descendait avec une vitesse vertigineuse. A la station de Craigmore, la voie était barrée par deux wagons et les voyageurs ont dû sauter de leur voiture pour éviter une collision qui leur aurait inévitablement coûté la vie. Ils en ont été quittes pour des contusions plus ou moins graves, mais le choc de la voiture électrique fit dérailler les deux wagons.
- La valeur du fil télégraphique et téléphonique en fer, en acier et en cuivre fabriqué à Worcester, aux Etats-Unis, s’élève à plus de 45 millions de francs par an.
- Pendant la semaine du 11 au 18 août, l’Exposition internationale des inventions à Londres a été visitée par 140,638 personnes. Le nombre total des entrées depuis l’ouverture s’élève à 2.21S.931.
- Depuis quelques semaines, la Compagnie des tramways du Nord à Londres fait faire des expériences dans une usine avec une nouvelle locomotive électrique. La force motrice est fournie par des accumulateurs, et l’induit du moteur est divisé en 8 parties et 32 bobines.
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- La Compagnie Van de Poele de Toronto, Ontario, vient [' d’obtenir l’autorisation de construire un chemin de fer élec- : trique dans cette ville pour le transport des voyageurs à l’occasion de l’Exposition qui aura lieu prochainement. : L’année dernière cette Compagnie a fait des expériences de traction électrique à Toronto avec beaucoup de succès, transportant jusqu’à 200 voyageurs par train. Le nouveau chemin de fer ira de l’Exposition jusqu’à la ville, où il communiquera avec les tramways.
- Pendant l’année 1884, il a été accordé aux États-Unis 1.074 brevets pour inventions électriques.
- On vient de faire à Streator, Illinois, une nouvelle application de l’électricité à l’exploitation d'une mine de charbon. Le foret, taillé en forme de ciseau, est actionné directement par une machine électrique. Les journaux américains vantent beaucoup cette installation et prévoient le moment où tous les travaux des mines se feront par l’électricité : extraction du charbon transport dans les galeries, élévation dans les puits, éclairage, ventilation, etc... Us ont raison sous ce rapport, mais il ne faut pas croire que la tentative de Streator soit la première faite dans cette voie : les visiteurs de l’Exposition d’électricité de Paris en 1881, ont tous pu voir fonctionner une haveuse électrique de-M. Chenot. Cette machine était destinée à l’exploitation des ardoisières d’Angers et la barre de mine se trouvait directement commandée par l’électricité. Nous avons donc le droit de revendiquer l’invention pour notre pays.
- Éclairage Électrique.
- On annonce que la Société Edison vient d’obtenir l’autorisation d’établir une usine centrale de lumière électrique à Dijon. Les travaux ont déjà commencé et l’installation sera faite pour 5oo foyers.
- Nous lisons dans VÈloile Belge :
- « Nous avons rapporté, récemment, qu’un savant français avait inventé un instrument, à la fois utile et très curieux, qui permet de voir en pleine lumière certaines cavités profondes du corps humain, par exemple l’estomac 'etmême de les photographier. Déjà on avait eu l’idée de descendre dans l’estomac au bout d’une sonde une petite lampe électrique; la clarté devient telle que, par transparence, on aperçoit à travers la peau l’organe malade. Le mégaloscope de M. Boisseau du Rocher, au contraire, met sous les yeux de l’observateur une image très agrandie du tissu de la cavité, et on peut l’étudier dans tous ses détails.
- « On introduit une sonde de 5o centimètres de long et de 7 millimètres de large dans l’estomac. Cette sonde se termine par une lanterne minuscule renfermant une lampe électrique. La lumière de la lampe éclaire la cavité; un prisme et deux lentilles convexes disposés au-dessus de la lampe réduisent à des dimensions microscopiques l’image de la paroi de l’estomac sur une étendue de 20 centimètres de côté. Puis, à l’autre extrémité de la sonde, on fixe une lunette constituée par un objectif et un oculaire de grossissement convenable.
- x« La lunette agrandit l’image microscopique au point que l’on peut examiner la muqueuse et les lésions qu’elle présente comme au moyen d’une loupe. A la place de l’œil, disposez un appareil photographique et vous obtiendrez une épreuve du fond de l’estomac. Bref, avec le mégaloscope, on voit l’estomac comme si on l’avait dans la main et l’on peut en prendre journellement des photographies et le comparer jour par jour. On finira par nous exposer des
- photographies de l’estomac des célébrités à la mode. Il n’est pas douteux que le petit appareil de M. Boisseau du Rocher puisse rendre des services à la médecine. »
- Voici le Journal de Bruxelles qui réclame la priorité d’invention de la lampe à incandescence connue sous le nom d’Edison, pour un de ses compatriotes M. Sourzée dont le brevet, identique à celui d’Edison, aurait été pris le 5 novembre 1879, tandis que le premier brevet d’Edison est en date du 21 du même mois. Selon le Journal de Bruxelles, il faut savoir gré à MM. Swan et Edison d’avoir vulgarisé l’invention, mais c’est à un Belge que revient la gloire de l’invention de la lampe à incandescence. Le plus curieux de l’affaire c’est que M. Sourzée est le représentant de l’industrie du gaz à Bruxelles.
- Une autre ville italienne va bientôt . suivre l’exemple d’Aosta car le conseil municipal de Vazallo a décidé dernièrement d’adopter la lumière électrique pour l’éclairage des rues de la ville. L’installation comprendra 70 lampes à incandescence Cruto pour lès rues et 90 à 100 foyers souscrits par des particuliers. Le courant sera fourni par deux dynamos actionnées par une turbine, la rivière Sesia fournissant une force hydraulique plus que suffisante.
- La lumière électrique va être installée ‘ à Dessaa au théâtre de la cour, dans le palais grand-ducal et dans plusieurs bâtiments publics.
- L’éclairage électrique a fait des progrès rapides à Berlin où la première installation de la Compagnie Edison comprenait 700 foyers etja deuxième près de 2.000 qui ont été installées dans les grands restaurants et magasins. Enfin l’usine centrale du Gendarmenmarkt, qui vient d’être ouverte ces jours-ci, alimente 8.000 lampes dans un rayon de 3oo mètres. Une dernière usine, comprenant plusieurs milliers de lampes sera montée à l’automne prochain.
- Le prix de la lumière est en moyenne de 5 centimes par lampe et par heure.
- M. Krizik a été chargé de l’installation de 16 de ses lampes électriques à la gare de Pilsen. Ces foyers sont destinés à fournir l’éclairage pour la mise en wagon de 16.000 hommes de troupes qui doivent s’embarquer de minuit à trois heures du matin, pendant les grandes manœuvres en Bohême. La gare de Rokycan sera également éclairée par 10 fo}*ers du même système.
- L’administration du chemin de fer Main-Neckar, a décidé qu’on installerait la lumière électrique à la gare de Darmstadt où les travaux doivent déjà être finis vers la fin de ce mois, selon le contrat qui a été signé entre la Compagnie et la maison Schuckert. Les appareils comprendront des foyers à arc du système Piette-Krizik et des lampes à incandescence Edison. Les conducteurs seront aériens et garantis pendant une année par la maison Schuckert.
- Le nombre des lampes à incandescence s’élève à 164, dont i32 de 16 et 32 de 10 bougies. Les dynamos seront du système Schuckert. Les frais de toute l’installation sont estimés à 77.500 francs.
- La salle des délibérations du conseil municipal à Prague va être éclairée par 120 lampes à incandescence. Deux autres salles de l’hôtel de ville seront munies de 800 lampes alimentées par 4 dynamos dont chacune pourra alimenter 3oo lampes. La force motrice sera fournie par 3 moteurs à gaz de 5o chevaux chacun.
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- Le paquebot le City of Rome, appartenant à la Compagnie Inman de Londres, a été pourvu d’une installation de lumière électrique, comprenant 40 foyers, du système Remington. ___________
- La Compagnie Edison de Manchester a été chargée par le conseil municipal de cette ville d’installer la lumière électrique dans la galerie des beaux-arts. L’installation comprendra 385 lampes à incandescence alimentées par deux dynamos Elwell-Parker dont chacune doit pouvoir suffire à l’alimentation de 25o lampes de 20 bougies ; les dynamos seront actionnées par deux machines à gaz Otto de 16 chevaux chacune. Le prix accepté par la Compagnie Edison a été fixé à 42.875 francs.
- Nous avons reproduit un entrefilet de notre confrère 1 ’Electrician, de Londres, concernant une installation provisoire de lumière électrique à l’occasion d’un bal au palais dè Buckingham à Londres. Notre confrère rectifie cette note en disant qu’il existe au palais en question une installation permanente comprenant une dynamo Siemens de 5oo foyers, deux dynamos Crampton de 400 foyers et une de 25oqui alimentent plus de 1.000 lampes à incandescence.
- La Compagnie Edison de Londres vient de publier une liste des navires qui ont été pourvus d’installations de lumière électrique par ses soins et dont le nombre s’élève à 46 avec un total de 7.805 foyers. Le paquebot le Pilgrine appartenant à la ligne Fall River en contient à lui seul 920.
- Les essais d’éclairage électrique d’une partie des chantiers de la marine anglaise à Chatham ont donné des résultats si satisfaisants qu’il a été décidé qu’on étendrait l’installation à tous les chantiers.
- L’Institut polytechnique de Saint-Louis va être éclairé par 450 lampes à incandescence. L’installation sera faite par 1’ * United States Electric LightC». >. La station centrale de cette Société, à Washington, qui avait été détruite par un incendie, fonctionne de nouveau; les machines ont été installées dans un autre local et le service de l’éclairage n’a été interrompu que pendant une semaine.
- La Compagnie Edison, de Boston, a dernièrement fait une installation de lumière électrique à Rutland en Vermont, à titre d’expérience et pour faire valoir la supériorité de la lumière électrique sur l’éclairage au gaz. Après trois jours d’essai, la proposition de la Compagnie pour l’installation de 25o lampes à incandescence a été acceptée par la ville.
- Le village de Seneca Falls, dans l’État de New-York, est éclairé par un seul foyer électrique de 5o.ooo bougies.
- Le nombre des foyers électriques qui vont être installés dans les rues de Brooklyn dépassera 25o, d’une intensité lumineuse de 1.200 bougies chaque. Ces foyers remplaceront 1.800 becs de gaz, et toute la ville ne tardera pas à adopter le nouvel éclairage.
- La « Schuyler Electric Light C° » a obtenu une concession pour l’éclairage à l’électricité de la ville de Richmond en Virginie. On commencera par installer 200 foyers à arc et 1.000 lampes à incandescence. En dehors de la concession pour l’éclairage des rues, la Société a également obtenu le monopole pour fournir la lumière et l’énergie électriques aux habitants de la ville pendant une période de cinq années.
- Pendant les vacances parlementaires en Australie la salle des délibérations du parlement australien a été pourvue d’une installation de lumière électrique. Deux moteurs à vapeur de 20 chevaux, chacun, actionnent deux dynamos dont chacune est capable d’alimer.ter 275 lampes, et qui suffirait pour éclairer tout le bâtiment; mais par précaution on a encore ajouté une troisième machine en cas d’accident aux premières. L’installation a été faite par « l’Aus-tralian Electric Lighting C° » moyennant une somme fixe de 140.000 francs.
- Le collège d’Ottawa, au Canada, est maintenant éclairé par 200 lampes à incandescence. C’est la première maison d’éducation au Canada éclairée à la lumière électrique.
- La Société locale de lumière électrique à Guatemala a installé 3oo foyers à arc dans cette ville pendant les six derniers mois. C’est le système Thomson-Houston qui a été adopté et il donne de bons résultats.
- A Detroit, dans l’Etat de Michigan, le conseil municipal a décidé par 17 voix, contre 8, d’accepter les propositions de la Compagnie Brush pour l’éclairage à l’électricité de la ville par le système de cette Société.
- La ville de Winona en Minnesota, a traité avec un entrepreneur pour l’éclairage électrique de la ville avec 60 foyers du système Van de Poele. Le contrat a été fait pour cinq années.
- Télégraphie et Téléphonie.
- Par décision du Ministre des postes et télégraphes, en date du 17 août 1885, la création d’un bureau télégraphique a été autorisée dans les communes suivantes : Saint-Jean-Brévelay (Morbihan), Cébazat (Puy de-Dôme), Fyé (Sarthe-et Verneuil (Seine-et-Oise).
- Le réseau télégraphique destiné à relier les postes de police à la préfecture vient d’être complété, et fonctionne dès à présent.
- Voici comment il est établi :
- Un appareil Morse est installé — on le sait depuis longtemps — dans le poste central de chaque arrondissement. Au-dessus de cet appareil est appliqué un système de sonneries, une pour chacun des postes de quartier. Comme dans ce poste il n’y a pas de télégraphe, on a renoncé à une communication,directe avec la préfecture.
- Mais, pour remédier à cet état de choses, le télégraphiste du poste central dispose un fil se rattachant à la sonnerie qui se fait entendre, et ce fil, mis en communication avec l’appareil Morse, permet à l’employé de transmettre, sans aucun retard, la dépêche à la police municipale.
- Le nouveau service correspond aux alarmes ou aux ordres suivants : « Appel; — incendie; — rassemblez vos hommes; — envoyez vos hommes rassemblés; — feu terminé; — répétez ».
- On voit quels avantages offre cette nouvelle installation.
- La ligne souterraine télégraphique de Paris à Lyon et Marseille est terminée, et les fils qu’elle renferme seront mis en service dès que les appareils spéciaux appelés à, les desservir seront installés dans les bureaux de Paris, Lyon et Marseille. On travaille actuellement, au bureau central de Marseille, à l’installation de ces appareils qui seront placés à bref délai.
- Les fils souterraius en s’ajoutant aux fils aériens vont augmenter naturellement le nombre des fils disponibles, et permettront, par conséquent, d’accélérer les transmissions. Mais ils vont surtout donner la possibilité de maintenir
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- régulières, quel que soit l’état de l’atmosphère, les communications télégraphiques entre Paris, Lyon et Marseille. Des conducteurs souterrains ne tarderont pas non plus à fonctionner entre Marseille, Toulon et Nice.
- Au cours de la séance d’ouverture de la conférence télégraphique de Berlin, M. Stephan, directeur général des postes d’Allemagne, et M. Hake, directeur des télégraphes allemands, ont, sur la proposition de l’Angleterre, été élus, le premier, président, le second, vice-président.
- Après adoption de l’ordre du jour de la Conférence de Londres, M. Kielsen, directeur général des télégraphes norvégiens, a fait l’exposé des résultats des sessions précédentes.
- M. Curchod, chef du bureau international, a présenté le rapport sur la proposition concernant la statistique des mesurages électriques, des courants électriques, des courants atmosphériques et des commotions électriques.
- M. Stephan, dans le discours d’ouverture, a dit que « ces Conférences avaient pour but de généraliser l'usage du télégraphe, en élaborant des règlements pratiques et en amenant l’abaissement des tarifs. La Conférence de Londres a fait adopter le principe de la taxe par mot. Puisse Ja Conférence de Berlin amener également un progrès et, par là, rendre le télégraphe plus accessible à la foule et notamment aux classes pauvres. Grâce à l’esprit de conciliation qui s’est manifesté aux précédentes Conférences et qui a permis de faire adopter des principes communs aux nombreuses lignes télégraphiques qui existent daus le monde, il n’est pas douteux que les difficultés qui pourront se présenter ne disparaissent à la suite de discussions amicales.
- On estime qu’en présence des nombreuses questions qu’elle aura à examiner, ja Conférence siégera pendant cinq à six semaines; 33 États et 17 Compagnies sont représentés dans cette session.
- Dans la dernière séanee, qui a duré environ six heures, l’on a discuté la question des tarifs, notamment les propositions de l’Allemagne et de l’Autriche. Les opinions étant très partagées, la discussion a été fort vive.
- Il a été reconnu généralement que le système actuel des tarifs internationaux ne pouvait être maintenu. La majorité s’est prononcée en faveur de la proposition allemande, bien qu’il n’ait pas manqué d’orateurs influents pour la combattre.
- Les propositions allemandes et autrichiennes ont été renvoyées à la commission des tarifs.
- Contrairement aux nombreux renseignements erronés qui ont été publiés par les journaux concernant les délibérations de la Conférence télégraphique internationale, on déclare dans les cercles les mieux informés que la Conférence n’a pas encore pris de résolutions touchant la façon dont les dépêches extra-européennes doivent être traitées au point de vue du nombre de lettres pat mot. Il n’y a eu jusqu’à présent que des pourparlers préliminaires au sein d’une commission qui, du reste, ne peut pas prendre de décisions.
- On a aussi discuté les questions relatives à la diminution de la taxe des dépêches pour l’Inde et l’Australie et à l’abaissement du prix des dépêches pour les journaux; mais on n’a pris à ce sujet aucune décision dans un sens ni (jans l’autre.
- Les indications fournies sur ce point par le correspondant du Times doivent donc être considérées comme tout à fait inexactes.
- L’excursion à Potsdam et aux environs, organisée par le conseil municipal de Berlin en l’honneur des délégués, a eu lieu le 20 août, dans les conditions les plus satisfaisantes. Deux cents personnes y ont pris part. Outre les représen-
- tants du conseil, la plupart des délégués au congrès étaient présents.
- Après une visite faite aux points de vue les plus remarquables de Potsdam, et d’où l’on pouvait embrasser le panorama de la ville et du lac Havel, des vapeurs richement pavoisés ont transporté les touristes sur la rivière Havel, jusqu’au lac de Wann, où un souper a été servi pendant que jouait la musique des hussards de la garde.
- M. Delle, conseiller municipal, a souhaité, au nom du conseil, la bienvenue aux délégués du congrès. Le délégué russe, M. Oussof, a bu à la prospérité de Berlin. M. Koller, délégué hongrois, a porté un toast aux dames, et le secrétaire d’Etat, docteur Stephan, au comité organisateur de la fête.
- Un train spécial a ramené tout le monde à Berlin.
- La commission technique et la commission des tarifs de la conférence télégraphique internationale ont eu chacune une longue séance.
- Le bruit répandu par divers journaux, que les propositions allemandes n’ont pas de chances de succès, est en contradiction avec les faits.
- Une exposition d’électricité a lieu en ce moment à Gothembourg en Suède où les principales entreprises télégraphiques et téléphoniques des pays Scandinaves sont représentées.
- Le câble sud de la «Commercial Cable and C° » est interrompu, mais l’autre fonctionne toujours. C’est la première interruption depuis l’ouverture des câbles, le 24 décembre dernier.
- Les recettes du département des télégraphes en Angleterre, du ior avril au 8 août i885, se sont élevées à i5.ooo.000 de francs contre 14.875.000 francs pour la même période en 1884.
- On s’occupe beaucoup aux Etats-Unis de la Western Union Telegraph C®, et certaines personnes s’étonnent de la faiblesse qui a frappé les cours de ses actions. La mauvaise impression nous parait avoir une cause route naturelle : elle provient de la diminution constante des bénéfices depuis plusieurs années, diminution qui fait mal augurer de l’avenir. Voici, en effet, l’état comparatif des bénéfices nets réalisés dans chaque trimestre depuis le 1er janvier 1881, c’est-à-dire depuis l’époque où le capital social a été porté de 200 à 400 millions de francs :
- Trimestres x 881 rt CO 00 i883 1884 i885
- 2C ..... 3 e 4e Totaux. 8.502.060 q.I14.220 10.523.175 8.656.175 8.032.535 8.378.455 11.446.200 10.265.730 8.389.090 8.199.485 8.346.83o 8.277.155 8.171.290 8.256.895 7.727.695 7.079.230 6.794.380
- 36.795.63o 38.122.920 33.202.560 3i. 235.110
- L’ « American Telegraph C° » vient d'ouvrir la communication télégraphique entre Chillan, Talcahuano, Concepcion, Coronel et Lota, dans l’Amérique du Sud. Vers la fin du mois, la ligne de Chillan à Talca sera terminée et Valpa-raiso se trouvera alors en communication directe avec le sud du pays. Une ligne télégraphique sera également construite entre Arica, au Pérou, et La Paz, la capitale de la Bolivie; on espère pouvoir en commencer l’exploitation vers la fin de l’année.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Paris.— Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire.— 5go68.
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- F
- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Électricité $ O
- 31, Boulevard des Italiens, Paris vr f V
- directeur : D* CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout a,,.— ^*»rt i V . '
- 7e ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI 5 SEPTEMBRE 1885 N° 36
- SOMMAIRE. — De la méthode de M. Mance pour la recherche de défauts dans les câbles et son application à la vérification des paratonnerres ; Dr A. Tobler. — Nouvelles analogies entre les phénomènes électriques et les effets hydrodynamiques; C. Decharme. — Organisation delà Télégraphie militaire dans les armées européennes (3° article), J. Bertrand. — Description de quelques appareils téléphoniques récents; G. Richard. — L’Electricité en Amérique, la Téléphonie; B. Abdank-Abakanowicz. — Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch : Appareil destiné à l’étude des intensités lumineuses et chromatiques des couleurs spectrales et de leurs mélanges, par MM. Parinaud et J. Duboscq. — De la force électromotrice produite par la diffusion dans les courants des marées. — Une nouvelle forme du pont de Wheatstone, par J. W. Giltay. — Influence d’une résistance extérieure sur la résistance intérieure des éléments voltaïques, par M. G. Gore. — Sur un étalon de force électromotrice. — Correspondances de l’étranger : Angleterre; J. Munro. — Chronique : A propos des usines centrales de la Compagnie allemande Edison. — Les applications de l’électricité aux chemins de fer (suite). — Faits divers.
- LA
- MÉTHODE DE M. MANCE
- POUR LA RECHERCHE DES DÉFAUTS DANS LES CABLES ET SON APPLICATION A LA VÉRIFICATION DES PARATONNERRES
- En déterminant la résistance du conducteur d’un câble en bon état, il est possible d’éliminer les effets des courants dits terrestres. On peut faire usage de la méthode du « faux zéro » dans laquelle la déviation produite par le courant terrestre est prise comme zéro de l’échelle. Ou bien on fait deux observations, l’une avec le pôle négatif, l’autre avec le pôle positif de la pile, la moyenne étant ensuite corrigée au moyen de formules bien connues. Mais si le câble possède un défaut susceptible de se polariser, ou si la surface du conducteur en contact avec l’eau est faible, il se forme instantanément des courants de polarisation qui s’opposent au courant de la pile d’essai ; donc la résistance mesurée sera plus grande qu’elle ne l’est en réalité.
- Le renversement des pôles de la pile d’essai ne conduit à rien, puisque la direction du courant de polarisation est dans tout cas contraire à celle de la pile d’essai ; aussi,, l’état du défaut peut considérablement varier par suite du renversement. Si l’on se proposait d’appliquer le « faux zéro », ce dernier ne tarderait pas à être altéré, suivant que l’on appliquerait le cuivre ou le zinc au câble.
- Pour écarter, autant que possible, ces inconvé-
- nients, M. Mance, l’électricien bien connu, des câbles du golfe Persique, a imaginé (*) une méthode, de la théorie de laquelle je me propose de donner un rapide aperçu.
- Soit L (tig. i) le câble endommagé, e la force électromotrice résultant des courants étrangers, courant terrestre, de polarisation, du câble (élément formé par l’âme conductrice, l’eau et la gaine métallique) ; E la f. é. m. de la pile d’essai, r sa résistance intérieure, A et B, les branches d’un pont de Wheatstone (10, ioo, 1000 unités), R le rhéostat. Quand on a obtenu l’équilibre en g au moyen de R, l’application des lois de Kirchhoff donne facilement l’équation
- e _ AR—BL
- E r(A+B) + (B+R)A' (I)
- A et B étant pris égaux, on a, en désignant la valeur de A et B par P :
- e—E
- (B-L)
- 2I-+P+R-
- (2)
- Si la direction de la f. é. m. étrangère est la même que celle de la pile d’essai, on a
- (L-R) ar + P+R-
- (3)
- Or M. Mance fait la première mesure en prenant A = B = ioo unités; l’équilibre obtenu, il change
- (*) Journal of the Society of Telegraph Engineers, vol. i3, p. 328, i88q.
- I
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- LA LUMIÈRE ËLEUTRIQUE
- subitement (sans enlever la pile d’essai ), ces deux
- branches : À= B = 1000 et il règle R de nouveau afin d’obtenir l’équilibre le plus tôt possible. Appe-
- Ions la première valeur de A et B, P,, P2; on a pour le premier essai la seconde,
- e-E R’“L e-2r+P( + Ri’ (4)
- pour le second
- C_E R.-L . 2r + P,+R1’ (5)
- d’où l’on tire facilement
- T R,(2r + Ps)-Rs(2/-+P,) (6)
- Pj+Rj—P. — R, '
- Il est aisé de démontrer que cette dernière équation ne change pas que, la f. é. m. étrangère s'ajoute ou s'oppose à celle de la pile d’essai.
- FIG. I
- Exemple. — Essai fait par M. Mance sur un des câbles du golfe Persique :
- Balance avec la paire de ioo unités = 35 ohms.
- » » » 1000 » — 60
- Résistance de la pile 420 unités.
- 35 X 1840 — 60 X 940 60+ iooo—100—35
- ;=- 8,6 ohms.
- La vraie distance du défaut se montrait égale à 7 ohms. Il est clair que la valeur trouvée pour L contient : i° la résistance de l’âme conductrice jusqu’au défaut; 20 la résistance du défaut même; cette dernière peut varier selon la distance, selon la nature du défaut et la force de la pile d’essai. M. Mance fait observer qu’il y a moyen de se former une idée sur la nature du défaut, d’abord en observant si l’équilibre obtenu est stable, ou bien si la résistance semble augmenter par suite de l’application d’un courant positif (*). En général, pour une distance de 5oo à 1.000 ohms, 10 ohms environ doivent être retranchés de L comme étant la résistance du défaut.
- Dans l’exemple cité, le câble était complètement brisé. Par contre, si ce n’est pas le cas, il y a moyen de faire les essais des deux bouts du câble; en
- (') Pour l’essai proprement dit ou définitif, M. Mance recommande de mettre le pôle négatif de la pile au pont.
- appliquant alors la formule de M. Blavier on peut éliminer la résistance du défaut. Je reviendrai sur ce point en décrivant mes propres expériences.
- Comme il importe de faire le second essai immédiatement après le premier, afin que l’état du défaut ne varie pas, M. Mance a imaginé un système particulier de pont de Wheatstone qui permet de substituer rapidement la paire de bobines de 1.000 ohms à celle de 100.
- Mb. 2
- Cet appareil (fig. 2) se compose d’une boîte en teak avec couvercle en ébonite. Un plateau circulaire P, est vissé sur ce dernier; il porte en son milieu un axe autour duquel un double bras de
- FIG. 3
- contact peut être tourné au moyen du bouton en ébonite O. Concentriquement à B, sont fixés 6 blocs métalliques, elt fit gu e2, git qui sont reliés aux six bobines de résistance cachées dans la boîte ; le diagramme (fig. 3), fait voir les connexions. Quand le bras de contact occupe la position (fig. 3), les deux bobines de xoo unités sont évidemment dans le circuit, et représentent les deux côtés du pont marqués A et B dans la figure 1, le sommet de l’angle formé par A et B étant donné par le plateau P et les bras de contact dit d2 (fig. 2). Lorsque l’on tourne le bouton dans la direction dé
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- la flèche, les bras d„ d2 quitteront les blocsf,,f2, et se porteront sur g, et g2 de sorte que maintenant les deux bobines de i.ooo unités entrent dans le circuit. Une manœuvre semblable intercale la paire des 10. Quand on veut se servir de l’appareil pour des mesures ordinaires, c’est-à-dire dans des cas où le changement prompt des bras de proportion est inutile, on place dt, d2 perpendiculaires à la position (fig. 3), de sorte qu’il ne touche aucun des blocs, et l’on établit la communication entre ces derniers et le plateau P au moyen de chevilles insérées dans les trous. Les blocs reliés aux bornes a, b, c, servent à exclure, ou plutôt à mettre en court circuit l’un ou l’autre bras de proportion, par l’insertion d’une cheville dans le trou correspondant. Le dispositif qui établit le contact entre le bras tournant et les blocs a été étudié avec beaucoup de soin par les constructeurs. Aux extrémités de dlf d2, se trouve un petit bloc rectangulaire i, garni d’un alliage de platine et d’iridiunt
- FIG» 4
- à sa partie inférieure, lequel glisse dans l’intérieur d’une coulisse ménagée dans d; un ressort à boudin presse le bloc de haut en bas; la pression peut se régler au moyen de la vis h, qui comprime le ressort plus ou moins. A la surface de chacun des six blocs e,, flt git e2, f2, g2, se trouve en saillie une lame de platine-iridium p sur laquelle frotte l’extrémité de i.
- La figure 4 montre l’appareil complet tel qu’il sort des ateliers de MM. L. Clark, Muirhead et C°, de Londres (*). Le système des bras du pont que je viens de décrire est visible en P; R est un rhéostat ordinaire donnant un ensemble de 1 à 10.000 ohms; R, est un rhéostat à curseur contenant 5o bobines de 1 ohm chacune. Ce dernier dispositif forme un appendice très utile à R, en ce qu’il permet l’établissement de l’équilibre en peu de temps. La manivelle est munie du système de contact mobile décrit plus haut (fig. 2). Les communications électriques de la figure 4 sont très
- (J) L’appareil décrit dans le brevet de M. Mance en diffère par quelques détails. Voir The Télégraphie Journal, v 1 16, p. 35i.
- simples. Il y a en tout 5 bornes, une pour la pile, une pour le câble, une pour la terre et deux pour le galvanomètre ; la pression de la clef T met ce dernier dans le circuit(l).
- Le choix du galvanomètre est d’une grande importance dans les essais de défauts. Le modèle ordinaire du Thomson, à aiguilles asiatiques, ne saurait servir à cause de sa trop grande sensibilité et le peu d’amortissement qu’il possède. Certains auteurs recommandent l’emploi d’un simple galvanomètre à longue fibre et à lecture directe ; cependant cela a le grand défaut: qu’on est obligé d’éteindre les oscillations de l’aiguille, soit à la main (au moyen de la vis d’arrêt) ou en rapprochant un aimant; par contre, un galvanomètre à
- FIG. 5
- réflexion, convenablement commandé par un aimant directeur et muni d’un arrangement amortisseur, permet à l’observateur de concentrer toute son attention sur les rhéostats et le spot lumineux. Le modèle dont je me suis servi dans mes recherches sur les câbles est assez peu connu sur le continent; MM. Muirhead, Elliott et Bros, et d’autres fabricants de Londres le construisent et l’appellent Oil vessel galvanometer ou, tout court, War Office Galvanometer, parce que le génie militaire (Royal Engineers) s’en sert pour l’essai des torpilles à explosion électrique.
- La figure 5 le montre en perspective au^de la grandeur naturelle. Sur un plateau en ébonite s’élè-
- (*) La figure 4 est en réalité le modèle de 1884; il contient quelques bornes supplémentaires pour que le système P puisse servir à d’autres usages. Dans le nouveau modèle les communications sont celles que je viens de décrue.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- vent deux colonnes métalliques b, b' qui portent la bobine composée de deux parties qui s’adossent l’une à l’autre. Dans l’ouverture ménagée dans leur centre est suspendu, par une courte fibre, le miroir concave i; il a 20 millimètres de diamètre et est muni à sa face postérieure d’une lame magnétique; i est suspendu à une tige qui glisse dans un canal et qui peut être élevée ou abaissée au moyen du bouton v.
- Dans le dernier cas, le miroir repose sur deux morceaux de liège serrés dans l’intervalle qui sépare les deux parties de la bobine, intervalle formé par un trou de la plaque de laiton à laquelle les deux moitiés sont vissées. A la partie inférieure du miroir est fixée une tige mince en aluminium, à laquelle est attachée, par un crochet, une lame g du même métal, plongeant dans le liquide que contient le vase en verre h. Ce liquide est de la glycérine plus ou moins concentrée, selon le degré d’amortissement que l’on désire ; il y a pourtant avantage à ne pas exagérer la concentration, parce que, surtout si l’aimant directeur ns est placé au sommet de sa tige, position qui correspond au maximum de sensibilité, la position de repos de l’aiguille devient instable à cause du frottement trop fort du liquide visqueux. Il est évident que le magnétisme terrestre exerce peu d’influence sur l’appareil, l’aimant directeur étant assez fort pour orienter l’aiguille dans toute position. La bobine contient deux enroulements, l’un en fil de omm,8, n’a que o,0hm5, l’autre en fil de omm,i ofire 2000 ohms. En déplaçant une cheville dans le petit commutateur S, on met à volonté l’un ou l’autre dans le circuit. Le plateau ne possède pas de vis de calage, l’ouverture ménagée au miroir étant suffisamment grande pour qu’il puisse tourner librement, quand même la table d’expériences n’est pas parfaitement d’aplomb. La. boîte de dérivation (shunt) a trois divisions, de 1/9, 1/99, 1/999 de la résistance du long fil. La sensibilité est telle qu’un élément Daniell produit une déviation de 4 millimètres à travers une résistance de 14.500.000 U. S., l’échelle et sa lampe étant placées à im,40 du galvanomètre (* *).
- Grâce aux dimensions relativement grandes du miroir, on obtient une image parfaitement nette, (circulaire de 25 millimètres de diamètre avec une corde noire très nette) dans un clair-obscur qui permet très bien de noter les observations (2). On pourrait sans doute augmenter la sensibilité, en employant une fibre plus fine, mais alors l’instrument deviendrait plus délicat à manier, et le degré
- (*) Pour le circuit cie ooll,n,5 on a la même déviation à travers une résistance de 11.700 ohms.
- (2) L’échelle et sa lampe sont le modèle bien connu, en bois noirci, avec tube et lentille, comme MM. Clark, Muir-head and C° et d’autres constructeurs anglais le livrent.
- de sensibilité mentionné est amplement suffisant pour les essais dont il s’agit. Le renouvellement de la fibre brisée est, comme dans tous les galvanomètres Thomson qui n’ont pas l’arrangement à charnière, une opération quelque peu pénible; il faut dévisser la moitié postérieure de la bobine, afin de mettre à découvert la suspension, et c’est surtout le réglage de la longueur de la fibre qui présente une certaine difficulté. L’excellent modèle du Thomson, construit par MM. Siemens et Halske, dont j’ai parlé dans mon article sur un condensateur étalon (*), est muni d’un petit treuil sur lequel la fibre s’enroule; c’est certainement la meilleure disposition. Je ferai encore remarquer, qu’il faut veiller à ce que le crochet de la lame g soit parfaitement immergé dans le liquide, sans cela, l’aiguille ne retourne pas complètement au zéro, par suite de forces qui agissent à la surface de la glycérine.
- Il est possible que le galvanomètre Deprez-d’Arsonval se prête tout aussi bien ou même mieux, à ces sortes d’essais; mais jusqu’ici je n’ai pas eu d’occasion de travailler avec cet instrument, et les descriptions publiées sur cet appareil ne permettent pas de se faire une idée absolument arrêtée de ses qualités.
- Afin d’expérimenter la méthode de Mance, j’ai entrepris une série prolongée d’essais, mais n’ayant pas un câble submergé à ma disposition, j’ai dû opérer sur une ligne artificielle formée par des rhéostats ; le défaut même était représenté par un bout de câble, immergé dans un récipient rempli d’eau salée. Ce câble était du type Rattier : toron de 7 fils de cuivre, d’un diamètre total de i“m,6, deux enveloppes de gutta-percha, un filin de chanvre goudronné et une forte gaine de plomb servant de fil de retour. Ne possédant pas l’appareil complet (fig. 4), j’ai fait usage de l’excellent modèle de boite à pont, construit par MM. Siemens et Halske, contenant 3 paires de bobines proportionnelles et des résistances mesurant de 0,1 à 10.000 U. S. Toutefois l’installation était complétée par le rhéostat à curseur (R„ fig. 4) lequel contenait 5o bobines de 1 U. S. chacune (2).
- La pile se composait de quatre éléments Le-clanché de 26 centimètres de hauteur, qui ne se polarisent pas facilement et qui n’ont qu’une très faible résistance. Cette dernière entrant dans la formule, il a fallu la déterminer ; or on sait que la résistance intérieure varie selon l’intensité du courant qu’émet la pile ; il a donc fallu prendre la moyenne d’un certain nombre d’observations ; cette moyenne était de 1 U. S. par élément, déterminée par le procédé Mance, bien connu.
- (’) La Lumière électrique, vol. XIV, p. 486.
- (*) Cet appareil, très soigné, m’a été fourni par MM. JL. Clark, Muirhead and C°.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- Première expérience. — 1 centimètre du toron exposé. Longueur de la ligne artificielle 801 U. S. Balance obtenue d’un bout de la ligne :
- Paire 100/100 R, = 466,5 U. S. :
- — 1000/1000 Rs = 562.
- Ces valeurs étaient insérées dans la formule et, posant r = 4 U. S. on trouve
- x, = 411,4 u. s.
- Essai pris de l’autre bout de la ligne :
- 100/100 R, = 466,5
- 1000/1000 R2 = 56i.
- *, = 411,9.
- Donc, en appliquant la formule de M. Blavier, on trouve
- x3 =
- 8014-411,4 —4ii,9
- 2
- = 400,3 U. s.
- La vraie position du défaut était de 400 U.S. Autre exemple. — 5 millimètres du toron à nu. Ligne artificielle 1020 U.S.
- donc
- 100/100 Rj=6o5;
- iooo/iooo R2 = 6g7;
- *, = 538,8.
- 100/100 R, = 584;
- 1000 /1000 R„ = 678,5 ;
- *,= 5i8,2.
- 1020+533,8 —5i8,2 ,
- *3=--------!---j--------- =520,9.
- La vraie position était à 520 unités. On voit que la résistance du défaut même était : dans le premier exemple, 11,4 et 10,9, suivant la mesure de l’un ou de l’autre bout, dans le second, 18,8 et 18,2 ; ceci confirme l’opinion de M. Mance que la résistance du défaut semble augmenter avec la distance. Il est utile, comme je l’ai fait, de porter le défaut dans le milieu du câble, quand on se propose de faire des essais des deux bouts ; on détermine d’abord le lieu probable du défaut et on le place au milieu, au moyen d’un rhéostat inséré au bout offrant le moins de résistance.
- Je ferai remarquer que les modèles de boîtes à pont pourvus de fractions d’unités sont très utiles dans ces sortes d’essais.
- Comme je viens de le dire, je n’avais pas le pont de M. Mance à ma disposition, j’ai donc dû opérer la substitution des paires successivement. Or, si court que soit le temps nécessaire à cette opération, l’état du défaut peut varier. Prenons le premier exemple. Ayant obtenu la balance avec 466 unités, je remarquai que la résistance augmentait lentement, c’est-à-dire le spot lumineux avait une tendance à se diriger vers la gauche. Or, en débouchant le o,5, je savais que j’aurais tout le temps de déplacer les chevilles, la résistance ne pouvant pas varier de plus de o,5 unité
- pendant la substitution. J’ai toujours remarqué qu’il n’y a que les boîtes de MM. Siemens qui soient pourvues de fractions ; pour quelle raison les autres constructeurs n’imitent-ils pas cet exemple, je l’ignore. L’augmentation de prix est insignifiante ; il faut 4bobines, de 1,2,2,5 dixiémes d’unité, ce qui ne constitue pas une grande dépense.
- Dans mes recherches de laboratoire, j’ai été seulement troublé par les courants de polarisation ; il est impossible d’imiter correctement les courants terrestres, quoique M. Varley l’ait fait dans la célèbre lecture devant la Royal Institution, en 1867, dans laquelle la transmission des signaux à travers un long câble artificiel fût démontrée à une grande assemblée. Cependant je peux affirmer que la puissance des courants de polarisation n’influençait pas le résultat, ce qui montre que M. Mance a su effectivement écarter l’influence de la f. é. m. opposée (’).
- Mes études sur la méthode de M. Mance m’ont donné l’idée d’appliquer celle-ci à la vérification des paratonnerres.
- Depuis longtemps déjà, l’emploi de la pile et du galvanomètre sert à déterminer si la conduite métallique est continue et si le courant électrique peut circuler de la « terre du paratonnerre » à une « terre » auxiliaire établie à quelque distance. Or ce procédé très simple du reste et facile à appliquer même par une personne étrangère à l’électrométrie possède le grave défaut de ne pas faire connaître la résistance actuelle, ni de la conduite du paratonnerre, ni de la communication au sol. Les auteurs anglais, d’abord, recommandent l’emploi du pont de Wheatstone (2) et tout dernièrement MM. Siemens et W. E. Fein (3) ont modifié le galvanomètre universel, de façon à le rendre apte à ce genre de mesures. L’essai du conducteur même au pont de Wheatstone n’offre pas de difficultés, il en est tout autrement avec la mesure de résistance dans le sol. D’abord il y a'presque toujours un courant terrestre facile à éliminer au moyen du « faux zéro », mais par suite de l’application de la pile on crée instantanément des courants de polarisation qui altèrent le zéro artificiel. La méthode de M. Mance éliminant toute f. é. m. étrangère, on a tout ce que l’on peut désirer (’).
- j’ai choisi comme objet de mes recherches une
- (*) Il va sans dire que les deux exemples numériques étaient les mieux réussis de toute ma série; je n’avais pas toujours le même succès.
- (!j Munro et Jamieson. Pocket-book of electr. Rules, ist edit. p. 182. Le galvanomètre différentiel est recommandé dans les Annales Télégraphiques, vol. X, i883, p. 607.
- (3) La Lumière électrique, vol. i3, p. 95.
- (4) Il existe une autre méthode bien connue, mais qui nécessite l’emploi de deux terres auxiliaires indépendantes, condition qui n’est pas toujours facile à satisfaire.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- installation de paratonnerre datant de 1860; le toit plat de la maison est muni de deux tiges (fïg. 6), possédant chacune un conducteur en fer de 1 centimètre de diamètre allant au sol, en outre les deux conduits communiquent par la couverture métallique (tôle de plomb), d’une gouttière i garnissant tout l’alentour du toit. La communication au sol est formée (pour chaque conducteur), d’un fil de plomb de 2 centimètres de diamètre, rivé et soudé à un tuyau de plomb de i5 centimètres de diamètre et 1 mètre de longueur, enfoncé de im,5o dans le sol. Une chambre située directement sous le toit offrait un emplacement excellent pour les appareils de mesure, lesquels étaient les mêmes m’ayant servi aux essais du câble. Comme terre auxiliaire, j’ai utilisé une bouche à incendie, située dans le jardin,
- fig. 6
- à une distance de 10 mètres de la terre E2 du paratonnerre de droite, et de 25 mètres de la « terre » E, (hg. 6). Cette dernière se trouvait en outre distante de 2 mètres d’un tuyau de gaz enfoncé à une profondeur de im,5o, qui, cependant, ne pouvait être considérée comme une terre indépendante de la conduite d’eau, le « gaz > et « l’eau » servant dans différents endroits de la ville, comme fil de terre, soit pour le réseau téléphonique, soit pour les horloges (cadrans) électriques.
- La première question était la mesure de la résistance des conducteurs a, et a2. Elle était faite comme l’indique le diagramme; un fil auxiliaire en cuivre recouvert de coton paraffiné c, allant de la chambre d’essais à un point de ait juste au-dessus du sol, un autre b, à la tige I; les jonctions furent soigneusement soudées, ce qui est tout à fait indispensable. On mesurait donc la boucle formée par le fil b, la tige I, le conducteur aK et le fil c. En réalité, il y avait un arc double, une seconde boucle étant formée depuis le point d, par la gouttière métallique i au point e, conducteur a2,
- E2, E„ c. La résistance de ce dernier circuit étant, comme on le verra plus tard, au moins 14 fois plus grande que celle que l’on mesurait, son influence pouvait être négligée.
- Essai. — La paire de 10, débouchée dans le pont; intercalation du circuit de oohm,5 dans le galvanomètre; pile : un grand élément Leclanché. (La mesure du conducteur était conforme à celle de a4; on ôtait les fils c et b et on les reliait à a2 et à la tige de droite (*).
- En mettant le pôle négatif, et ensuite le pôle positif de la pile au pont, on trouvait :
- Conducteur I, R, = 0,126 U. S. (moyenne);
- — II, R2 = 0,090 U. S. —
- La résistance des deux fils auxiliaires c et d, (iU.s.,g.) est déduite de ces valeurs. Ce résultat est tout à fait satisfaisant pour des conducteurs en fer; cependant depuis quelques années, l’emploi du fer est prohibé par le gouvernement, les nouvelles installations devant être faites en fil de cuivre rouge de 6 à 7 millimètres de diamètre.
- J’avais d’abord l’idée de me dispenser du fil auxiliaire c et d’employer la conduite d’eau qui pénétrait jusque dans la chambre d’essais, une jonction devant être faite entre le pied des tiges a, et a2 et la bouche d’incendie. Cependant un essai préliminaire montrait que la résistance était variable et qu’un courant naturel y circulait; cela vient probablement d’une différence de potentiel entre les tuyaux en fer galvanisé et des robinets en bronze intercalés dans plusieurs endroits; de plus, les jonctions sont établies au moyen d’étoupe huilée qui les rend étanches. Ce qu’il y a de sûr, c’est que les grands tuyaux en fonte dont la jonction est faite au moyen de plomb fondu offrent seuls une bonne conductibilité; la bouche d’incendie, est reliée de cette manière au réseau.
- Essai de la communication a la terre. — Le fil c, détaché de la tige at, est soudé au tuyau de gaz, en f. Application du procédé Mance. Pile : deux éléments Leclanché de 16 centimètres ; résistance de chaque élément : 2 U. S.
- Avec la paire de 10, R, — 40,2 U. S.;
- — 100, R2 = 44,i U. S.;
- xl = 37,78 u. S.
- En retranchant la résistance des fils auxiliaires, 1,9, on trouve
- x = 35,88 U. S.,
- comme résistance comprise entre I et f.
- Deux autres déterminations ont donné les valeurs : 35,70 et 35,37. Donc, en moyenne
- A‘j = 35,95 u. s.
- (l) Nous appellerons constamment la tige de gauche tige I, et celle de droite tige II, bien que sur la figure, par suite d’une erreur du dessinateur, les deux tiges portent le chiffre I.
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- Pour le second conducteur, la bouche à incendie servant de terre auxiliaire, on a trouvé : 38,34, 38,56, 38,70, ou, en moyenne :
- *n = 38,52 U. S.
- Cette valeur est légèrement supérieure à la première, puisque la résistance entre le conducteur II et la prise d’eau est plus grande que celle entre I et/.
- Dans l’article cité (Ann. télég.), le maximum de résistance est fixé à 5o ohms : notre paratonnerre n’est donc pas dans de mauvaises conditions, surtout si l’on pense que ces essais furent faits par un temps excessivement sec, puisque depuis quinze jours nous n’avions pas eu plus de 3 heures de pluie. Toutefois, l’installation va être améliorée en menant les extrémités des tiges a, et a2, l’une, jusqu’au tuyau de gaz, l’autre, jusqu’au tuyau d’eau en faisant une forte ligature.
- En terminant ce mémoire, je me permets de recommander la méthode de Mance à chaque électricien pouvant se procurer les instruments nécessaires à son application.
- Dr A. Tobler.
- colorés électro-chimiques, la verticalité de la pointe conductrice du courant est une condition indispensable pour obtenir des anneaux circulaires, la plaque métallique de projection étant elle-même horizontale. Lorsque la pointe de l’anode est
- FIG. I : a, b, c. — ANNEAUX ÉLECTRO-CHIMIQUES PAR PROJECTION OBLIQUE
- NOUVELLES ANALOGIES ENTRE
- LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES
- ET LES EFFETS HYDRODYNAMIQUES ( ')
- ANNEAUX PRODUITS DANS DES CONDITIONS ANORMALES OU PARTICULIÈRES
- Dans les conditions ordinaires, normales de production des anneaux électrochimiques, hydrodynamiques, thermiques, chimiques ou autres, les forces qui concourent aux phénomènes agissent également en tous sens, et les figures obtenues ainsi sont régulières ; mais dès qu’on vient à introduire quelque irrégularité dans les conditions expérimentales, il en résulte des effets variés qui se traduisent, sur les figures de projection, par des formes exagérées en certains sens, sortes d’anomalies, quelquefois curieuses, qui, par leurs écarts mêmes, décèlent le rôle des forces antagonistes d’impulsion et de résistance mises en jeu dans ces circonstances.
- C’est en vue d’étudier, sous ce rapport, les effets qu’on peut appeler anormaux, que j’ai réalisé diverses expériences comparatives, électro-chimiques et hydrodynamiques dont je vais indiquer les résultats.
- I. — ANNEAUX PAR PROJECTION OBLIQUE
- On sait que dans la production des anneaux
- (') Voir les numéros des i5 et 22 août i885.
- oblique à la plaque, le centre des anneaux concentriques est toujours la projection de l’extrémité inférieure de cette pointe sur la plaque ; mais les
- m,
- -
- 1 Mi
- FIG. 2 ; il, b, C. — ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES PAR PROJECTION OBLIQUE
- anneaux sont elliptiques, leurs grands axes étant dirigés dans le sens de l’inclinaison de l’électrode. Ces formes allongées ont d’autant plus de développement et d’irrégularité que l’inclinaison est plus grande (fig. 1 : a, b, c).
- Quand il s’agit des anneaux multiples, c’est-à-dire produits par plusieurs pointes rattachées à un
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- même pôle de la source électrique, et plongeant simultanément dans, le liquide électrolytique, la condition de verticalité ainsi que celle d’égalité de distance des extrémités des pointes à la plaque, .sont absolument indispensables pour avoir de la' régularité dans la figure totale.
- Pour la production des anneaux simples ou multiples par voie hydrodynamique, les conditions analogues ont la même importance que pour les anneaux électro-chimiques et conduisent aux mêmes conséquences.
- Voici comment on réalise l’obliquité de chute du liquide par le tube d’où il s’écoule sur la plaque de verre recouverte de sa couche de minium en suspension dans l’eau. Après avoir plongé l’extrémité inférieure du tube de verre dans le liquide à projeter, on ferme l’extrémité supérieure et l’on emporte une colonne liquide de longueur voulue. On transporte le tube au-dessus de la plaque, on le
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- FIG. 2 bis: a, b,c. — FLEURONS terminaux des JETS OBLIQUES LINÉAIRES
- déplace horizontalement, et au moment jugé convenable, on lève le doigt qui fermait le tube ; le liquide tombe, animé du mouvement du tube, obliquement sur là plaque en repos. Il y produit une figure d’autant plus allongée dans le sens du mouvement, que la vitesse de déplacement a été plus grande. Les formes de cette espèce, très différentes selon le diamètre du tube, la quantité de liquide tombé, la hauteur de chute, la vitesse de translation, etc., ont leur intérêt, car elles montrent exagéré le développement successif des lignes qui concourent à la production de la figure régulière, dans les conditions normales de verticalité et de fixité du tube.
- On obtient, en effet, des figures qui varient delà forme circulaire encore apparente, jusqu’à la forme qu’on peut appeler linéaire; car dans le cas d’un mouvement rapide, le jet liquide détermine sur le dépôt de minium une sorte de faisceau de lignes sensiblement parallèles. Pour une vitesse modérée, la goutte (ou la colonne) liquide s’étale en longueur, et l’on voit, plus ou moins agrandis, les linéaments que l’on distinguait à peine dans le cas
- d’une chute verticale. Cet agrandissement dans un sens des formes du choc, laisse voir le détail des effets, en fournissant des indications en quelque
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- FIG. 3 : a, b, c. — ANNEAUX OBTENUS PAR « SOUFFLÉ II OBLIQUE
- sorte analytiques des différentes phases succès sives, quelque rapide que soit le phénomène total.
- On y distingue les anneaux déformés, en croissants plus ou moins ouverts, en éventails, en fieu-
- FIG. 4 : a. — ANNEAUX DE JETS D*EAU CONTINUS REÇUS OBLIQUEMENT SUR UNE LAME DE VERRE
- rons, en ornements variés (fig. 2 : a, b,c; fig2 bis : a, b, c).
- En employant des courants d’eau continus à la production des anneaux liquides sur une lame de verre oblique à la direction du jet, on obtient aussi
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- des formes variées qu'on peut faire naître à volonté, en modifiant la direction, le diamètre, la distance et la force du jet, ce qui permet de suivie facilement leurs évolutions (fig. 4 : a, b).
- Je placerai ici un fait assez curieux que j’ai observé dans ces expériences et que je ne vois relaté nulle part.
- Lorsqu’on reçoit sur une lame de verre le jet liquide continu, ascendant ou descendant, vertical ou oblique, à une distance telle de l’orifice que la veine fluide sort encore sans solution de continuité, la colonne liquide paraît creuse, comme un véritable tube. Cette illusion, due à la réfraction, et dont il est impossible de se défendre sous quelque inclinaison qu’on regarde la section du jet, à travers la plaque transparente, se manifeste jus-
- FIG. 4 : b. — ANNEAUX DE JETS CONTINUS REÇUS OBLIQUEMENT SUR UNE LAME DE VERRE
- qu'au contact de celle-ci avec les bords de l’ajutage.
- Enfin, au lieu d’employer la chute de gouttes ou de petites colonnes liquides ou des courants d’eau continus pour obtenir des anneaux obliques plus ou moins éloignés des formes circulaires ou elliptiques, on peut souffler, à l’aide d’un tube (de om,oo4 à om,oo8 de diamètre), une colonne d'air plus ou moins longue, d’un coup plus ou moins fort et rapide, sur le dépôt aqueux de minium et l’on produira des effets analogues aux précédents (fig. 3 : a, b, c).
- Dans ces différents cas, on peut voir sur les figures d’anneaux obtenus par projection oblique, des particularités qui n’appartiennent jusqu’ici qu’aux anneaux hydrodynamiques.
- On est ainsi conduit naturellement à leur chercher des analogues par voie électrochimique, comme nous avons été amené à imiter, par voie
- hydraulique, les phénomènes électrochimiques eux-mêmes.
- On réalise ainsi très facilement, par voie thermique 0) et par voie chimique (2) des anneaux obliques qui sont tout à fait semblables pour les formes et pour les couleurs aux anneaux électrochimiques produits dans des conditions analogues.
- Teintes uniformes. Déplacement des ondes. — Nobili est parvenu à produire sur une plaque d’un décimètre carré des teintes plates, en tenant la pointe obtuse du fil de platine éloignée de la plaque , et en la promenant successivement avec précaution sur les différents points de la surface, jusqu’à ce que la teinte en fût uniforme et de la nuance voulue. Pour réussir dans cette opération délicate, il ne faut pas oublier que pour arriver à une teinte quelconque, il faut passer par toutes celles qui la précèdent dans l’ordre de production des anneaux colorés. On peut obtenir, par ce moyen, une gamme des couleurs successives qu’on rencontre dans les anneaux électrochimiques.
- J’ai obtenu les mêmes effets par la chaleur et par les vapeurs de diverses substances chimiques (voir : Anneaux colorés thermiques et chimiques : Lumière électrique, t. XIII, p.445 et 491 ; t. XIV, p. 162).
- On arrive plus vite et plus sûrement aux teintes uniformes successives, en électrochimie, en remplaçant la pointe métallique par une électrode linéaire; on a ainsi, au lieu d’un centre unique, une ligne d’action, de chaque côté de laquelle se forment de larges bandes irisées.
- On peut imiter, jusqu’à un certain point, ces résultats, en faisant arriver un courant liquide continu par un tube elliptique très aplati, ou mieux, par un tube muni d’une fente rectiligne et en promenant très rapidement cette nappe mobile parallèlement à elle-même, près de la surface de la plaque de verre nue ou recouverte du dépôt ordinaire.
- Lorsqu’on fait osciller le tube porte-courant, les ondes se déplacent nécessairemeut et suivent les mouvements du filet ou de la nappe liquide; mais les plus éloignées, dans le sens du mouvement, sont toujours un peu en retard et laissent entre elles et les pre'cédentes un espace plus grand que quand elles sont fixes; tandis, qu’au contraire, celles qui sont en avant se trouvent pressées par les ondes en mouvement. Il résulte de là des écarts, des compressions, des superpositions d’ondes assez remarquables; effets qui varient nécessairement avec la direction et la rapidité du mouvement, le diamètre et le nombre des ondes, la force du courant, etc. Ces effets se compliquent encore
- (') La Lumière électrique, t. XIII, 441, 484. (2) La Lumière électrique, t. XIV, 161.
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- davantage, lorsqu’on emploie dans ces expériences des ajutages à 2, 3, 4, etc. branches. Il en résulte parfois des réseaux inextricables. L’effet simple, c’est-à-dire, celui qui est produit par un filet unique, montre, par certains écarts dus à la rapidité du mouvement, le mode de production des ondes et leurs formes constitutives manifestées par ces déplacements exagérés en un sens. Tous ces effets sont analogues à ceux que produit la superposition des couleurs dans la production des teintes uniformes en électrochimie.
- II. — ANNEAUX SUR LES SURFACES COURBES
- Après avoir étudié les anneaux liquides produits sur un plan de verre, j’ai été naturellement con-
- FIG. 5 : a, b. a' y. — ANNEAUX hydrodynamiques sur une surface
- CYLINDRIQUE (a b) ET PROJECTION SUR UNE SURFACE PLANE (.1' b')
- duit à en réaliser sur les surfaces courbes. Mes expériences hydrodynamiques à ce sujet ont précédé celles que j’ai dû faire par voie électrique, dans les conditions correspondantes; car il n’y avait, que je sache, aucune indication sur ce point. Cette fois, renversant le problème, j’ai cherché à imitér électriquement les anneaux obtenus par voie hydrodynamique.
- Pour produire ceux-ci, un filet liquide vertical tombe sur un cylindre en verre fixé horizontalement et mouillé. Quand ce filet rencontre la génératrice la plus élevée du cylindre, il s’étale en anneaux elliptiques sur une certaine étendue de la surface
- sur laquelle il est projeté. Ces anneaux, relativement très développés dans le sens de la courbure, ne sont bien visibles que sur la partie supérieure. Si le filet rencontre une génératrice au-dessous de la précédente, les anneaux tendent vers la forme parabolique, comme aussi dar.s le cas où le filet liquide est oblique aux génératrices. Les figures 5 : a, c, représentent les anneaux obtenus dans les cas précités. Les figures 5 : a', c', représentent les mêmes anneaux rabattus sur une surface plane.
- Pour les anneaux électrochimiques, sans rien changer à mes dispositions connues, on remplace seulement la lame plane métallique par une lame mince roulée en cylindre. Quand la pointe qui amène le courant électrique est normale à la génératrice supérieure du cylindre (supposé horizontal), les anneaux sont elliptiques et ont leurs grands axes dirigés suivant cette génératrice. Les petits axes perpendiculaires à cette direction, sont d’autant moindres que le diamètre du cylindre est plus petit (fig. 5 bis : a, b). Si la pointe, tout en restant verticale est présentée vis-à-vis d’une génératrice
- a' b’
- fig. 5 bis : a, b, a', b'. — anneaux électrochimiques sur une
- SURFACE CYLINDRIQUE (il b) ET RABATTUS SUR UNE SURFACE PLANE
- (./ f)
- située au-dessus de la précédente, les anneaux sont encore sensiblement elliptiques, mais toujours plus développés dans le sens de la génératrice (fig. 5 bis: a1, b'). Ces figures, de grandeur naturelle, ont été obtenues sur des cylindres en cuivre bruni de 3 à 12 millimètres de diamètre.
- Ici se présente, d’après les expériences qui viennent d’être citées, une différence essentielle entre les anneaux hydrodynamiques et les anneaux élec-trochimiques. Dans les premiers, les grands axes des anneaux elliptiques sont perpendiculaires aux génératrices du cylindre tandis que pour les anneaux électrochimiques, ces axes sont parallèles aux génératrices. Cette différence s’explique par l’effet de la pesanteur et surtout par la grande adhérence du liquide au verre, force qui, dans cette circons-
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- tance, surpasse l’action impulsive du courant d’eau. Le courant électrique ne rencontre pas de force analogue, la résistance du métal étant pour lui égale dans tous les sens. Sur une feuille métallique pliée à arête vive, les anneaux électrochimiques se développent dans le sens de cette arête et fort peu de part et d’autre. C’est l’inverse pour les anneaux hydrodynamiques ; il ne se produit pas d’anneau sur l’arête.
- La même différence se rencontre dans les anneaux produits sur les surfaces coniques.
- Les anneaux thermiques et chimiques que l’on peut réaliser sur les surfaces courbes sont semblables aux anneaux électrochimiques correspondants.
- III. — ANNEAUX DE 2° ET 3® CHUTES
- Il n’est pas rare de voir, sur nos figures hydrauliques, des anneaux, que j’appellerai de seconde chute, car ils résultent de ce que la colonne liquide, en tombant sur la plaque de verre, rejaillit en partie ;
- FIG. 6: il, 4, C. — ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES DE 2' ET 3* CHUTES
- quelques gouttes tombent ainsi et forment de nouveaux anneaux qui ne sont pas concentriques aux premiers. La goutte de seconde chute ou de retour est nécessairement moindre que la première, car une partie s’est d’abord disséminée en poussant devant elle la matière pulvérulente. D’autre part, cette goutte de seconde chute, ne tombant que d’une très faible hauteur, ne produit qu’un ou deux anneaux très petits et très étroits, dont les diamètres peuvent varier de om,ooi à om,oio. Pour des hauteurs peu élevés, la goutte de retour retombe au centre de la figure primitive ; mais ordinairement, pour peu que la hauteur de chute soit élevée
- cette goutte retombe à côté du centre et donne lieu
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- FIG. 6 bis. — GOUTTES PROJETÉES HORS DES ANNEAUX DANS LE SENS DES FLÈCHES
- à une figure excentrique qui en montre bien la cause productrice (fig. 6 : a, b, c).
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- fig. 6 ter : a, b, c, J. — anneaux électrochimiques produits par
- UN OU DEUX DÉPLACEMENTS DU FIL PORTE-COURANT
- Quand la chute est de ora,o8, à om,io au moins, on peut même observer, pour certaines colonnes liquides, des anneaux de 3° et de 40 chutes.
- D’autre part, dès que la hauteur de chute dépasse om,o5 ou om,o6, une colonne liquide s’échappant d’un tube et tombant dans l’eau, entraîne devant
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- elle (comme les projectiles) (l), une bulle d’air qui pénètre plus ou moins dans le liquide. Plus le tube est large, plus la bulle d’air entraînée est volumineuse.
- Il est probable que, dans nos expériences, quand la colonne d’eau tombe sur le minium aqueux, il en est encore ainsi et que la bulle d’air joue un rôle dans la forme de la figure, surtout à la partie centrale ; on la voit quelquefois persistant après la chute.
- Le phénomène qui, pour les anneaux électrochimiques, correspond aux effets précédents, est le cas où la pointe qui porte le courant électrique en regard de la plaque métallique a été déplacée une ou plusieurs fois (fig. 6 ter).
- Ce déplacement a pour effet ordinaire de continuer les anneaux en étendant les teintes du côté où l’on transporte le courant.
- Quelquefois cependant il se forme des anneaux nouveaux qui ont leurs zones particulières et qui, parfois aussi, s'arrêtent contre les anneaux déjà formés, comme devant un obstacle matériel (fig. 6 ter: c,d).
- Nous placerons ici une observation qui se rattache aux présentes expériences. Lorsque, dans la production des anneaux hydrauliques, la hauteur de chute est suffisamment grande, le tube large, la colonne liquide abondante et la couche d’eau assez épaisse sur la plaque de projection, on voit fréquemment des gouttes ou gouttelettes lancées hors de la figure annulaire. Elles affectent alors diverses formes suivant la vitesse acquise par le liquide au moment de sa chute. Les figures 6 bis indiquent quelques-unes de ces formes.
- IV. — ANNEAUX DE FORMES POLYGONALES
- Mes expériences avec les tubes cylindriques m’ont conduit à la recherche des effets correspondants avec les tubes de formes diverses : triangulaires, carrées, rectangulaires, polygonales, elliptiques, etc.
- Avant de décrire les résultats obtenus dans cette direction, je ferai remarquer que je n’ai pas eu à imiter d’elfets analogues électrochimiques; car, de ce côté, on n’avait encore employé, à ma connaissance, que des électrodes punctiformes ou linéaires, mais non polygonales. J’ai procédé inversement : j'ai d’abord produit des anneaux de forme polygonale par voie hydrodynamique et j’ai cherché ensuite, expérimentalement, leurs correspondants électrochimiques.
- (A suivre.) C. Decharme.
- (i) Expérieaces de M. Melsens sur le passage des projectiles à travers les milieux résistants : (Annales de chimie et de physique, 5° série, t. XXV, p. 389, mars 1882 : Expér. de M. Colladon. Lumière électrique, 7 fév. 1883, p. i38).
- ORGANISATION
- DE LA TÉLÉGRAPHIE MILITAIRE
- DANS LES ARMÉES EUROPEENNES
- (Troisième article.— Voiries numéros des 22 et 2’qaoiil i885.)
- ITALIE
- L’armée italienne ne comprenait autrefois aucune troupe spéciale pour le service télégraphique, quoique, dans la zone des opérations, la construction et l’exploitation des lignes fussent du ressort du génie. Les colonnes de matériel télégraphique qui étaient jointes aux parcs du génie, ne comprenaient que le personnel strictement nécessaire à la conduite des voitures, et, par suite, une compagnie quelconque pouvait avoir à concourir à l’execution d’une ligne.
- Le décret du 6 octobre i883, qui a créé un nouveau régiment du génie, comprenant 4 compagnies de sapeurs, 6 compagnies de télégraphistes, 4 compagnies d’ouvriers de chemins de fer, 2 compagnies du train, a changé l’ancienne organisation sur les défauts de laquelle il nous semble inutile d’insister.
- Une des compagnies de télégraphistes tient garnison à Rome; les cinq autres à Florence. Chaque compagnie, sur le pied de paix, comprend 1 capitaine, 3 lieutenants, 7 sous-officiers, 7 caporaux, 6 appointés, 2 trompettes et 83 soldats.
- La milice mobile, qui a de grandes analogies avec l’armée territoriale française, forme également trois compagnies de télégraphistes, dont la composition est la même que celle des compagnies de irD ligne.
- Au moment de la mobilisation, les compagnies forment des sections télégraphiques, réparties de manière à assurer les relations des divers quartiers généraux de corps d’armée et de divisions soit entre eux, soit avec le quartier général d’armée. Ce dernier est relié avec les autres quartiers généraux d’armée et avec l’intendance d’armée.
- A l’état-major de chaque armée se trouve un commissaire des télégraphes, qui dirige le service, sous la haute surveillance du commandant général du génie, près duquel fonctionne le commissariat des télégraphes, dirigé par un commissaire et un inspecteur.
- Pour chaque armée, des sectio ns de 20 ligne sont chargées de relier l’armée avec le réseau télégraphique national.
- En dehors de la zone des opérations, le service est fait par les employés civils attachés à la ligne, quand celle-ci est nationale ou permanente; en tout autre cas, par des agents que la direction
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- générale des télégraphes met à la disposition de l’armée pour la durée de la campagne.
- Voici quelle était autrefois la composition, comme matériel roulant, des colonnes télégraphiques; nous ne savons pas si, par suite de la création des compagnies de télégraphistes, il y a été apporté des modifications.
- Au quartier général d’armée se trouvait une colonne de g voitures, attelées chacune à quatre chevaux, savoir : 5 voitures de matériel, 2 voitures-stations, 1 voiture d’outils et 1 fourragère. Avec le parc de l’armée marchait une réserve de 6 voitures-stations et de 4 voitures de matériel.
- Chaque section télégraphique disposait de 2 voitures-stations et 5 voitures de matériel.
- Matériel. — Le fil de ligne est de deux espèces : fil de fer galvanisé et fil de cuivre isolé, que l’on désigne sous les noms de fil lourd et de fil volant.
- On distingue de même les voitures de matériel en voitures lourdes et voitures volantes, suivant l’espèce de fil qu’elles transportent. Les voitures lourdes pèsent avec leur chargement 2.335 kilogrammes ; les voitures légères, 2.090. Il y a une troi-
- CADRE PORTATIF
- sième espèce de voitures, dites voitures de réserve, qui pèsent, chargées, 2.980 kilogrammes.
- La voiture lourde contient 12 kilomètres de fil galvanisé avec les isolateurs et poteaux pour une longueur de 6 kilomètres; la voiture volante renferme i3 kilomètres de fil volant; la voiture de réserve 3.3oo mètres de fil volant, 1.200 mètres de câbie pour terrain marécageux avec les supports et accessoires correspondants.
- Les cinq voitures de matériel qui entrent dans la composition d’une section télégraphique comprennent 2 voitures volantes, 2 voilures lourdes et 1 voiture de réserve, transportant le matériel nécessaire pour établir une ligne de 5o kilomètres.
- La voiture-station, qui pèse, chargée, 1.460 kilogrammes, renferme les appareils et accessoires nécessaires pour établir deux postes. Le manipulateur et le récepteur sont du système Morse; les piles sont celles de Marié-Davy. Cette voiture contient en outre 10 kilomètres de fil de fer galvanisé, 2.5o mètres de fil de cuivre recouvert de gutta-percha, et une grande tente qui permet d’établir un poste en rase campagne.
- Pour opérer en pays de montagne, on charge les
- appareils, piles et bobines de fil sur des mulets de bât.
- PORTUGAL
- D’après la nouvelle loi militaire promulguée le 3o octobre 1884, l'armée portugaise doit comprendre, comme troupes du génie, un régiment, fort de deux bataillons à quatre compagnies, dits bataillons actifs, et de 1 bataillon de réserve également à 4 compagnies.
- La 2° compagnie du 2e bataillon comprend les télégraphistes. Les cadres, sur le pied de paix comportent : 1 capitaine, 3 lieutenants ou sous-lieutenants, 1 premier sergent, 9 seconds sergents,
- 10 premiers caporaux, 10 seconds caporaux, 1 clairon, 1 trompette, 1 maréchal-ferrant. Sur le pied de guerre, il sont angmentés de 1 lieutenant ou sous-lieutenant, de 4 premiers sergents, de
- 11 seconds sergents, de 10 premiers caporaux, de 10 seconds caporaux, de 2 clairons, de 1 trompette et de 4 maréchaux-ferrants.
- Les détachements de télégraphistes sont, en campagne, placés directement sous les ordres du commandant en chef.
- ROUMANIE
- Les troupes du génie comprennent quaire bataillons à cinq compagnies. La première compagnie de chacun des bataillons est affectée au service des télégraphes et des chemins de fer. L’administration des télégraphes désigne, dès le temps de paix, le personnel et le matériel nécessaires pour compléter au momentde la mobilisation, les sections télégraphiques. Le personnel doit être pris parmi les réservistes et les miliciens.
- RUSSIE
- En i8t3, l’armée russe comptait sept parcs de télégraphie de campagne, divisés chacun en trois sections; la première, chargée des lignes mobiles; la deuxième des lignes d’étapes; la troisième des lignes reliant l’armée à l’intérieur du pays. Un officier d’état-major se trouvait à la tête du parc, et, par suite, avait à diriger et à surveiller les travaux de trois détachements se trouvant nécessairement fort éloignés les uns des autres. Les inconvénients ce cette organisation qui ne ressemblait à aucune de celles adoptées par les autres puissances, furent mis en évidence pendant la guerre contre la Turquie ; de plus, dans bien des cas, les voitures de matériel, même en les attelant avec huit chevaux, eurent beaucoup de difficultés à se mouvoir.
- La campagne terminée, des modifications impor-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- tantes furent apportées à l'organisation du service télégraphique et au matériel.
- Un fait assez intéressant, parce qu’il montre le peu d’importance que certains officiers attachaient au télégraphe, s’est passé le long de la ligne construite près d’Arabokonak. A plusieurs reprises, les communications furent interrompues ; les convoyeurs et les soldats d’escorte coupaient le fil pour en faire des liens et abattaient les poteaux pour se chauffer. Auxréclamations adressées à l’état-major, il fut répondu qu’il serait contraire à l’humanité, dans un pays dépourvu de bois, d’empêcher de malheureux soldats d’utiliser des poteaux télégraphiques qu’ils trouvaient sur leur chemin.
- L’organisation récente du service galvanique du corps des ingénieurs, l’augmentation un peu plus ancienne du nombre des parcs télégraphiques
- prouvent qu’en hauts lieux, le rôle du télégraphe est mieux apprécié.
- Le service galvanique du corps des ingénieurs, nstitué par un ordre impérial du i3{25 janvier 1884 a remplacé l’institut technique d’électricité. Il a, dans ses attributions, l’examen de toutes les découvertes et inventions relatives aux télégraphes, mines et torpilles; il donne son avis sur leur adoption et leur mise en pratique dans l’armée. On lui a rattaché le cours d’officiers fait précédemment, à l’institut technique et la compagnie galvanique d’instruction.
- A la tête du service, est un directeur nommé par l’empereur, sur la proposition de l’inspecteur général du génie. Il a la haute main sur le cours d’officiers, la compagnie galvanique, les détachements d’électriciens qui se trouvent dans les bataillons de
- FIG. 23.
- VOITURE DE MATÉRIEL
- sapeurs et de pontonniers, les troupes de mineurs-torpilleurs et sur les parcs de télégraphie militaire. Il est chargé de l’inspection de tout le matériel galvanique en service dans l’armée, et, chaque année, il fournit un rapport général sur la marche de son service. Auprès de lui, nommé dans les mêmes conditions, se trouve un officier adjoint; de plus, un certain nombre d’officiers du génie sont attachés à titre permanent au service galvanique. Des officiers-élèves désignés par l’inspecteur général du génie, à raison de trois par brigade de sapeurs, viennent suivre des cours théoriques et pratiques sur la physique, la chimie, les matières explosives, les mines, les torpilles, les télégraphes, l’éclairage électrique. La durée de ces cours est de deux ans. Les officiers qui satisfont à des examens roulant sur les matières précédentes reçoivent un brevet d’aptitude pour les parcs de télégraphie de campagne et les compagnies de mineurs.
- Les officiers de la compagnie galvanique sont choisis parmi ceux ayant obtenu le brevet, ou ayant fait partie du corps permanent du service télégraphique. Les hommes incorporés dans la compagnie doivent savoir lire et écrire. La compagnie, en
- temps de paix, fournit aux détachements d’électriciens auprès des bataillons de sapeurs et de pontonniers les hommes nécesaires pour tenir ces détachements au complet.
- Une décision impériale du 12(24 mai i883a porté deçà rôle nombre des parcs télégraphiques organisés pendant le temps de paix. L’armée russe possède actuellement 5 brigades desapeurs, et chaque brigade comporte3 parcs télégraphiques ; il y a de plus un parc pour l’armée du Caucase. Chaque parc est muni du matériel nécessaire pour établir une ligne de 68 verstes (6g,3 kilomètres), de longueur. Les effectifs du pied de paix se complètent, au moment de la mobilisation, à l’exception des télégraphistes et surveillants, au moyen de réservistes qui ont déjà servi dans les parcs, et, à défaut de ces derniers, à l’aide de réservistes désignés à cet effet d’avance, et pris dans les corps d’infanterie. Les officiers et les hommes appelés à remplir les fonctions de surveillants et de télégraphistes sont, en temps ordinaire, détachés auprès du département des télégraphes, afin de se familiariser avec tous les détails du service.
- Les parcs sont à la disposition des comitian-
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- dants en chefd’armée, qui les emploient, suivant les circonstances, pour le service de première ligne ; le service de deuxième et troisième ligne est fait par des employés civils.
- Chaque parc se divise en deux sections, et chaque section dispose de 2 voitures-stations, 1 voiture d’outils, 1 voiture de matériel, 1 voiture d’approvisionnements.
- Matériel.—Le câble, les isolateurs et les poteaux pour supporter les lignes sont analogues à ceux adoptés en Allemagne.
- Le câble est enroulé sur des bobines métalliques montées sur un axe en fer. On le déroule à l’aide d’un cadre portatif (fig. 2.3), qui est porté par trois hommes, un en avant et deux en arrière. Ces derniers, d’une main, soutiennent un des brancards, et de l’autre, régularisent le mouvement du tambour, empêchent les nœuds de se produire et surveillent l’opération.
- Les Russes employaient autrefois l’appareil Morseà pointe sèche ; ils l’ont abandonné pour l’ap-
- VOITURE A APPAREILS
- A. Matériel de station. — B. Caisse renfermant 2 appareils Moïse, de 2 batteries de io éléments Marié-I)avy,
- pareil écrivant, qui est muni de tous les organes accessoires ordinaires,galvanomètre,commutateur, paratonnerre, relais.
- La pile est formée par douze éléments Daniell.
- La voiture-station est attelée à 4 chevaux; elle contient le matériel nécessa re pour établir deux postes.
- La porte est sur le côté gauche. Contre la paroi de devant est un casier i enfermant des objets de bureaux; contre celle de derrière , est la table pour les appareils. Sur le côté droit se trouve une banquette, et à côté de la porte un siège. Des fenêtres sont percées sur les quatre côtés.
- La voiture de matériel (fig. 24) est compartimentée. Sous le siège du cocher et à la partie inférieure de la voiture, se trouvent des coffres où sont placés des appareils de rechange, des outils et le petit matériel nécessaire pour la construction des lignes.
- Dans des compartiments situés au centre de la voiture se trouvent des poteaux; de chaque côté sont placées des bobines de fils.
- SERBIE
- Les transformations successives de l’armée serbe, depuis la guerre turco-russe, ont toujours tendu à augmenter les forces militaires du nouveau royaume. A la suite de la loi de réorganisation entrée en vigueur à partir du icr janvier i883, l’effectif de l’armée permanente, qui était de 9.624 hommes a été un peu plus que doublé. En cas de guerre, l’appel des réserves doit porter à environ 107.000 hommes l’armée de première ligne, à laquelle seraient attachées deux sections télégraphiques formées au moment de la mobilisation.
- SUÈDE
- En 1871, il a été organisé dans l’armée suédoise une compagnie de signaux de campagne, qui, depuis, a pris le nom de compagnie de télégraphistes. Elle se compose de 4 officiers, 4 sous-officiers et 120 soldats. Elle doit former en temps de paix le personnel nécessaire pour compléter l’effectif au moment de la mobilisation. Les hommes, outre les exercices d’infanterie, apprennent à poser et à relever les lignes, à manipuler les appareils, à faire des signaux avec des drapeaux, torches et lanternes.
- Pour le service en campagne, la compagnie se divise en trois sections ; chaque section qui dispose de huit voitures, se décomposé en deux colonnes de construction, fortes, chacune, de 19 hommes.
- Un second parc de voiture pour le service de 20 ligne, qui probablement, serait fait des employés civils existe dans les approvisionnements.
- Matériel. — La voiture à appareils (fig. 26) sert simplement à transporter les appareils, et ne peut pas servir de voiture-station. On est forcé d’installer les postes en plein air, ou de dresser une tente portée par la voiture. Dans le coffre de l’avant-train, dont le couvercle sert de siège au conducteur, se trouvent deux appareils Morse avec commutateurs à chevilles pour quatre direction, et deux piles composées de dix éléments Leclanché.
- L’arrière-train, dont les parois sont à claire-voie contient la tente et les differents accessoires nécessaires pour dresser la station : pliants, table de bureau, table de manipulation. Tous ces objets peuvent se démonter et être pliés de manière à occuper un fort petit volume. Un prélart imperméable les garantit contre la pluie.
- La voiture à câbles (fig. 26) comprend également un avant-train et un arrière-train qui peuvent être sépares. Dans le coffre de l’avant-train sont des isolateurs, des crampons et différents outils. L’arrière-train porte 7 bobines, 3 de câble et 4 de fil nu, supportées par un bâti en fonte disposé sur le fond de la voiture. Le câble, dont le diamètre
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- est de 5mm,5, et qui pèse 40 kilogrammes par kilomètre est formé par trois dis de cuivre de 1 millimètre, entourés d’un ruban de feutre. Le bl nu se compose de qaatre brins de bl de fer galvanisé de 1 millimètre, tordus ensemble.
- La voiture à poteaux (bg. 27) porte i5o poteaux et 20 rallonges. C’est une voiture à quatre roues se composant d’un fond et de deux petits côtés à claire-voie. Quatre montants bxés le long des
- FIG. 25. — VOITURE A CABLES
- A. Fil isolé. — B. Fil nu.— C. Isolateurs, crampons, etc. — I). Outils
- grands côtés, après les plaques de recouvrement d’essieu, maintiennent les poteaux. Entre les roues, sous la voiture, se trouve un petit coffre.
- Une brouette dérouleuse sert à transporter les bobines de bl dans les endroits inaccessibles à la voiture à câble.
- SUISSE
- Le service télégraphique militaire en Suisse est assuré par l’arme du génie, qui comprend huit
- FIG. 26. — VOITURE A POTEAUX
- A. Boîte à outils.
- bataillons. Chacun d’eux renferme une compagnie de pionniers, laquelle se divise en deux sections; la première, dite des télégraphes, a pour mission d’établir et de desservir les lignes télégraphiques de campagne; la seconde, dite des ouvriers de chemin de fer, est chargée de la destruction et du rétablissement des voies ferrées.
- Les cadres de la compagnie se composent de 1 capitaine et 2 sous-ofhciers comptables ; 2 tambours, 1 inbrmier et 2 brancardiers sont affectés au service des deux sections. Le personnel de la section des télégraphes comprend : 2 lieutenants,
- 5 sergents, 5 appointés, 19 pionniers, 9 télégraphistes, dont 1 adjudant sous-ofbcier. Les officiers sont montés.
- Le matériel roulant affecté à chaque section comprend 3 chariots de télégraphe et 1 chariot de station. Ces voitures sont attelées à quatre chevaux.
- Les conducteurs et les chevaux sont fournis par le bataillon du train portant le même numéro que le bataillon du génie.
- Le chariot de station porte le matériel nécessaire à l’installation de quatre postes; la pile employée est celle de Marié-Davy, au bisulfate de mercure, formée de i5 éléments disposés sur trois rangs. La transmission et laréception des dépêches s’effectuent au moyen de l’appareil Morse du même modèle que. celui des lignes télégraphiques fédérales.
- Les trois chariots de télégraphe comprennent deux voitures de bl et une voiture de câble. Chaque voiture de bl contient 5 kilomètres de bl de fer galvanisé de imm,8 de diamètre. La voiture à câble porte 10 bobines de 1 kilomètre. Le câble est formé de 7 bis galvanisés noyés dans du caoutchouc et formant un noyau central de 4 millimètres de diamètre entouré d’un ruban de toile enduit de caoutchouc.
- Chaque section télégraphique peut donc établir une ligne de 20 kilomètres.
- TURQUIE
- Au moment où éclata la guerre turco-russe, la Turquie n’avait aucune organisation pour la télégraphie militaire. Des employés civils furent adjoints au quartier général de chaque corps d'armée; mais le matériel manquant pour établir des lignes de campagne, on se contenta généralement de relier les quartiers généraux à la base d’opérations par des lignes semi-permanentes. Environ 1.000 kilomètres de ces lignes d’étapes furent construits; lorsque l’armée turque dut battre en retraite, le poids considérable des conducteurs et des poteaux employés, le manque de personnel exercé et de matériel roulant ne permirent pas de replier ces lignes, et on se borna à emporter les appareils.
- D’après le projet sur la réorganisation de l’armée, établi par la mission allemande envoyée à Constantinople, sur les instances du gouvernement turc, au mois de mai 1882, l’empire turc serait partagé en treize corps d’armée, et chaque corps comprendrait une compagnie de télégraphistes. Mais nous ne croyons pas que l’iradé du Sultan donnant force de loi aux réformes proposées ait été promulgué.
- J. Bertrand.
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- DESCRIPTION DE QUELQUES
- APPAREILS TÉLÉPHONIQUES
- RÉCENTS
- Le journal La Lumière électrique est assurément la publication dans laquelle l’importante question de la télégraphie parlée, téléphones et microphones, a été étudiée de la façon la plus complète, et sous tous ses aspects. Il me suffira de rappeler, entre autres et au premier rang, les travaux de M. du Moncel, qui donna sur ce sujet, au journal qu’il dirigeait avectant de dévouement et de science, toute une série de mémoires originaux.
- L’article que nous publions aujourd’hui, et que nous compléterons à mesure que l’actualité nous fournira de nouveaux documents, est purement descriptif, et n’a pour objet que de présenter à nos lecteurs la description des nouveaux appareils de téléphonie qui nous paraissent offrir quelque intérêt, à mesure qu’il nous sera donné de les connaître.
- On ne rencontrera dans les appareils décrits en cet article aucune nouveauté de principe. Ils reposent, comme tous les appareils téléphoniques, sur les principes des nombreux appareils téléphoniques de Bell, principes bien connus des électriciens et souvent discutés dans ce journal.
- DRAAVBAUGII
- M. Drawbaugh emploie dans son téléphone à boule, représenté par les figures i à 4, pour constituer ses électrodes, la même matière que dans le téléphone à plan incliné, décrit dans La Lumière électrique du 26 avril 1884, c’est-à-dire du coke ou du charbon de cornue aggloméré par des vernis au caoutchouc ; mais la forme de ces électrodes est toute différente.
- Ainsi que l’indiquent les figures, les électrodes de ce téléphone sont constituées par une boule J reposant librement sur un anneau I, également en charbon agglutiné, et relié au diaphragme non conducteur G, par son support H (fig. 4).
- Le courant de la pile passe de la borne 'a au circuit primaire de la bobine d’induction Q, puis, par le fil de sortie b de ce circuit, à la lame T en contact élastique avec la petite plaque V (fig. 4) fixée au diaphragme G. De ce contact le courant passe par le fil c, au support H de l’anneau I, puis à la boule 'J en contact variable avec cet anneau, pour revenir à la pile par la tige métallique K, qui traverse la boule J, le ressort o, et la borne d (fig. 1).
- Le circuit secondaire de la bobine Q est relié par ee’ au fil de ligne et au téléphone récepteur.
- Lorsqu’on parle devant le diaphragme G, ses vibrations, communiquées à IJ, en modifient les contacts et de même l’intensité du courant transmis par eV aux récepteurs.
- En temps ordinaire, lorqu’on ne se sert pas de l’appareil, l’anneau du téléphone récepteur enfilé sur la languette w (fig. 3) soulève le ressort o et, par suite, la boule J qu’il détache ainsi de son anneau I, de façon à rompre leur contact et le passage du courant.
- FIG. I, 2 ET 3. — TÉLÉPHONE A BOULE DE DRAWBAUGH (1884) Vue par l'arrière du diaphragme, coupes suivant .v.v et yy.
- La boîte B, toute en fonte, est fixée à l’applique A, par des blocs de caoutchouc C qui ne lui transmettent pas, grâce à leur élasticité et à son poids, les trépidations de l’applique. En outre, le diaphragme en bois, G, est serré sur un anneau de feutre qui laisse à ses bords une certaine liberté. M. Drawbaugh attribue à son enveloppe entièrement métallique B, entre autres avantages celui d’une incombustibilité complète, de sorte que le téléphone ne peut plus prendre feu et communiquer l’incendie pendant les temps d’orage.
- SYLVANUS THOMPSON ET JOLIN
- Dans les téléphones plus récents de MM. Syl-vanus Thompson et John, la boule de matière
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- conductrice a (fig. 5) est reliée aux bornes k par un genou i qui lui permet de vibrer sur l’embouchure du tube B lorsqu’on y parle. On peut aussi, comme l’indique la figure 6, remplacer la boule a par un petit piston a jouant comme un clapet sous l’influence directe des vibrations sonores, dont il transmet les ondulations au circuit du récepteur auquel il est relié par des ressorts dont les contacts varient suivant ses oscillations.
- w. IRISII
- Le téléphone représenté par la figure 5 ne diffère d’ailleurs pas, en principe, de celui de M. W.
- FIG. 4. — DRAWBAUGH
- Arrière du diaphragme.
- Irish (fig. 7), dont la boule b vibre, sous l’impulsion de la voix qui parle en t, sur les extrémités
- FIG. 5. — S. THOMPSON ET JOHN. — TÉLÉPHONE A BOULE (l885)
- des trois lames b,b',b" qui la supportent librement au fond du cône c.
- Les téléphones de Thompson et Jolin et de W. Irish n’ont pas encore été, croyons-nous, soumis à l’épreuve de la pratique; mais il nous paraît à craindre que la liberté complète laissée à la boule dans le téléphone d’Irisch, ou ses liaisons mécaniques dans le premier appareil de Thompson, ne donne lieu à des crachements.
- MM. Sylvanus Thompson et Jolin ont aussi, d’autre part, proposé quelques modifications aux téléphones à membranes fondés sur le principe de Bell. Ces modifications sont représentées par les figures 8, g et 10.
- Ainsi qu’on le voit par la figure 8, la bobine c2 de la membrane c, est presque complètement entourée par l’épanouissement annulaire g2 de l’un
- des pôles de l’aimant g3, et la membrane b se trouve serrée, comme l’indiquent les figures 9 et 10, par l’appui d’un cône creux et élastique, d ou c, dont les bords a pressent uniformément ceux de
- TÉLÉPHONE A PISTON (1885)
- FIG. 6.
- la membrane, de sorte qu’il suffit de dévisser l’enveloppe extérieure de cette pièce pour avoir tout l’appareil dans la main.
- TÉLÉPHONE A BOULE DE W. IRISH
- De plus la membrane de ces téléphones n’est pas simple, mais composée de deux disques de parchemin agglutinés avec du baume de Canada, comprimés, bien tendus et renfermant en leur milieu une petite rondelle d’acier b (fig. g et io) ou g (fig. 8), le tout est ensuite verni au moyen d’une dissolution d’alun de chrome, qui protège lesmem-
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- branes contre les actions atmosphériques. Il résulte j de cette disposition, que la partie métallique de la membrane ne fait que se rapprocher ou s’éloigner de la bobine sans subir aucune déformation.
- SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES TÉLÉPHONES
- Les membranes des nouveaux appareils de la Société générale des téléphones, sont constituées
- FIG. 8, 9 ET 10. — SYLVANUS THOMPSON ET JOLIN (1884)
- (fig. ii à i5) par deux disques de charbon de cornue B, de i à 2 millimètres d’épaisseur, séparés par une rondelle d’ébonite b et sertis dans l’anneau métallique C, vissé lui-même dans le 1
- cercle d’ébonite A. Ces disques renferment une petite galette l de charbon pulvérulent de 2 à 5 millimètres d’épaisseur, maintenue par un anneau d’ébonite c collé sur la membrane d’arrière.
- FIG. II A l5. — SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES TÉLÉPHONES. — DÉTAIL DES MEMBRANES (iSS1))
- On peut aussi remplacer les membranes de charbon B par des lames d’acier D, dont Tune porte un petit disque de charbon E, et l’autre un anneau de charbon ou d’ébonite c, .pour garder la matière pulvérulente d, ou encore, renforcer la plaque de charbon par un disque métallique B, plein ou à
- jour, sur lequel on le colle avec de la gomme arabique, ou que l’on introduit en son milieu.
- On reconnaît l’application de cette membrane mixte, au téléphone représenté par la figure 16, sur laquelle on retrouve, affectés des mêmes lettres,
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- les principaux détails représentés en grand par les figures 11 et i5.
- Les figures 17 et 18 indiquent l’installation de cet appareil au poste émetteur, à l’extrémité d’un support F. On reconnaît en G le bouton d’appel, en H le levier du commutateur, en I la bobine d’induction; en d, la pastille de charbon granuleux plus ou moins pressé entre les deux membranes, et que le courant traverse avant de se rendre au fil de ligne.
- BLAKE
- Le téléphone de Francis Blake représenté en grandeur d’exécution par les figures 19 et 20, est
- B l è
- FIG. l6. — SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES TÉLÉPHONES
- aussi fondé sur l’action d’un disque de carbone granuleux L (fig. 20) plus ou moins comprimé entre la membrane d’acier D et la toile métallique S, reliées respectivement aux fils de ligne par les rondelles métalliques w et w' et maintenus par le bord p du plateau P. La toile métallique S est enfouie dans une niasse de poussier de charbon C, qui repose librement sur la membrane D, et que l’on y verse par l’ouverture E.
- L’ensemble de l’appareil serré sur l’anneau d’ébo-nite B est fixé par quatre vis au support A qui sert de porte-voix.
- D’après M. Blake, son téléphone extrêmement sensible, fonctionnerait avec une extrême netteté et au moyen d’une pile très faible, pourvu que le diaphragme inférieur D soit bien tendu et pincé sur ses bords.
- LONGDISTANCE TELEPHONE C°
- Dans le téléphone de la « Long Distance Téléphoné Company » de New-York, le charbon granuleux est renfermé à l’intérieur d’un tube de caoutchouc M (fig. 22) fermé par deux plaques métalliques N et N' reliées au courant par les vis Q et Q' qui servent en même temps de pivots, ainsi que l’indique la figure 23. La compression de la masse granuleuse se règle au moyen de la vis p.
- La figure 23 montre comment le courant de la pile U arrive au téléphone après avoir traversé le fil primaire d’une bobine d’induction Y, dont le fil secondaire est relié à la ligne. Le courant suit, dans le téléphone, le trajet R'Q'P'ÿNj, le charbon c, la plaque NQ et le deuxième support R.
- SYLVANUS THOMPSON ET JOHN.
- Partant de ce fait que l’une des principales causes du peu de sensibilité des téléphones magnéto-électriques réside dans l’affaiblissement de leurs courants par la résistance de la ligne, M. Sylvanus Thompson dispose sur le fil de ligne L (fig. 24), avant la pile ZY et après le téléphone récepteur R, une dérivation PQ à travers un électro-aimant S, doué d’un coefficient d’auto-induction très élevé et n’offrant au passage du courant qu’une faible résistance, de façon qu’il puisse, grâce à son inertie électrique considérable, s’opposer au passage des courants ondulatoires ou téléphoniques au travers de la dérivation, ou plus exactement, de façon qu’il empêche les variations rapides du courant de se transmettre à la dérivation tout en la laissant traverser par une grande partie du courant de la ligne. Il en résulte que la dérivation laisse arriver au téléphone R, en le détournant de la ligne, une partie du courant de la pile suffisante pour le magnétiser avec une grande puissance, tout en ne lui dérobant aucune des variations ondulatoires du courant de la ligne. C’est ce qui aurait lieu si l’on supprimait la bobine S, la dérivation détournerait de la ligne L vers la prise de terre T une grande partie des ondulations téléphoniques, de sorte que le téléphone perdrait pour ainsi dire en excitabilité ce qu’il gagnerait en sensibilité.
- La ligure 25 représente l’application de ce système de dérivation apériodique au circuit d’un téléphone à boule semblable à ceux que nous avons décrits plus haut. Le circuit du téléphone transmetteur V se divise à partir c^e la pile YZ, en deux branchements, allant, l’un parpp{, au fil primaire de la bobine C et au transmetteur V, et l’autre par />/>2 au compensateur W, aussi par le fil primaire de C pour se réunir en A au premier branchement et revenir de ce point à la pile. Le téléphone récepteur R est reliée à la terre en T, par le fil secondaire cct de la bobine C.
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- Ainsi qu’on le voit à droite de la figure 25, la dérivation peut aussi passer directement à la terre à travers son électro-aimant.
- M. Sylvanus Thompson a en outre proposé, concurremment avec M. Jolin d’employer, pour le service des téléphones, des électro-aimauts à double
- 7 ET l8. — SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES TÉLÉPHONES Poste transmetteur.
- enroulement, disposés de façon que leurs effets se compensent ou se contrarient tant que le cou-
- MG. 19 ET 2O. — 13LAKE (B885). — TÉLÉPHONE A POUSSIERES (grandeur d’exécution).
- rant n’est pas supprimé dans l’un ou l’autre des deux branchements du circuit correspondants aux deux enroulements. L’application de ce système de circuit compensateur aux appareils téléphoniques permet d’éviter les étincelles qui se produisent ordinairement aux interruptions de contacts, aux
- ruptures du courant; son application aux circuits primaires des bobines des transmetteurs téléphoniques évite de même les crachements qui se manifestent quand le téléphone reçoit un choc, et que l’on peut attribuer à la production d’un grand nombre de petites étincelles.
- Ainsi que le font remarquer MM. Thompson et Jolin, avec les électroraimants ordinaires, leur magnétisme cesse immédiatement dès l’interruption du courant et il se produit alors, même lorsque l’interruption du courant est due, comme dans les
- FIG. 21. — BLAKE. — DÉTAIL DU TYMPAN
- circuits téléphoniques, à un accroissement rapide dé la résistance, un extra-courant qui tend à donner une étincelle. Avec le circuit compensateur, au contraire, lorsqu’on interrompt l’un des deux branchements du circuit, le courant passe en totalité par l'autre, et l’armature se magnétise sans aucune étincelle d’extra-courant; elle se démagnétise quand on fait passer le courant au travers des deux enroulements à la fois, mais aussi sans étincelle, parce que le circuit est refermé avant que l’extra-courant ait pu se développer.
- Les figures 26 à 3i représentent plusieurs dispositions de ce système.
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- Dans la disposition représentée par la figure 26,
- FIG. 22. — LONG DISTANCE TELEPHONE C° Détail du téléphone.
- le courant de la pile A se divise en deux circuits
- u
- — FIG. 23.LONG DISTANCE TELEPHONE C°
- Diagramme du circuit.
- enroulés autour de l’armature C dans le même
- FIG. 24. — SVLVANUS THOMPSON (l885)
- Dérivation apériodique.
- que leurs effets se neutralisent ou, du moins, se
- SYLVANUS THOMPSON ( I 885)
- FIG. 25
- Application de la dérivation apériodique aux téléphones à boule.
- contrarient sur le noyau C. Le téléphone est indiqué schématiquement en T.
- FIG. 2Ô
- y'
- FIG.
- 27
- FIG. 2S
- FIG. 3o
- sens, comme l’indiquent les traits pleins et pointillés, et venant se réunir en B au fil de ligne. Mais les courants tournent en sens contraires, en sorte
- La figure 27 ne diffère de la précédente que par la disposition des enroulements en sens contraires autour de C.
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- Le sens des enroulements peut aussi, comme l’indique la figure 28, alterner sa direction le long du barreau C, de manière à se contrarier plus ou moins.
- COMPAGNIE BELL, A STOCKHOLM
- La disposition particulière proposée par la succursale de la Compagnie Bell à Stockholm et représentée par la figure 3i a pour objet de permettre à deux téléphones A et B, montés sur une même ligne, de correspondre entre eux directement, puis indépendamment avec leur bureau central.
- On a représenté en L, sur la figure 3i le fil allant au bureau central, relié par le contact F aux bobines E et D, dont l’armature oscille autour de l’axe Lf.
- Les téléphones A et B sont reliés entre eux par les fils A, et B,, à travers les bobines D, et E„ et à une pile locale.
- Lorsque le bureau central veut se relier à l’un des téléphones A et B, il lui suffit d’envoyer en L un courant positif ou négatif, de sorte que l’arma-
- FIG. 3l. — COMPAGNIE BELL Circuit local à relais (1884).
- ture polarisée L1 attirée sur E ou sur D, suivant le sens du courant, met la ligne L en rapport avec A ou avec B, par A, ou B2.
- Les fils Aj et B, sont reliés aux sonneries des téléphones A et B. Toutes les fois qu’on en décroche les récepteurs, un ressort ferme le courant de la pile locale sur D, ou sur E,, de sorte que l’armature L, attirée sur D, ou sur E,, relie automatiquement le téléphone correspondant au poste central.
- Lorsque A désire parler à B, il pousse le bouton F, et le maintient appuyé sur G pendant toute la conversation.
- On voit que pendant tout ce temps la ligne L reste ouverte, séparée de A et de B, de sorte que le poste central, averti de leur conversation, ne peut pas la troubler.
- Lorsque B veut parler à A, il doit, au contraire, demander A au bureau central, raccrocher son récepteur, et attendre l’appel de A.
- O11 remarque, sur la figure 29, en W, l’introduction d’une résistance invariable, formée de préférence par un double solénoïde sans induction, et destinée à compenser la résistance des deux branchements du circuit, AT et AW.
- La figure 3o représente l’application du circuit compensateur au système téléphonique à dérivation apériodique précédemment décrit.
- Le circuit du fil de ligne L passe à travers le fil secondaire SS, de la bobine S, puis au récepteur R.
- Le courant de la pile ZY se bifurque en A à travers le transmetteur V, puis à l’un des fils primaires P P' de l’électro S d’une part, et, d’autre part, au travers de la résistance compensatrice W, dans le second fil primaire, P2P2, de S, pour venir
- ryp
- r
- ~>v
- j
- FIG. J2 ET 33. — COMPAGNIE BELL Détail du relais.
- se joindre, en B, au premier branchement, et retourner avec lui à la pile.
- Nous n’insisterons pas davantage sur le fonctionnement de cette ingénieuse disposition, facile à saisir d’après ce que nous avons dit en général, et par l’explication de l’appareil que représente la figure 25.
- Gustave Richard.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE (l)
- LA TÉLÉPHONIE
- Le côté caractéristique de ce système consiste dans l’emploi d’un fil spécial C qui réunit un certain nombre d’abonnés et, après avoir passé dans les appareils disposés sur le réseau, revient au bureau central, au poste téléphonique M.
- LE « LAW SYSTEM »
- Comme nous l’avons déjà mentionné, une cei-taine partie du réseau téléphonique de la ville de New-York, est desservie par des bureaux centraux d’un agencement spécial, que l’on désigne sous le nom de Law System.
- Ces bureaux ont été installés en vue de donner les communications les plus rapides possibles et les abonnés payent un supplément pour se servir des lignes aboutissant au commutateur de ce système.
- Avant l’invention du téléphone et son entrée dans
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- FIG. I
- le domaine de la pratique, une Compagnie avait installé dans New-York, un système de télégraphie rapide, qui était destiné spécialement aux hommes de loi (Law y ers) : de là l’origine de la dénomi nation, Laiv System.
- Dès que le réseau téléphonique a pris le développement que l’on sait, la même Compagnie a adopté le téléphone et est rentrée en relations avec la Compagnie générale de New-York, la Métropolitaine.
- Ce système est bien simple ; la figure i en donne l’idée générale.
- Comme partout à New-York, chaque abonné est réuni au bureau central par un fil unique. Dans notre figure schématique, ces abonnés sont représentés parles chiffres romains I, II, III...
- Dans le bureau central, leurs lignes aboutissent aux cordons souples, munis de fiches métalliques qui sont disposées au centre de la table des communications.
- (1) Voy. les précédents numéros depuis le 4 juillet ili05.
- FIG. 2
- Quand un des abonnés veut appeler, il introduit son téléphone sur le fil C, le fil d’appel, et alors il
- I'IG. 3
- peut correspondre directement avec le poste M, dont le récepteur se trouve toujours à l’oreille de l’employé.
- Il est convenu que l’abonné n’a besoin pour appeler que de dire son numéro d’ordre et le numéro avec lequel il veut correspondre.
- L’employé prend alors la fiche du numéro appelé,
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- l’appuie contre une plaque réunie à la pile et fait sonner ainsi la sonnerie de l’abonné appelé.
- Ensuite, il met les deux fiches sur la même barre métallique, et les deux abonnés se trouvent en communication.
- Quand la conversation est terminée, les deux
- abonnés se mettent de nouveau sur le fil d’appel C, et demandent à rompre la com-municationétablie. On voit que dans ce système lès annonciateurs sont complètement évités. L’employé a toujours un téléphone fixé sur son oreille par un ressort entourant sa tête, et il écoute constamment les ordres donnés par le fil d’appel. Il a les deux mains libres ponr donner les communications. Ordinairement un seul employé est destiné à desservir 100 à i3o abonnés. Naturellement, pour que le service se fasse bien, il faut que l’employé soit bien habile pour ne pas être induit en erreur par les appels nombreux et simultanés. Mais cette habitude s’acquiert bien vite et nous étions vraiment étonné de la facilité et de la 1.™, sûreté avec les-
- IJï quelles les com-
- fiu. 4 munications sont
- données.
- Les postes téléphoniques des abonnés ne different pas beaucoup de ceux qu’emploie la Compagnie métropolitaine. Ce sont des microphones Blake avec des récepteurs Bell. Comme pile, on n’a dans ces postes qu’un seul élément pour les microphones et les appels se font de vive voix.
- La modification principale du poste consiste
- dans l’emploi d’un commutateur spécial qui sert à mettre le téléphone sur le fil d’appel.
- Ce commutateur est représenté schématiquement par les figures 2 et 3. La figure 2 donne les communications dans l’état de repos. Le fil venant du bureau traverse le commutateur téléphonique (qui met le téléphone en court circuit), la sonnerie, et aboutit à la terre. Un courant lancé du bureau central fait donc marcher la sonnerie. Le fil d’appel traverse directement le poste.
- La figure 3 représente la position du commutateur, quand l’abonné veut appeler le bureau central. Dans ce cas, la ligne de l'abonné est éloignée, et le téléphone se trouve introduit sur le fil d’appel.
- Comme nous l’avons mentionné, les lignes des abonnés aboutissent au bureau central à un cordon souple terminé par une fiche métallique. Au centre de la table du commutateur sont fixés des tubes en cuivre (fig. 4), qui sont isolés les uns des autres. Les fils des lignes sont réunis à la masse de ces tubes. Le cordon, muni d’un contrepoids, est entièrement placé dans l’intérieur du tube et le contact est pris par un ressort frottant contre la paroi.
- Dans ces derniers temps, la Compagnie qui exploite le Law System a construit des bureaux centraux basés sur le système dit * multiple », dans lesquels un employé peut donner la communication de son abonné avec tous les autres, sans avoir recours aux intermédiaires. Ce bureau est en principe semblable à celui que construit la « Western Electric C° », et que nous avons décrit en détail.
- B. Abdank-Abakanowicz.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- Appareil destiné à l’étude des intensités lumineuses et chromatiques des couleurs spectrales et de leurs mélanges, par MM. Parinaud et J. Duboscq (‘).
- Notre appareil se compose de deux parties. La première (fig. 1) permet d’obtenir en projection deux spectres identiques que l’on peut superposer de manière à réaliser le mélange des différentes couleurs. Deux fentes verticales juxtaposées dans le diaphragme B, laissent passer deux faisceaux de rayons parallèles C, C', émanés de la même source lumineuse. Chaque faisceau, pour être utilisé séparément, subit, au niveau de la fente munie d’un prisme d’un angle très faible, une légère déviation qui l’éloigne du plan médian, traverse une lentille D et est projeté par un prisme à ré-
- (>) Journal de physique, t. IV, juin i885.
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- flexion totale E sur l’un des côtés du prisme dis-persif F. Les deux faisceaux tombant sur deux côtés de ce prisme équilatéral y subissent la même disposition et donnent lieu à deux spectres identiques, à la condition que les deux fentes aient la même largeur. Ces deux spectres, projetés dans des directions nécessairement divergentes, sont ramenés vers le plan médian à l’aide de deux miroirs G, G', qui permettent de les faire glisser l’un sur l’autre et de superposer les différentes parties de chacun d’eux.
- Si après avoir mélangé par superposition deux couleurs quelconques, on raccourcit l’une des fentes de haut en bas et l’autre de bas en haut, on peut isoler chaque couleur et ne conserver le mélange que dans une certaine étendue.
- La seconde partie de l’appareil (fig. 2) est destinée à modifier séparément l’intensité des deux couleurs et du mélange, de manière à déterminer le minimum perçu comme lumière ou comme couleur.
- En recevant les deux spectres sur un écran A, où sont disposées sur la même ligne verticale trois ouvertures avec un verre dépoli, les deux couleurs et le mélange donnent trois surfaces lumineuses ab, cd, ef, d’égales dimensions.
- A l’aide d’une lentille convergente, on obtient sur le verre dépoli C l’image a'b' de ab. Un disque à ouverture variable 00', juxtaposé à la lentille, permet de graduer la quantité de lumière qui va former l’image. Eu vertu d’une propriété connue des lentilles, les variations de l’ouverture du diaphragme me modifient ni la forme, ni la grandeur de l’image, mais seulement son intensité, qui sera proportionnelle à la surface de cette ouverture .
- Cette disposition est reproduite pour les deux couleurs et le mélange. On obtient ainsi une triple lunette qui permet de modifier l’intensité de chacune de ces lumières. Les trois images se forment sur le même verre dépoli, assez rapprochées les unes des autres ; on les observe simultanément en regardant dans le tube D dont une extrémité s’adapte à la lunette et l’autre est munie d’un oeilleton.
- Fî<». î
- Avec ce dispositif, on peut donc déterminer en même temps, c’est-à-dire dans les mêmes conditions d’adaptation rétinienne, le minimum de chaque lumière perçu et, par suite, l’intensité, qui est inversement proportionnelle à la quantité de
- lumière nécessaire pour produire la sensation, c’est-à-dire à l’ouverture du diaphragme.
- Une règle graduée donne en demi-millimètres le côté du carré de cette ouverture.
- Fl; 3
- Cette manière de déterminer l’intensité d’une lumière est beaucoup plus rigoureuse que la comparaison ou l’égalisation de deux intensités dont l’une est prise comme étalon, surtout lorsqu’il s’agit de lumières de couleurs différentes.
- Pour déterminer l’intensité lumineuse, on recherche le minimum perçu comme clarté, pour l’intensité chromatique, le minimum perçu comme couleur.
- De la force électromotrice produite par la diffusion dans les courants des marées.
- M. T. Andrews a, dans les Proceedings of the Royal Society, t. XXXVII. 1884, fait paraître une communication, sur des expériences entreprises par lui-même, relatives à la détermination de la force électromotrice qui prend naissance dans la diffusion des courants de marée. Le sujet est un de ceux qui ont été le moins traités, et sur lesquels, jusqu’à ce jour aucun chiffre précis n’avait été donné. A ce titre, et l’on peut, presque, dire, à ce seul titre, car rien de bien pratique pour le moment ne semble devoir en sortir, ce mémoire mérite d’être cité. Le fait qui sert de point de départ aux recherches de M. T. Andrews est connu depuis longtemps, toutefois. L’on sait, en effet, qu’il est possible de constituer une pile avec deux électrodes métalliques de même nature, plongeant dans deux liqueurs salines où il existe une différence assez considérable dans les proportions des sels en dissolution. Pendant le temps que dure ladiffusion, en effet, l’une des lames est plus énergiquement attaquée que l’autre, et de ce fait, un courant peut être recueilli. Malheureusement la force électromotrice d’un pareil couple, n’a jamais pu, par contre, être utilisée à notre connaissance. M. Andrews, a pensé cependant qu’avec la diffusion entre les eaux douces et salées, que les marées amènent à l’embouchure des fleuves, on pouvait arriver à disposer de forces électromotrices suffisantes pour être
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- pratiquement utilisées. En examinant en effet la composition de l’eau bâtarde au moment des marées, il reconnut que la proportion des sels était entièrement différente avec la profondeur des niveaux. Il en conclut que pendant toute la période de diffusion, il était possible, avec des arrangements spéciaux, de donner naissance à des courants d’assez grande importance. Dans ce but, il entreprit une série d’expériences se rapprochant autant que possible de la réalité. Il fit construire une grande caisse de bois divisée en deux compartiments séparés par une cloison de peau de chamois, et mit dans l’une de l’eau de mer, et dans l’autre, de l’eau distillée. Les choses furent en outre disposées de telle sorte que le travail de diffusion put durer six heures, correspondant à la période d’une marée; en prenant comme électrodes differents métaux parmi les plus usuels, il releva une série de résultats enregistant en même temps et la valeur de la force électromotrice, et celle de la résistance intérieure du couple. Dans chaque expérience, les électrodes étaient des barres cylindriques de mêmes dimensions, polies avec soin et présentant autant que possible la même composition, et un galvanomètre à fil fin introduit dans le circuit indiquait directement les variations de tension, et la rapidité de polarisation. L’auteur dressa ainsi des tableaux où toutes les lectures furent enregistrées, et c’est d’eux que nous extrayons les chiffres qui suivent, correspondant aux métaux de nature différente.
- NATURE DES METAUX FORCE clectromotrice moyenne en volts RÉSISTANCE intérieure du couple en ohms
- Fer forgé, laminé, poli. . o,o54 243°
- Fer forgé à marteler . . . 0,017 102
- Acier doux de Bessemer . 0,024 51
- — dur de Bessemer . . 0,110 , 32
- — doux Siemens-Martin o,o38 25
- — dur SiemeDS-Martin. 0,066 20
- — fondu, doux 0,026 17
- — fondu, dur 0,047 17
- Fonte n° i, polie 0,027 l6
- — n° 1. brute o,o35 14
- — n° 2, polie 0,009 i5
- Fer forgé, recouv1 d’oxyde
- magnétique bleu 0,028 i3
- Ces résultats sont d’un intérêt assez immédiat. Cependant il y a bien des remarques à faire : les valeurs de forces électromotrice ne sont pas très élevées, et la résistance intérieure, allant en décroissant, ne descend guère au-dessous de la valeur de i3 ohms. La force électromotrice la plus élevée qui corresponde à l’acier dur de Bessemer ne dépasse pas en moyenne 1 / xo d’ohm et la valeur maxima obtenue après une immersion de quinze minutes n’a pas dépassé oohm,i35. De même, la fonte n° 2 est le métal qui donne la force électromotrice al
- moindre, et sa moyenne de 0,009 correspond à un maximum de o°hm,c>43. Dans ces conditions, et en admettant que dans les marées les conditions soient les mêmes, peut-on espérer utiliser pratiquement les courants d’une pareille source? Pour notre part, nous n’en sommes pas absolument convaincu. Il est certain, en effet, qu’il serait plus facile et plus économique d’utiliser les marées, non pas en cherchant à déterminer des réactions chimiques dans les eaux bâtardes, mais en actionnant des turbines et des machines dynamo-électriques avec les chutes obtenues par les différences de niveaux. A la vérité les deux applications peuvent marcher de pair et, d’ores et déjà, il est impossible de se prononcer sur la valeur réelle des recherches de M. Andrews. Celui-ci prétend d'ailleurs que si, au lieu d’employer un seul métal pour les électrodes, on prenait des métaux de natures différentes, il serait possible d’obtenir des forces électromotrice plus élevées. Pour le moment, nous voulons bien le croire. Le* fait même est probable à priori; mais encore faut-il citer des chiffres, et M. Andrews n’en donne pas. Enfin le fait général qui ressort des expériences que nous venons de citer est que, à part le fer forgé couvert d’oxyde magnétique, l’électrode posititive est celle qui plonge dans l’eau de mer, tandis que le pôle négatif est celui qui est en contact avec l’eau distillée. Le courant, dans tous les cas, est continu, et dans la série de métaux précédemment citée, il n’y a que l’acier doux de Bessemer, l’acier fondu doux et la fonte polie qui, après trois heures environ, aient provoqué des renversements de courant.
- Tel est le résumé de la note de M. Andrews. Dans l’état actuel des choses, il est difficile d’en tirer une conclusion certaine; mais elle est intéressante en ce sens qu’elle ouvre une voie de recherche dans laquelle personne n’était entré avant lui.
- Une nouvelle forme du pont de Wheatstone, par J.-W. Giltay, mécanicien à Delft (*).
- Nous donnons ci-après, la description d’un appareil destiné à mesurer des résistances dans les cas où l’on n’a à sa disposition qu’un rhéostat à chevilles et un galvanomètre non disposé pour servir d’instrument différentiel.
- On sait que dans ce cas on peut faire usage d’un pont ayant la forme d’un fil métallique tendu, d’une longueur de 1 mètre et partagé en deux sections quelconques au moyen d’un curseur de contact; mais ces appareils ne donnent généralement que-des résultats inexacts provenant de l’irrégularité inévitable du fil.
- (l) Revue internationale de l’électricité, t. II. Juillet i885.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- L’appareil que j’ai construit est basé sur la propriété suivante de la combinaison de fils due à Wheatstone. Soit pq (fig. 1) un fil métallique tendu, sur lequel nous choisissons un point o placé à peu près au milieu du fil ; désignons la résistance de po par a, celle de oq par b ; par R, le rhéostat à chevilles, X, la résistance à évaluer, B, la pile, et admettons que le galvanomètre G n’indique aucun courant lorsqu’une résistance R est intercalée dans le rhéostat. On aura alors
- Remplaçons le rhéostat parX et X par le rhéostat ; si a n’est pas exactement égal à b, le galvanomètre indiquera un courant. Soit R2 la résistance du
- FIG. 1
- rhéostat, nécessaire pour ramener le galvanomètre au repos, on a
- R,__ a
- x ~ y
- Multiplions les équations 1 et 2 l’une par l’autre, nons aurons
- R, R2 _
- X* —
- d’où l’on tire
- a et b ne figurant pas dans la valeur trouvée pour X, il en résulte que cette mesure peut se faire avec un fil quelconque et n’exige aucune uniformité de dureté, de diamètre, etc. Si nous déplaçons le point o jusqu’en o, nous aurons de même
- x = v'r7ü;,
- expression dans laquelle R3 et R,, sont les nouvelles résistances du rhéostat. La concordance des deux résultats prouvera l’exactitude de la mesure.
- Il est vrai qu’on ne pourra appliquer cette méthode à la mesure de résistances plus considérables que la totalité des résistances du rhéostat dont on dispose ;' mais il en est absolument de même lorsqu’on se sert d’un galvanomètre différentiel.
- La figure 2 représente un appareil vu d’en haut. Sur une planchette d’environ 20 centimètres de long et de large, se trouvent les 3 pièces suivantes : i° Un commutateur à chevilles ;
- 20 Un manipulateur à double contact ;
- 3° Un commutateur à manette.
- Le commutateur à chevilles est formé de quatre lames de laiton ou de cuivre 1,2,3 et 4. Lorsqu’on met les 2 chevilles coniques dans les trous a et c, la lame 1 communique avec 3 et la lame 2 avec 4. Si au contraire, on met les chevilles en al et c„ 2 communique avec 3 et 1 avec 4.
- Le manipulateur à double contact se compose d’un ressort AA fixé par une extrémité à un bloc de laiton C, adhérent à la planchette ; l’extrémité libre porte un bouton D en caoutchouc durci.
- Lorsqu’on appuie sur ce bouton, le ressort AA
- MJ. 2
- est abaissé et vient toucher la plaque de laiton E.
- Au-dessous du ressort AA, est placé un second ressort L, faisant avec le premier un angle de 90°, fixé à la planchette par sa droite, la gauche se trouvant au-dessus d’une plaque métallique K, mais sans la toucher. Le ressort A porte à sa partie inférieure une petite tige de caoutchouc durci qui presse sur le ressort L. Dès que AA est abaissé, L suit le mouvement et vient toucher la plaque K; tandis que le contact entre A et E n’a lieu qu’un instant après.
- Le commutateur à manette se compose d’un bras de levier F, mobile autour du point T et relié au bloc C, par conséquent au ressort AA.
- Ce levier peut à volonté être placé, sur la plaque H (comme dans la figure) ou sur la plaque J.
- Deux fils disposés au-dessous de la planchette relient le bloc bl au ressort L et la lame 2 avec la plaque K.
- Ces fils sont indiqués en pointillé sur la figure.
- Les extrémités du fil que nous avons désigné par p q dans la figure 1 sont reliées aux bornes p et q au milieu des lames 3 et 4. Ce fil de maille-chort, d’environ omm,3 de diamètre va de p à la plaque J, de J à H et de H à la borne q, en passant par-dessous la planchette. Il est représenté en
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- pointillé sut la figure 2. La distance de p à J est d’environ 46 centimètres, de J à H, 10 centimètres et de H à g, 44 centimètres. Enfin la planchette porte encore un bloc métallique S sur lequel sont disposées trois bornes x, r et g.
- Lorsqu’on veut mesurer une résistance avec cet appareil, on relie :
- Les pôles de la pile B à bbi ;
- Le rhéostat R àrr4;
- La résistance X à mesurer à xxx ;
- Le galvanomètre G à gg{.
- Mettons les chevilles du commutateur en a et c et la manette F sur la plaque H. Si nous abaissons le manipulateur AA, le circuit de la pile se formera d’abord entre L et K, puis un instant après entre A et E. Cette disposition du manipulateur évite la production d’extra-courants dans le galvanomètre. Soit R, la résistance du rhéostat qu’il faut intercaler dans le circuit pour que l’aiguille du galvanomètre reste à zéro, lorsqu’on appuie sur le manipulateur.
- Enlevons alors les chevilles de a et c pour les mettre en al et c,, ce qui a pour effet de remplacer le rhéostat par la résistance inconnue X, et réciproquement. Pour que l’aiguille du galvanomètre reste au repos, il faut que la résistance du rhéostat passe de R3 à R2. Les valeurs de Rt et R2 nous donnent
- x = /r7h;,
- ainsi que nous l’avons vu plus haut.
- Afin d’avoir une mesure de vérification, nous avons, dans la figure 1, reporté le point o en o„ ce qui nous a donné les valeur R3 et R,(. Cette opération se fait très aisément avec notre appareil, en déplaçant la manette de H à J.
- Pour obtenir dès résultats aussi exacts que possible avec le pont de Wheatstone, il faut, d’après Schwendler (*) que la résistance r du galvanomètre soit choisie de manière que
- ___(a + XHè + R)
- a + X-f £ + R’
- expression dans laquelle a, b, R et X ont le même sens que dans la figure 1.
- Lorsque X est égal à quelques ohms, on peut négliger a et b dans cette formule et, comme X et R sont peu différents l’un de l’autre, on peut y remplacer R par X ce qui donne,
- En nous servant de cet appareil nous choisirons donc un galvanomètre ayant une résistance à peu près égale à la moitié de la résistance à mesurer.
- £ ohm étant la plus petite variation que puisse subir la résistance du rhéostat, il arrivera quelque-
- fois que R, sera trop faible et R, -j- 1 trop fort
- pour que l'aiguille du galvanomètre reste au repos. Dans ce cas, il faudra déterminer par interpolation, la valeur R, -f- X, ainsi qu’on le fait quand on se sert du galvanomètre différentiel.
- L’appareil décrit ci-dessus est construit et fourni parla maison P. J. Kipp et Zonen à Delft.
- Influence d’une résistance extérieure sur la
- résistance intérieure des éléments voltaïques,
- par M. G. Gore (1).
- J’ai fait une série d’expériences avec l’intention de déterminer si la résistance totale intérieure d’une pile voltaïque varie avec la résistance dans la partie extérieure du circuit, et si un changement de ce genre provient d’une modification de la résistance ordinaire que présente le liquide excitateur.
- Je me suis servi pour ces expériences d’un vase rond en verre ayant 6 centimètres de largeur et 4 de profondeur, rempli en partie et toujours à la même hauteur, avec un mélange de 5 parties d’acide nitrique, pour onze d’eau, à la température de l’atmosphère. J’ai plongé dans le liquide une plaque positive et une autre négative d’un métal absolument propre en face l’une de l’autre avec un espace intermédiaire de 2 centimètres. Ces plaques mesuraient 1 centimètre carré et elles étaient suspendues au moyen d’un prolongement étroit, ménagé sur le métal de chaque plaque; les bandes étaient reliées à un galvanomètre astatique ordinaire, d’une résistance de 65 ohms, soigneusement taré au moyen de mesures électrolytiques.
- J’ai fait deux séries d’expériences : l’une avec une plaque positive en zinc et une série de différentes plaques négatives, l’autre avec une plaque négative en platine et une- série de plaques positives. Pendant toutes ces expériences, le liquide entre les plaques était vivement agité, pour empêcher la polarisation, par la rotation d’une plaque verticale en ébonite.
- Les forces électromotrices de tous ces couples ont d’abord été déterminées par comparaison avec une batterie d’environ 3oo éléments maillechort et fer (voir Proceedings Birmingham; Phil. Soc, vol. IV 1884), et l’intensité fut déterminée au moyen du galvanomètre étalonné. Les mesures de l’intensité ont été faites : i" sans ajouter aucune résistance extérieure; 20 en intercalant subitement dans le circuit une résistance de 100 ohms en fil; et 3° avec 1.000 ohms au lieu de 100. La résistances totale
- ('). Conférence faite à la Birmingham Philosophical Society, le n juin i885, (i’aprè VEleclrician).
- C) Annales de Poggendorf, i3o, 1G67, p. £74.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- fut ensuite calculée d’après les forces électromotrices et les intensités.
- Les tableaux I et II indiquent les résultats. Partout, excepté pour la série marquée d’un asté-
- risque, la résistance totale de l’élément a été augmentée en y ajoutant une résistance extérieure; une résistance extérieure de 100 ohms augmentait la résistance de l’élément de i240hœs,65 en moyenne, et
- TABLEAU I
- Influence de la résistance extérieure sur la résistance totale dans quelques éléments voltaïques.
- Plaque positive en zinc.
- SÉRIE DES FORCES électromotrices AVEC IOO OHMS AVEC 1.000 OHMS
- Volts Ohms Ampères Ohms Ampères Excès de résistance Ohms Ampères Excès de résistance
- Cd Pb. Sn Fe Al. Ni Cu Ag. . . : Pd. Au pt Moyennes. . . 0,2i3i 0,3901 o,43oi 0,4867 o,5o57 0,8571 0,8970 1,1490 1,1828 1,4i5o 1,4293 12,68 113,93 16,67 25,61 105.35 66,44 i36,73 347,25 409,27 276.36 249,01 0,01680 0,00328 0,o258o 0,01900 0,00480 0,01290 0,oo656 0,oo328 0,00289 o,oo5i2 0,00574 120.40 203, 17 131,i3 148,38 472,61 167.40 273,47 746,10 734,66 799.43 435,76 0,00177 0,00192 0,00328 0,00328 0,00107 o,oo5i2 0,00328 0,00154 0.00161 0,00177 0,00328 7,72 15,76* 14,46 27,77 207,26 0,96 36,74 296,85 225,39 423 07 86; 75 1.217.11 1.182.12 1.162,43 1.315,40 2.58o,10 1.142,80 1.196,00 1.937,00 1 994,60 2.386,19 1.660,o5 0,000175 o,ooo33o 0,000370 0,000370 0,000196 0,000750 0,00075o 0,00059.1 0,000593 0,00059.3 0,000861 2o5,o3 63,19 145,76 289,79 1.474,75 76,36 t59,27 5ço,35 585,33 1.109,83 411,04
- 0,8142 159,40 0,00965 384,77 0,01254 124,63 1.615,90 o,ooo5o7 o5 j 52
- 1.000 ohms donnaient une augmentation moyenne de 4550hms,5. Les plaques négatives des métaux les plus facitement corrodés, comme le cadmium,
- le plomb, l’étain, le fer, le nickel et le cuivre donnaient généralement les plus petites résistances totales primitives, tandis que les plaques en mé-
- TABLEAU II
- Influence de la résistance extérieure sur la résistance totale de quelques éléments voltaïques.
- Plaque négative en platine.
- SÉRIE DES FORCES électromotrices AVEC IOO OHMS AVEC 1.000 OHMS
- Volts Ohms Ampères Ohms Ampères Excès de résistance Ohms Ampères Excès de résistance
- Zn Cd Pb. Sn . . Fe Al Ni Cu Ag Moyenne. . . 1,4293 1,2162 1,0392 0,9992 0,9426 0,9236 0,5722 0,532.3 o,28o3 75,52 147,41 386,32 247,94 326,16 2,979,35 1.271,55 1.438,65 2.355,46 0,01900 0,00825 o,f 0269 0,0040.3 0.00289 0,0 o3i 0,00045 0,00037 0,00012 404,90 5i3,16 674.80 805.80 703,43 3.800,82 1.546,49 1.433.65 3.389,36 o,ôo353o 0,002370 0,001540 0,001240 0,001340 0,00024.3 0,000370 0,000870 o,oooo83 229,68 265,75 188,48 457,86 277,27 721,47 174,94 100,00* 933,90 2.059,5 2.533,8 2.811.4 2.700.5 2.547.6 5.631.7 3.489,0 2.715.8 5.096,4 0,000694 0.000480 0,000370 0,000370 0,000370 0,000164 0,000164 0,000196 o,oooo55 984,29 1.386,34 1.425.03 1.452,60 1.221,44 1.652,36 1.207,47 277,16 1.740,90
- 0,8817 1.025,37 0,00423 1.474,16 0,001232 36l,04 3.287,3 o,ooo3i8 1.260,84
- taux facilement corrodés donnaient les plus grandes résistances, aussi bien que les plus grandes augmentations de résistance. L’aluminium présente une exception, parce qu’il se couvre d’une couche d’oxyde. Comme toutes ces résistances ont été calculées d’après des forces électromotrices obtenues pendant l’état d’équilibre du courant, elles
- sont toutes plus ou moins exagérées, surtout les plus grandes.
- La deuxième série d’expériences a été faite à peu près de la même manière, mais avec une série de plaques positives et une seule plaque négative. Le liquide était le même, et voici les résultats.
- Partout, excepté dans la série marquée d’un as té-
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- risque la résistance totale de l’élément a été augmentée d’une résistance extérieure; si cette dernière était de 100 ohms, l’augmentation moyenne de la résistance de l’élément était de 36iol,m%6 et pour 1.000, la moyenne était de 1.261 ohms. Comme pour la première série, les métaux facilement corrodés donnaient les plus petites résistances totales primitives. La résistance primitive était 6,4 fois plus considérable que dans le tableau n° 1 et l’intensité moyenne ne s'élevait qu’à la moitié, tandis que la moyenne de la force électromotrice était un peu plus grande. Les résistances de l’aluminium et de l’argent étaient généralement grandes dans les deux tableaux. Les grandes résistances dans le dernier tableau sont très exagérées, par suite des circonstances déjà mentionnées et à cause des courants très faibles.
- Dans une communication à la Royal Society, à la date du 19 mars i885, sur la résistance de transport dans les éléments électrolytiques et voltaïques, j’ai démontré par des expériences : i° que dans un élément électrolytique avec une intensité de courant de 0,2 et 0,022 d’ampère, il ne se produit aucune modification appréciable de la résistance ordinaire; 20 qu’il existe aux surfaces de contact des métaux et des liquides, dans les éléments voltaïques et électrolytiques, une espèce de résistance électrique très variable, qui diffère de celle de la polarisation et de la résistance ordinaire ; 3° et qu’on peut réduire cette espèce de résistance de beaucoup, en aug-mentànt l’intensité du courant. J’en tire la conclusion que tous ces exemples de résistances totales intérieures ne proviennent pas de modifications dans la résistance ordinaire du liquide, mais de ce que j’appelle la résistance de transport aux surfaces des plaques. Par conséquent, si l'on déduit la résistance ordinaire du liquide qui s’élève à i5ohms,5, de chacune des résistances totales dans les deux tableaux, les valeurs qu’on obtiendra représenteront, dans de certaines limites variables, la résistance de transport et les augmentations de ces résistances par suite d’une diminution de l’intensité du courant causée par une plus grande résistance extérieure. Par conséquent, la grande résistance de transfert à la plaque négative en platine était la cause principale de la faiblesse générale des courants, des résistances primitives beaucoup plus grandes et enfin des augmentations de résistances plus grandes dans le tableau II que dans le tableau I. Les faibles résistances dans le tableau I où les deux plaques positive et négative se composaient des métaux facilement corrodés et formant rapidement des sels solubles doivent être attribuées aux faibles résistances de transport de ces métaux.
- MM. Waltenhofen, Naccari et Mazzotto ont déjà prouvé dans un certain nombre de cas, que la résistance totale intérieure d’un élé.rent voltaïque augmente au fur et mesure que l’intensité
- du courant diminue ( Wiedemann, Beiblœtter, vol. V, 1881, p. 451,529,608); mais ils ne semblent pas avoir constaté que cette résistance était une modification de résistance aux surfaces des plaques. Les deux derniers de ces savants ont cependant remarqué que le total de la résistance intérieure dans plusieurs espèces d’éléments voltaïques était différent, quand on employait des plaques négatives composées de différents métaux.
- Sur un étalon de force électromotrice.
- Depuis quelque temps, la Société de lumière électrique Edison-Swan, de Londres, a recueilli un certain nombre de faits qui tendent à prouver combien la vie moyenne des lampes à incandescence dépend de la force électromotrice avec laquelle elles fonctionnent.
- La vie d’une lamp construite pour fonctionner avec 100 vol us sera prolongée de beaucoup, si on n’emploie que 97 ou 98 volts, de même qu’elle sera considérablement abrégée par l’emploi d’une force électromotrice de 10! à 104 volts. Au poinc de vue de la fabrication des lampes à incandescence, la Compagnie a par conséquent le plus grand intérêt à adopter un étalon absolu, afin d’éviter tout malentendu provenant des erreurs et des différents résultats obtenus avec les différents voltmètres en usage.
- Une différence de 2 à 3 pour cent ne peut être admise. Les voltmètres, dans tout le Royaume-Uni, doivent correspondre, à 1/4 pour cent près, et les consommateurs seront certains de faire fonctionner les lampes à leur force électromotrice normale.
- L’incertitude au sujet de l’étalon lui-même constitue une autre source d’erreurs en dehors des voltmètres.
- Les directeurs ont donc pensé devoir faire connaître à leur clientèle l’étalon de force électromotrice employé dans leur usine pour étalonner et essayer les lampes, pour que les consommateurs
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- puissent corriger leur voltmètre et arriver à une mesure identique.
- Par conséquent, ils annoncent maintenant à tous leurs clients qu’ils emploient à leur usine les étalons et les instruments suivants :
- i° L’étalon de force électromotrice est le volt légal déterminé par le Congrès de Paris de 1882.
- L’étalon de résistance est l’ohm légal.
- 20 L’étalon de force électromotrice est un élément Daniell avec des métaux et des solutions choisis par sir William Thomson et montés de la manière suivante dans le modèle de vase du docteur Fleming : A et B représentent des réservoirs, le premier, de sulfate de zinc et le second de [sulfate de cuivre, Z est une tige de zinc pur non amalgamé. C est une autre tige en cuivre pur fraîchement obtenu par des procédés électrolytiques, et L représente le niveau de démarcation des liquides.
- Les solutions se composent : i° d’une solution pure de sulfate de zinc, d’un poids spécifique de 1,4'; 20 d’une solution de sulfate de cuivre pur, d’un poids spécifique de 1,1 à i5° C.
- Pour déterminer exactement la force électromotrice, il faut que les solutions aient rigoureusement les poids spécifiques mentionnés et que la tige de cuivre soit fraîchement couverte électrolytiquement, un instant avant de s’en servir, d’une couche mince et pure de cuivre non oxydé.
- La force électromotrice de cet élément est de iV0lt,o72 à i5° C., ce qui représente à très peu de chose près la même valeur en volts légaux.
- 3° Les appareils employés pour comparer cet étalon avec les forces électromotrices des installations sont les galvanomètres gradués de sir William Thomson.
- Le potentiomètre doit être monté à l’endroit même où l’on désire s’en servir et la valeur de ses indications doit être déterminée par cet élément étalon. De temps en temps il faut corriger le galvanomètre, car à la longue l’aimant modifie légèrement sa valeur.
- La Compagnie sera prochainement en mesure de fournir des étalons de résistance ou des ohms légaux et de fabriquer des éléments étalons du modèle décrit, pour tarer des galvanomètres gradués.
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER
- Angleterre.
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE A BORD DES NAVIRES. —
- M. W. H. Snell, ingénieur électricien d’une grande expérience, qui a dirigé les installations de lumière
- électrique à bord des navires, a publié dernièrement quelques renseignements fort utiles sur cette question. La dynamo, dit M. Snell, doit être placée dans un endroit frais et bien aéré, qui doit faire partie de la chambre des machines ou bien commuuiquer directement avec celle-ci. Il faut également qu’on puisse établir une communication aussi bien avec les chaudières de la petite machine auxiliaire qu’avec celles de la grande machine. Sur un nouveau navire, un local dans l’entrepont, immédiatement en avant de la chambre des machines, conviendrait généralement fort) bien. Dans les anciens navires on peut souvent utiliser la soute à huile qui, ordinairement, occupe cette position. Pour pouvoir employer la lumière électrique au port, il est absolument nécessaire d’établir la communication avec les chaudières de la machine auxiliaire.
- La disposition qui consiste à actionner la dynamo directement par une machine à grande vitesse, présente beaucoup d’avantages, surtout si l’on n’a qu’un espace limité à sa disposition, et l’absence de toute transmission est une garantie de bon fonctionnement. Il faut beaucoup plus de place pour actionner la dynamo au moyen d’une courroie de transmission, mais ce système permet d’autre part d’employer une machine plus économique. Dans ce cas il est nécessaire de monter la dynamo sur un bâti mobile, pour qu’on puisse tendre la courroie. Une autre méthode consiste à faire passer une courroie de peu de longueur sur une poulie mobile. Cette disposition bien appliquée donne aussi de bons résultats. Enfin la transmission par friction de Siemens dans laquelle la poulie de la dynamo est couverte de papier mâché et montée contre une roue plus grande sur l’arbre de la machine, donne également de très bons résultats. Cette transmission doit être à couvert, autrement on pourrait placer une burette à huile sur la roue au moment où la machine va être mise en mouvement, ce qui pourrait donner lieu à des inconvénients sérieux.
- Selon M. Snell, la meilleure dynamo pour l’éclairage des vaisseaux est une machine à double enroulement qui fournit la même quantité de courant à chaque lampe, quel que soit le nombre de lampes en fonctionnement. Une machine à courant continu est préférable à une dynamo à courants alternatifs. La construction de la machine doit être solide, de manière à pouvoir résister à un dur service. Elle doit pouvoir marcher au moins 10 heures sans trop s’échauffer. La résistance d’isolement entre les fils et le corps delà machine doit être aussi grande que possible. Ce point est d’une importance beaucoup plus grande pour les installations à bord que pour celles à terre. Les ingénieurs du navire doivent pouvoir monter et démonter l’armature sans difficulté et il est prudent d’avoir toujours une armature de réserve. Les lames du collecteur
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- doivent avoir à peu près un pouce de plus en longueur que la largeur des balais qui portent dessus et qu’on doit pouvoir déplacer parallèlement à l’arbre de l’armature. M. Snell préfère les balais plats en fil de cuivre aux peignes du même métal, parce que les premiers fournissent un service beaucoup plus long. Il n’est pas avantageux d’économiser les balais aux dépens du collecteur. L’armature en forme de disque est peut-être plus facile à réparer que celle en forme de tambour.
- La dynamo doit être montée en travers du vaisseau et l’huile qu’on emploie doit être libre de tout acide, car celui-ci tendrait à affecter l’isolement des bobines.
- Il vaut mieux avoir deux machines séparées qu’une seule, car en cas d’accident à l’une, on pourra toujours éclairer le salon et la chambre des machines avec l’autre. Dans une grande installation il est souvent avantageux et commode d’employer deux machines identiques et une troisième plus petite pour les lampes qui brûlent toute la nuit ou pour l’alimentation d’un foyer à arc dans des occasions extraordinaires.
- Afin d’éviter la nécessité d’un régulateur de vitesse automatique, les circuits doivent être disposés de sorte que chaque dynamo alimentant une partie des lampes dans les cabines, fournisse également le courant à un certain nombre de lampes placées dans d’autres parties du navire. Les lampes dans les cabines des passagers et des officiers doivent pouvoir fonctionner à toute heure, mais toutes les autres peuvent être placées sous la surveillance d’une personne qui, seule, aura le droit de les allumer ou de les éteindre. La plupart des lampes sont ainsi allumées ou éteintes par groupes et non pas l’une après l’autre. Il ne faudrait, par conséquent, pas faire de changement sans avertir l’homme chargé de la machine ; il fera alors tourner la dynamo plus lentement, pour diminuer la lumière. Cette diminution apprend à l’homme placé près du commutateur ce qui vient d’être fait et il met les lampes hors du circuit, après quoi on rétablit à la machine une vitesse convenable. Si les lampes des cabines sont alimentées par des machines qui servent en même temps à donner le courant à d’autres lampes, il n’y aura jamais de modifications brusques, excepté dans une proportion insignifiante. La valeur maxima de cette proportion est connue car dans la pratique les passagers n’éteignent que deux ou trois lampes à la fois dans les cabines. La vitesse de la machine se règle donc facilement. Il est nécessaire d’avoir un indicateur de vitesse ; cet appareil doit être régulièrement nettoyé et huilé, de même qu'il faut le comparer de temps en temps avec un compteur de tours. Une lampe témoin spéciale doit brûler à la dynamo; l’indicateur de vitesse et la lampe se contrôlent mutuellement dans une certaine mesure.
- Quant aux conducteurs, M. Snell est d’avis qu’il ne faut pas les renfermer dans des tuyaux de fer, excepté dans la chambre des machines et dans les soutes à charbon. Il préfère une enveloppe en fil de fer galvanisé, qui permet beaucoup plus facilement d’examiner un défaut quelconque. On peut employer des tuyaux de plomb partout où le bois n’offre pas une protection suffisante. Sur les vaisseaux de la marine royale, on fait maintenant passer les fils dans des rainures dans le bois, qu’on remplit ensuite avec une composition à base de plomb.
- Les fils, supports, commutateurs, etc., ne doivent être attachés qu’aux aménagements fixes du navire et les fils ne doivent traverser les cloisons étanches qu’en cas de nécessité absolue. On peut employer une boîte à étoupe pour les plus gros câbles, mais en général il suffit d’entourer le câble de bois qu’on fait ensuite gonfler. Sur le grand pont il est parfois préférable de passer au-dessus des cloisons étanches. M. Snell préfère, pour plusieurs raisons, le système d’un seul fil pour les conducteurs et la câle en fer du vaisseau sert alors de fil de retour. On effectue ainsi une économie notable de cuivre.
- Les commutateurs doivent être ou entièrement ouverts ou bien complètement fermés, mais jamais dans une position intermédiaire. Il n’est pas avantageux d’avoir trop de lampes sur un seul commutateur. Les lampes du salon doivent être divisées en groupes de 3o à 40 avec un commutateur pour chaque groupe. Les lampes des cabines s ont gé néralement divisées en groupes de i5 à 20 et pourvues d’un commutateur de section en dehors de celui qui appartient à chaque lampe. Cette disposition demande plus de fil, mais elle permet à l’électricien de mettre hors du circuit toute une partie sérieusement endommagée d’une installation, de même qu’on évite l'inconvénient d’un réseau spécial pour les foyers de nuit. Les lampes qui doivent fonctionner toute la nuit peuvent être reliées au côté positif du commutateur. Elles resteront toujours en communication avec la machine, même quand le commutateur sera tourné. De temps en temps, il faut nettoyer tous les commutateurs avec soin et ceux-ci doivent toujours être munis d’une pièce fusible placée du côté de la machine.
- Les lampes doivent être de 80 à 100 volts et de 10 à 20 bougies, selon la capacité de la dynamo. Le magasin doit contenir des outils, des lampes et du fil de réserve.
- LA LUMIÈRE ELECTRIQUE DANS LA MARINE DE
- guerre.— Les observations suivantes d’un auteur anglais sur le rôle de la lumière électrique dans les opérations navales, ne sont peut-être pas sans intérêt : « On ne peut pas dire que l’expérience pratique de la lumière électrique à bord des vaisseaux de
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- guerre soit entièrement satisfaisante. Sans doute la lumière est d’un avantage considérable dans certaines circonstances ; un capitaine peut s’en servir pour examiner la position de l’ennemi, et choisir les endroits sur lesquels il doit concentrer le feu de ses canons; mais il ne faut pas oublier qu’il montre sa propre position à l’ennemi en même temps, et lui donne un excellent point de repère pour son tir. De plus, les effets optiques de la lumière électrique sont très embarrassants, même si les yeux sont protégés par des vers colorés. Partout ou tombent les rayons, ils jettent une clarté éclatante, mais l’obscurité apparente des deux côtés des rayons devient beaucoup plus intense. Lesma-rins qui emploient cette lumière perdent la faculté devoir dans l’obscurité, qui, ordinairement, est très développée chez eux. En mer, ils distinguent facilement des objets invisibles à des yeux moins habitués, mais après quelques minutes d’un éclairage électrique, ils perdent momentanément cette faculté précieuse. Eu général, les officiers semblent regarder la lumière électrique plutôt comme un inconvénient que comme un bienfait. Cependant les lampes portatives peuvent être extrêmement utiles. Naturellement il n’est pas facile de déplacer les machines et les dynamos, mais on pourrait cependant facilement trouver moyen de placer provisoirement des câbles électriques entre des vaisseaux à l’ancre et des bateaux ou d’autres points, d’où il y aurait avantage à projeter un rayon lumineux. En cas de guerre, il serait d’un grand avantage pour un cuirassé de pouvoir envoyer un bateau avec un foyer puissant qui éclairerait les navires ou les batteries de l’ennemi, tandis que le cuirassé lui-même resterait dans l’obscurité. Il serait facile de réaliser ce perfectionnement qui ferait de la lumière électrique un allié précieux au lieu d’un faux ami. »
- les électrolytes solides. — Le professeur Sylvanus P. Thompson a dernièrement fait une observation qui se rattache à la question mise en avant par M. Shellford Bidvvell et dout j’ai déjà parlé. Le professeur Thompson a constaté que si l’on place un morceau de sulfate de cuivre entre deux électrodes de platine, on peut facilement le faire traverser par le courant d’une pile, puisque c’est un bon conducteur. Mais, si la pile est ensuite enlevée et les électrodes de platine reliées à un galvanomètre, on constatera la présence d’un courant. Le sulfate de cuivre solide entre deux plaques de platine constitue, par conséquent, comme le dit le professeur Thompson, un élément secondaire ou un accumulateur capable d’êtrè chargé et déchargé.
- J. Munro.
- CHRONIQUE
- A propos des usines centrales de la Compagnie allemande Edison.
- Dans une conférence faite à la dernière séance de la Société électrotechnique de Berlin, M. le Directeur O. von Miller donne des renseignements fort intéressants sur les usines centrales pour
- l’éclairage électrique de la Compagnie allemande Edison.
- Bien que nous ayons maintes fois déjà parlé des installations faites par cette même Compagnie, nos lecteurs liront sans doute avec intérêt le résumé de cette conférence dans laquelle sont mentionnés de nombreux détails d’exploitation utiles à connaître.
- Dans l’usine de la Friedrichstrasse, n° 85, qui sert à l’éclairage du café Bauer, des restaurants Kaiserhallen « Vier Jahreszeiten » ainsi que d’un grand nombre d’autres locaux, on a eu à vaincre des difficultés très grandes au point de vue de
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- l’installation même des machines. L’usine est en effet située dans une des rues les plus fréquentées
- de Berlin, tout près de Unter der Linden. Il fallait donc éviter avant tout que les locataires de
- l’immeuble ne fussent incommodés par le bruit des machines ou par la fumée des foyers des générateurs.
- La salle des machines est en contre-bas de la ue; les fondations sur lesquelles reposent les
- machines, exécutées*avec un soin très grand, sont assez solidement établies pour qu’aucune trépidation ne se fasse sentir dans les constructions voisines; la cheminée de l’usine dépasse d’une quantité notable le toit de la maison, en sorte que la fumée ne saurait être une cause de gêne; d’ailleurs, la production de cette fumée est aussi réduite que possible, grâce à l’emploi d’anthracite comme combustible et de grilles convenablement choisies.
- Toutes ces précautions étouffent entièrement
- le bruit des machines; de telle sorte que, même-; dans les magasins situés au premier étage de l’im- ‘ meuble, il est absolument impossible de dire si les machines marchent ou non.
- Vu le prix de location élevé du bâtiment dans lequel sont installées les machines et les générateurs de vapeur, on s’est attaché à économiser la >4 place le plus possible.
- Ainsi qu’onpeut le voirsurles figures 8, 9,10, u, les générateurs de vapeur sont au nombre de 3; ce sont des chaudières tubulaires de 100 mètres carrés de surface de chauffe chacune; le charbon est placé au-dessus du couloir d’entrée; dans l’empta-;
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- cernent réservé aux moteurs se trouvent les pompes P et un réchauffeur W.
- On se sert comme moteurs de quatre machines à vapeur rapides; on a évité l’emploi d’une transmission intermédiaire, qui aurait pris trop de place, et les volants des machines à vapeur commandent directement les poulies des dynamos. Celles-ci sont au nombre de cinq; quatre machines Edison
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- mise de tôle et dans l’espace intermédiaire, on fait circuler de l’eau; de cette façon on réalise une notable économie sur l’huile employée et de plus, on se met à l'abri des négligences de service, car les godets graisseurs une fois remplis au commencement de l’éclairage, il n’y a pas lieu de s’en occuper pendant toute la nuit.
- On a employé pour cette usine, destinée à l’origine à éclairer des locaux très rapprochés, le système ordinaire à deux conducteurs; bien que dans 1 les réseaux qui ont une certaine extension il soit
- capables d’alimenter, chacune, 45olampes de 16 bougies, et une machine Siemens pour 6 lampes à arc.
- La construction des dynamos mêmes ne présente rien de particulier; au point de vue du graissage des paliers, on a employé un dispositif spécial qui donne, paraît-il, d’excellents résultats.
- Les paliers ordinaires sont entourées d’une che-
- plus avantageux d’employer le système à trois conducteurs (fig. 1) qui permet, comme on sait, de réaliser une économie de plus de 5o 0/0 sur la dépense de cuivre. La maison Siemens et Halske et la Société allemande Edison ont obtenu la licence d’appliquer ce système,qui a été imaginé en même temps par MM. Edison et Hopkinson et pour lequel ce dernier a pris un brevet en Allemagne.
- On place chez chaque abonné un compteur d’électricité représenté sur la figures. Nous rappelons la description que faisait de cet appareil
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- M. du Moncel dans le numéro du 23 septembre i885. L’appareil se compose de deux voltamètres à sulfate de cuivre V, V', hermétiquement bouchés et placés dans deux compartiments diffé-
- rents. Les électrodes de chaque voltamètre sont assemblées l’une avec l’autre sans se toucher, et sont placées à une distance suffisante pour que le dépôt de cuivre qui doit se faire sur l’une n’en- ü
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- vahisse pas l’autre. Ces lames sont naturellement mises en rapport avec le circuit, mais par l’intermédiaire d’une dérivation dont on combine la
- résistance au moyen des bobines de résistance r, r', de manière à fournir une intensité assez minime par rapport à celle du circuit total. Généralement
- elle n’en est que la centième partie. La majeure partie du courant passe par le large conducteur replié en zigzag, R, qui correspond au circuit de travail ; mais une seconde dérivation permet au courant de suivre une autre voie quand la température est assez basse pour faire craindre une congélation du liquide des voltamètres. Dans ces con-
- ditions, il traverse une lampe L à incandescence, disposée horizontalement au-dessous du système,-et la chaleur développée par cette lampe suffit pour empêcher toute congélation.
- Cette dérivation est effectuée automatiquement par un thermomètre métallique AB, qui est disposé de manière qu’à une température voisine de zéro, il
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- forme contact en A avec l’un des conducteurs de la lampe.
- Dans les premiers temps de l’éclairage, les abonnés se méfiaient de ce mode de contrôle, et tenaient eux-mêmes une comptabilité du nombre de lampes heures. M. O. Miller constate que les 1 indications de la Compagnie et celles des abonnés ont toujours présenté la concordance la plus absolue, ce qui démontre que ce mode d’enregistre-
- ment est tout au moins aussi exact et probablement plus que la majorité des compteurs à eau ou à gaz.
- La même remarque a déjà été faite par M. B. Abdank-Abakanowicz, à propos des installations d’éclairage Edison à New-York.
- Mais revenons aux appareils placés dans la salle des machines.
- La figure 4 représente un apparejl destiné à dé-
- l-IC. IO. — COUPE suivant a-b.
- celer la présence des fuites. Deux lampes, 1 et II sont placées en série sur les conducteurs principaux, entre lesquels la différence de potentiel est de 100 volts; ces lampes ne donnent donc en temps normal qu’une intensité lumineuse très faible. Le fil ee, qui les réunit, communique avec la terre en passant à travers une sonnerie trembleuse. Lorsque l’isolement est parfait, aucun courant ne passe dans la sonnerie; mais dès qu’un contact à la terre se produit à un point quelconque du réseau, en a, par exemple, le courant suit la direction indiquée par les flèches de la figure ; la sonnerie trembleuse se met en branle en même temps que la lampe II
- donne une lueur bien plus vive. Les lampes servent surtout pour les contacts ayant une résistance de quelques ohms seulement; la sonnerie trembleuse est réglée de façon à se mettre en branle par un courant de 0,1 d’ampère; elle indique donc, dans le cas où la différence de potentiel entre les deux conducteurs est de 100 volts, la présence d’un contact à la terre ayant une résistance de 1.000 ohms.
- Enmettant en dérivation, sur lasonnerie, quelques résistances variables, de façon à ne laisser passer dans les bobines de celles-ci qu’une fraction con^ nue du courant total, le surveilllant peut de suite
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- savoir si le défaut d'isolement est voisin de i.ooo, de 5oo, de 200 ohms, et ainsi de suite.
- Une fois que l’on est prévenu de l'existence d’une fuite dans le réseau, il est important de pouvoir la localiser le plus promptement possible afin d’y porter remède. Les moyens ordinaires prendraient trop de temps et par suite doivent être écartés en pratique.
- Voici comment on procède. On dispose à l’usine centrale une pièce fusible en plomb B, et chez chaque abonné, une pièce fusible sur chacun des branchements (fig. 3).
- Supposons, si l’on veut, dans ces conditions, qu’un contact à la terre se produise en A par exemple ; si l’on met le commutateur à deux direction de B, en communication avec le pôle positif de la dynamo, le courant suivra les directions indiquées par les flèches de la figure et la pièce fusible placée en b fondra, mettant ainsi hors du circuit les lampes de l’abonné A. Cet abonné demandera alors à l’usine une pièce de rechange et le défaut est immédiatement localisé. La résistance de la pièce B est calculée d’après le nombre maximum de lampes qu’on pense pouvoir mettre hors circuit sans inconvénient. Il va sans dire que ces essais devront être faits au moment où l’extinction des lampes présentera le moindre inconvénient, c’est-à-dire, dans la dernière période de l’éclairage.
- Pour connaître la différence de potentiel aux bornes des machines, ou entre les points d’attache des conducteurs principaux, on se sert du voltmètre Siemens et Halske.
- L’appareil est représenté dans son ensemble sur la figure (5). A l’aiguille indicatrice se trouve attaché un levier qui, toutes les fois qu’on dépasse, dans un sens ou dans l’autre, la tension de régime, met en dérivation sur les bornes de l’appareil, une sonnerie trembleuse et l’une des deux lampes latérales qui sont munies de globes diversement colorés (rouge et bleu). Un commutateur permet de relier les bornes de cet appareil avec divers points entre lesquels la différence de potentiel est intéressante à connaître : on évite ainsi les erreurs dues au tarage des instruments, erreurs très difficiles à éviter lorsqu'on se sert de plusieurs appareils.
- Le réglage des machines se fait à la main au moyen de quatre rhéostats disposés en R (fig. 11) que l’on manœuvre à l’aide de leviers, et qui permettent de faire varier la résistance du circuit des inducteurs, lorsqu’on éteint ou qu’on allume un grand 'nombre de lampes à la fois.
- Les régulateurs peuvent être manœuvres séparé ment ou à la fois.
- Il nous reste quelques mots à dire du procédé employé pour intercaler une nouvelle machine dans le circuit.
- Pour que le surveillant préposé sache à que moment il doit faire cette manœuvre, il faut qu’il puisse à chaque instant connaître la charge exacte des machines en marche, c’est-à-dire, le nombre de lampes qu’elles alimentent. Cette indication lui est donnée par un ampèremètre de construction simple, représenté sur la figure 6. L’appareil est placé sur un des conducteurs principaux et se compose d’une aiguille aimantée M, munie d’un contrepoids mobile G et sollicitée à rester parallèle au courant, par l’action d’un aimant permanent m. Cet instrument est gradué en lampes et le tarage se fait à la place même que doit occuper l’appareil, afin de tenir compte de l’influence des machines. Supposons dans ces conditions (fig. 7) que les deux machines I et II soient en marche et que le mécanicien lise sur son ampèremètre que chacune de ces machines alimente le nombre maximum de lampes qu’elle est destinée à alimenter, 400 lampes, par exemple. Il faut alors qu’il mette en circuit la dynamo III. S’il se bornait à égaliser la tension de cette machine, avec celle des deux autres et qu’il l’intercalât ensuite brusquement dans le circuit, le travail des machines se répartissant sur une dynamo de plus, les moteurs auraient tendance à s’emballer et les lampes brûleraient à une intensité supérieure à l’intensité de régime, tant que les régulateurs des machines à vapeur n’auraient pas fonctionné. Pour éviter ces inconvénients on a disposé, en LLL, 400 lampes reliées aux machines de la façon qui se trouve indiquée sur la figure.
- On met d’abord la machine III sur ce circuit en fermant le commutateur D ; on manœuvre ensuite le régulateur à la main jusqu’à ce que la différence de potentiel aux bornes de cette machine soit devenue exactement égale à celle des deux autres; c’est alors seulement que l’on ferme le commutateur C, en sorte que la machine III se trouve reliée d’une part avec la batterie de lampes LLL, et d’autre paît, avec les conducteurs principaux ; rien n’est changé au régime des machines, puisqu’elles alimentent chacune 400 lampes. On éteint alors un à un le groupe de lampes LLL, au moyen des commutateurs E,E,E, et on règle à la main le courant dans les inducteurs, au cas où la vitesse des machines tendrait à s’accélérer. Lorsque toutes les lampes sont mises h >rs circuit, on ouvre le commutateur D et la manœuvre est terminée.
- Nous donnerons prochainement quelques détails complémentaires sur cette installation qui paraît être l’une des plus soignées de celles actuellement existantes.
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- LES APPLICATIONS DE
- L’ÉLECTRICITÉ aux CHEMINS DE FER
- Rapport fait à la demande du Congrès des chemins de fer pnrL. WEISSENBRliCH, ingénieur du ministère des chemins de fer postes et télégraphes de Belgique.
- (Suite.)
- 3..— Block-Systems à pédales et à combinaisons automatiques.
- Les inconvénients communs à tous les systèmes précédents sont les suivants :
- jo Un poste peut croire que le train qu'il attend est passé.
- Deux cas peuvent se présenter :
- A. Dans les systèmes qui admettent le principe de la voie ouverte, un signaleur, après avoir reçu l’annonce de l’envoi d’un train, peut s’endormir ou s’éloigner, puisqu’un certain temps, pendant lequel il n’a rien à faire, doit s’écouler avant l’arrivée du train. Ensuite, en se réveillant ou en revenant à son poste, il peut s’imaginer que le train est passé et qu’il ne s’en est pas aperçu. Cette illusion est surtout possible s’il reçoit une nouvelle annonce du poste d’amont. Alors, perdant la tête, il peut déclencher la section précédente et lui donner la possibilité d’envoyer un second train sur la même section.
- B. Lorsque la voie est normalement fermée, cette erreur est bien moins à craindre, parce que le signaleur n’a, après l’annonce du train, que le temps nécessaire pour demander la voie au poste suivant et ouvr ir son signal. Il s’habitue donc à être plus attentif. Quoi qu’il en soit, il peut encore refermer trop tôt son sémaphore et, avec ou sans appel du poste d'amont, le déclencher et permettre l’expédition d’un second train sur la même section. Pourtant il est à remarquer que le poste d’amont n’est pas, comme dans les systèmes où les signaux sont normalement au passage, exposé à demander par erreur la voie au poste suivant pendant que celle-ci est encore ouverte, puisqu’il connaît cette situation par un signal de son appareil de correspondance (position d’un sémaphore miniature par exemple).
- 2° Bans un moment de trouble ou de confusion, un signaleur peut débloquer pour la marche sur la voie de gauche, après le passage d'un train sur l’autre voie.
- Cette erreur a été plusieurs fois constatée; elle peut surtout se présenter lorsque l’appareil n’est pas placé parallèlement au railway.
- 3« Enfin, le signaleur peut, en cas de rupture d’attelage, débloquer une section, alors qu’une partie du train y est restée. Cet accident est surtout à craindre en cas de brouillard.
- Pour éviter ces trois causes d’accidents on a songé à faire agir les trains sur des pédales mécaniques, ou des dispositifs mécaniques, ou des dispositifs électro-automatiques, de telle sorte que le déblocage d’une section nécessite, à la fois, l'intervention de l’agent du poste d’aval et celle du train à son passage à ce poste.
- Nous examinerons plus loin les différentes espèces de pédales expérimentées jusqu’aujourd’hui. Mais (auparavant, voyons quelles sont les objections de principe que soulève l’emploi d’une pédale, même parfaite en tous points, et ne pouvant jamais donner lieu à aucune défection.
- Certes, on pourrait atteindre, par cet emploi, une sécurité théorique absolue. Il ne peut donc y avoir aucune objection de principe. L’application soulève des problèmes difficiles — et non iraposibles — à résoudre. Si la pédale
- est actionnée par toutes les roues d’un train, elle fonctionnera par d’autres causes que le train annoncé; par exemple, par le passage d’un lorry ou d’un wagon descendant en dérive et à contre-voie. Si la pédale est actionnée par la locomotive, la faculté de débloquer est donnée dès que le premier véhicule est passé, quand même une rupture d’attelage aurait eu lieu. D’autre part, si l’on employait un dispositif automatique qui ne serait influencé que par le dernier véhicule, celui-ci amènerait, dans la formation des trains, des sujétions qui paraissent inacceptables.
- Déjà en 1882, M. Sartiaux, un des hommes les plus compétents dans la matière, a émis cet avis dans les termes suivants (* *) :
- On peut concevoir que d'un point central une machine Gramme, par exemple, mise en mouvement soit d’une manière continue, soit d’une manière discontinue, jette en assez peu de temps assez d’électricité à des machines Gramme placées près des appareils à manoeuvrer, pour que ces machines restituent, en tournant, une partie de l'effort moteur produit à distance et le transmettent à des organes qui effectuent la manœuvre des appareils.
- M. Cossmann est du même avis. Voici ce qu’il a dit à ce sujet (*) :
- Il ne faut pas désespérer de voir un jour l'intérieür d'une de ces cabines Saxby, d’où l'on manœuvre des centaines d’appareils,' muni d’.ùn générateur d’électricité et de commutateurs permettant d’envoyer le courant sur un certain nombre de récepteurs qui remplaceraient les leviers de ma nœuvre et seraient enclenchés entre eux, non plus mécaniquement, mais électriquement par des combinaisons des boutons des commutateurs.
- Faut-il attendre pour mettre ce programme à exécution, tout au moins en ce qui concerne la manœuvre des disques et la réalisation des enclenchements, que les. stations soient pourvues de véritables usines mettant partout l’énergie électrique à la disposition du personnel? Cela ne paraît pas nécessaire. En effet, au lieu de faire mouvoir les disques par des mouvements d’horlogerie mus par des poids ou des ressorts, pourquoi 11e pas appliquer ces appareils à la manœuvre de générateurs électriques? L’effort à développer pour remonter les poids ou les ressorts des générateurs serait plus grand, il est vrai, mais on éviterait les objections tirées de l’impossibilité pour les signaleurs de se rendre eux-mêmes aux disques et de connaître le moment précis où le remontage doit avoir lieu. Puis, les signaleurs pourraient contribuer à ce remontage dans leurs moments de loisir. La fatigue qu’ils supporteraient de la sorte ne serait certes pas plus considérable que celle qui est produite aujourd’hui par la mise en jeu des leviers que les transmissions (électriques permettraient de supprimer.
- I. — Manœuvre à distance des disques.
- Dans la plupart des disques électriques, l’électricité ne fait que déclencher un mouvement d’horlogerie. Ce sont les seuls qui aient pu être employés d’une manière courante. Pourtant, quelques inventeurs ont fait agir l’électricité directement; mais, comme ils ont continué à n’employer que les faibles sources usitées en télégraphie, ils ont dû se borner à faire osciller des masses très peu considérables au moyen d’organes nécessairement délicats et ils ont été réduits, pour masquer l’impuissance de ces appareils de laboratoire, à les enfermer dans des boîtes vitrées bien étanches aux dépens de leur visibilité.
- On peut donc dire avec M. Cossmann que le véritable disque électrique n’est pas encore inventé.
- L’emploi des disques à mouvements d’horlogerie s’imposera pourtant dans quelques cas spéciaux.
- Ils sont exclusivement adoptés par certains chemins de
- (!) V. la Revue générale des chemins de fer, de 1882.
- (*) V. La Lumière Électrique, de i883.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- fer des parties montagneuses de l’Autriche et par le chemin de fer du Saint-Gothard, parce que le climat y comporte des variations extrêmes de 5o®. Il sera aussi nécessaire d’en faire usage pour les très grandes distances. On sait que les transmissions par fils donnent lieu à de grandes difficultés au delà de i.Soo à t.8oo mètres, et bien des disques avancés sont placés à de plus grandes distances. On pourrait croire que l’adoption des freins continus aurait dû avoir pour effet de réduire ces distances. Mais il n’en est rien, car l’adoption n’a nulle part été 'générale et même là où l’on a décidé d’appliquer ces freins aux trains de marchandises, cette extension n’a pas encore pu être réalisée.
- D’ailleurs, indépendamment dé la question des freins, la distance des disques avancés a une tendance à s’accroître. Nous citerons l’avis de M. Jules Michel, ingénieur en chef de la Compagnie de Lyon (‘) :
- Il serait souvent désirable, pour la facilité du service, de pouvoir porter les disques à des distances de 2.000 et même de 2.400 mètres du levier de manœuvre.
- Généralement, en effet, le disque avancé protégeant une gare ou une bifurcation n’est pas considéré comme un signal d’arrêt absolu quand il présente sa face rouge perpendiculairement à la voie. Ce n'est qu’un signal d’avertissement qui peut être dépassé par les trains, pourvu que le mécanicien, marchant avec précaution, soit toujours en mesure de s’arrêter avant d’atteindre l’obstacle signalé par la fermeture du disque. Mais le train, une fois arrivé devant l'obstacle, peut être obligé de stationner plus ou moins longtemps, et si l’on veut éviter d'employer un homme pour le couvrir à la main, il faut disposer le disque de manière à le protéger efficacement. Si le train, par exemple, est arrêté par des manœuvres faites à 3oo mètres en avant de la gare, s'il a lui-même 5oo mètres de longueur, il constitue à 800 mètres de la gare un nouvel obstacle. La distance à laquelle le signal de protection doit être fait ou du moins être visible en avant de ce point, est variable suivant les règlements des Compagnies et suivant le profil des lignes; elle peut atteindre I.200 et même I.5oo mètres. Les circonstances topographiques peuvent d’ailleurs obliger quelquefois à placer le disque à peu près à la distance réglementaire par rapport au poteau-limite, afin de rendre le signal visible d'assez loin pour que le mécanicien ait le temps moral nécessaire pour l’apercevoir et pour se rendre bien compte de sa position avant d'arriver trop près de l’obstacle. Dans ce cas, la transmission aurait 2.000 à 2.300 mètres.
- M. Michel décrit ensuite les moyens mécaniques inventés par M. Dujour pour dépasser la limite de 1.600 mètres. Ces moyens paraissent bons pour les disques manœuvrés au moyen d’un seul levier. Mais ne donnent-ils pas lieu à trop de complications lorsqu’on doit manœuvrer les signaux de plusieurs points différents? Puis, le règlement de la transmission n’est-il pas fort difficile surtout si la ligne est en courbe? Le système de la Compagnie de Lyon comporte l’emploi de plusieurs contrepoids situés sur le parcours de la transmission et, par conséquent, moins faciles à surveiller que celui du signal. Or, chacun de ceux-ci se meut dans une fosse qui a l’inconvénient de pouvoir se remplir d’eau et de détritus.
- Les transmissions par fils offrent d’ailleurs toutes le désavantage de nécessiter une surveillance assez attentive. Les fils quittent les gorges des poulies; celles-ci se rouillent et cessant de fonctionner. Enfin, des ruptures sont à craindre. Les disques électriques ne présentent pas ces inconvénients et les bons résultats qu’ils ont donnés en Autriche semblent devoir les faire préférer pour les grandes distances.
- A. — Disques à mouvement d'horlogerie. — L’emploi de la pesanteur pour actionner les mouvements d’horlogerie est général ; celui des ressorts est extrêmement rare. Cette préférence provient de ce que les ressorts sont plus coûteux et peuvent se casser et de ce que, d’autre part, il n’y a pas utilité à réduire le volume de l’appareil de manœuvre. Nous ne citerons que pour mémoire le disque Léopolder, formé d’un disque immobile dont la moitié inférieure rouge, vient, par un mouvement de rotation et de glissement,
- (*) V.’Revue générale des chemins de fer de 1880.
- recouvrir la partie supérieure blanche, pour donner le signal d’arrêt.
- Le disque Schœnbach est animé, autour d’un axe vertical, d’un mouvement de rotation. Transmise du mécanisme d’horlogerie à l’axe par un engrenage d’angle, cette rotation doit donc être alternativement de 90° et de 270°. L’échappement électrique est à fourche, comme celui des cloches Léopolder. Le transmetteur de manœuvre est une manivelle qui ne tourne que dans un seul sens et peut occuper trois positions : « repos », « signal » et « rappel du disque ». A la position de « repos », le courant est interrompu ; à celle de « signal » le circuit est fermé, le mouvement d’horlogerie est déclenché et le signal se met à l’arrêt. En passant de la position « signal » à celle de «rappel du disque», le courant est alternativement interrompu et rétabli; un nouveau déclenchement est produit et le disque est rouvert. Enfin i! est nécessaire, pour que le courant ne circule pas en permanence, de ramener la manivelle à la position « repos ».
- Le disque Teirich est un perfectionnement du précédent. Il a un mouvement de rotation alternatif d’une amplitude de 90°. La ligne est normalement parcourue par le courant C’est son interruption qui produit la mise à l’arrêt. La rupture du fil n’est donc plus une cause de danger. Afin d’empêcher qu’un courant atmosphérique, survenant pendant que le disque est à l’arrêt, ne le ramène à « voie libre ». M. Teirich a adapté à son appareil un organe spécial, grâce auquel toute émission ou rupture de courte durée du courant est sans effet sur le déclenchement.
- L’inventeur a égulement combiné un type d’appareil marchant au moyen de courants d’induction. L’échappement à ancre seul est changé. Il est modifié de telle façon que le déclenchement ne puisse s’effectuer que par une série de cinq ou six alternances de courant.
- Le disque Weyrich se meut comme le précédent. Le système de déclenchement est un échappement à fourchette renversé. Comme dans le système Teirich, un courant continu parcourt normalement la ligne et un rappel de déclenchement rend sans effet une rupture ou une émission momentanée de courant.
- M. Hohenegger emploie, non un disque, mais un sémaphore dont l’aile s’abaisse de 45° pour donner le signal « voie libre ». Le déclenchement est produit par un échappement à fourche qu’actionnent des courants d’induction.
- Ces courants reviennent au point de départ où ils font mouvoir un petit signal répétiteur.
- Ce qui caractérise les disques et les sémaphores de M. Schœ/Jler, ce sont les dispositions cinématiques ingénieuses qui y sont employées. C’est toujours un courant continu qui ouvre le signal et son interruption qui le referme. Seulement, le déclenchement électrique est combiné de telle sorte que si l’aimantation de l’électro-aimant n’est pas durable, ainsi qu’il arrive par l’action de l’électricité atmosphérique, la roue du mécanisme sur laquelle agit l’échappement fait, non un demi-tour, mais un tour entier, et que le signal, après s’être effacé, se remet à l’arrêt. Le signal ne peut donc jamais prendre une autre position que celle qu’on a l’intention de lui donner au poste d’où on le manœuvre.
- Comme nous l’avons vu, à propos du disque Schoenbach, lorsque le mouvement de rotation est transmis au disque par un engrenage d’angle, il en résulte l’inconvénient de nécessiter deux rotations inégales dans le même sens, l’une de go®, l’autre de 270®, et de ne produire pour une même chute du poids moteur que la moitié des signaux donnés par les systèmes où les deux rotations sont de 90®, mais en sens inverse. M. Schœffier a très ingénieusement obtenu ces deux mouvements en sens inverse, soit au moyen d’une poulie oblique embrassée par une fourche formée du prolongement de l’axe du disque, soit au moyen d’une manivelle à fourche.
- Nous passerons sous silence les disques Krizik, Langié et Banovits, qui ne se distinguent des précédents que par
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- leurs dispositions cinématiques ou le tracé de leurs échappements.
- Le signal Hipp s’écarte complètement de ce que nous avons vu jusqu’ici. Les courants qui produisent la mise à voie libre et la mise à l’arrêt du signal sont envoyés au moyen de deux fils distincts. Le mécanisme moteur du signalsert en même temps de commutateur, de manière qu’à chaque mnœuvre du disque l’appareil se remet automatiquement en contact, en vue de la manœuvre subséquente.
- Le disque est à mouvement continu et tourne à chaque émission de courant d’un angle de 90°; il est donc à double face rouge, de sorte que quand il est effacé, il y a toujours un voyant rouge parallèle à la voie. Dans les parties courbes, cette disposition peut être une cause de confusion pour les mécaniciens.
- L’électricité atmosphérique n’a aucune action sur ce système. Grâce à l’emploi de deux fils, le circuit ne se trouve jamais fermé que pour la position à laquelle on a voulu précisément amener le signal.
- Dans le disque Rommel on a eu recours à une disposition ingénieuse pour écarter l’influence de l’électricité atmosphérique. L’appareil est disposé de telle sorte que lorsque le disque est à l’arrêt, une émission , de courant déclenche le mécanisme moteur, mais ne le réenclenche à voie libre que si le courant est constant. Une interruption de courant ou une rupture de circuit ramène le disque à l’arrêt, mais elle ne l’y maintient que si elle n’est pas passagère. Le même problème a été résolu dans d’autres disques par des moyens différents.
- Le disque Hattemer fonctionne par les courants d’induction. Le passage de l'arrêt à la voie libre s’obtient par trois séries de courants alternatifs, tandis que le passage dé voie libre à l’arrêt ne nécessite qu'une émission. Comme l’appareil exige un travail électrique pour fonctionner et que, par suite, il ne se mettrait pas à l’arrêt par une interruption du circuit, on l’a disposé de façon qu’il décèle lui-même toute interruption.
- Le déclenchement est obtenu par l’abaissement d’un assez fort marteau. Grâce à sa lourdeur, les trépidations qui n’ont jamais une puissance aussi forte que lui, n’ont aucune action sur l’appareil.
- Enfin, nous rappellerons qu’en parlant des blocks automatiques, nous avons dit un mot des disques électriques de Rousseau et de 1’ « Union electric signal Company. »
- B. — Appareils à action 'directe. — Nous ne ferons que citer le système Pope et Hendrickson et celui de M. Lartigue, qui sont caractérisés par l’apparition de voyants derrière des lunettes et constituent, par conséquent, de véritables appareils de correspondance.
- Le disque à pendule de Rikli est formé d’un pendule oscillant entre les armatures de deux électro-aimants. Le mouvement du pendule est communiqué au disque par une combinaison cinématique de leviers calculés de telle sorte que l’amplitude d’une oscillation du pendule fasse tourner l’axe du disque de 90°. La manœuvre de cet appareil exige l’emploi de deux fils télégraphiques et d’un manipulateur dont les deux leviers sont reliés de manière que l’un s’élève quand l’autre s’abaisse. De cette façon, le courant ne traverse jamais qu’un seul électro-aimant et il les traverse alternativement; le pendule va donc adhérer à une bobine, puis à l’autre.
- Ce système a rencontré des inconvénients sérieux en pratique; il n’a jamais été appliqué qu’à titre d’essai.
- En parlant des blocks automatiques, nous avons vu un disque électrique à action directe, celui de Hall ; mais c’est encore un voyant apparaissant et disparaissant derrière une lunette vitrée.
- Il existe pourtant un vrai sémaphore à action directe, celui de Currie et Timmis, mis à l’essai en Amérique sur
- le raccordement de la « Gloucester Waggon C° • (*). Le bras du sémaphore est fixé en son milieu à un axe autour duquel le fait osciller une tige, commandée elle-même par l’écran à double verre qui masque le feu de la lanterne fixée au mât. Le poids de cet écran tend à faire retomber le bras dans sa position horizontale; pour effacer le signal, il faut relever l’écran. Pour obtenir ce mouvement, les inventeurs ont eu recours à l’emploi d’un aimant à longue attraction, sorte de soléno’ide capable de développer une action assez énergique pour produire un mouvement d’une certatne pnissance.
- Cet aimant se compose de deux tubes concentriques de fer doux, réunis entre eux par des plaques de même métal, de manière à former une boîte annulaire remplie de fils de cuivre. Une sorte de piston creux peut glisser à l’intérieur de cette boîte annulaire.
- L’aimant commence donc à agir sur son noyau, de la même façon qu’un solénoïde, jusqu’à ce que ce noyau soit enfoncé assez loin dans le tube, la force d’attraction décroissant, d’ailleurs, à mesure que le noyau s’enfonce. Mais comme, d’autre part, l’armature s’approche de l’aimant et commence à entrer en jeu à une certaine distance, la force d’attraction reste à peu près constante. On a donné à cette armature la forme d’un couvercle qui épouse la plate-forme supérieure de l’aimant, et il suffit d’une faible force pour la maintenir en contact. Quand le courant passe, l’aimant attire son armature, l’écran démasque la lanterne et le sémaphore s’abaisse.
- Les sources d’électricité sont des accumulateurs.
- Malgré l’élégance de la solution de MM. Currie et Timmis, il est permis de se demander si l’on ne pourrait produire un appareil plus robuste en le faisant actionner par un moteur analogue à une machine Gramme, commandée à distance par une aurre machine Gramme. Le mouvement de cette dernière serait obtenu, ainsi que nous en avons déjà émis l’idée plus haut, par un mécanisme d’horlogerie que le signaleur remonterait dans ses moments de loisir. La perte d’énergie dans une transmission de deux kilomètres ne serait pas supérieure à £0 %. Le problème est donc facile à résoudre, puisque le mouvement de rotation d’un disque n’exige qu’un effort moyen de huit kilogrammes au maximum f5).
- 2. — Interlocking-sy stems.
- Dans les gares d’une certaine étendue, les leviers de manœuvre des aiguilles et des signaux ne peuvent être tous placés dans une seule cabine, et l’on est obligé de former des groupes et de multiplier les postes. On établit alors, outre les enclenchements existant èntre les leviers de chaque cabine, des enclenchements à distance, afin de coordonner entre elles les manœuvres mises sous la dépendance des différents postes.
- Il existe des moyens mécaniques pour réaliser ces enclenchements; mais, lorsque la distance entre le signal et le poste enclencheur est grande, ou lorsque le trajet des fils de transmission est en courbe (comme il arrive pour les voies d’une triple bifurcation disposées en triangle), il est préférable de recourir à l’électricité.
- MM. Tyer et Farmer ont à cet effet inventé l'Electric slot signal. Cet appareil s’emploie quand il n’y a qu’un levier à enclencher. La tringle de transmission du levier est coupée en un point. Chacun des tronçons de cette tringle agit sur un levier coudé. Il y a donc deux leviers coudés accolés qui oscillent autour d’un même axe et sont normalement réunis par un crochet attenant à l’un d’eux. Ce crochet est
- (!) V. VElcctricien du 27 mars 1884.
- (*) V. les expériences de M. Michel, Revue générale des chemins de
- fer, 1880, t. II, p. 425 : 7 à 8 kilogrammes sous l’action d’un fort vent;
- 5 à 6 kilogrammes sous l’action d’un vent ordinaire; 3 kilogrammes en l'absence de vent.
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- détaché lorsque l'armature en forme de marteau d'un électro-aimant, vient à tomber sur Jui, et cela se produit chaque fois que le courant de l'èlectro-aimant est interrompu. Le signaleur est prévenu du passage du courant par un sémaphore en miniature et un galvanomètre.
- Lorsqu'il y a plusieurs leviers et une table d'enclenchement, MM. Saxbÿ et Farmer emploient une autre disposition. Chaque clef qui actionne un gril d'enclenchement porte un secteur à cran. Un électro-aimant est placé au-dessus de chaque secteur. Son armature a une saillie qui tombe dans le cran du secteur quand elle se détache de l'électro-aimant par l’interruption du courant. Le secteur et, par suite, sa clef sont alors immobilisés.
- Si l'électricité vient à manquer, son absence n'a d’autre effet que de produire un enclenchement mal à propos. •
- MM. Schnabel et Hennins ont aussi deux systèmes d’enclenchement électrique. Dans leur premier système, la manette de chaque levier portait un coude qui était normale tnent immobilisé et dégagé par l'envoi d'un courant. Les inventeurs employaient une machine d'induction à courants redressés. Lorsque le signaleur attirait à lui le levier, le coude de la manette engrené avec le pignon d'un inducteur envoyait au poste enclencheur un courant d'un certain sens et faisait apparaître un voyant. Un courant de sens contraire était émis lorsque le levier reprenait sa place et effaçait le voyant.
- Voici le second système de MM. Schnabel et Henning : Rappelons d’abord que, dans leur interlocking-system, les enclenchements mécaniques sont réalisés au moyen de barres horizontales qui immobilisent d'autres barres verticales, lesquelles doivent pouvoir prendre un mouvement dans le sens de leur longueur, pour qu'on puisse, en appuyant sur les manettes des leviers, dégager leurs verrous de leurs crans d'arrêt. Il suffit donc aux inventeurs, pour empêcher les leviers de se mouvoir, de placer un buttoir devant l'extrémité d’une des barres d’enclenchement verticales. Ce buttoir, dépendant de l'armature d'un électro-aimant, n'es relevé que par le passage du courant.
- En Allemagne, les enclenchements à distance sont plus employés que partout ailleurs; les principes de centralisation qui y sont adoptés exigent que le chef de station, ou plutôt le chef du mouvement, recevant seul les communications intéressant le service, soit seul à pouvoir prescrire l'ordre de succession des différentes manoeuvres.
- En 1881, MM. Siemens et Halske avaient exposé, à Paris un « système complet d’interverrouillage mixte mécanique et électrique des signaux et des aiguilles placés sous la responsabilité directe du chef de gare ».
- Voici ce que dit à ce sujet le rapport officiel rédigé par M. D. Banderali :
- Chaque levier de signal, outre l'enclenchement mécanique, est normalement immobilisé par un appareil électrique tout à fait analogue à l’appareil de « block » et mis en relation avec un appareil de commande placé dans'le bureau du chef de mouvement de gare.- Cet agent supérieur, lorsqu’il veut faire entrer ou sortir un train, agit sur un poussoir correspondant à la voie qu’il veut libérer et tourne son inducteur.
- Cette manœuvre a deux effets ;
- A. Elle cale l’appareil du chef de mouvement de gare, de sorte qu’il ne peut plus commander une autre manœuvre incompatible avec la première avant que le signaleur lui ait rendu la liberté;
- B. Elle libère l’enclenchement électrique qui immobilisait le levier du signal que le chef du mouvement de la gare veut faire effacer; l’apparition d’un voyant blanc au-dessus de ce levier avertit le signaleur du poste central qu’il doit lancer les verrous, puis mettre à voie libre le signal libéré. Quand le train est rentré ou sorti, ce signaleur rend la liberté ^iu chef de mouvement en actionnant l’appareil de block qui surmonte son levier et par cette manœuvre cale de nouveau ce levier à l'arrêt.
- Dans la dixième assemblée technique de l'Union des chemins de fer allemands (Berlin, juillet 1884), on a agité la question suivante :
- * Quel est le meilleur mode d1 enclenchement des signaux dans les gares gui manœuvrent à distance leurs signaux
- et leurs aiguilles? Faut-il donner la préférence au verrouillage mécanique ou au verrouillage pat f électricité, enjaisant entrer particulièrement en ligne de compte le nombre ou la difficulté des réparations nécessaires ? »
- Les conclusions du rapporteur (Compagnie du chemin de fer Austro-Hongrois) ont été les suivantes :
- Dans les gares qui manœuvrent a distance les signaux et les aiguilles, le déclenchement des leviers de signaux se fait par le chef au moyen de l'électricité; les diverses dispositions ont donné de bons résultats. On se sert également d’appareils mécaniques pour le déclenchement; les expériences faites juspu’à ce jour n’ont cependant pas prouvé qu’il fût impossible d’employer ces appareils pour les grandes distances.
- Une autre question se pose naturellement ici :
- L'emploi des enclenchements électro-mécaniques, dont nous avons décrit plusieurs types, ne pourrait-il servir à réduire le nombre si considérable des leviers des cabines Saxby?
- On pourrait supprimer tous les leviers de manoeuvre des signaux optiques et les remplacer par de simples boutons électriques, en se servant des disques que nous avons décrits plus haut. Les signaux seraient maintenus à voie libre par le passage d'un courant et ils seraient mis à l'arrêt par sa suppression.
- Toute aiguille reliée à un signal, serait enclenchée par le passage du courant qui maintient le signal ouvert et ne pourrait, par conséquent, être manœuvrée que pendant la fermeture du signal. De plus, le signal serait à l'arrêt et son circuit interrompu tant que l'aiguille ne serait pas dans sa position normale. Un signal d’arrêt absolu ne pourrait être tourné à l'arrêt qu'après la fermetnre de son signal avancé. Enfin, plusieurs signaux d'arrêt absolu reliés entre eux ne pourraient être ouverts simultanément.
- Le coût d’établissement des cabines Saxby étant proportionnel au nombre de leviers, on pourrait obtenir de la sorte une réduction dans le prix des installations.
- MM. Currie et Timmis se sont servis de leur disque manœuvré directement par l'électricité, dont nous avons parlé plus haut, pour combiner Un interlocking-system dans lequel Jes aiguilles restent seules manœuvrées mécaniquement. Les disques sont actionnés par des commutateurs électriques auxquels on a donné la forme des leviers d’aiguilles à manettes, mais en miniature. Pour mettre un disque à l'arrêt, on tire le petit levier à soi jusqu’au bout de sa course et le courant des accumulateurs (qui sont les sources d’électricité employées) passe directement dans les électro-aimants du signal. En ramenant le petit levier légèrement en arrière dans la position où sa manette entre dans une encoche, on introduit une résistance dans le circuit. (Cette résistance est une lampe Swan, ce qui permet de s'assurer par une simple inspecti on du passage du courant.) Le courant est ainsi affaibli, mais il conserve encore la force nécessaire pour maintenir le signal à l’arrêt.
- On a jugé inutile d'employer des enclenchements électromécaniques mis en jeu par des boutons électriques placés dans les cabines, mais les aiguilles en pointe sont munies de verrous manœuvrés mécaniquement par des leviers comme les aiguilles elles-mêmes. Tous les enclenchements peuvent alors être obtenus électriquement par des commutateurs mis en jeu par les leviers des transmissions mécaniques.
- Le jeu des commutateurs peut également s'obtenir par les aiguilles elles-mêmes. C’est ce qui a été réalisé dans l’interlocking-system qui complète aux bifurcations le block-system automatique de 1' « Union electric Signal Company. »
- .{A suivre.)
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- FAITS DIVERS
- Le jour où « Le Bayard » est venu mouiller, en vue des Salins d’Hyères, ayant à son bord la dépouille mortelle de l’amiral Courbet, on avait fait installer dans l’école communale des Salins deux appareils télégraphiques spécialement destinés au monde officiel et à la Presse.
- Une nouvelle expérience du ballon dirigeable dont il fut déjà question l’année dernière, vient d’avoir lieu à l’atelier d’aérostation de Meudon, sous la direction des capitaines Krebs et Renard.
- Ces messieurs ont fait l’essai d’une nouvelle machine électrique, dont ils sont les inventeurs, pour la manœuvre de l’hélice.
- D’après les renseignements recueillis, cette machine possède un pouvoir moteur de 8 chevaux au lieu de 5, mesurés aux bornes; la vitesse réelle dont l’aérostat est! susceptible, en air calme, est de 4 kilomètres 1/2 au lieu de 3 1/2.
- Le problème qu’il s’agissait de résoudre était double : marcher d’abord contre un vent assez violent, puis atterrir sans être forcé d’ouvrir la soupape et par conséquent, sans éprouver aucune déperdition de gaz.
- Depuis quelques jours, des officiers du camp de Cbalis étudiaient la vitesse du vent à différentes hauteurs, à bord d’un ballon captif où ils avaient installé un appareil spécial pour ce genre d’étude.
- Les capitaines Krebs et Renard ont donc exécuté leur ascension au camp de Chalis par un vent qui, quoique presque nul à la surface du sol, soufflait cependant du nord-est avec une intensité peu commune.
- Arrivé à une altitude de 3oo mètres, l’hélice a été mise en mouvement et le ballon, après s’être maintenu contre le vent pendant une demi-heure, a exécuté différents virements de bord sous l’impulsion d’une voile en forme de trapèze, fixée à l’arrière, au-dessus de la nacelle et qui constitue une des plus récentes améliorations du système de direction inventé par les savants officiers de l’atelier d’aérostation.
- L’atterrissement devait avoir lieu sur le territoire de la ferme de Villaconblais (près du Petit-Bicêtre).
- Lentement le ballon s’est dirigé vers l’endroit désigné ; et avant d’atterrir, il a encore évolué avec une parfaite régularité.
- Au moment où les soldats de Meudon, envoyés pour aider à la descente, s’apprêtaient à le recevoir, le ballon s’est maintenu encore immobile pendant quelques instants, bien que le vent eût redoublé de violence, puis sous l’action du poids fixé à la nacelle, et faisant successivement machine en avant et machine en arrière, l’aérostat a touché terre sans secousses et sans le secours de personne.
- La nuit venant, les capitaines Krebs et Renard ont cru devoir faire ramener le ballon, par l’équipe d’ouvriers du génie, jusqu’à Cbalis, non sans avoir eu à surmonter bien des difficultés de la part des paysans qui voulaient s’opposer au passage, à travers leurs champs de betteraves, des hommes qui tenaient les cordes fixées à la nacelle.
- Tout le monde s’accorde à reconnaître qu’à l’Exposition du Travail, l’emplacement réservé à l’électricité est par trop restreint.
- Le nombre des exposants n’est sans doute, pas très considérable, mais ce n’est pas une raison suffisante pour serrer les uns contre les autres, comme on l’a fait, le peu d’exposants qu’il peut y avoir. D’autant plus que certains constructeurs, en très petit nombre du reste, se trouvent disséminés dans les différentes parties du rez-de-chaussée.
- Dans quelques jours le chemin de fer électrique, installé
- parla maison Siemens, d’après le système Lartigue, sera terminé et fonctionnera.
- Une explosion s’est produite à la cartoucherie de Toulon; des amorces électriques pour torpilles ont pris feu. Deux femmes ont été blessées, dont une très grièvement.
- M. Paul Pernet, iustituteur, a imaginé un allumeur thermo* électrique, qui se compose de quatre éléments Leclanché et d’un thermomètre à air, dont le tube est enroulé en spirale. Dans ce tube se meut un index en mercure destiné à mettre en communication les deux pôles de la pile. L’instrument est gradué par comparaison ; le tube du thermomètre est traversé par deux fils d’acier, dont l’un communique avec la pile et l’autre avec le charbon qui termine le circuit. Lorsque la température s’abaisse à 1° au-dessous de zéro, la colonne de mercure venant se placer entre les fils du thermomètre, ferme le courant, ce qui enflamme alors la mèche.
- M. Schwennhagen, architecte à Francfort, est persuadé que l’Etat devrait avoir le monopole de l’électricité, au détriment de tous individus ou Sociétés quelconques.
- Il a adressé à ce sujet, un mémoire détaillé au chancelier de l’empire d’Allemagne, où il dit textuellement : Qu’ayant l’intime conviction que l’avenir appartenant à l’electricité, l’exploitation ne doit pas en être abandonnée à quelques individus ou Sociétés, mais utilisée au profit de l’humanité. A cet effet, il faut que l’État utilise la force produite par l’eau et le vent, qui n’appartiennent encore à personne, pour obtenir une immense quantité d’électricité qu’il répartira progressivement dans toutes les localités au moyen d’ug vaste réseau de câbles. De l’artère principale se détacheraient les ramifications que les artisans utiliseraient pour leur industrie ainsi que pour l’éclairage des habitations et des ateliers. D’après l’auteur du mémoire, la monopolisation de l’électricité entre les mains de l’Etat serait le meilleur moyen de résoudre la question sociale, les petits industriels pouvant alors lutter avec les grands fabricants ; il en résulterait une transformation progressive de toute la machine gouvernementale sans la moindre attaque à la propriété de chacun.
- Le chancelier s’est borné à remercier M. Schwennhagen de sa communication !
- Nous lisons dans le Bulletin international des Télé-phones :
- M. J.-A. Kendal, de North-Ormsby, présente, à l’Exposition des inventions de Londres, un générateur électrique dans lequel la chaleur se transforme directement en énergie électrique. Cette transformation a son principe dans ce fait bien connu qu’au rouge, le platine absorbe le gaz hydrogène avec développement simultané d’électricité.
- Un élément de la batterie Kendall se compose de deux tubes en platine fermés à la partie inférieure et placés l’un dans l’autre. L’espace concentrique intermédiaire est rempli de verre en fusion. Une conduite qui passe à la partie intérieure et près du fond de l’appareil, envoie d’une façon continue un courant d’hydrogène dans le tube de platine intérieur. Quand les deux tubes sont reliés par des fils métalliques, l’absorption d’hydrogène et la production d’électricité qui en est la conséquence sont très actives. Le tnbe extérieur étant exposé à l’action de l’oxygène chauffé dans le fourneau, la disposition est au fond celle d’une batterie à gaz.
- Ces éléments se groupent en aussi grand nombre et de la même manière que ceux d’une batterie voltaïque ordinaire. On peut se dispenser d’employer de l’hydrogène pur, en envoyant dans le tube intérieur les gaz d’un fourneau, qui contiennent une certaine quantité d’hydrogène.
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- Dans ce cas, cet hydrogène sert à produire l’électricité, tandis qu’on emploie les autres gaz provenant de la combustion à entretenir la chaleur du fourneau. On peut en dire autant du gaz de charbon de terre.
- La force électromotrice d’un élément de ce genre a été évaluée à environ ovolt,7. Mais l’inventeur est d’avis qu’une tonne de coke dont on a extrait le gaz est, si l’on y ajoute un peu d’eau pour obtenir de l’hydrogène, susceptible de fournir, avec uue forte batterie du type ci-dessus, au moins trois fois autant d’énergie électrique que la même quantité de combustible employée pour faire marcher une machine à vapeur et une dynamo. Nous devons ajouter que, jusqu’à [présent, cette affirmation n’a été confirmée par aucune expérience pratique.
- Le Journal télégraphique de Berne contient la traduction suivante d’un article du Daily News, de Londres, reproduit par 1 ’Éleclrician de cette ville :
- L’Institut School of Submarine Telegraph ana Eleclrical Engineering, situé à la jonction de Prince’s Street et de Hanover square et qui existe déjà depuis près de 17 ans, fournit au visiteur une ample et intéressante preuve des progrès gigantesques que l’électricité a faits dans la vie sociale. Quand on entre au n° 12 de Prince’s Street, on trouve 40 à 5o jeunes gens occupés aux diverses opérations pratiques relatives à l’électricité Un moteur à gaz d’une force de 8 chevaux fait mouvoir les machines dynamos de différents systèmes et les élèves font des expériences, dessinent des appareils, transmettent et reçoivent des télégrammes par le télégraphe sous-marin, représenté par un galvanomètre à miroir ou un « siphon recorder ». On travaille partout, non seulement dans les salles où se trouvent des appareils de tous genres et des plus perfectionnés, mais même aussi dans le souterrain où des étudiants sont occupés à charger une formidable rangée de piles dites « secondaires » qui servent à l’emmagasinement de l’électricité. D’autres élèves essayent des piles avec des condensateurs et à l’extrémité de l’étage principal se trouve une chambre obscure occupée par un photomètre Bunsen, auquel on a apporté une modification imaginée par Sir William Thomson qui a émis un jugement très favorable sur la méthode d’enseignement suivie dans l’institut, auquel il témoigne toujours beaucoup d’intérêt, comme feu M. le professeur Fleeming Jenkin, et M. Preece, qui y ont envoyé leurs fils pour suivre le cours régulier d’instruction théorique et pratique. Ce cours, qui dure au minimum deux mois, avec faculté de redoubler, pour le même prix, si l’élève n’a pas montré une grande aptitude, embrasse toute la science et la pratique de l’électricité appliquée aux trois grandes subdivisions de la télégraphie, principalement en ce qui concerne les câbles sous-marins, l’installation et l’exploitation de la lumière électrique, d’après les différents systèmes, la construction des téléphones et l’organisation téléphonique. L’application des divers systèmes de télégraphie, de téléphonie et d’éclairage électrique est enseignée, depuis l’emploi des moteurs à gaz et des diverses machines dynamos, jusqu’à la construction des lampes à incandescence. On se livre également aux opérations délicates qu’exige la découverte d’un défaut dans un câble sous-marin, ainsi qu’à l’étude du photomètre pour la détermination de la puissance d’éclairage des lampes électriques, et à la recherche du meilleur moyen d’employer avantageusement les accumulateurs.
- Cet ènseignement pratique a lieu principalement dans la matinée, tandis, que les après-midi sont consacrées aux cours théoriques, se composant de leçons données par les directeurs et d’autres professeurs compétents sur les mathématiques, la chimie, les lois de la physique en relation avec l’électricité, les lois générales de l’énergie, le gaz et d’autres moteurs, l’électrostatique et l’électrodynamique, la relation entre le magnétisme et l’électricité, y compris la
- théorie et le mode de la construction des machines dynamo et magnéto-électriques, la théorie de l’éclairage électrique au moyen des lampes à arc et à incandescence, avec les principes de leur construction, la théorie et les détails de construction des diverses formes de piles secondaires ou accumulateurs, la théorie du téléphone et du microphone, la recherche et la détermination des défauts dans les circuits électriques et les formules du génie.
- Nous sommes heureux de pouvoir faire suivre ces quelques notes sur cette admirable institution, de l’extrait d’une lettre de sir William Thomson, datée du 16 mai. Il dit : « Il y a environ onze ans que j’avais exprimé une opinion favorable sur la grande utilité de la création, pour l’étude de la télégraphie sous-marine, d’un institut qui n'a pas cessé dès lors de travailler avec succès et qui jouit maintenant d’une réputation bien méritée sous le nom de École du génie électrique de la télégraphie sous-marine de Prince’s Street, Hanover square. J’ai eu récemment le plaisir de la visiter de nouveau, et c’est avec beaucoup de satisfaction que j’ai remarqué que son domaine qui se bornait, dans les débuts, à la télégraphie sous-marine, s’étend maintenant à toutes les branches du génie électrique, tandis qu’elle conserve son excellence pour l’ensei* gnement pratique de la télégraphie. Elle est maintenant bien pourvue d’appareils et d’instruments pour l’enseignement des mesures électriques, de la photométrie, du fonctionnement des machines dynamo, de la pratique de l’éclairage électrique et d’autres applications industrielles de l’électricité. En dehors de ces adjonctions précieuses pour l’enseignement par des exemples et par l’exercice pratique, on y enseigne méthodiquement les principes fondamentaux de la science par une série systématique de leçons et d’examens quotidiens, sous la direction de MM. Fiddy et Carpenter et de leurs habiles collaborateurs, et cela d’une manière qui me semble parfaitement bien entendue pour le plus grand profit des élèves.
- (The Electrician.)
- Malgré la somme considérable affectée aux dépenses du bureau des brevets, les employés ne sont pas en nombre suffisant pour l’expédition des affaires, et il a fallu cette année nommer 27 examinteurs techniques.
- Le bureau des brevets à Washington n’avait jamais, jusqu’ici délivré autant de brevets que pendant le mois d’avril dernier; les sommes perçues à cet effet s’élèvent, pour ce seul mois, à 5oo.ooo francs.
- Une nouvelle machine à graver, fonctionnant par l’électricité, a été récemment inventée par M. B. Carter, de San Francisco, pour la gravure décorative des métaux ouvrés. Les dessins sont d’abord fixés sur la pièce en type ou stéréotype, puis un bras de la machine passe dessus. Ce bras est muni d’une pointe de platine qui parcourt la surface du type, suivant les lignes parallèles, et laissant passer ou interrompant un courant. Un électro-aimant, en attirant une armature de fer doux, amène le burin sur la pièce à graver et l’actionne de telle sorte que la rapidité de la main du graveur est de beaucoup dépassée.
- Éclairage électx'iqueù
- La maison Didot et M. Hoffbauer a établi un Dlorama éclairé à la lumière électrique, dans les Champs-Elysées, au carré Marigny, en face du cirque:
- On y voit huit scènes de l’histoire de Paris se passant entre le milieu du xv°etle milieu du xvi° siècle, et empruntées à l’ouvrage Paris à travers les âges, dont la maison Didot a entrepris la publication depuis de longues années,
- La salle des machines, qui est très bien décorée, fait, en
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- quelque sorte partie de l’exposition et attire vivement l’attention des spectateurs qui visitent l’établissement, même en plein jour.
- En effet, le centre de l’édifice est occupé par un pavillon où se trouvent les huit panoramas reproduits à une petite échelle sur verre dépoli, et qui sont éclairés par transparence avec des lampes d’incandescence.
- Le nombre des lampes d’incandescence employées est de 3oo, eu y comprenant naturellement celles qui servent à l’éclairage du vestibule et des couloirs. Leur effet est très satisfaisant et leur répartition très heureuse.
- La semaine dernière, la lumière électrique a été employée pour la première fois à l’éclairage du théâtre Royal, à Berlin. L’expérience a parfaitement réussi.
- La place de la Cathédrale, à Milan, est maintenant éclairée à la lumière électrique, avec i5 foyers de 1.000 bougies chacun.
- Le nouveau théâtre qui sera ouvert à Naples le ier octobre a été pourvu d’une installation de lumière électrique complète à l’exclusion de tout autre éclairage.
- On vient d’inaugurer l’éclairage électrique du chantier de construction du grand pont que l’on construit sur le Pô pour la ligne de chemin de fer Parme-Casal-Maggiore-Piaderna. On a éclairé également à la lumière électrique les caissons de fondation à air comprimé.
- Le ministre de la marine anglaise a chargé MM. Siemens frères de Londres d’installer la lumière électrique à bord des vaisseaux de guerre dont les noms suivent : l’Edin-burgh, le Warspile, l’impérieuse, le Collingwood et le Rodney. Tous ces navires seront éclairés entièrement avec des lampes à incandescence. Chacun d’eux sera muni de foyers à projection et contiendra trois dynamos indépendantes, actionnées chacune par une machine Wiilans donnant 35 chevaux et 400 tours par minute.
- L’Hôtel Stillman à Cleveland 1 en Ohio va être éclairé avec 1.000 lampes à incandescence de 16 bougies. L’installation sera faite par la « United States C» ».
- MM. Crompton et C° viennent d’installer la lumière électrique à bord du cuirassé 1 ’Aquidaban, de la marine brésilienne. Trois dynamos Crompton, nouveau modèle, alimentant chacune 180 lampes Swan, qui sont elles-mêmes actionnées par autant de moteurs du système Wiilans. Il y a encore deux foyers à projection de 25 000 bougies chacun.
- Télégraphie et Téléphonie.
- Le 10 septembre à 10 heures du matin aura lieu au ministère des postes et télégraphes, rue de Grenelle 99, à Paris, la mise en adjudication de la fourniture :
- A. D’appareils télégraphiques de transmission et de réception, en 11 lots et comprenant : 3oo récepteurs Morse, 600 parleurs à relais, 600 rappels par inversion de courant, 6.000 sonneries, 1.800 galvanomètres et 3o relais de divers modèles ;
- B. D’appareils accessoires pour bureaux télégraphiques, en 9 lots et comprenant : 1.200 manipulateurs Morse, 1.000 commutateurs, 1.000 boutons d’appel, 4.525 paratonnerres de divers systèmes, 1.000 bobines pour paratonnerres, 10.000 bornes en laiton b. contre-écrou, 5.ooo serre-lames pour piles, 12.000 socles et 12.000 rondelles en caoutchouc durci, 10.000 plots et 600 boîtes en chêne ;
- C. De matériel et de produits chimiques pour piles et de la transformation de matières hors de service, en 8 lots et comprenant : 40.000 vases en verre de divers modèles, i3o.ooo vases poreux, 180.000 zincs divers pour piles, io.ooo kilogrammes de bioxyde de manganèse, 10.000 kilogrammes de chlorhydrate d’ammoniaque, 140.000 kilogrammes de sulfate de cuivre, 10.000 kilogrammes de charbon de cornue concassé, 5.ooo kilogrammes de dextrine et 5o.ooo prismes de charbon de cornue.
- Le gouvernement tunisien, ainsi que la Colonie britannique de Tasmanie viennent d’adhérer à la Convention télégraphique internationale. Ces deux pays font désormais partie de l’Union télégraphique internationale à titre d’offices adhérents.
- Dans sa séance du i3 août, le Congrès télégraphique de Berlin a adopté la proposition suivante faite par le président, M. le docteur Stephan.
- « Le bureau international des administrations télégraphiques est autorisé, le cas échéant, à exécuter les travaux de statistique qui seraient réclamés de lui, par l’acte international qui sera le résultat définitif des délibérations de la Conférence pour la détermination des unités électriques. Cette autorisation est subordonnée, aux réserves suivantes :
- i° Les travaux qui peuvent être réclamés du bureau international seront limités aux statistiques concernant l’électricité atmosphérique et les orages, les paratonnerres et les courants terrestres.
- 20 Les frajs qui en résulteront seront exclusivement à la charge des Etats qui auront concouru à la conclusion de l’acte précité.
- L’administration supérieure de la Confédération suisse est priée de vouloir bien, s’il y a lieu, prêter son concours à l’exécution de cette décision. »
- La deuxième commission de la Conférence télégraphique internationale a résolu, dans sa dernière séance, différentes questions techniques se rattachant aux règlements.
- La Commission des tarifs de la Conférence télégraphique, internationale réunie en ce moment à Berlin, après de longs débats, a pris une décision importante. Le système d’un tarif uniforme pour le trafic à destination fixe et le trafic de transit a été adopté à une grande majorité avec quelques modifications proposées par l’Allemagne et ayant pour but d’élever les tarifs. .
- Les efforts tentés en vue d’obtenir une réduction des tarifs des câbles pour le tarif transocéanique à grande distance, surtout pour la Chine, le Japon, l’Australie et les Indes orientales semblent également devoir aboutir.
- La direction des postes et télégraphes en Espagne, mettra en adjudication, le i5 septembre prochain, la fourniture de papier nécessaire pour les appareils Morse, pendant les années 1886, 87, 88, 89, soit 200.000 rouleaux par an. Devis : 195 pesetas les mille rouleaux ; le cautionnement à verser pour prendre part à Adjudication est de 1.950 pesetas.
- Nous lisons dans le Bulletin international des Téléphones :
- La question de la réduction des tarifs télégraphiques en Angleterre, en suspens depuis si longtemps, vient enfin d’être réglée. La chambre des Communes a adopté la proposition de M. Shaw-Lefèvre, post-master de l’ancien cabinet, d’après laquelle le prix minimum d’une dépêche est fixé â 6 pence pour 12 mots, adresse comprise.
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- .Ce projet se trouvait en présence de celui de lord John Manners, post-master du cabinet actuel, qui demandait également le prix de 6 pence, mais en n’admettant que 3 mots dans le télégramme, l’adressé étant gratuite.
- Comme il résulte des rapports du Post-Office que les adresses renferment en moyenne 5 mots, le projet qui a été adopté est celui qui est le plus avantageux pour le public.
- La « Baltimore and Ohio Telegraph C° », vient de traiter avec la Compagnie des conduits isolants Averell, pour la pose sous terre de ses fils à Washington. Les travaux vont commencer immédiatement. La matière isolante se compose de sable bien pur et d’un bon ciment d’asphalte. Les expériences ont démontré que 1.600 fils répartis dans un espace de 9 décimèlres carrés sont bien isolés.
- Il paraît que les poteaux télégraphiques de la ligne du Caire à Halpe sont dans un très mauvais état et presque dévorés par les fourmis.
- Le gouvernement égyptien a abrogé les restrictions qu’il avait apportées, dans le courant du mois de mars dernier, à l’échange des correspondances télégraphiques privées avec Souakim. Les télégrammes privés pour cette destination peuvent être maintenant rédigés dans toute langue autorisée par la Convention, ainsi qu’en langage chiffré ou convenu. ___________
- Le conseil d’administration des chemins de fer égyptiens, des télégraphes et du port d’Alexandrie, constate dans son rapport sur l’exercice 1884, que le service s’est fait d’une manière très satisfaisante, malgré le surcroît important de transmissions occasionné par l’expédition du Soudan.
- Le nombre des télégrammes de ou pour l’intérieur, y
- compris 1,986 dépêches reçues du Soudan, s’est
- élevé à....................................... • • 251.848
- Le nombre des télégrammes à destination ou en provenance des autres pays, y compris le transit,
- a été de......................................... 21 -612
- Les dépêches politiques destinées aux agences, qui sont en général assez longues, ont atteint le
- chiffre de....................................... t.26g
- Enfin il a été transmis, par les chemins de fer et le port d’Alexandrie, un nombre considérable de télégrammes de service, s’élevant à.............. 346 .o56
- Soit au total..........620.785
- télégrammes.
- Un tableau très intéressant indique l’importance du trafic télégraphique entre le Caire et Alexandrie et le temps employé pour la transmission. Le nombre total de ces télégrammes est de 55.875, sur lesquels 22.058, soit près de 40 %>, sont parvenus en 2 minutes; io.o33, soit 18 %, en 4 minutes; 7.824, soit 14 °/„, en 6 minutes; 12.117, soit 22 «/0, ont mis de 8 à i5 minutes; 2.702, soit environ 5 %, ont mis de 20 à 3o minutes; enfin 1.141 télégrammes, soit » 0/0 seulement, ont employé plus de 45 minutes pour parvenir d’une ville à l’autre.
- La moyenne générale du temps nécessaire pour la transmission entre le Caire et Alexandrie n’a pas dépassé 7 minutes par télégramme.
- L’gdministration chinoise a ouvert un bureau télégraphique à Hoihow, avec une taxe de 1 fr. 25 par mot pour la correspondance internationale à partir de Hongkong.
- Un correspondant de la Tribune, de New-York, donne les renseignements suivants sur les bureaux télégraphiques chinois
- J’étais curieux de savoir comment les Chinois desservent un bureau télégraphique. Grâce à l’influence d’un de mes amis, un Danois, il m’a été permis de visiter celui de « l’Im-perial Chinese Company » : c’est un joli bâtiment construit dans le style massif ordinaire des banques et des maisons de commerce de Sanghaï.
- Dans la première salle où je fus introduit étaient assis un certain nombre d’employés chinois chargés du service de ; consignation et de la remise des télégrammes à la salle de transmission. Derrière cette salle de consignation se trouve le bureau des facteurs. D’autres appartements sur le même étage sont affectés aux services accessoires.
- Au deuxième étage se trouvent le bureau du directeur, ceux de son fondé de pouvoirs, du premier fonctionnaire et de l’électricien, plus une salle de travail et d’audience.
- Cette dernière salle avait un véritable aspect chinois par ses tables à thé placées entre deux chaises, car en Chine on ne conclut aucune affaire sans prendre une tasse de thé.
- D’un côté de la salle se trouvait un divan assez grand pour que deux mandarins y pussent prendre place et ' devant lequel se trouvait aussi une table à thé. Il n’y a pas [ certainement dans tout l’édifice, sans excepter même la salle d’attente des facteurs, aucune pièce où cette table ait été oubliée.
- La salle des appareils ne ressemble guère à celles que l’on voit en Amérique, où des centaines d’employés de toutes sortes font un bruit inconnu ici.
- D’un côté de la façade de l’édifice, il y avait une douzaine d’appareils Siemens desservis par de jeunes Chinois âgés de i5 à 16 ans.
- Comme on était depuis quelque temps sans nouvelles ' du théâtre de la guerre, ces jeunes gens se levèrent respectueusement et écoutèrent notre conversation.
- Un appareil servait à la correspondance avec le fort Wao Shung; un autre avec le village du même nom; la ligne était principalement employée par la clientèle des commerçants chinois. D’autres appareils servaient à la communication avec Fao Chaw, Nanking, Peking et d’autres localités intermédiaires. Le nombre des télégrammes de commerce était insignifiant.
- On fait apprendre aux employés la langue anglaise et la télégraphie dans des écoles créées spécialement dans ce but à Shanghaï, Tsien-Tsien et Fao-Chaw; ils ne peuvent • parler anglais, mais ils le lisent et le comprennent quand ; on le leur parle. Les directeurs se servent constamment de cette langue pour leur correspondance télégraphique.
- Tous les télégrammes écrits en langue anglaisé sont transmis tels qu’ils sont rédigés. Quant aux télégrammes chinois, c’est au moyen des nombres de 1 à roooo, dont chacun représente un mot chinois. Avant l’introduction de cette méthode, il fallait traduire lès télégrammes en anglais, ce qui était long et souvent embarrassant, sans parler des ' erreurs qui pouvaient avoir lieu.
- La Compagnie n’a pas de câbles en dehors des endroits ' où la ligne doit traverser un grand fleuve, tel que le Yang-tse. Toutes ces lignes ont été établies sous la direction ‘ d’ingénieurs danois, dont quelques-uns occupent encore des places élevées dans la Compagnie.
- Les deux câbles d’Aden à Bombay sont interrompus depuis le 27 juillet.
- Celui de la mer Caspienne, entre Bakou et ICrasnowodsk, qui était interrompu depuis le 20 avril de cette année, a été réparé à la date du 3 août dernier.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Paris.— Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire.— 59410.
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- La Lumière Électrique^
- Journal universel d’Électricité
- 31, Boulevard des Italiens, Paris
- directeur : D* CORNELIUS HERZ
- Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout
- 7e ANNÉE (TONIE XVII)
- SAMEDI 12 SEPTEMBRE 1885
- N” 37
- SOMMAIRE. — Le monument de Philippe Reis, l’inventeur du téléphone; Dr Th. Stein. — Détails de construction des lampes à incandescence; Gustave Richard. — Etude sur les galvanomètres (suite), par Adolphe Minet. — L’Electricité en Amérique: la télégraphie, par B. Abdank-Abakanowicz. — Revue des travaux récents en électricité dirigée par B. Marinovitch : Sur un électro-calorimètre et sur son application à l’étude des générateurs secondaires Gaulard et Gibbs, par le professeur A. Roiti. — Correspondances de l’étranger : Angleterre, J. Munro; Allemagne, Dr H. Michaëlis. — Chronique : Les.brevets d’Edison, Jules Bourdin; sur un nouveau mode de communication entre deux bureaux centraux téléphoniques, par Ch. Elsasser. — Bibliographie. — Correspondance. — Faits divers.
- LE
- xMONUMENT DE PHILIPPE REIS
- l’inventeur du téléphone
- Bien avant queM. SylvanusThompsonn eût publié son remarquable ouvrage Philippe Reis, inventeur du téléphone, et appelé l’attention du monde entier sur une question de priorité laissée jusque-là dans l’ombre, l’opinion publique était déjà très éclairée sur ce sujet dans toute l’Allemagne et notamment à Francfort-sur-le-Mein, l’ancienne ville libre, où l’on rencontrait le plus grand nombre de Sociétés savantes et chez l’élite des citoyens, les aspirations scientifiques les plus développées. C’était un fait universellement connu que, dès 1861, Philippe Reis, maître d’école, originaire de Gelnhausen, près Francfort-sur-le-Mein, avait construit un téléphone fonctionnant au moyen de courants électriques. Cet appareil ne permettait pas seulement de transporter à l’aide du courant électrique, et de reproduire, en un point éloigné, des sons musicaux, il permettait également de transmettre d’une façon très nette des sons articulés, c’est-à-dire la parole' humaine. J’ai déjà eu l’occasion d’apporter quelques preuves à l’appui de cette croyance dans une lettre que j’adressai à La Lumière électrique, à la date du 5 mai i885 (*); l’inaugu-
- (‘) La Lumière électrique, t. XXV, 441, 583.
- ration du monument élevé à la mémoire de Philippe Reis, inauguration qui a eu lieu le a3 août dernier, a réuni un grand nombre de personnes qui se sont trouvées à même de faire usage du téléphone Reis et dont le témoignage vient aujourd’hui s’ajouter au mien et met hors de doute la possibilité de reproduire la parole avec le téléphone en question.
- C’est ainsi que M. le docteur C. Bohn, professeur de physique à Aschaffenbourg, se rappelle fort bien une expérience faite en 1864 à Giessen, en présence de Philippe Reis, du docteur BufF, professeur de physique dans cette même localité et de quelques autres personnes, expérience où il put entendre, de la façon la plus distincte et la plus nette, des mots et des phrases transmises par le téléphone Reis.
- On avait mis à la station où les vibrations sonores étaient recueillies (poste transmetteur) deux enfants, une fille et un garçon, et l’on pouvait, à la station où se faisait la réception (poste récepteur), distinguer clairement, non seulement les mots prononcés, mais encore le timbre de la voix, en sorte que l’on savait, sans qu’il fût possible de s’y méprendre, leqael des deux enfants entretenait la correspondance téléphonique. Tout le monde sait que dans les microphones actuellement existants, le point important pour une bonne audition est le réglage du microphone transmetteur, qui doit être fait avec un soin très grand; c’était absolument le cas du téléphone Reis. Beaucoup de personnes qui se sont occupées du téléphone Reis ou qui cherchent encore aujourd’hui à le faire
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- fonctionner, n’ont pu ou ne peuvent arriver à transmettre les mots articulés, par cette seule raison qu’elles ne savent pas bien régler l'appareil, opération qui, d’ailleurs, est très délicate, puisque Reis lui-même, qui devait pourtant connaître à fond son appareil, souvent n’y réussissait pas. Quoi qu’il en soit, et sans chercher à diminuer en aucune façon la gloire du professeur Bell et de Hughes qui, les premiers, ont su donner au téléphone et au microphone une forme réellement pratique, on peut, d’après ce qui p récède, mettre une fois pour toutes hors de doute, ce fait que Philippe Reis a J a priorité de l'invention du téléphone; qu'il a été le premier à constrtiire un téléphone permettant de transporter, au moyen du courant électrique, à une distance relativement considérable, des sons et des mots articulés.
- Dans ces conditions, il est très naturel que les habitants de la ville de Gelnhausen, où est né Reis, aient songé à lui élever, sur la place du Marché, un monument destiné à honorer sa mémoire et à témoigner devant les générations futures, que c’est au modeste
- maître d’école que revient la première gloire d’une des inventions les plus merveilleuses des temps modernes.
- En tète de ceux qui se sont le plus occupés de l’érection dudit monument, et qui ont obligeamment mis à la disposition de la ville les ressources nécessaires, il faut citer un homme connu par son amour pour les arts, citoyen honoraire de la ville, M. le consul C. Becker. Ancien directeur de la maison Becker et Fouli, à Amsterdam, re-
- FIG. I. — MAISON OU EST NE REIS, A GELNHAUSEN
- présentant de la maison mère Rothschild, pour la Hollande et les colonies, M. Becker jouit dans le monde des affaires d’une réputation que l’on peut dire universelle. Le monument même, qui reproduit fidèlement (c’est un mot que j’emploie à dessein, ayant connu personnellement Reis) la phy-' sionomie si expressive de Philippe Reis, est l’œuvre du statuaire Antoine Cari Rumpf, de
- Francfort - sur-le-Mein, et elle fait à l’artiste le plus grand honneur.
- Philippe Reis naquit le 7 janvier 1834, dans la ville de Gelnhausen, célèbre, autant par la construction monumentale que Barberousse y fit élever autrefois, que par ses deux clochers pointus qui s’inclinent l’un vers l’autre. Fils d’un cultivateur, boulanger de la petite ville, il perdit sa mère très jeune, et fut élevé par les soins de sa grand’mère ; ses parents ne tardèrent pas d’ailleurs à reconnaître chez l’enfant une intelligence très vive et l’envoyèrent bientôt à la maison d’éducation Garnier, à Frie-drichsdorf près de Hombourg. De 11 à 14 ans, Philippe. Reis resta dans la. maison Garnier, puis il entra, pour continuer son instruction, dans un collège de Francfort-sur-le-Mein.
- C’est là que se révéla son goût pour les sciences exactes, au point que ses professeurs l’engagèrent à entrer à l’école polytechnique de Carlsruhe. Néanmoins, sur les instances de son oncle, il se décida à embrasser la carrière du commerce et, le 1e1'mai r85o, il commençait son apprentissage dans une maison de vente de couleurs : il avait alors seize ans. Au cours de son apprentissage, le goût qu’il
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- avait manifesté pour la science ne fit que s’affermir. Il employait ses récréations à étudier la chimie, la physique et les mathématiques ; les cours de sciences naturelles qu’il suivait à l’école de commerce de Francfort augmentèrent en même temps son bagage scientifique. Bref, lorsque son apprentissage fut terminé, il renonça définitivement à la carrière commerciale et entra comme élève chez le docteur Poppe, avec l’intention bien arrêtée de se préparer au professorat.
- Jusqu’en i855, on le voit activement occupé à la poursuite de ce but; il se consacre principalement à l’étude des sciences physiques et mathématiques et trouve un encouragement puissant dans la Société de physique de Francfort- sur -le- Mein,
- Société dont il faisait partie depuis i85i. En i855, il fut obligé d’interrompre ses études et de se rendre à Cassel pour satisfaire aux exigences du service militaire ; mais aussitôt son stage terminé, il se remit au travail, et enfin, vers l’automne de l’année r858, il revint, avec le titre de professeur, dans la maison d’éducation où il avait fait ses débuts,, c’est-à-dire dans la maison Garnier.
- A cette époque, ou du moins au commencement de l’année 1859, Reis s’occupait déjà du problème de la transmission des sons au moyen d’un courant électrique, et, à cet effet, il étudiait avec un soin très grand l’acoustique et le mécanisme d’audition de l’oreille. Il semble que l’année suivante ses efforts aient déjà été couronnés de succès, car il raconte au cours des quelques notes biographiques
- qu’il a laissées, qu’il avaif réussi, en 1860, à transmettre, à l’aide d’un courant électrique, des sons et des mots à des distances assez grandes. L’invention du modeste maître d’école devait avoir une portée autrement considérable qu’on ne le crut à l’origine. On peut même affirmer que si Reis n’a pas vu d’une façon absolument nette les conséquences merveilleuses qu’aurait son invention, il les a, du moins,
- très certainement entrevues. Comme preuve de ce fait, il suffit de rappeler que dans la dernière année de sa vie, il disait à M. Garnier « qu’il avait dirigé l’esprit humain vers une grande invention, qu’il en avait montré le chemin, mais qu'il se voyait obligé de laisser à d’autres le soin d’aller plus loin ». Il était, en effet, impossible à l’humble maître d’école, avec le jouet qu’il possédait, de se faire jour. Si Reis avait eu des connaissances plus étendues en physique, il serait peut-être arrivé, au moyen d’expériences répétées, à développer son appareil et . à se rendre compte de sa valeur pratique, c’est-à-dire qu’il eût lui-même parcouru le chemin que d’autres, marchant sur ses traces, étaient appelés à franchir. Cet homme, déjà malade, avait eu d’ailleurs de pénibles déboires à supporter.
- C’est ainsi, qu’en 1862, Poggendorf lui renvoyait la description de son appareil que Reis destinait aux: Annales, en traitant de mythe la transmission de la parole au moyen de l’électricité (voir l’ouvrage de M. Thompson, p. 6). Lorsqu’en 1864,. Reis présenta à la Société de physique de Giessen son appareil qu’il avait, dans l’intervalle, plusieurs fois
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- déjà, montré en public, notamment à la Société de physique de Francfort-sur-l@-Mein, ce fut Pog-gendorf qui, à son tour, lui demanda une description de l’appareil pour les Annales. Reislui répondit alors : « Je vous remercie infiniment, Monsieur le Professeur, mais il est trop tard. C’est moi, aujourd’hui, qui vous refuse la description. Mon appareil sera connu sans qu’il soit besoin de le décrire dans les Annales. y> Au mois de novembre 1873, la maladie vint l’abattre de nouveau après un semblant de guérison qui, à l’automne de la même année,l’avait engagé à se remettre au travail et à reprendre ses fonctions. Le buste que l’on a placé aujourd’hui, sur la place de Gelnhau-sen, est une reproduction fidèle des traits de l’homme; son caractère tout entier se reflète dans ces quelques mots soulignés au cours de ses notes bio-graphiques :
- « Lor sque j e jette un regard sur mon passé, je puis, certes, dire avec le Christ : « Je n’y « vois^que travail et « que souci». Mais je remercie le Seigneur qui m’a béni dans mes efforts et dans ma famille et qui m’a donné plus de biens que je n’en ai demandé. Le Seigneur m’a prêté son aide dans le passé ; il me le prêtera encore dans l’avenir. ®
- Le 14 janvier 1874, à cinq heures de l’après-midi, la mort venait mettre un terme à ses souffrances. Onze ans se sont écoulés et voici qu’aujourd’hui on lui élève un monument et qu’on
- paye enfin la dette de reconnaissance qu’on lui doit.
- Le e3 août dernier les Sociétés, les corporations et les délégués invités à assister à la solennité de
- l’inauguration sé réunirent à 11 heures et demie du matin à l’Hôtel de ville de Gelnhau-sen, où se trouvait la résidence de l’empereur Frédéric Barberousse, résidence dont on peut encore au -jourd’hui contempler les ruines majestueuses. De l’Hôtel de Ville un long cortège brillamment paré se dirigea vers le Marché de la ville, situé à une certaine distance ; là, les principaux membres de l’assistance prirent place sur une estrade où l’on préluda à lacérémonie d’inauguration par un chœur chanté par un grand nombre d’exécutants. M. le consul Becker prit alors la parole et résuma dans un langage très élevé la vie et les travaux de Philippe Reis;il rappela que l’homme dont on allait inaugurer le monument était l’auteur d’une invention précieuse par les services qu’elle rendait déjà à la génération actuelle et dont les conséquences bienfaisantes se feraient de jour en jour sentir davan-tage.
- Puis, après avoir dépouillé le buste du voile qui le cachait, M. Becker remit, au nom du comité, le monument entre les mains des autorités de la ville. Le bourgmestre, M. Schœffer, remercia ensuite le président du comité, le comité et les ha-
- PHILIPPE REIS
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- bitants, de l’œuvre patriotique qu'ils venaient de faire, en élevant un monument à la mémoire de Reis, monument qu’il apporterait tous ses soins à conserver, car il était également précieux au point de vue de la gloire de la cité et au point de vue de l’histoire de la science.
- M. le docteur Stein, vice-président de la Société électro-technique à Francfort-sur-le-Mein,prononça ensuite quelques paroles, à l’éloge de la valeur scientifique de l’homme éminent dont on célébrait la mémoire et déposa, au nom de la Société, une couronne de lauriers devant le buste. Puis, ce fut le tour de M. Wilhelm Schœffer d’exprimer la joie qu’il éprouvait de ce que sa ville natale pût compter au nombre de ses enfants un homme tel que Reis.
- Enfin, le fils unique de Reis s’avança pour remercier en quelques, paroles émues tous ceux qui avaient aidé à l’œuvre et honoré ainsi la mémoire de son père.
- Un chœur final termina la cérémonie.
- Le monument, que la figure 2 représente dans son ensemble, se compose d’un buste qui repose sur un socle en granit ; le tout est placé au-dessus d’une source qui jaillit d’une masse rocheuse. Le bâtiment que l’on aperçoit dans le fond, s’appelle la Maison romaine; c’est un monument récemment mis au jour, qui date du temps de Frédéric Barbe-rousse, et derrière lequel s’élève l’église bien connue de Barberousse. Le monument de Reis constitue en quelque sorte une transition entre l’ancienne civilisation allemande et la science internationale des temps modernes, et nous encourage à espérer que l’invention de Reis est un acheminement vers la fraternité générale de tous les peuples.
- Dr Tu. Stein.
- DÉTAILS DE CONSTRUCTION
- DES
- LAMPES A INCANDESCENCE C)
- M.J. A. Fleming a récemment communiqué au Philosophical Magazine quelques observations intéressantes sur les radiations moléculaires dans les lampes à incandescence, observations qui complètent celles dont nous avons rendu compte dans notrenuméro du8septembre i883,oùnous avons décrit, d’après M. Fleming, le phénomène si curieux de l’ombre moléculaire dans les lampes à incandescence.
- On sait que ces lampes se recouvrent souvent d’un dépôt de carbone ; mais ce dépôt n’est que rarement accompagné d’une ombre moléculaire du filament, c’est-à-dire de la formation, sur le verre
- de la lampe, d’une raie transparente sans dépôt de carbone, raie qui se détache dans le plan du filament, au droit de la branche la mieux soudée aux conducteurs, comme si elle en était une projection lumineuse. Cette raie de non dépôt, à laquelle M. Fleming a donné le nom d’ombre moléculaire, apparaît au contraire presque toujours à travers les dépôts métalliques qui se produisent sur le verre des lampes à filaments mal attachés. Mais il suffit, pour la faire apparaître sur le dépôt de carbone, de porter brusquement le filament à une très haute température, par exemple, en faisant passer momentanément un courant de 100 volts à travers une lampe tarée à 5o volts.— Le dépôt de carbone se précipite alors très rapidement. L’ombre se forme aussi lorsque l’une des branches du filament se
- FIG. I.
- brise par un excès de température, mais au droit de la branche isolante.
- Il semble, dit M. Fleming, qu’en temps normal, lorsque la lampe n’est pas surmenée, le carbone se volatilise uniformément de toutes les parties du filament, et que ses molécules, projetées avec une vitesse modérée, se heurtent un grand nombre dè fois avec celles de l’air qui reste dans la lampe, de sorte que leurs trajectoires aboutissent à l’enveloppe dans toutes les directions. Au contraire, lorsque l’une des parties du filament se trouve portée à une température très élevée, ses molécules, projetées avec une très grande vitesse, atteignent directement l’enveloppe partout, excepté au droit du filament qui fait face à la partie surchauffée, s’oppose au passage des radiations et' leur fait ombre sur le verre. Si le filament est tout entier porté à une température excessive, ses deux branches se font ombre sur le verre qui reçoit alors, dans le plan du filament, deux fois moins de
- (') La Lumière électrique, t. XVII, p. 26.1.
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- carbone que partout ailleurs. Les ombres moléculaires des dépôts de carbone s’expliquent donc par la même hypothèse que celles des dépôts métalliques.
- Ces dépôts métalliques ne sont d’ailleurs jamais uniformément répartis sur l’enveloppe de la lampe; leur épaisseur décroît du bas de la lampe vers le haut, à mesure qu’on s’éloigne des attaches des
- filaments, et l’on peùt considérer cette épaisseur comme proportionnelle en chaque point du globe au nombre des molécules du métal volatilisé, dont la trajectoire libre est égale à la distance de ce point aux attaches. Les ombres ne se produisent d’ailleurs pas toujours sur les- dépôts métalliques ; l’une des attaches peut contrarier le rayonnement de l’autre. Il se forme en effet parfois des bouffées de
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- /
- \
- \
- \
- \
- FIG. 4
- carbone sur l’une des attaches, qui lui fait vis-à-vis.
- La monture des lampes de MM. Selle»? et Scllar, dont nous avons décrit le premier type dans notre numéro du 8 août dernier, a principalement pour objet de protéger les lampes contre les secousses et les trépidations, tout en leur permettant de se charger avec la plus grande facilité.
- La lampe (fig. 2 et 4) est soutenue sur une courpnne de ressorts serrés contre elle par leur élasticité et par la pression du ressort annulaire e. Les conducteurs s’accrochent en bb, au bas des ressorts g, g, tendus en h sur les attaches i du filament.
- Le support des lampes de Kholinsky — repré-
- senté figures 3, 5, 6, 7 et 8, est remarquable par sa simplicité. Il peut se visser en c, sur une prise de gaz, où s’y emmancher comme l’indique le pointillé D.L’un des pôles F, du circuit aboutit à la capsule métallique E, en rapport par la vis K avec l’une des branches W du filament ; la seconde borne G appuie sur la feuille métallique H. La lampe une fois assujettie par la vis K sur son support B, il suffit de faire tourner de ç)o0là rondelle isolante M, pour faire appuyer l’extrémité n, du ressort N sur la lame H, et fermer le circuit à travers le filament W, W1( par le trajet FEKL W4 W4 A n nt H et G. La lampe s’éteint quand on tourne la rondelle M, defaçon à séparer ni de la lame H.
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- Quand les filaments de la lampe sont accrochés comme l’indiquent les figures 6 et 7 aux crochets des conducteurs W etW„ le ressort de contact N, est fixé au bas de la rondelle M et frotte sur le poinçon H, relié au pôle G, et l’extrémité N du ressort est relevée de façon qu’elle fasse contact avec la borne P de la branche W.
- M. Kholinsky a aussi proposé, en particulier pour le service des lampes à incandescence, un commutateur représenté par la figure 8 disposé de façon qu’en tournant la manivelle E, la goupille d, prise dans une rainure hélicoïdale du tube c, vienne emboîter le fourreau élastique D, sur la borne B, et relier ainsi le pôle L' au pôle L, à
- travers le til de sûretérF, qui fond quand le courant dépasse son intensité normale. C’est un appareil rustique et fort simple.
- Nous terminons cet article par la description d’un détail de fabrication peut-être plus raffiné que pratique, dû à William Holzer, et qui consiste (fig. 9) à soumettre le filament D, pendant sa carbonisation, lorsqu’on fait le vide dans la lampe, à la traction d’une masse métallique F, réglée par l’action d’un solénoïde f. Le filament part et, la lampe épuisée, on coupe le tube B au chalumeau, après avoir décroché le fil d’attache c, de la masse /. M. Holzer espère ainsi éviter, ou tout au moins atténuer considérablement, les déformations que les
- FIG. 6
- FIG. 9
- FIG. 5
- filaments subissent pendant leur carbonisation, surtout lorsqu’ils sont minces et très longs.
- Gustave Richard.
- On donne le nom d’étalons aux appareils qui permettent de déterminer .la valeur en unités absolues d’une quantité physique donnée.
- La position relative des éléments qui composent un étalon, la grandeur de ces éléments, leur mode d’action, sont une application directe du principe qui sert de base à la définition de l’unité absolue de la quantité considérée, et doivent satisfaire à toutes les conditions fixées par la théorie.
- Les galvanomètres dont nous nous occupons en ce moment sont fondés sur l’action d’un courant sur un aimant. D’une autre part, l’unité d’intensité dans le système électro-magnétique (C. G. S.) est déterminée par la valeur d’un effort dû à une action semblable.
- Elle est représentée, en effet par « l’intensité d’un courant qui, traversant un circuit d’une longueur égale à l’unité (1 centimètre), recourbé en arc de cercle de rayon égal à 1, exercerait un effort égal à l’unité (1 dyne), sur l’unité de pôle magnétique placé au centre du cercle ».
- Les galvanomètres qui font partie du premier
- ÉTUDE
- SUR LES GALVANOMÈTRES
- (Quatrième article.) — Voir les numéros du 20 juin, du 8 et du 2 7 août i885.
- PREMIER- GROUPE. — PREMIÈRE DIVISION
- Les Étalons.
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- groupe donneront, dans certaines conditions bien définies, la valeur de l’intensité d’un courant électrique en unités du système électro-magnétique.
- Ils devront pour cela présenter une disposition particulière fixée par les lois élémentaires qui régissent l’action d’un courant sur un aimant et qui ont été établies par Ampère.
- i° Un élément du courant ds, d’intensité I (en C.G.S.), exerce sur un pôle magnétique d’intensité m, situé à une distance r, un effort normal au plan qui passe par le pôle magnétique et l’élément du courant.
- 2° Supposons que ds soit l’arc élémentaire d’un cercle dont le rayon est r et que le pôle d’intensité m se trouve situé au centre du cercle.
- La valeur de l’effort cp dû à l’action de l’élément de courant sur le pôle magnétique, sera exprimée par l’équation
- __mds I
- ï1— rï j
- soit, pour l’effort <p, exercé par le cercle tout entier traversé par le même courant
- mUdsl 9i = ——»
- que l’on peut écrire
- 27tȔl ,,,
- 9»= t'i
- Supposons au centre du cercle un aimant de très petite longueur, 2/, par rapport au diamètre du cercle.
- Les efforts dus aux actions sur chacun des pôles magnétiques de la somme des éléments du courant qui forment le cercle, se réduisent à un couple F4:
- Appelons \j. = 2/m le moment magnétique de l’aimant nous aurons
- Ft=2^r.
- r
- Pour # cercles semblables au premier et présen tant une faible épaisseur, on peut écrire :
- f2=^i,
- i r ’
- Pour [i. = 1, posons
- F représente la valeur de l’effort dû à l’action de n cercles de rayon r, sur un aimant placé à son centre, dont le moment magnétique est égal à 1, l’étensité du courant étant I.
- La formule (2) ne pourra être appliquée que si le rayon moyen des cercles est assez grand par rapport à la longueur de l’aimant, pour que l’on puisse admettre que les deux pôles magnétiques se confondent au centre même du cercle.
- Les boussoles des sinus, des cosinus et des tangentes sont fondées sur cette considération.
- Ces appareils présentent une même disposition générale ; ils ne diffèrent que dans leurs manipulations. .
- La partie fixe (ng. 1) est formée d’une bobine circulaire mcnc, d’un grand diamètre, pouvant tourner, autour de son axe vertical mn (boussole des sinus), autour de son axe horizontal pq (boussole des cosinus), ou restant tout le temps de l’expérience dans une position fixe et déterminée (boussole des tangentes).
- La partie mobile n’est autre chose qu’une aiguille aimantée AB, de très petites dimensions, fixée sur un pivot, au centre d’un disque ou boîte métallique horizontal pcqc, dont le plan coupe
- FIG. I
- à angle droit et symétriquement, le plan du cadre galvanométrique.
- Le disque pcqc est gradué et les prolongements très légers Aq, Bp de l’aiguille, viennent aboutir aux divisions marquées sur le disque et permettent de lire directement l’angle dont a dévié l’aiguille.
- L’appareil est porté sur trois vis calantes et possède un niveau d’eau permettant de donner au disque une position absolument horizontale ; le disque ou boîte métallique qui supporte l’aimant peut aussi tourner autour de l’axe vertical mn.
- Lorsque l’instrument n’est traversé par aucun courant, le cadre galvanométrique se trouve dans le plan du méridien magnétique et la ligne des pôles de l’aimant se confond avec le diamètre o — 180 du cercle gradué.
- Boussole des tangentes. — L’aiguille dévie d’un angle a (fig. 2) correspondant à l’intensité I; le cadre galvanométrique conserve sa position première.
- L’aiguille, dont nous exagérons les dimensions afin de pouvoir facilement tracer les composantes des forces directrice et résistante qui la sollicitent, occupe une position d’équilibre A'B' donnée par l’angle a.
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- Elle est soumise à l’action de deux forces ou couples f et A, perpendiculaires à sa direction, égales et de sens contraires qui sont : /la composante du couple directeur F;x et A celle du couple résistant Hp..
- F est donné par l’expression (2) pour l’intensité I ;
- H représente la composante horizontale du magnétisme terrestre ;
- [j., le moment magnétique de l’aiguille.
- L’équation qui détermine les conditions d’équilibre de l’aiguille, peut s’exprimer en égalisant les deux composantes / = A. Soit :
- II[jisina=F[;.cosa,
- ou encore
- H \i. sin a — 2n^1'-1 cosot (3)
- Dans cette formule tous les éléments sont connus ou déduits de l’expérience.
- Nous pouvons écrire
- Hr Tr
- ---~K=constante;
- 2)In
- d’où, pour la valeur de l’intensité I en unités électro-magnétiques (C. G. S.) :
- I=K tanga. (4)
- Pour avoir l’intensité du courant IA en ampères, il suffit de diviser par 10 le second membre de l’expression (4).
- T K tanga
- Ia=~'15—
- Quelle que soit la petitesse deH’aiguille, elle ne se confond pas avec le centre du cercle et les intensités ne sont pas absolument proportionnelles aux tangentes des angles de déviations.
- M. Gaugain a obtenu à la suite de nombreuses expériences une proportionnalité plus rigoureuse
- FIG. 2. — BOUSSOLE DES TANGENTES
- en disposant l'aiguille en dehors du plan qui comprend le cadre galvanométrique, à une distance égale au quart du rayon moyen de la bobine qui était de peu d’épaisseur et de forme conique. Le centre de suspension de l’aiguille aimantée occupait le sommet du cône.
- M. Ignace Canestrelli a expérimenté la boussole Gaugain en la comparant à une boussole Wiede-mann dont les bobines étaient à la distance zéro; il a trouvé pour l’expression de l’intensité la fonction
- I=a tanga+ b tangua,
- BOUSSOLE DES SINUS
- a et b sont des constantes dont la valeur est tirée des chiffres fournis par l’expérience. Le terme Atang8a n’est pas négligeable. On obtient de meilleurs résultats en disposant deux bobines circulaires parallèlement, et éloignées l’une de l’autre d’une distance égale à leur rayon.
- L’aimant très court est fixé sur l’axe commun des cadres et au milieu de leur distance.
- Au moyen de cette disposition on peut éviter jusqu'à un certain point deux causes d’erreur :
- i" Celle qui provient de la longueur sensible de l’aimant;
- 20 Celle qui est dû au défaut de coïncidence entre le centre de l’aimant et celui de la bobine.
- La boussole de Wiedemann dont nous parlerons bientôt présente cette disposition.
- Détermination de l'angle de déviation où la sensibilité de Vaiguille est maximum.— Nous savons que cet angle pour un appareil quelconque est déterminé par le maximum d’une certaine fonction cp (a)
- ?(*)=
- f±0
- /'(«)•
- Pour le cas qui se rapporte à la boussole des tangentes nous avons
- 9(a) = tangacos2« = sii3acosa,
- et égalant la dérivée à zéro
- </(a) = cos2a — sin2a=o.
- Cette équation sera résolue pour a = 45°.
- Lorsque l’aiguille aimantée dévie d’un angle égal à 45°, la boussole des tangentes présente son maximum de sensibilité.
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- Il sera donc avantageux de choisir cette déviation, chaque fois qu’on appliquera la boussole des tangentes à la méthode dite d’égale déviation.
- Boussole des sinus. — Comme l’indique la figure 3, l’aiguille galvanométrique reste toujours, quelle que soit la déviation, dans le plan du cadre, et la composante f est égale en grandeur et en direction au couple moteur F, dans le cas de la boussole des sinus, posons :
- f=25ïi,.
- r
- Les conditions d’équilibre de l’aiguille seront ainsi déterminées pour l’angle a correspondant à l’intensité I, :
- TT . ri T
- HfASina“FfA— —I*u,
- d’où on tire la valeur de l’intensité Ij en unités électro-magnétiques :
- T H r .
- I, =---sina.
- 2«7t
- soit pour
- — =IC,
- 2>Z7C
- Ii = Ksina. , (5)
- Le coefficient K est le même que pour la boussole des tangentes, lorsque les éléments qui composent la bobine sont les mêmes dans les deux instruments.
- La boussole des sinus sera par conséquent plus sensible que celle des tangentes ; il est évident que pour l’angle de déviation a, l’intensité It sera plus faible que l’intensité I, le sinus d’un angle étant plus petit que la tangente.
- Dans la boussole des tangentes l’aiguille ne peut jamais atteindre la position limite d’équilibre; en effet pour a = go°, tang a = oo. Dans la boussole des sinus, l’intensité maximum, qui peut être mesurée, est donnée par l’égalité
- l,=K.
- Elle correspond à a = 90°.
- Pour des intensités plus grandes traversant l’appareil, le cadre galvanométrique n’atteindrait jamais l’aiguille qui fuirait devant lui à mesure qu’on le déplacerait.
- Boussole des cosinus. — Nous avons dit que pour effectuer une détermination d’intensité au moyen de la boussole des cosinus, on faisait tourner autour de son axe horizontal le cadre galvanométrique.
- Dans la figure 4, la position de l’aiguille A'B' est déterminée par l’angle de déviation a, correspondant à une intensité I2 et le cadre galvanométrique fait, avec sa position verticale, un angle égal à i.
- Soit F la force normale au plan du cercle agissant sur l’unité de pôle magnétique placé au centre du cercle et correspondant à l’intensité I2.
- Nous avons successivement pour la composante
- du couple moteur Fu. :
- /
- ft — F^cos/,
- r—ft cos a = Fg cos i cos a ;
- et enfin
- . 2)/lt T
- Islj.cosacos;;
- et pour exprimer les conditions d’équilibre relatives à une intensité I2 :
- „ . 2H7T .
- II {x sin «= — [ju2cosacos/,
- d’où, pour la valeur de l’intensité I2, en donnant à K la même valeur que précédemment,
- Ta=Ktangaséc/. (6
- M. Obach a fait dans l’Engineering, une élude
- PI i, 4. — BOUSSOLE DES COSINUS
- intéressante de la boussole des cosinus et la description de quelques-uns de ses appareils. Nous en parlerons plus tard. Il a donné dans le même journal quatre méthodes différentes, pouvant être appliquées à cet instrument.
- ire méthode. — On incline le cadre galvanométrique jusqu’à ce que a — 45°. Alors tanga = 1 et la formule (6) devient
- It=Kséc»= —
- COS l
- 2me méthode. — On fait tourner autour de son axe horizontal le cadre galvanométrique jusqu’à ce qu’on ait a = i; d’où
- L=Ktangiséc/.
- 3me méthode. — L’inclinaison du cadre, par rapport au plan vertical, est telle que l’angle a reste constant on a
- Ktanga=K1;
- et par suite
- Is = K,séc/.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 491
- 4mo méthode. — On donne à l’inclinaison du cadre une valeur constante. Soit sécf = n. Nous pouvons écrire
- I,=»K tanga.
- Dans ce cas, la boussole agit comme une boussole des tangentes ordinaire; elle est moins sensible que cette dernière, séc i étant toujours plus grande que l’unité ; Ij est alors plus grand que l.
- Remarqtie. — Nous avons posé :
- K = —— = constante.
- 2)lK
- H représente la composante horizontale du magnétisme terrestre et ne doit pas être considérée comme constante.
- Elle varie, non seulement avec le lieu de l’observation, mais avec le temps et les heures de la journée.
- Elle était, en 1867, à Greenwich, égale à oa,i77Ô.
- A Munich, elle avarié, de l’année i853 à l’année 1871, de oa,ig58 à o'1,20009.
- Les valeurs extrêmes qu’elle a présentées à Gœt-tingue, à différentes époques, sont :
- Pour l’année 1834..........................oai774
- — i853 ........................o, i8o5
- En 1870, MM. Cornu et Baille avaient admis, pour la valeur de H, à Paris, le chiffre oa,i90.
- Enfin, la composante horizontale du magnétisme terrestre, déterminée le 3o janvier i883 au parc Saint-Maur, a été trouvée égale à oa,i932.
- Depuis, elle a sans doute augmenté; on peut adopter comme chiffre suffisamment approché de la vraie valeur, pour des expériences courantes, le nombre oa,i94.
- Mais dans certaines recherches scientifiques où rien ne doit être négligé parce qu’il est très important d’obtenir des résultats en valeur absolue et avec un très grand degré d’exactitude, il est nécessaire de déterminer sa valeur pour chaque série d’expériences.
- (A suivre). Adolphe Minet.
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE (*)
- LA TÉLÉGRAPHIE
- Il est difficile de trouver un contraste plus frappant que celui qu’offre la comparaison de deux grandes villes comme Paris et New-York, au point de vue des installations télégraphiques extérieures. Ici il serait bien difficile de trouver un fil traversant la rue, tandis que la première chose qui frappe un voyageur fraîchement débarqué à New-
- (9 Voir les précédents numéros depuis le 4 juillet if'85.
- York, c’est l’immense quantité des fils télégraphiques et téléphoniques. Ce réseau composé de fils innombrables, couvrant toute la cité et aboutissant au superbe bâtiment de la « Western Union », qui se trouve comme une araignée au
- l-’IG. I
- centre de sa toile, est précisément l’objet le plus caractéristique de la capitale du Nouveau-Monde.
- On ne peut prétendre que ce spectacle soit beau, mais il est curieux au plus haut degré.
- Les vues de New-York que nous trouvons dans les ouvrages illustrés donnent ordinairement un aspect complètement faux du caractère de la ville. Même dans les photographies, on tâche
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- . — VUE Dü BROOD'WAY AVEC LES FUS TELEGRAPHIQUES. TÉLÉPHONIQUES ET DE LUMIERE
- FIG. 2
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- d’éloigner à la retouche toutes les traces des fils télégraphiques. Evidynment on ne les trouve pas assez beaux, quoique, en vérité, ils aillent assez bien
- avec le cadre général de la ville qui ressemble par plus d’un côté à une grande usine.
- Il y a quelque temps le Congrès a décidé que
- TABLEAU
- ANNÉES LONGUEUR des fils en milles NOMBRE des bureaux NOMBRE des dépêches RECETTES en dollars DÉPENSES BÉNÉFICES
- 1866 75,686 2,250 » » )) »
- i8C>7 85,291 2.56o 5,879,282 6,568,925 36 3,944,co5 63 2,624,919 7.3
- i8û8 97.594 3,219 6,404,595 7,004,560 19 4-, 362,849 32 2,641,710 87
- 1869 104,584 3,607 7,934,933 7,316,918 3o 4,568,116 85 2,748,801 45
- 1870 I12,IQI 3,972 9,157,646 7,138,737 96 4,910,772 42 2,227,955 54
- 1871 121,i5i 4,606 10,646,077 7,637,448 85 5,104,787 19 2,532,66i 66
- 1872 137,190 5.237 12,444>499 8,457,095 77 5,666,863 16 2,790,232 61
- 1873 154,472 5,740 14,4-56,832 9,333,oi8 5i 6,575,055 82 2,757,962 69
- 1874 175,735 6,188 16,329,256 9,262,653 98 6,755,733 83 2,506,920 i5
- 1875 179,496 6,565 17,153,710 9,564,574 60 6,335,414 77 3,229,157 83
- 1876 183,832 7,072 18,729,567 10,034.983 66 6,635,473 69 3,399,509 97
- 1877 194,323 7,5co 21,158,941 9,812,352 61 6,672,224 94 3,140,127 67
- 1878 ...... 206,202 8,014 23,918,894 9,861,355 23 6,307,812 53 3.551,542 70
- 1879 211,566 8,534 25,070,106 10,960,640 46 6,160,200 37 4,800,440 09
- 1880 233,534 9-077 29,215.509 12,782,894 53 6,948 9S6 74 5,833,937 79
- 1881 327,171 10,737 32,5c 0,000 14,394,543 85 8,485,264 l3 5,908,279 72
- i8'82 374,368 12,068 38,842,247 17,114,165 92 9,996,095 92 7,118,070 00
- 1883 432.726 12,917 41,181,177 19,454,902 98 11,794,553 40 7,660,349 58
- 1884 450,571 13,761 42,076,226 19,632,939 60 i3,022,5o3 90 6,610,435 70
- dorénavant tous les fils devront être placés sous la raître toutes les communications aériennes. Mais terre, et il a même fixé un délai pour faire dispa- l’exécution de cette loi sera bien difficile et on
- Fils allant au gr^CommuC
- r fils allant j aux lignes
- fijD M'MD T fe.Tjt ü B-.)
- ppük, i esfâ'xçMifês gr/vifM
- 4 w» W - j U» « » _ J
- fils allant augr^CommuL1'
- FIG. 4
- prévoit que le délai accordé devra être prolongé pour une longue série d’années.
- La figure 2 donne l’aspect général d’une des
- principales rues de New-York, le Broadway. Nous avons fait reproduire à dessein cette gravure, et les fils électriques, pour donner une idée de
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 495
- la forme extérieure du réseau de New-York. Comme on le voit bien, les poteaux immenses supportant les isolateurs ne sont même pas régulièrement plantés dans le sol ; ils s’inclinent plus ou moins dans les différentes directions, et ils affectent les formes les plus fantaisistes. Ce sont tout simplement des troncs d’arbres venus de l’Ouest, dont on a abattu les branches, enlevé l’écorce et sur lesquels on a cloué irrégulièrement les traverses,
- Parmi ces poteaux, on trouve quelquefois de vrais colosses supportant une quantité étonnante de conducteurs. Voici, par exemple (fig. 1) un des poteaux qui se trouve sur la « Fulton Street » et qui supporte plus de 3oo fils se dirigeant dans tous les sens.
- Les fils télégraphiques et téléphoniques ne sont
- Ras les seuls à encombrer les rues de New-York.
- y a encore le réseau des gros fils et des câbles qui servent à la distribution de la lumière. Ordinairement ces conducteurs-là sont placés plus bas sur des supports spéciaux qui affectent différentes formes, suivant la Compagnie d’éclairage à laquelle ils appartiennent.
- Les fils sont les plus nombreux dans la ville basse où se trouvent les principaux bureaux téléphoniques et où la ^Compagnie télégraphique « Western Union » a son siège. Là, le spectacle devient extraordinairement étrange et unique au monde.
- Le bâtiment delà Western Union, représenté par notre gravure (fig. 3), est un des plus importants à New-York. C’est le siège delà grande Compagnie qui a presque le monopole de tout le service télégraphique aux Etats-Unis. Dans son état actuel, elle est le résultat des fusions successives d’une série des sociétés privées, qui étaient englobées au fur et à mesure qu’elles se formaient. Pour juger de l’immensité du réseau contrôlé par la Western Union C°, nous donnons ici la table statistique, prise dans le dernier rapport annuel des administrateurs.
- Nous n’entrerons pas pour le moment dans la description de l’agencement électrique de la télégraphie américaine. Un de nos compagnons de voyage, M. A. Guérout, prépare un travail spécial sur le développement et l’état actuel de la télégraphie en Amérique. Nous nous bornerons seulement à la description sommaire d’une installation caractéristique des machines dynamos, servant à fournir le courant pour les appareils télégraphiques, La figure 4 représente le schéma de cette installation.
- Sur les quinze machines employées, les trois extérieures à gauche servent à l’excitation de toutes les autres. Les machines produisant le courant de service sont réunies entre elles de telle manière que l’on puisse prendre successivement,
- sur les différents balais, les potentiels équivalents à 80, 160, 240 et 3ao volts. Les fils correspondants aboutissent aux disques extérieurs du commutateur, comme c’est indiqué sur la figure.
- Les fils des machines, placés sur la rangée centrale, sont réunis aux disques centraux du commutateur, qui sont en partie couverts sur notre dessin par une plaque mobile en ébonite.
- La machine qui excite les inducteurs de cette rangée centrale communique avec un commutateur à navette qui permet de changer le sens de l’excitation. Cette rangée peut donner les courants de deux sens.
- La plaque mobile en ébonite est solidaire avec le commutateur à navette, de sorte qu’elle couvre automatiquement les trous où l’on pourrait enfonce d’une manière fausse les fiches et sert à éviter tout accident.
- Les disques des deuxième et quatrième rangées du commutateur sont réunis, à travers les résistances, avec les appareils télégraphiques. Ceux qui correspondent aux 80, 160 et 240 volts communiquent à travers les résistances de 200, 3oo et 400 ohms avec le grand commutateur dans la salle télégraphique, et c’est là qu’on prend les courants nécessaires pour l’usage.
- Les disques de 320 volts communiquent directement, après avoir traversé les résistances de 600 ohms, avec les plus longs circuits desservis par les appareils duplex et quadruplex, et ils ne servent qu’à ce but spécial.
- Les machines dynamo-électriques alimentent 53o circuits. Elles remplacent 35.000 éléments Cal -laud. Sur cette quantité de conducteurs, 3a sont employés pour les appareils quadruplex et 24 pour les duplex.
- B. Abdank Abakanowicz.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- Sur un électro-calorimètre et sur son application à l’étude des générateurs secondaires G-aulard et Gibbs, parle professeur A. Roiti.
- I. — Description de ïélectro-calorimètre.
- Le courant passe par une hélice formée de plusieurs métaux, l’échauffe et la déforme. On mesure la déformation obtenue au bout d’un certain temps, et cette déformation, dans certaines limites, peut être considérée comme proportionnelle à la quantité de chaleur développée par le courant dans l’unité de résistance du circuit, pendant l’unité
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 496
- de temps. Ceci s’applique aussi à des courants quelconques variables, parce que l’induction de l’hélice sur elle-même est très petite. Au lieu d’une seule, j’emploie deux spirales : ce sont deux spirales Bréguet, enroulées toutes les deux de gauche à droite. Une de ces spirales AC (fig. 1) est argentée extérieurement, de sorte qu’elle se détend sous l’effet de la chaleur, tandis que l’autre, CB, dans laquelle l’argent est à l’intérieur, se contracte sur elle-même. Elles sont soudées à leur extrémité C de manière à former une seule hélice AB, qui, se trouvant tendue verticalement et fixée à ses deux bouts, fait tourner dans un sens ou dans l’autre, suivant qu’elle se réchauffe ou se refroidit, un index CD porté par la soudure du milieu. Pour apprécier même des déplacements très petits, j’ai eu recours comme d’habitude, à un petit miroir qui permet de faire la lecture avec une lunette sur une échelle placée à distance.
- Deux petites tiges en cuivre MH, KN, pourvues de bornes, servent à guider le courant dans l’hélice; mais pour mieux localiser la chaleur, j’ai interposé deux petits fils en maille-chort HA, KB, entre l’hélice et ces tiges, qui présentent une forte section. Elles se meuvent à frottement doux dans deux gaines fixées au centre de deux disques en ébonite. Une fois réglées, on les fixe au moyen des vis U, Y.
- Les deux disques en ébonites sont vissés aux extrémités d’un tube en laiton (fig. 2) qui porte latéralement plusieurs ouvertures, dont deux grandes pratiquées du côté du petit miroir.
- Ce tube perforé a pour but de maintenir reliées entre elles, les deux extrémités de l’hélice et de permettre qu’on donne au petit miroir n’importe quelle orientation, sans avoir à forcer les spirales Bréguet. A cet effet, il s’ajuste exactement dans les deux trous pratiqués sur le couvercle et sur le fond de l’enveloppe calorimétrique qui est à double paroi E, F, et qui peut contenir une quantité d’eau suffisante à protéger la chambre intérieure et les deux spirales des variations brusques de température. On pourrait aussi faire circuler l’eau au moyen des deux robinets C? C'; mais on n’en a jamais senti le besoin. L’orientation lente du tube et du petit miroir s’obtient, comme d’habitude, avec une vis sans fin Z et une roue denture hélicoïdale. La manière d’opérer est des plus simples : il suffit au moyen d’une clef de fermer le calorimètre sur lui-même, pour que le courant en soit toujours exclu,excepté pendant le temps qu’on tient la clef ouverte. Rien
- de plus facile que de rendre cette ouverture automatique, de manière à avoir pour chaque série d’observations, une durée rigoureusement constante. Jusqu’à présent, on a opéré à la main, en comptant le nombre d’oscillations d’un métronome ou d’un pendule. Cette opération était faite par un observateur spécial. La personne qui se tenait à la lunette n’était chargée que de lire sur l’échelle la position initiale et la déviation maxima obtenues.
- Pour donner une idée du degré de sensibilité que présente ce premier modèle de l’électro-calo-
- rimètre (*) que j’ai fait construire en me servant de deux spirales qui m’ont été fournies par la maison Bréguet de Paris, je ferai remarquer qu’un courant de deux centièmes d’ampère, produit en 14 secondes, une augmentation de déviation d’un millimètre, lorsque l’échelle se trouve à 160 centimètres du petit miroir.
- D’après les quelques essais que j’ai faits avec cet
- (*) Je m’occupe de construire un autre type dans lequel je remplacerai les hélices cylindriques par des spirales planes, de manière à les rendre moins sensibles, et j’espère arriver à avoir un appareil qui soit assez sensible pour permettre de se passer du petit miroir et dont les mesures soient assez sûres pour pouvoir en recommander l’emploi dans les usines, à la place de l’électro-dynamomètre.
- FIG. 1
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- 49 7
- instrument, je me suis convaincu qu’il peut très bien se prêter à l’étude de la chaleur développée dans un circuit par les décharges des condensateurs, comme pour celle produite par une bobine de Ruhmkorff, etc. II est bon d’observer que dans ces cas de hautes tensions, il faudra couper les disques d’ébonite et en faire des spirales plates, de manière à rendre l’isolement meilleur.
- Lorsqu’il s’agit de courants très forts, plutôt que de les faire passer dans le calorimètre pendant un temps très court, ce qui imprimerait au miroir une secousse trop brusque, j'ai trouvé avantage à
- placer l’appareil en dérivation, comme s’il s’agissait d’un galvanomètre. On peut ainsi, en graduant la résistance de la dérivation, faire varier à volonté la sensibilité. Je donne ci-dessous les résultats d’une série d’expériences dans lesquelles j’ai fait passer dans le calorimètre, non une dérivation, mais le courant entier d’un élément Daniel!, qui circulait en même temps dans un rhéostat et dans une boussole obsolue des tangentes.
- Ces expériences ont été faites afin de voir jusqu’à quel point il y a proportionnalité entre les les déviations du calorimètre et les carrés de l’in-
- TABLEAU I
- N numéro d’ordre des expériences ;
- m déviations du calorimètre en centimètres de l’échelle, mais réduites en arcs ;
- <p — du calorimètre en minutes ;
- n — de la boussole en centimèires de l’échelle ;
- i intensité du courant eD ampères, en prenant 0,222 (G. C. S.) pour la composante horizontale terrestre ; A différences entre les valeurs de % et la moyenne ;
- l*
- ô — entre les valeurs observées et celles calculées pour m.
- N 7» ? f ? A m S
- observées ampère ;s calculées d’après la moyenne
- 3 c.m. 11,12 II9'46 c.m. 15,88 0,2018 0,223l 2934,7 - 7,5 c.m. 11 i5 o 6 1
- 2 13,62 146,32 17.66 2940.4 - 1,8 i3,63 1
- I 18,11 194,56 260,95 20,23 0,2569 2947,5 + 5,3 18,08 + 3
- 4 24.29 23,48 0,2981 29.37,0 — 5,2 24.33 — 4
- 5 29,71 319,18 25,94 0,3292 2945,3 3,i 29,68 + 3
- 6 3o,86 33i,53 26.47 0,3359 2q38,4 — 3,8 30,90 — 4
- 7 36,43 391,37 28,70 0,3641 2952,7 + io,5 36.3o + x3
- « 43,41 366,36 3i ,40 0,398l 2941,9 — 0,3 43,41 =tr 0
- Moyenne Erreur probable de chaque observati 2942,2 on = 0,6745 1 /SS3 / — = oom>°4-
- tensité des courants qui les provoquent. La durée de passage était de 14".
- TABLEAU II
- / durée du courant en secondes ;
- 0 déviation du calorimètre en centimètres de l’échelle, exprimée en longueur d’arc.— Distance de l’échelle au petit miroir = iooom ;
- Intensité du courant 0,255 ampère, en adoptant pour l’intensité de la composante horizontale terrestre = 0,222 (C. G. S.).
- t 0 t 0
- c.m.* c.m.
- 2 3,96 12 16, OJ
- 4 6,65 14 17,75
- 6 9,59 l6 19,59
- 8 12,08 18 20,82
- 10 14,26 20 22,35
- La déviation © doit être à chaque instant pro-
- portionnelle à l’excès ô de température de l’hélice sur la température ambiante. Cet excès doit satisfaire à l’équation différentielle
- rfO I a
- c3/+fle = « qui, intégrée, donne
- où t est la durée du courant, q la quantité de chaleur développée dans l’unité de temps et a et c des constantes.
- II. Note préliminaire sur les générateurs secondaires.
- Le générateur secondaire de MM. Gaulard et Gibbs, se compose, comme tout le monde sait, de deux hélices formées de plusieurs couronnes circulaires en cuivre assemblées les unes aux autres
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- LA LUMIÈRE ELECTRIQUE
- d’une manière très ingénieuse et superposées de façon à constituer les spires de deux hélices alternées. Ces hélices forment ainsi un tube cylindrique dans lequel on introduit un faisceau de fils de fer. Le courant, rapidement alterné d’une machine dynamoélectrique passe successivement par une des deux hélices (Vhélice primaire) d’un certain nombre de générateurs, tandis que les lampes ferment les hélices secondaires, soit séparément, soit réunies en série où en quantité, selon le besoin. Ainsi une seule machine dynamo-électrique peut alimenter en même temps des lampes des types les plus différents.
- En ma. qualité de membre du jury international pour l’électricité à l’exposition de Turin, j’ai eu à m’occuper de cet intéressant système d’éclairage ; et, d’accord avec mes collègues de la commission, MM. les professeurs F. Weber, de Zürich; E. Voit deMünich; E. Kittler de Darmstadt et G. Ferraris, de Turin, j’avais cru indispensable d’établir des expériences calorimétriques avant de prononcer un jugement sur le rendement du générateur secondaire, parce que les déterminations faites précédemment avec l’électromètre et l’électro dynamomètre par MM. Hopkinson et Uzel donnaient lieu à plus d’un doute.
- La commission aurait bien voulu commencer de suite ses expériences calorimétriques, mais la difficulté qu’on a éprouvée à réunir les instruments nécessaires et le peu de temps dont on disposait, ont fait renoncer à la possibilité d’obtenir un résultat pendant que le jury se trouvait réuni.
- Ces expériences ont été confiées au professeur Ferraris, qui, seul, restait à Turin.
- : De mon côté, à part les objections soulevées cjontre l’emploi de l’électro-dynamomètre, et de ljélectromètre, je n’avais pas manqué de faire les réserves les plus explicites sur la possibilité de déduire exactement par le calcul, le rendement dû système d’éclairage proposé par MM. Gaulard et Gibbs en partant des données de l’observation. Aussi ai-je entrepris sitôt revenu de Florence, dans le mois d’octobre dernier, l’étude de la question. Cette question, lorsqu’on veut la résoudre d’une manière rigoureuse et étendue, présente beaucoup de difficultés. Elle devient au contraire très facile lorsqu’on se contente de négliger la chaleur développée dans l’aimantation du fer, en admettant que l’aimantation est proportionnelle au courant et en supposant que la force électromotrice de la machine magnéto-électrique suive la plus simple loi de périodicité. Plus tard, après la fermeture de l’Exposition, j’ai pu avoir à ma disposition un des générateurs secondaires de petit modèle, grâce àl’obli-geancede l’inventeur, M. Gaulard, auquel je tiens à rendre ici un témoignage de ma gratitude.
- C’est sur ce petit appareil, dit d?un cheval-vapeur que j’ai entrepris les mesures dont il est
- ici question et que j’aurais déjà publiées depuis plus de deux mois, si je n’avais pas été informé par mon ami le professeur Ferraris qu’il venait de satisfaire au désir exprimé par le jury et que son travail allait paraître.
- Ce travail (4) m’a été demandé au commencement du mois de mars dernier et je vois que ce qui me reste à dire se réduit à bien peu de chose. Il me semble en tout cas qu’il peut être utile de le faire connaître, afin qu’on puisse voir jusqu’à quel point concordent les déterminations faites en petit dans le laboratoire, avec celles entreprises sur une vaste échelle telle que les comporte l’industrie. Je les ferai suivre de quelques considérations sur la valeur économique du générateur secondaire.
- Après l’exposé exact et soigneux du professeur Ferraris, il suffit que je me limite à quelques con sidérations nécessaires pour comprendre la manière de procéder et les conclusions que je tirerai des expériences.
- En désignant par E la force électromotrice de la machine magnéto-électrique,
- Par I, R, L l’intensité du courant, la résistance et Je coefficient de self-induction du circuit primaire ;
- I', R', L' les quantités analogues pour le circuit secondaire;
- M le coefficient d’induction mutuelle
- des deux circuits, on aura :
- (1) Ri + Mf+Lg=E;
- En désignant par Lj le coefficient de self-induction de la machine, et supposant que les deux spirales de l’appareil Gaulard seront identiques nous pourrons écrire :
- (2) L=L,+ L1.
- Ces formules serviront aussi pour le cas où il y aurait un noyau en fer, pourvu que l’aimantation de celui-ci soit à chaque instant proportionnelle à l’intensité du courant excitateur.
- Si la force électromotrice E est une fonction périodique quelconque du temps, nous pourrons toujours l’exprimer au moyen d’une série de Fou-rier ; nous nous limiterons au cas le plus simple où cette série se réduit à un seul terme de la forme (*)
- (*) Galileo Ferraris, Recherches théoriques et expérimentales sur le générateur secondaire Gaulard et Gibbs; Mémoires de la R. Académie des sciences, de Turin série II, t. XXXVII. La Lumière électrique, t. XVI,.p. 397.
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-
- Journal universel D'électricité
- 49§
- Dans ce cas, en iiltégrant la formule (i) on obtient pour le régime permanent les valeursj1)
- (4)
- (5)
- I=Asin I=A'sln2it
- Et en posant
- in27t^-<p
- (F4
- (b) t2R'2 , A“4n2M2“*
- 1 .R'
- (7) j /=l-£
- A®=
- (B)
- r*-f-
- 4u/2
- tan g 2ttcp =
- a*
- tang2rap'=
- 2n/
- — L'p — R'r t t* ^
- 2-,r \Jr—R'/
- L’énergie totale fournie par la machine pendant une demi période, est
- (io)
- C:
- T
- f:
- k*r
- El dt=—r. . 4
- La chaleur développée pendant ce temps dans l’unité de résistance du circuit primaire est
- lu)
- T
- .jy
- dt —
- A*
- 4
- La chaleur développée dans l’unité de résistance du circuit secondaire est
- (12)
- T
- '-f
- l'*dt=
- A'2
- Et on a identiquement d’après la formule (7) : AV=A* R + A'2 R'
- c’est-à-dire :
- C = cR + c'R'.
- comme cela doit être d’après le principe de la conservation de l’energie, si on néglige la chaleur développée dans le noyau de fer ce que nous avons fait implicitement, en supposant constants les coefficients d’induction L, L , M.
- La chaleur totale, développée dans la machine et dans la ligne, sera
- (i3i C" = e(R-p),
- (r) Voir Mascart et Joubert, Leçons sur l’èleclricilè et le magnétisme, t. I, p. S94.
- si p est la résistance dp l’hélice primaire, et par conséquent, l’énergie fournie au générateur secondaire est, pendant une demi-période :
- (14) Ü-C" = [A*r—A*(R—p)]î=A* (Ç+p)^
- =(A'*R'-f-A2p)î.
- La chaleur développée dans le circuit secondaire est
- c'R'=A/2R' -.
- 4
- Donc le coefficient de transformation de l’appareil Gaulard (*) est exprimé par l’équation R'
- (i5)
- G =
- R'+fe P +
- ilËl2
- 47t2 M2 f
- et il admet évidemment un maximum pour (16) r'=2ZEL',
- T
- M. le professeur Ferraris appelle ensuite coefficient de rendementJ utile de l’appareil, le rapport entre l’énergie développée dans la partie extérieure de l’hélice secondaire, et l’énergie fournie au générateur; de sorte que, avec nos notations, en désignant par p' la résistance de l’hélice secondaire, ce coefficient serait exprimé par
- /17) G C'(R—p')_ R'— p'
- { 7) °°~~ C—C" “R'+^p '
- Ce coefficient en effet exprime correctement cette quantité que tout le monde, avant M. Ferraris, cherchait et croyait avoir déterminée en donnant une interprétation fausse aux résultats de ses propres expériences. Mais je ferai observer qu’il exprime le rendement d’un seul organe du système d’éclairage proposé par MM. Gaulard et Gibbs, et on se tromperait si on croyait par cela seul, pouvoir juger de la valeur économique de tout le système, pris dans son ensemble. Je reviendrai d’ailleurs sur ce point.
- Pour le moment, appliquons les formules précédentes, au cas dans lequel le circuit secondaire est ouvert. Il suffira de faire R' — 00 et, par conséquent,
- r=R
- (?)' ;=l=l'+l4.
- De sorte que la quantité A2 de la formule (8) devient
- e2
- (8)'
- A*:
- R2 +
- l’énergie développée par la machine pendant une demi-période, sera, dans ce cas :
- , ~ asr
- (IO)' C0— —pT
- (!) M. Ferraris l’appelle coefficient de rendement total mais pour simplifier, il suppose L’ = M, par conséquent l’expression qui en résulte est un peu plus forte que la vraie, parce que l’on doit avoir nécessairement L' ;> M.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- et la chaleur développée dans l’unité de résistance primaire
- . .. A2
- (II)' V^o— — T.
- 4
- Si l’on retire ensuite l’appareil Gaulard, de sorte que la résistance du circuit primaire se trouve être R„ il suffira de faire, dans toutes nos formules,
- M—o L'=o L=L, R=R. pour avoir l’intensité du courant :
- où
- 8)"
- I1 = A1sin2'K ^ — 4^
- r:+
- 4"2L'
- taijg 271 rp= —
- 27C L|
- L’énergie fournie par la machine pendant une demi-période, devient dans ce cas
- IO)" C,=: A'.R|T.
- 4
- et la chaleur développée dans l’unité de résistance.
- (h)"
- 4
- Les formules (8)' et (8)" pourront nous servir à reconnaître, entre quelles limites il est permis de considérer comme constants le coefficient de self-induction de la machine et celui des helices Gaulard. Elles pourraient peut-être encore servir à déterminer ces coefficients L, et L'.
- III. — Expériences.
- L’électromoteur dont je me suis servi, était une petite machine magnéto-électrique du système Marcel Deprez, construite par M. Carpentier à Paris. Comme j’avais besoin de courants alternatifs, j’ai dû à cet effet modifier le commutateur qui sert à redresser les courants. Entre les bras d’un aimant permanent en fer à cheval tournait une bobine longue de i3 centimètres et qui, sur sa hauteur de 3cm,5 portait i3 tours de gros fil de oom,25. Je ne sais combien de couches formait le fil, mais il , présentait une résistance de oohm,i. Cette machine était mise en mouvement par une turbine ; mais dans la plus grande partie des expériences j’ai intercalé entre l’une et l’autre un système de roues d’engrenage qui servait à augmenter la vitesse qu’on lisait sur un compteur Schæffer et Budenberg. La transmission du mouvement de l’arbre de la turbine au tachimètre et au système de roues dentées, et de celui-ci à la machine Deprez était fait au moyen de ressorts en spirale. Un tel système de transmission est toujours à recommander à cause de la grande régularité et
- de la sécurité qu’il présente. L’admission de l’eau dans la turbine était soigneusement réglée à la main en observant le tachimètre dont l’aiguille devait rester toujours au même point. Excepté les jours où l’on a fait des réparations aux conduites d’eau de la ville, l’allure de ce système mcanique n’a rien laissé à désirer.
- FIG. 3
- Le générateur secondaire que j’ai soumis à l’expérience était un de ceux du petit modèle qui figurait à l’Exposition de Turin, de la force d’un cheval-vapeur.
- Il était constitué comme il suit :
- Hélice primaire : nombre des disques, 25o nombre de tours, 225, résistance p = o0hm,i75.
- Hélice secondaire : nombre des disques, 25o, nombre de tours, 225; résistance p = oohm,i8o.
- Les disques présentent la forme d’une couronne circulaire ayant comme dimensions :
- Diamètre extérieur, uom,i5;
- — intérieur- 5 ,5;
- Epaisseur 1/4 le millimètre.
- Ils forment une colonne de 3o centimètres de hauteur. Tout l’appareil, y compris le noyeau pèse i8ke,8.
- Sur le même circuit que la machine magnéto-électrique (fig. 3) se trouvaient en I, l’hélice primaire et en R' un rhéostat. Ce circuit aboutissait à deux commutateurs T, S, qui permettaient d’envoyer le courant primaire ou dans le calorimètre ou dans le fil compensateur, ayant une résistance égale à celle du circuit formé par le calorimètre, et sa dérivation. La figure 3 indique clairement que
- TABLEAU III. — Résistance primaire variable. — Résistance secondaire constante.
- N R R' A'* Différ.
- i5 1,026 2, i83 2, i83 —0,006 La machino magnéto-
- 25 1,028 2,182 2,040 —0,00Q électrique fait n—40 tours
- 26 1 >494 2,181 2,029 2,032 —0,020 par 1".
- 14 1,970 2,439 2,182 —0,017 +0,001 Les courants passent
- 27 2,180 2,o5o dans le calorimètre pen-
- i3 2,qq2 2,182 2,o36 —o,oi3 dant 14".
- 34 2,Q92 2, l83 2,040 0,009
- 11 3,g3i 2,180 2,o5o +0,001
- 12 4,886 2,180 2,088 +0,039
- 43 io,8S8 2,188 2,082 +o,o33
- Moyenne... 2,049
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- lorsque le courant primaire passait dans le calorimètre, le courant secondaire qui prenait naissance dans l’hélice II, après avoir traversé le rhéostat R, allait au contraire au fil compensateur, et inversement. Au moyen de la touche G, on pouvait fermer l’hélice I sur elle-même; au moyen de la touche L on pouvait ouvrir le circuit secondaire : et une troisième touche C restait toujours abaissée, afin de fermer sur lui-même le calorimètre, excepté pour un temps donné, déterminé par un pendule, pendant lequel, comme il a été dit, on observait l’élévation de température produite dans le calori-
- mètre par l’un ou l’autre courant, suivant la disposition donnée aux commutateurs S et T.
- Au commencement et à la fin de chaque série d’expériences on mesurait avec un pont d’Elliott, en unités de l’Association britannique, les résistances primaire R et secondaire R'.
- On faisait dans le calorimètre au moins trois mesures pour le courant primaire et trois pour le courant secondaire. On réduisait ensuite en arcs les déviations observées sur l’échelle, et on en prenait les moyennes, dont le rapport donne la valeur de l’expression qui figure dans les formules (6)
- TABLEAU IV
- R, R' résistances constantes; n vitesses variables; j intensité en ampères du courant électrique qui produirait dans le calorimètre la même déviation que le courant primaire.
- N R R' n en 1 seconde j ampères k DIFFÉRENCES
- 'observée calculée
- 64 1,145 1,022 7,5 0,934 3,948 » »
- 63 1,145 1,022 10.0 1, i38 4,216 » ))
- Ô2 1,143 1,022 12,5 j,3oi 3,i3o » »
- 59 1,028 1,021 10,0 1,386 1,932 1,924 + 0,008
- 58 1,028 1,021 25,0 1,558 1,592 1 ,bo6 14
- ÔO i,o3i J ,022 3o,o 1,749 1,43* 1,434 — 3
- 57 1,028 1,021 35.0 1,921 1,326 I,3l6 -f* IO
- 6l i,o3i 1,022 40,0 2,og5 1,255 1;, 2Ô2 — 7
- 22 1,028 1,023 40,0 )) 1,269 1,2Ô2 + 7
- I L'2
- An2 M2_339,1 M2 ~ 1 ,041
- Coefficients d’induction : M =0,00864 L'=o, 00882
- 67 I 3,012 | 1,606 I 20,0 Il 0,893 Il 3,122 1 1 ”
- 32 | 3,002 1 1.607 1 40,0 || Il 1,587 1 1
- 317,2
- 4*2 M2 M = 0,1x1893
- L/2
- Mi=I’075
- L' = 0,00926
- et (9). Ce rapport est
- (9)'
- k—
- A2
- A'2
- c’est-à-dire en posant
- (18)
- (6)'
- 2uL'__^ , 27tM
- t ' v
- , R,2+X'2
- ou encore en désignant par n — ^ le nombre de tours par seconde de la machine magnéto-électrique :
- if')"
- __R'2-j-4rc2«2 L'2
- 1 4it2»2M2
- Cette valeur dans le cas où les hypothèses
- que nous avons faites pour simplifier les calculs se trouvent vérifiées, doit être indépendante de la résistance R du circuit primaire. Pour vérifier ce fait, j’ai réuni ces données dans le tableau III, où les nombres de la première colonne indiquent l’ordre de succession des différentes séries d’expériences, et ceux de la dernière donnent la différence entre les valeurs obtenues pour k et leurs moyennes. On voit en effet que k se maintient à peu près constant. Toutefois on peut voir qu'il tend à croître légèrement au fur et à mesure que la résistance primaire augmente.
- Pour vérifier si la constante k varie avec la vitesse de la machine, ainsi que l’indique l’équation (6)", nous nous sommes servi du tableau IV, dans lequel sont consignées les observations avec une résistance constante et une vitesse variable.
- Au moyen de la méthode des moindres carrés
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- TABLEAU. V. — R, résistance primaire constante. — R', résistance secondaire variable.
- A* R'* + r*
- N R R' A'* n2 DIFFÉRENCES
- observées calculées
- 24 1,029 0,25i 1 ,032 1,078 — 0,046
- 23 _ 22 l6 1,029 1,028 1,025 0,635 1,023 1,201 1,120 1.269 1,336 1,145 1,273 1,358 — 25 4 — 16 , A2 R'8+X'2 1 A'* |x2 - =0,1986; — =i,o653
- 17 1,026 i,6o5 1,594 1,577 + 17 tJ.
- i5 1,026 2, i83 2,043 2,012 + 3i ' —=M=0,00893 27t n ’ 7
- 47 1,026 2,682 2,532 2,494 + 38 y
- »9 1,023 2,683 2,569 2,495 + 74 = L/=0,00921 2%n 7
- 20 1,024 3,23i 3,iii 3,i3g — 28 «=40
- 48 1,024 3,891 4,o3o 4,072 -
- TABLEAU VI. — R, résistance primaire constante. — R’, résistance secondaire variable.
- A* R'* + V*
- N R R' A'2 l*2 DIFFÉRENCES
- observées calculées
- 29 3,oo3 o,3i8 1 ,o38 l,o85 - 0,0047
- 3o 2,999 0,635 1,110 1,142 32 1 X,g --=0,1968; —=i,o65o (1/ |X
- 31 32 3,ooi 3,002 1,024 1,607 1,273 i,587 1,272 1,573 I h M |
- 34 2,992 3,ooo 2, i83' 2,0J0 2,504 2,oo3 37
- 33 2,680 2,479 25 | 11 -—40
- 36 2,989 3,23i 3, i38 3,119 19 M=o,00897; L'=o,00926
- 37 2,995 3,894 4,076 4,049 27
- 38 3,ooo 4,913 5,773 5,8i5 42
- TABLEAU VII. — R, résistance primaire constante. — R', résistance secondaire variable.
- DIFFÉRENCES
- A'*
- observées
- calculées
- on a calculé les coefficients M et L' marqués en bas du tableau IV, et ensuite avec la formule (6)" on a déduit les valeurs de k qui se trouvent dans l’avant-dernière colonne. Elles concordent très bien avec celles observées tant que la vitesse reste comprise entre 20 et 40 tours par seconde. Mais on
- a dû exclure du calcul les observations qui se rapportent à des vitesses inférieures et qui sont consignées dans les trois premières lignes. En effet, à cette vitesse, les valeurs de k sont de beaucoup inférieures à celles exigées parla formule (6)"; les valeurs données par cette formule pour les
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- coefficients d’induction vont en augmentant à ces petites vitesses au fur et à mesure qu’elles diminuent, ce qui s’explique peut-être en songeant que en même temps que la vitesse, la valeur que prend à chaque instant l’intensité du courant aimantant augmente, et que le coefficient d’aimantation, de même que les coefficients d’induction, ne se maintiennent pas constants; mais ils sont une fonction d’abord croissante et puis décroissante, de la force magnétisante. Le phénomène doit en outre se compliquer à cause du temps qu’il faut au fer pour s’aimanter et se désaimanter. Il résulterait en effet des essais faits par M. Gaulard à l’Exposition de Turin (*), que k ne décroît pas indéfiniment au fur et à mesure que la vitesse augmente : après 3oo inversions par seconde il atteint un minimum pour croître ensuite.
- Dans chacun des trois tableaux V, VI, et VII j’ai réuni les expériences qui se rapportent à une certaine vitesse donnée de la machine (40 tours par seconde) et pour une résistance donnée R du circuit primaire avec diverses résistances R' du secondaire. En appliquant à la formule (6)' la méthode des moindres carrés, on a calculé les valeurs de p.2 et de X'2 les plus compatibles avec les données de la troisième et de la quatrième colonne. Avec ces valeurs et au moyen de (6)' on a calculé k en reportant les résultats obtenus dans la cinquième colonne ; dans la dernière se trouvent les différences entre les valeurs de k données par le calcul et par l’observation.
- En comparant entre elles les valeurs des coefficients d’induction M et U obtenues dans ces trois tableaux, on voit qu’elles augmentent avec R et que l’augmentation de L’ est plus rapide que celle de M.
- Quant aux différences marquées dans la dernière colonne, elles varient avec une rapidité qui indique clairement que k est une fonction de R' qui croît moins que ne l’exigerait la formule (6)". Il en résulte également que les coefficients d’induction M et U se maintiennent tout le temps constants.
- Dans le tableau VIII, j’ai consigné quelques expériences analogues aux précédentes, avec cette différence que contrairement à l’habitude le noyau de fer n’avait pas été introduit sur toute sa longueur dans les hélices du générateur secondaire. Il émergeait sur quart à peu près de sa longueur. Les coefficients d’induction sont naturellement plus petits et il se trouve qu’ils ont diminué des 3/4 de la yaleur obtenue dans des conditions analogues, lorsque le noyau avait été introduit complètement.
- J’ai voulu aussi soumettre au même calcul les expériences du professeur Ferraris et, quoiqu’elles
- (*) Voir Ferraris. Mémoire cité, p. 55 en note.
- ne soient pas aussi régulières, à cause des grandes perturbations auxquelles elles ont été sujettes, elles laissent voir néanmoins que k croit avec R', moins rapidement que ne le voudrait la formule (6)", tableau IX.
- Il n’est pas surprenant que les valeurs de M et de L' obtenues d’après les mesures de M. Ferraris soient aussi différentes des nôtres : il suffit de se rappeler qu’il opérait avec un générateur secondaire de plus grand modèle. Une circonstance qui est à noter c’est que M. Ferraris, afin de simplifier les calculs dès le commencement, néglige la différence qui existe entre les deux coefficients d’induction, et il désigne indifféremment par C2 les deux quantités que nous avons appelés p.2 et X2. Il attribue en outre à C2 une valeur différente de celles que nous avons calculées plus haut et il trouve précisément C2 = 5oo,i, au lieu de 6o3 ou 633. Cette valeur n’a pas été déduite par M. Ferraris des expériences susdites, mais d’après d’autres dans lesquelles le circuit secondaire était maintenu ouvert.
- Les expériences consignées dans le tableau X m’ont donné un résultat analogue, quoique, à cause de la méthode différente suivie, j’aie eu à tenir compte aussi du coefficient d’induction de la machine magnéto-électrique.
- Les déviations (A2, A2) du calorimètre relatives aux différentes expériences de ce tableau ne sont pas comparables entre elles, parce que en passant de l’une à l’autre, la sensibilité de l’appareil avait été changée. Les numéros des trois dernières colonnes ont été calculés suivant les formules (8)' et (8)" en posant e = m et en prenant e comme constante. Cela n’est guère vrai en général à cause de l’aimantation induite dans la machine, mais on peut l’admettre approximativement, pour des courants dont les intensités moyennes ne diffèrent pas de beaucoup. Le coefficient L, d’induction totale du circuit sur lui-même (y compris le générateur secondaire) croît rapidement àu furet à mesure que la résistance augmente, c'est-à-dire, au fur et à mesure que l’intensité moyenne du courant diminue. Une chose analogue se vérifie pour le coefficient d’induction Lj du circuit sur lui-même, lorsque le générateur secondaire en est exclu.
- Le coefficient de self-induction U de l'hélice Gaulard sur elle-même (y compris le noyau de fer) a été ici déduit par différence avec les deux précédents, de sorte que les chiffres de la dernière colonne ne méritent pas autant de confiance etjene saurais dire, pour le moment, pourquoi ils vont en diminuant avec l’intensité du courant, à moins que pour lé fer du générateur secondaire, et pour celui de la machine, l’aimantation ne se trouvât à une distance différente du point d’inflexion de Wiedemann (*).
- (l) Gustave Wiedeman.— Die Lettre von der Elektricilât 1883; vol. III, p. 426.
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- TABLEAU VIII
- Le noyau de fer émerge de 1/4 du générateur secondaire;
- A4 déviation du calorimètre produite par le courant primaire ;
- * '2 __ — secondaire.
- DIFFÉRENCES
- calculée
- observée
- M = 0,00481
- 1,029
- TABLEAU IX
- Expériences du professeur Ferraris.
- A- A'2 — h ’—t' 1
- N R' DIFFÉRENCES
- t — t„ observée calculée
- I 4,70 6,62 6,35 1,0^2 1 ,o85 — 0,043
- 2 5,09 6,57 6,10 1,077 1,092 — i5
- 3 b, 10 6,8o 6,10 5.5o 1,109 1,110 — 1
- 4 6,00 5,36 1,120 1,125 — ‘ 5 I AkA
- 5 7,73 6,85 6,01 1,140 L148 8 -5 = 0,001656; —,= 1,045 \T y.* .
- 6 10,02 5,90 4,70 1,255 I,2l5 + 40
- 7 10,02 6,00 5,oo 1,200 I ,2l5 — i5 n = 268
- 8 9 12,12 15,43 5,8o 5,78 4,35 3,75 1,333 1,541 1,292 1,443 + 41 + 98 M = o,01407; L'=o,01441
- IO 17,70 6,25 3,ci5 1,582 1,476 1,568 + 14 [j.2 =6o3,8; y* =633,2
- 11 17.73 5,58 3,78 1,569 - 93
- 12 19,80 6,20 3,67 1,689 1,698 — 6
- 13 21,5o 5,94 5,28 1,811 1,814 — 3
- TABLEAU X
- Circuit secondaire ouvert, R'=co;
- n nombre de tours par seconde de la machine magnéto-électrique ;
- J intensité du courant constant qui développerait dans le calorimètre la même quantité de chaleur, développée par le courant primaire constant ;
- L coefficient de self-induction de tout le circuit primaire ;
- L) — de la machine ;
- L' — d’une hélice Gaulard.
- N n R J ampères R, b ampères r2 Aî h L L. L' = L—L
- 21 39 68 69 40 40 40 3o s 40 3o 1,026 2,998 3,ooi 3,ooi 10,87 10,87 11,93 25,89 29,87 22,75 20,92 i8,85 » i,635 1,427 0,937 0.744 2,890 4,087 4,181 4,181 11,28 11,28 12,27 26,66 29,71 18,49 30,37 18,73 » i,63i 1,287 o,944 0,742 2,991 4, i83 » ii,55 25,63 » » >* * 0,01l8 o,ci34 0,0146 0,0552 0,0043 0,0070 0,0089 0,0532 0,0075 0,0064 o,oo56 0,0020
- Ils ne laissent en tout cas aucun doute sur ce fait qu’une fois le coefficient L' déterminé, comme dans le cas qui nous occupe, à circuit secondaire
- ouvert, il ne soit notablement inférieur à celui qu’on détermine en mesurant l’énergie qui apparaît dans le circuit secondaire. Les tableaux V, VI, VII
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- en font preuve, et se trouvent d’accord avec les résultats déduits des mesures du professeur Ferrari s.
- De l’ensemble des expériences susdites nous pouvons conclure, pour ce qui est de nos coefficients d’induction que, tandis qu’ils se maintiendraient constants, s’il existait une proportionnalité entre l’aimantation induite dans le noyau de fer et le courant aimantant, ils sont au contraire variables dans notre cas, ce qui était à prévoir. Ces coefficients d'induction diminuent en général au fur et à mesure que l'intensité moy enne du courant primaire augmente, et cette diminution est d'autant plus sensible, que l'action magnétisante de ce courant est moins contrariée par celle du courant secondaire.
- IV. — Considérations sur le rendement de l'appareil de MM. Gaillard et Gibbs.
- De ce qui précède, il résulte clairement que la théorie que nous avons développée est insuffisante pour nous donner une idée exacte de la manière dont se répartit avec le générateur secondaire l’énergie fournie par la machine magnéto-électrique. Peut-on admettre que la quantité d’énergie, qui passe dans le noyau de fer, sous forme de chaleur, est négligeable? Le professeur Ferraris l’évalue à moins de un pour cent de celle qui passe dans le circuit secondaire; mais bien qu’il ait recours à des procédés fort ingénieux pour en donner la démonstration, celle-ci est évidemment trop indirecte et trop détournée pour qu’on puisse franchement l’admettre sans aucune réserve. De sorte que si on voulait déterminer la valeur exacte de cette portion d’énergie, il faudrait ou mesurer au moyen d’un frein dynamométrique le travail qu’on dépense réellement dans la machine, ou bien renfermer le noyau de fer dans une espèce de dila-tomètre. Cela n’est guère possible qu’avec les moyens dont on dispose en pratique.
- Quoiqu’il en soit, les considérations du professeur Ferraris, corroborées par les recherches de MM. E. Warburg et L. Hœnig (‘) et par celles plus récentes de M. A. Oberbeck(2) sont plus que suffisantes pour permettre qu’on puisse négliger, comme première approximation, la quantité de chaleur développée dans le noyau. Toute l’énergie fournie par la machine magnéto-électrique serait ainsi exprimée par la somme des quantités de chaleur développées dans les duux circuits primaire et secondaire, conformément à la loi de Joule.
- Ceci posé, voyons comment on détermine la
- (f) Ueber die Wiirme, welche durch periodisch wech-selnde magnetisirende Krâfte im Eisen erzeugt wird. — Wiedemann’s Annalen, i883. XX, p. 814.
- (2) Ueber magnetische Schwingungen. — Die magnetisirende Wirkung derselben. — Id., ibid., 1884, XXI, p. 672.
- valeur économique du système d’éclairage Gaulard et Gibbs.
- Le coefficient de transformation extérieure du générateur secondaire, qui exprime quelle portion de l’énergie fournie à l’appareil est utilisable dans la spirale secondaire, a été exprimé par nous au moyen de la formule
- (t?) G — R,~p> — g-8iR,-p/)
- ' ü 0_R' + /v'P“p.2R-+R/2p+V2p
- où p et p' représentent les résistances des deux hélices primaire et secondaire; R' la résistance totale secondaire, et k, comme d’habitude, le rapport entre les quantités de chaleur développées pendant l’unité de temps dans l’unité de résistance du circuit primaire et du circuit secondaire, quantités que nous appellerons : y et y'.
- Pour que ce coefficient puisse exprimer le rendement utile du système Gaulard et Gibbs, par rapport à celui qu’on obtiendrait avec un circuit ordinaire, il faudrait que dans un cas comme dans l’autre, on puisse obtenir le même effet utile avec la même dépense d’énergie. Mais cela n’est guère possible, parce que pour maintenir allumé un certain nombre de lampes données, il faut perdre sur la ligne des quantités de chaleur différentes, selon qu’on a recours à l’un ou à l’autre système.
- Cas d'un seul générateur secondaire.
- En effet, commençons par le cas le plus simple, qui consiste à supposer qu’il ne se trouve sur la ligne qu’un seul générateur secondaire alimentant une seule lampe.
- Admettons en outre, d’après la formule (12), qu’en marche normale on fournisse à cette lampe une quantité de chaleur f — me’ par seconde, et cela pour chaque ohm de résistance qu’elle présente. Il est clair, que si la lampe était simplement placée en circuit avec la machine, on devrait lui fournir la même quantité de chaleur f pour chaque ohm de la ligne. Avec le système Gaulard et Gibbs, au contraire, un ohm de la ligne reçoit, par suite de la formule (11), une quantité de chaleur y = inc. Mais à cause des formules (9), (6) et (8), on a
- , y __c __ A2 __ __R'2T V2___ R'2 L'2
- {Y9j y'-C’— JA*
- et même si, contrairement aux essais faits par M. Gaulard, k diminuait indéfiniment au fur et à mesure que la vitesse n augmente, on aurait également à la limite, pour une vitesse infinie, Æ> 1, parce que l’on a nécessairement L' > M.
- La quantité de chaleur qui est perdue sur la ligne est donc, avec le système Gaulard et Gibbs, plus forte qu’avec le système ordinaire. Il s’ensuit que le coefficient de transformation G„ ne peut suffire pour porter un jugement sur la dépense
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- qu’il faut faire pour tirer parti des avantages que présente l’emploi du générateur secondaire.
- Voici, à mon avis* comment on doit traiter la question :
- Soit P la résistance de la lampe;
- Q la résistance de laligne aveclamachine.
- En employant un circuit simple, l’énergie /P que la lampe reçoit, sera la quantité d’énergie y' (P-|- Q)qu’on dépense, et qui est communiquée au circuit total, dans le rapport de
- qui exprime le rendement du système ordinaire.
- Otons du circuit la lampe et remplaçons-la par l’hélice primaire de l’appareil Gaulard, de résis-ance p. La résistance du circuit primaire deviendra R= Q + p, tandis que !e .circuit secondaire sera constitué par l’autre hélice de résistance p' et par la lampe, de sorte qu’il présentera la résis-tance
- R'=P + p\
- à cause du petit nombre d’inversions (» = 40 par seconde au plus), je crois pourtant utile d’établir le tableau XI que j’ai déduit des résultats obtenus. G0 représente les coefficients de transformation correspondant aux résistances secondaires R' et ont été calculés en substituant dans la formule (17) les valeurs de k déduites des expériences et consignées dans les tableaux V, VI et VII.
- A côté des résistances primaires R se trouvent les coefficients économiques g correspondants, calculés au moyen de la formule (22).
- En attendant, on voit de suite que le coefficient de transformation va en augmentant avec R', tandis que, au contraire, le coefficient économique en général va en diminuant au fur et à mesure que la résistance secondaire augmente. Je ferai remarquer que M. Gaulard cherchait instinctivement à disposer ses lampes de manière que la résistance extérieure à l’hélice secondaire fût de préférence petite.
- En se reportant à la formule (17), le coefficient de transformation devient maximum pour
- Si la quantité de chaleur utilisée dans la lampe est aussi égale, dans ce cas, à y'P, l’unité de résistance du circuit primaire devra recevoir, au lieu.de y', une quantité de chaleur y; de sorte que l’énergie totale dépensée, que nous supposons devoir toute apparaître dans les deux circuits, sera : yR -f-y'R' = y(Q -j- p) + y'(P + P'). Par conséquent le rendement de ce nouveau système sera exprimé par :
- ^ y'P p
- (2,) G,=V(P t-p')+YtQ + p)=P+p'-t-MQ + P)-
- Il s’ensuit que le rendement utile du système Gaulard et Gibbs relativement à ce circuit simple sera exprimé par
- (32)
- __G,_ y'(P+Q) _R-p' + R-p
- s _y'(P+p'H-y(Q+p)~ R' + AR ’
- où k représente, comme d’habitude, le rapport donné par la formule (19).
- Faisons remarquer que ce coefficient exprime également le rapport entre le travail électrique que demande le procédé usuel et celui nécessaire, lorsqu’on emploie le générateur secondaire, pour obtenir le même éclairage. Nous pourrons l’appeler coefficient économique du système Gaulard et Gibbs, relativement au circuit simple. Tandis que la résistance de la machine et de la ligue ne figure pas dans le coefficient de transformation donné par la formule (17), elle a, au contraire, une grande influence sur le coefficient économique. Ces deux coefficients coïncident dans le seul cas où ia résistance de la ligne est négligeable par rapport à celle de l’hélice primaire.
- Quoique les expériences que j’ai faites dans mon laboratoire n’aient pas de valeur industrielle, surtout
- R.=f + ^/p!+ÏΣ±ia'
- et c’est précisément avec cette formule et avec les valeurs de pi2 et X'2 tirées des tableaux V, VI et VII qu’on a calculé les valeurs marquées en bas des colonnes correspondantes. D’après l’expression (22), au contraire, le coefficient économique g, pour une valeur donnée de Q ou de R, admet un maximum, lorsque
- P=V (Q-pT+>';-^^'-Q
- c’est-à-dire que
- (23) R'=y/(R-p-pT+V2-^.2—p--(R-p-p9.
- C’est cette dernière formule qui a servi à calculer les valeurs de R' marquées en bas des colonnes correspondantes.
- Un fait qui, à première vue, peut paraître paradoxal, c’est que le coefficient économique puisse se trouver plus grand, lorsqu'on augmente la résistance de la 'ligne, Ceci s’explique en remarquant que l’énergie dépensée avec le système Gaulard et Gibbs augmente moins rapidement que celle dépensée dans le circuit simple.
- On déduit en effet de la formule (22) que g est une fonction croissante de R pour toutes les valeurs de
- R' inférieures à k ou> ce qui revient au
- même, tant que l’on a j{ > 1 — p ^,p-. Il résulte de la première partie du tableau XI que, pour des petites valeurs de R' le rendement est d’autant plus fort que R est plus grand : le contraire se
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- TABLEAU XI
- G0 coefficients de transformation exiérieure. g — économiques.
- N R' G0 R g Go R g G0 R g
- 24 0,25i o,6i5 i ,02g 0, ~0.\ M » » » » »
- 29 0,3i8 » » r> 0,270 3,oo3 0,863 )> » »
- 40 o,588 » » )> » » 0,5i8 io,856 0,885
- q3 o,63S 0,547 1,029 0,732 » )) » » » ))
- 3o 0,635 » » » 0,549 2,999 0,827 » » ))
- 22 1,023 0 677 1,028 0,729 » » )> » » ))
- 3i 1,024 » » » 0,677 3,ooi 0,758 » » »
- 41 1,023 )) » )) » )) )) 0,680 10,844 0,796
- l6 1,201 0,711 I ,025 0,728 » » " )) )) »
- 1/ i,6o5 0,756 1.026 0,702 » » )) » » »
- 32 1,607 )> » » 0,557 3,002 0,668 )) )) »
- 42 1.608 » » » » » » 0,755 10,864 0,632
- i5 2,183 0,789 1.026 0,667 » » » » » »
- 34 2, i83 » » )) 0.789 2,992 0,582 » » »
- 43 2, i83 » » » )> t) )) O 786 io,858 0,5)2
- 47 2,682 0,801 1,026 0,635 )> » » » » »
- 19 2,683 o,799 1.023 o,63i ») » » » » ))
- 33 2.680 )) » )) 0.802 3,ooo 0,522 » )) »
- 44 2,685 » )) )) )) » )) 0.800 10,861 0,435
- 20 3.23i 0,808 1,024 0,608 » )) » » » »
- 36 3,23i » tt » 0,807 2,989 0,465 » » ))
- 48 3,891 0,807 1,024 0,569 )) » » » » M
- 37 3,894 » » » 0,806 2.9)5 0,406 » » »
- 38 4,913 )) )) )) 0.799 3,ooo 0.340 ») » »
- 45 4,913 » » )> » )> » 0,802 10,855 0,232
- Maximum pour R' — 3,432 R'= 0,917 3,45i R'—0,171 3,529 R'= 0,025
- TABLEAU XII
- Coefficients de transformation et coefficients économiques déduits des expériences du professeur Ferraris.
- N R' VALEURS DE g POUR LES RÉSISTANCES PRIMAIRES R -=
- i3o ohms 100 ohms 5o ohms 20 ohms 10 ohîT18
- , 4.70 0 885 1,042 0,957 0,956 0,953 0,947 0,935
- 2 5,09 0,893 1,077 0,927 0,927 0,925 0,921 0,916
- 3 6,10 0,910 1,109 0,Q02 0,894 0,902 0,894 0,902 0,903 0,904
- 4 . 6,80 0,918 i, 120 0,896 0.899 0,902
- 5 7,73 0,926 1,140 1,255 0.880 G, 880 0,883 0,890 0,898
- 6 10,02 0,941 a,8o5 0,808 0,817 0,839 0,862
- 7 10.02 0.941 1,200 1,333 0,840 0,842 0,849 0,866 0,884
- H 12,12 0,949 0,763 0,767 0,782 0,814 0,847
- 9 10,43 0,956 1,541 0.671 0,677 0,701 0,754 0.753 0.806
- IG 17,70 0,960 1,582 0,659 0,066 0,694 0,809
- 1 L 1.7.73 0,960 1.476 0,702 0,02.3 0,587 econdaire, p' 0,709 0.635 0,784 0,787 o,836
- 12 19,80 0,962 1,689 0,(164 0 732 o,797 0.781
- 3 21,50 Huile u 0,963 primaire, p — 1,811 0,276; Hélice s 0,597 =0,281; (j.2 = 0,633 =6o3,8; = 0,709 633,2
- vérifie dans la partie inférieure dudit tableau pour des grandes valeurs de R'.
- Les industriels pourront trouver un certain intérêt dans le tableau XII que j’ai établi d’après les données des expériences du professeur Ferraris, en plaçant à côte des coefficients G0 de transformation extérieure qu’il a caculés et désignés souslenom de coefficient de rendement utilev,
- les coefficients économiques correspondant à quelques-unes des résistances primaires R. La plus torte de celles-ci correspond à t3o ohms qui représentait à peu près la résistance du circuit entre Turin et Lanzo.
- Tandis que le coefficient de transformation G0 a, comme le fait observer M. Ferraris, une valeur maximum de 0,966 pour R' = 3iohms,90 le coef-
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- ficient économique g, d’après l’expresssion (23) admet des valeurs maxima différentes suivant la résistance R. En nous en tenant aux valeurs de et X,s calculées dans le tableau IX. nous trouvons, par exemple que pour R= i3o ohms, le maximum de g correspondrait à R' = o,i23 et serait g max. = 0,94g > pour R = 5o ohms, on a g max. = 0,945 correspondant à R'= i,365 ohms.
- J’ai cru inutile de calculer les coefficients économiques et de transformation pour des vitesses variables, en les déduisant du tableau IV. En effet, des limites qui m’étaient imposées dans mes expériences, il résulterait seulement qu’ils vont tous les deux en augmentant avec la vitesse.
- Le problème suivant présente un plus grand intérêt.
- Étant données la résistance Q de la ligne et la résistance P de la lampe, y a-t-il avantage à exclure du circuit primaire une portion de la ligne pour l’introduire dans le circuit secondaire, en plaçant ainsi l’appareil Gaulard en un point intermédiaire éntre les deux stations?
- Soit x la portion de la ligne qu’on place dans le circuit secondaire. Dans ce cas le coefficient économique sera exprimé par
- 8x~
- P + Q
- P + p' + x -f-
- (P + p'+*j*+V* t*2
- (Q+p—x)
- et en supposant, pour simplifier, que l’on ait V = et / = p, g, l’expression aura un minimum pour
- 2Q+p~P
- 3
- Mais comme on doit avoir nécessairement : x < Q, il s’ensuit que la plus grande valeur possible de gx au delà de ce minimum correspondra à x = Q' et cette valeur sera inférieure à celle correspondant à x = o, toutes les fois que l’on aura
- P2 <p(Q+p')-
- Par conséquent, dans les cas où cette condition se trouvera vérifiée, il sera plus avantageux de placer le générateur secondaire tout près de la lampe. Dans les autres cas, on trouvera au contraire avantage à le placer près de la machine dynamo-électrique. Mais alors il n’y aurait plus intérêt à recourir à ,l’appareil Gaulard et Gibbs.
- Cas de plusieurs lampes reliées à un générateur secondaire. — Il est évident que tout ce qui a été dit jusqu’ici sert aussi pour le cas où, au lieu d’une seule lampe on a plusieurs lampes alimentées par le générateur et groupées soit en série soit en ^quantité. Il suffira de substituer à la résistance d’une seule lampe soit la somme des résistances de la série soit l’inverse de la conductibilité du groupe formé par ces lampes.
- Nous pouvons donc conclure que dans tous ces cas, pétant plus petit que 1, le générateur secon-
- daire exigerait une dépense inutile d’énergie dont rien ne justifie l’emploi. Et en effet, l’avantage du système Gaulard et Gibbs et l’attention dont il est l’objet, ne sont justifiés que lorsque plusieurs générateurs se trouvent insérés sur une même ligne, car il permet alors d’alimenter simultanément des lampes de tous les types les plus différents, et placées en n’importe quel point de la ligne.
- Cette condition est si importante que les personnes les plus compétentes en la matière n’ont pas hésités à déclarer (*) que la question du rendement mécanique devenait, en pratique, tout à fait secondaire. Malgré cela, nous nous proposons de la discuter et l’on sera quelque peu étonné de la conclusion que nous en tirerons, à savoir : que le système Gaulard et Gibbs n'est pas seulement commode, mais qu'il peut encore être mécaniquement économique.
- Cas d'une lampe plaeée en dérivation sur plusieurs générateurs secondaires.
- Supposons que les hélices primaires de z appareils Gaulard, tous égaux entre eux, soient disposées en série sur une ligne de résistance Q et que les hélices secondaires soient fermées l’une à côté de l’autre sur une lampe de résistance P.
- Appelons y, l’énergie que, dans ce cas, la ligne doit absorber par ohm et par seconde, afin qu’on utilise comme auparavant dans la lampe une quantité d’énergie y'P.
- Puisque dans chaque hélice secondaire l’énergie développée par ohm et par seconde est Jj, et que
- pour toutes, celle-ci est z~-s p, le travail total nécessaire sera
- r'p+^ p’ + y< (Q+Zp)-
- Le travail nécessaire pour maintenir allumée la lampe dans les mêmes conditions avec le système ordinaire, serait, au contraire, y' (P -J- Q). Donc, dans ce cas, le coefficient économique relatif devient :
- p+7 + £(Q+zp)
- z y
- Pour la valeur de il suffit de remarquer que chacun de ces générateurs se trouve dans les mêmes conditions, comme s’il agissait indépendamment des autres, étant fermé sur une résistance extérieure zP et qu’il fût parcouru par un courant
- capable de développer une quantité de chaleur ^5
- (*) Prof. G. Colombo. — « Le système Gaulard et Gibbs à l’Exposition de Turin ». — La Lumière Electrique, 11 octobre 1884.
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- par ohm et par seconde. De sorte que, dans ce cas, k sera exprimé par
- h _z2n_(sP+p'jH->-'z '' y' [j-2
- et le coefficient économique aura pour valeur
- g.
- P + Q
- i-+^+l-4lp±>'-«+!>
- ligne absorbera par ohm et par seconde, un travail = «Y et en tout il faudra un travail = ny'P -j-wV'Q-Le coefficient économique relatif des deux systèmes sera donc
- <>-> — «y'(P+«Q1
- »y'(P + p') + »Y (^ + p)
- et en posant comme précédemment
- et pourra devenir > r, lorsque la résistance Q de la ligne sera grande et celle de la lampe P, petite.
- Cas de plusieurs lampes alimentées par plusieurs générateurs secondaires placés en ligne. — Supposons qu’on ait plusieurs appareils Gaulard disposés l’un à la suite de l’autre dans le circuit primaire, et que chacun alimente des lampes indépendamment des autres. Dans ce cas, nos formules pourront nous servir, à la condition d’avoir à remplacer le coefficient de self-induction L du circuit primaire, par la somme de tous les coefficients des hélices primaires et de celui de la machine ; p sera alors exprimé par la somme des résistance de ces spirales.
- Faisons observer que le rapport k, relatif à chaque générateur, ne varie pas.
- Pour simplifier, nous supposerons que les n appareils introduits dans le circuit soient tous égaux entre eux, et que chacun alimente une lampe de résistance P.
- Si pour chaque ohm de résistance des lampes il faut par seconde une quantité de chaleur équivalente à y' unités de travail, l’énergie absorbée par les lampes, qui représente le travail utile, sera ny'P; à cette énergie il faut ajouter l’énergie «y'p’ absorbée par les hélices secondaires et l’énergie y(Q -j- np) nécessaire au circuit primaire.
- Donc, en tout, le travail nécessaire sera
- «y'(p+p'j+y(Q+”p)-
- Ces mêmes n lampes ne pourraient pas, comme on sait, être disposées en série sur une même ligne, parce que chaque perturbation, occasionnée par l’une d’elles, serait ressentie par les autres lampes.
- On a conseillé comme remède d’employer des courants alternatifs et de pourvoir chaque lampe d’une dérivation formée d’un conducteur ayant la même résistance et un très grande coefficient de self-induction , mais je ne sais quel résultat l’expérience donne dans ce cas. Il est certain qu’en pratique une bonne disposition, est celle employée par Edison, qui met toutes les lampes en dérivation.
- Si dans notre cas on a recours à cette disposition, les n lampes, recevant par seconde une quantité d’énergie ny'P, l’intensité du courant sur la ligne de résistance Q devra être de n fois plus forte que celle qui traverse chaque lampe; de sorte que la
- I _ k = iP+pT+V2 y' ' p-2
- on aura
- = P+«Q .
- p + p' + *(2 + p)'
- expression qui, non seulement peut devenir plus grande de l’unité, mais qui croît indéfiniment avec le nombre de lampes, et la supériorité du système Gaulard et Gibbs sera d’autant plus grande que la résistance de la ligne sera grande.
- Un exemple numérique pourra mettre en lumière ce point qui me semble être d’une grande importance industrielle.
- Supposons que n = 3.ooo lampes de P = 70 ohms de résistance chacune, et admettons que les hélices Gaulard aient comme résistance p — / = 0,28. Supposons de plus jj.2 = 600; X'2 == 63o, et cherchons avec ces données quelle est la résistance Q que doit avoir la ligne pour que le système Gaulard et Gibbs soit encore préférable à celui de Edison. Il faut que l’on ait g' > 1, c’est-à-dire
- »Q<p'+*(2 + p),
- et pour p = /
- Mais d’autre part
- _ (P — p'P + Va _ 54QO -^ ~ 600 —
- Il suffit donc que l’on ait Q >• 0,001.
- Avec le système Edison, la ligne, y compris a machine dynamo-électrique, devrait dépasser et de beaucoup un millième d’ohm.
- En posant ensuite Q == 0,6, on obtient pour le coefficient économique relatif de ces deux systèmes g= 25,7, c’est-à-dire que le système Edison exigerait plus de 25 fois le travail nécessaire au système Gaulard et Gibbs.
- Une chose dont il faut cependant tenir compte, c’est l’intérêt du prix d’achat de 3.000 générateurs secondaires.
- Si on diminuait le nombre des générateurs secondaires en les réduisant à x, dont chacun soit muni de y lampes placées en dérivation, de sorte
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- qu’on ait xy — n, on obtiendrait pour le coefficient économique l’expression
- _ ____________y «|t»(P+»Q)_______________
- / n \
- ny?(P+rp')+ L(P+rp')2+x'2r2] (Q +Jp)
- ce qui donne pour x — 100 et y = oo, et avec les données précédentes.
- gr30=2'-4-
- De sorte qu’avec 100 générateurs secondaires seulement, à part tout autre avantage que peut présenter le système Gaulard et Gibbs, la dépense d’énergie serait réduite à moins d’un vingtième de celle nécessaire au système Edison. Bien d’autres problèmes se présentent à mon attention, mais j’en laisse la solution aux ingénieurs, dans la crainte de m’être déjà trop hasardé dans une voie qui n’est pas la mienne.
- Je finirai en faisant donc remarquer que le système d'éclairage Gaulard et Gibbs a permis, non seulement d'alimenter sur une même ligne des lampes des types les plus différents, mais il est encore à même de présenter une économie notable sur la dépense d'énergie exigée par les autres systèmes jusqu'ici en usage (‘).
- Je tiens à remercier vivement M. Adolfo Heyd-weiller pour l’aide éclairée qu’il m’a prêté dans ces expériences, et auquel sont dus presque tous les calculs numériques qui se trouvent dans ce mémoire.
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER
- Angleterre.
- l’éclatrage des phares. — Le rapport de la commission spéciale nommée par laTrinity House, à l’effet d’examiner les avantages relatifs de l’huile du gaz et de la lumière électrique pour l’éclairage des phares, vient d’être publié, et voici, en résumé, les observations et les conclusions auxquelles on est arrivé.
- J’ai déjà parlé des expériences pratiques faites au South Foreland, où le comité a fait construire trois tours différentes et hautes de 180 pieds. La première, À, était affectée à la lumière électrique, la deuxième, B, au gaz, système Wigham, et la troi-
- (!) Nous laissons entièrement à l’auteur la responsabilité de ses conclusions. (Note de la Rédaction.)
- sième, C, à des foyers à l’huile et, de temps en temps au gaz. La distance entre les tours était suffisante pour laisser à chaque foyer son caractère spécial.
- La lanterne qui surmontait chaque tour avait 16 côtés, dont 5 vers le nord et 4 vers le sud.
- Dans chaque système, les foyers étaient placés l’un au-dessus de l’autre, avec l’idée que le grand volume de lumière produit serait d’un effet puissant par un temps de brouillard. Pour le gaz, on avait décidé de monter quatre foyers, c’est-à-dire d’adopter le système quadriforme. Pour l’huile et pour l’électricité, on a choisi le système triforme avec trois foyers.
- Les foyers de la deuxième tour, B, étaient plus rapprochés l’un de l’autre, puisque la lanterne était un peu moins haute que les deux autres, mais on a essayé de compenser ce défaut en employant dans la lanterne C des lentilles plus larges pour produire le rayon mobile que dans la tour B.
- Chaque foyer était muni d’un appareil lenticulaire qui, pour les foyers à arc, consistait en un appareil pour foyer fixe de deuxième rang auquel on avait ajouté à l’extérieur des prismes verticaux, de sorte que les rayons, rendus parallèles dans le plan horizontal, aussi bien que dans le plan vertical sortaient comme un faisceau condensé. Avec un appareil de 12 côtés, on pouvait faire sortir 12 rayons et, en faisant tourner l’appareil on voyait passer des rayons successifs à des intervalles réguliers.
- Pour les foyers à gaz, avec leur flamme plus large on employait de grandes lentilles annulaires qui faisaient partie de l’appareil tournant triforme destiné au nouveau phare sur l’île de Mew en en Irlande.
- On a employé des lentilles annulaires encore plus larges pour les foyers à huile. Elles étaient du type adopté pour le phare d’Eddystone et il paraît qu on avait pensé qu’elle compenseraient l’absence du quatrième foyer superposé.
- Ces lentilles annulaires condensaient la lumière incidente en un faisceau de rayons parallèles et quand on les mettait en mouvement en faisant tourner le cadre sur lequel elles étaient montées elles donnaient à l’observateur l’illusion d’un foyer tournant. Les lentilles pour la lumière fixe étaient toujours les mêmes, c’est-à-dire d’un appareil lenticulaire rond. L appareil pour la lumière électrique était cependant pourvu de lentilles de deuxième rang, tandis que les autres étaient du premier rang. On ne s’est pas servi des primes supérieurs et inférieurs généralement employés pour la lumière fixe.
- Tous les foyers superposés étaient munis d’une paire de lentilles pour les faire voir soit comme feux tournants, soit comme foyers fixes. La lumière électrique par exemple avait trois panneaux d’un appareil tournant et trois d un appareil fixe. Le gaz avait quatre panneaux d’un appareil tournant et autant
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- 5n
- d’un appareil fixe, tandis que l’huile en avait trois de chaque espèce.
- Quant aux foyers mêmes il y avait trois lampes à arc du type Berjot, une sur chaque rangée, alimentées par trois machines magnéto-électriques de Meritens ayant chacune 60 aimants permanents en forme de fer à cheval, huit pièces laminées pour chaque aimant et le tout disposé en cinq anneaux composés de 12 aimants chaque et communiquant avec 5 disques tournant à l’intérieur dont chacun portait 24 bobines sur l’anneau extérieur. Ces machines étaient actionnées à une vitesse d’environ 600 tours par minute et donnaient une intensité lumineuse de 10.000 à i5.ooo bougies.
- Des postes d’observation étaient établis à un demi-
- mille, à un mille et un quart et à deux milles et demi des foyers d’où on observait la lumière par tous les temps ; les garde-côtes entre Douvres et North-Foreland ainsi que les pilotes et capitaines de navires passant dans le voisinage ont également fait des observations dont on a accepté et examiné près de 4.C00.
- Celles-ci tendent à démontrer que dans toutes les conditions atmosphériques, la lumière électrique possède une supériorité d’environ 35 0/0 sur le gaz. quadriforme avec 108 becs et d’environ 40 0/0 sur le système triforme à l’huile avec six mèches. La supériorité exacte dépasse peut-être ces chiffres car il est difficile de déterminer la valeur numérique des différents foyers à vue d’œil.
- TABLEAU I
- BRULEUR INTENSITÉ lumineuse du foyer découvert INTENSITÉ pa Couronnîe cylindrique et prismes verticaux LUMINEUSE AVEC r une atmosphère pi Lentille d’Eddystone LENTILLES ire Lentille de l*ile de Mew
- Electrique : 1 machine 10.000 I.250.000 »
- — 2 — i5.ooo 1 .300.000 )> »
- Douglas (10 anneaux) : gaz 2.500 » ' n.5.000 94-000
- — 6 — — 824 >r 92.000 70.000
- Wigham (108 becs): gaz 2.300 )) 59.000
- — 88 — — 1.400 » » 54.000
- — 68 — — 990 » » 48.000
- - 48 — - 680 » « 42.000
- — 28 — — 250 » )) 33.000
- Sugg (6 anneaux) : gaz 820 » 55.000 »
- Siemens : gaz 600 » 10.000 »
- Douglas (7 mèches) : huile 950 » 60.000 49.OOO
- — 6 — —— .............. 730 » 64.000 48.000
- Service de la « Trinity-House » (4 mèches) : huile. 415 55.000 44.OOO
- Il a été également démontré que les foyers tournants du gaz quadriforme avec 68, 88 et 108 becs sont toujours un peu supérieurs aux foyers tournants triforme à huile, avec six mèches, mais, quand on compare un nombre égal de foyers, la différence n’est presque pas perceptible. Le gaz est toujours supérieur pour des feux fixes.
- Quant aux observations par les temps de brouillard, le rapport constate qu’aucun des foyers essayés n’a pu pénétrer le brouillard à une distance considérable. La plupart des observations ont été faites à une distance de 2.000 pieds au maximum, et la supériorité de la lumière électrique a été fixée à 200 ou 3oo mètres au moins, tandis que les foyers à gaz ou à huile sont pratiquement égaux. On peut se demander si une distance de 200 ou 3oo pieds est d’une grande importance pour les navigateurs en temps de brouillard; mais, quand il n’y a pas un brouillard absolu la supériorité de la lumière électrique est cependant incontestable et
- d’une grande importance pratique pour la navigation.
- Le tableau précédent indique la puissance relative des foyers comparés entre eux, et il donne également l’intensité lumineuse en bougies de chaque espèce d’éclairage avec ou sans l’appareil optique destiné à le montrer comme un feu tournant.
- D’après les observations photométriques faites aü « South-Foreland » par M. Harold Dixon, du collège de Baliol, à Oxford, il paraît que la puissance de pénétration des foyers multiples est supérieure à celle des foyers simples pour toutes les distances au delà du point où les différents foyers commencent à se mélanger pour l’œil. Ce point se trouvait à un demi-mille environ des foyers dans les tours A et C et à une distance moindre de la tour B. Il déclare que l’expérience des brouillards ne laisse aucun doute au sujet de l’utilité de la disposition multiforme des foyers à gaz et à huile à toutes les distances au delà d’un demi-mille. Quant
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- à la lumière électrique, elle se voit le mieux pour de petites distances, quand on fait passer le courant d’une ou de plusieurs machines dans une seule lampe à arc. Il a aussi constaté que les foyers à gaz et à huile sont affectés d’une manière égale par les variations atmosphériques, et que la lumière électrique est absorbée par le brouillard dans une proportion plus grande que les foyers d’huile ou de gaz, un point sur lequel j’ai déjà insisté plusieurs fois. Néanmoins et tout bien considéré, la lumière électrique est prouvée supérieure aux plus puissants foyers à gaz et à l’huile.
- Le tableau n° 2 indique le coût relatif des foyers essayés.
- TABLEAU II
- FRAIS de premier établissement FRAIS d’entretien par an
- Station électrique sans
- foyers superposés. . 443.725 fr. 48.175 fr.
- Station de gaz quadriforme, comme à Gai-
- ley-Head 512.900 42.175
- Station à huile, foyer
- simple, comme à
- Anvil-Point 201.600 1 18.000 1
- A ajouter pour le chan- f 289.iooe [ 28.100f
- ger en triforme . . . 87.500 J 10.000 )
- Ces chiffres prouvent que c’est l’huile qui revient le meilleur marché, tant comme frais de premier établissement que comme frais d’entretien. Un seul foyer électrique coûte moins comme installation qu’un foyer à gaz quadriforme mais les frais d’entretien sont plus considérables. Les chiffres pour les frais annuels comprennent 4 0/0 d’intérêt sur la somme dépensée, ainsi que 10 0/0 pour les réparations et le renouvellement des appareils et des bâtiments. Le coût net de l’entretien reviendrait donc à une somme inférieure à ces chiffres. Le comité est arrivé aux conclusions suivantes : i° Que la lumière électrique installée dans la tour expérimentale A, a été la plus puissante par tous les temps et qu’elle possède la plus grande puissance de pénétration en cas de brouillard;
- 20 Que le gaz du système multiforme de M. Wigham employé dans la tour B et l’éclairage à huile avec des brûleurs Douglas à six mètres, en disposition multiforme jusqu’à triforme dans la tour C donnent la même quantité de lumière à travers les lentilles tournantes par tous les temps, mais que cependant le gaz quadriforme est un peu supérieur à l’huile triforme ;
- 3° Que la supériorité des foyers à gaz superposés est incontestable avec les lentilles fixes. Le grand diamètre de la flamme du gaz et le fait que les foyers sont plus rapprochés dans la lanterne
- du gaz font paraître le rayon plus compact que celui émanant des brûleurs à huile;
- 40 Que l’éclairage au gaz d’un phare se fait d’une manière plus effective et plus économique avec les brûleurs brevetés de Douglas qu’avec ceux de Wigham ;
- 5° Que l’huile constitue le meilleur et le plus économique moyen d’éclairage pour les exigences ordinaire du service des phares, mais où il faut avoir une lumière très puissante, l’électricité présente les plus grands avantages.
- J. Munro.
- Allemagne
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE A BERLIN. — Depuis quelque temps on voit dans plusieurs rues de Berlin les ouvriers de la Compagnie « Stædtische Elek-tricitàts-Werke », très occupés à placer sous les trottoirs un réseau de conduites pour lumière électrique, réseau qui doit être alimenté par la station centrale la Markgrafen Strasse.
- On remarque tout d’abord que les excavations nécessaires pour poser les conduites sont peu importantes, comparées à celles qu’on à l’habitude défaire pour les conduites souterraines de gaz. Onremarque également l’absence totale d'odeur,qui présente un contraste tout à l’avantage de l’électricité avec la forte odeur qui accompagne toujours les travaux d’installation ou de réparation des conduites de gaz. — Du reste les fuites de gaz dans les rues, caractérisées par cette même odeur, fne sont pas sans exercer une influence nuisible sur les plantations d’arbres. Ce que j’avance là a été prouvé, il y a quelques années, par le dépérissement des arbres dans l’avenue « Unter den Linden »,à cause des conduites de gaz situées trop près des racines. Dans ce cas particulier, l'électricité aura tous les avantages.
- Mais le travail nécessité par la pose des conduites électriques n’est pas exempt de difficultés. Les conduites de l’Etat entrent en concurrence, avec celles de la Compagnie « Stædtische Elektri-citàts-Werke », et obtiennent la prioiité, là où il y a possibilité de collision. C'est ainsi que les nouveaux câbles doivent être posés à deux mètres de distance des maisons, afin de laisser assez de place pour les câbles que l’État pourrait poser à une époque plus ou moins éloignée.
- Voici les conditions imposées par l’administration des télégraphes de l’Etat à la Compagnie « Stædtische Elektricitâts-Werke » pour le réseau souterrain de câbles de lumière électrique:
- i° Les circuits pour l’installation dont il s’agit, doivent être des circuits métalliques fermés, sans emploi de la terre comme conducteur de retour.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- L’installation achevée ne doit pas être actionnée par des courants alternatifs, mais par des courants continus. Pour chaque installation d’éclairage électrique projetée par la Compagnie « Stadtische Elektricitats-Werke », celle-ci doit soumettre à l’administration des télégraphes de l’Etat une description dans laquelle sont mentionnées la coupe transversale en cuivre des conduites doubles, la force électro-motrice et l’intensité des courants électriques, qui doivent être employés.
- 2° Les câbles ne devront jamais traverser la portion de trottoir réservée, jusqu’ici, à l’administration des télégraphes de l’État, excepté pour l’introduction des conduites dans les maisons.
- Lorsque la direction des conducteurs est parallèle aux câbles des télégraphes de l’État, les câbles pour l’éclairage doivent être posés, partout où c’est possible, à un mètre de distance des premiers, là où les câbles d’éclairage traversent les câbles de télégraphe, une distance d’au moins quarante-cinq centimètres doit être ménagée entre eux. Lorsque les câbles d'éclairage sont parallèles aux câbles de télégraphe, et que la distance entre eux est d’un mètre ou au-dessous,— les premiers doivent être entourés de tubes en fer, dépassant de dix mètres les points où la distance entre les deux câbles est de plus d’un mètre. Les câbles d’éclairage doivent être également entourés, aux points de croisement de tuyaux en fer, qui doivent avancer, là où c’est possible, de deux mètres au delà du point de croisement.
- 4° Comme on ne possède pas encore de renseignements exacts, au sujet de la distance qui doit séparer les câbles d’éclairage et les câbles de télégraphie, pour éviter des interruptions dans le travail de ces derniers, la Compagnie « Stadtische Elektricitats-Werke », s’engage pour le cas, où il y aurait des interruptions dans les conducteurs des télégraphes souterrains, causées par l’exploitation des conduites de la Compagnie « Stadtische Elektricitats-Werke») (ce dont déciderait l’administration des Postes impériales), de prendre sans délai les mesures nécessaires, pour assurer le travail régulier des câbles de l’État.
- ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE DU TIlÉATRE-ROYAL.— Le Théâtre-Royal, dans lequel une installation d’éclairage électrique vient d’être achevée pendant les relâches d’été, est situé vis-à-vis de l’usine centrale de la Compagnie « Stadtische Elektricitats-Werke «dans la Markgrafen Strasse, à laquelle, il a été relié par quatre'câbles.
- Des compteurs d’électricité sont intercalés tout d’abord dans le circuit; des câbles plus faibles sont greffés, pour l’alimentation des lampes et circulent autour de la salle de bal, des loges des artistes et des bureaux d’administration. Il y a dans cette partie du théâtre deux cents lampes
- de seize bougies. Quelques câbles conduisent, à un petit local servant à éclairer la scène, aux appareils d’interruption, et quelques autres au régulateur de scène. Les appareils d’interruption se composent de cinq groupes distribués dans les corridors, les différentes salles, les différents couloirs, etc., qui tous, peuvent être éclairés séparément. Le régulateur de scène ainsi que toute l’installation électrique pour la scène ont été exécutés d’après les plans de M. Brand, le même qui, il y a quelque temps, avait dressé le plan pour l’éclairage électrique de l’Opéra R.oyal.
- Le surveillant chargé du régulateur de scène peut observer de sa place la scène entière, et effectuer tous les changements et tous les effets optiques indiqués par le livret.
- L’éclairage de la scène est divisé en cinq groupes : un pour les soffites avec six subdivisions, un pour la rampe avec quatre subdivisions, un pour les herses avec cinq subdivisions, un pour les coulisses du côté droit, et un pour les coulisses du côté gauche avec six subdivisions chacune. De plus, le régulateur contient pour chaque subdivision un dispositif qui mène le courant en trois conduites aux lampes de la scène, ainsi qu’un parafoudre ; tous les appareils du régulateur de scène sont en double.
- Toutes les lampes de la scène sont triples, c’est-à-dire qu’elles ont trois conduites chacune, et il y a autant de lampes colorées (rouges et vertes) que de blanches. Le nombre entier des lampes de scène est le suivant :
- 120 à 16 bougies;
- 376 à 3e —
- s5 à 5o —
- 52i donnant 15.202 bougies.
- Dans les corridors, etc., le public ne s’aperçoit guère du changement dans,le mode d’éclairage, car les candélabres et appliques qui servaient au gaz ont été conservés, et le fil des lampes à incandescence est protégé par des globes en verre dépoli, dispositif que les recherches de M. Renk de Munich, sur l’éclat des lampes à incandescence, ont rendu presque de rigueur.
- C’est dans le grand lustre, au milieu de la salle, qu’on voit le plus important changement. D’abord il a été beaucoup remonté, de sorte que mainte-tenant les spectateurs, même aux places les plus élevées ont une vue complète de la scène. Un grand nombre de lampes à incandescence, protégées par des globes en verre dépoli, sont arrangées en groupes autour du lustre, et l’effet obtenu est extrêmement beau.
- Les avantages du nouvel éclairage sont principalement la conservation des peintures du plafond, la température agréable du théâtre, et la diminution des dangers d’incendie.
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- II va sans dira qu’un grand nombre de pièces fusibles en plomb ^st intercalé dans les conduites pour empêcher tout danger causé par des courants trop forts.
- Pour le cas où une interruption quelconque aurait lieu dans les conduites électriques, il est possible d’éclairer, en vingt-quatre heures, le théâtre entièrement au gaz.
- UN FREIN ÉLECTRIQUE POUR CHEMINS DE FER. —
- Dans le journal le i Maschinenbaüer », M. A. Wilke donne la description d’un frein électrique, dont le principe est basé sur l’adhérence magnétique.
- Le sabot du frein consiste en un électro-aimant puissant, qui, — dès qu’il est excité par le courant électrique — vient appuyer sur la roue de fer, par l’attraction qui se produit entre l’aimant et le fer de la roue. Un ressort écarte l’aimant pendant le temps où le frein doit être au repos.
- Pour éviter qu’un accident qui peut arriver à un aimant n'endommage tous les autres, les aimants devraient être placés en dérivation. L’aimantation des électro-aimants est effectuée par une machine dynamo qui se trouve sur la locomotive, et qui est actionnée par un moteur spécial. Un arrangement de ce genre serait facilement applicable à un chemin de fer électrique; — ici le même courant qui sert à pousser les wagons pourrait être conduit à l’aide d’un simple commutateur dans les bobines de l’électro-aimant, et mettre ainsi le frein en action.
- Dr H. Miciiaelis.
- CHRONIQUE
- Les brevets d’Edison.
- A propos du procès que la « Société générale des Téléphones » a interné aux principaux constructeurs français, le journal La Lumière électriques donné différents extraits de patentes américaines dont la précieuse collection figure dans la bibliothèque du journal.
- Il nous a paru intéressant de traduire intégralement les deux patentes américaines d’Edison relatives à la téléphonie et entre lesquelles apparaît chronologiquement son brevet français dont nous avons donné le fac-similé complet dans notre numéro du 28 mars i885, page 614.
- La êomparaison des deux patentes démontre d’une façon irrécusable qu’Elison, après avoir inventé un appareil d’induction original, composé d’un barreau de fer et portant à chaque extrémité une bobine de dimension différente, est revenu purement et simplement à l’emploi de la bobine Ruhmkorff, comme l’avait fait avant lui, et dans le
- même but téléphonique, Elisa Gray, Graham Bell, Berliner, etc.
- La patente Edison, qui a précédé et donné en partie naissance au brevet français, est la suivante :
- BREVET AMÉRICAIN D’EDISON, N° 2o3,Ol3, DU 3o AVRIL 1878, DEMANDÉ LE l3 DÉCEMBRE 1877
- Le but de cette invention est de transmettre des communications verbales sur des circuits télégraphiques.
- Ce système télégraphique fonctionne au moyen des vibrations du son. Je me sers d’un rhéostat, avec un grand nombre de pointes de contact, et d’un conducteur qui fonctionne par les vibrations du son, et qui sert à mettre le rhéostat en court circuit, d’une manière plus ou moins parfaite, selon l’amplitude des vibrations. Entre le conducteur et le diaphragme, j’interpose un coussin élastique ou tout autre corps, mis en mouvement par le son pour éviter les fausses vibrations, et je me sers d’une bobine d’induction et d’un circuit local, disposés de telle sorte, qu’avec une pile locale, le courant de ligne soit augmenté et les variations de tension électrique soient en proportion avec les vibrations.
- La figure i représente une section de l’appareil transmetteur, et la figure 2, le diaphragme vu de dos, montrant l’enroulement des fils du rhéostat. La figure 3 indique les communications pour une station.
- A représente une bobine d’induction qui se compose d’une tige en fer (*) et de deux bobines, m' et m?, dont la dernière se trouve sur la ligne principale, de même que la pilec et le récepteur B, tandis que m' est l’aimant primaire d’une résistance très faible, placé dans un circuit local 1,2, qui comprend également le rhéostat ou les bobines de résistance A\ A(i) 2, A3, A4, etc.
- e', e2, e3, e4,etc., sont des ressorts, dont chacun est relié à la jonction entre chaque bobine de résistance. Ces ressorts se trouvent à côté du ressort D, et quand celui-ci se déplace, il entre en contact e' un instant avant de faire contact avec e2, et ainsi de suite. Quand le contact est établi entre e', e-et D, la résistance A' est mise hors du circuit, et elt e2 et e3 sont en contact avec D, la résistance A2 est hors du circuit, et ainsi de suite, de sorte que le contact entre tous les ressorts et D, met toutes les résistances hors du circuit.
- Pour obtenir des effets très puissants, il faut que la résistance de m' soit au-dessous d’un ohm, et que la résistance totale de A', A2 etc., soit d’envi-
- (i) Dans son brevet français, Edison a remplacé ce barreau de fer par un barreau d’acier aimanté; il avait sans
- doute craint, en Amérique, d’être accusé de tentative d’ap-
- propriation du barreau aimanté de Bell, à une seule bobine,
- qui est la base de son récepteur.
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- ron 5 ohms. Dans ce cas, et si le courant D est bien réglé, le moindre mouvement de celui-ci donnera lieu à de grandes variations de l’aimantation du noyau de m', et la ligne sera, par conséquent, parcouru d’un courant induit puissant qui mettra en vibration la plaque du récepteur, à l’autre bout de la ligne.
- Quand le diaphragme g- est fortement mis en vibration, un plus grand nombre de ressorts e',e2,etc., entrent en contact avec D, et l’aimantation du noyau de m' subit un plus grand dérangement; la figure principale est parcourue par des ondulations plus puissantes qui vont dans l’une ou dans l’autre direction, selon que le diaphragme rapproche D des ressorts, ou qu’il l’eu éloigne. L’intensité des ondulations envoyées dans la ligne principale est donc proportionnée à l’amplitude des vibrations du diaphragme.
- Je ne veux pas me limiter à un arrangement spécial des ressorts e', e-, e3, etc., car on peut les faire, rayonner d’un centre autour d’un disque métallique attaché au diaphragme, de manière à entrer en contact avec les ressorts l’un après l’autre, au fur et à mesure que le diaphragme approche. Il n’est pas nécessaire de faire fonctionner les ressorts dans un circuit local, puisqu’on peut augmenter considérablement la résistance entre chaque ressort et intercaler le transmetteur directement dans la ligne principale avec le récepteur et la pile.
- La figure 4 représente une modification du rhéostat. Celui-ci se compose d’un cylindre en matière isolante, avec un pas de vis d’un bout à l’autre, qui renferme du fil de platine très fin, dont larésis-tance totale peut s’élever à 5 ohms. Le mouvement en avant du diaphragme g fait mettre chaque spire du fil en court circuit l’une après l’autre, par le ressort D, et diminue ainsi la résistance du circuit local.
- Dans la figure 5, la résistance du fil est remplacée par un semi-conducteur comme de la plombagine en. G, compris dans le circuit local, les communications étant effectuées par les pièces métalliques K et H ; f représente un morceau de tube en caoutchouc attaché au diaphragme et muni d’un morceau mince de feuille d’étain g' qui agit de la même manière que le ressort D dans les figures 2, 3 et 4. Le mouvement en avant du diaphragme fait qu’une partie toujours plus grande du platine entre en contact avec la plombagine, permettant ainsi à la plus grande partie du courant de traverser le platine selon l’amplitude des rotations du diaphragme. On peut naturellement se servir d’autres matières et de composés chimiques conducteurs ou bien même de bandes très minces d’or, de platine, d’argent et d’autres métaux pour remplacer la plombagine.
- Dans la figure 6, le changement de résistance dans la bobine de fil a lieu de haut en bas. Une spirale de fil isolé est disposée sur un bouton en
- matière isolante et comprimé ou dilaté par le mouvement du diaphragme. Les différentes spires se mettent mutuellement en court circuit.
- Cette construction de l’appareil et cette disposi-sitiorn des circuits me permettent de transmettre sur une ligne électrique des ondulations proportionnées à la longueur de la ligne de manière à en produire l’équivalent dans l’aimant récepteur B et dans le diaphragme-armature B' à l’autre bout, parce que le rhéostat produit plus ou moins de résistance dans le circuit local et parce que la polarité de mr changera selon les modifications de la tension électrique dans le circuit local. La pile c, qui est également dans la ligne perpendiculaire, tendra à neutraliser ou à augmenter le courant dans celle-ci selon la polarité de ce courant et en proportion de la résistance des circuits local et principal. Un faible courant local devient ainsi un courant puis sant sur la ligne. Le coussin élastique p, qui s’interpose entre le diaphragme ou tout autre corps mis en rotation par les ondes sonores de l’atmosphère et les conducteurs du rhéostat, empêche toute vibration musicale de se produire en D ou en g, et provoque un changement lent de la tension électrique proportionnée au son, sans aucun risque de fausses vibrations.
- Je ne réclame pas ici le disque en plombagine G (fig. 5), puisqu’il est pareil à celui représenté dans ma demande n° i3o. Je ne réclame pas non plus le diaphragme en tôle qui forme l’armature de l’électro-airnant, puisqu’il existe déjà dans plusieurs de mes demandes antérieures et puisque la résistance au circuit électrique est également modifiée par le mouvement du diaphragme dans ladite demande n° i3o.
- Je réclame comme mon invention :
- i° La combinaison dans un système télégraphique parlant d’un diaphragme avec un rhéostat ou de bobines de résistance et un conducteur mis en vibration par le diaphragme et mettant en court circuit une partie plus ou moins grande du rhéostat, selon les amplitudes des vibrations ainsi qu’il a été décrit.
- 20 La combinaison d’un diaphragme actionné par des vibrations sonores et un conducteur métallique avec un coussin élastique placé entre le diaphragme et ledit conducteur métallique, pour déplacer ce dernier, selon le mouvement du diaphragme, comme cela a été décrit.
- 3° La combinaison d’un circuit local et d’une bobine d’induction avec le diaphragme et le rhéostat, comme décrit.
- 40 Une bobine d’induction, un rhéostat et une pile en circuit local avec un circuit principal traversant une deuxième bobine d’induction et la pile comme décrit.
- Signé par moi ce 8 décembre 1877.
- Tnos A. Edison.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Voici maintenant la deuxième patente téléphonique d’Edison postérieure au brevet français, et de nul effet en France, par conséquent.
- BREVET AMÉRICAIN D’EDISON N° 2o3,OIÔ, DU 3o AVRIL 1878, DEMANDÉ LE 7 MARS 1878
- Le but de cette invention est de transmettre et de recevoir des communications verbales par un fil télégraphique au moyen de vibrations sonores.
- Le système comprend un arrangement de plusieurs dispositions pour la transmission de deux espèces de signaux, l’une au moyen des vibrations de la voix et l’autre au moyen d’une clef ou d’un commutateur envoyant des signaux à l’autre bout de la ligne.
- Dansmademande de brevet n° 141, déposée le 20 juillet 1877, j’ai décrit un disque de charbon placé dans le circuit de la ligne principale qui, actionné par les vibrations d’un diaphragme, peut modifier la tension électrique dans la ligne. Dans ma demande n° 146, déposée le i3 décembre 1877, j’ai décrit une disposition d’un rhéostat actionné par un diaphragme qui produit des variations de tension dans le circuit primaire
- Je trouve
- Fiu. 3
- J, A
- PATENTE EDISON N" 20J,01J, DEMANDÉE I.E IJ DÉCEMBRE 1877.
- d’une bobine d’induction, que le charbon, employé jusqu’ici en combinaison avec un diaphragme, ne convient pas pour le circuit primaire d’une bobine d’induction, parce que sa résistance est trop grande et parce que les variations de tension nécessaires ne se produisent pas. On peut cependant les obtenir si le charbon est mélangé avec d’autres substances de manière à séparer les molécules, mais la résistance du charbon est toujours trop grande pour qu’on puisse l’employer dans le circuit primaire d’une bobine d’induction.
- J’ai découvert que le noir de fumée, qui s’obtient par la combustion d’hydrocarbures très légers, comme de la gazoline ou du naphte, peut être employé dans ce but.
- De ce noir de fumée, je choisis les parties les plus noires seulement, que je place dans un moule pour les soumettre à une pression capable de leur donner une certaine consistance. Je place ensuite ces fragments de charbon dans une cavité épousant leur forme et en contact avec le diaphragme par l’intermédiaire d’un morceau de liège ou de caoutchouc. J’établis en-Ficf.2. suite une commu-
- nication avec les disques formés par des feuilles de platine qui se trouvent de chaque côté du charbon dans le circuit primaire de la bobine d’induction, et j’obtiens ainsi par les pressions résultant du mouvement du diaphragme les modifications de tension nécessaires, évitant ainsi la grande résistance jusqu’ici inséparable de l’emploi du charbon dans ce circuit. Je vais maintenant décrire le fonctionnement de l’appareil.
- A représente le transmetteur à charbon de la station, 19 est le corps du téléphone, 10 est le bouton qui sert à fixer solidement le diaphragme, 8 représente un morceau de tube en liège ou en caoutchouc attaché au diaphragme. Quand ce tube est bien réglé pour la parole, il s’appuie contre un disque en ivoire (7). Celui-ci est supporté par un disque en feuille de platine qui, à son tour, repose sur un bouton en charbon de noir de fumée (6). Ce bouton repose sur la surface platinée de la tige 5, qui peut être réglée de manière à s’approcher ou s’éloigner du diaphragme au moyen des vis 3 et 4.
- Le platine qui est au sommet des disques de charbon près du diaphragme est relié à une borne, tandis qu’une autre borne communique par un fil
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÊLECTRICITÊ
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- avec la tige 5. Le circuit est donc d’abord constitué par le platine supérieur et le charbon, jusqu’à la plaque inférieure.
- Les vibrations du diaphragme soumettent le charbon à différentes pressions, selon l’amplitude du mouvement qui résulte des ondes sonores, et cette différence de pression fait varier la résistance du charbon et produit des variations dans la tension électrique.
- L’appareil A se trouve dans le circuit primaire de la bobine d’induction DE. D re- Sl&lüm1.
- présente la pile primaire de la bobine qui est enroulé à l’extérieur de la bobine secondaire E. C’est un commutateur qui, placé à droite et mis en contact avec i5, introduit le transmetteur A dans le circuit primaire contenant la pile K et la bobine D.
- Quand le commutateur est au centre le circuit primaire est ouvert et l’appareil est prêt à recevoir un signal d’appel. Quand le commutateur enfin est à gauche, en 16, l’appareil A est mis hors du circuit et la pile seule est reliée à la bobine primaire D.
- En déplaçant plusieurs fois le commutateur de 16 on ouvre et ferme le circuit primaire de sorte que le courant puissant induit en E est lancé dans la ligne. Le relais polarisé F, la bobine E, l’appareil récepteur B sont tous placés sur la ligne principale aux deux stations. Le courant puissant produit dans la bobine et dans la ligne secondaires par le déplacement du commutateur C de 16, fait fonctionner les deux relais polarisés F eu harmonie avec le commutateur. Les bras mobiles des relais en venant butter contre leurs pointes de contact ferment un circuit local qui contient une sonnerie d’appel H.
- La même pile qui sert aux téléphones est égale-
- ment utilisée pour la sonnerie. Les piles 20 et 21 reliant la pile K au transmetteur A, le courant traverse le téléphone A, sort par la pile 22, passe à i5, traverse le levier du commutateur C, va à la bobine primaire D et retourne à la pile par le fil 23. Ces commutateurs servent à la transmission et la réception téléphoniques. Quand le commutateur C n’est pas utilisé, il est placé dans la position centrale entre i5 et 16. Si pendant ce temps le commutateur à l’autre bout de la ligne est déplacé pour
- faire un appel, le Station. 2. bras de F ferme le
- circuit local en g, le courant passe de là par le fil 24 à la pile K et à travers celle-ci, au fil 25; il traverse ensuite les électroaimants de la sonnerie, va au fil 26 et traverse ensuite le bras du relais polarisé.
- En déplaçant le commutateur pour faire fonctionner la sonnerie d’appel à l’autre station, on le met en contact avec 16 et le courant passe de K par le fil 20 à 16, de là il traverse C et va au fil primaire D ; il passe ensuite au fil 23 et retourne à la pile K en créant un courant induit puissant dans la bobine E et dans la ligne.
- Je ferai remarquer qu’il n’est pas HlH! SL nécessaire d’em-
- DEMÀNDl-E LE 7 MARS 1S7R. ployer un relais po-
- larisé, qu’un relais ordinaire non polarisé suffit; que le courant engendré par l’ouverture du circuit primaire est beaucoup plus fort ; seulement le bras d’un relais non polarisé doit être très léger et la bobine petite. Il n’est pas même nécessaire d’employer la sonnerie d’appel H ; dans beaucoup de cas, lorsque la station est très tranquille, le bruit du relais suffit; la languette peut aller elle-même actionner une petite sonnerie.
- La languette du relais polarisé doit être placée en biais de façon à être toujours éloignée du con-
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- tact g, excepté quand le courant d’appel passe, de façon à éviter que la batterie K ne soit en court circuit quand on s’entretient par le téléphone.
- Quand on emploie deux éléments de pile et des éle ctro-aimants très résistants dans la sonnerie d’appel, il n’est pas nécessaire de mettre la languette en biais ; la languette doit répondre au courant positif aussi bien qu’au négatif; la sonnerie d’appel est montée en dérivation sur un élément.
- Je revendique encore comme une invention :
- i° La combinaison du transmetteur A, des bobines D, E, du commutateur C, du relais polarisé F, de la sonnerie H, de la batterie K et des circuits disposés et fonctionnant substantiellement, comme il a été spécifié ci-dessus.
- 2° En combinaison avec un appareil téléphonique et le circuit primaire d’une bobine d’induction, e bouton de suie de lampe préparé ainsi qu’il est établi plus haut, et placé dans le circuit primaire comme et dans le but décrit plus haut.
- Signé par moi, le 28° jour de février A. D. 1878.
- Tiios A. Edison.
- La Société générale des Téléphones se plaint amèrement de la publication des dires rédigés au cours de l’expertise. Nous nous étions rigoureusement abstenus d’en raconter les incidents oraux, malgré l’intérêt que beaucoup de nos lecteurs prennent à l’issue de cet interminable procès, parce que notre mémoire pouvait nous trahir, et que nous eussions pu, involontairement, ne pas être des narrateurs suffisamment fidèles. Nous avouons ne pas comprendre en quoi nous sommes répréhensibles d’avoir reproduit des documents qui sont appelés à figurer dans le rapport des experts, sans changement aucun, et destinés naturellement à la plus grande publicité possible. Nous ne serions répréhensibles, que si, volontairement ou même par erreur,
- nous avions fait quelque accroc à la vérité ou substitué des dessins de notre invention à des dessins authentiques, ce que nous nous sommes bien gardés de faire et nous n’avons à nous reprocher qu’une légère coquille, dans notre numéro du 25 avril i885. A la deuxième ligne de la première colonne de la page 200, au lieu du mot dossiers c’est dessins qu’il faut lire : nos lecteurs ont certainement fait la rectification eux-mêmes.
- Il serait étrange que lorsqu’il s’agit de la guillotine pour un accusé, les journalistes aient toute liberté de plaider le pour ou le contre, et qu’ilssoient, au contraires, obligés de faire les mystérieux pour un misérable procès scientifique qui intéresse tout le monde électricien, et coûtera, selon toutes probabilités aux actionnaires de la Société des Téléphones, beaucoup moins d’argent que ne leur a déjà coûté l’achat du brevet Edison, quoiqu’il soit, paraît-il, impossible de retrouver en France un seul instrument ressemblant sérieusement à aucun des vingt-neuf dessins de cet étonnant brevet.
- Jules Bourdin.
- Sur un nouveau mode de communication entre deux bureaux centraux téléphoniques, par M. Ch. Elsasser.
- M. Ch. Elsasser consacre dans le dernier numéro de V Elecktrotechnische Zeitschrift, un article à l’induction téléphonique et indique un moyen avantageux à employer, lorsqu’il s’agit d’établir des communications entre abonnés reliés à différents bureaux centraux. » Il faudra, ditM. Elsasser, pour éviter les fâcheux effets de l’induction, recourir à des circuits métalliques fermés, reliant entre eux les bureaux centraux et encore sera-t-il impossible d’avoir plus de deux circuits composés chacun d’un
- fil d’aller et d’un fil de retour. » C’est peu,si l’on songe que les bureaux sont obligés, pour les besoins du service, de communiquer fréquemmentensemble.
- L’auteur propose la solution représentée schématiquement sur la figure 1. Pour cette figure,
- A et B représentent deux bureaux centraux, U, et U2 des bobines d’induction, Y., et V2 les téléphones des postes d’abonnés, F, et F2 les téléphones des bureaux centraux, et enfin Ct et C2 deux condensateurs ayant chacun une de leurs arma-
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- lures reliée au circuit fermé LL', à la terre, et autre à travers les téléphones F, et F2.
- Dans ces conditions, si l’on suppose que V, veuille s’entretenir avec Va, les courants induits dans le circuit La L’b seront sans influence sur les appareils F,, F2. — D’autre part, lorsque F2 communique avec F,, les courants induits dans la bobine du téléphone F2 par exemple, rencontrant en a une dérivation# Lb de résistance beaucoup plus petite que la ligne L' dans laquelle se trouvent les bobines d’induction U2 et U1( la portion de courant induit qui passe par L est trop faible pour influencer les postes V, et V2, Il résulte ce qui vient d’être dit que les postes V,, V2 peuvent communiquer entre eux, en même temps que les postes F, et F2. L’usage de la ligne se trouve de fait doublé.
- On serait plus certain d’avoir un excellent fonc-tionnement en établis--t-------------------- sant les communica-
- tions ainsi que cela h’ est indiqué sur la fi-
- gure 2, qui représente le poste central A. Dans ce cas, les cou-rants induits dans le lé-P. léphone F2 rencontrant
- en a deux dérivations de résistance, égale, j auraient des directions
- ‘ opposéesdanslesdeux
- moitiés de l'hélice primaire de la bobine d’induction U2 : leur action totale sur l’hélice secondaire de cette même bobine serait donc, pour un bon réglage des appareils, absolument nulle.
- BIBLIOGRAPHIE
- TRAITÉ THÉORIQUE ET PRATIQUE DES MACHINES DYNAMO-ÉLECTRIQUES, par Sylvanus Thompson, traduit de l’anglais par E. Boistel. (Paris, librairie polytechnique Baudry et C°, éditeur, 1886).
- Pour un livre antidaté, voilà un livre antidaté! L’année i885 n’est pourtant pas encore bien vieille; quelques beaux jours, heureusement, lui restent à vivre, mais, cependant, M. Baudry tient à l’enterrer et à donner déjà à son héritière une partie de propriété, dont l’entrée en jouissance légale ne doit avoir lieu qu’au premier janvier prochain. Je signale le fait sans l’expliquer; mais, cependant je tiens à insister un peu. La couverture d’un livre est à ce livre ce que'l’extrait de naissance est à un homme. Sur les deux actes sont, en effet, inscrits les noms et prénoms du nouveau-né, ceux de ses père et mère, le lieu et la date de la naissance ; et tout le monde sait que la loi punit les inexaclitudes
- apportées à ces renseignements. Réglementairement donc, l’enfant de MM. Thompson et Boistel n’est pas né; il est encore dans la période de gestation, et M. Baudry n'a pas le droit de le laisser courir le monde sans qu’un curateur au ventre ait été nommé : la loi, là-dessus, est formelle, et je dénonce au procureur de la République, le cas des éditeurs de la rue des Saints Pères.
- Ma responsabilité, dans ce faux en écritures publiques dégagée, je ne me fais plus aucun scrupule d’ouvrir le livre et de dire ce qu’il y a dedans. Il y a d’ailleurs de bonnes choses et je m'empresse de les signaler avant c 'indiquer les points qui me paraissent défectueux. Le plan de l’ouvrage est d’abord bien conçu. La lecture de la table des matières suffit à montrer qu’il ne s'agit pas de notes éparses, recueillies et classées, mais d’un véritable traité dans lequel tout paraît être à sa place. Cette table des matières, je n’ai pas à la reproduire ici, elle tiendrait trop de place et serait naturellement de lecture un peu sèche avec l’énumération de ses vingt-six chapitres. Un résumé en est facile à faire, d’ailleurs. M. Thompson à la fin de son introduction s’est chargé de ce soin, et voici, textuellement ce qu’il écrit :
- « Mon objectif est de donner tout d’abord une théorie physique générale applicable à tous les types de machines dynamo-électriques, et d’en déduire un certain nombre de corollaires relatifs à la construction de ces machines. Les conséquences déduites de la théorie, une fois exposées, il restera à voir comment elles sont réalisées et comment elles se vérifient dans les différentes formes attribuées dans la pratique aux machines dynamos. Puis, viendront des chapitres sur les méthodes algébrique et géométrique de traiter la question. La dernière section de cet ouvrage sera dévolue à la dynamQ considérée comme un moteur mécanique. ®
- C’est, en effet, ce qui a lieu et l’ouvrage de M. Thompson se déroule suivant l’ordre indiqué. Après une théorie physique de la machine dynamo basée sur la considération des lignes de force, vient, très judicieusement, une étude et une description des divers organes principaux de toute machine dynamo : induit, inducteur, collecteur, balais, etc. Naturellement cette manière de procéder jette une clarté très grande sur la description des divers types de machines connues, et, tout en n’étant pas absolue, la classification même de ces machines tirée de la théorie physique précédente n’est dépourvue ni de logique ni d’originalité. La théorie mathématique, en revanche, ne me paraît pas valoir la première partie de l’ouvrage. Tout en étant assez impartiale et, par suite, assez complète (les principaux travaux sur la question y étant résumés), on n’y trouve pas toute la clarté désirable. L’auteur, je le sais bien, déclare en commençant que
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- son œuvre est incomplète et qu’ « il reste beaucoup à faire pour compléter la théorie mathématique de la machine dynamo ». « La véritable théorie mathématique delà dynamo ne pourra être donnée qu’après la découverte de la base réelle sur laquelle elle repose. Cette base, c’est-à-dire la loi exacte de l’induction du magnétisme dans l’élec-tro-aimant n’est pas encore connue. Nous nous contentons de formules qui, tout en étant approximativement voisines de la vérité, ne reposent sur aucun principe primordial et qu’on sait incorrectes. Quant aux lois de l’induction du magnétisme dans les circuits constitués partie de fer et partie de couches d’air ou de fil de cuivre, nous ne savons que fort peu de chose en dépit des recherches de Rowland, Stoletow, Strouhal, Ewing et Hughes. Nos coefficients de perméabilité et de capacité, commodes comme symboles, ne sont guère en réalité que des moyens faciles de dissimuler notre ignorance. Il nous faudrait un savant qui fît, pour le circuit magnétique, ce que fit, il y a un demi-siècle, le docteur Ohm pour le circuit voltaïque. Tant que nous ne connaîtrons pas la véritable loi de l’électro-aimant, nous ne pouvons espérer établir la théorie vraie et complète de la dynamo. » L’excuse ne me paraît pas suffisante. Dans l’état actuel de la science, il est déjà certaines notions générales qui se dégagent, et un homme de la valeur de M. Sylvanus Thompson n’aurait pas dû laisser son travail sans conclusion. Une autre critique que je me permettrai de lui faire est la suivante. Dans les indications théoriques, s’il est bon de rappeler les antériorités et de faire la part de chacun, il ne suffit pas d’indiquer seulement une date sans développer un peu la marque personnelle de chacun des travaux parus sur un même sujet. Par exemple, en ne s’en tenant qu’au volume en question, on pourrait croire que tout ce qui a été fait sur la caractéristique des machines est entièrement dû à M. Hopkinson et que MM. Deprez et Frœlich n’ont fait que recopier en changeant les noms. Autant que personne, M. Sylvanus Thompson sait pourtant bien que les travaux de ces savants ne se ressemblent pas, quoique traitant de la même matière et qu’ils ont chacun leurs valeurs respectives. Un expert véritablement impartial doit moins s’attacher à la date de publication de tel ou tel mémoire qu’au fond même du sujet traité, et c’est dans la mise en relief des différences plutôt que des points communs que doit porter son exposé. Je sais bien qu’il est extrêmement difficile d’être impartial en ces matières. Les avis sont trop partages. Sur bien des lois les savants ne sont pas d’accord; et de bonne foi, chacun juge selon ses tendances et ses dispositions naturelles, c’est pourquoi je n’insiste pas. Comme je le disais en commençant, il y a dans l’ouvrage de M. Thompson des démonstrations rapides et claires et des don-
- nées qu’on peut être souvent heureux de trouver, et qui peuvent être utiles à ceux qui commencent à apprendre comme à ceux qui savent déjà ou qui enseignent. Le traducteur de ce livre est M. Bois-tel, sur le travail duquel il faut aussi dire un mot. Dans sa préface, après les éloges de rigueur, il prévoit que la critique qu’on peut faire est de reprocher à ce traité d’ètre conçu à un point de vue purement anglais. Il y a dans cette appréciation du vrai et du faux. Il est clair évidemment qu’un Anglais 11e peut écrire un livre français, et réciproquement. La chose est indiscutable et l’on ne peut reprocher à un écrivain d’écrire avant tout pour ses compatriotes et de leur présenter les choses de la manière qui leur est propre. En revanche, c’est au traducteur qu’il appartient de changer la nationalité, et ce travail ne consiste pas à traduire mot à mot, et à mettre les verbes, les sujets à leur place. La traduction, pour être complète, doit être plus profonde, et c’est en quelque sorte la pensée de l’auteur qu’il faut transformer en ayant soin naturellement de ne pas la dénaturer. Eh bien, c’est ce dont M. Boistel ne s’est pas complètement rendu compte. S’il craint que le traité de M. Sylvanus Thompson nous paraisse anglais, il a raison; mais c’est que la faute en est à lui. L’ajout des appendices sur les travaux de M. Mascart, et les documents fournis par M. Fontaine sur les machines Gramme du commerce, ne peuvent donner le cachet français qui manque à l’ensemble. C’est dans le travail de l’auteur anglais qu’il fallait chercher, si je peux m’exprimer ainsi, à mettre du français, c’est-à-dire transformer complètement le texte anglais pour le rendre conforme au génie de notre langue. Malheureusement, il n’en est pas ainsi, et la lecture de l’ouvrage est difficile. Devant certains chapitres on est arrêté, et, pour comprendre, le lecteur est obligé d’achever le travail du traducteur. C’est un labeur considérable, évidemment, que de faire subir à un texte scientifique une transformation aussi complète, je le sais, mais on n’en a que plus de mérite lorsqu’on a réussi. Il faut à la fois connaître intimement et la langue qu’on traduit et la matière qu’on traite : il n’y a aucune raison de penser que M. Boistel ne remplisse pas ces conditions, et c’est pour cela que je me permets de lui signaler l’impression qui, à mon sens, se dégage immédiatement de la lecture du traité de M. Sylvanus Thompson. Il y a d’ailleurs moyen de réparer le mal dans les éditions qui 11e manqueront pas de suivre la première, et nous n’aurons plus alors que des éloges à faire. En effet, il faut toujours remercier un traducteur d’enrichir notre bibliothèque d’un livre nouveau, et la traduction d’un ouvrage de valeur est toujours profitable pour celui qui traduit, d’abord, et ceux qui lisent ensuite : n’est-ce pas vrai ?
- P. Clemenceau.
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- LES APPLICATIONS DE
- L’ELECTRICITÉ aux CHEMINS DE FER
- Rapport fait à la demande du Congres des chemins de fer parL. WEISSENBRUCH, ingénieur du ministère des chemins de fer postes et télégraphes de Belgique.
- (Suite,)
- 3. — Manœuvre à distance des barrières, des treuils, des
- chariots transbordeurs, des machines-outils transportables,
- etc.
- On peut obtenir la manœuvre à distance des barrières par des moyens analogues à ceux qui produisent la manœuvre des disques. Mais l'effort à réaliser étant plus grand, on comprend, pour des raisons déjà exposées, que l'ont ait toujours dû ici avoir recours à des mouvements d'horlogerie.
- Un appareil de ce genre a été exposé à Paris, en 1881, par M. Pollilzer,
- Çomme les barrières sont toujours manœuvrées à distance d'un poste voisin, il est généralement beaucoup plus pratique de recourir à des transmissions mécaniques.
- L'électricité peut encore servir pour le transport de la force dans bien des cas. Les chariots transbordeurs, dans les grands ateliers de réparation de locomotives et de wagons, sont encore la plupart du temps actionnés à bras d'homme, tandis que lorsqu’on en fait un usage fréquent, il est évidemment plus économique d'employer un moteur. II semble que l'életricité doit convenir parfaitement. Toutefois, nous ignorons si des expériences ont été faites.
- L'Union des chemins de fer allemands, dans sa dixièm réunion technique, a examiné la question suivante :
- S’est-on servi de l’électricité dans les ateliers pour la transmission de la force, et quels ont été les résultats ?
- La conclusion du rapport rédigé par la Direction générale des chemins de fer badois a été la suivante :
- On ne s’est servi jusqu’ici que dans peu de cas de l’électricité pour la transmission de la force motrice. On a obtenu pourtant de bons résultats pour les machines-outils transportables. On recommande de continuer les expériences dans cette direction.
- Des expériences ont été faites à Paris, à la gare de la Chapelle, pour le remplacement de la main de l'homme par l'électricité dans le déchargement des sacs de sucre et de grains. Ces sacs doivent être empilés et les ouvriers spéciaux, très vigoureux (coltins), qui effectuent ce travail ont des prétentions très élevées, surtout lorsque les arrivages sont abondants.
- Le treuil électrique roulait sur des fers en double T. Il se composait d'un chariot à quatre roues sur lequel étaient montées deux machines électriques Siemens, donnant l'une le mouvement d’ascension ou de descente, l'autre le mouvement d'avant ou d’arrière.
- D'après MM. Peltier et Sartiaux (*), ces premiers essais avaient déjà donné, au point de vue économique, des résultats au moins égaux à ceux qui étaient obtenus par les coltins.
- Freins électriques.
- On peut diviser les freins électriques en deux classes :
- i° Les freins à entraînement, où l'électricité n'agit que
- «
- pour produire un déclenchement et où l'énergie dont on se sert pour produire le serrage est empruntée à la force vive des roues du train;
- 9° Les freins où l'énergie est entièrement empruntée à l'électricité.
- i° Freins à entraînement, — M. Regray a fait (*) un exposé des plus intéressants des expériences qui ont été accomplies, sous sa direction, au chemin de fer dé l'Est français, pour modifier le frein Achard et le rendre pratique. En 1881, les essais, qui n'avaient pas encore entièrement abouti, ont pris fin, le ministère des travaux publics de France ayant exigé l'emploi immédiat d'un frein continu et la Compagnie de l'Est ayant décidé de s'adresser à la maison Westinghouse.
- Le premier type de frein de M. Achard, expérimenté en 1869, se composait d'un axe auxiliaire recevant son mouvement de l'essieu de la façon suivante : un levier soulevé à chaque tour, à l'une de ses extrémités, au moyen d'un excentrique calé sur l'essieu, faisait avancer d'un cran, par son extrémité opposée, une roue dentée calée sur l'axe auxiliaire. Cet axe était empêché, par une roue à rochet de tourner en sens inverse.
- Il portait également, calé sur lui, un électro-aimant en forme de cylindre. De chaque côté de ce cylindre étaient deux plateaux qui en constituaient les armatures; ces plateaux étaient reliés à deux manchons fous sur l'axe et formant treuils pour les deux chaînes qui actionnaient les freins. Cet appareil, bien qu'il donnât de bons résultats comme serrage et qu'il fût automatique, fut abandonné parce qu'il se composait d'organes trop multipliés et trop délicats. Le levier, notamment, était en mouvement continuel : on avait dû ajouter un second électro-aimant pour suspendre son action pendant la marche du train. C'est surtout cette adjonction qui avait apporté des complications, par les dispositions accessoires qu'elle avait entraînées.
- Un deuxième type de frein fut essayé en 1878. La modification principale consistait en ce que l'axe auxiliaire empruntait son mouvement à l'essieu par l’intermédiaire de deux galets de friction. Quoique beaucoup simplifié, l'appareil comportait des organes en mouvement continuel, ce qui en devait rendre l’entretien fort dispendieux.
- Dans le type qui est devenu définitif et qui a été combiné par M. Regray en 1879, un électro-aimant cylindrique mobile autour de son axe et muni de frettes formant armatures à ses deux bases, est suspendu en face de l'essieu. Quand on fait passer le courant dans l'électro-aimant, les armatures s’aimantent, se collent à l'essieu et sont entraînées dans sa rotation. Dès lors,%l’axe auxiliaire peut servir directement de treuil aux chaînes. Tous les détails de ce nouveau frein ont été très soigneusement étudiés et de nombreuses expériences ont montré que, dans sa dernière forme, il était puissant, modérable et d'une construction facile, légèrement supérieur, au point de vue de l'énergie, aux freins Westinghouse et Smith. Les essais ont prouvé aussi que la meilleure source d'électricité est une machine Gramme placée sur la locomotive et actionnée par un moteur Brotherood à trois cylindres. Le frein, il est vrai, n'est plus automatique, mais l'automaticité pourra être réalisée au moyen d'accumulateurs dès que ces appareils auront atteint le degré de perfection désirable.
- En dehors des essais de M. Regray. il existe un grand nombre d'inventions de freins électro-magnétiques à embrayages. Celui qui parait avoir donné lieu aux expériences les^plus importantes est celui de M. Olensted (1872-1873, « Norths London Ry »). Il se compose d’un axe auxiliaire muni d'un galet de friction fou sur cet axo et qui en est rendu solidaire lorsque le courant passe par les armatures d'électro-aimants portés par lui. Cet arbre se met alors à tourner, et comme il sert de treuil aux chaînes de
- (*) V. La Lumière Electrique-, i883.
- (•) Revue générale des chemins de fer, octobre 1884.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- serrage, le frein est mis en action. Les essais entrepris n'eurent pas de suites, bien que, d'après le compte rendu de M. Fox (* *), ils eussent été satisfaisants. L'automaticité était obtenue au moyen de piles locales placées dans chaque voiture et aboutissant aux aimants par un commutateur fixé au plafond; ces piles étaient mises en action par la corde d'intercommunication en cas de rupture de cette corde.
- Nous ne parlerons pas des autres freins électro-magnétiques à embrayage de MM. Whippîe, Duveîius, Cono-ver, etc., parce qu'ils n'ont pas, à notre connaissance, donné lieu à des essais d'une certaine durée. Nous accorderons pourtant une mention spéciale au frein Masui, qui n'est du reste pas autre chose que le premier type Acliard, dans lequel l'axe auxiliaire n'existe plus. Le cylindre magnétique est directement placé sur l'essieu, ainsi que les manchons qui servent de treuil aux chaînes.
- Le frein Masui a été soumis à des essais en Belgique, après que le premier type du frein Achard y avait dû être abandonné à cause de sa complication et de son usure rapide. Les essais ne furent pas continués. Un de ses inconvénients principaux paraît être dans la place choisie pour l'électro-aimant qui aimantait nécessairement l'essieu sur lequel il était placé, et l'aimantait d'une façon permanente s'il était en acier. On chercha à lutter contre le magnétisme rémanent, par l'inversion instantanée du courant avant sa rupture, mais ce moyen avait été reconnu insuffisant lorsqu'on cessa les essais.
- 2° Freins à transport de force électrique. — Il existe toute une série de freins de ce genre où l'on a cherché à produire, au moyen d'électro-aimants, une action directe de serrage sur les sabots des roues. On a aussi utilisé l'adhérence de pôles d'électro-aimants sur les bandages ou même sur les rails. Les freins agissant sur les rails sont depuis longtemps condamnés comme dangereux, particulièrement aux croisements de voie. Dans les essais qui ont été tentés, les autres n’ont donné qu'un serrage excessivement faible. Nous citerons le frein Sigmund von Sawieski, Il avait comme principale originalité que l'adhérence magnétique des armatures sur les bandages, ne faisait qu'amorcer le serrage qui se complétait par l'arc-boutement de ses armatures en forme de coins entraînées par le bandage sous des pièces fixées au châssis du véhicule. Ce système a dû être abandonné, parce que le serrage était trop brusque et le desserrage des sabots coincés très difficile. Les essais exécutés avec un frein de ce genre sans arc-boutement ont donné un serrage excessivement faible. (Chemin de fer du Nord, février 1881.)
- Dans le système de sir W. Siemens et de M. A. Boothby, le frein de chaque véhicule est actionné par une machine dynamo, placée sous ce véhicule. — Toutes les dynamos sont reliées entre elles dans un seul circuit et mises en mouvement par une dynamo-génératrice installée sur la locomotive.
- Chaque dynamo-motrice commande par une transmission de leviers, le mouvement de rotation de l'arbre servant à serrer les freins. Ces leviers sont reliés à l’arbre par l’intermédiaire d'un manchon fou sur cet arbre, mais pouvant être embrayé par une griffe. Celle-ci est sous la dépendance de la corde d’intercommunication du train, de telle sorte qu'en tendant cette corde le manchon est débrayé, et un ressort convenablement disposé commence immédiatement à serrer les freins. La dynamo achève ensuite le serrage automatiquement ou à volonté; dès qu'en lâchant la corde, on laisse l'embrayage se refaire. Pour desserrer, on intervertit fis sens du courant et on fait tourner les dynamos-motrices en sens inverse,.
- Les essais tentés en Ecosse avec ce système, ont réussi, paraît-il. Ils n'ont pas été Continués en Angleterre, la piu-
- (4) Society of Engineers, 3 mars 1873.
- part des Compagnies ayant adopté, par mesure générale, les reins à air comprimé ou à vide.
- Les expériences faites jusqu'aujourd'hui avec le frein Regray ont-elles été assez encourageantes pour en tenter de nouvelles >
- Le rendement ou effort retardeur moyen produisant l’arrêt en supposant tout le train freiné, a atteint 191 millièmes du poids freiné; il a été en moyenne de ï5o millièmes avec des trains de 12 voitures et des vitesses de 60 à 80 kilomètres à l'heure, et de 170 millièmes avec des trains de 6 voitures et des vitesses de 45 à io3 kilomètres. — Or, le frein Westinghouse, d'après les essais faits à la Compagnie de Lyon, n'a jamais dépassé le rendement de i5i millièmes (*), et ce rendement aurait encore été inférieur sur l'Ouest français, d'après le rapport de M. J. Morandière à la Société des ingénieurs civils de France. De plus, sur un train de 12 véhicules, la dépression de l'air comprimé met deux secondes pour passer de la tête à la queue, et avec 24 voitures elle en met quatre, accroissant ainsi de ce nombre de secondes le temps nécessaire (1 1/2 seconde) poür obtenir le serrage en tête. Or, avec le frein Regray, on a trouvé, pour 6 à 16 véhicules^que :
- i° Le rendement est indépendant du nombre d'électroaimants compris dans le circuit et de la vitesse du train;
- 20 Le rendement dépend de la vitesse de la machine Gramme (2).
- On peut donc conclure à la supériorité sur les autres freins continus des freins électriques du genre Regray, s'ils étaient suffisamment perfectionnés (3).
- Mais n'y-a-t-il pas plus de chances encore d’aboutir dans la voie indiquée par MM. Siemens et Boothby? On peut invoquer en faveur du système Siemens qu'il a l’avantage de placer sur chaque véhicule un moteur simple, modérable, obéissant instantanément pour serrer ou desserrer les freins avec plus ou moins de puissance et de rapidité.
- La solution Achard-Regray a pour elle d'utiliser la force vive gratuite du train et de n'exiger de l'électricité qu'un effort relativement faible; elle a contre elle l'inconvénient de conduire à l'emploi d’un attirail lourd et compliqué d'une action souvent brutale, et d'exposer l'organe électrique à des chocs et à des frottements au contact même de pièces en pleine poussière. Avec l'emploi de dynamos sur chaque voiture, on dispose, au contraire, d'une puissance motrice dont on est maître comme de la pression de l'air dans le frein Westinghouse et dont la modérabilité, proportionnelle à la vitesse de la dynamo-génératrice; est théoriquement absolue.
- Sous le rapport de l'automaticité, le frein Siemens a l’avantage de se prêter à la réalisation d'une automaticité partielle et, pour ainsi dire, prémonitrice, se bornant à signaler tout dérangement, sans provoquer un arrêt en pleine voie, toujours à redouter malgré la perfection des signaux.
- Le système de M. Siemens n'a pas encore été soumis à des expériences suivies, mais il semble essentiellement perfectible. Le problème est le même que celui du transport de la force, dont la solution est ardemment poursuivie en ce moment.
- (*) Rapport de M. Gérard dans le Mémorial des chemins de fer de l*Etat belge.
- (*) Le rapport de M. Regray ajoute que le temps perdu pour amorcer la machine Gramme est inappréciable. Il y a lieu de faire quelques réserves à ce sujet. Quoi qu’il en soit, si ce temps n’est pas négligeable, il n’est nullement impossible de le rendre tel, par l’emploi d’accumulateurs, par exemple.
- (:i) Les journaux spéciaux de la fin de l’année dernière ont publié la nouvelle que des essais d’un frein électrique étaient en cours au chemin de fer de la haute Italie, entre Turin et Orbassano. Un train animé d’une vitesse de i5 milles à l’heure aurait pu ctre arreté en six secondes sur une distance de 20 mètrsi. n’avons pu obtenir d’autres détails.
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- 5. — Traction électrique.
- i° Tramways.
- Il y a deux cas à considérer : La source d’électricité pouvant être une machine fixe, ou une batterie d’accumulateurs mobile avec le tramcar.
- A, La source d'électricité est une dynamo fixe. — Bien que le principe de la réversibilité des générateurs électriques eût déjà donné lieu, depuis plusieurs années, à des applications du transport de la force à distance, notamment à Vienne en 1873, ce ne fut qu’en 1879, à l’Exposition de Berlin, qu’apparut le premier chemin de fer électrique. Pourtant, comme chacun le sait, le principe d’un pareil chemin de fer est des plus simples, puisqu’il ne s’agit que de faire tourner les roues d’un véhicule et que le mouvement produit dans une machine dynamo-électrique est.précisément un mouvement de rotation. Tout le mécanisme se réduit donc à une dynamo fixe génératrice et à une dynamo motrice portée par la voiture. La seule difficulté, c’est la transmission du courant à la réceptrice, tandis qu’elle se déplace et s’éloigne de la génératrice. Nous verrons plus loin comment on a cherché à la résoudre.
- Dynamo génératrice. — Nous avons peu de chose à dire des dynamos génératrices. Tous les types conviennent, pourvu qu’ils aient un rendement suffisant. En accouplant les machines dont on dispose en quantité ou en tension, on pourra toujours rendre disponible le courant nécessaire. Les expériences de M. Marcel Deprez ont démontré qu’il est nécessaire de faire usage de tensions élevées pour vaincre l’accroissement de la distance, lorsqu’on ne peut augmenter suffisamment le diamètre des conducteurs. Au lieu d’obtenir ces tensions par l’accouplement de plusieurs petites machines, il y a très probablement avantage à employer des machines de grandes dimensions. Les expériences qui doivent avoir lieu entre Creilet Paris donneront des notions précises sur ce point. Dans le cas particulier d’un chemin de fer qu’il faut pouvoir arrêter fréquemment et rapidement, l’emploi des hautes tensions présente pourtant des difficultés sérieuses, car il exige une grande prudence autant pour la sécurité des personnes chargées de manier les machines que pour la conservation des machines elles-mêmes. En effet (1), « lorsque la résistance du circuit ou de la vitesse d’une machine vient à varier brusquement, l’intensité du courant acquiert une valeur énorme. La chaleur développée peut détruire les isolants et mettre les machines hors de service. Aussi est-il nécessaire pour la mise en marche ou l’arrêt des appareils, de prendre des précautions spéciales, telles que l’introduction ou la suppression de résistance auxiliaires » (2).
- Dynamo motrice. — La dynamo motrice est toujours portée par un des véhicules qui sert au transport des voyageurs, afin d’utiliser l’adhérence de ce véhicule. Lorsqu’on forme des trains de 'plusieurs voitures, on peut placer une dynamo de grande dimension sur un seul véhicule qui devient une vraie locomotive, ou bien mettre un moteur sur chaque voiture. Ce dernier système a été proposé par Edison en 1882. Il est économique, car il fait servir pour l’adhérence motrice le poids du train tout entier.
- La transmission du mouvement de la dynamo motrice à l’essieu d’une paire de roues se fait par une chaîne de
- (*) V. Rapport de la commission de l’Académie des sciences chargée d’examiner les expériences de M. Deprez au chemin de fer du Nord, en 1883.
- (2) A Offenbach il y a 4 machines dynamo-électriques à double enroulement tournant à la vitesse de 600 tours par minute. Elles ont une hauteur de 2 mètres. Le diamètre des anneaux est de 45 cent, et leur longueur de 7° cent. ; la tension électrique est de 600 volts. Généralement il y a 4 wagons en route et 2 machines dynamos couplées en quantité servant à engendrer le courant. La ligne a 6,5oo mètres. Quand les wagons sont couplés deux à deux, on se sert do 3 dynamos génératrices.
- Galle ou, dans les systèmes les plus récents, par une courroie de feuilles d’acier. En Amérique, MM. Reckenzaun, Ward et Edison se sont servis de la transmission elle-même pour faire varier la vitesse par l’emploi soit d’un axe auxiliaire dont la distance à l’essieu était variable, soit de deux transmissions différentes accolées et pouvant se substituer l’une à l’autre.
- Frein. — Une heureuse propriété des machines dynamos fait que l’électromoteur agit comme frein lorsque la vitesse augmente. En effet, la force contre-électromotrice de la dynamo motrice croit alors aussi, produisant dans le circuit de la génératrice le même effet que si l’on y introduisait des résistances croissantes. Pour le faire comprendre, supposons la locomotive immobile sur un plan horizontal. Au moment du départ, le moteur ayant à vaincre Peffort du démarrage, tourne très lentement. Le courant générateur n’étant que très peu contrarié, est très fort et permet de mettre la machine en mouvement. Une fois la voiture lancée, il n’y a plus à vaincre que les frottements. Un courant d’intensité beaucoup moindre suffit donc. Le surplus de cette intensité sert à augmenter progressivement la vitesse du moteur; mais la force contre-électromotrice de celui-ci augmentant en même temps, le courant produit par la génératrice diminue jusqu’à ce que le véhicule ait pris une vitesse uniforme et que le courant n’ait plus que la valeur nécessaire pour vaincre les frottements.
- Si la voiture doit descendre une pente, la pesanteur accélère le mouvement de la dynamo motrice. Il peut alors arriver que sa force contre-électromotrice soit plus forte que celle de la génératrice et le sens du courant peut être renversé; la machine réceptrice agissant pour produire du travail tend à ralentir la marche du véhicule. Pour produire l’arrêt, il faut interrompre le courant. Si cette interruption avait lieu brusquement, il jaillirait des étincelles qui pourraient endommager le collecteur. [Pour empêcher cet inconvénient, on fait arriver le courant par l’intermédiaire d’un levier de manœuvre. Des (résistances sont intercalées graduellement dans le circuit par le mouvement même du levier. Celui-ci sert aussi à intervertir la position des balais de l’électromoteur et à renverser le sens du courant soit pour produire le changement de marche, soit pour servir de frein.
- Transmission dît courant : i° Par une barre isolée et les rails. — On peut employer le courant par une barre métallique (J) isolée, placée à mi-distance des deux rails, et le faire revenir par ces derniers qui n’ont pas besoin d’être séparés de la terre (2). Afin d’assurer un bon contact, les frotteurs qui empruntent le courant à la barre doivent être à ressort (3).
- Ce système présente des 'inconvénients si la voie doit être traversée par le publie, parce que une dérivation établie par un chariot arrête le tramcar et que les chevaux peuvent recevoir des secousses électriques. Puis, lorsque les rails se recouvrent de boue, ils sont isolés des roues et ne constituent plus une bonne « terre » pour l’électro-moteur.
- Ces inconvénients n’existent pas pour les chemins de fer aériens (/*).
- (*) Cette barre est généralement en fer. Pourtant dans certains cas particuliers, on l’a faite en cuivre lorsque le tramway avait peu de longueur. Meme au petit chemin de fer qui, au camp de Wimbledon, sert à transporter les tireurs depuis le mat du drapeau jusqu’aux cibles, on s’est servi de deux bandes de cuivre, l’une amenant le courant, l’autre servant au retour. .
- (*) Le premier tramway électrique, celui de l’Exposition de Berlin de. 1.S79, était ainsi établi.
- (3) On peut employer des brosses métalliques en cuivre ou des ressorts arqués d’acier (système Trail en usage à Portrush).
- (4) Ce système a été adopté pour les chemins aériens de New-York et aussi pour le chemin de fer routier de Bushmills à Portrush (nord de l’Irlande), parce que la voie a pu être placée sur l’accotement d’une chaussée et protégée par un exhaussement en granit. Aux deux ou trois
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- 2° Par les rails seuls. — On peut envoyer le courant par Pua des rails et le faire revenir par l’autre. Ce système présente, outre les inconvénients du précédent, celui que les rails doivent tous être parfaitement isolés (1). En Amérique, MM. Edison et Daft avaient tous deux jugé nécessaire d’augmenter la conductibilité des rails, l’un par quatre fils de cuivre serrés contre eux par un éclissage, l’autre par une âme du môme métal.
- 3° Par un caniveau souterrain. — Dans ce système, le conducteur métallique est place sur isolateurs dans un caniveau analogue à celui des tramways funiculaires. Un petit chariot muni de collecteurs circule dans le canal, et des plaques de cuivre passant à travers la fente longitudinale amènent le courant au tramcar. Le caniveau sert de rail central à la roue motrice. Les autres roues sont simplement porteuses comme dans le système bien connu de Larmengeat (2).
- 4° Par des conducteurs aériens. — C’est aux conducteurs aériens qu’il faut avoir recours chaque fois que la voie placée à ras du sol est traversée sur une grande partie de son étendue par les voitures et le public. M. Siemens orme son conducteur d’un tuyau de cuivre fendu longitudinalement et suspendu à des isolateurs par l’intermédiaire de câbles d’acier. Une pièce de contact est engagée dans le tuyau et son mouvement de glissement est facilité par un petit chariot maintenu par des ressorts et roulant le long(du conducteur. A chaque croisement de voie, il suffit de bifurquer le tuyau (3).
- On a aussi recours aux conducteurs aériens dans les usines où le sol est humide. On les forme alors de poutrelles en simple T suspendues à la voûte au ;moyen d’isolateurs à double cloche en ébonite (* *).
- Montage des conducteurs* — Dans les premiers essais, le [moteur était toujours placé en dérivation sur les deux conducteurs de la machine.
- Lorsque la voie a une certaine longueur, une difficulté surgit : au départ, la dynamo réceptrice est tout près de la génératrice; à mesure qu’elle roule, une longueur de rails de plus en plus grande s’allonge entre elles deux, en sorte que les conditions dans lesquelles le transport se fait sont continuellement variables et de plus en plus désavantageuses. Dans les chemins très courts, cet inconvénient est faible, surtout lorsqu’on se sert de rails à grande section pour amener le courant. Avec des conducteurs aériens il devient très sensible. Pour y rômédier, on peut adopter le montage en dérivation par opposition, ainsi appelé parce que le second conducteur est relié à la machine par l’extrémité qui lui est opposée. La résistance du circuit reste alors toujours la même, mais elle est aussi toujours très grande. D’ailleurs, dans l’un et l’autre cas, s’il y a deux moteurs sur la ligne, l’intensité du courant qui les traverse n’est que la moitié de celle du courant de la génératrice. Le calcul prouve qu’au point de vue du rendement, la disposition la plus avantageuse est le montage en tension. Le courant traverse alors tout entier les machines qui se trouvent sur les diverses parties de la ligne.
- Lorsque le tramcar passe de la position xy à celle x*y\ il produit automatiquement le rétablissement des communications ab et a'b' et la rupture de celles a\b\, aKbK.
- Un autre montage en tension peut'encore être employé, c’est celui de Ayrton et Perry. La voie est divisée en sections d’une longueur un peu inférieure à celle du train, réunies par des ponts qui sont normalement fermés. Le premier véhicule du train ouvre le pont et force ainsi le courant à passer par la dynamo motrice; le dernier véhicule se referme.
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- Montage en dérivation.
- Les tramways électriques à source d’électricité fixe paraissent à première vue et théoriquement devoir être plus économiques que les tramways à vapeur. En effet, une petite machine à vapeur brûle au moins 3 kilogrammes de charbon par heure et par cheval, tandis qu’avec une
- Montage en dérivation par opposition.
- machine de ioo chevaux, il ne faut qu’un kilogramme. La perte est donc de 2 kilogrammes sur 3, c’est-à-dire de 66.7 °/° tandis qu’elle peut n’être que 40 °/° (*)> avec une transmission électrique directe bien conditionnée.
- Il est vrai que le prix du cheval-heure n’est pas seule-
- r
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- Montage en tension.
- ment proportionnel au charbon brûlé, mais aussi à l’intérêt et à l’amortissement du capital de l’installation qu’augmente notablement l’emploi de l’électricité.
- Il est évident que si l’on possède une chute d’eau dont l’exploitation est 6/7 de fois plus économique que celle de
- Montage en tension de MM. Ayrton et Perry.
- passages à niveau qui existent, le troisième rail est remplacé par un conducteur enterré et le tramcar continue sa course en vertu de sa vitesse acquise.
- (J) Ce système est celui du chemin de fer de Berlin à JJchterfeMe 2.5 kil;). Les pertes de courant y sont assez sensibles. A l’Exposition de Vienne, où l’on avait employé le même système, la partie de la voie ferrée qui traversait la rue était normalement isolée du reste de la voie. Elle était liûse dans le circuit automatiquement au moment du passage du train.
- (*) Ce système, combiné par M. Holroydsmith, a été essayé à Moor-side, près d’Halifax, dans le Yorkshirc. M. T rail, l’ingénieur du chemin de fer de Portrush, est l’inventeur d’un système analogue où les collecteurs sont des ressorts arques comme ceux qu’il emploie à Portrush.
- (3) C’est ainsi qu’a été établi le tramway de l’Exposition de Paris de 1881, et celui de Francfort a Offcnbach.
- (4) C’est le système des mines de Hohcnzollern.
- la vapeur, il est avantageux d’employer la traction électrique.
- Les voies ferrées établies dans les villes se prêtent peu à l’établissement des conducteurs du courant : il n’y a pourtant là aucune difficulté insurmontable.
- (A suivre.)
- O On peut admettre facilement le rendement électrique de 85 p. c., mais une sertaine quantité d’énergie est consommée à l'intérieur de la machine et dans le circuit. Ou ne peut donc compter que sur 70/100 chevaux transmis aux accumulateurs.
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- CORRESPONDANCE
- Libourne, ie 3i juillet i885.
- Monsieur le Rédacteur en chef,
- Je viens de lire dans votre excellent journal, numéro du 6 juin dernier, un long article signé Marinovitch, consacré aux instruments téléphoniques Mildé-d'Argy, dont la valeur a été appréciée à la dernière exposition de l'Observatoire de Paris.
- Les notes dues à l'obligeance de M. Mildé, qui ont permis à l'auteur de l'article les développements qu'il lui a donnés, ne me paraissent pas rendre à M. d'Argy là justice qui lui est due. Il semble en résulter que le téléphone qui porte son nom n'est autre que le téléphone de M. Bourseul, et qu'il présente à la fois les imperfections et les inconvénients de celui-ci sans en différer d'une façon essentielle.
- La vérité, c'est que l’appareil d'Argy, bien qu'il dérive de l'appareil de cabinet qu'a créé M. Bourseul, suivant la voie tracée par M. Righi, appareil exposé à Paris en 1881, est un microphone d'une grande simplicité, sensible, robuste et parfaitement pratique, ainsi qu'il m'a été donné de le constater chez M. d'Argy lui-même, à Libourne.
- Ce sont là les qualités qui ont valu à M. d'Argy les compliments et les offres de la maison Mildé.
- Du reste, les travaux de M. d'Argy sont bien connus de vos lecteurs. Il me suffira de rappeler que M. du Moncel lui-même a présenté le premier dispositif de l'appareil, le 10 décembre 1882, page 528, puis le type définitif en i883, page 540.
- La Lumière Électrique affirme dans ce dernier article que les derniers perfectionnements apportés par M. d'Argy à son organe électrique en font un transmetteur tout particulier.
- Depuis, M. A. Guéroult a constaté, n° du 22 mai 1884, page 5i8, que le téléphone d'Argy donne de bons résultats.
- Cet officier n'est donc pas, vous le voyez, Monsieur le Rédacteur, un inconnu pour vos lecteurs.
- Son appareil fonctionne par tous les temps, malgré Vimpressionnabilité du caoutchouc. C’est du reste un cylindre de i5 millimètres au plus, très résistant et très sensible, ce qui, il faut le reconnaître, Je différencie absolument de l'appareil de M. Bourseul, appareil non commercial d'ailleurs.
- Nous sommes déjà nombreux à Libourne, nous curieux, au bagage électrique modeste, qui avons expérimenté les appareils de M. d'Atgy, dans son cabinet.
- Ces appareils datant pour la plupart de deux ou trois ans, sans retouche, fonctionnent également bien, malgré les contractions du caoutchouc l'hiver, et ses dilatations l'été.
- M. d'Argy possède d'ailleurs de nombreuses attestations de marins, de commerçants, d'industriels, etc., qui toutes confirment le résultat de ma propre appréciation.
- Il m'a paru, Monsieur le Rédacteur, qu'il y avait un intérêt de justice et de vérité à vous présenter ces quelques observations sur l'article si intéressant de M. Marinovitch lequel, je le crois, assigne au microphone d'Argy une place au-dessous de sa valeur réelle.
- Je vous prie, Monsieur le Rédacteur de vouloir bien agréer mes remerciements anticipés pour la publication que j'ose espérer de la présente lettre.
- Veuillez agréer l'assurance de ma respectueuse considération.
- Dr C. Duteuil,
- Ancien médecin de la marine, Chevalier de la Légion d'honneur,
- ' à Libourne (Gironde).
- FAITS DIVERS
- Les orages du mois d'août, ont donné lieu à des incidents dignes d'être relatés. Le 6, la foudre est tombée sur le parc de Richemond près de Londres et a frappé deux arbres d'une façon très étrange. L'un deux a été mis en lambeaux. Les éclats ont volé dans toutes les directions avec tant de force qu'ils ont fait des entailles aux arbres voisins, comme auraient pu le faire de véritables projectiles.
- Le second arbre a été également atteint, mais seulement à la partie inférieure du tronc, qui a été brisé. Le reste de l'arbre a été lancé d'un seul coup assez loin.
- Il est évident que ces deux phénomènes tiennent à l'excessive abondance du fluide électrique, qui a volatilisé l'eau dont le tronc était imprégné, et a produit des effets comparables à ceux de la foudre. Un grand nombre d'exemples analogues ont été rapportés par M. A. de Fonvielle dans ses Éclairs et Tonnerres, Mais c'est la première fois à notre connaissance que deux exemples si différents se trouvent produits côte à côte.
- Le 3o août un violent orage a éclaté à Pise. La foudre est tombée presque simultanément sur deux édifices, le clocher de Sainte-Cécile et le clocher de Saint-Joseph. Les dégâts sont considérables de part et d'autre, mais surtout à Sainte-Cécile. Le clocher paraît menacer ruine et exige une réparation complète.
- Ces deux exemples doivent être notés pour montrer encore une fois l'intérêt qu’il y aurait à pourvoir toutes les églises de paratonnerres. Peut-être la loi pourrait-elle raisonnablement rendre cette précaution obligatoire.
- M. Volk l'ingénieur bien connu, qui a établi le chemin de fer électrique de Brighton, a été invité par la municipalité de Southport à lui soumettre un devis pour la construction d'un chemin de fer électrique sur la plage de cette ville
- Le bureau des brevets à Washington, a accordé pendant le premier trimestre de cette année, 226 brevets pour des inventions électriques.
- Éclairage électrique.
- Nous lisons dans le Bulletin international des Téléphones ;
- La station centrale de Tours, dont nous avons déjà parlé sera probablement bientôt en état de fonctionner. Les machines à vapeur sont installées, les dynamos Siemens, les générateurs Gaulard et Gibbs, les accumulateurs de Kabath sont prêts à être placés : il n'y a plus que la canalisation à faire et l'on pense que tout sera terminé au mois d'octobre.
- L'usine est construite pour alimenter 3.000 lampes à incandescence, système Oppermann; ces lampes donnent environ 16 bougies avec 40 volts et 0,9 ampère. Le courant électrique produit par les machines pourra avoir 16 ampères et 2.5co volts, mais en général il sera réduit de moitié, car avec 3.ooo lampes, sur le réseau, la consommation moyenne ne dépassera guère i.5oo lampes. Le courant varie d'ailleurs avec ie nombre de foyers en service, c'est-à-dire avec le nombre de générateurs secondaires en circuit: la manœuvre est faite par un régulateur automatique qui augmente ou diminue l'intensité du courant excitateur.
- Ainsi que nous l'avons annoncé, l'installation comprend une batterie de 5o accumulateurs de Kabath; cette batterie ne fonctionnera pas en temps normal : elle sera seulement
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- employée en cas de consommation extraordinaire ou d'accident à l'une des machines. Elle est placée dans l'usine même et fournit par suite son courant au circuit primaire. Il y a eu là une difficulté à résoudre : les générateurs secondaires exigent, comme on sait, remploi de courants alternatifs; pour les alimenter, il faut un appareil spécial qui change les courants continus de la batterie en courants alternatifs, ce qui n’est pas tout à fait simple, étant donné qu'on agit sur des forces électromotrices de 2,5oo volts. La question a été parfaitement résolue par le directeur de l'usine, M. Naze.
- Le circuit primaire s'étend sur une longueur d'environ 2 kilomètres et traverse le centre de la ville; il part de Ja place du Palais-de-Justice où est située l'usine et va jusqu'à la place de la Mairie, en suivant la rue Royale. Il est formé d'un câble composé de 19 brins étamés de 1,6 millimètre et isolé de la manière suivante : i° une couche de gutta-percha; 20 une couche d'une épaisseur de 1 millimètre de caoutchouc osokérité; 3° cinq épaisseurs de toile caoutchoutée et osokéritée; 40 une couche de chanvre; 5° une tresse goudronnée. Lé câble ainsi construit est placé dans une conduite en béton aggloméré à 60 centimètres au-dessous du sol.
- Enfin à l'entrée de chaque maison abonnée, se trouve une clef, analogue à celle des distributeurs de gaz, au moyen de laquelle on peut mettre les générateurs en circuit, sans avoir à pénétrer dans la maison. Cet appareil sera employé dans le cas où l'on aurait quelques difficultés avec le client; naturellement il ne peut être manœuvré que par les employés de la Compagnie.
- La Compagnie allemande Edison vient d'obtenir la concession d'une station centrale à Francfort pour la distribution de la lumière et de l'énergie électriques. La ville est intéressée dans l'entreprise, qu'elle s'est réservé la faculté de reprendre au bout d’un certain nombre d'années. D'autre part, la Compagnie a obtenu la promesse de l'éclairage du théâtre de la ville ou d'un autre monument de la même importance. _____
- A l’occasion du retour des troupes après les grandes manœuvres eu Bohème, la gare de Smichor a été éclairée par dix foyers à arc, installés par la maison Allmer et Zollinger de Bubna près de Prague.
- L’installation de la lumière électrique au château de chasse impérial de Lainz, près de Vienne, vient d'être terminée. Le château, les cuisines, les écuries, le manège, contiennent 3oo lampes à incandescence. Une rue de 4 kilomètres est également éclairée par i3o lampes à incandescence.
- Une petite maison a été construite à 60 mètres du château, pour les appareils, qui se composent d'une machine à vapeur de 5o chevaux et de 4 dynamos dont deux sont destinées à fournir le courant aux lampes du château, et deux autres à alimenter les lampes de la rue. Les dynamos pour le château peuvent alimenter chacune 170 lampes à incandescence de 16 bougies (100 volts).
- Les lampes des rues sont installées sur d'élégants poteaux en bois, disposés des deux côtés, de 25 en 25 mètres.
- Chacune des deux dynamos affectées à ces lampes alimente un côté de la rue, de sorte qu’en cas d'accident un côté reste toujours éclairé. Les lampes sont du système Bernstein, de 25 bougies, et munies d’un interrupteur automatique spécial.
- Toute l'installation a été faite par la maison B. Egger et Cic de Vienne, qui, quatre ans auparavant, avait été chargée de l'éclairage électrique du nouvel Hôtel de ville.
- Le 20 août dernier, on a essayé à l’arsenal royal de Woolwich, une nouvelle lampe électrique, destinée à exa-
- miner et à photographier l’intérieur des canons. Cette application de l'électricité est toute récente, mais le défaut d'une dynamo convenable a, jusqu'ici empêché de l'adopter en beaucoup d'endroits où elle aurait rendu de bons services. Les autorités se sont empressées alors de faire l'essai d’une nouvelle pile, destinée à remplacer la dynamo dans ces opérations. Sans être très puissante la pile est fort constante, et peut, au besoin, fournir un foyer brillant pendant dix heures. On a voulu comparer la pile avec la dynamo. Deux canons de 20 centimètres étaient placés l'un à côté de l’autre, et on en a photographié les intérieurs par les deux procédés. Les deux résultats ont semblé également satisfaisants.
- Les mines de charbon de Backworth et d'Ashington près de Newcastle vont être pourvues d'une installation de lumière électrique, du système Maxim-Weston.
- On annonce que les lampes à incandescence Edison installées dans le Théâtre Royal à Manchester, oüt fourni 5.000 heures d'éclairage depuis deux ans. et demi qu'elles fonctionnent.
- On s’occupe d'installer la lumière électrique au .phare de l'île de May. Un magasin de charbon est en construction ainsi qu’un hangar pour les machines, mais l'éclairagé électrique ne sera guère en état de fonctionner avant deux ans.
- Télégraphie et Téléphonie.
- Le steamer télégraphique le Monarch est arrivé à Kirkwall, le vendredi 21 août, pour procéder à la pose d'un câble qui reliera Stronsa aux îles Shetland.
- Tous les appareils du bureau central téléphonique à Philadelphie de la « Clay Téléphoné C° ont dernièrement été saisis par la justice et vendus pour payer les loyers en retard. Ces appareils, dont la valeur était estimée par la Compagnie à 5o.ooo francs ont été vendus pour 25o francs.
- On annonce qu’un certain nombre de télégraphistes de Saint-Paul en Minnesota ont décidé de former une Société télégraphique coopérative au capital de 5o millions de francs. Les fils de Ja nouvelle Compagnie doivent s'étendre sur tout le pays et faire concurrence à ceux de la « Western Union TelegraphC0 ». Tous les employés télégraphistes des Etats-Unis sont invités à devenir actionnaires et un capital de 5oo.ooo francs a déjà été souscrit. Dès qu'on aura 2.5oo.ooo francs, la construction sera commencée. La première ligne ira de Saint-Paul à Chicago et on espère avoir les fonds nécessaires d'ici six mois.
- Nous lisons dans YEIectro-Techniker de New-York :
- « II y a maintenant 41 ans que l'appareil télégraphique du célèbre Morse a reçu, pour la première fois, son application pour la communication à grande distance.
- « Au sujet de ce mémorable événement, nous croyons qu’il ne sera pas sans intérêt de reproduire ci-après pour nos lecteurs, d'après une publication de VElectrical Review > deux lettres que M. Morse avait écrites deux ans auparavant, en 1842, au moment où sa grande invention était l'objet de toutes ses pensées et de tous ses efforts.
- « Ces lettres, jusqu'ici inédites, fournissent une intéressante étude sur les luttes, les espérances et les projets de l'inventeur. Elles étaient adresées aujuge William W. Board-man de New-Haven, qui, étant un ami intime de M. Morse et membre du Congrès, avait mis tout en œuvre pour assu-
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- rer le succès de l’invention de M. Morse, ce qui, naturellement, était chose très difficile à cette époque où, généralement, elle était à peine considérée comme sérieuse.
- « La première lettre est ainsi conçue :
- « New-York, 7 mars 1842.
- « Mon très honorable ami,
- « Il y a déjà longtemps que je me propose de vous écrire,
- « pour vous remercier du bienveillant accueil que vous avez « fait à mon appareil télégraphique, et de votre proposition « de soumettre l’affaire à un examen. Je vous prie donc de « vouloir bien agréer l’expression de ma sincère gratitude. « Cet hiver, je n’ai pas cessé de travailler à la simplification « de quelques parties du mécanisme ; j’avais espéré pouvoir « terminer ce travail et présenter mon appareil encore dans « la session actuelle du Congrès. Je l’espère toujours, mais je « n’ose le promettre, dans la crainte que mes espérances ne « viennent à être déçues. L’appareil a été considérablement « perfectionné et il a excité un vif intérêt, de sorte que je « crois pouvoirjespérer que les nouvelles améliorations con-« tribueront à lui assurer un succès remarquable.
- « Je reçois dans ce moment une lettre de M. le professeur « Henry à Princeton, dont je vous envoie une copie avec la « prière de la communiquer à la Commission. Que M. le « professeur Henry occupe le premier rang parmi les sa-« vants de notre pays, c’est ce que je n’aurai, je pense, pas « besoin de vous dire; ses précieuses découvertes dans le « domaine de l’électricité et du magnétisme l’ont même rendu « célèbre dans toute l’Europe. Vous n’aurez sans doute pas « oublie que M. Henry a inventé la première machine ma-« gnétique et que c’est lui qui a chargé un aimant d’un « poids de 900 kilogrammes.
- « Maintenant, je vous serais obligé de faire en sorte que « la Commission des industries, qui est chargée de l’examen « de mon invention, veuille bien suspendre sa décision jus-« qu’à ce que je puisse arriver moi-même avec mon appa-« reil à Washington, à moins qu’elle ne prenne la résolu-* tion de recommander l’adoption du projet de loi.
- « Si les membres de la Commission se trouvaient dans « le cas de prendre la dernière mesure mentionnée, sans « avoir assisté à l’exhibition de mon appareil, tout irait bien. « Alors je serais en mesure de faire fonctionner en leur * présence, pendant la prochaine session, un appareil per-« fectionné. Mais dans le cas contraire, et si le rapport de « la Commission devait même se prononcer dans un sens « défavorable, mes travaux éprouveraient de sérieuses en-« traves lors de la prochaine session.
- « La lettre de M. le professeur Henry est conçue comme « il suit :
- « Princeton-College, 24 février 1842.
- « Très honoré Monsieur,
- a C’est avec plaisir que j’ai appris que vous avez adressé une nouvelle pétition au Congrès au sujet de votre appareil télégraphique, et j’espère que vous réussirez à convaincre les Représentants de l’importance de votre invention.
- « Néanmoins, je crains que vous ne rencontriez quelques difficultés, car le télégraphe électro-magnétique est rangé par beaucoup de personnes dans la même catégorie que les nombreux pians chimériques qui sont continuellement présentés au public. C’est parmi ces derniers que je place la proposition d’employer l’électricité comme force motrice. Depuis qu’on a avancé cette idée, je n’ai pas cessé d’assurer que tous les essais de cette nature sont prématurés et qu’ils pourraient se r.éaliser seulement sur une base scientifique.
- « Il en est tout autrement du télégraphe électro-magnétique. Les progrès de la science admettent cette application, et je ne doute nullement du succès complet de votre invention. L’idée de transmettre la pensée, au loin, au moyen de la force électrique, a déjà été conçue par beaucoup de personnes depuis le temps de Franklin, mais, jus-
- qu’à présent, il a été impossible de réaliser l’idée pratiquement.
- « Une simple suggestion à cet égard ne mériterait donc pas grande confiance; mais de notre temps, où les recherches scientifiques fournissent des bases sérieuses pour un succès, un plan bien conçu et son application sous une forme réellement pratique méritent incontestablement d’être pris en considération par la science et d’être appuyés par le public. Presque à la même époque que vous, M. le docteur Steinheil, à Munich, et M. le professeur Wheatstone, à Londres, ont construit des appareils télégraphiques électro' magnétiques, mais leurs systèmes diffèrent essentiellement du vôtre, bien qu’ils soient fondés sur le même principe, et si ces inventions ne subissent pas des modifications profondes, je donne la préférence à l’appareil que vous avez inventé.
- « En vous souhaitant le meilleur succès, je vous prie d’agréer l’assurance de ma haute considération et de mon dévouement.
- « Joseph Henry. »
- « Vous voyez que M. le professeur Henry est du même « avis que la Commission qui a été chargée par le gouver-* nement français d’étudier les appareils de Wheatstone, « de Steinheil, ainsi que le mien. Cette Commission s’est « prononcée pour le système américain. Dès que la chose « sera bien comprise, je suis sûr que notre gouvernement « reconnaîtra l’importance de l’invention. On peut lâcher « les rênes à son imagination quand on songe à la révolu-« tion qu’opérera un échange direct des pensées entre les « différentes parties de notre pays, et même entre les divers « continents, mais la réalité dépassera toutes les supposi-« tious.
- « Je cède cette invention au monde entier, en faisant « seulement remarquer que son origine et son perfcction-« nement appartiennent à l’Amérique, et je demande l’appui « du Gouvernement. Me l’accordera-t-il? Si la situation « financière ne permettait pas d’accorder le subside pro-« posé par le projet de loi, une somme moins forte, peut « être 75.000 ou 100.000 francs, suffirait pour me mettre à « même d’essayer l’appareil et de faire les expériences as-« scz étendues pour qu’une mesure légale future puisse se « justifier.
- « Je m’en remets à la sagesse du Congrès. Il y a quel-« ques semaines que j’ai écrit à plusieurs amis, à Was-« hington, auxquels vous pouvez communiquer ma lettre, « si vous le jugez utile. Ce sont MM. Barnard, Winthrop, « Cushing et Grauger.
- « Je reste, avec ma sincère considération, votre dévoué « serviteur et ami §amuel F. B. Morse. »
- Neuf mois plus tard l’inveuteur, qui était maintenant plein d’espoir et de confiance, adressait la lettre suivante à M. Boardman.
- « Washington, mardi 14 décembre 1842.
- « Mon très honoré ami,
- « Le montage de mon appareil télégraphique a eu lieu « hier; il a été mis en activité entre la Commission des « industries de la Chambre des représentants et la Commis-« sion de la marine au Sénat. Je serais très heureux de « montrer son fonctionnement à tous les députés et je me « ferai un devoir de me mettre à cet égard à la disposition « de chacun de ces Messieurs.
- « Je reste, avec mon sincère respect, votre serviteur « et ami.
- « Samuel F. B. Morse. »
- (Elektro- Techniker.)
- On s’est aperça, le 3o juillet dernier, à Norristown, en Pennsylvanie, que des voleurs avaient détaché et enlevé deux fils télégraphiques eu cuivre appartenant à la 0 Postal Telegraph C° » et allant de Weslc Coushohocken à Philadelphie, d’une longueur de i5 milles. Plusieurs personnes
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- qui ont vu les malfaiteurs dans l’exercice de leurs fonctions, ont cru qu’ils avaient affaire à des employés de la Compagnie en train de réparer la ligne. Le fil volé est estimé à 2.5oo francs.
- La « Bell Téléphoné C° », de Philadelphie, a été victime d’un vol considérable du même genre.
- Le Bulletin international des Téléphones reproduit un article du journal anglais le Money Market Review sur la « United Téléphoné C° de Londres. Cet article expose d’une façon très exacte la situation de l’industrie téléphonique en Angleterre et intéressera, sans doute, nos lecteurs. Le voici :
- « Le jugement qui vient d’être rendu par la Court ofChan-cery, dans le procès de la « United Téléphoné C° » contre Bassans et Stater a une grande importance en ce sens qu’il affirme une fois de plus la validité des brevets que possède la Compagnie.
- * Le procès avait été engagé à la requête de la Société, qui poursuivait les contrefacteurs du transmetteur Edison, dont les brevets lui appartiennent. Les défendeurs, comme de raison, nièrent la contrefaçon 'et au cours des débats qui durèrent plusieurs semaines, de nombreuses enquêtes furent faites. Le jugement vient enfin d’être rendu; il est tout en faveur de la Compagnie demanderesse, condamnant les défendeurs aux dépens. Ce jugement sera publié après les vacances de la Cour.
- « Il n’est pas étonnant que ce nouveau succès légal ait attiré de nouveau l’attention des capitalistes sur les actions de la Compagnie. Aussi les cours, sous l’influence de nombreuses demandes, ont-ils bénéficié d’une avance marquée.
- « Jusqu’à présent, cependant, les cours ne sont certainement pas en rapport avec les grands progrès réalisés par la Compagnie dans ces derniers temps. En somme le prix des actions n’est pas de beaucoup supérieur aux cours cotés l’an dernier, alors que la situation de la Société n’était pas aussi solidement établie qu’aujourd’hui.
- « Tableau comparé des opérations de la « United Téléphone Company » depuis sa création jusqu'au 3o avril i885 :
- 1881 1882 i883 1884 1885
- Recettes, abonnements : Londres. Liv. i3.3a6 1.832 21.3i3 43.q35 62.537 70.189
- — Province. — 5.423 5.36o 6.667 »
- Redevances ...» — 4.800 12.840 12.287 17.940 22.857
- Dividendes des act.des Cies de province...» — » 1.835 2.5o6 4.688 9.680
- Intérêts et droits de transferts — 666 I .21 I 738 bi2 2 74
- Recettes brutes — 20.644 42.624 64.826 92.344 io3.ooo
- Dépens08 et amortissements Londres. Liv. 19.140 15.662 32.994 40.991 46.408
- — Province. — i.i33 5.388 5.38o 6.697 44-656 »
- Bénéfices nets — 371 21.574 26.402 56.592
- Abonnements au réseau de Londres 9M 1.673 2.745 3.35o 3.820
- Lignes particulières, district de Londres 186 366 576 7I5 835
- Proportion des abonne-ments et des redevances reportées à l’année suivante Liv. 8.479 18.490 27.923 3o.755 36.372
- « On a souvent remarqué que les capitalistes de nos jours recherchent, de préférence, les entreprises nouvelles. Eh bien, voici un placement nouveau. De même que le télégraphe, le téléphone est devenu une de nos nécessités sociales et commerciales. L’extension qu’il a acquise, les services qu’il rend, ne sont encore rien en comparaison de ce que nous sommes appelés à voir dans l’avenir. Le téléphone, en un mot, est aujourd’hui comme un géant au maillot, l’invention est encore dans son enfance.
- « La Compagnie a commencé ses opérations en i«8o-i88i,
- et à la fin de ce premier exercice elle put distribuer un dividende de io shillings par action, produit par la rétrocession de diverses concessions qu’elle avait obtenues. Pour l’exercice 1881-1882, le dividende s’est élevé à.5 0/0; pour 1882-1883, 6 0/0 et pour 1883-1884 8 0/0. Pendant ce temps, les réserves ont atteint le chiffre de 60.275 livres et une somme assez importante représentée par les bénéfices non distribués, reportée à nouveau. On peut calculer que, d’après le dividende actuel, les actions représentent pour l’acheteur un placement d’environ 5 1/2 0/0, malgré la prime de plus de 100 0/0 dont bénéficient ces titres. (La valeur nominale est de 5 livres.)
- « Le tableau ci-contre, dont nous garantissons la parfaite exactitude, montrera les progrès étonnants réalisés par la Compagnie pendant les cinq années de son existence. Nous engageons vivement nos lecteurs à l’étudier avec soin :
- « Quelques personnes s’imaginent que le prix du téléphone en Angleterre est plus élevé que dans les autres pays. C’est une grande erreur. En effet, à Londres, les abonnés payent 20 livres, tandis qu’à New-York on paye 3o livres, à Boston et à Cincinnati 35, à Chicago 26, à Philadelphie, Baltimore, Nouvelle-Orléans et Saint-Louis, 2S; à Moscou et Saint-Pétersbourg 25, à Paris 24, et à Melbourne et Sidney 20 livres. Et cependant les prix élevés que payent les abonnés dans les autres pays n’ont pas empêché le téléphone d’être beaucoup plus répandu qu’ici. Un ancien résident de l’ile Vancouver, dernièrement de passage à Londres, nous disait que son étonnement avait été extrême de voir combien on se servait peu du téléphone dans notre pays en comparaison de ce qui avait lieu dans cette colonie, où, de même que dans la Colombie anglaise, presque tous les habitants ayant une certaine situation possèdent un téléphone.
- « Il est évident que lorsqu’on réfléchit qu’à Londres la Compagnie ne possède que 4.000 abonnés, on est étonné de l’immense champ d’exploitation qu’elle a devant elle.
- « Quant à la province, la Société conduit ses affaires de telle manière qu’en rétrocédant des concessions à des Compagnies filiales, elle conserve de sérieux intérêts dans ces Sociétés.! C’est ainsi que, son propre capital versé étant de 440.000 livres, elle possède pour 226.000 livres d’actions dans la « National Téléphoné Company », 5.ooo livres dans le <• Lancashire and Cheshire Téléphoné Exchange », 37.000 livres dans la « Northern district Téléphoné Company », 87.500 livres dans la « Téléphoné Company of Ireland », 93.750 livres dans la « South of England Téléphoné Company », et 160.000 livres dans la « Western Counties and South Wales Téléphoné Company ». Le total de ces participations dépasse de beaucoup le montant de son capital versé.
- « C’est un enfantillage de parler de contrefaire les brevets qu’elie possède ou de lui faire concurrence. Elle occupe la place, et l’une de ses plus grandes forces réside en ceci , que la plupart des hommes d’affaires et des Sociétés sont abonnés à son réseau, et c’est par son intermédiaire qu’ils pourront continuer à profiter de ces communications instantanées qui leur sont devenues indispensables.
- « Pour toutes ces raisons et pour d’autres encore qu’il serait trop long de développer ici, nous considérons comme magnifique l’avenir réservé à cette Société. Le prix des actions nous semble bien bas en comparaison des cours qu’elles sont appelées à atteindre un jour. On peut les recommander sans crainte aux capitalistes avisés qui préfèrent les affaires nationales aux entreprises d’outremer et qui néanmoins veulent marcher avec leur époque et s’intéresser aux affaires nouvelles et d’avenir. »
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Parù.— Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire.— 29602.
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Électricité ;/
- 31, Boulevard des Italiens, Paris '
- directeur : D* CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout
- 7« ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI 19 SEPTEMBRE I88S N° 38
- SOMMAIRE. — Sur un nouveau modèle d’intégraphe, système Napoli et Abdank-Abakanowicz ; B. Marinovitch. — Télégraphie par induction; W. Cam. Rechniewski. — Nouvelles analogies entre les phénomènes électriques et les effets hydrodynamiques (2° article); C. Decharrae. — Les piles électriques (3e article); P. H. Ledeboer. — L’Électricité en Amérique : la Télégraphie; Aug. Guerout. —Nouvelle détermination électrique de l’équivalent mécanique de la chaleur, par M. A.-G. Webster; G. Richard. — Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch. — L’électro-calorimètre comparé au thermomètre de Reiss, par le professeur A. Roiti. — Sur une méthode pour localiser un contact à la terre dans un câble, par MM. Anderson et A. E. Kennelly. — Correspondances spéciales de l’étranger : Allemagne, Dr H. Michaëlis. — Angleterre, J. Munro. — Autriche, J. Kareis. — Chronique : Note de M. Palmieri sur l’origine de l’électricité atmosphérique. — L’induction téléphonique, par M. A. Dijongh. — Sur une nouvelle forme de voltmètre. — Sur une nouvelle lampe à arc pour projections. — Les lampes à incandescence du système Puluj. — Les applications de l’électricité aux chemins de fer {suite). — Correspondance. — Faits divers.
- SUR UN NOUVEAU
- MODÈLE D’INTÉGRAPHE
- SYSTEME
- NAPOLI ET ABDANK-ABAKANOWICZ
- Dans les recherches scientifiques du domaine de la physique on rencontre souvent le problème suivant: étant donné une fonction quelconque /=f(x) trouver une courbe dont l’équation soit
- y=ff(x)dx+C.
- Prenons un exemple qui nous touche de plus près; supposons que nous connaissions un courant induit et que nous puissions le représenter par une courbe y=f(x); il s’agit de trouver la courbe représentant le courant inducteur, c’est-à-dire la courbe représentée par l’équation
- y=f/{x)dx+c.
- L’appareil nommé intégraphe, construit par MM. Napoli et Abdank-Abakanowicz, que nous allons décrire, a précisément pour but de résoudre ce problème mécaniquement en traçant la courbe cherchée. Prenons un autre problème du domaine
- de l’électricité pour mieux indiquer l’utilité de l’appareil; supposons que l’on ait une courbe représentant la décharge d’une pile, ou d’un accumulateur. Les abscisses représentent les temps et les ordonnées les ampères. Il s’agit de connaître à chaque moment la quantité de coulombs produits parla pile. L’appareil trace une courbe dont les ordonnées donnent le nombre de coulombs cherchés.
- Nous pourrions trouver une grande quantité d’applications analogues.
- Le principe de l’appareil est celui qui a été déjà décrit dans Lz Lumière électrique et appliqué notamment, par MM. C. V. Boys et Mestre. On en trouvera les descriptions détaillées dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences (*).
- Nous n’insisterons donc pas sur la théoiie de cet instrument, et nous décrirons simplement les détails de sa construction.
- DESCRIPTION MÉCANIQUE DE L’APPAREIL
- La figure ci-après représente cet appareil.
- Une règle en fer en I parallèle à l’axe des X, se fixe sur la planche à dessiner. Elle porte une rainure longitudinale sur la face supérieure. Dans cette rainure peuvent rouler deux galets portant, au milieu de la pièce qui les réunit, deux règles en laiton en forme de T, parallèles entre elles, et per-
- (>) Comptes rendus, 21 février 1881, 7 mars 1881, 20 mars 1882, 27 novembre 1882 et 14 septembre i885.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- pendiculaires à la première, ou parallèles à l’axe des Y.
- Entre ces deux règles, deux chariots peuvent se mouvoir. Le premier, le plus près de l’axe des X, porte une pointe A, destinée à suivre le contour de la courbe que l’on veut intégrer. Le second, placé plus loin, est muni à son centre d’un tire-ligne A' dont la pointe est guidée par deux roulettes équidistantes R, R', roulant sur le papier de ma-
- nière à avoir leur plan parallèle à une droite donnée et ayant toujours une direction telle que la tangente de son angle avec l’axe des X soit constamment proportionnelle à l’ordonnée de la courbe primitive.
- Les deux chariots sont rendus très mobiles en remplaçant le frottement de glissement des axes par celui de roulement, et à cet effet, les extrémités des axes des roulettes qui les supportent et les
- guident, sont amincies et roulent sur la surface plane des échancrures ménagées pour cela dans les faces latérales en acier des chariots, pendant que la circonférence de ces roulettes roule dans des rainures pratiquées tout le long des deux fers en T. v Ces fers en T sont portés, d’un côté, par les galets roulants dans la rainure du fer en I, et de l’autre, par un galet unique roulant sur le papier. Perpendiculairement à l’une de ces barres est fixée une règle divisée par un point de laquelle passe continuellement entre deux petits galets une troisième règle dont l’extrémité tourillonne sur la pointe A du premier chariot.
- Lorsque la règle divisée est placée sur l’axe des X et que la pointe A de ce chariot suit le contour de la figure que l’on cherche à intégrer, la tangente de l’angle que fait la règle inclinée avec l’axe des X est proportionnelle à l’ordonnée de la figure.
- C’est parallèlement à cette règle que doivent se mouvoir les galets R, R' et le tire-ligne A' du second chariot.
- Pour obtenir ce parallélisme, on emploie un parallélogramme déformable, constitué de la façon suivante :
- Deux roues d’engrenage de même diamètre et formant treuil, sont fixées sur la règle qui aboutit à
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- la pointe A du premier chariot, et leur ligne des centres est parallèle à cette dernière.
- Le second chariot porte aussi deux tambours également égaux en diamètres à ceux des treuils des roues dentées précédentes ; ils sont fixes et leur ligne des centres doit rester constamment par-rallèle à la ligne des centres des treuils à engrenages, et, conséquemment, à la droite qui passe par la pointe A.
- Ce paralléllisme est obtenu au moyen d’un faible ressort en acier ou d’un fil de soie passant sur les quatres roues précitées dont lçs deux premières, à engrenage, le maintiennent toujours* tçndu à l’aide d’un ressort à barillet situé au centre de l’une d’elles.
- Le tranchant des roulettes R, R' du second chariot empêche celui-ci de céder à la traction de ces fils, ne lui permettant ainsi de se mouvoir que dans la direction de lèur plan. ! !
- On voit par ce système que deux des côtés du parallélogramme • peuvent s’allonger ou se raccourcir par le déroulement ou l’enroulement des fils de soie sur lés treuils des deux roues dentées, qui, engrenant ensemble, n’en laissent échapper qu’une même quantité sur les deux brins.
- On voit que dans ce système, l’intégration se fait en forçant le tire-ligne à suivre une certaine direction, par conséquent la courbe ne dépend pas des dimensions des différentes parties de l’appareil.
- B. Marinovitch.
- TÉLÉGRAPHIE PAR INDUCTION O
- On semble enfin parvenu en Amérique à communiquer télégraphiquement et d’une manière pratique avec un train en marche, c’est-à-dire à y envoyer et à en recevoir des dépêches.
- Le système dû à M. Phelps est basé sur les courants d’induction qui naissent dans un conducteur, lorsque des courants sont établis et interrompus dans un conducteur voisin placé parallèlement.
- Les essais ont été faits sur le chemin de fer entre Harlem Bridge et New Rochelle N. Y. et paraissent avoir bien réussi; le nom de M. Phelps donne d’ailleurs une certaine importance à ces essais.
- Voici en quoi consiste le système. Au milieu des rails (voir fig. i) est placé horizontalement un conducteur F bien' isolé, tandis qu’autour du "wagon renfermant le poste télégraphique, comme autour d’une grande bobine est enroulé longitudinalement un fil de cuivre, de manière que ses spires inférieures soient, pendant toute la longueur
- (•) The Journal of lhe Franklin Institut, n° 717, vol. CXX.
- du wagon, parallèles au fil fixé entre les rails, et en soient séparées par une distance aussi faible que possible, tandis que les spires supérieures doivent s’en éloigner le plus possible et passent par-dessus le toit du wagon. Dans ce circuit est placée une batterie de 4 à 6 éléments qui, au moyen d’une clef spéciale, permet de lancer des courants de sens contraires dans le fil. Parla naissance, la disparition et l’inversion de ces courants naissent, dans le fil placé au milieu des rails, des courants induits
- FIG. I
- qu’on peut employer de différentes manières pour communiquer avec les stations.
- Comme ces courants sont très faibles, on les fait passer à la station d’arrivée, dans un relais très sensible, système Phelps (fig. 2) qui actionne, au
- FIG. 3
- moyen d'un élément de pile, un parleur télégraphique.
- Il est évident que le système est réversible, c’est-à-dire que les signaux envoyés dans la ligne placée entre les rails sont reçus de la même manière dans le wagon au moyen d’un relais Phelps.
- La réception des dépêches dans les stations intermédiaires se fait d’une manière analogue à leur réception dans les wagons; c’est-à-dire que ces stations possèdent un circuit local dans lequel les courants de la ligne induisent des courants secondaires reçus par les appareils, de la même manière que dans le cas précédent (voir fig. 4).
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- On peut remplacer les relais par un téléphone ; dans ce cas la sensibilité est accrue à tel point que l’on peut entendre dans le téléphone les dépêches envoyées par un train circulant sur une voie parallèle à celle munie d’un conducteur central; la distance entre le courant inducteur du wagon et la ligne est alors de 3 à 4 mètres.
- La figure 3 montre le schéma des communications sur le wagon ; la figure 4 celles d’une station intermédiaire.
- L’utilité du système n’est pas discutable; en effet, par cemoyen, le chef d’une section peut savoir à chaque instant où se trouve le train qu’il attend; il peut lui signaler un danger ou l’arrêter sur un’ point quelconque de son parcours; beaucoup de collisions auraient pu être évitées de cette manière.
- D’un autre côté, les conducteurs du train peuvent prévenir la station d’un accident qui leur est arrivé, de sorte que tout peut être préparé à l’avance à la station, pour réparer le dommage, lorsque le train arrive ; on peut se porter à son secours s'il a été arrêté.
- Si le conducteur, dont ds est un élément, a une longueur L, la différence de potentiel aux extrémités sera
- — — r dt’
- et si, comme c’est ici le cas, le fil revient nfce fois sur lui-même,
- znLdi r dt’
- Le courant induit sera donc, si R est la résistance de son circuit y compris le relais :
- T__AP___2iiLdi
- 1 R rR dt’
- Si la résistance du relais est R' et celle d’un tour de fil R", nous aurons :
- T__ 2«L di
- r(R' 4-mR*) dt*
- FIG. 4
- Le coût de l’installation n’est pas très considérable; la pose du fil isolé entre les rails coûte environ le double de celle d’un fil aérien ; les appareils du wagon et de la station, ensemble, environ 100 dollars, c’est-à-dire 5oo francs. On peut se rendre facilement compte, par le calcul, de l’intensité des courants induits obtenus par ce système et, par conséquent, de la sensibilité des relais à employer et de l’intensité à donner au courant inducteur ou primaire.
- Supposons,en effet,un petit élément ds de conducteur placé parallèlement àun fil indéfini,à une distance r; supposons que le courant change dans la ligne
- indéfinie, et soit ^la dérivée du courant prise par rapport au temps ; nous aurons :
- où dP indique la différence de potentiel induite entre les extrémités de ds par la variation jt du courant primaire.
- D’un autre côté le courant i' induit dans la ligne par un courant P lancé dans le circuit du wagon sera :
- 2hL dV
- ‘ “(Ri+P)rdt* W
- où p est la résistance de la ligne et R4 celle de son relais.
- La quantité d’électricité totale écoulée par le relais du wagon sera, d’après l’équation (1), lorsque le courant de la ligne aura varié de o à i :
- o— 2«L Cj-^~r(R'+MR»Ko dl~rfR'-t-z/R")
- (3)
- De même, la quantité totale d’électricité induite dans la ligne, lorsque le courant dans le fil du wagon varie, de o à I' est, d’après l’équation (2) :
- Q'=
- 2«L
- (R|+P)r
- I'.
- (4)
- Appelons E' la force électromotrice de la batte-terie du wagon etE, celle de la batterie à la station ;
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- nous aurons, ; R'j et R& étant leurs résistances respectives :.
- Q
- 2>»L________E
- rfK' + wR'') (p + Rj)
- (£)
- 0,_ _______E'
- V -(R,4-p)r(»;R"+R,i)'
- (6)
- NOUVELLES ANALOGIES ENTRE
- LES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES
- Deuxième article (Voir le numéro du 5 septembre i885). ANNEAUX HYDRODYNAMIQUES
- Prenons maintenant les nombres suivants pour les constantes : L = longueur du wagon = i.ooo centimètres, n — i.ooo tours de fil de
- 2 millimètres de diamètre. La longueur par tour sera d’environ 24 mètres ; donc la résistance par tour R" = environ o0hm,i2,
- Soit :
- R" = 100 ohms.
- r— 20 centimètres (Essais entre Harlem Bridge et New Rochelle N.Y.);
- P = 100 ohms ;
- R, — 100 ohms.
- Pour batterie, nous prendrons 6 éléments Leclan-ché en série, donc :
- E= E' = 8 volts;
- R* = Rj = 6 ohms.
- En remplaçant dans la formule (5), nous aurons, en unités absolues :
- 0_________2X1000X1000X8X10»_______
- 20(100-}-1000x0, i2;io9x(ico-}-6)io3
- 16 10*1 . _D
- — 466,4 10ïi—3>44X1° >
- c’est-à-dire : 3,44 à io-8 coulombs.
- Et de la formule (6), toujours en mesures absolues :
- , 2X1000X1000X 8X10» _9
- ^ 200X2û(iœ 0X0,12+6) IO*8 >2Xl° •
- soit en coulombs : 3,2 X 10—8.
- Les relais doivent donc être suffisamment sensibles pour pouvoir être mis en mouvement par
- 3 centièmes de micro-coulombs, sans que leur résistance dépasse 10 ohms.
- Par ces formules il est facile de voir quelle influence ont les différents facteurs qui entrent en jeu, tels que les constantes de la batterie, la résistance du fil et des relais, le nombre de tours de fil, etc., etc.
- Il est évident que si, au lieu d’interrompre et de rétablir simplement le courant, on l’inverse, les courants induits sèront doublés.
- W. Cam. Rechniewski.
- a. Anneaux carrés. — Mes premières expériences ont été faites avec des tubes métalliques
- FIG. 7. — a. ‘anneau hydraulique obtenu avec des tubes
- A SECTION CARRÉE.
- (laiton, fer-blanc) à section carrée, de 5 à g milli-
- FIG. 7. — b. ANNEAU HYDRAULIQUE OBTENU AVEC DES TUBES A SECTION CARRÉE»
- mètres de côté et de oram,2'àj millimètre d’épais-
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- ♦ I
- LTÆ lumière èlectrique
- seur. Le mode d’emploi est le même que celui des
- anneaux conservent sensiblement la forme circu*
- FIG. 7. — C. ANNEAU HYDRAULIQUE OBTENU AVEC DES TUBES A SECTION CARRÉE.
- tubes cylindriques pour les anneaux circulaires.
- ' FIG. S. — SECTIONS DE TUBES POUR LES ANNEAUX
- . ... _ DE FORMES DIVERSES. . .
- Tant que la hauteur de chute du liquide avec les
- FIG. 9. — a. ANNEAU HYDRAULIQUE OBTENU AVEC DES TUBES
- TRIANGULAIRES.
- J
- tubes carrés reste supérieure à om,o4 ou om,o5, les
- V.v
- FIG. 9. — b. ANNEAU HYDRAULIQUE OBTENU AVEC DES TUBES
- TRIANGULAIRES.
- laire et ne présentent rien de particulier. Mais pour
- FIG. g.' — C, ANNEAU HYDRAULIQUE OBTENU AVEC DES TUBES
- TRIANGULAIRES.
- des chutes basses de om,oi et même de om,ooi, il se
- FIG. 9 bis. — a, b. ANNEAUX DE FORME HEXAGONALE
- produit des effets inattendus. La figure de projec-
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- tion .présente d’abord à son centre un anneau carré à peu près égal à la section du tube en expérience. 'Au milieu de ce carré, quelquefois vide, se dessine
- FIG, 9 bis. — d. ANNEAU DE FORME ELLIPTIQUE.
- ordinairement, pour les chutes très basses, une étoile en forme de croix de Malte, dont les bra^
- FIG. 9 bis. — e. ANNEAU DE FORME ELLIPTIQUE.
- correspondent aux milieux des côtés du carré; ces bras sont d’autant mieux marqués que le tube est plus large; le second anneau, carré aussi, éloigné du premier de om,o2 à om,04, selon la hauteur de chute, a ses côtés opposés aux pointes du carré et ses angles arrondis (fig. 7: b,c.)
- L’expérience qui montre le mieux ces effets consiste à abaisser verticalement le tube jusqu’à ce
- FIG. 10 — a, ANNEAU DE FORME POLYGONALE OBTENU PAR soufflé.
- que son extrémité, ou plutôt la goutte qui le termine, arrive au contact de la couche d’eau de la
- FIG.
- IO. — tj bANNEAUX DE FORME POLYGONALE OBTENUS PAR SOttfflé.
- plaque de projection. Alors, en laissant écouler subitement le liquide du tube, la figure qui en
- FIG. IO. — C. ANNEAU DE FORME POLYGONALE OBTENU PAR SOltfjlé.
- résulte montre exagérées les diminutions du deuxième et surtout du troisième anneau (fig. 7: c). Le liquide en s’écoulant produit par les angles des jets en formes de flammes, de fleurons ou d’ai-
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- grettes, remarquables par leur symétrie et leur variété.
- On pourrait croire, en voyant les formes allongées des figures, que leurs pointes extrêmes correspondent aux angles des tubes; mais c’est l’in-
- verse : lorsque le tube est très rapproché de la plaque de verre, et qu’on laisse écouler le liquide, on voit nettement celui-ci s’échapper par les côtés
- FIG. lO. — C". ANNEAU DE FORME POLYGONALE OBTENU PAR SOUjjU,
- bien plus que par les angles. D’ailleurs, en remarquant la position des tubes au moment de l’expérience, on peut convenir de le placer toujours ayant ses côtés parallèles à ceux de la plaque de projection (fig. 7 : b,c).
- Pour réussir dans ces expériences, il faut employer une faible colonne liquide tombant d’une hauteur moindre que om,oi.
- ë. Anneaux triangulaires, rectangulaires,polygonaux, elliptiques, etc. — Ce qui vient d’être dit, en général, des anneaux carrés, peut s’appliquer aux anneaux triangulaires, polygonaux, etc. Les figures 9 et g bis, qui en représentent les formes projectives, nous dispensent de toute explication.
- L’étoile à trois branches, qu’on voit au centre des anneaux triangulaires, a ses bras perpendiculaires aux côtés du triangle; ce fait est général pour toutes les formes d’anneaux. Les pointes extérieures de la figure polygonale correspondent toujours aux côtés et non aux angles, le liquide s’écoulant plus facilement par les faces que par les sommets.
- A l’égard des anneaux rectangulaires, elliptiques, j’ajouterai une remarque aussi générale, à savoir : que les figures de projection qui résultent de l’emploi de ces sortes de tubes, sont allongées dans le sens des petits axes des tubes, si la résistance du
- FIG. II. — ANNEAUX DE FORMES POLYGONALES OBTENUS PAR aspiré.
- dépôt l’emporte sur la force impulsive, c’est-à-dire, si la chute est basse et le dépôt épais; tandis que l’allongement des figures a lieu dans le sens du plus grand axe, si la chute est élevée et la couche de minium peu épaisse.
- On peut aussi produire des anneaux multiples avec des tubes de forme polygonale quelconque.
- Le soufflé d’air, en se servant des mêmes tubes à section polygonale, donne des effets analogues à ceux du coulé de liquide. Les formes résultantes sont même plus accusées par le courant d’air que par la chute de la colonne d’eau sur la plaque de projection. L’étoile qui se produit dans la partie centrale a toujours ses rayons perpendiculaires aux côtés du polygone de section; mais la matière constitutive de cette étoile est flottante. Au moment de la production de la figure, cette matière est disposée symétriquement. Mais, pour peu que l'horizontalité de la plaque fasse défaut, cette espèce d'écume très mobile, glisse peu à peu et amèhe la dissymétrie. C’est pourquoi il est préférable de la faire écouler pour que sa présence ne nuise pas à la netteté delà figure finale (figure 10: a,b,b’ ,c,c' ,c").
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- 53 j
- Le soufflé de colonnes d'eau donne des effets plus marqués encore; mais les rayons y sont tout à fait prédominants et effacent presque complètement les anneaux.
- Enfin, avec les tubes polygonaux, isolés ou pris 2 à 2 ou 3 à 3, etc., on obtient, par aspiré (l’extrémité inférieure des tubes étant appliquée contre la plaque recouverte de sa couche liquide), des figures qui ont pour caractère distinctif, d’être formées de rayons sinueux naissant de la périphérie et tendant vers le centre attractif.
- Les figures n : a, b, montrent deux types de ces effets particuliers.
- ANNEAUX ÉLECTRO-CHIMIQUES POLYGONAUX
- Après m’êtré servi d’un tube mince en platine auquel j’ai donné successivement diverses formes
- FIG. 12. — FILS ELECTRODES DK FORMES POLYGONALES ËT ANNEAUX ÉLECTRO-CHIMIQUES CORRESPONDANTS.
- polygonales, je n’ai pas tardé à remarquer qu’on obteriait les mêmes résultats avec un fil de ce métal plié comme le périmètre des tubes. C’est donc avec des fils ayant les formes des figures 12 : a, b, c, d, e, que mes expériences ont été faites; les résultats obtenus avec ces fils sont placés au-dessous des formes correspondantes figure 12 : a', b', c', d’, e’.
- Comme pour les anneaux hydrodynamiques, si les distances de l’électrode polygonale h la plaque de projection dépasse une certaine limite (qui dépend de la tension de source électrique employée) les anneaux tendent vers la formç circulaire. Si, au contraire, .l’électrode est suffisamment rapprochée de la plaque, les figures résultantes ont la forme triangulaire, carrée, polygonale, des fils conducteurs. ,
- C. Deciiarme.
- LES PILES ÉLECTRIQUES
- Troisième article. — (Voir les numéros du 18 juillet et dit i«r août i8S5.)
- RÉSISTANCE INTÉRIEURE DES PILES
- Considérations théoriques.— Dans les piles à un seul liquide, comme la pile de Volta, la résistance se compose de la couche de liquide interposée entre les électrodes. Si l’élément a la forme d’un parallélipipède dont les électrodes forment les côtés opposés, on peut déduire la résistance intérieure de la résistance spécifique du liquide à l’aide d’une simple réglé de- trois.'-
- Les bulles d’hydrogène qui se dégagent sur le cuivré, lé platine ou le charbon augmentent toujours la résistance de l’élément. - .
- Cette résistance additionnelle ou résistance au passage est beaucoup plus considérable avec des surfaces lisses et polies qu’avec des surfaces'ru-gueuses : c’est pour cette raison qu’on emploie souvent du platine platiné, c’est-à-dire -du platine sur lequel, on a déposé une mince couche de platine noir pulvérisent.. 1 >
- Il faut donc avant tout connaître la résistance spécifique des liquides.. .
- De.nombreux travaux ont été effectués à ce sujet, parmi lesquels les déterminations deM. Ivohlrausch sont les plus complètes.
- Nous empruntons à cet auteur les résistances spécifiques des liquides qui interviennent le plus souvent dans l’étude des piles.
- L’auteur donne la conductibilité des liquides par rapport au mercure : nous avons converti ces résultats en calculant la résistance spécifique en ohms légaux, c’est-à-dire, la résistance d’un centimètre cube de liquide, le courant entrant par une des faces et
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- sortant par la face opposée, l’ohm légal étant la résistance de imo6 de mercure de imm2 de section.
- Comme M. Kohlrausch donne le plus souvent la conductibilité par rapport au mercure et multiplié par io8, il suffit, pour obtenir la résistance spécifique en ohms de diviser le nombre obtenu par
- M. Kohlrausch dans '° 0 = 9484.
- Voici quelques conclusions générales qu’on peut tirer de ces déterminations.
- A la température de 180 les liquides qui conduisent le mieux ont une résistance spécifique un peu supérieure à 1 ohm, ou sont environ 14.000 fois plus résistants qne le mercure. Les liquides les plus conducteurs sont des solutions convenablement. étendues d’acides azotique, chlorhydrique et sulfurique.
- Parmi les solutions salines, la solution concentrée de chlorhydrate d’ammoniaque est une de celles qui conduisent le mieux : la solution de sel marin a une conductibilité moitié moindre.
- La conductibilité augmente avec la température : pour la plupart,cette augmentation est d’environ
- ^ par degré.
- La conductibilité d’une solution assez concentrée de soude augmente très rapidement avec la température : la conductibilité augmente de—10 à 8o° d’environ cent fois la valeur initiale. A cette dernière température on peut obtenir des lessives de soude aussi conductrices que les acides qui conduisent le mieux. Les solutions de potasse ne présentent pas le même caractère : la conductibilité, au début, plus considérable que les solutions correspondantes de soude, n’augmente pas aussi rapidement avec la température.
- Les solutions neutres de sulfate de zinc sont i5 à 20 fois pins résistantes que les solutions correspondantes d’acide sulfurique.
- E11 général, les substances pures conduisent moins bien que les produits ordinaires, mais cette différence est beaucoup plus tranchée pour des solutions qui conduisent peu que pour celles qui ont une conductibilité plus considérable.
- Dans le cas d’une solution acide, l’inverse a souvent lieu, surtout lorsqu’on prend comme terme de comparaison la densité et que les impuretés consistent en des solutions salines plus lourdes et moins conductrices que la solution acide.
- Les tableaux suivants extraits des travaux de M. Kohlrausch se rapportent à des corps chimiquement purs.
- La solution à tant pour cent signifie la quantité de sel anhydre contenu dans la solution. Par exemple, une solution à 25 pour cent de sulfate de zinc signifie que, sur 100 parties du poids de la solution, il y a 25 de sulfate de zinc, SCP Zn, c’est-à-dire, 75 eau et 25 SCPZn.
- Acide azotique: AzO:;IIO.
- AzO“HO 0/0 POIDS spécifique à 18° environ “Il c *1*. B fl 0 g S Si w <3^ S A;* 0 m r3 rs RÉSIST/ C o® NCE SPÉ n ohms 18® CIFIQUE à 40° DIMINUTION par degré 18° 0/0 .
- 6,32 i,o35 5“ 4 38 3,17 2.43 1 48
- 12,3i 1,071 10 2,54 1,87 1,43 1,43
- 25,00 1,154 '9 1.75 1,31 1,01 1.38
- 3o,95 1,194 23 1/2 1,73 1,29 0,98 1,40
- 37,36 l, 238 27 1/2 1,81 1,34 1,01 1,46
- 49.82 1,320 35 2,22 i.fQ 1.17 i,58
- 62,07 1,387 40,3 2,89 2,03 1,52 1,58
- 86 (acide fumant) 1 i48 47 5,54 à 9° >63 4,99 » ‘>17
- Acide sulfurique : S03HO.
- SO:iHO 0/0 POIDS spécifique ù 180 DEGRÉS Haumé environ RÉSISTANCE spccique en ohms à i8° DIMINUTION de la résistance pour i° 0/0
- 1 22,0 1,12
- 2,5 i ,016 2° 9,25 I, l5
- 5 1 ,o33 4 1/2 4.83 1,21
- 10 1,07 9 2,57 1,28
- i5 1,10 i3 1/2 i,85 i,36
- 20 1,14 18 i,55 i,45
- 25 1,18 22 1,41 1.54
- 3o 1,22 26 i,36 1.62
- 35 1,26 . 3o 1,3g 1,70
- 40 1,31 34 1,48 1,78
- 5o 1 ,zJO 4i 1,86 1,93
- 60 1.50 48 1/2 2,70 2, l3
- 75 1,67 58 6,64 2,91
- Sulfate de zinc : ZnOSO3.
- ZnOSO3 0/0 POIDS spécifique à 18° RÉSISTANCE spécifique à 18° ohms DIMINUTION par degré 0/0
- 5 i,o5 52,1 2,26
- - IO 1,11 3i, 1 2,24
- i5 1,17 24,1 2,29
- 20 1,23 21,5 2,42
- Min. 23,7 1,25 20,87 »
- 25 1,3o 20,9 2,59
- 3o 0/0 1,38 22,6 2-74
- Sulfate de cuivre : Cu OSO3
- S03Cu0 0/0 POIDS spécifique à 180 RÉSISTANCE spécifique à i8h ohms DIMINUTION de la résistance pour 1® 0/0
- 2,5 1,02 92,5 2,14
- 5 1 ,o5 53,3 2.17
- IO 1,11 3i,4 2,19
- i5 M7 23 9 2,32
- 17,5 1,20 21.9 2,37
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 53g
- Sel marin : Na Cl.
- Na Cl o/o POIDS spécifique à 180 RÉSISTANCE spécifique à i8° ohms DIMINUTION de la résistance pour i® 0/0
- 5 1,03 i5.o 2.18
- 10 1,07 7 66 2, i5
- i5 i.ii 6, i5 2,13
- 20 i,l5 5,i6 2,17
- 25 1,19 4.72 2,18
- 26,4 1,20 4,68 2,34
- Potasse caustique : KO HO.
- KO HO 0/0 POIDS spécifique à i8J RÉSISTANCE spéc fique à i8° ohms DIMINUTION de la résistance pour l°o/o
- 4,2 1,04 6,90 1,88
- 8,4 1,08 3,69 1,87
- 16,8 1,16 2,21 1,94
- 25,2 1,24 1,86 2, 10
- Min.29,4 1,29 i,85 2,22
- 33.6 1,33 1,88 2,37
- 42,0 1,43 2,54 2,84
- Chlorhydrate d’ammoniaque AzH* Cl :
- AzH4Cl 0/0 POIDS spécifique à i8° RÉSISTANCE spécifique à 18" ohms DIMINUTION i de la résistance par degré o/o
- 5,01 1,014 10,0 1,95
- 9,90 1.028 5.73 i,83
- 14,98 1,043 3. go 1,69
- 19,71 i,o56 3,04 1,61
- 24,66 1,070 2,57 i,i5
- Soude caustique : NaO HO.
- NaOHO 0/0 POIDS spécifique à 15° RÉSISTANCE spécifique à 15" ohms DIMINUTION pour 1° o/o
- 2,5 i,o3 1,06 9.26 1,95
- 5 5,12 2,02
- IO 1 . IJ 3,22 2, l8
- i5 1,17 1,23 2, QO 2,50
- 20 3,08 3,01
- 25 1,28 3,71 3,70
- 3o 1,34 4.99 4 52
- 35 1,39 6,70 5,54
- 40 1,44 8,70 6,52
- 42 1,46 9,44 6,95
- Influence de ta température sur la résistance électrique d’une lessive de soude caustique à 42,72 0/0. Poids spécifique = 1,4683 à i5°,3.
- Résistance Température en ohms
- 7°
- — 9,3 108
- + 0,07 37,7
- 18,04 9,85
- 42,9 3,07
- 79,i 1,14
- D’après M. Kohlrausch la solution de plus faible résistance est celle qui renferme ào°,i4 0/0, à 180, i5,2 0/0 et à ioo°, environ 26 0/0 de soude caustique.
- Nous extrayons encore le tableau suivant qui donne la densité qui correspond à la résistance minimum pour un certain nombre de substances
- usuelles. Les corps précédés d’un astérisque
- n’ont pas de résistance minimum proprement dite. La résistance diminue continuellement lorsque la densité augmente.
- Résistances mininta à 18°.
- SUBSTANCES 0/0 DENSITÉ à iS" RÉSIS- TANCE spécifique en ohms
- Acide azotique : AzOaHO . . 29,7 1, i85 1,29
- — chlorhydrique : HCl. . 18,8 I ,092 1 3i
- — sulfurioue : SO;lIIO . . 3o,4 I,1224 1.36
- Potasse : KO IIO 28,1 1,274 1,85
- ‘Chlorhy drat0 d’amm. : Az H4 Ci 27 1,078 2,37
- Soude : NaO HO l5,2 1.172 2.85
- ‘Azotate d’argent : AgOAzO3 68 2,18 4 5o
- ‘Chlorure de sodium : Na Cl . 26,4 1,201 4.68
- Sulfate de zinc : ZnOSO3. . . 23,7 1,285 20,9
- * Sulfate de cuivre : CuO SO3 18,1 1,208 21,4
- Ammoniaque : AzH3 5,3 0,977 90,7
- Pour plus de détails, le lecteur est prié de consulter les tableaux de M. Kohlrausch, Annales de Poggendorff, 1875, 1876 et Annales de Wiede-mann, 1879. On y trouve les conductibilités électriques d’un très grand nombre de corps, avec les densités correspondantes avec 4 décimales.
- Lorsqu’on consulte les résistances spécifiques indiquées par les divers auteurs, on constate des différences souvent considérables; ainsi les nombres obtenus par M. Kohlrausch et MM. Ewig et Mac Grégor atteignent des différences de 12 0/0, et les résistances spécifiques déduites des observations de Mathiessen sont presque moitié moindres que les résistances correspondantes trouvées par M. Kohlrausch.
- Comme dans la pratique on ne se sert jamais de produits purs, les résistances sont ordinairement plus faibles, que les résistances indiquées dans les
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 540
- tableaux précédents, mais cette différence, assez considérable pour des solutions faibles, devient beaucoup plus petite lorsqu'on s’approche de la solution qui conduit le mieux : ce sont pourtant
- FIG. I
- ces dernières dont on se sert pour le fonctionnement des piles.
- La méthode dont nous nous sommes servi pour déterminer les résistances spécifiques est celle de
- FIG. 2
- M. Lippmann, telle qu’elle se trouve exposée dans ce journal (janvier, i885, t. XV, n° 2, p. 71) (fig. 1).
- Le tube renfermant le liquide est monté sur une planchette (fig. 2) : le courant de 1 ou 2 petits éléments arrive en A et sort en B, et C,D sont les prises de potentiel décrites dans le même article. Pour jauger ce tube, on le remplit de mercure pour déterminer la résistance. Cette opération est assez délicate, car la résistance est faible.
- Les liquides qui conduisent le mieux sont au moins 10.000 fois plus résistants que le mercure; donc si l’on construit un tube qui, rempli de liquide, aura une résistance de 100 à 2.000 ohms, la résistance de ce tube rempli de mercure ne sera que de o0hm,oi ; comme on le sait il est assez difficile de déterminer exactement ces faibles résistances. Au lieu de jauger le tube avec du mercure, on peut le jauger avec un liquide dont la résistance spécifique est bien connue, par exemple, avec une solution concentrée de sulfate de zinc.
- Si on a une résistance faible et bien connue à sa disposition, on peut faire la comparaison, par le pont double de M. Thomson, et, de cette façon on obtient une approximation très suffisante.
- C’est ainsi que nous avons trouvé pour la résis-tadce du tube rempli de mercure o°h,",oi2, par comparaison avec un étalon de oühm,oi.
- A l’aide de ce tube, il est facile de prendre un grand nombre de mesures dans très peu de temps, car il suffit de rincer le tube avec la solution même qu’on veut étudier et de le remplir. Pour constater que la solution est pure, on peut faire la mesure plusieurs fois de suite et s’assurer qu’on trouve le même nombre.
- Dans le cas qui nous occupe la résistance du tube rempli de liquide varie de 200 à 4.000 ohms, ce qui est un nombre convenable pour faire les mesures avec un degré considérable d’approximation.
- Les différences de potentiel sont prises à l’aide d’un électromètre capillaire : on peut employer la réduction à zéro, mais cette disposition qui complique l’expérience n’est pas nécessaire. Il suffit de compenser par la pression et de constater que l'électromètre ne varie pas par la substitution delà résistance sur la boîte à la résistance liquide.
- Revenons maintenant à la résistance intérieure des piles. Examinons d’abord les cas de la forme cylindrique avec uu seul liquide. Ce cas est intéressant, car il va nous permettre de décider si dans les piles ordinaires, il vaut mieux mettre le zinc à l’extérieur ou à l’intérieur, question qui a été souvent agité.
- Dans le modèle primitif de la pile Bunsen, le charbon est circulaire et se trouve à l’extérieur : le cabinet de physique de la Sorbonne possède encore une pile d’environ 600 de ces éléments. Dans ce modèle, le charbon est d’une fabrication assez difficile et les contacts se détruisent souvent par les vapeurs acides. Dans le modèle actuel, le charbon est intérieur mais nous avons rencontré dans des Expositions récentes des piles où le charbon, sous formes de plaques reliées par des pièces métalliques, se trouve de nouveau à l’extérieur.
- Pour l’élément Daniell, on a aussi souvent changé la position du cuivre : les uns le mettent à Texte-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 541
- j r :<ï') \
- \ r
- Fie. 3
- rieur, les autres à l’intérieur; dans l’appareil simple employé en galvanoplastie, le zinc se trouve toujours à l’intérieur.
- Cette question mérite donc d’être étudiée théori-
- ________________ quement tant au
- point de la résistance intérieure, qu’au point de vue du débit de la pile. Considérons d’abord le cas de deux cylindres concentriques renfermant un seul électrolyte. Soit p la résistance spécifique de ce liquide et h la hauteur du cylindre, la résistance d’une couche de liquide d’épaisseur dr, comprise entre deux cylindres concentriques distants de dr sera (fig. 3 et 4)
- dr
- p 2r.hr'
- Ce qui donne en intégrant, entre les limites a et b, rayons des cylindres intérieurs et extérieurs,
- R = —L lognép - = 2,3 —!’ log
- 2r.h a 2tch 8 a
- Il faut exprimer h en centimètres.
- Pour vérifier cette formule, nous avons employé
- des cylindres de zinc amalgamé et comme électrolyte, une solution de sulfate de zinc, dont la résistance spécifique a été trouvée égale à
- 660hm9,i.
- La hauteur du liquide était8cm,8.
- Le diamètre du cylindre extérieur Fin. 4 égal à 60hn:",77.
- Nous avons employé deux cylindres intérieurs ayant pour diamètres l’un 3'“,g3, l’autre ocm,86.
- Les résistances calculées d’après la formule précédente sont ainsi
- R = o°,im,65 et R' = 2oI,i»,45.
- Tandis que les résistances mesurées directement ont été trouvées
- oo>™,6f'-> et 2»’lm3,40.
- La résistance augmente donc rapidement, à mesure que le diamètre du cylindre intérieur diminue. On s’explique ainsi facilement ce fait observé par
- Daniell : lorsqu’un des pôles est formé par un fil de zinc de faible diamètre, l’intensité de la pile augmente très peu lorsqu’on augmente le diamètre extérieur. Soit en effet le diamètre extérieur, 20 fois plus grand que le diamètre du fil ; le facteur sera : log nép 20=3 et si on double le diamètre du cylindre extérieur, ce facteur deviendra : log nép 40=3,6. La résistance n’aurait donc augmenté que de 20 pour cent en doublant la surface extérieure de l’élément. On voit donc que le diamètre ou, ce qui revient au même, la surface du pôle intérieur ne doit pas être trop faible.
- Traitons maintenant le cas de deux solutions concentriques de résistances spécifiques différentes, p et p' ; on trouve, en désignant par c le rayon de cercle de séparation.
- w R=2-fr;,ognép5+^ l0^c-lognép Câ +f/ lognép recherchons d’abord, dans le cas où p et p' sont différents, laquelle de ces solutions il faut mettre à l’intérieur pour avoir la plus faible résistance. Lorsqu’on met la solution p' à l’intérieur, la résistance devient
- (2) R' = ^ (p'iogncp ^+plognép^).
- On voit de suite qu’on a
- c b c b
- R=R', si, log - =Iog - d’où-=-,
- ’ 8 a 0 c a c
- c’est-à-dire c — \Jab.
- On trouve donc ce résultat curieux :
- Lorsque le rayon de séparation est la moyenne géométrique entre les rayons des deux cylindres, il est indifférent de mettre la solution la plus conductrice à l’intérieur ou à l’extérieur, la résistance totale seratoujoursla même. Mais,lorsque cette condition n’est pas satisfaite, c’est-à-dire lorsque
- c ^ <J7b, la formule indique qu’il faut mettre la solution la plus conductrice du côté où la distance est lé plus considérable, ce qui est évident.
- Dans le cas réel, où le cercle c est formé par un diaphragme de rayon c et c' et. de résistance spécifique p, on aura
- R = (p lognép C- -bp, lognép^- + p' lognép p).
- Tant que le terme p' lognép - ne change pas,
- la conclusion précédente a lieu.
- Il faut donc nous occupermaintenant de la Résistance des diaphragmes.
- II n’est pas bien difficile de déterminer ces résistances dans chaque cas, mais comme elles dépendent naturellement de la nature du liquide, on ne
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- peut pas tirer de grands renseignements de ces déterminations. On pourrait supposer que la résistance du diaphragme se déduit simplement de la porosité de la substance et de la résistance du liquide en question. Soit p le poids du liquide absorbé, p' le poids du volume correspondant occupé par le liquide, la résistance spécifique aurait augmenté dans le rapport de p' à p. Voici quelques mesures prises à ce sujet. La résistance d’une plaque poreuse de porcelaine de 4 millimètres d’épaisseur moyenne et d’une surface de 5ioni,2g, imbibée d’eau acidulée, de résistance spécifiques égal à 20hm,34 a été trouvée égal à oohIH,20. La densité de cette eau acidulée étant de 1.134, le poids du volume occupé par la plaque était 51,2g X 0,4 X i.i34 = 23b',25. Or cette plaque pesait 2Ôsr,83 à l’état sec et imbibée de liquide, 3ier,4o. Elle avait donc absorbée 4er,57 et à l’intérieur de la plaque, le liquide était dilué dans le rapport de 4B',57 à 23e',25, ou de 1 à 5 à peu près.
- La résistance spécifique du liquide étant 20hms,34, la résistance de la colonne de liquide occupée par
- la plaque serait 2357^°~o0"m,° 18. Si la résistance était augmentée dans le rapport de 1 à 5 elle serait 0,018 X 5 = o°"m,og, tandis qu’elle est en réalité o0lim,20, ou un peu plus du double.
- Avec d’autres plaques et d’autres solutions, nous avons trouvé des conclusions analogues; le rapport oscille ordinairement entre les nombres 25 et 10; c’est-à-dire que, pour tenir compte de la résistance du diaphragme, il faut multiplier l’épaisseur de la plaque poreuse par 25 ou 10, et supposer le liquide partout homogène. Par exemple, une plaque poreuse de 4 millimètres d’épaisseur introduite dans un liquide, fera le même effet que si, après avoir ôté la plaque, on la remplaçait par une couche de liquide d’une épaisseur de 100 à 40 millimètres. Voici d’ailleurs une observation faite sur un élément Bunsen : la résistance intérieure était de o°”m,o8 , et la résistance spécifique des acides de iohm,g. La hauteur du liquide était de 17 centimètres, et les rayons moyens de zinc et de charbon 10 centimètres et 3 centimètres. En calculant, d’après la formule
- R = ^lognéPf-
- on trouverait R = o0,im,o25, et comme la résistance trouvée est de o°"m,o8, il reste o0hn,,o55 pour celle du vase poreux. L’épaisseur du vase poreux est de 4 millimètres environ. Multipliant cette épaisseur par 20y, on aurait 80 millimètres ou 8 centimètres, et on trouverait pour la résistance o0hm,o5, ce qui est sensiblement le nombre trouvé par l’expérience. Dans ce cas, le vase poreux intervient donc comme une résistance d’une épaisseur vingt fois aussi considérable. Ordinairement, la résistance diminue
- après un certain temps d’usage, et il est plus avantageux d’employer des vases poreux ayant déjà servi que des vases neufs.
- Nous terminerons ce sujet, par une expérience relative à la résistance des deux surfaces cylindriques séparées par un diaphragme également cylindrique. Les cylindres étaient en zinc amalgamé, et le liquide une solution faible de sulfate de zinc, dont la résistance spécifique a été trouvée égale à 660,im,i.
- La hauteur du liquide égale 8cm,8.
- Le diamètre de cylindre extérieur a 6cm,77 et les deux cylindres intérieurs, successivement :
- 3cm,g3 et oCIU,86.
- Les résistances mesurées directement ont été trouvées
- oohm,66 et 2o!lms,40.
- L’interposition dans les deux cas d’un vase poreux donne pour les nouvelles résistances
- iol,m,34 et 3üllms,io.
- ce qui donne pour la résistance du vase poreux
- Ooiim,68 et oohm,70.
- On voit que dans le deuxième cas, l’interposition de vase poreux n’augmente la résistance que de i/3, tandis que dans le premier cas la résistance est double. C’est une circonstance sur laquelle nous revendions, car elle a une certaine importance dans les applications.
- De ce qui précède, on peut tirer quelques conclusions générales sur la disposition qu’il faut donner aux éléments pour obtenir le maximum d’effet, mais comme il faut, d’autre part, tenir compte de la polarisation des électrodes, nous ferons des discussions lorsque nous nous occuperons de chaque genre de pile en particulier.
- P.-H. Ledeboer.
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE (»)
- LA TÉLÉGRAPHIE
- Outre ses applications ordinaires, le télégraphe est employé en Amérique dans un grand nombre de cas particuliers.
- Parmi ces formes spéciales de la télégraphie, nous citerons d’abord le télégraphe des cours de Bourse (Gold and Stock Telegraph) destiné à trans-
- (4) Voir les précédents numéros depuis le 4 juillet i885.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 543
- mettre à un grand nombre d’abonnés à la fois, soit les cours de la Bourse, soit ceux de différentes denrées.
- La Compagnie qui exploite ce système a pris son origine dans l’invention, faite par M. Edouard Calahan, d’un télégraphe imprimeur ayant pour but la transmission des cours de plusieurs bourses de New-York; elle a pris ensuite une grande exti nsion, en raison d’arrangements faits avec la Western-Union.
- Voici comment fonctionne le système : des reporters se trouvant dans les differentes Bourses et Marchés, envoient télégraphiquement les cours à un bureau central ; ces informations sont classées et transmises à divers employés de ce bureau chargés d’envoyer aux abonnés, par exemple, l’un, les cours de la Bourse, l’autre les cours des farines, un troisième celui des huiles, etc. Les appareils employés dans ce cas sont des imprimeurs à deux fils de différents systèmes; chacun d’eux est placé sur une ligne principale qui se divise ensuite en autant de lignes dérivées qu’il y a d’abonnés. Les lignes sont équilibrées au moyen de résistances, de sorte que le courant se partage également entre elles et que tous les abonnés d'un même groupe reçoivent les mêmes informations.
- L’usage de ce genre de télégraphe est tellement répandu en Amérique qu’il n’est guère de négociant n’ayant pas au moins un récepteur dans son bureau, souvent même on en trouve deux, trois et plus.
- Une autre application particulière de la télégraphie est son emploi pour l’appel des commissionnaires. La Compagnie principale qui, à New-York, exploite ce système, est l'American District Tele-graph Company.
- Chez chaque abonné se trouve une boîte de petites dimensions constituant un transmetteur automatique qui, par le simple mouvement de la manivelle, envoie au bureau central le numéro de l’abonné, un commissionnaire est aussitôt envoyé à l’endroit indiqué, avec un bulletin sur lequel celui qui l’emploie doit écrire les indications nécessaires au contrôle du service. Les commissionnaires sont le plus souvent des enfants, mais, quelquefois aussi, des hommes faits.
- Les Compagnies de télégraphe elles-mêmes ont adopté le système du District Telehraph pour faciliter l'envoi des dépêches à leur bureau ; moyennant une feuille de rétribution, on peut avoir chez soi une boîte d’appel que l’on manoeuvre lorsque l’on désire envoyer une ou plusieurs de pêches. Un employé de bureau télégraphique va aussitôt prendre à domicile les télégrammes de l’abonné qui a appelé.
- La télégraphie est encore employée pour pro-
- téger les habitations ou magasins contre les voleurs. Nous ne voulons pas ici parler des installations intérieures très simples, à l’aide desquelles l’ouverture d’une porte ou d’une fenêtre fait sonner dans la maison même une cloche d’alarme en indiquant sur un tableau la porte ou la fenêtre qui a été ouverte : là, l’éveil est donné aux habitants mêmes de la maison, mais on a été plus loin, il s’est formé des sortes de bureaux de protection qui, pendant l’absence de leurs abonnés, sont reliées télégraphiquement au réseau intérieur des portes et fenêtres et, dès qu’une de celles-ci est ouverte, sont avertis par une sonnerie en même temps qu’ils reçoivent l’indication du numéro de l’abonné. Une double clef de la maison a été préalablement déposée au bureau central dans une enveloppe cachetée et numérotée ; on s’en saisit aussitôt et l’on se rend chez l’abonné pour s’assurer de la cause de l’appel et arrêter les voleurs s’il y a lieu.
- La communication entre les maisons particulières et le bureau central est encore employée d’une façon différente dans certains cas. L’appel est alors fait directement par l’abonné lui-mème ou quelqu’un de sa famille. Supposons, par exemple, une femme qui se trouve seule dans sa maison, par suite d’un voyage de son mari; au milieu de la nuit, elle entend du bruit et a tout lieu de supposer que des malfaiteurs se sont introduits dans l’habitation. Son premier soin est de verrouiller la porte de sa chambre, puis elle envoie un signal au bureau. Munis de la double clef, les employés accourent ; quand tout est rentré dans l’ordre, ils avertissent la maîtresse de la maison et s’éloignent en fermant la porte à double clef. Un pareil système semble assurer une sécurité parfaite ; il ne paraît pas pourtant en être tout à fait ainsi, du moins suivant un Américain quelque peu sceptique qui nous disait à ce sujet : « Il reste encore un danger, c’est d’être Volé par les employés mêmes du bureau ».
- Nous avons encore à signaler la façon dont la télégraphie est employée sur la plupart des lignes de chemins de fer. Il y a aux Etats-Unis, sur une grande étendue de terrain, il est vrai, près de sept cents Compagnies de chemins de fer; il est bien peu de ces Compagnies qui emploient les appareils électriques de sûreté; on les rencontre principalement sur les lignes de la Pennsylvania Railroad Company dont le réseau est le mieux organisé. Les quelques systèmes employés ont été décrits avec détails dans les articles de notre collaborateur Cossmann ; nous n’y reviendrons pas. Mais sur la plupart des réseaux, souvent les lignes n’ont qu’une seule voie ; il n’existe aux stations que les signaux ordinaires à main indiquant si la voie est libre. Le réseau est alors contrôlé par un employé spécial
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- appelé train dispat cher: Ayant en sa possession le tableau de la marche des trains sur les . différentes lignes qui le concernent et étant renseigné dès qu'il se produit un retard ou un accident, le train dispatcher peut envoyer des ordres sûrs aux conducteurs de train. Si, par exemple, un train est garé à une station donnée, pour en laisser passer un autre et que le dispatcher soit avisé d’un retard de plusieurs heures, chez ce dernier, il pourra donner à l’autre l’ordre de continuer sa route jusqu'à un point déterminé.
- Un conducteur dans l’embarras consultera immédiatement l’employé en question et agira suivant ses ordres. Pour donner une idée des difficultés que le dispatcher a parfois à résoudre, nous relaterons un fait dont nous avons été témoins, notre collaborateur Duché et nous. Nous allions de la Nouvelle-Orléans à New-York et, comme cela est indispensable pour un si long trajet, nous voyagions en wagon-lit. Arrivés à Chattanoga, il y avait un arrêt ; notre wagon-lit devait rester en gare et nous devions en prendre un autre, amené par un train venant dans une direction à peu près perpendiculaire à la route que nous suivions. L’heure du départ arrivée, le second train n’avait pas paru, il n’y avait pas de wagon-lit pour nous emmener plus loin. Le conducteur du train ne savait s’il devait différer son départ ou partir quand même en nous laissant, nous et quelques autres personnes, dans l’alternative de rester à Chattanoga ou de continuer notre route en wagon ordinaire, ce qui est fort peu confortable pour la nuit. On consulta alors le dispatcher et voici comment les choses furent arrangées : nous montâmes en wagon ordinaire jusqu’à une station peu éloignée nommée Cleveland, où on s’arrêta ; d’autre part le train attendu ayant un retard notable, on ne le laissa pas aller jusqu’à Chattanoga, qui était sa destination ; on l’arrêta à une station située avant cette ville et reliée par une voie ferrée à Cleveland, que le train rejoignit par cette voie; il avait pris un chemin de traverse.
- Nous terminons cet article en indiquant,les prix que les abonnés ont à ;payer pour les différentes applications de la télégraphie. Pour les télégrammes ordinaires expédiés la plupart du temps par la «Western Union», on ne fait pas payer l’adresse (*) ; le taux est établi pour dix mots et chaque mot additionnel se paye en plus. Ce sera par exemple, pour une distance donnée, 25 cents pour les dix premiers mots et 2 cents pour chaque mot èn plus. Cela s’écrira en abrégé 25+2. Les prix augmentent avec la distance de la façon suivante : 25 -j- 2; 3o +2; 35-f2; 40 -f- 3; 453; 5o -}- 3 ; 60 -j- 4; 75 —(- 5 ; 100 —(- 7 ; ce dernier
- (') Excepté pour la télégraphie sous-marine.
- taux est le plus élevé. Ce sont là les prix pour les télégrammes de jour. Mais il existe en outre des télégrammes de nuit que l’on écrit sur papier rouge ; ces télégrammes, quelle que soit l’heure à laquelle on les dépose au bureau dans la journée, ne sont remis au destinataire que le lendemain matin ; mais leur envoi ne coûte que les deux tiers environ du prix des télégrammes ordinaires. Outre les prix que nous venons d’indiquer, il y a quelquefois des tarifs spéciaux, par exemple, entre les chambres de commerce de Chicago et de Milwaukee, c’est-à-dire pour une distance de 85 milles, le prix est de 10 -]- 1 et il est quelquefois descendu jusqu’à 5 -)— 1. Entre deux points reliés par les lignes de plusieurs Compagnies, comme il y a concurrence, les prix sont généralement abaissés, mais ils sont les mêmes pour toutes les Compagnies rivales.
- Les prix du service des commissionnaires varient naturellement suivant les villes.
- A Chicago, où le service appartient à la Société des téléphones, les courses sont taxées suivant le chemin parcouru; les prix vont depuis 10 cents jusqu’à 1 dollar et plus. Une fois par mois, les bulletins de contrôle sont renvoyés à l’abonné avec sa facture et, si le montant de celle-ci ne s’élève pas à 1 dollar, l’abonné est obligé de compléter cette somme..
- Dans la même ville, pour être relié au bureau pour la protection contre les voleurs, bureau qui appartient également à la Société des Téléphones, l’abonné paye son installation et un tant pour cent en plus; en outre, chaque jour de service effectif est compté 1 dollar.
- Pour les indications de Bourse et l’envoi des cours de denrées, les prix sont distincts entre les catégories d’abonnés. Les banquiers payent 5 dollars par semaine pour les cours de Bourse; les autres personnes sont taxées à 6 dollars par semaine ; les prix sont les mêmes pour les cours des denrées : les Chambres de commerce et les négo-çants en gros ont, comme les banquiers, un avantage sur le public. En outre, on peut acheter pour 10 dollars par semaine le droit de reproduire les cours sur les tableaux publics.
- Nous donnerons enfin quelques indications sur les prix des abonnements téléphoniques, variables encore, selon les Compagnies. A New-York, à la Metropolitan Bell Company, le prix est de ^dollars 1/2 par mois, soit 75o francs par an. A la Compagnie Law, il est d’environ i5 dollars par mois, ce qui fait à peu près mille francs par an.
- A Chicago, l’abonnement- est de 125 dollars par an, pour les maisons d’affaires; de 100 dollars, pour les habitations privées; de i5o dollars pour
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- un téléphone public ; dans ce cas l’abonné peut faire payer 10 cents à ceux qui se servent de son téléphone, à moins qu’ils ne justifient de leur qualité d’abonné direct. A Milwankee, Buffalo, et dans quelques autres endroits, le prix est proportionnel à l’usage que l’on fait du téléphone. On établit un tarif minimum pour un certain nombre d’appels; on compte les appels de l'abonné et, d’après ce dernier chiffre on établit le prix pour l’année suivante.
- A Milwankee, le minimum est de 80 dollars par an et s’élève ensuite, s’il y a lieu, comme nous venons de le dire. Dans quelques bureaux téléphoniques de moindre importance, la somme payée par le souscripteur descend quelquefois jusqu’à 45, 5o ou Co dollars par an.
- Dans cet article, nous n'avons pas parlé des réseaux spéciaux pour les annonces d’incen lie. Ce sujet fera, dans quelque temps, l’objet d’un article spécial par notre collaborateur C. C. Has-kins.
- Aug. Guerout.
- NOUVELLE
- DÉTERMINATION ÉLECTRIQUE
- de l’équivalent mécanique de la chaleur Par M. A.-G. Webster
- On s’est déjà servi plusieurs fois de l’électricité pour déterminer l’équivalent mécanique de la chaleur. On a presque toujours eu recours à la mesure de la chaleur développée par les courants induits dans des corps tournant entre les pôles d’électro-aimants très puissants.
- Dès 1843, Joule mesurait le travail moteur nécessaire pour élever la température d’un tube plein d’eau, en le faisant tourner entre les branches d’un électro-aimant ; il obtint ainsi des résultats peu concordants donnant pour l’équivalent mécanique de la chaleur, des séries de valeurs variant de 320 à 570 kilogrammètres. En 1867, en mesurant le travail d’une machine magnéto-électrique de l’Alliance, M. L. Roux trouvait des équivalents variant de 440 à 470 kilogrammètres. Cette même année 1857, Favre trouvait 443 kilogrammètres en me. surant la diminution de la chaleur d’un circuit électrique lorsque son courant accomplissait un travail ; la mesure de la chaleur dégagée par la pile Daniell fournissait à Joule et à Bosscha un équivalent de 419,5 kilogrammèfres, et Quinctus-Trilius trouvait 400 kilogrammètres, en mesurant la chaleur développée par un courant donné dans
- un circuit de résistance connue. En 1871, M. Violle déterminait l’équivalent mécanique de la chaleur en mesurant la chaleur communiquée à des disques de différents métaux, lorsqu’on dépensait du travail à les faire tourner entre les pôles d’un électroaimant ; il trouvait ainsi une valeur moyenne de l’équivalent égal à 435 kilogrammètres.
- Si l’on veut exprimer cet équivalent en unités (C. G. S.), c’est-à-dire en prenant pour unité de chaleur la chaleur nécessaire pour élever d’un degré, un gramme d’eau — unité 1,000 fois plus petites que la calorie — et pour unité de travail
- Ver g, égal à t-()aooo' x q8i kilogrammètre, on trouve pour l’équivalent de M. Violle, la valeur
- 435
- 100,000 x 981
- 1,000
- = 3,27 x 107 ergs (').
- On doit encore à M. Joule, en 1867, une autre détermination de l’équivalent par la mesure de la chaleur que le passage d’un courant développe dans un fil de résistance connue, plongé dans un calorimètre dont il fallait évaluer le rayonnement. Il fallait aussi maintenir, pendant près d’une heure, l’intensité du courant sensiblement constante. La méthode proposée par M. Webster, d’après les conseils de M.J. Trowbridge, a pour objet d’éviter ces difficultés, en mesurant la température du circuit par la variation que sa résistance éprouve lorsqu’il s’échauffe sous l’action d’un courant très court, une seconde, environ (2).
- Le circuit est formé par un mince ruban d’acier R (iïg. 1) de 1 millimètre de large, sur q5o millimètres de long, du poids de o®r,23, enfermé dans un tube de verre pour le mettre à l’abri des courants d’air, et formant l’un des côtés du pont de Wheatstone, W. On mesurait ainsi la résistance du ruban d’acier, puis, on le faisait traverser, pendant une seconde environ, après l’avoir séparé du pont, par le courant d’une pile B,, de douze éléments Bunsen, au moyen de la clef I\2.
- On mesurait l’intensité de ce courant au moyen
- (') Dans le système (C. G. S.) l'erg est le travail produit par une dyne, quand la distance parcourue par son point d’application est d’un centimètre. La dyne est la force qui, agissant sur une résistance d’un gramme, lui imprime une accélération d’un centimètre par seconde; elle est donc
- égale à - fois la force représentée par Je poids d’un
- gramme puisque cette force imprime au gramme une accélération de g mètres par seconde ou -Q(*0g. kilogrammètre. L’erg est donc bien égal au travail représenté par l’action
- de
- îooog' kil°ërammc sur une longueur de ~ de mètre
- kilogrammètre.
- 100000 g-
- (2) Proceedinps of t/ic American Sciences, 26 mai i885.
- Academy of Arls and
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- du galvanomètre balistique G*, et l’on évaluait la différence des potentiels aux extrémités du ruban d’acier en fonction de la force électromotrice d’une pile de Daniell ou de Leclanché B2, à l’aide de l’électromètre à quadrants E, puis on mesurait de nouveau la résistance du ruban, aussitôt après le passage du courant.
- M. Webster a trouvé que l’on pouvait représenter la résistance de ce ruban, en fonction de la température 0, par l’expression.
- R = a(î + pO),
- 7. et p étant deux constantes, de sorte que, si l’on désigne par R0 et R, les résistance observées avant
- et aussitôt après le passage du courant, l’élévation de température 60 et ô, est donnée par l’expression
- o,—o0—
- R.-Ro «P ‘
- Si l’on désigne par p le poids du ruban et par c, sa chaleur spécifique, la quantité de chaleur Q, développée par le courant dans le ruban d’acier est donnée par l’expression
- Q=pc (0, - 0o) =pc .Z10
- (0
- différence des potentiels à ses extrémités, et par J, l’équivalent mécanique de la chaleur, l’équation bien connue
- d’où
- JQ=ie,
- J
- IE
- Q'
- L’intensité I du courant est donnée par l’expression
- I
- MT
- 7rG
- 2 sin -,
- (2)
- dans laquelle on désigne par :
- M, la composante horizontale du magnétisme terrestre;
- T, la durée d’une vibration simple de l’aiguille du galvanomètre ;
- G, la constante du galvanomètre;
- a l’amplitude de la première oscillation de l’aiguille.
- On avait déterminé G en comparant les lectures 3 des déviatons de l’aiguille du galvanomètre balistique G2, projetées par un miroir, à celles d’un galvanomètre astatique de Thomson, G, ; pour 0 = 1 centimètre, G = 769,4. L’interposition du shunt S2, de résistance S, obligeait à multiplier
- r l g
- les intensités observées par le coefficient —J-, r étant la résistance du galvanomètre G2. On considérait les déviations 2sin ^ comme proportionnelles aux lectures directes 8.
- Les deux galvanomètres étant disposés de façon à projeter sur une même échelle de divisions, on abaissait la clef K15 le ruban R restant interposé dans le pont W, et on amenait la projection de Gt au zéro, en faisant varier la résistance C. La résistance a était toujours de 1.000 ohms, et b d’un ohm.
- On relevait la clef K15 puis on insérait en C une résistance telle que le galvanomètre G, restait au zéro, lorsqu’on abaissait momentanément K2, puis K4 immédiatement après. On arrivait vite à ne maintenir la clef K2 fermée que le temps nécessaire.
- On augmenta par 5o ohms à la fois, la résistance de C, jusqu’à 1.167 ohms, et la température du ruban s’éleva en conséquence de 10 degrés environ. Comme on mesurait la résistance du ruban presque en même temps que le passage du courant, on pouvait évaluer très exactement l’accroissement de température ô, — fl0 et déterminer facilement l’influence du rayonnement.
- Des équations (1) et (2) on tire l’expression
- On a, d’autre part, en désignant par I la quantité d’électricité transmise à travers le ruban, par E la
- EMT„ (r + S)a(i J Gti ° S/>c(R, — R0)'
- (3)
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- Les expériences ont donné, pour les différentes quantités de cette formule, les valeurs
- E = 1 volt = io8 unités (C, G. S.) ;
- M =0,171 ;
- r = résistance du galvanomètre balistique = 3.296 ohms ;
- S résistance du shunt = 1,025 ohms ;
- T durée d’une oscillation simple de l’aiguille .= 1 2sco,6 ;
- a, résistance du ruban R à zéro, 1,072 ohms ;
- (3 = o,oo5c 3 ;
- , poids du ruban, oBr,23o ;
- , chaleur spécifique, 0,114;
- R, R„ — o,o5 ohm | ur 2Q expériences;
- 0 = 26,8 centimètres j
- G = 769,4 pour S = 1 centimètre ;
- On en tire pour J ; la valeur numérique
- _108 X 0,171 X 12.6 x 26.8 X 4,321 X i ,072 xo,oo5o3
- ' 769,471: X o,o5 X 1,025 xo,23u x o, 114
- — 4,14 X 107 ergs par gramme-degré,
- OU
- ^ = 423 kilogrammètres par calorie,
- valeur très rapprochée de l’équivalent classique de 425 kilogrammètres ou de
- 4,17 X io7 ergs par gramme-degré.
- M. Webster ne considère pas, malgré cette remarquable coïncidence, les résultats qu’il a obtenus comme définitifs. Nous avons cru néanmoins devoir signaler aux lecteurs de La Lumière électrique, la méthode de M. Webster, très élégante, et qui a, bien que délicate encore, l’avantage de supprimer en grande partie les erreurs attribuables aux variations du courant et aux incertitudes du rayonnement des calorimètres.
- Gustave Richard.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- L’électro-calorimètre comparé au thermomètre de Riess, par le professeur A. Roiti.
- Le professeur Gustave Wiedemann ayant reçu un exemplaire de mon travail (]), où se trouve
- (1) Sur un électro-calorimètre ayant servi à quelques mesures relatives aux générateurs secondaires Gaulard etGibbs. Nuovo Cim. sér. 3, v.XVII. La Lumière électrique, t. XVII. p. 495.
- décrit l’électro-calorimètre, fondé sur la déformation des spirales Bréguet, a appelé mon attention sur un vieux mémoire de E. Lenz (*), où il est question du thermomètre de Bréguet employé par de la Rive pour mesurer les courants électriques. M. Lenz y déclare que cet appareil ne mérite aucune confiance s’il n’a pas été au préalable soumis à un examen minutieux. Le professeur Wiedmann s’étend, dans son excellente publication (*), sur les scrupules de M. E. Lenz, partagés par Poggen-dorff et résume la question en disant qu’il n’est pas possible d’admettre que la spirale s’échauffe également dans toutes ses parties, parce que le courant se partage entre les différents métaux dont elle est composée, en raison de leur conductibilité. De plus un parfait équilibre ne peut s’établir entre les températures des métaux en contact, parce que le courant tend sans cesse à produire des quantités différentes de chaleur dans les divers métaux. La conclusion de M. Wiedemann est qu’il trouve préférable le thermomètre de Riess dans lequel, comme on sait, on observe la dilatation de l’air par l’effet de la quantité de chaleur que lui cède un fil métallique parcouru par le courant.
- On ne peut nier que les objections soulevées contre l’emploi des spirales bimétalliques dans la mesure de courants, ne soient fondées, lorsque l’on se sert de variations considérables de température, ce qui d’ailleurs semble avoir été fait par de la Rive dans l’étude qui donne lieu aux critiques de Lenz. Cependant les inconvénients de cette méthode de mesure ne sont pas si grands qu’on pourrait penser d’après la haute autorité de MM. Lenz, Poggendorff et Wiedemann. On aurait de même tort d’attribuer en entier au manque d’exactitude du thermomètre de Bréguet, les conclusions que M. de la Rive en tire, sur la prétendue diversité des lois qui gouvernent le passage des courants magnéto-électriques et des courants hydro-électriques. Il est plus juste de se reporter à l’époque où ces lois furent énoncées, car il est évident qu’on ne possédait alors que des connaissances incomplètes sur l’action thermique du courant, sur la polarisation galvanique et sur l’induction.
- On admet généralement que les déformations d’une hélice bimétallique sont proportionnelles aux variations de température qu’elle subit lorsque la température est la même dans les deux métaux qui constituent î’hélice. Cela posé, il est évident, que, en se tenant dans les mêmes limites et avec le même degré d’approximation, on doit aussi
- (7) E. Lenz. Ueber die Eigenschafteu der magneto-elek-trischen Strœme. Eine Berichtiguug des Aufsatzes von Hrn. De la Rive.Ueber dcnselben Gegenstand Annalen der Physik und Chentie. 48, p. 383. Année 1839.
- (2) Die Lehre von der Elektricitiit. Vol. 11, p. 38g.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 5qB
- admettre que les déformations et les variations de température sont propoitionnelles entre elles, même si elles sont différentes pour les deux métaux, tout en restant dans un rapport constant. En effet la différence de ces variations produira le même effet qu’on obtiendrait en substituant à un de ces métaux un troisième métal d’un coefficient de dilatation différent. Si le métal le plus dilatable s’échauffe le plus, il en résultera une déformation plus forte ; dans le cas contraire, celle-ci sera plus petite; mais la déformation variera toujours proportionnellement aux deux températures.
- Si donc on arrive à démontrer que dans une hélice bimétallique parcourue par un courant électrique les excès de température sur la température ambiante se maintiennent, à la fin d’un temps donné, proportionnels entre eux et proportionnels à la quantité de chaleur que le courant électrique y dégage dans l’unité de temps, il s’ensuivra que l’emploi que j’ai fait des hélices Bréguetdans mon électro-calorimètre est complètement justifié.
- Je supposerai qu’il s’agit toujours de variations de température assez petites pour qu’on puisse considérer comme constantes la résistance électrique, la chaleur spécifique et les coefficients de conductibilité thermique. Ceci posé, si qdtest la quantité de chaleur développée dans le premier métal pendant un temps infiniment petit dt, celle qui se développe dans le second métal pourra être exprimée par hqdt, h étant une constante. Si nous désignons du plus par ô, et ù, les excès de température que à la fin du temps t, les deux métaux présentent sur la température ambiante, cl ~ dt et c2
- dt représenteront les quantités de chaleur qu’il a fallu dépenser pour les échauffer.
- a, ô, dt et aî ô., dt seront les quanttiés de chaleur cédées à l’air ambiant et b (ô,-ô2), indiquera la quantité de chaleur que le premier métal cède au second. De sorte que nous pourrons écrire les équations
- c 1 —+ ia 1 + é) fJi = ? -f- é02 c2 ^f + (-72+ =
- a, b, c, h étant des constantes et q représentant une fonction donnée du temps t. En outre les fonctions inconnues 0, et ô2 doivent s’annuler pour t = o.
- En posant
- (2) \ Ç —(Ji+Ms>
- les équations (1) pourront être représentées par l’équation
- (3)
- . (ai -M dt+\ cK
- dans laquelle on substitue à X les deux valeurs À, et X2 qui satisfont à l’équation
- (4) ).2 _ + — cda3 + fr) y _ — O.
- l'C, C,
- Si on pose maintenant .«!+* I’
- A =
- >, B =--------------------------1— ).
- la formule (3) devient (3)'
- qui donne
- â+A*=B*’
- qe^‘ dt.
- Or dans le cas d’un courant constant q — constante, et par conséquent si l’on pose
- on aura
- 1 =
- Dans le cas de courants variables périodiques dont la période t est très petite par rapport à t, 011 pourra admettre approximativement que
- dt =
- dt.
- De sorte qu’en posant
- on aura également pour la quantité de chaleur développée dans l’unité de temps
- 9 = W •
- Si nous désignons de plus par -|/3 les valeurs correspondantes aux deux racines X,, Xa on aura, d’après la formule (s)
- = 02=-y——y- q’
- Et on voit qu’au bout d’un certain temps donné t les excès de température â, et ô2 seront proportionnels entre eux et en même temps à la quantité de chaleur q’ développée par le courant pendant l’unité de temps dans un des métaux.
- Donc si l’on envoie un courant dans une hélice bimétallique pendant un certain temps donné, la déformation produite par réchauffement peut servir à mesurer la quantité de chaleur développée, et l’électro-calorimètre pourra remplacer avantageusement l’électro-dynamomètre.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- Si cette démonstration théorique n’est pas considérée comme suffisante, je rappellerai la comparaison que j'ai établie dans mon mémoire précédent entre l’électro-calorimètre et la boussole absolue des tangentes, d’où il résulte que les indications données par le premier appareil étaient proportionnelles au carré de l’intensité du courant.
- La seule objection qu’on puisse encore soulever, c’est que, pour établir cette comparaison, je me suis servi du courant constant d’une pile Daniell, tandis que, dans mes expériences sur le générateur Gaulard et Gibbs, j’ai dû nécessairement envoyer dans le calorimètre des courants variables. Pour trancher cette dernière question et démontrer expérimentalement que les hélices Bréguet se déforment proportionnellement à la quantité de chaleur développée par des courants périodiques, j’ai comparé l’électro-calorimètre avec le thermomètre de Riess que tout le monde considère comme exact. Au lieu de mesurer, comme l’indique M. Riess, les déplacements subis par une colonne liquide dans le tuyau capillaire de son thermomètre, j’ai eu recours à un petit expédient dont je me sers depuis plusieurs années dans le cours de mes leçons, afin de montrer les effets thermiques des décharges et des courants électriques. Je n’introduis pas de liquide dans le thermomètre de Riess et je relie le tuyau à un tambour à levier de Marey (*), sur lequel, à la place du levier, j’applique un petit miroir. L’image donnée par un fil maintenu tendu devant une lampe est projetée sur une échelle graduée verticale qui sert de mesure. La sensibilité du thermomètre se trouve par ce fait augmentée de manière à pouvoir être comparée avec l’électro-calorimètre.
- Le courant se partage en deux branches dérivées, formées par les deux instruments et par deux rhéostats. Entre les points où était établie la dérivation était placée une touche, de résistance négligeable, qui servait à interrompre le passage de l’électricité dans les instruments pendant tout le temps qu’elle se trouvait abaissée. Cette touche était ensuite soulevée, pour un temps déterminé, au moyen d’une pendule.
- On intercalait dans le circuit soit un élément Daniell, soit une petite machine Marcel Deprez modifiée de manière à donner des courants alternatifs. On faisait varier l’intensité moyenne du courant, soit en interposant des résistances dans la branche principale, soit en changeant la vitesse de la machine magnéto électrique. En outre, le rapport entre les sensibilités des deux appareils pouvait changer, moyennant le rhéostat joint à chacun d’eux dans sa branche dérivée.
- Un inconvénient qui peut rendre ma comparaison
- moins concluante que je n’eusse désiré, s’est produit.
- Les deux instruments sont loin d’ètre aussi prompts l’un que l’autre. En effet le thermomètre Riess atteint sa déviation définitive bien avant l’électro-calorimètre, de sorte que le rapport des sensibilités dépend beaucoup du temps pendant lequel la touche se trouve soulevée pour livrer passage au courant dans les appareils.
- Ce ne serait pas un grand mal si on pouvait attendre la déviation définitive dans tous les deux, ou encore si en observant les déviations maxima survenues pendant un passage de courte durée, on pouvait négliger l’inertie des parties mobiles des deux appareils. Mais malheureusement la première hypothèse n’est guère possible et la seconde est loin de se vérifier. En effet, la première n’est pas possible parce que pour une longue observation le thermomètre de Riess n’est pas assez soustrait aux perturbations. Il donne même des indications bien moins régulières que l’électro-calorimètre même pour des observations de courte durée.
- L’inertie des parties mobiles 11e peut être négligée, parce que les deux petits miroirs sont assez épais et lourds et ils ont des vitesses notablement différentes lorsqu’on abaisse la touche pour lire sur l’échelle. Je suis donc persuadé qu’on doit attribuer à cette circonstance si les données du tableau suivant tendent à démontrer que l’indication de l’électro-calorimètre augmente un peu plus vite de celle du thermomètre de Riess.
- J’arriverai sans doute à constater une constance parfaite dans le rapport entre les indications des deux instruments, lorsqu'il me sera donné de mettre le thermomètre Riess mieux à l’abri des actions extérieures, et que mon électro-calorimètre aura acquis une plus grande promptitude. Si maintenant il n’est pas assez prompt, je pense que cela tient aux deux petits fils en maillechort que j’ai intercalés entre les grosses' électrodes en cuivre et les hélices Bréguet afin de mieux localiser la chaleur dans celles-ci. Ces petits fils s’échauffent bien plus que les hélices et cette chaleur doit ensuite être transmise à celles-ci par conductibilité, d’où résulte une certaine perte de temps. La mince spirale en platine se trouve, au contraire, dans le thermomètre de Riess, fixée directement à de courtes tiges en laiton qui sont assez fortes pour exercer une action refroidissante. En supprimant ces fils de maillechort, je sacrifierai une partie de la sensibilité qui, du reste, est plus que suffisante et je gagnerai, de la sorte, en promptitude. Ces modifications me demandent un temps dont je ne dispose pas pour le moment, devant m’absenter pour quelque temps de mon laboratoire.
- Pour le moment je me bornerai à donner la série suivante d’expériences, quoiqu'elles ne présentent pas un accord bien satisfaisant. Il me semble, en
- (9 Voir la Méthode graphique, par F.-J. Marey, p. 446.
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- tout cas qu’on pourra suffisamment se convaincre, d’après l’identité qui existe entre les rapports moyens obtenus avec la pile et avec la machine magnéto-électrique, que les résultats que j’ai obtenus au moyen de l’électro-calorimètre pour le générateur secondaire Gaulard et Gibbs méritent toute confiance.
- Durée de passage du courant, 10 secondes.
- N, numéro d’ordre des expériences.
- V, nombre de tours de la machine magnéto-électrique.
- déviation de l’électro-calorimètre ) réduite8 en arcs. p, — du thermomètre Riess 5
- A, différence de la moyenne avec jj.
- Courant constant de la pile Daniell.
- N a P a p A
- 7 c 4,o3 C 3,85 1,047 0,034
- 6 5,o5 4,83 1,046 — 35
- 5 5,54 5,88 1,094 + i3
- 8 7,60 7,°7 1,075 6
- 4 8.76 8,38 i ,045 — 36
- 20 10,34 9,46 1,093 + 12
- 9 10,47 9,92 1,055 — 2Ô
- 22 10,78 10,00 1,078 — 3
- 2 12,34 31,22 1,100 + >9
- 3o 13,43 12,56 1,069 — 12
- 30 15,22 i3,85 1,100 + 19
- 23 l5,6i 14,33 1,089 + 8
- 3i 16,23 14.88 1.091 + 10
- 3 17.27 15,69 1,101 + 20
- 1 18,66 17.00 1.098 + 17
- 26 19,62 17.57 1,112 + 3i
- Moyenne. . . 1,081
- Courant périodique de la machine magnéto-électrique.
- N V a P a p A
- J7 3o c 5,67 5,36 1,058 0,025
- 1 1 ?o 8,32 7.48 1,132 + 29
- 27 3o 9.io 8,75 I O4O — 43
- 18 3o 10,27 9,60 1,0/0 1,043 — i3
- l6 3o 10,71 10,27 — 40
- 28 34 11,17 10,47 1,067 — 16
- 21 3o 12,3l 11,3i 1,088 5
- 19 3o 12,44 11,60 1,072 — 11
- 12 3o i3,43 12,10 I , I JO + 27
- 20 20 14,65 l3,58 1,079 — 4
- 14 3o 14,83 l3,68 1,084 + I
- i3 3o 16,88 15,35 1,100 17
- 24 3o 18,59 16.68 i,n5 -f 32
- i5 3o 18,73 17.09 1,09b + i3
- 25 3o 19,46 17,41 1.118 + 35
- Moyenne. . . i,o83
- Sur une méthode pour localiser un contact à la terre dans un câble quand il est impossible d’employer un fil de retour, par MM. J. Anderson et A. E. Kennelly (*.)
- La méthode pour localiser un défaut que nous allons décrire n’est basée sur aucun principe nouveau; elle constitue simplement une application de faits connus depuis beaucoup d’années, mais qui méritent une plus grande attention de la part de ceux qui, comme nous, s’occupent de ce genre de recherches et nous espérons que les électriciens en général y trouveront un certain intérêt. En comparant théoriquement les différentes méthodes proposées pour localiser les défauts des câbles et en déterminant leurs mérites respectifs, nous devons nous assurer du degré d’exactitude dont elles sont susceptibles et jusqu’à quel point cette exactitude se trouve réduite par suite de l’influence probable du défaut sur les essais.
- Nous appellerons sensibilité de la méthode, le degré d’exactitude qu’elle permet d’obtenir dans les mesures et cette sensibilité dépend de deux choses, d’abord, des fractions d’unités qu’on peut évaluer dans les mesures nécessaires et c’est là un facteur purement physique, et ensuite du rapport qui existe entre les quantités mesurées dans la formule qui donne la distance du défaut et ceci est une question d’algèbre. Une bonne localisation doit présenter une grande sensibilité à ces deux points de vue, c’est-à-dire qu’elle doit être susceptible d’une grande exactitude dans les mesures qu’elle nécessite, et les chiffres qui représentent ces mesures doivent être combinés dans la formule qui indique la localisation, de telle façon qu’une erreur possible n’exerce qu’une faible influence sur le résultat.
- L’influence perturbatrice résultant des variations dans le défaut même est surtout une question d’ordre physique qui dépend de la position du défaut dans le circuit, de la manière de faire l’essai et de la modification qui s’ensuit dans la force électromotrice employée.
- Dans une bonne méthode, il faut s’attacher à réduire cette source d’erreurs à un minimum, car il est évidemment inutile d’augmenter la sensibilité dans les méthodes de localisation, si cette propriété est annulée par suite des variations résultant des modifications dans l’état du défaut même. On satisfait généralement à cette condition en laissant aussi peu de temps que possible entre les mesures, afin que le défaut ne puisse changer considérablement d’état entre deux mesures, mais on obtient de meilleurs résultats encore en faisant les mesures simultanément aux deux extrémités du câble.
- Il nous suffira d’examiner deux méthodes, celle de Varley et celle de Blavier, avec la modification qui a été apportée. Nous les examinerons en detail et
- (') L’Electrician de Londres, 17 juillet i885.
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- nous essayerons de démontrer que l’essai en boucle de Varley remplit à un très haut degré les conditions que nous venons d’indiquer pour une bonne méthode ; il n’en est pas de même pour l’essai ordinaire de Blavier, mais celui ci peut, par des modifications, devenir presque aussi bon que le procédé de Yarley, si l’on tient compte de l’influence résultant, de l’absence d’un fil de retour.
- La sensibilité dans la méthode de Yarley est très grande, car cette méthode possède toute l’exactitude dont est susceptible le pont de Wheatstone, l’instrument de mesure le plus sensible dans les conditions spéciales de cet essai. Sa sensibilité algébrique est également très grande car toute erreur dans la mesure de la résistance étant équilibrée ne produit que la moitié de cette erreur dans le résultat qui donne la distance du défaut. Si l’on ajoute à ceci que le dérangement par suite d’une
- II B
- 2,
- R. E j.
- variation du défaut n’entraîne qu'une faible perte de sensibilité, car l’essai en boucle est pratiquement une mesure simultanée à chaque bout de la ligne avec un défaut au centre de celle-ci, en sorte que les modifications du défaut exercent en même temps une influence égale sur chaque mesure, on voit combien l’essai en boucle de Varley remplit les conditions que nous nous sommes imposées pour la détermination de la valeur des différentes méthodes. Les résultats que donne cette méthode ne sont incertains que lorsque la boucle du câble est d’une grande longueur et que son isolement normal est relativement faible. Nous allons examiner maintenant les méthodes de Blavier en nous reportant à la figure ci jointe. A et B représentent deux stations reliées par un câble défectueux d’une résistance totale normale l; a; et y représentent les distances comptée à partir de chaque bout du câble de sorte que x -f- y = l. La résistance du défaut est égale à z et r représente une résistance artificielle reliée à l’extrémité de x à la station A.
- Dans l’essai ordinaire de Blavier on enlève r ou on le fait égal à zéro, et l’une ou les deux stations mesurent la résistance de la ligne, quand l’autre, bout est libre ou en communication avec la terre Désignons par
- f la mesure en A, quand B est libre;
- /' — B — A —
- e — A — B est mis à la terre;
- e' — B — A, —
- Nous aurons alors quatre équations, permettant de déterminer la position du défaut.
- x=c— Ÿ[(f—e) (/—<?)J (0
- (2)
- f f , / X — -—J— 4- -2 2 2 (3)
- :=Cx/“e:r. sjc'"-e,i 1 e —e' L V e(l-e') J (4)
- Les deux premières équations sont semblables, et le même raisonnement s’appliquera à toutes deux.
- Théoriquement, la mesure de f peut être faite avec une grande sensibilité dans les essais auxquels ces deux équations se rapportent, celle de e à un degré moindre, mais assez pour la pratique ; au point de vue algébrique, l’équation ne manque pas de sensibilité non plus. Les mesures sont cependant souvent dérangées par suite de variation du défaut, ce qui empêche généralement la méthode de donner des résultats certains.
- Quand on emploie la même source d’électricité pour mesurer/-et e, le défaut est nécessairement à un potentiel plus élevé dans le circuit pour f que pour e. Comme la résistance d’un défaut est une fonction quelconque du courant qui le traverse, il y a par conséquent, une tendance du défaut à varier entre les mesures. Cette variation n’exerce pas la même influence sur les deux mesures, car pour /', toute variation de résistance v dans le défaut, produit un changement analogue v dans la mesure de f; mais pour e, la même variation v dans le défaut, produit pour e un changement
- r(z+v) r* = yy2_______/_r_\s
- r+z+v r+z (r-M D'+2+v \r-H/
- approximativement dans la mesure de e. Cette quantité est naturellement toujours moindre que v.
- La seule manière de réduire cette cause d’erreur, est de se servir d’une force électromotrice plus faible pour f que pour e ; l’on peut d’ailleurs déterminer approximativement, par un simple calcul, le rapport à adopter. C’est, en effet, ce qu’il y a de mieux à faire pour les essais de Blavier, mais la polarisation du défaut change quand même entre les deux mesures, car la mise à la terre du câble en B, fait de y une dérivation de s, et cette source d’erreur ne peut être contrôlée. Il est donc bien rare qu’on puisse arriver à une localisation satisfaisante par cette méthode.
- La forme de l’équation 3 est plus satisfaisante. D’abord la sensibilité, dans les mesures de/et/'
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- n’est limitée que par la capacité de l'instrument de mesure, et ensuite il y a au point de vue algébrique une augmentation de sensibilité, car toute erreur dans l’observation de /, si f est exact et dans l’observation de f si f est exact, ne produit que la moitié de la même erreur pour x, qui est la distance du défaut. La seule cause d’erreur provient des modifications qui pourraient se produire dans le défaut entre les deux mesures. La meilleure manière de réduire cette cause consiste à placer le défaut au même potentiel, dans chaque opération de mesure et à faire ces mesures aussi vite que possible, l’une après l’autre. Dans la pratique, il vaut mieux augmenter la résistance de x ou de y, suivant que x est plus petit que y ou inversement, jusqu’à ce que/et f soient égaux ; de même qu’il vaut mieux employer la même source d’électricité à chaque bout et le même rapport dans les bras des ponts. Les lectures sont faites aussi rapidement que possible; on obtient ainsi théoriquement un équilibre Yarley, au synchronisme et à l’exactitude près. La formule pour l’équilibre de Varley est également applicable, car si r représente la résistance à ajouter à x, pour que / soit égal à/', alors nous avons :
- Cet essai donne souvent de bons résultats quand, pour une raison quelconque, on ne peut pas employer la méthode de la chute de potentiel. En faisant traverser le défaut par un courant de la même direction et de la même intensité pendant chaque mesure, on réduit à un minimum la variation du defaut. Il arrive cependant fréquemment que la résistance du défaut est assez variable pour empêcher la mesure exacte de / et f malgré toutes les précautions. C’est pour ces cas que nous présenterons une méthode qui n’a pas encore été publiée à notre connaissance. Cette méthode est une modification de l’équation 4, que nous allons maintenant examiner.
- Nous remarquons qu’au lieu d’une augmentation de sensibilité algébrique comme daus l’équation 3, il y a ici une diminution de sensibilité considérable ; car dans les meilleures conditions de mesure, lorsque la variation du défaut ne produit qu'un trouble insignifiant, c’est-à-dire quand e est presque égal à e', ou que le défaut est près du centre de la ligne, une erreur dans l’observation de e ou de e' produit une erreur considérable dans le résultat, car la différence (e—e') entre én dénominateur dans la fraction. Mais s’il existe une grande différence entre e et e', il est difficile de disposer les piles à chaque extrémité, de telle sorte que l’intensité du courant qui traverse le défaut soit la même pour chaque mesure, et si même on y arrive, il est impossible d’obtenir des mesures exactement com-
- parables, puisque la polarisation du défaut change dans chaque cas, avec la résistance sur laquelle il est en dérivation. C’est probablement pour cette raison que la formule en question est rarement employée. Elle possède cependant un avantage provenant de ce que e et e' sont constants, comparés à/ et /', quand le défaut est très variable, ainsi que le montre l’équation 5. En fait, les variations du défaut disparaissent par l’emploi du schunt.
- La méthode dont nous proposons l’emploi consiste à réunir les avantages des équations 3 et 4, en ajoutant successivement des résistances à la plus petite des résistances x et y, jusqu’à ce que l’on ait e = e'. On obtient ainsi une autre modification du pont de Varley, et, si l’on désigne par r la résistance ajoutée à x pour obtenir e — e’, on a comme précédemment :
- v— / — r
- Il est vrai qu’en cherchant à obtenir des mesures moins influencées par la variation du défaut, on perd dans cet essai, qu’on pourrait nommer l’équilibre de e et de e', une partie de la sensibilité théorique que présente l’équilibre de /et de/'; cependant il y a généralement dans la pratique, quand le défaut est très variable, un avantage certain à opérer ainsi à cause qu’on évite tout dérangement dans les mesures.
- Quand on établit l’équilibre entre / et /', on obtient r, si l’état du défaut est constant, par une seule mesure de /et/', car r est à peu près égal à /'—f; mais lorsqu’on établit l’équilibre entre eet e', il faut trouver r par des approximations successives; car si l’on a e' — c, = n pour r = o et que l’on pose r — n, alors c' devient :
- et e devient e -f- », de sorte que la différence entre les nouvelles valeurs de e et de e' se trouvera réduite, dans le rapport de
- wà,,x(.v+=;(.v+T+»)’
- et si » est petit par rapport à x et à z dans le rapport de
- Si l’on ajoute maintenant n ^-) à r, on a r — n -f-n ( v )~ et la différence entre e et e'
- sera approximativement réduite à n î et
- en augmentant ainsi, chaque fois, r, de la différence entre e' et e, on arriverait, en supposant le défaut
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- constant, à une différence entre e' et e égale à q. Supposons
- formule dans laquelle q représenterait la limite de sensibilité de l'instrument de mesure et s le nombre des valeurs données successivement à r avant d’obtenir l’équilibre. Supposons que la différence primitive entre e’ et e est 5o ohms = n, avec .r = z et une limite de sensibilité égale à o0'im,i nous aurons
- 5 < s < 6,
- et l’équilibre sera obtenu après 5 réglages de r. Au lieu de suivre ce procédé approximatif, il serait cependant préférable, dans la pratique, de déterminer à peu près, par une autre méthode, la valeur de r qu’il convient d’essayer d’abord; on obtiendrait ensuite facilement l’équilibre, abstraction faite des variations du défaut qui dérangeraient les lectures.
- Il est évident qu’on est arrivé à la limite de la sensibilité théorique de cet essai, dès qu’un changement de r (en supposant le défaut constant) produit un changement au-dessous de la limite d’appréciation du pont en B. Nous pouvons déterminer le degré de sensibilité obtenu pour n’importe quel câble ou défaut.
- Cette limite est atteinte quand une variation m apportée à la valeur de r produit la plus petite différence appréciable en B.
- Supposons que l’on puisse avec B mesurer jusqu'à [i. unités. Quand l’équilibre est presque atteint, on a approximativement
- Posons :
- alors
- .r -f- r = y.
- r+==* et
- (>•+»+/p) -[ = h
- m- -f- m (y — y. p) = y'I>
- YW*+0" — /0a] — {y — n+/>)
- m-1______________J_
- ou approximativement
- Ainsi, m est toujours plus grand que <j. et diminue au fur et à mesure que z augmente par rapport à y ; c’est-à-dire que la sensibilité de la mesure sera d’autant plus petite que la résistance du défaut esc plus grande par rapport à /.
- Supposons, par exemple, y = iooo ohms; e = 5ooo et en A et B des ponts pouvant mesurer jusqu’à o01"11,! ; alors
- m = o, i
- /iooo + 5noo\ \iooo-(- Ü333/
- = o0llnl,33.
- Maintenant, si l’on suppose le défaut constant, et les observations en A et B exactes, on pourrait localiser le défaut jusqu’à un sixième d’ohm, puisque la résistance ajoutée r pourrait être réglée jusqu’à un tiers d’ohm. La méthode qui consiste à équilibrer / et /'aurait dans ce cas, théoriquement localisé le défaut jusqu’à un vingtième d’ohm, mais elle aurait été beaucoup plus sujette à des erreurs provenant de la variation du défaut.
- Les observations suivantes ont été faites avec un défaut artificiel pratiqué sur un câble roulé dans un réservoir. Le défaut avait été pratiqué à dessein de manière à donner une résistance assez élevée et variable, .v était égal à 43 ohms et y à 367 ohms.
- La résistance du défaut z fut déterminée au moyen d’un pont à l’extrémité B, avec 10 éléments Leclanché, et se trouva d’abord égale à 400 ohms, puis elle alla en augmentant jusqu’à 900 ohms.
- e’ fut alors observé; tandis que r était égal à o, e’ était égal à 440 ohms.
- e fut ensuite mesuré avec la même pile et avec un courant dans le même sens. c était égal à 35o ohms ; r était égal à 100 ohms,
- e’ était alors égal à 510 ohms, e beaucoup plus petit.
- r fut alors augmenté jusqu’à 25o ohms.
- e' était alors égal 63o ohms ; e encore plus petit.
- r fut porté à 3oo ohms.
- e' était alors égal à 668 ohms; e toujours un peu plus petit.
- r fut de nouveau poussé jusqu’à 35o ohms. e' était égal à 709 ohms, c devint plus grand que e'.
- r fut réduit à 325 ohms.
- e' était égal à 700 ohms, e un peu supérieur à e'. r fut donc réduit à 3a 1 ohms. c' était alors égal à 695 ohms, e était plus petit que c'.
- r fut porté à 33o ohms, e' était égal à 6940lims,5, c, plus grand. r fut rendu égal à 325 ohms. e' était alors égal à 6q3 ohms ) , c également à 693 ohms j La résistance exacte pour l’équilibre aurait été de 324 ohms.
- On a ensuite essayé l’équilibre entre/et /' avec la même pile et le courant passant dans le même sens (zinc à la ligne), mais les variations rapides du défaut 112 permettait pas d’obtenir des résultats certains.
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- Le défaut était beaucoup plus constant avec le cuivre de la pile à là ligne et on obtint ainsi un bon équilibre. L’équilibre entre e et e' fut cependant obtenu à 325 ohms dans des conditions qui n’auraient jamais permis d’avoir un équilibre entre/et
- /'. La distance du défaut x — 41°-- — — 420,ims,5 était affectée d’une erreur d’un demi-ohm, la vraie distance étant de 43 ohms. Dans ce cas il faut tenir compte de la rapidité avec laquelle on pouvait faire les lectures l’une après l’autre et de la plus grande exactitude générale provenant du fait qu’il n’y avait qu’un seul observateur et une seule série d’appareils; mais toutes restrictions faites, la méthode paraît devoir être fort utile.
- Dans la pratique on pourrait procéder de la manière suivante : A et B font un essai ordinaire, par la méthode de Blavier, pour localiser le défaut approximativement.
- Ils mettent ensuite alternativement leurs bouts de câble à la terre en ajoutant la résistance r à la plüs petite des résistances x ou y, supposons que ce soit x. B observe d’abord e! tandis que A a mis la ligne à la terre et communique ensuite avec A par le câble pour lui donner le résultat de ses mesures. A intercale ce résultat dans son pont et règle r, jusqu’à ce qu’il obtienne l’équilibre, tandis que B met son bout de câble à la terre. A met ensuite son côté à la terre tandis que B prend des mesures, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on obtienne l’équilibre avec r pour chaque cas. Pour équilibrer f avec J' et e avec e', il faut que les deux observateurs fassent des lectures au faux zéro et de la même manière générale, autrement il serait impossible de comparer les observations.
- Nous venons d’exposer une méthode qui, sans être aussi sensible au point de vue de la mesure que l’équilibre entre / et/', est néanmoins plus à l’abri des dérangements provenant de la variation du défaut que toute autre méthode, connue et qui, par conséquent, nous paraît utile. Nous avons indiqué la limite d’exactitude théorique dont elle est susceptible et nous avons donné par l’équation 5, l’erreur dans les résultats par suite de la variation du défaut.
- La valeur pratique de cette méthode a déjà été démontrée, une fois, expérimentalement et ce fait seul nous a amplement payé du temps que nous avons consacré à son développement.
- Nous espérons que d’autres la trouveront utile également et qu’elle occupera parmi les méthodes de localisation la place que l’expérience lui donnera suivant ses mérites.
- CORRESPONDANCES SPÉCIALES
- DE L’ÉTRANGER
- Allemagne.
- SÉANCE DE LA SOCIÉTÉ ÉLECTRO-TECHNIQUE DE
- Berlin en l’honneur de la Conférence télégraphique internationale. — Parmi les honneurs dont les délégués de la Conférence télégraphique internationale ont été l’objet, il convient de mentionner plus spécialement une séance solennelle de la Société électro-technique de Berlin.
- La réunion s’est tenue dans les salles du Reichstag (le Parlement allemand) et a été suivie d’un souper servi dans le grand jardin éclairé a giorno par des lampions électriques.
- Pour donner plus d’éclat à la fête, les membres de la Société électrotechnique avaient préparé une petite Exposition d’appareils électriques.
- Le Président honoraire de la Société, Son Excellence M. Stephan, ouvrit la séance en souhaitant la bienvenue aux délégués dans un petit « speech français ». Puis, le Président, M. le conseiller in. time Fœrster prit la parole.
- Après avoir dit, que pour la télégraphie, il n’y a ni temps ni espacer il continua en faisant ressortir tout le plaisir qu’éprouve, même l’homme le plus habitué à recevoir des dépêches, lorsque le télégraphe lui apporte les nouvelles des régions les plus éloignées du globe, ou, quand il apprend que la transmission de signaux astronomiques entre les côtes d’Europe et d’Amérique, à travers l’immensité des mers, se produit dans l’espace d’une seconde, ou enfin, quand il pense qu’il lui sera peut-être possible, un jour, grâce à l’électricité, d’entendre des voies amies séparées de lui par de vastes étendues de pays. C’est là la base des honneurs dont la Conférence télégraphique internationale a été l’objet.
- M. Fœrster poursuit ensuite en constatant avec joie que c’est l’Allemagne qui fut le berceau de la télégraphie électrique. Ce fait, qui marquera dans l’histoire de la nation, doit être pour l’Allemagne un stimulant puissant à développer par tous les moyens possibles l’activité des savants pour une institution appelée à relier entre elles les nations.
- Parmi les nombreux problèmes que présentent les études sur l’électricité et l’électro-technique, et qui sont l’objet d’un travail assidu de réunions nationales et internationales, il en est un d’une grande importance et dont la Conférence télégraphique s’est aussi occupée dans sa séance du i3 août : c’est la grande question des phénomènes de l’électricité tellurique qui jouent un rôle si remarquable et si important dans la télégraphie.
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- 555
- C’est sur la proposition de M. Curchod, chef du bureau international de télégraphie à Berne, que la Conférence a pris la résolution suivante dans sa séance du i3 août :
- « Le bureau international de Berne est autorisé, le cas échéant, à faire exécuter les travaux de statistique concernant l’électricité atmosphérique, les orages, les paratonnerres et les courants terrestres, qui seraient réclamés par l’acte international émanant des délibérations de la Conférence pour la détermination des unités électriques ».
- Cette résolution rend dès lors, possible, l’établissement d’un centre d’informations pour ces recherches importantes, ce qui a toujours manqué jusqu’ici.
- M. Fœrster entretient aussi la Société des recherches faites relativement aux courants telluriques sur les lignes d’Angleterre, de France et de Suisse. Ces courants ont déjà été étudiés pendant les vingt années qui ont suivi la découverte de la télégraphie électrique. Mais c’est surtout pendant les dernières années qu’ils ont révélé, d’une manière surprenante, et ce au moyen d’observations constantes sur des appareils d’enregistrement automatique, leur connexion avec les oscillations soudaines dans l’intensité et la direction du magnétisme terrestre, dans quelques lignes télégraphiques de plus de cent kilomètres de long.
- On peut nettement affirmer, ajoute M. Fœrster qu’avec l’extension que prend chaque jour la télégraphie électrique dans le monde entier, une nouvelle ère vient de s’ouvrir pour toutes ces recherches et que, désormais, et surtout après la réalisation de la grande mesure dont le principe a été accepté dans la séance du i3 août, beaucoup de questions, les plus importantes de la physique terrestre,se montreront sous un jour entièrement nouveau qui donnera une impulsion considérable à toutes les branches de l’étectro-technique.
- Passant ensuite à l’influence qu’exerce le soleil comme point de départ d’effets électriques puissants, M. Fœrster démontre la nécessité d'aborder les problèmes de la physique terrestre comme le fit Newton, autrefois, pour les problèmes que présente la mécanique terrestre , lorsqu’il examina à fond et pour la première fois, l’influence des forces d’attraction des corps célestes sur l’état de mouvement et de configuration de la terre.
- C’est d’une grande importance, surtout pour l’étude des phénomènes qui se produisent à la surface du soleil ainsi que pour celle des phénomènes lumineux des comètes, et pour les rapports qui existent entre les différents états du soleil et l’électricité tellurique.
- Désormais les perturbations atmosphériques locales ne seront plus un obstacle à l’étude des astres, puisque, grâce à la télégraphie, on pourra
- transmettre des pays où l’étude sera possible, des informations précises.
- Comme exemple de l’importance de ces informations télégraphiques, M. Fœrster raconte que, dans le mois d’août dernier, un tremblement de terre avait eu lieu dans l’Asie centrale dont on n’avait eu des détails que parles journaux. Ce tremblement de terre avait causé des oscillations très curieuses et périodiques, et cela, pendant une série d’observations astronomiques faites aux observatoires de Berlin, de Breslau, de Kœnigsberg. Il est permis d’affirmer que, si l’on avait été prévenu télégraphiquement quelques instants avant l’apparition des phénomènes eux-mêmes, la mesure de ces oscillations auraient pu donner des résultats précieux et très complets.
- La séance levée, l’Assemblée va visiter l’Exposition d’appareils et instruments électriques, composée d’environ vingt groupes.
- Le Musée des Postes impériales avait prêté sa collection d’appareils historiques, parmi lesquels se trouve une copie de l’appareil électro-chimique de Sœmmering datant de 1809 et l’appareil télégraphique magnéto-électrique de Gauss et Weber de l’an i833, le télégraphe à aiguille de Bain (1847), le télégraphe à cadran électro-magnétique de Siemens (1846) et plusieurs autres appareils fort intéressants.
- La maison Siemens et Halske n’occupe, à l’Exposition, qu’une petite place, étant donné qu’elle avait déjà envoyé, quelques jours auparavant, à l’Exposition de Charlottenbourg, une grande quantité de ses appareils permettant ainsi aux visiieurs de se rendre compte des travaux importants de cette maison dans toutes les branches de l’électricité, depuis 1847. Le catalogue illustré comprend, en effet, 231 appareils, divisés en 14 séries.
- C’est la « Deutsche Edison Gesellschaft » qui occupe la première place à l’Exposition du Reichstag. On remarque, en effet, dans'le groupe qu’elle occupe quelques nouveautés intéressantes dont je me réserve de parler en détail.
- M. le docteur Aron expose une nouvelle horloge électrique.
- M. Zacharias, un compteur d’électricité Aron et aussi une montre de poche, à l’usage des électriciens. Dans cette montre, le balancier est en or et le ressort en spirale, en palladium, de sorte qu’il n'existe aucun contact de fer sur fer dans l’échappement et que toute influence due à la proximité d’une machine dynamo est évitée.
- M. le docteur Goldstein montre à un petit cercle d’intéressés, des phénomènes lumineux dans les tubes Geissler dont il a fait une étude spéciale.
- La maison Naglo frères expose une petite collection historique de lampes à incandescence et d’appareils télégraphiques et téléphoniques.
- La maison Hartmann et Braun Bockenheim-
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- Francfort, un certain nombre de ses appareils de mesures électriques et magnétiques.
- Le Comité des courants telluriques présente le résultat de ses travaux dans un nombre de courbes exactes produites par l'indicateur à zinc et l’appareil d’enregistrement photographique et aussi l’indicateur à suie.
- L’observatoire de Gauss, à Gœttingen, avait fait la même exposition que le Comité des courants telluriques.
- Je donnerai, dans ma prochaine lettre, la description de quelques-uns de ces nouveaux appareils et principalement de deux lampes à arc pour faible intensité, l’une fabriquée par la « Deutsche Edison Gesellschaft » (et dont j’ai déjà parlé dans ma lettre insérée dans le n° 25, page 57i) et l’autre, la nouvelle lampe Scharnweber exposée par Ger-mershausen.
- La Conférence télégraphique internationale à voté en seconde lecture, les articles relatifs au tarif uniforme européen, avec une modification peu importante. Ce vote a une importance capitale pour les relations télégraphiques internationales, et assure à la Conférence la reconnaissance des nations civilisées.
- Dr H. Miciiaelis.
- Angleterre.
- Du DANGER QUE PEUT PRÉSENTER LA DISTRIBUTION
- de l’électricité parles générateurs secondaires. — Le docteur John Hopkinson F. R.S. vient de publier, dans le Philosophical Magazine, du mois de septembre, une étude destinée à mettre en lumière le grand danger qui peut résulter de l’emploi irréfléchi des générateurs secondaires pour l’éclairage électrique. L’auteur fait remarquer que de nombreux dispositifs ont été, non seulement mis en avant, mais dans plusieurs cas, pratiquement adoptés pour combiner l’économie résultant de l’emploi d’un potentiel élevé dans les conducteurs qui amènent le courant des points de production aux points de consommation, avec les avantages que prèsente l’emploi d’un faible potentiel dans la distribution de ce même courant. L’emploi d’un faible potentiel s’impose aux points de consommation, quand il s’agit d’une installation de lumière électrique, d’abord parce qu’il est nécesaire aux lampes et ensuite, parce qu’il offre une garantie de sûreté aux personnes chargées du service des lampes.
- La plus séduisante de ces dispositions consiste dans l’emploi de générateurs secondaires ou de bobines d’induction, mais le docteur Hopkinson est d’avis que souvent ces bobines tout en étant efficaces pour l’éclairage ne sont pas exemptes de danger pour ceux qui s’en servent.
- Dans une distribution d’électricité au moyen de générateurs secondaires, on fait passer un courant alternatif succcesivement à travers les bobines primaires d’une série de bobines d’induction ; on a une bobine pour chaque groupe ou système de lampes. Les lampes sont greffées sur les deux bornes de chaque bobine secondaire, et il est facile de construire ces bobines de telle sorte que la différence de potentiel entre les bornes secondaires ne soit que de 5o ou de ioo volts, tandis que dans le circuit primaire, la différence de potentiel aux bornes de la machine dynamo s’élève à 2.000 ou à 3.ooo volts. Si on n’avait qu’à considérer l’action électro-magnétique entre les hélices primaires et secondaires dont dépend le rendement utile, il serait facile de garantir la sûreté du consommateur, tant que l’appareil resterait en bon état. Mais l’action électro-magnétique n’est pas la seule qui entre en jeu. Théoriquement, une bobine d’induction est aussi un condensateur et la bobine primaire agit d’une façon électro-statique aussi bien qu’électro-magnétique sur la bobine secondaire.
- Cette action électro-statique peut facilement devenir dangereuse si le générateur secondaire n’est pas construit de telle sorte que sa capacité électrostatique comme condensateur ne représente qu’une quantité très faible. Par des raisonnements d’ordre mathématique exposés dans sa communication, le docteur Hopkinson arrive à la conclusion que les générateurs secondaires d’une grande capacité élec-tro-siatique sont essentiellement dangereux, même si le circuit et les bobines primaires sont parfaitement isolés des bobines secondaires. Par conséquent, l’auteur conseille aux constructeurs de ces appareils d’avoir soin de ne pas donner aux générateurs secondaires une plus grande capacité électro-statique que o,o3, ou mieux encore, que i/ioo de microfarad. Il recommande également aux inspecteurs des installations de ce genre, dans l’intérêt de leur propre sécurité, d’essayer le système. Ils peuvent le faire en plaçant un générateur secondaire d’une grande capacité à un bout de la ligne et en reliant un circuit secondaire à la terre, à travers un. instrument quelconque capable de mesurer des courants alternatifs au-dessous d’un ampère. L’autre bout de circuit primaire doit être relié à la terre. Les indications de l’appareil de mesure ne doivent pas dépasser l’intensité qu’un homme pourra supporter sans danger; cette intensité devra d’ailleurs été déterminée expérimentalement.
- Le navire électrique « LeVolta».—Le nouveau bateau, électrique construit par MM. Stephens, Smith and C°, de Greenwich, est un bateau capable de traverser la Manche. Il est de 5 tonneaux i/2 et mesure 36 pieds de long sur 7 de large et 3 1/2 de profondeur ; son tirant d’eau est de 20 pouces à
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- l’avant et de 26 à l’arrière. La carène est en acier et l’hélice est actionnée par deux moteurs électriques de Reckenzaum placés au niveau de l’arbre de l’hélice avec lequel ils communiquent directement. Le circuit des moteurs est disposé de manière à pouvoir être groupé en série ou en quantité, suivant le besoin. On obtient de cette façon des vitesses différentes, sans introduire des résistances artifi-cielles entraînant des pertes d’énergie et sans déranger les accumulateurs qui sont toujours reliés en série. On peut ainsi obtenir des énergies variables entre 4, 7 et 12 chevaux avec des vitesses correspondantes de l’hélice.
- Dans le fond du bateau, 70 accumulateurs de 1’ « Electrical Power Storage C° » c’est-à-dire du nouveau modèle de Faure-Sellon-Volckmar, sont installés pour fournir l’énergie électrique et servir en même temps de lest. Toutes les machines sont également placées sous le pont du bateau.
- Afin de pouvoir profiter du vent et économiser l'électricité, le navire est muni de deux mâts. Ces mâts peuvent au besoin être démontés très facilement. On a calculé que les accumulateurs fourniront, avec une seule charge, assez d’énergie pour un parcours de 40 milles, en admettant, bien entendu, que l’on ne se serve pas des voiles. On termine en ce moment l’installation intérieure du navire, dont ou fera plus tard un essai sur la Tamise et dans la Manche.
- L’électrolyse appliquée a l’art dentaire. — Personne n’ignore que l’électricité a été appliquée avec un certain succès à la réduction des tumeurs dans le corps humain; mais on sait moins que les dentistes peuvent s’en servir pour le curage des dents.
- Les procédés de décomposition électrolytique sont, en général, bien préférables aux procédés chimiques, quand l’opération doit être faite dans une cavité de la bouche. Tout procédé purement chimique et inoffensif pour blanchir les dents est nécessairement variable par la nature même de la bouche, et la plupart ne donne que des résultats peu satisfaisants. Le docteur W. B. Ames a, dernièrement, imaginé d’effectuer le curage des dents au moyen des propriétés décolorantes de l’oxygène à l’état naissant obtenu par l’électrolyse de l’eau acidulée, ou d’une solution de chlorure de sodium mise dans le creux de la dent; il emploie de l’acide aromatisé parce qu’il a été prouvé que celui-ci n’exerce aucune influence fâcheuse sur les parois de la dent. Le chlorure de sodium présente cet inconvénient que le contact de la chlorine, à l’état naissant, provoque immédiatement une douleur vive dans une dent plombée avec de l’or. Aussi le docteur Ames recommande-t-il, dans ce cas, l’emploi de l’eau acidulée.
- L’appareil, se compose de deux aiguilles en platine
- formant les électrodes montées sur des manches en ébonite, et reliées à une pib. Après avoir rempli le sommet de la racine, on place la pointe de l’aiguille formant la cathode au bord de la dent creuse, et on fait passer l’anode, dans la cavité de la dent jusqu’au point le plus éloigné de la cathode. En approchant graduellement l’anode de la cathode, on décompose l’eau acidulée dont la cavité a été préalablement remplie, et on répète l’opération jusqu’à ce que la dent soit complètement nettoyée avec l’eau acidulée; l’oxygène paraît à l’anode et l’hydrogène à la cathode. Avec la solution de chlorure de sodium, la chlorine et l’oxygène sont libérés à l’anode et l’hydrogène et le sodium, à la cathode.
- Le docteur Ames a également appliqué la découverte de Schonbein de la formation d’ozone à l’anode dans l’électrolyse de l’eau. Il a réussi à nettoyer les dents abimées, en dégageant de l’oxygène à l’état naissant, ou de l’ozone dans leur cavité. On place une petite éponge ou une cathode couverte de flanelle et trempée dans de l’eau salée sur la paroi buccale, au-dessus de la racine à guérir, et on introduit une anode mince en platine dans la cavité, jusqu’au sommet de la racine. Les matières contenues dans la cavité s’assemblent sous forme d’écume, et peuvent alors être enlevées sans inconvénient. Le passage du courant ne sera accompagné d’aucune douleur, pourvu que l’anode soit introduite d’abord, et l’éponge cathode mise en contact graduellement. Comme beaucoup de personnes sont très sensibles au courant voltaïque, il est nécessaire d’apporter beaucoup de soins à déterminer l’intensité du courant à employer. Parfois un seul élément Bunsen suffira; d’autres fois, on peut employer jusqu’à trois ou quatre de ces éléments.
- Le docteur Ames emploie également l’électricité pour faire des dentures en celluloïde, montées sur du plâtre durci, d’après des moules en cuivre. On commence par prendre une empreinte de la bouche que l’on recouvre de poussière de charbon et qu’on plonge ensuite dans un bain de sulfate de cuivre. La solution est saturée, et contient 1/20 d’acide sulfurique. Le pôle négatif de la pile est relié au moule, et le pôle positif à une plaque de cuivre dans la solution. On peut également rendre leur éclat aux plaques dentaires en or décolorées, au moyen d’une couche electrolytique en or pur.
- Une lampe chirurgicale. — MM. Woodhouse et Rawson construisent une jolie petite lampe à incandescence, destinée à l’usage des chirurgiens, des dentistes, des microscopites, etc. Elle se distingue des autres lampes du même genre, par l’absence de tout réflecteur extérieur. Un côté du globe de ceite lampe est argenté par le procédé spécial de la maison. Il agit comme un réflecteur,
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- et envoie un mince faisceau de rayons sur l’objet qu’on désire éclairer. Afin de pouvoir mieux diriger la lumière, la lampe est montée sur une tige double à charnières en laiton et en caoutchouc vulcanisé. L’appareil est assez petit pour être porté dans une poche de gilet; il donne une lumière pendant io ou i5 minutes avec une pile Leclanché, qui, après une heure de repos, peut fonctionner de nouveau, j’apprends, d’ailleurs, que MM. Wood-house et Rawson fabriquent également un petit accumulaeur portatif pour fournir le courant nécessaire.
- L\ lumière électrique dans les phares. — Un foyer électrique va être installé sur l’île de May, sur le Forth, en Ecosse, aussitôt qu’on aura terminé la construction des bâtiments nécessaires. Son intensité lumineuse sera presque 1.000 fois plus grande que celle des foyers à huile existants, et il donnera, toutes les 3o secondes, quatre éclats à succession rapide. L’appareil optique sera du type condensateur, introduit par M. Thomas Stevenson, ingénieur de la direction des phares du Nord. On remplacera également un foyer à huile, qui éclaire dans une autre direction, par une lampe à arc plus petite. Une nouvelle disposition, qui mérite d’être signalée, consiste à incliner la lumière en bas pendant les temps de brouillard, afin d’augmenter sa puissance à des distances plus rapprochées du phare qu’en temps normal.
- J. Munro.
- Autriche
- La lampe a arc de M. Klostermann. — Pendant l’Exposition de Steyr en 1884, plusieurs lampes à arc de construction nouvelle, imaginées par M. Klostermann, fonctionnaient avec de très bons résultats. L’inventeur est un Autrichien établi à Paris, qui avait également exposé un bon régulateur à charbon à Vienne en i883. Le fonctionnement de l’ancien comme du nouveau modèle repose sur le même principe, seulement M. Klostermann a dernièrement eu l’occasion d’appliquer à ses nouvelles lampes un grand nombre de perfectionnements mécaniques importants. La figure ci-contre indique exactement le détail des communications.
- Le corps de la lampe se trouve entre deux plaques dont la plus grande est en bas et dont toutes les parties sont en contact métallique, à l’exception du levier H qui est isolé et ne communique qu’avec l’armature T en c. Dans le cadre supérieur et isolé de la lampe se trouve, avec les résistances de compensation, le porte-charbon supérieur et positif A qui, par son poids, tend à descendre; il est en contact avec le corps de la lampe, au moyen des galets guides R et g et est retenu par la roue de j
- frein F. Le porte-charbon inférieur et négatif C, qui porte à son extrémité une armature L, tend à monter sous l’action de ressort à boudin D à travers l’électro-aimant E et par conséquent à maintenir le contact entre le bras supérieur du levier du commutateur J et le boulon B. Le levier J qui affecte la forme d’une fourche, est séparé de L par une pièce isolante d.
- L’électro-aimant S, qui est enroulé de gros fil, communique d’un côté avec B et d’autre part, avec la résistance de compensation W, en maillechort, qui correspond à peu près à la résistance de l’arc lumineux d’une longueur normale d’environ 3 millimètres. L’électro-aimant dérivé N est à deux enroulements en fil fin, d’une résistance de5oo ohms, dont le fil intérieur communique avec le levier isolé H et le porte-charbon C, tandis que le fil extérieur communique avec la pièce métallique K et avec le bout du fil intérieur en H. Quand les charbons se touchent, le courant prend le chemin qui offre le moins de résistance, c’est-à-dire qu’il va de la borne positive par R, jusqu’à A; il traverse les charbons jusqu’à C passe dans les spires de E et par un fil de communication arrive au cadre supérieur de la lampe et à la borne négative.
- Le pôle supérieur de l’électro-aimant E devient fortement aimanté et attire, après avoir vaincu la résistance du ressort D, l’armature L et le bras inférieur de J. C et le bras supérieur de J font un mouvement en arrière et l’arc lumineux normal est formé. Le jeu du charbon inférieur est donc très limité. Au moment où l’arc s’établit, le contact est rompu entre le levier J et le boulon B et, par suite aussi, ce deuxième chemin jusqu’ici ouvert au courant principal. Si au moment de l’allumage les charbons ne se touchent pas, le courant trouve le moins de résistance en passant de K par J à travers le contact fermé en B, dans les spires de l’électro-aimant S dans la résistance W et de là à la borne du pôle négatif. Le pôle supérieur de l’électro-aimant S, fortement aimanté, attiré maintenant l’armature U, qui peut être tendue à volonté par le ressort p; le rouage est alors déclenché et la roue de frein F n’agit plus sur le porte-charbon A, de sorte que celui-ci devient libre et peut descendre jusqu’à ce que les charbons se touchent. Au moment du contact, le courant traverse le charbon C l’armature U est replacée dans la position du repos par le ressort p et par suite, le porte charbon A est maintenu en place par la roue du frein, qui appuie de nouveau sur A, tandis que la formation de l’arc et la rupture du contact entre J et B se font et que S demeure absolument sans courant.
- Par suite de l’usure graduelle des charbons et delà résistance toujours plus grande de l’arc, l’é-lectro-aimant dérivé N reçoit toujours plus de courant ; le courant, dérivé de K traverse le
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- corps de la lampe et l’armature T passe de H dans les spires intérieures de N jusqu’à C où il se réunit avec la partie du courant qui passe dans les charbons et dans l’arc. On peut régler la distance entre l’armature T et le pôle intérieur de l’électro-aimant dérivé et on le fait généralement de sorte que ce dernier qui, peu à peu, est devenu plus
- fortement aimanté, attire complètement l’armature dès que l’arc dépasse 3 millimètres.
- Le cliquet v qui suit le mouvement de l’armature, fait avancer la roue dentée 2 d’une dent à la fois dans le sens de la flèche ; ce mouvement est transmis par le rouage à la roue du frein F ; celle-ci se déplace alors et fait descendre le charbon. Quand l’avancement du charbon positif aura réduit l’arc à sa longueur normale, ce qui se fait sans la moindre fluctuation appréciable de
- l’intensité lumineuse, la plus grande partie du courant passera de nouveau par les charbons.
- Afin d’arriver rapidement et sûrement à ce résultat et pour que l’aimant dérivé soit aussitôt privé de courant, le taquet fixe i arrête le mouvement du bras inférieur du levier H qui suit l’armature et par conséquent, pendant le réglage, le contact en e se trouve interrompu entre H et l’armature T, attirée, et une résistance supplémentaire de 5oo ohms est intercalée dans le circuit dérivé. En effet le chemin peu résistant par le levier H se trouvant interrompu, le courant dérivé est forcé de passer de K directement, d’abord dans les spires extérieures et, ensuite, dans les spires intérieures de lelectro-aimant dérivé.
- La résistance du circuit dérivé qui d’abord était de 5oo ohms devenant maintenant de 1.000 ohms, produit le résultat que l’on cherche ; le circuit dérivé perd tout son courant, l’armature T est ramenée au repos et le porte-charbon A est enrayé ; la même opération peut ensuite recommencer.
- Il nous reste maintenant à parler du rôle que joue le deuxième pôle extérieur de l’électro-ai-mant dérivé dans le réglage d’un arc d’une longueur extraordinaire. Si par hasard le réglage normal fait défaut, par suite d’une circonstance électrique ou mécanique quelconque, et si l’arc s’allonge outre mesure de sorte que l’électro-aimant dérivé reçoit une quantité toujours plus grande de courant, alors l’action du pôle extérieur de l’aimant dérivé, qui acquiert une force magnétique toujours plus grande, sur le levier d’armature P fait fermer un contact et crée en même temps, pendant un instant, un circuit dérivé allant de K à travers le ressort m, le levier d’armature attiré P, le contact n fermé par celui-ci et les fils de communication dans les spires de l’électro-aimant S. L’électro-aimant ao-it alors sur son armature U, comme il a été dit à l’origine. P peut être tendu à volonté au moyen de m ce qui se fait généralement, de telle sorte que l’aimantation du pôle n puisse vaincre la tension du ressort au moment où l’arc atteint une longueur de 8 millimètres. Au moment où le levier d’armature P est attiré, S reçoit la plus grande partie du courant ; son pôle supérieur attire U tandis que l’électro-aimant dérivé perd tout le courant et P est ramené au repos un instant après, au moyen de m. La lampe fonctionne alors d’une façon normale, à moins qu'il n’arrive un nouvel accident.
- Pour le moment, on fait fonctionner la lampe avec une intensité de courant de 7-12 ampères et une force électromotrice de 40 volts, pour d’autres intensités et d’autres forces électromotrices, il faudrait seulement modifier l’enroulement des électro-aimants.
- T. Kareis.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- CHRONIQUE
- Note de M. Palmieri sur l’origine de l’électricité atmosphérique P).
- Afin de voir si la condensation de la vapeur d’eau est une source d’électricité M. Kalischer a procédé de la manière suivante. Il a disposé sur un tabouret isolant douze vases de verre tapissés de papier d’étain et remplis de glace. Le système des douze vases est mis en communication avec une des paires de quadrants de l’électromètre de Thomson, l’autre paire restant en communication avec le sol. Tandis que la vapeur de l’air ambiant venait se condenser sur les parois extérieures des vases, l'index de l’électromètre déviait irrégulièrement et les déviations analogues se produisaient, alors même que, à l’intérieur des vases, il n’y avait ni glace, ni neige. M. Kalischer en conclut que la condensation des vapeurs ne développe pas d’électricité.
- Pensant avoir démontré le contraire, depuis 1862 en suivant une voie différente, il est vrai, mais que je jugeais rationnelle, je n’ai pas cru devoir accepter sans contester l’expérience du physicien allémand et j’ai adressé à ce propos, le 7 février dernier, une note à notre Académie des sciences.
- En apprenant que l’index de l’électromètre de Thomson déviait, sans que M. Kalischer en pût donner une raison, je résolus de répéter ces expériences en m’aidant d’un appareil condensateur sensible et d’un électroscope de Bohnenberger (muni du modèle de pile sèche que je suis parvenu à ramener à une force constante) et même dans certains cas, de mon électromètre bifilaire.
- J’ai pris deux grands vases de verre de trois litres de capacité, revêtus extérieurement comme les vases de M. Kalischer; je les ai placés sur un tabouret isolant et j’ai mis en communication, à l’aide d’un fil de platine ou même de cuivre, les surfaces extérieures de ces. récipients avec le plateau inférieur du condensateur communiquant lui-même avec la feuille d’or de l’électroscope. Les disques ou plateaux de ce dernier sont en cuivre doré et les deux faces de contact sont couvertes d’une couche de vernis isolant.
- Sans mettre dans les vases ni neige, ni quelque autre substance, mais en maintenant seulement pendant quelques instants le plateau supérieur en communication avec le sol, j’ai vu, en élevant ce plateau, la feuille d’or accuser de l’électricité négative.
- Cette électricité parait plus forte si l’on touche
- (*) Réponse à une note de M. Kalischer à propos de la production de l’électricité par la condensation des vapeurs. (Traduit de l’italien par M. P. Marcillac.)
- un instant, du doigt, une des parois extérieures des vases, tandis que le plateau supérieur se trouve en communication avec le sol.
- Elle paraît également plus intense si les parois extérieures sont couvertes d’une étoffe imbibée d’eau et s’accroît encore si l’on touche un moment cette étoffe, c’est-à-dire si on la met en communication avec le sol, soit avec la main, soit par l’intermédiaire d’une lame de platine, tandis que le plateau supérieur communique avec la terre.
- Sans parler d’autres particularités, il me semble que l’expérience démontre que M. Kalischer n’avait que faire d’employer un système qui est par lui même une source d’électricité négative. Si, en effet, la condensation lente des vapeurs qui se déposent en petite quantité sur les parois extérieures de ses vases avait pu développer quelques traces d’électricité positive, cette dernière eût été neutralisée par l’électricité négative préexistante.
- Lorsque j’ai mis à l’intérieur des vases, soit de la neige, soit un mélange de neige et de sel, j’ai souvent obtenu moins d’électricité que je n’en avais quand les vases étaient vides.
- Il faut noter, en outre, que la quantité d’eau recueillie sur les parois extérieures des vases, au bout d’une heure de refroidissement, n’atteignait pas 2 grammes. La formation lente d’une aussi faible masse d’eau développait par suite une si petite quantité d’électricité positive, que la présence de cette dernière était impossible à apprécier, attendu qu’elle pouvait aisément se perdre au fur et à mesure qu’elle se développait, et cela sans qu’il fût même nécessaire de tenir compte de l’électricité négative propre du système. La condensation de la vapeur par des chutes de pluie d’une certaine intensité, fournit par minute un gramme d’eau pour 10 centimètres carrés de surface. Dans le cas actuel, il faut, pour recueillir deux grammes d’eau en une heure, plus de 1.000 centimètres carrés de surface refroidie. Néanmoins, si l’on ne se trouvait pas en présence d’une source d’électricité négative, il serait peut-être possible d’observer, en s’aidant d’un appareil sensible, quelques traces d’électricité positive.
- j’aurais pu ôter l’étain et recouvrir les vases de minces feuilles de platine ; mais ceci n’aurait abouti qu’à une expérience coûteuse, d’un effet douteux, ou tout au moins plus discutable que mes expériences de 1862. Il est fâcheux que ces dernières, très concluantes et venant à l’appui de ce que m’avait appris une période de trente-cinqannées d’observations, aient été reproduites sans soin par mes contradicteurs, et il est regrettable qu’ils en aient conclu le contraire de ce que j’avais avancé après avoir réussi dans mes [expériences de cabinet, sans s’être donné la peine de les répéter exactement.
- On pourrait demander quelle est .l[oi;igine de
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- cette électricité négative que fournissent les vases, alors qu’ils rie contiennent ni neige ni glace. A mon avis, c’est la reproduction d’une vieille expérience de Yolta. Si, en effet, on place au lieu des vases de M. Kalischer, un ou plusieurs cylindres de zinc, analogues à ceux des piles, sur un tabouret isolant, et si on les met en communication avec le plateau inférieur du condensateur, à l’aide d’un fil de cuivre ou même de platine, l’electricité négative se montrera encore plus intense.
- Si, tandis que le plateau supérieur communique avec le sol, on touche un moment le zinc avec le doigt, avec un corps humide et même avec du platine, on verra, en élevant le plateau supérieur, la feuille d’or de l’électroscope indiquer une électricité négative plus forte, toujours moindre, toutefois, quand le contact est établi avec du platine.
- Je pourrais m’étendre longuement sur de multiples particularités qu’il m’a été donné de noter, mais je le crois inutile pour le moment.
- On peut voir le résumé des expériences que j’ai faites depuis 1862, dans une note insérée dans le fascicule du 2 juin 1862 des Comptes rendus de l’Académie des sciences physiques de Naples et dans le mémoire intitulé Lois et origines de l'Electricité atmosphérique (*), inséré dans le tome IV de.s mémoires de la Société italienne des Scierices, et traduit en allemand par M. Discher, en français par MM. Marcillac et Brunet.
- Dans ces expériences, la quantité de vapeur qui se condensait en quelques minutes, c'est-à-dire qui se résolvait en eau, était au moins cinq cents fois plus grande que la quantité recueillie sur les vases de M. Kalischer dans le même temps, et l’on obtenait à l’aide du condensateur et de l’électroscope de Bohnenberger, des tensions positives, faibles, mais constantes et indubitables (-). Le vase réfrigérant était en platine, comme le fil à l’aide duquel il était relié au plateau inférieur de l’électroscope condensateur, formé de cuivre, doré avec soin.
- (!) Lois et Origines de l’Électricité atmosphérique. 1885, Paris, Gauthicr-Villars.
- (2) Dans mon mémoire précédemment cité je dis : vidi cos-tanlemenle manifesti segni di eleltricita positiva. M. Discher a traduit segni par Anzeichen et MM. Marcillac et Brunet par le mot traces. M. Faye, dans son remarquable rapport à l’Académie des sciences, a ajouté au mot traces de la traduction Irançaise, le mot insignifiantes. Il y a là une erreur regrettable. L’électricité que j’observai lors de la condensation d’une colonne de vapeur n’était pas insignifiante. Elle n’était pas forte et ne pouvait l’être dans ces conditions, mais elle était très évidente.
- Je puis dire avec certitude, après ma longue période d’observations, que, à l’apparition de la pluie sur l’horizon, l’électricité s’acroit en raison de l’intensité de l’orage, jusqu’à produire des étincelles, alors même que la foudre ne manifeste par sa présence. Le nuage s’électrise fortement en se résolvant en pluie, et devient une source d’électricité tant que dure sa résolution, comme le fait une machine électrique tant que l’on fait tourner le disque.
- Lorsque je fis cette expérience, j’avais depuis longtemps constaté par l’observation directe de la nature elle-même, que les grandes tensions électriques de l’atmosphère correspondaient à la condensation des vapeurs par formation de nuages, brouillards, etc., et principalement par la résolution de ces derniers, en pluie, en grêle ou en neige. Par un ciel nuageux, mais sans qu’il y ait de pluie à distance, on trouve habituellement moins d’électricité que par un ciel serein ; mais si la pluie apparaît à l'horizon les manifestations électriques fournies par les appareils spéciaux deviennent très fortes et cet accroissement d’énergie commence avec la pluie, dure autant qu’elle et finit avec elle, suivant la loi que j’ai énoncée en 1864.
- Un observateur placé sur un point culminant du haut duquel on peut découvrir un vaste horizon, comme à l’observatoire du Vésuve, se convaincrait sans peine, sans recourir à aucune expérience, de l’exactitude des faits que la nature nous révèle spontanément. Il pourrait de plus, en étudiant convenablement la fumée du Vésuve, s’expliquer l’origine de l’électricité atmosphérique.
- On voit de quelle valeur sont les essais de M. Kalischer et quelle conclusions on peut en tirer. Je m’étonne que certains savants les citent comme décisifs dans le cas cité plus haut, où le résultat était nul. M. Kalischer, au sujet de l’emploi qu’il a fait de l’électromètre Thomson, ne dit même pas si les déviations de l’index, qu’il signale comme irrégulières, indiquaient de l’électricité positive ou négative. Il est difficile de faire fond sur des essais aussi indécis.
- J’ai rapporté dans ma note de 1862, citée plus haut, une expérience à l’aide de laqnelle je démontrais que, lorsque l’eau pure se résout en vapeur, il y a développement d’électricité négative dans le liquide d’où la vapeur s’élève. Je n’ai pas eu recours à l’ébullition ordinaire de l’eau pour diverses raisons dont la principale' est que, lorsque les bulles de vapeur traversent le liquide, il doit se produire une rapide neutralisation des électricités de signe contraire. Je n'ai pas voulu non plus recourir à des effets de caléfaction ou autres, pour éviter des objections qui se présentaient naturellement (spécialement pour le frottement de la vapeur contre la paroi du récipient de platine); j’ai simplement concentré les rayons solaires, à l’aide d’une grande lentille convergente, sur la surface de l’eau contenue dans une coupe de platine entièrement remplie et j’ai observé, grâce à l’appareil condensateur habituel et à un électroscope de Bohnenberger, des signes manifestes d’électricité négative.
- Le docteur Gerland admet le développement d’électricité avec la condensation de la vapeur parce qu’il y a restitution d’énergie, mais il ne croit pas qu’avec l’évaporation, il puisse se manifester
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- de l’électricité parce que dans ce cas il y a dépense d’énergie. Il s’exprime en ces termes :
- « MM. Wettstein et Palmieri se bornent à attri-« buer à la condensation de la vapeur d’eau l’ori-« gine de l’électricité atmosphérique. M. Palmieri « a observé que l’électricité atmosphérique croît « avec l’humidité et que, à l’apparition des nuages a sur l’horizon, elle devient plus appréciable et .« atteint un maximum au point de fournir des .« étincelles avec la chute de la pluie, delà grêle ou « de la neige (‘). Après des observations aussi « nettes, on ne doit pas être surpris de voir que « ce savant ait entrepris des expériences pour « justifier la théorie de Volta; ce qui prouve un « sentiment de profond respect pour la mémoire « et les idées de son illustre compatriote. »
- A ces observations courtoises, je me permets de répondre que le développement de l’électricité par l’évaporation n’est pas en contradiction avec la conservation de l'énergie, attendu que l’énergie calorifique dépensée pour provoquer l’évaporation peut, en partie, se révéler comme électricité de nature opposée à celle que fournit la condensation.
- Je dois d’ailleurs déclarer à l’illustre physicien allemand, que j’ai tout récemment effectué de nouvelles expériences que chacun pourra répéter facilement, et qui démontrent nettement le développement de l’électricité par l’évaporation de l’eau, sous l’action des rayons solaires. J’en ferai sous peu l’objet d’une note spéciale.
- Beaucoup de physiciens ont hésité à admettre ce fait que j’ai pourtant démontré expérimentalement en disant que l’on ne s’explique pas comment, lors de la condensation des vapeurs, il y a seulement développement d’électricité positive, étant donné qu’une électricité ne se manifeste jamais sans l’électricité de nom contraire. Je pourrais répondre que les fortes tensions dues à la résolution des nuages en pluie, grêle ou neige, se présentent l’une et l’autre, suivant la loi que j’ai for mulèe. Mais je pense que, lors de l’expansion de la vapeur son électricité positive reste occulte et l’électricité négative du liquide qui s’évapore, se neutralise, quant à elle, dans le sol. Lorsque ensuite les vapeurs se condensent, l'électricité qui restait occulte, latente en quelque sorte, dans l’expansion des vapeurs, se manifeste. Ceci n’est point une hypothèse, mais une vérité reconnue par expérience.
- En définitive, je crois qu’il serait bon d’en finir avec les hypothèses, de suivre la méthode expérimentale sans attacher une importance trop grande à quelques résultats négatifs qu’il n’est pas difficile de s’expliquer et de répéter les expériences dans
- (') Il aurait fallu ajouter : aussi bien si la pluie tombe sur le lieu des observations que si. et mieux peut-être, elle tombe à une certaine distance.
- lesquelles on a réussi à écarter les causes d’erreur.
- Il arrive souvent, d’ailleurs, que s?appuyant sur des observations erronées ou incomplètes une idée fausse se répand avec rapidité, mais avec le temps et devant des expériences précises elle doit forcément faire place à la réalité.
- L’induction téléphonique, par M. A. Dijongh.
- Le meilleur remède trouvé jusqu’ici contre l’induction téléphonique est l’emploi, pour une seule communication téléphonique, de deux fils formant un circuit métallique.
- Cette nécessité d’employer deux fils pour une seule communication est une des causes principales qui s’opposent à l’extension de la téléphonie à grande distance ; c’est aussi la raison pour laquelle on cherche, autant que possible, à utiliser les fils des réseaux télégraphiques : un réseau spécial nécessitant un nombre de conducteurs double des communications téléphoniques à obtenir, entraînerait à une grande dépense pour les grandes distances.
- Est-il impossible, à cause des effets d’induction téléphonique, d’obtenir autant de communications téléphoniques simultanées qu’il y a de fils entre deux localités ? Je ne le pense pas, surtout si le nombre de ces fils n’est pas trop élevé et notamment, lorsque deux communications simultanées pourraient assurer le service. Je m’efforcerai de le démontrer dans la petite étude qui suit.
- Remarquons d’abord que ce n’est pas toujours par induction que l’on entend sur un fils les conversations des fils voisins, mais souvent, et on pourait dire, principalement, par dérivation.
- Tous ceux qui ont fait de la téléphonie (au moyen de fils aériens), savent que ce qu’on appelle
- F/G. 1
- les phénomènes d’induction se manifestent avec beaucoup plus de force par les temps pluvieux que par les temps secs. Cela tient évidemment aux dérivations qui se produisent alors par l’intermédiaire des supports mouillés.
- Ceci posé, considérons deux fils voisins AB et CD, reliés par leurs extrémités à la terre, et supposons qu’on lance dans le fil AB un courant dirigé de A en B.
- Ce courant engendrera dans le conducteur CD, un courant induit dirigé de D en C, qui se fera entendre dans les deux téléphones T, et T2.
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- Tenons maintenant compte des dérivations et considérons le cas le plus simple, celui où une dérivation existerait entre les deux conducteurs aux points E et F (fig. 2).
- Supposons que le courant de A en B ait une intensité représenté par x y -}- 2 et que la quantité de ce courant, qui continue vers B au delà du point de dérivation F, soit égale à x.
- Un courant égal à y -j- 2 entrera dans le conducteur CD au point F et là se divisera pour s’écouler en terre par C et D. Il faudra, pour qu’on ne perçoive pas dans les téléphones T, et T2, la conversation échangée par AB, non seulement qu’on annule l’effet d’induction de AB sur CD, mais encore qu’on détruise les courants y et 2 qui traversent les téléphones T2 et T,. Le problème de ce qu’on appelle l’annulation de l'induction est donc plus complexe que ne le suppose cette appellation inexacte ou tout au moins insuffisante.
- L’insuccès du système d’aunulation de l’induction basé sur l’emploi des bobines lançant dans un conducteur des courants de sens contraire aux
- FIG. 2
- courants d’induction pour les annuler, tient certainement à ce que ce système ne détruit pas l’effet nuisible des dérivations.
- D’un autre côté, il est facile de voir que, quand on emploie des circuits métalliques complets, l’effet de dérivation ne se produit plus ; on emploie deux fils par communication téléphonique, mais cette méthode annule à la fois les deux espèces de courants, les courants d’induction et les courants dérivés.
- J’ai cherché à obtenir le même résultat, tout en conservant autant de communications téléphoniques qu’il y a de fils. Le peu d’essais que j’ai pu faire, ne portent que sur deux fils et à petite distance, mais ils permettent d’affirmer que de bons résultats pourront être obtenus au moyen de,la disposition à laquelle j’ai été amené.
- Avant d’exposer cette disposition, une petite remarque est nécessaire.
- La figure 3 représente un pont de Wheatstone avec générateur d’électricité en p et un galvanomètre ou appareil électrique quelconque en g.
- L’on sait que si les résistances a, b, c et d sont dans le rapport
- a_c
- b~ d'
- un courant envoyé par le générateur d’électricité p est sans action sur l’aprareil placé en g.
- Réciproquement, si l’on transporte le générateur en g et l’appareil en p, les courants fournis par le générateur en g n’actionnent pas l’appareil en p, si, bien entendu, le même rapport existe entre les résistances a, b, c et d. La démonstration mathé-
- X.
- v
- / X,
- h|i|i|i\-
- P
- FIG. 3
- matique de ce fait est facile, et je crois inutile d’en donner ici les calculs.
- Si maintenant on modifie un peu cette disposition et qu’on obtienne la figure 4, dans laquelle A,, A2, A3 et Ai représentent des postes électriques quelconques, il est facile de voir, même sans recourir au calcul, qu’un courant envoyé par A, agira sur A2, mais sera sans action sur A., si les résistances sont dans le rapport
- c+b~ f+d’
- ’A2 " '‘S
- FIG. 4
- que ce même courant sera sans action sur si :
- a+e_c+f b d ’
- D’un autre côté, pour que le courant émis par A2 actionne seulement A,, sans influencer As et A1, il faut que
- e-\-b _f+d a c
- et
- b _ _d_ _ a-\-e c-\-/’
- c’est-à-dire qu’il faut les mêmes rapports entre les résistances. Il est tout aussi clair que dans ce cas les deux postes A3 et A3 s’influenceront réciproquement, en restant sans action sur A, et A2.
- Substituons maintenantdeuxlignestéléphoniques
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- L, et L2 aux résistances e et f; soient A,, A2, A3 et At, quatre postes téléphoniques, et supposons A, et A2 reliés à la terre (6g. 5).
- Les deux postes A, et A2, les deux autres A3 et A , pourront communiquer simultanément sans se troubler si on a le rapport des résistances :
- a e _
- et
- <? + L, _c+ L, b d
- Les deux fils L, et L2 étant de même longueur
- ,FIG. 5
- et ayant le même parcours, supposons-les de résistance égale (on pourra toujours rendre les résistances égales en ajoutant à l’une d’elles une résistance artificielle), pour que les relations ci-dessus existent, il suffira que a = c et b — d.
- Il est évident que les postes A, et A2 communiqueront entre eux sans se faire entendre par induction ou par dérivation par les postes A3 et A.t, et réciproquement.
- fil. ô.
- Avec les lignes aériennes les résistances L, et L, sont variables et la méthode indiquée comportera donc un réglage; mais il est à remarquer que les deux fils parcourant sur une même longueur, un même trajet, leur résistance, par suite des changements atmosphériques, variera dans le même sens et à mon avis les réglages seront faciles et peu fréquents.
- Les résistances a, b, c et d devront naturellement être en rapport avec les résistances des lignes.
- Quand le nombre de fils augmente* les installations deviennent plus compliquées Pour trois fils, on aurait la disposition de la figure 6.
- Tj communique avec T2, T3 avec T\ et avec T6. Avec 4 fils, on aurait la disposition de la
- figure 7, ou mieux encore la disposition de la figure 8.
- Dans l’état actuel des relations téléphoniques, deux bonnes communications entre deux villes éloignées suffisent d’ordinaire pour assurer le service.
- F.G. 7
- Dans ce cas, deux fils empruntant un autre parcours que celui des lignes télégraphiques et installés d’après la figure 5, pourraient lutter avantageusement avec les systèmes empruntant les réseaux
- FIG. 8
- télégraphiques et exigeant quatre fils à distraire nécessairement du service télégraphique, à moins que d’employer le système van Rysselberghe. On sait que ce système permet d’employer les mêmes
- FIG» Q
- fils à la transmission simultanée des correspondances télégraphiques et téléphoniques, mais il exige des installations coûteuses.
- Avec le système que je viens d’exposer, on peut, en disposant de trois fils, avoir deux communications par circuit métallique complét (fig. g).
- De même, avec quatre fils, on peut avoir trpis communications, sans emprunter la terre (fig. io).
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- Avec les câbles souterrains, on a des fils dont la résistance reste constante. Les communications qu’on échange par ces câbles exigent deux fils par
- FIG. lO
- communication. Avec la disposition de la figure io, on pourra obtenir, sans employer la terre, un nombre de communications égal aux trois quarts du nombre des fils du câble.
- Sur une nouvelle forme de voltmètre.
- MM. R. Aliothand C°, constructeurs électriciens à Bâle, fabriquent une nouvelle forme de voltmètre dont la figure i donne la vue perspective. Cet appareil est fondé sur l’attraction exercée par un soiénoïdc sur son noyau. Ce qui distingue l’appareil en question, c’est la forme particulière donnée au noyau. Le noyau est constitué par un anneau plat, interrompu sur un huitième de sa circonférence, et mobile autour de son axe géométrique. La section de cet anneau varie d’une extrémité à l’autre, de telle façon que le chemin angulaire décrit par un de ses points est à peu près proportionnel à la racine carrée de l’intensité du courant dans le solénoïde, à l’exception toutefois des déviations très faibles, lesquelles restent au-dessous de cette proportionnalité (fig. 2).
- L’extrémité de l’anneau qui a la plus forte section se trouve fixée sur un support radial venu en fonte avec le noyau, traversé par l’arbre en acier et muni d’un contrepoids. L’autre extrémité de l’anneau se trouve engagée dans le solénoïde de quelques millimètres, lorsque l’aiguille indique le zéro, et que le ressort antagoniste est détendu.
- A mesure que le courant qui traverse les spires du solénoïde augmente, le noyau plonge davantage, jusqu’à ce que le bras radial du support, qui, au repos, touchait presque le bord de la bobine du solénoïde d’un côté vienne s’appuyer contre son bord opposé, ce qui correspond à une déviation de 220°.
- Les deux supports pivots de l’arbre de rotation se trouvent fixés, l’un, au fond de l’instrument, l’autre à l’extrémité de la pièce, en forme de V, que l’on aperçoit sur la figure 1.
- L’échelle développée a une longueur de 140 millimètres, et l’appareil entier est renfermé dans une
- boîte cylindrique, ayant 11 centimètres de diamètre sur 5cmi/2 de hauteur.
- Le ressort antagoniste a la forme d’une spirale cylindrique d’une vingtaine despires; sa torsion maxima étant de 2200, §es conditions d’élasticité seront sensiblement constantes.
- Si l’anneau ne gardait aucune trace de magnétisme, on pourrait indifféremment faire passer dans le solénoïde, des courants de sens contraires. Mais, comme le fer conserve, quelque doux qu’il
- •FIG. 2
- soit, un magnétisme rémanent, le tarage se fait après avoir lancé dans l’appareil un courant assez énergique. Le magnétisme rémanent renforce, dans ce cas, les déviations faibles. Lorsqu’on s’est servi pendant quelque temps de l’appareil pour mesurer-des courants ayant un sens donné, et qu’on veut l’appliquer à la mesure de courants ayant un sens opposé, il faut avoir soin de faire passer préalablement dans la bobine, un courant ayant la même direction que ces derniers, et qui fasse dévier
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- l’aiguille d’un tiers de la déviation totale au moins : cette opération terminée, le tarage est de nouveau juste.Le voltmètre estsoustraità l’action du courant, dès qu’on cesse d’appuyer sur le bouton que l’on voit au haut de la figure i.
- L’enroulement du fil très fin du solénoïde est ainsi préservé de réchauffement qui fausserait les lectures et finirait par nuire à l’isolement.
- M. R. Alioth and C° construisent sur le même modèle des ampèremètres pour mesurer des courants de i à 40, ou bien de 5 à 200 ampères.
- Sur une nouvelle lampe à arc pour projections.
- Nous trouvons dans le numéro de juillet de YElektrotcchnische Zeitschrift, la description d’une nouvelle lampe à arc imaginée par M. Richard Ruhlmann et destinée à servir aux effets de projection. La condition essentielle à laquelle doit satisfaire une lampe de ce genre est la fixité du céntre lumineux par rapport au corps de la lampe ou, en d’autres termes, l’invariabilité du centre lumineux dans l’espace. On doit évidemment s’attacher aussi à avoir une lumière exempte d’oscillations; c’est là, d’ailleurs, une condition qui s’impose dans toute espèce de lampes, tandis que dans les lampes ordinaires le foyer peut, sans grand inconvénient, se déplacer à mesure que les charbons s’usent. La lampe devra de plus foncdonner dans toute espèce de position, c’est-à-dire que le mécanisme ne saurait être basé sur l’action de la pesanteur.
- La lampe de M. R. Ruhlmann, dont la figure 1 donne une coupe schématique, semble satisfaire assez bien à ces conditions. Elle est basée sur le principe bien connu de la lampe-soleil. Les deux charbons R, R' s’appuient, sous l’action de deux ressorts assez faibles F, F, contre les parois d’un bloc B, lequel est constitué par une substance réfractaire et présente en son milieu un canal a (fig. 1, 3 et 4) qui livre passage à l’arc voltaïque. Sur la partie antérieure du bloc B se trouve une ouverture en forme d’entonnoir, par où s’échappent les rayons lumineux.
- Les tiges de charbon sont fixées à des tringles de cuivre et guidées dans des tubes également en cuivre, r,r.
- Le charbon inférieur est métalliquement relié au corps de l’appareil et par là, au pôle positif de la source d’électricité; le charbon supérieur est isole de l’appareil et communique avec une borne que l’on relie au pôle négatif de la source.
- Pour l’allumage, on abaisse la tige supérieure s, et avec elle, le crayon de charbon k, qui glisse dans un évidement pratiqué dans le charbon R' ; jusqu’à ce que ce crayon soit venu en contact avec le charbon R; à ce moment, le courant
- passe, et on abandonne le crayon k à l’action du ressort à boudin ft qui le fait remonter lentement. Le canal a est assez large pour laisser passer le crayon k, et assez étroit pour empêcher que les deux élecrodes R et R' ne se rejoignent.
- Lorsqu’on allume la lampe, il est bon de faire revenir en arrière, lentement, le charbon k, afin de laisser à l’arc, à mesure qu’il s’allonge, le temps d’échauffer les parois avoisinantes du bloc B. Lorsque cette précaution n’est pas prise, la lampe s’éteint facilement à l’origine.
- Le bloc B, dont les différents points se trouvent portés à des températures plus ou moins élevées, ne tarde pas à se fendiller; aussi, pour éviter que ce bloc ne se détache, est-il maintenu dans une enveloppe en koréïte calcinée, enfermée elle-même dans une boîte en fonte.
- Ce qui, selon l’inventeur, différencie sa lampe de la lampe-soleil est l’emploi, pour la fabrication
- FIG. I ET 2
- des blocs, d’une matière première riche en carbonate de magnésie. Il se produit par suite de la grande élévation de température,une dissociation: l’acide carbonique se sépare, et une partie de l’oxyde de magnésium qui reste est volatilisée. Ces blocs se conservent fort bien, mais ils sont
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- difficiles à travailler, à cause de la nature des minerais employés. L’inventeur recommande également l’emploi de la dolomite, qui se taille plus facilement, et qui, au point de vue de la durée, donne aussi de bons résultats.
- Pour un écart de charbon de 8 à 10 millimètres, la lampe demande une différence de potentiel de q5 ou 47 volts aux bornes.
- La figure 2 représente la lampe prise dans son ensemble; lamonture est construite de telle façon, que la lampe puisse, sans modification, être appliquée aux principaux appareils de projection
- FIG.
- FIG. 4
- répandus dans le commerce (Romain Talbot, Fritz, Liesegang et Stoehrer, etc.).
- Lorsqu’on se sert de blocs munis d’une ouverture en forme de cratère, ainsi qu’il est indiqué sur la figure 3, l’intensité lumineuse est, pour une même dépense d’énergie électrique, moindre que dans une lampe Siemens dont on a un peu reculé le charbon positif pour déplacer la lumière en avant. Ceci tient à ce que les pointes mêmes des électrodes se trouvent masquées par les parois du bloc B. On augmente sensiblement l’intensité lumineuse en fendant le bloc de haut en bas, et en lui donnant la forme qui se trouve indiquée sur la figure 4. Dans ce cas, l’intensité lumineuse est, toutes choses égales d’ailleurs, supérieure à celle que donnent les lampes ordinaires, mais les blocs s’usent un peu plus vite.
- Les lampes à incandescence du système Puluj (' )
- On fabrique à Steyr, en Autriche, un nouveau modèle de lampes à incandescence connues sous le
- nom de lampes Puluj. Cette lampe, dont la figure ci-aprèsdonne l’aspectgénéral se distingue par la forme de son filament, la substance première et le mode de carbonisation de ce même filament.
- On prend, pour faire le filament, du chanvre de Manille auquel on donne la forme d’une feuille de trèfle. On se sert à cet effet d’une plaque de fer sur laquelle sont disposés cinq goujons correspondant aux angles ronds du filament; on met le brin de chanvre sur cette forme et on le tend fortement au moyen d’une sorte de mâchoire destinée en même temps à aplatir les extré-miiés a, b du filament. Pour retirer le filament de la forme, on enlève les deux goujons mobiles 2 et 4, et on desserre la mâchoire inférieure ; on fixe à l’aide de pointes le filament sur un morceau de liège et on le place dans un bain d’huile minérale où il est porté à l’incandescence et carbonisé par le passage d’un courant électrique. Le bain empêche les décharges latérales de se produire comme cela a lieu dans le vide et il paraît que dans ces conditions le filament carbonisé présente une surface extrêmement unie et une résistance.mécanique très considérable (24 kilogrammes par millimètre carré), ce qui assure une longue vie à la lampe.
- On galvanise ensuite les bouts aplatis du filament et on les soude aux fils de platine qui traversent l’ampoule; les extrémités de ces fils de platine sont préablement contournées en spirale, au moyen d’un mécanisme très simple; le dépôt électrolytique est un dépôt de cuivre et la soudure est faite à l’argent.
- On se sert pour la confection du vide de la •pompe à mercure de Geissler. Le vide est fait dans plusieurs lampes à la fois (généralement 7) et l’on a soin de porter les filaments à l’incandescence, comme d’habitude, pendant la dernière partie de cette opération.
- Ces lampes ont une résistance de 2:4 ohms et donnent, avec une différence de potentiel de 20 volts aux bornes, une intensité lumineuse de 20 bougies : leur durée est de r.000 heures. Nous donnons ces renseignements sur la foi de notre confrère.
- (i) Journal de Dingler, 0 juillet 1885.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- LES APPLICATIONS DE
- L’ÉLECTRICITÉ aux CHEMINS DE FER
- Rapport fait à la demande du Congres des chemins de fer parL. WE1SSENBRUCH, ingénieur du ministère des chemins de fer postes et télégraphes de Belgique.
- (Suite.)
- Il semble donc peu douteux que l’avantage ne reste un jour à l’électricité.
- Et pourtant, les expériences faites jusqu’ici semblent infirmer cette conclusion. Si l’on passe sous silence les chemins de fer aériens des villes où les habitants se sont opposés à l’emploi, de tout autre moteur (i), si on laisse de côté les chemins de fer établis dans les mines, où l’emploi de la vapeur est impossible et où les chevaux sont dans des conditions déplorables, si l’on écarte enfin les tramways d’Expositions et ceux qui sont construits par les villes de plaisance pour attirer les étrangers (2), que reste-t-il ? Celui de Portrush, où la force motrice est fournie par une cjiute d’eau (3), deux autres situés dans la banlieue de Berlin (Lichterfelde à l’Ecole des cadets et Charlottenburg au Spandauer Bock) et enfin celui de Steinbach. Or, jamais pour ces trois derniers des chiffres concluants n’ont été publiés, démontrant que la traction électrique avait permis une exploitation plus économique que les chevaux ou la vapeur.
- Au contraire, nous savons que le chemin de fer de Portrush n’a distribué qu'un dividende de 3 °/0 à ses actionnaires et qu’il a été question de cesser l’exploitation de celui de Lichterfelde. Les journaux nous ont aussi appris que, sur le tramway de Modiing à Vorderbrühl construit pour la Compagnie des chemins de fer du sud de l’Autriche, sur le modèle de celui de l’Exposition de 1881, des locomotives à vapeur ont dû être substituées aux moteurs électriques.
- Mais les-premiers essais de traction électrique sont d’une date relativement très récente. Nous avons démontré que théoriquement une solution économique était possible : il faut donc beaucoup attendre de l’avenir.
- B. La source' d'électricité est une batterie secondaire : La traction électrique, au moyen d’accumulateurs a l’avantage de la simplicité. Toutes les difficultés que crée la transmission de l’électricité au véhicule mobile, y sont supprimées, puisque le courant est fourni directement au moteur par des piles secondaires placées sur la voiture même ou sur un truc spécial.
- Le nombre d’applications de ce genre de traction est encore bien plus faible que celui du précédent. A part le petit chemin de la blanchisserie de Breuil, en Auge, où l’ou ne pouvait employer les rails comme conducteurs à cause de l’humidité des prairies ; à part les expériences de courte durée comme celle de Paris, nous ne connaissons que le tramcar de la rue de la Loi à Bruxelles qui ait effectué un service réel d’une certaine durée.
- L’emploi des accumulateurs donne lieu à deux nouvelles causes de perte d’électricité, savoir : une ,perte à la charge, une autre à la décharge. D’après les expériences du Con-
- (') foutre New-York, on peut ciler Saint-Louis, Clcveland (Ohio), Toronto (Canada), Brooklyn, Saint-Paul et Baltimore.
- (2) Comme le tramway de Zandvoort à Kostverlorcn (Hollande), ceux de Wiesbaden, Brighton, Coney-Island, Saratoga et du parc de Fair-mount (près New-York).
- (3) Des chemins de fer où la force motrice doit être fournie par des chutes d’eau sont en projet pour relier liersbrook à Newry (Irlande), Saint-Moritz à PonUesina (Suissc) et deux hôtels de Montreux (Suisse).
- servatoire des arts et métiers, faites avec des accumulateurs Faure, le rapport du travail électrique restitué par la décharge au travail électrique absorbé par la charge est de 60 p. ioo. Ce chiffre a été vérifié par MM. Monnier et Guitton qui ont trouvé 62.44 p. 100., et par MM. Fichet, Hospitalier et Gousselin, qui sont arrivés à 63 p. 100.
- Si l’on part du chiffre de 60 p. 100, et que l’on admet 70 p. 100 pour le rendement de la dynamo-génératrice (>) et pour celui de la réceptrice, le rendement définitif maximum de la traction par accumulateurs devient 0,70 X o,6o x 0,70 — 0,20,4 ou 3o p. 100 en chiffres ronds, au lieu de 60 p. 100 que l’on peut obtenir quand on se passe de tout intermédiaire. Mais le prix de revient final ne dépend pas uniquement du rendement de 3o p. 100. Il faut encore tenir compte de ce que le poids des accumulateurs surcharge le train, et de ce que le capital de premier établissement est augmenté par le prix élevé des accumulateurs et par le surcroît de matériel rendu nécessaire par la lenteur de leur charge. On peut admettre qu’en plaçant 5 tonnes d’accumulateurs sur une voiture de 7 tonnes contenant 5o voyageurs, on aura 36 chevaux-heure disponibles (2) et que, par conséquent, cette voiture, d’un poids total de 12 tonnes, pourra marcher trois heures, puisqu’il faut 12 chevaux-heure pendant une heure pour remorquer 12 tonnes.
- Si la décharge des accumulateurs se fait en trois heures, leur charge se fait en un temps supérieur : on peut admettre 5 heures (*). Or, il y aurait de très grands inconvénients à les transborder continuellement, car des chocs et des secousses peuvent amener la désagrégation des plaques et leur mise hors de service rapide. Il faudra donc tripler le matériel, la voiture qui aura marché pendant le premier quart de la journée (de douze heures) pouvant seule être utilisée le même jour pour le dernier quart (après six heures de , repos). On peut, il est vrai, comme l’a fait M. Murchisson et comme l’a proposé M. Tamine, placer les accumulateurs sur un- truc spécial, afin de ne pas devoir accroître le nombre des voitures. Mais la dépense nécessitée par l’achat de trois de ces locomotives par voiture sera néanmoins encore,considérable.
- Les considérations qui précèdent doivent nous faire conclure que, dans l’état actuel de la science, la traction par acccumulateurs ne peut être bien économique. Pourtant, l’élégance de la solution la fera peiit-être adopter dans quelques cas particuliers,, par exemple là où les chevaux coûtent cher, s’il est impossible d’établir des. conducteurs aériens et si l’on a à sa disposition une force naturelle facilement utilisable.
- () Nous avons dit plus haut que, d’après les expériences de M. De-prez au chemin de fer du Nord, il avait été possible de transporter 7 chevaux à 14 kilomètres avec un rendement de 62,3 p. 100.
- (2) L’expérience a démontré qu’un kilogramme de plomb dans un accumulateur Faure-Scllon-Volckmar peut rendre 3.600 kgm. par kg. Ce chiffre est très remarquable et supérieur à ce que donnent l’eau ( 1.5oo kmg. par kg.) et l’air comprimé (3.600 kmg. par kg.), d’autant plus qu’il n’est plus besoin ici de récipients lourds et coûteux. On en déduit que, pour produire un cheval-heure, il faut 135 kg. d’accumulateurs (plomb liquide et boîte compris).
- (3) En effet, on a reconnu dans la pratique que le courant de charge ne doit pas, pour les grands modèles d’accumulateurs, dépasser un ampère par kilogramme de plomb. Il vaut meme mieux qu’il ne soit pas supérieur à un demi-ampère. La capacité en coulomb correspondant à celle de 3.6oo kgm. par kilogramme de plomb, est donnée par
- .) -- — U UU L-...........
- g .V L
- Si .v est compris entre 1.9 volt et 2 volts, la capacitc sera de 18.000 coulombs environ par kilogramme. En supposant qu’on débite un ampère par seconde et par kilogramme, la durée de la charge sera donc de 18.000/t = 18.000 secondes ou 5 heures.
- On peut, il est vrai, porter l’intensité du courant de charge à 3 ou même à 4 ampères, mais aux dépens du rendement de la durci et de,la bonne conservation des accumulateurs.
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- 2° Chemins de fer proprement dits.
- Aucune locomotive électrique capable de circuler sur un cbemin de fer à voie normale et d’y opérer la traction d’un train de voyageurs on de marchandises n’a encore été construite. Mais MM. Marcel Deprez et Sartiaux ont eu, chacun de son côté et en même temps, l’idée d’employer la traction électrique pour le Chemin de fer métropolitain de Paris, qui sera établi souterrainement.
- Voici le programme arrêté par M. Sartiaux (*) :
- i° Prendre la force sur un conducteur dont ta longueur pourrait atteindre 40 kilomètres, les machines génératrices étant à une des extrémités du conducteur, et les réceptrices au nombre de 3o environ étant en un point quelconque des conducteurs;
- 2° Donner à la locomotive un poids faible de l5 à 20 tonnes sous un volume dont le gabarit ne dépasse pas celui des plus grandes voitures à voyageurs ;
- 3° Construire la locomotive de manière qu'elle puisse remorquer un poids brut de 100 tonnes environ à la vitesse (vitesse de pleine marche) de 40 kilomètres à l’heure, sur de fortes déclivités moyennes de 20 millimètres et dans des courbes très raides dont le rayon moyen oscille entre 200, i5oet même 100 mètres;
- 40 Utiliser l’électricité donnée par la génératrice pour développer, par le magnétisme, une adhérence électro-magnétique qui compense le faible poids adhérent du moteur et lui permette de gravir, à une vitesse convenablement réduite de 10 à i5 kilomètres, des déclivités exceptionnelles de 5o, 60 et même de 70 millimètres avec la même charge à remorquer de 100 tonnes brutes ;
- 5° Utiliser l’électricité donnée par la génératrice, pour que la force du moteur, transmise électriquement à chaque véhicule du train, agisse par une action directe sur des freins puissants, permettant de donner aux trains des arrêts pour ainsi dire instantanés, et de modérer leur vitesse à la descente des pentes ;
- 6° Obtenir un démarrage très rapide, presque instantané;
- 70 Accessoirement, utiliser l’électricité, afin d’obtenir une quarantaine de becs, dont 3 ou 4 puissants pour éclairer l’avant de la machine, l’arrière du train et le reste de la puissance de 1 carcel environ pour éclairer l’intérieur des voitures.
- M. Deprez a publié une étude complète de son projet fait en collaboration avec M. Maurice Leblanc (2). Nous allons tâcher de la résumer très brièvement.
- L’emploi des locomotives à vapeur, s’il était possible, offrirait, dans un chemin de fer entièrement souterrain, de grands inconvénients qui ne seraient d’ailleurs pas moindres, si le chemin de fer était aérien, puisque à New-York les plaintes des habitants ont forcé de remplacer la traction à vapeur par la traction électrique. Au Métropolitain de Londres, où il y a d’ailleurs de nombreuses tranchées, on se sert, il est vrai, de locomotives, mais ce sont des machines spéciales dont les chaudières renferment beaucoup d’eau. Chaque fois qu’un train aborde un tunnel, Je mécanicien desserre son échappement et ferme son cendrier. La combustion est ainsi presque totalement arrêtée et la chaudière vit sur son propre fonds. Néanmoins, on respire dans le Métropolitain anglais une atmosphère humide et malsaine. D’ailleurs, l’étude des conditions d’exploitation et du tracé du futur chemin de fer souterrain de Paris montre que la vitesse des trains devra y être de 3o kilomètres à l’heure (démarrage et arrêts compris) sur un profil comportant des rampes de 20 millimètres et sur des courbes de i5o mètres de rayon. On en conclut (») que
- (4) V. La Lumière électrique, t. XV (1885), p. 497.
- (*) V. La Lumière électrique de i885.
- (3) La formule connue de la résistance d’un train donne
- r = 0.843 V -f- 2J4--------—
- ^ 200
- où r est la résistance à la fraction par tonne exprimée en kilog. ; V, la vitesse en km. à l’heure; P, le poids total du train en tonnes. On en déduit que la quantité de travail absorbée par la traction d’un train de 60 tonnes, marchant à la vitesse de 40 kilomètres à l’heure, en palier et en alignement, n’est que de 47 chevaux, mais, que, pour maintenir la même vitesse sur une rampe de 20 m/m., en courbe de l5o mètres, il faudrait dépenser plus de 240 chevaux, et cela sans tenir compte de l’organe moteur, c’est-à-dire que la puissance qu’il faudra développer devra varier dans le rapport de 1 à 5.
- la puissance qu’il faudra développer devra varier dans le rapport de 1 à 5.
- Cette condition exigerait de la part d’une locomotive une élasticité presque inadmissible, et on serait forcé d’employer des machines tellement fortes que la plupart du temps elles ne seraient pas utilisées. Or, comme leur poids croît en proportion de leur puissance, la traction ne pourrait se faire que dans des conditions économiques très défavorables. M. Deprez trouve même qu’en supposant un coefficient d’adhérence de i/i5 à cause de l’humidité du souterrain, l’effort de traction pouvant atteindre 1.800 kilog.,
- 11 faudra une locomotive de 60 tonnes pour remorquer un train du même poids.
- L’emploi des locomotives à vapeur étant impossible, on se trouve conduit à étudier les divers accumulateurs d’énergie. En s’en servant pour actionner le moteur, on n’a plus, en effet, à transporter l’organe de transformation proprement dit et il semble que l’on pourrait diminuer le poids de l’organe moteur jusqu’au minimum nécessaire pour développer l’adhérence voulue, quitte à recharger souvent le réservoir d’énergie.
- Mais les accumulateurs à air comprimé nécessitent des récipients énormes et fort lourds et, à poids égal, ils emmagasinent moins de travail que les réservoirs à eau chaude à 2000, sans avoir les avantages de leur volume réduit. On pourrait ne donner à ces derniers qu’un poids de 20 tonnes pour leur permettre de faire un voyage aller et retour. Mais il faudrait employer un moyen pour remédier à l’insuffisance de l’adhérence, par exemple, l’attraction magnéto-électrique. N’est-il pas plus simple alors de recourir directement à l’électricité? Les accumulateurs à eau chaude auraient d’ailleurs le défaut de remplir de vapeur le tunnel déjà humide par lui-même. Il ne faut pas songer à faire usage des accumulateurs électriques à cause de leur faible rendement.
- Les accumulateurs étant rejetés, il ne reste plus que la traction électrique, la source d’électricité étant une dynamo fixe. En étudiant ce dernier moyen, M. Deprez arrive aux conclusions suivantes : Comme il faudrait que le matériel ordinaire pût circuler sur le chemin de fer projeté, il serait impossible de placer un moteur sous chaque voiture, ce que l’on aurait été tenté de faire afin d’utiliser l’adhérence du train tout entier. On emploierait donc une locomotive électrique à laquelle on pourrait donner un poids de i3 tonnes. Afin d’éviter l’emploi d’engrenages, la dynamo motrice aurait la même vitesse angulaire que celle des roues auxquelles serait communiqué son mouvement (une simple bielle suffirait alors pour la transmission). A cet effet, la dynamo serait spécialement construite de façon à augmenter le diamètre de l’induit.
- Le supplément d’adhérence nécessaire serait demandé à une paire de roues électro-magnétiques, formées en substituant aux essieux moteurs des électro-aimants analogues à ceux que M. Achard a employés eu dernier lieu pour ses freins (*).
- Le tunnel étant continu, la pose du conducteur aérien serait très simplifiée. M. Deprez trouve qu’il pourrait être composé d’un fil de cuivre d’une . section de i3mm2 sans que le rendement s’abaissât en dessous de 5o p. 100 et que le potentiel s’élevât à plus de 5.000 volts à la station centrale, à condition que celle-ci fût placée de telle sorte que la plus grande distance à parcourir par l’électricité fût de
- 12 kilomètres. Les installations seraient chères, mais elles seraient fort bien utilisées, la voie étant parcourue par des trains très fréquents (2).
- O M. Deprez a trouvé qu’un effort adhérent de 3o tonnes pourrait être obtenu au moyen de deux électro-aimants cylindriques, pesant une tonne chacun et absorbant un travail de cinq chevaux par seconde.
- (*) Il faut aussi remarquer que la légèreté du moteur électrique et l’absence du mouvement de lacet permettrait de faire une économie sur 1 diamètre des rails.
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- Le rendement à la traction de la locomotive électrique serait 60/73 = 0,82, puisqu’il faudrait i3 tonnes pour en remorquer 60. La machine génératrice rendant au minimum 5o p. 100 du travail dépensé, le rendement final serait o,5o x 0.82 = 0.41, c’est-à-dire qu’on devrait brûler 2kB3o environ par cheval-heure, si la machine à vapeur dépensait un peu moins de kilogrammes par cheval-heure. De plus, si un train gravissait une pente pendant qu’un autre la descendait, il y aurait une économie que M. Deprez évalue à 11 p. 100.
- Une machine à vapeur de 20 tonnes sans foyer, donnerait dans les mêmes conditions un rendement à la traction de 66/80 = 75 p. 10b; par cheval-heure, M. Deprez calcule qu’elle dépenserait 2kS2ô environ de charbon. Ce chiffre est légèrement inférieur à celui de 2ks3o trouvé plus haut. Mais, d’autre part, en faisant usage de la vapeur, il est impossible de récupérer le travail perdu sur les pentes.
- Les calculs de M. Deprez semblent prouver que la traction des trains par génératrice fixe peut être aussi économique que la traction par machines à eau chaude, sans avoir l’inconvénient de remplir les tunnels de vapeur d’eau.
- 4° SECTION. — AVERTISSEURS, CONTROLEURS, ENREGISTREURS, ETC.
- 1. — Avertisseurs automatiques du passage des trains.
- Il est fort utile que les agents soient prévenus un peu à l’avance de l’arrivée des trains lorsque ceux-ci éprouvent assez fréquemment des retards dans leur marche. Certains passages à niveau resteraient fermés beaucoup trop longtemps si, pour la manœuvre de ses barrières, le garde se basait uniquement sur les heures officielles. Dans les gares où les manœuvres doivent cesser vingt minutes avant l’arrivée probable des trains, lorsqu’ils sont en retard, une surprise est possible si l’annonce d’un train a été faite télégraphiquement d’un point assez éloigné, car le train peut, depuis lors, avoir regagné une partie du temps perdu.
- L’idée de confier au train lui-même le soin de s’annoncer a paru fort séduisante aux inventeurs et a donné naissance à tous les avertisseurs électriques. Le problème à résoudre était exactement le même que celui des block-systems automatiques, ou partiellement automatiques. Nous renvoyons donc à ce que nous avons dit, dans la description de ces block-systems, au sujet de la difficulté d’inventer un bon contact électrique.
- En France où, comme on sait, les contacts à crocodile sont fort préconisés, on a essayé un avertisseur à trompe et à mouvement d’horlogerie de M. Sartiaux, basé sur leur emploi. Cet appareil est déclenché et fonctionne pendant quelques instants chaque fois que le train passe. Il existe aussi un avertisseur de M. Forest, mais il présente cet inconvénient qu’il faut, après chaque passage, remettre au moyen de la main, l’appareil en état de fonctionner de nouveau.
- 2. — Contrôleurs du fonctionnement des disques et des sémaphores.
- On emploie, pour contrôler si les signaux sont à l’arrêt, une sonnerie qui tinte pendant tout le temps de leur fermeture. On peut inventer une infinité de commutateurs pour fermer le circuit de la sonnerie quand un disque tourne à l’arrêt ou que l’aile d’un sémaphore se place horizontalement. Mais il faut toujours que le contact ait lieu par frottement.
- Quand un même disque peut être manœuvré par plusieurs leviers, on installe sur le disque autant de commutateurs que de poulies de manœuvres fixées sur le mât du signal. Chacune de ces poulies porte un doigt qui actionne le commutateur correspondant, de sorte que la sonnerie placée à chaque levier de manœuvre fonctionne quand le
- disque a été mis à l’arrêt par l’agent dont dépend le levier, et ne fonctionne pas quand le signal a été fait par l’un quelconque des autres postes.
- Dans les disques électriques, le circuit de contrôle est nécessairement distinct du circuit de manœuvre. Mais on peut faire établir certains contacts par le commutateur de manœuvre, de telle sorte qu’une même pile serve aux deux circuits. Cette disposition existe dans le disque Schœffler.
- Dans le disque Hohencgger, le circuit de contrôle reste définitivement fermé quand le poids est au bas de sa course et qu’il ne reste plus que la marge nécessaire à la production de huit signaux.
- Quelquefois, les sonneries de disques sont doublées par des répétiteurs optiques composés d’un voyant mi-partie rouge et blanc, qui est commandé par une armature et qui peut apparaître derrière une fenêtre circulaire. Nous ne croyons pas l’adjonction de ces appareils indispensable.
- Il est important de ne pas placer la pile à proximité du levier de manœuvre, parce que s’il arrive que le fil se rompe et se mette en contact avec le soi, le circuit se trouve fermé alors même que le signal est ouvert, et des accidents sont à craindre. Il faut donc placer la pile au pied du signal.
- Quel est le meilleur abri à employer à cet effet? En France, on fait usaec de caisses en ciment. La Compagnie du Nord a de ces abris en forme d’armoires fermées par de solides portes en chêne. Les abris de la Compagnie de l’Est sont fermés par un premier couvercle en béton et un second en tôle galvanisée. Ils sont enterrés de façon à ne pas faire saillie de plus de om,20. Mais l’intérieur de ces abris n’est-il pas trop humide? On conseille de les ouvrir pendant les temps clairs et secs. Cette précaution ne peut pas suffire.
- En France et en Belgique, on emploie 1er, piles Leclanché de préférence aux types Daniell et à leurs dérivés usités en Allemagne. D’après les expériences faites par l’administration des télégraphes de Belgique, les piles Leclanché permettent de réaliser une économie très sérieuse dans les frais d’entretien.
- 3. — Contrôleurs de la position des lames d'aiguilles.
- Les aiguilles manœuvrées à grande distance échappent à la surveillance de l’aiguilleur; il peut se faire qu’elles restent entre-b’âillées par la rupture d’une transmission, un défaut d’ajustement ou l’introduction d’une pierre. Afin d’obvier à cet inconvénient, MM. Saxby et Farmer ont imaginé de caler les aiguilles au moyen de verrous qui ne viennent s’insérer dans des trous pratiqués dans les entretoises des aiguilles que si celles-ci sont bien poussées à fond.
- Cette disposition donne une sécurité parfaite, mais elle a l’inconvénient de compliquer la manœuvre et d’augmenter le nombre des leviers du poste d’aiguilleur, ainsi que le nombre d’enclenchements à réaliser.
- Pour s’affranchir de cette complication, la Compagnie de l’Ouest emploie un appareil basé sur la fermeture d’un circuit électrique qui s’effectue par l’entremise d’une barre rigide reliée à l’entretoise du changement de voie. Le circuit de la sonnerie se ferme toutes les fois que la lame d’aiguille occupe une position intermédiaire entre les deux positions normales qu’elle doit prendre. De cette façon, le tintement se fait entendre pendant chaque manœuvre, mais seulement pendant le temps que dure cette manœuvre. Le tintement est suffisant pour indiquer à l’aiguilleur que l’appareil est en bon état; il est assez court pour ne pas user les piles.
- On peut reprocher à ce système, comme au précédent, qu’il ne renseigne pas l’aiguilleur sur la position de l’aiguille, mais sur celle de l’entretoise.
- A la Compagnie de Lyon, M. Chaperon a fait adopter uu
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- appareil formé d’une tige dont une extrémité passe librement à travers un trou percé dans l’âme du rail à 4 centimètres de la pointe de l’aiguille à contrôler et est terminée par un écrou plat, formant tête, sur lequel vient agir la lame de l’aiguille. L’autre extrémité agit sur une manivelle pour soulever un contrepoids et communique un mouvement de rotation alternatif à un secteur calé sur le même .arbre que la manivelle; des contacts électriques sont disposés sur le contour du secteur.
- A la Compagnie du Nord, on emploie un commutateur à mercure qui produit le même résultat. Une boite en cristal mobile autour d’un axe horizontal est fixée par les coussinets des tourillons de cet axe à la partie extérieure du rail vis-à-vis de l’extrémité de chacune des deux aiguilles du changement de voie. Lorsqu’une aiguille est exactement appliquée contre le rail, elle agit sur un poussoir qui fait basculer la boîte correspondante. Par conséquent, dans une des deux positions régulières des aiguilles, où l’une des lames est appliquée contre le rail et l’autre écartée, une des bascules est inclinée et l’autre est horizontale. Dans le passage de l'une des positions à l’autre, les jdeux lames à la fois écartées, les deux bascules sont horizontales. Or, le circuit de lia sonnerie est interrompu dans chaque boite; les extrémités des conducteurs plongent dans le mercure et communiquent électriquement quand la boite est horizontale; ceux-ci sont isolés quand elle est inclinée. On comprend donc facilement qu’en faisant passer les aiguilles d’une de leurs positions normales à l’autre, la sonnerie tinte pendant le temps où les deux boites sont à la fois horizontales.
- Dans la plupart des pays, excepté en France, le verrouillage des aiguilles permet de les franchir sans ralentissement. Ce verrouillage est donc indispensable. Dès lors, l’emploi des contrôleurs électriques peut paraître superflu.
- 4. — Contrôleurs des feux des disques.
- Le problème qui consiste à avertir une gare de l’extinction des feux de signaux qui en dépendent a depuis longtemps exercé l’imagination des inventeurs, mais il n’a pas encore été résolu d’une manière absolument efficace. Le photoscope de la Compagnie de Lyon parait le meilleur. Il est formé d’une hélice suspendue au-dessus de la flamme et formée de deux lames, l’une de cuivre, l’autre d’acier, soudées ensemble.
- L’extrémité de l’hélice sort de la cheminée de la lanterne; elle subit un déplacement quand la flamme s’éteint et interrompt alors le circuit électrique de la sonnerie de contrôle du disque. On ne s’aperçoit donc de l’extinction qu’en mettant le signal à l’arrêt.
- A la Compagnie de Lyon, cet appareil a été appliqué à tous les disques qui ne sont pas visibles du poste de manœuvre, mais il semble qu’avant de suivre cet exemple, il faudrait qu’un appareil plus perfectionné fut inventé.
- 5. — Contrôleurs de la vitesse des trains.
- Il existe deux moyens de vérifier la vitesse des trains : le premier consiste à compter le nombre de tours de roue exécutés dans un temps déterminé, le second à noter le temps qui s’écoule entre le passage de la première roue à deux contacts éloignés de 100 mètres par exemple.
- Les contrôleurs de vitesse doivent en général fonctionner aux abords des bifurcations ou des ponts tournants, ils sont donc tous de la seconde espèce.
- L’enregisteur Digney se compose d’un récepteur Morse muni de deux couteaux, dépendant chacun d’un électroaimant distinct. La première pédale abaisse le premier couteau et déclenche le mouvement d’horlogerie qui déroule la bande. La seconde pédale abaisse le second couteau. Le papier porte des divisions indiquant le temps en secondes. Tous les autres contrôleurs électriques ressemblent plus ou moins au précédent.
- Le dromoscope et le dromo-pétard Leboulangé, appareils entièrement mécaniques, paraissent préférables aux enregistreurs électriques. L’expérience en a prouvé l’excellent fonctionnement.
- 6. — Contrôleurs du niveau d’eau dans les cuves.
- Deux contrôleurs de ce genre ont été exposés en 1881 à Paris par la Compagnie du Nord français. Le premier est un appareil à commutateur à mercure, qui se compose d’un petit entonnoir à ouverture étroite placé au-dessous du tuyau, déversant le trop-plein de la cuve ; lorsque l’entonnoir se remplit, son poids fait incliner le commutateur et arrête la sonnerie aussitôt que le trop-plein, cessant de déverser, lui permet de se vider.
- Le second appareil était basé sur l’emploi d’w« coup de poing de Breguet. (C’est, comme on sait, un aimant ayant des bobines de fer doux autour de ses pôles et muni d’une armature. Un courant est (produit dans les bobines quand l’armature est brusquement arrachée par un coup de poing).
- Un flotteur soulève un contrepoids ordinaire qui, lorsque le niveau maximum est atteint, est déclenché et tombe sur le levier du coup de poing.
- 7. — Contrôleurs de rondes.
- Il existe des appareils de ce genre (notamment celui de M. Napoli) ne comportant pas de mécanisme portatif, contrôleurs mécaniques. Un appareil fixe est placé dans le bureau du chef de service et toutes les circonstances de la ronde du veilleur viennent s’y inscrire électriquement.
- Il suffit de placer un bouton à chaque point où la ronde doit passer.
- Convient-il de chercher à employer ces appareils pour contrôler les rondes des agents de la voie> Nous ne le croyons pas. Les contrôleurs mécaniques sans mouvement d’horlogerie du système Van Bunnen ont donné d’excellents résultats sur le réseau de l’État belge, et leur établissement entraîne nécessairement une dépense moindre que celle de n’importe quel appareil électrique. *
- Les contrôleurs électriques, en les combinant avec les avertisseurs d’incendie, pourront rendre certains services pour le contrôle du passage des veilleurs dans les différents postes d’ateliers étendus. Cette question a été particulièrement étudiée par les services d’incendie des villes.
- 8. — Enregistreurs et appareils de mesure.
- Des wagons dynamométriques contenant tous les appareils nécessaires à l’étude et à l’enregistrement de la résistance d’un train en marche, du travail de la locomotive sur la barre d’attelage, du travail de la vapeur dans les cylindres, etc., ont été exposés en 1881 par la Compagnie de l’Est-Français et par celle du Nord.
- Ces enregistreurs, comme tous les appareils de ce genre ont recours à l’emploi de l’électricité.
- Ce sont là des appareils d’expériences qui n’intéressent pas directement l’exploitation des ehemius de fer. Nous ne nous en occuperons donc pas.
- DEUXIÈME PARTIE.
- EMPLOI DE L’ÉLECTRICITÉ POUR L’ÉCLAIRAGE DES
- GARES ET DES TRAINS ET LE CHAUFFAGE DES
- TRAINS.
- lre SECTION. — ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE.
- 1. — Gares.
- 1° Gares à marchandises.
- Dans la plupart des gares à marchandises, le travail de nuit aune grande importance. Il suffit d’observer pendant
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- quelques instants le mouvement d’une pareille gare, pour se rendre compte des dangers que courent à chaque instant les agents chargés des manœuvres de formation et de décomposition des convois, du chargement et du déchargement des wagons, ainsi que de toutes les manutentions en général. Or, le soir, dans la pénombre produite par des réverbères à pétrole ou à gaz n’éclairant qu’un espace de quelques mètres de rayon et nécessairement disséminés, les dangers deviennent .imminents et les difficultés de travail se multiplient. A cinq mettes d’un bec, il est impossible de lire une étiquette; à dix mètres, on n’aperçoit plus les barres d’excentrique. Dans ces conditions, les réverbères ne peuvent servir que de points de repère aux agents pour se diriger, et ceux-ci sont obligés de porter partout avec eux des lanternes à main. Ce dernier inconvénient ne serait pas majeur si les réverbères n’étaient pas en même temps extrêmement gênants. Les contrastes de lumière et d’obscurité qu’ils produisent sont de nature à troubler la vue; leurs supports sont des obstacles à la circulation et parfois constituent pour les trains des points dangereux de la voie; enfin, ils peuvent être confondus avec les feux blancs des signaux et faire naître, par des illusions de perspective bizarres, des méprises dangereuses.
- L’expérience a démontré que le travail exécuté la nuit était de plus de 37 % inférieur au travail du jour. Le sentiment de fatigue que l’homme éprouve à ce moment de la journée intervient, il est vrai, pour produire cette infériorité. Mais une partie notable de la différence peut certainement être attribuée à l’insuffisance d'éclairage. D'après M. Sartiaux (*), le chiffre de 37 °/o a pu être réduit à 20 °/0 par l’emploi de l’ecIairage électrique.
- Puis, les avaries de matériel qui se produisent toujours dans les manœuvres de wagons sont bien plus nombreuses et plus graves la nuit que le jour. D’après des comptages faits à la gare de Schaerbeek, la différence du prix des réparations des avaries de jour et de nuit y était de plus de 70 °/o (2). Les manœuvres exécutées la nuit étaient plus importantes que celles du jour, mais l’imperfection de l’éclairage au pétrole causait certainement, sans exagération, les trois quarts de la différence.
- Un éclairage intense produit enfin une diminution des avaries aux marchandises dans les transbordements, ainsi que des retards et des dévoiements dans les expéditions.
- Toutes ces considérations ont, dans ces dernières années, engagé plusieurs Compagnies de chemins de fer à installer, malgré l’augmentation de dépense, des foyers électriques dans leurs gares à marchandises.
- Il est difficile de comparer le prix de l’électricité à celui du gaz, ce dernier ayant un prix fort variable. Il faut tenir compte dans le calcul, en faveur de la première, de la suppression du salaire payé aux lampistes et de la réduction de 5 % environ dans le nombre d’heures d’éclairage obtenu par l’instantanéité de l’aliumage. On peut dire que l’électricité, en ce qui concerne les frais directs, coûte deux fois et demie à cinq fois plus cher que le pétrole, et que la quantité de lumière obtenue est dix fois à trente fois plus grande. Mais cette évaluation est fort large.
- Les premiers essais ont été faits avec de grands régulateurs à arc, genre Serrin, Suisse, Jaspar, etc., qui demandaient chacun l’emploi d’une machine dynamo distincte.
- ’ Mais l’emploi de ces puissants foyers n’était pas sans inconvénients. Ils produisaient des ombres portées très vigoureuses, bien qu’ils fussent placés à 6 mètres de hau-
- (*) Le travail fait pendant la journée à la gare de la Chapelle était de 85o kilogrammes par homme et par heure, et de 35o kilogrammes seulement la nuit. L’emploi de l'éclairage électrique a relevé ce dernier chiffre jusqu’à 680 kilogrammes.
- (*) Avaries de nuit......... 6.066 fr.
- — de jour........... 1.788
- Différence......... 4.278 fr.
- teur, et il était impossible d’arriver à une répartition uniforme de la lumière. Ils donnaient lieu à des dangers d’éblouissements, malgré la précaution prise de les enfermer dans des lanternes barbouillées de blanc de zinc.
- On reconnut donc la nécessité de multiplier les foyers lumineux au risque d’avoir pour une même force motrice une lumière moindre en totalité et, par conséquent, plus chère. Le prix de l’installation était; de plus, fort augmenté, parce qu’on ne connaissait pas encore de moyeu d’alimenter plusieurs lampes par un même générateur d’électricité. Il fallait donc une dynamo et un circuit spécial pour chaque lampe.
- Les bougies Jablochkoff furent les premières qui permirent de résoudre le problème de la division de la lumière.
- Dès leur apparition, on s’empressa de les appliquer, à la station d’Anvers (Bassins), à l’éclairage du hangar aux marchandises, des voies et des abords (i5 novembre 1879).
- L’installation comprenait 48 foyers de 40 à 5o carcels placés à 5 mètres au-dessus des rails. Les résultats obtenus furent des plus satisfaisants. Voici ce que dit à ce sujet le rapport de l’administration Inséré au Mémorial des chemins de fer de l’État (décembre 1880) :
- Malgré quelques extinctions, l'éclairage a donné d'excellents résultats au point de vue de la facilité des manœuvres en gare et du maniement des colis sous la gare couverte. Il est facile de comprendre que, dans un endroit uniformément et suffisamment éclairé, l'on peut lire à peu près aussi facilement qu'en plein jour les indications et les adresses, constater le bon état des objets présentés, les manœuvres doivent se faire plus aisément et plus rapidement et que le nombre des colis dévoyés doit décroître dans une forte proportion. C’est ce que l'on a constaté à Anvers-Bassins ; on aurait pu même y diminuer le nombre d’ouvrierd employés à la manutention des objets sans l’accroissement considérable 'du trafic qui s’est développé dans ces derniers temps.
- Plus loin, nous trouvons encore dans le même rapport :
- L’éclairage à forte intensité permet aux navires de travailler pendant la nuit aux déchargements et aux chargements avec autant de sécurité que pendant la journée, ce qui diminue considérablement le temps passé à quai et a pour conséquence de permettre des départs plus rapprochés et pour effet d’abaisser le fret. A ce point de vue important pour le commerce d'exportation et d’importation du pays, il faut ajouter la sécurité avec laquelle les opérations se font sur les quais. Le nombre des vols, qui auparavant était considérable, malgré une surveillance incessante, a diminué dans de très grandes proportions, la zone de lumière tenant en respect les rôdeurs de rivage. De même, le déchargement et le chargement se font en pleine sécurité, la clarté étant suffisante pour manier les appareils de levage ainsi que les colis avec toutes les précautions nécessaires.
- La bougie Jablochkoff a rendu de grands services, niais elle manque de fixité, et ses variations d’intensité s’aggravent encore par les éclats de couleurs diverses qui viennent fort souvent s’y mêler. Des extinctions accidentelles, quelles qu’en soient les causes, n’ont pu être évitées entièrement jusqu’ici..Puis, il est nécessaire, par suite des variations d’intensité, d’entourer le foyer d’un globe de verre opalin ou craquelé qui produit une perte de lumière assez considérable (43 °/0 avec le globe opalin et 25 à 33 °/o avec le verre craquelé.) Enfin, l’intensité ne dépasse pas 45 à 5o carcels avec des charbons de 4 millimètres de diamètre. On peut, il est vrai, augmenter l’intensité jusqu’à 60 carcels en employant des charbons de 6 millimètres, mais l’expérience a démontré que les bougies de 4 millimètres devaient toujours être préférées.
- Très peu de temps ,après la découverte de la bougie Jablochkoff, une autre solution du problème de la division de la lumière fut obtenue par l’emploi des régulateurs à dérivation. Les espèces de lampes de ce genre sont aujourd’hui fort nombreuses. Parmi les plus employées nous citerons les lampes Gramme, Brush, Piette-Krisik et Gülcher.
- Les lampes différentielles permettent d’obtenir des foyers variant depuis 40 jusqu’à 5oo carcels et même davan-
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- tage. Il suffit de faire varier convenablement le diamètre et la distance des charbons ainsi que l’énergie du courant. Les foyers les plus puissants sont nécessairement les plus économiques, mais ils doivent être placés très haut afin de ne pas produire d’éblouissements ni d’ombres trop intenses. Avec des foyers plus faibles et plus nombreux, on aura un éclairage plus cher, mais aussi plus luxueux.
- Aux chemins de fer de l’État belge, on a admis que, dans les espaces découverts, l’éclairage devait être partout au moins de i/5o de carcel (à 42 grammes d’huile par heure), et l’on a adopté pour les gares à marchandises des foyers de 110 carcels (d’intensité lumineuse moyenne sphérique) placés à 3o mètres au-dessus des rails et espacés du double de cette hauteur.
- On peut ainsi éclairer une grande zone de terrain sans multiplier le nombre de supports; les ombres portées sont réduites au minimum, la lumière est le plus également répartie qu’il est possible et les éblouissements ne sont pas à craindre même avec des lanternes à verres clairs (*).
- Dans les gares ouvertes, le minimum d’éclairage devra être partout de i/i5 de carcel et il vaudra mieux employer des foyers de 60 carcels.
- (A suivre.)
- CORRESPONDANCE
- Gand, le 6 septembre i885, 70, boulevard du Château.
- Monsieur le Directeur,
- Je lis dans la correspondance anglaise du n° 35 de La Lumière électrique, une description du nouveau téléphone de M. Irish.
- Permettez-moi de vous faire remarquer que j’ai inventé un téléphone présentant les mêmes caractères essentiels, plaque fixée au centre, en septembre 1884. Il fut construit et expérimenté avec succès en mars de cette année, comme le prouve d’ailleurs une volumineuse correspondance relative à cette question, entre M. Thienpont d’Etichove, mon collaborateur, et moi.
- Je crois inutile de reproduire ici la description complète de notre appareil, à moins que vous n’attachiez un intérêt particulier à ce genre de récepteurs, d’autant plus que l’idée n’est pas de nous : elle appartient à M. Ducharme, comme le rapporte M. du Moncel dans son ouvrage sur le téléphone. Aussi, M. Thienpont et moi nous revendiquons uniquement la priorité de l’exécution et de l’expérimentation d’un pareil système.
- Vous nous obligeriez infiniment en donnant à ces quelques lignes, la publicité, dans les colonnes de La Lumière électrique.
- Veuillez agréer, M. le Directeur, avec mes excuses de vous avoir entretenu un peu longuement, l’assurance de mes sentiments les plus distingués.
- M. Dierman.
- Elève à l’Ecole du génie civil.
- FAITS DIVERS
- Jules Godard, le célèbre aéronaute qui vient de mourir, était l’inventeur d’un appareil électrique destiné aux aérostats et qui a figuré à l’Exposition d’électricité.
- Cet appareil est un avertisseur qui a rendu, déjà, de
- grands services dans plusieurs ascensions nocturnes. Son mécanisme est des plus simples.
- Il consiste en une palette très légère qui, parfaitement horizontale quand l’aérostat voyage dans la môme couche d’air, vient heurter un taquet si l’aérostat s’élève ou bute contre un autre point d’arrêt lorsqu’il descend.
- L’aéronaute est prévenu des changements de position au moyen d’une pile électrique qui met en mouvement une sonnerie à chaque déplacement de la palette en question.
- Une nouvelle installation pour la transmission électrique de la force a été faite à Tergnier, dans les Magasins généraux, pour actionner, à une distance de 180 mètres, un appareil à élever des tonneaux de mélasse. Il est sérieusement question d’introduire la transmission électrique de la force aux Magasins généraux de la Villette, pour les appareils de manutention.
- On vient d’inventer un nouvel instrument nommé le Pho-toscope, dont le but est de diminuer autant que possible les accidents de chemins de fer.
- On sait que les signaux d’arrêt éclairés à l’huile peuvent s’éteindre, par conséquent le mécanicien ne peut se rendre compte de l’état de la voie. Au moyen du nouvel instrument, tous les agents, sans sortir de la gare voisine, peuvent savoir si le fanal brille ou est éteint.
- Au-dessus de la flamme se trouve une spirale formée de deux métaux que la chaleur tient écartés. Si la lampe vient à s’éteindre, les deux métaux se trouvant en contact, établissent un circuit électrique qui met en mouvement une sonnerie établie à la station.
- M. Hanriot vient de soumettre à la Société chimique de Paris un travail sur la préparation, en grande quantité, de l’eau oxygénée. Cette substance est employée depuis quelque temps dans les opérations industrielles. Se conservant surtout en solution acide, elle pourrait être employée comme dépolarisant énergique. Cependant il n’est pas encore permis d’en conseiller l’usage pour les piles électriques, étant donné son prix de revient actuel (1 fr. le litre renfermant 10 volumes). Il faut attendre que de nouvelles études apportent, comme résultat, un abaissement sensible dans le prix mentionné plus haut.
- S’il faut en croire les bruits qui courent, la durée de l’Exposition universelle d’Anvers serait prolongée au delà du terme qui avait d’abord été fixé. Il est question de la laisser ouverte jusqu’au 12 novembre prochain.
- Le Congrès international télégraphique de Berlin vient de clore ses séances.
- Avant de se séparer, les membres du Congrès ont assisté a la première représentation d’une pièce toute de circonstance, ayant pour titre Electra et dont l’auteur est le poète Wildenbruch.
- Il existe en Angleterre, près de Brsdford, une institution de jeunes misses, fondée par sir Titus Sait, où l’art dramatique est mis au service de la glorification des merveilleuses découvertes de la science.
- Les pensionnaires de cette institution modèle viennent de représenter, devant un nombreux auditoire, une petite-pièce intitulée : « Fantaisie d’une nuit de saint Jean » (A Midsummer Night’s Fancy), et dont l’auteur est M110 Hanson.
- Au lever du rideau, Obéron, le Roi des Fées, est seul. Ses traits reflètent l’image de ses tristes pensées. Le doute ne lui est plus permis. Chaque jour qui s’écoule voit diminuer le nombre de ceux qui, jadis, obéissaient aveuglement à ses
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- lois, tandis que sa redoutable ennemie, la Science, compte, parmi ses innombrables et fidèles sujets, les hommes les plus illustres.
- Sentant la lutte désormais impossible, le Roi fait mander auprès de lui les hauts dignitaires de sa cour : VImagination, la Magie, la Sorcellerie, le. Spiritisme, et les informe que les humains refusant d’obéir à ses lois, il a résolu de quitter ce monde et de retourner au Royaume des Fées.
- Mais tous ces grands personnages, qui trouvent sans doute que ce bas monde a du bon, ne partagent pas l’opinion de leur Roi. Chacun d’eux, au contraire, l’exhorte à lutter quand môme, lorsque apparaît la Science, sous les traits du xix8 siècle, le front ceint d’un diadème d’où émerge une étoile électrique dont les rayons étincelants inondent le palais de lueurs éclatantes.
- Obéron, dans un effort désespéré, essaye, par des promesses fallacieuses, de faire abjurer à son ennemie ses croyances mensongères en faveur des siennes qu’il dit être la Vérité.
- Le xix8 siècle fait alors appeler ses ministres : La Mécanique, la Physique, la Vapeur et VÉlectricité, cette dernière portant au front, comme son Souverain, l’emblème de sa puissance.
- Il leur fait part de la proposition du Roi des Fées, qui s’efforce encore, avec l’aide de ses grands dignitaires, de gagner à sa cause les ministres du xix8 siècle.
- Mais ceux-ci ont vite fait de prouver aux pauvres affolés què leur règne est fini et que l’antique et honteuse sorcellerie doit faire place aux merveilles de la science moderne.
- Obéron s’avoue vaincu et dit adieu au monde des humains.
- L’interprétation de cette petite pièce-féerie a été parfaite et son succès très grand.
- Les costumes et la mise en scène étaient très soignés.
- Les appareils électriques avaient été fournis par MM. Woodhouse et Rawson, de Londres.
- Le journal le Financial News, de Londres, annonce qu’une Société va prochainement se fonder dans cette ville pour la fabrication d’un nouveau modèle de moteur électrique.
- Le nouveau bateau électrique de M. Reckenzauu, le Voilai à été lancé la semaine dernière, à Greenwich. Le Volta peut transporter 40 personnes et contient 70 accumula, teurs fabriqués d’après les dessins de M. Reckenzauu et placés à fond de cale, où ils servent de lest et donnent ainsi une grande stabilité au bateau. Les machines se composent de deux moteurs Reckenzaun qui, par un commutateur à plusieurs contacts peuvent être mis en série, ou fonctionner séparément, il en résulte qu’on peut avoir à volonté 4, 12 ou 7 chevaux de force.
- La Nortlt Métropolitain Tramway Ce se prépare à expérimenter sur son réseau de Londres une nouvelle locomotive électrique qui a déjà donné de bons résultats dans des essais particuliers. Cette locomotive, qui fera le service du publiera la forme d’une machine à vapeur. Elle a environ 3 mètres de long sur im,8o de large; elle renferme une batterie d’accumulateurs et un moteur électrique, système Walker, qui, à 800 tours par minute et avec un courant de 38 ampères, développe un travail de 3,2 chevaux. Le poids du moteur est de 143 kilogrammes.
- Un chemin de fer électrique va être installé dans le jardin dé l’Exposition qui s’ouvrira l’hiver prochain à la Nouvelle-Orléaus.
- Éclairage Électrique.
- S T „
- On annonce que la nouvelle Compagnie d’Eclairage électrique Thomson Houston formée à Liège, va commencer ses opérations dans cette ville au mois de novembre prochain.
- Sur les i6.5S8 lampes à ^incandescence qui fonctionnent à l’Exposition des Inventions à Londres, 12.298 ont été fournies par la Compagnie Edison-Swan. Les Expositions particulières de Swan et de Edison et Swan comprennent encore 3.3io lampes, de sorte que la Compagnie en possède 15.608 dans l’Exposition.
- L’usine de la Compagnie Edison-Swan va prochainement être transférée à Ponders End, dans le voisinage de Londres ; l’ancienne fabrique de lampes de Newcastle on Tyne présentant un emplacement par trop restreint, eu raison des nombreuses commandes que la Compagnie reçoit chaque jour.
- Sir Trevill Smith vient de faire faire dans sa résidence de Àshton Court, près de Clifton, une très belle installation d’éclairage électrique qnl peut servir de modèle pour les éclairages domestiques de luxe. Elle comprend 248 lampes à incandescence, dont 160 Brush de vingt bougies et de 100 volts, 12 Brush de 10 bougies et de 5o volts, 24 Brush de 10 bougies et de 25 volts, 20 Bernstein de 5o bougies et de 5o volts, et 32 Woodhouse et Rawson de 10 bougies et de 25| volts. Les lampes de 5o bougies sont disposées sur '4 lustres dans le grand salon où elles donnent une très belle lumière.
- La force motrice est fournie par un moteur à gaz Crossley, qui. alimente deux dynamos Hochhausen donnant à la vitesse de 1.100 tours, 85 ampères et une différence de potentiel de io5 volts.
- Une batterie de 54 éléments IFaure-Sellon-Volckmar de 23 plaques chacun,'.est placée en dérivation sur le circuit des lampes et des machines et peut alimenter environ 70 lampes de 20 bougies pendant huit heures.
- Les nouvelles lampes à incandescence Weston sont fort employées aux Etats-Unis; elles présentent en effet certaines qualités : rendement élevé, puissance lumineuse considérable, qui les font rechercher dans la pratique. Ces qualités sont dues à la fabrication toute particulière du filament incandescent. La matière qui le compose est une sorte de cellulose; elle a été appelée tamidine par M. Weston et s’obtient de la manière suivante i
- On traite du papier par un mélange d’acide sulfurique.et d’acide lazotique. de façon à obtenir un fulmi-coton assez épais. On dissout ce fulmi-coton dans un de ses dissolvants ordinaires et l’on fait évaporer jusqu’à ce que la masse soit entièrement solide. On la coupe alors en feuilles très minces d’une épaisseur de omni,i5 Ces feuilles sont plongées dans un bain d’ammoniaque pendant une heure environ, puis soigneusement lavées, séchées et réduites à l’épaisseur du filament.
- Dans cet état, elles sont transparentes, fleiibles, très résistantes et ont toutes les propriétés de la cellulose ; placées dans des moufles à une température très élevée, elles donnent un charbon dur, très flexible, très homogène, et ayant une grande résistance électrique. C’est ce charbon qui constitue les filaments des lampes Weston; Nous devons ajouter que l’inventeur ne s’est arrêté à ce mode de fabrication qu’après de longs et nombreux essais. Il lui donne aujourd’hui de bons résultats.
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- Télégraphie et Téléphonie.
- Sur la demande de M. Déroulède, un bureau télégraphique a été installé au camp de Vincennes.
- Par décision du Ministre des postes et télégraphes, en date du 7 septembre 188S, a été autorisée la création d’un bureau télégraphique dans les communes de Cognac-Lyonne (Allier), Praixan /Aude), Parsenans (Jura), Saint-Germain-l’Espinasse (Loire), La Recousse-Zouafques (Pas-de-Calais) Argenton-l’Eglise (Deux-Sèvres).
- Pendant l’entrevue des empereurs de Russie et d’Autriche à Kremsier, le büreau télégraphique local a expédié le 24 août, 29S dépêches représentant 27.700 mots, le 25 août, 338 dépêches (33.400 mots) et le 26 août, 390 télégrammes (26.700 mots), soit pour les trois jours un total de 1.023 dépêches et 87.800 mots qui ont été envoyés par un seul appareil Hughes.
- Lorsqu’il faut remonter à la surface de l’eau les câbles télégraphiques sous-marins qui ont besoin de réparations, il est souvent très difficile de se rendre compte du moment où l’ancre touche le fond de la mer. La Eastern Telegraph C° vient d’expérimenter un nouvel appareil qui remédie à cet inconvénient; il est dû à sir James Anderson et à M. Kennelly.
- L’ancre possède une cavité intérieure remplie en partie de mercure et munie à sa partie supérieure d’un contact métallique; ce contact et le mercure sont respectivement reliés avec les deux extrémités d’un circuit sur lequel sont une pile et une sonnerie, placées à bord du navire. Lorsque l’ancre arrive au fond de la mer, elle prend une position horizontale et le mercure, en se déversant, ferme le circuit, ce qui met la sonnerie en mouvement.
- L’appareil est très simple et d’un fonctionnement certain.
- La concurrence entre les différentes Compagnies de câbles transatlantiques devient de jour en jour plus vive. A Glasgow, 1’ « Eastern Telegraph C° » a ouvert un bureau depuis quelque temps et la Compagnie Bennett Mackay 11e tardera pas à en faire autant de son côté. L’ « Anglo-Àmerican Cable C° » [a été obligée de suivre l’exemple de 1’ « Eastern Télégraphe®». Il en résulte pourle public de notables avantages : abaissement sensible des prix et redoublement d’égards envers les clients.
- Ainsi que nous l’avons déjà dit, le tarif télégraphique réduit va entrer en vigueur en Angleterre, à partir du 1er octobre prochain. Malgré les travaux considérables qui ont été entrepris dans tout le pays, en prévision de l’augmentation du trafic que ne manquera pas d’amener l’abaissement des prix du tarif actuel, le département des télégraphes continue à construire de nouvelles lignes. A Plymouth, le personnel sera augmenté de 20 employés, ce qui portera le nombre total de ces derniers à 233. Une nouvelle ligne sera prochainement commencée entre Plymouth et Londres, et les lignes de Bristol seront probablement munies d’appareils duplex.
- A Portsmouth comme à Glasgow, toutes les dispositions sont déjà prises. Deux nouveaux câbles de 7 fils on été submergés dans lés eaux du lac Loch Long et un autre câble de 4 fils va maintenant de Port in Cross (Ayrshire) à Corric (Arran). Les fils de ce câble desservent Islay, Kintyre et Arran. L’ancien câble d’un seul fil entre Arran et Kintyre a été remplacé par un autre de 3 fils.
- La ville de Brooklyn contient aujourd’hui 5.5o8 poteaux télégraphiques et téléphoniques avec 3.856 milles de fil et 621 milles de câble.
- Le 12 août dernier le conseil municipal de la Nouvelle-Orléans a décidé d’accepter les offres de la « Louisiana Electric Light C® » pour l’installation dans les faubourgs de S28 foyers électriques sur poteaux au prix annuel de 675 fr. par foyer. Le contrat a été passé pour 2 ans.
- La Cour suprême des États-Unis vient de décider qu’une dépêche adressée à un particulier peut, en [son absence, être remise par la Compagnie à sa femme. Ce procédé pourrait cependant, quelque fois, présenter des inconvénients.
- La réduction du tarif télégraphique pour la transmission de dépêches de 10 mots entre Victoria et la Nouvelle-Galles du Sud a eu pour résultat d’augmenter le nombre des télégrammes de 3o 0/0, tandis que les recettes ont diminué de 11 0/0 à peu près. L’ancien tarif de 2 fr. 5o a été réduit à I fr. 25. __________
- Nous lisons dans le Bulletin international des Téléphones ;
- L’invention de MM. Jackson et Chambers réalise, parait-il, la suppression de l’induction des lignes télégraphiques sur les lignes téléphoniques; elle repose sur cette idée que cette suppression ne peut être obtenue d’une façon réelle qu’en faisant produire par les courants télégraphiques eux-mêmes une force qui neutralise leur action inductive.
- L’appareil imaginé dans ce but et que nous trouvons décrit dans The Electrical Review, de New-York, est une modification de la bobine d’induction employée ordinairement; les fils primaire et secondaire du téléphone sont enroulés sur un noyau de fer doux enveloppé d’un fil de fer doux isolé et laissé en circuit ouvert ; ils sont en outre recouverts d’un autre fil de fer semblable au premier. Vpici comment les inventeurs expliquent l’action de cette bobine :
- Les courants, qui traversent la ligne et passent, par suite, par le fil secondaire, ont pour effet de produire par induction une certaine charge d’électricité dans les deux fils de fer doux. Cette charge dépend d’ailleurs de la tension du courant inducteur, et comme les courants nuisibles induits par le télégraphe ont une tension beaucoup plus élevée que ceux du téléphoné, ils agissent à peu près seuls sur le fer; ils y déterminent donc des charges électriques de polarité opposée qui induisent, à leur tour, dans le fil de ligne des courants de sens contraire aux-courants nuisibles. Ceux-ci se trouvent ainsi annulés, tandis que les courants téléphoniques n’éprouvent à peu près aucune diminution.
- L’appareil a été expérimenté sur une ligne de 48 kilomètres, qui suit, sur une longueur de 18 kilomètres et à une distance de 3o centimètres, sept fils de la * Mutual Union Telegraph C» ». Notre confrère américain annonce que les essais ont très bien réussi.
- L’exploitation des (lignes télégraphiques au Mexique est entre les mains de l’Etat, mais ne produit que des résultats fort peu satisfaisants au point de vue financier;
- Le budget, pour cette année porte :
- Salaires............................... 3.o66.709,f5o
- Entretien des lignes.................... 2.100.000,00
- Construction dé nouvelles lignes..... ?5o.ooo,oo
- Soit un total de.............. 5.916.709,50
- Le dernier rapport annuel des recettes accuse les résultats suivants :
- Dépêches particulières. ............ 1.1 i5.854ff65
- — officielles...................... 3.084.829.20.,
- Soit...................... 4.200.683,85
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- LA L UM 1ÈRE ÉLE C TRIQ UE
- De sorte que l’exploitation de l’année dernière, sans même tenir compte des sommes affectées à la construction, a produit une perte d’un million à peu près. Le réseau télégraphique du pays comprend environ 21.000 kilomètres.
- On annonce que plusieurs lignes télégraphique vont être construites en Corée sous la surveillance d’ingénieurs chinois. On a déjà commencé à tracer ces lignes entre Gensan et Séoul et sur plusieurs points de la frontière. La longueur totale des lignes à construire dépasse 400 milles.
- Le réseau téléphonique au Tonkin, dont le centre est à Hanoï, a déjà atteint un développement d’environ 160 milles. Il compte trois lignes principales, dont la première de Hanoï à Haiphong, passe le long du fleuve Rouge. Cette ligne qui communique avec deux câbles sous-marins, l’un à Saigon et l’autre à Hongkong, a été terminée vers la fin de i883. La deuxième, d’une longueur de 37 milles, environ va de Hanoï à Hong-Hoa en passant par Son-Tay, tandis que la troisième, de Hanoï à Phu-Lang-Thuong, parcourt une distance de 28 milles. De cette dernière station partiront deux nouvelles lignes pour Kep et pour Chu. Le nombre des dépêches transmises sur les trois lignes s’est élevé à i5i.ooo pendant les premiers onze mois de 1883.
- Le 3i août dernier a eu lieu en Belgique l’ouverture de la correspondance téléphonique entre les réseaux de Bruxelles et de Charleroi.
- Le correspondant berlinois du Times se dit en mesure d’adresser à son journal les règlements d’un système de téléphonie internationale qui, adoptés en commission, le seront probablement aussi par la majorité de la Conférence télégraphique :
- i° Les administrations des États contractants pourraient établi^, en cas de nécessité, une communication téléphonique internationale, soit en plaçant des fils spéciaux, soit en utilisant ceux qui existent déjà;
- 20 A défaut d’arrangements spéciaux entre lesdites administrations, ces fils seraient conduits à un bureau téléphonique central, et reliés de là, soit aux bureaux téléphoniques établis pour le service public, soit aux maisons particulières, bureaux, etc. ;
- 3° Les administrations s’entendront sur le choix des matériaux et sur les détails du service. Elles fixeront en commun la taxe à payer pour chaque ligne téléphonique;
- 40 L’unité adoptée pour la fixation des taxes et ïa durée des communications sera une conversation de 5 minutes;
- 5° L’usage du téléphone sera alloué dans Tordre des demandes. Un même correspondant n’aura pas droit à plus de deux conversations consécutives de 5 minutes chacune, à moins qu’aucune autre demande ne soit faite avant ou pendant ces conversations.
- Une communication téléphonique directe va prochainement être établie en Suisse entre Berne, Thun et Solothurn.
- Le réseau téléphonique établi le long du lac de Genève compte déjà 1.272 abonnés.
- Le réseau téléphonique de Zurich comprend aujourd’hui i.35o postes reliés à deux bureaux centraux. La ville même contient 1.100 abonnés, les autres sont répartis dans q villages des environs, également en communication directe avec les stations centrales. Zurich possède deux fois autant d’abonnés que la ville de Bâle.
- La a South of England Téléphoné O • vient d’ouvrir un bureau central téléphonique, àNorthampton, avec 70 abonnés et 4 lignes particulières.
- Un nouveau réseau téléphonique va prochainement être installé à Reading en Angleterre.
- On travaille en ce moment à la pose des fils pour le nouveau bureau central téléphonique à Carlisle, qui va bientôt être ouvert. Le nombre des abonnés n’est que de 3o, mais tous les principaux bureaux municipaux vont également être reliés au bureau central.
- On annonce que l’administration du chemin de fer de «London and North Western* est entrée en négociations avec une Compagnie de téléphone, à Londres, dans le but de faire relier les 2.000 stations de son réseau par le téléphone.
- La semaine dernière 1’ « United Téléphoné C° » de Londres a ouvert au public des bureaux téléphoniques dans les faubourgs de Claphans et Kilbourn. D’autres bureaux publics seront ouverts sous peu à Londres, où il en existe déjà un certain nombre dans différents quartiers de la ville.
- /Le nombre des téléphones actuellement en service aux* États-Unis est estimé à 334.786. Le capital engagé dans les entreprises téléphoniques de ce pays s’élève à plus de 5oo millions de francs.
- Des expériences dë téléphonie à grande distance ont dernièrement eu lieu entre Albury, Melbourne et Sydney. Une ligné spéciale avait été construite pour ces expériences, qui ont admirablement réussi. Aune distance de 187 milles, la parole s’entendait très distinctement et il était facile de reconnaître la voix de la personne qui parlait.
- M. Pendleton,de New-York, a récemment inventé un appareil qui permet aux abonnés d’un réseau téléphonique de s’assurer par eux-mêmes de la présence ou de l’absence de la personne avec laquelle ils ont demandé à être mis en communication. Si l’abonné appelé est absent et a pris la précaution, avant de sortir, d’indiquer, sur un cadran fixé à l’appareil, l’heure à laquelle il doit rentrer, le correspondant connaît cette heure; il évite ainsi les pertes de temps que lui occasionnerait tout appel fait avant ce moment. C’est un perfectionnement important que nous signalons aux Compagnies téléphoniques et qui facilitera beaucoup leur service.
- VNAA/WWWWV)
- Ainsi que nous l'avons dit la législature de l’État d’Indiana a voté une loi limitant le prix de l’abonnement au téléphone dans cet Etat à 3 dollars ou i5 francs par mois. Les Compagnies téléphoniques ont trouvé moyen de tourner la loi en demandant à leurs adonnés un supplément d’abonnement de 2 dollars par mois comme prix de location des fils et accessoires. Les abonnés ont répondu à cette mesure en se cotisant et une circulaire vient d’être distribuée dans tout l’État demandant des fonds pour pouvoir porter l’affaire devant les tribunaux et assurer l’exécution de la loi.
- Le Gérant : Dr C.-C. Soulages.
- Paris.— Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire.— 59726*
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d*Électricité ^
- 31, Boulevard des Italiens, Paris ! v L' i
- directeur : D* CORNELIUS HERZ Secrétaire de la Rédaction : Aug. Guerout \ \;> ",
- 7° ANNÉE (TOME XVII) SAMEDI 26 SEPTEMBRE 1885 N» 39
- SOMMAIRE. — La Lampe-Soleil en Angleterre; P. Clemenceau. — Le comparateur régulateur pour la vérification des chronographes balistiques; Victor Flamache. — Plateaux d’accouplement à liaison funiculaire de M. Raffard; A. Hil-lairet. — L’Électricité en Amérique : L’éclairage électrique dans les Etats de l’Ouest; G. Duché. — Etude sur les galvanomètres (5e article); A. Minet. — Revue des travaux récents en électricité, dirigée par B. Marinovitch : Sur les piles sèches et leur application aux mesures électrométriques, par M. W. von Beetz. — Correspondances spéciales de l’Étranger : Allemagne, H. Michaelis; Angleterre, J. Munro. — Chronique : A propos de la Colonne-Soleil et de la Tour colossale de M. G. Eiffel. - Applications de l’électricité aux chemins de fer (suite et fin). — Faits divers.
- LA LAMPE-SOLEIL
- EN ANGLETERRE
- Jusqu’à présent, les qualités principales de la Lampe-Soleil avaient été, en dehors de la fixité de sa lumière, la grande rusticité des organes et la simplicité générale de l’appareil.
- Nos lecteurs savent les perfectionnements apportés en France à cet engin; et depuis longtemps déjà, La Lumière électrique a publié les modèles définitivement adoptés. La Lampe-Soleil ainsi présentée est certainement une des meilleures lampes dont on puisse faire usage; malheureusement, la conséquence même de sa simplicité est qu’elle ne peut s’adapter à toutes les machines dynamo-électriques, et c’est, avec raison, ce qui lui a été quelquefois reproché.
- Son inventeur, M. Louis Clerc, s’est alors demandé s’il n’était pas possible de remédier à cet inconvénient et de trouver un modèle de lampe qui pût se prêter à toutes les exigences de la pratique et remplacer dans tous les cas un régulateur quelconque. C’est à Londres qu’il a poursuivi ses recherches dans cet ordre d’idées, et c’est là, qu’après un long travail, il est parvenu à atteindre son but.
- Le problème, disons-nous, était de trouver un type de lampe pouvant être alimenté par une source quelconque de courant, avec le moins de
- changement possible dans les diverses parties. D’une façon générale, voici comment les choses ont été résolues.
- Pour les lampes ordinaires, ou à écart fixe, des charbons de 20 millimètres de diamètre ont été adoptés, et c’est dans la longueur de l’un d’eux que passe le petit charbon d’allumage de 4 millimètres de diamètre. Au contraire, dans les lampes à écart variable, c’est-à-dire devant se régler elles-mêmes, la difficulté de faire mouvoir une tige trop grosse a fait que le charbon creux a été remplacé par un autre plus petit de 10 millimètres.
- Dans la lampe à écartement fixe, pour faire mouvoir le petit charbon à la vitesse voulue et permettre à la lampe de s’échauffer, celui-ci est mû dans un sens par un contrepoids, et de l’autre, retenu par le fer doux d’un solénoïde. Lorsqu’alors le courant est lancé dans la bobine, le petit charbon vient en contact et recule aussitôt avec une vitesse modérée par un frein, dès que le courant cesse d’actionner le solénoïde.
- Lorsque l’on veut actionner les lampes par une machine compound, et les monter en dérivation, l’écart du petit charbon est obtenu par un solénoïde placé en tension avec la lampe, et là encore, un frein spécial, dont nous donnons plus loin la description, modère le mouvement. Il est à remarquer cependant qu’au moment où les deux charbons sont en contact, la résistance de la lampe étant à peu près nulle, l’intensité devrait s’élever d’une façon anormale. Pour parer à cet inconvénient, un système de veilleur est disposé de telle
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- sorte qu’une résistance de 5 ohms est automatiquement introduite dans le circuit jusqu’à ce que l’arc ait atteint sa longueur normale.
- Enfin, lorsque le courant est fourni par une machine en dérivation, et que les lampes sont en série, le charbon mobile est, à l’état de repos,
- écarté du charbon fixe. Une bobine de|fil fin mise en dérivation sur la lampe, rapproche le petit
- FIG. 3
- supérièure à celle de la lampe, la bobine de dérivation amène le charbon mobile au contact, puis le laisse reculer à la distance voulue avec une vitesse réglée par le frein. Toutes les lampes sont donc munies du même mouvement et toutes portent le même frein. Dans ces conditions un mo-
- charbon pour une force électromotrice donnée, et la résistance du veilleur étant, dans ce cas, un peu
- FIG. 4
- dèle unique peut suffire, et voici celui que M. Clerc a adopté.
- Les figures 1, 2, 3, 4 sont deux coupes verticales et deux coupes horizontales de la lampe. Celle-ci se compose d’un cercle qui porte la boîte à son centre et un couvercle à sa partie supérieure pour
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- recevoir les appareils d’allumage. A la partie extérieure est un anneau destiné à porter le globe. La boîte se compose de quatre pièces isolées les unes des autres, et les deux pièces du milieu P, sont montées sur des lames de mica fixées en M aux deux pièces du centre. Les deux collets porte-tubes T sont maintenus par des boulons isolés au moyen d’ardoise.
- Les charbons sont plats à leur partie supérieure pour éviter les voyages d’arc et la piqûre du marbre. Ils ont de bout en bout 3 et 5 centimètres de longueur, avec un diamètre de 20 millimètres, comme nous l’avons dit, et l’un deux est percé d’un trou de 6 millimères pour laisser passer le petit charbon allumeur.
- Les dimensions du marbre, qu’on introduit dans la boîte par la partie supérieure sont de 5 X 3 X 3 centimètres. M. Clerc, dans sa nouvelle lampe, a taillé ses blocs d’une façon spéciale représentée figure 5. Au centre, une sorte de voûte conique très évasée a été me'nagée. Par ce seul fait, il est possible d’envoyer des rayons presque horizontalement et d’augmenter ainsi sensiblement l’effet utile de la lampe.
- La poussée du charbon fixe est obtenue par des leviers L montés sur tourillons, de manière à réduire les frottements au minimum. Comme dans le modèle de lampe adopté à Paris, ces leviers sont actionnés par un ressort à boudin qui se trouve placé en dehors du globe et qui donne une pression de 25o grammes environ. Les leviers de tirée U auxquels s’attache le ressort sont disposés de manière que la longueur des bras augmente à mesure que l’action du ressort diminue. Un crochet V qui est fixé à l’extrémité des leviers qui poussent le charbon, oscille facilement et suit une ligne droite, pendant que le levier décrit un arc de cercle. Comme on le voit sur la figure, ces leviers se composent de deux pièces complètement isolées par une plaque de mica m, exactement comme les deux parties centrales de la boîte. Un ruban ondulé et souple R partant des supports de la boîte amène le courant aux leviers. Au moyen de deux ergots qui ne peuvent tourner, les supports de la boîte viennent s’adapter dans les supports qui sont formés par deux petits étriers E ; un fermoir F à ressort maintient la boîte en place.
- Les deux étriers E sont fixés à leur tour au cercle de la lampe par des plaques de mica reposant sur deux saillies H également isolées du centre.
- L’anneau A qui porte le globe est attaché au cercle par une charnière K dont le jeu est extrêmement libre, et quatre pattes à vis servent à fixer l’anneau au cercle et produire une fermeture hermétique à l’aide d’une corde d’amiante n, placée dans la rainure de l’anneau. Au couvercle de la lampe sont fixées deux bornes isolées par de l’ar-
- doise qui portent deux tiges G contre lesquelles viennent buter les leviers, quand les charbons sont trop courts, et former court circuit. A ce3 deux bornes D viennent se fixer les fils de ligne venant du veilleur et le courant est amené par deux fils allant des bornes aux étriers.
- D’une façon normale, la lampe est faite pour être suspendue et demeurer horizontale, mais à cause de la forme voûtée du marbre, il est possible d’incliner plus ou moins la lampe suivant les cas, en la faisaut tourner perpendiculairement à l’axe des charbons.
- L’action d’un petit contrepoids et du noyau de fer du solénoïde qui, comme nous l’avons dit en commençant, produit le mouvement du charbon pour l’allumage ou le réglage, est communiquée à ce charbon par les leviers l agissant sur la tige horizontale t, qui roule sur les galets g et qui est reliée au charbon par l’une ou l’autre de ses extrémités. Naturellement les galets g sont en fibre ou tout autre matière iso lante, de façon à les isoler de la tige à travers laquelle passe le courant; suivant le sens dans lequel devra se faire l’action du solénoïde S', le charbon mobile sera relié à l’une ou à l’autre des extrémités de la tige horizontale.
- Le noyau de fer est percé d’un trou dans toute sa longueur, afin de pouvoir s’élever sans entraîner le fil de suspension qu’un petit poids p maintient tendu. Enfin l’axe a qui fait tourner le solénoïde, porte comme le montre la figure,"deux bras de levier terminés en arc de cercle qui portent, l’un le noyau de fer du solénoïde, l’autre la cuve mobile d’un frein à mercure. Celui-ci, qui fait également partie intégrante de la lampe, se compose de deux cuves parfaitement tournées, qui glissent l’une dans l’autre. L’intervalle annulaire est de un demi-milli-mètre de chaque côté. La cuve mobile est à parois très minces, de manière à posséder un poids aussi peu variable que possible dans son déplacement à travers le mercure ; mais toutefois ces variations peuvent être compensées par le contrepoids excentré i, fixé sur l’axe.
- A la partie supérieure de la cuve mobile, est fixé un poids q de 120 grammes qui suffit à faire mouvoir le charbon mobile avec sécurité. Cela étant, il est facile de comprendre ce qui se passe. Un léger déplacement de la cuve mobile produit aussitôt une grande différence de niveau entre les
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- deux cuves, et produisant l’action d’un frein, modère le mouvement. Le mercure s’écoule par un orifice placé à la partie inférieure de la cuve mobile, où une vis v permet de régler à volonté la vitesse d’écoulement.
- Le noyau du solénoïde pèse 35o grammes ; la bobine a 7 centimètres de hauteur ainsi que le fer
- FIG. 6
- doux. Celui-ci, au repos, est excentré de 5 centimètres ; la course totale est de 3o millimètres et enfin les longueurs respectives des leviers sont telles que la course du charbon mobile est de 10 à
- fis qfc
- FIG. 7
- 12 centimètres. Cette description terminée il reste à examiner le fonctionnement de l’appareil, suivant les cas énumérés plus haut.
- Considérons d’abord une lampe à écartement fixe, actionnée par une machine en dérivation ou une machine à courants alternatifs. Dans ce cas, le fil enroulé sur le solénoïde doit avoir une certaine longueur pour être en rapport avec le courant que l’on veut employer, et soulever aisément le fer doux. Au moment où le courant est
- lancé, le noyau de fer de cette bobine, mise sur la résistance du veilleur, s’élève ; la cuve descend sous l’action du poids et, par l’intermédiaire des leviers, agit sur le petit charbon d’allumage avec un effort d’environ 5o grammes. Il est facile de comprendre que lorsque plusieurs lampes d’un même circuit devront être allumées ensemble, le réglage du frein dans chacune d’elles devra être fait de manière à ce qu’une partie des lampes s’allume rapidement, et l’autre lentement, pour qu’un échauflfement graduel des arcs puisse se produire. Quand, au contraire, les lampes d’un même circuit devront s’allumer séparément, le réglage alors devra être tel, que pour la même raison, le recul soit extrêmement lent. Enfin, dans ce cas, le petit charbon devra être fixé à l’extrémité de la tige qui est opposée au solénoïde.
- S’il s’agit maintenant d’une lampe à écartement variable, actionnée par une machine compound, ou des accumulateurs, le fil du solénoïde devra être assez long pour pouvoir soulever un poids de 175 grammes, qui, par le rapport des longueurs des bras de levier, équilibre le poids du frein. Il
- est cependant à remarquer qu’au cas où l’on ne voudrait pas changer le fil, il suffirait de placer sur le levier de fer doux un poids qui pût régler l’effort pour l’intensité voulue. Le charbon mobile, cette fois, est fixé à l’extrémité de la tige et se trouve en contact au moment de l’allumage. Dès que le courant est lancé, le solénoïde soulève le noyau et le poids de la cuve de mercure écarte le charbon mobile jusqu’à ce que la longueur de l’arc soit telle que la résistance de la lampe donne l’intensité voulue. A ce moment le noyau et le poids du frein sont équilibrés et le charbon ne vient à se mouvoir que si l’arc s’allonge, par suite de l’usure ou d’une variation quelconque dans l’allure de la machine.
- L’intensité est ainsi parfaitement maintenue constante et les esssais faits avec une pareille lampe sur un circuit de lampes à incandescence ont donné d’excellents résultats.
- Lorsqu’en dernier lieu, la Lampe-Soleil doit être alimentée par des machines en série, il est alors nécessaire que la bobine du solénoïde soit
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- faite avec du fil fin et mise en dérivation sur la lampe de manière qu’avec une chute de potentiel de ioo volts, une attraction de 180 grammes soit obtenue sur le noyau. Le charbon mobile est encore ici, comme dans le premier cas, fixé à l’extrémité du levier, opposée au solénoïde. Comme la résistance du veilleur est toujours plus grande que celle de la lampe, au moment de l’allumage, le solénoïde attire le noyau avec un effort de plus de 180 grammes et amène, par suite, le charbon
- mobile au contact. Mais, à ce moment, la résistance du veilleur est coupée, le noyau retombe, et écarte le charbon mobile avec une vitesse réglée par le frein, jusqu’au moment où l'arc aura atteint la longueur voulue : la lampe est alors réglée.
- Le veilleur que M. Clerc a adjoint à sa lampe est représenté dans les figures 6, 7, 8. Il peut être, à volonté, placé, soit ,1e long d’un mur, soit même sur Je couvercle de la lampe.
- Il se compose essentiellement d'un petit solénoïde S, d’une résistance enroulée sous forme de bobine creuse R, et d’un double coupe-circuit de sûreté, que la figure 8 représente en détail.
- Quel que soit le modèle de lampe, la bobine du
- veilleur a toujours des dimensions de 6 centi-mètres sur 4 1/2. Elle est faite avec du fil de—,
- pour un courant de 12 à 14 ampères, et le noyau est toujours assez libre pour ne causer aucun bruit. Comme on le voit dans la figure, le noyau agit sur un petit levier à crochet C venant toucher un contact de mercure, pèse dessus, et l’abandonne sous l’action d’un contrepoids, quand le noyau est soulevé par le courant. Un fil souple relie le
- _____JJ
- FIG. 10
- levier au support pour assurer un bon contact. Pour pouvoir loger la résistance en fil de maille-chort dans un espace très restreint, M. Clerc l’enroule en forme de bobine carrée ; chaque rangée étant isolée de la suivante par des lames de mica placées aux quatre angles du carré. On peut ainsi enrouler 20 à 3o mètres de fil dans un cube de 7 à 8 centimètres de côté. Cette résistance est de 2 ohms pour les lampes à écartement fixe et mise en série avec le solénoïde de la lampe, tandis que la bobine du veilleur est mise sur le circuit même de la lampe. Pour les lampes en série avec charbon mobile, cette résistance doit atteindre de 10 à 12 ohms.
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- Dans les lampes à charbon fixe, le coupe-circuit qui se trouve dans la boîte du veilleur est construit de manière à faire court circuit et à isoler complètement les deux fils de la lampe lorsqu’on a besoin de le manipuler. Un poids excentré permet de faire mouvoir ce coupe-circuit à distance et de placer le veilleur soit sur la lampe, soit au bout d’un mur.'
- Pour les lampes à charbon mobile en dérivation, le veilleur est légèrement modifié. Le noyau du solénoïde, par son poids, rompt le contact et ouvre le circuit sur une résistance mise en tension avec la lampe; quand le courant est alors lancé dans le circuit, cette résistance est sur le circuit de la lampe, pour qu’au moment du contact du charbon mobile, l’intensité de la lampe ne vienne pas nuire au fonctionnement des autres foyers du circuit. Aussitôt que le contact se fait il laisse retomber le crochet, qui vient faire court circuit sur la résistance. Il ne faut, toutefois, faire la suppression de celle-ci que lorsque l’arc a atteint une cer-taine'longueur. Dans ce but, alors, lelevierde contact est réglé par un petit frein à mercure semblable à celui de la lampe. Le crochet ne plonge dans le mercure que d’un millimètre, de manière à rompre rapidement le contact, tandis qu’il s’élève au-dessus du niveau de i5 millimètres, de manière à laisser le frein agir pendant tout le temps voulu.
- Il est possible d’augmenter, si l’on veut, la sensibilité du veilleur. Pour cela on place sur l’ouverture de la soupape une mince plaque de mica qui permet au mercure de s’écouler rapidement et de ne rentrer dans la cuve que lentement. Le coupe-circuit, dans ce cas, ne peut pas former court circuit ; mais il rompt simplement la ligne.
- Lorsque les lampes sont alimentées par des machines compound ou shuntées, la régularité est obtenue d’une façon suffisante par les machines elles-mêmes. Mais quand, au contraire, on fait usage de machines à courants alternatifs, il n’en est plus de même. La force électromotrice augmente bien avec la résistance du circuit, mais pas en proportion suffisante. Pour obtenir alors une intensité constante, M. Clerc place un régulateur agissant sur le courant de l’excitatrice et monté en dérivation sur les inducteurs de cette dernière. Avec une excitatrice Gramme A, quand la résistance de la dérivation est nulle, l’excitatrice ne donne rien; et quand elle atteint 3 ohms, la machine donne alors 85 o/o de ce qu’elle peut fournir quand la dérivation est coupée. Lorsque la résistance de celle-ci varie de 1/2 ohm à 3 ohms, toutes les lampes peuvent être éteintes ou allumées sans que l’intensité varie. La dérivation est donc composée d’une résistance fixe de 1/2 ohm, manœuvrée à la main, et d’une résistance mobile égale, mue par la bobine du régulateur qui corrige le courant. Les figures g et 10 représentent en coupe ce régulateur.
- La dérivation, qui est faite avec du fil de maille-chort de 8/10, est enroulée sous la forme d’un ressort à boudin légèrement incliné, dont les spires viennent successivement en contact avec la surface du mercure contenu dans une petite cuve. Cette résistance est mue, comme le montre le dessin, par une petite bobine de 7 centimètres de hauteur qui est placée au-dessus, et qui est en série avec les lampes. Enfin l’appareil est complété par un contrepoids qui équilibre le poids du fer, et par un petit frein à mercure qui empêche les mouvements brusques du régulateur.
- Quoique les lampes ainsi construites, et munies des accessoires que nous venons de décrire, puissent s’adapter à toutes les dynamos, on n’emploie les machines compound que lorsqu’il y a lieu de combiner les lampes-soleil avec des lampes à incandescence. Dans le cas contraire, il est plus facile et plus économique de placer les lampes en série. Pour les petites installations, toutefois, les machines à courant continu shuntées sont préférées; tandis que pour les grandes installations il y a lieu de considérer les avantages et les inconvénients des machines à courants alternatifs.
- Les inconvénients sont le bruit et réchauffement des solénoïdes dans les lampes et les veilleurs. Ces inconvénients ont fait rejeter les machines à courants alternatifs pour les régulateurs, à cause de la force absorbée par les bobines de réglage et la moins bonne distribution de la lumière.
- Ces deux causes d’infériorité n’existent pas avec les lampes-soleil, et il ne reste que la question du ronflement qui peut être facilement corrigée.
- MM. Clerc et Bureau ont aussi construit un type de machine assez peu bruyant et dans lequel il y a assez de fer doux dans les bobines pour qu’un rendement élevé, comparativement à la quantité de fil enroulé, puisse être obtenu, et les courants de Foucault évités.
- Deux de ces machines, à l’Exposition du travail à Londres, actionnaient 24 lampes-soleil, placées sur deux circuits, l’un de i3, l’autre de 14 foyers.
- Dans le vestibule, un lustre de 4 lampes, entouré de 80 lampes Edison, donnait un parfait éclairage. Dans la cour Autrichienne, 5 autres lampes se trouvaient, et 10 étaient placées dans le restaurant Duval. Enfin le département Electrique en possédait 3 et les cinq dernières étaient disséminées un peu partout. Les conditions de marche ont été excellentes, et les lampes fonctionnaient avec i3 ampères et une différence de potentiel de 100 volts.
- Ces résultats, à notre avis, ne sont pas sans intérêt. Si, dans bien des cas, on préfère la lampe-soleil toute simple, telle qu’on la connaît, il est certain que, dans bien des cas aussi, les perfectionnements apportés par M. Clerc trouveront avanta-
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- geusement leur place, et le temps employé à rechercher les dispositifs que nous venons de décrire, n’est certes pas du temps perdu.
- P. Clemenceau.
- le
- COMPARATEUR-RÉGULATEUR
- A. et V. FLAMACHE
- POUR LA VÉRIFICATION DES CHRONOGRAPHES BALISTIQUES
- DESCRIPTION ET EMPLOI DE L’APPAREIL.
- Nécessité d'un instrument servant à la comparaison. — Bien que la chronographie balistique ait fait d’immenses progrès dans ces dernières années, il plane encore des doutes sur la précision qu’on peut attendre des appareils ingénieux en usage dans les diverses armées.
- Jusqu’en 1881, la plupart des artilleurs, confiants dans les chronographes dont ils se servaient, croyaient arriver à une exactitude presque absolue ; lorsque des anomalies, des résultats évidemment erronés étaient observés, on les attribuait toujours à des causes étrangères aux appareils; souvent même ces erreurs passaient inaperçues, ou bien encore on les rectifiait. Les ouvrages de balistique fourmillent d’exemples de cette manière de procéder.
- Les travaux des commissions, aux Expositions d’électricité de Paris (1881), de Munich (1882), et surtout de Vienne (i883), ont montré d’une façon indiscutable que les chronographes sont loin de donner l’approximation nominale qu’on en espère, et qu’il importe, à l’avenir, de tenir compte des erreurs sérieuses dont leurs données peuvent être entachées.
- En 1881 déjà, nous attribuions aux erreurs des appareils de mesure la plus grande partie de la différence observée, dans certains cas, entre la durée du parcours du projectile dans l’âme et celle de l'accélération du recul.
- La persistance de l’action des gaz, pendant un temps très court après la sortie du projectile, peut, il est vrai, expliquer en partie cette anomalie ; mais pour qu’elle en fût la cause unique, il faudrait admettre que les gaz ont encore une action sensible quand le projectile a parcouru un trajet notable hors de l’âme, et cette hypothèse n’est guère acceptable.
- Au contraire, les différences observées peuvent très bien se comprendre, s’il est prouvé qu’elles sont comparables aux erreurs des appareils chrono
- graphiques. Or, on verra dans la suite que celles-ci sont loin d’être aussi petites qu’on pourrait le croire.
- Le lieutenant-colonel Le Boulengé, dans son ouvrage Études de balistique expérimentale (page 87) constate que la courbe des durées, pour la trajectoire de l’obus emplombé de 8° (4), courbe déduite des résultats donnés par sa clepsydre, ne passe pas par l’origine : pour une portée o, la durée serait négative et égale à — o",o3^o.
- Il explique cette particularité par l’action des gaz, qui continuent, dit ce savant spécialiste, à pousser le projectile dans la direction de l’axe de l’âme, après qu’il a quitté la bouche à feu ; par la non-instantanéité de la résistance de l’air, qui doit au préalable être arrivée à son maximum de compression; enfin par l’effet d’entraînement dû aux gaz qui accompagnent le projectile.
- Comme nous ne pouvons admettre que les gaz continuent à agir sur le projectile à 10 mètres en avant du canon, nous inclinons à chercher dans les erreurs des appareils la cause prédominante de cette impossibilité de rendre, par une loi simple, les durées de parcours en fonction des distances à l’origine, sans altérer les résultats.
- L’existence des erreurs est encore plus évidente, lorsque les données obtenues par plusieurs appareils, de même type cependant, concourent à une expérience unique.
- C’est ainsi qu’il arrive fréquemment, lorsqu’on mesure des vitesses en différents points d’une même trajectoire, avec des appareils distincts, de trouver des vitesses qui ne sont pas décroissantes au fur et à mesure du parcours du projectile; par exemple une vitesse plus grande à 100 mètres qu’à 5o mètres de la bouche à feu.
- L’absurdité de ces résultats a provoqué de nombreuses discussions, chaque inventeur défendant son système ; mais elles doivent prendre fin aujourd’hui, à la suite des mesures comparatives qui ont été faites pendant l’Exposition de Vienne.
- Il résulte du rapport de M. le capitaine Casper-seen, de l’artillerie danoise, rapport que nous transcrivons d’après M. Moisson, capitaine d’artillerie de la marine française, délégué à l’Exposition d’électricité de Vienne, que des mesures de vitesses ayant été exécutées comparativement avec le chro-nographe à roue phonique de M. Paul Lacour, ingénieur danois, et avec l’appareil Le Boulengé, les résultats contenus dans le tableau I ont été observés.
- Nous ne suivrons pas les éminents officiers, que nous avons cités plus haut, dans les considérations qu’ils émettent à propos de ce tableau; nous nous contenterons d’en comparer les données et d’en tirer les conséquences sur lesquelles nous voulons appeler l’attention.
- Le même tableau (p.584)montre qu’entre les vitesses
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- mesurées par deux types d’appareils considérés comme précis, il peut exister une différence de
- c’est-à-dire que dans l'hypothèse la plus favorable, en admettant que la moyenne des deux résultats fût précisément la valeur exacte, les deux appareils commettraient en plus ou en moins une
- erreur de
- TABLEAU I
- CHRONOGRAPHE A ROUE PHONIQUE APPAREIL h LE BOULENOIS »
- Vitesses mesurées Kcarts de la moyenne Vitesses mesurées Écarts de la moyenne Écarts entre les 2 appareils
- 1.420,0 pieds + 5,6 1.402 » + 4.25 + 18 »
- 1.408,8 — 6,6 l.38q » — 8,55 + 19,8
- 1.408,8 — 5,6 1.396 » — 1,75 + 12,8
- 1.4 20,0 4- 5,6 I.404 U + 6,25 4- 16 »
- Moyennes: 1.4'4,40 5,6 1.397,7s 5,25 + 16,6:
- Dans toute autre hypothèse, l’un des appareils au moins donnerait un résultat plus éloigné de la vérité.
- 11 y a loin, comme on le voit, de cette précision effective à la précision nominale qu’on espère obtenir.
- De ce qui précède ressort clairement la nécessité de soumettre les chronographes actuellement en usage, à un mode de comparaison d’une précision aussi parfaite que possible, et surtout mesurable.
- C’est pour remplir ce but qu’a été imaginé le comparateur-régulateur de MM. A. et Y. Flamache, qui figure dans le compartiment international de l’électricité à l’Exposition universelle d’Anvers.
- Cet appareil a encore pour but de jeter quelque lumière sur certaines parties obscures de la chronographie balistique.
- Il y a, notamment, dans cette science, un point extrêmement important, qui jusqu’à présent à été complètement négligé. C’est la recherche de l’erreur produite par la substitution de la vitesse moyenne à la vitesse au point moyen. Les développements que comporte cette recherche ne peuvent trouver place ici, mais nous en résumerons cependant, en quelques mots, les considérations principales.
- Rappelons comment se fait la recherche de la vitesse d’un projectile à une distance A de la bouche à feu. On installe deux cadres cibles, l’un à A — a ^mètres, l’autre à A -j- a mètres. On détermine le temps qui s’est écoulé entre la rupture du icr cadre et celle du second, et l’on admet que la vitesse au point A (milieu de l’espace 2a), ne diffère pas de la vitesse moyenne obtenue en divisant cet espace par le temps mesuré.
- Cette manière de procéder entraîne comme con-
- séquence l’hypothèse que la loi de décroissance de la vitesse est linéaire, ce qui n’est pas. On commet donc de ce chef une erreur entachant plus ou moins lé résultat de l’observation : or si cette nouvelle erreur dépasse celle de l’instrument lui-même, la précision de celui-ci est suffisante. Si le contraire a lieu, il est superflu de substituer à la loi inconnue de la décroissance des vitesses une formule d’interpolation plus exacte que la forme linéaire.
- On peut juger, par cet exemple, de quelle utilité serait un appareil qui permettrait de déterminer l’erreur totale des instruments chronographiques, et notre comparateur nous semble appelé à fournir, sur ce point de la balistique expérimentale, des données nouvelles et précieuses.
- Il est à remarquer en outre que l’emploi du comparateur, en mettant en évidence les diverses erreurs chronographiques, donne le moyen de tenir compte de quelques-unes d’entre elles, et d’obtenir, par conséquent, plus de précision d’un appareil donné.
- Nous donnons le nom de réglage à cette séparation des erreurs, ainsi qu’aux opérations pratiques nécessaires pour en annihiler l’influence.
- En résumé, l’appareil que nous allons décrire, et dont nous donnerons ensuite la théorie et le mode d’emploi, sert généralement :
- i° A comparer, à classer d’une façon absolue les chronographes soumis à son contrôle ;
- 20 A déterminer la nature et la grandeur des diverses erreurs dont les résultats d’expériences chronographiques sont affectés, et à permettre, soit d’en faire disparaître les causes, soit d’en tenir compte dans les expériences qui seront faites après le réglage.
- Le comparateur peut servir également à effectuer diverses opérations, telles que le tarage des diapasons etc. ; mais ce n’est là qu’un point accessoire, sur lequel nous ne reviendrons pas dans cette étude.
- PRINCIPES SUR LESQUELS EST FONDÉ LE COMPARATEUR-RÉGULATEUR.
- Pour arriver à comparer des appareils chronographiques avec exactitude, il faut et il suffit de leur faire mesurer un étalon de temps invariable; à l’aide d’une méthode dont nous ferons connaître plus loin le principe, cette mesure fournira les éléments nécessaires à la comparaison des appareils.
- La réalisation d’un étalon de temps sérieux est très difficile, et jusqu’à présent ceux qui ont été présentés n’ont pas une précision plus grande que celle que les appareils qu’on veut leur faire contrôler. Il faut que la précision soit aussi matériellement parfaite que possible et surtout que la grau-
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- deur de l'étalon ne soit affectée par aucune cause d'erreur variable.
- La chute d’un corps libre convient le mieux à la création d’un étalon semblable ; on a en effet
- e = “p d’où t =y/21 Pour obtenir à l’aide de
- cette formule un temps constant et parfaitement déterminé, il est indispensable que g et e soient connus avec une grande exactitude. La valeur de g
- est connue à moins de ^ de millimètre près, par les expériences très précises du pendule ; quant à e, on peut le mesurer aisément à ^ de millimètre, au moyen du cathétomètre; car cet instrument donnant facilement le — de millimètre, la moyenne
- de seize observations donne l’approximation quadruple.
- Prenons maintenant les logarithmes de la formule
- loga + jloge—ilogg-.
- Assimilant les erreurs aux différentielles, on a :
- dt_1 de 1 dff
- t 2 e 2 g
- Si e = om,5o, l’erreur relative - sera —0'-Q-0; g est connu au près ; l’erreur relative de t est
- donc moindre que Or, pour e = om,5o,
- t= ^ à peu près : le comparateur donne donc
- une précision nominale de 3 de seconde.
- En admettant que la précision effective soit dix fois et même cent fois moindre, elle est encore bien supérieure à celle des chronographes, et l’on peut comparer et régler ceux-ci, quel qu’en soit le type, sur un étalon semblable. Mais pour arriver à la réalisation de cette précision, il faut : i° Que la chute ait lieu dans le vide ;
- 20 Que l’espace à parcourir soit mesurée au
- ~ de mill. près, ce qui, avons-nous vu, est obtenu par l’emploi du cathétomètre ;
- 3° Que les dilatations des divers organes soient compensées de manière à 11’avoir aucune influence;
- 40 Que l’identité d’espace parcouru par le mobile soit assurée.
- Nous traiterons ces différentes parties dans la description de l’appareil.
- Ceci posé, comme la mesure d’un temps, en balistique expérimentale, comporte toujours deux ruptures de courants, correspondant au commencement et à la fin du temps à mesurer, il s’agit d’arriver à rompre le premier circuit à l’instant mathématique de la mise en mouvement du corps pesant,
- et de rompre le second" circuit quand le point de ce corps, considéré comme origine de chute, arrive à l’extrémité de l’espace à parcourir.
- Pour comprendre comment MM. A. et V. Fla-mache sont arrivés à cette instantanéité, quelques développements sont nécessaires.
- Soit un circuit (fig. 1) dans lequel existe en A une solution de continuité ; soient B et C les extrémités des deux parties du circuit.
- Si contre B et C on applique un corps bon conducteur D, le courant de la pile P prend naissance et aucune autre cause ne le faisant cesser ; il persiste aussi longtemps que le corps D réunit les points B et C.
- Si, au contraire, le corps D vient à se séparer des contacts, le courant est rompu à l’instant de la séparation. Nous verrons que ce corps D, dans le comparateur-régulateur, est précisément le grave dont le temps de chute sert d’étalon.
- Il résulte de cette disposition, que l’instant mathématique du commencement de la chute libre du grave coïncide avec la rupture du courant, puisque ces deux phénomènes sont réciproquement connexes ; ce qui se traduit par : pas de rupture du courant sans déplacement du corps et réciproquement, pas de déplacement sensible du corps sans rupture du courant.
- Nous avons dit précédemment que l’instant précis de rupture du second courant devait être celui où un point choisi du grave avait parcouru l’espace E mesurant le temps T d’étalonnage.
- Le dispositif adopté est basé sur l’instantanéité pratique du choc sur laquelle nous croyons inutile de nous étendre ici. Nous y reviendrons à propos des détails de construction de l’appareil.
- Étude du rôle du temps zéro (o) et de son obtention. — Le comparateur-régulateur suffit, ainsi que le montrera la théorie exposée plus loin, pour rechercher l’erreur totale, voire même l’erreur accidentelle ; mais un appareil unique serait impuissant à déterminer la grandeur de chaque erreur en particulier.
- On verra, en parcourant la partie théorique, qu’il faudrait pour cela deux appareils donnant deux temps étalons différents.
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- Rien n’empêche de prendre le temps zéro pour l’un de ces étalons : seulement, il faut que l’appareil qui le donne soit, au même titre que le comparateur, à l’abri de toute erreur, systématique ou accidentelle, et cette condition exclut l’usage des moyens mécaniques (disjoncteurs) employés jusqu’ici dans les expériences de chronographie balistique.
- De la disjonction. — Cette question nous amène à rappeler en quelques mots le rôle de la disjonction et les moyens mis en œuvre pour la réaliser.
- On sait qu’on appelle disjonction l’opération par laquelle on cherche à rompre simultanément deux ou plusieurs courants actionnant les organes des chronographes. Préconisée, en premier lieu, par le lieutenant-colonel Navez, de l’artillerie belge, son emploi remédie en partie aux imperfections des appareils chronographiques. En effet ceux d’entre eux qui sont conçus rationnellement, donnent pour la mesure de ce temps zéro un temps positif, qui englobe dans une seule quantité, dont on tient compte, les divers retards qui eussent entaché d’erreurs grossières les résultats obtenus.
- Cette méthode, excellente théoriquement, a été jusqu’aujourd’hui réalisée pratiquement d’une manière assez rudimentaire, car les moyens mis en œuvre pour rompre simultanément les deux courants, en créant des solutions de continuité dans leurs circuits, reposent sur un travail d’ajustage de pièces fixes et de pièces mobiles, imparfait par lui-même.
- La méthode du retournement, très judicieuse, est peu appliquée en pratique ; c’est donc dans un autre ordre d’idées, plus conforme à la science électrique, que MM. A. et Y. Flamache ont découvert un procédé de disjonction donnant le zéro absolu.
- Dans les installations chronographiques actuelles on rend les circuits absolument indépendants l’un de l’autre, et l’on donne à chacun d’eux une source spéciale de force électromotrice. En opérant ainsi, on se procure l’avantage de ne pas devoir mesurer des résistances, calculer des intensités, etc., avantage sensible à l’époque où la science de l’électricité était moins répandue, mais sans aucune importance aujourd’hui.
- Il est cependant beaucoup plus simple d’utiliser les propriétés des courants dérivés, en ayant soin de ne rien changer, toutefois, aux conditions de bon fonctionnement du chronographe en expérience. MM. A. et Y. Flamache obtiennent ce résultat en intercalant des résistances convenables dans les circuits, et arrivent aisément ainsi, à donner à chaque courant une intensité égale à celle qui fût résultée de l’emploi d'une pile spéciale par circuit et reconnue par la pratique la plus favorable à l’appareil.
- L’existence d’une seule source, permettant de
- donner à tous les circuits une partie commune (qui est précisément celle où se trouve la source), le disjoncteur devient un simple interrupteur placé sur cette partie.
- On ne doit plus créer des solutions de continuité simultanées, mais seulement couper la partie commune du circuit ; quel que soit le moyen employé, il procurera une interruption instantanée dans tous les circuits.
- Le schéma (fîg. 2) montre comment on réalise le nouveau mode de disjonction.
- On voit qu’il suffit d’intercaler dans les parties, ab et a'b', respectivement, deux résistances telles que le courant ait une valeur donnée dans chacune de ces parties, et de rompre en i le circuit principal.
- Afin de n’y pas revenir, indiquons la manière de procéder en pratique et supposons un chronographe quelconque.
- On mesure au moyen d’un ampèremètre l’intensité des deux courants du chronographe placé dans les meilleures conditions de marche et monté suivant les prescriptions de l’inventeur, relativement aux piles, etc.
- On enlève ensuite les communications avec les diverses piles et on actionne le chronographe par les courants dérivés de même intensité, ce dont on s’assure par l’ampèremètre également. Absolument rien n’est modifié, seulement la disjonction mathématique est rendue possible.
- Remarquons en passant l’utilité de procéder aux expériences chronographiques avec des courants d’intensité connue et toujours la même. On éviterait ainsi bien des perturbations restées inexpliquées, ei imparfaitement corrigées par des moyens de réglage souvent inefficaces.
- DESCRIPTON DU COMPARATEUR-RÉGULATEUR.
- Le comparateur (fig. 3) se compose de deux parties principales, que nous appellerons partie
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- supérieure et partie inférieure, reliées entre elles par un tube vertical de cristal A, muni de deux viroles B et C.
- Coupe suivant A' B' (fig. 4). Elévation.
- " x xx
- O O o
- G‘ G‘
- La partie inférieure comprend : le support à vis calantes D, auquel sont fixés :
- a) Un nouveau circulaire E;
- b) Une tablette supportant les bornes G servant à l’attache des fils;
- e) Le pied F dans lequel est percé le canal aboutissant à la tubulure H, et dont la partie tronc conique T s’engage dans la virole inférieure.
- Sur le pied est maintenue la colonne compensatrice I formée de deux lames de zinc i, et en haut de laquelle on trouve le contact inférieur K et le plateau P.
- La partie supérieure comprend : le tronc de cône T' faisant corps avec l’anneau K; la plaque en ébonite U supportant :
- a) Les bornes G';
- b) Les deux tiges X,X' dont les extrémités composent le cône de contact Y et sur les corps desquelles est enroulé le fil de l’électro-aimant;
- c) l’électro-aimant de support N destiné à maintenir le grave Y en contact avec les tiges X,X'.
- Le grave est une sphère de fer doux poli, tour née au tour de précision et de 20 millimètres envi-
- FIG. 4
- ron de diamètre. La perfection de sa sphéricité a été constatée en lui faisant occuper un nombre considérable de positions dans les branches d’un compas d’épaisseur spécial, entre lesquelles elle se maintient par simple frottement. Du reste tout opérateur peut aisément vérifier le comparateur dont il doit se servir, pourvu qu’il dispose d’un cathétomètre.
- La hauteur de chute a été choisie de manière à obtenir o",3 environ ; ce temps rentre dans les limites de ceux que peuvent mesurer tous les chrono-graphes; si cela n’est pas, on peut construire un comparateur donnant le temps que l’on désire avoir; il suffit de faire les calculs de compensation pour une hauteur de tube déterminée.
- Les viroles B et C sont rodées sur les troncs de cône T et T'; le tube est hermétiquement fermé, ce qui permet d’y faire le vide, par la tubulure H et le canal percé dans le pied F.
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- La longueur des lames de zinc composant la colonne compensatrice a été calculée de manière à compenser l’ensemble des dilatations s’exerçant vers le haut pour le tube en cristal, vers le bas pour les tiges contre lesquelles la sphère est maintenue, la dilatation de celle-ci, etc. ; ces calculs ne présentent aucune difficulté et leur reproduction serait dépourvue de tout intérêt.
- Le plateau qui reçoit le choc est en ivoire, matière éminemment élastique et non susceptible, dans le cas présent, de déformation par le choc.
- Quant à l’instantanéité pratiquement absolue de la séparation des contacts, lors de la chute du grave, elle résulte des forces considérables que développe une déformation à peine sensible d’un corps solide, et de la petite solution de continuité qu’il suffit d’établir entre deux corps métalliques pour qu’un courant produit par les forces électromotrices ordinaires soit incapable de passer.
- Les expériences que M. Warren de la Rue a faites avec sa grande pile au chlorure d’argent, ont établi qu’une force électromotrice de 1.000 volts est incapable de franchir un espace de plus de omil,i27 sous la pression atmosphérique ordinaire. En admettant la proportionnalité entre la longueur de l’étincelle et la force électromotrice, ce qui est. à peu près le cas pour les surfaces planes (Gordon, Traité d'Électricité et de Magnétisme, tome II, p. 176) on trouve qu’une pile de huit éléments Daniell ne pourrait établir un courant à travers une solution de continuité de omil,ooi. L’expérience journalière montre que cette limite est encore beaucoup trop élevée.
- En calculant la force constante nécessaire pour faire parcourir de millimètre au plateau en
- icx5ôô seconde> Par exemple, on a :
- „ 2e 0,000002
- F=i* =------;---=
- IOOCOOOOO
- Soit 20 fois son poids à peu près. Celui-ci étant d’environ 3o grammes, l’effort nécessaire sera de 600 grammes. Le contact de la sphère et du plateau
- ayant lieu sur une surface de ^ de millimètre carré par exemple, cette force correspond à une tension de = 2kil,4, par millimètre carré.
- Le coefficient de raideur de l’ivoire étant supposé égal à 3.000, cette tension occasionnera donc
- une déformation de environ, soit sur les cinq
- millimètres d’épaisseur du plateau, de millimètre.
- On voit par celte évaluation qu’avant que la sphère ait parcouru -^7 de millimètre après avoir touché le plateau, celui-ci se sera éloigné assez de
- son contact pour que le courant soit rompu. Le choc, dans les conditions admises pour notre comparateur, ne peut donc donner lieu à un retard mesurable.
- Les figures 3 et suivantes montrent les détails de construction; nous donnerons plus loin le mode d’emploi et le maniement de l’appareil. La construction en a été confiée àM. Th. Schubardl, l’habile ingénieur-constructeur de l’Université de Gand, à qui nous sommes reconnaissants pour la part intelligente qu’il a prise à sa réalisation matérielle.
- THÉORIE DU COMPARATEUR-RÉGUI.ATEUR A. ET V. FLAMACJ1E.
- Lorsqu’on procède à une expérience chrono-graphique, les opérations nécessaires sont :
- i° La substitution au temps à mesurer d’un autre dont le commencement et la fin peuvent être repérés.
- Ainsi, par exemple, lorsqu’un projectile traverse deux cadres-cibles, on substitue au temps qu’il a mis pour accomplir ce trajet, le temps qui s’est écoulé entre deux phénomènes électriques, qui sont la conséquence de la rupture des cadres, et l’appareil chronographique a pour mission d’inscrire l’instant où ces phénomènes se'sont produits.
- 20 L’évaluation du temps repéré en fonction de l’unité, c’est-à-dire par rapport à la seconde : c'est la lecture.
- La première opération entraîne une cause d’erreur due au retard inévitable entre le commencement du phénomène réel et celui du phénomène inscriptible ; une nouvelle erreur semblable a pour cause la non-simultanéité de leur cessation. Ces retards ne sont pas constants et leurs variations ne peuvent être déterminées à priori.
- La lecture introduit d’autres causes d’erreurs ; le manque d’exactitude dans l’étalonnage de l’instrument de mesure choisi en est une : tantôt c’est un cylindre dont la vitesse de rotation est incomplètement connue; ou bien encore un diapason dont le nombre de vibrations par seconde n’est pas déterminé parfaitement.
- Enfin l’erreur de lecture elle-même, c’est-à-dire l’impossibilité d'identifier les limites du phénomène inscrit avec les divisions de l’unité de temps, perçues sur l’appareil, entache aussi les résultats.
- Quelles que soient ces erreurs, il en est qui varient avec le temps à mesurer; d’autres sont constantes, d’autres enfin accidentelles.
- Les premières, celles qui sont fonction du temps à mesurer, peuvent être réunies sous la forme bt, b étant un coefficient qu’il s’agira de déterminer.
- Les erreurs constantes sont celles qui se produisent toujours dans le même sens, pour un appareil donné, quelque bon qu’en soit le fonctionne-
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- ment ; on peut représenter leur somme algébrique par a.
- Enfin les erreurs qui se produisent tantôt dans un sens, tantôt en sens inverse portent, on le sait, en probabilité, le nom d'erreurs accidentelles ; nous les représenterons par ± e.
- En somme donc, l’erreur totale pour une expérience est représentée par E = a -j- bt ± e.
- L’équation ci-dessus montre que E se compose de deux parties : a -f- bt, erreur systématique qu’il est possible de diminuer et même de faire presque disparaître par des modifications matérielles aux appareils : ± e, erreur accidentelle qu’il faut admettre, mais dont il est nécessaire de connaître les limites (*).
- §1. Occupons-nous d’abord de l’erreur accidentelle. Soient plusieurs lectures d’un même temps t. Les temps 6 donnés par l’appareil seront de la forme :
- 0 =/+«+W=be 01 === t -j- et “j- bt Ej 0 %==t ei~\~ bt-1 £g
- La théorie des erreurs établit que la moyenne des temps $, st, ô2, différera d’autant moins de la valeur de t -f- a -f- bt que le nombre de réitérations de là même mesure sera plus considérable : l’erreur probable décroissant comme la racine carrée du nombre d’observations.
- Si ce nombre est assez grand, on peut assimiler cette moyenne à la valeur réelle inconnue. Soit T4 cette moyenne ; si ô„, et 6„ sont respectivement la plus grande et la plus petite valeur de ô, les différences :
- O»! Ti-—-£?h
- I 1 ~ £n
- donnent des nombres peu différents de l’erreur accidentelle, et qui s’en rapprocheront d’autant plus que les observations auront été plus nombreuses ; en outre les valeurs et s„, convergeant vers une même quantité, seront sensiblement égales, si le nombre de mesures est suffisant.
- Prenons un exemple numérique :
- Supposons qu’ayant mesuré dix fois, à l’aide d’un chronographe quelconque, la valeur d’un étalon de grandeur inconnue, mais invariable, nous ayons trouvé :
- 0, =o",339 0, =o",336 03 =o",34i 04 =0",338
- (*) On consultera avec fruit, soit l’excellent Traité du Calcul des probabilités, de M. le lieutenant-général Liagre, revu par M. le capitaine Peny, du corps d'état-major belge, soit le Cours de Physique de M. Violle, dont le premier volume contient un très bon résumé de la théorie des erreurs.
- 0r, =o",337 0C =o",332 07 =o",33 (
- 0„ =o",339 0a =o",333 Oio=0,,>336
- Prenant la moyenne
- T, =o",3365
- et observant que ôm ou le plus grand 6 trouvé est Qi = o",34io et que 6„ ou le plus petit $ trouvé est
- — o",332o on arrive à
- 0m-T,=o",oO45 T, — 0(l =o" ,0045.
- L’erreur accidentelle ± s du chronographe considéré est donc ± o,"oo45.
- g II. Déterminons la quantité a indépendante du temps, et entrant dans l’erreur systématique.
- Supposons que nous fassions n disjonctions, c’est-à-dire que nous mesurions n fois le temps donné par le chronographe pour nn temps o (zéro).
- t et bt étant nuis on a :
- 0
- 0| = a±£i
- 0,=:æ±s2 0» = «=*=e«.
- La moyenne de ces «valeurs donnera une valeur a très peut différente de la valeur réelle.
- Soit comme exemple, une suite de 8 disjonctions donnant :
- 0j=;O",o34
- 02=o",o36
- Q3”o",o3i
- 04=o",o32
- 03=o".o3i
- O0=o",o3o
- 07=o",o33
- 08=o",o3i
- 0 m oy e n = o",o3 2 2 ;
- par conséquent a —o",o322, sensiblement.
- Remarquons que jusqu’ici nous n’avons pas dû faire entrer dans les calculs la valeur finie du temps étalon, et que nous avons cependant recueilli des données exactes sur deux des erreurs dont sont affectés les chronographes.
- La seule condition nécessaire était d’obtenir des temps invariables, aussi bien de l’étalon que du disjoncteur. La recherche de cette condition importante explique les précautions que nous avons dû prendre dans la construction de notre comparateur, et montre que nous avons, avec raison, adopté un mode de disjonction qui écarte toute chance d’erreur.
- La formule ô = a ± s représente donc l’erreur totale qui se produit lors de la disjonction ; dans la plupart des chronographes, l’inventeur s'arrange de façon à donner à a une valeur telle que 6 soit toujours positif.
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- Si l’on ne prend pas cette précaution, et que l’on veuille obtenir un temps inscrit zéro pour un temps réel zéro, il peut arriver que 6 soit négatif et certains appareils sont, dans ce cas, incapables de déceler la présence de cette erreur négative : tels sont ceux qui sont construits de manière qu’un temps zéro corresponde à l’immobilité de l’organe chronométrique. Nous citerons, par exemple, le chronographe-pendule de M. le capitaine Casper-seen de l’artillerie danoise, décrit dans la Revue française d'artillerie (septembre 1882) et dans lequel, d’après M. Cochard, on considère l’appareil comme réglé, si, lors de la disjonction, le pendule ne se met pas en mouvement.
- S’il en est ainsi, la vérification est absolument illusoire ; en effet, de ce que le pendule ne se met pas en marche, il ne peut être tiré qu’une seule déduction : c’est que l’action du levier commandant l’arrêt est au moins aussi rapide que celle du levier permettant le départ du pendule.
- Mais le retard de ce dernier levier pourrait être considérable, et diminuer dans l’expérience réelle la valeur du temps mesuré sans que l’appareil mît ce fait en évidence.
- § III. Calcul du coefficient de l'erreur proportionnelle an temps. — Reprenons la formule générale :
- 0 ZZZ l -J- Cl -J— bt £.
- Ayant considéré la moyenne des 6, c’est-à-dire T, comme n’étant plus affectée de la quantité s, on aura ;
- T, = /-|-<z + bt,
- d’où
- f(* + ^) =T) — a,
- Dans l’exemple numérique choisi, on a T, = o,3365; a est déterminé, c’est o,o322.
- Si la grandeur du temps étalon, donné par le comparateur est de o",3, il suffit de remplacer dans l’équation ci-dessus t par o",3, T* et a par leurs valeurs pour tirer celle de b ; on a donc
- , 0,3365 — 0,03^2—o,3
- b=---------573-------»
- £=0,014.
- L’erreur du chronographe ayant donné les résultats numériques ci-dessus est donc de la forme :
- E = 0,0322 + 0,014/±0,0045.
- Le premier terme o,o322 comprend le retard inhérent à la disjonction.
- Appliquons cette formule à la correction d’un résultat donné par le chronographe en question :
- Soit 0V742, le temps lu, on a :
- o"i742=£+o,032+0,014/±0,0045,
- d’où
- O 1377
- Limite inférieure de / = ——— = 0", 134.
- 1,014
- Limite supérieure de / = = o",i44.
- 1,014
- Le temps réel est compris entre ces limites, et la valeur o",i3g n’est pas entachée d’une erreur supérieure à o",oo5.
- EMPLOI DU COMPARATEUR-RÉGULATEUR.
- Il est facile de déduire l’emploi de l’appareil dont nous nous occupons, de l’étude qui précède.
- Deux cas peuvent se présenter dans les applications :
- a) Un chronographe étant donné, on veut le régler, c’est-à-dire arriver à la connaissance des valeurs des diverses erreurs, afin d'en amoindrir l’influence, en modifiant les organes d’une façon rationnelle, ou en introduisant dans les résultats les corrections indiquées par le réglage.
- b) Ayant plusieurs chronographes de même type ou de types différents, on désire les comparer, c’est-à-dire voir si leurs indications concordent entre elles, et quelle précision effective on peut accorder à ces indications.
- RÉGLAGE DES CHRONOGRAPHES.
- L’importance du réglage est telle que nous pouvons sans crainte avancer, qf aucun chronographe, de quelque système qu'il soit, ne doit être mis en service s’il n’a pas été réglé au préalable.
- La méthode à suivre dans cette opération n’est autre chose que l’application pure et simple de la théorie et la marche en est tracée dans l’exemple numérique que nous avons traité. On peut la résumer comme suit :
- i° Mesurer vingt fois au moins le temps étalon, prendre la moyenne de toutes ces mesures, sans en écarter aucune ; retrancher d’abord du résultat le plus élevé la moyenne obtenue, puis retrancher de la moyenne le résultat le plus petit. On aura les limites de l’erreur accidentelle.
- 20 Prendre au moins vingt disjonctions mathématiques d’après notre système d’installation, en ayant soin de ne rien changer pendant les opérations aux organes dit chronographe, mais tenir compte des résultats. En prendre la moyenne qui représentera l’erreur systématique fixe.
- 3° Retrancher cette erreur systématique fixe de la moyenne des durées trouvées pour le temps étalon ; diviser par le temps étalon le reste de cette soustraction; retrancher l’unité du quotient :
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- ce second reste sera le coefficient du ternie de l’erreur proportionnelle au temps ; le signe peut en être positif ou négatif.
- Dans des expériences qui seraient faites avec le chronographe Le Boulengé, si l’on trouve une erreur systématique fixe plus grande que la valeur attribuée à la disjonction ('), il sera possible de la rendre égale à cette quantité en relevant le plateau mobile sur lequel tombe l’armature de l’électro-aimant inférieur.
- Si dans d’autres expériences faites avec les chronographes à diapasons Schulz, Marcel Deprez, Mahieu, ou avec la roue phoniqne danoise Lacour, on trouve pour coefficient du terme en t une quantité appréciable, c’est que les diapasons sont mal tarés, et il sera très facile de déterminer le nombre de vibrations dont il faudra les corriger. En effet soit -f- 0,003t le terme en question, et soit un diapason de 800 vibrations comme chronomètre de l’appareil qu’on s’occupe de régler. Si l’on mesurait une seconde, il y aurait = o",oo3 d’erreur
- due au tarage fautif; mais o,oo3 = le diapason fait donc 802,4 vibrations par seconde.
- On voit que, dans certains cas, on peut corriger matériellement les erreurs systématiques. D’autres fois, ce n’est pas possible : telle l’erreur commise en appliquant à la chute des corps dans l’air, les lois de la chute des corps dans le vide, etc. ; mais toujours notre méthode permettra de déterminer les corrections à apporter.
- COMPARAISON DES CHRONOGRAPHES.
- La comparaison des chronographes peut se faire de deux manières.
- Si l’on veut obtenir une appréciation complète de leur valeur relative, il est nécessaire d’effectuer le réglage de chacun d’eux, d’établir les erreurs dont ils sont susceptibles, et de voir quelles sont celles qui peuvent disparaître en tout ou en partie.
- Cette opération, répétée à plusieurs reprises dans des conditions variées de température, de courants, etc., donnera la mesure de la précision maxima que l’on peut attendre de chaque instrument.
- S’il s’agit seulement de comparer les chronographes, comme appareil de mesure pratique, il suffit de faire mesurer, par chacun d’eux, un certain nombre de fois le temps étalon T du comparateur. Si e„, et ô„ sont la plus grande et la plus petite valeur obtenue, ô,„ — T et T — ô„ seront
- (*). Quelques opérateurs modifient l’appareil à chaque prise de disjonction afin de la ramener à sa grandeur normale. Cette pratique est vicieuse, parce qu’elle ne tient pas compte des erreurs accidentelles, qui, plus que toutes les autres probablement, entachent le résultat d’une disjonction prise isolément.
- les limites de l’erreur possible. C’est celle-là surtout qu’il importe de connaître au point de vue des applications, et sa détermination suffira, dans certains cas où une très grande précision est sans utilité.
- CONCLUSIONS.
- Dans l’étude qui précède, résumé d’un travail beaucoup plus complet, nous avons dû négliger bien des points accessoires sur lesquels nous comptons revenir un jour. Ce qu’il importait d’établir, c’était la possibilité de mesurer les erreurs des appareils chronographiques et de créer un étalon de temps qui fût à l’abri de tout reproche. Jusqu’à présent ce problème, rarement abordé d’ailleurs, n’avait reçu que des solutions incomplètes ; la preuve en est dans les hésitations dont on trouve la trace dans les rapports de toutes les commissions chargées d’expérimenter comparativement des chronographes de divers systèmes.
- Nous croyons être arrivés à un résultat meilleur, et avoir atteint le plus grand degré de précision auquel un appareil de ce genre puisse prétendre.
- Bien que l’emploi de notre comparateur-régulateur s’impose, pour aiusi dire, dans les expériences sérieuses de chronographie balistique, nous laissons à la pratique le soin d’assigner l’importance du rôle qu’il doit y jouer, et de justifier .ou non nos appréciations.
- Victor Flamache.
- PLATEAUX D’ACCOUPLEMENT
- A LIAISON FUNICULAIRE DE M. RAFFARD
- L’organe mécanique connu sous le nom de joint universel permet de relier deux arbres animés d’un mouvement de rotation, les axes de ces arbres faisant.entre eux un angle inférieur à 90°.
- En général cette propriété 11’est pas utilisée dans toute son étendue.
- Le joint universel est, le plus souvent, destiné à la liaison d’arbres dont les axes, primitivement en coïncidence, sont susceptibles de déplacements.
- Si, dans l’établissement d’une transmission, on doit prévoir des dénivellations du sol ou des variations de calage des supports, on aura recours au joint universel ou à l’un des systèmes similaires.
- L’un de ceux-ci, récemment imaginé par M. Raf-fard, nous a particulièrement intéressé, tant parla simplicité de ses organes, que pour l’usage auquel il a été destiné.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Cet accouplement a été construit pour conduire des machines dynamos Breguet, actionnées par des transmissions intermédiaires.
- Les extrémités des deux arbres qu’il s’agit de relier portent chacun un plateau à chevilles. Les axes de celles-ci, normaux aux faces dressées des plateaux, sont disposés suivant deux circonférences concentriques.
- Supposons qu’on fasse passer un lien flexible, sans fin, alternativement sur les chevilles de l’un et de l’autre plateau, comme l’indiquent les figures i 2 et 3, on voit qu’on aura formé un système funiculaire tel que si l’un des plateaux tourne, il pourra entraîner l’autre d’un mouvement continu de rotation, alors même que les axes des arbres ne coïncideraient pas.
- Si les axes se sont déplacés parallèlement, la continuité du mouvement de rotation du plateau entraîné, peut-être montrée géométriquement,mais il faut remarquer que le lien prendra, dans ce cas, une espèce de mouvement vermiculaire. Si les axes font un certain angle, le lien ne sera maintenu sur les chevilles qu’à la faveur de rebords ou joues destinés à en limiter la course.
- Sur les chevilles ont été disposés des galets destinés à adoucir, s’il y a lieu, le frottement du lien.
- On voit que le nombre total des brins est égal au nombre total des chevilles. En multipliant convenablement celles-ci, on arriverait à transmettre un effort quelconque avec une section très faible de matière active. On réalise de la sorte une 1 espèce de moufle circulaire.
- CoupeAB
- Différentes sortes de 'liens flexibles peuvent être utilisées : la courroie mince a été essayée et adoptée. On peut se servir de cordes de chanvre ou d’aloès épissurées.
- Dans le cas de grandes puissances, on peut adopter les chaînes genre Galle.
- En réunissant les galets des deux plateaux par une série de bagues en caoutchouc, on réalise une transmission élastique qui peut être très efficace en certains cas.
- Les applications de ce joint peuvent être nombreuses.
- Outre qu’il a la faculté de pouvoir être, entre certaines limites, substitué au joint universel, il a le grand avantage de n’être pas rigide ; les transmissions qui en sont pourvues sont susceptibles d’un mouvement de rotation dépourvu de toute action parasite due, soit à l’excentricité de cer-
- taines pièces, soit à l’irrégularité du travail moteur ou résistant.
- Les vibrations longitudinales des transmissions sont ainsi complètement évitées.
- Ceci est important pour la conduite des dynamos.
- Les applications de cet accouplement peuvent être variées et en rapport avec les avantages qu’il présente.
- On sait, par exemple, combien il est difficile, pour les travaux de précision, de travailler certaines pièces avec des outils actionnés par des transmissions, en raison des vibrations auxquelles celles-ci donnent lieu. En reliant les outils aux transmissions intermédiaires par un joint élastique, et les transmissions intermédiaires aux moteurs, on réalisera un mouvement suffisamment doux pour l’exécution d’un travail très précis.
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- 5g3
- Les arbres de couche des machines marines actionnant les hélices ont souvent été munis de joints préconisés par Dupuy de Lôme et destinés à parer au gauchissement de la quille; ceux-ci ont donné lieu à des avaries par les gros temps, lorsque l’hélice, émergée, s’affolle. Il est possible d’employer dans ce cas des plateaux d’accouplement : on rendra l’hélice indépendante en retirant le lien.
- Le travail des laminoirs est essentiellement irrégulier et donne souvent lieu à des ruptures de manchons, les variations d’effort se produisant au moment où les axes des cylindres se déplacent. La propriété du lien flexible que nous venons de décrire pourrait alors être utilisée dans toute son étendue.
- En résumé, nous croyons qu’un joint composé d’organes simples et éprouvés par les constructeurs peut satisfaire aux nombreuses exigences des machines à rotation rapide, actionnées directement ou indirectement.
- Nous sommes convaincu que son emploi se généralisera dans la conduite des machines dynamos.
- A. Hillairet.
- L’ÉLECTRICITÉ EN AMÉRIQUE (‘)
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- DANS LES ÉTATS DE L’OUEST
- Grâce au réseau de chemins de fer et de voies de communication qui couvrent l’étendue entière des États-Unis, les progrès de l’industrie comme ceux de la civilisation ont bien vite prénétré dans toutes les parties du territoire. Les applications industrielles de l’électricité n’ont pas fait exception ni échappé à cet heureux privilège. L’éclairage électrique notamment, dont les avantages avaient dès l’abord été appréciés dans l’Est, n’a pas tardé à devenir aussi universellement employé dans les États de l’Ouest et du Centre.
- On constate, non sans surprise, que, quelque région que l’on parcoure, toutes les villes, même les moins importantes, y ont suivi l’exemple des grandes cités. Cheyenne au milieu du far West, comme OgdenetSalt Lake-City dans un pays désolé, Denver au pied des montagnes Rocheuses comme los Angeles et Santa Cruz sur la côte du Pacifique, possèdent toutes une distribution de lumière électrique. (*)
- Les systèmes les plus employés sont naturellement ceux de Brush-Weston et Thompson-Houston qui, à propos de l’éclairage de New-York, ont fait l’objet d’une étude complète dans ce journal. Il existe cependant un système nouveau qui jouit de quelque faveur dans les États de l’Ouest, c’est celui de M. Sperry, dont une application comprenant 200 lampes environ, distribuées sur une longueur totale de 7 milles fonctionne journellement à Omaha. Dans la machine dynamo de M. Sperry, l’induit tourne dans un champ magnétique qui l’enveloppe aussi bien intérieurement qu’extérieure-ment. La figure 1 représente la disposition spéciale des inducteurs ; ceux-ci au nombre de quatre, sont cependant groupés de façon à ne créer que deux zones de polarités différentes, ce qui permet l’emploi de deux balais seulement. Les pièces polaires portent une gorge circulaire, et c’est dans cet espace annulaire que vient s’emboîter l’anneau. L’âme de fer de l’induit est constituée par une série de disques de tôle mince, isolés les uns des autres par un léger vide ménagé entre chacun d’eux. L’ensemble est maintenu au moyen de deux disques latéraux en tôle plus épaisse. Des boulons traversent le tout dans le sens de la longueur, et servent en même temps à fixer l’anneau sur une sorte de roue en bronze clavetée sur l’arbre (fig. 2). L’enroulement Gramme adopté pour le solénoïde induit, ne comporte que deux ou trois couches de fil dans le sens du rayon. La résistance des inducteurs est d’environ 200 ohms par bobine, qui sont toutes montées en série, et le circuit unique ainsi formé en dérivation aux bornes. On construit différents modèles de machines, pouvant alimenter de 1 à 20 lampes, et pesant de 80 à 2.3oo livres.
- En résumé M. Sperry a cherché dans sa machine à utiliser la portion de fil inactif dans la machine Gramme. Aussi annonce-t-il que grâce à la disposition de son champ magnétique les 0,02 du fil total de l’anneau sont soumis à l’induction. Malheureusement nous doutons que ce fil soit aussi bien utilisé que l’est celui qui traverse le champ magnétique dans les machines ordinaires. Si la longueur du fil actif est plus grande, la force électromotrice par mètre, à égalité de vitesse linéaire, est certainement moindre, et cela, par la raison suivante : dans les dynamos analogues à à celle de Gramme, le noyau de fer de l’anneau est fortement polarisé et par suite, le champ magnétique très concentré. Au contraire dans la dynamo de M. Sperry, le noyau de fer de l’anneau placé entre deux pôles de même nom est très mal polarisé, ce qui entraîne forcément une mauvaise répartition des lignes de force. Nous ne croyons donc pas que les avantages fictifs de ce dispositif compensent les inconvénients réels et les complications mécaniques, résultant du porte-à-faux de l’induit. Le principe d’ailleurs, n’est pas nouveau, etM. Fein
- (*) Voir les numéros précédents depuis le 4 juillet 188S.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- de Stuttgart ('), avait déjà exposé en 1882, à l’Exposition de Munich, un type de machine analogue. Le peu de succès qu’elle a eu seraitdéjàunecon-firmation des cri-tiquesquenousve-nons de formuler.
- Avec la machine dynamo, M. Sper-ry est l’inventeur d’une lampe spéciale. C’est un régulateur dans lequel le charbon supérieur est maintenu entre deux mâchoires placées à l’extrémité d’un levier dont l’autre bras est solidaire d’un noyau de fer mobile à l’intérieur d’un solénoïde, en dérivation aux bornes de la lampe. Les variations d’intensité dans le circuit dérivé déplacent plus ou moins le noyau mobile; celui-ci agit sur le levier pour écarter ou serrer les mâchoires du porte-charbon qui le laissent glisser sous l’action de son
- poids ou en arrêtent la descente. Nous avons pu constater à Omaha le bon fonctionnement de cette lampe, dont la lumière est d’une fixité au moins égale aux meilleurs systèmes. Bien qu’O-maha, aux confins des plaines fig. 2 inhabitées du pla-
- te au central ne soit qu’uge ville d’une importance restreinte, comptant 3o.ooo habitants, outre la station centrale dont nous venons de parler, 1’ « Electric Light C° » y a une installation comprenant 120 lampes distribuées sur trois circuits d’une longueur totale d’environ
- 11 milles, et alimentés chacun par deux machines ; une septième dynamo fournit le courant à environ
- 180 lampes à incandescence. Il peut être encore intéressantde mentionner le chiffre des abonnés à la Compagnie des Téléphones à Omaha. Ce chiffre est de 600, soit environ un abonné par cinquante habitants,tandis qu’à Paris où l’utilité des communica-tions téléphoniques est évidemment bien supérieure, on ne compte que un abonné par cinq cents habitants.
- Eclairage électrique a San Francisco. — L’éclairage électrique de San Francisco est entièrement fourni par la California Electric light Company, exploitant une licence acquise de la Compagnie Brush, pour les Etats de Californie, Orégon, Nevada et le territoire de Washington. Comme la station centrale de San Francisco est une des premières établies aux Etats-Unis, puisqu’elle fonctionne depuis 1879, et que, depuis sa fondation, elle a toujours progressé, il nous paraît utile de donner, à titre de document, un aperçu de l’extension qu’elle n’a cessé de prendre, exemple frappant de la faveur toujours croissante dont jouit en Amérique l’électricité appliquée à l’éclairage. En 1879 on commença par n’établir qu’une machine Brush n° 7, distribuant le courant à 16 foyers de 2.000 candies chacun. L’allumage était fait au moment du coucher du solçil et l’extinction avait lieu a minuit moyennant une redevance de 10 dollars par semaine et par lampe. Bientôt, en janvier 1880, on put porter le nombre des machines à 4 et celui des lampes à 64, tandis que l’on abaissait le prix de la redevance à 7 dollars par semaine. Un incendie détruisit au mois d’avril de la même année l’usine centrale, qui fut rétablie complètement et put fonctionner à nouveau un mois après l’accident. Depuis, le nombre des lampes en service a atteint le chiffre de 400.
- FIG. 1
- v'J La Lumière électrique, i3 juillet 1881 -
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ËLECTRI CITÉ
- 5g5
- ! L’énergie mécanique est fournie par 4 machines alimentées par 5 chaudières tubulaires de im,6 de, diamètre et de 5 mètres de long. Les seules dynamos employées sont du type Brush n° 8, qui, avëc le nouvel anneau, desservent chacune de 60 à 65 foyers de 2.000 candies. Comme conducteur, on emploie du fil de cuivre d’un diamètre de 4 millimètres, isolé au moyen d’une couche de coton tressé et peint. Les lignes sont posées sur poteaux et constituent plusieurs circuits dont le plusJong est de 12 milles 1/2 ; la lumière est distribuée actuellement aux abonnes, moyennant une redevance de 5 dollars par semaine et par lampe pour les foyers éteints à minuit, de 7 dollars pour les foyers brûlant toute la nuit. Les frais de pose, d’entretien, de remplacement des charbons, etc., sont à la charge de la Compagnie, tandis que les = abonnés, d’autre part, s’engagent à garder la lampe ; pendant une période d’au moins un an.
- En dehors de la Compagnie Brush, Y Electric light Company, a établi plusieurs installations particulières à San Francisco, ainsi que la Compagnie Edison, qui vient d’v fonder une agence spéciale. Nous n’aurions, à leur sujet, qu’à reprendre une description de détails sans intérêt, après les articles qui ont déjà paru dans ce journal.
- G. Duché.
- étude
- SUR LES GALVANOMÈTRES
- Cinquième article. — (Voir les numéros du no juin, du 8 et du 27 août, et du 12 septembre ifî85.)
- PREMIER GROUPE. — PREMIÈRE DIVISION < Les étalons.
- Les intruments de mesure décrits dans l’article précédent, sont les seuls appareils de la première classe qui puissent être considérés comme étalons.
- D’après le principe qui leur sert de base, ils déterminent l’intensité d’un courant électrique en unités électro-magnétiques (C. G. S.).
- L’équation qui, pour la boussole des tangentes en particulier, , permet de calculer la valeur de cette quantité peut se ramener à une forme simple :
- I = K tanga.
- Le coefficient K- varie avec chaque appareil, et pour un instrument de formes invariables avec le lieu de l’expérience :
- H. représente la composante horizontale du magnétisme terrestre;
- ) ^effort de n cercles de rayon r traversés
- par un courant d’une intensité égale à l’unité, sur l’unité de pôle magnétique placé au centre.
- Les boussoles ordinaires ne remplissent pas absolument les conditions pour lesquelles les lois élémentaires dé l’action d’un courant sur un aimant peuvent être appliquées.
- Le terme ne donne que la valeur plus ou
- moins approchée ded’action de la bobine sur l’unité de pôle magnétique placé à son centre, pour une intensité de circulation égale à l’unité.
- Les boussoles de Gaugain et d’Helmholtz s’approchent davantage des conditions théoriques
- et le facteur qui correspond au terme de la
- formule (1) rapportée à ces appareils présente plus de rigueur.
- Mais pour ces instruments comme pour les boussoles ordinaires, on doit connaître la valeur vraie de la composante terrestre et comme celle-ci varie avec le temps et suivant le lieu de l'expérimentation, il importe de la déterminer pour chaque série d’expériences.
- Il est important même, si l’on veut avoir des résultats d’une extrême précision, d’opérer aux mêmes heures de la journée, l’intensité du magnétisme terrestre présentant des variations diurnës; elle est minimum vers 10 heures du matin, maximum vers dix heures du soir.
- Là méthode que l’on emploie pour cette détermination est celle qui a été imaginée par Gauss.
- Pour compléter notre étude sur les étalons, nous en ferons une description rapide, après avoir passé en revue les principales unités qui font partie du système électro-magnétique (C. G. S.).
- Unité de pôle magnétique. — On admet que toute action magnétique sur un aimant a son point d’application aux extrémités de l’aimant, en des points qui prennent le nom de pôles magnétiques.
- Lois des attractions et des répulsions, — Deux pôles magnétiques d’intensités m, m', situés à une distance r, s’attirent ou se repoussent, suivant qu’ils sont de noms contraires ou de même nom, avec une force / qui peut être ainsi représentée :
- «
- K, est égal à 1, d’après la définition même de l’unité de pôle magnétique : celui qui repousse ou attire une quantité égale de magnétisme, situé à une distance égale à l’unité, avec l’unité de force. Nous aurons dans ce cas,
- K —
- ’iu-k
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- f est exprimée en dynes ; r en centimètres.
- Soient : F le symbole de l’unité de force dans le système (C. G. S.).
- F = LMT~2;
- N celui de l’unité de pôle magnétique. On peut écrire la formule (3) sous la forme :
- et pour les dimensions de l’unité de pôle magnétique, en remplaçant F par sa valeur
- N = L’M’T-*.
- Unité de l’intensité de champ magnétique. — L’intensité d’nn champ magnétique, en un point donné, est représentée par la force résultant de l’action du magnétisme en ce point sur l’unité de pôle magnétique. Soit h l’intensité du champ magnétique au point considéré :
- /=na,
- et nous pouvons écrire, en définissant l’unité d’intensité d’un champ magnétique H : l'intensité qui, agissant sur l'unité de pôle magnétique, développe l'unité de force
- F = NH,
- d’où, en remplaçant F et N par leurs dimensions :
- „__F__ LMT-2
- “N-L^T-1’
- h=l-5mït-1.
- Unité de moment magnétique. — En général un pôle magnétique n’agit pas isolément ; il faut pour cela disposer un aimant dans certaines conditions particulières. Lorsqu’il s’agit d’explorer un champ magnétique, on analyse les actions de chacun des points qui composent le champ sur une aiguille aimantée.
- Un champ magnétique exerce toujours deux actions égales et de sens contraires sur les deux pôles d’un aimant. Ces actions, d’après le mode de suspension de l’aimant, se réduisent à un couple et l’axe magnétique où la ligne des pôles de l’aiguille aimantée fend à se mettre parallèlement à certaines directions qui constituent ce qu’on appelle Tes lignes de force du champ.
- La valeur du couple résultant c est donnée par la formule
- c—2lmh. (4)
- 2I est la longueur de l’aiguille.
- Posons comme nous avons fait jusqu’à présent
- H= 2\m,
- pi est appelé le moment magnétique de l’aimant.
- Soit O le symbole de l’unté du moment magnétique.
- 0=NL,
- d’où :
- 0 = L*m'5T—1 XL=L3MïT~'•
- Unité d’intensité du courant électrique. — L’action d’un courant d’intensité i et de longueur ds, sur un pôle magnétique m, placé à une distance r, peut être ainsi exprimée :
- ,_mdsi
- Si nous faisons ds égale à l’unité, nous aurons pour l’unité d’intensité dont le symbole est I :
- __F X La _ LMT~2 X L2
- NxL iJm5T-‘xl’
- d’où
- I = L^M*T—*•
- En pratique on emploie une unité qui dérive de l’unité absolue et qui porte le nom d’ampère ; elle
- est égale au ^ de l’unité I. Soit A son symbole :
- —11 1—1
- A=io L5MaT •
- ACTION DU MAGNÉTISME TERRESTRE
- Déclinaison, inclinaison. — Le champ magnétique terrestre sera connu, lorsqu’on aura déter miné la direction de ses lignes de force et la grandeur en unités absolues de l’effort dû à l’action de l’intensité magnétique, en chacun de ses points, sur l’unité de pôle magnétique.
- La direction de la force du magnétisme terrestre en un point donné, se réduit à celle de deux composantes dont la direction est donnée par les angles de déclinaison et d’inclinaison.
- On emploie pour déterminer ces angles des instruments qui portent le nom de boussole. La boussole de déclinaison indique l’angle que fait la direction de la force magnétique avec le plan du méridien terrestre au lieu considéré, la boussole d’inclinaison, l’angle qu’elle fait avec l’horizontale.
- La figure 1 donne la direction de l’aiguille aimantée dans l’hémisphère boréal; une seule moitié de l’aiguille oA est représentée dans la figure.
- Elle est située dans le plan vertical ocFz qui fait avec le plan du méridien terrestre cwDs un angle dièdre a qui n’est autre que l’angle de déclinaison.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 5q 7
- L’angle (3 que fait OA avec l’horizontale OC est l'angle d’inclinaison.
- Soit Q, l’intensité du magnétisme terrestre;
- H la composante horizontale ;
- H, la composante verticale.
- F10. 1
- Nous avons, pour la valeur des deux composantes :
- H =Qcosp,
- II,=Q sin p.
- Disposons (fig. 2) un contrepoids p de façon que l’aiguille, quittant sa position inclinée AB, vienne se confondre en A'B' avec l’horizontale OC de la figure 1.
- FIG. 2
- Elle est soumise seulement, dans ce cas, à la composante horizontale.
- Si on agit sur l’aiguille pour la faire dévier, d’un angle a, par exemple, le moment de la force tendant à la ramener à sa position première d’équilibre A'B', sera donné par la formule :
- C, = |i.H sin a.
- Si l’aiguille dévie d’un angle de 90° et se trouve
- par conséquent dans une position AwBy, normale à A'B', le couple agissant sur elle devient :
- C —|j.TI. (S)
- Détermination de la composante horizontale du
- magnétisme terrestre et du moment magnétique
- de l'aiguille.
- Nous connaissons la formule qui, dans la boussole des tangentes fixe les conditions d’équilibre de l’aiguille pour chacune de ses positions :
- TT • 2»Ilt T
- H|j.sina= -y [aI cos a.
- Il n’est pas nécessaire, pour calculer I, de connaître la valeur de ja, qui, se trouvant dans les deux membres de l’équation, peut être éliminée.
- Lorsqu’on emploie la méthode de Gauss pour la mesure de H, le moment magnétique de l’aiguille est aussi déterminé.
- La méthode de Gauss consiste en effet à trouver successivement la valeur du produit (aH et du rapport Soient
- HH=A | = B.
- Nous pouvons écrire :
- H=y/|;
- Détermination du produit [aH. — On peut employer deux méthodes pour effectuer cette mesure :
- i° La méthode de torsion ;
- 2° La méthode d’oscillations.
- Méthode de torsion. — Soit une aiguille aimantée suspendue à un fil, dont on connaît la force de torsion. L’aiguille est établie horizontalement en A'B' (fig. 2), au moyen du contrepoids p et se trouve dans le plan du méridien magnétique.
- On lui fait occuper ensuite la position A" B", normale à A'B' en tordant le fil.
- Soient y l’angle dont a été tordu le fil, et ci le couple de torsion pour un angle égal à l’unité.
- L’aiguille en A"B" sera soumise à l’action de deux couples égaux et de sens contraires, l’un ([/.H) dû à l’action de la composante horizontale terrestre sur l’aiguille ; l’autre c,y, déterminé par l’expérience et nous aurons l’égalité :
- |aH = C(y — A.
- 2° Méthode des oscillations. — Une aiguille aimantée, déviée de sa position d’équilibre, y revient en effectuant une série d’oscillations qui sont isochrones pour les faibles amplitudes. On peutappli-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- quer à ces oscillations la formule générale, du pendule composée
- / = 71
- (6)
- t est la durée d’une oscillation simple ;
- P, le poids du pendule ;
- . . /, là distance de son centré de gravité à l’axe de suspension ;
- {lùmr2., son moment d’inertie rapporté à l’axe ; m, la masse d’un élément du corps ; r la distance à l’axe ;
- Emr2 doit être pris pour la masse totale active du pendule).
- Si nous appliquons la formule (6) aux oscillations d’une aiguille aimantée horizontale nous aurons :
- . /Swir3
- V '
- d’où, .pour la valeur du produit jaH ;
- (,H =
- i3 ’
- (?)
- et pour celle de l’intensité magnétique totale :
- Q =
- i
- cos P
- 7t3Smr2 Ia/3
- Transportons l’aiguille à un autre lieu où l’inclinaison est
- d’où
- _ i rc3£;«r3
- ” COS P, [A/f ’
- Q ____cos P! t\
- Q, cos p*2 ’
- et si on fait osciller l’aiguille pendant un même temps T, soient n le nombre des oscillations
- Q ___ cos p, m3 f8.
- Q, cos p «î‘ ' '
- Mais l’équation (8) n’est vraie que pour p. et Srnr* constants. On peut faire cette hypothèse en ce qui concerne le moment d’inertie, grâce à la petitesse du poids, qui rend l’aiguille horizontale.
- Pour que p. puisse être considéré comme constant, il faut avoir le soin d’opérer à la même température, ou faire la correction après avoir déterminé les variations du moment magnétique en fonction de la température.
- Revenons à l’expression (7) qui donne le produit {J.H cherché.
- 7t. est connu,./ est donné par l’expérience. Le moment d’inertie Smr2 se calcule, lorsqu’on connaît le poids et la forme de l’aimant.
- Gauss évitait les causes d’erreur qui peuvent
- être entraînées par ce calcul, quèlquefois très compliqué, en procédant à deux expériences.
- Il suspendait deux poids égaux de part et d’autre du point de suspension du barreau aimanté, à égale distance de ce .point, et il mesurait la durée d’une oscillation /,, lorsque les poids p se trouvaient à une^distance /,, et dans une seconde expérience, la durée d’une oscillation t2 correspondant à une distance /3 du même poids p au point de suspension du barreau.
- L’expression (7) devenait successivement :
- IT_rc2 (Emr*+K, + 3*/?).
- pj-j- _ ,
- * I
- „ it3 K, +2/>/S)
- [aH — >
- d’où l’on tire :
- t\ —tr2
- 9)
- Le second membre de l’expression (9) n’est formé que de termes connus ou déterminés facilement par l’expérience et le produit |aH peut être calculé. .
- Détermination du rapport -L. — Cette mesure consiste à faire agir l’aimant AB dont on cherche
- FIG. 3
- le moment magnétique, en même temps que la composante horizontale, sur un autre petit aimant ab, mobile, dont on observe la déviation (fig. 3).
- L’aimant mobile se trouve dans le plan du méridien magnétique et son prolongement coupe l’aimant fixe AB normalement, en son centre O.
- L représente la distance O0 des deux centres; iV la longueur du petit aimant ; m'l’intensité de chacun de .ses pôles ;
- 2I la longueur dé l’aimant AB ; m l’intensité des pôles AB.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- Nous avons, pour l’action attractive de A sur b, l’expression :
- mm’
- W’
- et pour la composante de cette force, suivant bt\, d’où
- mm’ .... mm’ 1 cos AbA’ — -=t\, — > Ab- Ab* Ab
- mm").
- TU ’
- mm’).
- [(L-*'}* + >*]3
- Le pôle B produit sur b une action répulsive égale et de même sens; soit pour la somme de ces deux actions
- •2mm’).
- et pour la valeur du moment de cette force :
- 2 mm’)).’
- |jL — X’)2+>-sJ""
- Il nous est facile de calculer la valeur du moment de la force résultant de l’action de AB sur le pôle a du petit aimant; il est égal à :
- 2 mm’))’
- [(L + >/)2 + U|*
- Nous aurons pour le couple résultant :
- ___3 __.1 «
- JjL-x'f+x2] 2 + [(L+>A2+>-2] ' j,
- et en mettant j-j en facteur commun
- Développons cette expression et négligeons les termes g supérieurs à la cinquième puissance, il vient
- 4mm'))’ / , IC«\
- EJ- (‘ + lTv’
- K2 dépend de la forme de l’aimant; sa formule, qui fixe les conditions d’équilibre du petit aimant ab dévié de l’angle « sera
- „ . 4mm’))’( , ICA
- 2IIm’)’ sin a. — —pj— ( 1 + pj ) cos a,
- ou
- II sin ^1 + cosa,
- ou encore
- (j._ tanga
- H"~ 1 , ic2‘
- Lu
- Afin d’éliminer le terme K, on fait deux expériences, l’une correspondant à une distance L, et à un angle de déviation a,, l’autre à une distance L2 et à un angle de déviation as.
- On a finalement pour le rapport cherché :
- (j. _L?tangai—14 tanga,
- ïî~~ “ ET^LÎ
- Les termes du second membre de celte équation sont connus ou déterminés par l’expérience.
- On peut disposer autrement les aimants AB et ab (fig. 4), ce dernier étant toujours dans le plan du méridien magnétique.
- Nous avons, dans ce cas, pour la valeur du couple directeur résultant de l’action de AB sur le petit aimant :
- R mm’))’ ( , ICA
- —U” (,+ D>
- Avec cette nouvelle disposition des angles dont dévie le petit aimant sont plus grands et par suite, plus faibles, les causes d’erreur dans la mesure de ces angles.
- Le produit ;xH, le rapport g ainsi déterminés,
- on peut calculer, comme nous l’avons vu plus haut, l’une ou l’autre des quantités ^ et H.
- FIG. 4
- On voit combien sont longues et délicates les opérations relatives à la mesure de la composante horizontale du magnétisme terrestre.
- On peut les éviter en pratique ou tout au moins ne les .effectuer qu’une fois et ne pas les renouveler pour chaque série d’expérience. Nous verrons, plus tard, par quel procédé:
- Adolphe Minet.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ Dirigée par B. Marinovitch
- Sur les piles sèches et leur application aux mesures électrométriques, par M. W. Von Beetz.
- Il y a déjà un certain temps que j’ai mis en avant l’idée d’employer, pour les mesures électrométriques, des éléments dans lesquels les liquides
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- conducteurs seraient mélangés à un corps solide(‘). Comme tels, je recommandais principalement des éléments Daniell secs, constitués par un tube en forme d’U dont une moitié était remplie avec un mélange de plâtre et de sulfate de cuivre, l’autre moitié avec un mélange de plâtre et de sulfate de zinc ; on enfonçait, avant la solidification de ces pâtes, dans la première, un fil de cuivre, dans la seconde, un fil de zinc et finalement on recouvrait le tout d’une couche de paraffine. J’ai recommandé tout d’abord l’emploi d’éléments de ce genre comme éléments étalons pour les mesures électrométriques, puis j’ai formé des batteries eu réunissant des éléments semblables, constitués par des tubes droits, batteries qui devaient servir à charger des électromètres à quadrants en lieu et place des batteries à eau généralement employées. Voici i5 mois que je me sers de ces éléments étalons, et plus d’un an que j’emploie ces piles; aussi, croyé-je intéressant de publier les expériences que j’ai été .à même de faire (*).
- Je ferai remarquer tout d’abord que j’avais, dans ma note précitée, déterminé la valeur de la force électromotrice de ces éléments, en les comparant à des éléments zinc-cuivre qui, d’après les indications de M. Kittler (3) étaient constitués par des solutions concentrées de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc, du cuivre pur et du zinc pur amalgamé et dont les liquides étaient réunis par un siphon, à extrémité capillaires, rempli de sulfate de zinc.
- M. Kittler avait trouvé pour la force électromotrice de ces éléments ivolt,o59 et cela par comparaison avec des étalons Latimer Clark, pour lesquels il avait admis, d’après les données courantes, une f. é. m. de ivolt,457.
- Depuis, lord Rayleigh (') a, d’une part, donné une valeur plus exacte de cette f. é. m., à savoir : 1,434; d’autre part, l’élément Daniell qui avait servi de point de départ à mes expériences n’était pas identique à celui de M. Kittler. Cet élément me donna toujours des valeurs plus élevées que celles de M. Kittler, lequel m’a d’ailleurs avoué qu’il avait également trouvé dans toutes ses expériences ultérieures des valeurs plus fortes. Je me suis convaincu par moi-même que le rapport des deux éléments Daniell à acide sulfurique et sulfate de zinc, qui furent, à l’époque, examinés par M. Kittler dans mon laboratoire, avait effectivement la valeur qui lui a été assignée dans ma note; le sulfate de zinc qui servit aux expériences ultérieures
- (') Annales de Wiedemann, n° 22, p. 402. — Lumière électrique, t. XIII, p. 144.
- (2) L’idée de fixer les liquides dans les éléments a été récemment reprise, notamment dans l’élément étalon de Crova et Garbe (Journal de physique, 2, 3, p. 299) et les {Éléments d’Onimus (C. R. 98, p. i5qq).
- (3) Annales de Wiedemann, 17, p. 865.
- (*) Proc. ; la Roy. Soc., 1884, p. 146.
- contenait donc peut-être des traces d’acide libre ; j’ai toujours employé de l’acide du commerce, dit chimiquement pur, et j’ai trouvé, avec une solution concentrée, que la f. é. m. pouvait aller jusqu’à 1,06 volt (au lieu de 1,042). Carhart (*) a même obtenu (par la méthode de compensation) des valeurs dont la limite inférieure était de 1,111 volt. Pour éviter toute incertitude, j’ai choisi dans le présent mémoire comme point de départ pour tous les essais, la f. é. m. d’un étalon Daniell à acide sulfurique étendu. Si l’on compare cet étalon à celui de Latimer Clark, pour lequel on prend la valeur donnée par lord Rayleigh, on trouve, en adoptant le rapport indiqué par MM. Kittler et von Ettingshausen (a), une f. é. m. de 1,175 volt. Pour des motifs que l’on trouvera exposés plus loin, i’ai pris comme point de départ dans toutes mes mesures la valeur un peu supérieure de 1,177 volt (mesurée entre 16 et 20°).
- Dans mes éléments secs les plus anciens qui portent les numéros de 1 à 3 (groupe I), le zinc n’était pas amalgamé, afin qu’il ne fut pas trop cassant. Dans tous les éléments ultérieurement préparés, le zinc était recouvert d’une couche de vernis, à l’exception de la pointe, qu’on avait amalgamée. Les solutions de sulfate de zinc ou de cuivre furent concentrées à la température ordinaire, dans les éléments du groupe II (nM4 à 16) et étendues avec un demi-volume d’eau dans les éléments du groupe III (n° 17 à 23). Pour les éléments du groupe IV (n° 24 à 3o), les solutions furent concentrées à l’ébullition et pour ceux du groupe V (n° 3i à 39), on avait encore ajouté un excès de sel en poudre. Enfin, dans tous les éléments à partir du n° i5 la plus grande partie du tube en U était remplie par un mélange ordinaire d’eau et de plâtre, tandis que le mélange de plâtre et d’acide n’occupait que les extrémités des tubes sur une hauteur de 4 centimètres environ.On effectua, à différentes époques une série de mesures avec ces divers éléments afin de connaître les modifications qui se produisaient. Te ne citerai que quelques-unes de ces mesures, en choisissant de préférence les éléments avec lesquels on fit entre les mesures de nombreuses expériences nécessitant la fermeture de ces mêmes éléments.
- 24 i3 29 20 22 9 S
- Févr. Mai Juin Sept. Janv. Mars Avril
- 84 84 84 84 85 85 85
- I. . . I 1,047 » 1,045 1,049 » i ,o5o 1,048 1,045
- 2 1,045 * 1,043 1,044 » 1,044
- 11. . 4 » 1 ,o5g » 1,054 i,o55 i,o56 i ,o5o
- 8 » 1,057 1 ,o55 1,054 i,o58 i,o55 1,054
- III. . 19 » » 1,066 1,068 1,067 1,064 1,069
- 21 " . » 1,068 1,068 1,068 1,069 1,068
- (*) Journ. de Sill. Am., , 3, 28j p. 374,1884.
- (2) Zeitschrift f. Elektrotechnik, 1884, iiv. XVI, p. 10.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- 24 i3 29 20 22 9 8
- Févr. Mai Juin Sept. Janv. Mars Avril
- 84 84 84 84 85 85 85
- IV. . 26 „ » » » 1,062 1,064 I ,CÔ2
- 28 . U » . 1,064 1,065 1,062
- V . , . 36 » » • » 1,060 1,060 1,060
- 3o » - » » I,06l 1,061 1,063
- De l’inspection de ce tableau il ressort que :
- Les éléments à zinc non amalgamés ont la f. é. m. la plus petite (I), ceux à solution sulfurique étendue la plus grande (III). Au point de vue de la, constance tous les éléments se comportent, à peu de chose près, de même; l’écart provient du temps pendant lequel les éléments sont restés au repos avant la mesure, lorsque ces écarts ne tombent pas dans les limites des erreurs d’observation. C’est pourquoi je persiste encore aujourd’hui à recommander les éléments Daniell secs, comme étalons, dans les mesures électrométriques surtout, parce que ces éléments ont une f. é. m. presque absolument indépendante des variations de température. Il sera néanmoins bon de vérifier de temps en temps un élément, constitué une fois pour toutes, en le comparant avec un étalon Daniell fraîchement monté.
- J’ai obtenu des résultats moins satisfaisants au point de vue de la constance avec les batteries destinées à la charge des électromètres, du moins, tant que j’ai gardé pour ces batteries la forme que je recommandais dans ma première note. Les éléments étaient très courts (om,o8) et chaque rangée de 12 éléments était suspendue aux derniers fils de zinc et de cuivre. A l’origine, toutes les rangées présentaient sensiblement la même différence de potentiels, puis, avec le temps, cette différence de potentiels s’abaissait subitement pour une des rangées, tandis qu’elle restait constante pour les autres. Je reconnus que ce fait devait être attribué à une sorte de décollement qui se produisait entre les fils et la pâte de plâtre ; en enfonçant les fils, on relevait la différence de potentiels sans, toutefois, pouvoir la ramener à sa première valeur. J’ai complètement écarté cette influence nuisible en disposant les tubes de verre entre deux lattes de bois enduites de paraffine ; de cette façon, les tubes ne sont plus suspendus et aucune déformation des fils ne peut se produire. Les douze paires de lattes sont ensuite enfoncées parallèlement les unes aux autres dans un cadre, et les fils terminaux reliés à des bornes. Les batteries ainsi formées ont fait preuve jusqu’à ce jour d’une constance absolue et sont d’un transport très facile.
- Le procédé qui consiste à remplir avec un mélange de plâtre et d’eau une grande partie des tubes en U a été adopté pour deux raisons: d’abord pour augmenter la résistance de l’élément, et ensuite pour éviter la diffusion des solutions de sulfate de cuivre et de zinc; cette diffusion se produit en
- effet encore longtemps après que la pâte est devenue solide, et je craignais de voir finalement le sulfate de cuivre atteindre le fil de zinc. Mais même, lorsque l’on attend que le plâtre ordinaire soit complètement solidifié avant de mettre en place les pâtes acides, il se produit une sorte d’infiltration à travers le plâtre sec et la résistance diminue de plus en plus. C’est une action capillaire qui prend naissance et pour y mettre fin le plutôt possible, j’ai employé dans les groupes IV et V des solutions qui cristallisent par le refroidissement. La solidification se produit donc, non seulement par la combinaison de l’eau et du plâtre, mais encore par la cristallisation des sels acides ; j’ai employé ce dispositif qui me paraît le plus avantageux également pour les batteries de charge. Dans ces batteries, chaque élément à une longueur de 10 centimètres, et est rempli en son milieu, sur une hauteur de 5 centimètres, de plâtre ordinaire.
- A côté des éléments Daniell secs, j’ai essayé de construire des éléments secs avec des fils de zinc et d’argent. Au lieu de la pâte formée par un mélange de plâtre et de sulfate de cuivre je confectionnai une pâte en mélangeant du chlorure d’argent réduit en poudre avec du plâtre et de l’eau ; au moment où la pâte se solidifie j’y plongeais un fil en argent chimiquement pur. Comme les éléments au chlorure d’argent sont très fréquemment employés, j’espérais obtenir un bon résultat ep employant ces mêmes éléments secs. L’expérience fut loin de confirmer mes prévisions. La force électromotrice n’était pas supérieure à ivolt,094; elle décroissait rapidement lorsqu’on fermait l’élément et après l’ouverture du circuit, ne revenait pas à sa première valeur. J’obtins, au contraire, un très bon résultat en mélangeant au plâtre une solution concentrée ou mieux encore saturée à chaud de nitrate d’argent. La f. é. m. de ces éléments se trouvait égale à ivolt,o52, et bien qu’on ait, pendant un quart d’année, effectué une foule d’expériences au cours desquelles ils restèrent souvent fermés pendant très longtemps, la f. é. m. est toujours revenue à cette même valeur.
- En ce qui concerne l’influence qu’exerce sur la f. é. m. une fermeture plus ou moins longue, nous ne pouvons que répéter ce qui a été dit dans notre première note : si, après une fermeture qui a duré plusieurs jours, on ouvre le circuit et que l’on mesure à l’électromètre la différence de potentiel, on trouve une diminution extrêmement faible qui ne dépasse jamais 2 0/0 ; lorsque le circuit reste ouvert pendant quelque temps, on retrouve pour la f. é. m. la valeur primitive. Mais la valeur que l’on mesure ici n’est pas la valeur inférieure limite à laquelle est tombée la f. é. m. de l’élément; car le faible laps de temps nécessaire à la mesure suffit à régénérer sensiblement l’élément. On ne peut se rendre compte de cette valeur minima qu’en recou-
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- (X>2
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- rant simultanément à desmesures galvanométriques et électrométriques.
- J’employai pour les mesures galvanométriques, un galvanomètre à miroir de Wiedemann, dans lequel on ne se servait généralement que d’une seule bobine. Cette bobine elle-même était placée à l’extrémité de la glissière. Pour mesurer les résistances on eut recours à un rhéostat à chevilles de Siemens divisé en U. S, et contenant les résistances i.ooo, 2.000, 2.000, 5.000 et neuf fois io.oooU.S. Les résistances furent comparées à un nouvel étalon Siemens (n° 3.183) et là où il était nécessaire d’exprimer ces résistances en ohms, on adopta le rapport i ohm= 1,06 U.S.
- On ne peut mesurer, au moyen de la méthode d’Ohm, la résistance intérieure d’un élément, que si la force électromotrice de l’élément ne se modifie pas sensiblement pour des résistances extérieures variables.
- Si donc, on intercale successivement trois résistances différentes w, il faut que l’on trouve la même valeur pour les résistances intérieures calculées au moyen de deux intensités observées L Je vais citer quelques exemples de ces mesures de résistances ; la résistance qu’on trouve est naturellement égale à la résistance R de l’élément, augmentée de la résistance g du multiplicateur.
- ÉLÉMENT N° 4
- il»
- 5o.ooo 10.000 1.000
- 231 )
- 586 ) 89S l
- R + £ i6.o3o
- 16.070
- ÉLÉMENT N° 29
- ii»
- 10.000
- 5.000
- o
- 717 \ 909 / 1.243 \
- R +/r 136.080
- 136.200
- Pour obtenir des résultats aussi concordants, il faut avoir soin de maintenir les éléments à une température constante, car la résistance intérieure de ces éléments décroît très rapidement à mesure que la température s’élève. Je plaçai chaque fois l’élément sur lequel devait porter les expériences, plusieurs heures avant la mesure, dans un épais étui de feutre, enfermé lui-même dans une enveloppe de coton. L’exemple suivant fait bien voir comment la résistance varie avec la température.
- L’élément n° 29 fut refroidi jusqu’à la température de i°,5 au moyen d’un mélange d’eau et de glace ; à cette température, la résistance fut trouvée égale à 282.300 U. S. (la résistance du galvanomètre £"=5.427, U. S. étant déduite) ; à 20», cette même résistance fut trouvée égale à 132.900 U. S. Cette diminution de résistance donne pour le coefficient de température, c’est-à-dire pour i° de différence de température, la valeur 0,040 ; c’est exactement la valeur à laquelle conduisent les expériences sur la conductibilité d’une solution de sulfate de zinc à son maximum de concentration.
- Les mesures suivantes, qui furent effectuées Simultanément avec le galvanomètre i et l’électro-mètre a témoignent qu’il ne se produit plus de
- variation de f. é. m., même pour une fermeture qui dure bien plus longtemps que ne nécessitent les mesures. L’élément resta fermé pendant 6 minutes sur chacune des résistances. On lisait à l’origine et à la fin de ce temps les déviations au galvanomètre et à l’électromètre.
- Les lectures galvanométriques représentent la moyenne de deux lectures faites de part et d’autre du zéro, de façon à éliminer l'influence d’un déplacement éventuel du zéro.
- ÉLÉMENT CUIVRE N° 36 ÉLÉMENT ARGENT N° 41
- Temps U’ 1 e Temps U’ i a
- 5h20' 100.000 720,0 522 5h58' 100.000 973,5 704
- 5 26 » 720,0 522 6 04 *> 973,5 504
- 5 28 70.000 893,5 458 6 07 70.000 1.193,0 611
- 5 34 » 895,0 458 6 1.3 » 1.194,0 611
- 5 35 40.000 1.181,0 354 6 14 40.000 1.541,0 461
- 5 41 » 1.181,5 354 6 20 » 1.542,0 461
- Les lectures galvanométriques donnent, pour les résistances des éléments, c’est-à-dire pour R + S :
- N° 36 N» 41
- 53.429 U.S. 63.052 U.S.
- 53.717 6.3.026
- En moyenne : 53.537 U. S. 63.052 U. S.
- Au moyen de ces données, il est facile de déterminer la f. é. m. e qu’avait l’élément pendant la fermeture, e se trouvant exprimé en division de l’échelle électrométrique dont on s’est précédemment servi pour mesurer la différence de potentiel, car on a la proportion :
- e
- a S"4-)v
- Si au moyen de cette proportion, on calcule les valeurs de e en partant des valeurs précédemment données pour a, R -f- g, et la résistance du multiplicateur g = 2427 U. S., on obtient les valeurs suivantes:
- N» 36 N° 41
- C* CO 11 11 .21
- 781 1 . 122
- 781 I . 120
- Ces mêmes éléments avaient donné, avant le commencement des mesures, les déviations électrométriques :
- 794 et 1.147,
- et immédiatement après la fin de ces mesures les déviations :
- 787 et 1.145.
- Si donc oh peut déterminer en mesure absolue la f. é. m. que possède un élément pendant la mesure, on connaîtra également la f. é. m. que possède l’élément ouvert, avant d’avoir été affaibli.
- Voici comment on étalonna le galvanomètre pour avoir une mesure d’intensité absolue. On faisait passer le courant de deux éléments Daniell à tra-r vers un voltmètre à argent de la forme que j’ai'
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- 6oS
- indiquée pour cet appareil (:), puis, à travers un fil de maillechort, de résistance connue r. Les extrémités de ce fil communiquaient avec les bornes du galvanomètre. On fit passer le courant pendant une heure; toutes les cinq minutes on lisait les déviations galvanométriques dans un sens et dans l’autre; on prit la moyenne générale i des i3 moyennes ainsi obtenues par des expériences, peu différentes d’ailleurs les unes des autres. En prenant pour base les constantes données par F. et W. Kohlrausch,on exprimait, d’après le poids d’argent déposé dans le voltmètre pendant le même intervalle de temps, l’intensité J du courant en ampères. Le courant dérivé qui traverse le galvanomètre a, dansées conditions, une intensité
- i
- i i — i r
- ! J r + g+w’
- expression dans laquelle w représente une résistance intercalée dans le circuit du galvanomètre. Voici les chiffres obtenus dans une expérience de ce genre :
- : , >- = 940,6 ohms, £- = 2289,8 ohms,
- w = 28218,6 ohms.
- Dépôt d’argent en une heure — o 0875 gr., i J =0,02173 ampère,
- : Jg = 0,0006499 ampère.
- Déviation galvanométrique moyenne = 1366,4.
- On fit de nouveau des mesures galvanométriques et électrométriques simultanées avec les deux éléments 11“ 36 et n° 41 ; voici les résultats :
- N° 36 N» 41
- II’ 1 a 111 1 il
- 10.000 750,0 3io 10.000 1.298,0 5i3
- 30.0C0 457,5 495 3o.ooo 731,5 755
- 60.000 288,5 600 60.000 442,5 879
- 0 1.098,5 689 » » »
- De là on déduit pour les résistances (R-f-g") :
- 21.282 U.S. iS.825 U. s.
- 21.260 15.929
- 21.370 »
- En moyenne: 20.no ohms 14.936 ohms
- On voit donc que cette fois-ci (19 avril), la moyenne est beaucoup plus petite que précédemment (12 février), parce que la solution d’acide sulfurique avait pénétré plus avant dans la masse solide et que, de plus, la température était loin d’être la même.
- (>) Beetz, Grundzilge dcr Elektricitætslehre, Stuttgart, 1878 p. 57. J’ai employé constamment pour, l’étalonnage, de petites intensités de courant. Dans ces conditions, les indications du voltmètre sont absolument dignes de foi. Pour oamP,i le voltmètre à argent et le voltmètre â cuivre me donnèrent des chiffres tout à fait équivalents.
- Les différences de potentiel observées permet tent de calculer les forces électromotrices :
- No 36 N" 41
- 783 1.068
- 784 I.068
- 782 I.068
- 784 ___«_
- En moyenne. 783 1.068
- tandis que d’autre part on observa pour la f, é. m. des éléments :
- N" 36 N? 41
- Avant la fermeture.............. 791 i.o83
- Après l’ouverture. . . ........ 790 1.082
- On trouve alors facilement les forces électromotrices des éléments fermés. Si on exprime également zen ampères, ce qui donne pour les déviations :
- 1098,5 1298,0
- ?=o,ooo5226 ampère; 1=0,0006175 ampère;
- et si l’on multiplie i par les résistances correspondantes :
- (20110 + 0) ohms, (14936 + 9406) ohms,
- il en résulte que les forces électromotrices qui correspondent aux déviations de l’électromètre sont les suivantes :
- N» 36 N» 41
- Circuit fermé................... ivolt,o;o ivolt,5o3
- Circuit ouvert................... ivoU,o6o ivolt,524
- Je trouvai comme rapport de la force électromotrice de l’élément n° 36 à celle de l’étalon Daniell
- à acide sulfurique —-j, la force de l’étalon Daniell est donc égale à
- ivolt, 177.
- Tandis que si l’on part des données mentionnées plus haut, de MM. Kittler, von Ettingshausen et ord Rayleigh, on trouve 1,175 volt. Un second étalonnage donna pour la f. é. m. de l’élément n° 28, en circuit ouvert, 1,068 ; le çapport de l’élément n° 21
- à l’étalon Daniell est égal à 2' Ceci donne de nouveau pour la force de l’étalon Daniell:
- jvoU^ 1
- Un troisième étalonnage donna pour la f. é. m. de l’élément n° 22, en circuit ouvert, 1,069; Ie rapport de cet élément à un étalon Daniell est de
- -j-—). La f. é. m. de l’étalon Daniell, est par conséquent
- ivoU, 17.
- Voilà pourquoi j’ai pris pour point de départ dans toutes mes mesures électrométriques un étalon Daniell d’une f. é. m. égale à +177.
- M. le professeur Forster, de Berne, m’a adressé une question au sujet des éléments secs. Ne. serait-il pas possible d’appliquer ces éléments à l’électro-thérapeutique? On prendrait une batterie de piles
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- sèches avec laquelle on chargerait un condensateur et, au moyen d’une série de charges et de décharges rapides, on ferait passer dans le corps humain des quantités définies d’électricité.
- Il est évident qu’une application de ce genre serait d’un prix inestimable. Aussi me mis-je, plein d’espoir, à l’étude de la question. Lorsque j’eus chargé un condensateur d’une capacité de un microfarad (fourni par la Société anonyme des Câbles à Cortaillod), au moyen de la batterie entière composée de 144 couples d’éléments, et que je le déchargeai à travers mon corps, j’éprouvai une forte secousse. Mais lorsque je procédai à une série de charges et de décharges au moyen
- d’un système de roues ititerruptrices, analogues à celles que M. BufF a employées dans ses expériences sur l'induction et qui donnent 16 fermetures environ par seconde, les secousses devenaient insensibles. Il me vint de suite à l’idée que la charge s’effectuait d’une façon trop lente, mais lorsque j’entrepris des recherches plus précises pour éclairer ce point, je fus étonné de la lenteur avec laquelle cette charge se produisait. Je chargeai au moyen de ma clef électrométrique (‘) un condensateur de capacité déterminé avec un nombre donné d’éléments, pendant un temps déterminé, puis je le déchargeai en renversant la clef à travers un galvanomètre
- Dans le tableau suivant sont consignées les déviations a du galvanomètre, les temps de charge t exprimé en secondes et la capacité x exprimée en
- microfarads. »sœO,t 24 ÉLÉMENTS* * =21
- / ti 1 « / a
- 0,3 3i 0,3 112 0,3 i35
- o,5 32 0,5 l32 o,5 160
- 1,0 n 34 1,0 151 1,0 210
- 2,0 34 2,0 168 2,0 3io
- 6,0 34 3,0 169 o,3 320
- » » 6,0 169 4,0 325
- » » » » 5,o 328
- » » » » 6,6 33û
- » » » » 10,0 33o
- 72 ÉLÉMENTS.
- 1 « = 0,5 *—1
- » t a t a
- 0,3 70 o,3 110 0,3 1(0
- o,5 82 0,5 220 0,5 3oo
- 1 96 1 3i5 1 410
- a 100 2 3qo 2 600
- 3 102 4 460 3 690
- 6 102 6 480 4 750
- » ' » 10 495 6 83o
- » » i5 5oo 18 890
- » »» 20 502 i5 ç5o
- » » » » 20 962
- » • » » 25 980
- » » • • 3o 990
- » * » • 40 990
- (*) Annales de Wiedemann, 10, page 3io, 1880.
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- 6o5
- 144 éléments. x=o,5
- t a / a t a
- à,5 165 0,5 3oo 0,5 320
- 1 180 1 460 1 570
- 2 . iç5 2 660 2 89O
- 3 200 3 740 3 1.110
- 5 200 5 85o 5 i.3oo
- • » 10 940 10 1.58o
- » » 20 980 20 1.800
- » • 3o 1.00S 3o 1.890
- » « 5o I.OIO 5o 1.9S0
- » » * » 100 1.980
- * « * • i5o 1.990
- » » » 200 2.000
- » » » » 25o 2.000
- La figure ci-jointe représente graphiquement une partie de ces valeurs; les courbes ont été tracées en prenant les temps comme abscisses et les déviations galvanométriques comme ordonnées. Pour plus de clarté, dans les courbes pointillées qui représentent la charge et la décharge du condensateur de o,i microfarad de capacité, les ordonnées sont à une échelle 10 fois plus grande, tandis que les courbes qui se développent horizontalement se rapportent à un condensateur de 1 microfarad. Plus le nombre des éléments est petit et la capacité faible et plus la charge est rapide, mais même pour une capacité de 0,1 microfarad et pour un nombre d’éléments égal à 24, il faut une seconde entière, pour que la charge soit complète ; pour une capacité de 1 microfarad et un nombre d’éléments égal à 144,1a charge n’est complète qu’au bout de 200 secondes. On ne peut donc tirer aucun avantage de charges et de décharges qui doivent s’effectuer dans des intervalles de temps égaux à 1/16 de seconde, lorsque d’aussi fortes résistances que celles de ma batterie sèche entrent en jeu. Les roues interruptrices donnaient au galvanomètre, avec 24 éléments et le condensateur de o,i microfarad une déviation constante et égale à 125, tandis qu’une charge et une décharge unique ne produisaient qu’une déviation maximade 34; les 144 éléments et le condensateur de 1 microfarad, donnaient au contraire, dans les mêmes conditions une déviation égale à 200, tandis que dans le cas de la charge et de la décharge unique, la déviation se trouvait être égale à 2.000. Ceci prouve que l’on ne saurait utiliser les éléments secs pour une application électro-thérapeutique.
- CORRESPONDANCES SPECIALES
- DE L’ÉTRANGER Allemagne.
- La figure 1 donne le schéma de la nouvelle lampe à arc, dont je vous ai parlé dans ma dernière lettre,
- et qui a été exposée par la Deutscne Edison Gesell-schaft, à l’occasion de la séance solennelle tenue en l’honneur de la Conférence internationale télégraphique.
- Le porte-charbon supérieur reçoit son mouvement d’avancement sous l’influence d’un levier courbé A qui entre en vibration par le jeu d’un électroaimant G, au moment où l’arc dépasse sa grandeur normale; en effet, toutes les fois que l’arc lumineux devient trop long, l’électro-aimant G, placé en dérivation surle courant principal, attire son armature et, par suite, rompt le circuit dérivé entre le ressort c et la vis de réglage a. De là un mouvement vibratoire très rapide. Grâce à la forme donnée à la partie du levier qui embrasse le porte-charbon, il est facile de s’assurer que ce mouvement a pour
- effet de faire descendre le charbon supérieur. Le ressort à boudin B favorise l’arrachement de l’armature, tandis que le ressort à boudin B,, dont l’effet est contraire à celui de B, sert à régulariser la tension et facilite la mise au point de l’armature. Bien que chaque oscillation ne fasse parcourir au porte-charbon qu’un espace très petit, la succession rapide de ces oscillations donne lieu à un mouvement de descente continu. Les masses mobiles mises en mouvement étant très faibles, la régularisation se fait dans de bonnes conditions.
- L’axe du levier A est fixé au support de la lampe ainsi que la glissière de la tige qui porte le charbon. Cette tige est cylindrique, arrondie à sa partie supérieure et munie à sa partie inférieure d’un évidement fileté dans lequel on visse le porte-charbon. Le dispositif qui sert à l’allumage est relié à la boîte au moyen de tiges isolées et constituées par un électro-aimant en fer à cheval, dont l’armature porte le crayon inférieur.
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- ; 6b*>
- LA LUMIÈRE' ÉLECTRIQUE
- Lorsque aucun courant ne traverse la lampe, le porte-charbon inférieur est écarté des pôles de l’électro-aimant par l’action d’un ressort à boudin. Le jeu du ressort, qui se règle au moyen d’une vis, correspond à peu près à la longueur de l’arc lumineux, longueur comprise entre 2 et 3 millimètres.
- Voici le chemin que suit le courant dans la lampe. Le pôle positif de la ligne est relié à la borne K, (fig. 2), qui communique avec le corps dé la lampe. Le pôle négatif est relié à la borne
- FIG. 2
- K„. isolée de la lampe, au moyen de rondelles en ébonite. Le courant traverse donc le corps de la lampe, le porte-charbon supérieur, ies tiges de charbon, l’enroulement de l’électro-aimant inférieur, et revient à la borne K2 à travers un des supports isolés. Le courant dérivé qui sert au réglage de l’arc est pris sur le porte-charbon positif,, traverse les spires de l’électro-aimant G, l’interrupteur ca,set revient à la borne IC2.
- Le réglage s’effectue comme dans toutes les lampes à solénoïde dérivé, par l’accroissement d’intensité que produit dans la dérivation l’allongement de l’arc. Lorsque tout le charbon supérieur est consumé, le porte-charbon supérieur établit un
- contact qui arrête l’action du Système de réglage. Avant de mettre la lampe en service, il faut s’assurer que les charbons ont un mouvement uniforme et ne peuvent glisser ni sous l’action de leur propre poids, ni par suite de choc accidentel. La vis de réglage a devra être descendue assez bas pour qu’il y ait une interruption de très courte durée, lorsque l’armature atteint la position inférieure limite. Lorsque l’arc lumineux > dépasse la longueur normale, on fait varier la tension du ressort B. Le porte-charbon inférieur doit être ramené par une pression légère au contact de l’électro-aimant M; dès qu’on l’abandonne, il rebondit sous l’action du ressort à boudin S. >
- Lé charbon positif est plus gros que le charbon négatif, de façon à compenser la différence d'usure). Dès que le charbon supérieur est consumé, là lampe rompt automatiquement son circuit.
- FIG. 3 i
- Lorsque la lampe s’éteint, le circuit dérivé dort être rompu par un interrupteur, sans quoi tout le courant passerait par la dérivation et pourrait détruire l’enroulement, en fil fin, de l’électro-ai-mant G.
- La durée de ces lampes varie de 5 à 10 heures et leur intensité lumineuse de 3oo à 3.ooo bougies. Elles consomment un cheval environ par mille bougies. On peut les placer soit en série comme les lampes différentielles, soit en dérivation comme les lampes à incandescence. Dans ce dernier cas, on met en série deux lampes à arc égales a, a (fig. 3), et on les groupe ensuite en dérivation avec les conducteurs principaux. La différence de potentiel entre les points d’embranchement b, c doit être au moins égale à 97 volts; les deux lampes demandant une différence de potentiel de 80 volts. La différence entre la force électromotrice au point d’embranchement et aux bornes des lampes est perdue dans le circuit intermédiaire.
- Le calcul des conducteurs principaux jusqu’aux points b, c se fait de la manière ordinaire comme
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- pour les lampes à incandescence en considérant toujours deux petites lampes à arc de 4 à 6 ampères comme égales à 5 ou à 8 lampes de r6 bougies, et deux grandes lampes à arc de 7 à 10 ampères comme égales à 9 ffià ou à 12 lampes de 16 bougies.
- On calcule la section du circuit dérivé d’après la formule :
- n-__ü_
- ^ 57 (s — 80)’ .
- formule dans laquelle :
- Q désigne la section transversale de la dérivation; l la longueur totale du circuit entre b, c; J l’intensité des lampes qu’on emploie; s la différence de potentiel entre les points bc.
- Lorsque cette formule conduit à une section telle que l’on ait moins de omm3,4 par ampère (et ceci sera le cas d’un circuit très court), il faudra néanmoins augmenter la section de façon à avoir omm9,4 par ampère. Il en résulte une perte de tension trop faible dans le conducteur, ce à quoi on remédie en intercalant une résistance artificielle en fil de maillechort, de façon à avoir toujours une perte entière égale à e — 80 volts.
- La lampe a arc Scharnwe-ber. — Une autre lampe également destinée à combler la lacune qui existe entre les lampes à arc d’une grande puissance lumineuse et les lampes à incandescence est la Scharnweber exposée par M. l’ingénieur Ger-mershausen.
- Au dire du fabricant, cette lampe a une intensité lumineuse de 200 à 3oo bougies normales et ne consomme pas plus de courant que deux ou trois lampes à incandescence de 16 ou ug. 4 20 bougies normales. Action-
- nées par une dynamo à double enroulement et groupées en dérivation, ces lampes brûlent indépendamment les unes des autres : on peut donc en éteindre un nombre quelconque, sans qu’il soit nécessaire d’employer des procédés de régulation spéciaux.
- La figure 4 représente une coupe schématique de cette lampe.
- Le charbon supérieur, chargé d’un poids G, passe
- dans un tube en fer formant le noyau du solé-noïde S..
- Le charbon est muni à sa partie inférieure d’une pointe infusible qui vient appuyer contre le cône formé par l’arc voltaïque, tandis que le charbon inférieur est sollicité de bas en haut par l’action du ressort à boudin F.
- - La formation de l’arc lumineux a lieu dès qu’on lance, un courant dans le solénoïde, carie noyau en fer et avec lui le charbon supérieur se trouvent attirés. .
- Les deux charbons se rapprochent d’ailleurs; constamment, l’un par l’action du poids G, l’autre par celle du ressort F ; on obtient ainsi, tant que l’attraction du solénoïde ne varie pas, un arc lumineux parfaitement constant.
- Lorsque la lampe est employée seule, le solénoïde ne porte qu’une bobine, mais si l’on place plusieurs lampes en série, on a recours à des solé-noïdes à enroulement différentiel.
- Au-dessus des bobines, se trouve un dispositif spécial qui sert d’interrupteur. Le poids G est attaché par une chaînette au ressort a qui vient buter contre la pièce élastique b, munie, sur sa face inférieure d’une garniture de caoutchouc. Lorsque le charbon est complètement usé, la chaînette se tend sous l’action du poids G et la pièce a cesse d’être en prise avec la partie métallique de b et vient s’appuyer sur la garniture en caoutchouc h. Pour rétablir le circuit, il suffit de pousser de bas en haut le porte.charbon H, ce qui déplace de droite à gauche la pièce b et remet le ressort a dans la position de la figure..
- La tension d’environ 45 volts, nécessaire au fonctionnement de cette lampe, s’obtient en plaçant devant la lampe une résistance artificielle, solidaire d’une pièce fusible en plomb.
- Avec un charbon supérieur de 7 millimètres de diamètre, et de 36o millimètres de longueur et un charbon inférieur de 5 millimètres de diamètre et de 23o millimètres de longueur, cette lampe peut brûler de 10 à 12 heures.
- Dr H. Miciiaehs.
- Angleterre.
- La dynamo sans pôles du professeur Forbes. —J’ai déjà parlé dans une lettre récente de la nouvelle dynamo du professeur Georges Forbes, dans laquelle l'armature est entourée de fil de fer doux. —
- Un modèle de cette armature se trouve à 1’Expo-i sition des Inventions où sa construction originale attire beaucoup l’attention.
- La figure 1 représente l’extérieur de la machiné.
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- qui ressemble à un cylindre en fer, à l’extrémité duquel se trouve une rainure permettant à deux fils de tourner autour de l’axe.
- Ce modèle est spécialement construit pour déposer électriquement du cuivre au moyen d’un courant très puissant qui traverse un bain de sulfate de cuivre. Le nom de la machine ne provient pas de l’absence de polarité magnétique, mais seulement de son absence apparente à l’extérieur, l’aimantation étant pratiquement limitée à l’intérieur de la machine. Le principe de celle-ci rappelle beaucoup le joujou électrique bien connu sous le nom de roue de Barlow ; cet appareil est formé, comme on sait, par un disque en cuivre qui tourne
- entre les pôles d’un aimant. Au lieu de deux pôles, un de chaque côté du disque, supposons un grand nombre de pôles disposés autour du disque de chaque côté, et nous arrivons à l’idée fondamentale de la dynamo du professeur Forbes. Le disque de la machine est en fer et d’une épaisseur considérable, pour avoir un bon contact aux bords et une résistance intérieure extrêmement réduite. Ce disque est complètement entouré par une coquille en fer doux excitée par un électro-aimant.
- Les figures 2 et 3 représentent la construction intérieure. Dans ces figures, A est l’armature ; c’est un grand disque ou plutôt un cylindre en fer qui tourne avec l’axe B. E, E représentent les bobines
- FIG.
- 2, 3
- des électro-aimants excitateurs ayant leurs bornes en F, F; le reste de la masse D,D qui entoure l’armature, est en fer. La partie du cylindre attachée à l’axe forme l’un des pôles de la machine, tandis que l’autre est placé sur la périphérie de l’armature ; le courant est pris au centre et à la circonférence du cylindre mobile.
- Ainsi que je l’ai déjà dit dans une correspondance antérieure, le professeur Forbes s’est d’abord servi de mercure pour obtenir un bon contact avec la surface extérieure du cylindre, mais l’expérience a démontré qu’au lieu de s’attacher tout autour de, la circonférence du cylindre, comme on pouvait s’y attendre, le mercure se comportait plutôt comme un corps solide que comme une lame liquide en adhérant quelquefois au disque sans toucher la coquille extérieure et en abandonnant d’autres fois tout à fait le disque. On a obtenu des résultats bien plus satisfaisants avec un contact en charbon solide frottant sur la péri-
- phérie du disque. Cette disposition donne une excellente communication électrique sans échauffe-ment et sans usure sensible même pour une grande vitesse de rotation.
- Le professeur Forbes a donc adopté ces contacts en charbon pour sa machine, et il se propose également de remplacer par du charbon les balais métalliques employés dans les machines dynamos.
- La figure 4 donne une autre disposition de la dynamo, dans laquelle A représente l’armature C,C, les sections transversales des bobines excitatrices, S, la coquille en fer qui les renferme, et R,R, deux anneaux en fer doux isolés de la coquille et formant les bornes de la machine. Le contact frottant est constitué par une bande de charbon qui fait le tour de l’armature et qui est maintenu en place par des anneaux en cuivre, dont la section transversale est représentée en BB. L’espace libre entre l’armature et la coquille est de i/iôde pouce. Cette machine doit pouvoir donner une intensité de couraut
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- de 5.ooo ampères, avec une différence de potentiel entre les bornes de 2 volts à une vitesse de 2.000 tours par minute. On a calculé qu’une machine de
- Flù. 4
- ce genre, avec une armature d’un diamètre de 4 pieds et d’une longueur de 4 pieds, appliquée à l’éclairage électrique, donnerait 60 volts à une vitesse de
- ni.. 5
- 1.000 tours. L’inventeur espère cependant obtenir une grande force électromotrice plutôt au moyen
- FIG. 6
- d’armatures composées qu’en augmentant les dimensions de sa rçiachine. Ces armatures composées sont représentées dans la figure 5, où le cylindre ordinaire est remplacé par un certain nombre d’enveloppes cylindriques 1, 2, 3, 4, etc., isolées l’une de l’autre et munies aux extrémités de contacts frottants, également isolés. Le contact 2 serait relié
- à 3, 4 à 5 et ainsi de sùite ; le courant entrerait dans l’armature en j et sortirait en 10.
- La figure 6 représente un autre modèle de la machine, dans lequel C est une bobine excitatrice composée d’une spirale de cuivre enfermée dans une boîte circulaire en fer attachée à l’armature et tournant avec celle-ci. Les plaques de contact en charbon sont placées aux côtés de cette boîte et la communication avec les anneaux isolés R, R, qui forment l’une des bornes de la machine, se fait au moyen de l’attraction magnétique entre la boîte et ces anneaux. Les lignes de force entourent la bobine excitatrice dans le sens des flèches et des lignes pointillées (voir également la figure 2). L’armature de cette machine a un diamètre de 9 pouces sur une longueur de 8 pouces, et on espère en obtenir une intensité de courant de 10.000 ampères avec une force électromotrice d’un volt à 1.000 tours par minute. Elle est destinée à l’électrotypie.
- On prétend que la dynamo du professeur Forbes a donné de meilleurs résultats que toutes les autres machines essayées par le comité spécial du <' Franklin Institute ». J. Munro.
- CHRONIQUE
- A propos de la « Colonne-Soleil » et de la « Tour colossale » de M. G. Eiffel.
- On a vivement discuté, à l’une des dernières réunions de la Société des Ingénieurs civils, les projets de MM. J. Bourdais et G. Eiffel, projets dont il a déjà été question dans ceJournal(*), et qui tendent, comme on se le rappelle, à établir au centre de Paris une tour de 3oo mètres de hauteur.
- Le premier orateur inscrit au tableau était M. Lavezzari dont la haute compétence en matière d’architecture n’est plus à établir. Bien que M. Lavezzari ait envisagé ces projets à un point de vue qui n’a rien ou presque rien d’électrique, il a su mettre dans son discours des observations si justes et lui donner un tour si agréable, que ce serait porter atteinte aux droits de l’esprit que d’en retrancher un seul mot :
- « Messieurs, vous avez certainement entendu avec un plaisir très vif les communications si intéressantes des éminents collègues qui nous donnent, à chaque instant, des preuves de leur compétence et de leur ingéniosité. Il y a, dans les deux projets de colonne qui vous ont été présentés, des choses très importantes, non au point de vue de leur réalisation immédiate, mais au point de vue des questions qu’elles soulèvent et qui sont de tous ordres.
- * La première qui s’impose à l'esprit est celle-ci s’agit-il d’une œuvre d’utilité publique, forcée, qu’il est convenable de rendre la plus agréable possible
- (9 La lumière électrique, t. XV, p. 337 et t. XVII, p. 97.
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- ^ 610 LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- à l’œil ? S’agit-il au contraire, d’une œuvre d’art à laquelle il faudrait trouver une utilité? Si je me le demande à moi-même, je crois que je ne m’éloigne pas de la vérité en supposant la seconde hypothèse, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une œuvre d’art à laquelle on s’efforce de trouver une utilité. A la vérité, je vois bien que quelques-unes des applications proposées sont les mêmes dans les deux projets; dans l’un, l’éclairage tient la première place, et je ne crois pas qu’il en soit question dans le second ; tandis que les deux projets ont cela de commun que tous deux comportent la construction d’uu monument commémoratif et très élevé, ou bien très élevé et commémoratif (Rires), je ne sais pas bien quelle est l’idée qui doit passer la première.
- « Puisqu’il s’agit d’une œuvre d’art, vous permettrez bien à un architecte, le vôtre, Messieurs, de toucher un peu à la question d’art, et de faire, sur ce terrain une petite excursion. Je n’abuserai pas de vos moments.
- « Dans la note de M. Bourdais, je lis cette phrase :
- «....Nous avons cru devoir adopter pour type « de forme la colonne, forme consacrée dans l’ar-« chitecture de tous les pays du monde. C’est sur « des colonnes qu’étaient portées les statues des « grands hommes de l’antiquité...»
- « Que mon camarade me permette de trouver l’assertion un peu absolue ; et vous, Messieurs, per-mettez-moi de dire en peu de mots comment est venue l’idée de faire des colonnes monumentales?
- « L’idée d’élever des colonnes, de faire d’une colonne un monument isolé, n’était jamais venue à l’imagination des Grecs. Quand nos maîtres en art ont adopté, je n’ose dire créé la colonne, ils lui ont donné la forme qui s’adaptait à sa fonction. Le but de la colonne, pensaient-ils, est de porter; si on élève une colonne, c’est pour lui faire porter quelque chose; si elle ne porte rien, on ne sait pas trop ce qu’elle fait. Jamais les Grecs n’ont en cette idée d’élever des colonnes comme monuments isolés.
- « Si j’insiste sur ce point, c’est que notre éminent confrère, lorsqu’il a invoqué l’exemple de ce qui s’est fait dans l’antiquité, a sans doute voulu mettre son œuvre sous un patronage illustre, et que je voudrais réagir contre cette influence.
- « Je disais que les Grecs n’avaient jamais élevé de colonnes monumentales ; cependant il y en a une dont il a été beaucoup question : c’est la colonne serpentine. On savait seulement que Constantin l’avait transportée de Delphes à Constantinople, ce qui, eu égard à la faiblesse des moyens dont Constantin pouvait disposer pour effectuer ce transport, implique l’idée que cette colonne ne devait pas être de grande dimension. Or, elle a été retrouvée, en i855, peu après la guerre de Crimée, à une faible profondeur dans le sol, devant
- Sainte-Sophie, en un bel état de conservation.
- « Elle s’appelle « serpentine » parce qu’elle est formée de deux ou trois serpents qui entourent un fût court, sur lequel sont gravés les noms des trente peuples qui s’étaient alliés aux Athéniens et les avaient aidés à remporter la victoire de Platée sur les Perses.
- « Après celle-là, l’antiquité nous offre encore une autre colonne; elle date de l’an 261 av. J.-C., c’est la colonne rostrale qui avait été élevée sur le Forum, en mémoire de la victoire de C. Duilius ; elle existe encore à Rome où on peut la voir ; elle n’est pas grande, et a une proportion telle, que sa projection en plan donne un peu moins du tiers de hauteur ; c’est-à-dire que la silhouette qu’elle dessinerait sur le ciel, au lieu d’être un fût, est amortie suivant sa génératrice par les rostres qui la décorent. Ce n’est donc pas encore la colonne comme nous la comprenons.
- « L’idée de faire des monuments de colonnes isolées n’a surgi qu’à une époque de décadence relative de l’art. C’était sous Trajan : l’artiste qui devait reproduire sur le marbre toutes les conquêtes de cet empereur, fort embarrassé pour grouper cette suite de nombreux bas-reliefs, imagina de les enrouler autour d’une colonne, exactement comme on enroule certaines poésies autour d’un mirliton, si vous me pardonnez cette expression.
- « Il en fut de même pour la colonne érigée en l’honneur de Marc-Aurèle-Antonin, d’où son nom de colonne Antonine.
- « Passant sous silence les petites colonnes militaires élévées par les Romains dans les Gaules — elles n’avaient aucune prétention à l’art — je n’ai plus à citer dans l’antiquité que la colonne de Pompée, à Alexandrie. Cette colonne est dite de Pompée, parce qu’elle a été élevée par Pompilius, mais de fait elle a été érigée à la gloire de Dioclétien.
- « La colonne Trajane a 39“, 60 de hauteur. La colonne Antonine a 37“, 70; la colonne de Pompée a 28“*, 75 de hauteur. Ce ne sont pas des exemples à invoquer en faveur des colonnes qui nous occupent.
- « Après cela, un long temps s’écoule sans qu’on n’entende plus parler de colonnes, les évolutions de l’art s’accomplissent avec leurs vicissitudes : l’art byzantin, qui n’a pas laissé de grandes colonnes, puis, du treizième au seizième siècle, l’art français, dit à tort l’art gothique, qui n’en a pas élevé, non plus que la Renaissance, quand nous voyons tout d’un coup reparaître la colonne dans un pays qui ne passe pas pour le le berceau des arts : c’est en Angleterre. (Rires.) L’Angleterre a produit de très grands artistes, seulement ils ne sont pas nombreux. J’ai peut-être été au delà de ma pensée, je ne voudrais froisser ici aucune conviction ; mais enfin, on dit bien que la Grèce est le berceau des arts, et on ne dit pas que l’Angleterre
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- soit un autre berceau des arts. (Nouveaux rires.)
- « Après l’incendie, commencé le 2 septembre 1666, qui, en cinq jours, a détruit une grande partie de la ville de Londres, l’architecte Christophe Wren avait été chargé de faire une colonne monumentale ; il l’avait conçue beaucoup plus petite que celle qui est exécutée, et qui, dit-on, a été augmentée de près d’un tiers de la dimension qu’elle devait avoir ; elle a été édifiée en pierres de Portland, qu’on a mis cinq ans à ressembler, et, pour rendre l’idée de commémoration qu’on voulait attacher à cette colonne, l’artiste l’a terminée par un cippe surmonté d’un pot d’où surgissent des flammes : ça lui paraissait suffisant pour rappeler l’incendie. Mais les Anglais ont eu une idée ingénieuse : pour faire le Monument bien plus commémoratif, la colonne, qui a 61 mètres de hauteur, a été placée au sud-ouest, à une distance de 61 mètres, d’une maison formant l’entrée d’une ruelle appelée Puding Lane. C’est dans cette ruelle que le feu a pris le 2 septembre 1666, conséquemment, vers l'équinoxe d’automne. Il en résulte qu’à cette époque de l’année, l’ombre de la colonne vient frapper le pied de la maison où le fléau a pris naissance; mais ce phénomène ne se voit pas souvent, parce que, aux équinoxes surtout, il y a très peu de soleil à Londres. (Rires.)
- « Après cette colonne, puisque nous sommes à Londres, nous pouvons en citer une autre : c’est la colonne du duc d’Yorck qui n’est pas aussi laide que le Monument ; malheureusement, le duc a été défiguré par un paratonnerre placé sur sa tête ; ce paratonnerre est court, mais il est gros, de sorte qu’il a l’air d’un pal. Il y a même une aggravation à cette situation survenue à la suite de circonstances dont les constructeurs de tour gigantesques feront peut-être bien de tenir un certain compte. A un moment donné, il y eut une véritable épidémie de suicide du haut de ces colonnes. L’opinion est, dans le peuple, que lorsqu’on tombe de très haut, on est mort avant d’arriver à terre ;mais on ne sait pas au juste à quelle distance la mort arrive. De là, la préférence dont jouissent en pareil cas les monuments les plus élevés.
- « En 1842, après 3o suicides, survenus dans un temps très court, la terrasse du monument du duc d’York a été entourée d’une véritable cage. Vous voyez d’ici cette cage entourant le patient. (Rires.)
- « Enfin, Londres nous offre la colonne de Nelson, dont Cunningham, un poète dont l’Angleterre est fière à bon droit, a dit : « C’est le beau idéal d’un invalide de Greenwich. »
- « Remarquez-bien,Messieurs, qu’icije ne fais pas le procès de la Statue, du couronnement quel qu’il soit, mais celui de la colonne. Or, la difficulté de la terminer n’est pas un de ses moindres inconvénients. Ce que je veux dire, c’est que les colonnes, prises comme monuments isolés, n’ont jamais été faites que d’une façon accidentelle; elles ne sont
- pas une règle à admëttre, une tradition à respecter, et les essais faits n’ont pas souvent été heureux, même chez nous en France.
- « Ainsi nous avons la colonne Vendôme, faite à l’exemple de la colonne Trajane : elle devait satisfaire au programme ; elle a été faite par le premier empire, et se ressent du style de cette époque. Il y a là des choses dont il faut avoir le respect, je me bornerai à constater que ce n’est pas encore le beau dans l’art. Elle a 43m,55 de hauteur.
- « La colonne de Boulogne qui a été commencée peu après, a 5o mètres de hauteur. Elle est isolée, en pierre, et son chapiteau est accompagné de quelques feuilles à sa base; cette colonne de Boulogne est d’un grand enseignement : construite sur un plateau qui finit à la falaise, elle montre l’effet d’une colonne isolée; elle montre ce que serait, pour l’observateur placé à une certaine distance, une colonne colossale dépassant tout ce qui l’entoure de sa presque totalité : à distance, les détails échappent. On ne distingue pas beaucoup, à Boulogne, une cheminée d’usine de la colonne; et, quand on la montre à un étranger : — Est-ce cela? dit-il, en désignant une cheminée. — Non, c’est à côté. (Rires.) Eh bien, il devrait y avoir une différence entre une cheminée et un monument.
- « Lorsqu’il à fallu faire la colonne de Juillet, tout ce que je viens de dire était déjà si bien compris, que MM. Alavoine et Duc, les architectes qui l’ont élevée, ne s’y sont mis qu’avec beaucoup d’appréhension. De nombreux articles ont été écrits, à cette époque, dans les journaux et revues artistiques; je les ai lus avec beaucoup d’intérêt. Vous pouvez voir comment ces architectes ont tenté de résoudre les difficultés : ils ont donné une base très large à la colonne, en ont restreint le fût, ont élargi le chapiteau, et ont tenu à ce que la statue terminale ne pût offrir une silhouette rectiligne.
- « Dans cet ordre d’idées, je crois que la colonne la plus réussie est celle d’Alexandre, à Saint-Pétersbourg : elle a 47 mètres de hauteur, et le fût, formé d’un seul bloc de granit, n’a que 26 mètres. Elle a été élevée par l’empereur Nicolas.
- « Si l’on se reporte maintenant aux colonnes de petites dimensions érigées à diverses époques dans des parcs ou des palais, on peut vraiment trouver que la grâce des colonnes et leur bon aspect sont en raison inverse de leur hauteur, je serais même tenté de dire en raison inverse du cube de leur hauteur. Mais s’il y a tant de difficultés à faire une colonne de quelque quarante mètres de hauteur, que sera-ce pour une colonne de 3oo mètres? Certainement, nous avons de notre collègue des preuves de grande capacité; tout le monde peut voir dans Paris ce qu’il a pu faire, mais, pourquoi se donner une tâche si dif-
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- ficile, quand il pourrait, dans un autre ordre d’idées, faire un monument commémoratif bien moins sujet à la critique?
- « Si on m’objecte qu’il y a des constructions qui atteignent du tiers à la moitié de cette hauteur, que ceux qui se contentent du tiers de cette hauteur sont nombreux et tous, ou peu s’en faut, des chefs-d’œuvre, je répondrai : Oui, mais ce ne sont jamais des colonnes isolées. Je ne parle pas des pyramides que tout le monde connaît, je ne parle pas de la tour de Babel que personne ne connaît (rires), quoi qu’on dise aussi qu’elle était fort grande et en pyramide étagée; mais je prends les obélisques qu’on pourrait m’objecter. Eh bien, jamais les Egyptiens n’ont placé un obélisque sur une place de la Concorde! Les obélisques, à Memphis comme à Thèbes, allaient toujours par deux, par quatre, par six ; ils formaient une avenue qui conduisait à l’entrée d’un palais ou d’un temple, entrée formée de pylônes qui dépassaient même quelquefois la hauteur des obélisques; de sorte que ces aiguilles monolithiques contribuaient à la décoration du monument à l’ensemble duquel elles appartenaient et qui, grâce à elles, perdait sa platitude.
- « Après cela, nous avons eu le dôme. Le mot indique déjà qu’il s’agit d’un faîte très élevé qui atteint le sol par des amortissements successifs, étagés ou continus.
- « Après le dôme, nous avons la flèche de l’église et de la cathédrale. Là, en adoptant cette forme, il y avait une pensée : la croix à faire briller dans le ciel. Elle consolait ou régnait : tous devaient la voir de partout. Mais, à côté de ces flèches, il y a des tours, et, lorsqu’il n’y a pas de tours, il y a au moins une large base à ces flèches. Lorsqu’elle est isolée, si elle nous charme encore, c’est que la flèche est ornée et la sécheresse de ses arêtes tempérée. Ainsi est-ce le cas pour celle de la Sainte-Chapelle ou celle de Notre-Dame; on voit ce que c’est; personne ne s’y trompe ni ne les prend pour des cheminées, parce qu’il y a, à gauche et à droite, des silhouettes qui se profilent gracieusement sur le ciel. Les proportions sont-elles plus modestes, ne s'agit-il que d’une simple église, la flèche n’est qu’un ornement et n’arrive là que comme une plume sur un chapeau : c’est la décoration.
- « Pourvoir l’ensemble d’une tour de 3oo mètres, il faut être à une certaine distance : du pied, vous ne voyez pas l’ensemble, et si vous vous éloignez, vous perdez les détails. L’angle le plus petit pour bien voir qn objet est de 25 degrés ; une distance de 900 mètres, trois fois la grandeur de l’objet, proportion recommandée par les professeurs, donnerait ce que j’appellerai l’angle artiste, celui de 18 degrés; à 900 mètres, tous les détails s’évanouiront.
- « En passant, je voudrais dire deux mots de la perspective. J’ai entendu notre éminent collègue dire qu’il y avait à se prémunir contre l'efFet de perspective, qui fait paraître plus petit les objets qui sont en haut. Au premier abord, cela a l’air d’être très vrai, mais dans la pratique, chose singulière, cela ne se produit jamais. Lorsque vous êtes au bas d’une colonne ou à l’extrémité de deux lignes, et que vous les regardez, votre œil ne s’y trompe pas; si elles sont parallèles, il le voit; si elles convergent ou divergent, il le voit aussi. Rabattons la colonne à terre, ou, ce qui est plus facile, examinons une rue, dont les deux côtés ne soient pas parallèles. A Paris, les rues sont bien alignées; mais en province, nous rencontrons encore des rues plus larges à un bout qu’à l’autre ; regardons l’une de ces rues en nous plaçant au bout le plus étroit ; certainement, sur le papier, le bout le plus large serait représenté par une ligne plus petite puisqu’il est vu sous un angle plus petit, et cependant votre œil ne s’y trompe pas, il voit bien que la rue est plus large à l’extrémité opposée.
- * De même quand vous considérez un monument, vous le voyez bien tel qu’il est, et dans ses proportions réelles. Je crois donc qu’il ne faut pas se préoccuper de la perspective, à ce point de vue, que je ne signale qu’en passant et auquel je ne m’arrête pas plus longtemps.
- « On ne peut se rendrè compte que difficilement, si cette colonne était érigée dans Paris, de ce que paraîtrait un édifice de 3oo mètres de hauteur. Mais il y a un exercice auquel notre esprit se prête plus facilement. Supposons que la colonne Vendôme soit Ja Colonne-Soleil, et voyons quelle devrait être la hauteur des maisons de la place Vendôme pour être à son échelle. Il faudrait qu’elles eussent 3 mètres de hauteur, et alors les habitants auront om,i5.
- « Imaginez une ville où vous auriez des maisons et des habitants ne dépassant pas ces hauteurs, et, au milieu d’eux, la colonne Vendôme, la nôtre! Vous direz : c’est une échelle impossible, outrée.
- « Mais, Messieurs, la proportion est la même pour une colonne de 3oo mètres en plein Paris : c’est une échelle surhumaine.
- « Je crois qu’il ne nous est pas donné de dépasser 'échelle humaine. Ces grandes altitudes sont dans un paysage, dans la nature, à leur échelle : mais un édifice colossal sera écrasant pour celui qui le regardera, il pèsera à tous et sur tous.
- « Messieurs, j’ai été un peu long sur cette simple question d’art, mais je ne voulais pas qu’elle parût passer inaperçue de la Société des Ingénieurs civils. (Applaudissements.)
- « La question de dépense n’est traitée ni dans l’un ni dans l’autre projet avec beaucoup de développement; en principe, je suis très sensiblement
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- de l’opinion de M. Eiffel et de M. Bourdais sur l’évaluation de la dépense; seulement je suis de l’avis de M. Eiffel quand il parle de la tour de M. Bourdais, et je suis de l’avis de M. Bourdais quand il parle du monument de M. Eiffel. (Rires.) On a reproché au métal le peu de durée relative qu’il pourrait offrir. Nous désirons tous, naturellement, quand nous élevons une construction, qu’elle vive le plus longtemps possible, et malheureusement les faits sont là pour attester que les métaux, hormis ceux dits précieux, ne vivént pas longtemps ; cependant je crois qu’il entre , au moins pour l’œil, dans la conception de la Colonne-Soleil, autant de métal que de pierre : au point de vue de l’effet décoratif, il y figure donc beaucoup de métal et ce métal pourra s’altérer. Si, dans la suite des temps, la tour le perdait complètement, si le noyau se dépouillait de l’enveloppe qui le décorait,, que déviendrait l’édifice ? C'est affaire d’entretien, dira-t-on. Sans doute, mais alors, a fortiori, peut-on en dire autant d’une tour tout en métal? La question est de savoir si nos petits-fils auront intérêt à entretenir le monument. Toutefois il faut bien remarquer que quand on emploie le métal seul, on a un tout homogène qui peut présenter plus de garantie contre une dislocation partielle. Si, au contraire, le noyau est en pierre et que la partie décorative annulaire soit en métal, il y a des effets de dilatation auxquels je suis sûr quç mon honorable camarade a pensé, mais j’aimerais à entendre de lui comment il y parerait.
- « Il nous a bien dit que la colonne, précisément pour que l’œil puisse comprendre sa grande proportion, était divisée en étages; d’après le dessin, je crois que chacun de ces étages a 40 mètres, mais ils sont superposés et solidaires.
- * Si nous admettons que l’hiver la température puisse descendre à — io° et qu’en été elle puisse, au soleil, atteindre 5o°, — et ce n’est pas exagéré, car, au soleil, une couverture de zinc ne se laisse pas toucher sans donner la sensation d’une brûlure, ce qui permet d’admettre une chaleur de plus de 75°, — si, dis-je, nous admettons 5o° nous aurons un éca,rt de 6o°; si on adopte pour la dilatation, le chiffre de 1.225 précédé de 1, 2,3,4 zéros (c’est plus facile à exprimer ainsi), cela donne de l’été à l’hiver, pour une hauteur de 3oo mètres, om,22 de dilatation. Or comme le diamètre de la plate-forme a 35 mètres, tandis que le noyau n’en a que 18, il reste un espace annulaire de 8m,5o de largeur qui aura à supporter seul ces om,22 de dilatation ; autrement dit, la périphérie se soulèvera de om,22, alors qu’à 8m,5o de là les points d’appui resteront fixes. Cet effet de dilatation est appréciable, surtout s’il y a des appareils solidaires de l’ensemble de la plate-forme. J’aimerais à avoir sur ce point les appréciations de mon aimable confrère.
- « Je parlerai maintenant du côté utile de la tour, de ses applications possibles; car enfin, même en admettant que toutes mes critiques fussent fondées, si l’édifice devait être très utile on ferait encore des sacrifices, des concessions et on arriverait sans doute à trouver des atténuations aux inconvénients signalés, sinon quelque chose de gracieux et d’élégant.
- « L’auteur nous signale d’abord le bénéfice de l’ascension : « Le chapiteau de 35 mètres de dia-« mètre, offrira une plate-forme pouvant contenir à « la fois plus de mille spectateurs jouissant du coup * d’œil féerique de tout Paris à vol d’oiseau. » La jouissance sera au plus pour un tiers privilégié de ce millier d’individus : car, pour voir Paris, il faudra se pencher quelque peu, et, horizontalement, la vue n’aura pas grand charme. Si le chapiteau a 35 mètres de diamètre, il a xio mètres de circonférence; cela représente cent cinquante personnes qui, sur le premier rang, pourront jouir de la vue; ceux du second rang se contenteront encore, soit trois cents personnes; ceux qui se trouveront derrière ne verront que la nue; et, comme celle-ci ordinairement n’a rien d’intéressant, il n’y aura que les spectateurs des deux premiers rangs qui s'amuseront. (Rires.) Beaucoup de visiteurs se plaindraient et il vaudrait mieux n’en pas laisser monter autant à la fois, circonstance dont il faudrait tenir compte dans une évaluation budgétaire.
- «c Je laisse de côté les quatre-vingts chambres de traitement aéro-thérapique : la science médicale les réclame, il n’y a qu’à s’incliner.
- « L’ingénieux auteur de la coupole de Nice nous a parlé du point de vue stratégique. On comprend qu’il puisse être intéressant, lors d’un siège, d’é-çlairerà grande distance les opérations de l’ennemi; mais il y a une réciproque naturelle : aujourd’hui que l’on fait des pièces qui portent à 18 kilomètres, est ce que l’assiégeant ne sera pas heureux d’avoir un point de repère excellent pour assurer son tir? Si, au contraire, cette colonne, le gêne trop, il l’aura bien vite démolie. Il ne serait donc pas très prudent de compter là-dessus en temps de guerre.
- « Dans les deux projets, on fait valoir la possibilité de certaines expériences de physique : je les laisserai de côté, car elles sont subordonnées à une question très grave, à celle des oscillations qui les rendraient impossibles, et j’arrive à l’éclairage, la question la plus importante au point de vue de l’utilisation de l’édifice.
- « Quel puissant mobile porte donc aujourd’hui un ingénieur à vouloir centraliser l’éclairage lorsque, de tous les côtés, on cherche à obtenir sa division, à multiplier les points lumineux, quelle que soit leur source? On a appelé cette colonne, Colonne-Soleil. Est-ce une comparaison avec le soleil? un rappel à son mode de fonctionnement?
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- La comparaison, même restreinte à ce mode d’éclairage, ne serait pas acceptable. Les rayons du soleil, en effet, nous arrivent tous parallèlement ; tandis que, quelque moyen que vous preniez, avec n’importe quels réflecteurs, votre foyer d’éclairage ne sera qu’un centre lumineux, dont un peu plus tôt, un peu plus tard, les rayons devront diverger et la lumière s’atténuer en fonction de la distance.
- « Tous les points d’une ville sont à égale, distance du soleil, les intensités de lumière y sont partout les mêmes; tandis qu’on n’obtiendrait ce résultat avec la lumière artificielle, qu’en donnant au foyer d’émission une surface égale à celle du lieu à éclairer. L’artifice qui consiste à transformer le faisceau lumineux en une nappe lumineuse ne résout pas le problème; il faut bien admettre que 1 intensité de lumière, sera moins grande à l’extrémité de cette nappe; et dès lors si elle éclaire assez auprès, elle n’éclairera pas assez au loin ; ou si elle éclaire assez au loin, elle éclairera trop auprès. Puisque les points lumineux ne donnent qu’une intensité de lumière décroissante, il faut donc les multiplier de manière à avoir la plus grande répétition possible des zones d’égal éclairage.
- «t Du reste, vous le savez tous déjà, Messieurs, l’éclairage avec un foyer unique offre de graves éventualités : un accident survenant tout à coup, faut-il admettre que toute la ville serait plongée dans l’abscurité? Il faudrait donc laisser subsister un autre système d’éclairage à côté du premier. Ne s’agit-il que d’éclairage à l’occasion de fêtes exceptionnelles? La dépense devient hors de proportion avec le but à atteindre. Sans supposer un accident, il faut bien admettre encore les brouillards, ces grands ennemis des phares. Ils sont encore beaucoup plus à redouter quand il s agit d un corps éclairant placé à une si grande hauteur et au-dessus d’une cité comme Paris : aux nuées de vésicules d’eau viennent s’ajouter les poussières, les fumées qui flottent dans l’atmosphère, s’étendent en nappe au-dessous du corps lumineux, en formant un écran d’une plus ou moins grande opacité.
- t Enfin il est un autre inconvénient pratique : j’ai appris, soit à l’administration des phares, soit auprès des constructeurs, que tous les essais avaient échoué, lorsqu’on avait voulu employer des miroirs, à cause de la difficulté de maintenir leur poli.
- t Je ne suis pas competent pour discuter cette question, je vous donne simplement le renseignement recueilli : l’argent, le meilleur, le seul métal à employer, aurait sa surface très rapidement attaquée.
- « Quand il ne s’agit que de fanaux ou de lanternes comme celles des locomotives, par exemple, 1 entretien est encore possible, d’autant plus que des verres protègent les surfaces polies ; mais, quand
- il s’agit de réflecteurs aussi grands que ceux qu’il faudrait employer avec la Colonne-Soleil, cela pourrait être une grande difficulté ; car, ou les hommes chargés de l’entretien des réflecteurs ne pourront pas suffire à maintenir le poli, ou la couche d’argent sera bien rapidement assez usée pour être hors de service.
- « Il reste, Messieurs, la question des oscillations, auxquelles les édifices peuvent être soumis lorsqu’ils ont une grande hauteur. Ces oscillations, je crois que tout le monde a pu les constater, bien qu’on ne soit pas souvent dans les circonstances voulues pour les observer; il peut même arriver qu’on les ressente sans s’en apercevoir, cela dépend beaucoup de l’attitude et du tempérament de l’observateur : il en est de cela comme du mal de mer. J’ai parlé ici, dans la séance qui a suivi celle où nous avons eu le plaisir d’entendre la communication de notre collègue, de ces oscillations; je ne répéterai pas des chiffres que vous trouverez dans nos procès-verbaux, mais j’expliquerai à ce sujet que, lorsque j’ai parlé de om,40, j’ai entendu parler d’une amplitude complète, de gauche à droite, et non de l’écart avec la verticale. J’ai mentionné les cheminées, les colonnes et les phares, dont personne n’a nié les oscillations. Elles ont été constatées dans les ouvrages de M. Reynaud. J’ai dû à l’obligeance de M. Leblanc, inspecteur général des ponts et chaussées, la communication d’un travail d’un ingénieur en chef, M. Bourdelles qui’, après avoir rappelé qu’en considérant les phares comme une poutre encastrée à l’une de ses extrémités et libre de l’autre, l’amplitude des oscillations serait proportionnelle à l’intensité du vent, à la surface du phare, au cube de sa hauteur et en raison inverse du moment d’inertie de sa section droite, ainsi que du coefficient d’élasticité des matériaux qui la composent, ajoute :
- * Ces renseignements, quoique imparfaits, peuvent suffire dans le service des phares, où les édifices ne sont pas très différents, mais ils seraient tout à fait insuffisants pour justifier des constructions qui s’écarteraient notablement des types et dimensions admis.
- « Dans ce dernier cas, il n’est pas possible de se faire à l’avance une idée de la flèche ou de la construction projetée et il semble difficile, par exemple, de prévoir les effets qui pourraient se produire au sommet d’une tour de 3oo mètres de hauteur. »
- « Voilà ce que disent ces compétences : personne ne peut prévoir ce que seraient les oscillations au haut d’une tour de 3oo mètres de hauteur. Il y a là matière à bien des réflexions, à bien des recherches.
- « Ace sujet, je dirai, en deux mots, comment j’ai pu constater ces oscillations sans grand’peine, lorsqu’il s’agissait de phares. — J’entends d’ici
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- une interruption: Toujours les phares, pourrait-on me dire ; mais il n’est pas question de phare ; nous ne serons pas au bord de la mer. — Je vous demande pardon ; lorsque vous serez à 3oo mètres de hauteur, vous serez dans les condition des phares. Pourquoi les phares sont-ils plus exposés à l’action du vent? Parce qu'ils sont aux bords de la mer?... Si là le vent est plus violent, ce n’est pas parce qu’il y a de l’eau en dessous; c’est parce qu’il n’y a pas d’obstacle à la circulation de l’air; par conséquent, je peux parler de phares quand il s’agit d’édifices dépassant tout ce qui les entoure de bien plus que la lanterne des phares ne dépasse le niveau des eaux.
- « Donc, pour apprécier les oscillations, j’ai pris un petit miroir, grand comme le milieu de la main, je l’ai posé à terre, je me suis placé assis et bien calé à une distance telle que j’y voyais juste par réflexion le balcon du phare, dont j’apercevais les extrémités gauche et droite toucher alternativement l’encadrement du miroir. Si le miroir est grand, ou si vous en êtes trop près vous ne voyez rien de sensible; il vaut même mieux vous placer à une distance telle, que la lanterne qui lui sera tangente soit inscrite dans le cadre. Une petite glace, pareille à celle qu’on vend deux sous aux militaires, est suffisante pour faire l’expérience. On conçoit qu’on puisse mesurer les distances et arriver ainsi à trouver approximativement quelle a été l’oscil-tion. Quant au fil à plomb et autres appareils d’observation directe, il n’y faut pas penser. On n’arrive pas à leur donner une stabilité suffisante et le plus petit déplacement rend impossible l’observation.
- « A quoi sont dues les oscillations ? Evidemment, à l’élasticité des matériaux de maçonnerie. Voilà le point qui intéresse les ingénieurs et sur lequel on est obligé de rester muet; on ne sait rien; les expériences sont difficiles, parce que la rupture arrive au moment où on va constater ce qu’on recherche. J’ai entendu dire que des essais se faisaient en Allemagne; peut-être quelques-uns de vous, Messieurs, pourraient-ils apporter là-dessus des renseignements ; au moins était-ce ce que j’avais espéré provoquer par les quelques mots dits en février dernier.
- « Mais, si on ne peut pas indiquer d’une manière absolue quels sont les coefficients divers d’élasticité des matériaux de construction, il est, je pense, possible de leur donner des valeurs relatives. Considérons les métaux dont nous connaissons le mieux les propriétés physiques; si, d’un côté, nous mettons, par exemple, l’acier, le bronze, et, d’un autre côté, le zinc et le plomb, vous savez tous que les premiers sont des métaux très sonores, on peut en faire des cloches ; tandis qu’au j contraire, le plomb ne rend qu’un bruit mat, qui ne peut pas s’appeler un son. Passant aux substances •
- organiques, comme les bois, nous remarquons que les bois durs et résineux, comme le sapin rouge, le palissandre, le chêne, rendent de véritables sons, puisqu’on a pu les employer à faire des instruments de musique (xylophones). Tandis que, au contraire, le peuplier blanc, le liège, ne rendent au choc qu’un bruit absolument mat. Cette expérience démontre que la propriété de rendre un son est en rapport direct avec l’élasticité des corps. Si je ne craignais encore de trop m’avancer, j’ajouterais, qu’à forme et volume égaux, la hauteur du son dépend du coefficient d’élasticité.
- « Si maintenant les matériaux de construction peuvent se classer en matériaux plus ou moins sonores, si le son peut être considéré comme un indice d’élasticité, sous un volume égal, nous aurons un module pour les classer approximativement. Le verre, ce n’est pas une pierre, c’est vrai, mais c’est une substance fondue qui montre à quel point les silicates peuvent être rendus sonores par la fusion; les briques, les tuiles, que vous essayez en les faisant sonner, le marbre, le silex, le spath sont sonores et élastiques dès lors : la craie, au contraire, l’argile mal cuite ne rendent aucun son, mais sont à peu près dépourvues de toute élasticité. Les matériaux les plus sonores sont donc aussi les plus élastiques, et cette observation pourrait être le point de départ d’expériences très précises et partant d’un grand intérêt.
- « Lorsque j’ai parlé des oscillations certaines, à mon avis, de la Colonne-Soleil, on m’a objecté que le nombre des joints serait très petit. Ce n’est pas du tout une raison pour prétendre que les oscillations seront moindres; on admettrait alors que le mortier aurait plus d’élasticité que la pierre elle-même, ce qui serait une grande erreur. Au contraire, plus la pierre aura de sonorité, ce qui est le cas des granits sains, c’est-à-dire dont les felds-paths ne sont pas en voie de décomposition, et plus elle aura d’élasticité; par conséquent, cette diminution dans le nombre des assises, au lieu d’atténuer les causes des oscillations, les augmentera, cela ne touche pas la solidité de l’édifice, mais c’est un obstacle insurmontable aux expériences de physique quej’ai laissées de côté et peut-être aussi au bien-être des personnes appelées à y demeurer.
- « Messieurs, j’ai été un peu long; je vous prie de m’excuser, et je vous remercie de la bienveillance et de l’attention soutenue avec laquelle vous avez bien voulu m’écouter. (Applaudissements.) »
- Nous résumerons dans un prochain article les diverses opinions qui se sont fait jour au cours de cette discussion.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- LES APPLICATIONS DE
- L’ELECTRICITÉ aux CHEMINS DE FER
- Rapport fait à la demande du Congres des chemins de fer parL. WEISSENBRUCH, ingénieur du ministère des chemins de fer postes et télégraphes de Belgique.
- (Suite*)
- 2° Gares à voyageurs.
- L'éclairage des grandes gares à voyageurs est plus difficile que celui des gares à marchandises» l'espace à éclairer n'étant, en général, pas aussi découvert. Si l'on se décide à y remplacer le gaz par la lumière électrique, c’est que l’on veut obtenir un certain luxe de clarté. La solution est d'autant plus dispendieuse (*) que les candélabres doivent être dans le style de l'édifice et qu’il est difficile d’éviter l'emploi des lampes à incandescence à l'intérieur des locaux (2). Sous la gare proprement dite et dans les grandes salles, on placera des régulateurs de 40 à 60 carcels ou des lampes-soleil dont la couleur dorée est très agréable à l'œil, ou même des bougies Joblochkoif.
- La dixième assemblée technique de l'Union des chemins de fer allemands a examiné la question de l'éclairage des gares et en particulier des gares de triage.
- Voici la conclusion du rapport rédigé par la direction I. R. des chemins de fer de-l’Etat autrichien :
- On n’a pas encore fait d’expériences concluantes. Pourtant on peut déjà tirer les conclusions suivantes :
- Il parait que les lampes à arc conviennent bien à l'éclairage des gares
- (4) Il est intéressant de rappeler à ce sujet les résultats des expériences de là commission de l'Exposition de 1881 :
- EXPÉRIENCES faites sur une installation de INTENSITÉ lumineuse moyenne sphériq. en carcels par lampe (a) CARCELS par cheval d’arc CARCELS par cheval mécanique
- 1 lampe Gramme q 66 128.8 6o,3
- 1 — Siemens 3o6 121,4 68,9
- 2 — — ..... 205 129,3 77,2
- 3 — Gramme 167 121,6 61,8
- 5 — — 102 08,1 63,8
- 10 — Weston 85 85 ,0 65,3
- 3 — Burgin 82 79’9 46,2
- 40 — Brush 71,7 52,1
- 38 — — -y 71 >4 4414 45,4
- 16 — — 38 63,3
- a) Cette intensité équivaut : i° Pour les courants continus à la moitié de l’intensité horizontale
- augmentée du quart de l’intensité prise sous un angle de 45° consi-
- déré comme maximum d apres la formule : [ = 1/2 H d- 1 /4‘M;
- 2° Pour les courants alternatifs aux 0.09 de l’intensité horizontale.
- On désigne par carcels, par cheval d’arc ou travail des lampes, l'énergie consommée par le courant en traversant les lampes ; on l’obtient par le calcul en multipliant l’intensité du courant par la différence de potentiel aux bornes d’une lampe; c’est donc EI/75 g. Ce chiffre donne une idée de la valeur même de la lampe. Le nombre de carcels par cheval mécanique donne la valeur de l’installation prise dans son ensemble.
- Dans l’éclairage électrique de la gare de Schaerbeek le prix obtenu par l’Etat à l’adjudication du 24 décembre 1884 pour un contrat de 10 ans est 68 centimes pour les 3.5oo premières heures d'éclairage de chaque année, 5o centimes pour les 5oo suivantes et 45 centimes pour le surplus. La valeur de l’installation est de 60.000 francs. L’Etat a le droit de racheter chaque année, à un prix convenu, qui ne sera plus que de 18.000 francs au bout de la dixième année.
- (2) La valeur économique relative des lampes à incandescence étant
- à voyageurs, haltes, vestibules, cours, chemins d’accès, et en général à l’éclairage de grandes salles et places.
- Pour l’éclairage des petits locaux et bureaux, on paraît préférer des lampes â incandescence.
- Dans les gares à marchandises et de triage, les lampes à arc fixées à des mâts très hauts ont donné de très bons résultats au point de vue de la sécurité et de la facilité des manœuvres.
- Le surcroît des frais résultant de ce mode d’éclairage est en général compensé par le degré de clarté et les autres avantages obtenus.
- Le nombre de gares où se trouvent des installations de lumière électrique est déjà aujourd'hui assez notable. Outre 3a plupart des. gares de Paris, de Londres et de Berlin, outre plusieurs gares de Belgique, citons au hasard de la plume celles de Budapest, Glascow, Strasbourg, Hanovre, (Naples, Milan, Marseille, Kœnigsgraetz, Mayence, Gênes, Barcelone, Bonn, Bromberg, Darmstadt et même Allahabad (Inde), etc.
- 2. — Ateliers et salles de travail.
- 10 Ateliers.
- On obtient dans les ateliers de construction et de réparations des locomotives un grand nombre d’avantages indirects par un élairage intense.
- C’est ainsi qu’un éclairage au gaz, même excellent, ne permet presque jamais de procéder au montage des locomotives, au travail dans les fosses de visite, etc., sans recourir aux falots à pétrole et aux lampes portatives. La surveillance est plus difficile à exercer et la marche générale du travail est ralentie.par le manque de clarté.
- Dans les grands ateliers, on emploiera des foyers à arc de 40 à 100 carcels. Des lampes à incandescence devront servir à l'éclairage des recoins.
- A intensité lumineuse égale, l'éclairage à l’électricité est d'autant plus économique que le nombre annuel d'heures d’éclairage est plus considérable (*).
- prise comme unité, celle de la bougie Jablochkofî est 3 et celle des régulateurs 7, ainsi qu’on peut le voir par les chiffres du tableau suivant :
- DÉSIGNATION des foyers INTENSITÉ moyenne sphériq. par foyer en carcels CARCELS par cheval d’arc • CARCELS par cheval mécanique
- Lampe à incandescence. Bougie Jablochkoff Régulateurs différentiels. 1,20 20.2 38 à 966 12 à i3 40 100 10 33 70
- L’intensité moyenne sphérique équivaut: Pour les bougies, aux trois quarts de l’intensité de face mesurée sous un angle de 45°; Pour les lampes à incandescence, aux trois quarts de l’intensité horizontale à 45°.
- (*) D’après les calculs de M. Dumont, ingénieur des télégraphes de l’Etat, le prix de revient, en tenant compte de l’amortissement du capital, est le suivant :
- LAMPES PRIX DE LA CARCEL-HEURE 1 pour un éclairage annuel de
- 600 heures i.5oo heures 4.000 heures
- Régulateurs de 5oo carcels 0, i5 0,10 0,08
- — de 25o — 0,28 0,19 0,16
- — de i5q — 0,27 0,19 0,16
- Bougie Jablochkoff de 5o carcels 0,64 0,52 0,47
- Lampe à incandescence de 1 cnrcel 2,40 1,60 i,38
- Bec de gaz de 1 carcel à 3o cent, le m. c. 4,80 4*4° 4,29
- — à i5 cent, le m. c. 2,70 2,3o 3,20
- Les prix indiqués n’ont qu’une valeur comparative, mais on voit clai-
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- 2° S ailes de travail•
- Pour les salles de travail, il est parfois d’une nécessité absolue de recourir à l’éclairage électrique.
- La grande salle des télégraphistes de la gare de Bruxelles-Nord est, comme on sait, éclairée par des régulateurs Jaspar renversés vers le plafond et munis de lentilles et de réflecteurs. Dans son Mémorial, l’administration des chemins de fer de l’Etat belge dit à ce sujet ce qui suit :
- La surface horizontale éclairée de cette salle est de 3oo mètres carrés et son volume s’élève à 1.112 mètres cubes ; 120 employés séjournent par vingt-quatre heures dans cet endroit. La chaleur était insupportable lorsque cette salle était éclairée au moyen de 68 becs de gaz; depuis l’établissement de l’électricité, la salle est toujours bien aérée et une clarté rappelant celle du jour y règne partout.
- Les employés, qui, les premiers jours sont portés à regarder fixement le point lumineux, perdent vite cette habitude et se montrent tous très satisfaits du nouvel éclairage qui est, sous le rapport de la clarté, de beaucoup supérieur à celui employé auparavant.
- 3. — Trains en marché.
- i° Locomotives.
- Dès 1875, on avait songé à placer une lampe électrique comme fanal à l’avant des machines. Mais les essais n’avaient pas réussi, aucun régulateur ne pouvant résister aux trépidations de la marche.
- MM. Sedlaczek et Wikulille, du chemin de fer « Ru-dolfbahn » (Autriche), ont résolu le problème par la suppression du mécanisme d’horlogerie. Dans leur régulateur, c’est le poids du charbon supérieur qui sert de moteur, et son mouvement est transmis au charbon inférieur par l’intermédiaire d’un liquide. A cet effet, un tube recourbé en forme de U, rempli de glycérine, est fermé par deux pistons dont l’un porte le charbon inférieur, l’autre le supérieur, au moyen d’une potence. Afin que le charbon négatif monte d’une quantité 1, quand le positif descend d’une quantité 2 et que le point lumineux reste fixe, la partie du tube recourbé, sur laquelle le charbon négatif est placé, a un diamètre double de celui de l’autre partie. Le courant passe dans un électro-aimant qui commande une sorte de robinet de communication des deux parties du tube.
- Dans les expériences faites au chemin de fer du Nord en i8Si et 1882 (>), la lampe Sedlaczek était fixée à la cheminée à 3m,38 au dessus des rails et munie d’un réflecteur parabolique. La source d’élecLricité était une dynamo commandée directement par un moteur Brotherhood. D’après le compte rendu publié, les résultats ont été les suivants :
- r» La lampe Sedlaczek ne s’éteignait pas en marche aux vitesses ordinaires des express;
- 2° La lumière électrique n’altérait en rien la visibilité et les couleurs distinctives des signaux;
- 3» Lavoie et les tranchées en avant de la machine étaient parfaitement éclairées et visibles pour le mécanicien à une distance de 25o mètres; un agent placé sur la voie voyait les objets éclairés dans son voisinage lorsque la machine était encore éloignée de 800 mètres, et apercevait le fanal électrique à i.5oo mètres. II ne parait pas que les mécaniciens des trains croisants aient été éblouis.
- Pour les agents placés sur la voie, il y a quelques réserves à faire au sujet de la gène que pourrait leur causer l’éblouissement produit par leur brusque passage du cône de lumière dans le cône d’ombre.
- S’il était nécessaire d’éclairer une zone plus étendue en avant de la machine, il serait facile de le faire en employant
- rement que les gros foyers produisent la lumière la plus économique et que la durée de l’éclairage exerce une grande influence sur le prix de revient. Ainsi un bec de gaz qui, brûlant 600 heures, produit la carcel-heure au prix de 4 c. 80, n’abaisse ce prix qu’à 4 c. 29, s’il brûle 4,000 heures. Au contraire, avec l’électricitc, une lampe de 5oo carcels, qui, brûlant 600 heures, produit la carcel-hcure à o c. i5, réduit ce prix à o c. 08 si elle marche 4,000 heures.
- (*) Revue générale des chemins de fer, mai 1882.
- les projecteurs Mangin, construits par MM. Sauter et Lemonnier. Mais le prix de l’installation serait augmenté (*).
- Les ingénieurs du Nord ont admis qu’il pourrait être utile, dans quelques cas spéciaux, d’installer l’éclairage électrique sur une locomotive de secours, mais il ne leur a pas paru que cet éclairage eût une utilité suffisante en service courant pour justifier la dépense de 3.ooo francs par machine, qui en serait résultée. Ils se sont même demandé si le foyer électrique ne serait pas mieux placé à l’arriére des trains, puisque ces derniers sont précisément les obstacles les plus dangereux qu’on puisse rencontrer sur la voie.
- La question semble en être au même point en Allemagne, où des expériences ont été faites, notamment sur la ligue de Munich à Toîz et celle de Strasbourg à Wissembourg.
- En Autriche, d’après les informations des journaux spéciaux, d’août 1884, plusieurs locomotives de l’État ont été pourvues de feux d’avant électriques, mais il faut interpréter ce fait simplement dans ce sens que l’on a voulu y continuer les expériences.
- La dixième assemblée technique de l’Union des chemins de fer allemands (juillet 1884) avait posé la question dans les termes suivants :
- Fait-on usage de la lumière électrique pour les signaux des trains ou de la voie ? Quels sont les résultats obtenus ?
- La réponse rédigée par la direction I. R. des chemins de fer de l’État à Vienne a été la suivante :
- Jusqu’ici, l’usage de la lumière électrique pour les signaux des trains n’a eu lieu que sur une échelle très restreinte; on ne l’a pas encore employée pour l’éclairage des signaux de la voie. Il n’est donc pas possible de porter un jugement sur l’emploi de cette lumière pour les signaux en question.
- En Amérique, il paraîtrait que le chemin de fer de Chicago à Saint-Paul aurait adopté les fanaux électriques d’une manière définitive, mais on sait que les nécessités de l’exploitation aux Etats-Unis et en Europe sont tout à fait différentes.
- 20 Voitures des trains en marche.
- L’éclairage des voitures à voyageurs par l’électricité est une question à l’ordre du jour. Il faut le reconnaître, les lampes à l’huile ou les becs de. gaz aujourd’hui employés fournissent une lumière trop faible pour la lecture et souvent pénible pour les yeux. Or, le besoin de lire en chemin de fer, se fait vivement sentir; on raconte même qu’en Angleterre un seul fabricant vend annuellement jusqu’à 60.000 lanternes de poche pour .cet usage.
- Plusieurs Compagnies de chemins de fer poursuivent depuis plusieurs années déjà des expériences d’éclairage électrique des trains. Elles ont vaincu toutes les difficultés techniques qui s’étaient d’abord présentées, mais, comme on le verra plus loin, il ne semble pas que la question soit résolue au point de vue économique.
- Les principales expériences sur lesquelles les journaux spéciaux nous ont apporté quelques détails, sont celles « du London Brighton and South Coast Rr », de la direction des chemins de fer royaux, à Francfort-sur-le-Mein, de la Compagnie du chemin de fer du sud de l’Autriche, du chemin de ,fer de l’Est français, du « Pennsylvania Railroad C° *», de l’État belge, etc.
- Quel que soit le système, on emploie toujours des lampes à incandescence dans le vide, embranchées par dérivation sur un circuit fermé allant du fourgon de tête ou de la locomotive à la queue du. train. Suivant les préférences particulières des Compagnies, on a essayé tantôt les lampes Edison, tantôt celles de Swan, celles de Maxim ou d’autres encore.
- (') V. Les appareils de projection de lumière électrique, par L. Weis-scnbruch. Bruxelles, Muquardt.
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- Od sait que toutes ces lampes ne different entre elles que par la matière qui sert à produire le filament de charbon et que chaque inventeur fait construire des lampes de différentes intensités, en faisant varier convenablement les dimensions de ce filament et l’intensité du courant. Remarquons en passant qu'il est avantageux, au point de vue économique, de forcer celle-ci, parce que la lumière produite par une lampe augmente plus vite que la dépense de travail ; mais il y a une limite imposée par ce fait que la durée de la lampe diminue en proportion inverse. Dans des conditions normales, les lampes que l'on fabrique aujourd'hui ont une durée moyenne de 900 à 1,000 heures.
- Pour déterminer l'intensité des lampes à employer, il faut se guider par cette considération que le rendement et, par conséquent, la valeur économique augmente avec l'intensité lumineuse P).
- On éclaire donc chaque compartiment par une seule lampe. Il suffit pour cela qu'elle ait 8 à 10 candies x'o,86 à 1,08 carcel). On a soin de la doubler d'une lampe de réserve qui s'allume automatiquement lorsqu'un accident survient à la première.
- Il est nécessaire que l'on puisse diminuer l'intensité de la lumière pendant la nuit. Pour cela, au Heu de mettre un voile sur les lampes, on peut adopter un système de mise en veilleuse.
- Si l'on emploie une dynamo génératrice sans accumulateurs,, chaque fois que l'on éteint une lampe, on introduit à sa place une résistance égale, afin de ne pas forcer la lumière des autres. M. Swan a construit dans ce but un appareil formé de lames de mica entourées d’un fil de fer nickelé. Cette solution a l'inconvénient que la production d'électricité est toujours la même, que les lampes éclairent ou n'éclairent pas. Si l'on voulait éviter cet inconvénient, il faudrait employer, comme dans les installations fixes, des régulateurs automatiques, agissant sur les balais de la dynamo génératrice, ou introduisant des résistances dans le circuit de son inducteur, mais le système deviendrait trop compliqué.
- Quand la source d'électricité se compose d'accumulateurs, on peut sans difficulté éteindre une lampe en la mettant hors circuit. On peut aussi augmenter sa résistance et, par suite, diminuer, en même temps que son intensité lumineuse, l'intensité du courant dérivé qui l'alimente et sa consommation d'électricité. Il est donc préférable d'avoir, pour servir de veilleuse, une lampe spéciale qui se mette dans le circuit par le fait de l'extinction de l'autre lampe; cette disposition a été adoptée parie « London Brighton Ry ».
- La source d'électricité peut être une pile primaire, un accumulateur, une machine dynamo seule ou enfin une machine dynamo, employée concurremment avec un accumulateur.
- A. Piles primaires. — En mars 1884, MM. Holmes et Burke ont fait essayer, par plusieurs Compagnies de chemins de fer anglais, une pile primaire spécialement combinée pour l'éclairage des trains. Cette pile a des électrodes de zinc et de charbon. Les solutions sont de l’acide sulfurique étendu et une solution d’un mélange de plusieurs sels baptisé « oxydone ». M. Langdon, électricien du « Midland Ry, » dans une communication faite à la Société des ingénieurs télégraphiques et des électriciens de Londres, a émis un avis favorable sur les résultats des essais (*).
- MM. Siemens et Crompton lui ont répondu qu’aucune
- (9 Le tableau suivant résulte des expériences de la Commission de l’Exposition de 1881 sur des lampes Maxim :
- Intensité lumineuse moyenne......... 37,7 2,00 1,44
- Carcels par cheval d’arc............ 16,88 15,89 n>i2
- (’) D’après M. Langdon, les solutions ont duré 10 heures, pendant lesquelles la lumière a pu être maintenue. En renouvelant les solutions, la pile continuait à fonctionner, mais il était nécessaire de réamalgamer les zincs deux fois par semaine. 11 fallait, pour 6 lampes de 5 candies, i5 éléments de pile d’un poids de 100 kilogrammes, occupant un volume de im.oo X o“,3o X o“,3o.
- pile primaire connue ne pouvait produire économiquement l'électricité. Et, en effet, toutes les inventions de piles économiques, annoncées à grand fracas dans ce dernier temps, ont disparu de la scène presque aussitôt après leur apparition, non seulement parce qu’elles ne sont pas économiques, mais parce qu'elles ont le grand inconvénient d'exiger les soins minutieux d'hommes spéciaux. Elles ne sont à leur place que dans un laboratoire.
- B. Accumulateurs. — Le « London Brighton Ry » a fait en octobre 1881 des expériences où des accumulateurs Faure, placés à demeure dans les voitures, étaient la seule source d'électricité. Le chargement se faisait par une dynamo spéciale, placée dans un local spécial et surveillée par un agent spécial, ce qui était d'autant plus dispendieux que le train était immobilisé pendant dix heures.
- Des perfectionnements apportés aux accumulateurs permirent de les enlever facilement pour les recharger et firent ainsi disparaître une grande partie des inconvénients. Néanmoins, la Compagnie préféra adopter le système plus économique Stroudley-Houghton qui, ainsi que nous le verrons plus loin, combine l'emploi des accumulateurs avec celui d'une dynamo, mue pendant la marche par l’un des essieux.
- La « Pennsylvania Railroad C° * aurait, d'après les journaux spéciaux, adopté depuis le commencement de cette année des accumulateurs Brush, pour l’éclairage de tous les trains de ses lignes.
- Le grand avantage de l'emploi des accumulateurs, c’est que l'éclairage de chaque voiture peut être rendu parfaitement indépendant. Il paraîtrait qu'à la « Pennsylvania Railroad C° » l'accumulateur de chaque voiture est constitué de telle sorte, qu'il peut en entretenir l’éclairage pendant i5 heures.
- Les accumulateurs employés seuls présentent les inconvénients suivants :
- i° Ils donnent lieu à une perte de 40 p. 100 du travail électrique qui aurait été disponible sans leur intermédiaire, ainsi que nous l'avons dit en parlant de la traction par les accumulateurs;
- 2° Il est nécessaire, si l'on ne veut pas immobiliser le train, de déplacer les accumulateurs pour les charger. Ces déplacements sont onéreux par eux-mêmes et sont une cause d'usure rapide pour les accumulateurs.
- C. Machines dynamos. — Si, pour les motifs que nous venons d’exposer, on repousse absolument les accumulateurs, on peut produire l'électricité au fur et à mesure de sa consommation par une dynamo actionnée directemen au moyen d'un moteur à vapeur à grande vitesse.
- Il existe bon nombre de moteurs satisfaisant aux conditions de simplicité, de grande vitesse et de facilité d'installation nécessaires à cet emploi particulier (!). Le plus répandu est le moteur Brotherhood à trois cylindres. Tous ces moteurs ont l'inconvénient de se détériorer assez rapidement et de donner Heu à une forte consommation de vapeur. En revanche, ils tiennent peu de place et leur marche peut être réglée en fonction de la consommation des lampes par un des régulateurs électriques Carus, Wilson Richardson, Cook, Westinghouse ou Williams (2).
- Des expériences ont été faites lors de l’Exoosition de Munich sur la ligne de Munich à Starnberg, pour l'éclairage d’un train au moyen d’une dynamo mue par un moteur Abraham à 4 cylindres. La vapeur était fournie par une chaudière spéciale placée sur un wagon plat en queue du train. M. Eug. Sartiaux dit, en rendant compte de ces expériences, auxquelles il a assisté :
- Le fonctionnement des lampes à incandescence a laissé beaucoup à désirer et cela devait surtout tenir à la marche irrégulière du moteu.r qui,
- (*) V. La Lumière électrique, 1884. « Les machines à vapeur rapides », par G. Richard.
- (2) V. Ibid.
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- comme tous ses similaires, absorbe beaucoup de vapeur et demande une surveillance constante.
- Il semble que ces inconvénients auraient disparu si l’on avait fait usage d’un régulateur électrique.
- Des expériences analogues ont été faites par M. Massey et VElectric Light C°. Le moteur était du type Williams, Tune des machines à simple effet non-compound les plus économiques. Il était alimenté par un générateur placé sur un fourgon spécial, afin de ne pas encombrer la locomotive t1;.
- 11 est probable que c’est à cette solution qu’on s’en tiendra le jour où l’on appliquera sur une grande échelle l’électricité à l’éclairage des trains. C’est celle qui est actuellement employée sur les bateaux à vapeur. Remarquons à ce sujet que, sur les navires, les dynamos ont été modifiées de façon à fournir la force électromotrice et le courant voulus à des vitesses variant de 400 à 65o tours par minute (2). Les moteurs rapides se comportent alors avec plus de régularité et sont plus économiques. Il est vrai que le poids et les dimensions des dynamos doivent être plus forts, mais cet inconvénient n’est pas majeur.
- D. Machines dynamos et accumulateurs combinés. — Aujourd’hui, la solution préférée consiste à placer une dynamo dans un fourgon, à la faire commander par l’essieu d’une paire de roues et à suppléer au manque d’électricité sur les rampes et dans les stations par l’emploi d’accumulateurs.
- Pour transmettre le mouvement de l’essieu à la dynamo, plusieurs systèmes ont été proposés. Les transmissions de ce genre doivent remplir plusieurs conditions : elles doivent, si l’on ne veut employer ni commutateurs ni régulateurs spéciaux du courant, pouvoir imprimer à la dynamo une rotation uniforme et toujours de même sens, que le train avance ou recule; elles doivent aussi fonctionner indépen damment de l’essieu par rapport au fourgon.
- On parvient à satisfaire à ces conditions par l’emploi de courroies attaquant les dynamos à l’aide des mécanismes inverseurs comme dans le dispositif de Rogers, ou indirectement par des embrayages à friction ou magnétiques cessant de fonctionner quand le train recule soit automatiquement, comme dans les appareils de Tommasi, soit à la volonté du garde ou du mécanicien, comme dans l’appareil de Starr. —- MM. Stroudley et Hong ht on ont employé la transmission par un galet intermédiaire appuyé sur le bandage dé l’une des roues du fourgon.
- IL existe aussi des transmissions par engrenages (système Rogers et système Boothby), mais elles doivent être rejetées, parce qu’elles comportent des mécanismes délicats qui ne pourraient fonctionner longtemps dans le tourbillon de poussière qui enveloppe toujours les essieux: On peut en dire autant de la solution de MM. Preece et James, qui consiste à placer sur les essieux des excentriques qui commandent des pompes comprimant de l’air dans des réservoirs, afin de s’en servir pour actionner un moteur Brotherhood.
- Le redressement des courants, de manière à leur conserver la même direction dans le circuit des lampes, quel que soit le sens de la rotation des dynamos, peut s’obtenir très simplement par un aiguillageou croisement des contacts qui relient le circuit aux pôles de la dynamo. MM. Tommasi et Stem et BiUingsby ont des appareils basés sur ce principe.
- p) D’après une communication faite à la Société des ingénieurs télégraphiques et des électriciens de Londres (i01‘ trimestre 1884), les essais auraient réussi. La lumière obtenue aurait été particulièrement économique : elle ne se serait élevée qu’à o fr. oi3 par lampe-heure de 19 candies, y compris l’entretien et le renouvellement des appareils. Les frais d’installation n auraient été que de 4.200 francs par train et auraient pu être réduits à 3,000 francs en installant le moteur et la dynamo sur la locomotive. Ce prix semble très bas. D’après les expériences faites jusqu’ici, il ne serait peut-être pas impossible à réaliser dans des installations fixes, à condition que les lampes aient 10 et non pas 16 candies d’intensité.
- (*) Conférence de M. Jamieson à 1’ « Institution of-civil engineers ».
- Cet aiguillage peut être effectué par une oscillation du cadre même qui porte les balais de la dynamo, comme dans le dispositif Votk et l’appareil de Stroudley et Houghton.
- Généralement la transmission est réglée de laçon que la dynamo fasse mille tours par minute quand le train aune vitesse de 32 kilomètres à l’heure. Il faut alors ou bien que la vitesse de la dynamo reste la même, lorsque celle du traiu augmente, ou bien que le couranttraversant les lampes conserve la même intensité quelle que soit la vitesse de la dynamo.
- C’est la première solution qui a été réalisée dans les essais de la Direction des chemins de fer royaux de Francfort-sur-le-Mein. Nous extrayons ce qui suit du compte rendu des expériences (1) :
- Sous les wagons, au-dessous de la machine dynamo, se trouvent des cônes tronqués correspondant à de seconds cônes tronqués attachés à l’un des axes du wagon. La forme des cônes tronqués, ainsi que le diamètre des poulies, sont choisis de manière à rendre constante la vitesse de rotation de la dynamo, quand le train a une vitesse de 3o à 70 kilomètres par heure. La transmission de la force aux dynamos et au régulateur (nécessaire par suite de la vitesse changeante du train), est effectuée par un rouage alternatif et des poulies assorties. A l’aide d’un gyrotrope instantané, le circuit dans lequel la machine dynamo est intercalée est rompu automatiquement, aussitôt que le train s’arrête ou qu’il va plus lentement que 3o kilomètres à l’heure ; et dans ce moment, par le même appareil, les accumulateurs sont intercalés dans le circuit. Pendant que le train est en pleine course, la charge des accumulateurs est effectuée, les lampes étant intercalées. Pendant le jour, les accumulateurs sont aussi chargés pendant la course, mais les lampes ne sont plus intercalées.
- Si l’on veut rendre l’intensité du courant des lampes indé-, pendante de la vitesse de la dynamo, plusieurs méthodes se présentent. MM. Stem et BiUingsby> ainsi que MM. Stroudley et Houghton distribuent le courant de la dynamo à une série d’accumulateurs, alternativement chargés, puis déchargés aux lampes à des intervalles réguliers. Cette solution ne peut donner un rendement plus élevé que celle qu consiste à employer des accumulateurs chargés avant le départ.
- M.. Tommasi arrive au même résultat par interposition d’une résistance variable avec la vitesse de la dynamo, dérivant aux accumulateurs une partie de son courant telle que le courant des lampes reste invariable. (Expériences de l’Est français et de l’Etat belge.)
- M. de Calo introduit, dans le circuit des lampes, à l’aide d’un arc de contact dont l’aiguille est manceuvrée par le manchon d’un régulateur à force centrifuge, un nombre d’éléments de piles secondaires variant en raison inverse de la vitesse des dynamos. (Expériences du chemin de fer ; du Sud-Autrichien.)
- Lorsque la vitesse du train descend en dessous d’une certaine limite (3o kilomètres à l’heure), la force électromo-trice du courant produit par la dynamo peut s’abaisser au- dessous de la force contre-électromotrice des accumulateurs., Alors, au lieu de se charger du côté du circuit utile, les accumulateurs ont une tendance à se déverser du coté de la dynamo. Il est donc indispensable d’interposer entre la machine et les accumulateurs uu organe propre à opérer automatiquement la disjonction au moment utile. II en existe plusieurs espèces, et nous citerons particulièrement. . celui du système Stroudley et Houghton et celui du système Tommasi.
- Il va sans dire que l’induit de la dynamo est formé de deux enroulements distincts dont l’un forme excitatrice séparée.
- Il n’est pas à notre connaissance qu’il ait été possible de charger les accumulateurs sans employer une machine fixe pendant le jour. L’éclairage ne peut donc être économique, d’autant plus qu’il faut un agent spécial dans le fourgoa où sont installés les appareils. D’après les mesures faites par la direction des chemins de fer rhénans à Francfort, la
- (*) V. Liî Lumière électrique du f mars i8S5.
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- lampe-heure de dix bougies coûterait io centimes et les frais de premier établissement seraient de 3.125 francs.
- Certains ingénieurs admettent qu'il faut placer des accumulateurs dans chaque voiture, afin que l’éclairage puisse s’y maintenir pendant une ou deux heures en cas de rupture d’attelage ou de séparation du train. C’est l’avis du journal de l’Unioo des chemins de fer allemands. Il n’est peut-être pas impossible d’arriver à ce résultat, mais, à notre connaissance, cela n’a pas encore été réalisé dans les essais faits jusqu’à ce jour. D’ailleurs, cette objection n’a pas empêché plusieurs exploitations de chemins de fer d’adopter l’éclairage au gaz, qui ne permet pas le sectionnement d’un train.
- Le mélange à volonté des voitures de Compagnies différentes est un desideratum auquel il a fallu renoncer pour le moment, à cause de la question des freins continus. L’unification de l’éclairage s’imposera un jour en même temps que l’unification des freins.
- Pour éviter l’emploi toujours coûteux d’accumulateurs, M. Tommasi a proposé un système mixte utilisant l’électricité pendant la marche et le gaz pendant les arrêts. Un petit appareil automatique intercalé dans le circuit général des lampes et faisant l’office de robinet, permet, toutes les fois que l’intensité électrique baisse, de fournir aux becs la quantité de gaz nécessaire au maintien de l’éclairage normal; quand, au contraire, le courant est assez fort pour alimenter les lampes à incandescence, les becs de gaz se trouvent ne plus brûler qu’à l’état de veilleuse, c’est-à-dire que leur consommation est réduite au minimum. Pour éviter qu’ils ne s’éteignent, une spirale en platine est placée dans la flamme de chacun d’eux; elle est constamment rougie et provoque instantanément le réallumage en cas d’extinction.
- Le système de M. Tommasi n’a pas encore été essayé pratiquement; l’économie de5i o/o annoncée parait tout au moins exagérée.
- En résumé, il semble que l’on aura beaucoup de peine à rendre économique l’éclairage par les dynamos et les accumulateurs combinés et que c’est plutôt en commandant directement une dynamo par un moteur placé sur la locomotive que l’on résoudra le problème.
- 2e SECTION. — CHAUFFAGE DES VOITURES.
- Le chauffage électrique des voitures de chemin de fer a donné lieu, dans ces derniers temps, à la prise de plusieurs brevets. Mais, faut-il le dire? la question est à peine entrée dans la période des expériences. A priori, on peut affirmer, sans vouloir parler du prix de revient, qu’il serait impossible de prendre la chaleur nécessaire aux locomotives, lesquelles donnent tout juste la quantité de force indispensable à leur service de traction : il est déjà bien difficile de leur faire produire de l’électricité pour l’incandescence de quelques lampes. Peut-être la question pourra-t-elle être résolue, si un jour on se décide à aménager un fourgon spécial constituant une véritable usine électrique mobile destinée à assurer les nombreux services d’un train en marche : éclairage, chauffage, ventilation, manœuvre des freins, sonneries d’alarme, appels spéciaux, etc., etc.
- Voici, d’après La Lumière électrique du 17 janvier i885, le compte rendu de la première expérience dont nous ayons connaissance :
- MM. Courcelles et Elu ont lait exécuter, il y a quelques jours, des expériences de chauffage électrique des wagons de chemins de fer, dans les conditions suivantes: la bouillote ordinaire est remplacée par une boîte en fer-blanc dans laquelle sont disposées transversalement environ 36 paires cte plaques de plomb. Chaque paire est traversée vers les extrémités par deux fils de fer qui passent sur toute la longueur de la boîte et se raccordent aux deux bouts avec les conducteurs de cuivre par lesquels le courant entre et sort. Par suite du petit diamètre du fil de fer, il se produit une élévation de température qui se communique aux plaques, et par elles à l’air contenu dans la boîte.
- Le courant employé pour ces expériences avait une force électromotrice de 55 volts et une intensité de 22 ampères (ce qui correspond à peu près à 120 kilogrammètres) et pouvait chauffer 5 bouillotes. 11 résulte de
- là qu’un wagon de quatre compartiments munis chacun d’une bouillote électrique, demande une dépense de force électrcmotrice d’environ ioo kilogrammètres. Pour un train de dix voitures, il faut donc un supplément de force motrice de i5 chevaux environ.
- RÉSUMÉ
- En résumé, voici les questions qui se présentent dans l’étude des applications de l’électricité à l’exploitation des chemins de fer (A) :
- INTRODUCTION.........................33o
- "L’emploi de l’électricité pour les appareils de sécurité ne peut-il inspirer la meme confiance que l’emploi des moyens mécaniques ?
- *N’est-ce pas à tort que l’on a dit autrefois que l’emploi des moyens électriques dans les appareils de sécurité, rendrait les surveillants moins attentifs et endormirait leur responsabilité ?
- A-t-on raison de limiter l’emploi de l’électricité au contrôle du personnel et à la transmission des signaux, ceux-ci devant être à leur tour contrôlés par le personnel, ou bien ne suffit-il pas que deux manœuvres électriques se contrôlent l’une l’autre (comme dans les disques électriques à contrôleurs électriques)?
- PREMIÈRE PARTIE
- Emploi de l'électricité pour la transmission à distance des signaux et des mouvements mécaniques.
- INTRODUCTION . . •................33ü
- Ne laut-il pas placer souterrainement les conducteurs électriques qui intéressent la sécurité, afin de les soustraire aux influences atmosphériques et aux actes de mauvais gré?
- "Ne faut-il pas, afin d’être averti immédiatement de toute interruption des lignes, qu’elles soient constamment parcourues par un courant continu, même lorsqu’on emploie des inducteurs magnétiques?
- "Ne faut-il pas préférer les générateurs magnétiques aux piles?
- Ivo SECTION. — LÉLECTRICITÉ COMME MOYEN DE CORRESPONDANCE
- Faut-il que les appareils permettent de conserver la trace des dépêches échangées ?
- 1. Télégraphes électriques ordinaires....................331
- Les rappels par inversion de courant peuvent avoir leur armature
- polarisée par un aimant permanent ou par un électro-aimant : dans le premier cas, l’aimant peut avoir ses pôles renversés par l’électricité atmosphérique ; dans le second cas, le réglage est difficile. Quel système faut-il préférer?
- 2. Appareils de correspondance à nombre de signaux limité. . . 332
- Faut-il, comme le fait la Compagnie du Nord français, donner la
- préférence à l’appareil à guichets en dessous de 5oo mètres et à l’appareil Guggemos au delà de cette distance? Ou bien serait-il désirable d’inventer un appareil nouveau réunissant des conditions déterminées?
- 3. Cloches...............................................377
- Les cloches Siemens, à postes de secours, ne doivent-elles pas être
- préférées? Leur prix élevé n’est-il pas un obstacle à leur adoption pour les'lignes peu importantes ?
- Faut-il préférer les cloches à un coup ou bien celles à volées de coups ?
- Est-il possible et désirable d’inventer un système de cloches ma-ntruvrées directement par l’électricité?
- 4. Téléphones............................................377
- "Ne peut-on employer les téléphones pour faire communiquer
- les stations avec le personnel de la vole et pour remplacer les télégraphes Morse des postes de secours?
- "•Ne peut-on suffisamment assurer la sécurité en enregistrant à la main les messages transmis ?
- Les bruits des gares empêchent-ils qu’on s’y serve de postes téléphoniques, même des plus perfectionnés?
- 5. Intercommunications dans les trains...................378
- Si l’on emploie un système d’intercommunication électrique,
- n’cst-il pas préférable d’employer un fil de retour, ou bien suffit-il de prendre comme « terre » les roues des wagons?
- Quel est le système d’accouplement électrique qu’il faut pré- „ forer ?
- Est-il préférable de combiner les accouplements électriques avec ceux des freins continus, suivant le système Preecc et Langdott?
- (’) Les questions les plus importantes sont marquées d’un astérisque.
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- Faut-il que le conducteur forme en meme temps cordc-signal, comme dans le système Pollitzer?
- Est-il désirable d’employer des inducteurs plutôt que des piles, ceux de Swez ou d’Abdank-Abakanowicz, par exemple?
- Faut-il que l’appel d’un voyageur produise un signal à l'extérieur du train ?
- Faut-il que le bouton d’appel soit garanti par une glace, ou par un papier, ou ne soit pas garanti du tout ?
- "L’expérience n’a-t-elle pas prouvé, contrairement à ce qu’il a été dit, qu’il est possible d’obliger les manœuvres à rattacher les conducteurs électriques lors de la formation des trains?
- Ne serait-il pas utile, afin d’obliger les gardes à entretenir les appareils d’intercommunication en bon état, de les combiner avec des avertisseurs indiquant, dans chaque voiture, le nom de la station dont le train approche ?
- 6. Communications des postes fixes avec les trains en marche
- cl de ceux-ci entre eux...........................................^79
- La solution du problème de la communication des trains en marche entre eux et avec les stations doit elle être poursuivie ?
- Faut-il continuer les expériences dans la voie où est entré •M. Phelps ?
- 2° SECTION. — L’ÉLECTRICITÉ APPLIQUÉE A LA RÉALISATION DES BLOCK-SYSTEMS
- 1. Bloclc-systems à signaux extérieurs indépendants des appareils de correspondance.............................................1-2 5
- Y a-t-il des cas où il y aura lieu de préférer ces appareils, même lorsqu’ils ne sont pas encore établis ?
- 2. Bloclc-systems à signaux extérieurs dépendant des appareils
- de correspondance intérieurs......................................4-6
- "Quelles sont les conditions électriques auxquelles doivent satisfaire ces appareils ?
- . Quel est le système soumis à une longue expérience qui réalise actuellement le mieux ces conditions?
- Peut-on admettre dans l’état actuel de l'industrie électrique que le signal d’arrêt d’un poste soit effacé électriquement à distance par le signaleur du poste suivant, comme cela existe dans l’appareil Lartigue ?
- 3. Bloclc-systems à pédales et à combinaisons automatiques. . . 473
- "Aucune des pédales connues n’étant exempte de défections ne
- faut-il pas, actuellement, borner leur rôle à celui d’un simple avertissement ?
- Faut-il chercher à perfectionner les pédales mécaniques et électro-magnétiques ou l'es contacts à trépidations, ou bien faut-il préférer les crocodiles, ou bien encore l’inducteur magnétique Du-cousso ?
- "Les pédales ou les appareils de contacts peuvent-ils être actionnés par toutes les roues d’un train, ou bien, afin d’éviter qu’ils ne fonctionnent par un wagon en dérive, faut-il munir d’un dispositif spécial le premier ou le dernier véhicule ?
- 4. Bloclc-systems entièrement automatiques..................473
- "Ces bloclc-systems pourront-ils être admis moyennant certaines
- réserves lorsqu’ils seront suffisamment perfectionnés ?
- Quel est celui des systèmes connus qui mérite d’être perfectionné?
- 3e SECTION. — L’ÉLECTRICITÉ EMPLOYÉE COMME MOYEN DE TRANSMISSION DE LA FORCE MÉCANIQUE
- Introduction.................................................47^
- *N’est-il pas désirable de pouvoir remplacer les tringles et les fils de transmission par l’électricité ?
- "Si oui, faut-il attendre pour le faire que des usines mettent partout l’énergie électrique à la disposition du personnel des chemins de fer, ou bien ne peut-on pas déjà produire l’électricité en quantité assez considérable pour la manœuvre des disques à distance au moyen de dynamos placées dans les cabines des signaleurs et actionnées par des poids ?
- 1. Manœuvre à distance des disques..........................473
- "Ne faut-il pas recourir de préférence aux transmissions électriques pour la manœuvre des disques au delà de i.5oo à 1.800 mètres ?
- Peut-on avoir confiance dans le fonctionnement des disques électriques à poids moteurs, existants ? Quelles conditions doivent-ils réaliser? Ne faut-il pas préférer ceux qui sont animés’d’un mouvement alternatif de rotation de 90° d’amplitude ?
- Parmi les appareils à action directe, le principe du sémaphore Currie et Timmis est-il à recommander ?
- Si non, dans quelle voie faut-il pousser les recherches ?
- 2. Interloclcing-systems....................................47 5
- "Quand faut-il préférer les enclenchements électriques aux
- . enclenchements mécaniques ?
- Doit-on chercher à réduire, par l’emploi des enclenchements
- électro-magnétiques, le nombre si considérable des leviers des cabines Saxby ?
- Le principe de l’intcrlocking-system Currie et Timmis, où les aiguilles restent seules manœuvrées' mécaniquement, ainsi que les verroiis des aiguilles prises en pointe, n’esl-il pas à recommander?
- Plutôt que d’employer des enclenchements électro-mécaniques mis en jeu par des boutons sur lesquels on pousse, n’est-il pas préférable d’obtenir les enclenchements, par des commutateurs actionnés, soit par les leviers des transmissions mécaniques, soit pâlies aiguilles elles-mêmes?
- 3. Manœuvre à distance des barrières, des machines-outils, etc. 52 1 N’est-il pas toujours plus pratique pour les barrières manœuvrées
- à distance de se servir de transmissions mécaniques ?
- Se sert-on avantageusement de l’électricité pour commander des machines-outils dans les ateliers, et dans quel cas ?
- N’y aurait-il pas avantage à se servir de l’électricité pour faire mouvoir dans les ateliers, les chariots transbordeurs dont on fait un usage fréquent ?
- Y a-t-il des cas où l’emploi de treuils électriques peut être avantageux ?
- 4. Freins électriques........................................521
- "Les freins électriques présentent-ils des avantages suffisants sur
- les autres espèces de freins continus pour mériter de nouveaux -essais ?
- "Faut-il continuer les essais faits à la Compagnie de l’Est français sur le frein Achard-Regray à entraînement, ou bien vaut-il mieux expérimenter le frein Siemens à action directe ?
- 5. Traction électrique.......................................52 f
- "Faut-il préférer pour les tramways la traction électrique par dynamo fixe à celle par accumulateurs?
- "Faut-il espérer dans l’avenir de la traction électrique des tramways ?
- La traction électrique ne devra-t-elle pas être préférée dans certains cas, pour les chemins de fer, à *la traction par accumulateurs à eau chaude ou même par locomotives ?
- "Quel est l’avenir de la traction électrique des chemins de fer?
- 4° SECTION. — AVERTISSEURS ET CONTROLEURS
- I. Avertisseure automatiques du passage des trains...........570
- "Les avertisseurs connus offrent-ils une garantie de sécurité suffisante ?
- 2. .Controleurs du fonctionnement des disques et des sémaphores. 5 JO Ne doit-on pas rejeter tout contrôleur dont le contact ne se fait
- pas par frottement ?
- Est-il avantageux dans les disques électriques de se servir, pour le circuit de contrôle, du fil électrique de manœuvre ?
- Quand est-il utile de doubler la sonnerie de contrôle par un répétiteur optique ?
- N’est-il pas nécessaire de placer la pile de contrôle au pied du signal ? Dans ce cas, peut-on faire usage de caisses en ciment enterrées ou partiellement enterrées ?
- Faut-il se servir, pour les contrôleurs, de piles Daniell ou de piles Leclanché ?
- 3. Contrôleurs de la position des lames d,aiguillcs..........bjo
- "Ne faut-il pas toujours que les aiguilles en pointe soient verrouillées mécaniquement, afin qu’on puisse les franchir sans ralentissement et, dans ce cas, l’emploi de contrôleurs électriques n’est-il pas • superllu ?
- Lorsqu’on emploie de pareils contrôleurs, ne faut-il pas que le contact de contrôle soit établi, non par une tige reliée à l’aiguille, mais par l’aiguille elle-même, comme dans le contrôleur à mercure ?
- 4. Contrôleurs des feux de disques...........................571
- "Le photoscope de la Compagnie de Lyon, le seul qui ait donné
- •lieu à des essais étendus, ne doit-il pas être perfectionné avant de pouvoir être appliqué à tous les disques qui ne sont pas vus du poste de manœuvre ?
- 5. Contrôleurs de la vitesse des trains......................571
- "Les appareils Leboulangé ne doivent-ils pas être préférés aux
- contrôleurs électriques connus ?
- DEUXIÈME PARTIE
- I10 SECTION. — ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE I. Gares.
- I. Gares à marchandises .....................................5 71
- "Dans lçs gares à marchandises à trafic interne, l’éclairage électrique ne doit-il pas être préféré tant au point de vue de la sécurité qu’à celui de l’économie ?
- "Quel mode d’éclairage convient-il d’adopter pour les gares à marchandises ?
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Ô22 y ""
- •Quel est le minimum d'intensité lumineuse qu’il faut obtenir par mètre carre dans les espaces découverts et sous des hangars couverts ?
- 2. Gares à voyageurs. . . .'.............................61G
- Quels sont les avantages que l’emploi de la lumière électrique permet d’obtenir dans les gares à voyageurs ?
- I[4 — Ateliers et salles de travail........G16
- Quand faut-il employer la lumière électrique dans les ateliers et les salles de travail ?
- III. — Trains en marche.
- 1. Locomotives...........................................617
- •Quand faut-il employer des fanaux électriques pour les locomotives ?
- Vaut-il mieux les placer à l’avant ou à l’arrière ?
- Y a-t-il danger que les mécaniciens des trains croisants et les agents de la voie soient éblouis par ces fanaux?
- N’y a-t-il pas, en tous cas, avantage à disposer, dans chaque remise de locomotives, d’une machine de secours munie d’un fanal électrique ?
- 2. Voitures des trains en marche........................G17
- •Quelle source d’électricité faut-il préférer lorsqu’on se décide à
- éclairer par l’électricité les trains en marche?
- Les dynamos seules ne constituent-elles pas la source la plus économique ? A-t-on pu obtenir un bel éclairage par ce moyen ? Ne faut-il pas réduire la vitesse des dynamos, comme cela se fait dans les navires?
- Quand on emploie des accumulateurs combinés avec une dynamo, vaut-il mieux agir sur celle-ci pour que sa vitesse reste la même, quelle, que soit la vitesse du train (entre certaines limites), ou bien agir sur le courant qui traverse les lampes pour qu’il conserve la même intensité, quelle que soit la vitesse de la dynamo? Dans ce dernier cas, faut-il préférer le principe des systèmes Stern-Billingby et Stroudley-Hougton ou celui du système Tommasi ou du système de Calo ? _ •
- Peut-on espérer des résultats économiques d’un système d’éclairage mixte (par l’électricité et le gaz) ?
- 2° SECTION» — CHAUFFAGE ÉLECTRIQUE DES VOITURES
- Y a-t-il lieu de poursuivre en ce moment les expériences de
- chauffage électrique de MM. Courcelles et Elu................620
- CONCLUSIONS
- Parmi les questions précédentes, il en est deux qui ont été renvoyées à une commission de chemins de fer par le Congrès d'électricité de 1881, ainsi que nous l'avons fait observer dans notre Introduction. Acause de leurimportance, elle nous paraissent pouvoir faire l’objet d'un vœu à émettre par le Congrès. Répétons-les ici :
- Les moyens électriques ne sont-ils pas assez sûrs pour qu'on puisse leur confier la sécurité des chemins de fer ?
- N'est-ce pas à tort que Von a dit que Vemploi de ces moyens, insuffisants par eux-mêmes, rendrait les surveillants moins attentifs et endormirait leur responsabilité?
- Peut-être !e Congrès voudra-1-il aussi s'occuper de résoudre les deux questions d’ordre subsidiaire suivantes :
- Ne faut-il pas, d’une manière générale, préférer les générateurs magnétiques aux piles ?
- Ne faut-il pas, afin d’être immédiatement averti de toute interruption de lignes, qu’elles soient constamment parcourues par un courant continu même lorsqu’on emploie des inducteurs magnétiques?
- L'etude des autres questions fera probablement reconnaître à tous les délégués qu'il serait surtout utile de perfectionner les cloches électriques manœuvrées directement par des inducteurs, les intercommunications électriques à ihducteurs,, les pédales ou les appareils de contact élec-triques/les disques manœuvrés directement par l'électricité, les freins électriques, les moteurs électriques, les moyens d'éclairage électrique des trains,-etc.
- Mais en ce qui concerne principalement les intencommu-nications, les appareils de contact, les freins et l’éclairage des voitures, les expériences nécessaires ne pourraient être tentées que par une grande exploitation de chemins de fer
- et elles demanderaient beaücoup de travail et des dépenses notables. Ne serait-ce pas un trop lourd sacrifice pour une seule Compagnie?
- Le Congrès pourrait, semble-t-il examiner utilement quel moyen il y a lieu de préconiser pour arriver à une entente à ce sujet.
- L. Weissenbruch,
- Ingénieur du Ministère des chemins de fer, Postes et Télégraphes.
- FAITS DIVERS
- Les fabricants d'appareils électriques à l'Exposition du travail sont dispersés un peu partout dans, le Palais de l'Industrie et ce n'est pas. en une seule fois qu'on parvient à les découvrir. Nous signalerons aujourd'hui ceux qui se trouvent au rez-de-chaussée dans la partie située du côté de la place de la Concorde.
- Le professeur Didier, électricien-magnétiste, expose des petites machines magnéto-électriques qui permettent de traiter à peu près toutes les maladies connues ou mêmes inconnues. M. de la Sone, ingénieur, a inventé les bains électriques, excellents, à l’en croire, contre les migraines, douleurs, gouttes, etc. Nous sommes heureux de pouvoir nous passer de ces moyens infaillibles de guérison.
- M. Chaudron présente des piles thermo-électriques de divers modèles pour laboratoire. A côté de lui, M. Diard, à des piles bouteilles, des bobines Ruhmkorff, à l’usage des amateurs. M. Loiséaû se contente des sonneries électriques, et M. Petitjean de téléphones domestiques : il n’y a là rien de neuf, pas même le prétendu bon marché.
- Nous trouvons chez M. Mildé la lampe Cruto à incandescence et quatre types de machines dynamo-électriques capables d’alimenter 6, 10, 35, et 65 lampes de 10 bougies. La force motrice correspond sensiblement pour les deux plus fortes à 17 lampes de 10 bougies par cheval, ce qui est sans doute exagéré.
- M. Rueff a imaginé pour les personnes qui n'aiment pas qu'on entre chez elles sans frapper, des charnières électriques qui préviennent de l'ouverture des portes.
- Peu de personnes savent que l’Etat possède à Cluses une école nationale d'horlogerie à laquelle le Ministère du Commerce vient de joindre la construction des horloges de grande dimension et des appareils télégraphiques.
- Les 'candidats, à cette école, peuvent demander au ministère le programme d'admission.
- Uue curieuse expérience, qui peut devenir féconde en application thérapeutique, a été soumise à l'Académie des sciences, dans sa dernière séance.
- On peut faire traverser une partie de l'organisme humain à un corps simple à l'aide d'un courant galvanique.
- Ainsi, en un point des bras, on place de l'amadou imbibé d'iodure de potassium et sur l'amadou arrive le pôle négatif de la pile. A l'opposé du bras aboutit le pôle positif ; le courant alors s'établit et décompose le corps composé; le potassium reste au pôle négatif, point de départ, et l'iode pénètre dans l'organisme et arrive même jusqu’au pôle positif où il se dépose à l’état solide.
- Dans la journée du i5 août, vers quatre heures, un incendie a éclaté chez un tailleur du passage des Panoramas et a mis en émoi tout le quartier. Mais chacun a pu con-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÈLECTRIClTÊ A-4''<&3'
- stater, comme nous l’avons fait nous-même, l’excellente organisation des secours. Grâce au signal d’appel installé à la Chambre de commerce, un quart d’heure ne s’était pas écoulé depuis le moment où le sinistre avait éclaté, qu’une pompe â vapeur, plusieurs pompes â bras et l’échelle de sauvetage arrivaient sur les lieux. Grâce à la promptitude des secours, les dégâts matériels ont été peu de chose. Nous avons entendu autour de nous beaucoup de personnes faire, à ce propos, l’éloge des services que l’éleclricité est appelée à rendre en semblables circonstances.
- Ne serait-il pas bon que le fil qui sert à transmettre les avertissements automatiques, fût, de plus, utilisé à l’installation d’un téléphone qui permettrait de tenir l’état-major des pompiers et la police au courant de la marche de l’incendie, et d'en suivre, en quelque sorte pas à pas, les progrès.
- A l’occasion du Congrès télégraphique de Berlin, la Société électrotechnique de cette ville a organisé une Exposition d’électricité, qui, malheureusement, ne renferme que très peu d’inventions nouvelles.
- L’ « Electric Power C° » de New-York vient d’établir un chemin de fer électrique entre Baltimore et Hampden sur une distance de deux milles et demi. La voie contient un grand nombre de courbes et monte à quelques endroits jusqu’à 352 pieds par mille. Néanmoins le moteur transporte une voiture avec 65 voyageurs, sans aucune difficulté.
- Les essais de traction électrique par le système Dapt ont déjà commencé sur le chemin de fer aérien de la Neuvième Avenue de New-York. Ces expériences ont parfaitement réussi, et le système fonctionnera bientôt d’une façon régulière sur cette ligne.
- Le 20 août dernier, la foudre a frappé une machine dynamo dans la station centrale à Trie en Pennsylvanie. La machine a été détruite et tous les foyers électriques dans les rues ont été éteints.
- Éclairage électrique.
- Nous empruntons à notre confrère le « Bulletin international des Téléphones » les détails suivants sur les installations de lumière électrique dans les moulins :
- « Les [exemples d’éclairages électriques industriels que nous avons déjà donnés, ont mis en évidence les avantages de l’électricité dans ce genre d’applications. Ces avantages sont considérables surtout si l’on possède la force motrice; dans ce cas en effet les dépenses de premier établissement, aussi bien que les frais d’entretien, se trouvent singulièrement diminués.
- « Nous pouvons citer aujourd’hui de nouveaux chiffres; ils proviennent de l’installation exécutée par M. Roussy dans ses moulins de Gilamont, près Vevey, Suisse. La lumière est produite dans cette usine (fort importante, puisqu’elle fournit par jour 35o quintaux métriques de blé) par une machine électrique Edison. Celle-ci alimente i35 lampes à incandescence, d’une intensité de 6 bougies et brûlant jo heures par jour. La durée moyenne des lampes a été de 3.007 heures.
- « La dynamo, qui marche depuis le 25 février 1882, a toujours fonctionné d’une manière parfaite, sans jamais chauffer; sa vitesse est de 1.6S0 tours à la minute et elle ne dépense que 5 chevaux de force. Une fois seulement» on a dû changer le collecteur qui était usé.
- « Le compte exact, établi comme prix de revient de la lumière, permet de constater les chiffres suivants, calculés
- du 25 avril 1882 au 3i décembre i833, soit, pendant 6i5 jours de travail de 10 heures :
- 139 lampes employées à 6,25.............Fr. 868 75
- Frais divers, entretien............................ 3g 75
- Travail d’ouvriers, réparations................... 166 10
- Total....................... 1.074 60
- sans amortissement, sans intérêt et sans force motrice.
- « En répartissant cette somme, on trouve les chiffres suivants de dépense :
- Fr. 1.7S par jour pour i35 lampes; o,oi3 par jour et par lampe ;
- 0,0013 par heure et par lampe.
- « Si l’on veut compter un amortissement et des intérêts, on
- arrive aux résultats suivants :
- Dépenses pour6i5 jours...................Fr. 1.074 60
- Avec amortissement 100/0.................... . 1.166 70
- Avec intérêt 5 0/0............................ 726 45
- et sans force motrice.
- Total.....................2.967 75
- « En répartissant cette somme, on trouve une dépense de : Fr. 4,82 par jour pour i35 lampes; o,o35 par jour et par lampe; o,oo35 par heure et par lampe.
- « En outre, les frais d’éclairage du ior janvier 1884 au 3i décembre I884 se sont élevés, suivant grand livre, à fr. 493,05, de telle sorte que la dépense pour l’année 1884 peut s’évaluer de la manière suivante :
- Dépenses pour 365 jours................Fr. 493 o5
- Avec amortissement 10 0/0....................... 692 40
- Avec intérêt 5 0/0.............................. 431 10
- et sans force motrice.
- Total.........................1.616 55
- « Ce qui représente une dépense de :
- Fr. 4,48 par jour pour i35 lampes ;
- o,o33 par jour et par lampe ;
- o,oo33 par heure et par lampe.
- « L’économie réalisée pendant l’année 1884, s’explique par la réduction du prix des lampes (qui coûtent 5 fr. au lieu de 6 fr. 25), et par l’usage du modérateur Roussy dont nous avons parlé l’année dernière. On sait que, grâce à ce modérateur, la lampe électrique peut être entièrement assimilée à un bec de gaz que l’on monte ou que l’on baisse à volonté; son emploi permet de régler l’allure des foyers et de leur assurer une durée plus considérable. »
- Le syndicat du Palais-Royal a reçu l’adhésion du Théâtre-Français, du théâtre du Palais-Royal et du Conseil d’Etat, de sorte que le succès de l’éclairage électrique est complètement assuré. Mais avant de procéder aux installations définitives, les abonnés profitent des clauses libérales de leur traité avec la maison Breguet pour étudier les qualités et les avantages pratiques des divers systèmes de lampes d’incandescence qui leur sont proposés. Nous engageons nos lecteurs qui ont de nouvelles combinaisons, à les présenter, avant que les résolutions soient définitives.
- Les personnes qui passeront le soir dans les galeries pourront se rendre compte, par elles-mêmes, du succès avec lequel les installations ont été organisés.
- D’après les renseignements qui nous parviennent, les lampes Gérard sont actuellement en faveur, tant pour la blancheur de la lumière, que pour l’effet décoratif et le bon marché.
- Télégraphie et Téléphonie.
- Nous empruntons à notre confrère américain le Scientijic Américan, l’article suivant qui complétera les renseignements que nous avons publiés sur Reis :
- «C’est un principe parfaitement établi dans la jurispru-
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-
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- O24
- dence, qu’un brevet garantit les droits d’un inventeur, même dans le cas qù l’objet breveté recevrait une autre application que celle que lui destinait, tout d’abord, l’inventeur, ou dont le brevet n’aurait pas fait mention. Dans plusieurs des procès que Bell a eu à soutenir, ses adversaires s’étaient fait une arme de ce que, dans un premier brevet, M. Bell n’avait pas fait stipuler que son téléphone était destiné à la transmission de la parole. Cette lacune ne saurait suffire, cependant, à rendre nul un brevet qui comprendrait toutes les autres applications possibles.
- « Le même raisonnement s’applique au cas de l’ancien téléphone Reis. De 1859 à 1874, Phillip Reis a inventé, construit et expérimenté un certain nombre de différents appareils téléphoniques. Il mourut en 1874. Conformément à l’usage reçu eu téléphonie, il avait classé ses appareils en deux groupes: les transmetteurs et les récepteurs. Pendant ces dernières années les instruments de Reis ont été souvent essayés et il a été définitivement constaté qu’ils peuvent transmettre la parole. Ce fait semble donc établir une priorité incontestable sur la prétention émise par Bell d’être le premier inventeur de la transmission électrique de la parole. 11 n’en est pas moins vrai, cependant, que l’on conteste à Reis le résultat obtenu. On prétend que ses appareils n’étaient destinés qu’à la transmission des sons en général, comme, par exemple, d’un air chanté dans le transmetteur ou joué sur un instrument quelconque. Il y a une grande analogie entre le brevet Bell de 1876 et les téléphones de Reis, la possibilité de transmettre la parole existant d’une manière évidente dans les deux instruments. Et cependant aucun des deux inventeurs n’a jamais réclamé directement à ce sujet. Toujours estdl que cette analogie indiscutable, établit la priorité en faveur de Reis de fa manière la plus complète. Les deux savants se sont servis des mêmes moyens pour arriver au même but, mais aucun d’eux ne réclame nettement la priorité.
- « En rendant leur jugement en faveur du brevet Bell, les tribunaux ne se sont pas beaucoup préoccupés des inventions de Reis. L’un des juges a même cru pouvoir affirmer que Reis n'aurait pas été capable d’établir un téléphone pratique en y mettant un siècle! Les considérants du jugement établissent la priorité en faveur de Bell d’une façon tellement large que si l’on voulait aujourd’hui placer un transmetteur de Reis dans une maison et un récepteur Reis dans une autre en reliant les deux appareils par un fil pour établir une correspondance verbale, on risquerait fort d’être poursuivi pour contrefaçon par Bell, quoiqu’on n’eût employé, cependant, que des appareils inventés par un homme mort en 1874, c’est-à-dire deux ans avant que Bell ait pris son brevet (1876). En admettant que Reis ait employé lui-même ses téléphones pour la transmission de la parole, il en résulte que le célèbre inventeur peut être traité d’imitateur par anticipation. En résumé, il est plus que probable que les téléphones de Reis qui ont transmis des sons, ont également transmis la parole du vivant de l’inventeur puisqu’ils le font parfaitement aujourd’hui. Rien que cette dernière raison devrait suffire à établir la priorité de Reis sur les réclamations de Bell; mais où la priorité deviendrait tout à fait indiscutable, c’est dans le cas où l’on arriverait à prouver d’une manière irréfutable, que ces appareils avaient transmis la parole du vivant de Reis.
- « On a bien cité, comme preuve, de nombreux extraits des Mémoires de Reis; mais ils ont tous été considérés comme insuffisants; de même que le brevet Bell de 1876 n’établit nullement droit de priorité de ce dernier pour l’invention de la transmission de la parole. Un appel aux contemporains de Reis a donné des résultats plus satisfaisants. Un certain nombre de lettres provenant des amis de Reis ont été publiées dans le livre deM. le professeur S. P. Thompson sur le téléphone Reis, et beaucoup de ces lettres sont signées par des hommes qui occupent une haute position dans le monde scientifique. Quelques-unes de ces lettres
- apportent la preuve que la' parole était déjà transmise par les téléphones dans la période de .1859 à 1864. D’autres, sans être aussi affirmatives, partagent l’unanimité générale à ce sujet.
- « Le jugement rendu en faveur de Bell, constitue une preuve éclatante de l’habileté des avocats de la Compagnie Bell. Une série aussi mince de revendications n’a probablement jamais servi à protéger un monopole d'une manière aussi efficace. Certes, nous sommes partisans de la protection à accorder aux inventeurs, et nous ne saurions trop nous élever contre les tendances que montrent les Tribunaux, depuis quelque temps, à annuler des brevets; mais on ne doit pas moins blâmer les revendications injustes pour un brevet. Un monopole, qui a rapporté à son inventeur environ 5oo millions ne doit reposer que sur une base solide.
- « L’inventeur a donc été amplement récompensé de ses travaux. Et comme les susdits travaux ne déterminent en aucune façon la priorité de l’invèntion en sa faveur, et que le public souffre véritablement du monopole exclusif qui a été donné à la Société d’exploitation, il est temps d’examiner ses prétentions avec plus de" soin et d’en limiter la portée. Nous espérons que la Cour suprême le fera d’une manière efficace dès que l’occasion se présentera.
- < Les avocats, en général, sont d’avis que la Cour suprême a été trop sévère à l’égard des premiers brevets et des additions. Un Dombre comparativement restreint de ces brevets a cependant trouvé grâce devant elle, mais ceux de Bell ne sont pas encore venus devant ce tribunal, qut juge sans appel. Et quand le moment sera venu, ils seront certainement limités. L’action, tant de fois critiquée, de ce tribunal, produira enfin de bons résultats et tendra à définir et à limiter un monopole qui est devenu une plaie pour le public. Toute justice a été rendue à l’inventeur. Tl ne s’agit plus, aujourd’hui, que de trouver le moyen de mettre un frein aux prétentions exagérées d’une aussi formidable association. D’un côté* se trouvent les actionnaires en nombre relativement restreint, et de l’autre, la généralité du public. L’inventeur et sa famille ont gagné des fortunes avec le brevet. La Société elle-même a fondé une affaire que la déchéance complète de tous les brevets existants ne pourrait détruire. Par conséquent, la déchéance des brevets de Bell n’entraînerait aucune calamité, et le public y gagnerait énormément ».
- La ville de Boston contient 900 lignes téléphoniques particulières dont les trois quarts appartiennent à la Compagnie des téléphones qui les vend aux particuliers.
- La « New-York and New-Jersey Téléphoné C° » possède, aujourd’hui, dans la ville de Brooklyn même, 2.500 abonnés, sans compter i5o dans le faubourg de Flatbush, etc. La longueur du fil employé s’élève à 3.3oo milles, suspendu sur un parcours de 85 milles de rues. La Compagnie s’est décidée à mettre une partie de ces fils sous terre, dans une canalisation en bois imprégné de créosote, et divisée en plusieurs compartiments contenant des câbles de 25, 5o ou 100 fils. On croit qu’en remplaçant les fils de fer par d’autres en cuivre, la Compagnie pourrait réduire de moitié le nombre des poteaux placés dans la partie la plus peuplée de la ville. La « Western Union C°» possède 5^0 poteaux et 181 milles de fils à Brooklyn.
- Le réseau téléphonique de Saint-Paul en Minnesota compte 700 abonnés avec une moyenne de 4.600 communications par jour.
- Le Gérant ; Dp C.-C. Soulages.
- Paris.— Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire.—59980.
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- TABLE DES MATIÈRES
- DU TOME XVII
- Pages
- A
- Accouplement (Plateaux d’).................... 5gi
- Accumulateurs Howard. . ....................... • 35
- — (Charge et décharge des). — Crova et Garbe. 219
- Aimantation de l’acier dur................. 132
- Ancre, indicatrice. — Anderson et Kennclly ..... 320
- Anneaux électro-chimiques et hydrodynamiques. —
- C. Becharme................ 289, 3q5, 439 et 533
- Appels téléphoniques. — Elsasser.............. 93
- Armature à. molécules orientées. — Gravier .... 17
- B
- Bibliographie :
- — Traité élémentaire d’électricité. — Colson. 41 — Piles électriques, thermo-électriques et les
- accumulateurs. — Hauck............. . 42
- — Analyse des hypothèses physiques.— Zanon 43
- — Eclairs et tonnerres. — W. de Tonvielle. . 91
- — ' Traité élémentaire des mesures électriques.
- — licnvpe............................ 139
- — Revue internationale de l’électricité et de
- • ses applications . . ............... 236
- — Leçons élémentaires de télégraphie électrique. — Michaut et Gillet................... 329
- — ' Traité théorique et pratique des machines
- dynamo-électriques, par S. Thompson.
- Clemenceau........................ • • 519
- Block-System (Appareils de) :
- — Siemens et Halske.......................... 49
- — Lartigue...................... 102, 148 et 197
- — Tesse ................. 102, 148 et 197
- — Prudhomme..........;.... 102, 148 et 197
- — Krizik 199
- — Hattener et Kohlfürst ............. 244
- Tyer et Farmer. .............. . ...... 247
- de la Compagnie P.-L.-M........... . . . 249
- — ' ' Chaperon et P.odary; ;.............. 25o
- Page»
- Block-System Régnault. ...................... 295
- — Tyer. ................................ 3oo
- — Radcliffe............................ 302
- — Hodgson.............................. 349
- Brevets Edison. — J. Bourdin.................. g14
- G
- Câbles (Pose des) pour la lumière électrique. 320
- Chemin de 1er électrique de vienne............ . 228
- Chronique. 35, 87, i32, 184, 23o, 276, 321, 36g,
- 418, 466, 514, 56o et 609 Communication téléphonique entre deux bureaux
- centraux. — Elsasser..................., . 5i8
- Comparateur-Régulateur par chronographe. —
- V. Flamache............................... . 283
- Conductibilité électrique et le coefficient de température du mercure solide. — Weber. 29
- — électrique des solutions salines.— Vicentini.
- 23i-271
- — électrique du mercure et des métaux purs.
- — Cailletet et Bouty. .......... 3i3
- Conférence internationale télégraphique de Berlin . 415
- Correspondances spéciales de l’étranger :
- — Allemagne. — Michaelis. 32, 129, 226, 365,
- 4i5, 512, 554 et 6o5
- — Angleterre.— Munro. 34,85, i3i, i83, 227,
- 274, 3i8, 366, 416, 464, 5iO, 556 et 607
- — ' Autriche. — Kareis ...... 228, 367 et 558
- Correspondance (Voir Lettres).
- Courants alternatifs pour la mesure des résistances
- liquides. — Bouly et Foussereau. . ........ 312
- Coupe-circuit. — Thomson et' Bottomley ...... i83
- — ' — ...... 320
- D
- Danger des générateurs secondaires. — Hopkinson. 556 Déclinaison magnétique à Rio-de-Janeiro'.— Crulé. ' 1T Dépolarisation des piles; — Clemenceau . . 4 . . . 326
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-
-
- WWW#* —.
- ' 626 LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pages
- Détérioration des métaux dans l’eau de mer mêlée
- à l’eau douce. — Andrews................ 87
- Détermination électrique de l’équivalent mécanique
- de la chaleur. — Webster-Richard........ S4S
- E
- Eclairage électrique Brush . . .............. 63
- — Edison................................ 306
- — Thomson-Hcuston................... 257
- — Weston........................ in, 168 et 204
- — en Amérique.—Abdank-Abakanowicz. 111,
- 168, 204 et 3o6
- — — Aug. Guerout. . 8, 63 èt 257
- — à Berlin............................. 5i2
- — en Suède........................... 89
- — à Temesvar........................ 367
- — des bacs à vapeur............. . . 209
- — à bord des navires. —Snell. . . . ... . . . 464
- — — de guerre. . ... . . . . . 465
- — de l’Hôtel de ville de Vienne. ......... 22Q
- , -, -r- dans les Etats de l’Ouest (Amérique).
- G. Duché ....................... 5ç3
- . — dans la marine autrichienne............. 368
- — militaire en Allemagne.................. 129
- — du pont de Brooklyn..................... 204
- — des phares en Angleterre............ 5io-558
- — du Théâtre Royal de Berlin............. 5i.3
- — (Répartition de la lumière dans 1’). —
- Wybauw.............................. 184
- — (Répartition de la lumière dans 1’). —
- Clemenceau........................... 184
- Electricité, d’après Edison. . ................ 282
- — appliquée aux chemins de fer. — Weissen-
- bruch. 33o, 377, 425, 473, 521, 568 et 616
- — atmosphérique. — Palmieri-Faye........... 69
- — — Palmieri............... . 56o
- — — Smith................ 87
- — — Mascart............. 72-269
- — — Faye. . . . 119, 174 et 266
- — — en Belgique. — Evrard . 23o
- Electro-calorimètre. — Application à l’étude des
- générateurs secondaires Gaulard et Gibbs. —
- Roiti......................................... 495
- Electro-dynamomètre. — .Giltay..................... 24
- Electrolyse appliquée à la fabrication de l’aluminium. — Senet. . ............................. 91
- f— appliquée aux analyses quantitatives. —
- ' ' ' Classen............................ 226
- — appliquée à la métallurgie de l’or. — Cassel. 27S
- — — à l’art dentaire. — Ames...... 557
- '— d’une solution ammoniacale. —Millot. . . . 362
- Electromètre comparé avec le thermomètre de
- . Riess. — Roiti. ............................ 547
- Electrométallurgie du cuivre. — Marchese .... 32
- Electro-sémaphore. — Lartigue..................... 102
- Enregistreur de l’intensité calorifique de la radiation solaire. — Crova......................... 36o
- Étalon de volt. — Gaiffe.......................... 362
- " "— dé force électromotrice. — W. Thomson. . 463
- Etincelle électrique. — Son action sur l’acide carbonique. — Dixon et Lowe......................... 85
- F
- Faits divers :"
- ^ ..Aérostats dirigeables . .... 477
- Pages
- Aérostats dirigeables Jules Godard................. 67.8
- Aérostdtion Gower............................... 237
- Adjudication de fournitures pour l’électricité. 428-479
- . Allumeur thermo-électrique Pernet.............. 477
- Ancre indicatrice Anderson et Kennelly.......... 575
- Avertisseurs électriques d’incendie à Chicago. . . 45
- — — à New-York . 144
- — — à Paris .... 6i3
- Balance électrique.............................. 141
- Bateau torpilleur électrique en Russie.......... 140
- — électrique Reckenzaun.................. 574
- Brevets au Japon................................ 141
- — aux Etats-Unis.......... 430, 478 et 525
- Byrtospermum Parkii............................. 140
- Câbles sous-marins............... 191, 287 et 575
- Câbles sous-marins entre :
- Aberdeen et les îles Shetland.......... 240
- — Auckland et Fiji....................... 143
- — Buenos-Ayres et Rio-de-Janeiro . . 144-382
- — Burghead et Hirmsdale................... 47
- — l’Europe et le Cap................. 144-192
- du golfe de Perse................... 48-336
- — Rio-Nunez, Grand Bassam, Porlo-Novo,
- le Gabon et St-Louis (Sénégal), igi-335
- — Quelpaert-Yang-tse-Kiang............... 239
- — Ténériffc et Cadix..................... 336
- — Stronza et les îles Shetland........... 526
- — (Protection des)........ 14.3, 239 et 382
- Câbles sous-marins (Interruption des):
- — Aden-Bombay......................... 47-480
- — Antigua-Guadeloupe..................... 240
- — Bakou-Krasnowodsk..........!... 240-480
- — Brest-Saint-Pierre..................... 240
- — Commercial Cable C°.................... 432
- — Etats-Unis et les Indes................ 240
- — Guadelonpe-Dominiqùe................... 240
- — Newerk-Hetigoiand...................... 47
- — Rio-Grande-Montevideo................... 47
- — ’ Souakim-Suez........................ 240
- — Souakim-Perim...................... . . 240
- Chariot électrique............................. 333
- Chemin de fer électrique aérien à Gutperle .... 140
- — à New-York........................ 623
- — à Bessbrook....................... 429
- — à Blackpool....................... 333
- — à Boston.......................... 288
- — à l’Exposition d’Anvers. . 140, 23? et 429
- — de la Nouvelle-Orléans................. 574
- — à Londres.............................. 429
- à Philadelphie........................ 141
- — à Saint-Louis........................ 285
- — à Southport....................... 525
- — à Toronto......................... 43o
- — à Yarmouth.. ....................... 94-285
- Communications électriques souterraines à Baltimore....................................... 144
- — aux Etats-Unis..........94, 141 et 144
- — à Uondres......................... 143
- — à New-York........................ 144
- — à Washington...................... 240-480
- Cravache électrique pour dompteurs.............. 237
- Eau oxygénée (sa préparation en grand )......... 573
- Eclairage électrique en Algérie.................. ç5
- — en Angleterre ......................... 285
- — à Arequipa......... .................... 47
- — à Auckland. ........................... 191
- — en Australie . ^ .......... 431
- — à Berlin .............................. 4^o
- — à Bloomington.. ........................ 95
- — à Brooklyn. ............q5, 289 et 43i
- — à Cajamarca......................- . 47
- p.626 - vue 630/640
-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 627
- Pages
- Eclairage électrique à Callao.................... 47
- — au Canada......... ................ 190
- — à Chicago.. . ........ 192
- — ' à Cincinnati........................ 47
- — à Clevelànd........................ 239
- ’ â Cùzcô. .... 47
- — à Dèssau............................ 43o
- — à Detroit...................... 47-431
- — à Edimbourg.......... 190
- — à Evansville....................... 191
- , — à Flint............................... 47
- — à Fort-Wynnc....................... 191
- — au. Guatemala .................. 142-431
- — à Hastings.......................... 190
- — à Indianapolis................... 46-335
- ‘ —‘ à Kansàs-City.'. ‘.................. 47
- — à Lawrence..................... 142-286
- — à Liège.................. 45, 334 et 574
- : — a Lima............................ 47
- — à Lôckport, 335
- — à Londres.......................... 191
- — à Lowel........................... 23g
- — à Lowestoff......................... 238
- ' — à Manchester...... ............... 431
- — à Marshallstown..................... 143
- — à Mascara 95
- — à Moscou............................ 238
- — à New-Britain. . i ................. 142
- — à la Nouvelle-Orléans............... 38i
- — à Ottawa........................ 142-431
- — au Pérou. ............................ 47
- — à Portland. 142
- — à Puira. ............................ 47
- — à Puno............................... 47
- — à Richmond.......................... 431
- — à Rutland........................... 43i
- — à Saratoga. . . ..................... 46
- — à Seneca-Falls. . V................ 4-3i
- — à Temouchent. . . ................... g5
- — à Triberg............................ 95
- — à Trujillo........................... 47
- — à Turin. . ....................... 334
- — à Vazallo........................... 43o
- — à Woburn............................ 239
- Eclairage électrique à bord :
- — des canonnières Bloodhound........... 285
- — — Médina.............. 142
- — — Medway.............. 142
- — — Pike................. 142
- — — Snap., 142
- — des cuirassés brésiliens............. 143
- — — YAquidaban................ 479
- — — chinois :
- — — le Chin-Yuen............ 191
- — — 1 e Ting-Yucn............. 191
- — — le Tue-Yeen. ............. 191
- — des paquebots de la Compagnie trans-
- atlantiques. ..................... 189
- — des paquebots City 0/ Borne........ 431
- — — Pilgrine............... 43i
- — — VArizona............... 190
- — steamers Algoma..................... 190
- — — Burrumbert................... 23g
- — — Coranganato.................. 23g
- — des vaisseaux de guerre Collingwood.. 479
- — — — YEdinburgh. . 479
- — — — l’Impérieuse. . 479
- — — — le Rodney... 479
- , — — — Warspite. . . . 479
- — du yacht Victoria and Albert...... 285
- Eclairage électrique de l’Albert palace à Battersea 238
- Page»
- Eclairage électrique de l’ambassade d’Italie à
- — Pékin.............................. 143
- — dé l’asile d’aliénés d’Exeter ....... 285
- — ' dés'ateliers de M. Coats.................. 289
- — de l’Athletic Club, à Williamsburg. . . 142
- — des ballons....................• • • • 381
- — des bâtiments de la Caisse d’épargne
- postale à Londres................ 142
- — de Buckingham palace........... 38i-43i
- — du bureau centrât des Postes à Pitts-
- burg . . ....................... 143
- — du bur. de là « Prudential Insurance C° » 334
- — de la cathédrale de Mexico......... 190
- — du château de Bond-Cheni........... 238
- — — de Lainz............. 526
- — des chemins de fer en Allemagne. ... 46
- — — — entre New-York et
- Chicago.............. 142
- — du chemin de fer de High-Valley. . . . 335
- — — — électriques pour les
- mines. ...... 40
- — des chantiers de la mariné anglaise à
- Chatham.......................... 431
- — des chântiers de construction en Italie. 479
- — du Coliseum-Leeds....................... 190
- — du Diorama des Champs-Elysées. . . . 478
- — de l’Elyseum, à Bruxelles................ 142
- — de l’estomac............................ 43o
- — de l’Exposition d'Anvers . . 141, 238,
- 333 et 334
- — de l’Exposition des Inventions de Lon-
- dres................................. 141
- — de la gare de Darmstadt.. ........... 43o
- — — de Pilsen...................... 480
- — — de Sampierdarena................ 46
- — — de Schaerbeck................ 4?-g5
- — — de Smichov..................... 526
- — de l’« Home Insurance C° », à Chicago. 47
- — de l’Hôtel des Postes de Bruxelles. . . 45
- — de l’Hôtel de ville de Bruxelles. . . . 45-g5
- — — — de Leeds. ...... 38i
- — l’Hôtel Ryan, à Saint-Paul. ....... 23g
- — — Stillmans, à Clevelànd......... 479
- — — Victoria, de Manchester. ..... 141
- — de l’intérieur des canons. ................ 526
- ' — de l’Institut polytechnique de Saint-
- Louis. .......................... 431
- Eclairage électrique des mines................ 46
- — — en Angleterre . . 386
- — ,— Ashington............... 526
- — — Backworth .... 526
- — — Gastein................. 334
- —' des moülins de M. Visseaux, à Stenay. 190
- — _ de M. Roussy................... 623
- — du Music Hall de Boston.............. . 239
- — de Notre-Dame de Paris............... . 141
- — du Palais-Royal..................... 623
- — du passage des Panorama............ 189
- — des phares du cap Gris-Nez......... 190
- — — de Douvres..................... . g5
- ' — ' — de l’île de May........... 526
- — — de South-Forelànd. ..... 334
- ' — ' du pénitenciers de Santa-Fé ...... 23g
- — de la place de la cathédrale de Milan . 479
- — du point de mire des fusils.... 141-142
- de la résidence de sir Trevil-Smith. . . 574
- du restaurant Baumjgarten, à Vienne. . 142
- du Royal Instit'ute de Manchester 7 .' . 381 de la salle dü 'Conseil municipal 'à '
- Prague................ 43o
- de la satue de la Liberté à Nèw-Yôrk. 46
- p.627 - vue 631/640
-
-
-
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pages
- Éclairage électrique du théâtre de Boston. ... 191
- !
- 45
- 46
- 95
- 46
- 95
- 479
- 479
- 334
- 526
- 141
- au moyen du magnésium............. 46-141
- — des ballons................. 95-238
- à incandescence, à l’air libre........ 46
- — Sa durée.............. 47
- militaire........................... 333
- Bernstein............................ 335
- Edison................................ 95
- Edison-Swan, en Angleterre........... 574
- Swan. . .............................. 46
- Thomson-Houston...................... 574
- Weston . ............................ 574
- (Procès d’) Edison-Swan.............. 189
- — Edison-Consolidated Electric Light C°.................... 238
- — Swan-ElectricalC°,Rawson
- et Woodhouse.............. 334
- (Sociétés d’)........................ 381
- (Stations centrales d’) à :
- — Boston. . . . 46-381
- —' Cincinnati.... -47
- — Dijon............ 430
- — Francfort .... 526
- — Hastings.......... 46
- — Indianapolis. . . 47
- — 'l'ours.......... 525
- — Vienne. . . . 46-238
- École du génie électrique de la télégraphie sous-
- marine de Princc’s Street, Hanover-square . 478
- — Bruxelles..............
- — Carlsbad...............
- — Covent-Garden..........
- — de la Cour à Schwerin. .
- — ’ de Marie,à Saint-Péters-
- bourg .............
- — de Naples.............
- — royal de Berlin.......
- — — Liège ......
- — — Manchester. . .
- du trajet transatlantique...........
- Ecole d’horlogerie............................... 622
- Electricité en Allemagne..................... 94-477
- — et lignes souterraines................ 428
- Electricité atmosphérique (Phénomènes d’) à :
- — — Amiens........................ 44
- — — dans les Alpes-Maritimes. . 237
- — — Bordeaux..................... 333
- — — dans la Charente.............. 93
- — — à Chartres.................... 93
- — ' — dans le Doubs................ 9}
- — — en Espagne................... 237
- — — en Italie.................. 333
- — — à Londres.................... 52?
- — à New-Jersey..................... 238
- — — à Paris................... 93-140
- — — dans le Rhône............. 94-189
- — — à Rôdez...................... 285
- — — en Saxe....................... 44
- — — à Souillac.................... 94
- — — en Suède..................... 429
- — — à Victoria................... 238
- — — à Vinça....................... 94
- —: ' — en Pennsylvanie.............. 6a3
- Electricité en médecine.......................... 622
- Eleçtrolyse appliquée à la régénération des bains
- pour le blanchiment........................... 93
- Eléments Brush. . ................................ 44
- Exposition d’Anvers. ................. 94-140-333-573
- — des inventions, à Londres.... 238-429
- du matériel d’incendie, à Lille......... 189
- Pages
- Exposition du Travail............................. 477
- Fil télégraphique. — Sa valeur.................... 429
- Frein électrique................................. 141
- Générateur électrique Kendall.......... 477 et 62”»
- Germination électrique............................ 285
- Grue électrique.................................. 45
- Haveuse électrique à Streator..................... 4*0
- Incendie de ia « Western Union Telegraph C°» . 333
- Institution de Bradford . . .'................... 573
- Isolant pour conducteurs électriques............. 140
- Journal « Le Chercheur »'...'...................... 92
- Lampes à incandescence pour les mines........... 44
- Locomotive électrique............................. 574
- Machine électrique pour graver. Carter ...... 478
- Mesureur d’intensité des rayons solaires, Morlze. 45 Moteur électrique Daft............................. 94
- — — 574
- Navigation électrique (Société de)................ 238
- Paratonnerre pour réservoirs à huile............. 141
- Photoscope...................... , 573
- Pile Guérin.......................•........... 189
- Plante électrique (Phylolacca électrica).......... 429
- Poteaux télégraphiques ....’...................... 429
- Procès télégraphiques. ............................ 44
- Régulateur électrique automatique de l’émission
- du gaz....................................... 93
- Société générale des Téléphones.................... 92
- — de physique............................ 237
- — des télégraphes allemands. . ........... 429
- Syndicat professionnel des industries électriques. 189
- Télégraphe Morse ............................... 526
- Télégraphie à Alexandrie......................... 480
- — en Afghanistan...................... 193-382
- — dans l’Amérique du Sud............. 432
- — en Angleterre ........................... 47
- — en Asie centrale.................... 382
- — en Belgique ............................ 382
- — à Brooklyn. J....................... 575
- — au Caire............................ 480
- — au Canada............................ 96
- — au camp de Vinccunes ................... 575
- — en Chine............................ 480
- — en Corée. . ............................ 576
- — en Egypte...........;............... 480
- — en Espagne ............................. 479
- — en France .... 47-95-191-339-286-431-575
- — à Iloihow............................. 480
- Télégraphie dans l’Inde.......................... 382
- — à ICaribent.......................... 96
- — à Merv. ................................. 96
- — au Mexique.......................... 575
- — à New-York.......................... 144
- . — à Morristown........................ 527
- — à la Nouvelle-Orléans............... 575
- — à Paris................................ 286
- -- en Perse............................ 336
- — à Queensland........................ 192
- — à Rukhnabad.......................... 96
- — en Russie........................... 96-192
- — à Rio-de-Janeiro....................... 382
- — à Saint-Paul........................ 526
- — à Siam.............................. 382
- — au Tonkin........................... 335-576
- Télégraphie militaire en Autriche . ............. 287
- — — en Russie ................ 287
- — optique.............................. 96-239
- Télégraphique. (Conférence internationale). . .
- 96, 143, 286, 335, 381, 432, 479,573 et 623
- — (Congrès universel). .................. 143
- — — international............ 191-192
- — Convention internationale........... 240
- p.628 - vue 632/640
-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- . 62c)
- Pages
- Télégraphique (Personnel) aux Etats-Unis. .... 382
- — (Rapidité de transmission). . .'...... 48
- •— .Réseau entre les postes de police et la
- Préfecture................... 431
- — Ligne entre Msrv et Askabad........... 96
- — au Canada............................. 96
- — en Egypte . . ........................ 48
- — entre Edmonton et Calgary............ 144
- — — Mexico et Palao................ 287
- Ligne entre Moulmein et Myalwady. 143-332
- — — Morse-Yon et Woodhille. . . 287
- — — Wolffborough et Alton Bay. 287
- — (Interruption de) entre Bcr-
- ber-Souakim.............. 240
- — — au Venezuela.................. 240
- — — entre Parana et Santa-Fé . . 240
- — — — Saïgon-BangkOk. . 240
- — Statistique............ 48, 23g, 479 et 575
- — Système duplex Muirhead................. 47
- — —• Edison-Smith Gilliland .... 240
- — Tarif...................... 192, 335 et 479
- — — en Angleterre. . 47, 479 et 5qS
- — — en Australie .............. 47-575
- Télégraphiques. — Lignes souterraines à New-
- York ..................... 48
- — — entre Paris-Lyon-Marseille . 431
- — Rapidité de transmission de signaux. . 240
- — Recettes en Angleterre. 47, 143, 287,
- 335 et 432
- — — de la Compagnie française des
- télégraphes de Paris à New-York. .................. 96
- — — de la Compagnie des télégra-
- phes du Nord ....... 382
- — .— de la « Direct Cable C° ». . . 335
- — — de la « Western Union Tele-
- graph C° »............. 48
- — — au Mexique.................... 575
- — Sociétés................. 48, 144 et 432
- Téléphone. — Jackson et Chambers............. 575
- Téléphonie (Décret concernant la)............ 287
- — Internationale..................... 576
- — en Amérique........................ 192
- — en Angleterre........... 288, 3P4 et 528
- — à Bâle............................. 240
- — à Baltimore......................... 144-192
- — en Belgique......................... 336-382
- — à Berlin........................... 336
- — à Bingham.......................... 240
- — à Boston.................... 288 et 624
- — au Brésil.......................... 384
- — à Brooklyn......................... 624
- — Carlisle........................... 576
- — à Chicago.......................... 384
- — à Cincinnati........................ 96
- — à Devonport......................... 96
- — en Egypte.......................... 287
- — aux Etats-Unis................. 288 576
- — en France........................... 286-287
- — à Gothenburg....................... 143
- — en Hongrie............................. 384
- — à Indiana........................... 288-576
- — à Indianapolis...................... 96
- — à Londres..........,................. 96
- — à Manchester....................... 192
- — au Mexique............... 96, 288 et 336
- — à Namur. ............................... 336
- — à Northampton...................... 576
- — à Paris. . . . ....................... 287
- — à Pittsburg............................ 96
- — à Plymouth.......................... 96
- Pages
- Téléphonie à Reading....................... 576
- — en Russie........................ 336
- — à Stonehousc...................... 96
- à Sandy'.......................... 240
- — à Tauger.............................. ia3
- — à Torquay............................. 288
- — à Washington......................... 288
- — à Zurich.............................. 576
- Téléphonique.— Ligne entre Albeery-Melbourne et
- Sidney.................... 576
- — — Bern, Thun et Solothurn. . . 576
- — — Bruxelles et Osten'dè...... 336
- — — Bruxelles et Charlcroi .... 576
- — — le château de Pena et le châ-
- teau Royal à Cintra ... 48
- — — le Caire et Alexandrie .... 192
- — — Csorna-Gallya et Herony. . . 384
- — — Francfort-sur-le-Mein et
- Mayence.................... 96
- — — Louvain, Bruxelles et An-
- vers ...................... 96
- — — Lawrensburg et Aurora . . . 288
- — — Mons et Bruxelles.............. 96
- — — — et Ostende............... 336
- — — Santos et Sao Paulo........... 384
- — — Tixtla et Chilpancingo . . . 336
- — — Uxbridge et Liverpool. . . . 192
- — — (Interruption) entre Bruxelles
- et Anvers.................. 48
- — Procès « Bell Téléphoné C° » et «Western
- Pennsylvian Téléphoné and Tele-
- graph C°»............... 288 et 623
- — Tarif en Allemagne................... 96
- — — de 1’ « American Bell Télé-
- phoné Company » . . . . 143
- — — en Europe..................... 144
- — « United Téléphoné C° »........... 528-576
- Téléphoniques. — Sociétés . . 143, 144, 288 et 528
- — (Avertisseur pour communications). —
- Pendleton......................... 576
- Timc-Dall................................. 238
- Transmission électrique à l'Exposition d’Anvers. 333
- — — de la force à Tergnier. . . . 573
- Ventilateur électrique Liepmann........... 189
- — — au restaurant Marguery... 189
- Faradisation directe des glandes. — Vulpian. . . 3io
- Force électromotrice de combustion. — Pellat. . 362
- — de diffusion dans les courants des marées.
- — Andrews. ............................ 458
- — (Etalon de). — W.'Thomson........... 463
- Frein électrique pour chemins de fer. — Wilke. . 5x4
- G
- Galvanomètre Deprcz-d’Arsonval. — Rechnicwski. 3g3
- — à miroir. — Edelmann.............. 36o
- — — Hartmann et Braun............ 358
- — — Vppenhorn.................... 358
- Galvanomètres (Etude sur les). — Ad. Minet.
- 254, 407 487 et 5g5
- Gaz à Berlin................................ 34
- Gouvernail électrique. — Washburn........... ço
- Grue électrique. — Farcot.................. 325
- Gutta-percha............................... 422
- H
- Hydrométrographe. — Ravaglia......... 67
- p.629 - vue 633/640
-
-
-
- w
- 63o
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pages
- I
- Indicateur de niveau. — Mareschall................ 21
- — de stations de chemins de fer.— Rogers. 27S-318
- — de vitesse. — Hedges........... 85
- Induction téléphonique. — Dijongh................. 562
- — :— Ëlsasser..................... 321
- Intégraphe. — Napoli, Abdank-Abakanowicz; B. Ma-
- . yinovitch............................ 52Q
- Intensités lumineuses et chromatiques des couleurs
- spectrales. — Parinaud et Duboscq . . 457
- Isolateur. Johnson et Phillips...................... 416
- L
- Lampe à arç. — Klostermann........................ 558
- — Ru/ilmann.............................. 566
- Lampes à. incandescence. — Leur durée. — Szar-
- , ,, vady................................... 9-6°
- —. .Devant le tribunal aux Etats-Unis. — O.
- Kern............................ 35
- —. Leurs çourbes caractéristiques. — Szar-
- vady .................................. i55
- — Détails de construction. — Richard. . . 264-485
- — Fabrication. — Weilstein................... 4t5
- —. Radiation moléculaire. — Fleming....... 367
- — Cox Walker............................. 264
- — .Greenhill............................. 264
- —. Harvie. . . ................................ 265
- — Holzer................................. 487
- — Kholinsky. ................................. 486
- — Puluj.................................. 567
- —. .Sellon................................. 265-486
- — Swan....................................... 265
- . — Thomson................................. 264-266
- —. Woodhouse et Rawson..................... 265
- — Chirurgicales.......................... 55?
- Lampes électriques à l’Exposition de Philadelphie. — Aug. Guerout................... 418
- Lampe-soleil en Angleterre.— P. Clemenceau ... 577
- Lettre d’un abonné sur l’orage de Saint-Pétersbourg. .............................................. 140
- — de MM. Berthoud et Borel sur leurs câ-
- bles.....................................285
- — de M. Foussat sur la durée des lampes. . . 188
- — de M. Szarvady en réponse à la précé-
- dente .................................. 188
- — de M. Carbon sur le même sujet......... 188
- — de M. Foussat en réponse à la précé-
- dente.............................. 188
- — de M. Warnôn sur ses piles . ................ 92
- — de M. Gravier sur le régulateur Mariez . . 140
- — de M. Grenet sur l’anpareil Siemens pour
- la mesure de résistance des paraton-, nerres.................................. 237
- — de M. Clausius en réponse â M. Bourdin. 241
- 2— de M. Wybauw sur la répartition de la lumière .......................................... 284
- — de M. Clemenceau en réponse à la précé-
- dente .................................. 284
- — de M. Menges sur le coupe-circuit Thomson
- et Bottomley........................... 284
- — du Dr Ilelot sur le photophore électrique. 38o
- — de M. von Faund Szyll sur son appareil. . 38i
- Pages
- Lettre de M. Duteuil sur le téléphone Mildé-
- d’Argy.......................... . 525
- — de M. Dierman sur le téléphone Irish. . . . 573
- Lignes télégraphiques souterraines (Influence
- des orages sur ies). — Blavier......... 24-413
- Localisation d’un défaut dans un câble. — Anderson et Kenneïiy . .......................... 55o
- Lumière électrique appliquée aux réactions chimiques ...................................... 33
- M
- Machines dynamo-électriques. — Frœlich. 73,
- 123 et 178
- — Jones et Sterling. — G. Richard.... 3o3
- — , Pacinotti et Gramme. — F. Geraldy .... 369
- — Gramme. — Sa théorie. — Mascart... 409
- Machines à vapeur rapides,— Richard . . . . 55-102
- — Brotherhood........................... 55
- — Brown. ................................ 58
- — Bever................................. 5g
- — Chandlers............................... i65
- — Fielding et Piatt....................... 166
- — Frank-Wynne.............................. 59
- — Lowrie . ................................ . . 166
- — Mathew.................................. 58
- — Megy.................................... 162
- — Westinghouse............................ 164
- Magnétisme et analyse spectralè. — Fièvez...... 317
- — permanent des aciers. — Osmond..... 132
- Mesures électriques sur les câbles sous-marins.
- Rouilliard................................. 193
- Méthode Mance pour la vérification des câbles et
- paratonnerres. — Tobler...................... 433
- Molécules. — Leurs dimensions. — Clausius. . . . 240
- Monument de Ph. Reiss. — Th. Slein........... 481
- N
- Navire électrique le Voila................. 556
- Nécrologie................................. 029
- O
- Observatoire du Vésuve. — Marcillac... 385
- P
- Paratonnerre portatif. — Delang..................... 35
- Photométrie des foyers électriques. — H. Kruss.. 371
- Pile Stanecki...................................... 368
- — au sélénium. — Bidwell.................. 86
- — au soufre................................. 227
- — étalon. — Fleming. ....................... 274
- — — Van Dych.......................... 274
- Piles électriques. — Ledeboer........ u5, 209 et 537
- —. (Dépolarisation des). — Clemenceau...... 326
- Piles sèches. — W. von Beelz ... ......... 599
- Platinoïde (sa résistance).. — Martino............... 86
- p.630 - vue 634/640
-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- Pogcs
- Polarisation des récepteurs téléphoniques. — Gil-
- tay............................................ 412
- Pont de Wheatstone. — Giltay....................... d5q
- Poteaux télégraphiques Siemens................... 181
- Potentiel magnétique (Détermination du). — Lipp-
- mann.................................. 24
- — de l’air. — Pellat........................... 363
- Procès Edison-Swan en Allemagne.................... 328
- R
- Récepteurs téléphoniques — Leur polarisation. —
- Giltay..................................... 412
- Résistance électrique (Mesure de la) des paratonnerres. — Siemens............. 34
- — du platinoïde. — Martino.................. 86
- — du cuivre. — Wroblowski.................. 178
- — de l’alcool. — Foussereau................ 220
- — (Mesure de la) des liquides au moyen des
- courants alternatifs.— Bouty et Foussereau. . ............................. 312
- — intérieure des éléments voltaïques. — Gore 461
- Résistances (Mesure des faibles). — Ledeboer. . . 3
- Revue des travaux récents en électricité. — Marino-
- vitch. 24, 69, 119, 174, 216, 266, 3io, 36o, 409,
- 457, 495, 574 et 599
- S
- Signaux de chemins de fer. — Enright............. i3i
- — de chemins de fer (Application de l’électri-
- cité à la manœuvre des). — Cossmann.
- 49, 102, 148, 197, 244, 295 et 349
- Siphon recorder. — W. Thomson...................... 366
- Société électrotechnique de Berlin............... 554
- Sonnerie Heurteau et Guillot....................... 111
- Spectre de l’ammoniaque. — Lecoq de Boisbaudran. 121
- — des corps rendus phosphorescents par la
- lumière ou l’électricité. — Ed. Becquerel.................................. 216
- Page»
- T
- Télégraphie en Amérique. — Abdank-Abakanowicz. 492
- — — Aug. Guerout....... 541
- — militaire.......................... 129
- — — en Europe. — Bertrand. 337, 397 et *143
- — et téléphonie en Allemagne. .......... 276
- — par induction.— Rechniewski........ 531
- Téléphone Blake................................ 452
- — Bell............................... 455
- — Drawbaugh.......................... 449
- — Irish............................. 418-450
- — Knudson et Ellsworth............... 228
- — > Long distance Téléphoné G0 -.... 452
- — Taylor............................. 4!7
- — Thomson et Jolin.............416, 449 et 452
- Téléphonie en Amérique. — Abdank-Abakanowicz.
- 347-456
- Téléphonique (Induction). — Elsasser........... 321
- — Communication entre deux bureaux centraux. — Elsasser 5i8
- — Réseau de New-York................ 347-456
- Téléphoniques (appareils récents). — Richard. . . 449
- Tour métallique Eiffel. — Clemenceau............. 97
- — Lavezzari.......................... 609
- Transformateur Zipernowski. — G. Ferraris. . . 145
- Transmetteur téléphonique Freeman............... 87
- Transmission de la voix humaine au téléphone. —
- Mac Intyre................................... 33
- U
- Usines centrales de la Compagnie allemande Edison 466
- 4
- V
- Voltmètre Walter............................ 365
- — Alioth................................. 565
- p.631 - vue 635/640
-
-
-
- p.632 - vue 636/640
-
-
-
- TABLE DES NOMS D'AUTEURS
- Pages
- A
- Abdank-Abakanowicz. — Eclairage électrique en
- Amérique........... ni, 168, 204 et 3o6
- — et Napoli. — Nouveau modèle d’inté-
- graphe ........................... £29
- — Téléphonie.......................... 347-456
- — Télégraphie........................... 491
- Alioth. — Voltmètre.............................. 565
- Ames. — Electrolyse appliquée à l’art dentaire . . . 557
- Anderson et Kennelly. — Ancre indicatrice. . . . 320
- — Méthode pour localiser un contact à la terre dans un câble, quand il est impossible
- d’employer un fil de retour....... 55o
- Andrews. — Détérioration des métaux dans l’eau
- de mer mêlée d’eau douce........... 87
- — Force électromotrice produite par la diffusion dans les courants des marées . . . 458
- B
- Becquerel (Edmond). — Spectre des corps rendus phosphorescents par la lumière ou par l’électri-
- cité ......................................... 216
- Bell. — Téléphone................................ 455
- Beetz (W. v.). — Sur les piles sèches........... 5g9
- Bèrthoud et Borel. — Lettre sur leurs câbles . . . 285
- Bertrand. — Télégraphie militaire en Europe. 337,
- 397 et 445
- Bever. — Machine. ................................. 5g
- Bidwell (Shellford). — Pile au sélénium. ..... 86
- — Pile au soufre............................. 227
- Blake. — Téléphone............................... 452
- Blavier. — Influence des orages sur les lignes télégraphiques souterraines................... . . 24-413
- Bourdin. — Les brevets Edison.................... 514
- Bouty et Foussereau. — Courants alternatifs pour
- la mesure des résistances liquides........... 3i2
- Brotherood. — Machine............................. 55
- Brown. — Machine .................................. 58
- Brush. — Eclairage électrique..................... 63
- Pages
- c
- Gailletet et Bouty. — Conductibilité électrique du
- mercure et des métaux purs..................... 3i3
- Carbon. — Lettre sur la durée des lampes........... 188
- Cassel. — Electrolyse appliquée à la métallurgie de
- lor............................................. 275
- Chandlers. — Machine................................. i65
- Chaperon et Rodary. — Appareils de block-sys-
- tem.............................................. 25o
- Classen.— Electrolyse appliquée aux analyses quantitatives........................................ 226
- Clausius. — Lettre à M. Bourdin...................... 241
- — Molécules, leurs dimensions............... 240
- Clemenceau (P.). — Dépolarisation des piles. . . . 326
- — Lampe Soleil en Angleterre............... 577
- — Répartition de la lumière électrique....... 184
- — Lettre sur la répartition de la lumière électrique........................................... 284
- — Tour métallique Eiffel.................... 97
- — Traité théorique et pratique des machines
- dynamos, par S. Thompson............. 518
- Colson. — Traité élémentaire d’électricité............ 41
- Compagnie P.-Ii.-M. — Appareil de block-system. 219
- Gossmann. — Application de l’électricité à la manœuvre des signaux de chemins de fer. 49, 102,
- 148, 197, 244, 295 et 349
- Cox Walker. — Lampe.................................. 264
- Crova. — Enregistreur de l’intensité calorifique de
- la radiation solaire............................. 36o
- Crova etGarbe.— Charge et décharge des accumulateurs ....................................... 219
- Cruls.— Déclinaison magnétique à Rio-de-Janeiro. 72
- D
- Decharme.— Anneaux électro-chimiques et hydrodynamiques .................... 289, 345, 439 et 533
- D élan g. — Paratonnerre portatif............... 35.
- Deprez-d’ArSonval. — Galvanomètre ............. 393
- Dijongh. — Induction téléphonique............... 562
- p.633 - vue 637/640
-
-
-
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 634
- Pages
- Dixon et Lowe. — Action de l'étincelle électrique
- sur l’acide carbonique .... 85
- Drawbaugh. — Téléphone............................ 449
- Duché. — Eclairage électrique dans les Etats de
- l’Ouest (Amérique)............................ £93
- Duteuil. — Lettre sur le téléphone Mildé-d’Argy. . 525
- Dyck (van). — Pile étalon......................... 274
- E
- Edelmann. — Galvanomètre à miroir................. 36o
- Edison. — Eclairage électrique...................... 3o6
- — L’électricité. ............................ 282
- — Les brevets................................ 514
- — Compagnie en Allemagne..................... 466
- Edison Swan. — Procès en Allemagne................ 328
- Eiffel. — Tour métallique......................... 97
- Èlsasser. — Appels téléphoniques.................. 90
- — Induction téléphonique..................... 321
- — Mode de communication entre deux bureaux
- centraux téléphoniques................ 5i8
- Enright. — Signaux de chemins de fer.............. i3i
- Evrard. — Electricité atmosphérique en Belgique . 23o
- Pages
- Grenet. — Lettre sur l’appareil Siemens pour la me-
- sure des résistances des paratonnerres........... 237
- Guerout (Aug.). — Eclairage électrique en Amérique...................................... ’. 8, 63 et 257
- — La télégraphie en Amérique..................... £42
- H
- Hartmann et Braun. — Galvanomètre à miroir. . 358
- Harvie. — Lamrè ................................ 265
- Hattener et Kohlfürst. — Appareils de block-sys-
- tem.......................................... 244
- Hauck. — Piles électriques thermo-électriques et les
- accumulateurs.................................. 42
- Hedges. — Indicateur de vitesse..................... 85
- Helot. — Lettre sur le photophore électrique. . . . 38o
- Heurteau et Guillot. — Sonnerie..................... m
- Hillairet. — Accouplement Raffard . . ............ 591
- Hodyson. — Appareils de block-system.............. 349
- Holzer. — Lampe................................. 487
- Hopkinson. — Du danger des générateurs secondaires........................................ 556
- Howard. — Accumulateur.............................. 35
- F
- I
- Farcot. — Grue électrique . . ................. 3e5
- Faund-Szyll. — Lettre sur son appareil......... 38i
- Faye.— Electricité atmosphérique; 69, 119,174 et 266
- Ferraris. — Transformateur Zipernowski.......... 145
- Fielding et Platt •— Machine . . . . .......... 166
- Fievez; — Magnétisme et analyse spectrale..... 317
- Flamache. — Comparateur régulateur pour chrono-
- graphes.................................... 583
- Fleming. — Radiation moléculaire dans les lampes
- à incandescence.................... 367
- — Pile étalon . ............................ 274
- Fonvielle <W. de). — EclaiîS et tonnerres ..... 91
- Forbes. - Dynamo . ............................ 607
- Foussat. — Ledtre sur la durée des lampes .... 188
- Foussereau. — Résistance électrique de l’alcool. . 220
- Fœrster. — Discours à la Société électro-technique
- de Berlin. . ........................ ... 554
- Frank-Wynne. — Machine........................... Sg
- Froelich. — Machines dynamo-électriques. 73, 123 et 178 Freemann. — Transmetteur téléphonique ...... 87
- G
- Gaiffe. — Etalon de volt........................ 362
- Gaulard et Gibbs. — Générateurs secondaires. . . 495
- Géraldy. — Machines Pacinotti et Gramme........ 369
- Giltay. — Electro-dynamomètre.................... 24
- t- Polarisation des récepteurs té éphoniques . 412
- — Pont de Wheatstone........................ 459
- Gore. — Résistance intérieure des éléments voltaïques ........................................ 461
- Gramme. — Machine, ............... 369-409
- Gravier. — Armatures à molécules orientées....... 17
- — Lettre sur le régulateur Mariez ....... 140
- Greenhill. — Lampe.................'........... 264
- Irish. — Téléphone
- 418-450
- J
- Johnson et . Phillips. —Isolateur............. 416
- Jones et Sterling. — Machine . ............... 3i3
- K
- Kareis. — Correspondance spéciale de l’étranger :
- Autriche....................... 228, 367 et
- Kempe. — Traité élémentaire des mesures électriques..........................................
- Kern. — Lampes à incandescence devant le tribunal
- aux Etats-Unis................ .. ........
- Kholinsky. — Lampe............................. .
- Klostermann. — Lampe à arc....................
- Knudson et Ellsworth. — Téléphone.............
- Krizik. — Appareils de block-system...........
- Krüss (Hugo). — Photométrie des foyers électriques .. . ....................................
- 558
- 189
- 35
- 486
- 558
- 228
- 199
- 371
- L
- Lartigue. — Appareils de block-system . 102, 148 et 197
- — Electro-sémaphore...........'.................. 102
- Lavezzari. — A propos de; là « Colonne-Soleil » et
- dé la « Tour colossale » Eiffel................ 609
- p.634 - vue 638/640
-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ ' 635^H
- ..*1 Pages
- Lecoq de Boisbaüdran, — Spectre de l'ammoniaque .................................... 121
- Ledeboer. — Piles électriques ..... n5, 209 et 537
- — Mesure'dès faibles résistances................. 3
- Lippmann.— Détermination du potentiel magnétique . . ........................................ 24
- Long-Distance Téléphoné C°. — Téléphone. . . 452
- Lowriè. — Machine. ................................ 166
- M
- Mac-Intyre. — Transmission de la voix humaine
- au téléphone................................. 33
- Marchese. — Electrométallurgie du cuivre........... 32
- Marcillac. — Observatoire du Vésuve............... 385
- Mareschall. — Indicateur de niveau................. 21
- Marinovitch. — Revue des travaux récents en électricité. 24, 69, 119, 174, 2tô, 266, 3io, 36o, 409,
- 457, 495, 547 et 599
- Martino. — Résistance du platinoïde................ 86
- Mascart. — Electricité atmosphérique........... 72-269
- — Théorie de la machine Gramme................ 409
- Mathew. — Machine.................................. 58
- Mégy. — Machine................................... 162
- Menges. — Lettre sur le coupe-circuit Thomson et
- Bottomley.................................... 284
- - Michaëlis.— Correspondance spéciale de l’étranger:
- Allemagne . 32, 129, 226, 365, 415, 512, 554 et 6o5
- Michaut et Gillet. — Leçons élémentaires de télégraphie électrique................................ 329
- M illot. — Electrolyse d’une solution ammoniacale . 362
- Minet. — Galvanomètres........... 254, 407, 487 et 595
- Munro. — Correspondance spéciale de l’étranger : Angleterre. 34, 85, i3i, i83, 227, 274, 3i8, 366,
- 416, 464, 5to, 556 et 607
- N
- Napoli et Abdank-Abakanowicz. — Nouveau
- modèle d’intégraplie.................... 529
- O
- Osmond. — Magnétisme permanent des aciers ... i32
- P
- Pacinotti. — Machine................................ 369
- Palmieri. — Electricité atmosphérique............ 69-560
- Parinaud et Duboscq. — Intensité lumineuse et
- chromatique des couleurs spectrales............. 457
- Pellat. — Force électromotrice de combustion. . . . 362
- — Potentiel de l’air. . . .................... 363
- Phelps. — Télégraphe par induction................. 531
- Frudhomme. — Appareil de block-system . 102,
- 148 et 197
- Pages
- R
- Radcliffe. — Appareil de block-system.............. 302
- Raffard. — Plateaux d’accouplement.................. S91
- Ravaglia. — Ilydrométrographe....................... 67
- Rechniewski. — Galvanomètre Deprez-d’Arsonval. 3g3
- — Télégraphie par induction................. 53i
- Régnault. — Appareil de block-system................ 2g5
- Reiss. — Son monument............................... 481
- Richard (G). — Lampes à incandescence : Détails
- de construction.................. 264-485
- — Machines à vapeur rapides.............. 55-162
- — Machines dynamo Jones et Sterling .... 3o3
- — Appareils téléphoniques récents........... 449
- — Détermination électrique de l’équivalent
- mécanique de la chaleur. Webster . . . 545
- Riess. — Thermomètre................................ 547
- Rogers. — Indicateur de stations de chemin de fer.
- 275-3i8
- Roiti. — Electro-calorimètre et son application à
- l’étude des générateurs secondaires
- Gaulard et Gibbs................... 495
- — L’élcctromètre comparé avec le thermomètre de Riess................................ 547
- Rouilliard. — Mesures électriques sur les câbles
- sous-marins ............................... 193
- Ruhlman. — Lampe à arc...................... 566
- S
- Schanweber. — Lampe................................. 607
- Sellon. — Lampe................................. 265-486
- Senet. — Electrolyse appliquée à la fabrication de
- l’aluminium...................................... 91
- Siemens. — Poteaux télégraphiques................... 184
- — Mesure de la résistance des paratonnerres. 3q Siemens et Halske. — Appareil de block-system. . 49
- Smith. — Electricité atmosphérique................. 87
- Snell. — Eclairage électrique à bord des navires . . 464
- Stanecki. — Pile • • 368
- Stein. — Monument de Ph. Reis....................... 481
- Szarvady. — Durée des lampes à incandescence. . 9-60
- — Courbes caractéristiques des lampes à incandescence ................................... i55
- — Lettre sur la durée des lampes à incandescence ......................................... 188
- T
- Taylor. — Téléphone................................. 417
- Tesse. — Appareil de block-system . . 102, 148 et 197
- Thompson (S.). — Traité théorique et pratique des
- machines dynamos................................• 519
- Thomson (W.). — Etalon de force électromotrice. 463
- — Lampe................................... 264-266
- — Siphon Recorder......................... 366
- — et Bottomley. — Coupe-circuit........... i83
- — et Jolin. — Téléphones. . . . 416, 449 et 52
- — Houston. — Eclairage électrique......... 257
- p.635 - vue 639/640
-
-
-
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pages
- Tobler. — Méthode Mance, pour la vérification des
- câbles et paratonnerres........................ 433
- Tyer. — Appareil de block-system................... 3oo
- — et Farmer. — Appareil de Block-System. 247
- U
- Uppenborn. — Galvanomètre à miroir.......... 358
- V
- Vicentini. — Conductibilité électrique des solutions
- salines .................................... 221-271
- Vulpian. — Faradisation directe des glandes. . . . 3io
- w
- Walter. — Voltmètre....................... 365
- Warnon: — Lettre' sur Ses piles........... 92
- Page»
- Washburn. — Gouvernail électrique............... 90
- Webér. — Conductibilité électrique et coefficient de
- température du 'metcüre solide............. 26
- Webster. — Détermination électrique de l’équivalent mécanique de la chaleur................. . . , 545
- Weis'senbruch. — Electricité appliquée aux chemins de fer. ..... 33o, 377, 425, 473, 5at' et 616
- Wellstein. — Fabrication des lampes à incandescence ........................................ 415
- Westinghouse. — Machine.......................... 164
- Weston. — Eclairage électrique. ... ni, 168 et 204 Wilke. — Frein électrique pour chemins de fer. . . 5iq
- Woodhouse et Rawson. — Lampe...................... 265
- — Lampe chirurgicale . . . ................... 557
- Wroblouski. — Résistance électrique du cuivre . . 178
- Wybauw. — Répartition de la lumière dans l’éclairage électrique............................... . . . 184
- — Lettre.sur la répartition de la lumière dans
- l’éclairage électrique............... 284
- Z
- Zanon. — Analyse des hypothèses physiques........ q3
- Zipernowski. — Transformateur. ........ . . 145
- TARIS.
- IMPRIMERIE P. MOUILLOT, 13, QUAI VOLTAIRE — 5<J<JO f
- p.636 - vue 640/640
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