La Lumière électrique
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
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- LA
- LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- JOÛRNAL UNIVERSEL D’ELECTRICITÉ
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- Lj
- Revue Scientifique Illustrée
- Publiée sous la Direction" scientifique de M. Th. DU MONCEL
- APPLICATIONS DE L’ÉLECTRICITÉ
- LUMIÈRE ÉLECTRIQUE --- TÉLÉGRAPHIE ET TÉLÉPHONIE
- SCIENCE ELECTRIQUE, ETC.
- TOME SIXIÈME
- PARIS
- AUX BUREAUX DU JOURNAL
- 5i, — Rue .Vivienne, — 5i
- 1882
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- La Lumière Électrique
- • Journal universel d’Électricité • 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 7 JANVIER 1882 N° 1
- SOMMAIRE
- Avis au lecteur; le comité de rédaction. — Des progrès de la science électrique en 1881 ; Th. du Moncel. — Le télégraphe harmonique de M. Elisha Gray; A. Guerout. — Les cataractes du Niagara éclairées à la lumière électrique; C. C. Soulages. — Sur le travail absorbé par l’électrolyse; Marcel Deprez. — De la possibilité de donner à l’éclairage électrique toutes les qualités de l’éclairage au gaz; M. Avenarius. — Sur l’équivalent mécanique delà lumière: Frank Geraldy. — Revue des travaux récents en électricité : Sur le dégagement de l’électricité dans les cristaux hémièdres. — Contractions et dilatations produites par des tensions électriques dans les cristaux hémièdres à faces inclinées. — Sur la décomposition de l’eau sur des électrodes de platine, sous l’influence de la décharge de bouteilles de Leyde. — Recherches sur l’électricité de contact. — Faits divers.
- LÀ LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Journal Universel d’Électricité
- HEBDOMADAIRE
- Directeur scientifique : M. Th. DU MONCEL
- ABONNEMENTS
- France et Algérie..................................50 »
- Union postale...................................... 60 »
- L’abonnement est annuel et part du zer Janvier Le numéro : Un jranc
- COLLECTIONS
- Année iSjq...15 » — Année 1880......25 »
- • Année 1881.....70 »
- ANNONCES : Deux francs la ligne
- 5/, rue Vivienne, Paris
- I.’Adm i n ist ra leur-géra n I.
- A. GLÉNARD.
- AU LECTEUR
- L’année qui vient de finir est une de celles qui marqueront dans l’histoire de l’électricité. L’Exposition Internationale d’Electricité et le Congrès International des Electriciens sont le grand événement de l’été dernier, pour les gens du monde comme pour les savants.
- La Lumière électrique, dont les propriétaires ont été les promoteurs de l’Exposition et du Congrès, devait tenir à honneur de leur donner une grande place, et c’est ce qui a motivé sa plus grande périodicité. Aujourd’hui que l’Exposition est fermée, il n’y a plus de raison pour que le journal paraisse à des intervalles aussi rapprochés, et il va en conséquence redevenir hebdomadaire. Mais en raison de l’élan qui a été imprimé aux applications industrielles de l’Électricité, et qui ne fait que s’accroître chaque jour, en raison aussi de nos moyens d’information qui se sont complétés, nous avons jugé nécessaire d’agrandir le cadre du journal. En conséquence, chaque numéro contiendra dorénavant 48 colonnes au lieu de 32, et paraîtra le samedi.
- Comme par le passé, la Rédaction n’épargnera aucune peine pour tenir les lecteurs au courant des nouvelles découvertes en Électricité et des travaux accomplis dans cette branche de la science en France et à l’Etranger.
- Le Comité de Rédaction.
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- LA LUMIERE ÉLECTRIQUE
- DES PROGRÈS
- DE LA
- SCIENCE ÉLECTRIQUE
- EN 1081
- Ce sont toujours les questions qui se' rattachent à la lumière électrique, à la téléphonie et à la transmission de la force qui ont préoccupé le plus les électriciens pendant l’année 1881, et on a pu s’en assurer à l’Exposition dernière, par l’importance et la variété des systèmes d’éclairages électriques exposés, parle nombre des machines, véhicules et métiers de toutes espèces qui s’y trouvaient mis en mouvement par l’électricité, et par les installations téléphoniques grandioses qui y ont été organisées. Cette Exposition elle-même était un véritable événement dans la science électrique, et on peut même la considérer comme la meilleure expression des progrès accomplis dans ces derniers temps. Nous avons tellement parlé de toutes les merveilles qu’elle recélait qu’il serait oiseux d’en reparler encore ; cependant connue il importe que nous indiquions dans nos comptes-rendus annuels les diverses étapes par lesquelles passent chaque année les diverses inventions, nous devrons résumer en quelques mots ce qui a été fait et les résultats obtenus.
- Bien que l’éclairage électrique par l’incandescence soit de date ancienne, aucune expérience sur une grande échelle n’avait été encore faite en France, et c’est avec un grand étonnement mêlé d’admiration qu’on a vu tous ces innombrables becs de lumière électrique, d’un aspect doux et tranquille, surgir des différents points de l’Exposition dans des conditions de divisibilité qu’on n’aurait jamais admises il y a peu de temps encore. C’était la meilleure réponse que MM. Edison, Swan, Maxim, Lane-Fox pouvaient faire aux incrédules, et si ceux-ci n’ont pas été encore convaincus sous le rapport de la question économique de cette lumière, ils ont toujours pu s’assurer que la lumière électrique était facilement divisible par ce système, qu’elle était parfaitement fixe et d’une couleur assez chaude et assez peu intense pour satisfaire ceux qui se plaignaient de la blancheur et du trop grand éclat de la lumière électrique ordinaire. L’avenir nous dira ce que coûte une pareille lumière, et nous croyons même que d’ici à peu de temps, grâce aux travaux de la commission du jury et du congrès, on pourra être fixé à cet égard ; mais en définitive nous avons acquis cette année la preuve que l’éclairage électrique domestique de petite intensité était possible.
- Nous avons pu également reconnaître que les
- éclairages de grande intensité pouvaient être appliqués dans de bonnes conditions, et, comme nous l’avons déjà dit dans ce journal, les lumières des systèmes Brush, Siemens, Werdermann, Clerc, Giilcher, Meritens, Crompton, Piette et Krisik se sont chargées de nous le démontrer pendant toute la durée de l’Exposition. Tous ces éclairages ne sont pas du reste restés à l’état de simples essais et on a pu voir dans nos faits divers que des installations sérieuses ont été faites dans le cours de l’année 1881 dans les différentes villes du monde, aussi bien chez les particuliers et les industriels que pour l’éclairage des rues et des places publiques. Quoique sous ce rapport nous ne soyons pas les plus avancés, on a cependant établi à Paris l’éclairage électrique de la place du Carrousel, et la préfecture de la Seine va appliquer prochainement plusieurs des différents systèmes d’éclairage qui ont figuré à l’Exposition. Aujourd’hui plusieurs châteaux en Angleterre, entre autres ceux du duc de Northumberland, de M. Spottiswoode, de M. Armstrong sont ainsi éclairés, et il est sérieusement question d’appliquer aux théâtres ce mode d’éclairage. On voit donc que l’année 1881 est en progrès sous ce rapport sur l’année 1880.
- Parmi les installations importantes qui ont été faites en 1881, nous citerons celle des quais du Havre, celle des docks de Liverpool, celle des rues de la Cité de Londres, celle des nouveaux phares de France et d’Angleterre, et celles qu’on a faites pour l’éclaistige d’un grand nombre de paquebots à vapeur, de certains chemins de fer et de galeries de mines en Angleterre et en Amérique. Il est probable que d’ici à peu d’années l’éclairage électrique sera appliqué partout, sinon d’une manière générale, du moins dans une foule de cas particuliers, car il est certain que sous le l'apport hygiénique, comme sous celui de la com servation des ornements des édifices et des appartements, comme sous celui de la moindre chaleur développée et surtout sous celui de la grande sécurité qu’il donne au point de vue des dangers d’incendie et d’explosions, il réalisera des avantages considérables, et nous ne comprenons pas comment les Compagnies du gaz n’ont pas pris elles-mêmes l’initiative de ce mode d’éclairage qui compléterait si bien le leur.
- Dans notre dernière Revue nous disions que la question de la transmission de la force par l’électricité était restée un peu stationnaire en 1880 : Cette année, elle a pris un essort nouveau, et on a pu voir à l’Exposition combien ce système était apprécié et à l’ordre du jour. Toutes les machines industrielles exposées fonctionnaient par l’électricité, depuis les machines à coudre, à plisser, à découper, voire même les pianista, les ballons, les métiers de passementerie, jusqu’aux pompes à force centrifuge, machines outils d’ajustage, scieries, marteaux pilon,
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- perforateurs de mines, presses d’imprimerie, blute-ries, charrues, ascenseurs, etc; le chemin de fer électrique de Siemens établi de la place delà Concorde au palais de l’Exposition était même une des grandes attractions de l’Exposition. Mais cette application n’estpas restée à l’état d’essai, un véritable chemin de fer électrique a été établi à Berlin et fait le service entre cette ville et Licheterfelde, et actuellement on en établit dans plusieurs villes. On voit que la question a bien progressé. Où est le temps où après des sommes énormes dépensées pour construire des électro-moteurs, on n’arrivait à avoir que la force d’un chat ! !
- Mais ce qui a le plus caractérisé le progrès des applications électriques pendant l’année 1881, c’est la solution inattendue donnée par M. Marcel De-prez, au grand problème de la distribution économique et automatique de l’électricité, déjà mis en avant depuis deux ans et qui répond à un besoin immédiat, surtout à un moment où il s’agit d’appliquer en grand l’électricité. Par ce système, on peut en effet distribuer dans des conditions parfaites de constance l’électricité à domicile, sans que la distance à la source génératrice, ni les irrégularités qui pourraient résulter de l’introduction dans le circuit d’un plus ou moins grand nombre de machines ou d’engins électriques mis en application, puissent en changer les conditions d’intensité et de constance, et cela à travers des conducteurs de si faible section qu’on a peine à comprendre qu’ils ne fondent pas sous l’influence du courant qui les traverse et qui pourtant peut transporter une énergie considérable. Il est certain que quand on pense que par ce système vous pouvez transporter une force de 20 ou 3o chevaux par un fil que vous pourriez faire passer à travers le trou d’une serrure, sans que vous sentiez en le touchant le moindre effet matériel, l’imagination elle-même est stupéfiée et l’on se demande si ce n’est pas de la magie !... C’est pourtant ce que nous voyons aujourd’hui. Pour ceux qui ont lu les articles que nous avons [publiés à ce sujet dans ce journal, la question est facile à comprendre, mais pour ceux qui ne sont pas bien au courant de tous ces effets, ces résultats paraissent inadmissibles, et naturellement ils nient. Nous en avons vu même qui avaient mis au défi M. Marcel Dcprez de faire produire à une machine d’induction à lumière une force électro-motrice de 1200 volts, et M. Deprez non seulement a pu produire cette force avec une machine Gramme du type d’atelier (A), mais encore sans qu’il se produisit au collecteur aucune étincelle. Evidemment nous devons nous attendre à beaucoup de surprises d’ici à peu de temps dans la voie où la question du transport de l’énergie électrique se trouve aujourd'hui engagée, et c’est certainement l’un des progrès qui caractériseront le plus l’année 1881.
- En attendant la réalisation sur une grande
- échelle de toutes ces applications merveilleuses, tous les ingénieurs, savants et inventeurs, comprenant l’avenir qui leur est réservé, se sont donné le mot pour inventer une foule de machines et appareils qui, comme nous l’avons dit plusieurs fois, se rapportent plus ou moins aux types primitifs sans présenter une grande amélioration; on les a peut-être mieux appropriés aux conditions de l’application et aux systèmes d’installation combinés par eux, mais en somme ces inventions, que nous avons décrites pour la plupart dans ce journal, nousparaissent avoir été faites surtout en vue de fournir les éléments de création de Compagnies exploitantes, et de tourner les brevets primitifs pour prendre part au gâteau quand le moment sera venu. Nous ne reviendrons donc pas sur ces appareils auxquels nous avons peut-être consacré trop de pages dans ce journal; nous rappellerons que ce sont les machines de Méritens des nouveaux modèles, les machines Brush, Siemens, Gramme du modèle octogonal qui ont fourni les meilleures résultats comme générateurs électriques. La grande machine Edison mue par une machine à vapeur de ioo chevaux de force a produit beaucoup d’effet, mais elle est venue trop tard pour qu’on ait pu se faire une idée de son rendement; elle est certainement très intéressante, et nous serons heureux quand les expériences faites par la commission du jury et du congrès nous auront fixé sur les valeurs relatives de tons ces générateurs. Il paraît qu’en ce moment le travail est complet et se rapporte à une trentaine de systèmes. Les calculs restent seuls à faire, et certainement la publication de ces documents sera l’un des plus importants résultats du Congrès des Electriciens de 1881.
- A propos du Congrès, nous devrions peut-être dire ici quelques mots de ses séances, car en déli-finitive, c’est surtout sur les questions d’éclairage électrique et de la distribution de l’énergie électrique que s’est portée son attention; mais nous avons déjà résumé ses travaux, et un volume tout entier va paraître prochainement sur tout ce qui y a été fait; nous dirons donc seulement que le résultat le plus important que l’on a obtenu, en dehors de la nomination d’une commission chargée d’étudier les divers systèmes d’éclairage électrique, a été l’adoption définitive des unités électriques de l’Association Britannique, à quelques-unes desquelles on a donné des noms nouveaux pour empêcher les confusions qui avaient souvent lieu. C’est ainsi que l’unité d’intensité électrique qui avait reçu le nom de Weber s’appelle maintenant une Ampère, pour la distinguer de l’unité d’intensité dans le système allemand des unités absolues qui s’appelait également Weber et qui diffère de l’autre d’une puissance de 10. On a aussi introduit une autre unité à laquelle on a donné le nom de Coulomb et qui se rapporte à la quantité d’électricité en circulation dans unciicuit.
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- De cette manière toutes les unités, dans le système actuel, sont nettement définies, et il ne reste plus qu’à déterminer d’une manière plus rigoureuse qu’on ne l’a fait jusqu’ici, l’unité fondamentale, Y Ohm, ce qui sera fait par une commission internationale à l’organisation de laquelle prendront part les différents Etats du monde civilisé.
- Les recherches faites en téléphonie n’ont pas fait éclore beaucoup d’appareils réellement nouveaux, mais on s’est appliqué à rendre pratiques ceux que l’on connaissait déjà, et sous ce rapport on a obtenu des résultats véritablement satisfaisants ; ainsi, dans les intéressantes auditions des représentations théâtrales qu’on avait organisées à l’Exposition, on n’entendait plus ces affreux crachements qui étaient si désolants dans les premiers systèmes téléphoniques à pile. Sous ce rapport, les appareils d’Ader ont donné des résultats très satisfaisants, et dans nos articles sur la téléphonie, nous en avons expliqué les raisons. L’organisation des bureaux téléphoniques a reçu d’un autre côté de grands perfectionnements, et on aura pu en juger par la description que nous avons donnée du bureau de Paris dans un des derniers numéros de ce journal. Déjà MM. Haskins et Wilson avaient combiné un système intéressant que nous avons décrit et qui est fort apprécié en Amérique. Nous avons, du reste, vu à l’Exposition que l’on cherchait toujours des perfectionnements, et que MM. Connolly avaient montré un sysème tendant à supprimer les employés des bureaux centraux pour les remplacer par des systèmes électro-magnétiques automatiques, au moyen desquels les abonnés effectueraient eux-mêmes, à distance, les communications. Les systèmes de condensateurs parlants combinés dans l’origine par M. Herz, se sont multipliés, et l’on a vu à l’Exposition ceux de MM. Dunand et Dolbear qui donnaient des résultats très intéressants ; M. Maiche, de son côté, montrait la possibilité de transmettre à travers un même fil plusieurs conversations différentes sur des récepteurs téléphoniques différents, et même un moyen assez simple d’éviter les effets fâcheux de l’induction des fils les uns sur les autres. Tous nos lecteurs doivent se rappeler aussi les intéressants travaux de M. Boudet de Paris sur les transmetteurs téléphoniques et microphoniques, et on a pu en apprécier lajustesse, dans les appareils perfectionnés qui se trouvaient à son exposition. Nous ne reviendrons pas davantage sur toutes les. tentatives faites dans le cours de l’année 1881 sur la téléphonie, car nos articles sur ces appareils à l’Exposition ont pu fixer le lecteur sur cette question, nous ajouterons seulement ici qu’aujourd’hui les téléphones à vibrations moléculaires sont devenus d’un usage pratique et que ceux de MM. Lockwood et Bart-lett ont donné d’excellents résultats sur les lignes de New-York à Philadelphie. Nous avons vu. d’ailleurs dans notre revue de l’année dernière les im-
- portants résultats obtenus par M. Herz sur les longues lignes téléphoniques et nous avons des raisons d'e croire que ce système téléphonique sera en voie de progrès pendant l’année 1882.
- La radiophonie qui est née de la téléphonie, a fait cette année d’importants progrès, surtout au point de vue scientifique, et les recherches faites par MM. Bell, Preece et Mercadier sont du plus haut intérêt ; nous les résumerons plus loin, mais nous devons dire dès maintenant que M. Mercadier est parvenu à en tirer parti pour les signaux télé-grahiques, comme on a pu le voir dans un de nos articles. Les appareils de MM. Mercadier et Bell figuraient du reste à l’Exposition et ont attiré l’attention des visiteurs, grâce aux expériences intéressantes qu’on faisait journellement au pavillon de l’administration des télégraphes.
- Les téléphotes ou appareils pour reproduire à distance des effets de vision ne semblent pas avoir beaucoup progressé depuis l’année 1880; cependant M. Shelford-Bïdwell a répété au moment du congrès les expériences qu’il avait faites en Angleterre et dont nous avons parlé à plusieurs reprises dans ce journal (Voir tome III, p. 20g). De leur côté MM. Ayrton et Perry ont fait des expériences du même genre qui ont montré que le problème n’était pas impossible à réaliser (Voir la Lumière Electrique, tome III, p. 266).
- La télégraphie électrique n’a pas non plus donné lieu à beaucoup d’inventions nouvelles. C’est toujours le multiplex de Baudot qui paraît être jusqu’à présent le plus important et le plus ingénieux des appareils télégraphiques, et tous les jours on le perfectionne. Aujourd’hui les appareils sont indépendants les uns des autres et prennent beaucoup moins de place. Les distributeurs et les com-binateurs, dont les fonctions s’effectuent maintenant mécaniquement, sont des merveilles de mécanique qui ont attiré constamment la curiosité publique pendant toute la durée de l’Exposition. Nous avions commencé une série d’articles sur cet ingénieux appareil, mais les droits de l’inventeur n’ayant pas encore été tout à fait sauvegardés pour certains détails de construction, nous avons dû différer encore l’achèvement de notre description. Les Morse automatiques de Wheatstone ont reçu également quelques perfectionnements de détail, et M. Willot a fait, pour les multiples de Meyer, ce qu’a faitM. Baudot pour ses appareils primitifs, ce qui lui a permis d’établir un système de transmissions multiples à stations intermédiaires dont nous avons déjà parlé dans ce journal, tome IV, page 61. En dehors de ces perfectionnements et de quelques appareils accessoires de télégraphie peu importants, dont nous avons déjà parlé, nous ne voyons rien qui puisse être rapporté à l’année 1881. Les expositions étrangères elles-mêmes ne nous ont apporté que des appareils connus. Ainsi on y a retrouvé le
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- télégraphe harmonique de Gray, le télégraphe multiple de Sehaeffler, l’imprimeur de Olsen déjà exposés en 1878, et les télégraphes autographiques de M. Edison, comme nous l’avons déjà dit, ne présentent rien de bien réellement nouveau. On y a bien trouvé quelques systèmes de duplex nouveaux, tels que ceux de MM. Orduna et Tommasi, mais l’expérience n’a pas prouvé leur supériorité. En revanche, les lignes télégraphiques se multiplient de tous côtés , les transmissions deviennent plus promptes, et ceux qui auront lu nos faits divers auront pu remarquer que les tours de force de manipulation se multiplient dans une grande proportion. La télégraphie se répand en effet de plus en plus dans les masses comme la téléphonie, et est devenue pour le public un besoin aussi indispensable que la poste. Aussi cherche-t-on maintenant à établir les lignes télégraphiques dans de meilleures conditions de conservation. La Prusse a donné l’exemple en convertissant toutes ses lignes aériennes en lignes souterraines,etnous commençons aujourd’hui, en France, à nous apercevoir, après de nombreux doutes, que ce moyen est pratique. Nous avons en ce moment une longue ligne souterraine (de Paris à Marseille) en cours d’exécution, et il est probable que nous ne nous en tiendrons pas là.
- Les applications de l’électricité à l’horlogerie pour l’unification de l’heure, sont restées un peu stationnaires en 1881. La ville de Paris a achevé son double réseau des centres horaires, et les horlogers sont en train de s’occuper d’appliquer leurs systèmes de remise à l’heure aux réseaux secondaires; mais ce travail marche lentement. Nous avons décrit avec détails ces différents systèmes, mais nous ne voyons pas qu’il s’en soit produit de nouveaux en 1881. On a pu, du reste, les voir fonctionner à l’Exposition, au pavillon de la Ville de Paris, où ils figuraient toiis. Quant aux horloges électriques, bien qu’on en ait trouvé un certain nombre à l’Exposition, il n’y avait pas de systèmes réellement nouveaux. C’étaient, pour la plupart, des pendules à butoir traînant du système de Hipp, et c’était aux expositions de MM. Hipp, Schweizer, Lenczewski, P. Garnier, Patry, qu’on trouvait les types les plus' intéressants.
- Les systèmes avertisseurs d’incendie pour villes se multiplient de plus en plus, et c’est avec une réelle satisfaction que nous voyons qu’on porte à cette question tout l’intérêt qu’elle mérite. Mais c’est encore à l’étranger que les systèmes électriques sont le plus appliqués, et on a pu en voir à l’Exposition de très ingénieusement combinés. Tels sont ceux de MM. Bright, O. Lawlor, Spagnoletti en Angleterre ; ceux de MM. Pond et Mackensie, et de M. Phillips, en Amérique; ceux de MM. Ericson, en Suède; de MM. Fein, Siemens, en Allemagne; de M. Egger, en Autriche; de MM. Welsch, Bar-
- telous, Devos, en Belgique. Nous avons vu d’ailleurs que les villes de Hambourg, Francfort, Stutt-gard, Amsterdam, Berlin, avaient, depuis longtemps, des installations de ce genre, et il en est de même pour presque toutes les villes d’Amérique et d’Angleterre.
- Le réseau des signaux d’incendie de Paris s’est encore développé en 1881, et quand le matériel des pompiers de cette capitale sera à la hauteur du système des avertissements, nous n’aurons rien à envier aux autres pays.
- Nous voudrions en dire autant pour les systèmes de signaux pour la sécurité des chemins de fer; mais, hélas ! nous sommes obligé de convenir que nous sommes, en France, de beaucoup en retard sur les autres pays; cependant, il y a progrès, et nous avons vu avec plaisir que le block-system commençait à se généraliser, ainsi que l’emploi des systèmes de Saxby pour le jeu des aiguilles. Nous avons consacré récemment de longs articles sur ce sujet, et nous n’avons pas par conséquent à y revenir ici; mais nous ne pouvons nous empêcher de manifester notre regret de voir que les expériences du block-system automatique de MM. Loi-seau et Leblanc, qui ont eu lieu l’année dernière et qui ont donné de bons résultats, ne se soient pas plus généralisées, et que les ingénieurs soient toujours aussi hostiles aux systèmes automatiques. Les accidents qui se produisent tous les jours devraient pourtant leur montrer qu’il y a quelque chose à faire dans ce sens.
- Comme inventions, se rapportant spécialement à l’année 1881, nous devrons mentionner le mélo-graphe répétiteur de M. Carpentier, que nous avons décrit dans notre numéro du 9 novembre et qui permet non-seulement d’enregistrer un air improvisé sur un orgue ou sur un piano, mais encore de faire répéter l’air sous l’influence de l’en-registration qui a été effectuée. C’est une sorte de phonographe musical, mais qui permet de lire et de traduire facilement les notes qui entrent dans l’air inscrit. Nous aurons encore à citer les systèmes électriques appliqués aux alcools par MM. Naudin et Esselmann, qui permettent de purifier assez ces liquides pour faire d’alcools mauvais goût des alcools bon goût. Ce procédé est aujourd’hui appliqué et il a un grand avenir. On remarquera encore les purificateurs des gruaux, qui permettent de bluter sans production de poussières les farines mêlées à leurs sons; les procédés électrolytiques de M. Goppels-rœder pour la préparation des matières colorantes dérivées du goudron; les explorateurs chirurgicaux qui permettent, au moyen de la balance d’induction de M. Hughes, non seulement de préciser l’emplacement des projectiles enfoncés dans le corps humain, mais encore la profondeur à laquelle ils se trouvent placés; un nouveau système de piano électrique de M. Baudet, danslequel on peut obtenir laprolongation
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- des sons des cordes par l’action d’un trembleur électro-magnétique dont elles sont accompagnées, ce qui permet de produire des effets d’orgue accompagnant des effets de piano; des pianista et machines à coudre mues par l’électricité; des pèse-laine électriques; de nouveaux systèmes d’indicateurs de grisou, combinés par MM. Leiving, Monnier et Somzéc, etc., etc.
- Il est une classe d’appareils qui, à une certaine époque, avaient préoccupé beaucoup les inventeurs et qui est restée un peu dans l’oubli dans ces dernières années : ce sont les machines à voler. Il est vrai que les méfiances des assemblées délibérantes n’ont pas encouragé les inventeurs, et c’est sans doute pourquoi nous n’avons trouvé à l’Exposition que deux modèles de ces machines : l’un, exposé par M. Davillé; l’autre, par M. Debayeux; encore ce dernier avait-il figuré à l’Exposition de 1878. Nous ne parlons pas, bien entendu, des allumoirs électriques dont on a trouvé un grand nombre de modèles plus ou moins nouveaux à l’Exposition, car cette application ne nous paraît pas avoir une grande importance.
- Parmi les appareils indicateurs et enregistreurs qui ont été le plus étudiés dans ces derniers temps et qui ont fourni le plus de modèles différents en 1881, nous devons citer les indicateurs des niveaux d’eau. On en trouvait un grand nombre à l’Exposition, et dans les quatre articles que j’ai publiés dans ce journal sur ce sujet, j’en décris une quinzaine dont les plus importants sont ceux de MM. Siemens, Gri-volas, Guillemart, Moquery, Kempe, Golfarelli, Hasler, Hipp, de la compagnie de Silvertown, De-lamotte, etc. Cette multiplicité de modèles prouve que cette application, que j’avais innovée en i856, est maintenant à l’ordre du jour, et qu’on a fini païen apprécier l’importance. Il en est de môme des électrotrieuses dont nous avons trouvé quatre très bons modèles à l’Exposition : mais aucun d’eux, nous le pensons, 11e doit être regardé comme appartenant à l’année 1881, et c’est pourquoi nous n’en parlons pas davantage.
- Dans un prochain article, nous nous occuperons des progrès réalisés dans la science électrique dans le cours de l’année 1881, et nous y rapporterons les appareils de mesure imaginés récemment et qui se rapportent plutôt à la partie scientifique qu’à la partie pratique de notre travail à laquelle ce premier article est consacré.
- (.1 suivre.)
- Tu. nu Moncel.
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- TÉLÉGRAPHE HARMONIQUE
- DE M. ÉLISIIA GRAY
- Le télégraphe harmonique de M. Gray a déjà été décrit dans le numéro du 20 juillet 1881 par M. le comte du Moncel, mais les renseignements que lui avait fournis M. Haskins laissaient encore quelques points obscurs. L’Exposition Internationale d’Elec-tricité, où le système de M. Gray avait été installé
- Il II
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- avec soin, nous a fourni l’occasion d’étudier de plus près les appareils, et cela nous permet d’en donner maintenant la description exacte et d’indiquer les dispositions générales du système.
- Le télégraphe harmonique a pour effet, comme 011 le sait, de transmettre simultanément par un même
- fil plusieurs séries d’ondes électriques qui se trouvent, au poste d’arrivée, triées par les appareils de façon à permettre la réception simultanée de plusieurs dépêches.
- Le principe de ce système est le suivant :
- Une pile, P,P2P3P,i (fig. 1), reliée d’une part au sol, envoie dans la ligne L un courant électrique qui, à la station réceptrice, traverse en série un certain nombre d’clectro-aimants, quatre par exem-
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- pie, E1? E2 E3, E4. Devant ces derniers, sont placées des tiges d’acier Bt, B2, B3, B4, et, sous l’influence des variations dans l’intensité du courant, chaque électro-aimant peut mettre en vibration, comme une lame de téléphone, la tige correspondante. En outre, les quatre tiges, fixées solidement par une de leurs extrémités, sont réglées de façon à donner en vibrant quatre notes bien distinctes ; par suite, chacune d’elles n’est affectée par les variations du courant que quand ces variations sont d’accord avec le nombre de vibrations qui lui correspond.
- D’autre part, la pile du poste transmetteur est divisée en quatre groupes, et sur chacun de ces groupes est disposé en dérivation un circuit comprenant une lame vibrante et un butoir de contact. On a ainsi quatre lames vibrantes ou vibrateurs Vu V2, V3, V4 et quatre contacts Ct, C2, C3, C4.
- Chaque fois qu’un des, vibrateurs touche son contact, la dérivation est fermée sur le groupe de pile correspondant ct le courant est affaibli ; dès que la dérivation s’ouvre de nouveau le courant reprend son intensité première. Or les vibrateurs, mis en action chacun par un système magnéto-électrique spécial, sont constamment animés d’un mouvemen vibratoire déterminé, et le nombre de vibrations de chacun d’eux est le même que celui d’une des tiges de l’appareil récepteur. C’est-à-dire que V4 aura un nombre de vibrations égal à celui de la note que donne Bj, V2, le nombre des vibrations correspondant à la note de B2, etc. Chaque vibrateur déterminera donc dans le courant des variations très rapides et produira une série d’ondes électriques en rapport avec le nombre de vibrations qu’il effectue. Tous les vibrateurs étant en action en même
- FIG.
- temps, il passera, par suite, dans la ligne quatre séries d’ondes électriques distinctes, et chacune de ces séries d’ondes trouvant au poste-récepteur une tige en accord avec elle, et susceptible de vibrer sous son influence, toutes les tiges B1; B2, B3, B4 entreront en vibration.
- Si maintenant on arrête un des vibrateurs, la série d’ondes électriques qui lui correspond est supprimée et la tige correspondante cesse de vibrer. Si on arrête deux, trois ou quatre vibrateurs, on produira l’arrêt de deux trois ou quatre tiges correspondantes. Ces arrêts pourront être entendus à la station réceptrice et, en faisant des arrêts courts et longs, on pourra constituer une sorte d’alphabet Morse et transmettre simultanément quatre dépêches différentes.
- Ce que nous venons de dire représente, réduit à sa plus simple expression, le système de transmission harmonique de M. Gray; mais il est évident que, dans la pratique, des dispositions toutes spéciales ont dû être prises pour en assurer le bon fonctionnement; il nous reste à indiquer ces dispositions, après avoir décrit en détail les différents appareils employés.
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- Nous décrirons d’abord l’appareil récepteur et nous indiquerons comment, au lieu de se servir comme signaux des arrêts dans le son des récepteurs, on transforme ces arrêts en contacts électriques susceptibles de produire des signaux électriques ordinaires.
- Le récepteur est représenté en coupe dans la fig. 2 : A est l’électro-aimant au-dessus duquel on voit la tige vibrante en métal de cloches, munie d'une armature en fer; le ton de cette tige peut être réglé à l’aide d’un curseur pesant B et l’on peut faire varier sa distance à l’électro' à l’aide d’écrous C c. Sur l’extrémité libre de la tige s’appuie un petit levier d équilibré sur un support et qui a reçu le nom de cavalier (rider). Ce cavalier ne doit pas vibrer à l’unisson avec la tige et doit avoir un son fondamental plus bas que celui de cette dernière. Tl est maintenu à sa partie inférieure par un petit ressort de réglage. La tige vibrante et le cavalier complètent un circuit local comprenant en outre un parleur (*) et une pile. Ce circuit local
- (>)Nous indiquons ici l’emploi du parleur d’un usage gémirai en Amérique, mais il est évident qu’un récepteur Morse ou
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- est indiqué sur un des récepteurs dans le diagramme de la fig. 8. Quand la tige vibre, le cavalier tremble sans cesse et le contact entre ces deux pièces est alors si mauvais que le circuit local peut être considéré comme ouvert et que l’armature de l’électro-aimant n’est pas attirée. Quand, au contraire, la tige cesse de vibrer le contact entre elle et le cavalier redevient bon et l’armature est attirée. Par suite, lorsqu’au poste transmetteur tous les vibra-teurs agissent sur la pile, tous les parleurs sont ouverts; si, au contraire, on arrête un des vibra-teurs, le parleur de la tige correspondante se ferme. L’arrêt d’un vibrateur agit donc sur le parleur correspondant comme agirait la fermeture d’une clef Morse, insérée avec lui dans le circuit d’une pile.
- La forme réelle du récepteur est représentée
- FIG. 4
- dans la fig. 3 ; à sa droite on voit le parleur qu’actionne la tige vibrante ; les communications entre ces deux appareils sont supposées faites en-dessous de la table comme cela a lieu dans la pratique.
- Le vibrateur, comme nous l’avons dit plus haut, est mis en mouvement par une pile spéciale. Il est représenté par Ja ligure 5. Les électro-aimants A et B ont respectivement 5 et 3o ohms de résistance. Le courant de la pile h traversant les deux électro-aimants, les aimante simultanément, mais à cause du plus grand nombre de tours, l’élcctro-aimant B est le plus fort. Il attire donc la lame d’acier cg, fixée en g et libre en c. Cette lame vient alors toucher le contact t ; le courant peut, dès ce moment, passer par la dérivation/, l’électro-aimant A devient, par suite, plus fort et attire la •lame. Le contact e se trouvant de nouveau rompu,
- B attire à son tour gc, et ainsi de suite. La lame vibre donc et sa vibration se règle sur son ton fondamental. Le contact d représente un des
- FIG. 5
- contacts indiqués dans la fig. i par les lettres C‘, C2, C3, C4.
- Cet appareil, au lieu d’être placé comme le montre la fig. 5, est suspendu verticalement dans la position représentée par la fig. 4. Dans cette figure on voit également, indiquée à droite, une manette destinée à supprimer l’action du courant local.
- Dans la disposition de la fig. 1, lorsqu’un vibrateur est en action sur la portion de la pile qui lui correspond, il affaiblit cette partie de la pile dans la proportion d’environ 60 0/0. Quand on arrête le vibrateur, son groupe de pile reprend toute sa force et tendrait à accroître l’intensité du courant dans la ligne. Avec quatre vibrateurs, plusieurs
- I I I IA
- FIG. 6
- d’entre eux pouvant être arrêtés en même temps, les changements d’intensité seraient très considérables et nuiraient au fonctionnement du système. Afin que ce dernier effet ne se produise pas, 1 faut, en même temps qu’on arrête un vibrateur,
- tout autre appareil analogue produirait le même effet. M. Gray, pour se conformer aux exigences de la France où l’on tient absolument à ce qu’il reste une trace écrite des dépêches, a
- d’ailleurs fait des expériences dans lesquelles il a fait fonctionner son système avec des récepteurs Morse au lieu de parleurs.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- supprimer du circuit les 60/100 du groupe de pile correspondant, afin de produire sur le courant général le même effet que le vibrateur lorsqu’il était en action. Pour arriver à ce résultat, M. Gray, au lieu d’arrêter le vibrateur en ouvrant le courant local, idée, qui se présente naturellement à l’esprit, produit cet arrêt à l’aide d’une disposition spéciale appelée. le transmetteur et représentée dans la lig. 6.
- La partie principale de cette disposition est un levier de laiton A, muni d’une armature en fer et légèrement taillé en bizeau à l’une de ses extrémités; il est terminé à ce même bout en forme de 1'; un ressort R, isolé par une pièce d’ébonite c, est porté par la partie supérieure du levier et un second ressort r est en communication avec la partie
- inférieure. Ces deux ressorts viennent toucher, par leur extrémité, les branches du T, lorsqu’ils n’en sont pas éloignés par l’une ou l’autre des vis de réglage. B et S. Un clectro-aimant e, actionné par une pile locale p et une clef k, est placé au-dessous de l’armature du levier. Une des extrémités de la pile est en communication avec l’axe O du levier, l’autre avec le vibrateur et aussi avec l’appareil voisin; le ressort R est relié à la ligne; lavis S communique avec le contact C du vibrateur ; enfin la vis B est en relation avec un point du groupe de pile, partageant ce groupe en deux parties qui soient entre elles comme 60 et 40.
- Dans la position indiquée par la figure, le pôle — de la pile communique avec la ligne par le levier A et le ressort R, le pôle -f- communique avec
- FIF. 7
- l’appareil voisin. Le contact C est aussi en relation avec le pôle — de la pile. O11 retrouve donc là le montage indiqué dans la figure 1 et les mouvements du vibrateur agissent sur le groupe de pile pour produire un courant ondulatoire et affaiblir ce groupe dans la proportion de 60 pour 100. Il en est ainsi tant que la clef k reste ouverte, mais quand on ferme cette clef, le levier A est attiré par l’électro e, le ressort p abandonne la vis S et le ressort R vient s’appuyer sur la vis B, mais cesse de toucher le T du levier. La portion de pile à gauche de B se trouve alors exclue du circuit et
- c’est seulement la portion à droite, soit les.—
- du groupe, qui envoie son courant d’une part dans, la ligne par B et R, et d’autre part dans les autres transmetteurs voisins par 111. La somme totale de courant n’a donc pas changé et la fermeture de k n’a eu pour effet que de supprimer la série .d’ondes électriques correspondant au vibrateur Y et par conséquent d’arrêter la tige vibrante correspondante.
- On pourrait se demander pourquoi on produit l’abaissement du levier A à l’aide d’un circuit local, au lieu de l’abaisser directement (*).
- La raison en est dans ce fait qu’avec la main la pression exercée serait très variable et les contacts seraient irréguliers; avec l’attraction d’un électroaimant, au contraire, la force produisant l’abaissement est toujours la même.
- Le transmetteur est représenté en perspective dans la fig. 7. Il est facile de reconnaître dans ce dessin la disposition de la fig. 6, on y voit en outre à l’extrémité droite du levier des vis de réglage des-tinées à limiter sa course. Il faut remarquer que la vis d’en haut à l’extrémité gauche est isolée par de l’ébonite. A gauche est représentée la clef de contact h, dans la forme usitée en Amérique.
- Si l'on relie maintenant ensemble les appareils
- C) C’est môme une question qui a été souvent faite à l’Exposition à M. Cushing, le représentant de M. Gray, que nous devons remercier ici de l’obligeance avec laquelle il s’est mis à notre disposition.
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- disposés comme nous venons de le dire, on obtient l’installation-générale représentée dans la moitié gauche du diagramme de la fig. 8. Cette partie constitue le système harmonique proprement dit, elle permet la transmission de quatre dépêches simultanément dans une seule direction, c’est-à-dire du poste transmétteur au poste récepteur, mais il est nécessaire que les employés du poste récepteur puissent communiquer avec ceux du poste transmetteur afin de pouvoir répondre aux appels ou faire des corrections.
- Dans ce but, on a ajouté au système harmonique
- de M. Gray deux relais, deux transmetteurs et des résistances qui, tout en assurant la communication nécessaire du poste récepteur au poste transmetteur, établissent, en outre, une cinquième communication du poste transmetteur au poste récepteur. Les relais employés sont des relais différentiels, c’est-à-dire que, sur le noyau de leur électro-aimant, on a enroulé deux fils en sens inverse. L’un M, placé au poste récepteur, doit agir sous l’influence du transmetteur à' disposé à l’autre station et actionné par la clef k d’un circuit local. L’autie N, faisant partie du poste transmetteur, doit agir sous
- l’influence d’un transmetteur semblable, placé à la station réceptrice et actionné par les clefs i, 2, 3, 4, 5, d’un circuit local.
- Voyons d’abord comment le relai M peut être ' affecté par le transmetteur a'. Le courant, en arrivant, à travers les récepteurs, au relai M, traverse d’abord une de ses spires ; de l’extrémité de cette spire il peut se rendre au sol par deux chemins, suivant que le levier a est abaissé ou non. Si a est abaissé, on a une communication directe au sol à travers une résistance négligeable r. L’intensité du bourant, passant dans une des spires du relai, est alors égale à la force électromotrice en jeu divisée pat la résistance totale de la ligne. Cette intensité produit dans l’électro du relai une certaine force attractive qui n’est pas tout à fait assez forte pour
- vaincre la tension que l’on a donnée au ressort an tagoniste de l’armature. Celle-ci n’est donc pas attirée. Quand, au contraire, a est relevé, le courant ne peut aller de l’extrémité de la première spire au sol qu’en traversant, d’une part, la seconde spire du relai et la résistance R, d’autre part la résistance R'; R et R' étant très grandes, l’intensité du courant est notablement affaiblie ; mais ces résistances ont été calculées de telle sorte que la somme des intensités dans les deux spires du relai est égale à l’intensité qu’avait primitivement le courant passant dans une seule spire. Comme, en raison de l’enroulement et du sens des courants, l’action des deux spires s’ajoute, la force attractive du relai est encore la même que dans le cas précédent et l’armature n’est pas influencée, tant que le cou-
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- FIG. Q. — INSTALLATION DU TELEGRAPHE HARMONIQUE DE GRAY A ^EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
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- rant reste normal. Dans les conditions normales du courant, le relai M n’est donc jamais influencé, quelle que' soit la position du levier a. Quand maintenant, au poste transmetteur, on abaisse la clef k qui commande a', on insère dans le circuit une pile additionnelle/, l’intensité du courant augmente; cette augmentation détermine l’attraction de l’armature du relai M, sans influencer N. En arrivant en effet du sol au relai N, le courant se divise entre deux résistances égales, celle de la ligne et une résistance égale R". Deux intensités égales, parcourent donc les deux spires et, comme les courants sont alors inverses, leur action est nulle, et le relai N n’est effectivement traversé que par le courant normal de la ligne qui, vu le réglage de l’armature, n’est pas assez fort pour l’influencer.
- Mais quand au poste récepteur l’action d'une des clefs i, 2, 3, 4, 5, abaisse A, les résistances R et R' sont exclues du circuit, l’intensité du courant augmente et ce courant qui traverse seulement une des spires de N pour prendre terre soit à travers A, soit à travers P, peut alors produire l’attraction de l’armature de N.
- Quand on abaisse simultanément a et a', il est facile de voir que les deux relais sont affectés en même temps de sorte que la cinquième communication du transmetteur au récepteur et la communication de service peuvent fonctionner en même temps.
- Le relai M met en action, à la station réceptrice, un parleur auquel est affecté un employé spécial. Le relai N, au contraire, fait fonctionner au poste transmetteur cinq parleurs placés devant les cinq employés et marchant en même temps. Les premiers signes transmis indiquent à quel employé s’adresse la communication.
- L’intensité du courant peut être changée dans de faibles limites, de manière à influencer les relais, sans nuire au fonctionnement du système harmonique, parce que ce système ne repose que sur l’action des courants ondulatoires ; et d’autre part les courants ondulatoires n’agissent sur les relais que comme des courants constants faibles. C’eët pourquoi les deux systèmes superposés, pour ainsi dire, fun à l’autre peuvent fonctionner indépendamment.
- La petite résistance r a pour effet d’éviter un trop brusque changement d’intensité quand a ou a' s’abaissent.
- Des condensateurs c, c’, c"... sont placés en dérivation sur chaque résistance, ils ont pour effet de compenser les extra-courants qui se produisent dans les spires des résistances et qui retardent les courants ondulatoires. Dans le fait, ils jouent le même rôle que dans les bobines de Ruhmkortf.
- Dans la fig. 8, les quatre groupes de la pile sont représentés comme étant tous égaux. Il n’en est pas réellement ainsi dans la pratique. Tous les
- groupes sont' bien divisés par le fil allant à la vis B en deux parties qui sont entre elles dans le rapport de 6o à 40, mais la valeur absolue de tous les groupes n’est pas la même. La raison en est dans ce fait, démontré par l’expérience, que les quatre courants ondulatoires produits par l’action des quatre vibrateurs ne se propagent pas aussi facilement les uns que les autres. La force électro-motrice nécessaire à leur propagation n’est pas la même pour tous; de là la nécessité de faire les groupes inégaux.
- Le montage, tel que nous venons de l’indiquer, était représenté à l’Exposition par une installation figurant les deux postes séparés par un seul fil de ligne. La fig. g est une vue de cette installation. On y voit les appareils récepteurs disposés sur le comptoir placé au premier plan. Sous ce comptoir sont disposées les piles locales. Sur le comptoir, représenté en second plan, sont les appareils transmetteurs et l’on voit les vibrateurs suspendus au bord de la table, afin que leurs vibrations ne se transmettent pas à celle-ci. Au-dessous sont placés les différentes piles; les relais et leurs résistances et manipulateurs sont placés à droite des deux tables sur les parties en retour.
- Le système harmonique de M. Gray a été expérimenté en Amérique du 22 novembre 1880 au 22 janvier 1881 sur les fils de la Western Union entre New-York et Boston, à une distance de 240 milles, soit environ .820 kilomètres. L’essai était fait dans des circonstances peu favorables, car le lil employé était voisin d’autres fils sur lesquels travaillaient g quadruplex et le courant de ces appareils crée des difficultés toutes spéciales ail point de vue de l’induction dans les fils voisins, en raison de l’emploi de fortes piles et des fréquents changements de sens.
- Dans une des expériences, cinq employés ont transmis, dans l’espace de g heures, 2 124 dépêches, soit 286 dépêches en tout par heure, ou 47 dépêches par homme et par heure.
- Une autre fois, quatre employés, choisis parmi les meilleurs, ont transmis, en 5 heures, 1 184 dépêches, soit 5g par employé et par heure.
- A la suite de ces expériences, les brevets ont été acquis par une Compagnie qui s’occupe actuellement de la construction de lignes spéciales pour fonctionner concurremment avec les Compagnies existantes. Ajoutons que le duplex harmonique, qui est une modification du système que nous venons de décrire, est dès maintenant employé en Amérique sur plusieurs lignes de chemins de fer.
- Des expériences sur de longues lignes vont être prochainement faites en Europe avec le télégraphe harmonique de M. Gray.
- A. Guerout. •
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- LES CATARACTES DU NIAGARA ECLAIREES A LA LUMIERE ELECTRIQUE
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- LES CATARACTES DU NIAGARA
- ÉCLAIRÉES A LA LUMIERE ÉLECTRIQUE.
- Le souvenir de ma visite au Niagara-Falls est resté profondément gravé dans ma mémoire, et je suis heureux que les essais d’éclairage électrique qui ont été tentés pendant mon séjour en Amérique, et plusieurs fois renouvelés depuis ces derniers temps, me donnent aujourd’hui l’occasion de décrire cette merveille du pittoresque.
- Avant mon départ pour le Nouveau-Monde, j’avais lu avec intérêt de nombreuses descriptions, pendant mon séjour à New-York, j’avais écouté bien des voyageurs racontant leurs impressions et j’avais le plus grand désir d’admirer à mon tour le grandiose spectacle dont mon imagination se faisait une si haute idée.
- Le voyage de New-York aux Cataractes s’exécute en une nuit ou un jour de la façon la plus agréable dans les magnifiques sleeping cars des chemins de fer américains ; mon départ s’est effectué le soir par la gare de l’Erié-Rail-Road, me réservant de revenir dejour par la ligne du New-York Central; le lendemain matin, j’étais à Suspension-Bridge, petit village qui doit son nom à un magnifique pont construit sur la rivière Niagara et faisant communiquer la rive américaine au territoire canadien.
- On sait que les grands lacs du Nord de l’Amérique, Supérieur, Michigan, Huron et Erié, envoient la masse des eaux qu’ils accumulent vers le lac Ontario, à travers un canal de 5o kilomètres qui constitue la rivière Niagara. Les Cataractes sont divisées en deux parties par l’île de la Chèvre; la chute Américaine, à peu près droite, a une largeur de 3oo mètres et une hauteur de 55 environ; la partie Canadienne ou Fcr-à-Chcval est large de 670 mètres et haute de 86. L’origine du nom est un peu incertaine, on croit pourtant qu’elle vient de l’iroquois et signifie Tonnerre des eaux. Les Cataractes du Niagara ont été vues pour la première fois par un homme de race blanche, il y a environ 200 ans; c’est, dit-on, le père Hennepin, jésuite missionnaire Français, qui les découvrit dans un voyage d’exploration en 1678.
- Le bruit de ces immenses chutes s’entend au loin et leur puissant grondement est plus ou moins distinct, suivant la direction et la force des vents. Le flot irrésistible qui se précipite a un débit de 100 millions de tonnes par heure. La violence des frottements exercés par l’eau recule, paraît-il, le précipice de plus de 3o centimètres chaque année. La largeur des chutes est de 1,000 mètres et la différence totale du niveau entre les lacs Erié et Ontario de i3i mètres.
- Ces renseignements précis, que les Américains ne manquent jamais de donner, permettent d’apprécier plus sûrement le côté grandiose du spectacle.
- Le dessin ci-contre représente une vue perspective des Cataractes du Niagara, prise en aval de Suspension-Bridge.
- Ce fameux pont est construit à 2,800 mètres environ au dessous des chutes; on a, en le traversant, un admirable point de vue ; les trains des Compagnies de chemins de fer Great-Western et New-York-Central en font usage pour passer des Etats-Unis au Canada.
- On peut se faire une vague idée de l’émotion profonde qui envahit le spectateur à la vue de cette masse liquide en fureur qui court, bondit, se précipite en nappes gigantesques pour tourbillonner, se tordre en mille remous au bas de sa chute et repartir avec plus de fureur pour former les rapides.
- D'immenses nuées__formées par les eaux pulvérisées s’élèvent sans cesse au-dessus du gouffre et présentent quelquefois dans leurs masses légères toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Le décor qui sert à entourer une des plus belles scènes naturelles du monde est du reste admirable, les rochers abruptes et la végétation vigoureuse qui recouvre toutes les hauteurs donnent au paysage des effets encore plus grandioses. Mais toutes ces merveilles deviennent une vraie féerie lorsqu’on peut les contempler la nuit par un beau clair de lune, et le climat de l’Amérique du Nord n’est pas avare de ces magnifiques effets.
- C’est alors que la lumière électrique vient compléter le spectacle fourni par la nature en en faisant ressortir tous les détails rapprochés.
- On a ingénieusement placé de grands foyers électriques derrière les murailles de rochers qui se trouvent en avant de chaque côté des chutes et les rayons lumineux sont dirigés vers les cataractes; en regardant de Suspension-Bridge on croirait voir un théâtre de géants avec ses montants gigantesques et son décor si fabuleux. Le ciel admirablement éclairé laisse tous les fonds se détacher en silhouettes fantastiques ; les premiers plans mis en relief par l’éclairage électrique présentent des aspects merveilleux d’ombre et de lumière, les grandes nappes d’eau miroitent et font jaillir de leurs ondulations vertigineuses mille reflets argentés.
- On ne se lasse pas d’admirer de pareils prodiges; pour ma part je suis resté bien avant dans la nuit, ébloui, fasciné, et je comprends aujourd’hui qu’il est impossible de trouver des expressions suffisantes pour dépeindre la sublimité d’un pareil spectacle.
- C. C. Soulages.
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- TOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- SUR
- LE TRAVAIL ABSORBÉ
- PAR l’ÉLECTROLYSK
- l’argent, égal à 0,004 X et pour l’intensité I ce poids devient
- d’où
- °;°°4 “(J I ~P
- __ 27000 />
- Il a été question dernièrement, à plusieurs reprises, dans ce journal, de l’électrolyse et du travail électrique qu’elle réclame, point qui intéresse au plus haut degré un certain nombre d'industries. Les principes que j’ai mis en lumière dans le numéro du 2 décembre s’appliquent à cette question et permettent de l’élucider.
- Il est facile de calculer le prix de revient d’une décomposition chimique produite au moyen de l’électricité en s’appuyant sur les considérations suivantes. Désignons par
- I l’intensité du courant qui produit la décomposition ;
- e l’équivalent chimique du corps à décomposer (l’hydrogène étant 1);
- e la force électro-motrice inverse développée sur les électrodes par le fait même de la décomposition ;
- g l’intensité de la pesanteur =9,81 ;
- r la résistance totale du circuit, y compris le bain contenant l’électrolyte.
- L’intensité, la force électro-motrice et la résistance sont supposées exprimées en unités absolues, c’est-à-dire en ampères, en volts et en ohms.
- Le travail négatif développé dans une seconde par la force électro-motrice inverse due à l’élec-
- troyte la pour expression
- Le travail calorifique développé par le passage du courant dans le bain est d’autre part égal à-~; le travail total par seconde est donc
- cl -f- rl1
- et par heure •
- Nous savons que lorsqu’un bain d’argent est traversé par un courant 'égal à un ampère,’ la quantité d’argent déposée par heure diffère très peu de o'Looq ; par suite, en vertu des lois de Faraday, si l’électrolyte contient un autre métal que l’argent, le poids de ce métal précipité par heure sera (pour une intensité d’un ampère), 108 étant l’équivalent de
- Remplaçons I par sa valeur et nous aurons pour le travail total développé par le courant pendant une heure
- rp __ 97200000 pe . 729000000 r/>-“ gs + ge-
- en remplaçant g par sa valeur, on a
- T G Et?
- -p = 99IOOOO — 7^310000 -„o
- qui fait connaître le travail absorbé par la précipitation de un kilogramme du métal considéré.
- On voit que le travail absorbé par la décomposition d’un kilogramme d’un électrolyte, croît avec la rapidité de la décomposition. Si nous supposons celle-ci très lente et la résistance du bain très petite, le second terme de la formule devient négligeable et il vient comme limite inférieure du travail
- T c
- — 9910000 v kilogrammètres
- Appliquons cette expression à la décomposition de l’eau. On a dans ce cas
- d’où
- e = 9 e — 1,75 (d’après M. Blavicr).
- T
- >
- 192S000 kilogrammètres.
- Ce nombre n’est pas d’accord avec celui que l’on déduit de la quantité de chaleur développée par la combinaison de ^ de kilogramme d’hydrogène avec | de kilogramme d’oxygène. Cela peut tenir à ce que le nombre 1,75 n’est pas exact ou à ce que les deux gaz résultant de la décomposition de l’eau sont dans un état moléculaire particulier produit par le passage du courant. On trouve en effet en cherchant l’équivalent mécanique de la quantité de chaleur développée pendant la formation d’un kilo gramme d’eau
- 1636ooo ki 1 ogrammé trcs.
- La différence entre ce nombre et celui calculé plus haut est de 289 000 kilogrammètres ; comme on le voit, elle est assez notable et il serait intéressant de savoir exactement à quoi elle doit être attribuée.
- Marcel Depuez,
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- DE LA POSSIBILITÉ
- DE DONNER A
- L’ECLAIRAGE ÉLECTRIQUEw
- TOUTES
- LES QUALITÉS DE L’ÉCLAIRAGE AU GAZ (2)
- L’exposition d’électricité de Paris a démontré que l’éclairage électrique, en ce qui concerne les machines destinées à produire le courant et les lampes électriques a fait pendant ces dernières an nées des progrès considérables. Mais si nous-comparons à ces progrès ceux qu’a faits dans le même temps la lumière électrique pour les besoins de l’éclairage des habitations particulières, nous verrons qu’à ce point de vue elle est restée fort en arrière. Si on va plus loin et qu’on cherche la cause qui pourrait expliquer cette contradiction apparente, il est facile de voir que des progrès encore plus grands dans la même direction ne pourront guère avancer les choses.
- Il faut chercher la cause de cet état d’arrêt dans les inconvénients que porte en soi le système actuel consistant à placer toutes les lampes électriques alimentées par le courant de la même machine, dans un seul circuit électrique. Ces inconvénients, qui excluent l’emploi de la lumière électrique dans les habitations particulières, sont les suivants :
- i° La grande tension électrique que doivent avoir ces machines comporte un danger imminent dans le cas de contact avec les fils conducteurs.
- 2° L’indépendance des lampes électriques exige l’emploi des régulateurs différentiels qui, vu l’énormité de leur prix, ne sont accessibles qu’à très peu de monde. Toutes les autres lampes électriques mettent celui qui les emploie dans une dépendance complète de la volonté de son voisin, si ce dernier alimente ses lampes par la même machine électrique, et cette dépendance n’est pas complètement supprimée dans le cas ou l’on emploie des régulateurs différentiels.
- Si l’on voulait pour mettre le prix de la lumière électrique à la portée de tout le monde employer des machines à forte tension, on augmenterait les
- (>) Nous ne parlons ici que de l’éclairage électrique d’ans le sens propre du mot, c’est-à-dire de l’éclairage par l’arc voltaïque ; car les lampes à incandescence donnent une lumière présentant si peu d’avantages comparativement à la lumière du gaz, qu’il semble difficile d’espérer que cet éclairage électrique puisse jamais concourir avec celui du gaz.
- (a Le problème que s’est posé l’auteur n est autre que celui de la distribution de la lumière électrique, résolu d’une façon générale par le système de M. Marcel Deprez, nous insérons cependant ce mémoire à titre de document.
- (Rédaction).
- conditions défavorables : le danger du contact avec les conducteurs et la dépendance mutuelle des brûleurs.
- Examinons l’autre méthode de disposition des brûleurs électriques dans le circuit.
- J’entends la méthode consistant à placer les brûleurs dans des dérivations par lesquelles on réunit les conducteurs principaux de la machine, méthode qui a été constatée comme très favorable pour les lampes à incandescence.
- En ce cas :
- i° La machine fournit un courant de grande quan-
- tité et de faible tension et le danger provenant des fils conducteurs est supprimé.
- 2° Tous les brûleurs électriques deviennent jusqu’à un certain degré indépendants les uns des autres.
- Si la susdite méthode de placer les lampes en dérivation n’a pas été en usage jusqu’à présent, il faut en attribuer la cause à la difficulté de faire brûler les lampes dans ces dérivations.
- Supposons une machine M à courants alternatifs, dont les conducteurs principaux a b, c d. ont une résistance infiniment petite, en rapport avec la résistance des dérivations i, 2, 3 (fig. i).
- Nous avons trois moyens d’entretenir simultanément la lumière dans les lampes électriques introduites dans ces dérivations.
- i° Si l’on introduit dans les dérivations i, 2, 3, des résistances, en comparaison desquelles les variations de résistance des arcs voltaïques puissent être négligées, le courant se distribuera dans les dérivations proportionnellement à leur conductibilité respective et la lumière des lampes électriques
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- pourra être entretenue dans toutes les dérivations. 1,2,3.
- Mais comme la résistance de l’arc voltaïque est sujette à des variations très-grandes, nous devons employer des résistances très grandes, qui produisent une grande perte de courant (i).
- 2° Si nous introduisons dans les dérivations 1,2,3 (fig. 2), des condensateurs, le courant ne les traverse pas; mais ils reçoivent de chaque courant produit dans un sens donné une charge électrique qui produit la décharge de chaque condensateur au commencement du courant contraire. Cette décharge n'est déterminée que par la capacité du condensateur et peut sous certaines conditions entretenir l’arc
- M
- i
- 3
- b
- cl
- FIG. 2
- voltaïque et la lumière de toutes les lampes électriques dans les dérivations (comme cela a été démontré par M. Jablochkoff).
- (*) A l’Exposition d’électricité de Paris, M. Gravier a fait fonctionner par cette méthode de six à huit lampes électriques en employant six machines Gramme. On n’a pas fait de mesures sur la force des machines, et nous ne pouvons baser notre jugement au point de vue du courant, qu en l’appuyant sur le témoignage du mécanicien qui avait charge de l’éclairage de M. Gravier. Selon scs données, une des machines en question n’est employée que pour alimenter les cinq autres; chacune de ces machines sert à produire un courant capable d’entretenir six lampes. Si ces données sont exactes, le quart du courant sera directement utilisé par les lampes, les autres trois quarts seront employés à chauffer les résistances introduites.
- Un journal allemand Zeitschrift fur angewandle Eieetrici-/.i/,. n° 20, 1881, p. 38g, contient un article sur le système Gulehcr, qui traite de la manière de disposer les conducteurs en dérivation à l’aide des résistances. L’auteur de l’article 11e fait aucune mention sur le rapport des résistances introduites et celles de l’arc voltaïque; cependant ses conclusions n’ont leur raison d’être que dans le cas où ce rapport serait infiniment grand, c’est-à-dire que le système Gulchcr, de même que celui de M. Gravier, doit comporter une grande perte de courant.
- Mais pour y arriver, on doit prendre ces condensateurs de capacité énorme. De plus, si l’on tient compte des changements auxquels sont soumis les isolants des condensateurs, on reconnaît que l’utilité des condensateurs ne correspond pas à leur prix (plus de 1.000 fr. chacun).
- 3° Si l’on introduit dans les dérivations des voltamètres à forte polarisation(fig.3),onobtient des charges électriques qui, comme dans le cas des condensateurs, pourront entretenir l’arc voltaïque, et en même temps on distribue à volonté le courant dans les dérivations en prenant les voltamètres des résistances correspondantes. En employant ce procédé, on n’a à craindre ni grandes dépenses pour la construction des condensateurs, ni grande perte du courant.
- Voici alors ce qui a lieu : Quand le .courant passe à travers le voltamètre dans une certaine direction, il produit une polarisation qui agit en sens contraire du courant primitif; quand le courant change de sens, il se produit premièrement une décharge du voltamètre, et secondement une polarisation en sens contraire du nouveau courant. Si cette polarisation (*) est grande et si le changement de signe du courant se fait rapidement, comme cela a lieu dans les machines dynamo-électriques actuellement en usage, ces décharges seront .suffisantes pour entretenir l’arc voltaïque dans chaque lampe électrique, même dans les lampes sans réglage comme les bougies Jablochkoff.
- Dès qu’on parvient à entretenir l’arc voltaïque, sa résistance n’éprouve plus de variations considérables, et le courant se partage dans les dérivations proportionnellement à leur conductibilité, sans que les résistances des voltamètres introduits aient besoin d’être considérables (2).
- Si l'on veut employer la méthode précédente de distribution du courant pour l’éclairage électrique en grand, elle devra être complétée essentiellement, suivant les conditions suivantes :
- i° Le fonctionnement d’un brûleur électrique ne doit pas être influencé par le nombre des lampes électriques qui fonctionnent dans le même moment.
- 20 Le courant employé pour chaque dérivation doit pouvoir être mesuré.
- (*) En employant des plaques en charbon, plongées dans une dissolution de silicate de soude dans de l’eau, il suffit d’introduire dans chaque dérivation huit voltamètres reliés en tension. Si l’on emploie de l’eau faiblement acidulée par l’acide sulfurique, le nombre des voltamètres doit être doublé.
- (2) Dans les laboratoires de MM. Jamin (avec les bougies Jamin) et Joubcrt (avec les bougies Jablochkoff) on a fait brûler, par exemple, 5 bougies dans 5 dérivations (1 bougie dans chaque dérivation) avec le courant d’une machine Gramme de 6 bougies. Les expériences avec les bougies Jamin ont de plus démontré qu’en augmentant la vitesse de la même machine, on peut faire brûler 7 bougies dans 7 dérivations; 8 bougies dans S dérivations (deux dans chacune) et 7 bougies en 3 dérivations, trois dans chacune.
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- Or pour satisfaire au premier point il faut introduire dans une dérivation un appareil qui entretienne dans cette dérivation un courant constant, en réagissant sur l’excitatrice de la machine. Si le courant est trop fort, il introduira dans l’excitatrice des résistances qu’il supprimera dans les cas où le courant est trop faible.
- La constance du courant dans cette dérivation a pour résultat la constance des courants dans toutes les dérivations (selon le principe, que le changement de la résistance d’une dérivation provenant de la combustion des charbons est infiniment petit en comparaison de la résistance totale de la dérivation), c’est à dire qu’en même temps que la machine garde une vitesse constante, on peut faire brûler
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- plus ou moins de lampes et chacune reçoit toujours la quantité d’électricité qui lui convient; seulement, le travail consommé par la machine varie proportionnellement au nombre des brûleurs en fonctionnement.
- Quant au second point, la quantité d’électricité qui passe dans une dérivation peut être mesurée par le volume du gaz qui se dégage de la décomposition du liquide d’un voltamètre. Si les lampes électriques dans toutes les dérivations sont de même type et l’intensité du courant la même, dans toutes les dérivations le volume du gaz provenant de la décomposition du liquide sera proportionnel au temps pendant lequel le courant passera à travers les lampes et le volume de gaz sera proportionnel au courant utilisé. Pour le courant d’une intensité différente nous avons encore à chercher des données empiriques, car la petite quantité de gaz qui se dégage dans les courants alternatifs ne peut être considérée à priori comme proportionnelle, à l’intensité du courant.
- Ainsi, supposant que toutes nos conditions soient remplies, c’est à dire, i° que notre machine produise un courant de faible tension, mais d’une grande quantité; 2° qu’on établisse des dérivations et introduise dans chacune d’elles outre la lampe électrique la série des voltamètres indiqués plus haut; 3° qu’un de ces voltamètres reçoive une forme convenable pour déterminer le volume du gaz résultant de la décomposition du liquide, et 40 qu’on introduise dans une des dérivations le régulateur qui agit sur l’excitatrice, la lumière électrique s’établit de la manière suivante :
- i° Toutes les lampes électriques qui recevront leur courant de la même machine seront complètement indépendantes l'une de Vautre : (a) on pourra employer des lampes de différents systèmes; (b) ces lampes pourront être allumées et éteintes sans agir sur la combustion des autres.
- 2° La consommation du courant pour chaque lampe pourra être mesurée et le prix pourra être établi d'après cette consommation.
- 3° Tout danger provenant du contact avec les conducteurs sera supprimé.
- En conséquence la lumière électrique tout en conservant les précieuses qualités aura en outre toutes les qualités de la lumière du gaz, grâce auxquelles le gaz était préféré à tout autre éclairage.
- M. Avenarius.
- SUR
- L’ÉQUIVALENT MÉCANIQUE
- DE LA LUMIÈRE
- La lumière est une forme de l’énergie; cela ne saurait être douteux, et nous en avons des preuves multiples. A défaut de manifestation absolument directe, cela est démontré par les divers travaux qu’elle produit.
- Les travaux chimiques sont nombreux ; la lumière opère diverses combinaisons, par exemple, celle du chlore et de l’hydrogène; c’est à elle que l’on doit la formation de la chlorophylle, matière colorante des plantes, qui, comme chacun le sait, ne peut se développer dans l’obscurité. Elle donne lieu surtout à un grand nombre de décompositions : on connaît celle des iodures, bromures et chlorures d’argent, et d’autres de ce genre sur lesquelles est fondée la photographie; on peut citer les réductions des oxalates, celle des sels de chrôme en présence d’une matière organique, et d’autres encore.
- Au point de vue mécanique direct, le cas est plus douteux; il n’est pas bien certain que les rotations du radiomètre soient dues à la seule lumière; mais elle
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- donne indirectement des effets mécaniques, nous le savons par le radiophone au noir de fumce.
- Notre collaborateur Mercadier a entretenu nos lecteurs de ces frappantes expériences où l’on voit la lumière faire naître des vibrations sonores qui sont incontestablement une énergie de nature mécanique.
- En un mot, la production de la lumière est un travail, et il y a un équivalent mécanique de la lumière comme il y en a un de la chaleur.
- Nous ne le connaissons pas, nous n’en avons même pas d’idée ; au point où en sont les mesures lumineuses, il ne peut être question de le chercher; nous n’avons pas d’unité réelle pour cet ordre dè grandeur, et celles vers lesquelles on semble provisoirement se diriger sont des étalons arbitraires peu propres à faire rentrer la lumière dans l’ensemble des énergies déjà connues. Cet équivalent n’en existe pas moins certainement; tout ce qu’on peut supposer, c’est qu’il doit être petit.; sans quoi, on eût été plus tôt obligé d’en tenir compte.
- Une conséquence immédiate résulte de cette considération. C’est que pour produire la lumière il faut.un travail spécial, distinct de celui qui produit la chaleur. En supposant que la capacité calorifique d’un corps reste la même, pour élever sa température d’un certain nombre de degrés, il faudrait un travail plus grand lorsque le corps est lumineux que lorsqu’il ne l’est pas, une certaine portion du travail étant employée à produire la lumière. Je ne connais aucune expérience propre à justifier cette conclusion, elles seraient probablement difficiles à faire, surtout si, comme je le suppose, l’équivalent mécanique de la lumière est iàible.
- Mais on peut le manifester autrement. En effet, s’il faut un travail pour produire de la lumière, toute production de lumière sur un courant électrique doit donner lieu à une force contre-électromotrice; car nous savons qu’aucun travail ne peut être recueilli sur un circuit sans qu’il y ait force contre électromotrice (Voir n° du 3 décembre, p. 3i 6 et suiv.). Or cela est exact et le fait est connu; des expériences nombreuses ont montré que dans l’arc voltaïque il y avait toujours une force contre-électromotrice; on lui a même trouvé dans certains cas une valeur considérable. Les expériences, bien concordantes quant au résultat, le sont moins, il est vrai, quanta l’évaluation de cette force; mais on n’en est pas encore à ce point, et on s’est jusqu’ici restreint à en démontrer l’existence. Elle est aujourd'hui'universellement reconnue; seulement on attribue à cette force diverses origines; le phénomène est assez compliqué en effet. D’aborn il est prouvé que les deux charbons sont à des températures très différentes et variables avec l’arc (Voir n° du ig mars rilBr, p. 220, expériences de M. Rossetti) ; cela doit donner lieu, comme l’ont supposé M. Roux, d’une
- part, M. Joubert de l’autre, à des effets thermoélectriques : de plus, il est certain qu’il y a arrachement de molécules et transport du pôle positif au pôle négatif; ce travail mécanique ne peut s’accomplir sans qu’il y ait une force électromotrice développée. Enfin la combustion elle-même des charbons, surtout s’opérant comme cela a lieu sous l’influence de deux températures différentes, doit faire naître une très notable différence de potentiel dont l’influence ne peut manquer de se manifester. Ces divers effets peuvent se contrarier; en tout cas, le résultat est une force contre-électro-motrice qui demeure inséparable de la production lumineuse, et dont on aura la mesure quand on voudra étudier la question dans ce sens. Cela pourrait donner des résultats intéressants et la recherche vaut qu’on l’entreprenne ; elle ne serait pas inutile pour la bonne utilisation lumineuse des courants. Cette utilisation dépend en effet de la bonne combinaison des forces électromotrices dans le circuit; d’après les expériences citées plus haut, la force contre-électromotrice de l’arc serait très comparable à la force électromotrice positive, et le rendement lumineux devrait s’établir sur le rapport de ces forces, conformément aux lois du transport de l’énergie.
- 11 n’est pas douteux que le même fait ait lieu dans la production de la lumière par incandescence ; il y a certainement développement d’une force contrc-électromotrice; seulement, il Sera probablement difficile de la manifester ; d’abord la quantité de chaleur produite est très grande relativement à la quantité de lumière, et si l’équivalent mécanique de celle-ci est faible, la petite portion du travail qui lui est afférente sera noyée dans le gros travail dépensé en chaleur; d’autre part, la résistance du charbon diminue à mesure qu’il s’échauffe, dans une proportion variable suivant les charbons et qui n’est pas bien connue : il y a là une çause de trouble qui rendrait les recherches délicates.
- Quoi qu’il en soit, comme il est bien certain que la production de la lumière exige un travail, puisque celle-ci est elle-même une énergie, il est non moins certain que sa production sur un courant suppose une force contre-électromotrice ; on l’a très nettement reconnue dans l’arc voltaïque, elle existe sans aucun doute dans tous les autres modes par lesquels la lumière peut être électriquement obtenue.
- Il ii’est pas impossible que ce phénomène puisse un jour conduire au lien qui rattache la lumière au système des autres grandeurs; et l’on devrait se féliciter s’il faisait entrer l’étude des phénomènes lumineux dans une voie plus méthodique et plus conforme aux procédés suivis dans l’étude des autres phénomènes.
- Frank Geraldy.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Sur le dégagement de l’électricité dans les cristaux hémièdres.
- Dans leurs recherches sur la pression des cristaux hémièdres à faces inclinées (voir la Lumière électrique numéros du icr septembre 1880 et des 12 février et 6 août 1881) MM. J. et P. Curie sont arrivés à ce principe général :
- « Quelle que soit la cause déterminante, toutes les fois qu’un cristal hémièdre à faces inclinées non conducteur se contracte, il y a formation de pôles électriques dans un certain sens; toutes les fois que le cristal se dilate, le dégagement d’électricité a lieu en sens contraire. »
- Ils ont ajouté à ce principe la conclusion suivante : « Si cette manière de voir est exacte, les effets dus à la compression doivent être de même sens que ceux dus à réchauffement dans une substance possédant suivant l’axe d’hémiédrie un coefficient de dilatation négatif. »
- M. Hankel (*) met en doute la généralité de ces principes. Suivant lui, si sur une partie des cristaux hémièdres la pression et le refroidissement produisent la même polarité, tandis que la cessation de pression et réchauffement déterminent une polarité contraire, il est d’autres cristaux hémièdres pour lesquels le contraire a lieu : la pression et réchauffement produisent la même polarité, et des pôles inverses sont déterminés parla cessation de pression et par le refroidissement.
- Parmi les corps étudiés par MM. Curie, M. Hankel écarte d’abord la blende, le chlorate de soude et le sel de Seignette dont les propriétés thermoélectriques ne sont pas bien définies. Il écarte également la topaze, ayant en 1869 dans un mémoire sur les propriétés thermo-électriques de la topaze, démontré que cette substance n’est pas hémimor-phe.
- Il reste donc parmi les corps étudiés par MM. Curie la boracite, la tourmaline, le silicate de zinc, l’acide tartrique et le sucre de canne, qui rentrent dans la règle énoncée. Le sucre de lait non étudié par MM. Curie y rentre également. Mais avec le tartrate neutre de potasse, la struvite et le quartz, la pression agit comme réchauffement, et la cessation de la pression comme le refroidissement.
- Sur ces trois corps, le quartz seul a été pris en considération par MM. Curie et rangé par eux dans les corps suivant la loi énoncée, mais d’après
- M. Hankel, c’est sur une expérience de M. Friedel qu’ils ont été amenés à le considérer comme rentrant dans cette loi.
- Dans un mémoire sur les propriétés thermoélectriques du quartz, M. Hankel avait montré en 1866 que le quartz est hémimorphe dans la direction des axes secondaires et, par conséquent, présente des pôles contraires aux extrémités des axes secondaires. Sous l’influence de la chaleur, les arêtes latérales d’un prisme hexagonal cfe quartz qui se rattachent aux faces rhombiques eî aux faces du trapé-zoïde trigonal s’électrisent négativement; par le refroidissement, elles s’électWsfent positivement. Les arêtes situées aux autres extrémités des axes et sur lesquelles ces faces manquent, présentent les électricités contraires. *
- En 1879 M. Friedel a étudié de nouveau le quartz et observé l’état électrique produit en plaçant sur une arête du quartz Urie boule métallique chaude en relation avec un ciieétromètre ; il a obtenu les résultats inverses cfe ceux de M. Hankel. D’après ce dernier, l’èffçt observé par M. Friedel ne provient pas du .changement de température de la masse du cristal, mais d’un phénomène décrit antérieurement par lui et qui consiste en une transformation directe du rayonnement calorifique en électricité. Dans ce cas le rayonnement produit la mêiiie polarité que produirait le refroidissement du quartz, et en attribuant cet effet à réchauffement du cristal, M. Friedel arrive à un résultat précisément contraire à celui auquel il devrait arriver.
- Le résultat obtenu par M. Fribclel a dû, dit l’auteur, conduire MM. Curie à considérer le quartz comme suivant le principe formdlé par eux, tandis qu’il suit une loi contraire.
- On ne peut d’ailleurs invoquer dans ce cas le principe additionnel cité pluë haut, car le quartz possède suivant l’axe d’hémiédrië un coefficient de dilatation positif, plus grand due le coefficient dans la direction de l’axe principal.
- Contractions et dilatations produites par des tensions électriques dans les cristaux hémiè-dres à faces inclinées.
- Comme suite de leurs expériences, dont nous venons de parler, sur l’électrisation des cristaux hémièdres sous l'influence de la pression, MM. Jacques et Pierre Curie ont présenté dernièrement à l’Académie des Sciences une note sur le phénomène inverse, c’est-à-dire sur les pressions produites par l’électrisation.
- « Supposons qu’un corps solide, un prisme de verre, par exemple, ayant om, 01 de surface, éprouve
- (9 Annales de Wiedemann. N° 0. 1881.
- (’) Annales de Wiedemann, 11. P. 269. 1880.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- une variation égale au millionième de sa longueur. Cette quantité sera très difficilement constatable par un procédé direct.
- « Mais, si l’on s’oppose d’une manière absolue à cette variation de longueur, le solide éprouvera une variation de pression de près de ikBr. Un système sensible, permettant de constater ou de mesurer cetté pression, donnerait doncla possibilité de conclure d’une façon indirecte à la variation de longueur qui aurait pu se, produire. On voit que cette méthode est basée sur la faiblesse du coefficient de compressibilité des corps solides.
- « Nous avons réalisé un appareil remplissant ces conditions, èn nous servant de la propriété que possède le quartz de dégager, lorsqu’on exerce sur lui un effort dans certaines directions, des quantités d’électricité proportionnelles aux pressions qu’on lui fait subir.
- « Nous décrirons cet appareil, en détaillant l’application que nous en avons faite pour mettre au jour le phénomène réciproque de la polarité électrique des cristaux hémièdres.
- « On sait que, lorsqu’on fait subir à un cristal hémièdre à faces inclinées une variation de pression suivant un axe d’hémiédrie, il se développe aux deux extrémités de cet axe des quantités d’électricité égales et de signes contraires, le sens du dégagement étant lié au signe de la variation de pression.
- « Nos expériences actuelles viennent prouver que, réciproquement, lorsqu’on charge d’électricités contraires les deux extrémités de l’axe d’un cristal hémièdre, il éprouve, suivant cet axe, soit une contraction, soit une dilatation, selon le sens dans lequel la tension électrique lui a été appliquée.
- « Les sens des deux phénomènes réciproques sont liés entre eux par la loi générale suivante, dont nous empruntons l'énoncé à M. Lippmann, et qui n’est autre chose qu’une généralisation de la loi de Lenz : « Le sens est toujours tel que le phénomène « réciproque tende à s’opposer à la production du « phénomène primitif. »
- « M. Lippmann, se basant à la fois sur les principes de la conservation de l’électricité et de la conservation de l’énergie, et sur les propriétés du phénomène direct, avait pu prévoir et démontrer d’avance toutes les particularités du phénomène réciproque ('). Il avait même donné le moyen d’en calculer d’avance la grandeur pour une différence de potentiel déterminée, lorsque l’on connaît la quantité d’électricité dégagée par une pression déterminée.
- « Nous avons ultérieurement mesuré la quantité d’électricité dégagée par la tourmaline et par le quartz pour une pression de i’te (2) : on trouve,
- f1) Principe de 'la conservation de Vélectriciiè (Annales de Chimie el de Physique, iH8i, p. i |5)).
- (2) Comptes rendus, t. XCI1I, p. 20.1.
- en faisant le calcul, que des prismes de ces substances éprouveront des variations de longueur d’environ de millimètre pour une différence de potentiel correspondant à une étincelle de om,oi dans l’air.
- « Voici comment les expériences ont été disposées : l’appareil est formé de deux plaques massives en bronze, unies par trois grosses colonnes qui font corps avec l’une des plaques, traversent l’autre et sont terminées par des vis munies d’écrous.
- « On peut ainsi, à l’aide des écrous, serrer entre les deux plaques une pile d’objets placés les uns au-dessus des autres. Les objets sont partagés en deux systèmes distincts :
- « Le système inférieur sert uniquement à mesurer les variations de pression; il se compose de trois lames de quartz larges et minces, séparées par des lames métalliques que l’on met en communication avec un électromètre, qui accuse l’électricité dégagée par les variations de pression subies par les lames de quartz.
- « Le système supérieur sert à produire le phénomène que l’on veut étudier. Dans le cas qui nous occupe, ils se composait de trois cristaux hémièdres aussi volumineux que possible, et séparés les uns des autres par deux rondelles de cuivre. Les trois cristaux avaient leurs axes d’hémiédrie parallèles à la direction du serrage. Les deux cristaux des bouts étaient retournés par rapport à celui du milieu, c’est-à-dire que, sur l’une des rondelles de cuivre, se trouvaient appliquées deux bases positives par pression, sur l’autre deux bases négatives.
- « Les deux bases extérieures des trois cristaux communiquaient avec la terre. Les deux rondelles de cuivre pouvaient être reliées aux deux pôles d’une machine de Holtz.
- « Nous avons opéré sur la tourmaline et sur le quartz. Pour ces deux substances, lorsque l’on unit la branche positive d’une machine de Holtz à la rondelle de cuivre attenante aux faces des cristaux positives par pression, et la branche -négative à la rondelle attenante aux faces négatives, les cristaux tendent à se dilater suivant l’axe de serrage et, par l’intermédiaire du système inférieur, qui subit une augmentation de pression, l’élcctromètre indique cette dilatation; quand l’action delà machine cesse, l’électromètre l’indique encore. Enfin, quand on renverse le sens de la tension, les cristaux se contractent et tous les effets se produisent en sens inverse.
- « Le phénomène est déjà sensible pour une tension correspondant à une étincelle d’un demi-millimètre ; il semble être proportionnel à la différence de tension.
- « Il nous est impossible, pour le moment, de donner une mesure; mais un calcul que nous avons fait pour le quartz, calcul grossièrement approximatif, vu les données imparfaites que nous avons
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- employées, nous a montré que le phénomène est du môme ordre de grandeur que le phénomène calculé théoriquement ('). »
- Sur la décomposition de l’eau sur des électrodes
- de platine, sous l’influence de la décharge de
- bouteilles de Leyde (2).
- On sait depuis les expériences de Paets van Troostwyck, que si l’on décharge une bouteille de Leyde à travers de l’eau dans laquelle plongent des fils de platine, cette eau est décomposée et il se dégage sur les deux électrodes un mélange d’oxygène et d’hydrogène. Riess ne considère pas cette décomposition comme électrique. D’après lui, elle serait due à la chaleur développée sur les électrodes par la décharge, ce qui serait possible puisque Grove a montré que le platine porté à l’incandescence décompose l’eau.
- C’est pour étudier de plus près ce point que M. Streintz a entrepris ses recherches. Il lui a semblé nécessaire d’éliminer d’abord l’effet calorifique en introduisant dans le circuit de décharge une assez forte résistance.
- Les expériences étaient disposées de la manière suivante :
- Une batterie de 18 jarres de Leyde, disposées de manière à pouvoir être groupées de différentes façons, était chargée à l’aide d’une machine Tœpler à deux plateaux.
- La décharge se faisait au travers d’une résistance et d’un voltamètre dont la première électrode était isolée et la seconde en communication avec le sol à travers un galvanomètre. Les constantes de ce dernier ayant été préalablement déterminées, son observation faisait connaître à chaque expérience la quantité d’électricité qui avait passé dans le circuit. A un moment quelconque, par exemple aussitôt après le passage de la décharge, l’électrode isolée pouvait être mise en relation avec une des paires de quadrants d’un électromètre Thomson-Mascart, dontl’autre paire était reliée au sol, et l’on pouvait ainsi mesurer la différence de potentiel produite par la décharge entre les deux électrodes. Ces dernières étaient du genre des électrodes à la Wollaston; quelquefois le fil de platine saillait en pointe
- (i) Les deux systèmes, celui qui servait produire le phé-
- nomène électrique et celui qui servait à le mesurer, étaient
- séparés l’un de l’autre au point de vue électrique, d’une façon
- parfaite; ils étaient chacun parfaitement enfermés dans des
- enveloppes métalliques communiquant avec la terre.
- 'Nous n’avons pas négligé toutefois les nombreuses vérifi-
- cations qui permettent de s’assurer que l’on n’a pas affaire à
- un phénomène d’influence. Ces précautions sont nécessaires,
- puisqu’il s’agit de constater de très petites quantités d’électricité qui se dégagent en présence des tensions énormes des machines de Iloltz.
- (*) Annales de Wiedemann. N° B. 1881.
- en dehors du tube de verre, mais le plus souvent il était coupé au ras de ce tube.
- L’auteur s’est d’abord occupé de voir s’il y avait un rapport entre la quantité d’électricité mise en jeu dans la décharge et la force électromotrice développée par la polarisation des électrodes ou force électromotrice de décomposition. Pour cela il a varié l’intensité de la décharge dans de grandes limites, soit en faisant varier le nombre et le groupement des bouteilles de Leyde, soit en changeant la longueur de l’étincelle. Il a reconnu que la force électromotrice de décomposition est déterminé par le courant de décharge dans le même sens que la force électromotrice de polarisation provoquée par un courant galvanique. Cette force électromotrice croît avec l’intensité du courant de décharge mais d’une façon si irrégulière que M. Streintz n’a pu établir un rapport entre ces deux quantités. (i) * * * * * * * * x
- Il a remarqué cependant que la force électromotrice de décomposition, mesurée aussitôt après le passage de la décharge, est d’autant plus grande que le voltamètre a servi à un plus grand nombre d’expériences antérieures, même en ayant soin, après chaque expérience, de fermer le voltamètre sur lui-même jusqu’à ce que l’électromètre n’indi-quàt plus aucune différence de potentiel entre les deux électrodes.
- Une décharge donnée développait en général une force électromotrice de décomposition plus grande que la précédente, en supposant que les deux décharges fussent de même sens. Avec des lames comme électrodes, la force électromotrice obtenue s’élevait de plus en plus ; avec des électrodes à la Wollaston terminées en pointe, cette force atteignait un maximum au bout de quelques décharges; enfin avec des électrodes coupées au ras de tube le maximum était atteint après la deuxième décharge.
- Mais si, dans ces expériences, après une série de décharges dans un sens donné, on fait passer une décharge en sens contraire, la force électromotrice de décomposition diminue tout d’un coup très notablement.
- L’auteur a reconnu en outre que cette force électromotrice dépend de la surface des électrodes et qu’elle est d’autant plus grande que cette surface est plus petite.
- M. Streintz a'étudié en outre le temps pendant lequel la force électromotricc de décomposition persiste après la décharge. En déterminant cette force électromotrice au bout de temps de plus en plus longs après la décharge, il a trouvé qu’elle s’affaiblit progressivement et que cet affaiblissement est d’autant moins rapide qu’il a passé déjà un plus grand nombre de décharges dans le voltamètre.
- Au moment de la décharge, l’électrode isolée se trouvant en relation avec le pôle positif de la bat-
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- terie, cette électrode doit s’électriser négativement. A la première décharge cela a d’abord lieu, puis le signe change au bout de quelques minutes ; à la deuxième décharge, cela se produit encore, mais moins rapidement, enfin aux décharges suivantes le changement de signe n’a plus lieu.
- Les dernières expériences de l’auteur ont enfin porté sur un cas spécial de polarisation galvanique. Dans un mémoire sur la nature de la polarisation galvanique, M. Beetz a déterminé la différence de potentiel entre du platine pur et du platine chargé d’hydrogène. Il a montré qu’il y avait d’abord une différence de potentiel de o,5o daniell et que cette différence de potentiel s’élevait en dix minutes jusqu’à 0,82 D. pour se maintenir à cette valeur pendant assez longtemps. Au bout d’une demi-heure, la différence de potentiel éprouvait une diminution que M. Beetz attribue à la diffusion de' l’hydrogène d’une électrode à l’autre.
- M. Streintz a observé que quand on opère comme l’a fait M. Beetz avec deux électrodes dont une seule est polarisée, et que celle-ci a été polarisée seulement pendant un temps très-court, puis abandonnée à elle-même, cette électrode est d’abord positive vis-à-vis d’une autre non hydrogénée, puis devient négative.
- L’auteur explique ce changement de signe, aussi bien que celui qui se produit avec la décharge, en admettant que le platine chargé d’hydrogène occlus est négatif vis-à-vis du platine pur, tandis que quand l’hydrogène en excès couvre la surface du platine, l’électrode se comporte comme positive vis-à-vis du platine pur.
- En ce qui concerne la décomposition produite par la décharge des bouteilles de Leyde, M. Streintz la considère comme le produit d’une polarisation et d’une dissociation de l’eau avec dégagement de gaz détonant aux deux électrodes. Il laisse indécise la question de savoir si cette dissociation est déterminée par un échauffemcnt des électrodes, mais cette idée ne lui semble pas improbable, d’après les expériences de Grove.
- Recherches sur l’électricité de contact.
- Sir William Thomson a étudié, au mois d’avril dernier, l’électricité produite au contact de différents corps, à l’aide d’une méthode déjà indiquée cur-sivement par lui en 1862. Cette méthode est analogue à celle de M. Pellat (Lumière électrique, 10 mai 1880) et repose sur le même principe. Des fils partant des métaux à étudier sont mis en contact avec le fil d’une sorte de potentiomètre et quand la force électromotricc de contact est neutralisée par la différence de potentiel sur le fil du potentiomètre les plateaux n’accusent plus de charge sur un électromètre de Thomson.
- Les résultats obtenus montrent que les forces électro-motrices de contact dépendent des gaz ambiants. ComnieM. E. Becquerel l’avait déjà montré ', l’auteur trouve qu’une lame de platine sèche entourée d’hydrogène sec est positive vis-à-vis d’une lame de platine ordinaire, et qu’elle perd cette propriété avec le temps. Un plateau maintenu pendant 45 minutes dans l’oxygène sec est négatif vis-à-vis d’un autre plateau plongé dans l’air. La différence de potentiel est de o,33 volt et cette valeur diminue aussi avec le temps. Après une légère dessiccation, une plaque de platine qui a servi d’électrode positive dans l’acide sulfurique étendu est aussi négative ; si cette lame a servi de pôle négatif et que l’hydrogène se soit dégagé sur sa surface, elle est positive et la différence des potentiels est de 0,04 volts. Le dégagement électrolytique des gaz sur les lames de platine agit plus vite que l’immersion de ces lames dans des gaz secs.
- FAITS DIVERS
- Dernièrement, M. Precce a fait à Londres, dans le hall de la Society of Arts, Adelphi, une conférence sur les merveilles de l’électricit6. Le hall était éclairé avec des lampes Edison. Quelques-unes de ces lampes étaient renfermées dans des cloches en verre de couleur bleue.
- M. Preece a défini et expliqué par des expériences, l’énergie et ses différentes formes, la production de l’électricité au moyen de batteries, l’application de l’électro-magnétisme à la télégraphie, les appareils automatiques Wheatstone. Le développement qu’a pris en Angleterre le télégraphe de 1O60 à 1881 a été rappelé par le savant électricien. Dans cette période les dépêches se sont accrues de six millions à trente millions, les bureaux télégraphiques de 2 000 à 5 Soo, les recettes de 700 000 liv. st. à 1 600 000 liv. st., la télégraphie sous-marine de quelques milles à soixante-dix milles de fils. On compte actuellement 8o3 journaux et cercles qui ont des fils spéciaux, et 320 villes reliées chaque- jour télégraphiquement avec Londres.
- La séance de l’Union Electrotechnique de Berlin du 27 décembre était présidée par le major général Kessler. Un mémoire sur l’emploi de l’électricité contre le danger d’incendie a été lu par le docteur Wcrner Siemens qui a rappelé qu’avec la lumière électrique les explosions n’étaient pas il redouter comme avec le gaz. Il a recommandé l’adoption de l’éclairage par l’électricité dans le théâtre en désignant comme particulièrement propres à ce mode d’éclairage les lampes à incandescence des systèmes Changy, Edison, Swan, etc. M. Ungcr a donné ensuite quelques détails sur les installations téléphoniques en Allemagne. C’est le i3 novembre 1877, a-t-il rappelé, que la première ligne de téléphone a été inaugurée de Fricdrichsberg, à Berlin; on compte actuellement dans cette capitale 1 280 postes téléphoniques en pleine activité.
- La séance s’est terminée par de curieuses communications de M. Massmann sur les dégfits que les oiseaux occasionnent
- (J) C. R. 22 p. 677, 1846.
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- aux lignes télégraphiques, surtout l'espèce connue sous le nom de pic, qui troue avec son bec les poteaux les plus durs.
- Télégraphe électrique
- Des expériences d’éclairage par la lumière électrique viennent d’être entreprises à Toulon à bord du cuirassé d’escadre VAmiral Duperrè, sous la direction d’une commission spéciale.
- Les propriétaires des houillères de Houghton dans le comté de Lancastrc, en Angleterre, viennent d’adopter la lumière électrique pour l’éclairage de ces mines.
- Aux usines de Rhymmez (pays de Galles) l’éclairage est produit depuis quelque temps au moyen de l’électricité et donne de bons résultats.
- L'Electrician de Londres annonce que la Compagnie de lumière électrique Brush {Brush Electric Light Company) vient de recevoir des commandes pour des installations d’éclairage dans les fonderies d’acier de Moss Bay et aussi dans les fonderies de West Cumberland.
- La corporation de la ville de Hanley, dans le comté de Stafford, va faire un essai d’éclairage par l’électricité dans quelques-unes des rues et places de cette ville.
- Depuis quelque temps, la Royal Society de Londres avait l’habitude d’illuminer ses salles, les soirs de séances, avec des lampes Swan. On nous apprend que ce système vient d’être définitivement adopté pour la salle des séances et ses abords. Les lampes sont alimentées par une machine Siemens.
- A Londres, MM. Hammond et C° viennent d’introduire la lumière Brush dansHigh Street, Whitechapcl et Commercial road East. ___________
- La ville d’Uxbridgc, qui est le plus grand marché aux grains d’Angleterre, va sans doute, être éclairée par l’électricité, car le conseil municipal a nommé un comité pour étudier la question.___________________
- On annonce, de Londres, que la fabrique de la paroisse de Lambeth va faire éclairer électriquement la rue qui va de Westminster Bridge jusqu’aux Horns, à Kensington.
- La fabrique de la paroisse de Paddington vient de prier son comité des projets généraux de rédiger un rapport sur la question de l’éclairage électrique pour la paroisse.
- Dans l’Inde, annonce 1 ç. Homcward Mail, le comité du cantonnement de Poonah s’est adressé au commandant en chef pour obtenir l’autorisation d’introduire la lumière électrique dans les limites du cantonnement.
- Le conseil de la ville de Covcntry, dans le comté de War-wick, a décidé d’envoyer une députation à l’Exposition d’c-Iectricité du Palais de Cristal de Sydenham. Cette députation est chargée de préparer un rapport relativement à la possibilité d’appliquer l’éclairage électrique à la ville de Coventry.
- Dimanche dernier, le Révérend II.-R. Ilawcis, de Saint-James’s, Westmoreland-street, quartier de Marylebone, à
- Londres, a éclairé son église au moyen de l'électricité. C:t éclairage avait été installé par les soins de la Compagnie d’éclairage électrique de Paris. On s’est servi de lampes Maxim et de lampes Edison.
- Télégraphie
- Il y a maintenant quarante-quatre ans que le télégraphe a été exhibé pour la première fois à New-York et une seule compagnie, la Western Union, possède actuellement aux Etats-Unis 35o,ooo milles de fils.
- Les journaux anglais publient un mémoire relatif aux lois protégeant les câbles sous-marins, présenté à lord Granville, ministre des affaires étrangères.
- Ce mémoire, signé par des délégués d’un grand nombre de compagnies possédant des câbles télégraphiques, signale les principales causes de dégradation et de rupture des câbles, notamment la négligence que mettent les navires en jetant ou en traînant leurs ancres dans le voisinage des lignes, la pratique de la pêche, aux mêmes endroits, au moyen de filets de fond, etc. Les compagnies prient, en conséquence, lord Granville de faire les démarches nécessaires pour arriver â signer une convention plaçant les câbles sous-marins sous la protection des lois internationales, et punissant les dégradations ou la rupture des câbles par suite de négligence ou de malveillance.
- Les câbles sous-marins étant marqués sur les cartes marines, les capitaines de navires peuvent facilement reconnaître leur position et les éviter en jetant leurs ancres.
- Depuis le iGr janvier 1882, l’administration des télégraphes d’Italie a adopté pour la transmission à domicile des dépê* ches le système qui est déjà en vigueur en France, en Allemagne, en Autriche. D’après ce système, comme on sait, les télégrammes ne sont plus renfermés dans une enveloppe; l’employé n’a qu’à transcrire l’adresse du destinataire sur une partie de la feuille, préalablement pliée et portant le télégramme. La feuille est fermée de manière que le secret du télégramme est parfaitement gardé.
- Ce nouveau système a, entre autres avantages, celui de faire gagner du temps. De plus, quand la dépêche est transmise par les appareils télégraphiques à impression, l’employé au lieu de transcrire l’adresse du destinataire, ce qui l’expose souvent à des erreurs, n’a qu’à prendre celle qui est imprimée par l’appareil même.
- On s’occupe de l’établissement d’une ligne télégraphique reliant le Paraguay à la'Rcpubliquc Argentine, avec el Paso de la Patria pour point de jonction.
- Téléphonie
- Dans plusieurs églises on a déjà essayé de transmettre prières et sermons par le téléphone. Dimanche dernier, une nouvelle tentative de ce genre a été faite avec succès à Brigh-ton.
- Se fondant sur l’article q8 de la Constitution de l’Empire allemand, le président de police à Berlin vient d’ordonner à plusieurs fabricants qui avaient établi des communications téléphoniques sans l’autorisation de l’administration des Postes d’avoir à se pourvoir devant cette administration à l’effet d’obtenir l’autorisation exigée par les règlements.
- Le Gérant : A. Glknard.
- Paris. — imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 25788
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONGEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 14 JANVIER 1882 N° 2
- SOMMAIRE
- Des progrès delà science électrique en 1881; Th. du Mon-cel. — La machine Jürgensen et Lorenz; A. Guerout. — Exposition internationale d’électricité : Block-Syslem de M. Sykes; de Magneville. — Exposition internationale d’électricité : Installation d’appareils de mesures électriques à l’exposition de l’École supérieure de télégraphie; E. Mercadier. — Sur quelques applications particulières des lampes à incandescence pure; C.-C. Soulages. — Sur la torsion, la flexion et le magnétisme; G. Wiedemann. — Revue des travaux réeents en électricité. — Historique du procédé de cuivrage direct de la fonte. — La pile à auges de Thomson. — Fanfare d’Ader. — Un nouvel accumulateur. — Correspondance : Lettre de M. Càbanellas à propos de la résistance des machines. — Lettre de M. Ch. Weyher sur les bruits téléphoniques. — Faits divers.
- DES PROGRÈS
- DE LA
- SCIENCE ÉLECTRIQUE
- EN 1881
- 2e article. ( Voir le numéro du y janvier.)
- L’une des questions qui a le plus préoccupé les Electriciens, dans le cours de l’année 1881, a été celle des accumulateurs voltaïques. Déjà, l’année précédente, elle avait donné lieu à des recherches nouvelles de la part de MM. Houston et Thomson en Amérique, de M. d’Arsonval en France, et nous en avons dit quelques mots dans notre dernière Revue; mais c’est dans le courant de l’année 1881 que l’on en a vu toute l’importance au point de vue industriel, bien que, depuis plus de vingt ans, M. Planté ait attiré l’attention, à diverses reprises, sur ce genre d’application électrique. Il est vrai que les réclames tapageuses et multipliées propagées par une Société puissante qui exploitait une invention de ce genre, n’ont pas été sans avoir contribué considérablement à la vulgarisation de cette application, et, comme elle a pu exhiber en public des résultats obtenus par ce procédé, on y a vu immédiatement le moyen d'emmagasiner des torrents
- d’électricité que l’on pourrait utiliser à produire de la lumière et de la force à domicile. Tout le monde s’est mis alors à l’œuvre pour faire des accumulateurs nouveaux, qui ne sont tous que des dérivations de l’invention de M. Planté. Ayant publié de nombreux articles sur ce genre d’appareils et sur l’accumulateur Faure qui avait provoqué tout ce tapage, nous croyons inutile d’en reparler encore; nous dirons seulement qu’après avoir reconnu que la puissance d’emmagasinement de ces appareils dépendait de la surface des lames de plomb formant les électrodes, on s’est ingénié à la développer sans en augmenter le poids, et on s’est trouvé conduit soit à constituer ces lames avec des feuilles de papier de plomb plus ou moins plissées, soit avec des dépôts de plomb rugueux sur les lames elles-mêmes, soit avec des peintures à base de plomb, capables de fournir une couche de plomb revivifié par l’action du courant. Tels sont les accumulateurs de MM. Faure, de Méritens, de Kabath, de Pez-zer, etc., dont nous avons successivement parlé dans ce journal. Il est certain que la question est très intéressante et que l’industrie pourra en tirer profit un jour.
- Parmi les recherches scientifiques qui ont le plus attiré l’attention, nous aurons à signaler celles qui se rapportent à la radiophonie et qui ont été, de la part de MM. Bell, Preece, Tyndall, Mercadier, le sujet d’expériences du plus haut intérêt. Il est résulté, en effet, de ces nouvelles études que, si dans quelques cas la lumière peut provoquer des sons en modifiant la conductibilité électrique de certains corps introduits dans un circuit téléphonique, les radiations calorifiques qui accompagnent toujours les radiations lumineuses, sont celles qui déterminent les sons quand les rayons lumineux agissent directement sur les substances qui les révèlent, et l’on a reconnu que l’intensité de ces sons était en rapport avec le pouvoir thermique absorbant de ces substances. Dans tous les cas, la parole a pu être reproduite sous la seule influence des rayons lumineux sans aucun intermédiaire électrique; mais, pour cela, il a fallu donner aux appareils une plus grande sensibilité, et on y est parvenu en introduisant derrière le diaphragme transparent sur lequel
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- les rayons lumineux étaient projetés, des substances spongieuses et absorbantes, telles que des ouates colorées et surtout du noir de fumée, qui alors agissent mécaniquement sur la masse d’air qui les entoure. On a pu reconnaître, en effet, que c’étaient surtout les effets produits par cette masse d’air emprisonnée qui déterminaient les vibrations sonores. Nous n’entrons pas ici dans les théories qui ont été données de tous ces effets, on pourra les retrouver suffisamment développées dans les nombreux articles qui ont été publiés dans les tomes III, IV et V de ce journal (*). Nous dirons seulement qu’on a reconnu que d’autres substances que le sélénium peuvent avoir leur résistance électrique modifiée sous l’influence des rayons lumineux, et que le tellure, et surtout le noir de fumée, déposé sur une lame de verre dans des conditions convenables pour, former un conducteur secondaire entre deux couches formant électrodes métalliques, pouvaient constituer de très bons photophones. M. Mercadier, du reste, a fait sur ce genre de photophones une étude très complète que nous avons publiée dans le tome IV de ce journal, page 347, et qui montre que, si la lumière agit par ses radiations calorifiques dans les sons produits sous son influence directe, elle peut agir par ses radiations lumineuses, quand elle manifeste indirectement son action par l’intermédiaire d’un corps dont la résistance électrique est impressionnée par ces sortes de radiations. Il fait, du reste, voir comment les substances sensibles à l’action de la lumière se comportent sous l’influence de températures variables, et ce travail, bien qu’en contradiction sur quelques points avec des expériences faites en Angleterre, est très complet et ne peut guère laisser de doute dans l’esprit. D’un autre côté, M. Mercadier a fait une étude également très complète sur l’influence que peut exercer le milieu dans lequel est plongée la substance vibrante sur laquelle la lumière est projetée, et a montré que, toutes les fois que ce milieu est aéri-forme, les sons sont produits avec plus ou moins de force, et qu’ils acquièrent leur 'maximum avec l’air saturé de vapeur d’ammoniaque, mais que, quand ce milieu est liqnide, aucun son n’est perceptible. M. Tyndall était, du reste, déjà arrivé à la même déduction et avait été conduit à conclure que ces effets, étant entièrement reliés à la chaleur rayonnante, ils devaient être d’autant plus énergiques que les vapeurs, ainsi mélangées à l’air, avaient un pouvoir thermique plus absorbant. Nous résumerons, du reste, toutes les recherches qui ont été faites à ce sujet dans le livre que nous publions en ce moment dans la Bibliothèque des Merveilles sous le titre de : le Microphone, le Radiophone et le Phono-
- (i) Voir tome III, pages 8, 37, Si, 276, 291, 356, 408, 238, 268, 297, 353, 369; tome IV, pages 63, 75, 76, 276, 295, 347, 4i5; tome V, pages 19, io5, 119.
- graphe, lequel est la seconde partie de la quatrième édition de notre ouvrage sur le téléphone.
- Les études théoriques sur le microphone ont été assez nombreuses dans le cours de l’année 1881, et les articles publiés par MM. Boudet de Pâris, et De-jongh, dans ce journal, en font foi. Ainsi, l’on a vu quelles étaient les meilleures conditions de construction des microphones à contacts multiples, et la manière la plus avantageuse de les disposer par rapport à la pile et par rapport au circuit. On a vu quelle était la meilleure disposition des éléments d’une pile pour satisfaire à des conditions données de circuit, dans quelles conditions l’intercalation d’un microphone sur une dérivation du circuit établie près de la pile présentait des avantages, et quels étaient les moyens d’amplification des variations de résistance du transmetteur microphonique sous l’influence des ondes sonores de la voix (*).
- Un nouveau moyen nous a été présenté dernièrement par M. Maiche, et nous croyons devoir en dire ici quelques mots, car il n’en a pas encore été question dans ce journal. Ce moyen consiste à constituer l’hélice primaire des bobines d’induction employées aujourd’hui dans tous les transmetteurs microphoniques, avec deux fils d’une longueur assez voisine, mais calculée de manière que l’un soit plus résistant que l’autre, précisément de la résistance du transmetteur microphonique. L’un de ces fils est en rapport avec le circuit de ce transmetteur, l’autre avec une dérivation issue de la pile, mais effectuée dans des conditions telles que les courants dérivés passent en sens contraire à travers les deux hélices. Il en résulte que quand, par suite des vibrations effectuées sur le transmetteur, la résistance du contact diminue pour augmenter ensuite, le courant augmente dans l’une des dérivations à mesure qu’il s’affaiblit dans l’autre, et réciproquement, et comme les effets exercés sur l’hélice secondaire sont de sens contraire, l’action correspondant à l’affaiblissement de résistance de l’une des hélices s’ajoute à celle qui résulte de l’affaiblissement de l’intensité électrique dans l’autre hélice, pour développer un courant induit près de deux fois plus énergique.
- Aujourd’hui toutes les questions qui se rattachent à la téléphonie et à la microphonie sont beaucoup mieux connues et beaucoup mieux étudiées, ce qui n’empêche pas certaines personnes qui se croient au courant de cette science, de publier à leur égard des absurdités avec une assurance qui ne peut être que le résultat d’une complète ignorance.
- La partie de la science électrique qui a fourni au point de vue théorique les résultats les plus importants et les plus curieux en 1881, est celle qui
- (4) Voir la Lumière électrique, tome III, pages 175, 207, 245, 293, 3i3, 342,358, 434, 448; tome IV, pages 25, 40, 204, 409, i56.
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- se rattache aux effets développés dans les corps magnétiques sous l’influence d’actions mécaniques. Ces phénomènes avaient bien été déjà étudiés il y a quelques années parM.Wiedmann,etnouspublierons même prochainement ses travaux sur ce sujet, mais ils ont fourni à M. Hughes le sujet de plusieurs mémoires importants qu’il a communiqués à la Société royale de Londres et que nous avons rapportés dans le tome III de ce journal p. 205, 278, 296, 289, 334, 401, 425. Il est résulté de ces savants travaux plusieurs déductions remarquables : d’abord que le magnétisme peut donner lieu à des effets d’induction très différents suivant qu’il réagit à la suite d’un changement survenu dans son énergie, ou suivant qu’il réagit moléciilairement. Dans le premier cas il produit les courants induits que nous connaissons, dans le second il développe des courants, non pas dans un fil ou une hélice qui entoure le corps magnétique, mais dans la propre substance de celui-ci. Quelquefois les deux effets se produisent simultanément quand le corps est soumis à des actions mécaniques extérieures. Suivant M. Hughes, les actions moléculaires du magnétisme se produisent à la suite d’un étirement ou d’une action de torsion exercés sur le corps magnétique, autant du moins que l’élasticité peut réagir concurremment ; mais ce qui est curieux, c’est que ces courants persistent tant que l’action mécanique exercée sur eux subsiste, et sont indépendants de la forme et de la masse du corps magnétique. Naturellement des actions mécaniques inverses produisent des courants de sens différent, et 011 peut même arriver, par ce moyen, à annuler les effets produits par l’induction ordinaire.
- M. Hughes a démontré en second lieu que la magnétisation extérieure d’un fil magnétique n’exerce aucune influence sur l’induction moléculaire qu’il peut provoquer, mais en revanche que la chaleur agit énergiquement en augmentant son intensité dans le fer mais en la diminuant dans l’acier.
- En faisant la contre-partie des expériences qui l’avaient conduit aux déductions précédentes, M. Hughes a reconnu que le passage d’un courant à travers un fil magnétique dépourvu de toute torsion, pouvait déterminer sur ses molécules un arrangement particulier équivalent à celui qui aurait été exercé par une action mécanique de cette nature, et que cet effet, qui est persistant, ne peut être détruit que par une torsion en sens inverse de celle déterminée par le courant. Ce moyen a pu être par conséquent employé à mesurer le degré de la torsion donnée aux molécules magnétiques sous l’influence des courants traversant un fil magnétique, et a conduit M. Hughes à reconnaître : i° qu’un fil qui a été traversé par un courant ou qui a subi un effet de torsion, se trouve dans le cas d’un solénoïde dont les spires sont invisibles mais qui n’en agit pas moins d’une manière ana-
- logue ; 20 que les effets du courant et de la torsion peuvent s’additionner, mais qu’alors le fil 11e peut plus revenir à l’état neutre par la détorsion, parce qu’alors il reste la torsion déterminée par le passage du courant; 3° que les effets produits sont pour ainsi dire nuis avec l’acier trempé; 40 que' ce genre de réaction est indépendant du magnétisme terrestre ; 5° que pour obtenir ces effets de torsion moléculaire sous l’influence électrique, il faut que la matière elle-même serve de véhicule au courant, mais qu’une action électrique ou magnétique transversale par influence peut les détruire une fois produits ; 6° que la chaleur ou des mouvements vibratoires rapides peuvent également détruire ces effets, bien qu’ils contribuent à les renforcer pendant l’action du courant; 70 que les effets précédents peuvent être obtenus fsur des fils de fer de différents diamètres, mais qu’ils sont plus développés sur des fils de 1/2 à 1 millimètre que sur les fils plus gros, en raison sans doute de la moindre résistance de ceux-ci. M. Hughes croit du reste que tous les fils télégraphiques sont tous plus.ou moins affectés de torsions moléculaires.
- Dans ses derniers Mémoires, M. Hughes s’est occupé des effets que devaient produire, sur des fils de fer, des courants interrompus les traversant directement ou les influençant par l’intermédiaire de bobines magnétisantes, et il est arrivé aux conclusions suivantes :
- iü Un courant électrique polarise son conducteur, et le magnétisme moléculaire de celui-ci peut se convertir en un courant électrique par une simple torsion de ce conducteur ;
- 2° C’est seulement par le mouvement de rotation de sa polarité moléculaire, qu’un courant électrique est engendré par suite de la torsion;
- 3° Le passage d’un courant à travers un fil de fer ou d’acier s’effectue suivant une hélice ;
- 40 La direction de cette hélice dépend du sens du courant et de la polarité magnétique du fil ;
- 5° Un aimant naturel peut être disposé avec des polarités moléculaires contournées en spirale, et par conséquent les courants électriques de sens contraire déterminent tous les deux une spirale semblable en les traversant ;
- 6° On peut faire tourner les molécules polarisées par la torsion par un fort étirement transversal ou longitudinal ;
- 70 La rotation ou le mouvement de molécules donne des sons clairs et perceptibles ;
- 8° Ces sons peuvent être augmentés ou diminués jusqu’à devenir nuis par les moyens seuls qui ont produit la rotation moléculaire;
- 90 Les mêmes effets ayant été obtenus par trois méthodes différentes, on ne peut pas dire qu’ils soient dus à un simple changement ou affaiblissement des polarités, comme quand une rotation
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- ayant été incomplète une simple vibration mécanique suffit pour rétablir l’effet maximum ;
- io° La chaleur, le magnétisme, les courants électriques continus, l’étirement mécanique, les vibrations exercent tous une action marquée sur ce genre d’effets.
- Ces différents travaux expliquent parfaitement comment M. Ader est parvenu à reproduire la parole en faisant réagir, sans l’intervention d’aucune pile, un diaphragme téléphonique sur une série de petits morceaux de fils de fer placés à l’intérieur d’une hélice magnétisante. Les chocs déterminés entre ces petits morceaux de fer donnaient naissance aux courants moléculaires magnétiques que nous venons d’étudier, lesquels en réagissant par induction sur l’hélice, engendraient les sons dans le téléphone en correspondance, à la manière des téléphones Bell ordinaires.
- Le développement considérable qu’ont pris dans ces derniers temps les machines dynamo-électriques, a fait étudier les meilleures conditions de leur construction par plusieurs savants, entre autres par MM. W. Thomson et Maurice Lévy ; malheureusement leurs travaux qui sont purement mathématiques ne sont pas de nature à pouvoir être interprétés par les constructeurs, et comme ils ne contiennent aucunes déductions pratiques, nous craignons qu’ils ne puissent être utiles pour la construction des appareils. Décidément, messieurs les physiciens mathématiciens planent trop haut pour les besoins de l’application, et comme nous l’avons dit plus d’une fois, ils devraient abandonner leur concision exagérée, pour donner' plus de développement aux .conditions d’application que l’on peut déduire de leurs formules. C’est ce que nous avons fait dans notre travail sur la détermination des éléments de construction des électro-aimants, et nous savons que ce travail a été consulté plus d’une fois par les constructeurs. Quant aux travaux dont nous parlons, nous renverrons les lecteurs aux numéros de la Lumière électrique du 24 septembre, 12 octobre et du 10 décembre derniers.
- L’étude de la question des machines dynamoélectriques a conduit non seulement aux beaux travaux théoriques de M. Mar. Deprez, que nous avons rapportés dans différents numéros de notre journal, particulièrement dans celui du 3. décembre, mais encore à d’autres travaux du même genre qui ont été présentés au Congrès par MM. Àvenarius, Gravier, Cabanellas. Ce dernier a même publié sur ce sujet toute une brochure que l’on trouvera dans la publication qui va être faite des travaux du Congrès. Parmi ces travaux, il en est qui se rapportent à une question déjà étudiée il y a une quinzaine d'années, mais qui a acquis dans ces derniers temps une plus grande importance, précisément en raison de la rationalité qu’on veut apporter auiourd’hui à
- la construction des différents organes des machines. Nous voulons parler ici des changements de résistance qui ont été observés dans les organes mobiles de ces sortes de générateurs. Nous en avons déjà parlé plus d’une fois dans ce journal, et nous avons vu que les opinions étaient très partagées. Les uns les attribuent à la création d’une force contre-électromotrice qui proviendrait des intermittences, quelque petites qu’elles soient, qui se produisent pendant le mouvement de la machine, et qui en changeant la valeur de la force électromotrice mesurée attribuerait dans les formules à la résistance du générateur que l’on pourrait en déduire, une valeur différente de sa valeur réelle. D’autres, au contraire, comme M. Lacoine, pensent que l’accroissement de résistance que l’on constate et qui augmente avec la vitesse de la machine, serait réel et proviendrait d’un contact moins intime des frotteurs de la machine sur le collecteur, par un effet de rebondissement ou de vibration dû à la force centrifuge. Il se produirait alors un effet analogue à celui qui se manifeste dans le microphone, et, effectivement, on a reconnu, par l’intermédiaire d’un téléphone, que le courant présente des irrégularités d’intensité qui augmentent avec la vitesse de la machine. Quoi qu’il en soit, ces variations sont considérables et proviennent vraisemblablement de plusieurs causes réunies. M. Cabanellas a montré qu’elles pouvaient faire attribuer à la résistance du générateur une valeur plus forte de 25 % que celle que l’on peut mesurer directement quand la machine est au repos.
- Ces variations de résistance ne sont pas du reste propres aux générateurs dynamo-électriques, on les retrouve dans les piles dont la résistance calculée augmente dans une grande proportion avec l’accroissement de la longueur du circuit. A une certaine époque, je m’étais occupé beaucoup de cette question, qui avait été soulevée pour la première fois par M. Jacobi, et je croyais que ces variations provenaient de ce que les formules d’Ohm, d’où 01$ tirait la valeur de la résistance des générateurs, étant basées sur la constance de la force électromotrice (constance qui n’existe pas par le fait en raison des effets de la polarisation), devaient fournir des chiffres variables avec la résistance du .circuit extérieur. J’ai prouvé en effet qu’en partant de la formule E — e pour exprimer la force électro-motrice réelle, et en admettant que e diminue avec la résistance du circuit, la combinaison des quantités dans les formules donnant la valeur de r devait rendre r plus grand à mesure que e diminuait (1). D’après cette manière de voir, ce n’était pas la résistance de la pile qui augmentait, mais bien la résistance du circuit tout entier, et elle ne frappait la résistance de la pile que parce qu’on reportait (*)
- (*) Voir mon mémoire sur les piles à bichromate de potasse, p. i5.
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- sur elle les différences résultant de'la formule. Cependant, des expériences que j’ai entreprises depuis pour éclaircir cette question, m’ont fait croire qu’il y a un accroissement réel de résistance à mesure que la résistance du circuit augmente, et M.Niaudet a observé aussi cet effet. Quelle en est la cause? Il me serait difficile de le dire, car aucune des théories que je m’en suis faites ne m’a complètement satisfait. Je reviendrai du reste plus tard sur cette question, et je n’en ai parlé ici que pour montrer que le phénomène d’accroissement de résistance pour les machines, signalé en premier lieu par MM. Le Roux, Jamin et Roger, n’est pas un fait isolé, et que j’adopterais très volontiers les deux explications qui en ont été données.
- Si nous considérons maintenant les travaux se rapportant à la science pure, nous trouverons d’intéressantes découvertes, en tête desquelles nous placerons les résultats obtenus par M. Bjerlmes, la réfraction de l’électricité, les changements de volume des corps soumis à l’électrolyse, les lois de développement électrique dans les cristaux hémiè-dres, les conséquences qui résultent du principe de la conservation de l’énergie électrique, les courants dus à l’influence lunaire, la démonstration définitive de la non-conductibilité de l’air humide.
- Les expériences de M. Bjerknes n’ayant de rapport avec l’électricité que par des analogies, nous n’aurons que peu de choses à en dire ici, bien qu’elles soient du plus haut intérêt. M. Géraldy, notre collaborateur, leur a d’ailleurs consacré, dans notre numéro du 5 octobre, un article très intéressant, qui a été suivi quelque temps après (voir le numéro du'9 novembre) d’un article de M. Bjerknes lui-même. Nous dirons seulement que ces expériences sont une preuve de plus que les phénomènes électriques se rapprochent beaucoup des phénomènes matériels ayant pour cause des mouvements vibratoires.
- Si les phénomènes électriques peuvent, comme nous venons de le dire, se rattacher aux phénomènes matériels, ils peuvent, d’un autre côté, présenter de grandes analogies avec les phénomènes lumineux, et M. A. Tribe a présenté, en 1881, un grand travail à la Société royale de Londres, dans lequel il démontre que, sous certaines conditions, le mouvement moléculaire électrique qui s’effectue à la suite du passage d’un courant à travers deux milieux inégalement conducteurs, dont les molécules seraient susceptibles d’ôtre déplacées, pourrait subir une déviation comparable à la réfraction d’un rayon lumineux passant à travers deux milieux transparents différemment réfringents. Pour vérifier ce fait expérimentalement, il place dans une cuve électrolytique, et obliquement par rapport à la direction des électrodes, un vase poreux à faces parallèles contenant un liquide plus étendu et, par suite, moins conducteur que celui de la cuve, et en
- faisant passer le courant, il montre, par une méthode particulière d’analyse qui lui indique la direction des mouvements dans les différentes parties de la cuve, que dans le liquide le plus conducteur cette direction est presque perpendiculaire aux électrodes, alors que dans le liquide moins conducteur du vase poreux, elle se rapproche de la normale à la surface de séparation des deux liquides. Les choses se passent donc comme dans le cas de la lumière, de la chaleur et du son. Le journal la Lumière Electrique a du reste publié un long article sur ce travail dans son numéro du 10 septembre 1881.
- Nous avons déjà parlé dans notre revue de 1880 des travaux de MM. Curie sur l’électricité dégagée par les cristaux hémièdres à faces inclinées sous l’influence de la chaleur et de la pression. Ces ingénieux physiciens les ont complétés récemment dans un travail qui montre qu’un condensateur dont la lame est isolante et constituée par un cristal hé-mièdre,peut se charger lui même sous l’influence de la pression, et qu’il peut servir, comme étalon d’électricité statique, pour la mesure des charges et et celle des capacités.
- Pour comprendre l’importance de cette application, nous rappellerons que d’après des recherches antérieures de MM. Curie : i° deux faces d’une tourmaline ou d’un quartz se chargent par la pression de quantités rigoureusement égales et de signes contraires; 20 lorsqu’une des faces est en communication avec la terre, l’autre fournit une quantité déterminée pour une pression donnée ; 3° il y a proportionnalité entre la quantité d’électricité dégagée et la pression exercée. Or il résulte de ces déductions que tandis qu’une pile permet de porter un conducteur à un potentiel déterminé, un condensateur de la nature de celui dont nous parlons permet de fournir à un conducteur une quantité déterminée d’électricité.- Il est vrai que dernièrement un savant allemand a critiqué un peu ces déductions, mais nous ne croyons pas que -cette critique soit appuyée sur des bases bien solides.
- Le phénomène connu sous le nom de phénomène de Peltier préoccupe depuis longtemps les physiciens et il a été à diverses reprises l’objet de la préoccupation de M. Bouty; mais dans un travail que ce physicien a présenté au commencement de l’année 1881 à l’Académie, ce même physicien a fait connaître un phénomène du même genre et tout aussi remarquable, dont nous avons déjà parlé dans notre n° du 23 avril, et qui montre que dans l’électrolyte de certains sels, tels que le sulfate et l’azotate de cuivre, le sulfate et le chlorure de zinc, le sulfate et le chlorure de cadmium, il est toujours possible d’abaisser l’intensité du courant, au-dessous d’une limite telle que la compression produite par le dépôt se change en un effet de traction, c’est-à-dire qu’au lieu de se contracter le métal se dilaté en se solidifiant, et le phénomène de Peltier se
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- produit en même temps que cette inversion. On peut donc en conclure qu’il y a un point neutre de la compression dans les mêmes cas où il y a un point neutre des températures, et l’expérience a montré que quand l’un des phénomènes ne se produit pas, l’autre ne se produit [pas non plus. On trouve dans ces phénomènes un exemple remarquable de la relation étroite qui relie les phénomènes thermiques et mécaniques dont l’électrode négative est le siège.
- Nous croyons devoir attirer encore l’attention sur différents travaux qui, bien que peu nouveaux, sous le rapport des conclusions que l’on en a déduites, semblent démontrer définitivement la vérité de certains principes physiques qu’on a bien de la peine à admettre. Il s’agit de la conductibilité de l’air humide et de l’inégale tension de l’électricité positive et négative.
- Dès l’année i85g, j’avais démontré que dans les décharges produites avec une bobine de RuhmkorfF, l’électricité positive pouvait être soutirée à une distance beaucoup plus grande que l’électricité négative, ce qui m’a permis d’expliquer le plus grand développement des décharges quand elles s’effectuent de petite à grande surface que dans le cas contraire et la production des courants résultant de l’immersion de lames de fer d’inégale surface. M. Doubrava est arrivé aux mêmes conclusions, mais il a montré de plus que cette condition différente de la tension des deux flux dépend de la nature du milieu à travers lequel s’effectue la décharge, et que, dans l’huile d’olive, c’est l’effet inverse qui a lieu.
- D’un autre côté, M. Marangoni a démontré, conformément à ce que j’avais toujours avancé à la suite de nombreuses expériences faites en 1862, et à ce que M. Gaugain avait dit lui-même en 1869, que l’air humide est un très bon isolant, tant qu’il n’entraîne pas une condensation de vapeurs sur les corps avoisinants interposés entre les deux flux d’une décharge, et il le prouve en montrant qu’une bouteille de Leyde introduite dans un tube d’eudiomètre rempli de vapeur d’eau, peut fournir une décharge entre ses deux armatures, si elle est chauffée à un degré suffisant pour empêcher la condensation des vapeurs sur le verre, mais que si elle n’est pas chauffée, a décharge s’effectue à l’état latent à travers la couche d’eau qui s’y trouve alors déposée. Tous les beaux calculs des mathématiciens sur l’intervention de l’air humide dans les effets électriques se trouvent donc réduits à néant.
- Nous aurions encore beaucoup à dire sur les travaux théoriques publiés dans le courant de 1881, mais étant obligé de nous limiter, nous signalerons seulement le beau travail de M. Lippmann sur les conséquences qui peuvent résulter du principe de la conservation de l’électricité, principe qui peut s’énoncer de la manière suivante ;
- Quels que soient les phénomènes qui se produisent entre les parties d'un système, l'attraction électrique totale exercée sur ce système par un point électrique infiniment éloigné, demeure invariable.
- En formulant mathématiquement ce principe et en en discutant les conséquences, on arrive à montrer que le gaz qui entoure un condensateur dont on augmente successivement la charge, se contracte sous l’influence de cette électrisation, fait qui peut rendre compte des sons produits dans le condensateur chantant et parlant. De plus on démontre que le coefficient de contraction électrique d’un gaz est égal à sa puissance réfractive pour la lumière, et une foule d’autres conséquences plus ou moins importantes et que l’expérience a justifiées. Suivant M. Lippmann, ce principe est pour l’électricité ce qu’est celui de Carnot pour la chaleur. Il est vrai que MM. Ayrton et Perry ont montré que ce principe et les formules de M. Lippmann peuvent se fondre dans des formules déjà connues données par Coulomb et Thomson, mais il n’en est pas moins vrai que M. Lippmann en a fait un corps de doctrine qui a pris de l’intérêt par les conséquences qu’il a su grouper autour, et ne serait-ce qu’à ce titre, que son travail aurait de l’importance.
- Comme travaux intéressants publiés en 1881, nous citerons encore : i° des mémoires de M. Piaz-zoli et de M. Hoffmann sur l’influence du magnétisme sur la ténacité du fer, qui montrent que cette ténacité serait augmentée par suite de l’aimantation. Le travail de M. Hoffmann, surtout, est intéressant à cause des résultats numériques qu’il .donne(*); 20 plusieurs mémoires de M. H.-F. Weber sur les rapports qui existent entre la conductibilité électrique et la conductibilité calorifique des métaux, rapports qui sont loin d’être les mêmes, comme on l’avait cru, et dont les variations sont proportionnelles à celles des chaleurs spécifiques des métaux (voir la Lumière électrique, tome III, p. 28 et tomeV, p. 307); 3° un mémoire de M. Wit-kowski sur l’influence de la torsion sur la conductibilité du cuivre qui tendrait alors à propager le courant en spirale, en sens contraire de celui de la torsion, et un mémoire de M. Chwolson sur l’influence de la pression sur la conductibilité des fils métalliques qui se trouveraient avoir alors leur résistance diminuée d’une manière appréciable; 40 un mémoire de M. Ira Remsen sur les effets chimiques développés sous l’influence du magnétisme et qui montre qu’un dépôt de cuivre soumis à l’action d’un fort aimant, au lieu de s’effectuer uniformément sur une lame de fer, comme cela a lieu ordinairement, ne se produit que très faiblement sur toutes les parties de la lame qui correspondent aux lignes de force magnétique; 5° un mémoire de M. Blondlot dans lequel il montre qu’une action
- (9 Voir la Lumière électrique, tome III, p. 79.
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- de frottement, de choc ou de compression exercée sur une lame de sélénium par l’intermédiaire d’une lame métallique, peut développer une action électrique qui est relativement persistante, et qui n’a rien de commun avec les effets thermo-électriques ; 6° un mémoire de M. Léo Errera qui rattache les conditions magnétiques des corps à leur poids atomique et qui montre que les corps des séries impaires de MendelejefF sont diamagnétiques et les séries paires sont paramagnétiques; 70 un mémoire de MM. Searpa et Baldo dans lequel on prouve que l’on obtient des étincelles d’induction plus fortes, pour une longueur de lîl donnée, quand les spires de l’hélice secondaire sont accumulées aux deux bouts de la bobine, que quand elles sont uniformément réparties sur toute sa longueur; 8° une note de M. Gaiffe qui montre que le cobalt et le nickel sont susceptibles d’une forte aimantation quand ils sont obtenus à l’état de grande pureté par voie électrolytique, et que leur magnétisme, surtout celui du cobalt, est de beaucoup supérieur à celui du fer pur ; 90 plusieurs mémoires de M. Guébhard sur la détermination expérimentale des lignes équipoten-tielles dans l’écoulement de l’électricité à travers les surfaces conductrices.
- Nous terminerons en signalant une discussion intéressante qui a eu lieu à la Société des Ingénieurs télégraphistes de Londres sur les courants continus terrestres que M. A. Adams avait attribués à l’action de la lune et qui, d’après le dire de plusieurs électriciens, existeraient bien réellement, car ils auraient une intensité qui concorderait avec les hauteurs des marées et les phases lunaires, et ils auraient pour cause une modification delà distribution électrique à la surface de la terre qui résulterait des influences variables de notre satellite dans ses différentes phases et qui provoquerait continuellement des différences de potentiel capables d’engendrer des courants plus ou moins forts, de sorte qu’il y aurait à la surface du globe de véritables marées électriques.
- Nous aurions voulu consacrer quelques colonnes à résumer les intéressants travaux de nos collaborateurs, MM. d’Arsonval et Coulon, sur le rendement des moteurs électriques, les effets produits dans les piles et le photomètre magnétique, qui ont été l’-occasion de nombreux articles dans le journal la Lumière électrique. Mais ces travaux renferment tant de choses, que nous préférons renvoyer le lecteur aux mémoires originaux. Il en est de même des travaux de M. Berthelot, sur les limites de l’é-lectrolyse, qui peuvent rectifier les idées sur quelques interprétations mal comprises de certains physiciens. Nous avons publié ces travaux dans les derniers numéros de 1881 de notre journal. En somme, l’année 1881 a été, comme on le voit, fertile en bons travaux de toute nature sur l’électricité.
- Tu. du Moncel.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LA MACHINE
- JURGENSEN ET LORENZ
- Parmi les machines qui figuraient à l’Exposition internationale d’électricité, il en est une qui, introduite tardivement au Palais de l’industrie, est restée longtemps dans l’espace réservé au Danemark, sans porter d’autre indication que la marque de son fabricant M. Junger. C’est pourquoi elle a été indiquée sous ce dernier nom en quelques lignes, dans ce journal (Voir le n° du 17 septembre 1881). La disposition de cette machine appartient en réalité à MM. C. P. Jurgensen et L. Lorenz, de. Copenhague. Comme le montrent les fig. 1 et 2, elle consiste en une modification de la machine Gramme.
- Les inducteurs a, a3, reliés par la culasse socle u2, forment un grand électro-aimant en fer à cheval muni d’épanouissements polaires. Pour empêcher les vibrations nuisibles des deux branches, leurs pôles sont assemblés en haut par une plaque non magnétique et soutenus en bas par trois supports non magnétiques l l. L’enroulement des fils de ces inducteurs présente ceci de particulier que le nombre des couches augmente à mesure qu’on s’approche des épanouissements polaires ; cette disposition a pour but de concentrer la magnétisme autant que possible vers les pôles. En outre, les différents tours de fil laissent entre eux un certain espace vide (près d’un centimètre) afin de faciliter la circulation de l’air et de diminuer réchauffement des fils.
- Outre ces aimants inducteurs, la machine comprend encore un autre système d’électro-aimants fixes placés à l’intérieur de l’armature tournante. Ces électro-aimants, de forme plate, un peu plus courts que l’armature, sont disposés comme une croix et les pôles de même nom, placés à côté l’un de l’autre, sont réunis par une pièce commune en fer doux. On a ainsi deux pôles intérieurs qui se trouvent en face des pôles extérieurs de même nom et l’on obtient une très puissante aimantation du fer de l’armature.
- Celle-ci est composée d’un certain nombre d’anneaux de fer de même grandeur isolés entre eux et assemblés par des goupilles transversales dans toute la longueur de l’armature. A chacune de ses extrémités, le cylindre de fer de l’armature porte trois saillies A3 sur lesquelles sont fixés les disques de cuivre gx et g2. L’un d’eux gt porte un anneau d’acier tournant librement autour du tenon e et dont la partie saillante tourne dans le coussinet m. L’autre disque g2 est fixé sur l’axe de rotation A qui porte la poulie i. Les disques gl et g2 sont percés chacun de 6 ouvertures et celles-ci ont leurs bords coupés en biseau ou munis, d’ailettes, comme le
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- montre le petit croquis’ annexé”à la fig. i ; de cette façon, le cylindre en tournant fait ventilateur et envoie dans l’intérieur de la machine un fort courant d’air qui empêche l’armature de trop s’échauffer. En outre, les plaques et g.2, qui sont assez massives, contribuent encore par conductibilité à refroidir le cylindre de fer.
- Les fils de l’armature sont enroulés comme dans les machines Gramme et le collecteur est le même que dans ces machines ; seulement MM. Jurgensen et Lorenz au lieu de se servir simplement de deux balais, en emploient quatre.
- Ils sont portés par le montant k et disposés de façon à pouvoir tourner autour de l’axe de la machine, afin qu’on puisse leur donner la position la plus convenable.
- Quand on n’emploie que les deux balais principaux, le courant traverse d’abord les é-lectro-aimants inducteurs puis le circuit extérieur, à moins que l’on ne se serve d’une excitatrice séparée. Le but des balais auxiliaires est de prendre sur le collecteur une dérivation à l’aide de laquelle on excite les inducteurs.
- Ce qu’il y a en somme d’original dans la machine Jurgensen et Lorenz, c’est d’abord l’électro-aimant intérieur à l’armature, puis l’enroulement spécial des fils des inducteurs et la forte ventilation que provoque la rotation de l’armature. Cette dernière disposition, ainsi que les espaces vides laissés entre les fils des électro-aimants, est avantageuse parce qu’elle amoindrit réchauffement de la machine. La concentration du magnétisme par suite de l’enroulement sur les appendices polaires, n’est pas non plus sans avantages, mais la forme contournée donnée aux inducteurs ne nous paraît pas bien logique en ce qui concerne la construction. A ce
- point de vue encore, nous critiquerons la façon dont sont supportés les inducteurs intérieurs retenus seulement par une des extrémités de leur axe. Dans cette position le poids des électro-aimants doit tendre à fausser le support et à mettre la machine en mauvais état de fonctionnement. Ces électro-aimants intérieurs avaient d’ailleurs déjà été employés par M. Siemens, mais avec une armature entourée de fil seulement à l’extérieur, et MM. Jurgensen et Lorenz insistent sur ce que la présence
- du fil à l’intérieur de l’anneau augmente notablement les effets d’induction en raison de l’action des aimants intérieurs ; nous ne pensons pas cependant qu’il en soit ainsi; pour nous, l’induction est produite principalement par le pôle que développent dans l’anneau de fer tournant les inducteurs , et il importe peu que ce pôle soit déterminé seulement par des électroaimants exté -rieurs ou par des inducteurs situés à l’intérieur et à l’extérieur. Cela est confirmé par ce fait que la machine de Fein (Voir la Lumière électrique, n° du i3 juillet 1881) qui possède aussi une induction intérieure n’a pas donné de meilleurs résultats que la machine Gramme.
- Quant à la machine Jurgensen et Lorenz, elle n’a pas été l’objet à l’Exposition, à notre connaissance du moins, d’expériences qui permettent de juger sa valeur pratique. L’analogie qui existe entre elle et la machine Fein, en ce qui concerne la façon dont l’anneau est attaqué par les inducteurs, permet cependant de penser qu’elle donnera des résultats peu différents de ceux obtenus avec cette dernière.
- A. Guerout.
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- BLOCK-SYSTEM
- DE M. SYKES
- POUR LA SÉCURITÉ DES CHEMINS DE FER
- La question des signaux de chemins de fer est dominée par une considération première capitale. C’est celle du principe même sur lequel sont basés les signaux. Effectivement dans certains pays, l’Angleterre et une partie de l’Allemagne, entre autres, on est parti de ce principe que la voie est considérée comme toujours occupée, les signaux barrent constamment la route, et on ne les manœuvre que pour donner la voie libre, quand elle l’est. Dans d’autres pays, en France, notamment, on est parti du principe contraire : la voie est considérée comme toujours libre, et on ne manœuvre les signaux, pour avertir le mécanicien conducteur d’un train, que quand il y a un danger en avant. Or dans l’un et l’autre cas, la manœuvre d’un signal peut manquer, et cela pour deux causes possibles, absence ou erreur de l’employé, ou manque de l’appareil lui-même qui peut se trouver détérioré, pour une cause quelconque. On comprend immédiatement quelles sont, dans l’un ou l’autre cas, les conséquences. Dans le premier, la voie reste fermée, le train subit un retard, dans le second, la voie, qui aurait dû être fermée, reste ouverte, et il y a un danger en avant sur lequel rien n’empêche le train de se précipiter.
- Le système Sykes, dont nous donnons ici la description, est basé sur le principe de la voie considérée comme toujours occupée.
- Mais avant de nous en occuper, nous placerons ici une observation générale relative à la considé,. ration capitale de salut à assurer, qui doit avant tout préoccuper les inventeurs et les administrateurs ou directeurs des travaux d’exploitation des chemins de fer. C’est que, dans aucun cas, ils ne doivent se fier exclusivement aux hommes ni aux machines, car les uns sont aussi faillibles que les autres. Les combinaisons des appareils doivent être simples en principe, mais leur jeu, leur fonctionnement doit être solidarisé avec l’action de l’homme, et des contrôleurs automatiques du travail bien faits rendront encore des services, si leur surveillance est bien et sérieusement faite.
- Le système Sykes est simple de construction, et il refuse automatiquement de fonctionner, si la voie n’est pas réellement libre devant un train, ou si une erreur de manœuvre a été commise, de même que si l’absolue régularité dans la marche des trains n’a pas été observée.
- Sur toute ligne à voie fermée, le disque d’arrêt ferme constamment le passage, et la manœuvre des appareils protecteurs consiste à relever ou éclipser ce disque à chaque train qui se présente, pour le remettre à l’arrêt aussitôt le train passé. Or, dans le système que nous allons décrire, comme du reste dans ceux de MM. Siemens et Lartigue, les postes sont reliés et solidarisés entre eux de façon qu'aucun employé ne peut faire fonctionner le sien sans en avoir reçu la possibilité du poste suivant, ou d’aval, lequel ne peut lui-même donner cette possibilité qu’autant que la section est réellement libre entre lui et le poste d’amont qui lui fait appel pour obtenir le déclanchement de son levier.
- On doit se rappeler que d'après le principe même du block-système, qu’il soit à voie libre ou à voie fermée, les signaux placés aux deux extrémités des sections doivent être manœuvrés de manière à ne jamais permettre qu’à un seul train à la fois de s’engager et de stationner dans une section, et là il s’y trouve bloqué, dans l’acception simple et littérale du mot. Or dans le système Sykes, c’est le fait même de la manœuvre du disque qui amène l’appareil en position convenable pour pouvoir envoyer le courant électrique au poste d’amont quand il le demande; mais cet envoi du courant électrique pour déclancher le levier de ce poste ne peut se faire qu’une fois. Ainsi la section est occupée dès que le déclanchement a été donné, et il faut nécessairement que le train quitte la section pour permettre à l’appareil d’envoyer un nouveau courant de déclanchement. Donc impossibilité de laisser pénétrer deux trains dans la même section, et par suite impossibilité de collision, si les manœuvres ont été régulièrement faites.
- Les appareils Sykes, dont nous représentons dans dans la fig. i ci-dessous une vue d’ensemble, tels qu’ils figuraient à l’Exposition, se composent de deux parties essentielles : l’une, purement mécanique, se rattachant à la manœuvre des signaux et qui occupe la partie inférieure', l’autre, électrique, qui se trouve reliée mécaniquement à la première, mais qui étant aussi reliée électriquement au poste d’aval, rend les manœuvres solidaires dans les deux postes. Nous donnons séparément dans la fig. 2 le dessin de cette seconde partie, qui occupe la partie supérieure des appareils.
- Les mécanismes de la partie inférieure se composent de leviers de manœuvre réagissant sur les bras à signaux par l’intermédiaire de tiges et de leviers articulés, et qui étant reliés eux-mêmes aux mécanismes supérieurs, peuvent se trouver enclanchés par le jeu d’une sorte de verrou mis en action par une bande de fer à entailles que l’on retrouve dans la fig. 2, et dont nous allons voir à l'instant les ’ fonctions.
- Le mécanisme de la partie supérieure rappelle un peu celui des électro-sémaphores de M. Lar-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- tigue, bien qu’il soit très différent dans les effets produits. La partie principale est un électro-aimant Hughes dont l’armature, maintenue attirée à l’état normal, commande l’enclanchement du levier de manœuvre par l’intermédiaire de l’une des deux tiges que l’on distingue fig. x, entre les deux pieds de fer qui soutiennent la boite du mécanisme électrique. Cette action est effectuée par la tige de
- gauche, qui est soutenue par l’armature de l'aimant, et qui, en réagissant sur le mantonnet T, peut, par l’effet de sa chute brusque sur un levier, enlever de l’entaille où il est engagé le verrou d’en-clanchement. Cette tige se termine en bas par un galet qui roule sur le contour d’une excentrique qu’on ne peut voir dans le dessin. La deuxième tige, celle de droite, est liée à cette excentrique
- FIG. ï. — LE BLOCK-SVSTEM DE M. SVKES A L’EXPOSITION'.
- par un goujon d’arrêt fixe, qui lui laisse toutefois la liberté de tourner en ce point. Pendant la manœuvre du levier, ces deux tiges montent ou descendent suivant les courbes de l'excentrique pour la première, et suivant le sens de mouvement de l’excentrique pour la seconde; elles font ainsi paraître ou disparaître les indicateurs qui donnent, à l’intérieur de la cabine d’abri de l’employé, les indications de l’état de la voie et des trains en circulation.
- L’équerre//, G, mobile sur sa partie anguleuse au-dessus de la colonne qui la porte, reçoit en H la pression d’un poussoir que l’on aperçoit fig. i, en avant des boites qui renferment le mécanisme électrique, et lorsque cette pression a lieu, la branche G vient agir sur le ressort K pour amener en R le contact électrique, et celui-ci envoie dans les bobines de l’aimant du poste d’amont un courant qui, en neutralisant l’action de l’aimant, dégage son armature et, par suite, la tige correspondante
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- qui agit alors sur le levier du mécanisme inférieur pour enlever de son entaille le verrou d’enclanche-ment.
- La pièce O est une rondelle de laiton qui sert à fixer l’aimant A contre le fond de la boîte.
- B I est une pièce de laiton qui porte une tige sur laquelle peut s’introduire une clef ad hoc pour permettre, dans certains cas particuliers, à un surveillant de ramener l’appareil à son état normal,
- F1Ü, 2
- sans que l’employé ordinaire puisse lui-même exécuter cette manœuvre, ce qui pourrait souvent avoir de graves inconvénients.
- Au-dessus du mécanisme précédent, se trouve encore une boite circulaire M, qui contient un galvanomètre dont l’aiguille, équilibrée extérieurement, indique l’état libre ou occupé des deux sections contiguës en amont et en aval.
- Pour une marche régulière et normale du service d’une voie ferrée, il arrive donc ceci : A l’approche d’un train vers une station, qui est toujours fermée, l’employé appuie sur le bouton de sonnerie que
- l'on voit, fig. i, à côté de chaque boîte. C’est un appel' fait à la station d’aval en vue d’obtenir le déclanchement du levier de manœuvre et afin d'ouvrir la voie au train qui va entrer dans la section. A ce signal, l’employé appelé appuie sur le poussoir de devant de son appareil électrique. La branche H de l’équerre H G, fig. 2, pénètre dans l’entaille qui se voit en arrière, et détermine en G un contact qui envoie le courant dans les électros de la station d’amont qui a fait appel; le déclanchement du mécanisme électrique de cette station a alors lieu, et la manœuvre d’ouverture de la voie devient possible; le train passe; mais, en même temps, l’équerre H G de l’appareil d’aval, qui a envoyé le courant, revient à sa place par l’action du ressort K; la pièce qui porte l’entaille où a pénétré l’équerre tombe, et il n’est plus possible d’envoyer une seconde fois le courant, par conséquent de laisser pénétrer un deuxième train dans la section qui vient d’ètre occupée. Quand ce train viendra à quitter cette section, les mêmes manœuvres auront lieu à cette station, comme à la précédente, et elles auront pour effet de ramener la pièce à entaille en coïncidence avec la branche H de l’équerre. Mais alors la section en amont sera libre, et la manœuvre de la station d’aval, qui se termine par le retour du levier à sa position d’arrêt, a relevé la coulisse qui porte l’entaille assez haut pour que son sommet donne en C le contact qui inverse le courant du galvanomètre, ce qui fait retomber l’aiguille, laquelle indique alors le dégagement de la section et par conséquent la voie libre à l’avant.
- Le train, en avançant successivement, oblige aux mêmes manœuvres à chaque section, et on voit de suite que, comme l’appel des sonneries fait de poste en poste précède constamment les trains d’une section à la suivante, les employés appelés ont le temps de préparer leurs manœuvres sans causer d’arrêt aux trains.
- Il est certain que le système de M. Sykes est simple, bien complet et dans de bonnes conditions d’application, mais nous sommes obligés de convenir qu’en principe, il se rapproche beaucoup de celui de MM. Lartigue, Tesse et Prudhomme, car dans les deux systèmes, les effets électriques sont solidaires des manœuvres des appareils aux signaux, toutefois ces manœuvres ne s’effectuent pas de la même manière, et les enclaneliements se produisent dans des conditions très différentes. Il faut aussi considérer que les appareils Sykes, s’appliquant à un système dans lequel la voie est supposée fermée à l’état normal, ont du être combinées d’une manière toute différente des autres, pour lesquels la voie est au contraire supposée toujours ouverte.
- De Magneville.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’Él ECTRICITÉ
- INSTALLATION D’APPAREILS
- DE
- MESURES ÉLECTRIQUES
- A L’EXPOSITION DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE
- DE TÉLÉGRAPHIE
- L’Ecole supérieure de Télégraphie, instituée il y a trois ans au Ministère des Postes et Télégraphes, a exposé, dans une partie du pavillon de ce ministère, son organisation, ses livres d’enseignement, des spécimens des travaux de ses élèves, et enfin une série d’appareils ou d’instruments destinés aux études pratiques de ces mêmes élèves ou qui avaient servi aux recherches effectuées au laboratoire de l’Ecole.
- Indépendamment des travaux originaux qui peuvent être faits dans ce laboratoire, qui forme comme une annexe de l’Ecole supérieure, des essais d’appareils, d’instruments, de systèmes de communication électrique nouveaux, peuvent et doivent y être faits, de façon que l’Administration des Télégraphes puisse se rendre compte de leur valeur pratique, ce qui, par ce temps de réclame à outrance, n’est certainement pas sans utilité.
- Ces essais nécessitent des instruments, et l’emploi de ceux-ci nécessite une installation convenable.
- Tout le monde sait, en effet, que les appareils de mesures électriques, galvanomètres, électromètres, électrodynamomètres... sont, en général, très délicats, et doivent être maniés avec précaution. De plus, il convient de les mettre à l’abri de deux.causes principales de perturbations : la proximité de masses de fer susceptibles d’être déplacées, et les trépidations du sol provenant du voisinage des rues fréquentées.
- Dans l’installation des appareils au laboratoire de l’Ecole supérieure de Télégraphie, on n’a guère eu, jusqu’à présent, à se préoccuper du premier inconvénient, qui n’existe à peu près pas, par suite de la situation même de ce laboratoire, placé dans une cour reculée et éloignée de masses de fer mobiles; mais, par suite de circonstances dont nous n’avons pas à parler ici actuellement, la question 'se présentera prochainement, et il y aura lieu de chercher une solution sur laquelle nous aurons sans doute à revenir.
- Quant au second inconvénient, hien que la situation du laboratoire l’annihile en très grande partie, on s’est préoccupé de le détruire complètement.
- Si on avait voulu seulement soustraire un appa-
- reil déterminé, tel qu’un galvanomètre, à l’influence des trépidations du sol, on aurait pu employer un moyen simple, en usage dans certaines usines anglaises par exemple, et qui consiste à suspendre l'appareil par deux tubes de caoutchouc convenablement ajustés. Mais on se proposait aussi de réunir dans un assez petit espace plusieurs appareils à miroir nécessitant l’emploi de sources lumineuses et de règles divisées, et de façon à diminuer autant que possible la fatigue de l’agent chargé de faire des mesures qui peuvent être continues.
- Le problème devenait dès lors assez complexe, La solution adoptée a été a été exposée au Palais de l’Industrie telle qu’elle existe (‘) au laboratoire dont nous parlons.
- Elle est représentée dans la figure ci-contre.
- L'installation comporte un galvanomètre Thomson à miroir G, un électromètre Thomson modifié ou non E, et au besoin un électrodynamomètre. A l’électromètre sont joints une jauge électrométrique J et un rechargeur v servant à charger à la fois la jauge et l’électromètre.
- Le plancher du laboratoire n’est séparé du sol que par une couche de bitume. Quatre blocs de pierre P, P, enfoncés de 3o centimètres dans le sol même, servent à supporter une table T également en pierre d’environ im.5o de long sur 5o centimètres de large, et munie d’un encadrement en bois. Les instruments sont posés sur cette table : la stabilité en est telle qu’on peut monter et piétiner dessus sans que les miroirs des appareils se déplacent sensiblement.
- La condition qu’il était indispensable de remplir l’est donc complètement..
- Les deux instruments sont placés aux deux bouts de la table T : leurs miroirs reçoivent un faisceau lumineux d’une source unique-, lampe à pétrole, lampe à gaz, ou tout simplement bougie mue par un ressort, comme cela se fait dans les lanternes de voitures. Cette source est enfermée dans une lanterne L à trois ouvertures fermées par des lentilles munies de réticules convenables.. Par suite, deux faisceaux lumineux réfléchis de chaque côté sur deux miroirs plans M et M' dont les plans de réflexion sont rectangulaires viennent frapper les miroirs des deux appareils et former ensuite sur des règles divisées r, r,...., dont nous reparlerons tout à l’heure, des images noires des réticules dans un champ circulaire lumineux qui éclaire les divisions des règles.
- D’autre part un faisceau lumineux, parti de la troisième ouverture qui est en avant, éclaire le cheveu mobile d’une jauge ordinaire J dont le bras
- (>) En réalité, elle n’existe pas au moment où paraît cet article, parce que des travaux qui s'effectuent actuellement dans le local môme du laboratoire en rendent provisoirement le fonctionnement impossible.
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- d’aluminium a été redressé à angle droit, ainsi que 2 fils horizontaux fixes placés un peu en avant du cheveu. Le tout est à peu près au foyer d’une lentille qui en donne une image réelle sur une petite-lame en verre dépoli e fixée sur le bâti du rechargeur V.
- Ainsi qifon le voit sur la figure, ce rechargeur et les règles divisées en millimètres r, r, qui sont en verre, sont fixés à une large règle de bois R soutenue par 3 colonnes en cuivre s, sur une large table en chêne où se placent les appareils de
- mesure usuels, ponts, rhéostats, condensateurs, clefs de charge et de décharge, shunts de galvanomètre.... etc., et devant laquelle s’assied l’agent qui fait les mesures.
- Par suite de cette disposition, cet agent a sous les yeux les images mobiles des réticules dont le déplacement mesure les déviations du galvanomètre et de l’électromètre, ainsi que l’image du cheveu de la jauge dont la position lui fait juger de l’état de la charge de l’électromètre. Il a d’ailleurs à portée de sa main le bouton v en ébonite du petit rechar-
- INSTALLATION ^APPAREILS DE MESURE A L'EXPOSITION DE L'ÉCOLE SUPERIEURE DE TELEGRAPHIE
- geur, que nous décrirons plus tard en détail dans ce journal et qu’il.suffit de tourner légèrement de temps en temps dans un sens ou clans l’autre, pour maintenir constante la charge de l’électro-mètre.
- Un système de réglages dans le sens vertical et horizontal permet de déplacer les règles r, r, et de mettre au point l’image des réticules. Les miroirs M, M', qui contribuent à produire ces images peuvent eux-mêmes se mouvoir dans tous les sens, et l’on peut, en faisant varier leur position, arriver très facilement à leur donner le maximum de netteté.
- L’installation complète n’a pas besoin d’être faite
- dans un lieu absolument clos : une demi-obscurité suffit parfaitement. Elle n’occupe pas plus de 4 ou 5 mètres carrés. L’expérience a prouvé d’ailleurs qu’elle est commode ; Je fait d’avoir tous les appareils autour de soi à portée de la main facilite de beaucoup les manipulations, et les agents qui ont fait des mesures dans ces conditions ont reconnu qu’ils pouvaient ainsi faire leurs opérations sans la moindre fatigue même pendant un temps assez long.
- E. Mercadier.
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- LA LUMIERE ÉLECTRIQUE
- SUR QUELQUES APPLICATIONS PARTICULIÈRES
- DES
- LAMPES A INCANDESCENCE
- PURE
- La question de l’application pratique des lampes à incandescence pure a été fort discutée dans ces derniers temps et l’on a beaucoup parlé de leur emploi non seulement pour l’éclairage des appartements de dimensions restreintes, mais encore pour celui des grands espaces. A ces deux points de vue, l’Exposition internationale d’E-lectricité a permis de se rendre compte des effets produits.
- En ce qui concerne les espaces de peu d’étendue, l’éclairage obte-nti à l’aide des lampes à incandescence était satisfaisant pour l’œil et jetait sur les objets une lumière agréable.
- Le bureau du Commissariat anglais , éclairé à l’aide de lampes Swan, celui du Commissariat américain,où l’on avait installé des lampes Edison, et celui de la Compagnie Brush qu’éclairaient des lampes Lane-Fox, démontraient la possibilité d’obtenir dans un appartement un bon éclairage à l'aide des lampes à incandescence pure. Les salles de l’exposition d’Edison, comparables à de vastes salons, achevaient la démonstration. En outre, les globes ou les abat-jour, dont les lampes avaient été munies, montraient qu’il est facile de tempérer la trop grande vivacité de la lumière. Mais ces bonnes qualités ne sont pas suffisantes pour que les lampes à incandescence puissent être adoptées pour l’éclairage journalier de nos habitations; ces lampes sont certainement plus dispendieuses que les autres systèmes, et, même quand la distribution de l’électricité à domicile aura été organisée, le prix de revient de cet éclairage sera un obstacle à son emploi général : il ne pourra guère être adopté que dans les cas où. la question de dépense aura une importance secondaire. On le
- verra, par exemple, figurer chez de riches particuliers, comme cela a déjà lieu au château de M. Spot-tiswoode à Combe-Bank, ou dans des établissements publics, comme dans les installations projetées pour la Préfecture de la Seine. Il viendra cependant sans doute un jour où le besoin d’éclairages intenses se faisant de plus en plus sentir, la question d’argent deviendra relativement secondaire, et les lampes à incandescence pourront entrer plus franchement dans la pratique.
- Pour les grands espaces, l’éclairage de la salle du Congrès, à l’aide de lampes Swan, pouvait être pris comme type de ce que l’on peut obtenir dans ce sens. Là encore l’éclairage était amplement suffisant et bien équivalent à ce qu’on aurait obtenu avec une bonne distribution de becs de gaz. Il avait donc les avantages de ces derniers sans en avoir les inconvénients: réchauffement trop considérable de l’air et la production de gaz nuisibles. Les lampes à incandescence pouvaient même être éteintes et rail Limées instantanément avec la plus grande facilité, qualité précieuse dans certains endroits, dans les salles de cours et dans les théâtres, par exemple. A ce point de vue, les lampes à incandescence ont remporté un véritable triomphe le jour où, pendant la conférence faite par M. Mercadier devant la Société des ingénieurs télégraphistes de Londres, on a plusieurs fois fait la nuit dans la salle pour permettre de faire des projections avec la lanterne de Dubosq. Mais, à côté de ces avantages, on se trouve encore en présence de certains inconvénients. Sans parler de la dépense que nécessitent les lampes à incandescence, leur emploi pour l’éclairage d'un grand espace exige un grand nombre de fils, rend l’installation plus compliquée et multiplie les dangers de dérangements. En outre, au point de vue décoratif, l’effet produit nous paraît mauvais. Tout éclairage, en général, doit être envisagé surtout connue destiné à remplacer la lumière du jour; les appareils employés à le produire, tout en contribuant autant que possible à la décoration, ne doi-
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- vent pas la surcharger inutilement et il ne faut pas qu’ils occupent une place exagérée. Il est certain pour nous, par exemole, que le foyer de l’Opéra gagnerait beaucoup si l’œil en se levant, pour regarder les peintures du plafond, n'était ébloui par l’éclat de trop nombreux becs de gaz et si la salle était débarrassée de ses lustres trop encombrants. Un nombre modéré de foyers plus intenses, convenablement disposés et installés de manière à occuper peu de place, produirait à coup sûr un bien meilleur effet. La critique que nous luisons à propos de l’éclairage au gaz du foyer de l’Opéra s’applique encore davantage aux lampes à incandescence. La grande concentration du foyer lumineux produit sur l’œil un effet plus éblouissant que la flamme un peu étendue du bec de gaz et * la grande multiplicité de petits points brillants nuit à l’effet décoratif des peintures et autres ornements.
- A côté de ces questions d’éclairage public et privé, pour lesquelles l’emploi pratique des lampes à incandescence pure peut être discuté, il est quelques autres applications pour lesquelles ces lampes semblent appelées à rendre des services.
- La première qui ait été faite, et qui a déjà été signalée dans le numéro de la Lumière électrique du 20 août 1881, est l’application des lampes à incandescence au service des mines. On connaît les terribles accidents que causaient si fréquemment antrefois dans les mines de houille les explosions de grisou. La lampe de Davy à cheminée de toile métallique a diminué considérablement le nombre de ces explosions, mais elle ne les a pas supprimées, car on a toujours à compter avec l’imprudence des mineurs auxquels il arrive trop souvent d’ouvrir leurs lampes dans les galeries. Différentes dispositions adoptées pour rendre l’ouverture des lampes difficile 11e se sont pas montrées complètement efficaces et c’est pourquoi l’emploi des lampes à incandescence pure dans les galeries de mines présente de réels avantages. Dans la disposition adoptée pour cette application spéciale (voir la
- Lumière électrique, 1881, n° 53), la lampe est renfermée dans un globe en verre très épais et celui-ci est protégé à son tour par une sorte de cage formée de tiges de fer. Il n’y a donc pas à craindre que la lampe se brise et que le charbon incandescent venant au contact de l’air extérieur puisse être la cause d’une explosion de grisou. Un certain nombre de lampes peuvent être placées à poste fixe dans les galeries et l'emploi de conducteurs souples permet aisément de rendre les autres mobiles dans un rayon suffisant pour les besoins du travail.
- La deuxième des applications que nous signalons est de date plus récente ; elle consiste dans l’éclairage des trains de chemins de fer à l’aide des
- lampes à incandescence. Les expériences faites dernièrement à ce sujet ont déjà été signalées dans les faits divers du journal ; elles ont d’abord été faites dans un wagon-salon Pullman, qui appartenait à un train faisant le service entre la gare Victoria, à Londres, et la ville de Brighton; ce wagon était éclairé à l’aide de lampes Swan et le courant était fourni par des piles secondaires. En raison du succès de cette première expérience, on l’a étendue à un train tout entier et le Pullman Limited Express fait depuis quelque temps un service régulier avec des wagons éclairés électriquement sur la ligne de Lon-dres-Brighton et la côte Sud. Ces trains sont formés de quatre voitures, formant parloir, salon, restaurant et fumoir. L’éclairage est produit par des lampes Edison, en tout 29, ayant chacune une intensité d'environ un bec carceî. 80 accumulateurs que l’on charge tous les soirs au dépôt de Charing-Cross sont employés pour fournir le courant.
- L’éclairage électrique des wagons a de l’intérêt en ce sens que l’éclairage actuel à l’aide des lampes à huile usitées en France est manifestement insuffisant et que l’éclairage au gaz très employé en Angleterre présente les inconvénients qui peuvent facilement résulter de fuites dans les tuyaux. Avec l’éclairage électrique, on peut aisément faire l’installation de façon à pouvoir toujours compter sur
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- de bonnes communications et l’éclairage peut être rendu, très suffisant; enfin des arrangements ingénieux permettront de tirer un parti tout spécial de ce mode d’éclairage et de le rendre moins coûteux qu’il ne parait d’abord.
- Dans les trains de jour par exemple, on pourra distraire une petite partie de la force de la locomotive pour mettre en mouvement une machine dynamo-électrique et charger des accumulateurs; cette charge pourra être suffisante pour éclairer le train pendant le passage d’un tunnel et la facilité avec laquelle se font l’allumage et l’extinction des lampes, permettra de ne dépenser de courant que pendant le temps strictement nécessaire, sur les lignes où l’on rencontre des tunnels de place en place.
- On ne sera plus obligé, comme avec l’éclairage à l’huile, de laisser les lampes allumées pendant tout le trajet.
- Sur les navires également, où les mouvements du bâtiment nécessitent pour les différentes lampes . en usage l’emploi de suspensions à la Cardan, les lampes à incandescence auront l’a vantage de ne pas être influencées par ces mouvements et l’on se trouvera aussi à même de pouvoir produire facilement le courant nécessaire. Nous avons déjà eu occasion d’indiquer la mise en pratique de cet éclairage sur différents paquebots, tels que : The City of Paris, The City Richmond, le Servia, le Château-Léoville, etc.
- Nous signalerons enfin l’application de ces lampes pour l’éclairage sous-marin dans les travaux des scaphandres. Les lampes à oxygène comprimé de M. Denayrouze constituaient déjà un. grand progrès dans ce sens, mais l’emploi de gaz fortement comprimé peut provoquer des explosions dangereuses. Avec les lampes à incandescence, on n’a plus à craindre ce danger et un câble souple bien construit permet de s’en servir en toute sécurité et avec la plus grande facilité.
- Dans la salle de buffet, faisant partie de son Exposition, M. Swan avait exposé des tableaux représentant les. trois applications que nous venons de
- signaler. Nous reproduisons ces tableaux dans les fig. i, 2 et 3. La fig. i, relative à l’application aux mines, indique l’emploi des lampes suspendues et celui des lampes portatives. La fig. 2 montre un compartiment de wagon assez bien éclairé par une lampe Swan pour que les voyageurs puissent lire. Enfin la fig. 3 représente l’application de ces lampes aux opérations sous-marines, et montre comme une chose actuellement possible, ce qui, il y a quelques années, n’était qu’une fantaisie imaginée par Jules Verne dans ses Vingt mille lieues sous les mers.
- Ces applications secondaires des lampes à incandescence pure sont peut-être destinées à prendre
- une certaine importance , car c’est surtout là où un appareil rend de réels services er remplit un but que remplissaient mal les appareils précédemment em -ployés, qu’il est appelé à réussir. Tel est le cas de l’application aux mines et aux travaux sous-marins. Pour les navires, il est certain que des appareils électriques d’autres systèmes ne seraient pas influencés par les mouvements de roulis et de tangage, et pourraient aussi être employés. On a vu, par exemple, à l’Exposition, M. Serrin faire fonctionner ses régulateurs dans les positions les plus singulières ; mais, sur les navires, on a à éclairer un certain nombre de petits espaces, et l’emploi des lampes à incandescence pure se trouve alors indiqué. Il est probable que l’on trouvera encore pouf ces lampes d’autres applications spéciales du même genre, pour lesquelles elles présenteront des avantages particuliers, et que ces applications ne se borneront pas à celles que nous avons citées. &
- Nous ne voulons pas dire par là que l’emploi des lampes à incandescence pure doive être limité à ces applications toutes spéciales. A côté de celles-ci, il trouvera, à être appliqué, dans des conditions données, pour les usages généraux.
- C.-C. Soulages.
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- RECHERCHES
- SUR LA
- LA TORSION, LA FLEXION
- ET LE MAGNÉTISME PAR M. G. WIEDEMANN
- A l’occasion des remarquables travaux de M. Hughes sur le magnétisme moléculaire, M. G. Wiede-mann nous a rappelé qu’il s’était lui-même occupé de cette question, et qu’il avait publié plusieurs mémoires, dont un, en français, qu’il nous envoie et que nous croyons devoir faire connaître à nos lecteurs, car tout ce qui se rattache à la question du magnétisme est d’un très grand intérêt, en raison de l’obscurité qui entoure encore cette partie de la science.
- Tu. du M.
- Quelques, expériences, dit M. Wiedemann, m’avaient démontré qu’il pouvait exister une liaison intime entre les mouvements moléculaires qui accompagnent les changements de forme des corps produits par des forces extérieures et ceux qui ont lieu dans le fer et l’acier pendant leur aimantation.
- Pour mieux étudier cette analogie j’ai d’abord entrepris quelques recherches sur la torsion des fils et la flexion des verges.
- I. Torsion.
- Un fil de laiton ou de fer, antérieurement chauffé au rouge pour lui ôter toute torsion inhérente, a étéfixé par son extrémité supérieure entre deux plaques de laiton vissées l’une contre l’autre. L’extrémité inférieure du fil portait une pince de laiton qui s’adaptait à l’axe d’une plaque horizontale et circulaire en laiton. Au-dessous de cette plaque l’axe était terminé par une pointe line en acier, qui jouait dans un petit support en agate polie. Une pièce de fer, également fixée à l’axe de la plaque et courbée en demi-cercle autour du support en agate, portait en bas une tige en laiton, placée dans la même ligne que Taxe. Le bout inférieur de cette tige était chargé par des poids (6 kilog.) servant à tendre le fil. Le bord de la plaque circulaire était un peu creusé ; un lil de soie très-forte faisait plusieurs fois le tour de la plaque, et après avoir passé sur une roue mobile disposée dans un plan perpendiculaire à celui de la plaque était tendu verticalement par un poids. On pouvait ainsi donner une torsion temporaire au fil métallique. En enlevant les poids, le fil revenait à son état initial, ou du moins ne gardait qu’une faible tension permanente. La torsion temporaire était mesurée par un index qui
- jouait sur le bord de la plaque circulaire divisée en degrés; la torsion permanente, par un miroir fixé à l’axe de la plaque dans lequel on pouvait observer, au moyen d’une lunette, une échelle divisée en millimètres et placée à une distance de 600 à 1 200'““ du miroir. Après avoir donné au fil une torsion permanente assez forte, on plaçait l’autre bout du fil de soie sur la roue, et on le chargeait également par des poids. De cette manière le fil tordu se détordait, et l’on pouvait observer le degré de la torsion temporaire et permanente. On employait un appareil spécial pour adapter sans secousse les poids au fil de soie, de façon à ce qu’ils ne produisissent que peu à peu leur effet de torsion; sans cela l’on n’aurait pas obtenu des résultats constants. La torsion et la détorsion des fils se faisait à plusieurs reprises, jusqu’à ce que les valeurs trouvées pour les mêmes charges dans les séries d’observations consécutives fussent toujours les mêmes.
- Les résultats obtenus de cette manière ont été les suivants :
- i° Lorsqu’un fil est tordu pour la première fois par des poids, les angles de la torsion temporaire s’accroissent plus vite que les poids.
- 20 La torsion permanente s’observe déjà aux moindres charges, et s’accroît bien plus vite que les poids. Ces deux résultats ont été déjà obtenus par M. Wertheim.
- 3° Un fil tordu étant détordu par des poids, la diminution de la torsion permanente est d’abord un peu plus lente que l’augmentation des poids. Pour obtenir la détorsion complète du fil, on n’a besoin que d’un poids inférieur à celui qui avait produit la torsion du fil.
- 40 Lorsque, après la détorsion, on tord et détord le fil de nouveau, les torsions permanentes ne s’accroissent plus aussi vite que la première fois ; elles deviennent peu à peu presque proportionnelles aux poids. Toutefois, pour des poids peu considérables, elles sont plus grandes qu’à la première torsion, mais la torsion maximum, obtenue par le plus grand poids diminue jusqu’à une certaine limite. En même temps, le poids qui réduisait la torsion permanente du fil à zéro lorsqu’il avait été tordu pour la première fois, n’y suffit plus. En employant ce même poids, on observe que le fil garde un résidu de torsion permanente qui s’accroît jusqu’à une certaine limite. Ainsi les changements permanents dans l’état de torsion du fil produits par l’effet réitéré des poids tordants et détordants -{- A et — B diminuent peu à peu.
- 5° Un fil tordu, qui a été détordu par le poids — B ne peut acquérir une torsion permanente dans un sens opposé à celui de la première torsion ni par l’effet répété du poids — B, ni par celui d’un poids moindre que — B. Cependant ces mêmes poids, employés dans le sens initial ( -)— B ), don-
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- nent au fil une torsion permanente plus ou moins considérable.
- 6° Un fil qui, ayant reçu une torsion permanente quelconque A (elle peut être nulle), a été tordu par une force K jusqu’à la torsion permanente B, et qui ensuite a été détordu par une force opposée jusqu’à la torsion C, comprise entre A et B, ne peut être ramené à sa torsion primitive A que lorsqu’on le soumet encore une fois à la force K.
- 7° La torsion temporaire d’un fil qui est encore sous l’influence de la force de torsion est augmentée par des secousses; elles diminuent sa torsion permanente. Un fil qui a été tordu et puis détordu par des poids se tord de nouveau par des secousses dans le sens de sa première torsion.
- Pour déterminer l’influence de la chaleur sur la torsion des corps, j’ai fixé verticalement des tiges d’acier de 2mm d’épaisseur, de 7““, 5 de largeur et de 56omm de longueur par leur extrémité inférieure dans une pince. Un fil attaché à leur extrémité supérieure et passant sur une roue, les maintenait dans la position verticale. A la partie supérieure des tiges on avait fixé un miroir dans lequel on observait la torsion au moyen d’une échelle divisée en millimètres et d’une lunette. Un levier adapté à la même extrémité des tiges servait à les tordre ; enfin elles étaient entourées d’un cylindre en tôle, par lequel on pouvait faire passer un courant de vapeur d’eau ou d’eau froide. Après avoir donné aux tiges une torsion permanente, on faisait varier leur température et on observait les changements de leur torsion. Les observations offrent quelques difficultés et ne sont pas très exactes à cause des changements lents (Elastische Nachwirkung) qu’éprouve la torsion des barres encore longtemps après que les forces de torsion ont cessé d’agir, surtout pour des températures élevées, et à cause des petites secousses qui accompagnent toujours les variations de température et qui par elles-mêmes ont une influence sur la torsion des tigres. Neanmoins on peut tirer des observations les conclusions suivantes :
- 8° La torsion permanente d’un fil tordu à la température ordinaire est diminuée par la chaleur. Par le refroidissement le fil se tord de nouveau quelque peu. Des changements de température consécutifs ont le même effet; seulement il est moins considérable. Les variations de la torsion augmentent avec la grandeur de la torsion elle-même.'
- 90 Un fil tordu à une température plus élevée perd une partie de sa torsion par le refroidissement. Le fil étant chauffé de nouveau, il en perd de nouveau et en reprend une partie par le refroidissement.
- Ces phénomènes ne s’observent que dans les barres un peu épaisses et qui ne sont pas très fortement tordues, parce que dans les barres minces et fortement tordues les changements lents de la torsion
- peuvent bien surpasser par leur effet celui de la variation de la température.
- io° Un fil tordu et puis détordu perd une partie de sa torsion par réchauffement. Cette perte varie en sens inverse de la grandeur de la détorsion du fil. Par le refroidissement le fil se tord de nouveau. La torsion qu’il acquiert de cette manière est plus petite que la torsion du fil après sa première détorsion si la détorsion a été petite ; elle est plus grande, si la détorsion a été considérable.
- (A suivre.) G. Wiedemann.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Historique du procédé de cuivrage direct de la fonte.
- Nous avons indiqué dernièrement les procédés de M. Weil pour le cuivrage direct de la fonte. La priorité de ces procédés ayant été contestée à M. Weil, il a adressé à M. le président de l’Académie des Sciences une lettre dont l’extrait suivant donne des détails intéressants au point de vue de l’histoire de cette branche d’industrie :
- «... Mes brevets datent de i863. Les produits
- « qui ont été mis récemment sous les yeux de l’Aca-
- « démie ont figuré à l’Exposition de Bordeaux, en
- « i865, et à l’Exposition universelle de Paris, en
- « 1867. Les procédés ont été décrits dans les A11-
- « nales de Chimie et de Physique, en i865. Les
- « bains spécifiés dans mes brevets sont des bains
- « renfermant des sels de cuivre à acides orga-• £>
- « niques, tels que les acides tartrique, racémique,-
- « citrique, oxalique, etc.; ou des matières organi-
- « ques neutres, telles que la glycérine, et des sels
- « alcalins formés par ces acides, avec excès d'al-
- « cali.
- « Les bains brevetés par le Yal-d’Osne, en 1872 « et 1873, sont des bains renfermant des sels de « cuivre à acides organiques, tels que : acides « tartrique, citrique, oxalique, etc.; des sels alca-« lins et un excès d'acide, quand ils n'attaquent « point trop fortement le fer.
- « La seule différence entre nos brevets est donc « que je n’emploie pas, et pour cause, d’excès « d’acide attaquant le fer, tandis que mes bains « alcalino - organiques dissolvent seulement la « rouille.
- « J’exécute le cuivrage par l’intervention d’un « faible courant électrique, produit par le couple « fer-zinc et cuivre-zinc, ou bien, pour les fortes « épaisseurs, à l’aide d’une pile, et, depuis 1869, à « l’aide d’une machine magnéto-électrique. C’est
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- « absolument à l’aide des mêmes moyens que le « Val-d’Osne opère.
- « C’est seulement depuis l’Exposition universelle « de 1878, époque de l’expiration de mes brevets « de i863, que j’ai pris connaissance, ainsi que le « public,, des échantillons de cuivrage obtenus par « le Val-d’Osne.
- « J’ai fait figurer, à la récente Exposition d’élec-« tricité, parmi mes produits nouveaux, des fontes « déjà cuivrées par moi en i865 (entre autres le « buste de la Dubarry), ainsi que des pièces cui-« vrées à forte épaisseur, de 186g à 1872, par « M. Auguste Achard, au moyen de mes bains et « de sa machine magnéto-électrique. J’ai voulu dé-« montrer ainsi la parfaite résistance aux intempé-« ries des fontes cuivrées selon mes procédés, pen-« dant quinze années, et constater mes droits à la « priorité. Que le Val-d’Osne ou d’autres indus-« triels emploient mes procédés de cuivrage, rien « de mieux. Depuis décembre 1878, mes brevets « appartiennent au domaine public.
- « Mais je maintiens mes droits à l'invention,
- « que j’ai perfectionnée avec persévérance. Cette « invention a été appliquée, dans notre pays, sur « une petite échelle ; mais elle a reçu une extension « plus grande à l’étranger, notamment en Alle-« magne et en Hongrie, comme l’attestent, entre « autres, quelques candélabres de l’éclairage public « de la ville de Pesth, établis en 1872.
- « Le moyen d’exécution de mon procédé, qui « doit être employé de préférence pour la plupart « de ses applications industrielles, consiste dans « l’emploi d’une machine magnéto-électrique ou « dynamo-électrique. Ce moyen, qui est le dernier « perfectionnement apporté à mon procédé, n’a été « appliqué qu’à Paris (à partir de 186g) et non pas « à l’étranger. »
- La pile à auges de Thomson.
- La forme que sir William Thomson a donnée à la pile Daniell sans vase poreux, est connue depuis quelques années; elle n’a cependant pas été décrite dans La Lumière électrique. L’Exposition Internationale d’Electricité, où figuraient plusieurs modèles de cette pile, nous offre l’occasion d’en donner ici la description.
- Chaque élément de cette pile se compose d’une auge carrée en bois A d’environ 40 centimètres de côté, garnie à l’intérieur d’une feuille de gutta-percha. Sur le fond de la boîte est une lame de cuivre C formant le pôle positif de la pile. Des cales en bois, placées sur la lame de cuivre supportent une sorte de gril en zinc Z, constituant le pôle négatif. Sur le fond de l’auge, on place du sulfate de cuivre en petits cristaux, et on charge l’élément avec une solution de sulfate de zinc de densité 1,10.
- Lorsqu’on veut réunir en tension un certain
- nombre de ces éléments, on les empile comme le montre la figure ci-jointe; un des quatre appendices que porte à scs coins chaque gril de zinc appuie sur une petite lame de cuivre qui se détache du fond de l’élément placé immédiatement au-dessus; cette petite lame passe par dessus le bord de l’auge et vient faire contact à sa partie inférieure avec le zinc.
- Pour entretenir la pile en fonctionnement, il faut avoir soin d’ajouter de temps en temps des cristaux de sulfate de cuivre, et aussi de remplacer, par siphonnement la partie supérieure du liquide, afin que cette partie, qui est une solution de zinc, ne devienne pas plus dense que la solution de sulfate de cuivre placée au-dessous.
- Quelquefois on enveloppe le zinc d’une sorte d’auge en papier parchemin pour empêcher le mé
- ange des liquides mais cette précaution n’est pas nécessaire.
- La pile de Sir.William Thomson présente cet avantage qu’elle a une faible résistance, et par conséquent peut être employée dans des cas où les piles Daniell ordinaires doivent être écartées en raison de leur grande résistance. C’est ainsi que M. Bréguet a pu s’en servir pour faire fonctionner des bobines d’induction de moyenne grandeur.
- Fanfare d’Ader.
- Comme nous l’avons dit plus d’une fois, la fanfare d’Ader est arrivée à reproduire, avec des sons très retentissants, un quatuor de cors de chasse sous la seule influence de chants de chasse fredonnés dans des espèces de microphones disposés un peu comme ceux des condensateurs chantants. Nous représentons dans la figure ci-dessous les quatre récepteurs qui produisent ces effets si remarquables; chacun d’eux est muni, comme on le voit, d’une trompette dont l’anche est sans doute reliée au diaphragme vibrant. Quelle est la disposition intérieure
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- du système? Nous ne le savons pas; car, jusqu’à présent, l’inventeur en a fait un mystère, mais ce que nous savons, c’est que les sons produits aux transmetteurs sont notablement amplifiés sur ces petits récepteurs, et c’est le seul exemple d’un microphone qui amplifie notablement les sons transmis par l’air au transmetteur. Le microphone, dans ces conditions, comporte bien le nom qui lui a été donné, et joue bien alors, par rapport aux sons, le même rôle que le microscope par rapport à la vue des objets. En ce moment, l’appareil ne s’applique qu’à la reproduction des sons musicaux,
- mais M. Ader compte bien appliquer son principe à la reproduction de la parole dans toute une pièce, de sorte que l’on n’aura plus besoin de porter aucun instrument aux oreilles. Il fait remarquer, à l’appui de ses espérances, que tous les téléphones qui parlent aujourd’hui ont commencé par chanter, depuis le téléphone de Reiss jusqu’au condensateur chantant. Or, si on arrivait à développer la parole avec le volume de son de sa fanfare, la plupart des sourds pourraient entendre, et au lieu d’avoir des appareils téléphoniques, on aurait des chambres^ou bureaux téléphoniques, dans lesquels
- FANFARE D’ADER A L*EXPOS[TION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- on échangerait une conversation, à telle distance qu’il conviendrait, sans se déranger de son fauteuil. Il y aurait dans cette découverte de quoi mettre en verve les poètes et les nécromanciens, car dans ce colloque à voix haute, n’ayant pour acteur qu’une seule personne, et échangé à une distance pouvant être considérable, on serait tenté de voir une adjuration aux esprits des ténèbres, et les contes d’Hoffman.i pourraient bien être alors au-dessous de la réalité...
- Mais reprenons notre sérieux et disons que nous ne comprenons pas le mystère qu’on veut faire autour de cet appareil qui peut-être restera toujours un simple instrument de curiosité. Le mystère en matière de science ne se comprend plus aujourd’hui que chez les prestidigitateurs.
- Un nouvel Accumulateur
- Dans un mémoire lu le 15 décembre à la Royal Society, dit Y Engineering, M. Henry Sutton, de Ballarat, Victoria, a fait connaître quelques expériences qui Font conduit à la construction d’une nouvelle pile secondaire. Il a découvert ce fait important, que l’emmagasincment de l’électricité dans des accumulateurs à lames de plomb est facilité par l’amalgamation de la lame positive. Son idée était de se servir comme plaque négative d’un métal dont l’oxyde fût soluble dans le liquide employé et put s’en déposer ensuite. Avec le plomb amalgamé comme lame positive, il s’est servi de lames négatives de zinc, de fer et de cuivre, le liquide étant dans chaque cas un sel du métal qui formait l’élec-
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- trode négative. Toutes ces combinaisons ont donné de bons résultats, mais les meilleurs ont été obtenus avec une lame de plomb amalgamé comme électrode positive et une lame de cuivre comme électrode négative, le liquide étant une solution de sulfate de cuivre. . Les deux lames sont percées d’un certain nombre de trous ,puis roulées en spirales et tenues à distance par des lames de caoutchouc coupées de douze en douze centimètres. Les trous dans les lames de plomb et les coupures dans les caoutchoucs sont destinés à assurer la circulation du li quide. Pendant la charge, l’oxygène provenant de la décomposition du liquide se combine avec le plomb et forme un dépôt uni de peroxyde insoluble; l’hydrogène se substitue au cuivre du sulfate et le cuivre se dépose sur la lame négative. Pendant la décharge, le plomb est réduit de nouveau et le cuivre s’oxyde; l’oxyde de cuivre se dissout dans le liquide en se combinant avec l’acide pour former du sulfate de cuivre. La puissance de cet élément est considérable et il est, dit-on, très constant : il peut être maintenu en action pendant quatre heures et la durée de son action dépend de la quantité de sulfate de cuivre décomposé. Par la décomposition et la recomposition d’un demi litre de solution de sulfate de cuivre, M. Sutton a obtenu plus de deux heures de travail effectif et réchauffement au rouge d’un fil de platine de io centimètres de long et de o mill. 52 de diamètre; l’élément secondaire avait io cent, de hauteur et io cent, de diamètre. La présence de cristaux de sulfate de cuivre dans l’élément empêche l’oxydation du plomb amalgamé, car il faut que le liquide soit légèrement acide avant l’oxydation du plomb. Pendant la charge, l’élément fait entendre un bruit particulier, dû peut-être à ce que le dépôt de cuivre sur la lame négative change la forme de la spirale. M. Sutton construit une forme pratique de son élément sur le modèle de la pile à auges de Cruikshank. L’espace entre les paires de lames est rempli de liquide; on charge la batterie avec un courant de tension suffisante pour vaincre sa force contre-électromotricc ; les lames positives s’oxydent et le cuivre se dépose sur les lames négatives. Avec deux boîtes de vingt-cinq lames chacune, chargées à l’aide trente éléments Bunsen, on obtient des courants très puissants. Quand on opère sur un certain nombre de ces boîtes de vingt-cinq lames, on peut les charger en quantité et les décharger en tension. Vingt de de ces boites d’un pied carré de section, accouplées en série, forment une pile de cinq cents éléments ayant chacun un pied carré de surface par lame. Il faut remarquer que M. Sutton n’a pas pris de brevet.
- Il serait à désirer que les bonnes qualités que l’on prête à cet accumulateur fussent vérifiées par l'expérience car ces appareils sont certainement appelés à rendre des services dans l'industrie élec-
- trique. Il serait possible que dans ce cas, il en soit ainsi, car la formation du sulfate de cuivre pendant la décharge introduit dans l’élément une nouvelle source d’énergie.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le Directeur,
- Mon attention vient d’être attirée sur un article de M. Ge-raldy, publié dans le n° 77, sous le titre « La notion de la résistance ». M. Geraldy a bien voulu citer mon nom à propos de mes recherches sur l’accroissement de résistance intérieure des machines en marche, communiquées à l’Institut en juin 1880 par M. le comte du Moncel. Il me parait nécessaire de rectifier deux points de cet article, susceptibles d’induire en erreur les lecteurs du journal; je dois donc faire remarquer que :
- i° La proportion d’accroissement de résistance intérieure que j’ai signalée, c’est-à-dire 25 °/0 d'accroissement pour un anneau Gramme A à l’allure de 45o tours par minute, est actuellement hors de toute contestation ;
- 2° Cet accroissement ne peut pas être mis sur le compte d'une modification dans le contact des balais, ce qui serait un effet du genre de ceux signalés par M. Lacoine, et cités page 42S du n° 77.
- i° Au Congrès officiel des électriciens, à propos d’une nouvelle méthode que je donnais pour calculer les résistances intérieures des machines en marche, j’ai été conduit à dire un mot de ces augmentations de résistance. M. Joubert, craignant un malentendu théorique, a fait observer que l’augmentation apparente de résistance devait être attribuée à des effets d’induction dépendant du nombre des torons de la machine. J’ai répondu que j’avais voulu m’abstenir de toute appréciation théorique, mais que, les machines se comportant comme si leur résistance intérieure augmentait, il me paraissait plus simple de faire subir à la résistance intérieure la correction additive qui permettait alors d’appliquer exactement aux machines les formules usuelles de Ohm ët de Joule. M. Joubert a parlé d’une formule (qu’il n’a pas citée), qu’il préférait introduire dans le calcul. Le procès-verbal officiel s’exprime en ces termes : «- Celle formule, simple d’ailleurs, a été appliquée par l’orateur aux expériences memes de M. Cabanel/as, et lui a fourni des résultats complètement d’accord avec ceux de M. Cabanellas. »
- Ainsi, non seulement ces chiffres sont le résultat de nombreuses expériences exécutées avec soin dans les ateliers de MM. Sautter-Lemonnier, avec le concours et le contrôle de M. l’ingénieur Sacquet, mais, de plus, mes chiffres ont la bonne fortune d’avoir été vérifiés par M. Joubert qui, par un autre procédé, est arrivé à des résultats complètement d’accord avec les miens.
- 20 M. Geraldy, qui estime, à priori, trop considérable l’accroissement de 2S °/0, puis qui veut rapprocher cet accroissement des accroissements si.considérables trouvés par M. Lacoine, pourra, en tout cas, pages 1346 et 1347 du n° 23 des Comptes-Rendus des séances de l’Académie des Sciences, se convaincre de ce fait, que je m’étais, dès le principe, préoccupé de l’influence personnelle que pouvait avoir, dans l’ensemble du phénomène que j’étudiais, le contact effectif des balais pendant le mouvement du collecteur.
- En effet, page 1347, lignes 23, 24 et 25 se trouvent les phrases : « la constitution de l’anneau paraît être la seule « cause dominante. J’ai isolé l’influence des balais qiii 11'en-« traîne que des différences d’ordres secondaires. »
- Pour ne pas trop allonger ma communication à l’Académie, e n’étais pas entré dans le détail de cette partie de mon
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- travail, mais je peux le faire ici. L/influence attribuable aux balais et à leur mode effectif de contact n’atteignait pas i %• Voici comment je procédais : aussitôt après une série d’expériences à l’allure de 450 tours, avec diverses résistances extérieures additionnelles, intercalées soit entre mes deux anneaux, soit hors de ces anneaux, je stoppais, et, pour supprimer la résistance et l’influence des torons de la machine, j’enroulais rapidement quelques tours, d’un fil de cuivre nu bien décapé, sur le collecteur, hors du passage des balais. J’observais la résistance, puis je remettais de suite en marche à l’allure étudiée et je reprenais la série de mesures en marche. En agissant ainsi, il est clair que la différence de ces deux résistances au repos et eu marche me donnait la part d’accroissement imputable, pendant la marche, aux balais et à leurs défectuosités de contact avec le collecteur.
- Je n’ai pas à apprécier les expériences de M. le docteur d’Arsonval dont je ne connais ni les chiffres ni le dispositif. M. Marcel Deprez, sans être plus explicite, a parlé, au Congrès, des expériences de M. d’Arsonvàl; M. Joubert, mon contradicteur, lui a fait observer qu’il n’y avait pas moyen de mettre en doute les chiffres d’accroissement cités par moi puisqu’il les avait vérifiés.
- Quant aux expériences de M. Lacoine, je n’ai aucune raison d’en contester les résultats, qni me paraissent être la conséquence des conditions dans lesquelles il s’est placé, je remarque d’abord que M. Lacoine, au lieu de deux*balais en fils de cuivre, emploie deux ressorts d’acier, bien différents et plus nuisibles sous le rapport de l’état vibratoire qu’ils peuvent prendre pendant le mouvement. Je remarqne aussi que les allures de M. Lacoine varient de 2000 à plus de 5ooo tours, les miennes étant de 450 tours.
- Ainsi, je 11e conteste pas les résultats numériques de M. Lacoine, seulement je trouve qu’il n’est pas légitime de voir dans ces résultats l’explication de l’accroissement de résistance intérieure des machines en marche. D’abord, j’ai prouvé nettement, plus haut, que cette explication ne rend pas du tout compte du phénomène pour l’anneau Gramme à q5o tours, et, du reste, M. Lacoine a observé que, lorsqu’il augmentait la pression de ses deux ressorts d’acier, les effets d’accroissement de la résistance diminuaient, même jusqu’à supprimer toute action microphonique dans son téléphone de contrôle. Dès lors, quelle conclusion positive est-il permis de tirer des chiffres qu’il cite, si ce n’est que son dispositif de balais (nature et pression) 11’était pas satisfaisant au moment où les chiffres cités ont été observés. Certes, il est regrettable que cette explication ne soit pas la vraie, car alors, il serait possible, par une disposition judicieuse de prise du courant, d’affranchir les machines actuelles à collecteurs de cette cause d’abaissement de leur rendement, tandis qu’il faut s’y résigner parce que cet effet est inhérent au système de constitution des éléments induits.
- En terminant, je ferai aux préoccupations de M. Geraldy sur le trouble que peut apporter dans les idées l’expression « Augmentation de résistance intérieure de machines en marche », la réponse que j’ai faite à M. Joubert : que cette expression est certainement sans danger puisque les travaux de MM. Jamin et Roger sur les machines alternatives de l’Alliance, l’ont déjà acclimatée depuis longtemps dans la science- (Tome 66 des Comptes Rendus de l’Académie des Sciences.)
- Enfin, il 11’est pas inutile de faire remarquer aux expérimentateurs que, non seulement il est plus simple d’appliquer à la résistance intérieure l’accroissement qui permet ensuite d’utiliser les formules usuelles de Ohm et de Joule, mais que ce procédé est en outre le plus rigoureux, le plus exact, ainsi qne je vais le montrer :
- En effet, lorsqu’une machine fonctionne normalement, elle est à un certain régime d’allure et d’intensité de circulation électrique. De ce régime établi résulte un certain équilibre de température du fil intérieur qui affecte également sa résistance. En sorte qu’il faudrait faire intervenir au moins
- deux corrections avec leurs deux causes d’erreur, tandis que le moyen que j’ai donné au Congrès international permet (sans qu’il soit besoin de deux machines du type et sans démonter l’appareil) de totaliser expérimentalement toutes les différentes influences efficientes, y compris celle de la température du fil intérieur.
- Veuillez agréer, etc.
- . Gustave Cabanellas.
- 3i décembre 1881.
- Monsieur le Directeur,
- A propos de l’article « Bruits téléphoniques », page 3y3 du n° du 17 courant de votre excellent journal, permettez-moi quelques observations qui peuvent offrir un certain intérêt :
- Il n’est pas nécessaire, comme il est dit dans cet article, que les lames formant les extrémités d’un circuit téléphonique soient de métaux différents, pour que des bruits soient perçus dans le téléphone; il est aisé de s’en convaincre par de très faciles expériences.
- Si, en effet, on chauffe dans la flamme d’une lampe à alcool l’extrémité d’un des fils de cuivre d’un circuit téléphonique, et si on frotte cette extrémité avec l’autre extrémité (du fil de cuivre aussi), on entendra dans le téléphone un grésillement bien marqué.
- La même chose a lieu si les deux extrémités sont terminées par des fils de fer ou tout autre métal, ou par des charbons de cornue.
- De même, si on réunit à l’un des fils d’un circuit téléphonique deux morceaux de métal identique, cuivre, fer, ou autre, ou deux morceaux de charbon de cornue, que l’on sépare par une goutte d’eau, chaque fois que l’on touchera ce système avec l’extrémité libre du circuit téléphonique, on entendra un crépitement dans le téléphone.
- De même encore, si dans un verre d’eau l’on immerge, sans qu’elles se touchent, les deux extrémités du circuit, et si au sein de l’eau on frotte l’une de ces extrémités avec une tige de métal identique, le grésillement aura lieu dans le téléphone, quoique la nature des métaux soit semblable, fer, cuivre ou autre.
- Ce n’est donc pas le contact de métaux différents qui produit ici des courants électriques.
- Je n’ose vous soumettre les considérations à la suite des-' quelles j’ai été conduit, il y a plus d’un an, à faire ces expériences; permettez-moi d’ajouter seulement, que ces mêmes considérations m’avaient amené à un certain nombre d’autres essais qui ont réussi, par exemple les suivants :
- Si on fait vibrer un diapason et si on l’approche d’un corps léger, par exemple un petit fragment de feuille à dorer, ce fragment est porté sur le diapason et y reste collé tant que celui-ci est en vibration.
- Si on arrête les vibrations, le fragment tombe aussitôt. Bien entendu, le diapason est tenu à la main, et il ne peut être question ici d’attraction électrique ou magnétique.
- L’expérience réussit également bien en approchant le diapason d’un morceau de moelle de sureau ou mieux de charbon de moelle de sureau, flottant à la surface de l’eau. Le morceau de charbon est pousse vers le diapason.
- Un corps quelconque, placé dans le voisinage d’un autre corps quelconque aussi, mais porté à une température supérieure, est poussé vers ce dernier et se porte sur lui, s’il est suffisamment mobile et s’il 11’est pas retenu par un obstacle.
- Veuillez agréer, etc.
- C11. Weyiier.
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- FAITS DIVERS
- MM. Ayrton et Pcrry adressent au Times une lettre sur la question des chemins de fer électriques. L’objet de cette lettreest.de démontrer que Félcctricité peut être employée pour transmettre l’énergie des trains, sur une ligne d’une longueur de 200 milles, cette ligne étant divisée en sections isolées les unes des autres, et disposées de telle sorte qu’il y a complète impossibilité pour deux trains à circuler eu même temps sur la même section.
- La catastrophe devienne a déjà donné lieu, dans plusieurs villes, à des enquêtes relativement aux mesures à prendre pour prévenir les incendies ou les combattre dans les théâtres. A Birmingham, le surintendant Tozer, chef de la brigade d’incendie, recommande entre autres précautions à prendre l’installation de communications téléphoniques avec les stations centrales d’avertissement d’incendie.
- L’exposition du Crystal-Palace se complète peu à peu, mais ce n’est guère que vers la fin du mois actuel que tous les objets seront installés. Les grandes Compagnies d’éclairage mettent en place leurs machines à Vapeur. Quelques-unes pourtant n’ont pas encore terminé les travaux de fondations. Les Compagnies Electric Light and Power Generator, Maxim, Weston, M. Strode, M. Gramme, de Paris; MM. Ro-watt and Pyle et Crompton sont très avancés. Les lumières Brush, sous la direction de M. Hammond* sont déjà installées; il en est de même pour MM. Siemens, Lontin et la Société générale d’électricité. La British Electric Light Company, qui a obtenu une médaille d’or à l’Exposition de Paris, aura à Sydenham 26 lampes Brockie et de nombreuses lumières à incandescence.
- Les autorités du Département de la guerre ont informé les organisateurs de l’exposition de Crystal-Palace de leur intention d’exposer un ensemble des appareils électriques adoptés aujourd’hui dans les services militaires de la Grande-Bretagne. Dans une récente assemblée de la Société des ingénieurs télégraphistes, le professeur Abel a fait remarquer à ce propos que l’Angleterre était en réalité à la tête des autres nations pour les applications électriques dans les opérations militaires.
- Saint-Pétersbourg doit avoir son exposition électrique; c’est la Société technique qui s’occupe de son organisation, et déjà de nombreux fabricants d’appareils pour l’clectricité et plusieurs inventeurs russes ont promis leur concours.
- Un système d’horloges électriques vient d’être étudié pour Gênes, et il est en ce moment en pleine exécution. Les horloges sont disposées sur cinq lignes distinctes, qui partent toutes du palais municipal. La première, avec sept horloges, va au quartier dit Porta-Lanterna; Ja seconde, avec neuf horloges, auMolo Vecchio; la troisième, avec neuf horloges, au Carignano; la quatrième, avec neuf horloges, au palais Tommaseo; et la cinquième, avec cinq horloges, à la place Manin.
- Éclairage électrique
- L’hôtel de ville de Berlin va être éclairé par l’électricité. C’est la maison Siemens qui s’est chargée de cette installation d’essai. On éclairera d’abord avec des appareils Siemens la salle appelée des Donateurs (Donaiorensaal).
- Quinze lampes à incandescence y seront aussi installées et l’on croit que cet essai décidera l’assemblée des conseil-
- lers municipaux à adopter également l’éclairage électrique pour la grande salle des séances qui est contiguë à celle des Donateurs.
- Une nouvelle Compagnie d’électricité vient d’être fondée. C’est la Compagnie belge et hollandaise d’électricité, dont le siège est à Bruxelles. Cette Compagnie se propose de fournir la lumière électrique cil Belgique et en Hollande. Son capital est de cinq millions de francs, divisé en 20000 actions. Elle possède les brevets belges de Faure, Julien et Reynier.
- A Londres, plusieurs édifices et établissements publics sont depuis quelque temps éclairés par l’électricité. Des cercles de la métropole vont être prochainement éclairés par le même procédé. On annonce que les comités des clubs de l’Athe-nœum (cercle des savants situé dans Pall Mail) et de la Rel'orm (cercle des membres du parti libéral ou whig situé également dans Pall Mail) ont décidé d’introduire la lumière électrique dans les salles des bibliothèques.
- A la Royal Institution, dans Albemarle Street, Piccadilly, on inaugure à partir du rjr janvier l’éclairage électrique de la bibliothèque de cette Société. On s’attend à ce qu’un grand nombre d’autres institutions de Londres, entre autres l’Institut Britannique, la Société des artistes anglais, l’Institution des ingénieurs civils, la Société de géographie, suivent le même exemple.
- A Victoria, capitale de la Colombie anglaise (Amérique du Nord), la Compagnie Brush vient d’installer des foyers électriques.
- MM. Hammond et Cia vont, annonce-t-on, éclairer par l’électricité les bassins du port de Grimsby, dans le comté de Lincoln. O11 se servira pour cet éclairage de la lumière Brush.
- Les avis du Canada portent que de nouvelles propositions viennent d’être faites pour éclairer par l’électricité la ville d’Ontario.
- La lumière électrique est maintenant de plus en plus adoptée en Angleterre pour l’éclairage des travaux de construction ou de démolition d’édifices. A Leeds, le grand magasin d’outils de MM. Fowler ayant été brûlé, les propriétaires ont aussitôt télégraphié à MM. Hammond et Ce pour les prier d’installer des foyers Brush afin de faciliter les travaux de déblaiement pendant la nuit. Quarante-huit heures après la réception de la dépêche, les lampes Brush brûlaient au-dessus des ruines.
- La Compagnie Brush est en train d’installer un certain nombre de lampes dans la ville de Victoria (Colombie anglaise).
- M. Ellis Sever, de Manchester vient d’offrir un prix de i2,5oo francs pour le meilleur système d’éclairage électrique pour les m'ines.
- A Vienne (Autriche) des essais d'éclairage électrique viennent de commencer sur la place Saint-Étienne et dans le Graben, c’est-à-dire le quartier le plus fréquenté de la capitale. Ces essais qui doivent durer un mois sont entrepris aux frais de l’Américan Brush Electric Light Company. Les fanaux placés dans les rues atteignent une hauteur de cinq mètres. D’après le Fremdenblatt, cet éclairage laisserait un peu à désirer au point de vue de la fixité et à cause des ombres.
- A Rotterham, dans le comté d’York les grandes usines et aciéries Lotherwood sont maintenant éclairées par les lampes à arc de MM. Crompton et C°.
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- Télégraphie
- La Great Northern Telegraph Company vient d'ouvrir de nouveaux bureaux télégraphiques en Chine. La ligne intérieure de Shanghaï à Tientsin ayant été complétée, on reçoit maintenant des télégrammes pour Soochow, Chinkiang, Tientsin, Chinkiangpoo, Chining, Lingching et Taku.
- Le câble direct entre l'Angleterre et l'Espagne via Bilbao, est complètement réparé depuis quelques jours.
- Les communications télégraphiques entre Londres et les Scilly Islands par Porth-Curno, sont rétablies après six mois d'interruption.
- La section terrestre du second câble américain de M. Jay Gould a atteint la côte duCornwall (Angleterre) dans le courant du mois de décembre.
- M. Cochery, ministre des Postes et des Télégraphes, vient de décider que le fil télégraphique souterrain en construction de Paris à Lyon sera prolongé jusqu'à Marseille. D'autre part le ministre a promis aux agents de change de Lyon et dé Marseille qu'un fil spécial serait mis à leur disposition de dix heures du matin à quatre heures du soir comme cela vient d'être accordé, ainsi que nous l'avons annoncé dans un de nos derniers numéros, aux agents de change de Bordeaux.
- On pose en ce moment un fil télégraphique le long du canal de la Marne au Rhin et les postes desservis par ce fil pourront être ouverts à la télégraphie privée suivant les dispositions ci-après arrêtées d'un commun accord entre l'Administration des Ponts et Chaussées et celle des Postes et des Télégraphes.
- Les agents du canal de la Marne au Rhin seront autorisés à recevoir et à transmettre, sans déplacement, les dépêches privées intéressant le commerce et la navigation, ainsi que les affaires des négociants et des mariniers qui font usage de la voie navigable. Ils pourront être ultérieurement appelés à recevoir et à transmettre pareillement les dépêches privées de toute nature dans les postes où l’administration des télégraphes croirait devoir, de concert avec l’administration des travaux publics, installer des bureaux ouverts à la télégraphie privée.
- Téléphonie
- La questure vient d'installer, dans un des bureaux de la Chambre des députés, une station téléphonique.
- Deux boxes, hermétiquement fermés et capitonnés à l'intérieur, contenant les parleurs et les récepteurs, tels qu'on les a vus installés sur différents points de l'Exposition d’électricité, sont, dès à présent, à la disposition des députés.
- Voici près de deux ans qu’il est question d'établir à Lille un réseau téléphonique. L'autorisation municipale ayant été enfin accordée, les travaux ont commencé, il y a trois jours. La première ligne doit être de trente fils. Le premier support a été établi rue de la gare. D’ici peu, d'autres lignes de même importance partiront du point central, situé place de la gare pour sillonner la ville de Lille dans tous les sens.
- Le nombre des lignes à construire est déjà d’environ cent cinquante.
- Le téléphone va maintenant dans les régions tropicales. On annonce que le traité de constitution de la Tropical Ame-
- rican Téléphoné Company vient d'être enregistré au greffe de New-York. Les fondateurs sont MM. Frédéric Delano, de Detroit (Michigan) James H. Howard, de Boston, et James B. Richards, de New-York. La compagnie du Tropical American Téléphoné se propose de construire et de mettre en exploitation des lignes de téléphone dans les divers villes, bourgs et villages des Antilles (excepté Cuba), de l'Amérique centrale, de Panama, de Vénézuéla, des Etats-Unis de Colombie et des Guyanes anglaise, hollandaise et française.
- Un meeting général extraordinaire des membres de VOriental Téléphoné Company a été tenu à Londres pour examiner la question d'arrangement entre Graham Bell, Edison, Y Oriental Bell Téléphoné Company de New-York, YAnglo Indian Téléphoné C°, George E. Gourand, Gardiner Grenn Hubbard, John Parks etc. etc.
- Le président du meeting, M. J. Pinder, membre du Parlement, a fait remarquer que 19Oriental Téléphoné Company avait l’avance sur tontes les autres dans l'Inde, en Australie et dans d’autres colonies, bien que sa fondation ne date que de quinze mois. En Egypte, elle a déjà cinquante abonnés à Alexandrie. En Océanie, dans la ville d'Honolulu, capitale des îles Sandwich, la compagnie compte actuellement cent soixante quinze abonnés. Le président a exprimé l'opinion que le télégraphe et le téléphone doivent se prêter ùn mutuel appui, et qu'avant peu ils se donneraient la main d'un bout du monde à l'autre.
- A Saint-Pétersbourg, on travaille activement à la pose d’une ligne téléphonique reliant le Grand Théâtre et le Théâtre Marie à l'exposition d'électricité.
- Une nouvelle application de la téléphonie aux auditions théâtrales a été faite dernièrement au Bristol Hôtel, Burling-ton-gardens à Londres. On a entendu par téléphone l’opéra-bouffe, la Mascotte. Les appareils avaient été posés par les soins de la United Téléphoné Company qui avait invité un certain nombre de personnes. Un couple de transmetteurs se trouvait sur la scène du théâtre de la Royal Comedy dans Panton-street ; ces transmetteurs étaient en communication avec des récepteurs disposés tout autour d'une salie du Bristol Hôtel. Les paroles et la musique sont, paraît-il, parvenus avec la plus grande netteté à l’oreille des invités, les chœurs surtout. Certains instruments, entr’autres le tambour ont cependant parfois détruit l'harmonie. C’est une répétition des essais de M. Ader à l'Exposition de Paris. Du reste cette expérience qui produit tant d’effet sur le public sera certainement bientôt répandue un peu partout, car presque tous les systèmes téléphoniques, et l'on sait s’ils sont nombreux, peuvent arriver au même résultat.
- On nous apprend de Mexico que MM. Wexel et de Gress ont livré au gouvernement, le mois dernier, les douze lignes téléphoniques qu'ils ont construites pour le district de Mexico, conformément à leur contrat du mois de juillet 1881.
- Malheureux téléphones! s’écrie un journal deBuenos-Ayres. A la mauvaise volonté des particuliers se joint depuis quelque temps celle du gouvernement. La compagnie téléphonique de cette ville vient, en effet, de recevoir l'ordre d’enlever les poteaux télégraphiques qui empêchent la circulation. Cette mesure, prise par le ministère de l'Intérieur, se base sur ce que la Compagnie téléphonique de Buenos-Ayres n’a pas demandé l'autorisation nécessaire. Cette autorisation une fois sollicitée lui sera certainement accordée et la compagnie posera probablement les fils de son réseau sous terre.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 35S92
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Électricité 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
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- SOMMAIRE
- Exposition Internationale d'Électricilé : Machines à voter; Th. du Moncel. — Les télégraphes écrivants et les télégraphes parlants; Frank Geraldy. — Exposition Internationale d’Électricité : Étude sur le système de transmission multiple tet le télégraphe imprimeur de M. Baudot; J. P. — Exposition Internationale d’Électricité : Les salles de l’exposition d’Edison; C. C. Soulages. — Recherches sur la torsion, la flexion et le magnétisme; G. Wiedemann. — Revue des travaux récents en électricité : A propos de la méthode deM. Lippmannpourla détermination de l’ohm.— Disposition pour commutateur. — Sur les décharges électriques dans les gaz raréfiés. — Sur la polarisation singulière des électrodes. — Sur les procédés de cuivrage de la fonte employés au Val-d’Osne. — Faits divers.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- MACHINES A VOTER
- Bien que le nombre des inventions se rapportant aux machines à voter soit relativement assez grand, et j’en connais au moins dix systèmes, l’accueil peu empressé qu’on a fait à ces machines aura, à ce qu’il paraît, un peu dégoûté les inventeurs, car nous n’en avons vu figurer que deux modèles à l’Exposition, et encore l’un d’eux, celui de M. De-bayeux, avait déjà été exposé en 1878 à la grande Exposition universelle. L’autre modèle, moins important et combiné par M. Davillé, figurait à l’Exposition de l'administration des télégraphes français.
- Ceux qui ont assisté aux réunions des assemblées délibérantes ou qui en ont liait partie, ont pu reconnaître combien est long et minutieux l’émission et surtout le dépouillement d’un vote. Pour rendre cette opération moins longue on a, à diverses reprises, combiné des mécanismes ingénieux qui pouvaient, à la manière des machines à calculer, compter les votes et indiquer les résultats ; mais
- ces machines ne présentaient pas des conditions d’exactitude et de commodité suffisantes, et ce 11’est que quand on a pu leur appliquer les moyens électriques, qu’011 put entrevoir les avantages sérieux qu’elles pouvaient fournir. Toutefois, les caprices de l’électricité ont, à ce qu’il paraît, effrayé un peu les assemblées et, jusqu’à présent, ces machines n’ont été adoptées que dans des cas assez restreints, bien que plusieurs des systèmes proposés sembleraient devoir satisfaire les esprits les plus scrupuleux.
- Les systèmes qui ont été proposés jusqu’ici peuvent se répartir en deux catégories : i° les systèmes dans lesquels chaque votant a son transmetteur et son récepteur de vote, et dans lesquels la récapitulation des votes est fournie par un appareil qui réagit d’après les indications fournies sur les récepteurs ; 2° les systèmes dans lesquels les votes ne sont exprimés que sur les transmetteurs et ne sont recueillis qu’au moment même du dépouillement du vote, au moyen d’une machine qui se trouve mise successivement en rapport avec ces transmetteurs ; alors les votes se trouvent inscrits en face des noms des votants en même temps qu’ils se trouvent additionnés. Dans ces deux catégories d’appareils, une disposition particulière assez simple permet, du reste, de rendre les votes secrets.
- S’il faut en croire une réclamation de M. Martin de Brettes, ce serait lui qui, dès l’année 184g, aurait eu la première idée des machines à voter, et son projet qui aurait été autographié et présenté au Président de l’Assemblée nationale, aurait été mentionné et partiellement reproduit par les journaux de l’époque. -Plus tard, 'en 1860, M. Saigey, inspecteur des lignes télégraphiques, a également combiné un appareil de ce genre, mais sans en donner la description. Ce n’est qu’en 1862 que l’on a pu voir pour la première fois en France une machine à voter exécutée et susceptible de fonctionner d’une manière un peu satisfaisante, et cette machine, brevetée en 1861, a été imaginée par M. Galland et construite par M. Morin ; elle a été présentée à la Société des ingénieurs civils en 1862,
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- et à la Société d’encouragement en 1864, où elle a été l’objet d’un rapport fait par M. Molinos le 10 août 1864. Depuis cette invention, un grand nombre de projets ont été proposés, et les plus importants d’entre eux ont été combinés par MM. Clérac, Jacquin, de Gaulne, Daussin, Lalloy et Debayeux. Toutefois nous ne décrirons que le système de ce dernier, qui nous paraît le plus complet de tous, et qui peut donner une idée de tous les problèmes à résoudre dans ces sortes de machines. Il appartient à la seconde des catégories que nous avons indiquées, et par conséquent chaque votant a devant lui un transmetteur auquel correspond un circuit particulier aboutissant à la machine de récapitulation des votes.
- Dans ce système, le transmetteur de chaque votant se compose d’un commutateur à signaux persistants, et comporte en conséquence l’emploi d’une manette, se mouvant circulajrement autour d’un axe, et susceptible d’être transportée sur les troits contacts correspondants aux oui, non et blanc (Voir fig. 2). De plus, un mécanisme électro-magnétique adapté à la manette elle-même, permet, quand le vote est terminé, de la ramener au repère, afin que l’appareil soit toujours prêt à fonctionner, quand bien même le votant oublierait de la ramener dans cette position. Cette disposition ne présente rien de difficile ni d’important à signaler. Nous y reviendrons du reste plus tard.
- Il n’en est pas de même de la machine à voter, qui, malgré sa simplicité, remplit toutes les fonctions que l’on peut demander à ces sortes d’appareils. Ce système comporte trois sortes de mécanismes : i° Un appareil imprimeur qui imprime les noms des votants présents et leur vote, avec les totaux des oui, des non et des billets blancs, et qui fournit, déplus, le total général des votes. 2°Un mécanisme compositeur qui fait arriver devant le mécanisme imprimeur, les indications qui doivent être imprimées. 3° Un mécanisme commutateur qui fait fonctionner le mécanisme précédent, en mettant successivement le transmetteur de chaque votant en rapport avec le dernier mécanisme. Comme' ce mécanisme commutateur est le trait d’union entre les votants et les indications qu’ils veulent transmettre, nous devons commencer par en faire la description.
- Commutateur. — Ce commutateur se compose d’un cylindre construit avec une matière isolante et dont la grandeur est en rapport avec le nombre des votants. Il porte en effet sur sa circonférence intérieure un nombre de contacts égal à celui des votants, et comme chacun des votants peut émettre trois votes différents, ces contacts doivent être divisés eux-mêmes en trois parties. Ce cylindre est fixe, et c’est un axe muni de frotteurs à piston, qui, en tournant à l’intérieur du cylindre, établit successivement les communications électriques desti-
- nées à réagir sur le mécanisme compositeur. A cet effet, ces frotteurs, qui sont composés chacun de trois pièces frottantes, sont distribués sur l’axe moteur sur trois rangs, et sont isolés métallique-ment d’un rang à l’autre; les contacts sont incrustés à la partie interne de la surface cylindrique, et sont reliés isolément par des fils aux contacts du transmetteur, suivant leur numéro d’ordre. Il en résulte-que, suivant la position de la manette du transmetteur sur l’un ou l’autre de ces contacts, le courant de la pile sera transmis au contact correspondant du commutateur; mais il ne sera fermé que quand les frotteurs, étant arrivés devant ces contacts, auront complété le circuit à travers le mécanisme compositeur. Si c’est un non qui est transmis par le cinquième votant, je suppose, et que les non occupent la deuxième rangée circulaire des contacts, le mécanisme compositeur transmettra un non à l’imprimeur au moment où les frotteurs du commutateur arriveront devant la cinquième série de contacts du commutateur, parce qu’alors la pile ne sera mise en communication avec le circuit que par les contacts de la seconde rangée circulaire. Les frotteurs sont au nombre de trois pour chaque rangée de contacts circulaires, parce que l’un est destiné à appuyer sur les contacts incrustés, en rapport avec les fils du transmetteur, et que les deux autres, en appuyant sur une bague métallique adaptée parallèlement à côté de la rangée de contacts, établissent la communication électrique entre eux et les circuits du compositeur qui correspondent à ces bagues.
- L’axe qui porte tous les frotteurs est d’ailleurs pourvu d’une roue dentée, disposée de manière à engrener avec une vis sans fin dont est muni l’arbre qui transmet le mouvement aux mécanismes compositeur et imprimeur, et le nombre des dents de cette roue est tel que les frotteurs ne doivent .se déplacer que de l’intervalle d’un contact à l’autre, pour chaque tour accompli par l’arbre moteur.
- Mécanisme compositeur. — Le mécanisme compositeur dont nous représentons l’un des éléments, fig. 1, occupe la partie inférieure de l’appareil, qui porte horizontalement sur sa partie supérieure le mécanisme imprimeur; de sorte que les deux mécanismes ne sont séparés que par la plaque sur laquelle est monté ce dernier. Ces deux mécanismes ont d’ailleurs plusieurs organes qui leur sont communs, et en particulier l’arbre moteur qui est placé horizontalement au-dessous de la plaque dont il vient d’être question.
- Cet arbre moteur est mis en mouvement à la main avec une manivelle, et porte en outre de la vis sans fin, appelée à agir sur le commutateur, quatre disques de cuivre reliés par des chevilles à des excentriques en limaçon qui, étant mobiles sur l’arbre lui-même, sont susceptibles d’être déplacés latéralement. Ces excentriques, dont on voit la dis-
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- position en B E, fig. i, pour un système, sont prises chacune entre les branches d’une fourchette F, commandée par un électro-aimant M; de sorte que celui-ci peut, suivant qu’il est actif ou inerte, laisser dans son plan ou déplacer latéralement l’excentrique qui lui correspond, et qui tourne d’ailleiirs d’une manière continue, sous l’influence de l’arbre moteur (représenté en coupe en A), et des trois petites chevilles a, a, a dont nous avons parlé, et qui sont plantées sur le disque D. Dans la figure i, le disque D, fixé à l’arbre A, est supposé en avant, et l’excentrique à limaçon en arrière avec sa fourchette, et quand l’appareil est inactif, ces deux pièces sont séparées par un intervalle d’environ 4 millimètres; mais quand l’clectro-aimant réagit, elles arrivent presqu’au contact, et alors l’excentrique petit rencontrer dans son mouvement circulaire deux taquets G et K appartenant à des leviers LIv, HI qui constituent les parties actives.des mécanismes imprimeur et compositeur.
- Comme nous l’avons dit, la figure 1 ne représente qu’un des éléments du système, et il y en a dans l’appareil quatre semblables qui sont rangés horizontalement les uns à côté des autres. Pour économiser de la place, les électro-aimants qui commandent les excentriques sont disposés sur deux étages en M et M’. L’un des systèmes correspond aux contacts des oui, un autre aux contacts des non, le troisième aux contacts dés bulletins blancs, et le quatrième aux contacts des totaux. Il y en a bien un cinquième, mais qui ne correspond à aucun électro-aimant, et qui n’a d’autre fonction à remplir que de faire avancer le système mobile de l’imprimeur ou la forme qui porte les noms des votants. Il se compose seulement de l’excentrique BE et du levier HI, et fonctionne naturellement à chaque tour de l’arbre A.
- La forme sur laquelle sont imprimés les noms des votants et les numéros des votes se compose d’un grand châssis carré, porté sur quatre roulettes et disposé un peu comme un gril, c’est-à-dire avec une surface composée d’une série de lames parallèles, dont trois sont maintenues dans une position fixe par les traverses du châssis. Ces trois lames portent une série de pièces mobiles sur lesquelles
- sont gravés en relief les 11,0ms des votants. Ces noms se correspondent d’une lame à l’autre. Avec cette disposition, l’on comprend déjà que, si l’une de ces lames est munie en dessous d’une crémaillère, on pourra faire en sorte qu’à chaque tour de l’arbre A, le châssis avance de l’intervalle séparant deux noms consécutifs, et présente par conséquent au mécanisme imprimeur un nom nouveau. Or, cette fonction est précisément remplie par le levier HI, dont nous avons parlé, et dont nous étudierons à l’instant le mode d’action. Pour en finir avec la forme destinée à préparer les impressions, nous dirons qu’entre les trois lames fixes portant les noms des votants, et à droite de chacune de ces lames, existent quatre autres petites lames mobiles munies en dessous de crémaillères cd, dont le nombre des dents est égal à celui des votants, et
- qui peuvent glisser indépendamment sous l’influence des leviers HI, lesquels réagissent sur leur crémaillère comme un cliquet d’impulsion. Ces lames portent également gravées en relief les séries de chiffres b, b, b, etc., dont le nombre est égal à celui des votants et qui se trouvènt placés dans l’alignement des noms gravés sur les lames fixes. Pour faciliter leur mouvement, elles sont portées, comme le châssis lui-mème, sur des roulettes dont une se voit en /, fig. 1. Ces chiffres, toutefois, comme du reste les noms des votants sur les lames fixes, sont mobiles de bas en haut dans des rainures pratiquées à cet effet, et se terminant par des tiges b P, entourées d’un ressort à boudin qui les maintient abaissées en temps normal. La disposition de ces différentes lames est indiquée dans le diagramme ci-contre, et pour peu qu’on l’étudie, on ne tarde pas à reconnaître ce qui doit arriver quand tel ou tel votant ferme son transmetteur sur un oui, un non ou un blanc. En effet, supposons que M. N* commence la liste au vote non, que M. N** ait été absent, que M. N*" ait voté oui, et que M. N***' ait voulu mettre un billet blanc : Quand on viendra à tourner l’appareil et que les contacts du commutateur auront transmis le courant, fermé par le transmetteur du votant N, à l’électro-aimant des non, la quatrième lame E aura avancé d’un cran, et présentera au mécanisme im-
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- primeur le chiffre i en môme temps que le nom du votant sera arrivé devant le même mécanisme, sous l’influence de l’avancement du châssis. D’un autre côté, l’électro-aimant des totaux aura fait également avancer d’un cran la septième lame G, car cet électro-aimant est placé dans la partie du circuit commune aux trois autres électro-aimants ; or, le mécanisme imprimeur étant mis en action, ainsi qu’on le verra ,à l’instant, pourra imprimer sur une feuille de papier, divisée comme on le voit plus bas, le nom du votant à la colonne des non, avec le numéro d’ordre de ce nom et celui du total qui apparaîtra à la colonne des totaux. Ces chiffres seront naturellement i et i. Quand les contacts du votant N** arriveront sous les frotteurs des commutateurs, il ne pourra se produire aucune ferme-
- NON
- NOMS
- TOTAUX
- ture de courant, car le votant étant absent, son transmetteur sera resté au repère. Toutefois, l’axe de la machine en tournant aura fait échapper le nom du votant, qui ne pourra être imprimé ; mais les quatre lames mobiles resteront alors en arrière du châssis d’un intervalle de nom. Quand le tour des contacts du votant N*** sera venu, comme son transmetteur sera sur un oui, ce sera l’électro-aimant des oui qui sera actif, et la seconde lame sera avancée en même temps que le nom du votant N***, et dès lors l’impression pourra être faite à la colonne des oui, en même temps que l’électro-aimant des totaux aura provoqué l’impression du chiffre 2. Enfin, quand le commutateur, en arrivant aux contacts du votant N*“‘ aura animé l’électro-aimant des bulletins blancs, le chiffre 1 de la sixième lame F arrivera devant le mécanisme imprimeur en même temps que le nom de ce votant, et il en résultera l’impression du chiffre 1 à la colonne des blancs, et du chiffre 3 à la colonne des totaux. Si maintenant le cinquième votant transmet un oui, la lame des oui, qui était restée en arrière de quatre divisions par rapport au châssis, et dont le chiffre n° 2 est placé alors à côté du nom de ce cinquième votant, va se trouver poussé d’un cran en avant, et se présentera devant
- l’imprimeur1 en même temps que le nom du cinquième votant et le chiffre 4 des totaux; il en résultera une nouvelle impression qui indiquera qu’il y a eu deux oui, un non et un bulletin blanc de votés. Il en aurait été de même si, au lieu du oui, c’eût été un non ou un bulletin blanc, et comme les mêmes effets peuvent se renouveler de là même manière tant qu’on tourne la machine, on obtient ainsi, et à chaque votant, la totalité des oui, des non, des bulletins blancs et des votes avec les noms des votants placés à côté de leur vote.
- Mécanisme imprimeur. — Le mécanisme imprimeur est constitué : i° par un cylindre o sur la circonférence h h duquel est tendue la feuille de papier où doivent être imprimés les votes et qui est, comme nous l’avons vu, rayée d’avance en colonnes, afin que les oui, les non, les blancs et les totaux se trouvent immédiatement mis en place; 20 par un marteau imprimeur O P mis en action par le levier L K, et par conséquent par l’excentrique E; 3° par l’encliquetage à double cliquet H N, qui réagit sur la crémaillère cd, avant chaque impression; 40 par un double mécanisme déclan-cheur VUS, XW qui permet de ramener les lames de la forme et la forme elle-même à son point de départ; 5° d’un mécanisme agissant sur le rouleau o, pour faire avancer d’une certaine quantité le papier après chaque impression ; 6° d’un système encreur pour encrer la forme.
- Le marteau imprimeur, ou plutôt les marteaux imprimeurs, car ils sont au nombre de sept, sont placés devant chacune des queues P des types en relief placés sur la ligne d’impression. Ils se composent chacun d’une tige qui glisse dans un tube adapté à la plate-forme de l’appareil, et qui est fixée sur une lame horizontale O, prise entre les branches d’une fourchette terminant le levier L K. Cette lame horizontale est, pour les six: premiers marteaux, commune à deux tiges à la fois, et c’est en raison de cette disposition, que le mouvement accompli par elle peut déterminer l’impression simultanée du nom du votant et du numéro de son vote. La lame correspondante au marteau des totaux n’a qu’une tige, puisqu’il n’y a pas de nom à imprimer en regard des chiffres de cette colonne. Le jeu de ce système est d’ailleurs facile à comprendre, car sous l’influence de l’électro-aimant M, l’excentrique B E se trouve ramenée dans le plan du levier L K, et la partie saillante E venant rencontrer le butoir K, repousse en haut l’extrémité du levier L K, et par suite la lame O, qui, en poussant les deux tiges qu’elle porte contre les queues P des types placés au-dessus, détermine leur impression sur le papier du rouleau o. Quand l’excentrique B E a accompli son effet excentrique, le mécanisme imprimeur retombe, et ne peut être remis en action que si le vote transmis à la suite de celui qui vient d’être imprimé est dans le même sens;
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- mais alors l’excentrique a réagi sur l’encliquetage H N, et a changé la position et la valeur du chiffre, en même temps que le nom du votant a été lui-même changé par l’action mécanique de l’arbre. Si au contraire le vote transmis n’est pas de même nature, c’est un autre système qui est mis en jeu, et le premier devient inerte.
- Il s’agit de voir maintenant comment s’effectue le jeu de l’encliquetage H N. Le levier H I qui joue le rôle de cliquet d’impulsion est articulé en J sur une pièce J Z qui est, ainsi que celles des autres leviers, fixée sur une traverse horizontale qu’on voit en coupe en Z. Une vis butoir v et une autre traverse X faisant partie d’un système articulé en W, en règlent la course, qui doit être telle que pour chaque mouvement produit par l’excentrique E, quand elle vient à rencontrer le taquet G, une dent de la crémaillère cd puisse échapper. Un ressort antagoniste r rappelle d’ailleurs le levier à sa position normale après le passage de l’excentrique. L’encliquetage de retenue est constitué par une sorte de compas N S, adapté à l’extérieur d’une forte lame de ressort R, et qui appuie par son bras S contre une traverse placée au-dessus de lui, laquelle est vue en coupe ; l’autre bras N constitue le cliquet de retient proprement dit, et sa position doit être telle, que quand la dent de la crémaillère a été repoussée par le cliquet H, elle puisse buter cette dent pendant que le dernier cliquet retourne en arrière. La traverse contre laquelle bute le bras S, est portée par une bascule S V oscillant en U, et c’est cette bascule qui, étant abaissée par un bouton à plan incliné agissant sur la traverse V, peut désen-cliqueter les différents systèmes de la forme et permet de les ramener à leur position initiale. Toutefois, pour que ce désencliquetage soit complet, il faut que les leviers constituant les cliquets d’impulsion soient un peu renversés en arrière, et c’est pour cela que ces leviers butent contre la traverse articulée X, que l’on pousse en même temps que la bascule S Y, quand on veut désencliqueter le système. A cet effet, un second poussoir est adapté extérieurement à l’appareil.
- D’après ce qui a été dit précédemment, il est inutile d’expliquer le fonctionnement général de l’appareil ; l’inspection de la figure suffit d’ailleurs pour le comprendre facilement. Nous ajouterons seulement que pour obtenir les traces des impressions sur le papier, on doit encrer la forme à chaque vote avec un rouleau encreur analogue à ceux des imprimeries ordinaires.
- En désincliquetant le châssis mobile, on peut, comme on le comprend aisément, supprimer sur la liste imprimée les noms des votants, et n’avoir que la récapitulation successive des votes.
- Transmetteur. — Jusqu’ici, nous n’avons fait qu’exposer le principe des transmetteurs destinés à réagir sur le récepteur des votes. Mais pour que
- ces appareils puissent présehter les garanties qu’on est en droit d’exiger d’eux pour qu’on soit certain de la sincérité des votes, il a fallu leur ajouter certains petits mécanismes accessoires dont nous allons maintenant nous occuper.
- La figure 2 représente la disposition réelle d’un de ces transmetteurs, qui est placé dans une boite particulière se fermant à clef, et qui est adaptée sur la table en face de chaque votant.
- A M est la manette de l’interrupteur, qui se meut comme celle des manipulateurs des télégraphes à cadran, et qu’on fixe dans trois positions différentes, correspondantes aux trois votes à émettre. Ces positions sont marquées sur un arc de cercle
- O P avec les mots oui, non, nul, et une aiguille B, fixée sur la manette, indique le point exact où celle-ci doit être arrêtée. Pour que cette position soit maintenue, un second arc de cercle LN, mobile d’avant en arrière, présente trois crans dans l’un ou l’autre desquels peut s’engager un butoir fixé au-dessous de la manette, quand elle se trouve dans la position correspondante au vote exprimé. Mais pour pouvoir se mouvoir, cet arc LN doit être repoussé de la main gauche, au moyen d’un poussoir T. Un ressort R adapté à la manette, et trois contacts en rapport avec le commutateur du récepteur, lesquels contacts sont incrustés sur un arc en matière isolante Q S, complètent l’interrupteur de ce transmetteur.
- Pour obtenir que les manettes de tous les transmetteurs reviennent à leur position normale, une fois le dépouillement du vote terminé, un ressort u appuyant contre une came V adaptée à la manette, rappelle celle-ci dans la position qu’elle occupe sur la figure, et qui est limitée par un butoir d’arrêt, et
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- l’arc L N est porté par l’armature d’un électroaimant E E qui repousse cet arc en avant sous l’influence de son ressort antagoniste. Or, il résulte de cette disposition que si le commutateur du récepteur est muni d’un quatrième système de frotteurs, ayant pour effet de fermer le courant à travers l’électro-aimant EE, la manette se trouvera rappelée automatiquement à sa position initiale, aussitôt que le vote se trouvera enregistré. On pourrait d’ailleurs opérer cette remise au repère de la manette de plusieurs autres manières, soit après le vote, en continuant à tourner l’appareil et après avoir changé ses communications avec le transmetteur, soit au moyen d’un conjoncteur de courant manoeuvré par l’un des scrutateurs après le vote.
- Enfin, pour obtenir que le votant 11e puisse pas altérer son vote une fois le scrutin fermé, M. De-bayeux ajoute à son appareil un second électroaimant F dont l’armature K réagit par l’intermédiaire d’une fourchette J sur une tige D I qui, étant soutenue horizontalement par deux traverse^ G H et D, permet à son extrémité D de jouer le rôle du pêne d’une serrure. A cet effet, la manette À M porte une pièce D C munie de trois échancrures, lesquelles sont disposées de manière que la tige DI puisse passer à travers l’une ou l’autre d’entre elles, quand la manette est dans l’une ou l’autre des trois positions qu’elle peut prendre sur le limbe O P. Mais cette tige ne peut ainsi traverser ces échancrures que quand l’électro-aimant F est devenu actif. Quand cela a lieu, il devient impossible de changer la manette de place, puisqu’elle se trouve alors enclanchée par la tige D I. Or, cette immobilité de la manette dans la position que lui a donnée le votant, dépend de la fermeture d’un courant à travers l’électro-aimant F, fermeture effectuée par le président une fois le scrutin déclaré fermé.
- Ce système, comme on le voit, résout tous les problèmes qui ont été posés aux inventeurs pour ces sortes de machines, par ceux qui ont l’habitude des scrutins.
- Th. du Moncel.
- LES TÉLÉGRAPHES ÉCRIVANTS
- ET
- LES TÉLÉGRAPHES PARLANTS
- C’est un point toujours discuté que de savoir s’il vaut mieux, pour un service télégraphique, faire usage d’appareils écrivant eux-mêmes la dépêche ou d’appareils qui transmettent par le son et sous la dictée desquels l’employé transcrit. Des partis très tranchés ont été pris à cet égard; en France,
- tous les appareils écrivent; en Amérique, on ne fait usage que de parleurs.
- La simplicité de ce dernier système est certainement séduisante. Étant d’ailleurs donnée la tendance bien connue des administrations françaises vers un contrôle excessif et une écrivasserie démesurée, on a quelque propension à croire que l’adoption des télégraphes écrivants dans notre pays peut tenir principalement à des idées de ce genre. Encore y aurait-il lieu de discuter si, même au point de vue du contrôle, le système écrivant est supérieur à l’autre. En effet, dans le mode d’opérer américain, la dépêche envoyée subsiste en minute au bureau de départ; la dépêche reçue porte la signature de l’agent expéditeur, ainsi que de l’agent récepteur; s’il y a erreur, on peut toujours la réparer, et savoir par qui elle a été commise. Il est vrai que cela peut être moins facile qu’avec le système français où la bande imprimée du télégraphe peut quelquefois fournir immédiatement la rectification : en échange, on ne se préoccupe pas beaucoup chez nous de savoir qui a transmis les dépêches, et la responsabilité d’une faute grave serait parfois assez difficile à déterminer.
- En somme et à voir ainsi les choses d’un peu loin, le système des parleurs semble présenter des avantages de simplicité, de bon marché; il donnerait d’ailleurs, si l’on en croit quelques affirmations, une plus grande rapidité dans la transmission; qualité de premier ordre et qui suffirait à déterminer sa supériorité si elle était bien constatée.
- Mais il y a lieu d’examiner ce point de plus près. A priori, on ne voit pas de motif pour que le système écrivant soit moins rapide que l’autre ; l’employé n’est en rien ralenti dans son travail par la présence de la bande qui se déroule devant lui ; sa besogne est, au contraire, facilitée, parce qu’il est plus facile de traduire sur des caractères écrits que sur un simple son. Quant à l’appareil, il n’y a aucune raison pour que sa marche soit retardée ; il est, cela est vrai, un peu plus compliqué, mais pas assez pour diminuer la sûreté de sa marche; et de plus, chose qui peut surprendre, les appareils écrivants demandent une force moindre que les appareils parlants ; dans ces derniers, le choc doit être énergique pour que le son soit bien distinct, et cela nécessite des courants plus forts.
- La simplicité même de l’appareil parleur et son bon marché ne sont pas des arguments sans répli-plique. D’abord, ce ne serait qu’une considération secondaire ; deuxièmement, cet avantage a sa compensation qui est que, si l’appareil coûte moins, les employés coûtent plus cher. Cela est évident, car il est bien plus facile d’apprendre à lire un alphabet que d’accoutumer son oreille à comprendre des signes sonores consistant en craquements plus ou moins espacés. C’est pourquoi les employés
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- aptes à ce service difficile sont plus rares et plus coûteux que les autres.
- Malgré ces considérations, l’exemple de l’Amérique est d’une sérieuse importance, les qualités pratiques si connues de ce pays sont une présomption assez grave en faveur du système qu’il a universellement adopté; maison trouve dans le rapport fait par M. D. Brooks en 187.3, une explication de ces faits qui en changerait complètement le caractère. D’après lui, ce serait à cause de l’incommodité des premiers appareils Morse, ceux qui fonctionnaient par gaufrage, que l’on aurait été forcément conduit à faire usage du parleur; il n’y aurait donc pas là un choix déterminé par des avantages reconnus, mais simplement une nécessité subie. C’est certainement une interprétation curieuse et qui peut avoir sa vérité; mais il faut dire que depuis longtemps les appareils Morse sont perfectionnés, ils ne gaufrent plus, font usage de molettes à encre très commodes, et malgré cela les Américains n’y sont pas revenus, préférant leurs appareils parleurs.
- En sontme, on voit que la question 11e peut se résoudre immédiatement; il y a du pour et du contre. Tl est assez probable qu’en cela comme en bien d’autres choses il n’y a pas de solution absolue; il semble que dans certaines circonstances un système particulier s’imposera. Ainsi dans les chemins de fer où les responsabilités sont si grandes, il y a un intérêt évident à faire usage d’appareils écrivant ; au contraire, à la guerre, en voyage, dans les installations provisoires, l’appareil parleur est naturellement obligé.
- Quant à la rapidité d’action qu’on attribue au service américain, il se peut qu’il y ait quelque-chose de vrai, mais il resterait à savoir au juste si cela tient aux appareils ou aux agents ; aux Etats-Unis les télégraphistes sont les employés d’une entreprise particulière, ils travaillent comme des employés qu’on paie assez largement, dont on exige beaucoup, et qu’on peut renvoyer s’ils ne satisfont pas; en France, les télégraphistes sont des fonctionnaires, ils travaillent en fonctionnaires médiocrement payés, avec méthode et tranquillité, sachant d’ailleurs qu’ils font partie de l’Etat et qu’ils possèdent ces fameux droits acquis, principale fortune des agents gouvernementaux dans notre pays.
- Dans tous les cas, il faut que nos employés sachent se servir du parleur; on le leur demande, je le sais, mais il n’est pas certain qu’ils soient tous bien accoutumés à ce mode de transmission. Dans les examens que l’on fait passer aux employés du télégraphe pour le service militaire, ils doivent faire une lecture au son; il n’est pas sans exemple que l’examinateur ait été obligé de réduire la lecture aux plus simples éléments afin de n’avoir pas à discuter des employés d’ailleurs capables. Il ne serait peut-être pas inutile d’apporter quelque
- attention de ce côté, nos-agents ne manquent ni d’intelligence ni de zèle, on peut leur demander sans difficulté autant qu’à ceux des autres pays et on ne doit pas reculer à le faire.
- Frank Geraldy.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D'ÉLECTRICITÉ
- ÉTUDE SUR LE SYSTÈME]
- DE
- TRANSMISSION MULTIPLE
- ET LE
- T É L É G R A P H E IM P RIM E U R
- ])E M. IiAUDOT
- 3" article. {Voir les ti°3 Jes 2r sept, cl fl ocl. i88r.)
- III. DESCRIPTION PARTICULIÈRE DES DIVERS ORGANES
- (type 1880)
- i° Organes de distribution.
- .MOUVEMENT DES DISTRIBUTEURS
- Le mouvement des distributeurs peut être obtenu à l’aide de moteurs de différents genres. Les premiers appareils utilisaient des moteurs à poids analogues à ceux des télégraphes Hughes; plus tard M. Baudot a fait usage de moteurs à eau et, plus récemment, des moteurs électriques du système de M. Marcel Deprez.
- Nous ne nous appesantirons pas sur les détails de construction des moteurs dont la description n’est ici d’aucune utilité.
- DISTRIBUTEURS
- Avant de donner la description détaillée du distributeur, il faut tracer le diagramme des communications, sur lequel figurent nécessairement les organes de transmission et deréception. Nous supposerons, pour simplifier, que les appareils n’ont à desservir qu’une ligne dépourvue de .phénomènes perturbateurs, c’est-à-dire assez courte pour qu’on n’ait pas à s’occuper des condensations, charges et décharges. Plus tard, lorsque les différentes parties de l’appareil auront etc passées en revue et leur rôle nettement défini, nous indiquerons les légères additions ou modifications apportées par M. Baudot pour annuler les influences perturbatrices sur les lignes longues.
- . Malgré le soin que nous apportons à remettre à une époque plus éloignée les questions qui ne sont
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- pas indispensables pour l’instant, la description des organes et des dispositifs du distributeur ne laisse pas d’être fort complexe. Le lecteur ne doit pas s’effrayer de cette complication et s’arrêter devant les premières difficultés; elles se lèveront peu à peu, à mesure qu’il avancera dans l’exposition de cette partie importante du système télégraphique de M. Baudot. L’étude particulière des organes de transmission, de réception et d’impression achèvera de mettre en lumière les questions restées obscures et montrera le rôle des frappeurs de cadence, rappel des armatures, action des relais sur les électro-aimants récepteurs, courant des freins, etc., qui ne seront que vaguement indiqués sur le diagramme général des communications du distributeur.
- Le diagramme est représenté fîg. 7 ; il est plus complexe que celui qui a été donné dans le chapitre précédent.
- Le distributeur dessert à la fois les organes de transmission et deréception; il se compose essen-
- tiellement de frotteurs portés par un bras tournant autour d’un axe vertical; chaque frotteur parcourt une rangée de contacts disposés circulairement, et l’axe ne sert plus aux communications comme dans les diagrammes théoriques. Les frotteurs sont reliés entre eux d’une manière convenable et tous les ciixuits aboutissent aux rangées de contacts du disque du distributeur.
- Pour la commodité du dessin, nous représenterons, pour le moment, les contacts disposés sur des rangées rectilignes parallèles : pour simplifier, nous nous bornerons à indiquer la partie qui concerne le secteur de l’un des postes, le secteur B par exemple.
- Les rangées de contact sont toutes figurées sur le diagramme : on a écarté quelques-unes d’entre elles pour indiquer dans les intervalles, le plus clairement possible, les comrnunications des organes de transmission et de réception réduites au strict nécessaire.
- Ligne
- Terr-e
- Relais de correctioïi polarisé
- <2>®—>
- FIG. 5
- FIG. ()
- La ligne est en relation constante avec les manettes de commutateurs à deux directions dont chaque poste est muni : l’une des positions correspond à la transmission, l’autre à la réception. Le commutateur est logé dans le manipulateur, sous la main de l’employé.
- Le butoir T communique avec un contact de la première rangée (celle qui est à l’extérieur du disque) : ce contact a toute la longueur du secteur réservé au poste considéré.
- La deuxième rangée est composée de 5 contacts égaux en regard du contact précédent : ces deux rangées destinées uniquement à la transmission, sont parcourues par une paire de frotteurs reliés ensemble et dits frotteurs de transmission. Leur rôle est de mettre la ligne successivement en communication avec les contacts des 5 divisions.
- Ces 5 contacts de la seconde rangée sont reliés directement aux godilles du manipulateur B; ces godilles reçoivent le nom de godilles de transmission, pour les distinguer d’autres dont il sera question tout à l’heure. Les butoirs de repos et de travail de ces godilles, comme nous l’avons indiqué sur le diagramme théorique de la fîg. 2, communi-
- quent avec les pôles négatifs et positifs des piles de ligne.
- On réalise le contrôle au départ en produisant l’impression des dépêches par les organes récepteurs du poste qui transmet. Pour obtenir ce résultat, les touches du manipulateur doivent effectuer le double rôle d’envoyer le courant des piles de ligue sur la ligne et en même temps celui d’une pile spéciale dans les relais récepteurs du même poste : aussi chaque touche actionne-t-elle un commutateur de plus que le diagramme théorique n’en indiquait.
- Ces commutateurs sont formés chacun d’une languette ou godille oscillant entre deux butoirs; l’une d’elles, déjà citée, est destinée uniquement à la transmission sur la ligne, l’autre au contrôle au départ : c’est la godille d'impression en local.
- Les communications de cette seconde série de godilles sont figurées dans le diagramme sur une rangée parallèle à la première.
- Les butoirs de repos sont tous réunis ensemble et au contact de réception du commutateur à manette ; les butoirs de travail communiquent au pôle positif d’une pile spéciale dite pile d'impression en local.
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- Les godilles elles-mêmes sont reliées respectivement aux 5 contacts de la 3e rangée : la 4“ rangée est composée également de 5 contacts placés en regard des précédents. Leur ensemble constitue les rangées de réception, parcourues par une paire de frotteurs (3 et 4) reliés ensemble.
- Les contacts de la 40 rangée communiquent respectivement aux circuits des relais récepteurs dont les autres extrémités sont à la terre. Ils sont parcourus par le frotteur 4 bis, un instant avant de l’être par le frotteur 4 : le but de cette disposition est d’envoyer dans le circuit de chacun des relais
- Transmission
- Ligne.
- Commutateurs à manette.
- | Rangées de transmission.
- Pile négative de ligne.
- Godilles de transmission.
- Pile positive de ligne.
- Ligne pendant réception.
- Godilles d’impression en local.
- Pile locale d’impression.
- Rangées de réception.
- Bobines des relais récepteurs.
- Terre des bobines des relais.
- 5. Contacts de mise à la terre pendant
- réception.
- 6. Contacts divers pour les organes im-
- primeurs, etc.
- 7. Pile locale.
- 8. Terre.
- 9. Pile négative pour le 'rappel des relais
- Secteur A. Secteur B.
- FIG. 7
- le courant d’une pile négative locale (fourni par | les frotteurs 9 et 4 bis qui communiquent ensemble) afin de ramener au repos les armatures de ces re- j lais un peu avant la réception des émissions de ligne ou les courants positifs de l’impression en local. !
- L’avance du frotteur 4 bis sur le frotteur 4 est ! d’environ la longueur d’un contact et demi. ;
- Secteur C.
- Le frotteur 5 est constamment à la terre par l’intermédiaire du frotteur 8 avec lequel il communique et qui parcourt la rangée n° 8 reliée à la terre : ce frotteur 5 parcourt la 5° rangée formée d’une série de 4 contacts très courts dans chaque secteur. Ces contacts correspondent aux intervalles entre les contacts de réception des rangées 3 et 4, et sont reliés à la ligne lorsqu’on est sur réception. De la
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- sorte, pendant la réception la ligne est mise un instant à la terre à chaque fois que les frotteurs de réception 3 et 4 passent d’une division à la suivante, c’est-à-dire entre chaque émission venant de la ligne. Il en résulte une séparation plus nette entre les émissions reçues et une sûreté plus grande dans le fonctionnement des relais récepteurs. Les effets nuisibles d’un léger défaut de synchronisme en sont notablement atténués.
- Les frotteurs 6 et 7 reliés entre eux ont pour rôle d’envoyer le courant d’une pile locale fournie par la 7e rangée dans divers contacts de la 6° rangée, destinés à desservir les organes de transmission et de réception, mais ne produisant que des effets locaux. Nous les indiquons seulement pour l’instant, la description complète en sera donnée en temps opportun.
- Les exigences du fonctionnement sur les longues lignes ont obligé à ménager entre les contacts de deux secteurs consécutifs un intervalle assez grand (de la longueur d’un contact environ). On a placé un contact dans les intervalles de chacune des 4 premières rangées et on lui fait jouer un rôle dont il sera question plus loin. Les résultats qu’on peut ainsi obtenir sont les suivants :
- i° Mettre un intervalle de temps entre les passages des frotteurs d’un secteur au suivant.
- 20 Envoyer sur la ligne un courant négatif avant chaque série de 5 émissions.
- 3° Mettre la ligne à la terre avant la transmission et la réception de chaque série d’émissions.
- 40 Enfin un dispositif spécial permet d’orienter les deux rangées de transmission 1 et 2 par rapport
- aux rangées 3 et 4 de réception. On en verra plus loin la nécessité et les conséquences.
- Il nous reste à parler du secteur de correction signalé dans le chapitre précédent. Il ressemble aux secteurs des divers groupes, il est parcouru par les mêmes frotteurs ; il possède des contacts continus dans chacune des rangées 1 et 3 et des contacts discontinus au nombre de 4 dans les rangées 2 et 4. Le premier, dans 4 contacts, peut être mis soit au pôle négatif de la pile de ligne, soit à la terre par mesure de précaution.
- Les contacts réellement indispensables sont au nombre de 3 : l’ensemble du secteur de correction occupe sur le disque un angle de 4o° environ.
- Nous savons qu’à l’une des extrémités de la ligne le distributeur commande le synchronisme, l’autre subit la correction : les appareils ne diffèrent pas somme construction les uns des autres et peuvent indifféremment commander ou recevoir la correction; ce n’est qu’une question de communication à établir au moyen de conducteurs. Dans le poste de départ, on utilise les contacts des rangées de trans-
- mission et dans l’autre ceux des rangées de réception.
- Au départ (fig. 5), la ligne est en relation constante avec le contact continu de la première rangée; les contacts extrêmes communiquent avec le pôle négatif de la pile de ligne et le contact intermédiaire avec le pôle positif. Il en résulte, au passage des frotteurs de transmission sur le secteur de correction, l’envoi d’une émission positive, précédée et suivie d’émissions négatives.
- A l’arrivée (fig. 6), la ligne est également en relation constante avec le contact continu de la troisième rangée; le contact extrême parcouru en dernier lieu par le 40 frotteur communique avec le circuit du relais de correction, qui est polarisé comme les relais récepteurs ; les deux autres contacts sont à la terre. Ces dispositions proviennent de ce que la correction se fait toujours aujourd’hui en retardant le distributeur du poste d’arrivée.
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- Les communications électriques de la distribution étant bien établies, nous allons indiquer les formes données aux différentes parties du distributeur.
- Le» figures 8 et 9 représentent le plan et la coupe du distributeur tel qu’il est construit aujourd’hui dans les ateliers de M. Carpentier. Il ne diffère pas essentiellement de celui qui figurait à l’Exposition. Pour permettre d’en modifier les communications suivant les circonstances, on a réparti uniformément les divisions qui paraissent, à cause de cela, diffé-
- rer des conditions du diagramme théorique de la figure 7.
- Chaque secteur contient les 5 contacts essentiels et est séparé du suivant par un contact qui peut être utilisé si cela est nécessaire.
- L’ensemble des rangées r et 2 est légèrement orienté par rapport au reste du disque ; on en verra plus tard le motif.
- Les contacts de chaque secteur de la rangée 1 sont reliés entre eux, comme le veut le diagramme. '
- FIG 9.
- Nous supposerons le distributeur destiné à la transmission sextuple comme celui qui figurait à l’Exposition Internationale d’Electricité.
- Il se compose essentiellement d’un disque horizontal en ébonite D (fig. 8, 9 et 10) sur lequel sont incrustées les 9 rangées de contacts circulaires et concentriques dont nous avons parlé. Un axe placé normalement au disque, et par suite vertical, guide un manchon M portant à sa partie inférieure un bras B muni de 10 frotteurs en forme de balais analogues à ceux des commutateurs de Gramme. A la partie supérieure, le manchon est terminé par une roue d’angle A engrenant avec un pignon P placé à l’extrémité d’un arbre horizontal hh; ce dernier
- reçoit le mouvement de rotation d’un moteur spécial par l’intermédiaire d’une poulie à gorge G.
- L’arbre horizontal est muni d’un volant Y et d’un régulateur de vitesse à lame vibrante en hélice et d’un modérateur à frottement empruntés aux télégraphes de Hughes. Nous ne ferons que les mentionner, leurs dispositions étant bien connues (figure 10).
- La vitesse peut être réglée pendant le mouvement par le déplacement d’un contre-poids sur la tige vibrante.
- L’ensemble des rangées 1 et 2 est monté sur un anneau en ébonite E indépendant, susceptible d’être orienté autour de l’axe général au moyen d’une vis
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- tangente ou d’un pignon denté engrenant avec le pourtour denté.
- Nous verrons plus loin l’utilité de cette disposition : nous ne ferons maintenant que la signaler.
- Une manette (fig. 8), placée entre l’engrenage conique AP et la poulie G, sert à mettre en marche ou à stopper le distributeur, et cela par le jeu d’un frein excentré frottant ou non sur l’arbre horizontal.
- La correction se fait de la manière suivante :
- Le distributeur du départ ayant la vitesse normale, on cherche, par tâtonnement, à donner au distributeur d’arrivée une vitesse légèrement supérieure, de telle sorte que si, à un moment donné, les frotteurs sont d’accord c’est-à-dire passent
- en même temps sur les mêmes contacts, il n’en sera plus de même au tour suivant, les frotteurs, à l’arrivée, auront une légère avance qu’il faudra détruire. Ce résultat est obtenu par un décalage ou changement d’orientation du bras porte*frot-teurs, provoqué par le jeu d’un électro-aimant spécial influencé par le relais correcteur.
- Le décalage est produit aisément pendant le mouvement par un dispositif tout spécial dont nous allons dire quelques mots.
- L’entràinement du porte-balais se fait par l’intermédiaire d’un pignon satellite S qu’il porte lui-même ; la roue supérieure engrène avec la roue R du manchon moteur M ; la roue inférieure r engrène
- FIG. 10
- avec un second pignon T terminé en forme d’étoile à longues branches.
- Par l’etfet du serrage des diverses parties et du frottement qui en résulte, l’entraînement du porte-balais par le manchon se fera sans erreur ; mais si l’on vient à présenter une tige rigide i sur le parcours de l’étoile T, les branches rencontrant cette tige provoqueront une rotation d’un certain angle du pignon T et par suite du pignon satellite S. Il en résultera un changement d’orientation ou décalage du porte-balais B par rapport au manchon M. Les dispositions sont prises pour que ce décalage ait lieu en sens inverse du mouvement de manière à compenser l’avance.
- La tige rigide t est poussée verticalement de bas en haut par l’armature a de l’électro-aimant correcteur C disposé horizontalement sous le disque d’ébonite.
- On opère en pratique de la manière suivante :
- Après avoir lancé le distributeur d’arrivée à une vitesse supérieure à celle du distributeur du départ, on s’assure que la correction se fait à chaque tour en observant les mouvements de l’armature du relais et de celle de l’électro-aimant correcteur; on ralentit ensuite peu à peu l’allure du distributeur jusqu’à ce que la correction ne se fasse plus que de temps en temps, tous les 6 tours par exemple ; le réglage se fait alors convenablement.
- La rencontre des branches de l'étoile par l'extrémité de la tige t fait tourner le pignon T d’un -~ de tour, il en résulte une orientation relative du bras B par rapport au manchon M d'un ~5 de tour.
- (A suivre). I. P.
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LES SALLES
- DK
- L'EXPOSITION D’ÉDISON
- Nous parlions dans le dernier numéro de l’éclairage de différents espaces au moyen des lampes à
- incandescence et nous citions comme représentant le type de vastes salons les salles de l’exposition d’Edison. Nous donnons aujourd’hui, dans les fig. i et 2, la reproduction de ces salles. Dans chacune d’elles l’éclairage était composé d’un lustre central, déjà décrit dans la Lumière électrique (n° 53, 1881), de huit suspensions de trois lampes chacune et d’une série de lampes isolées, disposées sur différents supports, soit contre les murs de la salle soit sur les tables. Les lampes employées étaient de deux grandeurs, les unes à peu près moitié plus
- FIG. I. — PREMIÈRE SALLE. DE L'EXPOSITION DE M. EDISON.
- petites que les autres, et les représentants de M. Edison les désignaient par les deux noms de lampes et demi-lampes. Les premières pouvaient avoir unë intensité de 1 beccarcel 1/4, les secondes représentaient un peu plus d'un demi-bec carcel. Chaque lustre supportait 60 demi-lampes, les seize suspensions éclairant les deux salles comprenaient 48 lampes et les lampes répandues en divers points des deux salles formaient un total de 5i lampes et .12 demi-lampes. L’éclairage comprenait donc en tout gg lampes et i5a demi-lampes. Il est juste de dire que ce nombre assez considérable de lampes donnait une lumière plus que suffisante et même un peu trop vive, mais l'installation n’avait pas été
- faite seulement en vue d’obtenir une lumière convenable, et les lampes placées contre les murs ou sur les tables n’avaient pas tant pour but de contribuer à l’éclairage que de faire voir des dispositions spéciales. C’est ainsi qiie tout un groupe de lampes massées dans un des angles de la salle du fond (fig. 2) était destiné à faire voir que l’on peut donner aux lampes à incandescence l’aspect ornemental que présentent nos lampes à huile ordinaires.
- Pour faire valoir l’éclairage et montrer l’effet qu’il peut produire sur la décoration d'un appartement, on avait garni de tableaux les murs de la salle d’entrée (fig. 1) et ceux de la salle du fond (fig. 2)
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- avaient été tendus avec les belles toiles peintes de M. Létorey.
- L’effet produit sur ces dernières était satisfaisant; pour les tableaux, ils nous ont paru moins avantageusement éclairés que ceux placés dans une autre salle où la lumière était fournie par des lampes Soleil.
- En dehors de la question d’éclairage, les ligures i et 2 rappellent les principaux appareils de l’exposition d’Edison. En premier lieu, dans la salle d’entrée, le célèbre phonographe qui, suivant le mot
- d’un journal américain, à eu pendant l’Exposition l’honneur de chanter devant le prince de Galles l’air national américain Yankee Doodle, et la malice de faire entendre au roi Kalakaua un autre chant populaire commençant par ces mots : Il y avait un vieux nègre. Puis ce sont : les tubes et les raccords servant à la canalisation des conducteurs dans les rues; l’installation photométrique, la disposition servant à régler l’intensité du courant pour l’éclairage. Le télégraphe imprimeur, le we-bermètre ou compteur de courants et l’électro-
- frieuse complètent la série des appareils les plus remarquables contenus dans cette salle.
- Dans la seconde pièce, un grand nombre d'échantillons de bambou, les fibres plus ou moins ténues qu’on en retire, les différentes phases delà fabrication des charbons, et les formes que prend successivement une lampe entre les mains du souffleur, attiraient d’abord l’attention. Le micro-tasimètre, l’é-lectro-motographe, et la disposition simple de l’expérience sur laquelle il est basé, le télégraphe autographique, et différentes vues de Menlo-Park, se trouvaient également dans cette salle. Mais ce qui attirait surtout les regards, c’était la plume électrique. On s’étonnait surtout de la facilité du tirage
- et de la netteté avec laquelle les traits pouvaient être tracés. Il semble en effet tout d’abord que la vibration imprimée à la plume par le moteur électrique qu’elle porte fasse trembler la main et empêche d’écrire nettement. C’est bien ce qui a lieu d’abord; mais la main acquiert bientôt la fermeté nécessaire pour que cela 11e se produise plus. Ceci dit en passant, ajoutons, pour conclure, que l’exposition de M. Edison aura présenté comme ensemble, à côté d’un certain nombre d’inventions originales, beaucoup d’appareils déjà connus comme principe, mais fort bien établis au point de vue de la construction.
- C. C. Soulages.
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- JOURNAL UNIVERSEL IV ÉLECTRICITÉ
- RECHERCHES
- SUR LA
- LA TORSION, LA FLEXION
- ET LE MAGNÉTISME PAR M. G. WIIÎDEMANN
- 2e article. ( Voir la numéro du 14 janvier.)
- II. Flexion.
- Pour étudier la flexion des tiges, 011 les a encastrées horizontalement par l’une de leurs extrémités entre deux fortes plaques de laiton. L’autre extrémité portait un index qui jouait sur une échelle, et en outre un miroir dans lequel on pouvait observer une échelle au moyen d’une lunette. A ce même bout était fixé un fil de soie qui passait horizontalement et dans une direction perpendiculaire à celle de l’axe de la tige sur une roue et pouvait être chargé de poids. La flexion temporaire que la tige éprouvait dans un plan horizontal pendant que ces poids étaient suspendus au fil, était mesurée en observant la position de l’index; la flexion permanente, qu’elle gardait après que l’on avait ôté les poids, était mesurée au moyen de la lunette et du miroir. Après avoir donné à la tige une certain flexion, on pouvait diriger le fil en sens contraire et, en le chargeant de poids, défléchir la tige.
- Les résultats que l’on obtient ainsi sont tout à lait analogues à ceux qui ont été trouvés pour la torsion des fils et qui sont énumérés ci-dessus dans les numéros 1 à 7. Nous ne les répéterons pas.
- Nous dirons seulement que les phénomènes de la flexion sont mieux caractérisés que ceux de la torsion ; par exemple la diminution des changements de la flexion d’une.barre, produits par l’effet réitéré des mêmes poids -f- A et — B, est bien plus considérable que cela n’a lieu pour la torsion (n° 4). Ainsi une barre dont la flexion permanente produite par un poids -f- A (240 grammes) était 89, et qui, après avoir été défléchie pour la première fois par le poids — B (211 grammes) n’avait gardé que la flexion 1,0, a présenté, lorsqu’elle a été fléchie et défléchie pour la trente-troisième fois par les mêmes poids -(- A et — B les flexions 44,8 et 24,4. Le changement était donc à la fin réduit à peu près au i/5 du changement initial.
- D’après les observations qui précèdent sur la flexion et la torsion, un fil ou une barre garde un changement de forme permanent dès qu’on les soumet aux moindres forces. Il n’y a donc pas une certaine limite de forces au-dessous de laquelle
- les corps reviennent tout, à fait à leur état initial lorsque les forces ont cessé d’agir, et il faut par conséquent restreindre la définition de la limite de l’élasticité complète. Un corps qui a été déjà tordu ou fléchi et puis détordu ou défléchi par certaines forces, éprouve toujours sous l’influence de forces tordantes ou fléchissantes moindres que les premières un assez grand changement permanent de forme, de manière qu’il n’y aurait plus dans ce cas aucune limite de l’élasticité.
- Cependant la forme d’un corps qui, sous l’effet d’une force K, a éprouvé un changement permanent, ne peut plus en subir par l’effet d’une force moindre que K, mais peut seulement éprouver une modification temporaire. Dans ce cas, la force K servirait à déterminer la limite d'élasticité complète.
- III. .Aimantation du fer et de Vacier.
- J’ai déjà communiqué dans les Archives (*) les résultats de quelques expériences sur ce même sujet. Je me suis servi du même appareil pour reprendre ces expériences et observer, sous différents rapports, les phénomènes de l’aimantation. Je me permettrai de redonner ici les anciens résultats auxquels j’étais parvenu, en y joignant ceux que j’ai obtenus depuis.
- x° Lorsqu’une barre d’acier est aimantée pour la première fois par des courants galvaniques passant autour d’elle, le magnétisme temporaire., produit pendant l’effet des courants, croît d’abord un peu plus vite que l’intensité du courant. Par l’emploi de courants plus intenses, le magnétisme tend vers un maximum.
- 20 Le magnétisme permanent, qui reste après l’interruption du courant, croît d’abord beaucoup plus vite que les forces aimantantes ; mais ep employant des forces plus grandes c’est l’inverse qui a lieu.
- 3° Lorsqu’une barre aimantée est désaimantée par des courants de direction opposée, son magnétisme diminue plus vite que l’intensité du courant augmente. Pour obtenir la désaimantation complète, on n’a besoin que d’un courant plus faible que celui qui avait produit l’aimantation.
- 40 Lorsque, après la désaimantation, on aimante et désaimante de nouveau la barre, le magnétisme permanent est un peu plus considérable que la première fois. Il ne croît plus aussi vite que la première fois avec l’intensité du courant, et parvient plus tôt au point de rebroussement au delà duquel le magnétisme augmente plus lentement que l’intensité du courant. Enfin le maximum de magnétisme, obtenu par le courant le plus fort que l’on
- (*) Voyez tome XXXV, p. 39, et tome II (nouv. période), p. 3oo.
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- emploie, diminue par l’effet d’aimantations réitérées jusqu’à une certaine limite. En même temps le courant opposé, qui la première fois suffisait pour produire la désaimantation complète, n’y suffit plus.- En employant ce même courant on observe que la barre garde un résidu de magnétisme permanent qui s’accroît jusqu’à une certaine limite. De telle manière que les changements permanents qu’éprouve le magnétisme de la barre, par l’effet réitéré des courants -f-J et —J, diminuent de plus en plus.
- 5° Une barre aimantée qui a été désaimantée par le courant — B ne peut acquérir un magnétisme permanent contraire au premier, ni par l’effet réitéré du courant — B, ni par celui d’un courant moindre que — B. Cependant ces mêmes courants employés dans le sens de la première aimantation ( -f- B) donnent à la barre une aimantation plus ou moins considérable.
- 6° Une barre qui, après avoir reçu une aimantation permanente A (qui peut être égale à zéro), a été désaimantée par un courant K jusqu’au magnétisme permanent B, et qui ensuite a été désaimantée par un courant opposé à K jusqu’à l’aimantation C comprise entre A et B, ne peut être ramenée à son aimantation primitive A qu’en la sonmettant de nouveau à l’effet du courant K.
- 7° Le magnétisme temporaire d’une barre qui est encore sous l’influence de la force aimantante est augmenté par des secousses ; le magnétisme permanent qu’elle garde après l’interruption du courant aimantant est, au contraire, diminué. Une barre qui a été aimantée et puis désaimantée s’aimante de nouveau par des secousses dans le sens de sa première aimantation.
- 8° Le magnétisme permanent d’une barre aimantée à la température ordinaire est diminué par la chaleur. Par le refroidissement la barre s’aimante de de nouveau quelque peu. Des changements consécutifs ont le même effet, seulement il est moins considérable. Les variations du magnétisme sont proportionnelles à son intensité.
- 9° Une barre aimantée à une température élevée perd une partie de son magnétisme par le refroidissement. La barre étant chauffée de nouveau, elle en perd encore une fois et reprend une partie de son magnétisme par le refroidissement.
- Si la barre aimantée a été soumise à des Secousses avant le refroidissement, elle ne perd plus de son aimantation permanente, mais en gagne comme une barre aimantée à la température ordinaire et puis échauffée et refroidie.
- io° Une barre aimantée et puis désaimantée par Mes courants galvaniques perd une partie de son aimantation par l’effet de la chaleur. Par le refroidissement la barre reprend du magnétisme. L’aimantation qu’elle acquiert ainsi est moindre que l’aimantation après la première des aimantations
- par le courant galvanique, si la désaimantation a été petite; elle est plus grande si la désaimantation a été considérable.
- V. Influence de la torsion sur le magnétisme des barres d'acier.
- J’ai déjà donné dans les Archives (nouv. période), tome II, p. 3oa, quelques résultats sur ce sujet qui a été traité aussi par MM. Wertheim et Matteucci. Je me permettrai toutefois de les reproduire brièvement en y joignant quelques observations nouvelles.
- i° Le magnétisme des barreaux d’acier est diminué par la torsion dans un rapport plus faible que celui de l’accroissement de la torsion. La diminution du magnétisme est à peu près proportionnelle à son intensité. Une barre aimantée et tordue que l’on fait revenir à sa position d’équilibre subit encore une très faible perte de magnétisme. Une torsion réitérée dans le même sens ne diminue que très peu le magnétisme de la barre. Une torsion dans le sens contraire le diminue considérablement.
- 2° Lorsqu’une barre aimantée a été tordue dans les deux sens contraires jusqu’à ce que son magnétisme permanent ne soit plus modifié en la faisant revenir à sa position d’équilibre, chaque torsion dans un sens augmente son magnétisme, chaque torsion dans le sens contraire le diminue. L’aimantation de la barre, lorsqu’elle est revenue à sa position d’équilibre, est comprise entre ces deux valeurs extrêmes. Elle est plus grande que la moyenne de ces valeurs lorsque la barre revient à l’état d’équilibre après avoir été soumise à la torsion qui donnait un maximum de magnétisme; elle est plus petite que cette moyenne si la torsion était celle qui correspondait à un maximum. La barre peut être amenée à ce même état permanent par des secousses au lieu de torsions. Cependant elles doivent avoir agi très fortement et pendant longtemps pour qu’une torsion ne diminue plus le magnétisme.
- 3° Une barre aimantée à laquelle on a ôté par une aimantation contraire une partie de son magnétisme, en perd moins par une petite torsion qu’une barre régulièrement aimantée. Une barre qui a été fortement désaimantée par un courant galvanique, prend par la torsion d’abord un magnétisme plus grand qu’auparavant; puis par une plus forte torsion son magnétisme est diminué. Plus la désaimantation a été forte, plus la torsion doit être forte pour donner à la barre le maximum de magnétisme. Si, par exemple, la barre a été complètement désaimantée, elle reprend du magnétisme par la torsion, et .celui-ci augmente avec la torsion, mais moins rapidement.
- 4° Des expériences confirment l’observation déjà connue, que le magnétisme temporaire d’une barre d’acier, qui est tordue pendant que le courant gai-
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- vanique effectue son aimantation, s’accroît par de petites torsions et diminue par des torsions plus grandes. Si la barre aimantée a été soumise à des secousses avant la torsion, le magnétisme temporaire en est diminué tout d’abord.
- 3° Une barre aimantée à la température ordinaire, à laquelle on a enlevé par la torsion plus de magnétisme qu’elle ne perd par des changements réitérés de la température entre certaines limites, retient tout son magnétisme lorsqu’après avoir été chauffée elle revient à la température ordinaire.
- Y. Influence de Vaimantation sur la torsion des fils de fer.
- Pour compléter ces expériences déjà publiées, j’ai fait quelques autres observations sur ce sujet avec l’appareil qui avait déjà servi pour les expériences sur la torsion. Après avoir fixé dans cet appareil un fil de fer, on l’a entouré d’une hélice en fil de cuivre, dans laquelle on faisait passer un courant. On pouvait ainsi mesurer l’influence de l’aimantation sur la torsion temporaire des fils de fer pendant que les poids produisaient encore leur effet et son influence sur des fils qui, après avoir été tordus, avaient reçu une détorsion plus ou moins grande.
- On a obtenu de cette manière lès résultats suivants :
- i° L’aimantation détord les fils de fer tordus. Cette détorsion croît moins vite que l’intensité du courant employé et se rapproche peu à peu d’un maximum. Elle est indépendante de l’épaisseur et de la torsion des fils, si cette dernière n’est pas trop considérable. Elle est, en outre, indépendante des poids qui tendent le fil de fer. L’emploi réitéré du même courant dans le même sens ne détord plus le fil, tandis qu’un courant de la même intensité, mais de direction opposée à celle du premier, le détord de nouveau.
- 2° Un fil qui, ayant été détordu par l’effet de courants aimantants opposés autant qu’il est susceptible de l’être par ce moyen, est tordu de nouveau par une aimantation contraire à celle qui, la dernière, avait produit la détorsion maximum, est détordu par une aimantation suivante dans le sens primaire.
- 3° Un fil de fer qui, avant d’être aimanté, n’a été que peu détordu par des poids, est moins détordu par l’aimantation qu’un fil directement tordu. Un fil qui a été plus fortement détordu acquiert, au contraire, de nouveau par l’aimantation une torsion qui s’accroît jusqu’à un maximum et qui est diminué par de plus fortes aimantations.
- 4° Un fil de fer que l’on aimante pendant que des poids effectuent sa torsion temporaire, se tord plus fortement par des aimantations assez faibles, et garde la torsion acquise après l’interruption du
- courant aimantant. Une aimantation plus forte détord le fil qui, après l’interruption du courant, reprend sa torsion. Lorsque le fil a été ébranlé avant d’être soumis à l’influence de l’aimantation, il se détord immédiatement. En mesurant les poids qui tordent le fil et qui sont soulevés pendant la détorsion, on obtient une mesure de la force détordante de l’aimantation. Dans une expérience, la force d’aimantation qui détordait un fil de fer de i ,4 m/m de diamètre élevait un poids équivalant de 11,000 grammes appliqué tangentiellement à la périphérie du fil.
- (A suivre). G. Wiedemann.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- A propos de la méthode de M. Lippmann pour la détermination de l’ohm
- Après la note de M. Lippmann répondant aux objections de M. Brillouin, note que nous avons résumée dans le numéro du 17 décembre dernier, M. Brillouin a fait à l’Académie des Sciences une communication dans laquelle il présente d’abord les remarques suivantes :
- « Les observations que j’ai présentées, dans une communication précédente, sur la méthode de M. Lippmann pour la détermination de l’ohm, portaient spécialement sur deux points: i° le principe de la méthode; 20 les irrégularités probables d’expérience. C’est sur ce second point seul qu’ont porté les calculs numériques de la réponse de M. Lippmann (Comptes Rendus, du 5 décembre i88i).Quantau premier point,M. Lippmann a admis implicitement dans sa première Note, très explicitement dans la seconde, qu’on a en général le droit de négliger l’influence de la capacité du fil d’un circuit ouvert, sur la différence de potentiel qu’il présente entre ses extrémités, et particulièrement sur le maximum de la différence du potentiel qui se produit quand le circuit tourne d’un mouvement uniforme dans le champ magnétique terrestre. C’est le degré d'exactitude de cette hypotèse que je vais examiner: i° pour un cadre de dimensions particu-culières, celui de l’Association Britannique, que M. Lippmann a choisi comme exemple; 2° pour un certain nombre de bobines différentes, qui permettront de formuler une conclusion générale. Dans ces calculs, j’adopterai, comme donnant une indication suffisante, l’artifice employé par M. Lippmann, qui consiste à reporter aux extrémités du fil la capacité évaluée par excès. »
- Faisant ensuite les calculs indiqués, M. Brillouin trouve que, suivant la bobine employée, la quantité
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- qu’on mesure est comprise entre la dix-millième partie et plus du double de celle qu’on veut connaître.
- Il termine en formulant les deux conclusions suivantes :
- « i° Exposée dans toute la généralité de la première note, la méthode de M. Lippmann mesure une quantité absolument inconnue. Les phénomènes dus à la capacité du fil ne sont pas négligeables en général.
- « 2° Avec les dimensions particulières insérées dans la réponse, il est possible que la méthode fournisse une détermination exacte de l’ohm. »
- Disposition pour commutateur
- Dans les commutateurs à lames de ressort tournant autour d’un axe perpendiculaire à leur plan, et venant s’appuyer sur des contacts fixes, on a facilement de mauvais contacts, parce qu’en général c’est la vis de l’axe de rotation qui produit la ten-
- sion des ressorts et que les mouvements successifs „ donnés aux lames tendent à desserrer cette vis et à affaiblir par conséquent la tension des ressorts. Il n’en est pas de môme avec le commutateur de Ruhmkorff et avec celui de Bertin parce que, dans ces appareils, les ressorts, fixes à une de leurs extrémités. sont, au moment du contact, écartés de
- leur position de repos par des pièces mobiles agissant normalement à leur surface. Les mouvements effectués par les parties mobiles de l’appareil n’ont donc aucune influence sur la bonne qualité des contacts. Le commutateur représenté par la fig. ci-jointe, et que nous communique M. Judet, jouit de ce même avantage. Il se compose de deux ressorts hémicirculaires cc', zz' conimur niquant chacun, par exemple, avec un des pôles d’une pile; entre eux est un autre ressort M/ M" M'" fixé en M'". Une manette métallique m m' tournant autour d’un axe BV porte deux goupilles, l’une G communiquant avec la manette, l’autre G' isolée de la manette au moyen d’ébonite ; l’axe de rotation et le ressort en M'" communiquent chacun avec une des bornes MT auxquelles est relié l’appareil dans lequel on veut envoyer le courant de la pile. Dans la position indiquée par la figure, le courant arrivant en C passe par le ressort c' c" et la goupille G dans la manette, arrive à l’axe et de là à la borne T. Après avoir traversé l’appareil extérieur, le courant arrive en M, passe en M"' et revient par la goupille isolée G' réunissant les deux ressorts jusqu’à la borne Z de la pile. Si, au contraire, la manette est placée à gauche de sorte que G' soit contre le ressort c' c", le courant partant de C arrive d’abord en M par l’intermédiaire de G' et des deux ressorts; il traverse l’appareil extérieur, puis de T anive à l’axe et de là par G au ressort zz' et à la pile.
- Une petite pièce R1U placée sur l’axe au-dessous de la manette porte un cran rr destiné à limiter la course de la manette.
- Sur les décharges électriques dans les gaz raréfiés (*)
- M. Goldstein se propose d’étudier particulièrement les radiations qui partent de l’électrode négative dans les gaz très raréfiés. On sait que ces radiations, en frappant une paroi solide, produisent des phénomènes lumineux. Ceux-ci se produisent seulement à l’extrémité des rayons, car, si l’on en limite nettement un faisceau par un écrou percé d’un trou, une surface fluorescente placée très près du bord de ce faisceau, sans l’entamer, ne s’illumine pas. D’autre part, si le faisceau frappe des substances incapables de produire la fluorescence, comme certaines variétés de mica, un écran fluorescent mis à l’abri des rayons directs pourra être rendu lumineux, s’il est exposé aux radiations renvoyées par le mica, bien que celui-ci l'este obscur. Enfin, si l’on emploie comme pôle négatif une pièce de monnaie, ou tout autre conducteur portant un dessin, on voit sur la paroi fluorescente
- (') Journal de physique, Déc. 1881, d’après les Annales de Wiedcmann.
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- une image de ce dessin. On peut meme en obtenir une photographie en faisant tomber les rayons sur du papier sensible.
- Il paraît résulter de ces faits que la radiation dont la transformation au contact de certaines parois fait apparaître la lumière, est de nature optique et est émise par la surface de l’électrode seulement.
- Ces phénomènes peuvent s’observer avec du gaz dont la pression varie entre des limites assez étendues et avec des décharges d’intensités variables, quand on fait traverser au circuit des intervalles plus ou moins grands dans l’air sous forme d’étincelle.
- Le faisceau négatif contient sans doute des rayons d’une extrême réfrangibilité qui se transforment en produisant la fluorescence. Aucune substance connue, même le quartz en lames aussi minces que possible, ne laisse passer la plus faible trace de ces rayons. Une couche de collodion de quelques centièmes de millimètre d’épaisseur empêche complètement la fluorescence des substances qu’elle recouvre.
- Les phénomènes peuvent aussi être obtenues avec une lame d’une substance isolante, par exemple de papier, percée de petits trous. Cette lame partage la capacité du vase en deux parties contenant chacune une des électrodes. Dans la cavité qui contient l’électrode positive, les trous de cette lame jouent le rôle d’électrode négative et produisent des phénomènes absolument identiques aux précédents. Quand on donne à cette cloison la forme d’un tube étroit s’avançant dans la partie positive et troué sur son contour, la ressemblance devient complète.
- Mode de décharge dans les gaz raréfies. — D’après l’opinion généralement reçue, le courant négatif va du pôle négatif au pôle positif, en traversant d’abord toute la longueur des rayons partis du pôle négatif, puis successivement les diverses couches de lumière stratifiée, qu’on peut appeler, par opposition, lumière positive. Cette hypothèse rencontre de nombreuses difficultés. Si l’électrode négative est de forme plate et tourne une de ses faces vers le pôle positif, le rayonnement s’observe aussi bien du côté opposé. Il faudrait donc que l’électricité rebroussât chemin pour aller au pôle positif. Si les deux électrodes sont très rapprochées à une même extrémité d’un long tube, la radiation négative manifeste son existence jusqu’à l’autre bout du tube, sans être influencée par ce voisinage : le courant devrait revenir sans manifester son passage.
- Avec la disposition ordinaire, pour un vide peu avancé, la lumière négative est séparée de la première couche positive par un espace obscur. Cet espace diminue à mesure que le vide s’avance ; il finit par disparaître, puis, pour un épuisement plus parlait, la lumière négati ve pénètre dans les couches positives sans se confondre avec elles. Plaçons,
- par exemple, l’électrode négative au fond d’un tube étroit qui se continue par un récipient plus large. Un peu avant la jonction, soudons au tube étroit une branche latérale au fond de laquelle nous placerons l’électrode positive. Les couches positives stratifiées rempliront cette branche et une partie du tube étroit en s’avançant vers l’électrode négative. En même temps, si le vide est suffisant, les rayons partis de celle-ci traverseront les couches positives et viendront provoquer la fluorescence de la paroi qui termine le tube large. La région illuminée sera nettement déterminée par la limite géométrique du faisceau. Faudra-t-il donc admettre que le courant, après être allé jusqu’au bout du tube, revienne sur lui-même, jusqu’au commencement de la première des couches positives, puis retourne en suivant celle-ci une à une ? On peut du reste, en faisant communiquer différentes parties du tube par de petits trous ou des sections contractés, provoquer l’apparition de la lumière négative secondaire et compliquer encore le mélange des couches lumineuses. Les rayons de la lumière négative sont cependant accompagnés par des courants électriques, puisqu’ils se comportent avec les aimants conformément aux lois ordinaires. D’autre part, aucun effet du retour de ces courants vers la première couche positive n’est observable. Il convient donc d’admettre que chaque couche de lumière négative primaire ou secondaire et chaque couche de lumière positive représentent un courant séparé, sans liaison avec les autres, et que tous ces courants sont, au fond, de la même nature.
- Chacun de ces courants présente, du reste, en tous les points, les mêmes caractères qu’à son origine. Ainsi les tubes larges, contenant de l’air, donnent généralement naissance à des couches de couleur rouge orangé, tandis que les tubes très étroits fournissent une lumière bleue. Cette lumière conserve la couleur et le spectre que lui a communiqué son origine, quels que soient ensuite les espaces larges ou étroits traversés par elle. L’électrode négative se comportant comme un ensemble d’ouvertures étroites pratiquées dans une substance isolante, fournit aussi une lumière bleue, que l’on observe généralement autour d’elle.
- A l’approche d’un aimant, les rayons appartenant aux différentes couches changent de direction et s’infléchissent vers la paroi du tube, sur laquelle ils donnent une bande de couleur déterminée pour chacune d’elles. La région de la paroi où chaque faisceau va alors aboutir dépend de son lieu d’origine du côté négatif, et non de sa terminaison positive. Les rayons des diverses couches, primitivement mêlés, peuvent se séparer complètement dans le mouvement d’inflexion. Il peut même se former des intervalles obscurs entre eux. Si la décharge constituait un courant unique, elle devrait se com-
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- porter, en présence de l’aimant, comme un conducteur flexible fixé à ses deux extrémités, tandis que chaque portion se comporte comme un conducteur séparé, fixé par un bout.
- Sous l’influence d’un aimant puissant, chaque courant s’enroule en spirale, comme le ferait un fil flexible présentant une extrémité fixe, et le commencement d’une de ces spirales n’a pas de relations avec la fin de la précédente, qui en est entièrement séparée.
- Nouvelles actions phosphorescentes de la décharge électrique. — On entoure l’une des électrodes d’une poudre phosphorescente, qui remplit tout l’intervalle compris entre la paroi et l’électrode, et recouvre cette dernière. Le courant étant alors établi, on touche avec un corps conducteur la paroi du tube, dans le voisinage de la poudre, et l’on voit des décharges ramifiées se produire à la surface du tube et dans la poudre, qui devient phosphorescente et prend des couleurs remarquables sur le trajet des ramifications. On obtient aussi le phénomène en promenant le second fil du circuit à la surface du verre.
- Un autre mode de phosphorescence montre que la lumière positive est de même nature que la lumière négative et se propage comme elle en ligne droite. On prend un tube courbé à angle droit, et dans lequel on fait un vide très approché. Les électrodes arrivent aux deux bouts. Sur la paroi convexe de la courbure, on observe une brillante surface phosphorescente, limitée nettement du côté positif par une portion de courbe parabolique qui dépasse un peu à son sommet l’alignement de la branche négative et devient indistincte à ses extrémités. Le même phénomène se reproduit à chaque courbure quand le tube en présente plusieurs, ce qui exclut la possibilité de l’attribuer à la lumière négative. La lumière n’est produite que par les extrémités des rayons en contact avec la paroi, puisque la région éclairée par le faisceau est nettement limitée. L’ombre produite par l’interposition d’un fil est aussi nettement tranchée. Si l’on emploie deux fils placés dans le plan de symétrie du tube, leurs ombres coïncident. Il s’agit donc d’une radiation rectiligne, à peu près parallèle à l’axe du tube; les rayons forment un faisceau conique d’un petit angle.
- Des expériences, faites avec des tubes de formes variées, montrent que la lumière d’une couche positive, produite dans une branche, se propage en ligne droite dans cette branche jusqu’à ce qu’elle rencontre et illumine une paroi solide, alors même que cette branche se termine en cul-de-sac, le pôle positif communiquant avec une branche latérale.
- Sur la théorie de Crookes au sujet de la décharge. — D’après Crookes, la lumière négative est due à la translation de molécules gazeuses projetées à partir de l’électrode négative. Ces molé-
- oules ne produiraient de lumière qu’en arrivant dans une région où elles rencontrent soit la paroi, soit d’autres molécules gazeuses qui ne partagent pas leur mouvement. On peut objecter à cette hypothèse qu’une première couche lumineuse jaune entoure immédiatement l’électrode négative et fournit le spectre de l’air sans les raies du sodium, que la couche suivante, considérée par Crookes comme complètement obscure, émet en réalité une faible lumière bleue, enfin que les trajectoires des molécules repoussées devraient être les lignes de force, c’est-à-dire des hyperboles et non des droites, dans le cas d’un fil reétiligne étroit.
- Si l’on place obliquement devant l’électrode négative une surface métallique plane, en sorte qu’elle dépasse en partie les limites de la distance où se produit la phosphorescence négative, cette surface devrait présenter une partie illuminée et une partie obscure nettement délimitées, ce qui n’a pas lieu. L’éclat diminue graduellement sur les surfaces. M. Crookes admet toutefois qu’un petit nombre de molécules peuvent avoir dépassé sans collision la distance moyenne où la rencontre se produit avec d’autres molécules, bien que la grande masse de ces molécules atteigne seulement cette distance, qu’on peut calculer d’après la théorie mécanique des gaz. Cependant on a pu observer, dans un cas où la couche sombre atteignait om,o6, l’illumination de la paroi opposée par les rayons négatifs à om90 de distance. D’après les expériences de M. Hayen, la plus faible pression qu’on puisse obtenir avec une
- pompe à mercure est En la supposant réalisée,
- la course moyenne des molécules serait d’environ om,oo6. Or la couche sombre est dix fois plus grande et les molécules qui illuminent la paroi atteignent une distance cinquante fois plus grande. La probabilité pour qu’une • seule molécule pût l’attendre serait environ 7 X io~ G“.
- M. Crookes pense que les rayons négatifs sont lancés perpendiculairemement à la surface qui les émet. Comme preuve il annonce que si l’électrode négative est un miroir concave dont le centre est sur la paroi, le centre seul est illuminé. M. Goldstein a trouvé que, si le miroir concave est placé en face de la paroi, la région illuminée de celle-ci a un diamètre qui dépend du degré de vide et des intervalles d’air interposés dans le courant, ce qui contredit l’hypothèse d’une direction constante des rayons. D’autre part, cette région illuminée est toujours nettement délimitée, et si le bord du miroir présente une imperfection, elle se voit au bord correspondant de l’espace éclairé.
- On sait que la vitesse de translation d’un gaz lumineux en altère le spectre en modifiant la longueur d’onde des raies. Si le courant électrique était accompagné du déplacement des molécules gazeuses, 011 devrait pouvoir observer cet effet.
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- Les expériences spectroscopiques ne donnent rien de semblable et conduisent à rejeter toute convection du gaz ayant une vitesse comparable à celle que Wheatstone et l’auteur lui-même ont trouvée pour la décharge électrique dans les gaz raréfiés.
- Sur là polarisation singulière des électrodes (').
- Le phénomène désigné par le titre ci-dessus a été observé par M. A. Sokoloff, de Varsovie, en étudiant l’influence de la durée du courant polarisant ou primaire sur l’intensité du courant dépolarisant ou secondaire. Il se servait d’un voltamètre à électrodes de platine (plaques de 640““°) rempli d’eau acidulée au 1/10, que l’on avait fait bouillir sous la basse pression d’une pompe de Sprengel, afin d’en chasser les gaz dissous et d’affaiblir ces courants irréguliers que M. Helmholtz appelle courants de convection. Un élément Daniell constituait la pile polarisante. L’expérience a montré que le courant secondaire croît rapidement avec la durée de la charge; tout en restant, même au commencement de la décharge, plus faible que le courant primaire. Mais quand le voltamètre avait été chargé pendant vingt quatre heures, le courant secondaire était considérablement plus fort que le courant primaire. C’est ce phénomène nouveau que l’auteur appelle polarisation singulière.
- La polarisation singulière ne se manifeste avec l’eau acidulée que dans des voltamètres ouverts. Le courant de dépolarisation est d’autant plus intense au début que la surface des électrodes est plus petite, et que la résistance est plus faible; mais plus le phénomène est intense, moins sa durée est longue. Donc, du moins dans certaines limites, l’intensité du phénomène croît avec la densité du courant. La polarisation singulière se manifeste plus ou moins rapidement après la fermeture du primaire ; généralement dix-sept à vingt-quatre heures suffisent pour qu’elle prenne un développement considérable. Il existe une certaine limite de la force électromotrice polarisante, au-au-dessous de laquelle la polarisation singulière ne se manifeste jamais. Cette limite était, au minimum, de idn, 46 dans mes expériences; mais elle variait d’une expérience à l’autre.
- Avec l’eau distillée la polarisation singulière n’a été observée que très rarement (entre des électrodes à pointes) et elle était très faible ; le courant de décharge ne surpassait le courant primaire que de quelques degrés. Le phénomène devient de plus en plus marqué, et il croît d’abord très rapidement, avec la concentration de l’acide.
- L’étude de la polarisation singulière a porté l’auteur à penser qu’il faut en chercher la cause dans la for-
- (') Journal de Physique. Décembre 1881.
- mation du peroxyde d’hydrogène H2 O2 sur l’anode, pendant la charge. Mais, comme la force électromotrice de iau ne suffit pas pour décomposer l’eau, cette formation de IDO2 n’est possible que grâce à l’oxygène qui se trouve dans le liquide et sur les électrodes, et qui n’est pas tout à fait éloigné par la pompe et par l’ébullition. La formation de H202 est accompagnée d’une absorption d’énergie de io,8oocal par équivalent, d’après M. Berthelot;
- donc elle exige une force ^^<U1S’=o‘llls44 (’)•
- Si la polarisation singulière dans les solutions d’acide sulfurique est due à la formation de H2Oa, on doit penser qu’elle peut aussi être observée chaque fois que l’électrolyse s’accompagne de la formation de peroxydes métalliques sur l’anode, exemple avec les sels de P b M«, Co, N i, R/, A g, etc. Les expériences, toujours exécutées avec des forces électromotrices incapables de produire la décomposition ont confirmé cette conclusion. Avec iau, on remarque la polarisation singulière dans les solutions de nitrate de plomb P b (NO3)2, qu’elles soient faibles ou concentrées ; mais ici elle est très faible dans un voltamètre purgé d’air et très intense dans un voltamètre ouvert : on ne voit, dans le premier cas, aucun dépôt sur l’électrode positive, tandis que, dans le second, cette électrode se couvre d’une couche de peroxyde d’abord très mince et de couleur jaune, qui disparaît complètement par la décharge; mais, quand la charge a duré longtemps, le dépôt devient jaune foncé, rouge foncé ou noir. La dépolarisation singulière dure de cinq à dix minutes, et le dépôt de peroxyde ne subit en apparence aucune diminution pendant la décharge. Enfin, ayant saturé le liquide avec de l’oxygène, l’auteur a obtenu sur l’anode un dépôt noir de peroxyde en abondance. La dépolarisation singulière durait, dans ce cas, des dizaines de minutes; le courant de décharge tantôt diminuait lentement, tantôt présentait des renforcements périodiques, et la cathode se couvrait peu à peu d’un dépôt jaune de peroxyde.
- On observe aussi une polarisation singulière très forte dans les voltamètres ouverts, beaucoup plus faible dans les voltamètres fermés, avec les solutions des sulfates de manganèse, de cobalt, de nickel et du nitrate de bismuth.
- Les dépôts de peroxyde, sauf pour les sels de manganèse (2), ne se produisent que dans les voltamètres ouverts. Ces dépôts ont les mêmes propriétés que dans le cas du plomb; ils se forment plus facilement dans les solutions concentrées, et
- (]) a5ioo cal. est la chaleur de dissolution du zinc dans la pile, d’après M. Thomsen. O11 suppose que la loi de Faraday est applicable à cette pile, ce qui s’accorde très bien avec le résultat des expériences de l’auteur (od!1,46).
- (2) Ces derniers donnent même, dans le cas d’un voltamètre fermé, un mince dépôt de Mn Os sur l’anode.
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- ne disparaissent pendant la décharge, que si la couche est très mince. Quand l’épaisseur devient plus grande, le dépôt passe par toutes les nuances, depuis le jaune jusqu’au noir. Sur des fils de 8ou,lu de longueur et de 7mm d’épaisseur, on voit les dépôts se produire à partir de iai1; mais, si les dimensions de l’anode deviennent plus petites, il suffit d’une force électromotrice moindre : o‘m,3 pour Mn O3, o'111,6 pour Pb O2, etc.
- Il faut toujours une certaine force électromotrice minimum pour que la dépolarisation singulière se manifeste : odll,i5 pour les solutions de M« SO4, oau,55 pour celles de P£ (NO3)3, etc. L’évaluation exacte de ces limites présente des difficultés encore plus grandes que dans le cas de l’eau.
- Quant à l’argent, l’auteur n’a pu observer aucune dépolarisation, singulière ni dans les nitrates ni dans les sulfates de ce métal, quelles que fussent les conditions de l’expérience, et cependant la formation du peroxyde était visible avant même que la décomposition électrolytique eût lieu. M. Sokoloff ignore la cause de cette anomalie.
- Il a essayé ensuite les sulfates de zinc, de cadmium et d’aluminium avec une force électromotrice de ian. Ici la dépolarisation singulière se manifeste toujours, que le voltamètre soit fermé et purgé d’air, ou bien ouvert; mais, dans le premier cas, elle est plus énergique et dure plus longtemps. Dans les sels de zinc et d’aluminium on ne voit aucun dépôt sur l’anode, tandis que les sels de cadmium donnent un dépôt de couleur jaune intense, qui devient de plus en plus clair pendant la décharge, et disparait complètement en quelques heures. Avec les forces électromotrices excédant iau les sels de zinc donnaient un dépôt jaune sur l’anode, tandis que dans les sels de cadmium, il se formait un précipité gélatineux, qui disparaissait en se dissolvant, quand on agitait le liquide. Dans tous les cas, la décomposition de l’électrolyte n’a pu avoir lieu. L’auteur ne saurait dire rien de positif sur la nature chimique, de ces dépôts et de ces précipités; dans le cas du cadmium et de l’aluminium on pourrait croire que c’étaient des hydrates de leurs oxydes, mais on ne connaît aucune combinaison de zinc qui soit de couleur jaune.
- Enfin l’auteur a examiné les nitrates et les sulfates des alcalis et des terres alcalines. Ils manifestent tous la dépolarisation singulière, mais, tandis qu’avec un voltamètre ouvert on n’observait qu’une impulsion galvanométrique de peu de durée, le phénomène subsistait encore dans le cas du voltamètre fermé, trente à cinquante minutes après la décharge. Dans les solutions faibles on n’observait ni dépôts, ni précipités; mais avec les solutions concentrées et avec des forces électromotrices de iau à 2an, on voyait un dépôt qui était d’abord jaune, puis jaune foncé (sels de Na, Mg et Ba) ou rouge foncé (sels de K) ; il devenait noir si on se
- servait de pointés. Ces dépôts disparaissent très rapidement pendant la décharge; mais ils restent invariables pendant quelques heures, si l’on se borne ;\ ouvrir la pile; ce sont, très probablement, des degrés supérieurs d’oxydation des métaux correspondants. Si on admet que la formation de ces combinaisons exige une absorption d’énergie qui reparaît ensuite sous forme de courant électrique quand le dépôt disparaît, le phénomène de la polarisation singulière sera facile à expliquer. L’énergie accumulée pendant des heures de charge reparaît dans la décharge qui ne dure que quelques dizaines de minutes.
- Quant à l’électrode négative, elle reste, en général, tout à fait nette, à moins que ce ne soit un fil de dimensions trop petites... Avec des pointes on voit toujours un dépôt sur la cathode, dépôt poudreux, de couleur grise ou blanche avec les sels de plomb, granuleux avec les sels de zinc; enfin, luisant et cle couleur rose avec les sels d’aluminium et de manganèse. Dans les sels des alcalis et de terres alcalines, on obtenait, en se servant de pointes, des dépôts granuleux noirs. Tous ces dépôts n’étaient certainement pas des impuretés étrangères. Les sels, vendus comme chimiquement purs, avaient été purifiés de nouveau, par une cristallisation de leurs solutions concentrées.
- Sur les procédés de cuivrage de la fonte, employés au Val-d’Osne.
- A l’occasion des récentes communications de M. Weil, MM. Mignon etRouart viennent d’adresser à l’Académie des sciences la lettre suivante :
- « Dans une Note publiée aux Comptes rendus du 19 décembre 1881, M. Weil assimile ses procédés de cuivrage à ceux que nous avons introduits au Val-d’Osne, avec l’aide de M. Gauduin, aujourd’hui décédé.
- « Or M. Weil emploie, pour effectuer le cuivrage, un bain de sulfate de cuivre fortement alcalinisé, avec addition d’un acide organique empêchant la précipitation de l’oxyde de cuivre. Il insiste sur ce qu’il fait, de Valcalinité, la. base même de son système.
- « Nous employons une solution franchement acide, d’un sel double d’acide organique de cuivre et d’un alcalin quelconque.
- « Ainsi, M. Weil n’emploie l’acide organique que comme accessoire; c’est au contraire la base de notre système. Il emploie un bain fortement alcalin, nous employons un bain fortement acide. Nos procédés sont donc absolument différents.
- « Nous serions reconnaissants, si l’Académie voulait bien accueillir cette rectification. »
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- FAITS DIVERS
- Un ingénieur parisien, M. Chapuis, vient d’adresser au Conseil municipal et à la préfecture de la Seine une demande d’autorisation d’établir dans Paris â ses frais et à titre d’essai un tramway électrique sur colonnes à câbles volants. Cette demande a été déposée par M. le conseiller municipal Delhomme.
- Sur le chemin de fer électrique de Lichterfelde à Berlin vient d’être faite une intéressante expérience de circulation simultanée de deux wagons. La deuxième voiture ressemble complètement à celle qui sert depuis plusieurs mois au transport des voyageurs entre la gare et l’école des cadets. C’est le modèle de cette voiture qui se trouvait à l’Exposition Internationale d’Électrîcité de Paris. M. le Dr Siemens, entouré de ses ingénieurs, assistait à cette expérience qui a donné des résultats au-dessus de toute attente. Les deux voitures se sont mises en mouvement dans chaque sens avec autant de sûreté et de rapidité qu’une seule et c’est à peine si l’on remarquait une différence dans la vitesse de la locomotion, lorsque la deuxième voiture était lancée. Ce n'est qu’à la machine à vapeur fixe génératrice du courant électrique que l’on pouvait reconnaître qu’elle devait employer une force double, lorsqu’il fallait faire mouvoir deux voitures à l’aide du courant. Ces expériences ont confirmé ce fait que sur les voies électriques plusieurs machines peuvent marcher à la fois, sans se gêner mutuellement, ce qui augmente sensiblement leur importance pour le trafic.
- On annonce de Barcelone la. formation d’une Compagnie pour le développement, l’achat on la vente de tout appareil se rapportant aux téléphones, à l’éclairage électrique, à la transmission des forces et autres applications de l’électricité.
- On dit que M. Edison a fait un traité avec le président du Northern Pacific Railroad pour avoir cinquante milles de voie ferrée dans le Minnesota, afin d’essayer la valeur de ses machines électriques pour les besoins ordinaires d’un chemin de fer.
- L’Institut royal scientifique de Venise offre un prix de 2 5oo francs pour le meilleur essai concernant « Les Hypothèses récemment émises sur les causes des phénomènes de la lumière, de la chaleur, de l’électricité et du magnétisme *>. Les écrits sur ces sujets devront être adressés à l’Institut de Venise avant le 3i mars i883.
- D’après le Glasgow News, une compagnie vient d’acheter l’usine de Baltic Works, pour fabriquer en grand des machines électriques et principalement celles d’Akester et Ker-medy. On va d’abord construire une machine dynamo-électrique de 600 chevaux pouvant faire marcher 3 000 lampes à incandescence.
- Éclairage électrique
- C’est le 1e1’ février prochain, que la ville de Saint-Raphaël sera éclairée entièrement à la lumière électrique.
- M. Parent, inspecteur de la Compagnie d’électricité, fait en ce moment procéder aux travaux d’installation.
- A cette occasion, il y aura grande fête le février à Saint-Raphacl
- Un grand nombre d’habitants des environs se promettent
- de jouir du spectacle nouveau* et curieux d’une ville — la première en France — éclairée au moyen de l’électricité !
- Les invités de M. Martin se réuniront le soir au Grand-Hôtel où un banquet monstre aura lieu — la salle du festin sera naturellement éclairée à la lumière électrique.
- On va prochainement éclairer, paraît-il, à la lumière électrique les Halles centrales et leurs abords, où chaque nuit il y a un si grand mouvement. Cet éclairage doit être mis en adjudication; voici dans quelles conditions :
- L’éclairage serait payé à l’heure. Le bec Carcel servirait de base pour mesurer l’intensité de la lumière dont l’effet utile serait mesuré plutôt par la surface éclairée que par l’intensité intrinsèque des foyers.
- Les constatations quotidiennes seraient faites par les agents du service de l’éclairage qui s’assureraient notamment que les becs fonctionnent avec l’éclat prévu.
- Les irrégularités signalées et les déficits constatés donneraient lieu à des états de retenue.
- Le service d’architecture et celui de la voie publique supporteraient respectivement les dépenses qui leur incombent.
- On nous écrit de Londres : L’expérience de l'éclairage électrique du théâtre de Savoy a été complète. Le gaz a été supprimé radicalement de la scène. L’effet est on ne peut plus satisfaisant. Les couleurs des costumes de l’opéra-comique de Patience ont les mêmes teintes qu’en plein jour. Comme ils sont très riches, et dessinés avec goût l’effet est des plus remarquables. O11 peut affirmer que le grisou perfectionné qui porte le nom de gaz ne reparaîtra plus jamais sur cette scène digne de l’époque où nous vivons. Pour diminuer ou augmenter la quantité de lumière émise et régler les effets comme avec des becs de gaz, 011 emploie des bobines de résistance faites gvec du fil de fer. Comme la conductibilité de ce métal est dix fois moindre que celle du cuivre, la graduation est beaucoup plus facile â obtenir.
- Il est vrai que la force électrique employée à vaincre la résistance du fer est engendrée en pure perte. C’est un inconvénient au point de vue économique. Mais dans un éclairage de luxe comme celui d’une salle de spectacle, ce détail n’est que secondaire.
- Le directeur de Savoy a donné à ses invités une démonstration publique destinée à prouver qu’avec les lampes à incandescence, il est impossible de mettre le feu aux décors ou aux vêtements des artistes.
- Au moment où le rideau venait de baisser sur la première partie de Patience, il s’est avancé près de la rampe où il a pris au hasard une lampe Swan. II l’a enveloppée d’un morceau de mousseline et l’a brisée d’un coup de marteau. On a entendu un grand bruit provenant de la rentrée de l’air, mais la lumière s’est éteinte instantanément, la mousseline n’a même pas été noircie.
- On se demande pourtant si un plus petit nombre de lampes â incandescence plus intenses, du type Maxim, ne feraient pas un meilleur effet que les petites lampes Swan de i5 candies qui ne donnent pour la.plupart en réalité que 8 ou dix candies et même moins.
- La lampe â incandescence de 15 candies est trop faible pour l’éclairage de vastes espaces comme une scène ; mais d’un autre côté la lumière â arc est trop peu fixe et il faudrait trouver quelque chose d’intermédiaire, dans le système â incandescence et d’une intensité de 5o â 5oo candies.
- Les machines dynamo-électriques Siemens qui produisent l'électricité sont placées dans un hangar sur un grand terrain au-dessous du théâtre au niveau des quais, et on se propose d’établir lâ une station centrale pour la production de l’électricité par les mêmes moyens afin de fournir le courant électrique aux théâtres et autres entreprises du quartier du Strand.
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- LA LUMIERE ELECTRIQUE
- Des expériences très intéressantes viennent d’être faites à Smethwick, près de Birmingham, avec une nouvelle lamps qui doit être employée dans les phares de South Head, Mac-quart Harbour, Sydney, New South Wales. C’est un foyer dioptrique, tournant et à arc voltaïque. Cette lampe a un système particulier de prismes pour assurer la divergence verticale des rayons; elle a environ deux mètres de diamètre et trois de hauteur. Le régulateur qui fournit la lumière a, paraît-il, une puissance de 12000 candies au foyer, et les rayons émergeants une intensité lumineuse qui dépasse 12000000 de candies. La moitié de l’horizon sera illuminée à des intervalles de une minute et la révolution complète sera exécutée dans seize minutes. On pense que la lumière sera visible à une distance de cinquante à soixante-dix kilomètres.
- Ce puissant foyer électrique, construit par MM. Chame sur les projets du Dr Hopkinson F. R. S., est commandé par le gouvernement de la Nouvelle-Galle du Sud.
- Une nouvelle lampe électrique de l’invention de MM. G. Hawkes et Ce de I’EIectric Light Association, vient d’être exhibée dans Gray’s Inn Road à Londres. Les inventeurs prétendent que leur lampe est plus simple et plus économique que toutes celles qui sont actuellement en usage. Les roues, poulies, cordes et autres mécanismes sont en grande partie supprimés par la substitution d’un simple procédé qui peut rendre la lampe particulièrement utile pour l’éclairage des rues. Un des transepts du Pala!s de Cristal de Sydenham doit être éclairé avec des lampes Hawkes que l’on peut suspendre au plafond ou fixer sur un pilier comme les appareils d’éclairage au gaz.
- A Madrid, doit avoir lieu à partir du i5 mai prochain une exposition publique internationale de minéraux, de métaux, de céramique, de verrerie. Cette exposition organisée au Buen Retiro, le Bois de Boulogne de la capitale de l’Espagne, pourra être visitée la nuit aussi bien que le jour, car elle sera éclairée par la lumière électrique dans toute son étendue. D’après les plans approuvés par M. Alba Salcedo, député, président de l’exposition, celle-ci n’aura pas moins de trois kilomètres de circonférence; toutes les dispositions sont déjà prises pour que le public puisse circuler chaque soir à la lueur des foyers électriques de systèmes différents.
- A Dewsbury, ville industrielle du comté d’York, la lumière électrique a été introduite avec succès, ces jours derniers, par MM. Crompton et Ce. On a éclairé la place du Marché et ses approches. Des foyers supplémentaires vont être placés dans Church Street et dans Upper et Lowcr Westgate.
- A l’occasion d’un séjour que viennent de faire à Manchester les ducs d’Albany et d'Edimbourg, la façade du grand établissement de MM. Lewis dans Market Street a été brillamment éclairée par l’électricité.
- La ville de Cincinnati, dans l’Etat d’Ohio, compte environ 75 lampes électriques qui fonctionnent régulièrement tous les soirs. De nouvelles demandes arrivent de tous côtés à la Compagnie locale, qui touche un droit fixe de deux francs par jour pour chaque foyer et en même temps un prix de quarante centimes par heure d’éclairage.
- Chestnut-street à Philadelphie est éclairée depuis le 2 décembre avec des lampes électriques Brush, depuis la Dela-ware jusqu’au Schuylkill, sur une longueur de deux milles et demi.
- Télégraphie
- Le Times cite^un remarquable exemple de rapide transmission télégraphique. Mardi soir, à l’issue d’un grand meeting tenu à Birmingham et où M. Bright avait pris la parole, le maire de Birmingham est venu annoncer à l’assistance qu’il venait de recevoir de Londres un télégramme l’informant qu’à neuf heures vingt minutes le discours entier qu’avait prononcé au meeting M. Bright était parvenu par le télégraphe dans la métropole. L’expédition du compte rendu du meeting a été le plus grand et en même temps le plus rapide travail qu’ait jamais accompli le bureau télégraphique de Birmingham. Le nombre des mots transmis à Londres a été considérable. M. Bright a commencé à parler à 7 h. 25 du soir; six minutes après, la première page de manuscrit était remise par le reporter aux employés du télégraphe de service dans le hall, et à 8 h. 38 la transmission à Londres, Manchester et autres stations commençait. A 8 h. 35, M. Bright s’asseyait, et la dernière page des notes sténographiées du rapport pour Londres était transcrite et expédiée du hall à neuf heures moins trois minutes. Elle était immédiatement envoyée par le fil à Londres, d’où les autorités postales accusèrent réception de tout le discours de 7 336 mots à 9 h. 20. L’allocution de M. Chamberlain, suivit le discours de M. Bright, puis M. Bright reprit la parole pour remercier le maire de Birmingham. M. Chamberlain prononça 6 236 mots. L’expédition de tout le rapport était terminée à 10 h. 42 pour Manchester, Bradford et Liverpool; à 11 h. 5 pour Londres, à 11 h. i5.pour Leeds, Sheffield et Édimbourg, à 11 h. 55 pour Nottingham; à 12 h. 10 pour Glasgow et à 1 h. 6 du matin pour Dublin. _________
- Grâce à une dépense d’environ quarante millions de francs, l’empire d’Allemagne est pourvu maintenant d’un ensemble de communications télégraphiques souterraines qui, en temps de paix comme pendant la guerre, sont à l’abri des influences météorologiques et des moyens de destruction par l’ennemi. Cette grande entreprise a été poussée on ne peut plus activement dès 1876, aussitôt que ses réels avantages ont été bien reconnus, et le vaste réseau de câbles souterrains que possède actuellement l’Allemagne sera probablement plus économique par la suite que le système des fils aériens employé dans tous les autres pays, système exposé à toutes les intempéries et aux accidents les plus divers.
- Il est bien à souhaiter que cet exemple soit suivi dans tous les grands pays, comme on vient de commencer à le faire en France et que les autorités chargées de veiller à l’application de ces progrès scientifiques n’attendent pas quelques grandes catastrophes pour se mettre à l’œuvre.
- La ligne du télégraphe arctique, nouveau câble sous-marin le plus au nord de l’Europe sera placée entre Thurso dans le Caithness et Iceîand en passant par les îles Feroe. La tête de ligne dans Iceland se trouvera à Reikiavik et communiquera avec Stappen, principale ville du Wester-Amt, et avec Madruvel,dans le Norder-Amt. Le coût de ce câble, dont les études ont été faites à Copenhague, sera d’environ 6 700 000 francs.________________
- Des pourparlers engagés depuis quelque temps entre le gouvernement hellénique et les représentants de la Compagnie des câbles sous-marins Eastern de Londres pour la pose d’un câble sous-marin entre Corfou et Trieste viennent d’aboutir. La concession de cette entreprise ayant été de même accordée par le gouvernement autrichien on va procéder à la pose de ce câble qui, à part son utilité locale, est destiné à créer une nouvelle voie pour l’échange des correspondances télégraphiques internationales.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 26012
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Electricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4® ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 28 JANVIER 1882 N» 4
- SOMMAIRE
- Exposition Internationale d’Électricité : Exposition des différentes Compagnies de Chemins de fer français. Exposition du chemin de fer du Nord; Th. du Moncel. — Recherches sur l’aimantation, par le Dr W. Siemens ; A. Gueroüt. — Exposition Internationale d’Électricité : Étude sur le système de transmission multiple et le télégraphe, imprimeur de M. Baudot (4® article); J. P. — Appareils de tintement dans les clochers pour annoncer les incendies ; C. A. NystrOm. — Appareils de mesures électriques à l’Exposition de l’École supérieure de télégraphie; E. Mer-cadidr. — A propos de l’éclairage du Savoy-Theatre ; C. C. Soulages. — Recherches sur la torsion, la flexion et le magnétisme (3e article) ; G. Wiedemann. — Revue des ‘ travaux récents en électricité : Mesure des potentiels correspondant à des distances explosives déterminées. — L’aciération des planches gravées. — Des actions locales qui ont lieu dans les piles Planté. — Faits divers.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- EXPOSITIONS .
- DES DIFFÉRENTES COMPAGNIES DE
- CHEMINS DE FER FRANÇAIS
- EXPOSITION DU CHEMIN DE FER DU NORD
- Nous avons déjà consacré quatre articles à l’Exposition des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée, et nous comptions nous occuper d’une manière toute spéciale de l’Exposition du chemin de fer du Nord, qui est celui de tous nos chemins de fer qui a le plus expérimenté et le plus employé les moyens électriques. Nous comptions même donner un joli dessin de l’ensemble de cette Exposition, qui présentait un coup-d’œil réellement pittoresque, et permettait de voir en même temps tous les dis- positifs électriques aujourd’hui appliqués sur ses lignes; mais par suite d’une défiance, dont il est difficile de se rendre compte, l’administration de ce chemin de fer nous a refusé l’autorisation de faire dessiner les appareils exposés, et nous sommes obligé, pour compléter notre travail, d’avoir re-
- cours aux documents déjà connus, et à la brochure publiée par cette administration à l’occasion de l’Exposition.
- Les systèmes électriques qui frappaient le plus la vue dans cette Exposition étaient les électro-sémaphores de MM. Lartigue, Tesse et Prud’homme, qu’on retrouvait du reste à l’exposition particulière de M. Mors, et dont nous avons à plusieurs reprises signalé l’importance et la bonne disposition. Ils représentent le block-system dans ses meilleures conditions, et si nous avons quelque chose à regretter, c’est que ce système ne soit pas encore plus généralisé. Nous le décrirons plus tard avec détails; mais comme aujourd’hui nous ne voulons donner qu’une idée de l’ensemble de l’Exposition du chemin de fer du Nord, nous dirons seulement que la paricularité caractéristique de ces appareils est la solidarisation des signaux électriques et' des signaux visuels s’adressant aux mécaniciens et aux agents des trains. La mise à l’arrêt du signal visuel couvrant un train qui s’engage dans une section et le calage du signal dans cette position, sont obtenus mécaniquement, à l’aide de la rotation d’une manivelle, et simultanément la manœuvre même de la mise à l’arrêt fait apparaître électriquement au poste suivant vers lequel se dirige le train, un signal prévenant l’agent de ce poste de l’-arrivée de ce train. De plus, le signal d’arrêt fait par un poste à l’extrémité d’une section ne peut être décalé et effacé que par le poste placé à l’autre extrémité de la section, lorsque l’agent de ce dernier poste efface le signal à l’aide duquel il a été avisé de l’arrivée du train. En un mot, l’agent d’un poste met le signal à l’arrêt et le cale mécaniquement; l’électricité n’intervient que pour l’effacer, et l’effacement ne peut être fait que par le poste suivant.
- Comme complément de ce système, on a installé dans certaines gares, dont l’étendue ne comportait pas l’installation d’électro-sémaphores près du bâtiment principal et à la portée de certains agents, qu’il était cependant utile ou nécessaire de prévenir de l’arrivée des trains, on a disposé un répétiteur des indications données parle petit bras du sémaphore, dont nous indiquerons plus tard la disposition.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Les annonces des trains pour les lignes à voie unique sont effectuées sur le chemin de fer du Nord, par de grosses cloches dites allemandes, dont les premiers essais ont été faits en 1862 sur le réseau du Nord. Ces cloches sont de trois types différents, dont deux ont été combinés par MM. Siemens et Halske, et, le troisième, par M. Vérité de Beauvais. Elles sont mises en action par des machines d'induction de M. Siemens, que construit avec beaucoup de soin M. Digney,
- Pour prévenir de l’arrivée des trains les gardes barrières de quelques passages à niveau très-fré-quentés et situés sur des lignes à double voie à grande circulation, la Compagnie a essayé divers systèmes d’avertisseurs : la pédale automatique à soufflet, la pédale automatique à mercure, la grosse sonnerie, employée sur les lignes à simple voie, et le répétiteur de sémaphore, qui peut être employé sur les lignes où est installé le block-system. Le rapport de la Compagnie prétend qu’au point de vue du fonctionnement des appareils, les pédales n’ont pas donné de résultats « complètement satisfaisants par suite de l'excessive rapidité et de l'extrême violence des chocs que ces pédales ont à supporter. » Il faut donc que ces pédales aient été bien mal disposées, puisqu’avec le système de pédale à soufflet de MM. Leblanc et Loiseau il n’y a pas eu un raté en quatre mois sur le chemin de fer de Tours à Châteauroux. Il est vrai que dans le système de la Compagnie, combiné en 1859 Par MM. Tesse et Lartigue, la pédale réagissait directement sur le soufflet, tandis que dans le système de MM. Leblanc et Loiseau le soufflet fonctionne indépendemment sous l’influence d’un ressort, et la pédale est libre d’osciller plus ou moins brusquement sans rencontrer aucun obstacle; le soufflet 11e joue que le rôle de coussin pour amortir sa chute quand le convoi est passé, et faire en sorte que le contact s’effectue doucement et sans soubresauts.
- Dans le rapport publié par la Compagnie du chemin de fer du Nord, on signale parmi les appareils électriques employés dans l’exploitation du réseau, le sifflet électro-automoteur de MM. Lartigue, Forest et Digney, dont nous avons parlé plus d’une fois, et le système électro-automatique du frein à vide, auquel nous avons consacré un article dans notre numéro du 3o novembre dernier.
- « Les disques - signaux, dit le rapport, ne s’adressent qu’à la vue des mécaniciens, et peuvent échapper à leur attention ; il est donc d’une utilité incontestable de doubler ces signaux visuels par des signaux acoustiques qui, comme le pétard par exemple, éveillent ou appellent l’attention. On a cherché à diverses reprises la solution de ce problème, mais les différents systèmes qui ont été combinés n’ont pas, en général, résisté aux chocs produits par la rencontre de pièces rigides animées
- de vitesses relatives pouvant aller jusqu’à 28 mètres à la seconde. L’appareil emplo yé par la Compagnie du Nord est le sifflet automoteur, qui est actuellement appliqué à 289 machines. Le chemin du Nord ayant dans la suite adopté le frein continu à vide de Smith, MM. Delebecque et Banderali ont transformé, sur toutes les machines munies d’un ejecteur, le sifflet électro-automoteur en un appareil de déclanchement, et l’ont appliqué à la manœuvre du frein à vide avec ou sans participation ’ des agents du train. »
- Suivent les descriptions de ces systèmes; mais comme nous les avons données déjà, nous renvoyons le lecteur à notre article du 3o novembre.
- Le dispositif du sifflet électro-automoteur a encore été appliqué par la Compagnie du Nord pour constituer un appareil de protection électro-automatique pour les gares ou les bifurcations. Nous avons encore décrit longuement ce système dans notre article du 3o novembre, et nous croyons en conséquence inutile d’y revenir ici; mais il paraît appelé à rendre de grands services.
- L’une des mesures les plus utiles à prendre pour assurer le bon fonctionnement des systèmes'établis pour la sécurité des chemins de fer, est de contrôler le service des agents qui en sont chargés, et, sous ce rapport, le chemin de fer du Nord a mis en essai des appareils contrôleurs que nous allons maintenant passer en revue.
- L’une des manœuvres qui a le plus besoin d’être contrôlée est celle des pointes des aiguilles qui, étant souvent éloignées de l’agent qui les fait fonctionner, peuvent être soustraites à une surveillance immédiate. Comme il est fort important que cet agent sache si les lames ont bien obéi à.l’action du levier et si l’application sur le contre-rail est complète, on a dû chercher un dispositif qui pût prévenir des défauts de contact qui pourraient survenir et M. Lartigue a combiné un appareil trèsingénieux qui a été approuvé par décision ministérielle du 17 décembre 1875 et qui est aujourd’hui d’un usage général sur les chemins de fer du Nord, pour toutes les aiguilles manœuvrées au moyen de transmissions rigides et placées à une certaine distance des leviers de manœuvre. Ce dispositif est fondé sur l’emploi d’un commutateur à mercure dont nous donnerons plus tard la description et dont le fonctionnement a été toujours très satisfaisant.
- Un autre système de contrôleur fort utile employé par la Compagnie du chemin de fer du Nord est celui qu’elle a installé sur les appareils de désengagement de MM. Saxby et Farmer.
- Lorsqu’il existe à l’extrémité d’une gare un poste muni de signaux d’arrêt absolu, normalement fermés, les manœuvres qui s’exécutent au centre de la gare sont généralement couvertes, non par un disque à distance ordinaire, mais par des appareils spéciaux qui permettent aux agents du poste
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- central de couper à distance ou de désengager la transmission du disque ou des disques d’arrêt que manœuvre le poste extrême. Dans ces conditions, il est nécessaire, i° que l’agent du poste central sache si l’appareil désengageur a régulièrement fonctionné ; 2° que l’agent du poste extrême soit averti lorsque la transmission des disques d’arrêt est coupée, afin qu’il ne cherche pas à effacer ces disques au même moment; 3° enfin que l’agent du poste central soit à son tour prévenu lorsque le disque d’arrêt est effacé pour la réception d’un train, afin qu’il ne coupe pas indûment la transmission du disque qüi se refermerait pendant le passage du train. Ces trois problèmes ont été résolus dans le contrôleur de la compagnie.
- La centralisation des organes des manœuvres dans un même poste où se trouve un employé qui, sous le nom de signaleur, doit vérifier et surveiller tous les signaux, a nécessité l’emploi de moyens de correspondance entre ce poste et les agents préposés aux différentes manœuvres ; car, bien que ce poste soit placé à une certaine hauteur et en un point d’où la vue puisse embrasser la voie sur une certaine étendue, le signaleur ne peut se rendre toujours un compte exact de tout ce qui se passe sur la voie, et il doit être mis en rapport avec les autres agents mieux placés que lui pour se rendre compte de l’arrivée des trains, de leurprovenance, de la direction à leur donner, des mouvements en avant ou en arrière qu’ils doivent effectuer, des délais que nécessitent leurs divers mouvements. En conséquence la Compagnie du chemin de fer du Nord a fait établir en plusieurs points des gares et autour des postes de signaleurs, des appareils spéciaux donnant des indications optiques et acoustiques, capables de remplacer et de compléter les avis donnés par les mécaniciens et les divers agents préposés aux manœuvres. Les appareils adoptés présentent deux types différents : les appareils à guichets ou à tableaux qui fonctionnent au moyen de conducteurs souterrains réunis dans des câbles spéciaux, et les appareils télégraphiques à cadran. Les premiers sont analogues aux tableaux à numéros des hôtels, et chaque guichet porte une indication particulière que l’on fait apparaître suivant les cas; par conséquent, il y a autant de ces guichets que d’indications ordinaires à transmettre, et ce nombre varie de 4 à 8, suivant l’importance des gares, mais il y a en plus deux guichets consacrés aux mots, erreur, je répète et attendez. Les appareils télégraphiques sont des télégraphes à cadran à mouvements électro-synchroniques du premier système de M. d’Arlincourt et qui ont été un peu modifiés parM. Guggemos. Leur manipulation est, comme onle sait, très simple, puisqu’ils sont à touches, et on les emploie toutes les fois que la distance entre les points à mettre en circulation est considérable.
- On emploie encore quelquefois des appareils à
- un seul guichet avec sonnerie, dans le cas où il ne s’agit de transmettre qu’un signal qui doit être à la fois acoustique et visuel.
- La Compagnie duNord emploie encore beaucoup d’autres systèmes d’appareils contrôleurs dont l’application est plus ou moins importante. Sans parler des contrôleurs à sonnerie indiquant le fonctionnement des disques à signaux, qui sont du reste aujourd’hui appliqués sur tous les chemins de fer, elle en a qui indiquent automatiquement le fonctionnement des freins continus à air comprimé ou raréfié, qui contrôlent et enregistrent la vitesse des trains, qui indiquent la hauteur de l’eau dans les cuves à eau, qui enregistrent l’heure des manœuvres exécutées en différents points de la voie; nous aurons occasion de les passer successivement en revue.
- Nous n’avons pas besoin de dire que la Compagnie du Nord a été l’une des premières à employer le système d’intercommunication des trains au moyen de liaisons électriques établies d’après le système Prudhomme. L’installation de ce système que nous avons décrite avec beaucoup de détail dans notre Exposé des applications de l'élec-trecité, était fort bien faite, et ce service n’était pas, comme dans certains chemins de fer, abandonné au caprice des employés qui souvent n’accrochent pas les fils de communication.
- L’un des dispositifs électriques les plus complets employés par le chemin de fer du Nord, est un appareil électro-enregistreur des principales données dynamométriques d’un train. Cet appareil du reste analogue à celui que le chemin de fer de l’Est avait exposé en 1878, et qui figurait encore à l’exposition dernière dans le wagon de la compagnie dit dynamométrique, a été étudié dans le but de déterminer si le temps accordé aux mécaniciens pour franchir certains espaces est bien en rapport avec le type de locomotive employé, la charge du train remorqué, et le profil de la voie, si la perte de temps, résultant du démarrage, de l’arrêt, ou du ralentissement aux bifurcations, concorde bien en pratique avec celle que l’on suppose en théorie, et par suite, si les retards que certains trains subissent ne sont pas la conséquence d’une répartition défectueuse du temps accordé pour effectuer le trajet.
- Ce système n’est à proprement parler qu’un chronographe électrique de grande dimension et parfaitement exécuté, et qui reçoit les indications de 4 styles traceurs indiquant : le premier, les efforts de traction, le second, la position des poteaux hec-tométriques, le troisième, le temps écoulé, le quatrième, le nombre de tours de roues effectués par l’essieu du wagon, lequel essieu commande l'entraînement de la bande de papier sur laquelle se font les enregistrations.
- L’évaluation des efforts de traction est obtenue au moyen d’un ressort dynamométrique à lames
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- fixé à la tige de traction du wagon. La position des poteaux est indiquée par une fermeture de courant provoquée par un agent qui appuie sur un interrupteur à chaque poteau qui passe devant lui. Il peut même effectuer d’autres signalements en faisant intervenir la durée du contact de l’interrupteur comme élément de signal. Le temps écoulé est pointé par une horloge à contacts électriques qui provoque sur le chronographe une marque toutes les io secondes, comme dans les chronographes employés pour la détermination des différences de longitude. Le nombre de tours des roues qui peut indicjuer l’espaceparcouru, ést fourni par un contact électrique adapté à l’essieu même qui met en action la bande d’enregistration. Avec ces différentes indications on a pu tracer des courbes et calculer des tableaux dont plusieurs sont reproduits dans le rapport de la Compagnie, et qui ont pu donner des renseignements précieux pour la police des mouvements des trains et la règlementation du service de la voie.
- Nous devons encore signaler d’autres appareils électriques non moins utiles mis en usage sur le chemin de fer du Nord, et en particulier les indicateurs des pressions dans les machines locomotives qui, en indiquant les positions occupées par le piston de la machine quand la pression variable de la vapeur passe par une valeur arbitraire et connue, permet d’élucider certains points encore obscurs de la thermo-dynamique appliquée à la théorie des machines à vapeur. Cet appareil combiné par M. M. Deprez se compose essentiellement : i° d’une valve réductrice ou soupape auto-régulatrice, qui permet de disposer à volonté de pressions connues à chaque instant et variables depuis la pression atmosphérique jusqu’à celle de la chaudière; 2° de quatre explorateurs de pression en communication chacun avec l’un des fonds des cylindres, et tous avec la valve réductrice; 3° de deux enregistreurs électriques en communication avec chaque groupa d’explorateurs; 40 de deux tambours d’indicateurs mis en mouvement par les crosses des pistons.
- Pour contrôler la marche des trains, on emploie quelquefois au chemin de fer du Nord un appareil chronographique combiné par M. Brunot, qui étant placé sur la locomotive permet de contrôler automatiquement les mouvements divers exécutés par la machine ou le train qui le porte, d’inscrire le moment, la durée des arrêts et les diverses phases des trajets effectués. Cet appareil qui est fondé sur les trépidations déterminées par les trains en marche, peut encore être utilisé d’une autre manière. Placé en un point quelconque d’une ligne, principalement au sommet des rampes, il peut inscrire l’heure du passage des trains, et installé dans le bureau d’un ingénieur, il permet de suivre à chaque instant de la journée la marche d’une machine placée à une distance illimitée.
- La télégraphié électrique est, comme on le sait, l’accessoire inséparable des chemins de fer, et la Compagnie du Nord a apporté tous ses soins à la bonne organisation de ce service. Son matériel est bien choisi, et les appareils adoptés sont les plus perfectionnés.
- Comme isolateurs, on emploie ceux qui ont été définitivement adoptés par les administrations télégraphiques. Les piles en usage sont des piles Leclanché, à vase poreux, fendu en croix à la partie inférieure, pour assurer toujours une bonne perméabilité; elles sont placées dans les stations sur des étagères à claire-voie, et l’armoire qui les renferme est peinte au minium, ce qui diminuerait, dit-on, le développement des sels grimpants. Sur la voie, elles sont placées dans des abris confectionnés avec du ciment Coignet.
- Les appareils télégraphiques se composent de télégraphes à cadran (système Breguet), de télégraphes Morse, de sonneries Faure, de sonneries à relais, à une, deux et cinq directions, de sonneries d’alarme ou d’urgence, de commutateurs, boussoles, paratonnerres, parleurs, appareils télégraphiques de secours. Plusieurs de ces appareils, entre autres les paratonnerres, les sonneries d’urgence, certains commutateurs inverseurs ont reçu de MM. Tesse et Lartigue des dispositions particulières qui ont été appréciées dans la pratique.
- On a en outre établi beaucoup d’installations téléphoniques, soit pour relier les gares avec le dépôt des machines, soit pour relier les services de la grande et petite vitesse, soit pour mettre en rapport entre eux les bureaux d’administration, soit encore pour relier aux gares les signaleurs des postes Saxby. Les appareils adoptés par la Compagnie sont, jusqu’à présent, ceux de Gower, avec les transmetteurs Blake et les appareils d’Ader, qui sont les plus employés par la Compagnie.
- En dehors de tous les appareils dont nous venons de parler, et qui ont été exposés par la Compagnie, le chemin de.fer du Nord a mis en application la lumière électrique, soit comme éclairage des gares, soit comme fanal de locomotive pour éclairer la voie et manifester à une certaine distance la présence d’un train. On fait à la gare de Paris de nombreuses expériences dans le but de répartir également la lumière sur le sol à différentes distances à l’aide d’anneaux analogues à ceux de Fresnel.
- Comme on le voit, la Compagnie du chemin de fer du Nord a mis souvent à contribution les moyens électriques dans son exploitation; elle a fait, de plus, de nombreuses expériences sur les systèmes électriques proposés à diverses reprises pour augmenter l’adhérence des roues des locomotives aux rails par l’aimantation. Malheureusement ces expériences, n’ayant pas fourni de résultats importants en raison du déplacement des effets ma-
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- gnétiques quand les trains sont en mouvement, ont dû être abandonnées.
- Il serait maintenant à souhaiter que la Compagnie entrât résolument dans les essais des systèmes automatiques, et c’est à elle que reviendrait tout l’honneur de la réussite, car, comme on a pu le voir, c’est elle qui a toujours été la plus portée pour ce genre d’application de l’électricité.
- Dans de prochains articles, nous étudierons dans leurs détails les différents systèmes dont nous venons de parler.
- Tii. nu Moncel.
- RECHERCHES
- SUR L’AIMANTATION
- PAR LE Dr W. SIEMENS
- M. Werner Siemens vient de publier dans les Annales de Wiedemann (*) un long travail sur la théorie de l’électro-magnétisme; dans ce mémoire sont décrites des expériences qui trouveront leur application dans les questions actuelles.
- L’idée qui a servi de point de départ aux recherches de M. Siemens était de chercher quelle influence peut exercer sur l’intensité de l’aimantation d’un fer d’électro-aimant une aimantation préalable ou simultanée, différant en direction de celle que tend à produire le solénoïde aimantant. De la théorie d’Ampère et des idées de Weber, il résulte que si deux forces perpendiculaires l’une à l’autre tendent à aimanter une masse de fer, ces deux forces magnétiques pourront être remplacées par leur résultante, et celle-ci effectuera l’orientation des éléments magnétiques suivant sa propre direction; c’est dans cette direction que l’aimantation atteindra son maximum. Dans le cas de deux forces magnétiques égales agissant sur une masse de fer sphérique, le moment magnétique des éléments dirigés suivant la résultante doit être, dans la direction des composantes, égal à j/_L . Pour des masses de fer
- de forme quelconque, la question se complique par suite du renforcement d’aimantation que produit l’action des éléments magnétiques les uns sur les autres.
- Pour vérifier ces déductions, M. Siemens a fait usage d’aimants de construction spéciale, telle que la force aimantante et le magnétisme produit par elle dans le fer dans une des deux directions fussent sans influence sur l’appareil servant à mesurer le magnétisme produit dans l’autre direction.
- (') Annales de Wiedemann, 18O1, n8 12.
- Cette condition est remplie par un tube de fer droit sur lequel des fils isolés parallèles à son axe sont enroulés régulièrement à peu près comme sur un anneau de Gramme. Un courant parcourant ce fil développe dans le tube une aimantation dans le sens de la tangente et produit deux pôles longitudinaux. Kirchhoff a montré qu’un semblable aimant annulaire fermé sur lui-même n’exerce aucune action extérieure, et pour ce qui est de la direction de l’axç, cela se comprend à priori à cause de la symétrie des actions de part et d’autre de l’axe. Si on entoure maintenant le tube ainsi disposé d’une seconde spirale extérieure, transversale à la première, un courant traversant cette nouvelle spirale tend à produire une aimantation, dans le sens de l’axe du tube, et la somme des moments magnétiques de la spirale et du tube, en ce qui
- NOMBRE d’éléments dans la spirale intérieure. NOMBRE d’éléments dans le solénoïde extérieur. COURANT dans la spirale intérieure. COURANT dans le solénoïde extérieur. DÉVIA- TION du MAGNÉTO- MÈTRE.
- 0 10 O i58 372
- 1 IO 6- i58 364
- n IO I 17 i56 353
- 4 10 19S iSS 336
- 8 10 3^0 i55 3o8
- 0 10 0 1S4 366
- 8 10 338 152 3o6
- 0 10 0 i5i 365
- 0 0 0 0 0
- concerne le magnétisme produit par cette spirale, peut être mesurée par un magnétomètre à miroir placé sur le prolongement de l’axe du tube, tandis que l’aimantation produite par les fils longitudinaux sera sans action sur ce magnétomètre.
- C’est cette expérience que M. Siemens a faite à l’aide d’un tube de i3 m/m de diamètre intérieur, i5o m/m de longueur et 3 m/m d’épaisseur de parois, entouré longitudinalement, comme il vient d’être dit, de 36 spires d’un fil de cuivre de 1 m/m de diamètre. Le tube fut alors placé dans un solénoïde composé de 328 tours du même fil et ayant 100 m/m de longueur.
- Le tube dépassait d’environ 25 millimètres de chaque côté dii solénoïde. L’action du solénoïde lui-même sur le galvanomètre fut compensée par celle d’un second solénoïde identique, placé symétriquement de l’autre côté du magnétomètre et parcouru par le même courant. Le tube de fer était orienté perpendiculairement au méridien et tourné vers un magnétomètre à aimant en U renversé, à oscillations périodiques.
- En faisant passer le courant de 10 éléments Bun-
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- sen dans le solénoïde extérieur, on obtint une déviation du galvanomètre qui mesurait le magnétisme engendré dans le sens de l’axe. Le courant étant toujours maintenu dans le solénoïde, on fit passer dans la spirale longitudinale le courant d’un nombre de plus en plus grand d’éléments de pile. On vit alors la déviation diminuer de plus en plus, et le tableau ci-dessus donne les résultats obtenus..
- Ces résultats montrent bien que le magnétisme, produit dans une masse de fer, s’affaiblit quand on fait intervenir une force aimantante perpendiculaire à celle qui produisait tout d’abord l’aimantation. Le renversement du sens du courant dans la spirale longitudinale est sans effet sur les résultats.
- Le magnétisme annulaire atteint rapidement son maximum avec des courants relativement faibles. Cela tient, dit M. Siemens, à ce qu’un fil, parcouru par un courant et complètement entouré par un tube de fer, a une action aimantante bien plus grande que s’il était enroulé extérieurement à une tige de fer. Cela tient aussi à un renforcement analogue à celui qu’exerce la fermeture d’un aimant court par son armature. Un calcul simple montre que, si l’on considère un fil de longueur infinie passant dans l’axe d’un tube de fer et parcouru par un courant, le magnétisme total M développé dans le tube a pour valeur
- M=4 7t 1. s. i
- expression dans laquelle l désigne la longueur du tube, s l’épaisseur de sa paroi et i l’intensité du courant.
- On voit que le diamètre du tube n’a pas d’influence sur l’intensité du magnétisme et que cette dernière est proportionnelle à la longueur du tube et à l’épaisseur de ses parois.
- Pour vérifier ce résultat, M. Siemens a pris trois tubes de différents diamètres et d’épaisseurs différentes, mais de même longueur. Il les a entourés chacun comme précédemment d’une spirale longitudinale, mais il a superposé à celle-ci une seconde spirale, enroulée de même, de manière à former une sorte d’appareil d’induction.
- En lançant dans la spirale primaire des courants alternatifs, il obtint dans la spirale secondaire un courant induit qui fut mesuré par la déviation d’un galvanomètre à miroir.
- Cette déviation mesure le magnétisme produit; les résultats de l’expérience ont confirmé l’exactitude de la formule, l’augmentation du diamètre a cependant déterminé un affaiblissement peu considérable. Mais ce dernier résultat peut tenir au mode de mesure.
- L’emploi d’aimants en forme de tubes a permis encore à M. Siemens d’étudier la force portante d’aimants en fer à cheval fermés. D’après certains auteurs, cette force croît comme le carré du magnétisme et suivant d’autres dâils un rapport encore
- plus considérable. Les expériences démontrent que la force portante d’un court aimant annulaire ou tubulaire est sensiblement proportionnelle au magnétisme actif mesuré par l’induction comme ci-dessus. Pour faire cet essai, l’auteur a coupé en deux un tube de fer, par un plan passant par l’axe et a enroulé longitudinalement sur chaque moitié deux spirales longitudinales, l’une primaire, l’autre secondaire. Après avoir fait passer le courant de manière que les deux moitiés fussent attirées l’une par l’autre il a déterminé leur séparation - par une charge de poids et mesuré en même temps le courant secondaire produit par cette séparation. Si la force portante était proportionnelle au magnétisme, que mesure ce courant induit, le quotient du courant secondaire par le poids de rupture devrait être constant. Il n’en a pas été tout à fait ainsi, le quotient a baissé assez notablement quand on augmentait l’intensité du courant, de sorte que la proportionnalité ne serait pas tout à fait exacte. L’auteur pense cependant que l’on peut attribuer les irrégularités à une plus forte pression des surfaces de contact, ou à d’autres causes mécaniques.
- M. Siemens a fait la même expérience en contournant un tube en anneau complètement fermé, et coupant cet anneau suivant un plan passant par son centre et sa plus grande circonférence. Il a eu ainsi deux coquilles annulaires, entre lesquelles il a introduit deux spirales, primaire et secondaire, tenues à la coquille supérieure. La force portante et le magnétisme ont été mesurés comme dans l’expérience précédente, mais avec des dispositions comportant plus de précision. L’aimant était chargé d’abord d’un certain nombre de poids, puis on ajoutait au plateau porteur de ces poids un dynamomètre, que l’on tendait progressivement jusqu’à l’arrachement. La déviation observée à ce moment au galvanomètre donnait la mesure du magnétisme, qui disparaissait par suite de l’arrachement de la coquille formant armature. C’était aussi une mesure du renfoncement du magnétisme par l’armature. Pour connaître tout le magnétisme actif existant avant l’arrachement, il fallait tenir compte de la déviation produite par la rupture du courant primaire après en avoir retranché celle que. détermine la rupture du courant primaire quand les deux coquilles sont enlevées.
- Dans ce cas, les quotients ont présenté moins de différences, et les écarts trouvés peuvent s’expliquer par l’action du magnétisme rémanent, ou par un contact imparfait des surfaces du fer. L’auteur considère donc la force portante comme sensiblement proportionnelle au magnétisme.
- Le même appareil a servi à étudier l’effet de deux forces aimantantes perpendiculaires l’une à l’autre. Pour cela, la double spirale, recouverte de ses deux coquilles, a été placée horizontalement et èntourée de douze bobines plates verticales, un
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- petit espace étant réservé pour laisser passer la tige destinée à supporter les poids. Ces bobines étaient entourées de fil isolé, et deux d’entre elles étaient réservées pour servir de circuit secondaire ; les autres, reliées en série, servaient à aimanter l’aimant tubulaire dans une direction perpendiculaire à celle de l’aimantation produite par le fil primaire intérieur. L’ouverture interne des bobines verticales était assez grande pour permettre l’arrachement de la calotte inférieure.
- Si l’on fait passer un courant d’une façon permanente dans un des circuits primaires et qu’on en lance momentanément un dans l’autre fil primaire on obtient une déviation provenant de l’induction et cette déviation, qui mesure le magnétisme, est moindre que celle obtenue sans l’intervention du courant permanent. On confirme ainsi les résultats obtenus dans les premières expériences.
- Les électro-aimants tubulaires employés dans ces recherches sont encore intéressants en ce qu’ils peuvent aider à résoudre la question des écrans magnétiques. On a généralement admis jusqu’à présent qu’une action magnétique s’exerçant à distance n’est pas influencée directement par un écran de fer interposé et que les variations observées dans les actions magnétiques à distance s’exerçant à travers un écran semblable doivent être attribuées à un développement de magnétisme dans cet écran. M. Siemens a essayé d’éclaircir cette question à l’aide de deux spirales annulaires qu’il a placées de chaque côté de l’aimant en U renversé d’un de ses galvanomètres. La position des deux spirales pouvait être réglée de sorte que le courant les traversant en sens inverse, leur action sur l’aimant fût réduite à zéro. Elles furent alors tour à tour recouvertes d’une double calotte de fer, semblable à celle décrite comme ci-dèssus. L’on eut alors une faible déviation indiquant un affaiblissement dans l’action de la spirale couverte. Cet affaiblissement, d’ailleurs très faible, ne peut être attribué au magnétisme du fer qui produirait au contraire un accroissement d’action.
- L’auteur a aussi remplacé l’aimant du galvanomètre par une spirale induite en relation avec un condensateur dont il mesurait la charge, quand il faisait passer un courant dans les spires ; recouvrant ensuite l’une d’elles de la double coquille avant de faire passer le courant, M. Siemens n’a pas constaté de différence bien nette entre la charge du condensateur dans ce cas et celle obtenue avec les deux spirales nues. On peut donc admettre, ce nous semble, que l’écran de fer n’a pas pratiquement d’influence et cela confirme d’ailleurs l’expérience de M. Marcel Deprez, que nous citions à la page .%9, dans le n° du 14 décembre 1881.
- A. Guerout.
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- ÉTUDE SUR LE SYSTÈME
- DE
- TRANSMISSION MULTIPLE
- ET LE
- TÉLÉGRAPHE IMPRIMEUR
- DE M. BAUDOT
- 4e article. (Voir tes n°3 des 21 sept, et 8 oct. 1881 et du 21 janvier 1882.)
- 2° Organes de transmission
- MANIPULATEURS
- Chaque manipulateur contient, comme nous l’avons vu. 5 touches; elles sont réparties en deux groupes,
- l’un de 3 touches manœuvrées par la main droite, l’autre de 2 manœuvrées par la main gauche.
- ' Les touches reçoivent le même numéro d’ordre
- Impression en local
- Transmission:
- FIG. 13
- que ceux des divisions correspondantes des secteurs de distribution.
- Lit touche n° i est tnanreuvrée par l’index
- — n° 2 — le médium
- — n° o — l’annulaire
- — n°.| — l’index I main
- — n° 5 — le médium i gauche.
- Chacune des touches a un rôle multiple à remplir ; elle doit effectuer la transmission de ligne, la transmission en local (pour l’impression au départ)
- ) main j droite.
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- et enfin prendre part, dans certains cas, aux dispositions destinées à combattre les influences perturbatrices des longues lignes. Aussi sont-elles disposées pour produire simultanément plusieurs effets distincts, chacun d’eux se réduisant d’ailleurs à un simple échange de contacts. Chaque touche est composée de plusieurs commutateurs (4 ordinairement) à deux directions, indépendants les uns des autres au point de vue des communications électriques, mais invariablement liés à la touche et subissant ensemble son mouvement.
- Chaque touche est soutenue (fig. 11) par une lame métallique horizontale l tenant lieu de support et de
- ressort de rappel. Des lames verticales ou godilles g sont respectivement en communication avec les circuits de là distribution, comme l’indique le diagramme général (fig. 7). Les extrémités supérieures des godilles sont garnies d’argent et oscillent entre deux butoirs à vis réglables à volonté b b', également en relation électrique avec les organes extérieurs.
- Les fig. 11 et 12 indiquent la disposition d’une touche, d’une lame support, d’une godille et de ses deux butoirs dont l’ensemble constitue un commutateur à deux directions. Chaque touche en possède 4 identiques.
- FIG. l3. — TABLEAU DE MANIPULATION
- Les godilles extrêmes servent (à gauche) à la transmission de ligne, et (à droite) à l’impression en local; les godilles intermédiaires iouent un rôle spécial qui sera développé plus loin.
- La fig. 14 montre la vue d’ensemble d’un manipulateur : il se compose d’une boîte en bois portant un pupitre mobile et le clavier à 5 touches.
- Entré les deux groupes, séparés par un intervalle de la largeur d’une touche environ, on dispose la manette du commutateur dont il a été question dans le diagramme général, et dont le rôle est d’établir les communications pour la transmission ou la réception. Lorsqu’il est placé sur réception, il engage une sorte de verrou sous la touche n° 1, qui immobilise cette dernière pour avertir l’employé qui manipulerait sans avoir préalablement placé la manette sur transmission.
- Les communications électriques des contacts de
- ce commutateur sont figurées sur le diagramme général (fig. 7).
- FRAPPEURS DE CADENCE
- Comme on le voit sur la fig. 14, le couvercle de la boîte porte un frappeur de cadence constitué par une sorte d’électro-aimant boiteux dont l’armature fait l’office de marteau. Le courant est envoyé en temps convenable dans la bobine de l’électro-ai-mant par les frotteurs 6 et 7 du distributeur.
- Le frotteur 6, par l’intermédiaire du frotteur 7, auquel il est relié, est constamment en communication avec une pile locale, il en distribue le courant aux différents contacts de la sixième rangée destinés à marquer la cadence et reliés pour cela respectivement aux circuits des divers électro-aimants boiteux dont sont munis les manipulateurs.
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- Ces contacts sont disposés de telle façon sur le •distributeur que le frotteur 6 les parcourt au moment où les frotteurs de transmission et de réception franchissent les premières divisions du secteur du poste précédent. (Fig 7.)
- 3° Organes de réception.
- Dans un certain nombre d’installations actuellement en service, on a fait jouer un double rôle aux relais et aux combinateurs qui desservent alors deux postes distincts. A chaque station, les postes,, en nombre pair, sont accouplés deux par deux; chaque couple occupe une même table avec des organes de transmission et d’impression
- FIG. 14
- distincts; seulement le moteur, le combinateur et la série des 5 relais sont communs.
- Les secteurs de deux postes ainsi accouplés occupent sur le distributeur des positions à peu près diamétralement opposées.
- Dans ces conditions, les circuits des divers relais d’une série desservant les deux postes d’un même couple sont reliés à la fois aux divisions de même ordre des deux secteurs correspondants.
- Nous verrons plus loin comment chaque poste utilise séparément et à son tour les organes communs au couple dont il fait partie.
- RELAIS RÉCEPTEURS.
- Chaque couple possède une série de 5 relais polarisés dont les armatures, orientées par le passage des courants, figurent pendant quelques instants la combinaison reçue et la communiquent au récepteur correspondant qui en fait la traduction et l’impression.
- La fig. i5 montre l’ensemble des 5 relais; la fig. 16 représente un relais isolé destiné à la correction et dont nous avons déjà parlé ; il est d’ailleurs identique à ceux qui composent chaque série. La disposition de la figure permet d’en mieux saisir les dispositions. Nous en donnons d’ailleurs une coupe. (Fig. 17).
- FIC. 15
- A est une des branches d’un aimant en fer à cheval à 3 lames : l’extrémité est munie d’une semelle en fer doux s formant appendice polaire présentant une encoche en e. Dans cette encoche repose une armature verticale en fer doux ressemblant aux godilles des manipulateurs., terminée à sa partie inférieure par une arête en couteau Y. La
- FIG. 16
- partie médiane oscille entre les extrémités des noyaux B,B' de deux électro-aimants droits BB', placés en regard sur le même axe XX. L’extrémité supérieure de l’armature porte un contact d’argent a et oscille entre deux boutons à vis b,b' l’un de repos, l’autre de travail ; ce dernier est muni d’un contact d’argent et sert seul à établir une communication électrique.
- Sous l’influence du pôle A, l’armature g est polarisée et reste maintenue par l’attraction des noyaux de fer doux B et B' dans la position qu’on lui a donnée d’un côté ou de l’autre de la verticale.
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- Le passage d’émissions négatives venant de la ligne donne aux noyaux B et B' des polarités telles que l’armature occupe la position de gauche contre le butoir de repos b; le passage d’émissions positives produit l'effet inverse et place l’armature sur le butoir de travail b'.
- Les deux circuits qui entourent les noyaux B et B'
- ’Rc-poâ
- ____b'
- 1 Travail
- FIG. 17
- sont reliés comme ceux d’un électro-aimant ordinaire : l’une des extrémités est en communication avec l’un des contacts du distributeur suivant les indications du diagramme général ; l’autre est à la terre.
- Les 5 armatures de chaque série sont reliées par l’intermédiaire des aimants et du massif métallique
- Electro-aimants du récepteur B .
- E>
- S
- Contact de la 6?rangée (Relais B") FIG» i8
- avec un contact correspondant de la 6° rangée et disposé de telle sorte qu’il est parcouru par le frotteur 6, quand les frotteurs de réception se trouvent au milieu du secteur du poste suivant. A ce moment, le courant de la pile locale, qui communique avec la 70 rangée, est amené par les frotteurs 6 et 7 aux 5 armatures et.distribué par celles d’entre elles qui ont été amenées sur leurs butoirs de travail par des émissions positives aux circuits des électroaimants des organes imprimeurs.
- Les butoirs de travail sont pour cela isolés du massif métallique et reliés respectivement aux élec-
- tro-aimants de même ordre du récepteur du poste considéré (fïg. 18).
- Les contacts de la 6° rangée, destinés à ce rôle, s’appellent contacts des relais. Nous avons indiqué déjà comment s’opère le rappel des armatures des relais, au moyen du frotteur 4 bis et du courant produit par une pile locale négative et amené dans le distributeur par la 90 rangée. Ce rappel a lieu un peu avant le passage des frotteurs de réception 3 et 4, de telle sorte que les émissions de ligne et les courants locaux positifs de l’impression en local trouvent toujours les armatures à leurs positions de repos. Cette mesure de précaution ne serait pas indispensable à l’égard des émissions venant de la ligne : elle s’impose dans l’opération de l’impression en local.
- Après le passage des frotteurs de réception dans un secteur, les relais ont conservé, par les positions diverses de leurs armatures, le souvenir de la combinaison reçue et, par suite, du caractère que l’on a eu en vue au poste expéditeur. L’envoi du courant local dans les relais, quelques instants après, a eu pour effet de transmettre la combinaison aux électro-aimants du récepteur correspondant.
- Le frotteur 4 bis remettra toutes les armatures au repos un peu avant l’arrivée de la combinaison suivante.
- Dans le prochain article, nous étudierons les organes récepteurs et imprimeurs et leurs accessoires.
- (A suivre.) J. P.
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- APPAREILS DE TINTEMENT
- DANS LES CLOCHERS
- POUR ANNONCER LES INCENDIES
- Système suédois de M. Ericson.
- Dans plusieurs articles insérés à différentes époques dans ce journal, nous avons fait connaître les divers systèmes combinés pour prévenir les postes de pompiers d’une ville d’un commencement d’incendie, et nous avons vu que ces systèmes avaient mis à contribution dans une large mesure les moyens électriques. Ces moyens, en général, sont ceux usités en télégraphie et par conséquent ne peuvent être appliqués que dans les villes où il y a des postes de pompiers ou de police qui peuvent disposer d’un personnel toujours prêt à marcher et d’un matériel de secours suffisant; mais dans le plus grand nombre de villes, cette organi-
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- sation n’existe pas. Les pompiers restent à leur domicile pendant la nuit, et pour les rassembler il faut un temps toujours très long. Le moyen qui a paru le plus propre à hâter l’arrivée des secours dans ce cas, a été de mettre en branle d’une certaine manière les cloches des principales églises ou des beffrois des hôtels de ville, et de sonner ce que l’on appelle le tocsin. Mais avant que ce signal de feu soit produit, il faut toujours un temps plus ou moins long pendant lequel l’incendie peut prendre de grandes proportions et on a pensé' dans certains pays, notamment en Suède, que si on pouvait produire électriquement ces alarmes de feu, bien des désastres pourraient être évités. Mais comment mettre en branle électriquement des cloches assez fortes pour être entendues dans toute une ville?
- Tel était le problème très difficile à résoudre, et M. Eric-son semble y être parvenu dans l’appareil d alarme qu’il avait exposé dans la section suédoise au bout de la grande nef du palais de l’Exposition, près de la porte de sortie. C’est lui que nous représentons dans la figure qui accompagne cet article. Il était renfermé dans un petit kiosque élégant en bois de sapin, rappelant les constructions norvégiennes et qui était séparé du commutateur appelé à le faire agir, par toute la longueur des sections suédoise, italienne et suisse. Voici comment M. Nys-trôm, commissaire de la section suédoise, rend
- SONNERIE 1)2 CLOCHER POUR AVERTISSEMENTS D INCENDIE
- compte de ce système dans le petit opuscule qu’il a publié sur l’Exposition de ce pays.
- 1 « En Suède, il n’y a guère que les principales villes du pays dont les maisons soient édifiées en pierre (brique); aussi le mode de construction y présente-t-il contre l’incendie une sécurité que l’on
- peut même appeler exceptionnelle dans nos deux plus grandes villes, Stockholm et Gotcborg. Non seulement les maisons, mais encore les escaliers même doivent être en pierre ou tout au moins en fer. En outre, il est prescrit, pour plus de sûreté, que les greniers et les combles soient isolés des étages proprement dits par,, des planchers dits d'incendie, en briques, formant en même temps le plancher des greniers.
- « Les autres villes offrent, par contre, des dangers d’autant plus grands au point de vue du feu. La plupart ne contiennent pour ainsi dire pas un seul édifice en pierre. Les maisons en bois, alignées, pignon contre pignon, bordent des rues généralement étroites. Le danger du feu redouble encore, principalement dans les villes les plus septentrionales, parla circonstance que les toits sont presque exclusivement en bardeau. En été, surtout, après - une chaleur et une sécheresse de longue durée, l'inflammabilité de ces maisons est très grande, et si, au moment où un incendie éclate, les mesures d'extinction ne sont pas prises immédiatement, le sinistre a le temps de prendre des
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- proportions telles que, plus tard, il devient à peu près impossible de s’en rendre maître.
- « Il a cependant été fait beaucoup dans ces villes, pendant ces dernières années, pour l’amélioration du service d’incendie. Chaque homme valide, de l’âge de dix-huit à cinquante-cinq ans, a l’obligation de servir dans le corps des pompiers. On trouve ainsi, dans les villes ayant par exemple de io ooo à i5ooo habitants, des corps de pompiers de i ooo à i 600 hommes, avec un chiffre proportionnel dans les petites agglomérations urbaines. Des inspecteurs spéciaux veillent à ce que les engins d’extinction, dont le nombre dépend en général de l’effectif pouvant les servir, soient continuellement dans le meilleur état. Des conduites d’eau puissantes ont été établies dans un grand nombre de villes, et plusieurs d’entre elles possèdent dès maintenant des pompes à vapeur. La législation concernant les constructions et le service d’incendie a aussi subi pendant la même période, surtout pour ce qui concerne les constructions nouvelles, des modifications notables, avec des dispositions plus sévères, surtout au point de vue de la police du feu.
- « Ce qu’il y a toutefois de plus important dans les alertes d’incendie, c’est de parvenir à amener rapidement le secours, sans quoi tous les efforts faits en vue de maîtriser le feu ne sont que trop souvent inutiles. Dans presque toutes les villes doxit il est ici question, et qui sont trop insignifiantes pour avoir des corps de pompiers casernés, le signal d’alarme est donné par le tintement de l’une des cloches de l’église. Il s’agit donc de rendre ce tintement aussi prompt que possible. Le meilleur moyen d’y parvenir est naturellement l’emploi de l’électricité et d’un télégraphe d’alarme, agencé de façon que l’on puisse mettre la cloche en branle depuis un coin dé rue quelconque, où le fil de communication entre dans la boîte d’alarme.
- « L’appareil même de tintement a été construit par M. Ericson en vue de répondre au but indiqué plus haut. La donnée principale était que l’appareil présentât une construction solide et sûre dans chaT cune de ses parties constituantes, et qu’il opérât de la même façon et avec le même effet que quand la cloche est sonnée à la main. Chaque fermeture de courant ne devait être suivie que d'un seul coup sur la cloche, et il fallait parvenir à réaliser la plus grande modicité de prix compatible avec la solidité et le bon fonctionnement de l’appareil.
- « Le coup de battant le plus convenable pour faire tinter une cloche ne peut être obtenu avec l’intensité désirable par la seule combinaison de la masse du battant et de la vitesse. Si le battant est trop léger, il est impossible de compenser ce désavantage en donnant au battant une impulsion plus rapide. Une balle de fusil tirée contre une cloche d’église ne produira pas un son pareil à celui que donne un coup de battant ordinaire. La masse du
- battant doit nécessairemem s’appliquer à une certaine force d’inertie.
- « Le constructeur a toutefois réparti de telle sorte le poids nécessaire au marteau, que ce poids s’équilibre lui-même en majeure partie, et que, par suite, il n’est pas besoin d’une force bien grande pour actionner le battant. Le mouvement de celuLci est un mouvement de va-et-vient. Le mouvement du côté de la cloche, lequel présuppose une plus grande force initiale, est alors aussi plus lent; vers la fin, la vitesse ne continue que par suite de la force d’inertie du battant. Cette force, qui doit être surmontée pour renverser le sens du mouvement, est ainsi mise à contribution pour le coup à donner, absolument comme quand on sonne à la main. Dès que le marteau est revenu au repos, sa force d’inertie lui est enlevée par un coussin ou tampon élastique. Grâce à ce procédé, l’appareil, avec sa grande masse mise en mouvement, travaille d’une façon égale et régulière, sans chocs ni ressauts violents, et cela quoiqu’il n’ait point de mouvement d’horlogerie avec régulateur. On a obtenu de lai sorte le double avantage d’un prix sensiblement plus modéré et d’une fragilité moins grande.
- « L’appareil offre un autre avantage en ceci, qu’il ne donne qu’un seul coup sur la cloche à chaque fermeture du courant. Si, par conséquent, on tient dans la boîte d’alarme le bouton pressé pendant un temps quelconque, il ne provoquera néanmoins qu’un seul coup sur la cloche, et le mauvais plaisant qui voudrait donner une fausse alerte, ne pourra, par suite, donner qu’un seul coup de cloche, à moins de rester près de la boîte- assez longtemps pour que le marteau puisse frapper plusieurs coups. Si l’on opère plusieurs pressions sur le bouton transmetteur pendant que le marteau se trouve en mouvement, il n’en résulte néanmoins qu’un seul coup de cloche.
- « L’appareil peut aussi facilement servir à l’ouverture des volets du clocher au premier coup d’alarme. Exposé et soumis à des expériences au congrès général des chefs de service des incendies à Upsala l’année dernière, il y a été l’objet d’un rapport des plus avantageux de la part d’une commission nommée spécialement pour son examen.
- « Le prix de l’appareil, à Stockholm, est de 900 fr.
- « La cloche (de la fabrique de M. Crouzet-Hil-debrand, à Paris) à laquelle l’appareil a été appliqué pendant l’Exposition, était trop petite par rapport au mécanisme de tintement, ce qui en a rendu l’effet moins important que si la cloche avait été d’une grandeur proportionnelle au marteau.
- c II existe déjà des boîtes d’alarme télégraphiques dans les villes de Stockholm, Goteborg, Norrko-ping, Œrebro, Upsala et Sundsvall. Les deux premières de ces villes possèdent des corps de pompiers casernés, et n’ont par suite pas besoin des
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- signaux de cloche de l’espèce en question. Norr-koping entretient une petite garde pour le feu, ainsi qu’un corps d’élite soldé, qui cependant n’est pas caserné, mais il y existe en outre un grand corps de réserve, dont lés services sont mis à réquisition par le son de la cloche, ce qui n’arrive toutefois que dans des cas très rares et d’une gravité exceptionnelle. A Œrebro, le guet ou garde de la tour du clocher reçoit le signal d’alarme directement par le télégraphe, en même temps que la garde du poste de police. A Upsala, le signal d’alarme ne va qu’au poste de police, d’où le guet de la tour est prévenu également par le télégraphe. Sundsvall possède un système d’avertissement direct par les cloches, qui agit à la. fois au clocher de l’église et au beffroi de l’hôtel de ville, au moyen du signal parti d’une boîte d’alarme, lequel avertit en outre le poste de police.
- « Des stations ou postes de police partent des communications directes allant chez le chef du corps des pompiers, chez celui du service de la distribution des eaux et chez plusieurs autres personnes intéressées, qui reçoivent ainsi l’avis d’une alerte presqu’en même temps que la cloche donne les premiers signaux. On accorde en général une préférence décidée au système périphérique pour les communications extérieures.
- « En outre de la cloche d’alarme dont nous venons de parler, M. Ericson avait encore exposé un avertisseur d’incendies pour poste de police, appareil établi pour fonctionner conjointement avec le télégraphe et sous l’influence de signaux transmis par l’intermédiaire de boîtes d’alarme. Le premier signal produit au poste de police, par l’action d’un déclanchement, la fermeture permanente d’une pile locale qui met en mouvement une sonnerie bruyante dont le son se prolonge jusqu’à ce que l’on ouvre la porte de l’armoire dans laquelle sont placés les appareils télégraphiques, et ce n’est que quand cette porte est ouverte, que le circuit se trouve interrompu. Alors le signal se continue à partir du poste de police, avertissant à la fois, au moyen d’un signal électrique, le chef du service des, incendies, ceux du service de la distribution des eaux, de la pompe à vapeur, etc.
- « Des arrangements spéciaux ont en outre été pris pour qu’on puisse, à un moment quelconque, vérifier les communications tant extérieures qu’intérieures. Cette vérification est si simple, qu’elle peut être exécutée par le premier venu du personnel de la police.
- « Quant aux boîtes d’alarme, elles sont en fonte, et ressemblent un peu à celles déjà en usage dans certains pays. L’une de leurs parois (la paroi antérieure) est en verre, et chacun a le droit de la briser pour donner l’alarme en cas d’incendie. Il en résulte que l’appareil à signaux installé dans la boîte ne peut se déranger par suite du déjettement des par-
- ties portant cet appareil,-comme lorsque les appareils en question sont .en bois. En outre, l’appareil est arrangé de manière à rendre facile la sortie et la remise en place des différentes pièces constituantes. Les fils formant la communication depuis la ligne jusqu’à la terre, sont protégés contre les chocs extérieurs par une enveloppe tubulaire en fer. Comme il a été dit plus haut, le système télégraphique en question peut être arrangé pour faire sonner directement la cloche depuis la boîte d’alarme, et donner en même temps un signal au poste de police. Chaque fois que l’on presse sur le bouton à signaux, l’appareil de tintement frappe un coup sur la cloche de l’église jusqu’à ce que l’on ait ouvert au poste de police la porte de l’armoire contenant les dispositifs télégraphiques, après quoi le tintement est continué à partir du poste. Les boîtes d’alarme sont fixées aux parois .extérieures des maisons situées en face des réverbères, et à côté de chaque boîte est une affiche imprimée contenant les instructions nécessaires pour donner l’alarme en cas de feu observé dans les quartiers voisins.
- « Les télégraphes d’incendie, commandant directement le jeu des cloches, paraissent être moins exposés aux fausses alertes dues à la malveillance et à la bêtise, que les télégraphes ne donnant de signaux qu’à un poste de police ou de pompiers. La raison en est, sans nul doute, que dans le premier cas, les méfaits ne peuvent avoir lieu sans éveiller aussitôt l’attention publique, et, par suite, celle des personnes habitant dans le voisinage de la boîte d’où est parti le faux signal. *
- C.-A. Nystrôm.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- APPAREILS
- DE
- MESURES ÉLECTRIQUES
- A L’EXPOSITION DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE
- DE TÉLÉGRAPHIE
- Dans un récent article (tome VI, p. 36), on a décrit l’installation d’un certain nombre de ces appareils, en laissant de côté les détails sur ceux qui étaient nouveaux, soit dans le fond, soit dans la forme.
- Nous allons y revenir aujourd’hui pour les décrire complètement. Ils comprennent un rechargeur et une jauge électriques marqués v et J sur la fig. de la page 37.
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- Et d’abord le rechargeur, destiné à maintenir à un potentiel constant la jauge et un électromètre à quadrants.
- RE CHARGEUR ET MACHINE ÉLECTROSTATIQUE MIXTE DE M. IIUMBLOT
- Tout le monde connaît le rechargeur (reple-nisher) de M. W. Thomson, petite machine électrostatique d’induction enfermée en général à l’intérieur de ses électromètres absolus ou à quadrants dans une atmosphère constamment sèche nécessaire à son fonctionnement, qui sert à maintenir constant le potentiel de l’aiguille ou d’un plateau de l’é-lectromètre; et qui est toujours joint, à l’intérieur de ces appareils,. à une jauge servant à constater la constance du potentiel.
- Cette disposition présente deux inconvénients : i° elle complique singulièrement la construction des électromètres, de façon à mettre les expérimentateurs dans l’impossibilité de les réparer, de les régler de nouveau quand ils se dérangent; 2° elle oblige les observateurs à quitter de temps en temps les appareils d’expérience pour venir mettre l’œil à la loupe r
- de la jauge, afin de
- constater si le potentiel reste constant et de mettre, en mouvement le recharger s’il y a lieu.
- Aussi dans certains ' électromètres simplifiés, comme celui de M. Mascart, on a pris le parti de supprimer la jauge et de charger l’aiguille à un potentiel constant à l’aide d’une pile formée d’un grand nombre de petits éléments de Smée ou de Daniell. Mais alors on a l’embarras de l’entretien d’une pile, et l’on ne peut constater à ehaque-instant l’état électrique de l’aiguille de l’électromètre.
- Pour éviter les inconvénients et conserver les avantages des rechargeurs et de la jauge, j’ai cherché à mettre d’une manière continue les indications de la jauge sous les yeux de l’observateur et à mettre le rechargeur à portée de sa main : en même temps je me suis préoccupé devoir s’il ne serait pas possible de faire un rechargeur plus énergique que
- celui de M. W. Thomson. J’ai pu l’obtenir en faisant modifier par l’auteur lui-même une petite machine de M. Humblot qu’on a pu voir dans l’Exposition de l’Ecole supérieure de télégraphie et qui, d’ailleurs, imaginée et construite dès 1870, se vend depuis ce temps dans le commerce comme jouet scientifique à l’usage des enfants.
- Voici d’abord la description de cette machine, représentée dans la figure 1.
- P est un plateau formé de 2 disques d’ébonite mince collés l’un contre l’autre après qu’on a appliqué sur l’un d’eux une série de petits secteurs
- en clinquant au nombre de 20 ou 24 : chacun de ces secteurs ainsi enfermés entre les 2 lames isolantes et invisibles sur la figure porte un petit appendice a, a, a..., qui vient affleurer à la surface.
- Le plateau est mobile, à l’aide d’une manivelle N, autour d’un axe horizontal : cet axe traverse les 2 montants en bois qui supportent l’appareil en le fixant à un tube rectangulaire, et il communique avec un tube de terre épais transversal terminé par des boules B et T : ce tube est d’ailleurs armé intérieurement et extérieurement de lames métalliques de façon à constituer une 1 bouteille de Leyde. Les
- boules B qui font partie de l’une des armatures de la bouteille portent des ressorts de fil de cuivre en spirale C, C, qui viennent s’appuyer contre le plateau sur la circonférence qui contient tous les appendices a.
- D’autre part la seconde' armature du tube-condensateur communique avec des frottoirs F disposés comme dans les machines électriques ordinaires de Ramsden. Une tige mobile E en communication avec les frottoirs sert à faire jaillir les étincelles renforcées par la condensation entre elle et les boules B. On peut les renforcer encore, en réunissant l’une des tiges T fixées à la boule B, avec la tige T située au bas du montant reliée aux frottoirs, par l’intermédiaire de tubes à crochet armés comme de petites bouteilles de Leyde. On peut aussi, à l’aide d’un ressort I, rompre le circuit métallique qui joint les frottoirs à l’armature du tube conden-
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- sateur et obtenir en ce point des étincelles d’une nature différente de celles qu’on obtient à l’aide de la tige E.
- La théorie de l’instrument est évidemment complexe. Il ressemble d’une part aux accumulateurs de Warley et d’autre part c’est une machine à frottement.
- Il est certain que le frottement électrise directement la surface du plateau P ; mais en même temps, soit par polarisation des molécules du diélectrique, soit par induction à distance, soit par les deux causes réunies, les secteurs métalliques intérieurs- sont électrisés, et viennent, par suite de la rotation du plateau, déposer successivement leur charge sur le ressort collecteur C et par suite charger l’une des armatures du tube-condensateur B pendant que l’électricité contraire des frottoirs charge l’autre armature. On a donc là une machine mixte où les effets du frottement, de l’induction et très probablement de la polarisation des diélectriques se trouvent réunis.
- Le principal avantage de cette disposition aussi simple qu’ingénieusé réside sans doute dans ce fait que les secteurs électrisés se trouvent isolés pendant le temps qu’ils mettent à passer des frottoirs aux collecteurs C et y déposent par suite à peu près toute l’électricité qu’ils ont reçue.
- Il est certain en tout cas que, à égalité de surface et de vitesse, ces petites machines donnent de meilleurs résultats que toutes les autres.
- En second lieu, et c’est là un point important que je tiens à faire ressortir, cette machine, pourvu qu’elle soit propre (il suffit de l’essuyer de temps en temps avec un chiffon imbibé d’un peu de pétrole) fonctionne immédiatement, sans qu’on ait besoin de la chauffer, préalablement, par tous les temps : avantage précieux dans la pratique.
- C’est précisément cette propriété qui m’a fait songer à l’utiliser pour en faire un rechargeur, en diminuant encore beaucoup plus ses dimensions, et en la disposant de manière à pouvoir charger ou décharger à volonté un conducteur mis en relation avec elle.
- Il fallait, à cet effet, simplifier beaucoup la machine, qui n’était plus destinée alors à donner de grandes quantités d’électricité dans un temps donné, mais plutôt à en donner de très petites quantités au potentiel relativement élevé que donnent les machines à frottement. Il fallait en outre rendre la machine en quelque sorte réversible, comme le replenisher de M. W. Thomson, c’est-à-dire capable, suivant le sens de la rotation du plateau, d’augmenter ou de diminuer le potentiel sur un conducteur en communication métallique avec elle.
- Le problème ainsi posé à M. Humblot avec des indications suffisantes a été résolu par lui très simplement, de la manière suivante :
- La figure représente un plateau P sem-
- blable à celui de la machine précédente réduit à quelques centimètres de diamètre( 5 à 6 centimètres), mobile à l’aide d’un bouton v représenté sur la fig. de la page 37 ; / représente l’un des secteurs intérieurs dont l’appendice a aboutit cette fois sur la circonférence extérieure du plateau P. Enc se trouve un ressort collecteur qu’on relie au conducteur qu’il s’agit de porter et de maintenir à un certain potentiel.
- Les frottoirs sont représentés en F ; ils ont la forme d'un V renversé. A90° des frottoirs un ressort r est en contact avec la circonférence du plateau.
- La petite machine est ainsi dissymétrique, et l’on voit sans peine que, suivant le sens de la rotation,
- l’effet produit sur le conducteur relié à c sera différent : il sera chargé si la rotation s’effectue en sens inverse des aiguilles d’une montre et déchargé peu à peu par une rotation de sens contraire. En effet, dans le premier cas, chaque secteur l électrisé à son passage sous lés frottoirs viendra déposer sa charge sur le collecteur c ; dans le second cas, le secteur électrisé par le frottoir viendra d'abord au contact du ressort r se décharger, 'arrivera au collecteur à l’état neutre ou à peu près, se chargera à son contact, en retirant par suite au conducteur en communication avec lui un peu de)sa charge qui sera neutralisée ensuite au contact du ressort r.
- L’expérience prouve qu’effectivement l’instrument produit sur un électromètre le même effet quelle replenisher de M. W. Thomson, et qu’ilsuffit d’une petite fraction de tour du plateau pour maintenir de temps en temps la charge que l’on veut.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Je montrerai dans un prochain article comment on peut disposer pratiquement l’instrument en l’adjoignant à une jauge modifiée.
- E. Mercadier.
- A PROPOS DE L’ÉCLAIRAGE
- DU SAVOY-THEATRE
- On connaît l’essai qui vient d’être fait à Londres. Un théâtre tout entier a été éclairé à la lumière électrique; M. d’Oyly Carte, directeur du Savoy-Theatre, salle de création nouvelle, a voulu exclure complètement le gaz de son établissement et l’a remplacé entièrement par des lampes Swan. Question de dépense à part, en mettant de côté l’effet assez fatigant pour .les yeux produit par la multiplicité des petits foyers, on devait penser à priori qu’au point de vue de la.lumière produite et de la facilité des manœuvres de scène, l’effet obtenu serait satisfaisant.
- Les premières relations que nous ont envoyées les journaux de Londres parlaient en effet avec enthousiasme de la nouvelle installation. L’intensité de l’éclairage était amplement suffisante, la température n’était pas élevée , outre mesure par la chaleur des foyers comme cela a lieu avec le gaz, et tous les effets de scène pouvaient être facilement exécutés. Le directeur avait même mis un soin tout paternel à venir, entre deux actes, démontrer au public que les nouvelles lampes n’offraient aucun danger d’incendie. Prenant une lampe au hasard dans la rampe, il l’avait enveloppée d’un morceau de mousseline et au travers du tissu l’avait brisée d’un coup de marteau ; la lampe s’était éteinte instantanément et la mousseline n’avait pas été noircie.
- Il faut dire que, dans cette expérience démonstrative, le hasard, qui fait souvent si bien les choses, s’était montré complaisant. Il est clair que le coup de marteau en brisant la lampe avait brisé aussi le filament de carbone, de là interruption du courant et, partant, de toute incandescence et impossibilité d’enflammer le tissu. Si le verre seul eût été brisé, le charbon fût resté incandescent pendant un certain temps, celui qu’il met à brûler dans- l’air. Ce temps très court, une ou deux minutes environ, eût suffi, évidemment, pour communiquer le feu à la mousseline ou tout au moins la roussir. Nous ne voulons pas dire pourtant par là que les lampes à incandescence soient un danger d’incendie, mais seulement que l’expérience de M. d’Oyly Carte, quand on y réfléchit, ne prouve rien. Quoi qu’il en soit, elle n’en a pas moins contribué à chauffer le public et à entretenir l’enthousiasme.
- Aux éloges de la première heure, ont succédé cependant des appréciations moins favorables, et dans son avant-dernier numéro, le Télégraphie Journal publie des réflexions, reproduites en partie dans les faits divers de ce jour et dans lesquelles il exprime son opinion que l’essai fait à Savoy-Theatre est décevant. Suivant lui, l’intensité des lampes serait trop faible, une grande partie d’entre elles s’éteindraient pendant la soirée et l’éclairage serait, en un mot, insuffisant.
- Entre ces deux opinions contradictoires, on se demande ce que l’on doit penser; pour nous, nous croyons qu’il y a à prendre et à laisser. La question de dépense doit étire, jusqu’à nouvel ordre, laissée de côté faute de renseignements précis ; et avec les petits foyers à incandescence, il ne faut guère viser à des effets décoratifs; mais, d’autre part, la fixité de ces lampes et la facilité avec laquelle elles se prêtent aux manœuvres théâtrales sont un argument en leur faveur. Si on ne regarde donc pas à la dépense .et qu’on ne considère que l’éclairage même et l’application spéciale en question, il y a intérêt à amener l’installation à un bon fonctionnement. Les lampes Swan ont un filament de charbon très faible, et c’est de là sans doute que viennent les extinctions signalées par la Télé graphie-journal. D’autre part, la distribution du courant entre les lampes à Savoy-Theatre semble mal faite; ce qu’il faut donc, c’est chercher à remédier à ces deux défauts capitaux en modifiant à la fois la construction des lampes et leur installation, et nous arrivons là à une conclusion peu différente de celle du Télé graphie-journal, qui voudrait voir faire des essais avec d’autres systèmes analogues.
- Dans le cas où les avantages que peuvent présenter, pour les applications théâtrales, les lampes à incandescence feraient passer sur leurs inconvénients, et notamment sur la grande dépense de force qu’elles exigent, il faudra alors leur donner une disposition aussi avantageuse que possible au point de vue décoratif.
- Nous avons déjà exprimé notre opinion 'sur ce dernier point. Selon nous les foyers à incandescence sont trop réduits à des points pour donner lieu à des dispositions bien agréables à l’œil, mais ce n’est pas une raison pour ne pas chercher quel arrangement produira le meilleur effet.
- L’éclairage de la salle du Congrès à l’Exposition internationale d’électricité a bien montré que l’on ne doit pas avoir recours à des guirlandes de lampes analogues à celles employées dans cette salle. Les petits lustres en forme de couronne étaient d’un effet aussi fâcheux.
- Pour un théâtre, un lustre placé un peu haut conviendra bien et on devra lui ajouter pour l’éclairage de la salle, non pas des rampes uniformes, mais de petits groupes de lampes espacés sous forme d’appliques le long des galeries. Comme
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- lustre, celui qui figurait à l’Exposition dans la salle de M. Swan était très bien compris. Beaucoup plus léger que celui de M. Edison, il est bien disposé pour répandre la lumière de tous côtés. Nous le reproduisons dans la figure ci-contre pour compléter la série de dessins donnés jusqu’à présent sur les différentes dispositions des lampes à incandescence.
- Pour les appliques, on devra éviter la disposition en couronne dont nous parlions plus haut et l’arrangement adopté aujourd’hui pour les becs de gaz sera sans doute le meilleur. On pourra même entourer les lampes ou les groupes de lampes de globes en verre légèrement dépoli, mais il ne faudra pas abuser de ce moyen, car il est bon dans un théâtre que l’éclairage présente quelques centres brillants, ne serait-ce que pour faire mieux valoir les diamants des dames.
- C’est là sans doute un des côtés de la question, mais les directeurs qui doivent songer à captiver le public par tous les moyens possibles, ne le trouveront peut-être pas sans importance.
- Pour l’éclairage de la scène, une rampe de lampes à incandescence, disposée à peu de chose près comme les rampes actuelles à gaz, devra remplacer celles-ci avec avantage, et il en sera de même pour les herses et les lampes de portants. On devra, pour
- ces deux dernières applications, ajouter aux lampes des réflecteurs convenablement disposés.
- Pour ce qui est maintenant des effets de scène, les petites lampes à incandescence ne pourront plus
- être employées; on devra, comme aujourd’hui, se servir pour ces effets de grands foyers. Les effets lunaires devront être obtenus à l’aide de lampes à lumière blanche, comme celle que donne le régulateur Duboscq. Pour les effets de lumière chaude, les effets de soleil, par exemple, une lumière un peu moins bleue sera plus favorable. La lampe-soleil se prêtera bien à cette application, et nous avons vu dernièrement un modèle de cette lampe qui, tenu à la main, peut fonctionner pendant un temps suffisant, et peut être alimenté par des courants continus. Ce modèle serait fort applicable à ces effets de scène.
- En somme, la question de l’éclairage des théâtres par les lampes à incandescence est loin d’être vidée ; pour les petites salles surtout, cet éclairage pourra être pratique, et le demi-succès de M. d’Oyly Carte ne doit qu’encourager les autres directeurs à suivre son exemple et à entrer dans la voie des essais.
- C.-C. Soulages.
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- RECHERCHES
- SUR LA
- LA TORSION, LA FLEXION
- ET LE MAGNÉTISME PAR M. G. WIEDEMANN
- 3° article. (Voir les numéros des 14 et 21 janvier.)
- VI. Comparaison des résultats et esquisse d'une théorie.
- En comparant les résultats obtenus pour la torsion des fils et la flexion des verges à ceux qu’a donnés l’aimantation des barres d’acier, et en comparant de même l’influence de la torsion sur le magnétisme des barres à l’influence de l’aimantation sur la torsion des fils de fer, il est aisé de voir que, dans les différents cas, les phénomènes correspondent presque identiquement les uns aux autres dé manière que l’on peut presque toujours échanger les mots « torsion » et « magnétisme. »
- Cette analogie pourrait faire croire que l’aimantation ne consiste que dans une torsion des barres de fer. Cependant une telle torsion ne s’observe pas, lors de l’aimantation des fils de fer non tordus, et en outre les phénomènes de la flexion sont analogues à ceux de la torsion sous beaucoup de rapports.
- Toutefois cette analogie peut nous conduire à penser que l’aimantation des métaux magnétiques est accompagnée d’un mouvement mécanique de leurs molécules entièrement analogue aiix mouvements des molécules produits dans les corps par des forces purement mécaniques, par exemple par des forces tordantes, fléchissantes, etc.
- Nous admettons que les métaux magnétiques sont composés de molécules qui ont une polarité magnétique. Nous ne voulons rien préciser quant à la cause même de cette polarité, qu’elle provienne de la séparation des fluides magnétiques, des vibrations d’un milieu entourant les molécules, ou mieux encore de l’existence de courants élémentaires.
- Un corps ainsi constitué n’aura pas, en général, de magnétisme libre, parce que les axes magnétiques des molécules seront dirigés dans tous les sens et maintenus dans leurs positions respectives par les forces moléculaires, mais une force magnétique extérieure, telle qu’une hélice où passe un courant, leur donnera une direction générale.
- En poursuivant cette hypothèse, M. Weber a réussi à expliquer théoriquement l’accroissement du magnétisme d’une barre de fer soumise à l’influence d’une hélice aimantante jusqu’à un maximum.
- Nous supposerons en outre que les molécules,
- clans leur mouvement, éprouvent une certaine résistance qui les empêche de suivre complètement l’influence des forces qui agissent sur elles. Cette résistance empêchera par exemple les molécules de suivre complètement les forces qui tendent à les faire glisser les unes sur les autres, et à donner à leurs centres des nouvelles-positions relatives, comme les forces tordantes ou fléchissantes. Elle empêchera également les molécules, après que ces forces ont cessé d’agir, de revenir complètement à leurs positions primitives. Les corps tordus ou fléchis garderont ainsi une torsion ou une flexion permanente. Cette résistance interviendra aussi lorsque, par. une force magnétisante, les molécules des métaux magnétiques se tournent autour de leurs centres, et lorsqu’après l’interruption de cette force les molécules tendent à revenir à leur première position. Ainsi, une barre de fer ou d’acier ne prendra pas complètement le magnétisme temporaire qu’elle devrait acquérir sous l’influence d’un courant aimantant, et elle gardera un magnétisme plus ou moins grand après l’interruption du courant. Dans le fer doux, la résistance au mouvement sera petite- : il prendra beaucoup de magnétisme temporaire et ne gardera que peu de magnétisme permanent; dans l’acier, au contraire, la résistance sera grande ; il ne prendra qu’un magnétisme temporaire plus faible, mais il gardera beaucoup de magnétisme permanent.
- Il ne résulte pas de cette hypothèse que les corps qui, sous l’action d’une force donnée, éprouvent une flexion ou une torsion temporaire considérable, doivent garder par cela même une flexion ou une torsion permanente très faible. En effet, l’aimantation n’est accompagnée que d’une rotation des molécules autour de leurs centres qui gardent leurs positions relatives. La torsion et la flexion, au contraire, produisent un changement dans les positions et en même temps dans les distances des molécules. Ainsi, la grandeur de la flexion et de la torsion dépendra de la loi de variation de l’attraction moléculaire avec la distance, variation qui doit différer suivant les corps.
- Maintenant, comme cette résistance au mouvement doit agir d’une manière analogue sur le changement de position relative des centres de gravité des molécules et sur la rotation des molécules autour de leur centre même, les phénomènes de la torsion et de la flexion et ceux du magnétisme doivent suivre des lois analogues. Cependantl’on pourra bien observer quelques différences qui s’expliquent déjà a priori par nos hypothèses.
- La force qui tord un fil est toujours dirigée, dans nos expériences, dans le sens de la tangente de sa section transversale, tandis qu’une force aimantante, agissant dans la direction de l’axe d’une barre, sera d’autant moins inclinée sur les axes magnétiques de ses molécules que ceux-ci seront
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- plus près d’être parallèles à l’axe même de la barre. Ainsi, le magnétisme d’une barre s’accroîtra plus lentement que la force aimantante et plus lentement aussi que la torsion d’un fil avec la force tordante. Le magnétisme de la barre sera parvenu au maximum, si les axes des molécules sont tous parallèles à l’axe de la barre, tandis que la torsion du fil peut s’accroître jusqu’à l’infini ou jusqu’à la rupture du fil. Une différence du même genre s’observe pour la désaimantation et la détorsion, et s’explique de la même manière. Des torsions (ou flexions) et des détorsions réitérées, ainsi que des aimantations et 'des désaimantations réitérées rendent les molécules des corps plus mobiles qu’auparavant; elles suivront mieux les forces que la première fois. La proportionnalité des angles de torsion aux forces tordantes, l’accroissement régulier du magnétisme jusqu’à un certain maximum, seront mieux caractérisés qu’à la première torsion (flexion) ou aimantation.
- De'la même manière, les autres phénomènes de la torsion (flexion) et de l’aimantation doivent se correspondre. Des secousses rendent les molécules des corps plus mobiles; elles suivent mieux les forces agissantes qu’auparavant. Des secousses augmentent donc la torsion (flexion) et le magnétisme temporaire, et diminuent la torsion et le magnétisme permanent. Les changements de température semblent agir de deux manières. En premier lieu, ils ont un effet permanent analogue à celui des secousses. Chaque changement de température, soit échauffement, soit refroidissement, produit une diminution persistante de la torsion et du magnétisme permanent. Cet effet n’a pas lieu si l’on a produit la diminution persistante par des forces mécaniques, par exemple par des secousses. En second lieu, les changements de température ont un effet temporaire. L’échauffement rend temporairement les molécules des corps plus mobiles, et leur permet de suivre les forces qui les affectent, il diminue le magnétisme et la torsion permanente ; le refroidissement remet les molécules dans les positions qu’elles avaient avant réchauffement; les corps reprennent leur magnétisme et leur torsion.
- La torsion d’une barre qui a reçu un magnétisme permanent a d’abord le même effet persistant que les secousses; elle rend les molécules plus mobiles ; le magnétisme se diminue. Indépendamment de ces effets, les torsions ont une influence passagère sur le magnétisme. Par l’aimantation, les axes magnétiques des molécules ont une certaine inclinaison sur l’axe de la barre. Par l’effet de la torsion, l’angle est augmenté et le magnétisme diminue. Si dans un métal, comme dans le fer, les axes des molécules suivent facilement la torsion, cette diminution sera forte; s’ils persistent malgré la torsion presque complètement dans leur direction comme dans l’acier, la diminution sera petite.
- Là détorsion replace les molécules plus ou moins dans leur position, et le magnétisme de la barre est rétabli. Cependant il peut arriver, comme dans l’acier, que les axes des molécules, qui n’ont été que peu inclinés par la torsion, n’ont pas besoin de la détorsion complète de la barre pour reprendre leur position initiale. La barre reprend alors son magnétisme primitif, lorsqu’elle n’est pas encore entièrement détordue. La détorsion complète, en produisant une inclinaison des axes des molécules dans l’autre sens, diminue de nouveau le magnétisme. De la même manière, l’on peut expliquer les phénomènes qui s’observent à la torsion d’une barre qui est encore sous l’influence du courant aimantant, d’une barre qui a été aimantée pendant qu’elle est tordue, et qui ensuite est détordue, etc.
- Les limites que comporte cet extrait ne nous permettent pas d’aller plus loin dans l’explication de ces phénomènes, quelquefois assez compliqués, et qui offrent souvent la propriété que M. Wer-theim a désignée sous le nom de la rotation du maximum de magnétisme, et nous prierons le lecteur que ce sujet intéresse de recourir au mémoire original où nous nous sommes efforcés de démontrer qu’avec notre hypothèse bien simple l’on peut se former une idée assez nette des mouvements moléculaires qui ont lieu dans la torsion d’une barre aimantée.
- Les courants induits que M. Matteucci a observés en tordant une barre de fer placée dans l’axe d’une hélice aimantante, et dont on a attaché les deux bouts aux bouts du fil d’un galvanomètre, ont été expliqués par M. Matteucci lui-même, en admettant que la barre se compose de fibres magnétiques, comme d’un faisceau de fils magnétiques qui sont inclinés par la torsion sur l’axe de la barre. En ayant égard aux autres phénomènes de l’aimantation, nous préférerions expliquer ces courants induits par l’inclinaison des axes magnétiques des molécules mêmes de la barre, produites par la torsion.
- Lorsqu’on aimante un fil qui 'a reçu une torsion permanente, il se produit d’abord un effet persistant; la torsion diminue, parce que les molécules sont rendues plus mobiles par le mouvement rotatoire qui accompagne l’aimantation. Puis un effet temporaire se produit. Si, par l’aimantation, les molécules s’inclinent dans un sens ou dans l’autre, toute la masse de la barre suit ce mouvement, et la barre se tord ou se détord. Ces phénomènes doivent être l’inverse de ceux qui s’observent à la torsion d’une barre aimantée.
- L’aimantation d’un fil qui est encore sous l’effet des poids tordants, produit son effet persistant en rendant les molécules plus mobiles, et le fil se tord plus qu’auparavant. Après cet effet, chaque aimantation tend à placer les axes des molécules plus ou moins dans la direction de l’axe du fil. Le fil doit suivre ce mouvement en se détordant.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Tout en reconnaissant qu’il faudra encore de nombreuses recherches, expérimentales pour compléter l’étude de ces phénomènes, et pour parvenir à en donner une explication entièrement satisfaisante en les soumettant à des lois mathématiques, j’espère que ce premier essai fera entrevoir la possibilité de faire rentrer les phénomènes magnétiques dans une théorie basée sur des principes purement mécaniques. Je me permettrai de communiquer prochainement quelques autres recherches sur ce même sujet.
- G. WlEDEMANN.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Mesure des potentiels correspondant à des distances explosives déterminées.
- M. J. B. Baille vient de présenter à l'Académie des Sciences une note que nous reproduisons ci-dèssous et à laquelle nous ferons une petite critique : les potentiels sont exprimés dans cette note en unités dérivées du système C. G. S., mais dont la nature n’est pas bien précisée. Les nombres correspondant aux différentes distances explosibles nous semblent trop faibles pour représenter des volts; il serait donc désirable que l’auteur voulût bien préciser, car si les unités dont il se sert montrent bien comment les potentiels varient quand on fait varier les distances explosives, ces unités ne suffisent pas à donner une idée de la tension correspondant à une distance explosible donnée. Des résultats exprimés en volts ou en un multiple quelconque du volt, parleraient beaucoup mieux à l’esprit.
- « Le potentiel électrique d’un conducteur, dit M. Baille, par rapport à un point intérieur, joue, dans l’étude de l’électricité, le même rôle que la température dans celle delà chaleur; et, pour avoir une échelle de potentiels analogue à l’échelle des températures, il est nécessaire d’en rapporter la mesure à celle d’un phénomène apparent et d’une reproduction facile. Je me suis proposé de mesurer les potentiels d’un conducteur correspondant à des longueurs d’étincelles déterminées.
- « La méthode que j’ai suivie consiste à faire jaillir une étincelle entre deux plans, dont l’un était électrisé et l’autre, légèrement convexe, était à la terre ; la distance explosive était mesurée avec soin. Le conducteur électrisé communiquait avec une sorte d’électromètre absolu : c’était un grand disque plan, attirant la partie centrale d’un plan parallèle relié à la terre. Cette partie centrale était attachée
- au fléau d’une balance très sensible, et l’attraction se mesurait directement avec des poids.
- « Le potentiel du plan attirant V était donné par la formule
- V = ny/87^>|J;
- dans laquelle D est la distance du disque attirant au plateau mobile de la balance, A la surface du cercle attiré et P le poids équilibrant l’attraction. Les observations, sont très régulières et donnent des résultats très concordants. J’ai mesuré les potentiels correspondant à des distances explosives variant depuis un demi-centième de millimètre jusqu’à un centimètre.
- « La principale difficulté a consisté à ramener le conducteur électrisé à un potentiel constant, pendant le temps de la pesée. Je me suis servi, pour cela, d’un conducteur à capacité variable. J’ajoutais des condensateurs tels que l’étincelle ne se produisait qu’à d’assez longs intervalles : le potentiel était alors un maximum atteint lentement, et l’attraction arrivait également à son maximum au moment même de l’étincelle.
- « M. W. Thomson avait déjà fait quelques déterminations semblables pour de petites distances explosives ; les nombres qu’il a trouvés sont sensiblement plus faibles que ceux que je donne pour les mêmes longueurs d’étincelles. J’attribue cette divergence à ce que le conducteur de M. Thomson était constamment déchargé par une série continue d’étincelles, de telle sorte que, le potentiel variant continuellement et très vite, on ne pouvait obtenir qu’une valeur intermédiaire entre le maximum et le minimum.
- « Voici quelques-uns des résultats que j’ai obtenus. Les nombres suivants sont exprimés en unités dérivées du système C. G. S., dans lequel l’unité de potentiel est le potentiel de la masse électrique i à la distance de omoi. S désigne la distance explosive.
- S. V. 6. V.
- cm cm
- 0,0025... 1,90 0,5 54,47
- 0,01 .. . 3,i6 0,6 63,82
- o,o5 8,7i 0,7 • • 73,78
- o,i .. 14,67 0,8... . . 84,86
- 0,2 25,5i 0,9 94,72
- 0,3 .. 35,35 1,0.... io5,5o
- 0,4 • 44,77
- « On voit que le potentiel d’un plan électrisé croît à peu près régulièrement avec la distance explosive qui peut être franchie.
- « On peut calculer les densités électriques correspondant à ces différentes longueurs d’étincelles : on voit que ces densités décroissent d’abord lentement et arrivent bientôt à une valeur constante vers ocm5, ce que l’on savait déjà.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- « On voit encore que la pression exercée par l’électricité sur l’air, au moment où va jaillir l’étincelle de omoi, n’est que le —^ de la pression atmosphérique. »
- L’aciération des planches gravées.
- On sait que les planches de cuivre gràvées sont susceptibles de s’altérer rapidement par suite des frottements répétés de l’encrage et de l’impression. Pour protéger les planches contre cette usure, M. Garnier a imaginé l’aciération électrolytique de ces planches. Nous extrayons d’un rapport fait par M. Davanne à la Société d'Encouragement, la description de ces procédés d’aciération :
- « Les planches gravées s’usent vite parle tirage; aussi les premières épreuves, dites avant la lettre, avaient-elles, autrefois, un prix supérieur aux autres; cette usure rapide faisait le désespoir des anciens graveurs et on ne pouvait leur rendre un plus grand service que de leur donner le moyen de conserver à leur œuvre sa perfection primitive ; c’est ce que font maintenant tous les imprimeurs en taille-douce ; ils recouvrent la surface de la planche par une couche de fer dur, qui la protège pendant longtemps contre l’action du tampon, de l’essuyage et de la presse, et qui peut être renouvelée facilement et autant de fois qu’il est nécessaire, dès qu’elle présente les premières traces d’usure.
- « Cette opération, qu’on appelle l’aciérage, est due entièrement pour l’application à M. Garnier; il importe de le proclamer bien haut, car si quelques gens compétents le savent très bien, beaucoup qui l’utilisent ignorent le nom de l’inventeur; d’autres môme commencent à dire que c’est une invention anglaise, ce qui serait la négation des titres les plus authentiques. Le brevet date du 18 juillet 1857.
- « Par un brevet du 9 décembre i858, on voit que M. Garnier a également pris part aux recherches faites pour les applications du nickelage.
- « L’opération de l’aciérage est simple ; tout intéressé la fait ou peut la faire. On prépare d’abord une solution aqueuse, contenant un dixième de sel ammoniac et on fait passer dans le bain le courant d’une pile de Bunsen, composée d’un ou de plusieurs éléments, suivant la dimension de la planche gravée; au pôle positif, c’est-à-dire au fil qui communique avec le charbon, on attache une plaque de fer que l’on plonge dans le bain ; le fil négatif, c’est-à-dire celui qui est attaché au zinc, plonge également dans le bain et commence à le mettre en activité. La planche gravée est ensuite décapée par un lavage à la potasse, bien rincée à l’eau, attachée au pôle négatif, au zinc de la pile, et plongée dans le bain.
- « Sous l’action du courant il se produit un double effet : l’électrode positive en fer est attaquée, il se
- forme dans le bain un chlorure de fer ammoniacal qui est décomposé à son tour, et le fer se dépose sur l’électrode négative, c’est-à-dire sur la planche gravée. En quelques instants celle-ci change de couleur et passe du rouge au blanc; il faut maintenir l’action pendant une demi-heure environ pour que le dépôt soit suffisant. Le fer peut être déposé aussi bien sur le zinc que sur le cuivre, et il est tellement dur qu’il y a avantage à en recouvrir les planches d’acier..
- « Après lavage et séchage, la planche est prête pour le tirage; mais quoique aciérée, quand elle aura tiré des centaines d’exemplaires, elle commencera à s’user et à montrer par places la couleur rouge du cuivre ; il suffit de la passer dans un bain d’eau acidulée par l’acide nitrique, marquant 5° B. Le fer disparaît immédiatement et on n’a qu’à la replacer dans le bain excité par la pile pour l’aciérer de nouveau.
- « Une planche gravée, ainsi aciérée et bien surveillée, puis réaciérée dès qu’elle en a besoin, peut fournir un tirage indéfini. »
- Des actions locales qui ont lieu dans les piles Planté.
- Si l’on a modifié la pile Planté de toutes les façons, on n’a guère fait de recherches sur les réactions qui se passent à l’intérieur de cet intéressant appareil.. De telles recherches auraient été pourtant d’une grande importance; aussi sommes-nous heureux de voir MM. Gladstone et Tribe aborder la question par l’analyse chimique et entrer dans une voie qui doit certainement conduire à de bons résultats.
- On se rappelle le couple zinc-cuivre qui a été décrit dans le numéro du 5 mars 1881. L'action locale de ce couple a été utilisée par les auteurs pour la préparation d’un certain nombre de composés chimiques, et les effets obtenus les ont amenés à penser qu’une action analogue doit se produire dans la pile Planté, sur la lame recouverte de peroxyde de plomb, le peroxyde jouant le rôle du cuivre. L’expérience leur a montré qu’il en est réellement ainsi.
- En plongeant dans l’eau pure une lame de plomb recouverte de peroxyde, ils ont vu ce dernier se réduire et passer du brun au jaune; il n’était pas douteux dès lors que le couple plomb-peroxyde de plomb décomposerait l’eau acidulée par l’acide sulfurique, en donnant naissance à du sulfate de plomb. C’est encore ce qui a lieu.
- Comme la destruction du peroxyde de plomb entraîne une diminution dans l’énergie de la pile secondaire, les auteurs ont voulu s’assurer quelle est la rapidité de cette action.
- Quand la couche de peroxyde de plomb déposée sur le métal est très mince, sa transformation en
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- sulfate blanc est perceptible à l’œil ; mais quand la couche d’oxyde est épaisse, la transformation est trop longue pour que l’observation puisse se faire ainsi. Dans une expérience, les auteurs ont chargé le couple secondaire, d’après la méthode de Planté, à l’aide d’une série de dix-sept charges et décharges, ou renversements de courants, chaque opération durant vingt minutes. Ils ont en outre séparé les opérations par sept périodes de repos de vingt-quatre heures chacune. Après la dernière charge, ils ont observé combien de temps le dépôt d’oxyde mettait à se convertir en sulfate; ce temps a été de dix-sept heures.
- Dans un autre cas, la charge ayant été faite de même, le couple secondaire fut relié à un galvanomètre et la déviation notée, puis la communication fut interrompue, et au bout d’une heure on observa de nouveau la déviation, et ainsi de suite jusqu’à presque complet épuisement de la pile, comme le montrent les chiffres qui suivent :
- Intensité initiale du courant...... ioo
- — après i heure de repos.... 97
- — — 2 — ..... 40
- — — 4 — ...... H
- — — 17 — ...... i.S
- Il résulte de là que pendant de longues périodes de repos, le peroxyde de plomb est presque complètement transformé en sulfate, mais comme dans cette action une partie du plomb précédemment à l’état métallique se trouve oxydé puis converti aussi en sulfate, quand on opère ensuite la réduction de ce dernier, la quantité de plomb spongieux existant sur l’électrode se trouve augmentée. Cela explique l’utilité des longs repos recommandés par Planté pour la charge de ses couples. Cette manière de voir a été vérifiée expérimentalement par les auteurs. Ils ont dosé la quantité de peroxyde de plomb déposée par la charge sur une lame donnée, et ont pris cette quantité pour unité ; puis ils ont laissé reposer la plaque dans le couple pendant dix-huit heures. Ils l’ont chargée de nouveau et
- dosé de nouveau le peroxyde et ainsi de suite à
- plusieurs reprises . Les résultats ont été les sui-
- vants : Temps Quantité
- de repos. Charge. de peroxyde.
- 1™ . . . . 1.0
- 18 heures. . . . , . . 2mc.... 1-57
- 2 jours , . . 3mc .... . .. . 1.71
- . . Aine , . . . 2.14
- 2 jours. . . . ... U.... . . . . 2.43
- Dans d’autres expériences, le procédé de Faure fut employé, le plomb spongieux fut obtenu par la réduction d’une couche de minium et le peroxyde par l’oxydation électrolytique de ce plomb spongieux.
- Ces lames, abandonnées à elles-mêmes comme
- dans la première expérience, ont donné les résultats qui suivent :
- Peroxyde
- réduit.
- Expérience 1 après 2 heures de repos. . . 7.20/0
- — 2—3 — ... iS. 1 —
- — 3 — 4 — ... 19.8 —
- — 4 — S — ... 3o.o —
- — 5—24 — ... 36.3 —
- — 6 — 7 jours de repos . . . 58.3 —
- — 7 — 11 — ... 67.3 —
- — 8 — 12 — ... 74-3 —
- Un essai fait au galvanomètre avec des lames formées par la méthode de Planté, a donné encore pour l’épuisement produit par action locale les nombres suivants :
- Intensité initiale du courant..... 100
- — après 1 jour de repos.... 92
- — — 3 — 79
- — — 4 — 34
- - — 5 — 24
- — — 7 — H
- -9 - ......... 3
- — — 13 — ....... I
- Toutes ces observations montrent qu’une lame de plomb peroxydée perd son énergie par suite d’une action locale, et que la rapidité avec laquelle cette perte a lieu, varie suivant les circonstances de la formation.
- Cette idée de l’affaiblissement par action locale, peut soulever dans l’esprit deux objections :
- 10 Pourquoi une plaque couverte de peroxyde de plomb et plongée dans l’acide sulfurique étendu s’épuise-t-elle si lentement, tandis que dans le couple zinc-cuivre où la différence de potentiel est bien plus faible, la même somme d’action aurait lieu en quelques minutes?
- 20 Comment la réduction de l’oxyde si lente. devient-elle si rapide quand le plomb, au lieu d’être simplement en contact avec l’oxyde, est relié à une autre lame de plomb plongeant dans ce même liquide, comme cela a lieu dans la décharge du couple secondaire ?
- 11 faut, d’après les auteurs, chercher la cause de ces faits dans la formation du sulfate de plomb insoluble qui remplit les interstices du peroxyde et crée une très forte résistance entre ce dernier et la plaque métallique.
- Ces expériences montrent donc parfaitement comment se fait l’épuisement lent d’un couple Planté abandonné à lui-même; elles expliquent en outre l’utilité des repos recommandés par Planté entre les inversions de courant pendant la charge, et ce sont là déjà deux résultats importants.
- MM. Gladstone et Tribe continuent leurs recherches. et l’on peut espérer avoir bientôt sur ce sujet de nouvelles données intéressantes.
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- FAITS DIVERS
- On nous écrit de Londres : L’Exposition d’électricité du Palais de Cristal de Sydenham est encore peu avancée, et l'on ne peut guère espérer que tout soit prêt pour la fin du mois. On peut cependant constater qu’il y a eu quelque progrès de fait pendant ces derniers jours, surtout dans le département de la lumière électrique. Une partie de la nef septentrionale a été brillamment illuminée par l’Electric Light and Power Generator Company, et un essai partiel a aussi été fait des lampes à incandescence Edison; on éclaire avec elles la salle des concerts. Les autres principales expositions dans le même département sont celles de la British Electric Light Company, de la Compagnie générale d’électricité, de MM. Siemens frères et Ce, et de la Swan Electric Light Company, ainsi que la lampe de M. Gravier. MM. Strode et Ce exposent une nouvelle lampe électrique (brevet Mackenzie) que nous n’avons pas encore vue à l’œuvre, à côté de leurs lampes à gaz et poêles sanitaires. On prétend qu’elle donne une intensité lumineuse de i 600 bougies (candies) avec une dépense d’environ quatre chevaux, qu’elle brûle cinq heures et peut être construite pour brûler beaucoup plus longtemps.
- En ce qui concerne la télégraphie, le département des télégraphes du Post Office du gouvernement britannique expose sa collection historique d’instruments anciens, ainsi que les différentes espèces et variétés d’appareils actuellement employés par lui. On s’attend aussi à ce que le département de la guerre envoie des spécimens de la plupart des appareils électriques en usage dans les services pour l’attaque et la défense. La Compagnie du télégraphe sous-marin, la Tele-graph Construction and Maintenance Company, et l’Eastern Telegraph Company exposent de splendides collections de câbles sous-marins de différentes dates; la plupart auront été déjà vus par nos lecteurs au Palais de l’Industrie. Un des spécimens les plus remarquables d’un câble avarié est un morceau de câble entortillé par une ancre de navire de telle sorte qu’il ressemble à un énorme nœud d’herbes marines. Une autre exposition importante es't le télégraphe imprimant de l’Exchange Telegraph Company, dont il y a trois ou quatre spécimens montés sur des poteaux. Et en dehors des appareils placés dans le Palais simplement pour l’exhibition, certaines applications électriques, notamment des transmetteurs d’alarme (en cas d’incendie), d’après le système Bright, et les horloges à synchronisme de M. Dent sont distribuées dans un but d’utilité publique dans tout l’édifice. On dit qu’on en fera autant pour les téléphones, et que tous les systèmes principaux seront représentés, mais jusqu’ici ils ne se sont guère montrés.
- II est assez regrettable que les étalages de l’exposition électrique se distinguent si peu des autres objets offrant de l’intérêt dans le Palais; mais d’un autre côté on est heureux de ne pas rencontrer cet * officialisme » qui gâte tant d’expositions. Il y a aussi une égalité absolue entre les exposants, y compris le gouvernement du pays qui est représenté par le département des Postes et des Télégraphes. Il n’y a point de sections nationales d’aucune sorte; les exposants anglais, français, allemands et américains sont établis les uns à côté des autres dans un voisinage amical. Un catalogue va être bientôt publié, et nous apprenons avec -plaisir qu’il y en aura plusieurs éditions revisées pendant la durée de l’exposition.
- Il y a quinze ans, M. Gobin, ingénieur de la navigation du Rhône, exposait un projet qu’il avait élaboré pour recueillir, à l’aide de machines hydrauliques, la force vive développée par le courant du Rhône au-dessus de Lyon et dans la traversée de la ville. Aujourd’hui ce projet se présente sous une autre forme et avec une bien plus grande importance. Il s’agit de mettre à profit cette force du fleuve pour produire.
- de la lumière, de la chaleur et de la force motrice. Déjà, M. Colladon, de Genève, a disposé et fait fonctionner actuellement sur le Rhône, avant sa jonction avec l'Arve, des roues hydrauliques. Ces jours-ci, M. Lortet, doyen de la Faculté de médecine de Lyon, a eu l’idée d’éclairer à l’électricité les nouveaux bâtiments du quai Claude-Bernard qui viennent d’être inaugurés à Lyon. Il a placé une roue-bateau de cinq mètres dans le lit du fleuve, devant la Faculté, réalisant ainsi une notable économie dans les dépenses d’éclairage. Mais ce moteur n’a été installé qu’à titre d’essai provisoire, l’autorisation de l’ingénieur en chef de la navigation du Rhône étant nécessaire et n’ayant pas été accordée jusqu’ici, de crainte que les amarres du bateau ne se brisent en temps de crue et qu’il en résulte des avaries aux ponts et aux quais. M. Lortet se propose de soumettre la difficulté au ministre afin d’obtenir la permission d’établir ses moteurs, cylindres et bateaux pour une période indéfinie. Il calcule qu’une roue de cinq mètres de longueur garnie de palettes d’un mètre de hauteur, produit huit cent kilogrammètres ou près de onze chevaux vapeur.
- L’application du système Marcel Deprez pour le transport et la distribution de l’énergie électrique rendra ces diverses tentatives tout à fait pratiques.
- A propôs de l’éclairage du Savoy-Theatre par les lampes à incandescence, le Télégraphie Journal fait les réflexions suivantes :
- « .... Au maximum, la lumière totale au moment le plus favorable n’est que de 18 000 candies, avec dépense minimum d’une force de 120 chevaux. Des lampes à arc produiraient probablement le même résultat avec un huitième de la force dépensé© actuellement; comme les lampes à arc sont à peine admissibles dans un théâtre, il n’est pas nécessaire d’entrer dans la question d’économie comparative. Mais, pour parler sérieusement, l’exhibition du théâtre de Savoy est des plus décevantes. Ayant vu l’installation en deux occasions, nous pouvons dire avec raison qu’à n’importe quel moment la puissance lumineuse de chaque lampe en moyenne, en prenant toutes les lampes tour à tour, n’est pas égale à dix candies. Nous avons remarqué sur la scène un nombre considérable de lampes éteintes, dans quelques rangées jusqu’à, dix pour cent; d’autres ne brillaient pas plus qu’un charbon rouge, ce qui indiquait que soit par des contacts défectueux, soit par des variations de résistance, elles ne recevaient pas la quantité voulue de courant; d’autres enfin en recevaient en excès. Un nombre égal de becs de gaz éclaireraient, à notre avis, beaucoup mieux la scène. Cependant, l’avantage pour les spectateurs et les acteurs est très grand en ce qui touche à la température modérée du théâtre, à l’absence de fumée désagréable et aux risques réduits de l’incendie, ce dernier danger ayant montré récemment la nécessité qu’il y a d’employer quelque mode meilleur que le gaz pour éclairer les lieux d’amusement public. La conjecture du Daily News, à savoir que le prix de revient doit être de plus du double de celui du gaz, et qu’il s’élève à 2,000 livres sterling par an est probablement assez peu éloignée de la vérité. Il serait intéressant de savoir combien de ces lampes, à incandescence sont détruites pendant chaque représentation; comme elles ne semblent pas être particulièrement bien choisies, la résistance et la masse du filament étant les mêmes dans chaque cas, il est évident, d’après nos propres observations, qu’un certain nombre de ces lampes doit être détruit. Cependant, l’installation du théâtre de Savoy est un pas dans la bonne voie et les résultats obtenus seront d’une grande utilité pour les ingénieurs s’occupant de lumière électrique dans l’avenir, bien qu’à présent il nous semble qu’une énorme quantité de force est dépensée pour un bien petit résultat; cela est surtout remarquable sur la scène où selon nous, vingt ou trente des lampes à semi-incandescence Wer-dermann ou Joël auraient produit un meilleur effet. Ces lampes, aussi fixes que les lampes Swan, auraient pu être réglées tout aussi aisément pour les usages de la scène, elles
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- LÀ LUMIÈRE ÊLËCfkîQÜË
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- auraient donné la même lumière colorée, et n'auraient pas dépensé autant de force pour fournir la lumière nécessaire.
- « Tout en conseillant l’usage de la lumière électrique dans des édifices publics semblables, nous ne croyons pas que d’autres directeurs de théâtre feraient sagement de suivre l’exemple de M. d’Oyly Carte en installant 1200 lampes Swan dans leur état actuel de développement. Nous suggérons donc que l’on fasse des essais concluants de tous les systèmes, surtout de ceux à incandescence, avant d’en adopter aucun finalement pour cet objet. Les détails de l’éclairage électrique, tels que la lumière produite par unité de force dépensée, lorsqu’une, deux, quatre ou un plus grand nombre de lampes sont dans un circuit, le coût des machines, lampes, et de l’exploitation du système pour de petites et de grandes installations, la durée de temps garantie pendant laquelle une lampe peut brûler, la puissance en candies qu’elle peut atteindre sans danger, et bien d’autres points, sont encore obscurs; les inventeurs paraissant éviter de donner de la publicité à ces questions; ils devraient pourtant savoir qu’en donnant franchement les détails les plus complets, relativement à tout ce qui touche à leurs appareils, ils feraient connaître en réalité et élabliraient de vraies données qui serviraient de base aux expériences, et permettraient d’atteindre la perfection de beaucoup plus près qu’à présent et cela dans un temps très court. Il y a tant de points dans l’éclairage électrique sur lesquels les électriciens sont divisés, que plus on se hâtera de donner de la publicité aux résultats d’expérience touchant les systèmes en présence, plus nous arriverons vite à des lois établies (qui deviendront le domaine de tous), comme celles que nous avons maintenant pour toutes les branches de la télégraphie. »
- Éclairage électrique
- Nous avons déjà annoncé les essais d’éclairage électrique faits en ce moment à Vienne, sur le Graben et le Stephan-platz (Place-Saint-Étienne). La Neue Freie Presse de Vienne donne à ce sujet les détails suivants :
- Depuis le 2 janvier ont lieu sur les grandes places publiques de Vienne des essais d’éclairage électrique qui excitent au plus haut degré l’intérêt du public. De tous les points de la capitale et même des faubourgs les Viennois accourent pour voir le nouveau mode d’éclairage. L’impression générale a été très heureuse; la lumière électrique, brûlant à côté du gaz, éclipsait ce dernier. Le coup d’œil était surtout particulièrement remarquable depuis le Graben jusqu’au ICohlmarkt et aux Tuchlauben; ces deux dernières rues étant éclairées au gaz comme d’habitude, apparaissaient tout à fait obscures à côté du Graben éclairé électriquement.
- C’est la compagnie Brush qui s’est chargée de cet éclairage du Graben et de la place Saint-Étienne, les essais se poursuivent chaque soir depuis la tombée de la nuit jusqu’à minuit.
- La machine dynamo-électrique productrice du courant est placée dans Jasomirgottstrasse et reliée à une machine à vapeur locomobile qui se trouve près de la place Saint-Étienne. De la machine dynamo-électrique part un simple fil de cuivre de la force d’un fil télégraphique ordinaire; il conduit jusqu’à la place Saint-Étienne et passe par le Stock-im-Eisenplatz, le Graben, le Petersplatz, et le Bauernmarkt pour revenir à la machine et il forme un seul circuit fermé d’un kilomètre de long, dans lequel sont intercalées toutes les lampes électriques. Treize lampes servent à l’éclairage du Graben et de la place Saint-Étienne, et une quatorzième est placée dans la Jasomirgottstrasse.
- Au moment où la machine est mise en marche et où elle envoie le courant électrique dans le conducteur, toutes les lampes, s’allument en même temps et elles s’éteignent à la fois, d’un seul coup, lorsque la machine est arrêtée.
- Les lampes ont sous l’angle de projection moyen une intensité de plus de 200 becs Carcel et qui serait insupportable à
- l’œil si elle n’était tempérée et dispersée à l’aide d’un verre dépoli.
- Les crayons de charbon brûlent huit heures; mais, chaque lampe est pourvue d’une double garniture de crayons de charbon qui s’enchâssent automatiquement, de sorte que la durée de combustion ininterrompue de chaque lampe est de seize heures.
- A Lafayette, État d’Indiana, le conseil municipal vient d’accepter une proposition de placer un foyer électrique d’une puissance extraordinairement élevée (on parle de 20 000 bougies), sur une tour de l’école de cette ville. Il sera payé 5 000 dollars pour l’usage de ce foyer pendant deux ans.
- Télégraphie et Téléphonie
- Au Mexique, l’extension du réseau télégraphique se poursuit. Le mois dernier la ligne télégraphique du Sud de l’État de Nouveau Léon arrivait à San Pedro de Iturbe. Presque toutes les villes méridionales de cette entité fédérale seront prochainement reliées entre elles par des fils télégraphiques.
- On nous écrit de Mulhouse que le bureau du téléphone de cette ville vient d’être transféré du bâtiment principal de la poste dans une des ailes récemment construites, sans que le service ait été interrompu. Le chiffre des abonnés a maintenant atteint la centaine et il y a en moyenne trois cents communications échangées chaque jour. Plusieurs administrations, telles que la direction de l’arrondissement, la direction de police, etc., ainsi que plusieurs fabriques seront reliées prochainement au câble téléphonique. Le service qui, dans le commencement, réclamait plusieurs employés, n’est plus rempli que par une seule personne, grâce à de nouveaux appareils. Dans quelques jours les bureaux de l’administration télégraphique seront transférés dans le nouveau local attenant au bureau de la poste.
- Les journaux de Cincinnati mentionnent un accident, heureusement fort rare, qui est arrivé il y a quelques jours à un abonné du téléphone à Cincinnati, Cet abonné se disposait à porter à son oreille un cornet téléphonique, lorsqu’il vit une flamme jaillir de ce cornet. Effrayé il attendit quelques instants avant de tenter de se mettre en communication avec le bureau central, où les opérateurs ont vu également' le même effet se produire.
- Cet accident singulier avait été occasionné par un contact subit du fil téléphonique avec un fil d’éclairage électrique.
- Un accident presque semblable a été signalé il y a quelque temps à Paris, au bureau télégraphique de la rue du Bac.
- Dans un de nos derniers numéros, nous annoncions que l’installation du réseau téléphonique de Rouen touchait à sa fin. Depuis que la rade a été reportée à l’île Elie, par suite de l’agrandissement du port, il avait été décidé qu’un service téléphonique serait établi entre le bureau des officiers dü port (quai du. Havre) et Croisset de façon à faciliter la transmission des ordres aux navires montant à Rouen. Ce service va fonctionner, car un téléphone vient d’être placé dans le bureau du capitaine du port de Rouen. Les communications qui se faisaient jusqu’ici entre le port et la rade par l’intermédiaire d’un canotier pourront ainsi avoir lieu beaucoup plus vite, au plus grand avantage des intérêts du port de Rouen.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Pari9. —* Imprimerie P. Mouillot, l3, quai Voltaire. — 26i5o
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- Lumière
- Journal universel
- Electrique
- d’Electricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4* ANNÉE (TOME VI)
- SAMEDI 4 FÉVRIER 1882
- N° 5
- SOMMAIRE
- Histoire de la découverte du téléphone; Th. du Moncel. — L’électricité contre l’incendie; Frank Geraldy. — Exposition Internationale d’Électricité : Appareils de mesures électriques à l’Exposition de l’École supérieure de télégraphie; E. Mercadier. — Le tramway électrique du Palais de l’Industrie et le chemin de fer postal ; A. Guerout. — Instruments divers destinés aux mesures électriques : Galvanomètre à déviation proportionnelle; Marcel Deprez. — Sur la résistance électrique des gaz; Edlund. — Revue des travaux récents en électricité : Mesure des potentiels correspondant à des distances explosives déterminées. — Les procédés métallurgiques actuels. — Les piles et condensateurs de M. Varley. — Correspondance : Lettre de M. G. Lippmann. — Faits divers.
- HISTOIRE
- DE LA.
- DÉCOUVERTE DU TÉLÉPHONE
- Dans l’exposé modeste qu’il avait fait de l’invention du téléphone, M. Graham Bell n’avait pas indiqué les différentes expériences successives qui l’avaient conduit à cette invention; aucune réclamation de priorité ne s’étant alors produite, il n’avait pas à entrer dans ces détails, et d’ailleurs son caractère extrêmement réservé ne l’y portait pas ; mais quand MM. Edison et Elisha Gray voulurent poser leurs droits à cette découverte (*), quand deux procès survinrent à cette occasion, ces détails n’étaient plus inutiles, et il fallut les rechercher de tous côtés. Or, il est résulté de toutes les enquêtes faites pen-
- P) Ce qui est curieux, c’est que ces revendications n’ont été faites que plus d’un an après la description, par tous les journaux du monde entier, des expériences de M. Bell, ce qui montre que les auteurs de ces revendications n’avaient, dans l’origine, attaché qu’une bien médiocre importance à cette invention, et il a fallu que le succès couronnât l’œuvre de M. Bell, pour les faire sortir de leur indifférence à ce sujet.
- dant le cours du procès, et qui remplissent quatre gros volumes, des documents d’un grand intérêt pour l’histoire de cette découverte, et que nous croyons intéressant de résumer ici, ne serait-ce que pour montrer par quels chemins tortueux une grande découverte doit passer avant d’arriver aux résultats importants qu’elle est appelée à réaliser.
- Nous devons commencer par dire, tout d’abord, qu’il est résulté des enquêtes du procès et des pièces justificatives qui ont été produites, que, dès l’année 1874, M. Graham Bell s’occupait de la transmission électrique de la parole. Ses premières recherches dans ce but remontent, en effet, au 26 juillet 1874. Mais ce n’est que le 2 octobre de cette même année que ses idées purent se préciser et prendre un certain corps. Après avoir étudié les beaux travaux de M. Helmholtz sur la combinaison des sons, il pensa que si deux électro-aimants placés aux deux extrémités d’un circuit avaient pour armature une série de tiges de fer de différentes longueurs et placées exactement dans les mêmes conditions aux deux stations, les sons de la parole pourraient impressionner telles ou telles de ces tiges, suivant qu’elles s’accorderaient plus ou moins avec leur son fondamental, et qu’il pourrait résulter des vibrations de ces tiges, au poste transmetteur, des extra-courants d’induction capables de faire reproduire de pareilles vibratio'ns sur les tiges de longueur correspondante au poste de réception. C’était, comme on le voit, le germe des télégraphes harmoniques à transmissions multiples, et il paraît qu’à cette époque (juillet 1874), M. Bell avait déjà constaté, pour ce genre de reproduction des sons combinés, la nécessité de courants continus et ondulatoires. Quoi qu’il en, soit, il fit part de ses idées à M. Clarence Blake et lui demanda même s’il croyait qu'une simple lame attachée à une membrane ne pourrait pas suffire pour produire les effets décrits précédemment. A cette époque, M. Bell n’était pas électricien et cherchait des conseils. Aussi allons-nous voir son idée se développer successivement.
- Dans une lettre écrite à M.Hubbard au commencement de 1875, M. Bell lui fait part d’une convef-
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- sation qu’il avait eue à ce sujet avec M. Hènreish, qui lui conseillait de donner suite à son idée, et dans une autre lettre écrite également à M. Hubbard, le 4 mai 1875, il lui indique le moyen qu’il avait conçu de transmettre électriquement la parole en faisant en sorte que les vibrations déterminées par le transmetteur pussent provoquer dans la résistance du circuit des changements proportionnels
- FIG. I. — PREMIER TÉLÉPHONE BELL DE 1875
- à ces vibrations. Se reportant à un mémoire scientifique qu’il avait lu, il croyait*pouvoir résoudre ce problème en faisant réagir un diaphragme devant lequel il parlait, sur un fil tendu traversé par le courant transmis, et il admettait que les différences de tension de ce fil, sous l’influence des vibrations produites, devaient entraîner dans la résistance du fil des changements proportionnels aux vibrations.
- K fiu,
- FIG. 2. — SECOND TÉLÉPHONE BELL DE 1875
- Il paraît que les expériences qu’il entreprit alors réussirent, car, le 24 mai 1875, il écrivait à son père une lettre dans laquelle il lui annonçait qu’il était bien près de résoudre le problème qu’il cherchait. Nous ajouterons que, dans les expériences précédentes, il employait comme récepteur une disposition absolument semblable à celle du transmetteur.
- Le 2 juin 1875, il constata qu’en employant deux électro-aimants boîteux dont les armatures étaient
- susceptibles de vibrer, il pouvait, en reliant électriquement ces électro-aimants et en intercalant une pile dans le circuit, faire en sorte que les vibrations de l’une de ces armatures fussent reproduites par l’autre, sous l’influence des extra-courants qui résultaient des rapprochements et des éloignements de Varmature vibrante. Or, cette expérience le conduisit immédiatement à penser qu’il pourrait obtenir la transmission des sons sans pile, en remplaçant le noyau de fer des électro-aimants précédents par un noyau d'acier aimanté; Telle est l’origine du téléphone électro-magnétique de M. Bell, auquel il s’est particulièrement attaché. Effectivement, peu de temps après cette expérience, c’est-à-dire le icr juillet 1875, il disposa ses électro-aimants de manière que leur armature fût reliée à une membrane tendue sur une sorte d’entonnoir, et il obtint des résultats tellement encourageants, qu’il put croire le problème bien près d’être résolu.
- Au mois de septembre 187.^, la question avait bien progressé, car parmi les pièces du procès on
- FIG. 3. —TÉLÉPHONE EXPOSÉ EN 1876 A PHILADELPHIE
- trouve une lettre de M. Bell à M. Hubbard, datée du 28 septembre, dans laquelle il lui parle d’une visite qu’il vient de faire à M. Brown, premier ministre des Etats du Canada, qui était alors à Toronto, dans le but de lui expliquer ses idées relativement à la transmission électrique de la parole, et au désir qu’il avait de le charger de prendre en son nom des brevets en Angleterre et en Europe, alors qu’il les prendrait lui-même en Amérique. Il avait été convenu dans cette visite qu’il se mettrait de suite à rédiger le brevet, et, effectivement, cette rédaction fut faite immédiatement et envoyée; mais bien qu’elle n’ait pas été retrouvée parmi les papiers de M. Brown, qui avait été assassiné quelques mois après, on a pu s’assurer de son existence par quelques fragments des minutes qui avaient servi à la faire, et qu’on a pu retrouver sur des envers de lettres écrites de Philadelphie, lesquelles en reportaient la date avant le 4 novembre 1875.
- Nous insistons sur ces détails pour démontrer que la rédaction du brevet de M. Bell était bien antérieure à la date qu’on aurait pu lui supposer d’après celle de son dépôt, et voici pourquoi celui-ci ne fut pas fait plus tôt.
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- Continuant à ne pas recevoir de réponse de M. Brown, M. Bell retourna au Canada avant de prendre son brevet Américain, et après avoir expliqué de nouveau son affaire à M. Brown, et lui avoir remis, le 29 décembre, les dessins nécessaires pour qu’il pût la bien comprendre, il fut convenu qu’à son prochain voyage en Angleterre, qui devait se faire sous peu de jours, M. Brown prendrait définitivement les brevets et qu’il eft donnerait avis.
- FIG. 4. — COUPE DU TÉLÉPHONE PRÉCÉDENT
- Toutefois, cette convention ne fut pas exécutée, parce que les Electriciens anglais auxquels M. Brown s’était adressé n’avaient pas trouvé l’invention assez sérieuse; de sorte que, après avoir attendu quelque temps encore, M. Bell dut se décider à présenter sa demande de brevet à l’office des patentes Américaines, et ce fut le 20 janvier 1876 que cette demande eut lieu ; mais le brevet ne fut présenté officiellement avec les formes de rigueur que le 14 fé-
- FIG. 5. — TÉLÉPHONE A ÉLECTRO-AIMANT A DEUX BRANCHES 1876
- vrier, et c’est ce même jour, deux heures après le dépôt de ce brevet, que fut présenté le caveat de M. Elisha Gray. Dans ce caveat, il n’était question que du téléphone parlant, mais cet appareil fonctionnait sous l’influence des variations de résistance d’une colonne liquide interposée dans le circuit téléphonique, comme dans l’un des systèmes indiqués dans le brevet de M. Bell, et le dessin annexé à ce caveat ne peut laisser aucun doute sur la parfaite identité des deux systèmes. Il est toutefois résulté de l’enquête qu’à la date des deux brevets, aucun des deux systèmes n’avait été exécuté, et que les premières expériences de M. Bell, seules,
- avaient pu démontrer la possibilité de la transmission de la parole. Mais *M. Bell fit construire en mars 1876 son appareil à liquide, et au 10 mai de cette même année, cet appareil fut l’objet d’une communication de l’auteur à l’Académie Américaine de Boston. Il figura ensuite avec ses autres appareils à l’Exposition de Philadelphie au mois de juin 1876.
- En résumé, il a été démontré, flans les deux procès aujourd’hui terminés, que c’est bien M. Bell qui, le premier, a pu faire parler le téléphone, en lui appliquant des courants continus et ondulatoires, fonction des vibrations de la voix, et qu’il a résolu le problème, soit avec des courants induits résultant des vibrations mêmes de l’appareil transmetteur, soit par des variations de résistance d’un conducteur imparfait mis en rapport avec le circuit et résultant elles-mêmes des effets vibratoires.
- Un fait assez curieux à rappeler ici, c’est que dès i865, M. Yeates, de Dublin, en essayant de
- FIG. 6. — RÉCEPTEUR TÉLÉPHONIQUE EXPOSÉ A PHILADELPHIE EN 1876
- perfectionner le téléphone de Reiss, avait réalisé en quelque sorte le transmetteur à liquide de MM. Bell et Gray, car il avait introduit entre les contacts de platine de l’appareil de Reiss une goutte d’eau, ce qui le rendait propre à la reproduction des sons articulés. Toutefois, ce résultat ne fut pas alors observé.
- Nous représentons dans les figures qui accompagnent cet article les différents appareils téléphoniques successivement construits, avec les dates de leur construction, telles qu’elles ressortent des enquêtes faites dans le cours des procès dont nous avons parlé.
- Les deux premiers de ces appareils sont ceux qui ont été représentés dans le premier brevet de Bell du 14 février 1876. Ils consistent, comme on le voit, dans des électro-aimants boiteux dont l’armature articulée sur la branche sans bobine était reliée, par son extrémité libre en face le pôle magnétique de l’élec-tro-aimant, par une tige adaptée à la membrane de parchemin d’un tambour de forme variée. En reliant les deux électro-aimants par deux fils et les faisant traverser par un courant, on pouvait, en parlant dans l’un des tambours, créer dans l’électro-
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- aimant correspondant des extra-courants capables d’influencer l’autre électro-aimant, et de provoquer sur son armature des vibrations magnétiques susceptibles de faire reproduire la parole au diaphragme de parchemin auquel cette armature était reliée.
- Les figures 3 et 4 représentent l’élévation et la coupe de la première modification importante des appareils précédents, et c’est elle qui a figuré à l’Ex-
- EXPOSÉ A PHILADELPHIE EN 1876
- position de Philadelphie. L’appareil a été construit en mai 1876 et exposé en juin de la même année. Il présente au centre de la membrane de parchemin a un petit disque de fer b devant lequel se trouve l’un des pôles d’un électro-aimant droit, soutenu horizontalement sur un pilier; un cornet acoustique terminé par une embouchure, permettait de concentrer toutes les vibrations de l’air déterminées par la voix sur toute la surface de la membrane.
- La figure 5 représente une modification de l’appareil précédent dans laquelle on employait un électro-aimant à deux branches au lieu d’un électroaimant droit, et la figure 6 montre la forme du récepteur qui correspondait aux appareils précédents. C’était un électro-aimant tubulaire au dessus dés pôles duquel était fixée une lame mince de fer doux qui servait d’armature, et qui était vissée en l’un des points du pôle circulaire.
- La figure 7 représente le transmetteur à liquide exposé également en 1876 h Philadelphie. Dans ce système, le liquide, qui était de l’eau acidulée, était renfermé dans le petit cylindre de verre que l’on voit au-dessous du tambour portant le diaphragme. Celui-ci était muni d’une large embouchure, et c’étaient les mouvements vibratoires d’un fil de platine fixé au centre du diaphragme et plongeant dans le liquide qui déterminaient les variations de résistance du circuit en rapport avec les vibrations vocales.
- Dans les figures 8 et g, on voit les premiers per-
- fectionnements apportés en juin 1877 au téléphone primitif dans le but d’augmenter l’intensité des sons. On employait alors un aimant en fer à cheval et un diaphragme de fer très mince B. L’embouchure présentait un assez grand développement ; mais, avant cette disposition, on était arrivé au modèle à main, représenté figure 10, qui date de mai 1877. C’est en août 1877 que fut combiné le téléphone à aimant en fer à cheval disposé verticalement dans une boîte, avec embouchure sur la partie antérieure, tel qu’on le construit encore sous le nom de modèle carré de Bell.
- Enfin, nous représentons (fig. 11) la dernière disposition adoptée par M. Bell en décembre Ï877 . pour ses téléphones à main. Ils étaient alors construits en ébonite.
- Nous avons donné, dans notre ouvrage sur le téléphone, l’historique fait par M. Bell lui-même des différents progrès successivement accomplis par lui dans la téléphonie. Cet historique avait été lu à la Société des ingénieurs télégràphistes de Londres dans sa réunion du 3i octobre 1877; mais, depuis le gain de son procès, M. Bell a publié une brochure intéressante de laquelle nous avons extrait les dessins précédents, et dans laquelle il donne les différents renseignements historiques qui sont ressortis des enquêtes faites pendant le procès. Cette brochure est intitulée : The invention of the Electric Speaking Téléphoné. Toutefois, l’historique que nous en avons donné au commencement de cet article est plus complet, car nous l’avons extrait des pièces du procès publiées dans les quatre volumes dont nous avons parlé, dont un entier est consacré aux différents travaux d’Edison sur ce sujet. Voici maintenant comment se termine la partie
- FIG. 8. — TÉLÉPHONE A AIMANT EN FER A CHEVAL CONSTRUIT EN 1877
- historique de l’opuscule auquel nous avons emprunté nos figures :
- « En ce moment on emploie aux Etats-Unis plus de i5o.ooo téléphones du modèle représenté fig. n, et sur ce nombre 35.ooo fonctionnent avec transmetteurs sans pile. D’août en septembre 1877, le monde entier avait considéré M. C. Bell comme le véritable inventeur du téléphone parlant, et l’avait honoré en cette qualité. Personne, du moins publi-
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- quement, n’avait formulé aucune réclamation, et c’était de M. Bell qu’on avait appris à s’en servir; tous les appareils essayés, quand ils n’étaient pas de lui, étaient construits sur les dessins qui en avait été publiés.
- « Or, c’est en septembre 1877, au moment par con-séquent où l’invention avait déjà pris une grande importance commerciale, que la grande Compagnie de la Western Union Telegraph, qui avait entre les mains l’exploitation de presque toutes les lignes télégraphi-ques des Etats - Unis, pensa à s’approprier cette découverte et à rechercher, pour les besoins de sa cause, des antériorités , et c’est elle qui commença la première attaque contre le brevet Bell, en soulevant les prétentions de MM.
- Edison et Gray comme premiers inventeurs du téléphone, en leur faisant remplir leurs brevets à l’office des patentes Américaines, et en introduisant le téléphone dans les services.
- « En présence de cette usurpation de droits, la Compagnie des téléphones Bell dut poursuivre en contrefaçon la Western Union Company, et il en est résulté un procès qui fut un moment interrompu par un arrangement amiable des parties intéressées,
- mais qui dut se continuer pour la satisfaction complète de l’inventeur, et c’est pour ce procès, qui a duré près de 3 ans, qu’ont été publiés : i° deux volumes de témoignages et de pièces justificatives intitulés, Téléphoné suits Dowd case; 2° deux autres volumes de documents produits par MM. Édison, Gray et Dol-bear. A la suite des débats, la Western Union Company et ses conseils durent convenir que M. Bell était le véritable inventeur du téléphone, et sans autre contestation , on rendit un jugement qui établissait définitivement les droits de M. Bell. »
- On aurait pu croire qu’a-prèstoutesles preuves fournies au cours du procès et la démonstration du principe du téléphone, les prétendants à l’invention se seraient tenus pour satisfaits. Mais il n’en a pas été ainsi, et nous voyons qu’un individu parfaitement inconnu dans la science électrique, M. Daniel Drawbaugh, de l’État de Pensylvanie, prétend avoir découvert ce merveilleux appareil en 1870; il s’est encore trouvé une Compagnie assez naïve pour prendre en considération cette réclamation, bien qu’il ait été démontré que la condition sine quà non pour qu’un téléphone pût parler était la production de cou-
- l'IG. 6. — PLAN DU TÉLÉPHONE A AIMANT EN FER A CHEVAL.
- PREMIER TÉLÉPHONE DE MAIN CONSTRUIT EN MAI 1877
- TÉLÉPHONE EMPLOYÉ EN AMERIQUE EN DÉCEMBRE 1S77
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- la lumière électrique
- rants ondulatoires et non de courants simplement interrompus, comme ceux employés par M. Drawbaugh. A ce compte-là, ce serait M. Bour-seul qui devrait être considéré comme le véritable inventeur du téléphone, puisqu’il en a parlé dès 1854. Mais il ne peut être sérieusement question d’une pareille prétention; pas plus que de celle d’un certain James Mac Donough de Chicago, qu’on veut également mettre en avant. Toutes ces réclamations ont pour but de faire annuler les brevets de M. Bell qui gênent beaucoup les contrefacteurs, et c’est un triste spectacle de voir tous ces agioteurs courir à la curée dès qu’une invention réussit. Autant la presse doit défendre les droits des vrais inventeurs quand ils sont méconnus, autant elle doit condamner toutes ces manœuvres tardives de réclamants incompris, qui ne cherchent qu’à ruiner les véritables inventeurs par des prétentions que rien ne justifie, et qui le plus souvent ne sont suggérées que par des spéculateurs de mauvais aloi qui ont surtout pour mobile d’exercer un coupable chantage. Aussi, ce n’est pas sans un certain étonnement que nous lisons dans le Télégraphie Journal du 28 janvier 1882 une sorte de revendication qui lui a été transmise par M. Barney au nom de M. Donough, et dont la lecture seule aurait dû suffire pour empêcher son insertion, puisque la date qu’invoque le réclamant est du 10 avril 1876, alors que la date du dépôt du brevet de M. Bell est du 14 février 1876. Ce qui est le plus curieux, c’est que la description du transmetteur n’est même pas donnée dans la réclamation en question, et on pourrait croire qu’au lieu d’un téléphone il ne s’agirait que d’un simple parleur télégraphique. Mais c’est trop nous arrêter sur un document si peu important, et, pour terminer, nous dirons que, dès l’année 1877, des prétentions aussi peu justifiées se sont élevées, mais au moins elles fixaient une date beaucoup plus éloignée. Il s’agissait, en effet, de l’année i865. A cette époque, le téléphone aurait été découvert, du moins en principe, suivant les réclamants, soit par un Anglais du nom de John Camack, qui en aurait même exécuté les dessins, soit par un certain M. Manzetti d’Aoste, qui aurait fait des expériences rapportées dans sept journaux de différents pays, entre autres dans \e,PetitJournal, de Paris, du 22novembre i865, le Diritto, de Rome, du 10 juillet i865, etc.,, etc.; mais quand on est venu à vérifier, on n’a rien trouvé de concluant. Je pense donc que la question est aujourd’hui résolue, qu’on n’a à tenir aucun compte de toutes ces réclamations tardives, et qu’il n’y a plus à y revenir.
- Th. du Moncel.
- L’ÉLECTRICITÉ
- CONTRE L’INCENDIE
- M. le Dr Siemens vient de faire à la Société électro-technique une communication intéressante sur les moyens à employer pour combattre les incendies à l’aide de l’électricité : sujet malheureusement trop à l’ordre du jour. La récente et terrible catastrophe du Ring-Theater de Vienne a évidemment donné naissance à cette communication ; aussi M. Siemens a-t-il traité lé sujet principalement au point de vue particulier de la securité des théâtres.
- Il étudie particulièrement la question d’éclairage, sur laquelle il émet des considérations utiles à reproduire. Il montre que les reproches que l’on a faits à cet éclairage ne sont pas fondés. On en a fait, paraît-il, deux principaux : le premier, c’est qu’il est dangereux; le second, c’est que sa couleur bleue est déplaisante au théâtre. Je n’aurais pas pensé qu’on pût sérieusement reprocher à l’éclairage électrique d’être dangereux; si l’on veut surtout comparer avec le gaz, l’affirmation tourne au comique; je ne crois pas nécessaire de résumer les arguments fournis par M. Siemens qui sont, d’ailleurs, parfaitement probants. Quant à la couleur, le savant allemand fait remarquer qu’il y a là une illusion; la lumière n’est pas bleue, elle est plus bleue que le gaz, mais moins que le jour; mise en comparaison avec la lumière solaire, elle est jaune. Ce qui est vrai, c’est que la nuit, nous sommes accoutumés à voir tout éclairé par des rayons rouges, que notre vision s’accoutume à cette lumière artificielle, en sorte que tout ce qui s’en écarte paraît singulier; les décorations de théâtre, les vêtements sont faits pour cet éclairage spécial. On peut modifier les décors ; pour les habitudes, elles sont déjà en voie de changement, en sorte que l’objection n’a pas de valeur. On sait du reste tout cela, mais il n’est pas mauvais de le répéter, puisque l’on reproduit les attaques.
- Il reste un point plus délicat, c’est l’installation de l’éclairage lui-même. Il n’est pas douteux que les gros foyers électriques avec leurs ombres, la difficulté de modifier les intensités, sont des obstacles à l’emploi de cette lumière dans les théâtres; M. Siemens propose d’employer deux lampes combinées : la lampe différentielle pour les grands éclairages, les lampes à incandescence pour la scène et les couloirs ou autres endroits qui réclament moins de lumière. Il y a là certainement une idée juste, qui est qu’une grande installation d’éclairage électrique ne peut être faite avec un seul système de lampes; dans un ensemble, il y a toujours des besoins différents à satisfaire, et pour cela on ne doit pas s’en tenir à un seul genre d’instruments, mais
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- bien faire appel, suivant les cas, à celui qui paraîtra le plus convenable. Je trouve même que M. Siemens a été trop étroit en ne supposant que l’emploi de deux lampes; on pourrait, on devrait, dans un cas de ce genre, combiner l’arc, plus ou moins divisé, les lampes mixtes, telles que la lampe soleil ou analogues, et les lampes à incandescence ; chacune trouverait sa place et aurait son utilité spéciale.
- Je dois à ce propos faire une remarque : on trouve dans la communication de M. le Dr Siemens, la phrase suivante : « Ces objections sont en grande partie écartées par la division de l’arc électrique, exécutée pour la première fois par la maison Siemens et Halske. » J’ai le plus grand respect pour la haute valeur scientifique du Dr W. Siemens, et je considère comme je dois la maison Siemens et Halske, mais il m’est absolument impossible d’oublier des faits que tout le monde connaît, à savoir que M. Lontin avait réalisé très pratiquement la division de l’arc électrique vers 1870, tandis que la lampe différentielle de Siemens est de 187g. On pourrait citer d’autres systèmes antérieurs, par exemple la lampe de Mersanne et aussi la lampe Tchikoleff, qui est différentielle et antérieure de quatre ans environ à la lampe de la maison Siemens et Halske. En sorte qu’il y a de la hardiesse à prétendre que celle-ci a la première atteint ce but, et de l’injustice à insinuer, comme le fait la phrase suivante de la note, que les diverses lampes différentielles existantes ne sont que des contrefaçons à peine modifiées du système Siemens et Halske. Ces appareils sont en réalité les applications d’un principe qui n’appartient pas du tout à la maison allemande, et avait été mis en usage probablement avant qu’elle n’y eût pensé.
- En sens inverse, M. Siemens reporte jusqu’à Yolta l’invention des lampes à incandescence. C’est remonter bien haut, et, de ce que'le savant Italien a fait rougir un fil par le courant, il ne s’ensuit pas qu’il ait inventé la lampe. Les expériences et les travaux attribués à Grove paraissent au contraire concluants, et c’est un renseignement peu connu, utile à l’histoire des lampes à incandescence. Il est vrai, d’autre part, que M. Siemens place les essais de Jobard et de Changy après ceux de King; les premières tentatives de Jobard et les premières publications à ce sujet datent de i838, elles sont donc antérieures à celles de King.
- Cet incident clos, revenons aux idées de M. Siemens sur l’éclairage. Après avoir combattu les objections, il montre les avantages. En dehors de la sécurité, qui est précieuse, et de l’intensité, il signale la facilité de maniement; on pourrait, par exemple, donner pendant les entr’actes, une lumière plus vive à la salle, pour reporter ensuite l’éclairage sur la scène pendant le jeu. On pourrait, à la fin du spectacle ou pour une raison spéciale, allu-
- mer de nombreuses lumières dans les couloirs et aux orifices de sortie; ce qui pourrait être fort utile à certains moments.
- Une fois les machines installées, on pourrait en faire usage pour d’autres applications, s’en servir par exemple pour la transmission de la force, les mouvements des rideaux ou des coulisses. M. Siemens montre qu’on pourrait les appliquer à la manœuvre du rideau de fer de la scène qu’on serait ainsi à môme de manier à distance et de faire tomber même lorsque la chaleur interdit l’approche de l’avant-scène. La possession d’un engin de ce genre eût peut-être empêché la catastrophe du Ring-Theater.
- Tous ces avantages sont incontestables et M. Siemens a grande raison de les signaler; j’aurais voulu seulement, dans l’intérêt de la vérité, qu’il signalât en compensation, une difficulté qui est sérieuse, c’est l’installation. et la manœuvre des générateurs. Il est certain que peu de théâtres ont l’emplacement nécessaire : il est douteux que, le possédant, beaucoup consentissent à se donner l’embarras et à s’imposer la dépense de la génération électrique nécessaire. Pour un grand théâtre, ayant des détours un peu compliqués, et surtout si l’on fait usage de l’incandescence, la force nécessaire s’élèverait au moins à cinq cents chevaux vapeur; c’est une lourde charge et un soin bien incommode. Le procédé ne sera évidemment appliqué qu’accidentellement jusqu’au jour où l’on distribuera l’électricité, et où l’on sera ainsi dispensé de l’incommodité extrême qu’on rencontre à la fabriquer directement.
- Telles sont les idées utiles et justes que M. Siemens émet au sujet de l’éclairage des théâtres; la première partie de sa communication, que j’ai réservée pour l’étudier à part, a une portée plus générale. Il s’agit de l’utilité de l’électricité pour combattre l’incendie sous toutes ses formes.
- D’abord il est un point que M. Siemens indique et sur lequel il aurait fallu, je crois, insister davantage : c’est que tout incendie doit, pour être réellement sans grand danger, être attaqué et éteint dans les premières minutes de son développement; c’est un fait bien connu ; il a été plusieurs fois mis en lumière par M. Pâris, colonel des pompiers de Paris ; on ne saurait trop y insister. Il résulte de ce fait qu’il faut que l’incendie soit aperçu, dès son origine, et de plus qu’on puisse immédiatement réunir sur le point attaqué, les secours les plus nombreux possibles. Je dirai tout à l’heure ce que je pense des moyens d’apercevoir l’incendie; quant aux secours à réunir, cela suppose un bon système de communications et d’avertissements; c’est sur ce côté de la question qu’il convient de s’arrêter un instant.
- D’abord, on doit supposer qu’il existe dans une ville, un bon système de postes de pompiers réu-
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- nis par un réseau télégraphique bien complet. Un système de ce genre est en voie d’installation à Paris; il n’est pas encore complet, il s’en faut, mais on en a au moins compris la nécessité.
- Il faut remarquer ensuite que les incendies ne se déclarent pas également partout : les grands établissements, usines, chantiers, grands magasins, théâtres, etc., en sont les plus fréquents et les plus dangereux foyers; il serait donc nécessaire que tous les points de ce genre fussent directement reliés aux postes voisins.
- Plusieurs le sont, mais cette précaution devrait être générale; est-on en droit de l’imposer au point de vue de la sécurité générale ? je ne le pense pas, mais on pourrait peser, au moyen, par exemple, de diminutions dans les taux d’assurances, sur les propriétaires pour les entraîner dans cette voie. Le mode de signaux à employer n’a pas besoin d’être déterminé avec beaucoup de précision, tout indicateur peut servir. Dans les maisons particulières, le feu est beaucoup moins dangereux, les matières combustibles sont moins agglomérées, la surveillance est beaucoup plus facile; cependant, un système de signaux simples permettant d’appeler promptement du secours ne serait pas inutile; le journal en a décrit plusieurs à propos de l’Exposition; quel que soit celui que l’on croirait bon d’adopter, l’établissement d’un poste d’avertissement public dans chaque rue ou au moins en beaucoup de points, serait une mesure salutaire. Pour ma part, je voudrais qu’il y eût dans les maisons mêmes, un système d’alarme permettant d’appeler promptement à l’aide, dans un cas pressant.
- Pour appeler les secours, il faut connaître l’existence de l’incendie. Je connais beaucoup d’avertisseurs plus ou moins électriques destinés à dénoncer la naissance du feu ; ils sont plus ou moins bons ; quelques-uns paraissent très satisfaisants, mais j^ ne me fierais complètement à aucun. J’ai dit dans le temps, je redirai pourquoi ; d’abord les appareils de surveillance ont chance de ne pas se trouver tout juste au point où le feu éclate ; puis comme ils sont destinés à ne fonctionner qu’accidentellement, à moins d’une attention spéciale leur état n’est pas contrôlé et il se peut fort bien qu’au moment où le danger se déclare ils soient hors de service sans qu’on le sache. Rien ne me paraît donc pouvoir dispenser d’une surveillance régulière ; c’est aussi l’opinion de M. Siemens. Il indique un mode de contrôle qui est en usage dans son usine et dans lequel les appareils qui signalent les rondes sont aussi ceux qui dénoncent les. incendies. Nous possédons des systèmes analogues, celui de M. Collin par exemple, et d’autres; on ne saurait trop en recommander l’application dans les grands établissements. Mis fréquemment enjeu, on sait constamment comment ils fonctionnent; ce qui est une grande sécurité. Dans les habitations, un pareil modo
- de contrôle est inutile, l’attention et surtout du sang-froid suffisent. Pour ce dernier point il ne serait pas mauvais de donner à nos enfants, comme on le fait en Allemagne, des instructions et une petite éducation spéciale pour leur apprendre à ne pas se troubler en présence du danger d’incendie et à l’attaquer par les bons moyens ; M. Siemens insiste sur les bons résultats1* obtenus dans son pays, et le procédé*, pour n’être pas électrique, n’en semble pas moins bon.
- Il dit quelques mots des appareils destinés à produire automatiquement l’extinction ; il ne semble pas y ajouter grande confiance et je dois dire que je partage entièrement son opinion. Tout ce que je connais en ce genre me paraît très imparfait. On conçoit d’ailleurs à priori combien il est difficile de faire en sorte que le secours aille automatiquement s’appliquer au point imprévu où le feu vient à naître, et s’y appliquer dans la mesure et avec la précision nécessaire. Ajoutez à cela que les appareils de ce genre sont de ceux qui, ne fonctionnant pas d’une façon régulière ou au moins de temps en temps, se trouvent généralement hors d’usage au moment où leur service devient nécessaire.
- M. Siemens déclare n’en connaître aucun qui le satisfasse, et je suis convaincu qu’il est dans le vrai. Fera-t-on mieux dans ce sens, cela n’est pas impossible mais reste néanmoins bien douteux ; en attendant, développons toujours les moyens que nous avons, évitons d’avoir à éteindre les incendies en arrivant à les prévenir et les étouffer dès leur naissance, ce qui vaut beaucoup mieux. Un bon système de surveillance et un bon système de communications sont les voies indiquées. Nous sommes loin d’avoir fait dans ce sens à Paris, non pas seulement tout ce qu’on pourrait désirer, mais même ce que d’autres ont déjà réalisé, et la question vaut qu’on fasse quelques efforts.
- Frank Geraldy.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- APPAREILS
- DE
- MESURES ÉLECTRIQUES
- A L’EXPOSITION DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE
- DE TÉLÉGRAPHIE
- 3e article. (Voir les nos des 14 et 28 janvier 1881.)
- Après avoir décrit le rechargeur et avant de décrire son adaptation à une jauge électrométrique, parlons d’abord de celle-ci.
- Pour pouvoir mettre cette jauge en dehors des
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- électromètres, il fallait les placer dans de bonnes conditions d’isolement : de plus il s’agissait de transformer en- quelque sorte les indications de l’instrument, de façon à les projeter à environ un mètre de distance pour les mettre constamment sous les'yeux de l’observateur.
- Pour arriver à ce double résultat, j’ai fait construire par M. Carpentier l’instrument représenté par la figure ci-contre (fig. i).
- Rien n’ÿ est changé d’essentiel aux piècès qui constituent la jauge de M.
- W. Thomson.
- On y voit en effet : en . D le disque en laiton qui est chargé par l’intermédiaire de la tige T et qui attire la plaque en aluminium p entourée de son anneau de garde, mobile autour d’un fil de platine f convenablement tendu.
- Le poids de la plaque p est équilibré par le bras de levier en aluminium b qui porte le cheveu horizontal, mobile, dans l’appareil de M. W. Thomson, entre deux points noirs fixés sur une petite tige fine émaillée. Mais ici la tige émaillée opaque est remplacée par deux tiges parallèles t et t’ entre lesquelles est tendu un fil rigide très fin c'.
- De plus le bras b est terminé par un fer à cheval portant un cheveu c, parallèle au fil c', aussi rapproché que possible de celui-ci (de i ou 2 millimètres), et élevé de 5 ou 6 millimètres au-dessus du levier b.
- Il résulte de cette disposition représentée très clairement par le diagramme qui constitue la figure 2,
- qu’on peut éclairer vivement à l’aide d’un faisceau de rayons parallèles émis par une lentille l le cheveu mobile c et le fil fixée', et en plaçant sur un support fixé à la jauge une lentille V d’un foyer et à une distance convenable, on peut obtenir une
- image nette du cheveu et du fil sur un écran e éloigné d’environ un mètre de l’appareil.
- Le disque D étant chargé, la plaque p est attirée et l’image du cheveu c se meut en se rap prochant de l’image Jixe du fil c' qui sert de trait de repère ; la coïncidence des deux images correspond à un potentiél déterminé qui dépend de la construction de l’instru ment et de la distance du dis que D au pla teau mobile p.
- En tout cas il suffit de charger ou de décharger le disque de façon à maintenir la coïncidence des deux images pour être certain de la constance du potentiel sur le disque.
- En revenant plus spécialement à la figure (a), on voit que l’appareil proprement dit est renfermé
- dans une cage cylindrique en verre fixée à un disque en éboniteE supporté par trois vis calantes. L’air intérieur de la cage est constamment desséché avec de l’acide sulfurique ou de la chaux vive.
- L’ébonite et le verre sont d’ailleurs recouverts d’une couche épaisse de vernis à la gomme laque : la tête de la vis N qui sert à faire mouvoir le disque D est isolée, ainsi que la tige T. Avec ces
- FIG. i
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- précautions la charge se maintient suffisamment sur la jauge.
- D’ailleurs il faut remarquer que du moment que l’observateur a constamment sous les yeux les indications de l'instrument sur l’écran e et qu’il a sous la main le rechargeur destiné à maintenir la charge, il n’est plus absolument nécessaire, comme dans les appareils de M, W. Thomson que la jauge puisse conserver sa charge, sans y toucher, pendant plusieurs heures.
- La relation entre la jauge et le rechargeur est
- FIG. 3
- établie à l’aide d’un fil bien isolé fixé d’une part à la tige T de la jauge, de l’autre au ressort collecteur C du rechargeur de la figure 3.
- Cette figure représente le rechargeur vu en perspective, et décrit dans l’article précédent, avec un pla.eau en ébonite P, ses frotteurs F, le bouton v qui sert à le faire tourner et qui est à la portée de la main de l’observateur.
- On voit en £ la petite plaque de verre dépoli sur laquelle se projettent les images des tiges t, T, du fil fixe du cheveu mobile f et de l’étrier qui le 'supporte.
- L’observateur est placé en arrière de l’écran du côté du bouton V.
- En se reportant d’ailleurs à la figure d’ensemble de la page 2>j du présent volume, on comprendra
- maintenant sans difficulté la manœuvre des appareils.
- Il va sans dire que le disque de la jauge est aussi relié par un fil isolé avec les aiguilles ou les quadrants des électromètres de façon qu’ils soient chargés en même temps, et maintenus en même temps à un potentiel constant, qui n’est pas nécessairement le même pour les deux appareils.
- E. Mercadier.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LE TRAMWAY ÉLECTRIQUE
- DU PALAIS DE L?INDUSTR1E ET
- LE CHEMIN DE FER POSTAL
- Le tramway électrique qui a fonctionné tout l’été au Palais de l’Industrie devait être pour les Parisiens une confirmation expérimentale des bons résultats obtenus à Bruxelles, à Vienne, à Londres et surtout à Berlin sur la ligne réunissant Lichter-felde à l’école des Cadets.
- Bien que la ligne de la place de la Concorde n’ait pas été établie dans les conditions pratiques dans lesquelles doit être faite l’installation d’un chemin de fer électrique, l’expérience n’en a pas moins été concluante et les difficultés que l’on a eu à vaincre au commencement de l’Exposition n’en ont que, mieux prouvé la fécondité des ressources que l’électricité met à notre disposition.
- Dans la description que nous avons donnée du chemin de fer électrique de Lichterfelde (’) nous avions indiqué une disposition projetée par M. Siemens pour le cas où les rails ne pourraient pas comme à Berlin servir de conducteurs pour l’aller et le retour. Cette disposition consistait en un contact mobile roulant sur un conducteur aérien soutenu de place en place par des poteaux. Les rails devaient alors servir de fil de retour. Ce mode de communication, qui n’était alors qu’à l’état de projet, est précisément celui que l’on a été amené à mettre en pratique à l’Exposition Internationale d’Électricité.
- La maison Siemens avait d’abord eu l’intention d’établir son tramway sur des rails aériens supportés par des colonnes, mais l’autorisation demandée pour cela fut accordée trop tard pour que l’installation pût être prête à temps. Force fnt donc de poser les rails sur le sol, mais il ne fut pas permis de les placer en relief comme cela a lieu à Lichter-
- (’) Lumière électrique, n° du 20 juillet 1881.
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- felde et l’on dut en fin de compte se servir de rails à fleur de terre, comme les rails ordinaires de tramway. Cette dernière circonstance fut encore un obstacle à l’accomplissement du projet indiqué ci-dessus. Les rails se recouvrant en effet de boue, celle-ci formait une couche isolante qui s’opposa à ce qu’on prît les rails comme conducteurs de retour. Il a donc fallu établir deux conducteurs aériens au lieu d’un seul et se servir par conséquent aussi de deux contacts mobiles.
- Ce sont ces modifications imprévues qui apportèrent quelques retards dans l’installation du tramway. Elles furent cependant promptement exécutées par MM Boistel et Sapé, auxquels revient aussi l’hon-
- neur d’avoir étudié et mené à bon fonctionnement le système de contacts mobiles, mis pour la première fois en pratique sur la place de la Concorde.
- Nous décrirons d’abord ce système pour indiquer ensuite les particularités que présentait le véhicule lui-même ainsi que sa marche.
- Les conducteurs aériens fixes étaient formés de tubes de laiton t1' représentés en coupe longitudinale et transversale dans la figure i ; ces tubes sont -fixés à des barres de bois LL supportées le long de poteaux par un système de fils de fer analogue à celui que l’on emploie pour les ponts suspendus. Les tubes t t étaient fendus à leur partie inférieure sur toute leur longueur et sur une largeur de i cen-
- S gÈSp
- MOBILES DU TRAMWAY ÉLECTRIQUE
- timètre. Dans l’intérieur de chacun de ces tubes courait une sorte de navette de laiton N, de laquelle partaient deux tiges verticales. Sur ces tiges pouvait glisser une traverse E E' portant un galet R. Une seconde traverse H était fixée entre deux écrous à l’extrémité des deux tiges et deux ressorts à boudin S S' s’appuyant sur H tendaient à soulever E E', de sorte que le galet R s’appuyait constamment sur le tube t t'. Celui-ci était donc constamment pris entre le galet R et la navette N et il en résultait entre le tube et le système mobile un contact qui n’était peut être pas parfait, mais qui était au moins toujours pratiquement suffisant.
- Les deux tubes étaient reliés parleur extrémité la plus voisine du Palais de l’Industrie à deux conducteurs venant de la machine génératrice du courant, et de chaque contact mobile partait un fil isolé F relié avec le moteur, situé sous le wggon entre les
- roues et leur transmettant le mouvement à l’aide d’une chaîne de Gall. Ce n’étaient pas cependant ces deux fils qui, pendant le mouvement de la voiture, entraînaient les contacts mobiles. Pour chaque contact, deux cordes étaient attachées aux tiges verticales au-dessus de la traverse E E', l’une en E, l’autre en E'; chacune d’elles servait à tirer le contact pour un des sens de marche du wagon et l’on avait ainsi quatre cordes pour relier la voiture à l’ensemble des deux contacts mobiles. Pour éviter que dans leur mouvement ceux-ci ne vinssent se toucher, les extrémités de la traverse E E' étaient garnies de pièces d’ébonite destinées à empêcher tout accident de ce genre. A force de servir, les pièces formant contact mobile s’usent, mais l’expérience a montré que cette usure porte surtout sur la navette et il est facile de la remplacer.
- La vitesse du véhicule pouvait atteindre jusqu’à
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 70 kilomètres par heure ; mais sa vitesse moyenne, pendant tout le temps qu’elle a fonctionné, a été de 17 kilomètres par heure. Pour régler cette vitesse, le conducteur du car avait sous la main la manette d’un rhéostat, il pouvait ainsi introduire dans le circuit des résistances plus ou moins grandes. L’arrêt était produit au moyen de l’interruption du circuit, mais, pour éviter une trop brusque rupture du courant, cette interruption était précédée de l’introduc-
- tion dans le circuit d’une très grande résistance. Le conducteur tournait pour cela la manette de son commutateur de manière à augmenter graduellement la résistance ; quand la manette était arrivée à l’extrémité de sa course, le courant était rompu. En outre, la voiture était munie d’un frein ordinaire pouvant aussi contribuer à en opérer l’arrêt.
- Le nombre de tours de l’induit de la machine génératrice était de 55o par minute, celui du moteur
- l'IÜ. 2. — LE WAGON ÉLECTRIQUE DE LICHTEREELDE AU PALAIS DE L’iNDUSTRIE
- placé sous le car de 465 par minute. La ligne avait une longueur totale, depuis le Palais de l’Industrie jusqu’au petit hangar établi au coin de l’avenue des Champs-Elysées, de très près de 5oo mètres. Elle présentait une courbe de 55 mètres de rayon, et à l’entrée du Palais, à l’endroit où elle contournait la fontaine, une seconde courbe de 3o mètres de rayon avec contre-courbe à peu près identique. En un certain point, il y avait une rampe de plus de 2 centimètres par mètre. Sur la partie droite de la ligne, le travail dépensé à la vitesse moyenne était de trois chevaux et demi; sur la courbe, il était de sept che-
- vaux et demi, et il atteignait plus de huit chevaux et demi sur la pente.
- La voiture employée différait un peu de celle du tramway électrique de Lichterfelde que nous avons décrite dans un précédent article (numéro du 20 juillet 1881) et dont un modèle figurait à l’Exposition du Palais de l’Industrie, à côté des belles machines à galvanoplastie de la maison Siemens et des magnifiques planches de cuivre obtenues à l’aide de ces machines (voir fig. 2).
- C’était un car à impériale, modèle des Tramways-Nord, pouvant contenir en. tout 5o personnes, con-
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- trôleur et conducteur compris. Ce car pèse vide 55oo kilogrammes; lorsqu’il est complet, il atteint un poids de 9000 kilogrammes. Il est représenté dans la vue de la figure 3 qui donne en môme temps un aspect général de la ligne.
- Pendant la durée de l’Exposition, cette voiture a, dit-ori, transporté 84000 personnes, et son bon fonctionnement a apporté, comme nous le disions
- plus haut, une nouvelle -preuve de la praticabilité des chemins de fer électriques.
- En ce qui concerne le mode de communications adopté, bien qu'il ait fonctionné convenablement à l’Exposition, il est évident qu’il ne sera pas applicable à des lignes un peu longues. Pour ces dernières, c’est de lignes surélevées comme celle de Lichterfelde, «t surtout de lignes aériennes comme celles projetées d’abord par M. Siemens, puis par
- FIG. 3. — LE TRAMWAY ÉLECTRIQUE DE L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- M. Chrétien, qu’il faudra se servir, et les rails seront alors utilisés comme conducteurs. Mais, d’autre part, les contacts mobiles, dont on a pu reconnaître l’efficacité aux Champs-Élysées, pourront rendre des services dans d’autres cas. Pour des travaux d’exploitation, par exemple, ou pour des galeries de mine, en un mot pour toute ligne de peu d'étendue où il sera difficile d’isoler les rails, on devra y avoir recours.
- A la question des chemins de fer électriques proprement dits se rattache celle des chemins de fer électriques de petite dimension, servant au
- transport des dépêches. Cette question a déjà été traitée dans ce journal (voir les numéros des i5juin, i3 novembre et Ier décembre 1880, et du 6 juillet 1881). On a vu que l’idée de remplacer les tubes pneumatiques par un petit véhicule mu électriquement a été émise en août 1879 par M. Ch. Bon-temps, puis indiquée de nouveau en février 1880 dans une conférence du docteur Werner Siemens, et qu’ensuite des expériences furent faites la même année, avec un plein succès, par M. Marcel Deprez, sur un petit chemin de fer circulaire construit dans la cour de l’Administration des télégraphes, à l’aide
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- de sa petite locomotive électrique, décrite dans le numéro du i" décembre 1880. En mars 1881, des expériences du même genre furent faites à Vienne, également avec succès, par M. Brunner de Wat-tenvyl. Malgré ces résultats encourageants, le projet que l’on avait formé, à la suite des expériences de M. Deprez, d’établir une poste électrique dans les .égouts a été complètement abandonné.
- . Au Palais de l’Industrie, ce système de transport des dépêches était représenté par la petite locomotive de M. Marcel Deprez et l’appareil analogue de M. Siemens. La première, comme nous venons de le dire, a déjà été décrite, et nous n’avons pas à y revenir. Quant au petit chemin de fer postal de M. Siemens, il est représenté dans la figure 4. Il se compose, comme le montre cette figure, d’une petite machine Siemens, montée sur un petit chariot aux
- roues duquel elle communique un mouvement de rotation. Le courant est transmis à la machine par les rails et les roues, et la machine entraîne dans son mouvement des boîtes de métal onontées sur rdues, dans lesquelles sont placées les dépêches.
- M. Deprez a montré, dans les articles cités plus haut, toute l’économie qu’il y aurait à remplacer les tubes pneumatiques par la poste électrique. Il a fait voir qu’en supposant en mouvement sur le réseau à un instant donné, 40 véhicules électriques, pesant chacun i5 kilog. avec ses dépêches et mar chant à une vitesse de ù mètres par seconde, le travail total exigé par le transport des dépêches sur tout le réseau souterrain de Paris, ne serait que de 12 chevaux. Or, d’après les évaluations de M. Bontemps, ce travail est aujourd’hui, avec les tubes pneumatiques, de 120 chevaux.
- PETIT TRAMWAY ÉLECTRIQUE POSTAL DE MM. SIEMENS
- Avec les tubes pneumatiques, on a à faire mouvoir non seulement la boite contenantles dépêches, mais encore une colonne d’air considérable qui détermine un frottement beaucoup plus grand que celui de la boîte elle-même. On dépense donc une très grande force pour arriver à transporter un nombre relativement restreint de dépêches. Avec la poste électrique pour une dépense de force beaucoup moindre le nombre des dépêches transportées serait beaucoup plus grand. La capacité des véhicules permettrait même de ne pas borner leur application au transport des dépêches et il serait très facile de les faire servir au transport des lettres et même des journaux, de bureau à bureau, d’une région de Paris à l’autre. Ce serait là un auxiliaire important pour le service des postes, et il le serait d’autant plus que les deux services des postes et des télégraphes se trouvent aujourd’hui réunis.
- Il y a donc là évidemment un progrès réel à accomplir, et il est permis de croire que l’on ne se refusera pas indéfiniment à le réaliser. Espérons aussi qu’on ne laissera pas à des étrangers l’hon-
- neur d’appliquer à Paris un système sur lequel l’attention de l’Administration a été appelée pour la première fois par des Français.
- A. Guerout. ,
- INSTRUMENTS DIVERS
- DESTINÉS AUX MESURES ÉLECTRIQUES
- GALVANOMÈTRE
- A DÉVIATION PROPORTIONNELLE
- J’ai décrit deux appareils galvanométriques : l’un dans le numéro du ier février 1880, l’autre dans celui du 3o arril 1881.
- Le premier de ces deux appareils ne donne des déviations proportionnelles aux intensités que dans l’étendue d’un angle de 20° environ. Le deuxième possède cette propriété dans des limites beaucoup
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- plus écartées, mais à l’aide d’une transformation de mouvement.
- Je me suis proposé de créer un instrument donnant des déviations proportionnelles dans un angle d’environ 40°, ce qui est suffisant pour la pratique, sans exiger de transformation de mouvement, et qui fût en même temps disposé de façon à permettre une construction courante et industrielle. J’ai réalisé cet appareil au commencement de l’année 1880.
- Le principe sur lequel il repose est le même que celui des autres instruments que j’ai décrits; je crois utile de le résumer rapidement. Dans un champ magnétique puissant est placé un cadre galvanomé-trique ; au centre de ce dernier est une pièce de fer doux mobile, portant une aiguille. Le passage du courant dans ce fil modifie les lignes de force du champ magnétique; la pièce mobile de fer doux est déplacée, et l’aiguille qu’elle porte marque sur un cadran gradué une déviation donnant la mesure du courant.
- Dans l’appareil que je décris comme dans les précédents, le champ magnétique est formé par les pôles d’un aimant permanent, mais dans les anciens, le cadre galvanométrique est rectangulaire; dans celui-ci, il est formé de deux bobines rondes dont la construction est plus commode; on les place l’une à côté de l’autre très rapprochées.
- Entre ces deux bobines, ainsi qu’on le voit dans la figure ci-jointe est un axe portant une petite plaque de fer doux qui est dirigée par l’aimant dans la ligne de ses pôles.
- La différence essentielle de cet instrument avec les précédents est la suivante. Dans ceux-ci, le cadre galvanométrique est placé symétriquement par rapport à l’aimant et l’aiguille indicatrice est dans l’axe de ce cadre. En sorte que dans une mesure l’aiguille ne peut s’écarter que de 20° environ pour ne pas sortir des limites proportionnelles. Il est vrai qu’elle peut s’écarter de 20° dans le sens contraire, mais cette déviation répond à un autre sens du courant, et ne peut être utilisée avec la première.
- Dans l’appareil récent le cadre galvanométrique formé par les bobines est dévié d’un angle d’environ 20° de la ligne des pôles dans le sens où l’aiguille doit se dévier elle-même. Il suit de cette disposition que lorsque le courant passe, la plaque de fer doux a d’abord à décrire un angle de 20° pour arriver dans l’axe du cadre et pour le dépasser de l’autre côté de la même amplitude. Elle utilise donc pour une même mesure les deux angles qui, dans l’ancienne disposition, ne pouvaient être ajoutés.
- Afin de trouver une place aux bobines j’ai prolongé les pôles magnétiques à l’aide de plaques polaires fixées des deux côtés du système des bobines.
- On peut s’assurer que l’appareil est bien propor-
- tionnel à l’aide d’un commutateur que l’on voit placé en avant de l’aimant. Il suffira de dire, sans description plus précise, que ce commutateur permet de mettre les deux bobinas en tension ou en quantité.
- On fera usage d’une pile quelconque. La résistance des bobines étant très grande on peut considérer celle delà pile comme nulle. Soit R la résistance d’une des bobines; supposons qu’on fasse passer le courant dans l’une d’elles seulement, l’in-
- tensité sera — ; soit a la déviation: on s’assurera
- IX
- que la déviation est la même pour chaque bobine ; si l’on met les deux bobines en tension, leurs résistances s’ajoutent, l’intensité devient l’action d’une bobine est donc moitié moindre, mais comme
- FIG. 16
- il y en a maintenant deux en action, et que leurs actions s’ajoutent, la déviation restera a. Si l’on couple maintenant les bobines en quantité, la résistance est réduite à moitié, l’intensité dans chacune
- devient — ; chacune des actions est doublée et la déviation doit doubler.
- Cette opération n’est pas seulement un contrôle de l’appareil, elle sert à le régler. A cet effet, le système des bobines est monté à frottement dur sur un pivot; si la proportionnalité n’est pas complètement atteinte on fait tourner légèrement ce cadre jusqu’à ce qu’elle soit tout à fait précise.
- Il est inutile d’ajouter que cet appareil comme les précédents a l’avantage de donner des indications immédiates exemptes de toute oscillation. Il peut être utilisé comme galvanomètre différentiel en plaçant les deux bobinas sur des circuits distincts en opposition.
- La forme que je lui ai donnée et que représente la figure, est simple et conforme aux données de la construction usuelle. On pourrait la modifier si cela paraissait utile : en faisant, par exemple, usage
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- des aimants circulaires que M. Emile Duchemin emploie dans son excellente boussole, on obtiendrait une disposition compacte et symétrique (*).
- Marcel Deprez.
- SUR LA
- RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE
- DLS GAZ
- ,, § >•
- La résistance que les gaz opposent à la propagation de l’électricité, s’est montrée, à plusieurs égards, différente de celle produite par des conducteurs solides ou liquides. Nous allons prendre ici ces différences en considération, et essayer de montrer comment elles doivent être expliquées.
- i° Pour que le courant d’un électro-moteur puisse traverser un conducteur solide ou liquide, il n’est pas besoin d’une certaine force électro-motrice. Quelque minime que soit cette force, le courant ne la traversera pas moins, quoique le courant devienne naturellement plus petit à mesure que la force est diminuée ou la résistance augmentée. Le courant ne deviendra égal à zéro que quand la force sera égale à zéro. Chez les gaz, au contraire,, les circonstances changent. Pour que le courant puisse traverser un gaz, il faut que la source d’électricité ait une certaine force électro-motrice ou qu’elle soit à même de produire une certaine tension électrique, dont la grandeur dépend, en outre, de la nature chimique, de la densité et de la température du gaz, mais ne descend jamais au-dessous d’une certaine limite dans des circonstances données. Pour la force électro-motrice qui se trouve au-dessous de cette limite, le gaz est un parfait isolateur.
- 2° La quantité de chaleur que produit le courant électrique dans son passage par un conducteur solide ou liquide, est, comme on le sait, proportionnelle au carré de l’intensité du courant. Chez les gaz, au contraire, la quantité de chaleur est proportionnelle à la première puissance de l’intensité du courant, et nullement au carré de l’intensité. Cette propriété remarquable des gaz fut pour la première fois observée par G. Wiedemann (2), et, plus tard, il fut complètement démontré par Nac-cari et Bellati que la quantité de chaleur développée est effectivement proportionnelle à la quantité d’électricité qui a passé (a).
- 3° Pour les conducteurs solides et liquides, la \ ! :
- () Par une erreur du graveur, l’aimant est figuré en une seule pièce; comme tous les aimants, il est composé de lames superposées.
- (2) Pogg. Ann., T. L|S, p. 2.37.
- (3) BeibUitterzuden Ann.der Ph. uni Ch., P. 2, p. 720(1871’).
- quantité de chaleur développée, dans des conditions du reste égales, par un courant donné, est inversement proportionnelle à la section du conducteur. La quantité de chaleur, au contraire, qui se développe dans une colonne de gaz, est indépendante de la section de cette dernière. Cette thèse a de même été démontrée expérimentalement par G. Wiedemann, ainsi que par Naccari et Bellati.
- 40 Dans un conducteur, solide ou liquide, la résistance est inversement proportionnelle à la section du conducteur. G. Wiedemann a prouvé, par la voie expérimentale ('), que la tension nécessaire sur les électrodes pour forcer l’électricité d’une machine de Holtz à traverser un tube cylindrique rempli de gaz raréfié, est indépendante du rayon du tube, ce qui veut dire, en d’autres ternies, que la résistance électrique du gaz est indépendante de la section du tube. A deux expériences, l’une avec un tube de 16 m/m, et l’autre avec un tube de o,5 m/m de diamètre, Schulz (2) ne trouva déjà qu’une différence insignifiante dans la tension électrique nécessaire pour forcer l’électricité d’une machine de Holtz à passer par le tube.
- 5° Avec des conducteurs solides et liquides, la différence entre les tensions électroscopiques sur deux points situés à une certaine distance l’un de l’autre, est proportionnelle au produit de la résistance entre ces points multipliée par l’intensité du courant. Warren de la Rue et Hugo Müller (3) ont, par contre, prouvé expérimentalement que la différence entre les tensions électroscopiques en deux points situés à distance l’un de l’autre dans une colonne de gaz est totalement indépendante de l’intensité du courant. Ces physiciens firent varier le courant d’une pile composée d’un grand nombre d’éléments entre des limites très étendues, sans qu’il fût possible de remarquer une variation dans la différence de la tension précitée. A l’aide d’une pile galvanique d’une grande force électromotrice, Hittorf a aussi prouvé, quoique par une autre voie que les savants qui viennent d’être nommés, que les différences entre les tensions électriques des électrodes conduisant à la colonne de gaz sont indépendantes de l’intensité du courant. (4) Quand on remplaçait entre les électrodes la colonne de gaz par un conducteur liquide, la différence devenait, comme l’on devait s’y attendre, proportionnelle à l’intensité du courant. Hittorf en tire la conclusion un peu prématurée que la résistance de la colonne de gaz doit être en proportion inverse de l’intensité du courant, circonstance à laquelle il attribue une importance fondamentale pour la conductibilité des gaz.
- (') Pogg. Ann., T. iSB, p. 53 (1876).
- (2) Pogg. Ann., T. i35, p. 251 (1868).
- (3) Comptes rendus, T. 86, p. 1072 (1878). Ip) Wicd. Ann., T. 7, p. 5t3 (1879).
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- n3
- 6. Il y a plusieurs années qu’Edm. Becquerel (*) prouvait, par des expériences, que les gaz commencent à être conducteurs quand on les chauffe à la température du rouge, après quoi leur conductibilité augmente à mesure que la température s’élève au-dessus de ce point. Si la température est suffisamment élevée, ils laissent même passer le faible courant d’un seul élément. La conductibilité augmente du reste à mesure que la densité du gaz diminue. Le fait que les gaz chauffés au rouge deviennent conducteurs, fut d’abord révoqué en doute, quoique à tort, par Beetz (*) et G. Wiede-mann, (3) mais il a été confirmé plus tard de la façon la plus complète par Hittorf. (4)
- Mais l’expérience de Becquerel a fourni un autre résultat sur lequel nous appellerons une attention toute spéciale. Quand, tout en conservant la même pile, l’intensité du courant était modifiée par l’introduction d’une résistance rhéostatique plus ou moins grande, la résistance du gaz se montrait dépendante de l’intensité du courant. Soit, p. ex., i et it désignant les intensités de courant, E la force électro-motrice, r et les résistances des conducteurs solides et liquides, z et zi les résistances du gaz correspondant aiet à it, on obtient,
- d’après la formule de Ohm, i = et iA =
- E
- ~r +-~. Quand le courant ne passe pas par le gaz,
- et que M et Af, désignent les résistances nécessaires pour que les intensités de courant deviennent
- E E
- les mêmes qu’auparavant, on aura i = — et it = —
- d’où l’on obtient M—r — z et M, — rx=-Zi. En posant le calcul de cette façon, il se trouva que la résistance du gaz était à peu près inversement proportionnelle à l’intensité du courant qui avait passé.
- Les chiffres d’observation obtenus paraissent aussi indiquer que la résistance du gaz augmente avec le nombre des éléments de la pile employée, quoique l’intensité du courant soit maintenue invariable par l’introduction convenable d’une résistance rhéostatique. Nous ne nous arrêterons pas maintenant à ce résultat presque incompréhensible, comme Becquerel le fait observer lui-même, vu que, dans les derniers temps, W. de la Rue et H.-W. Muller, (5) ont trouvé dans leurs recherches, exécutées toutefois par d’autres procédés que ceux de Becquerel, que la résistance des gaz à une même intensité de courant est indépendante du nombre des éléments.
- Les différences mentionnées ci-dessus entre les conducteurs solides et liquides d’un côté, ainsi que
- (‘) Annales di Ch. et de Ph. (3), T. 3g, 377 (i853).
- (a) Fortschritte der Physik, T. 9, p. 479 (i853).
- (3) Die Lehre vom Galvanismus, 2mo Ed., T. 1, p. 339.
- (4) Pogg. Ann., Jubelband, p. 234 (1874).
- Philos. Transactions, T. 169, ire partie, p. 236 (1878).
- les gaz de l’autre, s’expliquent sans peine, si l’on prend pour point de départ la théorie unitaire exposée par moi sur la nature de l’électricité. (') Pour fournir la preuve de ce que j’avance, il est cependant nécessaire de citer d’abord quelques thèses de cette théorie.
- § 2.
- a) Suivant la théorie unitaire, le courant galvanique dans un circuit fermé consiste en ce que l’éther libre qui se trouve dans ce circuit est mis en mouvement translatoire. L’intensité du courant est déterminée par la quantité d’éther traversant, dans l’unité de temps, une section quelconque du conducteur, et la vitesse de l’éther est, pour une intensité égale de courant, inversement proportionnelle à la grandeur de la section. Le courant galvanique peut donc être comparé au courant d’un gaz ordinaire qui se trouve dans un système de tubes, et les propriétés appartenant à un courant de cette dernière espèce doivent donc être, mutatis mutandis, rencontrées chez le courant d’éther. Ainsi nous supposons un tuyau dont l’une des moitiés a la section 1, et dont l’autre présente une section n fois plus grande; nous supposons, en second lieu, ce tuyau rempli d’un fluide (liquide ou gat) ayant un mouvement translatoire imprimé par des forces agissant à l’un des bouts du tuyau. Si, maintenant, on veut empêcher ou diminuer en un point quelconque le mouvement du fluide par une contre-pression (p. ex. au moyen d’un piston ou d’autre manière), il faudra, pour parvenir au même effet, faire agir, dans la partie la plus large du tuyau, une pression n fois plus grande que dans la plus étroite. La diminution de la vitesse du mouvement par le moyen de la contre-pression, ne dépend pas de la valeur absolue de cette dernière, mais de sa valeur par rapport à l’unité de section. Si la contre-pression sur l’unité de section est aussi forte dans la partie la plus large du tuyau que dans la plus étroite, la diminution de l’intensité du courant est égale dans les deux cas. Il en sera toujours de même, quelle que soit la résistance, pourvu que le fluide employé soit doué d’une fluidité suffisante pour provoquer une pression égale dans toutes les directions.
- Ce qui vient d’être dit trouve une application directe dans le courant galvànique. Quelque opinion que l’on puisse avoir sur la nature de l’électricité, tout le monde est d’accord que c’est un fluide auquel ses particules mobiles à l’extrême permettent de communiquer la pression dans toutes les directions. La résistance galvanique porte obs-
- (*) Théorie des phénomènes électriques : Mémoires (Hand-lingar) de P Acad. roy. des scienaes de Suède, T. 12, N° 8 (1874). — Stockholm, P.-A. Norstedt et Sôner. — Leipzig, F.-A. Brockhaus’ Sortimeut. Prix : 3 Reichsmarks.
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- tacle au mouvement de l’électricité. Elle agit donc comme une pression en sens contraire, uniformément répartie sur tous les points de la section du conducteur. Si, maintenant, deux résistances, par exemple deux fils, chacun d’un métal différent et avec des sections différentes, produisent une diminution égale dans l’intensité d’un courant donné, on dit que leur résistance est égale. On sait également, en conformité de ce qui précède, que la contre-pression opposée, par chacun d’eux, sur l’unité de section, à la propagation du courant est de même égale. C’est donc exclusivement la contre-pression sur l’unité de section qui peut servir à la détermination de la résistance galvanique. C’est une conséquence des lois hydrodynamiques, et il est impossible de donner une autre interprétation à ce fait, si l’on veut continuer à admettre que la lumière électrique est un fluide.
- Supposons, maintenant, un seul fil conducteur ou une colonne liquide f, avec la section i, et en outre un nombre n d’autres conducteurs /,/,/ etc., d’une matière, d’une section et d’une longueur égales à celles du précédent, placés les une à côté des autres. Posons ensuite qu’un courant i passe par le conducteur/, puis simultanément par les conducteurs/,./, /, etc., placés les uns à côté des autres. Chacun de ces derniers conducteurs devra
- donc être parcouru par un couraiit = ~ i. Or, nous
- savons par l’expérience que la résistance à vaincre par le courant pour traverser simultanément les
- n conducteurs /0, /, /, etc., constitue de la
- résistance à vaincre quand le courant traverse /. D’après l’éxposé ci-dessus, la contre-pression, sur l’unité de section des n conducteurs sera de
- même — de la contre-pression dans le conducteur
- unique f, la résistance étant exclusivement déterminée par la grandeur de la contre-pression sur l’unité de section. Il suit donc de là, que, dans chacun des conducteurs /o,/,/, etc., la résistance
- sera, dans le cas actuel, — de ce qu’elle est en f.
- Nous nous trouvons donc devant le résultat inattendu que la résistance galvanique est proportionnelle à Vintensité du courant. Il faut observer, cependant, que cette démonstration ne concerne que les corps solides et liquides, mais nullement les gazeux, auxquels l’expérience citée n’est pas applicable.
- Le résultat mentionné ci-dessus est en opposition directe avec l’opinion généralement admise jusqu’ici, dans laquelle la résistance est indépendante de l’intensité du courant. Mais, si l’on veut continuer à soutenir cette opinion, il faudra de même, par suite de ce qui précède, admettre que le fluide que nous nommons électricité est soumis à de tout autres lois de mouvement que les autres
- fluides à nous connus. Il a du reste été démontré, dans le mémoire cité, que, quoique la thèse formulée soit en contradiction avec l’opinion commune, elle ne l’est nullement avec les résultats expérimentaux sur lesquels on a cru pouvoir baser cette opinion.
- Par suite des résultats de l’expérience, comme aussi de la considération théorique donnée ci-dessus, nous avons donc, comme expression de là résistance r0 dans un conducteur de la longueur i et de la section a, parcouru par le courant i :
- ki
- r* = T=r,>
- où k est une constante dépendant de la nature chimique et physique du conducteur, ainsi que de la température. La constante k est évidemment la résistance dans un conducteur de la section x et de
- la longueur i, parcouru par le courant i ; ^ est
- l’intensité du courant sur l’unité de section; r, ou en d’autres termes, ce que l’on a nommé jusqu’ici la résistance galvanique, n’est rien autre que là résistance par unité de l’intensité du courant. Afin de distinguer cette résistance des autres, nous la nommons dans la suite résistance principale.
- (A suivre.) Edlund.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Mesure des potentiels correspondant à des distances explosives déterminées.
- Dans notre dernier numéro, nous avons inséré sur ce sujet une note présentée à l’Académie des Sciences par M. Baille; dans une seconde communication, l’auteur a été amené à étudier l’influence que la courbure des extrémités polaires de l’excitateur exerce sur la valeur des potentiels.
- « Je faisais, dit-il, jaillir l’étincelle entre deux corps de forme déterminée, respectivement en communication avec les deux pôles d’une machine électrique et je mesurais le potentiel en valeur absolue, au moment même de l’étincelle, ainsi que je l’ai indiqué.
- « Un des conducteurs seul était isolé et relié au disque attirant de la balance. Il faut remarquer en effet que, lorsqu’une étincelle jaillit entre les deux pôles d’une machine, c’est-à-dire entre deux conducteurs isolés et chargés respectivement de quantités égales et de signes contraires, les potentiels de chacun de ceux-ci sont généralement différents, et varient en raison inverse de leurs capacités. Il est donc avantageux, pour n’avoir qu’une mesure à
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- faire, de déterminer une étincelle entre un conducteur électrisé et un conducteur en communication avec la Terre, dont la capacité est regardée comme infinie.
- * J’ai étudié deux formes particulières d’excitateurs, les cylindres concentriques, et les sphères de différents diamètres.
- « I. Lorsque l’étincelle jaillit entre deux cylindres concentriques, le potentiel dépend non seulement de la longueur explosive, mais aussi des diamètres des cylindres extérieur et intérienr : il augmente avec ces diamètres.
- « M. Gaugain, dans l’étude qu’il a faite des excitateurs cylindriques, avait énoncé la loi que la densité explosive est indépendante du cylindre extérieur. Cette loi ne se vérifie pas très régulièrement, mais elle peut donner une première approximation suffisante.
- « Il faut du reste observer que la densité explosive sur les cylindres concentriques.varie très peu, quels que soient les diamètres de ces cylindres.
- « II. Pour les excitateurs sphériques, extérieurs l’un à l’autre, les mesures diverses que j’ai effectuées m’ont conduit aux résultats suivants.
- « i° Pour une longueur explosive donnée, le potentiel est maximum, lorsque l’étincelle jaillit entre deux sphères de même diamètre.
- « 2° Il s’éloigne d’autant plus du maximum que la différence des courbures des pôles est plus grande, et que le potentiel est plus élevé.
- « 3° Je n’ai trouvé aucune différence bien nette entre les potentiels correspondant à la même distance explosive, selon que la sphère électrisée est la plus grande ou la plus petite.
- « 4° Lorsque l’étincelle jaillit entre deux sphères égales, on peut trouver pour chaque longueur explosive un diamètre tel que le potentiel soit maximum ; et ce diamètre de la sphère excitatrice, correspondant au maximum, est d’autant plus petit que l’étincelle est plus courte.
- « Ainsi une étincelle de imm exige un potentiel plus fort pour jaillir entre deux pointes qu’entre deux plans; c’est le contraire pour une étincelle de iomm.
- « Les nombres suivants, extraits du tableau qui représente les mesures que j’ai faites à ce sujet, indiquent bien ce dernier fait. Les maxima Sont indiqués par des_chiffres plus gros.
- Distances
- Sphères.
- explosibles Plans. de 6»»>. de icin. deoou>.35. de O cm, 1.
- O.I 14.670 14.733 i5.25o 16.042 16.io3
- 0.2 25.510 25.586 26.784 27.129 .21 910
- 0.3 35 352 36.124 37.322 36.287 24 124
- 0.4 45 089 45.667 46.553 41.420 26.3o3
- o.5 54 467 53 062 54 6S9 49.210 29 997
- 1.0 105.494 11 2.943 83.046 59.491 36.238
- potentiels correspondant aux distances explosives indiquées : ils sont exprimés en unités absolues du système C. G. S. »
- Les procédés électrométallurgiques actuels (*).
- Pendant l’Exposition, M. Henri Bouilhet, de la maison Christofle, a fait, sur les procédés électro-métallurgiques, une conférence contenant un certain nombre de faits qui pourrofit intéresser nos lecteurs.
- Après avoir retracé en quelques mots l’histoire de l’éléctrométallurgie, M. Bouilhet donne les renseignements suivants sur l’importance actuelle de l’argenture galvanique :
- « Une seule usine à Paris, celle de MM. Christofle, dépose annuellement plus de 6ooo kilogrammes d’argent, et depuis 1842, date de sa fondation, elle n’a pas employé moins de 169 000 kilogrammes d’argent, déposé sur un nombre incalculable d’objets à l’épaisseur convenable et suffisante pour assurer à chacun d’eux une durée appropriée à l’usage auquel ils sont destinés.
- « L’épaisseur moyenne adoptée pour ces dépôts est celle qui correspond à 3 grammes par décimètre carré ou 3oo grammes par mètre carré de surface. La surface couverte d’argent par cette seule usine n’est donc pas moins de 563 000 mètres, plus de 56 hectares.
- « Ce n’est là que le travail d’une seule usine; des documents certains, recueillis dans ces derniers temps, nous font fixer à 25 000 kilogrammes par an la quantité d’argent employé seulement à Paris en dépôts galvaniques. »
- M. Bouilhet estime, en outre, qu’en Europe et en Amérique les pays producteurs transforment en objets argentés une certaine quantité d’argent qui peut être évaluée à près de 125 000 kilogrammes par an, c’est-à-dire 25 millions de francs.
- Passant ensuite à la description des effets décoratifs que l’on peut obtenir en galvanoplastie par les dépôts d’or vert ou d’or rouge obtenus en ajoutant aux bains d’or de l’argent et du cuivre, il fait remarquer la difficulté qu’il y aurait à fixer d’avance la composition de ces bains mixtes, et il indique la méthode empirique à l’aide de laquelle on peut les obtenir :
- « Dans un bain d’or jaune fonctionnant bien et contenant 5 à 6 grammes d’or par litre, on fait passer un courant électrique pendant plusieurs heures, en mettant au pôle positif une lame d’argent pur. Lorsque le métal qui se dépose au pôle négatif a pris la couleur verte que l’on veut obtenir, on arrête l’opération et en remplace l’anode en argent par un anode en or vert; le bain est fait et peut alors continuer à être employé avec succès.
- « Les nombres contenus dans ce tableau sont les
- (!) Bulletin de la Société d’Encouragement, novembre 1881.
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- « L’or rouge s’obtient de la même manière en introduisant dans un bain d’or ordinaire une lame de cuivre qu’on remplace par une lame d’or allié aussitôt que l’effet est obtenu.
- « Ceci est la méthode empirique, mais si l’on cherche par l’analyse dans quelle proportion on doit employer l’or et l’argent pour faire un bain, on trouve que l’or et l'argent sont dissous dans la proportion inverse de l’alliage à déposer. Ainsi l’or vert en lingot est composé de 2/3 d’or et i/3 d’argent et le bain qui sert à le déposer contient i/3 d’or et 2/3 d’argent.
- « Les bronzes déposés galvaniquement à la surface d’objets sont obtenus de la même manière. »
- Un des moyens employés pour obtenir des incrustations dans une pièce métallique est décrit par le conférencier de la manière suivante :
- « Le dessin, qui sera plus tard enargent ou en or, est fait à la gouache sur la pièce à incruster. Cela fait, on épargne, au moyen d’un vernis qui ne doit être attaqué ni dans les acides ni dans les alcalis, toute la partie de la pièce qui n’est pas couverte de blanc et l’on porte dans un bain d’acide nitrique très faible, en mettant la pièce au pôle positif de la pile. Le sel de plomb dont est composée la gouache se dissout et le métal s’attaque. Quand on juge suffisante la profondeur . de l’alvéole ainsi obtenue, on porte immédiatement la pièce, après l’avoir rincée, dans un bain d’argent ou d’or galvanique, à très faible densité marchant à froid. Le dépôt de métal précieux, se produit et adhère parfaitement dans le creux décapé par l’eau forte. Lorsque l’alvéole est pleine, on arrête l’opération, on enlève le vernis, et on soumet la pièce obtenue à un polissage à la main qui fait disparaître l’excès du métal jusqu’à l’affleurement des surfaces. Si la pièce doit être repétée plusieurs fois, le moyen indiqué sert à exécuter le modèle; 011 emploie ensuite les procédés de reproduction pour la galvanoplastie pour obtenir la pièce toute faite avec des creux et des reliefs et on peut alors la décorer par incrustation. »
- On se rappelle le procédé indiqué par Lenoir en i858 pour la préparation galvanoplastique d’objets en ronde bosse. Il consistait à prendre pour électrode-négative l’intérieur d’un moule en creux de l’objet à reproduire et à introduire dans ce moule comme électrode positive une carcasse de fil de platine épousant à peu près la forme du moule, de telle sorte que la surface de ce dernier fût partout très près du pôle positif.
- Avec ce procédé, la construction des carcasses de platine était longue et difficile et d’autre part le dépôt de 1 kilog de cuivre exigeait l’immobilisation pendant un mois de 120 à 140 francs de platine. M. Bouilhet indique comment MM. Christofle furent amenés à remplacer ce procédé par une autre méthode encore employée aujourd’hui.
- « A cette époque, dit-il, M. Gaston Planté était attaché à leur usine comme chimiste électricien. Ses recherches sur les courants secondaires l’avaient amené à construire sa pile de polarisation, dans laquelle le platine était remplacé par du plomb. Il nous donna l’idée de substituer le plomb au platine et grâce à son concours et à celui de notre ingénieur, nous fûmes mis en possession d’un procédé qui permettait à la galvanoplastie de reproduire en ronde-bosse les statues les plus délicates et les plus fouillées. On comprend, en effet-, combien il est facile de faire avec ce métal les noyaux qui, percés de trous de manière à permettre la circulation du liquide sont placés dans l’intérieur du moule et maintenus à distances égales et régulières par des supports isolés. Le plomb relié au pôle positif se couvre d’une légère couche d’oxyde, devient le siège d’un dégagement d’oxygène et ne s’attaque plus.
- « Il est curieux de se rendre compte du travail qui se fait dans l’intérieur du moule ; prenons pour exemple une sphère, déposée par ce procédé, pesant 1 700 grammes et d’une capacité de 1 lit. 5 environ; en supposant que le bain de sulfate de cuivre contienne 60 grammes de cuivre par litre, il a fallu que le liquide se soit renouvelé vingt fois pour fournir la quantité de métal nécessaire au dépôt; c’est grâce au mouvement produit par le dégagement du gaz à la partie supérieure que ce renouvellement a lieu avec régularité; sans lui il était impossible. »
- La question si actuelle du nickelage est appréciée comme il suit par M. Bouilhet :
- « La galvanoplastie du nickel et le nickelage sont obtenus dans des bains ammoniacaux sur la composition desquels on a beaucoup discuté. A vrai dire, ils sont semblables à ceux qui avaient été brevetés dès 1842 par MM. de Ruolz et indiqués par M. Becquerel père; mais lorsque; en 1868, M. Adams prit un brevet en Amérique pour le nickelage, il sembla attribuer la réussite des bains qu’il brevetait à l’absence complète d’alcalis fixes dans les bains et, d’après lui, le dépôt de nickel ne pouvait être obtenu si le bain ammoniacal contenait la moindre trace de potasse ou bien de soude.
- « C’est là une erreur complète, car nous avons pu obtenir de très bons dépôts dans des bains ammoniacaux contenant des sels de potasse ou de soude ; M. Adams avait passé à côté de la véritable raison qui est celle-ci : Le dépôt de nickel n’est beau et résistant que s’il est déposé dans un bain neutre ou presque neutre. Dès que l’ammoniaque est à l’état libre dans un bain ammoniacal, le dépôt devient grisâtre et cassant. Si on évite son dégagement, le dépôt reste brillant et homogène. La présence de la soude et de la potasse libre produit le même effet, mais à l’état de sel neutre, elles sont sans influence sur le dépôt. Quoi qu’il
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- en soit, le meilleur bain pour le dépôt du nickel est un bain neutre de sulfate double ammoniacal, et la meilleure méthode pour opérer, c’est de n’opérer pour ainsi dire que le papier de tournesol à la main afin de s’assurer constamment de la neutralité du bain. »
- M. Bouilhet attribue l’extension qu’à prise dans ces dernières années le nickelage, non pas à une meilleure composition des bains, mais à l’emploi de la machine Gramme, source d’électricité meilleure, plus constante et beaucoup plus économique que celle fournie jusqu’alors par la pile.
- Il rappelle à cette occasion que c’est dans l’usine de MM. Christofle que, pour la première fois, M. Gramme a tenté une application industrielle.
- Dès 1854, MM. Christofle avaient essayé de substituer aux piles les machines magnéto-élec triques. Ils avaient essayé sans succès appréciable les machines de l’Alliance. Plus tard la machine Wilde avait été mise en pratique, mais sa construction vicieuse et son échauffement qui rendait son action intermittente ne permirent pas à MM. Christofle d’abandonner complètement les piles galvaniques.
- « En 1871, mis en rapport avec M. Gramme, ils lui posèrent les conditions du problème à résoudre : construire une machine déposant 690 grammes d’argent à l’heure sur une surface donnée dans quatre bains montés en dérivation et marchant avec une vitesse de 3oo tours par minute.
- « C’est ici pour nous l’occasion de rendre hommage à l’inventeur. Les études étaient tellement avancées, les calculs si sûrs et si précis, qu’au bout de trois mois il nous apportait une machine construite dans les conditions de résistance indiquées par nous et, dès les premières expériences, nous déposions 600 grammes d’argent à l’heure dans les quatre bains, avec une vitesse de 3oo tours à la minute.
- <t Pour vous montrer l’importance de la révolution accomplie par la machine Gramme, nous vous apportons des prix de revient absolument certains, car ils sont basés sur une production considérable et les calculs faits sur une moyenne de cinq années de travail manufacturier.
- « Avec la pile, le kilog. d’argent coûtait 3 fr. 87 de frais d’électricité. Avec la machine Gramme, en comptant la valeur de la force motrice, l’intérêt du capital et l’amortissement du matériel, le prix de dépôt de l’argent est réduit à 94 centimes le kilogramme.
- Les piles et condensateurs de M. Varley
- L'Engineering nous apprend qu’à une récente réunion de la Société de ingénieurs télégraphiques, M. Cromwell F. Varley F. R. S. a présenté une
- forme de pile Daniell brevetée par lui en 1854 (n° 2555). Chose assez curieuse, ce brevet est resté complètement ignoré et les appareils qui y sont décrits ont été brevetés trois fois depuis par MM. Charles Wheatstone, Minotti et Marié Davy. L’élément présenté par M. Varley se compose d’un vase de verre au fond duquel est placée une boite cylindrique plate en cuivre dont le dessus est percé de trous et qui est remplie de cristaux de sulfate de cuivre ; une électrode isolée relie cette boîte à l’extérieur. En haut du vase est 4 suspendu un morceau de zinc de forme conique bien amalgamé et portant aussi son électrode. La forme conique du zinc a pour but de faciliter le dégagement de l’hydrogène et le détachement du cuivre déposé sur le zinc. Le liquide employé est un mélange à volumes égaux d’eau et d’acide sulfurique. Une couche de matière poreuse, d’argile calcinée, par exemple, est placée au-dessus du couvercle percé de trous de la boîte de cuivre. Les cristaux de sulfate se dissolvent dans le liquide et le rendent plus dense, de sorte que la dissolution se maintient au fond du vase. Une certaine quantité arrive cependant par diffusion jusqu’au zinc, et y provoque un dépôt de cuivre. Pour empêcher ce dépôt, M. Varley siphonne de temps en temps le liquide au-dessous du zinc. D’après lui, l’amalgamation maintient constante la force électromotrice du zinc, qu’il soit ou non couvert de métaux étrangers.
- M. Varley a indiqué aussi comme remontant à la même époque (1854), la pile à sulfate de mercure employée depuis par M. Marié Davy. Enfin le même brevet contenait l’indication des condensateurs d’induction pour l’emmagasinement de l’électricité. Ces condensateurs ne sont pas des accumulateurs secondaires, mais des condensateurs statiques, comme ceux que l’on emploie aujourd’hui en télégraphie et ceux dont M. Jablochkoff s’est servi pour ses expériences d’éclairage.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le Directeur,
- Dans un récent numéro de la Lumière électrique, MM. W. E. Ayrton et John Perry se sont occupés du principe de la conservation de l’électricité (9, que ces auteurs considèrent comme superflu. (Voir la Lumière électrique du 23 novembre 1881.)
- Le raisonnement que MM. W. E. Ayrton et John Perry apportent à l’appui de leur opinion, et qu’ils appliquent au
- (') Les premiers mots de l’article de MM. W. E. Ayrton et John Perry pourraient donner lieu à une fausse interprétation : je dois rappeler que la priorité de l’énonciation et de l’application du principe de la conservation de l’électricité ne m'a été contestée par aucun physicien, et que sur ce point j’ai toujours été d’accord avec le professeur S. P. Thompson. (Voir la Nature anglaise, 1881.)
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- phénomène de M. Boltzmann, repose sur une confusion de notations. MM. W. E. Ayrton et John Perry désignent par a même lettre m successivement, la quantité d’électricité qui reste acquise par le condensateur de M. Boltzmann, puis la somme algébrique des quantités d’électricité fournies à cet appareil par la pile. En effet, d’abord MM. W. E. Ayrton, et John Perry posent :
- i) m— C0 (i + rp) x
- m représente donc la charge acquise par le condensateur ; il s’ensuit que dm est une différentielle exacte et que
- dm = o
- pour un cycle fermé. Or, il s’agissait de démontrer que la somme algébrique des quantités d’électricité fournies par la pile, est nulle pour un cycle fermé : c’est cette dernière quantité que j’ai représentée par m. MM. W. E. Ayrton et John Perry appliquent à cette dernière signification de la lettre m ce qui n’est démontré que pour la première. Ces auteurs admettent donc que ce qui reste acquis est égal à ce qui a été fourni, c’est-à-dire qu’il y a conservation de l’électricité. En d’autres termes, MM. W. E. Ayrton et John Perry s’appuient eux-mêmes, sans s’en apercevoir, sur le principe dont ils prétendent démontrer l’inutilité.
- En appliquant à la chaleur le raisonnement de MM. W. E. Ayrton et John Perry, on en voit plus clairement le défaut, qui consiste à confondre à priori ce qui reste acquis avec ce qui a été fourni. Soit Q, la quantité de chaleur contenue dans un corps; Q peut être regardé comme une fonction inconnue de la pression/» et de la température x; carp et x reprenant la même valeur, l’état du corps redevenant le même, Q reprend la même valeur. Donc dQ est une différentielle exacte, et
- fdq = o
- pour un cycle fermé. Peut-on en conclure que la somrrie algébrique des quantités de chaleur fournies au corps est nulle ? Il s’ensuivrait que la chaleur ne peut pas être convertie en travail.
- En outre, MM. W. E. Ayrton et John Perry attribuent à l’expérience un résultat qui est dû au raisonnement, et inversement : ces auteurs disent que l’équation i) est le résultat des expériences de M. Boltzmann et que j’en ai tiré par différentiation la formule
- 2) dm — cdx + hdp.
- Or, l’équation 1) ni aucune autre analogue ne se trouve dans le mémoire de M. Boltzmann ('); les expériences de cet
- habile physicien ont consisté à mesurer le rapport - ; elles permettent par suite d’écrire l’expression différentielle 2). Mais je ne connais aucune expérience qui établisse que l’équation 2) soit intégrable : cette intégrabilité résulte du principe de la conservation de l’électricité.
- D’ailleurs ce principe a été appliqué à des phénomènes que l’on constate sans employer de condensateurs (électrocapillarité, compression des cristaux hémièdres, etc.) et dans quelques-uns de ces cas, le raisonnement de MM. W. E. Ayrton et John Perry, même avec la confusion qu’ils commettent, ne peut plus être appliqué. — On sait que plusieurs des conséquences tirées du principe de la conservation de l’électricité ont été depuis vérifiées expérimentalement^* 2).
- En résumé, MM. W. E. Ayrton et John Perry considèrent, sous le nom de principe de la conservation de l’électricité une proposition qui est différente de ce principe, et qui ne pourrait pas servir de base aux mêmes déductions.
- Veuillez agréer, etc.
- G. Lippmann.
- (') Pogg. Ann. t. 155. p. 403-422, i8q5.
- (2) Voir R. Blondlot, thèse de Doctorat. Paris 1881. — P. et G. Curie, Comptes rendus de VAcadémie des Sciences, 1881.
- FAITS DIVERS
- Nous apprenons que M. Louis Schwendler, directeur des télégraphes de l’Inde à Calcutta, et dont nous avons eu à plusieurs reprises occasion de citer les travaux, vient de mourir à Berlin. Après avoir été longtemps attaché à la maison Siemens, il avait été distingué par le gouvernement anglais et chargé par lui de la direction des services télégraphiques des Indes anglaises. Il y a six mois, sa santé s’était trouvée atteinte par le climat et les fatigues et il avait dû prendre un congé et revenir en Europe.
- Au Brésil, la question de l’application de l’électricité à la transmission de la force est en ce moment l’objet d’études de la part de plusieurs ingénieurs, et il semble que l’électricité doive être appelée à jouer dans ce pays un rôle assez important dans la locomotion sur les voies ferrées, dit VAnglo-Brazilian Times. On sait que la plus grande difficulté que rencontre au Brésil la construction des chemins de fer consiste dans les grands changements de niveau sur de courts parcours, entre la côte et cet immense plateau central d’oû de grands fleuves navigables sur de longues étendues se précipitent sous forme de rapides et de cataractes impraticables aux bateaux à vapeur, et rendent ainsi nécessaire la construction de railways latéraux afin de remédier à cette interruption de la navigation. Or, à l’aide de l’électricité ces obstacles mêmes qui s’opposent à la circulation peuvent l’aider, si l’on utilise l’immense puissance hydraulique qui existe dans les sections interrompues des fleuves et rivières.
- C’est ainsi que l’on déjà songé à tirer parti de la série des magnifiques chutes situées le long du Paulo Affonso Railway construit pour relier la navigation du San Francisco supérieur à la section inférieure qui s’ouvre sur la mer, et à utiliser aussi les nombreuses chutes de la Madeira pour produire l’électricité qui serait employée sur le Mamoré et Madeira Railway, dont l’établissement est depuis longtemps projeté par une compagnie brésilienne.
- La ville de Mexico est entourée de lacs et de marais, que l’on traverse sur de grandes chaussées servant de digues. On vient de proposer un moyen de dessécher tout le bassin qui environne Mexico à l’aide d’appareils électriques et une Compagnie a été fondée. D’après ce projet, on établira sur-la pente occidentale des montagnes, où se trouvent de puissantes chutes d’eau, un certain nombre de roues hydrauliques, pouvant développer une force de 20,000 chevaux et on leur fera mouvoir des machines dynamo-électriques de grande puissance électro-motrice. Le courant provenant de ces machines sera conduit à environ vingt milles à une série de moteurs électriques placés sur la rive du lac, et mettant en mouvement des pompes qui nécèssiteront une force d’environ sept mille chevaux. L’eau devra être élevée d’environ quarante pieds pour franchir la crête, mais une fois élevée elle aura une marche ininterrompue jusqu’à l’Océan Pacifique. On croit que ce projet réussira et qu’il préservera à l’avenir la ville de Mexico des inondations qui depuis des siècles y exercent leurs ravages.
- On annonce qu’il est question de fonder à Bristol une compagnie d’éclairage et de transmission de force par l’électricité. Cette compagnie desservirait Bristol e't l’ouest de l’Angleterre.
- Éclairage électrique
- Le fonctionnement de l’éclairage électrique de l’avant-port du Havre s’opère maintenant, dit le Journal du Havre, d’une
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- manière parfaite ét des plus régulières, et la meilleure preuve, c’est que, depuis plus de trois mois, il n’a pas été constaté une seule extinction. De plus, les marins continuent à se déclarer très satisfaits de cette amélioration.
- Devant de pareils résultats, on ne pouvait hésiter à donner une plus grande extension à l’éclairage électrique, dans le port du Havre. C’est ainsi qu’outre les foyers supplémentaires que l’on doit installer à l’écluse des Transatlantiques, l’administration des Ponts et Chaussées va en placer trois autres, à l’entrée du bassin de l’Eure.
- En outre, une nouvelle machine à vapeur, servant de réserve, sera établie, par les soins de la Compagnie générale d’électricité, dans son local du bassin de la Citadelle, contenant le matériel nécessaire pour produire l’éclairage. Ce local va aussi être agrandi.
- Mais l’amélioration véritablement importante, qui est à l’étude en ce moment, c’est celle qui consistera à éclairer à la lumière électrique, pendant toute la durée des nuits, tout le réseau des voies ferrées existant autour de nos bassins.
- La Compagnie de l’Ouest a été frappée des inconvénients que présente la manœuvre de nuit des trains autour des bassins sur les quais si parcimonieusement éclairés, et c’est pour parer à cet inconvénient qu’elle a décidé de substituer, sur tout le parcours des lignes qui desservent les quais des bassins, la lumière électrique à celle du gaz.
- M. Cugnot, chef de la gare des marchandises au Havre, a été chargé de préparer un projet d’installation analogue à ce qui existe déjà à Anvers.
- Nous croyons savoir que, d’après ce projet, les terre-pleins de nos bassins seraient éclairés par soixante foyers électriques. Les conducteurs, au lieu d’être souterrains, comme pour l’avant-port, seraient aériens, de sorte que l’installation pourrait être complétée très promptement.
- Sheflield, la grande cité manufacturière célèbre pour sa coutellerie et sa quincaillerie, est une des villes d’Angleterre où la lumière électrique semble appelée à prendre le plus d’extension. MM. H. Bessemer, des fonderies et aciéries Bessemer, viennent augmenter la liste des grands industriels de Sheffield qui ont déjà adopté l’électricité pour l’éclairage de leurs établissements. MM. Hammond et C° de Sheffield et de Londres ont également installé dans leurs fabriques de marteaux, quatorze lampes à arc Brush, qui brûlent avec une parfaite régularité. MM. Davy frères, ingénieurs; MM. C. Cammell, des fonderies de fer et aciéries Cyclopes; MM. Steel, Tozer, et Hampton ont aussi en usage constant des lampes Brush. Une combinaison des lampes Siemens avec les lampes à incandescence Swan est maintenant utilisée avec avantage, paraît-il, pour éclairer une grande maison de draps de Sheffield.
- La ville d’Exeter, capitale du comté de Devon, va sans doute recevoir des installations d’éclairage électrique. Une Compagnie d’éclairage électrique vient, en effet, d’adresser au conseil municipal d’Exeter une demande d’autorisation pour la pose des fils. La Compagnie se propose d’utiliser la force hydraulique de l’Exe et autres cours d’eau.
- Croydon, ville du comté de Surrey, située à quatorze kilomètres de Londres et peuplée d’environ dix-sept mille habitants, va recevoir prochainement des installations pour l’éclairage électrique.
- Le contrat passé avec la Compagnie du gaz étant expiré, le conseil municipal de Hastings (comté de Sussex), port et bains de mer très fréquentés, vient de nommer un comité chargé de rédiger un rapport sur la question de l’introduction de la lumière électrique dans cette ville.
- Les vaisseaux de guerre anglais 1 ’Ajax et VAgamemnon,
- bâtiments à tourelles, vont être pourvus de lampes électriques. •
- Des ordres viennent d’être envoyés à cet effet à Chatham.
- On annonce que Kalamazoo dans l’État de Michigan doit être éclairé prochainement à l’aide du système électrique Brush.
- On assure que la substitution de la lumière électrique au gaz au Post office de Philadelphie a produit pendant l’année dernière une notable économie.
- Les vapeurs du Mississipi se mettent depuis quelque temps à installer à leur bord des lampes électriques.
- On annonce que la lumière électrique va être adoptée pour l’éclairage du théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles. .
- A Bruxelles, vient d’être„ légalement formée la Société industrielle d’électricité. Cette Société a pour objet d’exploiter les brevets de la Lampe-Soleil.
- L’exposition artistique hispano-portugaise qui vient de s’ouvrir à Lisbonne en présence des rois d’Espagne et de Portugal est éclairée danspre sque toutes ses parties à l’aide d’appareils électriques. L’effet produit par la lumière électrique dans les diverses sections est des plus satisfaisants.
- En Sicile, on commence à s’intéresser aux récentes applications de l’électricité. Des demandes ont déjà été adressées aux conseils municipaux des villes principales de l’île, telles que Palerme, Messine, Gatane, à l’effet d’introduire le système d’éclairage par l’électricité. C’est là une excellente idée; car dans un pays comme la Sicile, qui est obligé de faire venir le charbon de terre de loin et de le payer par conséquent plus cher que beaucoup d’autres contrées, l’introduction du système électrique qui permet d’utiliser toute espèce de force naturelle et gratuite, pourrait être très utile.
- Télégraphie.
- Au Pic du Midi de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, le câble télégraphique souterrain vient d’être amené jusqu’au sommet de la montagne où le général de Nansouty a, comme on sait, établi depuis plusieurs années un observatoire astronomique qui a déjà rendu de grands services. Trois paratonnerres ont été également installés sur les points suspects du parcours. Depuis le commencement de l’hiver, l’envoi télégraphique des observations faites à la cime du pic n’a encore été interrompu par aucune des tempêtes qui se déchaînent sur les flancs de la montagne.
- Le vapeur Faraday vient de quitter les chantiers dé MM. Siemens frères, à Charlton, emportant la dernière portion du nouveau câble télégraphique atlantique, qui doit être incessamment complétée par la maison américaine Gould et C°. Le câble est d’une nature spéciale et remarquable par sa force, le bout de rivage pesant dix-huit tonnes par mille. Plus de 1,100 milles du câble ont été pris à bord à raison de cinquante milles par jour, et le câble une fois terminé aura trois mille milles de long. Le Faraday a déjà fait trois voyages pour la pose du câble transatlantique laissant chaque fois le bout du câble maintenu par une bouée dans l’Océan, où il a supporté les tempêtes de l’année dernière sans la moindre avarie. M. Jacob, électricien en chef, et un
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- nombreux personnel dirigent les travaux et le navire est commandé par le capitaine Mayple.
- La direction royale des télégraphes de Suède vient d'ouvrir à Vinga (entrée de Gothembourg) une station télégraphique à laquelle est annexé un établissement spécial pour l'échange de signaux avec les bâtiments passant en mer. Cette station télégraphique et sémaphorique combinée est située à une distance de cent quarante mètres à l'ouest de la balise de Vinga. On y reçoit et on y expédie les télégrammes tous les jours depuis le lever jusqu'au coucher du soleil.
- Près d'Edimbourg, à travers le détroit du Firth of Forth, le Post Office fait poser un nouveau câble qui aboutira à côté de Burntisland, ville du comté de Fife.
- La direction des télégraphes de Turquie vient de recevoir de Londres un câble à plusieurs fils destiné à remplacer ceux qui servent pour la communication des lignes européennes avec l'Asie. Il a été décidé que l'immersion du nouveau câble aura lieù à l'endroit le plus resserré du Bosphore et des ordres viennent d'être donnés pour la mise en parfait état des lignes partant des stations centrales de Stamboul et de Pera jusqu'au point d'attérissement du câble à Rouméli-Hissar. L'arsenal a reçu l'ordre de prêter un navire qui prendra le nouveau câble à Constantinople et ira le jeter entre les Deux-Hissars. Le même bâtiment relèvera les vieux câbles existants qui seront utilisés pour la communication entre Stamboul et Galata.
- A Boston, aux États-Unis, le projet de M. Jay Gould pour la pose d'un câble allant au Brésil par la voie des Bermudes, de Saint-Thomas, de Paramaribo et de Fortaleza, est prêt à être mis à exécution. La concession brésilienne a été accordée et le câble commandé.
- Au Mexique, on s'occupe activement de la pose des câbles sous-marins du Pacifique. Des vapeurs anglais ont débarqué à la Vera-Cruz le câble qui doit compléter la ligne sous-marine entre la Vera-Cruz et Goatzacoalcos et le steamer Dada a transporté au Callao (Pérou) le tronçon du câble péruvien. Dans le courant de février le vapeur Hooper partira de Londres pour le Pacifique avec quinze cent milles de câble. Toute la ligne du Mexique au Brésil sera probablement mise à la disposition du public le ier juin prochain. Un certain nombre d'ouvriers sous les ordres de M. Eduardo Mayo, a été envoyé dans l'isthme de Tehuantepec pour construire la ligne télégraphique de terre entre Goatzcoalcos et Salina-Cruz sur le Pacifique.
- Nous avons annoncé qu'on vient de terminer la ligne télégraphique de Tientsin à Shanghaï. La première dépêche expédiée de Péking est arrivée à Paris le 24 décembre dernier.
- Le tarif uniforme est de neuf schillings 2 pence par mot pour l'Angleterre. Il y a un courrier quotidien entre Tientsin et Péking; le départ de cette dernière ville est à quatre heures de l'après-midi, de la première à trois heures; chaque message paye un port de 10 pence; le courrier parcourt en vingt-quatre heures la distance entre Tientsin et Péking. Nous sommes loin de l'époque à laquelle Péking ne recevait de dépêches que par la Sibérie et Kiachta.
- Téléphonie.
- Une intéressante expérience téléphonique a eu lieu ces ours derniers au Sénat.
- Deux appareils avaient été placés à droite et à gauche de
- la tribune, et recueillaient les paroles des orateurs, qu'ils transmettaient au Petit-Luxembourg, dans le cabinet du Président du Sénat. Là le sténographe les recevait. Elles lui parvenaient aussi nettes et aussi intelligibles que s'il avait été placé au pied de la tribune.
- L'électricité vient d'être mise à contribution pour les opérations de renflouement du grand paquebot des messageries la Provence, qui a coulé le mois dernier dans le port de Constantinople, â la suite d'une collision avec un vapeur russe. On a expédié de Marseille un scaphandre perfectionné, muni d'un téléphone. Une des glaces du casque est remplacée par une plaque de cuivre, dans laquelle est enchâssé le téléphone, ce qui fait que le scaphandrier n'a qu'à tourner légèrement la tête, soit pour recevoir des communications de l'extérieur, soit pour en adresser; avec ce système, on peut visiter les navires sombrés et rendre compte de tout ce que l'on voit sans qu'il soit besoin de ramener les scaphandriers hors de l'eau, comme on était généralement obligé de le faire jusqu'ici. C'est une véritable conversation qui s'engage entre le plongeur qui est sous l'eau et les personnes placées dans la barque qui stationne au-dessus.
- Comme nous le disions dans un récent numéro, la mode des concerts téléphoniques se répand un peu partout. UE* lectrician de Londres mentionne une nouvelle expérience de ce genre.
- Il y a quelques jours, à Ipswich (comté de Suffolk), un concert de la saison d'hiver ayant été organisé, un habitant de Bramford, localité voisine, M. Packard, a eu la fantaisie d'assister à ce concert à distance, à l'aide d'un téléphone Gower-Bell. La distance entre Ipswich et Bramford est de deux milles (3 200 mètres). M. Packard a entendu le concert très distinctement, bien que quelques-unes des voix basses, telles que le contralto et la basse, n'aient pas résonné tout à fait aussi distinctement que les autres.
- UElectrician de Londres annonce que l'Exchange Telegraph Company est sur le point d'adopter le téléphone pour l'usage de ses abonnés, afin de compléter le système actuel de communications télégraphiques. On se servira du téléphone Gower-Bell.
- A Walsall, ville du comté de Stafford dont la population est de trente-huit mille habitants, le conseil municipal vient d'accepter l'offre de la National Téléphoné Company d’élever et d'entretenir un fil téléphonique entre les nouvelles et les anciennes usines à gaz et les bureaux du secrétaire de la municipalité. Cette installation aura lieu au prix de trente livres sterling par an.
- A Colombo, chef-lieu du gouvernement et de l'île de Ceylan, ville dont la population dépasse quarante mille- habitants, l'Oriental Téléphoné Company s'occupe de l'établissement d'un réseau téléphonique.
- La Krcuz-Zeitung d'Alfed, annonce que la direction des fabriques de papiers hanovriennes Alfed-Gronau fait installer dans ses fabriques à Alfed et Gronau une ligne téléphonique. Les frais de cet établissement, qui doivent s'élever à environ 2 000 marcs, seront supportés par l'établissement qui payera, en outre, à la Direction des postes, un droit annuel de 5o marcs.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P; Mouillot, i3, quai Voltaire. — 26586
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. D(J MONGEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI II FÉVRIER 1882 N° 6
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- SOMMAIRE
- Des variations des constantes voltaïques; Th. du Moucel. — Exposition Internationale d’Électricité : Enregistreur électrique des niveaux d’eau, de M. Hipp; De Magneville. — Etude sur le système de transmission multiple et le télégraphe imprimeur de Baudot; J. P. — La boussole marine de Sir William Thomson; A. Guerout. — Charrue à poser les câbles électriques; Frank Geralciy. — Le salon du Président; C.-C. Soulages. :—Sur la résistance électrique des gaz; Edlund. — Revue des travaux récents en électricité : Calculs électrolytiques. — Détermination au moyen du microphone de la position des nœuds et des ventres dans les colonnes d’air vibrantes. — Sur un indicateur électrique de route. — Encore la détermination de l’ohm. — Le nickelage en Angleterre.— Correspondance : Lettres de MM. Lodi-guine, Formby et Parodi et Mascazzini. — Faits divers.
- DES VARIATIONS
- DES
- CONSTANTES VOLTAÏQUES
- Il y a déjà longtemps, en 1846, M. Jacobi, à la suite d’expériences nombreuses, avait démontré que les valeurs de la force électro-motrice et de la résistance d’une pile, calculées d’après les formules d’Ohm, varient suivant la résistance du circuit extérieur. Depuis, MM. Despretz, de la Rive, Poggen-dorff, ont reconnu le même effet, et ont cherché à l’expliquer par la polarisation électrique. Enfin, MM. Marié-Davy, Gaugain, Becquerel et Guillemin ont trouvé que beaucoup d’autres causes sont encore en jeu pour changer la valeur de ces constantes. J’ai entrepris moi-même de nombreuses recherches à ce sujet, mais bien des points de cette question sont encore loin d’être éclaircis (').
- La première conclusion à laquelle on est parvenu (*)
- a été que, par suite des effets de polarisation dont Ohm n’a pas tenu compte dans sa théorie, la for-
- E .
- mule r R qui donne l’intensité du courant, se
- trouve transformée en E - -f, e désignant la force
- électro-motrice de polarisation, r la résistance de la pile, R la résistance du circuit extérieur. Or, de cette formule, on peut déduire déjà que les constantes E et r doivent varier : i° suivant la résistance dû circuit extérieur; 20 suivant la durée de la fermeture du courant; 3° suivant l’état plus ou moins neuf de la pile; 40 suivant qu’elle est agitée ou au repos, faits que l'expérience met en évidence.
- Que la force électro-motrice augmente à mesure que la résistance du circuit devient plus grande, cela se comprend aisément, puisque la force-électromotrice de polarisation devant diminuer à mesure que l’intensité diminue ou que R augmente, la quantité (E—e) devient par cela même plus grande; mais que la résistance r de la pile augmente également dans les mêmes circonstances, cela est plus extraordinaire, et on peut, jusqu’à un certain point, s’en rendre compte si l’on considère que par suite de l’augmentation de la valeur de E, les lois de la proportionnalité entre les intensités du courant et les résistances du circuit sont changées, que ces intensités décroissent dans un rapport plus lent que les résistances du circuit, et que si l’on déduit celles-ci de celles-là, en employant les formules d’Ohm, les circuits entiers se trouvent acquérir un excès de résistance qui ne frappe la résistance R que parce que, dans les calculs, on en décharge le circuit métallique.
- Pour qu’on puisse se rendre compte des effets de la perturbation produite dans la formule par suite de l’introduction de la quantité variable e, discutons la formule au moyen de laquelle on peut déduire la valeur de r d’après la méthode d’Ohm.
- (*) Voir les mémoires de M. Jacobi et de M. Despretz, dans mon Etude des lois des courants, p. 32 et 172; mou mémoire sur les variations des constantes voltaïques, dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, t. VIII ; mes Recherches sur les effets produits dans les piles
- à bichromate de potasse, p. 16; mon Exposé des applications de l’électricité, t. I, p. 169; les mémoires de M. Marié-Davy {Comptes rendus de l’Académie des sciences, années 1861 et 1862).
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- On mesure, comme on le sait, l’intensité du courant de l’élément qu’on expérimente dans deux conditions différentes, en introduisant dans le circuit deux résistances connues, R, R', assez différentes l’une de l’autre, pour fournir à la boussole des sinus des déviations assez écartées. On obtient de cette manière deux expressions de I, dont on peut tirer les valeurs de E et de r, qui sont :
- „ II' (R' —R) F R'— IR
- E ~ I — I' V~ I — F
- On peut encore déduire la valeur de r, quand E
- E
- est déterminé, de la formule r — -- — R.
- Pour fixer les idées, supposons que les deux résistances R, R', y compris celles de la boussole, des fils de communication, etc., soient : n80hms,2g et i470hms,49, et que nous opérions sur une pile de Daniell en service depuis peu de temps. Avec une boussole des sinus à multiplicateur de vingt-quatre tours, on aura pour représenter I et F des déviations de 28°. i8' et 22°.42', dont les sinus naturels sont 0,47409, o, 385gi, et ces nombres, appliqués dans les formules précédentes, donnent pour valeur de E : 6058,42, et pour valeur de r 90hms,5, et ces quantités se trouvent vérifiées avec les différentes formules donnant les valeurs de E et de r.
- En prenant un autre élément Daniell à vase poreux plus perméable que le précédent, les valeurs de I et de F correspondant aux résistances de 118°*ims,29, et i470hnis*,49 étaient 29°.5o' et 23°.45', ce qui répondait à une résistance de la pile égale à 50hms,86. La force électro-motrice était alors représentée par 6175, et la valeur de F, en sinus, était 0,40275.
- Pour obtenir la réduction de la résistance du circuit extérieur sans changer les conditions de l’expérience, on a réuni les deux pôles de la pile par une dérivation b de 40hms,7, et pour obtenir avec cette nouvelle disposition la même intensité F, il a fallu réduire la résistance R' de i470hms,4g à 750hms,o5. Avec ces données, on pouvait obtenir
- E
- la valeur de r, car, dans un cas, on avait F =--,
- r+R
- et, dans l’autre, on avait en appelant a la résistance R' réduite
- r (a + b) + a b
- et comme ces deux expressions sont égales, on obtient pour valeur de r
- r — b (R' — a) _ a
- ce qui donne, dans le cas cité plus haut, r = 4ohms,02, c’est-à-dire une valeur près d’un tiers moindre. Or, nous allons voir que la valeur primitivement trouvée ne répond plus aux formules des
- courants dérivés. En effet, si les valeurs déterminées par la première méthode étaient exactes, il faudrait qu’appliquées à la formule donnant la valeur de F avec dérivation, on pût trouver l’intensité 0,40275; or, on trouve une valeur notablement moindre, c’est-à-dire o,33865. Au contraire, avec la nouvelle formule, on trouve 0,40780, quantité bien voisine de celle reconnue par l’expérience, et qu’on retrouve également quand on l’applique à la formule donnant la valeur de F avec le circuit simple, qui est alors 0,40756.
- On voit donc que par la manière même dont les quantités se trouvent combinées dans les formules donnant la valeur de r et de E par la méthode de Ohm, on obtient pour r des chiffres plus élevés qu’ils ne devraient être, par suite des effets de polarisation effectués dans la pile. Mais essayons de préciser d’avantage les résultats produits.
- Si nous cherchons ce que devient la formule donnant la valeur de E dans l’hypothèse où E est représenté par (E—e), on trouve
- „ IF (R' —R) , (le'—Ve)
- 1 —I' + I —F
- formule dans laquelle e, diminuant avec la résistance du circuit, suppose à e' une valeur plus petite que e, si R' est plus grand que R. Toutefois, il est à remarquer que si la quantité e variait exactement proportionnellement à I, la valeur de E déterminée par la formule ordinaire, resterait invariable, car la quantité ^ ^ resterait toujours
- égale à zéro, et c’est sans doute pourquoi les déterminations des forces électromotrices par les formules de Ohm sont beaucoup, plus concordantes que celles des valeurs des résistances des piles; mais l’expérience démontre que les résistances e, c' doivent varier dans un autre rapport, car on' obtient avec les formules ordinaires des valeurs qui paraissent être inférieures à celles que l’on déduit directement de l’expérience, ce qui ferait supposer par conséquent que ce rapport serait moins rapide que celui des intensités I et F.
- Il est difficile, du reste, de bien préciser, dans ce cas, la part qui revient aux formules dans les variations constatées, sans être fixé par l’expérience, sur le rapport dont il vient d’être question, et l’expérience est très difficile à faire ; ce que l’on peut dire, c’est que par la manière même dont les quantités sont groupées dans la formule d’Ohm, donnant la valeur de la force électromotrice sans type de comparaison, on obtient que des nombres abstraits, qui ne peuvent rien dire à l’esprit, qui n’ont de valeur que par leurs rapports respectifs pour les différentes piles, et qui varient suivant les conditions des appareils mesureurs. Il n’en est pas de même des valeurs de r qui sont exprimées en unités de même ordre que R et R'; mais nous verrons que
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- en raison du même raisonnement, la valeur de r semblera subir, par suite des mêmes effets, une augmentation factice qui est très manifeste dans les calculs, bien qu’en réalité ce soit l’inverse qui se produise.
- L’expérience confirme du reste ce que nous venons de dire. Ainsi, alors que la comparaison directe d’un élément Daniell avec un élément à bichromate de potasse donne, comme rapport des forces électro-motrices, i ,8g, ce rapport, en comparant les deux valeurs de E fournies par la méthode de Ohm, est en moyenne 1,714.
- Nous allons maintenant examiner comment la valeur de r augmente à mesure que le circuit s’allonge et pourquoi cette valeur, déduite des formules d’Ohm, conduit à des chiffres inférieurs pour les piles qui se polarisent beaucoup, et supérieurs pour des piles qui se polarisent peu.
- Si l’on part de la formule —+ ^ pour la détermination de r, on arrive à cette proportion.
- r _ 1' (E — e) — H' R r' I (E — e') — II' R'
- qui montre que si R' est plus grand que R, E — ef sera plus grand que E — e, et par conséquent r' sera plus grand que r. En effet, si la pile avait été constante et que E et r fussent restés invariables, comme l’avait admis Ohm, la proportion précédente aurait été
- r r E — IF R,
- T 1 e — ir rV
- et dans ce cas IE — II'R' = I'E — IFR, le premier membre se rapportant à r', le second se rapportant à r qui est égal à r'. Or, si l’on part de cette formule pour calculer r et qu’on lui applique les valeurs observées de F et de I, il est aisé de comprendre que la variation de la force électromotrice E entraînera forcément l’inégalité des deux membres de l’équation précédente, et que si E — e' est plus grand que E — e, la valeur de r' représentée par le premier membre sera plus grande que la valeur de r représentée par le second. De plus, si l’on considère la première proportion que nous avons posée, on reconnaît, par le signe — qui suit les valeurs (E — e'), (E — e), que la résistance r' déduite des formules croît dans un rapport plus grand avec l’augmentation de résistance du circuit que la force électro-motrice elle-même.
- Quant à la diminution relative de la valeur de r quand la pile se polarise beaucoup, elle s’explique facilement par cette considération que la valeur de E, qui sert à la déterminer, étant plus faible qu’elle ne devrait l’être pour correspondre à I par suite des effets de la polarisation, la valeur de r
- que l’on déduit de la formule r =y—R, se trouve elle-même subir les effets de cet affaiblissement.
- Il résulte donc de l’application de la formule incomplète d’Ohm dans la détermination des valeurs E et r que, d’une part les forces électro-motrices et les résistances des piles sujettes à se polariser sont au-dessous de la valeur qu’elles devraient avoir relativement, et d’autre part qu’elles augmentent avec la résistance du circuit extérieur. Pour les forces électro-motrices cette augmentation peut aller, dans une même expérience, du chiffre 12567 à 12683 avec des circuits R et R' variant de i3oohms,83 et i6oohms,8i à 2i70hms,37 et 2580l,ms,54; mais pour les résistances, la variation est encore bien plus grande, car elle a pu passer de 50l,m%55 à i30hms,4g.
- Du reste, la valeur exacte de r est toujours moins élevée que celle qui se trouve ainsi calculée, car son expression véritable, est
- I' R' — I R e — e'
- r~ i-r 1 —r
- et en ne prenant que la première partie de la formule avec les intensités I et F constatées, on
- l’augmente gratuitement de la quantité j—y <Iui
- est d’autant plus grande que la différence entre les résistances r et r' est plus grande.
- En définitive, la méthode de détermination des résistances par les formules de Ohm est défectueuse surtout pour les piles susceptibles de se polariser énergiquement. Il est vrai que les méthodes directes telles que celle de Poggendorff le sont encore pluç, car en éliminant les forces électro-motrices par l’opposition de deux éléments semblables, on est obligé de faire traverser le système par le courant d’une troisième pile, et les éléments polaires des deux éléments expérimentés constituent les électrodes d’un électrolyte et se polarisent plus ou moins énergiquement. D’un autre côté, il est impossible de trouver deux éléments dont les forces électro-motrices soient exactement les mêmes ; il existe toujours une force électro-motrice différentielle e qui empêche l’équilibrement complet. Il est vrai qu’en expérimentant successivement avec les deux sens du courant et en faisant usage d’une formule que j’ai posée pour éliminer la force électro-motrice différentielle, on peutjusqu’àun certain point dégager les effets produits de ceux résultant de l’inégalité des forces électro-motrices des deux éléments, mais on n’obtient jamais de résultats parfaitement concordants à cause des effets produits par la polarisation, ce qui prouve que la mesure de la résistance des piles est extrêmement difficile et incertaine.
- Pour rendre minima les effets de polarisation, j’ai employé avec la méthode de Poggendorff des circuits résistants de i3iohms,i8 et voici les résultats que' j’ai obtenus avec des éléments Daniell fraîchement montés.
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- Résistance pour équilibrer le circuit des deux piles, plus les i3iohm“,i8 (moyenne de 3 ob-
- servations)................................... i5iohms,38
- Même résistance avec inversion des communications. . ...................................... M3 ,q3
- Résistance de lîélément dans le premier cas. . . 8°lims,40 Résistance de l’élément dans le deuxième cas. . 8 ,09
- En variant, avec cette méthode, les résistances du circuit extérieur, j’ai trouvé encore un accroissement de la résistance des éléments de la pile à mesure que j’augmentais celle du circuit extérieur, et c’est pour cette raison qu’après avoir pensé pendant un certain temps que ces accroissements étaient dus uniquement aux calculs, par suite de l’oubli d’un terme variable dans les formules, je me suis trouvé conduit à admettre qù’il pouvait bien y avoir aussi une variation réelle de la résistance dans les piles, par suite des changements de résistance du circuit extérieur. Comme ces expériences-sont très délicates et qu’il serait très utile de les répéter avec différentes piles pour qu’on puisse être fixé définitivement à ce sujet, je crois utile d’indiquer la méthode quej’ai employée pour éléminer les effets des forces électro-motrices différentielles.
- J’emploie à cet effet le galvanomètre différentiel pour mesurer la résistance du circuit avec les deux sens du courant, et je fais naturellement varier la résistance additionnelle R jusqu’à ce que l’aiguille du galvanomètre arrive à zéro dans les deux cas. Si R' représente la résistance R ainsi modifiée dans le second cas, on aura les deux équations suivantes, en désignant par t la résistance des deux piles opposées :
- E t
- (E — e) R
- r(( + R) + (R f((+R)+/R ____E(_____(E + e) R'
- r(/ + R') + /R' r((+R')+/R
- ou E t = (E — e) R 7 ou E t = (E + e) R'
- Or, de ces deux équations on tire
- 2 R R'
- R + R' ’
- et la moitié de cette valeur représente la résistance d’un élément.
- Dans les expériences que j’ai entreprises pour mesurer les valeurs des constantes des principales piles, expériences qui ont duré plusieurs mois, je prenais mes mesures après que les effets les plus énergiques de la polarisation étaient effectués, c’est-à-dire au bout de 10 minutes de fermeture de circuit, et je prenais toujours trois mesures à chaque expérience. D’un autre côté, je plaçais mon circuit extérieur dans les conditions d’application, c’est-à-dire avec une résistance correspondant à celle qui est attribuée à chaque élément dans le service télégraphique; c’est pourquoi j’employais des résistances 118 à 147 ohms. Avec de pareilles résistances, les effets de polarisation étaient beaucoup moins énergiques, et les expériences plus faciles à faire.
- Mais précisément en raison de ces grandes résistances du circuit intérieur, les chiffres des résistances des piles que j’ai donnés et qui sont d’ailleurs à peu près les mêmes que ceux qui sont admis dans les services télégraphiques, se trouvent être beaucoup plus considérables que ceux donnés par les professeurs de physique, qui ont expérimenté sur des circuits courts; de sorte que j’ai dû donner dans mes ouvrages deux séries de chiffres pour représenter les valeurs des résistances des principales piles employées, afin qu’on puisse, suivant les conditions de l’application, employer telles ou telles de ces valeurs. Il est certain que sur les circuits courts, ce sont les chiffres donnés parM. Becquerel qui réprésentent le mieux les effets produits, mais sur les circuits résistants, dépassant 10 kilomètres par élément, ce sont ceux que j’ai déterminés qui sont les plus exacts.
- Les chiffres des Anglais sont intermédiaires, mais on peut dire que jusqu’à présent aucune de ^ces valeurs n’est réellement exacte. Ce ne sont que des approximations.
- Les chiffres se rapportant aux forces électro-motrices sont beaucoup plus concordants et beaucoup plus exacts, surtout dans leurs rapports respectifs pour les différentes piles.
- Malheureusement, les Électriciens sont loin d’être d’accord sur les chiffres des constantes qui doivent être pris pour base. Les uns, qui sont Anglomanes avant tout, ne voient que les chiffres donnés dans les ouvrages anglais; les universitaires ne veulent admettre que ce qui vient des Normaliens; les télégraphistes ne veulent entendre parler que des données qui viennent des Polytechniciens de l’Administration des télégraphes; les constructeurs se prêtent aux caprices de leurs clients, et, jusqu’à présent, il est peu de personnes qui se rendent un compte exact de la question et du choix qu’ils doivent faire suivant les conditions de l’application. Espérons qu’à mesure que la science électrique se répandra, les idées deviendront plus saines à cet égard, et sortiront du cercle étroit des préjugés de coterie.
- Th. du Moncel.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- ENREGISTREUR ÉLECTRIQUE
- DES NIVEAUX D’EAU
- UE M. ÏIIPP
- Dans son dernier article sur les indicateurs électriques des niveaux d’eau, publié dans le numéro du 19 novembre, M. Du Moncel 11’avait fait que si-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLEC TRI CI-TÉ
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- gnaler le système de M. Hipp sur lequel les renseignements lui manquaient, et il exprimait le désir que M. Hipp voulût bien mettre le journal à même {le compléter cette étude par l’envoi des renseignements nécessaires. M. Hipp s’est empressé de satisfaire à ce désir, et c’est d’après les renseignements fournis par lui que nous donnons aujourd’hui la description complète avec figures de ses appareils.
- Dans le système de M. Hipp, la construction des appareils est telle que la pile actionnant les électro-aimants du récepteur, n’est en activité que pendant le temps strictement nécessaire à la transmission des indications. Si donc le niveau de l’eau reste le même pendant longtemps, le circuit reste ouvert et il n’y a point de dépense inutile du courant. Deux fils relient le transmetteur au récepteur, l'un pour les indications correspondant à une baisse, l’autre pour celles correspondant à une hausse du niveau de l’eau; le retour du courant s’effectue ordinairement par la terre ou par la conduite d’eau du réservoir si elle est métallique.
- Transmetteur. — Les figures i et 2 donnent .l’une une vue latérale, l’autre une vue de face du transmetteur.
- Suivant que le niveau de l’eau monte ou descend, le flotteur A avec le concours du contrepoids B fait tourner le tambour b et son axe c, dans un sens ou dans l’autre. Un disque calé sur-l’axe c porte 4 goupilles f qui peuvent faire contact avec l’extrémité du ressort n. En avant du montant antérieur de l’appareil, se trouve un levier i dont l’extrémité inférieure en arc de cercle est dentée et engrène avec un pignon k. Ce levier i dont l’axe est en v porte vers son milieu une dent g de forme triangulaire qui est rencontrée par un double bras è, calé sur l’axe c quand ce dernier tourne dans un sens ou dans l’autre. Deux forts ressorts x et x’ agissant par l’intermédiaire de 2 leviers à axes concentriques et d’une goupille, tendent à maintenir et, éventuellement, à ramener dans la position verticale, le levier i. Çe dernier porte, enfin une goupille l pouvant faire contact avec le ressort m ou le ressort m' suivant que i est incliné à gauche ou à droite. La position relative des goupilles f et du double bras e sur l’axe c est telle que l’une quelconque de ces goupilles f ne puisse pas encore toucher le ressort n lorsque la goupille l participant au mouvement d’ascension lente du levier i, frotte contre l’un ou l’autre des ressorts m et m'. Par contre au moment de la chute du levier i, chute qui se produit lorsque la dent g est abandonnée par la pointe du bras e, une des goupilles f est en contact avec n et cela au moment où la goupille / frotte contre l’un des ressorts m et m'. Or, l’interrupteur fn est intercalé dans le même circuit que l’un ou l’autre des interrupteurs
- Im ou lm'; ce n’est donc que lorsque fn et Im (respectivement lm') sont fermés en même temps, que le courant circule. Comme cette fermeture simultanée ne peut se produire que pendant la chute du levier i, c’est-à-dire pendant un temps dont la durée est complètement indépendante de la plus ou moins grande rapidité de variation du niveau de l’eau, le problème qu’on se proposait est résolu. Le volant p monté sur l’axe du pignon engrenant avec la partie dentée du levier i règle la rapidité de la chute et par suite la durée du contact. Le ressort m est relié à l’un des fils allant au récepteur et
- FIG. I
- n’est en activité que pour les variations de l’eau dans un sens, le ressort m' est relié à l’autre fil et transmet les indications correspondant aux variations dans l’autre sens. L’interrupteur commun n est relié à l’un des pôles de la. pile dont l’autre pôle va au fil de retour.
- Dans le dessin qui accompagne cette explication, le diamètre du tambour b, le nombre des goupilles f et des pointes du bras multiple e sont tels que un contact se produit pour chaque variation de 10 centimètres. On pourrait naturellement changer ces organes de façon à indiquer des variations de n’importe quelle hauteur.
- Dans des appareils plus récemment construits, M. Hipp remplace le tambour b par une roue dentée engrenant avec une chaîne de Gall dont les
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- extrémités portent directement, l’une le flotteur, l’autre son contre-poids.
- Récepteur. — Il peut être simplement indicateur ou à la fois indicateur et enregistreur. La figure 3 donne une vue antérieure d’un appareil de ce dernier type.
- Les deux fils venant du transmetteur sont reliés
- aux deux électro-aimants horizontaux p et o qui ont un fil commun relié au fil de retour. Leurs armatures réagissent par le moyen de cliquets d’impulsion sur une roue dentée, sur l’axe de laquelle est calée l’aiguille indicatrice r. Suivant que le réservoir se vide ou se remplit, l’aiguille tourne dans un sens ou dans l’autre, indiquant sur un cadran gradué
- ® fo °!\
- 2 ET 3. — TRANSMETTEUR ET RECEPTEUR
- l'indicateur de niveaux de m. hipp
- en décimètres ou en centimètres, la hauteur de l’eau.
- L’axe de cette même roue porte une roue à gorge dans laquelle passe un cordon z dont les extrémités après s’être enroulées autour des poulies-guide s et s', viennent s’attacher au chariot u. Ce dernier porte une pointe v pouvant marquer des points sur le papier enregistreur. La succession de ces points forme une courbe dont les ordonnées (transversales au mouvement du papier) donnent les hauteurs de
- l’eau et dont les abcisses (parallèles au mouvement du papier) sont les temps. Le papier enregistreur est une bande sans fin dont le moteur est le poids G et dont la vitesse de déroulement (ordinairement 3 millimètres par heure) est réglée par les roues coniques a et l’axe vertical u, en relation avec le mouvement d’horlogerie d’une pendule électrique Hipp placée au-dessus de l’enregistreur et non représentée dans la figure 3.
- L’électro-aimant M reçoit de la pendule électrique
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- JOURNAL UNIVERSEL IVÉLECTRICITÉ
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- tous les quarts d’heure, demi-heures ou heures, des courants dont l’effet est de faire mouvoir le mécanisme chargé de frapper sur la pointe v. Dans les nouveaux appareils, la pointe v a été remplacée par une pointe à siphon traçant à l’encre rouge une courbe continue. L’électro-aimant M a été supprimé et remplacé par une roue à étoile entraînée par le mouvement d’horlogerie et marquant sur le bord du papier des points et des traits donnant les temps et servant en même temps de base pour la mesure des ordonnées de la courbe de niveau.
- L’enregistreur de niveaux d’eau de Hipp est appliqué dans plusieurs systèmes de distribution d’eaux, notamment à Zurich, Genève, Lausanne, Berlin,Ulm, Ratisbonne, Essen, etc. Il est comme on le voit très apprécié, et nous sommes heureux d’avoir été mis à même de le faire connaître à nos lecteurs.
- De Magneville.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- ÉTUDE SUR LE SYSTÈME
- ' DE
- TRANSMISSION MULTIPLE
- ET LE
- TÉLÉGRAPHE IMPRIMEUR
- DE M. BAUDOT
- 5° article. (Voir les n°s des 21 sept, et 8 act. 1881 21 et 28 janvier 1882.)
- III. DESCRIPTION PARTICULIÈRE DES DIVERS ORGANES
- (type 1880)
- Organes de réception et de traduction (suite)
- La figure 21 représente en perspective l’ensemble d’un récepteur proprement dit, tel qu’il figurait à l’Exposition d’électricité. Chaque récepteur est double, c’est à-dire qu’il dessert deux postes non consécutifs tels que A et D, B et E, C et F, à l’aide d’un seul moteur, d’un combinateur unique ; mais les organes imprimeurs sont nécessairement doubles et placés symétriquement sur deux faces opposées.
- La figure 19 montre la disposition des divers organes du récepteur double (B, E).
- Ce groupement a pour avantage de diminuer le nombre des organes et par suite l’encombrement et le prix de revient, mais il a pour conséquence la solidarité des deux postes ainsi conjugués. Cet inconvénient a été trouve assez grave pour qu’au-jourd’hui on se soit décidé à séparer complètement
- les organes des divers postes, comme dans le modèle présenté à l’Exposition de 1878. L’accroissement de dépense qui en résulte est compensé par la simplification des organes eux-mêmes. Nous décrirons ultérieurement les dispositifs mis dans ces derniers temps en service; mais aujourd’hui
- Organes di'impreaaion
- du pcjste E
- Axe du ccjtnbinateur
- IContactdufîleii
- nous étudierons avec détails le modèle de l’Exposition.
- Nous savons que, quelques instants après la réception d’une combinaison par les relais du poste B, les armatures ou godilles occupant les positions” qui leur ont été assignées respectivement par le
- Secteur C
- relais B
- Frotteurs
- Godilles des relais
- Butoirs
- Electro-aimants récepteurs ,fjmv
- Terre
- .Terre
- sens des émissions successives, les frotteurs 6 et 7 relient pendant un intervalle de temps suffisamment long la bande métallique de la 7e rangée (reliée à la pile locale, fig. 20) avec le contact delà 6e rangée intitulé relais B et placé sur le distributeur au milieu du secteur C. Ce contact communique avec les 5 armatures; les butoirs de travail sur lesquels elles viennent reposer après le passage d’émissions positives (touches abaissées du manipulateur) sont
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- reliées respectivement aux circuits de 5 électroaimants faisant partie du récepteur B ; les autres extrémités de ces circuits sont à la terre (fig. 20).
- Il en résulte que pendant le passage du frotteur 6 sur le contact relais B, le courant de la pile locale se rend à la terre par les armatures déplacées et en traversant les bobines des électro-aimants correspondants.
- Après le passage du frotteur, la combinaison est conservée par les positions des armatures des électro-aimants récepteurs et se trouve convenablement recueillie pour être transformée en caractère ordinaire par les organes de traduction et d’impression.
- Les organes de traduction et d’impression de l’ensemble de deux postes, tels que B et E, sont
- mis en mouvement par un moteur spécial, d’un type d’ailleurs quelconque. Aux moteurs à poids des premiers appareils ont succédé des turbines hydrauliques; aujourd’hui la tendance est à l’emploi (comme pour les distributeurs) de moteurs électriques de M. Marcel Deprez alimentés par le courant de piles et probablement dans l’avenir par des accumulateurs et des machines dynamo-électriques.
- Quel que soit le système du moteur, son mouvement est transmis par l’intermédiaire dune courroie ou d’une corde à boyau à une poulie P (fig. 4) dont l’axe horizontal z z est porté par la table sur laquelle repose le récepteur.
- A l’intérieur du récepteur un bout d’arbre a a porte un fort volant Y muni d’un rebord à rainures, pressant fortement sur le contour de la poulie P.
- FIG. 21. — RÉCEPTEUR DE L’APPAREIL BAUDOT
- Par frottement, la rotation de P est communiquée au volant V et à l’arbre a a sur lequel ce dernier est claveté.
- Un pignon p terminé par une roue d’angle sert à transmettre le mouvement à un arbre vertical auxiliaire R, tournant autour de l’axe y y, et commandant par un pignon d’angle et une roue dentée les organes d’impression et de traduction.
- Suivant l’axe XX de l’arbre aa est monté un modérateur à force centrifuge, dit modérateur de vitesse; au-dessus est disposé un frein électro-magnétique, dit frein régulateur. Ces deux organes, intéressant directement le jeu du récepteur, demandent à être étudiés de suite et isolément : leurs rôles sont distincts et leurs fonctionnements indépendants.
- Modérateur de vitesse. — Les figures 23 et 23 bis donnent la coupe verticale passant par l’axe et la vue latérale; la figure 22 représente en perspective la face latérale portant extérieurement une partie du mécanisme.
- Cet organe est un modérateur à force centrifuge absorbant une fraction notable de la puissance du moteur; il est disposé de telle façon que son couple résistant varie très rapidement dans le même sens que la vitesse de rotation pour de faibles écarts de celle-ci. Il en résulte qu’une fois le régime établi, les variations dans l’allure ne. dépassent pas des limites fort restreintes.
- V est un volant relié, comme nous l’avons vu, aux autres rouages du récepteur destinés aux organes de traduction et d’impression, et animé d’une vitesse huit fois plus grande que celle du combi-nateur, c’est-à-dire qu’il fait de seize à vingt tours par seconde. Il est claveté sur un arbre aa, introduit à glissement dans un manchon concentrique m. Une clavette longitudinale rend solidaires, au point de vue de la rotation, l’arbre aa et le manchon m, mais celui-ci peut se déplacer suivant l’axe, poussé vers l’extérieur par un ressort à lame rr. Le manchon m se termine extérieurement par un bout d’arbre monté en pointe sur l’extrémité d’une vis v;
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- il porte deux bras b b', terminés par des douilles dans lesquelles sont vissés deux boutons uu', supportant deux masses excentriques M M'. Des ressorts à boudin fa', (3 y, fixés d’une part aux bras et de l’autre aux masses, tendent à ramener celles-ci vers le centre, et agissent en sens inverse de la force Centrifuge développée par la rotation. Les masses portent deux petits frotteurs en liège n n', glissant sur la surface légèrement concave d’un disque métallique dd.
- • La pression qui s’exerce entre les frotteurs et la
- surface du disque est susceptible de varier par le réglage communiqué à la vis v (munie du contre-écrou ce), dont la disposition détermine la distance des bras b b' au disque d d. D’autre part, cette pression croît rapidement avec l’écartement des masses par rapport à l’axe de rotation, car l’emmanchement à vis des boutons u u' dans les douilles tend alors à éloigner les masses des bras en même temps que de l’axe, et, par suite, à les rapprocher du disque dd. La forme concave donnée à la surface a aussi pour effet de faire croître la
- FIG. 22. — MODÉRATEUR DE VITESSE DE L’APPAREIL BAUDOT
- pression avec la distance des frotteurs de l’axe.
- La vitesse de régime est ainsi réglée au moyen de la vis v; les écarts autour de sa valeur moyenne sont très limités en raison des dispositions prises pour faire croître le couple résistant très rapidement lorsque les frotteurs s’éloignent du centre sous l’action d’une augmentation de vitesse.
- Le modérateur de vitesse est indispensable, mais il ne suffit pas à faire remplir au moteur toutes les conditions exigées.
- La marche des récepteurs doit se régler continuellement sur celle du distributeur, afin que les organes de traduction ne commencent leur office qu’en temps opportun, c’est-à-dire seulement quelques instants après l’orientation complète des ar-
- matures des électro-aimants récepteurs sous l’influence du courant de la pile locale distribué suivant les indications des godilles des relais récepteurs.
- Cette dépendance entre le mouvement du volant V et celui du bras du distributeur est obtenue d’une façon très simple par le frein régulateur.
- Frein régulateur. — Chaque récepteur double possède un électro-aimant E, disposé près du volant V (fig. 23), et dont l’armature / entraîne une sorte de marteau à tête de liège F. Par le jeu de cette armature, la tête du marteau vient exercer une pression sur la périphérie du volant; le frottement qui en résulte provoque immédiatement une augmentation de résistance et une diminution notable dans la vitesse de rotation.
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- Une fois par tour, le sixième frotteur du distributeur (fig. 24) parcourt un contact intitulé : contact des freins, et le met alors en communication avec la pile locale, amenée par la rangée continue n° 7 et le frotteur n° 7.
- Ce contact est relié simultanément avec les cir-
- FIG. 23
- cuits des électro-aimants freins de tous les récepteurs.
- De plus, chaque récepteur (figures 19, 21, 22, 25) est muni sur l’une de ses faces d’un conjonc-teur (fig. 25) formé de deux lames élastiques l et l' garnies à leurs extrémités libres de contacts ar-
- ment la lame l' dont la course est limitée" parjme goupille butoir u et de la soustraire par là au contact de la lame L
- L’ensemble des deux lames II' est intercalé en o, o', o" soit sur le circuit qui va du contact du distributeur aux électro-aimants soit entre ceux-ci et la terre (fig. 24). Leur rôle est d’établir à cer-
- 7
- 6
- t I
- <r <2 «
- FIG. 24
- tains moments la fermeture du circuit et de permettre ainsi au courant de la pile locale d’influencer l’électro-aimant et de provoquer un ralentissement énergique et subit du volant Y et par suite des rouages du récepteur.
- Le soulèvement du bras B g du balancier a lieu pendant le passage de la portion ab de la came d montée sur l’extrémité de l’un des arbres horizontaux du récepteur, conduisant les organes d’impression et dont le mouvement est solidaire de. celui de l’arbre du combinateur.
- Pile locale
- IM
- FIG. 23 bis
- gentés"en regard l’un de l’autre o. La lame supérieure l est abaissée par le jeu d’un balancier B dont une extrémité g appuie constamment sous l’effet d’un ressort sur le pourtour d’une lame d. L’autre extrémité p porte une vis butoir réglable i qui sert à exercer à certains moments une pression de haut en bas sur la lame l.
- Un bouton b, placé sur l’extrémité de V permet, par la pression du doigt, d’abaisser momentané-
- FIG. 25
- En réglant le modérateur de vitesse et en abais-sant*le bouton b, on permet au volant Y de prendre une vitesse sensiblement supérieure à celle de régime, on laisse ensuite l' revenir à sa position normale. Par le jeu de la came d le circuit est fermé en o pendant une certaine fraction de tour de l’axe du combinateur.
- Au bout d’un petit nombre de révolutions, il arrive nécessairement que le passage du frotteur b sur le contact des freins, qui a lieu régulièrement et à chaque tour du distributeur, coïncidera pendant un temps plus ou moins long avec la fermeture en o.
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- Par suite, le courant de la~pile locale s’établira, l’armature de l’électro-aimant sera attirée, le volant subissant la pression du frein se ralentira notablement et ne sera libre de reprendre son allure qu’à la cessation du passage du courant.
- C’est-à-dire qü’à chaque révolution, le frein ne permettra au volant de céder à l’action de son moteur qu’à la sortie du frotteur b du contact des freins.
- Avec un réglage convenable du modérateur de vitesse, cet arrêt sera aussi peu violent qu’on voudra,' mais il se fera sûrement.
- • A chaque tour, au moment de la sortie du frotteur les cames des divers récepteurs n’auront fermé les contacts o que depuis une très petite fraction de temps. Par une orientation convenable de ces cames sur leurs arbres, on arrive à donner aux rouages’ de chaque récepteur la position qu’ils doivent occuper à chaque tour à l’instant précis du passage du distributeur dans un point de son parcours.
- La dépendance est donc obtenue d’une façon complète à la condition que le moteur tende à communiquer au récepteur une vitesse de rotation légèrement supérieure à celle du distributeur.
- Le synchronisme pendant toute la révolution n’est nullement nécessaire; il suffit qu’il y ait, une fois par tour, réglage de la position des rouages pour que les organes de traduction et d’impression ne commencent pas leur rôle avant le mouvement voulu.
- Un levier à manette q (fig. 23) permet de maintenir abaissée l’armature porte-frein et d’arrêter complètement le mouvement du volant V.
- {A suivre). J. P.
- LA BOUSSOLE MARINE
- DE SIR WILLIAM THOMSON
- Une des conditions les plus importantes que doit remplir une boussole marine est la stabilité. Avec les compas ordinaires à une aiguille, on a pu obtenir cette stabilité en chargeant de poids la rose du compas vers sa circonférence. Pour les cas de gros temps, on a même été amené à plonger complètement le système magnétique dans un liquide et à construire les appareils dits compas à liquide dans lesquels la résistance opposée au mouvement de l’aiguille empêche son affolement.
- A ce point de vue de la stabilité, un perfectionnement important a été introduit dans ces dernières années par M. Emile Duchemin. Dans sa boussole circulaire, il a ajouté à l’aiguille droite ordinaire deux cercles d’acier aimantés suivant un de leurs
- diamètres et dont les pôles coïncident avec ceux de l’aiguille droite. Dans ce système résultant de la combinaison de plusieurs aimants, les aimants circulaires eux-mêmes jouent le rôle des poids ajoutés aux anciens compas pour obtenir la stabilité, et comme leur présence augmente considérablement la puissance magnétique du compas, il est en outre dirigé très fortement. La stabilité de la boussole circulaire est donc réellement très grande et c’est cette qualité qui l’a fait adopter par la marine française et rendre réglementaire sur les navires de l’Etat.
- Mais en dehors de la stabilité il faut encore qu’on puisse corriger avec exactitude les diverses
- erreurs du compas. Cette correction se fait à l’aide d’aimants et de masses de fer doux placés dans le voisinage de l’habitacle. Mais les grandes dimensions des systèmes magnétiques des compas ordinaires s’opposent à ce que les corrections soient faites exactement, parce qu’elles rendent impraticable la correction de la déviation quadrantale pour toutes les latitudes, au moyen de masses de fer doux placées des deux côtés de l’habitacle- et altèrent aussi l’autre partie de la correction, celle qui s’opère au moyen d’aimants placés dans le voisinage du compas.
- C’est pourquoi sir William Thomson a cherché à construire une boussole qui fût à la fois stable et susceptible d’être corrigée exactement. Suivant lui, si l’addition de poids à la rose du compas augmente sa stabilité, ce n’est pas à cause de l’augmentation de friction sur le pivot; au contraire, un pivot émoussé ou trop chargé rend le compas moins stable en mer et, en même temps, moins sensible.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE .
- La stabilité du compas dépend de la durée de ses oscillations, et c’est en rendant cette durée très grande que les poids augmentent sa stabilité, mais ils ont, d’autre part, l’inconvénient d’augmenter le frottement sur le pivot et de hâter l’usure de l’agate. En tout cas, lorsqu’on les emploie, il faut les reporter autant que possible vers la circonférence de la rose.
- De ces considérations, sir William Thomson a conclu que l’on pouvait obtenir la stabilité, c’est-à-dire la lenteur des .oscillations sans charger la rose de poids, et, par suite, sans causer de frottement nuisible, en augmentant le diamètre de la rose, et en rejetant autant que possible à sa circonférence les pièces pesantes qui entrent dans sa construction. Il a cherché en même temps à réduire les dimensions du système magnétique, de manière à assurer l’exactitude des corrections, et c’est ainsi qu’il est arrivé, après de longs essais, à construire le compas dont nous allons donner la description.
- Le bord extérieur de la rose est supporté par un mince anneau d’aluminium et ses parties centrales, par trente-deux fils de soie ou de cuivre, conver-
- geant de l’anneau vers une chape centrale également en aluminium, et formant comme les rayons d’une roue. La rose elle-même est en papier fort et mince, et toute la partie centrale en est enlevée de telle sorte que la partie graduée seule est laissée. La pointe sur laquelle repose l’agate de la chape est en iridium.
- Huit petites aiguilles en fil d’acier fin, de longueurs variant entre 8 centimètres et 5 centimètres, et à peu près de la grosseur d’une aiguille à tricoter, sont fixées comme les barreaux d’une échelle de corde, sur deux fils de soie parallèles, et tout ce système est suspendu au-dessous de l’anneau d’aluminium par quatre fils de cuivre passant dans des œilletons que portent les extrémités des aiguilles extrêmes. Cette rose est représentée, vue en dessus, dans la figure i.
- Le poids total de la chape centrale, pierre comprise, s’élève à o gr. 325. Il n'a pas besoin d’être plus grand pour une rose de 6o centimètres que pour une rose de 25 centimètres. Pour le compas de 2.5 centimètres, le poids total qu’a à supporter la pointe d’iridium est d’environ 12 grammes. La
- limite du diamètre de la rose dépend de la quantité de fer doux que l’on peut placer, sans trop encombrer l’appareil, des deux côtés de l’habitacle pour corriger la déviation quadrantale.
- Lorsqu’on ne veut pas corriger la déviation qua-drantalc, le diamètre du compas peut varier de 3o
- FIG. 3
- à 60 centimètres, suivant les circonstances; une rose de 60 centimètres de ce système sera certainement moins paresseuse pour la même stabilité qu’aucune autre de plus petite dimension, mais une rose de 3o centimètres se comporte bien, même dans des circonstances très défavorables, et cette dimension peut être considérée comme une moyenne pratique.
- Le modèle de 25 centimètres a, pour l’Angleterre une durée d’oscillation d’environ 40 secondes, ce qui est plus du double de la durée d’oscillation de la rose A, du type de l’Amirauté Anglaise ; il devait donc, d’après les idées de Sir William Thomson, avoir une stabilité beaucoup plus grande que celle de ce dernier et c’est en effet ce qu’ont démontré les essais faits en mer. Le retard produit par le frottement sur le pivot est egalement très faible et des changements de moins d’un demi-degré dans la
- FIG. 4
- direction du navire sont indiqués instantanément, même quand on arrête la machine et que la mer est parfaitement calme.
- En dehors de ce nouveau mode de construction de la rose, Sir William Thomson a apporté dans la disposition de l’habitacle et la suspension du compas différentes modifications destinées à^atté-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- nuer l’effet des vibrations provenant du mouvement de la machine, de celui de l’hélice, ou d’autres causes.
- Dans ce but, on suspend généralement la boîte du compas dans l’habitacle au moyen de bandes de caoutchouc. Mais cette matière a l’inconvénient de s’altérer sous l’influence de la chaleur ou des corps gras; aussi, Sir William Thomson, après avoir essayé de plusieurs ressorts métalliques s’est arrêté à celui qui est représenté dans les figures 2, 3 et 4.
- C’est un anneau, formé d’une torsade de fils de laiton ; il est représenté en A dans les figures que nous venons d’indiquer. Pour le faire, on prend d’abord un seul fil de ce métal que l’on courbe et dont on soude ensemble les extrémités, de manière à former un anneau; autour de cet anneau pris comme noyau, on enroule en spirale allongée un-second fil faisant six tours sur le noyau et on soude également les extrémités. On a ainsi un anneau élastique assez fort pour supporter le compas. Aux doux extrémités d’un de ses diamètres cet anneau porte deux pièces a a (fig. 2 et 3) par lesquelles il il est supporté sur les bords de l’habitacle. Aux. extrémités du diamètre perpendiculaire au premier sont deux autres pièces e1, portant chacune, par l’intermédiaire d’une chaîne e2, un étrier e (fig. 4); sur la partie horizontale de cet étrier s’appuie le couteau c de la bague C, faisant partie de la suspension à la Cardan du compas. L’élasticité de l’anneau en fil de laiton atténue l’effet des vibrations verticales sur les couteaux delà bague et de la boîte du compas. La suspension de la bague C sur les étriers e diminue l’effet des vibrations horizontales.
- Telles sont les modifications apportées par Sir William Thomson à la construction du compas lui-même. Ces modifications, en raison de la diminution du poids de la rose atténuent dans une proportion considérable les erreurs résultant du frottement de la chape sur la pointe du pivot; en donnant, d’autre part, au compas une très longue période d’oscillation, elles lui assurent une grande stabilité. Le mode de suspension de la boîte du compas s’oppose aux .influences perturbatrices dues aux diverses vibrations du navire; enfin les petites dimensions du système magnétique réduisent la réaction qui se produisait entre ce système et les masses correctrices et permettent de faire les corrections avec une plus grande exactitude.
- Nous nous bornons aujourd’hui à cette description de la construction mécanique du compas, et nous décrirons dans un prochain article les appareils imaginés par Sir William Thomson pour faciliter les corrections.
- (A suivre.) A. Guerout.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- CHARRUE
- A POSER LES CABLES ÉLECTRIQUES
- Les communications électriques vont tous les jours se multipliant, et ce mouvement voit tous les jours augmenter sa rapidité. L’invention du téléphone et ses applications de plus en plus fréquentes ont entraîné la pose de conducteurs très nombreux et en exigent constamment une plus grande quantité. Dans ces installations, les lignes aériennes compteront probablement pour le plus grand nombre : elles sont économiques, d’une installation simple, et d’une surveillance facile ; mais, d’autre part, elles sont exposées aux intempéries, à la malveillance, sujettes aux dérangements: il est donc certain qu’en mainte circonstance on fera usage de lignes souterraines. Le principal inconvénient de ces dernières est particulièrement dans leur haut prix. Les câbles veulent un isolement soigné ; et leur mise en place est une opération assez laborieuse. Celle-ci offre particulièrement des inconvénients en ce que, outre les dépenses qu’elle entraîne, elle exige du temps. Dans certains cas, par exemple à la guerre, on trouverait grand avantage à se servir des lignes souterraines, mais il est bien rarement possible de les installer, on n’en a pas le temps.
- On a inventé des instruments propres à accélérer et à faciliter la pose des lignes souterraines. Ces appareils se présentent naturellement sous une forme analogue à celle d’une charrue, ie principal travail étant l’ouverture d’une tranchée suffisamment profonde. C’est là l’opération réellement onéreuse, et c’est en raison de son prix qu’on n’applique jusqu’ici les lignes souterraines que dans les cas où l’on peut profiter d’une seule tranchée pour faire passer plusieurs lignes.
- Il y avait à l’Exposition deux charrues ainsi disposées pour la pose des câbles électriques souterrains; l’une était dans la section allemande; elle était légère et ne pouvait atteindre qu’une petite profondeur.
- Il y a lieu de penser qu’elle a été imaginée principalement pour les usages militaires et qu’elle est destinée à opérer rapidement une installation un peu provisoire. Dans ces conditions, l’utilité de l’appareil n’est plus très grande; l’intérêt est de pouvoir opérer à l’aide de l’instrument une pose définitive.
- C’est le but qu’atteint l’autre charrue que l’Exposition nous a montrée. Celle-ci est due à un ingénieur français, M. Jules Bourdin. Nous en donnons la représentation dans les figures ci-jointes. Son mode de fonctionnement se comprend immédiatement. Un disque lenticulaire précède le soc, coupe
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- LA LUMIERE ÉLECTRIQUE
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- les racines, en un mot ouvre la tranchée; le soc est muni à l’arrière d’un tube recourbé et dépose le câble au fond même du sillon que le rouleau compresseur de l’arrière vient fermer; la machine porte un chevalet à treuil destiné au maintien et au remplacement des bobines sans qu’on ait besoin d'un personnel nombreux. L’instrument est simple, robuste et bien étudié; il doit donner de bons résultats. L’inventeur a pris soin de réduire la tranchée au minimum de largeur tout en lui conservant une profondeur qui est, paraît-il, d’à peu près un mètre.
- Les circonstances qui ont conduit M.
- Bourdin à construire l’appareil que nous venons de décrire sont assez curieuses. Il eut, il y a quelques années, à installer un réseau télégraphique entre diverses usines et ateliers qui sont dispersés sur les domaines d’un riche et actif propriétaire russe, le général de Maltzoff. Il paraît que dans ce pays il est très difficile de con server les lignes aériennes ; les paysans respectent à peu près les lignes de l’Etat; y toucher coûterait trop cher, mais les lignes particulières sont constamment détériorées ; les paysans n’hésitent pas à prendre le fil pour rattacher leur charrette brisée ou pouf tout autre motif du même )jenre. On est donc absolument obligé de recourir aux lignes souterraines, et il y a un intérêt puissant à les installer par les moyens les plus rapides et les moins coûteux; c’est pourquoi M. Bourdin a cherché à résoudre ce dernier problème par l’emploi
- de sa charrue, et c’est à l’aide de cet appareil qu’a été faite l’installation dont il était chargé.
- En ce qui concerne la vitesse avec laquelle on peut poser des câbles par ce moyen, des renseignements qui m’ont été fournis par un agriculteur permettent de s’en rendre compte. Une charrue ordinaire, attelée de trois bons chevaux, et marchant toujours en ligne droite, peut faire, d’après son
- estimation,quatre kilomètres à l’heure, au maxiihum. Le sillon creusé est alors de trente centimètres de profondeur. Cette vitesse ne pourrait pas être de beaucoup dépassée, même dans un sol tout àr fait meuble, parce qu’elle représente la vitesse maximum de chevaux/ marchant au pas; or, il n’est pas possibje de labourer au trot. Cependant, en augmentant la force de traction, les dispositions spéciales de la charrue pose-fils d.oivent permettre d’augmenter un peu la vitesse et d’allër " jusqu’à 5 kilomètres à l’heure; c’est en effet cette vitesse à laquelle est arrivé l’inventeur dans les travaux faits par lui en Russie. La difficulté de labourer profondément réside surtout dans la résistance du sous-sol et la profondeur de la couche superficielle détermine la profondeur maximum du sillon. Souvent cette profondeur ne pourra être bien grande ; mais il y aura des cas où la pose des câbles pourra être considérablement activée par l’emploi des charrues de M. Bourdin.
- Frank Geraldy.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LE SALON DU PRÉSIDENT
- Oïl a souvent reproché à la lumière électrique, surtout il y a quelques années, son trop vit éclat,
- et l’on se rappelle les essais de globes faits jadis à l’avenue de l’Opéra pour rendre la lumière des bougies JablochkofF aussi éclairante que possible sans qu'elle fût fatigante pour les yeux; en d’autres termes, on se proposait d’atténuer l’éclat un peu trop éblouissant de l’arc en perdant le moins de lumière possible. On paraît y être arrivé d’une manière assez satisfaisante. Les globes très légèrement dépolis, mais cannelés, à peu près comme
- s’ils étaient formés d'un assemblage ae prismes courbes, diffusent assez bien la lumière et sans trop de perte.
- Ces globes à cannelures prismatiques nous sont revenus en mémoire à propos de l’éclairage de la salle qui, à l’Exposition internationale d’Electricité, était désignée sous le nom de Salon du Président de la République, et dont nous donnons une vue dans la ligure ci-jointe.
- ’ L’éclairage de cette salle était effectué seulement
- à-l’aide de trois appareils. Deux lampes Werder-mann, dont les tiges se trouvaient dissimulées dans des vases élevés, étaient placées sur la cheminée et éclairaient assez vivement les objets placés de ce côté.
- Une lampe de ce système, mais renversée, suivant la modification de M. Napoli, était renfermée dans un lustre placé au milieu de la salle. Ce lustre, ingénieusement combiné par M. Pinaud, était formé d’un assemblage de tiges de verre prisma-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- tiques enfermant complètement entre elles le foyer lumineux.
- La lumière réfléchie sur les différentes faces des prismes se trouvait émise à peu près également de tous côtés, et si l’on en perdait une quantité assez notable, si les objets environnants étaient relativement moins éclairés que ceux placés dans le rayon des lampes de la cheminée, au moins l’éclairage était-il très égal.
- Cette égalité de l’éclairage estime condition qu’il est utile de remplir dans certains cas. Le lustre que nous venons de citer offre un des moyens d’y parvenir, mais il ne faut pas oublier qu’en cherchant à diffuser la lumière d’un foyer intense on arrivera toujours forcément à des dispositions qui en feront perdre une certaine partie.
- A l’occasion du Salon du Président de la République, que nous représentons dans notre gravure, nous croyons utile de rappeler que le lustre qui était placé au-devant de l’entrée, et qui a intrigué beaucoup de personnes, était un lustre à gaz, mais dont les becs étaient allumés instantanément par l’électricité au moyen du système déjà appliqué par M. Gaiffa à l’éclairage de nos Chambres législatives. Les appareils électriques destinés à produire cet effet étaient placés au bout de la galerie, à droite, et consistaient dans de grands éléments Leclanché, une forte bobine d’induction et des commutateurs qui, par leur manœuvre, déterminaient au-dessus de tous les becs de gaz • des étincelles capables de les allumer. Il y avait encore dans les autres, salles de ce côté de l’Exposition d’autres becs de gaz allumés par les mêmes appareils.
- C.-C. Soulages.
- SUR LA
- RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE
- DES GAZ
- (Suite)
- b) La force électromotrice se mesure, comme les autres forces motrices, par l’accélération qu’elle est à même de donner, dans l’unité de temps, à l’unité de masse. En posant cette admission, à laquelle on est autorisé dans toutes les circonstances, la loi de Ohm se déduit sans peine des principes mécaniques ordinaires. Nous allons toutefois montrer préalablement que la force électromotrice est indépendante de l’intensité du courant.
- La force électromotrice agit avec une égale intensité sur chaque point de la surface de contact électromotrice. La valeur totale de cette force croît par conséquent proportionnellement à l’étendue de la
- surface précitée. En outre, il est évident que la force agit non seulement sur les molécules d’éther qui se trouvent à la surface même de contact, mais qu’elle s’étend aussi à celles placées à une distance très petite de cette même surface. Désignons maintenant par E la quantité de mouvement que, sur chaque unité de surface, la force électromotrice est à même de communiquer à la masse d’éther dans l’unité de temps. Représentons-nous, en premier lieu, un courant assez fort pour que l’unité de masse passe, dans l’unité de temps, par chaque unité de la surface de contact. Chaque unité de masse aura donc reçu l’accélération E. Si l’on nomme n l’étendue de la surface de contact, nE constituera par suite en ce cas la valeur totale de la force électromotrice. Supposons, en second lieu, la surface de contact traversée, dans l’unité de temps, par une masse d’éther p fois plus grande que précédemment, et pouvant dès lors être exprimée par pn. L’éther ayant la même densité dans un courant faible que dans un courant intense, la vitesse sera p fois plus grande en ce cas. Chaque particule de la masse d’éther subit donc l’action de la force électromotrice pendant un espace de temps
- qui constitue ^ du temps d'action du premier cas.
- L’accélération acquise ne comporte que — . En
- multipliant avec la masse pn, on aura la totalité de la force électromotrice égale à nE. Ainsi la force électromotrice peut s’exprimer par nE, que le courant soit fort ou qu’il soit faible.
- Si r signifie la totalité de la résistance principale, et que i désigne l’intensité du courant, la résistance totale sera ri. Cela ne signifie en ce cas rien autre chose qne la contre-pression opposée, sur l’unité de section, par la résistance à la propagation du courant. On aura donc nri pour la valeur totale de la contre-pression sur la surface de com tact grande de n unités. En désignant par L la longueur totale du circuit, on obtient de la sorte l’équation de mouvement :
- L^t = nE — nri; (*) d’où :
- i
- E_
- r
- (
- — e
- ?>
- 0) La longueur totale, L, du circuit étant égale ù la somme de toutes ses parties L, l3, h, etc., et celles-ci ayant les sections respectives a,, a„ a3, a,, etc., le volume total du conducteur sera a, /, a, lt -j- a, I, + etc. En multiplipnt cette somme par la masse d’éther 5 dans l’unité de volume, on obtiendra la masse entière de l’éther en mouvement. Si, maintenant, l’augmentation de a vitesse pendant le temps dt est respectivement dhi, dh,, dh,, le total de la masse d’éther recevra, pendant le temps en question, une augmentation de la quantité de mouvement, qui s’exprimera par (a, /, dh, -j- ci, /a d/i, -j- ci, 1, dh, -j- ....) ô. Or, rjCt\ o/ii — ôua oh, —a Sa3 dh, = di; d’où, par conséquent, l’augmentation totale de la quantité de mouvement de l’éther sera Ldi.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- i37
- Dès que le courant est devenu constant, on a :
- ._E_
- r ’
- Il suit donc de là, que la force éleçtromotrice représentée dans la formule de Ohm, est indépendante de l’étendue de surface de l’électromoteur, ce qui, on le sait, est conforme à l’expérience.
- c) Figurons-nous un conducteur galvanique fermé, dont la longueur est l et la section partout égale à a, se composant de la même manière dans toute sa longueur, et traversé par un courant constant, de l’intensité i. Si 8 est la masse d’éther en mouvement par unité de volume, et h la vitesse de ce mouvement, on aura i — alh. Pour calculer le travail mécanique que le courant opère pendant l’unité de temps, nous considérerons d’abord un élément du courant, compris entre deux plans situés à la distance i l’un de l’autre. La résistance sur l’unité de secdon étant r0 et la grandeur de la section a, la résistance sur la section entière sera donc r0a = ki. Dans l’unité de temps, cet élément est repoussé de la longueur de chemin h, d’où le travail opéré
- sera kih. Or, li= — , expression dans laquelle 8 est une constante comme on l’a vu plus haut. Le travail mécanique de cet élément sera donc —. Si l’on multiplie cette dernière quantité par l, le travail du courant entier sera égal à4r-. Si, en dernier
- lieu, ou multiplie cette expression par A, l’équivalent calorifique de l’unité de travail, et que l’on fasse entrer la constante 8 dans k, la quantité de chaleur produite par le courant pendant l’unité de
- temps, sera égalé a —— , ce qui, on le sait, est conforme à l’expérience.
- Le calcul peut s’opérer avec une égale facilité sur les mêmes bases, dans le cas où la section et la nature du conducteur varient d’un endroit à l’autre.
- d) Pour ce qui concerne la production et la répartition de l’éther libre à la surface d’un conducteur galvanique, ces deux circonstances pourront le mieux s’expliquer de la manière suivante :
- Figurons-nous un tube dans lequel une masse de gaz est mise en mouvement par une force agissant à l’une des extrémités du tube, le gaz pouvant sortir librement par l’autre extrémité. Admettons, en outre, que la résistance du tube au mouvement du gaz soit, comme c’est en réalité le cas, proportionnelle à la longueur du tube. Si l’on nomme x la distance entre un certain plan de section et l’extrémité ouverte du tube, la résistance que le mouvement subit dans ce plan peut être posée proportionnelle à x. Nous négligeons totalement l’influence que peut exercer sur la résistance la différence de densité et de vitesse du gaz. Désignons par D' la
- densité du gaz au plan précité, et par D sa densité à l’extrémité ouverte du tube. Personne n’ignore que, du moment où le mouvement est devenu constant dans le tube, l’excès D' — D est proportionnel à x. La densité du gaz va donc en augmentant depuis l’extrémité ouverte du tube vers celle où la force agit. Supposons maintenant les deux extrémités du tube réunies de manière à complètement renfermer la masse de gaz en mouvement. Le gaz sera évidemment dilaté, dans l’une des parties du tube, de la quantité dont sa densité augmentera dans l’autre, et il aura, au point de transition entre ces deux parties, la même densité que s’il était au repos. Si le tube est partout égal, ce plan de transition (plan d’indifférence) divisera le tube en deux parties égales. A égale distance de ce plan, la condensation de l’un des côtés sera égale à la dilatation de l’autre. Si la résistance est plus grande dans l’une des parties du tube que dans l’autre, le plan d’indifférence se déplacera, vers la partie qui présente la plus grande résistance, de la quantité nécessaire pour que la résistance de toute cette partie (depuis le plan précité jusqu’à l’endroit où agit la force) devienne égale à la résistance de l’autre partie. Si D est la densité du gaz au plan d’indifférence, D'la densité dans un plan situé du côté où le gaz est condensé, D' — D sera égal à am', où a est une constante et m'la résistance depuis le plan d’indifférence jusqu’au plan en question. Si D" représente la densité du gaz dans un plan situé de l’autre côté du plan d’indifférence, D — D" sera de la même manière égal à am", si ni" est la résistance entre ces deux derniers plans.
- Ces thèses si connues ont une application directe à l’éther circulant. Il possède les propriétés des gaz ordinaires, en ce que ses molécules sont d’une mobilité considérable qui lui permet dès lors d’exercer une pression égale dans toutes les directions. Le fait qu’un corps électrisé est doué des mêmes propriétés optiques qu’à l’état normal, indique, comme nous l’avons signalé dans le mémoire cité, que l’élasticité de l’éther libre est proportionnelle à sa densité. Ce qui a donc été dit dans cette question par rapport aux gaz ordinaires, doit aussi s’appliquer à l’éther. La seule différence sera que l’éther, tant comprimé que dilaté, se placera à la surface du conducteur galvanique, vu que les molécules d’éther se repoussent mutuellement'.
- Supposons un circuit galvanique dans lequel une force électromotrice E provoque le mouvement de l’éther vers l’un des côtés. L’éther deviendra donc plus dense du côté de la force électromotrice vers lequel se porte le courant, et il sera raréfié de l’autre côté. Le plan d’indifférence aura une position telle, que la résistance galvanique, depuis ce plan jusqu’au siège de la force électromotrice , présentera une grandeur égale des deux côtés. Désignons maintenant : par i l’intensité du courant; par D la
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- densité de l'éther au plan d’indifférence, ou, ce qui revient au même, la densité de l’éther quand il est au repos; par D', D" sa densité à deux plans quelconques du côté delà condensation; par D'0, D"0da densité du côté de la dilatation, et, en dernier lieu, par m', m", m'a, m"0 les résistances principales respectives depuis le plan d’indifférence jusqu’aux plans précités. Comme la résistance est proportionnelle à l’intensité du courant, on aura évidemment :
- D' — D = m'i; D" —D =m"0i; — (D'0 —D) = m'0i; — (.D"0 — D) = m'0i. Or, D' — D,D" — D, D'0 — D et D"o — D, ne sont rien autre que les différences entre les tensions électroscopiques dans les plans respectifs, les deux premières étant positives et les deux dernières négatives.
- On obtient donc que la différence entre les tensions électroscopiques de deux plans est proportionnelle à Vintensité du courant multipliée par la résistance principale entre ces plans.
- Ces déductions de la loi de Ohm, du développement de la chaleur, ainsi que de la répartition de la tension électroscopique à-la surface du conducteur, ne sont applicables qu’au cas où il se trouve des corps solides et liquides dans le circuit, vu qu’il n’est prouvé que pour ces corps que la résistance totale est proportionnelle à l’intensité du courant.
- (A suivre.) Edlund.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Calculs électrolytiques
- Nous recevons de M. Louis Lossier, le résumé suivant d’un travail qu’il vient de faire sur l’élec-trolyse.
- Les idées qui ont actuellement cours sur la dépense d’énergie dans l’électrolyse sont en général assez peu précises et bien que des physiciens très distingués comme Thomson, Raymond, etc., se soient occupés de cette question et, par des calculs rigoureux, aient établi les principes qui sont à la base de ces phénomènes, l’expérience ne les a pas toujours confirmés d’une manière suffisamment exacte. On rencontre des anomalies singulières, telles que celles qui ont été remarquées souvent dans la décomposition de l’eau, par exemple.
- Nous savons en effet que la force électro-motrice correspondant à la chaleur de combinaison de l’hydrogène et de l’oxygène devrait être de: i,5i3 volts, tandis qu’expérimentalement on trouve pour cette force électro-motrice, des nombres très variables suivant l’intensité du courant et les conditions
- de l’expérience. On a cherché à expliquer de diverses manières cette inconstance des résultats, sans qu’aucune des théories avancées jusqu’ici, ait pu être confirmée par des déterminations exactes.
- De même aussi, dans une série d’expériences que M. Gramme a faites sur la dissolution et la précipitation simultanées du cuivre par l’électrolyse, il avait admis (et avec lui M. A. Niaudet et d’autres) que dans cette opération la dépense d’énergie devait être nulle. Les observations lui ayant prouvé qu’il y avait une polarisation et par conséquent une dépense de travail, il l’avait attribuée aux impuretés contenues dans le métal soumis à l’expérience.
- Cette explication, tout comme celles dont je parlais plus haut au sujet de la décomposition de l’eau, n’étant formulée que comme simple supposition, je résolus d’approfondir le sujet et reconnus bientôt que dans tous les phénomènes électrolytiques il y avait bien réellement une dépensé d'énergie due à une autre cause que celles qui ont été étudiées jusqu’à présent.
- Cette dépense cVénergie ou force électro-motrice de réaction est le résultat du travail mécanique nécessité par le transport des molécules du pôle positif au pôle négatif et peut s’exprimer par la formule très simple :
- s = y/fr
- dans laquelle I est l’intensité du courant et r la résistance de l’électrolyte.
- Un courant traversant un électrolyte quelconque fait naître une force électro-motrice de réaction égale à la racine carrée du produit de l'intensité par la résistance de la tranche liquide qui sépare les électrodes.
- L’expérience a entièrement confirmé cette manière de voir et un grand nombre d’essais faits sur la polarisation dans l’électrolyse de l'eau, des sels de cuivre, de zinc, etc., ont donné des résultats qui correspondent d'une manière remarquable avec les chiffres trouvés par le calcul en tenant compte de l’équation ci-dessus.
- Il est probable que les divergences fâcheuses qu’on observe dans les déterminations de résistance des liquides faites par divers auteurs, trouveront ainsi tout naturellement leur explication.
- Il sera bon aussi de tenir compte de ce nouvel élément dans la théorie de la pile, car la force électro-motrice de réaction a une valeur qui est loin d’être négligeable et qui devient même considérable pour des courants de grande intensité.
- La démonstration détaillée du principe que je viens d’énoncer, ainsi que quelques exemples numériques destinés' à en faire mieux saisir la portée pratique, font l'objet d’un mémoire publié sous le titre « Calculs électrolytiques » en novembre 1881 dans les Archives des sciences physiques et naturelles.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- Remarques relatives à la Note de MM. Mignon et Rouart, sur les procédés de cuivrage.
- A l’occasion de la note récente de MM. Mignon et Rouart, M. .Weil a adressé à l’Académie la lettre suivante :
- « Je demande à l’Académie la permission de faire observer que MM. Mignon et Rouart se trompent en disant, dans leur lettre du 9 janvier, que je n’emploie l’acide organique que comme accessoire. C’est le contraire qui est vrai. L’acide organique joue le rôle principal dans mon système de cuivrage, ainsi qu’il résulte de la description des mes procédés aux Annales de Chimie et de Physique, 1864, 40 série, t. IV.
- « Je démontre, dans le chapitre intitulé : « Proportions des différentes matières qui composent les bains, » qu’il faut à peu près 2<ri d’acide organique par équivalent d’oxyde de cuivre, pour faire des bains donnant constamment d’excellents résultats, se conservant indéfiniment et donnant des dépôts de cuivre rouge pur.
- « J’y décris également les inconvénients que présentent les bains renfermant moins d’acide organique, par exemple iéci ou 2éci. d'oxyde de cuivre pour un seul équivalent d’acide organique. Ces bains ne peuvent servir qu’au bronzage et ne cuivrent pas en rouge pur.
- « Ces sels de cuivre, avec excès d’acide organique (2és ou au delà d’acide pour ié(î d’oxyde de cuivre), qui forment la base de mon système de cuivrage de la fonte, sont, il est vrai, tenus en dissolution dans mes bains au moyen d’un excès d’alcali; mais cet excès d’alcali est nécessaire, non seulement pour tenir le cuivre en dissolution alca-lino-organique et pour assurer la stabilité du bain, mais encore pour empêcher l’attaque du fer métallique par les acides et pour garantir ainsi l’adhérence du cuivre déposé sur le fer.
- « J’y démontre aussi qu’un séjour de très courte durée dans mes bains alcalino-organiques est suffisant pour que le cuivrage à faible épaisseur qui en résulte, protège complètement le fer de l’attaque des acides, de sorte qu’on pourrait sans danger continuer le cuivrage à forte épaisseur dans des bains de cuivre, acidulés même par des acides minéraux.
- « Cependant, pour la plupart des applications exigeant l’adhérence maxirna, je préfère cuivrer également à forte épaisseur et à la pile dans mes bains alcalino-organiques, et, depuis 1869, à la machine magnéto ou dynamo-électrique. »
- Détermination, au moyen dit microphone, de la position des nœuds et des ventres dans les colonnes
- d’air vibrantes.
- M. Serra-Carpi vient de présenter à l’Académie des sciences, sur le sujet indiqué par le titre ci-
- dessus, une note que nous reproduisons in extenso; nous ferons remarquer toutefois que les expériences de M. Serra-Carpi ne diffèrent que fort peu de celles de M. Semmola, décrites dans le numéro de la Lumière électrique du i5 octobre 1880, p. 421.
- « Je demande à l’Académie, dit M. Serra-Carpi, la permission de lui présenter le résumé de mes recherches, pour déterminer, au moyen du microphone, la position des nœuds et des ventres dqns les colonnes d’air vibrantes.
- « Sur un petit anneau muni d’une membrane élastique, je fais appuyer une très légère tige de graphite, qui, à son autre extrémité, peut osciller dans un trou percé dans un petit morceau de charbon, soutenu par un demi-cercle en carton. Cette sonde microphonique a été introduite dans plusieurs tuyaux, mais la plupart des expériences ont été faites aVec un tuyau d’orgue, dont le son fondamental était do-i. Lorsqu’on porte successivement cet appareil dans diverses tranches de la colonne d’air vibrante, on peut, avec un téléphone, reconnaître aisément si la sonde passe par un nœud ou par un ventre. La présence d’un nœud est indiquée par un roulement, semblable aux bruits qu’on entend dans la lame d’un'téléphone lorsqu’un courant induit traverse le fil de cet instrument. Au contraire, quand la sonde se trouve dans un ventre, les bruits deviennent très éloignés et très rares. Dans les tranches inteimédiaires, les bruits deviennent de moins en moins rapprochés à mesure qu’on marche d’un nœud vers un ventre. Avec cet appareil, on n’entend presque pas, au téléphone, le son' musical rendu par le tube; si, au lieu du petit tambour microphonique, on enfonce dans l’intérieur du tube un petit microphone ordinaire, on entend bien le son musical, mais on ne peut pas reconnaître si le microphone passe plutôt par un nœud que par un ventre’. En regardant la tige en graphite de la petite sonde microphonique, on voit qu’elle effectue des oscillations assez grandes, mais peu fréquentes, dans le trou du petit charbon supérieur, quand elle se trouve dans un ventre; elle éprouve un frémissement à peine visible, lorsqu’elle passe par un nœud. Ces mouvements si différents de la tige du microphone, dans un tube muni de parois en verre, peuvent être projetés sur un écran; on rend ainsi visible à une nombreuse réunion la distribution des nœuds et des ventres.
- « Cette méthode, comme presque toutes celles qui ont été adoptées dans de pareilles expériences, demande des précautions d’autant plus minutieuses, qu’on explore l’intérieur de tubes rendant des sons plus aigus. »
- Sur un indicateur électrique de route
- Avec le système de signaux lumineux actuellement employés en mer, deux: navires se trouvant à
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- une certaine distance, l’un deux peut changer sa route et ce changement n’être aperçu par l’autre que quand les navires sont déjà très rapprochés. C’est pour parer aux collisions qui pourraient résulter de cet état de choses que M. J. H. A. Mac Donald a imaginé un indicateur électrique de route. D’après la description qu’en donne YEngineering, l’instrument consiste en un foyer électrique muni d’un réflecteur, que l’on peut placer en un point apparent du navire. Cet appareil est sons la surveillance d’un homme, mais est mené jusqu’à un certain point par les mouvements du gouvernail. A l’état normal, c’est à dire quand le gouvernail est dans le prolongement de la quille, le foyer lumineux projette ses rayons dans la direction de l’axe du vaisseau et un bras fixé au réflecteur est maintenu dans une position fixe par deux détentes que commande électriquement le gouvernail. Quand le gouvernail est incliné à bâbord pour un changement de route, ce mouvement ferme un circuit électrique, ce qui déplace une des détentes, et laisse libre d’un côté le bras du réflecteur; le surveillant peut alors d’un tour de bras faire mouvoir le faisceau lumineux vers tribord. Ce mouvement peut être, aperçu de très loin et indiquer le changement de route. Quand le rayon a parcouru un certain angle, un écran s’élève et cache le foyer lumineux, de sorte qu’on peut le ramener à la position normale sans qu’il en résulte des réflexions perturbatrices sur les vagues. Le procédé peut être répété plusieurs fois tant qu’on continue à tourner le gouvernail à bâbord. Quand on tourne le gouvernail vers tribord la manœuvre est la même, mais en sens inverse. Pour éviter toute négligence de la part de l’homme qui a charge de l’appareil, le réflecteur en revenant à sa position normale touche un contact qui met en mouvement une sonnerie. Celle-ci avertit le capitaine ou l’officier de quart que la manœuvre a été faite. Bien que l’appareil, tel qu’il est construit actuellement, soit destiné à être sous la surveillance d’un marin, on conçoit qu’il puisse être manœuvré automatiquement par les mouvements du gouvernail L’appareil, outre qu’il indique à grande distance un changement de route, a en outre l’avantage de permettre aux personnes placées sur le navire même que lui de voir de loin si la mer est libre. M. Mac Donald pense qu’avec un puissant réflecteur la lumière électrique serait visible à plus de quinze milles, et qu’elle pourrait encore être utile en cas de brouillard. Un modèle de ce dispositif figurera à l’exposition du Cristal Palace et l’inventeur n’a pas l’intention de breveter son appareil, dans cette idée que tout ce qui peut contribuer à la conservation de la vie humaine doit rester à la disposition de tous.
- Encore la détermination de l’ohm A'propos de la récente réponse de M. Brillouin,
- M. Lippmann fait remarquer que l’on peut conclure des expériences de M. Brillouin qu’il suffit d’employer une bobine de quelques centaines de tours pour que la méthode qu’il a décrite soit irréprochable en ce qui concerne l’erreur relative due à la capacité superficielle du fil.
- « Je pourrais donc, dit M. Lippmann, considérer la discussion comme terminée, si M. Brillouin ne donnait à ses calculs numériques une extension qui à pour effet de rendre moins claire la conclusion pratique que je viens d’énoncer. Je suis donc obligé de montrer en quoi consiste cette extension. M. Brillouin considère d’abord une bobine de 1 600 tours, et constate que, pour cette bobine, la limite supérieure 8 de l’erreur relative due à la capacité superficielle est négligeable ( 8=0,00009); puis M. Brillouin suppose que l’on rend le cadre k fois plus grand dans tous les sens, mais que l’on continue à en remplir le creux avec le même fil de om,25 de diamètre; et déjà, pour k—2, la limite supérieure de 8 est il est vrai, mais pour k — 2, le nombre de tours du fil est déjà de 128 000; en même temps l’étalon à graduer est parcouru par un courant qui l’échauffe 256 fois plus rapidement que dans le cas de la bobine primitive.. M. Brillouin va ensuite jusqu’à faire k —10. Cette «hypothèse implique les conséquences suivantes : La bobine serait formée de un million six cent mille tours du fil d’une longueur totale de 1984000™. Comme M. Brillouin suppose en même temps que la bobine fait 6 révolutions par seconde, il s’ensuit que la force électromotrice d’induction atteint 140 volts; comme, d’ailleurs, la méthode exigerait que l’on fit passer par l’étalon un courant de pile tel que la différence de potentiels aux extrémités de l’étalon devint égale à 140 volts, on voit aisément les dimensions qu’il faudrait donner à celui-ci pour qu’il résistât à cette épreuve ; on démontrerait sans peine qu’un étalon de dimensions courantes serait volatilisé en un instant. En faisant k= 10, on rend l’aire efficace Æ4 ou 10000 fois, et la vitesse d’échauffement de l’étalon ks ou 100000000 fois plus grande.
- « Il eût fallu proportionner la vitesse de rotation à l’aire efficace de la bobine, de façon à obtenir une force électromotrice qui ne fût pas trop grande. Si l’on veut que celle-ci conserve la même valeur que pour k = i, il faut réduire le nombre de tours par seconde à o 0006. Dans ce cas, on trouve 8 = 0000000001, c’est-à-dire que, même pour cette bobine de dimensions impraticables, la valeur de 8 à force électromotrice constante est absolument négligeable.
- « En résumé, notre but étant uniquement de déterminer la valeur de l’ohm aussi exactement que possible, il nous suffit d’y pouvoir parvenir en employant des bobines de dimensions courantes. Il nous paraît dès lors superflu d’insister sur les dimensions impraticables qu’il faudrait attribuer à ces
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- instruments, afin que la méthode se trouvât en dé-' faut. »
- Le nickelage en Angleterre.
- L'Engineering contient les détails suivants sur l’état du nickelage en Angleterre :
- ... C’est çn grande partie à M. William Elmore de Blackfriars que l’on doit l’introduction du nickelage en Angleterre; il a été le premier, croyons-nous, à employer dans ce pays les procédés américains de nickelage au moyen des machines dynamoélectriques. ,M. Elmore avait d’abord employé pour cet usage la machine Weston à galvanoplastie, mais il emploie aujourd’hui une nouvelle machine qui porte son nom et qui présente quelques avantages sur la précédente. Dans la machine Elmore, par exemple, le commutateur à mercure de la machine Weston, ainsi que le refroidissement par un courant d’eau, sont supprimés. D’après des expériences faites par la Nickel Plating Company, la quantité de métal déposé dans un temps donné ‘ par la machine Elmore est égale à plusieurs fois celle déposée dans les mêmes conditions par la machine Weston.
- ... La machine est construite, en outre, de façon à pouvoir être appliquée à toute espèce de dépôt galvanoplastique, dorure, argenture, bronzage, cuivrage, nickelage, laitonage et étamage. L’étamage électrique est un nouveau procédé dû à M. Elmore, et dans lequel on recouvre d’étain des lames de tôle sans l’emploi d’acides. On n’a plus alors l’inconvénient de l’exsudation qui se produisait dans l’ancien procédé...
- Aux ateliers de YElectrolytic Company, M. Elmore a installé des bacs de galvanoplastie capables de contenir chacun plusieurs milles gallons de liquide; comme la machine C peut déposer par jour 25o kilogrammes de métal, on peut recouvrir aisément des tubes de chaudières, candélabres, hélices de navires, etc., et, en général, toute espèce d’objets de grande dimension.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le directeur,
- Permettez-moi, par la voie de votre respectable journal, d’attirer l’attention de toutes les personnes qui s’intéressent au progrès théorique et pratique de l’électricité sur une question qui est actuellement peu connue, mais qui à mon avis est d’une grande importance. Je veux parler des différences que présente la résistance des contacts de machines électriques, selon qu’elles sont en repos ou en mouvement. Dans les numéros 3 et 4 du journal russe VÉlectricité (année 1880), j’ai publié un article dans lequel je faisais observer que, d’après mes recherches, lacauseprincipale de lavariation de résistance consiste principalement dans la variété de la résistance des contacts. On a attribué cette variation de résistance
- h des courants induits qui se produiraient dans les machines. Dans cet article, j’établis la thèse suivante : la résistance d’un contact, qui frotte sur la circonférence d’une roue en mouvement, s’accroît proportionnellement au nombre de tours de la roue; autrement dit, elle est proportionnelle î\ la vitesse; elle passe par exemple de 0,45 unité Siemens, au repos, à 27 unités et plus. La résistance d’un contact oscillant entre deux goupilles s’accroît et diminue proportionnellement à la distance existant entre les extrémités des goupilles; en gardant le meme nombre d’oscillations des contacts, elle passe par exemple de 0,04 unité Siemens (au repos) h i3o unités et plus.
- Dans le numéro 12 de VÈleclricien de 1881 et dans le numéro 77 de votre respectable journal de la même année, est imprimé un rapport de M. Lacoine sur des recherches relatives à la même question, où l’on voit aussi que la résistance des contacts s’accroît avec la vitesse du mouvement des machines. En 1880, en publiant mon article, je voulus attirer l’attention de messieurs les spécialistes sur l’importance qu’aurait l’étude des contacts et de leur meilleure condition de construction pour la théorie, aussi bien que pour la pratique de l’électricité.
- C’est le même but que je veux atteindre par cette lettre, en prenant en considération que : a en étudiant le travail de différentes machines électriques, il faut nécessairement tenir compte de la résistance des contacts, car dans le cas contraire il serait impossible d’avoir des données exactes; b en combinant et en construisant ces machines, un contact ou l’autre changera sensiblement la quantité d’action utile de la machine; c à la dernière Exposition électrique à Paris la construction des contacts de la plupart des machines était si mauvaise que les machines avaient exigé une dépense de force bien supérieure à celle que l’on supposait suffisante; les contacts et les collecteurs ne durèrent pas longtemps et les machines par conséquent ne pouvaient être considérées comme applicables dans la pratique. Tout cela prouve combien il est urgent de posséder de bons contacts, et il me parait très utile que messieurs les savants théoriciens signalent quel est le meilleur mode de contacts et dans quelles conditions ils produiraient, le moins de résistance 'et le moins de perte de fluide pendant la rotation de la machine; enfin il serait à désirer que messieurs les praticiens vérifiassent ces indications par l’expérience. Je me permets, monsieur le directeur, d’espérer que vous ne refuserez pas d’insérer cette lettre.
- Veuillez agréer, etc. Lodiguine.
- Monsieur le Directeur,
- J’ai lu avec un grand intérêt l’article de la Lumière électrique, du 14 janvier, dans lequel on parle'de l’accroissement de la résistance des bobines induites des machines dynamoélectriques lorsqu’elles sont en mouvement, car j’avais soutenu, il y a quelques années, que la résistance d’une hélice devait être augmentée par suite de l’aimantation du noyau magnétique qu’elle recouvre. J’avais fait en effet en 1879 et 1880, sur une petite échelle, il est vrai, des expériences dans cet ordre d’idées, en employant des hélices dans lesquelles on pouvait introduire des noyaux de fer, d’acier ou d’autres métaux. Rien qu’avec un seul élément Leclanché, on obtenait, au moment de l’action du courant, une augmentation de la résistance de l’hélice, et quand on renversait le sens du courant, ce qui changeait le sens de l’aimantation, cet accroissement de résistance augmentait encore. Quand on enlevait le noyau, cette augmentation de résistance n’était pas immédiatement annulée, mais elle diminuait successivement et finissait par disparaître, ce qui semble démontrer que l’action aimantante a pour effet d’échauffer le fil de l’hélice magnétisante; et, en effet, dans le cas de l’expérience précédente on constatai!: une élévation de température de 4® -f Fahrenheit, et l’accroissement de résistance était environ de ï pour 100 de la résistance normale de l’hélice.
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- Quand le noyau était préventivement aimanté par une hélice particulière fixée à une de ses extrémités, on ne constatait pas d’accroissement de résistance. Ces accroissements de résistance pour des noyaux de fer de longueur différente, mais de même trempe, variaient à peu près comme leurs poids respectifs. L’acier était trop dur pour que le courant faible dont je faisais usage pût agir sur lui, mais la limaille de fer provoquait un effet curieux. A l’instant où la fermeture du courant était effectuée pour la première fois, l’image lumineuse projetée par le miroir du galvanomètre mesureur que j’employais, se déplaçait brusquement pour reprendre instantanément après sa position normale, et je ne pouvais constater aucune trace d’échauffement dans l’hélice ni aucun accroissement dans sa résistance du fait de l’aimantation. Quant aux effets déterminés par les autres métaux, ils étaient assez variables. Le plomb provoquait toujours des accroissements de résistance (très irréguliers), mais le cuivre, le zinc et quelquefois le laiton ne donnaient lieu à aucun effet de ce genre. Il est bien entendu que dans toutes mes expériences on avait tenu compte des effets calorifiques dus au passage du courant de la pile, et on les avait déduits des résultats obtenus. Quand une seconde hélice B était fixée contre l’hélice A, mise en expérience, à l’autre extrémité d’un noyau court, magnétique ou non, la résistance de l’hélice expérimentée A augmentait ainsi que celle du circuit de l’hélice B, mais cet accroissement était très petit et quelquefois incertain.
- J’ai remarqué que la résistance d’une hélice seule semblait varier avec le changement de sens du courant et qu’elle était plus grande quand le magnétisme de l’hélice était sud (je le nomme ainsi quand le bout du noyau auquel correspond l’hélice est sud). Pour éviter l’influence du magnétisme terrestre, j’ai placé verticalement mon hélice, car je crois que si une différence d’action peut se montrer dans les conditions précédentes, on'peut la rapporter à l’inclinaison magnétique dont je n’avais pas tenu compte.
- Veuillez agréer, etc.
- John Formuv.
- Gênes, 28 janvier 1882.
- Monsieur le Directeur,
- Nous lisons dans le nnméro du 23 novembre 1881 de votre estimable journal la description d’un procédé d’extraction du zinc, de ses minerais, que l’on attribue à M. Létrange, et qui consiste dans la solution des calamines dans l’acide sulfurique, dans le grillage à température convenable de la blende, pour sulfatiser le plus possible le zinc, enfin dans le traitement des sulfates que l’on obtient par l’action du courant électrique de piles ou de machines.
- Comme nous avons fait breveter en Italie, au mois de mars 1880, un procédé tout à fait semblable à celui-ci, nous nous sommes informés de la date du brevet Létrange, et nous avons appris qu’il ne remontait qu’au mois de juin 1881.
- Il est par conséquent hors de doute que notre procédé était déjà à l’état d * expérience industrielle avant même que la demande de concession de brevet fût faite en France par M. Létrange.
- Il nous semble donc qu’il nous revient, non seulement la priorité, mais encore la paternité du brevet en question.
- Pour vérifier notre assertion, nous vous envoyons ci-incluse la copie de notre brevet, nous réservant ensuite, s’il en est besoin, de vous faire parvenir la livraison officielle du Bolletino Industriale del Regno qui sauvegarde nos droits éventuels.
- En vous priant de publier la présente réclamation dans votre respectable journal, nous vous prions d’agréer, etc.
- Parodi et Mascazzini.
- FAITS DIVERS
- Nous apprenons de source certaine que les documents publiés dans les journaux anglais le Génie Civil et d’autres journaux français sur les rendements de la pile Faure, soit-disant d’après le rapport de la commission du Congrès, n’émanent nullement de cette commission, par la bonne raison que celle-ci n’a pas encore fini la rédaction de son rapport. C’est pourquoi nous n’en avons pas parlé. Aussitôt que le rapport sera terminé et approuvé, nous nous empresserons de le publier, car comme nous l’avons dit, ce sera un document très important pour fixer les idées sur toutes les applications électriques qui préoccupent eu ce moment l’opinion publique. _____
- Nous sommes heureux d’apprendre que notre dévoué collaborateur M. E. Mercadier a été nommé directeur des études à l’Ecole Polytechnique.
- Nous enregistrons également avec plaisir que M. Gaston Planté vient d’obtenir le prix Lacaze, pour la physique, à la distribution des récompenses décernées par l’Académie des sciences de l’Institut de France qui a eu lieu lundi dernier 6 février.
- Ce prix qui est de 10,000 francs ne pouvait être plus justement accordé, et nous félicitons M. Planté de ce nouveau témoignage rendu à son mérite et à ses travaux persévérants.
- Dans la section de physiologie, le prix Lacaze a été décerné à M. le Dr Brown-Sequard, professeur au collège de France.
- Le prix Montyon pour la physiologie expérimentale a été décerné à M. le Dr A. d’Arsonval.
- Par arrêté ministériel, M. le Dr d’Arsonval a été nommé professeur suppléant au collège de France, dans la chaire de médecine qu’occupe actuellement M.. le professeur Brown-Sequard, chaire précédemment occupée par Claude Bernard, dont le Dr D’Arsonval avait été le préparateur.
- Nous applaudissons de tout cœur à ces distinctions dont vient d’être l’objet notre collaborateur.
- Nous voyons avec plaisir que le gouvernement français s’occupe sérieusement des mesures à prendre pour éviter les accidents de chemins de fer, et dans un récent communiqué transmis par le ministre des travaux publics aux Compagnies de chemins de fer, on les invite à appliquer au plus tôt le block-system absolu et non le permissij sur les différents réseaux français. On indique même comme le meilleur système à appliquer, celui de MM. Lartigue, Tesse et Prudhomme. Espérons que cette invitation deviendra bientôt un ordre, car en définitive la vie des voyageurs doit passer avant les bénéfices des Compagnies. Toutefois, nous ne croyons pas que le block-system, même absolu puisse suffire, car il ne faut pas compter aveuglement sur la surveillance humaine.
- La bibliothèque de notre journal s’est enrichie de la belle collection des brevets américains qu’on a pu voir à la section américaine de l’Exposition internationale d’électricité.
- Cette collection, dont la publication a coûté des sommes considérables au gouvernement des États-Unis, forme seize forts volumes et a été tirée seulement à vingt-cinq exemplaires. Elle comprend (texte et dessins complets) tous les livrets relatifs à l’électricité qui ont été enregistrés au Patent-Office de Washington, depuis sa fondation jusqu’au icr juillet 1881. Notre journal continue à recevoir tous les brevets américains à partir de cette date.
- Le gouvernement allemand a fait également l’acquisition de cette collection, et elle vient aussi de prendre place dans la bibliothèque du Patent-Officè de Londres. Si nos rensei*
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- gnements sont exacts, MM. Clark Muirhead et C°, de Londres, s’en seraient dernièrement rendus acquéreurs.
- Sur les vingt-cinq exemplaires tirés, les quatre que nous venons de signaler sont les seuls existant actuellement en Europe, l _____
- Éclairage électrique
- Depuis plusieurs jours la gare de Strasbourg est presque exclusivement éçlairée au moyen de la lumière électrique (système Edisoù).
- Voici quelques détails sur le moteur et les machines qui fournissent l’électricité nécessaire à cet éclairage :
- La gare actuelle devant être supprimée dans un temps rapproché, les machines ont été installées d’une manière provisoire dans un grand hangar en planches, situé en arrière du petit réservoir d’eau construit en forme de chalet à quelques mètres du passage à niveau de la rue militaire du Bastion.
- C’est par une locomobile de la force de 20 chevaux actionnant deux machines magnéto-électriques système Siemens, et une machine Edison qui produit l’électricité nécessaire à l’éclairage de la gare. Le locomobile qui travaille avec une pression de cinq atmosphères de 4 heures du soir à 7 heures du matin consume par jour environ 1200 kilos de houille.
- Les machines Siemens à excitatrice qui fonctionnent depuis le2ojuillet 1880, font 1180 tours par minute. Elles alimentent les foyers enfermés dans vingt globes ou lampes de verre blanc opale et qui sont de dimensions différentes; les 12 petites lampes installées dans la’ salle d’attente de la gare ont un pouvoir éclairant de i5o bougies; les 6 moyennes sont de 35o bougies et les 2 grandes de 1200 bougies. Ces deux dernières ne fonctionnent qu’à partir de minuit et sont installées, l’une près des hangars des locomotives, l’autre à proximité de l’ancien rempart.
- La machine Edison est électro-excitatrice et alimente actuellement- 80 lampes à incandescence de 16 à 20 bougies, qui éclairent le buffet, les bureaux de l’administration au premier étage de la gare, ainsi que le hangar où sont installées les machines.
- Il est, dit-on, question d’éclairer à la lumière électrique l’exposition des tableaux du Cercle Artistique, afin de pouvoir laisser ouverte cette exposition jusqu’à neuf ou dix heures du soir. C’est là une excellente idée, dont nous félicitons vivement ceux qui en ont pris l’initiative.
- La municipalité de Saint-Étienne (Loire) vient d’être saisie d’un projet tendant à éclairer la ville de Saint-Étienne à la lumière électrique.
- L’auteur de ce projet, M. Leconte-Grandchamp, propose d’utiliser pour cela les forces inactives des sources et chutes du Furens.
- A Liège, en Belgique, la fabrique de tissus de laine Closset et Begnc est depuis quelque temps éclairée à l’aide de la lampe électrique Jaspar.
- La lumière électrique a joué un rôle marquant dans les illuminations qui viennent d’avoir lieu à Lisbonne à l’occasion de la visite du roi et de la reine d’Espagne, venus dans la capitale du Portugal pour y assister à l’inauguration d’une exposition des arts rétrospectifs. Le palais de l’Exposition, la rive septentrionale du Tagc, le beau palais d’Ajuda, où réside le roi de Portugal, et Belcm étaient illuminés à l’aide de foyeis électriques.
- Ripon, ville du comté d’York, peuplée déplus de six mille habitants, va sans doute recevoir des éclairages électriques. Rans un récent meeting de son conseil municipal, rapporte
- VElectrician de Londres, un projet ^ été présenté pour l’an chat d’un moulin hydraulique que l’on utiliserait de manière à produire l’électricité nécessaire à l’éclairage des rues et places de la ville.
- Le duc de Sutherland se dispose à substituer l'électricité au gaz pour l’éclairage de son château de Trentham Hall, dans le comté de Stafford.
- La question de l’éclairage par l’électricité des places pu-f bliques et des principales rues de Saint-Pétersbourg est depuis quelque temps déjà sérieusement étudiée. Le conseil municipal de Saint-Pétersbourg vient d’etre saisi d’une pro-r sition de la compagnie VElectrotechnicien qui offre à la capitale d’établir à ses frais l’éclairage électrique de la Perspective Newsky depuis le pont d’Anitchkow jusqu’à la grande Moskaïa, moyennant une rétribution comparativement insignifiante. La Compagnie propose d’établir au minimum trente foyers électriques, qui seraient allumés et éteints aux heures réglementaires de l’éclairage au gaz. Elle demande pour cela : i° une concession de quatre ans à partir du icr janvier 1882, et l’autorisation d’établir ses fils sur les becs de gaz jusqu’à la fin de la période d’éclairage courante, en s’engageant à les remplacer dès le commencement de la période suivante par des fils souterrains; 20 le droit de poser des fils et d’organiser l’éclairage électrique dans les maisons de la Perspective Newsky, sur le parcours en question; 3° la concession d’un emplacement de 45 à 48 sa-gènes carrées, soit derrière la cathédrale de Kazan, soit place Michel pour y établir le moteur électrique.
- Dans la ville d’Oldham (comté de Lancastre) MM. Platt frères et Ce., grands fabricants de coton, viennent de décider d’essayer la lumière électrique pour l’éclairage de quelques salles dans leurs ateliers de Werneth*. D’autres maisons de la même ville suivront, dit-on, cet exemple.
- A Milford, port de mer dans la Principauté de Galles, la grande promenade qui fait face aux docks a été éclairée lundi dernier par la British Electric Light Company avec une de ses machines Gramme et cinq puissantes lampes électriques Brockie. Cet éclairage, si les essais continuent à être satisfaisants, sera étendu à toute la ville, au. port et à la nouvelle jetée récemment élevée pour le service des vapeurs transatlantiques.
- Le paquebot à vapeur Dacia, delà India Rubber Company, a fait la traversée de Liverpool à Rio-de-Janeiro, ayant à son bord des lampes Swan. Ces lampes, écrit de Rio M. l’ingénieur W. F. King, ont jusqu’ici donné des résultats satisfaisants.
- Une compagnie d’éclairage électrique, la « Laing Electric Light and Power Company » vient de se fonder à Londres. Cette compagnie qui exploite le bi evet Laing, essayé déjà en France, va éclairer Waterloo-Place, Piccadilly Circus et Regent-Street, c’est-à-dire un des plus.beaux quartiers de Londres. Les fils seront placés sous terre et ils seront entièrement isolés. On a déjà construit le hangar des machines dans Waterloo-Place.
- Télégraphie.
- Iakoutsk, ville de la Sibérie, située sur la rive gauche de la Léna, à 8,800 kilomètres de Saint-Pétersbourg va être rattachée au réseau général des télégraphes de Sibérie et de Russie. Pour la faire entrer dans ce réseau on va la relier à Irkoutsk, capitale de la Sibérie orientale, par une ligne d’environ trois mille verstes de longueur, à travers des contrées dont les conditions rendent ce travail .exceptionnellement
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- difficile. La ligne télégraphique de Yakoutsk avait été projetée depuis plusieurs années déjà par l'administration des télégraphes et elle forme un des sujets de préoccupation de l’administration locale. Le produit de 600 pouds de poudre d’or de la région de la Léna, les pelleteries, je poisson et le sel qui y abondent, l’énorme distance qui sépare Yakoutsk d’Irkoutsk, son chef-lieu administratif et centre des comptoirs des chercheurs d’or, justifiaient complètement le désir de la région de posséder des communications télégraphiques. La population locale avait réuni dans ce but par souscription une somme assez grande, et elle s’était en outre engagée à fournir gratuitement 26,000 poteaux télégraphiques, ainsi qu’à construire, également à titre gratuit, certaines stations télégraphiques.
- « Mais l’établissement complet de la nouvelle ligne sera trop coûteux pour que la dépense puisse être faite uniquement avec les ressources dont dispose l’administration des télégraphes et c’est pourquoi la création de la nouvelle ligne a été retardée.
- « Lors de la visite actuelle à Saint-Pétersbourg du gouverneur général de la Sibérie-Orientale, il est intervenu entre ce fonctionnaire et le ministre de l’intérieur de Russie un accord d’après lequel l’établissement de la nouvelle ligne commencera cette année sur une longueur de 272 verstes et demie entre Irkoutsk et Verkholensk, et les travaux de l’exploration du terrain seront poussés jusqu’à Vitine, centre important des chercheurs d’or. Les frais de ces travaux seront couverts au moyen de la somme réunie par souscription. »
- La section télégraphique du quatorzième corps d’armée se livre, depuis plus d’un mois à des expériences de télégraphie optique, sous la direction de M. Braum, lieutenant, chef de poste.
- Voici, d’après un témoin oculaire quelques détails sur ce système de communication télégraphique tel qu’il est appliqué en ce moment aux environs de Lyon. C’est, du reste, le meme système que celui qui a été employé avec succès dans les opérations de l’expédition de Tunisie, et dans le sud oranais.
- Tous les forts de Lyon ont été mis successivement en communication les uns avec les autres, et avec les points culminants de la campagne environnante, à l’aide du télégraphe optique.
- Dernièrement le fort Saint-Irénée conversait avec le fort de Bron. La distance à vol d’oiseau est d’environ dix kilomètres. L’appareil dont la forme et la dimension sont à peu près identiques à celles des boîtes photographiques ordinaires fut placé sur le sommet du bastion le plus élevé du fort.
- Cet appareil se compose d’une lampe à pétrole qui fournit la lumière, d’un miroir concave, posé derrièx*e le foyer de la lampe, et d’une lentille de 24 centimètres de diamètre, qui permet d’envoyer un faisceau cylindrique de rayons lumineux à quarante kilomètres, par un temps clair.
- Le même appareil pourvu d’une lentille de 45 centimètres, est utilisé en Algérie et en Tunisie, à une distance de 90 kilomètres entre le Kreider et Mécheria.
- Comme accessoires on a une lunette dupprochc qui permet de braquer l’appareil sur un point donné, deux pas de vis destinés l’un à hausser ou baisser l’appareil, l’autre à balayer Fjhorizon, et un obturateur placé entre la lentille et la lumière.
- A l’âide de la carte et de la boussole, l’opérateur dirige le faisceau lumineux sur l’endroit où se trouve l’autre station de télégraphie optique.
- Une fois la communication établie, les opérateurs correspondent d’après le système de télégraphie ordinaire Morse, c’est-à-dire que les projections de lumière sont graduées dans leur durée à l’aide de l’obturateur mû par un ressort.
- L’effet est merveilleux. Dans l’ombre et le silence de la nuit, deux télégraphistes, munis chacun d’un appareil aussi simple, se parlent librement à travers des distances relativement considérables.
- Si l’on substitue la lumière électrique à la flamme d’une-lampe à pétrole, la projection lumineuse peut atteindre deux cents kilomètres.
- Téléphonie.
- Des conccrtsjéléphoniques viennent d’avoir lieu à Vienne (Autriche). M. Édouard Strauss, chef d’orchestre des bals de là cour écrit à ce sujet aux journaux viennois : « J’ai fait hier avec mon orchestre Fessai dé transmission d’un concert à l’aide de fils téléphoniques, et cet essai a réussi pleinement. Je me suis servi de quatre microphones du système Ader. Huit téléphones avaient été installés dans un local un peu éloigné de l’endroit où était l’orchestre dans la même maison, la distance étant cependant augmentée artificiellement au moyen de câbles jusqu’à quatre milles allemands. Le résultat obtenu a été surprenant; les instruments de cuivre dominaient bien; mais la flûte et la clarinette conservaient leur caractère et leur sonorité. La harpe seule résonne presque comme un clavier, le petit tambour est aigu. Le chant garde toute son ampleur. Cet essai m’ayant, démontré que le public prend un vif intérêt à ces exhibitions téléphoniques, je suis décidé à lui offrir prochainement de semblables concerts par téléphone. *>
- A Bucharest, capitale de la Roumanie, le gouvernement fait étudier en ce moment la question d’installations téléphoniques. Depuis plusieurs jours, M. Floru, inspecteur général des télégraphes roumains, se trouve à Berlin avec mission de son gouvernement de rédiger un rapport spécial sur le réseau téléphonique déjà existant à Berlin.
- A Berlin, le réseau téléphonique va prendre un nouvel accroissement. On annonce que les faubourgs de Pankow, Rixdorf, Friedrichsberg, Reinickendorf et Schœneberg vont être relies à l’installation générale des téléphones de Berlin, aussitôt que l’administration supérieure impériale des Postes aura reçu un nombre suffisant d’adhésions.
- Dans les principales villes d’Italie, comme nous l’avons déjà dit, le téléphone s’est assez vite implanté. A Gênes, la Société du Téléphone Bell vient, nous écrit-on, d’inaugurer son service de nuit. Dorénavant, toutes les personnes qui correspondent avec la station centrale pourront demander la communication à 11’importe quelle heure du jour et de la nuit.
- Ce nouveau service de nuit constitue non-seulement un très grand avantage pour les abonnés de Gênes, mais pourra encore leur être de la plus grande utilité en cas de danger, soit d’incendie, soit d’attaques, en. leur permettant de communiquer instantanément avec la station centrale des pompiers et avec la questure royale.
- Nous avons annoncé qu’à Saint-Pétersbourg le grand théâtre, le théâtre Marie et l’exposition d’électricité étaient reliés par des tel'phones. Les deux théâtres, nous écrit-on de Saint-Pétersbourg, ont chacun dix microphones, et soixante téléphones ont été placés à l’exposition d’électricité. Chaque soir six à sept cents personnes pourront prendre part aux auditions téléphoniques. L’audition aura une durée de cinq minutes.
- Pendant le grand carême, les microphones seront transportés sur la scène du Théâtre-Michel.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 26572
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- La Lumière Electrique
- Journal universel dyÉlectricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4® ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 18 FÉVRIER 1882 N® 7
- SOMMAIRE
- Éclairs en boule ; Th. du Moncel. — Sur la théorie des phénomènes électro-dynamiques; J. Moutier. — Des actions électriques dans les systèmes conducteurs semblables; Jules Sarcia. — Sur le transport électrique de la force à grande distance ; Marcel Deprez. — La lumière électrique dans la marine militaire; C.-C Soulages. —La boussole marine de Sir William Thomson (2e article); A. Guerout.— Exposition Internationale d’Électricité : Appareils de mesures électriques à l’Exposition de l’École supérieure de Télégraphie; E. Mercadier. — Correspondance : Lettre de M. Colladon. — Faits divers.
- ÉCLAIRS EN BOULE
- Les éclairs en boule sont un des phénomènes météorologiques les plus curieux et les plus rares, tellement rares que, bien qu’Arago les ait signalés d’une manière particulière dans sa notice sur le tonnerre, beaucoup de météorologistes ont nié leur existence. Il est certain que bien peu de personnes ont été témoins de ce curieux spectacle, et il est regrettable que ce phénomène n’ait pas été plus observé par des personnes compétentes, car on serait mieux fixé qu’on ne l’est encore aujourd’hui sur les conditions de sa formation, et sur ses principaux caractères. Il peut d’ailleurs se faire qu’on l’ait confondu quelquefois avec des bolides. Cependant il existe certaines descriptions qui sont tellement circonstanciées et tellement nettes qu’il est impossible de ne pas admettre comme réels ce genre d’éclairs et nous allons tâcher de rassembler ici les documents les plus importants qui s’y rapportent.
- Un éclair en boule n’est à proprement parler qu’un globe de feu plus ou moins gros qui apparaît, dans des cas très rares, au milieu d’un orage, dont la couleur est généralement rouge, qui se meut lentement dans l’espace et même quelquefois à une très petite élévation au-dessus du sol, qui dans certains cas s’évanouit sans produire aucun bruit, ou qui dans d’autres cas détonne avec fracas
- en lançant latéralement des éclairs en zigzags. Avant certaines expériences faites par moi en i855, avec la machine de Ruhmkorff, et surtout avant celles que M. Planté a entreprises depuis avec sa grande batterie de 800 couples secondaires, on n’avait jamais pu reproduire a volonté des décharges électriques sous cette forme ; on ne citait que des faits isolés, et de là vient sans doute l’incrédulité de certains physiciens à l’égard de ce curieux phénomène. Parmi ces faits isolés, nous citerons un passage d’un travail de l’abbé Bertholon publié en 1787, qui constate que les deux physiciens Arden et Constalle ayant accumulé le fluide électrique dans une jarre, virent un jour se former un globe de feu ayant trois quarts de pouce de diamètre et tournant sur son axe. Il croyait d’ailleurs que les éclairs en boulé devaient être rapportés à une grande accumulation du feu électrique. D’un autre côté, il y a une vingtaine d’années, pendant des expériences faites sur une grande échelle au Panapticum de Londres par M. Noad avec la batterie colossale de cet établissement, on vit se détacher de l’une des boules d’un long tube à décharge où le vide avait été fait imparfaitement, une boule de feu qui tombait lentement le long du tube et s’était évanouie aussitôt après avoir touché l’autre boule de l’appareil. On voulut répéter l’expérience, mais on ne put y réussir, ce qui prouve que le phénomène exige certaines conditions pour se produire. Aujourd’hui, grâce aux études de M. Planté sur cette question, on peut être mieux fixé sur les conditions de ces sortes de décharges; mais auparavant de nous en occuper, rapportons quelques-unes des descriptions qui ont été données des éclairs en boule observés dans la nature.
- * Le 17 mai i852, à cinq heures, écrivait à M. Pouillet M. de l’Epée, président du conseil d’administration du chemin de fer de Rouen, le chef de la station de Beuzeville reçut du Havre, qui est à 26 kilomètres, l’avis télégraphique que le temps étant très nuageux, il y avait lieu de mettre son appareil en communication avec le sol. Il le fit, quoiqu’il n’y eût pas alors d’orage à portée. Peu après un vent violent .s’éleva, des nuages épais
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- s’amoncelèrent, et comme il ne tombait pas une goutte de pluie, le chef de la station crut que l’orage passerait pour aller tomber plus loin, et il continua le chargement d’un wagon de plâtre qu’il devait livrer au premier train. A ce moment, il était plus de cinq heures, trois coups de tonnerre violents se succédèrent à peu d’intervalle ; au troisième, la foudre tomba derrière une ferme, à un kilomètre environ de la station. Des arbres marquèrent le point où la brillante et forte décharge atteignit le sol. Mais au même moment on vit sortir, jaillissant de derrière les arbres, un globe de feu de la grosseur apparente d’un petit obus, d’une couleur rouge brun, décrivant une trajectoire allongée, laissant derrière lui une vive lumière, marchant avec une vitesse modérée, que l’œil suivait très facilement, suivant une courbe régulière et paraissant, d’après sa direction apparente, devoir dépasser la station sans s’y arrêter. Le mouvement de ce globe et la vive lumière qu’il laissait derrière lui, le faisaient ressembler à un projectile à fusée tiré dans une école de nuit. On se le montrait avec admiration, quand on le vit se poser comme un oiseau sur les fils électriques à une centaine de mètres de la station. A ce moment, il disparut, et toute la lumière avec lui, et cela avec la rapidité de la pensée. Une laissa nulle trace sur les fils ni au-dessous, mais les appareils de la station furent mis en mouvement, les aiguilles tournèrent rapidement avec un bruit strident comme celui d’iin tourne-broche se lâchant tout à coup, ou comme une meule aiguisant rapidement un fer d’où auraient jailli des étincelles. Il en sortait effectivement et en grand nombre des aiguilles de l’appareil. L’une d’elles, celle du côté de Rouen, resta affolée ; toutes les vis de cette partie de l’appareil furent dévissées, et sur le cadran de cuivre, près du pivot de l’aiguille,1 on remarqua un trou à faire passer un grain de blé. L’autre partie de l’appareil ne subit aucune altération; l’aiguille du Havre conserva sa marche régulière; son cadran, les vis, etc., restèrent intacts (’). »
- Voici maintenant un exemple d’un éclair en boule qui, n’ayant pas eu de conducteur pour écouler son électricité, a fait explosion et a lancé des éclairs en zigzags sur les objets environnants.
- « C’était, écrivait Mmo Espère, au mois de juin 184g, le 16, je crois, un vendredi, à Six heures trente minutes du soir, le jour où le choléra sévissait le plus fortement à Paris.
- « La température était suffocante ; le ciel paraissait calme dans le moment, mais on voyait des éclairs de chaleur de tous côtés.
- « Passant devant ma fenêtre, qui est très basse, je fus étonnée devoir comme un gros ballon rouge, absolument semblable à la lune lorsqu’elle est co-
- lorée en rouge, par des vapeurs. Ce ballon descendait lentement et perpendiculairement du ciel sur un arbre des terrains de Beaujon. Ma première idée fut que c’était une ascension de M. Grimm ; mais la couleur du ballon et l’heure me firent penser que je me trompais, et pendant que mon esprit cher-, chait à deviner ce que cela pouvait être, je vis le feu prendre au bas de ce globe suspendu à i5 ou 20 pieds au-dessus de l’arbre. On aurait dit du papier qui brûlait doucement avec de petites étincelles et flammèches; puis, quand l’ouverture fut grande comme deux ou trois fois la main, tout à coup une détonation effroyable fit éclater toute l’enveloppe, et sortir de cette machine infernale une douzaine de rayons de foudre en zigzags qui allèrent de tous côtés, et dont l’un vint frapper une des maisons de la Cité, le n° 4, où il fit un trou dans le mur, comme l’aurait fait un boulet de canon; enfin, un reste de matière se mit à brûler avec une flamme blanche vive et brillante et à tourner comme un soleil de feu d’artifice (*). »
- Bien qu’étant assez rares, ces éclairs en boule peuvent se reproduire plusieurs fois dans le même orage. En voici un exemple.
- « Au mois de juin i852, écrit M. Al. Meunier, je longeais la rue Montholon, entre onze heures et onze heures trente minutes du soir, lorsque la foudre éclata avec une violence peu ordinaire à. Paris. J’y fis d’abord peu d’attention, et je continuai ma route; mais, vers le milieu de la rue, un éclair immense brilla tout à coup et fut suivi presque instantanément d’un coup de tonnerre semblable à une décharge d’artillerie. Il me sembla voir une bombe énorme, lancée avec violence, qui éclatait avec fracas au milieu de la voie publique. Dans le moment, cette espèce de globe qui avançait me fit l’effet de la lune se détachant du ciel. C’était à peu près la même dimension, et je dirais presque la. même couleur. Ce coup ne ralentit pas ma marche, car je me rappelai ce qu’on dit : « Lorsqu’on a vu « l’éclair, on n’a plus rien à craindre. » Je me contentai de renfoncer mon chapeau, que le vent ou la commotion produite par la décharge électrique avait rejeté en arrière, et je continuai sans accident jusqu’à la place Cadet. Au moment où je posais le pied sur le trottoir, je vis s’avancer, un peu obliquement, un nouveau globe de feu, semblable au premier, mais qui avait à la partie supérieure une espèce de flamme rouge, qu’on peut comparer à la mèche d’une bombe quoique un peu plus grosse. Ce globe, qui n’avait pas été précédé d’un éclair, au moins pour moi, descendit avec une effrayante rapidité, éclata dans la rue avec un bruit tel que je n’ai jamais rien entendu de semblable, et me donna une si violente secousse sur le côté droit, que je fus jeté contre la muraille. Le coup ne me; parut
- (*) Comptes rendus de l’Académie des sciences, année i852 (20 vol., page 400).
- (*) Comptes rendus (2° vol., page 192).
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- sans doute si bruyant que parce que je me trouvais en position de le parfaitement entendre; mais ce qui m’a surtout paru remarquable, c’est la forme sphérique de la foudre. Mes souvenirs à cet égard sont des plus précis. Quant à l’accident en lui-même, il n’eut pas de suites bien fâcheuses : j’en fus quitte pour une quinzaine de jours sans pouvoir digérer. J’ajouterai, en terminant, que ce coup de tonnerre termina l’orage, et que, le lendemain, les journaux annoncèrent que la foudre était tombée dans les environs, rue Lamartine, je crois. »
- Voici maintenant un exemple extrait d’une dissertation sur le tonnerre du Père Lozeran du Fech, qui montre que ces météores peuvent avoir une certaine relation avec la matière pondérable (') :
- « C’était, dit le Père Lozeran du Fech, le 2 ou le 3 du mois de septembre 1716, vers les trois heures après midi, que mon observateur descendait avec un homme du pays, du haut du Cantal, pour aller aux Eaux de Vie. Le temps était serein et très chaud. Ils aperçurent en bas, vers le milieu de la montagne, un brouillard qui couvrait tout le vallon. Au-dessus du. brouillard s’élevaient quantité de feux; d’autres serpentaient dans la nuée. Ceux qui s’élevaient allaient en pointe, à peu près comme le fer d’une lance. On entendait en même temps un grand bruit, quoique moindre que le bruit ordinaire du tonnerre... Lorsqu’ils furent prêts d’entrer dans la nue, la variété et les divers mouvements de ces feux, qui ressemblaient tantôt à des gerbes de fusées, tantôt à des serpenteaux, qui coupaient la nuée en mille sens différents, offraient à leurs yeux un objet très agréable. La nue elle-même leur donnait un assez beau spectacle par les ondées qui paraissaient sur sa surface...
- « Quand ils furent près de la nuée, ils sentirent l’air devenir froid, encore plus froid quand ils y furent entrés. Mon homme trouva le brouillard si épais, qu’il ne voyait pas son cheval qu’il menait par la bride...; mais cela n’empêcha pas qu'il ne vit quantité de corps globuleux qui voltigeaient dans la nuée, les uns allant d’un côté, les autres de l’autre. Ceux qui avaient le plus de vitesse faisaient reculer les autres qui venaient à leur rencontre et sans les choquer immédiatement.
- « S’ils ne venaient pas directement l’un vers l’autre, ils se détournaient de leur route ; quoique la nue fût épaisse au point que je l’ai dit, on les voyait d’assez loin. Leur couleur était rougeâtre et obscure, semblable à celle du soufre allumé. Ils tournaient avec beaucoup de rapidité autour de leurs centres; il y en avait de grands et de petits. Il en vit un petit croître considérablement en peu de temps... Lorsqtie ces boules passaient, il tombait des gouttes de pluie aux en-
- té) Extrait du travail de M. Poëy sur les éclairs sans ton* nerre. Voir la Science du 3o avril 1857. ,
- virons... mais qui étaient beaucoup plus grosses au-dessous de ces boules, ce qu’il remarqua, lorsqu’il en passa quelqu’une au-dessus de sa tête. Jusque-là, rien ne l’avait épouvanté, lorsqu’il vit un de ces globes qui pouvait avoir environ deux pieds de diamètre, s’ouvrir à sept ou huit pas de lui, et laisser couler en s'ouvrant une flamme très belle, dont une partie alla en bas, l’autre en haut, et d’autres parties en divers sens, avec une rapidité très grande. En s’ouvrant, ce globe fit un bruit pareil à celui d’une livre de poudre à canon qu’on jetterait dans le feu, et, l’instant d’après, ce fut un bruit de tonnerre épouvantable. Les deux voyageurs se sentirent poussés et secoués, et commencèrent à humer un air infecté, ce qui les épouvanta enfin terriblement. Les parties séparées de la boule s’étendirent en devenant plus claires et disparurent bien vite. A mesure qu’ils descendaient plus bas, ces petites parties de la nuée étaient plus sensibles et les mouillaient davantage. Quand ils furent hors de la nuée, ils voyaient tomber des gouttes fort grosses, mais qui n’avaient point de force. Ils entendaient toujours gronder le tonnerre, et avec beaucoup plus de bruit que lorsqu’ils étaient au-dessus de la nuée. Les éclairs, de même, leur paraissaient avoir beaucoup plus d’éclat et de vivacité. La foudre, qui tomba en deux ou trois endroits aux environs, brûla quelques arbres et mit le feu à quelques chaumières. L’inondation fut ter rible. »
- Voici maintenant une observation plus récente, qu’on lisait dans plusieurs de nos journaux parisiens de la fin de septembre 1880 :
- * Un nouveau cas d’éclair en boule vient d’être signalé dans un des derniers orages qui ont éclaté sur Paris. Cet éclair a été suivi avec soin par un étudiant en pharmacie, qui se trouvait à la pharmacie Pennés, située à l’angle de la rue de la Sorbonne et de la rue des Ecoles, où la foudre s’était abattue sous forme de globe. Il a parfaitement vu une boule de feu qui, sortant de là maison, a pu rouler le long de la rue des Ecoles, passant d’abord devant la boucherie Macé, située au n° 5i, au grand émoi des passants, que la pluie avait fait se réfugier sous l’auvent, et un instant après le globe fulminant s’évanouissait. »
- M. Planté en rapporte aussi un exemple dans son volume, et il semble y attacher une certaine importance, car il y trouve une preuve de la vérité d’une théorie que nous exposerons plus loin.
- « Le 24 juillet 1876, dit-il, entre trois heures et demie et quatre heures de l’après-midi, une pluie torrentielle mêlée de grosse grêle et accompagnée d’éclairs et de tonnerre, s’abattit sur la place de la Bastille, que nous traversions en ce moment. Le vent étant relativement faible, la huée orageuse se maintint presque fixe pendant quelques minutes; les décharges étaient incessantes, et plusieurs
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- coups de tonnerre succédant aux éclairs sans intervalle appréciable, annoncèrent que la foudre était tombée plusieurs fois dans le voisinage.
- « Nous étant livré aussitôt à une enquête, nous apprîmes que le météore venait de tomber trois fois de suite, presqu’au même point, sur le théâtre Beaumarchais, dans la cour et le jardin de la maison n° 28 de la rue des Tournelles, connue au Marais sous le nom de l’hôtel de Ninon de Len-clos.
- * Le régisseur du théâtre qui se trouvait dans le magasin des costumes, petit pavillon situé à la partie supérieure de l’édifice, avait vu tomber une bombe de feu de la grosseur du poing.
- c Dans la rue des Tournelles, un ouvrier demeurant au quatrième étage, avait aperçu un globe de feu, de la grosseur d’un boulet de canon, passer au bord du toit, près d’un pot de fleurs, en ne brisant qu’une tige, et tomber dans la cour. Au même instant, un autre ouvrier, placé au rez-de-chaussée, observait trois petites boules de feu au-dessus du sol de la même cour qui était alors complètement inondée.
- « De son côté, M. Languereau, fabricant de bronzes, voyait tomber dans son jardin deux ou trois parcelles incandescentes, sans contours nettement définis, et se noyer, suivant son expression, dans le jardin transformé en un vaste bassin par l’abondance de l’eau tombée comme une véritable trombe. »
- Nous arrêtons là nos citations qui peuvent suffire pour qu’on puisse saisir les différentes circonstances dans lesquelles se produisent, dans la nature, ces météores si extraordinaires. Nous allons maintenant voir comment ils peuvent se former dans les expériences de cabinet.
- Lorsqu’on met en communication une batterie de 200 couples avec un voltamètre à eau acidulée par l’acide sulfurique ou à eau salée, de telle sorte que le fil positif soit seul immergé à l’avance, l’approche du fil négatif au contact du liquide détermine la fusion de ce fil ou sa volatilisation avec une sorte d’explosion et. une flamme diversement colorée, suivant la nature du métal qui constitue l’électrode. En diminuant la proportion d’acide contenue dans le liquide du voltamètre, de manière à éviter la fusion complète du métal, il se produit une série continue d’étincelles accompagnées d’une bruyante crépitation, et ces étincelles peuvent se prolonger en décroissant peu à peu d’intensité pendant plusieurs minutes. Mais si le fil négatif étant plongé au contraire à l’avance dans le liquide du voltamètre, on approche le fil positif de la surface liquide, les phénomènes sont complètement différents. Le fil ne fond pas et on voit se former à son extrémité un petit globule liquide lumineux accompagné d’un bruissement tout particulier. En relevant un peu le fil métallique, le globule augmente de volume comme
- si le liquide était aspiré par l’électrode, acquiert un diamètre d’un centimètre environ et prend en même temps un rapide mouvement gyratoire. Il s’aplatit par suite de ce mouvement, s’allonge quelquefois vers le fil négatif, si celui-ci est assez rapproché, et finalement se dissipe en même temps qu’il se produit une bruyante étincelle au pôle négatif quand ce fil plonge très peu dans le liquide. Le globule se reforme alors de nouveau spontanément à l’extrémité du fil positif, et les mêmes phénomènes se. reproduisent ainsi un certain nombre de fois de suite d’une manière intermittente.
- « Le mouvement gyratoire, dit M. Planté, n’a pas lieu invariablement dans le même sens, comme les mouvements gyratoires magnéto-électriques. Il a lieu tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre ; souvent il se produit un grand nombre de fois de suite dans le même sens, mais ce sens peut changer sans cause apparente. C’est un mouvement gyratoire de réaction analogue à ceux des tourniquets électriques, et dû à l’écoulement du fluide électrique dans le liquide. Le globule se trouvant presque détaché par sa forme sphéroïdale du reste du liquide du voltamètre, ou n’ayant qu’une faible surface de contact avec ce liquide, le mouvement s’opère dans un sens ou dans l’autre, suivant la position du point de la surface du globule par lequel se fait le principal écoulement du courant ou le dégagement de la vapeur produite. L’apparence lumineuse de tout le globule paraît provenir de la vive lumière émise à son contact avec le reste du liquide. Le bruissement est dû à la condensation dans le liquide de la vapeur qui tend à se former autour de l’électrode.
- « Les intermittences et l’étincelle qui apparaît au pôle négatif au moment où le globule a atteint le maximum de son développement, s’expliquent par cettê raison que le fil négatif plongé d’avance d’une petite quantité dans le liquide, se trouve bientôt séparé de sa surface par l’aspiration d’une portion du liquide qui forme le globule. Le courant est alors un instant interrompu, le liquide du globule retombant dans le voltamètre, rétablit les communi cations, et les phénomènes peuvent ainsi se reproduire plusieurs fois de suite spontanément jusqu’à l’épuisement de la décharge complète.
- « Quant à l’agrégation même du liquide sous cette forme globulaire, nous pensons qu’on peut se l’expliquer par un phénomène d’aspiration résultant de l’écoulement même du flux électrique au pôle positif. Cette aspiration peut même être rendue encore plus frappante en employant un courant d’une plus grande tension et en limitant l’espace au liquide, autour de l’électrode renfermée dans un tube étroit; mais ici le liquide n’ayant point d’espace limité s’agglomère naturellement sous la plus petite surface possible, et prend la forme sphéroïdale. Cette forme peut du reste être
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- rapprochée de celle qui se manifeste, également sous l’action de la chaleur seule, avec les liquides placés sur des surfaces incandescentes et qui a été étudiée par M. Boutigny. C’est aussi la forme que prennent des liquides simplement soustraits à l’action de la pesanteur comme le montrent les expériences de M. Plateau.
- « La cause même de l’aspiration nous paraît être, du reste, simplementl’efFet Calorifique très énergique, produit par les courants de haute tension, qui développe de la vapeur, aux points touchés par l’électrode, avec une telle rapidité que le vide produit doit être immédiatement comblé. »
- En répétant lès expériences précédentes avec une batterie de 800 couples secondaires et de Peau distillée, M. Planté retrouve d’abord (l’électrode positive étant plongée dans le liquide) une flamme jaunâtre de forme à peu près sphérique de 2 centimètres environ de diamètre, et le fil de platine entre en fusion à une hauteur de 14 à i5 millimètres au-dessus du liquide. Cette flamme est formée par de l’air raréfié incandescent, par de la vapeur du métal de l'électrode et par les éléments de la vapeur d’eau décomposée.
- Si pour éviter la fusion du métal, on diminue l’intensité du courant en interposant une colonne d’eau dans le circuit, l’étincelle apparaît sous la forme très nette d’un petit globe de feu de 8 à 10 millimètres de diamètre, et en relevant un peu plus l’électrode, ce globe prend une forme ovoïde; des points bleus lumineux dont le nombre varie continuellement, disposés par cercles concentriques, apparaissent à la surface de l’eau, et des rayons de même couleur partent bientôt du centre et joignent ces points. Par intervalles, les rayons prennent un mouvement gyratoire, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, en décrivant des spirales. Quelquefois les points et les rayons disparaissent tous d’un même côté, et des courbes variées formées par le mouvement de ceux qui restent, se dessinent à la surface du liquide. Finalement, quand la vitesse du mouvement gyratoire augmente, tous les rayons s’évanouissent, et l’on ne voit plus que des anneaux bleus concentriques.
- En examinant avec soin cette forme particulière d’étincelle, on reconnaît que c’est en réalité une sorte de houppe ou d’aigrette voltaïque analogue aux aigrettes d’électricité statique, mais mieux fournie, à cause de la quantité d’électricité enjeu; elle représente en quelque sorte l’auréole de l’étincelle d’induction, et les points lumineux de la surface liquide sont les points de sortie de ces aigrettes qui paraissent en mouvement de gyration, en raison de la réaction due à l’écoulement du flux électrique.
- Lorsque l’électrode métallique est positive, et l’eau distillée négative, l’étincelle affecte encore exté-
- rieurement une forme ovoïde, îhais le milieu est traversé par un cône de lumière violacée.
- Dans les conditions de ces dernières expériences, l'étincelle éclate directement â 1 millimètre environ au-dessus du liquide.
- Voici maintenant une expérience sur laquelle nous devrons attirer l’attention du lecteur, car elle peut expliquer certaines particularités du phénomène des éclairs en boule.
- Si au lieu de laisser l’électrode fixe à la surface du liquide pendant la production de l’écoulement du flux électrique sous forme d’étincelles globulaires, on suspend l’un des fils servant d’électrode à une assez grande hauteur pour qu’on puisse lui donner un mouvement oscillatoire, comme à un pendule, à la surface du liquide, sans que sa distance à cette surface change sensiblement, le petit globule de feu produit à l’extrémité du fil suit naturellement les mouvements de celui-ci, et quand on opère dans l’obscurité, on ne voit que le globule de feu se mouvant relativement lentement à la surface du liquide. Du reste, cette étincelle globulaire résultant de l’action d’une grande quantité d’électricité sur la matière pondérable, peut être animée par elle-même d’un mouvement de progression sans qu’il soit nécessaire de faire mouvoir l’une ou l’autre électrode. M. Planté, en effet, est parvenu, au moyen de sa machine rhéostatique, à obtenir une étincelle globulaire à travers un condensateur à lame de mica, qui s’est déplacée capricieusement entre cette lame et l’une des armatures du condensateur, en traçant sur celui-ci un sillon profond, sinueux et irrégulier, qui indique plusieurs bonds accomplis par elle d’un point à un autre. * Rien de plus bizarre, dit M. Planté, que la marche du petit globule éblouissant que l’on voit cheminer lentement et choisir les points sur lesquels il doit sc diriger, suivant la résistance plus ou moins grande des points de la lame isolante. Le condensateur se trouve découpé à jour sur le trajet de l’étincelle, et l’étain forme un double chapelet de grains fondus autour des bords du mica consumé. »
- Les expériences que j’avais faites en i855 avec les courants d’une machine de Rithmkorff, à fil un peu gros, ne m’avaient montré l’étincelle globulaire qu’en certains points d’une couche d’eau étalée avec le doigt sur une lame de verre ou sur une planche vernie, et dans les parties où l’eau s’était divisée en petites flaques plus ou moins larges. Elle ne se produisait que rarement, et sa couleur prenait un aspect rougeâtre prononcé, mais sa forme était souvent parfaitement sphérique, et j’étais parti de cette analogie pour hasarder une théorie que M. Planté a complétée depuis et que nous discuterons dans un prochain article.
- (A suivre.) T11. du Moncel.
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- i5o
- SUR LA
- THÉORIE DES PHÉNOMÈNES
- ÉLECTRODYNAMIQUES
- Ampère a déduit la théorie des phénomènes électro-dynamiques d’une formule fondamentale qui représente l’action mutuelle entre deux éléments de courant. Cette loi élémentaire repose, indépendamment de toute hypothèse, sur la considération de trois cas d’équilibre fournis par trois expériences. L’action exercée entre deux courants finis est ramenée à un problème d’analyse : les solutions variées que fournit le calcul dans des circonstances très différentes ont toujours été conformes à l’expérience. En considérant en particulier le système de courants fermés, dont l’ensemble constitue les solénoïdes, Ampère a pu rattacher les phénomènes si compliqués du magnétisme à l’électro-dynamique.
- La découverte de l’induction a complété les idées d’Ampère. Les phénomènes électro-dynamiques et électro-magnétiques sont sortis du domaine de la science pure et des laboratoires. Les applications industrielles se sont multipliées avec une rapidité sans exemple. L’invention de machines nouvelles, de moyens nouveaux et variés a fait naître le désir d’approfondir davantage la théorie des forces mises en jeu d’une manière inattendue. La science a profité du mouvement industriel pour renouveler ses théories.
- Par un retour imprévu, la loi d’Ampère, qui était restée le fil conducteur au milieu du dédale des expériences, a été reléguée au second rang, dans une place obscure. Les phénomènes magnétiques, qui avaient reçu leur première explication de la théorie d’Ampère, ont pris l’avance. La théorie d’Ampère, emportée par les idées nouvelles, ne paraît plus conserver qu’un intérêt historique.
- Il serait téméraire de porter un jugement sur une question qui divise les meilleurs esprits. On peut cependant exprimer le regret que la théorie d’Am-père n’ait pas pénétré davantage dans le domaine de la pratique et ’ne se soit pas répandue davantage en dehors des traités de physique. Peut-être faut-il attribuer ce retard regrettable à la difficulté que semble présenter l’emploi de formules mathématiques, de calculs compliqués et laborieux. Le moment semble venu cependant de rechercher si l’exposition des lois des phénomènes électrodynamiques ne peut pas être dégagée d’une partie des calculs qui font obstacle à l’expansion de la •théorie.
- M. Bertrand a déjà introduit une simplification très importante en montrant que l’un des trois cas d’équilibre servant de points de départ à la formule d’Ampère est une conséquence d’un autre cas d’équilibre. Si l’on admet comme premier résultat de
- l’expérience que l’action exercée par un courant fermé sur un élément de courant est normale à cet élément, M. Bertrand a fait voir que la propriété du courant sinueux est une conséquence nécessaire de la première expérience (‘).
- J’ai suivi une marche un peu différente. J’admets comme fait d’expérience, facile d’ailleurs à vérifier, la propriété des courants sinueux, et j’en déduis, comme conséquence immédiate, que l’action d’un courant fermé sur un élément de courant est normale à cet élément : cette dernière propriété paraît d’ailleurs plus difficile à établir par une expérience directe, à l’abri de toute critique, que la propriété des courants sinueux. J’admets ensuitp, comme second fait d’expérience, l’action d’un courant rectiligne sur un courant parallèle. Au moyen de ces expériences, j’indique une méthode qui permet de retrouver assez facilement la formule d’Ampère, dont j’étudie ensuite les conséquences.
- En publiant cet essai, dont je ne me dissimule pas les imperfections, j’ai le désir de ramener l’attention sur une théorie qui semble aujourd’hui un peu délaissée. Je m’estimerais trop heureux si je pouvais contribuer dans une faible mesure à répandre des notions qui, en réalité, n’exigent pas l’emploi de formules bien compliquées, et qui, je l’espère, se simplifieront encore dans la main des ingénieurs distingués auxquels l’électricité est redevable de si rapides progrès.
- i. — Première expérience. — Un courant sinueux, qui s'écarte très peu d'un courant rectiligne de môme intensité, exerce la même action que le courant rectiligne.
- Soient A B= ds, A' B’ = ds' (fig. i) deux1'éléments
- FIG. I
- de courant d’intensités i et V dirigés le premier de  vers B, le second de A' vers B'. Désignons par r la distance des points A et A'.
- Abaissons du point B une perpendiculaire Bx surla droite AA'. Le courant AB peut être remplacé par le circuit AxB parcouru par un courant d’intensité i. Si l’on achève le rectangle ayant pour (*)
- (*) Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, t. LXXV, p. 733.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 151
- diagonale AB, pour côtés Ax et Bx, le courant xB peut être remplacé par le courant A y infiniment voisin.
- Le courant AB d’intensité i peut être remplacé par deux courants de même intensité, ayant pour directions Ax et Ay, pour longueurs Ax—ds cosO, A y = ds sin 0, en appelant 0 l’angle du courant AB avec la droite A A'.
- Imaginons par la droite A A' un plan' perpendiculaire au plan B A A'; abaissons du point B' une perpendiculaire B' C sur ce plan, du point C une perpendiculaire Cx' sur AA'. Le courant A'IV peut être remplacé par le circuit A'x'CB' parcouru par un courant de même intensité i'. Si l’on achève le parallélipipède rectangle ayant pour diagonale A'B', pour côtés A'x', x'C et CB', le courant A'B' peut être remplacé par trois courants A'x', A'y', A'z', d’intensité i', partant du point A'.
- Si l’on désigne par 9' l’angle du courant A'B' avec le prolongement de la droite AA', par e l’angle que forment les plans menés par la droite AA' et par chacun des courants AB et A'B', les longueurs des courants qui remplacent A'B' sont respectivement :
- A'x' — ds’ cosO',
- A'y' — ds' sinV cas e,
- A'z' — ds' sinV sin e.
- On a six actions à considérer:
- i° l’action de Ax sur A'x',
- 2° l’action de Ax sur A'y',
- 3° l’action de Ax sur A'z',
- 4° l’action de Ay sur A’x’,
- 5° l’action de Ay sur A'/,
- 6° l’action de Ay sur A'z'.
- Il est facile de voir que certaines de ces actions sont nulles.
- 2. — Soient ab, a!b’ (fig. 2) deux éléments de courant rectangulaires situés dans le même plan de telle façon que le courant ab passe par le milieu de a'b' ; supposons les courants dirigés de a vers b, de a' vers b'.
- Admettons que le courant a'b' puisse exercer sur le courant ab une action f dirigée dans le sens ab. Si l’on fait tourner la figure autour de l’axe ab, l’action du courant a'b' sura£ ne change pas. Supposons que la figure fasse une demi-révolution, le courant a'b' prend la position a,#,. L’action de a,b, sur ab est une force / qui s’ajoute à la première force. La résultante de ces forces, 2f, représente l’action exercée sur ab par un conducteur que traversent deux courants égaux et de signes contraires. Ce conducteur est
- à l’état neutre; son action sut le courant ab est nulle,
- 2/ = O.
- Admettons de même que le courant ab ait sur le courant a'b' un action En opérant comme précédemment une demi-révolution de la figure, l’action de ab sur aib1 est une seconde force identique à la première force /'. La résultante de ces forces, 2f, est l’action d’un courant ab sur un conducteur à l’état neutre; cette action est nulle,
- 2/' = O.
- Les courants àb et a'b' n’ont donc aucune action l’un sur l’autre. Dans le cas précédent,
- l’action de Ax sur A'y’ est nulle, l’action de Ax sur A'z' est nulle, l’action de Ay sur A'x’ est nulle.
- 3. — Soient ab, a'b’ (fig. 3), deux éléments de
- FIG. 3
- courant situés dans des plans perpendiculaires, ayant pour perpendiculaire commune la droite qui joint les milieux des éléments. Supposons les courants dirigés de a vers b, de a' vers b'.
- Admettons que le courant a'b' exerce sur le courant ab une action f dirigée suivant la droite qui joint les deux éléments de courant. Prolongeons la perpendiculaire commune d’une longueur égale, et menons un élément de courant afi, égal et parallèle à ab, de même intensité, dirigé de ai vers b,. Le courant a'b' exerce sur albl une action fx égale et directement opposée cà la force /".
- Faisons tourner la figure a'b', a,bx autour d’un axe parallèle à ab, mené par le milieu de a'b'\ l’action de a'b’ sur aj>, conserve la même valeur. Lorsque la figure a effectué une demi-révolution, on a en ab un courant d’intensité double de la première intensité, sollicité par une force 2/les deux courants a'b', a',b'x de sens contraire et de même intensité ont une résultante nulle. L’action exercée sur ab par un conducteur à l’état neutre est nulle,
- 2/= o.
- Les courants ab et a'b' n’ont donc aucune action l’un sur l’autre. Dans le cas précédent,
- l’action de Ay sur A'z’ est nulle.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- : 4. — On peut déduire des deux propositions précédentes une conséquence qui sera utile dans la suite.
- Lorsque deux courants élémentaires sont placés de telle sorte que l’un des éléments soit perpendiculaire au plan mené par son milieu et par l’autre élément, les courants n’agissent pas l’un sur l’autre.
- Soient, en effet, ab et a'b' (fig. 4), deux éléments
- de courant tels que l’élément ab soit perpendiculaire au plan mené par son milieu O et par l’élément a'b'. L’élément de courant a'b' peut se décomposer en deux autres, l’un a'x dirigé [suivant Oa', l'autre a’y perpendiculaire à Oa' et situé dans le plan a'b'O. Les courants ab et a'x n’ont pas d’action l’un sur l’autre (2), les courants ab et a’y n’ont pas d’action l’un sur l’autre (3) ; par conséquent, les courants élémentaires ab et a'b' sont sans action l’un sur l’autre.
- 5. — Soient ab, a'b' (fig. 5), deux courants d'intensité i et i', situés sur le prolongement l’un de l’autre et dirigés, le premier de a vers b, le second de a' vers b'. Désignons par f l’action de ab sur a'b’.
- Renversons le second courant a'b'; ce courant devient albi. Le courant ab agit sur aibl avec une nouvelle force J\ que nous supposerons dirigée dans le même sens que la première force/.
- FIG 5
- Superposons les deux figures. Nous aurons en ab un courant d’intensité 2i; le second conducteur est à l’état neutre. L’action de ab sur ce conducteur est nulle,
- f+/i — °> fi= —/•
- L’action d’un élément de courant sur un second élément situé sur le prolongement du premier change donc de sens lorsque le sens de l’un des courants élémentaires est changé.
- Dans la figure 1, les courants élémentaires Ax et A'x' sont de même sens. Supposons que l’élément Ax agisse sur A’x' avec une force attractive ,
- cette force, dirigée de A' vers A, est une fonction de la distance f (r). Cette force est proportionnelle aux longueurs des éléments et aux intensités des courants; on peut considérer, en effet, un élément de courant traversé par un courant d’une certaine intensité comme étant formé par la superposition, d’éléments de même longueur, traversés par des courants de même sens, dont les intensités s’ajoutent; les actions de ces courants élémentaires sur un autre élément de courant s’ajoutent également.
- L’action de l’élément Ax sur l’élément A'x' a donc pour expression
- i i' ds ds' co.îO cosV f (r).
- Si l’on compte les angles 0 et 0' à partir de Ax et de A’x' de zéro à tr, on exprimera que l’action de l’un des éléments sur l’autre est attractive lorsque les courants sont de même sens, et répulsive lorsque les courants sont de sens contraire.
- 6. — Soient ab, a'b' (fig. 6), deux courants parallèles d’intensités i et i', dirigés de a vers b, de
- FIG. 6
- a' vers b', ayant pour perpendiculaire commune la droite qui joint leurs milieux. Le courant ab exerce sur a'b' une action /.
- Renversons le courant a'b'’, ce courant devient albl. Le courant ab exerce sur albl une action /,, que nous supposerons dirigée dans le même sens que la première force /.
- Superposons les deux figures. Nous aurons en ab un courant d’intensité 2i; le second conducteur est à l’état neutre. L’action de ab sur ce conducteur est nulle,
- L’action d’un élément de courant sur un second élément parallèle au premier, lorsque ces éléments ont pour perpendiculaire commune la droite qui joint leurs milieux, change de sens lorsque le sens de l’un des courants est changé.
- Dans la figure 1, les deux courants élémentaires Ay et A'y' sont de même sens. Supposons que Ay agisse sur A'y' avec une force attractive; cette force, dirigée de A' vers A, est une fonction de la distance cp (r). Elle est d’ailleurs proportionnelle aux intensités des courants et à leur longueur.
- L’action de l’élément Ay sur l'élément A'y' a donc pour expression
- . i i' ds ds' sinO sintf cos s ? (r).
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- Si l’on compte l’angle e à partir de A'y' de zéro à 2tt, on exprimera que l’action de l’un des éléments sur l’autre est attractive lorsque les courants sont de même sens, et répulsive lorsque les courants parallèles sont de sens contraire.
- 7. — L’action du courant élémentaire AB sur le courant élémentaire A'B' est une force attractive F dirigée de A’ vers A, égale à la somme des deux forces précédentes,
- F — i i' ds ds' | sin 0 sin 0' cos t 9 (r) -f- cos 0 cos 0'f (r) J .
- L’action du courant élémentaire A'B' sur le courant élémentaire AB est, par symétrie, une force égale et directement opposée à la première force F.
- Il s’agit maintenant de déterminer les fonctions des distances: y’ (r) et cp (r). On s’appuie sur une seconde expérience.
- 8. — Seconde expérience. — L'action exercée par un courant rectiligne indéfini sur un courant parallèle, de longueur finie, est proportionnelle à la longueur de ce courant et en raison inverse de la distance des deux courants.
- Soient LAB — ds (fig. 7) un élément de courant
- d’intensité- L situé à une distance h d’un courant parallèle indéfini ÀrF, d’intensité i'. Prenons sur JT F un élément MN != ds'; désignons par r la distance d’un point de l’élément MN à l’élément AB. L’action de MN sur AB est une force F exprimée par la relation précédente. Les actions élémentaires ont, pour le courant indéfini XY, une résultante R.
- Imaginons une figure semblable, dans laquelle les longueurs varient dans le rapport de 1 à m.
- Prenons un élément de courant A'B' de longueur m ds parcouru par un courant d’intensité i. Prenons un courant rectiligne indéfini X' Y' parallèle à A'B', situé à une distance mh de A’B' et d’intensité i'. Prenons sur le courant un élément M'N' = m ds', homologue de MN : la distance d’un point de l’élément M'N' à un point de l’élément A'B' est mr.
- La force F' qui s’exerce entre les deux éléments M'N' et A'B' a pour valeur
- F'=i i' hj 2 cl s ds' j sin 0 sinY cosz 9 (mr) -f cosO cosV f(mr) j.
- L’action R' exercée par le courant indéfini X'Y' sur A'B' est la résultante de ces forces F'.
- D’après la seconde expérience, les forces R' et R sont entre elles comme les longueurs des courants m ds et ds sur lesquels agit le courant indéfini; les forces R' et R sont en raison inverse des distances mh et h du courant indéfini aux courants AB et/ A'B'. Par conséquent, les deux forces R' et R sont égales.
- On satisfait à cette condition en supposant la force F' égale à la force F, et en posant
- Hi2 9 (mr) = 9 (r), m* f(mr)=f(r).
- En désignant par A et B deux constantes, les valeurs des fonctions définies par les deux dernières relations, où m a une valeur arbitraire, ont pour expressions
- f (O = 72 /(»•)=£.
- g. — L’action qui s’exerce entre deux éléments de courant peut donc se mettre sous la forme
- i if
- F~ ds' (A s/wO sinŸ cosi + B cosO cosô')*
- Il est souvent commode de mettre cette action sous une autre forme.
- Si l’on désigne par <•> l’angle que font entre eux les deux éléments de courant ds et ds', on a, d’après la formule fondamentale de la trigonométrie sphérique,
- cos a) = cosi) cosO' + sin1) sin<)' cos e.
- Si l’on désigne en outre par K le rapport constant ——— , l’action élémentaire Fpeut s’écrire sous la forme
- l l
- F = À ds ds' (cos 10 -f-1{ cosO cosfy ).
- Il s’agit maintenant de déterminer la constante K. Nous examinerons d’abord quelques propriétés des courants fermés.
- 10. — Action d'un courant fermé sur un. élément de courant. — Soit MNPQ (fig. 8) un courant fermé d’intensité i.
- Réunissons deux points M et P par un fil conducteur et supposons ce fil conducteur traversé par des courants de sens contraire et d’intensité i. Ces deux courants contraires MP et PM ne changeront rien à l’action du circuit fermé sur un autre courant. Le courant MNPQ équivaut à deux autres courants fermés de même intensité MNPM et PQMP.
- FIG. 8
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- FIG* 9
- On peut imaginer de même une décomposition de chacun de ces derniers courants et ainsi de suite. Si l’on conçoit par conséquent une surface aboutissant au contour MNPQ déterminé par le premier courant fermé et si l’on quadrille cette surface par une infinité de lignes infiniment voisines, on pourra remplacer le courant fermé, par une infinité de courants fermés élémentaires tels que mnpq (fig. 9).
- Chacun de ces courants fermés élémentaires peut d’ailleurs être remplacé par un second courant fermé tracé sur une seconde surface infiniment voisine de la première.
- Menons en effet (fig. 10) des droites mm', nn', pp', qq' infiniment petites et joignons les points m', n', p', q', m'. D’après l’expérience des courants sinueux, le courant vin peut être remplacé par le circuit de même intensité mm'n'n, le courant np peut être remplacé par le circuit de même intensité
- nn’p’p et ainsi de suite. Les courants dirigés suivant nn' sont égaux et de sens contraire; il en est de même pour les courants dirigés suivant pp', qq', mm'. Il reste donc finalemént le courant m'n'p'q' de même intensité que le premier cou-1U rant fermé mnpq et
- infiniment voisin de ce courant.
- La direction de la surfacé m'n'p'q' est arbitraire.
- La forme du circuit m'n'p'q’ est arbitraire.
- n. — Soit AB (fig. 11) un courant élémentaire d’intensité i dirigé de A vers B. Menons une droite quelconque A O et, dans un plan perpendiculaire à cette droite, imaginons un courant fermé élémentaire ayant la forme d’un rectangle CDEF ayant pour centre le point O et tel que les côtés CD et EF soient parallèles au plan AOB.
- Cherchons l’action du courant fermé, élémentaire CDEF sur l’élément de courant AB.
- Le courant DE est perpendiculaire au plan O AB qui passe par le milieu de DE : ce courant est sans action sur AB. De même le courant FC est sans action sur AB. On a donc à considérer seulement les actions de CD et de EF sur AB.
- L’élément de courant AB peut se décomposer en deux autres, l’un Ax perpendiculaire à OA et situé dans le plan OAB, l’autre Ay dirigé suivant A O.
- Les courants CD et EF sont perpendiculaires au plan mené par Ay et par les milieux K et H de ces éléments; ces courants CD et EF sont donc sans action sur Ay. Il suffit donc de considérer les actions de CD et de FF sur Ax.
- Les courants CD et EF sont égaux, de sens contraire, parallèles à Ax et situés à la même distance de Ax. Çes deux courants exercent donc sur Àx des actions f et /' égales, dirigées la preriiière suivant AK, la seconde suivant le prolongement de HA. Ces deux forces /èt/' ont une résultante p dirigée suivant la bissectrice de l’angle des forces /et J' ; cette résul- ,
- tante p est donc normale à l’élément AB.
- Tout courant fermé équivaut à une série de courants fermés élémentaires, qui exercent sur un élément de courant des actions normales à cet élément ; par suite l’action d’un courant fermé sur un élément de courant est normale à cef élément.
- Un courant rectiligne indéfini peut être considéré comme une portion d’un courant fermé, tel que l’autre partie du courant fermé soit rejetée assez loin pour que les actions exercées par cette partie sur un élément de courant soient insensibles.
- Par conséquent l’ac- FIG‘ 11
- tion d’un courant rectiligne indéfini sur un élément
- de courant est une force normale à cet élément.
- 12. — Action d'un courant rectiligne indéfini sur un élément de courant parallèle. — Soit AB = ds (fig. 12) un élément de courant d’intens?ité i, dirigé de A vers B, soumis à l’action d’un courant rectiligne indéfini XY parallèle, d’intensité i\ dirigé de X vers Y, situé à une distance AH — h. Soient MM' = ds' un élément du courant indéfini, r la distance AM, Q l’angle AMM', 0 -j- dd l’angle AM’ Y, F l’action de l’élément MM' sur l’élément AB.
- Le courant AB fait avec le prolongement de la droite MA, qui joint les deux éléments, l’angle 0; l’angle des deux éléments de courants est égal à zéro. L’action élémentaire F a pour valeur
- i i*
- F = A -pj ds ds' (1 + K cos* 9).
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- JOUJRNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- i55
- La composante de cette force normale à l’élément AB est seule à considérer; cette composante F', dirigée de A vers X Y, a pour valeur :
- F' = F sin o.
- L’angle MAM’ est égal à dO. L’aire du triangle
- FIG, 12
- MAM' a pour expression^;-4 dQ ou ~ hds'. En égalant ces deux expressions, on a :
- d£___£0
- r* — h '
- La composante F’ a donc pour expression :
- F' = A —j ds (i -f K cos26) sin 0 db.
- Les composantes F' ont pour résultante une force R égale à leur somme. Cette résultante R est donc la somme des valeurs de F', lorsque 0 varie de zéro à ir,
- R — Ay- ds I (r + K cos-0) sind d 9 1 Jo
- R = A~; ds X \ (ff + 3).
- i3. — Action d'un courant rectiligne indéfini sur un clément de courant perpendiculaire et situé
- FIG. l3
- dans le même plan. — Supposons maintenant l’é lément AB (fig. i3) perpendiculaire au courant indéfini XY et situé dans le même plan que ce courant. Conservons les mômes notations.
- Le courant AB fait avec le prolongement de la
- droite MA,e\ai joint les deux éléments de courant, un angle égal au complément de l’angle 0; l’angle des deux courants élémentaires est droit. L’action exercée par MM' sur AB a pour valeur
- i i*
- F = A —r ds ds' X K cos 0 sin 0.
- T*
- La composante F', normale à l’élément AB, est seule à considérer. Si l’on remplace parla valeur
- indiquée précédemment, la force F' = FcosO, dirigée de Y vers X, a pour valeur
- F' — ds y. K cos20 Si'uO tfO.
- Les composantes F' ont pour résultante une force R égale à leur somme. Cette résultante R est donc la somme des valeurs de F' lorsque 0 varie de zéro à iz,
- a' r*
- R = A-j^dsK J cos2û sintidO,
- „ . ii' . 2 „
- R— A -jj- ds X g/f.
- 14. — Détermination de la constante K. — Soit
- FIG. I4
- AB — ds (fig. 14) un élément de courant d’intensité i situé dans le même plan que le courant indéfini XY et faisant un angle a avec le courant indéfini.
- L’élément de courant ds se décompose en deux, l’un Ax—ds cos a parallèle hXY, l’autre Ax'=dssin a perpendiculaire à XY.
- Le courant indéfini XY exerce sur l’élément Ax, qui lui est parallèle, une action P dirigée de A vers XY, ayant pour expression, d'après ce qui précède (12),-
- P = A l-~ ds cos a X l (ff +3).
- Le courant indéfini XY exerce sur l’élément Ax', qui lui est perpendiculaire, une action P', dirigée de .v vers A, ayant pour expression, d'après ce qui précède (13),
- i i' 2
- P' — A -j- ds sin a X 3 /f.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE .
- D’après une remarque précédente (n), l’action du courant indéfini X Y sur l’élément ds est une force normale à cet élément; par suite la somme des projections des forces P et P' sur la direction AB doit être nulle,
- . P sin a + P' cos a — o.
- En remplaçant les forces P et P' par leurs valeurs, on a la relation
- 2 K + 3 = o,
- La formule d’Ampère (9) a donc pour expression définitive
- F= A^ds ds' (cos (o — | cos 9 cos 9'^ ou bien, en remplaçant cosu par sa valeur,
- F = A~ ds ds' (sin 0 sin 9' cos & — j cos 0 cos 0'^.
- i5. — Action d'un courant rectiligne indéfini sur un élément de courant. — Il est facile maintenant de déterminer l’action du courant rectiligne indéfini XY sur l’élément de courant AB = ds.
- En remplaçant la constante K par sa valeur
- 3
- — -, les deux composantes P et P ont pour expressions
- _ , i i' ,
- P = A -r- cts cos a h
- i i'
- P — — A ds sin a.
- On reconnaît dans la seconde expérience (8) qu’un courant indéfini XY exerce sur un courant parallèle, de longueur finie et de même sens que le courant indéfini, une action attractive. Par conséquent l’action du courant indéfini XY sur l’élément Ax de la fig. 14 est une force attractive dirigée de A vers XY ; la constante A est donc positive.
- FIG. l5
- Il en résulte que l’action exercée par le courant indéfini sur l’élément Ax' est dirigée de A vers x. Si l’on désigne par Pi (fig. i5) une force égale et contraire à P', l’action du courant indéfini XY sur l’élément ds est la résultante des forces P et Pv
- Cette résultante Q a pour valeur
- Q = Atjrds.
- L’action du courant indéfini sur un élément de courant situé dans le même plan que le courant indéfini est donc indépendante de l’orientation de l’élément.
- La direction de cette force est facile à déterminer. Si l’on suppose l’élément de courant AB placé d’abord parallèlement au courant indéfini de manière que les deux courants soient parallèles et de même sens, la force Q, normale aux deux cou-, rants, est une force attractive. Si l’on fait ensuite tourner l’élément AB dans le plan AXY, la force Q tourne avec l’élément.
- La force Q change de sens, lorsque le courant change de sens, soit dans le courant indéfini XY, soit dans l’élément AB; cela est évident, d’après ce qui précède.
- 16. — Action d'un courant rectiligne indéfini sur un courant fini situé dans le même plan. — Soit OC (fig. 16) un courant fini d’intensité i situé
- \|/ '-
- vi x '
- “ _ “ _— -y
- FIG. l6
- dans le même plan que le couraut rectiligne indéfini XY. Désignons par h0 la distance du point O au courant indéfini, par a l’angle du courant OC avec le courant indéfini, par s la distance du point. O à un point M, par s -f- ds la distance du point O à un point M'infiniment voisin de M.
- L’élément MM' = ds est sollicité par une force f, donnée par la relation précédente; la distance h du point M au courant indéfini a pour valeur,
- h ~ha -\-s sin a. et la force f a pour expression
- f ^ hü + s sin a.
- Les forces f appliquées normalement aux divers éléments du courant fini ont une résultante F égale à leur somme. Si l’on désigne par l la longueur OC,
- a“’£
- ds ii'
- hn + s sin a sin a 1 ®
- 1 + •
- Isin a ^0
- Si le courant fini OC est mobile autour d’un axe
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- ïb7
- perpendiculaire au plan de la figure, le courant OC est soumis à un mouvement de rotation autour de cet axe ; la force F varie alors avec la position du courant mobile. t
- Si l’on suppose le courant indéfini horizontal, si l’on suppose en outre le courant fini situé dans un plan horizontal très voisin du plan horizontal qui renferme le courant indéfini, et mobile autour d’un axe vertical élevé en un point du courant horizontal indéfini, les deux parties du courant fini sont sollicitées par des forces qui placent ce courant dans la direction du courant fixe, de manière que les deux courants soient de même sens. C’est l’expérience des courants croisés.
- 17. — Action d'un courant rectiligne indéfini sur un courant rectiligne perpendiculaire. — L’action d’un courant rectiligne indéfini sur un courant quelconque se déduit facilement de ce qui précède.
- Un élément de ce dernier courant MM' peut en effet se décomposer en deux autres : l’un perpendiculaire au plan mené par le point M et par le courant indéfini XY, l’autre situé dans ce plan MXY. L’action du courant rectiligne indéfini sur le premier courant élémentaire est nulle ; l’action du courant rectiligne indéfini sur le second courant élémentaire se déduit de ce qui précède.
- Considérons un cas particulier. Le courant rectiligne indéfini XY (fig. 17) est horizontal, le courant fini OC est vertical et dirigé de O vers C, OA est la perpendiculaire commune aux deux courants.
- Pour avoir l’action du courant rectiligne indéfini AT sur un élément MM' = ds du courant fini, abaissons du point M' la perpendiculaire M'N sur AM ; le courant ds se décompose en deux autres, MN et NM'. L'action du courant XY sur NM' est nulle ; l’action du courant XY sur MN est une force / parallèle au courant XY et dirigée dans le sens de ce courant..
- Si l’on appelle a. l’angle MAO, le courant MN = ds sin a. Si l’on appelle h la distance MA, la force f a pour expression
- f =At-jj- ds si11 oc.
- D’ailleurs, en appelant a la distance AO des deux courants, h =
- cos a
- . Si l’on désigne par s la distance MO, s — a tanga, ds — a — En remplaçant h et ds par leurs valeurs, on a
- f—Ai i' tangoc d a.
- Les forces f ont une résultante F égale à leur somme. Si l’on désigne par a, l’angle de la droite OC avec la perpendiculaire commune aux deux courants AO, la force F a pour expression
- r°“
- F=Aii’ I tanga doc = — A i i' logeos
- J o
- Si le courant fini est mobile autour d’un axe parallèle à ce courant, la force F a pour effet de faire tourner le courant OC autour de cet axe. L’équilibre s’établit lorsque le plan mené par l’axe et le courant mobile OC est devenu parallèle au courant indéfini XY ; la force analogue à F pour la position d’équilibre stable du courant mobile est alors parallèle au courant fixe et de même sens que ce courant, si l’on suppose, comme l’indique la figure, le courant mobile dirigé de O vers C.
- {A suivre). J. Moutier.
- DES ACTIONS ÉLECTRIQUES
- DANS LES SYSTÈMES CONDUCTEURS SEMBLABLES
- Depuis la remarquable étude théorique que M. Marcel Deprez a publiée dans les colonnes de ce journal sur le transport et- la distribution de l’énergie par l’électricité, il a entrepris une longue série de recherches expérimentales, sur les machines dynamo-électriques et les phénomènes qui s’y rattachent.
- Nous extrayons de son registre d’expériences les résultats qu’il a obtenus, sur la puissance des machines semblables d’après leurs dimensions.
- Nous faisons précéder ces résultats d’un théorème nouveau sur les actions électriques dans les systèmes conducteurs semblables, que M. Marcel Deprez a présenté à l’Académie des sciences, et qu’il appelle par abréviation théorème des similitudes.
- Voici cette note à l’Académie.
- « Il n’est pas toujours facile, connaissant les « actions qui se développent sous l’influence d’un « agent, dans un système de dimensions détermi-« nées, de connaître à priori les actions qui se dé-« veloppent dans un système de dimensions diffé-« rentes. En, particulier si l’agent en question est la « chaleur, le problème est très compliqué.
- « S’il s’agit .au contraire de l’électricité, la solu-
- FIG. 17
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- 158
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- <
- C
- c
- <
- c
- €
- «
- «
- <L
- «
- «
- «
- «
- «
- c
- «C
- «
- «
- a
- a
- «
- «
- tion peut être obtenue ainsi que je le fais voir dans la communication suivante :
- « Lorsque l'on augmente toute les dimensions d'un système conducteur de forme quelconque suivant un rapport déterminé K, sans changer le flux électrique qui parcourt l'unité de section du fil, les résultantes (*) de tous les efforts statiques élémentaires augmentent comme la quatrième puissance de K.
- « Appelons I l’intensité du courant qui p.arcourt le système conducteur et a la section de son fil. Si nous considérons l’effort élémentaire rfF, qui s’exerce entre deux éléments du système conducteur de longueur ds et ds', si r est la distance qui sépare ces deux éléments, et a l’angle qu’ils font entre eux, en appliquant les lois d’Ampère
- dF—l2 f{a) que nous pourrons encore
- , . I* ads ad s' - , .
- écrire dF=- —-—/(a).
- « Mais ads est le volume dv du premier élément considéré et ads' le volume d v' du second.
- « Donc F = ^5 ~pr~ f (*)•
- * Si nous augmentons maintenant toutes les dimensions du système conducteur dans le rapport K en conservant le même fil, le volume du premier élément devient K3 dv, celui du second K3 dv’ et la distance qui les sépare K». L’angle a ne change pas; le nouvel effort élémentaire
- I* ItfdvItW N 12 dvdv' ^ x w Tr4 dF = «ü IC» f (*) = 7* —/ (“) x K •
- Or, si nous supposons que le même flux électrique parcourt l’unité de section du fil, — est
- « constant. Le rapport des deux efforts élémen-« taires
- £L'_K*
- dF —•
- « Les efforts élémentaires dF' et dF étant dans « un rapport constant, les résultantes de ces « efforts sont aussi dans le même rapport, à une « constante près; mais cette constante est nulle, « puisque quand I est nul, F et F' doivent être nuis;
- « donc = K4.
- F
- « Les résultantes des efforts élémentaires aug-« mentent donc comme la 40 puissance du nom-« bre K.
- « Dans le cas où le système conducteur est une « machine dynamo-électrique, nous savons que « le travail par seconde est représenté par T = « F X V. F est la résultante de tous les efforts « élémentaires, le point d’application de cette ré-« sultante étant situé au bout d’un bras de levier
- (>) La forme du système conducteur étant quelconque, toutes les forces élémentaires peuvent au maximum donner lieu à deux résultantes ne se coupant pas.
- « dont la circonférence développée a 1 mètre de « longueur, V est la vitesse linéaire de ce point « d’application.
- « Si nous supposons que nous augmentions toutes « les dimensions de la machine dynamo-électrique « dans le rapport K, en conservant à son fil la « même section, la résultante des efforts devient « égale à F X K\ et la vitesse linéaire de son « point d’application devient égale à K X V.
- « Le nouveau travail par seconde T' — K* F V « = K6 T.
- « Le travail par seconde augmente donc comme « la 5° puissance du nombre K.
- « (Dans ce qui précède nous supposons que la « machine dynamo-électrique n’a pas de fer doux).
- « Corollaire I. — Quand le volume et lafor-* me d'un système conducteur sont invariables,' un « effort statique déterminé coûte toujours la même « dépense d'énergie pour être produit.
- « Nous venons de voir en effet que nous pou-« vons représenter symboliquement les résultantes
- « des efforts élémentaires sous la forme F= — K‘.
- a2
- « Si R est la résistance du système conducteur, E « la force électro-motrice inverse, qui s’y déve-« loppe par le déplacement de sa partie mobile, l la « longueur de son fil, V son volume, et C sa con-« ductibilité,
- T E „ l
- I=^or R=-
- V
- a2 c
- « or, d’après notre notation symbolique :
- V = K3, donc R = ^~c
- « par suite :
- E a2 c E2 a4 c2 K* ~ KG a2
- X
- E2 a* c2 K -~k“
- « D’autre part, la quantité totale d’énergie Q reçue
- E2
- « par le système conducteur est égale à
- E2 E2 a2 c Q ~ "R ~ K3 F
- « Et le rapport — = K X C.
- « Si le volume et la forme sont invariables, K « est invariable, ce qui prouve bien que, dans ces « conditions, pour produire un effort F, il faut tou-« jours dépenser la même quantité d’énergie Q. « On voit aussi que le coût de l’effort statique est « inversement proportionnel à la conductibilité du « fil employé dans l’appareil. Plus elle est grande, « moins un même effort coûte d’énergie pour être « produit.
- Corollaire II. — « Lorsque toutes les dimen-« sions d'un système conducteur sont augmentées t dans le rapport K, un même effort F est pro-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- « duit avec une dépense d'énergie K fois plus « faible.
- t Ce corollaire résulte immédiatement de la for-F
- « mule précédente ^ = K X C.
- « D’après ce qui précède, on voit combien les « grandes machines dynamo-électriques sont avan-c tageuses. Non seulement elles sont plus puis-« santés par unité de masse, mais elles sont encore « plus économiques.
- « C’est, du reste, en partie pour en arriver à c cette conclusion que j'ai établi le théorème des « similitudes. Je l’ai vérifié par l’expérience. »
- Nous croyons utile de donner quelques détails sur les expériences seulement indiquées par M. Marcel Deprez à la fin de cette communication.
- Il a adopté pour le système conducteur la forme d’un électro-dynamomètre déjà indiquée par M. Mas-cart.
- La bobine centrale B est mobile à l’extrémité du fléau d’une balancé. Un plateau, placé à l’autre extrémité, permet d’abord d’équilibrer cette bobine au moyen de poids, puis ensuite de mesurer l’effort statique qui s’y développe lorsqu’un courant parcourt tout le système.
- Les fils d’entrée et de sortie de cette bobine plongent dans des godets de mercure, qui permettent d’établir les communications électriques sans altérer la mobilité de l’appareil.
- Les bobines A et C sont fixes.
- Les trois bobines sont placées en circuit direct, et le sens du courant qui les traverse est tel dans chacune d’elles, que la bobine B est repoussée par la bobine A et attirée par la bobine C.
- Pour vérifier le théorème des similitudes, il faut nécessairement. avoir un second électro -dynamomètre semblable au premier. M. Marcel Deprez l’a choisi de dimensions doubles, de telle sorte que quand il se développe sur le premier un effort de ik, il doit.se développer un effort de i6k sur le second.
- Les deux appareils, placés en circuit direct dans le courant d’une machine dynamo-électrique continue, ont donné les résultats suivants, pour un courant de n ampères :
- Effort statique sur le petit appareil, ok,355 — — grand — 5k,6oo
- En multipliant par 16 le premier effort statique, on trouve 5k,68o, qui ne diffère pas de ^mc de
- celui qui a été mesuré directement sur le second.
- Le théorème des similitudes ne s’applique plus évidemment lorsque l’on fait usage de courants alternatifs.
- M. Marcel Deprez a, dans ce cas, recherché expérimentalement comment varie l’effort avec les dimensions de l’appareil.
- Il a trouvé que l’exposant de K est égal à 3,66 F = K3’* F
- Le théorème ne s’applique pas non plus quand les bobines ont une âme de fer doux.
- Dans ce cas, M. Marcel Deprez a encore trouvé
- FIG. Q
- par l’expérience la valeur 3,76 pour l’exposant de K. • .
- F = K3x F
- Mais cet exposant varie beaucoup dès que l’on se rapproche du point de saturation du fer doux dans le petit appareil. M. Marcel Deprez continue la série de ses recherches sur ce sujet. Nous la publierons plus tard en détail.
- On doit tirer de cette étude une conclusion capitale, celle que l’avenir est aux très grandes machines dynamo-électriques. Par unité de poids, elles sont non seulement plus puissantes, mais encore plus économiques que les petites.
- Jules Sarcia.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- SUR LE TRANSPORT ÉLECTRIQUE
- DE LA FORCE
- A GRANDE DISTANCER)
- Les expériences qui ont été faites sur le transport de la force par l’électricité l’ont toujours été à de courtes distances.
- Dans les applications de Noisiel, la distance n’a pas excédé trois kilomètres, les deux stations étant réunies par des câbles dont la résistance était faible.
- Dans les diverses applications connues, on n’a jamais transporté plus de six à huit chevaux à cinq kilomètres de distance, avec des machines pesant environ 5oo kil.
- On a souvent affirmé que le transport aux grandes distances était impraticable.
- Il peut être intéressant de signaler l’expérience que je viens de réaliser.
- Avec des machines de Gramme du petit type pesant environ ioo kil., modifiées suivant les principes que j’ai indiqués, j’ai obtenu un travail utile de 37 kilogrammètres, la résistance interposée entre le moteur et le récepteur étant de 786 ohms, représentant une distance de 78 kil., 6 de fil télégraphique ordinaire.
- Afin de mettre ce résultat plus en relief, je mets les divers éléments de cette expérience én regard de ceux d’une expérience analogue faite par M. Fontaine avec des machines plus grosses et dont il a publié les résultats :
- Vitesse. Travail utile. Travail par tour. Rende- ment. Résistance interposée.
- Fontaine. . tours. 1. S70 kgm. 21,5 kgm. 0,8 o,38 ohms. 4,65
- Deprez. . . 2.3oo 3y80 1,0 0,25 786,0
- Ce transport s’opère sans qu’il y ait aucune étincelle aux balais, la machine restant parfaitement froide, et sans qu’il ait été nécessaire de prendre de précautions spéciales pour l’isolement des conducteurs.
- Le rendement de o,25 obtenu n’est que le résultat d’une première expérience; je n’ai pas encore eu le temps d’étudier les meilleures conditions de vitesse, d’effort statique et de force électromotrice ; rien ne s’oppose théoriquement à ce qu’un rendement meilleur soit atteint, et je suis certain d’arriver promptement à le réaliser; toutefois, j’ai (*)
- (*) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du i3 février 1882.
- cru qu’il y avait lieu de signaler sans attendre plus longtemps un résultat de transport électrique jusqu’ici considéré comme impraticable.
- Marcel Deprez.
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- DANS LA MARINE MILITAIRE
- Parmi les applications de la lumière électrique, une des plus importantes est certainement celle qui consiste dans l’emploi des lampes électriques pour les opérations de la marine de guerre. La grande portée des foyers électriques permet en effet d’éclairer à distance un point quelconque, soit un endroit sur lequel on veut diriger le tir des canons, soit une position ennemie que l’on veut surveiller, soit une partie du rivage, sur laquelle on veut faciliter un débarquement, et l’on comprend sans peine toute l’importance d’un éclairage à grande portée dans de semblables circonstances. Aussi, le ministère de la marine s’est-il occupé sérieusement depuis quelques années de cette question, et il a fait entreprendre par les Ingénieurs de la marine des expériences dans le but de déterminer la meilleure lampe à employer sur les navires, la source du courant se trouvant fort aisément dans une des machines dynamo-électriques usuelles, mue par la machine à vapeur du navire. Malgré les perfectionnements apportés aux différents régulateurs et particulièrement au régulateur Serrin que son inventeur a modifié de manière à lui permettre de fonctionner dans toutes les positions possibles, la commission d’expériences a éliminé toute espèce de régulateur, et s’est prononcée en faveur d’une lampe à main dans laquelle le rapprochement des charbons se fait à l’aide d’une vis manœuvrée par la personne qui surveille l’appareil. Comme la surveillance est nécessaire quand même pour maintenir constanté la direction des rayons lumineux, il n’y a aucun inconvénient, à ce que le rapprochement des charbons ne s’effectue pas automatiquement. Le réflecteur adopté est, comme on sait, le projecteur Mangin, dont l’emploi est maintenant général.
- Dans la figure jointe à cet article, nous représentons l’emploi de ces appareils électriques pour éclairer la ville de Sousse, lors de son occupation. -On sait quels ont été les services rendus à cette époque par l’emploi de la lumière électrique, sur nos navires de guerre ; tout porte à croire que ses applications ; s’étendront encore, non seulement au. point de vue des navires de guerre, mais encore pour la marine marchande.
- C. C. Soulages.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- LA BOUSSOLE MARINE
- DE SIR WILLIAM THOMSON
- Deuxième article (Voir le n° du n février 1882.)
- AFPAREILS DE COMPENSATION.
- Les pièces de fer d’un navire, dont l’action produit la déviation (-1) de l’aiguille aimantée, peuvent être divisées en deux catégories, celles en fer doux et celles en fer dur, susceptibles de s’aimanter. Or, quand le navire change de cap, c’est-à-dire qu’il fait un mouvement de rotation que l’on peut considérer comme effectué autour de l’axe de la boussole, le changement qu’éprouve la déviation de l’aiguille
- FIG. I
- du compas est produit par deux influences; l’une de ces influences est celle des pièces de fer dur aimantées d’une façon permanente qui sont toujours (*)
- (*) Lorsqu’elle n’est soumise à aucune autre influence que celle de la terre, l’aiguille aimantée fait avec le méridien géographique du lieu où elle se trouve un angle qui a reçu le nom de déclinaison. En mer, les masses de fer que contient le navire agissent de leur côté sur l’aiguille aimantée et lui font prendre une autre position que celle qu’elle prendrait sous la seule influence du magnétisme terrestre : l’angle qu’elle fait dans ces conditions avec le méridien géographique est appelé variation. La différence entre ces . deux angles porte le nom de déviation. Ce dernier angle représente l’erreur produite sur la position de l’aiguillepar l’influence desmasses de fer.
- De ces trois angles, celui qui est nécessaire pour déterminer la route du navire est la variation. La déclinaison est donnée pour chaque lieu par des cartes ou des tables ; il suffit donc, pour avoir la variation, de connaître la déviation. De même pour avoir la déviation, il suffira de déterminer la variation.
- On appelle cap l’avant du navire et cette dénomination s’étend à l’angle que fait l’axe du bâtiment avec le méridien géographique.
- aimantées de la même manière, mais dont la position change par rapport à l’aiguille. Si le navire faisait un tour complet autour de l’axe du compas, la portion de la déviation provenant de cette influence serait de même signe pendant un demi-tour et de signe contraire pendant l’autre demi-tour. Elle a reçu pour cette raison le nom de déviation semi-circulaire.
- L’autre influence est celle des pièces de fer doux qui ne sont aimantées que temporairement par l’action du magnétisme terrestre et dont l’aimantation change suivant le cap du navire ; la portion de la déviation provenant de cette influence change de signe à chaque quart de tour et a été nommée, par suite, déviation quadrantale.
- FIG. 3
- En partant des travaux de Poisson, deux savants anglais, M. Archibald Smith et le capitaine Evans ont déterminé pour la déviation totale 8 l’expression
- S = A + B sin ç' + C cos -f- D sin 2 ç' -f- E cos 2 ç'
- dans laquelle ç' représente le cap de navire. Pour avoir la déviation totale, il suffit donc, étant donné le cap, de connaître les cinq coefficients A, B, C, D, E.
- Ces cinq coefficients peuvent être déterminés au moyen des méthodes de calcul données par l’Ami-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- j 63
- rauté ; mais, en outre, la théorie et la pratique ont montré que deux de ces coefficients seuls B et C sont variables et que les trois autres A, D et E sont constants.
- Si l’on a donc au départ déterminé la déviation du compas à tous les caps, les coefficients constants seront connus une fois pour toutes et, pour obtenir en mer B et C, il suffira de deux observations.
- Lors donc qu’il s’agira pour un changement de route de connaître la variation, la détermination de la déviation nécessaire pour cela sera réduite à deux opérations et de beaucoup simplifiée. Mais la simplification serait encore plus grande si la déviation était annulée, si l’erreur du compas était compensée. Ce sont les méthodes indiquées dans ce but par l’Amirauté anglaise que Sir William Thomson a rendues pratiques par les dispositions de ses appareils.
- La portion de la déviation correspondant aux coefficients D et E (déviation quadrantale) est annulée par deux sphères de fer doux Z Z (fig. i) disposées de part et d’autre de l’habitacle et le plus souvent la ligne qui joint les centres des deux sphères doit être perpendiculaire àp la quille. M. Thomson donne d’ailleurs un tableau indiquant pour des sphères de différents diamètres les positions qu’elles doivent occuper suivant la valeur de la déviation quadrantale. En raison de la constance des coefficients D et E, une fois que les sphères sont mises en place, la correction est valable pour toutes les latitudes.
- Les coefficients B et C correspondent à la dévia-
- FIG. 4
- tion semi-circulaire. Sir William Thomson annule le coefficient B au moyen d’aimants horizontaux parallèles à la quille du bâtiment, qu’on place quand le cap du navire est à l’est ou à l’ouest magnétique, de manière que la déviation soit nulle ou égale à A. Le coefficient C est annulé au moyen d’aimants
- horizontaux perpendiculaires à la quille, qu’on place quand le cap est au nord ou au sud magnétique, de façon que la déviation du compas soit encore nulle ou égale à A.
- Les aimants correcteurs se placent dans l’habitacle dans des logements réservés à cet effet.
- En M (fig. i) sont les logements des aimants parallèles à la quille; en M' ceux des aimants perpendiculaires à la quille. Les premiers sont sur deux rangées parallèles de chaque côté de l’habitacle, les derniers sur une seule rangée entre les deux autres, comme on peut le voir dans la coupe horizontale de l’habitacle (fig. 2). Ces barreaux sont peints en rouge sur une de leurs moitiés, en bleu sur l’autre. Le rouge indique le pôle qui se tournerait vers le nord si l’aimant était suspendu librement.
- Quand la déviation à corriger a été déterminée, on ramène l’aiguille à la position qu’elle doit occuper, soit en déplaçant ou renversant un ou plusieurs barreaux, soit en les introduisant dans les logements convenables, s’il n’y en a pas déjà dans l’habitacle. Les logements étant en grand nombre il est toujours facile de donner aux .barreaux la position voulue.
- Ces corrections une fois faites, la déviation est réduite à la valeur constante A et serait nulle si elle était due seulement à l’influence du fer doux du bâtiment. Mais, en raison d’erreurs de lectures faites dans les observations, A a toujours une valeur de i° à 20. Cette valeur, le plus souvent négligeable, n’est constante que pour le lieu du globe où a été faite la correction. On devra donc de temps en temps répéter de nouveau cette dernière.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Dans ce qui précède nous nous sommes occupé seulement des déviations produites par les masses de fer, quand le pont du navire est horizontal, mais les oscillations que fait le navire donnent lieu à ce que l’on appelle l’erreur de bande.
- L’erreur de bande est corrigée à l’aide de trois ou quatre barreaux aimantés suspendus par une chaîne dans un vase de cuivre, et qui peuvent, à l’aide de cette chaîne, être élevés ou abaissés dans un tube vertical, situé suivant l’axe de l’habitacle (fig. 1). Sa correction est aussi effectuée en partie par les sphères Z et le barreau de Flinders.
- Le barreau de Flinders représenté en C (fig. 1.) est un barreau rond de fer doux C formé de plusieurs morceaux, de sorte qu’on peut faire varier sa longueur. Il a pour but principal de contrebalancer l’action de l’aimantation produite par la composante verticale du globe. En raison de la symétrie du fer du navire et de la position qu’occupe le compas dans l’axe du bâtiment, ce barreau doit être placé aussi dans cet axe soit en avant, soit en arrière de l’habitacle.
- Pour déterminer l’erreur de bande, il faut pouvoir comparer la valeur à terre de la composante verticale avec ce qu’elle devient en mer, en un lieu quelconque. Pour cela, Sir William Thomson se sert de l’appareil représenté par la fig. 3, en coupe et en plan. Ce sont deux aiguilles horizontales ii portées par un cadre jj de façon qu’elles soient paralèles. A ces aiguilles sont fixées deux pivots kk en iridium. Une de ces pointes repose sur un plan de saphir, l’autre sur un support cylindrique de même matière. Avant l’aimantation les deux aiguilles sont réglées de manière qu’elles se tiennent horizontales, puis on les aimante et on les ramène à l’horizontale à l’aide d’un aimant vertical.
- L’action de l’aimant étant déterminée à différentes hauteurs, on pourra par son aide faire les comparaisons entre les différentes valeurs de la composante verticale du globe. Pour opérer on remplace la boîte du compas par celle qui contient la 'paire d’aiguilles, en plaçant ces dernières au même niveau que celle du compas.
- Un autre perfectionnement a été apporté par Sir William Thomson dans la correction des déviations. Ce perfectionnement consiste dans un appareil permettant de corriger le compas, sans faire des relèvements astronomiques, appareil qu’il appelle déflecteur ajustable (adjastable de-flector). C’est une alidade horizontale D'D’ (fig. 4) mobile sur la glace du compas et autour de son centre; deux montants verticaux fixés sur cette alidade portent un axe DB qui peut s’élever dans des fentes verticales pratiquées dans les montants. En N S, sont des paires d’aimants ayant leurs pôles opposés en regard, et pouvant être écartées l’une de l’autre au moyen des vis à pas inverse CC et des écrous DD qui commandent les
- pièces AA'; un index E permet de déterminer exactement la position de l’appareil sur le cercle gradué du compas, Quand les pôles des aimants sont superposés l’un à l’autre, l’action pertubatrice du déflecteur sur le compas est nulle; elle augmente à mesure que l’écartement des aimants augmente. On se sert de cet instrument pour écarter la rose du compas de go° de sa position d’équilibre quand le bâtiment est placé successivement sur les caps N., E., S. et O., et on dispose les aimants correcteurs et les sphères compensatrices de façon que cet écart, toujours le même, de go°, soit obtenu dans les quatre opérations faites à ces différents caps avec le même écartement des aimants du déflecteur, c’est-â-dire avec la même force pertubatrice. Cela fait, on est sûr que les forces directrices qui orientent l’aiguille à ces quatre caps sont égales entre elles, condition qui entraîne les égalités B— C = D = o. Si, cela fait, on met le cap au N.-E, du compas, et qu’on oriente les sphères compensatrices de façon que cette même déflexion de 90° de la rose soit encore obtenue avec le même écartement des aimants, on saura que la force directrice qui oriente l’aiguille au cap N.-E. est égale aux quatre autres forces directrices précédentes, ce qui exige que E soit nul. En général, d’ailleurs, on n’aura pas besoin de toucher aux sphères compensatrices, puisque ce coefficient est nul. La posi-, tion que l’on a dû donner pendant ces opérations aux sphères et aux aimants correcteurs, ayant réduit à zéro les coefficients B, C, D et E, le compas se trouve compensé.
- L’avantage du déflecteur consiste principalement en ce qu’il permet de faire les corrections du compas par les temps de brume, alors que les relèvements d’astres ou de mires terrestres sont impossibles.
- Enfin, comme les sphères Z Z empêchent de faire les relèvements avec les alidades ordinaires, Sir William Thomson a construit l’alidade à miroir azi-mutal (fig. 5) dontlejeuse comprend par la seule inspection de la figure. Pour s’en servir, on tourne l’alidade de sorte que le miroir soit en face de l’objet dont on veut prendre le relèvement, puis on fait tourner le miroir autour de son axe horizontal jusqu’à ce que l’image vienne tomber sur le cercle divisé du compas. Il n’y a plus alors qu’à faire la lecture.
- Telles sont les diverses dispositions adoptées par sir William Thomson pour la composition des compas. Indiquons en terminant que la question de la compensation du compas a été traitée d’une manière approfondie par M. Collet dans un ouvrage intitulé : Traité de régulation et de compensation des Compas, publié chez Challamel aîné. Nous y renvoyons ceux de nos lecteurs qui voudraient étudier la question avec plus de détails.
- A. Guerout.
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- APPAREILS
- DE
- MESURES ÉLECTRIQUES
- A L’EXPOSITION DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE
- DE TÉLÉGRAPHIE
- 4e article. ( Voir les «01 des 14 et 28 janv. et du 4 fèvr. 1882.)
- ÉLECTRO-DIAPASONS : LEURS USAGES
- Dans le tome II de ce journal (pages 187 et 188), j’ai déjà décrit l’instrument auquel j’ai donné en 1873 le nom d'Electro-diapason et qui n’est autre chose qu’un diapason dont le mouvement est entretenu électriquement de façon à durer indéfiniment, pourvu qu’on renouvelle graduellement les éléments de la pile et qu’on change de temps en temps le contact métallique qui fait passera chaque oscillation le courant de cette pile dans l’électro-aimant d’entretien.
- Nous reproduisons ici (fig. 1) la figure de la page 187 (tome II) qui donne en projection le dessin de l’une des formes les plus simples de l’appareil.
- Si on supprime par la pensée de cette figure le style en platine ou en acier s’, la plaque platinée F et sa communication avec le pôle négatif de la pile P, on a l’instrument ordinaire entretenu électriquement à l’aide de l’électro-aimant E, du style s de la plaque interruptrice I et de la pile.
- Si l’on conserve les pièces ci-dessus, l’instrument possède la propriété d’avoir des vibrations d’une amplitude constante si l’on conserve à la pile une énergie suffisante. En effet lorsque l’amplitude est assez grande pour que le style s' touche la plaque I', on voit qu’à ce moment le courant ne passe plus par l’électro-aimant et l’entretien ne se fait plus. L’amplitude ne peut donc pas dépasser la grandeur qui permet au style s' de toucher F.
- Dans ces conditions la durée des vibrations reste rigoureusement constante ainsi que l’intensité vibratoire de l’instrument entier. La mesure du temps à l’aide d’un pareil instrument, par exemple dans les chronographcs tels que celui que j’ai décrit dans le tome IV de ce journal, est véritablement aussi parfaite qu’elle peut l’être.
- Cette complication dans le dispositif de l’appareil n’a pas d’importance pour les électro-diapasons dont le nombre de vibrations dépasse cent par seconde, car on ne leur donne alors qu’une amplitude de quelques millimètres; mais elle en aurait pour des instruments dont le nombre de vibrations serait très petit et auxquels on voudrait donner une
- grande amplitude, car alors, ainsi que je l’ai montré il y a longtemps (voir le’Journal de Physique, tome V, page 207 et suivantes) la durée de l’oscillation dépend un peu de l’amplitude, extrêmement peu il est vrai.
- Je ne reviendrai pas sur l’usage de ces instruments pour la chronographie, car j’ai déjà décrit le chronographe exposé à l’Ecole supérieure de Télégraphie. J’ajouterai seulement qu’ils sont aujourd’hui universellement employés en France, ainsi qu’on a pu s’en assurer à l’Exposition, où plusieurs appareils de ce genre étaient exposés en différents endroits sous des noms divers.
- Mais j’indiquerai maintenant d’abord des appli-
- cations où l’instrument est destiné à produire un effet mécanique.
- Il faut alors lui donner une masse assez grande.
- Le nombre des vibrations dépend, il est vrai, de cette masse, et il est nécessaire de connaître la relation qui existe entre ces deux quantités pour pouvoir construire un instrument dans des conditions déterminées.
- J’ai fait cette recherche jadis (‘) pour des diapasons de forme prismatique, c’est-à-dire d’une section rectangulaire constante, se continuant même dans la partie courbe où les branches parallèles sont raccordées par un demi-cylindre au milieu duquel se trouve la tige forgée en même temps que les branches. L'épaisseur de l’instrument est la dimension parallèle aux vibrations ; la largeur est la dimension qui leur est perpendiculaire; la longueur est comptée depuis l’extrémité des branches jusqu’au milieu de la partie courbe.
- On trouve que le nombre de vibrations est indépendant de la largeur, proportionnel à l’épaisseur,
- (*) Voir le Journal de Physique, tome V, 1876, p. 201.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- et à très peu près en raison inverse du carré de la longueur, pourvu que celle-ci dépasse io centimètres.
- Si on représente la longueur par l, l’épaisseur par e, le nombre de vibrations doubles par n, on a donc la formule suivante :
- i e
- n — k p,
- dans laquelle k est une quantité constante dont la valeur dépend de la nature du métal du diapason.
- Cette constante varie très peu de l’acier à la fonte malléable; on peut la prendre égale à 818270.
- On a ainsi le moyen de construire un diapason où deux des trois quantités n, e, l sont données d’avance. L’expérience prouve qu’on ne commet pas d’erreurs dépassant 1 ou 2 pour cent.
- On voit par là qu’il y a un moyen d’augmenter lamasse de l’instrument sans rien changer à l’épaisseur, à la longueur, ni, par suite, au nombre de vibrations, c’est d’augmenter la largeur.
- C’est ainsi que je suis parvenu à faire construire de longs diapasons, massifs, en fonte malléable, ne donnant pas plus de douze à quinze vibrations doubles par seconde, et vibrant avec une légularité parfaite.
- La figure 2 ci-contrere présente l’un de ces instruments, "d’environ 55 centimètres de largeur, dont,, la largeur E est de 5 à 6 centimètres, et effectuant environ quinze vibrations doubles par seconde seulement.
- On pourrait réduire encore ce nombre, mais on serait conduit ainsi à exagérer d’une façon gênante les dimensions longitudinales de l’appareil.
- On peut y arriver plus simplement en chargeant les branches de curseurs supportant des poids en plomb M de 5oo grammes chacun. En fixant les curseurs en divers points des branches on fait varier le nombre des vibrations du simple au double et même au triple; ainsi, en les fixant à l’extrémité des
- branches, le . nombre des vibrations est réduit à 5 ou 6.
- On voit sur la figure l’électro-aimantqui produit l’entretien: il est formé de 3 électro-aimants simples dont les bobines n’ont pas plus de 10 ohms de résistance et qui sont réunis en série. La plaque inter ruptrice P sur laquelle s’appuie le style s à chaque vibration est susceptible d’un mouvement d’avance ou de recul à l’aide d’une vis V, et d’un mouvement excentrique produit par une petite manette m et pendant lequel son plan reste invariable. Ce dispositif permet de faire varier le point de contact du style et de la plaque sans changer la pression sous laquelle se fait le contact, et d’user ainsi lentement tous les points de la plaque successivement avant de la remplacer.
- Une pile relativement faible , dont les pôles sont reliés aux bornes A et A', produit le mouvement. Trois cléments Callaud à triple surface renouvelés l’un après l’autre tous le» mois au plus sont suffisants pour entretenir les vibrations d’une manière continue, jour et nuit, sans interruption, et cela même lorsque l’instrument est employé à effectuer un petit travail mécanique, ainsi que nous le verrons dans un prochain article.
- {A suivre.) E. Mercadier.
- CORRESPONDANCE
- Genève, 5 février 1882.
- Monsieur le Directeur,
- J’ai l’honneur de vous envoyer sous ce pli une note extraite du Rapport officiel publié par la Commission suisse de l’exposition d’électricité à Paris sur les objets exposés placés sous sa direction, vous priant de reproduire le contenu dans un des prochains numéros du journal La Lumière électrique.
- Il serait regrettable que les importantes questions d’éclairage ou de transmission de force par l’électricité fissent oublier complètement, dans un journal aussi important que le vôtre, d’autres questions électriques dont l’intérét est essentiellement scientifique.
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- Permettez-moi de profiter de la même occasion pour une petite correction relative à un article de votre numéro du 2O janvier dernier, page g5, article dans lequel on fait allusion à mon système de roues flottantes.
- Ces roues de mon système, dont les plans avaient déjà paru à l’Exposition de i855 à Paris, et qui sont décrites dans le traité des moteurs hydrauliques d’Armengaud, publié en 1868, page 182, ont été appliquées sur quelques fleuves ayant de grandes différences de niveau. Elles ont été établies depuis 186S sur le Rhône, canton de Genève, et placées au-dessous du confluent de l’Arve, et non avant cette jonction comme le dit l’article précité. La différence est importante parce que la rivière torrentielle d’Arvc, qui prend sa source dans la chaîne du Mont-Blanc, occasionne des différences de niveau qui dépassent 4m.5o.
- Depuis 16 années que cette roue existe et quoique son diamètre maximum n’atteigne pas 4 mètres, elle a résisté sans avaries à un grand nombre de ces crues exceptionnelles et plusieurs fois on a vu passer des arbres entiers sous cette roue sans aucun détriment pour ses aubes.
- Si l’idée de M. Eortet, d’utiliser la force du Rhône, pour des éclairages électriques obtenait l’assentiment des ingénieurs de la navigation du Rhône, mes roues flottantes seraient sans contredit le moteur le plus régulier et le plus économique.
- Veuillez agréer l’expression de mes sentiments respectueux et bien dévoués.
- Dr Colladon.
- Rapport Officiel de la Division Suisse à l’Exposition Internationale d’Électricité à Paris.
- M. D. Colladon Professeur a Genève.
- Le professeur Dr Colladon, de Genève, correspondant de l’Académie des sciences, a inventé en 1826 un galvanomètre très sensible et dont les fils sont isolés par une méthode spéciale. Avec cet instrument, il a démontré que l’aiguille aimantée est déviée par le courant des machines électriques à frottement, par la décharge lente d’une bouteille de Leyde, par le courant de l’électricité soutirée des nuages par des pointes métalliques isolées, ou par des branches d’arbres récemment coupées, etc. Ces détails ont été publiés dans les Annales de chimie et de physique de 1826 Avec le même instrument, M. Colladon a pu déterminer en i83i, à la Rochelle, la géographie électrique des diverses parties d’une torpille et constater qu’une lésion faite à son cerveau par une pointe d’ivoire occasionne un courant subit d’une grande intensité, etc. (Comptes rendus, T. III.) Ce galvanomètre isolé fait partie de l’exposition suisse.
- Le même expose un appareil qui a servi à démontrer devant l’Académie des sciences, le 4 septembre 1826, l’action des disques métalliques en mouvement sur des courants voltaïques. Expériences de MM. Ampère et Colladon (Bulletin des sciences mathématiques de Ferussac, T. VI, p. 212).
- A côté de ces deux appareils historiques, M. Colladon a exposé une collection remarquable de pièces moulées en plâtre et de morceaux d’aubier enlevés de la surface d’arbres foudroyés.
- Les pièces moulées sur les blessures faites aux arbres par la foudre confirment les vues théoriques exposées par le professeur à la suite d’une longue série de faits soigneusement observés sur des arbres et des plantes foudroyés (Mémoires de la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève, tome XXI, 2mo partie.)
- La foudre ne frappe pas une partie spéciale du tronc, comme l’ont cru de nombreux observateurs. Elle s’abat ordinairement sur le sommet presque entier de l’arbre et sur les branches supérieures latérales.
- De là plusieurs courants qui se réunissent sur le tronc principal en se renforçant réciproquement. Le bois du tronc étant moins bon conducteur que celui des branches supé-
- rieures ou latérales et recevant un maximum de courant, c’est surtout sur le tronc que commencent les plaies visibles qui se manifestent par le dépouillement partiel de l’écorce, quelquefois par des fragments d’aubier projetés à distance, ou plus rarement par l’effondrement complet de cette partie de l’arbre.
- Si le tronc est voisin de broussailles, il arrive parfois, mais plus rarement, que la foudre s’échappe du tronc par des espèces de jets cylindriques latéraux qui laissent sur l’aubier des taches circulaires très curieuses, que M. Colladon paraît avoir observées le premier, et dont il expose quatre échantillons détachés de l’aubier foudroyé sur un cèdre, un sapin, un peuplier d’Italie et un peuplier blanc.
- Ce dernier échantillon est très remarquable, parce qu’il montre que le courant principal de la foudre a d’abord suivi la partie de l’aubier en contact avec le vieux bois et qu’avant d’atteindre le sol, elle a dû, pour se répandre au dehors, percer l’aubier de plusieurs petits trous dans lesquels on peut introduire une tige de graminée de 1 ou 2 mm de diamètre.
- La sortie de chacune de ces perforations est entourée d’une auréole à peu près circulaire analogue à celle des autres taches circulaires qui n’ont cependant pas de trou central mesurable.
- Deux empreintes, reproduites sur plâtre, des blessures de deux chênes foudroyés montrent que le courant de la foudre suit la direction longitudinale des cellules du tronc, si les fibres ou cellules suivent des lignes qui serpentent ou sont disposées en hélice à la surface du tronc, le courant électrique produira sur ce tronc une plaie ondulée, ou héliçoïdale.
- Une troisième empreinte prise à l’origine de la plaie, prés du sommet d’un gros chêne foudroyé qui portait un peu plus bas quatre fortes branches latérales dont les bases étaient peu distantes les unes des autres, montre qu’à chaque insertion d’une de ces fortes branches correspond un brusque élargissement de la plaie, résultat assez évident de l’afflux déversé par ces branches sur le courant électrique arrivant du sommet de l’arbre.
- Les 3 empreintes ci-dessus ont été données par M. Colladon au Cabinet de Physique du Conservatoire des Arts et Métiers de Paris.
- FAITS DIVERS
- Il vient de se fonder une nouvelle Société, la Brush Electric Light and Power Company du Niagara. Un fait très intéressant à noter dans cette nouvelle affaire, c’est que la force motrice nécessaire sera fournie par une roue hydraulique d’une puissance de 1,100 chevaux, récemment construite par la compagnie Hydraulic Power.
- D’après un relevé des brevets électriques enregistrés en 1881 au Patent Office de Londres, on peut fixer aux chiffres suivants, dit VElectrician de Londres, le nombre des brevets relatifs à l’électricité accordés par cet office : 162 brevets pour l’éclairage électrique et les appareils qui s’y rapportent; iii pour les téléphones et télégraphes; 28 pour les piles secondaires; 22 pour les autres piles; 7 pour les horloges électriques; 6 pour les compas.
- Dans la ville d’Aberdeen, en Ecosse, le « music Hall » où se tient une exposition de volailles et de pigeons, a été, ces jours derniers, éclairé à l’aide de lampes Joël et Pilsen. Les lampes Joël étaient alimentées par une machine de la force de six chevaux et par deux machines dynamo Siemens, et les lampes Pilsen par une seule machine actionnant une ma; chine dynamo Schuckert.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Éclairage électrique
- A Marseille, l’éclairage électrique continue à faire des progrès. Chaque soir, aux allées de Meilhan, un vaste foyer lumineux, disposé au Palais de cristal, éclaire cette partie de la ville. Deux des principaux cafés de la Cannebière, le café Glacier et le café du Commerce vont être également éclairés à la lumière électrique. Déjà les fils sont prêts et les machines génératrices ont été disposées à bord d’un petit vapeur ancré à l’extrémité du port. Comme la Compagnie du gaz a dû veiller à ce que les fils ne fussent pas disposées le long des voies appartenant à la municipalité, il a fallu les faire passer au-dessus des maisons appartenant à des particuliers. Les machines Siemens ne vont pas tarder à fonctionner et la Cannebicre sera bientôt éclairée à la lumière électrique.
- Une première expérience d’éclairage électrique a été faite dernièrement, place des CcIestins,àLyon. Deux becs Siemens avaient été placés dans deux réverbères installés à quelques mètres du théâtre et munis de verres dépolis. L’expérience a commencé vers sept heures. Les deux foyers électriques projetaient une lumière très vive. Les intermittences produites par l’irrégularité du courant étaient à peine sensibles. Mais on a trouvé généralement que la lumière était trop blanche, trop intense. Pour éviter cet inconvénient, il faudrait la placer très haut, bien au-dessus du rayon visuel, ou teinter légère ment les verres des réverbères. Pour ces deux foyers, la force nécessaire était de quatre chevaux. L’expérience doit être continuée.
- La Cour du Louvre est maintenant éclairée tous les soirs par quatre foyers Brush alimentés, comme les lampes de la place du Carrousel, par les machines de la Société lyonnaise des eaux et de l’éclairage. Ces foyers sont du type dont les dessin a été donné dans le numéro du 2 juillet 1881, p. 12.
- Les essais d’éclairage de wagons au moyen de lampes électriques déjà tentés en Angleterre le sont maintenant en Italie.
- La semaine dernière, à Milan, sur le chemin de fer de la gare centrale à la gare de la porte de Gênes, un wagon a été éclairé avec une lampe Edison modifiée. Le directeur de la Compagnie et plusieurs employés du chemin de fer avaient pris place dans ce wagon. L’expérience, qui doit être renouvelée et étendue à tout un train, a été trouvée satisfaisante.
- A New-York, la Mutual Electric Liglit and Supply Company a demandé l’autorisation de placer des foyers électriques sur la huitième avenue, de la 140 à la 34e rue.
- Une nouvelle espèce d’appareil d’éclairage va être introduite au phare sud de Macquarie Head, près de Sydney, dans la Nouvelle-Galle du Sud. L’appareil est destiné à l’éclairage soit au gaz soit à la lumière électrique, le premier devant être employé par les temps clairs, la seconde, lorsque l’atmosphère sera défavorable à la transmission de la lumière.
- Le gaz sera envoyé de Sydney, à une distance de 2 milles et demi, et l’électricité sera produite par une des machines magnéto-électriques de Meritens.
- Jusqu’ici la petitesse du point électrique a nécessité l’emploi dans les phares, du petit appareil dioptrique du troisième, quatrième ou sixième ordre pour le mettre convenablement au foyer, mais avec ces ordres l’arc n’atteint pas toute son efficacité.
- On a maintenant imaginé un arrangement de prismes, à l’aide duquel on peut utiliser d'une manière satisfaisante un appareil dioptrique avec la lumière électrique. Le caractère du feu est à éclats, de minute en minute. La puissance de la lumière électrique en foyer est, dit-on, égale à dix mille
- candies, et lorsqu’elle est augmentée par l’appareil optique, et concentrée dans un rayon donné, elle est, paraît-il, égale à environ cinq millions de candies.
- Télégraphie.
- Aux États-Unis, le dernier message du Président qui contenait cette fois 14 q35 mots, a été transmis par les lignes de la Western-Union, de Washington à New-York, en 58 minutes, en employant seulement douze fils simples.
- Une nouvelle entreprise s’est organisée à New-York sous le titre de Postal.Telegrapli Company. L’objet de cette compagnie est de construire une ligne télégraphique allant de New-York à Chicago.
- Le mont Athos ou Montagne-Sainte, promontoire de la Turquie (vilayet de Saioniquc) qui s’élève à plus de deux mille mètres au-dessus du niveau de i la mer et qui est habité par environ six mille moines grecs de l’ordre de Saint-Basile, vient d’être relié au réseau télégraphique de la Turquie. Les monastères du mont Athos peuvent maintenant correspondre directement par le télégraphe avec Salonique. La correspondance télégraphique entre ce dernier port et la Montagne-Sainte a ôté inaugurée il y a quelques jours. Cette nouvelle ligne a une certaine importance, les couvents de l’Athos étant les séminaires du clergé grec et visités chaque année par des milliers de pèlerins du culte orthodoxe.
- Téléphonie.
- A Nantes, la Société générale des téléphones vient de faire installer à l’hôtel de la Bourse de cette ville, un appareil téléphonique affecté au service des abonnés. Déjà la mairie de Nantes, la chambre de commerce, les entrepôts sont reliés au bureau central de la Société. Avant peu, les principales administrations publiques du chef-lieu de la Loire-Inférieure feront partie du réseau téléphonique. Ces installations successives auront pour résultat de faciliter et d’augmenter les relations locales, industrielles, commerciales et administratives et Nantes comptera bientôt parmi les grandes villes qui auront su le mieux apprécier le téléphone.
- Le bruit avait couru, il y a quelques jours, à Londres que le gouvernement anglais avait l’intention de se rendre acquéreur des compagnies de téléphones établies en Angleterre. Les nouvelles de Londres portent que le gouvernement dément qu’il ait l’intention d’acheter ces compagnies.
- A Londres, 011 vient de prendre des dispositions pour installer de nouveaux appareils téléphoniques au Palais de Westminster. Ces appareils mettront en communication les représentants du gouvernement à la Chambre avec lcur$ ministères respectifs.
- L’administration des télégraphes d’Allemagne fait depuis quelques jours des essais avec un nouveau téléphone perfectionné. Ce téléphone permet d’échanger des conversations à de grandes distances, par exemple entre Berlin et Hambourg.
- A Darlington, dans le comté de Durham, des communications téléphoniques viennent d’être établies entre les bureaux de poste et les postes de pompiers.
- Le Gerant : A. Glénard.
- Paris. —• Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 26468
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Electricité
- . 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4® ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 35 FÉVRIER 1882 N» 8
- SOMMAIRE
- Éclairs en boule (20 article); Th. du Moncel. — Les sciences physiques en physiologie. — L’Électricité; Dr A.d’Arson-val. — Exposition Internationale d’Électricité : Étude sur le système de transmission multiple et le télégraphe imprimeur de M. Baudot (6® article); J. P - — L’Éclairage électrique du foyer de l’Opéra; C.-C. Soulages. — Revue des travaux récents en électricité : — A propos dés variations des constantes voltaïques. — Fanfare d’Aden — A propos du transport de. la force à grande distance. — Correspondance : Lettre de M. Frœlich sur la théorie des machines dynamo-électriques et la distribution de l’énergie. — Réponse de M. Marcel Deprez. — Faits divers.
- ÉCLAIRS EN BOULE
- 2° article. (Voir le u° du 18 février.) (')
- Dans notre dernier article, nous avons rapporté différents cas d’éclairs en boule, et diverses expériences de cabinet dans lesquelles on pouvait obtenir sous la forme globulaire l’étincelle électrique; il nous reste à examiner si dans les conditions de la nature on peut trouver les mêmes éléments d’action que dans nos expériences de laboratoire, et comment on peut expliquer les différentes circonstances de l'apparition de ces curieux météores.
- D’après les observations de M. Planté, il semble que la présence de la matière pondérable soit indispensable à la production du phénomène; que ce soit vapeur ou gaz, il doit y avoir quelque chose qui agisse comme un conducteur imparfait, poité à l’incandescence par la décharge, et susceptible de distension sous l’influence de réactions mécaniques ou physiques extérieures.
- L’auréole que l’on observe autour de l’étincelle des courants de la machine de Ruhmkorff, et qui n’est qu’une sorte de matelas d’air échauffé par le passage d’un flux électrique, pourrait donner une idée des conditions du phénomène en question si
- 0) Voir aussi ma notice sur le tonnerre et les éclairs, publiée en i858.
- on la supposait privée du trait de feu de la décharge directe et si on la supposait isolée des Rhéo-phores excitateurs et affectant une forme de boule. Or nous avons vu que cet effet se produisait souvent dans ces conditions, entre des flaques d’eau déposées sur une lame de verre. Mais entre deux lames de verre, la forme globulaire de l’auréole se distingue parfaitement, et, de plus, elle devient rouge.
- Dans la nature, on peut retrouver des conditions de décharge analogues. Supposons qu’une couche d’air trèh humide en contact avec la terre se trouve chargée par influence par un nuage orageux, et qu’une mince lame„ d’air relativement sec se trouve interrompre cette couche en certains endroits : il peut se faire que la charge électrique qui va s’élancer vers le nuage orageux pour provoquer des éclairs plus ou moins éloignés du sol, et qui traverse à l’état latent la couche humide saturée de vapeur vésiculaire, puisse traverser partiellement cette mince couche d’air sec, et produise alors, en entraînant la vapeur vésiculaire qui borde cette couche, une décharge silencieuse s’écoulant à travers un conducteur d’insuffisante conductibilité qui rougira, et qui étant soumis aux réactions électriques des charges avoisinantes, se gonflera comme dans les expériences de M. Planté et les miennes, ce qui lui fera prendre, tout en accomplissant un mouvement gyratoire, la forme sphérique. Si on admet maintenant que cette lame d’air sec se déplace lentement, on peut comprendre que cette décharge lumineuse pourra se déplacer avec elle, disparaître même pour réapparaître plus loin, et s’évanouir si elle rencontre des corps conducteurs qu’elle pourra suivre ou charger; elle pourra même donner lieu latéralement sur ces corps à des décharges partielles qui l’absorberont plus ou moins complètement. O11 pourrait de cette manière expliquer les différentes circonstances des éclairs en boule dont nous avons donné la relation dans notre précédent article, et j’avais émis cette théorie dès l’année i855; mais le défaut de conductibilité de l’air chargé de vapeurs complique un peu la question, car il faudrait admettre que ces couches hu-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- mides, isolantes pour les petites charges électriques que nous développons, dans , nos expériences de cabinet, ne le seraient pas pour les forts dégagements électriques des orages. Voici une observation qui semblerait le prouver :
- « Il y a cinq ou six ans, dans le courant de l’été, dit M. Cornuel (Comptes rendus de l’Académie des Sciences, année i852, volume 2, page 738), j’examinais de ma fenêtre l’état de l’atmosphère après un orage. Il était dix heures du soir, l’azur du ciel était très pur, l’air très calme, et il n’y avait plus que quelques nuages moutonnés très distants les uns des autres et passant très lentement. Un de ces nuages de médiocre étendue, et dont le centre pouvait être à 25° au-dessus de l’horizon, attira mon attention, parce que ses bords étaient argentés par la lumière de la lune qu’il cachait, et qui était alors dans son plein. Trois minutes avant la réapparition de l’astre, je fixais le bord par lequel, vulgairement parlant, je supposais que la lune se dégagerait du nuage. Ce bord était divisé en deux parties, l’une supérieure, l’autre inférieure, imitant en grand à peu près deux lobes d’une feuille de chêne. Tout à coup je vis un jet électrique, sem7 blant avoir la grosseur du doigt et lancé latéralement de la partie supérieure sur la partie inférieure du nuage, en suivant une courbe régulière. Il n’en résulta ni changement dans la forme du nuage, ni bruit, ni fulguration, et Je ne puis mieux décrire ce phénomène, qu’en le comparant à un jet instantané de métal en fusion lancé par un orifice latéral et tombant sans autre vitesse que celle que lui imprimerait son propre poids. Son apparence était plutôt celle d’une veine liquide incandescente que celle d’un trait fulminant.
- « J’ai continué à observer le nuage pendant près de vingt minutes, mais il s’est éloigné lentement sans en attirer d’autres, en conservant presque la même forme, et sans donner de nouveaux signes d’électricité. Rien n'indiquait qu'il y eût deux nuages que la perspective aurait fait prendre pour un seul. »
- Une circonstance qui prouve que les éclairs en boule sont l'effet d’un écoulement électrique sous forme d’aigrettes, c’est que le bruit qui les accompagne n’est qu’un simple sifflement, comme le témoignent certaines, relations de ce phénomène, entre autres la suivante, citée par Arago, qui mentionne que « le 3 juillet 1725 un orage ayant fondu sur le territoire d’Aynlo, dans le Northamptonshire, le tonnerre tua un berger et cinq moutons. Au plus fort de la bourrasque, le révérend JohnWasse vit urtr globe de feu gros comme la lune et entendit le sifflement qu’il produisait dans l’atmosphère en passant au-dessus de son jardin. »
- Il est facile de comprendre que si la partie isolante dont nous avons parlé était assez large, la décharge, en s’allongeant, pourrait avoir l’apparence
- d’un jet de feu terminé par une boule lumineuse, comme dans certains éclairs observés par Schubler, qui « offraient, dit-il, l’apparence d’un courant de feu gros comme le bras, terminé par une boule plus large et plus lumineuse. » Quelquefois même ce bras de feu peut se diviser, car le professeur Muncke rapporte « qu’un éclair de cette nature s’était transformé sous ses yeux en un grand nombre de petites boules. »
- Nous allons-voir maintenant la théorie que M. Planté donne de ces éclairs dans son ouvrage.
- « Nous sommes conduit, dit-il, à penser que la foudre globulaire doit être produite par un flux d’électricité dynamique dans lequel la quantité est jointe à la’ tension., La nature des globes fulminants doit être vraisemblablement la même que celle des étincelles globulaires produites dans nos expériences et que nous représentons fig. 1,2, SjeUJ;
- ils doivent être formés d’air raréfié incandescent et des gaz résultant de la décomposition de la vapeur d’eau, également à l’état de raréfaction et d’incandescence. Bien qu’une surface aqueuse ne soit pas indispensable pour la formation des globules électriques lumineux, la présence de l’eau et de la vapeur d’eau facilite du moins leur formation, ou tend à leur donner plus de volume en raison de la présence des gaz que fournit la dissociation de l’eau, à haute température, et c’est pourquoi on les a-vus souvent apparaître soit sur le sol inondé à la suite d’une pluie abondante ('), soit dans une atmosphère saturée d’humidité. . ..
- « L’agglomération sphérique de la matière soumise à l’action d’un puissant flux électrique, résulte de l’aspiration ou du vide produit par le passage même du courant. Chacun de
- (b Voici quelques exemples de ces éclairs cités par Arago : « A Massa-Carara, le 10 septembre. 1713, pendant un orage et une pluie en quelque sorte diluviale, Maflei et le marquis de Malaspina virent subitement apparaître à la surface du
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- ces globes est une sorte d'œuf, électrique sans enveloppe de verre, une aigrette voltaïque, que. le milieu environnant tend sans cesse à remplir; mais l’abondance du flux électrique rarélie la matière à mesure.qu’elle afflue dans le milieu électrisé.
- « L’éclat de ces globes, qui est quelquefois très vif, comme l’ont remarqué divers observateurs, s’explique par la grande quantité d’électricité en jeu lors de la manifestation, et peut-être aussi par l’incandescence des particules cosmiques de l’atmosphère qui, bien qu’en quantité minime, ajoutent leur éclat à celui de l’air et des gaz de la vapeur d’eau, raréfiés et incandescents. Leur couleur, qui est du reste très variée, dépend des conditions hygrométriques de l’atmosphère et de la quantité d’électricité enjeu. Si la vapeur d’eau est très abondante, l’hydrogène provenant de sa dissociation domine, et le globe tend à avoir une couleur rouge; si, d’autre part, le flux électrique est relativement moins abondant, la raréfaction et la dissociation sont moins complètes sur son parcours, et la couleur tend vers le bleu violacé propre à l’air raréfié.
- « L’odeur particulière qui accompagne la chute des globes de feu et même de la foudre ordinaire, peut s’expliquer encore par la combustion des parcelles cosmiquesjointe à celle de la matière même frappée directement par la décharge sur le point où elle atteint le sol. L’ozone et les produits nitreux formés par la combinaison de l’air y contribuent aussi sans doute pour une certaine part.
- « Le bruissement qui accompagne souvent l’apparition des globes fulminants provient de la vaporisation rapide que développe le flux électrique, et on le retrouve dans les expériences de cabinet, surtout quand on provoque la formation de l’étincelle globulaire avec le rhéophore positif.
- pavé un feu très vif d’une lumière en partie blanche, en partie azurée. Ce feu semblait fortement agité, mais sans mouvement progressif; il se dissipa tout à coup, mais après avoir acquis un grand volume.
- « En 1841, le tonnerre éclatait de temps en temps à Trieste avec un bruit épouvantable. La rue était déserte, car la pluie tombait à verse et la voie publique était convertie en un torrent. La première chose qui frappa mes yeux fut un globe de feu qui marchait au milieu de la rue. Pour donner une idée de la grandeur de ce globe igné, de sa couleur, je ne puis que le comparer à la lune ; mais oh ne voyait pas de contours précis dans le météore; il semblait enveloppé dans une atmosphère de lumière dont on ne pouvait pas marquer la limite précise. »
- « Lè mouvement gyratoire que l’on a observé quelquefois dans les globes fulminants, doit résulter simplement de la réaction due à l’écoulement du flux électrique, de même que le mouvement gyratoire des globules liquides formés à la surface d’un liquide.
- « La foudre globulaire se présente sous la forme d’une simple chute de boules de feu plus ou moins nombreuses qui disparaissent immédiatement, soit sous la forme d’un globe unique, qui se meut avec lenteur, et reste quelquefois longtemps visible. Dans le premier cas, les globes de feu nous paraissent devoir leur origine à des éclairs d’un genre particulier que j’ai désignés sous le nom d'éclairs en chapelet et qui, étant produits par l’écoulement d’une plus grande quantité d’électricité que celle des éclairs ordinaires, sont accompagnés de ventres ou d’agglomérations de matière raréfiée, électrisée sur leur parcours. Le second cas consistant dans la marche lente d’un globe fulminant peut se produire de deux manières différentes.
- « J’ai démontré que les globules de feu ob> tenus au-dessus de l’eau ou même au-dessus d’une surface conductrice quelconque, à l’aide d’un courant électrique de haute tension, suivaient naturellement les mouvements de l’électrode à l’extrémité de laquelle ils se produisent, que si on opérait dans l’obscurité ou si on mas quait par un écran le fil mobile servant d’électrode, on ne verrait plus qu’un globule de feu en mouvement au-dessus de la surface conductrice. De même dans la nature : si un nuage orageux chargé d’une grande quantité d’électricité vient à passer à une faible hauteur, au-dessus du sol, il peut se former une colonne ou trombe d’air humide, fortement électrisée et invisible, qui sert d’électrode, et produit l’écoulement du courant électrique sous forme d’un globe de feu qui apparait à son extrémité. Cette colonne étant essentiellement mobile, le globe de feu en suivra naturellement les mouvements. Mais la marche lente des globes fulminants peut se produire aussi d’une autre manière, alors même qu’il n’y aurait pas de déplacement d’une colonne d’air humide électrisée.
- « Nous avons montré comment, dans certaines conditions d’un condensateur, une étincelle globulaire pouvait se mouvoir spontanément, d’une manière assez lente pour qu’on pût assister au développement successif de ses capricieuses sinuosités. La figure 5 montre ces sinuosités telles
- FIG. 4
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- que l'empreinte en a été laissée sur le condensateur. On peut admettre qu’il se forme de . même dans l’atmosphère, sur le point où apparaît la foudre globulaire les éléments d’un condensateur dans lequel une couche ou colonne d’air humide fortement électrisée joue le rôle d’armature supérieure, le sol celui d’armature inférieure, et la couche d’air interposée celui de la lame isolante. C’est, du reste, l’hypothèse émise, il y a longtemps, par M. du Moncel. Cette couche d’air isolante étant traversée par le flux électrique, l’écoulement se produit sous la forme globulaire entre le sol et la
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- colonne ou couche humide électrisée formant l’armature supérieure. Quand la base de cette colonne offre une certaine étendue, comme cela arrive si elle forme une portion même de la nuée électrisée descendue très près du sol, le globe de feu reste en communication avec cette armature, sans qu’elle se déplace, et continue seul sa marche en traversant la couche d’air isolante d’une manière irrégulière, suivant les variations d’épaisseur ou de résistance qu’elle présente, de même que, dans nos expériences, le petit globule de feu chemine çntre l’armature supérieure et l’armature inférieure du condensateur, sans le déplacement des électrodes ni des armatures.
- « On peut également s’expliquer par les considérations précédentes, comment -les globules
- fulminants disparaissent sans bruit ou sont accompagnés, dans d'autres cas, du bruit du tonnerre.
- t Quand l’épaisseur de la couche isolante qui sépare la couche nuageuse électrisée de la surface du sol devient trop grande sur le parcours du globe fulminant, et quand, d’autre part, la quantité d’électricité fournie par la nuée orageuse n’augmente pas, l’écoulement électrique cesse, et la flamme globulaire disparaît sans bruit. Si, au contraire, l’orage augmentant d’intensité, ou la nuée se rapprochant plus du sol," de nouvelles quantités d’électricité viennent affluer à la surface de la couche d’air isolante, l’écoulement au lieu de continuer de se faire d’une manière relativement calme et silencieuse sous la forme globulaire, s’opère brusquement sous la forme d’une décharge proprement dite accompagnée du bruit du tonnerre. On conçoit alors que du point même où apparaissait le globe fulminant, .partent dans tous les sens des traits de foudre sinueux ou en zigzags qui frappent les objets environnants. Cette explication sur ce point est presque identique à celle de M. du Moncel, mais nous n’entendons pas dire par là que le bruit soit dû à l’explosion du globe fulminant lui-même. La source du phénomène final est dans le réservoir même d’électricité que renferme la nuée orageuse et qui se décharge au point où l’écoulement avait commené sous la forme de globe de feu.
- « Quand la foudre globulaire se manifeste sous la forme d’une -chute de globes de feu qui n’apparaissent qu’un instant, le bruit du tonnerre accompagne cette chute et ne doit pas être attribué non plus aux’ globes eux-mêmes, mais à tout l’ensemble de l’éclair en chapelet d’où ils dérivent et dont ils constituent des grains détachés.
- « L’intensité exceptionnelle du bruit du tonnerre mentionnée souvent dans les relations de chute de foudre globulaire, s’explique encore par la quantité d’électricité enjeu, toujours plus grande pour la manifestation de ce phénomène que dans les cas ordinaires. Le volume du flux électrique, si on peut s’exprimer ainsi, c’est-à-dire la masse de matière pondérable traversée et raréfiée par la décharge est alors plus grand ; de là naturellement un plus grand vide produit.
- « Mais comment l’électricité produit-elle le vide ? Nos expériences permettent, croyons-nous, d’y répondre simplement: par l’action calorifique puissante et instantanée, que développe l’électricité et qui vaporise toute matière placée sur son passage. La plupart des phénomènes qui ont été décrits dans le précédent article ne sont en effet que des conséquences de la vaporisation produite sur des liquides ou des surfaces humides par un flux électrique réunissant à la fois la quantité à la tension.
- « On s’explique comment les paratonnerres ont été souvent inefficaces dans les cas de foudre globulaire, en considérant que l’apparition d’un globe
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- fulminant révèle un commencement d’écoulement abondant et continu de l’électricité de la nuée orageuse en un point d’élection particulier, et que la simple action d’influence exercée par le voisinage d’un paratonnerre ne saurait arrêter cet écoulement une fois déterminé.
- « Si ces globes à 'mouvements lents paraissent inoffensifs par eux-mêmes puisque les observateurs auprès desquels ils se sont pour ainsi dire promenés n’en ont reçu aucune atteinte, ils n’en sont pas moins la source de grands dangers ; car ils représentent soit l’extrémité même d’une nuée orageuse, soit ce. point d’élection où elle exerce sa plus grande influence, et ils annoncent une tendance à une décharge immipente d’autant plus destructive qu’il y a une plus grande quantité d’électricité enjeu. »
- Comme on le ,voit, la théorie de M. Planté se rapproche en beaucoup de points de celle que j’avais émise en i855. Cependant je n’avais pas eu l’idée de l’intervention d’un gaz raréfié dans le phénomène, et cette hypothèse me paraît bien justifiée, non seulement par l’effet calorifique dont parle M.-Planté, mais encore par les répulsions qu’exercent entre elles les particules gazeuses quand elles sont électrisées de la même manière. M. de Tes-san avait expliqué de cette manière l’extension subite que prennent les nuages orageux et les bruits de tonnerre sans éclairs que l’on a constatés quelquefois. Il est certain que sous l’influence de cette raréfaction du milieu gazeux traversé par la décharge, il doit se produire un effet analogue à celui de l’œuf électrique, et pour expliquer cette raréfaction partielle du milieu gazeux, il suffît d’admettre une plus grande accumulation du fluide en un des points de ce milieu, accumulation provoquée par une plus grande agrégation des particules vésiculaires du nuage. Tout porte à. croire que la conductibilité relative d’un nuage est loin d’être uniforme, et il suffit du plus petit défaut d’homogénéité d’un conducteur de ce genre pour faciliter le déplacement du fluide et provoquer les effets qui sont la conséquence de son mouvement. Je crois donc que la théorie élucidée avec tant de soin par M. Planté rend bien compte du phénomène des éclairs en boule dans ses différentes circonstances, et les travaux de ce genre sont certainement très importants, car voici ce qu’Arago disait à ce sujet
- dans sa notice sur le tonnerre, p. 219. « Les éclairs en boule dont nous avons cité tant d’exemples et qui sont si remarquables, me paraissent aujourd’hui un des phénomènes les plus inexplicables de la physique. » Et, plus loin, p. 3g6. « Il n’est qu’une circonstance dans laquelle le physicien ne sait pas engendrer ce que la natiire produit avec tant de facilité; il ne sait pas donner naissance au tonnerre en boule; il ne sait pas produire ces agglomérations sphériques de matières, lesquelles se meuvent avec lenteur sans perdre la propriété de fulminer les corps. Il y a à ce sujet dans la science une lacune qu’il serait très important de combler. »
- Cette lacune nous paraît aujourd’hui comblée, grâce aux recherches de M. Planté.
- L’une des formes les plus curieuses des éclairs en boule est celle qu’affectent certains éclairs
- linéaires qui présentent aux différents points de leur longueur une série de renflements leur donnant l’aspect d’un chapelet; de là le nom d'éclairs en chapelet que M. Planté leur a donné. Ils sont peut-être encore plus rares que les éclairs en boule, etle plus curieux exemple est celui que nous représentons fîg. 6 et qui a été observé par M. Planté dans la nuit du 18 août 1876. Il survint à la suite d’une longue période de fortes chaleurs et de sécheresse, et fut accompagné de pluies torrentielles.
- « Cet orage, dit M. Planté, dont nous suivîmes attentivement les diverses phases d’un des points les plus élevés des environs de Paris, des hauteurs de Meudon, se déclara vers 6 heures du matin. Une vaste nuée obscurcissait le ciel et donna naissance à une série d’éclairs de grande longueur et déformés très variées. Quelques-uns étaient bifurqués, d’autres présentaient des courbes à points multiples ou des contours fermés. L’un d’eux replié sur lui-même présenta une forme exactement semblable à celle de la courbe connue sous le nom de folium de Descartes.
- « Ces éclairs paraissaient en général composés de points brillants semblables aux sillons de feu produits sur une- surface humide par un courant électrique de haute tension. Vers 7 heures du matin, au moment où l’orage commençait à s’étendre sur Paris, un éclair remarquable entre' tous s’élança de la nue vers le sol, en décrivant une courbe semblable à un S allongé, et resta visible pendant un instant appréciable, en formant comme
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- un chapelet de grains brillants disséminés le long d’un filet lumineux très étroit. Cet éclair nous sembla frapper Paris dans la direction de Vaugirard. Les journaux publièrent, en effet, que la foudre était tombée à Vaugirard, à Grenelle, etc., et de plus, qu’elle avait été vue sous la forme ovoïde ou globulaire. Il est probable que la chute de la foudre avait dû se produire simultanément sur plusieurs points, et qu’elle s’était divisée en plusieurs branches ou en plusieurs grains dans le voisinage du sol, car nous n’avions vu qu’un seul éclair atteindre la terre dans cette direction. La pluie était très abondante, en sorte que l’éclair traversé par la décharge devait être entièrement saturé de vapeur d’eau.
- « La foudre tomba encore pendant cet orage sous la forme globulaire sur une maison portant le numéro 99 de la rue d’As-sas dont elle démolit le pignon ouest, et sur une autre maison, le numéro 35 de la rue de Lyon. Ces faits furent mentionnés par plusieurs journaux, et nous nous assurâmes par une enquête qu’ils étaient exacts. Entre autres témoins, un élève de la pharmacie placée au .rez-de-chaussée de la maison de la -rue de Lyon, nous déclara avoir vu tomber, à quelques mètres de distance et au mê-fxg. 7 me moment, deux globes de
- feu d’un éclat tel qu’il en fut ébloui, et qui disparurent en atteignant le sol.
- « La quantité d’électricité répandue dans l’atmosphère était si grande pendant cet orage que des effets d’influence très curieux analogues aux feux Saint-Elme furent observés par M. Trécul dans le quartier même visité par la foudre. »
- Suivant M. Planté, ce genre d’éclairs indiquerait une transition de la forme rectiligne des éclairs ordinaires à la forme globulaire des éclairs en boule, et par suite que ces derniers dériveraient des éclairs en chapelet. Conséquemment, on pourrait croire que ces grains lumineux alternant avec des traits de feu, seraient un écoulement du flux électrique au travers d’un milieu pondérable, compa^ rable, soit au chapelet de globules incandescents que présente un long fil métallique fondu par un cou-^rant voltaïque et dont les extrémités restent un instant suspendues en fusion aux pôles de la pile, soit encore aux renflements résultant de l’écoulement de toute veine liquide.
- « De telles agglomérations de matière électrique et lumineuse, dit-il, doivent être naturellement plus
- lentes à se dissiper que le trait lumineux lui-même qui les relie, et ainsi s’explique la persistance de l’éclair observé.
- « Cette observation s’est trouvée concorder avec une autre du même genre citée par M. du Moncel dans la description d’une série d’éclairs à sillon persistant, où l’on trouve que pendant un orage à Londres, dans la nuit du 19 au 20 juin 1857, on remarqua plusieurs éclairs qui persistaient pendant quelques instants, et ne disparaissaient qu’après s’être comme fondus en lumière granulaire. »
- Depuis que M. Planté a signalé ce genre d’éclairs, plusieurs météorologistes, entre autres MM. Renou, Van Tricht, Daguin, M. B. Joule, M. E. Lawrence ont rappelé plusieurs exemples de manifestations électriques semblables dont ils avaient été témoins. La figure 7, représente l’éclair dont parle M. B. Joule, et voici la description qu’il en donne.
- « Dans la soirée du 16 août* 1877, un violent orage eut lieu à Southport.... Parmi les plus brillants éclairs que j’observai, l’un d’eux présenta une apparence dont je n’avais jamais été témoin auparavant. Depuis son point de départ des nuages jusqu’à sa chute dans la mer, il semblait formé de petits fragments détachés qui lui donnaient l’aspect figuré ci-dessus. »
- Th. du Moncel.
- LES SCIENCES PHYSIQUES
- EN BIOLOGIE
- L’ÉLECTRICITÉ
- La science des êtres vivants, la Physiologie moderne, a enfin trouvé sa voie. Après des hésitations nombreuses, elle a reconnu l’inanité des systèmes et des théories ; comme toutes les autres sciences vraiment conquérantes de la nature, la physiologie est définitivement expérimentale. Cette science a pour but la connaissance des lois qui régissent les manifestations vitales.
- Ces manifestations ne sont pas comme on le croyait, comme le croient, encore quelques rares médecins, d’une nature spéciale ne tombant pas sous les lois générales qui régissent la matière. Bien au contraire, les phénomènes que nous voyons se produire chez les êtres vivants, phénomènes que l’on embrasse sous un nom commun, la vie, ont besoin pour se manifester de conditions physico-chimiques rigoureusement déterminées. Si ces conditions font défaut, le phénomène vital ne se montre pas ; si elles changent, le phénomène vital se modifie également.
- — Les forces vitales, loin par conséquent d’être en opposition avec les forces physiques, comme
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- le croyaient Xavier Bichat et l’école vitaliste, ont au contraire avec ces dernières les relations les plus intimes. Ces relations sont si complètes, elles sont si intimement unies qu’il n’y a pas lieu de les distinguer au fond et que l’on peut affirmer que ces prétendues forces vitales ne sont qu’une manière d'être des forces physico-chimiques.
- — La vie en un mot, envisagée au point de vue auquel je me place, se manifesterait à nous par des phénomènes qui lui sont propres, constituant des modalités nouvelles de l’énergie qui nous sont encore inconnues.
- En dehors, de la chaleur, de la lumière, de l’électricité, il est certain que l’esprit conçoit la possibilité pour l’énergie de revêtir une foule de formes différentes des trois principales qui sont actuellement connues des physiciens.
- Nous ne pouvons connaître la nature que par nos sens ; la forme lumineuse de l’énergie nous serait inconnue si nous ne possédions un organe spécial, l’œil, pour nous mettre en rapport avec elle.
- La forme calorijique nous serait également inconnue si notre peau n’était pas sillonnée en tous sens par un réseau de nerfs sensibles qui nous permettent d’apprécier le chaud et le froid.
- Enfin nous ne pourrions avoir aucune notion de l’électricité sans les deux autres, et d’ailleurs cette troisième forme de l’énergie n’est-elle pas de connaissance absolument récente ? Que savait-on sur elle il y a seulement deux siècles ?
- La possibilité de ces formes multiples, en nombre indéfini, de l’énergie, a également sa raison d’être dans des considérations empruntées au calcul comme l’a montré mon ami M. Marcel Deprez.
- 11 n’y a donc aucune hérésie physique à soutenir, comme je le fais, la thèse suivante, à savoir : que les manifestations vitales, certaines d’entre elles du moins, doivent .s’expliquer par des formes de l’énergie que nous ne connaissons pas encore.
- Quoi qu’il en soit, il est aujourd’hui bien démontré, comme je le montrerai succinctement, que la vie ne soustrait pas les corps qu’elle anime à l’empire des lois physico-chimiques générales.
- Comme le disait Claude Bernard, il n’y a pas deux physiques, il n’y a pas deux chimies, l’une des corps bruts, l’autre des corps vivants ; il n’y a que des modalités physico-chimiques qui sont particulières aux êtres vivants.
- Ces modalités tiennent à la différence de structure des corps bruts et des corps vivants : L'élément ultime du phénomène est physique; l'arrangement seul est vital. Cette conclusion très générale que Bernard déduit des recherches modernes et de ses propres travaux constitue la doctrine du Vitalisme physico-chimique.
- ün voit que cette doctrine, fruit de l’expérience et expression des faits, se place entre deux écoles philosophiques rivales.
- La première, l’école spiritualiste ou vitaliste, voyant dans les phénomènes vitaux quelque chose d’absolument distinct des phénomènes physico-chimiques; la seconde, l’école matérialiste, en faisant quelque chose d’absolument identique à eux.
- La vérité en effet est rarement dans les opinions extrêmes qui ne sont à proprement parler que des affaires de sentiment. Dans les deux camps on ne voyait qu’un côté dé la question, qu’une des faces du problème vital.
- Claude Bernard avec son esprit si large, son génie si profondément scientifique, a compris le problème vital et l’a posé sur son véritable terrain.
- Je partage absolument la manière de voir de l’illustre physiologiste parce qu’elle me paraît la seule qui satisfasse l’esprit, la seule qui soit en harmonie avec les faits. Je suis partisan de cette doctrine parce qu’elle me satisfait à la fois comme physiologiste et comme physicien, et non pas seulement, parce que Claude Bernard ayant été mon maître, ses opinions seraient devenues pour moi des articles de foi ! La physiologie ainsi comprise devient une science exacte au même titre que la physique et la chimie, son problème seul est différent. Qu’il s’agisse des fonctions subalternes comme la digestion, ou des fonctions les plus élevées comme les phénomènes intellectuels, la physiologie doit se dégager absolument des questions et des idées théologiques ou philosophiques qui n’ont fait toujours qu’entraver sa marche.
- Vouloir poursuivre une prétendue conciliation entre la science et la philosophie ou les religions est une naïveté qui ne peut conduire qu’à de mauvais résultats. On est philosophe ou religieux par sentiment, on est physicien ou chimiste par raisonnement.
- C’est une erreur que de mêler le sentiment et le raisonnement. Il est des choses que l’on accepte sans démonstration physique : la philosophie, la religion, sont dans ce cas. Les sciences, au contraire, ne peuvent s’affirmer que par l’expérience et la démonstration physique.
- Qui pourrait songer à demander à un physicien s’il est spiritualiste ou matérialiste avant d’accepter les lois de la physique ?
- Il en est de. même du physiologiste s’occupant, des fonctions les plus élevées du cerveau. Ne mêlons pas des choses distinctes, laissons à chacun sa liberté, ses problèmes et ses méthodes de recherche.
- C’est le seul moyen de s’entendre et d’assurer le progrès dans tous les sens.
- En physiologie, de même qu’en physique et en chimie, on doit donc renoncer, à la recherche illusoire des causes premières.
- Les hypothèses spiritualistes ou matérialistes ne doivent pas plus trouver place ..en physiologie qu’en physique, en chimie ou en mécanique.
- La théologie, la métaphysique s’occupent des causes premières, c’est là leur problème; il leur
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- appartient en propre, elles le revendiquent exclusivement, nous le leur laissons bien volontiers.
- La science des êtres vivants doit devenir une science tout aussi exacte que celle des corps bruts.
- Ses procédés, ses méthodes, ses principes sônt au fond les mêmes, l’objet de l’étude est différent, mais le but est le même: l’action. La physiologie doit devenir conquérante de la nature vivante au même titre que la physique et la chimie pour la matière inanimée.
- Sa base scientifique est la même, elle repose sur le principe auquel Claude Bernard a donné le nom caractéristique de déterminisme, et qui peut se résumer en quelques mots.
- Toute science expérimentale, avons-nous dit, a pour but l'action; il s’agit de commander à la matière et de l’obliger à nous obéir, qu’elle soit morte ou qu’elle fasse partie d’un organisme.
- Pour cela il est absolument inutile de connaître l’origine de la matière ou sa raison d’êtré, c’est-à-dire les causes premières.
- Il suffit pour être maître d’un phénomène quelconque de connaître les conditions matérielles de son apparition.
- Si nousÿonnaissons toutes ces conditions nous pouvons en général les réaliser, et par conséquent nous sommes maîtres de faire cesser ou. de faire apparaître à notre gré ce phénomène.
- Quandles conditions sont bien déterminées, quand elles sont toutes déterminées, nous sommes maîtres du phénomène, tel. est le principe si simple àa déterminisme. On voit qu’il écarte la recherche inutile (pour l’action) des causes premières, et qu’il s’en tient à la notion plus pratique des causes immédiates ou causes secondes.
- Nous pouvons ainsi réaliser Une foule de conditions qui ne se trouvent pas dans la nature, et donner par conséquent naissance à des phénomènes que la nature n’aurait pas manifestés sans notre présence, bien que ces phénomènes existassent pourtant à l'état virtuel. Tel est le cas des chimistes, qui, en réalisant des conditions qui ne se trouvent pas dans la nature, ont donné naissance à des millions de substances chimiques qui n’existent pas en dehors de leurs laboratoires. Tel aurait pu être le cas pour les physiciens qui ont trouvé l’électricité. On comprend parfaitement qu’il eût pu se faire que l’énergie ne se manifestât pas sous forme électrique à la surface de notre globe. Un morceau d’ambre n’est pas électrisé naturellement. C’est le frottement qui lui communique cette propriété d’attirer les corps légers, et ce morceau d’ambre n’qst pas électrique tant qu’on ne Ta pas frotté. Le physiologiste est dans le même cas que le chimiste. Tant que la chimie n’a pas été fondée, les alchimistes n’avaient pas le pouvoir de créer ces millions de' corps nouveaux que font en se jouant nos chimistes modernes. Avant’ les travaux mêmes de
- Berthelot ne déclarait-on pas de nos jours que les matières organiques ne pouvaient être faites que par la vie?
- De même pour le physiologiste; actuellement il ignore les lois et les conditions delà vie; comme les alchimistes, il est à peu près réduit à l’impuissance ; mais, le jour où il connaîtra les conditions physicochimiques qui règlent l’apparition des phénomènes dits vitaux, cejour-là il pourra leSmaîtriser. De même que le chimiste a pu créer des corps nouveaux sans analogues dans la nature, de même le physiologiste pourra créer des êtres vivants, dont nous n’avons actuellement aucune idée, et cela en réalisant des conditions qui n’existent pas dans la nature. Cette affirmation trouvera sans doute encore beaucoup d’incrédules, bien qu’elle ait été donnée par un homme aussi prudent que l’était dans la déduction Cl. Bernard. Mais la science, on l’oublie trop, a pour rôle de faire de l’utopie d’aujourd’hui la banalité de demain.
- Nous n’avons donc pas besoin de connaître les causes premières pour être maîtres de la nature. Le principe du Déterminisme, commun à toutes les sciences, suffit également à toutes.
- Nous sommes dans le cas d’un ouvrier qui ne connaîtrait pas les principes de la,machine à vapeur, ni son mécanisme, mais qui saurait manœuvrer les leviers agissant sur la distribution. Malgré sou ignorance de la cause première, il serait maître absolu de la machine et pourrait la faire manœuvrer à son gré.
- L’expérimentateur est dans le même cas, et c’est ce qui faisait dire à Bernard que le savant n’est que le metteur en scène ou le contre-maître de la nature. Rien de plus vrai.
- L’électricité apparaît constamment dans les phénomènes vitaux. Tous les êtres vivants sont le siège de manifestations électriques qui atteignent leur summum chez les poissons éléctriques. On a beaucoup étudié l’électricité d’origine animale. Cette étude n’a pas conduit à grand’chose, malgré les plus persévérantes recherches. A mon avis, ce n’est pas là le côté intéressant de la question. Ce n’est pas l’origine animale de l’électricité qui peut nous intéresser, mais bien l’inverse : l’action de l’électricité sur l’être vivant. Cette action, bien qu’étant encore inconnue dans son mécanisme, ne saurait être méconnue dans ses résultats.
- Il suffit de voir les phénomènes étonnants que produit l’électricité, ou même ce corps qui nous paraît inerte' : l’aimant, sur les hystériques, en mettant de côté certaines applications thérapeutiques d’une efficacité incontestée.
- L’électricité doit devenir, à mon avis, un de nos moyens d’action les plus puissants pour modifier les êtres vivants. Je suis persuadé que la thérapeutique de l’avenir n’emploiera, comme moyens curatifs que des. modificateurs physiques (chaleur, lumière, électricité ou autres : froid, chaud, etc...).
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- Le moyen barbare qui, sous prétexte de nous guérir, consiste à nous empoisonner avec les drogues les plus vénéneuses de la chimie, devra céder la place aux agents physiques dont l’emploi a au moins l’avantage de n’introduire aucun corps étranger dans l’organisme.
- C’est pourquoi les médecins les plus éminents se bornent comme thérapeutique à faire de l’expectation, système excellent pour la tranquillité de leur conscience, et qui peut se formuler en un mot : Dans le doute, abstiens-toi.
- L’électricité, comme les autres agents thérapeutiques, a été, elle aussi, administrée à tort et à travers par des gens qui souvent ignoraient même les principes les plus élémentaires de la physique.
- Les observations soi-disant médicales dont ils ont encombré les prospectus, où la science n’a absolument'rien à voir n’ont eu d’autre effet que de retarder la marche de cette dernière. Les principes physiques- et physiologiques qui doivent guider l’électro-thérapiste sont pourtant bien simples. J’ai l’intention de les résumer dans cette série d’études. Ce travail n’a pas pour but d’apprendre au médecin à guérir par l’électricité, mais bien de lui apprendre comment il doit opérer pour recueillir de bonnes observations, qui serviront de point de départ sérieux à une théorie scientifique.
- J’ai dit que les lois de la vie devaient nous être révélées par l’investigation physico-chimique des êtres vivants.
- Cette étude sur l’électricité n’est que le commencement d’une série d’études de physique biologique. Je crois donc qu’il est nécessaire de prouver mon affirmation. Pour cela, je ne saurais mieux faire qu’en résumant les lois fondamentales de la physiologie, cette physique des êtres vivants, telles que les a formulées si magistralement Cl. Bernard.
- (A suivre.) Dr A. d’Arsonval.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- ÉTUDE SUR LE SYSTÈME
- DE
- TRANSMISSION MULTIPLE
- ET LE
- TÉLÉGRAPHE IMPRIMEUR
- DE M. BAUDOT
- f>® article. (Voir les n°* des 21 sept, et 8 ocl. 1881 21 et 28 janvier, et 11 février 1882.)
- Organes de traduction et d''impression.
- L’ensemble de ces organes est sans contredit la partie la plus originale et la plus intéressante du
- télégraphe Baudot; nous en fero'ns une étude aussi complète que possible.
- L’organe de traduction, appelé aussi combinateur, se compose essentiellement d’un système mobile autour d’un axe, vertical dans le type actuel, et animé du même mouvement de rotation que l’arbre horizontal portant les organes d’impression.
- Ceux-ci se composent essentiellement d’une roue des types portant, en relief, sur sa périphérie, les divers caractères; au-dessous de cette roue passe une bande de papier fournie par un rouleau, comme dans tous les appareils imprimeurs.
- Par un déclanchement, provoqué en temps opportun, une sorte de levier à bascule vient mettre une portion de la bande de papier en contact avec l’un des types, convenablement imprégné d’encre, pendant un laps de temps suffisant pour que l’impression, du caractère soit obtenue.
- Pendant là rotation de la roue des types, qui a la • même durée que celle du distributeur, par conséquent entre la réception d’un caractère et celle du suivant (destiné au même poste) le mouvement du papier doit s’opérer une fois, au moment précis du passage du type correspondant devant le levier imprimeur.
- Le déclanchement précis de l’organe d’impression est obtenu par le jeu du combinateur.
- Pendant que la roue des types présente successivement les divers types à la bande de papier, un bras monté sur l’axe du combinateur et animé d’un mouvement de rotation identique à celui de la roue des types parcourt successivement un disque horizontal contenant 3i secteurs ou cases correspondant aux 3i combinaisons effectives, plus un secteur spécial occupant la sixième partie environ du disque et appelé secteur neutre (fig. 26).
- Le disque du combinateur disposé horizontalement sur la face supérieure du récepteur (fig. 21, voir article précédent) comporte 5 travées circulaires concentriques à l’axe et parcourues par 5 goujons.
- Ces 5 goujons g sont portés par autant de leviers l (fig. 27 et 28) engagés dans un cadre rectangulaire c, ces leviers peuvent s’orienter dans le plan du cadre en tournant autour de pivots p, solidaires du cadre lui-même.
- L’ensemble du cadre et des leviers constitue une sorte de chariot monté sur un axe- horizontal xx' porté par le bras du combinateur : il tend à tourner sous l’action d’un ressort à lame R pressé par une vis V, de telle façon que les goujons appuient avec une certaine force sur le fond des travées.
- Un petit bras b, solidaire du cadre, commande, sous l’effet de la rotation du cadre, le déclanchement du système imprimeur au moyen d’une tringle logée dans une. cavité de l’arbre du combinateur.
- Ainsi le bras du combinateur entraîne dans son
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- mouvement le chariot; les goujons, en s’appuyant sur le fond des travées, soutiennent le cadre sollicité à tomber par le ressort R. Il suffit d’ailleurs d’un seul goujon pour empêcher la descente.
- Chacune des travées est divisée en deux voies, interrompues seulement dans le secteur neutre.
- Pendant le passage dans le secteur neutre, chaque goujon est aiguillé, c’est-à-dire, orienté autour de son pivot; suivant cette orientation, il s’engagera dans l’une ou l’autre des deux voies de sa travée.
- Chacune des travées et son goujon correspondent à l’un des électro - aimants récepteurs ; la voie située du côté de l’intérieur dans chaque travée est dite voie de travail; celle qui est placée du côté extérieur est dite voie de repos.
- L’aiguillage de chaque goujon est obtenu par le fonctionnement de l’armature de l’électro - aimant correspondant de la façon suivante :
- Au milieu du secteur neutre et à chaque travée on a pratiqué dans le disque une ouverture qui donne passage à une aiguille a, en forme de coin très aigu, et susceptible de se déplacer latéralement afin de diriger les goujons dans l’une ou l’autre des deux voies suivant qu’elle occupe l’une ou l’autre de ses positions extrêmes (voir les diagrammes de la fig. 29; on a pour faciliter le dessin représenté par des lignes droites les portions de circonférences contenues dans le secteur neutre, et servant de contours aux travées).
- Le déplacement de chacune des aiguilles lui est communiqué par l’armature de l’électro-aimant récepteur correspondant. La fig. 3o donne une coupe verticale passant par l’axe 00' du combinateur et l’ensemble des 5.aiguilles.
- Chaque aiguille, telle que a, est portée par un arbre horizontal portant au-dessous et dans le plan de l’aiguille un doigt qui s’engage dans une pièce
- découpée à jour comme une échelle e et qui peut se mouvoir horizontalement entre des guides.
- Chaque arbre porte également en une partie'de sa longueur, variable de l’un à l’autre, un talon terminé en coin et butant sur une face ou l’autre d’un ressort à lame r, dont le but est de maintenir l’ai-’ guille dans la position qui lui a été donnée.
- De longues tringles horizontales t transmettent aux talons les déplacements des armatures A, des électro-aimants récepteurs ER : de telle sorte qu’a-près l’envoi du courant local, les diverses armatures des électro-aimants traversés par le courant agissent sur les aiguilles corres -pondantes et leur font occuper la position la plus éloignée du centre du disque et dite position de travail.
- Ainsi les 5 aiguilles par leurs positions reproduisant le caractère reçu sont disposées pour l’aiguillage des gou: jons du chariot.
- Celui-ci, dans son mouvement de rotation, vient se présenter dans le secteur neutre quelques instants, seulement après l’orientation des aiguilles, grâce au réglage du frein correcteur.
- Chacun des goujons, après, avoir traversé la région des aiguilles, s’engage dans la voie intérieure de sa travée, si l’armature de son électro-aimant a été attirée, c’est-à-dire si la touche de même ordre du manipulateur a été abaissée au départ, lançant sur la ligne une émission positive. Au contraire, pour les émissions négatives, l’aiguille restant à l’intérieur dans sa position de repos, le goujon s’engage dans la voie extérieure ou de repos (fig. 26).
- Le diagramme de la figure 26 montre l’orientation des aiguilles après la réception d’une combinaison déterminée 1—|-----------j- indiquant qu’au
- poste de départ on avait en vue l’expédition du caractère W (ou ? suivant la série) ; il montre egalement les dispositions qui en résultent pour les goujons après leur aiguillage.
- 1 " \
- FIG. 2Ô. — COMBINATEUR.
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- Le chariot parcourt alors successivement les divers secteurs correspondant aux trente et une combinaisons effectives, en emportant, par la disposition de ses goujons, la figuration de la combinaison reçue : son rôle, qui commence alors, est de commander l’impression du caractère correspondant, lorsque la roue des types le présentera à la bande de papier.
- •A ce moment précis, les goujons se trouvent dans l’un des secteurs du disque, chacun dans sa travée et dans la voie qui lui a été assignée par l’aiguillage.
- Pour que la commande de l’impression puisse s’effectuer, il faut que le cadre cède à l’action du ressort R (fig. 27, 28), ce qui ne peut se produire qu’à la condition que tous les goujons sans exception se trouvent simultanément au-dessus de cavités creusées dans les voies dans lesquelles ils se sont engagés.
- La méthode à suivre dans le creusement de ces
- 9 9
- 9 9
- cavités est la suivante : Considérons, par exemple, le secteur n° 28 parcouru par le bras du combina-teur lorsque le type W est en regard de la bande de papier ; c’est lui qui doit provoquer la chute du cadre aiguillé suivant la combinaison précitée —
- H—|-------[-. Traçons (fig. 3i) le profil déterminé
- dans ce secteur par une coupe passant par l’axe du combinateur et, par suite, perpendiculaire aux contours des voies et travées. Dans les travées 1 et 4, les goujons sont dans les voies extérieures ou de repos; dans les travées 2, 3, 5, ils sont dans les voies intérieures ou de travail. Creusons les portions comprises dans ce secteur de chaque voie occupée par un goujon, en laissant au niveau ordinaire les portions des voies adjacentes.
- Dans ces conditions, aucun des goujons ne sera soutenu, et le cadre sera libre de descendre sous l’action du ressort R, et de provoquer l’impression du caractère W.
- La chute du cadre dans ce secteur ne pourra avoir
- lieu pour aucun autre arrangement des goujons répondant à une autre combinaison, car il suffit qu’un seul des goujons n’occupe pas la position indiquée ci-dessus pour qu’il se trouve alors sur une partie non creusée et soutienne par suite l’ensemble du cadre.
- Chacun des 3i secteurs correspondant à l’une
- des 3i combinaisons distinctes, il est évident que l’impression se fera sûrement pour le caractère répondant, à la combinaison reçue et transmise aux aiguilles.
- Les émissions de même ordre sont souvent de même sens pour plusieurs combinaisons succès sives; il en résulte qu’une même voie peut être creusée dans plusieurs secteurs consécutifs; l’ensemble forme alors une tranchée continue. Les parties noires de la figure 26 correspondent à ces tranchées.
- La première combinaison------------est expé-
- , 1? Aiguille au repos Cote intérieur . !
- Travée j TffiTffnTmTfYrT n r (VT *1 ! rïrtttr»
- 1 1 |
- j 2? ÂiguiMeautravAil 1 1 1 1
- Secteur neutre-
- 4
- FIG. 29
- diée par le manipulateur, sans manœuvre delà part de l’employé; elle ne correspond à aucun caractère, et sa réception ne doit point mettre en action les organes d’impression; aussi a-t-on évité de la faire figurer sur le disque du combinateur.
- Pour préciser la position occupée par le chariot au moment de la chute du cadre, on a disposé, concentriquement à l’axe et à l’intérieur du disque, une couronne dentée parcourue par un doigt du cadre porte-goujons (fig. 26). Chaque creux correspond exactement à' l’un des secteurs, et au moment de
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- la chute du cadre, le doigt s’y engage avec précision. Une des faces formant plan incliné oblige le doigt à remonter en soulevant le cadre, opération qu’il eût été plus difficile d’exiger de la part d’un ou de plusieurs goujons. La denture est interrompue dans le secteur neutre que le ehariot doit parcourir sans chute du cadre, qui se trouve de cette manière soutenu sans l’intervention des goujons au passage à travers les aiguilles.
- Après le passage du chariot dans la région des aiguilles, celles-ci n’ont pas de raison pour conserver plus longtemps leurs positions respectives. Il faut, au contraire, les remettre au repos pour les préparer à recevoir la commande des armatures pour la combinaison suivante.
- Ce rappel se fait mécaniquement au moyen d’une came c, montée sur l’arbre du combinateur (fig. 3o), un peu en dessous du disque, et ayant pour effet de repousser l’échelle mobile qui entraîne vers l’extérieur les queues' des bras porte-aiguilles, et de ramener ainsi celles-ci au repos.
- Il est à noter que les aiguilles sont bien action
- | Face supérieurs du ré ci
- FIG. JO
- par rapport à celui desservi par le premier chariot Par exemple, pour quatre postes, on les- groupera en A, C et B, D; pour six postes, on aura A D, B E, C F.
- Les relais électro-aimants et aiguilles sont communs : il n’y a de distinct que les chariots du combinateur et les organes imprimeurs. Ceux-ci sont
- FIG. 3l
- placés symétriquement de part et d’autre du récepteur, sur deux faces opposées.
- Ce groupement, fort ingénieux, a pour avantage de diminuer le nombre des rouages et organes accessoires, mais il a l’inconvénient de rendre solidaires les postes récepteurs par groupes de deux. Ce désavantage est assez marqué pour que dans les appareils actuellement en construction on soit revenu aux postes uniques, indépendants, comme dans les premiers , appareils.
- Organes d'impression.
- Dans' ce qui précède, nous avons montré comment le combinateur effectuait mécaniquement la
- nées par les armatures dans le mouvement d’attraction de celles-ci, mais qu’elles ne participent pas au mouvement inverse que leur communiqueraient des ressorts antagonistes. Elles conservent la position de travail après la cessation de la commande des armatures, et ne sont rappelées au repos que par le jeu de la came, qui agit également sur les armatures généralement dépourvues de ressorts de rappel dans les modèles actuels.
- Double rôle assigné au combinateur. — Nous avons déjà parlé du double rôle assigné au combinateur dans les appareils présentés à l’Exposition. Le bras mobile du combinateur est prolongé de l’autre côté de l’axe, et porte un second chariot diamétralement opposé et identique au premier (fig. 32). Ce nouveau chariot ne se présente dans le secteur neutre et dans la région des aiguilles qu’un demi-tour après le premier; or, pendant cet intervalle de temps, les aiguilles ont eu le temps de recevoir une nouvelle combinaison adressée à un poste occupant sur le distributeur une position convenable
- FIG. 32
- traduction de la combinaison reçue et produisait par la chute du cadre porte-goujons une poussée subite et énergique sur une tringle logée dans l’arbre vertical qui le porte. C’est la commande du mécanisme imprimeur que nous allons maintenant décrire.
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- L’ensemble des organes d’impression a quelque analogie avec ceux du télégraphe Hughes.
- Sur un arbre horizontal XX, animé du même mouvement que celui du combinateur, sont disposées deux roues montées différemment (fig. 33, 3q, 35,36).
- La première, dite roue d'impression RI et qui joue le rôle de la roue correctrice du Hughes, est solidaire d’Un manchon MI monté à frottement doux sur l’arbre XX : un bras B invariablement fixé à l’arbre au moyen.de la vis V porte le nom devras d'entrainement de la roue d’impression. En effet, sur la face intérieure de la roue(du côté du récep: teur, fig. 34), on a fixé un ressort r dont l’extrémité recourbée s’engage dans une encoche ménagée à l’extrémité du bras B, de sorte que le mouvement de ce bras solidaire de l’arbre se transmet intégralement à la roue RI.
- Si par accident, cette dernière était arrêtée par un obstacle quelconque, le ressort sortirait de l’encoche et la roue abandonnerait le bras sans qu’il puisse se produire de détérioration grave dans l’appareil.
- Un second manchon MT, monté à frottement assez dur sur le premier en I, porte à l’extrémité une roue, dite roue des types RT et à l’intérieur, près de la face externe de la roue d’impression, trois bras BT, B'T', B"T" dits bras d'inversion.
- Le premier, BT, peut osciller d’un angle déterminé entre deux butoirs b', b" ; mais il est maintenu dans chacune de ses positions par un ressort sauteur rs appartenant, ainsi que les buttoirs b' b", à la roue RI. 11 résulte que l’ensemble de la roue des
- types et de son manchon peut prendre, par rapport à la roue d’impression, deux positions voisines bien déterminées : c’est ce qu’on appelle le décalage de la roue des types.
- Les deux autres bras B' et B" s’engagent à leurs extrémités dans des pièces en forme de fourche, mobiles autour de pivots P', P" fixés dans la roue RI : ces pièces sont les plaques d'inversion.
- Les deux roues sont divisées à leur circonférence de la même façon que le disque du combinateur. Elles comprennent un secteur vide, de même ouverture que le secteur neutre ; le reste est divisé en 31 parties égales correspondant aux 3i cases ou secteurs du combinateur.
- Dans la roue d’impression, chaque division est formée d’une dent et d’un creux ; dans la roue des types, chaque division est subdivisée en deux parties égales contenant (fig. 37) deux types ou caractères d’imprimerie ' en relief. Ce sont précisément ceux que représente la combinaison correspondante dans les deux séries.
- De sorte que sur l’ensemble de la circonférence, les caractères de chaque série sont de deux en deux, placés dans le même ordre que les combinaisons respectives sur le disque du combinateur.
- Dans la position normale, le bras B appuyant sur le butoir b’, l’orientation de la roué des types est telle que les caractères de la série lettres sont en face des creux de la roue d’impression (fig. 37).
- Si on donne à la roue des types la seconde position par rapport à la roue d’impression, c’est-à-dire si on amène B contre b", ce seront les carac-
- FIG. 33. — ORGANES D’iMPRESSION DE L’APPAREIL. BAUDOT.
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- tères de la série des chiffres qui se trouveront en face des creux (fig. 38).
- L’angle dont se déplace le levier B, en passant d’un butoir à l’autre, est la moitié d’une division, c’est-à-dire qu’il vaut environ 40.
- Ce décalage est obtenu par le mouvement de l’une ou l’autre des- plaques d’inversion qui sont munies de rebords pouvant se présenter en face des creux des divisions 16 et 32 : ces divisions correspondent aux combinaisons représentant dans les deux séries le blanc des chiffres BC et le blanc des lettres BL.
- Les plaques d’inversion sont articulées de manière que lorsque B est contre b" la plaque P" est ramenée vers le centre en laissant libre la division
- Bill
- FIG. 34
- 16, BC, tandis que la plaque P', poussée vers l’extérieur, masque le creux de la 32° division, BL.
- Si B est‘contre b', l’inverse a lieu.
- Si on vient à pousser vers le centre la plaque qui fait saillie, on force le levier B à changer de butoir et par suite on produit le décalage ou l’inversion de la roue des types; en même temps l’autre plaque, qui était à l’intérieur, est amenée au niveau des dents et masque le creux correspondant.
- Il est à remarquer que la série dont les types sont en face des creux de la roue d’impression est celle dont le blanc est masqué par la plaque d’inversion. Il va sans dire que la roue des types ne porte aucun type dans les divisions 16 et 32 correspondant aux blancs des chiffres et des lettres.
- Sur la figure d’ensemble on remarque le rouleau encreur, formé d’un tampon cylindrique garni d’en-crè, toujours en contact avec les types, identique d’ailleurs aux organes semblables de tous les télégraphes imprimeurs.
- Au-dessous des roues d’impression et des types et à une petite distance sur la gauche est placé (fig.
- 35-36), un second arbre parallèle au premier, mais fixe. Sur cet arbre on a emmanché, à frottement doux, un manchon m portant une came en acier C, à extrémité aiguë, et disposée dans le plan même de la roue d’impression (fig. 35), et un bras imprimeur b dans le plan même de la roue des types (fig- 36).
- La came et le bras sont solidaires l’un de l’autre et orientés de la même façon. Une bande de papier de 12 millimètres de largeur, provenant d’un rouleau placé à droite du récepteur, parvient après plusieurs coudes à contourner l’extrémité du bras imprimeur, garnie de liège, et finit par s’engager entre un cylindre à surface finement, dentée et un rouleau voisin r porté par un bras spécial b' et pressé contre le premier par un ressort en hélices. Le cylindre cannelé est pourvu de deux cliquets cc\ l’un porté par le bras lui-même, l’autre tenu par le bâti de l’appareil.
- L’ensemble des bras, du cylindre, du rouleau et des rochets constitue le mécanisme de progression du papier.
- Un fort ressort en spirale, monté sur l’axe, tend à projeter vers la gauche la came et le bras imprimeur ; mais ceux-ci, solidaires l’un de l’autre, sont retenus dans la position figurée sur le dessin par une détente composée d’un doigt à échappement D et d’un petit taquet t de la came d’impression (fig. 35.)
- Dans cette position de repos et d’attente, l’extrémité de la came taillée en forme de coin est à une petite distance de la circonférence extérieure des dents de la roue d’impression.
- Le doigt à échappement est muni d’un ressort de rappel r et d’un butoir à réglage b (fig 35.)
- Au moment où le chariot du combinateur traverse le secteur correspondant à la combinaison qu’il a mission de traduire, le cadre, Cessant d’être soutenu par les goujons, cède à l’action de son ressort (article précédent) et presse de haut en bas une tringle verticale t (fig. 3g) logée dans une rainure de l’arbre du combinateur et soudée à un manchon à couronne c susceptible d’un glissement dans le sens vertical. La couronne c dans son mouvement de descente agit par l’intermédiaire d’un arbre horizontal muni de bras pour soulever le doigt à échappement D.
- La came d’impression (fig. 35) s’échappe alors sous l’action de son ressort, vient aussitôt engager son extrémité dans le creux de la roue RI et accompagne cette roue dans son mouvement jusqu’à une position symétrique par rapport à la ligne des centres 00'. Elle abandonne alors le creux et vient prendre une seconde position de repos soufe l’action de son ressort et à l’abri de la rencontre des dents de la roue d’impression.
- Pendant ce temps, le bras imprimeur (fig. 36) a suivi son mouvement; mais l’enveloppe de ses
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- positions coupe légèrement la circonférence extérieure des types, d’où résulte un contact entre le type et le papier* un peu avant la ligne des centres oo'. La pression augmente jusqu’à ce point et diminue ensuite ; le bras étant garni de liège cette pression n’a aucun inconvénient et présente, l’avantage de donner lieu à une impression énergique, nette et sans, glissement.
- De l’autre côté de oo' le papier est de moins en
- moins pressé et finit par n’être plus en contact avec le type.
- On voit aisément que le type qui vient d’être imprimé sur le papier est précisément celui qui se trouve en regard du creux de la roue RI.
- La roue des types portant les caractères dans le même ordre que les secteurs du combinateur, on voit qu’il suffit d’un calage convenable donné une fois pour toutes à l’ensemble du système imprimeur
- pour que les caractères imprimés soient toujours ceux des secteurs franchis par le chariot au moment de la chûte du cadre.
- Pendant le passage du secteur neutre, un galet g porté par la roue RI (fig. 3q et 35) rencontre la branche supérieure S d’un levier SL (fig. 35) qui bascule autour d’un âxe horizontal et vient, au moyen de sa branche inférieure L, repousser la came et la ramener ainsi que le bras imprimeur à leur position primitive. Le doigt D s’enclanche de lui-même avec le taquet t de la came, sous l’action de son ressort r.
- Le rappel de la came et du bras imprimeur se fait sans obstacle, le secteur neutre étant dépourvu de dents et de types.
- Progression du papier. — Dans le premier mouvement de détente et d’impression, le cliquet mobile c entraîne le cylindre avec lui; le cliquet fixe c' ne peut s’opposer à cet entraînement, (fig. 36). Le roulement du cylindre sur le rouleau r produit naturellement le passage d’une portion de la bande de papier.
- La position de la bande sur l’extrémité garnie de liège ne subit aucun glissement, mais, sur la droite une certaine longueur de la bande venant du rouleau est entraînée par le mouvement de rotation du bras.
- Au retour le cliquet fixe retient le cylindre immobile dans l’espace et par suite le rouleau r ; le papier ne bouge pas en cet endroit, mais alors la
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- portion qui vient de recevoir l’impression glisse sur. le liège et est remplacée par une nouvelle destinée à recevoir le caractère suivant.
- La'bande avance ainsi d’une longueur constante à chaque impression.
- Impression des blancs, inversion des séries. — Quand la combinaison correspond à l’un des
- FIG. 38
- FIG 37
- blancs, l’absence de type donne lieu à un espace blanc sur la bande de papier qui - progresse alors de la même quantité que si l’impression d’un caractère avait eu lieu.
- Si le blanc transmis est celui de la série qui vient d’être mise à contribution, nous savons que la
- plaque d’inversion correspondante est à l’intérieur, par suite le creux correspondant sur la roue d’im-prèssion est dégagé ; l’introduction de la came dans ce creux ne produit aucun effet.
- Si, au contraire^ après avoir envoyé des - caractères d’une certaine série on envoie le blanc de l’autre série, il se produit encore un blanc sur lé papier, mais la came rencontre dans le creux cor-
- respondant la'plaque d’inversion qui l’obstrue» chasse cette dernière avec force et produit le décalage ou inversion, par rapport à la roue d’impression, des bras B, B', B", du manchon et de la roue des types.
- A partir de ce moment et jusqu’à ce que l’on ait envoyé l’autre blanc, ce sont les types de la seconde série qui sont en regard des creux et qui viendront par suite s’imprimer sur la bande de papier (‘).
- (A suivre.) J. P.
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- DU FOYER DE L’OPÉRA
- Les essais d’éclairage électrique qui ont eu lieu, il y a quelques temps, dans le foyer de l’Opéra et les deux petits salons situés à chaque extrémité de ce foyer étaient faits à l’aide de trois systèmes de lampes : des lampes Maxim pour ces deux petits salons; des lampes-soleil et des lampes Edison pour le foyer proprement dit.
- Les lampes Maxim étaient installées de la même manière dans les deux salons extrêmes. Dans chacun d’eux, on voyait sur la cheminée deux espèces de candélabres garnis de lampes Maxini. On se rappelle que ces lampes ont parfaitement fonctionné ; leur lumière péchait plutôt par l’excès que par le manque de vivacité et cette expérience a montré que les lampes à incandescence peuvent convenir pour l’éclairage d’espaces relativement restreints, tels que les salons en question.
- L’éclairage du foyer proprement dit a eu, lui, deux phases. Dans les premières expériences, celles des i5 et 18 octobre, il était éclairé seulement par des lampes Edison mêlées sur les lustres avec des becs de gaz. Cet arrangement ne laissait pas la faculté déjuger de l'effet qu’auraient produit seules les lampes Edison; mais il permettait de voir que leur intensité était à peu près équivalente à celle - d’un bec de gaz. On pouvait donc juger que l’effet produit serait sensiblement le même qu’avec les becs de gaz, à cela près que les petites dimensions des foyers, comme nous l’avons déjà signalé, les rendent beaucoup plus éblouissants que le gaz.
- L’éclairage était donc satisfaisant jusqu’à un certain point, mais il laissait à désirer sous le rapport de l’illumination des peintures du plafond. Aussi quelque temps après a-t-on ajouté à la partie supérieure de chaque lustre deux lampes-soleil. On sait que ces lampes peuvent être disposées de ma-
- (•) Une légère erreur 6’est glissée dans le dernier article. A la page 128, 2e colonne, ligne 11, il faut lire lïg. 23, au lieu de fig. 4.
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- ÉCLAIRAGE DU FOVER DE L’OPÉRA A I A LUMIERE ÉLECTRIQUE.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- nière à projeter leur lumière soit de haut en bas, soit de bas en haut. C’est de cette dernière façon qu’elles ont été établies dans le foyer de l’Opéra comme le représente le dessin ci-joint.
- Les lampes Edison portées par les lustres complétaient alors l’éclairage. La lumière projetée sur les peintures était très belle et un médaillon dont là moitié avait été nettoyée montrait que si l’on „restaurait ainsi tout le plafond, les belles peintures de Baudry pourraient enfin, avec cet éclairage, être vuès comme elles le méritent.
- La partie inférieure du foyer était certes bien éclairée par les lampes Edison, mais il est évident que les lustres sont un obstacle au coup d’œil du plafond et que l’effet serait bien meilleur en remplaçant les lustres par des lampes-soleil, montées de manière à projeter leur rayons de bas en haut. Toutes les lampes devraient alors être fixées à des supports muraux et le foyer gagnerait à coup sûr, au point de vue décoratif, à être ainsi dégagé.
- C.-C. Soulages.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- A propos des variations des constantes voltaïques
- En rappelant l’article que nous avons publié sur les variations des constantes voltaïques, inséré dans le n° du ii février de la Lumière électrique, on nous demande quelques détails supplémentaires sur le travail de M. Jacobi, sur les valeurs que nous avons trouvées pour les constantes des différentes piles, et sur ce que nous pensons des causes de l’accroissement de la résistance des piles avec la résistance du circuit extérieur.
- Sur ce dernier point je ne suis pas encore fixé, et comme je l’ai déjà dit, j’avais cru trouver quelques explications que des expériences ultérieures m’ont démontré ne pas être complètement satisfaisantes ; mais le travail de M. L. Lossier, résumé dans notre numéro du n février, p. i38, pourrait, si la formule qu’il donne et son hypothèse sont exactes, fixer les idées sur le rapport de*e à I que nous n’avons pu apprécier (*). En effet, d’après cette formule, la quantité e qui représente la force électro-motrice de réaction et qui paraît n’être que celle qùe nous avons désignée par e dans nos formules, c’est-à-dire ' la force électro-motrice de
- (*) Suivant M. Ed. Becquerel,-la quantité e, qui est fonction de I, est représentée par une expression de la forme c -f- c'I + c" I 2 +, etc., dans laquelle c, c', c" sont des constantes. Par suite, on peut conclure que les valeurs de e doivent croître avec I dans un rapport beaucoup plus lent que cette quantité.
- polarisation, serait proportionnelle à la racine carrée du produit dé l’intensité du courant par la résistance dé la pile ; elle croîtrait par conséquent moins rapidement que l’intensité du courant, ce qui répondrait à l’expérience et à la déduction que j’ai tirée de la formule donnant la valeur de E, p. 122 (2e colonne). Mais cette formule ne rendrait pas compte de l’accroissement de la résistance dé la pile avec l’augmentation de la résistance du circuit, car I variant proportionnellement à e3 et I variant en raison inverse de la résistance dn cir-
- cuit, le rapport y qui représente r resterait inva-. riable,
- On pourrait peut-être attribuer cet accroissement de résistance à ce fait que l’oxydation et la sulfatation du zinc qui se produisent dans la pile sous l’influence du courant rend la solution d’autant plus conductrice autour de l’électrode positive (zinc), que" ce sel se forme en plus grande quantité dan s. un temps donné, ou, ce qui revient au même, que le courant est plus fort. Conséquemment, cette conductibilité doit diminuer à mesuré que le circuit devient plus résistant. Avec une pile formée d’un fil de fer et d’un fil de cuivre, séparés par du papier et plongés dans de l’eaü distillée, on voit l’intensité du courant augmenter avec la prolongation de la fermeture du courant, et cet accroissement s’effectue d’autant plus lentement qpe le circuit est plus résistant. (Voir mes Recherches sur les maxima électro-magnétiques, p. 26.) Reste à savoir comment cette explication pourrait s’adapter aux piles dont le liquide excitateur est sursaturé. Y aurait-il alors inégalité de conductibilité en divers points de la masse liquide ? Il y a peut-être aussi d’autres effets encore mal étudiés qui interviennent dans les effets électrolytiques; ainsi, il arrive souvent que dans les électrolytes très résistants, tels que les silex, les quartz résinites, etc., et même des liquides résistants, tels que l’eau distillée, ayant pour électrodes des lames de platine, le courant, au lieu de diminuer d’intensité avec le temps, augmente au contraire. Il semblerait donc, dans ce cas, que la résistance de l’électrolyte exigerait une certaine force ou un certain temps pogr permettre à la polarisation de ses molécules de s’effectuer intégralement. Dès lors, plus le circuit serait résistant, moins cet effet pourrait être obtenu promptement, et plus, par conséquent, la résistance de l’électrolyte semblerait augmenter. Mais, comme je le disais, toutes ces hypothèses sont loin d’être démontrées. (Voir mes Recherches su^- la conductibilité électrique des corps médiocrement conducteurs, p. i32 et 48. Voir aussi notre article Sur les effets électriques produits au sein ffs corps médiocrement conducteurs, tome II de ce journal, P- 471-)
- Quant aux valeurs des constantes que j’ai dé*
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- duites d’expériences prolongées avec circuits résistants, on peut les trouver dans le tableau suivant :
- Valeurs Valeurs Valeurs de E par
- de E de R rapport u l’életnent Daniell.
- i» Élément Daniell (moyen olun
- modèle) 2° Élément Bunsen (moyen 59“3 9,3i 1,00
- modèle). . 3° Élément Delaurier (moyen 11123 i,53 >,8û
- modèle). 40 Élément à bichromate de potasse, à sable et à 12413 3,66 2,08
- écoulement continu. . 5° Élément Duchemin auper-chlorure de fer et eau 11400 6,00 1,91
- salée (moyen modèle). 6e Élément à acide sulfurique 9640 9,42 1,61
- et eau 7° Élément Marié-Davy à sulfate de mercure insoluble, les deux liquides séparés (petit modèle). 8° Élément Leclanché (moyen modèle) en service de- • 8547 8,80 1,43
- 8192 5,5o. 1,37
- puis longtemps 9® Élément Warren De la Rue,petitmodèle cons- 7529 4,00 1,25
- . truit par M. Gaiffe. . . io° Élément au sulfate de 5596 7,48 0,94
- plomb minéral 33oi 8,80 o,55
- Voici maintenant les résistances de quelques-unes des piles précédentes, avec circuit court, d’après M. Ed. Becquerel :
- ohm
- i° Couple Grove (moyen modèle)............0,1418
- — (petit ' — )........... 0,2062
- 20 Couple de Bunsen (moyen modèle) ... 0,4132 à 0,2072 — (petit — ) . . . 0,5770
- 3° Couple de Daniell (moyen modèle). . . . 0,5964 à 0,5694 — (petit — ).'... . i,Goi8
- 4° Couple à sulfate de plomb (moyen modèle) 2,258
- Relativement au mémoire de M. Jacobi, voici les valeurs déduites de ses expériences pour un élément Daniell :
- Résistances Intensité Valeurs Valeurs
- du circuit extérieur. du courant de E de r
- ( R = 3,659 1 R' = 11,268 (R = 3,65g ( R' = 16,948 35°20' V 14041' ) 3lÔ2 0,798
- 35“14' ) I0°I0' ) 3192 0,860
- j R = 3,659 tR' = 22,501 35°10' \ 7°6o' ) 35°9' | 6®20' ) 3214 0,901
- < R — 3,65g IR' = 28,292 3236 0,933
- ( R = 3,659 IR' = 33,683 35°6' j 5°2l' j 3236 0,944
- (R = 3,65g IR' = 67,144 35®i' ) 2®44' f 335o 1,128
- Après avoir démontré par le calcul que cette
- augmentation des constantes avec la résistance
- extérieure peut-être rapportée à l’accroissement de la force électro-motrice qui pa'raît réel, il conclut de la manière suivante :
- « Il est probable que les chiffres correspondant aux forces électro-motrices obtenues par la méthode d’opposition et avec laquelle l’intensité du courant est réduite à zéro, expriment le maximum de la force électro-motrice dont une [pile est susceptible. Par conséquent on commettrait une erreur en appliquant ces chiffres aux piles en action engendrant un courant d’une intensité donnée. Il est possible que le désaccord que nous venons de mentionner entre l’éxpérience et la théorie puisse s’expliquer en admettant une résistance de transition, fonction de la force du courant. Quoi qu’il en soit, on peut toujours dire que la loi de Ohm, éminemment utile s’il s’agit d’en déduire des résultats pratiques qui admettent une certaine latitude, a rempli sa mission en ce qui concerne les progrès que cette loi a fait faire à la science, et que cette loi ne peut être employée qu’avec la plus grande précaution dès qu’il s’agit de recherches scientifiques et sérieuses. »
- Th. du M.
- Fanfare d’Ader.
- Enfin nous avons le mot de l’énigme, et nous connaissons aujourd’hui le mécanisme de l’appareil de M. Ader au moyen duquel un petit air de chasse chanté à mi-voix dans un transmetteur de condensateur chantant, peut se trouver à tel point amplifié qu’on croirait entendre un cor de chasse. On doit se rappeler qu’il y avait à côté les uns des autres quatre appareils de ce genre, et que quatre chanteurs faisant chacun leur partie, faisaient entendre un quatuor d’airs de chasse qui ont beaucoup intrigué les curieux,à l’Exposition. Nous avons donné dans notre numéro du 14 janvier l’aspect extérieur de cet appareil auquel on avait donné le nom de fanfare, et nous donnons, aujourd’hui le dispositif intérieur de l’un des systèmes microphoniques qui le composaient.
- Ce dispositif consiste dans un électro-aimant en fer à cheval AB muni à ses extrémités polaires de lames plates de fer doux tournées l’une vers l’autre et portant des bobines applaties E, E' n’atteignant pas leurs extrémités. Celles-ci sont distantes à peine de 2 millimètres l’une'de l’autre, et au devant d’elles, se trouve une petite armature très légère de 3 millimètres de largeur sur 8 de longueur et 1 d’épaisseur, supportée par un taquet de bois collé à une petite planchette très mince de sapin formant diaphragme vibrant. C’est devant cette planchette que se trouve appliquée la petite boîte de résonnance où est emmanché le cornet de cuivre qui forme trompette ; et la distance de la petite armature aux pôles magnétiques est réglée de telle façon qu’au
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- moment de l’action du courant, il se produit un choc entre ces deux parties du système magnétique. Or ce sont ces chocs multipliés qui, à la façon de roulements de tambour, reproduisent les sons de cor dont nous avons parlé, et qui ne sont pas toujours d’une grande harmonie. On a essayé d’appliquer ce système à la reproduction de la parole, mais les quel-
- FIG. 5 t
- ques mots qu’on a pu obtenir étaient si rudes qu’on a dû y renoncer.
- v Les transmetteurs n’étaient autres que des transmetteurs de Reiss à contact de platine, et ils étaient réglés comme pour le condensateur chantant, seulement la construction en était plus robuste et mieux entendue; trois éléments Leclanché étaient employés pour chaque microphone*. C’étaient quatre
- des sonneurs de cor de l’Alcazar qui faisaient fonc tionner l’appareil à l’Exposition.
- A propos du transport de la force motrice à grande distance.
- Nous avons publié dans notre dernier numéro une communication sur ce sujet faite par M. Marcel Deprez à l’Académie des sciences.
- Une erreur d’impression, facilement corrigeable du reste, s’est glissée dans le tableau de comparaison qui y figure. Le travail utile dans l’expérience de M. Marcel Deprez n’est pas de 3 kilo-grammètres 8, mais bien de 38 kilogrammètres.
- M. Deprez nous fait remarquer à ce propos que la machine réceptrice est un petit type Gramme à galvanoplastie, servant également d’excitatrice aux machines à courants alternatifs de quatre bougies électriques. Dans des essais de force à très courte distance, son travail utile a toujours été inférieur à un demi-cheval.
- Après l’avoir modifiée, M. Marcel Deprez a pu en particulier lui faire donner comme travail utile jusqu’à 42 kilogrammètres avec une ligne de 34 kilomètres de fil télégraphique de 4 millimètres de diamètre.
- CORRESPONDANCE .
- Berlin, le 3 février 1882.
- A la Direction de la Lumière électrique, Paris.
- Ci-joint, lé soussigné a l’honneur de vous présenter une note qu’il vous prie d’insérer dans votre journal.
- Je profite de l’occasion pour vous exprimer mes remerci-ments de ce que vous avez bien voulu insérer un extrait de mon mémoire sur les machines dynamiques dans votre journal, l’année passée. J’espère que vous m’ouvrirez vos colonnes encore une fois pour répondre aux articles de M. Deprez que, jusqu’à présent, j’ai laissés sans réponse. Pour ne pas abuser de votre bienveillance, la rédaction de l’article est la plus courte possible.
- Agréez, messieurs, etc.
- D.' O. Frœlich.
- Sur la théorie des machines dynamo-électriques et la distribution de l’énergie de M. Marcel Deprez par O. Frœlich.
- Dans une série d’articles publiés dans ce journal, M. De-, prez a traité les questions de la théorie des machines dynamiques, de la transmission électrique de l’énergie et de la distribution de l’énergie. Plus tôt, j’avais publié (Académie des sciences de Berlin, séance du 18 novembre 1880), un mémoire, dans lequel j’ai décrit la série étendue d’expériences de la maison Siemens et Halske sur ce sujet et j’ai donné une théorie complète de la machine dynamique et de la transmission électrique de l’énergie; de ce mémoire, M. Guerout a bien voulu donner un extrait dans ce journal, (1881, numéro 28), et il sera réimprimé dans les actes du congrès des électriciens.
- Quoique M. Deprez ait pris connaissance démon mémoire, il ne fait nulle part allusion à nos résultats; j’aurais cru que
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- ces résultats méritaient d'être mentionnés, surtout parce qu'ils sont tirés de plusieurs centaines d'expériences relatives aux machines Siemens et Halske et Gramme, tandis que la seule expérience citée dans les articles de M. Deprez " est une expérience des officiers de Chatam.
- Quant à la théorie même de M. Deprez, je ne peux reconnaître ni qu'elle soit juste, ni qu’elle soit complète; d'après mon opinion, elle contient de graves erreurs et de grandes lacunes, et je me permettrai d'en signaler les plus importantes.
- Toute la théorie de M. Deprez est basée sur la courbe qu'il appelle « caractéristique ». Pour déterminer cette courbe, il lance dans le circuit inducteur des courants d'intensité déterminée; il fait tourner l'anneau induit et il mesure la force électro-motrice produite dans l'induit.
- Il croit que, s'il rétablit la communication entre l'inducteur et l’induit, de sorte que la machine s'excite elle-même, si le courant et la vitesse ont les mêmes valeurs que dans la première expérience, la force électro-motrice sera la même qu'auparavant.
- C’est une erreur; la force électro-motrice sera beaucoup moindre dans le second cas; j'ai prouvé par des expériences que ce défaut peut monter jusqu'à 25 pour 100.
- L'erreur consiste en ce que M. Deprez oublie l'influence démagnétisante des fils de l'induit; cette influence est la même qui nous force à tourner le commutateur de sa position naturelle — dans les points neutres — dans le sens de la rotation ; l'importance de cette influence est donc connue à chaque électricien.
- Si cette influencé n'existait pas, on pourrait, avec la caractéristique de M. Deprez, résoudre toutes les questions de la machine; mais comme cette influence existe, toutes les déductions de la caractéristique ne sont pas justes.
- Dans la courbe du courant — c'est-à-dire la relation entre l'intensité du courant et le rapport de la vitesse à la résistance— sur laquelle j'ai basé ma théorie, — l'influence citée ainsique toutes.les influences secondaires sont comprises.
- Dans toutes ses publications, M. Deprez prétend que la relation qui existe’entre Vintensitè du champ magnétique et Vintensitè du courant, n'est pas encore connue.
- Dans mon mémoire, j'ai déterminé cette relation pour une machine Siemens et Halske et une machine Gramme, et je peux ajouter que, dans ce moment, il n'existe pas une machine de Siemens et Halske, pour laquelle cette relation n'est pas complètement connue. C'est même le cas avec les machines pour l'électrolyse, bien que dans ces machines il est impossible de mesurer le courant directement par des instruments. En outre, dans nos expériences citées, nous avons séparé les deux causes du magnétisme actij, comme je l'ai appelé, ou de l'intensité du champ magnétique, c'est-à-dire, la cause principale, la magnétisation par les fils de l'inducteur, et la cause secondaire, la démagnétisation par le^ fils de l'induit. Pour ces deux influences j'ai donné des formules simples confirmées par l'expérience.
- D'après mon opinion, la. connaissance de l'intensité du champ magnétique représente la partie la plus importante de l'étude d’une machine électrique, et je suis étonné que M. Deprez n'ait pas encore acquis cette connaissance pour les machines dont il se sert.
- Quant à Venroulement, M. Deprez passe d’un enroulement à l'autre en supposant que l’intensité du champ magnétique estproportionnelle.au nombre de tours de fil dans l'inducteur. J'ai prouvé par des expériences que cetté supposition s'écarte beaucoup de la vérité ; pour les électro-aimants des machines Siemens et Halske l'influence du nombre de tours est proportionnelle à la puissance f de ce nombre ; pour les électro-aimants de la machine Gramme la loi sera peut-être une autre, mais sans doute pas la simple proportionnalité.
- M. Deprez s’occupe beaucoup, dans la transmission électrique de Vénergie, de l’influence de la résistance de la ligne sur le rendement économique. Il paraît croire que le rendement t soit indépendant de la résistance de la ligne. Nous
- avons démontré par nos expériences que le rendement se diminue considérablement par la résistance, et j'ai donné la formule pour cette diminution.
- Quant à la possibilité de transmettre de considérables énergies par des fils de peu d'épaisseur, je crois que chaque électricien qui ait expérimenté avec la même machine sous deux différents enroulements, s'en soit convaincu.
- La question principale sera.toujours celle des tensions; employer de minces conducteurs, c’est employer de. faibles courants et de hautes tensions; et les dernières peuvent produire des effets funestes dans les machines et dans les lignes.
- L'exemple calculé par M. Deprez pour démontrer cette possibilité (voir ce journal, 1Q81 p. 323) sera impossible * à exécuter pour une véritable installation, aussi bien à cause de la vitesse employée (2387 tours) que de la tension (6q52 volts); si l'on emploie des fils nus comme conducteurs, chaque homme sera tué qui touche les fils; si l’on emploie des câbles, ils seront détruits par la tension.
- Passons à la distribution de l’énergie.
- Là, M. Deprez introduit un enroulement séparé, dont il recouvre en partie les inducteurs de la machine primaire et qu'il fait parcourir par le courant d'une machine spéciale; il prétend que par cet arrangement et en employant une certaine vitesse, il peut maintenir constante ou la différence des potentiels aux pôles, si la machine est excitée par son courant entier, ou l’intensité du courant extérieur, si la machine est excitée en dérivation. Il croit que cet arrangement effectue une régulation automatique, de sorte que la constance de la différence des potentiels ou de l'intensité du courant se maintient par les conditions électriques du système.
- Je conteste la constance prétendue dans les deux cas.
- D’abord, on déduit directement des expériences qu'en ajoutant cet enroulement spécial, dans une machine spéciale connue, on peut au plus un peu aplatir les courbes de la différence des potentiels ou de l'intensité du courant; mais jamais on n'arrivera à la constance, ni même à peu près.
- Puis, quand on examine les déductions de M. Deprez, on trouvé facilement l’erreur commise.
- Pour arriver à ses théorèmes de constance, M. Deprez remplace sa-caractéristique par une ligne droite partant de lforigine des coordonnées. En général, la caractéristique est une courbe qui ressemble à une ligne droite oblique au commencement et à une ligne droite horizontale à la fin; entre ces deux extrêmes, c'est-à-dire pour des courants d'intensité moyenne, la caractéristique, présente le maximum de courbure. Mais c'est justement dans cette partie moyenne que les applications s'exécutent; on n'emploie, en pratique, ni des courants très faibles, ni des courants très forts, mais des courants d'intensité moyenne.
- Les théorèmes de M. Deprez n'existent plus si la caractéristique ne peut pas être remplacée par une ligne droite, et ils s’écartent de la vérité d'autant plus que la courbure delà caractéristique est grande ; la constance prétendue n'a donc lieu que pour des courants très faibles, jamais pour les courants ordinaires.
- D'ailleurs, l'arrangement de M. Deprez est d'un caractère mixte, sa machine est en partie magnéto-électrique, en partie dynamo-électrique; mais ni la machine magnétique, ni la machine dynamique donne constance, ni de la tension aux pôles, ni du courant. Par la combinaison des deux systèmes on ne gagne non plus quelque chose à cet égard.
- Je ne me serais pas permis de faire autant de critique dans ce qui précède, si je 11e pouvais pas présenter à MM. les électriciens quelque chose de positif de mon côté; en outre, mon mémoire cité plus haut portait un caractère plutôt scientifique.
- Je prie donc MM. les lecteurs qui, s'intéressent à ce sujet, de bien vouloir parcourir un article qui paraîtra prochainement, dans VEleklrotechnische Zeitschrift. Dans cet article, je répéterai les résultats principaux du mémoire cité et je
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- démontrerai, avec des exemples, comment il faut procéder, d’après mon opinion, pour bien connaître une machine. De nouveaux théorèmes sur l’énergie des machines seront ajoutés et des règles simples seront données, par lesquelles chaque ingénieur électricien est en état de résoudre un problème quelconque de distribution de l’énergie.
- O. Frœlich.
- Notre collaborateur, M. Marcel Deprez, à qui nous avons communiqué le note qu’on vient de lire, nous a adressé en réponse la lettre suivante :
- Monsieur le Directeur,
- Les idées nouvelles sont assurées de rencontrer de l’opposition; c’est même une des meilleures preuves qu’elles sont nouvelles. J’avais pris la ferme résolution de ne faire aucune réponse aux objections qui pourraient être élevées contre les théories que j’ai exposées dans la Lumière électrique, estimant qu’elles se défendent par elles-mêmes et sachant d’ailleurs que les expériences que je termine achèveront d’en donner la complète justification.
- Je crois cependant devoir faire une exception pour la noie de M. Frœlich. Sans parler de la valeur personnelle de celui-ci, il est l’ingénieur de la maison Siemens et Ilalske, ce qui donne à sa communication un caractère particulier. J’y réponds donc, malgré sa forme, qui aurait pu être plus courtoise.
- Je relève d’abord « une grave erreur •>, pour parler le langage de M, Frœlich. Il dit que je n’ai pas cité ses travaux bien que les connaissant; c’ést inexact. Je les ai cités dans la communication que j’ai faite à l’Académie des sciences le 16 mai 1881. Dans le travail inséré dans la Lumière électrique il n’y avait pas lieu de s’en occuper. M. Frœlich a réuni des expériences et en a tiré des formules empiriques ; j’ai fait un exposé de principes d’où j’ai déduit des théorèmes et des procédés rigoureux qui n’ont aucun rapport avec les mémoires ’de cet ingénieur. Lorsque j’ai eu à choisir une expérience pour donner un exemple numérique, j’ai pris un des résultats de Chatam^ parce qu’ils ont été obtenus par un corps d’officiers indépendants, en dehors de toute préoccupation industrielle, et qu’il m’offrait toutes garanties d’exactitude.
- Je passe aux objections; mais je dois faire une remarque générale; presque dans toutes, M. Frœlich m’attribue des affirmations et des modes d’expérience qui ne sont pas les miens et les réfute ensuite plus ou moins victorieusement; je ne puis supposer que le procédé soit voulu, mais je suis alors obligé d’admettre que M.*Frœlich ne m’a pas compris, ce qui est fâcheux.
- Il estime d’abord que la courbe que je nomme caractéristique est inexacte, parce qu’il suppose que je mesure les forces électro-motrices en laissant tourner l’anneau induit à circuit ouvert. Je dois dire que le procédé que j’ai indiqué dans les Comptes rendus de VAcadémie des sciences (16 mai 1881) pour obtenir la caractéristique n’est pas celui que j’ai appliqué dans les expériences que j’ai faites depuis; aussi ne l’ai-je pas indiqué dans la publication de la Lumière électrique (3 décembre 1881). Dans toutes les courbes que j’ai relevées, la force électro-motrice a été obtenue en multipliant la résistance totale (machine comprise) du circuit par l’intensité du courant mesurée au moyen du galvanomètre Deprez. Mais je m’empresse de dire que les théorèmes que j’ai établis relativement aux propriétés delà caractéristique subsistent dans les deux cas, la forme seule de cette courbe étant modifiée. Dahs ces conditions, l’observation de M. Frœlich tombe complètement à faux, et la caractéristique permet réellement, comme il le dit, de résoudre toutes les questions relatives aux machines, ce que 11e permettent pas les courbes et les formules de M. Frœlich.
- Elle permet, par exemple, de connaîtra les résistances des circuits, les différences de potentiel en deux points, le mo-
- de de fonctionnement des machines excitées en dérivation* problèmes insolubles autrement, puisqu’on ne connaît pas l’équation de la courbe, et dont les procédés de M. Frœlich ne fournissent certainement pas la solution.
- Celui-ci ajoute que je ne connais pas la relation qui existe entre l’intensité du champ magnétique et celle du courant, tandis que lui la connaît parfaitement. C’est une illusion et il n’y a rien de tel dans ses mémoires ; il prend pour expression de l’intensité du champ magnétique une quantité M qui représente en réalité la force étectro-motrice pour une spire induite à la vitesse d’un tour par seconde. C’est une quantité qui est fonction du champ magnétique comme la force électro-motrice: elle est d’ailleurs facile à retrouver dans ma caractéristique, si on en a besoin, mais cette notion n’apporte rien de particulier, si ce n’est un peu d’obscurité. D’ailleurs les courbes relevées par M. Frœlich ne donnent pas de loi ; elles fournissent pour certains cas particuliers la connaissance d’une série de valeurs de la relation : de là à une loi il y a loin.
- M. Frœlich me reproche d’avoir supposé que l’intensité du champ magnétique est proportionnelle au nombre de tours du fil autour du noyau aimanté. Je n’ai jamais fait la supposition erronée qu’il m’attribue, tout au contraire. Je cite l’exposé en discussion (Lumière électrique du 3 décembre 1881, page 323) « Parmi les éléments des machines, il en est un dont la loi de variation est mal connue, on sait imparfaitement comment le champ magnétique se modifie lorsque Vintensité du courant et Venroulement de fils changent ; afin d’éviter cette difficulté, nous ne ferons pas varier le champ magnétique dans la machine; pour cela nous remarquerons que : Vintensité du champ magnétique ne change-pas quand le produit du nombre des tours de fil des bobines des électro-excitateurs par Vintensité du couran t est constant, à la condition que le volume total du fil reste inaltéré. »
- On voit qu’afin d’éviter d’appliquer une loi incertaine, j’ai pris un cas spécial où la géométrie donne une solution rigoureuse.
- Voir encore sur ce point la page 828 et la figure, car jè ne puis tout citer; c’est précisément le contrepied de ce que m’attribue M. Frœlich, celui-ci n’a pas compris ; il m’est bien difficile de concevoir comment cela a pu arriver tant la phrase que j’ai citée et l’ensemble du raisonnement sont clairs.
- En ce qui concerne la transmission de l’énergie, M. Frœlich voit avec regret que je parais croire le rendement indépendant de la distance. Je fais mieux que de le croire, j’en suis sûr, et j’ai démontré que cela était vrai, mais pas au sens absurde que m’attribue l’ingénieur allemand : il n’y a pas besoin d’expériences pour comprendre que deux machines données, marchant toujours dans les mêmes conditions, ne donneront pas le même rendement à toutes les distances. Ce n’est pas ce que j’ai dit; j’ai dit qu’en se plaçant dans des conditions que fai indiquées, 011 peut toujours obtenir un travail déterminé avec un rendement déterminé quelle que soit la distance; j’ai expliqué par quel moyen, j’ai pris soin de montrer que ce principe était général quelle que fût là nature du travail transmis : je ne puis refaire ici la démonstration pour M. Frœlich qui ne l’a pas comprise : elle est pourtant bien simple.
- Les hautes tensions nécessaires pour les transports lointains effrayent beaucoup M. Frœlich qui pense qu’elles tueront les hommes et détruiront les câbles : qu’il se rassure, je fais journellement usage de tensions qu’il n’a jamais atteintes; les hommes et les câbles se portent bien.
- Sur le point principal relatif à la distribution, l’ingénieur allemand fait un assez long développement où il se rencontre* des raisonnements étranges : celui-ci par exemple. « Ni la machine magnéto, ni la machine dynamique ne donnent la constance ni de la tension aux pôles ni du courant. Par la combinaison des deux systèmes on ne gagne rien non plus à cet égard. » Il est hardi d’affirmer, parce que les deux,systèmes sont inconstants, que leur somme le sera; il se peut
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- parfaitement que les inégalités se compensent. Au reste cela n’a qu’un rapport éloigné avec mon système.
- Au fond l’argument unique de M. Frœlich est celui-ci : La caractéristique ne peut se remplacer par une ligne droite, condition essentielle de mon procédé. Je n’ai jamais considéré cette substitution * que comme une approximation, ainsi qu’il est aisé de s’en assurer en lisant l’exposé, mais une approximation parfaitement suffisante pour la pratique. M. Frœlich n’est pas de cet avis, seulement son jugement est une appréciation san.s preuves ; je pourrais la négliger comme telle. Mais je ferai mieux, je vais entreprendre la publication des .nombreuses expériences que j’ai faites sur ce point et je montrerai avec quelle approximation et dans quelles limites la substitution est admissible.
- M. Frœlich annonce en terminant la publication de mémoires donnant des règles simples pour résoudre un problème quelconque de-distribution de l’énergie. Si j’ai eu tort de ne pas citer ses études, que dirai-je de lui qui semble oublier que j’ai montré ma solution en fonction pendant trois mois.
- Probablement avant que son mémoire ait vu le jour, la distribution sera en fonction dans de grandes proportions. Lorsqu’il en aura autant à montrer, s’il le désire, nous reprendrons la discussion.
- Marcel Depkez.
- FAITS DIVERS
- A l’Exposition d’électricité, organisée à Saint-Pétersbourg dans l'ancien dépôt du sel, le public est admis, à partir de sept heures du soir. Le prix cfentrée est d’un rouble, celui des auditions téléphoniques d’un rouble par quart d’heure. Il paraît que cette exposition d’électricité, bien qu’elle soit moins importante que celle du Palais de Cristal de Sydenham à Londres, attire une grande foule de visiteurs.
- Un accident a eu lieu le 22 janvier à l’exposition d’électricité ouverte en ce moment à Saint-Pétersbourg. Un commencement d’incendie a éclaté, une planche soutenant une bougie Jablochkoff ayant subitement pris feu. Des secours ont été heureusement organisés avec la plus grande célérité et les flammes ont été bientôt éteintes, grâce au jet puissant d’une pompe à moteur électrique.
- Éclairage électrique
- Le Conseil municipal de Toulon vient d’accorder au directeur du grand théâtre de cette ville une subvention de quinze cent francs, pour faciliter l’établissement de l’éclairage électrique, ainsi que l’emplacement nécessaire pour installer le moteur. Les premiers essais vont avoir lieu ces jours-ci.
- A Besançon, chef-lieu du département du Doubs doivent avoir lieu prochainement des essais d’éclairage électrique.
- L’jEleclrician de Londres annonce qu’un essai d’éclairage de magasins par l’électricité va être fait par un certain nombre de marchands de Brighton. La Compagnie Brush s’est chargée de fournir les lampes et la force au prix de cinq livres sterling par semaine pour chaque magasin. Le courant sera engendré à une station centrale (une fonderie de fer) et sera conduit aux divers établissements (au nombre d’environ douze) par des fils suspendus sur le toit des maisons.
- Les lampes à incandescence Swan viennent d’être adop-
- tées pour l’éclairage des grands magasins de draperies Coxon et C°, â Newcastle sur Tyne. Les lampes sont alimentées par deux machines dynamo Siemens, actionnées par un moteur à gaz Otto de huit chevaux de force. Le système d’éclairage est divisé en quatre sections; quatre câbles quittant les générateurs, qui sont placés dans le sous-sol, passent dans le bureau du directeur, où se trouvent des commutateurs de contrôle, à l’aide desquels on peut éteindre ou allumer aussitôt une ou toutes les sections*.
- Pour la construction d’un pont sur la Ribble sur la ligne du chemin de fer du West Lancashire, les entrepreneurs, MM. Braddock et Mathews se servent de la lumière électrique, afin d’activer les travaux en travaillant de nuit. Les machines employées sont celles de Gramme, et les lampes, celles de Brockie de la British elcctric Light Company.
- Au théâtre du prince de Galles, à Liverpool, viennent d’être faits des essais d’éclairage des corridors avec des lampes à incandescence.
- A Derby, MM. John Davis et fils fabricants d’instruments pour les .mines de houille et constructeurs d’appareils électriques, viennent d’installer, dans leurs ateliers, plusieurs lampes à incandescence Maxim en vue de démontrer que ces lampes peuvent être adaptées aux mines, usines et habitations. Ils ont aussi, dit FEleclrician, fourni de ces lampes à un magasin de tailleur de la ville, èt doivent se charger prochainement de la pose des appareils nécessaires à l’éclairage de boutiques et de bureaux à l’aide de foyers à arc et à incandescence. C’est le premier essai d’éclairage électrique qui ait encore eu lieu à Derby, ville dont la population est d’environ quarante-cinq mille habitants.
- Une nouvelle compagnie d’éclairage électrique vient de se constituer à Londres. C’est 1’ « Hammond Electric Light and Power supply Company. » Elle se propose d’acheter de MM. Hammond et Ce leurs établissements d’éclairage électrique, qui comprennent les concessions Brush et le brevet Lane-Fox.
- A Saltaire, dans le comté d’York, le hall et les salles du Saltaire Instituteont été éclairés, la semaine dernière, le jour de la réunion annuelle, au moyen de l’électricité. Dans les deux salles de bal, où se trouvaient Lord et Lady Bective et Sir Titus Sait, brûlaient des lampes Brush, alimentées par une machine Siemens. Un petit chemin de fer électrique Siemens, posé dans le hall, en a fait le tour pendant toute la durée d’une conférence organisée par M. Barrett, de Dublin. Plusieurs personnes avaient pris place dans les wagons de ce railway miniature.
- Paisley, la grande ville industrielle du comté de Renfrew, en Écosse, a été.brillamment illuminée, la semaine dernière, à l’occasion de l’inauguration d’un nouvel hôtel de ville. La vieille abbaye, reste du monastère fondé en 1160 p,ar Walter Stuart, l’un des ancêtres de la famille royale d’Ecosse, et dédié par lui à Saint-Jacques et à Saint-Miren, a été éclairée à la lumière électrique. Sir William et Lady Thomson assistaient à ces fêtes.
- UElecirician de Londres apprend que les Junior Carlton et Royal Thames Yacht Clubs vont être éclairés à l’aide de lampes à incandescence de la British Electric Light Company. ______
- Ou annonce la formation d’une nouvelle Compagnie d’éclairage électrique. C’est la South Australian Electric and Power Company.
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- Télégraphie.
- VElcctrician de Londres annonce la formation d’une nouvelle compagnie de câbles électriques, la British Honduras and Cuba Submarine Telegraph Company. L’objet de cette Compagnie est d’acheter et de poser entre Belize, capitale du Honduras britannique, et le cap Antonio à Cuba, un câble de 38o milles de long, confectionné par MM. W. T. Henley. Le gouvernement du Honduras britannique a garanti une somme de mille livres sterling par an, pendant vingt ans, pour les télégrammes expédiés dans cette colonie ou envoyés du Honduras par ce câble. On calcule que tout sera prêt à fonctionner vers la fin d’avril prochain.
- Aux États-Unis, la Compagnie des télégraphes Western Union Telegraph Company vient d’augmenter ses tarifs pour messages. Dans quelques cas, l’augmentation va jusqu’à cent pour cent et dans aucun cas elle n’est inférieure à 3o pour cent.
- Un journal américain dit qu’il y a plus de neuf milles de lignes de télégraphes et dé téléphones dans les rues et sur les toits des maisons de la ville de New-York et que 35oo de ces milles appartiennent à la Metropolitan Téléphoné Company.
- Son Excellence le baron de Calice et le Directeur général des postes et des télégraphes ottomans viennent de se réunir à la direction centrale des postes et des télégraphes à Constantinople pour y signer une convention relative au rétablissement des relations télégraphiques, avec et par la Bosnie, relations interrompues depuis la guerre. Il a été trouvé commode de passer ce contrat en toute simplicité internationale, nous écrit-on de Constantinople, d’après les principes établis à la conférence télégraphique de Londres, sans la compliquer d’aucune observation spéciale faite en vue des relations particulières dans lesquelles la Porte et le gouvernement autrichien se trouvent par rapport à la Bosnie. A propos de questions télégraphiques, il a été jugé sage de passer sur ces matières et d’agir exactement comme si la Bosnie était réellement une province autrichienne. Un > convention conclue sur cette base semblait d’abord à la Porte comporter quelques objections, mais à la suite du récent échange d’assurances, fait à Vienne, on est venu à mettre de côté ces idées, et la forme simple de convention que désirait l’Autriche a été adoptée. Le public peut donc s’attendre à la prochaine ouverture d’une nouvelle route télégraphique vers l’Europe occidentale.
- Le câble sous-marin russo-japonais entre Vladivostok et Nagasaki, endommagé le 18 décembre, vient d’être réparé. La correspondance avec la Chine et le Japon, dirigée tout ce temps sur l’Inde* s’effectue de nouveau par la ligne russe de Sibérie et par le câble réparé.
- ALewisham, ville d’environ dix mille habitants, dans le comté de Kent, on étudie la question de l’éclairage des rues et places publiques par la lumière électrique.
- M. Crapo vient de présenter au Congrès des États-Unis, un bill préparé par le capitaine Deweydu Light House Board, et réclamant une allocation de vingt mille dollars pour éclairer à l’électricité la fameuse porte de l’Enfer (/7e// &ate). On sait que de redoutables écueils rendaient il y a peu de temps encore extrêmement dangereuse la navigation de la portion de la rivière de l’Est, dite Porte d’enfer, à l’entrée du port de New-York. Le général Newton en a déjà fait sauter une partie avec de la dynamite; mais il en reste deux vraiment formidables; ce sont le Flood Rock et le
- Hog’s Back. On perce en ce moment des galeries sous les roches que l’on ne pourra faire sauter que dans deux ou trois ans. D’après le projet Crapo, la Porte d’Enfer serait éclairée toutes les nuits par un phare électrique en fer de i5o à 200 pieds de haut, dont les feux illumineraient tout le détroit entre Long Island et la riviere de l’Est, et rendraient possi^ ble la navigation de cette passe dangereuse. Chaque nuit des vapeurs et des voiliers sont arrêtés des deux côtés de Hell Gâte qu’ils n’osent se risquer à traverser dans les ténèbres. Ils attendent le lever du jour. L’emploi de la lumière électrique leur permettrait de gagner New-York sans danger. Le foyer lumineux serait installé un peu plus haut que celui d’Union Square à New-Ybrk et il y aurait un double appareil afin d’assurer la permanence de la lumière.
- Téléphonie.
- A la Rochelle, l’administration municipale s’est adressée à la Société générale des Téléphones pour l’installation dans cette ville d’appareils téléphoniques. Samedi dernier, des essais ont eu lieu entre la mairie et les réservoirs de distribution d’eau. Deux appareils des systèmes Ader et Crossley étaient posés au Champ de Mars, aux extrémités du fil aérien qui relie les machines élévatoires à la machine électrique placée au château de Lafont. '
- Plusieurs personnes, qui s’intéressent à la question de l’établissement d’un réseau téléphonique à la Rochelle avaient été conviées à ces expériences dont le résultat a atteint tout ce qu’on pouvait désirer. La voix des deux interlocuteurs placés à 85o mètres l’un de l’autre, arrivait à l’appareil malgré le bruit des machines avec une grande netteté ; on espère que ces essais hâteront la réalisation du projet formé par plusieurs maisons de la Rochelle d’employer le téléphone pour leurs services..
- Dans le numéro du 23 novembre dernier, nous annoncions que l’installation d’un réseau téléphonique à Reims,, était à l’étude. La semaine dernière, dans la salle de la Bourse de Reims a eu lieu une nouvelle réunion en vue de l’organisation de ce réseau. Une centaine de manufacturiers, d’industriels, de négociants avaient répondu à l’appel. Le président de la réunion a invité à se faire inscrire les personnes qui désireraient prendre un abonnement au service téléphonique et a recueilli un assez grand nombre de signatures.
- M. Pender, membre du Parlement britannique et président de l’oriental Téléphoné Company, a reçu le télégramme suivant du major Baring, membre du Conseil du gouverneur général de l’Inde; « J’ai le plaisir de vous annoncer que les bureaux téléphoniques de Calcutta, de Madras et de Bombay sont ouverts. Je vous félicite ainsi que les administrateurs de votre Compagnie de cette heureuse inauguration. »
- En Belgique, les fonderies de fer de M. Montefiore-Levi fabriquent en ce moment de grandes quantités de fils en bronze de phosphore pour installations téléphoniques. On calcule qu’elles livrent de 900 à 1000 kilogrammes de fil en bronze de phosphore par jour.
- (AA'V*
- Un procès engagé par la United Téléphoné Company, qui est propriétaire des téléphones Bell et Edison contre M. Mac Lean d’Édimbourg, vient d’avoir son dénouemeut en faveur des plaignants dont les droits de brevet ont été déclarés avoir été enfreints.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 26872
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- Là Lumière Electrique
- Journal universel (TElectricité
- 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Administrateur-Gérant : Th. DU MONCEL A. GI.ËNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 4 MARS ISS2 N° 9
- SOMMAIRE
- Exposition Internationale d’Électricitè : Exposition des Compagnies de chemins de fer français; Exposition du chemin de fer du Nord (2e article); Th. Du Moncel. — Étude sur le système de transmission multiple et le télégraphe imprimeur de M. Baudot (70 article); J. P. — Nouvelle lampe électrique de M. Solignac; Th. du M. — Exposition Internationale d’Electricité : Appareils de mesures électriques à l’Exposition de l’École supérieure de Télégraphie (5° article): E. Mercadier. — L’installation Brush : C.-C. Soulages. —• Études sur le microphone (ii° article); Dr Boudet de Pâris. — Revue des travaux récents en électricité : Sur les contacts microphoniques dans le vide. — Sur la mesure de la résistance moyenne d’un groupe de piles. — Du vieux neuf. — Résistance électrique des corps isolants sous l’influence de la chaleur. — Correspondance : Lettre de M. Tavernier. — Faits divers.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- EXPOSITIONS
- DÈS DIFFÉRENTES COMPAGNIES DE
- CHEMINS DE FER FRANÇAIS
- f '
- EXPOSITION DU CHEMIN DE FER DU NORD 2e.article (Voir le n° du 28 janvier).
- Comme nous l’avons promis à nos lecteurs, nous allons décrire successivement les principaux systèmes électriques appliquées par l’administration du chemin de fer du Nord sur les différentes lignes de son réseau, et nous allons commencer par les électro-sémaphores de MM. Lartigue, Tesse et Pru-dhomme.
- I. — Électro-sémaphores.
- La description de ces appareils, donnée dans la notice de la Compagnie, est très incomplète, mais nous allons y suppléer par les renseignements que nous avait donnés M. Lartigue. Nous verrons ensuite ce qui a été modifié depuis cette époque.
- Dans les systèmes combinés avant celui de MM. Lartigue, Tesse et Prudhomme, les signaux à vue du block-system étaient toujours séparés
- des signaux électriques; or, cette séparation était un inconvénient réel, et le désidératum était que l’un des signaux se fit sous l’influence de l’autre. En i865, M. Preece s’exprimait en effet ainsi : « S’il était possible de faire fonctionner un signal extérieur par l’électricité, le block-system serait parfait, mais comme la puissance de l’électricité est très limitée, nous n’avons pas encore réussi à produire une force suffisante pour faire fonctionner nos signaux extérieurs avec quelque certitude. Nous sommes donc obligés d’adopter ce. qui s’en rapproche le plus, et de compter sur de petits instruments électriques qui indiquent à l’agent les signaux à faire, en lui montrant ceux qu’il doit exécuter lui-même. »
- Or, ce désidératum a été précisément réalisé dans le système de MM. Lartigue, Tesse et Prudhomme, aujourd’hui adopté sur les chemins de fer du Nord, et c’est l’électro-aimant Hughes qui a permis de résoudre le problème. Eu le faisant réagir au contact de son armature, et en ne lui demandant qu’une action déclanchante, on a pu obtenir, en effet, par son intermédiaire, une force électrique suffisante pour réagir sur les bras séma-phoriques eux-mêmes. Ce moyen, du reste, n’est pas nouveau, et il avait même été employé avant M. Hughes, par MM. Wheatstone et Achard; mais la disposition électro-magnétique de' M. Hughes se prête mieux à cette action que les électro-aimauts ordinaires, et les inventeurs du nouveau block-system ont bien fait d’y avoir recours.
- Grâce à ce moyen d’action, MM. Lartigue, Tesse et Prudhomme ont pu faire en sorte que la manœuvre même du sémaphore ait pour résultat l’envoi d’un signal optique et électrique à la station voisine d’aval, envoi dont l’arrivée à destination peut être certifiée par la répétition du signal sur un voyant disposé au-dessus de l’appareil transmetteur; d’où il résulte que tous les signaux, tant optiques qu’électriques, sont mis en jeu sous l’influence, d’une même manœuvre. De plus, les appareils se trouvent euclanthés par le fait même de la manœuvre, et de telle manière qu’ils ne peuvent être libres d’être manœuvrés de nouveau que sous
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- l’influence d’un déclanchement effectué électriquement par la station en aval, dont le courant déplace en ce moment le voyant d’arrêt pour le remplacer par le voyant de passage. Or, cette action, déterminée par la station d’aval, suit celle que celle-ci doit produire pour couvrir la section de la voie qu’elle commande ; de sorte 'que la manœuvre du signal d’arrêt à une station intermédiaire détermine six effets différents : i° l’apparition du signal optique d’arrêt à son sémaphore; 20 l’apparition d’un signal optique et d’un signal électrique d’avertissement à la station d’aval ; 3° l’enclanchement du manipulateur sémaphorique, à cette station, sous l’influence de la manœuvre qui doit y être faite quand le train a passé; 40 le déclanchement du manipulateur sémaphorique de la station d’amont qui a envoyé le premier signal; 5° la disparition du signal d’arrêt au sémaphore de cette station; 6° l’apparition du signal électrique de la voie libre à cette même station. Nous représentons, fig. 1 et 2, la disposition de cet ingénieux système, dont la construction a été confiée à M. Mors, successeur de M. Prudhomme. Par l’inspection de cette figure, on pourra voir que les différentes pièces qui le composent sont assez solidement établies pour le rendre parfaitement pratique. L’appareil électrique lui-même n’est plus un instrument de cabinet à organes délicats : c’est un véritable appareil de grosse mécanique, dans lequel les ressorts de rappel ont été remplacés par l’action constante de contrepoids, et où rien n’est abandonné aux caprices de l’électricité.
- Les éléments actifs de ce système se composent pour chaque section : i° d’un mât sémaphorique pour les signaux à vue; 20 d’appareils en même nombre que les bras du sémaphore, au moyen desquels on manœuvre à la fois, sur place et mécaniquement, le bras auquel chaque appareil est relié, et à distance électriquement, le bras symétrique du sémaphore correspondant; 3° d’une pile. La figure 2 indique la manière dont ces différentes pièces sont agencées entre elles.
- Sur les lignes à double voie, le sémaphore est ’ composé d’un mât muni de quatre bras mobiles autour d’un axe et dûment équilibrés ; les bras supérieurs, peints en rouge, sont destinés à couvrir les trains expédiés du poste; les brâs inférieurs ou voyants peints en gris servent à indiquer l’expédition des trains des postes voisins. Les premiers sont, d’ailleurs, percés d’une ouverture garnie d’un verre rouge pour les signaux de nuit. Ces bras sont tous à claire-voie, pour donner moins xde prise à l’action du vent, et pour être plus facilement distingués de loin sur le ciel.
- Les appareils manipulateurs destinés à réagir sur ces différents bras sont disposés dans des boîtes de tôle placées à hauteur d’appui sur le mât du sémaphore, et sont au nombre de deux pour les
- chemins à simple voie et de quatre .pour les chemins à double voie. La boîte renfermant la pile est au-dessous de l’une d’elles, comme on le voit du reste fig. 2.
- Ces appareils, dont le jeu est commandé par une sorte de manivelle qui sort de chaque boîte, sont disposés de manière que chacun puisse faire réagir à la fois trois systèmes de mobiles: i° une tringle de traction, destinée à faire basculer mécaniquement chacun des bras sémaphoriques, tringle dont le jeu peut être déterminé soit par le bras de l’homme et l’intermédiaire de la manivelle, quand il s’agit de donner le signal d’arrêt, soit par des contrepoids qui réagissent en sens inverse de la manivelle pour ramener le signal donné dans sa position normale; 20 un système enclancheur agissant sur un embrayeur électro-mécanique qui arrête en temps opportun l’axe moteur pour fournir le signal voulu, et qui le maintient dans sa position, indépendamment de la volonté du stationnaire, jusqu’à ce que survienne un déclanchement électro-magnétique venu de la station voisine; 3° un système de commutateur de circuits qui renvoie le courant d’un appareil dans l’autre, suivant la position de la manivelle, et qui réalise les effets électriques nécessaires aux fonctions multiples que les appareils doivent remplir.
- Dans l’appareil que nous représentons, fig. 1, la tringle de traction n’est pas figurée, pas plus que la manivelle qui en commande le jeu, parce que l’une est en arrière et l’autre en avant de la boîte; mais on en comprendra facilement la position quand nous aurons dit que cette manivelle et la bielle qui agit sur la tringle pour donner le mouvement de bascule au bras sémaphorique, sont fixées sur l’axe C, et de telle manière que quand la bielle est verticale la manivelle est dans la position horizontale. La liaison de la tringle avec le bras sémaphorique est d’ailleurs calculée de manière que, pour un mouvement de la manivelle de 210°, le bras sémaphorique puisse prendre la position horizontale. Ce mouvement correspond à un peu plus d’un demi-tour accompli par la manivelle; mais cela était nécessaire pour échapper le point mort qui se serait présenté à l’action des tirants quand les bras ou ailes du sémaphore se seraient trouvés dans leur situation normale suivant la verticale.
- A l’intérieur de la boîte, et toujours sur l’axe C, se trouvent les pièces qui réagissent sur les différents systèmes dont nous avons parlé précédemment; on y trouve d’abord un doigt D formant avec la bielle du tirant un angle de i5o° et qui constitue comme une espèce de clanche. C’est lui qui, venant buter sur un arrêt après que la manivelle a accompli son mouvement de 210° de droite à gauche, arrête le système et fixe la position des signaux. On y trouve, en second lieu, une excentrique à lima-
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- cheur J, d’autre part, est relié par une tige à vis de rallonge et à coulisse S à l’un des bras d’une équerre articulée Ylf, dont l’autre bras /, muni d’une armature, se trouve maintenu dans une position fixe par l’action d’un second électro-aimant Hughes R. Cet électro-aimant n’est actionné par le courant, que quand celui-ci circule dans un sens inverse à celui qu’il doit avoir pour faire réagir l’autre électro-aimant. Conséquemment, ces deux électro-aimants, quoique interposés dans un même circuit, ne peuvent réagir simultanément. L’axe I de l’équerre, qui correspond à ce second système
- électro - magnétique, est muni, de son côté , d’une tige à contrepoids l' servant de force antagoniste, d’un marteau de sonnerie t, d’une tige armée d’un voyant V (mi-partie rouge et blanc), qui apparaît extérieurement dans un guichet pratiqué à la partie supérieure de la boîte. Le bras Y de ce système porte, de son côté, une armature de fer doux g, destinée, en se collant contre l’aimant R quand son armature/est éloignée, à conserver Sun magnétisme. Enfin, un timbre i et un commuta-
- teur inverseur K, fixé sur le côté droit de la boite, complètent l’appareil. Ce commutateur K est destiné, en inversant le sens du courant à travers le fil de ligne reliant les appareils entre eux, à permettre - des échanges de signaux au moyen de sonneries électriques, sans préjudicier en rien à la marche des appareils sémaphoriqucs.
- çon C, destinée à réagir sur le levier J qui gouverne l’enclanchement électro-magnétique, lfiquel, comme on le verra à l’instant, est double. Enfin l’axe C porte encore un disque eu ébonite O, pourvu sur sa circonférence de sept contacts métalliques, sur lesquels peuvent appuyer successivement quatre frotteurs A, L, -{-, —/destinés à fermer et à ouvrir plusieurs systèmes de circuits reliant les appareils entre eux et avec la pile, d’iin poste à l’autre. Un fort cliquet traîneur W, appuyé sur un disque muni de deux dents de rochet et porté également par l’axe C, empêche cet axe d’être tourné en sens contraire du mouvement qu’il doit accomplir pour faire apparaître convenablement les signaux, et pour iixer la manivelle et la bielle dans les deux positions qu’elles doivent avoir pour fournir les signaux de la voie libre et de la voie fermée. Comme d’un autre côté, et en sens contraire de l’action de ce cliquet., la manivelle est butée par le doigt D, il est impossible à l’agent de la déranger de cette position prise, sans qu’une action électro - magnétique , en déclanchant le doigt D, ne fasse disparaître l’un de ccs obstacles. Or, cette action ne peut être déterminée qu’à la station correspondante.
- Le mécanisme enclancheur se compose essentiellement d’un long levier horizontal articulé J, muni d'un contrepoids courant l x, qui appuie sur l’excentrique à limaçon C, et dont l’axe de rotation F porte un levier vertical r, muni à sa partie inférieure d'une armature en fer doux p. Cette armature, à l’état normal, est collée contre les pôles d’un électro-aimant Hughes A, qui maintient le système à son plus haut point d’élévation, c’est-à-dire au point le plus haut que peut lui faire atteindre la partie la plus saillante du limaçon.. D’un autre côté, le levier vertical r est relié par une bride U avec une pièce articulée P, munie d’un butoir d’arrêt contre lequel vient buter le doigt D quand la manivelle a décrit son angle de 210°. Le levier enclan-
- Les appareils que nous venons de décrire sont, comme nous l’avons dit, en nombre égal à celui des bras ; on désigne ordinairement par appareils n° 1 ceux qui font manœuvrer les ailes supérieures, et par. appareils n° 2 ceux qui font manœuvrer les ailes inférieures. Des sonneries mécaniques adaptées au-dessus de ces appareils, et fonctionnant par l’effet même du mouvement des tringles de traction, indiquent aux agents le moment où les signaux séma-
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- phoriques sont produits ou effacés. On distingue aisément ces sonneries dans la fîg. 2.
- Pour qu’on puisse comprendre le jeu des divers organes de ces appareils, il faut que nous indiquions en quelques mots la manière dont sont établies les communications électriques. Le disque commutateur O, monté sur l’axe de rotation de la manivelle, est, comme on l’a vu, muni de sept contacts métalliques. L’un de ces contacts est relié métalliquement avec l’axe C de la manivelle, c’est-à-dire avec le massif de l’appareil et la terre. -Nous l’appellerons, en conséquence, contact de terre; les six autres sont reliés deux à deux, mais les quatre ressorts qui appuient sur eux communiquent, l’un avec l’électro-aimant déclancheur A, le second, qui le suit, avec le pôle positif de la pile; le troisième, placé du côté diamétralement opposé, avec le pôle négatif, le quatrième avec le lil de ligne. Un petit parafoudre Z sert d’intermédiaire.
- Cet ensemble constitue, par le fait, un commutateur à inverseur qui, selon la position du disque, isole les électro-aimants de la ligne, les réunit à celle-ci, ou envoie successivement sur cette ligne le courant positif ou négatif.
- Il ne nous reste plus,, pour compléter notre description, que d’indiquer la manière dont les différents appareils sont reliés entre eux d’un poste à l’autre. Chaque appai'eil n° 1 est relié par un fil de ligne à l’appareil n° 2 du poste voisin correspondant soit à droite, soit à gauche; deux fils sont donc employés pour le service des électro-sémaphores, l’un pour les appareils afférents aux trains montants, l’autre pour les appareils afférents aux trains descendants. Ces fils descendent directement des poteaux télégraphiques sur le mât sémapho-rique, où ils sont arrêtés sur des cloches en porcelaine, et sont ensuite prolongés jusqu’aux appareils par des fils recouverts de gutta-percha ou mieux de caoutchouc, le tout protégé par un guipage ou une tresse de chanvre goudronné.
- Maintenant, nous allons examiner le fonctionnement de tous ces appareils, et, pour fixer les idées, nous considérerons une section entre deux postes A et B, en supposant la voie libre de tout train. Dans ces conditions, le grand bras du sémaphore de A, destiné à couvrir la section, est déclanché et pend verticalement ; le petit bras ou voyant de B, qui doit annoncer les trains venant de À, est en-clanché et dressé verticalement le long du mât. Ni l’un ni l’autre n’est donc apparent, et, s’il n’en était pas ainsi, il faudrait provoquer mécaniquement le déclanchement du premier système élèctro-magné-, tique, et, à cet effet, une poignée reliée par un fil au grand levier horizontal J permet de réaliser cette action. En ce moment, l’appareil n° 1 de A est dans la position indiquée sur la figure 1, et il n’existe aucune communication électrique entre l’appareil et la ligne au poste A; mais au poste B les bobines
- des électro-aimants sont reliées à la ligne, la niani-velle*est à 210° de la verticale, le doigt d’arrêt D est appuyé contre le butoir du levier P, et le voyant de l’appareil laisse apercevoir la couleur blanche dans le guichet correspondant. Au poste A, la manivelle est verticale; le Voyant est au blanc; mais l’armature qui commande ce dernier est en contact avec l’électro-aimant correspondant, tandis que l’inverse a lieu à la station B.
- Supposons maintenant qu’un train vienne à passer devant A, l’agent manœuvrera l’appareil n° 1 de son sémaphore et fera tounier la manivelle jusqu’à ce que le doigt D ayant buté contre l’arrêt P, le mouvement se trouve arrêté ; mais ce mouvement de plus d’un demi-tour (2100) aura amené le bras sémaphorique d’arrêt dans la position horizontale, et aura fait tounier le commutateur O de la quantité nécessaire pour mettre le fil de ligne en rapport avec le pôle négatif de la pile, et le pôle positif avec le fil de terre. Il en résultera donc une émission de courant négatif à travers les électro-aimants de l’appareil n° 2 de B, qui aura pour résultat de rendre inerte l’électro-aimant A, d’éloigner les leviers d’embrayage r et P, et de dégager le doigt D qui était buté en P. Celui-ci étant sollicité à se mouvoir sous l’influence du contrepoids adapté au petit bras du sémaphore conespondant (celui peint en gris), ce petit bi'as et la bielle qui gouverne sa marche pi-endront la position d’équilibre qui leur est propre, c’est-à-dire la position hprizontale pour le premier et la position verticale pour le second, et le levier enclancheur J, se trouvant soulevé par le limaçon C, enclanchera le levier r sur l’électro-aimant A. En même temps que le déclanchement du levier r avait été produit par le courant, l’armature / de l’électro-aimant R avait été rapprochée de lui sous l’influence de la traction exercée par le levier J, et avait fait passer au rouge le voyant intérieur V. Mais en même temps aussi, l’inverseur O mettait en relation le pôle de la pile avec la terre et envoyait à travers la ligne un courant positif qui était reçu par l’appax'eil n° 1 de la station A où il provoquait, non pas le déclanchement du levier J qui aurait exigé pour cela un courant négatif, mais le simple détachement de l’armature f de l’é-lectro-aimant R. Or, cette armature, en s’éloignant sous l’influence du contrepoids l', faisait apparaître au guichet le voyant rouge, en même temps que le marteau t frappait un coup sur le timbre. Cette manœuvre automatique constituait, par conséquent, au poste A l’accusé de réception du signal effectué au poste B.
- Suivons maintenant la marche du coxxvoi qui, ayant été signalé à la station B par la station A, va dépasser la station B. En ce moment, le petit bras gris du sémaphore de B est dans la position horizontale, le bras rouge pend le long du mât, et le voyant est resté au rouge malgré l’élévation du le-
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- vicr J, car celui-ci ne tire sur levier Y du voyant I que par l’intermédiaire d’une tige à coulisse a qui lui laisse une certaine latitude d’action. D’un autre côté, à la station A, le bras rouge du sémaphore est placé à l’arrêt, et le voyant est toujours au rouge.
- Au moment où le train va avoir dépassé B, l’agent va hisser le signal d’arrêt en manœuvrant son appareil n° i, comme avait fait celui de la station A, et il va ainsi transmettre à la station C le signal d’annonce du train ; il recevra automatiquement avis que son signal est parvenu ; puis il manœuvrera la manivelle de l’appareil n° 2 qui avait déjà donné le premier avis, et du jeu de cette manivelle résultera sur le voyant de l’appareil n° 1 de A et sur le bras rouge du sémaphore delà station, un effet analogue à celui que.nous avons analysé précédemment. Le levier J d’enclanchement sera dégagé, le voyant sera remis au blanc par l’action de J, et le bras séma-phorique d’arrêt, dégagé de l’embrayeur qui retenait le doigt D, reprendra sa position verticale en reportant la manivelle dans sa position primitive, c’est-à-dire dffns sa position verticale. La voie se trouvera donc débloquée entre A et B et bloquée entre B et C. L’agent du poste B recevra d’ailleurs avis que son signal est arrivé à A, par un nouveau courant qui sera envoyé par le commutateur de l’appareil n° 1 de A, et qui sera dirigé dans le sens convenable pour rappeler au blanc le voyant de l’appareil n° 2 de B, c’est-à-dire pour éloigner le levier porteur de l’armature f, par suite de l’annulation de l’électro-aimant R.
- Ainsi, la position de l’aile sémaphorique d’un poste est, par ce système, solidaire de celle du voyant du poste correspondant, tous deux étant apparents ou effacés en même temps. L’enclanche-ment est fait mécaniquement, mais le déclanchement est effectué électriquement, et tout signal électrique, après avoir été annoncé par le jeu d’un carillon, est .immédiatement contrôlé par un accusé de réception qui se fait automatiquement, et qui donne au poste expéditeur la certitude que le signal a été effectué.
- Les communications supplémentaires de poste à poste s’échangent au moyen de sonneries supplémentaires qui se manœuvrent à l’aide d’un interrupteur annexé aux appareils.
- En appliquant à ce système des dispositifs à poulies de renvoi, on pourrait faire réagir à distance les sémaphores et même des disques à signaux. Ce n’est qu’une question purement mécanique.
- MM. Lartigue, Tesse et Prudhonnne, dans la notice intéressante qu’ils ont publiée sur leur système, entrent dans de grands détails sur la manière dont 011 peut appliquer leurs appareils aux chemins de fer à voies uniques et à doubles voies à sections couvertes, sur la manière de les rendre solidaires d’autres appareils tels que porte-pétards,
- verrous d’aiguilles, sifflets automoteurs, etc., etc.; enfin sur la manière d’en faire des appareils intermédiaires capables de signaler le mouvement des
- trains en certains points de la ligne ou passages à niveau très fréquentés, où l’on n’a pas un intérêt assez grand pour placer des électro-sémaphores
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- complets. Mais nous ne parlerons pas de toutes ces applications, car ce sujet est trop spécial pour un journal aussi général que le nôtre. Nous devrons cependant indiquer comment ces appareils peuvent être employés dans le cas des voies uniques, car ce cas se présente fréquemment.
- Comme sur les voies uniques les trains doivent être couverts des deux côtés, puisqu’ils peuvent être rencontrés par des trains venant en arrière ou en avant, les diverses sections de la voie où un train s’engage doivent être bloquées à leurs deux extrémités. En conséquence, la position d’arrêt constitue, dans ce cas, l’état normal des électro-sémaphores, et ce n’est qu’au moment du passage des trains devant ces sémaphores que le signal d’arrêt, dans le cas où aucun empêchement n’est survenu, disparaît momentanément pour indiquer au * train que la voie est libre. Mais pour obtenir que la section où le train va s’engager soit bloquée à ses deux extrémités, il faut : x° que la disparition du signal d’arrêt au poste d’amont soit solidaire de l’apparition du signal d’arrêt à la station d’aval; 20 qu’aussitôt le train passé, le signal d’arrêt reparaisse à la station d’amont. Or, on peut réaliser ces différents effets au moyen du système que nous avons décrit précédemment; mais il faut pour cela inverser le sens des communications électriques, et rétablir une liaison directe entre le commutateur K des appareils n° i et l’appareil n° 2 qui leur correspond. Dans ces nouvelles conditions, l’agent, au moment où il aperçoit un train, réagit sur l’appareil n° 2 du poste suivant, non plus en manœuvrant mécaniquement le bras de son sémaphore, mais en envoyant, au moyen du commutateur K de son appareil n° 1, un courant négatif qui fait arriver le petit bras du sémaphore correspondant dans la position horizontale ; mais, cette fois, ce petit bras est peint en rouge, et le signal qu’il fournit doit avoir la même interprétation que celui des grands bras. Par ce moyen, la section est bloquée en aval, et le courant qui a provoqué l’abaissement du bras en question fait arriver au guichet de l’appareil n° 2 le voyant blanc. D’un autre côté, le mouvement effectué par le petit bras pour prendre la position d’arrêt, détermine, par l’action du commutateur de l’appareil n° 2, l’envoi du courant de la station à travers l’appareil n° 1 du poste qui a envoyé le signal, et fait abaisser le signal d’arrêt qui s’efface en même temps que le voyant intérieur passe au rouge ; de sorte qu’au moment du passage du train devant cette station, le signal d’arrêt a disparu, ce qui permet au train de continuer sa 'route. Quand celui-ci a dépassé le poste, l’agent ramène de nouveau le bras sémaphorique à la position d’arrêt, et le train se trouve ainsi couvert des deux côtés. En même temps, le voyant de l’appareil n° 2 du poste d’aval passe au rouge. Quand le train a dépassé la station d’aval, l’agent de cette
- station ramène à ia position normale le petit bras du sémaphore, et, par ce seul fait, remet au blanc le voyant de l’appareil n° 1 du poste d’amont, qui se trouve ainsi prévenu de l’éloignement du train de la section; mais avant d’effectuer cette manœuvre, l’agent de la station d’aval a dû bloquer, de la même manière que précédemment, la station qui suit, et rebloquer ensuite la nouvelle section de la voie où s’est engagé le train, par le relèvement du disque d’arrêt, qui était momentanément tombé au moment du passage du train.
- Pour les trains qui circulent en sens opposé, on manœuvre les appareils placés de l’autre côté du mât, et qui sont disposés entre eux comme ceux dont nous venons de parler. Le jeu des bras séma-phoriques d’arrêt s’effectue alors successivement à mesure que le train s’avance, et d’une façon exactement semblable à celle que nous avons déjà indiquée.
- De ce qui vient d’être dit, on peut tirer les conclusions suivantes : i° La voie ne peut être ouverte à une extrémité d’une section qu’autant que le train a été annoncé à l’autre extrémité, ce qui, en voie unique, implique la clôture absolue de cette autre extrémité; cette manœuvre se fait par une seule opération de l’agent du premier poste, sans l’intervention de l’agent du poste correspondant, ce qui assure la rapidité de l’exécution. 20 L’agent peut à tout moment, par l’inspection des voyants intérieurs de ses appareils, connaître l’état des signaux des postes voisins, et il peut même condamner les deux sections entre lesquelles il se trouve, et couvrir ainsi ses voies principales à distance si elles devaient être engagées pour des manœuvres.
- (A suivre). Th. du Moncel.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- ÉTUDE SUR LE SYSTÈME
- DE
- TRANSMISSION MULTIPLE
- ET LE
- TÉLÉGRAPHE IMPRIMEUR
- DE M. BAUDOT
- 7° article. (Voir les noa des 21 sept, cl 8 oct. 1881 21 et 28 janvier, 11 et 25 février 1882.)
- IV. — PHÉNOMÈNES PERTURBATEURS SUBIS SUR LES LONGUES LIGNES. — PROCEDES DESTINÉS A LES COMBATTRE.
- Le fonctionnement à longue distance de tout appareil télégraphique subit l’influence de la capa-
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- cité du fil de ligne dont les effets cessent d’être négligeables.
- Les variations de température et d’état hygrométrique de l’air ambiant modifient continuellement la valeur relative des dérivations et des condensations et contribuent à accroître la gêne éprouvée par la transmission.
- La résistance proprement dite de la ligne n’a d’autre effet que d’affaiblir l’intensité du courant et d’exiger l’emploi de piles d’un grand nombre d’éléments. La capacité donne naissance à des phénomènes de charge et de décharge dont les principales conséquences sont les suivantes :
- i° Il s’écoule un certain temps entre le moment où le contact est établi, au départ, entre la ligne et la source électrique et le moment où des effets électriques appréciables se manifestent à l’autre extrémité de la ligne, où se trouvent les organes récepteurs.
- 20 Au poste d’arrivée, l’intensité du courant croît progressivement avec une vitesse d’autant plus faible que la ligne est plus longue.
- Le fonctionnement de l’organe récepteur qui exige une certaine intensité ne se manifestera qu’au bout d’un temps plus ou moins long, fonction de la longeur de la ligne et dti degré de sensibilité des appareils.
- 3° Lorsqu’on interrompt, au poste de départ, le contact de la ligne et de la source électrique, il se produit à l’arrivée une diminution lente de l’intensité, dont le résultat est d’allonger le signal d’une façon gênante et qui est aggravée par la résistance du circuit du récepteur.
- Pour atténuer ces fâcheux effets, il faut :
- i° Faire usage d’organes récepteurs aussi sensibles que possible pour réduire au minimum la valeur que l’intensité du courant doit atteindre pour donner naissance à un signal.
- 20 Au départ, la durée de chaque contact doit être suffisante pour permettre au courant d’atteindre l’intensité exigée par les récepteurs.
- 3° Entre chaque réception, il faut, au poste d’arrivée, mettre la ligne un instant à la terre pour accélérer la décharge.
- 40 II faut tenir compte, dans la construction et l’installation des appareils, du retard inévitable entre la manipulation à l’une des extrémités de la ligne et le fonctionnement des récepteurs à l’autre extrémité.
- Malgré ces précautions il faut un temps assez long pour que la ligne soit complètement déchargée, et il reste toujours une queue de courant qui se mêle avec l’émission suivante en la renforçant ou en l’affaiblissant suivant que les deux émissions consécutives sont de même sens ou de sens contraires. La seconde émission pourra être par là dénaturée au point de troubler la transmission.
- Pour combattre ces diverses influences, on munit
- les appareils de dispositifs spéciaux que nous allons passer en revue. Les difficultés variant avec les conditions des lignes, les moyens de préservation doivent être appliqués en raison de leur intensité. Néanmoins les appareils sont pourvus de toutes les installations possibles ; on les utilise en partie suivant les'besoins.
- Nous avons vu que les organes chargés de recevoir les émissions venant de la ligne n’avaient qu’un travail minime à effectuer, celui de déplacer une armature verticale d’un butoir à l’autre : ces organes peuvent avoir une grande sensibilité et n’exiger pour fonctionner qu’une intensité de courant très faible, réduisant ainsi la durée du contact au départ et le retard à la réception à de très faibles valeurs.
- Il est à remarquer que ces organes récepteurs ne fonctionnent pas à la façon des relais ordinaires :* en effet, le courant local n’est transmis dans l’armature mobile et par suite dans son butoir de travail que par le jeu de l’un des frotteurs du distributeur de réception, quelques instants seulement après que le courant venant de la ligne a effectué le déplacement. Ce courant local d’ailleurs cesse longtemps avant le rappel de l’armature à sa position de repos. Il en résulte que les établissements et cessations de contact entre l’armature et le butoir de travail ne correspondent pas à des fermetures ou ruptures de courant et par suite ne donnent pas lieu à des productions d’étincelles altérant toujours plus ou moins les surfaces au détriment de la sûreté des effets produits.
- La vitesse de rotation des distributeurs et la longueur des bandes métalliques formant les divisions des secteurs sont réglées pour obtenir une durée suffisante du contact entre la pile et la ligne.
- Dispositif de la mise à la terre.
- En nous reportant au diagramme des communications du distributeur (n° du 21 janvier 1881, fig. 7), nous y trouvons le dispositif de mise à la terre destiné à accélérer la décharge de la ligne pendant la réception.
- Le butoir de réception du commutateur à manette est relié d’une façon permanente à 4 contacts placés sur la 5e rangée et parcourus par le frotteur n° 5 pendant que les frotteurs 3 et 4 franchissent les intervalles qui séparent les 5 contacts du secteur de réception.
- Le frotteur n° 5 est constamment relié à la terre par l’intermédiaire du 8° frotteur et de la 8° rangée, continue (terre) ; il en résulte qu’entre la réception de deux émissions consécutives la ligne est mise un instant à la terre.
- Orientation des distributeurs.
- Pour étudier les conséquences de l’intervalle de
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- temps qui s’écoule entre la transmission d’un signal et sa réception à l’autre bout de la ligne, nous avons représenté, fig. 40, par des cercles concentriques les distributeurs des deux stations en correspondance que nous désignerons par « Paris » et « Lyon » pour faciliter l’exposition.
- Dans chacune des deux stations les distributeurs de transmission sont extérieurs et les secteurs transmettant teintés en noir ; les distributeurs de réception sont intérieurs et les secteurs recevant simplement ombrés.
- Les distributeurs sont orientés de telle façon-que leurs bras porte-frotteurs se confondent; autrement dit, les positions occupées à un même instant par les bras de chaque distributeur sont situés sur un même rayon.
- Pour assurer l’indépendance absolue entre les divers groupes qui est une condition indispensable dans la transmission multiple, il faut que la correspondance entre les postes d’un même groupe puisse s’effectuer indifféremment dans un sens ou dans l’autre.
- Nous allons examiner le cas où un groupe intermédiaire CC', fig. 40, par exemple, transmet en sens opposé des deux groupes B et D entre lesquels il est compris.
- Dans la figure 40, on a supposé, pour fixer les idées, que dans B et D la transmission.s’effectuait de Paris à Lyon et dans C de Lyon à Paris.
- Les signaux transmis par B (Paris) ne parviennent à B' (Lyon) qu’au bout d’un temps t pendant lequel les bras des distributeurs ont parcouru un angle 0. Le secteur de réception B' doit donc être orienté d’un angle 0 dans le sens de la marche des bras porte-frotteurs, indiqué par une flèche sur la figure A; de telle sorte’ que lorsque la réception du caractère transmis par B est achevée, les bras se trouvent en O4.J
- Remarquons d’abord que si la transmission s’effectuait dans tous les groupes dans le même sens, par exemple de Paris à Lyon, il n’y aurait aucune disposition spéciale à prendre. A Lyon, le bras du distributeur de réception devrait parcourir les divers contacts de manière à adresser à chaque relais l’émission qui lui aurait été destinée, c’est-à-dire qu’il y aurait seulement entre le mouvement du distributeur de Lyon et celui de Paris un retard égal à 1]intervalle de temps 0 qui doit s’écouler entre la production du signal et sa réception. Les divers secteurs pourraient se succéder sans interruption sur chaque disque; il n’y aurait qu’à ajouter à la rangée 4 un contact de mise à la terre pour séparer les divers secteurs, comme on l’a fait pour les divisions de chacun d’eux.
- Dès ce moment le poste C' peut commencer, sans délai, la transmission du caractère destiné à C ; mais la réception ne commencera à Paris qu’au bout d’un temps t', généralement différent de t (comme on l’a nettement constaté en mettant en service les appareils de Wheatstone), pendant lequel les bras des distributeurs auront tourné d’un angle ô' et sont venus en 05. De telle sorte, qu’entre la fin du secteur de transmission B et le commencement du secteur de réception C de la même station, il doit exister un intervalle 305 égal à G —{— ô' correspondant à un intervalle de temps somme des durées que les signaux mettent à se propager de Paris à Lyon et. de Lyon à Paris.
- Au^ contraire, aucun intervalle n’est nécessaire entre la fin d’un secteur de réception et le commencement du sectèur de transmission consécutif.
- Il en résulte ce fait important, que l’on doit ménager sur les disques de transmission entre la fin d’un secteur et le commencement du second sec-
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- teur à la suite un intervalle égal à « -J—0 H~
- (s étant l’angle occupé par chacun des secteurs proprement dits).
- On verrait de la même façon qu’il faut opérer de même pour les disques de réception.
- M. Baudot dispose sur chaque disque de distribution outre chaque secteur et les suivants un intervalle a parcouru dans un temps T, égal à la plus grande valeur que puisse posséder le retard entre la transmission et la réception, de telle sorte qu’entre la fin d’un secteur B, par exemple, et le commencement du secteur D il y ait une distance S + 2a, X 2 à > G -|- 0' (fig. 41).
- Le disque de réception est mobile par rapport au disque de transmission (fig. 8, 9, 10, 3° article) et l’employé qui dirige la marche des distributeurs doit les orienter convenablement, en déplaçant le
- disque de réception d’un angle, w qui a pour limite a (fig. 41).
- Pour utiliser ces intervalles, on y dispose des contacts métalliques parcourus par les frotteurs et permettant de décharger la ligne par une mise à la terre au commencement et à la fin du passage du bras du distributeur dans un secteur de réception.
- Compensation,
- Il nous reste à parler des dispositifs réalisant ce qu’on appelle la compensation et dont le but est de régler au départ l’intensité des diverses émissions successives, de telle faiçon que les effets produits à l’arrivée soient suffisamment réguliers pour permettre un fonctionnement certain des relais récepteurs.
- P
- Touche N°2
- Godilles if Fl Transmission. R
- — „—-N? 2,11F3 Compensation. v
- — 1,— RFi- Impression locale A
- Piles de ligne +++h
- Touche N?3 Rhéostats compensateu rs Butoirs de repos
- __„___de iravad
- Courant positif 'complet
- Courant positif réduit-
- ___„ négatif complet
- — „-------„— réduit
- Terre
- FIG. (2
- Une émission, considérée isolément, donne lieu, à l’arrivée, à un mouvement électrique qui est loin de cesser instantanément et qui se fait sentir encore au moment de l’envoi de l’émission suivante. Il en résulte que si celle-ci est de même sens, les effets s’ajouteront et le courant reçu dans le relais sera plus intense que le précédent; une troisième émission de même polarité rencontrerait une queue de courant encore plus intense que celle subie par la deuxième.
- Pour écarter les fâcheux effets produits par les queues de courant, M. Baudot a installé les manipulateurs de telle façon qu’à l’instar de ce qui se passe dans le transmetteur automatique de Wheat-stone, toute émission qui suit une autre de même sens est automatiquement, à l'insu même de l’employé manipulant, affaiblie dans une telle proportion qu’en s’ajoutant à la queue de courant léguée par la précédente, elle ne donne lieu qu’à un courant de même intensité, agissant de la même façon sur le relais récepteur, et ne laissant après lui qu’une queue de courant de même intensité que la précédente.
- Il suffira de répéter la même manœuvre pour toutes les émissions successives de même polarité, quel que soit leur nombre.
- Au contraire, une émission succédant à une autre dans un sens différent conserve la valeur normale.
- L’affaiblissement est obtenu par l’intercalation sur le circuit de la pile de ligne d’une résistance, fournie par un rhéostat et convenablement réglée.
- M. Baudot a réalisé ce problème d’une façon simple et fort ingénieuse : chaque touche du manipulateur actionne à la fois 4 godilles ; la 1rc sert à la transmission proprement dite sur la ligne; la 40 à l’impression en local; les 2 intermédiaires sont précisément destinées à effectuer des manœuvres nécessaires à la compensation (4“ article, fig. 12). Nous en avons représenté les dispositions et les communications sur le diagramme de la figure 42.
- Les butoirs des godilles n° 1, destinées à la transmission sur la ligne, au lieu d’être reliés directement aux piles de ligne, comme nous l’avons supposé jusqui’ci et figuré sur le diagramme général (3e article, figure 7), communiquent avec les godilles 2 et 3 de la touche précédente, lesquelles re-
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- çoivent par leurs butoirs de repos et de travail le courant des piles de ligne avec ou sans intercalation du rhéostat compensatêur R.
- L’agencement des communications est tel que le butoir de repos n° i de la 3° touche doit envoyer un négatif réduit si la touche précédente n° 2 est également au repos. La godille intermédiaire n° 3 de cette touche qui lui fournit le courant, doit donc, au repos, être reliée à la pile négative à travers le rhéostat. Au contraire, si la touche n° 2 est abaissée, elle enverra sur la ligne une émission positive, et le butoir n° 1 de la 3° touche devra être en mesure de fournir un négatif complet; aussi le butoir de travail de la godille n° 3 coriimunique directement avec la pile négative.
- Le butoir' de travail de la godille n° 1 est relié à la godille n° 2 de la touche précédente et puise par les butoirs de repos ou de travail de cette dernière un positif complet ou réduit, suivant que cette touche est au repos ou abaissée, c’est-à-dire suivant qu’elle expédie elle-même une émission négative ou une émission positive.'
- On voit donc qu’une émission de même sens que celle fournie par la touche précédente et par suite la précédant immédiatement sera toujours affaiblie par l’intercalation du rhéostat;, si elle est de sens différent, elle aura lieu dans les conditions normales d’intensité.
- La valeur de la résistance doit d’ailleurs varier avec les conditions physiques de la ligne : aussi le rhéostat doit-il être manœuvré par l’employé qui dirige le service.
- Ici se termine la description des appareils et des communications électriques du système de transmission multiple tel qu’il figurait à l’Exposition internationale de l’électricité. Nous compléterons cette étude par des indications sur l’organisation du service et les résultats obtenus, mais nous différerons un peu cette dernière partie afin de pouvoir y rendre compte des expériences qui se font en ce moment entre Lyon et Marseille à l’aide des appareils Baudot.
- J- P-
- NOUVELLE LAMPE ÉLECTRIQUE
- DE M. SOLIGNAC
- Quand il s’agit d’éclairage pratique, il est bien certain que la meilleure lampe électrique est celle qui sera la plus simple et qui exigera le moins d’organes mécaniques. C’est à cette simplicité que la bougie Jablochkoff et la lampe Reynier-Wer-dermann ont dû tout leur succès; cependant, dans la première de ces lampes, on pouvait regretter que la résistance assez grande et variable, opposée
- au courant dans son parcours à travers deux charbons qui diminuent sans cesse de longueur à mesure qu’ils brûlent, ne fût une cause de perte et de variation de lumière: on pouvait regretter encore que leur durée de combustion ne fût pas plus longue et enfin on pouvait croire que la dépense de force physique employée à volatiliser l’isolant interposé entre les deux charbons ne fût préjudiciable à l’emploi économique de ce système. Pour éviter ce dernier inconvénient, 011 a cherché dans la bougie de Wilde à supprimer cet isolant, mais les résultats obtenus n’ont guère été encourageants. On a aussi cherché à rendre la durée des charbons plus grande, en en employant d’assez longs et en les faisant avancer successivement par l’intermédiaire d’espèces de laminoirs ou de contrepoids, comme dans les lampes de Mersanne ou de Wer-dermann, mais alors le système devenait plus compliqué. Enfin, pour maintenir la résistance des
- FIG. I
- charbons minima et constante, on a établi leur contact avec les rhéophores du circuit à petite distance de l’arc, et c’est un des principaux avantages du système Reynier-Werdermann. A une certaine époque, on a cru qu’on pourrait résoudre simplement le problème en disposant l’un en face de l’autre deux charbons poussés par des' ressorts à boudin comme les bougies des lanternes de voitures, et retenus à distance convenable l’un de l’autre, pour la formation de l’arc, par deux sortes d’entonnoirs en magnésie calcinée dans lesquels ils entraient comme un coin à mesure que leur pointe conique s’amincissait par l’effet de la combustion. C’était le système de M. de Baillehache, et les essais qui en ont été faits avaient été très satisfaisants. Malheureusement la magnésie calcinée ne pouvait résister longtemps à la température à laquelle elle était soumise. Le problème a eu une bien meilleure solution dans la lampe-soleil, et nous aurons occasion bientôt d’en faire ressortir les avantages; mais il a pu être résolu d’une autre manière et tout aussi simplement par M. Solignae, et les résultats obtenus ont été très satisfaisants au point de vue de la fixité du point lumineux.
- Dans ce système, dont nous représentons l’ensemble fig. 1 et la disposition dans les fig. 2 et 3,
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- les charbons F,F qui sont horizontaux et d’environ cinquante centimètres de longueur, sont poussés l’un vers l’autre par deux barillets K, K qui entraînent deux chaînettes E,E enroulées autour de poulies D,D adaptées aux extrémités libres des charbons. Ces charbons sont munis, en dessous, de petites baguettes de verre G,G dont l’extrémité, du côté de l’arc, vient buter à une petite distance de lui contre un arrêt de nickel L (fig. 3) qui les soutient d’ailleurs en M au moyen d’un taquet dont la position est réglée par une vis. Le courant est transmis aux charbons par deux galets 1,1 qui leur servent en même temps de guide et qui ne donnent à tra-
- £____
- verser au flux électrique que un ou deux centimètres charbon de avant de former l'arc.
- Enfin le tout est soutenu par un support A et deux joues CB, CB qui amènent en même temps le courant aux galets par des bras J. Une vis de rappel H permet d’écarter ou d’éloigner l’un de l’autre les deux systèmes pour la formation de l’arc.
- Aujourd’hui,,l’allumage de ces lampes se fait à la
- FIG. 3.
- main au moyen de cette vis H, mais M. Solignac construit en ce moment un modèle où l’allumage se fera automatiquement, au moyen d’un solénoïde .pii réagira sur un allumeur en charbon, comme cela a lieu dans plusieurs systèmes déjà connus.
- Si l’on a bien saisi la description précédente, on voit que les charbons ne sont arrêtés dans leur impulsion l’un vers l’autre que par les baguettes de verre G butées en L; mais comme les butoirs L sont peu éloignés de l’arc et. que la chaleur à laquelle ils sont soumis est d’autant plus grande que la partie incandescente des charbons est plus rapprochée d’eux, il arrive que pour un certain allongement de l’arc, cette température devient
- suffisante pour ramollir le verre dès baguettes G,G, et alors elles se recourbent comme on le voit en O (fig. 3), laissant progresser les charbons jusqu’à ce que la chaleur ait suffisamment diminué pour empêcher le ramollissement de se continuer. A mesure que l’usure s’effectue, les effets précédents se renouvellent, et comme ils sè produisent d’une manière insensible et continue, on n’aperçoit aucune saccade ni aucun vacillement dans la lumière de l’arc. Dans ces conditions, là régulation de l’arc s’effectue donc sous l’influence même de l’effet produit, et non sous l’influence d’une action de nature différente (l’électro-magnétisme), comme cela a lieu dans les autres régulateurs.
- Il est certain que cette idée est neuve, originale, et les résultats dont nous avons été témoins ont été très satisfaisants. Il y a seulement un réglage à opérer au début, mais une fois fait, l’appareil marche sûrement et pendant longtemps. On a pu avec une machine de Méritens du modèle primitif, allumer cinq lampes de cette nature placées dans le même circuit.
- Suiyant l’auteur cette lampe donnerait une lumière de ioo becs Carcel par cheval de force et l’on pourrait alimenter six lampes avec trois chevaux de force, mais nous n’avons fait aucune expérience pour nous assurer de l’exactitude de ces chiffres.
- Quant à la valeur des baguettes de verre employées, elles reviendraient à i franc pour deux cents mètres de longueur. On ne peut donc les considérer que comme une dépense insignifiante dans le coût des charbons. Nous croyons en conséquence que ce système pourra être employé avantageusement dans la pratiqne.
- Th. du M.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D'ÉLECTRICITÉ
- APPAREILS
- DE
- MESURES ÉLECTRIQUES
- A L’EXPOSITION DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE
- DE TÉLÉGRAPHIE
- 5e article ( Voir les n°* des 14 et 28 janv., des 4 et 18 fév. 1882.)
- Nous avons vu précédemment comment on pouvait construire des électro-diapasons de grandes dimensions, de grande masse, effectuant un petit nombre de vibrations par seconde.
- Ces instruments sont très propres à jouer le rôle
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- LA LUMIÈRE ELECTRIQUE
- d’interrupteurs électriques, et c’est à ce titre que l’un d’eux figurait à l’Exposition de l’école supérieure de télégraphie, comme type d’interrupteur pour l’essai des piles.
- Quand on veut essayer une pile au point de vue pratique de son emploi en télégraphie, il faut lui faire effectuer un travail aussi identique que possible à celui qu’elle devra effectuer, jusqu’à ce. qu’elle soit épuisée, évaluer la durée de ce travail et mesurer régulièrement les constantes de la pile, force électro-motrice et résistance intérieure.
- En général, dans la télégraphie, ce travail con-
- siste à envoyer sur une ligne d’une certaine résistance des courants intermittents par l’intermédiaire de manipulateurs convenables.
- Il suffit alors de faire jouer aux branches de l’é-lectro-diapason le rôle de l’un de ces manipulateurs.
- A cet effet, l’électro-diapason porte deux lames isolantes en ébonite ou en ivoire BB' (fig. 3) qui, à chaque oscillation, viennent buter contre des ressorts en laiton verticaux r. .. Chacun de ces ressorts se trouve en face de la pointe platinée d’une vis v.... fixée à une languette métallique. Ressorts
- FIG. ù
- et languettes sont isolés les uns des autres, mais montés sur une pièce qu’une vis V peut faire mouvoir pour rapprocher ou éloigner les ressorts des lames BB' suivant l’amplitude des vibrations de l’instrument.
- Chaque ressort et chaque languette sont reliés à des bornes fixées sur le socle de l’appareil.
- L’un des pôles d’un élément P de la pile à essayer est relié avec la languette et la vis correspondante ; l’autre pôle est relié au ressort qui est en face d’elle, par l’intermédiaire d’un galvanomètre
- f2 qui donne l’intensité du courant intermittent, et 'une bobine de résistance b2 qui joue le rôle de ligne télégraphique artificielle.
- L’appareil étant mis en marche, on voit que le courant de la pile est émis une fois à chaque vibration.
- On peut ainsi épuiser autant d’éléments de piles qu’il y a de ressorts, et cela simultanément : et les contacts des vis et des ressorts peuvent être réglés de façon à ce que la durée des émissions soit la même pour tous.
- L’un de ces instruments a fonctionné sans interruption, jour et nuit, pendant 18 mois au laboratoire de l’Ecole supérieure de télégraphie.
- L’appareil représenté dans la figure (4) est aussi un électro-diapason interrupteur, mais il effectue un nombre de vibrations beaucoup plus grand que le précédent et peut servir pour d’autres essais électriques.
- L’entretien électrique du diapason s’effectue à l’aide de la vis v et de la plaque correspondante ; du style s, et du boudin en fil fin /, isolés tous deux du diapason, de l’électro-aimant. N et des
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- deux fils F, F' qui communiquent avec une pile.
- Le système interrupteur est symétrique du premier : il se compose du style s', du boudin f, de la vis v' et de la plaque qu’elle porte à son extrémité. La borne B qui porte le boudin f et la tige qui porte là vis étant isolées l’une de l’autre, il suffit d’y faire aboutir les‘extrémités d’un circuit
- comprenant une pile pour qu’il se produise d<ms ce circuit un nombre d’interruptions égal à celui des vibrations du diapason.
- Pourvu que les longueurs des boudins f et f soient convenables, ces vibrations ne sont pas altérées.
- De plus l’instrument est disposé de façon à produire des interruptions dont la durée peut être
- FIG. 4
- variée à volonté, et maintenue constante pendant la durée des expériences.
- On y parvient en modifiant Vamplitude des vibrations; car plus cette amplitude est grande, plus est grande aussi la durée du contact du style s sur la plaque correspondante, et plus la dureé de l’interruption est petite.
- Pour modifier l’amplitude, on fait varier l’énergie de l’action de l’électro-ainjant d’entretien sur les branches de l’appareil. A cet effet, cet électro-aimant est mobile de bas en haut à l’aide d’une vis V
- entre deux glissières, de telle sorte que le noyau N peut se mouvoir par rapport à la ligne médiane des branches et même s’élever au-dessus d’elles : son action diminue nécessairement pendant qu’il s’élève et l’amplitude des vibrations diminue aussi graduellement d’une manière continue. On peut ainsi la faire varier sans difficulté de 2 à 3 dixièmes de millimètre à 3 ou 4 millimètres et plus.
- Mais il ne suffit pas de faire varier l’amplitude, il faut la mesurer, et la maintenir constante à la valeur que l’on désire.
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- La mesure s’effectue à l’aide de l’appareil très simple que j’ai décrit sous le nom de micromètre vibrant (Voir les bulletins des séances de la Société française de physique, juin-décembre 1879).
- C’est un petit carré de papier portant un dessin semblable à celui de la figure 5 ci-contre et qu’on aperçoit sur la figure 4 collé sur l’une des masses M qui servent à faire varier le nombre des vibrations de l’instrument.
- Cette figure est en somme un angle dont l’un des côtés est gradué en millimètres par exemple et dont l’autre côté forme le bord d’une large bande très-noire. Lè sommet de l’angle est en haut, et le côté divisé est perpendiculaire à la direction des vibrations.
- Dans ces conditions, quand le diapason vibre, en vertu de la persistance des impressions sur la rétine, le sommet de l’angle semble s’avancer le long de la graduation au fur et à mesure que l’amplitude des vibrations augmente. Si l’on a dessiné un angle tel que la pente de l’un des côtés sur l’âutre soit de , il. est facile de voir que pour chaque millimètre parcouru en apparence par le som-met de l’angle, l’amplitude augmente de ^ de millimètre.
- On mesure donc ainsi l’amplitude. D’autre part, il suffit de maintenir immobile le sommet de l’angle . du micromètre, pour qu’on soit sûr de la constance de l’amplitude du diapason, et on la maintient au besoin en faisant mouvoir légèrement la vis Y.
- L’instrument représenté par la figure 4 est d’ailleurs fixé à un support combiné par M. A. Du-boscq, pour pouvoir donner à un diapason toutes les positions possibles par rapport à un plan vertical, le soulever ou l’abaisser, le faire mouvoir en arrière ou en avant, de manière à s’en servir pour la chimographie et pour toutes les expériences où l’on emploie des électro-diapasons.
- E. Mercadier.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- L’INSTALLATION BRUSH
- Pendant l’Exposition, les visiteurs qui arrivaient au Ralais de l’Industrie par le tramway électrique se trouvaient subitement transportés dans une des parties les plus brillamment illuminées de la grande nef. Le premier éclairage que l’on voyait en entrant ainsi par la porte donnant du côté de la place
- de la Concorde était produit par le système Brush, dont nous avons déjà eu bien souvent l’occasion de parler dans les colonnes de ce journal.
- Tout le monde a pu apprécier le bel effet obtenu au moyen des quarante foyers qui éclairaient les galeries de la partie Est de l’Exposition; il y avait aussi un bec à grande intensité au niveau des galeries supérieures, mais ce dernier n’a pas donné les résultats que l’on espérait. Quoi qu’il en soit, l’installation du système Brush au Palais de l’Industrie était une des plus intéressantes, et nous avons tenu à conserver pour nos lecteurs le souvenir de la disposition des machines génératrices dont nous donnons ci-contre une vue perspective.
- Le fonctionnement des lampes Brush a été très régulier pendant toute la durée de l’Exposition, et l’on n’a pas eu à constater avec elles ces défaillances si fréquentes présentées par la plupart des foyers qui étaient disposés autour de la grande nef; cependant avec ce système, où toutes les lampes sont reliées en tension, on peut craindre que le moindre accident survenant à l’une d’elles l’éclairage tout entier vienne à s’éteindre.
- Quatorze machines Brush se trouvaient disposées sous les galeries, à l’angle sud-est, comme l’indique notre dessin; on sait que ces machines présentent une modification spéciale de l’anneau Gramme; cet anneau, tournant entre les pôles épanouis de deux grands électro-aimants doubles, porte huit groupes de fil, enroulés dans des entailles. Les bobines, diamétralement opposées, sont accouplées deux à deux, et les courants sont recueillis par des commutateurs. Ces générateurs alimentaient à l’Exposition tous les régulateurs Brush; ils ont été employés à diverses reprises pour faire marcher lès lumières à incandescence pure de Lane-Fox; enfin, trois d’entre eux étaient spécialement appliqués au service des lampes Swan.
- Tl y a trois types principaux de la machine Brush pouvant actionner respectivement six, seize et quarante lampes; les deux premiers, seuls, ont fonctionné; la petite machine à six foyers doit marcher à 900 tours par minute; celle pour seize ne nécessite que 750 tours. Ces vitesses sont inférieures à celles que l’on donne à la plupart des générateurs dynamo-électriques.
- La grande installation des machines Brush à l’Exposition avait été faite avec le plus grand soin, et a été très remarquée; chaque générateur était disposé sur un double socle en bois; le support supérieur, constituant une espèce de chariot qui pouvait exécuter un mouvement de va-et-vient sur le socle inférieur, portait la machine solidement boulonnée, et pouvait l’éloigner ou la rapprocher de l’arbre de transmission de façon à tendre plus ou moins les courroies sur les poulies, suivant les besoins.
- Les fils conducteurs partant des machines, et se
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- LES MACHINES BRUSH A L EXPOSITION
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- dirigeant vers le plafond pour, aller se distribuer aux nombreux foyers, avaient été isolés avec le plus grand soin, ce, qui est particulièrement nécessaire avec le système dont nous nous occupons, car les courants employés sont de la plus iiaute tension. La machine Brush a une force électromotrice de 800 volts environ. Elle doit, sans doute cette propriété, comme nous l’avons déjà indiqué dans d’autres articles, à la longueur de fil de ses bobines, à l’enroulement considérable de ses électros, et surtout au diamètre de son anneau, qui permet aux bobines de passer très rapidement dans le champ magnétique, sans exiger pour cela une trop grande vitesse de rotation. Cette qualité permet de mettre -en action des circuits très longs et très résistants. A Londres, on a placé trente-trois lampes en série sur une distance de cinq à six kilomètres. On se rappelle aussi les expériences d’éclairage électrique à l’Opéra, les i5 et 18 octobre derniers; les lampes Brush étaient au nombre de trente-huit, réparties dans le vestibule et dans le grand escalier; elles recevaient leur courant du Palais de l’Industrie par un câble de six kilomètres, sur lequel elles étaient placées toutes en série. Mais de pareils courants peuvent présenter des dangers sérieux si les câbles conducteurs ne sont pas admirablement isolés, et la disposition d’un si grand nombre de foyers en tension manque de sécurité, car si un accident quelconque survient, tout l’ensemble de l’éclairage peut manquer à la fois, comme cela est arrivé à Londres l’été dernier.
- C. C. Soulages.
- ÉTUDES SUR LE MICROPHONE
- 11" article. (Voir les numéros des 23, 3o avril, 14, 21 mai, i5,18 juin, 6, g juillet, i3 avril, 28 septembre 1881.)
- DES TRANSFORMATEURS
- Dans les articles qui ont précédé celui-ci, nous avons passé én revue les dispositions qu’il faut donner au microphone et à la pile pour obtenir des variations d’intensité de courant, ayant à la fois la rapidité, la précision et l’amplitude maxima.
- L’ensemble de cette étude constitue ce que nous avons appelé la transmission, cette désignation nous paraissant justifiée par ce fait que ce sont ces variations imprimées par le microphone au courant de la pile qui doivent être, transmises, soit directement, soit après avoir subi une transformation dans une bobine d’induction.
- Nous avons vu aussi que cette dernière transformation est nécessaire, toutes les fois que l’on opère sur un circuit résistant. Or, aujourd’hui, nous avons l’intention de jeter un rapide coup d’œil
- sur quelques dispositions particulières que l’on peut donner aux transformateurs, et qui nous ont permis d’obtenir des résultats assez importants.
- On connaît les très intéressantes recherches de M. Pollard sur les applications de la bobine d’induction aux communications microtéléphoniques; les indications qui en découlent ont été mises à profit, et, aujourd’hui, la plupart des postes microphoniques sont munis de bobines assez analogues, d’un modèle relativement petit, et ne présentant en moyenne que 200 ou 25o ohms de résistance. On sait d’ailleurs* que la longueur du fil induit, son diamètre et le nombre de ses spires doivent être calculés d’après la résistance du circuit extérieur. Sur un circuit court, une grosse bobine de Ruhm-korff donne de très faibles et très mauvais résultats, alors qu’une toute petite bobine à fil secondaire assez gros (n° 28) fait parler le récepteur avec beaucoup de force. L’absence de ces notions a bien souvent causé des surprises aux débutants dans les expériences microphoniques.
- L’idéal serait d’avoir des bobines construites spécialement pour les circuits sur lesquels elles doivent agir ; mais on comprend que la chose soit bien difficile, pour ne pas dire impossible, à réaliser, et ce n’est guère que le hasard qui se charge de nous montrer des cas dans lesquels les conditions théoriques sont rigoureusement observées. Aussi, en pratique, est-on obligé de se contenter d’un certain nombre de modèles de bobines qui, comme les électro-aimants des télégraphes, se rapprochent le plus possible des conditions générales de maximum ; et d’ailleurs il est plus facile de régler, au moyen des rhéostats, la résistance du circuit d’après les constantes de la bobine employée, que de chercher à modifier celle-ci pour la mettre dans l’équilibre voulu avec la résistance du circuit. Tout cela est devenu trop classique pour que nous insistions davantage.
- Certains appareils, cependant, ont été construits différemment des bobines ordinaires, dans le but d’introduire des dérivations dans le circuit inducteur. Ainsi M. Maiche a obtenu de très bons résultats en constituant l’hélice primaire des bobines avec deux fils traversés en sens inverse par le courant de la pile ; l’un de ces fils est relié au transmetteur et à la pile ; l’autre, un peu plus résistant, forme dérivation sur la pile ; de telle sorte que les variations d’intensité qui ont lieu dans ces deux circuits s’ajoutent pour augmenter Ténergie du courant induit. Ce système est évidemment supérieur à celui que l’on emploie ordinairement, et il est à souhaiter que l’application en soit faite dans les installations téléphoniques.
- Arrivons maintenant à la discussion des raisons qui nous ont conduit à adopter l’usage des bobines polarisées.
- On sait que l’une des causes qui empêchent les
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- électro-aimants de réagir avec toute leur puissance est l’action des courants induits inverses et directs qui ont lieu au moment de la fermeture et de l’ouverture du circuit ; en outre, les induits d’ouverture prolongent'l’action du courant principal. Ces effets n’ont pas besoin, pour se produire, que le courant soit interrompu; de simples variations d’intensité, pourvu qu’elles soient brusques, donnent naissance à des phénomènes identiques, quoique beaucoup moins- énergiques, et nous avons déjà signalé leur existence lorsqu*on fait usage de bobines de résistance placées en dérivation sur un circuit téléphonique. Nous avons montré que les mêmes effets qui’ sont gênants dans les électro-aimants destinés à agir mécaniquement, deviennent effets utiles poulies transmissions téléphoniques.
- Si maintenant on recueille ces çourants induits dans un second circuit voisin du premier, on constitue une bobine, dite d’induction, et ce sont précisément les conditions selon lesquelles est effectué le rapprochement des deux circuits, induc teur et induit, qui doivent être étudiées spécialement pour- obtenir un rendement maximum. Les questions de diamètre de’s fils, de leur longueur, du nombre de leurs spires, ayant déjà fait l’objet de travaux antérieurs, nous les avons laissées de côté, et nous avons limité notre étude à l’influence du noyau placé dans l’axe de la bobine.
- M. de Waha, a publié dans ce journal une étude fort intéressante des phénomènes d’induction ; comparant les bobines d’induction à des condensateurs, l’auteur dit ceci :
- « L’énergie électrique condensée (dans le milieu « ambiant) se partagera, au moment de l’interruption « .lu courant, entre les deux circuits; elle s’ap-« puiera en quelque sorte sur la résistance pré-« sentée par l’un d’eux pour se lancer dans « l’autre. » — Et plus loin : « Il est facile de se « rendre compte pourquoi il est avantageux d’em-« ployer dans les appareils d’indiiction des noyaux « de fer doux, composés d’un faisceau de fils « isolés. D’un côté, les courants du fer favorisent « la condensation électrique; d’un autre côté, le « noyau présentera un appui d’autant plus co nsi -« dérable à l’énergie électrique, rendue libre par « l’interruption du courant, que les fils sont plus « fins et mieux isolés (1). »
- On pourrait, en faisant usage d’une comparaison vulgaire, résumer les mêmes principes, en disant que le courant induit est lancé avec d’autant plus d’énergie que le tremplin sur lequel il prend son élan a plus d’élasticité; et cette élasticité dépend elle-même des conditions dans lesquelles se trouve le noyau.
- Or, en microtéléphonie, ces conditions sont dif-
- (!) Les Condensateurs électriques, parM. de Waha; Lumière électrique, numéro du 11 juin 1881.
- férentesde celles que l’on observe.dans la construction des bobines d’induction ordinaires. En effet, lorsqu’il s’agit d’obtenir des étincelles ayant leur valeur maxima, il est nécessaire que les interruptions du courant primaire soient aussi brèves que possible, et cela ne peut être obtenu qu’en combattant le magnétisme rémanent du barreau de fer doux, ce magnétisme rémanent ayant pour effet de prolonger la durée d’action du courant principal, comme lorsqu’il s’agit d’un électro-aimant. Aussi
- a p
- remplace-t-on, dans les grosses bobines d’induç-tion, le trembleur de Neef par celui de Foucault ou par celui, plus récent, de M, Marcel Deprez.
- Mais lorsque le courant primaire n’est pas interrompu, lorsqu’il subit seulement des variations d’intensité destinées à reproduire la parole, il y a tout avantage, au contraire, à prolonger la- durée des
- induits qui résultent de ces variations d’intensité. Pour qu’il y ait production d’un courant induit, il faut que la variation du courant principal ait lin début suffisamment brusque, et cette condition est d’autant mieux remplie que le transmetteur microphonique est plus sensible, c'est-à-dire plus facilement et plus vite’ ébranlé par les vibrations vocales. D’autre part, les expériences de MM. Bell, Pol-lard, C. Herz, Dunand, Ader, etc., démontrent que les récepteurs qui parlent le mieux sont ceux qui ont été polarisés préventivement (magnétiquement ou par une charge statique), précisément parce que
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- l’un des principaux effets de cette polarisation est de prolonger l’action du courant qui les excite. On peut même admettre que le microphone envoie, non pas des courants ondulatoires, comme on a l’habitude de le dire, mais de véritables courants interrompus, extrêmement rapprochés, et qui, prolongés par la polarisation du récepteur, arrivent à former une période d'état ondulatoire dont les différents sommets correspondent aux inflexions de la voix.
- Ce qui semble bien confirmer cette manière de voir, c’est que les flammes chantantes et parlantes de Kcening, qui photographient la voix humaine, ne forment pas de véritables ondulations, mais bien des’coufbes maxima, à sommets multiples, et se rapprochant beaucoup, au point de vue graphique, des tracés recueillis sur le phonographe.
- Et, d’ailleurs, lorsqu’on reçoit un courant microphonique direct dans un récepteur sans noyau, il est facile de remarquer combien le timbre est saccadé et vibrant. L’oreille n’a pas, comme la rétine, une période de retard de grande durée, et elle peut être impressionnée différemment par des tonalités dont les vibrations dépassent plusieurs milliers par seconde ; aussi saisit-elle très nettement, dans ce cas, le rythme vibratoire du courant correspondant à la voix émise. Mais dès qu’on approche du récepteur un aimant ou seulement un barreau de fer doux qui agit par son, magnétisme rémanent, on perçoit aussitôt le changement qui s’opère, non seulement dans l’intensité du son, mais aussi dans sa pureté, nous avons presque envie de dire dans son modelé. La rémanence du récepteur agit en quelque sorte comme une période de retard artificielle qui remplace celle qui manque à notre oreille.
- Il est donc bien évident que si la bobine d’induction agit dans le même sens, l’effet produit est encore plus parfait, puisque le courant qui arrive au récepteur est déjà presque complètement en période ondulatoire.
- Or, les bobines employées ordinairement ne donnent ce résultat que très incomplètement, surtout lorsque le transmetteur possède une résistance quelque peu considérable. Dans ce dernier cas, en effet, la résistance du transmetteur affaiblit l’intensité du courant inducteur, et le noyau de la bobine ne peut être, par suite, que très faiblement aimanté; aussi, lorsqu’ont lieu les variations du courant primaire, l’induit qui en résulte n’est-il que très peu prolongé, en même temps que son énergie est loin d’atteindre le maximum qu’elle aurait avec un point 'd’appui plus élastique, c’est-à-dire avec une magnétisation plus grande du noyau de la bobine.
- Ces inconvénients disparaissent en partie lorsqu’on fait usage de transmetteurs peu résistants, tels que ceux qui ont leurs contacts variables disposés en quantité ; cependant, même dans ces
- conditions, on peut encore améliorer le résultat définitif en polarisant le noyau des bobines.
- Dans une première série d’expériences, nous avons construit une petite bobine d’induction en enroulant concentriquement deux fils de même longueur (io mètres), et de section un peu différente (2 et 3 dixièmes de millimètre) autour d’une bobine de téléphone sans noyau. Le plus gros de ces fils était relié à la pile et au transmetteur, le plus fin au téléphone récepteur. Dans ces conditions, le courant d’induction était très faible, et le récepteur, constitué par un téléphone à aimant très faible, parlait d’une façon saccadée et vibrante. La bobine fut ensuite placée à l’extrémité d’un barreau de fer doux, et, aussitôt, la parole devint à la fois plus forte et surtout plus nette. Le barreau de fer doux fut alors remplacé par un barreau d’acier aimanté (une tige de téléphone ordinaire), et, pour surexciter son magnétisme, nous avons placé une masse de fer doux M tout près du pôle occupé par la bobine (fig. 1).
- Dans ces conditions, la voix était reproduite avec peu de force, étant donnée la faible intensité du courant inducteur; mais, en revanche, la qualité du son était parfaite; on reconnaissait les intonations les plus délicates et l’accentuation de chacune des syllabes, quelle que fût la vitesse avec laquelle parlait la personne placée au poste de transmission ; les saccades et le timbre vibrant des expériences précédentes avaient complètement disparu.
- Pour bien apprécier la valeur du résultat obtenu et pour reconnaître la part qui revient à la polarisation préventive du noyau de la bobine, nous avons fait une autre série d’expériences dont les dispositifs sont indiqués schématiquement par la figure 2.
- Deux bobines d’induction, de très petit modèle, furent associées en tension et leurs noyaux approchés à un millimètre environ des pôles d’un puissant électro-aimant; celui-ci était actionné par une pile indépendante. Le courant de cette pile était gràdué de façon à ce que l’influence magnétique de l’électro sur les noyaux des bobines fût à peu près égale à l’action du courant primaire (a b), sur ces mêmes noyaux. On pouvait ainsi, soit neutraliser leur état magnétique, soit le renforcer, selon la direction du courant dans le fil P N. Or, lorsque l’électro agissait sur le noyau des bobines dans le même sens que le courant de leur circuit primaire, la voix devenait à la fois plus intense et plus nette ; l’inverse avait lieu lorsque l’électro était aimanté en sens contraire.
- Nous avons alors opéré avec des bobines dont les noyaux étaient polarisés par un très fort aimant permanent à cinq lames, pouvant porter 35 kilos, (fig. 3). Le résultat s’est encore montré bien supérieur à celui obtenu avec des bobines non polarisées.
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- La. conclusion que nous pouvons tirer de ces expériences est qu'il y a tout avantage à ce que les bobines transformatrices aient leurs noyaux aimantés à saturation.
- Nous ferons en outre remarquer que l’emploi de deux bobines disposées comme celles de la figure 3 nous rapproche des conditions qui ont été reconnues les plus favorables pour la production des courants très énergiques, c’est-à-dire de l’utilisation seulement des extrémités polaires d’une bobine d’induction. Effectivement, l’ensemble de notre système constitue une bobine unique dont les extrémités polaires seules sont actives, et dont la partie médiane est formée par l’aimant, ce qui, d’une part, permet de n’enrouler le fil inducteur qu’aux extrémités du noyau, et, d’autre part, augmente beaucoup la polarisation des extrémités.
- Il résulte de tout ceci que, dans la pratique, il
- FIG. 3
- serait préférable de substituer aux barreaux de fer dans des bobines microphoniques, des barreaux d’acier aimantés à saturation, comme ceux des téléphones, en ayant soin de faire concorder l’action magnétisante de la première hélice avec l’orientation du magnétisme du noyau lui-même.
- Mais ce n’est pas tout; nous pouvons encore, au moyen d’une légère modification dans la disposition du second circuit, augmenter considérablement l’action des variations d’intensité du courant inducteur sur le fil induit. Lorsque ces variations ont lieu, le noyau de la bobine subit dans son état magnétique une série de variations .correspondantes qui agissent comme des ressorts magnétiques pour donner l’élan nécessaire au courant d’induction : c’est ce que nous avons déjà appelé l'effet de tremplin du noyau de la bobine, et nous avons vu aussi que l’effet maximum est obtenu avec la saturation du noyau.
- D’autre part, nous savons que ces variations de l’aimantation du barreau peuvent influencer des masses de fer doux placées près des pôles,
- sans rien perdre pour cela de Jeur énergie ; bien au contraire, l’effet définitif est encore augmenté par suite de cette surexcitation, ainsi que l’ont prouvé les expériences de M, du Muiiccl et de M. Ader. Nous sommes donc autorisé à utiliser cette influence magnétique du noyau de la bobine pour augmenter la somme des réactions qui ont lieu dans le circuit induit,
- Supposons, par exemple, que le courant d’induction, avant de passer dans les conducteurs de ligne, traverse deux téléphones sans diaphragme, dont les aimants sont placés à un millimètre des extrémités du noyau de la bobine. Toutes les variations magnétiques du noyau réagissant avec force sur les aimants des téléphones, ceux-ci ajoutent directement dans le circuit dont ils font partie l’effet de leurs propres variations à l’action de la bobine sur le fil induit.
- Rien n’est plus facile d’ailleurs que de se rendre compte du rôle rempli par ces téléphones, en supprimant leur rapport avec le circuit d’induction et en les reliant directement entre eux et à la ligne. On n’a plus alors, comme agent de transformation, que l’induction magnétique du noyau de la bobine sur les aimants des téléphones, et cette induction est encore suffisante pour faire parler très fortement le récepteur.
- En pratique, cette adjonction de deux téléphones à la bobine transformatrice aurait l’inconvénient d’augmenter beaucoup le volume des appareils, aussi avons-nous cherché un moyen plus simple pour arriver au même résultat, et voici celui auquel nous nous sommes arrêté. Sur chacune des extrémités du noyau de la bobine, formé d’un barreau d’acier aimanté à saturation, on fixe, au moyen d’une bague de cuivre, une petite niasse de fer doux cylindrique, d’un ou deux centimètres de longueur, et qui est maintenue à un millimètre du pôle. Cette masse, destinée à la fois à surexciter l’aimant et à subir l’influence de ses variations magnétiques, porte une bobine plate sur laquelle s’enroule l’extrémité du fil induit, avant d’être relié à la ligne. Ce système de bobines donne des résultats bien supérieurs en intensité et en netteté à ceux fournis par tous les modèles que nous avons expérimentés jusqu’à ce jour.
- (A suivre). Le Dr Boudet de Paris.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Sur les contacts microphoniques dans le vide.
- D’après M. E. Berlincr, les changements d’épaisseur et de densité des couches d’air interposées
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- entre les parties vibrantes d’un contact microphonique, produisent de grands changements dans la résistance. Comme-'la résistance d’un charbon très dense n’est pas augmentée par la pression, l’auteur explique par l’intervention des couches d’air ce fait que la résistance d’un contact microphonique peut atteindre jusqu’à un megohm.
- Pour confirmer ses idées, M. Berliner a introduit un transmetteur Blake dans une boîte de bois hermétiquement fermée et pouvant être reliée à une machine pneumatique. Deux conducteurs métalliques traversant les parois delà boîte, permettaient de mettre le transmetteur en relation avec divers appareils. La résistance du contact s’est affaiblie de deux dixièmes lorsqu’on a fait le vide. Cependant, quand on a intercalé le microphone avec un élément de pile dans le circuit primaire d’une bobine d’induction dont le circuit secondaire comprenait un téléphone, l’intensité du son transmis a été la même lorsque le transmetteur était dans l’air que lorsqu’il était dans le vide.
- La rédaction du Zeitschrift für Electricitat fait femarquer que la façon dont les deux charbons sont placés l’un sur l’autre doit aussi influencer sur la résistance du contact. La résistance de l’air considérée seule devrait varier comme dans l’arc électrique en raison inverse de l’intensité du courant.
- Sur la mesure de la résistance moyenne d’un groupe de piles.
- On a souvent besoin de connaître la valeur de la résistance moyenne d’un groupe de piles identiques, par exemple, de savoir quelle est la résistance moyenne d’un élément Leclanché d’un type
- FIG. I
- dont on possède une série. M. J. Pollard résout ce problème de la façon suivante :
- Prenons, par exemple, trois éléments de même nature, de forces électromotrices inconnnes, E,, E2, E3xet de résistances intérieures également inconnues t\, r,.,, r3.
- Opposons d’abord (fig. i) E3 -f- E2 à et, au moyen d’une dérivation convenable A,, réduisons l’ensemble des deux premières de manière à avoir l’égalité entre les forces électromotrices et à immo-
- biliser l’aiguille du galvanomètre g placé sur le circuit (méthode de Poggendorf pour la comparaison des forces électromotrices).
- Ajoutons ensuite une résistance arbitraire, io ohms par exemple à rü -f- r3 ; pour rétablir l’équilibre, il faut ajouter à A, une résistance e, ; appliquant à ces deux opérations la formule de la méthode de Poggendorf, on a :
- Ej + En____(r2 -(- 7~;i) 4- A|_(?*2 -f- r3 -f- îo) -p (Ai -P £|)
- É] A( — Aj + e,
- Tirant des deux derniers membres la valeur de r2 -|- r3, on trouve :
- . . i°
- 1 2 + 1 3 — Aj
- On a de même, en changeant le groupement des piles et répétant les deux opérations indiquées ci-dessus :
- , , 10
- 1 :i + /1 — A2 —
- e2
- . , . 10
- et r t + ;-2 = A 3 —
- -3
- En faisant la somme des trois équations, on a :
- 2 (r, + r2 + = io f — -P — + —\
- \ si H £31
- D’où la valeur de la résistance moyenne :
- ri + r2 + r:i 10 / Ai , A2 , A3y
- Tm — ~ — ~r I |--------(--)
- o o Ut s2 £3 J
- La double opération ci-dessus, répétée avec les trois groupements, permet aussi d’écrire :
- E* -f- E;j • IO
- ---T,----- = I + — =*1
- El El
- E;i + Ej 10
- E2
- Ei + E3
- . 10
- r, — I “f" — —. ci 3
- E;j
- , On a alors les relations :
- et
- Cl J -f- Cl % Cl % 2 — Cl 1 Cl 2 Cl 3
- 100 (ej -1- e2 E:0 "E ïOOO — 4 £1 e2
- Et ces relations donnent en plus de la valeur de la résistance moyenne les trois égalités :
- E2_____ Ea
- r+crj (r+
- Ce qui est intéressant à connaître.
- Si les trois forces électromotrices sont égales, c’est-à-dire si E, = Eo = E3, on doit alors trouver al~a» = a3 = 2. et
- El = E2 = e3 — 10
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- JOURNAL UNIVERSEL IV ÉLECTRICITÉ
- 2l3
- on a de plus r2 + r3 = A,
- r3 + ri = A2 n + r2 — A 3
- i ' . At -f- A2 -f- A^
- et finalement rra =------;-----
- o
- Quand on'possède une boite de résistance avec pont de Wheatstone, on établit les appareils comme
- FIG. 2
- le représente la figure 2. On met Ei à la place habituelle du galvanomètre et E2 -j- E3 à celle de la pile. Le galvanomètre g prend la place de la résistance à mesurer. Le rhéostat forme alors la dérivation ; on prend 10 sur l’un des bras de proportion, enfin l’autre bras reste coupé.
- Du vieux neuf.
- Il arrive souvent que beaucoup d’inventions secondaires, et des découvertes en dehors de la préoccupation du moment, échappent aux savants et aux journalistes scientifiques; mais qu’une disposition électro-magnétique usitée depuis des années, connue de tous les constructeurs et de tous ceux qui se sont occupés d’électricité soit présentée en 1882 comme une nouveauté?... cela passe la permission. C’est cependant ce que nous voyons dans un certain journal qui se dit spécial et a la prétention d’être bieti informé. Ainsi, on nous donne comme une nouveauté de nature à intéresser le lecteur, Vélectro-aimant boiteux, appliqué et étudié il y a plus de trente ans par M. Th. du Moncel, et qu’on retrouve dans une foule d’appareils électriques ! ! ! C’est à croire qu’il n’y a pas d’électriciens dans la rédaction du journal en question. Mais puisqu’on fait du vieux neuf avec cette réminiscence due au professeur Ere. Arzbergcr, nous extrairons du volume de M. Th. du Moncel, sur le Magnétisme et
- Vélectro-magnétisme, au point-de vue de la construction des électro-aimants, publié en i858, quelques données qui pourront être plus utiles au lecteur que l’article dont nous parlons. Ainsi, nous lisons, page 78, le passage suivant :
- « Si l’attraction polaire des aimants droits est renforcée par l’addition d’une masse de fer à leur pôle inactif, ou plutôt par la réaction opérée par cette masse, de ter sur la distribution du magnétisme dans l’aimant lui-même, un effet analogue doit se manifester par suite de la réaction de l’armature sur le pôle actif qui l’attire, et cette réaction doit devenir de plus en plus énergique à mesure que cette armature se rapproche de l’aimant. Si le pôle inactif est complètement libre, sa puissance attractive est augmentée sans qu’il en résulte aucun avantage pour l’effet attractif que l’aimant est appelé à produire; mais si une longue masse de fer est adaptée à ce pôle inactif, la force attractive de celle-ci, qui forme alors l’épanouissement du pôle auquel elle est unie, se trouve grandement renforcée, en même temps que son intervention augmente, d’autre part, l’énergie du pôle actif de l’aimant.
- « Il résulte de cette double réaction que si on recourbe la masse de fer additionnelle et qu'on la fasse réagir sur Varmature de Vaimant, sa réaction polaire, jusque-là très-minime, pourra acquérir une certaine puissance, et cette puissance sera encore surexcitée par la réaction réciproque des deux fluides contraires distribués tant sur la masse de fer additionnelle que sur l’armature, surtout si ces deux pièces sont en contact l’une avec l’autre. De cette double réaction résultera une induction favorisant la distribution des fluides dans l’armature, qui, comme dans le cas où un aimant fixe est placé devant elle, facilitera l’action attractive de l’électro-aimant, et l’augmentera dans une proportion assez considérable pour que l’adhérence magnétique aux deux pôles de l’électro - aimant ainsi formé soit presque égale, bien qu’il y ait dissemblance complète de force entre les deux pôles pris isolément. Telle est l’explication de la force relativement considérable des électro-aimants en fer à cheval n’ayant qu’une bobine sur l’une de leurs branches, électroaimants que j’ai désignés sous le nom d'électroaimants boiteux. Les expériences suivantes montrent la force qui résulte de cette disposition magnétique.
- i» Force attractive d’un électro-aimant droit avec une armature éloignée de 2 mill. .1/2 et la pile se composant de 8 petits éléments Daniell. . . 11 gr.
- 20 Id. id. avec une masse de fer additionnelle au
- pôle inactif, pesant 70 gr......................... 32 —
- 3o Id. id. avec la masse additionnelle disposée de manière à constituer un électro-aimant boiteux. 45 —
- « Au premier abord on serait porté à croire que
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- le pôle le plus énergique d’un électro-aimant boiteux, c’est-à-dire celui qui est revêtu de l’hélice magnétisante, serait celui qu’on devrait choisir de préférence pour réagir à distance sur l’armature ; mais il n’en est pas ainsi, et c’est précisément la disposition inverse qui produit les effets les plus énergiques. C’est ce qui résulte des expériences suivantes, répétées plusieurs fois, en changeant les branches polaires de place pour diminuer les influences locales.
- i° Attraction d’un électro-aimant boiteux ayant son hélice magnétisante sur la branche appelée à
- produire l’attraction à distance................... 35 gr.
- 2° Attraction du même électro-aimant boiteux ayant son hélice magnétisante sur la branche où se trouve articulée l’armature........................ 40 —
- « Cet effet plus avantageux de la seconde disposition de l’électro-aimant boiteux provient évidemment du contact ou tout au moins du rapprochement très grand qui existe entre cette branche qui renferme le pôle actif et l’armature, rapprochement qui, en rendant plus énergique la polarisation des fluides dans cette dernière, augmente par sa réaction sur le noyau de l’électro-aimant la force polaire de la branche sans bobine, laquelle force devient très énergique. Cette disposition, dans son principe n’est autre que celle d’un électro-aimant droit dont les deux pôles étant épanouis réagissent l’un sur l’autre : or on comprend facilement, a priori, que la perte de force magnétique par l’épanouissement des pôles doit être moindre dans ce cas que dans celui ou l’un des pôles fournirait à lui seul tout le cercle magnétique nécessaire pour rejoindre l’autre pôle, ce qui est le cas des électroaimants boiteux dont l’armature est articulée sur la branche sans bobine. »
- La seconde prétendue découverte de M. Arzber-ger patronnée par le journal en question, n’est pas plus véridique que la précédente, car elle avait été faitç il y a plus de 18 ans par M. Dujardin et brevetée par lui en février 1864. Le fil de la bobine de résistance appelée à détruire l’extra-courant de rupture était alors en maillechort ou en fer. Ce système a été peu de temps après perfectionné par le R. P. Poidevin et appliqué avec succès par M. Trouvé. Tous ces systèmes sont décrits dans Y Exposé des applications de V Electricité de M. Th. du Moncel, tome II, p. n5, et le journal qui a reproduit le travail allemand, avait pourtant entre les mains tous les documents nécessaires pour ne pas commettre des erreurs aussi flagrantes. Le système de/?/ replié pour éviter les effets d’induction de la bobine eîle-même, a été imaginé pour la première fois, en 1859, par M. Caselli pour le,s rhéostats de ses appareils autographiques, et depuis on les a employés dans beaucoup d’applications électriques. Nous sommes toujours étonnés que les journaux
- scientifiques ne soient pas plus au courant des inventions.
- Résistance électrique des corps isolants sous l’influence de la chaleur.
- M. Lippmann a étudié l’isolement obtenu avec des matières telles que la gomme laque, la gutta-percha, l’essence d’amandes amères, l’essence de térébenthine, le pétrole, etc.,Pour cela, il a placé ces corps entre deux lames de platine dans le même circuit qu’un de ses électromètres capillaires et une pile de 1 à 40 éléments volta. A la température ordinaire l’électromètre n’a pas été affecté ; mais à des températures plus élevées (ne dépassant pourtant pas 100) les mouvements du mercure de -l’électromètre ont accusé le passage Üu courant. Par le refroidissement, les corps étudiés sont redevenus complètement isolants. Il en résulterait que les corps qui, à la température ordinaire, se comportent comme isolants, ne le seraient plus au delà d’une certaine température.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le directeur,
- En lisant votre article du dernier numéro de la Lumière èlecrique, sur la foudre en boule, je me suis souvenu d’un fait qui s’est passé il y a cinq ans au n° 82 de la rued’Assas que j’habite.
- C’était au mois de juin : un serviteur de la maison était assis sous une véranda donnant sur le jardin; la journée avait été très orageuse et le ciel couvert, mais il n’avait pas plu. La chaleur était accablante et faisait pressentir un orage.
- Vers 3 heures et demie le roulement éloigné du tonnerre se lit entendre : à 4 heures la domestique qui était restée sous la véranda poussa un cri en apercevant un globe de feu un peu plus gros que la tête qui paraissait être formé de souffre enflammé car il était bleu. Le globe descendit lentement dans le jardin et se balança pendant quelques instants sur le gazon à la façon des bulles de savon que l’on soutient sur de la laine, puis tout à coup il se releva plus rapidement qu’il n’était descendu et passant par dessus la maison alla s’abattre sur une des flèches de la grille du jardin du Luxembourg, situé à peu près à 100 mètres de la rue d’Asfas dans l’avenue de l’abbé de l’Epée. Ace moment nous entendîmes une violente détonation, et en examinant le trottoir à l’endroit où la foudre était tombée, je vis le bitume projeté en morceaux dont quelques-uns étaient à une grande distance. Le trou qui s’était ouvert pouvait avoir un pied de profondeur sur 5ocentimètresdedianiètre,et l’odeur de soufre était répandue dans tout le quartier. Une abondante grêle suivit le phénomène.
- Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’assurance de ma considération distinguée.
- P. Tavernier.
- Nous sommes très heureux de ce renseignement, et nous prions nos lecteurs, quand ils auront à leur connaissance des faits de ce genre, de vouloir bien nous les communiquer; c’est par le groupement d’observations multipliées que les études des phénomènes météorologiques peuvent progresser et conduire ù des théories exactes.
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- FAITS DIVERS
- A l’Exposition de Bordeaux qui doit s’ouvrir prochainement, l’électricité aura un pavillon spécial dans les allées d’Orléans; elle sera représentée par ses principales applications, soit comme source de mouvement, de chaleur ou de lumière, soit pour la transmission du son à distance au moyen des appareils téléphoniques.
- La Compagnie des Téléphones doit envoyer à cette exposition des appareils qui ont figuré à Paris et son bureau central modèle qui fonctionnera comme à Paris sous les yeux du public. Elle installera encore sur les différents points du palais et des jardins des guérites capitonnées dans lesquelles les téléphones seront mis à la disposition des visiteurs.
- La Compagnie des Téléphones va également agencer au pavillon d’électricité deux salles d’auditions téléphoniques où les visiteurs .pourront entendre les représentations des principaux théâtres de Bordeaux et particulièrement du Grand-Théâtre.
- Un tramway électrique va circuler à Bordeaux, à l’occasion de cette même Exposition. Le car adopté est semblable à celui qui a fait à Paris le service de la place de la Concorde au Palais de l’Industrie. La commission de l’Exposition bordelaise, chargée d’étudier l’établissement de ce tramway, avait eu primitivement l’intention de ne le faire circuler que cjans l’enceinte fermée; mais pour des raisons d’impossibilité majeure et de sécurité, elle a renoncé à ce premier projet. Elle a donné suite â l’idée d’utiliser le tramway électrique à un service public et de le mettre en correspondance avec les tramways de la Compagnie de Bordeaux. Le car amènera les voyageurs de la place de la Comédie jusque dans l’intérieur de l’Exposition de la Société philomathique. On annonce également que la Compagnie des tramways est disposée à prêter tout son concours à cette expérience.
- Unè nouvelle compagnie d’électricité vient de se fonder à Londres. Elle a pris pour raison sociale le titre suivant : The River Téléphone and Electric Light Company.
- A Londres viennent de se fonder les compagnies électriques The Electric Light Construction, Supply and Maintenance Corporation et la Domestic Electric Lighting Company. ___________
- A Glasgow (Ecosse) vient de se former une nouvelle compagnie électrique, sous le titre de Universal Electric Company. Cette compagnie a acquis une partie des fabriques « Baltic Jute » à Bridgeton, près de Glasgow, qui seront utilisées comme usines pour construction d’appareils électriques.
- Une nouvelle Compagnie pour les applications électriques a été récemment organisée à Louisville, dans l’État de Kentucky.
- On annonce que les fabricants de torpilles électriques en Amérique viennent de se constituer en société et vont établir des usines près de New-York.
- Il est question d’employer sur les tramways de Bruxelles une voiture mue par l’électricité.
- Éclairage électrique
- Les essais d’éclairage par l’électricité continuent chaque soir sur la place des Célc6tins> â Lyon, avec des foyers Sie-
- mens. Au lieu de placer la lumière à la hauteur des réverbères ordinaires, le foyer lumineux a été .élevé au niveau du premier étage. Les colonnes nouvelles sont établies sur le bord des bouches d’aérage du théâtre ; le sommet est surmonté d’un morceau de fer recourbé qui donne à l’ensemble l’aspect d’une énorme crosse d’évêque. C’est â cette crosse qu’est suspendue* la lanterne ressemblant exactement anx réverbères des rues de Lyon. Les verres dépolis ne dissimu? lent peut-être pas encore assez l’éclat des rayons. Le globe qui surmonte la fontaine répand beaucoup plus de lumière, sans laisser briller trop vivement le foyer électrique.
- Le conseil municipal de Besançon avait été saisi dernièrement d’une demande d’éclairage à la lumière électrique, déposée par M. de Brancion de Liman, qui sollicitait de la ville la coucession des forces motrices des barrages de Ve-lotte et de la Malâte, nécessaires au fonctionnement des machines destinées à la production de la lumière électrique, système Edison. Après un examen attentif de la question, le conseil municipal de Besançon vient d’autoriser des essais de cet éclairage sur la voie publique.
- L’Exposition d’électricité du Palais de Cristal a attiré l’attention des « vestries » de Londres. La « vestry » de Hampstead a élu dix de ses membres avec M. Lowe comme directeur pour étudier et faire un rapport sur cette exposition au point de l’éclairage public par l’électricité.
- Nous avons annoncé qu'on avait l’intention d’éclairer par la lumière électrique la ville d’Hastings dans le comté de Sussex. Une compagnie s’est fondée dans cette^ville pour y introduire l’éclairage électrique par le système Brush. Cette compagnie, dit VElectrician, a obtenu de MM. Hammond et Cc, concessionnaires du système Brush pour le comté de Sussex, le droit d’exploiter ce système à Hastings.
- Barnard Castle, ville du comté de Durham, va probablement être éclairée par l’électricité. La municipalité de cette cité industrielle vient de charger son secrétaire de faire une enquête au sujet de la praticabilité ce l’éclairage de Barnard Castle par la lumière électrique et d’adresser un rapport au comité. _____
- UElectrician de Londres annonce qu’une compagnie vient de se former à Eastbourue (Sussex) pour l’introduction de l’éclairage électrique dans cette station de bains de mer.
- A Turin, comme nous l’avons déjà annoncé, la municipalité a adopté pour le Théâtre-Royal, l’éclairage électrique, système Siemens. Dans le principe, la lumière était d’une couleur jaune pâle, parce qu’on avait voulu adoucir avec des globes teints en jaune l’éclat trop vif de la lumière blanche produite par les appareils électriques. Mais main-tevant on a enlevé de nouveau les globes jaunes et les habitués du Théâtre-Royal de Turin ne s’en plaignent pas. M. Brachi, qui représente â Turin la maison Siemens, va essayer également, pour l’éclairage du Théâtre-Royal, la lampe-soleil que l’on a vue â l’Exposition internationale d’électricité de Paris. ___________
- A l’occasion du carnaval, plusieurs des rues et places publiques de Rome ont été éclairées plusieurs soirs de suite â l’électricité. Cet éclairage a été particulièrement beau sur la place Navone, qui est la plus vaste place de Rome.
- Ouatorze lampes électriques étaient réparties sur celte place et au sommet de l’obélisque en granit rouge, qui couronne la fontaine centrale du Bernin, se trouvait un loyer de la force de 12 5oo bougies.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Le chantier côté ouest du tunnel en construction sous l’Arlberg, en Autriche, vient d’être éclairé par la lumière électrique.
- Cinq régulateurs Bürgin suspendus à des mâts à une hauteur de 16 mètres permettent de poursuivre les travaux sans interruption pendant la nuit. Trois machines dynamo-élec-triqu:s, système Bürgin, actionnées par une turbine, fournissent le courant. Deux d’entre elles alimentent chacune un foyer de 3ooo à 4000 bougies. La troisième fait fonctionner trois régulateurs de chacun 2000 bougies disposés en série.
- A Buda-Pest, capitale de la Hongrie, il se fonde une Société par actions dans le but d’introduire dans cette ville l’éclairage électrique.
- Un projet d’éclairage par l’électricité des places de Pots-dam et.de Leipzig, ainsique des rues Leipzigerstrasse et Wilhelmstrasse, à Berlin, a été soumis à la municipalité de cette capitale.
- Une commission a été nommée pour étudier ce projet, et a tenu jeudi sa première séance. Il a été décidé que la Leipzigerstrasse serait éclairée électriquement, non seulement jusqu’à Wilhelmstrasse, mais encore jusqu’à Friedrich-strasse. Actuellement, se trouvent sur les places de Potsdam et de Leipzig et dans la rue de Leipzig, environ 85 lanternes à gaz. On les remplacera par 36 foyers électriques qui équivaudront à 900 becs de gaz. Les conducteurs électriques seront souterrains. Cet éclairage sera établi de la même manière que dans l’avenue de l’Opéra, à Paris. La municipalité de Berlin a donné son approbation aux décisions de la commission.
- A Melbourne, capitale de la colonie de Victoria en Australie, le commissaire des chemins de fer de la colonie a décidé d’éclairer à l’électricité les gares durailway métropolitain.
- L’installation des foyers électriques Brush, dans Midle-town, État de l’Ohio, est un grand succès; la Gazette de Cincinnati parle en termes enthousiastes des essais d’illumination qui ont été faits dans ces derniers temps.
- La question de l’éclairage des trains de chemin de fer par l’électricité est étudiée en Allemagne. La Zeitung der Deutschen Eisenbahnverwaltungen dit que l’administration des postes et des télégraphes d’Allemagne recherche si ce mode d’éclairage serait avantageux pour ses wagons de poste.
- Télégraphie.
- Nous avons annoncé que le Post-Office faisait poser un nouveau câble à travers le détroit du Firth of Forth, près d’Edimbourg. Une dépêche annonce que 1e vapeur Monta a terminé avec plein succès la pose de ce câble qui s’étend de Granton à Aberdour.
- Au Canada, le réseau télégraphique continue à s’étendre. On annonce de Montréal que la Canada Mutual Telegraph Company vient d’achever une ligne de télégraphe allant de Montréal à New-York. La ligne de Toronto à Buffalo est 'également terminée et celle qui va de Montréal à Ottawa a été inaugurée à l’ouverture du Parlement.
- L’insurrection qui vient d’éclater en Herzégovine vient d’entraîner des modifications dans le service télégraphique entre cette région et les Etats voisins. Par decision des gou-
- vernements autrichien et hongrois prise en vertu de l’article 8 de la convention télégraphique internationale, la réception et la transmission pour et parla Dalmatie et l’Herzégo-vine de dépêches privées, rédigées soit en chiffres, soit en un langage conventionnel, sont interdites jusqu’à nouvel ordre.
- Téléphonie.
- La British and Irish Téléphoné and Electric Works Company vient d’établir son siège à Londres, 5o Regent Street, Waterloo-place. Cette Compagnie a des succursales dans la Cité 28. Queen-Street, ainsi qu’à Newport et à Birmingham.
- La London and Globe Téléphoné and Maintenance Company, Société pour l’exploitation des téléphones, vient de se constituer à Londres au capital de six cent mille livres sterling en actions de dix livres.
- •
- D’intéressantes expériences ont été faites ces jours der-ni rs à Berlin, avec le microphone, dans la salle des séances des Députés. La tribune a été mise en relation téléphonique av c une salle éloignée, dite salle des machines. Les transmetteurs avaient été disposés d’abord sur la muraille située en face du Président, derrière la table ministérielle à hauteur d’appui des tribunes; 011 les a ensuite attachés des deux côtés de la tribune, ce qui a considérabl ment renforcé la transmission des sons à l’appareil récepteur. Le Président de la Chambre des députés et plusieurs députés, qui ont suivi avec intérêt ces expériences, ont à plusieurs reprises exprimé leur satisfaction. On n’entendait pas seulement dans la salle des machines chaque mot que prononçait l’orateur dans la salle des séances, on percevait encore les colloques de députés placés près de l’orateur.
- La Dundee and District Téléphoné Company a tenu ces jours-ci son meeting général annuel, dans lequel a été lu le. rapport des administrateurs sur l’exercice 1881. D’après ce rapport, la compagnie écossaise est dans une situation prospère. Il n’y a que seize mois qu’elle a été fondée et elle a déjà cent cinquante abonnés qui se servent de deux cents fils.
- A Strasbourg, le téléphone est utilisé pour le service des incendies. Un lil téléphonique destiné à mettre la cathédrale de cette ville en communication avec le poste de pompiers de la mairie pour les cas d’incendie vient d’être posé.
- La Société téléphonique de Zurich en Suisse vient de clore sa première année d’exploitation.
- Le nombre des appareils utilisés* a été de 277 dans la ville de Zurich même et de 109 dans les communes voisines.
- A Turin, un téléphone du système Nigra vient d’être installé à titre d’essai, rue Andrea Doria, à l’angle de la rue Lagrange, pour le service des gardes municipales. Ce téléphone communique directement avec le bureau central de la municipalité turinoise. L’appareil consiste en une boîte fermée à clef, dans laquelle se trouve tout ce qui est nécessaire pour converser par le téléphone. En cas de besoin, les gardes ouvrent cette boîte, donnent le signal .convenu et sc mettent en relation avec le bureau central.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 27100
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Electricité
- 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Administrateur-Gérant : Th. DU MONCEL A. GLÉNARD
- 4° ANNÉE (TOME VI) SAMEDI II MARS 1882 N° IO
- SOMMAIRE
- Courants d’interversions polaires; Th. du Moncel- — Sur le transport de la force à grande distance; J. Sarcia. — La Lampe Soleil; A. Guerout. — Expérience faite sur une pile secondaire de M. Faure, par MM. Allard, Le Blanc, Joubert, Potier et Tresca. — Bibliographie : La lumière électrique, par MM. E. Alglave et J. Boulard. — Électricité, par Fleeming Jenkin. — Traité des piles électriques, par A. Cazin. — Revue des travaux récents en électricité : Encore quelques mots sur les variations des constantes voltaïques. — Expériences hydrodynamiques, imitation par les courants liquides des phénomènes d’électro-magnétisme. — Une nouvelle pile à alcalis. — Correspondance : Lettre de MM. Ayrton et Perry.—• Faits divers.
- COURANTS
- D’INTERVERSIONS POLAIRES
- Plusieurs savants m’ayant fait observer que les courants que j’ai appelés courants d'interversions polaires (*) pourraient bien être de même nature que ceux qui résultent du mouvement d’une hélice suivant l’axe d’un barreau aimanté, et par conséquent que la machine Gramme ne devrait donner lieu qu’à deux sortes d’inductions et non à trois ; j'ai été conduit à étudier la question de plus près, et j’ai reconnu que les trois effets dont j’ai parlé sont bien en jeu dans cette machine, comme je l’avais avancé, et que les courants d'interversions polaires sont distincts de .ceux qui résultent du mouvement d’une bpbine dans un champ magnétique fixe suivant l’axe de l’anneau magnétique.
- Dans les expériences que j’avais faites antérieurement pour démontrer l’existence de ces sortes de courants, je faisais glisser, sur l’une des extrémités d’une tige de fer munie à son extrémité opposée d’une bobine d’induction, un faisceau aimanté, et je montrais qu’il se produisait un courant direct qui
- (’) Voir la Lumière électrique du 1er novembre 187g, et du 15 octobre 1881.
- persistait tout le temps du passage de l’aimant sur la tige de fer ; j’en inférais que ce courant résultait des interversions successives des polarités tour à tour produites au sein de la tige par suite de son contact avec les diverses parties du faisceau aimanté différemment polarisées. Mais on pouvait dire que, dans ces conditions, la partie de la tige correspondante à la bobine passant par des polarités différentes, l’effet devait être le même que si on eût déplacé la bobine d’un point à un autre d’une tige magnétisée, et par conséquent que l’interversion de ces polarités ne pouvait être considérée comme une source particulière d’induction. Pour que ces effets fussent bien nets à l’esprit, il fallait donc que la polarité de la tige, sous la bobine, se maintînt constante, et que les interversions polaires produites n’eussent pour effet que de ramener toujours la tige à la même polarité sous la bobine. C’est ce que j’ai fait dans les expériences que je viens de communiquer à l’Académie.
- Pour bien préciser les effets, j’ai fixé devant l’un des pôlesN (fig. 1) d’un aimant droit une bobine B disposée par rapporté lui comme le sont les hélices de l’anneau Gramme quand elles se présentent devant le pôle inducteur, c’est-à-dire de manière que le plan des spires pût coïncider avec l’axe de S’aimant, et j’ai introduit dans l’hélice le bout d’une longue tige de fer AD. Au moment de l’introduction de cette tige, j’ai obtenu un courant ordinaire d’induction qui était inverse et de 20°.
- La déviation galvanométrique étant revenue à zéro, j’ai poussé ma tige de fer AD jusqu’à moitié de la longueur, sans déplacer l’hélice, et j’ai obtenu des courants directs donnant des déviations •d’une trentaine de degrés en moyenne ; en continuant à enfoncer la tige de fer jusqu’à son autre extrémité, j’ai obtenu de nouveaux courants dans le même sens, mais plus énergiques que les premiers, qui donnaient lieu à une déviation moyenne d’une quarantaine de degrés. En répétant les mêmes expériences, mais en déplaçant la tige de fer en sens contraire, j’obtenais encore les mêmes effets, mais avec une direction opposée du courant. Enfin quand je déplaçais d’un seul coup la tige de fer AD dans
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- toute sa longueur, j’obtenais des courants beaucoup plus intenses qui fournissaient des déviations de 60 à 70 degrés. Or ces effets ne se produisent pas de cette manière quand l’hélice se déplace suivant l’axe de l’aimant.
- On doit se rappeler, en effet, que j’ai démontré que si une tige de fer AD est exposée par une de ses extrémités devant le pôle N d’un aimant de manière à constituer par influence un véritable aimant, le déplacement de la bobine B depuis la ligne neutre C de cette tige aimantée jusqu'au pôle inducteur N, donne lieu à un courant direct, mais que son déplacement dans le même sens, depuis l’autre extrémité D de la tige jusqu’à sa ligne neutre C, donne lieu à un courant inverse ; de sorte que si le mouvement de la bobine est effectué d’un seul coup d’un bout à l’autre de la tige, de D en A, on ne peut avoir qu’un très faible courant qui résultera alors uniquement de l’induction directe de l’inducteur sur le fil delà bobine. Or nous avons vu que c’était précisément dans ces conditions que l’on obtenait, dans les expériences précédentes, l’effet maximum.
- Il est certain que si les deux effets étaient les mêmes, on ne devrait obtenir aucun courant, dans les premières expériences que nous avons citées, car en définitive la partie B du noyau magnétique AD qui réagit sur le fil de l’hélice, est toujours polarisée de la même manière, et comme c’est la même masse de fër qui surexcite l’aimant inducteur, ce noyau ne doit pas, par suite de son mouvement, changer les conditions de surexcitation. On ne peut donc attribuer l’effet produit qu’à l'interversion des polarités des différentes molécules magnétiques de la tige qui, par les mouvements accomplis par elles dans les changements successifs de leurs conditions d’équilibre réciproque, donnent lieu à des manifestations d’induction correspondantes. On peut d’ailleurs s’en rendre compte avec le système d’analyse par les lignes de force magnétiques.
- En effet, dans la première position de la tige de fer que nous avons primitivement étudiée (et que nous représentons fig. 1), les lignes de force magnétique sont dans le plan des spires de l’hélice, et, par conséquent, aucune de ces lignes ne coupe l’hélice ; mais aussitôt que la tige se déplace, les lignes de force courbes a, b,c,d, a', b', c',d' qui correspondent à la région neutre du barreau, se présentent devant l’hélice B, et comme en ce moment elles se redressent soudainement, suivant les flèches indiquées sur la figure, elles donnent lieu à un çffet analogue à celui qu’on aurait obtenu en faisant passer brusquement la bobine B d’une position voisine de la ligne neutre C à la position correspondante à l'un des pôles A du barreau ; mais c’est alors le déplacement angulaire des lignes de force a, h, c, etc., qui remplace le mouvement
- exécuté pour faire couper, sous différentes inclinaisons, l’hélice par les lignes de force d’un champ magnétique fixe.
- J’ai voulu m’assurer de l’influence que pouvait exercer sur l’aimant inducteur le barreau de fer AD dans les différentes positions qu’il prend au moment où on le fait passer successivement dans la bobine B. Pour cela, j’ai recouvert le pôle inducteur d’une bobine H fixe (fig. 2), et j’ai répété les expériences citées précédemment sans que le circuit de la bobine B traversée par la tige de fer AD fût fermé. Je n’ai absolument rien obtenu, aucune déviation ne fut observée, et pourtant la bobine H placée sur le pôle inducteur, pouvait fournir un courant de 20° au moment où -la tige de fer était mise en contact avec l’aimant. Le frottement direct et successif de la tige de fer AD (fig. 3) sur ce pôle, depuis l’une de ses extrémités jusqu’à l’autre, ne développait pas davantage de courants dans la bobine H. On ne peut donc attribuer les courants étudiés précédemment qu’aux interversions successives des polarités magnétiques moléculaires.
- Ainsi, pour me résumer, les courants résultant du déplacement d’une bobine sur une tige de fer à travers un champ magnétique fixe, ne sont pas de même nature que les courants résultant du déplacement (dans un champ magnétique fixe) de cette tige de fer réagissant directement sur la bobine. Dans le premier cas, les courants provoqués par chaque moitié de la tige magnétisée sont de sens contraire, tandis qu’ils sont toujours de même sens dans le second cas, et leur intensité va en augmen tant avec la grandeur du déplacement, tandis qu’elle devient presque nulle, dans le premier cas, pour le mouvement complet de la bobine d’un bout à l’autre de la tige de fer.
- D’après ce principe, si on pouvait construire matériellement une machine de Gramme dont les hélices induites seraient fixes et disposées contre les pôles inducteurs, et que l’on pût faire tourner à travers toutes ces hélices un anneau de fer, 011 aurait des courants presqu’aussi énergiques que ceux résultant des autres inductions, et qui seraient d'interversionspolaires, mais qui exigeraient, pour être recueillis, la même disposition que dans la machine Gramme, car les effets produits aux deux diamètres opposés de l-’anneau, selon l’axe de l’inducteur, même en n’admettant- qu’un seul pôle inducteur, seraient de sens contraire. Comme une pareille machine ne peut être réalisée, et que ses éléments se retrouvent dans la machine Gramme, puisque chaque bobine qui passe devant l’inducteur est influencée non seulement par l’effet de son mouvement dans le champ magnétique de cet inducteur, mais encore par le renversement des polarités magnétiques de la partie du noyau de fer qu’elle recouvre, et par son éloignement ou son rapprochement successif de la ligne neutre du sys-
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- tème (ou, ce qui revient au même, de la résultante des spires magnétiques), on peut donc dire que la machine Gramme renferme trois genres d’induction qui, du reste, se produisent dans le même sens, comme le démontrent les lignes de force magnétique dans ces différentes conditions d’action.
- Quand les courants d’interversions polaires sont excités avec une bobine d’induction placée dans le plan de la ligne neutre de' l’inducteur, et que le mouvement de la tige de fer est effectué parallèle-
- / /!
- ment à l’axe de l’aimant, que nous supposerons droit, lés effets sont très énergiques, mais assez particuliers. Si l’yne des extrémités de cette tige est enfoncée dans la bobine et que l’autré corresponde au pôle sud de l’aimant, par exemple, le mouvement de cette tige effectué jusqu’à ce que la partie sortante de la bobine soit de même longueur que la partie qui n’est pas encore entrée, donnera lieu à un courant inverse de go°, auquel succédera tin courant direct, à peu près de même intensité, quand on achèvera de pousser la tige de fer; et quand on répétera l’expérience du côté opposé en
- donnant à la tige de fer un mouvement inverse, on obtiendra, au premier mouvement, un courant inverse de go° auquel succédera, un courant direct de même valeur, à peu près, quand on achèvera d’enfoncer la tige de fer. Mais si on effectue le mouvement d’un Seul coup, on obtient un courant inverse d’uiie douzaine de degrés, quel que soit le sens du mouvement de la tige, et qui n’est qu’un courant différentiel. Ces effets se comprennent d’ailleurs aisément, si l’on réfléchit que, dans les premiers mouvements exécutés d’un côté ou de l’autre de la bobine, on fait couper l’hélice induite par les lignes de force courbes de la région neutre de la tige aimantée par influence, et que dans les seconds mouvements, ces lignes cessent de couper la bobine pour être remplacées par les lignes normales polaires qui se trouvent alors parallèles aux spires de l’hélice ; et comme les polarités de la tige sont plus accentuées dans ses positions extrêmes que dans, ses positions médianes, ce sont les premiers courants qui l’emportent sur les seconds.
- Ces courants d’interversions polaires ne sont pas, du reste, les seuls que l’on puisse obtenir des corps magnétiques en dehors des effets ordinaires de l’induction.
- M. Hughes a démontré qu’on pouvait en obtenir par le fait même de la torsion, de la compression ou de l’étirement, et M. Ader a fondé sur ces courants un transmetteur téléphonique sans pile qui est extrêmement curieux. Il est certain que les données professées dans les cours sont très incomplètes, et qu’au moment où l’on tire un si grand parti des effets d’induction dans les applications électriques, il importe de mieux préciser les faits qu’on ne l’a fait jusqu’ici, et c’est pourquoi j’ai cru important de revenir sur cette question que j’ai traitée à différentes époques depuis 1872.
- Parmi les effets d’induction qui n’ont pas encore été bien observés1 jusqu’ici, je citerai ceux qui résultent du déplacement d’une bobine le long des branches d’un aimant et suivant que la bobine se présente de face ou de côté à l’aimant. Bien que par les lignes de force on puisse se rendre compte de tous ces différents effets, il était nécessaire de les vérifier et d’en voir l’importance. Voici quelques expériences que j’ai entreprises à cet égard.
- Si l’on promène longitudinalement une bobine d’induction un peu mince devant un aimant droit, depuis la ligne neutre jusqu’à l’un des pôles, et que cette bobine se présente sur le côté, c’est-à-dire de manière que le plan des spires coupe à angle droit l’axe de l’aimant, on obtient un courant direct qui est assez faible en raison des réactions opposées produites aux deux extrémités du diamètre de la bobine. Ce courant provoquait une déviation d’une dizaine de degrés et il correspondait par conséquent, en plus faible, à celui qu’on aurait obtenu en faisant voyager une bobine tra-
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- versée par l’aimant, de sa ligne neutre vers ses pôles. Quand la bobine d’induction, au lieu de se pré-senter de côté, est placée de face et que c’est la partie antérieure qui est exposée à l’induction, les courants développés par son déplacement, de la ligne neutre au même pôle de l’aimant, sont en sens contraire de ceux que nous avons indiqués précédemment, et iis sont en conséquence inverses, fournissant une déviation d'une vingtaine de degrés. Il en est de même quand on fait accomplira la bobine un mouvement tangentiel devant le pôle même de l’aimant. Quand la bobine se présente de côté ou de champ, comme dans les expériences que nous avons rapportées plus d’une fois, les courants sont directs, pour un même sens du mouvement, et toujours de même sens des deux côtés du pôle inducteur avec une intensité représentée par 70. Mais quand la bobine se présente de face, il en .est tout autrement : les courants sont inverses au moment où elle s’approche de l’aimant et directs au moment où elle s’éloigne, et les déviations fournies peuvent atteindre une vingtaine de degrés dans les deux sens.
- Ces effets se comprennent d’ailleurs aisément, si l’on considère la disposition des lignes de force du faisceau par rapport à la bobine en mouvement. Quand la bobine se présente de côté, les lignes de force recourbées de la région neutre la coupent presque perpendiculairement au point de départ, et elles se présentent presque parallèlement au point d’arrivée, c’est-à-dire vers le pôle magnétique; alors le courant doit être direct. Quand la bobine au contraire se présente à plat, les lignes de force recourbées de la région neutre sont presque parallèles aux spires, au départ, et au contraire elle se trouvent les couper presque perpendiculairement au point d’arrivée. Les courants produits doivent donc être inverses, et, comme alors l’action inductrice ne détermine pas de réaction contraire, ces derniers courants doivent être plus énergiques.
- Il en est de même dans le cas des mouvements, tangentiels. Quand la bobine se meut en se présentant de champ, les lignes de force magnétique la • coupent au départ, et deviennent presque parallèles aux spires à l’arrivée devant le pôle inducteur ; il doit donc y avoir un courant direct, et comme l’effet inverse se produit de l’autre côté du pôle mais sur la face opposée de la bobine, le courant produit, quoique inverse alors, se développe dans le même sens que le premier. Avec la bobine posée à plat, il n’en est plus de même ; au départ les lignes de v force la coupent en petit nombre et sous un angle assez aigu, mais à son arrivée devant le pôle-inducteur, ces lignes de force la coupent perpendiculairement, et . il doit se produire un courant inverse auquel succède un courant direct quand la bobine a dépassé l’inducteur, car c’est alors la
- même face de la bobine qui reçoit l’induction, et comme l’induction s’effectue dans ce cas dans de meilleures conditions, les courants produits sont plus énergiques que dans le premier.
- Naturellement, si on présente devant l’aimant la même face de la bobine, les courants produits seront de même sens, quelle que soit la partie de la périphérie de l’aimant sur laquelle on opère ; mais si on présente une face différente, les effets sont renversés. Avec la bobine se présentant de champ, il 11’en est pas de même : les courants induits ne conservent le même sens que quand ce sont les côtés opposés de la bobine (aux deux extrémités d’un même diamètre), qui correspondent aux deux côtés de la périphérie du faisceau aimanté, et cela se comprend aisément si l’on considère que, par cela même que le sens du courant magnétique est différent sur les deux faces latérales opposées du faisceau, l’action inductrice qu’il effectue se trouve redressée par le sens différent dans lequel se présente alors l’enroulement du fil de l’hélice.
- . Comme on le voit, tous les effets d'induction peuvent' être prévus en cherchant mentalement comment les lignes de force coupent la bobine dans les différents mouvements qu’on lui fait accomplir. C’est pourquoi nous ne saurions trop insister sur l’importance de ce système d’appréciation des effets d’induction, système qui malheureu-semènt est peu connu en France et rendu tellement incompréhensible par ceux qui veulent introduire partout des formules mathématiques, qu’on a découragé les adeptes d’y avoir recours. Cela est très regrettable, car 011 éviterait de cette manière bien des recherches et des expériences inutiles.
- . Th. du Moncel.
- SUR LE
- TRANSPORT DE LA FORCE
- A GRANDE DISTANCE
- Le numéro du 20 février des Comptes rendus de l’Académie des sciences contient Une Note de M. Maurice Lévy sur « la solutiQji pratique du transport de la force à de grandes ^distances » qui nous a paru de nature à intéresser les lecteurs de la Lumière électrique. Elle contient en effet des aperçus complètement nouveaux fjîïir cette question si importante et la solution à laquelle a été conduit M. Lévy est réellement inattendue. Aussi, croyons-nous devoir la citer textuellement :
- « Je me propose, dans cette Communication, d’examiner la question suivante : Est-il possible de
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- transmettre à n'importe quelle distance une quantité quelconque d’énergie, en obtenant un rendement donné d’avance aussi voisin de l'unité qu’on voudra, et cela en s’imposant la double condition : i° de ne pas dépasser une force électromotrice donnée, condition sans laquelle il n’y a pas d’isolement; 2° de n’utiliser que les machines fabriquées couramment dans l’industrie (par exemple, les machines Gramme ou Siemens, même les plus petits types)?
- « Les considérations développées dans ma Communication du 7 novembre 1881 prouvent que le problème est insoluble avec un circuit unifilaire; mais je dis qu’il peut être résolu moyennant les dispositions suivantes : employons n machines génératrices du type donné, que nous .réunirons en quantité, c’est-à-dire que nous placerons sur n dérivations aboutissant toutes en deux points pris arbitrairement sur le circuit principal.
- « Soit E la force électromotrice maxima que chacune de ces machines peut produire, moyennant une vitesse non exagérée des anneaux, et l’isolement des fils enroulés sur la machine étant bien assuré ; soit p la résistance qu’il faut donner à ces fils pour réaliser la force électromotrice E qu’on ne veut pas dépasser.
- « Employons, de même, n' machines réceptrices du type arbitraire qu’on a à sa disposition, et pla-çons-les sur n' dérivations aboutissant toutes en deux points quelconques du circuit principal. Soient p' la résistance de l’iine de ces machines ; E' la force électromotrice inconnue qui s’y développera.
- Soient enfin Tu le travail utile qu’on veut transmettre par seconde, R la résistance du circuit principal, et I l’intensité du courant qui traversera ce circuit.
- « Le courant qui traversera l’une des machines
- génératrices aura une intensité — ; le travail à dé-‘ 11
- penser par seconde, pour le fonctionnement de
- cette machine, sera E —, et le .travail Tm à dé-n
- penser pour le fonctionnement des n machines génératrices sera
- (O T,„ = n X E^ = EI.
- « On verra de même que le travail utile fourni par les n' machines réceptrices sera
- (-) Th = «' x E' JJ7 = ET.
- « D’ailleurs, la loi de Ohm, appliquée au circuit unifilaire formé par l’une des machines génératrices, l’une des machines réceptrices et le circuit principal, donnera la relation
- e~E' = p,7 + Vp + Rl = S'i,
- en posant, pour abréger,
- « Des équations (i), (2), (3) on tire pour le rendement
- T« __ S/Tm
- T7ft ~ 1 ”
- d’où résulte qu’on aura, quelle que soit la distance du transport, quelle que soit la quantité d’énergie 7’„ à transmettre, et quelque faible que soit la force électromotrice E qu’on ne veut pas dépasser, un rendement aussi grand que l’on voudra, pourvu qu’on puisse rendre S' très petit. Or, des trois termes qui composent l’expression (4) de S', le dernier R, c’est-à-dire la résistance du circuit extérieur, peut être rendu très petit, même pour de grandes distances, en prenant du fil très gros. C’est une question de dépense d’installation. Mais il est naturel, si l’on veut, par exemple, transmettre 5o chevaux à iookm, en exigeant un rendement, je suppose, de 80 pour 100, qu’un tel résultat se paye par une première mise de fonds. La question à résoudre est celle de savoir si, en consentant à faire cette mise de fonds, on peut ou non obtenir le résultat désiré : ainsi le terme R peut être rendu très petit; il en est de même des deux autres termes, quoique les machines et, par. suite, leurs résistances p et p' soient données; il suffit d’employer un assez grand nombre de machines.
- « Il résulte de là qu’on peut réaliser dans dès conditions aussi avantageuses qu’on le veut, au point de vue du rendement, les transmissions les plus importantes, comme les plus petites, à l’aide d’un ou de deux types de machines, toujours les mêmes, par conséquent faciles à se procurer, faciles à remplacer. Si l’une d’elles est hors de- service, les autres pourront y suppléer, si on élève temporairement la force électromotrice à laquelle on les fait travailler. Si l’on dispose d’un excès de force permettant de faire un sacrifice sur le rendement, on aura besoin d’un nombre relativement moindre de machines, et l’on pourra adopter du fil plus fin pour le circuit extérieur ; c’est l’inverse si l’on se trouve dans la nécessité de ménager la force.
- « Cette solution est donc extrêmement élastique; elle se prête à toutes les exigences de la pratique, et est ainsi supérieure à toute solution qui serait fondée sur l’emploi de machines de dimensions exagérées.
- « Je l’ai exposée de vive voix, le 14 février, à la Société d’encouragement de l’industrie nationale.
- « Mais il est essentiel de faire observer qu’on a négligé ici l’influence des extra-courants, influence étudiée d’abord par MM. Jamin et Roger, et, depuis, dans un remarquable travail-de M. Joubert. Ces courants, • même si l’on adopte du gros fil
- (3)
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- pour le circuit extérieur, peuvent augmenter la résistance R dans une proportion considérable.
- « Je me réserve de revenir sur ce point important. Mais il n’en restera pas moins vrai que le dispositif indiqué ci-dessus paraît devoir constituer la meilleure solution pratique du problème du transport de la force à grande distance. *
- Certes, la solution proposée par M. Lévy est simple, elle est même d’une simplicité qui déconcerte et en la lisant on se demande ce qui pouvait bien faire l’objet des nombreuses discussions qui ont eu lieu dans ces derniers temps entre les différentes personnes qui s’occupaient du transport de la force et même si un tel problème a jamais existé.
- Pour la résumer en quelques mots, cette solution revient à ceci. Supposons que l’on ait constaté que deux machines, l’une génératrice, l’autre réceptrice, aient permis de transporter un cheval utile avec une dépense de deux chevaux au départ, le circuit étant composé de un fil de cuivre de 4 millimètres de diamètre et de i ooo mètres de longueur; si l’on veut transporter 10 chevaux à la même distance, on prendra io machines génératrices et io machines réceptrices identiques aux premières et on les réunira' par un conducteur d’une section décuple. Ce n’est pas plus difficile que cela. Nous allons même indiquer à M. Lévy un perfectionnement important de son procédé auquel il ne paraît pas avoir pensé. Au lieu de prendre un fil de section décuple, ne serait-il pas préférable de conserver à chaque paire de machines, génératrice et réceptrice, son circuit indépendant? On aurait ainsi dix fils égaux dont le prix de revient ne serait pas notablement supérieur à celui d’un seul fil et on aurait l’avantage de conserver à chaque machine réceptrice une allure complètement indépendante de celle de ses voisines. On réaliserait ainsi à la fois et le transport et la distribution de l’énergie.
- Le seul inconvénient de ce procédé, c’est que pour une même force transportée, la résistance du conducteur augmente avec la distance et fait diminuer rapidement et la force transportée et le rendement économique obtenu, puisqu’on s’est imposé la condition de ne pas augmenter la force électromotrice des machines usuelles. Mais, comme le fait remarquer fort judicieusement M. Lévy « la résis-« tance du circuit extérieur peut être rendue très « petite, même pour grande distance, en prenant « du fil très gros (!). C’est une question de dé-« pense d’installation. j>
- Eh oui ! ce n’est que cela, une simple question de dépense d’installation et c’est précisément pour ce motif que les praticiens les plus routiniers, s’étant bien vite aperçus que le prix du conducteur croissait beaucoup plus rapidement que la distance à franchir lorsque, comme M. Lévy, ils ne voulaient rien changer aux conditions de fonctionne-
- ment des machines existantes, c’est pour ce motif, disons-nous, que ces praticiens ont déclaré ce mode de transport de la force inapplicable au-delà de quelque kilomètres.
- Il est facile d’en voir la raison. Si, en effet, on veut transporter un travail déterminé à des distances variables sans changer ni la. force électromotrice des machines, ni leur rendement économique, il faut absolument maintenir constante la résistance du circuit extérieur; or cette résistance est proportionnelle à la longueur et en raison inverse de la section du conducteur. Ces deux quantités, section et longueur, doivent donc varier dans le même rapport p.our maintenir la résistance constante, c’est-à-dire que le poids du conducteur et par suite son prix croîtra comme le carré de la distance du transport; en outre, pour une distance déterminée, la section est proportionnelle à la force transportée, puisque le conducteur peut être considéré comme résultant de l’agglomération des n conducteurs séparés reliant les n machines génératrices aux n machines réceptrices de M. Lévy.
- Appliquons ces considérations au calcul de ce que coûterait le conducteur qu’il faudrait employer pour transporter, suivant l’exemple choisi par M. Lévy, une force de cinquante chevaux à ioo kilomètres et prenons pour base des expériences de transport faites l’année dernière et desquelles il est résulté que les machines Gramme permettent de transporter facilement deux chevaux à travers un fil de cuivre rouge de 3 ooo mètres de longueur et de 4 millimètres de diamètre, la force initiale étant de quatre chevaux. Pour transporter cinquante chevaux à la même distance, la section du conducteur devrait être accrue dans le rapport de 5o à 2, c’est-à-dire 25, et enfin pour aller jusqu’à 100 kilomètres il faudrait multiplier ce dernier nombre par le rapport de 100 à 3.
- Le conducteur nécessaire pour ce transport aurait donc en résumé une section 833 fois plus grande que celle du fil de 4 millimètres; son diamètre serait de ji5 millimètres £ et son poids de g 333 ooo kilogrammes. Le prix du cuivre seul d’un tel conducteur serait de 28 millions de francs, soit 56o ooo francs par cheval.
- Nous avons, dans cette évaluation, négligé le prix des machines génératrices et réceptrices, malgré leur nombre, ainsi que celui de la pose et de l’isolation du conducteur.
- Ces chiffres laissent peu d’espoir de voir adopter le système préconisé par M. Lévy, système d’ailleurs connu depuis près de trois ans sous le nom de M. Gravier. Ils montrent mieux que tous les raisonnements la nécessité absolue . de l’emploi de petits conducteurs et de hautes tensions. L’extrême simplicité des considérations sur lesquelles repose cet expédient et qui sont accessibles aux personnes les moins familières avec l’étude de l’électricité,
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- puisqu’il n’est autre chose que la juxtaposition de n machine et de n conducteurs identiques pour obtenir un effet n fois aussi considérable, est malheureusement plus que compensée par les impossibilités auxquelles il conduit quand on veut aborder le transport de forces notables à une distance excédant quelques kilomètres.
- M. Lévy insiste en terminant sur les avantages tout particuliers qui. résultent, selon lui, de la substitution d’un grand nombre de petites machines à une machine unique de puissance équivalente. Nous nous contenterons de faire remarquer que la tendance de tous les hommes qui s’occupent d'industrie est diamétralement opposée à cette opinion. Que dirait-on, pour ne citer qu’un exemple, d’un industriel qui, ayant besoin d’une force de cinquante chevaux, s’aviserait d’installer dans son atelier dix machines de cinq chevaux, agissant au moyen de dix courroies sur dix poulies clavetées sur le même arbre, sous le prétexte qu’une machine de cinquante chevaux aurait des dimensions « exagérées? »
- A la fin de sa note, M. Lévy nous révèle toutefois un inconvénient qui lui paraît avoir une certaine portée et sur lequel il jpromet de revenir pour indiquer les moyens de le combattre. Cet inconvénient serait dû à des extra-courants étudiés par M. Joubert et qui, « même si l’on adopte du gros « fil pour le circuit extérieur peuvent augmenter la « résistance R (du circuit extérieur) dans une^pro-« portion considérable. »
- Nous assistions à la séance du Congrès dans laquelle M. Joubert a eu l’occasion de parler des extra-courants développés dans les sections d’un anneau Pacinotti (et non dans le circuit extérieur) et nous croyons devoir rappeler qu’il s’élevait avec énergie contre cette expression d’accroissement de résistance qui avait été malencontreusement appliquée à ce phénomène.
- Nous ne partageons aucunement d’ailleurs les inquiétudes de M. Lévy à cet égard, parce qu’il nous est impossible de voir pourquoi un assemblage de 11 paires de machines génératrices et réceptrices, groupées comme il l’indique, ne donnerait pas de résultats aussi satisfaisants qu’une seule. C’est l’unique avantage que présente ce dispositif, et il est acheté au prix de sacrifices suffisamment grands pour qu’on ne le lui conteste pas.
- Une dernière remarque : il y avait à l’Exposition d’Électricité un certain nombre d’exemples isolés de transport de force, obtenu au moyen d’une machine génératrice et d’une machine réceptrice. Si les divers exposants auxquels appartenaient ces machines s’étaient groupés dans le même emplacement, ils auraient, sans le savoir, exposé la solution de M. Lévy.
- Jules Sarcia.
- LA LAMPE SOLEIL
- A l’époque où la lampe soleil a été décrite dans ce journal, elle n’avait encore fait que quelques apparitions momentanées à l’Hôtel-Continental, à la mairie du g° arrondissement et au passage Jouf-froy. Depuis lors, elle a fait ses preuves et on l’a vue fonctionner avec succès à l’Exposition Internationale d’Électricité, ainsi qu’au foyer de l’Opéra. Elle a aussi été l’objet de quelques perfectionnements qui nous engagent à nous en occuper de nouveau.
- On se rappelle la disposition de cette lampe ; deux charbons faisant entre eux un angle de 40° glissent sous l’influence de leur poids dans un bloc rectangulaire formé par l’assemblage de pierres réfractaires. L’arc jaillissant entre les extrémités des charbons lèche intérieurement l’arête d’un angle dièdre de marbre ouvert sur la partie inférieure ou sur le côté du bloc et les rayons lumineux sont projetés en un faisceau conique très ouvert soit de bas en haut, comme le montre la fig. 1, soit latéralement, quand l’ouverture de l’angle dièdre est placée sur le côté du bloc.
- Pour, l’allumage, les extrémités des charbons sont réunies par une mèche imprégnée d’une pâte de charbon. Cette mèche conductrice livre d’abord passage au courant, puis elle se trouve détruite et l’arc s’établit. La lumière est produite tant par l’arc lui-même que par l’incandescence du marbre, transformé en chaux sous l’influence de la chaleur de l’arc.
- On remarquera que dans cette disposition la matière réfractaire destinée à devenir incandescente est placée entre les charbons intérieurement à l’angle aigu qu’ils forment entre eux. Dans le cours des essais faits par les inventeurs, on avait d’abord placé cette matière extérieurement à l’,angle. Avec cette disposition, l’arc qui tend à former une courbe convexe par rapport aux extrémités des charbons, se trouvait déformé par le bloc réfractaire, dont il était forcé de lécher la surface, mais en raison de la tendance à reprendre sa forme naturelle, il se creusait bientôt un sillon dans le bloc, il disparaissait alors dans ce dernier, et la lampe n’éclairait plus.
- Avec l’arrangement actuel l’arc suit la matière réfractaire tout en conservant sa forme concave et on n’a plus à craindre son enfouissement.
- Lorsqu’il s’agit de projeter la lumière de bas en haut, pour éclairer, par exemple, un plafond, on peut renverser simplement la lampe et pousser les charbons à l’aide de ressorts. Mais une remarque ingénieuse faite par les inventeurs permet de supprimer les ressorts. Si on remplace les charbons mobiles par deux blocs de charbon un peu volumineux, ces blocs se rongeront graduellement pen-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- dant plusieurs heures, iusqu’a ce que l’arc devienne trop grand et que la lampe s’éteigne; la durée de l’éclairage est suffisante pour un certain nombre de cas et c’est ce modèle qui a été employé dans les essais d’éclairage du foyer de l’Opéra.
- Outre l’incandescence à laquelle elle donne lieu, la matière réfractaire s’oppose en outre à l’extinction de la lampe et contribue à lui donner une grande fixité. Les extinctions peuvent en effet être causées par le refroidissement de l’arc et ce
- F KL I
- refroidissement est empêché par l’incandescence du bloc. C’est pour cette raison que l’on obtient avec la lampe soleil un arc dont la longueur peut aller jusqu’à 4 centimètres, ce qui n’a pas lieu avec les autres genres de brûleurs.
- Quant au manque de fixité, il provient, dans les appareils où la distance entre les extrémités des charbons est constante, des déplacements de l’arc le long des charbons. Dans la lampe soleil, l’arc étant guidé, ces déplacements ne peuvent avoir lieu et la fixité est complète.
- En opposition avec ces deux qualités, la lampe soleil paraissait avoir le défaut d’être très bruyante, tant pai suite du crépitement ordinaire de l’arc que |
- par suite du ronflement provenant de l’emploi des machines à courant alternatif; on a remédié à ce défaut en plaçant la lampe dans un espace complètement fermé de sorte qu’elle a la forme représentée par la fig. 2.
- Avec les gros charbons employés dans la lampe soleil l’usure est très faible; elle est à peu près de 15. millimètres par heure pour les deux charbons; on peut donc avec des charbons relativement courts obtenir une très longue durée d’éclairage.
- Mais il est important que les blocs de matière
- réfractaire présentent aussi une longue durée, c’est pourquoi l’attention des inventeurs s’est portée tout particulièrement de ce côté. Ils sont arrivés à construire des blocs qui font largement la semaine et présentent une durée de 3o à 35 heures. Pour arriver à ce résultat, ils ont pris le parti de soumettre les matières réfractaires à un essai préalable dans un appareil reproduisant autant que possible les conditions dans ! lesquelles ces corps se trouvent dans la lampe soleil.
- Cet appareil, représenté en coupe et en perspective dans les fig. 3 et 4-, se compose d’un bloc en pierre réfractaire M sur lequel est posé un second bloc rectangulaire P analogue à celui de la lampe
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- même, mais beaucoup plus grand et présentant une cavité à sa partie inférieure. La matière réfractaire est placée dans cette cavité et quatre charbons C C C C permettent d’y produire un arc très puissant. De cette façon la substance à essayer se trouve soumise à la même température que celle de la lampe et l’on peut s’assurer si elle se comporte bien dans ces conditions.
- La lampe soleil fonctionne en général avec des machines à courants alternatifs comme la machine Gramme et surtout la machine Lachaussée-Lam-
- botte déjà décrite dans ce journal (voir le numéro du 24 septembre 1881). Cette dernière machine permet de fractionner le courant en plusieurs circuits contenant chacun plusieurs lampes en série. Les installations sont faites d’ailleurs d’une façon analogue à celles des bougies Jablochkoff, et à l’aide de commutateurs à chevilles on peut aisément substituer très rapidement un circuit à un autre.
- Bien que les chances d’extinctions soient très faibles, 011 a cru devoir se mettre en mesure de
- V.£<±
- FIG. 0
- parer aussi rapidement que possible à ces accidents et M. Maquaire a imaginé dans ce but un commutateur automatique représenté dans la fig. 5. Dans cet appareil trois circuits, d’un nombre quelconque de lampes, sont reliés aux bornes B" B'" et à la borne B,v non visible dans la figure. Au-delà des lampes ces circuits se réunissent en un seul conducteur en communication avec un des pôles de la machine. L’autre pôle est relié à la borne B, qui elle-même communique avec le massif supportant un électro à gros fil E. Le massif est en relation avec un des bouts du fil de cet électro, et l’autre bout du fil est relié avec la borne B'. Celle-ci communique avec le ressort H, frottant sur un axe R
- FIG. 4
- qui porte trois roues dentées R' R" R'"; ces roues dentées sont disposées de telle sorte que, pour chacune des positions que peut prendre l’axe, une de ces roues, mais une seule, soit en communication avec un des ressorts H' H" H'". Ceux-ci sont reliés respectivement aux bornes B" B'" Blv.
- Ceci posé, le courant de la machine arrivant par B vient au massif, traverse l’électro E, se rend en B', puis suit successivement le ressort H, l’axe R, la roue R'7, le ressort H" et le circuit en relation avec la barre B'", après quoi il revient à la machine.
- Aussitôt que le courant a été établi, l’électro E a attiré une armature portant un bras qui fait communiquer le massif avec une tige isolée T. Tant
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- que les' lampes fonctionnent et que le courant traverse l’électro E; cette armature reste attirée, mais si une interruption se produit dans le circuit, le courant cesse de passer dans l’électro E, l’armature tombe et met la tige isolée T en communication avec le massif. Le courant entrant par B, arrive donc en T; de là, il passe dans un électro à fil fin E en relation avec la terre et revient à la machine par un second fil de terre partant de celle-ci. Il résulte de ce courant que l’armature A de l’élec-tro E' est attirée et cette attraction fait avancer d’un cran l’axe R et établit sa communication avec
- un second ressort H', par exemple, et par suite avec un nouveau circuit. Le courant arrivant en B se partage donc d’abord entre le circuit de terre et celui qui vient d’être rétabli, mais aussitôt qu’il passe en E, l’armature de cet électro est attirée, le contact est. supprimé en T et le courant ne traverse plus que les lampes.
- On voit que la lampe soleil réunit toutes les conditions désirables pour un bon fonctionnement; reste maintenant à envisager le côté économique de la question.
- Pour ce qui est de la consommation matérielle,
- DATE NOMBRE DE TOURS de la Machine Gramme. TRAVAIL UTILE en chevaux-vapeur. RÉSISTANCE introduite dans le circuit des lampes, en ohms. ! j INTENSITÉ , du courant dans un circuit eu ampères. nombre de lampes. NATURE des lampes. INTENSITÉ lumineuse maximum | en carcels. NOMBRE de carcels par cheval. NOMBRE de chevaux par lampe.
- i3 juin 1881 1920 7.9 3 10,5 2 3omm 280 70 3,9
- » » 8,1 — 10,5 3 22 » 212 78 2,7
- 3 août 1881 1959 13,9 — 5,5 12 11 miu io5 90 1,16
- » » 11.7 — 5 » » ioo,5 io3 0,97
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- i3 août 1881 1986 18 l6 ] j m m .
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- » 3,0 — 22,8 2 35 » 612 l3a 4,4.
- M >» 8,1 22,3 M 562 i38 4
- elle est très faible. Les blocs calcaires coûtent achevés o fr. 3o c. pièce et, grâce à l’emploi des mèches de réallumage, ils peuvent servir plusieurs jours de suite, surtout dans les lanternes fermées qui les préservent contre l’humidité. Le coût horaire ne devra donc pas dépasser i centime par bloc et par heure. D’autre part, comme l’usure des charbons est très faible, le coût horaire total pour la lampe elle-même peut être estimé à 3 centimes.
- Quant à la dépense de force, on peut, croyons-rtous, s’en rapporter sur ce point au rapport fait à Bruxelles, en septembre 1881, par MM. Bède, Dumont, Rousseau, Wauters et Desguin. Le tableau ci-dessus donne le résumé des expériences faites par ces ingénieurs avec une alternative de Gramme,
- alimentée par une excitatrice qui absorbait 4,5 chevaux vapeur.
- Des résultats contenus dans ce tableau et de ses diverses expériences, la commission ci-dessüs désignée a tiré les conclusions suivantes :
- « 10 L’intensité lumineuse au commencement de l’allumage est très forte ; elle diminue pendant environ une demi-heure et puis ensuite reste à peu près constante;
- « 20 L’intensité du courant électrique subit aussi une diminution qui est assez bien en rapport avec la diminution de l’intensité lumineuse ;
- « 3° Les essais faits le 20 août prouvent que l’éclairage peut être porté à de très grandes distances de l’usine productrice du courant;
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- « 40 La force motrice varie selon les intensités électriques et lumineuses :
- a. Pour des foyers de 11“®, elle va de 1 à 1 1/2 cheval-vapr.
- b. — — 22"}“, — 1,7 à 2,7 chev.-vapr.
- c. — — 3omm, — 2,2 à 3 —
- d. — — • 35mm, elle est de 4 —
- « 5° Le rendement lumineux par cheval est plus avantageux pour les gros foyers que pour les petits. Ainsi, pour les foyers marchant à des intensités de 10 webers, le rendement était en moyenne de 70 carcels par cheval; il s’est élevé à i38 carcels avec 2 foyers de 35mm marchant à 22 webers. »
- On voit donc que la lampe soleil n’absorbe pas une plus grande force que les autres brûleurs.
- Pour nous résumer, si nous considérons les qualités que présente la lampe soleil, nous trouvons qu’elle se distingue :
- i° Par sa simplicité. L’absence de tout mécanisme en. rend le fonctionnement parfaitement régulier et nous n’avons pas connaissance que dans les différentes applications qui en ont été faites, elle ait donné lieu à aucune extinction. C’est là une qualité précieuse et certainement une de celles que les inventeurs doivent le plus chercher à donner à leurs appareils.
- 20 Par la fixité de sa lumière. Cette qualité, d’une faible importance lorsqu’il s’agit de l’éclairage des places et des rues, devient au contraire très importante lorsqu’il s’agit des éclairages intérieurs, comme de l’éclairage de salles ou d’ateliers. On conçoit en effet que des oscillations qui ne gênent nullement pour l’éclairage d’une rue deviennent insupportables lorsqu’il s’agit d’une salle où se fait un travail quelconque.
- La fixité de la lampe-soleil la rend donc très propre à l’éclairage des ateliers et l’essai qui en a été fait dernièrement dans un des ateliers de composition du Moniteur a été accueilli avec grande satisfaction par les compositeurs. Avec cet éclairage leur travail se faisait sans fatigue pour les yeux et sans produire cette chaleur intolérable qui résulte de l’agglomération d’un grand nombre de becs de gaz. Le manque d’un emplacement convenable pour installer la machine génératrice a malheureu-
- sement fait cesser cet éclairage, mais l’essai n’en a pas moins démontré les avantages qu’il présente au point de vue du travail et du confort des ouvriers. Ajoutons que la lumière de la lampe-soleil contient peu de rayons violets et est par suite une des moins fatigantes pour la vue.
- 3° Par l’absence de bruit. Bien que cette qualité provienne de ce que le bruissement de la lampe est dissimulé par un artifice de construction, elle n’en existe pas moins et c’est encore là un point important pour les éclairages intérieurs ;
- 40 Par son élasticité. Nous entendons par là ce fait que l’arc étant protégé contre le refroidissement peut être maintenu par un courant dont l’intensité varie dans des limites assez étendues et la vitesse de la machine génératrice peut varier de 20 0/0 sans que la lampe s’éteigne. L’intensité
- diminuera forcément, mais l’arc sera maintenu. Cette élasticité pourra permettre de faire varier dans une certaine mesure, l’intensité, ce qui pourra être utile, par exemple, dans les applications théâtrales.
- Enfin, suivant les inventeurs, cette qualité peut être encore mise à contribution pour éclairer à plus ou moins grande distance du générateur. On peut en effet obtenir une quantité donnée de lumière de deux façons, soit avec un marbre mince et une grande intensité électrique, soit avec' un marbre large et une faible intensité. Ces qualités, jointes à ce fait qu’elle produit la lumière dans des conditions de dépense au moins aussi favorables que les autres couleurs, permettent de la considérer comme un des brûleurs appelés à entrer le plus franchement dans la pratique.
- A ce dernier point de vue la .lampe soleil a déjà commencé à entrer dans une excellente voie, déjà plusieurs applications en. ont été faites ; elle a éclairé avec succès le salon de peinture de l’Exposition que nous reproduisons ci-contre dans la fig. 7. On sait combien cette épreuve a été favorable à la lampe soleil, surtout lorsqu’on comparait le résultat obtenu avec les essais d’éclairage de tableaux tentés il y a quelques années au Salon de Peinture. Lors de ces derniers essais, la lumière projetée sur les tableaux était d’une teinte blafarde qui communi-
- FIG. I
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- 228
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- quait aux couleurs un ton particulier et ces peintures d’un effet fort agréable dans le jour produisaient le soir, sous l’influence de cet éclairage, un effet véritablement choquant, aussi a-t-on du y renoncer. Avec la lampe soleil au contraire,
- la lumière est chatide sans être trop jaune, le ton des couleurs diffère très peu de celui qu’elles présentent à la lumière du jour et l’effet sur l’œil est agréable. Il y a tout lieu de croire que si l’on recommençait avec cet éclairage les essais tentés
- ECLAIRAGE PAR PROJECTION AU MOYEN DE LA LAMPE SOLEIL.
- il y a quelques années, ils seraient couronnés d’un plein succès.
- xA l’Exposition, un des tableaux exposés était éclairé de bas en haut par une lampe renversée, comme le représente la fîg. 6, et l’on pouvait bien juger par là combien Ce système se prêterait à l’éclairage des plafonds. L’expérience du foyer de l’Opéra a d’ailleurs confirmé ce premier essai.
- Citons encore l’éclairage de la Taverne Royale, à Bruxelles, dans laquelle l’éclairage est produit par deux lampes à globes opales, et l’éclairage du Panorama de Westminster à Londres, qui ont donné des résultats également satisfaisants.
- A. Guerout.
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- SALON DE PEINTURE ÉCLAIRÉ PAR LES LAMPES SOLEIL, A L* EXPOSITION.
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- 23o
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- EXPÉRIENCE FAITE
- SUR UNE
- PILE SECONDAIRE DE M. FAURE
- ,PAR MM. ALLARD, LE BLANC, JOUBERT, POTIER ET TRESCA.
- Dans -la séance de lundi dernier, 6 mars, M. Tresca a présenté à l’Académie des sciences le résultat des expériences faites sur la pile Faure, au Conservatoire des Arts-et-Métiers, par MM. Allard, F. Le Blanc, Joubert, Potier et Tresca.
- Nous extrayons du mémoire original les principales indications.
- Une première expérience avait été commencée dans le local ordinaire de nos expériences à l’Exposition, le 20 octobre 1881, avec les conditions demandées et préparées par M. Faure. La pile se composait de quarante éléments ; elle devait, pendant la décharge, faire fonctionner seize lampes Maxim, mais l’essai est devenu bientôt très défec-. tueux. L’intensité du courant et celle de la lumière ont décru avec une très grande rapidité. L’expérience, commencée à 7 h. 40 du soir, avec une intensité de 3,45 carcels par lampe, a dû être arrêtée au bout de 1 h. 20, alors que chaque lampe ne donnait plus qu’une carcel. M. Faure attribua cet insuccès à des conditions défectueuses de son installation et au mauvais état des éléments, dont quatre ou cinq s’étaient en effet déchargés par eux-mêmes pendant leur fonctionnement. La commission accepta de reprendre ces expériences dans les conditions et avec le matériel que M. Faure jugerait le plus convenable pour obtenir un meilleur résultat. Ces expériences ont été exécutées, au Conservatoire des Arts-et-Métiers, dans la grande salle des machines en mouvement, les 4,5,6, 7 et 9 janvier 1882, et elles doivent être considérées comme la suite de celles qui avaient été commencées à l’Exposition.
- La pile mise à la disposition de la commission se composait de trente-cinq éléments, nouveau modèle, à lames contournées en spirales, chacun d’eux pesant q3k700, liquide compris; les électrodes de plomb étaient recouvertes de minium à raison de 1 kilogramme environ par mètre carré. Le liquide des piles était formé d’eau distillée additionnée du dixième de son volume d’acide sulfurique pur.
- La machine de charge, également apportée par M. Faure, suivant sa convenance, était du type Siemens. La résistance de l’anneau était de 0,27 ohm, celle de l’inducteur de 19,45 ohms. L’é--lectrô-aimant était excité pâr une dérivation prise sur la borne même de la machine; pour régler le courant excitateur, M. Faure avait interposé une espèce de voltamètre à électrodes de charbon, dans lequel il faisait varier la résistance en modi-
- fiant la quantité ou la nature du liquide. Pendant toute la durée de l’expérience le courant d’excitation est resté, par suite de cet arrangement, compris entre 2 et 3 Ampères.
- L’objet principal des expériences était de mesurer :
- i° Letravail mécanique dépensé pour la charge de la pile ;
- 20 La quantité d’electricité emmagasinée pendant la charge;
- 3° La quantité d’électricité rendue pendant la décharge ;
- 40 Le travail électrique réellement effectué pendant la décharge.
- Il était nécessaire, en outre, de connaître, en chaque instant de • l’expérience.. la force électromotrice et la résistance de la pile, et enfin, comme la décharge devait se faire au travers d’une série de lampes Maxim, à incandescence, d’étudier la variation de la résistance et du pouvoir lumineux de ces lampes, suivant l’intensité du courant.
- Le travail mécanique a été mesuré au moyen du dynamomètre totalisateur construit, pour .la Société des agriculteurs de France, par MM. Easton et Anderson, sur le modèle de celui de la Société royale d’agriculture d’Angleterre.
- L’intensité lumineuse a été prise avec le photomètre Foucault qui avait servi pour les autres expériences de la Commission.
- Quant aux mesures électriques, elles ont été faites au moyen des trois instruments suivants : un galvanomètre Marcel Deprez qui mesurait le courant total, et quelquefois le courant d’excitation ; un électro-dynamomètre Siemens qui mesurait seulement le courant de charge, et un électromètre à cadran, disposé suivant la méthode déjà indiquée par M. Joubert, faisait connaître la différence de potentiel entre les deux pôles de la pile (l).
- Les indications de tous les instruments étaient relevées simultanément de quart d’heure en quart d’heure ; dans la dernière période de l’expérience où les variations étant plus rapides, les lectures ont été faites toutes lès sept minutes et demie.
- Calcul de l'intensité moyenne et de la quantité d'électricité.
- L’intensité moyenne correspondant à un long intervalle de temps est la moyenne arithmétique des intensités relevées de quart en quart d’heure pendant ce temps. (*)
- (*) Pour assurer le plus complet contrôle de toutes les déterminations le registre d’inscription est resté pendant toute la durée des expériences à la disposition de M. Faure.
- Nous n’avions pas pensé que cette communication lui donnerait le droit d’en publier aucun extrait avant que l’ensemble de nos-conclusions .fût, arrêté et "avant la publication de, notre rapport.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 231
- Le produit par le nombre de secondes écoulées, de cette intensité moyenne exprimée en ampères donne en Coulombs la quantité d’électricité mise en mouvement pendant le temps considéré.
- Dates Intensités Secondes Coulombs
- — moyennes — —
- 4 janvier.. . . . . . . 10.930 19 800 216 400
- 5 — 7.970 25 200 200 800
- 6 — 7.936 27 000 214 3oo
- 7 . . . 6.360 9 900 63 000
- Il faut faire le même calcul relativement au cou
- rant d’excitation sions ultérieures, pour servir de base aux conclu
- Intensités moyennes Secondes Coulombs
- 2.46 19 800 , 48 700
- 2.81 25 200 72 800
- 2.33 27 OOO 62 900
- 2.18 . 9 900 21600
- Calcul du travail électrique.
- Tant que la différence de potentiel entre les deux bornes de la pile reste constante, le travail électrique de la charge ou de la décharge, correspondant à un temps donné, est égal au produit, divisé par g, de la quantité d’électricité, par cette différence de potentiel. Quand celle-ci varie, il faut multiplier chaque intensité par la différence de potentiel correspondante, diviser encore par g et prendre la moyenne arithmétique de tous les résultats.
- C’est ainsi qu’ont été calculés les nombres des colonnes 8 et g du premier tableau et ceux de la colonne 5 du second.
- La colonne 8 représente le travail électrique T' dépensé pour introduire dans la pile les quantités d’électricité qu’elle a reçues pendant la charge.
- Travail électrique pendant la charge.
- Différence Quantité Travail de potentiel d'électricité correspon-
- — — dant
- 4 janvier. ....... 82.21 216 400 1 814 600
- 5 — ............... 91.08 200800 1 947 100
- 6 — ............ 92.91 214 3oo 2 028 800
- 7 — ............ 92.06 63 000 591 600
- 6 382 100
- La colonne g représente le travail T" dépensé pour l’excitation des électro-aimants.
- Travail électrique d'excitation.
- Différence Quantité Travail
- de d'électricité, correspon-potentiel. — dant.
- 4 janvier............ 82.21 48 700 408 400
- 5 — 91.08 72 800 676 3oo
- 6 — 92.91 62 900 S96 100
- 7 — 92.06 21 600 202 800
- 1 883 600
- La colonne 10 donne la valeur du travail électrique T'" à l’anneau ; elle a- été calculée pour chaque journée en multipliant la résistance de l’annéau, 0,27, par le carré de l’intensité totale observée au galvanomètre et par le nombre des secondes.
- Résistance de l’anneau. Intensité Nombre de — du courant. secondes.
- O.27 i3.29 19 800
- 0 27 10.78 25 200
- O.27 IO.266 27 OOO
- O.27 8.54 9 900
- Travail électrique à l’anneau.
- 94 400 79 IOO 76 800 19 500
- 269 800
- Il est utile de faire remarquer qu’en faisant la somme de ces divers travaux électriques, et en y ajoutant le travail de la transmission, mesuré directement, on retrouve ainsi qu’il suit, à environ 2 % près, le travail T relevé sur le dynamomètre.
- T =9 56g 798 T' =6 382 100 T" =1 888 600 T'" = 269 800
- t = 808 750
- 9 349 250
- T' :T = o 666 T" : T = o 197 T"':T=o 028 l :T=o o85
- o 976
- Force électromotrice et résistance de la pile.
- La force électromotrice delà pile est donnée directement par l’indication de l’électromètre quand le circuit est ouvert. Soit E cette valeur, et soit e l’indication de l’électromètre quand le circuit est fermé et quand l’intensité du courant est I. Soit enfin R, la résistance de la pile, on aura e — E ± RI, suivant que la pile est dans la période de charge ou dans celle de décharge. Connaissant pour un même instant les valeurs de E, e et I, on en déduit celle de R, qui mesure la somme de toutes les résistances.
- Pendant la charge, la valeur de E a varié de 72 à 75,8 volts, c’est-à-dire, pour chaque élément, de 2,057 à 2,165; celle de e a été en moyenne un peu inférieure à go volts, l’intensité moyenne du courant étant de 8,55 ampères.
- Pendant la décharge, la valeur de E a été ramenée de 75,6 à 72 volts ; la valeur de e s’est abaissée jusqu’à60volts environ, avec une intensité moyenne-de 16,16 ampères.
- La résistance de chaque élément pendant la charge a varié de 0,023 ohm à 0,075 ; pendant la décharge, de 0,006 à 0,040 ; au commencement de la décharge, le changement de sens du courant a fait brusquement tomber cette résistance de 0,075 à 0,006 (‘j.
- (g La résistance R déduite par la formule qui précède des chiffres donnés par l’observation, à des instants rapprochés,
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 4 janvier
- 5 —
- 6 -
- 7 — •
- Force élcctromotricc Résistance appa-dc la pile ouverte rente de la pile
- Initiale finale Initiale finale
- 72 00 75.10 0.80 1.28
- 7.3.10 75 60 I.41 2 32
- 72.10 75.50 2.58 2.6l
- 74.50 75 80 2.61 2.63
- Résumé de la période de charge.
- Le chargement de la pile a demandé 22h 45' et a été effectué en quatre reprises différentes ; le tableau I suivant donne pour chacune des journéesles résultats principaux qui sont relatifs à cette première période de l’expérience.
- Période de décharge.
- La décharge s’est faite en io'^c/ et en deux reprises le 7 et le g janvier ; elle s’est effectuée, comme il a été dit plus haut, au travers de 11 lampes Maxim placées en dérivation.
- L’expérience a commencé avec 3o éléments seulement. Au bout de six heures on a ajouté deux éléments nouveaux; deux heures après environ, et pendant un quart d’heure seulement, on a ajouté les trois éléments restants. Le courant avait alors une intensité supérieure à celle qui convient à la marche normale des lampes.
- L’expérience de décharge a été arrêtée le premier jour après une durée de 7,'i5' et reprise seulement le surlendemain : au bout de n’^o' de cette nouvelle décharge la pile était revenue à l’état initial. L’expérience a été continuée néanmoins, mais la quantité d’électricité et le travail correspondant, dans cette dernière période, 11e sont pas comptés dans le tableau I qui donne le résultat des observations pendant la décharge normale.
- Déterminations électriques.
- Les calculs relatifs aux mesures électriques ont été effectués parles méthodes déjà indiquées. Voici entr’autres celui qui est relatif à la dépense totale d’électricité :
- Dates Intensités Secondes Coulombs
- — moyennes — —
- 7 janvier...................... 16.128 26340 424800
- 9 — .............. 16.235 12 ooo 194 800
- 619.600
- En ce qui concerne l’état de la pile, il se trouve caractérisé par les indications suivantes :
- Force élcctromotricc Résistance appa-
- Datcs de la pile de 33 éléments rente de la pile,
- ouverte, en volts : en ohms :
- Initiale finale Initiale finale
- 7janvier. . . 75.01 », » 0.21 0.25
- 9 —s • 72.50 72.00 O.26 1-41
- pour Ee et I est la résistance apparente de la pile. Il n’est pas impossible qu’une part notable des variations soit due à quelque phénomène de polarisation.
- 8 8 8 8
- 8 8 8
- 8 8 8
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- Résistance des lampes.
- Si l’on appelle r la résistance du circuit extérieur pendant la décharge, on a
- e = E — RI = ri
- ce qui permet de calculer la valeur de r, puisque celles de e et de I sont données à chaque instant par l’observâtion. Le circuit était fermé par onze lampes Maxim placées en dérivation, la résistance moyenne de ces lampes était, à froid, de 74 ohms.
- L’intensité du courant ayant varié de 1 à i,65 ampères par lampe, la variation de la résistance a présenté les mêmes' circonstances d’augmentation et de diminution, ainsi que nous l’indiquerons ci-après, à propos de la décroissance de l’intensité lumineuse.
- Déterminations photométriques.
- Pendant toute la durée du déchargement normal de la pile, elle a entretenu en fonction 11 lampes Maxim, dont l’intensité lumineuse a varié de 1 à 2 carcels, moyenne 1,40; ce qui correspond à io'1 3ç)' X 1,40— i3h 3o de 11 carcels ou à la lumière de 149,1 carcels, pendantuneheure. Le travail électrique total développé par la pile s’étant élevé à 3 809 000 kilogrammètres, chaque heure de carcel aurait
- coûté —= 28 820 kilogrammètreç ou 8 kilo-grâmmètres par seconde. Un cheval de travail électrique suffirait pour entretenir facilement le nombre de lampes nécessaires pour produire d’une manière continue la lumière de 9 à 10 carcels.
- Aussitôt que la lumière d’une lampe descend à une carcel et au-dessous, la consommation par unité de puissance lumineuse va très rapidement en augmentant.
- Déterminations photométriques.
- Voici d’ailleurs quelques déterminations particulières choisies parmi les conditions extrêmes. Il n’est pas nécessaire d’insister sur la dernière, dans laquelle les lampes étaient beaucoup trop au-dessous de leur fonctionnement normal pour qu’il y ait lieu d’en tenir compte.
- Heures Force Inten- Travail Inten- Tiavall Carcels
- des électro- sité Travail par silé pho- par par
- observa- motrice du électrique lampe tométri- carcel cheval
- tions Volts courant Ampères que —
- 2*-|3 6l 16.37 101.75 9.25 1.43 6.47 II.59
- I2h45 59.5 iS 94 96.84 B.80 1.72 5.12 14 65
- 4h00 44 9 11.49 52.62 4 70 0 21 22.76 3.29
- Résumé de la période de décharge.
- Le déchargement s’est effectué en deux reprises différentes les 7 et 9 janvier et a duré en totalité
- ioh 39'.
- Les données principales des circonstances de ce déchargement sont indiquées dans le tableau suivant :
- tableau 11. — Décharge- de la pile.
- Dates et durées de l’expérience
- Potentiel moyen de la pile eu volts
- Résistance ^ moyenne ,Sua(nt.,t“, d électricité
- courant ,cn ,
- coulombs
- Travail électrique extérieur en kilogrammètres
- 7 janvier. 7hiç)' 61 3<) 16.128 424800 2608000
- 9 — . 3h2o' 61 68 16 235 194 800 1 204 000
- ioh3c/
- 619 600 3 809 000
- Conclusions.
- L’examen des nombres qui précédent présente un réel intérêt; on voit d’abord que, entre la quantité d’électricité introduite dans la pile, 694500 coulombs, et celle qui en est sortie, 619 600, il n’y a qu’une différence de 74 900 coulombs, correspondant à une perte proportionnelle de dix pour cent environ (0,108).
- Le travail électrique extérieur, pendant la durée tout entière de la décharge, s’élève à 3 809 000 kilogrammètres ; le travail mécanique dépensé avait atteint 9 570 000 kilogrammètres, mais sur ce travail réellement fourni, 6 382 000 kilogrammètres seulement avaient pu être emmagasinés par la pile. 11 résulte de là que le travail récupéré pendant la décharge représente
- 3 8oy ooo : 9 5~o 000 = o 40 du travail total et 3 810 000 : 6 382 000 = 0 60 du travail emmagasiné.
- Ce résultat s’explique facilement en ce que la quantité d’électricité est restée sensiblement la même dans les deux cas, où la décharge s’est faite avec
- un potentiel moyen de — 91 volts, et la
- décharge sous un potentiel moyen de —
- 6i,5 vols.
- Entre les deux cas, les niveaux étaient dans le rapport de 3 à 2 : cette différence de potentiel dans les deux phases distinctes est inévitable. En effet, si on désigne par I la force électromotrice de la pile,'par R sa résistance intérieure, .par I et t l’intensité du courant et sa durée, pendant la charge, et si on représente par les mêmes lettres, avec accent, les quantités correspondantes pour la décharge, le rendement électrique a pour expression
- __I' (E' — RT) /'
- K I (E — RI) t
- On a d’ailleurs, abstraction faite de la déperdition, I'T' = IT, et il est permis d’admettre aussi que E = E', ce qui conduit à
- E — RT a E + RI
- On voit ainsi que le rendement sera toujours inférieur à l’unité, mais d’autant plus grand que les intensités et les résistances seront plus petites. Il y a donc intérêt à charger la,pile avec le plus faible courant possible, et, par suite, à prolonger la durée
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- de la charge. Dans l’expérience actuelle E étant voisin de 75 volts, il se trouve que R'F est sensiblement égal à RI, bien que F soit plus grand que I. Cela tient à ce que la résistance de la pile a été sensiblement plus faible pendant la décharge que pendant la charge.
- En résumé et pour mettre les résultats précédents sous une forme plus saisissable, la charge de la pile a exigé un travail mécanique total de 1.558 cheval pendant 22 heures q5' = 1 365 minutes, ou 1 cheval pendant 1 558 X 1 365' = 2 126', ou 35 heures 26'. La pile n’a recueilli en réalité que 0,66 de ce travail, le surplus ayant été employé en résistances passives et en travail d’excitation.
- Le travail de 6 382 iookilogrammètres, ainsi emmagasiné, n’a été lui-même récupéré dans ses effets extérieurs que jusqu’à concurrence de 60 pour 100, et il y a lieu de supposer qu’il en aurait été de même dans toute autre application analogue à celle du fonctionnement des lampes Maxim sur lesquelles il a été employé.
- L’emploi de l’accumulateur a donc coûté 0,40 du travail fourni par la machine dynamo-électrique qui avait produit le courant, ou, en d’autres termes, 0,40 du travail électrique qui aurait été librement disponible sans cet intermédiaire. Il n’est que juste toutefois d’ajouter qu’en bien des circonstances cette perte se trouverait utilement rachetée par l’avantage que l’on pourrait avoir à conserver sous la main, et entièrement à disposition, une source aussi abondante d’électricité.
- La pile constitue d’ailleurs un régulateur puissant dont l’action suffirait, au besoin, dans certaines applications spéciales, pour suppléer pendant un temps assez long à l’arrêt même de la machine motrice.
- BIBLIOGRAPHIE
- La Lumière électrique, son histoire, sa production et son emploi dans l’éclairage public ou privé, les phares, les théâtres, l’industrie, les travaux publics, les opérations militaires et maritimes, par MM. Em. Alglave et J. Bou-lard. C>
- Nous ne pouvons mieux faire, pour donner une idée de l’esprit dans lequel a été écrit l’ouvrage de MM. Alglave et Boulard, que d’en reproduire la préface.
- « On admettait parfaitement, il y a dix ans, que le rôle industriel de l’électricité ne dépasserait pas beaucoup la télégraphie et la galvanoplastie. En de-hors^de ces deux applications, elle semblait condamnée à rester une curiosité coûteuse, bonne tout au plus dans des cas où les règles économiques ordinaires disparaissent devant des exigences qui
- ne connaissent pas de prix, comme celles des phares ou des théâtres. Mais, depuis l’invention de la machine Gramme, la rapidité des progrès quotidiens est venue surprendre les esprits les plus hardis. L’Exposition Internationale de Paris a été une véritable révélation pour le public et peut-être même pour bien des savants. Malgré son caractère scientifique, le succès a dépassé toutes les prévisions, et sa popularité a prouvé que l’on commence à comprendre partout le rôle considérable que l’électricité remplit déjà dans la vie des sociétés, et à pressentir l’importance encore plus grande que lui réserve, un avenir prochain. '
- « Cette Exposition, que l’on pourrait appeler bienfaisante, a été surtout provoquée et préparée par les fondateurs d’un journal universel d’électricité portant le même titre que ce livre : La Lumière Electrique.
- « Ce comité d’initiative comprenait notamment M. le docteur Cornélius Herz, M. Adrien Hébrard, sénateur et directeur du Temps, M. Jules Bapst, directeur des Débats, M. Jacques de Reinach et M. Georges Berger, qui a été le commissaire général de l’Exposition. Le projet, chaudement accueilli dès le principe par le Ministre des travaux publics, M. Yarroy, s’est réalisé ensuite sous le patronage du Ministre des postes et télégraphes, M. Cochery, et avec l’appui du successeur de M. Yarroy au ministère des travaux publics, M. Sadi Carnot.
- « Le succès d’un grand journal scientifique bihebdomadaire, exclusivement consacré à l’électricité, est aussi une preuve de l’importance croissante de cette branche de la physique, qui promet d’être bien plus féconde que toutes les autres en applications industrielles. Encore faut-il ajouter qu’à Paris seulement il existe un ou deux autres recueils également consacrés à l’électricité et à ses applications.
- « Ce livre est consacré tout entier à celle des applications de l’électricité qui va sans doute se développer le plus rapidement dans la pratique, à l’éclairage. Mais, pour l’économiste comme pour l’ingénieur, l’emploi de la lumière électrique se rattache à l’ensemble des applications de l’électricité, par la question de la distribution générale de cet agent physique, qui peut maintenant être mis à la portée de tout le monde. Nous n’aurons l’électricité à bon marché que le jour où elle sera distribuée à domicile par une canalisation générale comme celle du gaz, et alors elle nous apportera la force en même temps que la lumière. Ce merveilleux résultat est non seulement possible, mais facile aujourd’hui. Les importants travaux deM. Marcel Deprez, exposés dans le livre cinquième de cet ouvrage, fournissent une solution complète, fondée sur des découvertes qui ont modifié d’une manière notable les théories généralement acceptées jus-
- (’) Paris, Firmin Didot et O, 1882. Prix, 10 fr.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- qu’à cejour. Les premiers essais ont brillamment confirmé les prévisions de l’inventeur, qui s’apprête à les répéter dans des proportions grandioses.
- « La distribution d’électricité de M. Marcel De-prez n’a pas seulement un intérêt industriel; son importance est tout aussi grande au point de vue social, car elle modifiera peut-être l’évolution économique du monde moderne.
- « La concentration de l’industrie dans d’immenses usines, où l’ouvrier perd son individualité et son initiative, a paru jusqu’ici une conséquence inéluctable du régime des moteurs mécaniques, parce que les petits moteurs thermiques sont beaucoup trop coûteux et rendent impossible la répartition du travail dans les ateliers de famille. L’électricité, au contraire, ne subit pas les mêmes pertes en se divisant pour se mettre à la portée des humbles, elle peut pénétrer dans la plus pauvre des mansardes par un fil semblable à un fil de sonnette, et y faire marcher la plus petite des machines à coudre, presque au même prix, par unité de fçtrce, que les plus puissants appareils d’usines. Le mouvement d’un robinet commutateur suffira pour donner tout juste, à l’instant même, la quantité de force que l’on désire, et pour la faire varier à volonté, sans aucune perte quand le travail s’interrompt ou diminue.
- « Sans doute, l’électricité ainsi aménagée ne rétablira pas encore partout une égalité complète entre le gros producteur et le petit. Mais la lutte deviendra possible dans bien des cas, et le développement de la petite industrie fournira à l’ouvrier désireux de s’élever au rang de patron, un idéal moins inaccessible pour lui que la propriété du Creusot.
- « Dans une question de cet ordre, c’est au Conseil municipal de Paris qu’il appartient de prendre l’initiative, car c’est lui seul qui peut autoriser et encourager efficacement une distribution générale d’électricité dans la ville du monde où cette distrir bution peut rendre les plus grands services. Pour prendre cette initiative, il n’y a qu’à persévérer dans la voie où il est entré déjà il y a trois ans. L’Exposition universelle de 1878 nous a valu l’avènement de la lumière électrique sur les grandes voies de la capitale. Il faut que l’Exposition de 1881 nous laisse comme souvenir une distribution générale de la force et de la lumière par l’électricité. Il est permis d’espérer que le Conseil municipal de Paris n’hésitera pas dans une question où l’esprit démocratique s’allie si heureusement à l’esprit scientifique. »
- Electricité, par Fleeming Jenkin F. R. S. professeur à l’Université d’Edimbourg. Traduit de l’anglais par N. de Tcdes-
- co, ingénieur des Arts et Manufactures. (>)
- Ce petit volume est la traduction du manuel an-
- glais, dont notre collaborateur, M. E. W. Ayrton, a rendu compte il y a quelques mois. (Voir les numéros des 3 et 7 septembre 1881.) On se rappelle que dans cet ouvrage, qui fait partie d’une bibliothèque scientifique populaire, l’auteur a voulu exposer, aussi succinctement et aussi simplement que possible, les idées actuelles sur l’électricité. De fait, il était fort difficile de faire cet exposé de manière qu’il fut à la portée de tout le monde et le livre est d’une lecture plus facile pour ceux qui sont au courant des théories électriques, que pour les lecteurs non encore initiés. Il pourra néanmoins être lu avec fruit par un grand nombre de lecteurs, et l’on doit savoir gré à M. de Tédesco d’avoir publié cette traduction.
- Traité théorique et pratique des piles électriques, mesure des constantes des piles, unités électriques, description et usage des différentes espèces de piles; par A.
- Cazin, annoté et publié par M. Alf. Angot. (*)
- Ce livre est un ouvrage posthume de M. A. Cazin, publié par les soins de M. Alfred Angot. Il se divise en deux parties principales. La première, présentée sous forme d’introduction, contient des généralités sur les principes qui trouvent le plus souvent leur application dans la technique électrique. Des notions sur l’intensité du courant, la résistance, la force électromotrice, le mode d’association 'des éléments, la détermination des constantes d’une pile, les unités électriques, etc., constituent cette première partie. Nous ne saurions être d’accord avec l’auteur en certains points, par exemple au sujet de la force électromotrice, qu’il définit « l’intensité du courant que la pile développerait si le circuit total, pile comprise, avait une résistance égale à l'imité. » Ce sont là cependant des points de détail, et cette introduction forme après tout un bon ensemble de données utiles.
- Mais la partie , la plus intéressante de l’ouvrage est celle qui forme le traité lui-même, la description des piles hydro-électriques et thermo-électriques. Un classement simple, s’il n’est peut-être pas le plus logique, a permis à l’auteur de décrire très complètement les différents types de piles. Cette description porte le cachet des nombreuses recherches faites par l’auteur dans toutes les publications françaises et étrangères et il est permis de croire que bien peu de types d’éléments ont échappé à son attention. C’est la première fois, croyons-nous, que les piles ont été décrites avec autant de détails, et les praticiens accueilleront à coup sûr favorablement un livre qui fourmille en renseignements souvent si difficiles à trouver.
- (') Paris, Gauthier-Villars, 18O1.
- (*) Paris, Baudry, 1882.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Encore quelques mots sur les variations des constantes voltaïques.
- Certaines observations qui nous ont encore été adressées sur notre article inséré dans le numéro du n février sur les variations des constantes voltaïques, nous ayant démontré qu’on ne s’était pas rendu un compte exact de nos idées à ce sujet, nous croyons devoir revenir sur cette question, et cela nous paraît d’autant plus nécessaire que quelques fautes d’impression n’ont pas été corrigées.
- Nous commencerons d’abord par dire que, à notre point de vue, il y a un accroissement réel des valeurs des constantes voltaïques, à mesure que le circuit extérieur devient plus résistant, et nous avons cherché à en expliquer les causes physiques dans le n° du 25 février, p. 186; mais nous croyons que les accroissements considérables que l’on constate quand on applique les formules de Ohm à la détermination de ces constantes, viennent surtout de ce que ces formules ne tiennent pas compte de la force électromotrice de polarisation.
- Il suffit d’étudier les formules que nous avons données, p. 122 et 123, comme représentant les véritables valeurs de E et de r, pour qu’on en soit convaincu sans aucun autre raisonnement ; mais il faut admettre que les forces électromotrices de polarisation e, e', varient dans un rapport plus lent que les intensités I et T, ce que l’expérience a démontré et ce qui résulte d’ailleurs des travaux de MM. E. Becquerel et Lossier. En effet les formules en question peuvent être mises sous, la forme
- II'(R'-R)+(Ie'-I'e)
- e=----------r=r---------(I>
- (l'R'-Ilî)-(e-e')
- ~ 1 —I' (:)
- et en négligeant le second terme du numérateur de ces formules, comme on le fait ordinairement, puisque les quantités e, e' sont inconnues, on affaiblit la valeur de E et on augmente la valeur de r, ainsi que je l’ai déjà dit. Dans la seconde formule, cette augmentation est évidente, puisque la quantité e' étant toujours plus faible que la quantité e, la quantité à retrancher est toujours positive et d’autant plus considérable que la différence des résistances R, R' est plus considérable, mais elle n’indique pas que la résistance augmente réellement à mesure qu’on allonge le circuit, car si les deux résistances R et R' étaient égales, quelque considérables qu’elles puissent être, la quantité e— e' serait égale à zéro, et la valeur de r serait dégagée du second terme du numérateur et par conséquent exacte et invariable. Mais comme on ne peut obte-
- nir cette valeur sans des résistances R et R', différentes l’une de l’autre, la formule donnant la valeur de r donne toujours une quantité trop grande et d’autant plus grande que la pile se polarise davantage. Par conséquent la résistance véritable de la pile r est d’autant plus petite relativement à celle que le calcul donne, que la pile est plus susceptible de polarisation. C’est ce dernier sens que j’ai voulu donner au dernier alinéa de la irc colonne de la page 123, mais ce sens, je le con- fesse, pouvait être interprété d’une autre manière, ainsi qu’on m’en a fait l’observation.
- Dans la première formule que nous avons posée "l’augmentation de la valeur de E avec l’accroissement de la résistance du circuit extérieur ne peut exister, du fait de la formule, qù’autant que la quantité I e' est plus grande que V e, ce qui suppose que les quantités e, e' varient dans un rapport plus lent que les intensités correspondantes I et I'; car, ainsi que je le disais dans mon premier article, si ces rapports étaient les mêmes, la quantité à ajouter à la formule ordinaire pour avoir la véritable valeur de E, serait égale à zéro. Mais puisque l’expérience a démontré que le rapport de c à d est positivement moins rapide que celui de I à I', on peut comprendre que la quantité e' étant plus grande par rapport à e qu’elle ne devrait être pour correspondre à I e! = I' e, la quantité I' e pourra se retrancher de l e'. De plus, comme les intensités dans la
- J? _ Q
- formule 1 = ——— décroissent dans un rapport
- r + R rr
- E
- moins rapide que dans le cas où 1 = ^—p— , puisque
- la quantité e diminue alors que R augmente, on peut comprendre que la première partie de la formule n° 1 considérée seule, doit donner pour E une valeur de plus en plus grande, à mesure que R' grandit. En effet, la quantité correspondante I' décroissant moins rapidement, donne à la différence I—I' constituant le dénominateur de la formule une valeur plus petite qu’elle ne devrait être, au numérateur et à la formule entière, une valeur plus grande.
- Cette même considération peut s’appliquer également à la formule n° 2, de sorte que la valeur de r doit augmenter pour deux raisons, d’abord par la non-intervention de la quantité à retrancher (c — e'); en second lieu par la valeur de I' qui est relativement plus grande qu’elle ne devrait être et qui influence la formule au dénominateur et au numérateur, de manière à en augmenter la valeur. C’est ce qui rend les*chiffres des résistances calculées si considérables.
- La vérité de ces déductions peut être démontrée par les calculs mêmes deM.Jacobi qu1, après avoir indiqué les valeurs des constantes avec des résistances R et R' combinées comme il a été dit, p. 187 (irc colonne), les a données en combinant
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ 2,37
- différemment les mêmes résistances et les quantités qui s’y rapportent. Voici en effet les résultats qu’il a obtenus, et on remarquera que la différence des résistances R, R' pour les deux premiers est la même :
- Résistances
- du
- circuit extérieur.
- Intensité
- du
- courant
- Valeurs Valeurs
- de E de r
- 1°
- oO
- 30
- l R = 11,268 (R' = 16,948 ( R = 22,501 1 R' = 28,292 , R = 33,683 l R' ±= 67,114
- 14041' 1 IO°IO' ) 3214 1,000
- 7“5o' } 6°20' > 3273 1,020
- S°2l' ) 2°4l' ) 3)20 2,880
- Dans les différentes expériences de M. Jacobi, les mêmes expériences répétées en rétrogradant dans un ordre inverse ont fourni à peu près les mêmes résultats numériques, de sorte qu’il est impossible de ne pas y voir une conséquence des formules auxquelles il manque un terme variable et inconnu e pour être exactes, sans préjudice, bien entendu, des accroissements véritables résultant d’effets physiques secondaires qui ne sont que très peu accentués. Tu. du M.
- Expériences hydrodynamiques; imitation par les courants liquides, des phénomènes d’électromagnétisme, de M. C. Deciiarme (>).
- « Le§ remarquables expériences de M. Bjerknes sur Y hydro-électricité et Yhydromagnétisme, expériences que j’ai suivies avec le plus vif intérêt à l’Exposition d’électricité, m’ont remis en mémoire plusieurs faits que j’avais observés depuis longtemps, et qui m’ont paru se rattacher aux phénomènes hydrodynamiques si bien étudiés et décrits par le savant professeur de Christiania. Mais, avant de présenter à l’Académie ces rapprochements, j’ai voulu faire de nouvelles expériences; bien que celles-ci ne soient pas complètes, je puis néanmoins en indiquer, dès à présent, les principaux résultats, en me bornant d’ailleurs au côté purement expérimental de la question, et, dans cette première communication, aux phénomènes correspondant à ceux de l’électromagnétisme.
- « Je dirai d’abord que ce qui différencie essentiellement mes expériences de celles'de M. Bjerk-nes, c’est qu’au lieu de corps puisants ou vibrants (dans l’eau), dont il fait usage, ie n’emploie que des courants liquides, continus ou interrompus, fonctionnant dans l’air ou dans l’eau.
- « La première expérience que j’ai faite dans cette voie avait pour but d’étendre aux liquides un phénomène constaté, sur les gaz et les vapeurs, par M. Clément Desormes, et qui consiste dans l’attraction d’un disque de carton présenté à très pc-
- (') Comptes rendus du i3 février 1882.
- tite distance et normalement à un jet de gaz, sortant par un tube muni d’un pareil disque affleurant l’ouverture.
- « L’expérience correspondante avec les liquides se réalise facilement au moyen d’un jet obtenu à l’aide d’un tuyau d’arrosage, alimenté par les eaux de la ville. On dispose verticalement le tube, muni à son extrémité d’un disque en métal ou en liège (de om,o6 à om,o8 de diamètre), affleurant l’ouverture tournée vers le haut. On approche un second -disque pareil très près du premier, en ayant soin seulement de l’empêcher de glisser ; sous l’influence du jet, ce disque est attiré et maintenu à 2mm ou 3mm du disque lixe, par la différence entre la pression de l’air ambiant et celle de l’eau dans l’intervalle des disques. La pièce mobile n’est pas amenée jusqu’au contact du tube fixe; mais, quand on veut l’éloigner de sa position d’équilibre, on sent une résistance très prononcée. Le même effet se produit également au sein de l’eau.
- « Cette expérience est analogue à l’une de celles de M. Bjerknes, laquelle consiste à présenter, dans l’eau, un corps vibrant à une plaque mobile ; celle-ci est généralement repoussée ; mais, à une certaine distance, très petite, elle est attirée (Comptes rendus, t. LXXXII, p. 144.)
- « Vibrations hydrodynamiques ; hydro-électro-aimants à courants interrompus. — L’expérience de M. Clément Desormes, sur les gaz, exige l’emploi de deux disques. J’ai remarqué que, pour les liquides, le disque fixé au tube peut être supprimé, pourvu qu’on se serve d’un ajutage à bords épais, et surtout conique convergent. L’attraction du disque mobile en est sensiblement diminuée, il est vrai ; mais il se produit alors un autre fait digne d’attention, lorsqu’on intervertit les dispositions expérimentales, en rendant le tube mobile et la plaque fixe. En effet, si l’on tient à la main le tube verticalement, l’ouvcriure en bas et très près du sol, carrelé ou bitumé, ou mieux près du fond plat d’un vase résistant, le tube sera d’abord attiré, frappera l’obstacle, sera ensuite .soulevé, puis attiré de nouveau alternativement, et accomplira ainsi spontanément (c’est-à-dire sans qu’il soit nécessaire de le soutenir) des vibrations verticales, pouvant devenir assez rapides (quand on exerce une pression sur le tube) pour produire un son dont la hauteur et l’intensité dépendront des circonstances expérimentales: diamètre du canal; force impulsive du liquide, poids du tube mobile, forme de l’ajutage, etc. Le phénomène vibratoire se produit aussi, et mieux encore, mais par répulsion, avec les ajutages à bords minces. Dans les deux cas, il a lieu également dans l’air et dans l’eau.
- « Cette expérience n’a pas d’analogue parmi celles deM. Bjerknes; mais elle peut être assimilée à celle d’un électro-aimant, placé sous l’influence d’un courant électrique interrompu automatique-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- ment, par le mouvement que détermine le courant lui-même, comme dans les trembleurs des sonneries électriques. En effet, lorsqu’on tient à la main ce tube vibrant, on croirait avoir affaire à un véritable électro-aimant, tant sont rapides et forts les effets successifs d’attraction et de répulsion, tout à fait semblables à ceux de l’aimantation et de la désaimantation, par l’instantanéité et l’accroig sèment d’action à mesure que la distance diminue.
- « Pour avoir un hydro-électro-aimant à deux pôles contraires, il suffit de disposer solidairement deux courants distincts, dans le prolongement l’un de l’autre (ou un seul courant branché), et de munir chaque extrémité d’un ajutage différent: l’un à bords épais, l’autre à bords minces; il y aura attraction d’un bout et répulsion de l’autre.
- « Il est à remarquer que le passage de la répulsion à Y attraction, par le seul fait de l’accroissement d’épaisseur des bords dans les divers ajutages, n’a pas d’analogue parmi les phénomènes connus d’électro-magnétisme.
- « Si l’on veut simplement un appareil à double effet, on mettra, aux extrémités, des ajutages de même nature. Pour avoir le maximum d’effet, on prendra deux ajutages légèrement convergents et à bords minces. Le double tube, dans son mouvement vibratoire, soit vertical, soit horizontal, rencontrera alternativement les deux obstacles fixes, de sorte que les effets seront successifs et concordants'pour produire des vibrations régulières, en réglant convenablement la course du système.
- « Cette expérience avec les ajutages attractifs et répulsifs, n’est pas seulement une imitation abstraite du phénomène naturel électromagnétique, mais c’est une réalisation effective, semblable aux mouvements produits par les électro-aimants, sous l’influence d’un courant électrique interrompu régulièrement. Elle me paraît même susceptible' de recevoir des applications dynamiques.
- '« J’aurai l’honneur de soumettre à l’Académie, dans une prochaine communication, la suite de mes expériences. »
- Une nouvelle pile à alcalis
- M. Alfred Bennett vient de présenter à la Philo-sophical Society of Glasgow une nouvelle pile dans laquelle il utilise l’attaque du zinc par une solution de potasse ou de soude caustiques et final térabilité du fer dans ce même liquide. La pile est composée d’abord d’un vase poreux dans lequel se trouve une lame de zinc roulée en cylindre, ce vase est placé dans un vase extérieur en fer et l’espace compris entre les deux vases est rempli de tournure de fer tassée. Une solution de potasse caustique est introduite dans le vase poreux. Ce liquide filtrant peu à peu au travers du vase poreux, vient imprégner la tournure. Celle-ci, devient le pôle po-
- sitif de la pile, tandis que le zinc est le pôle négatif. En raison de la tendance qu’ont les alcalis à absorber l’acide carbonique de l’air, il est bon que le vase poreux soit bouché. Il faut au contraire que la tournure de fer soit exposée à l’air aussi librement que possible afin de faciliter le dégagement de l’hydrogène.
- Un semblable élément est applicable comme ceux de Leclanché à des opérations intermittentes, cependant, s’il faut en croire les expériences de l’auteur, la pile Bennett pourrait fournir un courant de plus longue durée. Deux sonneries électriques, identiques en tous points, ayant une résistance de 5 ohms, ont été placées, l’une dans le circuit d’une pile Leclanché, l’autre dans celui d’une pile Bennett et on les a laissé fonctionner jour et nuit. La première a commencé à s’affaiblir au bout decinq jours et s’est arrêtée complètement au bout de vingt jours. La sonnerie placée sur la pile Bennett ne s’est affaiblie qu’au bout de vingt-trois jours et ne s’est arrêtée qu’après un mois de fonctionnement.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le Directeur
- Dans le numéro 5 de La Lumière Électrique, du 4 février 1882, se trouve un très intéressant article de M. Marcel Deprez dans lequel il explique la méthode employée par lui pour faire des galvanomètres à déviation proportionnelle à l’intensité du courant. Cette méthode consiste à placer l’axe de la bobine de façon qu’il ne soit pas à angle droit avec l’aiguille quand elle est dans sa position normale. Si M. Deprez veut se reporter au numéro de La Lumière Électrique du.9 avril 1880, page 267, il verra que nous avons employé aussi cette méthode dans le même but dans liotre illumina-leur appliqué à la Transmission électrique des images.
- L’emploi de bobines ayant leur axe oblique à la position normale de l’aiguille ou aux lignes de force magnétique, quand le courant ne passe pas, n’est nullement satisfaisant, et de fait, M. Deprez a jugé lui-même nécessaire d’expédier avec ses galvanomètres, construits de cette façon par lui et M. Carpentier, une courbe de graduation établissant la relation de la déviation avec l’intensité du courant et cette coutbe est bien loin d’être une ligne droite. De fait, depuis le commencement de 1881, nous avons abandonné cette méthode dont nous nous servions d’abord, depuis que nous avons trouvé que notre système actuel est beaucoup plus satisfaisant.
- Ce dernier consistent donner simplement à la bobine, à l’aiguille et aux pôles de l’aimant permanent en fer à cheval la forme exacte que le calcul indique comme devant donner des déviations proportionnelles aux intensités du courant. Avec notre dernier Ammèlre (abréviation pour ampèremètre), nous obtenons aisément une déviation de 40°, proportionnelle à l’intensité, et avec nos nouveaux ammètres actuellement en construction, nous espérons arriver à la pro portionnalité absolue jusqu’à 2700.
- Veuillez agréer, etc. W. E. Ayuton,
- John Pkuky.
- Londres, 14 février 1882.
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- FAITS DIVERS
- Éclairage électrique
- L’administratipn municipale de la ville de Toul vient d’entrer en pourparlers avec la maison Siemens de Paris afin d’étudier le système d’éclairage électrique des principaux quartiers et des places de la ville de Toul; il est question d’utiliser â cet effet une force hydraulique.
- -A l’occasion d’une exposition horticole qui a lieu en ce moment à Vienne (Autriche) la*lumière électrique a été adoptée pour l’éclairage des salles où sont exposées les fleurs.
- A Ilarwich, dans le comté d’Essex, le conseil municipal a reçu une pétition couverte.de nombreuses signatures, demandant que des études soient faites pour déterminer le prix que coûterait l’éclairage par l’électricité de la ville et du port.
- Une nouvelle compagnie d’éclairage électrique vient de se fonder à Londres, c’est la «Great Northern Electric Light Company». Elle a pour objet l’exploitation de la lampe électrique Pilsen pour New Southgate et les environs.
- Des, essais d’éclairage électrique viennent d’être faits dans la Clyde, près de Glasgow, à bord du bâtiment de guerre russe le Pierre-le-Grand. Le fleuve et le détroit ont été illuminés à des distances de plusieurs milles par les rayons électriques qui permettaient d’apercevoir par instant le petit port dTlelensburgh..
- A Gênes (Italie), le théâtre Carlo Felicc est depuis quelques jours éclairé par l’électricité.
- A Berlin, une partie de la grande salle' des appareils du bâtiment central des Télégraphes est maintenant éclairée à titre d’essai avec des lampes à incandescence. L’installation a été faite par la maison Siemens et Halske et les résultats obtenus jusqu’ici donnent lieu de croire que ce nouveau mode d’éclairage sera adopté pour la salle entière.
- A l’occasion des fêtes du couronnement du Czar, qui doivent avoir lieu à Moscou au mois de mai, une partie du Kremlin, la vieille citadelle des czars, qui renferme le palais impérial, le palais de l’archevêque, la cathédrale de l’Assomption et le grand beffroi d’Ivan Veliki, sera éclairée par l’électricité. Quarante lampes Siemens seront installées dans les cours intérieures du Kremlin.
- Une compagnie d’éclairage électrique vient de se fonder à Lowcl, dans l’État de Massachusetts.
- L’église de Troy (Etat de New-York) vient d’adopter pour son éclairage la lumière électrique.
- A l’occasion d’un grand festival musical qui doit avoir lieu prochainement à Birmingham on se propose d’éclairer l’Hôtel de ville par l’électricité.
- Aux Etats-Unis la Compagnie du Grand Trunk Railway
- introduit la lumière électrique dans ses ateliers à Point Saint Charles.
- A Philadelphie, on vient d’ajouter, soixante foyers à incandescence Maxim aux lampes qui servent â l’éclairage de la grande poste aux lettres de cette ville.
- A Augusta (Etat de Géorgie), la fabrique Enterprise a remplacé le gaz par la lumière électrique dans ses ateliers.
- Six. foyers électriques sont actuellement employés pour éclairer le demi-mille de tunnel sous la Manche qui est déjà percé à Shakespeare Cliff, près de Douvres.
- Le grand théâtre royal de la Scala à Milan vient de recevoir des lampes électriques Edison qui ont été essayées avec succès pour l’éclairage du foyer. Sur les trois lampadaires à 92 becs de gaz du foyer, on a fait installer 92 lampes électriques de la force de huit candies chacune et l’expérience va être étendue aux corridors sur lesquels donnent les loges. On sait que la scène de la Scala est la plus grande qui existe en Italie. La salle peut contenir trois mille spectateurs. Il est difficile de se faire une idée du spectacle imposant que présente la Scala un jour de représentation extraordinaire et d’illumination a giorno. Il est question d’utiliser la lumière électrique pour ces soirées extraordinaires dans la plus grande partie du théâtre.
- La grande meunerie de M. C.-A. Pillsburg, récemment construite sur les bords de la rivière à Minneapolis, aux Etats-Unis, est éclairée au moyen de l’électricité. A chaque étage brûlent deux lampes Brush, renfermées dans des globes de verre impénétrables à l’air. Chaque lampe, coûte, dit-on, un demi-penny par heure. De même à chaque étage sont posées des sonnettes électriques, de telle sorte que les contre-maîtres ou meuniers peuvent être promptement appelés; des sonnettes électriques avertissent aussi de tout dérangement pouvant se produire dans la marche des machines, et une ligne téléphonique relie la ville de Minneapolis,à celle de Saint-Paul, située en face de l’autre-côté de l’eau,
- A Forfar, en Ecosse, la Northern Electric Lighting Company de Dundee vient d’installer des appareils pour l’éclairage électrique des fabriques de linge de Canmore appartenant à MM. William Laird et Cc. Cinq lampes à arc ont été mises en place dans la salle du fini et de l’emballage, et une autre dans les salles de pliage.
- On en a également installé une au-dessus de la porte d’entrée. Si ces lampes donnent des résultats satisfaisants, toute la fabrique sera éclairée par l’électricité. MM. Laird consomment pour leur établissement la seizième partie de toute la quantité de gaz qui se brûle à Forfar, ville d’environ dix mille habitants.
- On a essayé en Italie sur le chemin de fer de Milan à Alexandrie, trains Ü1S et 89, l’éclairage électrique des voitures. L’appareil d’éclairage employé étaitla lampe à incandescence lame Fox. Les résultats ont été, paraît-il, très satisfaisants.
- A l’Exposition d’électricité du Palais de Cristal de Sydenham, la salle des concerts est éclairée par six cents lampes â incandescence Edison, la nef du sud par des lampes Siemens, la cour chinoise par des foyers Crompton, la nef du nord par des lampes Maxim, le département , des Tropiques par des lampes Brush, la cour de l’Alhambra par des lampes Laue Fox.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Télégraphie.
- Un meeting de la Submarine Telegraph Company dont lës cables relient la Grande-Bretagne à la France a été tenu la semaine dernière à Londres sous la présidence de Sir J. Carmichael, baronnet, dans les bureaux de la Compagnie, • Throgmorton avenue, London Wall. Sir J. Carmichael a constaté que le trafic s’était considérablement accru pendant les derniers six mois, bien que la Compagnie ait eu à souffrir de violentes tempêtes qui ont causé la rupture de six câbles à la fois, ce qui ne s'était pas encore vu.
- Vers la fin de l'année dernière, la Mutual-Union a fait fonctionner une ligne directe entre New-York et Chicago, sans aucun bureau de répétition intermédiaire.
- Le jeudi, 19 janvier dernier, la Société des Ingénieurs des télégraphes et des électriciens de Londres a ouvert sa session annuelle. Le discours d'inauguration a été prononcé par le Président nouvellement élu, le lieutenant-colonel Webber, du génie royal, qui a félicité la Société d’avoir atteint la seconde décade de son existence. Il a rappelé qu'il avait assisté lui même à sa naissance en 1870, et il a retracé les diverses manières dont la Société s'est rendue utile au monde scientifique en général, aussi bien qu'à l’État, en se servant de l’électricité dans les télégraphes, la marine et l’armée.
- Par le caractère libéral de sa constitution, la Société, a dit le colonel Webber, a réuni dans la poursuite d'un intérêt commun des personnes attachées au Post-Office, aux télégraphes du gouvernement de l’Inde, aux administrations des télégraphes coloniaux, aux Compagnies de chemins de fer et de câbles sous-marins, ainsi que les grands fabricants d’appareils électriques, les Compagnies de téléphone et de lumière électrique, les physiciens, les savants, les marins et les militaires, auxquels il faut joindre une longue liste de membres étrangers, qui se sont distingués dans la même partie.
- Le Président a mentionné les travaux du Congrès International des électriciens, tenu à Paris, du 21 septembre au 6 octobre, et il a décrit l’importance de cette Assemblée par le caractère représentatif de ses membres et la vaste portée de scs délibérations.
- Il a fait allusion à la récente Exposition Internationale d'électricité de Paris et à celle du Palais de Cristal, quant à à leur importance comme moyen d’instruction publique; il a aussi fait allusion aux travaux des Comités sur les paratonnerres et l’unité de lumière. Entre autres applications, il en a signalé une qui.amènerait une alliance intime entre la Société et le corps médical, dont les membres à son avis sont encore sur le seuil de la science en ce qui concerne l'emploi de l'électricité comme moyen curatif, et trouveraient prooable-ment un grand avantage à discuter leurs théories et leurs découvertes avec les électriciens;
- Le colonel Webber a terminé son discours en insistant sur ce point que le moment était arrivé de réclamer sérieusement une institution d'éducation électrique où un enseignement tout à fait pratique et théorique pourrait être donné à tous ceux qui se pressent maintenant en foule dans les diverses situations nouvelles exigeant la connaissance des lois de l’électricité.
- Une intéressante mention a été faite des travaux sur l'électricité et le magnétisme dus au Dr Gloesner, ancien professeur à l’universitc de Liège. Les travaux du Dp Gloesner sont comparativement inconnus en Angleterre, et le Président de la Société des'Ingénieurs des Télégraphes et des Electriciens de Londres a profite de l'occasion pour rendre hommage à la mémoire de ce savant, en citant que’ques-unes de ces premières recherches â dater de 1822, qui ont été décrites dans ses manuscrits exposés à l’Exposition de Paris.
- , Téléphonie.
- A Cardiff et à Newport (principauté de Galles), l'accroissement du nombre des maisons qui font usage du téléphone établi entre ces deux villes, a amené le Post Office à poser un fil double additionnel entre Cardiff et Newport. La distance qui sépare ces deux villes est de dix-sept kilomètres.
- Cinq nouveaux bureaux téléphoniques vont être ouverts à Berlin.
- On se rappelle que deux bureaux téléphoniques fonctionnent déjà dans cette ville.
- Le téléphone vient d’être introduit dans la mine de cuivre de Dolcoath, près de Camborne, dans le comté de Cornouailles, pour l'établissement de communications entre le fond et l'orifice des puits. La profondeur extrême de la mine est de 35o brasses. II paraît que ce nouveau service téléphonique donne de bons résultats.
- A Luton (Beds), annonce YElectrician de Londres, des communications téléphoniques viennent d'être établies entre la Poste aux lettres et l'habitation située à Luton Hoo. Un câble est posé dans une tranchée, à deux pieds de profondeur, le fil traverse une forêt et est suspendu aux branches des arbres; il est conduit ensuite aux poteaux télégraphiques du chemin de fer, près de la gare du New Mtll End Railway, d’où il est amené à la Poste aux lettres. Le téléphone employé est celui de Gowcr Bell.
- M. Pianta, directeur de la Compagnie générale des téléphones en Italie, a l’intention de transmettre de Yenise à Milan l’opéra de Lohengrin que l'on joue en ce moment dans la première de ces villes. Il paraît que M. Pianta a introduit dans ses transmetteurs des perfectionnements qui augmentent considérablement leur puissance, et qu'il s'en est servi avec succès à des distances de 120 kilomètres sans diminuer en rien la netteté des sons transmis.
- Un effet remarquable, analogue à celui que l’on obtient avec le système télégraphique Duplex, et qui promet d'importants développements dans l’application du téléphone, vient d'être constaté au Palais de Cristal de Sydenham. Le téléphone a transmis simultanément la voix humaine et la musique d'un orgue le long d'un seul et même fil, à des distances de plusieurs milles et dans dés directions opposées. Les essais ont eu lieu plusieurs soirs de suite. Pendant les concerts téléphoniques organisés au Palais de Cristal, le colonel Gourand dans sa résidence de Woodlands Norwood et lë major Flood Page, dans sa résidence de Ribblesdale House à Sydenham ont été mis en communication avec le grand orgue de l'orchestre d'Handel. Le fil passait à travers cet orgue. Le colonel, le major et leurs invités ont été frappés d'étonnement et ravis en entendant avec la plus grande netteté, la marche funèbre de Gounod, la marche nuptiale de Mendelssohn et d’autres morceaux. Mais ce qui a causé la plus grande surprise a été l’effet nouveau de la transmission simultanée avec la musique des conversations tenues par le colonel Gourand et le major Flood Page. Ces conversations arrivaient par un transmetteur au Palais de Cristal, des messages envoyés de Ribblesdale House à Woodlands par le téléphone parvenaient à Mme Gourand en même temps que la musique et sans la moindre confusion. Les téléphones employés étaient ceux d'Edison-Gower Bell.
- Le Gérant : A. Glênard.
- Paris, — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 27248
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d! Electricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th.- DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4° ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 18 MARS 1882 N» Il
- SOMMAIRE
- Exposition Internationale d’Électricité : Métêorograplie électrique de MM. Yan Rysselberghe et Schubart; Th. Du Moncel. — Sur la comparaison entre les piles et les machines dynamo-électriques ; Marcel Deprez. — De Paris à Londres en cinq heures; C.-C. Soulages. — La décomposition de l'eau pure par les couples locaux; A. Guerout. — Comment on prend un brevet"en France et à l’étranger; Frank Geraldy. — Sur la résistance électrique des gaz (fin); Edlund. — Revue des travaux récents en électricité: Nouveau système de transmission simultanée en sens contraire pour appareils Hughes, par M. H. Kuss, — Sur la généralité de la méthode électro-chimique pour la figuration des lignes équipotentielles, par M. Ad. Guébhard. — L’éclairage électrique des côtes de France. — Corres-pondance : Lettres de M. de Formby. Faits divers. —
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- MÉTÉOROGRAPHE ÉLECTRIQUE
- DE MM. VAN RYSSELBERGHE ET SCHUBART
- Nous avons déjà consacré dans le numéro du 10 septembre 1881 de ce journal, un long article à cet intéressant appareil, sur lequel nous nous proposions du reste de revenir quand nous serions à même d’en fournir les dessins. Aujourd’hui, nous sommes en mesure de compléter notre travail, et nous allons, cette fois, le faire complètement connaître à nos lecteurs. Afin même que la compréhension en soit plus facile, nous commencerons par décrire la première disposition qui lui avait été donnée, en 1875, et que nous avons pu étudier à l’Exposition de géographie des Tuileries.
- Premier système exposé en 1875. — Dans ce système, l’enregistreur proprement dit constitue un appareil distinct, qui est relié aux mécanismes mesureurs groupés sur un même bâti en bois, au moyen d’une tringle de. transmission de mouvement. Nous représentons, fig. 1 et 2, le plan et l’élévation de cette dernière partie du système. La première ressemblait beaucoup à celle
- du nouveau système sur laquelle s’enregistrent les observations et qui est représentée fig. 3. En conséquence nous n’avons pas cru devoir en faire un dessin spécial.
- Comme les enregistrations dans ce système se font toutes les dix minutes, c’est un moteur spécial mis en action toutes les dix minutes sous l’influence d’un déclanchage électro-magnétique déterminé par une horloge, qui transmet le mouvement aux mécanismes mesureurs. L’un des axes de ce moteur, terminé par deux roues d’angle, actionne d’une part le cylindre enregistreur qui est vertical et d’autre part les mécanismes mesureurs par une tringle horizontale qui engrène avec les deux roues d’angle 5 et 6, fig. 1.
- Appareils indicateurs et mesureurs. — Les mécanismes mesureurs sont au nombre de six et correspondent : i° à un baromètre à siphon que l’on aperçoit en b, à droite dans la fig. 1 ; 20 à un thermomètre sec / et à un thermomètre humide t', dont les boules sont enveloppées dans des tuyaux y, y’, et qui, à cet effet, se recourbent, comme on le voit sur la fig. 1 ; 3° à un anémomètre de Robinson, dont on voit la tige en y; 40 à une girouette, dont l’axe correspond à la tige g'; 5° à un udomètre dont on aperçoit en U le mécanisme-mesureur. Quant aux mécanismes mesureurs eux-mêmes, on les distingue aisément dans la fig. 2, en G pour la girouette, en A pour l’anémomètre, en U pour l’u-domètre, en T pour le thermomètre sec, en T' pour le thermomètre humide, et en B pour le baromètre. Tous ces mécanismes fonctionnent sous l’influence de deux piles P,P' et d’une seule roue V, mise en mouvement par le mécanisme moteur au moyen des roues de renvoi 5 et 6. Cette roue Y ne fait qu’un nombre donné de révolutions pour chaque déclanchement effectué toutes les dix minutes par la détente électro-magnétique.
- Pour obtenir ce résultat, cette roue V est interposée entre deux crémaillères E, E', qui constituent les côtés d’un long châssis ou chariot mobile, qui roule sur un système de rails en fonte W W. Ce châssis porte à son extrémité gauche une plate-
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- forme en ébonite sur laquelle est adapté un cadre métallique oscillant Z Z, qui est muni d’un côté de deux ressorts g, a, assez longs pour rencontrer les mécanismes G et A, et, de l’autre côté, d’un ressort u disposé pour pouvoir rencontrer à un instant donné le .mécanisme U. Un système de leviers adapté au-dessous du châssis, et que l’on ne peut voir sur la figure, est disposé de manière à faire incliner ce cadre du côté de U quand le chariot se dirige de gauche à droite, et à le faire pencher vers A et G au moment du retour du chariot de droite à gauche. Enfin, trois contacts métalliques i, l, k, adaptés au châssis mobile, complètent le dispositif.
- La roue V a son axe maintenu à sa partie supérieure par un long levier articulé Q, qui peut osciller sous l’influence de deux actions contraires; d’abord sous l’influence d’un ressort antagoniste, qui tend à le pousser de manière à ce que la roue V engrène avec la crémaillère E ; en second lieu, sous l’influence d’un électro-aimant M qui, par l’intermédiaire d’une armature de fer dont est muni le levier, tend à faire engrener la roue V avec la crémaillère E', quand il devient actif. Or, le fonctionnement de cet électro-aimant est commandé par un rhéotome qui est mis en jeu par un appendice porté par le châssis mobile. Nous verrons à l’instant comment s’effectue cette action. Il nous suffira de dire, pour le moment, qu’au commencement de chaque période de dix minutes, la roue Y étant' engrenée avec la crémaillère E, le châssis avance vers la droite, et une crémaillère verticale oo qu’il porte, rencontre, après le passage du ressort u sur le mécanisme U, la roue S, dont l’axe, muni des trois roues B, T, T', fait fonctionner de haut en bas et de bas en haut, trois crémaillères qui portent les fils de platine ou sondes destinés à fournir les contacts sur les colonnes mercurielles des instruments indicateurs t, t', b. Toutefois, pour que les indications du thermomètre humide, qui sont toujours au-dessous de celles du thermomètre sec, se trouvent inscrites à la suite de ces dernières sur le cylindre enregistreur, un dispositif rhéotomiquc a dû être adapté au thermomètre humide, et il a été combiné de manière que le trait provoqué sur l’enregistreur par le thermomètre sec pût, par son interruption même, fournir la trace de l’indication du thermomètre humide. De cette manière,. les courbes fournies par les deux instruments dessinent une zone plus ou moins accidentée, plus ou moins large, qui montre la marche parallèle de la température et de l’humidité.
- , Disons de suite, pour ne pas embrouiller dans l’esprit les diverses fonctions du châssis mobile, que les contacts électriques correspondant à la direction du vent sont déterminés par la rencontre du ressort g avec la lèvre d’une hélice métallique qui entoure le cylindre G, lequel étant solidaire
- des mouvements de la girouette par l’action d’un engrenage conique que l’on distingue,sur la fig. i, en g', peut présenter pour un tour complet accompli par lui, et sur une étendue correspondante à sa longueur, les différents points de l’hélice. Par conséquent, chacun de ces points représentera un vent différent, et, par la longueur de la course effectuée par le châssis depuis son point de départ jusqu’au moment où s’effectue le contact du ressort g avec l’hélice, on pourra juger du vent régnant, du moins si l’origine de,l’hélice, au point de départ du châssis, correspond â un vent déterminé, au vent du nord par exemple.
- Les contacts électriques en rapport avec le moulinet de Robinson s’effectuent d’une manière analogue. Le cylindre A, qui est relié à ce moulinet par un engrenage à vis t'angente, est également muni d’une lèvre saillante, et cette lèvre dessinant une fraction de tour d’hélice sur sa longueur, scs différents points, par rapport aux génératrices du cylindre, pourront représenter différentes fractions d’un tour de cylindre. De plus, comme le mouvement de celui-ci, par rapport à la vitesse du moulinet, est ralenti par le fait de l’engrènement avec une vis tangente, et cela dans un rapport déterminé, chacune de ces fractions de tour du cylindre peut représenter un certain nombre de tours du moulinet; or, ce nombre sera plus ou moins grand suivant que la partie de la lèvre qui se présentera devant le ressort a sera plus ou moins éloignée de son origine. Toutefois, comme il importe à chaque observation que le cylindre A soit ramené à son point de départ, il a dû être monté à frottement doux sur son axe de rotation, et c’est un appendice métallique porté par le châssis mobile qui est chargé de ce soin lorsqu’il revient à son point de départ.
- La même disposition a encore été adaptée â l’u-domètre. Dans ce système, la hauteur d'eau est indiquée par un flotteur, et c’est la tige de ce flotteur qui, en faisant tourner le cylindre U, expose à l’action du ressort -u la lèvre saillante dont il est muni et qui constitue une fraction de tour d’hélice. Suivant donc que le contact du ressort n, avec cette lèvre s’effectuera en l’un ou l’autre des points de cette dernière, on aura une trace qui pourra déterminer la hauteur du flotteur dans le pluviomètre, et, par conséquent, la hauteur d’eau tombée. C’est ainsi que s’effectuent les réactions provoquées par le châssis mobile dans la partie gauche de l’appareil ; mais il ne faut pas perdre de vue qu’elles ne s’effectuent pas toutes dans le même sens. Une seulement se produit quand le châssis est entraîné de gauche à droite : c’est celle qui est déterminée par le ressort u à sa rencontre avec le cylindre U de l’udomètre, et nous avons vu qu’à cct effet le ressort u se trouve abaissé par le fait même du mouvement du châssis dans ce sein. Les
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- deux autres réactions ne se produisent qu’au retour du châssis vers la gauche, et alors que les ressorts g et a. se trouvant à leur tour abaissés, peu-
- vent rencontrer les cylindres G et A. Après la réaction sur le cylindre U, le châssis, continuant' sa course, rencontre bientôt la roue S, et c’est
- E JAoutev Zï.
- alors, comme nous l’avons dit, que commencent les réactions qui doivent fournir les indications des deux thermomètres et aussi celles du baromètre; niais ces dernières ne. se. produisent .qu’au ccm-
- mencement du mouvement rétrograde du châssis. C’est ici le moment d’examiner les différents effets déterminés par le chariot mobile : i° pour faire arrêter les crémaillères des thermomètres au mo-
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- ment où le fil interrupteur du thermomètre humide rencontre le mercure de celui-ci; 20 pour provoquer l’engrèncment de la roue Y avec la crémaillère E et déterminer par suite le mouvement en sens inverse du chariot; 3° pour couper les circuits avant que les aiguilles interruptrices sortent du mercure des instruments indicateurs; 40 pour le renvoi successif du courant de ces instruments à l’enregistreur. Mais pour qu’on puisse comprendre facilement tous ces effets, il est indispensable que nous fassions connaître comment sont disposées les communications électriques, et quelle est la marche des courants.
- Comme on l’a vu, deux piles P, P', fig. 2, doivent être employées pour la mise en action de ce système ; la plus importante, P, est celle qui doit agir sur l’enregistreur, et son action étant commandée par les instruments indicateurs, elle doit être interposée dans les différents circuits qui leur correspondent. En conséquence, le pôle négatif de cette pile communique à tous les instruments indicateurs, soit par leur axe de rotation, soit par ,un fil soudé dans leur tube et immergé dans le mercure. Le pôle positif de cette même pile aboutit directement à l’électro-aimant- enregistreur et le circuit ne se complète avec les instruments indicateurs qu’après avoir passé par plusieurs rhé-tomes et commutateurs représentés en p, en s, en N, en m, en n et en/, fig. 1 et 2. Si nous suivons sur la fig. 2 la marche du courant dans tous ces détours, nous voyons qu’après avoir quitté l’électro-aimant enregistreur il se rend à un ressort s, qui le transmet à la lame divisée p; celle-ci, à son tour, le transmet à un frotteur r, qui le dirige sur la lame m, à laquelle il est relié par un fil. Comme la lame m communique avec le frotteur /, et que celui-ci touche le cadre qui porte les ressorts interrupteurs g, a, u, les fermetures du courant peuvent se produire de cette manière successivement et suivant l’inclinaison du cadre Z Z sur les cylindres G, A et U, en rapport avec la girouette, l’anémomètre et le pluviomètre. D’un autre côté, la lame k pouvant appuyer sur la lame n quand le châssis est à un certain point de son parcours, et le courant pouvant lui être transmis par un contact quand le cadre Z Z est incliné de manière à rencontrer le cylindre U, ce courant peut aller, au moment de la course du châssis vers la droite, regagner la crémaillère du thermomètre sec, à laquelle la lame n est reliée; toutefois, cette liaison n’est pas directe ; elle est effectuée par l’intermédiaire d’un rhéotome constitué par un levier dépendant de l’armature de l’électro-aimant N, et les fermetures du courant ne peuvent se produire que quand ce levier est dans la situation du rep<ps. Ce levier, en effet, que l’on ne peut voir sur la fig. 2 parce qu’il est vertical, est disposé en q, et oscille entre deux vis de contact dont l’une, celle de gauche, est toujours en contact avec lui
- par l’intermédiaire d’un ressort qui le suit dans ses mouvements. Cette vis est, comme on le voit, eu rapport avec -la crémaillère du thermomètre sec t. L’autre vis à droite communique directement avec n. En temps ordinaire, cet interrupteur établit la communication de n avec t, puisque le ressort du levier interrupteur le pousse contre le contact de droite ; mais quand l’électro-aimant N du rhéotome est animé,“le circuit est coupé. Or, cet effet se produit quand la sonde interruptrice du thermomètre humide V a rencontré sa colonne mercurielle. Mais en même temps que cette rupture du circuit se manifeste, un bras q', porté par l’axe d’articulation du levier de l’armature de N, réagit sur les tiges portant les sondes des thermomètres et les arrête, de telle sorte que l’enregistration des indications du thermomètre humide peut se faire librement par l’interruption de la trace du thermomètre sec. Le courant qui détermine cette dernière réaction est naturellement produit par la seconde pile P', que nous allons maintenant voir agir dans plusieurs circonstances, et notamment pour provoquer le mouvement de retour du châssis mobile. Nous devrons toutefois, avant d’étudier les autres fonctions de cette seconde pile, faire observer d’abord que la position de la lame n, par rapport au ressort k, est calculée de manière que la réaction effectuée sur le rhéotome N ne puisse se produire qu’après le contact du ressort u avec le cylindre U ; en second lieu, que la liaison du circuit avec la crémaillère du baromètre est effectuée par l’intermédiaire d’une seconde lame j semblable à 11, fixée sur le côté opposé du châssis mobile, et sur laquelle appuie en temps utile, c’est-à-dire au commencement du mouvement de retour de ce châssis, le ressort de contact i; celui-ci, comme on l’a vu, est alors mis en communication avec m par suite de l’abaissement du cadre Z Z sur le côté correspondant à G et à A. Naturellement, cette lame n’a pu être représentée sur la figure.
- Le courant de la seconde pile P' a pour fonction : i° de déclancher toutes les dix minutes, sous l’influence de l’horloge, le moteur des appareils, et de le renclancher après chaque voyage (aller et retour) du châssis; 20 de réagir, par l’intermédiaire du commutateur C, sur l’électro-aimant MM, pour changer le sens du mouvement du châssis; 3°d’animer l’électro-aimant N pour arrêter les sondes des thermomètres, et déterminer, par la rupture du courant de- l’enregistreur, les indications du thermomètre humide. Pour obtenir ces différents résultats, le courant de cette pile est susceptible d’être dirigé par trois circuits : l’un correspond directement à l’électro-aimant déclancheur et à l’interrupteur de l’horloge ; le second est relié au commutateur, et se trouve complété soit par l’électro-aimant MM quand le levier C de ce - commutateur est sur le contact e, soit par l’électro-aimant
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- Nf et le thermomètre humide, quand ce levier appuie sur le contact d. Or, il résulte de cette disposition électrique que quand le châssis mobile, après avoir atteint la fin de sa course et avoir abaissé d’une part les crémaillères des thermomètres et relevé d’autre part celle du baromètre, doit accomplir son mouvement rétrograde, un butoir qu’il porte sur le côté réagit sur le levier C, qui tourne à frottement gras. sur son axe, et vient l’appuyer sur le contact e; l’é lectro - aimant MM devient alors actif, et fait engrener la roue V avec la crémaillère E'. Le mouvement rétrograde commence alors, et les enregistrations du baromètre, de l'anémomètre et de la girouette s’effectuent comme il a été dit plus haut. Quand le châssis est revenu à son point de départ, un second butoir qu’il porte réagit de nouveau sur le levier C et le reporte sur le contact d, qui, en rétablissant la communication du courant avecl’électro-aimant N et le thermomètre humide, permet au châssis, lors de son prochain voyage, de mettre en action le rhéotome N comme nous l’avons déjà expliqué. Mais pendant cette allée et venue du châssis mobile, l’interrupteur de l’horloge a cessé d’agir sur l’électro-aimant déclancheur, et le mouvement de l’appareil s’arrête jusqu’à ce qu’une nouvelle fermeture de courant, effectuée au bout de dix minutes, ait provoqué une nouvelle pérégrination du châssis mobile.
- On remarquera que la sonde interruptrice du baromètre restant abaissée dans le mercure jusqu’à ce que le châssis soit venu la relever au moment de son mouvement de droite, l’interruption du courant se fait au retour du châssis et sur la lame 7 en contact avec le ressort i, par conséquent en dehors du mercure. Il en est de même pour les interruptions faites dans les circuits correspondants aux
- thermomètres, qui s’effectuent sur le rhéotome N d’un côté, et sur le'commutateur C d’un autre côté, ce qui permet par conséquent aux roues T et T', lors du mouvement rétrograde du châssis, de relever les sondes sans produire d’étincelles.
- Il me reste à indiquer l’usage de la lame divisée p et du ressort frotteur r. Ce ressort se termine par un bec pointu qui peut, en rencontrant les divisions de la lame remplies par une substance isolante, fournir des interruptions du courant enregistreur aux différents points de la course.du châssis. Il en résulte, par conséquent, dans les traits tracés sur- le cylindre enregistreur, une série de solutions de continuité qui peuvent servir de repère et montrer si la marche du moteur est parfaitement uniforme. Il est certain que si cette uniformité existe, toutes ces solutions de continuité doivent se cor respondre d’une ligne à l'autre et former une série de lignes blanches parallèles à la génératrice. On peut aussi, par ce moyen, disposer les cylindres G, A, U, ainsi que les roues S, B, T, T' dans les conditions convenables pour que les unités des diverses échelles soient représentées par des traits de même longueur. Une seule échelle suffit, en effet, avec la disposition qui a été donnée, pour la graduation de tous les diagrammes.
- Deuxième système exposé en 1881. — Le
- système qui a figuré à l’Exposition d’électricité a été combiné en principe à peu près de la même manière que celui que nous venons de décrire, mais il a été considérablement perfectionné, surtout au point de vue du groupement des instruments qui occupent beaucoup moins de place et sont plus portatifs. Nous représentons fig. 5 le pavillon dans lequel ils étaient installés à l’Exposition, et les
- FIG. 3
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- figures 3 et 4 montrent les vues perspectives de l’enregistreur et des appareils mesureurs. C’est l’enregistreur que l’on aperçoit au milieu du pavillon,
- FIG. 4
- xdans la fig. 5, et les autres appareils sont renfermés à gauche dans une sorte de vitrine appliquée contre la paroi du pavillon de ce côté.
- Enregistreur. — Ce système, comme on le voit
- fig. 3, se compose d’abord d’un cylindre enregistreur vertical R sur lequel est tendue une feuille de zinc très mince destinée à être gravée, et en face de ce cylindre se trouve le système électro-magnétique dirigeant l’action du style traceur que nous appellerons cette fois burin. Ce système électro-magnétique composé d’un électro-aimant E dontl’armature porte le burin S, est porté par un écrou mobile sur une vis sans fin qui lui permet de descendre verticalement devant le cylindre et de faire pointer le burin en différents points de sa surface. La descente complète de ce système s’effectue en un nombre de jours plus ou moins grand, suivant la longueur du cylindre et le pas de la vis de conduite, mais à chaque intervalle de temps de 10 minutes, il s’abaisse d’une petite quantité pour que les enre-gistrations se succèdent les unes au-dessous des autres sans se superposer.
- Le cylindre enregistreur n’est mis en mouvement qu’après un dégagement effectué toutes les 10 minutes par une horloge à secondes dont on voit les cadrans en C et C', et ce mouvement ne comprend qu’une seule révolution complète ; il s’effectue lentement pour que les différentes indications puissent se faire successivement les unes à la suite des autres aux différents points de la circonférence qui se présentent successivement devant le style traceur ; mais le même mécanisme qui fait tourner le cylindre, actionne par un renvoi de mouvement et une tige A, les mécanismes mesureurs, de manière à leur faire exécuter, pour chaque révolution du cylindre R, deux mouvements en sens contraire, afin dè pouvoir les ramener à un même point de départ une fois l’observation faite. Ce problème peut être résolu facilement au moyen d’une roue comprise entre deux demi-roues à dents de côté adaptées en sens contraire sur l’axe du cylindre. Le burin lui-même est constitué par une pointe de diamant qui, en temps ordinaire, est écartée du cylindre sous l’influence d’un ressort antagoniste, mais qui s’en rapproche et laisse une empreinte sur un vernis noir dont est recouverte la feuille du cylindre, quand un courant traverse l’électro-aimant E.
- Nous n’insisterons pas sur les détails du mécanisme qui fait effectuer au cylindre et à l’électro-aimant traceur leur mouvement ; ils se devinent aisément, et le problème n’a rien de difficile, du moment où l’on a à sa disposition un moteur indépendant du mouvement de l’horloge ; il a fallu seulement adapter à ce mouvement un mécanisme régulateur d’une uniformité parfaite, car dans ce système les mesures sont fonction de la durée des fermetures du courant, et on ne peut les obtenir alors qu’à la condition d’une précision toute particulière dans les mouvements du moteur. Après avoir essayé les régulateurs les plus perfectionnés, tels que ceux de MM. Foucault, Yilarceau, etc., l’auteur a dû en combiner un encore plus précis que l’on aperçoit en V
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- surla fig, 3 et qui a parfaitement résolu le problème ; nous en donnerons quelque jour une description complète.
- Donc, en définitive, le système-enregistreur de l'appareil de M. Van Rysselberghe se compose : i° d'un système enregistreur R, d’un système traceur
- l'I G. 5. — PAVILLON DU METIÎOROGRA TH1S DIS MM. VAN RYSSELBERGHE ET SCHUDART, A L’EXPOSITION
- mis en mouvement par un mécanisme d’horlogerie M régularisé par le régulateur V, d’une horloge à secondes C C' qui déclanche toutes les io minutes le mécanisme N, et d’une transmission de mouve-
- ment A qui met en action, avec deux mouvements successivement contraires, les mécanismes des instruments mesureurs. Un contrepoids P ramène d’ailleurs le système traceur à son point de départ
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- quand la course est entièrement terminée. Nous allons maintenant nous occuper des mécanismes mesureurs et pour la plus grande clarté .de notre description, nous supposerons que l’axe de transmission de mouvement A se continue pour se terminer aux rouages qui occupent le bas dé la figure 4. Nous ajouterons que le dispositif pour tendre la feuille de zinc sur le cylindre est extrêmement simple. Le cylindre porte une échancrure assez large dans laquelle se trouvent quatre forts ressorts terminés par des crochets plats, et les feuilles sont percées tout près de leurs bords de trous correspondant à ces crochets. Pour fixer une feuille, on commence par enfoncer un coin de bois entre les bouts de chaque ressort pour l’ouvrir, et, après avoir introduit les crochets dans les trous correspondants de la feuille de zinc, on retire les coins qui laissent agir les ressorts sur cette dernière, et la feuille se trouve, de cette manière, tirée énergiquement par les deux bouts. Cette feuille peut être du reste vernie à l’avance.
- Système mesureur. — Dans la nouvelle disposition qui figurait à l’Exposition, le système mesureur était plus condensé que dans celle que nous avons décrite en commençant; il était renfermé dans une grande armoire que nous représentons (fig. 4), et était mis en action par le mécanisme de l’appareil enregistreur au moyen de l’axe A que l’on voit au-devant de la figure.
- Le baromètre, dans cette figure, est en BB, et on peut voir dans la partie ouverte du tube, la sonde de platine qui touche le mercure. Cette sonde est portée par la crémaillière C" qui reçoit son mouvement toutes les 10 minutes de l’axe A, par l’intermédiaire des roues R" et R'.
- Comme dans les baromètres à siphon les oscillations de la colonne mercurielle lues sur la courte branche s’effectuent en sens inverse des variations de la pression, puisque le mercure y monte quand la pression diminue, et qu’il pourrait y avoir des confusions, on a renversé les dispositions électriques qu’on aurait pu y appliquer, et on a fait en sorte qu’au moment de chaque observation, le courant se trouve fermé à travers l’enregistreur par un électro-aimant relais, dont l’armature établit les contacts sur le butoir de repos, et qui fournit ‘ les interruptions du courant au moment où l’élec-tro-aimant devient actif. Dans ces conditions, quand la sonde portée par la crémaillère C" rencontre le mercure du baromètre, le styte traceur interrompt sa trace et cette interruption se continue jusqu’à cê que la crémaillère ayant atteint l’extrémité de sa course, va commencer son mouvement rétrograde; alors un commutateur adapté au mécanisme moteur coupe le courant à travers l’électro-aimant du relais et sur le contact lui-même, pour que, dans le mouvement rétrograde, il n’y ait aucune trace fournie.
- De cette manière les traces produites sur lè cylindre enregistreur se présentent comme les ordonnées de la courbe barométrique, sans qu’aucune étincelle ait été produite à la surface du mercure.
- Les thermomètres sont en T, T'. Ils se recourbent à leur partie inférieure pour traverser la planche de l’armoire, le mur contre lequel celle-ci est appuyée, et venir présenter extérieurement leur réservoir. L’un de ces thermomètres étant mouillé, l’autre sec, les hauteurs mercurielles se suivent à une certaine distance, et on a pu n’employer, comme dans le premier système, qu’une même crémaillère C pour conduire les deux sondes; seulement on a été obligé de les disposer de manière à rendre leur arrêt indépendant. Pour cela on les a adaptées à deux petites crémaillères c, c' dentées très finement et conduites dans le sens ascensionnel par la crémaillère C; mais on les a disposées de manière à pouvoir être arrêtées au moment de la descente de celle-ci par des encliquetages a, a', commandés par deux électro-aimants E' E" qui forment en même temps relais comme on le verra plus loin. Quand donc toutes les 10 minutes la crémaillère C a soulevé ces deux sondes au point de départ des indications et qu’elle leur fait accomplir leur mouvement rétrograde, l’une des sondes rencontre le mercure de l’un des thermomètres avant l’autre, et cela d’autant plus tôt que la température est plus élevée; alors le courant qui se trouve fermé, réagit sur l’électro-aimant enclancheur correspondant, arrête le .système, et le même effet se produisant sur l’autre sonde, les hauteurs des deux colonnes mercurielles sont indiquées par la position des deux sondes en ce moment fixées sur leurs encliquetages.
- Pour obtenir leur enregistration, il ne s’agit plus que de faire agir le style traceur de l’enregistreur, et on obtient ce résultat lors de retour de la crémaillère C au point de départ, c’est-à-dire au point le plus élevé de sa course; car en ce moment les électro-aimants E' E" en arrêtant les crémaillères •a, a', ont agi comme relais; mais comme la combinaison de ces relais est telle que le courant local se trouve fermé pour l’enclanchement du thermomètre humide, alors qu’il se trouve ouvert pour l’enclanchement du thermomètre sec, et que ce courant local correspond à l’électro-aimant de l’enregistreur, il arrive que ce courant étant d’abord fermé, fournira sur l’enregistreur des traces qui ne seront interrompues qu’au moment où la crémaillère C aura soulevé la sonde du thermomètre humide, et cette interruption subsistera jusqu’à ce que la seconde sonde étant sortie à son tour du thermomètre sec, le courant local se trouve de nouveau fermé par l’électro-aimant correspondant E'; alors une trace se produira de nouveau, indiquant par l’espace la séparant de la première trace, la différence de hauteur des deux colonnes thermo-
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- métriques. Il en résulte que l’ensemble des traces donnera comme une vague blanche d’épaisseur différente qui représentera dans sa partie supérieure la courbe des variations thermométriques et dans sa partie inférieure la même courbe avec intervention deTair saturé d’humidité.
- Dans la nouvelle disposition du météorographe de M. Van Reysselberghe, l’udomètre est disposé comme celui de M. Salleron; c’est une sorte de bascule à augets, placée au-dessous d’un udo-mètre ordinaire en'entonnoir, qui s’incline alternativement dans un sens ou dans l’autre chaque fois que 10 grammes d’eau sont tombés dans les augets (les dimensions de l’entonnoir sont calculées de manière que ce poids corresponde exactement à une épaisseur. d’eau tombée de 1 millimètre). Or chaque oscillation ferme un circuit correspondant à un électro-aimant que l’on voit à la droite de la partie supérieure de l’appareil et qui actionne un rochet commandant la rotation d’un cylindre V. Ce cylindre a sa surface entaillée de manière à présenter une lèvre saillante formant autour d’elle une spire d’hélice, et contre cette lèvre peut frotter une tige métallique conduite par la crémaillère G7. Suivant le nombre de fois que la bascule de l’udo-mètre aura oscillé pendant l'intervalle de 10 minutes, ce cylindre présentera devant la tige frottante, au moment de son ascension, un point plus ou moins éloigné sur cette lèvre, et déterminera, comme dans les autres parties de l’appareil, une fermeture du courant qui pourra se maintenir et provoquer sur l’enregistreur des traces dont l’ensemble représentera la courbe des variations des hauteurs d’eau tombées sur le sol.
- La direction du vent est fournie par une girouette qui porte sur son axe, comme dans mon anémographe, un doigt interrupteur, lequel, en frot--tant au-dessus de huit secteurs correspondant aux huit vents principaux, ferme l’un ou l’autre des huit circuits qui relient ces secteurs à un commutateur rectilignecomposédehuitcontacts.Ce commutateur est adapté à l’appareil mesureur à côté du frotteur de l’udomètre. Suivant donc la direction du vent, le courant passe par tel ou tel secteur, telle ou telle plaque du commutateur, et fait agir le style traceur au moment où le frotteur, dans son ascension, rencontre cette plaque. Dès lors un trait dont la position indique la nature du vent, est marqué sur le cylindre enregistreur.
- Quanta la vitesse du vent, elle est, comme dans presque tous les appareils enregistreurs de ce genre, déterminée à l’aide d’un moulinet de Robinson, c’est-à-dire par le nombre de tours effectués par le moulinet dans l’intervalle de ïo minutes. Le moulinet à chaque tour envoie un courant qui réagit sur l’électro-aimant E'" d’un compteur qui à son tour fait fonctionner l’enregistreur. C’est un dispositif analogue à celui que j’avais imaginé en
- i853. Mais pour éviter que le courant reste fermé fortuitement en temps de calme, on a adapté un petit dispositif qui achève mécaniquement le contact une* fois qu’il a été commencé. Le compteur mis en action par le moulinet se voit à droite au bas de la figure 4 et un peu au-dessus de l’électro-aimant E'". Il consiste dans une double roue actionnée par une vis sans fin que fait mouvoir cet électro-aimant par l’intermédiaire d’un rochet. Cette double roue en actionnant elle-même une petite crémaillère munie d’un doigt, la porte plus ou moins haut, suivant le nombre plus ou moins grand des fermetures du courant, et quand la crémaillère C' vient à monter à chaque observation, un frotteur qu’elle porte rencontre plus ou moins tôt le doigt de la petite crémaillère et détermine le contact électrique qui doit agir sur l’enregistreur.
- Nous ne donnerons pas ici d’autres détails, car nous les avons déjà assez étudiés dans la première disposition de cet appareil, et d’ailleurs ils peuvent se deviner facilement. Nous terminerons en indiquant l’ordre qui a été adopté pour l’enregistrement des divers phénomènes.
- i° Dès le début et sans l’intermédiaire d’aucun indicateur, le courant est lancé dans l’électro-aimant traceur, et le trait commence.
- 20 La sonde du thermomètre sec touche le mercure, le style traceur cesse de graver.
- 3° La sonde du thermomètre mouillé touche le mercure correspondant : le style traceur recommence à graver.
- 40 Le courant est interrompu par le mécanisme moteur à un instant invariable, indépendant des instruments indicateurs.
- 5° Il est rétabli par le passage du frotteur sur l’hélice de l’udomètre, puis il cesse.
- 6° Il est rétabli parle passage sur l’indicateur de la girouette, sauf interruption pour la pièce ou les pièces qui donnent la direction du vent.
- 70 Une seconde fois le courant est envoyé dans l’électro-aimant traceur par le moteu'r; il cesse lorsque la sonde du baromètre rencontre le mercure.
- 8° Enfin le courant est rétabli une dernière fois au moment de l’enregistrement de la vitesse du vent, et cesse définitivement ; d’autre part le moteur est enclanché et le tout rentre au repos jusqu’à la prochaine période d’obseryation.
- Lorsque la feuille de l’enregistreur est complètement remplie, on la grave par les procédés ordinaires de la gravure à l’eau-forte, et elle devient apte à fournir autant d’épreuves qu’on le désire. Nous avons du reste indiqué dans notre article du 10 septembre 1881, les avantages qu’on peut obtenir de ce système, et nous n’y sommes revenus aujourd’hui que pour en indiquer les détails de construction.
- Th. du Moncel.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- SUR LA COMPARAISON
- ENTRE
- LES PILES ET LES MACHINES
- DYNAMO-ÉLECTRIQUES
- Quoique les machines dynamo-électriques aient reçu dans ces dernières années des applications de plus en plus nombreuses, soit à l’éclairage, soit à la galvanoplastie, il y a encore bien peu de personnes parmi celles qui les emploient, qui se fassent une idée exacte de l’intensité des effets que ces machines permettent d’obtenir, parce que les notions relatives à la mesure des grandeurs électriques sont très peu répandues. Aussi les évaluations de ce genre donnent-elles lieu, de la part même de certains praticiens qui construisent et vendent les machines, aux estimations les plus empiriques et les plus fantaisistes, par suite de l’ignorance où ils sont de la valeur et de la signification des unités fondamentales qui permettent de déterminer complètement les qualités — si je puis m’exprimer ainsi — d’un courant électrique. En s’efforçant de ramener la mesure des effets produits par les machines dynamo-électriques à des phénomènes qu’ils croient connaître, ils sont naturellement conduits à prendre les piles pour point de comparaison, mais là encore leur ignorance des lois élémentaires de l’électricité leur fait commettre les erreurs les plus grossières. C’est ainsi que j’ai entendu certains d’entre eux dire que la machine Gramme, désignée sous le nom de type d'atelier, valait 5o Bunsen comme tension et 2 Bunsen comme quantité, évaluation complètement dépourvue de sens.
- Je me propose de faire voir comment on doit procéder pour établir une comparaison exacte entre une machine dynamo-électrique et une pile, c’est-à-dire quel nombre d’éléments d’un type déterminé de cette pile il faudrait employer pour produire les mêmes effets que la machine dynamoélectrique.
- Pour cela, je remarquerai que la condition nécessaire et suffisante pour qu’on puisse substituer la pile à la machine, ou réciproquement, sans altérer l’intensité des effets produits dans le circuit extérieur, est que la force électro-motrice et la résistance intérieure de la machine soient respectivement égales à la force électro motrice et à la résistance intérieure de la pile. Cela posé, je prends comme exemple la machine Gramme, type A, dit cl’atelier.
- Dans une des nombreuses expériences que j’ai faites pour déterminer ce que j’ai appelé la caractéristique de cette machine, j’ai obtenu les résultats suivants :
- Vitesse en tours' par minute................... 1 225
- Résistance intérieure de la machine en ohms. 0.36
- Id. du circuit extérieur. .................. 1.3 (
- Force électro-motrice de la machine en volts. 65.5 Intensité du courant en ampères................ 39.2
- Prenons maintenant pour point de comparaison la pile Bunsen, modèle plat de Ruhmkorff. Les constantes de cette pile sont
- Force électro-motrice en volts................ 18
- Résistance intérieure en ohms................. o 06
- Le nombre d’éléments de ce type, montés en série, nécessaire pour produire la même force électro-motrice que la machine est égale à
- soit en nombres ronds 36 éléments, mais la résistance intérieure de ces 36 éléments serait égale à
- 36 X o 06 = 2.16
- tandis que celle de la machine n’est que de 0.36.
- Pour ramener la résistance de la pile à ce chiffre, il faudrait que chacun de ses éléments eût sa résistance diminuée dans le rapport de o.36 à 2.16 ou de 1 à 6.
- Il suffit pour cela de supposer que chacun des 36 éléments de cette pile soit constitué par la réunion de 6 éléments semblables accouplés par les pôles de même nom ou, comme on dit souvent, groupés en quantité. Nous arrivons ainsi à trouver que dans l’expérience citée plus haut, la machine, type A était équivalente à une pile Bunsen, modèle Ruhmkorff composée d’un nombre d’éléments égal à
- 6 X 36 = 216
- groupés comme îl vient d’être dit. Nous pouvons représenter cet arrangement sous une forme abrégée en disant que la pile a une force électro-motrice égale à 36 et une surface égale à 6, en prenant pour unités la force électro-motrice et la surface d’un élément de cette pile.
- Il est facile de traduire analytiquement le calcul numérique qui précède.
- Désignons par
- E la force électro-motrice de la machine dynamo-électrique c Id. la pile
- R la résistance intérieure de la machine r Id. la pile
- Le nombre d’éléments de pile qu’il faudra réunir en série pour obtenir la force électro-motrice E est
- égal à mais leur résistance collective serait alors E
- égale à r X — ; pour la ramener à la valeur R, il
- faudra grouper en surface n piles semblables, de manière à rendre la résistance n fois moindre; il E
- 1 R e Er
- faut donc que l’on ait —-—= R d’où n = la pile
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- équivalente à la machine est donc, en définitive, d’un nombre total d’éléments égal à
- E E r_r E2
- cXeR_Rc'
- On peut mettre cette expression sous la forme
- , , ]72
- qui met en évidence un fait important. En effet -^r
- n’est autre chose (à un coefficient près) que la quantité d’énergie que la machine développerait, si l’on réunissait, ses deux bornes par un très gros conducteur, sa force électro-motrice étant supposée e2
- invariable ; de même — est la quantité d’énergie développée par la pile fermée par un circuit extérieur sans résistance. On peut donc dire que le nombre total d’éléments de pile qui équivaut à une machine dynamo-électrique a pour expression le rapport des quantités d’énergie développées respectivement dans la machine et dans un élément de la pile considérée, lorsqu’on les ferme toutes deux par un circuit' dont la résistance puisse être considérée comme négligeable par rapport à la leur propre.
- Pour un élément Bunsen, modèle Ruhmkorff, e2 -
- on a — = 54.
- Le nombre d’éléments de cette pile qu’il faudrait employer pour remplacer une machine dynamo-électrique quelconque dont la force électro-motrice serait E et la résistance intérieure R peut
- E2 *
- donc se mettre sous la forme gjqj- Il est essentiel de remarquer que la force électro-motrice d’une machine est une fonction de la résistance totale du circuit et de la vitesse de rotation et que, si l’on fait varier l’un quelconque de ces éléments, le nombre de couples de la pile équivalente sera modifié par cela même.
- Marcel Deprez.
- DE PARIS A LONDRES
- EN CINQ HEURES
- Les projets du tunnel sous la Manche étudiés depuis bien des années par de hardis ingénieurs, avaient semblé jusqu’ici absolument irréalisables à la masse du public, à cause des difficultés sans nombre que l’on pressentait et des sommes énormes que l’on croyait indispensables pour leur exécution; cependant aujourd’hui il est impossible de nier l’évidence, les travaux sont commencés, ils marchent avec activité et nous pouvons compter, à moins d’accidents improbables, sur une heureuse
- solution de cette grande entreprise.dans un avenir très prochain.
- C’est la Submarine Continental Railway Company qui ‘est chargée des opérations du côté de l’Angleterre; cette Compagnie a invité dernièrement ses principaux administrateurs et une cinquantaine de représentants de la presse à visiter le tunnel, donnant ainsi, pour la première fois, l’occasion de faire connaître au public l’état actuel des travaux.
- Un seul Français assistait à cette intéressante visite, M. Ph. de Chevallier, notre vice-consul à Douvres, que nous tenons à remercier ici pour les croquis et les notes qu’il a bien voulu nous communiquer et qui ont servi à exécuter les dessins publiés avec cet article.
- La région dans laquelle se trouve le puits de descente est traversée par les voyageurs qui vont de Folkestone à Douvres; non loin de cette dernière ville, et à quelques mètres ouest de l’entrée du tunnel qui s’engage sous la falaise de Shakespeare, on peut apercevoir du train, entre la voie ferrée et le rivage, les constructions légères qui abritent les machines à vapeur et autres appareils. Dans l’une de ces constructions se trouvent trois puissantes machines horizontales; deux d’entre elles sont employées à comprimer de l’air pour l’envoyer aux travailleurs sous terre ; tout à côté une autre machine sert à manoeuvrer un treuil pour la descente et en même temps fournit la force motrice nécessaire pour faire tourner les machines électriques qui envoient le courant aux lampes installées dans les galeries. L’aspect extérieur de ce puits est, en somme, très semblable à celui des mines de houille ou de minerais quelconques; le dessin ci-contre en montre une vue perspective.
- L’appareil de descente est une benne en fer qui peut recevoir cinq ou six personnes ; il est manœuvré par une des machines à vapeur, comme nous l’avons indiqué; le diamètre du puits est de trois mètres, sa profondeur de cinquante environ (voir le dessin ci-joint), le fonds se trouvant de trente mètres au moins au-dessous du niveau des plus basses eaux. On aperçoit peu d’infiltrations à travers les fissures des planches qui garnissent les parois, cependant on respire une atmosphère très humide qui imprègne rapidement tout ce qui vient de l’extérieur; dans les galeries tout estjusqu’ici beaucoupplus sec. Arrivé à la partie inférieure du puits, 011 trouve une chambre carrée taillée dans la marne grise et dont les parois sont protégées par de lourds madriers; de cette chambre part la galerie d’expérience qui a deux mètres trente de diamètre et qui présente de loin en loin des excavations un peu plus spacieuses.
- Dans l’un de ces espaces, environ 450 mètres de l’entrée, un lunch avait été préparé le jour de la visite, de nombreuses bouteilles de champagne ont été débouchées et tout le monde a toasté au
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- succès du tunnel, aussi les représentants de la presse se sont-ils empressés de baptiser Champagne Junction, cet endroit où a eu lieu la première station et qui était, à dessein, plus brillamment illuminé que le reste du parcours; une double ligne de rails pour tramways est disposée tout le long.
- La lumière électrique'ne pouvait manquer de jouer un rôle important dans cette entreprise. M. Lewis Nebel, électricien de la Compagnie Siemens, qui dirige cette partie, avait déjà fait placer quarante-huit lampes Swan à la fin du mois dernier. Ces lampes, alimentées par des machines Siemens, sont disposées dans les galeries, par séries de six, alternativement, et chaque série se trouve mise en quantité entre les deux câbles conducteurs. Les avis sont unanimes pour constater l’excellent effet produit par cet éclairage, et nous donnons ci-contre un dessin représentant l’aspect de la galerie où s’exécutent en ce moment les travaux de percement à la lumière Swan. Les foyers à incandescence pure employés pour l’éclairage du tunnel ont, comme on le sait, le grand avantage de n'avoir aucune influence sur l’air respirable qui est amené dans les galeries, aussi à mesure que les travaux avancent, toutes les dispositions sont prises pour augmenter leur nombre, et il n’est pas douteux qu’à la fin de l’entreprise, tout le tunnel ne soit éclairé par des procédés électriques de ce genre.
- On peut approximativement fixer l’époque à laquelle cette grande œuvre sera terminée, si aucun obstacle imprévu ne vient à en entraver la marche. Pour éviter toute cause d’erreur, les plus habiles
- géologues sont chargés d’étudier les couches que l’on traverse, et tous les sondages faits antérieure-rement permettent d’affirmer l’existence d’une immense couche de marne grise qui s’étend en courbe irrégulière de France en Angleterre, partant
- de nos côtes un peu à l’est du cap Grisnez, à Sangatte, et aboutissant de l’autre côté du détroit au pied de la falaise de Shakespeare. Cette couche est complètement atteinte en Angleterre, mais pas encore pour la partie française.
- Les travaux du tunnel sont exécutés au moyen d’une machine perforatrice Beaumont; la longueur de cette machine, depuis le perforateur jusqu’à l’extrémité opposée, est de onze mètres environ. Elle porte deux bras animés d’un mouvement de rotation. Chacun de ses bras est muni de sept courtes lames d’acier; le cadre sur lequel ces parties sont fixées fait un mouvement en avant, d’à peu près huit millimètres, par chaque révolution complète des couteaux d’acier. De cette façon, une mince paroi de toute la surface qui se trouve en avant est enlevée à chaque tour du perforateur et on obtient une ouverture cylindrique de deux mètres trente de diamètre. Un ouvrier charge, à la pelle, les débris émiettés dans de petites • auges qui circulent sur un ruban métallique et vont se [déverser dans un wagonnet poussé aussi par des ouvriers sur des rails jusqu’à l’ouverture du puits, mais on ne tardera pas à employer, pour la traction de ces wagonnets, de petites machines à airicomprimé.
- La marche en avant réalisée par l’appareil est d'environ’gomètres par semaine, cependant le co-
- APPAREIL DE DESCENTE
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- lonel Beaumont ne voit aucune difficulté à faire avancer la machine à raison de dix millimètres au moins par révolution, en obtenant cinq révolutions par minute, ce qui amènerait un progrès beaucoup plus rapide.
- La densité de la couche marneuse dans laquelle on travaille maintenant en Angleterre, est comparée par nos voisins à celle d’un fromage de Stil-ton non encore entamé, les débris enlevés pourront, paraît-il, être transformés en excellent ciment qui servira à revêtir les parois du tunnel. Le dia-
- mètre définitif doit être de 4m,3o; on croit pouvoir percer cinq kilomètres par an et même augmenter cette moyenne, de sorte que si les travaux marchent avec la même activité du côté français, ou peut espérer que les 35 kilomètres de tunnel sous la Manche seront perforés dans l’espace de trois ans et demi.
- A partir du niveau inférieur du puits, on ménagera des galeries en pente douce et des tranchées, se dirigeant vers l’intérieur et allant rejoindre, à une certaine distance, les lignes ferrées déjà existantes,
- les calculs qui ont été faits ont démontré la parfaite possibilité de relier les lignes de chemins de fer aux voies du tunnel sans avoir recours à des rampes exagérées.
- Si les wagons qui circuleront d’une rive à l’autre sont traînés par des machines à air comprimé, ces machines serviraient en même temps à augmenter la quantité d’air respirable nécessaire aux voyageurs; niais il est bien probable que la traction électrique sera préférée et que le renouvellement de l’air sera assuré par de puissantes machines à compression.
- La question de la ventilation est des plus importantes; dans l’état actuel des travaux, le colo-
- nel Beaumont affirme qu’une quantité d’air très suffisante est fournie aujourd’hui aux travailleurs employés au forage, par des tuyaux de dix centimètres et tous les visiteurs qui ont parcouru les galeries peuvent se porter garants de la vérité de cette affirmation, car ils n’ont pas eu un instant à se plaindre de la pureté de l’air. En portant le diamètre des conduits. d’aération à vingt centimètres, il sera possible de produire une ventilation très complète jusqu’à une distance de 18 kilomètres environ de l’appareil producteur, c’est-à-dire jusqu’au milieu du tunnel, de sorte que des machines pour la compression de l’air, installées aux deux extrémités, assureront la ventilation de tout l’ensemble.
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- Il est inutile d’insister sur les immenses avantages que les deux pays voisins vont retirer des communications si faciles que le tunnel sous la Manche va établir prochainement. La durée du voyage entre les deux grands centres de la civilisation européenne est maintenant de neuf, dix ou onze heures ; grâce au nouveau tunnel, cette durée sera diminuée de moitié, on pourra aller de Paris à Londres en cinq heures!
- Nous ne pouvons prendre au sérieux les craintes reproduites dans ces derniers temps par plusieurs journaux d’outre - Manche et attribuées pourtant à des personnages importants. Il faudrait renoncer à admettre l’esprit pratique si universellement reconnu aux fils d’Albion , pour croire qu’ils ont pu redouter un seul instant l’invasion de leur pays par une armée française à travers le tunnel sous la Manche.
- Du reste nous voyons déjà la presse anglaise repousser avec énergie les prédictions dérisoires émises par lord Dunsany et quelques autres personnages au sujet d’une surprise de Douvres par quelques milliers de soldats traversant rapidement le tunnel et envahissant les rives de la Grande-Bretagne à la faveur de la nuit. On pourrait dire
- il est vrai, que si Douvres était occupé par surprise, le fait de la prise de possession de l’ensemble du tunnel par une armée d’invasion serait une
- source de sérieux danger; mais comment supposer qu’une ville comme Douvres, avec une forteresse de première classe, protégée par toute la force de l’Angleterre, puisse de venir la proie de trois ou quatre millle hommes passant à travers le tunnel pendant la nuit; cela est absolument im possible, on ne peut pas l’admettre un instant ; d’ailleurs, même en prenant les théories les plus pessimistes, i’en-vahisseur ne pourrait retirer aucun avantage de la possession du tunnel car les dispositions peuvent être arrangées de façon à annihiler immédiatement la praticabilité du nouveau chemin entre les deux pays.
- Au lieu de songer à des craintes aussi puériles, nos voisins feraient bien mieux de se souvenir que nous sommes actuellement pour moitié dans les efforts accomplis des deux côtés de la Manche et que l’idée première du grand travail qui va resserrer les liens d’amitié entre les deux pays a été proposée et longuement étudiée, il y a un certain nombre d’années, par M. Thomé de Gamond, un ingénieur français; ces souvenirs ne
- MANŒUVRE DE LA MACHINE BEAUMONT
- CHAMPAGNE JUNCTION
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- sont jamais rappelés et nous avons tout lieu de le regretter.
- Quoi qu’il en soit, nous nous associons volontiers aux vœux généralement exprimés dans la presse anglaise pour le succès de l’entreprise, tout heureux d’enregistrer, à côté des merveilles scientifiques et industrielles déjà enfantées dans ce siècle, un nouveau triomphe de l’intelligence humaine sur les obstacles de la nature.
- C. C. Soulages.
- la
- DÉCOMPOSITION DE L’EAU PURE
- PAR LES COUPLES LOCAUX
- Nous avons déjà eu occasion de parler de la décomposition de l’eau par des couples locaux plongés dans ce liquide, et en particulier par le couple zinc-cuivre de MM. Gladstone et Tribe (*). Quelques questions qui nous ont été faites à ce sujet, nous engagent à revenir sur ce point, et à décrire avec plus de détails les expériences de MM. Gladstone et Tribe.
- Le zinc pur est incapable de décomposer l’eau pure, même à ioo° C, mais MM. Gladstone et Tribe ont pensé qu’en mettant le zinc en contact avec un métal moins oxydable et formant ainsi un couple local, la décomposition aurait lieu. Ils se sont d’abord servis de lames de zinc et de cuivre réunies ensemble par martelage, puis ils ont employé des lames de zinc recouvertes de cuivre à l’état spongieux.
- Pour cela, ils ont plongé des fragments de zinc dans une solution de sulfate de cuivre jusqu’à ce qu’ils fussent complètement recouverts de ce métal. Après avoir lavé avec grand soin le couple ainsi préparé, ils l’ont placé dans l’eau pure, un dégagement d’hydrogène s'est produit et ils ont pu, à l’aide d’un appareil convenablement disposé, suivre de jour en jour le dégagement du gaz.
- Le tableau ci-contre donne les volumes d’hydrogène dégagés chaque jour pendant un laps de temps assez considérable; l’expérience était faite avec 33e™mmi.s> ^ de zinc formant une bande de 2mèlros, 6 de long, sur 5 millimètres de large.
- On voit que la quantité d’hydrogène dégagée diminue graduellement, et l’expérience ayant été continuée, le 84° jour le dégagement n’a plus été que de 5C-C- i. Cette diminution est due évidemment à ce fait que le zinc devient de plus en plus protégé par l’oxyde qui se forme à sa surface.
- (•) Voir La Lumière Électrique, numéro du 5 mars 1881, page i83.
- En examinant la marche de la réaction à l’aide d’un microscope, on voit les bulles d’hydrogène se dégager non pas sur le zinc, mais sur les cristaux de cuivre, ce qui montre bien que l’ensemble des deux métaux se comporte comme un couple.
- Le rang qu’occupe le platine dans la série électro-chimique devait faire penser que l’on obtiendrait un effet encore plus intense en remplaçant le cuivre par du platine.
- C’est en effet ce qui a eu lieu, et l’expérience a été répétée avec un couple zinc-platine, obtenu en plaçant le zinc dans une solution de tétrachlorure de platine.
- L’intensité de la première action a été cinq fois plus intense qu’avec le cuivre, et la quantité de gaz dégagé a, de même, diminué progressivement.
- NUMÉROS D’ORDRE des jours. TEMPÉRATURE moyenne en degrés centigrades. HVDROGÈNE dégagé en cent, cubes.
- ï 13,8 cc 117,1 93,8
- • 2 12,2
- 3 11,7 73,8
- 4 u,i 66,2
- 5-6 10,0 49,3 X 2
- 7 8,9 41,1
- 8 10,5 40 9
- 9 10,0 40,9
- 10 7,8 33,8
- 11 6.7 28,0
- I2-IO 6,1 21,9
- 14 6,1 20, I
- i5 7.2 3i,i 3o,o •
- 16 10,0
- 17 8,3 29,1
- Afin qu’on ne puisse supposer que l’oxygène libre dissous dans l’eau pût déterminer le commencement de l’action, l’expérience a été répétée avec le couple zinc-cuivre et de l’eau bouillie, pour la priver d’air autant que possible, et le résultat a été le même. Les auteurs se sont assurés, en outre, que la chaleur augmente considérablement le'dégagement.
- Le fer et le plomb, dans les mêmes circonstances, décomposent aussi l’eau pure, et l’action du magnésium sur l’eau est de beaucoup activée par la présence du cuivre.
- Pour la préparation pratique du couple zinc-cuivre, on coupe du zinc en morceaux de 100 à 600 millimètres carrés; on les place dans un flacon, et on verse dessus une solution de sulfate de cuivre, que l’on laisse en contact jusqu’à ce qu’elle soit complètement décolorée, puis on décante et on lave avec soin. Lorsqu’on veut un dépôt plus abondant de cuivre, on remplace la solution décolorée par une nouvelle solution de sulfate de cuivre, et on ne lave qu’ensuite.
- La constitution du dépôt de cuivre dépend de la concentration de la solution de sulfate employée pour le produire. Avec des solutions faibles, le
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- dépôt est noir, très adhérent et compact ; avec des solutions concentrées, il est brun chocolat, moins adhérent et plus spongieux, et les cristaux du métal négatif sont très grands. Ces deux constitutions extrêmes du dépôt ne sont pas les plus favorables à l’action; les auteurs ont trouvé, par une série d’essais, qu’une solution de sulfate de cuivre à 1,6 pour cent donne le maximum d’hydrogène par unité de cuivre déposé.
- Ils ont trouvé en outre qu’il ne faut pas déposer sur le zinc une trop grande quantité de cuivre; lorsqu’on opère par dépôts successifs, l’activité du couple croît jusqu’au sixième ou septième dépôt, et finalement, la meilleure méthode d’obtenir un couple très actif consiste à employer une solution de sulfate de cuivre à 2 pour cent, et à renouveler les dépôts jusqu’à ce qu’on ait un dépôt de 20 grammes de cuivre pour 60 grammes de zinc.
- On comprend que le couple zinc-cuivre agissant sur l’eau pure, peut agir sur certains composés neutres, des corps organiques par exemple. Dans ce cas, il est parfois utile de l’employer à l’état complètement sec. Pour cela, les auteurs ont desséché le couple préparé comme nous l’avons indiqué en le lavant d’abord avec de l’alcool, puis avec de l’éther, mais ils ont aussi cherché à le préparer complètement à sec, en mêlant de la limaille de zinc avec du cuivre réduit aussi en poudre fine. Le couple ainsi obtenu s’est montré peu actif et MM. Gladstone et Tribe ont reconnu que pour avoir un couple actif, il est nécessaire d’établir un contact assez intense entre le cuivre et le zinc. Le meilleur moyen d’obtenir ce contact consiste à chauffer le mélange des poudres métalliques à la température où le zinc commence à fondre : dans un ballon de verre sec, on introduit de la limaille de zinc et de cuivre finement divisées, dans la proportion de 9 grammes de zinc pour 1 de cuivre. On ferme le flacon à l’aide d’un bouchon par lequel passe un tube capillaire, et on chauffe en tournant dans la flamme d’un bec Bunsen, jusqu’à ce que la limaille commence à perdre sa forme et à prendre une teinte jaune. Il ne faut cependant pas chauffer trop, afin que les métaux ne forment pas un alliage.
- Des résultats analogues ont été obtenus avec d’autres métaux et les auteurs ont pu former des couples tels que : zinc-platine, zinc-argent, zinc-or, aluminium-cuivre, aluminium-platine, etc.
- La grande difficulté que l’on éprouve' à faire à l’aide d’une pile extérieure, l’électrolyse de l’eau pure semblerait exclure la possibilité de cette action des couples locaux. Mais il faut se rappeler que. dans ces derniers, les actions se produisent à des distances infiniment petites, et que par suite, la résistance de l’eau, qui joue un rôle si prépondérant dans le cas de l’électrolyse ordinaire se trouve presque complètement supprimée.
- A. Guerout.
- COMMENT ON PREND UN BREVET
- EN FRANCE ET A L’ÉTRANGER
- Ce que je désire exposer n’est pas spécial à l’électricité; mais dans la période d’extrême activité qu’elle traverse elle souffre plus que toutes les autres branches de la science appliquée d’un état de choses déplorable.
- Il s’agit de la façon dont est fait dans notre pays •le service des brevets. Je n’aurai besoin pour faire comprendre tout ce qu’il présente de défectueux que d’exposer parallèlement ce que doit faire un inventeur en France et ce qu’il doit faire à l’étranger; je prendrai pour type, si l’on veut, l’Angleterre, mais les choses sont à peu près les mêmes pour l’Allemagne.
- Lorsqu’un inventeur a mûri son idée et se décide à la couvrir par un brevet, une précaution indispensable à prendre est de s’assurer qu’il ne s’est pas rencontré avec quelque inventeur précédent; il doit donc examiner, s’il n’y a point de brevet analogue à celui qu’il se propose de prendre. Pour cela :
- En Angleterre, il se procure la collection du Commissioners of patents Journal, publication hebdomadaire qui se trouve partout, et en particulier au bureau des brevets; il a dans ce journal le catalogue complet des demandes de brevets déposées jusqu’à la date du dernier numéro, c’est-à-dire jusqu’à la dernière semaine; il a donc à sa disposition la liste complète des brevets depuis les plus anciens jusqu’aux plus récents, et cela non seulement pour son pays, mais pour les autres nations ; il y trouve par exemple le catalogue français tout entier. Il lui est donc facile de relever sur cette liste les brevets dont le titre indique une analogie avec ses travaux.
- En France, il se procure non sans quelque difficulté le catalogue des brevets, publié par l’Imprimerie nationale, mais comme ce catalogue s’arrête, pour le moment, au mois de juillet 1881, il est obligé pour le reste d’aller au bureau des brevets où il consulte des fiches mobiles sur lesquelles les brevets sont inscrits; cela est fort incommode, iL n’a d’ailleurs aucun renseignement sur l’étranger : enfin, tant bien que mal, il relève les titres qui lui paraissent utiles.
- Ceci fait, comme le titre ne donne pas toujours l’indication exacte des matières contenues au brevet, il faut parmi ceux qu’on a relevés et qui sont généralement nombreux, choisir les patentes sur lesquelles l’examen doit plus spécialement porter. En Angleterre, il trouve, classés par matières, sous le titre d’abridgments, des résumés de tous les brevets de façon à pouvoir se faire une idée exacte de ce que chacun d’eux renferme, il lui est donc facile de déterminer ceux qui l’intéressent'.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- En France, il ne trouve rien du tout et s’en tire comme il peut; s’il en a le temps et le courage il examine par les moyens que nous allons dire tous les brevets dont il a- pris le titre; s'il est pressé, il prend ceux qui lui paraissent les plus importants, au risque de négliger justement ceux qui seraient le plus utiles.
- Arrivé là, il s’agit d’examiner de près et complètement les brevets qui ont décidément quelque analogie.
- En Angleterre, l’inventeur, sans se déranger, demande les blue books, qu’il reçoit immédiatement moyennant le prix de un à deux ou trois schillings par brevet. Ces blue books sont de petites brochures imprimées qui reproduisent le brevet intégralement, texte et dessins; ils sont toujours prêts à l’époque où le brevet peut être légalement soumis au public, l’intéressé se les procure sans aucune difficulté et les consulte à loisir.
- En France..... Oh! en France, c’est bien autre
- chose : il existe une publication imprimée des brevets, on la trouve à l’Imprimerie nationale; seüle-ment elle s’arrête à 1868, pour reprendre à 1871 et se terminer à la fin de 1875, peut-être maintenant au commencement de 1876; il y a donc une lacune de trois ans et un retard de six ans. De plus cette publication, chose bien étonnante, n'est pas textuelle, de sorte que l’intéressé n’est sûr de rien avec ce document; en pareille matière, une phrase, un mot quelquefois est d’une importance capitale, et l’intervention d’un abréviateur, même intelligent, instruit et zélé (une perle enfin, et elles sont rares), est absolument dangereuse et injustifiable. Enfin, cette publication n’est pas complète, on n’y trouve pas les brevets dont la seconde annuité n’a pas été payée et qui, par conséquent, sont tombés dès la première année dans le domaine public. Or, ceux-là sont presque aussi importants que les autres pour les inventeurs ; un brevet ainsi déchu met dans le domaine public ce qu’il a prétendu couvrir, et cela peut être d’une extrême conséquence. Il est vrai que cette lacune vient de la loi des brevets elle-même,' laquelle n’exige pas la publication des patentes ainsi abandonnées dès l’origine; mais pour ne pas l’ordonner, elle ne la défend point et l’administration pourrait néanmoins la faire si elle voulait avoir une publication réellement utile.
- Malgré les défauts de cette publication, l’inventeur dont nous suivons les pénibles recherches en a tiré quelque fruit, mais restent les années qui ne sy trouvent point. Il faut aller pour celles-là au bureau des brevets; pardon, aux bureaux des brevets, car il y en a deux; les brevets périmés se trouvent au Conservatoire des Arts-et-Métiers, les brevets en vigueur sont au ministère de l’agriculture et du commerce. Pourquoi sont-ils ainsi séparés, je l’ignore, matière administrative, cosas de Espana, enfin ils le sont, et il faut les al-
- ler chercher aux deux bouts de* Paris. Dans ces bureaux, l’intéressé peut lire les pièces, mais il ne lui est pas permis de les copier, ce qui peut être nécessaire soit pour l’étude, soit pour communiquer à des coïntéressés, par exemple; il est vrai qu’il peut en demander une copie, ce qui lui coûte 25 francs au moins par brevet, et demande environ une quinzaine de jours; pour le texte, s’entend, car pour les dessins il est invité à les relever lui-même ou à les faire relever à ses frais. Et remarquez que je suppose l’inventeur présent à Paris; s’il n’y est pas, je ne conçois vraiment pas comment il peut faire.
- Voilà, quand tout va bien, comment on peut arriver à examiner les antériorités d’un brevet; s’il y avait une difficulté, il ne faut plus essayer de dire ce qui se passerait. Par exemple, vous avez trouvé une analogie, mais il est probable que le brevet qui vous inquiète a été abandonné, et qu’il est périmé, vous voulez le savoir; pauvre homme! je vous plains. Vous demandez au ministère un état des annuités afin de vous fixer; au bout de quinze jours, peut-être vingt, peut-être plus, vous recevez un état qui établit que la dernière annuité n’a pas été payée ; le brevet est donc abandonné, vous êtes libre. Vous fabriquez, on vous fait un bon procès, et vous le perdez parfaitement; la dernière annuité avait été payée en province et l’administration ne le savait pas; vous vous fâchez et on vous fait remarquer que le renseignement vous a été donné sous réserves : là dessus il n’y a qu’à se taire et admirer.
- S’il y a quelque difficulté judiciaire, si le brevet a pu être annulé par jugement, allez, malheureux, courez les greffes, fouillez les dossiers, si vous le pouvez, et généralement vous ne le pouvez pas, mais ne consultez pas le bureau des brevets, ii ne vous répondrait pas ou vous répondrait sous réserves, ce qui, en pareille matière, revient au même.
- Et pourtant, tenez, je veux vous aider; prenez le Commissioners of patents Journal, vous y trouverez avec le catalogue français complet beaucoup de détails sur les brevets déchus; consultez'aussi le Patent Blatt allemand, il vous donnera sur les brevets français des indications que vous aurez grand peine à trouver en France.
- Pour aller jusqu’au bout dans ma bienveillance, je vous donnerai quelques détails qui vous épargneront bien des pas. Maintenant que votre brevet est tant bien que mal étudié, vous allez déposer votre demande; et, comme il s’agit de brevet, je vous vois partir tout droit pour le bureau des brevets; raisonnement naturel et logique en tout autre matière, absurde en matière administrative; ce devrait être là ; ce n’est pas là, c’est à la préfecture de la Seine qu’il faut aller; mais, défiez-vous; avant d’aller à la préfecture, passez à la place Vendôme, bureau du Trésor, versez préalablement votre pre-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- mière annuité, sans quoi votre demande ne sera pas reçue. Vous voyez, c’est bien simple!
- Un pareil état de choses n’est-il pas incroyable? Cela est pourtant vrai jusqu’au dernier détail ; on l’a déjà signalé bien des fois, autant en emporte le vent. Je citerai particulièrement une excellente brochure de MM. Lyon Caen et Albert Cahen où ces points se trouvent indiqués, en même temps que les auteurs discutent dans un excellent esprit les côtés imparfaits que présente la loi de 1844.
- Car, je prie qu’on le remarque, dans tout ce que je viens de dire, il n’y a que des vices administratifs ; la loi peut être critiquée, mais mon but, aujourd’hui, n’est pas de m’en occuper, il suffit, pour faire disparaître tant de fautes graves, d’une bonne disposition ministérielle.
- N’est-il pas évident qu’il faut compléter ces publications incomplètes et affectées de lacunes, centraliser des renseignements épars que l’Etat a le devoir de fournir aux intéressés ? Pour cela, il faut sans aucun doute constituer, comme le proposent les auteurs de la brochure, un service central, qui serait, par exemple, très bien placé au Conservatoire des Arts et Métiers. On trouverait là : i° un bureau du Trésor pour le payement des taxes; 20 un bureau de renseignements sur la forme des demandes; 3° un bureau de dépôt; 40 une salle publique de communication des brevets, registres, catalogues, etc.; 5° un bureau de vente de toutes les publications officielles relatives à la propriété industrielle; 6° les archives de la jurisprudence des brevets.
- Si cette organisation centrale est difficile à installer, qu’on fasse autre chose, mais qu’on fasse quelque chose, car la situation actuelle est absolument intolérable, les électriciens en savent quelque chose.
- Frank Geraldy.
- SUR LA
- RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE
- DES GAZ
- 3e article (Voir les 1103 des 4 cl 11 février 1882).
- % 3.
- Le fait que la force électromotrice ou la tension électrique n’a pas besoin de dépasser une certaine limite pour que le courant soit à même de traverser un conducteur solide ou liquide, dépend-donc, suivant la théorie unitaire, de ce que la résistance effective opposée par un conducteur de l’espèce précitée est proportionnelle à l’intensité du courant. Si la force électromotrice est petite, l’intensité du cou-
- rant le sera aussi, et par suite la résistance deviendra si faible, que la force électromotrice pourra la surmonter. L’expérience nous apprend qu’il en est tout autrement des gaz. Pour forcer le courant à traverser une colonne de gaz, il faut une tension électrique déterminée sur les électrodes entre lesquelles est située cette colonne ; si la tension est au-dessous de la limite précitée, le courant ne passera pas. Ce n’est pas, il est vrai, à la seule résistance effective du gaz qu’il faut attribuer la propriété isolante qu’il trahit; en effet, l’expérience a conduit à l’admission de la naissance, aux électrodes, de forces électromotrices qui mettent aussi obstacle à la propagation de l’électricité par le gaz. Si, cependant, le gaz offre une assez grande densité, l’expérience a fait voir que la tension nécessaire pour provoquer une décharge est proportionnelle à la distance entre les électrodes. Les forces électromotrices qui ont leur siège sur les électrodes n’ayant rien à voir dans la distance qui sépare ces derniers, il s'en suit que, quand le gaz aune assez grande densité., c’est principalement sa résistance qui constitue la cause véritable de ce que la décharge n’a pas lieu si la tension électrique reste au dessous d’une certaine limite ('). On arrive donc au résultat que la résistance opposée par un gaz à la propagation de l’électricité ne peut être proportionnelle à l’intensité du courant, comme c’est le cas des conducteurs solides et liquides. Il est tout aussi impossible d’admettre, avec Hittorf, que la résistance des gaz est en proportion inverse de l’intensité du courant ; car, en ce cas, la résistance dans une colonne de gaz par laquelle passe un courant infiniment petit, serait infiniment grande. Or, à la décharge partant d’un condensateur, ou à la fermeture d’une pile galvanique, le courant est d’abord excessivement faible. Si ce qu’admet Hittorf était juste, la résistance du gaz serait donc d’abord excessivement grande, et le courant ne pourrait pas commencer à circuler. Conséquemment la résistance d’un gaz ne peut, en aucun cas, être inversement proportionnelle à l’intensité du courant. Il est dans la nature des choses que là résistance effective d’une colonne de gaz doit être proportionnelle à la longueur de cette dernière. Si l désigne la longueur de la colonne et r la résistance dans l’unité de longueur, la résistance sera donc proportionnelle à rl, et, d’après ce qui vient d’être dit, r n’est ni directement ni inversement proportionnel à l’intensité du courant ou à la tension des électrodes. Tout au contraire, les expériences font voir que la tension nécessaire pour la décharge est proportionnelle à l, d’où il suit que r est indépendant de la tension.
- f1) La résistance du gaz diminue quand on le raréfie fortement, tandis que l’on voit augmenter les forces électromotrices naissant sur les électrodes; mais il n’est pas nécessaire de prendre ici cette circonstance en considération.
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- Si nous admettons, conformément à ce qui a été dit plus haut, que la résistance des gaz est indépendante de l’intensité du courant, toutes les différences énoncées ci-dessus entre les gaz, d’un côté, et les corps tant solides que liquides de l’autre, pourront s’expliquer par la théorie unitaire.
- Si l’on nomme k la résistance ou la contre-pression opposée à la propagation du courant par une colonne de gaz de longueur i et de section i, la totalité de la contre-pression dans une colonne pareille ayant une section a, devra être égale à ka, non à ki, comme c’est le cas dans les conducteurs tant solides.que liquides. En multipliant cette expression par la vitesse h de l’électricité, le produit sera proportionnel au travail mécanique qui s’effectue dans cette colonne pendant l’unité de temps. Or, i = Zah, expression dans laquelle, comme il a été dit plus haut, 8 est une constante. On obtient donc, pour le travail opéré dans une colonne de la
- ki
- longueur i et de la section a, l’expression ——, à
- laquelle la quantité de chaleur développée dans la même colonne doit être proportionnelle. La quantité de chaleur développée dans une colonne de gaz séra donc proportionnelle à l’intensité du courant, mais indépendante de la section de cette colonne.
- La résistance étant déterminée par la contre-pression qu’oppose, sur l’unité de section, le conducteur à la propagation de l’électricité, et cette contre-pression étant, chez les gaz, indépendante de l’intensité du courant, il se comprend de soi-même que la résistance d’une colonne de gaz doit être indépendante de la section de cette dernière.
- La différence de tension électroscopique entre deux points du conducteur situés à une certaine distance l’un de l’autre, est, suivant ce qui précède, proportionnelle à la résistance entre les mêmes points. Dans les conducteurs solides et liquides, la différence de tension sera donc proportionnelle à ri, si r désigne la résistance principale entre les mêmes points et i l’intensité du courant. Pour les gaz, au contraire, la même différence sera proportionnelle à kl, où k a la signification qui vient d’être mentionnée, et où l désigne la distance entre ces points.
- La différence de tension électroscopique entre deux points d’une colonne de gaz doit donc, comme l’expérience l’a déjà prouvé, être indépendante de l’intensité du courant, et l’on peut prédire qu’elle sera aussi indépendante de la section de la colonne, ce qui, cependant, n’a pas été confirmé par l’expérience.
- Si r désigne la résistance principale dans la partie d’un circuit fermé, composé de conducteurs solides et liquides, R la résistance d’une colonne de gaz introduite dans le circuit, E la force électro-motrice, i l’intensité du courant, et L la longueur to-
- tale du conducteur, l’équation différentielle de mouvement de l’éther sera :
- di
- L-r, ~ nE — nR — nri. dt
- On tire de cette équation, pour le cas où le courant a eu le temps de devenir constant,
- . E — R 1 r
- La résistance R du gaz a donc en réalité sa place dans le numérateur, quoiqu’elle doive se trouver dans le dénominateur d’après la formule ordinaire de Ohm. Pour qu’un courant soit possible, il faut naturellement que E soit plus grand que R.
- Si, quand le gaz est introduit dans le circuit, i et q désignent deux intensités différentes de courant, répondant aux résistances r et r, des conducteurs solides et liquides introduits dans le circuit, et si M et Mi sont les résistances nécessaires pour produire les mêmes intensités de courant quand le gaz est exclu du circuit, on obtient :
- ij__ r _ M___ M — r
- i ~ r, — M, ~~ Mi — r,'
- Si, comme cela a eu lieu dans le calcul des expériences de Becquerel, on prend à M — r etMx —1\ pour valeurs de la résistance du gaz aux deux intensités differentes de courant, on trouverait la résistance du gaz inversement proportionnelle à l’intensité du courant, quoique la résistance en question soit en réalité indépendante de cette intensité.
- ÿ
- Edlund.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Nouveau système de transmissions simultanées en sens contraire pour appareil Hughes, par M. H. Kuss.
- M. Kuss prétend que si les systèmes des transmissions simultanées en sens contraire ont produit de bons résultats avec les appareils Morse, il n’en a pas été de même de ceux qu’on à voulu appliquer aux télégraphes Hughes. Il en existe pourtant un certain nombre que leurs auteurs croient efficaces et, sans parler de celui de M. Yaes de Rotterdam, le plus ancien de tous, on en trouvait à l’Exposition trois modèles assez ingénieusement combinés.
- Quoi qu’il en soit, dans le système de M. Kuss, on a cherché à résoudre le problème par l’emploi de trois piles à chaque poste et d’un second contact adapté à l’interrupteur du transmetteur. Comme
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- dans les autres dispositifs de. ce genre, appliqués aux Hughes, on met toujours à contribution à chaque poste deux appareils Hughes, mais un seul, le transmetteur, a son interrupteur modifié.
- Des trois piles employées dans chaque poste, • deux ont le même nombre d’éléments et sont opposées l’une à l’autre à chaque station, ayant pour organes de liaison le fil de l’électro-aimant du Hughes récepteur, et celles de ces piles qui correspondent à la ligne sont réunies en tension aux deux bouts du fil de ligne. Comme toutes ces piles sont d’égale force, il devrait résulter de cet arrangement, théoriquement, qu’à l’état normal aucun courant ne devrait circuler, puisque les deux parties opposées du circuit sont en rapport avec des piles de force égale et opposée. Nous disons théoriquement, parce qu’en réalité, à cause des conditions différentes des deux parties du circuit, les effets ne doivent pas être symétriques; mais avec des rhéostats, on pourrait toujours égaliser ces effets.
- A chaque station, l’électro-aimant du Hughes récepteur est mis en rapport avec l’interrupteur et l’électro-aimant du Hughes transmetteur et, de plus, avec la terre par l’intermédiaire de deux circuits locaux, dans l’un desquels est intercalée la troisième pile d’une force quatre fois moindre que les deux autres. Ces circuits sont tellement combinés que, quand on abaisse l’une des touches du clavier transmetteur, on envoie à travers les électro-aimants des deux appareils un courant local qui a pour effet de renforcer le magnétisme de l’électro-aimant récepteur et d’atténuer celui de l’électro-aimant du transmetteur; celui-ci peut donc déclancher, et l’autre est dans l’impossibilité d’agir. Mais en même temps que cet effet est produit, le second contact ouvre à la pile d’opposition une communication à la terre, et, cessant de faire opposition au courant de ligne, celui-ci peut, dès lors, passer non seulement en traversant cette pile d’opposition, mais encore par la nouvelle voie ouverte à la terre; or comme le courant local a accru le magnétisme de l’électro-aimant du récepteur local, ce passage du courant de ligne n’effectue pas pour cela le déclanchement. Il n’en est pas, toutefois, de même à l’autre station, si le transmetteur n’est pas mis en action, car la circulation du courant qui a, alors, lieu sans intervention du courant local de cette station, détermine le déclanchement de l’électro-aimant de son récepteur local, et la lettre se trouve en conséquence aussi bien imprimée au départ qu’à l’arrivée, mais sur un appareil différent.
- ' Le même effet se reproduirait en sens inverse, si c'eût.été la station de réception qui eût transmis à son tour.
- Si les deux stations transmettent en même temps, les deux piles d’opposition aux deux stations écoulent leur courant directement en terre, et le courant de ligne peut circuler librement à travers le circuit
- des deux électro-aimants récepteurs, car les courants de renforcement locaux n’ont plus alors assez d’énergie pour s’y opposer, et les déclanchements s’effectuent aux deux stations.
- Sur la généralité de la méthode électro-chimique
- pour la figuration des lignes équipotentielles,
- par M. Àd. Guébhard (').
- « J’ai l’honneur de présenter à l’Académie une série de pièces expérimentales d’où résulte la possibilité d’étendre à des électrodes cylindriques verticales à directrices quelconques la formule équipotentielle établie précédemment pour les anneaux de Nobili, dans le cas d’électrodes ayant pôur projections des pôles isolés ou des circuits complets de lignes d’écoulement.
- « De mes dernières expériences, où des branches quelconques de lignes d’écoulement pouvaient être prises comme électrodes sans modifier l’équation générale, un retour naturel au système équi-potentiel devait faire supposer qu’ici encore deux courbes quelconques du système, pourvu qu’elles fussent complètes, devaient reproduire toujours la même famille de lignes de niveau : n’est-ce pas ainsi que Lamé (3) déduisait du cas de deux centres thermiques celui de tranches cylindriques diversement limitées ou évidées ? Non seulement j’ai vérifié en sections planes la plupart des cas de Lamé, mais encore d’autres, où il est particulièrement intéressant de voir les anneaux colorés, après avoir traversé l’infini, se refermer en enserrant du' dehors au dedans des zones intérieures de formes diverses, pouvant elles-mêmes se subdiviser et se réduire enfin à plusieurs noyaux distincts.
- « Mais encore toutes mes vérifications ne s’appliquaient-elles qu’à des ensembles de courbes complètes et fermées sur elles-mêmes; et, malgré la possibilité d’assimiler tout arc curviligne soit à une courbe élongée d’aire nulle, soit à une série de pôles infiniment voisins, aucun document positif ne me permettait de pousser à l’extrême, en l’appliquant à des électrodes courbes discontinues, la généralisation de la loi qui avait eu pour point de départ le cas de simples pôles isolés, ou lignes éqùipotentielles infiniment petites. En dehors des coniques homofocales de Lamé (3), et des courbes intimement liées aux fonctions elliptiques, étudiées par Seebeck ('*) en laissant de côté pour le moment quelques dessins, d’application contestable, de M. Margules (5), je ne connaissais aucun réseau
- (*) Comptes rendus du i3 février 1882.
- (3) Leçons sur les coordonnées curvilignes, p. 207, 227.
- (3) Loc. cil., p. 195.
- (4) Journal f. die reine 11, ange»’. Malh., t. LYII, p. 365 (1H60).
- (3) Silzungsberichle der Akademie der Wissenschaften, zu Wien, t. LXXV (2), p. 847 (1877).
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- isotherme calculé pour des sources linéaires discontinues, et j’avais dû me borner expérimentalement à réaliser, avec diverses combinaisons orthogonales de portions de lignés droites, tous les cas précédents, lorsque la communication obligeante des planches inédites d’un ouvrage du docteur Holzmüller, de Hagen (*), m’a fourni toute une série de réseaux orthogonaux à noyaux linéaires courbes, toujours limités dans un sens au moins et pouvant représenter des cas d’équilibre thermique ou électrique.
- « Tous ces réseaux, déduits de quelques cas simples paf la méthode des représentations conformes et des trajectoires isogonales, présentent des propriétés remarquables de symétrie et de réciprocité (2), en vertu desquelles une même courbe est ligne de niveau par quelques-unes de ses parties, ligne d’écoulement par d’autres, en sorte que l’on peut prendre à tour de rôle tels ou tels de ses arcs pour directrices des électrodes et produire des systèmes divers, mais de physionomie et de propriétés communes.
- « Cela implique inévitablement, au voisinage des points de raccord ou de discontinuité, des perturbations qu’il est nécessaire de combattre, par des précautions expérimentales analogues à celles que j’indiquais dans une précédente Note; et quoique l’étude complète en reste -à faire, l’approximation très grande avec laquelle de premiers essais sommaires m’ont permis de reproduire des systèmes de théorie très compliquée, au moyen d’électrodes qui, pour n’être pas tout à fait arbitraires, n’en présentaient pas moins des formes, des grandeurs et des positions très diverses, depuis l’arc de cercle jusqu’à celui d’hyperbole et de lemniscate, ou même de courbe transcendante; tant de résultats qui se sont accumulés depuis mes premières recherches, et qu’il serait superflu de multiplier davantage; tout cet ensemble parfaitement concordant de faits expérimentaux m’autorise à formuler d’une manière tout à fait générale la loi de forme des anneaux de Nobili :
- * Lorsqu'on place à très petite distance d'une découpure horizontale de métal très mince exactement limitée aux parois d'une auge électrolytique un assemblage quelconque d'électrodes cylindriques verticales, les anneaux colorés qui prennent naissance représentent avec une très grande approximation le système théorique de lignes équi-potentielles que donnerait l'application directe de ces mêmes électrodes sur un plan conducteur pris entre les mêmes limites.
- (') Einfiihrung in die Théorie der isogonalen Verwands-chaften u. d. conformen Abbildungen mil Anwendungen ouf Mathematik und Physik; Leipzig, 1882.
- V) •Schldmilch’s Zcilschr. f. Malh. h. Phys., t. XX, p. 1 (1875).
- « Quelques précautions expérimentales rendent l’approximation au moins égaie à celle des meilleurs dessins, et rien ne saurait faire obstacle désormais à ce qu’un procédé qui a subi le contrôle de tous les faits connus serve à résoudre empiriquement ceux qui échappent aux ressources de l’analyse. Mais il fallait auparavant en établir la généralité, et c’est ce que je me suis efforcé de faire à grands traits dans cette première étude, sans m’attarder aux atténuations de second ordre que doit comporter nécessairement touteToi physique, surtout quand elle emprunte le concours de données multiples et diverses. *
- L’éclairage électrique des côtes de France.
- Nous avons donné, dans notre numéro 5q de l’année 1881, un résumé du rapport fait par M. Allard, directeur de l’Administration des phares et concluant à l’adoption pour 42 phares de l’éclairage électrique.
- Ce rapport a donné lieu à un projet de loi qui, adopté par la Chambre des députés, puis légèrement modifié et adopté par le Sénat, est revenu de nouveau devant la Chambre. Dans la séance du 2 mars, M. Hervé-Mangon, au nom de la Commission chargée d’examiner le projet de loi adopté par le Sénat, a lu un rapport tendant à l’adoption de ce projet.
- La première partie de ce rapport résumé les faits éxposés dans le mémoire de M. Allard, puis il termine par les considérations financières qui militent en faveur du projet.
- Nous reproduisons in extenso cette dernière partie du rapport :
- « La dépense moyenne de fourniture des moteurs, des machines magnéto-électriques, des régulateurs des appareils lenticulaires et des frais d’installation, d’après des évaluations dont nous avons pu vérifier l’exactitude, est évaluée à 12.5.000 francs par phare, soit à 5.25o.ooo francs pour les 42 phares à transformer. Une somme de 1.750.000 francs sera en outre nécessaire pour les travaux d’amélioration de certains phares et pour subvenir aux difficultés spéciales de la mise en place des appareils dans les phares établis sur des rochers isolés en mer. Enfin l’établissement de 20 signaux sonores, à raison de 5o.ooo fr. par phare, entraînera une dépense de. 1.000.000 de francs. La somme totale qui vous est demandée pour donner à nos phares de grands atterrages le degré de perfection que réclame la marine est donc de huit millions.
- « En outre, l’entretien annuel d’un phare électrique coûtant en moyenne 7.000 francs de plus que
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- celui d’un phare à l’huile, il convient de prévoir que le budget d’entretien des phares subira une augmentation d’environ 3oo.ooo francs, quand la transformation projetée sera complètement réalisée.
- « Ces sacrifices d’argent paraissent véritablement insignifiants, quand on lés compare à la valeur immense des bâtiments de guerre et de commerce dont les phares diminuent les chances de perte, et surtout quand on pense que les travaux projetés ont pour objet de diminuer dans une forte proportion les dangers auxquels sont exposés les deux millions de marins embarqués sur les 220.000 navires qui fréquentent nos côtes.
- « Votre Commission est tellement persuadée de l’utilité et de l’urgence de l’application de la lumière électrique à nos phares de ier ordre qu’elle n’eût pas hésité à vous proposer de fixer par la loi elle-même la durée de l’exécution des travaux qui, dans sa pensée, ne doit pas dépasser quatre années. Mais cette modification apportée au projet déjà voté par le Sénat entraînerait de nouveaux délais qu’il importe d’éviter. L’administration des Travaux publics, qui a reconnu depuis dix-sept ans l’excellence des phares électriques, a beaucoup trop attendu à en généraliser l’emploi. Il faut regagner le temps perdu. Nous pensons qu’il suffit d’appeler sur ce point l’attention de M. le Ministre des travaux publics pour qu’il imprime à l’opération toute l’activité désirable.
- « Le projet de loi déposé sur le bureau de la Chambre le g avril 1881 et adopté dans la séance du 16 juin suivant portait, dans son article 2, que les dépenses nécessaires à l’établissement de l’éclairage électrique dans les phares de Ier ordre seraient imputées sur les ressources extraordinaires du budget. La Commission des finances du Sénat a pensé, au contraire, que cette dépense doit être inscrite à la deuxième section des travaux extraordinaires exécutés sur les ressources générales du budget ordinaire; on a fait remarquer, en effet que déjà trois phares électriques avaient été établis sans recourir aux fonds d’emprunt; que, d’un autre côté, certains appareils optiques commençaient à s’user, qu’il faudrait dans tous les cas pourvoir à les remplacer et qu’il s’agit, au moins pour une 'certaine partie de la dépense, de travaux de grosses réparations imputables sur les ressources ordinaires. M. le Ministre des finances, dans une lettre du 10 octobre 1881, reconnaît la justesse de ces observations et pense que l’imputation votée par le Sénat doit être maintenue. Votre Commission s’cst rangée à cet avis.
- « Par les motifs qui précèdent, votre Commission a l’honneur de vous proposer à l’unanimité d’adopter le projet de loi dont la teneur suit et que le Sénat a voté dans sa séance du 26 juillet 1881.
- PROJET DE LOI
- Article premier.
- « Il sera procédé à l’exécution des travaux à faire pour l’éclairage électrique des côtes de France et pour l’installation de signaux sonores, conformément au programme présenté par M. l’Inspecteur général, Directeur du service central des phares, et à l’avis de Conseil général des ponts et chaussées, en date des 4 décembre 1880 et 3 mars 1881. ,
- Art. 2.
- « La dépense, évaluée à huit millions (8.000.000), sera imputée sur les ressources générales du budget ordinaire de chaque exercice. »
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le Directeur,
- En vérifiant mes expériences, je me suis aperçu qu’une erreur s’était glissée dans le dernier paragraphe de ma lettre, que vous avez insérée dans le numéro du 11 février, de La Lumière Électrique, où je dis que la résistance de mon hélice semblait être plus grande quand son magnétisme était sud.
- Cette désignation a besoin d’explication, car par ce mot magnétisme sud, j’entendais le magnétisme que possède une aiguille quand le bout du npyau auquel correspond l’hélice, attire l’extrémité de l’aiguille d’une boussole qui se tourne vers le nord. Mais par le fait, cette extrémité est le pôle sud de l’aiguille, et par conséquent le bout de mon noyau était nord et non sud. Ce résultat est parfaitement d’accord avec mes autres expériences, car j’ai remarqué que quand l’hélice mise en expérience est soumise à l’action d’un aimant, électro-aimant ou solenoïde, si son magnétisme est semblable et répulsif, sa résistance est plus grande que quand il est contraire et attractif.
- Agréez, etc, John Formby.
- Monsieur le Directeur,
- Puisque vous désirez qu’on vous fasse connaître des cas d’éclairs en boule bien observés, je m’empresse de vous en signaler deux, dont un a eu pour théâtre le pont d’un navire où je me trouvais.
- Le 7 octobre 1876, vers cinq ou six heures du soir, j’étais à bord d’un petit vapeur dans le port de Sydney pendant un orage, lorsque tout à coup nous vîmes tomber sur le pont un globe de feu dont le diamètre était d’environ de 7 à 8 centimètres et qui était de couleur jaune vif. Nous le vîmes rouler lentement sur une étendue de trois à quatre mètres et s’enfoncer sous la tente où il éclata au milieu de beaucoup de dames. J’étais debout et tout près de là avec deux amis. Nous courûmes voir si quelque malheur était arrivé, mais nous apprîmes que personne n’avait été blessé et nous 11e pûmes constater aucunes traces du passage de ce globe fulminant, ni trous, ni parties brûlées. Le pont du navire était moujllé là où le globe était tombé et sec à l’endroit où il a éclaté. Au même instant il se produisit un grand coup de tonnerre.
- Un de mes amis qui était élève à bord du navire École, le Comvay à Liverpool, m’a assuré que pendant un orage, il avait vu un grand globe de feu tomber dans la vase près du navire, et qu’il a éclaté presqu’immédiatement ; la vase avait été projetée çà et là à la suite de l’explosion.
- C’était vers l’année 1872.
- Veuillez agréer, etc. -
- John FormbV,
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- FAITS DIVERS
- Le 24 février dernier, M. le ministre des postes et télégraphes a adressé à M. lé Président de la. République un rapport sur l’Exposition Internationale d’Électricité. Nous en reproduisons ci-dessous les principaux passages :
- « Monsieur le Président,
- « Par décret en date du 23 octobre 1880, vous avez bien voulu autoriser l’ouverture à Paris, pour le icr avril 1881, d’une Exposition Internationale d’Électricité et la réunion simultanée d’un Congrès International d’électriciens.
- « En l’absence des Chambres, nous ne pouvions engager l’Etat dans des dépenses pour lesquelles des crédits n’avaient pas été ouverts; d’autre part, le délai dont nous disposions avant le i»r août 1881 ne nous permettait pas d’attendre la réunion du Parlement pour engager les divers travaux préparatoires.
- « Quelques personnes se sont libéralement offertes pour garantir l’Etat contre les pertes que pourrait entraîner l’Exposition, déduction faite des recettes qu’elle produirait ; l’association de garantie ainsi formée stipulait, en outre, que dans le cas où les comptes de l’Exposition se solderaient par un bénéfice, ce bénéfice serait remis au Gouvernement pour être employé à une œuvre profitable au progrès de la lumière électrique.
- « Nous avons accépté ces propositions qui garantissaient l’Etat contre toute éventualité, et nous avons pu alors inviter les différents Etats à prendre part à l’Exposition d’Elec-tricité. .
- « ... t 764 exposants français ou étrangers ont pris part à l’Exposition.
- « ... Le service de la force motrice et de l’éclairage a utilisé :
- « 02 chaudières présentant un ensemble de 1 33g mètres carrés de surface de chauffe, fournissant la vapeur à :
- » 39 machines développant une force nominale de 1 267 chevaux et une force effective de plus de 1 600 chevaux.
- - 12 machines à gaz.
- « Le nombre des visiteurs payants n’a pas été moindre de 6-3 473.
- « ... Les recettes, y compris la subvention de 200000 fr accordée par la loi du 27 décembre et la subvention de la ville de Paris s’élevant à 25 000 fr., ont atteint la somme
- de........................................... 1 048 417 68
- / « Les dépenses actuellement payées sont de 689 490 84
- « D’où un produit net s’élevant à. ‘....... 358 929 84
- » Mais il reste encore quelques frais à solder qui diminueront ce chiffre. Dès à présent on peut être assuré que le bénéfice net ne sera pas moindre de 325 000 francs. C’est cette somme, dépassant de 125 000 francs la subvention de l’Etat, que l’association de garantie apporte dès à présent au Gouvernement, en le priant de l’appliquer à la création d’un laboratoire qui servira aux expériences d’électricité.
- « ... Ce laboratoire dépendra du département des postes et des télégraphes, qui a organisé l’Exposition et se trouve le plus directement intéressé dans la question, mais il profitera également à d’autres départements ministériels. «
- Eu conséquence de ce rapport, M. le Président de la République a rendu le décret suivant :
- « Art. icr. — Il est institué à Paris, sous la haute direction du ministre des postes et des télégraphes, un laboratoire central d’électricité.
- « Art. 2. — La somme de 325ooo fr., dès à présent disponible sur les bénéfices de l’Exposition Internationale d’EIec-tricité, est consacrée à l’organisation et à l’entretien de ce laboratoire.
- “ Art. 3. — Un arrêté ministériel réglera l’organisation et les conditions de fonctionnement du laboratoire.
- « Art. 4. — Le ministre des postes erides télégraphes est chargé de l’exécution du présent décret. »
- Le 9 mars au soir des expériences d’électricité très intéressantes ont été faites sur le chemin de fer de l’Est entre Paris et Gretz. Le train portait des communications électriques reliant des piles pour actionner des sonneries d’alarme d’une disposition nouvelle. De plus il portait deux machines de Gramme et des accumulateurs système Tommasi. L’une des machines était placée sur la locomotive et actionnée par une machine à vapeur Brotherhood ; son courant servait à mettre enjeu le frein continu électrique du système Achard, perfectionné par les ingénieurs de la Compagnie de l’Est : le fonctionnement de ce frein a été de tout point satisfaisant. La seconde machine de Gramme était placée dans le fourgon et mise en mouvement par une courroie qui la reliait à l’essieu. Elle ne tournait donc que pendant la marche du train. Elle devait avec l’aide des accumulateurs fournir l’éclairage du train. Celui-ci se composait de i3 véhicules, comprenant deux fourgons et des voitures à voyageurs des trois classes. Les lampes, du système Maxim, étaient au nombre de.îi. Leséléments d’accumulateur, quoiqu’il y en eût 96, pesant environ 3 800 kilos, n’ont pas donné de très bons résultats; il paraît certain qu’ils n’avaient pas reçu une charge suffisante ; il y aura à compléter cette expérience de ce côté; au contraire la machine de Gramme lorsque le train était bien en vitesse donnait un excellent éclairage. Ce résultat est très intéressant et permet d’espérer une application prochaine; ces expériences ont été faites sous la direction de M. Regray, ingénieur en chef de la Compagnie des chemins de fer de l’Est. Il y a lieu de féliciter cette Compagnie d’être entrée la première et aussi intelligemment dans la voie des applications complètes de l’électricité au matériel roulant des chemins de fer.
- On a essayé dernièrement à Londres sur la ligne de Ley-tonstone, appartenant à la North Mètropolitan Tramways Company, un tramcar mû par l’électricité. Des accumulateurs Faure placée sous les banquettes actionnaient un moteur électrique, qui mettait en mouvement les roues du véhicule. Les résultats n’ont pas été tout à fait satisfaisants ; car avec les accumulateurs la voiture ne pesait pas moins [de cinq tonnes et le bruit qu’elle faisait en marchant était presque insupportable. Il y a certainement encore beaucoup à faire avant que ce mode de locomotion entre dans la pratique.
- Éclairage électrique
- Le magasin de M. Qregh, éditeur de musique, situé à l’entrée delà Chaussée-d’Antin, en face du théâtre du Vaudeville, est depuis quelque temps éclairé à la lumière électrique, à l’aide de lampes Siemens. Deux de ces lampes sont placées à l’extérieur, une troisième éclaire tout le magasin proprement dit, et deux autres se trouvent dans le long passage qui en forme le prolongement.
- A Marseille, la Compagnie du gaz fait depuis quelque temps des expériences d’éclairage électrique dans sa grande usine du Prado. Le courant d’une très grande intensité est produit par une machine dynamo-électrique mue par un moteur à gaz. Les allées de l’usine sont éclairées par des lampes Brush d’une grande puissance. L’une de ces lampes est disposée à l’entrée de l’allée du Prado, sur laquelle elle répand une vive clarté.
- La Compagnie du chemin de fer du Nord va faire â la gare de Lens (Pas-de-Calais) des essais d’éclairage électrique. Si le résultat est satisfaisant, cet éclairage sera appliqué à toutes les principales gares de la Compagnie.
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- A un grand bal donné samedi au profit des pauvres à l’Alhambra de Bordeaux, les salles de la fête ont été éclairées avec des foyers électriques.
- D’après 1 ’Eleclrician, le conseil de la ville de Wycombe (comté de Buckingham) vient de décider que des propositions seraient faites aux Compagnies d’éclairage électrique dans le but d’introduire la lumière électrique à Wycombe pour éclairer les rues.
- UÈleclrician de Londres dit que les filatures du West Hartlepool viennent d’adopter l’éclairage par l’électricité.
- D’Ottawa, capitale du Canada, on annonce que la nouvelle portion du Welland Canal va être éclairée avec des foyers électriques sur une distance de neuf milles.
- A Leith, port de la ville d’Edimbourg dans le golfe de Forth, les chantiers de construction de navires de MM. Haw-thorn et C® viennent d’être éclairés à la lumière électrique, système Brush.
- Le vaisseau école anglais Britannia va être éclairé par . l’électricité.
- A Cincinnati (Ohio), le Conseil des travaux publics a chargé un comité de se procurer des informations relativement à la possibilité d’éclairer les rues et les édifices publics de la ville par l’électricité. La Compagnie Brush a offert d’éclairer certaines parties de la ville avec des lampes électriques de son système, pendant trois ans, au prix de ç>5 cents par lampe et par nuit et pendant deux ans au prix de 98 cents. ,
- Le théâtre du Parc de Boston et celui de New-York vont être éclairés par l’électricité. Des lampes à incandescence doivent y être placées par l’American Electric Light Company de Boston.
- A Kinghorn (Ecosse), les chantiers de construction de MM. John Key et fils sont maintenant éclairés à la lumière électrique. Les brûleurs employés sont des lampes Brush.
- A Xuatusco, ville du Mexique, une réunion vient de se tenir en vue d’étudier la question de l’éclairage des rues par l’électricité. Un projet présenté par le colonel Lomelin a été adopté.
- A Mexico, l’ayuntamiento qui a déjà encouragé les premiers essais d’éclairage par l’électricité s’occupe de doter cette ville d’horloges électriques.
- La ville de Kimberley, dans l’Afrique du Sud, vient d’introduire dans les rues l’éclairage électrique.
- Télégraphie et Téléphonie
- Qn annonce de San-Francisco la formation d’une nouvelle compagnie électrique, la New American Telegraph Company.
- Une nouvelle ligne télégraphique, celle de Colima à Gua-dalajara vient d’être inaugurée au Mexique. ,
- Nous avons déjà parlé de l’installation d’un réseau téléphonique à Reims. La' société qui s’est chargée de cette installation vient d’adresser par l’entremise de M. le sénateur Dauphinot une demande d’autorisation au ministre des Postes et des Télégraphes. On lit dans la lettre de la Société téléphonique rémoise que le nombre des adhérents ou abonnés au réseau téléphonique de Reims s’élève à plus de deux cents et que ce chiffre s’accroîtra rapidement, si la Société peut joindre à son réseau les villages environnants où les principaux habitants de Reims ont leur résidence d’été. Le prix d’abonnement annuel ne paraît pas devoir excéder la somme de 3oo francs; mais il ne pourra être fixé que lorsque le ministre des Postes et des Télégraphes aura fait savoir au comité de la Société téléphonique rémoise, quelles charges pèseront sur elle tant comme impôts que pour l’établissement des lignes. Le prix d’abonnement pourrait être réduit sensiblement, si comme le comité de patronage a l’intention de le proposer, chaque abonné devenait propriétaire des appareils établis chez lui, ce qui avec les frais d’installation serait une dépense d’environ deux cent cinquante francs une fois faite. L’abonnement dans ce cas n’excéderait pas le prix de deux cent cinquante francs et diminuerait encore au fur et à mesure que le nombre des abonnés augmenterait.
- Des communications téléphoniques viennent d'être établies en Angleterre dans le comté de Stafford entre l’établissement pour la distribution des eaux de Wolverhampton à Totten-hall et la station de la pompe à Cosford. La distance est de huit milles.
- A Truro, ville de Cornouailles centre d’exportation d’étain et de minerai de cuivre, trois lignes téléphoniques viennent d’être établies par l’United Company pour le compte de M. Cooper Furniss, de Truro. Ce sont les premières lignes de téléphone qui aient été posées dans la région.
- A Anvers, où le réseau téléphonique a été créé il y a deux ans avec moins de cent abonnés, on en compte atcuellcment plus de huit cents.
- A Buenos-Ayres, la Compagnie du téléphone Gower Bell vient d’être vendue à la « Consolitated Téléphoné Construction Company ». Le représentant de cette Compagnie a pris possession du matériel. On annonce également à Buenos-Ayres, la formation d’une nouvelle Compagnie téléphonique, dont le représentant est un Français, M. Petit.
- A Adélaïde, capitale de la colonie anglaise de l’Australie méridionale, le gouvernement a pris des dispositions pour l’établissement d’un réseau téléphonique.
- Erratum.
- Dans le dernier numéro, page a33, à la troisième ligne du paragraphe commençant par « le résultat », il faut lire : où la charge s’est faite avec un potentiel moyen de ^^^-==91 volts et la décharge sous
- un potentiel moyen de= 61,5 volts.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, 13, quai Voltaire. — 27392
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Électricité
- , 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 25 MARS 1882 N» 12
- SOMMAIRE
- Des éclairs sans tonnerre et des tonnerres sans éclairs; Th. duMoneel. — Sur un instrument destiné à mesurer les variations des champs magnétiques; Marcel Deprez. — Exposition Internationale d'Electricité : Les bureaux téléphoniques automatiques. — L’appareil Connolly et Mac Tighe; A. Guerout. — L’éclairage électrique applique aux travaux de construction; C.-C. Soulages. — L’étalon lumineux; Frank Geraldy. — Bibliographie : Le Téléphone, par M. Th. du Mpncel, 4“ édition. — Revue des travaux récents en électricité : Boussole sans résistance, destinée à la mesure des courants intenses. — Expériences hydrodynamiques, par M. C. Decharme. — A propos des courants d’interversions polaires. — Influence de la force coercitive sur la chaleur produite par l’aimantation. — Correspondance : Lettres de MM. Dejongh, G. Lippmann et Chabi-rand. Faits divers.
- DES ÉCLAIRS SANS TONNERRE
- ET
- DES TONNERRES SANS ÉCLAIRS
- Des éclairs sans tonnerre. — Il n’est guère de personnes qui, pendant les chaleurs de l’été, n’aient eu occasion d’apercevoir à l’horizon ces éclairs plus ou moins brillants que l’on désigne généralement sous le nom d'éclairs de chaleur, et dont l’apparition n’est accompagnée d’aucun bruit. Ces éclairs avaient été considérés longtemps comme provenant de la réflexion par l’atmosphère d’éclairs véritables produits par des orages au-delà de l’horizon, et dont le bruit de l’explosion se trouvait complètement amorti par l’effet de la distance. Mais une étude plus attentive de ce phénomène a démontré qu’il n’en était pas toujours ainsi, et que des éclairs sans tonnerre pouvaient se manifester au-dessus de nos têtes, soit par un temps couvert, soit par un temps parfaitement serein. Il y a donc deux espèces d’éclairs sans tonnerre, dont les causes peuvent être tout à fait différentes, et, pour les distinguer, M. Arago a proposé un moyen bien simple, c’est d’analyser la lumière qu’ils . fournissent au moyen du polariscope. Si la lumière ainsi analysée a les caractères de la lumière transmise, l’éclair est
- produit dans la partie de l’atmosphère que l’on observe ; au contraire, si la lumière analysée a les caractères de la lumière réfléchie, elle n’est évidemment alors que la réflexion d’éclairs produits au delà de l’horizon.
- Plusieurs auteurs ont cherché, à diverses reprises, à expliquer les éclairs de chaleur. Descartes, d’après sa théorie de la foudre, les faisait dépendre de la nature des exhalaisons existant entre deux nuages, et même au sein de l’atmosphère; Hartson et Barberet, en comparant le phénomène de la foudre à celui de l’explosion de la poudre, prétendaient que les éclairs ne devaient pas être accompagnés de tonnerre quand la décharge électrique ne se trouvait pas emprisonnée dans ün nuage. Mus-chembroeck, de son côté, attribuait les éclairs de chaleur à des exhalaisons qui s’enflammaient avant d’ètre montées assez haut pour produire les nuages.
- Senebier et Brisson paraissent être les premiers qui aient donné de ce phénomène une explication vraisemblable, en les comparant aux fulgurations qu’on obtient en faisant passer le fluide électrique dans un air très raréfié ou aux aigrettes.
- De nos jours plusieurs physiciens ont émis des théories plus ou moins ingénieuses qui ne diffèrent entre elles que dans l’origine supposée à l’écoulement électrique sans décharge, auquel est attribué généralement le phénomène .(*)•
- (>) M. Andréa Poëy, dans un Mémoire très intéressant sur les éclairs sans tonnerre, qu’il a publié dans VAnnuaire météorologique de 18SS, rapporte les différentes opinions des auteurs qui ont parlé de ce genre de phénomènes et les classe en quatre catégories :
- i° Suivant lui, les auteurs qui regarderaient les éclairs de chaleur par un temps serein comme des éc’airs réfléchis seraient : Sénèque, Lozeran du Fech, le P. Régnault, Gay-Lussac, Dupcrrey, Forster, Boussingault, Foissac, Iluber, Ch. Martins, Brcwstcr, Singer, Lamé, Becquerel, Kaemtz, Clos, Pinaud, Ganot et Arago ;
- 20 Les auteurs qui regarderaient les éclairs de chaleur par un temps serein comme des éclairs primordiaux seraient : Descartes, Hantsacker, Lozeran du Fech, Barberet, Mus-chembroeck, l'Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, Senebier, l’abbé Richard, Van Troostroyk, Krayenhoff, Forster,
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- Suivant M. Matteucci, ces éclairs ne seraient que le résultat de l’équilibre électrique entre l’électricité terrestre et l’électricité du ciel, équilibre qui tendrait à s’établir vers le soir, après de grandes chaleurs, au moment où les vapeurs condensées retombant sur le sol formeraient un conducteur secondaire entre les deux milieux électrisés.
- Suivant M. Peltier, les nues transparentes seraient moins conductrices que les nues opaques, et ce serait à l’électrisation successive et non instantanée de ces nues que l’on devrait attribuer les manifestations électriques lumineuses dont nous parlons.
- Enfin, suivant M. Delarive, les éclairs de chaleur seraient dus au mélange des masses d’air touchant le sol avec les masses d’air supérieures de l’atmosphère, par l’effet des vents ou de courants ascendants intenses.
- M. Andrès Poëy, qui a fait de très grandes recherches sur la foudre, demande, avant de se prononcer sur telle ou telle hypothèse, s’il existe véritablement des éclairs par un temps parfaitement serein. Quant à lui, il croit que ce temps parfaitement serein n’est qu’apparent; qu’il existe toujours dans la partie du ciel où apparaissent ces éclairs des nuages qui peuvent paraître transparents, à la vérité, mais qui jouissent, plus que les autres, de la propriété de produire des éclairs sans tonnerre, ainsi que l’a démontré M. Peltier. Parmi les nombreuses observations d’éclairs de chaleur qu’il a réunies, il n’en a trouvé que quatre exemples dans lesquels la parfaite sérénité du ciel ait été constatée d’une manière parfaitement nette, et il assure, d’ailleurs, ne l’avoir jamais remarquée dans ses observations personnelles.
- Les éclairs sans tonnerre ne se manifestent pas seulement comme nous venons de le voir à la suite des journées chaudes de l’été ; on les remarque quelquefois par des temps couverts de nuages, et même au milieu des orages. Dès les temps les plus anciens, ce phénomène avait été observé. Lucrèce parle d’innocents éclairs qui s’échappent en silence de certains nuages, et qui ne causent ni trouble, ni
- Para du Phanjas, Brisson, Journal de Physique, Matteucci, Lecoq, Peltier, Delarive, Brewster, Foissac et Arago :
- 3« Ceux qui regarderaient les éclairs sans tonnerre par les temps couverts comme des éclairs réfléchis seraient : MM. l’abbé Chappe, Bertholon, Huber, Burnand, Pallas, Foissac, Becquerel, Kaemtz et Pinaud;
- 4° Ceux qui regarderaient les éclairs sans tonnerre par lés temps couverts comme des éclairs primordiaux seraient : Lucrèce, Sénèque, Pline, Lamark, Encyclopédie méthodique, Reimarus, Descartes, Du Fech, le P. Régnault, Chappe, l’abbé Richard, Cotte, Derozières, Bertholon, Nollet, Van Mons, De Luc, Muschembroeck, Lesson, Lamé, Peltier, Pal-las, Brunner, l’abbé Raillard, Pouillet, Foissac et.Arago.
- D’après M. Poëy, M. d’Abbadie aurait une opinion tout à fait particulière ; il attribuerait l’absence du tonnerre à l’épaisseur des couches d’air stagnant qui agiraient suivant lui comme un écran imperméable au son.
- terreur. De son côté, Sénèque parle de nuages qui, poussés les uns contre les autres par l’impulsion d’un vent, produisent un feu qui brille sans éclater. Depuis lors, beaucoup de météorologistes ont constaté ce genre de météores, et ont cherché à en donner l’explication de diverses manières. Les uns ont voulu y voir un effet de combustion du gaz hydrogène provenant de la décomposition de l’eau des nuages. Les autres ont prétendu que les tourbillonnements de l’air causés par la manifestation du météore peuvent, dans certaines circonstances, éteindre les vibrations sonores. Enfin, d’autres ont admis pour ces sortes d’éclairs les explications que nous avons rapportées précédemment pour les éclairs de chaleur par les temps sereins.
- A une certaine époque, M. Phipson a émis une hypothèse ingénieuse, mais qui, d’après les observations de M. Poëy, paraît susceptible de contestation. M. Phipson prétend, en effet, que les éclairs en général ne produisent le bruit du tonnerre que quand la distance séparant les deux points où sont accumulés les deux fluides contraires est considérable; que, par conséquent, quand deux nuages électrisés différemment sont très près l’un de l’autre, là décharge s’opère sur une très grande surface à la fois et sans occasionner de la part de l’air un ébranlement suffisant pour produire le- bruit du tonnerre. (Dans ce dernier cas, on pourrait dire que l’électricité fuse.) M. Poëy prétend que cette hypothèse n’est pas toujours admissible, attendu qu’on observe souvent des éclairs en zigzags sans être accompagnés de tonnerre, et que, pour que l’éclair apparaisse sous cette forme, il faut nécessairement que la décharge électrique s’effectue d’assez loin.
- Il est probable que, dans ce phénomène comme dans celui des zigzags de la foudre, plusieurs causes interviennent, et il peut arriver que, dans certains cas, l’hypothèse de M. Phipson soit vraie. Quant à moi, je crois, comme M. Matteucci, que ces éclairs silencieux proviennent tout simplement de l’interposition des conducteurs secondaires aéri-formes plus ou moins raréfiés qui se trouvent alors assez continus pour conduire àpeuprès la décharge. Dès lors celle-ci s’effectue sans bruit, puisqu’elle n’a pas de résistance à vaincre, et, comme le conducteur n’est pas assez parfait pour contenir entièrement toute l’électricité développée, celle-ci apparaît à l’état lumineux.
- M. Trécul a signalé dans une communication faite l’année dernière à l’Académie des sciences, certains éclairs qui se montrent quelquefois à une faible hauteur au-dessus du sol et qui apparaissent comme si l'air s'illuminait sur un certain espace : Ne serait-ce pas des éclairs de la même nature que ceux dont nous parlons? Suivant lui, leur lumière est très faible, de teinte jaunâtre, simulant quelquefois une grande nappe lumineuse large de plusieurs
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- mètres, et d’autre fois n’ayant qu’une largeur d’un mètre et demi à deux mètres et même moins encore. (Voir la Lumière électrique du 23 avril 1881, p. 3o3.)
- Des tonnerres sans éclairs. — Les cas de tonnerres sans éclairs qui ont été signalés jusqu’ici sont plus rares que ceux des éclairs sans tonnerre ; cependant leur nombre est encore assez considérable pour que le phénomène ne puisse être mis en doute quant à son existence.
- D’après les exemples cités par M. Poëy, dans son intéressant Mémoire sur cette question, présenté à la Société météorologique de France, dans sa séance du 11 novembre i856, il existerait des tonnerres sans éclairs par un ciel serein, par un ciel couvert et par un ciel nuageux.
- Parmi les auteurs qui rapportent des cas de tonnerres sans éclairs par un ciel serein, M. Poëy cite : Horace, Suétone, Anaximandre, Sénèque, Homère, Xénophon, Virgile, Pline, Julius Obse-quens, Barthol, Crescentius, Scheuchzer Mus-chembroeck, Senebier, l’abbé Para du Phanjas, Yolney, Garnier, Jobard et Liais.
- Parmi les auteurs qui mentionnent des exemples de. tonnerres sans éclairs par un ciel couvert, M. Poëy cite : Anaximandre, Diogène d’Apollonie, Descartes, Lozeran du Fech, Muschcmbroeck, le P. Régnault, Thibault de Chanvalon, James Bruce, Van Swiden, l’abbé Nollet, Descourtilz, Forster, Schrenk, Ramon de la Sagra, A. d’Abbadie, etc.
- Anaximandre rapportait les tonnerres sans éclairs à l’air et au vent. « Le tonnerre, dit-il, n’est que le son produit par le choc des nuages. D’où vient la différence de ces tonnerres?... de la différence des chocs? Pourquoi tonne-t-il par un temps serein? C’est parce que le vent perce à travers l’air dense et sec. Pourquoi tonne-t-il quelquefois sans qu’il fasse d’éclairs? Parce que le vent trop tenu et trop faible est impuissant pour produire la flamme et peut cependant produire le son. »
- Suivant Descartes, le P. Régnault, Bayle, l’abbé Nollet et Rohault, les tonnerres sans éclairs, comme les éclairs sans tonnerre, proviendraient de la nature des exhalaisons existant entre les deux nuées qui, en s’abaissant l’une sur l’autre, produisent le phénomène de la foudre. « Si ces exhalaisons sont de nature non inflammable, on peut, dit Descartes, ouïr le bruit du tonnerre sans qu’il paraisse pour cela aucun éclair. »
- Le père Lozeran du Fech exprime la même opinion seulement en la faisant dériver de son système, c’est-à-dire en admettant l’absence d’exhalaisons sulfureuses dans les grands tourbillons qui composent selon lui les nuées orageuses. « Il arrive alors, dit-il, que quand celles-ci viennent à éclater, aucunes des matières qui en sortent ne prennent feu et ne produisent l’éclair. »
- Muschembroeck croit que la non-apparition de l’éclair dans le phénomène en question vient de ce que la nue est quelquefois si épaisse qu’elle le dérobe aux yeux; toutefois il cherche à expliquer la présence de la foudre par un temps serein, par une décharge, entre deux conducteurs terrestres, de l’électricité atmosphérique soutirée par l’un d’eux.
- L'Encyclopédie méthodique s’exprime à cet égard de la manière suivante : « Dès que, par un refroidissement ou par toute autre cause, l’air abandonne une portion de l’eau qu’il contenait, la vapeur aqueuse, en passant à l’état liquide, augmente l’intensité électrique, parce que l’électricité répandue sur la vapeur dans tout l’espace qu’elle occupait se portant tout entirèe sur la surface des globules d’eau qui viennent de se former, elle s’y concentre. Lorsque la différence d’intensité électrique est très grande et que la niasse d’électricité qui se distribue entre les globules est considérable, il se produit de la lumière et il se forme des éclairs ; alors le bruit du tonnerre est précédé de l’éclair, mais si la différence de l’intensité électrique des globules d’eau formés n’est pas considérable, le bruit du tonnerre se fait entendre sans avoir été précédé d’éclairs. »
- M. Poëy croit que la théorie de Peltier sur l’électricité atmosphérique peut rendre suffisamment compte du phénomène des tonnerres sans éclairs ; mais pour qu’on puisse comprendre cette explication, il faut savoir que Peltier explique :
- i° Le bruit et les roulements du tonnerre par des décharges multipliées entre les globules des nuages et les différentes agrégations de ces globules qu’il appelle leurs mamelons et leurs flocons ;
- 20 L’éclair diffus par des milliers de rayonnements qui se propagent vers le bord du nuage orageux, lorsque celui-ci se trouve en regard d’un autre insuffisamment conducteur, et qui produisent à son intérieur un écoulement lumineux instantané, dont l’apparence peut être diffuse quand la tension électrique n’est pas très considérable ;
- 3° Les éclairs en zigzags par une décharge faite en dehors des nuages orageux, lorsque ceux-ci se trouvent en présence d’un bon conducteur ;
- 40 La chute de la foudre par la formation d’une couche électrique d’une excessive tension autour du nuage, laquelle résulte des répulsions réciproques de toutes les particules électriques condensées autour des particules de vapeurs.
- « Maintenant, dit M. Poëy, la production du tonnerre sans éclairs est facile à concevoir, si l’on considère que les rayonnements électriques qui donnent lieu à l’éclair diffus peuvent ne pas exister au sein du nuage, quoique les décharges détonnantes multipliées en tous sens entre les globules de vapeur, leurs mamelons et leurs flocons puissent
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- se manifester, et alors il se produit forcément des tonnerres sans éclairs, de même qu’il y a éclairs sans tonnerres lorsque les parties internes des nuages sont très dilatées, parce qu’alors l’air qui les remplit se trouve plus conducteur de l’électricité et fournit des décharges silencieuses. »
- M. Poëy ajoute que les tonnerres sans éclairs, par un temps serein, peuvent être expliqués de la même manière que précédemment, attendu que, d’après les observations qui en ont été faites, il doit toujours exister certaines vapeurs dans l’air, qui peuvent constituer les nuages transparents de Peltier, dont nous avons parlé au sujet des éclairs sans tonnerre. Ces nuages, comme nous l’avons dit, sont susceptibles d’être électrisés fortement, et lorsque leurs particules viennent à se rapprocher, elles peuvent donner lieu à ces décharges obscures dont il a été question plus haut. « C’est ce qui explique, ajoute M. Poëy, la remarque faite par plusieurs observateurs, qu’un coup de tonnerre est très souvent suivi de l’apparition subite d’un nuage là où le ciel était pur et serein quelques secondes avant la production du bruit. »
- Toute cette théorie, d’ailleurs très ingénieuse, est, comme on le voit, fondée sur un double échafaudage de raisonnements, dont le premier est loin d’être solidement établi ; car l’explication du tonnerre que donne Peltier est au moins contestable. Je crois, quant à moi, que le phénomène en question pourrait être rattaché à la théorie du tonnerre de M. de Tessan, en supposant les nuages orageux qui produisent les tonnerres sans éclairs fortement électrisés (par influence) par d’autres nuages très étendus dont . la charge électrique, venant à disparaître par suite d’une décharge éloignée ou d’un simple écoulement, laisserait abandonnés à eux-mêmes les fluides développés par influence.
- Il résulterait en effet de cette hypothèse : iu que les nuages ainsi influencés se dilateraient successivement par l’effet des répulsions échangées entre les particules de vapeur électrisées, de la même manière absolument que si ces nuages étaient chargés d’électricité libre ; 20 que les fluides séparés par influence dans ces nuages, se trouvant spontanément libres par suite de l’annihilation de la cause qui les maintenait développés, donneraient lieu à une recomposition ou décharge qui s’effectuerait sans déflagration lumineuse, puisqu’elle s’opérerait à l’intérieur d’un corps que nous supposons conducteur; 3° que la cause qui avait provoqué la dilatation du nuage ayant cessé d’exister par suite de cette recomposition des fluides, la rentrée de l’air au sein du nuage provoquerait le bruit du tonnerre, ainsi que nous l’avons vu précédemment ; mais ce bruit ne se trouverait pas alors accompagné d’une déflagration lumineuse.
- Je pourrais, du reste, résumer en un mot ma pensée en disant que le phénomène du tonnerre sans
- éclairs serait aux nuages orageux ce qu’est, par rapport à la terre, celui bien connu des physiciens sous le nom de choc au retour. La seule différence, selon moi, serait que les molécules de la terre ne pouvant se prêter comme celles des nuages aux répulsions électriques, le tonnerre se manifesterait dans un cas et n’aurait pas lieu dans l’autre. La même explication pourrait être appliquée aux cas des tonnerres sans éclairs par un ciel serein, si l’on admet la présence des vapeurs diaphanes dont parle M. Poëy; mais je crois que, dans ce cas, l’hypothèse de Muschembroeck ne serait pas à dédaigner, si tant est que le phénomène existe, ce qui n’est pas prouvé. Du reste, plusieurs auteurs mettent en doute tous ces phénomènes et prétendent qu’il ne peut jamais y avoir d’éclairs sans tonnerre et de tonnerre sans éclairs; de ce nombre sont Aristote, Lucrèce, le P. Régnault, l’abbé Raillard, etc. Quoi qu’il en soit, cette double question offre, au point de vue historique où nous nous sommes placé, un véritable intérêt.
- A côté des explications que nous venons de donner des différents phénomènes qui. accompagnent la manifestation de la foudre, nous croyons intéressant d’exposer en quelques mots une théorie proposée par M. Jobard, de Bruxelles, qui, bien que très invraisemblable, est pourtant assez curieuse, et s’appliquerait surtout, selon lui, aux cas des éclairs sans tonnerre et des tonnerres sans éclairs.
- Suivant M. Jobard, il se dégagerait incessamment du globe, particulièrement des houillères, des marais et de la décomposition des substances organiques, un gaz (l’hydrogène protocarboné) qui ne peut se dissoudre dans l’air et qui s’élèverait dans les hautes régions de l’atmosphère, comme l’huile s’élève au-dessus de l’eau ; mais ce gaz pourrait être arrêté dans sa marche ascendante par les nuages, qu’il contribuerait à soutenir en l’air à la manière des montgolfières. Cet hydrogène, ainsi en contact avec l’air, formerait ce que l’on appelle dans les mines le grisou,, et pourrait s’enflammer avec une extrême facilité par l’étincelle électrique, en donnant lieu à une explosion plus ou moins formidable, s’il se trouvait renfermé entre les nuages orageux, et même s’il était endosmosé avec eux. Cette explosion, suivant M. Jobard, constituerait le tonnerre. Mais dans le cas où ce gaz serait enflammé sans être emprisonné, il pourrait donner lieu à une déflagration lumineuse qui constituerait les éclairs sans tonnerre par un ciel serein, lequel phénomène pourrait également avoir lieu par un ciel couvert, si la hauteur à laquelle le grisou est enflammé est considérable; effectivement l’air se trouve alors très raréfié, et le son, indépendamment de la distance, est considérablement affaibli. Enfin * comme une étincelle très petite, dit M. Jobard, peut cependant mettre le feu à une très grande
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- masse de grisou, elle peut échapper à nos yeux, quoique le bruit soit très considérable. »
- M. Jobard fait encore remarquer que l’inflammation du grisou peut provoquer de la pluie; ce qui expliquerait, suivant lui, son redoublement après chaque coup de tonnerre. A l’objection que, si cette théorie était vraie, il suffirait d’une seule explosion pour terminer l’orage, M. Jobard répond
- de la manière suivante : « ...... C’est une erreur,
- car chaque explosion ne peut enflammer que des portions de gaz déjà passées à l’état de grisou, et en supposant que le gaz soit dispersé par l’explosion, comme la poudre à l’air libre est dispersée par les fulminates, il s'ensuivrait que l’explosion ne ferait qu’aider à la formation d’une nouvelle portion de mélange, et ainsi de suite jusqu’à complet épuisement de la masse gazeuse, laquelle s’alimente sans cesse de nouveaux arrivages d’autant plus abondants, que la diminution de la pression atmosphérique est plus grande pendant les orages qu’en temps ordinaire, ce qui favorise le dégagement du gaz des houillères et par conséquent de celui des marais.
- « L’orage ne cesse qu’après le complet épuisement du grisou ou le déchirement des nuages qui le retiennent; car, dès qu’il se fait une trouée, que le ciel s’éclaircit, le gaz traverse librement la région des nuages et doit s’élever par delà des limites que la science assigne à l’atmosphère. »
- Eclaira à sillon persistant. — En outre des éclairs ordinaires, en zigzags, droits, bifurqués ou trifurqués, des éclairs en boule, des éclairs à chapelet, des éclairs diffus et des éclairs sans tonnerre, il en est une espèce signalée il y a peu de temps encore par les observateurs et qui est réellement curieuse; ce sont des éclairs dont la lumière subsiste pendant quelques instants sous la forme d’étincelles semblables à celles produites par une fusée volante. Les exemples rapportés de ces sortes d’éclairs sont peu nombreux, mais on pourra juger de leur caractère par les extraits suivants :
- « C’est surtout à sept heures du matin d’un jour de septembre, il y a environ quinze ans, dit, eh i858, M. J. Faivre d’Esnans, que j’ai pu observer de nombreux éclairs de cette sorte. Sorti à six heures du matin pour aller visiter un malade à une lieue de Baune, je marchai pendant environ trois quarts d’heure dans un vallon d’où je ne pouvais apercevoir que le levant; le soleil était blafard, une brunie blanche remplissait l’atmosphère, un calme parfait et une chaleur pesante me faisaient éprouver une lassitude inaccoutumée. Arrivé au sommet. de la montagne, j’aperçus du côté du midi une nuée noire évidemment orageuse, sur laquelle se mouvaient avec rapidité de petits nuages gris très diffus.
- « J’avais encore un kilomètre à parcourir pour parvenir à mon but, lorsque des coups de tonnerre très violents se firent entendre, et quelques gouttes d’eau, de la largeur d’une pièce de 5 fr., me forcèrent à suivre, pour 111e garantir, l’instinct de mon chien, qui se réfugia sous une haie de coudriers placée au fond d’un combe. De là, je pus observer l’orage qui, comme je l'appris le lendemain, occupait environ vingt lieues de surface. La foudre tombait à tout instant autour de moi; les éclairs étaient à peu près droits; quelques-uns se divisaient en deux ou trois branches, et j’en remarquai plusieurs dont la lumière subsistait accompagnée d'étincelles nombreuses et de couleur rouge ; le bruit qui les accompagnait était plus fort que celui des autres éclairs. Ces éclairs, dont la lueur subsistait, arrivaient directement sans faire de zigzags sur le sol. Enfin, à soixante pas de moi, tomba le dernier coup de tonnerre. Je vis la terre éclaboussée en tous sens, de même que l’aurait fait l’éclat d’une bombe, ce que j’allai examiner quand l’orage cessant me permit de sortir de ma retraite. La terre était enlevée de dessus le roc calcaire sous-jacent sur une étendue de 5o à 60 centimètres, et de cette ouverture partaient en tous sens des rayons disposés en étoile et où la terre était aussi soulevée à une profondeur moyenne de 40 centimètres sur 2 ou 3 mètres de longueur.
- « En i85i. au mois de juillet, vers les dix heures du soir, continue le même observateur, un orage violent grondait au nord de Baune, et le nuage ou plutôt des nuages épais se dirigeaient du sud-ouest au nord-est. Je montai sur une colline voisine, d’où je pouvais tout observer. Après quelques coups de tonnerre isolés, j’aperçus du côté de Besançon une lueur très vive qui, par des éclairs très vifs qui se succédaient de quatre en quatre secondes, se propageait de nuages en nuages et finit non sans produire de violentes détonations par aller incendier une maison à Belfort, distante de 8 myriamètres de Besançon. »
- D’un autre côté, un observateur anonyme signale, dans un journal scientifique anglais, plusieurs exemples de ces sortes d’éclairs; il attire spécialement l’attention sur Un de ces exemples dont il a été témoin pendant un orage qui a fondu sur Londres dans la nuit du 19 au 20 juin i858. Indépendamment des éclairs ordinaires qui éclatent en longs sillons de feu et disparaissent presqu’aussitôt sans laisser aucune trace après eux, il en a vu et observé avec beaucoup d'attention plusieurs qui persistaient pendant quelques instants cl ne disparaissaient que petit à petit après avoir pâli, puis s'être comme fondus en lumière granulaire, sans cependant changer de forme. Vers la fin de leur durée, ces sortes d’éclairs ne paraissaient plus former une ligne de feu continue comme les éclairs ordinaires; ils semblaient être une ligne composée de points
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- lumineux juxtaposés les uns à côté des autres, et avec des degrés d’illumination très différents.
- Quelle est la cause de ces sortes d’éclairs? elle est assez difficile à préciser. L’observateur anglais est porté à croire qu’ils sont dus à un état phos-phorique des molécules des nuages que traverse la décharge électrique, et il compare ce phénomène aux traînées lumineuses qu’on aperçoit sur le sucre et sur d’autres corps, après qu’on a fait passer au-dessus d’eux une décharge électrique. Mais d’oîi proviendrait cet état phosphorique des nuages qui se manifesterait instantanément à un moment donné ? Cette question serait touiours aussi difficile à expliquer.
- Tu. du Moncel.
- SUR UN INSTRUMENT DESTINÉ A MESURER
- . LES VARIATIONS DES
- CHAMPS MAGNÉTIQUES
- L’organe fondamental de mon galvanomètre est comme l’on sait un aimant permanent dans lequel se trouve une aiguille de fer doux polarisée et dirigée par cet aimant. Si l’on fait passer un courant électrique dans le cadre qui entoure l’aiguille, elle déviée d’une quantité qui dépend non seulement de l’intensité du courant mais aussi de l’énergie de l’aimant ou, comme l’on dit, de son moment magnétique. Il résulte de là que si cet élément variait avec le temps, un courant d’intensité constante produirait des déviations variables. Cette objection m’a été faite souvent et nombre de physiciens m’ont affirmé qu’un champ magnétique était chose essentiellement variable sans d’ailleurs me donner de preuves à l’appui de cette affirmation. Est-ce à cette opinion que l’on doit attribuer la faveur dont continuent à jouir les instruments de mesure (galvanomètres, boussoles des sinus, des tangentes, etc.) [fondés sur l’emploi du magnétisme terrestre malgré leur délicatesse, la lenteur de leurs indications, et la nécessité qu’ils imposent de les placer loin de toute masse magnétique ? Je ne sais; toujours est-il que frappé d’entendre toujours répéter cette même objection, je résolus de la soumettre au contrôle de l’expérience et j’imaginai au commencement de l’année dernière l’appareil représenté ci-contre et dont le but est de déceler les plus petites variations d’un champ magnétique.
- Il se compose d’un aimant en fer à cheval A (fig. 1 ) dans l’intérieur duquel est une pièce de fer doux B, identique comme forme et connue dimension à l'arête de poisson de mes galvanomètres à amplification. (La Lumière Électrique, 3o avril 1881.)
- Elle est mobile sur deux couteaux H,D supportés par des pièces d’acier trempé, de manière que le
- système ait une très grande mobilité et elle porte à son extrémité une poulie en laiton dont le centre coïncide avec l’arête des couteaux. Dans la gorge de cette poulie passe un fil aussi ténu que possible dont les deux brins se terminent, en E par un petit plateau, et en F par un poids destiné à équilibrer le plateau. Une aiguille DG mobile devant un cadran gradué sert à indiquer la déviation de l’arète de poisson.
- Avant d’indiquer comment on emploie cet appareil, il est bon d’étudier les conditions d’équilibre de l’aiguille B lorsqu’on place des poids dans le plateau E.
- Pour cela, commençons par supposer qu’il n’y ait aucun poids dans le plateau, et que l’aiguille B soit horizontale; exerçons alors, avec la main, un effort sur le plateau E, de façon à faire passer l’aiguille B par toutes les positions comprises entre l’horizontale et la verticale, nous constaterons que cet effort doit aller en croissant jusqu’au moment où l’aiguille B est déviée d’environ 45°; il parait ensuite sensiblement constant pendant quelques degrés, et, enfin, il décroît graduellement iusqu’à zéro, valeur qu’il atteint au moment où l’aiguille est verticale. Dans cette dernière position, son équilibre est essentiellement instable, et si on dépasse la verticale d’une quantité infiniment petite, le couple résultant de l’ensemble des efforts exercés sur elle par le champ magnétique change de sens, et elle culbute brusquement dans le sens même où où on la sollicite de manière à redevenir horizontale.
- L’évaluation rigoureuse du couple auquel elle est ainsi soumise dans chaque position n’est accessible au calcul, ainsi d’ailleurs que bien d’autres questions du même genre, qu’en faisant des hypothèses très éloignées de la réalité.
- Je m’abstiendrai donc de toute tentative de ce genre, et j’emploirai pour l’étude de cette question la méthode graphique, qui a l’avantage de parler aux yeux sans rien sacrifier de la rigueur et de la généralité des raisonnements.
- Portons sur deux axes rectangulaires OF et OD (fig. 2) des longueurs respectivement proportionnelles aux angles décrits par l’aiguille B, comptés à partir de l’horizontale, et aux poids qu’il faut placer dans le plateau E pour la maintenir en équilibre dans ses différentes positions. Soit OEF la courbe obtenue en prenant ainsi les angles pour abeisses et les efforts pour ordonnées. D’après ce qui vient d’être dit, il est facile de voir que cette courbe ressemble à une sinussoïde dont l’ordonnée maxima OD cor respondrait sensiblement à un angle de 45°. Si nous plaçons dans le plateau un poids représenté par la longueur OA, nous voyons qu’il y a deux positions d’équilibre possibles correspondantes à ce poids; la première représentée par l’angle AH, et la seconde par l’angle AA', mais il est facile de voir
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- que la position AH est la seule pour laquelle l’équilibre soit stable. Si, en effet, nous forçons l’aiguille à occuper la position représentée par la longueur BI (ou 0(3), l’effort magnétique tendant à ramener l’aiguille en arrière sera représenté par [A ; il sera donc plus grand que le poids placé dans le
- plateau, et qui est représenté par OA (ou aH); l’aiguille reviendra donc à la position O y. dès que nous cesserons d’exercer sur elle une pression supplémentaire; le même raisonnement nous montre qu’elle tend encore à revenir vers la position AH, si, au lieu d’aider à l’action du poids placé dans le
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- plateau E, nous exerçons un effort en sens inverse. Cette position AH est donc une position d’équilibre stable, puisque l’aiguille tend toujours à y revenir quand on l’en écarte un peu. Il est facile de voir, en appliquant les mêmes considérations à la position OA', qu’elie est, au contraire, instable,
- c’est-à-dire que le moindre écart de l’aiguille en deçà ou au-delà de cette position la fait chavirer du côté où l’écart a eu lieu. Enfin, si nous examinons la position DE correspondante à l’effort maximum, nous voyons que l’équilibre est stable si l’on force l’aiguille à revenir vers la position horizontale, mais instable si l’on augmente infiniment peu sa déviation, ce qui, pratiquement, signifie que le moindre ébranlement la fera chavirer vers OF.
- Supposons maintenant que pour une cause quelconque l’intensité du champ magnétique ait diminué , il en résultera que le poids qu’il faudra placer dans le plateau pour maintenir l’aiguille dans uue position telle que Oa sera moindre que aH; la courbe OGF correspondant à cette nouvelle valeur du champ magnétique aura donc toutes ses ordonnées inférieures à celles de la courbe OEF. Etudions maintenant les conséquences de cette modification dans la forme de la courbe OEF, et supposons que nous placions dans le plateau un poids représenté par OA, la position d’équilibre de l’aiguille, qui aurait été représentée par AH si le champ magnétique n’avait pas changé, devient maintenant AK, c’est-à-dire que l’angle qu’elle fait avec l’horizontale devient beaucoup plus grand. Enlevons maintenant le poids OA, et remplaçons-le par un poids plus considérable OB, tel que la droite BG soit tangente en G à la courbe OGF. Nous voyons qu’avec l’intensité primitive du champ magnétique la position d’équilibre correspond à un angle BI (ou Op), tandis qu’avec la nouvelle .intensité cette position d’équilibre devient celle par laquelle le moindre ébranlement communiqué à l’aiguille détermine son chavirement vers F. Enfin, si nous remplaçons le poids OB par un poids plus fort OC, la position d’équilibre correspondant à la première intensité du champ magnétique sera représentée par l’angle CL (ou Oy), tandis qu’il n’y a plus aucune position d’équilibre possible dans le second cas.
- Il est facile de conclure de là que' si l’on charge le plateau de poids suffisants pour que la position d’équilibre de l’aiguille se rapproche beaucoup de celle où elle chavire, une diminution extrêmement petite dans l’intensité du champ magnétique amènera ce chavirement. Cet instrument permet donc d’analyser avec une très grande délicatesse les moindres variations dans l’intensité du champ magnétique d’un aimant.
- Je vais maintenant décrire quelques-unes des expériences qu’il permet de réaliser.
- Tout d’abord, si on charge le plateau de poids suffisants pour produire, par exemple, une déviation voisine du point de chavirement, et qu’on l’abandonne ehsuite à lui-même, cette déviation conserve la môme valeur pendant des semaines entières, ce qui démontre que le champ magnétique n’éprouvé aucune variation spontanée.
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- L’instrument ayant été réglé comme il vient d’être dit, si on chauffe l’aimant avec un bec de gaz, on voit bientôt l’aiguille se déplacer doucement vers la position de chavirement, et l’atteindre lorsque l’aimant a acquis une température de 60 à 70° environ. Si on enlève alors le poids qui est dans le plateau, et qu’on le replace lorsque l’aimant est redevenu froid, l’aiguille reprend sa position primitive. Donc, l’intensité du champ magnétique diminue quand on chauffe l’aimant, mais elle reprend exactement sa valeur primitive quand la température redevient ce qu’elle était avant réchauffement.
- On peut constater de même que le passage d’un courant, ou l’introduction de masses magnétiques, même faibles, dans le voisinage de l’aimant (et cela dans un rayon de plus d’un mètre), modifient d’une façon appréciable l’intensité du champ magnétique, mais que ces modifications cessent avec la cause qui les a produites.
- Ces modifications temporaires sont d’ailleurs toujours extrêmement petites, et leur constatation est le meilleur témoignage que l’on puisse donner de l’extrême sensibilité de l’instrument.
- Je n’entrerai pas dans le détail de toutes les expériences qu’il m’a permis de réaliser, et je me bornerai à dire qu’elles m’ont conduit à conclure que l'intensité du champ magnétique d’un aimant est aussi stable que la force élastique d’un ressort, à moins qu’on ne soumette tout exprès l’aimant à des épreuves extraordinaires (et qu’il n’est jamais exposé à subir dans mon galvanomètre), de même que l’élasticité d’un ressort est altérée qua-nd on lui impose des charges excessives.
- Marcel Deprez.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LES BUREAUX TÉLÉPHONIQUES
- AUTOMATIQUES
- APPAREIL CONNOLLY ET MAC TIGIIE
- La communication entre les différents abonnes d’un réseau téléphonique exige la présence dans un bureau central d’un employé chargé de mettre en relation les abonnés les uns avec les autres au fur et à mesure qu’ils le demandent. Cet intermédiaire est une cause de frais pour les compagnies et il était naturel de chercher à le remplacer par une disposition mécanique telle que chaque abonné pût, par une manœuvre convenable de l'appareil placé chez lui, mettre en communication sa ligne avec celle de l’un quelconque des autres abonnés du même réseau.
- Plusieurs appareils ont été imaginés dans ce but
- et trois d’entre eux, ceux de MM. Connolly frères et Mac Tighe, Leduc et Bartelous, figuraient à l’Exposition internationale d’Electricité. Nous décrirons d’abord l’appareil de MM. Connolly et Mac Tighe.
- La fig. 1 montre le dispositif général du système : les appareils d’abonnés, indiqués sur la figure par les numéros de 1 à 18, sont tous reliés d'une part à une pile locale et au sol, d’autre part à une ligne simple aboutissant à l’appareil central ou bureau central automatique. Chacune de ces lignes prend d’abord terre au bureau central tant que le courant actionne les organes destinés à établir la communication voulue avec une autre ligne, mais la relation avec le sol en ce point est supprimée dès que les deux lignes se trouvent mises en communication.
- Les organes du bureau central qui ont pour but d’établir ainsi les communications sont mis en
- 1
- mouvement par l’émission de courants successifs fournis par les piles locales des abonnés. Chaque appareil privé comprend tout d’abord à cet effet un dispositif tout à fait analogue à celui du transmetteur du télégraphe à cadran de Bréguet qui agit en établissant et interrompant successivement le courant de la ligne. Le jeu de ce genre de transmetteurs étant très simple et bien connu, nous ne nous y arrêterons pas pour le moment et nous décrirons d’abord l’ensemble des appareils sur lesquels agissent ces courants et dont la réunion constitue le bureau central.
- Cet ensemble est représenté dans la fig. 7, il comprend quatre catégories d’organes dont chacun est répété autant de fois qu’il y a d’abonnés dans le réseau. Ces organes sont : des relais E,E, sur lesquels agissent tout d’abord les courants de ligne ; des électro-aimants F,F..., actionnés par une pile centrale et commandés parles relais E,E... ; des roues R, R..., montées surle môme axe vertical et qui peuvent tourner indépendamment l’une de l’autre sous l’action des mouvements des armatures
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- des électros F,F... ; enfin des tiges verticales, dites tiges de contact.
- A chaque ligne correspond donc un relais, un électro-aimant, une roue et une tige de contact. Les relais sont disposés en cercle sur le socle de l'appareil, les électro-aimants sont fixés à diverses hauteurs sur. Je bâti de l’appareil afin que chacun d’eux soit au même niveau que la roue qui lui correspond, enfin les tiges verticales forment comme les barreaux d’une cage cylindrique entourant les roues.
- Sur un cercle isolant placé au pied de l’appareil sont disposées des paires d’incrustations métalliques, une paire poiir chaque ligne, et la plus longue des deux incrustations est reliée d’une façon permanente avec la ligne. Ces deux incrustations et d’autres organes que nous décrirons plus loin, constituent pour chaque ligne un commutateur ayant pour but de relier la ligne soit yvyc • son relais,- soit avec sa tige de contact.
- Normalement le circuit de chacun des électro-aimants F, F..., est ouvert, il se ferme chaque fois que , . • f
- l’armature du relais
- correspondant est attirée et, chaque fois qu’il se ferme, l’armature de l’électro F est attirée et, par l’intermédiaire d’une tige T (fig. 2), fait avancer une roue à rochet placée au-dessous de la roue R correspondante.
- Les passages de courant dans les relais, et par suite dans les électros, correspondant aux mouvements du manipulateur placé chez l’qbonné, on voit qu’un point donné de la roue R, celui qui porte un petit bras H par exemple, suivra exactement le mouvement angulaire d’un point correspondant de
- Pile centrale
- la roue dentée de ce manipulateur. De là la possibilité pour l’abonné de faire arriver ce bras H dans la position qui lui plaira et cela par un mouvement de synchronisme tout à fait semblable à celui d’un télégraphe Bréguet.
- Chaque roue se compose de deux disques superposés et séparés par une matière isolante. L’inférieur est en contact permanent avec l’axe et par
- là avec le sol, le supérieur est isolé. C’est sur celui-ci qu’est fixé le petit bras H dont nous venons de parler. Dans sa position normale, ce petit bras est main-tenu légèrement oblique à la circonférence de la roue; quand celle-ci tourne, il peut s’incliner d’un côté en faisant mouvoir un appendice qu’il porte de l’autre côté de l’axe sur lequel ilpeut pivoter ; normalement cet appendice met le bras H en relation avec la roue inférieure et par conséquent avec le sol, mais quand le bras s’incline d’une certaine quantité, ce contact est supprimé.
- Les tiges de contact sont représentées plus spécialement dans la fig. 3. Chacune d’elles se compose d'une 2 tigeTpivotéeàses
- deux extrémités sur des pièces isolées et portant sur deux traverses une tige plus petite J. Dans la fig. 2, où l’on a figuré seulement les organes nécessaires à la communication entre deux abonnés donnés, deux de ces tiges avec leurs traverses sont représentées en M et M'. Une troisième est figurée en contact avec le bras H. A sa partie inférieure, chaque tige T porte deux bras, l’un isolé, l’autre communiquant avec la tige. Le bras isolé peut venir toucher les deux incrustations métalliques fixées sur l’anneau isolant S et, par leyr réunion, mettre en communication la
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- ligne avec le relais; ou bien le bras non isolé peut rester seul en contact avec l’incrustation de la ligne et relier ainsi cette dernière à la tige de contact.
- Quand une roue R tourne, son bras H, muni à son extrémité d’une partie creusée cylindriquemeiit, saisit au passage toutes les tiges J qu'il rencontre et les déplace ; mais elles reprennent leur position première sous l’action d’un ressort, tant que la roué continue à tourner. Lorsque le bras H est arrivé à la tige voulue et que le mouvement de la roue s’arrête, la tige en prise se trouve déviée de sa position normale de sorte que les bras des autres roues ne peuvent plus la saisir.
- L’appareil central étant à l’état de repos, le
- FIG. 3
- tourant de là ligne qui appelle entre, par exemple, par le fil marqué i au bas de la fig. 2. Il arrive aux deux incrustations 1 (qui à ce moment sont reliées par le frotteur isolé de la tige correspondante), revient au relais E, le traverse, puis, suivant la direction indiquée par les flèches, vient à la tige O d’où part un ressort frottant sur le disque supérieur de la roue R. Comme à ce moment l’appendice du bras H met le disque supérieur en communication avec le disque inférieur, le courant prend terre par le bâti de l’appareil. Cet état de choses se maintient tant que la roue tourne. Lorsqu’elle s’arrête, le bras H se trouve en prise avec la tige correspondant à la ligne avec laquelle la communica-xtion est demandée; l’appendice de H est alors dévié et ne fait plus contact avec le disque inférieur de la roue. Par conséquent la communication avec le sol est supprimée. Le courant passe alors par le bras H et la tige en prise et arrive aux incrustations B. En raison du mouvement de la
- tige de contact, ses bras inférieurs sont maintenant disposés de telle façon que la plus grande incrustation seule est reliée à la tige et comme elle est en communication avec la ligne, le courant se trouve lancé dans cette ligne. Dès ce moment, l’abonné qui a fait fonctionner l’appareil se trouve relié avec celui avec lequel il voulait se mettre en relation, et il peut l’appeler et entrer en conversation téléphonique avec lui.
- Pendant le mouvement de la roue, le]} bras H vient, comme nous l’avons dit, saisir successivement toutes les tiges avant d’arriver à celle avec laquelle il doit rester définitivement en contact. Il y a donc chaque fois mouvement de ce bras et de son appendice, et, par conséquent, suppression de
- PIG. 4
- la communication avec le sol; le çourant est donc,, pendant un instant, lancé dans chacune des lignes, mais cette dérivation n’empêche pas le fonctionnement du relais.
- Quand une tige est en prise, elle se trouve écartée de sa position normale, et ne peut plus être saisie par aucun autre bras ; la ligne attaquée ne peut donc pas être supprimée accidentellement du circuit, mais il faut qu’il en soit de même de la ligne qui attaque; pour cela, chaque tige de contact porte, à la hauteur de la roue de sa ligne, un petit levier terminé par un galet C, qui s’appuie sur l’isolant de la roue. Quand la roue est au repos, le galet C entre dans une encoche (v. fig. 5), et la-tige se trouve maintenue dans la position convenable pour qu’elle puisse être saisie par un bras quelconque. Mais dès que la roue tourne, le galet sort de l’encoche, et la tige est écartée de sa position assez pour ne plus se trouver en pirise, mais pas assez cependant pour que la communication entre les deux incrustations correspondîtes cesse d’exister. Enfin, la tige de contact d’u*fe ligne don-
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- née ne doit pas pouvoir être saisie par le bras de la roue qui correspond à cette même ligne. C’est pourquoi chaque tige de contact porte à la hauteur de la roue une encoche (fig. 4) qui permet au bras de passer sans la saisir.
- L’appareil placé chez les abonnés est représenté
- Terre i
- FIG. 5
- schématiquement dans la figure 5, et en perspective dans la figure 6. Sa partie principale consiste en une roue dentée F qu’un mouvement d’horlogerie tend à mettre en mouvement. Les dents de cette roue soulèvent et laissent retomber alternativement un ressort r fermant d’une façon intermittente le circuit de ligne normalement ouvert, et produisent ainsi le courant interrompu qui fait fonctionner
- l’appareil central. Cette roue dentée est couverte par un cadran sur lequel sont i'nscrits des nombres correspondant aux différentes lignes du réseau. Les points où sont placés ces chiffres divisent" le cadran en parties égales, et en face de chacun d’eux le cadran est percé d’un trou dans lequel on peut enfoncer une cheville. La roue dentée porte un taquet M qui peut venir buter contre cette cheville et produire ainsi l’arrêt de la roue.
- Quand l’appareil est dans sa position de repos, la cheville est enfoncée dans le trou situé en face
- FIG. .6
- du numéro affecté à la ligne dont cet appareil fait partie, et, dans le bureau central, la roue de cette ligne occupe la position correspondante, c’est-à-dire que son bras H se trouve en face de l’encoche de la tige de contact de la même ligne. Si l’abonné veut correspondre avec un autre, il déplace la cheville et la porte dans le trou placé en face du numéro de ce dernier abonné. La roue dentée peut alors se mouvoir jusqu’à la cheville; par suite, la roue correspondante du bureau central se meut de la même façon, et le bras H s’arrête à la tige voulue; les deux abonnés sont alors en communication. Mais la roue dentée entraîne dans son mouvement une pièce de constructionjspéciale qui constitue un véritable commutateur; un bras partant de ce commutateur vient, en même temps que le taquet, buter
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- contre la cheville; dans ce mouvement, il se trouve déplacé et change le sens du courant. Ce changement de sens est nécessaire, parce que si le courant restait dans le même sens pour les opérations subséquentes, le relais serait de nouveau affecté par son passage et la communication serait troublée. De cette façon, le relais n’étant pas sensible aux courants inverses, la communication peut avoir lieu sans interruption. Dans la figure 5, ce commutateur est indiqué, mais on n’a pas jugé utile
- d’y faire figurer ses. communications avec la pile et la ligne.
- A l’état de repos, les communications de chaque appareil d’abonné sont sur sonnerie, c’est-à-dire quê l’appareil est prêt à recevoir l’appel de l!une quelconque des autres lignes.
- Quand un abonné s’est mis en communication avec un autre, la première, opération qu’il doit faire est d’appeler son correspondant. Il le fait en appuyant sur uh bouton Q qui fait commutateur,
- FIG. 7. — APPAREIL DE MM. CONNOLLY ET MAC TIGHE
- change la disposition des communications de l’appareil, et envoie dans la ligne un courant continu qui produit l’appel chez le second abonné préalablement mis en communication avec le premier. Ce bouton ne doit être poussé que quand le ressort r ne touche pas la vis V et n’établit pas en ce point de relation avec la ligne.
- Une fois que l’appel est produit, l’abonné appelé répond de la même façon en pressant le bouton Q de son appareil. Le courant qui produit signal de réponse est de sens tel qu’il agirait sur le relais de la ligne appelée, si ce relais était dans le circuit ; mais il est de sens contraire à celui qu’il devrait avoir
- pour agir sur le relais de la ligne qui appelle. Il n’affecte donc pas ce dernier qui seul est resté compris dans le circuit.
- L’appel et sa réponse étant ainsi produits, les deux abonnés prennent chacun en main leur récepteur téléphonique R suspendu à un double crochet C. L’action de prendre ce téléphone à la main change encore une fois les communications et celles-ci se trouvent disposées pour que la conversation ait lieu à l’aide des deux récepteurs P et des deux transmetteurs R.
- Quand la conversation est terminée, les deux interlocuteurs n’ont plus qu’à suspendre de nouveau
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- les téléphones à leurs crochets respectifs. Celui qui a appelé doit, en outre, remettre la cheville dans son trou normal. La roue dentée F reprend alors sa position primitive; dès qu’elle commence à se mouvoir, le bras du commutateur n’appuyant plus sur la cheville le courant reprend sa direction primitive et peut affecter le relais correspondant. La roue. R se meut alors et le bras H revenant à sa
- position primitive, l’appareil est prêt à fonctionner de nouveau. Le trou du cadran dans lequel se place la cheville à l’état de repos est un peu plus éloigné du centre que les autres, afin qu’au repos la cheville n’agisse pas sur le commutateur.
- On voit que les appareils d’abonnés renferment toutes les dispositions d’un poste téléphonique ordinaire. La portion originale qu’ils contiennent cou-
- FIG. 8. — PAVILLON DE MM. CONNOLLY ET MAC TIGHE A l’EXPOSITION
- siste dans la roue dentée, et ses accessoires, destinés à produire les mouvements des roues R, dans l’appareil central.
- La figure 8 représente l’appareil Connolly et Mac Tighe tel qu’il était installé à l’Exposition du Palais de l’Industrie, dans une construction dont le bureau central occupait le milieu, les appareils d’abonnés étant disposés tout autour à l’intérieur, et les boîtes de piles locales à l’extérieur de la-construction.
- Le système Connolly et Mac Tighe pourrait donc
- remplacer, jusqu'à un certain point, un employé ; mais il ne faut pas se dissimuler qu’il ne pourra être appliqué à un réseau téléphonique un peu étendu.
- Nous ne croyons pas qu’il soit facile de l’étendre à plus d’une vingtaine d’abonnés. Passé ce nombre, en effet, l’appareil deviendrait d’une très grande complication, et cette complication serait certainement au détriment de son fonctionnement.
- Ce serait donc surtout dans de petites localités que cet appareil pourrait être appliqué, mais c’est
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- principalement dans ce cas qu'il serait utile, parce qu’alors le petit nombre des abonnés ne suffirait pas à occuper un employé.
- En ce qui concerne même le fonctionnement de l’appareil pour un nombre restreint d’abonnés, une dizaine par exemple, nous ne croyons pas qu’il puisse présenter une sécurité absolue. D’une part, des perturbations pourront se produire du fait des abonnés qui seront susceptibles d’oublier de remettre en place leur cheville. D’autre part, il est certain que dans un appareil de ce genre, il peut se produire des ratés et on ne peut se fier d’une façon absolue à un mécanisme laissé ainsi complètement sans surveillance.
- Dans le prochain article, nous donnerons la description des deux autres appareils destinés à établir automatiquement la communication entre plusieurs abonnés, ceux de M. Leduc et de M. Bartelous.
- (A suivre.) A. Guerout.
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- APPLIQUÉ AUX TRAVAUX DE CONSTRUCTION
- L’électricité, qui rend aujourd’hui les plus signalés services dans presque toutes les branches,, de l’industrie, devient aussi un puissant auxiliaire des constructeurs, surtout dans les grandes villes où le dicton populaire anglais time is money est si bien applicable.
- Dans les centres comme Paris, Londres, New-York et bien d’autres, les maisons destinées au commerce et à l’industrie représentent des valeurs considérables, et lorsqu’à la suite d’un sinistre causé par l’incendie ou pour remanier l’aménagement des locaux, on doit entreprendre des travaux un peu considérables, il est de la plus haute importance de perdre le moins de temps possible, et, pour cela, de travailler aussi bien la nuit que le jour. Les divers systèmes d’éclairages électriques permettent maintenant de résoudre facilement ce problème, et nous avons déjà vu à Paris, dans ces dernières années, quelques grands chantiers de construction suffisammant éclairés pour faciliter la continuation des travaux jusqu’à une heure avancée de la nuit, sinon jusqu’au lendemain.
- On se rappelle encore certainement la construction de la première partie de l’hôtel du Crédit lyonnais. Pour cet édifice, une grande administration, ne reculant devant aucun sacrifice, voulait arriver vite; aussi, grâce à une immense cage vitrée, surmontée d’une toiture légère et chauffée par de puissants calorifères, avait-on bravé les intempéries de la mauvaise saison, tandis que la lumière électrique faisait disparaître
- la nuit. On a repris l’année dernière d’importants travaux pour l’achèvement de ce palais de la finance, et c’est encore l’éclairage par les procédés électriques qui a permis de pousser aussi activement l’ensemble de l’œuvre.
- Dernièrement aussi, rue Sainte-Anne, la maison dans laquelle avait été installée l’entreprise des Transports Parisiens fut transformée de fond en comble dans un très court espace de temps, grâce aux tra-. vaux de nuit éclairés électriquement.
- Toutes les fondations de l’Eden-Théâtre, rue Boudreau, ont pu être installées malgré les courtes journées de l’hiver, parce que les architectes ont eu l’heureuse idée d’employer lesressources que la science nouvelle tient à leur disposition. 1
- Enfin, parmi les constructions actuellement en cours d’exécution, nous citerons les grands magasins dp printemps à l’angle du boulevard Hauss-mann et de la rue du Havre. Ces magasins, détruits en grande partie par le terrible incendie que tout le monde se rappelle à Paris, seront bientôt réédifiés en entier, car l’on peut déjà voir, à travers lés échafaudages extérieurs, des marchandises et de nombreux colis installés au premier étage.
- C’est la bougie Jablochkoff qui a éclairé les travaux de nuit ; dès le début, une machine locomobile de six chevaux-vapeur avait été amenée et placée derrière la clôture établie rue du Havre; cette locomobile, qui sert aujourd’hui à l’ascension des mà-tériaux, faisait tourner une machine alternative Gramme et son excitatrice pour alimenter huit foyers disposés dans les charpentes. Sur quatre chandeliers, on avait placé des globes opalins; quatre autres portaient les bougies sans aucune enveloppe; seulement, un réflecteur avait été placé à la partie supérieure pour renvoyer plus spécialement la lumière vers les endroits où se trouvaient les ouvriers. C’est cette partie du chantier que représente le dessin ci-contre.
- L’éclairage électrique n’a guère servi aux maçons que jusque vers six heures du soir; mais, pour la pose des charpentes de fer, on a toujours maintenu la lumière jusqu’à minuit environ.
- Aujourd’hui que la façade 'est déjà montée jusqu’au deuxième étage, les foyers extérieurs ne sônt plus employés, et c’est dans les magasins mêmes que l’installation électrique se continue; La machine à vapeur, forte de vingt-cinq chevaux, est placée dans les caves, où se trouvent aussi deux machines Gramme pouvant produire vingt foyers chacune.
- Pour le moment, quatorze bougies seulement sont employées dans les locaux du rez-de-chaussée, mais à mesure que les travaux s’achèveront, de nouveaux foyers doivent être installés.
- C.-C. Soulages.
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- ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE DES TRAVAUX DES MAGASINS DU
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- L’ÉTALON LUMINEUX
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- Officiellement, il y a toujours deux étalons de lumière, la lampe carcel pour la France, les bougies de spermaceti pour l’Angleterre, l’Allemagne et la plupart des autres nations.*
- Scientifiquement, il est de plus en plus douteux qu’il y en ait un seul. En tous cas, il est actuellement incontestable que là bougie de spermaceti ne doit plus compter.
- J’ai déjà eu occasion, il y a deux ans (i 5 mai 1880), de citer des expériences faites par feu M. Schwendler à propos d’un étalon électrique de lumière qu’il proposait. Il avait trouvé dans ce travail que la bougie étalon pouvait varier de 6 à 5o pour cent. Une commission anglaise, constituée par le Board of Trade, a été chargée de reprendre la question, et a obtenu des résultats très frappants. Elle a vu d’abord que toutes les circonstances, même les plus légères, influent sur la lumière produite : tressage et compression de la mèche, nature de la matière qui l’imprègne ; de plus, toutes choses étant aussi égales que possible, deux opérateurs différents obtiennent des résultats qui peuvent différer de i5pour cent. Mais elle a vu des faits bien plus graves; malgré les indications précises données sur la construction de ces bougies, la composition chimique n’en est pas constante; on y introduit forcément, pour solidifier la pâte, un peu de cire d’abeilles dont la proportion est assez variable, et, d’ailleurs, le spermaceti n’est pas toujours identique à lui-même, son point de fusion n’est pas absolument fixe. En somme, et par suite de toutes ces circonstances, on a trouvé des variations s’élevant jusqu’à 22 pour cent. En général, on trouvait entre les bougies d’un même paquet une concordance relative, c’est-à-dire des variations ne dépassant pas 5 à 6 pour cent ; mais entre des bougies de paquets différents, la discordance devenait complète. Le comité ajoute d’ailleurs qu’en supposant éliminées toutes ces causes d’erreur, on en aperçoit d’autres impossibles à éliminer, telles que la courbure de la mèche, l’état de la petite coupe qui se forme à son pied dans la matière fondue, etc.
- Ces résultats sont confirmés par des expériences récentes de M. Giroud; celui-ci s’est entouré de beaucoup de précautions; il a trouvé que deux bougies réputées semblables n’étaient qu’exceptionnel-lenient égales, et qu’une même bougie pouvait va: rier de 55 pour cent de sa valeur lumineuse.
- Le comité anglais conclut que la bougie de spërmaceti est un étalon si peu digne de confiance qu’il est urgent d’en introduire un autre. Il est évident que le comité a complètement raison et qu’il faut aviser.
- Le comité ne propose pas la lampe carcel, et,
- pour ma part, je ne saurais le désapprouver, car vraiment il n’y a giière de motifs de croire qu’elle soit bien supérieure à la bougie. Elle n’a pas été soumise, que je sache, à des expériences précises analogues à celles que je viens d’énumérer, mais on peut raisonner d’après ce qu’on sait, et l’on peut s’appuyer justement sur les détails que dont nent les physiciens qui ont coutume de s’en servir et en sont restés partisans. Ceux qui ont assisté au Congrès se souviennent des désaccords qui s’élevèrent entre M. Dumas et M. Allard, directeur des phares, au sujet de la quantité d’huile que doit brûler la lampe étalon: l’un disait: « 42 grammes est larègle<deFresnel, et il faut s’y tenir »; « cela est bon en théorie, disait l’autre; en réalité, la lampe à 42 grammes n’en brûle que 40, et c’est la base que nous prenons ». M. Crova, très expérimenté dans cette matière, et qui intervint utilement dans la discussion au Congrès, publie aujourd’hui une étude sur ce sujet; il estime que la lampe carcel est encore le moins mauvais des étalons ; c’est une bien faible approbation, et on pourrait encore faire beaucoup de réserves sur ses arguments; par exemple, il est d’avis que la pureté de l’huile de colza'peut être contrôlée; je crois tout le contraire; les produits végétaux sont rarement de composition constante; ils sont d’ailleurs éminemment modifiables par les actions extérieures. et même par l’action seule du temps. M. Crova recommande du reste’une série de précautions dont le nombre et la minutie ne sont pas faits pour rassurer. Je suis fort porté à croire qu’un opérateur faisant usage du même appareil alimenté par de l’huile d’une origine constante, traité toujours de la même façon, peut obtenir des résultats très comparables, mais je suis très convaincu en même temps que deux opérateurs différents, exécutant le même mesurage, ont très peu de chances de se rencontrer; dans le fait, le résultat me donne raison, car nous n’avons pas, je crois, une seule évaluation lumineuse sur laquelle tout le monde soit d’accord.
- Le comité anglais considère comme plus régulier, plus pratique, et recommande un étalon proposé depuis déjà assez longtemps par M. Vernon-Harcourt. Cet étalon est une flamme d’un gaz particulier, obtenu en mélangeant à proportions définies de l’air et de la vapeur d’hydrocarbure. M. Vernon-Harcourt définit avec soin le liquide à employer, qui est une essence de pétrole distillée à une certaine densité. La proportion d’air insufflé est fixée ainsi que la dimension de l’orifice du brûleur et la hauteur de la flamme. Les expériences du comité le portent à considérer ce type comme présentant une constance satisfaisante; au point de vue électrique, il est d’ailleurs plus • rapproché de la couleur de l’arc que les flammes fournies par la combustion de l’huile.
- D’autre part, il existe en France depuis assez
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- longtemps également un étalon du même genre, l’étalon Giroud, obtenu au moyen du gaz ordinaire d’éclairage.
- Dans l’étude qu’il a faite de cet appareil, M. Giroud établit que « les changements passagers produits par la. fabrication, dans la composition chimique du gaz, aussi bien que les altérations provoquées par des mélanges, n’exercent d’influence que sur le volume à dépenser pour obtenir une flamme de longueur donnée, mais nullement sur l’intensité propre de cette flamme qui reste constante à la même longueur, alors même que le pouvoir absolu , du gaz employé aurait été altéré de 3o pour cent. »
- Ce principe serait important à contrôler d’une façon absolument complète; il fournit un argument très précieux en faveur des étalons lumineux obtenus par le gaz. M. Crova discute ces appareils principalement en raison de la composition variable du gaz ; cette objection se trouve écartée. Les autres réserves relatives aux grains de poussière obstruant les orifices, etc., me • paraissent médiocrement importantes attendu qu’on doit supposer qu’on fait usage d’un appareil en bon état et bien surveillé, attendu aussi qu’elles seraient à fortiori applicables aux becs Carcel.
- Je n’ai pas vu l’étalon Vernon Harcourt, il présente une circonstance avantageuse, c’est que la composition du gaz brûlé se fait artificiellement et par conséquent peut être constante : il est vrai que d’autre part cette préparation elle-même peut entraîner des erreurs. Il faudrait voir et manier l’appareil pour le bien juger. Je connais l’étalon Giroud; il n’est pas sans complication. Son emploi comporte plusieurs opérations; on commence par vérifier la composition du gaz en examinant combien de temps un volume donné peut entretenir une flamme déterminée; on règle en conséquence la vitesse de l’écoulement, à l’aide d’un rhéo-mètre, de manière que la flamme étalon ait exactement omob75. Cela fait une préparation un peu complexe, cela est vrai, mais chacune des opérations est précise, presque mécanique, rien n’est laissé à l’arrangement personnel de l’opérateur. Les mesures que j’ai vu prendre avec cet étalon m’ont paru bien concordantes; il serait utile d’en faire plus d’usage; il a sur celui de M. Vernon Harcourt l’avantage d’une simplicité relative; et si le principe sur lequel il repose est absolu, comme cela semble suffisamment établi, sa rigueur serait égale à celle de l’autre étalon. En tous cas il serait utile de le comparer avec lui-même et avec l’étalon Carcel pour avoir une idée de leur valeur respective.
- Tout cela ne nous donne pas encore le véritable étalon : cela ne constitue jamais que des unités arbitraires, plus ou moins satisfaisantes mais 11’ayant aucun rapport avec le système des unités absolues. On indique quelques moyens consistant à prendre
- des surfaces de métaux fondus portés à des températures déterminées; ces procédés ont tous de graves inconvénients; on pourrait peut-être chercher dans la voie de l’étalon Schwendler, c’est-à-dire dans la direction des lampes à incandescence, allumées par un courant déterminé; mais de ce côté aussi il y a des difficultés. L’un des obstacles qu’on signale toujours est la couleur : j’avoue que je ne comprends pas qu’on s’y arrête, il n’y a pas à essayer de supprimer une difficulté qui est dans le fond même des choses; on aura beau travailler, on 11e fera pas que deux choses différentes soient semblables. Les procédés qu’on indique consistent tous à ne pas voir la difficulté pour ne pas avoir à la vaincre; je n’insiste pas sur celui qu’avait proposé au Congrès M. Crova, il est au moins d’allure scientifique, mais je ne puis m’empêcher de citer le petit moyen de M. Allard qui conseille de cligner les yeux, ce qui rend les deux lumières grises et par suite semblables ; pourquoi ne pas les fermer tout à fait, les lueurs seraient encore bien plus ressemblantes. Il n’y a qu’une chose à faire, accepter franchement l’analyse spectroscopique, construire un photomètre commode pour cela ; ce n’est pas un problème insoluble, celui qu’avait proposé M. Cornu paraît très bien disposé et donne, ce me semble, une solution très convenable sinon parfaite. Il reste à trouver un étalon aussi riche que possible en couleurs du spectre.
- En attendant, les étalons à gaz paraissent présenter de réelles qualités; la conclusion du comité anglais est une sérieuse présomption en leur - faveur, il y aurait certainement lieu de les mettre en expérience.
- Frank Geraldy.
- BIBLIOGRAPHIE
- Le Téléphone, par M. Th. du Monce'l, 40 édition.
- (Bibliothèque des Merveilles, de M. Hachette.)
- De toutes les nouvelles applications électriques, celle qui a pris le plus d’extension et qui a provoqué le plus de recherches, c’est bien certainement la téléphonie. Aujourd’hui c’est toute une science qui pour être développée convenablement ne nécessite pas moins de deux volumes. C’est ce que nous montre l’ouvrage de M. Th. du Moncel, sur les téléphones, dont la maison Hachette vient de publier une quatrième édition. Cette fois le téléphone proprement dit avec ses différentes formes et ses differentes applications comprend tout un volume de 3go pages, illustré de 141 gravures. Le microphone, le radiophone et le phonographe se trouvent réunis dans un second volume qui ne sera pas moins considérable que le premier et qui sera
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- tout aussi intéressant. On comprend difficilement qu’en si peu de temps une invention ait produit tant de recherches importantes.
- Le premier volume de l’ouvrage de M. du Mon-cel est divisé en quatre parties.
- Dans la première, on traite la question des téléphones du genre Bell sans pile dont on fait un historique complet, après avoir décrit les téléphones musicaux qui en ont été le point de départ. O11 montre les différentes formes qui ont été données à ces appareils, les différents systèmes d’intalla-tion qui ont été proposés et les différents systèmes d’avertisseurs qui les accompagnent.
- La seconde partie est consacrée aux téléphones à pile qui comprennent les téléphones à charbon, les téléphones à transmetteurs liquides, les téléphones à arcs voltaïques. Mais on a eu soin de faire précéder les descriptions de tous les appareils de considérations sur les meilleures conditions de leur construction, d’association des éléments de pile, de la disposition des contacts, de la combinaison des circuits, de la résistance des récepteurs, etc. Toutes les nouvelles dispositions des systèmes téléphoniques d’Edison, de Crossley, d’Ader, de Maiche, de Boudet de Paris, de Gotver, de Herz, de d’Arsonwal, etc., y sont longuement développées, ainsi que les expériences auxquelles ces systèmes ont donné lieu, et leur application aux auditions théâtrales y est longuement traitée. De nombreuses et belles figures facilitent la compréhension de tous ces appareils et de toutes ces expériences.
- La troisième partie se rapporte aux diverses expériences téléphoniques faites dans le but d’étudier les divers effets qui sont en jeu dans ce genre de transmissions électriques, et d’en tirer des déductions pour l’amélioration de la construction des instruments. La théorie du téléphone y est longuement développée, et comme conséquence de cette théorie, on fait une longue description de tous les systèmes téléphoniques basés sur des actions autres que celles qui sont en jeu dans le téléphone Bell. C’est ainsi qu’on y trouve les téléphones à fils de fer sans diaphragme, les thermophones, les condensateurs parlants, les téléphones . à friction, à mercure, etc., etc.
- Enfin, la quatrième partie est consacrée aux bureaux téléphoniques et aux applications du téléphone. Cette partie, surtout en ce qui concerne les bureaux téléphoniques, est extrêmement importante et elle n’avait pas encore été traitée d’une manière complète dans les précédentes éditions. On xs’est appliqué d’une manière particulière à la bien fhire connaître, et les descriptions sont accompagnées de nombreuses gravures dont plusieurs sont des dessins pittoresques. Tel qu’il est, l’ouvrage est très complet, et renferme tout ce qui a été fait d’important jusqu’ici en téléphonie; il pourra ren-
- dre d’importants services, et nous croyons qu’il aura encore plus de succès que les précédentes éditions, dont plus de 16 000 exemplaires ont été vendus en moins de quatre ans.
- Le second volume est également imprimé, mais il n’est pas encore publié; il constitue du reste un volume à part qui aura évidemment un grand intérêt, car en dehors du microphone, du radiophone et du phonographe dont il est spécialement question, on y parle aussi longuement des systèmes destinés à transmettre électriquement les images, des machines parlantes et de plusieurs autres systèmes qui se rapportent aux effets électro-phonétiques. Nous en parlerons avec détails aussitôt qu’il sera publié. Nelius.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Boussole sans résistance, destinée à la mesure des courants intenses.
- MM. Terquem et Damien viennent de présenter à l’Académie des sciences une note sur une nouvelle boussole, qui ne nous paraît pas avoir grand avantage sur les appareils si pratiques que l’on possède aujourd’hui. Nous reproduisons cependant une partie de cette note.
- « Cet appareil se compose essentiellement : i° d’une boussole d’arpenteur au-dessous de laquelle on a fixé une première bande de cuivre deom,oi de largeur environ, où circulera le courant, dispostion souvent adoptée, du reste, pour indiquer le passage d’un courant ; 20 d’une sorte de prisme, formé par la réunion de lames de bois rectangulaires de mêmes dimensions que la boussole, ayant chacune la même épaisseur; au-dessous de chaque lame est incrustée une bande de cuivre parallèle à la première; quatre tringles munies de boulons rendent la boussole et les lames complètement solidaires.
- « Au centre de la base de ce prisme rectangulaire est fixée une tige cylindrique de bois qui pénètre dans un pied fixe et permet de faire tourner la boussole autour de son centre. Des ressorts placés sur le pied, en relation avec les conducteurs dans lesquels circule le courant, appuient sur deux lames demi-cylindriques fixées sur la tige centrale, et séparées l’une de l’autre par un petit intervalle ; de ces lames cylindriques partent des conducteurs verticaux qui se rendent aux lames horizontales superposées dans l’épaisseur du prisme; le déplacement d’une seule cheville permet de faire passer le courant dans l’une ou l’autre bande. Cet appareil peut également servir comme boussole des tangentes et comme boussole des sinus.
- « Si l’on veut employer les sinus, après avoir
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- fait tourner tout l’appareil pour ramener l’aiguille au zéro, on interrompt le courant; la déviation de l’aiguille donne la rotation de l’appareil, et le sinus de cet angle l’intensité. Avec les boussoles des sinus habituellement employées, on ne peut pas toujours, quand le courant est trop intense, ramener l’aiguille au zéro; avec cet appareil, on peut y arriver en prenant une bande suffisamment éloignée de l’aiguille. Grâce à cette disposition, on peut, en outre, facilement graduer l’appareil employé comme boussole des tangentes.
- « En faisant passer un même courant successivement dans deux ou plusieurs bandes, on peut déterminer les coefficients par lesquels on doit multi-
- plier les sinus de la rotation pour rendre comparables les intensités calculées à l’aide des sinus;
- « 2° Cela fait, pour chaque bande, soit par une formule d’interpolation, soit par une construction graphique, on peut chercher les intensités correspondant aux déviations de l’aiguille, l’appareil fonctionnant comme boussole des tangentes.
- * On peut en outre, pour des courants d’intensité très différente, obtenir des déviations toujours assez faibles, c’est-à-dire dans les conditions où la boussole des tangentes a sa plus grande sensibilité. Une seule détermination faite avec un courant produisant en même temps une action électro-chimique permet de graduer l’appareil en ampères.
- * En plaçant deux bandes en croix au-dessous de-la boussole, on pourrait la transformer en appareil différentiel. En l’employant comme boussole des tangentes, on peut donc mesurer des courants dont l’intensité varie de J; d’ampère à 20 ampères, c’est-à-dire de r à 200. »
- Expériences hydrodynamiques ; imitation, par les courants liquides, des phénomènes d’électromagnétisme et d’induction, par M. C. Decharme.
- « Dans une précédente Communication (séance du i3 février), j’ai eu l’honneur de faire connaître à l’Académie plusieurs expériences hydrodynamiques, dont l’une, qui montre un tube vibrant sous l’influence d’un courant liquide, est l’imitation d’un électro-aimant soumis à l’action d’un courant électrique intermittent. Je vais continuer aujourd'hui à résumer la suite de mes expériences.
- « Hydro-électro-aimant à courant continu. — Revenons au phénomène simple d’attraction de la plaque libre avec le tube fixe. C’est . l'image d’un aimant permanent, ou plutôt d’un électro-aimant qui reste actif pendant toute la durée du courant. On peut produire, par ce moyen, un hydro-électroaimant à deux pôles, soit de même nom, soit de noms contraires, en faisant arriver deux courants distincts (ou un même courant branché) dans deux tubes, situés sur le prolongement l’un de l’autre, et dont les extrémités sont munies, l’une d’un ajutage à bord épais, l’autre d’un ajutage à bords minces ; il y aura d’un côté attraction et de l’autre répulsion, à très petite distance de l’obstacle fixe. Ces effets croissent rapidement à mesure que la distance diminue, comme cela a lieu avec les électro-aimants à courants électriques continus.
- « Je montre, dans mon Mémoire, que l’analogie des deux phénomènes se maintient aussi dans les détails; puis, j’analyse le mouvement vibratoire en examinant les diverses forces qui y concourent, soit avec des ajutages produisant l’attraction, soit avec ceux qui donnent la répulsion, et je tâche de faire la part de chacune d’elles, en isolant les effets superposés.
- « Le fait simple qui accompagne tous les autres est celui qui se produit dans le tube au moment de l'interruption ou du passage du courant liquide, le tube étant muni ou non d’un ajutage, mais ayant son extrémité loin de tout obstacle. On remarquera, comme je l’avais observé depuis longtemps déjà, que, au momeut où l’on ouvre subitement le robinet qui donne passage au jet liquide, on sent, dans le tube tenu à la main, un mouvement de recul très sensible; lorsqu’on/erwe subitement le robinet, on constate, au contraire, un mouvement qui entraîne le tube en avant. Ces deux effets s’expliquent facilement : le premier est analogue à celui du tourniquet hydraulique ou du chariot à réaction; le second est une sorte de coup de bélier hydraulique, produit par l’arrêt subit de la longue colonne liquide intérieure en mouvement.
- « Hydro-induction. — Si donc il est permis de comparer le courant liquide à un courant voltaïque inducteur, et l’enveloppe, le tube, au fil induit qui
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- entoure le fil inducteur, les phénomènes qui viennent d’être décrits sont analogues à ceux qu’un courant électrique, alternativement ouvert et fermé, produit dans le fil induit; de plus, les mouvements hydrodynamiques sont instantanés comme les courants induits, c’est-à-dire ne se manifestent qu’au moment même du passage ou de l’interruption du courant. Pendant toute sa durée, il n’y a pas d’effet dynamique, c’est-à-dire que la position du tube reste invariable.
- « Mais voici ce qui complète l’analogie : on sait que, au moment où un courant inducteur électrique constant commence, il détermine un courant inverse dans le fil induit; au moment où le courant inducteur cesse, il y a production d’un courant induit direct. Il en est de même avec les phénomènes hydrodynamiques que je viens de signaler; car, au moment où le courant liquide commence, il y a répulsion du tube, mouvement de recul, c’est-à-dire inverse au courant liquide ; au moment où le courant est interrompu, il y a attraction, mouvement du tube en avant, c'est-à-dire dans le sens direct de l'écoulement.
- « D’autre part, on sait que, quajid un courant électrique augmente de force d’une manière con-inue, il fait naître dans le fil induit un courant inverse, continu et croissant', quand le courant inducteur diminue d’intensité d’une façon continue, il détermine dans le fil induit un courant direct, continu et décroissant. Il en est de même encore avec le courant liquide; en effet, quand on ouvre ou qu’on ferme lentement le tube, on fait croître ou décroître le courant liquide, ce qui produit une hydro-induction continue, décroissante ou croissante, avec changement de sens de l’effet dynamique. Dans ces mouvements lents d'avant et de recul, le tube arrive aux mêmes positions finales qu’il aurait prises, par suite de la fermeture ou de l’ouverture brusques du tube.
- « Les courants induits, produits par la rotation des aimants permanents devant des bobines d’induction, ou parla rotation des bobines devant des aimants, trouvent aussi leurs analogues dans les phénomènes d’attraction et de répulsion du tube mobile devant un obstacle fixe, ou de la palette mobile devant le tube fixe. On pourrait faire beaucoup d’autres rapprochements.
- « L’analogie entre les phénomènes à'hydro-induction et ceux d’induction électrique est donc directe, soutenue dans les détails et, par conséquent, complète.
- « En résumé, M. Bjerknes, dans ses expériences hydrodynamiques, au moyen de corps puisants ou vibrants dans l’eau, imitant les phénomènes de l’électricité statique et du magnétisme, a trouvé partout une analogie inverse. Dans mes expériences avec les courants liquides, je trouve, au contraire, une analogie directe entre les phénomènes
- hydrodynamiques et ceux de l’électromagnétisme et de l’induction.
- « Qu’il me soit permis de faire remarquer, en terminant, que j’ai produit des vibrations sonores plus ou moins élevées, au moyen de courants de gaz sur le mercure (Comptes rendus, t, LXXX, 29 mars 1875, p. 802). Dans mes expériences actuelles, je détermine des vibrations plus ou moins graves, au moyen de courants d’eau sur un corps solide; c’est la continuation de la même idée. Les vibrations de la première espèce ont été poussées au delà de la limite supérieure de perceptibilité des sons, tandis que celles de la seconde espèce descendent au-dessous de la limite inférieure des sons proprements dits. »
- A propos des courants d’interversions polaires.
- Il est certains critiques qui, n’envisageant que très superficiellement les questions, et voulant arguer sans s’appuyer sur l’expérience, viennent nier des effets dont ils ne peuvent se rendre compte et ne se donnent même pas la peine d’en donner les raisons. Les phénomèmes se rapportant au magnétisme et à l’induction sont ceux qui prêtent le plus à ces dénégations. Relativement à l’induction, nous devons rappeler aux critiques auxquels je fais allusion qu’il ne peut y avoir un trouble quelconque apporté dans l’équilibre magnétique d’un corps aimanté sans qu’il se détermine un courant induit dans une bobine qui l’entoure. Si cette bobine que nous supposerons peu épaisse est placée à l’une des extrémités polaires de l’aimant, une armature qu’on présentera devant cette extrémité, déterminera dans la bobine un courant inverse qui correspondra à un accroissement d’aimantation de l’aimant; cette même armature présentée à l’aimant du même côté mais derrière la bobine, déterminera un courant direct ou de désaimantation, parce que la polarité magnétique se divisera alors entre cette armature et l’extrémité polaire sous la bobine. En faisant réagir sur cette extrémité polaire un pôle magnétique puissant capable d’en renverser la polarité, on déterminera un courant direct auquel succédera un courant inverse, mais comme ce dernier courant résulte d’une aimantation en sens inverse, les deux courants restent dans le même sens et correspondent au courant direct primitivement déterminé.
- Un corps magnétique quelconque qui se meut dans un champ magnétique, soi-disant fixe, détermine un trouble capable d’engendrer un courant induit, et c’est pour cette raison qu’il est impossible d’admettre qu’un champ magnétique puisse rester fixe dans une machine dynamo-électrique, comme certains théoriciens le croient. On peut du reste s’en rendre compte en observant le dépla-
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- cernent continuel des lignes de force magnétique qui a lieu alors. Or, du moment où il y a déplacement angulaire des lignes de force, il y des courants induits de produits, et ce qui est intéressant à savoir, c’est si ces courants sont favorables ou non à l’action générale produite. Pour cela le système d’analyse par les lignes de force magnétique est très précieux et ne trompe jamais, et l’école universitaire semble complètement l’ignorer.
- Or, les courants d'interversions polaires sont précisément de la nature de ceux dont il vient d’être question; ils proviennent d’un trouble dans l’état d’équilibre magnétique du corps aimanté au moment des permutations de polarités, et ce trouble a pour effet un déplacement angulaire des lignes de force. Ces courants existent donc bien réellement et ne peuvent être expliqués par les théories que l’on donne ordinairement des effets d’induction, et c’est probablement ce qui met en défiance ceux qui admettent difficilement les faits nouveaux. La question n’est après tout que d’apprécier le degré d’importance de ces courants eu égard aux autres causes d’induction. Dans les expériences que j’ai publiées, on a vu qu’ils pouvaient déterminer une déviation galvanométrique de 60 à 70°. Or, les deux autres inductions dont j’ai parlé ne provoquaient que des déviations de 36 à 44% pour l’une des inductions, et de 70 à 8" seulement pour l’autre : j’étais donc en droit de conclure que la source d’induction non étudiée jusqu’ici était une des plus énergiques. J’ai répété l’expérience avec des tiges de fer de plus d’un mètre de longueur, et en faisant voyager lentement ces tiges, la déviation galvanp-métrique augmentait successivement jusqu’à ce que son évolution fût entièrement effectuée. Le même effet se produit avec un fil de fer, et quand celui-ci est recourbé de manière à constituer un cercle, on le retrouve également, du moins si l’expérience est bien faite; mais il se produit souvent alors des réactions particulières qui troublent les effets : ce sont des oscillations du cercle dans le plan perpendiculaire à l’axe de l’aimant, et des oscillations créent souvent des courants induits de surexcitation ou d’atténuation dont la présence renforce, annule ou renverse même les effets que l’on devrait obtenir.
- Il ne s’agit donc pas de dire que les courants en question n’existent pas, mais il faudrait préciser l’importance qui peut leur être attribuée dans les machines du genre Gramme, et ce n’est pas chose aisée. Pour que les idées de ceux qui s’occupent des applications électriques pussent être nettes et précises, il faudrait qu’on démontrât dans les cours publics ce grand principe admis par les Electriciens Anglais, et qui a été, je crois, posé par Faraday, que toutes les fois qu’une hélice dont le circuit est fermé se meut dans un champ magnétique, il se développe des courants induits dont le sens et l’intensité dépendent de la manière dont les lignes
- de force de ce champ coupenf le plan des spires de l’hélice. Si dans le mouvement de cette hélice les lignes de force coupent ce plan de manière que leur nombre aille en augmentant, on obtient des courants inverses; au contraire s’il va en diminuant, on obtient des courants directs, et l’intensité de ces courants est d’autant plus grande que l’angle sous lequel les lignes de force coupent les spires de l’hélice se rapproche davantage de l’angle droit, et que ces lignes sont elles-mêmes plus nombreuses et concentrées.
- Il faudrait encore qu’on montrât par des fantômes magnétiques bien reproduits, la vraie direction des lignes de force qui sont indiquées par les cercles de limaille dessinés par ces fan-tômes, et qu’on fit voir que ces lignes de force vont en rayonnant autour des extrémités polaires du barreau aimanté pour aller se rejoindre, d’un pôle à l’autre, par une série de courbes qui sont dans le sens de l’axe de l’aimant dans l’espace correspondant à la région neutre.
- Enfin, il faudrait qu’on montrât que toute réaction effectuée' sur un corps magnétique de manière à troubler son équilibre magnétique, fait varier la position ou la concentration des lignes de force, et provoque, par ce seul fait, des courants induits à travers une bobine placée dans le champ magnétique correspondant.
- Naturellement si au lieu de faire mouvoir la bobine, on fait mouvoir le corps magnétique, lés mêmes effets se produisent, mais comme dans leur mouvement ils peuvent être sujets à avoir leur équilibre magnétique modifié par des réactions extérieures, les effets peuvent varier, et la disposition que prennent alors les lignes de force permet d’analyser les effets d’induction alors produits.
- Si on était familiarisé avec cette manière si simple d’interpréter les phénomènes d’induction, on ne commettrait pas toutes les erreurs d’interprétation que certaines personnes qui se posent en juges suprêmes commettent tous les jours^Nous sommes du reste à une époque où l’on s’imagine que la science s’apprend à la vapeur et qu’il suffit d’avoir étudié pendant deux mois quelques livres d’électricité pour être électricien. L’on ne s’aperçoit pas que pour être au courant des phénomènes si complexes de l’électricité, il faut avoir non seulement vieilli dans cette science, mais encore expérimenté de ses propres mains peitdant de longues années. Th. du M.
- Influence de la force coercitive sur la chaleur produite par l’aimantation.
- M. L. Pilleux vient de faire quelques expériences desquelles il résulterait que l’aimantation dégagerait une grande chaleur dans les métaux magnétiques. Pour obtenir un effet marqué, il produit, à l’aide de courants alternatifs, l’aimantation et la
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- désaimantation, à court intervalle, d’un noyau de 1er ou d’acier, et il a pu de cette façon, en opérant avec une machine de Méritens, amener un noyau de fer à une température d’au moins 3oo degrés. Suivant lui, de l’étain pur, mis en contact avec ce noyau de fer, fondait instantanément.
- « Quelle est la cause d’une telle production de chaleur? dit M. Pilleux. Je l’ai d’abord attribuée à des courants d’induction se développant dans l’âme en fer; mais j’ai remplacé successivement le noyau de fer par des noyaux en cuivre ronge, en laiton et en étain, et, à ma grande surprise, je n’ai obtenu aucun échauffement. J’eus alors l’idée de remplacer le fer par de l’acier; réchauffement fut beaucoup plus considérable. Je pris du fer bien recuit, réchauffement fut très faible; je pris des fils de fer fins parfaitement recuits, il fut plus faible encore.
- « Ainsi, c’est bien à l’aimantation, et non à des courants d’induction, que l’on doit rapporter réchauffement de l’âme en fer des électro-aimants; et l’on pourrait croire que la force coercitive des noyaux magnétiques augmente la production de chaleur, exactement comme la résistance d’un lil au passage du courant augmente réchauffement de ce fil par le courant électrique. »
- CORRESPONDANCE
- A (b -f- c) — E c
- a b -f- ac -f- bc E (a + c) — A c a b -f- ac -f bc
- (0
- (2)
- Pour que l’équation (2) puisse subsister, il faut que le numérateur soit égal à zéro; donc nous aurons
- È (a 4- -c) — A c
- d’où
- E___ c
- A a -R c
- (3).
- Cherchons, par une nouvelle expérience un nouveau rap-E
- port Ces deuxrapports seront rigoureusement exacts si les
- quantités E et A n’ont pas varié d’une expérience à l’autre. Pour que ces deux quantités ne varient pas, il faut que dans les deux expériences, les intensités du courant restent les mêmes dans les différentes parties du circuit, sans quoi la valeur de la polarisation changeant avec les intensités des courauts, ferait varier la valeur de A et de E.
- Bruxelles, le 11 mars 1882.
- Monsieur le Directeur,
- En lisant dans les derniers numéros de votre journal vos articles consacrés à l’étude des forces électro-motrices des piles et de leur résistance, j’ai cherché s’il n'y aurait pas moyen de calculer les constantes voltaïques en les dégageant complètement des effets dus à la polarisation. Je crois avoir trouvé ce moyen et je l’expose dans la note ci-dessous.
- Agréez, etc. A. Dejongii.
- Supposons deux cléments de pile P et P' reliés par leurs pôles de même nom ; supposons en plus une dérivation MR'N de résistance R' ; une résistance R ajoutée dans la partie MRN du circuit et deux galvanomètres g et g* servant à mesurer les intensités I et V du courant dans les parties Mg^'N et MRN.
- Soit E la force électro-motrice de l’élément P' plus petite que A la force électro-motrice de l'élément P. Supposons que la résistance de Mg-'N soit représentée par a, et la résistance de MRN par b. Si on calcule les intensités I et V on arrivera aux deux équations :
- A (b + RQ —ER'
- 1 a b 4- a R' -|- b R'
- E(a4R/)"AR;
- 1 — a b + a R' 4- b R'
- Faisons varier la résistance R' jusqu’à ce que aucun courant ne passe plus dans la partie MRN, c’est-à-dire jusqu’à ce que V — o; supposons que quand nous arrivons à ce résultat, R' soit devenu une quantité que nous représentons par c.
- Les deux équations précédentes deviennent alors :
- Voici comment nous disposerons les résistances dans la deuxième expérience pour trouver le deuxième rapport-^*
- Dans la partie MgN j’ajoute une résistance connue d de manière à avoir une résistance a 4* d pour Mg'N; puis je fais varier par tâtonnements les deux résistances R et R' jusqu’à ce que Vintensilc V dans MRN soit de nouveau égale à zéro, et que Vintensité I dans Mg'N soit la même que dans la première expérience. (Ces deux conditions sontcompatibles). Supposons que pour arriver à ce résultat, j’aie dû diminuer la résistance R de/et augmenter la résistance R' de g.
- J’aurai alors pour exprimer I et I'.
- r ________A t» —/ + c- + g) - E (c 4- g)___
- (a J- d) {b-f) + {a -f- d) {c + g) 4- {b —/) (c 4- g)
- 11 _______E (a: 4- d 4~ c 4~ g) — A (c -f- g)_
- + (*—/) + (* +d){c + g) + (b -f)(p+g)
- et comme I' est égal à zéro,
- E a 4- Ee — A c 4- E d -J- Eg* — Kg ~ o. or Ea -\- Ec — Ac = o
- donc : E (d J- g) — Kg ~ o. E P*
- ouâ
- d + g
- Des deux équations (3) et (4) je tire.
- c_______g_
- a 4* c d + g
- (4>
- (5)
- équation qni ne renferme qu’une inconnue a. Je cherche la valeur de a au moyen de l’équation :
- (a + c) g —c(d + g)
- cd
- ou ag 4- cg = cd -f cg d’ou a = —
- (6).
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- Connaissant la résistance a de la partie Mg*'N, je connais la résistance de la pile P pour l’intensité du courant considéré. Connaissant la résistance del’élémentP pour une intensité de courant donnée, je connaîtrai sa force électro-motrice pour cette même intensité.
- Je pourrais également déduire de là la force électro-motrice E de l?éléinent P' ainsi que sa résistance, car, aucun courant ne traversant cet élément dans les deux expériences considérées, j’aurai pour cet élément P' la valeur réelle de sa force électro-motrice, aucun effet de polarisation n’y étant en jeu. De plus j’aurai sa résistance réelle en admettant Fliypothèse où la résistance intérieure des piles varierait avec l’intensité des courants qui les traversent.
- Monsieur le directeur,
- Al. le professeur C. Foster a proposé en 1874 à l’Association britannique une méthode remarquable pour la détermination de l’ohm; méthode qui n’a point obtenu à cette époque toute l’attention qu’elle mérite, ni même toute la publicité désirable (i). M. Foster intercale la résistance à graduer dans un circuit qui contient une pile et une boussole des tangentes, et il place, en dérivation sur cette résistance, un cerceau de Delezenne, c’est-à-dire un cadre tournant induit par la terre, et muni d’un commutateur qui maintient son circuit constamment fermé. Avec ce dispositif, on obtient, tant dans le circuit dérivé que dans le circuit principal, des courants variables; et par suite, cette méthode implique la correction due à l’extra-courant, et la connaissance des coefficients de self-induction relatifs aux deux circuits.
- La méthode que j’ai proposée l’année dernière est une méthode statique ; le courant employé est constant, et il n’y a pas lieu de s’occuper des extra-courants. Son dispositif ne diffère de celui proposé d’abord par M. C. Foster que parla construction du commutateur ; au lieu du commutateur de Delezenne, j’emploie un contact mobile qui n’intercale le cadre tournant dans la dérivation que pendant un instant 1res court et au moment où ce cadre se trouve dans le plan du méridien magnétique. L’objet et l’avantage essentiel de cette méthode, c’est précisément d’être une méthode statique, et de supprimer la correction si importante et si dif-licile qui serait due aux extra-courants. Ce dernier point ayant été mis en doute par M. Brillouin, j’ai été obligé de l’établir par le calcul.
- Dès 1874, Maxwell lit remarquer qu’on pouvait transformer la méthode de M. C. Foster en une méthode statique et indépendante des extra-courants (voir le Télégraphie Journal 1874). Si j’avais connu plus tôt la phrase si nette où il exprime cet avis, j’aurais pu invoquer l'autorité de Maxwell en réponse aux doutes de M. Brillouin.
- En 1881, M. C. Foster a mis en œuvre sa méthode, en donnant à l’angle de contact de son commutateur une valeur de 2u°.3/ ; ce savant estime que, dans ce cas, la correction duc aux extra-courants est considérablement réduite. Mais cette correction est-elle déjà négligeable >... l’angle de 20*.3’ peut-il être assimilé à un angle infiniment petit?... C’est uneques-tion difficile à résoudre. Je pense qu’il est possible et préférable de s’en tenir à un angle de contact aussi réduit que possible, et de faire ainsi disparaître, à coup sûr, l’inlluence de l’induction des circuits sur eux-mêmes.
- Veuillez agréer, etc.
- G. Lippmann.
- Monsieur le directeur,
- JJai l’honneur de vous adresser quelques détails sur un phénomène d’éclair en boule au sujet duquel j’ai pu obtenir
- (l) La description de cette méthode n’a pas trouvé place dans les comptes rendus de l’Association britannique de 1874, et par suite le nom de M. Carey Foster n’a pas été mentionné dans les historiques |
- des renseignements très précis dont* je garantis l’authenticité.
- Le u mai 1874, dans l’après-midi, un violent orage s’est déclaré à Fontenay-lc-Comte (Vendée) et dans les environs, particulièrement à Mailtezais. La foudre tomba sur plusieurs édifices; quelques cultivateurs furent frappés mortellement en ramenant leurs bestiaux à l’étable.
- A Maillezais, le tonnerre tomba chez mon beau-frère M. Sou-chet : il atteignit d’abord le sommet d’un pignon de maison, descendit verticalement le long de l’arête de la muraille en détruisant le crépissage jusqu’au point d’attache d’un gros fil de fer qui lui servit de conducteur pour traverser la cour jusqu’au mur opposé, et là, trouvant une fenêtre ouverte, pénétra dans l’intérieur de la maison. Après avoir traversé deux appartements dont les portes étaient ouvertes, il fit irruption dans une salle où se trouvaient deux dames, ma sœur et sa belle-mère, assises près de la croisée en face de la porte : ces deux dames entendirent comme le bruit de l’explosion d’une capsule de pistolet, et tournant la tête vers la porte, aperçurent une grande flamme bleue et rouge qui pénétrait dans l’appartement et se dirigeait vers elles avec une certaine lenteur. La llamme s’arrêta en face de la cheminée, oscilla quelques instants de bas en haut, puis se précipita vers le foyer: presqu’aussitôt une bruyante détonation se faisait entendre.
- Les deux dames ont vu la bande lumineuse s’approcher d’elles jusqu’à une distance de 1 mètre environ, mais elles n’éprouvèrent aucun mal : elles sentirent seulement une forte odeur d’ozone au moment de la détonation.
- Un chien qui était couché dans l’appartement, se leva à l’approche de l’éclair, le cotoya un instant de si près qu’il paraissait le toucher, et courut se réfugier sous un meuble : il ne semble pas que cet animal ait éprouvé aucune douleur ; mais on a remarqué depuis qu’il ne manque jamais de manifester la plus grande terreur pendant les temps orageux.
- J’ai pris note en 1874 de ces divers détails après en avoir bien contrôlé l’exactitude en interrogeant tous les témoins ; je me fais un plaisir de vous les communiquer.
- Recevez, etc.
- Ciiabiramj.
- FAITS DIVERS
- La construction d’un chemin de 1er électrique est à l’étude à Berlin. Ce chemin de fer irait de l’ouest à l’est de la capitale et établirait des communications directes avec le raihvay métropolitain. Afin d’éviter de coûteuses acquisitions de terrain, on l’élèverait sur de hautes colohnes au-dessus des maisons, disposition qui ne présente pas de difficultés insurmontables comme le prouve la construction d’un nouveau pont entre Brooklyn et New York. Des stations seraient installées place Lutzow, place de Magdebourg, à la gare de Potsdam, place Dœnhof, etc. L’entrée et la sortie des voyageurs auraient lieu de telle façon que les trains arrivant et les trains partant s’abaisseraient réciproquement avec leur contenu jusqu’au niveau de la rue à l’aide de la force électrique et s’élèveraient de nouveau jusqu'à la ligne de la voie, construction qui n’offre pas non plus de difficultés, comme on peut en juger par l’ascenseur électrique Siemens.
- Éclairage électrique
- ' On va expérimenter sous peu sur la ligne du chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée l’éclairage de la voie à l’aide d’une lampe électrique installée à l’avant des locomotives*
- très savants, tels que ceux de MM. Rowland, Schusher et Rayleigh. Je ne connaissais pas cette méthode avant l’article publié par M. Ayrton dans la Lumière Electrique.
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- LÀ LUMIÈRE ELECTRIQUE
- A Strasbourg, la grande taverne alsacienne est maintenant éclairée avec des lampes Edison. L’installation de la lumière électrique dans la taverne alsacienne a pu s’effectuer d’autant plus facilement qu’il existait déjà dans l’immeuble une machine à vapeur servant à distribuer de l’eau à tous les étages, à produire la pression nécessaire au débit de la bière et à différents usages domestiques. Cette machine à vapeur de la force de quatre chevaux actionne un générateur dynamo-électrique, système Gramme, qui produit l’électricité nécessaire à l’alimentation de quarante-cinq lampes Edison, petit modèle.
- A la lyre de chaque bec de gaz sont adaptées deux lampes Edison surmontées de deux abat-jour en porcelaine blanche. Il y a vingt lampes dans la première salle et vingt à vingt-quatre lampes dans la salle où se trouve le buffet.
- Les commissaires des améliorations de la ville de Bourne-mouth, en Angleterre sont en pourparlers avec l’Electric Light and Power Gen rator Company pour l’introduction des lampes électriques à la place des becs de gaz, actuellement en usage.
- A Norwich (Angleterre) le conseil de la ville vient d’adopter à l’unanimité l’offre de MM. Crompton et Cc d’éclairer une partie de cette ville avec quinze foyers à arc. L’éclairage aura lieu du coucher au lever du soleil pendant un an au prix de quatre cents livres sterling. Ces foyers électriques étaient essayés depuis plusieurs semaines à Norwich.
- Les lampes Edison viennent d’être adoptées, dit YEleclri-cian de Londres, pour l’éclairage des grandes usines de MM. Robey.
- A Portland, chef-lieu du comté de Cumberland aux États-Unis, l’électricité est employée maintenant pour éclairer un hôtel, les bâtiments communaux, et plusieurs magasins ou dépôts.
- A Londres, le Royal Avenue Theatre qui vient d’être inauguré, va être en partie éclairé parTélectricité. C’est la Compagnie générale d’Electricité qui s’est chargée des installations, système Jablochkoff.
- Un paquebot à vapeur de la Compagnie transatlantique de Barcelone Y Antonio Lopez, construit par MM. William Denny frères, d* Glasgow, et lancé dernièrement, vient d’être pourvu de lampes à. incandescence Swan. Soixante-dix de ces lampes sont distribuées dans les sa’ons et les passagçs du paquebot. _______
- Les habitants de Turin se portent en foule au théâtre royal pour admirer le splendide éclairage de la Lampe Soleil qui a été placée au-dessus du portique. Cette lumière à large rayonnement, avec .sa couleur dorée et sa fixité absolue est très appréciée par le public, et plusieurs installations plus importantes ne tarderont pas à être établies dans la ville où a été fait le premier essai et dans les autres grandes cités italiennes. ___ ^
- A Madrid, une commission qui a pris l’initiative de l’éclairage des rues et des édifices publics de la capitale par l’électricité s’est réunie ces jours derniers au Théâtre Royal.
- Trois propositions lui ont été soumises par MM. Carrasco y Iloelier, Dalman et Roig y Torres. C’est la proposition de M. Roig y Torres, directeur gérant de la Compagnie générale d’électricité de Barcelone,qui a été acceptée. Des essais auront lieu d’abord dans la rue del Principe, au théâtre Espagnol, à celui de la Comédie, au Buen Retiro et sur d’autres points de Madrid qu’indiquera la commission.
- Télégraphie
- A l’occasion du séjour de la Reine d’Angleterre à Menton, le ministre des Postes et des Télégraphes a envoyé dans cette ville des ingénieurs télégraphistes qui ont procédé à l’installation de nouveaux fils télégraphiques, dont l’un, relié à Londres, vient aboutir directement à la villa des Rosiers. Le personnel télégraphique a été accru dans une proportion notable et pourvu d’appareils du système Hughes.
- Nous recevons de Constantinople les détails suivants sur le câble égypto-arabique. L’administration des télégraphes ottomans vient d’être autorisée par la Sublime Porte à traiter pour les conditions d’achat et de pose d’un câble sous-marin dans la mer Rouge, destiné à relier le port de Djedda au port de Souakim, situé sur la côte égyptienne. Le délai accordé pour la construction et la pose de ce câble est de cinq mois.
- Immédiatement après la signature du contrat, on se mettra à l’œuvre pour la construction des lignes aériennes qui sont depuis longtemps en projet dans le villayet de Hedjaz; la première ligne sera celle de Djedda à la Mecque passant par Taïf. Cette ligne sera ensuite prolongée jusqu’à Médine, d’où elle descendra jusqu’au port de Yambo.
- D’un autre côté, on reprendra les travaux interrompus de la ligue de Hodeïda à Confida en étendant cette ligne de ce dernier point du littoral de la mer Rouge jusqu’à Djedda; On obtiendra de cette manière un réseau complet de lignes dans les deux villayets du Iledjaz et du Yémen pour opérer la jonction avec les réseaux des lignes égyptiennes qui descendent jusqu’à Souakim par le cable partant de ce port et aboutissant à Djedda. Les télégrammes des deux provinces ci-dessus arriveront ainsi à Constantinople sans aucune solution de continuité par la voie du Caire et de la frontière d’El-Arich du bien par Alexandrie et les câbles de la compagnie Eastern de Londres. La longueur du câble à poser entre Djedda et Souakim doit être de deux cents milles marins.
- Téléphonie.
- Fourmies, ville industrielle de l’arrondissement d’Avesnes dans le département du Nord, va sans doute recevoir un réseau téléphonique. La Société lainière de Fourmies étudie en ce moment un projet d’établissement de téléphones dans' cette ville. La demande de concession adressée au ministre des Postes et des Télégraphes en décembre 1881 était restée sans réponse satisfaisante : le ministre vient cependant d’envoyer à Fourmies l’inspecteur ingénieur des Télégraphes du Nord avec mission d’étudier la situation et de rédiger un rapport. L’inspecteur des Té égraphes du Nord s’est rendu mardi dernier à Fourmies et a recueilli les observations relativement au réseau projeté. Le bureau télégraphique de Fourmies rayonne actuellement avec les villes voisines d’Avesnes-Avesnelles, Sains, Wiguehies, An or, Trélon-Ohain-Glageon.
- La Lancasliire and Cheshire. Téléphoné Company vient d’obtenir du maître-général des Postes du Royaume-Uni le droit de mettre au service du public ses systèmes d’installations téléphoniques, aux prix existants du télégraphe. Cette concession semble indiquer que le gouvernement anglais? après avoir revendiqué son droit de contrôle sur l’extension du système téléphonique, est disposé à accorder des conditions raisonnables aux compagnies de téléphone.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. —. Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 27608
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Électricité
- 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4* ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 1er AVRIL 1882 N° 13
- SOMMAIRE
- Exposition Internationale d’Électricité : Exposition des différentes Compagnies de chemins de fer français. Exposition du chemin de fer du Nord (3e article); Th. du Moncel. — Sur la théorie des phénomènes électro-dynamiques (20 article); J. Moutier. — Exposition Internationale d’Électricité : Les bureaux téléphoniques automatiques : Appareils Leduc et Bartelous ; A. Guerout. — L’éclairage électrique appliqué à la navigation; C.C. Soulages.— Nouveaux perfectionnements aux piles électriques; E. Reynier. — Mélo-graphe de M. Roncalli ; O. Kern. — Revue des travaux récents en électricité : Expériences hydrodynamiques, de M. Decharme (39 note). Échauffement des électrodes par les étincelles d’induction. — Faits divers.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- EXPOSITIONS
- t>Es Différentes compagnies de
- CHEMINS DE FER FRANÇAIS
- EXPOSITION DU CHEMIN DE FER DU NORD 3e article (Voir les numéros du 28 janvier et du 4 mars).
- II. Commutateur à mercure de M. Lartigue.
- — L’une des grandes causes du fonctionnement irrégulier des appareils électriques est l’emploi qu’on est forcé de faire de commutateurs de courants. Dans les services des chemins de fer où les appareils sont exposés à toutes sortes d’avaries, et sont confiés à des employés peu soigneux habitués à des travaux de force et de grosse mécanique, cet inconvénient était plus manifeste que dans beaucoup d’autres applications électriques, et on a dû chercher des combinaisons de toutes sortes pour créer un modèle, dans de bonnes conditions. M. Lartigue a présenté une solution satisfaisante qu’on a retrouvée appliquée dans différentes conditions, à l’Exposition du chemin de fer du Nord, entr’autres pour les contrôleurs de manœuvre des disques à signaux, ceux des aiguilles, les avertisseurs des passages à niveau, etc, etc. Nous allons en indiquer sommaire-
- ment la disposition dont on peut du reste voir la coupe dans la figure ci-dessous.
- On sait que les contacts électriques d’un commutateur ne sont bons que quand les pièces métalliques appuyant l’une sur l’autre sont bien décapées, suffisamment pressées et exemptes de poussières ; or ces conditions sont souvent très difficiles à réaliser; les métaux s’oxydent, s’encrassent, leur élasticité à la suite d’un usage prolongé s’affaisse, et les poussières répandues dans l’air, surtout sur les voies ferrées, établissent toujours une couche plus ou moins épaisse que la pression du contact ne suffit pas toujours pour enlever. Pour remédier à ces difficultés, M. Lartigue a eu recours au mercure, et pour que les effets pussent se faire dans des conditions de durée d’action convenables, il a disposé l’auge contenant le mercure de manière à présenter deux ou plusieurs compartiments communiquant par des orifices pratiqués dans les cloisons intermédiaires. De cette manière on peut régler la durée des courants établis par le temps que met le mercure à passer d’un compartiment dans l’autre. C’est alors une véritable clepsydre à mercure.
- L’auge est formée d’une petite boîte en ébonite bien étanche, vernie à la gomme laque à l’intérieur, et dans les compartiments de laquelle pénètrent des tiges de platine. La communication èst établie ou interrompue entre ces tiges selon que le mercure les baigne à la fois ou laisse l’une d’elles découverte, et comme l’écoulement du mercure ne’ peut passer d’un compartiment dans l’autre que sous la forme d’un mince filet, on peut prolonger la durée des communications électriques pendant un instant, même lorsque l’appareil est brusquement déplacé. On évite ainsi les effets qui pourraient résulter des mouvements anormaux qui se présentent continuellement dans l’exploitation des chemins de fer. Lorsque la boîte est inclinée, le mercure contenu dans un seul des compartiments ne baigne qu’une des tiges ; lorsque la boîte est horizontale, il les baigne toutes les deux. Des fils métalliques souples, protégés par un corps isolant, mettent en relation les contacts intérieurs du commutateur avec les autres appareils du système. Ce dispositif peut
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- d’ailleurs être combiné de manière à former inverseur de courant, et d’après M. Lartigue il présenterait les avantages suivants :
- i° Etablir un circuit dans des conditions parfaites d’isolement, quel que soit le milieu liquide ou gazeux dans lequel le commutateur est placé, par conséquent éviter les dérivations et les oxydations des contacts ;
- 2° Limiter automatiquement la durée des courants ;
- 3° Inverser les courants, soit d’une manière permanente, soit pendant une durée déterminée ;
- 40 Etablir le circuit par une manœuvre de la boîte, alors que la même manœuvre opérée moins rapidement, ne laisse pas compléter le courant.
- Pour obtenir les inversions du courant, le commutateur doit avoir la disposition suivante : Chaque compartiment a alors trois contacts, deux au fond et un en haut du côté gauche. Les contacts du fond à gauche, dans chaque compartiment, correspondent aux deux pôles de la pile; les contacts du fond, à droite, à la ligne et à la terre ; de sorte que le compartiment de droite possède le contact du pôle positif de la pile et celui du fil de ligne, et l’autre compartiment le contact du pôle négatif de la pile et celui du fil de terre. Les deux autres contacts; situés au côté gauche de chaque compartiment, sont reliés : l’un, celui du compartiment de droite, au fil de terre, l’autre au fil de ligne.
- Quand le commutateur est incliné de droite à gauche, le mercure de chaque compartiment touche les deux contacts de gauche, et un courant négatif est transmis à travers la ligne. Quand le commutateur est au repos, aucun courant n’est fermé, et quand il incline de gauche à droite, le mercure touche, dans les deux compartiments, les contacts du fond, et un courant positif est envoyé sur la ligne.
- La plus importante des applications de ce commutateur est celle qu’en a faite le chemin de fer du Nord au contrôle du fonctionnement des aiguilles de changement de voie, et c’est elle que nous avons représentée dans notre figure. Ce système a été approuvé par décision ministérielle du 17 décembre 1875, et il est aujourd’hui, d’après le rapport publié par le chemin de fer du Nord, d’un usage général sur toutes les lignes de son réseau, pour toutes les aiguilles manœuvrées au moyen de transmissions rigides, et placées à une certaine distance des leviers de manœuvre.
- Voici comment cette application a été disposée :
- Au côté extérieur du contre rail, vis à vis de l’extrémité de chacune des lames mobiles de l’aiguille, est fixée une plaque sur laquelle est articulée une bascule B, munie d’une tringle t, qui traverse l’âme du rail et fait une légère saillie. Lorsque la lame d’aiguille est exactement appliquée sur le contre rail, la tringle t est repoussée, comme on le voit, à gauche de la figure, et la bascule_B est maintenue
- dans une position inclinée ; elle redevient horizontale lorsque la lame est écartée, comme on le voit, à droite de la figure. Le commutateur à mercure, dont nous avons parlé précédemment, est fixé sur une bascule B, et une boîte en métal abrite ces différentes pièces. Une sonnerie trembleuse et une pile sont placées près des leviers de manœuvre.
- Dans les conditions actuelles de son application, les contacts électriques du commutateur à mercure sont assez simples ; deux suffisent, et ils sont placés au fond et aux deux bouts du plus grand compartiment. Ils sont d’ailleurs reliés d’un commutateur à l’autre, de manière que ceux qui sont les plus rapprochés de la cloison de séparation se trouvent réunis l’un à l’autre, et que les deux autres correspondent l’un à la terre, l’autre à la sonnerie. Or, voici les effets qui résultent de cette disposition quand on manœuvre les aiguilles.
- Quand l’une des lames de l’aiguille appuie exac-
- tement contre le rail auquel elle correspond, l’un des commutateurs est incliné, et l’autre est horizontal; par conséquent, aucun courant ne peut être fermé à travers la sonnerie, l’un des contacts du commutateur incliné étant hors du mercure. Quand, au contraire, le rapprochement de l’aiguille du rail n’est pas complet, le commutateur incliné se rapproche davantage de la position horizontale, et le contact, qui était dans le cas précédent hors du mercure, s’y trouve plus ou moins immergé; de sorte que le circuit de la sonnerie étant complété, celle-ci se met à tinter jusqu’à ce qu’on ait achevé la manœuvre. Comme pour passer d’une position à une autre l’aiguille est obligée de prendre une position intermédiaire qui entraîne le tintement de la sonnerie, on comprend aisément que si une seconde sonnerie se trouve à la station, le chef de gare pourra être certain que la manœuvre des aiguilles a bien été réellement exécutée.
- Ce tintement de la sonnerie à chaque manœuvre a encore l’avantage d’indiquer à l’aiguilleur si l’organisation électrique est en bon état ; en effet, si ce tintement 11e se faisait pas ou se produisait malgré la répétition de la manœuvre, il devrait s’assurer du dérangement survenu et y apporter remède.
- Une seule pile et une seule sonnerie sont nécessaires pour chaque groupe d’aiguilles. Plusieurs aiguilles ne pouvant être manœuvrées simultanément, le contrôle s’applique sans aucun doute possible à celle qui est mise en mouvement.
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- Le réglage de l’appareil se fait au moyen d’un ccrou mobile sur la branche t qui traverse le contre-rail et sur lequel il appuie. On peut de cette manière arriver à constater l’écartement de l’aiguille à un ou deux millimètres près, et comme à chaque manœuvre l’état du système électrique se contrôle, cet appareil offre toutes les garanties de sécurité.
- L’application du commutateur à mercure poulies avertissements des passages à niveau est effectuée à peu près dans les mêmes conditions que précédemment. Il est adapté sur l’une des branches d’une bascule à pédale très légère, fixée intérieurement au rail à une distance de 2 000 mètres environ du passage à niveau à protéger. La branche de la bascule opposée à celle où est fixé le commutateur porte un ressort formé de plusieurs lames métalliques superposées et placées sur une plaque épaisse de caoutchouc.
- Le ressort atteint ou dépasse légèrement le niveau supérieur durai], de manière que, quelque soit le sens de la marche du train, ce ressort est toujours abaissé par le boudin des roues des véhicules. En s’abaissant, le ressort fait incliner la boîte contenant le mercure qui réunit alors les fils de platine, c’est-à-dire la ligne et la terre, et complète ainsi le circuit sur le parcours duquel se trouve une sonnerie installée au passage à niveau.
- Quand le commutateur à mercure est employé pour le contrôle de la manœuvre des disques à signaux, il présente le dispositif à inversions de courants dont nons avons parlé. Sur le fil de ligne est disposé un galvanomètre vertical, à deux butoirs d’arrêt, sur l’aiguille duquel est fixé un fil de platine terminé à gauche et à droite par deux crochets, et au-dessous de ces crochets sont placées deux capsules remplies de mercure qui sont mises en rapport avec deux sonneries de timbre très différent. L’aiguille galvanométrique elle-même est reliée à la ligne par le fil du galvanomètre, et le commutateur du disque est disposé de manière que, dans la position verticale, les deux crochets du fil de platine plongent simultanément dans les deux capsules à mercure correspondantes. Quand le signal de l’appareil aux signaux est à l’arrêt, le commutateur à mercure dont nous avons parlé est incliné de droite à gauche, et un courant négatif est transmis à travers le rhéotome galvanométrique. L’aiguille du galvanomètre, en déviant, fait sortir du mercure dans lequel il était enfoncé l’un des crochets, de platine qu’elle porte, et fait enfoncer davantage l’autre crochet dans la capsule correspondante qui est en rapport avec la sonnerie d’arrêt. Celle-ci se met alors à tinter et donne ainsi le contrôle de l’arrêt. Quand le signal de l’appareil aux signaux est au repos, aucun courant n’est fermé, et quand il est incliné de gauche à droite, un courant positif est transmis à la sonnerie affectée au contrôle des positions intermédiaires du signal indicateur.
- Le commutateur à mercure de M. Lartigue a été encore appliqué par lui à la manœuvre des rideaux de théâtre. Quoique cette application ne figurât pas à l’Exposition du chemin de fer du Nord, nous croyons devoir en dire quelques mots ici, puisque nous parlons de cet intéressant commutateur. On en trouvait d’ailleurs un modèle à l’exposition particulière de M. Lartigue.
- La manœuvre du rideau de la scène dans les grands théâtres n’est pas chose aussi aisée qu’on pourrait le croire à première vue. Elle s'effectue, en effet, au moyen de tambours, de contrepoids et de poulies de renvoi qui exigent, pour être mis facilement en action, certains dispositifs mécaniques auxquels l’action électro-magnétique peut prêter un concours précieux, comme on va pouvoir en juger.
- Le rideau de scène se lève, comme on le sait, au moyen d’un câble qui s’attache à une grande tringle fixée horizontalement au milieu du rideau et qui s’enroule sur un grand tambour conduit par un fort contre-poids. Dans les grands théâtres, ce contre-poids n’agit pas directement sur le tambour en question, mais sur un second tambour placé à côté de celui qui doit relever le rideau, et auquel on l’enclanche quand le poids, étant arrivé au point le plus haut de sa course, a eu sa corde entièrement enroulée sur ce second tambour. Pour que les mouvements s’effectuent uniformément, un frein à collier est adapté sur ce dernier tambour, et ce frein doit être dirigé de manière à remplir certaines fonctions que nous allons analyser; mais auparavant nous devons dire que le contre-poids se meut à l’intérieur d’une espèce de cheminée, où il se trouve conduit par une poulie de renvoi.
- Le frein en question doit réaliser les effets suivants : i° arrêter en temps voulu le contre-poids tombant avec une vitesse déterminée; 20 ne produire cet arrêt que dans les mouvements ascensionnels; 3° ne pas produire d’arrêt quand le contre-poids descend lentement; 40 ne réagir que quand le contre-poids se trouve dans les conditions voulues pour motiver son action. Or, c’est précisément pour obtenir automatiquement ces différents effets, que M. Lartigue a eu l’idée d’appliquer à ce frein les moyens électriques, et pour cela il a mis à contribution l’électro-aimant Hughes et l’intei rupteur à mercure que nous avons décrit précédemment.
- Dans ces conditions d’application, l’interrupteur à mercure n’est muni que de deux contacts qui occupent le grand compartiment près de la cloison de séparation. L’un de ces contacts est placé près de l’orifice d’écoulement, l’autre vers la partie supérieure de la cloison. Cet interrupteur est fixé au-dessu s de la partie centrale d’une bascule dont un des bras est muni d’un contre-poids, l’autre d’une longue lame d’acier, et le tout est placé dans la
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- cheminée de descente du contre-poids, en un point où la vitesse de chute de ce contre-poids doit être modérée. En temps normal, la bascule est inclinée de manière que le mercure se trouve refoulé dans la partie du compartiment de l’interrupteur qui est dépourvue de contacts; mais quand le contre-poids passe devant elle, il rencontre la lame de ressort et fait incliner le système en sens contraire. Si le mouvement est rapide, le mercure de l’interrupteur n’a pas le temps de s’écouler par l’orifice qui lui donne accès dans le petit compartiment, et les contacts sont immergés, ce qui entraîne une fermeture de courant dont nous allons voir à l’instant l’effet; mais au bout d’un instant, le mercure s’est écoulé dans le second compartiment, et le circuit se trouvant de nouveau rompu, l’action électrique cesse. Si le mouvement du contre-poids s’était effectué au contraire lentement, le mercure de l’interrupteur aurait eu le temps de s’écouler avant d’atteindre le second contact, et aucune fermeture de circuit n’aurait eu lieu. D’un autre côté, comme le contre-poids, en remontant, rencontre la bascule de bas en haut, celle-ci se trouve remise dans sa position normale sans entraîner davantage de fermeture de circuit, ce qui fait que l’action électrique n’est, en définitive, produite qu’au moment où le contre-poids atteint une trop grande vitesse. Or, cette action électrique a pour effet de déclancher un fort contre-poids qui agit sur le frein à collier et qui bute, à l’état normal, contre l’armature d’un électro-aimant Hughes.
- La vitesse de chute du contre-poids se trouve donc alors modérée, et les quatre conditions du problème se trouvent ainsi résolues d’une manière assez simple. Grâce à ce dispositif, on peut remonter le contre-poids pendant que le rideau est abaissé, enclancher le tambour où se trouve enroulée la corde sur le tambour du rideau, et mettre celui-ci en état de lever le rideau au moment où le chef d’orchestre le juge convenable, sans réagir sur le frein; ce n’est que quand la détente du contre-poids a été dégagée mécaniquement, que le rideau se lève automatiquement, ayant pour organe régulateur l’action électrique. Cette détente peut d’ailleurs se faire électriquement au moyen d’un interrupteur spécial, agissant sur l’élec-tro-aimant Hughes.
- Il va sans dire que la descente du rideau se fait sous l’influence de son propre poids, modéré dans sa chute comme celui du contre-poids entraîneur.
- On peut encore, au moyen de ce système, arrêter le rideau en un point quelconque de sa course si un accident venait à se présenter. Il suffirait pour cela de réagir sur un second interrupteur qui, en effectuant la mise en action de l’électro-aimant du frein, ferait fonctionner celui-ci, comme si l’interrupteur à mercure avait réagi lui-même.
- Tu. du Movcel.
- SUR LA
- THÉORIE DES PHÉNOMÈNES
- ÉLECTRODYNAMIQUES Deuxième article ( Voir le n° du iQ février 1882.)
- SOLÉNOÏDES.
- 18. — Action d'un courant fermé élémentaire sur un élément de courant. — On a vu précédemment (11) que l’action d’un courant fermé élémentaire sur un élément de courant est normale à l’élément. Il est facile maintenant d’évaluer cette force d’après la formule d’Ampère.
- Soit AB = ds un courant élémentaire d’intensité i dirigé de A vers B (fig. 18). Menons une droite quelconque AO et, dans un plan perpendiculaire à cette droite, imaginons un courant fermé élémentaire de forme rectangulaire CDEF ayant pour centre le point O et tel que les côtés CD et EF soient parallèles au plan AO B ; désignons par i' l’intensité de ce courant.
- Cherchons l’action du courant fermé élémentaire sur l’élément de courant AB.
- Le courant DE est perpendiculaire au plan OAB qui passe par le milieu de DE ; ce courant est sans action sur AB. De même le courant FC est sans action sur AB. On a donc à considérer seulement les actions de CD et de EF sur AB.
- L’élément de courant AB peut se décomposer en deux autres, l’un Ax perpendiculaire à OA et situé dans le plan OAB, l’autre Ay dirigé suivant AO.
- Les courants CD et EF sont perpendiculaires au plan mené par Ay et par les milieux K et H de ces éléments; ces courants CD et EF sont donc sans action sur Ay. Il suffit donc de considérer les actions de CD et de EF sur Ax. Si l’on désigne par a l’angle de l’élément de courant AB avec la droite AO, l’élément Ax a pour valeur :
- Av = ds sin a.
- "•-•S. '
- k: f
- W',
- ' V- L \ . .// :
- FIG |8
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 293
- L’action de CD sur Ax est une force attractive f dirigée de A vers K. Si l’on désigne par r la distance AK, la force / a pour valeur, d’après la formule d’Ampère,
- 7 if
- F —A 75- X CD X ds sin a.
- 1d
- L’action de EF sur Ax est une force répulsive f dirigée suivant le prolongement de HA, égale à f en valeur absolue.
- Ces deux forces / et/' ont une résultante^) dirigée suivant la bissectrice de l’angle des deux forces f et f, et par suite normale à l’élément AB. Si l’on désigne par 6 l’angle O AK, la résultante p a pour valeur :
- p = 2/sin 6.
- Dans le triangle O AK, on a la relation
- • _ OK
- sin 6 =---.
- r
- Si l’on désigne par a l’aire du rectangle CDEF, on trouve finalément, pour la résultante p ou pour l’action du courant fermé élémentaire sur l’élément de courant AB,
- . i i' , . . p = A pj a ds sin a-
- On a vu précédemment que tout courant fermé élémentaire passant par un point O peut être remplacé par la projection de ce courant fermé élémentaire sur un plan perpendiculaire à une droite AO (10). Par conséquent, la force p représente l’action exercée sur l’élément AB par un courant fermé élémentaire quelconque passant par le point O, en désignant par <r la projection de ce courant fermé élémentaire sur un plan, perpendiculaire à la droite AO, qui joint un point de l’élément AB à un point du courant fermé élémentaire.
- La direction de la force p est déterminée par la règle suivante :
- Supposons un observateur placé dans la direction de l’élément AB, recevant le courant par les pieds et regardant le courant fermé élémentaire CDEF : le courant marche dans le sens des aiguilles d’une montre. La force p est dirigée vers la gauche de l'observateur.
- Un changement de sens, soit de l’élément de courant AB, soit du courant fermé CDEF, entraîne un changement de direction de la force p, d’après la formule d’Ampère.
- 19. — Action d'un solénoïde sur un élément de courant. — Considérons une courbe quelconque SS' (fig. 19) ; prenons sur cette courbe des arcs égaux infiniment petits 00', O'O"....; désignons par e la longueur commune de ces divers arcs.
- Supposons que chacun des points O, 0', O"..........
- soit le centre d’un courant circulaire, infiniment
- petit, dont le plan soit normal en chaque point à la courbe directrice SS'; supposons de plus tou£
- les courants circulaires CD, CD', CD"...........égaux
- entre eux et parcourus par des courants de même sens et de même intensité i'. L’ensemble des courants circulaires est appelé un solénoïde.
- Il s’agit de déterminer l’action du solénoïde sur un élément de courant AB. Le problème consiste à composer les actions des divers courants élémentaires du solénoïde sur l’élément de courant AB, d’intensité i. Chacune de ces actions élémentaires est déterminée par la règle précédente.
- Désignons par a l’angle de l’élément AB avec la droite AO qui joint un point de cet élément au centre du premier courant circulaire, par r la distance AO, par y l’angle de cette droite avec la tangente 00' à la courbe directrice du solénoïde au
- FIG. K)
- point O, par w l’aire de l’un des courants circulaires du solénoïde.
- La projection a du courant circulaire CD sur un plan perpendiculaire à la droite AO est a — w cos y l’action du courant circulaire CD sur l’élément AB est une force p, perpendiculaire au plan O AB, ayant pour valeur, d’après ce qui précède,
- . H' ,
- p =2 A iù cos y as sin çt.
- Désignons par r' la distance du point A au point O' infiniment voisin du point O. Si l’on abaisse du point O' une perpendiculaire O'E sur la droite AO, la distance r' a pour valeur :
- r' = r + e cos y.
- L’intervalle e est infiniment petit; on a donc la relation :
- I
- f a
- I
- 72
- (/* -f ecos y)2
- I
- 2 c cos ^
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- En reportant cette valeur dans l’expression de p, on a :
- P —AU' X^{~ï —p-2) ds sin a.
- La force p est donc la différence de deux ternies.
- On pourra décomposer de même en deux termes l’action/»', qu’exerce le second courant circulaire CD' sur l’élément AB; cette force est perpendiculaire au plan 0'AB et par suite cette force est infiniment voisine de la force p.
- Le premier terme de la force p' sera donc égal en valeur absolue au second terme de la force p ; la somme algébrique de ces deux termes est nulle.
- Si l’on opère la même décomposition pour les actions exercées par les autres courants circulaires sur l'élément AB, on trouve finalement que l’action du solénoïde sur l’élément de courant AB se réduit à deux forces : l’une de ces forces est le premier terme dep ou de l’action du courant circulaire situé à l’une des extrémités S du solénoïde; l’autre force est le second terme de l’action exercée par le courant circulaire situé à l’autre extrémité S' du solénoïde.
- Si l’on désigne par «p la première de ces forces,
- ,ii' w .
- <f = AJÎ X-Xdssm*.
- La direction de cette force <p est déterminée par la règle suivante :
- L’observateur placé sur l’élément de courant AB reçoit le courant par les pieds et regarde le pôle S du solénoïde ; l’observateur voit le courant du solénoïde au point S marcher dans le sens des aiguilles d’une montre et en même temps il voit les courants suivants du solénoïde O',O" au delà du premier courant 0 ; la force <p relative au pôle S du solénoïde est dirigée à la gauche de l’observateur.
- La force cp change de direction par rapport à l’observateur lorsque les courants du solénoïde SS' changent de sens.
- A l’autre extrémité du solénoïde correspond une seconde force <p' qui diffère de la première par le signe. La valeur delà force <p', qui correspond à l’extrémité S' du solénoïde, se déduit de la valeur de la force çp, qui correspond à l’extrémité S du solénoïde, en remplaçant dans cette dernière force la distance r par la distance du point A à l’extrémité S' du solénoïde, et en remplaçant l’angle a. par l’angle de l’élément de courant AB avec la droite AS', qui joint un point de cet élément à l’extrémité XS' du solénoïde.
- Le même observateur voit le courant du solénoïde au point S' marcher dans le sens des aiguilles d’une montre et en même temps il voit les courants suivants du solénoïde en-deçà du courant S'; la force <p' relative à l’action du second pôle S' du solénoïde est dirigée à droite de l’observateur.
- La force <j>' change de direction par rapport à l’observateur lorsque les courants du solénoïde SS' changent de sens.
- Les deux extrémités S et S' du solénoïde se nomment les pôles du solénoïde.
- Désignons, pour abréger, par ^ la quantité —>
- qui est caractéristique du solénoïde SS', l’action du pôle S de ce solénoïde sur l’élément de courant AB est alors représentée par la formule :
- - A-pfi as sut a.
- 20. — Action, d'un pôle de solénoïde sur un courant fermé élémentaire. — Soient S (fig. 20) l’un
- FIG. 20
- des pôles d’un solénoïde SS', ABCD un courant rectangulaire de dimensions infiniment petites ayant son centre en un point 0 situé sur la perpendiculaire abaissée du point S sur le plan du courant rectangulaire.
- Désignons par p. la constante du solénoïde SS', par i l’intensité du courant rectangulaire, par r la distance du pôleS à l’un des côtés AB du courant rectangulaire, c’est-à-dire la distance SI du pôle S du solénoïde au milieu du côté AB.
- Si l’on suppose le courant rectangulaire ABCD dirigé dans le sens AB, si l’on suppose de plus qu’un observateur placé suivant l’élément du courant AB voit le courant du solénoïde au pôle S marcher dans le sens des aiguilles d’une montre, l’action du pôle S du solénoïde sur l’élément de courant AB est une force cp dirigée à gauche de l’observateur, normalement au plan SAB, ayant pour valeur, d’après ce qui précède,
- o = - A -r, i ils. y 2
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- La force <p peut se décomposer en deux autres forces, l’une cp' perpendiculaire au plan du courant rectangulaire, l’autre cp" située dans le plan du courant rectangulaire, normalement à AB.
- Si l’on considère de même les actions du pôle de solénoïde S sur les autres côtés du courant élémentaire ABCD, on voit sans peine que les composantes telles que <p" situées dans le plan du courant se font mutuellement équilibre. L’action du pôle de solénoïde S sur le courant fermé ABCD est la résultante des composantes telles que cp' ou la somme de ces forces.
- Si l’on désigne par y l’angle OSI, la composante cp a pour valeur :
- cp' = cp sin y.
- Dans le triangle SOI, on a d’ailleurs :
- La composante <p' de la force cp a donc pour valeur :
- ' -9'or Xds.
- Le produit1 01X ds est l’aire du triangle A OB-,
- la résultante $ des forces cp' a donc pour valeur, en désignant par <7 l’aire du rectangle ABCD,
- <l> = A ^ i a.
- L’action <ï> du pôle de solénoïde S sur le courant fermé ABCD est ici une forte attractive, normale au plan du courant fermé élémentaire.
- La valeur de la force <I> est indépendante de la forme du courant fermé élémentaire; elle est la même pour tous les courants fermés élémentaires dont le plan passe par le point O, en désignant alors par <7 la projection du courant fermé élémentaire sur un plan perpendiculaire à la droite SO qui joint le pôle du solénoïde à un point du courant fermé élémentaire.
- En général l’action <î> d’un pôle de solénoïde S1 sur un courant fermé élémentaire est dirigée suivant la droite qui joint un point du courant fermé élémentaire au pôle du solénoïde ; cette force est attractive ou répulsive.
- Le sens de cette force est déterminé par la règle suivante qui est une conséquence de la règle relative à l’action d’un pôle de solénoïde sur un élément de courant.
- On projette le courant du solénoïde au pôle S et le courant fermé élémentaire sur un plan perpendiculaire à la droite qui joint le pôle du solé-noide à un point du courant fermé élémentaire.
- Lorsque les deux courants ainsi projetés sont de même sens, il y a attraction si les courants du solénoïde voisins du pôle S sont situés au-delà de ce pôle par rapport au courant fermé; il y a au
- contraire répulsion, si les courants du solénoïde voisins du pôle S sont situés en deçà de ce pôle par rapport au courant fermé.
- Lorsque le solénoïde et le courant fermé conservent les mêmes positions, la force change de sens lorsque le sens de l’un des courants vient à changer.
- 21. — Action de deux solénoïdes. — Soient deux solénoïdes SS' et StS2 (fig. 21). Désignons par ;j. la quantité constante relative au premier solénoïde SVS', par w l’aire de l’un des courants circulaires du second solénoïde StS2, par i l’intensité de l’un [de ces courants circulaires, par e la distance de deux courants consécutifs du solénoïde.
- Si l’on désigne en outre par r la distance des deux pôles S1 et Slf par y l’angle de la droite SS,
- FIG. 21.
- avec la tangente à la directrice du second solénoïde au pôle St, l’action du pôle S du premier solénoïde sur le courant circulaire du second solénoïde situé au point S„ a pour valeur d’après ce qui précède :
- U,
- <J> = A p; i ù) cos y.
- On obtiendra l’action du pôle S du premier sor lénoïde sur le second solénoïde SjS., en composant les forces telles que «h.
- Pour composer ces forces on fera usage d’une remarque précédente. Si l’on désigne par r' la distance du pôle S du premier solénoïde au centre du courant circulaire du second solénoïde voisin du premier courant circulaire passant par le point *Sj, la distance r' a pour valeur :
- r' — r -\-c cos y.
- L’intervalle c qui sépare deux courants circulaires consécutifs du second solénoïde est infiniment petit ; on a la relation :
- r:i \r'i — yr + e cos y, - i 2 e cos y
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- En reportant cette valeur dans l’expression de 4>, on a :
- Si l’on décompose de la même manière la force <!>' qui représente l’action du pôle S du premier solénoïde sur le second courant circulaire du solénoïde S,S3 et si l’on opère la même décomposition pour les autres forces analogues, on trouve finalement que l’action du pôle S du premier solénoïde sur le second solénoïde se réduit à deux forces.
- L’une de ces forces F est le premier terme de <I> ou de l’action du pôle S sur le courant circulaire situé en Slf l’autre force est le second terme de l’action exercée par le pôle S du premier solénoïde sur le courant circulaire situé à l’extrémité S, du second solénoïde.
- Désignons, comme on l’a fait précédemment pour abréger, par fi la quantité , caractéristique
- du second solénoïde SjSj.
- La force F ou l’action du pôle S du premier solénoïde sur le pôle St du second solénoïde a pour valeur :
- 2 r*
- Le sens de cette force F est déterminé par la règle suivante, qui est une conséquence de la règle relative à l’action d’un pôle de solénoïde sur un courant fermé élémentaire :
- Lorsqu’un pôle de solénoïde S agit par attraction sur le courant fermé qui passe parle pôle .S, d’un second solénoïde, le pôle S. attire le pôle S± lorsque les courants du solénoïde voisins du pôle St sont situés au delà de ce pôle par rapport au pôle S. Au contraire si les courants du solénoïde >S\ voisins du pôle S, sont situés en deçà de ce pôle par rapport au pôle S du premier solénoïde, le pôle S repousse le pôle
- Lorsque les deux solénoïdes conservent les mêmes positions, la force change de sens lorsque le sens des courants vient à changer sur l’un des solénoïdes.
- Si on suppose la force F attractive, l’action du pôle S du premier solénoïde sur le pôle du second solénoïde est une force répulsive, exprimée par la formule précédente, en remplaçant r par la distance des deux pôles S et S2.
- De même l’action du second pôle S' du premier solénoïde sur le pôle est une force répulsive, l’action du second pôle S' du premier solénoïde xsur le pôle S2 du second solénoïde est une force attractive : les valeurs de ces forces sont données par l’expression précédente.
- 22. — Assimilation des aimants aux solénoïdes. — Les actions qui s’exercent entre deux solénoïdes se réduisent donc à quatre forces, qui s’exercent
- mutuellement entre les pôles des deux solénoïdes. Ces forces sont analogues à celles qui slexercent entre les pôles de deux aimants.
- Si l’on désigne en effet par M la masse magnétique située au pôle d’un premier aimant, par M' la masse magnétique située au pôle d’un second aimant, par r la distance des deux pôles, la force magnétique qui s’exerce entre les pôles des deux aimants a pour valeur
- T MM'
- ‘I
- Les pôles des solénoïdes jouent le même rôle que les masses magnétiques, situées aux pôles des aimants.
- Au point de vue des actions mutuelles chaque solénoïde peut être remplacé par un aimant de même longueur, ayant une masse magnétique telle que les deux forces F et aient la même valeur ; on aura alors la condition
- Chacune des constantes et fi est particulière au solénoïde qu’elle concerne ; on satisfera à la condition précédente, d’une manière générale, en posant
- jj. = M, [j/ = il/', A — 2.
- Si l’on désigne par m l’aire de l’un des courants circulaires du premier solénoïde, par e la distance de deux courants circulaires consécutifs, l’intensité i du courant qui traverse le premier solénoïde est donnée par la relation
- Si l’on désigne de même par l’aire de l’un des courants circulaires du second solénoïde, par e' la distance de deux courants circulaires consécutifs, l’intensité i' du courant qui traverse le second solénoïde est donnée par la relation
- On a donné le nom d’intensités électro-magnétiques aux intensités des courants définies par les relations précédentes. Si l’on convient de prendre pour deux courants quelconques les intensités électro-magnétiques de ces courants, la constante A de la formule d’Ampère a pour valeur 2.
- L’analogie qui existe entre les aimants et lès solénoïdes a été confirmée d’une manière remarquable par l’expérience.
- 23. — Action cFunpôle de solénoïde sur un courant rectiligne indéfini. —Un pôle de solénoïde S (fig. 22) est placé en regard d’un courant rectiligne indéfini XY, d’intensité i.
- Désignons par y. la masse magnétique qui cor-
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- respond au pôle S du solénoïde, par h la distance dO du pôle du solénoïde S au courant rectiligne indéfini, par r la distance de ce pôle S à un point M du courant indéfini, par a l’angle que fait la droite SM avec le courant indéfini, par a dot. l’angle que fait avec le courant indéfini la droite SM' menée du point >S' à un point M' infiniment voisin du point M.
- Le pôle de solénoïde S exerce sur l’élément MM' = ds une action f perpendiculaire au plan SM O, ayant pour valeur (19),
- f= i ds sin x.
- Le double de l’aire du triangle MSM' a pour valeur :
- h ds — r2 da.
- La force élémentaire /"peut donc s’écrire
- /=
- iif h
- sin x dx.
- La direction de la force f est donnée par une règle précédente (19). On peut reconnaître facilement que les forces f, appliquées aux divers éléments du courant indéfini, sont des forces de même sens.
- L’action F du pôle de solénoïde S sur le courant rectiligne indéfini est la résultante ou la somme des forces f lorsque a croît de zéro à tt,
- ai / iu
- F — J sin xdx — i~^.
- Cette force F est appliquée au point O, perpen diculairement au plan SX Y mené par le pôle de solénoïde et le courant rectiligne indéfini.
- Le second pôle du solénoïde exerce sur le courant rectiligne indéfini une action analogue.
- 24. — Action d'un courant rectiligne indéfini sur un solénoïde. — L’action d’un solénoïde SS' sur un courant rectiligne indéfini XY (fig. 23) se réduit à deux forces F et F'.
- Soient SO — h, S'O' = h' les distances des pôles du solénoïde au courant rectiligne indéfini, \j. la masse magnétique du solénoïde, i l’intensité du courant rectiligne.
- La force F est perpendiculaire au plan SXY, la force F' est perpendiculaire au plan S'XY ; ces deux forces ont pour valeurs :
- F=2
- h »
- F' = 2
- il
- h' ‘
- Les actions élémentaires qui s’exercent, d’après
- la formule d’Ampère, entre chaque élément de courant du solénoïde et chaque élément de courant du courant indéfini sont des actions mutuelles, égales et contraires. Par conséquent les actions du solénoïde sur le courant indéfini et les actions de ce courant sur le solénoïde forment un système de forces en équilibre.
- Si l’on prend une force Q égale et contraire à F, si l’on prend une force Q' égale et contraire à F', l’ensemble des deux forces Q et Q' représente l’action du courant rectiligne indéfini sur le solénoïde. Le système des _______________________________
- deux forces Q et Q' peut se transformer.
- Par le pôle S du solénoïde menons deux forces P et cp égales et parallèles aux deux forces F et Q. Par le second pôle S' du solénoïde menons deux forces P' et cp' égales et parallèles aux deux forces F' et Q'.
- Le système des forces Q et Q' équivaut au système des deux forces cp, cp' et au système des deux couples PQ, P'Q'.
- Les plans de ces deux couples perpendiculaires au courant rectiligne Z F sont parallèles; les deux couples agissent en sens contraire et ont des moments égaux; on a en effet
- P h = P' h’.
- PIC. 23
- Ces deux couples se font mutuellement équilibre.
- L’action du courant rectiligne indéfini sur le solénoïde SS' se réduit donc au système des deux forces cp et cp'. Ces deux forces sont de sens contraire par rapport aux forces F et F'. Les directions de ces dernières forces sont données par une règle précédente (19).
- Le sens de l’action exercée par un courantrectiligne indéfini sur un pôle de solénoïde est déterminé par la règle suivante :
- Un observateur placé dans le courant rectiligne reçoit le courant par les pieds et regarde un pôle S du solénoïde. Si l’observateur voit le courant du pôle S du solénoïde marcher dans le sens des aiguilles d’une montre et s’il voit en même temps les courants du solénoïde voisins du pôle S au delà de ce pôle, l’action exercée par le courant rectiligne indéfini sur le pôle S du solénoïde est dirigée à droite de l’observateur. Si l’observateur voit le courant au pôle S marcher dans le sens des aiguilles d’une montre et s’il voit en même temps les courants du solénoïde voisins du pôle S en deçà de ce pôle, l’action exercée par le courant rec-
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- tiligne indéfini sur le pôle S du solénoïde est dirigée à gauche de l’observateur.
- Lorsque le solénoïde garde la même position par rapport au courant indéfini, l’action de ce courant sur chaque pôle du solénoïde change de sens lorsque le sens du courant change dans le solénoïde.
- Les expériences de Biot et Savart ont montré que l’action d’un courant rectiligne indéfini sur un pôle d’aimant est inversement proportionnelle à la distance de ce pôle au courant indéfini. Ces expériences confirment l’assimilation des aimants aux solénoïdes.
- 25. — Expérience d'Œrstedt. — Un solénoïde SS' (fig. 24) est mobile autour de son milieu / dans un plan horizontal ; un courant vertical indéfini
- FIG. 24
- XY, dirigé de X vers Y, agit, sur le solénoïde. Proposons-nous de trouver la position d’équilibre stable du solénoïde.
- Désignons par 11. la masse magnétique placée à l’un des pôles du solénoïde, par i l’intensité du courant XY, par h et h' les distances des pôles du solénoïde au courant vertical, SO — h, S'O = h'.
- Supposons le pôle S du solénoïde sollicité par une force cp, perpendiculaire à SO, dirigée à gauche de l’observateur placé dans le courant vertical. Le pôle S' du solénoïde est alors sollicité par une force cp', perpendiculaire à S'O, dirigée à droite de l’observateur placé dans le courant vertical.
- Les deux forces 4 et U ont pour valeurs respectives :
- u i . u. i
- * = 2J,’ Ç =2J,.
- Pour l’équilibre, les moments de ces deux forces par rapport au point de suspension du solénoïde doivent être égaux. Si l’on abaisse du point I des perpendiculaires IP, IP' sur les forces cp et cp',
- <? X IP — <?' X IP'.
- En appelant 21 la longueur du solénoïde, a, a' les angles OS/, OS'I, la condition d’équilibre est:
- y cos a =r tp' / cos\a'
- ou, en remplaçant les forces cp et cp' par leurs valeurs,
- ccs cc cos a'
- ~r ~ ~h '~ '
- D’ailleurs | dans le triangle OSS', les côtés h et h' sont proportionnels aux sinus des angles opposés. On a donc finalement pour condition d’équilibre :
- sln 2a — sin 2a' a = a'.
- Le solénoïde en équilibre est donc perpendiculaire à la droite 01, abaissée du milieu du solénoïde sur le courant vertical.
- Les composantes f et /' des forces cp et cp', situées dans la direction du solénoïde, sont dirigées suivant les prolongements du solénoïde : l’équilibre est stable. En faisant tourner le solénoïde de 180 de grés, on aurait une position d’équilibre instable du solénoïde.
- L’observateur placé dans le courant rectiligne indéfini au point O voit les courants du solénoïde voisins du pôle S en deçà de ce pôle, l’observateur a la force 4 à sa gauche; l’observateur voit, par conséquent, d’après une règle précédente (24) le courant tdu solénoïde au pôle >S marcher dans le sens^du mouvement des aiguilles d’une montre.
- Dans l’expérience d’Œrstedt un aimant mobile se place perpendiculairement au courant ; d’après la règle donnée par Ampère, le pôle austral de l’aimant est à la gauche du courant.
- En assimilant un aimant à un solénoïde, le pôle S du solénoïde, dans le cas considéré, est le pôle austral du solénoïde. Le pôle austral d’un solénoïde est donc le pôle du solénoïde, tel qu’un observateur regardant le solénoïde en face voit le courant du solénoïde marcher dans le sens contraire du mouvement des aiguilles d’une montre.
- Les pôles de deux solénoïdes se repoussent ou s’attirent suivant que les courants aux • pôles des deux solénoïdes sont dirigés en sens contraire ou sont au contraire de même sens : les pôles de même nom se repoussent, les pôles de noms contraires s’attirent.
- 26. — Rotation
- d'un courant par un aimant. — Il est facile maintenant de rendre compte de l’action exercée par uiij aimant fixe sur un courant mobile. Nous examinerons seulement, comme exemple, un phéno mène particulier de rotation.
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- Considérons une portion de courant CD (fig. c5), située dans un plan vertical, et mobile autour d’un axe vertical AZ. En un point de l’axe A, supposons le pôle austral d’un aimant, et proposons-nous de déterminer l’action exercée par ce pôle sur le courant CD.
- Soit MM' = ds un élément du courant d’intensité i, dirigé de C vers D. Désignons par r la distance AM, par a l’angle de la droite AM avec l’élément de courant MM', par o. la masse magnétique située au pôle A.
- L’élément- de courant MM' est sollicité par une force F perpendiculaire au plan vertical qui renferme le courant, dirigé à la droite de l’observateur placé dans le courant; cette force F a pour valeur
- u, i
- F = dssintx.
- V*
- Abaissons du point M la perpendiculaire MN sur l’axe de rotation. Si on désigne par 0 l’angle MAZ, le moment de la force F est
- F X MN = — dssin xsin0. r
- Dans cette relation ds sin a est la projection MP de l’élément du courant MM' sur une droite perpendiculaire à AM et située dans le plan de la figure.
- Si l’on désigne par 0 + do l’angle de l’axe AZ avec la droite AM', l’angle <a?0 estl’angle sous lequel on voit, du pôle A de l’aimant, l’élément du courant ds,
- ds sin a
- d« = —F—
- Le moment de la force F, par rapport à l’axe de rotation, est donc
- |j. i sin 0 c/0.
- Si l’on désigne par 0, et 0o les angles que font avec l’axe de rotation les droites AD et AC, la somme des moments de rotation des actions du pôle d’aimant A sur le courant CD a pour valeur :
- /*0i
- \i. i I sin 0 c/0 =0x2 (cos 0o — cos 0|).
- «y 0o
- Le moment de rotation est nul lorsque le courant mobile est fermé.
- Lorsque le courant mobile CD n’est pas situé dans un plan vertical passant par l’axe AZ, chaque élément de courant peut se décomposer en deux autres, l’un situé dans le plan vertical mené par l’axe AZ, l’autre perpendiculaire à ce plan. L’action du pôle d’aimant A sur ce dernier élément de courant rencontre l’axe AZ et ne peut déterminer aucun mouvement du courant mobile.
- (A suivre.) J. Moutier.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LES BUREAUX TÉLÉPHONIQUES
- AUTOMATIQUES
- 2° article (Voir le n° du 18 mars 1882).
- APPAREILS LEDUC ET BARTELOUS
- Nous avons vu que l’appareil Connolly est destiné à constituer un bureau central automatique, fonctionnant sans l’intervention d’aucun employé pour mettre en relation, entre eux, un certain nombre d’abonnés formant un réseau, peu étendu, il est vrai, mais complet et indépendant.
- L’appareil de M. Leduc a une destination moins générale ; il a pour but de mettre en communication avec un bureau central C, semblable à ceux qui existent actuellement, un groupe d’abonnés formant une sorte de réseau secondaire L greffé sur le réseau principal.
- Il est destiné à permettre, en n’employant entre L et C qu’un ou deux fils de ligne :
- i° Au bureau central de correspondre à volonté avec chacun des abonnés du réseau secondaire L;
- 20 A chacun des abonnés de L de correspondre avec le bureau central et par conséquent avec tous les abonnés qui y sont reliés ;
- 3° A deux quelconques des abonnés de L'de correspondre entre eux.
- Pour cela tous les appareils d’abonnés sont reliés d’une part au sol et d’autre part par l’intermédiaire de l’appareil automatique à la ligne qui va au bureau central C. La pile est placée dans ce dernier bureau et c’est de là que l’employé fait manœuvrer l’appareil automatique pour mettre en relation directe avec la ligne et isoler du reste du réseau secondaire, soit l’abonné qui .l’appelle, soit celui que l’on appelle d’un point quelconque du réseau principal.
- Le manipulateur à l’aide duquel l’employé manœuvre ainsi l’appareil automatique est, comme dans l’appareil précédent, un manipulateur à émission de courants interrompus successifs. Nous le décrirons plus loin.
- L’appareil automatique ou pluà exactement le commutateur automatique est représenté schématiquement dans les fig. 1 et 2. Sur un axe a qu’un mouvement d’horlogerie tend à faire tourner dans le sens indiqué parla flèche (fig. 1) est fixée d’abord une roue dentée R. Un échappemènt à ancre, commandé par les mouvements de l’armature A d’un électro-aimant E, règle les mouvements de la roue R d’après les courants envoyés dans l’élec-tro E par le manipulateur du bureau central.
- Le même axe porte une tige terminée parmi doigt de contact isolé d qui peut se soulever légère-
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- ment de bas en haut, mais est maintenu baissé par un ressort. En outre la tige du doigt porte une vis de contact t' qui met la partie supérieure mobile en contact avec le massif, quand cette partie se trouve dans sa position normale. Il résulte de cette disposition qu’aussitôt que le doigt rencontre sur son passage un obstacle, il se soulève et interrompt le contact avec t'.
- Or l’extrémité du doigt parcourt la circonférence d’un disque d’ébonite c sur laquelle sont fixées des touches métalliques /, /..., en nombre égal à celui des dents de la roue R. A chacune de ces touches aboutit un des fils de ligne du réseau L et elles communiquent également à des contacts à ressort g, g..-
- Quand la roue R est au repos, l’extrémité m du doigt d pousse un levier qui fait appuyer sur tous les contacts g une plaque q. Tous ces contacts
- et par suite toutes les lignes communiquent alors avec le doigt d et comme celui-ci se trouve alors sur la touche de repos L qui le soulève, le contact t' est interrompu et toutes les lignes sont reliées au circuit général de l’appareil. Du doigt d, le courant passe dans un petit électro-aimant Hughes H et de là dans l’électro-aimant E, d’où il va à la ligne du bureau central.
- Par conséquent si, ce bureau envoie un certain nombre de courants sur la ligne, il y aura déclanchement d’un nombre égal de dents de la roue R et le doigt d passera sur autant de touches L ; on pourra donc, par l’envoi d’un nombre convenable de courants, amener d sur telle touche qu’on voudra et mettre le bureau central en relation avec une quelconque des lignes secondaires.
- Au moment où cette communication sera établie, l’extrémité m du levier n’étant plus repoussée par le doigt, la communication de ce dernier avec les contacts g est supprimée et la ligne sur la touche de laquelle se trouve le doigt est seule dans le circuit.
- Pour qu’il y ait concordance entre les mouve-
- ments du manipulateur et ceux du doigt, il faut que la roue R parte toujours d’un point fixe et revienne à ce point après chaque opération. Dans ce but, la roue R est munie d’une goupille T, qui dans la position de repos, bute contre un arrêt k formant l’extrémité de l’armature d’un électro-aimant Hughes H
- <t
- intercalé dans le circuit. Cet électro est construit de telle sorte qu’il ne soit affecté que par des courants inverses de ceux qui parcourent ordinairement le circuit. Or le premier courant qu’envoie le manipulateur est un courant négatif, tous les suivants
- Manipulateur
- étant supposés positifs. Ce premier courant déclanche donc la roue R et celle-ci en tournant, par le jeu d’une piècep, remet au contact l’armature de H. De cette façon, quand la conversation téléphonique est terminée, l’employé, en ramenant son manipulateur au repos, ramènera la roue au repos et sa goupille viendra forcément buter contre k.
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- Le manipulateur est représenté par la fig. 3. Une manette N en communication avec la ligne peut être mise en contact avec une série de blocs de cuivre communiquant les uns avec les autres en dessous du socle sur lequel ils sont fixés. Ces blocs communiquent en même temps avec une pile dont l’autre pôle est au sol. Mais entre le premier et le second bloc est placé un ressort que la manivelle vient toucher et qui fait commutateur. De cette façon, chaque fois que la manivelle touche un bloc, un courant est envoyé dans la ligne, .il fait avancer
- d’une dent la roue dentée R, mais le premier courant envoyé, par suite du jeu du commutateur, est de sens inverse des suivants, et c’est celui-là qui déclanche l’électro-aimant de Hughes H, et permet le départ de la roue R.
- Dans la vue d’ensemble de la fig. 4, l’appareil Leduc est représenté sous sa dernière forme. On voit en B le mouvement d’horlogerie qui met en mouvement l’axe o (a des fig. 1 et 2) la roue r (R) et le doigt c (d). E est l’électro-aimant de Hughes et E' l’électro-aimant qui commande la roue r,
- FIG. 4 —» APPAREIL LEDUC
- seulement son armature, ail lieu d’agir sur un échappement à ancre, commande un échappement à coulisse figuré en M H qui offre plus de sécurité. Les contacts g, au lieu d’être disposés circulairement autour de l’axe, sont placés en une ligne horizontale au-dessus du disque fixe et c’est une barre équilibrée par la pièce J qui vient faire contact avec eux, dès que le doigt est à sa position de repos. D n’est autre chose qu’un index qui suit les mour vements du doigt et les indique sur un cadran extérieur.
- Dans la pratique, l’abonné d’un réseau secondaire appelle donc toujours l’employé du poste central et celui-ci, pour le mettre en relation avec un des abonnés d’un autre réseau secondaire, fait
- manœuvrer l’appareil de ce dernier. Quand uu abonné veut correspondre avec un autre appartenant au même réseau, cela peut avoir lieu avec un seul appareil : les différentes lignes 1, 2, 3, 4, sont reliées à la terre, à travers' une résistance relativement grande. Si maintenant, ,par exemple, l’abonné 2 veut correspondre avec l’abonné 4, il demande au bureau central d’avertir 4 que 2 le demande et de remettre ensuite l’appareil au repos. 2 et 4 en prenant le téléphone sont en court circuit et peuvent s’entretenir sans subir l’influence des dérivations formées par les circuits des autres abonnés ; mais ce procédé ne garantit pas le secret delà conversation. C’est pourquoi il est préférable d’employer deux appareils conjugués et un double-
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- fil. Dans ce cas, 2 demande au bureau d’avertir 4 ; l'employé appelle 4, laisse 2 sur le premier appareil et met 4 sur le deuxième, en établissant la liaison au bureau entre les deux.
- Le second appareil n’est pas un inconvénient, il permet pendant que 2, par exemple, cause avec un des abonnés de B, avec 2', par exemple, il permet, disons-noufe, à 1, 3, 4 de s’entretenir avec un autre abonné quelconque.: .
- M.’ Leduc a, d’ailleurs, modifié son appareil et établi ; un petit commutateur mobilé à l’aide duquel le bureau peut relier dans un seul appareil deux quelconques des abonnés.
- Construit dans ces conditions, l’appareil Leduc nous semble se trouver dans d’assez bonnes conditions de fonctionnement et, avec la tâche relativement restreinte qui lui est imposée, il est possible qu’il rende des services dans la pratique.
- Quant à l’appareil de M. Bartelous, légèrement postérieur à celui de M. Leduc, il contient les principaux organes de ce dernier et n’en diffère pas bien sensiblement. Nous nous contenterons d’indiquer que les disques de contacts s’y trouvent en double de manière à faciliter les communications
- A. Gt'EROUT.
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- APPLIQUÉ A LA NAVIGATION
- Dès que les lampes électriques ont cessé d’être des appareils de laboratoire ne pouvant fonctionner que pendant des expériences de courte durée, pour constituer des systèmes d’éclairage continu, on s’est sérieusement préoccupé de leur installation à bord des bâtiments de toute sorte.
- M. Th. du Moncel, dans son Exposé des applications de l'électricité, indiquait déjà, il y a quelques années, les immenses avantages que la marine de guerre, aussi bien que la marine marchande, pourraient retirer de l’emploi de la nouvelle lumière pour éclairer la marche, éviter les abordages, traverser, les passes des ports pour y aborder la nuit, enfin manœuvrer aussi sûrement en pleine obscurité que pendant le jour.
- Nous voyons dans le même ouvrage que les premiers essais ont été faits avec les machines magnéto électriques de la Compagnie l’Alliance vers l’année i855, à bord du Jérôme-Napoléon, puis répétés sur le Saint-Laurent, le Parfait, le d'Es-trées, T Héroïne, le Coligny et la France; mais, à cette époque, on n’avait pas encore organisé les phares électriques, le foyer lumineux était simplement installé au mât de misaine.; c’est sur l'Amérique qu'unt première épreuve complète a été ten-
- tée. A bord de ce navire, le fanal était placé à la partie supérieure d’une tourelle, haute de cinq mètres environ au-dessus du pont; le fanal proprement dit était à verres prismatiques, il pouvait éclairer un angle de 225° en laissant le paquebot entièrement dans l’ombre; le régulateur, du système Sérrin, était suspendu à la cardan. Cet arrangement constituait certainement un progrès sérieux, mais il présentait encore un certain nombre de difficultés pour sa manœuvre. Aussi les officiers de Y Amérique, que, no iis avons eu bien souvent l’occasion de rencontrer à New-York, nous ont-ils affirmé que la lumière électrique était rarement utilisée à leur bord. Mais la question a été beaucoup étudiée depuis quelque temps, et nous citerons en passant l’ingénieuse disposition imaginée par M. Ser-rin pour envoyer les rayons lumineux d’un foyer électrique dans toutes les directions. Les visiteurs de l’Exposition Internationale d’Electricité se rappellent certainement ce régulateur, manœuvré à la main qui se trouvait dans la grande nef, devant l’entrée principale ; la combinaison adoptée dans cet appareil rendrait d’excellents services sur un navire.
- Maintenant, la question de l’éclairage électrique est tout à fait à l’ordre du jour dans la marine, et nous avons cité bien souvent ici les essais et les applications définitives qui sont faits à chaque instant sur de nombreux navires, tant au point de vue de l’éclairage intérieur, pour lequel les lampes à incandescence sont très employées, que pour les fanaux de sûreté, qui doivent être nécessairement constitués par des foyers d’une certaine intensité.
- La période que nous traversons rend cette étude des plus intéressantes. On sait en effet que tous les ans, vers l’équinoxe du printemps, la température, en se radoucissant, amène une débâcle plus ou moins complète des glaces polaires ; les immenses plaines de glace qui se trouvent dans les régions arctiques après avoir doublé le cap Farwel, à l’extrémité méridionale du Groënland, sont emmenées, au moment de leur dislocation, par un grand courant qui, occupant toute la largeur du détroit de Davis, descend à travers l’Atlantique, et entraîne des champs et des montagnes de glaces jusque par le travers du sillage des vaisseaux qui vont de nos ports européens à ceux des Etats-Unis. Les effets produits par la collision de ces amas de glaces ont une terrifiante grandeur. C’est à la fois un spectacle solennel et sublime de voir la mer violemment agitée rouler ses vagues comme des montagnes contre ces corps résistants ; mais quand elle vient se heurter à ces masses qu’elle a mises en mouvement avec une violence égale à la sienne, l’effet devient prodigieux. Par moments, elle déferle sur ces blocs de glace et les ensevelit de plusieurs mètres sous ses vagues, et, le moment d’après, ces mêmes blocs, s’efforçant de remonter à la surface, font retomber les flots' autour d’eux èn cataractes
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- NAVIRE ÉVITANT LES BANQUISES AU MOYEN D’UN FANAL ÉLECTRIQUE
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- écumantes, pendant que chaque niasse individuelle, se roulant dans son lit bouleversé, se heurte à sa voisine et lutte avec elle jusqu’à ce que l’une des deux se soit superposée à l’autre, et ce n’est pas sur un espace restreint que se produisent ces phénomènes, mais ils se développent souvent aussi loin que la vue peut s’étendre, occupant en surface de nombreux kilomètres carrés; aussi, malheur au vaisseau qui serait engagé au milieu de cet immense chaos mouvant! malheur à lui si pendant sa marche de nuit il n’a pas les appareils nécessaires pour éviter ces terribles banquises dont le choc serait sûrement fatal.
- ! Le dessin ci-contre montre un navire se dirigeant a côté de montagnes de glaces et-évitant toute collision à la faveur d’un foyer électrique convenablement disposé.
- i Nous disions que ces questions ont tout l’intérêt de l’actualité. Nous lisons en effet dans un des derniers numéros du journal anglais Nature que lés steamers récemment arrivés à New-York ont rencontré d’immenses champs de glaces par 45° 48' N. latitude et 470 48' O. longitude; le Circassien a été obligé, paraît-il, de se tenir pendant deux jours vers le sud pour les éviter, et le Saint-Germain, steamer de la Compagnie transatlantique,.parti dernièrement du Havre, n’avait sur eux qu’une avance de 70 heures.
- C. C. Soulages.
- NOUVEAUX PERFECTIONNEMENTS
- AUX
- PILES ÉLECTRIQUES
- La formation des accumulateurs Faure s’effectue, dans nos ateliers, au moyen d’une pile très constante et relativement économique, dont l’agencement a été étudié en vue d’obtenir ce triple résultat: continuité du débit électrique, absence, d’émanations, et simplicité de service.
- Cette pile se compose de couples zinc-cuivre, dépolarisés par le sulfate de cuivre. Elle doit ses qualités spéciales à l’emploi des zincs étroitement cloisonnés.
- Le cloisonnement des électrodes négatives des piles est, d’ailleurs, applicable à la plupart des combinaisons voltaïques connues. Nous nous proposions d’attendre, pour faire connaître ce procédé, que l’application en eût été faite sur d’autres couples tels que : zinc—cuivre— eau acidulée, zinc
- — charbon — mélange chromique, zinc — charbon
- — mélange nitrique, etc. Nous eussions pu, alors, présenter un travail d’ensemble sur les propriétés des électrodes négatives étroitement cloisonnées et
- sur leur application générale; mais les résultats fournis par notre pile au sulfate de cuivre, depuis trois mois qu’elle fonctionne, nous ont amené des demandes d’installations que nous avons dû exécuter sur l’heure. Ayant ainsi distribué et mis en service plus de cinq cents couples, il ne nous est guère possible d’en différer davantage la description. Aussi nous décidons-nous à en parler, sauf à revenir plus tard sur l’application de notre procédé à d’autres combinaisons voltaïques.
- Considérons un couple Daniell ordinaire, zinc, sulfate de zinc — cuivre, sulfate de cuivre. L’en-
- FIG*
- I
- ' FIG. 2
- semble des réactions chimiques effectuées dans cette pile aboutit à une transformation; de sulfate de cuivre en sulfate de zinc, avec •'dissolution de zinc et dépôt de cuivre métallique.-wr
- Pourquoi sépare-t-on les deux liquides ? — pour atténuer l’action locale du zinc sûr le sulfate de cuivre, action qui épuise inutilement le zinc et le sulfate du couple. Grâce à la séparation poreuse, l’action locale du zinc ne s’exerce pas sur la masse du sulfate de cuivre contenu dans la pile, mais seulement sur la quantité de ce sel qui se diffuse peu à peu à travers le diaphragme.
- La quantité de sulfate de cuivre qui passe du côté zinc dépend principalement de la nature du diaphragme et de sa superficie; elle ne dépend guère de la capacité du compartiment zinc. Donc, si cette capacité était très petite, l’action locale
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- onéreuse serait plutôt diminuée, puisqu'il y aurait diminution de surface.
- Ne surviendrait-il pas, alors, une concentration nuisible du sulfate de zinc contre l’électrode négative? — non, carie sulfate de zinc, qui est extrêmement soluble, se diffuse très vite à l’extérieur, et le courant électrique aide à cette action, en effectuant un transport bien marqué du négatif au positif, dans l’intérieur du couple.
- L’expérience, confirmant ces prévisions, démon-
- tre qu’en effet le vase poreux qui renferme le zinc peut être resserré, jusqu’à s’appliquer étroitement sur lui.
- Ce vase très étroit, que nous appelons cloisonnement, peut s’obtenir de la même manière que nos anciens vases poreux prismatiques, dont on retrouvera la forme et le développement dans La Lumière Électrique, T. II, page 289, numéro du i5 juillet 1880 (*). La fig. 2 représente un zinc étroitement emprisonné dans un cloi-
- FIG. 3. — INSTALLATION DES PILES PRIMAIRES ET SECONDAIRES POUR L’ÉCLAIRAGE I>AR INCANDESCENCE
- sonnement de papier parcheminé, sur lequel on reconnaît les pliages de nos anciens vases poreux. Pour protéger le papier (*), nous le recouvrons d’un tissu léger, qui n’oppose au passage du courant qu’une résistance additionnelle à peine mesurable.
- En plongeant un zinc ainsi préparé dans un vase de cuivre contenant une solution de sulfate de cuivre, on obtient un couple constant et de faible résistance. Le sulfate de cuivre traverse lentement la paroi perméable ; au contact du zinc, il se transforme en sulfate de zinc, avec précipitation de
- (l) Nous réussirons sans doute à substituer au papier un tissu serré et solide.
- cuivre. Cette action étant plus rapide que le phénomène d’osmose, la petite quantité de liquide contiguë au zinc est bientôt réduite en sulfate de zinc. On réalise alors les conditions d’un Daniell ordinaire à très petite résistance ; mais avec cet avantage que le couple, quoique contenant deux liquides bien séparés, comporte pratiquement la manipulation d’un seul liquide. Quand le sulfate
- (*) En se reportant à cette description de notre ancienne pile, on verra qu’il s’agissait alors de couples rigénérables par ilectrolysc. Nous avons abandonné cette voie dès que les accumulateurs nous ont apporté une solution plus simple du problème posé.
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- de cuivre est épuise, on ne renouvelle, en effet, que le liquide extérieur. La petite quantité de liquide contiguë au zinc reste emprisonnée sur lui, prête à diffuser, dans la solution renouvelée de sulfate de cuivre, l’excès de sulfate de zinc qui s’élaborera ultérieurement. Il n’y a donc pas de sulfate de zinc à mettre ni à enlever.
- Enfin, le renouvellement du sulfate de cuivre a été simplifié par une disposition qui sera comprise à première vue (fîg. i).
- La cuve de cuivre, qui joue le rôle d’électrode positive, est pourvue, à l’avant, d’une tubulure portant un tube de caoutchouc. Ce tube, étant relevé, retient le liquide; il suffît de dégager le crochet de retenue pour abaisser le caoutchouc et livrer passage au liquide épuisé, lequel s’écoule dans un chéneau de cuivre qui règne tout le long de la pile. Le vidage fait, le tube est de nouveau relevé ; on remplit la cuve avec de l’eau ordinaire, et l’on met une dose convenable de sulfate de cuivre en cristaux, dans une petite nacelle d’osier, P, accrochée à la partie supérieure de chaque cuve. La dissolution s’opère spontanément.
- Remarquons qu’il n’existe, dans ces coup’es, aucune pièce de céramique ; cela permet de les construire dans toutes les formes et dimensions voulues. Nous en avons fabriqué qui ont une capacité de trente litres, et dépensent utilement un kilogramme de zinc par jour. Et l’on pourrait aller beaucoup au-delà.
- Les dimensions du zinc, dans le couple représenté, sont :
- Longueur................. om,333 millimètres.
- Largeur................... om,i6o —
- Celles de la cuve sont :
- Longueur................. om,^5o millimètres.
- Largeur.................... om,o5o — •
- Hauteur.................... om,220 —
- La résistance intérieure d’un couple de cette grandeur est environ o ohm 2.
- On la diminue par l’addition quotidienne d’une petite dose d’un mélange conducteur composé de' plusieurs sels neutres ou acides, choisis parmi, les plus conducteurs, les plus solubles et les moins coûteux. Chacun peut composer à sa guise un pareil mélange. Celui que nous employons a la composition suivante :
- Chlorure de potassium..................... 200.
- Chlorure de sodium......................... 400.
- Sulfate de potasse.......................... 200.
- Sulfate de sodium........................... 400.
- Sulfate de zinc.............................. 5o.
- Sulfate d’ammoniaque........................ 100.
- Bisulfate de soude.......................... 200.
- Cette addition peu coûteuse abaisse jusqu’à o ohm, 14 la résistance intérieure du couple, ce qui porte son travail extérieur maximum à o kilogrammètre 2 par seconde.
- La tubulure est placée assez haut pour ne livrer passage qu’à un tiers environ du liquide extérieur. On retient donc les deux tiers du sulfate de zinc et des sels conducteurs du compartiment cuivre,' de sorte que le couple, aussitôt remonté, rentre en pleine activité.
- Le travail de la pile n’est interrompu qu’une fois par mois, pendant 4 heures environ, pour le renouvellement des zincs et l’enlèvement du cuivre à recueillir. De cette continuité d’action résulte une somme de travail quotidien relativement considérable, qui pourrait être accumulée dans des piles secondaires pendant les heures où l’électricité n’est pas consommée.
- Le cuivre sorti de la pile sera recherché à un prix élevé par diverses industries, notamment par les fabricants de câbles électriques. Mais, au prix même du vieux cuivre tout venant, il paye largement le zinc avec son cloisonnement. La dépense de la pile se réduit donc au prix du sulfate de cuivre. On verra tout à l’heure que cette dépense est assez modérée pour permettre, dès maintenant, l’application de la pile à certains usages : la production continue et régulière de l’électricité pour des expériences suivies et précises, la galvanoplastie des métaux précieux, la formation (l) des accumulateurs, la mise en mouvement des machines à coudre, les éclairages de grand luxe, etc.
- Voici, à titre de renseignements, quelques chiffres relevés sur la pile qui travaille à former une partie des accumulateurs Faure construits dans nos ateliers :
- DONNÉES PHYSIQUES
- Nombre de couples de la pile...................... 68
- Travail qu’elle effectue : formation de 18 accumulateurs Faure grand modèle assemblés en tension . 18
- volts
- Force électromotrice de la pile : ^““07 X68.......72,7
- Force électromotrice des accumulateurs : 2volt 2
- X 18............................................ 3q
- Excès : 72,7—39...................................33
- ohms
- Résistance de la pile primaire : o ohra 14 X68.... 9,52
- Résistance de la pile secondaire : oohm02 X 18. . . 0,36
- amp.
- Intensité du courant : 33 : 9,88.................. 3,34
- Travail total en kilograminètres par seconde : 3,34 tgms
- X 72 : 9,81..................................... 24,51
- Travail confiné dans la pile primaire : 3,342 X 9,52 :
- 9,81.............., . . ........................ 11,24
- Travail extérieur à la pile primaire.............. i3,27
- DONNÉES ÉCONOMIQUES
- Emplacement occupé par la pile primaire :
- Longueur..........................3mqo
- Largeur........................o 60
- Hauteur........................ o 3o
- 0) Nous employons concurremment les piles et les machines pour former des accumulateurs Faure : la formation par piles est meilleure que celle par machine. (Nous parlons de la formation.seulement, non pas de la charge.)
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- Quantité d’eau à renouveler par 24 heures : 1 litre par litres
- couples soit.................................. 68
- Sulfate de cuivre dépensé : théoriquement 368 gr. par couple, pratiquement 400 gr., soit 0*400 X 68, kilos
- en 24 heures.................................. 27,200
- Zinc dépensé .par 24 heures : théoriquement 96 br 2
- X 68 = 6k 542, pratiquement................... 7,
- Cuivre à recueillir : théoriquement 938*79 X 68
- = 6^378, soit, en déduisant les pertes........ 6,
- Poids du mélange conducteur, 10 grammes par couple, soit................................... 0,700
- La pile nous coûte donc environ 16 francs par vingt-quatre heures, pour produire, en somme, autant de travail qu’une machine dépensant un cheval, dont il faudrait subir les arrêts de nuit et les chômages fériés ou accidentels.
- Hâtons-nous d’ajouter que plusieurs causes d’économie pourront bientôt intervenir l’emploi de sulfates de cuivre impurs à la place des sulfates à galvanoplastie; la substitution, au zinc neuf, de zincs souillés de métaux étrangers, tels que ceux provenant de la galvanisation du fer(1), et une utilisation meilleure du cuivre recueilli. Le prix de revient, dans ces conditions, pourrait peut-être s'abaisser jusqu’à dix francs.
- La dépense, moins grande que celle de tout autre pile, est encore très élevée. Nous sommes néanmoins convaincu que cette batterie trouvera des applications. Que dis'ons-nous! elle en a trouvé déjà.
- D’ailleurs, cette dépense de 16 ou 10 francs pour un travail équivalant à celui d’un cheval-vapeur pendant huit heures, paraît moins excessif quand 011 l’applique à l’obtention de certains résultats qui ne pourraient être obtenus avec des machines.
- Ainsi, conjugués avec des accumulateurs en des groupements convenables, nos 68 couples pourraient actionner au moins vingt machines à coudre pendant xo heures, en supposant même les piles et les machines dispersées dans vingt logis différents.
- Ils pourraient aussi bien illuminer vingt lampes Edison, fonctionnant ensemble pendant cinq heures (2). *
- Pour obtenir la même quantité de lumière pendant le même temps, il faudrait brûler au moins 120 bougies de 16 au kilo, coûtant ensemble plus de 16 francs.
- Or, les bougies stéariques, bien inférieures aux petits foyers électriques sous divers points de vue, étant d’un usage très répandu, on peut admettre que les lampes à incandescence, même illuminées par des piles, pourront trouver place dans certaines maisons, à titre d’éclairage de grand luxe.
- p) G. de Tromelin.
- (2) Sauf vérification de la dépense d’énergie attribuée à ces lampes, dont nous n’avons pas encore pu nous procurer un seul exemplaire.
- C’est une installation de douze lampes à incandescence que le dessinateur de La Lumière Électrique a représentée fig. 4. (Pour montrer à la fois l’éclairage et la source électrique, il a fallu mettre la salle des piles à côté du’ salon, malgré qu’on doive, habituellement, la porter un peu plus loin.)
- Une pile de 40 couples charge 20 accumulateurs. La pile primaire peut être couplée, tout en tension, ou en deux séries parallèles de 20 couples chacune ; la pile secondaire est également disposée de manière à pouvoir être couplée en série simple ou double. Pendant la charge, la pile primaire, couplée en tension, est mise en opposition avec la pile secondaire couplée en quantité; pour allumer les lampes, on met au contraire les deux piles en tension, la primaire étant préalablement mise en quantité et la secondaire en série unique. Ces manœuvres, en apparence compliquées, s’exécutent aisément au moyen d’un jeu de commutateurs Planté.
- On a bien compris que nous ne prétendons pas, avec des piles, lutter industriellement contre les machines. Il s’agit seulement de constater des résultats provisoires, que nous comptons dépasser bientôt, ces renseignements ayant pour but de faire connaître ce qu’est présentement devenue, entre nos mains, la question des piles électriques.
- En attendant de nouveaux progrès, nous croyons que nos piles sont déjà acceptables, soit comme producteurs usuels d’électricité pour les amateurs, soit comme électro-moteurs commodes et sûrs à l’usage des physiciens.
- Emiee Reynier.
- MÉLOGRAPHE DE M. RONCALLI
- Le journal La Lumière Électrique a déjà parlé plusieurs fois des enregistreurs des improvisations musicales, et dans le numéro du 14 mai 1881, on a fait l’historique de cette invention qui a été représentée à l’Exposition d’électricité par le rné-lographe répétiteur de M. Carpentier, le plus impor tant des systèmes qui ont été proposés et qui a été décrit avec détails dans le n° du g novembre 1881 de ce journal. On doit se rappeler que c’est M. Th. du Moncel qui, en i856, a construit le premier appareil de ce genre fonctionnant par l’électricité, que ce système avait été un peu modifié en i865 par M. Cross, et qu’en 1878 M. Roncalli avait envoyé à l’Exposition de Vienne, sous le nom de mélographe, un appareil du même genre dont les journaux de l’époque s’étaient un peu occupés. Pour compléter nos descriptions, nous avons cru devoir consacrer un article à cet appareil en en donnant un dessin fait d’après une photographie.
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- Nous ne reviendrons pas ici sur l'importance qu’on doit attacher à ces sortes d'instruments; cette question a été traitée dans l’article auquel nous avons fait allusion et nous partageons l’opinion de l’auteur; nous dirons seulement que si l’on pouvait obtenir par ce moyen d’une manière courante la découpure des traces enregistrées, comme l’a fait M. Carpentier, on pourrait arriver à une solution très utile du problème, car on parviendrait, de cette manière, à pouvoir livrer à bon marché la musique découpée du pianista, dont le prix, aujourd’hui encore très élevé, est le seul inconvénient que l’on puisse rencontrer dans l’emploi de cet intéressant appareil.
- Nous sommes étonné que M. Roncalli qui, dans sa notice, semble avoir été au courant des inventions faites avant lui dans cette voie, puisqu’il parle de plusienrs systèmes mécaniques combinés dans ce but, entre autres de celui de M. Marzolo, de Florence, qu’il critique avec raison, ait cru devoir passer sous silence le plus ancien de tous, celui de M. du Moncel, dont le principe est exactement le même que le sien; pourtant cet appareil est décrit dans les trois éditions de l’ouvrage de cet auteur sur les applications de l’électricité, et cet ouvrage est connu en Italie. Quoi qu’il en soit, nous allons résumer ce qui en a été dit dans la Rcvista Scienlifico-industriale, de juin 1873, p. 178.
- « La facilité avec laquelle on peut maintenant régler et appliquer les courants électriques, dit cette Revue, a naturellement conduit à l’idée d’appliquer le système télégraphique à enregistrer instantanément les notes musicales. Il ne s’agissait, en fait, que d’appliquer sous chaque touche un petit ressort de contact pour déterminer'le passage d’un courant capable de réagir sur un enregistreur. Mais l’application du principe de la télégraphie ordinaire aurait conduit à une machine très compliquée qui aurait exigé autant de pointes mobiles et indépendantes que de touches au piano,et par conséquent autant d’électro-aimant s et de systèmes écrivants. L’appareil aurait été alors très compliqué' et très coûteux.
- « La découverte des réactions électro-chimiques devait simplifier beaucoup la solution du problème; caries traces colorées que laissent sous l’influence d’un courant électrique des pointes métalliques sur du papier préparé au cyano ferrure de potassium et azotate d’ammoniaque, pouvaient parfaitement fournir les enregistrations, et c’est un de nos ingénieurs les plus distingués, M. le comte Antonio Roncalli, de Bergame, qui, en appliquant ce principe à une machine très simple dont nous représentons le dessin, a résolu d’une manière pratique le problème de l’enregistration des improvisations musicales.
- « La première idée de cet instrument date de juillet 1871, et à cette époque on put même en construire
- un modèle qui, appliqué à un piano, donnait des résultats déjà assez satisfaisants. Cet appareil fut perfectionné et breveté en 1872. Dans ces nouvelles conditions, il se compose simplement d’un peigne à dents métalliques fixes, très rapprochées entre elles et mises chacune en rapport, par un fil métallique, avec une touche du piano. Celles de ces dents qui correspondent aux tons naturels sont en acier, celles qui correspondent aux demi-tons sont en laiton. Une bande de papier préparée avec une solution composée de 100 grammes d’eau distillée, de 5o grammes d’alcool, de i5o grammes d’azotate d’ammoniaque et de o®,5o de cyanure jaune de potasse, est entraînée d’un mouvement uniforme sous ce peigne, et recevant des dents correspondant aux touches abaissées du piano des courants qui décomposent la solution, présente des traces bleues ou rouges dont la longueur est en rapport avec la durée des sons.
- « Nous ferons remarquer ici que l’addition faite par M. Roncalli d’une certaine quantité d’alcool à la solution dont se servait M. Caselli pour la préparation du papier de son pantélégraphe,-a rendu possible la préparation d’une bande continue de papier de plusieurs mètres, forte, résistante et bien collée.
- « Dans notre figure, l’enregistreur est placé à droite du piano. A gauche, se trouve le mécanisme d’horlogerie destiné à lui communiquer le mouvement, et un métronome se trouve entre les deux appareils. Le cylindre A, sur lequel passe la bande de papier et appuie le peigne B, est métallique et en communication constante avec le pôle négatif d’une pile de force suffisante pour produire la décomposition de la solution. Le peigne B est mobile autour d’un axe fixe par l’intermédiaire d’un manchon auquel est adapté un manche N; il est composé de 41 dents communiquant au moyen de fils isolés avec des boutons d’attache D qui servent à fixer les fils correspondant aux touches du piano. F et L sont deux cylindres formant laminoir pour l’entraînement, de la bande de papier. Le premier est mis en mouvement par le mécanisme moteur au moyen d’une corde et d’une poulie, et sa surface est munie de neuf canneluxes dans lesquelles s’engrènent autant de parties saillantes et pointues adaptées à l’autre cylindre pour la progression du papier et pour fournir des repères. Un ressort presse d’ailleui's ces deux cylindres l’un contre l’autre.
- « Le papier préparé est enroulé sur le cylindre M et passe, comme on l’a vu, entre le peigne et le cylindre A pour être entraîné ensuite entre les deux cylindres F et-L, qui y impriment des lignes pointillées servant de lignes de repère.
- « Sur toute la longueur du clavier du piano s’étend, sous les touches, une bande de laiton qui communique au pôle positif de la pile, et de petits ressorts fixés sous chaque touche constituent in-
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- oo<)
- terrupteurs en joignant la bande métallique à de petits contacts mis en communication avec les fils correspondant aux dents du peigne.
- « Il est facile de comprendre, d’après cette disposition, qu’aussitôt qu’une touche est abaissée le courant est. fermé, et passe de la bande de laiton à
- la dent correspondant à la touche abaissée, pour regagner la pile à travers le papier chimique et le cylindre A, laissant sur ce papier une trace dont la position sur telle ou telle des lignes pointillées peut désigner la touche abaissée, et dont la longueur, qui est en rapport avec la durée de l’abaissement
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- de la touche, peut indiquer la valeur musicale. Si cette note ainsi inscrite est un ton naturel, la trace est bleue, si elle est un dièzeouun bémol, elle est rouge.
- « La partie la plus délicate du problème était la division des mesures, parce que les exécuteurs et les compositeurs de musique changent fréquemment de temps, accélérant ou ralentissant suivant leurs caprices. Il fallait, en conséquence, un organe
- qui permît d’en tenir compte. M. Roncalli a pour cela ajouté au peigne enregistreur des dents particulières faites avec un alliage de bismuth et de cuivre, qui impriment des traces de couleur jaune orangé sur une ligne verticale correspondant à chaque division de mesure. Le travail de ces pointes qui, dans l’origine, était effectué à l’aide d’une pédale ou par une personne préposée à cet effet, a été en dernier lieu effectué par l’action automatique
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- d’un métronome, qui agit dès lors comme uninscrip-teur du temps.
- « Ce système de sténographie musicale, continue le journal italien, résout d’une manière très simple le problème et beaucoup mieux qu’on ne l’a fait jusqu’ici, et nous ne doutons pas qü’il attire l’attention des visiteurs à l’exposition de Vienne, et spécialement des jurés, qui pourront facilement en apprécier le mérite et les avantages. »
- Nous ferons seulement remarquer qu’avec le système précédent, les pointes du peigne étant composées de métaux oxydables devaient s’user inégalement et ne plus appuyer convenablement sur le papier au bout de peu de temps de service. C’est pour éviter cet inconvénient que M. Th. du Moncel, après avoir d’abord employé des aiguilles d’acier, en est revenu aux aiguilles de platine avec du papier préparé à l’iodure de potassium.
- O. Kern.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Expériences hydrodynamiques : Imitation directe, par les courants liquides, des actions des courants électriques les uns sur les autres ; par M. C. Decharme. [3° note présentée à l’Académie des Sciences] (').
- « Après avoir observé diverses propriétés d’un courant liquide, continu ou interrompu, et montré qu’il peut produire, comme les électro-aimants, des attractions, des répulsions et des vibrations énergiques, je me suis occupé de l’action des courants les uns sur les autres. Voici les principaux résultats obtenus, d’abord avec des tubes sans ajutages, puis avec des tubes à ajutages munis de disques ou à bords épais, et enfin avec des ajutages à bord mince : ces deux derniers systèmes offrent un intérêt particulier.
- «Tubes sans ajutages. — i° Deux courants égaux, issus d’un même ajutage, par un branchement en Y, muni de deux tubes en caoutchouc, de même diamètre et de même longueur, sont disposés parallèlement et de même sens, très près l’un de l’autre. Dans l’air, on n’observ.e pas d’attraction sensible, mais lorsqu’on les incline légèrement l’un vers l’autre, de manière qu’ils se touchent à la distance de o",2ü à o^o de leurs ouvertures, à partir de là, ils ne se quittent plus, constituent ainsi v un filet continu et tombent ensemble, sans bruit, sur le pavé, ce qui n’avait pas lieu auparavant. On
- (!) Voir les numéros des iî et 25 mars de I.a Lumière Electrique, p. 237 et 383.
- peut donc admettre que les deux courants s’attirent. Quant à la répulsion de deux courants de sens contraires et contigus, elle est évidente.
- « 20 Si les deux courants parallèles ne sont pas égaux, mais ne diffèrent pas trop l’un de l’autre, par le volume et surtout par la force impulsive, et qu’on les dispose comme les précédents, ils se confondront, et la portée du jet résultant sera intermédiaire entre celle des deux courants isolés. On peut donc admettre encore que ces deux courants s’attirent; de là cette double loi, qui serait la même pour les courants liquides que pour les courants électriques: Deux courants parallèles et de même sens s'attirent ; deux courants de sens contraire sc repoussent. Il faut ajouter toutefois, pour les courants liquides, que, dans les deux cas, ils doivent être contigus.
- « 3° Lorsque les deux courants forment entre eux un angle, le courant résultant de leur réunion est dirigé suivant la bissectrice de cet angle, si les courants sont égaux. Dans le cas contraire, il suit la diagonale du parallélogramme des forces correspondantes. Ces courants s’attirent donc.
- « Dans l’eau, il est difficile d’observer les courants à quelque distance de leur entrée dans le liquide. Toutefois, si les deux courants parallèles et de même sens ne paraissent pas s’attirer sensiblement, du moins ils ne se repoussent pas, tandis que, s’ils sont dirigés de sens contraire, et contigus, ils se repoussent.
- « Tubes avec ajutages a bisques. —Nous avons dit, dans tous les cas précédents, que deux courants liquides de sens contraires, directement ou angulairement opposés l’un à l’autre, se repoussent. Le fait est évident lorsque la distance des orifices reste supérieure à quelques centimètres; mais il en est tout autrement quand cette distance est réduite à quelques millimètres, que les courants sortent par des ajutages à bords épais ou munis de disques affleurant les ouvertures, et que l’un des courants, au moins, est mobile. En effet, dans ces conditions, si deux courants égaux, comme les précédents, sont exactement opposés l’un à l’autre (c’est-à-dire placés parallèlement et concentriquement) dans l’eau, on constate que, à la distance de om,a environ (pour les disques de om,5 de diamètre et des orifices de om,oo6 de diamètre), une attraction commence à se faire sentir à la main qui tient le courant mobile. A om,oi, cette attraction est assez notable et croît rapidement jusqu’à oln,002 environ. Toutefois la force attractive n’amène pas les disques en contact; ils restent à la distance de ota,ooi à o,)Dooo5. Pour les amener au contact, il faudrait exercer sur eux une assez forte pression. Lorsqu’on veut les séparer, on éprouve une résistance assez forte. L’attraction des disques avait été prévue, d’après ce qui sepro-
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- duit, dans des conditions analogues, avec un courant unique. L’explication du phénomène, pour deux courants opposés, est d’ailleurs la même que celle qui a été donnée précédemment pour un seul courant.
- « L’expérience de l’attraction des disques réussit également dans l’air; toutefois, cette attraction est moins forte, que dans l’eau; on en comprend facilement la raison. Le liquide qui entoure les disques constitue un obstacle plus énergique à l’écoulement et diminue, bien plus efficacement que, l’air, la vitesse de l’eau : en outre, la pression du liquide ambiant vient encore s’ajouter à celle de l'air sur les surfaces extérieures des disques.
- « Les autres expériences que j’ai faites avec les courants égaux, munis de disques, m’ont donné les résultats suivants:
- « i° Lorsque les disques sont placés à distance attractive (de om,oo5 par exemple) et disposés excentriquement, tout en restant parallèles, et que l’un d’eux est mobile, celui-ci tend à. se placer concentriquement au . premier. Il ne faudrait pas cependant que- cette excentricité fût exagérée au point que chacun des courants vînt frapper trop près des bords du disqne opposé, car alors il n’y aurait plus attraction centripète.
- « 2° Lorsque les disques sont disposés angulai-rementYun par rapport à l’autre (toujours à la distance attractive), ils tendent à se placer parallèlement entre eux. Cependant l’angle ne doit pas être trop ouvert, car la force impulsive deviendrait prépondérante et l’attraction n’aurait plus lieu.
- « Ces derniers effets (facilement réalisables dans l’eau, mais difficilement dans l’air) expliquent pourquoi les deux disques en regard, à la distance de om,ooi, ne glissent pas l’un sur l’autre, comme dans le cas d’un courant unique entre deux disques. Les courants sont maintenus par une attraction axiale.
- « En employant des ajutages à disques de diamètres plus petits (om,025 àom,oi5) ou seulement à bords minces de omoo4, pour une ouverture de om,oo6, et en combinant deux à deux ces divers courants, on observe toujours des effets analogues aux précédents. Mais, de plus, quand on tend à vaincre l’attraction des courants, on obtient des vibrations d’autant plus rapides (et par conséquent des sons d’autant plus élevés) que les disques sont plus petits. Il en est de même encore avec des courants inégaux en diamètre et en force impulsive, sauf quelques particularités de détail.
- « On trouve donc, pour les courants égaux ou inégaux, de sens contraires, directement opposés, sortant par des ajutages munis de disques ou seulement à bords épais, et dont les orifices sont placés à très petite distance l’un de l’autre, des lois semblables à celles des courants de même sens :
- fait jusqu’ici sans analogue poijr les courants électriques.
- « Tubes avec ajutages abords minces. — Dans ce cas, il n’y a plus attraction proprement dite des courants opposés; mais ils tendent à se placer de manière que leurs axes coïncident. Dès qu’on les écarte de cette position d’équilibre, ils oscillent et vibrent rapidement de part et d’autre de cette position axiale. Ces oscillations sont tout à fait analogues à celles d’une aiguille de boussole, à laquelle on présente un barreau aimanté. »
- Echauffement des électrodes par les étincelles d’induction.
- Pour étudier réchauffement des électrodes entre lesquelles se produisent les étincelles d’une bobine d’induction, M. Naccari s’est servi de deux boules métalliques creuses de 5 centimètres de diamètre, montées sur des tiges de verre qui pouvaient se mouvoir sur une glissière et être approchées ou écartées l’une de l’autre.
- Ces boules, à parois de cuivre peu épaisses, étaient remplies chacune de 5occ de pétrole dans lequel plongeait un thermomètre divisé en cinquantièmes de degré. En outre le liquide des boules était agité au moyen d’une disposition spéciale. On pouvait donc déterminer avec précision leur température. Une des boules était en relation avec un des pôles d’une bobine d’induction donnant des étincelles de 48°“ ; l’autre boule était reliée à l’autre pôle, mais un galvanomètre était intercalé dans cette partie du circuit et permettait de mesurer l’intensité de la décharge.
- Les expériences ont donné les résultats suivants :
- i° L’électrode négative s’échauffe plus fortement que la positive;
- 20 Tant que la distance des électrodes n’approche pas de la limite à laquelle les étincelles ne peuvent plus jaillir, réchauffement de chaque électrode est proportionnel à l’intensité, c’est-à-dire à la quantité d’électricité qui passe;
- 3° La nature des métaux qui constituent les boules n’a aucune influence notable sur réchauffement ;
- 40 Quand on fait croîlxe la distance des électrodes, l’intensité restant constante, réchauffement de chaque électrode semble augmenter jusqu’à un maximum, puis diminue et le rapport s’approche peu à peu de l’unité ;
- 5° Les quantités de chaleur dégagées sont relativement très notables.
- ( Wiedemann's Beiblætler.)
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- FAITS DIVERS
- La chambre de commerce de Marseille a étudié dans sa dernière séance une question intéressante, celle de l’établissement à Notre-Dame de la Garde d’un canon qu’un fil électrique en communication avec l’observatoire, ferait partir tous les jours à midi précis, heure de Marseille. L’électricité servirait ainsi d’une manière simple et commode à signaler à tous les Marseillais l’heure exacte que leur donnent fort imparfaitement les diverses horloges publiques. Le coup de canon électrique aurait surtout l’avantage de permettre aux marins dont les navires sont ancrés dans le port, de pouvoir régler les chronomètres et montres marines de leur bord.
- La construction d’un chemin de fer électrique est projetée à l’occasion de la grande Exposition universelle qui doit avoir lieu à Turin en 1884. MM. le Docteur Jules Gasca, Louis Ivaldi, Angelo Marclii, Joseph Nigra viennent d’a-dresser au syndic et à la Junte de Turin une demande d’au-torisation d’établissement à titre provisoire et exclusif d’un tronc de chemin de fer électrique allant de la place Carlo Felice aux bâtiments de l’Exposition. Cette voie électrique parcourrait le cours Victor Emmanuel et le cours Massimo d’Azeglio del Valentino, et serait livrée au public au moins quatre mois avant l’ouverture de l’Exposition. Les demandeurs s’engagent à installer huit lignes de fils conducteurs souterrains opérant avec quatre machines dynamo-électriques sur les voitures auto-locomotrices. Ces dernières seraient au nombre d’au moins quatre pouvant contenir chacune quarante personnes, soit assises, soit debout. Les voitures seraient éclairées avec des lampes électriques et munies de freins automatiques pour l’arrêt instantané, même à une vitesse de vingt-cinq kilomètres à l’heure.
- Une Exposition des inventions navales et sous-marines doit avoir lieu à l’Agrieultural Hall de Londres, du 10 au. 20 avril prochain. Divers appareils électriques et lampes pour les travaux sous-marins figureront à cette Exposition.
- Éclairage électrique
- On fait en ce moment dans le port de Calais d’importants travaux d’agrandissement. Ces travaux sont éclairés à la lumière électrique.
- A Grenoble, la question de l’éclairage de la ville par l’électricité est depuis quelque temps à l’étude. Plusieurs ingénieurs sont chargés de traiter avec les autorités au sujet des installations d’éclairage projetées.
- Six lampes-soleil viennent d’être installées chez MM. John Taylor et fils, fabricants de draps à Huddersiield.
- Une semblable installation a été faite à Liverpool chez M. Gardner, grand négociant en vins de Dale-Street. Quatre lampes sont alimentées par un moteur à gaz de huit chevaux.
- En conséquence des bons résultats obtenus dans ces essais on va éclairer de la même manière la bibliothèque populaire de Liverpool. __
- A la Chambre des Communes, M. Donaldson-IIudson a demandé à M. Shaw-Lefevre, premier commissaire des travaux, s’il était probable que le système d’éclairage électrique à l’aide de lampes à incandescence serait essayé à la Chambre des Communes pendant la session actuelle. M. Shaw-Lefevre a répondu qu’il se proposait d’expérimenter l’éclairage avec des lampes à incandescence des nouvelles cours
- de justice et que lorsque le résultat de ces expériences serait connu, on déciderait s’il devait en être fait d’autres à la Chambre des Communes.
- A Londres, les « vestries » de Clerkcnwell et d’Islington viennent de prendre communication de rapports rédigés par des comités nommés pour étudier la question de l’éclairage de ces paroisses par l’électricité ou une autre lumière. Dans la paroisse de Clerkenwell, l’Electric Light and Power Gene-rator Company offre de placer deux lampes à incandescence de 5o candies dans chacune des trente-deux lampes existant dans Pentonville-road, et de les alimenter pour 3/4 pence par double lampe d’une force de 100 candies par heure, ce qui pour 3 490 heures coûterait 467 livres sterling, 17 schillings 6 pences. Cette offre a été accèptée.
- A Berlin, les essais qui ont lieu depuis quelque temps dans la salle des appareils du bureau central des Télégraphes avec les lampes à incandescence Swan donnent de bons résultats. Pour la production du courant on se sert d’une machine alternative Siemens. Les lampes sont disposées pour la plupart sur les becs de gaz.
- Pour chaque table supportant douze appareils Morse, 3 lampes Swan suffisent, il n’en faut qu’une pour chaque ap-reil Hughes.
- A Boston, le Scollay-Square est éclairé depuis un an avec des foyers Brush. Cet éclairage va être continué pendant une autre année.
- A Buenos-Ayres, la section française des machines à l’Exposition Continentale qui vient d’être inaugurée est éclairée â l’aide de foyers électriques mis à la disposition des exposants par M. San Germes, propriétaire de la grande sucrerie de la province de Santiago del Estero. Une force de plusieurs chevaux-vapeur est prise sur l’arbre de couche de la section des machines.
- La ligne de l’Union Railway à Indianapolis, aux Etats-Unis, va être éclairée par l’électricité.
- Lè grand paquebot â vapeur Colopàxi, de la ligne Orient, vient d’être pourvu de lampes Swan. Cinquante de ces lampes ont été installées par MM. R. E. Crompton. Les cabines des passagers sont éclairées avec ces lampes qui sont préférées à celles à huile.
- Téléphonie.
- Nous avons annoncé que la Société téléphonique qui s’est chargée de l’installation du téléphone à Reims avait adressé une demande d’autorisation au ministre des postes et des télégraphes. Il résulte de nouvelles démarches faites auprès du ministre que le projet pour l’établissement de réseaux téléphoniques à Reims et dans toutes les localités voisines qui en solliciteront, est prêt et va être communiqué aux intéressés. D’après ce projet, les villages environnants pourront être reliés à Reims.
- La question de l’établissement d’une communication téléphonique entre Guebwiller et Mulhouse en Alsace a été discutée dans la dernière séance de la Société Industrielle de Mulhouse. Des démarches ont déjà été faites pour la réalisation prochaine de ce projet.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 27608
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Electricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 8 AVRIL 1882 N» 14
- SOMMAIRE
- Ce qu’il faut entendre par courants induits inverses et directs; Th. du Moncel. — Sur la théorie des phénomènes électro-dynamiques; J. Moutier (3° article). — Exposition Internationale d’Electricité : De quelques dispositions d’appareils à l’usage des laboratoires; A. Guerout. — Etude sur les éléments de la théorie électrique; E. Mercadier. — Fanàl électrique sur un navire éclairant une scène africaine; C.-C. Soulages. — Les lampes Werdermann à l’Opéra; O. Kern. — L’éclairage électrique de Savoy-Theatre à Londres; Nelius. — Les sciences physiques en biologie : L’électricité (20 article); Dr A. D’Arsonval. — Revue des travaux récents en électricité : La chimie des couples secondaires. — La trempe par compression. — Modification de la surface d’un métal par le voisinage d’un autre métal. — Correspondance : Lettres de MM. A. François et B. Ti-komiroff. — Faits divers. *
- CE QU’IL FAUT ENTENDRE
- PAR
- COURANTS INDUITS
- INVERSES ET DIRECTS
- Lorsqu’on fit les premières expériences qui amenèrent la découverte de l’induction électro-dynamique, on désigna les courants éphémères qui naissent dans le circuit induit au moment des fermetures du courant inducteur, sous le nom de courants inverses ou de fermeture, et les courants qui sc produisent au moment des interruptions du même courant inducteur, sous le nom de courants directs ou d'ouverture. Ces désignations étaient parfaitement justifiées dans les conditions de ces expériences, puisqu’avec deux hélices enroulées l’une sur l’autre et dont l’une est traversée par un courant électrique, les courants développés dans les deux hélices sont de sens inverse au moment de la fermeture du courant inducteur, et de même sens au moment de l’ouverture de ce même courant.
- En substituant à l’hélice intérieure un corps magnétique dont on pouvait faire naître et disparaître à volonté l’aimantation, on se trouvait dans le même cas que précédemment, car on pouvait admettre, d’après la théorie d’Ampère, que l’on créait une hélice magnétique dont le courant se trouvait
- être de sens inverse au courant induit développé, au moment des aimantations, et de sens direct au moment des désaimantations. De là encore le nom de courants d'aimantation pour désigner les courants inverses, et de courants de désaimantation, pour indiquer les courants directs.
- Plus tard, on reconnut qu’en approchant d’un aimant persistant entouré d’une hélice induite une masse de fer on surexcitait son énergie, ce qui équivalait à une aimantation, et on donna aux courants qui naissaient de ce rapprochement le nom de courants de surexcitation, ce qui les assimilait aux courants inverses, et, naturellement, on donna le nom de courants d'arrachement ou d'atténuation aux courants provenant de l’éloignement de la masse de fer.
- Quand l’hélice induite enveloppe celle qui provoque l’action et qui peut être voltaïque ou magnétique, ces désignations ne peuvent prêter à aucune équivoque, même en admettant que l’hélice induite soit répartie par tronçons aux différents points d'un barreau aimanté, car il se produit alors dans chacun de ces tronçons des courants qui sont inverses au moment de l’aimantation ou de la surexcitation du barreau, et directs au moment de la désaimantation ou de l’arrachement de-l’organe surexcitant; mais si l’action d’induction s’effectue sur une hélice placée extérieurement à l’aimant, ou si les courants résultent d’un déplacement de l’inducteur ou de l’induit, les effets sont plus compliqués, et peuvent souvent donner lieu à des confusions, car il faut alors tenir compte de la nature des pôles de l’inducteur et de la face de l’hélice qui est exposée à l’induction.
- Examinons d’abord ce qui résulte de l’action déterminée par les deux pôles d’un aimant droit sur une bobine appliquée à plat contre ses pôles, et présentant toujours la même face à l’aimant, comme on le voit en B', D' dans la figure ci-dessous. Nous supposerons que la bobine est mince.
- Cherchons quel est le sens de la déviation correspondante aux courants inverses et directs. Cela sera facile, car il suffira d’introduire dans la bobine une tige de 1er qui en s’aimantant sous l’influence
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- du pôle de l'aimant vers lequel elle se dirige, déterminera un courant inverse. Dans ces conditions, la nature des polarités développées sous la bobine est insignifiante, car, ainsi que nous l’avons dit précédemment, les courants résultant de Vaimantation ou de la désaimantation d'un barreau sont, dans ce cas, de même sens en tous les points du barreau. Nous trouverons par exemple que ces courants inverses sont à gauche du galvanomètre G et sont représentés par une déviation de — 90° quand la bobine est appliquée en B', contre le pôle nord de l’aimant permanent. Plaçons maintenant cette bobine en D' contre le pôle sud, et répétons la même expérience. Nous trouverons cette fois que le courant inverse
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- , : l
- donne une déviation en sens contraire de -|- 90° du côté droit, et cela se comprend, puisque dans un cas l’hélice magnétique de la tige était sinis-trorsum par rapport à la bobine, et dans l’autre, dextrorsum. Si nous supprimons la tige et que nous fassions naître les courants induits par le rapprochement ou par l’éloignement de la bobine des pôles de l’aimant permanent, nous trouverons également des courants de sens opposé aux deux pôles de l’aimant, mais qui seront dans le même sens que ceux provoqués par Vaimantation de la tige dans ses positions en B’ et en D', et par conséquent inverses. Toutefois, ce mot inverses ne représente alors plus rien à l’esprit, si on le rapporte au courant magnétique de l’aimant inducteur, puisque celui-ci peut donner lieu à deux courants de sens opposé à ses deux pôles, pour un même sens du mouvement de la bobine; et pour-
- tant le sens du courant dans l’hélice magnétique, si on la compare à un solénoïde, est le même dans les deux cas. Quand les hélices sont en dehors de l’inducteur, les désignations de courants inverses et de courants directs sont donc indéfinies, dans le sens précis du mot, et ne doivent s’entendre que comme représentant les courants naissant au moment du rapprochement et de Véloignement d'une bobine du pôle inducteur que l'on considère.
- Voici maintenant les valeurs de ces courants dus au rapprochement et à l’éloignement de la bobine, si on la considère se mouvant de manière que le plan des spires se maintienne parallèle à l’axe de l’aimant inducteur :
- i° Au moment du rapprochement du pôle nord, j’obtenais, avec mon faisceau aimanté de trois lames droites, une déviation à gauche de — 160. Au moment de son éloignement* la déviation devenait -|- 20° à droite;
- 20 Au pôle sud, le rapprochement donnait lieu à une déviation de -|- 160 à droite, et l’éloignement à une déviation de — 190 à gauche;
- 3° A la ligne neutre, les courants provoqués de la même manière ne donnaient lieu qu’à des courants très faibles de — i° à gauche pour le rapprochement et de -j- 20 à droite pour l’éloignement.
- Des effets analogues se produisent quand les hélices se présentent de champ à l’aimant, comme on le voit en B, en A et en D, mais ils se manifestent d’une manière peu marquée et dans un sens qui varie suivant le côté de l’hélice qu’on présente à l’aimant; ainsi au pôle sud, le rapprochement de l’hélice placée de champ provoquait une déviation à gauche ne dépassant pas — 2", et l’éloignement une déviation à droite de -j- 20. Au pôle nord, la déviation correspondant au rapprochement était d’environ 20 à droite, et ' celle correspondant à l’éloignement, de — 20 à gauche. -Enfin à la ligne neutre, la déviation due au rapprochement était de — 6° à gauche, et celle due à l’éloignement, de-)-70 à droite. Nous expliqueronsà l’instant l’origine de ces déviations.
- Ce que nous venons de dire pour les réactions d’induction dues au mouvement des bobines en dehors de l’aimant inducteur, peut s’appliquer aux courants naissant de la surexcitation des aimants. Si on examine les effets produits sur une bobine enveloppant l’aimant en différents points de sa longueur, on reconnaît que quand celle-ci est placée sur les pôles magnétiques mêmes, l’excitation produite par le rapprochement d’une armature du pôle où est la bobine, détermine un courant inverse relativement considérable ; mais si l’excitation est provoquée au pôle le plus éloigné, ce courant inverse, quoique de même sens, est infiniment plus faible, et c’est pour cette raison que les courants d’excitation provoqués quand la bobine est placée au milieu du barreau sont très
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- faibles, alors qu’au contraire ils atteignent, dans ces conditions, leur maximum d’énergie, quand l’aimantation du barreau est effectuée directement à travers toute la masse magnétique.
- Il résulte de ces effets que l’action de surexcitation par une masse de fer est locale et affecte surtout la masse magnétique devant laquelle se meut la masse de fer, et comme cette surexcitation a pour effet de modifier l'orientation des polarités des molécules magnétiques et de concentrer en les redressant les lignes de force magnétique, le renforcement polaire de l'une des surfaces latérales du barreau ne peut se faire qu'au détriment de la polarité de la surface opposée; par conséquent si on excite le pôle magnétique d’un aimant sur l’un des côtés et qu’une bobine d’induction se trouve appliquée aplat de l’autre côté,l’approche de lamassedefer, au lieu de provoquer dans la bobine un courant inverse, c’est-à-dire de même sens que le courant qui serait résulté de son rapprochement, détermine un cou.rant direct qui est alors d'attémiation, puisque le renforcement s’est effectué du côté opposé. Ces courants sont, il est vrai, assez faibles, car dans la série d’expériences dont j’ai parlé, on trouvait, qu’alors que le courant dû au rapprochement de la bobine atteignait — i8°, le courant dû au rapprochement de la masse de fer sur la face opposée de l’aimant était de -(- 3° dans un sens opposé, et celui dû à l’arrachement, de — 5°. Ces effets montrent combien les réactions magnétiques sont compliquées et souvent difficiles à prévoir.
- Il nous reste à expliquer les différents effets que nous venons de passer en revue, et à en chercher l'origine.
- Dans les conditions ordinaires de l’induction, quand les hélices sont superposées et que les. courants naissent de la neutralisation ou de la création de la cause inductrice, les effets sont produits directement, et les lignes de force magnétique ne jouent aucun rôle eu égard à leur direction, connue on peut d’ailleurs s’en convaincre dans un système électro-magnétique fermé ou constitué par un anneau de fer qui ne présente plus alors aucunes lignes de force magnétiques; mais il n’en est plus de même quand l’aimant agit extérieurement sur l’hélice induite, ou quand celle-ci se déplace dans le champ magnétique. Alors les lignes de force peuvent la couper sous différents angles et en plus ou moins grand nombre, et des courants induits sont produits par ce seul fait. De plus, comme ces lignes de force correspondent à des effets magnétiques différents, suivant le point du barreau d’où elles émanent, on peut considérer la force magnétique dont elles représentent la direction comme s’effectuant dans une direction déterminée, du pôle nord au pôle sud, je suppose, en suivant des courbes de plus en plus évasées, à la manière des transmissions électriques à travers les
- milieux indéfinis. Or, suivant qu'on considérera la force magnétique dans les deux parties opposées de ces courbes, on sera conduit à lui attribuer une action d’induction diamétralement opposée, puisque, par rapport à une même bobine qui se trouve traversée par les lignes de force aux deux pôles, elle agit dans un sens contraire, c’est-à-dire sur une face differente de la bobine. Les courants inverses qui naîtront dans ce cas de l'aimantation, seront donc dans un certain sens à travers la bobine placée sur l'un des pôles de l'aimant, et dans un sens contraire quand cette bobine sera placée sur l'autre pôle. Par la même raison, le mouvement de rapprochement de la bobine de l’aimant provoquera des courants de sens différent, suivant le pôle vers lequel s’effectuera le mouvement, et comme le nombre de lignes de force qu’elle rencontrera va en augmentant, l’effet sera équivalent à celui qui serait résulté d’un accroissement d’aimantation, et les courants produits seront inverses du sud ou inverses du nord, alors qu’ils seront directs du sud et directs du nord quand la bobine s’éloignera de l’aimant.
- Les courants résultant du mouvement de la bobine dans la région neutre de À'" en A" , seront très peu accentués, parce que les lignes de force la coupent alors presque parallèlement au plan des spires, et que les courants qui peuvent s’y produire ne peuvent résulter que de la différence du nombre des lignes de force qui la rencontrent, lesquelles sont d’autant plus serrées que l’on se rapproche davantage de l’aimant.
- Avec la bobine placée sur champ, comme on le voit en A, B et D, le sens des courants dus au rapprochement des pôles magnétiques doit varier naturellement suivant le côté de la bobine que l’on présente à l’aimant, ce que l’on conçoit facilement, puisque l’enroulement se présente alors d’une manière différente; de plus, l’action pour un même côté de la bobine -varie suivant la nature du pôle inducteur, par les raisons que nous avons déjà formulées. Mais toutes ces réactions doivent être très faibles aux deux pôles, puisque, dans ce cas, les lignes de force sont presque parallèles aux spires de la bobine, et que les courants induits résultants ne peuvent provenir que du changement d’écart de ces lignes de force par suite de leur direction rayonnante. A la ligne neutre, en A, au contraire, la bobine est coupée normalement par les lignes de force, et comme celles-ci sont plus nombreuses dans le voisinage de l’aimant, les courants doivent être inverses au courant magnétique de l’inducteur quand la bobine s’en rapproche, et directs quand elle s’en éloigne.
- Comme on le voit, tout s’explique aisément avec la théorie des lignes de force magnétique, mais pour éviter toute confusion, il faudrait que l’on convînt de donner un sens déterminé aux effluves
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- magnétiques traversant ces lignes de force ; alors, suivant que ces effluves couperaient une bobine dans un sens ou dans l’autre, on connaîtrait immédiatement le sens du courant induit qui devrait en résulter, sans se préoccuper des pôles inducteurs; mais il faudrait cependant en connaître la nature pour savoir le sens des effluves magnétiques.
- Tu. du Moncel.
- SUR LA
- THÉORIE DES PHÉNOMÈNES
- ÉLECTRODYNAMIQUES
- Troisième article ( Voir les n°* des iS février et iet avril 1882.)
- ACTION DE LA TERRE.
- 27. — Un courant plan et fermé, mobile autour d’un axe vertical, se dirige sous l’action de la terre dans un plan perpendiculaire au méridien magnétique. Ampère a expliqué ce phénomène en admettant l’existence d’un courant terrestre dirigé perpendiculairement au méridien magnétique. Depuis, de la Rive et Pouillet ont imaginé diverses expériences qui s’expliquent facilement par l’hypothèse d’un courant terrestre.
- Est-il nécessaire de recourir à l’existence d’un courant terrestre pour expliquer les phénomènes que présentent les courants mobiles soumis à l’action de la terre?
- Un aimant mobile, suspendu par son centre de gravité, se place en chaque lieu du globe dans une position d’équilibre déterminée. Quelle que soit l’origine du magnétisme terrestre, on peut toujours représenter la direction d’un aimant en un lieu du globe par l’action d’une masse magnétique placée sur le prolongement de l’aiguille d’inclinaison.
- L’existence d’une pareille masse magnétique n’est-elle pas suffisante pour expliquer tous les phénomènes que présentent les courants mobiles sous l’influence de la terre?
- Il est à penser que l’action exercée par une masse magnétique dirigée suivant le prolongement de l’aiguille d’inclinaison doit suffire à l’explication des phénomènes, en appliquant les résultats obtenus précédemment à propos de l’action d’un pôle de solénoïde ou d’un pôle d’aimant sur un courant.
- Au lieu de supposer une seule masse magnétique située sur le prolongement de l’aiguille d’inclinaison, il peut être commode de considérer deux autres masses magnétiques, situées, par exemple, l’une sur la verticale du lieu, l’autre sur la méridienne magnétique.
- Nous chercherons d’abord à quelle condition
- une masse magnétique peut être remplacée par deux autres masses magnétiques équivalentes, au point de vue de l’effet de ces masses sur un courant.
- 28. — Considérons une masse magnétique m, située au point M (fig. 26), agissant sur un élément de courant AD — ds. Menons par un point A de l’élément de courant une droite AX arbitraire; désignons par 0 l’angle de cette droite avec AM, MAX = 0. Menons la droite A Y perpendiculaire à AX dans le plan MAX. La sphère décrite du point A comme centre avec AM comme rayon coupe les deux droites rectangulaires AX et A Y aux points M' et M".
- Imaginons en ces deux points deux niasses 111a-
- FIG. 2(3
- gnétiques m' et m" ayant pour valeurs respectives m' — m cos 0, m" — m sin 0.
- Nous allons démontrer la proposition suivante : L'action de la masse magnétique m sur l'élément de courant AB est la résultante des actions exer-_ cées par les deux masses magnétiques m' et m" sur le meme élément.
- Menons la droite AZ perpendiculaire au plan XAY. L’élément de courant AB — ds peut être remplacé par ses projections dx, dy, dz sur les trois axes rectangulaires AA, AY, AZ. Il suffira d’établir la proposition précédente pour les trois projections de l’élément de courant sur les trois directions rectangulaires.
- i° Considérons, en premier lieu, l’élément de courant AC — dx.
- Si l’on désigne par K une quantité constante qui dépend de la distance AM et de l’infensité du courant dx, l’action de la masse magnétique m sur l’élément dx, qui fait l’angle 0 avec la droite AM, est une force dirigée normalement au plan MAX, c’est-à-dire suivant AZ, ayant pour valeur Km sin 0 dx, d’après ce qui précède (19).
- L’action de la masse magnétique m’ sur l’élément de courant dx est nulle.
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- L’action de la masse magnétique m" sur l’élément de courant dx, perpendiculaire à la droite AM", qui joint un point de l’élément de courant à la masse magnétique, est une force dirigée normalement au plan XA Y, c’est-à-dire suivant AZ,, ayant pour valeur Km" dx — Km sin 0 dx.
- L’action de la masse magnétique m sur l’élément de courant dx est donc la résultante des actions des deux masses magnétiques m'et m" sur cet élément de courant.
- 20 L’action de la masse magnétique 111 sur l’élément de courant dym, dirigé suivant A Y, est la résultante des actions des deux masses magnétiques m' et m" : cela résulte immédiatement de la démonstration précédente.
- 3° Considérons, en dernier lieu, Félément de couvant AD = ds.
- L’action de la masse magnétique m sur l’élément de courant dz, perpendiculaire à AM, est une force F, dirigée normalement au plan MAZ, c’est-à-dire dans le plan XA Y perpendiculairement à la droite A M ; cette force F a pour valeur
- F — Km dz.
- L’action de la masse magnétique m' sur l’élément de courant dz, perpendiculaire à AM', est une force F', dirigée normalement au plan M'AZ, c’est-à-dire suivant le prolongement de AY : cette force a pour valeur
- F' = Km’ dz — Km cos 0 dz — F cos 0.
- Les deux forces F et F' font entre elles un angle F AF' = 0. La force F' est donc la projection de la force F sur la direction A Y.
- tl résulte immédiatement de là que l’action F" de ,a masse m" sur l’élément de courant dz est la projection de la force F sur la direction AX.
- L’action de la niasse magnétique m sur l’élément de courant dz est donc la résultante des actions des masses magnétiques m' et m" sur cet élément de courant.
- La proposition est ainsi démontrée d’une manière générale. On peut donc décomposer une masse magnétique en deux autres de la même manière que l’on décompose une force.
- D’une manière plus générale, si l’on considère une masse magnétique m agissant sur un élément de courant à une distance déterminée r, si l’on mène par un point de l’élément de courant trois droites rectangulaires, et si l’on désigne par 0,0', 0" les angles que fait la droite menée de la niasse magnétique m à un point de l’élément de courant, l'action de la masse magnétique m sur Vélément de courant est la résultante des actions exercées sur cel élément de courant par trois masses magnétiques m cos 0, m' cos 0', m" cos G" situées sur les trois directions rectangulaires à la distance r d'un point de l'élément de courant.
- Il est facile de faire l’application de ce théorème à l’action de la terre sur un courant mobile fermé ou non fermé. Nous examinerons les principales expériences destinées à mettre en évidence Faction de la terre sur un courant mobile.
- sg. — Courant mobile autour d'un axe vertical. — Nous supposerons successivement diverses formes du courant vertical.
- i° Le courant CD (flg. 27) est vertical et dirigé de C vers D; soient MZ l’axe de rotation, IIIL' un plan horizontal, NS la trace horizontale du méridien magnétique, OE la droite horizontale perpendiculaire au méridien magnétique : E est l’est magnétique, O est l’ouest magnétique.
- Supposons, au lieu d’observation M, le pôle in-
- riû, 27.
- ierieur de l’aiguille d’inclinaison dirigé vers le nord. L’action de la terre équivaut a la présence d’une masse magnétique boréale dirigée suivant le prolongement de l’aiguille d’inclinaison: Cette masse magnétique boréale peut être remplacée, d’après le théorème précédent, par deux autres masses magnétiques de même nom, situées l’une B sur l’horizontale MN à une grande distance du point M, l’autre B' sur la verticale du point M à une grande distance de ce point.
- L’action de cette dernière masse B' sur le courant vertical CD est nulle.
- L’action de la masse magnétique B sur le courant vertical CD est une force F dirigée suivant MO, à la gauche de l’observateur placé dans le courant et regardant la niasse boréale B. Le courant vertical CD prend une position d’équilibre stable telle que le plan mené par le courant et par l’axe vertical soit perpendiculaire au méridien magnétique : le courant est dirigé du côté de l’ouest magnétique.
- Supposons maintenant un second courant vertical CD' de même longueur que le premier, de même intensité, situé dans le plan vertical CDMZ,
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- lifl
- à la même distance de l’axe de rotation que le premier courant.
- Si le second courant est dirigé de D' vers O, ce courant est sollicité par une force F' qui forme un couple avec la première force : les effets de ces forces s’ajoutent.
- Au contraire si le second courant est dirigé de C' vers D', la force F', qui agit sur le second courant, est de même sens que la première force F : ces deux forces ont une résultante égale à leur somme appliquée en un point de l’axe de rotation. Le système des deux courants verticaux est alors asiatique.
- 2° Le courant CD est horizontal (fig. a8).
- L’action de la niasse magnétique B sur ce courant est une force verticale, parallèle à l’axe de rotation : cette force est sans effet sur le courant.
- L’action de la masse magnétique B' est une
- FIG. 28
- force F perpendiculaire au courant CD, dirigée horizontalement à la gauche du courant : cette force conserve la même valeur quelle que soit la position du courant CD par rapport au méridien magnétique. Le courant CD est animé d’un mouvement de rotation autour de l’axe vertical.
- Supposons maintenant un second courant CD' de même intensité que le premier et situé symétriquement par rapport à l’axe de rotation.
- Si le second courant est dirigé en sens contraire par rapport au premier courant, le second courant est sollicité par une force F' qui forme un couple avec la première force : les effets de ces forces s’ajoutent.
- Au contraire si le second courant est dirigé dans le même sens que le premier courant, les deux forces F et F', parallèles et de même sens, s’ajoutent : la résultante des deux forces est appliquée à un point de l’axe. Le système des deux courants est alors astatique.
- 3° Le courant CD est fermé (fig. 29) et situé dans un plan vertical passant par l’axe.
- Un élément du courant DD1 peut se décomposer en deux autres courants élémentaires : l’un DE vertical, l’autre horizontal.
- L’action de la terre sur les courants horizontaux est nulle, d’après ce qui précède.
- L’action de la terre sur le courant vertical DE est une force F dirigée perpendiculairement au méridien magnétique, vers l’ouest magnétique. La position d’équilibre stable est déterminée par la même règle que dans le cas du courant vertical.
- Si l’on abaisse du point D sur l’axe de rota-
- FIG. 29
- tion une perpendiculaire DP = r et si l’on désigne par 0 l’angle que fait le plan du courant CD avec le plan perpendiculaire au méridien magnétique, le moment de la force F par rapport à l’axe de rotation est
- F X PQ=Fr sin 0.
- La force F est proportionnelle à la longueur de l’élément de courant DE; le moment de rotation, pour le courant fermé entier, est donc proportionnel à l’expression
- sin 0 S DE X r.
- La somme indiquée ici est l’aire du courant fermé.
- On obtiendra donc des courants asiatiques en formant le courant de deux boucles de même aire parcourues par des courants de sens contraires.
- 3o. — O11 peut représenter d’une manière synthétique l’action de la terre sur un courant plan, fermé et mobile autour d’un axe.
- Considérons par exemple le courant fermé CD (fig. 29) mobile autour d’un axe vertical. Imaginons un aimant ayant pour section droite le courant
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- fermé, et pour axe une droite perpendiculaire au plan du courant fermé : supposons l’aimant mobile autour du même axe vertical que le courant fermé.
- L’aimant mobile représente alors une aiguille de déclinaison : l’aimant se place en équilibre stable dans le plan du méridien magnétique, de façon que son pôle austral soit dirigé vers le nord.
- Si l’on assimile l’aimant à un solénoïde, on peut considérer l’aimant comme formé par un grand nombre de courants fermés parallèles, équidistants, de même intensité. La position de l’un des courants du solénoïde en équilibre représente la position d’équilibre d’un courant fermé mobile autour du même axe vertical que l’aimant.
- En général pour avoir la position d’équilibre d’un courant fermé soumis à l’action de la terre, il suffit de chercher la position d’équilibre d’un aimant assujetti à rester perpendiculaire au courant fermé : la position de l’un des courants du solénoïde en équilibre représente la position d’équilibre du courant fermé mobile.
- En particulier, si l’on suppose deux aimants identiques, disposés parallèlement l’un à l’autre en sens contraire et mobiles autour d’un axe vertical passant parleurs milieux, le système des aimants est astatique.
- Les deux aimants sont formés d’un même nombre de courants parallèles, placés par conséquent à la même distance dans les deux aimants.
- Les courants sont dirigés en sens contraire sur les deux aimants. Les masses magnétiques placées aux pôles des deux aimants sont égales : en assimilant les deux aimants à des solénoïdes, cette condition revient à exprimer que les aires des courants fermés, qui correspondent aux deux aimants, sont équivalentes.
- On retrouve ainsi la condition indiquée précédemment à propos des courants astatiques.
- La méthode synthétique est en défaut lorsqu’il s’agit de déterminer l’action de la terre sur un courant non fermé. Il faut alors avoir recours à l’action d’une masse magnétique sur un élément de courant, comme on l’a vu dans le cas précédent.
- En résumé, l’hypothèse d’un courant terrestre, dirigé perpendiculairement au méridien magnétique de l’est à l’ouest, n’est pas nécessaire pour expliquer les divers mouvements que peut prendre un courant sous l’action de la terre. On rend compte de toutes les expériences en admettant que le mouvement du courant mobile résulte de l’existence d’une masse magnétique située en chaque lieu du globe sur la direction de l'aiguille d’inclinaison.
- (.1 suivre). J. Moutier.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D'ÉLECTRICITÉ DE QUELQUES
- DISPOSITIONS D’APPAREILS
- A I,’ PS AO H DES LA no KATO 1RES
- L’Exposition internationale d’électricité présentait éparses dans scs diverses sections un grand nombre de formes spéciales d’appareils connus qu’il eût été certes plus intéressant de voir réunies ensemble par groupes similaires afin dé faciliter les comparaisons et l’étude. On eût pu ainsi plus aisément distinguer les types qui présentaient réellement quelque originalité ou quelque disposition utile dans la pratique. Mais on comprend que la division forcée par nationalités et par exposants n’ait pas permis un pareil groupement et les visiteurs en ont été réduits dans la plupart des cas à étudier deci-delà les appareils d’un même ordre
- qui pouvaient les intéresser. C’est dans les mêmes conditions que nous nous sommes trouvés lorsqu’il s’est agi de faire prendre des croquis, et il nous serait difficile dans nos comptes rendus de l’Exposition de grouper les appareils aussi scientifiquement que nous aurions voulu le faire. Dans le présent article nous réunirons quelques dispositifs ayant trait au travail courant des laboratoires de recherches électriques.
- Les deux premiers appareils sont des ponts de Wheatstone à fil de platine et règle divisée. Les instruments de ce genre ont généralement chez nous la forme représentée dans la fîg. i. Le fil de platine F F' est tendu entre les extrémités PP' d’une large bande de cuivre coupée en ab et cd pour recevoir les résistances à comparer R et x. Les fils de ia pile aboutissent à P et P'. Devant le fil de platine est un mètre divisé le long duquel se meut une boîte portant une touche T soulevée par un ressort et qui, à un moment donné, peut être abaissée sur le fil de platine ; un trait marqué sur la partie supérieure de la boîte permet de lire la divi-
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- sion à laquelle correspond le contact. Les fils du galvanomètre sont attachés l’un en T, l’autre en O (pour l’application ordinaire du pont) ou, comme on le voit dans la figure, en un autre point de POP', lorsqu’il s’agit d’applications spéciales de l’instrument.
- Cet appareil très simple suffit dans la plupart des cas, mais lorsqu’on cherche une certaine précision, il présente quelques défauts. En premier lieu,
- le fil généralement soudé en F et en F' se détend facilement et il est peu aisé de le tendre de nouveau; en second lieu, la boîte qui porte la tige T étant simplement posée à câtê de la règle, sans autre guide que celle-ci et ne portant qu’un trait de repère, les lectures présentent peu de précision ; enfin le fil ne se trouve en aucune façon protégé contre les changements de température et y est d’autant plus sujet qu’il est tourné forcément du
- FIG. 2. — PONT DE WHEATSTONË DE MM. KAISER ET SCHMIDT
- coté de l’opérateur et est placé presque sous sa main.
- La plupart des constructeurs ont éliminé le premier de ces défauts en attachant une des extrémités de FF' non pas directement sur P ou P', mais sur un appareil tenseur en communication avec ces pièces. Quant aux autres inconvénients on n’a guère songé chez nous à y remédier, mais les expositions étrangères présentaient quelques appareils bien conçus à ce point de vue.
- Dans l’exposition de MM. Kaiser et Schmidt figurait un pont de Wheatstone construit avec beaucoup de soin et exempt en grande partie des inconvénients signalés plus haut. Dans cet appareil (fig. 2) le fil 11’est pas soudé mais serré par deux vis et une traverse sur les pièces auxquelles arrivent les fils de pile; le tendage du fil peut donc se faire facilement. Les deux résistances à comparer se placent entre ces pièces et une pièce médiane à
- FIG. 3. — PONT DE WHEATSTONE (MODÈLE RUSSE)
- trois boutons de serrage. Le contact mobile est formé par une pince qui au moment voulu serre le fil de platine entre ses deux branches; en outre ce contact mobile est parfaitement guidé par le mètre gradué qui n’est plus en bois, mais en cuivre, et un vernicr permet de faire une lecture exacte. Enfin d’échelle se trouvant plus rapprochée de l’opérateur que le fil, ce dernier est beaucoup moins susceptible que dans la disposition ordinaire de subir l’influence de son corps et de s’échauffer pendant les opérations.
- Dans la section russe nous avons vu également
- un arrangement (fig. 3) qui, bien que d’aspect assez grossier, nous paraît présenter des avantages. La règle en métal est fixée sur le socle en bois de l’appareil ; celui-ci a une forme telle que le 111 se trouve logé sous une avancée qui le protège. Le contact mobile est porté par une pièce de bois qui glisse sur cette même avancée ; il est muni d’un bouton qui permet de fermer le courant de la pile un instant avant d’établir le contact sur le fil tendu. Les extrémités de ce dernier sont fixées à deux gros conducteurs enco aboutissant à des godets de mercure et les. communications avec les résistances
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- à comparer peuvent s’établir, suivant les cas, soit à l’aide]î de ces godets soit au moyen de bornes placées à côté.
- Le pont de Wheatstone le mieux compris- au point de vue de la protection contre les variations de température était celui exposé dans le chalet de MM. [Siemens. Dans cet instrument le fil était tendu sous une gouttière métallique renversée et percée de trous. Un ventilateur placé sous lej socle établissait continuellement pendant les opérations un renouvellement régulier d’air sur toute la longueur du fil et le maintenait ainsi à une température très constante. Malheureusement nous n’avons pu nous procurer un croquis de cet appareil.
- Les deux autres instruments représentés ci-contre sont empruntés comme celui de la tîg. 3 à l’Exposition russe.
- Celui de la Jig. q est un simple commutateur à plusieurs voies disposé pour grouper ensemble un certain nombre d’éléments de pile et en intercaler à volonté dans le circuit, un nombre quelconque. Son mode de fonctionnement se comprend à première vue. Tous les éléments, disposés eirculairemcnt autour du commutateur, sont groupés en série et les fils extrêmes vont à deux touches voisines. I)’un des pôles de chaque élément, pôle choisi toujours de même nom, part en outre un fil accessoire, de sorte que le mouvement de la manette introduit dans le circuit tel nombre d’éléments que l’on veut.
- Enfin la lig. 5 représente une boussole des sinus;
- à cadre de bois B, disposée spécialement pour la démonstration. Dans cette boussole l’aiguille a est verticale et ses déviations peuvent être lues très facilement même à distance sur un cadran c. En outre deux bobines SS glissant sur une règle graduée de bois RR' permettent de faire différentes expériences comme celles que signalait par exemple
- dernièrement M. Siemens.
- Les deux bobines SS étant placées sur la règle graduée de manière à ce qu’un même courant, les traversant en sens inverse, n’influence pas l’aiguille de la boussole, on pourra se servir de celle-ci comme d’une sorte de galvanomètre différentiel, et l’employer pour la comparaison des intensités de deux courants.
- Avec le même réglage de ces bobines, on pourra encore, en plaçant dans l’une d’elles des noyaux d’acier ou de fer doux, étudier l’action produite sur la boussole par ces noyaux, agissant d’abord seuls, puis sous l’influence du passage du courant suivant les différentes conditions dans lesquelles se trouve le fer ou l’acier. L’appareil se prêtera fort bien, par exemple, à l’étude de l’influence des différentes espèces de trempe sur l’aimantation.
- Parmi les appareils de recherches qui se trouvaient à l’Exposition Internationale d’Electricité, figuraient encore un certain nombre de dispositions diverses présentant quelque intérêt. Nous aurons occasion de les décrire plus tard.
- A. Guerout.
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- ÉTUDES SUR LES ÉLÉMENTS
- DE LA THÉORIE ÉLECTRIQUE
- Parler à l’heure présente des progrès rapides des applications électriques peut être considéré comme une banalité : l’Exposition récente a dû ouvrir les yeux aux incrédules et aux ignorants. Mais lorsque, détournant ses yeux des merveilles réalisées ou prochaines, on les reporte sur les éléments simples d’où elles sont sorties et on cherche à s’en rendre un compte aussi exact que possible, on arrive bientôt à s’apercevoir qu’il y a peut-être quelque chose de plus extraordinaire que les résultats obtenus depuis quelques années surtout, c’est le vague, l’indécision, l’indétermination des bases mêmes de la théorie et des applications de l’électricité.
- Il y a là une sorte de disproportion considérable, qui n’existe à un pareil degré dans aucune autre branche des sciences physiques, dont on ne se préoccupe peut-être pas assez, et qu’il ne paraîtra sans doute pas inutile de mettre en évidence par un examen très simple des éléments constitutifs de l’Electricité.
- I. La masse électrique. — Pour commencer par le commencement, examinons le premier élément de l’électricité auquel on donne le nom de masse, charge ou quantité d’électricité.
- Ce nom a été donné par analogie avec ce qu’on appelle la masse d’un corps dans la mécanique ordinaire, de sorte qu’il est indispensable de rappeler ici, en les précisant, les idées qui se rattachent à cette deuxième notion si l’on veut se rendre compte de la première.
- C’est ce que nous allons faire d'abord rapidement.
- Lorsqu’on examine un corps matériel, sans le toucher, ce qui frappe tout d’abord, c’est son aspect extérieur, sa surface, son volume ; à ce point de vue il possède des propriétés particulières qui peuvent être plus ou moins bien définies et déterminées.
- Mais dès qu’on le touche et qu’on essaie de le déplacer, un point de vue nouveau se présente, le point de vue mécanique, et une propriété nouvelle du corps se manifeste. En général on sent qu’il faut faire un effort musculaire pour produire le déplacement et le corps semble résister au mouvement ; on éprouve à le faire mouvoir une difficulté plus ou moins grande. On exprime cette qualité particulière du corps en disant qu’il est plus ou moins massif, ou que sa masse est plus ou moins grande.
- Il y a là deux notions qui apparaissent simultanément : l’une, propriété d’un corps de ne pouvoir être déplacé sans effort extérieur; l’autre, en quel-
- que sorte inverse, celle d’effort ou de force plus ou moins analogue à nos efforts musculaires, et que l’esprit étend par induction et généralisation à toute cause qui produit ou tend à produire un mouvement.
- La connexité même de ces deux notions fait qu’on ne peut définir l’une sans faire intervenir l’autre directement.
- Pour donner cette définition nettement de façon à pouvoir lui appliquer le calcul, il faut d’ailleurs :
- i° Préciser mathématiquement la notion elle-même considérée comme une grandeur évaluable en nombres : 2° indiquer la loi de multiplication et de division de cette grandeur : 3° réaliser pratiquement ses multiples et sous-multiples.
- C’est ce qui a été fait d’abord pour les deux éléments primordiaux de la mécanique, le Temps et la Longueur. Mais ces deux notions suffisantes pour étudier la cinématique ne le sont pas pour la dynamique. Il faut une troisième grandeur fonda -mentale. Dans la mécanique ordinaire on a choisi pour cela la Force ; mais dans la mécanique électrique l’usage prévaut aujourd’hui de choisir la Masse comme l’ont proposé il y a longtemps Gauss et Weber.
- Mais lorsqu’il s’agit de définir avec précision la masse d’un corps directement, à priori, l’on n’y parvient pas.
- Il n’en est pas de même si l’on ne cherche qu’à définir des masses égales. Mais on ne saurait trop remarquer que pour y arriver il faut nécessairement, en vertu même de la connexité des idées de masse et de force, commencer par faire pour la notion de force ce que nous voulons faire pour celle de masse.
- A cet effet, on définit la force, d’une manière abstraite, toute cause qui produit ou tend à produire un mouvement : mais pour pouvoir introduire cette notion dans le calcul on définit des forces égales et des forces multiples les unes des autres en les comparant entre elles, par exemple à l’aide de la pesanteur, ou bien en se servant comme intermédiaire de corps sur lesquels les effets des forces sont visibles et mesurables comme des res sorts flexibles.
- On peut alors continuer en faisant la distinction entre les forces constantes et variables. Puis, en s’appuyant sur les lois de la cinématique d’une part, et sur les deux premiers principes généraux de la mécanique, savoir le principe de l’inertie, et celui de l’indépendance des mouvements simultanés de Galilée (ou, comme on dit souvent, le principe de l’indépendance et de la composition des effets des forces) d’autre part, on établit les deux théorèmes suivants : une force constante en grandeur et direction imprime à un point matériel un mouvement uniformément varié; deux forces constantes sont entre elles comme les accélérations des mouvements
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- uniformément variés qu'elles impriment à un même point matériel.
- Cela posé on peut d'abord définir deux masses égales par l’identité des mouvements que leur imprime une même force constante.
- En second lieu on peut définir une masse multiple d’une autre par la réunion de plusieurs masses égales.
- Enfin on arrive à la réalisation pratique de ces multiples : soit en prenant des corps de même nature et leur donnant un volume multiple de celui de l’un d’eux pris pour unité ou pour étalon; soit en prenant des corps différents et se servant de ce théorème que les masses sont proportionnelles aux forces qui leur impriment le même mouvement, et en particulier à leurs poids; de telle sorte qu’il suffit pour constituer des masses égales ou multiples de l’une d’elles de prendre des corps quelconques dont les poids soien: égaux ou multiples de l’un d’eux.
- On trouve ainsi commode de se servir en définitive de poids pour réaliser des masses dans un rapport donné, et cela parce qu’/7 se trouve que les masses et les poids sont proportionnels. Mais il importe bien de remarquer que cette proportionnalité aurait pu ne pas exister, et que cela n’aurait empêché en aucune façon la définition mathématique et la construction pratique de masses dans un rapport donné. En d’autres termes, on n’aurait pas besoin, pour réaliser une masse double, triple... etc., d’une autre, de savoir qu’une force double, triple... etc., de celle qui lui donne une certaine accélération, lui imprimerait la même accélération ; mais en réalisant d’abord ces masses par la considération de volumes différents d’une même substance, on pourrait ensuite' vérifier à posteriori cette loi.
- Quoi qu’il en soit, on voit, en résumé, que dans cette manière de voir on définit la masse à l’aide de l’effet produit sur elle par un effet extérieur, c’est-à-dire à l’aide d’un effet dynamique produit sur la masse elle-même.
- Mais on peut concevoir au moins qu’on put s’y prendre autrement.
- En vertu du principe de la gravitation universelle, deux corps étant mis en présence, les choses se passent comme s’ils s’attiraient à distance, et si 1 un d’eux au moins est très léger et très-mobile, il peut se mettre en mouvement. Cet effet est, il est vrai, extrêmement faible pour les corps dont on se sert ordinairement dans les expériences de physique ou de mécanique; mais, enfin, on peut le mettre en évidence par exemple d’après la méthode de Cavendish, en faisant osciller un corps mobile à une petite distance d’un autre corps fixe d’assez grande dimension, et en constatant l’altération produite dans le mouvement du premier par le voisinage du second.
- Dès lors, rien n’empêcherait de déduire l’idée de
- masse de cette propriété, et après avoir constaté que des corps différents agissent différemment sur un même mobile à la même distance, d’appeler masses égales celles qui, dans ccs conditions, produisent sur le mobile le même effet, et de définir des masses multiples par la réunion de masses égales. Et cela, remarquons-le bien comme tout à l’heure, sans savoir même quel est le rapport qui existe entre une masse n fois plus grande qu’une autre ainsi définie, et les effets produits par l’une et l’autre sur le même mobile, à la même distance.
- On aurait ainsi une seconde définition des masses à l’aide d’un effet dynamique produit par les masses elles-mêmes sur un corps extérieur.
- Or, ces deux définitions conduisent aux mêmes résultats, de telle sorte, par exemple, que des poids égaux de matières différentes correspondent à des masses égales aussi bien dans l’une que dans l’autre définition.
- D’ailleurs, il y a aussi proportionnalité constatée par l’expérience entre les masses correspondant à la deuxième définition et les actions qu’elles exercent sur le même mobile et à la même distance, proportionnalité qui aurait parfaitement pu ne pas exister, ne serait-ce que par suite d’une réaction mutuelle qui pourrait exister entre deux masses égales quand on les rapproche pour les réunir.
- Passons maintenant à l’électricité et examinons la question de masse électrique en électrostatique.
- Si l’on se préoccupe du minimum de notions préalables nécessaires pour arriver à l’idée de masse électrique, en écartant toutes les hypothèses qui ne sont pas indispensables et en s’attachant à bien noter le caractère des faits sur lesquels on s’appuie, on peut procéder de la manière suivante.
- Le point de départ peut être : i° l’électrisation par le frottement.
- Ensuite les expériences les plus simples mettent en évidence les deux faits fondamentaux suivants : 2° les actions attractives à distance sur des corps légers, et répulsives après contact; 3° la distinction entre les corps isolants et les conducteurs tels que les métaux, le corps humain et le sol principalement.
- Ces 3 notions suffisent pour construire des sources même très puissantes d’électricité comme la machine d’Armstrong par exemple. De telle sorte que (chose remarquable qui n'est pas mise assez en relief) la distinction de ce qu’on nomme les 2 espèces d’électricité et la connaissance de l’induction ne sont nullement indispensables pour qu’on ait à sa disposition les moyens les plus puissants, sinon les plus commodes d’électrisation.
- De plus ces 3 notions suffisent également pour construire les appareils de mesures électrostatiques les plus précis et les plus délicats, tels que la balance de torsion de Coulomb, car Ja construction
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- de cet admirable instrument n’exige absolument que la connaissance des lois de la torsion et de l’isolement de 5 charges électriques, dans une atmosphère sèche, par le verre, la cire, la gomme laque, la soie... etc.
- Et il est bon de remarquer encore que même l’étude préalable de la déperdition, nécessaire pour la correction des expériences faites avec la balance, n’exige pas d’autres connaissances.
- C’est ainsi que, dès le début même de l’électrostatique, on se trouve en état, comme Coulomb l’a fait dans ses mémorables travaux, dont on ne saurait trop admirer la simplicité, la précision et la profondeur, d’établir, si l’on veut commencer par l.i, la loi des actions à distance qu’on peut formuler ainsi en conservant la prudence nécessaire en de tels objets :
- « Quand deux corps électrisés assez petits pour « qu’on puisse les considérer comme des points <> agissent l’un sur l’autre à des distances assez « grandes par rapport à leurs dimensions, les « choses se passent comme s’ils exerçaient l’un sur « l’autre des actions ou forces en raison inverse « du carré des distances. »
- De telle sorte que si on appelle f cette action, r la distance, Iv un coefficient indépendant de la distance, on a
- On arrive ainsi dès l’abord à la première partie de la loi de la gravitation universelle, qui se trouve ainsi régir à la fois cette chose inconnue qu’on appelle l’électricité que le frottement a développée, et en même temps la matière elle-même qui sert en quelque sorte de support à cette électricité ; mais les actions qui proviennent de la matière des corps électrisés sont tellement faibles dans les conditions des expériences ordinaires d’électricité, qu’elles sont négligeables par rapport aux effets électriques proprement dits.
- Ceci établi, on est amené naturellement à songer à la seconde partie de la loi de la gravitation, savoir la proportionnalité des actions au produit des masses. On se demande si la quantité k de la formule ci-dessus qui, dans la gravitation, est de la forme A m m', (m et m' étant les masses définies, comme nous l’avons rappelé plus haut, et A une quantité indépendante de ces masses et de la distance), a la même forme quand il s’agit des'actions électriques. Y a-t-il dans un corps électrisé, indépendamment de la matière même qui le compose, quelque chose, appartenant en propre à ce qu’on nomme électricité, qui soit analogue à la propriété de la masse des corps matériels dans la mécanique ordinaire ?
- {A suivre.) E. Mercadier.
- FANAL ELECTRIQUE
- SUR UN NAVIRE ÉCLAIRANT UNE SCENE AFRICAINE
- Dans le dernier numéro, nous avons parlé des avantages considérables que la marine peut retirer de l’emploi de la lumière électrique, soit au point de vue militaire, soit pour l’éclairage intérieur des bâtiments destinés au transport des voyageurs, soit enfin pour la sécurité de la marche, toutes les fois que des obstacles sérieux, comme les banquises de glaces venant des régions polaires, se rencontrent sur la route. Les services rendus par les puissants foyers qui constituent les fanaux électriques sont maintenant partout appréciés, notre marine a utilisé pendant la guerre de Tunisie les nouveaux procédés électriques pour les débarquements sur la côte africaine, et nous avons, à plusieurs reprises, rendu compte des heureux résultats obtenus; on sait aussi que les grands cuirassés doivent être nécessairement munis de foyers électriques pour pouvoir se protéger efficacement contre les bateaux torpilleurs, si dangereux aujourd’hui, et nous reviendrons prochainement, plus en détail, sur cette intéressante question.
- En dehors du côté utilitaire qui présente de ' si nombreuses applications, le fanal électrique peut aussi sur un navire concourir à la distraction de l’équipage et des passagers en permettant de contempler des spectacles d’un effet tout nouveau et d’une originalité vraiment fantastique. Le dessin que l’on trouvera ci-contre donne une idée de la scène vraiment curieuse que purent admirer les passagers d’un steamer faisant un voyage d’exploration le long des côtes ouest de l’Afrique. Le commandant et une partie des officiers du bord, en se rendant à terre, avaient pu réunir, grâce à quelques indigènes puissants, une troupe de danseuses Nigritiennes qui fut conduite le soir sur le rivage dans un site convenablement choisi en face lequel le navire avait jeté l’ancre. On sait que le chant, la musique et la danse sont l’élément des Africaines, en général enjouées et avides de plaisir; et, comme dans la plupart des pays austraux, c’est pendant la nuit qu’on se livre à ces divertissements.
- La petite fête préparée pour l’équipage suivit donc le programme généralement adopté dans ces régions du soleil. Avant la nuit on avait allumé des feux dans les environs et préparé, sur les conseils de chefs indigènes, le rhum, la calebasse et l’hydromel ; les danseurs étaient accourus en parure de fête à la suite delà troupe de Nigritiennes. Celles-ci à peine vêtues d’une ceinture flottante avaient sur tout le corps des ornements bizarrement peints, et ces femmes robustes, aux formes athlétiques, formaient un corps de ballet qui n’eût pas déparé la suite d’un prince africain.
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- F ANAL K I. K C T 1U Q. V E K C L A I R A N T
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Après des exercices de toutes sortes simulant surtout des évolutions guerrières et exécutés d’abord par des hommes seuls aux sons d’instruments ne produisant, comme tous ces appareils primitifs, qu’une musique chromatique, assez sauvage et riche en sons discordants, les deux sexes participèrent à une foule de danses en soli, par couples, par groupes, par essaims ou par files. Les danses africaines sont en général monotones : on y remarque surtout une mimique érotique analogue au cancan ou au zambacueca des créoles, mais elle est exécutée sans la passion ni la grâce de celles-ci; elle est plutôt brutalement indécente et lourde.
- Lorsque la nuit fut complètement venue et que le fanal du navire put projeter sa large nappe de lumière vers le point du rivage où se trouvait un espace libre entouré de plantes tropicales, la troupe de danseuses commença ses étranges exercices chorégraphiques, se livrant aux contorsions les plus accentuées et s’accompagnant, tantôt d’un chant doux, tremblant, nasillard, tantôt de glapissements et de beuglements imitant les cris des animaux féroces et brandissant avec furie le tama-’wack ou la sagaie.
- Les quelques personnages du bord qui avaient été conduits à terre pour assister à cette représentation vraiment originale ne pouvaient croire à la réalité fantasque qu’ils avaient sous les yeux ; par une belle nuit tropicale, la lune légèrement voilée, dans ce site enchanteur, avec un décor tel que l’imagination du peintre de féerie ne pourra jamais en produire, le vaste faisceau lumineux venait du navire en s’élargissant et argentait la crête de chaque petite vague pour tomber sur le diabolique bataillon exécutant une danse des plus macabres. Les danseuses s’excitant de plus en plus, faisaient des bonds comme des panthères et ébranlaient la terre sous leurs trépignements; aussi lorsque le chant, les battements et les trépignements s’exécutaient avec un certain rythme, l’effet produit était indescriptible dans un aussi étrange milieu.
- C.-C. Soulages.
- les
- LAMPES WERDERMANN
- A L’OPÉRA
- Depuis le mois d’octobre 1881 des expériences d’éclairage électrique ont été entreprises dans le vaste monument de M. Garnier, et les divers systèmes installés à cette occasion ont permis d’apprécier toutle parti qu’il est possible de tirer, au point de vue décoratif, de l’emploi savamment combiné des nouvelles lumières.
- Nous avons rendu compte de ces essais peu de j ours après leur commencement, dans le numéro du mercredi 26 octobre, en passant en revue- l’ensemblé des appareils qui contribuaient à l’éclairage général ; tous ces appareils étaient du reste bien connus de nos lecteurs, car ils avaient été décrits en détail au moment de leur apparition, il s’agissait donc seulement de juger l’effet produit par chacun d’eux dans cette intéressante application ; et il a été facile de se convaincre que les foyers électriques apportaient à l’éclairage de l’Opéra un supplément des plus utiles. On a laissé subsister le gaz, car il n’a jamais été question de constituer l’éclairage entier par les moyens électriques, mais le mélange des trois lumières, gaz,, arc voltaïque et incandescence a produit le meilleur effet, et c’est évidemment jusqu’ici à la combinaison de ces trois éléments qu’il faudra avoir recours pour satisfaire la majorité des spectateurs.
- Au début de ces expériences, le grand foyer n’avait pas encore toute son installation, nous avons dit depuis le brillant effet produit par les lampes-soleil qui ont été surtout aménagées dans le but de montrer les fameuses peintures de Bau-dry.
- On sait que dans le vestibule circulaire situé au-dessous de la salle et qui s’appelle le foyer des abonnés, la lumière Werdermann fonctionnait seule; un grand lustre portant 16 foyers était suspendu au milieu de la voûte comme le représente le dessin ci-contre, et éclairait d’une façon très complète cette rotonde qui par sa construction surbaissée et son ornementation élémentaire a plutôt l’air d’une cave que d’un vestibule conduisant à une luxueuse salle de spectacle. Ce local si ingrat au point de vue de l’effet à obtenir était échu en partage à l’un des systèmes qui a précisément, plus que la plupart des autres, les qualités nécessaires pour donner les meilleurs résultats dans les intérieurs de théâtres, sur la scène ou dans des appartements. Cette lumière est incontestablement une des plus belles parmi les foyers présentant une intensité notable, et elle avait fait ses preuves d’une façon pratique depuis quelques années déjà et dans des installations les plus variées. En premier lieu, pendant l’année 1879, alors que la lampe à peiné dégrossie était arrivée d’Angleterre, elle fut mise à l’étude d’une façon suivie et immédiatement améliorée dans les bureaux de notre journal, 10, rue du Faubourg Montmartre ; peu après une grande usine pour la fabrique des aciers à Creil faisait installer cet éclairage ; mais c’est surtout rue des Martyrs, à l’ancien Atheneum transformé,- que les lampes Werdermann ont montré les services qu’elles pouvaient rendre, les effets variés qu’elles pouvaient produire. Cette salle de l’Atheneum qui était un petit théâtre comprenait une scène, des loges, une galerie ; on y avait placé des ta-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ 327
- bleaux, des statues, des tentures, et bien souvent le public était invité à venir assister à des expériences concluantes pendant lesquelles on exécutait la
- graduation de la lumière, l’extinction et le rallumage à volonté.
- Toutes cès études habilement conduites par
- LA LUMIÈRE W E R D E R M A N N A U V O V E It DES ABONNÉS ( O P É R A )
- MM. Napoli et Pinaud avaient permis de préparer une Exposition très réussie au Palais de l’Industrie, et tous les visiteurs se souviennent certainement du vestibule d’entrée de la salle du président et surtout de la salle à manger et du charmant petit
- théâtre où la lumière dont nous nous occupons produisait une si bonne impression.
- Certainement ce foyer a ses défauts ; bien que très fixe, il arrive à varier légèrement lorsque l’extrémité eflilée du charbon incandescent vient à se
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- rompre au lieu de se consumer régulièrement ; en outre comme cette lampe présente très peu de résistance et demande par conséquent des courants d’une grande intensité, il faut employer des câbles d’assez forte dimension, et il est difficile d’établir des circuits ayant une étendue un peu considérable.
- Quoi qu’il en soit, dans les essais tentés à l'Opéra, la lumière Werdermann était, après la lampe-soleil, celle dont le succès pouvait être regardé comme le plus certain, malgré les difficultés que présentait au point de vue de l’éclairage le vestibule circulaire si froid et d’un aspect aussi sépulcral.
- O. Kern.
- L’ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- DE SAVOY-THEATRE
- A LONDRES
- Nous avons déjà parlé de l’éclairage du Savoy-Theatre à la lumière électrique. Nous donnerons aujourd’hui quelques nouveaux détails sur cette installation.
- Le théâtre est éclairé par i 158 lampes Swan du nouveau modèle, récemment introduit par M. C. H. Giningham, de la Swan Electric Light Company, qui l’a adopté comme son type le plus perfectionné. Sur ces i 158 lampes, 114 sont placées dans la salle, elles sont disposées en groupes de trois, et supportées par des appliques très élégantes, le long des différentes galeries. Chaque lampe est renfermée dans un globe de verre dépoli, disposition qui produit une lumière très douce et agréable.
- La fig. 1 représente une de ces appliques à trois branches qui ont été dessinées et construites par MM. Faraday et fils, de Berner Street, Londres.
- D’après les indications données par VEngineering, deux cent vingt lampes sont employées pour l’éclairage des nombreux corridors, passages et loges appartenant au théâtre, tandis que 824 lampes Swan sont placées sur la scène.
- Les lampes de la Tscène sont distribuées de la manière suivante :
- 6 rangées de IOO lampes chacune au-dessus de la scène 600
- 1 rangée — ()0 — — 60
- •1 —• 14 — sur les portants. . 56
- 2 — 1» — — .16
- K IO — sur la rampe. . . 5o
- 2 — I I 2 2 Ü24
- Outre les lampes ci-dessus indiquées à l'intérieur du théâtre, huit lampes témoins sont placées à l’intérieur de la salle des machines, et servent à
- l’éclairage de celles-ci; comme elles sont dans le même circuit que quelques-unes des lampes de la salle, elles indiquent au mécanicien, par le changement de leur pouvoir éclairant, quand les lampes de la scène sont éteintes ou allumées.
- La nouvelle forme de lampe Swan employée dans cette installation est représentée dans les fig. 2 et 3; elle est à la fois plus simple et plus jolie que l’ancien modèle, et d’ailleurs elle peut être fabriquée plus rapidement, et à meilleur marché.
- Avec cette nouvelle disposition, on-évite entièrement la monture lourde et disgracieuse de l’ancienne lampe; l’intérieur de la lampe est entièrement en verre, et elle ne présente que deux très petits crochets de platine faisant saillie à la partie inférieure et reliés au filament de charbon à î'inté-
- FIG. 1
- rieur de la lampe. La monture à l’aide de laquelle ces lampes sont attachées aux appliques est représentée dans la fig. 3. Sa construction est la plus simple possible ; elle consiste en un petit bouton cylindrique en ébonite qui, à l’aide d’une vis représentée au-dessous de la figure peut être fixé aux supports ou vissé dans une monture quelconque de gaz ordinaire au lieu du brûleur.
- A la surface supérieure de ce bouton sont insérés deux petits crochets de platine communiquant avec les deux bornes ; ces crochets sont fixés à une distance égale à celle de ceux de la lampe; et quand la lampe est en place, le contact est maintenu fortement serré par le ressort spiral en cuivre indiqué dans la figure et qui porte contre l’enveloppe de verre de la lampe.
- Les lampes sont actuellement montées en dérivation en six groupes, dont cinq comprennent deux cents lampes chacun ; le sixième est de cent soixante-six lampes. Le courant de chaque groupe est produit par une des machines alternatives de Siemens du type W, et dont les aimants inducteurs
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- JOURNAL UNIVERSEL IVÉLECTRICITÉ
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- sont excités par une machine Siemens, à courant continu, modèle D7.
- Les machines et moteurs sont placés dans un hangar élevé sur un terrain vague contigu au quai Victoria et le courant est amené au théâtre à l’aide de câbles isolés posés sous le sol.
- Les six machines alternatives W, marchent à une vitesse de 70 tours par minute, et les six machines excitatrices D7, à 1 i5o tours; elles sont mues par trois machines à vapeur : une locomo-bile Cîarrett de 20 chevaux, une locomobile Marshall de 12 chevaux et une machine semi-portative Robey de 20 chevaux ; mais la force en chevaux actuellement utilisée, mesurée par un dynamomètre
- FIÜ. 2
- de von Hefner Alteneck, est de 120 à i3o chevaux de force. Il faut dire, toutefois, qu’en outre des six paires de machines pour actionner les 1 166 lampes à incandescence il y a aussi une machine dynamo Siemens D2, qui alimente le puissant foyer électrique à arc suspendu à l’extérieur du théâtre, au-dessus de l’entrée principale, et que la puissance pour actionner cette machine est incluse dans la force de chevaux employés indiquée ci-dessus.
- Le trait le plus intéressant, cependant, au point de vue scientifique, de cette installation est la méthode par laquelle on manœuvre les foyers dans toutes les parties de l’établissement, car une quelconque des séries de lampes peut être allumée en un instant jusqu’à sa pleine puissance ou abaissée graduellement jusqu’à une teinte rouge faible, aussi facilement que si c'étaient des lampes à gaz, en tournant simplement une manette. Il y a six de ces manettes régulatrices — correspondant au nombre des machines et circuits — rangées côte à côte contre le mur d’un cabinet placé à gauche
- de la scène ; chacune de ces manettes agit sur un commutateur à six voies à l’aide duquel on peut introduire dans le circuit correspondant une résistance plus ou moins grande (en l’augmentant ou la diminuant graduellement en six chargements successifs) ; l’intensité du courant passant à travers les lampes est alors diminuée ou augmentée d’autant de degrés. L’intérêt spécial de cette partie de l’installation, cependant, réside dans ce fait que l’abaissement des lampes est accompagné d’une économie correspondante de force motrice dans la machine; comme la résistance variable qui est réglée par les régulateurs n’est pas introduite dans le circuit extérieur ou de lampe des machines à courant alterné, mais dans le circuit excitateur, quand une série de lampes est baissée, une augmentation de résistance se produit dans le circuit de la machine qui excite les inducteurs de l’alternative correspondant à cette série particulière de lampes ; l’intensité du champ magnétique de cette dernière machine est ainsi réduite, et conséquemment l’intensité des courants de cette machine est diminuée; mais, par suite de l’affaiblissement du champ magnétique, la résistance mécanique est réduite d’une façon correspondante, et la machine dépense moins de force. Cette disposition spéciale est appliquée à présent à quatre des six circuits, mais, en raison de son bon fonctionnement, elle va être sans doute appliquée aux deux autres, ce qui diminuera les frais d’exploitation. Les résistances introduites dans les circuits sont à présent de deux sortes : les quatre commutateurs auxquels nous avons fait allusion tout à l’heure font passer le courant dans de longues spirales de fil de fer supportées sur un cadre et ayant une libre circulation d'air autour d’elles afin de réduire réchauffement produit par le courant, et les commutateurs des deux autres circuits opèrent d’une manière semblable sur des résistances composées de bandes de fer en zig-zag semblablement disposées.
- Nelius.
- LES SCIENCES PHYSIQUES
- EN BIOLOGIE
- L’ELECTRICITE
- 2" article. (Voir le 11n du 25 février. )
- Dans le précédent article, j’ai considéré l'électricité comme étant une des formes de l’énergie.
- Quelques personnes 111’ont fait observer que cette opinion semblait en contradiction avec les idées émises à ce sujet par M. Deprez, dans le n° 71 (année 1881J de ce recueil.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 33o
- D’après mon savant ami, l’électricitc, sous forme de courant continu, ne peut être considérée comme forme de l’énergie, car, quel que soit le travail produit par un semblable courant, il n’y a pas disparition correspondante d’électricité. L’intensité, c’est-à-dire, la quantité d’électricité en mouvement est la même dans tout le circuit; on constate seulement une chute de potentiel, de même que dans un moteur à colonne d’eau il n’y a pas disparition de l’eau après le travail, mais simplement chute de pression.
- M. Deprez a soin de faire observer que cette conclusion n’est valable que pour le courant continu et qu’elle ne s’applique plus à la décharge d’un condensateur.
- Or, au point de vue où je me place dans cette étude, la plupart des manifestations électriques d’origine animale sont comparables à la décharge d’un condensateur. Il en est ainsi pour la décharge des poissons électriques, pour le courant nerveux commandant la contraction musculaire, pour la variation électrique qui accompagne cette contraction du muscle, etc.
- D’autre part, il est toujours facile d’obtenir un courant continu, à la limite, en renvoyant dans un circuit des décharges répétées de condensateur. On peut faire l’inverse, et transformer un courant en décharges de condensateur comme le fait, par exemple, la machine rhéostatique de G. Planté.
- Ce même courant de pile peut donc être, ou ne pas être, à volonté, une forme de l’énergie, suivant qu’il trouve ou non un condensateur sur sa route, ou même plus généralement, qu’il subit des oscillations dans son intensité.
- A ce compte, le courant de la machine Gramme, et aussi tous les courants d’induction qui ne sont pas rigureusement continus, peuvent être considérés comme une forme de l’énergie. Seul le courant continu provenant des piles hydro-électriques ou thermo-électriques ne rentrerait pas dans cette catégorie.
- Cela ne prouve-t-il pas que nous sommes victimes d’une illusion de nos sens, et qu’à proprement parler il n’existe dans la nature qu’une seule forme de l’énergie : des masses animées de vitesse?
- Ce sont nos sens qui nous font créer certaines formes de l’énergie. La lumière n’est lumière que parce que l’œil existe. De même que la chaleur et le froid, elle constitue un phénomène subjectif. Que l’on fasse examiner le spectre solaire par différentes personnes, dans sa partie ultra-rouge par çxemple, quelques-unes seulement percevront une sensation lumineuse, toutes au contraire accuseront une sensation calorifique. Le même rayon ondulatoire peut donc être de la chaleur ou de la lumière, suivant la sensibilité individuelle. Où finit la chaleur? Où commence.la lumière? Affaire d’ap-
- préciation personnelle, c’est-à-dire d’organisation. La période ondulatoire est plus rapide pour la lumière que pour la chaleur, voilà tout ; mais le mouvement est le même. La différence entre la chaleur et la lumière n’est pas autre que celle qui existe entre le do et le la, par exemple, d’une même gamme.
- On conçoit que ces formes de l’énergie puissent être aussi variées que les mouvements qui peuvent agiter la matière qui les manifeste, et nous sembler aussi nombreuses que les différents sens qui peuvent les analyser. Mais au fond de cette diversité infinie, on trouve toujours la même chose : des masses matérielles animées de vitesse; le Smrs de la mécanique rationnelle.
- Après cette digression rendue nécessaire par les circonstances, je reprends mon sujet au point où je l’avais laissé.
- Les manifestations vitales semblent tellement en opposition avec les lois qui régissent les corps inorganiques qu’elles ont toujours eu le privilège bien justifié de provoquer les méditations des savants comme des philosophes, des lettrés connue des ignorants.
- Tous considèrent, et en ceci ils ont pleinement raison, l’être vivant comme une merveille, mais comme une merveille incompréhensible, se mouvant en dehors des lois cosmiques générales, et en cela ils ont complètement tort.
- Alors que nous voyons partout la force d’inertie exercer son empire sur la matière brute, l’être vivant parait seul se soustraire à cette domination et porter en lui-même le principe de son activité.
- Si nous considérons l’animal supérieur, le mammifère, par exemple, nous le voyons se mouvoir de lui-même, développer un travail conscient, pour arriver à un but voulu. Il nous paraît également se dérober à l’influence des agents physiques extérieurs. Le fait qui, dès la plus haute antiquité, a frappé le plus les observateurs, c’est la constance de la température chez les animaux supérieurs. Nous savons en effet, par notre propre expérience, que notre corps est toujours chaud, que sa température moyenne reste la même durant les chaleurs de l’été connue dans les hivers les plus rigoureux.
- Cette production de chaleur est si étonnante qu’elle a servi de tout temps à caractériser la vie elle-même.
- Les manifestations vitales dans leur expression la plus élevée revêtent donc pour nous ce double caractère : i0 de spontanéité ; 2° d'indépendance par rapport aux milieux.
- Spontanéité, indépendance, telles sont en effet les deux idées principales qu’éveille plus ou moins confusément dans l’esprit de chacun ce mot magique la vie.
- Tout ce que nous ignorons nous étonne, et nous
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- i
- sommes toujours disposés à faire appel au mystérieux ou au surnaturel pour en avoir l’explication.
- Nous devons cette tendance, dont les meilleurs esprits n’ont pu quelquefois se défendre, à une influence atavique qui se fera de moins en moins sentir, à mesure que grandiront nos connaissances scientifiques. L’homme n’est pas encore complètement revenu de l’effarement que dut causer à ses sauvages ancêtres la multiplicité des phénomènes naturels.
- Portant en lui cette notion si trompeuse, comme nous Je verrons, de la spontanéité, il dut l’étendre autour de lui et en douer des êtres imaginaires. De là l’origine de la téléoiogie et 'de l’anthropomorphisme, qui sont les sources de toutes les religions.
- Les sciences physiques nous ont donné l’explication des phénomènes naturels attribués autrefois à des êtres imaginaires dont les noms variaient avec les religions ou les pays. Seuls , les phénomènes vitaux paraissent encore échapper à ces lois générales,' et constituent le dernier rempart derrière lequel s’abritent les raisonneurs a priori que la méthode a posteriori expérimentale a chassés à tout jamais du monde inorganique.
- Cette dernière barrière doit tomber également à son tour. Nous ne pouvons avoir de connaissances certaines que grâce à l’expérimentation aidée du raisonnement. Ce dernier tout seul, lorsqu’il n’a pas pour point d’appui l’expérience conduit, fatalement à l’erreur lorsqu’il veut s’exercer sur des objets existants en dehors de lui.
- L’être vivant est un édifice sublime résultant du concours harmonique de toutes les lois et de toutes les propriétés de la matière. Il est l’expression de la plus élevée et la plus avancée actuellement de cette loi universelle de l’évolution qui, à travers le temps et l’espace, conduit la matière vers des états de plus en plus parfaits. C’est à la physiolo-logie qu’incombe l’honneur, mais aussi le péril de cette étude. La physiologie doit être la science de la vie, comme la physique est la science des corps bruts.
- Ces divisions sont d’ailleurs purement arbitraires et nécessitées par l’imperfection même de notre intelligence. Il est certain que plus tard ces distinctions factices devront disparaître et que la physiologie comme la chimie constituera un simple chapitre de la dynamique générale.
- Bien des personnes croient encore que cette définition de la physiologie en appelle une seconde; celle de la vie elle-même.
- Nous verrons dans un prochain article'ce qu’il faut en penser.
- (ri suivre) Dl'.-A. d’àusonval
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- La Chimie des couples secondaires.
- Nous avons déjà signalé (*) les expériences de MM. Gladstone et Tribe sur les actions locales qui ont lieu dans les couples Planté. Dans une seconde partie de leur travail, ils ont étudié le procédé chimique de la charge.
- Si l’on prend un couple Planté neuf, c’est-à-dire deux lames de plomb non oxydé séparées par de l’eau acidulée par l’acide sulfurique et qu’on fasse agir sur ce couple seulement un élément Grove (ou Bunsen), sur la lame en relation avec le pôle positif il se forme, non pas du peroxyde de plomb, mais une couche blanche de sulfate de plomb ; l’é-lectrolyse cesse d’ailleurs bientôt en raison de l’enduit protecteur que forme cette couche de sulfate. Si l’on augmente alors l’intensité du courant, le sulfate disparaît et se trouve converti en peroxyde. Si on laisse reposer l’appareil, l’action locale transforme, comme on l’a vu, partiellement le peroxyde en sulfate et quand l’électrolyse est répétée ensuite en sens inverse, ces deux corps sont réduits par l’hydrogène en plomb métallique, pendant qu’il se forme du peroxyde sur l’autre lame. Le peroxyde de plomb et le plomb spongieux sont donc les substances que l’on trouve sur les lames d’un couple Planté aussitôt après sa formation.
- A première vue, il semble peu probable qu’un se presque insoluble comme le sulfate de plomb soit décomposé dans ces circonstances. Pour confirmer le fait de cette décomposition, les auteurs ont recouvert de sulfate de plomb deux lames de platine, les ont plongées dans l’acide sulfurique étendu et ont fait passer un courant dans l’appareil. Ils ont observé que sur une lame le sulfate est réduit et que sur l’autre il est peroxydé.
- La réaction chimique qui a lieu pendant la charge d’un couple Planté peut être envisagée de deux manières. La plus simple consiste à supposer que l’oxydation du plomb se lait sans sulfatisation préalable on a alors :
- Pi* + 2 SO1 IP + P/>y = P - i + P/’ 02 + 2 SO" + 2IU + P/’y et
- 2 SO» + 2 IPO = 2 II2 SO*
- Si l’on considère qu’il se forme d’abord du sulfate de plomb, on a comme équations :
- P/« + SO' IU + P/-y = P/* - i + so* P/’ + 112 + p/,y puis
- IV* - i + SO-' IV + SO* IU + 1W — P/-X — ‘ + P/- 02 + 2 S03 + ID + P/.y
- (') N° du 2Ü janvier 1UU2.
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- 332
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- et
- 2S02 + 2lI2 0 = 2H2S0*
- Il est possible que l’une ou l’autre de ces réactions ait lieu, suivant les circonstances.
- Quand le plomb est recouvert d’une certaine couche d’oxyde, cette couche s’oppose à son oxydation ultérieure et c’est pourquoi M. Planté a besoin de soumettre ses couples à des périodes de repos pendant lesquelles l’action locale provoque aux dépens de la lame même une formation de sulfate que le courant pourra oxyder ensuite.
- Pour obvier à la lenteur de formation qui résulte de ce procédé, M. Faure couvre de minium les deux lames de plomb. La première chose qui se produit quand on plonge dans l’acide sulfurique étendu ces lames ainsi couvertes est une action purement chimique; le minium est décomposé suivant l’équation :
- p/,3 o + 2 iis SOl = P/> 02+2 P/> SO’> + 2 H2 o
- et il se transforme en sulfate et peroxyde de plomb; mais en raison de l’insolubilité de ces corps, l’action n’a lieu qu’à la surface et ne peut pénétrer la couche qu’avec le temps comme le montre le tableau suivant :
- Durée Miniùtn converti
- de l'expérience en sulfate
- i5 minutes............... rr,ft pour cent.
- 3o — ............. 13,7 —
- 6o — ............. i-| .0
- 120 — ............. î K, i —
- Il peut arriver que tout l’acide sulfurique contenu dans l’eau acidulée soit absorbé par le minium; dans ce cas, l’eau seule joue le rôle d’électrolyte. Mais en supposant qu’il y ait un excès d’acide sulfurique, le phénomène de la charge présente un double problème. Si l’on n’avait affaire qu’à du peroxyde, il serait réduit sur la lame qu’il couvre, aux dépens de deux molécules d’eau ou d’acide sulfurique, tandis qu’au pôle opposé l’oxygène serait simplement mis en liberté ;
- p/,y _|_ P/, 02+2 SCP H2 + P/’ 02 + Pb? + p/,>L — P/, 02 + O2 + 2 SO 112 + P/\V -I- 1
- Mais comme il y a toujours du sulfate en présence, l’oxygène mis en liberté est principalement employé à oxyder ce corps et l’équation suivante montre qu’il est théoriquement suffisant pour per-oxyder deux molécules de sulfate :
- 2p/-SO*+2 112 0 -1-02 =2 P/'02 + 2 II2 SOC
- Ces deuxmolécules de P&SO'" proviennent d’une molécule de minium (Pb’J CP) et deux atomes d’oxygène semblent suffisants pour les transformer en peroxyde. Mais la quantité équivalente d’hydrogène (4 atomes) n’est nullement suffisante à réduire d’autre part une même quantité de minium, car dans ce cas il faut réduire à la fois le sulfate et le per-
- oxyde formés. Cette réduction exigera au moins 8 atomes d’hydrogène et l’électrolyse devra porter sur deux nouvelles molécules d’eau ou d’acide sulfurique. Il est à présumer, par suite, que du côté où se fait l’oxydation il doit y avoir une quantité de minium double de celle qui se trouve de l’autre côté.
- Pour déterminer ce qui se passe réellement pendant la charge d’une pile Faure, MM. Gladstone et Tribe ont pris des lames de plomb d’égale 'grandeur et les ont couvertes chacune d’une quantité connue de minium presque pur, puis ils ont fait passer dans l’appareil un courant d’un ampère pendant un certain temps, en notant les quantités de gaz dégagées pendant chaque heure. Le tableau suivant donne les résultats obtenus :
- MOMENT hydrogène OXYGÈNE
- de ^ 1
- l'expérience. Perdu. Absorbé. Perdu. Absorbé.
- cent. cub. cent. cub. cent. cub. cent. cub.
- 1™heure.. O 312 0 i56
- nO o 3 il'» il» 141
- 3e — 0 3o6 48 ir >5
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- JO" — ... 21 297 99 60
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- i5" — 210 92 100 5i
- l6° — ... 223 90 106 53
- 1-" .. 225 85 100 55
- i8« — .. 270 66 108 60
- 19e - • 264 5i 108 49
- 20 — . . 27O 5o 111 49
- 21" 27.3 43 114 44
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- Les quantités de gaz susceptibles d’être absorbées par les plaques étaient 4 574™ d’hydrogène et 1 294“ d’oxygène.
- Le tableau montre que d’abord la réduction et l’oxydation se font parfaitement et sans perte, puis l’absorption de l’hydrogène continue sans grande perte jusqu’à ce que la majeure partie de l’oxyde et du sulfate soient réduits, mais les dernières portions sont attaquées très lentement probablement parce qu’elles sont protégées par la
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- masse du plomb réduit. Sur l’autre lame, une perte notable d’oxygène se manifeste très rapidement, mais l’absorption lente de ce gaz continue longtemps après que la quantité théorique a été absorbée. Une portion de cet excès doit être attribuée d’après les expériences des auteurs à l’oxy-, dation de la lame de plomb elle-même. Mais la majeure partie est due, d'après eux, à ce que l’action locale se manifeste toujours pendant l’expérience et donne naissance à du sulfate que réduit ensuite l’oxygène. L’action locale aura lieu naturellement aussi tout d’abord sur l’autre plaque, mais il ne faut pas plus d’hydrogène pour réduire deux molécules de sulfate de plomb qu’une molécule de peroxyde, et l’action locale diminue à mesure que la réduction s’avance.
- Toutes les expériences ont donné les mêmes résultats pour l’absorption de l’hydrogène. Les quantités d’oxygène absorbées ont été au contraire assez variables; MM. Gladstone et Tribe attribuent ces différences à l’état de la surface de la lame de plomb.
- L’intensité du courant a aussi une certaine in-lluence sur la quantité d’oxygène emmagasiné, le temps nécessaire à l’absorption et la perte de gaz. On peut s’en rendre compte d’après le tableau suivant. Les expériences qui y sont relatées ont été faites avec des lames recouvertes de minium et capables d’absorber théoriquement i 20occ d’oxygène.
- INTENSITÉ. QUANTITÉ d’oxygène emmagasiné. TEMPS nécessaire à l’absorption. PERTE d’oxygène.
- ampères cent. cub. heures cent. cub.
- 2 3oo i,S >74
- I 3oo 2,0 18
- 1/2 3oo 3,a i5
- 2 600 d>t 617
- \ («O 5,5 2.19
- 1/2 600 7,6 47
- 0 i orjo 1.3,0 3 uiîi
- I i ouo 12,2 t)00
- 1/2 1 000 1(),0 400
- MM. Gladstone et Tribe terminent cette partie de leur travail par quelques considérations économiques. Il est évident, disent-ils, que l’énergie emmagasinée dans un élément est déterminée surtout par la quantité de peroxyde en présence. Le maximum paraît être obtenu avec le moins de perte possible quand le courant est d’intensité moyenne.
- Il ne semble pas y avoir grand avantage à con-
- tinuer à faire passer le courant une fois que l’oxygène cesse d’être absorbé franchement, parce que la présence d’une certaine quantité de sulfate, bien qu’elle augmente la résistance, tend à s’opposer à l’action locale.
- D’autre part il est nécessaire que la réduction du minium sur l’autre lame soit complète; il est probable, par suite, qu’il y aurait économie en recouvrant la lame qui dôit être réduite avec une quantité de minium moins grande que celle déposée sur l’autre lame. Les auteurs ont obtenu un très bon résultat avec des quantités de minium dans le rapport de i à 2, mais ils se proposent d’étudier; i cette disposition est aussi avantageuse pour L décharge que pour la charge.
- La trempe par compression, par M. L. Clémandot (').
- « J’appelle trempe par compression un nouveau mode de traitement des métaux, particulièrement de l’acier, qui consiste à chauffer le métal à la température du rouge-cerise, à le comprimer fortement et à le maintenir sous pression jusqu’à complet refroidissement.
- « Les trois phases de cette opération donnent des résultats tellement analogues à ceux que présente la trempe, que je crois pouvoir donner à cette méthode le nom de trempe par compression.
- « i° Le métal ainsi comprimé a acquis une dureté excessive, un resserrement moléculaire et une finesse de grain tels, que le polissage lui donne l’aspect du nickel poli.
- « 2° L’acier comprimé, à l’égal de l’acier trempé, a pris la force coercitive qui lui donne la faculté d’acquérir le magnétisme. Cette propriété devra être étudiée au point de vue de sa durée; mais des pièces de téléphone Gower et Ader, comprimées et aimantées depuis plus de trois mois, ont conservé leur aimantation depuis cette époque d’une façon absolue.
- « La compression, effectuée dans les conditions que je viens d’énumérer, est une opération qui n’a d’analogue que la trempe. Le martelage, comme l’écrouissage, modifie bien l’état moléculaire du métal, surtout lorsque ces opérations sont pratiquées sur le métal presque froid; mais l’effet de pression par la presse hydraulique est bien plus considérable : il suffit pour cela d’examiner les échantillons obtenus.
- « Je dois ajouter que je me suis très bien trouvé de l’emploi des accumulateurs de force, qui permettent d’exercer des pressions rapides, instantanées, et l’on peut supposer que, comme dans la trempe par immersion, le métal, saisi brusquement
- (i) Comptes rendus de l’Académie, du i3 mars 1882.
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- pur une secousse qui en modifie les molécules, devient amorphe.
- « Les phénomènes qui se produisent, sous l’action de la trempe ordinaire, soit sous celle de la trempe par compression, peuvent être diversement interprétés, mais on peut supposer que, dans l’un comme dans l’autre cas, il se produit un resserrement moléculaire, un amorphisme d’où résulte l’homogénéité due à l’absence ‘de toute cristallisation.
- « Les avantages de ma méthode sont faciles à saisir. La compression étant une opération qui pourra se mesurer, elle pourra être graduée, amenée, maintenue dans des limites prévues à l’avance; on dira tremper à telle pression, comme en dit marcher sous telle pression de vapeur.
- « J’ai opéré sur divers aciers : au point de vue magnétique, les aciers d’Allevard sont toujours restés de beaucoup supérieurs aux autres, l’ai soumis à la pression des barres elliptiques; on peut, en les examinant, se rendre compte de ce fait, que la compression, qui n’a agi, pour ainsi dire, que sur une arrête de l'ellipse, s’est transmise dans toute la masse, et le métal, dans toute son épaisseur, montre une cassure uniforme dans toutes ses parties.
- « Tels sont les faits que j’ai l’honneur de présenter à l’Académie ; je crois qu’en les approfondissant on arrivera à des résultats intéressants. C’est un nouveau champ d’étude, ouvert aux investigations des métallurgistes et des électriciens. Comme la trempe par les bains, sa devancière, la trempe par compression donnera lieu à de nombreuses études; mais, prenant date, je me montrerais heureux et reconnaissant envers l’Académie, si elle voulait bien me faire l’honneur de me considérer comme l’auteur de la méthode nouvelle, qui pourra donner à la science et à l’industrie des résultats utiles. »
- Modification de la surface d’un métal par le voisinage d’un autre métal.
- M. Pellat a reconnu que la surface d’un métal subit une altération dans sa nature parle voisinage d'un autre métal, à la température ordinaire. Celle-ci a été révélée par la mesure de la différence de potentiel qui existe entre la surface du métal et celle d’un autre métal en communication métallique avec le premier, et auquel on ne fait subir aucune modification. Cette altération met quelques minutes à devenir sensible, croit avec la durée de l’influence, et tend vers une limite. Quand l’influence cesse, elle diminue rapidement d’abord, plus lentement ensuite. La grandeur de la modification dépend du métal influençant: le plomb et le fer donnent les plus grands effets ; le cuivre, l’or, le platine, un peu moins; le zinc, rien. La modification observée, dépendant essentiellement de la nature du métal in-
- fluençant et étant, au contraire, absolument indépendante de la différence de potentiel qu’on peut établir artificiellement entre les surfaces des deux métaux en regard, pendant que l’influence s’exerce, ne peut être attribuée qu’à une altération toute , matérielle, produite par un corps volatil émané du métal influençant.
- CORRESPONDANCE
- Rueil, le. 2 avril 1882.
- Monsieur le Directeur,
- Je viens de lire dans le dernier numéro de J.a Lumière Électrique un article dans lequel M. E. Reynier décrit une nouvelle pile de son invention, et j’ai été fort surpris de reconnaître dans cette pile un appareil employé il y a plus de
- quarante ans par Becquerel et Péclet. Des modèles de cette pile se trouvent dans plusieurs cabinets de physique de Paris, et je vous envoie un croquis qui pourra faciliter la comparaison. Elle est composée d’un grand vase en cuivre dans lequel plonge une lame de zinc renfermée dans un sac de forte toile. La seule différence qu’il y ait entre les deux appareils, consiste en ce que dans celui de Péclet la réserve de sulfate de cuivre est placée dans de petits augets soudés sur le côté du vase de cuivre, tandis que M. Reynier place les cristaux intérieurement à la pile dans un petit panier. En outre un papier parchemin est placé, dans le nouvel appareil, entre le tissu et le zinc. Mais M. Reynier a bien soin de dire dans une note qu’il réussira sans doute à substituer au papier un tissu serré et solide. La pile sera alors presque identique à l’ancien appareil et n’en différera que par le petit panier et le tube de vidange.
- Peut-on dire que ces différences soient suffisantes pour autoriser l’inventeur h présenter son appareil comme nouveau sans même nommer ses prédécesseurs? Cette soi-disant invention est, il est vrai, pour M. Reynier une occasion de présenter quelques considérations intéressantes et de fournir quelques données utiles, si l’on en excepte toutefois le fantastique mélange de sels, destiné à rendre le liquide
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- JOURNAL
- UNI VEliSEL D'ELEC TRI Cl TE
- conducteur; mais n’aurait-il pas mieux fait de montrer comment il avait pu tirer bon parti d’une ancienne disposition, plutôt que de la décrire comme sienne.
- Excusez-moi, Monsieur le directeur, d’avoir pris la liberté de vous signaler ce détail qui a échappé à votre attention, mais qu’il est de bonne justice, je crois, de porter à la connaissance de vos lecteurs, et veuillez agréer l’assurance de mes sentiments les plus distingués.,
- A. François.
- Monsieur le Directeur,
- L’une des difficultés de l’éclairage électrique avec les régulateurs ou lampes électriques est le remplacement des charbons quand ils viennent à être brûlés. Pendant qu’on y introduit de nouveaux charbons, l’éclairage cesse pendant quelques instants, s’il n’existe pas de lampe supplémentaire à travers laquelle on fasse passer le courant pendant la la substitution. D’un autre côté les porte-charbons s’échauffent considérablement. On a cherché, il est vrai, à éviter ces inconvénients en employant de longs charbons, comme l'a fait M. Suisse dans la nouvelle disposition qu’il a donnée au régulateur Serrin, mais l’emploi de ces longs charbons entraîne d’autres inconvénients : i° un plus grand échauffe-ment des porte-charbons; 2° une disposition plus compliquée de la lampe; 3° une augmentation de dimensions du régulateur et un plus grand vacillement de la lumièreproduite.
- A la manufacture d’indiennes de Baranovo, j’ai appliqué avec succès une autre disposition. Au lieu d’une seule paire de porte-charbons dont le positif est en haut et le négatif en bas, j’en emploie deux ou quatre paires, c’est-à-dire un nombre convenable pour pouvoir fonctionner de i5 à 20 heures, et ces paires de porte-charbons sont éloignées l’une de l’autre de deux centimètres. Quelque soin que l’on prenne pour obtenir des charbons bien homogènes et de bonne qualité, leur résistance est toujours différente, et naturellement le courant, en tendant à traverser tous ces brûleurs, passera de préférence par celui qui présentera le moins de résistance, et ce sera lui qui s’allumera le premier. Comme sa résistance diminuera encore par suite de l’échaulïement provoqué par l’arc, la combustion de ceux-ci s’effectuera jusqu’à ce que les pointes soient assez éloignées l’une de l’autre pour que le courant 11e puisse plus passer; alors l’arc voltaïque disparait sur ce premier brûleur pour se porter sur le brûleur voisin le moins résistant, et cette transposition du point lumineux n’est pas visible, parce qu’elle s’accomplit avant que le régulateur soit en état de fermer le courant. En augmentant le nombre des paires de porte- charbons ou brûleurs dans le régulateur, nous anéantissons les vacillations qui pourraient résulter d’un mauvais réglage de la lampe. Au moyen d’une disposition particulière on parvient à faire disparaître les ombres provenant des charbons.
- Agréez, etc.
- B. TlKOMIKOl l’.
- FAITS DIVERS
- A Pcnang (ile du prince de Galles), en Asie, l’Eastern Electric Light and Power Company vient d’obtenir la concession de la grande chute d’eau de Penang pour la production de l’électricitc. Des machines sont en cours d’installation pour utiliser la force hydraulique de manière à lui faire actionner les machines destinées à l’éclairage électrique.
- Éclairage électrique
- Les nouveaux ateliers de la lampe-soleil, .j2, avenue de Wagram vienuent d’être inaugurés. Des expériences publi-
- ques d’éclairage ont eu lieu à cette occasion et seront continuées les mardis et jeudis soir.
- On nous signale quelques installations d’éclairage électrique qui viennent d’être faites aux environs de Rouen par la maison Siemens :
- Dans la distillerie de M. G. Boulet à Bapaume-lcs-Roucn 011 est en train d’installer sept lampes différentielles et 3o lampes Swan qui seront alimentées par une machine Siemens Wy, une D(j et une M2 qui sera également employée pour produire le courant nécessaire à la rectification des alcools par le procédé Naudin.
- Chez MM. Laveissière à Deville, l’usine est éclairée par sept lampes différentielles et le courant est fourni par une machine W:1.
- La fonderie de MM. Legris et fils est également éclairée par 7 lampes différentielles à forte intensité.
- La Faculté des Sciences de Marseille vient de recevoir un appareil complet pour l’éclairage électrique. La machine génératrice est placée dans le sous-sol et le courant électrique est distribué selon les besoins dans les salles et les laboratoires de la Faculté. On peut ainsi supprimer les piles qui fonctionnent d’une manière permanente pour les expériences et avoir des jets lumineux intenses pour les projections qui accompagnent la plupart des démonstrations de physique, de chimie et de géologie. Grâce à cette innovation dont l’Etat supporte d’ailleurs tous les frais, le grand établissement scientifique de Marseille dispose, comme les laboratoires de Paris, d’un puissant foyer électrique d’une véritable utilité.
- A Marseille, la Compagnie du gaz prend les demi ères dispositions pour éclairer à la lumière électrique la place Castellane. Les fils conducteurs sont disposés à travers les arbres et viennent rejoindre les appareils d’éclairage placés tout près de l’obélisque, en face de l’allée principale du Prado, dont nous avons signalé dernièrement l’éclairage'par l’électricité.
- L’illumination électrique a été particulièrement brillante dans la baie de Garavano, à Menton, pendant la fête vénitienne donnée en l’honneur de la reine d’Angleterre. A bord du vaisseau de guerre anglais VInflexible, des lampes électriques étaient rangées sur le pont, les mâts et les agrès. De puissants rayons étaient projetés sur le chalet des Rosiers, la villa qu’occupe la reine Victoria. Toute la ville de Menton a été aussi éclairée par les feux du navire dirigés successivement sur les édifices, les villas et les promenades tout le long du rivage et sur les collines.
- lin essai d’éclairage électrique vient d’être fait sur un bateau à vapeur en Suisse. La Compagnie de navigation à vapeur sur le Rhin et le lac de Constance, se proposant d’organiser un service de nuit, a essayé d’éclairer le Rhin et ses bords au moyen de la lampe Bürgin. Cette lampe a été placée à la proue du bateau et mise en communication avec une machine dynamo-électrique, actionnée par la chaudière. Le bateau est parti à la tombée de la nuit de Schaffousc et a fait le trajet jusqu’à Üiesingen. L’expcrience a pleinement réussi. Le Rhin ainsi que ses bords ont été éclairés comme en plein jour, et le pilote pouvait distinguer à une grande distance les signaux d’évitement placés dans le fleuve. A Bicsingen, le vapeur a viré de bord, et cette opération a été exécutée promptement. On croit que cette innovation rendra de grands services à la navigation sur le Rhin.
- A un récent meeting de la Cour du Conseil de la cité de Londres, le président de la Commission des égouts a^déclaré
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- que sur une partie de la Cité, le prix de revient de la lumière électrique, système Brush, avait été pour l’année de trente livres sterling moins cher que celui du gaz pour une même période.
- A sa dernière réunion la môme commission des égouts de Londres ont adopté un rapport concluant à l’acceptation de l’offre faite par la Brush Electric Light Company de continuer l’éclairage du premier district de la Cité de Londres, pendant une nouvelle année, au prix de huit cent livres sterling au lieu de six cent soixante, prix actuel, et proposant de concéder à cette Compagnie l’éclairage du troisième district éclairé jusqu’ici par MM. Siemens. Rien n’a encore été décidé, dit VEtectrician, au sujet du district numéro 2, où l’EIectric Light and Power Generator Company a installé récemment un certain nombre de lampes Weston perfectionnées:
- Le Président du Board of Trade, écrit-on de Londres, doit prochainement présenter un projet de loi autorisant les Compagnies de gaz ou les corporations municipales à fournir la lumière électrique. Le bill autorisera les corporations soit à fournir la lumière elles-mêmes, soit à sanctionner sa production par des compagnies privées. Dans tous les cas où un corps municipal refuserait de fournir la lumière électrique ou de permettre à une Compagnie privée de s’en charger, la Compagnie pourra s’adresser au Board of Trade pour en obtenir un ordre provisoire. Ces ordres provisoires n’auront qu’une durée de sept ans, et a la fin de cette période les corps locaux pourront reprendre l’entreprise à son prix actuel, et sans avoir égard aux bénéfices en perspective.
- Dans son dernier meeting la « Vestry » de Saint-Luc, à Londres, a voté à l’unanimité une proposition de M. Whiting tendant à ce qu’un comité fasse une enquête au sujet du prix de revient de l’éclairage par l’électricité des principales rues et places du quartier.
- Au British Muséum de Londres, des expériences viennent d’être faites dans la salle de lecture de la Bibliothèque, en vue de rendre l’éclairage électrique applicable aux bureaux ou pupitres séparés. Cinq des doubles rangs de sièges ont été pourvus de petits conducteurs, placés entre les lecteurs de deux en deux sièges, et portant en haut une petite lampe à incandescence de six candies brûlant à la hauteur de six pieds du parquet. Chaque rang contenant huit sièges, il y avait par conséquent quarante lampes qui ont été allumées simultanément. Mais on a trouvé que l’éclat de la lumière était trop éblouissant et les administrateurs du British Muséum ont décidé que l’on s’en tiendrait pour le moment au mode actuel d’éclairage électrique avec lequel la lumière est projetée de la .voûte de la salle.
- A Nottingham (Angleterre), les usines de MM. Copestake, Hughes, Crampton et Cc ont été éclairées pour la première fois, la semaine dernière, avec des foyers électriques du système Brush. C’est la Hammond Electric Light and Power Supply Company de Londres qui s’était chargée des installations. La machine employée pour actionner la machine Brush a été construite par M. Reader, de Nottingham; avec une force de seize chevaux, elle accomplit huit cents révolutions à la minute, donnant un courant de dix webers.
- A Eastbourne, établissement de bains de mer dans le comté de Sussex, le bureau local a, dans un récent meeting, accordé l’autonsation à l’EIectric Light Company d’ouvrir le sol des rues pour y placer les fils nécessaires aux installations d’éclairage électrique.
- Cet éclairage comprendra, dit le Sussex News, fa promenade le long de la mer depuis la Wish Tower jusqu’aux hôtels Anchor et Albion. L’esplanade supérieure et l’esplanade inférieure seront éclairées sur une longueur de près d’un mille en face des plus belles résidences de la ville, y compris la Parade. On se servira d’abord d’environ treize puissantes lampes électriqnes placées à une grand: hauteur, et, si les résultats sont .avantageux, on étendra l’éclairage électrique plus à l’ouest de la Wish Tower, du côté d’Hoïy-we!l et de Beachy Head.
- La lumière électrique est utilisée depuis quelque temps avec avantage pour l’éclairage des mines de cuivre de Rio-Tinto, en Andalousie.
- D’après un journal américain, il serait question d’introduire des lampes électriques à la Chambre des représentants, à Boston.
- Une nouvelle Compagnie vient de se fonder aux États-Unis pour introduire la lumière électrique à Columbus.
- Dans l’Inde, les municipalités semblent, dit VEleclrician de Londres, être favorables à l’éclairage électrique. L’Eastcrn Electric Light and Power Company a passé un contrat pour fournir les rues de la ville de Broach de foyers à arc et à incandescence du système Brush. Des pourparlers sont engagés aussi avec d’autres villes, notamment avec Bombay, où l’Eastern Electric Light and Power Company a fait des installations d’éclairage à titre d’essai sur le marché de Crawford.
- Télégraphie et Téléphonie
- Le cable de Trieste à Corfou vient d’être livré à l’exploitation. Il fonctionne maintenant d’une manière régulière; des dépêches ont été échangées directement avec Zantc, Syra et Alexandrie d’Égypte.
- En comptant tous les fils aériens des compagnies de télégraphe et de téléphone actuellement posés à New-York, on trouve qu’il y en a dans cette ville une longueur de dix mille milles. Ces fils courent dans toutes les directions imaginables et un pareil réseau n’existe en aucune ville du monde.
- Lorsque le réseau téléphonique de Philadelphie a été établi au mois de novembre 1878 on ne comptait que quinze fils; il y en a maintenant six cent cinq.
- A Marseille, la Compagnie générale des Téléphones s’occupe de l’installation de téléphones Ader au Grand-Théûtrc, ainsi que d’appareils avertisseurs électriques d’incendie.
- De tous les pays de l’Europe, c’est l’Espagne qui a fait le moins de progrès dans l’adoption du téléphone. On annonce de Madrid que le gouvernement espagnol s’occupe de l’introduction dans la péninsule de cc nouveau mode de communication rapide. Une loi lue au Sénat et qui doit être approuvée dans cette session autorisera l’établissement de réseaux téléphoniques dans les pricipales villes de l’Espagne.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris* — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 27970
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Électricité
- 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Administrateur-Gérant : Th. DU MONCEL A. GLÉNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 15 AVRIL 1882 N» 15
- SOMMAIRE
- Quelques dispositions téléphoniques nouvelles et inédites; Th. du Moncel. — Exposition Internationale d’Electricité : Le transmetteur automatique d’annonces d’incendie de M. Bartelous; A. Guerout. — Comparaison des phénomènes hydrodynamiques et électriques ; Garnier. — Quelques souvenirs de l’Exposition Internationale d’Electricité; C.-C. Soulages. — Les systèmes téléphoniques du Dr Herz; A. Noaillon. — La nouvelle pile Reynier à cloisonnement; Dr A. d’Arsonval. — Revue des travaux récents en électricité : Expériences hydrodynamiques de M. Decharme (4e note). — Compensateur de M. Slouguinoff pour mesurer les forces électromotrices. —• Appareil de M. Ville pour régler l’écoulement d’un gaz. — Production de composés organiques dans l’électrolyse. — Correspondance : Lettres de M. C. Barney et de M. Albert Denzler. — Faits divers. '
- QUELQUES
- DISPOSITIONS TÉLÉPHONIQUES
- INÉDITES
- On ne peut s’imaginer le nombre d’expériences et d’essais faits dans ces quatre dernières années sur le téléphone et les accessoires qui en dépendent. C’est par milliers qu’il faudrait compter les ébauches et les modèles qui ont été combinés, et, tout cela, pour n’arriver le plus souvent au’ à des résultats d’une supériorité contestable. Cependant si ces essais n’ont pas donné au point de vue de la pratique des résultats très satisfaisants, plusieurs d’entre eux ont fourni des données très intéressantes au point de vue scientifique. D’ailleurs, il peut arriver que des appareils peu pratiques aujourd’hui, puissent le devenir par suite de découvertes ultérieures, et c’est pourquoi il nous paraît important de faire connaître ceux de ces essais qui nous ont paru les plus intéressants.
- Parmi les inventeurs qui se sont le plus occupés de téléphonie, nous devons citer M. Ader, dont les appareils sont aujourd’hui adoptés par la Société des Téléphones de Paris. C’est une chose curieuse, quand on va visiter ses ateliers, de voir le nombre énorme de modèles successivement combinés par
- lui et qui se sont trouvés abandonnés, soit pour ne pas changer sans notables avantages la fabrication des appareils courants, soit par suite de résultats capricieux ou incomplets. Toutefois, parmi tous ces modèles, nous en avons trouvé quelques-uns qui présentent un réel intérêt et que nous croyons devoir faire connaître à nos lecteurs.
- L’un de ces modèles que nous représentons, figure 1, est surtout curieux par l’application à la téléphonie d’un-principe physique nouveau que j’ai développé dans ma notice sur l’appareil d’induction électrique de Ruhmkorff. Ce principe est celui-ci.
- Si un courant induit est transmis à un condensateur, il se produit au moment de la condensation un flux électrique de charge qui change de sens au moment de la décharge, parce que celle-ri s’effectue, pendant les interruptions du courant, au sein de la bobine induite. Si le condensateur est disposé de manière que le courant de charge ait une direction sur l’une des lames et n’en ait pas sur l’autre, parce que la charge se fera dans un cas au centre de l’armature et que dans le second cas elle traversera dans sa longueur l’autre armature, on peut comprendre qu’en disposant cette dernière de manière à pouvoir vibrer comme dans le condensateur de Dolbear, on pourra impressionner la charge qui la traverse par des actions électro-magnétiques, et déterminer, par suite, un mouvement de vibration de l’armature elle-même.
- Supposons donc que le condensateur en question soit représenté par un diaphragme de cuivre D D et deux pièces circulaires de fer A, B, incrustées dans deux disques d’ébonitè C, C réunis, comme on le voit sur la figure, et que ces armatures de fer soient fixées sur les deux pôles d’un aimant N O S. Supposons encore que le diaphragme D D corresponde à l’un des bouts du fil secondaire de la bobine d’induction du transmetteur, alors que l’autre bout correspondra à l’aimant NOS. Dans ces conditions, il se produira au moment de la charge, un mouvement électrique à travers le diaphragme, qui changera de sens lors de l’interruption du courant inducteur, et comme les
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- deux armatures de fer sont chargées de la même manière, elles n’exerceront aucune action sur le diaphragme D D ; mais il n’en sera pas de même du courant magnétique de l’aimant qui pourra réagir, par ses pôles, sur le flux de charge du diaphragme, et déterminer une action mécanique sur celui-ci, comme cela a lieu sur l’auréole de l’étincelle d’in-duction|'quand’ on l’excite entre les pôles d’un aimant. Naturellement, cette action] sera d’autant plus forte] que le courant induit sera plus énergique, et changera de sens quand la décharge s’effectuera à travers la bobine d’induction. Il en résultera donc]]qu’en parlant devant un transmetteur
- microphonique mis en rapport avec la bobine d’induction et capable de fournir des courants ondulatoires, on pourra transmettre la parole à travers le système précédent qui constitue alors un récepteur téléphonique sans attractions électro-magnétiques. Cet appareil a donné d’assez bons résultats comme netteté de sons, mais l’intensité de ces sons n’était pas aussi grande que celle des téléphones ordinaires, et c’est ce qui a fait négliger cette disposition.
- Pour obtenir les meilleurs résultats, il fallait que les rondelles destinées à écarter le diaphragme DD des armatures de fer A2 B fussent très minces afin que l’intervalle laissé libre entre les armatures du condensateur fût très étroit. Le courant de charge était d’ailleurs communiqué au diaphragme par une bague de cuivre incrustée dans l’un des cylindres d’ébonite.
- Une autre disposition, que nous représentons
- fig. 2, était destinée à transmettre la parole extrêmement haut, plus haut même que la voix humaine. On y est arrivé jusqu’à un certain point sous le rapport de l’intensité^des ]sons ; mais l’articulation des mots était peu satisfaisante et inférieure même à ce que l’on obtient avec le phonographe. Toutefois, M. Ader croit que si le besoin de ce genre de téléphonie se faisait sentir, il serait possible, avec quelques perfectionnements, d’arriver de cette manière à une bonne reproduction de la parole. Mais comme ce système nécessiterait encore l’emploi de moyens très coûteux, nous doutons fort qu’il devienne très pratique. Quoi qu’il en soit, il est réellement intéressant de le décrire.
- Nous commencerons par dire qu’il met à contribution une machine Gramme comme bobine d’induction, une pile de 5o éléments de Bunsen pour générateur électrique (agissant sur les inducteurs de la machine Gramme), et un transmetteur dont les contacts sont représentés par des charbons de lumière électrique disposés de manière à former deux arcs voltaïques. On voit que c’est toute une installation de cabinet de physique.
- Le transmetteur se compose, comme on le voit dans la fig. 2 qui en représente la coupe, d’une pièce de bois MM évidée d’un côté en forme d’entonnoir L, et présentant de l’autre côté une cavité circulaire J dans laquelle est fixé le diaphragme DD. Au centre de ce diaphragme, est adaptée une rondelle munie d’un double porte-charbon A, qui est mise en communication avec le circuit de la pile P, En face des charbons C, C' adaptés à ce porte-charbon s’en trouvent d’autres E, E' supportés par des flotteurs en fer G, G' surnageant au-dessus d’une couche de mercure occupant le fond de petites caisses en fer F, Fri Les douilles qui portent ces derniers charbons sont munies supérieurement d’un doigt contre lequel appuient des ressorts antagonistes R,R', destinés à ramener toujours dans une position déterminée les pointes de charbon. Enfin, ces mêmes douilles portent, dans le prolongement des charbons, des fils de fer H, H' entrant à mi-longueur dans des bobines B,B', mises en rapport avec le circuit de la pile, lequel circuit, comme on le voit d’après cette disposition, est double : l’une des branches correspondant aux charbons de droite, l’autre aux charbons de gauche.
- Ces deux circuits, d’un autre côté, correspondent à deux hélices distinctes, qui constituent le circuit primaire du système induit X. Nous avons représenté ce système sous forme d’une simple bobine pour simplifier notre description; mais, en fait, c’est une véritable machine Gramme de petit modèle qui remplace cette bobine, et la double hélice doit être considérée comme entourant les noyaux de fer de l’inducteur. La liaison de ces hélices avec les deux circuits dont nous avons parlé doit être telle que les deux courants dérivés doivent circuler
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- en sens contraire ; de sorte que quand ces courants sont égaux ils ne produisent aucun effet sur le noyau. En revanche, si une différence d’intensité se produit dans l’un d’eux, l’inducteur devient actif, et cela d’autant plus' que cette différence est plus grande. Avec cette disposition, la bobine secondaire du système ordinaire est remplacée par la bobine induite de la machine Gramme qu’il faut alors animer d’une grande vit esse. L’expérience a montré que c’était dans ces conditions que les effets étaient les meilleurs et les plus puissants. Voici maintenant comment l’appareil fonctionne : mais disons tout d’abord qu’on peut employer comme récepteur des téléphones Siemens,
- Gower ou Ader. Rien n’est changé à cette partie du système.
- Les charbons destinés à produire l’arc voltaïque doivent, pour fournir les effets maxima,être éloignés de un millimètre, mais l’appareil fonctionne également quand ils sont en contact. Alors au lieu d’un arc on n’obtient que des effets d’incandescence. On parle devant la partie L de l’appareil où se trouve la cavité en forme d’entonnoir. Sous l’influence des vibrations du diaphragne DD, les charbons C, C' oscillent et font varier la résistance de l’arc proportionnellement à leur amplitude, et il se produit d’un côté affaiblissement du courant dans l’une des hélices de l’inducteur, de l'autre, accroissement du second courant dans l’autre hélice. Par suite, un courant secondaire proportionnel à la différence des deux courants primaires est déterminé dans l’anneau Gramme, et un son plus ou moins énergique se fait entendre dans le téléphone.
- La distance des charbons est toujours régularisée, à mesure que les charbons brûlent, par l’action des deux bobines B, B' qui agissent comme dans un ré-
- gulateur de lumière électrique du système Archereau» et c’est à cet effet qu’ont été adaptés les systèmes de de charbons mobiles sur un flotteur (qui sont gouvernés par le fil de fer H, IF entrant à moitié dans les bobines B, B'), et les ressorts antagonistes R, R'.
- On comprendra maintenant facilement qu’en raison de sa complication et des irrégularités de fonctionnement des régulateurs des charbons mobiles, les nuances si délicates de la parole articulée devaient être forcément très altérées, mais les sons étaient d’une intensité considérable; on aurait cru entendre une voix de stentor.
- L’appareil fonctionnait également avec une pile
- de 20 éléments Bunsen, mais c’est avec 5o queles effets étaient les plus remarquables.
- Nous représentons fi g. 3 une autre dispo-sition de transm et-teur microphonique de M.Ader, assez originale, fondée cette fois sur une véritable variation de résistance du circuit téléphonique. Elle est du reste delà plus grande simplicité, comme on va pouvoir en juger.
- Sur une planche verticale est fixée une bague constituée par une lame très longue et très mince de cuivre enroulée en spirale et dont chacune des spires est isolée de sa voisine, qui lui est superposée, par des bandes de papier très minces. La partie antérieure de cette bague qui est reliée au circuit téléphonique est légèrement bombée, comme on le voit en GF, et présente à sa partie supérieure une rainure complètement dénudée où les différentes lames de la spirale se présentent comme les contacts successifs d’un interrupteur multiple. En ce point de la spirale, appuie l’extrémité d’un fil de platine faisant partie du circuit téléphonique, qui est recourbé en CA, comme on le voit sur la figure, et qui est fixé sur une pièce métallique B. Ce fil est relié transversalement par un autre fil E à un dia-
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- phragme DD devant lequel on parle. En temps ordinaire, le bout du fil recourbé AC appuie contre le milieu de la bague GF, mais aussitôt qu’une vibration se produit, cette partie recourbée roule sur la bague d’abord en dessus, puis ensuite en dessous, faisant varier la résistance du circuit complété par la lame de la bague d’autant de fois la circonférence de celle-ci, que les points de tangence extrêmes du fil recourbé comprennent entre eux d’épaisseurs a,a,a,a,a, etc. de la lame enroulée ou despires. Comme ce nombre est en rapport avec l’amplitude des vibrations, on peut obtenir de cette manière des courants ondulatoires très accentués qui amplifient beaucoup les sons émis. Ce système
- FIG. 3
- cependant ne présentait pas toute la pureté désirable dans la reproduction de la parole.
- M. Ader a cherché aussi à établir des transmetteurs téléphoniques basés sur les effets de friction. Dans un premier modèle qu’il avait combiné il y a 2 ans et demi, il obtenait ce résultat d’une manière un peu analogue à celle mise à contribution par M. Dolbear: un bout de chaine de Galle très petite et fixée par l’une de ses extrémités à un diaphragme téléphonique, venait s’enrouler sur la partie circm laire d’un noyau électro-magnétique horizontal que l’on pouvait tourner suivant son axe et qui était introduit dans un circuit téléphonique complété par un transmetteur etuncpile. En temps normal, le courant passant à travers le système à son état minimum d’intensité, maintenait faiblement l’adhérence du noyau et de la chaîne de Galle, mais aussitôt que l’on parlait devant le transmetteur, les renforcements et les affaiblissements de l’action magnétique qui résultaient des courants ondulatoires, permettaient à la chaîne d’être entraînée par le noyau ou de glisser sur lui au moment où l’un tournait; le diaphragme étant entraîné ou repoussé en même
- temps, reproduisait des vibrations en rapport avec le courant ondulatoire, ce qui déterminait la reproduction de la parole. Suivant l’auteur, ce système aurait précédé celui de M. Dolbear, mais aucune publication n’en ayant été faite, on ne peut établir aucune priorité.
- Dans le second modèle, un disque de cuivre pivotant horizontalement sur son centre frotte sur une série de ressorts mis en rapport avec le circuit téléphonique, et de petites ailettes adaptées en dehors du disque sur des tiges disposées suivant le rayon de celui-ci tenaient lieu du diaphragme vibrant des appareils ordinaires. En parlant devant ces ailettes, les vibrations de l’air leur communiquaient une très légère impulsion qui, en déterminant aux points de contacts du disque avec les ressorts une série de chocs et de frictions, pouvaient fournir des courants ondulatoires en rapport avec l’amplitude des vibrations. Dans cet appareil les ailettes avaient la forme de petites assiettes en bois.
- M. Ader a étudié aussi la meilleure forme à donner aux bobines d’induction des transmetteurs microphoniques, et il a reconnu que les bobines constituées par des anneaux à noyau de fils de fer provoquaient pour les courants ondulatoires les mêmes effets que les bobines droites, mais qu’elles donnaient de beaucoup moins bons résultats pour les courants interrompus, tels que ceux qui reproduisent les sons musicaux des condensateurs chantants. Cela se comprend du reste facilement si l’on réfléchit qu’un anneau constitue un système électro-magnétique fermé dans lequel se produit une condensation magnétique qui rend plus difficiles et plus lentes les aimantations et désaimantations, et par suite moins intenses les courants induits produits. Il y a déjà longtemps M. Ruhm-korff ayant essayé de construire de cette manière des bobines d’induction, s’aperçut qu’elles ne donnaient plus d’étincelles, et pour en obtenir, il lui suffisait de couper l’anneau et de séparer par un intervalle d’un millimètre les deux parties disjointes. A cette époque, j’avais expliqué cet effet en montrant que dans un système magnétique fermé, les courants induits que l’on obtenait au moment de la première fermeture du courant étaient plus intenses que ceux que l’on obtenait aux fermetures de courant subséquentes, et que pour retrouver la première intensité, il fallait disjoindre préalablement le système. Je montrais en même temps que la tension des courants induits était beaucoup moindre avec le système fermé qu’avec le système ouvert, car dans ce dernier cas on obtenait de fortes commotions, alors que dans le premier on n’en obtenait aucune. M. Ader prétend toutefois que des bobines en forme d’anneau ont l’avantage, avec les courants ondulatoires, d’éviter les effets de crachement qui se manifestent aveclessystèmes ordinaires,
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- quand les microphones sont mal construits. Mais la difficulté de construction de ces sortes de bobines annule tous les avantages qu’on pourrait tirer de cette disposition.
- M. Ader a d’ailleurs reconnu que les bobines dont le noyau était polarisé par des aimants ne donnent pas, avec les courants ondulatoires, de meilleurs effets que les noyaux ordinaires non polarisés, du moins quand ils sont composés de fils de fer assez fins.
- Dans un autre article nous parlerons d’autres essais téléphoniques qui ont également leur intérêt, entre autres d’une trompette téléphonique assez bruyante combinée par M. Herz.
- (A suivre.) Tu. du Moncel.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LE TRANSMETTEUR AUTOMATIQUE
- D’ANNONCES D’INCENDIE
- DE M. BARTELOUS
- On sait que les appareils électriques appliqués au service des incendies se divisent en avertisseurs automatiques, et en appareils d’annonce d'incendie,
- Les premiers, établis dans les habitations mêmes, signalent automatiquement l’incendie aux personnes placées dans l’édifice même où il prend naissance. Les seconds sont distribués de place en place dans les rues et servent, une fois l’incendie découvert, à appeler les pompiers. Par une disposition très simple, le poste de pompiers se trouve non seulement averti mais encore renseigné sur le lieu où le feu a éclaté.
- Les appareils de MM. Mildé, Dupré, Charpentier, etc., rentrent dans la première catégorie; ceux deM. Bright, les télégraphes de quartier, etc., rentrent dans la seconde.
- On voit que dans une ville où ces deux classes d’appareils seraient établis d’une manière générale, l’appel de secours comprendrait deux phases distinctes : l’avertissement automatique des habitants de la maison atteinte et l’appel des pompiers.
- Or il s’écoule forcément un certain temps avant que l’on n’ait produit cet appel et ce retard, quelque faible qu’il soit, est toujours préjudiciable, car un incendie prend toujours des proportions d’autant moins grandes qu’il est combattu plus tôt. C’est en vue de supprimer ce retard que M. Bar-telous a imaginé son système d’avertisseurs.
- Ce système consiste à réunir directement les avertisseurs automatiques au poste de secours et à
- faire en sorte que la sonnerie d'alarme ne se fosse plus seulement entendre dans la maison menacée, mais que le signal se produise en même temps, et par l’action du même courant électrique, dans le poste des pompiers. Cet appel y est transmis avec accompagnement de signaux produits par des intermittences dans le passage du courant à travers le transmetteur et servant à désigner la maison dans laquelle l’incendie a pris naissance.
- Pour cela, on pouvait songer d’abord à relier chaque maison par un fil spécial au poste des pompiers, mais ce moyen est évidemment trop coûteux et peu pratique et c’est pourquoi M. Bar-telous a combiné son appareil de façon à pouvoir réunir un certain nombre d’installations sur un seul fil. Il a en outre supprimé les piles locales pour le service des avertisseurs automatiques qui sont tous actionnés par une pile centrale au poste de secours.
- Cette pile centrale est représentée en P. Un de ses pôles Z est relié au sol en S, l’autre C est en communication avec le fil de ligne FF1, F’F2, F2F3... qui communique d’abord avec un appareil Morse à déclanchement automatique M, et une sonnerie N, puis avec certaines pièces de tous les transmetteurs T, T' T", etc., sans avoir par lui-même aucune communication avec le sol. Au transmetteur placé dans une maison donnée aboutissent les fils qui partent du contact fixe des avertisseurs installés dans cette maison en nombre quelconque. Le contact mobile de ceux-ci, que ce soit une lame bi-métallique ou tout autre organe, est en communication avec le sol en S1S*S3, comme le montre la figure 1 où les avertisseurs des ir0 20 et 3e installations sont figurés respectivement en a, a'., a" ; b, b’, b" ; c, c'. Si l’un de ceux-ci, par exemple l’avertisseur a’, est soumis à l’action de la chaleur résultant d’un commencement d’incendie, le circuit électrique est aussitôt fermé. Le courant traverse alors les bobines .d’un électroaimant E placé dans le transmetteur T et attire son armature qui est montée sur un levier L. Ce levier, oscillant autour de son axe, déclanche par son autre extrémité un disque D qui se met à tourner sous l’action d’un mouvement d’horlogerie H. Ce disque composé d’une succession de parties métalliques ou isolantes produit des interruptions et des fermetures successives de courant - et leur succession constitue le signal dont la réception se fait au bureau de secours. Les signaux sont constitués par des barres et des points comme dans l’alphabet Morse et la réception peut se foire soit par un appareil, télégraphique de ce même système, soit au besoin par une simple sonnerie. Les barres et les points inscrits par l’appareil Morse ou les roulements et les coups produits par la sonnerie constituent un système facile de numérotage. Il suffit de donner aux barres la valeur 5 et anv - '
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- valeur de l’unité pour pouvoir classer un grand nombre de transmetteurs d’abord par séries et ensuite par numéros d’ordre dans chaque série. En faisant un classement en douze séries de trente numéros, on peut inscrire, sur des disques de i5 centimètres, 36o indications différentes et très distinctes en réservant encore un quart de leur circonférence pour un signal d’appel et pour les signaux conventionnels dont nous parlerons tout à l’heure. Ce résultat n’a pas besoin d’être atteint dans la pratique et on pourra, si on le désire, faire répéter de préférence deux fois le signal à fournir par une rotation du disque.
- Les dispositifs spéciaux de chaque transmetteur
- sont combinés. pour produire les effets suivants :
- i° Aussitôt qu’un transmetteur a reçu l’action électrique d’un avertisseur et a commencé à fonctionner, le courant nécessaire à la production des signaux devient complètement indépendant de l’avertisseur qui a fonctionné, par suite de l’existence d’un contact/(fîg. 1) en communication directe avec la terre.
- 20 Pendant le fonctionnement d’un transmetteur donné, tous les appareils placés en arrière sur le même réseau sont momentanément hors d’état de fonctionner, et ne peuvent par conséquent venir mêler leurs signaux à ceux dont la transmission s’effectue.
- Bureau
- l®fe Installation
- 2"?® Installation
- 3me Installation
- 3° Lorsque le disque a fait un tour complet dont la durée n’atteint pas une minute, tout le restant du circuit électrique se rétablit, et les autres appareils peuvent fonctionner à leur tour ; en outre, le transmetteur qui vient d’agir, et toute l’installation qui en dépend, sont placés en dehors de ce circuit.
- 40 Une aiguille indicatrice sert à faire voir si l’appareil a marché ou s’il est prêt à fonctionner.
- 5° Un bouton spécial, sur lequel il suffit d’appuyer, permet de signaler les incendies éclatant en dehors du rayon d’action des avertisseurs, ou qui n’auraient pas été signalés par ceux-ci.
- La manière dont se font les fermetures et interruptions de courant est indiquée dans la fig. 1, où la première installation représente un transmetteur pendant la rotation du disque; la deuxième et la troisième installation, les transmetteurs à l’état de repos; les deux premières montrent le transmetteur vu de côté, et la troisième le représente de face.
- L’appareil est en outre disposé de manière à pouvoir transmettre d’autres signaux, par exemple demander l’assistance d’un médecin ou celle de la police, et cela simplement en pressant sur un bouton.
- A cet effet une partie de la surface du disque comprise entre deux rayons (voir 3me installation, fig. 1) est occupée par une pièce métallique divisée en 6 ou un plus grand nombre d’arcs de cercle concentriques; ceux-ci sont formés chacun d’une succession de parties métalliques ou isolan tes disposées différemment dans chacun d’eux de manière à constituer dans chaque cercle un signal distinct.
- Le disque appuie contre 6 roulettes de contact, en communication avec 6 boutons d’appel placés les uns à côte des autres sur la ligne horizontale BB'. Suivant que l’on appuie sur l’un ou l’autre de ces boutons, on met l’une des 6 roulettes de contact dans le circuit parcouru par le courant et on
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- transmet par conséquent les signaux inscrits dans le cercle concentrique qui passe sous cette roulette. Il est à remarquer que la roulette supérieure est toujours dans le courant; c’est elle qui sert à la transmission automatique des signaux formant le signal d’alarme en cas d’incendie. La partie du disque, qui passe sous cette roulette est donc entièrement isolante dans l’arc qui correspond à la pièce métallique dont nous venons de parler et la pression sur le bouton d’incendie a pour seul effet de produire la rotation du disque.
- Le système peut aussi être employé à courant fermé en faisant un léger changement dans les transmetteurs et disposant d’une façon spéciale les avertisseurs (voir fig. 2).
- On voit, en effet, en a, a', a"j b, b', b" ; c,c', c" que ceux-ci sont à doubles contacts. Au repos la lame mobile est appuyée contre le premier contact; l’action de la chaleur a d’abord pour effet de rompre cette communication et reporte ensuite immédiatement le lame contre le second contact comme on le voit en b’ et en c". Tous les avertisseurs sont placés dans le circuit et les transmetteurs se trouvent en dehors de celui-ci tant qu’ils ne doivent pas fonctionner. L’hypothèse des appareils au repos est représentée dans la T° installation (fig. 2) où le circuit parcouru par le courant continu est représenté par un trait plein et les dérivations, non utilisées à ce moment, par des traits pointillés. Si un fil se brise, ou si un dérangement se produit dans les
- Bureau de secours
- 3")® Installation
- 2™ Installation
- 1e1e I nstallation
- nstallations, cet accident sera donc signalé par une simple rupture du courant ; si, au contraire, un incendie se déclare, le courant après une courte interruption, sera rétabli immédiatement par le moyen du second contact de l’avertisseur et sera envoyé dans une dérivation locale du circuit. C’est sur cette dérivation que se trouve installé le transmetteur T' correspondant à l’avertisseur b' qui a fonctionné. Cette seconde hypothèse est figurée dans la 20 installation (fig. 2), et la marche du courant telle qu’elle se produit pour le déclanchement du disque et pour la transmission des signaux est egalement représentée par un trait plein, en opposition avec les traits pointillés qui représentent son circuit primitif.
- Enfin, lorsqu’un transmetteur a fonctionné, son disque se trouve arrêté un peu avant qu’il ne revienne à sa position de repos. De ce changement de position, qui modifie les conditions de passage du courant à travers l’appareil, il résulte que toute l’installation locale qui en dépend se trouve mise
- en dehors du courant continu, et celui-ci reprend son cours régulier dans tout le restant du réseau. La route suivie par le courant à la suite du fonctionnement d’un avertisseur C" et du transmetteur T" correspondant est figurée dans la troisième installation (fig. 2) avec les mêmes indications de traits pleins ou pointillés pour les deux parties du circuit.
- On remarquera que les transmetteurs de cette planche ne sont pas représentés de la même manière que ceux figurés dans la fig. 1. C’est qu’ils indiquent la disposition des appareils lorsque ceux-ci sont uniquement destinés à la transmission automatique des signaux pour incendie. On voit que, dans ce cas, les organes nécessaires se réduisent à un électro-aimant, un levier et un disque. Cependant le courant fermé est également applicable aux transmetteurs complets munis de leurs boutons d’appel; dans ce cas, ceux-ci sont installés dans une boîte fermée et l’ouverture de la porte de cette boîte produit la rupture du courant et la pression
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- sur un bouton donne lieu à son rétablissement.
- On voit aussi dans la même figure les modifications aux installations du bureau de secours. Le courant constant peut être produit par une pile très faible P dont un des pôles est en communication avec la terre en S ; l’autre pôle C, avant d’aboutir au fil de ligne F, traverse d’abord un électro-aimant, et son action maintient au contact l’armature A de celui-ci; cette armature est montée sur un levier B L, mobile autour du point fixe B. C’est à ce point B qu’aboutit le fil conducteur C et le courant de la pile passe par B D pour arriver à l’électro-aimant. Si le courant vient à être rompu, l’armature A n’est plus maintenue et le levier BAL vient tomber en BA'L'. Par ce changement de position, le contact est rompu en D et vient se rétablir en D' en faisant passer le courant par CBD'Z et à travers une sonnerie N. Cette sonnerie signale donc toute rupture du courant qui traverse constamment toutes les installations en prenant terre à l’extrémité du réseau. Mais, la même chute du levier BL a pour second effet d’établir par la pièce L une communication entre deux contacts OO'. Le point O termine un prolongement du fil de ligne F, le point O' reçoit un conducteur qui, traversant un appareil Morse à déclanchement automatique, aboutit au pôle C' d’une seconde pile plus forte que la première et dont l’autre pôle Z' est en communication avec le sol en S'. Dès lors si, comme nous l’avons vu plus haut, l’interruption du courant est le premier effet de l’action d’un incendie sur un avertisseur, la suite de cette action va rétablir ce courant à travers un transmetteur et les signaux produits par ce dernier seront reçus par l’appareil Morse. La sonnerie N marchera jusqu’à ce que l’attention de l’homme de garde soit attirée; elle est indépendante de l’inscription des signaux.
- Au lieu d’avoir un transmetteur pour chaque maison, on peut disposer un seul transmetteur pour un groupe de maisons.
- Dans ce cas, il se compose d’une série de disques juxtaposés sous forme de cylindre. Chacun des disques porte sur son pourtour extérieur les incrustations destinées à produire les signaux qui indiqueront la maison à laquelle correspond le disque. Quand un contact produit dans une maison quelconque détermine le déclanchement du cylindre, celui-ci tout entier tourne et quand il a fait un tour sur lui-même, le disque dont les signaux ont été envoyés se trouve momentanément supprimé et l’appareil est prêt à transmettre les appels de toutes les autres maisons qu’il dessert. Quant aux signaux pour les appels volontaires, ils sont produits par des touches placées à l’une des extrémités du cylindre où une roulette de contact montée sur un chariot mobile vient prendre le signal correspondant au service demandé; ce chariot reprend
- automatiquement sa position initiale par le mouvement même du cylindre.
- On voit que théoriquement le système de M. Bartelous répond dans une très large mesure aux exigences d’un service complet d’annonces d’incendie. Étant complètement automatique, il supprime tout retard entre le moment où l’incendie est découvert et celui où l’on avertit le poste de secours. Il assure même l’appel des pompiers en l’absence de toute personne dans la maison où le feu s’est déclaré. Pratiquement cependant, il ne peut être considéré comme présentant une sécurité complète. Le mauvais état d’un contact ou d’un des mouvements d’horlogerie peuvent l’empêcher de fonctionner et c’est un défaut qu’il partage avec tous les appareils qui, ne servant qu’aux annonces d’incendie, fonctionnent très rarement et sont, par suite, susceptibles de s’oxyder ou de s’encrasser. Il constitue néanmoins, comme tous les avertisseurs automatiques, une sécurité déplus, d’autant mieux qu’il avertit directement le poste de pompiers. Avec un système de ce genre, dans le cas où l’appel ne se ferait pas automatiquement, il serait toujours possible une fois l’incendie découvert de faire fonctionner le transmetteur pour produire l’appel des pompiers.
- A. Guerout.
- COMPARAISON DES PHÉNOMÈNES
- HYDRODYNAMIQUES ET ÉLECTRIQUES
- Plusieurs propriétés du courant électrique ont une grande analogie avec celles d’un courant1 liquide se mouvant dans un tuyau, sous la condition que le régime permanent soit établi, ou que la vitesse du liquide ne varie pas avec le temps; il en résulte que l’on peut dans un grand nombre de cas, regarder le courant électrique comme le mouvement d’un fluide incompressible et obéissant aux lois de la mécanique. C’est ce que nous nous proposons de montrer dans les exemples suivants.
- § icr. — Concevons un tuyau d’une longueur quelconque dans lequel se produit l’écoulement permanent d’un liquide, nous supposerons ce tuyau horizontal pour n’avoir pas à tenir compte de l’effet de la pesanteur; imaginons dans ce tuyau une portion de longueur L, de section uniforme a, et dans laquelle le liquide aura une vitesse v, soient p0 et p{ les pressions du liquide aux deux extrémités de cette longueur L.
- Si nous appliquons à la portion du liquide considérée, l’équation du travail et des forces vives, nous aurons simplement à écrire que le travail des pressions aux extrémités de la colonne liquide est égal au travail du frottement sur tout le
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- parcours, puisque, le régime étant permanent, il n’y a pas de variation de force vive.
- Si pü est la pression la plus forte, celle qui détermine l’écoulement, elle produit un travail positif qui dans l’unité de temps est égal à la pression totale p0a multipliée par le chemin parcouru, c’est-à-dire la vitesse v, ce travail moteur est donc p0av; la pression la plus faible />, s’exerce à l’autre bout de tuyau en sens contraire du mouvement, elle produit donc un travail négatif — pvav. Pour évaluer le travail produit parle frottement du liquide sur toute la longueur du tuyau, nous admettrons que le frottement lui-même est proportionnel à la vitesse du liquide, comme cela a lieu lorsque l’eau coule dans un tuyau avec une vitesse faible ; nous supposerons en second lieu, que le frottement, au lieu de se faire sur les parois du tuyau se produit dans toute l’étendue de la section comme si le liquide était obligé de traverser une série de tamis interposés sur son passage; on comprend que nous faisons cette supposition pour, l’analogie que nous avons en vue, du mouvement du liquide et de celui du .fluide électrique qui éprouve une résistance dans toute l’étendue delà section du conducteur.
- Le frottement est d’ailleurs évidemment proportionnel à la longueur du tuyau, son expression est
- donc' Lav et le travail résistant qu’il produit en une seconde s’effectuant sur un chemin parcouru v sera £ Lav2. Le coefficient ~c sert à caractériser le
- plus ou moins de résistance que les tamis opposent au mouvement.
- En égalant le travail des pressions et le travail du frottement, on a l’équation:
- (l'I (p0 — Pi) .71’ =4 L CtV2
- Remarquons de suite que le travail du frottement
- Lav2 correspond intégralement à de la chaleur qui échauffera le tuyau ou conducteur.
- L’équation fondamentale peut s’écrire.
- , i h
- (V In —P 1 = - 3 x av
- Or av n’est autre chose que le débit du liquide en i’7, désignons-le par I. Appelons r l’expression
- ^ ~ , c’est-à dire la longueur d’un tuyau d’une section égale à l’unité, dont le coefficient c serait pris pour unité et qui, parcouru par la même quantité du liquide, produirait le même travail résistant que le tuyau considéré [car le débit de ce second tuyau étant toujours av, la vitesse sera av puisque la section est réduite de a à i, la résistance étant prise pour ùnité, et la longeur étant r, le travail résistant estvX«2v2, et puisqu’il doit être égal à celui du
- icr tuyau, on en conclut r X asv2 = ^Lav*, d’où on déduit r— j -~J, l’équation 2 devient :
- (3) .Pn — Pi^rl
- et le travail de frottement est:
- CO -La)’2=:rl2.
- La formule 3 est identique à celle qui exprime la transmission d’un courant électrique dans un fil conducteur; en électricité, p0 et p{ sont les potentiels en deux points de ce conducteur, r la résistance intermédiaire ou la longueur réduite, et I l’intensité du courant; c sera le coefficient de conductibilité.
- Il y a donc analogie complète entre le potentiel électrique et la pression hydrodynamique, et aussi entre l’intensité du courant et le débit du tuyau.
- g 2. — Prenons maintenant deux tuvaux placés
- bout à bout, parcourus par le même liquide mais ayant des sections différentes a0 et a,, nous supposons en outre que le raccordement des deux tuyaux ne soit pas brusque afin qu’il n’y ait pas de perte de charge au passage du liquide de l’un dans l’autre; sur le premier, nous considérons une largeur lu à l’extrémité de laquelle est une pression />0, sur le second une longueur /, se terminant en un point où la pression est pt ; les vitesses dans les deux tuyaux étant v0 et v, de sorte que a0 v0 = aAi = I-
- Dans ce cas l’équation du travail doit comprendre la variation de force vive puisque le liquide a une vitesse différente à l’entrée et à_ la sortie. En raisonnant comme précédemment et désignant par S la densité du liquide, l’équation s’écrit :
- (5) A)‘1(1 >’o—pi ‘7l >’! =-/<)'70 + ~h>-ïi 1’,+- 3<70 V0 (‘'l — v°)
- et si on introduit le débit I = a0 v0 = ctL vn obtient :
- (6)
- In — P1
- l(— + - - O P (4 — -4)
- Vu-ru ‘1 Ji/ 2 V»; v
- on
- Il y a donc une diminution dans la pression moindre que celle qui serait produite uniquement par le frottement. Si pour rendre la chose plus sen- sible on réduit à rien les longueurs des deux tuyaux, c’est-à-dire si on mesure les pressions de part et d’autre et aussi près que possible du raccordement, on aura:
- Pn —P1 — ~
- )
- (7)
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- C’est-à-dire que la pression augmente brusquement lorsque le liquide passe du tuyau le plus étroit dans le tuyau le plus large puisque est
- négatif. On verrait de même que />, est encore plus grand que pn lorsque l’écoulement se fait dans l’autre sens. En hydraulique, on dit que la pression se transforme en vitesse.
- Existe-t-il quelque chose d’analogue en électricité? Y a-t-il une variation brusque de potentiel à la jonction de 2 conducteurs différents, et cette variation est-elle toujours dans le même sens, le potentiel étant toujours plus élevé sur le conducteur le plus gros ? Le fait est possible, mais je n’oserais l’affirmer parce qu’en électricité, le phénomène se complique sans aucun doute d’une résistance au passage analogue à celle que l’on observe en hydraulique à la jonction brusque de deux tuyaux différents, et que l’on peut même calculer. Cette résistance électrique n’est pas douteuse, on constate même qu’elle dépend du sens du courant, comme cela a lieu dans l’écoulement des .liquides ; elle se manifeste encore bien nettement dans les phénomènes microphoniques.
- Toujours est-il que cette variation de potentiel pouvant tenir à deux causes, i° au changement dans la section qui transforme la vitesse en pression, 20 à rélargissement brusque de cette section ; que de plus l’effet résultant étant en somme très faible et difficilement observable, on est porté à conclure
- que le terme de la force vive 1/2 3 I ( LL-----L)
- 1 \<*o 2 a\ 2 )
- n’a qu’une importance très minime et qu’on peut généralement le négliger.
- Si on tient à pousser plus loin cette analogie du courant électrique à un courant liquide, on pourra dire que la petitesse du terme de la force vive tient à ce que la densité du fluide électrique est extrêmement faible. On a du reste dans le mouvement des gaz un terme de comparaison intermédiaire qui donnerait un certain poids à cette explication: quand on étudie le mouvement des gaz dans les tuyaux, on reconnaît facilement qu’à cause de la faible densité du fluide, la force vive a peu d’importance comparativement au travail des pressions tant que les vitesses restent modérées.
- § 3. Nous admettrons donc avec une approximation suffisante pour l’étude de la plupart des questions, qu’il n’y a pas de chute de potentiel à la jonction des conducteurs.
- Soient donc, en reprenant le langage de l’hydraulique, un certain nombre de tuyaux se faisant suite sans qu’il y ait variation de pression en passant de l’un à l’autre, si nous désignons par />0/,.., jf>„ les pressions aux différentes jonctions, par rt r2... rn les longueurs réduites des différents tronçons et par I le débit qui est le même pour
- tous, ou aura en appliquant à chacun des tronçons la formule (3)
- Pi)—Pi — »oI P1 —Pî = r,I..........pn - 1 —pn = n 1-1 t
- et en ajoutant, 011a:
- (8) Pn — pn — (>'» + l'i +..... + l'n — l) I
- C’est-à-dire que la différence des pressions en 2 points comprenant entre eux un nombre quelconque de tronçons s’obtient en considérant cet ensemble de tronçons comme un tuyau unique dont la longueur réduite serait égale à la somme des longueurs réduites de ses différentes parties.
- La meme relation se retrouve en électricité.
- g 4. — Prenons maintenant un tuyau se bifurquant en deux branches ayant même longueur réduite r, c’est-à-dire offrant la même résistance au mouvement du liquide, il 11’est pas douteux que celui-ci se partagera également entre les deux branches et que dans chacune d’elles le débit sera la moitié du débit total. Si l’on suppose n branches identiques, de résistance r, le débit de chacune
- d’elles sera l- , et si on en juxtapose, un certain
- nombre m, de manière à former un seul tuyau de section m fois plus grande et par suite de résistance —. le débit sera m X c’est-à-dire inversera , n
- ment proportionnel à la résistance.
- En électricité, nous dirons que si un courant d’intensité I se partage entre plusieurs conducteurs de résistance r,, r,, r.„ les intensités i.2, i3 dans chacun des conducteurs seront en raison inverse de leurs résistance; on a donc
- K . K . K
- ;. = —, = —..........In — —
- 1 r, ’ - r., n,
- Or, comme 1 = i, -)- i, -|-......-f- iB, on en déduit
- facilement pour la formule des courants dérivés :
- - + - ^ r..
- ri = - X
- V. + 7P + 7T.
- et la résistance r de l’ensemble des dérivations est donnée par
- (10)
- + —
- + •
- Si on appelle conductibilité l’inverse de la résistance, on dit que la conductibilité totale des dérivations est égale à la somme des conductibilités partielles.
- Si plusieurs tuyaux aboutissent à un même point, les uns enlevant du liquide, les autres en apportant, il est bien évident que la somme des débits des courants liquides se dirigeant vers le point de concours est égale à la somme des débits qui s’en éloignent. De là on déduit immédiatement la première loi de Kirchoff : lorsque plusieurs courants se croisent en un même point, la somme de leurs
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- intensités est égale à zéro, en prenant comme positifs les courants qui se dirigent vers le sommet et comme négatifs ceux qui s’en éloignent.
- § 5. — Sur un bout de tuyau défini par p0pt r et I, intercalons un appareil quelconque qui sera mis en mouvement par l’eau qui circule dans le tuyau et dans cet appareil et qui par suite absorbera du travail. Nous devrons dans l’équation fondamentale (1) ajouter ce travail à celui du frottement dans le tuyau et ajouter encore ce que le frottement de l’eau dans l’appareil absorbera; nous pouvons représenter ce dernier par le produit du carré du débit par la longueur réduite 0 de l'appareil récepteur. Si nous appelons T le travail que l’on recueille, l'équation (1) s’écrira :
- Ml) (Pu — P1) av = - Lv'2 a + T + pi3
- OU
- fi-) (Po — Pi) I — + I2P + f
- On peut écrire cette équation (12) sous deux formes différentes. Convenons de poser T = P Rm, on a alors en remplaçant,
- (10) pu — pi — I (/' + ? Ru)
- qu’on interprète en disant que la production de travail dans le récepteur équivaut à une augmentation de la résistance du circuit.
- Cette équation montre en outre que si on veut conserver un même débit I, on devra augmenter en conséquence la différence des pressions pu—pt. Si au contraire Cette pression est maintenue constante par la nature même de l’organe qui la produit, le débit diminuera par suite de la production du travail.
- Ecrivons cette équation (12) sous une autre forme en posantT=Is, nous aurons
- O-i) Pu ~~ Pi — I (r + ?) + -
- ou encore
- (i| l'is) po— Pi — £=I(r + p)
- De là on conclut, si pl etpi ne changent pas, que le débit se trouve réduit absolument comme si la chute de pression entre les deux extrémités du tuyau avait augmenté de s. Si au contraire on veut que I reste le même, il faudra augmenter de £ la différence de pression/0—/>,.
- e représente donc la chute de pression ou la perte de charge provenant de la production du travail T. Cette chute de pression se mesure entre les points d’entrée et de sortie du courant.au récepteur où elle s’ajoute à celle qui provient de sa résistance propre p. Ce qu’on mesurera aux deux bouts de l’appareil, c’est donc £ -J- Ip. En électricité, on donne le nom de force électromotrice à toute cause qui produit une différence de potentiel; on peut donc dire que le récepteur est le siège d’une force électromotrice de sens contraire à celle
- qui produit le courant. Mais ce n’est là en général qu’une interprétation algébrique du terme e, qui n’a pas plus de réalité que la représentation du courant définitif par la différence entre le courant initial et un courant inverse provenant du récepteur. Il y a simplement affaiblissement du courant parce que le récepteur produit du travail, absolument comme le circuit intermédiaire affaiblit le courant en produisant de la chaleur, et ce serait évidemment par trop généraliser les formules que de considérer dans ce dernier cas réchauffement du conducteur comme produisant un courant de sens contraire, ou étant le siège d’une force électromotrice inverse.
- Nous verrons cependant que, dans certains cas, cette force électromotrice inverse est bien une réalité physique.
- (ri suivre.) Garnier.
- QUELQUES SOUVENIRS
- Dl£
- L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- Pendant toute la durée de l’Exposition, les appareils que nous avons du décrire et étudier ont été si nombreux, que malgré notre périodicité, devenue bi-hebdomadaire pour les besoins de la circonstance, nous avons encore été obligés de mettre de coté et de renvoyer à plus tard la description de quelques-unes des parties un peu accessoires de cet immense musée de la science électrique. Mais pendant qu’il en était temps encore, des notes er des documents ont été soigneusement recueillis, des croquis et des photographies innombrables ont été faits et nous pouvons compléter à mesure les quel-q ues lacunes qui ont pu se présenter dans nos compte rendus pendant la durée limitée de l’Exposition.
- On se rappelle qu’en entrant au Palais de l’Industrie par la porte principale du milieu, le premier éclairage que l’on apercevait était fourni par un lustre à six foyers suspendu aux charpentes de fer de la partie latérale de l’édifice; ce lustre d’un très joli effet décoratif portait six lampes Siemens; on en trouvera ci-joint une vue perspective.
- Les lampes différentielles Siemens, dans lesquelles le réglage de l’arc voltaïque est effectué, comme on le sait, par la variation même de sa résistance électrique sans l’intervention de poids ni de ressorts, présentent une masse assez considérable, tout le mécanisme étant placé à la partie supérieure dans un cylindre en cuivre qui le protège et sert de suspension tout en laissant le point lumineux complètement dégagé. Dans le lustre de l’Exposition, cette masse disgracieuse avait été habilement dissimulée au milieu d’une ornementation en
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- fer forgé, et l’effet produit dans ce grand vestibule au milieu des montants et des charpentes de fer aux formes massives était très approprié à la circonstance. Nous n’insisterons pas davantage sur les qualités ou les inconvénients de ce système d’éclairage, si bien connu de nos lecteurs, nous tenions seulement à garder le souvenir d’une combinaison assez réussie pour employer des appareils assez peu élégants par eux-mêmes.
- Dans la métallurgie, l’électricité a joué jusqu’ici un rôle assez secondaire , cependant on a pu voir à l’Exposition la section mande de quables obtenus nouveaux dés, et nous donnons ci-joint une vue perspective de la partie de la nef où se trouvaient placés les spécimens de l’industrie électrolytique pi'ovenant de la Norddeutschc Af-fînerie. On voyait là de grandes plaques de cuivre , des lames d’or et d’argent, tous ces métaux se trouvant à l’état de pureté chimique grâce aux procédés électriques employés pour leur préparation; les plaques laminées et le fil étiré de cuivre électrolytique sans soudures étaient aussi particulièrement intéressants.
- L’atelier électrolytique des usines de la Société Norddeutschc Affinerie, à Hambourg, est établi depuis 1875; on y retire par la voie de l’électrolyse des cuivres bruts contenant de l’argent et de l’or, du cuivre d’une pureté presque absolue en séparant en môme temps la quantité totale du métal précieux. La production annuelle de cette usine s’élève à 55o tonnes de cuivre, le courant électrique est
- fourni^ par six machines Siemens à faible résistance ; on obtient de plus, par un procédé électrolytique nouveau, de l’or fin d’un titre de qu’on retire de l’or allié à toutes sortes d’autres métaux.
- En France cette branche de l’industrie a besoin d’être stimulée, et malheureusementîplusieurs hommes spéciaux sont encore opposés à l’application de l’électricité à la métallurgie; nous partageons pourtant l’opinion émise par M. d’Ar sonval dans la Revue scientifique, qu’on réaliserait de grandes économies en fondant les métaux^par l’électricité. On se rappelle que l’expérience sur laquelle est fondée cette opinion, a été exécutée il n’y a pas longtemps par M. W. Siemens; elle consiste à fondre dans un petit creuset un poids minime d’acier (1 à 2 kilogj. au moyen du courant électrique produit par desmachines. Mais l’application e n grand présente dans l’état actuel de la science des difficultés assez considérables. En partant en effet des chiffres donnés par M. Siemens, la consommation de houille, pour le moteur, serait de trois tonnes pour une tonne d’acier.
- On pourrait considérer l’électricité comme un auxiliaire puissant destiné à intervenir au moment décisif et à fournir l’appareil de chauffage indispensable à la fusion complète du métal, mais ici encore les difficultés d’exécution sont aussi compliquées que pour la fusion directe. En admettant qu’on puisse loger sans inconvénient dans l’intérieur d’un cubilot ou d’un haut-fourneau les tiges
- dans alle-remar-produits par les procé-
- FIG. I. — LUSTRE SIEMENS A l’ENTRÉIS DE l’eXPOSITIÜN
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- EXPOSITION D l’
- l’industrie ÉLE CT RO LYTIQUE (SECTION ALLEMANDE
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- de carbone qui amèneront le courant, on pourra se demander comment elles ne seraient pas brûlées avant de pouvoir servir et, si elles résistent, comment se distribuerait le courant électrique dans la masse conductrice.
- Les procédés de fonte directe des métaux par les procédés électriques ont donc encore besoin d’être sérieusement étudiés pour pouvoir être couramment employés, mais les moyens électrolytiques qui ont permis d’obtenir des résultats aussi remarquables que ceux qu’il nous a été donné d’admirer dans l’exposition de la SociétèD/e No-rddcutsche Afjinerie ne sauraient trop être recommandés dans les grands centres de l’industrie métallurgique.
- Parmi les industries intéressantes se chant aux applications électriques, nous dirons encore quelques mots de la reproduction métallique des photographies en relief. De curieux spécimens figuraient dans les galeries du premier étage non loin de la grande salle Edison, nous en faisons passer quelques-uns sous les yeux de nos lecteurs, dans la figure représentant six petits bas-reliefs en métal obtenus sur de simples photographies.
- Le procédé employé par l’inventeur est d’une très grande simplicité et ne diffère de tous ceux déjà connus que par l’emploi de gélatine en solution au lieu d’user cette gélatine sèche ou en pâte. On prend un cliché photographique ordinaire, on l’introduit dans un châssis et après avoir placé derrière le verre du cliché un tuyau en caoutchouc recourbé le long des bords et sur lequel on applique un second verre, on serre les volets, comme pour les tirages ordinaires; il y ainsi un espace vide derrière le cliché et la fermeture est assez hermétique à cause du tuyau de caoutchouc qui
- opère une compression constante sur les deux plaques de verre entre lesquelles il est renfermé ; dans cet espace ouvert seulement d’un côté on verse une solution de gélatine bichromatée, puis l’appareil ainsi préparé est exposé à la lumière d’un régulateur électrique assez intense. Celui qui était employé à l’Exposition absorbait trois chevaux environ et était alimenté par une petite machine Siemens; un réflecteur convenablement disposé eût certainement donné des résultats plus rapides et plus complets en concentrant une plus grande quantité de rayons lumineux sur le sujet en expérience. Lorsque la lumière a suffisamment agi, la gélatine se coagule en couches d’épaisseurs variables et proportionnellement à la quantité des rayons qui traversent le cliché ; cette épaisseur ne dépasse guère du reste deux millimètres et l’on a ainsi une reproduction en creux du dessin photographique; ce moule creux en gélatine ayant été durci dans un bain convenable, il n’y a plus qu’à obtenir par voie gal-vanoplastique un bas-relief qui peut présenter les mêmes saillies de deux millimètres, saillies que l’on peut faire paraître bien plus prononcées en donnant au moule en gélatine une légère courbure.
- Il est bien évident que pour arriver à de' bons résultats, il faut connaître une foule de tours de main que l’expérience peut seule donner, mais les procédés employés par l’inventeur du photo-relievo sont, comme nous venons de l’indiquer, de la plus grande simplicité et le public a pu voir à l’Exposition que ces nouveaux moyens pourront doter l’industrie de productions presque artistiques qu’il sera facile d’obtenir à très bas prix.
- C. C. Soulages.
- FIG. 2. .— RELIEFS OBTENUS PAR DES PROCEDES PHOTOGRAPHIQUES
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- JOURNAL UNIVERSEL IL ÉLECTRICITÉ
- ODI
- LES SYSTÈMES TÉLÉPHONIQUES
- DU Dr IIERZ
- Dans La Lumière Électrique du 5 février et du 5 octobre 1881, M. du Moncel a étudié d’une façon complète les différents systèmes téléphoniques imaginés par M. le docteur Cornélius Herz. Aujourd’hui nous nous occuperons de quelques expé-
- riences nouvelles et surtout des efforts qui ont été faits pour simplifier les appareils et leur donner des formes pratiques et commodes, tout en leur conservant les avantages mis en lumière par M. du Moncel.
- L’appareil représenté (fîg. i) est surtout destiné aux lignes les plus influencées par les phénomènes d’induction, qui souvent rendent les communications impossibles avec les téléphones ordinaires, et dans ce but il utilise deux principes découverts par
- le docteur Herz : l’inversion du courant dans sa ligne et l’emploi des condensateurs comme récepteurs.
- 11 est facile de voir d’après le dessin que l’instrument constitue un poste complet renfermant, sous une forme compacte et gracieuse, tous les organes nécessaires pour l’appel et les communications. Le diaphragme est horizontal, mais un entonnoir placé en avant de la boîte recueille les sons et les envoie sur la plaque vibrante, de sorte qu’il suffit de parler à environ cinquante centimètres de l’appareil pour que la voix se transmette avec toute son intensité. Quatre paires de contacts microphoniques sont placés sur un plateau oscillant situé sous le diaphragme et relié d’ailleurs avec lui par
- une tige rigide lui communiquant toutes les vibrations. Ces contacts, d’une -composition spéciale, communiquent entre eux, avec la pile et avec la ligne comme il a été dit dans le n° du 5 octobre i88r.
- Dans cet appareil, on ne Lit pas usage de bobine d’induction, aussi faut-il que le nombre des éléments de la pile de ligne soit proportionné à la distance des deux postes; par exemple, entre Paris et Orléans il a fallu trente éléments Daniell à chaque poste pour obtenir le maximum d’intensité. De plus, les condensateurs demandant une charge préalable pour pouvoir reproduire la parole, il faut em corc employer une autre pile qui est interposée dans la ligne. Il semblerait donc à première vue que le nombre des éléments nécessaires peut être
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- un obstacle à l’emploi de cet appareil; mais il ne faut pas oublier d’une part que la pile destinée à charger les condensateurs fonctionnant toujours à circuit pour ainsi dire ouvert, dépense très peu et
- Ci®
- FIG. 3
- d'autre part que l’instrument, comme nous l’avons déjà dit, est destiné à fonctionner sur des lignes où l’emploi de tout autre récepteur serait impossible.
- Les figures 2 et 3 représentent un appareil dans lequel l’inversion du courant a été réalisée d’une
- tout autre façon que dans le précédent et dans lequel on utilise la bobine d’induction pour diminuer le nombre des éléments nécessaires sur une longue ligne.
- Terre
- Terre
- Terre
- Primitivement cet instrument avait été formé par une plaque vibrante de chaque côté de laquelle appuyait légèrement un contact et les vibrations produisaient des augmentations ou des diminutions de pression alternativement sur chacun de ces cou-
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- tacts; mais à cette forme peu commode, M. Herz a préféré celle que représentent les fig. 2 et 3 et qui donne les mêmes résultats.
- La plaque vibrante A est en matière conductrice ; au-dessous et la touchant légèrement est un cylindre B qui appuie par sa base sur un disque C, tous les deux étant faits de la même matière que la plaque. Le disque C repose à son tour sur une lame de ressort qui permet, à l’aide d’une vis, d’établir un contact convenable entre les trois pièces
- A, B, C. La plaque A et le disque C communiquent chacun avec l’un des p*ôles d’une pile de quatre éléments qui, par son milieu, est mise en relation avec la terre. Enfin le cylindre B est relié avec l’une des extrémités du fil primaire d’une bobine d’induction dont l’autre bout est à la terre. Le fil secondaire de la bobine aboutit d’un côté à la ligne et de l’autre encore à la terre.
- On voit sur le diagramme (fig. 4) ce qui se passe lorsque l’on parle devant la plaque A. Les
- F1C. 6
- FIG. 7
- vibrations déterminent alternativement des augmentations et des diminutions de pression sur le cylindre B; pendant la première période, la conductibilité augmentant subitement en A (fig. 4), tandis que l’inertie du cylindre B l’empêche de croître en C, le courant suit la route -f-ABP terre. Au contraire dans la seconde période la conductibilité diminue en A, mais augmente en B et le courant suie la route — CB P terre. On voit donc que,pendant ces deux phases, ce sont des courants de sens contraires qui sont envoyés dans le circuit primaire de la bobine, et que dans le circuit secondaire il se produit quatre courants, deux à deux de sens contraires, qui sont envoyés dans la ligne. Dans cette disposition les téléphones sont placés en dériva-
- tion entre la ligne et la terre. Cet instrument a toujours donné de très bons résultats sur les longues lignes dont les charges statiques sont souvent considérables.
- On a aussi donné au même instrument une seconde disposition et alors il n’agit plus comme inverseur, mais comme un microphone ordinaire doué d’une très grande puissance.
- Ce dispositif est représenté figure 5; le courant arrive alors par le cylindre B et peut sortir par les contacts A et C pour se rendre dans les circuits primaires de deux bobines d’induction, puis à la terre. Les secondaires sont indépendants comme l’indique le croquis ou disposés sur un même circuit; dans les deux cas ils sont reliés à
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- la ligne d’un côté et à la terre de l’autre. La figure et ce que nous avons dit pour l’appareil précédent suffisent pour faire comprendre comment se fait la distribution du courant; seulement pour que l’instrument 'donne de bons résultats, il est indispensable qu’il existe un certain rapport dans les résistances des bobines entre elles et des bobines avec la ligne.
- Un autre principe a encore été utilisé par M. Herz pour augmenter la puissance de ses téléphones, c’est celui des dérivations à la terre.
- La figure 6 représente un des appareils qui reposent sur ce principe des dérivations. Sous la plaque vibrante sont quatre paires de contacts
- disposés comme dans la figure i, mais avec des communications électriques autrement faites : les quatre contacts inférieurs sont reliés ensemble et les quatre supérieurs aussi, de sorte que toutes les paires agissent ensemble sans produire d’inversion.
- Le schéma figure 8 montre comment sont disposés tous les organes dans deux postes correspondants.
- Lorsque les deux récepteurs t t' sont accrochés, chacun des postes peut appeler l’autre en appuyant sur le bouton C. Lorsque le poste appelé a .répondu, les téléphones sont décrochés, ce qui change les communications et la conversation
- Ligne
- P H-
- FIG. 8
- s’engage devant les deux appareils. Supposons d’abord que ce soit la poste de droite qui parle ; le courant de la pile P passe par le contact t' rétabli lors de l’enlèvement du récepteur, puis se bifurque d’une part dans la ligne et d’autre dans le microphone M, puis de là à la terre. Les variations de conductibilité produites par le microphone dans la dérivation MT feront donc varier dans le même sens le courant de la ligne dont la résistance est constante.
- Au poste récepteur, d’autre part, le courant arrivant par la ligne passe en C, puis dans les téléphones et enfin à la terre, la bascule t' ayant établi le contact inférieur.
- L’appareil que nous venons de décrire est placé horizontalement et l’on parle directement sur le diaphragme, mais on lui a donné aussi la forme verticale comme le montre la figure 7. Cette dispo-
- sition n’est cependant qu’extérieure “et ne change pas l’arrangement intérieur de la plaque horizontale et des contacts.
- Les appareils qui font le sujet de cet article mettent donc en somme en pratique trois principes spéciaux propres à faciliter, dans diverses circonstances, les communications.
- Ces principes sont l’emploi des condensateurs comme récepteurs, l’inversion du courant dans la ligne et le système des dérivations à la terre.
- Ils ne forment pas un ensemble présentant une nouvelle méthode de communications téléphoniques, mais chacun d’eux devra être employé dans les cas où son application sera plus spécialement indiquée et ils constituent certainement d’importants auxiliaires pour la téléphonie.
- A. Noaillon.
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- LA NOUVELLE PILE REYNIER
- A CLOISONNEMENT
- L’antique est à la mode; plus c'est vieux, plus c'est neuf, tel est actuellement le comble de la nouveauté. .
- Nous avions déjà, sur ces données, la toilette et l’ameublement dits de style.
- Il convient de joindre à cette liste la nouvelle pile de Reynier, qui a tous les droits pour prendre place, dans cette nouvelle catégorie d’électro-moteurs, qu’on peut appeler par analogie piles de style.
- i° Le nouvel élément se compose (voir la figure, page 304) d’un vase de cuivre plat contenant la dissolution de sulfate de cuivre, dans laquelle plonge un sac de toile contenant le zinc, etc.
- Mais permettez, ce n’est pas la pile Reynier que je décris, mais bien la pile Péclet parue en 1839. Tous les cabinets de physique qui ont une quarantaine d’années d’existence en contiennent au moins un exemplaire, je me rappelle que lorque je faisais mes études au lycée de Limoges, chaque année le professeur nous exhibait la pile Péclet.
- Ces vases en cuivre auxquels un garçon soigneux conservait toujours un poli parfait avaient le don d’horripiler le professeur, qui au bout de cinq minutes s’écriait : « Et maintenant emportez votre batterie... de cuisine! »
- Cette pile ne contenait pas, à l’époque, de papier parcheminé, par l’excellente raison que ce papier n’était pas encore inventé. On ne peut néanmoins lui refuser le mérite du cloisonnement que M. Reynier réclame comme étant de son innovation.
- 2° En 1876, mon confrère à la Société de biologie, le Docteur Onimus, nous présentait une pile à faible résistance ainsi composée : on prend une baguette de zinc, on roule autour une feuille de papier parcheminé, par-dessus un fil de cuivre, et on plonge le tout dans une solution de sulfate de cuivre.
- Voilà, si je ne me trompe, un cloisonnement en papier parchemin.
- 3° A l’Exposition d’Electricité, on nous montra, lors des opérations du jury, dans la section russe, un couple ainsi composé : le zinc était préalablement plongé dans du plâtre liquide, contenant, je crois, du chlorure et de l’oxyde de zinc. Ce zinc so recouvrait d’une couche du mélange, qui en se solidifiant constituait un excellent vase poreux sans capacité. J’ai oublié le nom de l’auteur.
- 4° Wheaststone réduit le zinc à l’état d’amalgame pâteux; il en remplit un vase poreux, et plonge ce vase poreux dans une solution de sulfate de cuivre. Ici encore zinc cloisonné et étroitement cloisonné. Dans la pile Péclet, l’auteur remplace tour à tour
- la toile à voile par de la baudruche, du cuir tanné sans corps gras, du carton goudronné, des lames de bois mince, débarrassées des matières résineuses par une ébullition préalable dans une liqueur alcaline. Il ne parle, il est vrai, ni de volts, ni d’ampères, ni d’ohms, la raison en est simple.
- M. Reynier constate avec regret que la toile et le papier parchemin ne résistent pas aux acides sulfurique, nitrique ou chromique, et il se propose de chercher des tissus doués de cet avantage pour pouvoir appliquer le cloisonnement aux couples Bunsen, Grenet, etc.
- Je peux lui éviter cette peine.
- J’ai obtenu, il y a plus de deux ans, d’excellents cloisonnements, pour employer le mot de M. Reynier, en trempant simplement le zinc dans du col-lodion normal. Ce collodion, en séchant, forme une membrane sans solution de continuité qui a l’avantage de résister aux acides. On en augmente à volonté l’épaisseur par des trempes successives.
- — J’ai donné un vase poreux ainsi constitué, il y a plus de deux ans, à M. Carpentier qui était venu à mon laboratoire du Collège de France.
- M. Sainte m’ayant envoyé du papier d’amiante qui n’offre pas de résistance au passage de l’électricité, j’en ai également fait des vases poreux.
- Malheureusement ce papier se désagrège immédiatement dans les acides.
- J’ai paré à cet inconvénient en trempant ce papier dans le collodion qui lui donne du corps.
- —Je ne peux donc voir d’après ce qui précède un principe nouveau dans le cloisonnement, mais je crois, jusqu’à preuve du contraire, que le collodion employé soit seul, soit combiné au papier d’amiante, comme je l’ai fait, constitue une matière nouvelle pour faire des diaphragmes peu coûteux et parfaitement imperméables aux liquides.
- Dr A. d’Arsonval
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Expériences hydrodynamiques (4° Note) (1): Imitation, par les courants liquides, des anneaux de Nobili, obtenus avec les courants électriques ; par M. C. Decharme.
- « On sait que les anneaux de Nobili sont produits par l’action d'un courant électrique, arrivant par l’extrémité d’un fil de platine, sur une plaque métallique recouverte d’une solution aqueuse, en couche mince, d’acétate de plomb ou d’autres subs-
- (9 Comptes rendus, séances des i3 et 20 février et du 6 mars 1882, p. 440, 527 et 643.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- tances. Selon la polarité, la nature et le poli de la plaque, selon la dissolution, simple ou mélangée de divers sels, et aussi suivant l’énergie de la pile employée, on obtient, au bout de quelques secondes, sur la plaque, en regard de la pointe verticale, amenée à i,nm environ de cette plaque, des anneaux concentriques, tantôt monochromes, alternativement clairs et obscurs, tantôt irisés, comme les anneaux de Newton.
- * J’ai cherché à imiter ces effets (sauf les couleurs irisées), au moyen des courants liquides.
- « ... Je dispose l’expérience de la manière suivante : sur une plaque de verre horizontale, recouverte d’un couche mince et uniforme de minium (litharge, sulfate de baryte, céruse, ou autres poudres lourdes insolubles, diversement colorées) en suspension dans l’eau, on fait arriver un filet liquide tombant d’un tube de verre gradué, tenu verticalement, à la distance de om,oi à om,io, ou plus, de la plaque. Pour imiter plus complètement le procédé de Nobili, on peut laisser au-dessus du dépôt une couche d’eau de quelques millimètres d’épaisseur, dans laquelle vient plonger l’extrémité du tube abducteur.
- « Dans ces conditions, il se produit instantanément, sur la plaque, autour du point de chute, des anneaux concentriques plus ou moins nombreux, inégalement espacés, d’épaisseurs différentes, formés par le transport mécanique du dépôt pulvérulent, sous l’action impulsive du courant liquide. Ces anneaux présentent ordinairement des contours très nets et des dégradations de tons remarquables par leur finesse. On y distingue fréquemment des rayons très déliés, qui traversent parfois tous les systèmes d’anneaux et forment des fleurons, des dessins symétriques très variés et d’une grande délicatesse.
- «... La seule différence, vraiment essentielle, entre les deux sortes d’anneaux, c’est que ceux de Nobili présentent des couleurs irisées que ne possèdent pas les autres; encore cette différence n’est-elle pas absolue. En effet, remarquons d’abord que, dans un très grand nombre de cas, les anneaux de Nobili sont seulement clairs et obscurs alternativement, c’est-à-dire monochromes. D’autre part, les anneaux hydrodynamiques ne sont pas dépourvus de coloration, car, en regardant la flamme d’une bougie (ou même la lumière diffuse du jour, vis-à-vis d’un fond noir), au travers d’anneaux formés avec du sulfate de baryte parfaitement blanc, on voit ordinairement, autour du centre incolore, une zone extrêmement mince, d’une teinte bleu pâle, tandis que les deux grands anneaux extérieurs, et surtout les cercles étroits qui les terminent, sont colorés en jaune et en orangé plus ou moins foncé, selon l’épaisseur du dépôt. On voit par là que la différence en question n’est pas absolue. »
- Compensateur pour mesurer les forces électromotrices; par M. Slouguinoff (*)
- D’après la méthode de M. du Bois-Reymond, on compare la force électro-motrice e, d’une pile B, (fig. i, branche supérieure) à celle e2 d’une autre
- pile B (br. inf.). Soient r la résistance AD, R la résistance du circuit ADCB; on donne à r une valeur telle que l’intensité soit nulle dans la dérivation DGBA, et l’on a
- (*) ci = ‘,*R-
- Pour faire varier r entre des limites étendues, j’emploie les dispositions suivantes (fig. 2). Deux fils am, me de longueurs égales sont tendus paral-
- GJ/*
- FIG, 2
- lèlement et communiquent en m. Ils forment la branche AMDC de la fig. 1. Un curseur d glisse sur les fils et établit à volonté le contact avec l’un ou avec l’autre. La branche inférieure de la fig. 1, comprenant le galvanomètre et la pile B,, s’attache d’une part en a, d’autre part à l’extrémité d’un troisième fil ef, tendu parallèlement aux premiers, et sur lequel glisse le curseur d. La résistance de la dérivation comprend ainsi une partie ed variable, mais cela est indifférent, puisque cette résistance n’entre pas dans la formule.
- Cet appareil a figuré dans > la section russe, à l’Exposition Internationale d’Electricité.
- Appareil destiné à régulariser l’écoulement d’un gaz à une pression quelconque, par M. J. Ville (2).
- « Dans une série de travaux en cours d’exécu-
- (1 ) Journal de Physique, mars 1882. (3) Comptes rendus du i3 mars 1882.
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- tion, j’ai dû me poser le problème suivant : Etant donnée une enceinte où l’on comprime un gaz, la pression de ce gaz tendant à diminuer par suite des réactions qui se passent dans cette enceinte, trouver un appareil qui permette de compenser automatiquement-, à chaque instant, cette diminution de pression, quelque faible qu’elle puisse être.
- « Le régulateur d'écoulement gazeux que j’ai fait construire fonctionne à toute pression. Il est placé entre l’enceinte et un réservoir de provision à gaz comprimé, dont la pression doit toujours être supérieure à celle de l’enceinte. Dès que la pression diminue dans celle-ci, le jeu du régulateur fait passer, du réservoir dans l’enceinte, la quantité de gaz nécessaire pour compenser cette diminution de pression.
- « A cet effet, l’appareil présente un manomètre à mercure, de forme spéciale, dont l’une des branches renferme le gaz à une pression déterminée, constante pour tout le temps de l’opération, l’autre branche communiquant avec l’enceinte. Si une diminution de pression se manifeste dans celle-ci, le mercure s’élève dans le tube manométrique, arrive au contact d’une tige d’acier nickelée, isolée dans l’axe du tube. Ce contact établit un courant électrique actionnant un électro-aimant. Cet électroaimant attire un barreau de fer doux auquel est fixée une soupape qui, étant soulevée, permet à une certaine quantité de gaz de passer du réservoir de provision dans l’enceinte, pour y compenser la diminution de pression. L’égalité de pression étant ainsi rétablie dans les deux branches du manomètre, le mercure s’abaisse, abandonne la tige nickelée, et, le courant électrique étant ouvert, la soupape retombe à sa position première, pour interrompre toute communication entre le réservoir et l’enceinte.
- « Il est indispensable de toujours maintenir un excès de pression dans le réservoir : cet excès dépendra naturellement de la force de l’électro-ai-mant.
- « L’appareil que j’ai fait construire peut résister à des pressions de i5atm; son électro-aimant peut vaincre un excès de pression de 2atm. Sa sensibilité est très grande, car la tige nickelée, qui se trouve dans l’axe du tube manométrique, peut être approchée à une distance de 7 de millimètre de la surface du mercure. Dès que la diminution de pression dans l’enceinte acquiert la valeur de 7 de millimètre de mercure, le jeu de l’appareil compense cette diminution de pression. On peut abandonner l’opération à elle-même pendant plusieurs heures, pendant toute une nuit, par exemple (*). »
- (') Ce régulateur fonctionne dans les laboratoires de Physique et de Chimie de la Faculté de Médecine de Montpellier.
- Action des courants téléphoniques sur le galvanomètre. Note de M. Chardonnet. (Extrait d’une lettre de M. A. Cornu.)
- « Si l’on remplace, dans le circuit téléphonique, le récepteur par un galvanomètre très sensible, et qu’on influence le transmetteur au moyen d’un diapason, d’un tuyau d’orgue ou de la voix, on n’observe aucune déviation tant que le son conserve la même intensité; mais, dès que la sonorité augmente ou diminue, l’aiguille est déviée : ce mouvement change de sens selon que l’amplitude des vibrations du corps sonore est en accroissement ou en décroissance. L’effet est plus marqué lorsque le transmetteur est ébranlé par un bruit de courte durée, comme une détonation, ou par un corps légèrement frappé sur la plaque vibrante. Dans ce dernier cas, l’aiguille du galvanomètre saute comme l’aiguille des secondes d’une horloge. L’expérience réussit très bien aussi en approchant ou en éloignant vivement le corps sonore du transmetteur. Ces déviations apparaissent naturellement beaucoup mieux lorsqu’on se sert d’un transmetteur à microphone, comme le transmetteur Ader, mais elles sont visibles avec toute espèce de téléphone.
- « L’explication paraît simple, au moins pour l’ensemble des faits :
- « Tant que les oscillations de la plaque vibrante conservent la même amplitude, et, par conséquent, la même vitesse, les courants induits alternativement, dans les deux sens, à chaque vibration complète, compensent leur action sur le galvanomètre, soit qu’ils émanent d’un électro-aimant, soit qu’ils émanent d’un microphone. Mais, si les oscillations tendent vers zéro, par exemple, chaque demi-oscillation impaire a plus d’amplilude que la demi-oscillation paire suivante, et les courants induits direct et inverse 11e mettent plus en mouvement, deux à deux, les mêmes quantités d’électricité. Les résidus, de même signe à chaque oscillation complète, s’accumulent pour faire dévier l’aiguille, et la déviation est d’autant plus grande que le son décroît plus rapidement. C’est ce que démontre l’expérience. »
- Production de composés organiques dans l’électrolyse.
- Nous avons déjà parlé des expériences dans lesquelles MM. Bartoli et Papasogli ont obtenu des composés organiques et entre autres l’acide mellitique et ses dérivés en électrolysarit l’eau acidulée avec des électrodes de charbon de cornue purifiées par le chlore. L’expérience réussit également dans l’électrolyse d’une lessive de soude ou de potasse opérée à l’aide de 4 à 6 grands éléments Bunsen; on obtient de l’hydromellate et probablement aussi du pyromellate. Sur l’électrode positive il se dégage peu de gaz, mais il s’en dé-
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- gage beaucoup au contraire sur l’électrode négative. Le poids du charbon diminue peu.
- Dans les acides minéraux, tels que l’acide sulfurique, l’acide azotique, l’acide chlorhydrique, on peut avec six éléments désagréger au pôle positif des kilogrammes de charbon. Les électrodes se taillent en pointe avec un champignon à la partie inférieure. Après filtration, le liquide ne brunit plus. Le charbon désagrégé est une substance noire à cassure conchoïde et présentant dans sa cassure une substance brillante qui ne se produit pas dans les liqueurs alcalines et dans l’oxygène, se convertit à la température ordinaire en acide mellitique et ses dérivés.
- Cette substance se dissout un peu dans l’eau, mieux dans l’eau chaude, et est précipitée par les acides et les sels minéraux. Elle est soluble aussi dans les alcalis et l’acide sulfurique concentré et est précipitée ensuite par l’eau. Les auteurs nomment cette substance mellogène oumellitogène. Elle se produit également dans la décomposition des acides formique, acétique et oxalique.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le Directeur,
- Il me semble que les qualités essentielles d’un bon microphone pour les circuits téléphoniques sont : i° que l’intensité du courant qui le traverse soit aussi grande que possible, 2° que sa sensibilité à l’action des ondes sonores soit la plus développée possible; 3° que les différences de résistance qu’il détermine dans le circuit soient le plus étendues qu’il est possible de le faire.
- Ces différentes conditions me semblent réunies dans le microphone que je vous envoie, car, en raison des grandes surfaces de contact des charbons, la résistance totale * qu’il présente est réduite à son minimum, et par cela même l’intensité du courant est augmentée. D’un autre côté, à la suite d’expériences nombreuses dont je vais vous entretenir, je l’ai rendu extrêmement sensible.
- Dans une première disposition, j’avais établi le contact des deux blocs de charbon du microphone, qui étaient plats, au moyen d’une lame de charbon. Le charbon du haut était percé d’un trou à son centre, et ce trou était traversé par une pointe métallique qui s’appuyait sur un bloc de liège servant de support. Cette combinaison donnait généralement de bons résultats, mais dans certains moments, l’articulation n’était pas bonne, et après plusieurs essais j’ai trouvé que quand le charbon supérieur se trouvait fortuitement en contact avec la pointe métallique, son mouvement vibratoire était temporairement suspendu. J’ai alors essayé de fixer d’une manière rigide deux crayons de charbon dans le charbon inférieur, en ayant soin de les faire passer librement à travers deux trous pratiqués dans le charbon supérieur. Ce dispositif me donna de meilleurs résultats, mais pas complètement satisfaisants, et je fus conduit à rendre libres mes deux crayons de charbon dans les deux blocs qui leur servaient de support. Puis au lieu d’employer des crayons de diamètre uniforme, j’imaginai de leur donner une forme conique en plaçant eii bas la partie la plus large. Avec cette disposition, les résultats obtenus me parurent satisfaisants, mais j’en obtins de meilleurs en renversant la disposition, c'est-à-dire en plaçant les pointes en bas et les bases en haut, ce qui me fit donner une nouvelle forme à l’appareil.
- J’employai alors pour blocs deux rondelles de charbon superposées de 3 centimètres de diamètre sur 7 millimètres d’épaisseur, percées de trois trous, dans deux desquels j’introduisais les crayons coniques; mais je pus reconnaître bientôt que ces crayons coniques pouvaient être avantageusement remplacés par des bouts de crayon de diamètre très différent (de 5 et de 2 millimètres), dont les plus petits étaient placés dans les trous du charbon inférieur. Celui-ci fut lui-même coupé eu deux et incrusté dans un morceau cylindrique de liège, et au lieu d’établir la communication électrique par le charbon inférieur et le charbon supérieur, c’étaient les deux moitiés du charbon inférieur qui étaient en rapport avec les deux pôles de la pile; de sorte que le courant pouvait suivre deux voies pour s’écouler, l’une par la surface de contact des deux disques, l’autre par les six contacts établis entre les crayons de charbon et les disques Quand le système est découvert, les vibrations des ondes sonores de l’air peuvent agir sur le disque supérieur et sur les crayons de charbon qui réunissent les deux disques, et la parole se trouve transmise comme dans les microphones ordinaires. Mais on peut recouvrir les disques d’un capuchon de liège sans empêcher l’action microphonique. Je serais porté à croire que, dans ces conditions, ce sont les vibrations moléculaires du liège, provoquées par les ondes sonores de l’air, qui transmettent ces dernières aux charbons.
- La sensibilité de ce système microphonique est très grande, car elle réunit les effets du régulateur de tension d’Edison à ceux du microphone de Hughes.
- Quand on emploie le capuchon de liège, on ne doit pas le fixer sur l’appareil, mais simplement le poser au-dessus, et ce qui serait le mieux, ce serait de le suspendre au moyen d’un fil fin. C’est ce qui m’a conduit à adopter une forme dans laquelle les charbons sont placés horizontalement; mais j’ai construit un autre appareil qui peut être placé dans n’importe quelle position.
- J’ai cherché à substituer au liège d’autres substances poreuses et légères, capables de bien reproduire les vibrations, mais j’évite toujours l’emploi d’un diaphragme, parce qu’il peut entraîner des vibrations accessoires susceptibles de troubler la netteté des sons articulés.
- Agréez, etc.
- C. Barney.
- Cortaillac, 27 mars 1882, Monsieur le Directeur,
- Dans le numéro 12 de votre journal se trouve décrite une nouvelle boussole sans résistance, destinée à mesurer les courants intenses et inventée par MM. Terquem et Damien. Il y a plus d’un an et demi que j’avais dévelonpé la théorie d’un instrument tout à fait semblable, mais de construction beaucoup plus simple et plus exacte. La première boussole construite alors d’après ce système se trouve au cabinet de physique de l’école polytechnique de Zurich. Je crois devoir vous en envoyer la description.
- Le long d’une échelle al? glisse un cadre rectangulaire cefg portant dans une rainure un fort fil de cuivre qui est parcouru par le courant dont on veut mesurer l’intensité. Les deux bouts de ce fil sont tordus ensemble en g, afin de ne pas donner un effet magnéto-électrique. Le mouvement le long de l’échelle se fait de telle façon que le plan du fil reste parallèle au méridien magnétique et que le milieu du cadre se trouve toujours dans la normale qui passe par le centre de l’aiguille aimantée m. O11 remarque facilement que la résultante de la force qui agit sur l’aimant consiste seulement dans l’effet différentiel du courant dans les deux bouts c/et eg; la somme des effets de ce et fg étant nulle, il est de même évident qu’on a ici une forme simple qui se laisse traiter d’une manière aussi élégante que rigoureuse par la théorie des forces magnéto-électriques.
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- Si on exécute ce calcul, on obtient comme résultat final une expression de la forme
- l = u
- dans laquelle
- I est l'intensité du courant.
- H l’intensité de la composante horizontale de la force magnétique terrestre. u l’angle de déviation de l’aiguille.
- C une constante dont la valeur exacte est
- C — •
- d*
- d di? L sont les distances indiquées dans la figure.
- On voit immédiatement que c’est le véritable type d’une boussole des tangentes, qui possède le grand avantage de supprimer une graduation empirique et d’être rigoureusement indépendante de la grandeur de la déviation.
- On sait que dans le cas de la boussole circulaire les in-
- tensités ne sont exactement proportionnelles aux tangentes des déviations que si l’angle u reste petit. Quelle que soit la position du cadre, on peut toujours calculer directement l’intensité des courants les plus forts en mesure absolue et avec la même exactitude que celle donnée par la boussole circulaire pour les faibles courants. Il va sans dire qu’on emploiera pour les travaux scientifiques un aimant à miroir; pour l’usage dans les usines, on choisirait une forme plus pratique de cet instrument.
- Il résulte de ce qui précède que l’idée de MM. Terquem et Damien n’est nullement nouvelle et que son défaut principal consiste à ne pas donner des résultats absolus. Du reste, M. Hipp à Neufchâtel a construit, il y a déjà longtemps, pour les télégraphes, et d’après le même système des boussoles dans lesquelles passe et repasse le courant en sens contraire par une bande de cuivre, placée sous l’aiguille.
- Mais ni cette construction ni celle de MM. Terquem et Damien ne peut être traitée d’une manière simple par la théorie.
- Je saisis cette occasion, monsieur le Directeur, pour vous présenter l’assurance de ma parfaite considération.
- Dr Albert Denzlek.
- FAITS DIVERS
- De même que les ports du Havre et de Marseille, le port de Bordeaux va être pourvu de bateaux-élévateurs pour décharger mécaniquement les navires remplis de grains. Ces bateaux-élévateurs ontsubi un perfcctionncmentimportant. Le moteur à vapeur y est remplacé par un moteur électrique. Ce changement permet, d’employer les bateaux-élévateurs le jour aux déchargements des grains, tandis que la nuit, transformés en phares, ils feront fonctionner de puissants foyers de lumière électrique qui éclaireront le port de Bordeaux comme en plein jour. Ces phares électriques mobiles serviront également pendant la prochaine exposition bordelaise pour les fêtes nautiques de nuit sur le fleuve.
- A Toulon, la direction des travaux du port, la commission des défenses sous-marines et la direction d’artillerie de marine travaillent à placer Toulon en complet état de défense. La grande passe de la petite rade, ainsi que la jetée, vont être pourvues d’une double rangée de torpilles; les eûtes elles-mêmes seront pourvues amplement du même système de défense, et reliées par des fils électriques aux postes des torpilleurs de Sainte-Marguerite et de Saint-Mandrier.
- En Suisse, un certain nombre d’industriels de la ville de Schaffouse se disposent à utiliser la transmission de la force mécanique par des machines dynamo-électriques. Déjà plusieurs de ces machines, construites à Baie par MM. Bürgïn et Alioth, sont arrivées à Schaffouse et deux d’entre elles sont en action régulière.
- La force mécanique d’une roue mise en mouvement par l’eau est transformée en électricité et conduite à distance par d’épais fils de cuivre pour être de nouveau à destination transformée en force mécanique.
- Un chemin de fer électrique va être construit aux environs de Vienne (Autriche) dans la pittoresque vallée de la Brühl. Ce chemin de fer électrique pour la construction duquel une demande vient d’être adressée au ministre du commerce d’Autriche, ira de la gare du chemin de fer du Sud des bains sulfureux de Mœdling jusqu’à l’hôtel connu sous le nom de Zn>ei Raben situé près de la Meierei dans l’Hin-terbrühl et que fréquentent toute l’année des milliers de touristes. Sa longueur sera de deux kilomètres 8.
- Éclairage électrique
- L’autorisation donnée à la Compagnie générale d’électricité de faire un essai d’éclairage électrique sur l’avenue de l’Opéra et les places situées à ses extrémités expirant le icr avril prochain, la Compagnie vient de demander à l’administration préfectorale d’être autorisée à continuer l’éclai-’rage actuel, mais avec un traité lui concédant cet éclairage pendant un minimum de dix années, et moyennant en outre l’attribution gratuite, pendant toute la duree de la concession, d’un local pour l'installation des machines.
- Déjà ces conditions ont été repoussées l’année dernière par le Conseil municipal, par le motif qu’il 11e convenait pas de lier la Ville de Paris pour une période aussi longue, à la .veille du jour où l’Exposition d’Electricité pouvait révéler des procédés nouveaux d’une application plus avantageuse.
- Ces espérances n’ont pas été pleinement réalisées. Des progrès ont été accomplis: mais aucun système ne ressort avec des avantages suffisants pour justifier une préférence décisive en faveur d’un système déterminé.
- En conséquence, M. le préfet de la Seine propose au Conseil municipal d’autoriser seulement la Compagnie générale
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- d’électricité à prolonger, aux conditions actuelles, l’éclairage de l’avenue de l’Opéra et des deux places, toujours à titre d’essai, pour une nouvelle période d’un an, jusqu’au icr avril i883. Il lui propose de ne pas accueillir la demande d’attribution gratuite d’un local pour machines, estimant qu’il est utile que les Compagnies sentent la nécessité d’arriver à la constitution d’usines excentriques pour la production des courants et leur transmission à de grandes distances.
- A Lille, on vient de trouver un nouvel emploi de l’électricité. L’encombrement de besogne que la précocité du printemps a infligé au personnel municipal d’horticulture de Lille a déterminé le service des travaux à recourir aux systèmes rapides. L’élagage des arbres dans le jardin public et les voies plantées a eu lieu à l’aide de la lumière électrique, qui a permis d’accomplir ce travail en trois nuits sans autre interruption que les repas et les changements de brigades. Des foyers Jablochkoff avaient été disposés au sommet des échafaudages roulants qui servent chaque année à l’opération de l’élagage. Dix escouades ayant chacune leur échelle-phare ont opéré simultanément.
- La municipalité marseillaise est décidée à se montrer moins parcimonieuse au point de vue de l’éclairage public de Marseille. Dans sa dernière séance, le conseil municipal de Marseille a approuvé un rapport relatif à l’éclairage de la place des Réformés, des allées de Meilhan et d’autres points. On fera sur ces voies des essais d’éclairage avec des becs intensifs à gaz Siemens et avec des appareils électriques B rush.
- Un wagon de 3e classe, construit d’après le système américain, et éclairé à la lumière électrique, circule depuis quelques jours sur la ligne du chemin de fer de Mulhouse. Les voyageurs pénètrent dans ces wagons, comme dans les wagons suisses, par des portes placées aux deux extrémités. L’éclairage est produit par un plafond lumineux. Un simple bouton permet l’extinction complète du foyer. Cet éclairage très brillant est alimenté par une machine dynamo-électrique indépendante, posée sous une banquette, et mue par l’axe des roues du wagon.
- Une partie de la ville d’Avignon va être éclairée à la lumière électrique à l’occasion du concours régional agricole.
- A Chesterfield, l’IIammond Electric Light and Power Sup-ply Company a informé la corporation de cette ville qu’elle est maintenant à même d’exécuter son contrat, et que dans quelques jours les rues et places seront éclairées par des lampes à incandescence.
- A la Central Exchange Art Gallery de Newcastle, on s’est servi pour la première fois de lampes à incandescence Swan pour éclairer la Partie de chasse de Diane, tableau colossal du peintre Hans Makart. D’après le Newcastle Chronicle, . toutes les nuances des couleurs se détachaient avec une remarquable clarté.
- Les Colonies and India annoncent que des capitalistes de Londres ont offert d’éclairer les rues de Sydney, en Australie, xà l’aide de l’électricité, à un prix de vingt-cinq centimes moins cher qu’avec le gaz. Avant de prendre une décision au sujet de cette offre, le conseil de la ville a résolu de prendre des renseignements complets sur les systèmes d’éclairage Swan et Edison.
- A l’occasion des fêtes commémoratives et de l’inauguration
- du monument du célèbre patriote Nicolo Tomaseo, qui viennent d’avoir lieu à Venise, la place Saint-Marc et la place Tomaseo ont été brillamment éclairées à la lumière électrique.
- ’v ^
- Des essais d’éclairage électrique ont lieu depuis quelque temps à Kiel dans la Baltique. Une commission présidée par le contre-amiral de Wickede étudie la question de l’éclairage de ce port et des côtes environnantes par l’électricité. Dans les deux forts de Friedrichsort et de Falkenstein, au nord, et dans ceux de Stosch et de Korüggen, au sud de l’entrée de Kiel, sont placés de grands appareils d’éclairage électrique à l’aide desquels, à la distance d’une lieue, on projette sur la mer une lumière si vive qu’il serait impossible à une escadre ennemie ou à des bateaux torpilles d’essayer d’entrer dans le port à la faveur de la nuit sans être aperçus. •
- Au Rathhausde Berlin, la salle des sénateurs a été éclairée vendredi pour la première fois à l’aide de l’électricité pendant une séance. Les lampes à incandescence employées ont donné une lumière tranquille, un peu blanche, mais non aveuglante.
- L’Eastern Electric Light and Power Company a reçu de son représentant dans l’Inde une dépêche annonçant qu’un contrat a été passé pour l’éclairage électrique avec la municipalité de Rangoon (Birmanie anglaise). On fera usage, de la lampe Brush et de la lampe Lane-Fox.
- A Burton-on-Trent, le « liberal Club » a été éclairée la semaine dernière pour la première fois avec des lampes à incandescence Maxim.
- Télégraphie et Téléphonie
- Des négociations ont lieu en ce moment entre les diverses Compagnies des câbles transatlantiques à l’effet d’élever à deux shillings par mot le prix des dépêches transmises parle public. Après différentes expériences, il a été reconnu que ce prix seul permet d’obtenir des résultats lucratifs.
- M. Cochery, ministre des Postes et des Télégraphes, s’occupe en ce moment d’un projet d’établissement de téléphones, avec le concours de l’État, dans les villes où la Compagnie des Téléphones n’a point créé d’établissement.
- Rigoletto, le Barbier de Séville, l’Africaine, la Muette viennent d’être transmis plusieurs soirs de suite à l’aide de téléphones Ader du grand théâtre de Marseille à la Société scientifique et industrielle de Marseille située rue Paradis à une distance de cinq cents mètres. Ces auditions téléphoniques toutes nouvelles pour les Marseillais ont pleinement réussi. Les invités de la rue Paradis entrent quatre par quatre et chaque groupe tient le récepteur auriculaire durant trois minutes. On entend les moindres vocalises et les sons de l’orchestre arrivent distinctement à l’oreille.
- A Birmingham, le réseau téléphonique continue à s’étendre. La station des pompes à incendie, la station centrale de police, l’habitation du surintendant, le théâtre du Prince de Galles, et divers autres points sont reliés téléphoniquement.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 28102
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- La Lumière Electrique
- Journal universel $ Electricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLENARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 22 AVRIL 1882 N° 16
- SOMMAIRE
- (Quelques remarques au sujet des analogies qui existent entre les mouvements électriques et les mouvements des liquides; Th. du Moncel. — Recherches expérimentales sur les machines dynamo-électriques ; Marcel Deprez. — Exposition Internationale d’Electricité : La lampe Jaspar; A. Guerout. — Applications de l’électricité sur les trains de chemins de fer; Frank Geraldy. — La trompette téléphonique de M. Herz; De Magneville. - Revue des travaux récents en électricité : De la rapidité avec laquelle change la résistance du sélénium. — Sur la capacité électrostatique du verre et des liquides. — Sur les condensateurs. — Correspondance : Lettre de M. G. Richard. — Faits divers.]
- QUELQUES REMARQUES AU SUJET DES ANALOGIES QUI EXISTENT ENTRE
- LES MOUVEMENTS ÉLECTRIQUES
- ET
- LES MOUVEMENTS UES LIQUIDES
- Dans un article que nous avons publié dans La Lumière électrique du ier septembre 1880, p. 339, nous avons montré comment les différentes lois des courants électriques pouvaient s’expliquer matériellement par analogie avec celles qui gouvernent les courants liquides. Nous avons même rendu compte, de cette manière, de l’hypothèse d’Ohm, sur le développement des forces électromotrices accidentelles qui naissent au moment où un courant passe d’un conducteur de grosse section à un conducteur de petite section et vice-ver sa.
- Enfin, nous avons consacré dans le numéro du 2 avril 1881 de La Lumière Electrique tout un article pour exposer les idées d’Ohm sur la distribution électrique dans les circuits et les conséquences qui en résultent.
- L’article de M. Garnier, que nous avons publié dans notre dernier numéro, et certaines remarques qui nous ont été communiquées relativement à
- quelques déductions de la théorie d’Ohm, nous forcent de revenir un peu sur cette question qui nous semble avoir besoin d’être discutée.
- M. Garnier, étudiant ce qui se passe dans deux tuyaux placés bout à bout, parcourus par le même liquide mais ayant des sections différentes, conclut de cette manière: « la pression augmente brusquement lorsque le liquide passe du tuyau le plus étroit dans le tuyau le plus large. Existe-t-il quelque chose d’analogue en électricité ? Y a-t-il une variation brusque de potentiel à la jonction de 2 conducteurs différents, et cette variation est-elle toujours dans le même sens, le potentiel étant toujours plus élevé sur le conducteur le plus gros? Le fait est possible, mais je n oserais Vaffirmer, parce que le phénomène se complique sans aucun
- doute d'une résistance au passage.....................
- Toujours est-il que l’effet résultant est en somme très faible et difficilement observable. »
- D’après la théorie d’Ohm, le fait d’un changement de potentiel au point de jonction de deux conducteurs de différente section n’est pas douteux, puisque s’il n’existait pas l’imiformité d’intensité d’un courant en tous les points du circuit qu’il parcourt 11e pourrait se produire, et cette condition est la base de toutes les lois des courants électriques.
- De plus, il est très appréciable, puisqu’il est en rapport avec les différences de section des conducteurs; mais il s’agit de bien interpréter cette donnée, et l’analogie que l’on peut établir entre les courants électriques et les courants liquides peut fixer facilement les idées à cet égard. Toutefois pour en tirer des conclusions nettes et parlant à l’esprit, il n’est pas besoin de considérer la question à un point de vue aussi mathématique que l’a fait M. Garnier, et on peut négliger les actions de frottement et les effets de force vive qui n’ont qu’un rapport très indirect avec l’électricité, si toutefois il en existe, pour 11’envisager que les effets simples déterminés uniquement par une force, initiale et constante. Cette force pourrait être par exemple le résultat d’une différence de niveau de l’eau aux deux extrémités d’un canal et on pourrait
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- àÔ2
- admettre que cette différence serait invariable par suite d’une alimentation du canal par un réservoir de grandeur indéfinie et d’un déversement de l’eau dans une grande rivière.
- Ce serait alors la pesanteur qui constituerait la force impulsive, et celle-ci, qui serait en rapport avec la différence des niveaux d’eau ou la hauteur de chute, pourrait représenter exactement la force électro-motrice qui n’est elle-même que la différence des potentiels aux deux extrémités d’un circuit voltaïque. Comme l’action de cette force peut donner lieu à un débit différent suivant les conditions d’écoulement du liquide, et que ce débit de Veau peut être assimilé à Vintensité' du courant électrique, on pourrait retrouver aisément par l’examen des effets résultant de la variation de l’angle de pente du canal, les lois des courants électriques. En effet, si on suppose la différence des niveaux toujours la même, et le canal de largeur toujours uniforme, l’angle de pente ne pourra varier qu’avec la longueur du canal, et comme cette pente, pour une même différence de niveau, est d’autant moins grande que la longueur du canal est plus grande, on voit déjà que le débit de l’eau, dans un temps donné, sera comme l’intensité d’un courant électrique, inversement proportionnel à la longueur du canal ou du conducteur. On devra remarquer que je suppose ici la force impulsive agir uniformément, ce qui n’est pas le cas dans l’exemple en question, puisque la pesanteur est une force accélératrice, mais sans s’attacher au rapport mathématique qui doit exister alors, on peut comprendre ce qui doit avoir lieu en plaçant les deux forces impulsives dans les mêmes conditions. D’un autre côté, en faisant le même raisonnement, on pourra comprendre que ce débit de l’eau sera proportionnel à la surface de la section du canal occupée par la nappe liquide, et on retrouve là l’explication de la loi de la section pour les courants électriques. Nous supposons, bien entendu, dans ces différents cas, que le cours d’eau a atteint sa vitesse de régime, ce qui est l’équivalent de Y état permanent pour la propagation électrique.
- Examinons maintenant ce qui doit se passer quand le canal présente en différents points de son parcours des étranglements et des élargissements, cas qui peut être assimilable à un circuit composé de conducteurs de différentes sections. Dans ces conditions, on comprendra aisément que la hauteur d’eau ne puisse plus être rigoureusement uniforme sur tout le parcours du cours d’eau, et son débit sera un peu retardé. Il se produira alors une nouvelle distribution des pressions qui, une fois établie, 'créera une vitesse d’écoulement de régime, différente de ce qu’elle aurait été sans les étranglements, et pour laquelle l’écoulement du liquide sera plus ou moins rapide en différents points du canal. En effet chaque rétrécissement de celui-ci
- aura eu pour effet d'élever la hauteur du niveau de Veau en amont du canal et de Vabaisser en aval, et il en résultera dans chaque étranglement une vitesse plus grande du liquide qui, en compensant son dégagement plus difficile causé par la moins grande section du canal en ces endroits, rétablira l’uniformité du débit de l’eau en tous les points du cours d’eau. Or cette élévation de la hauteur de chute en amont de l’étranglement, ne représente-t-elle pas l'élévation de tension électrique que Ohm a admise quand un courant passe d'un conducteur de grande section à un conducteur de petite section?... et cette élévation n’est-elle pas, dans un cas comme dans l’autre, le résultat de ce que le débit doit être uniforme {dans toute l'étendue d'une tranche donnée) en tous les points du conducteur ?...
- Il s’agit toutefois ici de bien préciser les faits.
- Au premier abord si on prend la déduction d’Ohm au pied de la lettre, on pourrait croire que du fait même du passage du courant à travers des conducteurs de section différente, il résulterait la création brusque de forces électro-motrices nouvelles, ce qui conduirait à admettre qu’on pourrait augmenter indéfiniment la force électro-motrice réagissant sur un circuit, en le composant d’une infinité de conducteurs de sections de plus en plus petites. Ce serait le mouvement perpétuel !! Or tel n’est pas le résultat que l’on obtient, car en somme la force électro-motrice totale ne change pas, pas plus que la hauteur totale de chute dans l’exemple du courant d’eau que nous avons cité; mais c'est la répartition des forces électro-motrices partielles ou des tensions dans le circuit, aux points de jonction des conducteurs de différentes sections, qui est alors modifiée. D’un côté la tension électrique s’élève quand le courant passe du gros conducteur au petit et elle s’abaisse dans le cas contraire. Mais en s’élevant, elle rend plus petite la différence qui existe entre elle et la tension de la source, et diminue par suite la force électro-motrice sur la partie du circuit qui correspond au gros conducteur; par contre, elle l’augmente sur l’autre partie, de sorte que la ligne de distribution des tensions, quand la période permanente ou de régime est établie, au lieu d'être représentée par une ligne droite, est figurée par une ligne brisée dont les éléments joignent les extrémités des ordonnées représentant les tensions aux différents points du circuit.
- Or si on fait d’après ce tracé la somme des forces électro-motrices dans les diverses parties du circuit, on trouve que cette somme est exactement la même que celle qui aurait correspondu à un circuit homogène de même résistance, pour lequel la distribution des tensions se serait effectuée suivant une ligne droite.
- Bien que ces considérations soient élémentaires
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- nous avons cru devoir nous y arrêter, parce que quelquefois on fait des confusions, et qu’on peut se trouver conduit à voir dans la théorie de Ohm autre chose que ce qui est.
- Ainsi, parce que dans les ligures représentant la distribution des tensions dans les mémoires de Ohm, on indique par une surélévation ou un abaissement des ordonnées les sauts brusques de la tension aux points de jonction des lignes représentant les conducteurs de section différente, certaines personnes croient que la ligne dentelée qui est représentée indique la distribution définitive des tensions!!! mais il n’en est pas ainsi : les lignes qui correspondent aux dentelures représentent les distributions primitives des tensions, rien de plus, et le calcul montre d’ailleurs, ainsi que l’a fait observer M. Cabanellas, quela ligne des tensions définitives est celle qui réunit les ordonnées représentant les tensions aux différents points avec leur surélévation ou leur abaissement. Nous insistons sur ce détail, parce que le système graphique imaginé par Ohm est très commode pour étudier la distribution électrique dans un circuit, et que, par suite de. fausses interprétations, on pourrait commettre des erreurs d’autant plus fâcheuses qu’elles sembleraient être autorisées par la théorie.
- L’analogie des effets électriques avec les effets hydrostatiques est depuis longtemps reconnue, et nous prions le lecteur de se reporter au mémoire de M. G. Planté, que nous avons publié dans les numéros des i5 janvier et icr février 1880 (p. 3i et 55) du journal La Lumière Electrique, pour en comprendre l’importance. Dans notre article sur les Electriciens, inséré dans le numéro du icr septembre 1880, nous la retrouvons jusque dans les lois de la période variable de la propagation électrique, et nous montrons par là l’erreur qu’ont commise et que commettent encore certains électriciens qui veulent trouver un chiffre pour représenter la vitesse de transmission de l’électricité, la supposant être dans les mêmes conditions que celle de la lumière. Il faut pourtant que l’on sache que la manifestation électrique ne pouvant exister sans l’intervention de la matière pondérable, les lois qui la régissent doivent être liées intimement aux lois de la matière, et c’est sans doute pour cela que l’on rencontre toutes les analogies dont nous avons parlé. Avec la lumière, il en est tout autrement; elle peut se transmettre à travers le vide absolu, et son indépendance de la matière pondérable permet d’y appliquer- le calcul dans des conditions de rigueur qui ne peuvent se retrouver dans les calculs se rapportant à l’électricité. Nous avons du reste exposé cette question dans notre article du icr septembre 1880, p. 340, mais nous croyons cependant devoir y revenir ici, car on ne saurait trop prémunir les électriciens contre des idées fausses qui se sont malheureusement trop répandues sur cette question.
- Si, reprenant notre exemple- du cours d’eau, nous le considérons comme n’ayant pas encore acquis sa vitesse de régime, et que nous cherchions les effets qui doivent se produire pendant cette période de transition, que nous pouvons comparer avec raison à la période variable de la propagation électrique, nous nous expliquerons encore facilement les principales lois de Ohm pour ce cas de la manifestation électrique. Quand l’eau va commencer à envahir le canal, nous verrons d’abord que le liquide va commencer par se répandre de proche en proche en augmentant successivement de hauteur en chacun de ses points, et ne prendra sa vitesse de régime que quand, étant arrivé à l’extrémité du canal, il pourra se déverser dans son affluent en même proportion qu’il se trouvera fourni par le réservoir. Or, considérons ce qui arrive dans les premiers moments de l’écoulement de l’eau, et supposons que la hauteur h correspondante à la vitesse de régime du courant d’eau, soit obtenue dans un temps t. On peut admettre approximativement, d’après ce que nous avons dit plus haut, que si le canal est deux fois plus long, cette hauteur h ne pourra être obtenue qu’après un temps quatre fois plus long, car d’un côté la vitesse d’écoulement sera par le fait de l’allongement du parcours deux fois moindre, et d’un autre côté, la quantité d’eau à fournir deux fois plus grande. On déduit donc naturellement de ce raisonnement la loi de la proportionnalité des durées de la propagation électrique aux carrés de la longueur du circuit, loi démontrée mathématiquement par Ohm, vérifiée expérimentalement par Gaugain, et qui est la base des calculs relatifs à la période variable de la propagation électrique. Ces déductions ne doivent pas, comme nous l’avons dit déjà, être prises au pied de la lettre mathématiquement, car les lois de l’hydraulique sont plus compliquées, mais elles peuvent indiquer matériellement dans la pensée ce que représentent les lois des courants électriques.
- Or, ce que l’on prend communément pour la vitesse de l’électricité n’est que la durée de cette période variable dont nous venons de parler, et à ce point de vue la mesure de cette vitesse dépend essentiellement de la sensibilité des appareils employés qui, suivant leur construction, peuvent être impressionnés à une époque plus ou moins éloignée de la période variable. De là viennent les discordances énormes des chiffres qui ont été donnés par différents physiciens pour représenter cette vitesse, vitesse qui ne peut être appréciée qu’autant qu’on fait intervenir comme donnée du problème le degré de force que doit avoir le courant en un point déterminé dû circuit. Par le fait, il n’y a dans la vitesse de la propagation électrique qu’un temps de fluctuations électriques pendant lequel l’intensité électrique augmente successivement aux diffé-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- rents points du circuit et qui atteint sa limite extrême quand le courant étant arrivé à son maximum, se trouve avoir partout la même intensité.
- Th. du Moncel.
- RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
- SUR LES MACHINES DYNAMO-ÉLECTRIQUES
- Les considérations théoriques que j’ai exposées dans le numéro du 3 décembre 1881 de ce journal, et particulièrement la représentation graphique des effets des machines génératrices que j’ai nommée caractéristique, ont été depuis plusieurs mois le point de départ de recherches expérimentales très étendues. J’ai appliqué ces procèdes d’examen à divers types de machines dynamo-électriques dans des conditions très variées de vitesse et de circuit.
- Ces résultats et les conséquences que j’en ai tirées constitueront une étude d’ensemble sur les générateurs dynamiques d’électricité. Je me propose d’entreprendre prochainement la publication de ce travail qui aura une étendue importante et dont les éléments sont actuellement à peu près réunis.
- Toutefois, sans attendre ce moment, je crois utile de détacher et de donner dès à présent deux des courbes caractéristiques, qui ont été relevées, l’une relative à une machine du type Gramme, l’autre à une machine du type Siemens.
- Ces caractéristiques ont été communiquées à diverses personnes. La caractéristique de la machine Siemens D0 en particulier m’a été demandée avec quelque insistance par des ingénieurs de cette maison. Je dois donc penser que cês courbes présentent une utilité sérieuse et immédiate pour les hommes spéciaux. Je ne crois pas devoir en retarder la publication.
- Les expériences ont été poursuivies sans interruption pendant trois mois et ont porté sur les types suivants
- Î Petite machine à galvanoplastie Type A dit d’atelier Type A renforcé Grande machine à galvanoplastie Type D
- 2° Machines Siemens D0, Dt, D2, D, et D5.
- 3° Machine Brush petit modèle 4° Machine genre Pacinotti contenant des dispositions nouvelles auxquelles j’ai été conduit par des considérations théoriques qui ont reçu,ainsi qu’on le verra plus tard, la plus éclatante confirmation puisque ie suis arrivé à faire absorber un travail dépassant 20 chevaux à une petite machine dont les parties actives (inducteurs et induits) pèsent seulement i3o kilogrammes.
- 5° Machine Gramme dont les fils ont été enlevés et remplacés par d’autres d’un diamètre beaucoup plus petit, dans le but d’obtenir une force électromotrice très élevée'. Les modèles qui ont subi cette transformation sont : la petite machine à galvanoplastie, le type A et le type D. Je suis arrivé ainsi à faire produire à la machine A une force électromotrice de 2 400 volts, c’est-à-dire plus de 20 fois la tension des machines ordinaires de ce type, sans qu’il en résultât aucun inconvénient, contrairement aux assertions et aux prédictions pessimistes cle certains praticiens qui prétendaient que, d’après leur expérience personnelle, des tensions aussi élevées étaient irréalisables, et que si par impossible on réussissait à les obtenir, les fils et les collecteurs seraient rapidement détruits, etc., etc... L’expérience a donné à toutes ces affirmations le démenti le plus formel.
- Les courbes caractéristiques ci-jointes ont été obtenues en fermant le circuit de la machine en expérience au moyen de fils de moins en moins résistants, de manière à faire croître graduellement l’intensité du courant engendré. L’intensité de ce courant était mesurée au moyen du galvanomètre Deprez. En désignant par I cette intensité, pat / la résistance de la machine au repos, par R la résis tance extérieure et par E la force électro-motrice de la machine, on a E = (R--f- r)I. Cette formule fait connaître la force électro-motrice utile, déduction faite des effets dûs aux extra-courants qui se produisent dans la section de l’anneau au moment où les lames du collecteur qui leur correspondent entrent en communication avec les balais, lesquels extra-courants donnent naissance à une force électro-motrice inverse.
- En prenant pour abscisses lés intensités successives du courant et pour ordonnées le produit (R-j-r)I, on a obtenu une série de points qui, ainsi qu’on peut le voir, se suivent avec une régularité beaucoup plus grande que dans les exemples de courbes du même genre déjà obtenues par M. Frœlich (voir La Lumière électrique du 6 juillet 1881). En construisant la courbe qui passe par tous ces points de la manière la plus satisfaisante possible on atténue dans la limite du possible les petites erreurs accidentelles qu’on ne peut jamais éviter complètement et on peut se servir des courbes ainsi obtenues pour construire des tables beaucoup plus exactes que celles qu’on obtiendrait avec des formules d’interpolation de forme purement arbitraire. C’est par ce procédé qu’ont été établies les tables suivantes qui accompagnent les courbes des machines Gramme, type A, type D et de la machine Siemens D0.
- On sait que mon système de distribution (voir L.i Lumière électrique du 3 décembre 1881) permet d’obtenir, soit une intensité constante du courant lorsque tous les appareils utilisateurs de ce courant
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ 365
- TABLEAUX ET COURBES CORRESPONDANTES
- Courbe n<> 19. i3 novembre i8S/.
- CARACTÉRISTIQUE DE LA MACHINE GRAMME, type A reni okcl
- A LA .VITESSE DE ()QO TOUKS
- — , »
- Vi • -0J " Us w ai W4 û G'V & 2 w ai frî V) O 0 O > V) . »<u WJ ÏÏC-ü S 0 £• S I <g ~ g g.§ g O «-• i_ ^ OBSERVATIONS.
- JÇ Ci ^ g •<u c S « frt [£, u ~ C *0
- 5 i5 40 5.,5 Poids de la machine, 2*Sokil.
- 10 27 45 53
- i5 36 5o 55 Résistance induit 0,1 53
- CO 43 55 53,5 — inducteur. 0,206
- 25 46,5 60 54 — totale 0,359
- 3o 49 65 54
- 35 5o 70 54
- Courbe n° 9. 24 janvier 1882.
- CARACTÉRISTIQUE DE LA MACHINE GRAMME, type A (ordinaire d’atelier)
- A LA VITESSE DE 1,440 TOURS
- Intensités en ampères. Forces électromotrices en volts. intensités en ampères. Forces électromotrices en volts. OBSERVATIONS.
- r; '-o 46 12; Poids de la machine, 2iokil.
- 1() 107 45 125
- i5 122 5o 123 Résistance induit 0,410
- 20 127 55 120 — inducteur . 0,610
- 25 129 60 116 — totale 1,020
- 3o 128 65 IIO
- 35 128 70' 101
- Courbe n° 10
- 25 janvier 1882.
- CARACTÉRISTIQUE DE LA MACHINE PRÉCÉDENTE
- A LA VITESSE DK C)5o TOURS
- OBSERVATIONS
- Poids do la machine, 2 10 kil
- Résistance induit.
- inducteur. 0,610
- totale .
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Courbe n» 3. 22 janvier 1882.
- CARACTÉRISTIQUE de LA MACHINE SIEMENS Do
- A Ï.A VITESSE DE 670 TOURS
- Intensités en ampères. Forces éleetromo-trices en volts. Intensités en ampères. Forces électromo- trices en volts. OBSERVATIONS.
- s 37 60 , 157 Poids de la machine, 711 kil.
- IO 73,5 65 157
- i5 102 70 i56 Résistance induit 0,1*7
- 20 122,5 75 i54 <— inducteur. 0,347
- 25 i38 Bo i52,5 — totale 0,504
- 3o 146,5 85 i5o,5
- 35 152 90 149,5
- 40 157 95 148
- 45 1S7 IOO 147
- 5o 157 io5 144
- 55 i57
- COURBE DE LA MACHINE SIEMENS
- sont groupés en tension, soit une différence depo-, tentiel constante aux bornes de la machine quand ils sont groupés en dérivation et que ces résultats sont obtenus sans l’emploi d’aucun appareil mécanique.
- Ce sont les théorèmes que j’ai fait connaître le ; premier relativement à la caractérisque qui m’ont permis d’arriver à ce résultat aussi simple qu’inat-, tendu. Aussi mon procédé a-t-il été, de la part de , certains électriciens qui 11’avaient pas su trouver ’ ces théorèmes, l’objet de critiques fondées sur des j objections et des affirmations dénuées de preuves.
- Après avoir commencé par nier la possibilité d'un résultat qui leur semblait incompréhensible, ; tant il différait de tout ce qui avait été’ fait avant, ? ils ont enfin compris la portée des théorèmes que j’ai fait connaître, mais ils se sont alors rejetés sur la prétendue fausseté de l’hypothèse que je faisais sur la forme de la caractéristique qui, selon eux, différait complètement d’une droite. Or, en jetant, les yeux sur les courbes ci-jointes, on peut constater facilement que: pour la machine Gramme, type A (courbes n08 9 et 10), la caractéristique est très sensiblement rectiligne jusqu’au moment où l’intensité du courant atteint 10 ampères, que pour la même machine dont on a renforcé les inducteurs (courbe n° 19) cette limite est reculée jusqu’à 20 ampères, ainsi que pour la machine Siemens D0. Il y a donc un grand intérêt, ainsi que je l’ai d’ailleurs fait remarquer dans le n° 71 de ce recueil, à donner aux inducteurs des dimensions aussi considérables que possible. Le théorème que j’ai fait connaître il y a quelque temps sur les propriétés des systèmes conducteurs semblables, (voir l’article de M. Sarcia dans le n° du 18 février 1802) conduit à la même conclusion et prouve, en outre, que l’unité
- d’intensité de champ magnétique exige, pour être produite, une quantité d’énergie d’autant moindre que lés électro-aimants sont plus grands. Il faut donc, si l’on veut que la caractéristique s’écarte peu d’une droite (et si elle s’en écartait beaucoup, il ne serait pas possible de résoudre les problèmes relatifs à la distribution en faisant varier le champ magnétique) et que la dépense d’énergie nécessaire pour la production du champ magnétique soit la moindre possible, il faut, dis-je, renoncer aux errements suivis jusqu’à présent dans la construction des machines dynamo-électriques et ne pas crain-dre'de leur donner des dimensions beaucoup plus grandes que par le passé. Il est évident d’ailleurs pour toute personne quelque peu familiarisée avec l’industrie que l’emploi d’un grand nombre de petites machines, comme on en voyait de nombreux exemples à l’Exposition, n’est qu’un pis-aller et que cet expédient n’a été employé jusqu’à présent par les constructeurs et vendeurs de machines dynamo-électriques que parce qu’ils ne prévoyaient pas eux-mêmes l’extension extraordinaire que prendront les applications de l’électricité. Peut-être aussi n’osaient-ils — faute de connaissances théorique suffisantes — sortir des types qui leur avaient coûté de nombreux tâtonnements.
- Mon intention n’étant pas de traiter à fond cette question dans cet article, je me bornerai à dire qu’il résulte dès à présent de mes recherches que les grandes machines sont très supérieures aux petites et comme production absolue et comme puissance relative par unité de poids.
- Je dirai, en terminant, que ces expériences ont été faites avec le concours dévoué de M. Sarcia.
- Marcel Deprez.
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LA LAMPE JASPAR
- Parmi les lampes électriques exposées au Palais de l’Industrie, une de celles qui ont été les plus remarquées, tant pour son fonctionnement régulier que pour la manière dont elle avait été disposée, est la lampe Jaspar.
- De fait, cette lampe n’est qu’une forme pratique de l’appareil imaginé en 1848 par Archereau et
- qui constitue un des plus anciens régulateurs automatiques.
- Dans le régulateur Archereau (fig. 1), le réglage est produit par l’action d’un solénoïde S sur un barreau de fer doux F suspendu au centre de ce solénoïde et maintenu par une corde et un contrepoids P, de façon qu’il puisse monter ou descendre sous l’influence du courant. Ce noyau de fer doux porte le charbon négatif t', tandis que la baguette positive t est fixée au-dessus, à la potence de l’appareil. Le courant entrant par la potence traverse l’arc, passe par le solénoïde et ressort par'une borne isolée B sur le socle. Il suit de là que quand les charbons s’écartent trop l’un de l’autre et que la résistance de l’arc augmente, l’intensité du courant diminue dans le solénoïde, le fer doux est moins fortement attiré, et le charbon négatif se rapproche du positif. Inversement, un trop grand rapprochement des charbons augmente l’intensité du courant, produit une attraction plus forte du solénoïde sur le fer doux et détermine l’éloigne-
- ment des charbons. En somme les deux tiges se maintiennent à la distance pour laquelle l’intensité du courant est telle que l’attraction du solénoïde et le poids du fer doux et du charbon inférieur soient exactement équilibrés par le contrepoids, et si la source qui fournit le courant est constante, la longueur de l’arc sera déterminée d’avance par la valeur du contre-poids.
- Le régulateur Archereau est donc, comme on le voit, un appareil très simple, mais il présente deux
- FIG. 2
- inconvénients. En premier lieu, le charbon négatif se déplaçant seul et s’élevant continuellement, le point lumineux n’est pas fixe dans l’espace. En second lieu, la simplicité même de construction de l’appareil rend le réglage très difficile.
- M. Jaspar a transformé le régulateur de manière à supprimer ces deux inconvénients.
- La dernière forme adoptée par lui est représentée dans la figure 2. Les tiges porte-charbon t et l' sont placées sur une boîte qui sert de socle et renferme tout le mécanisme de l’appareil. La tige t tend, en vertu de son propre poids, à-s’enfoncer dans la boîte ; mais en même temps son extrémité inférieure tire sur une corde passant sur la gorge d’une grande poulie R. Cette corde tend à
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- faire tourner la poulie R en sens inverse des aiguilles d’une montre. Sur le même axe que R et tournant solidairement avèc cette poulie, s’en trouve une seconde r de diamètre moitié moindre. Sur celle-ci s’enroule une seconde corde attachée au second porte-charbon t', de sorte que quand la roue R tourne sous l’influence d’un abaissement de t, la corde de la petite poulie fait monter t' d’une quantité moitié moindre que celle dont t s’est abaissé. Comme le charbon supérieur positif s’use
- rifi. 3 riG. 4
- moitié plus vite que l’autre, le rapprochement des deux charbons ne change donc pas . la position du point lumineux. On voit en outre qu’en vertu de la disposition mécanique de l’appareil, les deux charbons tendent toujours à se rapprocher.
- D’autre part le porte-charbon négatif /' est terminé à sa partie, inférieure par une tige de fer doux qui entre dans le solénoïde S, et le courant suivant la même marche que dans l’appareil Archereau, l’action du solénoïde règle la distance des charbons de la même manière que dans ce dernier.
- Pour pouvoir régler l’équilibre entre la force
- qui tend à produire mécaniquement le rapprochement des charbons et l’action du solénoïde, on a ajouté à la lampe un fort contre-poids P, placé sur un levier presque horizontal et qu’une tige B permet de faire mouvoir le long de ce levier.
- Une corde partant de l’extrémité de celui-ci s’enroule sur une troisième poulie fixée sur le même axe que les deux premières, mais elle s’enroule en sens inverse de celle qui passe sur la roue R. l)e cette façon le contre-poids P tend à agir en sens contraire de l’abaissement de la tige t. En le déplaçant sur le levier, on peut donc rendre son action plus ou moins forte et établir le rapport voulu entre les deux actions mécanique et électrique. Ce contre-poids joue en définitive le même rôle que celui de la lampe Archereau, mais avec beaucoup plus de précision.
- Pour assurer la communication entre le charbon inférieur et l’extrémité du fil du solénoïde, une tige de fer partant du noyau de fer doux et ter minée par un piston peut monter et descendre dans un cylindre D rempli de mercure et en relation directe avec le fil du solénoïde. Cette tige fail en outre amortisseur et empêche les mouvements trop brusques des porte-charbon.
- Quand la position de la tige de fer varie relati veinent au solénoïde, l’action attractive de ce dernier varie également, l’équilibre entre la force mécanique tendant à rapprocher les charbons et la force électrique tendant à produire l’écart, se détruit donc de plus. en plus à mesure que les charbons s’usent, et la longueur de l’arc se trouve changée. Pour parer à cet inconvénient, M. Jaspai place entre deux des jantes de la roue R un contre poids qui, au moment où cet eflet se produit, agii en sens contraire du changement de position du fer doux et rétablit sensiblement l’équilibre.
- Les fig. 3 et 4 représentent deux autres modèles de lampes Jaspar qui se trouvaient à l’Exposition.
- Le premier (fig. 3) est un modèle employé avant celui que nous venons de décrire. Dans ce type la roue r, au lieu d’être sur le même axe que R, est fixée sur le porte-charbon inférieur et la corde, attachée d’une part au socle de la lampe, d’autre part à l’extrémité du porte-charbon supérieur, est enroulée sur les deux poulies de manière que le rapprochement des deux charbons se fait dans le rapport voulu.
- Le second modèle (fig. est une lampe renversée pour les cas où où il est utile que le point lumineux se trouve au-dessous du mécanisme.
- Dans ce cas, le contre-poids P et le porte-charbon supérieur t' agissent dans le même sens. Le fer doux se trouve, comme dans la lampe normale, au-dessus du solénoïde. Le réglage se fait comme dans le type ordinaire au moyen du contre-poids P. Le charbon supérieur (positif) qui commande la roue R, reçoit le courant par le pis
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- ton plongeur, l’inférieur, par une lame élastique contournée en spirale à ses extrémités.
- A l’Exposition, la lampe Jaspar avait été disposée de plusieurs façons différentes.
- Dans la salle i5, on remarquait trois lampes Jaspar disposées d’une façon tout à fait originale comme le représente la figure 5. La lampe elle-même n’était pas visible, elle se trouvait renfermée dans une sorte de tambour opaque qui la cachait totalement aux yeux des visiteurs, mais Jes rayons lumineux, s’échappant par la partie supérieure ouverte du tambour, venaient tomber sur un grand disque peint en blanc auquel était suspendu le tambour, et de là étaient diffusés dans la.salle.
- Les trois lampes installées de cette manière dans la sa}le i5, éclairaient cette salle d’une lumière égale et qui en outre ne fatiguait pas les yeux parce qu’on ne pouvait pas voir directement le point lumineux.
- Les disques diffuseurs avaient été employés dans ce cas à cause de l’absence de plafond dans les salles de l’Exposition , mais il va sans dire que dans la pratique ils seraient avantageusement remplacés par le plafond lui-même auquel on suspendrait directement le tambour. On perdrait ainsi une moins grande quantité de lumière.
- Ce mode d’éclairage a été en général fort goûté, en raison de la douceur de la lumière qu’il produit et de sa répartition bien égale, et il est probable que quand la lumière électrique sera entrée plus franchement dans la pratique, on l’emploiera fréquemment malgré la perte de lumière qu’il entraîne inévitablement.
- Dans la grande nef, aux quatre coins de l’Expo-
- sition Belge se trouvaient quatre mâts supportant chacun à leur extrémité une lampe Jaspar du type de la figure 2. Ces mâts, articulés à une certaine hauteur, permettaient de descendre les lampes à portée de la main pour le changement des charbons, et dans cette descente, les lampes suspendues sur une sorte de fourche par un axe situé au-dessus de leur centre de gravité, conservaient leur position
- verticale. Elles étaient surmontées chacune d’un réflecteur présentant la forme d’un cône très évasé et cet ensemble formait une disposition très convenable pour l’éclairage des voies publiques.
- Une autre disposition a fonctionné également au rez-de-chaussée du Palais, dans la vitrine appartenant à l’exposition de M. Jaspar. C’est la lampe renversée, dont nous avons indiqué plus haut la construction. La partie inférieure de la lampe comprenant l’arc, était complètement enveloppée dans un globe opalescent.
- Au Palais de l’Industrie chacune des lampes Jaspar était alimentée par une machine Gramme, type A, et l’intensité lumineuse obtenue était d’environ e5o becs carcel; chaque machine Gramme absorbait une force de 3 chevaux, de sorte que l’on avait en moyenne 100 becs carcel par cheval.
- La lampe Jaspar a été l’objet d’applications assez nombreuses, principalement en Belgique. La simplicité de l’appareil, son bon fonctionnement et l’ingénieuse façon dont il est utilisé par son inventeur, justifient suffisamment ces nombreuses applications.
- A. Guerout.
- FIG. 5
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- APPLICATIONS DE L’ÉLECTRICITÉ
- SUR LES TRAINS DE CHEMINS DE FER
- Dans l’exploitation des chemins de fer, c’est principalement aux signaux, aux communications télégraphiques, en.un mot au matériel fixe qu’on a appliqué l’électricité. Ce n’est pas qu’on n’ait souvent pensé à en faire usage pour les communications entre le train en mouvement et les gares ; des projets complets, dont un des premiers remonte, je crois, jusqu’à notre directeur, M. Du Moncel
- (i853), ont été établis pour maintenir ainsi la locomotive constamment en relation avec les points de surveillance. Ils n’ont jamais été mis en service que d’une façon expérimentale, soit que les compagnies n’aient pas jugé utile de faire cette dépense, soit qu’il y ait des difficultés sérieuses à maintenir la communication, ce qui est jusqu’à un certain point vrai. Dans cet ordre d’idées, l’application la plus récente est le block-system automatique de Ceradini. (Lumière Electrique du tcr novembre 187g, p. i65 et du ior sept. 1880, p. 35o.
- L’application de l’électricité aux communications entre les diverses voitures d’un train, ce qu’on nomme X inter communication, présente moins de difficultés théoriques; cependant ce n’est que vers
- i865 qu’on a commencé à s’en occuper. A cette époque, à la suite d’un crime qui fit beaucoup de bruit, l’assassinat du conseiller Poinsot par l’introuvable Jud, meurtre commis sur la ligne de Paris-Lyon-Méditerranée,' le gouvernement exigea que les compagnies missent à la disposition des voyageurs un moyen de communication permettant de donner l’alarme dans les fourgons et d’appeler les employés pendant la marche du train.
- L’électricité était naturellement. indiquée pour cet usage et c’est à elle qu’on eut recours en fin de compte ; non sans avoir, il est vrai, essayé divers procédés mécaniques ; cela ne pouvait manquer, étant donné le peu de confiance que les compagnies ont, et surtout avaient dans les actions électriques.
- Le système qui prévalut, et dont les principes
- FIG. 2
- dominent encore les applications de ce genre, est celui de MM. Tesse et Prudhomme. Il a déjà été décrit, mais je crois nécessaire d’en rappeler les dispositions, afin de mieux faire comprendre la nature des difficultés à vaincre.
- Elles sont en effet réelles, non pas au point de vue théorique, ainsi que je l’ai dit, mais au point de vue pratique.
- Définissons d’abord le but à atteindre. Il faut que d’un compartiment quelconque du train on puisse mettre en action deux sonneries placées l’une dans le fourgon de tête, l’autre dans le fourgon de queue.
- Ces deux sonneries doivent d’ailleurs être à la disposition des agents dans les fourgons, afin qu’ils puissent s’en servir pour se transmettre des signaux d’une extrémité à l’autre du train, s’il y a lieu.
- Il faut que les liaisons à établir pour mettre
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- les wagons en communication électrique les uns avec les autres soient aussi peu nombreuses que possible, qu’elles s’opèrent rapidement, simplement et au moyen d’organes solides. Les ingénieurs rencontrent, en effet, une certaine difficulté à obtenir des agents inférieurs qu’en faisant un attelage, ils opèrent la réunion d’un certain nombre de liens distincts. Ce'ttej difficulté était même considérée comme presque absolue il y a quelques années ; l’usage des freins continus que la nécessité a imposé et continue d’étendre a bien obligé de la surmonter ; les agents opèrent actuellement la réunion de tuyaux divers en faisant l’accouplement
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- FIG. 3
- de deux wagons, et ainsi habitués, ils arrivent à ne pas trop négliger l’accrochage du câble électrique; toutefois, il 11’en est pas moins nécessaire de réduire cette opération au minimum de temps et de complication.
- Enfin on a recherché un mode de fonctionnement spécial, on a voulu que le système de communication pût signaler de lui-même une rupture du train ; c’était même à l’origine un des buts principaux que l’on poursuivait. Il y a quelques années, si les wagons de queue venaient à se détacher, les wagons de tête n’avaient aucun moyen direct d’en être prévenus ; on voulut que l’électricité remplît cet office automatiquement.
- Voici comment le système Tesse et Prudhomme satisfait à ces conditions.
- Il comporte deux piles distinctes, égales et placées chacune dans l’un des deux fourgons. Ces piles qui comprennent chacune six éléments Leclan-ché, sont placées dans des boîtes spéciales qui renferment en même temps la sonnerie. Le circuit se compose de deux câbles complets, dont l’un est isolé et l’autre communique avec la terre. Ce dernier pourrait sans doute être supprimé, une simple
- FIG. 4
- communication à la terre suffirait ; mais d’abord avec les véhicules les communications de ce genre faites en un seul point ne sont pas sûres, deuxièmement ce câble est nécessaire pour l’automaticité.
- Les deux piles sont disposées en opposition, c’est-à-dire, comme on le sait, sont reliées par leurs pôles de même nom. Dans l’état normal, ces piles étant égales, il n’y a pas de courant sensible; mais
- FIG. b
- si l’on vient à réunir métalliquement deux points quelconques des deux câbles, on crée ainsi une dérivation, les deux piles entrent immédiatement en jeu, chacune des moitiés du circuit est parcourue par un courant, et les deux sonneries parlent immédiatement.
- Il en sera de même si, le train venant à être coupé on réunit les extrémités rompues du câble isolé et du câble de terre, on constitue alors pour
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- a pile un circuit complet et les signaux sont donnés. C’est là ce qui se passe dans le cas de disjonction du train, par suite de la disposition môme des crochets d’attelage. Ceux-ci constituent un des points intéressants du système.
- Chaque crochet comprend, comme le montre la fig. i, un bâti fixe et une barre mobile B laquelle est rappelée contre le bâti par un ressort énergique. Le câble conducteur qui court sous le bâti du wagon est prolongé par une corde conductrice flexible terminée par un anneau de bronze C. Pour l’attelage,
- FIG. 6
- on insère l’anneau entre la barre mobile du crochet et le bâti qui restent séparés en serrant entre eux l’anneau. Le contact est ainsi assuré. Au cas où le train serait rompu par accident, ou bien au cas, ou en disjoignant les wagons, on négligerait de décrocher le câble, il n’y aurait pas de dégât, le câble tiré en arrière ouvre le crochet qui retombe sur son bâti, et la connexion est détruite. Dans ces circonstances, une disposition particulière entre enjeu; la barre du crochet rappelée par son ressort ne peut aller jusqu’au bâti, elle vient retomber sur la tête saillante d’un boulon A que l’on voit sur le dessin. Le bâti et le crochet appartiennent au câble isolé, le boulon est lié au câble de terre en sorte que le contact du crochet avec le boulon
- dont la tête est conductrice établit une communication entre la pile et la terre, complète le circuit et fait agir les sonneries. C’est par là que l’appareil est automatique.
- Chacun des compartiments des voitures reçoit deux fils tenant aux deux câbles, si l’on réunit ces deux fils on crée une dérivation et le signal est donné. Cette réunion s’opère en donnant un contact d’une façon qui n’a rien de particulier; mais dans la sonnerie il faut signaler une petite disposition spéciale ; si elle était faite à la façon habituelle les secousses du véhicule la feraient parler presque continuellement; aussi l’armature qui porte le bat-
- FIG. 7.
- tant est-elle butée par un petit arrêt, qui est soulevé par l’électro-aimant lorsque ce dernier entre en jeu; le battant devenu libre peut alors faire fonction de trembleur comme d’ordinaire.
- Ce système est en usage au chemin de fer du Nord depuis assez longtemps. Il répond comme on le voit aux conditions requises, il est simple et présente de sérieux avantages. Toutefois il n’est pas sans défaut ; le principal c’est que les contacts dans les crochets ne sont pas d’une sécurité absolue; la poussière, le noir de fumée plus dangereux encore s’introduisent entre l’anneau et le crochet, ou viennent recouvrir la tête du boulon et l’appareil ne peut fonctionner. Ce défaut est assez grand pour que le chemin de fer de l’Ouest qui avait essayé le système y ait renoncé ; on peut, il est vrai, se demander si l’on a mis beaucoup de persistance dans les essais.
- La Compagnie de Paris-Lyon-Méditerranée qui applique le système, a modifié le crochet :
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- Elle l’a remplacé par une sorte de boîte formant ajustage à baïonnette, dont le fond mobile est poussé par un ressort; le câble souple de son côté se termine par une plaque saillante qui se trouve ainsi énergiquement appuyée sur le fond de la boîte. On trouvera du reste cet appareil complètement décrit dans La Lumière Électrique, numéro du 17 décembre 1881.
- Ce dispositif donne naturellement des contacts plus sûrs, puisqu’ils sont complètement renfermés et à l’abri des influences extérieures, mais on renonce ainsi aux deux avantages du crochet Prudhomme ; d’une part, s’il y a disjonction des wagons sans qu’on ait enlevé les câbles, le câble ou le joint seront brisés; d’autre part il n’y a plus d’automaticité, c’est-à-dire que si le train se trouve rompu, la sonnette d’alarme n’en avertit pas.
- Le premier défaut est fâcheux, mais le dernier a perdu son importance depuis l’emploi des freins continus. Ceux-ci, comme on le sait, sont automatiques par eux-mêmes et arrêtent le train aussitôt qu’un accident de ce genre se produit; il n’est donc plus nécessaire de le signaler autrement.
- A la Compagnie du chemin de fer de l’Est, on a repris récemment cette question, et on a créé une série de dispositions nouvelles qui sont intéressantes.
- La disposition générale des circuits est la même que dans le système de MM. Tesse et Prudhomme, on emploie également deux piles égales mises en
- opposition. On a seulement un peu réduit le modèle de ces piles. Il y a toujours deux câbles, mais il n’y a pas de communication avec la terre. L’appareil de jonction entre les wagons est représenté dans la figure 2. Le crochet comprend deux mâchoires en cuivre, dont l’inférieure E est fixe; la supérieure C est appuyée sur l’autre par un ressort énergique. L’anneau attaché au bout du câble est terminé par une barre A droite, on la pousse entre les deux mâchoires qui s’écartent et elle vient naturellement se placer dans une encoche où elle est solidement retenue par la pression du ressort, donnant ainsi un contact électrique bien assuré et préservé contre la poussière. On remarquera que les deux côtés latéraux de l’anneau sont prolongés • au-delà de la barre terminale et forment une sorte de fourche; le but- de cette disposition est d’assurer l’échappement de l’anneau en cas de décrochage des voitures. Si ce cas se produit, le câble se trouve tiré horizontalement et tend à relever le manche de l’anneau, celui-ci tournant alors autour de la barre de contact, les deux branches de la fourche viennent s’appuyer sur deux saillies latérales D, en sorte que l’ensemble forme [levier, la mâchoire supérieure se soulève et l’anneau échappe de son encoche. Oivjévite ainsi l’inconvénient que j’ai signalé dans l’accrochage employé au Paris-Lyon-Méditerranée, c’est-à-dire la rupture du câble en cas de disjonction imprévue des voitures. Il est
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- vrai qu’on n’a pas l'avantage de la fermeture automatique du circuit comme dans le crochet Pru-dhomme, mais j’ai dit que cette faculté était devenue inutile depuis l’emploi des freins continus.
- On a également simplifié la sonnerie. Pour éviter qu’elle parle sous l’action des mouvements du train, au lieu de lui mettre un arrêt mobile, ce qui complique toujours le système, on a simplement suspendu le battant par son centre de gravité en A (fig. 3), le poids de la partie supérieure étant équilibré par une boule métallique placée en B et que l’on peut faire monter ou descendre à l’aide d’un pas de vis. Le ressort antagoniste est double en
- longueur, il forme interrupteur de courant au point C, comme dans la disposition ordinaire.
- On a également modifié la disposition du bouton de tirage placé dans les voitures et servant à donner le signal d’alarme. Au chemin de fer du Nord, c’est un anneau placé entre deux glaces dans la paroi qui sépare deux compartiments du wagon ; on emploie, à l’Est, une boîte (fig. 4) qui est fixée au plafond de la voiture, le signal se donne en tirant un bouton saillant B; ce tirage fait tourner le fond de la boîte et donne le contact par un ressort intérieur. Une fois tiré, le bouton ne peut plus être remis à sa place que par une manœuvre
- particulière, en sorte que les employés peuvent toujours savoir d’où est parti le signal.
- Enfin dans les fourgons on place des manipulateurs spéciaux (fig. 5). La manette B peut servir à envoyer des signaux interrompus comme avec un télégraphe Morse, ou bien en la faisant tourner vers la région C de son contact, elle ferme tout à fait le circuit et donne alors le signal d’alarme en faisant parler la sonnerie d’une façon continue.
- Ces dispositions, étudiées sous la direction de M. Regray, ingénieur en chef du matériel et de la traction de la Compagnie de l’Est, sont encore un xpeu nouvelles, et il n’est pas dès à présent possible de porter sur elles un jugement certain; toutefois, comme elles sont basées sur l’expérience des autres systèmes, on peut compter sur leur succès.
- Cependant, quel que soit leur mérite, il est douteux qu’elles donnent une grande activité aux
- communications électriques dans les trains, tant que celles-ci resteront réduites seulement à l’usage pour lequel elles ont été établies. Le système Tesse et Prudhomme, installé depuis plusieurs années au chemin de fer du Nord, a servi, en tout, trois fois, si je ne me trompe. Au Paris-Lyon-Méditerranée , je ne sais si on met l’appareil en service avec beaucoup de soin, mais il est certain qu’il semble peu propre à atteindre son but, car voici, dans les derniers mois, deux attentats graves commis sur cette ligne, sans qu’il ait été question du signal. Il y a à cela de bonnes raisons. D’abord il n’y a rien de plus difficile que de tenir en bon état de fonctionnement un appareil qui ne fonctionne presque jamais. Les organes, mal habitués à leur jeu, agissent mal, même lorsqu’ils sont en bon état. Il est très difficile d’obtenir des agents qu’ils surveillent un appareil dont ils ne voient pas
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- FIG. 10. - TRAIN ECLAIRANT SA MARCHE AU MOYEN D UN FANAL ELECTRIQUE
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- l'utilité. Il faut bien dire aussi que l’appareil, même en bon état, peut ne pas remplir l’office qu’on en attend. Dans un cas grave, on conçoit très bien qu'il ne soit pas facile d’en faire usage. Par exemple, au chemin de fer du Nord, vous êtes attaqué dans un ( compartiment, vous vous levez, vous brisez avec le coude une petite glace, vous passez la main par l’ouverture, et vous tirez un anneau dans la paroi; je crois même qu’on recommande de passer la tête dans l’entrevoie en agitant le bras ; pendant toute cette manœuvre, que fait l’agresseur? Le règlement n’en dit rien. Sans doute, la boite qu’on emploie sur le chemin de fer de l’Est est plus simple, mais encore n’est-il pas certain que l’on pourra saisir le bouton au plafond. Je ne veux pas dire que ceg communications soient inutiles, elles fournissent sans doute une garantie de sécurité ; seulement il est certain qu’elles fonctionnent rarement et sont d’une utilité assez peu en rapport avec le matériel employé ; il y aurait plus de parti à tirer des communications électriques dans les trains et il est certain qu’on marchera dans cette voie.
- On y est déjà entré, du reste, comme on va le voir, mais dans une autre direction. On a fait usage de l’électricité pour la production de la lumière.
- La difficulté à vaincre de ce côté est immédiatement comprise; il semble, en effet, qu’on ne puisse faire usage sur les trains de chemins de fer que des lampes à incandescence, les régulateurs étant, hors d?état de fonctionner au milieu des secousses. Cela est effectivement vrai des régulateurs ordinaires ; mais celui .que l’on a employé est sensiblement différent de ceux que nous connaissons ; il a pu être employé sur les machines locomotives et donner l’éclairage du fanal d’avant du train. Les premiers essais ont été faits par les inventeurs, en Allemagne ; les expériences ont été renouvelées au mois de décembre dernier sur le chemin de fer du Nord, entre Paris et Dammartin.
- La lampe est du système Sedlaczek et Wikullil. C’est une lampe à liquide. Le principe r n’est pas nouveau, comme on sait {Lumière Électrique, T. II, p. 216), mais il est très ingénieusement appliqué. La fig. 6 donne le diagramme de cet appareil.
- Elle se compose, en principe, de deux tubes verticaux A et B, de diamètres différents, et communiquant à leur partie inférieure ; dans ces tubes que l’on remplit de glycérine, plongent deux pistons portant les charbons, l’un directement, l’autre au moyen d’une potence.
- A la partie,inférieure du tube B (fig. 6) se trouve un petit piston creux P, relié à un levier L et maintenu dans la position de la figure au moyen d’un ressort R qu’on peut régler à volonté ; à son autre extrémité, le levier L est terminé par une armature qui se trouve en regard d’un électro-aimant à faible résistance E, dans lequel passe constamment le courant qui alimente la lampe.
- On voit que, dans la position de la, figure, les deux tubes A et B communiquent par l’intermédiaire de la faible ouverture ménagée dans le
- piston P. Il en résulte que les pistons prennent une position d’équilibre, que l’on règle de telle sorte qu’au repos les deux charbons soient au contact.
- Aussitôt que le courant passe, la résistance de l’arc étant nulle, l’électro - aimant E s’aimante fortement et attire le levier L. Le petit piston P se déplace de gauche à droite et. ferme la communication entre les tubes A et B ; en même temps, il fait baisser un peu le niveau du liquide dans le tube A, et par suite, éloigne le charbon inférieur; l’arc voltaïque jaillit, et, à partir de ce moment, le piston P agit comme régulateur, établissant ou fermant la communication entre les tubes A et B, c’est-à-dire approchant ou écartant les charbons, selon que la résistance de l’arc augmente ou diminue.
- La forme réelle de cet appareil est donnée dans la figure 7. On y retrouve les parties essentielles indiquées dans le diagramme. Seulement, comme on le voit, l’électro-aimant E qui agit sur le piston régulateur P occupe une position latérale, ce qui donne à l’ensemble une disposition plus compacte. Au reste cette forme n’est pas définitive, MM. Sautter et Lemonnier qui construisent actuellement cette lampe étudient une disposition propre à en rendre la fabrication tout à fait courante, nous la donnerons dans ce journal lorsqu’elle sera arrêtée.
- Pour allumer cette lampe MM. Sedlazcek et
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- Wikullil font usage de la machine Schuckert, celle-ci est bien connue de nos lecteurs, et il n’y a pas lieu de la décrire spécialement. Dans le dispositif adopté la machine est directement liée à un petit mpteur Brotherhood. En Allemagne l’ensemble était placé sur le haut de la chaudière de la locomotive; dans les expériences du Nord on avait disposé le tout sur l’avant-train d’une machine, comme on le voit dans la figure 8. Il est heureux que le Nord ait possédé des machines de ce type, l’expérience qui devait être faite rapide-
- ment, s’est trouvée grandement facilitée ; l’aspect général de l’ensemble était d’ailleurs satisfaisant; nous le reproduisons figure g.
- Les résultats ont été très bons. La lampe est fixe et éclatante, elle permet de distinguer les édifices, les ponts jusqu’à 400 ou 5oo mètres, la visibilité des signaux n’est pas altérée ; et le train ainsi signalé peut être aperçu à une distance de plus de 1 5oo mètres. L’aspect d’un train ainsi éclairé est donné dans la fig. 10.
- Cependant, il ne paraît pas que l’administration
- Flfi. 12. - FANAL D'UNE LOCOMOTIVE FAISANT APERCEVOIR UN ÉIÎOULEMENT AU SORTIR o’UN TUNNEL
- soit très pressée d’adopter le système ; on lui fait diverses objections. La première, la plus sérieuse sans doute, est la dépense. On compte environ 3 000 francs par chaque appareil ; pour réaliser l’installation à la compagnie du Nord il en coûterait environ 4 millions, de plus la dépense annuelle d’alimentation augmenterait d’après les calculs de 65o 000 francs. Ce sont des sommes, en effet, et je conçois qu’on réfléchisse, néanmoins il n’y au-' rait évidemment pas lieu de reculer si l’utilité était bien constatée ; mais on la discute aussi. Il n’est pas très nécessaire, dit-on, qu’un train voie loin devant lui, ce n’est pas lui qui doit éviter les obstacles, il ne doit pas s’en trouver sur son pas-
- sage; il est plutôt utile que le train soit vu de loin, un train arrêté étant le genre d’obstacle le plus dangereux ; à ce titre la lampe serait mieux placée à l’arrière qu’à l’avant, d’autant que la puissance protectrice du signal électrique est incomparablement plus grande lorsqu’il est placé sur l’obstacle lui-même. Mais dans ces conditions l’installation de la lampe et son alimentation présentent beaucoup de difficultés.
- En somme, on le voit, il semble que d’après l’opinion des ingénieurs il y ait utilité, mais une utilité non en rapport avec la dépense; on estime cependant que ces appareils pourraient être d’un excellent emploi dans le cas de travaux de nuit
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- urgents ; à la suite d’un accident, par exemple ; un wagon de secours ;muni de ce puissant moyen d’éclairage serait éminemment précieux, nous donnons fig. 12 l’exemple d’une manœuvre de ce genre. A défaut d’une application plus étendue les expériences faites amèneront certainement la constitution d’engins de cette nature et ce sera déjà un progrès.
- Ce ne sera, du reste, pas le seul, car on a aussi essayé la lumière électrique dans un autre sens c’est-à-dire pour l’éclairage complet des voitures mêmes.
- Nos lecteurs savent que des essais de ce genre ont été faits en Angleterre. Avec des accumulateurs du système Faure on a éclairé un train ; le nombre des lampes à incandescence employées a été de 11, la durée de l’éclairage était, dit-on, de 5 heures et on assure dans certains documents que le nombre des éléments était de 25. Ces chiffres sont acceptables. Une expérience beaucoup plus complète, mieux comprise a été faite au chemin de fer de l’Est, le9 mars dernier; nous en avons déjà indiqué les points principaux, j’y reviens aujourd’hui avec plus de détails. Je répète avant tout que l’on doit considérer cette expérience comme un premier essai, résultat d’études poursuivies déjà depuis longtemps, mais surtout point de départ de recherches pratiques qui doivent achever d’assurer le résultat ; c’est à ce titre que je crois bon d’y insister rien ne faisant mieux comprendre l’importance et la difficulté d’une application que d’en suivre les développements successifs.
- Le train portait toutes les applications de l’électricité mises jusqu’ici en usage; d’abord les intercommunications électriques, sous la forme que je viens de décrire ; ensuite le frein électrique du système Achard, perfectionné par les ingénieürs de la Compagnie. Ce système est connu en principe, il sera bientôt étudié en détail dans ce journal; il y a donc lieu de réserver ce point; enfin l’éclairage des compartiments à l’aide des lampes H. Maxim.
- Chacune de ces applications de l’électricité avait, un générateur distinct. Les intercommunications avaient leur pile, le frein était actionné par une machine Gramme liée à une machine Brotherhood, le tout placé sur la locomotive. Les lampes Maxim, au nombre de 31, prenaient leur courant à une machine de Gramme placée dans le fourgon de tète et mue par une commande aboutissant à l’essieu, et en même temps à trois séries, chacune de 24 accumulateurs, système Meritens, accouplées en quantité.
- On conçoit la nécessité de cette combinaison. La machine de Gramme ne fournit de courant que lorsque le train est en vitesse; dans les ralentissements ou dans les arrêts, son action s’annule, il lui faut un suppléant ; l’accumulateur est destiné à remplir cet office ; mais c’est là précisément la dif-
- ficulté; quoiqu'il semble très simple, en théorie, de charger un accumulateur avec une machine, dans la pratique cela est beaucoup plus délicat, surtout si la marche de la machine est inégale; il arrive alors que, au lieu de se décharger dans le circuit utile, raccumulateur se déverse du côté de la machine, si la force électro-motrice de celle-ci s’abaisse au-dessous de celle de l’accumulateur, et cela a des inconvénients de toute sorte : affaiblissement des lampes, effort nuisible exercé sur la machine, perte rapide de l’électricité accumulée, échauffement des fils. Il est donc absolument indispensable d’interposer entre la machine et l’accumulateur un organe propre à opérer automatiquement la disjonction des deux appareils au moment utile. Il existe, on le sait, quelques appareils de ce genre; M. Tom-masi, qui avait disposé les accumulateurs dans l’expérience en avait combiné un autre. Il se composait essentiellement d’un électro-aimant, dont l’armature donnait le contact entre la machine et les accumulateurs; cet électro-aimant dépendait d’une petite machine génératrice Marcel Deprez, mue par une petite courroie venant de la machine Gramme. Lorsque la vitesse de celle-ci était suffisante, la petite machine Deprez devait fournir un courant capable d’animer l’électro-aimant et le contact entre les organes se faisait ; au-dessous de cette vitesse il y avait rupture. On voit ce petit appareil dans la vue d’ensemble (fig. 11) du fourgon où se trouvaient réunis les appareils. L’appareil, probablement insuffisamment réglé, ne donna que des résultats incomplets et il parut préférable de s’en passer. On voulut savoir ce que pourrait donner la machine Gramme avec le moteur Brotherhood de la locomotive appliqué à l’éclairage, il fut reconnu qu’ils étaient insuffisants pour alimenter les 3i lampes du train, lequel se composait de i3 voitures : on voit que c’était bien un train réel dans les conditions normales. Au contraire, la machine de Gramme, actionnée par l’essieu, donnait de très bons résultats aussitôt que le train était en vitesse. Au retour, on opéra à la main la substitution des accumulateurs à la machine au moment des arrêts, le résultat fut satisfaisant.
- Cette expérience est de beaucoup la plus considérable qui ait été faite. Dans des essais analogues exécutés en Allemagne, on n’a pas dépassé neuf lampes, sept dans les compartiments de voyageurs, deux dans les fourgons. Il en est résulté que le problème était très susceptible de solution dans les conditions même où on l’avait entrepris et qu’on était tout près d’y arriver ; aussi depuis ce moment n’a-t-on pas discontinué les études et nous aurons prochainement à revenir sur ce point pour annoncer l’expérience définitive et donner les détails de l’éclairage régulier d’un train obtenu par l’électricité.
- Ce iour-là tout sera-t-il fait ? Non sans doute ; il
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- restera encore d’assez nombreux perfectionnements à chercher; ainsi, dans l’état actuel, Userait impossible de disjoindre le train, les voitures séparées de la locomotive cesseraient d’être éclairées ; il faut évidemment parer à cette difficulté. D’ailleurs l’organisme tel qu’il existait est trop compliqué ; deux machines, des accumulateurs, des piles, trois doubles conducteurs distincts, cela est inadmissible ; un générateur, aidé, s’il le faut, par des accumulateurs, doit suffire; une ou au plus deux conduites qui pourront d’ailleurs être réunies dans un même accrochage, il n’en faut pas plus, et on voit très bien la possibilité de réunir les divers services électriques sur ce matériel restreint et même d’en ajouter d’autres. Je ne dis pas que cela soit facile, je suis très convaincu qu’il y a là matière à beaucoup de travaux et à beaucoup d’efforts ; mais il suffit que ce soit possible pour qu’on soit assuré que cela sera fait; l’électricité, qui a mis assez longtemps à s’emparer des voies, a maintenant pris un pied dans les trains, on peut être tranquille, elle en aura bientôt pris quatre.
- Frank Geraldy.
- LA TROMPETTE TÉLÉPHONIQUE
- DE M. HERZ
- Tous les récepteurs téléphoniques sont capables de produire des sons de grande intensité quand les courants qui agissent sur eux sont convenablement combinés ; c’est ainsi que dans certaines conditions, M. Boudet de Paris est parvenu à faire parler haut un téléphone commun de Bell au moyen de son transmetteur à ressort de papier; c’est ainsi qu’un simple téléphone de Gower ou de Siemens peut reproduire la parole, mal articulée, il est vrai, avec le transmetteur à arc voltaïque que nous avons décrit dans le numéro du 15 avril de La Lumière Électrique. M. Herz vient de démontrer ce fait d’une manière curieuse en faisant du téléphone Gower une trompette capable de se faire entendre fortement dans une vaste pièce bien que, comme dans le système d’Ader, on ne fasse que fredonner faiblement un air de trompette dans un transmetteur du genre de Reiss. En somme pres-qu’aucun changement n’a été apporté aux appareils déjà existant, mais les dispositions électriques ont été combinées pour produire de grands effets.
- Pour comprendre la possibilité d’amplification des effets sonores par les moyens électriques, il faut se rappeler que, d’après les recherches de M. Guillemin, la quantité d’électricité fournie par une pile, dans un temps donné, est si considérable relativement à celle fournie par les machines à électricité statique, que l’on peut charger instantanément avec une pile un condensateur de très
- grande surface alors qu’il faut un certain temps pour charger à saturation le même condensateur avec une machine a plateau de verre. Il est vrai que la tension de la charge sera beaucoup plus grande dans ce dernier cas, mais la quantité d’électricité condensée sera moins grande, et dans les actions du genre de celles dont nous parlons, les effets produits dépendent essentiellement de la quantité d’électricité en jeu. L’on peut donc comprendre facilement, d’après ce qui précède, qu’en appliquant de grands condensateurs à un circuit téléphonique, il devient possible d’obtenir des effets rapides de charges et de décharge capables de mettre en circulation des quantités, relativement grandes d’électricité et d’a-
- gir fortement sur des récepteurs téléphoniques; c’est ce qu’a pensé M. Herz, mais pour pouvoir appliquer utilement ce principe, il fallait que le transmetteur pût à chaque doublé vibration du diaphragme charger et décharger le condensateur. C’est ce que l’on a pu obtenir en établissant des deux côtés du diaphragme deux contacts, l’un en rapport avec la pile, l’autre correspondant à l’une des armures du condensateur, et le diaphragme lui-même étant relié à la seconde armure de ce condensateur. On peut avoir une idée de cette combinaison par la figure ci-dessus dans laquelle le récepteur est représenté en R, le transmetteur en E, la pile en P et le condensateur en C. Le récepteur est un téléphone Gower ordinaire muni de son cornet acoustique T. Le transmetteur est une simple embouchure téléphonique dont le diaphragme DD est placé entré deux vis de contact Y, B reliées avec la pile, le condensateur et le récepteur, comme l’indique la figure.
- En temps normal aucune des deux vis V, B ne tou-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- che le diaphragme, mais au moment où l'on chante dans l’embouchure E, les vibrations de gauche ont pour effet de mettre la pile en communication avec les deux armures du condensateur en faisant circuler le courant dans le sens des flèches, et il en résulte que l’armature gauche du condensateur se trouve alors chargée positivement par sa liaison avec le pôle positif de la pile (par l’intermédiaire du diaphragme et de la vis V), tandis que l’armature gauche se trouve chargée négativement par sa communication directe et permanente avec le pôle négatif. Au contraire, les vibrations de droite du diaphragme DD en supprimant les contacts avec la vis V et les rétablissant avec la vis B, font communiquer entre elles les deux armatures par le circuit dans lequel est introduit le récepteur téléphonique. Il en résulte donc une série de décharges à travers le récepteur qui correspondent aux interruptions de circuit provoquées par les vibrations du diaphragme et qui peuvent reproduire dans des conditions de force particulières, les sons qui ont provoqué ces vibrations.
- Le condensateur employé par M. Herz pour ces expériences est un condensateur ordinaire de câble sous-marin d’une capacité électro-statique d’environ 7 microfarads, et la pile employée se compose de 5 éléments Leclanché.
- De Magneville.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- De la rapidité avec laquelle change la résistance du sélénium.
- MM. Bellati et Romanese se sont servis d’un récepteur photophonique de Bréguet enfermé dans une boîte dont une des faces présentait une ouverture de 4 centimètres sur 5. La résistance du sélénium ayant été préalablement mesurée à l’aidé d’un galvanomètre différentiel, on fit tomber sur l’appareil les rayons d’une lampe à pétrole rendus parallèles par une lentille, après les avoir fait passer préalablement par une cuve d’alun. Devant le sélénium tournait un disque de carton percé d’ouvertures, de sorte que le rapport entre les occlusions et les éclairements restait toujours le même, mais qu’en faisant varier la vitesse on pouvait rendre les occlusions plus ou moins fréquentes. On pouvait aussi en changeant de disque modifier le rapport de l’ombre à la lumière.
- En faisant varier la vitesse de 12 à 5o tours par seconde et le rapport des parties évidées aux parties pleines du disque de \ à 4, la résistance est restée presque absolument constante pendant la rotation du disque.
- Ces expériences montrent que les changements de résistance qu’éprouve le sélénium sont excessivement rapides et presque instantanés.
- Sur la capacité électrostatique du verre et des liquides.
- Les résultats obtenus par Gordon et Hopkinson sur la capacité électrostatique du verre ne s’accordant pas, M. J, Hopkinson a fait sur ce sujet de nouvelles recherches.
- Les expériences démontrent d’abord qu’un condensateur en verre bien isolé, se décharge presque complètement en de seconde. Pour établir ce fait, l’auteur se sert d’un flacon de flint léger à parois minces mais à col épais, rempli jusqu’au col d’acide sulfurique. L’armature intérieure du flacon communique avec une tige de métal, supportée par une plaque d’ébonite, et contre laquelle une pièce métallique en forme d’L, mobile autour d’une vis fixée sur une pièce d’ébonite, peut venir buter par son bras horizontal. Contre le bras vertical vient frapper un pendule relié au sol et préalablement écarté de 48° de la verticale. Dans son mouvement, ce pendule décharge la bouteille, détruit le contact du bras horizontal avec la tige et isole ainsi le condensateur. On peut alors déterminer la charge résiduelle.
- En chargeant la bouteille de Leyde avec 4 eL 8 éléments les déviations de l’électromètre ont été avant et après la décharge de 444 et 34 et respectivement 888 et 61 divisions de l’échelle. Ce faible résidu correspondant à 04 et 61 divisions était dû à la réaction de l’aiguille de l’électromètre sur les quadrants reliés d’une façon permanente à la bouteille. Pour éviter cet effet, on sépara les qua drants du-condensateur aussitôt après la charge et on rétablit la communication immédiatement après la décharge. Dans ce cas, le résidu correspondait avec 8 éléments à 25, avec 20 éléments à 61 divisions. Dans une décharge dont la durée est de o",00006, le résidu est donc inférieur à 3 0/0 de la charge primitive.
- La durée de la décharge a été déterminée à l'aide d’un condensateur à paraffine et feuilles d’étain de capacité connue relié par des fils de 5i2 et 256 ohms de résistance à la tige de métal indiquée plus haut. On l’amenait à une charge connue, puis on le déchargeait au moyen de l’appareil à pendule; l’observation deux fois répétée des résidus donnait, d’après les travaux de Sabine, la mesure du temps.
- En faisant varier la température de 140 à 6o° la capacité augmente dans le rapport de 275 à 280.
- Pour une variation de 810 à i3° la capacité diminua dans le rapport de 269,5 à 264. Mais il faut dire que ces changements de température corres-
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- pondent aussi à des changements de volume de l'acide sulfurique.
- M. Hopkinson a ensuite déterminé les constantes diélectriques d’un certain nombre de corps et il a trouvé les valeurs, suivantes :
- Flint double extra-dense..
- Flint dense...............
- Flint léger...............
- Flint très léger..........
- Crown dur.................
- Verre à vitre anglais. . . . Paraffine.................
- .... D = 9,896 (10,i) • • • • 7.3:6 (7,_|)
- 6,72 et 6,69 (6,83 et 6,90) ....... 6.6i (6,57)
- ........ 6.96
- ....... 8.45
- ....... 2,29
- Les nombres entre parenthèses sont ceux obtenus dans ses précédentes recherches.
- Pour les liquides, ils ont été placés dans l’espace annulaire formé par un cylindre dans lequel pouvait être introduit un autre cylindre isolé. La capacité de ce cylindre était comparée à celle d’un condensateur à coulisse d’abord quand il était plein d’air, puis quand il était rempli de liquide. Les résultats ont été les suivants :
- !»•:: 2 1>
- Essence de pétrole......................... 1,922 1,02
- Huile de pétrole de Field.................. 2,070 2,07
- ordinaire................ 2,078 2,10
- Ozokerite................................ 2,086 2,13
- Térébenthine'de commerce................... 2,128 2,20
- Huile de ricin........................... 2 i53 4,78
- Huile de spermaceti........................ 2,i35 3,62
- Huile d’olive.............................. 2,i3i 3,16
- Huile de pieds de bœuf................... 2,125 3,07
- On voit que les carrés de l’indice de réfraction pour une longueur d’onde infinie (;j. co 1 2), s’accordent sensiblement avec les valeurs de D pour les carbures, mais non pour les huiles végétales et animales.
- ( Wiedemann's Beiblœtter.)
- Sur les condensateurs.
- M. Schneebeli a étudié différents condensateurs laits avec de la paraffine ou du papier paraffiné et destinés aux mesures électriques, et un câble isolé à l’aide de coton paraffiné et de colophane. Dans tous ces appareils la capacité a augmenté avec la durée de charge et aussi avec la valeur de la différence de potentiels de la pile de charge. Les résidus apres décharge, diminuant aussi avec le temps, ont également présenté des valeurs variables.
- Un condensateur con'struit avec du caoutchouc durci et appartenant au Polytechnicum de Zurich a présenté au contraire une capacité constante pour toutes les durées de charge dépassant 10 secondes. Avec une charge instantanée, la capacité, était affaiblie de 5 0/0. Les résidus après décharge ne se sont manifestés que pour une charge d’une durée un peu grande (20 secondes). La charge était encore proportionnelle à la différence de
- potentiel de la pile de charge. Entre 3°5 et 32° c. une élévation de température* de i° correspond à une augmentation de capacité de 0,37 0/0.
- La détermination de la capacité par différentes méthodes a donné des résultats bien concordants.
- CORRESPONDANCE
- Paris, le 6 avril 1882.
- Monsieur le Directeur,
- Je crois qu’il serait intéressant de signaler aux lecteurs de votre journal, à propos des expériences hydrodynamiques de M. Decharme, l’appareil de démonstration imaginé par Maxwell, pour figurer, ou comme il le dit lui-même, pour
- PO Pr Pl
- Hhtslrer les propriétés des corps diélectriques ou mauvais conducteurs.
- Les diélectriques tout en ne se laissant pas traverser par un courant d’électricité, permettent néanmoins la transmission de certains phénomènes électriques à trav.ers leur substance; d’après la théorie de Maxwell, connue en France sous le nom de théorie du déplacement (*) « lorsqu’une force électro-« motrice agit sur un diélectrique, elle oblige l’électricité à s’y déplacer, dans la direction de la force électro-motrice, « d’une quantité proportionnelle à cette force qui dépend « aussi de la nature du diélectrique; à force électro-motrice égale, le déplacement est plus considérable dans les dié-« lectriques solides ou liquides que dans l’air et les autres - gaz- (2)
- « Lorsque la force électro-motrice augmente, l’accroisse-« ment du déplacement électrique équivaut à un courant « électrique dans la même direction que la force électro-•• motrice. Si la force électro-motrice est constante, il y a encore déplacement, mais pas de courant. Quand la force « électro-motrice diminue, la diminution du déplacement « électrique est l’équivalent d’un courant en sens opposé.
- (1) Masearl et Juubcrl. « Leçons sur l'électricité et le magnétisme, » page 127.
- (2) Maxwell « An clementary Ireatise on Electricity », page 108, 36, 4P et pS.
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- « Dans un diélectrique, tout déplacement électrique donne nàissance à une force électromotrice interne, de sens op-< posé à celui du déplacement, et qui tend à annuler le dé-« placement. Cette force interne réside dans toutes les par-« ties du diélectrique où le déplacement existe.
- « La production d’un déplacement électrique exige, dans
- FIG. 2
- « tout diélectrique, une dépense de travail mesurée par le « produit de la moitié de la force électromotrice par le dé-« placement. Ce travail reste emmagasiné dans le diélectri-
- FIG. 3
- « que comme énergie ; il est la source de l’énergie qui rend « les systèmes électrisés capables d’effectuer un travail mé-« canique. »
- Voici maintenant la description que Maxwell donne de son appareil de démonstration. (*)
- « L’appareil se compose, (fig. i) de cinq tubes A, B, C, D
- (i) Elementary treatisc, page III.
- et P de même section disposés en circuit. Le tube P est horizontal, les autres sont verticaux. Les tubes A et D sont conjugués, au bas, par un robinet Q; enfin, un piston peut glisser dans le tube P.
- « Supposons, àl’origine, les quatre tubes A, B, C, D remplis de mercure affleurant au même niveau A0 Bo C0 D0, le reste de l’appareil rempli d’eau et le piston en équilibre en P„ ; le robinet Q est fermé.
- « Si on déplace le piston de a (fig. 2), de P0 en Pl5 le mercure prendra la position Aj, Cj, Bj, Dj, et la pression effective qu’il exercera sur le piston sera proportionnelle à 4 a. Cette disposition peut servir il représenter l’état d’un diélectrique soumis à une force électro-motrice 4 a, l’excès d’eau D0 D, représenterait une charge positive d’électricité, + a, sur une des faces du diélectrique et la dénivellation Ao Ai, la charge négative -- a sur l’autre face.
- « Si on lâche le piston, il reviendra en équilibre en P0 : ce retour représente le phénomène de la décharge complète du diélectrique; le mouvement de retour des liquides, dans l’ensemble de l’appareil, pendant la décharge, représente le changement du déplacement électrique que nous avons supposé se produire dans le diélectrique.
- FIG. 4
- « J’ai supposé les tubes complètement remplis de liquides incompressibles, afin de représenter la propriété du déplacement électrique, de n’occasionner en aucun point une accumulation d’électricité.
- « Ouvrons (fig. 3), le robinet Q : le piston se trouvant en P), la dénivellation ne changera pas en Ai D1? mais le niveau se rétablira en B0 C0. L’ouverture du robinet Q correspond à l’existence, dans le diélectrique, d’une partie légèrement conductrice, mais qui ne s’étend pas à travers tout le diélectrique de manière à y former un canal libre au passage de l’électricité. Ses charges, sur les faces opposées du diélectrique, demeurent isolées, mais leur différence de potentiel diminue.
- “ En fait, la différence des pressions, sur les deux faces du piston P, tombe de 4 a à 2 a, pendant l’écoulement du mercure par le robinet Q,
- « Si, après avoir fermé le robinet Q, nous lâchons la tige du piston, il reviendra de P, en P2 (fig. 4) au milieu de l’intervalle P0 Pt et restera en équibre, les niveaux du mercure s’égaliseront, en A2 et B2 à une hauteur { a, au-dessus du niveau primitif, et en C2 D2 à * a au-dessous ; le piston ou le diélectrique, se sera déchargé en apparence de la moitié 20 de la charge primitive, qui subsistait après la deuxième opération.
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- « Ouvrons de nouveau le robinet, après avoir fixé le piston en P2 : le mercure s’écoulera des tubes B et C, de manière à y reprendre le niveau Bo Co ; le piston subira une différence de pression a, et, si l’on lâche de nouveau le piston, toujours en P2, après avoir fermé le robinet, il reviendra prendre une position d’équilibre P2, au milieu de l’intervalle
- - qui sépare Pa de P0. Ce retour correspond au dégagement
- de la charge rémanente ou de résidu, que l’on observe dans les diélectriques abandonnés à eux mêmes, après une première décharge ; ils recouvrent alors graduellement une partie de leur charge; si on les décharge encore, ils se rechargent de nouveau et ainsi dé suite, les charges successives diminuant en quantité. Dans le cas de notre expérience démonstrative, chacune des charges est la moitié de celle qui la précède, et les décharges successives, égales aux de la charge primitive forment une série dont la somme est égale à la charge originelle.
- « Si nous avions, au lieu de l’ouvrir et de le fermer, laissé le robinet entrouvert pendant toute la durée de l’expérience, nous aurions eu une image d’un diélectrique qui, bien que parfait isolateur, présente néanmoins un phénomène d’« absorption électrique. »
- * Pour représenter le cas d’une véritable conduction à travers le diélectrique, nous pouvons, soit déterminer une force dans le piston, soit établir une communication entre le haut du tube A et le haut du tube D.
- « Nous pouvons ainsi établir une illustration mécanique des propriétés d’un diélectrique quelconque, dans laquelle les deux électricités sont représentées par deux fluides réels, et le potentiel par une pression de liquide. Les charges et les décharges sont représentées par les mouvements du piston P, et la force électro-motrice, par la force résultante sur le piston. »
- « L’appareil de Maxwell serait facile à réaliser dans les cours de physique et aiderait, je crois, beaucoup, à fixer dans l’esprit des élèves, une image facile à retenir, de l’un des phénomènes fondamentaux et des moins frappants de l’électricité. »
- J’ai l’honneur, etc.
- G. Richard.
- FAITS DIVERS
- MM. C.-J.-H.Woodbury et W.-H.-H. Wüiting, inspecteurs de la Boston Manufactureras Mutual Fire Insurance Company, viennent de proposer, pour l’emploi de l’éclairage électrique dans leS usines assurées par leur Compagnie, le règlement suivant, dont nous empruntons le texte à 19American Machinist du 8 avril dernier. On y trouvera de nombreuses indications pratiques, très utiles à suivre au point de vue tout spécial des dangers d’incendie occasionnés par la lumière électrique.
- Machines Dynamo. — Les machines Dynamo devront être placées dans des endroits secs, éloignées de toute matière facilement combustible ou pouvant être entraînée par lèvent, et isolées sur des fondations en bois. Elles doivent être munies de dispositifs capables de contrôler toutes les variations de l’intensité du courant, et si ces régulateurs ne sont pas automatiques, il faudra, toutes les fois que la machine fonctionnera, poster auprès d’elle un homme compétent pour en surveiller la marche.
- Le circuit de chacune des machines doit être complètement formé par des fils; les liaisons des fils avec des tuyaux, ainsi que l’usage des circuits fermés par la terre, sont absolument prohibés.
- Tout le système doit être maintenu isolé, et les liaisons avec la terre essayées chaque jour, bien avant Rallumage,
- pour que l’on ait le temps de rémédier aux défauts d’isolement, s’il y en a.
- On donnera la préférence aux commutateurs à recouvrement (switches with a lapping connection) pour qu’il ne puisse s’y dégager d’étincelles quand on les manœuvre; sinon, les supports du commutateur devront, lorsque les courants sont puissants, être faits en verre, en poterie, en ardoise ou en quelque substance incombustible, capable de supporter la chaleur de l’arc électrique quand le commutateur change la direction du courant.
- Fils. — Tout fil qui se montre, au toucher, plus chaud qu’un autre, peut devenir une source de danger, et doit être remplacé par un fil plus gros. Les fils conducteurs doivent être fixés à des attaches isolantes et couverts d’une enveloppe isolante imperméable. Toutes les fois que des fils traversant les toitures, les planchers, les murailles ou les cloisons, sont susceptibles de s’écorcher ou sont exposés aux rats et aux souris, l’isolant doit être protégé par du plomb, du caoutchouc durci, de la poterie, ou par quelque autre matière convenable.
- Les joints des câbles doivent être solides et bien ficelés; • les joints soudés sont préférables, sans être essentiels.
- Les fils ne doivent pas s’approcher l’un de l’autre à plus d’un pied (om3o5); avec les courants à haute tension, il conviendrait de doubler cette distance. Il faut avoir soin de ne pas placer les fils l’un sur l’autre, afin que l’humidité ne puisse arriver à les faire communiquer.
- Il faut partout se prémunir contre les chances de rupture des fils en les fixant à des isolateurs convenables, en évitant toute accumulation de filasse, en éloignant les fils de 3 à 6 millimètres des murailles, des plafonds et des poutres, excepté là où il faut les réunir aux lampes, et, dans tous les cas, il faut éviter les nœuds de fils, et ne pas leur faire traverser les intervalles pleins de poussière entre les poutres 0).
- Lampes à arc. — Les lampes, leurs bâtis et leurs autres pièces exposées, devront être isolées du circuit. Chaque lampe devra être munie d’un interrupteur à main séparé et d’un interrupteur automatique, qui dérivera la lampe du circuit toutes les fois que les charbons ne se rapprocheront pas, ou que la résistance de la lampe deviendra excessive, pour quelque cause que ce soit.
- La lumière devra être entourée d’un globe protégé, quand il sera près de matières combustibles, par un filet en fils méi talliques. Le globe devra reposer sur un support ajusté (tighl), de façon que les particules de cuivre fondu ou de carbone incandescent ne puissent pas s’échapper. Il faudra remplacer immédiatement les globes brisés ou craqués. A moins qu’ils ne soient très élevés, et autant que possible fermés à la partie supérieure, les globes devront être couverts par un écran protecteur à une distance au-dessus de la lampe suffisante pour assurer la sécurité. Il ne faut pas employer, dans ce but, les disques plats en métal ou en toile métal-
- (!) Il est important d’éviter, dans les bâtiments construits comme ceux qui sont assurés par cette Compagnie, de disposer les fils parallèles les uns au-dessus des autres sur la même surface de bois, parce que l'eau employée pour laver les planchers, et celle qui se condense sur les murailles dans les blanchisseries, les teintureries, les papeteries et les imprimeries, peut s’égoutter d’un fil sur l’autre et arriver ainsi à les faire communiquer transversalement. Ce danger serait plus grand avec des eaux alcalines ou acides qui détruiraient la couverture isolante des fils. Il vaudrait donc mieux que tous les fiTs allant aux lampes à arc fussent percés par une surface, et les fils qui en reviennent par une autre; cette méthode exigerait des fils un peu plus longs.
- La meilleure méthode consisterait peut-être à disposer les fils principaux sur les murailles de l'usine, et de placer, aux points où ils se distribuent aux lampes, le fil d'aller sur une poutre, et le fil de retour sur la poutre voisine.
- Ces suggestions sont indiquées en note, parce qüe les circonstances varient suivant les usines ; mais les usiniers pourront facilement appliquer aux cas qui les intéressent les raisonnements qui ont servi de base à cas conseils.
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- lique, parce.que les poussières s’accumuleraient pendant le repos des lampes.
- Les lampes devront être munies d’appareils disposés pour empêcher les charbons inférieurs de tomber si leurs pinces ne les retiennent pas suffisamment.
- Lampes à incandescence.— Les petits fils qui se détachent des fils principaux vers chaque lampe devront être parfaitement isolés; s’ils sc séparent ou se brisent, il ne faudra pas essayer de les rejoindre pendant le passage du courant.
- Les fils conducteurs allant à chàcun des bâtiments devront être munis d’interrupteurs ou de commutateurs automatiques, ou d’une disposition équivalente, capables de protéger le système contre une intensité excessive du courant.
- G. R.
- Éclairage électrique
- Sur le parvis du nouvel Hôtel-de-Ville de Paris, qui doit être inauguré cette année, on projette d’élever deux plateaux formant refuge et d’une surface de quinze mètres chacun. Sur ces plateaux seraient placées deux fontaines monumentales et des foyers électriques.
- A Bordeaux, à l’occasion de l’Exposition philomathique, on construit un immense aquarium en contre-bas du sol des allées d’Orléans. Cet aquarium, divisé en deux parties, l’une pour les bassins destinés aux poissons d’eau douce, l’autre pour les bassins des poissons de mer et plantes marines, sera éclairé chaque soir à l’aide de lampes électriques à incandescence. Ces lampes électriques seront placées au milieu même de l’eau. On attend de cet éclairage de brillants effets, qui seront tout nouveaux pour le public bordelais. Les foyers lumineux seront dissimulés derrière les rochers. Ils seront munis d’écrans en verres colorés afin d’éclairer les bassins.de diverses nuances.
- La ville de Coleraine, dans le comté de Derby, en Irlande, va être éclairée par l’électricité. Le conseil de la cité étudie en ce moment la question de l’éclairage électrique pour les rues et les places; le courant nécessaire serait engendré à l’aide de la force hydraulique.
- Une nouvelle Compagnie électrique, la Great Western Electric Light and Power Company, a obtenu de l’Anglo-American Brush Electric Light Corporation une concession lui donnant l’usage exclusif des machines et lampes Brush, ainsi que des lampes Lane-Fox, dans un certain nombre de comtés de l’ouest de l’Angleterre et du pays de Galles. Cette Compagnie a l’intention d’accorder des sous-concessions à des Compagnies locales dans quelques cas, mais elle traitera directement avec ses clients, en établissant des usines dans diverses villes pour la fourniture de l’clectricité. Peu après la formation de l’Edison Electric Light Company, son secrétaire a écrit au Times pour déclarer que la lampe Lane-Fox était une contrefaçon des brevets de M. Edison en Angleterre. Le secrétaire de la Compagnie Brush a répondu aussitôt qu’il niait qu'il y eût aucune atteinte portée aux droits d’invention de M. Edison de la part de M. Lane-Fox.
- La période des expériences faites à Malte par l’Eastern Electric Light and Power Company avec le système Brush doit se terminer à la .fin du présent mois ; ces expériences peuvent être considérées comme-complètes et tout à fait concluantes.
- Les lampes, soumises à l’épreuve de toutes les intempéries atmosphériques, se sont bien comportées; le vent, la pluie, le sirocco, n’ont aucunement gêné les foyers, et cependant quelques-uns avaient été laissés sans globes.
- Comme l’installation était provisoire, bien des points lais-
- saient à désirer; la lumière était placée à une mauvaise hauteur, tandis que si on l’avait disposée à dix mètres d’élévation, elle aurait produit un bien meilleur effet, et renvoyé vers le sol une plus grande quantité de lumière avec l’aide de réflecteurs.
- Le représentant de la Compagnie M. E. Rosenbusch vient de faire des arrangements pour éclairer la Strada Reale, l’ensemble du Grand Port et toutes les autres parties de Valletta, aussi espérons-nous revoir bientôt le brillant éclat de la lumière Brush, et cette fois avec toutes les bonnes conditions d’une installation permanente, des câbles souterrains contenus dans des tubes de poterie, d’élégants candélabres en fer de dix mètres de hauteur, et des foyers placés alternativement de chaque côté de la voie.
- Pour le service intérieur des maisons, on aura bientôt les lampes à incandescence de Lane-Fox.
- Des essais électro-techniques doivent être faits à Munich dans le Palais de Cristal du 16 septembre au 8 octobre de cette année. Ils ont pour but de montrer aux autorités politiques et communales, ainsi qu’aux industriels et au public en général, comment la science électro-technique peut être utilisée, et d’en faciliter l’emploi dans la vie publique et dans la vie privée. Les frais de l’entreprise sont couverts au moyen de fortes subventions accordées par l’État et le conseil municipal de Munich, ainsi que par des souscriptions particulières.
- A Vienne (Autriche), on va faire des essais d’éclairage électrique a l’intérieur du Reichsrath.
- A Dublin, la question de l’éclairage pur l’électricité de plusieurs rues de cette capitale est toujours à l’étude. Une Compagnie a offert d’éclairer les Castle et Mill Streets. Cette offre a été acceptée.
- Au Mexique, l’ayuntamiento de la ville d’Orizaba vient de mettre en adjudication la concession de l’éclairage électrique d’Orizaba.
- Télégraphie et Téléphonie
- D’après une statistique qui vient d’être publiée à Berlin, la longueur des télégraphes aériens existant actuellement en Allemagne est de 56 142 kilomètres 880 mètres et celle des fils télégraphiques souterrains de 180540 kilomètres 410 mètres. Le nombre des stations télégraphiques de l’empire d’Allemagne se monte à 5 896, dont 5 795 sont réunies â des bureaux de poste. On compte une station par 75 kilomètres 3 mètres, et par 6 441 habitants. Les appareils.télégraphiques en exploitation sont au nombre de 11072. On a expédié 12 481 961 télégrammes et on en a reçu du dehors 12 583 839. Les recettes se sont élevées à 128 787 375 marcs.
- La ville de Metz possède, depuis quelque temps un service téléphonique, mais il ne fonctionne que pour la direction du gaz, dont les bureaux sont situés rue des Prêtres et qui sont mis ainsi en communication avec la succursale du Sa-blon. On emploie le téléphone Ader.
- A Brighton, dans le comté de Sussex, le Pavillon royal, l’Hôtel de-Ville, la station de police, la station de la brigade d’incendie vont être reliés ensemble à l’aide de téléphones. Les fils seront posés sous terre. C’est l’United Téléphoné Company qui s’est chargée de cette installation.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 28296
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Électricité 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4® ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 29 AVRIL 1882 N® 17
- SOMMAIRE
- Quelques dispositions téléphoniques inédites (2e article); Th. du Moncel. — Sur le rendement relatif des lampes à incandescence des divers systèmes; Van der Ven. — Exposition Internationale d’Électricité : Les appareils de télégraphie militaire des États-Unis; A. Guerout. — Les sciences physiques en biologie : L’électricité (3e article); Dr A. d’Arsonval. — La lumière électrique sur les vaisseaux de guerre; C.-C. Soulages. —• Indicateur téléphonique de la torsion et de la vitesse angulaire dans l’axe moteur des machines et par conséquent du travail; C. Résio. — Comparaison des phénomènes hydrodynamiques et électriques (20 article); Garnier. — Revue des travaux récents en électricité : Sur la préparation de carbones purs destinés à l’éclairage électrique, par M. Jacquelain. — Recherches sur le passage de l’électricité à travers l’air raréfié, par M. Ediund. — Correspondance : Lettre de M. Poirier. — Faits divers.
- QUELQUES
- DISPOSITIONS TÉLÉPHONIQUES
- INÉDITES
- 2° article (Voir le numéro du i5 avril.)
- Parmi les dispositifs téléphoniques de M. Ader dont nous n’avons pas encore parlé, nous devons citer :
- i° Un transmetteur microphonique composé de 7 barres de charbon, fixées parallèlement les unes à côté des autres sous une planchette de sapin, et dont les angles sont abattus du côté de la planche de manière à former six rigoles triangulaires dans lesquelles sont placées des boules métalliques (3o pour chaque rainure). Les barrettes paires et impaires pouvant être réunies aux pôles de la pile en quantité ou en tension, on obtient de cette manière des contacts multiples plus ou moins résistants, suivant les conditions du circuit, et qui peuvent reproduire la parole d’une manière satisfaisante.
- 20 Un autre transmetteur à contact unique, assez large, entre les deux charbons duquel on introduit une goutte d’huile. Bien que ce liquide ne soit pas conducteur, il peut agir en augmentant, comme
- liquide, l’adhérence des deux charbons en contact, et empêche les crachements tout en développant l’intensité des sons produits. Il faut alors que les charbons soient très durs et que leur surface de contact soit polie comme du marbre.
- 3° Un système de transmetteur à double effet constitué par deux cylindres de charbon, placés verticalement à une certaine distance l’un au-dessus de l’autre, et sur lesquels appuient deux lames de ressort terminées par une petite pointe de plombagine. Une petite aiguille d’ivoire glissant verticalement dans une rainure réagit directement sur ces deux cylindres, mais dans un sens opposé, et il en résulte que pour chaque demi-vibration il se produit, aux contacts, d’un côté un accroissement de pression et de l’autre côté un décroissement, effets qui peuvent s’additionner pour augmenter les différences de résistance du circuit microphonique et par suite l’intensité des sons. Dans ce système, il n’y a pas de diaphragme, et les ondes sonores de l’air peuvent agir directement sur les contacts, mais comme la voix s’engouffre dans une espèce de compartiment en entonnoir, surmontant le support de l’appareil, il est probable que ce sont les vibrations communiquées aux parois de ce compartiment qui transmettent le plus efficacement les vibrations de la voix au système microphonique.
- 40 Un transmetteur microphonique du même genre, mais dans lequel les pièces de charbon, toujours en contact, ne sont impressionnées par les vibrations sonores que par l’intermédiaire d’une tige d’ivoire adaptée au diaphragme d’une embouchure téléphonique, et qui agit en quelque sorte par percussion; de cette manière il n’y a jamais disjonction des deux pièces de contact, et, par suite, on évite les crachements; c’est un dispositif un peu analogue au système Blake.
- 5° Un transmetteur à liquide, constitué par une boite plate d’ébonitc, dont le fond est garni d’une lame de charbon et qui porte comme couvercle, à 2 ou 3 millimètres au-dessus de cette lame, un diaphragme de zinc. L’espace compris entre les deux lames est rempli d’eau salée, et il suffit de réunir la plaque de zinc et la plaque de charbon au récep-
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- teur téléphonique, pour que la parole soit reproduite sans l’intermédiaire d’aucune pile. C’est le transmetteur lui-même qui constitue alors la pile, et, c’est la couche liquide dont la résistance augmente ou diminue sous l’influence des vibrations de la lame de zinc, qui joue le rôle du système microphonique.
- 6° Un transmetteur microphonique à contacts multiples composé de deux prismes de charbon placés horizontalement l’un au-dessus de l’autre, et entre lesquels sont introduits, des deux côtés, par l’une de leurs extrémités, de petits crayons de charbon très déliés qui portent à faux dans la rainure ainsi formée, et qui constituent chacun, de cette manière, deux contacts dont lé degré de pression dépend de la longueur du crayon en dehors de la rainure. Avec cette disposition, les contacts se trouvent être forcément groupés en quantité.
- 7° Un récepteur téléphonique à fil de fer dans lequel il se produit un effet particulier et très curieux. Cet appareil consiste dans un fil de fer droit de i millimètre environ de diamètre, muni à chacune de ses extrémités d’une hélice de fil fin formant une bobine en fuseau. Si on introduit la partie centrale de cette sorte d’électro-aimant droit dans une mâchoire en cuivre, composée d’une lèvre concave devant laquelle se trouve une pièce droite de butée, et que le noyau magnétique se trouve, de cette manière, soutenu sur trois points dans le voisinage de la ligne neutre, on entend, au moment de la fermeture du courant, à travers le circuit téléphonique correspondant à cet électro-aimant, un son sec qui ne se renouvelle pas aux fermetures de courant subséquentes, et pour le reproduire de nouveau, il faut retirer le fil de fer de la machine et l’y replacer ensuite. L’explication de cet effet est bien difficile, et se rattache vraisemblablement aux actions moléculaires que nous ne connaissons pas assez en ce moment pour en tirer quelque induction théorique.
- Dans les conditions de l’expérience précédente, la parole ne peut être reproduite; mais si on pique le fil de fer dans une planche de bois et qu’on ' écouté derrière cette planche, on entend parfaitement la reproduction de la parole, car alors la seconde bobine joue le rôle delà masse métallique que M. Ader ajoute au fil de fer dans son téléphone à fil de fer.
- 8° Une nouvelle disposition de ce' téléphone à fil de fer qui permet de rendre le récepteur pour ainsi dire microscopique; c’est un fil de fer de i millimètre de diamètre qui est recourbé en fer à cheval de manière à former des branches de i centimètre 1/2 de longueur, et qui est aplati à son point de courbure pour pouvoir être fixé sur une planchette au moyen d’une petite vis; chacune de ces branches porte une bobine de fil très fin, et les deux extrémités sont recourbées de manière à se |
- présenter l’une devant l’autre à un millimètre de distance.
- Nous ne décrirons pas tous les autres dispositifs que nous avons vus chez M. Ader, car nous n’en finirions pas, et d’ailleurs ils ne présentent pas assez d’originalité pour intéresser le lecteur. Nous croyons seulement devoir faire connaître un modèle de trompette à anche du même inventeur, que nous n’avons pas encore décrit et qui avait précédé celui qu’on a définitivement adopté pour la. fanfare (voir La Lumière Electrique du 25 février, p. 187).
- Dans cet appareil que nous représentons, fig. 1, les sons sont produits par une soufflerie dont le courant d’air doit réagir sur une anche qui précède la trompette, et leur modulation est produite par une action électro-magnétique dirigée par le transmetteur miçrophonique.
- A cet effet, on emploie, comme dans l’autre système, un aimant à deux lames N,S aux pôles duquel sont fixées, dans l’intervalle interpolaire P, deux barres de fer munies de bobines B. L’espace séparant les deux extrémités de ces barres est fermé par une garniture de cuivre dans laquelle est évi-dée une petite fenêtre dont la largeur et la longueur sont exactement celles d’une anche d’harmonium A qui est fixée au devant d’elle et qui l’obstrue en temps normal. Le tout est enfermé dans une petite boîte carrée munie de deux orifices tubulaires sur lesquels sont adaptés une trompette C et un tuyau en caoutchouc T correspondant à la soufflerie. Celle-ci envoie d’une manière continue un courant d’air qui ne peut arriver à la trompette C qu’en soulevant l’anche A, et cette anche ne peut céder à cette action qu’autant que la force magnétique des pôles P de l’aimant est assez affaiblie pour lui permettre de s’en écarter. Or l’écart qui se produit alors est en rapport avec l’affaiblissement du pouvoir magnétique de l’aimant N S déterminé par les courants intermittents qui traversent les bobines B. Le courant d’air suit alors la direction des flèches indiquées sur le dessin, et en passant devant l’anche la fait vibrer à la manière d’une anche d’orgue, tout en réagissant sur la trompette C.
- Le dessin représente la coupe de l’appareil, suivant le plan passant par lé milieu de l’intervalle interpolaire. La petite boîte, comme on le voit, est divisée en deux compartiments par la lame de cuivre dans laquelle est ouverte la petite fenêtre correspondant à l’anche A, et la partie que l’on voit 'en P étant l’intervalle interpolaire lui-même, montre au fond le bout de la lame de fer qui représente l’un des pôles du système magnétique. C’est sur cette lame, en arrière de l’intervalle interpolaire, qu’est adaptée l’une des bobines oblongues destinées à affaiblir, sous l’influence des courants transmis, ia force magnétique du système. On a compris que c’est l’attraction latérale des deux lames polaires placées des
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- deux côtés de l’intervalle P qui, en attirant l’anche d’acier A, détermine l’obturation de la petite fenêtre de la cloison séparant les deux compartiments. En conséquence l’air comprimé se trouve confiné dans le compartiment de gauche tant que l’anche se trouve attirée, et ce n’est que quand l’action magnétique est suffisamment affaiblie qu’il arrive dans le compartiment de droite pour passer par la trompette. Ce système produisait des sons assez développés, mais il avait l’inconvénient de produire beaucoup de crachements qui ont été évités avec la disposi-
- FIG. 1
- tion que nous avons décrite dans le numéro du 25 février, p. 187.
- Nous avons consacré un article spécial à une trompette ingénieuse combinée par M. Herz ; mais nous croyons devoir faire remarquer qu’elle est fondée sur un tout autre principe que les trompettes précédentes. Le récepteur n’est autre qu’un téléphone Gower muni de son cornet acoustique, et le transmetteur, analogue à celui du condensateur chantant, porte de part et d’autre du diaphragmé un double contact qui lui permet de charger et de décharger un condensateur de grande surface de telle manière que les charges, après s’être condensées sous l’influence des vibrations positives, se trouvent neutralisées à travers le téléphone sous
- l’influence des vibrations négatives, ce qui détermine une action électrique très énergique qui est proportionnelle aux charges et par suite à l’intensité des courants transmis.
- Nous avons aussi reproduit dans notre numéro du i5 avril, une lettre de M. Barncy dans laquelle il décrit un microphone d’une disposition particulière qui, selon lui, a donné de très bons résultats. Nous en donnons aujourd’hui (fig. 2) un dessin pour en rendre la compréhension plus facile. Dans ce dessin, l’appareil est vu en coupe verticale. Le disque inférieur divisé en deux parties isolées l’une de l’autre et mises en rapport avec les deux parties du circuit, est en BP/ ; chacune de ces parties est percée d’un trou t, t' dans lequel est introduit un petit crayon de charbon c, c' d’environ 2 millimètres de diamètre. Le disque supérieur qui est entier se voit en AA' ; il est percé de 3 trous plus grands que les trous t et t', et est superposé sur l’autre à la façon de la table d’un dolmen. De gros
- M
- crayons de charbon C, C' de 6 millimètres de diamètre sont introduits dans les trous correspondant aux trous t, t' et appuient sur les petits crayons c, c' de manière à produire, dans de meilleures conditions, l’effet des cônes renversés dont parle M. Barney dans sa lettre. Ils sont d’ailleurs très libres dans les trous à travers lesquels ils passent. Enfin ce système de contacts est monté sur un support cylindrique en liège GG et peut êrre recouvert avec un capuchon M également en liège qui circonscrit le disque de dessous B B.
- Dernièrement les journaux Belges ont annoncé avec un certain retentissement que M. Van-Ryssel-berghe, l’auteur du météorographe que nous avons décrit dans ce journal, était parvenu, par l’addition de condensateurs aux lignes voisines des lignes téléphoniques, à annuler complètement les effets d’induction exercés sur ces dernières lignes. Il est probable que l’effet produit dans ces conditions, si tant est que le renseignement soit exact, doit être de détourner l’action inductrice. Celle-ci trouvant, en effet, dans les condensateurs, une voie plus facile pour se développer, s’y porte de préférence, et dégage par cela même les lignes sur lesquelles pourrait se porter l’induction, des effets contraires qui
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- en sont la conséquence. Quoi qu’il en soit, On a pu échanger en Belgique, entre Ostende et Bruxelles, des communications téléphoniques sur un fil télégraphique, compris entre 10 autres fils desservant 8 appareils Hughes et 2 Morse en plein travail, sans qu’on pût percevoir aucun bruit anormal. Les sons même pouvaient être entendus à une dizaine de centimètres de l’oreille. Il paraît du reste que le transmetteur de M. Van Rysselberghe a reçu une nouvelle disposition qui développe beaucoup l’intensité des sons reproduits. L’invention est encore tenue secrète, et c’est le gouvernement Belge qui fait lui-même les expériences sur les lignes de l’État. On attend beaucoup de ce nouveau système.
- Enfin pour terminer avec tous ces systèmes téléphoniques inédits, nous signalerons une nouvelle disposition combinée par M. J. Moser qui permet d’actionner 5o téléphones à la fois par un même fil, ce qui rend beaucoup plus économiques les installations pour les auditions théâtrales. Dans ce système, tous les téléphones sont intercalés les uns à la suite des autres dans le même circuit; mais comme ils nécessitent alors des courants d’une assez grande tension, M. Moser emploie plusieurs transmetteurs et plusieurs bobines d’induction, en ayant soin de réunir en tension les fils secondaires de toutes ces bobines ; de sorte que les circuits primaires se trouvent actionnés isolément par des transmetteurs séparés, et c’est une même pile de trois éléments Daniell à large surface qui fournit, par dérivation, le courant à tous ces transmetteurs. L’auteur prétend que les résultats de ce système sont extrêmement satisfaisants et qu’il n’est plus besoin de piles de rechange pour les auditions théâtrales, en raison de la grande constance de la pile de Daniell.
- En ce moment, du reste, les recherches sur tout Ce qui se rapporte au téléphone ne se ralentissent pas, et tous les jours je reçois des lettres dans lesquelles on m’indique quelques résultats yu dispositifs nouveaux. C’est ainsi que M. le colonel Jacobi m’a envoyé la description et les dessins d’un avertisseur téléphonique sans pile qui, au moyen d’un simple récepteur téléphonique de M. Siemens, peut dégager une sonnerie à mouvement d’horlogerie. Nous décrirons prochainement çet appareil. C’est encore ainsi que M. Sœteweis, d’Anvers, a cherché à perfectionner le téléphone à mercure de M. A. Breguet, de manière à le rendre pratique, etc. D’un autre côté, nous trouvons dans les journaux étrangers une foule de conceptions plus ou moins nouvelles; mais ce qui nous étonne toujours, c’est n combien ceux qui correspondent avec ces journaux sont, en général, peu au courant de l’état actuel de la science sur ce point. On dirait que tout ce qui a été fait depuis quatre ans est resté pour la plupart d’entre eux inaperçu.
- Th. du Moncel.
- SUR LÈ RENDEMENT RELATIF
- DES
- LAMPES A INCANDESCENCE
- DES DIVERS SYSTÈMES
- Les observations publiées, qui ont rapport aux lampes à incandescence, ne peuvent généralement pas servir de base à une connaissance exacte de la valeur absolue de ces lampes, ni de leur valeur relative. Ces publications sont toujours incomplètes : soit parce qu’elles ne se rapportent qu’à l’intensité du courant par le passage duquel le fil a été rendu incandescent, soit parce qu’elles ne font mention que des résultats de mesures photométriques, dont l’exactitude échappe entièrement à notre contrôle.
- Quiconque a besoin de ne pas se contenter d’un témoignage, le plus souvent fourni par les parties mêmes dont la cause est en litige, se voit réduit à ses propres ressources. Aussi, comme je me trouvais être moi-même au nombre de ces incrédules, je me suis mis à l’œuvre; et, après m’être constitué une petite collection de lampes de différents systèmes, je me suis assuré la coopération de M. A. J. Van Eyndhoven, contrôleur municipal de l’éclairage public, qui a bien voulu se charger des observations photométriques.
- Les résultats de nos recherches, bien loin d’être défavorables à la plupart de ces lampes, montrent au contraire qu’elles livrent la lumière à meilleur marché que les susdites publications ne l’assurent. Ces résultats sont aussi fondés sur des observations qui sont à la portée de tous (*) et qui, en conduisant à des valeurs des constantes de la batterie, peu différentes de celles généralement connues , portent en soi le témoignage, de leur exactitude. Comme en outre ces observations mettent en évidence une propriété des fils de charbon, jusqu’ici imparfaitement examinée, j’ai cru pouvoir les résumer ici pour les lecteurs de La Lumière Electrique.
- Les lampes que j’ai soumises à l’examen sont : trois lampes d’Edison (petit modèle), deux de Swan, deux de Maxim (qui 11e diffèrent entre elles que par la forme des globes en verre) et une de Lane Fox.
- Le photomètre dont nous nous sommes servis, est un photomètre d’Evans, construit par M. William Sugg, à Londres. Les bougies étalon employées sont des bougies de spermaceti (English standard-candies') dont le pouvoir lumineux normal correspond à une consommation de matière grasse
- (‘) Le cahier des observations photométriques et galvano-métriques sera publié dans les Archives du Musée Feyler. Nouvelle série, 3» partie.
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- de 7,776 grammes par heure; elles sont pesées au moyen d’une balance de Keertes, et en calculant les résultats, on a tenu compte de la consommation observée. D’ailleurs ces résultats sont les moyennes arithmétiques de dix mesures, effectuées en autant' de minutes selon la méthode prescrite par les London Gaz-Referees.
- L’intensité du courant a été mesurée au moyen d’une boussole des tangentes de Gaugain. La réduction en ampères des déviations de l’aiguille, qui sont les moyennes arithmétiques des trois déviations observées, a été faite au moyen du voltamètre. Après avoir observé les temps dans lesquels une même quantité d’hydrogène se dégageait successivement sous l’influence de huit courants d’intensités à peu près égales à celles des courants mesurés, j’ai déduit de chacune de ces observations le temps dans lequel cette quantité se serait dégagée si le courant avait eu une intensité moyenne. La moyenne arithmétique de ces huit résultats a servi de base aux réductions définitives.
- La détermination des résistances, lorsque leurs valeurs ne sont déduites que des observations mêmes, a eu lieu au moyen du galvanomètre universel de Siemens, c’est à-dire selon la méthode de Wheatstone (*).
- Enfin, pour savoir à quel degré ia force électromotrice de la batterie était constante, j’ai introduit dans le circuit, entre deux expériences successives, une résistance de 100 unités Siemens. Les déviations a sont celles observées quand cette résistance faisait partie du circuit; les déviations fs celles observées quand la résistance était remplacée par une des lampes.
- Les éléments de Bunsen étaient au nombre de 3a.
- Nom de la lampe et P Pouvoir lumineux en candies
- Swan A . . . 720 82° 13.27
- — B . . . 72° 82° 16' II .72
- Maxim A.. . 720 84°40' 14.13
- — B.. . 72° 84012' n.53
- Lane Fox. . 720 83046' 6.83
- Edison a. . 71040' 77040' 6.o5
- — b. . 7i°4ü' 77“io' 7.14
- — c . . 71040' 76040' 5.6o
- Comme la force électromotrice allait déjà en s’affaiblissant et que le pouvoir lumineux généralement attribué aux lampes d’Edison (huit candies) ne pourrait être produit au moyen d’une batterie de 3a éléments, j’ai ajouté à celle-ci cinq éléments nouveaux. En opérant avec les 37 éléments, les observations ont conduit aux résultats suivants :
- Nom de la lampe a P Pouvoir lumineux en candies
- Edison a. . 74° 8o°io' 12.80
- b. . 74° 79040' 14.64
- — C . . 74« 79°10' 12.22
- On voit, en premier lieu que, dans toutes leslam pes sans exception, la résistance est au-dessous de 100 unités Siemens, résultat qui ne s’accorde nullement avec les mesures préalablement effectuées sur les fils de .charbon à la température ordinaire.
- J’avais trouvé alors :
- Swan A. .
- — B. . Maxim A..
- — B..
- Lane Fox, Edison a.
- — c.
- 81.3 U. S. 7q.6 —
- 61.7 —
- 74-4 —
- 79.1 —
- 118.9 —
- 124.7 —
- 1S8.0 -
- Heureusement je trouvais une base suffisante pour le calcul des résistances des fils incandescents dans ce fait, qu’entre chaque paire d’observations je connaissais l’intensité du courant, correspondant à une résistance donnée et assez considérable par rapport à la résistance totale.
- En effet, en appelant ? la résistance dans la lampe, R' la somme des autres résistances intérieure et extérieure, nous avons :
- dont
- 100 R' tan g. (3
- ç + R' tan g. <x ^
- 100 — O-i) R' P
- Pourtant, comme les résistances dans le rhéostat de Siemens ont été déterminées à une température de 20°C, il a fallu examiner de combien la résistance de la bobine 100 U. S. varie quand le fil est parcouru par nos courants de grande intensité. Pour cela, j’ai enveloppé la bobine dans du coton pour en retarder le refroidissement; et après y avoir fait passer un courant qui faisait dévier l’aiguille de la boussole de 740, je l’ai mise en communication avec le galvanomètre universel au moyen d’un commutateur qui me permettait d’effectuer cette manipulation dans une fraction de seconde.
- J’ai trouvé qu’invariablement l’aiguille du galvanomètre restait au repos quand la résistance de la bobine était équilibrée par une résistance de 104,9 U. S. à la température ordinaire.
- Donc nous avons, en opérant avec 3a éléments :
- Nom 04 q — (/> — 1) R
- de F ç — P
- la lampe en unîtes Siemens
- Swan A . . . 2.3l2 45.4 — 0.56 R'
- — B . . . 2.393 43.4 — 0.58. R'
- Maxim A. . . 3.480 3i. 1 — 0.71 R'
- — B. . . 3 198 32.8 — 0.70 R'
- Lane Fox.. . 2.975 35.3 — 0.66 R'
- Edison a. . . 1.514 69.2 — 0.34 R'
- — b. . . 1.455 72.1 — 0.3l R'
- — c. . . 1.398 75.0 0.29 R'
- (*) Une description détaillée de cet instrum nt se trouve dans La Lumière Électrique de 1881, numéro 76, page 399.
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- et avec les 37 éléments :
- Edison à. . . 1.654 60.5 — 0.40 R'
- — b. . . 1.573 63.6 — 0.37 R'
- — c. . . 1.493 66.8 — 0.33 R'
- La valeur de R' se compose de la somme des
- trois résistances : r dans la boussole, r' dans le reste du circuit, R dans la batterie.
- Comme moyenne de trois mesures, j’ai trouvé :
- r=o.77U. S. r' = 0.18 U. S. R= 15.4U. S.
- (pour les 32 éléments), et
- R=i7.6U.S.
- (pour les 37 éléments). Donc nous avons dans la première série
- R'= 16,37 U, S.
- et dans la seconde
- R'= 18.57 u. s.
- En substituant ces valeurs, on trouve avec 02 éléments :
- Swan A . ..........
- — B...........
- Maxim A..........
- — B...........
- Lane Fox...........
- Edison a........... .
- — b...........
- — c...........
- et avec 37 éléments :
- Edison a...........
- — b...........
- — c...........
- Des observations voltamétriques, il suit (Barom., 773 mill., Therm. i5°C) : qu’en 3i5,5 secondes, il se dégage un volume de 40 CM3 d’hydrogène, quand le courant fait dévier l’aiguille de 8o°,3o' ; ce qui, après réduction à 760““ et o°,C, correspond à un volume de 38,563 CM3.
- Donc nous avons :
- (— 36.2 U. S. ou 0-45'
- 33.9 — 0.43
- 19.6 — 0.32
- 21.3 — 0.29
- 24.5 o.3i
- 62.9 — 0.53
- 66.3 0 53
- 69.6 — 0 5o
- 55.9 U. S. ou 0.47
- 59.8 — 0.48
- 64.8 — 0.47.
- Avec 32 éléments :
- Nom R H en 3i5».5 Intensité
- de la lampe P (760 mm. c»G) en ampères
- CM3 milligr.
- Swan A. . . 82° 45.92 = 4,114 I .25
- — B. . . 82° l6' 47.52 = 4258 1.29
- Maxim A. . 84°3o' 67.02 -- 6oo5 1.82
- — B. . 84“ 12' 63.53 = 5692 1.76
- Lane Fox. . 83°46' 59.08 = 5294 1.60
- Edison a.. . 77040' 29.51 = 2644 0 80
- — b.. . 77°io' 28.33 = 2538 0.77
- c.. . 76040' 27.23 - 2440 0 74
- avec 37 éléments :
- Edison a. . 8o°io' 37.23 = 3336 1.01
- — b. . 79*40' 35.39 = 3i7l o.ç6
- — c. . 79010' 33.72 = 3021 0.92
- d’où il suit, avec 32 éléments :
- Nom ç. Ç+ R' F r 9.812 dans la lampe en kilogramm, p. sec.
- do la lampe en ohms en ohms dans Je circuit Travail économ.
- Swan A. . 33.07 48.04 5.27 7.66 68 0/0
- — B. . 30.97 45.97 5.25 7.80 67 0/0
- Maxim A . 17.91 32.90 6.04 11.11 54 0/0
- — B . 19.46 34.45 6.14 10.88 56 0/0
- Lane Fox. 22.38 37.38 5.84 9.75 60 0/0
- Edison a . 57.37 73.84 3.74 4.73 79 0/0
- — b . 60 58 75.59 3.66 4 56 80 0/0
- — c . 63,5g 78 57 3.48 4.3o 80 0/0
- et avec 37 éléments :
- Edison a . 5i .07 68.18 5.3i 7.10 74-8 %
- b . 54.94 73.57 5.16 6.91 74-7 %
- — c . 59.23 76.32 5.01 6.46 77-4 °/o
- En résumant les résultats des observations pho -tométriques et galvanométriques, et n’ayant égard, pour les lampes d’Edison, qu’aux observations qui ont rapport à un pouvoir lumineux qui n’est pas inférieur à celui que l’inventeur lui-même attribue à
- lampes, nous avons l’aperçu suivant :
- Nom de la lampe Candies , Travail en chevaux-vapeur
- Swan A i3.23 0.070
- — B h.71 0.070
- Maxim A 14.79 0.080
- — B 11.67 0.082
- Lane Fox 6.83 0.078
- Edison a 12.80 0.070
- — b 14.64 0.070
- — C 12.22 0.067
- Donc,si la vitesse et la insistance intérieure r dans la machine électro-dynamique, ainsi que la résistance extérieure sont disposées de manière que 85 0/0 du travail moteur est transformé en lumière, des foyers de t i3 candies sont produits, dans les systèmes Swan et Edison pour 0,08 chevaux-vapeur, dans celui de Maxim pour 0,09 chevaux-vapeur par foyer. De sorte qu’en se servant d’une machine à gaz fournissant un cheval-vapeur par heure et par mètre cube, et en évaluant le prix du gaz à la moyenne de nos prix de Hollande (f 0.09 = 19 centimes le mètre cubique), cent lampes d2 Swan et de Edison consommeront 1 fr. 5o, cent lampes de Maxim 1 fr. 70 par heure.
- Pour contrôler l’exactitude, des résultats de mes observations, j’en ai déduit la valeur de la force électromotrice d’un élément Bunsen, et j’ai trouvé pour cette force 1,86 volts avec une erreur probable de + 0,068 volts.
- Donc en prenant comme base la valeur, en unités absolues, de la force électromotrice de l’élé-lément Daniell déterminée par M. Bosscha (*) — 1.0258 volts, il suit de nos recherches, que la force électromotrice de l’élément Bunsen est 1,82. Celle de l’élément Daniell a un chiffre qui s’accorde
- (>) PoggendoriFs Annalen, Bd. xciv, page 172.
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- parfaitement avec le facteur trouvé par M. Poggen-dorff (*) pour des éléments dans lesquels les poids spécifiques des acides étaient analogues à ceux des acides dont nous nous sommes servis.
- D’autre part, il suit de ces recherches que le nombre des calories (1 gr. i° C) développées par seconde et par gramme de zinc consommé,, est i.3i5,3, c’est-à-dire 722 fois celui des calories développées dans le même temps dans l’élément Daniell. Et d’après les recherches de MM. Favre et Silber-mann, il paraîtrait que 714 calories sont développées par la solution d’un gramme de zinc dans du sulfate de cuivre.
- Dr E. Van der Ven.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LES APPAREILS
- DE
- TÉLÉGRAPHIE MILITAIRE
- DES ÉTATS-UNIS
- Le système de télégraphie de campagne qui fait le sujet de cet article, a déjà été indiqué dans le numéro du 24 août 1881 par notre collaborateur Frank Geraldy, au cours de son étude générale sur. la télégraphie militaire. Nous y reviendrons aujourd’hui avec plus de détails.
- Le signal Office a cherché d’une part à se servir d’appareils aussi simples que possible, d’autre part, à rendre simple et rapide l’installation des postes et lignes.
- Les appareils employés pour la transmission et la réception des dépêches ont été choisis d’une façon toute spéciale. On s’est appliqué à les prendre solides, peu volumineux et faciles à manier. Ce sont, en général, des appareils réunissant en un seul instrument le manipulateur et le récepteur qui, comme cela a presque toujours lieu en Amérique, est un parleur. Différents modèles ont été essayés, mais un de ceux qui sont le plus intéressants est celui que l’on désigne sous le nom d’appareil Caton. Il est représenté dans la figure 1.
- Il se compose d’un électro-aimant E couché dans une sorte de boîte oblongue. Lorsque son armature A est attirée, elle abaisse un bras de levier L terminé par une vis réglable et qui, frappant sur line pièce T placée en dessous, produit les sons nécessaires aux communications. Cette partie de l’appareil est celle qui se trouve à gauche dans la figure. A droite, on voit le manipulateur M qui rappelle le type en usage général aux Etats-Unis. A l’état
- de repos, l’appareil est prêt pour la réception et il n’y a, lorsqu’on veut s’en servir, qu’à relier une de ses bornes à la ligne et l’autre au sol. Quand on se sert du transmetteur, l’électro se trouve automatiquement mis hors du circuit et ne gêne en rien la transmission. L’appareil est muni d’un couvercle et forme une boîte de i5 centimètres de long sur 6 de large que l’on peut transporter même dans la poche.
- La pile la plus employée aux Etats-Unis pour le service de campagne est une forme particulière de la pile Daniell. Elle consiste en une cuve de bois divisée en auges par des cloisons également en bois; le tout est imprégné de paraffine. Au fond de chaque auge est une couche de sulfate de cuivre au milieu de laquelle se trouve une lame de cuivre; au-dessus est placée une éponge imprégnée de solution de sulfate de zinc et sur cette
- FIG. I
- éponge repose une plaque de zinc. Le but de l’éponge est d’immobiliser le liquide, mais elle peut être remplacée par d’autres substances. Le couvercle de la boîte est disposé de manière à presser sur les zincs et les maintient bien exactement en place, de sorte que la pile supporte très aisément le transport.
- On emploie quelquefois aussi une modification de la pile Marié-Davy. Le vase extérieur de cette pile est en ébonite, et il est muni d’un couvercle fermant hermétiquement. Le zinc est maintenu contre les parois du vase par des cales, dont une communique extérieurement avec une borne. Le vase poreux en cuir est fixé au couvercle. Il contient une électrode de charbon fixée au couvercle et communiquant aussi à l’extérieur avec une borne. On charge la pile en remplissant le vase de cuir d’une pâte formée de bisulfate de mercure et d’eau, et le vase extérieur avec le liquide dans lequel la pâte a été faite.
- Les communications au sol sont faites au moyen
- (') PoggendorfPs Annalen* Bd. un, page 345.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- de tiges de terre se composant d’une barre de fer cylindrique de im5o de long et de 2 cent. 5 de diamètre, terminée en pointe à l’une de ses extrémités et munie à l’autre d’une borne ; le tout est galvanisé pour empêcher l’oxydation. En enfonçant cette barre des deux tiers de sa longueur dans un sol humide, on a une terre suffisante pour des lignes de 3o milles de longueur.
- Comme dans la plupart des autres pays, les voitures qui servent à transporter le matériel et les opérateurs sont aussi disposées de manière à servir de poste télégraphique. Elles sont de trois sortes, désignées sous les noms suivants :
- Voitures à piles, voitures à fils et chariots à lances.
- Chaque voiture à piles est destinée à former la station centrale de l’installation ; elle est assez grande pour contenir quatre tables à instruments , les piles nécessaires pour quatre lignes de chacune dix milles de longueur, les appareils pour chaque table , quatre tiges de terre, les matériaux nécessaires au montage des piles, des sièges pour quatre opérateurs et un poêle.
- C’est une voiture montée sur plate-forme tournante (fig. 2 et 3), et couverte de toile cirée. Elle est assez légère pour pouvoir être transportée par deux chevaux sur tous les chemins frayables pour l’artillerie. Les quatre tables, disposées sur les côtés de la voiture, sont des planchettes à charnières qui, à l’état de repos, peuvent être appliquées contre les parois du véhicule et abaissées lorsque cela est nécessaire. Les piles, renfermées dans des boîtes de six éléments chacune, sont supportées au-dessous des tables sur des consoles.
- Les appareils télégraphiques, lorsqu’ils ne sont pas en service, sont renfermés dans des poches de cuir placées également au-dessous des tables ; les matériaux nécessaires au montage des piles sont
- contenus dans le coffre qui sert de siège au conducteur. Les tiges de terre fixées par des crampons au plancher même de la voiture sont disposées de chaque côté. Le poêle est monté à poste fixe au milieu du fourgon. La porte est placée à l’arrière.
- La voiture à fils est de la même forme que la précédente et montée de la même manière. Elle est un peu plus petite et n’a besoin que de contenir une table à appareils; celle-ci est disposée contre la paroi antérieure de la voiture derrière le siège du conducteur ; le fourgon contient, en outre, un siège pour l’opérateur, une tige de terre fixée au
- plancher, un brancard maintenu au plafond par des courroies et dix bobines d’un mille chacune, fixées pendant le transport le long des côtés du wagon, une boîte contenant les outils de l’employé chargé des fils et lui servant de siège lorsqu’il est occupé à enrouler ou dé-vider le fil. Cette voiture, construite très solidement pour pouvoir supporter une lourde charge, est néanmoins assez légère pour être traînée par deux chevaux sur les chemins frayables à l’artillerie.
- La voiture à lances est une simple charrette découverte non suspendue. Elle contient 25o lances, tous les outils servant à la pose des lignes et des isolateurs pour une ligne de 10 milles. Les lances sont empilées au milieu de la voiture où elles sont retenues par des montants verticaux, et les outils et isolateurs sont renfermés dans des boîtes de chaque côté. La charge est d’environ 1 5oo kilog. et le véhicule peut être traîné par un attelage de six mules.
- Un train complet se compose d’une voiture à piles, de quatre voitures à' fils et de quatre voitures à lances. On conçoit dès lors comment se fait une installation en campagne. La voiture à piles est placée au quartier général. De là on fait
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- partir quatre lignes dans des directions différentes et chaque équipe emporte avec elle une voiture à fils qui doit servir de poste et une voiture à lances. Le quartier général communique ainsi avec quatre points différents qui peuvent en être éloignés chacun de io milles.
- Les quatre lignes partant du wagon central peuvent aussi être établies les unes à la suite des autres, on a alors une ligne de 40 milles avec trois stations intermédiaires équidistantes entre les stations extrêmes.
- Enfin on peut faire rayonner de la voiture centrale trois lignes dont une moitié plus longue que les autres.
- Quand une ligne doit être posée de la station centrale à un point quelconque, un officier est détaché en avant avec quelques hommes, il examine quelle est la meilleure position à donner à la ligne et fait placer des guidons. La voiture à fils qui doit servir de station et le chariot à lances partent ensuite et suivent les guidons. Le déroulement du fil et la pose des lances se fait à mesure que les voitures • avancent.
- Les lances qui servent au support des lignes sont longues de 5 mètres, afin que les lignes n’entravent pas le passage des voitures.
- L’un des bouts se termine par une pointe mousse
- l’autre porte un ferrement de 8 centimètres. On emploie quarante de ces lances pour chaque mille de fil, mais le nombre en peut être réduit dans certains cas. Les isolateurs ont des formes différentes, mais sont toujours en caoutchouc durci.
- Le fil employé pour con-stituer les lignes est du fil de fer nu ayant un diamètre de 2mm. Dans les cas où on ne pourrait planter les lances, et où l’on est obligé de placer directement le fil sur le sol, on emploie au contraire du fil de cuivre isolé.
- Chaque équi-pe partielle comprend un directeur, quatre officiers et trente-six, hommes; elle constitue le personnel nécessaire à l’établissement et à l’exploitation d’une ligne. Les quatre équipes correspondant aux quatre lignes sont commandées par un chef de train, de sorte que le train complet de télégraphie militaire comprend en tout i65 personnes. L’ensemble du système repose donc, on le voit, sur l’emploi de voitures toutes agencées pour servir de stations. On évite ainsi le montage de tentes servant de bureau, montage qui demande toujours un certain temps, et on simplifie l’installation du réseau.
- Aug. Guerogt.
- FIG. 3
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- LES SCIENCES PHYSIQUES
- EN BIOLOGIE
- L’ÉLECTRICITE
- 3e article. (Voir le 11° du 25 février.)
- <£ Puisque vous êtes physiologiste, dites-moi s’il vous plaît ce qu’est la vie ? » Telle est l’innocente plaisanterie que nous font parfois des mathématiciens. Et même des physiciens.
- A un mathématicien on peut répondre par la phrase profonde du spirituel Poinsot, citée si souvent par Cl. Bernard dans ses, cours. « Si quel-« qu’un, disait Poinsot, me demandait de lui « définir le Temps, je lui répondrais: Savez-vous « de quoi vous parlez? » S’il me disait: « Oui. » « —Eh bien,parlons-en. » S’il me disait: « Non. » « — Eh bien, parlons d’autre chose. »
- Si la question est posée par un physicien interrogez à votre tour. '
- « Puisque vous êtes physicien, dites-moi, s’il vous plaît, ce que sont l’Attraction universelle, le Magnétisme, l’Electricité ? etc... »
- Vous pourriez questionner longtemps sans avoir de réponse.
- Qu’est-ce que cela prouve ? Simplement, comme le disait Pascal, qu’il ne peut pas exister de définition des choses naturelles. Dans les sciences naturelles toute définition cache une hypothèse.
- Les objets nous apparaissent graduellement, nous les examinons sous des points de vue différents. Nous ne pouvons connaître une courbe que lorsque nous avons pour la tracer un nombre de points suffisants. Il en est de même pour la vie : ce n’est pas au commencement que nous en avons une connaissance assez complète pour pouvoir hasarder une définition suffisante pour être comprise. Cette définition doit arriver à la fin comme résumé embrassant l’ensemble des connaissances que nous avons acquises à ce sujet. Cette défini-, tion ne peut d’ailleurs être que provisoire ; elle doit être modifiée à mesure que la science avance pour embrasser les phénomènes nouveaux que l’expérimentation nous révèle chaque jour.
- La méthode qui consiste à tout déduire d’une définition unique peut convenir, suivant le mot de Bernard, aux sciences de l’esprit, mais elle est contraire à l’esprit même des sciences expérimentales.
- En se pénétrant bien de ces idées, on comprendra aisément qu’une définition de la vie serait tout aussi illusoire qu’une définition de l’attraction universelle ou de l’électricité. Les sciences expérimentales n’ont pas à donner de définitions à priori. La vie n’existe pas, c’est une abstraction; il n’y a que les êtres vivants. La vie est un mot ou une inté-
- grale par laquelle notre esprit résume un ensemble de phénomènes qui se passent chez l’être vivant.
- On peut donc continuer à employer ce mot vie à la condition expresse de ne pas faire d’équivoque en l’employant, et en le considérant simplement comme une expression abrégée par laquelle nous caractérisons un ensemble de phénomènes.
- Ce qui doit nous préoccuper c’est de fixer les caractères de la vie en les subordonnant; ce qu’il faut étudier, ce sont les manifestations physicochimiques que nous appelons vitales parce qu’elles se passent dans un milieu spécial.
- Toutes les définitions (et elles sont innombrables) qu’on a voulu donner à priori de la vie sont ou incomplètes ou fausses ; quelquefois même ridicules.
- Nous sortirions complètement de notre cadre en faisant cette énumération vraiment homérique. Nous nous bornerons à les diviser en deux catégories qui les comprennent toutes.
- Deux écoles rivales ont été en présence dès la plus haute antiquité. L’une l’Ecole spiritualiste, représentée parles philosophes Platoniciens, trouvait la raison de la vie dans un principe immatériel. Ce principe a souvent changé de nom. Au moyen âge, l’école de Stahl l’a identifié avec l’âme. Cette doctrine s’est appelée Y animisme. Plus tard l’animisme a été mitigé en passant par l’école de Montpellier représentée par Barthez qui en a fait le vitalisme. Le principe vital immatériel a simplement remplacé l’âmè également immatérielle. Il n’y a, comme on le voit, de changé que le mot ; la doctrine est au fond la même; la passivité absolue de la matière vivante.
- Dans notre siècle ce principe vital a été morcelé par Bichat; au lieu d’être unique, il s’est divisé en autant de principes vitaux pour ainsi dire qu’il y a de tissus différents. La doctrine vitaliste est devenue la doctrine des propriétés vitales. Bichat n’a pas supprimé le principe vital, il l’a décentralisé, il en a donné la monnaie, suivant la spirituelle expression de Bernard.
- Le fond de toutes ces doctrines est le même; il faut chercher la cause de la vie en dehors de l’être vivant, et non dans les propriétés physico-chimiques de la matière vivante. Bien plus, les propriétés vitales sont constamment en opposition avec les propriétés physiques: La vie est Vensemble des fonctions qui résistent à la mort, d’après Bichat et l’école vitaliste.
- La conséquence forcée qu’entraîne cet antagonisme saute aux yeux : plus les propriétés vitales sont énergiques dans un organisme, plus faibles devraient être ses propriétés physiques, et réciproquement. L’expérience montre, comme nous le verrons, qu’il n’en est rien ; et que l’intensité des phénomènes physico-chimiques mesure, au contraire, l’activité vitale.
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- La seconde école, l’école matérialiste de Démo-crite et d’Epicure rapporte au contraire tout à la matière et à ses propriétés générales, telles que nous les fait connaître l’étudé des corps bruts. Cette conception de la vie a l’avantage, il est vrai, de faire rentrer l’être vivant sous l’empire des forces naturelles, elle simplifie le problème vital. C’ést là précisément ce qui constitue son défaut, car en assimilant complètement la matière organisée et la matière brute elle est contraire aux faits les plus vulgaires qui nous les montrent complètement distinctes dans leur manière de réagir.
- Une conception aussi simple et aussi primitive de la vie n’est au fond que la négation complète du problème vital, elle n’en constitue pas une solution.
- Ce qui différencie l’être vivant de la matière brute ce n’est pas sa composition, tout le monde est d’accord en cela avec l’école matérialiste.
- La distinction fondamentale est celle qui se tire de Y évolution. Le corps vivant naît, grandit, se reproduit et meurt, il ne reste jamais identique à lui-même comme le corps brut.
- Il se modifie successivement depuis la naissance jusqu’à la mort, en passant par une série d’intermédiaires fixés à l’avance, et dont l’ensemble constitue une courbe évolutive, rigoureusement déterminée pour chaque être, et qui ne varie qu’avec l’espèce à laquelle il appartient. C’est en se plaçant à ce point de vue qui résulte des faits que l’on peut dire: La vie, c'est l'évolution. Mais qu’on y prenne garde, cette définition n’est pas une explication. Quelles sont en effet les causes de l’évolution ? Cette définition ne nous en dit rien. Tout ce que nous apprend l’expérience, c’est que la matière vivante est douée des deux propriétés suivantes :
- i° Elle se modifie avec les milieux.
- 2° Elle conserve et transmet par hérédité ces modifications antérieures.
- C’est là le fait simple, irréductible actuellement, et qui résulte de tout ce que nous connaissons.
- La matière vivante par excellence, l’œuf, qu’on retrouve à l’origine de chaque être, est tout à fait comparable à une planète. Comme cette dernière il se meut dans une orbite déterminée à l’avance constituant sa courbe évolutive propre.
- Toutes les forces qu’il développera durant sa vie, il les emprunte au monde physique dans lequel il évolue, il ne crée rien par lui-même, ni force ni matière, nous sommes d’accord en cela avec la théorie purement matérialiste. Ce qui caractérise l’être vivant, je le répète, c’est sa courbe évolutive.' Aucune force actuellement agissante ne peut en donner la raison. La cause de l’évolution n’est pas dans le présent-, elle résulte de l'état antérieur ; elle est dans le passé. Quoi d’étonnant à cela? Est-ce que l’impulsion initiale, reconnue par les astro-
- nomes, impulsion qui a donné sa forme actuelle à l’orbite de la planète est actuellement active ?
- La matière vivante a donc pour ainsi dire contracté des habitudes dans ses existences antérieures. Par l’hérédité elle a transmis les nouvelles habitudes contractées sous l’action modificative des milieux.
- De sorte que lorsque nous entrons en lutte avec la matière vivante, nous avons à considérer autre chose que le présent nous entrons également en lutte avec le passé. Là est le secret de la différence d’action que nous constatons entre les corps bruts et les corps vivants.
- La vie peut donc être définie: La lutte du passé transmis par hérédité, avec le présent qui tend à modifier; ou plus simplement: La vie est le conflit permanent du passé avec le présent.
- Cette définition présente à mon, point de vue le double avantage de séparer complètement l’étude des corps vivants de l’étude des corps bruts et d’indiquer de plus la marche à suivre. La physiologie est donc une science autonome qui doit étudier :
- i° L’action modificatrice des milieux.
- 2° Les lois de l’hérédité.
- Pour aboutir à l’action qui est so’n but, montrons d’abord : i° que contrairement à l’opinion des vitalistes, l’apparition des manifestations vitales est intimement liée à la réalisation en nature et en degré de certaines conditions physico-chimiques du milieu, et, 2° que, contrairement à la théorie matérialiste, l’existence seule de ces conditions ne suffit pas à provoquer ces manifestations.
- (A suivre.) Dr A. d’Arsonval.
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- SUR LES VAISSEAUX DE GUERRE
- Nous avons commencé une série .d’études sur les applications de la lumière électrique aux services de la marine et nous avons déjà montré les avantages considérables que les vaisseaux de toute sorte peuvent retirer de l’emploi du nouveau système d’éclairage.
- A bord des divers steamers, l’électricité peut être économiquement produite, puisqu’il est toujours facile de distraire quelques chevaux vapeur de la machine pour faire marcher les appareils destinés à engendrer le courant, la question de dépense est donc pour ainsi dire accessoire et il est tout naturel de constater que les installations électriques ~se sont multipliées sur les navires à vapeur depuis le moment où les progrès scientifiques ont rendu leur fonctionnement tout à fait pratique.
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- Il y a quelquè temps déjà, les grandes compagnies ont inauguré le nouveau mode d’éclairagè pour leurs salons et leurs cabines et nous avons enregistré, à mesure, les essais qui étaient téntés dans la voie du progrès. C’est ainsi que, dès 1881, nous avons signalé : le paquebot City of Richmond, de la ligne Inman, éclairé avec des lampes Swan; le Servia, de la compagnie Cunard, lampes Swan et Siemens, alimentées par une machine dynamo-Siemens, mue par un moteur à trois cylindres : Brotherhôod ; le Chateau-Léoville, faisant le service entre Bordeaux et New-York et appartenant à unè ligne française, éclairé avec des lampes Swan; le steamer Arabie, faisant partie de la flotte de la White-Star-Line, avec le système Swan; lé City of Worchester, construit pour la ligne N01-wich, éclairé au moyen de 270 lampes Edison ; le vapeur Daphné, du Lyold autrichien, est aussi pourvu, depuis 1881, d’appareils d’éclairage électrique; le Victoria, construit dans les chantiers de la Clyde, en Angleterre, pour le service des passagers entre Portsmouth et l’i'le de Wight et pouvant contenir huit cents personnes, est éclairé électriquement; le paquebot India, de la compagnie British India Steam Navigation, avec des lampes Swan; le Dacia, de la India Rubber Company, a fait la . traversée de Liverpool à Rio de Janeiro avec le même éclairage ; enfin, nous apprenons chaque jour que de nouvelles installations d’éclairage électrique sont faites par la plupart des compagnies de navigation.
- Cette question si importante devait intéresser au plus haut degré les hommes spéciaux de la marine de guerre; aussi des expériences suivies ont été faites en France dès le mois de septembre 1879, sur le cuirassé le Richelieu.
- Les nouveaux engins de guerre maritime ont nécessité un remaniement complet dans la tactique navale ; les puissants cuirassés, qui semblaient des forts inaccessibles devant amener la dévastation partout où ils paraîtraient, ont fait éclore un ennemi, la torpille, bien minime comme massepropor-tionnelle, mais d’un effet terrible sur les immenses constructions flottantes, édifiées à grands frais par quelques pays européens qui croyaient assurer ainsi leur prépondérance sur les mers.
- La torpille sè compose élémentairement, comme on le sait, d’une masse de fonte creuse, chargée avec une matière explosible, sorte d’obus énorme qui, au lieu d’être projeté par un canon, est simplement porté à côté du navire ennemi ou bien est mis à l’eau et dirigé au moyen d’un mécanisme auto-propulseur, jiisqu’au navire qu’il détruit par sa simple.explosion; on emploie ordinairement, pour charger ces terribles engins, le fulmi-coton, dont la force explosible a permis de construire des torpilles d’une puissance telle, que lorsque l’une d’elles vient à éclater auprès d’un navire cuirassé des plus soli-
- dement construits, il se produit dans ses flancs une brèche assez considérable pour le faire couler immédiatement. Grâce à l’électricité, dont on se sert pour produire à distance l’inflammation et l'explosion de la torpille, le maniement de ces effroyables appareils de destruction peut être effectué aujourd’hui par nos jeunes officiers de marine avec un peu moins de dangers; mais dans la plupart des cas, il faut, avec le bateau torpilleur, embarcation construite sur un modèle aussi petit que possible, et possédant la plus grande vitesse que l’on peut obtenir, vu les proportions, aller trouver le cuirassé ennemi, placer au-dessous de sa flottaison l’engin de destruction ou au moins le diriger à une certaine distance et le faire exploser en s’éloignant au plus vite. Pour que ces diverses opérations puissent s’effectuer, il est nécessaire que les agresseurs puissent s’approcher sans être vus et s’éloigner très rapidement, une fois la torpille lancée.
- Les bateaux torpilleurs ont, comme nous l’avons dit, une machine à vapeur d’une très grande vitesse malgré leurs proportions restreintes, et fonctionnant sans bruit appréciable. La torpille, chargée et amorcée, est placée à l’avant; la frêle embarcation se lance vers le navire ennemi, comme le montre le dessin ci-contre, ses quelques hommes d’équipage tout prêts pour la manœuvre qui va s’effectuer et on laisse tomber la torpille pour s’éloigner à toute vitesse.
- Aujourd’hui donc, les navires cuirassés, avec leurs imposantes masses, leur puissante artillerie et leur nombreux personnel pour l’attaque des ports ou la lutte avec une flotte ennemie, sont menacés d’être annihilés par les flotilles de bateaux torpilleurs, si faciles à établir à des prix relativement modiques et ne nécessitant qu’un: personnel très restreint de marins expérimentés et déterminés. Aussi est-il indispensable, pour les grands vaisseaux de guerre, d’avoir à leur bord un fanal électrique leur permettant d’explorer l’horizon, afin d’apercevoir là nuit les canots porte-torpille qui arrivent dans leurs eaux et menacent leur existence ;, la marine française, justement préoccupée de cette grave question, en même temps qu’elle forme, à l’école spéciale de Boyard ville, un ensemble d’officiers torpilleurs pour l’attaque, n’a pas négligé l’étude des moyens de défense pour ses grands navires cuirassés construits au prix de si importants sacrifices. Comme nous l’avons déjà dit, des expériences suivies ont été faites, dès 1879, sur le navire de guerre le Richelieu et répétées depuis sur un certain nombre de vaisseaux; on sait du reste que pendant la campagne de Tunisie l’amiral Garnault a fait employer plusieurs fois les appareils électriques placés sur les navires de son escadre, non pas pour signaler les bateaux torpilleurs, puisque l’ennemi que l’on combattait ne possédait aucun engin de ce genre, mais pour
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- FANAL ÉLECTRIQUE DÉMASQUANT UN BATEAU TORPILLEUR
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- opérer des débarquements ou éclairer des ports à bombarder, notamment- devant Sfax, Gabès, Mo-nastir et Sousse.
- Les études-faites sur le Richelieu dès 1879 ont servi de base, dans la marine française, pour l’application du fanal électrique; aussi est-il intéressant d’en connaître les résultats. La source d’électricité employée alors pour l’éclairage était une machine électro-magnétique de Gramme du type C, de la maison Sautter-Lemonnier, désignée sous la dénomination de machine de 1,600 becs, puissance nominale, bien entendu ; elle était mue par un moteur Brotherood.
- Deux types de lampe ont été employés, les unes extrêmement simples, dites lampes à main, et les autres assez délicates et d’un mécanisme complexe, dites lampes automatiques.
- :Les premières, formées d’organes simples et robustes permettent d’orienter les ppintes des charbons les unes par rapport aux autres, d’élever ou d’abaisser d’une même quantité les deux porte-charbon et enfin de rapprocher, à la main, les deux pointes l’une vers l’autre au moyen d’une vis et d’un petit volant. Les déplacements des deux porte-charbon inférieur et supérieur sont dans le même rapport (de 1,8 à 1) que les vitesses d’usure des charbons par l’incandescence. Ces lampes sont munies de contacts métalliques qui établissent d’eux-mêmes la communication électrique avec les conducteurs du projecteur et de deux bornes pour le.s expériences faites en dehors du projecteur. Le charbon inférieur est isolé du massif même de la lampe et reçoit le conducteur du pôle négatif ; le charbon supérieur est en communication avec le massif et reçoit le conducteur du pôle positif.
- On compense l’usure des charbons, et on donne à ,1’écartement des pointes ou à la longueur de l’àrc lumineux des valeurs constantes ou variables, à volonté, en manœuvrant le petit volant à main.
- iLes secondes, ou lampes automatiques du système Serrin, contiennent un mécanisme beaucoup plus compliqué et plus délicat; elles sont construites en vue d’éviter la présence nécessaire d’une personne auprès du fanal électrique en maintenant un écartement constant entre les pointes de charbon malgré l’usure due à la combustion. Le fon'c-tiônnement de ces lampes conçues il y a une vingtaine d’années, est trop connu pour que nous ayons à le décrire ici.
- Elles sont munies de contacts et de bornes comme la lampe à main; le charbon inférieur est aussi isolé et relié au pôle négatif; le charbon supérieur communique avec le massif de l’appareil et le pôle positif de la source électrique.
- 'Avec le modèle primitif du régulateur Serrin, il : est évident que le fonctionnement automatique dé l’appareil souffre lorsqu’on emploie, comme squrce d’électricité, une machine électro-magné-
- tique comme, celle de Gramme, ce qui constitue un régime si différent de celui des piles pour lequel son principe a été conçu. C’est ce qui explique les mauvais résultats qu’on a obtenus dans la pratique par son usage. Tantôt, en effet, l’arc s’allonge, la machine s’accélère sans que l’on ait touché au ressort antagoniste ; tantôt la pression baissant brusquement, l’intensité du courant diminue en même temps et l’arc se rompt; dans d’autres cas, si la pression baisse graduellement, l’intensité diminue peu à peu d’une manière continue; le mouvement d’horlogerie rapproche les charbons presque jusqu’au contact, et à partir de ce moment il faut attendre patiemment que l’arc ait repris, par l’usure des charbons, sa longueur primitive. Aussi doit-on, pour éviter les extinctions et avoir un fonctionnement suffisamment régulier, donner au ressort une certaine tension et se maintenir dans des longueurs d’arc très limitées, 3 à 4 millimètres, c’est-à-dire la moitié environ de ce que .l’on pourrait atteindre avant la rupture.
- Il faut aussi remarquer que toute secousse, tout mouvement provenant du roulis et même du tangage, peuvent faire osciller l’armature, et, par suite, provoquer, malgré les meilleures suspensions, soit une rupture de l’arc, soit un rapprochement des charbons, qui ne reviendront à la distance normale qu’au bout d’un temps plus ou moins long.
- Pour parer à ces inconvénients, M. Serrin a, comme on le sait, modifié sa lampe, et l’ôn en a vu à l’Exposition un modèle susceptible de fonctionner en mouvement et dans toutes les positions; mais malgré ces perfectionnements, le système de lampe automatique Serrin ne présente à bord que le minime avantage de permettre, pour un temps très limité, l’absence ou l’éloignement du personnel. Cet avantage est absolument illusoire, puisque le faisceau-lumineux doit être incessam-. ment changé de direction, et le projecteur manœuvré par une personne à laquelle le réglage de la lampe n’ajoute aucun surcroît de travail.
- Il reste donc démontré que, dans la presque totalité des cas où la lumière électrique pourra être employée à bord, la lampe à main, si bien connue, présente une grande supériorité sur toutes les autres, et convient seule à ce service en raison des avantages suivants :
- Facilité et rapidité de l’amorçage et de rallumage ;
- Possibilité d’obtenir instantanément la longueur d’arc voulue ;
- Les charbons peuvent être écartés autant que le régime du moteur le permet pour fournir ainsi la plus grande intensité lumineuse possible;
- Insensibilité de l’appareil aux mouvements du projecteur ét du navire ;
- Permission de .presser les charbons l’un contre
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- l’autre pour écraser et faire disparaître les champignons ;
- Le mécanisme est simple et solide, son prix est relativement peu élevé (3oo fr. au lieu de 800), les réparations sont faciles à exécuter à bord;
- Rien n’exigeant la position verticale des porte-charbon, on en a profité pour les incliner, ce qui réduit beaucoup le déplacement à donner au charbon supérieur; on peut même la plupart du temps laisser les charbons dans le prolongement l’un de l’autre, ce qui simplifie beaucoup la manœuvre, et évite des altérations dans le faisceau lumineux.
- Après la série d’expériences faites en 1879 sur le çuirassé le Richelieu, qui faisait partie de l’escadre d’évolution, on est arrivé à exprimer le désir de voir placer sur tous les bâtiments de guerre une lampe électrique à main par projecteur pour le service ordinaire, une lampe à main de rechange, et au besoin une lampe automatique pour permettre, dans un cas particulier, de maintenir le fanal allumé dans une position périlleuse où l’on ne voudrait pas exposer le personnel.
- C.-C. Soulages.
- INDICATEUR TÉLÉPHONIQUE
- DE LA TORSION ET DE LA VITESSE ANGULAIRE DE L’AXE MOTEUR DES MACHINES, ET PAR CONSÉQUENT DU TRAVAIL.
- 1. — Dans un mémoire présenté à l’Académie des Sciences par M. le comte Th. du Moncel, le i5 mai 1880, j’ai donné la description d’une disposition mécanique très simple, qui, appliquée à l’axe moteur des machines, permettait d’en mesurer la torsion au moyen du téléphone. Mais avec un tel procédé, il faut deux personnes, une au téléphone qui doit se placer à une distance considérable de la machine dont le bruit peut empêcher d’entendre les sons émis par le téléphone, l’autre très près de l’arbre moteur pour déplacer une des bobines jusqu’à l’extinction des sons du téléphone, et mesurer le déplacement nécessaire à cet effet afin d’en déduire la torsion. En outre, le procédé n’est applicable qu’aux machines dont l’axe moteur a une longueur assez grande.
- J’ai étudié une nouvelle disposition qui peut s’appliquer à une machine quelconque (en modifiant convenablement l’appareil transmetteur) et dans laquelle un seul expérimentateur, placé à une distance quelconque de la machine, peut mesurer la torsion et la vitesse de rotation de l’arbre moteur, et, par conséquent, le travail de la machine.
- L’appareil se compose de deux parties reliées entre elles par un circuit électrique : l’une, appliquée à l’axe moteur, forme le transmetteur; l’autre,
- placée à une distance quelconque, constitue l’appareil récepteur. Le. principe sur lequel l’appareil est fondé peut s’énoncer de la manière suivante :
- * Si dans un circuit contenant une pile/» (fig. 1) « et un interrupteur de courant s capable de don-
- « ner un son, il y a deux bobines identiques a, b « disposées en tension, et dont les spires soient « l’une dextrorsum, l’autre sinistrorsum, les cou-« rants d’induction excités dans deux autres bobines « a', b' (induites) égales en tout et reliées en ten-
- FIG. 2
- « sion sur un circuit contenant un téléphone 1,
- « se détruisent, et par conséquent le téléphone « reste muet si elles sont également distantes et « également placées relativement aux bobines in— « ductrices a, b; mais le téléphone émettra un son « si les distances des bobines induites aux bobines « inductrices ne sont pas égales. »
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- 4<X)
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 2. Appareil transmetteur. — Dans les machines où la longueur de l’axe moteur est assez grande, on peut donner au transmetteur la disposition indiquée (fig. 2) :
- Un tube BB' EE', ayant une longueur d’un mètre et demi ou de deux mètres, embrasse l’axe moteur MM' en le touchant seulement dans les sections BB', EE' qui correspondent à ses extrémités; mais tandis qu’il est fixe et boulonné sur l’arbre en BB', il touche l’autre section EE' à frottement doux. A cette extrémité, le tube porte une fourchette qui s’élève un peu au-dessus de la surface cylindrique de l’arbre moteur MM', et qui est munie entre ses branches d’un taquet I qui termine le petit bras ol du levier IoC mobile autour d’un pivot o fixé sur l’axe moteur normalement à sa direction. Le long bras oC de ce levier passe au-dessous du secteur métallique AA', qui est fixe sur l’arbre à ses deux extrémités, et maintenu dans le plan du mouvement du levier. Si la vitesse de rotation était un peu considérable, la force centrifuge tendrait à écarter le bras oC du levier IoC du plan du secteur, mais glissant sur celui-ci, ce bras est empêché de céder à cette action. Le long bras oC porte à son extrémité une bobine (inductrice) C; un des bouts de l’hélice s’attache au petit ressort N« et à la borne N isolée sur l’axe moteur, et cette borne est en communication métallique avec l’anneau isolé R, ayant des dents sur son contour à la manière d’une roue dentée; l’autre bout de l’hélice communique avec la partie métallique du levier IC etpar conséquent avec l’axe moteur MM'.
- Yis-à-vis de la bobine inductrice C, à une distance convenable et à la hauteur de celle-ci, est fixée sur l’arbre MM' une bobine induite D qui a un de ses pôles en communication avec l’axe moteur, et l’autre avec l’anneau isolé R'. Contre la gorge pratiquée sur le contour de cet anneau, appuie un petit frotteur m ou une petite tige élastique, et entré les dents de la roue R s’avance une lame de ressort disposée de manière à toucher les dents et à fléchir un peu, à chaque dent qui passe, pendant le mouvement de rotation de la roue.
- Si l’effort moteur est appliqué au-dessus de la roue R, et que le mouvement ait lieu selon la direction de la flèche, la résistance étant placée au-dessous de la section BB', la bobine C s’approchera de la bobiné D d’une quantité proportionnelle à l’effort transmis à l’axe. En effet, supposons que, lorsque la machine est au repos, les points M, I,o, h soient sur la même génératrice : il n’en sera plus de même lorsque l’axe moteur sera en mouvement; le tube BB'E'E, qui n’est fixé à l’arbre que dans la section BB', n’est assujetti à aucune torsion, et les points M, I seront toujours contenus dans la section de la génératrice Mloh; mais dans la portion de l’arbre embrassée par le tube, il y aura une petite torsion, et les points 0, h se déplaceront de la génératrice Mloh dans le sens
- de la rotation en prenant la position o', h'. Or, il est évident que le déplacement de la bobine C sera proportionnel au déplacement o, o' du point o, et par conséquent proportionnel à l’effort moteur; l’on voit, en outre, que la bobine C s’approchera de la bobine D si la rotation a lieu de gauche à droite, mais elle s’en éloignera si la rotation a lieu en sens opposé.
- 3. Appareil récepteur. — L’appareil récepteur est très simple. Il se compose de deux bobines C', D', exactement semblables aux bobines C, D, et placées de la même manière l’une relativement à l’autre. La bobine induite D' est fixe, et la» bobine inductrice C' est mobile, et au moyen d’une vis ou d’une autre disposition, elle peut s’approcher ou s’éloigner de la bobine D'. Une règle graduée, sur laquelle cette bobine peut glisser, sert à mesurer ses déplacements.
- Les bobines inductrices C,C', la roue R, qui fonctionne comme interrupteur et qui doit avoir un nombre de dents assez considérable (plus grand à mesure que la vitesse de rotation est plus petite) et la pile P sont intercalées dans un même circuit qui, à chaque tour de l’axe moteur, est ouvert et fermé autant de fois qu’il y a de dents dans la roue R. Les bobines C,C' sont reliées en tension, et les deux hélices inductrices sont disposées de manière à exciter des courants contraires dans les bobines induites D,D'.
- Un téléphone T introduit dans le circuit contenant les deux bobines induites D, D' qui sont reliées en tension complète, avec un diapason G l’appareil récepteur.
- 4. Fonctionnement de l'appareil. — Pour bien comprendre le fonctionnement de l’appareil, commençons par supposer que la machine soit en repos,. mais que le courant inducteur soit interrompu 5o à 60 fois par seconde. Alors les courants d’induction excités au même instant dans ies bobines D,D' seront égaux et contraires si la distance ei des bobines C et D est égale à la distance e'i' des bobines C' et D' ; par conséquent le téléphone T n’émettra aucun son.
- Si la machine en mouvement ne donnait lieu à aucune torsion dans l’axe moteur, la distance ei' serait touj ours égale à e' i', et le courant inducteur serait interrompu, à chaque tour, autant de fois qu’il y a de dents sur le contour de la roue R, mais les courants induits excités au même instant dans les bobines D,D' étant encore égaux et contraires, leur action sur le téléphone serait nulle, il n’émettrait aucun son, et par conséquent il serait muet. Mais comme il se produira nécessairement une torsion dans l’arbre moteur, la bobine C se rapprochera de la bobine D d’une quantité proportionnelle à la torsion, et par conséquent proportionnelle à l’effort transmis à l’ar-
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- bre. La distance et étant alors diminuée, les courants d’induction excités dans la bobine D auront une intensité plus grande que les courants excités dans la bobine D', et le téléphone T émettra un son dont l’intensité sera en rapport avec les distances ei, e'i'. En approchant peu à peu la bobine O de la bobine D', l’intensité des sons émis par le téléphone s’affaiblira graduellement, et lorsqu’il sera muet, on en conclura, que ei — é'i'. La mesure delà distance e'i' étant donnée par la règle graduée, la distance et sera connue, et par conséquent on connaîtra aussi l’effort moteur si on connait le rapport existant entre cet effort et la distance des bobines C et D. Or, ce rapport peut être déterminé expérimentalement de la manière suivante: on fixe d’une manière invariable une section de l’axe moteur amdessous de la section BB', et à l’aide d’un dynamomètre appliqué à l’extrémité d’un bras de levier H au-dessus de la roue R, on mesure l’effort F correspondant à chaque distance des bobines C et D.
- Pour chacune de ces distances, on doit s’assurer si dans l’appareil récepteur le téléphone est muet lorsqu’on place les bobines C', D' à la même distance.
- Pour cela, à l’aide d’un interrupteur, on fait agir le courant inducteur sur les bobines induites, et on déplace la bobine C du récepteur jusqu’à ce que le téléphone soit muet; alors la distance e'i', sera égale à ei si les masses métalliques qui exercent leur action sur les bobines C, D sont égales et disposées comme les masses agissant sur C', D'. Mais comme C et D pourraient être influencées par l’axe moteur, qui n’exerce aucune action sur C et D', il pourrait se faire que la distance de ces dernières bobines ne fût pas égale à la distance de C et D lorsque le téléphone est muet. Toutefois, ayant déterminé ei pour chaque effort appliqué à l’axe moteur, on écrira la valeur de cet effet sur l’échelle sur laquelle la bobine C' peut glisser, et de cette manière on saura que le nombre écrit sur l’échelle au point où la bobine C' rend muet le téléphone, donne en kilogrammes l’effort moteur F appliqué à l’arbre à l’extrémité du bras de levier H.
- Pour soustraire autant que possible les bobines C, D à l’action de la masse métallique de l’axe moteur, on les a élevées au-dessus de sa surface d’une quantité convenable, et, en outre, toutes les bobines, soit du transmetteur, soit du récepteur, sont sans noyau magnétique.
- 5. — Avec les éléments que nous avons appris à déterminer, on peut calculer le travail de la machine par tour de l’axe moteur; ce travail est évidemment donné par la formule 2 n. H. F en kilo-grammètres, si H est exprimé en mètres et l’effort F en kilogrammes. Et si l’on veut connaître le travail de la machine dans l’unité de temps ou dans
- un temps quelconque t, il faut-connaître la vitesse de rotation de l’axe moteur ou le nombre de tours qu’il accomplit par seconde. On arrive à obtenir ce résultat de la manière suivante, sans rien ajouter à la disposition mécanique indiquée : Soit, en effet, n le nombre des dents de l’anneau R, soit aussi n le nombre de vibrations doubles que, dans l’unité de temps, exécute le diapason G lorsque les masses métalliques portées par ses branches occupent la position indiquée sur la figure. En déplaçant ces masses, soit à gauche, soit à droite, le nombre des vibrations exécutées varie, et l’échelle tracée sur les deux branches pourra en faire connaître le nombre, pour chaque position des masses, si nous supposons ce nombre écrit sur les branches.
- Maintenant, il est facile de comprendre comment on peut faire l’expérience pour déterminer le nombre
- FIG. 3
- des tours de l’axe moteur dans l’unité de temps. On écoute au téléphone (qui donne un son assez fort pour être entendu, sans qu’il soit nécessaire de l’approcher à l’oreille), et on met en vibration le diapason G. S’il est à l’unisson avec le téléphone, le nombre qui correspond à la position des masses est égal au nombre des dents de la roue R qui, dans une seconde, touchent la lame L, ou au nombre d’interruptions du courant de la pile P, si l’unisson n’existe pas. Dans ce dernier cas, on déplace les masses sur les branches dû diapason jusqu’à ce que l’on ait obtenu l’unisson. Alors, on lit le nombre n' qui correspond à la position des masses et qui sera aussi celui des dents passées devant L dans une seconde ; le nombre des tours de l’axe moteur dans
- l’unité de temps sera donc:—. Maintenant, nous avons tous les éléments du travail T qui sera :
- n'
- T = 2 w H. F. —.
- n
- par seconde.
- En résumant ce que nous avons dit ci-dessus, on voit qu’on peut interroger le récepteur à un instant quelconque, que cet appareil peut être à
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- une distance quelconque de la machine, et que le travail de celle-ci peut être connu en faisant les deux expériences suivantes. On établit l’unisson du diapason G avec le téléphone T, et on a le nombre
- — des tours de l’axe moteur en une seconde ; on 11
- déplace la bobine C' jusqu’au moment où le téléphone devient muet, et on a l’effort F transmis à l’axe moteur. La valeur de ces éléments ainsi déterminés, substituée dans la formule qui précède, fait connaître le travail de la machine dans l’unité de temps.
- 5. — Nous avons supposé que pour une certaine position de la bobine C', le téléphone cesse d’émettre des sons : cela suppose que la torsion de l’axe moteur est constante. Or, il est évident que cette torsion peut varier non seulement pendant la durée de l’expérience, mais à chaque tour de l’axe. Elle peut varier périodiquement, de manière qu’il y ait des maximct et minima, et dans ce cas on déplace la bobine jusqu’à ce que le téléphone donne un son d’intensité minima; alors l’effort F qu’on lit sur l’échelle exprimera l’effortmoteur moyen, et par conséquent la formule donnera aussi le travail moyen par seconde.
- L’appareil transmetteur que nous avons décrit ne peut pas s’appliquer aux machines, si l’axe moteur n’a pas une longueur assez grande ; mais en le modifiant d’une manière convenable, on peut l’appliquer à une machine quelconque. Supposons d’abord que le mouvement soit transmis à l’arbre moteur à l’aide d’une courroie. Dans ce cas, on peut disposer l’appareil transmetteur de la manière suivante.
- La poulie motrice aa' (fig. 3) est fixée sur l’axe, mais elle peut être reliée à des bras égaux HF, HF' fixés sur l’axe moteur, au moyen de deux dynamomètres elliptiques Fri, F'ri', qui, en F, F', sont articulés aux bras HF, HF', etenri, ri', à un pivot sortant de la poulie et normal à son plan. La bobine inductrice C est fixée au pivot ri, et la bobine induite D au bras HD, formant un système rigide avec ,les bras HF, HF'.
- Si la poulie aa' tourne dans le sens de la flèche, les deux dynamomètres qui transmettent l’effort à l’arbre moteur s’allongent, et par conséquent la bobine C s’approche de la bobine induite D, et le déplacement sera proportionnel à l’effort moteur. On mettra la bobine C en relation avec une roue dentée analogue à R (fig. i) isolée sur l’axe, et la bobine induite D avec un anneau semblable à R', et on aura alors la disposition convenable du transmetteur. Pour le reste tout est disposé comme dans la figure i, et on obtiendra le travail de la machine de la même manière.
- On peut remplacer les trois bras HF, HF', HD par une poulie fixe sur l’axe moteur, et ayant un diamètre égal à celui de la poulie aa',
- Si la transmission de l’effort moteur à l’axe de la machine n’avait pas lieu au moyen d’une courroie, et que la longueur de l’axe ne fût pas assez grand pour y appliquer la disposition indiquée dans la figure i, on pourrait toutefois arriver au même but de la manière qui suit.
- On peut diviser l’arbre moteur en deux parties ayant leur axe sur la même ligne droite. Une de ces parties se termine par un disque comme aa' (fig. 3), et l’autre par le système des trois bras HF, PIF' HD; le dernier porte la bobine induite D, et les autres HF HF' sont reliés au disque aa' delà manière déjà indiquée. Or, si l’on met les bobines C et D en relation électrique avec une roue dentée R, et avec un anneau R' isolé sur l’axe (fig. i), nous nous trouvons dans les conditions expliquées ci-dessus, et par conséquent on déterminera les éléments du travail de la manière déjà indiquée.
- Le principe que nous avons énoncé au commencement de ce mémoire pourrait s’appliquer à une foule de cas : à mesurer les changements de niveau des liquides, à indiquer la hauteur barométrique, à mesurer la température.
- Pour cela il suffirait de disposer l’appareil transmetteur de manière qu’une bobine inductrice C s’approchât où s’éloignât d’une bobine induite D, pour les changements de niveau, de température etc. Le récepteur aurait toujours la même disposition, mais le diapason n’étant plus nécessaire, il serait* réduit aux bobines C', D'. — Dans ce cas il faudrait introduire un interrupteur dans le circuit inducteur.
- Dans tout ce qui précède, nous avons supposé que les deux bobines du transmetteur, et du récepteur étaient disposées de façon à s’approcher ou s’éloigner l’une de l’autre selon la ligne des axes des bobines, mais il est évident qu’on peut les disposer de manière que leur déplacement ait lieu dans une direction perpendiculaire à cette ligne.
- C. Resio,
- Professeur à l’Académie navale de Livourne.
- COMPARAISON DES PHÉNOMÈNES
- HYDRODYNAMIQUES ET ÉLECTRIQUES
- 2° article (Voir le numéro du i5 avril 1882).
- § 6. — Considérons maintenant le moteur qui est chargé de produire dans le tuyau un écoulement permanent. Pour établir une analogie plus complète avec ce qui se passe en électricité, nous supposerons ce moteur constitué par un long cylindre offrant lui-même au mouvement du liquide une résistance R, et dont les deux extrémités communiqueront avec les deux bouts du tuyau, en formant ainsi
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- un circuit fermé. Dans ce cylindre se mouvra un piston sur lequel on appliquera une force constante correspondant à une différence de pression E par unité de surface sur ses deux faces. La vitesse que prendra ce piston dépendra du reste des résistances que le liquide éprouvera à se mouvoir soit dans le cylindre, soit dans le circuit extérieur; le travail produit par ce piston variera donc aussi avec les conditions du circuit.
- En appliquant à l’ensemble du cylindre moteur et du circuit extérieur les mêmes considérations que nous avons développées pour un bout de tuyau, c’est-à-dire en écrivant l’équation du travail, nous aurons pour le travail du piston, en une seconde, le produit de la différence de pression sur les deux faces par le volume engendré ou E X I, et pour le travail du frottement dans tout le circuit [équation (3)], (R -(- r) P. Ces travaux étant égaux, on en déduit :
- (15) E = (R + r) I
- Notre machine hydraulique étant assimilée à une source d’électricité, on voit que la différence de pression sur les deux faces du piston représente très exactement la force électromotrice de la source, et que l’équation (i5) n’est autre que la formule de Ohm.
- § 7. — Mettons à la suite les uns des autres n cylindres moteurs identiques, chacun d’eux aspirant de l’eau du précédent et la refoulant dans le suivant, mais de telle façon que E soit la même sur tous les pistons, et que chacun d’eux produise un travail El en une seconde. Aux deux extrémités de cette source complexe, nous aurons une différence de pression totale égale à «E, et nous aurons du reste introduit une résistance égale à «R, l’équation du travail nous donnera donc comme précédemment :
- (16) «E = I («R + r)
- C’est la formule des piles associées en tension. Cette même combinaison est employée dans les pompes destinées à comprimer l’air ou l’eau sous de très fortes pressions, et aussi dans les ventilateurs en cascade lorsqu’on veut atteindre une pression d’air que ne pourrait fournir un ventilateur unique.
- On verrait facilement que l’association en surface des moteurs hydrauliques ou des piles revient à réduire la résistante de la source sans changer E.
- § 8. — Supposons que nous fermions le tuyau, extérieur, ou ce qui revient au même, que nous le supprimions, mais en empêchant le liquide de s’échapper du cylindre. Nous aurons sur une des faces du piston une pression, sur l’autre une aspiration, mais la différence de pression absolue sera toujours égale à E, seulement le piston, bien que
- soumis au même effort que précédemment ne peut plus avancer et ne produit pas de travail. Si on a 11 cylindres associés en tension, les deux extrémités de la série auront une différence de pression égale à //E.
- On voit l’analogie complète de ces phénomènes et de ceux que présentent les piles électriques.
- § g. — La correspondance entre les deux organes, machine hydraulique et source électrique, se continue encore jusque dans les détails lorsque la source électrique considérée est une pile électrique que nous supposons parfaite, c’est-à-dire ne donnant lieu à une action chimique que si le courant est fermé. Dans une pile il y a lieu de considérer d’une part l’énergie de l’action chimique qui sera l’équivalent de la poussée exercée sur le piston et qui est précisément mesurée par la force électromotrice E, d’autre part l’étendue oü la quantité de cette action qui est mesurée par la quantité des éléments chimiques mis en mouvement et dont l’analogue en hydraulique est le déplacement du piston. Lorsque le circuit est fermé ce déplacement est proportionnel au débit; nous en conclurons par comparaison que l’usure d’une pile est proportionnelle à l’intensité du courant qu’elle fournit, elle s’use donc très vite lorsqu’elle est fermée en court circuit, elle dure au contraire longtemps si elle agit sur un circuit très résistant dont l’effet est de diminuer le débit ou l’intensité. Le même travail provenant d’un poids donné des éléments chimiques qui se combinent se dépense en un temps très court dans le premier cas, dans un temps bien plus long dans le second.
- Lorsque le circuit est ouvert, il ne doit plus y avoir travail dépensé et par suite ni action chimique ni usure, et cependant aux deux pôles de la pile on trouve en permanence une différence de pression ou de potentiel E absolument comme aux deux extrémités du cylindre fermé dans lequel le piston est pressé mais ne peut pas se mouvoir.
- § 10. — Passons maintenant au cas complet d’une source définie par E et R, d’un conducteur extérieur r et d’un récepteur ayant une résistance propre p et pouvant en même temps recueillir un travail T. Le travail de la source El doit être égal au travail du frottement P (R -f-.r -j- p) plus le travail recueilli T ; on a donc :
- (17) El= I2 (R + f + p) + tA
- et en représentant comme nous l’avons fait au g 5 le travail recueilli par une résistance supplémentaire Rm telle queT=IJRm, nous écrivons
- (if!) E = I (R + /' -p p + Rm)
- Ou bien si nous appelons s la pression nécessaire pour fairejnouvoir le récepteur que pour l’instant
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- nous supposerons constitué comme la source, le travail T sera égal à le et l’équation (17) s’écrit :
- (19) E = I (R + r + p) + e
- On voit que l’intensité du courant se trouve réduite absolument comme si la force électromotrice de la source était diminuée de e. On voit de plus que, quelque grande que soit la résistance totale du circuit il y a débit ou courant dès que la force électro-motrice de la source dépasse la force électro-motrice inverse du récepteur, mais ce courant est d’autant plus faible que E et s sont plus voisins l’un de l’autre.
- | 11. — Le travail du récepteur étant T = el ou, d’après l’équation (19)
- on voit que pour une source donnée et une résistance totale invariable ce travail est maximum E
- quand e = E — s ou s = — • Alors d’après l’équation
- (19), l’intensité du courant est réduite à la moitié de ce qu’elle serait si le récepteur ne donnait pas de travail. Le rendement ou rapport du travail
- recueilli si au travail de la source El est -g-, il est
- de o,5 lorsqu’on est dans les conditions du maximum du travail restitué, et si on veut obtenir un meilleur rendement, il faudra consentir à recueillir moins de travail.
- On remarquera ce résultat très important, c’est que pour une valeur bien déterminée de E, le rendement ne dépend pas du tout de la résistance totale du circuit ; mais le travail transmis diminue à mesure que cette résistance augmente. Cela tient à ce que le travail perdu par le frottement étant égal à I2 (R-j-r-j-p), si on augmente la résistance, l’intensité diminue et finalement le travail est une
- même fraction 1 — ^ du travail moteur El ainsi que le montre l’équation (19).
- (A suivre.) Garnier.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Sur la préparation de carbones purs, destinés à l’éclairage électrique, par M, Jacquelain. (*)
- « En vue des applications du carbone à la production de la lumière électrique, le problème qui se pose aux chimistes consiste à préparer un »char-
- 0) Présenté à l’Académie des Sciences dans la séance du 27 mars 1882.
- bon plus conducteur que le charbon de bois calciné, et sinon tout à fait pur d’hydrogène, au moins exempt de matières minérales. Pour atteindre ce but, trois moyens paraissent pouvoir être employés, savoir: i° l’action du chlore sec, dirigé sur le carbone porté à la température du rouge blanc ; 20 l’action de la potasse ou de la soude caustique en fusion; 3° l’action de l’acide fluorhydrique sur les crayons taillés, en opérant à froid et par voie d’immersion plus ou moins prolongée.
- « L’emploi du chlore convient parfaitement poulie charbon très divisé ; nous l’avons employé avec un plein succès pour préparer du carbone pur, qui a pu être utilisé par M. Dumas dans son remarquable travail sur la détermination de l’équivalent du carbone. Par la double influence du chlore et d’une température élevée, la silice, l’alumine, la magnésie, les oxydes alcalins, les oxydes métalliques sont réduits, transformés en chlorures volatils, et l’hydrogène resté dans le carbone se transforme en acide chlorhydrique qui est emporté avec les chlorures.
- « Cependant ce procédé deviendrait pénible si l’on se proposait de purifier des masses volumineuses de charbon de cornues à gaz. Le moyen que nous avons imaginé, pour simplifier le travail, consiste à diriger d’abord un courant de chlore sec, pendant trente heures au moins, sur quelques kilogrammes de charbon de cornue maintenus à la température du rouge blanc et taillés d’avance en crayons prismatiques.
- « Cette première opération laisse dans le carbone des vides nombreux qu’il faut combler, afin de restituer, autant que possible, aux charbons leur compacité, leur conductibilité et leur faible combustibilité primitives ; on y parvient en soumet-taut les crayons qui ont subi la purification par le chlore à l’action carburante d’un carbure d’hydrogène, dont la vapeur circule lentement sur les crayons chauffés au rouge blanc, pendant cinq à six heures, dans un cylindre en terre réfractaire. La réduction en vapeur du carbure d’hydrogène (huile lourde de houille) doit se faire avec lenteur, afin que la décomposition se produise à la température la plus élevée et de manière à faire naître un dépôt de carbone peu abondant; autrement, tous les crayons se couvriraient d’une couche de charbon dur, assez épaisse pour les souder en un seul bloc, qu’il n’est plus possible d’utiliser.
- « La soude caustique, à 3é<1 d’eau, fondue dans des vases en tôle ou en fonte, nous offre une action plus prompte, en convertissant la silice et l’alumine en silicate et aluminate alcalin; par des lavages à l’eau distillée chaude, on entraîne l’alcali d’im-bibition avec les silicates et aluminates ; ensuite, par des lavages à l’eau chlorhydrique faible et chaude, on enlève tout l’oxyde de fer avec les bases terreuses; enfin quelques lavages à l’eau distillée
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- chaude font disparaître l’acide chlorhydrique restant.
- « Enfin, le procédé de purification du charbon de cornue par l’acide fluorhydrique est une opération des plus simples. Une immersion des crayons taillés dans de l’acide fluorhydrique étendu de deux fois son poids d’eau et mis à réagir pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures, par une température de i5° à 25°, dans un vase rectangulaire en plomb, muni de son couvercle, conduit facilement au résultat cherché ; reste à laver à grande eau,
- jouis à l’eau distillée, à sécher -et à soumettre ce carbone, ainsi purifié, à une carburation de trois à quatre heures, si les matières terreuses enlevées par l’acide fluorhydrique sont en faible proportion. Mais l’emploi de cet acide, même étendu de deux fois son poids d’eau, réclame beaucoup de précautions, si l’on veut échapper à des brûlures de la peau qui occasionnent des ampoules purulentes, suivies de douleurs aiguës et d’une fièvre assez violente. Il faut surtout garantir la vue, et ne manier ce corps qu’avec une prudence extrême...
- RÉSULTATS OBTENUS AVEC DIFFÉRENTS CARBONES, APPLIQUÉS AUX MÊMES EXPÉRIENCES PIIOTOMÉTRIQUES. (.Expériences du 2/ janvier 1862, à Vatelier central des phares, à Paris.)
- DÉSIGNATION des charbons mis en expérience. LONGUEUR DES CHARBONS usée durant l’essai photométrique. DURÉE de l’essai photométrique. LONGUEUR DES CRAYONS négatifs, positifs, usée en 24 heures. LONGUEURS TOTALES des deux crayons usées en 24 heures. POIDS DES CRAYONS négatifs, positifs, usés durant l’essai photométrique. | POIDS DES CRAYONS négatifs, positifs. usés en 24 heures. POIDS TOTAL des deux crayons, usés en 24 heures. POUVOIRS LUMINEUX des divers charbons comparés à celui d’une lampe carcel brûlant 41 gr. d’huile à l’heure. OBSERVATIONS DIVERSES.
- Graphite Alibert non purifié c. / m. j c. 1 c. \ gr. 1— 0,10) j— 36,0) )— o,38o + o,i5) 4 +54,0] 90,0 (+o,3oi gr. -136,7 + io8,3 245,0 55,14 Affaiblissement très fréquent de la lumière; rougit facilement.
- Carbone des cornues puri-( — i.8S) _ (—156,7) n j—1,635 fié par la potasse j + i,35( • | + H4i3| ‘ ’ p_*i529 — 138,4) + i35^| 273>7 69,44 Clarté invariable; rougit presque en entier.
- Carbone des cornues nonj — 2,8 ) -, ( — 175,0) _ (—1,549 purifié |+ 2,° \ 23 j + 125,2j d00’2 | + i,38o + l83-4 71 j 9 Affaiblissements très fréquents de la lumière; rougit peu.
- Carbone Curmer |_j_ j 5 —:260,8! ( — 1,492 + i3o,4j 39c- j + 1,424 +X0I 837>6 82,6 'Très rares affaiblissements de la lumière; rougit sur une grande étendue et se coupe à la base.
- Carbone des cornues purifié! — 1.0 ) par l’acide fluorhydrique . 1 + 1,0 1 — 130,9) , n (—o,"8o + I3o,yj 261 ’8 j+0,’772 — 102,0) + 101,01 203,0 85.76 Quelques affaiblissements de la lumière.
- Carbone non brillant et plus)— 1,3 ( dur |+0,8 j 15 - 38,5 . (-0,773 + 76,8j u5-3 [+0,598 + l3'.6 100,00 Clarté invariable, fixité de l’arc voltaïque; rougit très peu»
- Carbone pur et brillant. ^4 j 8 —316,0) ( -0,"0I + 72,oj 2»3.o j+0i595 — 126,0) +107,0) 2JJt° 100,00 Clarté invariable, fixité de l’arc voltaïque; roqgit très peu.
- Carbone Alibert purifié par!— 1,4 j , l’acide fluorhydrique ....) + 1,3 ( u —126,0) ^ (—1,418 + 117,0) 240 >° j + l , 164 —107 f)l +ïô;,:?i 232’3 I l5,Ô2 Rares affaiblissements de lumière causés par le déplacement de l’arc voltaïque; rougit facilement.
- « Tels sont les trois procédés que je me suis efforcé de rendre applicables, soit au charbon des cornues à gaz, soit au graphite de Russie.
- « Enfin, je me suis occupé spécialement delà préparation directe du carbone pur graphitoïde. O11 démontre, dans les cours de chimie, que toute substance organique volatile peut fournir, en se décomposant par la chaleur, du carbone en petits feuillets miroitants et très minces. C’est ce mode de préparation du. carbone que j’ai utilisé, à l’aide d’un petit appareil qui a été établi à l’Ecole Centrale, et que j’ai modifié ensuite pour rendre le travail plus régulier et plus continu.
- « Tous les carburës d’hydrogène fournis par la
- décomposition en vase clos de la houille, des tourbes, des schistes, des résines, des végétaux eux-mêmes, se prêtent à cette décomposition, ainsi que l’essence de térébenthine, la naphtaline ; celles dont le point d’ébullition est le plus élevé sont préférables, à cause de leur plus bas prix, de leur plus fort rendement en carbone pur, qui s’élève environ au tiers du liquide employé.
- « Le goudron lui-même, tout aussi pur de matières salines que les carbures précédents, puisque c’est le premier produit brut de distillation, a permis d’obtenir, dès la première opération, du carbone brillant, sonore, à cassure homogène, ayant le grain de l’acier fondu.
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- « Nous regrettons vivement que nos ressources, trop limitées, ne nous aient point permis de terminer ce long travail, par des expériences comparatives sur les prix de revient du carbone pur gra-phitoïde, par les divers procédés que nous avons indiqués.
- « ... Le tableau ci-dessus indique les résultats d’essais photômétriques entrepris avec les différents charbons dont nous venons de parler.
- * On voit que le pouvoir lumineux et la fixité de l’arc voltaïque s’accroissent en même temps que la densité du carbone, sa dureté, sa pureté.
- « Le carbone graphitoïde naturel de la Sibérie, dont le Conservatoire de Paris possède une riche collection, donnée par M. Alibert, jouit de cette propriété singulière et inattendue, d’acquérir par la purification un pouvoir lumineux double de celui qu’il présentait à l’état naturel, pouvoir qui surpasse d’un sixième celui même des carbones purs artificiels.
- Recherches sur le passage de l’électricité à travers l’air raréfié, par M. E. Edlund f1).
- « I. Dans un précédent Mémoire (2), je réunissais, pour les comparer entre elles, les recherches faites à différentes reprises par divers physiciens sur le passage de l’électricité au travers de gaz raréfiés, et j’essayais, entre autres, de démontrer que le vide est un conducteur de l’électricité, ou qu’il oppose une résistance insignifiante à la propagation de cette dernière. Ce résultat est en contradiction flagrante avec l’opinion généralement reçue jusqu’ici, d’après laquelle le vide est un parfait isolateur. Si un courant électrique est incapable de traverser le vide de Torricelli, cela ne tient pas à ce que le vide même est isolateur, mais à ce fait qu’il existe, au point de passage entre les électrodes et le gaz raréfié, un obstacle à la propagation de l’électricité, et que cet obstacle augmente à mesure que l’air se raréfie. Dès que le gaz a été suffisamment raréfié, l’obstacle en question est devenu si puissant, que le courant est incapable de le surmonter et, comme conséquence, de traverser l’air raréfié. Suivant ce mode d’interprétation, ce n’est donc nullement la' résistance du gaz raréfié qui fait obstacle au passage du courant, mais il faut chercher cet obstacle au point de passage entre' les électrodes et le' gaz raréfié. S’il était possible d’introduire, de manière ou d’autre, le courant dans le vide sans l’aide d’électrodes, il serait donc à même de le traverser sans peine. Les
- (>) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du 3 avril 1882.
- (a) Mémoires de l’Académie royale des sciences de Suède, t. XIX, 11® 2. Annales de Chimie et de Physique, t. XXIV, p. 199(1881). Philosophical Magazine, t. XIII, p. 1 1882). Wied. Annalen, t. XV (1882).
- expériences faites jusqu’à ce jour sur le passage de l’électricité par des gaz raréfiés militent, suivant ma conviction intime, en faveur de la justesse de cette explication. Aussi plusieurs physiciens ont-ils été amenés à constater qu’il existe effectivement, au point de passage entre les électrodes et le gaz raréfié, un obstacle spécial à la propagation du courant. Mais l’on n’a pas compris, selon moi, la vraie nature de cet obstacle, et l’on a tout aussi peu essayé de démontrer que la grandeur de l’obstacle augmente avec la raréfaction du gaz ; en outre, on ne lui a pas attribué l’importance qui lui revient à un si haut degré.
- « Le résultat du Mémoire mentionné plus haut, en ce qui concerne l’objet du travail actuel, peut se résumer comme suit: sir est l’obstacle à la propagation de l’électricité, qui se trouve au point de passage entre les électrodes et le gaz, r4 la résistance électrique dans une colonne de gaz de l’unité de longueur, et l la distance entre les électrodes, r -(- rt l sera la somme des résistances que l’électricité doit surmonter pour passer d’une électrode à l’autre. De ces deux termes, r augmente continuellement à mesure que le gaz se raréfie, tandis que, pendant le même temps, ri subit une diminution incessante. D’une interprétation judicieuse des expériences qui ont été faites, et principalement de celles de Hittorf, il résulte que l’augmentation de l’une de ces quantités et la diminution de l’autre continuaient jusqu’à ce que le gaz fût parvenu à la plus grande raréfaction qu’il fût possible d’obtenir par le moyen de la pompe à mercure employée. Dans l’espace vide d’air, r reçoit une valeur telle, qu’il est impossible au courant de la surmonter. Si donc le courant ne peut traverser le vide, ce n’est pas parce que la valeur rL de cette résistance est devenue trop grande, mais parce quera augmenté à un degré tel,, que le courant est hors d’état de le surmonter. Plusieurs propriétés des gaz par rapport au passage de l’électricité montrent que cette interprétation de la résistance qu’ils opposent à la propagation de cette dernière est effectivement la seule vraie.
- « J’ai formulé, dans mon Mémoire susmentionné, l’opinion que l’obstacle principal rencontré par le courant électrique, à la surface de passage entre les électrodes et le gaz raréfié, est dû à une force électromotrice produisant un courant en sens inverse du courant principal. J’ai pu constater, par la voie expérimentale, que c’est effectivement le cas, et que, du moins quand la raréfaction a atteint une certaine limite, cette force subit une augmentation continue si l’on poursuit encore davantage la raréfaction.
- « ... Mes recherches actuelles confirment, à tous égards, les résultats auxquels m’avait conduit l’examen des observations d’autres physiciens, sur le passage de l’électricité par des gaz J raréfiés. Le
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- maximum que présente l’intensité du courant à une certaine pression de l’air, quand un courant traverse un espace d’air raréfié, n’est dû, en aucune façon, comme on l’a généralement admis, à ce que la résistance ri l de l’air présente un minimum à cette pression, et augmente ensuite en grandeur avec l’accroissement de la raréfaction, mais bien à ce qu’elle peut se représenter par une somme c l9 qui possède alors sa valeur minima. Si l’on continue la raréfaction, la résistance n l continue à diminuer, tandis que e croît constamment. La circonstance qui a été mentionnée relativement au courant induit, savoir que ce courant possède son maximum de valeur à une certaine pression de l’air, ne fournit, par suite, aucun appui à l’allégation que, dans l’air fortement raréfié ou dans le vide, la résistance est assez grande pour empêcher le courant de traverser ce dernier. Ce n’est pas ici la résistance du gaz, mais la force électromotrice c, augmentant avec la raréfaction et-liée aux électrodes, qui porte obstacle au passage du courant. Tout concourt à faire admettre que le vide oppose une résistance très faible à la propagation de l’électricité. On peut donc, sans l’emploi d’électrodes, par induction à distance ou par frottement à la surface d’un tube dans lequel l’air a été suffisamment raréfié pour rendre impossible le passage d’un fort courant d’induction entre les électrodes, provoquer sans peine dans ce tube un mouvement électrique assez considérable pour y produire un développement sensible de lumière. Or, cela ne se pourrait pas si le gaz fortement raréfié, ou le vide, était un isolateur. »
- CORRESPONDANCE
- Tarare, le 18 avril 1881.
- Monsieur le Directeur,
- Voici les résultats de quelques expériences que j'ai faites sur des courants temporaires dus, je le suppose, à l'aurore boréale.
- Ces courants ont commencé à être sensibles la nuit du 16 au 17 avril 1882; vers minuit ils ont atteint une intensité de -1- 25°, mesurée sur un galvanomètre télégraphique ayant une résistance de 25 unités; cette intensité n'a duré que 5 minutes.
- De 4 heures 3o à 5 heures matin, l'intensité est restée stationnaire de 4- 28° à -f 32° et e9t tombée rapidement à -f io° puis arrivée bientôt à — 15°, moment où ces courants disparaissent.
- A 7 heures matin, g heures matin et 2 heures 3o et 6heures soir, ils reparaissent 5 minutes chaque fois, arrivent rapidement à + 25° et tombent à — 120.
- J'ai fait ces.expériences sur une ligne ayant 3o kilomètres de longueur, allant du S. E. au N. O.
- Le bureau se trouve à ,|6o kilomètres de Paris et à une altitude de 400 mètres;
- Recevez, etc*
- Mariüs Poirier,
- Electricien télégraphiste.
- FAITS DIVERS
- Nous remercions de nouveau, comme nous avons déjà eu occasion de le faire, les journaux étrangers qui reproduisent nos articles et nos gravures. Le Scientijic American, en particulier, nous fait souvent cet honneur, seulement il néglige absolument de citer La Lumière Electrique en prenant ce qui lui appartient. Nous ne savons si notre remarque amènera notre confrère à prendre cette mesure honnête; en tous cas, nous ne nous lasserons pas de la renouveler à l'occasion.
- A Winnipeg, ville du Canada, le conseil municipal vient de décider l'établissement d'un système d’avertisseurs électriques pour incendie.
- En Tasmanie, île anglaise au sud de l'Australie, le gouvernement vient d'accepter les propositions de T « Australian Electric Light Company » pour ia fourniture, au prix de plusieurs milliers de livres sterling, d'un équipement de torpilles destiné à la défense des côtes de la Tasmanie.
- Éclairage électrique
- A la réunion générale de la Société de Physique qui a eu lieu le mercredi de la semaine de Pâques, la grande salle de réunion était éclairée à la lumière électrique. Six lampes Solignac, à baguette de verre, du système que nous avons décrit, ont fonctionné pendant toute la soirée très régulièrement et en donnant une belle lumière.
- Des expériences d’éclairage électrique de wagons ont eu lieu ces jours-ci sur la ligne du chemin de fer de la Vendée.
- A Londres, M. E.-W. Goodwin vient d'écrire au Bureau métropolitain des travaux une lettre traitant de l’adoption de mesures propres à prévenir les incendies dans les théâtres. Il conseille l'emploi, de préférence au gaz, de lampes électriques dans toutes les parties des théâtres.
- A Oban, ville du comté d'Argyll, les bureaux du journal VOban-Timcs sont éclairés à l'aide de l'électricité produite par un machine Brush.
- A Newcastle-on-Tyne, capitale du duché de Northumber^ land, le conseil de la ville vient de nommer un comité spécial chargé de faire un rapport sur l'avantage qu'il y aurait à éclairer les rues et édifices de Newcastle à l'aide de l'électricité, principalement en utilisant la force des machines actuellement au Quayside.
- Pendant les grandes manœuvres et le simulacre de combat qui viennent d’avoir lieu près de Portsmouth, sous le commandement du duc de Cambridge, la lumière électrique a été employée pour l'illumination de la mer, et a produit un magnifique effet sur toutes les hauteurs d'Hilsa, où se trouvaient des milliers de spectateurs, ainsi que sur la rade remplie de navires et d'embarcations.
- A Sydney (Australie), la nouvelle arcade entre King Street et George Street, inaugurée récemment, est éclairée par l'électricité.
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- A Washington, capitale des États-Unis, une Compagnie d’éclairage électrique a commencé la construction d’un bâtiment pour la production de foyers électriques. Une partie de la rue F sera éclairée à la lumière électrique.
- A Brooklyn, le grand faubourg de New-York, un essai d’éclairage électrique va être fait dans le district Est. Cet essai aura lieu aux frais de la ville et les points choisis sont Broadway, Grand, Fourth et Fifth streets. Cet éclairage comprendra quarante-quatre foyers électriques.
- A Bombay, le marché Crawford vient d’être éclairé à titre d’essai avec des foyers Brush fournis par l’Eastern Electric Light and Power Company. On croit que la municipalité de Bombay adoptera également cet éclairage pour les abattoirs de Bandora.
- A Malte, l’Eastern Electric Light and Power Company a terminé ses expériences préliminaires avec les lampes Brush, qui ont donné de bons résultats. Outre le théâtre Royal du port Valette, capitale de File, la Compagnie va éclairer la rue Royale (Strada Reale), tout le grand port et d’autres parties de la ville.
- A Metz, la garnison fait depuis une quinzaine de jours de nouveaux essais d’éclairage électrique appliqué aux manœuvres de nuit.
- A Berlin, la Kochstrasse va être éclairée au moyen de l’électricité, depuis la Markgrafen jusqu’à la Friedrichstrasse.
- Télégraphie
- Dans la région du nord de la France, se poursuit en ce moment la pose de câbles télégraphiques souterrains.. La ligne souterraine est déjà achevée entre Paris, Saint-Quentin et Cambrai. Afin de pouvoir, en cas de rupture, procéder sûrement aux réparations des lignes, il est créé, à des distances de cinq cent mètres en plaine, et à des distances plus rapprochées dans tous les endroits où existent des courbes, des chambres dites marmites, formant autant de points de repère sur la ligne. L’agencement de ces marmites est si bien combiné que d’une station télégraphique communiquant avec les câbles souterrains, il est aisé à l’occasion, de distinguer à quelle chambre l’ouvrier doit se transporter pour réparer un fil brisé. La longueur du boyau ou câble que l’ouvrier tire ensuite à ses pieds lui marque d’une manière précise la place du souterrain qu’il lui faut percer pour procéder aux travaux de réparation.
- Ces câbles souterrains ne sont pas destinés à remplacer les fils télégraphiques aériens; ils ne doivent même pas servir à la télégraphié privée. Pour le moment, le gouvernement les retient à sa disposition.
- Le réseau des lignes télégraphiques souterraines qui se construit de Paris à Lyon et à Marseille ne doit pas coûter moins de 42 millions. On pratique en ce moment à peu près sur tout le réseau de Paris à Lyon l’opération dite du tirage des câbles. Cette opération consiste en la traction — effectuée par l’intermédiaire d’une corde en fer laissée dans les tuyaux au moment de la pose — de trois câbles enroulés autour de bobines et renfermant chacun trois fils de transmission. On avait fait espérer que la ligne souterraine de Paris à Lyon serait en état pour le ior mai, mais les travaux se trouvent en retard.
- Afin d’accroître les facilités de communications télégraphiques entre Londres et l’Irlande par la voie de Fishguard, le Post Office britannique va faire poser une nouvelle ligne
- de télégraphe allant de Swansea (pays de Galles) à Haver-fordwest, par Crosslands, Carmarthen et SainLClears.
- Un câble sous-marin va être posé le long des côtes de Tunisie à partir de Djerba.
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- Le Faraday, bâtiment porteur d’un câble sous-marin transatlantique, vient d’achever la pose du nouveau câble sous-marin d’Irlânde aux Etats-Unis.
- L’Eastern Telegraph Company signale une interruption du câble sous-marin qui relie Mozambique à Zanzibar.
- Les lignes télégraphiques prennent une nouvelle extension au Canada. La Great North Western Telegraph Company pousse ses lignes jusqu’à la Roche-Percée dans le Manitoba.
- Dans le but d’organiser un service de sûreté efficace contre les inondations du Rhin, le gouvernement allemand vient de décider l’établissement le long du Rhin, entre Huningue et Strasbourg, d’une communication télégraphique. Les travaux pour la construction de cette nouvelle ligne commenceront incessamment.
- Téléphonie.
- Des essais de correspondance téléphonique viennent d’avoir lieu sur le chemin de fer de l’Est, entre la gare de Paris et celle de Nancy. La distance est de 353 kilomètres. Pendant une heure, plusieurs ingénieurs ont conversé entre eux d’une gare à l’autre. Les essais ont été faits sans préparation aucune sur un fil de trois millimètres, construit pour communiquer télégraphiquement.
- Le colonel Leperche a fait fonctionner la semaine dernière un téléphone pendant une marche militaire de ses troupes. Des soldats du 89e de ligue ont posé eux-mêmes les fils, qui ont permis d’établir des communications verbales entre l’arc de Triomphe de l’Etoile et le pont d’Asnières, près de Paris. Cette expérience a pleinement réussi.
- D’après les informations que nous recevons d’Amérique, on fait dans ce pays un très grand usage du téléphone. C’est ainsi que pendant le mois de février dernier le nombre de communications établies entre les abonnés de la Chicago^ Téléphoné C° s’est élevé à 708 933. Suivant notre correspondant, ce chiffre est le plus grand que l’on ait atteint en Amérique. Il dépasse en tout cas de beaucoup les résultats obtenus en Europe.
- On annonce d’Amérique que des communications téléphoniques viennent d’être établies entre les villes d’Àlpena et de Bay City. On s’est servi de la ligne de télégraphe qui relie ces deux endroits. La distance est de deux cent huit kilomètres.
- L’Oriental Téléphoné Company, a déjà établi des installations téléphoniques à Alexandrie d’Egypte, au Caire, à Calcut- j ta, Madras, Bombay, Rangoon, Hong-Kong, Shanghaï, Hono-lulu. Cette Compagnie achève maintenant l’établissement de , réseaux téléphoniques à Colombo (île de Ceylaa), à Coratchy i (Indoustan, Bombay), à Cawnpore, sur les bords du Gange, : dans la province d’Oude. I
- Le Gérant : A. Glénàrd.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. —» 28496
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Administrateur-Gérant : Th. DU MONCEL A. GLÉNARD
- 4° ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 6 MAI 1882 N» 18
- SOMMAIRE
- Exposition Internationale d’Electricité ; Exposition des Compagnies de chemins de fer français; Exposition du chemin de fer de l’Ouest; Th. du Moncel. — Les sciences physiques en biologie : L’Electricité (4e article); Dr A. d’Ar-sonval. — Les appareils de télégraphie militaire de l’Angleterre ; A. Guerout. — Exposition Internationale d’Electricité : Quelques appareils de l’Exposition belge; Nelius. — Eclairage électrique des serres et aquariums; C.-C. Soulages. — Exposition Internationale d’Electricité : Exposition de la section du royaume de Norvège; O. Kern. — Comparaison des phénomènes hydrodynamiques et électriques (3e article); Garnier. — Bibliographie : Renseignements pratiques sur l’éclairage électrique, par Killingvvorth Hedges. — Revue des travaux récents en électricité : Action des aimants sur l’arc voltaïque. — Sur l’électrolyse de l’eau distillée. — La réfraction de l’électricité. — A propos du régulateui Archereau. — Faits divers.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- EXPOSITIONS
- DES DIFFÉRENTES COMPAGNIES DE
- CHEMINS DE FER FRANÇAIS
- (Voir les numéros des 28 janvier, 4 mars et jcr avril.)
- EXPOSITION DU CHEMIN DE FER DE L’OUEST
- L’Exposition des chemins de fer de l’Ouest était représentée à l’Exposition internationale d’Electricité par un modèle fait sur une grande échelle, d’une section de chemin de fer protégée par les appareils indicateurs de la marche des trains combinés par M. J. Régnault. C’était, en un mot, ün modèle en grand du block-system, appliqué sur les lignes de l’Ouest.
- On doit se rappeler que les appareils indicateurs étaient placés à la fenêtre de deux petites cabanes en brique bâties aux deux extrémités d’un bout de voie ferrée, que l’on avait construite exactement dans les conditions de l’exploitation, et où l’on re-
- trouvait les clôtures en treillages, bordant la chaussée, qui ont été adoptées par la Compagnie. On y retrouvait même jusqu’au gravier recouvrant la voie entre les rails et les traversines sur lesquelles ceux-ci étaient fixés. Cet ensemble était réellement bien entendu et jetait un peu de pittoresque dans cette partie de l’Exposition.
- Les appareils indicateurs de M. Régnault ont été, comme nous l’avons dit plus d’une fois, la première réalisation du block-system, dont on a à tort attribué l’invention à M. Tyer.
- Ils ont été imaginés en 1847 et combinés de plusieurs manières par leur auteur, qui leur avait même adjoint d’autres appareils auxquels on avait donné le nom d'appareils de secours. Ils furent, en 1854, l’objet d’un rapport trèsélogieux de M. Combes, à la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, et nous les avons décrits dans la seconde édition de notre Exposé des applications de l'Electricité (tome II, p. i55), publiée en i856; mais ils ne tardèrent pas à être perfectionnés, et, en i858, M. Régnault les avait réduits à leur plus simple expression, qui est celle que nous avons décrite dans la troisième édition de notre ouvrage (tome IV, p. 481). Cependant quand on dut les appliquer dans les conditions réglementaires du block-system, M. Régnault dut combiner d’une autre manière les dispositions électriques, et celles de ces dispositions auxquelles on s’est définitivement arrêté, sont représentées dans les figures 1 et 2 qui accompagnent cet article.
- Le but des appareils indicateurs est, comme l’indique la circulaire : i° d’indiquer d’une manière permanente, visible pour tous les agents des deux postes entre lesquels circule un train, la présence de ce train ainsi que le sens de sa marche; 2° de présenter aux agents des trains sur les lignes cantonnées les mêmes signaux que sur les lignes qui ne le sont pas; 3° d’empêcher deux trains ou deux machines de s’engager sur la même voie entre deux postes indicateurs consécutifs, et par conséquent de substituer à l’intervalle de temps réglementaire à maintenir entre les trains qui se suivent, la distance kilométrique qui existe entre chaque poste.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Le système a été combiné d’une manière particulière, suivant qu’il doit être établi sur des chemins à double voie ou à voie unique.
- I. Disposition pour double voie. — Dans le système de M. Régnault, comme du reste dans tous ceux du block-system, la voie est divisée en sections dont l’étendue est fixée en raison du nombre et de la vitesse des trains à mettre en circulation et qui se trouvent séparées par des postes qui doivent avoir, pour chaque direction de ligne, un signal d’arrêt absolu (dit signal carré), un signal avancé èt des appareils électriques indicateurs, composés d’un indicateur de la marche des trains, d’une serrure, d’un relais à double effet, d’une sonnerie et des piles nécessaires à ces appareils. Deux fils télégraphiques suffisent au jeu de ces appareils, l’un étant affecté au signalement des trains descendants, l’autre à l’annonce des trains montants.
- Le signal carré placé à la sortie de chaque gare ou poste de cantonnement est destiné à interdire l’accès de la section tout le temps que la voie est occupée au-delà de ce signal. Mais par une disposition particulière, ce signal peut présenter trois signaux différents, arrêt, attention, voie libre. Lorsque le signal est tourné à l’arrêt pour protéger un train, son levier de manœuvre est enclanché par le pêne de la serrure, électrique dont nous avons parlé, et deux effets sont nécessaires pour ouvrir cette serrure. L’un qui est mécanique dépend du poste de départ, l’autre, électrique, est sous la dépendance du poste suivant dans le sens de la marche du train. Nous verrons à l’instant que le levier de ce signal enclanche mécaniquement le manipulateur de l’appareil indicateur de départ et le levier du signal avancé. Celui-ci est. destiné du reste à répéter les indications du signal carré ou à protéger les trains arrêtés en avant de ce signal, ainsi que les manœuvres qui s’exécutent dans les gares.
- Les appareils indicateurs, en eux-mêmes, consistent dans une boîte carrée munie dans sa partie supérieure de deux longues aiguilles indicatrices disposées verticalement à l’état normal, c’est-à-dire quand la voie est libre, mais qui peuvent s’incliner pour indiquer le sens de la marche du train signalé. A la partie inférieure, ces appareils présentent deux boutons ou poussoir$ qui agissent sur les courants à transmettre, l’un pour signaler au poste correspondant, en avant, qu’un train se dirige vers lui, l’autre pour avertir le correspondant en arrière que le train signalé est arrivé. Sur le premier bouton est inscrit le mot départ, sur le second, le mot arrivée, et le cadran de l’appareil est répété sur chacune de ses faces, de manière que dans l’intérieur des postes, comme sur la voie, les agents aient toujours les signaux devant les yeux. L’aiguille placée au-dessus du poussoir d'arrivée
- est l’aiguille indicatrice proprement dite et sert à signaler l’approche d’un train, mais l’aiguille placée au-dessus du poussoir de départ est l’aiguille de répétition et indique que le signal transmis est arrivé. Quand elles sont verticales la voie est libre.
- Les appareils indicateurs sont reliés mécaniquement à un appareil de sûreté appelé serrure électrique qui est destiné à empêcher que les signaux optiques ne soient changés sans la participation du poste correspondant. C’est une boîte en fonte qui porte à l’extérieur une coulisse destinée à recevoir le levier de manœuvre du signal d’arrêt absolu (dit signal carré) lorsqu’il est placé à l’arrêt. Dans cette position, ce levier est maintenu au fond de la coulisse par un pêne qui est normalement fermé par un ressort. A l’intérieur, un levier particulier destiné à enclancher électriquement le pêne de la serrure, porte une armature d’électro-aimant qui commande l’action de ce levier, et une aiguille de galvanomètre, placée au-dessous de la serrure, indique si elle est ouverte ou fermée.
- Au pied du signal avancé, est placée une pile qui réagit sur un relais à double effet muni d’un électro-aimant ordinaire qui doit produire les effets suivants :
- i° Mettre en marche la sonnerie électrique du signal avancé chaque fois que ce signal est tourné à l’arrêt ;
- 2° Relier électriquement le poussoir d’arrivée de l’appareil indicateur avec le signal avancé, de telle sorte qu’il soit impossible d’indiquer au poste précédent que la voie est libre, à l’arrivée d’un train, si le signal avancé n’est pas tourné à l’arrêt; à cet effet la pile négative destinée à rendre la voie libre n’est mise en communication avec le poussoir d’arrivée que par l’intermédiaire du relais, et par conséquent lorsque le signal avancé est effectivement tourné à l’arrêt.
- Une sonnerie est de plus reliée à l’appareil indicateur pour prévenir le stationnaire chaque fois qu’un train est signalé ; mais on peut arrêter son mouvement au moyen d’un interrupteur.
- Nous ajouterons que pour donner plus d’étendue et de sûreté aux déviations des aiguilles indicatrices, M. Régnault fait agir sur elles des électroaimants à armature polarisée (du genre Siemens) qui réagissent au moyen d’un arc denté sur une roue qui porte l’aiguille indicatrice. C’est ce dispositif qui est représenté teinté en gris sur nos figures. Chaque armature introduite dans l’échancrure du pôle libre de l’aimant polarisateur pivote sur cette échancrure et peut se porter, suivant le sens du courant, sur l’un ou l’autre pôle de l’électro-ai-rnant, en faisant tourner, par l’intermédiaire de l’arc denté qu’elle porte, la roue correspondante, et cette manœuvre réagit en même temps sur des contacts électriques que l’on distingue sur la figure i.
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- Lorsqu’un train part du poste A par exemple pour se diriger vers le poste B,- la manœuvre des appareils s’effectue de la manière suivante :
- Au poste A, le stationnaire après avoir placé à l’arrêt le signal carré, pousse un instant le poussoir de départ D qui n’est, comme on le r^oit, qu’un simple interrupteur de courant constitué par une sorte de piston appuyant sur un ressort compris entre deux contacts. Sous cette influence, un courant positif de la pile CZ est transmis à travers la ligne L dans l’indicateur de gauche du poste B. Ce courant en arrivant dans cet appareil fait incliner l’aiguille indicatrice correspondante dans le sens de la marche du train qui est expédié et, par
- suite de cette action, détermine la disjonction du circuit de cet indicateur pour opérer la fermeture d’un second courant positif à travers l’appareil du poste A. Celui-ci en arrivant dans cet appareil, fait dévier l’aiguille de répétition placée au-dessus de D dans le même sens que l’aiguille indicatrice déjà déviée au-dessus de A, au poste B, et en même temps détermine la fermeture d’un circuit local animé par la pile C TJ à travers l’électro-aimant de la serrure électrique, dont le pêne se trouve de cette manière enclanché. Le stationnaire du poste A qui a annoncé le train a alors la certitude que le signal transmis est bien parvenu au poste B, puisque l’aiguille de répétition de ce poste s’est trouvée
- Poste A
- Poste B
- Indicateur Indicateur
- Serrure
- électrique
- Serrure
- électrique
- : il c
- Fil de l igné \ L
- Fil de ligne 1/
- mise en mouvement sous l’influence de la pile du poste B dont le circuit a été fermé par le courant expédié de A. De plus il voit par le galvanomètre G que la serrure électrique est enclanciiée.
- Tant que le train circule entre deux postes, l’aiguille indicatrice du poste B et l’aiguille de répétition du poste A restent inclinées dans le sens de la marche du train, puisque les armatures polarisées des deux indicateurs restent dans la position que leur ont fait prendre les derniers courants envoyés.
- Les stationnaires et les agents des gares sont donc avertis que la voie est occupée par un train marchant de A vers B. De plus la section reste fermée par le signal carré du poste A qui ne peut être remis à la voie libre qu’apres l’arrivée du train en B.
- Quand le train arrive en B, le stationnaire de ce poste pousse un instant le poussoir d’arrivée A pour
- redresser les aiguilles des deux postes sous l’influence d’un courant négatif provenant de la pile CZ du poste B, lequel courant se trouve alors fermé et se dérive entre la ligne L et l’électro-aimant de gauche de l’indicateur de la station B. A la station A, il traverse l’électro-aimant de gauche de l’appareil indicateur tout en ouvrant le circuit local de la serrure électrique, et comme ce courant est en sens contraire du courant primitivement envoyé, les aiguilles déviées des deux appareils reprennent leur position normale ou verticale. A la station B, fl électro-aimant de l’aiguille indicatrice se trouve de nouveau mis en communication avec la ligne L, mais la sonnerie de ce poste est immobilisée.
- Il résulte de là que le stationnaire, du poste A est averti que le train est arrivé en B, que la voie est libre entre les deux postes et qu’il peut ouvrir la serrure pour effacer le signal carré et le signal avancé.
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- LA LUMIÈRE ELECTRIQUE
- Des effets semblables et symétriques se produisent dans les appareils quand un train part du poste B pour se rendre au poste A.
- Avant de pousser l’interrupteur d’arrivée pour indiquer au poste précédent que la voie est libre entre les deux postes, le stationnaire doit, dès qu’un train a franchi le signal avancé,' fermer ce signal pour couvrir le train. A cet effet, le signal avancé est relié électriquement au poussoir d’arrivée au moyen du relais à double effet, de telle sorte qu’il soit impossible d’indiquer au poste précédent que la voie est libre, si le signal avancé n’est pas effectivement placé à l’arrêt.
- Poste A
- Indicateur
- Serrure
- électrique
- Relais delà serrure électrique
- r i *-
- ________fil de
- Enfin un troisième poussoir, placé sur le côté de l’indicateur, permet dans certains cas particuliers de signaler au poste précédent que la voie est occupée par le passage d’un train d’une autre direction à la bifurcation.
- II. — Disposition pour voie unique. — Le
- système de M. Régnault pour les voies uniques est un peu plus compliqué, en raison de la multiplicité des problèmes qui étaient à résoudre et qui avaient pour but :
- i° D’empêcher deux trains de marcher en sens contraire entre deux postes consécutifs;
- Poste B
- Indicateur
- Relais de la serrure électrique
- 2° D’empêcher toute collision entre deux trains marchant dans le même sens;
- 3° D’indiquer d’une manière permanente visible pour tous les agents des deux postes entre lesquels circule un train, la présence de ce train ainsi que le sens de sa marche ;
- 4° D’avertir les gardes-barrières des passages à niveau importants de l’approche d’un train et du sens de sa marche ;
- 5° De présenter aux agents des trains sur les lignes à voie unique les mêmes signaux que sur les lignes à double voie.
- Pour obtenir ces résultats, il fallait faire en sorte :
- i° Que toutes les fois qu’un stationnaire signale le départ d’un train au poste suivant, l’aiguille de répétition de son appareil ne pût s’incliner que par
- l’action du courant électrique permanent produit par l’appareil qui a reçu le signal ;
- 2° Que le signal ne pût être supprimé par le poste qui l’a transmis ;
- 3° Que le départ d’un train sur une section à voie unique ne pût être signalé par l’indicateur pendant la marche d’un autre train en sens contraire ;
- 4° Que la serrure électrique ne pût être ouverte électriquement pour autoriser le départ d’un train que par le stationnaire de la gare suivante ;
- 5° Que les signaux d’arrêt absolu placés à chaque extrémité d’une même section, fussent rendus solidaires par le système des indicateurs électriques ;
- 6° Que le stationnaire ne pût rendre la voie libre au poste précédent, après le passage d’un
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- train, sans avoir préalablement tourné à l’arrêt le signal avancé ;
- 7° Que le signal transmis par l’indicateur se maintînt au poste d’arrivée après une rupture du fil de ligne et que là présence même, dans ce fil, d’un courant étranger à l’appareil ne pût pas détruire ce signal;
- 8° Que le signal se maintînt également au poste de départ après une rupture du fil de ligne ou pendant un contact accidentel de ce même fil avec d’autres fils aériens.
- La disposition générale des appareils composant ce système est à peu près la même que celle du précédent système, seulement les deux fils télégraphiques sont utilisés d’une autre manière. L’un d’eux sert à signaler qu’un train est prêt à partir, l’autre est employé pour transmettre l’autorisation de départ.
- Chaque fois qu’un train est signalé par le premier fil de ligne, par exemple, pour se diriger de la gare A vers la gare B, le second fil de ligne est coupé à la gare B afin d’isoler le poussoir de départ et mettre cette dernière gare dans l’impossibilité de signaler un train devant marcher en sens contraire. Les appareils restent forcément dans cette situation jusqu’à ce que la gare B ait annoncé l’arrivée d’un train qui lui a été signalé.
- En outre, pour empêcher l’ouverture simultanée des deux signaux carrés qui ferment à chaque extrémité l’accès d’une même section, le levier de manœuvre de chacun de ces signaux, lorsqu’il est placé à la voie libre, coupe le fil de ligne relié au poussoir de départ de l’indicateur de la gare en correspondance, afin que cette dernière gare soit dans l’impossibilité de signaler un train et d’obtenir par conséquent l’ouverture de son signal carré.
- Dans les conditions actuelles, le signal carré placé à la sortie de chaque poste est, en temps normal, toujours tourné à l'arrêt, afin d’interdire le départ des trains tant que les mesures nécessaires n’ont pas été prises. Le pêne de la serrure électrique enclanche en temps normal le levier de ce signal par des ressorts, et il faut pour ouvrir cette serrure deux effets, l’un mécanique qui dépend de la gare de départ, l’autre électrique qui dépend de la gare suivante. Le signal avancé est également tourné à l’arrêt pour répéter dans les postes intermédiaires le signal carré placé à la sortie de la gare. Ce signal est ouvert en temps utile avant l’arrivée des trains.
- Dans cette nouvelle application, les appareils indicateurs ont à peu près la même disposition et les mêmes fonctions que les appareils déjà décrits; mais ils comportent des doubles rhéotomes que l’on distingue aisément sur la figure 2, et qui ont été nécessités par la multiplicité des fonctions que ces appareils ont à remplir dans ce cas de leur application! Ainsi, l’on voit que les appareils des ai-
- guilles indicatrices réagissent sijr un double interrupteur, et qu’il en est de même pour les poussoirs correspondants. On voit, d’un autre côté, que les rèlais de la serrure électrique sont accompagnés de conjoneteurs de circuits, de poussoirs DA et de tringles de liaison qui établissent une solidarité d’ac tion entre eux et les serrures électriques correspondantes. Celles-ci sont alors pourvues de deux électro-aimants agissant sur une même armature en sens inverse l’un de l’autre. Pour qu’on puisse bien comprendre les fonctions de tous ces organes, il faut qu’on se pénètre bien des effets que l’on cherche à produire, et qu’on suive avec soin sur les figures la marche des courants à travers les nombreux fils qui relient tous les appareils entre eux et aux deux lignes.
- Voici du reste une légende explicative de la figure 2, qui pourra facilement fixer les idées à cet égard :
- A — Poussoir ou bouton d’arrivée.
- B — Levier du signal carré.
- C — Pôle positif de la pile de ligne.
- C' — Pôle positif de la pile locale.
- D — Poussoir ou bouton de départ.
- DA — Poussoir ou bouton de départ autorisé.
- F — Pêne de la serrure.
- G — Galvanomètre de la serrure.
- L — Fil de ligne.
- L' — Second fil de ligne.
- S — Bouton d’attache de la sonnerie.
- T — Fil de terre.
- Z — Pôle négatif de la pile de ligne.
- Z' — Pôle négatif de la pile locale.
- N — Contact qui est ouvert quand le signal carré (arrêt absolu) est à la voie libre.
- Voici maintenant comment M. Régnault explique la manœuvre de ces appareils :
- « Lorsqu’un train doit partir de la gare A (fïg. 2) pour se diriger vers le poste B, le stationnaire du poste A pousse un instant, comme dans le premier système, le poussoir de départ D, d’où résulte l’émission d’un courant positif de la pile C Z à travers la ligne L et l’appareil correspondant de la station B.
- « Ce courant, en arrivant dans les appareils, se bifurque sur trois directions pour traverser les électro-aimants polarisés et produire les effets suivants : l’aiguille indicatrice s’incline dans le sens de la marche du train à expédier et isole son électro-aimant du fil de ligne L, ce qui le soustrait aux influences atmosphériques et assure la fixité du signal ; la sonnerie se met en marche pour avertir le stationnaire qu’un train est prêt à partir de la gare A, et le relais de la serrure électrique est immobilisé.
- « L’aiguille indicatrice en s’inclinant coupe le fil de ligne L' pour isoler le poussoir de départ et interdire ainsi toute action de ce poussoir pendant qu’un train est signalé ; puis cette même aiguille dirige un second courant positif permanent à trà-
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- vers la serrure électrique, le fil de ligne L et les appareils de la gare A. Ce nouveau courant en traversant l’électro-aimant de la serrure de la gare B, le ferme électriquement, bien qu’elle soit fermée déjà mécaniquement, et en arrivant ensuite dans les appareils de la gare A, fait incliner l’aiguille de répétition dans le sens de la marche du train à expédier. Dans çette position, l’aiguille de répétition ferme la première solution de continuité du circuit de la pile locale (*) destinée à ouvrir la serrure.
- « Le stationnaire de la gare A, qui a annoncé le train, a alors l’assurance que le signal transmis est bien parvenu à la gare B, puisque l’aiguille de répétition de la gare A entre en mouvement sous l’influence de la pile B dont le circuit a été fermé par le courant expédié de A, mais il lui faut attendre l’autorisation de la gare B pour ouvrir la serrure électrique et faire partir le train.
- « Aussitôt que le stationnaire de la gare B est averti par la sonnerie et par l’inclinaison de l’aiguille indicatrice qu’un train est prêt à se diriger vers son poste, il donne l’autorisation demandée en pressant un instant le poussoir de départ autorisé. La pression exercée sur ce poussoir détermine l’émission d’un courant négatif dans le fil de la ligne L' et dans les appareils de la gare A, où il se bifurque sur trois directions pour traverser les électro-aimants polarisés et produire les effets ci-après : l’aiguille indicatrice et la sonnerie sont immobilisées, le relais de la serrure est actionné et ferme la deuxième solution de continuité du circuit delà pile locale, dont le courant détermine l’ouverture électrique de la serrure.
- « Le stationnaire de la gare A, par l’examen de l’aiguille du galvanomètre placé au-dessous de la serrure, est dès lors en mesure d’ouvrir le pêne de cet appareil et d’effacer ainsi le signal carré, ce qui autorise le départ du train vers la gare B.
- « Dès que le train a franchi le signal carré, le stationnaire doit replacer ce signal à l’arrêt. Cette manœuvre, en faisant agir le petit levier du relais qui est relié au levier du signal carré, rétablit la deuxième solution de continuité du circuit électrique de la serrure, laquelle se trouve refermée par la suppression de l’action de la pile locale.
- « Tant que le train est entre les deux gares, l’aiguille indicatrice de la station B et l’aiguille de répétition de la station A restent inclinées dans le sens de la marche du train, et les stationnaires ainsi que les agents des deux gares sont avertis que la voie est occupée par un train marchant de A vers B.
- (*) Le circuit de la pile locale qui détermine l’ouverture de la serrure électrique a deux solutions de continuité, l’une est fermée par l’aiguille de répétition et l’autre par le relais de la serrure;
- « Quand le train est arrivé à la gare B, le stationnaire presse un instant le poussoir d’arrivée pour redresser les aiguilles des deux gares. Cette manœuvre a pour effet d’annuler le courant positif permanent de la pile de la gare B et de déterminer l’émission d’un courant négatif qui se bifurque dès l’origine entre le fil de ligne L, l’indicateur de la gare A et les appareils de la gare B, pour traverser les électro-aimants polarisés de ces appareils et produire les effets suivants : l’aiguille de répétition de la gare A reprend la position verticale et rétablit ainsi la première solution de continuité du courant électrique de la serrure; l’aiguille indicatrice de la gare B reprend également la position verticale et rétablit la communication de l’électro-aimant avec le fil de ligne L ainsi que la communication du poussoir de départ avec le fil L'.
- « De cette manière, le stationnaire de la gare A est averti que le train est arrivé en B et que la voie est libre entre les deux gares.
- « Des effets symétriques ont lieu dans les appareils lorsqu’un train part de la gare B pour se rendre à la gare A.
- « Avant de presser le poussoir d’arrivée pour indiquer au poste précédent que la voie est libre entre les deux gares, le stationnaire doit, dès qu’un train a franchi le signal avancé, refermer ce signal pour couvrir le train. A cet effet, le signal avancé est relié électriquement au poussoir d’arrivée au moyen du relais à double effet, de telle sorte qu’il soit impossible d’indiquer à la gare précédente que la voie est libre, si le signal avancé n’est pas effectivement placé à l’arrêt. ».
- La compagnie du chemin de fer de l’Ouest avait aussi à son exposition un modèle de cloche électrique d’alarme d’une disposition particulière qui fonctionnait sans mécanisme d’horlogerie. Le timbre avait 35 centimètres de diamètre, le marteau pesait 600 grammes et la course de celui-ci était de 40 millimètres. Il faut par exemple employer un relais pour faire fonctionner à distance ce système de cloche qui s’entend du reste aussi bien que les ' cloches dites de Léopolder.
- En ce moment, du reste, les cloches d’alarme de grande dimension, sont à l’ordre du jour dans les chemins de fer, et on a vu, d’après le rapport de M. Guillebot de Nerville, qu’elles étaient fortement recommandées par la commission du ministère des travaux publics. Il est certain que s’entendant de loin elles peuvent fournir des signaux d’une interprétation facile, qui peuvent souvent rendre de grands services, notamment à l’approche des trains des passages à niveau.
- Comme on le voit, l’Exposition des chemins de fer de l’Ouest renfermait des appareils intéressants et d’autant plus intéressants que leur auteur est véritablement l’inventeur du block-system.
- Th. du Moncel.
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- LES SCIENCES PHYSIQUES
- EN BIOLOGIE
- L’ÉLECTRICITÉ
- v
- 4e article. (Voir les »?* du 25 février, du 8 et du 29 avril.)
- Ces pages, je le répète, résument l’idée qu’on doit se faire du problème vital d’après Cl. Bernard,
- S’il est bon d’aborder ce problème par le menu, l’œil armé constamment d’un microscope, comme le fait l’école allemande, il est non moins indispensable d’étudier les grandes lignes. Il ne suffit pas de se frayer péniblement un sentier dans cette forêt vierge de l’inconnu, il faut savoir d’abord où l’on veut aller : un problème bien posé est à moitié résolu. Cette manière de procéder, indiquée par la logique, est d’ailleurs conforme à l’esprit de la science française qui a la prétention avant tout d’être claire, et de nettement séparer le connu de l’inconnu.
- C’est pourquoi, d’après moi, ces considérations générales doivent servir d’introduction à l’étude physico-chimique des êtres vivants. Je ne fais d’ailleurs que résumer ici les leçons que je professe en ce moment dans la chaire de médecine du Collège de France.
- — La spontanéité, ai-je dit, n’appartient pas plus aux corps vivants qu’à la matière brute. L'être vivant est un simple transformateur d'énergie. On peut étendre la conclusion du R. P. Secchi, et dire avec lui : * Il est absurde d’admettre que le mouvement puisse avoir d’autre origine que le mouvement lui-même. » Ce fait est aujourd’hui surabondamment démontré en physiologie depuis les travaux de Lavoisier, de Hirn, de Boussin-gault, de Mayer, de Helmholtz, pour ne citer que les plus célèbres. Seuls, quelques médecins attardés, pour lesquels les sciences physico-chimiques resteront toujours lettre morte, sont encore d’un avis contraire.
- — La vie n’a pas pour cause un principe intérieur d’action qui lutterait constamment contre les forces physico-chimiques, ainsi que le veulent les vitalistes.
- L’activité spéciale de la matière vivante procède de deux causes qui sont, comme nous l’avons dit dans le précédent article :
- i° L'état antérieur transmis par atavisme qui règle la succession actuelle des phénomènes vitaux ;
- 20 Les conditions physico-chimiques qui sont nécessaires à l’apparition de ces mêmes phénomènes et qui préparent pour l'avenir une modification de l’évolution.
- Il résulte de là que nous n’avons aucune action
- sur l’évolution actuelle, puisqu’elle résulte d’un état antérieur. Mais nous pouvons modifier l’évolution future en agissant sur les conditions physico-chimiques actuelles qui nous sont accessibles.
- En un mot, nous ne pouvons travailler que pour nos descendants, et non pour nous-mêmes. En physiologie, comme dans toutes les autres sciences d’ailleurs, on prépare surtout l’avenir; en physique et en chimie, sciences moins complexes et par conséquent plus avancées, nous avons eu des devanciers dont les découvertes nous avaient préparé le présent. La physiologie, au contraire, est de date trop récente ; c’est à peine si depuis quelques années, elle a enfin acquis droit de cité chez nous. Rappelons pourtant, à l’honneur de notre pays, que la physiologie expérimentale est née en France. Son berceau est au Collège de France, dans le laboratoire si exigu fondé, en i83o, par Magendie. L’enseignement de l’illustre professeur est resté longtemps unique en Europe. Plus tard lui a succédé Claude Bernard, son élève. C’est de là que sont sortis les divers physiologistes, qui, imbus des idées et des méthodes de Magendie et de Claude Bernard, sont aujourd’hui professeurs dans les principales universités de l’ancien et du nouveau monde.
- — A l’époque dont nous parlons, l’Allemagne était encore plongée dans les brumes épaisses de sa philosophie de la nature (*).
- Depuis, initiée en cela par la Russie, l’Italie, la Hongrie, la Hollande, la Belgique, la Suisse, etc., elle a bâti des instituts physiologiques qui sont de véritables palais.
- — En France, les laboratoires de physiologie de la Faculté de médecine, de la Sorbonne, du Muséum, ne peuvent être comparés aux magnifiques installations de l’étranger. Rien n’a été changé depuis Magendie, au laboratoire du Collège de France, qui a pourtant un si glorieux passé.
- La mort prématurée de Claude Bernard1 qui a contracté, comme on le sait, dans son laboratoire malsain, le germe de la maladie qui l’a enlevé, aurait dû vaincre plus vite l’indifférence des pouvoirs publics.
- Nos désastres nous ont amenés à remanier notre organisation militaire. On a versé l’argent par millions, que dis-je, par milliards, pour imiter l’Allemagne. C’est très bien, nos représentants ont bien agi. Mais, de grâce ! qu’ils n’en restent pas là ; et, puisqu’ils copient l’organisation militaire allemande, qu’ils copient également son organisation scientifique. Cette dernière a été pour les Allemands un élément de succès qu’ils proclament eux-mêmes.
- La science a le droit de parler haut ; elle est impersonnelle, ses découvertes profitent à tous; elle
- (') Voir, pour plus amples détails, l’article de Claude Bernard, Revue scientifique, n° 17, 1871.
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- est le véritable capital de l’humanité. Arrêter sa marche, ou seulement la ralentir, constitue un crime de lèse-patrie.
- Ces idées commencent enfin à percer; le budget de l’instruction publique augmente chaque année. Il est appelé à devenir par la suite le plus élevé. N’est-ce pas grâce à lui, en effet, que l’on prépare la grandeur et l’avenir d’une nation? Si l’avenir est au pliis sage, il est aussi, et mieux encore, au plus savant. Est-ce que la science n’a pas pour but d’étendre de plus en plus la domination de l’homme sur la nature, c’est-à-dire de l’affranchir du mal physique et moral?
- Espérons que sans tarder nous ne connaîtrons plus la douleur du savant qui doit renoncer à ses idées, parfois même à sa vocation, faute de moyens matériels pour faire les expériences qu’il a conçues; qui, d’autres fois, se voit obligé, toujours à regret, de refuser l’enseignement qu’on vient lui demander, faute d’une installation suffisante.
- J’insiste sur les inconvénients de la pénurie des moyens d’études, car beaucoup de personnes bien intentionnées, mais ayant surtout une instruction littéraire (la plupart de nos représentants sont dans ce cas), s’imaginent que la science avance seulement par le raisonnement. Ce dernier est indispensable, à coup sûr; mais s’il suffît au mathématicien et au philosophe, isolé, il ne peut rien produire pour faire avancer les sciences expérimentales, les seules qui soient conquérantes de la nature. Comme l’a écrit lui-même Claude Bernard :
- « Finalement, la plupart des questions de science « sont résolues par l’invention d’un outillage con-« venable : l’homme qui découvre un nouveau « procédé, un nouvel instrument, fait souvent plus « pour la physiologie expérimentale que le plus « profond philosophe ou le plus puissant esprit « généralisateur. On a donc cherché à étendre de « plus en plus la puissance des instruments de re-« cherche. Pour obtenir ce résultat, les instituts « physiologiques de Vétranger ont su s’imposer « des sacrifices. »
- Et ailleurs :
- « Si je désire si ardemment que la physiologie « soit pourvue en France des moyens de travail « qu’elle possède ailleurs, c’est que je me suis « trouvé à même de comprendre parfaitement que,
- « sans ces moyens, les savants sont arrêtés dans « leur évolution et ne produisent qu’une très fai-« ble partie de ce qu'ils auraient pu donner à la « science............................................
- « Toutes les découvertes et tous les travaux que «'j’ai publiés sont souvent, je le reconnais moi-« même, à l’état de simples ébauches ou même parut fois d’indications insuffisantes. Mais, je désire « qu’on sache que les obscurités, les impçrfec-« tions et l’incëhérence apparente qu’on peut trou-
- « ver dans mes divers travaux ne sont que les con-« séquences du manque de temps, des difficultés « d’exécution et des embarras multipliés que j’ai « rencontrés dans le cours de mon évolution scien-« tifîque.
- « Depuis plusieurs années, je suis préoccupé de « l’idée de reprendre tous mes travaux épars, de « les exposer dans leur ensemble, afin de faire res-« sortir les idées générales qu’ils renferment. J’es-« père maintenant qu’il me sera possible d’accom-« plir cette deuxième période de ma carrière scien-« tifique. »
- Ces paroles, écrites par Bernard en 1867, ont trouvé de l’écho au ministère de l’instruction publique, qui fait tout son possible pour encourager la science physiologique. Malheureusement son budget est encore tellement restreint que, si le physiologiste n’est pas riche personnellement, il est certaines recherches auxquelles il doit renoncer, à moins qu’il ne trouve un Mécène sur sa route.
- N’est-ce pas ce qui serait arrivé, par exemple, à mon ami Paul Bert, pour ses remarquables recherches sur la pression barométrique si, comme il le' dit lui-même, le docteur Jourdanet n’avait doté le laboratoire de la Sorbonne des magnifiques appareils nécessaires pour mener à bien cette étude de physique biologique?
- Les sciences physico-chimiques, qui sont aujourd’hui des sciences industrielles, peuvent trouver dans l’application de leurs découvertes de puissants moyens d’action qui assurent leurs progrès ultérieurs, en leur permettant de faire de nouvelles recrues.
- — Il n’en est pas de même pour la physiologie, dont l’importance est encore à peine soupçonnée du public. Il est donc de toute nécessité que l’Etat intervienne activement pour rendre cette science indépendante chez nous comme elle l’est à l’étranger.
- (A suivre) Dr.-A. d’Arsonval
- LES APPAREILS
- DE
- TÉLÉGRAPHIE MILITAIRE
- DE L’ANGLETERRE
- Nous décrivions dans le dernier numéro les appareils de télégraphie militaire exposés au Palais de l'Industrie par le War-Department des Etats-Unis. Les autres pays avaient également envoyé des appareils du même genre qui ont été passés en revue antérieurement; seule l’Angleterre n’avait fait aucun envoi en ce qui concerne cette partie des applications de la télégraphie. Le Télégraphie Journal revient aujourd’hui 6ur eette abstention fà*
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- cheuse du War Office et il fait remarquer que si le War Office a exposé au Palais de Cristal, il ne l’a fait toutefois que d’une façon incomplète. Notre confrère a pu cependant ajouter quelques renseignements personnels à la description des appareils exposés, et nous lui empruntons les détails contenus dans cet .article.
- Les appareils sont divisés en télégraphes de campagne et télégraphes de montagne.
- La voiture de campagne appelée aussi voiture à fils est représentéé en projection horizontale et verticale dans la figure 1. Elle porte deux rangées de chacune trois bobines sur lesquelles est enroulé le câble télégraphique.
- Les deux dernières sont en relation avec des poulies folles que fait tourner la roue du véhicule. Deux poignées placées sur le côté de la voiture permettent d’embrayer ces poulies folles lorsqu’on
- llpfiiîiiiimiilg
- veut opérer le dévidage ou l’embobinage du câble.
- Ce dernier était primitivement un câble à 7 torons de fil de cuivre isolé de gutta-percha, recouvert de feutre et protégé ensuite par du chanvre imprégné de composition. Ce câble trop lourd et d’un trop fort diamètre est remplacé actuellement par le câble plus léger des Autrichiens qui pèse seulement 58 kilog. par knot. La voiture peut transporter trois milles de l’ancien câble et cinq du nouveau.
- La pile, le parleur, le galvanomètre sont contenus dans une des boîtes placées en avant de la voiture.
- L’espace longitudinal compris entre les deux rangées de bobines est destiné à contenir 20 poteaux légers en fonte formés du tubes rentrant les uns dans les autres comme ceux d’une longue-vüe.
- Ces poteaux, qui ont donné de très bons résultats, servent à soutenir la ligne lorsqu’on ne peut pas la placer directement sur le sol, lorsqu’elle doit par exemple traverser une route ou un village. La voiture contient en outre une échelle pliante de 5 mètres de longueur servant à suspendre le câble aux branches des arbres lorsque cela est nécessaire, un baril d’eau de 25 litres pour établir les
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- communications au sol et deux plaques de fonte destinées au même usage.
- Le véhicule tout chargé pèse plus de 3o quintaux et 43 avec ses hommes. Il est mené en temps de paix par 4 chevaux et en temps de guerre par 6.
- Cette voiture peut être employée seule, mais elle nécessite en outre une tente pour l’établissement du poste télégraphique.
- Le système anglais comporte aussi des voitures servant de bureau, analogues à celles en usage dans les autres pays. Au terrain de manœuvres d’Aldershot Park, le détachement de télégraphie militaire possède dix voitures à câbles, des voitures bureaux, des chariots pour le transport des lignes et autres matériaux et une forge portative.
- Pour la télégraphie de montagne le matériel, ré-
- duit au strict nécessaire, est porté à dos de mulet. Dans ce cas, le dévidage et l’embobinage se font à l’aide d’une sorte de brancard représenté dans la figure 2. Le plus souvent dans la télégraphie de campagne un appareil de ce genre est joint au wagon à fils, il sert pour les passages difficiles dans lesquels le wagon même ne pourrait s’engager.
- Nous n’avons parlé pour constituer les lignes que de câbles isolés destinés à être posés directement sur le sol; il n’en faudrait pas conclure que l’Angleterre proscrive les lignes aériennes.
- Le War Office a utilisé au contraire des lignes aériennes, très bien comprises, montées sur des lances en bambou avec des isolateurs en ébonite. Ces lignes en fil de cuivre du n° 16 de la jauge de Birmimgham (i,65 millimètre de diamètre) ont rendu de très grands services dans les dernières campagnes.
- Les officiers anglais paraissent être d’avis que les lignes aériennes sont bien préférables aux câbles posés sur le sol. Ainsi le colonel Webber a rapporté à la Société des ingénieurs télégraphiques qu’en 1872 pendant les manœuvres en Wilstshire
- une ligne composée de 41,5 milles de lignes aériennes et seulement i3 milles de câble a été interrompue 107 heures sur 370. Sur ce temps 99 heures d’interruption étaient dues à des fautes dans le câ ble, et 8 à des fautes dans la ligne aérienne.
- Plus récemment, M. Luke dans son mémoire sur les télégraphes de l’Afghanistan s’est prononcé très nettement contre les lignes posées sur le sol. Une ligne de ce genre établié entre Jelalabad et Dakka « 11’a jamais eu une heure d'existence. »
- D’autres officiers se sont trouvés satisfaits des câbles placés sur le sol, mais tout dépend évidemment des conditions particulières dé chaque installation, et la vérité est sans doute entre ces deux opinions, c’est-à-dire que l’on doit se servir d’une combinaison convenable des deux genres de lignes.
- A. Guerout.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- QUELQUES APPAREILS
- DF. I.’EXPOSITION BELGE
- Nous réunissons sous ce titre trois petits appareils qui faisaient partie de l’exposition Belge et qui sont trop peu importants pour mériter chacun un article spécial.
- Le premier de ces instruments (fig. 1) est un appareil télégraphique employé pour la réception; c’est une modification du parleur ou Sounder des Américains.
- Pour renforcer le bruit de l’armature, celle-ci est terminée par un petit marteau qui bat sur un tambour en laiton.
- Les deux vis de réglage indiquées sur le croquis
- FIG. I
- sont destinées, l’une à limiter les mouvements de l’armature, l’autre à donner de la tension à la lame élastique qui sert de ressort antagoniste.
- En Belgique, il y a peu de bureaux qui reçoivent les dépêches en passage. On relie directement le poste qui désire transmettre au poste destinataire. Dans les bureaux intermédiaires qui donnent cette
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- communication, l’appareil en question intercalé dans la ligne permet de suivre la correspondance. En outre, on tend de plus en plus en Belgique
- FIG. 2
- à suivre la voie ouverte par les Américains et à substituer pour la réception même des dépêches le parleur au Morse enregistreur. Le petit appareil de
- FIG. 3
- la figure 1 tend donc à devenir d’un usage général dans ce pays.
- La figure 2 représente l’appareil désigné sous le nom d'harmonica de M. Somzée. Il a déjà été
- question dans La Lumière Electrique de différents instruments combinés' par cet inventeur pour prévenir les accidents causés par le grisou ou indiquer la présence de ce gaz dans les galeries des mines; son harmonica est destiné à remplir ce dernier but.
- C’est une flamme brûlant dans une cheminée en verre; le tirage est réglé de manière que dans l’air pur la flamme reste silencieuse, mais se transforme, sous l’influence d’une certaine proportion de grisou, en flamme chantante. Naturellement, la flamme est réglée de façon que le chant se produise avant que le mélange ne présente de danger d’explosion.
- L’appareil que montre la figure 3 est un régulateur électrique du même auteur dans lequel des conduits inclinés font tomber dans l’arc de la poudre fine de charbon. Augmenter ainsi la quantité de particules solides portées à l’incandescence est une idée sans doute ingénieuse, mais nous ne croyons pas qu’elle puisse être pratique.
- Nelius.
- ÉCLAIRAGE ÉLECTRIQUE
- DES SERRES ET AQUARIUMS
- On sait que l’action des rayons solaires sur les feuilles des plantes n’a pas seulement pour effet de produire la matière colorante ou chlorophylle, mais qu’elle amène encore dans la cellule végétale la décomposition de l’acide carbonique et de la vapeur d’eau empruntés à l’atmosphère pour les transformer en cellulose et en tissu fibreux ; la lumière électrique provenant de foyers suffisamment intenses et convenablement disposés, produit sur les végétaux des résultats analogues.
- Des expériences intéressantes qui ont été faites depuis quelques années à ce sujet ont démontré tous les avantages que l’on peut retirer de l’emploi du nouvel agent pour activer la croissance des diverses plantes, fleurs, légumes, ainsi que des végétaux aquatiques. Il résulte de ces expériences la conviction que la lumière électrique seule provoque la végétation sans que l’on puisse craindre des effets pernicieux provenant des vapeurs nitreuses dont la production a souvent été attribuée à l’arc électrique; le fait important'de l’inutilité du repos pendant la nuit a été en même temps démontré, quoique tous les essais tentés jusqu’ici n aient pas été assez prolongés pour affirmer que les plantes continueraient à croître indéfiniment et à se bien porter si l’activité vitale était continuellement excitée par un éclairage de nuit succédant sans interruption à la clarté solaire. La nature donne pourtant elle-même des exemples de cette activité sans repos puisque, sous certaines latitudes du nord, dans les-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- quelles l’été dure seulement deux mois, les moissons poussent et mûrissent' dans un espace de temps très restreint pendant lequel le soleil est à peu près continuellement au-dessus de l’horizon.
- Pour produire un effet* convenable, la lumière, doit provenir d’un foyer intense, il faut employer une lampe ou régulateur de ioo à i5o becs carcel, disposé de façon à ce que les rayons lumineux tombent sur les plantes en expérience sous un même angle que ceux du soleil vers le milieu du jour; un réflecteur métallique placé derrière le foyer permettra d’utiliser la plus grande partie des rayons.
- L’éclairage électrique installé dans les serres améliore la croissance des plantes et augmente leur beauté; les feuilles deviennent plus foncées, les tiges plus vigoureuses et la coloration des fleurs plus éclatante; à la suite d’expériences faites dans des pays froids, on a constaté son effet merveilleux sur la floraison de divers plants de rosiers, de lis, de fraisiers, etc.; les fleurs venaient à éclore beaucoup plus vite ainsi éclairées que sous l’influence de la lumière du jour pendant la saison froide. La présence d’un foyer électrique assez puissant peut avoir aussi un excellent effet en empêchant la gelée complète des plantes soumises à son rayonnement, aussi pourrait-on l’employer avec avantage dans les cultures de luxe, où Ton élève à grands frais de nombreuses primeurs; de même que cet éclairage amène la formation de la chlorophylle dans les plantes, il peut, ainsi que le soleil, activer encore la maturité des fruits en développant leur matière sucrée et surtout leurs éléments parfumés; aussi lorsque cette efficacité aura été bien démontrée par de nouvelles expériences, les horticulteurs pourront se passer du soleil et produire les fruits les plus savoureux, quelle que soit la saison et sous toutes les latitudes.. C’est au moins l’avis de M. Siemens, tandis que M. Dehérain ne tire pas une opinion favorable des résultats obtenus au Palais de l’Industrie; il dit même que toutes les personnes qui ont suivi ses expériences ne peuvent être tentées de faire les frais d’une installation coûteuse qui donne d’aussi faibles résultats. Il faut reconnaître aussi que les expériences de M. Dehé-rain ont été faites dans de très mauvaises conditions et dans un espace par trop restreint.
- Du reste pour ces installations électriques appliquées à l’horticulture, la question de prix a une grande importance et jusqu’ici aucune exploitation n’a pu être réalisée industriellement. Le combustible destiné à produire la. vapeur est trop coûteux et les diverses sources d’énergie sont encore d’un emploi trop difficile, mais dès que le transport et la distribution de l’énergie électrique seront pratiquement établis, ce qui ne peut tarder maintenant, on verra utiliser, dans certaines exploitations horticoles, toutes les propriétés de la lumière électrique dont nous nous occupons aujourd’hui.
- On a trouvé que le maximum d’effet sur: les plantes éclairées électriquement était : obtenu lorsqu’un foyer nu de i5o becs carcel environ se troüvait placé à une hauteur de deux mètres; mais en employant un réflecteur métallique qui renvoie vers le bas la plus grande partie des rayons supérieurs, on peut porter la lumière à trois mètres de hauteur.
- Lorsque la surface occupée par les plantes est étendue, il faut disposer plusieurs foyers de telle sorte que l’intensité lumjneuse soit aussi uniforme que possible. On cite comme exemple d’éclairage électrique dans les serres, et même pour la culture à ciel ouvert, l’installation de sir William Armstrong en Angleterre.
- Les observations qui précèdent ont été faites par le docteur Schübeler de Christiania, et confirmées par les expériences de C. William Siemens. Suivant le docteur Schübeler, comme nous l’avons indiqué, les végétaux peuvent croître d’une façon suivie, et lorsqu’ils sont soumis à l’action d’une lumière sans discontinuité ils produisent de plus brillantes fleurs et des fruits plus savoureux que s’ils subissent l’alternative naturelle de lumière et d’obscurité.
- Dans les expériences de C. William Siemens, on s’est préoccupé de déterminer quelle est la partie des rayons constitutifs de la lumière blanche qui agit dans la production de la chlorophylle, de la cellulose, des éléments fibreux, ou dans l’influence sur la maturation du fruit. On a fait quelques investigations avec la lumière solaire, mais sans résultats bien sérieux, à cause des trop courts instants pendant lesquels le spectre solaire peut être maintenu à l’état de fixité, tandis qu’au moyen de la lumière électrique le même spectre peut être observé dans une position fixe sans alternative pendant une série de jours.
- • En somme, il reste démontré que la coloration, des fleurs et des fruits soumis à un éclairage électrique est très augmentée ; la maturité est obtenue plus rapidement qu’à l’ordinaire, la saveur est remarquable; mais il semble que la formation de sucre ne dépend pas de la continuité de la lumière. Cependant, plusieurs botanistes célèbres ont exprimé l’opinion que la croissance des plantes se produit activement la nuit, et il n’est pas douteux que certains végétaux délicats et à développement, rapide fassent de très considérables progrès pendant la nuit; mais ils restent alors maigres et jaunes, tandis qu’avec la lumière continue ils se développent moins en longueur, mais acquièrent plus de couleur, de corps et de vigueur; c’est donc entre ces deux opinions extrêmes que doit être la vérité, c’est-à-dire que pour la croissance la plus rapide l’intermittence de lumière et d’obscurité peut être; nécessaire, tandis que pour un développement vigoureux et pour la formation du fruit elle n’est nullement utile. .
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Les végétaux aquatiques profiteraient plus encore que les plantes terrestres de l’heureuse influence exercée par le nouvel éclairage, et il serait facile de disposer des aquariums dans lesquels une merveilleuse végétation viendrait servir de décor aux scènes mouvementées des habitants de l’onde. Le dessin ci-contre donne une idée des heureux effets que l’on peut produire en appliquant l’éclairage électrique à ces exhibitions d’animaux aquatiques qui étaient jusqu’ici éclairées d’une façon si défectueuse.
- L’aquarium que nous représentons simule une grotte pittoresque dont la partie antérieure est fermée par une glace à travers laquelle le spectateur peut voir tout ce qui se passe dans les profondeurs liquides ; le plancher est également formé par une. grande plaque de verre transparent et au-dessous se trouve disposé un régulateur horizontal dont la puissante lumière est projetée, au moyen d’un réflecteur inférieur, vers la masse liquide et les voûtes de la grotte.
- Les poissons si varié^ que l’on peut réunir, les crustacés aux formes bizares, les coraux, les madrépores, les coquillages aux belles couleurs d’émail, les algues et les plantes marines de toute sorte produisent ainsi un effet éblouissant; on ne se lasse pas de suivre les évolutions de tout ce petit monde que la lumière électrique semble revêtir de parures étincelantes.
- C. C. Soulages.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- EXPOSITION
- DE LA
- SECTION DU ROYAUME DE NORWÉGE
- On se rappelle que toute l’exposition du royaume de Norwège se trouvait au rez-de-chaussée du Palais de l’Industrie vers la partie nord-est de l’édifice, sous les travées de la façade principale. Le dessin ci-contre donne du reste une excellente idée de la façon si pleine de goût avec laquelle les divers appareils avaient été disposés sous les gracieux trophées de drapeaux et oriflammes montrant en leur centre les écussons des principales villes représentées à cette grande manifestation de la science nouvelle.
- Les appareils exposés dans cette section n’étaient pas excessivement nombreux, mais leur ensemble indiquait les efforts d’une nation désireuse de se tenir à la hauteur de tous les progrès réalisés, quelques-uns témoignaient d’un esprit scientifique très ingénieux et de conceptions théoriques tout à fait originales.
- Pour la télégraphie M. Olsen de Christiania avait envoyé des appareils imprimant automatiquement, un perforateur et des duplex; M“° Anna-Louise Lysgard, employée de télégraphe, et M. Ôttesen figuraient dans le catalogue, la première avec un transmetteur automatique pour lignes téléphoniques, le second avec divers instruments destinés à la transmission de la parole. v
- L’électricité médicale avait un représentant, et l’électro-chimie comptait quelques jolis spécimens de reproductions galvanoplastiques en cuivre et en argent exposés par le chef de la section de photographie et de galvanoplastie de l’institut topographique de Christiania.
- Dans la classe des instruments de précision, électro-aimants et aimants, boussoles, horloges électriques, on remarquait les divers modèles de boussole Admiralty Standard Compass, celles pour monitors et celles à liquide, exposées par le ministère de la marine qui avait aussi une série d’appareils pour torpilles électriques et électro-automatiques ; une table de manipulation modèle Sil-wertown, modifiée, avec indicateurs. pour sept torpilles électro-automatiques, un télémètre électrique de Siemens et Halske avec appareils viseurs pour deux postes extérieurs; des dispositions pour l’inflammation des torpilles, des appareils télégraphiques Morse, des téléphones et enfin un modèle de boîte d’outils pour les postes et les embarcations porte-torpilles. Au point de vue rétrospectif, l’observatoire astronomique de Christiania avait envoyé les instruments ayant servi au professeur Hansteen pendant ses recherches et ses voyages pour l’étude du magnétisme terrestre. Les collections bibliographiques d’ouvrages concernant la science et l’industrie électriques ne doivent pas être oubliées et les plans et cartes qui ornaient les parois de' la section au-dessous des trophées méritent une mention spéciale. Nous avons particulièrement remarqué la carte du réseau télégraphique et( téléphonique de la capitale pour les services de l’État, de la police et de la surveillance contre les incendies; celles du réseau télégraphique général de la Norwège; un relevé spécial pour Bergen et un autre pour Throndhjem, indiquant les communications au moyen du télégraphe et du téléphone; enfin une curieuse carte des églises foudroyées dans l’ensemble du pays.
- Parmi les originalités de cette exposition, citons en passant un objet peu électrique en lui-même, au point de vue scientifique, mais se rapportant d’une façon très pratique aux applications de la télégraphie, c’est la coupe d’un poteau perforé par le pic noir et le pic vert : ces deux terribles destructeurs, très convenablement empaillés, étaient représentés accomplissant leur œuvre néfaste, et ce petit groupe qui constituait un enseignement palpable, était très regardé par la masse du public qui passait si sou-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- vent sans comprendre devant la plupart des instruments vraiment scientifiques étalés dans toutes les galeries de l’Exposition.
- Un professeur de l’Université de Christiania, M. le Dr C. A. Bjerknes doit être signalé en terminant cette nomenclature consacrée au souvenir de la section norwégienne; il avait exposé des appareils servant à démontrer les phénomènes fondamentaux de l’électricité et de magnétisme par leurs analogues en hydrodynamique.
- Notre dessin représente surtout la partie de la section norwégienne où se trouvaient disposés les appareils de M. Bjerknes, et les très curieuses expériences qui ont été réalisées, grâce à eux, par le savant professeur, constituent un ensemble de résultats frappants, parfaitement concordants et présentant avec les effets électriques des analogies très nettes qui reposent sur la présence de corps mis en vibration dans un liquide. Nous n’avons pas pas, du reste, à revenir aujourd’hui sur la description détaillée de ces expériences qui a été donnée dans le numéro du 5 octobre 1881 de ce journal, |p. 44, description complétée par quelques remarques de M. Bjerknes lui-même, publiéés dans le numéro du g novembre 1881, p. 208, du même journal.
- O. Kern.
- COMPARAISON DES PHÉNOMÈNES
- HYDRODYNAMIQUES ET ÉLECTRIQUES
- 3e article (Voir les numéros des i5 el 29 avril 1882).
- § 12. — Pour donner plus de précision à l'assimilation des récepteurs hydrauliques et électriques, nous allons considérer deux espèces bien différentes des premiers, et nous verrons qu’ils ont leurs analogues ou à peu près dans les récepteurs électriques.
- Ces deux types de récepteurs seront :
- i° La machine hydraulique à piston fonctionnant exactement comme une machine à vapeur à pleine introduction, c’est-à-dire dans laquelle le courant liquide est alternativement dirigé d’un coté et de l’autre du piston, en entraînant celui-ci dans son mouvement.
- Si la tige du piston n’a aucun effort résistant à vaincre, la pression du liquide sur les deux faces sera évidemment la même et la perte de charge entre les points d’entrée et de sortie de l’eau sera uniquement due au frottement, que nous avons représenté par une résistance p. Le débit ne sera retardé que par cette résistance, mais, point à noter, la machine se mouvra avec une vitesse proportionnelle au débit, sans que ce mouvement altère en rien ce débit
- Si au contraire, en exerçant un effort résistant sur sa tige, nous obligeons le piston à produire un travail, il faudra nécessairement que la pression de l’eau sur une des faces surpasse d’une quantité s celle qui s’exerce sur l’autre, le mouvement du piston sera ralenti, mais il sera toujours égal au débit qui se trouve diminué par cela même et le travail produit est égal au volume engendré multiplié par la différence de pression, soit le. Nous avons donc là la justification mécanique de la transformation algébrique que nous avons fait subir à l’équation (ia) lorsque nous avons posé T =Is. L’effort résistant que le piston doit surmonter étant toujours égal au produit de sa surface par s, si cet effort grandit, il en sera de même de £ et si p0 —/>, est invariable, il arrivera que s atteindra la valeur p0 — pt. D’après l’équation (14 bis) le débit diminue de plus en plus et finalement devient nul ; à ce moment la machine s’arrête.
- Ainsi donc un récepteur de cette espèce, alimenté par une source donnant p0—/>, constant, a sa vitesse maxima lorsqu’il ne produit pas de travail ; à mesure qu’on exerce un effort e sur le piston la vitesse et le débit diminuent en restant toujours égaux et finalement la machine et le débit s’arrêtent lorsque z — p0 — pr
- Une fausse interprétation dont il faut se garder est celle qui consiste à croire que la force électro-motrice inverse s doit diminuer la charge ou la différence de potentiel p0 — py produite par la source ; il n’en est rien, elle ne fait que réduire le débit. On en trouve une preuve manifeste dans l’accouplement d’une pile et d’un voltamètre choisi de telle sorte que la polarisation donne un e précisément égal au E de la pile, l’ensemble est alors absolument la même chose que deux piles réunies par les pôles de même nom, et on sait que sur les deux conducteurs il y a une différence de potentiel E, bien qu’il n’y ait pas de courant.
- . | i3. — Le second type de moteur est la turbine, qui fonctionne en utilisant un courant d’eau dont nous représenterons la différence des pressions à l’entrée et à la sortie par w, et qui en traversant l’appareil produit la rotation d’un arbre. Cette charge d’eau w produit deux effets, une première partie est utilisée pour fournir du travail sur l’arbre, nous pouvons la représenter par une pression e sur les aubes mobiles, l’autre w — s est uniquement employée à produire des tourbillonnements dans l’eau et finalement de la chaleur. Elle correspond par suite à ce que nous avons appelé la résistance propre p du récepteur. Mais il y a une différence capitale entre le cas actuel et le précédent : En effet, dans le récepteur à piston, cette résistance est constante, parce que le mouvement du liquide est toujours de même nature, le travail
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- dépensé par le frottement est simplement proportionnel à P. Dans la turbine au contraire, le travail perdu dans le liquide est essentiellement variable, non seulement avec le débit, mais encore avec la manière dont se fait l’écoulement. Nous allons nous en rendre compte en considérant trois cas particuliers :
- i° En premier lieu, supposons qu’on laisse tourner la turbine à vide toujours sous la charge o>, alors s est nul et tout le travail dû à cette charge w est dépensé dans le liquide, d’où résulte une résistance p correspondante.
- Dans ce cas, la turbine prend d’elle-même une vitesse proportionnelle au débit et qui dépend de la disposition des aubes, elle est telle que l’eau coule dans les canaux mobiles sans exercer sur eux aucune pression, la théorie de ces récepteurs permet de la calculer. La vitesse de l’eau à la sortie des aubes se perd en tourbillonnements.
- 2° Prenons maintenant l’autre cas extrême, empêchons complètement la turbine de tourner en exerçant sur l’arbre un effort dont l’équivalent sera une pression e sur les aubes; là encore, la vitesse que prend l’eau se perd en remous sans produire de travail sur l’arbre. Mais le débit ne sera plus le même.que précédemment, il aura diminué, l’immobilité de la turbine amène donc une réduction dans le débit (on comprend que cette perte correspond précisément à la pression e), en même temps que le simple passage de l’eau dans l’appareil dépense une pression <0 ; puisque nous ne recueillons aucun travail, nous devons grouper ces deux effets dans le terme de la résistance propre p, on voit donc qu’elle est plus grande que précédemment.
- 3° Enfin il y a tous les cas intermédiaires où la turbine produit du travail, la vitesse et la pression sur les aubes variant en sens inverse. La théorie indique qu’il y a une allure et par suite une pression e pour laquelle le travail recueilli est maximum et le travail perdu, représenté par la résistance p, minimum.
- En résumé, la turbine alimentée sous une charge constante co présente les particularités suivantes :
- A vide, elle a une vitesse et un débit maximum
- I0, sa résistance propre p0 est donnée par p0=£-;
- *0
- Immobile, le débit Ij et la résistance propre p, sont encore reliés par la relation pt =^, mais I,
- est minimum et pt est plus grand que précédemment.
- Enfin lorsqu’elle produit un travail dû à une pression e sur les aubes, le débit est intermédiaire entre I0 et I, et la résistance propre est donnée par
- p = ÎLp_E? elle passe par un minimum pour une
- certaine vitesse de rotation.
- D’après ce que l’on connaît des moteurs électromagnétiques que l’on, est tout naturellement porté
- à comparer aux turbines, il ne semble pas qu’il y ait analogie complète entre les deux récepteurs ; mais nous pouvons cependant signaler quelques points de ressemblance qui sont :
- i° Cette propriété de ne jamais arrêter complètement le débit, qu’ils soient en repos ou en mouvement;
- 20 De pouvoir prendre des allures très différentes pour un même débit, l’effort et le travail transmis dépendant de cette allure.
- § 14. — Reprenons notre premier type de récepteur hydraulique à piston dont le mouvement est proportionnel au débit et qui fonctionne sous une différence de pression s en produisant un travail K susceptible d’être recueilli, mais dépensant en outre un travail Pp qui se transforme finalement en chaleur, p étant la résistance intérieure de l’appareil.
- L’organe électrique, parfaitement analogue à ce récepteur, est le voltamètre qui produit un travail chimique de décomposition tout à fait équivalent à un travail mécanique. Dans un voltamètre, il y a décomposition chimique dès qu’il y a passage de courant, et la quantité des éléments mis en mouvement est rigoureusement proportionnelle au débit, c’est-à-dire à l’intensité du courant. Le voltamètre a en outre une résistance propre p qui consomme un travail Pp servant uniquement à échauffer le liquide et les électrodes.
- L’analogie se poursuit même jusqu’au cas où le récepteur fonctionne à vide : le débit n’est pas modifié autrement que par la résistance p, et il y a néanmoins mouvement proportionnel à ce débit : le voltamètre correspondant à ce cas limité est celui dans lequel l’anode se dissout de manière à maintenir constante la composition du liquide. Dans ce cas, le transport de métal de l’une à l’autre électrode est toujours proportionnel à l’intensité du courant, et cependant cette intensité ne subit aucun affaiblissement. Dans la galvanoplastie, il n’y a d’autre travail à dépenser que celui qui correspond à réchauffement du liquide en raison de sa résistance.
- | i5. — Dans le cas général, le voltamètre produit un travail chimique analogue au travail transmis au piston par la différence de pression s. Cette chute de pression ou de potentiel affaiblit d’autant l’intensité du courant (en supposant pa et pl toujours constants aux extrémités), et peut être représentée algébriquement, comme nous l’avons dit, par une force électro-motrice inverse. Or, dans le cas présent, cette force existe réellement, c’est simplement l’affinité en vertu de laquelle les éléments chimiques qui sont séparés par le courant tendent à se recombiner. On sait qu’on la manifeste et qu’on la mesure en enlevant, le voltamètre
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- du circuit et le faisant agir comme source d’électricité.
- Il est facile de reconnaître la même propriété dans le moteur hydraulique. Choisissons en effet comme travail que nous lui faisons développer l’élévation d’un poids, et enlevons le récepteur du circuit, le poids en descendant transformera ce récepteur en moteur capable de produire une différence de pression s sur les deux faces du piston. Si, au contraire, le travail produit avait été consommé de manière à ne pouvoir être restitué, le récepteur, une fois détaché du circuit, serait complètement inerte. Il existe pareillement deux espèces de voltamètres : dans les uns, la polarisation des électrodes produit effectivement une force électromotrice inverse; dans les autres, la décomposition chimique a dépensé du travail, mais les nouveaux corps qui se trouvent en présence n’ont pas d’action chimique les uns. sur les autres, et le voltamètre isolé du circuit ne constitue pas une source d’électricité.
- g 16. — Le récepteur susceptible de restituer le travail qu’il a absorbé et le voltamètre à polarisation donnent lieu à deux applications industrielles identiques qui sont réalisées par les accumulateurs hydrauliques et électriques. L’accumulateur hydraulique d’Armstrong s’interpose sur une canalisation d’eau servant à transmettre le travail entre une pompe de compression et un récepteur, une grue par exemple. Le travail moteur étant constant, et celui du récepteur étant irrégulier, on emploie l’excès du premier sur le second à soulever un poids au moyen de l’accumulateur, qui à son tour deviendra moteur lorsque la différence des travaux du moteur et du récepteur sera en sens inverse.
- Pour obtenir le même résultat sur une canalisation électrique, dans laquelle la source sera constante et la dépense variable, ou inversement, il suffira de la mettre en relation avec un voltamètre qui porte alors le nom de pile secondaire ou d’accumulateur. La similitude complète des deux systèmes hydraulique et électrique permettra facilement de calculer par les formules de l’hydraulique les caractéristiques de l’accumulateur qu’il faudra employer pour obtenir un résultat donné, ces caractéristiques étant la force électromotrice et la résistance. Il est bien clair que l’action chimique inverse n’étant susceptible de produire qu’une force électromotrice limitée, on sera souvent obligé d’associer plusieurs accumulateurs, absolument comme on groupe des piles en tension. v Nous avons dit que le débit et, par suite, le mouvement du récepteur s’arrêtent lorsque l’effort que le piston est appelé à vaincre est tel que & = p0 — px. Nous remarquerons même que ces pressions p0 et pi peuvent être mesurées à une grande distance de l’appareil, au bout de tuyaux aussi longs
- qu’on voudra, et à la source elle-même. Quelles que soient les résistances du conducteur et du récepteur, le mouvement ne s’arrête donc que pour s = E. Ce fait ressort des formules, mais se conçoit à priori : il résulte de cette propriété qu’on les liquides de transmettre intégralement la pression lorsqu’ils sont en repos, tandis qu’une partie de cette pression se perd en route par le frottement lorsque le liquide est en mouvement.
- Il en est de même dans les voltamètres ; dès que la force électromotrice de polarisation devient égale à celle de la source, le courant et la décomposition s’arrêtent.
- (A suivre.) Garnier.
- BIBLIOGRAPHIE
- Renseignements pratiques sur l’éclairage électrique. —
- (Useful information on electric lighting) par Killingworth
- Hedges. (')
- Sous ce titre l’auteur a voulu condenser dans un petit espace les notions et renseignements utiles à ceux qui s’occupent pratiquement d'éclairage électrique. Dans une courte introduction, il traite d’abord des lois de l’induction et de leur application à la construction des machines. Puis il étudie l’arc voltaïque, décrit les principales lampes, les machines magnéto et dynamo-électriques, et les moteurs destinés à les mettre en mouvement.
- La partie qui suit est tout particulièrement technique.
- L’application de la lumière électrique (disposition des lanternes, couleur de la lumière électrique, alimentation des lampes, etc.), le choix d’un système, la mise en marche des machines à lumière, le prix de revient de l’éclairage électrique, l'accumulation de l’électricité, la transmission électrique de la force et les mesures utiles dans la pratique de l’éclairage électrique sont les questions successivement traitées.dans cette partie.
- Enfin l’ouvrage se termine par une sorte d’appendice contenant différentes tables pratiques et un lexique comprenant un certain nombre de termes spéciaux.
- Le tout forme .un petit volume de i56 pages et l’on comprend combien chaque sujet a dû être traité brièvement. Il en résulte que bien des parties du livre, l’introduction, par exemple, ne sont guère compréhensibles que pour celui qui sait déjà et que l’ouvrage n’est nullement un manuel didactique ; nous dirons plus : dans sa préoccupation de condenser, l’auteur a laissé passer quelques erreurs. C’est ainsi que nous lisons, dès les premières pages,
- (l) Londres E. et F. Spon, — 1882, et Paris. Baudry.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- cette phrase singulière : « Les solénoïdes agissent comme les électro-aimants ; un fer doux placé à leur intérieur est attiré; quand on renverse le courant, il est repoussé. » Une pareille affirmation ne peut être attribuée qu’à une inadvertance, mais elle est regrettable. Le livre de M. Killingworth Hedges se recommande cependant par un grand nombre de
- renseignements pratiques et de* chiffres que les électriciens seront heureux d’y trouver.
- La plupart des chiffres donnés sont épars dans les différents chapitres du volume, mais quelques résultats ont été réunis par l’auteur sous forme de tableaux qu’il nous est facile de reproduire ici, pour faire voir dans quel esprit est écrit l’ouvrage.
- ENDROIT éclairé. NOM du système de machine. NOMBRE de lampes. INTENSITÉ en candies par lampe. HAUTEUR des lampes au- dessus du sol. SURFACE éclairée en mètres carrés. NOMBRE de becs de gaz remplaces. NOMBRE de machines NOM des lampes. COUT approximatif par lampe et par heure. DURÉE de l’éclairage.
- Station de Can-non Street., Gramme | continu type anglais. !. 8 là l’intérieur 5ooo iohi65 9207 95* 2 2 excitatrices fcBrockie of 66 6 h. p.jour pendant 6 mois
- Station de Cha-ring Cross.. Brush. 6 à l’intérieur 2000 4 27 &!.5o 85k 1 Brush 0 10 ce 8 h. p. jour pendant 6 mois
- Station de King’s Cross, G. N. R 1 Biirgin. l , ». |à 1 intérieur 5ooo 9 i5 18414 12 becs de 100 candies et 60 de 15 candies 4 Crompton 0 3o 7 h.p. jour
- Esplanade de Blackpool .. Siemens continue. 4- 8000 II) 3o distance éclairée 685m 1 54 0/0 de mQins que le gaz 4 Siemens 2 71 5 h. p.jour
- Station du chc- 1 Siemens 1 alternative. u 400 7 00 653o Siemens 0 65
- l’Est, Herlin. ....
- Docks de Livcr-poul, hangars intérieurs ... ! Gramme A. 2 35oo 6 70 ioi55 3 lustres = 90 becs 1 Hedges 0 39 1
- 1 i
- Jetée d’Ipswich Bürgin type Franklin 3ooo t varie de 6m 10 3o becs de [gaz et i5 lampes à huile 1 , Andrews 0 47 1
- à 9,ui5
- Docks de Liver- Gramme A. I 6000 22 90 18414 I Scrrin 0 44
- pool, Balise.
- British Muséum Siemens 4 grandes , pas de gaz .employé précédemment J 3 Siemens total 7 5o 1
- > alternative. 7 petites
- Galerie Picton. Gramme. 3 6000 ' lumière réfléchie pas de gaz 3 Serrin 0 72
- en haut. .
- OBSERVATIONS.
- Ces trois stations étaient éclairées à forfait à un prix qui a été élevé par des conditions spéciales.
- 'rix cie traite. Coût net, environ 5 fr. 83.
- Installation
- d’expériences.
- I jetées éclairées à 400m du rivage.— Câble sous l’eau, circuit total 900“
- [ Quelques - unes de ces lampes sont utilisées pour éclairer les écluses et portes.
- La lumière est estimée à 25o becs de gaz.
- Coût avec le gaz 8 fr. 75 par heure.
- L’intensité est bien plus grande qu’avec le gaz précédemment employé.
- Nous donnerons d’abord un court tableau indiquant la perte de lumière avec les différents verres avec lesquels on construit les globes et lanternes
- Verre à vitre ordinaire........
- Verre dépoli...................
- Verre opale épais..............
- — mince...................
- Globes colorés (modèle de South Kensington)....................
- 10 pour cent de perte. 3° —
- 60 —
- 40 —
- 40 —
- Un tableau très intéressant est encore celui qui donne les frais des différentes installations
- d’éclairage électrique établies à Londres dans ces derniers temps. Nous le reproduisons ci-dessus.
- Nous mentionnerons encore un tableau très complet concernant les fils de cuivre, la correspondance entre les différents nos de la jauge de Birmingham et le diamètre du fil en millimètres, le rapport entre la longueur du fil et sa résistance, etc.
- Le petit volume de M. Killingworth Hedges est donc un ouvrage pratique qui pourra être utilement consulté.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Action des aimants sur l’arc voltaïque.
- L’action des aimants sur l’arc voltaïque est connue depuis longtemps. Davy était même parvenu à l’influencer assez énergiquement de cette manière pour le couper, et depuis lui, MM. Grove et Quet ont étudié cet effet dans différentes conditions, En i85g, j’ai entrepris de nombreuses recherches à ce sujet en expérimentant sur l’étincelle d’induction de la bobine de Ruhmkorff, et j’ai publié les résultats de ces recherches dans les deux dernières éditions de ma notice sur l’appareil de Ru'hmkorff. Ces recherches ont même été résumées dans le numéro du i5 juin 1879 (p. 43) de ce journal. Dernièrement M. Pilleux vient de nous adresser de nouvelles expériences sur le même sujet faites sur l’arc voltaïque produit par une machine à courants alternatifs de M. de Méritens. Il a naturellement retrouvé les phénomènes que ’ j’avais constatés, mais il pense que ces nouvelles recherches doivent avoir de l’intérêt en raison de la nature de l’arc sur lequel il a expérimenté et qui est d’une nature différente, selon lui, de celle de tous les arcs sur lesquels ont porté jusqu’ici les expériences. Cette distinction mérite toutefois d’être discutée.
- Avec l’étincelle d’induction, les aimants n’ont d’action que sur l’auréole qui accompagne le trait de feu de la décharge statique, et cette auréole n’étant qu’une sorte de gaine d’air échauffé renfermant beaucoup de particules métalliques enlevées aux rhéophores, représente exactement l’arc voltaïque. De plus, bien que les courants induits développés dans la bobine soient alternativement de sens contraire, le galvanomètre montre que les courants qui traversent la solution de continuité sont de même sens, et que ce sont des courants directs. Les courants inverses-se trouvent donc arrêtés au passage, et pour les recueillir il faut, ou diminuer considérablement la pression gazeuse du conducteur aériforme interposé dans la décharge, ou augmenter sa conductibilité, ou ouvrir à ce courant une dérivation métallique très résistante. Je suis parvenu par ce dernier moyen à isoler l’un de l’autre, dans deux circuits différents, les courants induits directs et les courants induits inverses. Comme dans l’air, à la pression normale, les couvrants directs seuls peuvent traverser la solution à travers laquelle passe l’étincelle d’induction, on peut donc considérer l’auréole qui l’entoure comme étant exactement dans les mêmes conditions qu’un arc voltaïque, et, par conséquent, comme représentant un conducteur extensible, essentiellement
- déformable, traversé par un courant dirigé dans un sens défini. Ce conducteur est susceptible, par conséquent, d’être impressionné par toutes les réactions extérieures qui peuvent être exercées sur un courant; seulement, en raison de sa mobilité, ce conducteur pourra céder à l’action exercée sur le courant qui le traverse, et subir des déformations qui pourront être en rapport avec les lois d’Ampère. C’est de cette manière que j’ai expliqué les différentes formes qu’affecte l’auréole de l’étincelle d’induction quand on la soumet à l’action d’un aimant suivant sa ligne axiale, suivant sa ligne équatoriale, perpendiculairement à ces lignes, ou sur les pôles magnétiques eux-mêmes.
- On n’a pas encore fait d’expériences bien nettes sur la nature de l’arc déterminé par les courants induits développés dans les machines à courants alternatifs ; mais d’après les expériences faites avec les bougies électriques, on est forcé d’admettre que le courant réagit comme s’il était alternativement renversé à travers cet arc, puisque les charbons s’usent également, et pourtant les expériences de M. Pilleux montrent que des effets analogues à ceux des bobines d’induction sont produits par la réaction des aimants sur l’arc.... Il y a donc là un point douteux qu’il est intéressant d’éclaircir, et nous croyons en conséquence devoir reproduire ici la note de M. Pilleux.
- « Ayant à ma disposition, dit-il, un puissant arc voltaïque vertical de 12 millimètres de longueur, entretenu par des courants alternativement renversés, et un des plus forts aimants permanents dont M. de Méritens se sert pour les machines magnéto-électriques, j’ai pu faire les expériences suivantes :
- « i° Quand j’approchais lentement un des pôles de mon aimant de l’arc voltaïque, je constatais qu’à une distance de 10 centimètres, cet arc s’ap-platissait de façon à prendre l’apparence des becs de gaz dits papillon. Le plan du papillon était parallèle au pôle que je présentais, autrement dit à la section de l’aimant. En même temps, l’arc commençait à faire entendre un bruit strident qui devenait assourdissant quand le pôle de l’aimant était rapproché à une distance de 2 millimètres environ.
- « A ce moment, le papillon produit par l’arc était très étalé et réduit à Vépaisseur d'une feuille de papier ; puis il éclata avec violence en faisant entendre une petite détonation et en projetant au loin un grand nombre de parcelles de charbon incandescent.
- « 20 L’aimant que j’employais étant en fer à cheval, quand je le dirigeais latéralement de façon à présenter à l’arc, successivement, tantôt un pôle nord, tantôt un pôle sud, le papillon pivotait sur lui-même pour ne pas présenter la même face à chaque pôle de l’aimant, comme une pièce de monnaie qui se serait présentée pile à un pôle et face à l’autre pôle. »
- Si oh sê reporte à là figure d-contre que nous
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- extrayons de notre notice sur l’appareil de Ruhm-korff, on voit que l’auréole qui se développait en nappe circulaire de droite à gauche en D sur le pôle nord N de l’aimant NS (fig. 1), se projetait en sens contraire en C sur le pôle sud S du même aimant;.mais entre les deux pôles, ces deux actions contraires obligées de se marier, donnaient lieu à une spire d’hélice très caractérisée dontle sens dépendait du sens du'courant de décharge à travers l’auréole ou de la polarité des pôles magnétiques. Au contraire, quand la décharge était effectuée suivant la ligne équatoriale, comme dans la figure 2, la nappe circulaire se développait dans le plan de la ligne neutre en dessus ou en desssous de la ligne de décharge, suivant le sens du courant et la polarité magnétique de l’aimant.
- Il y a donc entre les expériences de M. Pilleux et les miennes une si grande analogie qu’on pour-
- FIG. I
- rait peut-être en déduire que les courants induits, dans les machines à courants alternatifs, ont, comme ceux de. la bobine de Ruhmkorff, un sens déterminé qui serait celui des courants ayant la plus grande tension, c’est-à-dire celui des courants directs. Cette hypothèse nous paraît d’autant plus justifiée que M. J. Van Malderem a démontré que l’attraction des solénoïdes avec les courants des machines magnéto-électriques non redressés était presque aussi grande que celle des mêmes solénoïdes avec les courants redressés, et il est vraisemblable que la différence qui peut alors exister doit être d’autant moindre que les courants induits ont plus de tension. On pourrait peut-être alors expliquer les effets différents d’usure des charbons servant de rhéophores, suivant que les courants sont continus ou alternatifs, par les effets calorifiques différents déterminés sur ces charbons et par les effets de transport électrique qui sont la conséquence du passage du courant à travers l’arc.
- On sait qu’avec les courants continus, le charbon positif a une température beaucoup plus élevée que le charbon négatif et que son usure est envi-
- ron deux fois plus grande que- celle du charbon négatif; mais cette usure plus grande du charbon positif tient surtout à ce que la combustion y est plus grande que sur l’autre charbon, et aussi à ce que les particules carbonnées entraînées par le courant au pôle positif viennent se déposer en partie sur l’autre pôle. Supposons que ces polarités des charbons se trouvent constamment et alternativement renversées, les effets pourraient être symétriques de part et d’autre, bien que le seul courant qui traverse la solution de continuité pût être d’un même sens, car en admettant que les courants inverses ne pussent traverser la solution de continuité, ils n’en existent pas moins pour cela, et ils peuvent donner lieu, comme l’a démontré M. Gaugain pour les décharges de l’étincelle d’induction interceptées par la lame isolante d’un condensateur, à des décharges en retour à travers le générateur, lesquelles se trouvent être alors, dans la partie métallique du circuit, de même sens que les courants directs qui succèdent, bien qu’ayant déterminé momentanément des polarités contraires aux électrodes. Ce qui pourrait faire supposer que cette interprétation du phénomène pourrait avoir sa raison d’être, c’est qu’avec les courants induits de la bobine de Ruhmkorff, ce n’est pas le pôle positif qui est le plus chaud, mais bien le pôle négatif, d’où l’on pourrait déduire que ce n’est pas tant le sens du courant qui détermine l’effet calorifique aux électrodes, que les conditions de ce courant par rapport au générateur. Je ne serais donc pas étonné que dans l’arc formé par les courants alternatifs des machines magnéto-électriques, il ne passât qu’un courant de même direction qui serait celui formé par la superposition des courants directs, et que les courants inverses ne vinssent former des décharges en retour au sein des bobines généra- trices au moment de la naissance des courants directs.
- Tii. du M.
- Sur l’électrolyse de l’eau distillée.
- M. D. Tommasi vient de présenter à l’Académie quelques expériences destinées à confirmer ce fait que l’eau pure peut être décomposée par la pile.
- Voici comment il décrit ces expériences :
- « i° Dans un tube en U, rempli d’eau distillée, je plonge deux électrodes en platine, reliées avec deux éléments Daniell. Les électrodes sont éloignées l’une de l’autre de-.om,oi environ. Aucun effet visible ne se produit, même au bout de quelque temps. Les calories dégagées par la pile sont cependant plus que suffisantes à opérer la décomposition de l’eau ; en effet, 98 > 69 ('). Si donc l’eau, dans ce cas, n’éprouve aucune décomposition, cela
- (l) L’auteur double les nombres donnes ordinairement pour les faire correspondre à 4 volumes de vapeur.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- tient uniquement à la résistance qu’elle oppose au passage du courant, et non pas à l’insuffisance d’énergie produite par la pile.
- « 2° Si, dans l’expérience précédente, on remplace l’électrode positive par un fil d’argent, voici ce que l’on observe. Après dix-huit heures, on ne remarque aucun changement appréciable dans le liquide; cependant si, après avoir retiré le fil d’argent, on verse dans la branche où il plongeait une goutte d’acide chlorhydrique, on voit apparaître un trouble blanc très manifeste, ayant tous les caractères du chlorure d’argent. L’acide chlorhydrique n’a fait autre chose que précipiter la faible quantité d’oxyde d’argent qui se trouvait en dissolution dans l’eau distillée. Or, l’argent ne décompose pas l’eau à la température ordinaire ; pour produire l’oxydation, il a donc fallu que l’eau se décomposât, et, par suite, il a fallu que lo courant traversât l’eau distillée. Les électrodes, dans cette expérience, étaient éloignées environ de om,o7. On voit donc que si l’électrode positive est en argent, on peut, à l’aide de deux petits éléments Daniell, arriver à vaincre la résistance d’une colonne d’eau distillée ayant om,07 de longueur.
- « 3° Avec trois éléments Daniell, l’effet est bien plus marqué. Après quinze minutes, on peut déjà constater, à l’aide de l’acide chlorhydrique, que l’argent commence à se dissoudre. Après dix-huit heures, on retrouve toute la partie courbe du tube recouverte d’une couche d’oxyde d’argent, en partie réduit par une action secondaire.
- « 4° Si, dans l’expérience dont je viens de parler, on substitue à la pile Daniell six éléments Bunsen, la décomposition, comme on devait s’y attendre, a lieu avec beaucoup plus d’intensité. Après dix-huit heures, la quantité d’oxyde d’argent, en partie réduit, que l’on trouve au fond du tube, est relativement considérable.
- « 5° L’or employé comme électrode positive ne s’oxyde pas en présence de l’eau distillée, même par l’action d’un courant de huit éléments Bunsen.
- « L’argent serait-il donc le seul métal qui eût la propriété de décomposer l’eau distillée sous l’action du courant voltaïque ? Fort heureusement non, car on pourrait peut-être m’objecter que, si l’eau est décomposée quand l’argent sert d’électrode positive, cela pourrait tenir à ce que l’oxyde d’argent, pour qu’il fût soluble dans l’eau. (l), serait toujours suffisant à rendre l’eau assez conductrice pour pouvoir s’électrolyser. Il est vrai de dire que cette objection ne serait pas très juste, car elle n’expliquerait pas pourquoi, au commencement de l’expérience, le courant pourrait passer, puisque, en ce moment, l’eau ne renferme aucune substance étrangère, et que ce n’est qu’au bout de quelque (*)
- (*) L’oxyde d’argent se dissout dans 3,ooo fois son poids d’eau
- temps que l'argent entre en dissolution. Ce n’est donc pas l’oxydation de l’argent qui permet au courant de passer, mais c’est celui-ci qui, en décomposant l’eau, oxyde l’argent. Il est certain qu’une fois que l’eau renferme un peu d’oxyde d’argent, sa conductibilité augmente, et par suite l’électrolyse peut s’effectuer plus aisément; mais, je le répète, l’oxydation de l’argent n’est pas la cause déterminante de la décomposition de l’eau, mais seulement l’effet de cette décomposition même. Quoi qu’il en soit, voici une expérience qui montrera d’une manière certaine que la solubilité de l’oxyde d’argent ne joue qu’un rôle secondaire dans l’électrolyse de l’eau distillée.
- « 6° Les oxydes et les hydrates de cuivre sont complètement insolubles dans l’eau distillée, et dès lors ils ne peuvent augmenter en aucune façon la conductibilité de l’eau ; or, j’ai trouvé que le cuivre possède, comme l’argent, la propriété de décomposer l’eau distillée quand il est relié au pôle positif d’une pile. L’expérience se fait comme précédemment, c’est-à-dire que l’on plonge dans les branches d’un tube en U, rempli d’eau distillée, un fil de platine et un fil de cuivre, le premier relié au pôle négatif, et le second au pôle positif d’une pile composée de trois éléments Daniell. La distance qui sépare les deux électrodes est de om,04 environ. Au bout de dix-huit heures, on trouve sur la partie inférieure du tube, sur une longueur de om,02 environ, une couche de cuivre réduit adhérente aux parois du tube. Une partie du cuivre s’est déposée sur le fil de platine. La décomposition de l’eau dans ce cas ne peut s’expliquer que dans la seule hypothèse que le cuivre employé comme électrode positive tendrait à diminuer la résistance de l’eau, et, par conséquent, à la rendre plus apte à être élec-trolysée. Il en serait de même de l’argent employé comme électrode positive. »
- La réfraction de l’électricité.
- Nous avons décrit les expériences de M. Tribe sur la réfraction de l’électricité. M. Stokes.a fait remarquer à ce sujet, à la Royal-Society, que, suivant la théorie, ce sont les tangentes et non pas les sinus des angles d’incidence et de réfraction qui devraient être dans un rapport constant; mais il ajoute qu’en raison des erreurs d’expérience, les résultats expérimentaux obtenus ne permettent pas de décider entre les sinus et les tangentes.
- A propos du régulateur Archer eau
- Au sujet du dessin du régulateur Archereau que nous avons publié dans l’article sur la lampe Jas-par, plusieurs personnes nous ont demandé comment le fer doux est maintenu au centre du solé-
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- noïde. Nous ferons remarquer à ce propos que la figure que nous avons donnée du régulateur Arche-reau n’est qu’un dessin théorique. L’appareil réel est représenté dans- la figure ci-dessous. Deux colonnes en cuivre AB, CD montées sur un socle en bois, et reliées à leur partie supérieure par une traverse en cuivre AC supportent le porte-charbon positif t qui est fixe.
- Le solénoïde S est porté par deux autres traverses isolantes EF* GH. Ce solénoïde est enroulé sur un tube en cuivre dans lequel glisse à frottement doux une tige JK à laquelle est fixé le porte-charbon négatif tr. Cette tige est en fer dans sa moitié supérieure, en cuivre dans sa moitié inférieure.
- Une corde attachée en G passe dans la gorge d’une poulie qui termine la tige, et le poids de celle-ci est équilibré par un petit seau rempli de grenaille de plomb. L’un des bouts du fil du solénoïde est en contact avec le tube de cuivre sur lequel il est enroulé; l’autre bout est libre. Le courant entre par ce bout, passe du tube de cuivre à la tige qui glisse à son intérieur, traverse l’arc et sort par les montants de l’appareil. Le réglage automatique se fait comme il a été indiqué avec la figure schématique. Cet appareil fonctionnait assez régulièrement pour l’époque, mais les oscillations brusques et non amorties résultant des actions du solénoïde provoquaient quelquefois des extinctions, et c’est pour cela que MM. Jaspar et Loiseau y avaient ajouté des modérateurs.
- FAITS DIVÈRS
- Nous publions ci-après, comme complément des renseignements donnés à la page 383 de notre numéro du 22 avril la traduction du règlement adopté par le bureau des assureurs contre l’incendie de New-York (thc New-York Board of Fire Underwriters) dans la réunion du 12 janvier 1882, pour l’emploi de la lumière électrique ; ce règlement est extrait du numéro d’avril du « Journal of thc Franklin Insti-lute.
- Capacité des conducteurs pour les lampes à arc. —- Le poids du conducteur, par mètre courant, doit être égal, au moins, à celui du fil, ou du groupe des fils parallèles, qui constitue le circuit principal du régulateur magnétique des lampes ou de l’armature de la machine employée, suivant que l’un ou l’autre est le plus considérable.
- Pour les lampes à incandescence. — Toutes les fois que l’on établira, à l’entrée ou à l’intérieur d’un édifice, une liaison entre deux conducteurs de dimensions inégales, il faudra introduire, dans le circuit du conducteur le plus petit, un appareil automatique, de construction approuvée, disposé de manière à interrompre ce circuit chaque fois que le courant deviendra trop fort pour être transmis avec sécurité par . le circuit.
- L’intensité du courant dépasse la capacité de sécurité du fil dès qu’il l’échauffe au point qu’on ne puisse la tenir sans douleur à main fermée.
- Isolement. — Les fils, les machines et les lampes doivent être montés et fixés de manière à assurer un isolement continu et complet : les parties, telles que certaines pièces des lampes et des machines, pour lesquelles on ne pourrait pas remplir ces conditions, devront être protégées par des écrans ou autrement, contre le contact accidentel des objets extérieurs.
- Dans aucun cas, on ne pourra employer des circuits par la terre, ni laisser aucune partie du système se relier à la terre par un conducteur, tel que les tuyaux d’eau ou de gaz.
- Les fils exposés devront être recouverts d’au moins deux couches, la première, isolante, d’une matière et d’une épaisseur approuvées par le bureau, et la seconde, autour de la première, formée d’une matière capable de la protéger contre les érosions, ou tout autre froissement mécanique.
- Lorsque les fils pourraient être exposés à l’eau, les deux enduits devront être imperméables.
- Toutes les fois que l’électricité est amenée dans un édifice par des conducteurs qui la reçoivent d’une source extè-rioure, il faut disposer un interrupteur en un point le plus voisin possible de l’entrée de cet édifice.
- Les fils de sortie et de retour des lampes à arc devront entrer dans l’édifice, et en sortir, à une distance d’au moins un pied (om,3o) l’un de l’autre.
- Les fils qui traversent les murailles extérieures devront être fermement encastrés dans des tubes solides de matières non conductrices, incapables d’absorber l’humidité, et disposés de manière à empêcher l’eau de pluie de pénétrer dans l’édifice, le long des fils.
- Les fils posés le long des murailles ou d’autres supports devront être fixés rigidement par des attaches non conductrices — les fils étant eux-mêmes bien isolés — et ne pas être suspendus librement dans des mailles accrochées à des isolateurs en porte-à-faux.
- Tous les fils devront être distants de om,2u au moins l’un de l’autre pour les lampes à arc, et de 65mm pour les lampes à‘incandescence : toutes les fois qu’un fil se rapproche d’un autre lil ou d’un corps conducteur capable de lui fournir une dérivation ou une liaison avec la terre, il doit en être séparé par un corps solide non conducteur, tel que le bois sec, de i5mm au moins d’épaisseur.
- Toutes les fois qu’ils traversent des murailles, des planchers ou des cloisons, les fils devront être enveloppés d’un tube isolant résistant.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- Tous les joints des fils devront être faits de manière à'as- * surer un contact parfait et durable, il faut employer, autant que possible, des fils continus, c’est-à-dire sans joints.
- Globes. — Toutes les lumières devront être protégées par des globes de verre fermés au bas de manière à empêcher la chute des particules enfiammêes, lorsqu'il se trouvera des matières inflammables sous les lampes, il faudra bien ajouter un treillage en fil de fer pour maintenir en place les fragments du globe en cas de rupture.
- Les globes brisés ou fêlés devront être immédiatementrem-placés par des globes en parfait état.
- Aux vitrines des boutiques, et aux autres endroits où les lampes se trouvent à proximité d’objets inflammables, il faudra placer, à la partie supérieure des globes, des pare-étincelles.
- Commutateurs automatiques. — Toutes les fois que l’on fera usage d’un courant de force électro-motrice telle qu’il puisse, s’il se trouvait concentré sur une seule des lampes du circuit, produire un arc capable de détruire les matières fusibles de cette lampe, il faudra munir chacune des lampes d’un commutateur automatique, disposé de manière à les dériver du circuit bien avant que leur arc n’ait atteint cette lumière dangereuse.
- Les Compagnies qui fournissent l’électricité prise à des stations centrales devront se mettre d’accord avec le bureau des assureurs de New-York, s’engager à vérifier les liaisons de leurs lignes à la terre au moins une fois par jour, et mieux trois fois, et présenter chaque semaine au bureau un rapport sur ces essais.
- On devra, dans tous les cas, disposer d’appareils avertissant les personnes en charge des machines dynamo-électriques de la présence de courants excessifs, ou disposés de manière à modérer automatiquement ces courants.
- Une nouvelle compagnie électrique vient de se former à Londres. C’est l’Electric Fire Alarm and Signais Company.
- Les sinistres récents dans les théâtres ont amené les propriétaires et directeurs à rechercher des appareils présentant plus de sécurité au point de vue des dangers d’incendie. Déjà, plusieurs théâtres ont adopté des allumoirs électriques du système Gaiffe ou autres. A Nîmes, l’administration municipale vient de faire choix, pour remplacer la lance à alcool, de la lampe électrique d’allumage de M. Desruelles.
- Éclairage électrique
- Norwich est une des'villes d’Angleterre où les essais d’éclairage électrique ont donné les meilleurs résultats. Comme nous l’avons déjà dit, le marché et des rues de cette ville ont été éclairés pendant dix mois consécutifs par les soins de MM. Crompton et C°, et la municipalité a voté à l’unanimité la continuation de cet éclairage pour une nouvelle période d’un an, se réservant de l’étendre à la ville entière. Voici de nouveaux détails sur cet éclairage. MM. Crompton, après s’êtrè servis des lampes Swan et des lampes à arc Crompton, se sont décidés à adopter en outre des lampes Weston à arc d’une puissance de 800 à 1,000 candies, alimentées par des machines dynamo-Bürgin. L’installation consiste en deux circuits, comprenant chacun trois grands foyers Crompton d’une force de 4,000 candies chacun; ces foyers éclairent le Haymarket, le Market Place, le Bank Plain, le Post Office Plain, tous espaces vastes et ouverts; àeux circuits de lampes Weston, au nombre de douze en tout, éclairant London-Street et Prince of Wales Road jusqu’à la gare du chemin de fer ; deux foyers à arc Crompton étant placés dans Saint-Andrew’s Hall, et cinquante lampes Maxim dans la Bibliothèque libre. Les rues sont brillamment illuminées, deux fois mieux qu’avec le gaz. Il n’y a eu ni interruptions, ni accidents. La station génératrice se trouve à
- Elm-Hill. Avec de nouvelles améliorations introduites dans l’éclairage, on calcule que quarante foyers (dix Crompton et trente Weston) ne coûteront pas plus de 5 shillings par heure. ___________
- UElectrician de Londres apprend que MM. Tasker et C°, de Sheffield, vont former une compagnie locale pour des installations d’éclairage électrique à Sheffield.
- A Belfast, le conseil municipal vient d’accepter les offres deM. J.-H. Greenhill, de Belfast, pour éclairer une partie des Castle and Mill-streets à l’aide de l’électricité
- A Luton (Beds), la lampe à arc Pilsen est employée pour éclairer l’exposition scientifique et domestique qui vient de s’ouvrir dans cette ville.
- Télégraphie et Téléphonie
- Des délégués du Sénat (ou cities) viennent d’arriver à AI-bany, capitale de l’Etat de New*York, avec mission de déterminer s’il est praticable et désirable, dans l’intérêt public, d’installer sous le sol les fils télégraphiques qui sont maintenant soutenus par des poteaux au-dessus des rues de la ville. Peu après son arrivée, le sous-comité a commencé à entendre les personnes intéressées dans la question. MM. Pope, Robert Brown, Georges Evans et J. Barrow ont été d’avis que le projet est parfaitement réalisable, et qu’il aura le grand avantage de faire disparaître des rues ces poteaux et ces enchevêtrements de fils télégraphiques et téléphoniques dont la présence est souvent incommode et dangereuse, particulièrement dans les cas d’incendie. La Compagnie Western Union était représentée par son électricien, qui a soulevé des objections contre chacune des déclarations favorables au projet. Le président du sous-comité a fait observer que le coût d’entretien est beaucoup moindre pour des fils souterrains que pour des fils installés suivant le présent système. Si l’autorisation demandée est accordée, des capitalistes pourront faire établir des lignes souterraines et les louer relativement à bon marché à des corporations.
- Personne ne s’est présenté à l’adjudication qui a été ouverte à Madrid le 16 avril dernier par la Direction générale des Postes et des Télégraphes d’Espagne pour la pose du câble sous-marin des Canaries. C’est la troisième fois que ce fait se produit. Le câble projeté aurait une longueur de 237 lieues marines entre la grande Canarie et Cadix.
- L’Allemagne est maintenant reliée directement à l’Amérique du Nord par un câble électrique sous-marin. Ce câble a 880 milles marins de longueur. Il va d’Emden, port du Hanovre, à Valentia sur la côte d’Irlande. De Valentia aux Etats-Unis, un des câbles sous-marins de l’Anglo American Company a été loué jusqu’en l’année 1900. Ces nouvelles communications télégraphiques n’obligent plus à transmettre les correspondances entre l’Allemagne et l’Amérique du Nord par la voie d’Emden à Lowestoft sur la côte Est de l’Angleterre, puis de là à travers l’Angleterre, le canal de Saint-Georges et l’Irlande jusqu’à Valentia, comme cela a eu lieu jusqu’à ce jour. C’est la Compagnie de l’Union des Télégraphes de l’Allemagne qui a posé ce nouveau câble.
- A Bradfort, la grande ville industrielle du comté d’York, des lignes téléphoniques ont été posées par la National Téléphoné Company.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 28496
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique • M. AdMINISTRATEUR-GÈRANT : Th. DU MONCEL A. GLÉNARD
- 4° ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 13 MAI 1882 N° 19
- SOMMAIRE
- Recherches sur la pile au bichromate de potasse; Th. du Moncel. — Sur les mesures des courants intenses; E. Mer-cadier. — Sur une nouvelle forme du galvanomètre apériodique de MM. Deprez et d’Arsonval; Marcel Deprez. — Exposition Internationale d’Electricité : Les lampes Bür-gin; Aug. Guerout. — Galerie des machines; C.-C. Soulages. — Comparaison des phénomènes hydrodynamiques et électriques; V. Garnier. — La Télégraphie; ses progrès récents manifestés à l’Exposition Internationale d’Electricité (icr article). — Revue des travaux récents en électricité : Sur une perturbation magnétique, par M. Mascart.— Sur un signal téléphonique vibratoire à sonnerie. — Sur l’électro-métallurgie du plomb. — Correspondance : Lettre de M. Boudet de Paris. — Faits divers.
- RECHERCHES SUR LA PILE
- AU
- BICHROMATE DE POTASSE
- Nous avons déjà consacré dans ce journal (numéro du 12 mars 1881) un article à cette pile intéressante imaginée par M. Poggendorff, et qui est souvent mise à contribution pour les expériences qui n’exigent que pendant quelques instants une intensité électrique un peu énergique. Cette pile, comme on le sait, a l’avantage de ne pas produire d’émanations* malsaines et odoriférantes, de pouvoir se maintenir chargée pendant longtemps sans altération de ses éléments constituants, quand on prend la précaution de soulever les zincs, et d’avoir une grande force électro-motrice.
- Les piles de ce genre sont le plus généralement employées avec un seul liquide composé, comme on le sait, d’eau, d’acide sulfurique et de bichromate de potasse. Dans l’article que nous avons publié sur ce sujet, nous avons indiqué les différentes proportions de ces substances dans les solutions adoptées par MM. Poggendorff, Crenet, Chutaux et autres, et nous avons vu que, si l’énergie delà pile
- augmente avec la quantité de bichromate et d’acide, il 11e fallait pas, au point de vite économique, exagérer ces proportions, car on a reconnu que les liquides les plus riches en sel fournissent les résidus les plus appauvris et consomment inutilement le plus de zinc.
- Les inconvénients que l’on rencontre dans le transport et la préparation d’une solution qui exige l’emploi d’acides et de substances mélangés dans des proportions définies, a fait rechercher, il y a déjà longtemps, la combinaison d’un sel solide qui pût la fournir immédiatement sans aucune autre préparation que son immersion dans l’eau. Dès l’année 1871, M. Chutaux y était, en effet, arrivé en faisant chauffer et évaporer presque à siccité un mélange à poids égaux d’eau, d’acide sulfurique et de bichromate de potasse ; mais le produit de cette dessiccation n’ayant pas été constitué dans les conditions chimiques voulues pour faire une véritable combinaison chimique, n’avait fourni que des résultats inférieurs à ceux que l’on obtenait avec les solutions acides. Plus tard, il est vrai, il a perfectionné son procédé par une manipulation mieux entendue et l’introduction successive, dans la solution acide et bouillante, de poussières tamisées de bichromate de potasse; mais les résidus solides obtenus à la suite du refroidissement de cette solution versée par couches minces sur des surfaces assez développées, ne pouvaient rester longtemps à l’état solide, et finissaient par tomber en déliquescence. MM. Voisin et Dronier en traitant la question au point de vue des équivalents chimiques et en combinant les produits entrant dans la composition du sel excitateur de manière à utiliser complètement tout l'oxygène de l'acide chromique, sont arrivés à des résultats beaucoup plus satisfaisants, comme on pourra en juger par les expériences que nous allons rapporter. Ce sont ces sels qui sont aujourd'hui vendus chez tous les constructeurs d’appareils électriques comme sels excitateurs des piles à bichromate de potasse et qui ont une belle couleur rouge. Dans ces conditions, ils restent à l’état pulvérulent et ne tombent pas en déliquescence.
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- LA LUMIÈRE ELECTRIQUE
- Les sels de MM. Voisin et Dronier étaient dans l’origine de trois espèces :
- L’un, qu’ils destinaient aux piles ne devant agir que momentanément et qu’ils appelaient sel galvano-caustique, avait pour formule :
- KO. SO3 + 5 (SO®.. HO) + KO. 2 Cr O3.
- Un autre qui avait constitué dans les premiers temps leur fabrication courante, avait pour formule :
- KO. SO3 + 7 (SO3. HOÎ + KO. 2 C r O3.
- Enfin le troisième auquel ils se sont définitivement arrêtés et qui présente le plus d’avantages, a pour formule :
- N a O. SO3 + 7 (SO3. HO) + KO. 2 Or O3.
- Dans ces différents sels, comme on peut le voir par les formules précédentes, il entre un produit, le sulfate de potasse ou de soude, qui ne joue aucun rôle dans l’action chimique destinée à produire le dégagement électrique, mais dont la présence est nécessaire pour donner lieu, avec le bichromate et l’acide sulfurique, à un de ces composés solides d’acides sulfurique et chromique découverts par Gay-Lussac et pouvant seuls fournir la solution immédiate du problème que MM. Voisin et Dronier s’étaient proposé.
- Ce sel, en effet, peut être en quelque sorte considéré comme un porte-acide, et quand il est entré en combinaison, à l’état solide, avec sept équivalents d’acide sulfurique et un équivalent de bichromate de potasse, le produit se trouve dédoublé au contact de l’eau, et les acides sulfurique et chromique deviennent alors libres, comme si la solution était faite directement avec de l’acide sulfurique.
- Ou peut voir, d’après les formules de composition des deux derniers sels, que ces produits renferment le nombre d’équivalents d’acide sulfurique nécessaires pour pouvoir employer tout l’oxygène utilisable de l’acide chromique, de façon à avoir, après épuisement complet de la pile, un sulfate double de potasse et de chrome, qui n’est pas de l’alun de chrome, puisque l’oxyde de chrome, qui devient libre après l’action de l’hydrogène sur la dissolution, est du protoxyde de chrome et non du sesquioxyde. Le liquide, en effet, après un certain temps de travail de la pile, devient verdâtre d’abord, puis de plus en plus bleu, sans laisser se déposer de cristaux violets d’alun de chrome, et les charbons ne sont jamais recouverts d’aucun dépôt de sel de chrome. MM. Voisin et Dronier pensent qu’après la fabrication de leur sel sa formule devient, pour le sel à sulfate de potasse :
- 2 (KO. 2SO3) + 2 (OO3. 2SO3) + 7110.
- Les proportions indiquées par MM. Voisin et Dronier pour la solution de ces sels, sont de 20 grammes de sel pour 100 grammes d’eau, c’est-
- à-dire que le sel doit entrer dans la solution pour un cinquième du poids de l’eau. Toutefois, d’après des expériences que je leur ai communiquées, ces Messieurs ont pensé qu’il valait mieux que la proportion du sel fût portée au quart du poids de l’eau, et, dans ces conditions, ils ont donné aux différents éléments entrant dans la solution les proportions suivantes :
- Sel au sulfate de potasse à 25 ô/o
- du poids de Veau. sm
- Eau 80.00
- Acide sulfurique .... 11.80
- Bichromate 5.20
- Sulfate de potasse. . . . 3.oo
- 100.00
- Sel au sulfate de soude à 25 °/o du poids de l'eau.
- Eau. . ................... 80.00
- Acide sulfurique. . . . 11.80
- Bichromate........ 5.40
- Sulfate de soude. ... 2.80
- 100.00
- On peut juger de la différence des proportions de bichromate entrant dans ces deux solutions, en les comparant aux deux autres, ramenées au même système de dosage :
- Sel au sulfate de potasse à 20 °/o du poids de Veau.
- Eau 83.33
- Acide 9.83
- Bichromate . . 4.33
- Sulfate de po-
- tasse .... 2.5o
- 99*99
- Solution acide : eau 1500, acide 2 00, bichromate 100.
- Eau..........83.33
- Acide........11.11
- Bichromate . . 5.55
- 99.99
- Sel au sulfate de soude à 20 °/o dit poids de Veau.
- Eau...........83.33
- Acide......... g. 83
- Bichromate . . 4.5o
- Sulfate de soude 2.33
- 99-99
- L’expérience a démontré que les prévisions de MM. Voisin et Dronier étaient parfaitementjusti-fiées ; car la force électro-motrice de la pile s’est accrue dans le .rapport de 11834 à 11742, et la résistance s’est trouvée en même temps un peu diminuée.
- Quoi qu’il en soit, voici comment MM. Voisin et Dronier préparent leur sel. Ils commencent par dissoudre à chaud le sulfate de potasse ou le sulfate de soude dans l’acide sulfurique, et ils y ajoutent ensuite et lentement le bichromate. Le refroidissement entraîne la solidification de la masse, et ils la coulent, avant ce refroidissement, dans des moules disposés de manière à ce qu’elle puisse en être facilement retirée. Cette masse est ensuite divisée en menus fragments ou pulvérisée, et elle se présente alors avec une couleur d’un rouge vermillon, qui est très sombre pour le sel galvano-caustique, mais qui se rapproche un peu du minium pour le sel de soude.
- Les expériences que j’ai entreprises avec ces différentes solutions et une pile à sable à écoulement continu du liquide excitateur m’ont conduit à plusieurs déductions intéressantes, non-seulement sur l’action des liquides excitateurs, mais encore sur les meilleures conditions d’emploi de ces sortes de piles. Je me suis proposé, en effet, d’éclaircir les points suivants :
- i° Comment se comporte une pile à sable du système Chutaux dont l’humectation est bien entretenue, faiblement entretenue et pas du tout renou-
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- velée, et cela suivant les différents liquides, suivant que le circuit est ouvert ou fermé?
- 2° Comment se comporte une pile à sable à bichromate de potasse, suivant la température du milieu ambiant?
- 3° Comment se produisent les effets de la polarisation dans les différents cas ?
- 40 Ce que deviennent les valeurs des constantes de cette pile, quand on fait repasser plusieurs fois les liquides;
- 5° Enfin, quel est le rapport des constantes de l’élément à bichromate de potasse avec celles de l’élément Daniell ?
- icr Point."—Marche de la pile suivant la perméabilité plus ou moins 'grande du vase poreux d'alimentation et suivant la nature des liquides. — Les nombreuses expériences que j’ai faites pendant plusieurs mois avec ces piles m’ont démontré que, quelle que soit la solution qui alimente ces piles, la force, électro-motrice, quand le courant n’est pas fermé, augmente successivement pendant les deux ou trois premiers jours qui ‘suivent la charge, pour descendre ensuite successivement, quand l’humectation n’est pas entretenue; en même temps, la résistance intérieure du couple augmente successivement au point de passer en huit jours de 11,67 ohms à i5,3g ohms, pour les piles à solution Voisin et Dronier, et de 5,37 ohms à n,63 ohms pour la solution acidulée. Dans tous les cas, cette résistance est toujours moindre avec la solution acidulée. En revanche, la diminution de la force électro-motrice s’effectue beaucoup moins rapidement avec la solution Voisin et Dronier qu’avec la solution acidulée. Quand le sabTe se trouve de nouveau humecté avec abondance, la pile reprend immédiatement toute son énergie. Enfin, une fermeture prolongée du circuit affecte beaucoup plus la pile à solution acidulée que la pile à solution saline.
- Quand l’humectation de la pile est bien entretenue à l’aide de vases poreux très perméables, qui laissaient filtrer environ 64 centimètres cubes de liquide en 24 heures (ce qui suppose ces vases eux-mêmes alimentés par des flacons remplis de liquide et renversés), la valeur moyenne des constantes est peu différente pour les deux solutions, que les circuits soient ouverts ou fermés; elle serait plutôt favorable à la solution Voisin et Dronier. Dans ces conditions, les courants fournis sont reniarquable-ments constants pour des piles à bichromate de potasse. Ainsi, une fermeture de circuit de g jours a fourni des valeurs de E et de R à peu près constantes, après un premier abaissement qui s’est manifesté le premier jour seulement. La force électro-motrice s’est trouvée même acquérir une plus grande valeur; de telle sorte que ces valeurs de E et de R, avec un circuit de 120,00 ohms constam-
- ment fermé, peuvent être représentées en moyenne par les chiffres 12077 et n>i5 ohms pour la pile à solution Voisin et Dronier, et par les chiffres 1204g et 10,g6 ohms pour la pile à solution acidulée. Avec le circuit ouvert, ces valeurs sont 12062 et 3,io, et 1214g et 10,54 ohms. Ce sont, comme on le voit, des chiffres bien voisins. Avec un circuit moins résistant, le courant, même avec une alimentation convenable, ne reste pas tout à fait aussi constant. Ainsi, un élément, chargé au bichromate acidulé et mis en rapport continu pendant un mois avec un électro-aimant d’une résistance de 34,25 ohms, a eu sa force électro-motrice diminuée dans le rapport de 11768 à ii4g2 et sa résistance portée de 6,36 ohms à 15,65 ohms; mais cette diminution d’énergie est, par le fait, bien peu de chose, surtout si l’on considère que le vase poreux d’alimentation n’écoulait par jour que 46 centimètres cubes de liquide.
- Nous ferons,' toutefois, remarquer que, si on humecte avec beaucoup de liquide le sable de la pile, même quand elle est bien entretenue de liquide, la force électro-motrice peut ne pas augmenter, mais la résistance diminue.
- Quand l’humectation est faiblement entretenue, à l’aide de vases ne laissant filtrer que ig centimètres cubes de liquide par jour, les effets que nous avons indiqués pour les piles non entretenues se retrouvent à un degré très-marqué. Ainsi, une fermeture prolongée du circuit entraîne une diminution rapide de l’énergie de la pile et de sa force électro-motrice; mais cette diminution est plus rapide avec la pile à solution acidulée qu’avec la solution Voisin et Dronier. En revanche, cette dernière, au moment de l’interruption du courant, reprend moins vite son énergie que la première, et, le plus souvent même, elle ne la reprend pas complètement, parce que l’écoulement n’est pas suffisant pour réparer les pertes que lui a fait subir la fermeture prolongée du courant; ce qui prouve que l’oxygène de l’acide chromique est plus complètement utilisé dans la solution Voisin et Dronier que dans la solution acidulée. Nous devons faire remarquer aussi que la proportion de bichromate, est plus considérable dans la solution acidulée que dans la solution saline. Naturellement, la promptitude avec laquelle la pile reprend son énergie dépend du degré de porosité des vases poreux, et la durée de cette période ascendante dépend de celle de la fermeture du circuit qui l’a précédée. Avec les vases poreux dont nous parlons, il faut enyiron trois jours de repos pour que l’intensité maxima que la pile doit conserver soit atteinte, après une fermeture de circuit de vingt-quatre heures; mais, pour une fermeture plus prolongée, de quatre jours par exemple, il faut six ou sept jours. Bien entendu, les premières fermetures continues du courant entraînent un affaiblissement moins grand que les
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- secondes, et celles-ci un affaiblissement moindre que les troisièmes; toutefois, il existe une limite minima, après laquelle les variations deviennent assez faibles. Cet affaiblissement d’énergie, avec les circuits fermés d’une manière continue, dépend, pour les piles mal entretenues de liquide, non-seulement de l’affaiblissement de la force électro-motrice par suite de l’épuisemeut'trop rapide de l’acide chromique et de la formation de l’alun de chrome qui se forme à l’électrode négative, mais aussi de l’augmentation réelle de la résistance du couple, par suite de l’incorporation de l’acide sulfurique de la solution dans un sel (l’alun de chrome) qui, n’étant plus dédoublé, fournit une solution moins conductrice et de moins en moins riche en acide. C’est ce que démontrent les valeurs des constantes correspondantes à une pile bien entretenue de liquide et dont la force électro-motrice augmente au lieu de diminuer, tandis que sa résistance continue à augmenter.
- En définitive, on peut établir d’une manière générale, relativement au premier point de la question que nous traitons, que la constance de l’énergie d’une pile à sable dépend essentiellement du degré de porosité du vase poreux d’alimentation, et ce degré de porosité doit être d’autant plus grand que le circuit est moins résistant, qu’il est fermé plus longtemps et que le liquide est moins riche en bichromate de potasse. Dans le cas d’une filtration insuffisante, la solution Voisin et Dronier est plus favorable que la solution acidulée, parce que l’oxygène de l’acide chromique se trouve plus complètement utilisé; mais l’avantage de cette solution devient insignifiant, quand la pile est suffisamment entretenue de liquide.
- 2° Point. — Influence de la température. — Les expériences faites par M. Sabine sur l’énergie des piles, suivant la température, ayant démontré que les piles à bichromate de potasse perdaient de leur énergie avec l’accroissement de la température, au point d’avoir leur force électro-motrice diminuée de 14 % en passant de. 180 à ioo°, j’ai pensé que les irrégularités que je constatais clans les effets électriques produits par mes piles, pouvaient bien avoir pour cause les différences de la température ambiante du milieu dans lequel elles étaient placées. Pour m’en assurer, j’ai entrepris de faire plusieurs expériences dans la journée, à 8'heures du matin, à 2 heures et à 6 heures du soir; j’ai noté alors les températures correspondantes aux intensités que j’observais, et voici les résultats que j’ai obtenus :
- S heures. 2 heures. 6 heures.
- Ce 7 sept. I==65o,2o' (=220,3 1=640,49' (=230,9 1=64.0,10' (=240,8
- Ce 8 id. 1=65°,3o' (=22»,5 1=650,25' (=220,1 1=650,9' (=220,9
- Ce 9 id. I=65o,i6' (=210,2 [=65°,20' (=220,9 [=650,28' (=220
- Ce 10 id. I=66o,33' (=2i« [=650,47' (=220 " 1=65°,38' (=22°,4
- Or, l’on voit que généralement l’intensité de la pile au bichromate de potasse (et l’élément expérimenté était celui à solution Voisin et Dronier) diminue à mesure que la température s’élève; c’est ce qui explique pourquoi les observations faites le matin donnent toujours des chiffres plus élevés que celles faites dans l’après-midi. Il y aurait peut-être aussi à tenir compte de l’accroissement de résistance du fil du circuit et des variations du magnétisme de l’aiguille de la boussole avec la température.
- 3e Point. — Effets de polarisation. — Les effets de polarisation dans la pile à bichromate de potasse ne sont pas instantanés ; ils ne commencent à se faire sentir, du moins sur les circuits aussi résistants que ceux sur lesquels j’opérais, que quelques instants après la fermeture du circuit; et, quand, après s’être développés dans toute leur énergie par suite de la fermeture prolongée du circuit, on vient à interrompre celui-ci, l’accroissement d’énergie de la pile, même au bout de 10 minutes, est très peu marqué. Elle a été, en moyenne, de o°,g' dans le cours de mes expériences. Quand, au contraire, le circuit, au lieu d’être interrompu, était fermé sur lui-même pendant le même espace de temps, la diminution d’intensité était considérable : elle a pu tomber de 46°,35' à 3g0,55'.
- 4e Point. —- Action des liquides plus ou moins usés. — L’expérience m’ayant démontré que je pouvais faire passer successivement jusqu’à quatre fois une même solution excitatrice à travers un même élément, j’ai voulu mesurer les valeurs des constantes E et R après chacun de ces passages, et voici les résultats que j’ai obtenus avec la solution acidulée :
- File à sable.
- Ayant passe o lois.
- — 1 lois.
- • — 2 lois.
- — 3 lois.
- Circuits Circuits fermés Constantes. ouverts, pendant 24 heures.
- Valeur moyenne de E. 12402 12223
- Valeur moyenne de R. 10,67 oh. 11,87 oh.
- Valeur moyenne de E. 12294 12214.
- Valeur moyenne de R. l3,75 oh. i3,i5 oh.
- Valeur moyenne de E. 12201 i2o3g
- Valeur moyenne de R. 14.52 oh. 17,05 oh.
- Valeur moyenne de E. 12137 n38a
- Valeur moyenne de R. 17,65 oh. 18,16 oh.
- Ayant passé o lois.
- — I fois.
- — 2 lois.
- — 3 fois.
- Pile à liquides libres.
- Valeur moyenne de E. • 11771 Valeur moyenne de R. 10,24 oh. Valeur moyenne de E. 10942 Valeur moyenne de R. i7,82oh. Valeur moyenne de 11. 10795
- Valeur moyenne de R. 17,11 oh3 ; Valeur moyenne de E. 10084 Valeur moyenne de R. 20,59 °h.
- Avec le circuit fermé pendant 24 heures, les valeurs des constantes ne sont plus calculables. Pour le liquide neuf, l'intensité du courant était tombée, avec ?, à 10°56', et avec ?•', il 1)0,5'.
- Comme on le voit, d’après ce tableau, la force électro-motrice de la pile à sable perd très peu avec le liquide n’ayant passé qu’une seule fois, et, qui plus est, elle varie fort peu quand le circuit est fermé pendant vingt-quatre heures. Il est vrai que
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- ie liquide expérimenté provenait de piles essayées pendant cinquante-quatre jours, et dont le circuit avait été ouvert pendant trente-huit jours et fermé pendant seize, à travers des résistances de 120,00 ohms.
- Toutefois, avec la pile à liquides libres, cette force et cette constance sont loin de se retrouver. La polarisation devient alors tellement énergique que deux expériences consécutives, faites à dix minutes d’intervalle, ont fourni les résultats suivants :
- 1 re Epreuve :
- r =120,00+ i,5o| I —53°.3o'—5 !°.?o' moyenne*| 520.40' ;-'=i5o,oo+i,5o|l'=40.40 | E=ro835,R= 14,770)1.
- 2° Epreuve :
- r=i20,oo+i,5o|I =5i°.6'—50.41 moyenne |5o®.54'
- r'=i 50,00+1,5o[l'=3q .52 1 E=a io5o,R=2o,88oh.
- La variation se porte, comme on le voit, surtout sur la résistance du couple, qui devient énorme. On peut s’en rendre compte d’après ce que nous avons dit dans nos articles insérés dans ce journal, p. 121, i86, 236.
- Quand on emploie des liquides qui ont passé deux fois, les différences d’action sont encore peu marquées, aussi bien pour la pile à sable que pour la pile à liquides libres; les effets de la polarisation sont peut-être un peu moins rapides, car, après deux épreuves successives, on a obtenu les résultats suivants :
- /re Epreuve :
- r “120,oo+i,5o| I =5 l°./|o'--51°. itt' moyenne! 5i°.2q'
- r'=i5o,oo+i,5o| I'=49 I E=sio8o5,R=i(5,5goli/
- 2^ Epreuve :
- r — 120,00 +l,5ol I =5o®.5 1 '—50.47 moyenne! 500.49' j-'=[5o,oo+i,5o[lf=3Q.37 | K=10785, R~ i7,63oh.
- Mais, quand le liquide a passé trois fois, la diminution de force commence à se manifester d’une manière marquée, et se traduit principalement par l’accroissement de la résistance. Ainsi, avec la pile à liquides libres, les deux épreuves successives ont donné :
- ire Epreuve :
- r =i20,oo+i,5o11 =46°. 10'—450.5' moyenne|45°.38'
- j'=i5o,oo + i,5o| l'=36.6 IE—10054, R= 10. i3oh.
- 20 Epreuve :
- r=ï20,oo+l,5olI =450.5'—44.3o moyenne [,140,48'
- >•'=15o,oo+1,5o]l'=35.3o | E=ioi i5,R=22,o5oh.
- En définitive, on peut conclure de ces différentes expériences qu’on peut faire passer sans inconvénient manifeste deux fois le même liquide à travers une pile à sable, et, au besoin, on pourrait même aller jusqu'à trois fois, quand la pile n’est pas mise trop souvent en activité. Mais, avec la disposition dans laquelle les liquides sont libres, il y aurait un grand inconvénient à employer ces liquides, à cause des effets de polarisation, qui seraient alors très marqués;
- 5® Point. — Valeurs des constantes de la pile par rapport à l'élément Daniell. — Dans les premières déterminations que j’avais faites des constantes de la pile au bichromate de potasse, j’avais été conduit à admettre que, moyennement, le rapport entre la force électro-motrice de cet élément et celle de l’élément Daniell était 1,91, et que la résistance moyenne de l’élément en question pouvait être évaluée à 6 ohms. Mais ces calculs résultaient de l’emploi d’une seule méthode de détermination, et je n’avais pas considéré que, ce genre de pile se polarisant beaucoup, plusieurs corrections devaient être apportées aux résultats obtenus; dans tous les cas, ils devaient être contrôlés par la méthode de détermination directe. C’est pourquoi j’ai été conduit à employer dans mes nouvelles expériences la méthode de Wiedmann, concurremment avec la méthode de Ohm. Il est résulté de ce nouveau travail que le rapport entre la force électro-motrice de l’élément à sable de Chutaux et celle de l’élément Daniell peut être évalué moyennement, sur un circuit où les effets de polarisation sont très peu sensibles, à 1,89, chiffre qui suppose à la force électro-motrice du premier élément une valeur de .122.56. Mais, quand l’énergie de la pile a acquis sa valeur maxima, ce qui n’a lieu qu’après un certain temps de service de la pile et pour une une alimentation suffisante, le rapport des deux forces électro-motrices avec un circuit maintenu ouvert depuis quelques jours et en employant pouf r une résistance de 240,00 ohms, peut atteindre 1,955, ce qui correspond à une force électro-motrice de 12617, estimée d’après la méthode de Ohm. La valeur de la résistance de la pile, après beaucoup d’expériences, a paru être de 8,40 ohms.
- Tu. nu Moncel.
- SUR LES MESURES
- DlîS
- COURANTS INTENSES
- La question de la mesure des courants électriques intenses paraissait être résolue d’une manière satisfaisante. Pourtant elle vient d’être reprise, d’un côté par MM. Terquem et Damien dans l’un des récents compte rendus de l’Académie des sciences (voir t. VI, p. 282 de La Lumière Électrique) et de l’autre par le D1' Denzler (voir t. VI, p. 358 de La Lumière Électrique).
- Les formes de galvanomètre indiquées par ces physiciens ont leurs qualités et leurs défauts; mais il me semble que lorsqu’on se propose de construire un galvanomètre pour les courants intenses, il y a lieu de se préoccuper tout d’abord de la question suivante: où et dans quelles circonstances
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- doit-on se servir de l’instrument ? Est-ce dans une usine d'électricité, si je puis ainsi dire? Est-ce dans un laboratoire où se font des travaux d’ordre purement scientifique, exigeant une grande préci-sion?
- S’il s’agit d’une usine d’électricité encombrée habituellement de machines électromagnétiques, et dans laquelle des masses de fer mobiles et des électro-aimants puissants produisent des champs magnétiques intenses et incessamment variables, on ne saurait songer sérieusement à employer des galvanomètres ordinaires, tels que des boussoles de tangentes, et les appareils auxquels on a fait allusion plus haut ne me paraissent pas, donner une solution complètement satisfaisante du problème à résoudre.
- Mais il existe en ce cas une solution que, pour ma part, je considère comme excellente; c’est l’emploi des galvanomètres à aimant permanent de M. M. Deprez, qui sont sensibles, à l’abri des perturbations produites par les champs magnétiques extérieurs, très transportables et dont les indications se lisent avec la plus grande facilité. Dans l’état actuel de l’électro-magnétisme, je ne crois pas qu’il existe de meilleurs galvanomètres pour les courants intenses dans les conditions dont je viens de parler.
- S’il s’agit d’opérer dans un laboratoire purement scientifique, les appareils de M. Deprez sont également très bons. Seulement il peut se faire que la présence d’un aimant permanent puissant rende impossibles des opérations délicates de galvanomé-trie faites dans son voisinage avec d’autres appareils,fpar exemple avec des galvanomètres Thomson.
- Dans ce cas, la recherche d’un appareil ne présentant d’autre aimant qu’une aiguille et permettant de mesurer des courants intenses peut présenter quelque intérêt.
- Il y a déjà longtemps et notamment en 1878, lors de la création à l’Ecole supérieure de télégraphie d’un laboratoire qui devait contenir des appareils de mesure délicats, en particulier des galvanomètres Thomson, je m’étais préoccupé de voir s’il ne serait pas possible de se servir de ces galvanomètres pour la mesure de courants intenses, autrement qu’en employant des dérivations, emploi qui 11e constitue qu’une solution indirecte de la question, non exempte d’inconvénients.
- Après divers essais, je m’arrêtai à la disposition suivante représentée dans la figure : G est un galvanomètre Thomson ordinaire avec sa bobine b de 5 à 6000 ohms de résistance et son miroir m suspendu par un fil de cocon et qui porte le petit aimant ordinaire que nous supposons dans le plan de la figure.
- L’instrument repose sur une table en pierre portée elle-même par deux supports en pierre enfoncés dans le soL
- Sur cette table on fixe deux montants isolés en forme d’équerre dans le plan de l’aimant, et on les prolonge par deux tiges ou tubes en cuivre GD, EF divisées en millimètres qui s’élèvent jusqu’au plafond du laboratoire sur une longueur d’environ 2m.5o. Là elles sont recourbées à angle droit de façon à venir aboutir à 2 fils de cuivre isolés enroulés en torsade, ramenés en .avant perpendiculairement au plan de la figure et le long du plafond, et descendant ensuite sur une table où l’on peut les mettre en communication avec des appareils quelconques.
- Un fil de cuivre de 3 à 4mm de diamètre A B est soudé à deux morceaux de tubes qui peuvent glis-
- D F
- ser le long des tiges graduées CD, EF, et être fixés à des hauteurs différentes à l’aide de deux vis A et B.
- On voit que si l’on fait passer un courant dans le système ainsi constitué, par exemple dans le sens indiqué par les flèches sur la figure, l’action des fils dans la partie enroulée en torsade sera nulle, et l’action totale sera la différence entre celle de la partie AB et celles des deux tiges AD et BF ; mais celles-ci diminuent rapidement avec la distance au miroir m, et, en somme, l’action de la partie AB est prédominante.
- En tout cas, en plaçant le fil AB à une hauteur suffisante, quelle que soit l’intensité du courant qui le parcourt, la déviation de l’aiguille pourra être très petite, et on la mesurera comme on le fait d’habitude quand des courants parcourent la bobine b du galvanomètre. L’aiguille pouvant être ainsi
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- considérée comme ne sortant pas du plan DA, BF, on a là une sorte de boussole de trangentes, dont la résistance pourra être très petite. Celle dont je me suis servi n’avait qu’une résistance de oohm 061.
- Pour donner une idée simple des résultats que l’on obtient ainsi, je dirai que le courant d’un élément Bunsen ordinaire, le fil AB étant à 5o'm au-dessus du miroir, donnait avec le galvanomètre dont je me servais, 75 millimètres de déviation sur une échelle placée à 1“ 20 du miroir.
- J’indiquerai dans un prochain article quelques résultats de l’application de cet instrument à l’étude des propriétés des éléments Bunsen.
- (A suivre.) E. Mercadier.
- SUR UNE NOUVELLE FORME
- DU
- GALVANOMÈTRE APÉRIODIQUE
- DE MM. DEPREZ ET D’ARSON VAL
- J’ai décrit'dans le n° du 7 septembre 1881 de ce journal le galvanomètre apériodique à indications rapides que j’avais réalisé en collaboration avec M. d’Arsonval et qui était surtout destiné à accuser les courants dus à des ' forces électromotrices très faibles, telles que celles qui résultent des actions thermo-électriques ou du passage d’un (il de quelques centimètres de longueur traversant le champ magnétique d’un petit aimant. Je vais maintenant faire connaître une autre forme de cet instrument que j’ai combinée au commencement de l’année 1881 dans le but de le rendre applicable aux cas où l’on veut mesurer des courants d’une intensité extrêmement faible parcourant un circuit dont la résistance extérieure (autre que celle du galvanomètre lui-même) est très considérable. Ces deux formes de l’appareil répondent aux mêmes besoins que les galvanomètres ordinaires qui sont à gros fil ou à fil fin suivant la nature des applications auxquelles on les destine.
- La fig. 1 représente ce second type de galvanomètre. AA' est un aimant en fer à cheval dont les branches sont maintenues dans une position verticale, la culasse étant encastrée dans le socle de l’appareil. Entre ces branches se trouve un cadre rectangulaire CC' formé d’un fil très fin faisant un grand nombre de tours. Ce cadre est relié à deux fils d’argent ou de cuivre écroui JH et DE. Le fil JH est attaché en H à l’extrémité d’une tige qui peut recevoir à la volonté de l’expérimentateur deux mouvements distincts, l’un de rotation pour orienter le cadre, l’autre de translation verticale afin de placer le cadre à une hauteur convenable. Le second fil est attaché en E à une lame élas-
- tique EF dont la tension est réglée par la vis G. Ces deux fils étant fortement tendus déterminent dans l’espace un axe fixe autour duquel le cadre CC' peut prendre un mouvement de rotation. Ils servent en même temps à amener le courant dans le cadre, leurs extrémités H et E communiquant respectivement avec les bornes K etL et enfin le couple élastique qui résulte de leur torsion sous l’influence d’un mouvement angulaire du cadre CC' sert à mesurer l’intensité du couple dû aux actions réciproques de l’aimant et du cadre lorsque ce dernier est parcouru par un courant. Un petit miroir J permet de lire les angles de torsion avec une grande précision en appliquant le procédé optique
- FIG. I
- employé dans tous les appareils de ce genre. Dans l’intérieur du cadre se trouve un tube de fer B destiné à renforcer l’intensité du champ magnétique.
- Lorsqu’on écarte avec la main le. cadre de sa position d’équilibre naturel, il y revient en exécutant une série d’oscillations qui peuvent durer un temps considérable, mais si on réunit les deux bornes K et L par un fil, les oscillations s’arrêtent immédiatement, et le cadre revient à sa position d’équilibre exactement comme s’il se mouvait dans un fluide de grande densité. Ce phénomène est dû à l’action mécanique retardatrice des courants d’induction développés dans le cadre par son mouvement dans le champ magnétique. C’est là une propriété très précieuse quand on applique l’ins-
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- trument à des mesures de résistances et qui permet de les effectuer dans un temps incomparablement plus court qu’avec les appareils universellement employés. J’ai hâte de dire d’ailleurs que cette qualité n’est nullement achetée aux dépens de la sensibilité qui ne le cède en rien à celle des instruments les plus parfaits employés jusqu’à présent. Pour en donner une idée il me suffira qu’il accuse nettement un courant dont l’intensité est de un dix-millionième d’ampère.
- La description de ce galvanomètre m’amène naturellement à parler de la graduation des galvanomètres en général et je vais indiquer le procédé que j’emploie maintenant et qui me paraît supérieur à tous ceux qui ont été publiés jusqu’à pré-
- sent. C’est une application de_ la méthode de Pog-gendorff pour la mesure des forces électro-motrices.
- Soit G le galvanomètre à graduer (fig. 2) ; P, une pile à courant constant et p une pile dont la force électro-motrice est prise pour étalon. Le courant de la pile P étant fermé par le fil P B AP et celui de la pile étalon P par le circuit pAdiBgp on met ces deux circuits en contact par les points A et B, il en résulte que les trois portions AGB, AB et ApgB sont parcourus par trois courants dont les intensités peuvent être facilement calculées quand on connaît les résistances de ces trois portions ainsi que celle de la portion BPA dans laquelle se trouve la pile P et que la force électro-motrice des piles P et p est donnée. Cela posé, si l’on se donne la résistance de la portion AGB, il est toujours possible de placer les points de contact A et B du circuit AGB avec le circuit PBAP de façon que la portion B_g-/>A qui contient la pile étalon ne soit parcourue par aucun courant. Quand cette condition est remplie (ce qu’on reconnaît à l’aide
- galvanomètre témoin g), la différence de potentiel des points A et B est rigoureusement égale et de sens contraire à la force électro-motrice de la pile étalon p. La portion AGB dont la résistance est donnée est alors parcourue par un courant dont l’intensité est immédiatement donnée par formule
- I = dans laquelle e représente la force électromotrice d’un élément de la pile étalon p; n le nombre d’éléments de cette pile et r la résistance constante AGB.
- Il est donc facile en faisant varier n (ce qui entraîne naturellement une variation dans la distance des points de contact A et B des deux circuits pour que le courant qui circule dans la portion BgpA soit toujours ramené à zéro), de pousser la graduation aussi loin que l’on veut. Si l’on prend pour unité le courant qui parcourt AGB lorsque n = 1, on peut obtenir des intensités représentées par une fraction quelconque k de cette unité en ajoutant à la résistance connue AGB une résistance
- auxiliaire égale à Q, — 1^) r.
- On voit que cette méthode absolument rigoureuse permet de graduer des instruments dont les fils ont une résistance quelconque, soit en volts soit en ampères, sans qu’il soit besoin de connaître autre chose que la résistance de ces instruments qui peut être déterminée avec une extrême précision et la force électro-motrice de la pile-étalon. Cette dernière fonctionne d’ailleurs toujours à circuit ouvert ce qui, comme on le sait, est. une condition indispensable pour que la force électro-motrice puisse être considérée comme invariable.
- Il est à peine nécessaire de faire remarquer que la pile auxiliaire P doit être composée d’un nombre d’éléments qui dépend de la limite jusqu’à laquelle on veut pousser la graduation.
- Marcel Deprez.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LES LAMPES BÜRGIN
- Les régulateurs électriques de M. Biirgin, qui figuraient au Palais de l’Industrie, étaient de deux types distincts : les lampes destinées à être posées sur une table ou un support quelconque et contenant le mécanisme régulateur dans leur socle, et les lampes à suspension, dans lesquelles le mécanisme est placé à la partie supérieure de l’appareil.
- Le premier type a déjà été décrit dans La Lumière Electrique en 1880. Nous en rappellerons le principe»
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- Dans cet appareil (fig. 1), le rapprochement des charbons tend à s’effectuer sous l’influence du poids du porte-charbôn supérieur qui, par l’intermédiaire de deux chaînes enroulées sur les poulies P, P', P", P et P'", fait monter le porte-charbon inférieur d’une quantité moitié moindre que celle dont il s’abaisse lui-même.
- L’arrêt du défilement des charbons est produit
- FIG. I
- par un frein K agissant sur une grande roue R. Celle-ci est montée sur le même axe que les poulies p et P", mais cet axe est porté par une pièce de fer AA, articulée sur le parallélogramme BB7, et qui peut se déplacer parallèlement à elle-même dans le sens vertical, lorsqu’elle est attirée parmi électroaimant MM. Le fil de cet électro-aimant est naturellement parcouru par le courant qui traverse les charbons.
- A l’état de repos, les charbons sont au contact; mais dès que le courant passe, l’armature AA est attirée, et s’élève brusquement d’une quantité assez
- grande pour que la chaîne P" P'" se trouve relâchée, et que le porte-charbon inférieur puisse descendre un peu sous l’influence de son poids. L’arc s’établit alors.
- Quand l’écart entre les charbons devient trop grand, l’électro-aimant MM s’affaiblissant laisse descendre un peu son armature; la roue R cesse de presser sur le frein K, et le rapprochement peut avoir lieu jusqu’à ce que, l’intensité ayant repris sa valeur normale, le défilement se trouve de nouveau arrêté.
- Le réglage de la lampe se fait en déplaçant lé-
- gèrement l’électro-aimant MM, de manière à le rapprocher plus ou moins de son armature; en outre, une vis Y permet de faire varier la hauteur du point lumineux.
- On voit que, dans ce système, le point lumineux est fixe.
- Dans un modèle simplifié, applicable aux cas où la fixité du point lumineux n’est pas nécessaire, un seul des charbons, l’inférieur, est mobile; les poulies P et P' sont alors supprimées, et p et P" sont remplacées par un barillet. La chaîne s’attache à ce dernier, passe sur la poulie P7" et vient aboutir en H au bas du porte-charbon inférieur. Elle" tend donc constamment, tant que le frein ne presse pas sur la roue R, à faire buter le charbon intérieur contre le charbon supérieur.
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- Ce type, représenté dans la figure 2, est destiné surtout aux applications industrielles, tandis que le premier est surtout propre aux expériences, dans lesquelles le point lumineux doit être fixe.
- Les charbons étant au contact, si l’on fait passer le courant, la première élévation brusque de l’armature laisse défiler assez de chaîne pour que l’écart puisse se produire, puis le fonctionnement continue comme dans le modèle précédent.
- FIG 3
- • Dans le type servant comme lampe suspendue, et représenté dans les fig. 3 et 4, le mécanisme est placé tout à fait à la partie supérieure de la lampe, et occupe en réalité fort peu de place. Le charbon positif B est fixe et supporté à la partie inférieure de la lampe par un cadre ovale T. Le charbon négatif A tend à descendre par son propre poids, et une chaîne attachée à son porte-charbon tend à faire tourner en même temps la roue R. Celle-ci est portée, comme dans les autres modèles, par l’armature de l’électro-aimant EE. Lors de l’allumage, le premier mouvement d’attraction de l’armature
- soulève le charbon supérieur et produit l’écart, en même temps que la roue R se trouve appuyée sur le frein, puis le réglage automatique se fait comme nous l’avons indiqué plus haut pour les lampes à mécanisme inférieur.
- Des deux modèles que nous représentons, l’un est disposé pour recevoir un globe en verre opale et diffuser la lumière de tous côtés. L’autre, destiné à éclairer surtout de haut en bas, porte un
- MG. 4
- globe transparent surmonté par un réflecteur. Un système de cordes et de poulies permet de séparer le globe du réflecteur, lorsqu’on veut introduire dans la lampe de nouveaux charbons. En fait, le globe et l’abat-jour se font équilibre, comme, dans les suspensions de salle à manger, une lampe et son contre-poids.
- Le mécanisme des lampes Bürgin est très sensible. Celles qui ont figuré à l’Exposition ont fonctionné fort convenablement.
- Aug. Guerout.
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÈLECTRICITÉ
- GALERIE DES MACHINES
- Le côté le plus intéressant de la dernière exposition française d’électricité se trouvait certainement dans la galerie qui s’étend, au Palais de l’Industrie, tout le long de la façade donnant vers la Seine. C’est là, en effet, que l’on avait installé presque toutes les machines destinées à mettre en mouvement l’ensemble des appareils électriques provenant de toutes les parties du monde civilisé.
- La question de la force motrice avait préoccupé à juste titre les organisateurs de l’Exposition et les renseignements demandés aux exposants relativement au nombre de chevaux-vapeur qui leur était nécessaire pouvaient amener des complications sérieuses, les inventeurs ayant tout intérêt à atténuer la force initiale destinée à faire fonctionner leurs diverses installations.
- Cependant les mesures nécessaires avaient été prises de façon à parer à toutes les exigences’ et on a ajouté d’ailleurs, quand cela a été nécessaire, quelques moteurs destinés à satisfaire aux besoins des exposants qui n’ont terminé leur aménagement qu’un certain nombre de jours après l’ouverture officielle de l’Exposition.
- Les différents types de machines à vapeur et à gaz exposés dans la galerie dont nous nous occupons aujourd’hui, marchaient sous les yeux du public et ont pu être étudiés en détail dans leur rapport avec les appareils électriques qu’ils étaient destinés à mettre en mouvement, mais malgré l’importance de cette question si intimement liée à celle de la production de l’électricité, nous n’entrerons dans aucun détail, laissant aux nombreux spécialistes le soin d’apprécier quels sont les moteurs qui donnent les meilleurs rendements en tenant compte, bien entendu, des dépenses respectives de chacun d’eux. Pour nous, la solution vraiment pratique ne sera du reste complètement résolue que, lorsqu’en appliquant les nouvelles découvertes sur le transport et la division de l’énergie électrique, il sera possible d’utiliser les ressources si considérables que présente partout la nature dans les divers cours d’eau; nous ne parlons que pour mémoire du vent et des marées dont on a pourtant proposé l’utilisation, mais qui constituent des forces éminemment intermittentes et par trop difficiles à capter.
- Les machines magnéto et dynamo-électriques étaient représentées au Palais de l’Industrie par une cinquantaine de systèmes dont quelques-uns présentent une très grande variété de types; on pouvait suivre à l’Exposition la série des inventions depuis l’appareil primitif de Pixii jusqu’aux
- derniers perfectionnements contémporains, en passant par la grande machine de l’Alliance à 40 aimants, après celles à 8, 16 et 20, par la machine primitive de Siemens, par celles de Wilde et de Wheatstone ; on sait que ces deux dernières représentent les premières applications du principe de la surexcitation et que les modèles construits sur ce principe ont donné des résultats importants avec les machines à anneau; le type primitif des machines de ce genre figurait à la section italienne sous le nom de machines Pacinotti et l’on y retrouve à peu près toutes les idées des modifications accomplies par M. Gramme.
- Les modèles de la machine Gramme étaient excessivement nombreux à l’Exposition et dans la grande galerie, ils avaient été exposés surtout parM. Bréguet tout-à-fait à l’extrémité près du buffet, et par MM. Mignon et Rouart à peu près en face l’entrée principale du Palais.
- La Société Gramme, MM. Ducommun, Sautter et Lemonnier, Jaspar de Liège, Dalmau et Hijo de Barcelone, etc., avaient aussi exposé divers types de la même machine. ,
- Le dessin ci-contre qui représente l’une des extrémités de la grande galerie montre des machines Gramme à courant continu sortant des ateliers de M. Bréguet et alimentant des lampes qui concouraient à l’éclairage général du Palais. On voit dans le fond, à droite, trois spécimens de ces lampes qui sont abaissées et dépourvues de leurs globes opales au moment où l’on vient d’opérer le changement des charbons; ces appareils dont les dispositions ont été combinées par M. Gramme n’ont donné que de médiocres résultats pendant la durée de l’Exposition et tout le monde se rappelle la lumière peu fixe et les extinctions multipliées des foyers disposés dans la grande nef du côté de l’avenue des Champs-Elysées. Notre dessin montre aussi deux modèles de dynamomètres dont l’un est appliqué à une des machines Grarnme pour déterminer le travail dépensé ou produit; ces petits appareils devenus si utiles depuis que l’emploi des machines à lumière a pris une grande extension, pour donner couramment les renseignements sur la marche des appareils, n’étaient pourtant pas nombreux à l’Exposition ; nous avons parlé de ceux dus à MM. Farcot, Y. Hefner-Alteneck, Smith, Carpentier, Raffard, Mégy; ceux de MM. Ayrton et Latchinoff figuraient seulement au catalogue.
- En se dirigeant, le long de la galerie, vers la porte où se trouvait l’embarcadère du tramway électrique Siemens, on rencontrait une autre ins-' tallation importante de machines dynamo-électriques Gramme exposées par la maison Mignon et Rouart et que représente le second dessin que nous publions plus loin.
- Ici, comme dans toute la galerie des machines, l’aspect de ces nombreux appareils de forme étran-
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- INSTAU.ATION DE Sf ACHINF.S GRAMME A T-’EXPOSITION INTERNATIONALE D 1 ÉLECTRICITÉ
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- INSTALLATION DE MACHINES GRAMME A l'EXPOSITION INTERNATIONALE D * É L E C T RI CIT É
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- ge était un sujet continuel d’étonnement pour la masse du public encore peu familiarisé avec les applications de la science nouvelle ; la multitude des câbles partant de cette galerie pour aller porter le courant électrique dans toutes les parties du Palais, produisait surtout une impression bizarre dont on peut très bien se rendre compte dans les deux dessins perspectifs que nous publions aujourd’hui.
- Les machines fabriquées par MM. Mignon et Rouart, installées près de la Compagnie française des moteurs à gaz, étaient presque toutes du type dit d’atelier et alimentaient des régulateurs Gramme placés sur les côtés de la nef; un de ces régulateurs avait été placé dans une espèce de cage vitrée que l’on peut voir figurée sur le milieu de notre dessin : la plaque de verre du côté de la nef était bleue et permettait aux visiteurs d’examiner de près l’arc électrique, sans risquer d’être éblouis par son éclat; on pouvait ainsi observer à l’aise le mode d’usure des charbons et les manifestations souvent si capricieuses de ce genre d’éclairage.
- ' La partie de la galerie où se trouvait l’exposition de MM. Mignon et Rouart était en outre éclairée au moyen de lampes Gülcher, dont on aperçoit un spécimen au premier plan du dessin et deux dans le fond.
- On a vu, en outre, l’été dernier, au Palais de l’Industrie, les diverses modifications des machines Gramme qui figuraient en dehors de la grande galerie : d’abord pour la production de lumière, deux formes particulières destinées à fournir cinq foyers et qui sont peu différentes de celles employées pour la marine et la guerre, et fabriquées par MM. Sautter-Lemonnier, sous le nom de machines I). Il y avait encore la machine dite autoexcitatrice continue que MM. Sautter et Lemonnier appellent modèle B et modèle H, suivant les dimensions, puis enfin les types créés pour la transmission de la force, la forme octogonale qui a été expérimentée depuis près de quatre ans et le petit moteur encore peu connu comme fonctionnement et qui présente une si grande ressemblance avec la machine Pacinotti, que l’Exposition internationale d’électricité a révélée au monde des électriciens.
- C.-C. Soulages.
- COMPARAISON DES PHÉNOMÈNES
- HYDRODYNAMIQUES ET ÉLECTRIQUES
- 4e article (Voir les n°s des i5 et 29 avril et 6 mai 1882).
- | 17. — Les accumulateurs sont appelés à jouer un rôle important dans l’emploi industriel de l’électricité, soit comme réservoirs d’électricité devant suppléer à la source à de certains moments, soit
- comme régulateurs'd’un courant ayant à alimenter une série d’appareils dont la consommation totale serait variable ; aussi, une théorie complète de ces appareils est-elle une de celles dont l’utilité est urgente actuellement ; mais elle n’a pas encore été donnée. Les actions électro-chimiques qui se produisent dans les piles secondaires sont très complexes et encore bien obscures pour la plupart, mais on peut concevoir un accumulateur théorique basé sur une décomposition chimique simple, celle par exemple d’un sel en ses deux éléments, acide et base, se transportant sur les 2 électrodes et se recombinant ensuite en produisant un courant inverse lorsque le courant primaire aura cessé de fonctionner. .
- La quantité de sel à décomposer donnera une limite de l’énergie qu’ori peut emmagasiner. Mais, en général, les choses ne se passent pas aussi simplement, à défaut cependant de données plus complètes, nous supposerons que la capacité d’un accumulateur soit déterminée par le poids de la substance chimique qu’il contient.
- | 18. — La première complication qui se présente dans l’emploi d’un accumulateur, c’est qu’un élément ne peut donner qu’une force électro-motrice très limitée, 2 volts environ dans de bonnes conditions, il faut donc en premier lieu forcément accoupler un certain nombre d’éléments en tension pour la plupart des effets à obtenir. C’est là une infériorité très marquée de cet appareil sur l’accumulateur hydraulique : dans celui-ci, il n’y a ordinairement aucune difficulté à charger le piston d’un poids convenable pour obtenir un e aussi grand qu’on le veut, on n’a donc qu’une seule résistance passive p à surmonter en alimentant l’appareil, tandis que dans la pile secondaire, le p total augmente proportionnellement à la force électromotrice à réaliser, et comme elle est constituée par un liquide l’importance de cette résistance et de la perte du travail qui en résulte est bien plus grande que dans les appareils hydrauliques.
- S 19. — La faible valeur de p dans l’accumulateur hydraulique a comme autre résultat ce fait important, c’est que la pression de charge de l’appareil diffère très peu de celle de la canalisation qui l’alimente et est également très peu en dessous de celle qu’il produira sur cette canalisation lorsqu’il fonctionnera comme moteur de sorte qu’il se charge assez rapidement sous une faible différence de pression et qu’il agit ensuite comme régulateur en maintenant la pression de la conduite entre des limites assez rapprochées.
- Avec les piles secondaires, on est dans des conditions bien moins favorables, la quantité d’électricité qui traverse l’appareil en 1" et qui est donnée
- par I =(p0 ^ — £ (éq. 14) n’a une valeur suffi-
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- santé pour charger rapidement l’appareil que si p0 — pi diffère notablement de é à cause de la grandeur de p, on a donc une perte de pression très sensible pendant la charge, perte qui se reproduira en sens inverse pendant la décharge de, sorte que le p0 —p',, que donnera l’appareil agissant comme source différera beaucoup de p0 — il en résulte que l’accumulateur est un régulateur encore assez imparfait.
- § 20. — Quels sont les moyens de remédier à cette infériorité ?
- En premier lieu, pour diminuer p, on donnera une très grande surface aux électrodes de l’appareil et ôn les rapprochera autant que possible. Mais on voit que ces deux opérations agissent en sens inverse sur la capacité électrochimique et par suite mécanique de l’accumulateur.
- Si on suppose un accumulateur en forme de pile à auges et si on appelle S la surface de chaque lame, l, l’épaisseur totale du liquide à traverser, ou la longueur de l’appareil, le volume du liquide SI représentera la capacité C, soit C — SI, et la résistance sera p = Si on veut réduire la résistance, on pourra agir soit sur l, soit sur S, soit sur les deux, mais les effets seront bien différents sur la
- Q
- capacité. En effet, on a Cp = /2 et— =S2.
- Si on n’agit que sur l en laissant S fixe, C diminue en même temps .que p, ce qui est fâcheux; si au contraire, on fait varier S en laissant l constant, C varie dans le rapport inverse de p, il y a donc grand avantage pour diminuer la résistance à augmenter la surface des électrodes plutôt qu’à les rapprocher.
- La diminution de résistance d’un accumulateur est utile non seulement pour réduire la différence (p0 — p,) — e, mais il est bien évident qu’elle diminue aussi la perte p I2 qui se produit pendant la charge et pendant la décharge, elle augmente donc le rendement de l’appareil.
- § 21. — Il y a d’autres moyens de corriger cette imperfection de l’accumulateur provenant de ce que, pour le charger à un potentiel s voisin de celui du circuit, on ne peut le faire traverser que par un courant de faible intensité, ce qui allonge énormément la durée de la charge. En opérant comme on le fait pour charger des piles secondaires au moyen d’une source de force électromotrice insuffisante, c’est-à-dire en les groupant en surface pour la charge et en tension pour la décharge, on a une première solution de la question. Mais cette méthode d’opérer qui est essentiellement discontinue, n’est guère applicable pour le moment qu’aux accumulateurs servant de magasin d’électricité, et demanderait à être perfectionnée pour être employée
- à ceux qui doivent servir de régulateurs et fonctionner d’une manière continue.
- Enfin, un dernier moyen de résoudre la question, c’est de s’adresser à des électrolytes convenablement choisis pour que la force électromotrice de polarisation aille en croissant avec l’étendue et la durée de la décomposition. Cet effet se produit déjà dans les accumulateurs ordinaires et il est probable qu’on parviendra à le régulariser et à le développer suffisamment avec des mélanges de sels. Il arrive alors que la décomposition marche rapidement au début et se ralentit lorsqu’on approche du potentiel de la canalisation. Il faudrait évidemment que le nombre des éléments fût tel que la force électromotrice définitive restât légèrement inférieure à p0 —/>, afin que l’appareil une fois chargé ne soit pas traversé en pure perte par un courant d’une intensité notable dont le seul effet serait la décomposition de l’eau servant de véhicule à l’électrolyte, décomposition qui ne produirait qu’un emmagasinage insignifiant d’électricité, si, comme nous le supposons, le corps soumis à l’électrolyse est un sel.
- On voit d’après ces indications sommaires combien les applications de l’électro-chimie ont besoin d’être perfectionnées pour nous donner une solution satisfaisante d’un accumulateur d’électricité.
- | 2i. — On peut aussi employer les condensateurs comme régulateurs de courant en les plaçant comme les accumulateurs en dérivation sur les deux branches de la canalisation. Ils diffèrent de la pile secondaire en ce que celle-ci transforme l’énergie électrique en action chimique, tandis que le condensateur, fonctionnant absolument comme un accumulateur hydraulique qui emmagasine de l’eau sous une certaine pression, emmagasine réellement de l’électricité à un potentiel donné. Le condensateur est même supérieur à l’accumulateur en ce qu’il arrive toujours à se mettre au potentiel du circuit parce qu’il a une résistance intérieure nulle, tandis que la résistance du second appareil n’est pas négligeable et produit une différence appréciable entre la pression de charge et celle de décharge. Cet appareil serait donc un instrument parfait pour régulariser un courant électrique si les énormes dimensions qu’on est obligé de lui donner pour recueillir des quantités ' même très minimes d’électricité n’en rendaient l’emploi impossible dans la plupart des cas. L’action chimique a au contraire l’avantage de donner naissance à un mouvement électrique considérable avec des poids très minimes de matière décomposée.
- § 22. — Revenons aux récepteurs. électriques analogues aux turbines ; nous avons déjà dit qu’il n’y avait pas une similitude complète dans le fonctionnement des deux appareils.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Ce qu’on doit considérer comme la résistance normale p est évidemment celle que le récepteur présente au repos et qui transforme totalement l’énergie électrique en chaleur ; supposons maintenant que nous laissions tourner la machine à vide sans qu’elle ait à développer aucun travail provenant du frottement des axes, ou de la résistance de l’air, que va-t-il se passer ? Si on voulait conclure par comparaison avec la turbine, on dirait que le débit va augmenter et la bobine prendre une vitesse proportionnelle au débit, la résistance totale diminuant. Mais il n’en est rien, car la résistance ne peut pas être moindre que celle propre du conducteur qui reste toujours identique à lui-même, tandis que les canaux de la turbine ont une disposition très différente, suivant qu’elle est en repos ou en mouvement. Il n’est donc pas possible que la résistance diminue, tandis qu’il y a des raisons pour qu’elle augmente : cela tient à une particularité des appareils électriques qui n’a pas son analogue en hydraulique, c’est l’induction. Du fait que deux circuits parcourus par le même courant se rapprochent, résulte une diminution de l’intensité de ce courant, absolument comme si la résistance de la machine augmentait, bien qu’il n’y ait aucun travail produit. S’il n’y avait aucun frottement et si les influences électriques et magnétiques se manifestaient et se transportaient instantanément, la vitesse croîtrait indéfiniment en même temps que l’intensité du courant tendrait vers zéro.
- Un récepteur électrique sans frottement, complètement libre de tourner oppose donc un obstacle de plus en plus grand au passage du courant, et si on laisse de côté les actions perturbatrices, soit électriques, soit magnétiques qui produisent finalement un é’chauffement des organes mobiles et un accroissement de dépense, on arrive à cette conséquence remarquable : c’est que, dans le cas d’une machine tournant à vide, la dépense d’énergie est moindre que lorsqu’on empêche la machine de tourner; cela résulte de ce que l’intensité du courant qui traverse la machine diminue à mesure que la vitesse de rotation w augmente, et que l’énergie apportée par le courant est toujours représentée par El, de quelque manière que cette énergie soit dépensée (nous supposons toujours que la machine est greffée sur une canalisation à pression E constante).
- En pratique, on reste bien loin de ces, conditions théoriques, car le travail du frottement croît rapidement avec la vitesse et place l’appareil dans le cas ordinaire où il doit produire du travail.
- v § 2.3. — La force électromotrice d’induction est proportionnelle à la vitesse w de la machine et à l’intensité I du courant qui circule à un instant donné, soit donc t — KIw, si on est arrivé pratiquement à la vitesse uniforme que prend d’elle-même la machine, e correspond exactement au tra-
- vail absorbé par les frottements, et on peut écrire à ce moment l’équation (14) E — e = pi ou E — Kl»
- p
- = pl, d'où I — + p. C>n voit que l’intensité du
- courant se,trouve réduite comme si la résistance propre avait augmenté de Km.
- La mesure faite à cette vitesse uniforme de l’intensité du courant permettra d’obtenir le travail dépensé par le frottement, T == le, car des relations précédentes on tire T = pi (I0 — I), I0 étant l’intensité du courant lorsque la machine ne tourne pas, et qui est égale à I0 = —.
- Comme ce travail peut également se mettre sous la forme T = 7r, E2f"-r;, on voit qu’il est d’autant
- (Rü> + p)2 j1
- plus faible que la vitesse spontanée de la machine est plus grande.
- Supposons maintenant que nous n’ayons pas atteint l’équilibre entre la puissance motrice et le travail du frottement, ou pour prendre un cas plus simple, admettons qu’il n’y ait pas de frottement, tous les éléments de l’équation I, eu, e, sont alors variables avec le temps, et l’équation (12) s’écrira en mettant au lieu de travail consommé l’accroissement de force vive communiqué à la machine pendant l’unité de temps. Soit M le moment d’inertie de la machine, l’accroissement de force vive en
- une seconde sera Mm*—I, et cette équation devient: El = PP -f M<o — ou e — — = IP, le terme
- correspondant à la force électromotrice d’induction e qui est égale à KIm, on aura
- M(.i d<o JK dti> K E2
- ~T dT =KI<0 ou 0U~dt = M(Kw-f p)2
- qui intégrée donnera la vitesse de rotation à chaque instant. On voit que l’accélération va toujours en diminuant, par suite la vitesse croît de plus en plus lentement. La force électromotrice d’induction
- I
- e = KIw = E p augmente et a pour limite E I+Km
- lorsque w est infini.
- Le cas où l’on tiendrait compte du travail du frottement qu’on supposera par exemple égal à Cw2 dans l’unité de temps se traiterait d’une manière analogue et sans beaucoup plus de difficultés et donnerait la loi du mouvement accéléré de la machine jusqu’à ce qu’elle ait atteint la vitesse uniforme.
- Si l’on n’a besoin que de connaître cette vitesse finale, les équations très simples données.plushaut fourniront de suite la relation entre le travail consommé et l’intensité du courant. Mais la vitesse de rotation ne se détermine que si on a au préalable mesuré la constante K de la machine.
- Nous avons eu soin de particulariser le cas dans
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- lequel nous nous sommes placés, qui est celui d’une force E constante à l’entrée dans la machine ; si l'on voulait au contraire traiter le cas plus général où le régime de la machine réceptrice a une influence sur celui de la source, comme lorsque deux machines sont accouplées en opposition, on serait amené à des formules un peu plus compliquées.
- § 24.— Les quelques considérations qui précèdent conduisent tout naturellement à la conception d’un régulateur de courant dont le fonctionnement sera analogue à celui de l’accumulateur, bien que le principe ne soit pas du tout le même. Concevons une machine Gramme, munie d’un volant suffisant et montée avec grand soin pour diminuer autant que possible les frottements, et mettons-la en dérivation sur la canalisation électrique ; elle atteindra, au bout d’un temps plus ou moins long, qui dépendra de l’inertie du volant, une vitesse uniforme d’autant plus grande qu’il y aura moins de frottement. A cet état, elle est traversée par un courant faible doht l’énergie est égale au travail de frottement, la différence de potentiel E à l’entrée étant très peu supérieure à la force électromotrice d’induction z. Supposons que E vienne à diminuer brusquement, la vitesse de rotation se maintient sensiblement constante à cause du volant, la machine devient génératrice au lieu de réceptrice, et fournit aux deux pôles une tension E' qui viendra combler en partie le déficit qui s’est produit dans E. Si la vitesse de rotation n’a pas eu le temps de varier, on aura E — £ — s — E'; par conséquent, la régularisation du potentiel du circuit se fera avec une approximation qui sera d’autant plus grande que e sera plus voisin de E, et, par suite, que p sera plus faible et w plus grand. On voit que ce régulateur de courant emmagasine la force vive de la même manière que l’accumulateur hydraulique recueille le travail mécanique, et les piles secondaires le travail électrique.
- § 25. — La machine électrique, fonctionnant comme un véritable récepteur, peut marcher à bien des allures différentes sous l’action d’une source E, la vitesse et le couple résistant appliqués sur l’arbre variant en sens inverse. L’équation (20) nous a montré que le travail recueilli est maximum quand l’intensité du courant est réduite à moitié par suite de la rotation de la machine ; mais ce n’est pas la condition de rendement maximum, qui, dans ce cas, n’est que de o,5. Si on veut augmenter le rendement, ce sera aux dépens de la quantité de travail recueilli. Si on dépasse la vitesse o>0 de travail
- maximum, £ et par suite ou le rendement augmente, mais en même temps les résistances passives croissent rapidement. Si on reste en dessous
- de w0, on perd en travail et en rendement. Il y a donc toujours avantage à faire tourner une machine réceptrice de telle sorte que le courant qui la traverse soit réduit à un peu moins de la moitié de sa valeur initiale.
- Pour une machine donnée, le travail et le rendement à une certaine vitesse ne peuvent se déterminer qu’en construisant au préalable la caractéristique imaginée par M. Deprez.
- Mais cette question devient exclusivement électrique et sort du cadre que je m’étais tracé. Mon but' a été simplement de montrer que l’électricité, cet agent insaisissable, peut souvent être traitée comme un vulgaire liquide soumis aux lois de la mécanique, et que cette assimilation est quelquefois utile pour rendre plus clairs les phénomènes qui se produisent dans les appareils électriques.
- V. Garnier.
- LA TÉLÉGRAPHIE
- SES PROGRÈS RÉCENTS MANIFESTÉS A L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- (Premier article)
- Nous nous proposons, dans la série d’articles qui vont suivre, d’examiner successivement les divers organes de la Télégraphie, et de résumer leurs progrès récents en les rattachant principalement aux objets qui se trouvaient à l’Exposition internationale d’électricité.
- Nous commençons aujourd’hui par les piles.
- I
- LES PILES
- Les piles télégraphiques, destinées à être installées sur des circuits en général très résistants, doivent réunir, autant que possible, les qualités suivantes : grande force électromotrice, grande constance dans le débit; il faut que la manipulation en soit simple et facile, le chargement de longue durée, enfin, et l’on ne saurait trop insister sur ce point, que la résistance intérieure soit très faible; car on sait que sur les lignes l’effet des dérivations est d’autant plus grand que les piles sont plus résistantes.
- Quant à la question de dépense, elle s’efface devant les frais d’installation et d’entretien, et surtout devant les frais de personnel.
- Les conditions que nous venons d’énumérer sont, 011 le voit, nombreuses, difficiles à remplir; aussi le nombre de piles employées en télégraphie est-il très restreint.
- Nous allons passer en revue les types adoptés
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- .par les principales administrations, ainsi que les perfectionnements que l’Exposition internationale d’électricité a mis sous nos yeux. Nous commencerons par les dérivés du type Daniell.
- Type Daniell. — Tout d’abord, la pile Daniell, dont la force électromotrice est égale à | Bunsen et dont la résistance intérieure est très grande, a été préférée à la pile Bunsen, parce qu’elle est constante, très maniable, peu coûteuse et de longue durée ; et aujourd’hui encore, on peut l’employer avec avantage dans les circuits locaux. Mais le vase poreux est une source de difficultés : il faut qu’il soit bien construit, et, inconvénient capital, il augmente considérablement la résistance intérieure. M. Callaud l’a supprimé, en se basant sur la différence de densité des deux solutions, de sulfate de cuivre et d’eau acidulée. L’anneau de cqivre, qui descend à la partie intérieure, est supporté par une tige de cuivre recouverte de gutta-percha dans la partie supérieure, afin d’éviter l’attaque de l’eau acidulée. La pile Callaud est très employée, et l’Exposition nous en montre de nombreux arrangements. L’inconvénient qu’elle présente est que le sulfate de cuivre, en montant par diffusion jusqu’au zinc, y dépose du cuivre. Dans la pile Meidinger, très répandue en France, en Allemagne, en Autriche, on a eu surtout en vue de maintenir propre la solution de sulfate de cuivre. Dans la pile Minotto, employée surtout en Italie, la séparation des liquides se trouve mieux assurée par l’intermédiaire d’un- couche de sable qui forme diaphragme poreux ; mais la résistance intérieure est augmentée. et le mélange inférieur forme à la longue une boue qu’on est forcé de rejeter entièrement. Dans- la pile Coronat, la séparation s’effectue par de la sciure de bois.
- L’inconvénient de la pile Callaud est évité dans les piles de l’administration des chemins de fer d’Alsace-Lorraine, au moyen d’un entonnoir en plomb qui est lié à la lame de plomb formant l’électrode positive. M. Gaiffe, dans un modèle exposé, remplace cet entonnoir par un anneau de çuivre. Quant à M. Moser, il suspend, entre le zinc et le cuivre, une plaque isolée de zinc, qui recueille les dépôts de cuivre produits pai la diffusion.
- M. Mugna, exposant italien, en séparant les solutions par un tube en verre percé de trous, n’a réussi qu’à augmenter la résistance intérieure. M. Brever, en mettant le sulfate de cuivre dans un tube intérieur en verre, fermé en bas par une bourre à fusil, n’a introduit qu’une modification insignifiante au niodèle primitif. Les piles Callaud-Ubicini, employées en Italie, ne diffèrent des piles Callaud qu’en ce que le zinc repose sur le rebord du vase rétréci en son milieu (dans les piles Callaud ordinaires, les supports du zinc se cassent facilement, après avoir servi un certain temps).
- L’emploi du diaphragme en papier-parchemin a été indiqué pour la première fois en 1867 par M. Carré qui y a substitué depuis un tissu enduit de gélatine bichromatée. L’emploi en a été recommandé dans la note du Dr Onimus que M. Becquerel a présentée en 1876 à l’Académie : il en résulte de grands avantages au point de vue de la facilité et de la rapidité de la construction. La pâte en papier préparée à l’acide, sulfurique concentré, dont a fait usage M. Siemens comme diaphragme , poreux, offre beaucoup de résistance.
- Une modification d’un autre ordre a été apportée à la pile Callaud par M. Samson, qui remplace la tige de cuivre recouverte de gutta-percha par une tige de fer émaillé.
- Enfin nous terminerons cette première catégorie par la pile Kohlfiirst, dont l’emploi est exclusif sur la Compagnie du chemin de fer de Buschtehrad (Autriche), et où la diffusion est empêchée au moyen d’une plaque mince en porcelaine poreuse, reposant sur un rebord intérieur du vase. Le zinc a la forme d’un cône et est suspendu la pointe en bas; le pôle positif est formé d’un morceau de plomb en forme d’S. Le zinc plonge dans une dissolution de sulfate de zinc ou de magnésie. L’élément est recouvert d’une plaque en fonte. Un seul remplissage suffit, paraît-il, pour 6 à 8 mois dans les lignes très exploitées, et pour 10 à 1^ mois dans les lignes de moindre importance. Au point de vue économique, l’avantage de la pile Kohlfiirst sur les piles Meidinger et Kriiger ne saurait être suspecté.
- Typé Leclanché. — Le générateur de M. Le-clanché est, avec celui de M. Callaud, le plus répandu dans l'administration des télégraphes ; il est simple et exige très peu d’entretien. Mais lorsqu’il fonctionne d’une façon continue, il se polarise beaucoup ; sa résistance intérieure s’accroît par suite de la formation, sur le vase poreux, d’oxy-sels de zinc insolubles; et, pour ces motifs, sa force électromotrice diminue considérablement. M. Leclanché a apporté à cet élément deux perfectionnements qui le rendent à l’abri de toute critique. La masse dépolarisante, autrefois faiblement tassée et peu consistante, offrait fort peu de conductibilité au courant, et nécessitait l’emploi d’un vase poreux : en la soumettant à une forte pression, et en y ajoutant une matière capable d’en souder les diverses parties, M. Leclanché a augmente dans de fortes proportions sa conductibilité, et a supprimé le vase poreux. Quant aux oxy-sels, ils sont dissous par le bisulfate de potasse qu’on ajoute à l’aggloméré dans la proportion de 3 à 4 pour cent. La composition définitive de l’aggloméré fut fixée à 40 pour cent de peroxyde de manganèse, 55 pour cent de charbon de cornue, et 5 pourcent de résine gomme-
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- laque. La force électromotrice de cette pile, comparée à celle de Daniell, est de 1,5.
- Presque à la même époque, on modifiait en Angleterre l’élément Leclanché en employant comme séparateur un vase en argile vitreux percé d’un grand nombre de petits trous, et en se servant de charbon platinisé. Le platine, paraît-il, augmente non seulement l’effet dépolarisateur du charbon, mais aussi la force électromotrice de la pile, qu’on a trouvée être de 1,6 volts. On a vu que celle de Leclanché, modifiée, est de 1,65'volts. •
- Après les perfectionnements que nous venons de décrire, il était à prévoir que l’Exposition ne nous montrerait plus que des modifications insignifiantes ou peu pratiques^ Citons cependant comme une idée heureuse celle de M. Gaiffe, qui emploie des couches alternatives de charbon de cornue et de bioxyde de manganèse, afin d’augmenter la surface dépolarisante.
- M. Féraud, en mettant dans le cylindre poreux du bioxyde de manganèse et de l’acide sulfurique, accroît encore la résistance intérieure. Quant à M. Riatti, qui n’èmploie que de la poudre de graphite, il se prive de l’effet dépolarisateur du bioxyde de manganèse. 11 en est de même de M. Prudhomme. Nous terminerons cette classe par la pile de M. Howell, construite par la maison Clark, Mui-rhead et C°. M. Howell place dans un vase extérieur en faïence un autre vase également en faïence qu’il appelle le séparateur, et qui est muni de fentes étroites, verticales. Le séparateur contient le vase poreux renfermant le zinc amalgamé plongeant dans une solution de sel ammoniac. Entre le séparateur et le vase extérieur se trouve une tige de charbon plongeant dans un mélange de graphite et de Mndi, surmonté d’une couche de sulfate de manganèse, sur laquelle on verse de l’acide sulfurique dilué.
- La force •électromotrice d’un tel élément, passablement compliqué d’ailleurs, est, paraît-il, de 2,14 volts; sa résistance intérieure n’est que de 5 à 6 ohms, grâce à l’adjonction de sulfate de manganèse au bioxyde.
- Types divers. — On sait que la pile de Marié-Davy a été abandonnée par l’administration des télégraphes, malgré son grand débit, parce que le sulfate de mercure est très vénéneux.
- La pile de M. Beaufils fonctionne sur certaines lignes et d’une façon satisfaisante. L’Exposition nous en montre des arrangements dans la partie réservée aux piles du Ministère des Postes et des Télégraphes. Le sulfate de mercure y entre dans un aggloméré inoffensif, formé d’un mélange à chaud de cette substance, de charbon en poudre et de paraffine. La force électromotrice de l’élément est de i,5 volts.
- Dans la pile à acide azotique, M. Delaurier rem-
- place ce corps par le mélange de nitrate de soude et d’acide sulfurique, qui produit le même effet. M.. Michaëls fait passer les gaz nitreux développés dans le vase poreux, à l’aide d’un tube, dans le liquide extérieur. Il y produit ainsi de l’acide azotique qui y est très nuisible.
- L’administration des télégraphes de Suède emploie encore la pile Bunsen, modifiée, il est vrai, par M. Nystrom, chef du bureau technique de cette administration. L’acide sulfurique y remplace l’acide nitrique, et il est additionné d’un peu de bichromate de potasse qui agit comme dépolarisant ; les charbons sont imprégnés, et les armatures sont en cuivre (le sulfate de plomb, produit avec les armatures en plomb augmentait considérablement la résistance). L’évaporation est prévenue en plaçant sur l’élément un couvercle auquel on suspend le charbon, le diaphragme et le zinc. La force électromotrice de la pile ainsi modifiée est très grande, et la résistance faible; mais elle nécessite beaucoup d’entretien; ce qu’il faut surtout éviter, c’est l’évaporation.
- M. Tommasi a exposé des éléments nouveaux, dont il a mis très obligeamment la force à la disposition de M. Mercadier, pour produire la lumière électrique nécessaire à ses expériences sur la radiophonie. La pile Tommasi se compose d’un cylindre en argile renfermant un charbon qui s’élève à une hauteur double de celle de l’acide sulfurique dilué où plonge le zinc.
- Le vase poreux contient aussi un. flacon percé d’un trou au fond et bouché en haut, qu’il remplit du même liquide. Un système ingénieux de syphon permet de renouveler la liqueur simultanément dans tous les éléments. La pile Tommasi a peut-être l’inconvénient d’être un peu encombrante.
- La pile de M. Cloris Baudet est une pile à acide chromique où, au vase poreux proprement dit, sont soudés deux autres vases poreux plus petits, contenant, l’un des cristaux de bichromatç, l’autre de l’acide sulfurique. Le zinc plonge dans une dissolution de sel marin, d’eau et de vinaigre. Cette pile est coûteuse et fragile.
- La pile télégraphique que M. Chutaux a exposée est employée à Londres, et la Compagnie du Sub-Marine Telegraph en paraît très satisfaite. Le charbon y est entouré de fragments de même substance, et le zinc de sable silicieux. Un petit vase poreux, maintenu à la partie supérieure du flacon, est surmonté d’un vase renversé contenant une dissolution de bichromate de potasse dans l’acide sulfurique. Le liquide excitateur suinte à travers le petit vase poreux, humecte la masse et coule par la partie inférieure dans un second élément disposé sous le premier; et, de là, dans un flacon où on le recueille. Il peut ainsi servir 2 à 3 fois. Le sulfate de zinc est d’ailleurs entraîné puis jeté avec la liqueur qui a cessé de servir. Le perfectionnement
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- que M. Chu taux a introduit dans sa pile réside dans le montage rendu plus facile : il imbibe la masse complète du charbon d’un élément, à laquelle il a fait épouser la forme du vase, et qu’il entoure de carton pour la maintenir. Le carton se réduit en pâte sous l’influence de l’acide sulfurique. Mais il semble que cette pâte doive augmenter un peu la résistance intérieure. La force électro-motrice de l’élément est d’environ 2,2 A^olts.
- Nous ne nous appesantirons pas sur une pile à litharge de M. Morgan, disposée comme la pile Callaud, la litharge en poudre se maintenant à la partie inférieure.par sa densité. Le zinc baigne dans une dissolution de sel ammoniac. L’électrode positive est en plomb. La réaction produit du plomb, du chlorure de zinc et du gaz ammoniac qui se dégage.
- La pile télégraphique de M. Maiche mérite plus d’égards. Les éléments qui la composent sont le charbon de cornue platiné et le zinc amalgamé obtenu en disposant du zinc dans une petite coupe en porcelaine, renfermant un peu de mercure. L’élément est fermé par un couvercle en ébonite auquel adhère un vase poreux percé de trous et renfermant le charbon concassé platiné. La coupe renfermant le zinc est fixée au couvercle par une tige en ébonite qui descend jusqu’aux deux tiers du vase. Le vase poreux ne plonge que faiblement dans le liquide excitateur (solution de chlorhydrate d’ammoniaque) qui entoure le zinc, de façon que l’hydrogène développé sur le charbon, rencontrant une grande masse d’air, en absorbe l’oxygène, et la polarisation est ainsi de beaucoup réduite. La pile est d’ailleurs très bien soignée comme construction. Sa face électro-motrice est de i,25 volts; mais sa résistance intérieure étant très grande, elle ne pourrait servir avantageusement que sur les circuits résistants.
- Nous ne croyons pas devoir passer sous silence la pile de M. Partz, qui, à l’aide d’un mélange de chromate de potasse et de chlorure de zinc évite sur le zinc le dépôt vert, mauvais conducteur, des piles au bichromate. Les produits de la réduction de l’acide chromique sont précipités en poudre.
- Enfin, nous terminerons en signalant un perfectionnement qui sera, croyons-nous, appelé à rendre de grands services. Déjà M. Trouvé avait imaginé des piles Daniell transportables en employant des plaques de cuivre et de zinc humectées respectivement de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc. M. Desruelles a résolu, ce semble, le problème pour toutes les piles, en les desséchant au moyen d’amiante. Cette substance est en effet inattaquable parTes acides; et, par suite de son extrême capillarité, elle offre très peu de résistance au courant. En sorte que M. Desruelles a rendu les piles transportables à l’aide d’un corps qui n’en altère pas les qualités propres, sauf peut-être la résistance intérieure qui doit être augmentée, E. de T\
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Sur une perturbation magnétique, par M. Mascart (').
- « Une perturbation magnétique très importante s’est fait sentir en France pendant la plus grande partie de la semaine dernière. Les lignes télégraphiques aériennes ou souterraines, dans presque toutes les directions, ont été parcourues par des courants accidentels; à certaines heures en particulier, le trouble apporté dans le service était si grand qu’il n’a été possible de transmettre les dépêches que par des circuits fermés, ne prenant contact à la terre qu’en un point. Les lignes internationales ont donné les mêmes résultats ; il est donc probable que l’on se trouvait alors sous l’influence d’un orage magnétique d’une très grande étendue et que les effets ont pu en être observés dans tout l’hémisphère nord.
- « Les phénomènes de cette nature sont de la plus haute importance pour la connaissance du magnétisme terrestre ; c’est par l’étude simultanée des perturbations produites dans le monde entier que l’on arrivera sans doute à en déterminer l’origine et le mode de propagation; et c’est là le but que l’on s’est proposé en organisant les expéditions polaires auxquelles la plupart des nations civilisées se disposent aujourd’hui à concourir.
- « Pour apporter un document à l’étude de la perturbation actuelle, j’en indiquerai ici les principales phases, telles qu’elles se sont traduites sur ^appareil enregistreur que j’ai installé, à titre d’essai, dans les caves du Coliège de France. Cet appareil donne les variations des trois éléments : déclinaison, composante horizontale et composante verticale. L’emplacement serait sans doute mal choisi pour déterminer en valeurs absolues les éléments du magnétisme terréstfe, mais les causes locales qui influent sur le phénomène ne nuisent pas à l’étude des perturbations d’ordre général.
- « La perturbation actuelle ne paraît pas s’être produite subitement; elle était pour ainsi dire annoncée depuis plusieurs jours par une agitation presque constante de l’aiguille aimantée.
- « Sans remonter plus haut, on constate, le 6, le 7 et le 8 avril, des oscillations dont l’amplitude atteint 6' pour la déclinaison et 0,002, en valeur relative, pour Ta composante horizontale; les oscillations de la composante horizontale sont de 0,001 le 12 avril, de 2h à gh s., et de 0,002 le i3, depuis midi jusqu’à minuit.
- (P Note présentée à l’Académie des sciences, dans la séance du 24 avril 1882.
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- « C’est à ce moment, c’esî-à-dire le i3à nh i5ms., que paraît devoir être placé le début d’un véritable orage magnétique. Depuis ce moment jusqu’au 14 à 7 h s., l’aiguille de déclinaison a éprouvé des oscillations nombreuses atteignant 10'; de même pour la composante horizontale dont l’amplitude d’oscillation a été jusqu’à o,oo35.
- « Le i5, petites oscillations toute la journée.
- « Le 16, de 3h s. à 5h s., oscillations de 0,002 pour la composante horizontale.
- « La grande secousse a commencé dans la nuit du 16 au 17, à nh 4.9“, et a porté en même temps sur les trois éléments. La déclinaison a éprouvé d’abord des oscillations de 10' ; une oscillation de 25' a lieu entre 8h3om m. et gh 3om m.; aiguille très agitée jusqu’à minuit, où le calme se rétablit. La composante horizontale éprouve d’abord un accroissement subit de 0,007; à 5h m. elle a diminué de plus de 0,01 ; oscillation de 0,02 entre 2h i5m s. et 3h i5m s.; calme rétabli à ioh 3om s. La composante verticale, peu altérée jusqu’à présent, est modifiée cette fois d’une manière notable; une variation négative de .0,01 de sa valeur a lieu vers 6h m. et une autre positive de même grandeur vers 911 s.
- « Le. 18, rien de remarquable, sauf une perturbation vers 3h s., atteignant o,oo5 pour la composante horizontale.
- « Le 19, petites oscillations sans importance.
- « Le 20, une grande secousse, analogue à la première, débute à 3h 45™ m. par un accroissement brusque de la déclinaison et de la composante horizontale. La déclinaison a varié de -f- 40' à 4h 5om m.; oscillations nombreuses atteignant 25' de 7h 3om m. à 8h 3om m. ; agitations continuelles jusqu’au lendemain 21 à 6h 46“ m. La composante horizontale éprouve des oscillations qui atteignent 0,01 de 5h à 6h m., 0,012 de 7h 45“ à 8h m. et 0,01 à 7h s.; calme rétabli le 21 à 711 45™ m. La composante verticale, d’abord peu modifiée, croît brusquement de 0,01 à 3h 3om s. et revient lentement à sa valeur primitive. De petites oscillations se manifestent encore dans les journées du 21, du 22 et du 23; la journée du 24 est plus agitée, comme l’étaient celles du 6 et du 7, mais la perturbation générale semble disparaître, en présentant des caractères analogues à ceux qui s’étaient manifestés au début.
- « Pendant cette même période, l’enregistreur d’électricité atmosphérique n’indique aucune perturbation qui puisse être rapportée au phénomène magnétique.
- J’ajouterai quelques mots sur l’appareil qui me permet d’obtenir cet enregistrement continu des variations du magnétisme terrestre. L’aiguille de déclinaison est un petit barreau de om,o3 de longueur muni d’un miroir. Un barreau analogue, porté par une suspension bifilaire en fils de soie donne les
- variations de la composante horizontale. Celles de la composante verticale sont fournies par une aiguille horizontale à couteau, oscillant comme un fléau de balance. Une seule lampe au gazogène, dont l’éclat est comparable à celui d’une veilleuse envoie par trois fentes de la lumière aux trois instruments de variations, et les trois images de retour peuvent, par un système de prismes réflecteurs, tomber sur une même plaque sensible mue par un mouvement d’horlogerie. Sur chaque appareil de variations est installé un miroir fixe qui donne une image invariable de la fente pour servir de repère. La plaque sensible est du papier de gélatino-bromure placé entre deux lames de verre. Enfin, l’horloge est munie d’un contact électrique qui fait passer toutes les heures un courant momentané dans trois bobines situées respectivement auprès de chaque appareil; l’interruption produite ainsi sur les courbes d’inscription permet de déterminer exactement l’heure de toutes les perturbations. »
- Sur un signal téléphonique vibratoire à sonnerie.
- M. le colonel W. jacobi a présenté, à la fin de l’année dernière, à la Société de physique un appel
- pour téléphone, dans lequel une sonnerie est déclanchée par les mouvements mêmes du diaphragme.
- La figure ci-dessus montre comment est construit cet appareil.
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- Au-dessous d'un téléphone A, système Siemens, est adapté un système de sonnerie à ressort S, fonctionnant de manière à ce qu’en abaissant le levier C, la sonnerie se mette à fonctionner, tandis que, le levier reprenant sa place d’équilibre, le jeu. de la sonnerie cesse. Le pavillon du téléphone est muni d’une rainure au milieu qui sert de point de suspension à une petite plaque E portant à son extrémité un poids insignifiant.
- Quand le diaphragme vibre fortement, ses vibrations font tomber la plaque E qui agit sur le levier C et déclanche la sonnerie. Celle-ci sonne tant que le levier C reste abaissé.
- Les vibrations nécessaires au déclanchement sont produites au poste qui appelle à l’aide du sifflet ordinaire de Siemens. Quand les deux interlocuteurs ont échangé leurs signaux d’appel, ils calent chacun leur levier au moyen de la tige F, abaissent leurs plaques E et entrent en conversation. L’entretien fini, chacun remet son appareil dans sa position d’attente.
- M. Jacobi indique que l’on peut employer la chute de la plaque B pour fermer le circuit d’une sonnerie électrique à pile locale.
- On voit que cet appareil est fondé sur le même principe que le signal d’Ader.
- Sur l’électro-métallurgie du plomb.
- Le procédé général de purification électrique des métaux bruts consiste, on le sait, à les faire servir d’anode soluble dans une cuve électrolytique contenant une solution d’un de leurs sels ; le métal pur se dépose sur la cathode et les impuretés restent sur l’anode ou tombent au fond de la cuve. Pour le plomb, ce procédé a été breveté en Amérique par M. N. S. Keith. Le Dr Hampe signale à propos de cette méthode ce fait que le plomb déposé sur la cathode n’est pas absolument pur et qu’il contient particulièrement une certaine proportion de bismuth. Voici d’ailleurs les résultats qu’il a obtenus en prenant pour liquide à électrolyser six litres d’une solution d’acétate de plomb, contenant 77 gr. 92 de métal par litre et acidulée avec 4 0/0 d’acide acétique.
- Les surfaces des électrodes étaient, de i3 000 millimètres carrés.
- Métal brut. Plomb déposé. Résidu argentifère.
- Plomb (par différence) , 98,79767 99,99297 23,97
- Bismuth 0,00376 o,oo3o5 11,20
- Cuivre 0,37108 0,00060 Ht 44
- Antimoine 0,55641 0,00099 29,70
- Argent 0,25400 » 18.435
- Étain 0,00575 0,00041 trace
- Nickel 0,00730 » 0,090
- Zinc 0,00271 0,00198 1,80
- Soufre 0,00132 M »
- 100,00000 100,00000 99,635
- CORRESPONDANCE
- Pau, ce 3 mai 1882.
- Monsieur le Directeur,
- J’ai l’honneur de vous soumettre les résultats de quelques expériences que j’ai faites il y a environ deux ans, et que je n’avais pas cru devoir publier jusqu’alors; mais les recherches de M. E. Edlund sur « le passage de P électricité à travers Pair raréfié » sont venues donner une explication naturelle à des phénomènes dont l’interprétation m’avait paru fort hypothétique.
- Voici en quelques lignes le résumé de ces expériences :
- i° Lorsqu’un tube de Geissler, tenu à la main, est approché à 3o ou 40 centimètres d’une machine statique de Carré, il s’illumine absolument comme s’il étaibtraversé par un courant d’induction.
- La lueur est d’autant plus intense que le tube est plus rapproché du conducteur de la machine; elle atteint son maximum d’intensité lorsque le doigt est appliqué sur l’électrode opposée à celle par où pénètre l’électricité; elle est, au contraire, beaucoup plus faible si le tube est tenu par son milieu sans aucun contact de la main avec les électrodes.
- Jusque-là, tout paraît fort simple; les électrodes, dont la partie extérieure au verre est fort peu volumineuse, jouent le rôle de pointes; l’une d’elles soutire l’électricité de la machine, l’autre la laisse écouler dans l’atmosphère ou dans la terre par l’intermédiaire du doigt (l), et l’on comprend que l’énorme tension du courant statique lui permette d’agir à une distance considérable (40 ou 5o centimètres) avec autant de facilité que le ferait le courant d’une bobine d’induction appliqué directement sur les deux électrodes.
- Mais voici un autre phénomène plus curieux :
- 20 Le tube de Geissler, tenu à pleine main, est approché pendant quelques instants à 10 où 12 centimètres du conducteur de la machine, puis on le retire, et, aussi rapidement que possible, on porte un doigt de l’autre main sur l’une des électrodes; aussitôt le tube est traversé par une lueur instantanée plus ou moins vive. Lorsque l’atmosphère était très sèche, il m’est arrivé de recevoir une petite décharge au moment du contact, absolument comme si j’avais touché les armatures d’une bouteille de Leyde faiblement chargée.
- Une expérience assez semblable à celle-ci a été signalée l’année dernière, je crois, par un professeur de physique d’un de nos grands lycées de province; mais l’interprétation avancée par cet expérimentateur ne m’a pas paru beaucoup plus satisfaisante que celle que j’avais déjà risquée vis-à-vis de moi-même.
- La théorie de M. Edlund prouve aujourd’hui que le gaz raréfié, bon conducteur de Pélectricité, joue le rôle d’une armature intérieure, et que, dans ces conditions, le tube de Geissler est une véritable bouteille de Leyde à armature interne gazeuse, la main qui tient le tube servant d’armature extérieure.
- Enfin, l’expérience suivante peut être considérée comme une démonstration évidente de cette phrase de M. Edlund :
- « Tout concourt à faire admettre que le vide oppose une « résistance très faible à la propagation de l’électricité. On « peut donc, sans l’emploi d’électrodes, par induction à dis-« tance ou par frottement à la surface d’un tube dans lequel « l’air a été suffisamment raréfié pour rendre impossible le « passage d’un fort courant d’induction entre les électrodes, « provoquer sans peine dans ce tube un mouvement élec-« trique assez considérable pour y produire un développe-
- (1) Je me sers ici d’une expression consacrée par l’habitude; mais il est .bien évident que c’est de la terre que vient l’électricité, qui, après avoir traversé le tube, va neutraliser le conducteur de la machine en s’écoulant par l’électrode la plus voisine de lui.
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- « ment sensible de lumière. Or, cela ne se pourrait pas si le « gaz, fortement raréfié, ou le vide, était un isolateur (ï). »
- Voici le fait.
- 3° Un tube de Geissler est relié aux deux extrémités du fil induit d’une bobine de Rumhkorff. Si, pendant que le courant passe, on approche du milieu de ce tube une pointe très fine en communication . avec le conducteur de la machine statique, on voit la lueur s'éteindre, complètement après quelques tours de roue, bien que la bobine continue à fonctionner.
- Cette extinction dure tant que la pointe est maintenue près du tube. Si on ne la laisse que quelques instants, l’illumination reparaît aussitôt que la pointe est enlevée; si son action a duré plus longtemps (une demi-minute environ), l’illunjination ne reprend que plusieurs minutes après son enlèvement, et enfin, si l’extinction a été maintenue pendant 4 ou 5 minutes, elle devient définitive et la bobine peut fonctionner une demi-heure sans qu’aucune lueur reparaisse dans le tube.
- L’expérience peut encore être faite d’une autre façon :
- 40 Supposons que la pointe soit mise en communication avec le conducteur négatif de la machine; une fois l’extinction produite, on peut faire reparaître l’illumination en mettant la pointe en communication avec le conducteur positif. Le même phénomène a lieu lorsqu’on commence par l’extinction positive, et cela, quelle que'soit la direction du courant induit qui traverse le tube.
- Il y a donc bien là emmagasinement par le gaz raréfié d’une force électro-motrice considérable qui s’oppose au passage du courant induit; pour que celui-ci puisse passer ensuite, il faut neutraliser la force électromotrice emmagasinée par une force électromotrice contraire.
- j’ajouterai que le rallumage du tube ne s’obtient que lorsque la première influence a duré peu de temps et surtout lorsque le tube n’a pas encore servi à de semblables expériences. Souvent, lorsque l'influence statique a agi suffisamment longt;mps et à plusieurs reprises, le tube de Geissler reste définitivement altéré, et, même après un repos de plusieurs jours, le courant de la bobine d’induction est incapable de l’illuminer; dans ces conditions, une nouvelle influence statique, inverse de la précédente, peut quelquefois le rallumer, mais, en général, d’une façon temporaire.
- Ces expériences, très faciles à répéter, donnent, comme je le disais tout à l’heure, la confirmation de la théorie de M. Edlund. J’ai cru devoir vous les communiquer, espérant qu’elles pourraient intéresser les lecteurs de La Lumière Electrique.
- Veuillez agréer, monsieur le Directeur, l’assurance de mes sentiments très respectueux.
- Dr M. Boudet de Paris.
- FAITS DIVERS
- Nous avons fait remarquer à notre confrère le Scientijic American, que, en étant assez aimable pour trouver nos articles et nos gravures bons à reproduire, il devrait être assez juste pour citer le nom de notre journal. Dans son supplément du 22 avril 1882 se trouve un article tiré de La Lumière Électrique sur l’éclairage électrique en mer, article dont l’auteur ni la provenance ne sont cités, et un autre article important, de même source, sur les appareils de mesure électrique, dont l’auteur est nommé sans qu’on désigne le journal d’origine: procédé avantageux en ce que de cette façon l’auteur lui-même semble appartenir au journal qui reproduit. Nous ne nous lasserons pas de répéter que nous sommes heureux de voir nos confrères nous citer même sans
- notre autorisation, mais en Europe, quand cela se fait, on nomme le journal, on considère cela comme strictement obligé ; nous ne pouvons admettre qu’en Amérique on pense autrement.
- Un projet de construction d’un chemin de fer électrique à Londres sous la Tamise vient de recevoir la sanction d’un comité élu à l'a Chambre des communes. Le chemin électrique projeté servirait à relier Charing Cross à la gare de Waterloo du South-Western Railway. Il partirait de l’extrémité nord-ouest de Northumberland avenue, à une trentaine de mètres de la statue de Charles Ier, passerait sous les maisons et les rues, puis sous la Tamise pour aboutir près de Vincstreet. Le bill autorise la Compagnie du London and South Western Railway à se charger de l’établissement de ce nouveau moyen de communication dans la métropole.
- Un chemin de fer électrique, dont la longueur atteindrait trente-six milles est en projet en Angleterre. Ce chemin de fer serait établi dans la région sud de l’Angleterre, dans un district où se trouvent en abondance des cours d’eau et d’ancieus moulins, dont la force hydraulique serait employée pour mettre en mouvement les machines Gramme qui feraient marcher les trains.
- Une nouvelle Compagnie vient de se fonder à Londres, sous la raison sociale d’Union Electric Light and Power Company.
- L’IIammond Electric Light and Power Company projette l’établissement d’un collège où seraient formés des électriciens. Ce collège serait inauguré le icr juillet prochain. Le prix il verser pour deux ans d’instruction est fixé à deux cent guinées.
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- En même temps qu’un chemin de fer électrique, des bateaux ou canots électriques doivent figurer à l’Exposition universelle de Turin en 1884. M. l’ingénieur Ivaldî, le docteur Gasca, MM. Angelo Marchi et Nigra viennent de demander au conseil communal de Turin la concession du droit exclusif d’établir sur le Pô, entre les moulins dits délia Rocca jusqu’au pont neuf un service de bateaux électriques, mus au moyen d’accumulateurs spéciaux.
- Us demandent, en outre, l’usage gratuit pendant toute la durée de l’Exposition de la force hydraulique du fleuve dans la localité des Moulins délia Rocca où ils installeront leurs moteurs destinés à charger les accumulateurs.
- Éclairage électrique
- Il est question d’éclairer définitivement le foyer de l’Opéra avec la lampe-soleil. D’après une lettre de M. Garnier, dont nous avons la copie sous les yeux, l’éminent architecte de l’Opéra trouve la lampe-soleil « absolument parfaite comme fixité et comme coloration », et la considère comme « la plus belle lumière qui puisse être employée pour l’éclairage d’œuvres d’art et de galeries de luxe. »* Selon.lui le seul défaut de l’appareil est de coûter un peu cher, mais cette considération ne l’empêchera pas de l’appliquer à l’Opéra.
- Nous verrons donc bientôt le foyer éclairé comme il devrait l’être.
- A Dax, dans le département des Landes, le conseil municipal vient de traiter avec M. Law, de Bordeaux, pour l’éclairage à la lumière électrique d’une partie de la ville de Dax pendant toute la durée du concours régional qui va s’y tenir.
- (0 « Lumière Electrique, » numéro du 29 avril 1882, p. 407.
- La lumière électrique va être essayée à bord d’un bâti-
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- ment transport faisant le service d’Angleterre dans l’Inde. Si les résultats sont satisfaisants, ce mode d’éclairage sera adopté pour les ponts et salons de tous les bâtiments transports de l'Inde.
- A Govan, faubourg de Glasgow, le Dock Salterscroft est maintenant éclairé par l’électricité. Ce sont MM. Crompton qui ont installé cet éclairage à titre d’essai en attendant le rapport de la commission nommée par les inspecteurs de la navigation de la Clyde pour étudier la question de l’éclairage électrique dans les ports du Royaume-Uni.
- A Windsor, le château de la Reine a été éclairé par l’électricité, à l’occasion du mariage du prince Léopold avec la princesse Hélène de Waldeck. Une lampe â arc Crompton avait été placée au sommet de la Tour Ronde, d’où la lumière était projetée à une distance de plusieurs milles. Un moteur à vapeur et une machine dynamo Bürgin avaient été installés sur la terrasse nord entre la tour de Winchester et la bibliothèque d’où les fils étaient conduits au haut de l’escalier de la Tour. Autour du quadrangle avaient été disposées des lampes Maxim. _ __________
- A Bishop Auckland, Durham, dans la fabrique de draps Duff et Rowntree, la lumière électrique est depuis quelque temps en usage et l’on y trouve qu’avec cette lumière les couleurs peuvent être assorties aussi facilement qu’en plein jour. ____________
- En Italie, le ministère des travaux publics a autorisé, comme on le sait, l’éclairage de la gare de Milan par le système électrique Siemens. Les résultats obtenus ont décidé le ministère à étendre cette autorisation d’abord aux autres gares des lignes de la Haute-Italie, ensuite aux lignes centrales et méridionales.
- A Saint-Pétersbourg, un projet avait été préparé dernièrement pour l’éclairage de la grande rue appelée la Perspective Newsky au moyen de l’électricité. Ce projet a dû être abandonné par suite du refus du ministre de l’intérieur d’autoriser cet essai sur une voie de circulation aussi importante que la Perspective. La Compagnie qui voulait entreprendre cet éclairage électrique vient de proposer de nouvelles conditions d’après lesquelles l’éclairage au gaz serait maintenu à côté de l’éclairage électrique pour obvier aux inconvénients de l’extinction possible de la lumière électrique. La Compagnie déclare, en outre, renoncer à toute rémunération de la part de la ville de Saint-Pétersbourg, tant que les éclairages seront maintenus simultanément. Dans ces nouvelles conditions, le ministre de l’intérieur aurait fait savoir au maire qu’il ne voyait pas d’obstacle à l’essai de l’éclairage électrique de la Perspective Newsky depuis le pont d’Anitchkow iusqu’au coin de la grande Morskaïa.
- A Vienne (Autriche), le grand café de la Résidence, situé au coin de Franzensring et de la Schotteagass.e est maintenant éclairé par l’électricité.
- A Mexico, la Chambre des députés est depuis plusieurs semaines éclairée par l’élcctrciité. Le même système d’éclairage doit être étendu au Palais national ou l’on emploie encore le pétrole et l’huile à quinquets.
- A Athènes, pendant la session du Congrès des médecins hellènes qui vient de se tenir dans cette capitale, les monuments de l’Acropole ont été brillamment éclairés à la lumière électrique. ________
- Une des places de San José, Californie, vient d’être éclai-
- rée au moyen d’un régulateur Brush, placé sur une colonne de 60 mètres de hauteur.
- Télégraphie et Téléphonie
- La Sublime Porte ayant donné la pré'férence au projet d’opérer la jonction des lignes télégraphiques en construction dans la province du Hedjaz au réseau des lignes télégraphiques égyptiennes par un câble sous-marin qui doit traverser la Mer Rouge de Djedda à Souakim, l’adjudication de ce câble a été faite â la Compagnie Siemens de Londres.
- Le gouvernement chinois vient de charger des maisons allemandes de la construction des lignes télégraphiques en Chine’.
- C’est en 1877, rappelle YAngïo-ïtrazilian Times, que le téléphone a fait son apparition au Brésil.
- Le premier téléphone a été construit à Rio de Janeiro dans les ateliers de la Wetern and Brazilian Telegraph Company, sous la direction de M. France. Peu de temps après, vers la fin de 1877, MM. Rodde et C° établissaient une ligne téléphonique entre leurs magasins et la Bourse de Rio. En 1879, la Téléphoné Company of Brazil, fondée à Boston, obtenait la -concession de l’usage exclusif du réseau téléphonique à Rio et à Nitheroby. Mais par suite de retards dus à rinaction législative et gouvernementale, la Téléphone Company of Brazil ne commençait ses opérations que le 28 mai 1881 avec trois lignes d’une longueur de i5oo mètres. Depuis lors le développement a été si rapide qu’en dix mois la Compagnie a construit plus de six cents kilomètres de lignes téléphoniques à Rio et dans les provinces. A Rio de Janeiro même la Téléphoné Company of Brazil possède huit bureaux téléphoniques ouverts au public. La plus longue de ses lignes a vingt-huit kilomètres de longueur; elle en termine une de plus grande étendue, c’est celle qui va relier Rio à Petropolis.
- Dans l’intérieur du Brésil les planteurs font un grand usage de lignes téléphoniques entre les dépendances des plantations, entre des plantations appartenant au même propriétaire, et entre les plantations et gares de chemins de fer, résidences de médecins, etc. Quelques Compagnies de chemins de fer ont aussi adopté les téléphones de la Compagnie.
- La Mexican Téléphoné Company vient d’être fondée à New-York. Elle a acquis tous les droits se rapportant aux téléphones au Mexique de l’American Bell Téléphoné Company, de la Continental Téléphoné Company, et de la Mexican National Bell Téléphoné Company.
- En Nouvelle-Zélande, le téléphone est adopte dans toute la colonie. La maison Cunningham et C° a fait poser dernièrement une ligne téléphonique pour son usage particulier. Cette ligne s’étend de Christchurch à Timaru, et va être probablement poussée jusqu’à Ouamaru. C’est la plus longue ligne téléphonique qui ait encore été établie dans la Nouvelle-Zélande. La distance entre Christchurch et Timaru est de cent milles. Depuis trois mois que la ligne fonctionne, les conversations entre ces deux villes ont été échangées sans difficulté. Le lit téléphonique a coûté à la maison Cunningham 37,5oo francs.
- Le Rio Neivs se plaint de dégâts attribués à la malveillance et dont le réseau téléphonique établi à Rio-de-Janeiro a eu à souffrir. Des fils de téléphone ont été coupés sur les lignes qui vont du bureau central aux divers faubourgs.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 28756
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Electricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLENARD
- 4» ANNÉE (TOME VI)
- SAMEDI 20 MAI 1882
- N° 20
- SOMMAIRE
- La Foudre; Th. du Moncel. — Expériences de M. Stroli; Frank Geraldy. — Exposition Internationale l’Électricité : Galerie des machines : Machines octogones de Gramme; C.-C. Soulages. — Application de la lumière électrique aux travaux agricoles; O. Kern. — La Télégraphie; ses progrès récents manifestés à l’Exposition Internationale d’Electricité (2e article) : les lignes; E. de T.— Bibliographie : Cours d’électricité rédigé conformément aux programmes prescrits par l’arrêté du 2 août 1880, par E. Du-ter. — Traité élémentaire d’électricité, par C. Hallez; Aug. Guerout. — Les essais électro-techniques du Palais d’Exposition royal de Munich. — Revue des travaux récents en électricité : Sur la polarisation des électrodes et la conductibilité des liquides, par M. E. Bouty. — L’indicateur de route de M. Macdonald. — Correspondance : Lettres de M. Lacombe et de M. Bartelous. — Faits divers.
- LA FOUDRE
- Des divers phénomènes physiques qui se manifestent à la surface de notre globe, la foudre est bien certainement le plus curieux, le plus imposant et le plus redoutable. Les anciens en avaient fait une émanation des astres et la regardaient comme l’expression dé la colère des dieux. Dans le moyen âge, son apparition était une révélation des puissances magiques et occultes, à laquelle le diable n’était pas étranger. Plus sceptiques et plus positifs, les modernes en ont fait disparaître tout le merveilleux en la considérant comme la manifestation accidentelle d’un élément purement physique répandu dans la nature, l’électricité.... Bien qu’aucun doute ne puisse être formulé sur l’interprétation que les modernes ont donnée de cet étrange phénomène, il ne sera pas sans intérêt de nous arrêter quelques instants sur les opinions qui ont été émises à son sujet dans les temps anciens.
- Suivant Pline le naturaliste, il y aurait deux espèces de foudres, les unes venant des astres, les autres provenant d’émanations terrestres. Aux premières seulement appartiendrait la vertu des présages, parce qu’elles seraient d'essence divine. Les autres, qu’il appelle foudroyantes, ne seraient sou-
- mises à aucune loi physique et frapperaient au hasard.
- A quels phénomènes physiques doit-on rapporter et le bruit du tonnerre et l’éclat des éclairs? C’est ce que le savant naturaliste des temps anciens nous explique en ces termes :
- « Je 11e veux pas nier, dit-il, qu’il ne puisse arriver que les feux émanés des astres tombent des régions supérieures du ciel sur les nuées, comme nous remarquons qu’il en tombe par un temps serein; qu’il ne résulte de cette chute un ébranlement de l’air, puisqu’un siniple trait décoché suffit pour produire dans cet élément une commotion sonore ; que, parvenus dans la nue, ils ne produisent une vapeur subite, accompagnée d’une certaine disson-nance et d’un tourbillon de fumée, comme cela arrive quand on plonge un fer rouge dans l’eau ; que ce ne soit ainsi que s’engendrent les orages; que si ces mêmes feux rencontrent dans la nuée un vent ou une vapeur qui leur résiste, il ne se produise les tonnerres, auxquels on a donné le nom de foudres, si leur éruption est ardente et subite, et simplement éclairs, s’ils ne se manifestent que par de longs sillons lumineux, en sorte que ceux-ci fendent la nuée, et ceux-là la rompent en éclats; que les tonnerres ne puissent être considérés .comme autant de chocs violents qui dilatent le feu compacte dont ils sont composés, et que de là vient l’éclat fulgurant que produisent les nuées dans toutes les parties où elles s’ouvrent; qu’il ne puisse se faire aussi qu’une vapeur spiritueuse, émanée de la terre, soit repoussée par l’astre et renvoyée rudement sur une nuée contre laquelle, venant à se choquer, il faut bien qu’il s’ensuive une détonation, qui sera plus ou moins lourde si cette vapeur conserve l’équilibre de ses parties, au lieu qu’elle éclatera avec un grand fracas si elle se brise, comme le ferait une vessie gonflée par le vent; que cette même vapeur spiritueuse, quelle qu’elle soit, ne puisse se briser par la seule pression qu’elle éprouve en tombant, ou que cette explosion ne puisse être l’effet d’un conflit de deux nuages, comme on voit sortir des étincelles du choc de deux cailloux; mais ces derniers cas sont réputés fortuits, et c'est
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- dans cette classe de foudres qu’il faut ranger ces tonnerres impuissants, qu’aucune loi physique- ne gouverne, et qui viennent frapper au hasard les montagnes, les mers, ou éclater çà et là de diverses manières. Mais j’affirme que le» tonnerres dont se tirent les vrais présages remontent à des causes déterminées et nous viennent invariablement l’un de tel astre, l’autre de tel autre. »
- D’après les Toscans, l’un des caractères des foudres célestes, c’est-à-dire des foudres émanées des astres, serait leur chute dans une direction oblique, tandis que les foudres terrestres, regardées comme funestes et exécrables, parce qu’elles n’ont point leur source dans les éléments généraux des choses, tomberaient perpendiculairement. Pline combat cette opinion et assure que ces dernières foudres naissent d’une matière très voisine du globe ; « car, dit-il, si elles sortaient de terre, elles ne pourraient ni s’élever plus haut ni être repoussées vers leur source sans donner quelque indice de cette répulsion, et comme elles n’en donnent aucune marque, cela prouve bien qu’elles ne partent pas d’en bas, comme on se le figure, mais qu’elles viennent directement d’en haut. »
- En outre de ces deux espèces de foudres, les anciens en distinguaient de ' trois sortes sous les rapports physiques.
- « Comme les foudres sont de plusieurs sortes, dit Pline, on en raconte aussi divers effets. Sèches, elles ne brûlent pas, mais frappent et dissipent; humides, elles ne brûlent pas, mais noircissent et enfument. La troisième espèce est celle qu’on nomme claire. Ses effets tiennent du prodige : elle épuise un tonneau de toute sa liqueur sans l’endommager extérieurement et sans laisser aucun vestige de sa marche. Elle fondra l’or, le cuivre, l’argent qui sera dans un sac, et celui-ci ne sera brûlé en aucune façon; elle respectera même l’économie des parties de cire où est empreint le cachet. Marcie, étant première dame romaine, fut frappée de la foudre pendant sa grossesse; son fruit mourut du coup, mais, pour elle, elle n’en reçut pas d’autre atteinte. Parmi les prodiges cati-linaires, je trouve qu’un Marcus Hennerius, de la ville de Pompeï, étant alors décurion, fut frappé de la foudre par un temps serein. »
- Quelque étranges que paraissent aujourd’hui les idées que s’étaient faites les anciens du phénomène de la foudre, il est impossible de ne pas reconnaître qu’ils en avaient étudié avec soin les effets. Les phénomènes rapportés précédemment, sauf le dernier, qui est le seul exemple de ce genre qu’on ait jamais cité, sont effectivement les conséquences des réactions électriques; mais voici un autre passage de Pline qui va nous prouver que la cause physique en elle-même avait été étudiée et en partie expliquée.
- « Il est hors de doute, continue Pline, que l’éclair
- et le coup partent en même temps, bien que l’ouïe soit frappée plus tard que la vue. Il ne faut pas s’en étonner, puisque la lumière a plus de vitesse que le son. Il y a bien un rapport immédiat entre le coup et le son, et c’est même une nécessité physique qu’il en soit ainsi; mais enfin le son est une suite et non une circonstance actuelle du tonnerre qui éclate. Il y a plus, la foudre est encore devancée par un souffle qu'elle chasse devant elle, en sorte que tout ce qu’elle frappe a déjà reçu auparavant l’impression et le choc de ce souffle précurseur. Il est aussi de fait que personne n’est jamais frappé par le coup de tonnerre dont il peut voir l’éclair et entendre le bruit. »
- Ce souffle précurseur dont parle Pline doit exister et s’explique aisément dans l’état actuel de nos connaissances, puisqu’il est, comme nous le verrons plus tard, le résultat de l’influence ou de l’électrisation à distance exercée par la nuée orageuse. C’est ce même souffle qui procure la sensation d’un vent frais quand on approche le poing à une distance suffisante de la machine électrique pour que les étincelles ne partent pas. Quant à l’existence simultanée du tonnerre et des éclairs, l’explication qu’en donne Pline est parfaitement vraie et exactement la .même que celle qui est enseignée aujourd’hui.
- Nous signalerons encore quelques passages du livre de Pline dans lesquels se trouvent relatées quelques remarques assez curieuses, dont quelques-unes sont en désaccord avec ce que nous observons dans nos climats.
- « La foudre tombe rarement en hiver et en été, par deux raisons contraires. En hiver, l’air, condensé et comme encroûté de nuages, perd son ressort ; d’autre part, toute l’exhalaison de la terre se roidit et se fixe par congélation, ce qui éteint toute la partie ignée des vapeurs. C’est cette raison qui rend la Scythie et toutes les contrées glaciales d’alentour exemptes de la foudre. La raison directement contraire en exempte aussi l’Egypte, où les exhalaisons terrestres d’une nature chaude et sèche sont en conséquence très rares, très déliées et ne peuvent former que des nuées grêles et sans force. Au contraire, au printemps] et en automne, les tonnerres sont plus fréquents par la fermentation, qui se fait dans l’une et l’autre saison, des principes mal combinés qui, pris à part, forment l’été et l’hiver. Par cette raison, il tonne fréquemment en Italie, où l’air a plus de ressort et où l’hiver, plus doux qu’ail-leurs, suivi d’un été pluvieux, forme une sorte de printemps ou d’automne perpétuel. Remarquez aussi que, dans les parties de l’Italie les plus éloignées du septentrion et les plus rapprochées du midi, il éclaire hiver et été, ce qui n’arrive pas dans les autres contrées.
- * Quelquefois il éclaire sans tonner, ce qui
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- arrive plus souvent de nuit que de jour. Entre tous les animaux, l’homme est le seul qui, frappé de la foudre, n’en meurt pas toujours ; tous les autres animaux expirent sur le coup. C’est une prérogative que la nature donne à l’espèce humaine sur celle des bêtes, bien que ces dernières soient •constituées beaucoup plus robustement que nous. Elles tombent toutes sur le côté opposé à celui qui a été frappé. Un homme foudroyé ne mourra point de cet accident, à moins que la violence du coup iie lui ait fait faire volte-face. Ceux qui sont foudroyés debout sont trouvés assis.
- « Quiconque est tué par le tonnerre étant éveillé, on lui trouve les yeux fermés, et s’il dormait, on les lui trouve ouverts. Il n’est pas permis de brûler un homme tué par la foudre. La religion prescrit de l’enterrer. Il n’arrive jamais à la foudre de faire flamber un corps si l’animal n’est tué. La partie blessée est plus froide que le reste du corps.
- « Pour ce qui regarde les productions de la terre, la foudre ne tombe jamais sur le laurier. On remarque aussi .que, tombée en terre, elle n’y pénètre pas au delà de cinq à six pieds de profondeur. C’est pourquoi ceux qui ont peur du tonnerre regardent les cavernes les plus hautes comme les meilleures retraites, ou bien ils se font construire des loges revêtues de peaux de veaux marins, ce poisson étant le seul que la foudre ne frappe jamais, pas plus que l’aigle parmi les oi seaux, ce qui lui fait donner l’épithète de porte-foudre. En Italie, entre Terracine et le temple de la déesse Feronie, on a cessé de construire des tours en temps de guerre, la foudre en ayant renversé plusieurs. »
- Nous ne suivrons pas Pline dans la manière dont il relie la foudre avec les divinités du paganisme, les astres et les présages. Cela n’a aucun rapport avec la question physique que nous traitons. Nous croyons plus intéressant d’examiner à présent comment le phénomène de la foudre était expliqué avant la découverte de Franklin.
- Dans le moyen âge, l’étude des sciences phy-. siques était, comme on le sait, complètement négligée, et le peu de savants et de philosophes qui s’en étaient occupés au point de vue scientifique, s’en rapportaient aveuglément aux livres des anciens, et particulièrement à ceux d’Aristote. C’est ce que constatent les réflexions suivantes du physicien Rohault, dans la préface de son traité de physique, imprimé en 1670, et dédié au duc de Guise, son élève en physique.
- « L’une des causes pour lesquelles la physique n’a fait jusqu’à présent aucuns progrès tient au grand crédit qu’on a toujours donné aux anciens dans les écoles; car, outre que cette prodigieuse différence de talent qu’on met entre eux et les modernes, n’a aucun fondement, vu que la raison
- est de tout pais et de tout âge, il*est certain qu’une soumission si aveugle à tous les sentiments de l’antiquité est cause que les meilleurs esprits, recevant souvent sans y penser, des opinions comme vrayes qui peuvent estre fausses, ne sont plus en estât de cognoistre celles qui leur sont opposées.
- « Je 11e parlerai point en particulier de la vénération que l’on a eiie pour Aristote, quoy qu’elle aille quelquefois à tel excez, qu’il suffit d’alléguer qu’il a dit une chose, pour faire, non seulement douter de ce que la raison persuade, au contraire, mais mesme pour le faire condamner; je ferai seulement remarquer que l’imagination que plusieurs ont eiie qu'il sçavoit tout ce qui se peut sçavoir et que toute la science estoit cognüe dans ses livres, a fait que la plus-part des plus grands hommes qui ont philosophé depuis luy, se sont inutilement appliquez à lire ses ouvrages pour y trouver ce qui n'y estoit pas et ce qu’ils auroient peut-estre rencontré s’ils n’avaient suivy que leurs propres lumières.
- « Ainsi, l’on s’est plus occupé à étudier Aristote que la nature qui peut-estre n’est pas, à beaucoup près, si mystérieuse que luy. »
- Si l’on joint à cette manière d’étudier les phénomènes de la nature, la manie qu’avaient les philosophes du moyen âge de tout traiter métaphysiquement, sans rien approfondir (‘), on comprendra que l’explication des phénomènes de la foudre ne devait guère être plus avancée à cette époque qu’au temps de Pline. C’est ainsi que, pour expliquer les effets
- (') Le physicien Rohault, dont nous venons de parler, fait à ce sujet quelques remarques réellement curieuses, qui montrent que Molière n’exagérait pas dans les sarcasmes qu’il a lancés contre les hommes de science de cette époque dans sa pièce du Malade imaginaire.
- «... En un mot, dit notre physicien, je voudrais qu’on recherchast soigneusement ce qui peut déterminer la matière à un tel effet plustôt qu’à un autre, sans s’accoutumer à dire, en général, que cet effet est produit par une qualité; car de cette coustume vient celle de se payer de mots comme si c'estoient des raisons, et la sotte vanité de croire sçavoir plus que le commun quand 011 sçait des mots que le commun ne sçait pas. Sans mentir, c’est avoir l’esprit bien petit et bien aisé à contenter que de se persuader que l’on co-ymoist mieux la nature que le reste des hommes, quand on a appris qu’il y a des qualitcz occultes, et qu’on en fait une réponse presque générale à toutes les questions que l’on peut faire sur tous les différents effets que la nature produit. En effet, quelle différence peut-il y avoir entre la réponse que peut faire un païsan et celle d’un philosophe, si, leur avant demandé à tous deux, d’où vient, par exemple, que r'aymant attire le fer, l’un dit qu’il n’en sçait pas la cause, et l’autre dit que cela se fait par une vertu et qualité occu'te? iN’est-ce pas, en bon françois, dire la même chose en différents termes : et n’est-il pas visible que toute la différence qu’il y a entre l’un et l’autre, c’est que l’un a assez de bonne foy pour avouer son ignorance, et l’autre assez de vanité pour la vouloir cacher? »
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- désastreux de ce terrible élément, on disait qu’il était accompagné d’un carreau magique d’une dureté sans pareille, qui devait détruire et disperser tout ce qu’il rencontrait. Notre physicien Rohault, que l’on a déjà pu juger comme un esprit fort du temps, tout en se moquant de ce fameux carreau, cherche pourtant à en expliquer la formation. Nous croyons qu’il ne sera pas sans intérêt de rappeler son opinion à cet égard, ne serait-ce que pour montrer jusqu’à quel point les sciences étaient en arrière dans le grand siècle de Louis XIV.
- « Ce qu'on a coustume d’appeler le tonnerre, reçoit le nom de foudre lorsqu’il en résulte quelque fracas; et parce qu’on se persuade que les corps les plus durs ont plus de force pour en ébranler d’autres, on croit qu’outre l’éclair et la flamme qui sortent avec impétuosité d’entre deux nues, il en sort encore un corps fort dur qu’on nomme le carreau de la foudre; que si on ne le voit pas tomber à chaque coup de tonnerre, c’est, dit-on, parce qu’il ne se darde pas toujours contre la terre, et que l’ouverture par où il s’échappe est tournée vers quelque autre côté. Toutefois, si cela estoit, il ne serait pas possible qu’on ne le vist. quelquefois tomber dans quelques-unes des rués de cette grande ville, ou dans quelques cours ou sur le toit de quelque maison ; ce que personne que je sçache n’assure avoir jamais vû; et c’est une mauvaise raison de dire que ce qui fait qu’on ne le voit pas, c’est qu’il n’a pas été dardé contre la terre; car soit qu’il se fût mu de travers, ou même de bas en haut, il devrait toujours arriver que sa pesanteur le fist descendre.
- « Aussi n’est-il pas nécessaire d’avoir recours à un corps dur pour expliquer l’effet le plus ordinaire "de la foudre; car si l’on considère que la poudre qui s’enflamme dans un canon 11’a rien de dur et qu’elle a cependant la force de chasser le boulet avec une vitesse incroyable, et quelquefois mesme de rompre et crever le canon, l’on cognois-tra qu’il n’est nullement besoin d’un carreau de la foudre pour faire tout le fracas que l’on expérimente.
- « Ce n’est pas qu’il 11e se puisse engendrer dans l’air un corps dur que l’on prendra peut-estre pour ce carreau imaginaire, pourvu qu’il y ait dans l’air quelques sels volatils mêlez avec des exhalaisons soufreuses et d’autres exhalaisons plus terrestres, telles que sont celles qui paroissent épaissies en forme de limon au fond de l’eau de pluye qu’on l’a laissée rasseoir; car l’expérience fait voir qu’en mettant le feu dans un composé d’une certaine quantité de soufre, de salpêtre et de ce limon desséché, il s’en forme en fort peu de temps une pierre fort dure. »
- Voici maintenant comment ce même Rohault explique le tonnerre et les éclairs. Cette explication d’ailleurs est la même, seulement plus développée, que celle qu’en donne Descartes.
- « Le tonnerre, les éclairs et la foudre sont les plus étonnants de tous les météores, et ils accompagnent assez souvent les pluyes et les gresles. Représentons-nous donc qu’il se forme quelquefois plusieurs nuës les unes au-dessus des autres, qui sont alternativement composées de vapeurs et d’exhalaisons que la chaleur a enlevées à diverses reprises des entrailles de la terre. Considérons ensuite que la saison la plus propre pour cela estant celle de l’été, pendant laquelle l’air qui a demeuré dans le voisinage de la terre a pu s’échauffer, au moins si le temps a été calme, il peut arriver qu’une forte partie de cet air soit chassée par l’action de quelque vent qui s’est élevé depuis, vers l’une' des plus hautes nues à laquelle il s’applique par le dessous; de manière qu’il y condense presque en un moment la neige très subtile dont elle est composée en faisant approcher les parties les plus hautes contre celles qui sont au-dessous; ce qui fait que cette nuë descend tout entière et avec assez de vitesse sur la plus basse, sans pourtant que celle-cy puisse descendre, parce que les causes ordinaires qui tiennent les nuës suspenduës à certaine distance de la terre et le vent que nous avons supposé s’estre élevé depuis l’en empêchent. Cela étant, l’air qui est entre la nuë de dessus et celle de dessous est chassé du lieu où il est, en sorte que celuy qui est vers les extrémitez des deux nuës échappe le premier, donnant ainsi moyen aux extremitez de la nuë de dessus de s’abaisser quelque peu plus que ne le fait le milieu et d’enfermer ainsi une grande quantité d’air, lequel achevant de sortir par un passage assez étroit et irrégulier qui lui reste, il est facile de concevoir que la façon dont il s’échappe luy fait produire un grand bruit, pour la même raison que l’air qui sort du sommier de nos orgues produit un grand son en passant par les pédales; ainsy, sans voir aucun éclair, nous pouvons bien entendre le bruit du tonnerre. Il est vrayque celuy qui se fait de la sorte ne sçaurait être fort éclatant ; mais parce que les exhalaisons qui se rencontrent quelquefois entre deux nuës, dont l’une tombe avec impétuosité sur l’autre, sont pour l’ordinaire tellement pressées en certains endroits, que les parties du second élément (*) qui estoient mêlées avec leurs branches, avec la matière du premier, sont forcées d’en sortir, il arrive que ce qui se rencontre d’exhalaisons en ces endroits ne nageant plus que dans la seule matière du premier élément, prend la forme de feu, laquelle, se communiquant en moins de rien à tout ce qu’il y a de combustible alentour, dilate merveilleusement l’air et augmente à proportion la vitesse avec laquelle il s’échappe d’entre les deux nuës ; ce qui fait qu’au lieu du simple gron-
- (‘) Pour comprendre ce que représentent le premier et le second élément dont Rohault parle, il faut se reporter à la théorie cosmique de Descartes.
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- dement du tonnerre l’on entend un bruit qui éclate effroyablement.
- « De plus, comme la flamme qui naist des exhalaisons est très fine, aussi est-elle fort propre à pousser les petites boules du second élément dont elle est environnée vers les objets d’alentour, d’où se réfléchissant vers nos yeux, nous devons estre excitez à voir ces objets comme s’ils estoient enflammez ou éclairez du soleil; et c’est en cela que consiste l’éclair, lequel, suivant ce que nous avons dit, peut bien estre appercu avant qü’on entende le tonnerre, nonobstant que ces deux choses se fassent ensemble ou même que le tonnerre précède quelque peu l’éclair.
- « Et l’on ne doit pas trouver estrange que le tonnerre dure plus longtemps que l’éclair, si l’on considère que l’agitation de l’air qui produit le son peut encore durer après que toutes les exhalaisons qui ont produit l’éclair sont entièrement consumées : mais il faut encore ajouter que les nuës et même plusieurs corps durs qui sont sur la terre causent plusieurs échos, d’où dépendent ces roulades que l’on entend lorsque le grand bruit du tonnerre est déjà passé. Ce qui se confirme en ce que, comme la cause qui peut produire un écho au regard d?un certain lieu, n’en produit pas toujours en respect d’un autre, de mesme aussi un même coup de tonnerre ne s’entend pas de mesme façon de toutes sortes d’endroits.
- « Au reste,' comme la chaleur qui appesantit assez une nuë pour la faire tomber fort vite sur une autre doit aussy estre assez grande pour fondre une partie de la neige dont elle est composée, il s’ensuit qu’à chaque coup de tonnerre il doit tomber une ondée de pluye assez abondante. Aussy, ne manquons-nous jamais de nous en appercevoir, si ce n’est que le tonnerre se fasse un peu loin de l’endroit qui correspond sur notre teste.
- « Et ce n'est pas une grande merveille si la foudre attaque plustôt les corps les plus élevés, comme le sommet des clochers, que ceux qui ne s’élèvent guère au-dessus de la superficie de la terre : car les nuées où s’engendre le tonnerre estant assez hautes et leur ouverture se faisant pour l’ordinaire par le costé, l’exhalaison qui échappe par là et qui se meut de travers, ne sçaurait avoir lieu qu’elle ne rencontre les corps les plus hauts. Ajoutez à cela que si deux nuës qui se sont déjà jointes parleurs extrémitez avoient à crever par le dessous, ce de-vroit être principalement à l’endroit sous lequel correspond quelque corps notablement élevé, parce que ce corps résistant d’abord à la descente de l’air, il le détermine à se fendre pour s’écarter de part et d’autre, ce qui fait que la nuëe, qui suit la même détermination, s’entr’ouvre justement en cet
- endroit-là vers où, par conséquent, la foudre trouve plus de disposition à descendre.
- « Il est mesme aisé de comprendre comment la foudre peut brûler les habits et les cheveux d’un homme sans luy causer d’ailleurs aucun mal; et quelquefois aussi employer toute son action sur les choses qui résistent le plus, en rompant, par exemple, les os, sans endommager sensiblement la chair: car les exhalaisons étant de leur nature fort diverses, il s’en peut rencontrer qui, ressemblant au soufre, ne peuvent composer qu’une flamme fort légère, laquelle s’attache seulement aux corps qui sont aisez à brûler. Quelques autres, au contraire, sont fort subtiles et pénétrantes, et tiennent de la nature des sels volatils ou de l'eau forte, ce qui fait qu’elles épargnent les corps qui ont le plus de molesse et qu’elles n’exercent leur action que contre les corps durs, d’où vient qu’elles brisent les os et le fer. Il est vray que le fracas des os peut aussy être causé par la seule agitation de l’air dont se forme le bruit effroyable du tonnerre lorsqu’il s’engendre fort près de nous. Car si le son d’une forte cloche peut bien quelquefois causer dans le corps d’un homme qui en est proche de telles secousses qu’elles l’empeschent de pouvoir se tenir debout, le bruit du tonnerre en pourra bien produire qui seront capables de rompre les os, et les chairs n’en devront point paroistre endommagées, ou ne devront paraître tout au plus que meurtries, à cause que leur molesse fait qu’elles se peuvent plier vivement sans se rompre. »
- C’était un usage très répandu, anciennement, que de sonner les cloches des églises au moment de l’approche d’un orage. Cet usage s’est même perpétué jusqu’à nos jours dans certains pays, et a été l’objet d’une dissertation sérieuse de M. Arago, dans sa très intéressante notice sur le tonnerre. Quelle était l’origine de cette singulière pratique?... c’est une question difficile à décider. M. Arago a cru qu’il fallait la rechercher dans des considérations religieuses, en se basant sur ce que, dans les oraisons qui accompagnent la bénédiction des cloches, on trouve les passages suivants:
- « Bénissez, ô mon Dieu ! etc., et que, toutes les fois qu’elle sonnera, elle chasse au loin les malignes influences des esprits tentateurs, l’obscurité de leurs apparitions, farrivée des tourbillons, les coups de foudre, les dommages des tonnerres, les calamités des ouragans et tous les esprits des tempêtes, etc.
- « O Dieu ! qui par le bienheureux Moïse, etc., faites que puissent aussi être repoussées au loin les embûches de notre ennemi, les fracas de la grêle, la tempête des tourbillons de vent et la furie des ouragans; que les tonnerres désastreux perdent de leur violence, etc...
- * O Dieu tout puissant et éternel... faites en sorte que le son de cette cloche'mette en fuite les
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- traits de feu de l’ennemi des hommes, les coups de la foudre, la chute rapide des pierres, les désastreuses tempêtes, etc., etc... »
- Si la théorie de la foudre, que nous venons d’exposer, était admise dans le moyen âge ou du moins à l’époque tout à fait incertaine où l’usage de sonner les cloches en temps d’orage avait été introduit, on pourrait croire que cet usage aurait été une déduction du raisonnement. Nous en trouvons, en effet, l’explication dans l’ouvrage de Rohault. Voici comment il s’exprime à cet égard :
- « Ce n’est pas sans raison qu’on tient que le son des cloches fait cesser le tonnerre, d’autant que par ce moïen l'air le plus proche des cloches ébranle celuy qui est plus haut, et cet air ébranle les parties de la nuë inférieure qu’il dispose à tomber en pluye avant que celle de dessus n’ait occasion de descendre. De sorte que, quand, après cela, elle viendrait à tomber, elle ne pousseroit les exhalaisons que dans un air libre, où 11’étant point serrées, elles n’auroient pas lieu de s’embraser.-Et quand mesme cette nuë inférieure ne seroit encore tombée qu’en partie, l’ébranlement que la cloche imprime à l’air pourroit disperser les exhalaisons, qui sont au-dessus de l’ouverture, et les empêcher de prendre leur cours par là. De sorte que, la matière de la foudre manquant au lieu où elle se pourroit former, ce n’est pas merveille si elle ne s’y forme point en effet. »
- Il va sans dire que cette opinion n’a aucun fondement, et les exemples cités par M. Ara go prouvent, au contraire, qu’il est dangereux, principalement pour les sonneurs, de faire retentir les cloches en temps d’orage.
- (A suivre.) Tu. du Moncel.
- EXPÉRIENCES DE M. STROH
- Nos lecteurs se souviennent des expériences de M. Bjerknes, qui furent si remarquées à l’Exposition d’électricité et valurent à leur auteur un diplôme d’honneur. Nous les avons décrites en ce temps (5 octobre 1881); je les résume brièvement. M. Bjerknes avait fait des travaux mathématiques considérables et poursuivis durant plusieurs années sur les vibrations produites au sein d’un fluide par la présence d’un corps en mouvement; il avait attaqué le problème de la coexistence de deux corps dans ces conditions et avait été conduit à reconnaître que ces corps devaient exercer l’un sur l’autre des actions se résolvant en tendances attractives ou répulsives. Il voulut réaliser matériellement les résultats fournis par le calcul. Pour le dire en passant, c’est là un mode d’opérer très louable et véritablement scientifique ; il arrive
- trop souvent que le calculateur, ayant atteint un résultat algébrique, le considère comme acquis et se préoccupe fort peu de le soumettre à la vérification expérimentale. Rien n’est pourtant plus nécessaire ; l’algèbre, en raison même des facilités qu’elle présente, est dangereuse; très fréquemment, pour simplifier une formule compliquée, pour dompter une intégrale rebelle, on néglige un terme en apparence insignifiant, on introduit presque
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- FIG. I
- sans la voir une toute petite hypothèse; le calcul donne un résultat, mais la certitude de ce résultat n’est plus intacte ; la vérification expérimentale dans des cas semblables est impérieusement commandée; dans tous les cas elle est utile, et presque toujours elle est fructueuse.
- Il en a été ainsi pour M. Bjerknes; la réalisation, si elle n’a pas apporté de considérations nouvelles, a palpablement démontré la justesse du calcul, et
- FIG. 2 FIG. 3
- elle a de plus donné à ces résultats un caractère de solidité qui les a rendus frappants pour tous et a vivement appelé l’attention des travailleurs.
- On sait comment M. Bjerknes opérait ; il plaçait dans de l’eau des corps et à l’aide d’émissions d’air comprimé, il imprimait à ces corps soit des vibrations, soit des pulsations ; il arrivait alors que ces-corps mis en présence au sein du liquide manifestaient, suivant les cas, les tendances attractives ou répulsives que le calcul avait fait prévoir. M. Bjerknes avait ainsi reproduit la plupart des effets du magnétisme. Il se proposait de poursui-
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- vre et de reproduire les effets du courant. Je ne sais s’il a atteint le but qu’il visait, nous n’avons plus depuis l’Exposition de nouvelles de ses travaux.
- Dans tous les cas, la voie qu’il avait ouverte n’est pas restée inutile. Nous avons mentionné dans le journal (11 mars 1882) des expériences faites par M. Decharme à l’aide de courants continus, liquides ou gazeux; ces travaux avaient été inspirés à leur auteur par ceux de M. Bjerknes; cependant l’analogie est assez lointaine ; M. Stroh a récemment présenté à la Société des ingénieurs télégra-
- phistes et des électriciens à Londres, des appareils plus rapprochés de ceux de M. Bjerknes et qui ont vivement intéressé. Cette communication a été reproduite par les divers journaux scientifiques anglais, Electrician, Engineer, Engineering, c’est à eux que nous empruntons les détails qui vont suivre.
- Le point intéressant c’est que M. Stroh a changé ie milieu dans lequel se manifestent les phénomènes, et qui joue lui-même un rôle important dans leur production. M. Bjerknes plaçait ses corps vibrants dans l’eau, ceux de M. Stroh agissent dans l’air.
- FIG.
- Il faut d’abord signaler une différence. M. Bjerknes faisait usage de deux sortes de corps vibrants, les uns étaient des sphères métalliques animées d’un mouvement d’oscillation alternative, c’étaient proprement les corps vibrants, les autres étaient des tambours creux dont la paroi élastique était alternativement poussée en dehors et en dedans par une série de compressions et d’aspirations d’air; ces sortes de corps étaient appelés par M. Bjerknes des corps puisants. Ces derniers seuls se retrouvent dans les expériences de M. Stroh ; au reste, ce sont les plus importants, on peut avec eux reproduire toute la série des effets. Voici comment M. Stroh constitue ses appareils. Une membrane élastique N N ferme l’ouverture d’un petit tambour M en carton, qui forme l’organe puisant; ce tam-
- bour peut être muni d’un tuyau et tenu à la main ; il représente alors le corps fixe. Pour former le corps mobile, le tambour M (fig. 1) est placé à l’extrémité d’un tuyau E, en carton léger; dans la plupart des expériences, l’axe du tambour est perpendiculaire à celui du tuyau. Celui-ci est fixé perpendiculairement sur un autre tuyau C et équilibré par un petit contrepoids I, l’ensemble porte au sommet une petite coupe solide en F et peut se poser sur.une pointe d’acier H sur laquelle il tourne sans frottement. Autour de la base de cette pointe est un autre tuyau se terminant par une petite coupe cylindrique J, pleine de mercure, dans lequel trempe l’extrémité du tube C, ce qui forme fermeture étanche, sans gêner le mouvement; un tube latéral L amène l’air qui doit produire les pulsations.
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- M. Stroh a employé deux moyens pour donner à l’air des mouvements alternatifs de compression et de décompression. Le premier, qui est original, consiste à faire usage des ondes musicales. A cet effet, il emploie généralement une anche A placée à l’orifice d’un petit soufflet B (fig. 2); l’air s’échappe par une embouchure C, qui pénètre dans un tuyau plus large D terminé par deux embouchures. M. Stroh met l’une de ces embouchures en communication avec le tambour tenu à la main, l’autre avec le tambour mobile, l’air des deux tubes est alors animé de pulsations parfaitement concordantes, les deux tambours sont de même phase, comme disait M. Bjerknes, c’est-à-dire que leurs membranes sont en même temps poussées en dehors, en même temps aspirées en dedans ; dans ces conditions les tambours s’attirent et en présentant le tambour fixe au tambour mobile, celui-ci se déplace et le suit (fig. 5). Nous retrouvons là l’expérience
- FIG. 5
- fondamentale de M. Bjerknes présentée d’une façon plus commode et plus brillante ; elle a, dit-on, produit beaucoup d’effet lors de sa présentation par M. Stroh, et cela devait être. Nous reconnaissons aussi la différence fondamentale qui existe entre les effets de ce genre et les effets magnétiques; dans les aimants les pôles contraires s’attirent, les pôles semblables se repoussent ; dans les actions dont nous parlons, les phases semblables s’attirent et, ainsi que nous allons le dire, les phases contraires se repoussent.
- Avant de venir à ce point il faut dire que M. Stroh a obtenu les phases semblables par un procédé simple et élégant consistant à remplacer le soufflet avec son anche par une simple embouchure (fig. 3), dans laquelle on émet directement une note chantée; l’expérience prend ainsi encore plus d’éclat.
- Les phases contraires ne sont point obtenues pay le même procédé, il aurait fallu pouvoir disposer des anches vibrant à l’unisson en sens contraire ; ce n’est peut-être pas impossible, M. Stroh ne paraît pas l’avoir essayé. Il a reconnu seulement que les phénomènes ne se produisaient pas en faisant usage de tons différents. La note choisie
- en elle-même est peu importante quoique certaines membranes agissent mieux avec certaines notes qu’avec les autres, mais il est nécessaire que les phases aient lieu exactement ensemble dans les tambours mis en présence pour que les actions prennent naissance. C’est un point qui peut avoir son intérêt et que les expériences de M. Bjerknes n’avaient pas mis en lumière.
- Pour obtenir les phases contraires, M. Stroh revient au principe appliqué par M. Bjerknes c’est-à-dire fait usage d’une pompe à air à deux corps, seulement il l’utilise d’une façon différente et ingénieuse. Il prend pour moteur l’électricité- à cet effet (fig. 6), entre deux couples d’électro-aimants il place une armature B formant trembleur; c’est un procédé connu, sur lequel nous n’insistons pas;
- FIG. 6
- ce vibrateur porte transversalement une petite tige G qu’il anime de son mouvement alternatif. Des deux côtés sont placées deux boîtes en bois creux, divisées' chacune en deux chambres par un diaphragme en cuir léger. La tige G vient, à l’aide de rondelles en carton, se rattacher au milieu de ces diaphragmes. Il résulte de cette disposition que l’armature communique son mouvement de vibration aux diaphragmes et par conséquent à l’air contenu dans les chambres ; seulement d’un des côtés du diaphragme l’air est comprimé pendant qu’il est décomprimé de l’autre, on obtient donc ainsi les phases contraires. L’ensemble de l’appareil présente la forme représentée par la fig. 4. Comme on le voit, l’une des boîtes à air présente deux ouvertures, M et L, munies d’embouchures, l’autre a aussi deux ouvertures O et N', mais elle n’a qu’une seule embouchure qui est mobile et peut se placer à volonté sur chacun des orifices ; de cette façon en plaçant un des tambours sur l’orifice L par exemple, si l’autre est placé sur l’orifice N on
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- aura les phases semblables, s’il est sur l’orifice O on aura les phases contraires.
- On peut alors à volonté produire entre deux tambours l’attraction et la répulsion ; cette expérience est représentée dans la fig. 4.
- La fig. 7 en représente une autre ; le tambour •mobile, est placé comme on le voit dans le prolongement du tube qui le porte au lieu d’être perpendiculaire. Si on lui présente alors un tambour de •même phase, il tourne jusqu’à ce que la distance des membranes soit la plus petite possible, les •membranes étant parallèles et de même axe. Si les phases sont contraires, le tambour mobile s’enfuit, et cela, chose assez curieuse, quelle que soit la position des membranes, qu’elles soient à angle ou même l’une à côté de l’autre comme le montre la fig. 8.
- M. Stroh n’a point négligé les expériences ou le corps vibrant agit sur un corps inerte. Il a fait voir qu’un disque mobile équilibré tel que celui
- FIG. 7.
- que représente la fig. 9 était attiré par le tambour, quelle que fût d’ailleurs la phase, ce qui représente très bien l’attraction des corps magnétiques par les aimants. Il a montré qu’une balle légère suspendue entre deux tambours parallèles était attirée ou repoussée suivant la position et suivant les phases. On fait usage alors d’un appareil analogue à celui qui est représenté fig. 7, seulement les deux tambours sont fixes et placés en face l’un de l’autre. On fait passer le corps suspendu entre eux deux à égale distance; on trouve alors, par exemple, que si les phases sont semblables, la balle est Tepoussée au centre et attirée sur les bords, tandis que si les phases sont contraires, c’est l’inverse qui a lieu. Il y aurait lieu de préciser, mais je n’insiste pas sur ces expériences; elles reproduisent •celles deM. Bjerknes qui ont déjà été décrites.
- Pour reconnaître les actions à distance, pour explorer ce qu’on pourrait appeler le champ vibratoire par analogie avec le champ magnétique, M. Bjerknes faisait usage d’un corps suspendu ; armé d’un petit pinceau, M. Stroh emploie une flamme promenée autour du corps et dont le mouvement indique l’action exercée. Il a ainsi
- trouvé des lignes d’action tout à fait analogues aux lignes de force du champ magnétique.
- Nous possédons ainsi une forme nouvelle, plus brillante et plus facile à reproduire des expériences de Bjerknes. On doit cependant remarquer qu’il en manque quelques-unes ; on se souviendra que le savant Norwégien en faisant agir un même corps vibrant plongé dans l’eau 'successivement sur des corps plus denses et moins denses que le liquide produisait successivement la répulsion et l’attraction, c’est-à-dire le dia-magnétisme et le para-
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- magnétisme ; expérience très importante en ce qu’elle met en saillie l’influence des milieux et qu’elle montre que dans ces actions comme dans les actions magnétiques, il y a non pas deux, mais trois corps en jeu : le corps magnétique, le corps qui est soumis à son action et le corps dans lequel ils se trouvent tous deux plongés, en sorte que le résultat est dû, non à une action absolue mais à une différence d’actions. M. Bjerknes a insisté sur ce point remarquable dans les remarques qu’il a données dans La Lumière Electrique le 9 novembre 1881. On ne dit pas que M. Stroh ait réaise des expériences de ce genre; elles paraissaient cependant possibles et les appareils qu’il a présentés montrent un esprit assez ingénieux pour qu’on soit
- FIG. Q
- assuré qu’il pourrait obtenir ces résultats. Au reste on annonce d’autres renseignements, et nous ne connaissons pas encore toutes les expériences qui ont été faites ; nous aurons donc à y revenir dans un prochain article, mais nous ne devions pas attendre pour signaler cet ensemble d’appareils qui, par leur simplicité et la facilité de leur maniement, permettront sans doute à M. Stroh de très intéressantes investigations.
- Frank Geraldy.
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- GALERIE DES MACHINES
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- Dans toutes les grandes villes de l’Europe et de l’Amérique du Nord on s’est préoccupé depuis quelques années de la question importante du transport rapide des voyageurs et des marchandises, et comme le système primitif de voitures traînées par des chevaux devenait partout insuffisant, on a songé à utiliser les moyens que les développements de la science mettaient à la disposition des industriels.
- La traction au moyen de machines à vapeur a déjà rendu des services signalés et les communications dans la ville de Londres sont rendues très faciles au moyen du chemin de fer métropolitain; à New-York les Elevated rail roads prennent chaque jour plus d’extension, piais l’emploi de la vapeur comme force motrice présente des inconvénients graves dans l’intérieur des villes et l’on étudie très sérieusement aujourd’hui l’application de l’électri cité aux divers systèmes de transport.
- Déjà en 1879 nous avons publié les renseignements donnés par les Archives des Postes et de la Télégraphie sur le chemin de fer électrique de l’exposition de Berlin; dans cette combinaison nouvelle il y avait un ensemble de rails comme dans les chemins à voie étroite, ces rails tournaient sur eux-mêmes dans une courbe de forme ovale et au milieu se trouvait un troisième rail isolé en fer plat posé.de champ. La locomotive portait deux galets qui la reliaient au rail central isolé ; la partie essentielle de cette locomotive était constituée par une machine électro-dynamique dont un pôle se reliait au rail central et dont l’autre pôle communiquait au moyen des roues extérieures avec les rails latéraux. La machine génératrice du courant située dans l’intérieur de l’exposition était de la même façon reliée par un pôle au rail central et par l’autre aux rails extérieurs. La force nécessaire pour arrêter les freins était aussi fournie par la locomotive dynamo-électrique et le convoi traîné par cette machine se composait de trois petits wagons pouvant contenir chacun une vingtaine de personnes et accomplissant le trajet circulaire de 3oo mètres en 1 — 2 minutes environ.
- Le transport et la division de l'énergie électrique qui sont au moment d’entrer aujourd’hui dans la pratique industrielle consistent élémentaire ment à produire de l’électricité en employant une force motrice quelconque pour actionner une machine magnéto ou dynamo-électrique et à envoyer ce courant dans une ou plusieurs autres machines qui
- transforment cette électricité en travail pour restituer une partie plus ou moins considérable de la; force motrice primitive.
- Cette question a été entrevue par MM. Planté et Niaudet qui ont présenté à l’Académie des Sciences le résultat de quelques expériences dans la séance du 19 mai 1873 ; M. Fontaine a fait une application restreinte à l’exposition de Vienne en actionnant une pompe à l’aide de deux machines Gramme, dont l’une, engendrant l’électricité, était mise en mouvement par la transmission générale de l’exposition, et dont l’autre recevant le courant que produisait la première, actionnait une pompe rotàtive; MM. Siemens, Higgs et Brittle, Mascart et Angot ont ensuite publié quelques travaux sur le même sujet; M. Hervé Mangon dans une communication à la Société d’encouragement a démontré plus tard que la perte de force résultan^de la transmission électrique était loin d'être aussi miportante qu'on l'avait imaginé et qu'elle était tomfà fait comparable et même inférieure à celle que d'autres dispositions mécaniques pouvaient produire.
- Les expériences de labourage électrique faites à Sermaize, à Noisiel chez M. Menier, et en Ecosse, à l’établissement de MM. John Poynter, ont caractérisé un véritable progrès dans l’étude pratique de cette intéressante question; M. Gramme avait modifié la construction de ses machines de façon à donner des résultats plus satisfaisants. Il s’agissait, dans les expériences de Noisiel, d’utiliser le travail de turbines et de. transmettre une force de trente-six chevaux à l’aide de quatre machines ; on est parvenu à transmettre facilement dix chevaux, ce qui était déjà un sensible progrès sur les tentatives précédentes.
- La machine, de construction nouvelle au moment de ces expériences que nous avons publiées dans le n° 5 de l’année .1880 et dans le n° 72 de 1881, est formée par un bâti d’une seule pièce de fonte qui enveloppe les organes essentiels pour les mettre à l’abri des détériorations. Elle possède quatre pôles et quatre frotteurs au lieu de deux; l’anneau a un grand diamètre, ce qui facilite l’enroulement du fil et augmente la vitesse de chaque élément de la bobine pour un nombre de tours déterminé. Cette machine octogone ne présente plus des points conséquents, mais les masses de fer doux sont sensiblement diminuées, ce qui est fâcheux, surtout avec les dimensions de l’anneau.
- C’est l’installation de ces machines à la récente Exposition Internationale d’Electricité de Paris que représente le dessin ci-contre, et c’est au moyen de ces appareils que M. J. Chrétien cherche à établir un chemin de fer électrique dont on a pu voir tous les projets au Palais de l’Industrie, projets qui ont du reste été publiés en détail dans les n0!1 60, 61 et 62 de La Lumière Electrique, dans le courant de l’année 1882.
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- On sait que l’ensemble de cette nouvelle voie aérienne comprend trois lignes dont la principale parcourt les boulevards intérieurs de la Madèleine à la Bastille, les deux autres passent, l’une par le boulevard Voltaire, l’autre par le boulevard Hauss-mann et l’avenue Friedland. La force motrice serait produite par des machines à vapeur fixes faisant tourner des machines magnéto - électriques Gramme ; l’électricité engendrée, conduite par des fils de cuivre tout le long de la voie, se trouverait ainsi distribuée sur tous les points du parcours; les voitures auraient chacune une machine magnéto-électrique pour recueillir l’électricité envoyée par les conducteurs, et tournant à la vitesse demandée pour transmettre le mouvement obtenu aux roues du véhicule par un mécanisme approprié.
- L’installation des machines à vapeur produisant la force motrice serait faite dans des endroits convenables et diverses usines centrales, plus particulièrement destinées à fournir la force nécessaire à la traction sur les chemins de fer électriques, pourraient également fournir à tout leur quartier l’électricité dont on aurait besoin pour les divers usages publics ou privés. Toutes ces applications, destinées à amener une vraie révolution dans le monde industriel, sont devenues complètement réalisables depuis les remarquables travaux de M. Marcel Deprez sur le transport et la division de l’énergie électrique.
- C. C. Soulages.
- APPLICATION
- DS
- LA. LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- AUX TRAVAUX AGRICOLES
- Les divers systèmes de lampes électriques dont les installations se multiplient maintenant dans la plupart des grandes villes, sont appelés à rendre des services encore plus importants peut-être dans les exploitations agricoles.
- Depuis longtemps déjà les machines à vapeur sont employées avec succès pour les travaux des champs, mais le progrès marche avec rapidité aujourd’hui et nous allons sans doute assister à une transformation générale de tous les anciens usages grâce aux applications sans nombre que va permettre l’électricité. Dans les régions où se font les grandes cultures, il est souvent de la plus grande utilité de pouvoir enlever rapidement une récolte qui se détériore bien vite lorsque le moment de l’emmagasiner est venu, ou qui risque de perdre une grande partie de sa valeur lorsqu’elle est menacée par quelque violent orage, et dans une foule de circonstances où il est impossible de trouver
- suffisamment de bras pour faire face aux nécessités-de la situation. D’ailleurs eût-on des ouvriers .e» nombre convenable, l’intermittence de jour et de nuit vient fatalement interrompre pendant plusieurs heures les opérations les plus pressantes. Avec l’éclairage électrique il est possible maintenant de surmonter ces difficultés, car on supprime la nuit, et lorsqu’une moisson a été fauchée dans la journée et que le temps devient menaçant de gros nuages couvrant le ciel et annonçant un de ces terribles bouleversements atmosphériques qui détruisent en quelques heures, surtout dans les pays chauds, les espérances de toute une année, il est urgent de pouvoir renfermer au plus vite la récolte qui couvre les champs. A ce moment les grands propriétaires qui comprendront bien letfrs intérêts auront recours au matériel électrique qui doit faire partie dorénavant de toute exploitation sérieuse et la récolte entière sera sauvée.
- Même sans avoir à craindre les orages si funestes, et heureusement assez rares dans les régions tempérées, il y a encore de très grands avantages à pouvoir faire travailler la nuit dans une foule de circonstances ; aussi sommes-nous persuadés que les appareils nouveaux destinés à éclairer de vastes étendues à la campagne feront partie prochainement du matériel installé dans les grandes, fermes et comme le prix de ces appareils nécessite encore une mise de fonds assez importante que les grands propriétaires pourront seuls avancer, il est certain que des industriels formeront des sociétés qui pourront louer aux cultivateurs de moindre importance tout le matériel nécessaire pour installer un éclairage électrique, comme on monte aujourd’hui un ensemble de décorations pour une fête publique ou privée. Ce genre d’exploitation a lieu déjà depuis plusieurs années pour les machines à vapeur destinées aux besoins de l’agriculture;, la question de l’éclairage pour travailler la nuit à enlever la récolte étant beaucoup plus sérieuse, né peut manquer d’être organisée et de faire son chemin dans un avenir très rapproché.
- Le dessin que nous publions ci-contre représente de vastes champs où l’on vient d’installer un éclairage électrique dans des conditions tout à fait élémentaires. Des poteaux, placés de loin en loin, soutiennent les câbles conducteurs; chacun d’eux porte à son sommet une lampe électrique munie d’un vaste réflecteur qui projette la lumière vers le sol, une locomobilé a été amenée près d’un des bâtiments de la ferme et actionne les machines génératrices abritées dans la petite maisonnette qui se trouve à proximité des champs de blé, et comme la moisson a été presque entièrement coupée dans la journée et que tous les indices d’un violent orage se montrent depuis quelques heures, on se hâte de réunir les bottes de froment pour les entasser en meules et les bien abriter ou les transpor-
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- ter dans les vastes hangars. C’est ainsi que, grâce à la lumière électrique, la récolte de l’année n’aura plus à redouter le terrible orage qui se prépare.
- O. Kern.
- LA TÉLÉGRAPHIE
- SES PROGRÈS RÉCENTS MANIFESTÉS A L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- Deuxieme article. (Voir le n° du i3 mai 1882.)
- II
- LES LIGNES
- [a] Les lignes aériennes
- L’attention étant portée depuis quelques années sur les lignes souterraines à grandes distances, les lignes aériennes n’ont fait que bien peu de progrès. Cependant nous devons dire que bien peu de perfectionnements resteraient à faire, car, après une expérience de quarante années, les différents peuples ont adopté à peu près les mêmes dispositions, et se sont arrêtés à un type dont on ne peut éviter les défauts qu’en lui retirant son caractère de ligne aérienne. Etant donnée une ligne aérienne, examinons les éléments, nouveaux apportés dans les trois parties dont elle se compose : les supports, lès isolateurs, la ligne.
- Supports. —Nous trouvons actuellement adopté dans les différentes parties du monde l’usage des poteaux en bois. C’est l’idée qui parut la plus naturelle,'dès l’origine'de la télégraphie électrique, et aussitôt les procédés de préservation du bois surgirent et donnèrent de si bons résultats qu’aujour-d’hui le poteau de bois est devenu classique, et nous n’aurions pas à parler des supports, si, depuis plusieurs années, grâce au développement des exploitations métallurgiques, on n’avait eu l’idée d’employer des appuis métalliques.
- À l’Exposition internationale d’électricité, venait s’offrir aux regards toute une série de supports en fer, revêtant les formes les plus variées. Cette invasion montre que l’idée de supplanter le bois paraît sérieuse et semble vouloir faire son chemin. Les raisons qui militent en faveur du fer sont d’abord et surtout sa plus grande durée, et ensuite l’aspect moins disgracieux que présente un appui métallique. Là question de résistance à la rupture’ intervient aussi, et l’on espère trouver avec un appui métallique d’une section minime, une résistance égale ou supérieure à celle d’un poteau de bois.
- La variété des formes d’un poteau de fer pro-
- vient des différents aspects sous lesquels s?offrent les fers du commerce. Il a fallu choisir celui qui répondait le mieux aux exigences d’un tel support. Disons tout de suite que toutes les formes du commerce ont été successivement adoptées, comme nous le verrons dans l’étude détaillée que nous allons faire de chaque poteau.
- Rappelons pour mémoire l’emploi de la fonte fait il y a 29 ans sur les boulevards extérieurs de Paris. Ce n’était pas à proprement parler un appui métallique, car le poteau consistait en une colonne ,en fonte supportant un potelet de bois. La fonte fut ensuite employée sur la ligne de St-Germain pour porter de petits potelets en fer à .croix, et c’est là véritablement le premier poteau métallique. La fonte affectait la forme d’un fer à croix; et constituait un support d’environ 3 m. 5o de hauteur. Le potelet de fer avait 2 m. 5o. Cés colonnes supportaient 6 fils passant sur des isolateurs dont les tiges présentaient à leur partie inférieure une fourche recourbée qui venait embrasser les saillants du fer à croix. Mais arrivons maintenant aux types récents que nous avons vu exposés au Palais de l’industrie.
- Poteau Desgoffe (fig. 1.) — Le fer est ici employé à l’état de tôle. Afin de donner une résistance plus grande, la tôle est pliée de façon à affecter la forme d’un fer zorré. Le poteau, légèrement conique, affecte une section horizontale à peu près éllipti-que, et les deux rebords de la tôle, au lieu d’être rivés l’un sur l’autre comme dans le principe, le sont sur un fer plat qui règne d’un bout à l’autre, du poteau. Les diverses- feuilles de tôle sont emboitées les unes dans les autres suivant un décimètre environ. Les consoles qui portent les isolateurs sont boulonnées sqr les deux arêtes saillantes du poteau, et sont alternativement longues et courtes de façon à donner aux fils un ès-pacement minimum de 5o centimètres. Le sol ayant une action nuisible sur la tôle, on imagina d’abord de poser le poteau dans une embase de fonte placée en terre ; mais, à cause du jeu qui existait forcément entre les deux pièces, l’eau venait s’amasser à la partie inférieure, et d’ailleurs on était exposé à des ruptures par cisaillement. Aujourd’hui on emploie des blocs de béton dans lesquels on noie le pied du poteau. Un tel appui, de 6 mètres de hauteur, revient à 39 francs.
- Ajoutons que ce poteau, creux à l’intérieur, peut servir de poteau de raccordement. On donne alors à la tôle la forme d’un tronc de prisme hexagonal, et la nervure opposée au côté de l’arrivée des fils va en s’élargissant vers’, le sol pour la plus grande stabilité du système. Les isolateurs arrêts sont placés sur l’autre nervure, et sur les faces àdjacen-tes viennent déboucher les conduits qui amènent le fil reliant les câbles aux fils de ligne. On peut
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- employer cette disposition "pour faire du poteau Desgoffe un poteau de coupure, mais la nervure conique n’a plus ici raison d’être.
- Ce modèle de poteau existe depuis Paris jusqu’à Juvisy"pour supporter 34 fils. Il sert souvent de poteau d’exhaussement, et il en existe deux, de 18 mètres de hauteur, pesant 428 kilog. et portant 12 fils. La hauteur de ceux qui sont plantés sur la ligne de Juvisy varie de 10 à i3 mètres, et leur poids de 200 à 3oo kilogs.
- Un dernier perfectionnement a consisté à sup-
- primer les traverses portant les isolateurs, et à prendre des tiges alternativement longues et courtes sur lesquelles on visse les isolateurs-arrêts.
- Poteau Opperman (fig. 2 et 3.) — Le fer employé ici est le-fer à T. L’usage de cette forme du fer pour les poteaux remonte à 1870. Le poteau Opperman se compose d'un simple fer à T, sur lequel on visse des isolateurs « à crochet galvanisé » du côté opposé à la nervure saillante. C’est le poteau appelé simple, il y a aussi le poteau multiple. C’est encore un fer à T, auquel on adjoint des traverses
- en fer cornière, pour porter un grand nombre d’isolateurs. Ces traverses sont fixées horizontalement sur la partie plane du fer à T, et sur leurs faces horizontales sont vissées les tiges d’isolateurs-arrêts. Pour une plus grande stabilité, les traverses vont en augmentant de longueur à partir du haut, et l’on peut mettre ainsi jusqu’à 80 fils. Les critiques à faire sont d’abord la difficulté de surveillance dans un réseau d’un si grand nombre de conducteurs, et surtout l’action énorme du vent sur une telle nappe de fils, action qui est normale à
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- la ligne et qui n’est pas contre-balancée par la nervure du T. Quand on veut faire de ce poteau un poteau d’arrêt, on place dans le sens voulu une contre-fiche, formée d’un fer à T recourbé, de façon que les faces planes des deux T soient en présènce, et les nervures dans le prolongement l’une de l’autre.
- Le poteau Opperman simple coûte 20.francs, le multiple 28 francs.
- Poteau Delataille. — Dans ce poteau les traverses qui supportent les isolateurs sont en fer
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- carré, et sont boulonnées sur le fer à T comme celles du poteau précédent. Mais, au lieu de l’être sur la face plane, extérieurement à la nervure, elles passent dans des ouvertures pratiquées dans cette dernière. Une traverse à i m. 25 et porte 4 tiges d’isolateur espacées de 40 centimètres. Les tiges des isolateurs sont à section carrée, et portent une partie inférieure taraudée. Ces tiges sont introduites dans les ouvertures carrées des traverses, et sont arrêtées au moyen d’écrous. Le poteau est planté dans un massif de béton, et l’on pousse la précaution jusqu’à entourer d’une frette de fer la partie supérieure du bloc.
- La nervure d’un tel poteau ne sert pas à contrebalancer l’action du vent, c’est pourquoi, depuis 1874, on a préféré fixer les traverses à la nervure même, en entaillant l’un des rebords du T. Les traverses portent directement deux isolateurs, et sont fixées comme l’indique la figure 4. On alterne les entailles dans chacun des rebords pour leur donner une égale résistance. Si l’on a un nombre impair de fils, on place à la tête du poteau un isolateur fixé sans console, sinon on la recouvre d’une sorte de chapeau conique. On les plante dans des blocs de béton cubant 5o litres et pesant 90 kilogs. Ces blocs affectent la forme de prisme horizontal dont la base verticale serait un trapèze isocèle. La face supérieure est un carré de om2o de côté, la face inférieure est un rectangle de om20 X om5o, et la hauteur du bloc est 1 mètre.
- Poteau en fer à double T (fig. 5). — On a fabriqué aussi des poteaux en fer à double T. Les traverses sont fixées à l’âme, et passent à travers des ouvertures pratiquées dans les deux semelles, le tout disposé comme dans le dernier poteau Delataille.
- On a été aussi conduit à adopter dans quelques cas particuliers des rails de chemin de fer. L’Exposition d’électricité nous en offrait quelques exemples; elle nous offrait aussi celui d’un poteau en fer à double T dans lequel les tiges deux fois recourbées qui portent les isolateurs viennent s’appuyer et se boulonner sur l’âme, et sont ramenées en avant sans entailler les semelles, et partant enlèvent moins de solidité à la pièce de fer. On peut aussi accoupler deux fers de cette nature : ils sont juxtaposés suivant 2 mètres environ et sont pliés à droite et à gauche en dessous, de façon à former deux sortes de jambes. Des entretoises en fer plat relient ces jambes et achèvent de consolider le système.
- Poteaux Papin. — Le poteau est formé de 4 fers cornières; c’est l’ossature de la pièce, qui est complétée par des plaques de tôle rivées sur le fer. On a deux dispositions principales : i° la disposition pyramidale, qui consiste à placer les fers cornières suivant les arêtes d’une pyramide quadrangulaire ;
- 20 la disposition à deux fers cornières seulement; les ouvertures des V formant les cornières se .regardant, on les relie par de la tôle courbée. Ce système offre tous les inconvénients dû poteau Desgoffe sans en avoir les avantages.
- Poteaux Lemasson. — Ces poteaux n’ont été employés que dans des cas particuliers. C’est encore ici le fer cornière. Quatre fers cornières sont comme tout à l’heure dirigés suivant les arêtes d'une pyramide quadrangulaire, mais au sommet les fers se redressent vei'ticalement, et leurs faces sont juxtaposées suivant environ 4 mètres. La pyramide n’a que 3 mètres de haut. Les fers s’enfoncent dans le sol d’environ 1 mètre, et sont reliés par 4 autres fers formant entretoises, d’abord au ras du sol, puis à leurs extrémités.
- Les isolateurs ont leurs tiges reliées à des plaques de fer qui sont boulonnées entre les faces des fers cornières dans la partie supérieure du poteau où ceux-ci se rencontrent.
- Il est bien entendu qu’une assise de maçonnerie est ici nécessaire, car on serait obligé de faire des blocs de béton trop considérables. Cette disposition suffit, étant donnés les deux étages d’entretoises dont nous avons parlé.
- On a aussi employé des fers cornières particuliers, où l’angle du Y était aigu. On en employait 2, qui, parallèles suivant une hauteur de un mètre, venaient se rejoindre à une hauteur de trois mètres. On consolidait le système au moyen de colliers, et les isolateurs étaient attachés à des colliers losanges embrassant les fers cornières réunis. Mais comme, ces poteaux ne sont employés qu’acciden-tellement, nous ne nous y arrêterons pas plus longtemps.
- On a aussi employé le fer zorré. M. Loir a ainsi construit des poteaux ressemblant aux Desgoffe, mais dans lesquels la solidité était plus grande, la tôle étant remplacée par du fer. Les fers zorrés sont reliés plat contre plat, et l’on termine la partie supérieure par une sorte de chapeau conique affectant les mêmes nervures que les fers. Les tiges des isolateurs sont fixées au moyen de colliers. Ces colliers sont demi-circulaires, et portent chacun une tige d’isolateur de chaque côté du poteau ; on les serre l’un et l’autre sur le poteau au moyen de boulons. Le même ingénieur a aussi employé le fer zorré tronqué. Un fer unique constituait un poteau et les tiges d’isolateurs se boulonnaient sur les nervures. Avec deux fers accouplés, la résistance eût été plus considérable. Dans, le cas d’un seul fer, il était prudent de joindre de distance en distance les deux nervures par des traverses en fer plat.
- Toutes ces diverses dispositions du fer adoptées pour les poteaux conviennent presque toutes aux potelets qui supportent les fils dans la traversée des
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- villes. Dans le cas de deux fils seulement, on peut donner à la tige qui supporte les deux isolateurs une forme agréable à l’œil et la planter directement dans la muraille. Dans les autres cas, on peut employer, par exemple, une pièce de fer à double T. On fait usage alors de fers plats pour supporter les isolateurs, et l’on donne à ces types des formes gracieuses en les recourbant convenablement. On les boulonne alors sur l’âme du fer à T, que l’on surmonte d’une pièce rapportée. On peut aussi n’employer que le simple T, comme dans un poteau Delataille. Le fer zorré, avec sa cavité que
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- l’on peut fermer de diverses manières peut constituer un excellent potelet d’entrée de porte. Une porte permet de visiter l’intérieur, de faire les coupures, etc.
- Enfin le fer, sous forme de tube, a été employé comme potelet au pont de Beaucaire. Deux consoles à scellement retiennent le tube au moyen de colliers (fig. 5). Une sorte de calotte sphérique surmonte le tube, et porte un isolateur de tête. Les autres isolateurs ont leurs tiges cylindriques qui portent un talon longitudinal. Des ouvertures sont pratiquées dans le tube ; elles sont circulaires, mais portent une petite échancrure pour recevoir le talon de la tige, de telle sorte que l’isolateur ne peut tourner : ces potelets en fer étiré pèsent chacun 2,3 kilogs, et reviennent à i5 francs.
- Dans les pays étrangers, les poteaux en bois sont toujours en faveur comme en France, mais nous devons signaler les différentes tentatives faites pour remplacer ces derniers par des appuis métalliques. C’est en Allemagne que l’on rencontre les premiers essais. On employa d’abord des tubes en fer forgé. Deux tubes constituaient un poteau de différents diamètres, ils s’emboitaient l’un dans l’autre, et deux boulons en croix les assemblaient. On sent l'inefficacité de cette jonction. Le tube qui portait les isolateurs avait im2,5, l’autre 2m5o. Ces tubes pénétraient l’un dans l’autre d’environ 25 centimètres.
- Si l’on avait eu besoin d’une plus grande hauteur, on aurait pu ajouter un troisième tube et former ainsi une sorte de canne à pêche. La partie
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- originale de ce poteau consistait en son piédestal, sorte de grand cône de base plus grande que celle du tube inférieur, et portant sur sa surface une sorte de filet de vis. Les résultats obtenus furent si mauvais, que les poteaux ainsi construits furent remplacés par des poteaux de bois.
- Le point de ionction étant la partie faible de la pièce, on essaya en Suisse des poteaux, d’un seul morceau. Le poteau se composait d’un simple tube de fer de forme conique, qu’on encastrait dans une pierre. La Suisse tirait ces. poteaux des fabriques anglaises, on doit juger du prix de transport pour certains d’entre eux qui pesaient jusqu’à 590 kilog.
- En Bavière en a construit toute une ligne avec des poteaux en fer à double T avec fers cornières pour 'traverses. Mais au lieu d’employer le béton on préféra les encastrer dans des socles de granit. Ces socles avaient im3o de hauteur. On scellait au plomb dans un encastrement de 0,25 centimètres seulement. C’est là le mauvais côté de ce poteau,
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- qui, en France, dans son embase de béton, n’a pas à redouter d’être arraché du sol.
- Dans le Mecldembourg, les rails furent employés comme poteau. Mais on avait là un excès de matière, et par conséquent un surcroît de dépense.
- Poteau Siemens. — Ce poteau se compose de deux tubes, mais le tube inférieur est en fonte. L’autre est en fer forgé. On a ainsi une pièce plus transportable. Pour piédestal, on emploie une masse de fonte, de la forme d’une pyramide qua-drangulaire. Le centre de gravité du système est alors situé dans cette masse, et la stabilité de l’appui ne laisse rien à désirer. Il suffit d’enfouir ce piédestal dans la terre que l’on dame ensuite. La hauteur d’un telpoteau est de 6 mètres. Quand on veut avoir un poteau d’exhaussement, on emploie deux tubes de fer. On a adjoint à la partie supérieure une tige de paratonnerre d’environ im3o et l’on consolide le système au moyen d’un hauban, que l’on attache à un anneau embrassant le poteau à la hauteur voulue.
- On a aussi employé les poteaux en fer dans des pays où la rareté du bois en faisait un objet de convoitise. C’est ainsi que nous retrouvons des modèles déjà étudiés en Perse, en Mésopotamie, etc.
- En résumé nous trouvons que dans la plupart des cas l’usage du fer n’est pas aussi avantageux qu’on aurait pu le croire. Deux seuls poteaux sont pratiques, le poteau DesgofFe, et le fer à double T Les autres sont d’un prix véritablement trop élevé. Le fer n’offre en réalité qu’un avantage sérieux, c’est sa grande durée, mais il s’agirait de savoir si cet avantage n’est pas compensé par de nombreux désagréments. Outre le prix du fer, il y a aussi les prix du transport, de la main-d’œuvre, qui certes sont plus considérables que pour les poteaux en bois. Dans le cas d’une installation provisoire, l’inconvénient de l’emploi du fer est flagrant. Et en ce moment, où les lignes souterraines paraissent appelées à remplacer les lignes aériennes, on se demande s’il serait bien logique de construire, avec de grandes dépenses, de longues lignes à appuis métalliques. Quoi qu’il en soit, les pays voisins, après quelques tentatives, ont renoncé complètement aux poteaux de fer, et nous croyons que ces derniers ne sont appelés à être de quelque utilité, que si on les emploie dans certains cas particuliers, par exemple comme poteaux d’exhaussement, où le grand nombre de fils exige un support qui soit un véritable monument, ou encore coittme potelets dans les grandes villes . pour supporter des conducteurs téléphoniques en grande quantité, qui, pour une raison ou pour une autre, ne peuvent être établis en tranchées ou dans des égouts.
- (A suivre.)
- BIBLIOGRAPHIE
- Cours d’électricité rédigé conformément aux programmes prescrits par l’arrêté du 2 août 1880 (classe 'de
- rhétorique), par E. Duter (•).
- Il y a quelques années, dans les classes de lettres des lycées, la physique tout entière faisait l’objet d’un seul cours d’un an; on l’enseignait uniquement dans la classe de philosophie.
- Depuis les réformes qui ont été faites dans les programmes, l’étude de la physique est, au contraire, commencée dès la classe de sixième et répartie entre les différentes classes. Il en résulte qu’une plus grande somme de temps lui est consacrée et qu’elle peut être traitée avec plus de développements qu’elle ne l’était auparavant. C’est sans doute ce qui a engagé M. Duter à publier sous le titre de Cours d'électricité, en les traitant avec plus de détails qu’elles ne le sont dans les traités de physique ordinaires, les matières du cours de rhétorique. Malheureusement le programme de cette classe, s’il est entièrement consacré à l’électricité, n’en comprend pas l’étude complète, et certaines parties telles que l’induction sont réservées pour être traitées dans la classe de philosophie. Le livre de M. Duter peut donc être un très bon guide pour les rhétoriciens ; mais pour le public général il est incomplet. Cette lacune, dont il ne faut accuser que le programme, est regrettable, d’autant plus que le livre est bien rédigé. L’auteur y a introduit autant que possible les idées modernes; la notion de l’énergie et celle du potentiel, par exemple, sont simplement et nettement exposées ; mais pourquoi M. Dutër ne s’est-il pas débarrassé des deux fluides?
- A ce terme d& fluides électriques qui n’a jamais eu une signification bien précise ne serait-il pas plus logique de substituer celui de deux électricités, qui ne préjuge rien de la nature de l’électricité et peut parfaitement s’employer pour désigner simplement deux états électriques différents ? Après tout, la faute en est peut-être encore au programme.
- Pour la théorie de la pile, l’auteur a adopté franchement la théorie du contact et en cela nous l’approuvons. Nous dirons seulement qu’il a peut-être été trop loin en discutant la théorie chimique. La discussion, forcément courte, est trop restreinte pour convaincre ceux qui pencheraient du côté de la théorie chimique, et, comme un certain nombre de physiciens éminents discutent encore, il nous semble qu’il eût mieux valu, au point de vue des élèves, être tout à fait exclusif en adoptant sans discussion la théorie du contact qui paraît devoir subsister, ou bien rester sur la réserve en se contentant d’exposer les faits purs et simples.
- E. de T.
- (‘) Paris, Octave Doin — 1885.
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- Ce ne sont là cependant que de légères critiques, et nous sommes heureux de reconnaître que le livre de M. Duter a de sérieuses qualités.
- Traité élémentaire d’Électricité. — Notions préliminaires sur l’étude de l’électricité par C. Hallez, lieutenant de vaisseau (').
- C’est encore à un cours professé par son auteur que ce livre doit son origine. Dans ce cours, l’auteur a cherché à se placer à un point de vue général non seulement en supprimant la notion des deux fluides, mais encore en effaçant autant que possible la distinction erronée que l’on fait trop souvent entre l’électricité statique et l’électricité dynamique. Il a voulu aussi rester élémentaire, il s’est borné à exposer les principes de la science sans s’étendre sur ses applications, et il s’est efforcé de le faire d’une manière simple et à la portée de tout le monde. En cela il a réussi dans une certaine mesure, et plusieurs parties de son livre sont très bien traitées, quoique simplement.
- Il nous a paru tourefois opportun de faire ici quelques observations au sujet de la théorie que l’auteur donne de la pile. Certainement, nous ne voulons pas lui faire un crime d’avoir adopté exclusivement la théorie chimique, mais nous ferons remarquer seulement à ce sujet, à un point de vue général, qu’il est fâcheux de voir adopter dans les traités élémentaires, tantôt une théorie, tantôt l’autre. On se figure aisément l’embarras d’un commençant qui, lisant le chapitre de la pile dans les deux traités de M. Duter et de M. Hallez, verrait les deux auteurs conclure péremptoirement de deux façons tout opposées. Pour des traités de ce genre, il vaudrait certes mieux se borner à l’exposé pur et simple des faits. Ce serait ensuite aux auteurs d’ouvrages plus complets à exposer avec détails les éléments de la discussion.
- Nous devons encore faire une remarque à l’égard d’un certain passage du livre de M. Hallez, qui nous paraît tout au moins contestable. Voici ce qui y est dit : « L’intensité est proportionnelle à la quantité d’électricité développée par la source; comme l’électricité circule par le fait de sa tension, l’intensité du courant est aussi proportionnelle à cette tension et par suite à la somme des forces électro-motrices que possède le circuit. La circulation de l’électricité est arrêtée ou retardée par la résistance que lui offrent les conducteurs qu’elle traverse; l’intensité du courant est donc inversement proportionnelle à ,1a résistance du circuit ou plutôt à la somme des résistances de toutes les parties du circuit, y compris le circuit intérieur de la pile qui offre aussi une certaine résistance au passage du courant.
- Ainsi donc, si on appelle I l’intensité du courant, Ela somme des forces électro-motrices, Rla somme des résistances du circuit et a le coefficient relatif à la quantité d’électricité produite, on aura :
- 1=ai
- Cette formule a été trouvée par Ohm au moyen du raisonnement et vérifiée par Pouillet au moyen de l’expérience. »
- Le point sur lequel nous voulons appeler l’attention est ce coefficient a, relatif à la quantité d'électricité produite. On se demande d’où vient une pareille donnée. Quand on emploie les unités adoptées par le dernier congrès, l’intensité a pour
- expression directe et c’est seulement dans le cas
- où E et R sont exprimés en fonction d’autres unités que l’on a à introduire dans la formule un coefficient de relation pour quel représente des ampères.
- Le coefficient n’a donc aucun rapport avec la quantité.
- L’expression quantité d'électricité produite n’a d’ailleurs par elle-même aucun sens défini dans ce cas.
- L’auteur nous pardonnera cette critique; elle ne nous a été inspirée que par le désir que nous avons de voir l’enseignement électrique dégagé de notions contradictoires ou mal définies, et de ces définitions hasardées que l’on rencontre parfois dans certaines brochures, comme par exemple celle du volt, que certain auteur nous donne comme représentant l'énergie qui fournirait 2,5 calories dans une pile!!!...
- Aug. Guerout.
- LES
- ESSAIS ÉLECTRO-TECHNIQUES
- 1)U PALAIS D’EXPOSITION ROYAI. A MUNICH
- Les expositions d’électricité se suivent rapidement; le grand succès obtenu l’été dernier au Palais de l’Industrie a engagé les Anglais à suivre notre exemple et provoqué l’exposition du Palais de Cristal. Aujourd’hui, c’est la ville de Munich qui entre dans la même voie, et annonce pour l’automne prochain une nouvelle exposition. Cette exposition, désignée sous le nom à'Essais électro-techniques du Palais d'Exposition royal à Munich, mro. un caractère tout particulier. Elle comprendra principalement les appareils destinés aux applications pratiques de l’électricité, et ce que l’on propose en les réunissant, c’est surtout de les voir tous en marche et de pouvoir les comparer entre eux au point de vue de leur fonctionnement. Un comité d’essai fera des expériences sur les ap-
- (l) Paris. Berger Levrault, 1882.
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- pareils qui lui seront confiés dans ce but, et s’il n’est décerné aucune médaillé, les exposants auront droit, ce qui vaut peut-être mieux, à un certificat officiel relatant les résultats obtenus avec leurs appareils par le comité. La ville de Munich, en établissant ces Essais, a eu tout d’abord pour but de se renseigner de visu sur les progrès réellement accomplis par l’électricité, et sur l’utilité qu’elle en peut tirer pour elle-même; mais le caractère qu’elle donne à cette entreprise lui permettra d’en faire profiter tout le monde. Le principal intérêt de l’exposition de Munich sera surtout dans ce qui n’a été malheureusement qu’un accessoire au Palais de l’Industrie, dans les mesures exécutées par un comité compétent. On aura là certainement toute une série de chiffres qui, quant à présent, nous fait complètement défaut.
- Toutes les facilités possibles seront données aux exposants pour installer et mettre en marche leurs appareils, et des chutes d’eau, qui se trouvent à proximité de la ville, permettront de faire un essai public de l’utilisation de ces forces naturelles. Les systèmes qui donnent réellement des résultats pratiques auront donc tout intérêt à se produire dans de pareilles conditions.
- Les Essais électrotechniques auront lieu dans le palais de l’Exposition de Munich, du 16 septembre au 8 octobre 1882. Les exposants auront jusqu’au 14 août pour s’assurer une place dans l’exposition, et jusqu’au 4 septembre pour adresser leurs envois au Comité für electro-teclinische Vcrsuche im Kgl, Glaspalaste zu München.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Sur la polarisation des électrodes et la conductibilité des liquides, par M. E. Bouty (')
- * 1. En 1876, M. Lippmann (3) a décrit une méthode électrométrique pour la mesure de la conductibilité des liquides. On me permettra d’en rappeler le principe.
- « Le circuit d’une pile comprend une résistance métallique connue R et une colonne cylindrique AB d’un électrolyte. Les électrodes A et B ont une section égale à celle du cylindre, de telle sorte que AB est parcouru par un courant uniforme et que le potentiel a une valeur constante dans toute l’étendue ' d’une section normale aa' quelconque du cylindre. Deux fils métalliques isolés et identiques entre eux, m et n, sont en communication avec deux
- (>) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du iar mai 1882.
- (*) Lippmann, Comptes rendus, t. LXXXIII, p. 192 ; 1876.
- sections aa', bb' comprenant entre elles la résistance liquide .v à mesurer : on peut mettre ces fils en relation avec les deux pôles d’un électromètre capillaire, et, puisque dans ces conditions ils ne livrent passage à aucun courant, ils ne se polarisent pas, et la différence de potentiel e qu’ils présentent
- est égale à celle quides aa1 et bb'. a donc qui existe entre les tranches li-Soit i l’intensité du courant, on
- (0 e = ix.
- « En mesurant de même la différence de potentiel E aux deux extrémités de la résistance connue R, on a
- D) E = iR,
- et, par suite, (3) a- = g- R,
- (4) E l'~ R *
- « La méthode de M. Lippmann peut être étendue à la mesure des forces électromotrices de polarisation. Désignons en effet par p la polarisation de l’électrode A, par r la résistance du cylindre liquide A a, la différence de potentiel y de l’électrode A et du fil m se compose : i° de la polarisation p de A; 2° du produit ir qui mesurerait la différence de potentiel s’il n’y avait pas de polarisation. On a donc, en général (2),
- (5) y = ir -)- p
- « Quand on aura mesuré i et r par la méthode de M. Lippmann, l’équation (4) fournira la valeur de p.
- * 2. Dans un premier groupe d’expériences, j’ai déterminé les polarisations d’électrodes de platine dans l’eau acidulée, produites par des courants de très faible densité (2).
- « Quelle que soit la force électromotrice de la pile, la polarisation de chacune des électrodes est d’abord inférieure à toute quantité mesurable : elle atteint sa limite en quelques minutes à l’électrode . négative où elle est plus faible, en quelques heures à l’électrode positive où elle est considérable.
- « En tout cas, elle est le résultat du passage d'un courant qui traverse d'abord le voltamètre
- (') Cette formule suppose qu’il n’y a pas en A de résistance au passage de l’électricité; quand une telle résistance existe, elle provient soit d’un dégagement gazeux à la surface de l’électrode A, soit de la production à cette même surface d’un dépôt solide mauvais conducteur dont il est facile de constater la présence. Aucune do ces deux circonstances ne se présente dans les expériences qui font l’objet de cette Note.
- (2) Dans ce cas, on peut rendre ir négligeable, en employant une résistance extérieure énorme, et l’on a simplement y =p.
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- avec la pleine intensité déterminée par la force électromotrice et la résistance employées, mais qui s’affaiblit progressivement à mesure que l’altération des surfaces de contact des électrodes et du liquide donne naissance à-la polarisation. A chaque valeur attribuée à la force électromotrice et à la résistance correspond une valeur limite de la polarisation totale, toujours inférieure à la force électromotrice extérieure, et il s’établit un courant permanent d’intensité convenable pour maintenir cette polarisation limite. Dans une de mes expériences et pour une force électromotrice de ivolt, le courant permanent est tel qu’il décomposerait ogr,oo9 d'eau en trois ans et demi environ ; la polarisation totale n’est toutefois que les o,83 de la force électromotrice extérieure,, et le courant représente encore les 0,17 de celui que donnerait la pile dans la résistance employée, si la polarisation n’existait pas.
- « J’insiste à dessein sur ces faits, bien qu’ils
- fussent en partie connus avant mes recherches. Il m’importait de les rappeler et de les préciser pour bien établir la signification des mesures dont il me reste à rendre compte.
- « 3. Plusieurs physiciens inclinaient à attribuer aux liquides deux sortes de conductibilité : l’une électrolytique, invoquée pour expliquer le passage des courants intenses qui mettent en liberté les produits de l’électrolyse ; l’autre métallique, à laquelle on attribuait le transport des faibles quantités d’électricité qui traversent un électrolyte quand la force électromotrice employée est insuffisante pour opérer sa décomposition. Ces deux sortes de conductibilité, superposées dans les cas où l’on s’est placé jusqu’ici pour mesurer la résistance des liquides, devaient se trouver séparées dans mes expériences. Il y avait donc un véritable intérêt à mesurer la conductibilité de l’eau acidulée en employant une force électromotrice très faible, par exemple celle d’un élément zinc-cadmium.
- * La méthode électrométrique de M. Lippmann
- permet d’opérer cette mesure sans 1^ moindre difficulté. Deux auges contenant de l’eau acidulée renferment l’une l’électrode positive, l’autre l’électrode négative; elles communiquent par un long siphon capillaire, également plein d’eau acidulée, et l’on mesure la différence de potentiel aux deux extrémités du siphon à l’aide de deux fils métalliques parasites ; on en déduit la résistance du fil liquide contenue dans le siphon. Le tableau suivant donne les résultats de quelques mesures :
- Force électromotrice Résistance Résistance Intensité
- de la pile. extérieu re. du siphon. du courant.
- volt ohms ohms ampères
- o,365 * 200000 14710 0,000001282
- 1, 09 . I49OO 4478
- 2, 18 . 14860 8388
- 3, 27 • 14850 0,000001233
- 4. 36 . 14960 1726
- 5, 45 0 i5o6o 2201
- 5, 88 • i5i6o 2446
- 7. 64 » i5o8o 3265
- 9, 60 . i5o6o 4159
- 11, 76 . i5i5o 5oi5
- » . I4ÜOOO i5oao 6773
- » IOOOOO 15960 9097
- » 5oooo i5oio 0,oooi587
- » 20000 i5ooo 2255
- « Dans cette expérience, la force électromotrice a varié dans le rapport de 1 à 32 et l’intensité du courant de 1 à 176, et la résistance du fil liquide
- est demeurée invariable à moins de j-Q près pour
- les faibles intensités de courant, à moins de ^ pour
- les plus fortes. C’est précisément la limite de l’exactitude que comporte dans ces conditions l’emploi de l’électromètre. Dans d’autres expériences, faites avec des fils liquides moins résistants, on a pu faire varier l’intensité de 1 à plus de 900, produire à volonté ou suspendre le dégagement de gaz aux électrodes; la résistance d’un même fil liquide est toujours demeurée invariable.
- * Un liquide n'a donc qu'une manière unique de conduire l'électricité, quels que soient les phénomènes particuliers dont les électrodes sont le siège. »
- L’indicateur de route de M. Macdonald.
- Nous avons déjà mentionné, dans le numéro du 11 février 1882 d& La Lumière Electrique, l’indicateur électrique des changements de route des navires, imaginé par M. Macdonald et destiné à prévenir les collisions en mer. Nous donnons aujourd’hui, d’après YElectrician ,1e dessin de cet appareil.
- AC est la lampe dont le mécanisme est en A, au-dessus des charbons ; en B est le réflecteur, que l’homme de garde peut déplacer autour de AC comme axe en faisant mouvoir le levier CC. Tant
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- que le navire conserve le même cap, la lumière est projetée d’une façon constante vers l’avant du navire et le levier CC est maintenu dans sa position par deux bras verticaux ou détentes DD'. Quand le gouvernail est tourné à bâbord, il ferme un circuit électrique dans lequel est compris l’électro-aimant EE. L’armature de ce dernier est attirée et abaisse D. L’homme de garde peut alors faire mouvoir le levier CC et la lumière est projetée vers tribord. Or dans le mouvement de CC, une tige supportant un écran F se trouve relevée par un guide courbe GG‘ et la lumière est cachée.
- Un petit appendice qui termine la tige de F se
- trouve pris dans un ressort H et l’écran reste relevé. Si l’on ramène alors CC vers sa position
- primitive, la barre II déclanche F qui retombe et la lumière est de nouveau projetée dans l’axe du navire. Le rayon lumineux a ainsi été porté vers tribord, puis caché, et a ensuite repris sa position relativement au navire. C’est ce mouvement, répété tant que le gouvernail reste tourné, qui indique aux autres bâtiments les changements de route.
- CORRESPONDANCE
- Paris, io mai 1882.
- V 7
- Monsieur le Directeur,
- j’ai l’honneur de vous confirmer la visite que je vous ai faite aujourd’hui relativement à un article paru dans le n° 9 de votre journal, daté du samedi 4 mars 1882, article dont on venait de me donner connaissance.
- Cet article a pour titre : Nouvelle lampe électrique de M. Solignac.
- Or, j’y relève entre autres choses, sans entrer dans le fond, qu’après avoir parlé de butoirs, du brevet et des essais de M. de Baillehache, vous ajoutez qu’il est certain que l’invention de M. Solignac est neuve, originale, etc., etc., tout en reconnaissant qu’à une certaine époque on a cru qu’on pourrait simplement résoudre le problème, etc., etc.
- Dans le cours de ma visite, j’ai eu l’avantage de vous communiquer mon brevet, qui, sous le n° 134 205, porte la date du 24 décembre 1879.
- Le brevet de Baillehache porte le n° 134 733, et la date du 26 juin 1880. Ce qui le constitue de six mois postérieur au mien. Enfin, le brevet Solignac porte le n° 145 326, et la date du i5 octobre 1881.
- Le certificat d’addition audit brevet est lui-même daté du 21 décembre 1881.
- Ces différentes dates constituent : pour le brevet Solignac, vingt-deux mois de postériorité, et, pour le certificat d’addition, deux ans.
- En outre, le brevet Solignac étant la reproduction de mon propre brevet, je vous prie, Monsieur le Directeur, de vouloir bien, au point de vue de l’antériorité, qui m’appartient, rectifier, dans votre plus prochain numéro, les situations de chacun et l’erreur involontaire contenue dans votre article.
- J’ai l’honneur, Monsieur, de vous présenter mes salutations les plus distinguées.
- Vor Lacombe.
- Bruxelles, le 12 avril 1882.
- Monsieur le directeur,
- L’article qui a été consacré aux Bureaux téléphoniques automatiques dans votre numéro du icr avril et dans lequel est décrit un système combiné par M. Leduc, se termine par la phrase suivante : « Quant à l’appareil de M. Barte-« lous, légèrement postérieur à celui de M. Leduc, il con-« tient les principaux organes de ce dernier et n’en diffère « pas bien sensiblement..... »
- Je dois à ce sujet vous demander une rectification, car les renseignements qui ont été fournis à l’auteur de l’article sont inexacts à tous égards.
- Mon brevet .belge pour mon commutateur automatique est du 22 juillet 1880, et celui de M. Leduc n’a été pris que le 19 novembre de la même année. La date officiellement constatée de mon invention est donc antérieure de 4 mois.
- Je vous envoie avec la présente une lettre de M. Bède qui constate même que, dès le mois de mars ou avril de la même année, je lui avais soumis lin projet de bureau téléphonique auxiliaire; comme vous le verrez M. Bède déclare qu’il désirait en faire l’application au bureau central de l’Exposition nationale belge en juin 1880 et que des considérations particulières l’ont seules empêché de mettre ce projet à exécution.
- Si donc au point de vue théorique qui est certes le point principal dans une pareille question, mes droits à l’antériorité 11e peuvent être contestés, je puis cependant les revendiquer également au point de vue de l’exécution matérielle. En effet, dès le 2 août 1880 je faisais commencer la construction d’un modèle de mon commutateur et cet appareil a été soumis à des expériences pratiques le 18 novembre suivant. M. Leduc qui, sur la recommandation d’un de. mes amis, s’est adressé au constructeur même qui travaillait pour moi, n’a fait commencer l’exécution d’un premier modèle que le 6 décembre 1880. Or, mon premier appareil, basé sur les principes décrits dans mon brevet, contenait tous les or* ganes de celui que j’ai fait construire plus tard pour l’exposition de Paris. Il se composait entre autres organes : i° de disques en matière isolante portant sur leur circonférence des contacts métalliques ; 20 d’aiguilles rencontrant ces
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- contacta pour rétablissement de communications exclusives à donner à un abonné avec le bureau central ou à 2 abonnés du groupe auxiliaire entre eux; 3° d’un peigne rectiligne aux dents métalliques flexibles duquel aboutissaient les fils de tous les abonnés et d’une tringle venant en contact avec ce peigne pour la transmission'de leurs appels au bureau cen-tral.
- Cette dernière disposition n’est mentionnée en aucune manière dans le brevet de M. Leduc, bien qu’il soit pris quatre mois après le mien, et elle n’était pas employée dans le premier modèle qu’il a fait construire. Mais il a adopté un organe à peu près analogue dans le dernier appareil qu’il a fait exécuter et dont la construction n’a été commencée que le 11 avril 1881. Ce changement est du reste indiqué dans la description même que vous avez publiée et dans laquelle il est dit (page 3oi) : «.Les contacts g au lieu d’être disposés « circulairement autour de l’axe, sont placés en une ligne ho-« rizontale.... »
- Je reconnais du rèste qu’à part la similitude de certains organes pour lesquels toutefois j’ai droit à réclamer la priorité, et à patt la ressemblance inévitable de certaines dispositions matérielles résultant de la fabrication de deux appareils, destinés au même but, par le même constructeur, nos deux systèmes de communication automatique sont différents dans leur fonctionnement.
- Aussi, je ne vous- aurais pas adressé la présente rectification si l’article s’était borné à la description de l’appareil de M. Leduc. Mais la phrase finale que j’ai citée en commençant, est de nature à faire peser sur moi un soupçon de contrefaçon contre lequel je dois hautement protester puisque, comme vous le voyez, il est complètement injustifié.
- Agréez, etc.
- V. Bartelous.
- FAITS DIVERS
- Nous avons à signaler un nouvel acte de courtois'e du identifie American. Dans son supplément du 29 avril, il reproduit avec la plus grande exactitude nos gravures du tunnel sous la Manche, et le texte dont il les accompagne est la traduction pure et simple d’une partie de l’article de notre collaborateur C.-C. Soulages. Comme le singe de la fable, notre amiable confrère n’a oublié qu’un point, c’est de nous citer. Ainsi que nous l’avons déjà dit, nous continuerons à enregistrer les omissions de ce genre trop réitérées de sa part.
- D’après une communication du « Centralblatt der Bauver-waltung », M. Bruno Jobst a fait une demande auprès des autorités compétentes pour obtenir la permission de construire un chemin de fer électrique entre le Kursaal de Wics-baden et le Plateau du Nervberg avec un embranchement à la chapelle grecque. Le chemin de fer aurait une longueur de 2 kilomètres avec une rampe considérable. La partie électrique serait confiée à la maison Siemens et Halske. Le conseil municipal a posé comme condition qu’on lui fournît la preuve qu’un chemin de fer électrique a déjà franchi des rampes pareilles.
- Une compagnie d’emmagasinage électrique vient de se constituer à Londres sous la raison sociale d’Indian and Oriental Electrical Storage Company. Cette Compagnie a acquis de l’Electrical Power Storage Company ses brevets ou droits pour l’Inde, Ceylan, les Détroits, l’Egypte et Malte, quant aux batteries secondaires de MM. Sellon, Swan et Volckmar. Parmi les administrateurs de la nouvelle compagnie se trouvent M. Ernest Noël, membre du Parlement et le comte de Crawford et Balcarrès.
- Éclairage électrique*
- On annonce la formation d’une société électrique qui se propose d’exploiter l’éclairage électrique en Lorraine.
- /VVAW A/*/» ^WVA-V»
- A Londres la « vestry » de Camberwell vient de décider qu’elle examinerait les offres de six compagnies pour l’éclairage électrique d’une partie de Iligh Street, Peckham.
- Une nouvelle compagnie électrique vient de se fonder à Londres. C’est la South-Eastern (Brush) Electric Light and Power Company. Cette compagnie a acquis le droit d’exploiter les divers brevets et inventions de l’Anglo-American Brush Cor. oration, ainsi que la lampe à incandescence Lane-Fox, clans les comtés de Surrcy,.ICcnt et d’Essex à l’excl > sion des districts postaux métropolitains.
- A Londres, les commissaires des égouts viennent de publier des avis invitant les diverses compagnies électriques à faire des offres pour l’éclairage d’une partie de la Cité. L’espace à éclairer a été divisé en quatre districts, qui comprennent une partie de la Cité précédemment éclairée par MM. Siemens. Les rues et places à éclairer sont les suivantes : London Bridge, Queen Street (entre Queen Victoria Street et Cheapside), Cheapside (entre King Street et Poul-try), King Street, Guildhall-yard, Poultry, Mansion-House Street, Royal Exchange (espace ouvert en face de la Bourse de Londres), Kiijg-William Street, Adélaïde place, Lombard Street, Fenchurch Street, Aldgate, AIdgate Highstreet, Lea-denhall Street, Cornhill, Bishopsgate Street (entre Cornhill et Liverpool Street \ Liverpool Street (entre Bishopsgate Street et New-Broacl Street), New-Broad Street, Old-Broad Street, Threadneedle Street (entre Old-Broad Street et la face du Royal Exchange), St-Martin’s-le-Grand, Aldersgate Street, Long-lane (entre Aldersgate Street et Smithfield), Smithfield (côté de l’est entre Long-lane et Giltspurstreet), Giltspurstreet, Newgate Street. Les offres pour cet éclairage devront indiquer les conditions pour une année à partir du Ier octobre prochain.
- À une soirée récente du West Broniwich Institute, qui a eu lieu à l’Hôtel de ville, des lampes Swan ont été exposées par MM. Smith et Chamberlain, .des usines Solar de Birmingham. L’installation consistait en une machine dynamo-électrique et en une trentaine de lampes à incandescence Swan. Ces dernières étaient placées principalement dans la salle du bureau de l’IIôtcl de ville et étaient destinées à éclairer les tableaux prêtés à l’occasion de la soirée. On a montré toutes sortes de lampes appliques, avec où sans réflecteurs, destinées à l’usage domestique. On remarquait également une lampe brûlant sous l’eau, avec un poisson rouge nageant tout autour. Depuis plusieurs mois, dit 1 ’Eleclrician, MM. Smith et Chamberlain éclairent une partie de leurs usines avec la lampe Swan et ils trouvent que pour 1000 pieds cubes de gaz brûlé dans un moteur à gaz, on obtient une intensité lumineuse égale à celle que donnent 2000 pieds cubes brûlés à la manière ordinaire.
- La Gülcher Electric Light and Power ' Company (limi* tedl vient de se former à Londres pour acheter et exploiter le système d’éclairage électrique breveté par M. R.-G, Gülcher, pour la Grande-Bretagne, les îles de la Manche, l’île de Mau, et aussi pour acquérir le droit de prendre des brevets pour l’Inde et les colonies.
- Le grand paquebot VAustml, de la compagnie l’Orient, est maintenant pourvu de foyers électriques système Siemens. Tous les salons, la salle de la machine, les bureaux et les corridors sont éclairés de cette façon. Cinq foyers à
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- arc Siemens sont employés dans la salle de la machine et quatre sur le pont, cent soixante-dix lampes Swan brûlent dans les autres parties du navire. Le courant est fourni par deux machines dynamo Siemens à courant alternatif mues chacune par une machine séparée assez forte pour les actionner toutes les deux. La puissance totale en candies des foyers à arc est évaluée à 3 600 et celle des lampes Swan à 3 400,.soit un total de 7000 candies.
- Des lampes Swan ont servi vendredi dernier à Birmingham à l’éclairage d’une salle de bal du Plough and Harrow Hôtel. L’installation comprenait une machine dynamo-électrique Bürgin, mue par une locomobile placée sous un hangar au fond du jardin de l’hôtel. Les câbles allaient de la machine dynamo dans la salle de bal, le salon dont ils faisaient le tour, et étaient cachés dans des tubes de cuivre horizontaux, fixés aux murs immédiatement au-dessous de la corniche. De ces tubes pendaient quinze bras supportant chacun une lampe Swan, surmontée d’un abat-jour en verre de Venise. Six autres pendentifs étaient placés à la porte qui séparait la salle de bal du salon.
- Une députation de la direction de la navigation de la Clyde, en Ecosse, visite en ce moment les principaux ports de l’Angleterre, dans le but de se rendre compte du développement qu’a pris l’éclairage des ports par la lumière électrique. ___________
- L’exposition régionale de Peterborough est éclairée par six lampes Brush, dont l’une est suspendue à la lanterne qui couronne le faîte de l’édifice. En outre les principales rues de Peterborough et la place du marché sont éclairées à l’aide de neuf lampes Brush.
- La commission nommée par la Corporation de Leeds pour visiter l’Exposition d’électricité du Palais de Cristal vient de publier son rapport, qui contient i36 pages d’impression. La commission est d’avis que les lampes à arc sont très propres à l’éclairage de très grands espaces, soit à l’intérieur, soit à l’extérieur, dans des places publiques où l’on a besoin d’une lumière puissante. Elle a été très impressionnée du succès des installations de lampes à incandescence, et de laiacilité d’adaptation de cette classe de lampes à un éclairage intérieur de grande pureté, de sa valeur comme source de lumière fixe, parfaitement contrôlable et ne produisant pas de chaleur, d’acide carbonique ou de fumée.
- Elles sont, selon la commission, très convenables pour de grandes pièces, des galeries de tableaux ou des salles de lecture. ___________
- A Manchester, à un bal donné dans les salons de l’Assemblée, la série des chambres était éclairée par la British Electric Light Company avec des lampes « British » alimentées par des machines Gramme. La salle de bal était éclairée avec i5o lampes à incandescence, disposées sur les chandeliers en verre dont l’effet était nouveau et brillant, faisant admirablement ressortir les toilettes et les fleurs. La salle des rafraîchissements était éclairée par 32 lampes, suspendues dans des abat-jour vénitiens de différentes couleurs.
- A Bruxelles, au Théâtre de la Monnaie, ont lieu depuis plusieurs semaines des expériences sur l’emploi de la lumière électrique, dans les édifices publics. L’initiative de ces expériences appartient à une commission spéciale instituée par la ville de Bruxelles, pour l’étude des moyens de prévention des incendies dans les théâtres. Les lampes essayées sont du système à incandescence Lane-Fox alimentées par des accumulateurs à peroxyde de plomb.
- Par surcroît de précaution, les câbles métalliques à l’aide desquels les lampes puisent l’électricité au réservoir et celui-
- ci â la machine sont recouverts de matières isolantes et incombustibles, telles que l’asbeste. L’ensemble de l’installation comprend un moteur de six chevaux alimentant 5i lampes de 25 bougies d’intensité chacune, cette intensité est égale à celle de deux becs de gaz ordinaire. Dans cette installation un cheval-vapeur donne en lumière 210 bougies environ.^
- Le moteur et la machine dynamo-électrique fonctionnent dans les sous-sols du théâtre. Le réservoir d’électricité est placé sous l’orchestre, à hauteur du second dessous, dans une salle voûtée. Là fonctionnent les appareils destinés aux mesures d’intensité du courant, les interrupteurs et tous les accessoires qui permettent d’obtenir le réglage du courant. La rampe est garnie de 3y lampes à incandescence et le courant qui les anime est réglé par un commutateur à résistance variable. Cet instrument permet d’obtenir, outre l’extinction des lampes, dix intensités graduées d’une manière insensible par l’introduction successive dans le circuit de résistances décroissantes. Tous les effets d’éclairage des deux premiers actes de l’opéra d*HèrioJadey dans la brillante représentation qui a clos la saison théâtrale au théâtre de la Monnaie, ont été obtenus avec cet appareil.
- Douze lampes montées sur d’élégantes appliques fournissent la lumière dans le couloir du rez-de-chaussée et dans le dégagement du foyer.
- Au musée du Nord à Bruxelles, le buffet et le restaurant vont être éclairés avec des lampes à incandescence Edison.
- A Vienne, les essais d’éclairage électrique qui avaient été annoncés dernièrement ont eu lieu dans le nouvel édifice du Reichsrath. Le comte Taaffe, président du conseil des ministres, plusieurs ministres et des membres des deux chambres du Parlement, ainsi que de hauts fontionnaires assistaient aux premiers essais qui ont été trouvés satisfaisants. Le magnifique péristyle de l’édifice a été éclairé par en haut, la lumière arrivait à travers le plafond en verre. La grande salle a été illuminée avec de nombreuses lampes électriques et un lustre de soixante bougies électriques avait été placé dans la salle des séances de la délégation autrichienne.
- La Compagnie du gaz de Madrid s’occupe en ce moment de l’installation de l’éclairage électrique de la rue de Alcala. Trois moteurs à gaz de huit chevaux sont installés pour mettre en mouvement les machines Siemens destinées à cet •éclairage.
- A Constantinople, les vastes jardins qui entourent le palais du Sultan à Yildiz-Kiosk vont être éclairés par la lumière électrique. Les machines et appareils nécessaires ont déjà été confectionnés dans les ateliers de l’amirauté ottomane et essayés sur la place de l’arsenal à Constantinople en présence du ministre de la marine de Turquie. Ils seront placés d’abord dans trois endroits différents des jardins d’Yildiz-Kiosk.
- Dans la ville de Detroit (États-Unis), la municipalité vient de traiter avec M. Isaac L. Lyon, président de la .Compagnie Brush pqur éclairer entièrement à l’électricité cette ville qui possède déjà cent foyers. Dans ce but, on va construire une tour très élevée au sommet de laquelle de puissants régulateurs électriques projetteront leurs rayons vers les divers quartiers.
- Il a été stipulé que le nouvel éclairage ne dépasserait pas, comme prix, et l’indemnité accordée aux Compagnies de gaz qui étaient chargées précédemment d’illuminer Detroit.
- Le Gérant : A. Glénàrd.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 28872
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4« ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 27 MAI 1882 N° 21
- SOMMAIRE
- La Foudre (20 article); Th. du Moncel. — Sur les Compteurs d’Electricité; Marcel Deprez. — Exposition Internationale d’Electricité ; Galerie des machines : Machines de Maxim et de la British Electric Light C°; C.-C. Soulages.
- — Expériences de M. Stroh (20 article); Frank Geraldy.
- — La Télégraphie: ses progrès récents manifestés à l’Exposition Internationale d’Electricité (2e article); E. de T.
- — Nouveaux progrès en téléphonie; Frank Geraldy.- — Revue des travaux récents en électricité : Sur la polarisation des électrodes et la conductibilité des liquides, par M. E. Bouty. — Influence d’un métal sur la nature de la surface d’un autre métal placé à une très petite distance, par M. II. Pellat. — Correspondance : Lettre de M. Edward B. Bright. — Faits divers.
- LA FOUDRE
- 2° article (Voir le numéro du 20 mai 1882.)
- Après la théorie de Descartes est venue celle du physicien hollandais Boerhaave, qui pour être mieux raisonnée n’en était pas pour cela plus vraie. Voici comment Baron, contemporain de ce physicien, rapporte cette théorie dans ses Eléments de chimie :
- « Boerhaave, dit Baron, prouve d’une manière satisfaisante que les particules d’eau que l’action du soleil a élevées dans l’air venant à se réunir plusieurs ensemble sous la forme de nuées, composent des masses de glace qui réfléchissent la lumière du soleil par celle de leurs surfaces qui regarde cet astre, tandis que leur surface opposée éprouve un froid glacial. S’il arrive donc, comme cela peut se rencontrer souvent, que plusieurs nuées soient disposées les unes à l’égard des autres de façon qu’elles fassent l’effet de plusieurs miroirs concaves dont les foyers concourent dans un foyer commun, on comprend aisément que les rayons du soleil ainsi réfléchis et rassemblés dans un même lieu doivent produire une chaleur excessive.
- * Le premier effet de cette chaleur sera de dilater l’air environnant et de causer une espèce de vide dans l’espace renfermé entre les nuées; mais bientôt après, ces mêmes nuées venant à changer de situation et les foyers se trouvant détruits, l’air, l’eau, la neige, la grêle, et généralement tout ce qui environne le vide dont nous avons parlé, mais surtout les grandes masses de glace qui forment les nuées mêmes, fondent avec une impétuosité sans pareille les unes vers les autres pour remplir ce vide. L’énorme vitesse du mouvement par lequel toutes ces matières sont emportées occasionne un frottement si violent de toutes les parties les unes contre les autres, qu’il s’ensuit non-seulement un bruit éclatant et quelquefois horrible, mais encore l’inflammation de toute les exhalaisons sulfureuses, grasses et huileuses qui se trouvent dans le voisinage et dont l’air est toujours chargé abondamment pendant les grandes chaleurs. Ainsi il n’est pas étonnant que le tonnerre soit presque toujours accompagné d’éclairs. »
- L’idée de Boerhaave sur la concentration des rayons solaires par de petites masses d’eau congelées flottant au sein des nues, ne fut pas acceptée ; mais la seconde idée, présentée par le physicien hollandais, resta universellement adoptée, car elle répondait à une opinion fort en faveur depuis l’antiquité. On admit donc avec Boerhaave que le phénomène des éclairs et de la foudre provenait de l’inflammation de toutes les exhalaisons sulfureuses, grasses, huileuses et essentiellement combustibles qui, émanées de la terre, devaient se réunir et s’accumuler dans les airs. Cette explication devint la théorie dominante jusqù’au dix-huitième siècle et c’est contre elle que dut lutter, plus tard, la théorie des électriciens. On peut en avoir la preuve par ce passage extrait de la météorologie du père Cotte.
- « Si l’inflammation des exhalaisons terrestres se fait sur une médiocre quantité de vapeurs et au bord de la nuée, cet effet se passe sans bruit, au moins à notre égard; il n'en résulte qu’un éclat de lumière, à peu près comme si nous apercevions de loin une certaine quantité de poudre qui s’en-
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- flamme librement en plein air, sans être renfermée. Voilà l’éclair qui nous éblouit sans nous rien faire entendre et qu’on appelle éclair de chaleur.
- « Qu’une plus grande quantité de cette matière vienne à fermenter dans le corps même de là nuée, aussitôt grande effervescence, bouillonnement, explosion; et si cette première portion éclatant ainsi en rencontre une semblable qui n’ait point tout ce qu’il faut de mouvement pour éclater elle-même, elle l’anime de son action, et Celle-ci une troisième, de proche en proche. Il se fait donc une suite d’explosions d’autant plus violentes que ces matières seront enveloppées de nuages plus épais. C’est ainsi, dit-on, que se font ces coups simples et redoublés qu’on entend quand il tonne et dont les échos peuvent encore augmenter la durée. Voilà ce qu’on appelle le tonnerre proprement dit.
- « La nuée entr’ouverte par les grandes explosions laisse échapper une partie des feux qu’elle renferme, autant de fois que cela arrive; c’est un éclair plus vif que les précédents qui annonce un coup que nous n’entendons pourtant que quelques secondes après, parce que le bruit ou le son ne se transmet pas avec autant de promptitude que la lumière. . .
- « Dans le moment où on entend le tonnerre, il sort une vapeur enflammée qu’on appelle la foudre, qui crève la nuée tantôt par en haut, tantôt par en bas ou de côté, qui s’élance avec une vitesse proportionnée à son explosion, comme la poudre qui s’enflamme dans une bombe porte son action aux environs, quand elle a brisé le métal qui la retenait. La foudre part donc à chaque coup de tonnerre qui est précédé d’un éclair. Mais elle ne frappe les objets terrestres que quand elle éclate dans une direction qui l’y conduise. »
- L’analogie des effets de la foudre avec ceux de l’électricité est tellement saisissante, tellement naturelle qu’elle fut constatée par les physiciens dès les premiers temps de la connaissance des phénomènes électriques. C’est ce que constatent une foule de documents de l’époque qui montrent que Wall, le contemporain d’Otto de Guericke, Grey en 1785, Jean Freke, Benjamin Martin, l’abbé Nollet en 1748, s’étaient parfaitement rendu compte du phénomène.
- Bergeret et de Romas, dans leurs Mémoires envoyés à l’Académie de Bordeaux au sujet d’un prix institué par cette académie sur les causes du tonnerre et des éclairs, avaient non seulement posé l’analogie existant entre le fluide électrique et la foudre, mais avaient encore nettement établi les caractères des deux phénomènes. Le dernier de ces deux physiciens même avait démontré que la foudre pouvait produire les mêmes attractions que l’électricité et pouvait être constituée par deux fluides de nature diamétralement opposée. Toutefois, les diverses circonstances des deux phéno-
- mènes ne furent. bien nettement définies, à cette époque, que par Franklin, dans ses Lettres à Col-linson, qui firent une immense sensation dans le monde savant, bien qu’à la Société royale de Londres elles n’eussent provoqué, dans l’origine, qu’une immense hilarité, tant étaient déjà prononcés le mépris et la haine des Anglais contre ces barbares d’Amérique, comme on appelait alors les Américains.
- Dans ces lettres, en effet, qui contenaient en germe presque toute la théorie de l’électricité atmosphérique, on trouvait des études comparatives sur les effets de la foudre et ceux de l’électricité, une analyse détaillée des effets de la bouteille de Leyde, et enfin la description de l’expérience à exécuter pour vérifier l’identité de la foudre avec le fluide électrique.
- Pendant que Franklin méditait sur l’exécution de l’expérience qu’il avait signalée au monde savant pour lever tous les doutes à l’égard de la nature de la foudre, le célèbre Buffon, saisi d’admiration pour la sublime idée du physicien d’Amérique, conçut le projet de réaliser immédiatement cette expérience. Il fit part de son idée à Dalibard, physicien de ses amis, et ces deux savants décidèrent qu’ils la feraient conjointement ensemble sur des points différents, afin de profiter plus amplement des orages. A cette époque, il n’était pas encore question de cerf-volant électrique; l’expérience indiquée par Franklin consistait simplement à élever sur une tour une tige de fer pointue, haute d’environ 40 pieds, dont le bout inférieur, coudé, devait aboutir dans une guérite, sur un tabouret isolant, et il ne s’agissait que d’approcher de l’extrémité de cette barre, au moment d’un orage, une autre barre munie d’un manche de verr?, pour voir si des étincelles pourraient être soutirées. Des appareils de cette nature furent donc installés sur la tour du château de Montbard, où habitait Buffon, et dans le jardin de Dalibard, à Marly, près Versailles, et l’on attendit l’arrivée d’un orage. Ce fut sur' Marly, le i3 mai 1752, que le premier orage éclata depuis cette double installation ; mais, bien que Dalibard ne fût pas alors présent, un ouvrier auquel il avait donné ses instructions alla vite expérimenter l’appareil, et, à son grand étonnement, il obtint des étincelles faibles d’abord, puis augmentant de grosseur à mesure que l’orage approchait, et qui disparurent aussitôt que l’orage fut dissipé (’).
- Plusieurs personnes, entre autres le prieur de Marly, furent témoins de cette première expérience, et Dalibard en donna immédiatement connaissance à l’Académie des Sciences, sur laquelle elle pro- (*)
- (*) Voir les détails de cette expérience dans l’ouvrage de M. Figuier, Histoire des principales découvertes scientifiques modernes, 4°- volume.
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- duisit le plus grand effet. Quelques jours après, le 19 mai, un orage éclatait à Montbard, et Buffon put également tirer de son appareil de belles étincelles.
- Quand ces expériences furent connues, tous les savants d’Europe les répétèrent et obtinrent des effets de plus en plus énergiques, qu’ils cherchèrent à analyser au point de vue physique. C’est ainsi que Lemonnier, en 1752, constata pour la première fois la présence de l’électricité dans l’atmosphère, par un temps parfaitement serein ; que M. de Romas signala l’électrisation de la pluie, l’apparition des étincelles avant l’audition du bruit du tonnerre, la faiblesse de l’action électrique des nuages orageux sur des conducteurs placés horizontalement, l’augmentation de la charge électrique avec les longueurs des tiges métalliques opposées aux nuages. Cette dernière observation le conduisit à essayer un nouveau mode d’expérimentation (le cerf-volant électrique), avec lequel il parvint à obtenir des lames de feu de 3 à 4 mètres de longueur sur 10 à 12 centimètres d’épaisseur. Ces lames de feu, qui se succédaient avec une grande rapidité, produisaient à chaque décharge un bruit semblable à un coup de pistolet.
- En Angleterre, Wilson et Bevis; en Allemagne, Boze et le père Gardon ; en Italie, Zanetti Verrat, Marin, La Garde; en Russie, Richmann répétèrent tous avec succès la même expérience. Ce dernier fut même tué au milieu de ses tentatives.
- Ce ne fut que dans l’été 1752 que Franklin réalisa lui-même ses expériences, non pas en se servant des moyens qu’il avait indiqués, il n’y avait pas à Philadelphie une tour ou un édifice élevé qui lui parût convenable pour cet usage, mais en lançant contre les nuages orageux eux-mêmes un ccrf-volant muni de la pointe de fer qui devait servir d’appareil excitateur. Avec ce système, la corde de chanvre de l’appareil pouvait servir de conducteur, et en tenant cette corde par un cordonnet de soie, on pouvait isoler suffisamment le système pour qu’on pût provoquer une étincelle de l’extrémité du fil de chanvre; à cet effet, cette extrémité de la corde était munie d’une clef de fer.
- Aux premières approches d’un orage, Franklin se rendit dans les prairies de Philadelphie. Il était avec son fils, à qui seul il avait fait part de son projet, craignant le ridicule qui, trop communément pour l’intérêt des sciences, accompagne les expériences qui ne réussissent pas. Il se mit sous un hangar, pour être à l’abri de la pluie. Son cerf-volant étant en l’air, un nuage orageux passa au-dessus, mais aucun signe d’électricité ne se manifestait encore. Franklin commençait déjà à désespérer du succès de sa tentative, quand tout à coup il observa que quelques brins de la corde s’écartaient les uns des autres et se raidissaient. Il présenta aussitôt son doigt fermé à la clé et il en retira une forte étin-
- celle. Il répéta cette expérience plusieurs fois, chargea une bouteille et reconnut sous toutes les formes possibles l’identité parfaite du fluide de la foudre avec le fluide électrique. Dans une de ces expériences, il faillit être foudroyé.
- M. Figuier, dans un des ouvrages qu’il a publiés sur l’histoire de l’électricité, attribue à M. de Romas la première idée des cerfs-volants électriques pour soutirer l’électricité aux nues orageuses; mais bien que les expériences faites par ce savant aient été entreprises d’une manière plus méthodique, plus complète que celle de Franklin, je ne vois pas comment il pourrait avoir la priorité sur le physicien américain, puisque l’idée de cette expérience ne fut communiquée, d’après ce que dit M. Figuier lui-même, qu’en août 1752, et que sa mise à exécution n’a eu lieu qu’en mai 1753. Que M. de Romas ne se soit pas inspiré de Franklin, c’est plus que probable, mais il 11’en est pas moins vrai que c’est ce dernier savant qui l’a mise à exécution le premier, et d’ailleurs le cerf-volant électrique n’était qu’une extension naturelle de sa première idée.
- Après ces diverses expériences et beaucoup d’autres encore répétées par Beccaria en 1767, par Mussenbrock en 1756, par le prince Galitzin, par Van Swinden, par l’abbé Bertholon et par Kin-nersley, les phénomènes de la foudre purent être parfaitement expliqués et ce fut alors que Franklin conçut sa magnifique idée d’annihiler les effets désastreux de ce terrible élément, en lui opposant ses réactions physiques elles-mêmes.
- Il restait à savoir comment l’électricité atmosphérique peut se produire dans les nuages, et sous quelles conditions elle prend naissance. Or, comme à l’époque de la découverte de Franklin, le frottement était considéré comme la seule et unique cause productrice de l’électricité, on attribua immédiatement au frottement des masses d’air les unes contre les autres, le développement de l’électricité atmosphérique. Mais quand les progrès de la science eurent démontré que toute réaction chimique, l’ér vaporation, le contact des eaux avec les terres, la combustion, l’acte même de la végétation et toute émanation quelconque dégageait de l’électricité, il devint facile d’expliquer la présence de ce fluide dans l’atmosphère et la charge électrique considérable accumulée dans les nuages au momént d’un orage; car, dans ce dernier cas, une très forte évaporation et une condensation subite de vapeurs ont toujours précédé le développement électrique.
- Dans nos climats, où nous voyons pour ainsi dire les orages se former, nous ne comprenons guère que la foudre puisse avoir d’autres causes que celles que nous avons sous les yeux, et que nous croyons être en quelque sorte le partage exclusif du ciel. Pourtant il est des circonstances où ce phénomène résulte d’un effet physique tout à
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- fait local. Ainsi les nues volcaniques, au moment de l’éruption d’un volcan, portent la foudre et le tonnerre dans leur sein. Ce phénomène, dont nous trouvons de nombreux exemples dans les récits des voyageurs modernes, avait été observé dès les temps les plus anciens. Ainsi, dans les lettres que Pline le Jeune adresse à Tacite au sujet de l’éruption du Vésuve, qui occasionna la mort de son oncle et engloutit les villes de Pompéi et d’Hercula-num, l’an 79 de notre ère, « il parle de nuées noires et horribles, déchirées par des feux serpentants, de nuées qui s’ouvraient et laissaient échapper de longs sillons de flammes semblables à des éclairs. »
- Nous verrons bientôt que tout ceci n’a rien d’extraordinaire, puisqueles orages atmosphériques et volcaniques se forment sous l’influence de la même cause, c’est-à-dire du dégagement électrique, par suite d’une accumulation de vapeurs et de réactions chimiques. Mais en dehors de ces circonstances générales dans lesquelles se développe le phénomène de la foudre, il est certains phénomènes secondaires qui, malgré les expériences répétées de beaucoup de savants, n’ont pu être expliqués d’une manière satisfaisante. De ce nombre sont les zig zags de feu produits par la majeure partie des éclairs, la forme en boule et la persistance d’apparition de quelques-uns d’entre eux, enfin, le bruit et les roulements du tonnerre. J’ai fait des recherches nombreuses sur les deux premiers de ces phénomènes et j’aurai occasion d’en parler plus loin. Auparavant, nous croyons utile de dire quelques mots sur la manière dont l’électricité est distribuée dans l’atmosphère, sur la formation des orages et les effets de la foudre.
- Les anciens, en attribuant le tonnerre terrestre aux exhalaisons qui ont lieu à la surface de notre globe, n’étaient pas aussi éloignés de la vérité que pourrait le faire croire leur théorie. C’est en effet à ces exhalaisons ou, pour parler plus scientifiquement, au phénomène de l’évaporation, qu’est dû principalement le dégagement électrique, qui, non seulement amène les orages, mais encore charge en tout temps l’atmosphère entière d’électricité. Ainsi, par un temps serein, alors qu’aucuns nuages ne semblent annoncer l’approche ou ia formation d’un orage, l’atmosphère contient une certaine dose d’électricité, et cette dose d’électrictté varie suivant les saisons, suivant les différentes heures du jour, et suivant la hauteur à laquelle' on s’élève dans l’atmosphère.
- Dans ces derniers temps et surtout depuis les recherches de M. Mascart, les idées sur le développement et sur la distribution de l’électricité atmosphérique se sont étendues et un peu modifiées, mais il y a encore quelques années on admettait certains principes qui pouvaient être formulés de la manière suivante :
- C’est au lever du soleil que l’électricité atmosphérique est la plus faible, et elle augmente avec la chaleur du jour, à mesure que l’évaporation devient de plus en plus active. Cette période croissante dure en été jusqu’à 6 ou 7 heures du matin, et en hiver jusqu’à 10 heures ou midi. Après avoir atteint ainsi son maximum, la tension électrique diminue successivement, d’abord rapidement, puis lentement, jusqu’à ce que les vapeurs soient entièrement dissoutes et que l’atmosphère paraisse plus claire ; alors elle atteint un second minimum deux heures environ avant le coucher du soleil. Aussitôt après que celui-ci s’approche de l’horizon, elle commence à croître de nouveau avec la brume du soir, et atteint un second maximum une heure et demie à deux heures après le coucher du soleil. Ensuite il y a diminution jusqu’au matin.
- L’électricité répandue dans l’atmosphère est bien plus forte en hiver qu’en été, et varie en tension d’une manière régulière dans l’intervalle qui sépare ces deux saisons. Elle augmente encore à mesure qu’on s’élève dans l’atmosphère. Du reste, toutes ces variations d’intensité électrique sont toujours en rapport avec la plus ou moins grande humidité de l’air.
- Comment l’évaporation, qui est la plus grande cause productrice de l’électricité atmosphérique, arrive-t-elle à ce résultat ? C’est ce qu’ont recherché depuis bien longtemps les physiciens. Car l'expérience leur avait démontré plus d’une fois que la transformation seule de l’eau en vapeur ne provoque pas de dégagement électrique. On .avait bien admis que quand quelques sels, quelques matières décomposables entraient dans les liquides, il résultait de l’action chimique opérée alors un dégagement d’électricité. Mais M. Gaugain, par des expériences délicates, a démontré que ce dégagement ne pouvait être attribué qu’à de petits frottements corpusculaires dont on 11e pouvait supposer la présence dans le grand acte de l’évaporation terrestre. Mi Becquerel semble avoir donné une explication plus rationnelle de cet effet, en démontrant que le contact des terres avec les nappes ou cours d’eau qui sillonnent de toutes parts notre globe, pro? voque par lui-même un dégagement électrique tel, qu’il a pu faire fonctionner avec des courants issus de cette- espèce de pile terrestre, des télégraphes électriques. Toutefois, ila reconnu que, pour que ce dégagement eût lieu, il fallait qu’il y eût hétérogénéité entre l’eau qui compose ces nappes ou cours d’eau, et celle qui humecte le sol. De la nature propre de ces eaux dépend le signe de l’électricité dégagée. Quand les eaux sont légèrement alcalines, elles sont négatives par rapport aux terres. Quand, au contraire, ces eaux sont acides, ou quand elles sont en contact avec des matières organiques en décomposition, l’inverse a lieu. Comme ce dernier cas est le plus général, il doit donc arriver que
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- l’électricité dégagée par l’évaporation et qui charge l’atmosphère est positive. Toutefois, comme nous l’avons dit, l’évaporation n’est pas la seule cause qui soit en jeu dans le phénomène météorologique qui nous occupe. M. Becquerel signale encore comme causes concomitantes : i° l’exhalation de l’oxygène et celle du gaz acide carbonique par les végétaux, qui doit fournir à l’air de l’électricité positive, à cause du frottement de ces gaz contre les liquides des feuilles au moment de leur dégagement ; 20 la décomposition des matières animales et végétales en terre ou sous l’eau : 3° le contact des eaux froides et des eaux chaudes circulant à la surface des mers.
- Suivant M. Palagi, l’électricité atmosphérique dégagée par suite de l’évaporation, devrait être principalement attribuée à l’élévation successive des vapeurs sous l’influence du courant ascendant diurne. On sait, en effet, que d’après les expériences de ce savant, le rapprochement et l’éloignement des corps les uns des autres sont des causes directes de manifestations électriques dans lesquelles l’éloignement entraîne toujours une charge d’électricité positive.
- On a admis que la condensation des vapeurs en dissolution dans l’atmosphère provoquait un dégagement électrique : mais cette hypothèse n’est pas bien prouvée, toujours est-il que la rosée, les brouillards, les nuages, la pluie et la neige sont électrisés. Bien plus même, les nuages et la pluie sont électrisés différemment, suivant que le vent siouffle du nord ou du sud, de l’est ou de l’ouest, et même aux différents instants de la journée. Kaemtz, le célèbre météorologiste allemand, explique d’une manière assez ingénieuse ces diverses influences, mais nous n’en parlerons pas ici, car cette question nous entraînerait trop loin. Nous ferons seulement remarquer que M. Quetelet, qui a fait pendant de longues années des observations sûr l'électricité atmosphérique, est arrivé à expliquer le changement de signe électrique et même l’état neutre des pluies pendant les orages, en faisant remarquer: i° que quand l’air est parfaitement pur, les couches supérieures de l’atmosphère sont électrisées positivement par rapport aux couches inférieures; 20 que la tension électrique des couches de l’atmosphère croît à mesure qu'on s’élève, la surface de la terre étant considérée à l’état neutre ; 3° que les nuages orageux sont généralement électrisés positivement et plongés au milieu d’une couche électrique relativement négative. Des réactions multiples échangées entre l’électricité des nuages orageux, celle des couches supérieures et inférieures, celle de la terre et des autres nuages orageux, résultent suivant lui des 'prédominances alternatives d’électricité positive et d’électricité négative qui sont accusées par l’électromètre et qui déterminent sur le galvanomètre des indications de
- courants tantôt dirigés de la terre aux nuages, tantôt des nuages à la terre.
- Dans l’hypothèse de M. Palagi, ces variations de signe dans l’électricité des nuages orageux viendraient simplement de leur rapprochement et de leur éloignement réciproques, et leur état neutre représenterait le moment de leur changement de polarité lorsqu’une décharge ne les aurait pas remis à l’état neutre.
- M. Quetelet a encore étudié d’une manière spéciale les rapports qui existent entre l’électricité et l’état hygrométrique de l’air, et ses recherches l’ont conduit à reconnaître : d’abord, que l’électricité de l’air n’est négative que dans le voisinage des pluies et au moment des averses ; toutefois, on peut dire d’une manière générale que cette électricité négative tient moins à l’humidité de l’air qu’à la nature des nuages qui passent au zénith. En second lieu, il a pu s’assurer que pendant la majeure partie de l’année, et surtout en été, les maxima et minima d’électricité sont accompagnés d’une diminution d’humidité, mais que l’inverse a plutôt lieu en hiver; enfin, il est arrivé à conclure que, pendant les différents mois de l’année, excepté à l’époque des plus grandes chaleurs, l’électricité de l’air est plus forte par un ciel serein que par un ciel couvert ; que les nuages, surtout en été et par des temps secs, sont des conducteurs électrisés agissant toujours par influence sur les corps placés à la surface de la terre; que pendant les brouillards l’air est toujours électrisé positivement d’une manière énergique. En combinant ces différentes déductions, M. Quetelet est parvenu à former le tableau suivant, dont il a d’ailleurs vérifié expérimentalement l’exactitude, et qui peut servir à indiquer approximativement la quantité d’électricité répandue dans l’air, par la simple inspection de l’hygromètre et de l’aspect du ciel, en ayant égard à la saison.
- Mois les plus froids
- 1® maximum d’électricité., humidité ordinaire.... Ciel serein.
- 2° minimum — .. — — .... Ciel couvert.
- 3® maximum d’humidité... beaucoup d’électricité, Hrouillard.
- 4® minimum — ... — — Ciel serein.
- Mois chauds et tempérés
- i® maximum d’électricité., peu d’humidité.......... Temps sec, nuages.
- 2® minimum — — ....... Temps -sec, ciel se-
- rein.
- 3® maximum d’humidité... peu d’électricité......... Temps humide et
- couvert.
- 4® minimum — ... — ....... Temps très sec, ciel
- serein.
- Il ne faudrait pas croire que les indications de l’électromètre et du galvanomètre, dans l’appréciation de la tension électrique atmosphérique, soient les mêmes. M. Quetelet a démontré qu’il était loin d’en être ainsi, et que l’électromètre était toujours chargé avant la pluie, alors que le galvanomètre
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- était en çepos. Ce n’est guère que quelques instants après que la pluie a commencé, que ce dernier instrument donne des indications; et souvent ces indications, comme il est facile de le comprendre d’après les changements de signe de l’électricité des nuages, changent de signe plusieurs fois pendant le même orage, ce qui prouve la présence de courants ascendants et descendants.
- {A suivre.) Th. du Moncel.
- SUR LES
- COMPTEURS D’ÉLECTRICITÉ
- La question du transport et de la division du travail au moyen de l’électricité, ainsi que l’extension croissante de l’emploi de la lumière électrique ont donné naissance à une question nouvelle, celle des compteurs d’électricité ou, pour parler plus exactement’, des compteurs d’énergie dont on commence à s’occuper sérieusement en Angleterre et en Amérique.
- En Angleterre, M. Boys et MM. Ayrton et Perry ont fait construire des appareils dont on a donné la description dans quelques publications françaises, et, ainsi que cela arrive presque toujours, les personnes sus-dénommées, ainsi que les auteurs des articles auxquels je fais allusion, ont complètement passé sous silence le nom de celui qui a, le premier, posé le problème dans ses véritables termes et qui en a donné en même temps la solution, reproduite identiquement, d’ailleurs, plus d’un an après par les électriciens Anglais. Ces derniers ne pouvaient même pas arguer de l’ignorance où ils étaient des travaux de leur devancier, puisque les Comptes rendus de VAcadémie des Sciences (nos du i5 mars et du 5 avril 1880), la Revue scientifique (n° du i3 mars 1880, page 876), La Lumière Electrique (ior avril 1880, page i33 et ior mai 1880, page 170) etc., donnèrent la théorie, la description et même la figure du mesureur d’énergie. Plusieurs journaux anglais la reproduisirent également (par exemple, The Electrician, 22 mai 1880).
- Malgré la répugnance que m’inspire une polémique de ce genre, je me vois forcé de rétablir les faits dans leur intégrité et je ne crois pouvoir mieux faire que de reproduire ici textuellement les deux communications que j’adressai à l’Académie, le i5 mars et le 5 avril 1880, ainsi que les articles parus récemment dans The Electrician (4 mars 1882) surxla prétendue invention de M. Boys. Je donnerai enfin la description de l’intégrateur de M. Ab-dank-Abakanowicz que M. Boys a jugé commode d’employer en oubliant d’indiquer le nom de l’inventeur.
- Quant à l’appareü qui a été construit sur les in-
- dications de MM. Ayrton et Perry, la différence la plus importante qu’il présente avec le mien consiste dans le nom de Arc Horse Power, qu’ils ont trouvé préférable à celui de Mesureur d’énergie que j’avais adopté.
- Voici maintenant la reproduction exacte des deux notes que j’ai présentées à l’Académie.
- EXTRAIT DES COMPTËS-RENDUS DE L’ACADEMIE DES SCIENCES
- Séance du i5 mars 1880.
- « Je passe maintenant à la description de l’appareil permettant de mesurer la quantité d’énergie qui passe pendant l’unité de temps dans un circuit électrique compris entre deux points A et B.
- « Joignons ces deux points par un circuit auxiliaire d’une grande résistance, dans lequel nous intercalerons un rhéomètre à fil fin et long, tandis que dans le circuit principal nous plaçons un rhéomètre à gros fil. Cela posé, cherchons l’expression de la quantité d’énergie qui passe dans le circuit principal, en fonction des intensités de ces deux courants, mesurées par les déviations des aiguilles des rliéomètres.
- « Désignons par I et R l’intensité et la résistance du circuit principal, par F et R' les quantités correspondantes dans le circuit auxiliaire. Soit E la différence des potentiels en A et en B. La quantité d’énergie qui passe dans le circuit principal est exprimée par RP ou El, tandis que l’intensité du courant dans le circuit auxiliaire a pour valeur
- et par suite
- Ei = R'ir.
- « La quantité d’énergie est donc proportionnelle au produit des intensités des deux courants, ou au produit des déviations des aiguilles.
- « On peut réaliser un instrument indiquant à chaque instant la valeur de ce, produit. »
- EXTRAIT DES COMPTES-RENDUS DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES
- Séance du 5 avril 1880.
- Électricité. — Sur le mesureur d’énergie. — Note de M. Marcel Deprez.
- « Dans une précédente communication, j’ai démontré que la mesure de quantité d’énergie qui traverse un circuit électrique est ramenée à celle du produit IF des intensités de deux courants, le premier, d’intensité I, traversant le circuit principal sur ^lequel sont situés les appareils destinés à l’uti-
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- User, le sêcond, d’intensité V, passant par un fil long et résistant greffé sur le fil principal.
- « T’ai imaginé plusieurs dispositions qui donnent immédiatement, et par une simple lecture, la valeur du produit II'. La plus simple d’entre elles consiste en un cadre multiplicateur, d’assez grande dimension, dans l’intérieur duquel se trouve un second cadre mobile sur des couteaux. Sur le cadre fixe est enroulé un fil fin et long, faisant un grand nombre de tours et constituant le circuit dérivé. Le second cadre est, au contraire, entouré d’un fil très gros, traversé par le courant principal: Deux petites coupes remplies de mercure, et dans lesquelles plongent des lames attachées au cadre mobile, permettent de lui amener le courant sans nuire en rien à sa mobilité. Enfin une petite masse fixée au cadre mobile, dans le prolongement de la droite qui joint l’axe des couteaux au centre de gravité de ce cadre, permet d’obtenir l’effort antagoniste qui doit faire équilibre au couple résultant des actions réciproques des deux courants qui traversent ces cadres. En ajoutant à cet appareil un totalisateur que j’ai imaginé en 1876 (*'). et qui a été appliqué depuis.dans le wagon d’expériences de la Compagnie du chemin de fer de l’Est, on peut obtenir, à un instant quelconque, la valeur de l’intégrale J* II' dt, qui fait
- connaître la quantité totale d’énergie qui a traversé le circuit pendant le temps t.
- « Le mesureur d’énergie permettra de réaliser facilement des expériences qui présentent d’assez grandes difficultés quand on emploie la méthode ordinaire. Parmi elles, je citerai la mesure de la quantité de chaleur nécessaire pour opérer une décomposition chimique.
- « Sa graduation peut être faite soit en calories, soit en kilogrammètres par minute, soit en chevaux-vapeur. Appliqué à une lampe électrique par exemple, il indiquera à chaque instant le travail absorbé par la production de la lumière. Pour le graduer, il faut employer tout le courant qui traverse le circuit principal à chauffer un calorimètre, dont on fera varier la résistance. A chacune de ces résistances correspondra un nombre déterminé de calories par minute et une position de l’aiguille de l’instrument. On pourra ainsi déterminer plusieurs points de la graduation du cadran et achever cette graduation par interpolation graphique. Un instrument étalon ainsi gradué avec beaucoup de soin permettra de graduer autant d’instruments que l’on voudra. »
- Il ressort de ces deux notes .que j’ai le premier
- (4) Ce totalisateur diffère de ceux qui sont connus, par l’adjonction d’un mécanisme auquel j’ai donné le nom de servo-motéur cinématique, et qui permet à des appareils très
- donné un énoncé correct du problème que doit résoudre un compteur d’énergie, tandis que l’on avait cru, jusqu’alors, qu’il suffisait de compter la quantité d’électricité fldt qui traverse un appareil quelconque pour avoir une mesure de ce que dépense cet appareil. J’ai montré que c’était fEldt qu’il fallait connaître et j’ai imaginé à cet effet le dispositif (électro-dynamomètre à deux circuits de résistance très différente) qui a été reproduit depuis par mes imitateurs. Aucune autre solution de cette question n’a été donnée jusqu’à présent.
- La deuxième note ne contenait pas la figure représentative du mesureur d’énergie, qui ne fut publiée que le ior mai 1880 dans La Lumière Électrique, page 171. Quoique la description contenue dans la note insérée aux comptes-rendus soit suffisamment claire, je crois qu’il n’est pas sans intérêt de reproduire ici cette figure, ainsi que la courte description qui l’accompagnait.
- Reproduction de l'article de La Lumière Electrique (Année 1880, page 170.)
- A A (fig. 1) est une bobine plate sur laquelle est enroulé un fil très-gros ou mieux encore une lame faisant plusieurs tours et présentant une très faible résistance au passage du courant. Cette bobine est mobile autour d’un axe muni de couteaux passant par son centre de gravité, et qui sert à amener le courant. A cet effet, les deux couteaux sont isolés l’un de l’autre et communiquent chacun, d’une part avec l’une des extrémités du fil de la bobine, et d’autre part avec une lame métallique terminée, en D, par un arc de cercle qui plonge dans une petite cuvette remplie de mercure et mise en rapport avec le circuit principal. En outre, la bobine AA porte une aiguille AE qui se meut devant un cadran divisé FF et un pendule AC, dont la lentille C est destinée à produire une force antagoniste proportionnelle au sinus de l’angle que la droite EC fait avec la verticale.
- BB est un cadre galvanométrique fixe entouré d’un fil très fin faisant un très grand nombre de tours et dans lequel passe le courant dérivé.
- L’instrument porte quatre bornes. Deux d’entre elles sont mises en communication avec la source électrique et les deux autres avec l’appareil destiné à utiliser le courant. Le courant à son entrée dans l’instrument se bifurque dans les deux circuits BB, AA, et, d’après les lois bien connues de l’électro-dynamique, l’action mécanique exercée par un élément d’un de ces circuits sur un élément de l’autre, est proportionnelle au produit I I' des intensités
- délicats de commander avec une extrême précision le mouvement d’organes soumis à des frottements relativement considérables.
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- des courants qui les traversent; par suite le couple qui tend à faire tourner AA autour de ses couteaux est aussi proportionnel à ce même produit, et se trouve représenté par une expression de la forme Il'/(a), a désignant l’angle de EC avec la verticale.
- On a donc l’équation d’équilibre: II' /,(a)=Csin a, dans laquelle f (a), représente une fonction de l’angle qui dépend des dimensions de l’appareil et de la distribution des fils, mais non du produit I I'. et C une constante. »
- T’ai imaginé plusieurs variantes de mon premier
- FIG. 2
- dispositif et je renverrai les personnes que cette question intéresse à mon bréyet du 2 avril 1880, qui contient aussi la description de l’intégrateur totalisateur que j’avais imaginé pour faire connaître
- au bout d’un temps quelconque la valeur de l’intégrale fKldt. Ainsi que je le dis en note, dans ma communication du 5 avril, à l’Académie des sciences, cet intégrateur présentait sur tous ceux connus jusqu’alors l’avantage de n’exiger de la part des organes du mesureur d’énergie qu’un effort extrêmement faible, la roulette totalisatrice roulant toujours et ne glissant jamais. Je l’avais imaginé en 1876 et sa description fut donnée pour la troisième fois dans la revue des Chemins de fer, en 1878, alors qu’il était construit depuis plus d’un an.
- Ce totalisateur se compose d’un plateau A (fig. 2) animé d’un mouvement de rotation uniforme (grâce à un mouvement d’horlogerie) autour d’un axe vertical J h. Sur ce plateau appuie une roulette B dont l’adhérence avec le plateau est assurée par un ressort C D. L’axe vertical de la roulette passe dans un canon F dans lequel elle n’éprouve que des frottements sensiblement nuis et ce canon ainsi que le ressort CD sont solidaires en G et en D à l’axe vertical IDGH monté sur pointe. Il résulte de là que le centre de la roulette peut décrire dans l’espace un arc de cercle dont le rayon (que l’on doit prendre aussi grand que possible) est égal à FG ou CD. On pourrait d’ailleurs avec un dispositif semblable au paraléllogramme de Watt, guider le centre de la roulette en ligne droite.
- L’axe vertical BC de la roulette porte en K une tige-gouvernail KE reliée au cadre mobile du mesureur d’énergie de sorte qu’un mouvement de ce dernier imprime à cette tige et par suite au plan de la roulette une déviation par suite de laquelle la roulette qui, dans son mouvement relatif par rapport au disque A décrit habituellement un cercle, se met à décrire une sorte de spirale et s’éloigne de plus en plus du centre, entraînant avec elle le ressort C D et le gouvernail KE. Ce mouvement radial de centre de la roulette a pour effet de redresser le gouvernail KE jusqu’à ce qu’il soit perpendiculaire au rayon qui passe par le point de .contact de la roulette et du plateau. Ceci revient à dire que le centre de la roulette se déplace de la même quantité que l’extrémité E du gouvernail KE sans exercer. sur le point E d'autre effort que celui qui est nécessaire pour opérer le pivotement de la roulette autour de son point de contact. Or, cet effort est toujours extrêmement petit, même quand la pression du ressort CD qui s’exerce sur la pointe C est considérable.
- Quant à la lecture qui fait connaître l’intégrale fEldt elle se fait sur un système de compteur quelconque mis en mouvement par la rotation de la roulette autour de son axe horizontal, dont la projection se confond sur la figure avec celle du centre L de la roulette.
- Je vais donner maintenant la traduction de l’article de The Electrician, du 4 mars 1882, intitulé
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- « Les Compteurs électriques de M. C. Y. Boys.
- « En février 1881, M. C. Vernon Boys a décrit devant la Physical Society un nouvel et intéressant intégrateur et il vient d’en appliquer le principe à la construction de plusieurs ingénieux mesureurs de force et de courant. Ces appareils sont décrits et dessinés dans le numéro de février du Philoso-phical Magazinè et il s’est fondé, croyons-nous, une compagnie ayant pour but leur exploitation. Les nouveaux appareils reposent sur ce que l’auteur appelle « le principe des tangentes ». Cette classe d’intégrateurs dérive de la formule d’intégration qui, dans son application géométrique, conduit à une courbe dont la pente ou la tangente
- de l’inclinaison ^c’est-à-dire est égale à l’ordonnée de la courbe donnée ou à la fonction donnée. Le nouvel intégrateur de M. Boys consiste essentiellement en un petit disque ou galet qui se meut sur la surface d’un tambour ou cylindre.
- « Quand le galet court le long du cylindre, parallèlement à son axe, le cylindre 11e tourné pas ; mais quand le galet est incliné relativement à l'axe du cylindre, celui-ci tourne et l’intégrale est représentée par la quantité dont il a tourné. On assure la continuité de l’action en donnant au cylindre, le long de son axe, un mouvement de va-et-vient, de sorte que quand le galet a parcouru le cylindre d’une extrémité à l’autre, il peut revenir sur ses pas. Le nouvel intégrateur est spécialement propre à la mesure de forces faibles ou variables, parce que, contrairement à ce qui a lieu dans les autres appareils du même genre, l’inertie et le frottement de la masse mobile (galet) est assez faible pour être presque inappréciable. On l’applique en faisant agir la force à mesurer sur le galet, de telle façon qu’elle fasse varier, d’une manière correspondante avec ses variations, l’angle que fait le galet avec l’axe du cylindre tournant. Ainsi en se servant d’un galet très petit et très léger, 011 peut lui faire intégrer l’intensité d’un courant électrique, s’il obéit à l’aiguille d’un galvanomètre intercalé dans le circuit. On peut aussi lui faire intégrer l’énergie d’un courant électrique qui est le produit de l’intensité du courant par sa force électro-motrice.
- « Deux compteurs de ce genre sont décrits dans le Philosophical Magazine par M. Boys. Le premier, qui est destiné à être employé comme mesureur d’intensité, est représenté par les figures 3 et 4 ; le second, construit comme mesureur d’énergie, est représenté dans les fig. 5 et 6. La fig. 3 est une vue en bout, et la fig. 4 une vue latérale du compteur de courant. M est un aimant que fait dévier le courant passant dans une bobine qui l’entoure. L’aimant M et le galet tangent T sont fixés sur un même axe vertical très léger et très délicat. Le poids de l’aimant produit la pression nécessaire entre le galet et le cylindre, et comme
- les deux surfaces sont convexes, le jfrottement qui s’oppose à la rotation de l’axe du galet et de l’aimant est très faible. Le cylindre est porté par un
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- bâti mobile qui peut exécuter le long du fil w un mouvement de va-et-vient au moyen d’un engrenage
- FIG. 4
- figuré au bas de la figure. Cet engrenage est mû par un mouvement d’horlogerie que le courant peut remonter lui-même au besoin. Un tel compteur,
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- comme le compteur électrolytique d’Edison, tient compte de la direction du courant. Quand le courant passe dans un sens, le compteur enregistre des quantités positives ; quand il passe en sens contraire, le compteur enregistre des quantités négatives. Un commutateur mis en mouvement par une armature polarisée pourrait être employé pour faire enregistrer au compteur comme positifs les courants passant dans l’un et l’autre sens ; on rendrait ainsi l’appareil applicable aux courants alternatifs. Une autre espèce de compteur de courant qui est, par sa nature même, indépendant de la direction du courant, serait, dans l’opinion de M. Boys, préférable au compteur à aiguille magnétique et commutateurs combinés.
- « Les figures 5 et 6 représentent un compteur
- par le courant dérivé, sont près l’un de l’autre, ils s’attireront ou se repousseront avec une force proportionnelle au produit des deux courants, c’est-à-dire à l’énergie dépensée ; mais si les fils peuvent se mouvoir, la force dépend aussi de leur position. Les fils doivent donc être disposés de manière que la force exercée ait pour effet d’incliner les galets tangents, tout en étant indépendants de leur mouvement. La fig. 6 montre cet arrangement de solénoïdes.
- « En dehors sont fixés deux solénoïdes concentriques l’un à l’autre et le courant principal les traverse tous les deux dans le même sens. A l’intérieur ést un solénoïde fait d’une grande longueur de fil fin, de préférence en alliage d’argent et d’aluminium, comme l’a suggéré M. Imray. La moitié
- d’énergie dans lequel MM est le mouvement alternatif qui imprime au cylindre un mouvement de va-et -vient le long des deux galets ; TT sont montés sur un bâti oscillant commun que des contrepoids maintiennent généralement vertical, mais qui peut être incliné sous l’influence d’une force due à toute cause tendant à faire tourner le bras B. Maintenant la puissance d’action des poids varie comme le sinus de l’inclinaison, tandis que l’effet d’une force agissant de haut en bas et appliquée au point P varie comme le cosinus de l’inclinaison. Le fléau se placera donc à un angle tel que la tangente de l’inclinaison soit proportionnelle à la force. Si donc le point P peut être tiré de haut en bas par une force proportionnelle à l’intensité du courant, on aura un compteur électrique. Le fléau est tiré par l’arrangement suivant de solénoïdes : — Si deux fils parcourus, l’un par le courant principal, l’autre
- FIfi. 6
- supérieure est enroulée dans un sens et la moitié inférieure dans l’autre, et le courant dérivé passe dans ces deux moitiés de manière à traverser la moitié supérieure dans le même sens que celui dans lequel le courant principal parcourt les solénoïdes fixes, et la moitié inférieure dans le sens opposé. Ce solénoïde est suspendu dans l’espace annulaire compris entre les deux solénoïdes fixes au moyen d’un ruban passant sur l’arc du fléau B. Les tubes placés à l’intérieur et à l’extérieur des solénoïdes, et les anneaux de leurs extrémités, qui sont teintés dans la figure, sont en fer, et on peut les employer ou ne pas les employer, suivant que le courant est faible ou fort. Mais que l’on conserve ou non les tubes, les anneaux ont l’avantage de guider les lignes de force au travers des pôles des solénoïdes fixes et de les maintenir à angle droit avec les fils de la bobine mobile; ainsi, pratiquement, toute la
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- force développée tend à abaisser le solénoïde, au lieu d’ètre dépensée en partie comme précédemment à produire une tension. Les tubes ayant un coefficient d’induction plus élevé que celui de l’air servent purement à accroître le nombre de lignes de force plutôt qu’ils n’affectent leur distribution.
- « Avec cette disposition, la tangente de l’inclinaison du fléau est proportionnelle au taux de la dépense d’énergie. Mais la vitesse de rotation du cylindre est proportionnelle à la tangente de l’inclinaison. Par suite le nombre de tours du cylindre enregistré par le compteur de tours qui surmonte l’appareil, mesure l’énergie totale dépensée. L'objet que l’on s’est proposé en donnant à la bobine mobile .un nombre égal de tours dans des sens opposés, est de la rendre indépendante du champ magnétique dans lequel elle est placée, de sorte qu’on peut s’en servir dans des ateliers ou près de machines dynamo-électriques. Si on l’emploie dans des maisons particulières, il sera impossible aux habitants dé falsifier ses indications en plaçant des aimants dans le voisinage. »
- Il résulte de la description précédente que M. yer-non Boys a appliqué le principe de mon mesureur d’énergie en lui donnant une forme légèrement différente de celle que j’avais tout d’abord indiquée. Cette petite modification, évidemment faite pour les besoins de la cause puisqu’elle ne présente aucun avantage appréciable sur celle représentée plus haut, n’a pas dû coûter à son auteur de grands efforts d’imagination, et il ne me serait pas difficile d’indiquer une foule de manières différentes d’arriver au même but qui est de mesurer l’action mécanique exercée l’un sur l’autre par deux circuits parcourus, l’un par le courant principal, l’autre par une dérivation très résistante empruntée à ce courant principal. C’est grâce à cette combinaison fondamentale basée sur un théorème que j’ai fait connaître le premier que le mesureur d’énergie a été rendu possible, et M. Boys n’a d’autre mérite, si c’en est un, que d’avoir apporté à mon invention première des modifications insignifiantes qui ne l’autorisaient pas à passer mon nom sous silence, exemple suivi d’ailleurs par certains publicistes français qui ne peuvent cependant arguer de leur ignorance à ce sujet. C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé lorsque j’ai fait connaître mon petit moteur électrique et mon galvanomètre. Ces instruments ont été, peu de temps après leur apparition, copiés ou reproduits avec des modifications puériles, et les auteurs se sont naturellement bien gardés de me nommer.
- Quant, à la seconde partie de l’instrument que M. Boys a fait construire, l’intégrateur totalisateur, elle est absolument identique à celle réalisée et publiée depuis plus de 3 ans, par M. Abdank-Aba-
- kanowicz, professeur à l’Ecole polytechnique de Lemberg (Galicie autrichienne). C’est ce qui ressortira de la description que j’en donnerai prochainement.
- (A suivre). Marcel Deprez.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- GALERIE DES MACHINES
- MACHINES DE MAXIM ET DE LA BRITISII ELECTRIC LIGIIT C»
- Dans nos deux derniers articles, nous avons parlé de divers types de machines Gramme qui se trouvaient exposés dans la section française, mais ce n’est pas seulement en France que la fabrication de ces appareils a pris depuis quelques années une assez grande extension, et plusieurs pays Européens nous ont montré, à la récente Exposition d’électricité, qu’ils possédaient des constructeurs habiles pour cette partie. On a pu s’étonner de ne pas voir une seule machine Gramme dans toute la section de l’Amérique du nord, lorsque les Etats-Unis étaient représentés de la façon la plus brillante par leurs nombreuses compagnies électriques ; mais la raison en est bien simple : le brevet Gramme pour les Etats-Unis n’ayant été vendu à une Société Américaine que depuis trois ans à peine et une foule de types de machines électriques ayant été fabriqués jusque-là et se trouvant en exploitation régulière au moment où les préparatifs de l’Exposition de Paris ont commencé à être faits, l’outillage pour la fabrication régulière de la machine française n’avait pas encore eu le temps d’être complètement installé, tandis que plusieurs autres types se trouvaient dans le commerce. Il faut rappeler du reste que parmi les nombreuses machines construites aux Etats-Unis, il en est plus d’une qui a des analogies tellement frappantes avec la machine dont nous parlons, que la contrefaçon est flagrante et que les propriétaires actuels des brevets Gramme ont l’intention de donner suite à leurs projets de poursuites contre les compagnies qui exploitent ces contrefaçons plus ou moins déguisées.
- A l’Exposition de l’été dernier, au Palais de l’Industrie, on trouvait des machines Gramme dans la section anglaise, dont le dessin ci-contre donne une vue perspective. C’est la British Electric Light C° qui avait envoyé divers types, un peu différents, comme aspect extérieur, de nos formes françaises, mais qui n’en donnent pas moins des résultats aussi bons, sinon meilleurs.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Les quatre appareils à lumière qui se trouvent au premier plan dans notre dessin et que l’on voit répétés dans le fond, sont des lampes Brockie, dont la forme lourde et disgracieuse a sans doute limité l’emploi aux applications industrielles. L’apparition de cette lampe remonte déjà à l’année 1880 et le principe appliqué par l’inventeur était assez ingénieux, l’éloignement des charbons étant réglé, non pas par les changements produits dans l’intensité du courant, mais à certains moments déterminés; de minute en minute par exemple, l’appareil rétablit un écart normal entre les charbons, écart qui reste sensiblement le même, à part l’usure bien entendu, jusqu’à un nouveau réglage à la minute suivante. Les lampes Brockie que nous représentons étaient montées en tension sur le circuit d’une des machines à courants continus de la British Electric Light C°.
- Notre second dessin représente une partie de l’Exposition des États-Unis et spécialement les appareils dynamo-électriques de M. Maxim, celui de M. Weston et la machine Arago exposée par la White House Mills Company.
- L’aspect extérieur de la machine Maxim est en tout semblable à celui du petit modèle de Siemens qui sert d’excitatrice pour les machines à lumière, les inducteurs sont du reste identiques, aux dimensions près, et les modèles qui figuraient à l’exposition ne présentaient guère, comme différence, que des couches de peinture variées de couleur pour les inducteurs et pour les induits. On sait que M. Maxim avait un système complet pour Téclairage à incandescence comprenant machines, génératrices, régulateurs automatiques de courants, lampes, etc., mais ses appareils dynamo-électriques et son système d’éclairage à incandescence pure, ayant été, à plusieurs reprises, complètement décrits dans ce journal, nous ne faisons aujourd’hui que rappeler leur présence à l’Exposition Internationale d’Électricité.
- La machine Weston représentée au second plan dé notre dessin a une certaine ressemblance avec une des formes de la machine Gramme par la disposition de ses aimants inducteurs; nous avons décrit du reste l’ensemble du système Weston dans le numéro du 7 septembre 1881 auquel nous renvoyons le lecteur.
- Des modèles d’une machine combinée par M. Bail et portant le nom d’Arago së trouvaient aussi dans la seétion américaine et sont figurés dans notre dessin au second plan à gauche ; dans ces appareils construits comme les machines ordinaires à courants alternatifs, c’est-à-dire dans lesquels une série circulaire de bobines ou d’électroaimants traverse successivement des champs magnétiques alternés, on a cherché à obtenir des courants continus comme dans les modèles de M. Y. Hefner Alteneck et Hopkinson Muirhead;
- voir pour la description de ces machines les numéros de La Lumière Électrique des 18 juin, 8 octobre et 12 novembre 1881.
- C.-C. Soulages.
- EXPÉRIENCES DE M. STROH
- 2e article (Voir le n° du 20 mai 1882).
- J’ai dit dans le précédent article relatif aux expériences de M. Stroh qu’il avait étudié les lignes de force et la constitution du champ en mouvement qui se constitue sous l’influence d’un corps animé de vibrations ou de pulsations. C’est sur ce point qu’il nous faut aujourd’hui revenir, car c’est là que se trouve la partie réellement originale de ces belles études.
- Avant de rechercher la nature et les directions des forces dans les divers points, M. Stroh s’est
- FIG. 1
- proposé d’abord d’examiner si l’ensemble de ces actions se traduisait par une tendance générale résultante, cette recherche l’a conduit à un résultat particulièrement curieux : l’expérience est la suivante :
- Deux tambours à pulsations constitués comme nous l’avons dit précédemment, sont placés en face l’un de l’autre (fig. 1), et réunis par un petit manchon formant une chambre cylindrique. Cette cavité est complètement close, à l’exception d’une petite embouchure sur laquelle on ajuste un tube flexible terminé par un petit tube de verre. L’ensemble est représenté dans la figure. Dans le tube de verre on introduit un petit index de liquide
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- coloré ; la cavité formée par le manchon et le tube est fermée par cet index et renferme une quantité d’air déterminée. Si l’on met en mouvement les membranes qui forment deux des parois de cette cavité, qu’arrivera-t-il ? De quelque façon que l’on s’ÿ prenne, comme on ne fait pas varier la quantité
- ' ' i \ WWW'*
- FIG. 2
- d’air enclose, comme on n’en change pas la température il semble que l’index devra éprouver des vibrations, mais qu’il devra se mouvoir sans que sa position moyenne diffère de sa position initiale. Ce n’est pas ce qui arrive; lorsque les membranes sont mises en pulsation en phases semblables, l’index de liquide est repoussé vers le bout libre du tube et vient occuper une position permanente plus rapprochée de ce bout que sa position initiale;
- FIG. 3
- FIG. 4
- il y a donc, ou il semble y avoir dilatation de l’air ; si les membranes reçoivent des mouvements de phases contraires, l’inverse a lieu, l’index se rapproche au contraire du manchon ; il y a, ou il semble y avoir contraction du gaz. Ces faits sont très curieux, c’est, je crois, le premier exemple d’un mouvement produisant un apparent changement de volume sans modification appréciable de la température.
- L’action résultante ainsi constatée, M. Stroh étudie successivement les divers points du milieu
- soumis à l’influence. J’ai dit que c’était à l’aide d’une flamme de gaz qu’il faisait cette recherche. La fig. 2 indique comment cette flamme se modifie lorsqu’elle est soumise à l’action vibrante ; comme on peut le voir, elle s’aplatit plus ou moins suivant la puissance à laquelle elle est soumise et en donne ainsi, en même temps, la grandeur et] Ja direction.
- Par ce procédé, M. Stroh a pu montrer que
- FIG. 5
- l’examen de l’espace soumis à l’action vibrante, ce que l’on peut nommer le champ vibrant, conduit au tracé de lignes de force tout à fait identiques à celles que comporte le champ magnétique ; c’était, on s’en souvient, ce qu’avait déjà constaté
- M. Bjerknes par des moyens un peu plus grossiers. Le champ d’une membrane isolée est représenté dans la figure 2 ; les lignes de force s’écartent rapidement, le champ, à une très petite distance, est déjà très faible ; il est plus intéressant d’étudier le champ concentré entre deux membranes oppo-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- sées. La fig. 3 en donne la représentation, dans le cas des phases semblables, et la fig. 4 le figure dans le cas des phases contraires. Je n’ai pas besoin de signaler l’analogie frappante de ces figures avec celles que donnent les aimants, d’ailleurs j’aurai à revenir sur ce point; mais je dois signaler ici une expérience à laquelle M. Stroh a été conduit par l’étude de ces actions, et qui est bonne à rappeler. Voulant se rendre mieux compte des
- l’inverse aurait lieu. Il est regrettable, je lé répète, que M. Stroh ne soit pas entré dans cette voie; au reste il est toujours temps. Dans une àutre expérience, M. Stroh a montré qu’en faisant vibrer devant un disque mobile sur pivot un autre disque, le disque tournant entre en rotation vers l’opérateur.
- M. Stroh, qui a vraiment étudié cè côté de la question avec un grand soin et une remarquable -sagacité, a voulu déterminer la direction des cou-
- FIG.
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- attractions et répulsions produites sur ces lignes de force, il chercha à les réduire à leurs éléments. A cet effet, il dispose un disque de carton suspendu sur pivot, analogue à celui que- nous avons déjà décrit, mais plus grand ; on prend à la main un autre disque pareil portant une tige; à l’aide de cette tige on le projette vivement vers le disque mobile (fig. 5). Il semble naturellement que ce dernier va reculer, au contraire il s’approche. M. Stroh explique ce fait en disant que l’air rejeté de l’espace
- FIG. S
- compris entre les disques, va causer une compression derrière ceux-ci et tend à les rapprocher.
- L’explication est juste sans doute, mais me semble un peu incomplète. Au fond cette expérience est un cas particulier des effets que M. Bjerknes produisait avec des corps alternativement plus légers et plus-lourds que l’eau dans laquelle se faisaient ses expériences; cette attraction se produit parce que le disque est plus dense que l’air, en sorte que le mouvement que prennent les molécules d’air est plus rapide que celui qui reçoit le disque, il y a raréfaction du milieu d’où paramagnétisme et attraction: si le disque était plus léger que l’air,
- rants d’air engendrés autour des pôlds vibrants. A cet effet, il a placé dans le voisinage de ceux-ci de petits moulinets à ailes très légers (fig. 6) qui entraient en rotation sous l’action de ces courants. L’expérience donne de bons résultats, mais elle est
- FIG. TO
- délicate. On 11e peut la faire que dans dès enceintes de verre bien closes, et elle réclame uhe observation attentive. Pour en produire les résultats en public, M. Stroh a fait un petit retoür vers les procédés Bjerknes. Il a constitué un appareil à l’aide d’une petite cuve pleine de glycérine (fig. 6), dans' laquelle deux ressorts sont mis eh vibration à l’aide d’un système de leviers et de poulies. Il y aurait bien quelques observations à faire à ce
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- procédé; d’abord il s’écarte des autres expériences par le changement du milieu, et de plus le liquide dont M. Stroh fait usage est un corps visqueux, et l’on sait par M. Bjerknes que ces liquides altèrent les effets. On ne doit considérer cette expérience que comme un procédé d’exposition commode; c’est au reste, je crois, ce que M. Stroh a voulu en faire. Quoi qu’il en soit il a manifesté les courants dans ce liquide d’abord à l’aide de petites roues étoilées, puis en jetant à la surface des poussières métalliques. On obtient ainsi les figures représentées fig. 7, suivant que les phases sont concordantes ou contraires.
- M. Stroh a encore complété cette recherche à l’aide d’un autre mode d’investigation. Il est ,fondé sur la remarque suivante. Si un disque mobile sur un pivot vertical est placé dans un courant fluide, il ne sera en équilibre que s’il est perpendiculaire à la direction d’écoulement des filets. Si l’on sup-
- Pk
- •» FIG. I I
- pose en effet (fig. 8) qu’il soit dans la position ABCD, le courant allant de À vers B, on conçoit aisément que le centre des pressions ne sera pas sur l’axe, il sera entre l’axe E et l’extrémité AB; le calcul démontre du reste ce fait ; le disque tournera donc autour de son axe jusqu’à ce qu'il ait atteint la position normale, le centre de pression se trouvant alors sur l’axe. On peut considérer, c’est un procédé d’un usage commode pour le calcul, les lignes de force comme constituant des flux de force dont elles donnent la direction; on en conclut que si on place un disque mobile autour d’un axe dans un champ parcouru par des flux de ce genre, il prendra en chaque point la direction perpendiculaire aux lignes de force comprises dans ce flux.
- Pour réaliser ce disque, on attache à l’extrémité d’une aiguille équilibrée (fig. 9), semblable à. celle que nous avons décrite dans l’article précédent, à la place de la petite boule, un petit cadre portant un pivot léger muni d’un petit disque; l’aiguille permet de le faire passer dans les divers points d’un champ. On voit d’avance ce qui doit arriver; dans un champ vibrant, suivant la phase, le disque
- prendra, dans la ligne axiale, Jes positions indiquées fig. 9 ; dans le champ magnétique, il prendra celles qui sont tracées au-dessous. Le même disque peut servir à explorer les deux champs, en ayant soin de le prendre en fer doux. Pour former le champ magnétique, on place en face l’un de l’autre deux électro-aimants que l’on peut éloigner ou rapprocher à volonté, et dans lesquels un commutateur
- permet de placer les pôles comme on le désire (fig. 11). Les résultats complets sont indiqués (fig. 12) pour les membranes vibrantes; la figure de droite donne les phases semblables avec attraction; celle de gauche les phases dissemblables avec répulsion. Pour les aimants, les figures sont absolument pareilles; on remarque seulement que l’attraction répond aux pôles dissemblables et • la
- répulsion aux pôles semblables, c’est la différence connue; du reste, la fig. i3 donne la représentation complète des lignes de force magnétique dans les deux cas. La similitude est frappante, et il est impossible de la méconnaître.
- M. Stroh s’est contenté, pour toute conclusion, de constater cette similitude; cela est trop modeste, et il eût été en droit de tirer de ces très bonnes expériences des conséquences plus larges; en tous cas, il a mis celle-là dans une lumière très éclatante,
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- et l’a placée hors de toute contestation, sauf toujours la différence dont nous venons de parler,'encore doit-on citer là une remarque faite par M. Preece qui est frappante; celui-ci a fait observer que les mots semblable et contraire, appliqués aux phases des mouvements vibratoires, n’ont qu’un sens conventionnel; nous nommons semblables les phases obtenues par un moyen semblable, c’est-à-dire dues à la compression ou à la décompression; mais, en réalité, les mouvements ainsi engendrés sont de sens inverse dans l’espace, et ils agissent en sens inverse sur le milieu qui les sépare. Cette considération a certainement de la vérité et est fort ingénieuse; elle sera sans doute utilisée dans les expériences qui seront entreprises dans la voie que M. Bjerknes a ouverte et dans laquelle M. Stroh a fait un si grand pas.
- Frank Geraldy.
- LA TÉLÉGRAPHIE
- SES PROGRÈS RÉCENTS MANIFESTÉS A L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- Troisième artiele (Voir les n0H des i3 et 20 mai 1882.)
- Isolateurs. — Un isolateur doit, comme première condition, être fait avec une matière bien isolante. Mais ce n’est pas tout; à cause de l’humidité dont l’air est si souvent chargé, il n’est pas indifférent d’employer telle ou telle forme.
- Les matières employées sont le verre, la porcelaine, l’ébonite. La porcelaine émaillée est le corps le plus universellement employé, et, dès les débuts de la télégraphie, on eut recours du premier coup à cette substance. On était donc tombé juste, mais la forme qu’on donna aux isolateurs n’avait d’autre but que de rendre plus aisée et plus solide leur liaison avec le fil conducteur. Nous sommes même étonnés d’avoir vu parmi les nombreux modèles exposés au Palais de l’Industrie, un certain nombre d’isolateurs de forme surannée, tels que ceux à poulie-arrêt, qui sont d’ailleurs employés encore en Angleterre et sur certaines compagnies de chemins de fer.
- Pour empêcher l’eau de pluie de venir mouiller le crochet où l’on attache ce fil, on eut l’idée de renfermer ce crochet sous une sorte de cloche. Ce fut d’abord une amélioration. Le véritable progrès récent consiste dans l’emploi de la double cloche. Càr, outre la pluie, on avait à redouter la formation de rosée qui se produisait à l’intérieur, et qui formait une communication entre les deux surfaces. L’adjonction d’une seconde cloche, évitant le rayonnement, servant pour ainsi dire de matelas d’air, a supprimé cet inconvénient. Et, maintenant, les lignes
- sérieuses sont pourvues de ces isolateurs qui ne laissent rien à désirer pourvu, bien entendu, qu’avec un nettoyage on vienne de temps à autre enlever les dépôts de fumée qui se forment le long des chemins de fer, près des usines, et qui constituent alors une couche conductrice d’assez grande importance.
- Il n’est pas nécessaire que la seconde cloche soit faite d’une matière isolante. On peut même profiter de cela pour la faire en fer, et mettre ainsi la cloche intérieure à l’abri du jet des pierres et de toute action pouvant la briser.
- Le premier isolateur ainsi constitué fut’ employé en Amérique. C’est l’isolateur Brooks. C’est une sorte de bouteille renversée, cimentée par un mélange de soufre .et de sable à l’intérieur d’un cylindre de fer. Le crochet est fixé au fond de la bouteille et se retourne en forme d’ancre. On l’attache au moyen d’un anneau qui vient embrasser le cylindre de fer, ou bien encore on l’encastre dans une sorte de rainure pratiquée dans une traverse fixée au poteau. L’intérieur de la bouteille étant saturé de paraffine qui enveloppe complètement le crochet, la double cloche n’existe pas à proprement parler. Nous voyons, à l’Exposition, de véritables isolateurs à double cloche présentant toutes les garanties qu’offrent les isolateurs Brooks, mais ils sont réellement à double cloche. La cloche intérieure est un cylindre de verre; dans le verre est scellé le crochet, et le fond du verre porte un chapeau en fer, où vient s’adapter par un assemblage à baïonnette un cylindre de fer formant l’envelopppe extérieure. Ce cylindre est fixé au support, et l’on peut facilement en agissant sur le chapeau métallique, enlever l’intérieur de l’isolateur pour le vérifier, pour le nettoyer.
- L’isolateur adopté pour les grandes lignes en France, et dans beaucoup d’autres pays, est un isolateur à double cloche-arrêt. Il n’y a plus ici, comme dans les anciens isolateurs, un crochet pour supporter le fil. Quelque bien scellé que fût ce crochet, tout l’effort était exercé sur une matière qui était facilement cassée. C’est pourquoi 011 a préféré faire exercer l’effort sur une tige de fer qui supporte l’isolateur. Cette tige, fixée au poteau, vient en se recourbant verticalement se visser dans la porcelaine à la partie supérieure de l’isolateur, où est ménagée une gorge dans laquelle passe le fil. L’action du fil sur la porcelaine est alors un effort par l’écrasement au lieu d’un arrachement. Deux oreillés verticales servent à maintenir le fil. Dans le cas d’un alignement, c’est dans l’oreille intérieure qu’il faut mettre le fil, car si elle venait à se briser, le fil tombant serait arrêté par la tige et serait encore soutenu. On ne place le fil sur l’oreille extérieure qu’autant que la ligne fait un angle saillant. Le fil appuie alors sur la gorge, qui sert d’inter-
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- médiaire entre le conducteur et la tige. Cet isolateur permet d’arrêter le fil; en France, on emploie un second fil de plus petit diamètre. Mais on a essayé de s’en passer; Plusieurs dispositions peuvent être employées. On peut entailler l’isolateur à sa partie supérieure, de façon à former une rainure courbe dans laquelle le fil se trouve maintenu par le frottement. C’est le cas des isolateurs en ébonite de la télégraphie militaire. Mais ce procédé, qui a ici sa raison d’être, est vicieux si on l’applique à des appuis fixes. On voit à l’Exposition d’Electri-cité des. modèles d’isolateurs, système Crighton. Là partie supérieure de l’isolateur porte une fente plane verticale et est taraudée. On introduit dans cette fente le fil, et puis l’on introduit par dessus, dans la fente, un morceau carré de fer galvanisé, portant à sa partie inférieure des dents pour mordre le fil.. Le fer dépasse la partie plane supérieure de l’isolateur. On visse alors un chapeau fileté, qui vient presser la petite lame de fer, laquelle presse à son tour sur le fil. Le serrage est forcément limité à la résistance d’ailleurs assez faible qu’offrent des filets de vis en porcelaine. Le chapeau peut être soit en fer, soit en porcelaine. Malgré sa simplicité, ce système présente trop de défauts pour qu’on puisse l’appliquer dans une grande exploitation.
- Nous voyons' exposés aussi des isolateurs de formes connues, mais de matières diverses. En Angleterre, l’usage de la terre cuite paraît assez répandu. Ces terres sont de différentes colorations, ce qui indique la présence d’oxydes métalliques, tels que sesqui-oxyde de fer, etc. Il eût été intéressant de faire des expériences sur leur conductibilité de masse.
- En somme, la porcelaine émaillée semble tenir la première place. Le verre, meilleur isolant, est aussi plus hygrométrique, ce qui lui donne une conductibilité superficielle trop grande. Il est aussi trop fragile. C’est le cas de l’ébonite, qui, sans ce dernier défaut, pourrait avantageusement lutter avec la porcelaine.
- La section de l’Italie nous montre les trois genres d’isolateurs employés dans ce pays. Ces trois formes sont très rationnelles. Ainsi, à petites distances, on emploie sans inconvénient la simple cloche. Dans les lignes de l’intérieur, la double cloche, à peu près comme chez nous; et le long des côtes, où se trouvent les principales communications de ce peuple, on a exagéré la profondeur de deux cloches, pour éviter les actions des vapeurs de la mer.
- Fil conducteur. — Nous n’avons rien à dire sur cette partie de la ligne. Tout le monde est d’accord pour employer le fer galvanisé. Cependant, en Allemagne, on emploie encore du fil de fer recouvert d’un enduit. Après l’avoir fait passer à la
- filière, on l’enduit d’huile de lin, en le faisant rougir et le plongeant dans un bain de ce liquide. On augmente, disent les Allemands, le diamètre du fil, grâce à l’économie qu’on effectue ainsi. Mais ce raisonnement n’indique pas si le moyen de préservation est efficace. En Angleterre, aux points soumis à des émanations dangereuses, on préserve le fil de la manière suivante : On plonge le fil, déjà galvanisé, dans un mélange de goudron et de bitume, et l’on recouvre d’une double couche de fil de chanvre goudronné. Ce n’est là qu’une exception.
- Aux Etats-Unis, nous voyons employé le « American compound wire. » Ce conducteur est un fil d’acier étamé, revêtu d’un ruban de cuivre en spirale, qui a été passé dans un bain d’étain pour souder le cuivre à l’acier. Ses avantages sont les suivants : il ne pèse que le tiers du fil de fer galvanisé, il est de même conductibilité que ce dernier, plus tenace, et ne craint pas les gaz et les émanations.
- Les inconvénients sont : d'abord son prix élevé, puis le revêtement en cuivre se détache quelquefois. Depuis 1877, on a imaginé de recouvrir l’âme en acier d’une galvanisation de cuivre.
- Enfin, on a fait grand bruit d’une nouvelle matière employée pour les fils conducteurs : le bronze phosphoreux. On le propose pour l’emploi des lignes téléphoniques; son diamètre, dans ce cas, n’est que de imm 1/4, ce qui permet de faire des lignes moins lourdes, offrant moins de prise au vent, fatiguant moins les supports. Mais avant de se prononcer sur l’usage d’un tel conducteur, il faut attendre les résultats de l’expérience. A Bruxelles, et dans d’autres villes de Belgique, où il est fort préconisé, on est en train de construire tout un réseau téléphonique avec des fils de cette substance.
- Comme moyens de raccorder les fils, l’Exposition d’Electricité 11e nous offre rien de spécial; c’est toujours le manchon employé en France, et le joint Britannia, chez les autres peuples, qu semblent être seuls universellement en usage.
- (A suivre.) E. de T.
- NOUVEAUX
- PROGRÈS EN TÉLÉPHONIE
- Voici un nouveau pas fait par ce remarquable instrument. M. Van Rysselberghe, qui est bien connu de nos lecteurs par son excellent météoro-graphe que nous avons décrit dans le numéro du 18 mars 1882, vient de constituer un système de téléphone différant très sensiblement des systèmes connus ; nous aurons à revenir sur son dis-
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- positif pour en indiquer les détails et montrer comment il a été conduit à le combiner ; pour aujourd’hui nous voulons sans délai mettre nos lecteurs au fait du résultat des expériences qui viennent d’être faites.
- Le système avait été d’abord mis en action sur la ligne de Bruxelles à Ostende (M. Van Ryssel-berghe est attaché à l’observatoire de Bruxelles), mais son inventeur voulut l’expérimenter sur une plus grande portée et il vient de l’essayer entre Paris et Bruxelles. Les expériences ont eu lieu dans les dernières journées, ou pour mieux dire matinées, car les fils n’ont pu être mis à la disposition de l’inventeur que jusqu’à sept heures du matin. La bienveillance de M. Van Rysselberghe m’a permis d’assister aux essais du mercredi 17 mai. J’ai pu constater que la conversation entre Paris et Bruxelles était facile, la parole est très claire, il n’est pas nécessaire de parler très haut, mais seulement d’une voix claire et bien articulée, ce qui est du reste toujours réclamé par le téléphone.
- Ce résultat, s’il était le seul obtenu, ne serait pas sans doute absolument nouveau; nos lecteurs se rappellent les expériences à grande distance du système Herz que nous avons eu occasion de raconter dans ce journal (numéro du 5 février 1881). Il a été fait diverses tentatives de ce genre avec plus ou moins de succès; on pourrait dire seulement que celle de M. Van Rysselberghe est certainement une des meilleures sinon la mieux réussie qu’on ait faite; mais ce n’est là qu’un point du système.
- L’inventeur s’est préoccupé de combattre le terrible ennemi du téléphone, l’induction. Je rappelle de nouveau à ce sujet les études faites par M. Herz au moyen de l’emploi des condensateurs sur les lignes téléphoniques, tant comme préservateur que comme récepteur; le procédé employé par M. Van Rysselberghe a quelques points de contact avec ces essais, tout en différant très sensiblement; par un détour ingénieux, ce dernier, au lieu de se défendre de l’induction sur la ligne téléphonique où elle vient produire son action nuisible, cherche à l’empêcher de naître en l’étouffant sur les lignes où elle se produit. Nous reviendrons en détail sur ce point; d’ailleurs il n’a été expérimenté qu’incomplètement à Paris où on n’avait pas eu le temps dans ces premières expériences, destinées uniquement à l’étude, de garnir d’appareils préservatifs toutes les lignes nuisibles. Ces expériences partielles ont cependant suffi à prouver l’efficacité du procédé sur les lignes télégraphiques.
- De la combinaison de ces deux moyens, je veux dire le téléphone perfectionné et l’induction combattue, M. Van Rysselberghe a tiré un résultat inattendu et frappant ; il a pu mettre sur une même ligne et faire fonctionner en même temps un appareil télégraphique Morse et un téléphone; i’ai vu
- ces appareils travailler en même temps et il est incontestable qu’ils ne se gênent pas d’une manière sensible, la double transmission s’opère sans aucune difficulté. Au premier essai qui avait eu lieu le 16, on avait transmis de Bruxelles à la fois les dépêches suivantes.
- Le téléphone dictait ce qui suit :
- A Monsieur Cochery, Ministre des Postes et Télégraphes.
- Je suis heureux de transmettre à Monsieur le Ministre des Postes et Télégraphes de France, au nom de l’Administration des Télégraphes de Belgique, la première dépêche téléphonique transmise entre Bruxelles .et Paris, par une méthode due à M. Van Rysselberghe et permettant de transmettre par un même fil des télégrammes ordinaires en même temps que des dépêches parlées.
- Je suis certain d’être l’interprète de M. le Ministre des Travaux publics de Belgique en exprimant à Monsieur le Ministre des Postes et Télégraphes de France toute la satisfaction que nous éprouvons en constatant la possibilité d’augmenter encore les relations entre les deux pays.'
- Banneux,
- Ingénieur-Inspecteur des Télégraphes.
- Pendant que le télégraphe Morse enregistrait la dépêche suivante :
- A Monsieur Cael, Directeur-Ingénieur des Télégraphes.
- Je prie Monsieur le Directeur-Ingénieur Caël de. recevoir, par Morse, de Bruxelles à Paris, mes compliments ies plus affectueux. La présente dépêche passée en même temps qu’un télégramme téléphonique à Monsieur le ministre Cochery sur l’unique fil qui nous relie en ce moment.
- Banneux,
- Ingénieur-Inspecteur des Télégraphes.
- Les deux dépêches ont été immédiatement remises à leur adresse. Il faut remarquer qu’elles ont été passées à 8 h. 10 du matin, c’est-à-dire quand le travaii du bureau avait déjà repris, et quand les actions inductives étaient déjà très énergiques.
- Nous étudierons plus à loisir les procédés employés par M. Van Rysselberghe, mais il a paru bon de signaler aussitôt après leur réalisation ces belles expériences.
- Frank Geraldy.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Sur la polarisation des électrodes et sur la conductibilité des liquides, par M. E. Bouty (*).
- « Dans une note antérieure (*), j’ai indiqué comment on peut mesurer séparément la polarisation
- (*) Note présentée à l’Académie des Sciences dans la séance du 8 mai 1882.
- (2) Voir La Lumière Électrique, n° du 20 mai 1882.
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- des électrodes et la conductibilité des liquides. Je vais exposer aujourd’hui les principaux résultats de l’application de cette méthode au cas des mélanges.
- «Le liquide sur lequel on veut opérer est contenu dans une cuve rectangulaire aux deux extré mités de laquelle se trouvent des électrodes A et B, de même largeur que la cuve et vernies sur leur face postérieure. Deux fils parasites m et n, recouverts d’une enveloppe isolante, sauf à leur extrémité, plongent dans le liquide. Chaque détermination comprend : i° la mesure de la différence de potentiel aux deux extrémités d’une résistance métallique connue, comprise dans le circuit, d’où l’on déduit l’intensité du courant ; 2° la mesure de la différence de potentiel entre l’un des fils parasites, d’où l’on déduit la conductibilité du liquide ; 3° la mesure de la différence de potentiel entre l’un des fils parasites et l’électrode la plus rapprochée, d’où l’on déduit la polarisation de cette électrode. J’ai étudié principalement le cas où l’un des éléments du mélange est un sel de cuivre et où l’é-lectrolyse s’aGCompiit entre des électrodes de cuivre.
- « Des expériences antérieures m’avaient appris que, quand le sulfate ou le nitrate de cuivre sont mêlés, soit à l’êau acidulée, soit à un sel d’un métal plus oxydable, l’électrolyse produite par les courants de très faible intensité donne toujours un dépôt brillant et très adhérent de cuivre ; mais pour une densité (') du courant d’autant plus faible que la liqueur est plus étendue et la matière étrangère en plus forte proportion, au dépôt métallique succède brusquement un dépôt sans adhérence, rouge ou noir. En même temps, on peut constater, à l’aide d’un thermomètre électrode, un dégagement de chaleur parasite dont l’électrode négative est le siège et qui persiste avec les courants les plus forts.
- « L’étude de la conductibilité et des polarisations établit :
- « i° Que la conductibilité du liquide demeure constante (2), malgré la variété des réactions électrolytiques dont les électrodes peuvent devenir le siège ;
- « 20 Que cette conductibilité est toujours très supérieure à celle que posséderait individuellement la dissolution de l’un quelconque des éléments du mélange au degré de dilution où il existe dans la liqueur; que, par suite, les molécules de chacun des sels mêlés prennent part au transport de l’électricité, alors même qu’un seul des métaux se dépose à l’électrode négative;
- (') J’appelle densité l’intensité du courant rapporté à l’unité de surface de l’électrode.
- (2) En réalité, elle croît un peu, par suite d’un échauffe-raent inévitable avec les'courants très intenses.
- « 3° Que la polarisation de* l’électrode positive est en général négligeable ;
- « 4° Que la polarisation de l’électrode négative, très faible pour les courants de médiocre densité, croît rapidement en deçà et au delà de la densité particulière qui fait apparaître le dépôt brun, et tend, pour chaque mélange, vers une limite déterminée. On aura une évaluation par excès de cette limite, en admettant que, pour une densité du courant suffisante, le sel, dont la décomposition exige le plus de chaleur (entre les électrodes employées), est seul électrolysé. Ainsi, dans un mélange de sulfate de cuivre et de zinc placé entre des’ électrodes de cuivre, la décomposition du sulfate de zinc seul produirait une force électromotrice de polarisation de ian; dans un mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de soude entre les mêmes électrodes, la décomposition du sulfate de soude seul f1) en produirait une d’environ f de daniell. Ces nombres coïncident respectivement avec le maximum de la polarisation observée dans les mélanges les plus pauvres en sulfate de cuivre.
- « Le mécanisme du dégagement de chaleur parasite accompagnant la polarisation est facile à interpréter. Soit, par exemple, un mélange de sulfate de cuivre et de sulfate de zinc. Dès que le zinc commence à se déposer, il forme, avec le cuivre, une série de couples locaux dans lesquels le zinc est l’élément attaquable. Ce métal se redissout en précipitant une quantité de cuivre équivalente, et la chaleur correspondante se dégage tout entière dans le circuit des couples locaux, c’est-à-dire à la surface même de l’électrode. Ces courants locaux, entre des points inégalement polarisés de l’électrode, paraissent jouer un rôle considérable dans la limitation de la polarisation, pour chaque valeur particulière de la densité du courant. La diffusion des produits de l’électrolyse quand ils sont gazeux, et celle qui s’exécute entre les couches inégalement concentrées de l’électrolyte, jouent peut-être un rôle encore plus important. C’est un point sur lequel je compte revenir prochainement.
- « Je termine par une observation importante. Mes expériences, d’accord avec toutes les observations antérieures sur l’électrolyse des mélanges, établissent que la réaction électrolytique qui apparaît aux électrodes pour de faibles densités du courant absorbe toujours moins de chaleur que celles qui lui succèdent pour des densités plus fortes. Cette extension au cas des mélanges de la belle loi énoncée par M. Berthelot pour le cas des électrolytes simples trouvera sa confirmation dans le tableau suivant. D’après Wiedcmann (2), si l’on forme une
- (') En acide sulfurique et soude, avec dégagement d’hydrogène au pôle négatif et formation de sulfate de cuivre au pôle positif. *
- (2) Galvanismes, t. Ier, p. 563.
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- La lumière électrique
- solution mixte de deux métaux quelconques appartenant à la liste suivante : zinc, cadmium, plomb, cuivre, argent, or, le métal qui suit dans la liste se dépose à l’exclusion de celui qui précède. Mes expériences établissent d’ailleurs que l’électrolyse du sel du premier métal apparaîtra à son tour pour une densité de courant suffisante. Voici le tableau des quantités de chaleur correspondant à la formation des principaux sels de ces métaux à partir de l’oxygène, de l’acide sulfurique ou nitrique et du métal (*), ou à partir du chlore et du métal :
- Métaux. Nitrates. Sulfates. Chlorures.
- Zinc...................• 5i,6 53,5 56,4
- Cadmium.................... 43,3 45,1 48,1
- Plomb................... 34,4 » »
- Cuivre..................... 26,5 28,2 3i,3
- Argent..................... 8,7 10,7
- Or...................... » » 27,3
- « L’ordre dans lequel sont rangés les métaux est précisément celui des chaleurs de formation ainsi calculées. »
- Influence d’un métal sur la nature de la surface d’un autre métal placé à une très petite distance par M. H. Pellat (2).
- « Si l’on vient à placer deux surfaces métalliques parallèlement l’une à l’autre et à une petite distance (quelques millimètres ou quelques dixièmes de millimètre), on peut constater que chaque métal a généralement subi une légère altération dans les propriétés de sa couche superficielle, due au voisinage de l’autre métal et dépendant de la nature de ce dernier. Cette altération demande quelques minutes pour se produire, croît avec le temps d’abord, puis tend vers une limite. Quand le métal influençant est écarté, le métal influencé revient petit à petit et spontanément à son état primitif : l’altération produite n’est donc pas permanente.
- « C’est en mesurant la différence de potentiel qui existe entre les couches électriques qui recouvrent les surfaces des deux métaux au contact que je me suis aperçu de ce phénomène. Cette dernière grandeur ne dépend, comme on le sait, que des propriétés des couches les plus superficielles et est indépendante de la nature des parties profondes. Quand on emploie, pour en effectuer la mesure, une méthode précise, comme celle que j’ai eu l’honneur de présenter à l’Académie, à la séance du 26 avril 1880, les moindres altérations physiques ou chimiques de la surface des métaux entraînent
- (1) D’après les chaleurs d’oxydation, de chloruration et de combinaison des acides nitrique et sulfurique avec les bases, données par M. Berthelot dans VAnnuaire du Bureau des Longitudes, p. 5g6, 600 et 618; 1882.
- (2) Note présentée à l’Académie des Sciences dans la séance du ior mai 1882.
- un changement dans les nombres, qui présentent, au contraire, une 'constance remarquable en l’absence de toute altération. Cette méthode constitue ainsi un réactif d’une sensibilité extrême pour déceler les plus légères modifications dans la nature des couches superficielles d’un corps conducteur.
- « Voici comment les expériences ont été faites. Le métal A qui doit être soumis à l’expérience est placé,.sous forme d’un plateau, dans l’appareil qui sert à déterminer la différence de potentiel qui existe entre sa surface et celle d’un plateau en laiton doré relié métalliquement au précédent. Ce plateau doré reste dans le même état pendant toute la durée de l’expérience, et, par conséquent, ses propriétés superficielles ne changent pas. Vis-à-vis du métal A, on place parallèlement et à une distance qui a varié dans les expériences de omm,i à 12“ une plaque du métal influençant B; on laisse ces métaux en présence quelques minutes, puis, après avoir enlevé le métal influençant B, on mesure la différence de potentiel entre l’or et le métal A. Au bout de quelques minutes, on répète la même mesure, sans avoir mis de métaux dans le voisinage de A pendant l’intervalle; on trouve un second nombre généralement inférieur de quelques centièmes de volt au précédent. On répète ainsi les observations, en croisant les expériences, et la mesure qui suit l’influence du métal B donne, pour la plupart des métaux influençant, un nombre toujours un peu plus fort que celui qu’on trouve, quand, dans l’intervalle, le métal n’a subi aucune influence. Le diagramme ci-contre représente une de mes expériences sur l’influence du plomb sur le cuivre.
- « On a porté en abeisse les temps, et en ordonnées les différences de potentiel entre l’or et le cuivre (diminuées de la constante ov4°) ; on a rejoint par un trait plein deux observations consécutives dans l’intervalle desquelles le cuivre a été soumis à l’influence d’une plaque de plomb placée environ à omm,5 de distance, et par des traits pointillés deux observations dans l’intervalle desquelles le cuivre n’a été soumis à aucune influence. On le voit, toutes les lignes pleines sont ascendantes, toutes les lignes pointillées descendantes.
- « Parmi les métaux influençants étudiés, le plomb et le fer produisent les effets les plus considérables, le cuivre, l’or et le platine un effet encore très net; le zinc seul paraît ne pas modifier la surface placée vis-à-vis de lui, que cette surface soit en zinc, en cuivre ou en or.
- « Ce que je tiens à faire remarquer, c’est que, si la méthode employée pour étudier ce phénomène repose sur les propriétés électriques des métaux, cette influence d’un métal sur un autre n’est nullement un phénomène électrique. Si c’était un phénomène de ce genre, dû par exemple à une polarisation de l’air qui sépare les plateaux, ou à une
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- pénétration de l'électricité dans ce gaz ou à toute autre cause électrique, le résultat des mesures dépendrait essentiellement de la différence de potentiel maintenue entre les plateaux A et B pendant qu’ils s’influencent réciproquement. Or j’ai toujours constaté qu’on pouvait faire varier dans des limites considérables (de —6 à-f-6 daniells, par exemple) cette différence de potentiel et que le résultat de la mesure qui suivait n’en était; nullement affecté (l). C’est donc une action purement matérielle, puisqu’elle dépend essentiellement de la nature du métal influençant, étant grande avec le plomb, moindre avec le cuivre, nulle avec le zinc (2). Tout se passe comme si les métaux émettaient à la température ordinaire une substance volatile qui, pouvant se déposer à la surface des objets, en modifie chimi-
- quement là nature; si l’influence du métal cesse, ce corps volatil quitte ensuite petit à petit cette surface, ce qui produit lentement le retour à l’état primitif.
- « Je dois ajouter que les plus grandes précautions avaient été prises, comme toujours, pour le nettoyage des métaux, et que le phénomène s’est montré indépendant de la substance employée pour effectuer ce nettoyage.
- « Je crois qu'on doit rapprocher ce phénomène de celui des images de Mœser et du fait que plusieurs métaux ont une très légère odeur.
- CORRESPONDANCE
- Londres, le io mai 1882.
- Monsieur le Directeur,
- J’ai iu avec intérêt dans votre estimable journal ia description du système d’avertisseurs automatiques de M. Bar-tclous.
- En classant les différents genres d’avertisseurs automatiques, l’auteur de l’article a cependant fait une erreur que
- (1) Au moment de la mesure, on enlève le plateau influençant B, et rapidement, à l’aide d’un commutateur, on réta-
- je crois devoir signaler. Il a oublié „que mon système ne comprend pas seulement les avertisseurs à main, comme ceux qui sont placés dans les poteaux de rues, les postes de vigie, etc., mais qu’il comprend en outre des dispositions automatiques décrites avec détail par mon frère Sir Charles Bright dans le numéro de La Lumière Electrique du 26 novembre 1881.
- Le système peut être employé, comme cela a été dit dans cet article, en rapport avec un récepteur placé soit chez le concierge ou dans tout autre partie de l’édifice, soit au bureau de police ou dans le poste de pompiers le plus voisin. Un modèle de l’avertisseur automatique d’incendie était exposé, comme vous vous en souviendrez, à. la dernière Exposition du Palais de l’Industrie. Il est employé en Angleterre dans un certain nombre de fabriques et bureaux, et a toujours été considéré par moi comme la plus parfaite application de mon système. J’ai aussi un système d’alarme contre les voleurs et d’autres dispositions du même système.
- Il est évident que ces avertisseurs automatiques peuvent être employés soit séparément, soit en relation avec un transmetteur à main, tel qu’un bouton de sonnette. De plus, l’appel peut être reçu à la fois à l’intérieur de l’édifice lui même et aussi à la station.
- Le récepteur placé dans la maison, et qui indique la position du feu, peut être en effet disposé de façon à agir sur un transmetteur placé dans un circuit extérieur, et à envoyer ainsi au poste de pompiers un appel et l’indication de la rue et de la maison où s’est déclaré l’incendie.
- Ces différentes dispositions ont été indiquées dans l’article que j’ai cité plus haut et auquel je prends la liberté de renvoyer vos lecteurs.
- Comptant sur votre courtoisie ordinaire pour insérer cette petite rectification, je vous prie d’agréer, etc.
- Edward B. Brigiit.
- FAITS DIVERS
- On s’occupe activement à Londres du projet de construction du chemin de fer électrique de Charing Cross à la gare de Waterloo, chemin de fer qui doit traverser un tunnel percé sous la Tamise. Le bill a été présenté la semaine dernière au président des Ways and Means. On calcule que ce railway électrique pourrait être achevé en un an, bien que les promoteurs ne s’engagent à le construire que dans un délai de cinq ans.
- Pendant les mois de septembre et d’octobre prochain aura lieu à Vienne dans la rotonde du Prater une Exposition d’électricité à laquelle les gouvernements étrangers seront invités à prendre part. Les appareils ou objets destinés à être exposés seront affranchis de tous droits de douane à l’entrée et à la sortie et la protection des marques et brevets leur sera accordée pour toute la durée de l’Exposition. Sept locomotives devant servir de moteurs et représentant une force de mille chevaux figureront à cette Exposition.
- Éclairage électrique
- Une partie de la gare de la Villette appartenant à la Com pagnie de l’Est et le nouvel hôtel du Crédit Lyonnais, boulevard des Italiens, à Paris, vont être éclairés avec des foyers
- blit les communications convenables pour mesurer la différence de potentiel entre l’or et le plateau A.
- (2) L’inlluence du cuivre sur le zinc s’est manifestée encore très nettement quand il existait une distance de plus de om,oi entre ces deux métaux.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Brush. En province, une partie de la ville d’Hyères, les travaux du Cannet près de Cannes, la place Castellane à Marseille, le grand hôtel Continental de Cannes, les forges de Commentry sont actuellement éclairés à l’aide des appareils Brush, qui doivent être adoptés également l’hiver prochain pour les forges de l’Horm et de Firminy.
- La lumière électrique a été installée il y a quelque temps chez MM. Gailfet et Huet, ingénieurs-chimistes à Lille. Leurs bureaux, salles de dessin, laboratoires, etc., sont éclairés par 20 lampes Swan auxquelles est ajouté un régulateur pen-dulum de Siemens destiné surtout à la reproduction des plans par la photographie. L’électricité est fournie par une machine Siemens à courant continu.
- A Saint-Cloud, à l’occasion de la fête printanière de mai, ont eu lieu de grandes illuminations. Dimanche, les grandes eaux ont été éclairées par des foyers Brush. Les bateaux de natation sur la Seine, la ménagerie Bidel étaient également éclairés avec des lampes Brush.
- A Saint-Avold (Alsace-Lorraine), la municipalité vient d’autoriser la Société pour l’exploitation de l’éclairage électrique en Lorraine à commencer les travaux pour l’établissement de cet éclairage dans les rues et places de Saint-Avold. Cette ville sera la première localité d’Alsace-Lorraine éclairée par l’électricité.
- Une nouvelle Compagnie électrique vient de se fonder à Londres sous la raison sociale de London and Provincial Electric Lighting and Power Generating Company. Elle a fait l’acquisition des brevets de la lampe à arc Chertemps pour le Royaume-Uni et les Iles britanniques, et pour l’usage de la machine-dynamo Gramme et de la lampe à incandescence British dans toute la Grande-Bretagne et l'Irlande. Cette Compagnie se propose de fournir l’éclairage et la force motrice à ses clients soit par vente soit par location, et d’accorder des licences et des concessions.
- A Bradford doit s’ouvrir le 2.3 juin une Exposition de l’Industrie et des Beaux-Arts. Cette Exposition sera éclairée avec des lampes à arc et des lampes à incandescence. Le comité d’organisation de l’Exposition a fait installer pour cet éclairage une machine de la force de i5o chevaux.
- A Derby, pendant une conversazione donnée ces jours-ci par la Chambre de commerce de Derby dans le Hall de Saint-James, l’éclairage a été fait en partie avec des lampes à incandescence prêtées par MM. Davis et fils, des usines Ail Saints. Afin de montrer le contraste entre le gaz et l’électricité, les lampes électriques avaient été disposées en six groupesd’un côté de la salle, tandis que de l’autre côté était rangée une série de becs de gaz.
- A Liverpool, des essais d’éclairage électrique viennent d’être faits dans la salle de lecture Brown de la Liverpool Free library (bibliothèque libre de Liverpool). On dit que le Conseil de la ville regarde les résultats comme étant satisfaisants.
- Nous avons annoncé qu’à Windsor, à l’occasion du mariage du prince Léopold et de la princesse de Waldeck, le donjon et d’autres parties du château avaient été brillamment illuminés à l’aide de l’électricité. UElectrician de Londres nous apprend que M. Crompton, d’accord avec l’Electric Light and Power Generator Company, s’occupe d’installer au château de Windsor de nouveaux appareils d’éclairage
- électrique. On a choisi les lampes Maxim et des machines Bürgin. Divers autres systèmes sont également essayés.
- A Eastbourne (comté de Sussex), où le Conseil local, comme nous l’avons annoncé, a accepté de l’Electric Light Company l’offre d’éclairer des rues et des places, seize lampes Brush d’une puissance nominale de 2,000 bougies sont posées sur la grande Parade. On évalue la dépense de cet éclairage à 27 livres sterling 10 shillings par lampe.
- La partie haute de îa ville d’Ottawa, au Canada, a étc éclairée pour la première fois par l’électricité le 7 avril dernier.
- Au Cap de Bonne-Espérance, le gouvernement de la colonie songe à éclairer les Chambres du Parlement à l’aide de foyers électriques.
- À Bombay, la lumière électrique a été employée il y a quelques semaines à une grande fête donnée à Durria-Mehel, Malabar Hill. Trois puissants foyers électriques Brush avaient été placés en ligne depuis le porche jusqu’à l’entrée de l’avenue; deux autres foyers étaient fixés à une certaine distance de chaque côté à angles droits, et un autre derrière le Bungalow. Tous les jardins du Palais se sont trouvés ainsi brillamment illuminés.
- Téléphonie.
- A Rouen, le réseau téléphonique continue à donner de bons résultats. La Société industrielle de Rouen a fait installer récemment un appareil téléphonique entre le Théâtre-Français et le Château-Baubet (île Lacroix), et du 5 au i5 mai des auditions téléphoniques ont eu lieu au siège de la Société, rue Rollon, n° 4. Tout billet de premières, de parquet ou de loges pris au contrôle du théâtre donnait droit à une carte d’entrée pour ces auditions, organisées par le directeur de la Société générale du Téléphone à Rouen, qui avait mis ses appareils à la disposition du directeur du Théâtre-Français. Ces auditions ont eu beaucoup de succès.
- Près d’AngouIême, M. Lazare Weiller, ingénieur, fait installer une ligne téléphonique destinée à relier l’usine qu'il a fait construire à Saint-Martin avec sa maison d’habitation à Saint-Cybard. La longueur de cette ligne est de 2 5oo mètres.
- - On annonce l’incorporation à Albany, capitale de l’Etat de New-York, de la « National Secret Téléphoné Company ('Compagnie nationale du Téléphone secret), ainsi nommée parce que les téléphones qu’elle emploiera permettront à deux personnes de causer sans que leur conversation puisse être entendue des tiers qui se trouveraient entre elles. La Compagnie qui sc sert des téléphones du système Harris se propose de construire une ligne de New-York à Albany et à Buffalo.
- L’American Bell Téléphoné Company vient de poser avec succès trente-huit sections de câble téléphonique souterrain entre Attleboro et West-Mansfield (Etat de Massachusetts). Le câble contient vingt et un conducteurs, renfermés dans un lourd tuyau en plomb, et est posé entre les rails du chemin de Boston aud Providence.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 28094
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Électricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gerant : A. GLÉNARD
- 4« ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 3 JUIN 1882 N° 22
- SOMMAIRE
- Le principe des téléphones à charbon; Th. du Moncel. — Télégraphe sextuple de Jones; O. Kern. — Les sciences physiques en physiologie : L’électricité (5e article); Dr A. d’Arsonval. — L’éclairage de la bibliothèque royale de Bruxelles j Aug. Guerout. — Exposition Internationale d’Électricité : Galerie des machines : Alliance, Wilde, de Méritens; C.-C. Soulages. — Machine à courants alternatifs, système Chertemps et Dandeu; Frank Geraldy. — La télégraphie, ses progrès récents manifestés à l’Exposition Internationale d’Électricité (4e article), lignes souterraines: E. de T. — Revue des travaux récents en électricité : Sur les effets produits dans le vide par le courant des machines Gramme, par MM. Jamin et G. Manœuvrier. — Des variations magnétiques des tiges aimantées pendant les orages, par M. G. de Lalagade. — Sur la longueur des étincelles de la décharge d’un condensateur électrique, par M. E. Villari.—Correspondance: Lettres'de MM. Hel-lesen, Partz et Solignac. — Faits divers.
- LE PRINCIPE DES TÉLÉPHONES
- A CHARBON
- Les récents procès qui viennent d’être plaides en Angleterre relativement aux brevets pris pour le téléphone par MM. Bell et Edison, aujourd’hui réunis par des intérêts communs, ont fait naître plusieurs discussions intéressantes sur les questions se rapportant aux principes sur lesquels est fondé cet appareil, et il en est résulté, d’après le dernier jugement qui vient d’être prononcé, que les récepteurs téléphoniques fondés sur l’action des courants ondulatoires sont bien la propriété de M. Bell, mais que les transmetteurs à résistance solide variable, du genre Edison, sont dans le domaine public, et, par conséquent, que tous les transmetteurs microphoniques à charbon, à poudre de coke et autres ne sont pas des contrefaçons.
- Il est certain que le principe sur lequel est basée l’action de ces derniers appareils est connu depuis longtemps, puisque dès i856 j’avais fait de nombreuses expériences pour le démontrer; mais au point de vue de la loi française cette antériorité n’aurait pas suffi pour annuler le brevet Edison, car d’après cette loi l’application d’un moyen connu à un appareil fournissant un effet nouveau est susceptible d’être brevetée.
- Toutefois il paraîtrait que, même à ce point de vue, M. Edison n’aurait pas la priorité, car dès 1876 (10 avril), M. Donough aurait, dit-on, fait un transmetteur à résistance variable qui, appliqué à un téléphone électro-magnétique, pouvait reproduire la parole, et entre ce système et celui de M. Edison il n’y aurait que la matière employée pour les contacts qui serait différente. Dans l’un, en effet, le contact est effectué entre une surface de charbon et une surface de platine, tandis que dans l’autre il est produit entre deux pièces métalliques à surface rugueuse appuyées l’une sur l’autre et dont la plus large est appliquée sur un diaphragme tendu sur un tambour. Dans ce dernier système, on pourrait croire que la surface rugueuse tient lieu du conducteur imparfait représenté dans l’autre par le charbon.
- On a, d’un autre côté, démontré que la présence d’un diaphragme vibrant devant le contact imparfait, n’était pas nécessaire pour transmettre la parole, puisqu’on pouvait obtenir cet effet en parlant au-dessus d’une agglomération de fragments de charbon placés entre deux électrodes métalliques. On doit se rappeler, en effet, qu’avec un système de ce genre j’ai pu me passer de pile en employant comme électrodes des lames zinc et cuivre, et en baignant dans de l’eau ces charbons et ces électrodes. Tous ces systèmes dérivent, du reste, du principe que j’ai découvert en i856, et comme malgré ce qu’en ont dit les hommes compétents, on semble avoir oublié mes travaux à cet égard, je crois devoir les rappeler brièvement dans cet article. Cela me paraît d’autant plus utile que dans un mémoire présenté récemment par M. Dolbear à la Société des ingénieurs télégraphistes de Londres, nous lisons, au sujet de l’interrupteur du transmetteur téléphonique de Reiss, les phrases suivantes, qui ont besoin d’être commentées.
- « On nie qu’à l’cpoque ou Reiss inventa son transmetteur, il était connu que des différences de pression exercées sur les contacts d’un interrupteur pouvaient produire des différences dans l’intensité du courant électrique qui les traverse. Pourtant tous ceux qui ont monté des batteries voltaïques, depuis qu’elles sont connues, savent très bien
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- que les premières instructions qui ont été données étaient de bien établir les communications, et pourquoi cela?... Par cette simple raison, que si ces communications n’étaient pas bonnes, on ne pourrait obtenir le maximum de courant qu’elles étaient susceptibles de produire. Les bons contacts étaient donc alors connus comme de bons éléments pour un courant électrique, etc. »
- Il faut que M. Dolbear ait oublié la construction primitive de l’appareil de Reiss et ait perdu de vue le principe des transmetteurs téléphoniques à courants voltaïques, pour avoir écrit les lignes qui précèdent. Sans doute on savait avant 1860 que des contacts bien établis opposaient au courant une moindre résistance que les contacts mal établis; mais cela se rapportait surtout à l’état de décapage des surfaces de ces contacts; la question de pression n’entrait pour rien, attendu que les différences qui peuvent résulter de cette action avec des contacts métalliques ne se manifestent que pour des contacts extrêmement faibles. Or, dans le montage d’une pile, on n’a jamais eu l’idée d’effectuer les communications par une simple adhérence d’un conducteur sur l’autre ; on a toujours employé des vis de liaison ou des ligatures, et alors une plus ou moins grande pression ne signifiait plus rien. Mais ce que l’on cherchait avant tout, c’était de bien décaper les surfaces de contact afin de ne pas avoir une couche d’oxyde ou de matière grasse qui pût introduire dans le circuit une résistance inutile. Lorsqu’en i856 je fis des études sur ce genre d’effets, je n’avais pas pris en considération cette couche plus ou moins résistante, puisque je n'employais que des métaux parfaitement décapés et essuyés, et ce qui m’avait frappé c’est que dans les contacts légers résultant de la simple adhérence de deux pièces métalliques superposées, l’intensité du courant augmentait jusqu’à une certaine limite, peu éloignée, avec la pression exercée sur ces pièces. C’est ce qui m’avait fait écrire dans le tome I de la 20 éd. de mon Exposé des applications de l'électricité, p. 246 (publié en i856), les phrases suivantes :
- « Une çhose curieuse à constater et qui paraît être au premier abord en contradiction avec la théorie que l’on s’est faite de l’électricité, c’est que la plus ou moins grande pression exercée entre les pièces de contact des interrupteurs influe considérablement sur l'intensité des courants qui les traversent. Cela tient souvent à ce que lès métaux ne sont pas toujours dans un état parfait de décapage au point de contact, mais peut-être aussi à une cause physique encore mal appréciée. » s II est certain que cette donnée était publiée avant les expériences de Reiss, mais je doute que celui-ci en ait tenu compte dans son téléphone musical, car dans cet appareil, les deux pièces de contact de l’interrupteur, pour produire un effet appréciable, ne devaient pas se toucher d’une manière perma-
- nente. Nous savons, en effet, que pour faire émettre des sons à un fil de fer entouré d’une hélice, il faut, dans les conditions où s’était placé M. Reiss, des courants franchement interrompus ; avec des courants simplement ondulatoires transmis par nos parleurs microphoniqués les plus perfectionnés, on ne peut percevoir, dans des récepteurs de ce genre, les sons articulés qu’en appliquant contre l’oreille le récepteur ; or, l’appareil de Reiss n’avait jamais été construit pour cela. D’un autre côté, avec des métaux, le champ des variations de l’intensité électrique suivant les différences de pression est tellement limité, que, même avec des récepteurs très délicats, onn’auraitjamaispu obtenir d’une manière convenable la reproduction de la parole ; il aurait alors fallu rendre les ' surfaces de contact rugueuses comme l’a fait M. Donough, ou adapter entre les deux lames de contact une goutte d’eau ou un corps médiocrement conducteur, comme l’avait fait M. Yeates. Quand bien même M. Reiss aurait parlé de transmission de la parole avec son système, cela ne prouverait pas grand chose, car M. Bour-seul l’avait également annoncé dès 1854 par des moyens analogues, et ces moyens n’étaient pas évidemment suffisants.
- Donc le principe fondamental du téléphone parlant, c’est-à-dire la possibilité d’impressionner un récepteur téléphonique par des courants ondulatoires, fonction des amplitudes des vibrations sonores, ne peut pas être retrouvé dans le téléphone de M. Reiss, qui n’a du reste jamais transmis que des mélodies musicales, et quoi qu’en dise M. Dolbear, ce système téléphonique ne pouvait fonctionner comme l’entendait M. Reiss, c’est-à-dire de manière à produire des sons forts, qu’à la condition d’être actionné par des courants complètement interrompus, de même que le condensateur chantant ne peut être entendu à distance que dans des conditions analogues.
- A l’époque de mes premières expériences sur les contacts imparfaits, j’avais essayé comme interrupteurs différents corps conducteurs autres que des métaux, des charbons même, et j’avais cru remarquer que les différences d'intensité étaient d'autant plus grandes que les corps en contact étaient plus résistants. Ce fait me fut démontré plus tard quand je constatai les variations de résistance que pouvaient produire les poussières de charbon de bois et de charbon de cornue suivant leur degré de tassement; toutefois ne prévoyant pas alors d’application à cette propriété, je ne m’en préoccupai pas davantage,'et je ne pensai à utiliser les interrupteurs à charbon que pour obtenir des courants ondulatoires, capables de réduire les effets des extracourants. J’ai décrit dans le volume cité précédemment (tome I, p. 203, 264) deux systèmes d’interrupteurs de ce genre dont un avait été combiné par M. Pulver-Macher.
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- En 1872, quand je commençai mes grandes recherches sur la conductibilité des corps médiocrement conducteurs, je me trouvai conduit à mesurer les résistances de poussières charbonneuses et dejimailles métalliques, et voici ce que je dis dans une de mes notes insérées aux Comptes rendus du 2 décembre 1872 :
- « La résistance du milieu intermédiaire avait pour valeur, avec la poussière sèche de charbon de bois, de 1 200 à 2 000kilomètres de fil télégraphique, et avec les poussières métalliques ou de charbon de cornue, de 1 200 à 2 000 mètres, suivant l’état plus ou moins brillant de la surface des grains métalliques et leur degré de tassement autour des électrodes, etc. »
- Les effets des contacts légers entre les pièces de contact des interrupteurs m’avaient surtout frappé en 1864, quandj’expérimentai les électro-aimants à fil nu de M. Carlier. En enroulant par les procédés ordinaires sur un tube de verre une hélice de fil de cuivre dépourvu de toute couverture isolante, je fus étonné de trouver que mon hélice présentait, pour une seule rangée de spires, presqu’autant de résistance qu’une hélice de même longueur de fil recouvert de soie, et pourtant mon fil était parfaitement décapé. Prévoyant que c’était à une insuffisance de contact entre les spires que cet effet devait être attribué, je voulus m’en assurer et je disposai pour cela aux extrémités de mon tube deux manchons de bois que je pouvais faire glisser sur celui-ci au moyen d’une tige à écrou traversant le tube dans sa longueur. De cette manière, en faisant avancer l’un vers l’autre les deux manchons, je pouvais comprimer successivement les spires de l’hélice les unes contre les autres et augmenter ainsileur adhérence. Dans ces conditions,le courant passant à travers la spirale devait sc dériver d’autant plus facilement à travers la masse métallique constituée par la juxtaposition des spires de l’hélice, que le contact de celles-ci était mieux assuré, et par conséquent la résistance de cette hélice devait diminuer au fur et à mesure du serrage. C’est en effet ce que l’expérience me montra, et je pus même reconnaître que l’effet était d’autant mieux marqué que le nombre des spires de l’hélice ou des contacts était plus grand et que le fil était moins bien décapé. Quand le serrage était très faible, comme celui qu’on donne aux hélices ordinaires, la résistance du fil était donc de peu inférieure à ce qu’elle aurait été si le fil eût été recouvert de soie, mais elle diminuait successivement à mesure qu’on serrait les écrous jusqu’à ce que le serrage fût arrivé à son maximum. L’effet inverse se produisait quand on desserrait les écrous. J’avais fait cette expérience en 1864, lorsque je présentai à l’Académie les électro-aimants de M. Carlier, mais en i865 je publiai à ce sujet un long mémoire dans les Annales télégraphiques (t. VIII, p. 211, livr. de mars-avril i865)
- dont je crois devoir extraire le passage suivant :
- « Avec des bobines de 186 spires, le décapage du fil fait au papier d'émeri n’a fait varier l’isolation que dans le rapport de 1,06 à 1,35 ; mais dans d’autres conditions, par exemple quand l'hélice est enroulée sur un tube de verre et. les spires fortement serrées, ce rapport est infiniment plus grand. Quoi qu’il en soit, quand le contact devient parfait entre les spires, aucun effet magnétique n’est produit. Ainsi un fil amalgamé enroulé en spirale ne détermine aucune attraction, et si l’on entoure l’hélice d’un électro-aimant à une seule rangée de spires d’une chemise de papier d’étain, les effets attractifs sont diminués considérablement.
- « Il résulte de tout cela que la juxtaposition des spires d’une hélice magnétisante les unes contre les autres constitue un contact imparfait qui, comme dans les limailles métalliques, oppose à la propagation des courants électriques une résistance considérable; mais cette résistance ne peut évidemment pas expliquer à elle seule une isolation des spires de l’hélice magnétisante aussi complète que celle que nous avons constatée. La preuve c’est que le contact de ces spires suffit pour conserver presque sans déperdition de force l'action du courant lorsqu'on a coupé en un ou plusieurs points le fil de l'hélice magnétisante. »
- M. Trêve a démontré la variation de l’intensité d’un courant avec la pression d’une manière très intéressante et parlant aux yeux par l’expérience suivante :
- « On sait que si on effectue la rupture d’un courant électrique traversant un électro-aimant entre ses pôles, on produit un bruit assez fort susceptible d’être entendu de tous les points d’une salle. Or on peut rendre ce bruit plus ou moins intense suivant la pression que l’on exerce sur les deux conducteurs dont on opère la disjonction. »
- Ce n’est pas seulement sur les métaux et les corps conducteurs divisés que se sont portées mes recherches sur les effets produits par la pression: je les ai étendues aux corps ligneux eutf-mêmes et voici ce que j’en disais dans une note présentée à l’Académie des sciences dans sa séance du 6 juillet 1874 : « Le degré de la pression, contre le bois, des plaques de platine servant d’électrodes, a tellement influé sur l’intensité du courant ainsi transmis, qu’étant de 12 dégrés avec un serrage maximum, elle est revenue à zéro quand la plaque était abandonnée à son propre poids et à 5 degrés seulement avec un faible serrage. Il résulte de ces premières expériences que c’est à l’humidité aspirée à travers ses pores que le bois doit en très grande partie sa conductibilité relative, et que cette conductibilité est en rapport avec le degré de pression des plaques de communication. Cette dernière action tient évidemment à l'intimité plus ou moins grande du contact qui est produit alors entre les deux surfaces superposées, car en substi*
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- tuant une goutte d’eau distillée à la pression, on obtient immédiatement, avec les plaqués simplement posées sur le bois, le maximum de la déviation absolument comme si ces plaques avaient été serrées par des presses. »
- Je rapporte encore d’autres expériences relatives à ces effets de pression dans plusieurs mémoires présentés à l’Académie dans ses séances du ioaoût et du 7 septembre 1874 et du 2 mai 1875.
- Cette résistance au passage dont je viens de parler n’est pas seulement propre aux transmissions électriques, on la retrouve également dans les effets magnétiques. Ainsi si on divise un noyau magnétique en plusieurs parties ou si on le constitue avec plusieurs lames de fer juxtaposées, la force attractive qu’il déterminera sera moins énergique, mais les effets d’induction seront beaucoup plus intenses, en raison de la plus grande rapidité des aimantations et des désaimantations. Or cet effet sera à peu près le même, que les lames soient ou non isolées magnétiquement les unes des autres, si toutefois elles ne sont pas trop serrées les unes contre les autres. C’est ce qui explique pourquoi il n’est pas nécessaire, dans les bobines d’induction, de vernir isolément les différents fils de fer qui composent le noyau magnétique. J’ai du reste parlé assez longuement de ces effets dans mon Exposé des applications de l'Electricité, tome V, p. 347, 348, 349.
- L’explication de l’accroissement avec la pression de l’intensité des courants transmis à travers de médiocres contacts, a été le sujet de recherches assez nombreuses, faites par MM. Ochorowicz, Ferrini, Barett, C. Cooke, Nosworthy, etc. Voici ce que j’en disais dans un travail présenté à l’Académie des Sciences le 29 juillet 1878 (p. 191).
- «Je crois que l’on ne s’est pas préoccupé assez jusqu’ici des effets physiques produits aux points de contact de conducteurs traversés par un courant. Il y a positivement une résistance au passage qui varie avec la pression exercée sur les. pièces de contact. Cet effet proviendrait-il de ce que, par suite de cette pression, la surface de contact serait plus développée par une déformation partielle, ce qui équivaudrait à un accroissement de la section des conducteurs?... Ou bien devrait-on l’attribuer aux répulsions déterminées entre les éléments contigus d’un même courant qui, s’effectuant plus facilement avec de légers contacts qu’avec des contacts énergiques, tendraient à les supprimer?... Voilà autant d’idées qui viennent à l’esprit quand on constate le phénomène, mais qui demandent à être, éclaircies, et j’appelle sur ce point l’attention des chercheurs. Toujours est-il que ces effets sont d’autant plus caractérisés que les résistances au passage sont plus considérables et que le nombre des contacts est plus grand. »
- Dans une communication faite à la Société royale
- de Dublin, le 17 février 1879, le professeur Barett attribue les effets en question à une plus ou moins grande intimité du contact entre les molécules des corps conducteurs en présence, sous l’influence de pressions plus ou moins grandes exercées sur eux. Il citait à l’appui de son dire une expérience que nous croyons devoir rapporter, et qui a été publiée dernièrement dans YElectrician du 6 mai 1882.
- Il place dans la partie évasée d’un long tube barométrique à siphon, ouvert par les deux bouts, une pastille de charbon préparée à la manière d’Edison, et disposée de manière à former bouchon à quelques millimètres au-dessous de l’orifice de cette partie du tube; il verse au-dessus une certaine quantité de mercure qu’il met en communication électrique avec un circuit électrique dans lequel est introduit un pont de Wheatstone, et il remplit du même liquide la partie inférieure du siphon jusqu’à ce que le mercure atteigne la ligne de niveau correspondant à la surface inférieure du bouchon de charbon. Dans ces conditions, le charbon est compris entre deux électrodes de mercure en parfait contact avec lui, et aucune pression n’est exercée sur sa surface inférieure; de sorte qu’en mettant le mercure en relation avec le circuit de l’appareil mesureur par la partie recourbée du tube, il devient facile de mesurer la résistance du charbon entre les deux électrodes sans avoir à tenir compte de la pression exercée sur lui. Maintenant, si on verse dans la partie longue du tube différentes quantités de mercure d’un poids connu, on peut soumettre le charbon à différentes pressions faciles à calculer, sans changer en quoi que ce soit les conditions de bon contact, et on peut reconnaître, par les variations de résistance de celui-ci, l’influence exercée sur l’intensité du courant transmis à travers le système. Or, dans les nombreuses expériences qu’il a entreprises avec cet appareil, M. Barett a reconnu qu’entre des limites de pression variant de 2 à 3o centimètres, la résistance du charbon ne semblait pas être modifiée d’une manière appréciable. Elle se maintenait à 2 ohms et la variation atteignait à peine un dixième d’ohm.
- « On voit donc, dit M. Barett, que quand un contact bien intime est établi entre les deux pièces de contact d’un interrupteur à charbon, un accroissement de pression n’amène aucun changement dans la résistance. Par conséquent, la pression n’agit dans les téléphones à charbon, comme dans les microphones, que par le plus ou moins grand nombre de points de contact intime qui sont établis entre les deux corps en présence, et qui permettent au courant de les traverser plus ou moins facilement. Si on prend du platine spongieux au lieu de charbon, les mêmes effets se produisent, et on peut même construire avec cette matière de bons transmetteurs téléphoniques. »
- Nous sommes un peu de l’avis de M. Barett, et
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- comme on l’a vu plus haut, j’avais, dès 1874, attribué principalement les variarions produites par la pression exercée sur les contacts imparfaits, à une plus grande intimité dans les contacts des deux pièces"superposées; mais suivant M. Ferrini, les effets sont un peu plus compliqués, car dans les actions déterminées par la pression sur les corps médiocrement conducteurs, il se produit deux effets indépendants l’un de l’autre, l’un qui est momentané et qui disparaît quand on ramène la pression à son point de départ, l’autre qui persiste plus ou moins longtemps et qui se manifeste souvent après que la pression est revenue à son état initial. Ce dernier effet augmente avec l’accroissement de la pression et tend à diminuer la résistance générale du corps médiocrement conducteur; Il tient sans doute à un affaissement de l’élasticité du conducteur qui fait que certaines agrégations moléculaires, après s’être plus tassées à la suite d’une pression exercée sur elles, mettraient un certain temps à reprendre leur équilibre primitif. Cet effet n’aurait rien de contraire à l’explication que nous avons donnée, et il viendrait même à l’appui de nos idées. Du reste, la question est assez complexe comme l’a démontré M. Ochorowicz, et pour qu’on puisse l’étudier dans tous ses détails, nous renverrons le lecteur aux mémoires de M. Ochorowicz publiés dans la Lumière électrique des i5 octobre, i5 novembre et ior décembre 1879, et à celui de M. Ferrini publié dans le numéro du i5 janvier 1880 du même recueil.
- Dernièrement, à l’occasion des procès qui ont eu lieu en Angleterre, au sujet du téléphone, M. Conrad Cooke a entrepris quelques expériences pour démontrer que les variations de résistance résultant de la pression ne se produisent pas dans les mêmes conditions avec les charbons durs et les charbons mous. Ainsi il montre que si un crayon de charbon est interposé entre deux blocs de la même matière et fait partie d’un circuit téléphonique, on n’obtient aucun son dans le téléphone quand on frappe avec un marteau le bloc supérieur, mais que si ce morceau de charbon interposé est de nature molle ou spongieuse, ces coups de marteau s’entendent parfaitement dans le téléphone. Il en conclut que dans le premier cas les variations d’intensité du courant viennent d’une variation de la résistance de la surface de contact des charbons, variation qui ne peut être que très réduite et en rapport avec des pressions faibles, tandis que dans l’autre cas la variation résulte d’un changement de conductibilité de toute la masse. Cette manière de voir n’est nullement en contradiction avec les idées que nous avons émises dès l’origine.
- Cette expérience de M. Conrad Cooke a été toutefois contestée par M. W. F. Nosworthy qui a très bien entendu les coups frappés sur le charbon de cornue, avec ou sans bobine d’induction dans
- le circuit, mais il fallait que le téléphone n’eût pas une grande résistance quand 011 n’employait pas de bobine d’induction. En somme, M. Nosworthy regarde comme certain que la conductibilité du charbon augmente avec la pression, quel que soit son degré de dureté et sa nature, et cette augmentation pouvant atteindre de 18 à 3o et même 40 pour cent sous de fortes pressions. Toutefois, il pense que les effets de pression résultant des ondes sonores sur des contacts de cette nature, seraient tellement petits qu’elles ne pourraient guère être appréciables aux appareils de mesure avec des charbons durs; de sorte que les variations de résistance sous l’influence de la pression pourraient bien ne pas expliquer à elles seules les effets constatés ; il faudrait alors en revenir à l’explication que j’en avais donnée dans l’origine, en invoquant la plus ou moins grande intimité du contact ou la plus ou moins grande section du conducteur en cet endroit. Les expériences de MM. Ba-rett et Ochorowicz sembleraient d’ailleurs le prouver. Nous renvoyons du reste le lecteur que cette question peut intéresser au travail de M. Norswor-thy, inséré dans le Télégraphie journal du 20 mai 1882.
- En définitive les effets produits par la pression sur la conductibilité des corps sont des phénomènes importants qui sont passés, il est vrai, inaperçus jusqu’à l’époque où j’ai fait mes premières recherches, mais qui ne sont pas aussi simples que semblent le croire M. Dolbear et plusieurs savants qui se contentent d’un premier aperçu. Dès l’année i865, M. Clérac, en France, M. Elsasser, en Allemagne, en ont fait des applications importantes à des appareils à résistance variable, et quand M. Edison les a appliqués à la téléphonie, on a commencé par douter de leur existence pour ensuite arriver à les retrouver partout, même là où ils ne se trouvent pas. Cette tactique imaginée pour amoindrir le mérite de ceux qui découvrent ne peut être prise au sérieux que par ceux qui ne sont pas au courant des questions, mais la vérité finit toujours par se faire jour.
- Th. du Moncel.
- TÉLÉGRAPHE SEXTUPLE
- DE JONES
- On fait en Amérique, depuis plus d’un an, l’essai d’un télégraphe sextuple, imaginé par M. Jones. Cet appareil a été décrit dernièrement par l'Ope-rator et c’est à cette description que nous empruntons les détails qui vont suivre.
- Avec le système de M. Jones, on peut transmettre simultanément, et par le même fil, six dépêches,
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- dont trois dans un sens* * et trois dans l’autre.
- Le système consiste essentiellement dans la transformation d’un quadruplex nouveau, manœuvré par des courants directs, en un appareil sextuple, par l’addition d’un relais polarisé de Siemens (*) et de commutateurs.
- Poste transmetteur. — Au poste transmetteur, se trouvent un commutateur C (s), deux transmetteurs T et T' et trois batteries B B'B", dont les forces électro-motrices peuvent être représentées par des nombres i ,2 et 4. Ces piles peuvent être reliées à la ligne et à la terre par les transmetteurs T et T', les fils indiqués en pointillé, et le commutateur C;' ce commutateur sert à mettre en com-
- munication avec la terre ou avec la ligne les extrémités 1 et 2 des lames z et y, naturellement appuyés sur les bornes 3 et 4 du fil de ligne.
- Les résistances x et x" sont égales à celles des piles B' et B" ; les courants traversent les piles ou les résistances suivant la position des transmetteurs T et T'.
- On peut réaliser directement, au moyen de ces dispositions, les quatre variétés de courants suivantes :
- Avec T ouvert, courant de B à la ligne par x’.
- — fermé, — B et B' — i3.3i et 12. •
- — T'ouvert, — — — x" T' 36.35 et 9.
- — fermé, — B.B'et B" — 10.31.35.9.
- Terre.
- FIG. 1
- Comme la direction de ces courants peut être renversée par le commutateur C, le nombre total des variétés de courants que l’on peut lancer dans le fil de ligne s’élève à huit. Les intensités de ces courants sont les suivantes :
- INTENSITÉS
- avec C ouvert, avec C fermé.
- Avec T fermé........................ — 1 -f 1
- — T' ouvert..................... — 3 +3
- — T ouvert T' fermé............. — 5 4-4
- — T fermé....................... — 7 4-7
- L’interrupteur Sw permet de relier le fil de ligne à la terre directement, par la résistance G égale à celle du circuit pointillé.
- ' 20 Poste récepteur. — Le relais polarisé R ac-
- (J) Pour une description détaillée du relais de Siemens, voir Mac Noad — « Text book of electricity » p. 457, et du Moncel, « Exposé des applications de l’électricité. » 3®e éd. (Tome 11, p. 87 et tome m, p. 407.)
- (*) Pôle Changing Key ou contact inverseur.
- tionne l’opérateur local S (3) ; il fonctionne toutes les fois qu’on renverse les courants.
- Le relais R', neutre ou polarisé, est le premier du fil de ligne; il fonctionne avec des courants des deux sens et d’intensité 3, c’est-à-dire émis par les ’ piles B et B'.
- R" fonctionne avec les courants d’intensité 5 (piles B et B7).
- R" fonctionne avec les courants d’intensité 7 (piles B.B' et B").
- Le deuxième opérateur, S', est commandé par le manipulateur T ; son circuit est ouvert, ou fermé par le relais local D.
- D est un double relais différentiel, sur l’électro duquel sont enroulées en sens contraire les branches h et g du fil w', qui part d’un des pôles de la pile locale L B', et les branches f et e du fil w% qui part de la pile LB" ; h et g aboutissent respec-
- (3) Cet opérateur est un Sounder ou parleur, analogue à celui qui a été décrit dans La Lumière Electrique du 6 mai 1882, p. 418;
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- Su
- tivement aux butoirs des armatures o' et o" des relais R' et R", reliés eux-mêmes à l’autre pôle de la pile LB'; e et/relient l’armature du relais R'" et son butoir à l’autre pôle de L B".
- Le-troisième opérateur, S'", est commandé par le relais RS, branché sur le fil h.
- Les effets des courants de LB' et de LB" s’annulent respectivement sur D quand les circuits g et h, f et e sont fermés.
- Voici comment fonctionnent les opérateurs S et S".
- Normalement, le circuit pointillé des quatre branches e f g h est fermé, D n’exerce pas d’action sur son armature a l.
- Si l’on envoie, au fil de ligne, un courant d’intensité 3, R' attire O' de i, et rompt le circuit g ; les courants e et / continuent à se neutraliser autour du relais de D, mais celui de h lui fait attirer a l et fermer le circuit local de S'.
- Un courant d’intensité 5 agira en outre sur R", qui attirera son armature o" et rompra, en j, le circuit h ; le levier al ne sera pas attiré, s' ne fonctionnera pas, mais, la rupture de h démagnétisant R S, al' fermera le courant de S'", qui frappera un signal.
- Sous l’action d’un courant d’intensité 7, les armatures de R' R" et R'" sont attirées, rompent les circuits e, h, g; f reste seul fermé, et son courant attire al en même temps que la rupture de h laisse
- T erre
- FIG. 2
- al' fermer le courant de S" : S' et S". entrent en fonction simultanément.
- Les fils /et g sont enroulés autour de D, et reliés à leurs piles, de manière à polariser D dans le même sens, afin d’éviter tout changement de polarité par le renversement des courants. Les contacts T et T' étant fermés pour manœuvrer S' et S", si l’on vient à ouvrir T', la polarité de D ne sera pas changée, l’armature al restera immobile, et les signaux de S' ne seront pas troublés.
- Pour éviter à coup sûr que les armatures des relais R R' R" ne viennent à se détacher complètement et à toucher leurs contacts d’arrière lorsqu’on change le sens du courant de ligne, on a introduit entre R et R' un condensateur c, relié, par les fils 25 et 27, au fil de ligne L et au circuit GC. Si un courant de ligne passe de LA à G", il chargera le condensateur, dont la décharge,lors delà rupture de
- ce courant, le prolongera jusqu’à l’époque de l’envoi d’un courant en sens contraire ; la décharge du condensateur a lieu parle circuit L. LA. GC. 27. C.
- Les électro-aimants auxiliaires m et m' ont pour but d’annuler les effets des variations d’intensité des courants sur les armatures des relais R et R'. Ainsi, le ressort s du relais R', calculé pour un courant d’intensité 3, serait trop faible pour un courant d’intensité 5; mais, comme le courant 5 fait en même temps fermer, par l’armature de R", le circuit de la pile B de l’aimant auxiliaire m, l’attraction de m sur o viendra renforcer l’action de s et compenser l’effet de l’accroissement du courant : l’aimant m' viendrait de même, par le passage du courant local B', renforcer, dans le cas d’un courant d’intensité 7, l’action du ressort s' sur l’armature de R".
- Lorsque, par le fait d’un renversement du courant de ligne, le contact des armatures o et o"
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- est momentanément rompu, les aimants m et m' exercent sur o et o" une force d’attraction variable. Les ressorts 40 et 41 ont pour but de maintenir le contact des armatures avec les relais R, malgré les petites vibrations que pourraient leur imprimer les renversements de courant.
- Le système de M. Jones essayé en janvier 1881, par la Western Union, entre New-York et Philadelphie a donné de bons résultats.
- O. Kern.
- LES SCIENCES PHYSIQUES
- EN BIOLOGIE
- L’ÉLECTRICITÉ
- 5” article. ( Voir les n°s du 25 février, des 8 et 29 avril et du 6 mai.)
- La vie ne peut s’expliquer par un principe intérieur d’action. — Les trois formes de la vie.
- La spontanéité, ai-je dit, n’appartient pas plus aux êtres vivants qu’aux corps bruts.
- La vie est si peu indépendante des conditions physico-chimiques extérieures que son activité ne peut se mesurer que par l’intensité de ces phénomènes physico-chimiques comme je vais le démontrer.
- L’activité vitale ne présente pas la même énergie dans tous les organismes. A mesure qu’on s’élève dans la série des êtres vivants, la vie paraît devenir de plus en plus indépendante du milieu cosmique, c’est là une illusion très répandue dont il me sera facile de montrer l’origine.
- La vie revêt des formes de plus en plus compliquées en passant insensiblement des formes simples à des formes de plus en plus compliquées. Comme on le sait depuis les admirables travaux de Darwin, la série des êtres forme une chaîne ininterrompue qui va graduellement de l’infusoire jusqu’à l’homme, de l’être amorphe ou unieellu laire jusqu’à l’être dont le corps se compose de milliards de cellules associées pour un but commun. Bien que la vie passe d’une forme à une autre par des transitions insensibles, il est plus commode pour l’exposition de lui reconnaître avec Cl. Bernard trois formes principales qui sont :
- 10 La vie latente ;
- 20 La vie oscillante ;
- ' 3° La vie constante.
- 1° VIE LATENTE.
- Dans la vie latente l’organisme est tombé dans un état d'indifférence chimique absolu. La vie latente est une vie complètement arrêtée et non
- simplement diminuée comme on le croyait autrefois, ainsi qu’il est facile de le montrer.
- Un grand nombre d’organismes peuvent tomber en indifférence chimique, tels sont parmi les mieux étudiés :
- i° Les graines ;
- 20 La levûre de bière pour les végétaux;
- 3° Certains infusoires (anguillules du blé niellé, kolpodes, tardigrades, kérones, rotifères, etc...), pour les animaux.
- La graine qui est soustraite à certaines conditions physico-chimiques, telles que chaleur, humidité, oxygène, tombe dans un état d’indifférence chimique absolu. Les exemples abondent. En écartant le fait douteux de la germination de graines recueillies dans les tombeaux des momies d’Ëgypte, on a constaté expérimentalement (Decaisne) que des graines de haricots, de tabac, de pavot, etc., ont pu germer après plus d’un siècle.
- Si certaines graines s’altèrent au bout d’un certain temps, cela doit provenir uniquement de ce qu’on ne les a pas privées absolument d’humidité et d’oxygène. J’ai conservé dans le vide absolu des graines de cresson alénois depuis 1876 et qui ont actuellement très bien germé (1882.) — Les ferments figurés, la levûre de bière en particulier, présentent ces phénomènes au même degré que les graines. Cl. Bernard a obtenu la fermentation alcoolique avec de la levûre de bière conservée depuis 2 ans 1/2 dans l’alcool absolu (1877); cette même levûre, expérimentée par moi en 1882, c'est-à-dire après 7 ans, a également produit la fermentation. J’ai obtenu les mêmes résultats avec de la levûre de bière que j’avais fait dessécher à 3o degrés en 1878 pour les expériences de Cl. Bernard.
- M. Pasteur a constaté les mêmes phénomènes pour le charbon animal; ses travaux ont montré en effet quel était le degré de résistance vitale de ce qu’il a appelé les corpuscules-germes du charbon des bêtes à cornes.
- Ces organismes sont donc dans le même état qu’un corps absolument inerte, un caillou ou un morceau de métal, par exemple. Ces expériences, qu’il est facile à chacun de répéter et de contrôler, montrent par conséquent que ceux qui ont cru caractériser la vie par un échange continu avec le milieu cosmique sont complètement dans l’erreur.
- Chez les animaux, les phénomènes de vie latente sont encore plus curieux. Tout le monde connaît le cas des animaux dits ressuscitants.
- Tels sont les kolpodes, infusoires ciliés munis d’une bouche et d’un estomac, étudiés par Coste, Gerbe et Balbiani, etc. On peut les dessécher et les conserver indéfiniment dans cet état. Il suffît de les humecter avec un peu d’eau pour les faire ressusciter un grand nombre de fois. Spallanzani en a ressuscité jusqu’à 16 fois. Les rotifères, petits erustaeés longs d’environ 1 millimètre et que
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- l’on trouve dans la mousse des toits, sont dans le même cas.
- Les tardigrades, de la famille des acariens, que l’on trouve dans les mêmes conditions que les ro-tifères, présentent au même degré ces phénomènes de vie latente»
- Les anguillules du blé niellé que j’ai été mieux à même d’observer, conduisent aux mêmes conclusions.
- Ces animaux, observés par M. Davaine avec beaucoup d’exactitude, produisent dans le blé la maladie connue sous le nom de nielle.
- Le grain niellé est petit, hoir, arrondi; il ressemble après la maturité à un grain de chenevis. Sijon l’écrase, on trouve qu’il est formé d’une coque dure et épaisse qui contient dans son intérieur une poudre blanche. Les anguillules sont de petits vers, des helminthes nématoïdes qui sont dans chaque grain au nombre de plusieurs centaines. On peut les distinguer à la loupe. Ces êtres n’ont pas d’organes sexuels et ne peuvent se reproduire dans le grain niellé.
- Ils proviennent d’autres anguillules sexuées qui avaient pénétré dans le grain avant sa maturité, et qui y avaient déposé leurs œufs.
- Les anguillules sexuées ont dû remonter du sol le long de la tige. Mais cette ascension n’est possible que si la plante est humide, sans cela l’an-guillule se dessécherait en route.
- C’est pourquoi les blés ne sont sujets à la nielle que lorsque les pluies sont abondantes au moment de la formation de l’épi.
- Tous les cultivateurs connaissent cette coïncidence. Elle n’a, comme on le voit, rien de mystérieux. Encore une de ces fameuses harmonies providentielles qui, comme tant d’autres, se résout en une simple condition physique.
- Ces animaux ont la forme de petites anguilles longues d’environ i millimètre. — Tant qu’elles sont dans le grain de blé, elles ne respirent pas, on peut les conserver ainsi pendant un temps très long. Baker en a conservé pendant 27 ans. Cl. Bernard en a conservé pendant 4 années (en 1877) dans un flacon très sec et bien bouché ; les mêmes anguillules, 5 ans plus tard (1882), revivent très bien.
- J’en ai conservé moi-même dans le vide absolu (un tube de verre fermé à-la lampe) qui étaient parfaitement réviviscentes au mois de mars de cette année. Dans ces conditions, il est impossible d’arguer d’un échange quelconque entre l’animal et le milieu pour expliquer la réviviscence.
- La vie peut donc exister virtuellement, en puissance, sans se manifester; elle ne constitue donc pas un principe intérieur d’action qui se suffit, comme le veulent les vitalistes.
- (A suivre.) Dr A. d’Arsonval.
- L’ÉCLAIRAGE
- DE LA
- BIBLIOTHÈQUE ROYALE DE BRUXELLES
- On sait les difficultés que présente l’éclairage des bibliothèques publiques. Si les tables de lecture reçoivent facilement une lumière suffisante, il est très difficile d’éclairer les vitrines et rayons d’une façon uniforme et avec assez d’intensité pour que l’on puisse partout lire le titre et les numéros d’ordre des ouvrages. La recherche des volumes doit se faire par suite dans la plupart des cas à l’aide d’une lampe à main. De là des incommodités de service et même des dangers d’incendie qui ont fait exclure toute espèce d’éclairage d’un certain nombre de bibliothèques publiques.
- Il y avait donc lieu de remédier à cet état de choses et l’emploi de la lumière électrique paraissait indiqué dans ce but. Déjà, l’année dernière, la bibliothèque du British Muséum avait été éclairée par l’électricité; plus récemment une des grandes salles de celle de Liverpool a été munie de lampes-soleil, enfin un essai du même genre vient d’être fait à la bibliothèque royale de Bruxelles, et c’est de cet éclairage que nous voulons parler aujourd’hui.
- L’éclairage était installé seulement dans une des salles de lecture de la bibliothèque, celle où sont-réunies les publications périodiques; il comprenait en outre le vestibule conduisant à cette salle.
- Dans le vestibule on avait placé 9 lampes à incandescence, du système Muller-Nothomb, disposées par groupes de trois sur des appliques. Trois autres lampes du même système étaient disposées dans un couloir conduisant à la machine. Enfin une lampe-soleil avec globe, du type qui a figuré dans la section belge au Palais de l’Industrie, éclairait le fond du vestibule.
- La salle de lecture munie d’un plafond en demi-cylindre se présentait pour l’éclairage dans des conditions particulières et.M. Nothomb, qui a dirigé toute cette installation, a très habilement utilisé cette disposition. Il a fait tout l’éclairage avec trois lampes-soleil du modèle renversé que l’on a pu voir lors de l’éclairage du foyer de l’Opéra, et que nous avons décrit à ce propos. Ces lampes, munies de globes opalescents, à moitié cachées dans des corbeilles de feuillage, envoyaient vers le plafond une lumière diffuse qui, dispersée de nouveau par la surface cylindrique du plafond, éclairait parfaitement jusqu’aux plus petits coins de la salle. La lecture des titres des ouvrages pouvait se faire facilement sur tous les rayons et l’on était éclairé, sans avoir la fatigue que cause la vue directe des foyers, par une lumière douce
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- présentant la teinte agréable particulière à la lampe-soleil.
- Nous avons déjà fait remarquer au sujet de la lampe Jaspar les avantages que présente à ce point de vue l’éclairage indirect. Nous ajouterons à ce propos que ce mode d’éclairage est de date moins récente qu’on ne le pense généralement. Il a été indiqué depuis fort longtemps et installé pratiquement dès 1877 dans les ateliers de retordage de Mmo Obry, à Daours, et dans l’atelier d’optique de MM. Sautter et Lemonnier, où il fonctionne encore aujourd’hui. On le trouvq fort avantageux pour l’éclairage de cet atelier que des traverses et des machines de toute sorte encombrent de tous les côtés. U a depuis rendu des services dans un certain nombre d’usines où on l’a installé.
- Le courant nécessaire à l’éclairage était fourni par une machine Gramme à courants alternatifs et à division actionnée par une locomobile et placée sous un hangar, dans le terrain vague situé rue de la Régence à côté du Palais des Beaux-Arts. Cette machine actionnait à la fois les quatre lampes so-
- FIG. I
- leil et les 12 lampes Muller-Nothomb. Ces dernières avaient été réunies en tension sur un seul circuit.
- La lampe Muller-Nothomb dont on a beaucoup parlé en Belgique est peu connue en France, aussi croyons-nous devoir en dire ici quelques mots.
- Le type original de cette lampe, imaginé par M. Muller, était une lampe à incandescence pure dont le charbon avait une forme particulière représentée par la figure 1.
- C’était une plaque de parchemin carbonisé, de très grande surface serrée entre deux pinces de cuivre d’où partaient les fils de platine traversant l’ampoule de verre. L’ampoule n’était pas vide d’air, mais remplie d’un gaz inerte tel que l’azote.
- Ainsi construite, la lampe Muller était très robuste, elle pouvait supporter une brusque et notable augmentation de courant, on lui attribuait une intensité normale de 18 bougies, mais pouvant va-rierventre i5 et 3o bougies. Cette lampe avait cependant le défaut d’exiger pour son alimentation un courant de très grande intensité. C’est pourquoi M. Nothomb s’appliqua à la modifier et lui donna a forme que représente la figure 2 et qui est celle employée à la bibliothèque de Bruxelles.
- A première vue ce nouveau type ressemble beaucoup aux lampes d’Edison, de Swan ou de Lane-Fox. Il en diffère cependant par quelques points, qui, comme toujours dans le cas des lampes à incandescence, portent sur la nature, la forme et le mode d’attache du filament de carbone. Comme matière première, M. Nothomb a conservé le parchemin carbonisé, et il a donné au filament la forme d’un fer à cheval, mais aplati perpendiculairement au plan des deux attaches de platine; enfin les deux bouts du filament sont réunis aux fils de platine, au moyen d’un mastic spécial soudé aü platine ; l'atmosphère inerte de gaz azote que contenait la lampe Muller est également conservée.
- Une des principales qualités de la lampe Nothomb
- FIG. 2
- est la résistance qu’elle oppose à de brusques changements de courant. Elle a sur le modèle primitif, d’après les chiffres qui nous sont communiqués, l’avantage de n’exiger qu’un courant de 2 ampères tandis que la lampe Muller exigeait 3,5 ampères. Enfin on lui- attribue une intensité de 25 à 3o bougies.
- Pour en revenir à l’éclairage de la Bibliothèque royale de Bruxelles, il a été continué pendant toute une semaine à la grande satisfaction de tous ceux qui ont assisté à ces expériences, et il a montré une fois de plus les rôles respectifs que devront jouer à l’avenir, dans l’éclairage des grands édifices, les grands foyers et les lampes à incandescence pure.
- Le succès obtenu peut nous faire espérer qué de nouveaux essais seront tentés dans cette voie
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- et qu’on ne négligera pas pour cette application les bibliothèques parisiennes, dont la plupart ne sont ouvertes qu’à des heures de jour si incommodes.
- Aug. Guerout.
- exposition Internationale d’électricité
- GALERIE DES MACHINES
- ALLIANCE, WILDE, DE MERITENS
- Les machines exposées par la Compagnie Parisienne d’éclairage (ancienne Alliance) avaient un véritable intérêt historique ; elles constituent en effet un des systèmes les plus anciens, le premier même qui ait fourni la lumière électrique d’une façon à peu près pratique.
- L’idée primitive de la machine de l’Alliance appartient, comme on le sait, à Nollet professeur de physique belge' qui, après avoir longtemps étudié l’appareil de Clarke, le transforma et construisit un modèle à quatre bobines qu’il était en train de perfectionner lorsque la mort vint mettre fin à ses travaux. Peu après l’un des ouvriers de Nollet, Van Malderen qui avait suivi toutes les études de son maître en électricité, passa en Angleterre et fournit à un certain Scheppârd tous les renseignements qu’il possédait sur la machine dont nous nous occupons, et lorsque ce dernier fut parvenu à fabriquer un appareil fonctionnant d’une façon à peu près convenable, il vint en France pour essayer de tirer parti de l’invention qu’il avait entre les mains par suite des circonstances que nous venons d’indiquer.
- A ce moment, c’était pendant les premières années de l’Empire, une société appèlée l’Alliance s’était fondée à Paris pour fabriquer du gaz. d’éclairage au moyen de la décomposition de l’eau, mais tous les moyens employés pour arriver au but désiré ne donnant que de minces résultats, on songea à utiliser les procédés électriques pour produire la décomposition de l’eau.
- Scheppârd qui faisait le plus de bruit possible autour de sa nouvelle machine, vint solliciter les administrateurs de la Société l’Alliance de faire avec elle quelques essais et bientôt après cette machine achetée par la Société française prit le nom de l’Alliance qu’elle a conservé.
- Il s’agissait toujours de fabriquer du gaz d’éclairage au moyen de la décomposition de l’eau, et une série d’expériences qui eut quelque retentissement fut bientôt installée. On convia à ces expériences une foule de notabilités scientifiques et politiques, si bien qu’après de superbes rapports émanant d’amiraux, de divers membres de nos sociétés
- savantes etc. etc., l’Empereur autorisa la continuation des recherches dans l’hôtel même des Invalides qui fut quelquefois illuminé avec le gaz provenant de la décomposition électrique de l’eau ou d’ailleurs.
- Une longue période de temps se passa ainsi en tâtonnements assez dispendieux mais au fond très peu sérieux comme résultats, lorsque l’idée d’employer la machine Alliance à produire de la lumière électrique fut suggérée par MM. du Moncel et Masson.
- Dès lors les études de la Société suivirent une voie plus logique et un certain nombre de résultats pratiques fut bientôt obtenu. On sait que la machine de l’Alliance est la première qui ait fourni des courants alternatifs, elle est aussi la première qui ait pu fonctionner d’une façon assez continue pour être employée industriellement; son usage dans les phares de la Hève remonte à i863.
- C’est en 1878 qu’elle a été acquise par la Compagnie Parisienne d’éclairage par l’électricité, et, dès l’aimée suivante, de nombreuses expériences de lumière électrique étaient tentées un peu partout au moyen de ce système qui a été employé, par la suite, pour essayer presque tous les brûleurs électriques, régulateurs, bougies ou lampes.
- Cette machine se compose élémentairement, on le sait, d’une série d’aimants dont les pôles sont disposés à distances égales sur des cercles. Des bobines de fil isolé placées sur le contour de supports en forme de disque, passent devant les pôles et à chaque passage envoient dans leur circuit deux courants induits inverses. Ceux-ci, réunis, soit en tension, soit en quantité, sont recueillis par un collecteur pour être utilisés.
- On fabrique des types à quatre et à cinq disques et diverses autres formes réduites pour installations d’éclairage dans les maisons ou les petites usines; enfin il y -a des modèles excessivement commodes pour les laboratoires qui peuvent être mis en mouvement à bras d’homme. Ces appareils présentent comme qualités essentielles, une grande solidité et une extrême régularité dans leur fonctionnement.
- La Compagnie Parisienne a exposé aussi la machine et la bougie Wilde qui ont permis de fournir au public des générateurs de petit volume et de prix peu élevé. L’appareil de Wilde a une certaine analogie avec la machine de l’Alliance, mais les aimants sont remplacés par des électro-aimants.
- Les machines de la Compagnie Parisienne se trouvaient dans la galerie dont nous publions successivement diverses vues perspectives; elles étaient placées à côté' de l’Exposition de M. de Méritens et sont figurées au dernier plan de notre dessin, derrière les appareils de ce dernier.,(V. fig. 1.)
- Dans ce même dessin, au second plan à droite, on peut voir des modèles de la machine de Méritens ; ces machines servent depuis longtemps déjà
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- pour l’éclairage des phares. Une expérience importante avait été faite dès le 5 avril 1880, à South Foreland, en face de Calais, et pendant près de six mois on. n’a jamais constaté une seule extinction; aussi ces appareils sont-ils de plus en plus recherchés pour l’éclair%e des phares et pour la marine. Le phare, de Marquerie, celui de Planier, divers autres établissements du même genre appartenant au gouvernement russe, dans la mer d’Azoff et la Baltique, et une foule d’autres installations possèdent maintenant des machines de Méritens. On se rappelle aussi la belle organisation électrique établie dans la résidence de M. Spottiswoode, à Combe-Bank, et qui a- été décrite dans les numéros dé La Lumière Électrique du 22 janvier et du 3o novembre 1881.
- La machine à courant continu exposée' par le même inventeur, à côté de celles à courant alternatif, était intéressante à cause de sa disposition nouvelle ; on se rappelle, en effet, que ses inducteurs étaient formés par des aimants permanents disposés en deux champs magnétiques : l’anneau était construit d’une façon spéciale et les balais collecteurs montés chacun sur une tige isolée et pressés contre le collecteur par un ressort en spirale.
- Sur le côté gauche de notre premier dessin figure l’un des auxiliaires pour la production de l’électricité; c’ést une machine à vapeur Sulzer Compound de 180 chevaux, exposée par MM. Ca-rels de Gand. Ce puissant appareil a été très admiré à cause de sa marche si facile, de sa régularité parfaite et de la grande réduction qu’il présentait dans la dépense de la vapeur.
- La question de la force motrice a joué un rôle des plus importants à la dernière Exposition française d’électricité, où il fallait mettre en mouvement un si grand nombre de générateurs électriques ; aussi a-t-on pu voir fonctionner une série de moteurs à vapeur et à gaz. Ces derniers ont donné d’excellents résultats et ont montré tous les services qu’ils pouvaient rendre dans certaines installations électriques, où l’emploi de la vapeur est souvent impossible ; aussi, quoique la mécanique appliquée sorte du cadre de ce journal, nous avons tenu, dans ce coup d’œil rétrospectif sur la galerie des machines, à faire figurer un de ces moteurs à gaz qui sont venus apporter un concours si efficace à la puissance motrice demandée à la vapeur; notre deuxième dessin (fig. 2) est consacré à ce souvenir.
- Il présente d’une part une machine à gaz horizontale.du type Otto, qui est certainement aujourd’hui le modèle le plus fréquemment employé et une machine verticale système Ransome, remarquable par le peu de place qu’elle occupe.
- C. C. Soulages.
- MACHINE
- A COURANTS ALTERNATIFS
- SYSTÈME CIIERTEMPS ET DÂNDEU
- Cette nouvelle machine à courants alternatifs se place entre la machine de Wilde et la machine de Lambotte-Lachaussée.
- Par sa forme générale elle se rapproche de la machine de Wilde ; elle se compose comme celle-ci de bobines placées circulairement sur des disques et tournant les unes devant les autres en s’induisant par le bout. De même que dans la machine de Wilde, les bobines forment trois séries comme on peut le voir sur la figure. Dans le modèle qui a été expérimenté, deux séries de six bobines chacune sont disposées sur les plateaux extrêmes en E E, ces bobines constituent l’inducteur; une série de six autres bobines disposées sur un plateau intermédiaire M constituent l’induit. Dans la machine de Wilde ce plateau médian est mobile, c’est l’induit qui tourne et vient passer devant l’inducteur qui est fixe ; dans la machine Chertemps et Dandeu, c’est l’inverse, le plateau M portant les bobines induites est une pièce fixe en bois, et ce sont les plateaux E avec les bobines inductrices qui tournent. Cette disposition qui se retrouve dans la machine Lambotte-Lachaussée a plusieurs avantages ; le principal est qu’elle permet de mieux surveiller l’induit, la seule partie de la machine qui ait des risques à courir puisque seule elle est traversée par le courant utile. Dans toutes les machines l’inducteur est en effet animé par un courant fixe, continu, généralement emprunté à une machine extérieure ; c’est le cas de la machine Lambotte-Lachaussée ; ce n’est pas celui de la machine qui nous occupe, celle-ci est auto-excitatrice comme l’était la machine.de Wilde; elle emprunte son courant excitateur à l’une dé ses bobines induites dont le courant est redressé. A cet effet le courant d’une des bobjnes est amené aux balais BB', et pénètre dans les bobines inductrices en traversant un commutateur qui lui donne à chaque instant le sens nécessaire : il n’est pas utile d’insister sur ce procédé qui est déjà connu.
- Une particularité très intéressante de cette machine se voit à la partie supérieure où est placée une série de bobines ; en voici l’utilité : comme on le pense bien, l’induit étant fixe, on en a profité pour rendre les combinaisons de circuits possibles à chaque instant, ce qui est un des avantages de cette disposition. A cet effet le circuit de chaque bobine induite est isolément amené à deux bornes sur la plaque supérieure de l’appareil où il peut être employé soit isolément soit en combinaison avec les autres.
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- Une pièce métallique formant tiroir facilitera ces combinaisons. Mais chacun de ces circuits, avant de partir, passe dans deux petites bobines formant électro-aimant. Cet éléctro est muni d’une petite armature qui, lorsqu’elle est abaissée, réunit les deux pôles du circuit de la bobine. Il suit de cette disposition que lorsque une bobine n’est pas munie d’un circuit extérieur traversé par un courant, l’armature réunit les deux pôles et ferme le circuit sur lui-même ; aussitôt qu’il y a courant extérieur, l’électro agit et soulève son armature, en sorte que le circuit extérieur subsiste seul et reçoit tout le courant. Cela est nécessaire parce que les machines alternatives de ce type, au contraire des machines continues, prennent d’autant moins de force que leur circuit est moins résistant. Pour ces appareils, la rupture du circuit est un accident grave; elles absorbent immédiatement beaucoup de force qu’elles transforment en chaleur dans les noyaux de fer des bobines ; il est utile que cet événement ne puisse se produire et que le circuit soit fermé automatiquement sur lui-même, s’il venait à être extérieurement ouvert; c’est à quoi sert l’appareil, de MM. Chertemps et Dandeu.
- Il est d’un emploi presque indispensable dans les appareils de ce type, c’est-à-dire dans lesquels des noyaux de fer d’une certaine masse sont mis en mouvement dans des champs magnétiques alternés. On conçoit que dans ce cas, le courant excitateur agissant toujours indépendamment du circuit utile, les pièces de fer ne cessent pas d’être aimantées, et pour les faire passer les unes devant les autres, on doit vaincre des attractions sérieuses. Le même fait ne se produit pas dans les machines telles que celles de Gramme, où le fer doux de l’induit a la forme d'un anneau continu ; dans ce cas, l’action de l’inducteur consiste à déplacer des pôles dans une masse continue, sans doute cela peut demander quelque travail à cause des courants de Foucault
- développés dans le métal, mais ü'estbien inférieur à celui qui doit être dépensé avec l’autre disposition.
- Cette machine, comme celle de Gramme, réalise facilement les hautes tensions que l’on demande en général aux appareils de ce genre ; elle est enroulée de fils d’assez faible diamètre et d’une résistance assez élevée, étant destinée à agir sur de longues distances. Elle suit en cela la tendance générale, dans laquelle d’ailleurs les machines alternatives sont entrées dès leur origine. Les expériences montrent que la force qu’elle absorbe augmente assez proportionnellement avec le travail électrique qu’elle produit, ce qui est avantageux pour la
- bonne utilisation des moteurs.
- La machine est bien compacte, de petite dimension. Dans les expériences qui ont été faites en la faisant tourner à unevitesse de i 3oo tours en viron, on a pu allumer et maintenir en action régulière dix bougies Ja-blochkoff de 4mm 1/2, ce qui est un résultat remarquable pour une aussi petite machine. On a également fait voir que son courant était susceptible de traverser utilement de grandes résistances. En somme, elle paraît devoir occuper une place utile parmi les machines alternatives.
- Frank Geraldy.
- LA TÉLÉGRAPHIE
- SES PROGRÈS RÉCENTS MANIFESTÉS A L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- Quatrième article (Voir les nos des i3, 20 et 27 mai 1882.)
- [b] Lignes souterraines. —
- Les lignes aériennes ont de graves inconvénients. Sujettes à des dérangements multiples, elles ne donnent pas toujours la régularité et la certitude
- MACHINE CHERTEMPS ET DANDEU
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- de communications que l’on a de plus en plus tendance à exiger d’elles. L’électricité atmosphérique en paralyse quelquefois l’usage pour des journées entières, par exemple en certains pays de montagnes sujets à de violents orages, au cours desquels il n’est pas rare de voir des poteaux foudroyés et mis hors de service. D’un autre côté, les dérivations d’un fil à l’autre par les supports troublent également le travail; chaque hiver, enfin, voit reparaître au moment des grands vents, et des fortes neiges,, de fâcheuses interruptions sur des lignes de première importance : bien qu’exceptionnel, le verglas du mois de janvier 1879, donne une preuve saisissante du danger que les lignes aériennes courent du fait des agents et des perturbations atmosphériques.
- Aussi depuis longtemps l’attention des Compagnies ou administrations télégraphiques a-t-elle été dirigée vers la construction de lignes souterraines. Soustraites aux périls qui menacent les lignes aériennes, elles furent à diverses reprises essayées en différents pays, mais jusqu’à ces années dernières elles restèrent presque exclusivement cantonnées dans les villes où des raisons particulières militaient en leur faveur et les imposaient.
- Leur prix élevé, comme aussi le peu de perfection des conducteurs fournis par l’industrie, les rendait presque inadmissibles pour de longs parcours.
- Mais sous l’empire des nécessités pressantes, en face d’un trafic auquel les lignes aériennes déjà surchargées de conducteurs étaient menacées de ne pouvoir suffire, et cela à brève échéance, devant un besoin de jour en jour plus impérieux d’assurer entre les principales villes d’un grand pays une communication continuelle et certaine, les administrations télégraphiques de plusieurs nations ont cru devoir recourir au dispendieux établissement de lignes souterraines à longs parcours.
- Dans ces quatre dernières années, l’Allemagne et la France sont résolument entrées dans cette voie ; nous ajouterons que la Grande-Bretagne avait en 1873 fait un essai de ce genre et une ligne de 1 207 kilomètres avait été construite; elle se comporta, mal, et en six ans, elle fut mise hors de service et remplacée par une ligne aérienne. L’insuccès vint probablement de .quelques négligences dans la confection du câble employé et de certaines autres plus graves qui semblent avoir été commises dans la pose elle-même.
- En 1876 l’Allemagne vit se produire une nouvelle expérience : on posa entre Berlin et Halle, distance de 193 kilomètres, un câble du type que l’on comptait employer ; les résultats ayant paru satisfaisants, d’autres lignes furent construites, et au icr janvier 1881, on comptait jusqu’à 4 000 kilomètres de lignes complètement achevées. A cette époque, Berlin était relié à Mayence par Halle, Cassel, Francfort sur le Mein; à Cologne par Magdebourg, Brunswick, Hanovre, Minden, Munster, Wesel et Düs-
- seldorf; à Hambourg et à Kiel. Une ligne existe de Francfort sur le Mein à Strasbourg par Darmstadt, Mannheim, Carlsruhe, Rastadt, Kehl; une autre, de Cologne à Metz par Coblentz et Trêves. Enfin Metz et Strasbourg sont en communication souterraine.
- D’autres embranchements de moindre importance étaient aussi exécutés à la même date; mais des lignes semblables à celles que nous venons de mentionner sont en exécution ou en projet, et l’on n’annonce pas moins, pour le réseau complet, de 3o 000 kilomètres.
- La France a commencé plus tard que l’Allemagne un travail analogue, mais l’exécution vivement poussée des nouvelles lignes permettra de les achever dans un temps relativement fort court. D'ici peu de temps, chacune des grandes voies ferrées comportera à quelque distance d’elle une ligne télégraphique souterraine qui aura le même parcours général; d’autres conducteurs seront aussi établis pour relier entre elles directement les principales villes de ces premières artères, et une interruption de communications télégraphiques pareille à celle de l'hiver 1879-1880 deviendra théoriquement impossible.
- Nous disons théoriquement, car l’expérience n’a pas encore, à notre avis, suffisamment prononcé sur le degré de solidité, de continuité de fonctionnement et de sécurité, comme exploitation, sur lequel on est en droit de compter pour les lignes construites dans ces dernières années, tant chez nous qu’en Allemagne.
- Nous assistons aujourd’hui dans les deux pays à une vaste expérience, et bien qu’elle forme la partie saillante des modifications apportées récemment dans les opérations télégraphiques, il est meilleur de ne porter à l’heure présente aucun jugement trop affirmatif sur les résultats qu’on doit attendre des moyens jusqu’ici employés ou proposés.
- La pratique seule pourra indiquer les défauts et les avantages de chaque système.
- Ce que nous voulons ici, c’est uniquement indiquer, en ayant en vue les objets exposés.à l’Exposition Internationale, les modes de procéder actuellement en usage, et quelques modifications que les progrès de l’industrie semblent pouvoir permettre, au moins en certains cas.
- Le diélectrique du conducteur. — Une ligne souterraine est formée essentiellement par un conducteur entouré d’une couche de matière isolante en gutta-percha, le tout étant protégé par une enveloppe plus résistante.
- Quelques renseignements sur le traitement subi par la gutta et sur son dépôt à la surface des fils conducteurs ne sont peut-être pas ici hors de propos.
- La gutta-percha vient principalement de la pé-
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- ninsule malaise et des îles de l’archipel des Indes Orientales : d’après les renseignements parvenus en Europe, la gutta qui nous arrive est un mélange des gommes de plusieurs essences d’arbres, gommes obtenues d’une façon analogue à la résine ou au caoutchouc. Malgré cette diversité d’essences, on considère l’Isomandra gutta comme l’arbre d’où sort le produit en question.
- Chimiquement, la gutta-percha semble formée presque exclusivement d’un carbure dont la formule serait C40 H3S : elle paraît s’oxyder comme l’essence de térébenthine sous l’influence de ferments qui peuvent la résinifier ; les corps oxydants l’attaquent; elle résiste mieux que le caoutchouc aux acides et elle coûte moins cher.
- Elle offre encore sur le caoutchouc l’avantage de s’imprégner plus difficilement d’eau, en sorte que son isolement varie fort peu de ce fait.
- L’étude chimique complète de la gutta est encore à faire; on l’a tentée à diverses reprises, mais les difficultés qu’on y a rencontrées rie permettent d’accepter qu’à titre de simples renseignements les résultats obtenus. Quelques savants admettent aujourd'hui les points suivants.
- La gutta-percha du commerce purifiée renferme trois substances distinctes ; la plus abondante d’entre elles, la gutta véritable, qui forme de 75 à 82 pour cent de la masse totale, est un hydrocarbure de même composition centésimale que les terpènes; elle est insoluble dans l’alcool. Les deux autres éléments sont une substance blanche cristalline appelée albane, insoluble dans l’alcool froid, mais soluble dans l’alcool bouillant, et une substance résineuse jaune soluble dans l’alcool froid. Ces deux derniers corps viennent probablement de l’oxydation de la gutta pure, oxydation qui doit se produire quand on retire la gutta-percha des arbres. La gutta pure s’obtient à l’aide d’un traitement assez long, dans le détail duquel nous n’avons point à entrer ici. Elle est d’une blancheur parfaite quand on l’a sous forme de poudre fine; chauffée, elle s’agglomère, et à ioo° devient transparente, puis à i5o° commence à fondre et se change en une masse résistante; à 180, un liquide huileux commence à distiller, et à 210 la masse se remplit de bulles de vapeur.
- La gutta-percha pure absorbe lentement l’oxygène. Quand elle est soumise à l’actiori combinée de l’air et de la lumière, elle se transforme peu à peu en une résine cassante franchement soluble dans l’alcool chaud. Ce changement lui fait complètement perdre son caractère plastique, et c’est là un de ses principaux défauts; néanmoins, elle se maintient presque indéfiniment en bon état lorsqu’elle est à l’abri de l’air et sous l’eau. (Miller.)
- Les diverses causes d’altération auxquelles est soumise la gutta quand on l’enfouit dans le sol, sont encore mal connues! Il est cependant avéré
- que le voisinage des conduites de gaz est funeste pour les conducteurs souterrains dont le diélectrique est en gutta-percha; certains liquides provenant du goudron de houille attaquent énergiquement la gutta; le gaz s’échappant par des fuites de sa canalisation doit donc venir, par les vapeurs du même genre dont la purification ne l’a pas complètement débarrassé, attaquer la gutta qui se trouve à une distance suffisamment petite. D’autres actions ne trouvent point une explication aussi facile ; par exemple, au voisinage des racines de quelques arbres, la gutta est souvent profondément altérée, si elle a été déposée dans le sol sans protection ou avec une protection peu énergique : quelle est la cause de ce phénomène? On ne pourrait le dire aujourd’hui d’une façon certaine. La même incertitude se présente quand il s’agit de l’action exercée par les eaux chaudes, telles que les eaux de condenseurs.
- Quoiqu’il en soit, l’immense majorité, on pourrait presque dire la totalité des câbles jusqu’à présent fabriqués pour les lignes souterraines, est à enveloppe isolante de gutta-percha; l’usage s’en impose encore au moins pour quelque temps, et l’on a dû se préoccuper de mettre à l’abri du danger ces lignes qui cheminent sous nos pieds et dont la surveillance est à peu près impossible autrement que par un système régulier de mesures électriques. De là sont nés les divers modes de pose et les divers modèles de câbles que le Palais de l’Industrie offrait à notre examen.
- Plus tard nous reviendrons sur deux types de câble qui ont fait récemment leur apparition dans la pratique et qui commencent à être sérieusement expérimentés; quelques matières nouvelles proposées comme diélectriques attireront également notre attention. Pour aujourd’hui, nous nous contenterons d’indiquer la constitution des câbles employés aux lignes souterraines actuellement achevées ou en voie d’exécution.
- En Allemagne, le câble contient de quatre à sept conducteurs de cuivre isolés et noyés dans une masse de gutta ; du chanvre de Russie goudronné recouvre cette dernière ; un revêtement de fils de fer galvanisé vient protéger l’ensemble et le maintenir; enfin, un enduit d’asphalte passé sur le tout forme une dernière défense contre l’humidité. L’armature en fer est ici tout à fait indispensable ; elle constitue pour l’âme le seul rempart qui la puisse soustraire à la détérioration mécanique, comme on pourra s’en rendre compte lorsque nous décrirons l’opération de la pose.
- L’expérience des lignes sous-marines et des lignes souterraines précédemment établies dans les villes, a montré la nécessité d’avoir un conducteur formé de plusieurs fils. Sept fils de cuivre tordus ensemble constituent une corde de cuivre donnant de sérieuses garanties pour la continuité du
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- conducteur; cet arrangement écarte à peu près le . danger d’une rupture totale en un point faible ; quand bien même un ou deux fils seraient rompus, la continuité du circuit serait encore maintenue par les fils restants.
- Cette pratique a été également suivie en France ; la chose s’imposait d’ailleurs encore plus chez nous, où le câble subit en cours de pose des efforts de traction auxquels n’est point exposé le câble allemand; de plus, cet effort serait, pour lui, supporté par l’armature de fer, tandis que pour le nôtre la résistance vient de la gutta et du cuivre combinés, ce qui permet de croire à une certaine fatigue du conducteur métallique.
- Sur le toron de cuivre est déposée la matière isolante. La gutta-percha achetée à l’état brut par les fabricants est réduite en copeaux, passée et triturée plusieurs fois dans l’eau chaude, soumise au laminoir, ramollie à nouveau, et malaxée de diverses manières, puis appliquée sur le conducteur; celui-ci a, au préalable, été recouvert d’une composition dite Chatterton, formée de goudron de Stockholm, de résine et de gutta-percha, et qui donne l’adhérence de la gutta au cuivre ; la gutta-percha n’est mise que par couches minces séparées par une couche de Chatterton ; cette composition comme la gutta elle-même est posée à chaud, à l’aide d’appareils qui rappellent les vermicellières.
- Chez nous, pour les lignes souterraines, on emploie généralement des câbles formés de trois câbles élémentaires tels que ceux qui viennent d’être succinctement décrits : ces derniers sont de deux grosseurs différentes; le plus petit modèle dont le conducteur a un diamètre moindre, ne comporte que deux couches de gutta; deux câbles élémentaires de ce type sont joints à un câble un peu plus fort dont le diélectrique est constitué par trois couches de gutta toujours, bien entendu, séparées les unes des autres et du cuivre par du Chatterton: les trois brins élémentaires légèrement tordus ensemble, avec une cordelette tannée dans les intervalles extérieurs, sont recouverts de deux épaisseurs au moins de rubans goudronnés ou tannés et enroulés successivement en sens inverse. On obtient ainsi le câble à trois fils communément en usage en France, et dont on pouvait, à l’Exposition, voir des spécimens, tant au pavillon du Ministère des Postes et Télégraphes, que dans les expositions de MM. Ménier ou Rattier.
- La pose du conducteur. — Après avoir indiqué ce qu’étaient les câbles employés pour les lignes souterraines, examinons maintenant comment on les emploie, quelles sont les opérations de la pose.
- Deux méthodes générales sont employées en Allemagne et en France : pose directe d’un câble
- dans une tranchée, pose du câble dans des tuyaux protecteurs.
- Dans .la première, adoptée spécialement par l’Allemagne, une équipe nombreuse de travailleurs précède la pose proprement dite et prépare la*’ tranchée. Une seconde escouade vient alors y déposer le câble : ce dernier, comme nous l’avons vu, est formé d’un certain nombre d’âmes reliées entre elles par du chanvre goudronné ; le tout est revêtu d’une armature en fil de fer galvanisé. La pose de cet ensemble qui n’offre pas de bien grandes difficultés, était représentée à l’Exposition Internationale d’Electricité. A peu de distance du phare, au centre de l’Exposition allemande, se trouvait le bureau réservé au commissaire du gouvernement allemand ; derrière ce bureau et au-dessus de lui, on apercevait un tableau destiné à donner une notion de la pose du câble souterrain. Bien que l’opération, dans la pratique, ne comporte pas précisément l’élégance dont cette représentation suggère l’idée, on pouvait se rendre compte de la façon dont elle est conduite : un tombereau très bas supporte les bobines de câble qui se déroulent au fur et à mesure de l’avancement. Quant à l’enduit asphalté (‘) qui doit recevoir le fer et combler les interstices des spires non jointives, il est, pour les petits modèles, appliqué avant la mise sur bobine : les gros câbles au contraire ne sont revêtus qu’au moment de leur pose, par le passage à travers un vase contenant l’enduit et fixé à l’arrière du tombereau porte-bobine.
- Le câble descendu à la main ou avec des crochets dans le fond de la tranchée est immédiatement recouvert d’une couche de terre fine sans gravier. Enfin une troisième escouade d’ouvriers comble la tranchée.
- Dans certains cas particuliers un supplément de protection est nécessaire : à la traversée des rivières par exemple, on peut être amené à employer un système de manchons en fonte galvanisée à joints articulés, ou bien encore une seconde armature en fils de fer; quand, à la profondeur réglementaire de i mètre, on est envahi par l’eau, on enterre le câble dans une maçonnerie ou dans des tuyaux ; d’autres fois, le câble, trop rapproché de la surface du sol, est entouré de substances mauvaises conductrices de la chaleur.
- La ligne de Berlin à Halle, construite en 1876, sur une longueur de i65 kilomètres d’après ces principes paraît être encore dans de bonnes conditions; l’isolement (a) s’est maintenu et a même un peu augmenté (le fait pourrait s’expliquer par l’é-
- (*) En réalité, c’est un mélange de gutta-percha et de goudron.
- (2) A la réception, l’isolement minimum par kilomètre est de 477 méghoms environ (exactement 5oo millions
- U. S.).
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- vaporation du goudron dont on avait imbibé la gutta-percha dans un but de conservation).
- En France, au contraire, on a préféré introduire les câbles dans des conduites en fonte : on s’est inspiré des lignes urbaines déjà construites de cette manière. Le conducteur est encore ici formé de sept fils tordus ensemble; mais dans un même câble on ne place, en vue d’éviter partiellement les effets d’induction, que trois conducteurs dont l’un est un peu plus fort que les deux autres et destiné aux communications à grande distance. Si l’on n’a besoin que d’un seul câble pareil, on l’entoure de fils de fer, on le transforme en câble armé ; la méthode de pose est alors analogue à celle que nous avons indiquée pour l’Allemagne ; mais c’est là une exception. A partir de deux câbles à trois conducteurs, on emploie les tuyaux de fonte. Voici quelles sont alors les différentes phases de la pose.
- En supposant la tranchée déjà faite, ayant le profil et la direction voulus, on procède à la mise en place des tuyaux. Ces derniers varient naturel-
- A B
- FIG. I
- lement de diamètre avec le nombre (qui va parfois jusqu’à 7) de câbles à y loger : leur longueur n’est pas non plus uniforme et change en même temps que le diamètre. On pouvait en voir des spécimens dans la nef à l’Exposition de M. Chappée à peu près en face de l’Exposition du Ministère de la guerre. Les tuyaux jusqu’ici généralement employés sont munis d’un bout cylindrique et d’une extrémité portant deux renflements AB, CD (fig. 1). Dans l’emboîtement AB CD de l’un pénètre l’extrémité cylindrique EF de l’autre : le bord F est rodé de façon à ne point écorcher les câbles quand on en fera le tirage, même si, contre la règle, il est exécuté de F vers E au lieu de l’être de E vers F. Pour cette même raison l’on doit avoir soin de bien placer les tuyaux dans le prolongement aussi parfait que possible l’un de l’autre. La partie annulaire creuse correspondant à A B reçoit alors deux demi-bagues en plomb de dimensions convenables pour remplir à peu près exactement ce vide; on les matte soigneusement et l’on obtient ainsi des joints étanches, au moins quand ils viennent d’être faits. Pour laisser aux tuyaux en fonte la possibilité de se dilater sans provoquer la rupture de la conduite, on ménage un petit espace Jibre entre l’extrémité F de l’un et le fond G de l’emboîtement de l’autre*
- Des manchons placés tous les 100 mètres sont destinés à former regards; ils ont un diamètre intérieur supérieur au diamètre extérieur des tuyaux afin d’y permettre l’introduction de ces derniers ; le mode d’assemblage des tuyaux et des manchons est analogue à celui que nous venons de décrire pour les tuyaux entre eux.
- Tous les 5oo mètres, à peu près, vient se placer une chambre, dite chambre de soudure (fig. 2), où viennent se raccorder les sections de câble qui s’en écartent de part et d’autre ; il est bien entendu que des circonstances particulières peuvent amener à en placer un plus grand nombre. Ces chambres sont formées d’une cuve cylindrique percée de deux orifices par où entrent les tuyaux ; sauf un cas spécial, l’un des deux tuyaux se raccordant à la chambre est forcément un tuyau cylindrique, c’est-
- à-dire un tuyau sans emboîtement; s’il n’en était pas ainsi, on serait contraint de changer dans l’intervalle de deux chambres consécutives, à un manchon, par exemple, le sens de pose des tuyaux; on serait ainsi amené, pour le tirage,-à faire passer le câble dans toute une section d’un emboîtement dans un bout cylindrique, ce qui pourrait occasionner l’écorchement du câble. La même remarque s’applique évidemment aux manchons; l’un des deux tuyaux qui y aboutissent est un tuyau cylindrique. Le raccordement des tuyaux et des chambres se fait à l’aide d’une bride fixée sur la chambre par des boulons et reliée au tuyau par un joint avec mat-tage à froid comme plus haut.
- Dans le cas où l’on a des courbes à franchir, on peut employer soit des tuyaux courbes de 1 mètre de longueur dont la déviation correspond à un angle de ii°, soit simplement, lorsque les circonstances le permettent, des tuyaux droits que l’on infléchit.
- {A suivre.) E. de T.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Sur les effets produits dans le vide par le courant des machines Gramme, par MM. Jamin et
- G. Maneuvrier (').
- * Aussitôt que Davy eut découvert l’arc électrique, il s’empressa de le reproduire dans une enceinte vide d’air, afin d’éviter la combustion des charbons. Il vit qu’on pouvait l’agrandir, que la matière charbonneuse se transportait du pôle positif au pôle négatif, que le premier était plus lumineux que le second, mais que l’aspect général du phénomène ne changeait pas. Despretz répéta l’expérience avec une pile plus énergique et reconnut que le charbon volatilisé sous l’action électrique se dépose sur les parois du ballon de verre aussitôt que l’intensité du courant dépasse une certaine limite. Il est probable que ce dépôt de charbon se fait dans tous les cas, mais qu’il ne commence à pouvoir être constaté que si l’intensité est très grande.
- * Les choses se passent tout autrement quand, au lieu d’une pile, on emploie la bobine de Rhum-korff. On sait qu’elle fait naître des courants d’induction successifs et de sens opposés : les premiers, inverses, ont trop peu de tension pour franchir la distance qui sépare les pointes et ne produisent rien; les seconds, directs, acquièrent à la fin une tension énorme, mais ils durent peu et transportent une faible quantité d’électricité. Tout se réduit donc à des décharges successives presque instantanées, séparées par des repos comparativement prolongés, à des étincelles, et, dans le vide, à des effluves de lumière; mais il n'y a jamais d’arc électrique, parce que la quantité manque.
- « Les machines Gramme à courants alternatifs participent à la fois des piles et de la bobine, tout en offrant des caractères spéciaux; elles donnent deux courants alternativement contraires, mais ils sont égaux, durent le même temps, ne sont séparés que par un court intervalle de temps et transportent, à cause de leur durée, une grande somme d’électricité. On pourrait les remplacer par une pile dont le sens changerait périodiquement et sans interruption; mais ils diffèrent d’une pile par la grande intensité des courants. Quand l’un d’eux finit, elle augmente par l’extra-courant; quand il commence, elle profite de la force électromotrice inverse du courant précédent, comme je l’ai démontré (2). En résumé, les effets seront ceux des piles avec une aggravation due à l’énorme tension, et (*)
- (*) Note présentée à l’Académie des Sciences, dans sa séance du 8 mai 1882.
- (2) Comptes rendus, t. XCII, p. 1201.
- ceux de la bobine avec l’aggravation qui résultera d’une plus grande quantité d’électricité. C’est ce que l’expérience vérifie. Dans l’air, au lieu d’un seul arc, on en peut allumer plusieurs, et l’on en multiplie le nombre en augmentant la tension, c’est-à-dire en diminuant la section et en augmentant la longueur du fil induit, ainsi que la vitesse de rotation. Cela m’a permis d’entretenir soixante lumières avec une machine qui, primitivement, n’en supportait que huit. Dans le vide imparfait des machines pneumatiques, les résultats pouvaient encore se prévoir en partie, et ils sont très curieux, comme on va le voir et comme je viens de l’observer avec la collaboration de l’un de mes élèves, M. G. Maneuvrier.
- « Ayant pris un œuf électrique, j’y ai disposé en face l’un de l’autre deux charbons de om,i5 de longueur, de 4““ de diamètre, séparés par un intervalle de 4mm. Lorsque le vide atteignit environ 12mm, la lumière commença à jaillir d’elle-même, non point sous forme d’arc très lumineux, resserré entre les pointes, mais partant de tous les points des charbons, sous l’aspect ordinaire des effluves dans les tubes de Geissler ; chacun d’eux montrait, à la fois, les apparences qui caractérisent les deux pôles avec la bobine, c’est-à-dire l’auréole bleue enveloppant la surface des deux cylindres, ce qui appartient au pôle négatif et au delà de la lueur stratifiée plus pâle due au pôle positif. Elle s’élançait normalement au contour des charbons et tout le ballon s’emplissait de lumière. L’expérience est une des plus belles qu’on puisse voir.
- « Ainsi les deux courants contribuent pour une égale part à la production du phénomène qui est celui des tubes de Geissler, mais qui prend un éclat incomparable, à cause de la quantité considérable d’électricité qui passe et qui va modifier rapidement les apparences observées. En effet, les charbons s’échauffent, rougissent et arrivent au blanc pâle, non pas seulement à leur extrémité, mais dans toute leur longueur, alors ils se volatilisent rapidement par l’effet combiné de réchauffement et des courants. Quelle que soit la cause de cette volatilisation, il est certain qu’une matière charbonneuse se répand à l’état de vapeur. Le ballon se remplit d’un gaz bleu assez analogue à la vapeur d’iode, qui se fonce de plus en plus jusqu’à l’indigo. Après quoi ces vapeurs se condensent abondamment sur les parois qui deviennent opaques, et cela termine l’expérience. Le dépôt recueilli ressemble à du charbon très divisé et se dissout avec effervescence et incandescence dans l’acide azotique. Est-ce du charbon pur ou un composé peut-être hydrogéné de charbon ? C’est une question que je me réserve d’examiner ultérieurement.
- « Pour éviter cette terminaison forcée de l’expérience, j’ai remplacé les charbons uniques par deux
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- taisceaux de crayons pareils, adaptés aux deux rhéophores et allant en divergeant suivant les génératrices de deux cônes opposés par leurs bases. Dans ce cas les courants se divisent en un grand nombre d’effluves, moins intenses que l’effluve unique ; , tous les charbons s’illuminent à la fois et s’échauffent d’autant moins qu’ils sont plus nombreux. La volatilisation est à peu près nulle et l’effet se prolonge autant qu’on le veut.
- « J’ai remplacé les charbons par des tiges de cuivre de om,oo3 de diamètre et divergeant du rhéophore. Le même effet s’est produit avec un éclat encore plus grand. Si le courant est trop intense, le cuivre fond. Toujours il se volatilise en partie et se dépose en couche mince sur le ballon. Il est clair que l’expérience devra être variée en employant divers métaux, divers gaz, en opérant sous diverses pressions.
- « J’aurai l’honneur de faire connaître à l’Académie les résultats qui se présenteront. »
- Des variations magnétiques des tiges aimantées
- pendant les orages, par M. G. de Lalagade (‘).
- « L’influence des orages sur l’aiguille aimantée est généralement trop instantanée et trop faible pour faire dévier l’aiguille aimantée la mieux suspendue. J’écarte le cas où la foudre passerait dans le voisinage d’une boussole, et je me place dans les conditions ordinaires où se trouvent les barreaux aimantés en temps d’orage, c’est-à-dire éloignés des nuages où éclate la foudre.
- « Depuis plusieurs mois, cherchant à vérifier si réellement l’activité solaire influait sur le magnétisme terrestre, et surtout cherchant à percevoir les variations brusques qui pourraient se produire, j’imaginai, pour suppléer à l’inertie de l’aiguille de déclinaison, divers appareils plus sensibles. Ainsi, au bout d’une tige d’acier aimantée, je disposai une mince membrane de fer, montée de la même manière que celle dutéléphone; toute variationma-gnétiquè de la longue tige d’acier devait influencer directement la plaque de fer et lui faire rendre un son. Cet appareil me servit à d’autres expériences.
- « En effet, dans la soirée du 6 avril, un orage éclata; c’était le premier de l’année. J’eus l’idée d’écouter au bout de la tige. Je constatai que, à chaque éclair, la membrane de fer faisait entendre un petit coup sec, très faible, il est vrai, mais cependant assez sensible. L’orage fut de courte durée, et, malgré toute mon attention, je ne perçus plus rien dès que l’orage fut un peu éloigné.
- « Je m’empressai de construire un appareil plus sensible et, en tout cas, plus commode; je pensai
- f1) Note présentée à l’Académie des sciences dans la séance du 8 mai 1882.
- faire réagir ces variations magnétiques de la tige, produites au moment de l’éclair, sur les circuits de plusieurs petites bobines couvertes de fil fin, et de diriger dans un téléphone les courants induits qui se produiraient.
- « Pour cela, sur la terrasse d’une tour élevée d’environ 20m, je plaçai deux montants de bois supportant un petit toit en toile imperméable; en dessous, je disposai horizontalement douze tiges d’acier aimantées de 7mm de diamètre et de im de longueur. Chacune était recouverte à son extrémité, sur un cinquième de sa longueur, de douze petites bobines revêtues de fil fin ; chaque bout du fil des bobines, enroulées dans le même sens, venait se réunir à un même conducteur, afin de recueillir, de grouper tous les courants produits sans augmenter la résistance totale de l’appareil. Les deux conducteurs qui recueillaient les courants des bobines venaient s’attacher à une paire de téléphones placée sous un autre abri.
- « Le 24 avril, dans la soirée, le temps devint subitement orageux du côté de l’ouest; je me rendis aussitôt sur la terrasse de la tour, je dirigeai toutes mes tiges parallèlement à l’horizon d’où venait l’orage. Non seulement à chaque éclair correspondait un bruit sec, mais avant les éclairs, qui étaient rapidement suivis du tonnerre, j’entendais un léger bruissement, suivi du claquement caractéristique qui accompagnait l’éclair. Comme dans ma première expérience du 6 avril, malgré toute mon attention, je ne perçus plus rien dès que l’orage fut à une certaine distance.
- « Après les deux expériences que je viens de citer, il me semble possible d’affirmer que la foudre, même éloignée, a une action réelle sur le magnétisme des aiguilles aimantées, cette influence n’étant pas assez forte ou étant trop rapide, dans les conditions ordinaires, pour être indiquée par l’aiguille des boussoles.
- « Je terminerai en exprimant le désir de voir employer un appareil du genre que j’ai décrit dans ma deuxième expérience, dans les études simultanées que l’on va entreprendre dans les régions polaires. » ________
- Sur la longueur des étincelles de la décharge
- d’un condensateur électrique, par M. E. Vil-
- lari *).
- « Lorsqu’on décharge un condensateur en lui faisant produire une étincelle ou bien deux, la longueur de la première n’est pas égale à la somme des longueurs des dernières, et la somme des longueurs des étincelles n’est pas toujours constante.
- « J’appelle étincelle excitatrice celle qui se pro-
- (') Note présentée à l’Académie, dans la séance du i5 mai 1882.
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- La lumière électrique
- duit contre l’excitateur, et conjonctive celle qui a lieu dans une interruption de l’arc conjonctif.
- « i° Lorsque l’étincelle conjonctive L est zéro, la somme L -f- U est minimum (2Ômm environ).
- « 2° Lorsqu'une des deux étincelles L ou L' est très petite (inférieure à 2mm), l’autre étincelle s’allonge excessivement, de manière que la somme L-)- L' atteint une valeur maximum et égale à 4omm environ.
- « 3° Pour les valeurs de chacune des deux étincelles comprises entre 3mm et 3omm, la somme L -f- L' est moyenne et constante ; elle est égale à 32mm environ.
- « Ces conclusions se trouvent développées dans le tableau suivant :
- 1. L = o...............
- 2. L varie de omm,i à
- i“m,5.............
- 3. L environ 2n>ra.'. . .
- 4. L varie de 3mm à
- 3omm................
- 5. L' environ 2mm,5. .
- 6. L' inférieure à 2mm.
- L + L' = 2ûmm, minimum.
- L L' = 39mi“,8 maximum constant.
- L -h L' = 34mm,8.
- L + L' = 3imm,3, moyenne constante.
- L + L' — 34mm,5.
- L + L' = 4imm, maximun constant.
- « Les petites étincelles ont donc l’influence d’en faire allonger une autre qui se produit en même temps dans le circuit. Cette influence croît avec les charges du condensateur.
- « L’allongement de l’étincelle excitatrice d’un condensateur produit par une petite étincelle conjonctive est lié à une diminution sensible de la décharge intérieure des condensateurs et à une augmentation de la décharge extérieure. Quand une bouteille se décharge à travers un circuit avec une courte interruption, la chaleur de la décharge intérieure diminue sensiblement, et la chaleur de l’étincelle excitatrice extérieure augmente; et, si à cela on ajoute la chaleur de la très petite étincelle, on comprend aisément que l’énergie de la décharge qu’on a portée à l’extérieur est très grande.
- « Dans le cas de deux étincelles extérieures suffisamment longues, leur somme est constante, ce que j’avais autrefois déjà montré indirectement en. mesurant les dilatations thermométriques produites par les deux étincelles. Il s’ensuit que l’épaisseur totale de la couche d’air traversée dans ces conditions est constante; c’est pourquoi lé travail total exécuté par la décharge doit rester constant une fois que les diamètres des étincelles ne changent pas. Donc la décharge doit être, comme elle l’est 'en effet, indépendante delà longueur d’une des deux étincelles.
- « En outre, si nous considérons la longueur somme constante, qui est de 32mm environ, nous trouverons qu’elle est beaucoup supérieure à l’étincelle excitatrice unique de 2Ômm, qui s’est produite à circuit continu. M. Belli avait déjà remarqué que
- la longueur qui représente la somme de plusieurs étincelles d’une décharge d’une bouteille est plus grande que l’étincelle unique ; et comme la décharge intérieure reste constante lorsqu’à l’extérieur il se produit une ou denx étincelles suffisamment longues, on peut admettre comme probable que la longueur somme des deux étincelles est plus grande que l’étincelle unique excitatrice, car les premières présentent une résistance plus petite que cette dernière. Un pareil phénomène pourrait peut-être dépendre des vapeurs métalliques qui accompagnent l’étincelle et qui augmentent avec le nombre des interruptions. »
- CORRESPONDANCE
- Copenhague, ce 8 mai 1882.
- Monsieur le Directeur,
- Ayant trouvé le loisir, l’hiver dernier, de mettre à l’essai quelques-unes de mes conceptions scientifiques, et ayant obtenu quelques résultats satisfaisants, je viens vous donner connaissance de ces résultats, vous priant de vouloir bien me donner votre avis à leur sujet. Je profite de l’occasion pour vous dire que les ébauches de mes machines dynamoélectriques datent de 1876. Dans ces premières machines j’avais évité d’employer du fer et dé l’acier, ne mettant à contribution que ‘l’induction terrestre comme primo-motu. Je pensais à cette époque que ce principe ne pouvait s’appliquer qu’aux grandes machines et je donnai mon ébauche à l’agent de la maison Siemens à Copenhague pour la soumettre à l’examen de ses ingénieurs. De tout mon système, les bobines plates sans fer furent seules adoptées par M. He-fner Alteneck qui les appliqua un an ou deux ans après à sa machine à courants alternatifs.
- D’après les recherches que j’ai faites sur l’histoire des machines d’induction, j’ai pu me convaincre que le véritable inventeur de la machine dynamo-électrique estM. Sinsteden. On trouve ses expériences décrites dans les annales de Pog-gendorff de 18S1, tome 84, p. 186. On y voit également qu’il faisait usage d'accumulateurs formés de plaques d’argent dans une solution de cyanide de potasse et chargés au moyen d’une machine magnéto-électrique qui a été décrite dans le même recueil, (année i85o).
- Enfin on reconnaît que le même savant a également eu l’idée de produire un courant continu avec les machines d’induction par la symétrie des pôles. Toutefois par suite d’un malentendu, il a manqué la solution du problème.
- Agréez, etc.
- Hellesen .
- Paris, le 17 mai 1882.
- Monsieur le Directeur,
- Dans le numéro 79 (1881) de votre estimable journal vous avez mentionné une pile au perchlorure de fer que j’aurais exposée. La pile que j’avais exposée ne contenait pas une pareille substance. D’un autre côté, dans le dernier numéro de La Lumière Électrique, monsieur E. de T. « ne croit pas devoir passer sous silence » une pile de moi contenant « un mélange de chromate de potasse et de chlorure de zinc. » Permettez-moi de me défendre d’avoir inventé une pile aussi originale. Celle dont on a voulu parler, et qui a été décrite dans votre journal numéro 9 (1881), renferme une solution
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- de chlorure de zinc et de bichromate d’ammoniaque et sa force électromotrice est à peu près égale à celle de la pile Leclanché,
- Vous m’obligeriez en voulant bien faire insérer cette rectification dans votre journal.
- Agréez, monsieur, l’expression de mes sentiments très respectueux.
- A. Partz.
- Paris, le 22 mai 1882.
- Monsieur le directeur,
- Je viens abuser de votre bienveillance ordinaire en vous priant d’insérer ces quelques lignes de réponse à la lettre de M. Lacombe, que je viens de lire dans votre dernier numéro. Ce n’est pas une réfutation, car je suis de son avis sur presque tous les points. Comme lui, je pense qu’il n’a retenu de votre article, pourtant si clair, que les butoirs et qu’il n’a pas en effet été au fond, puisqu’il compare ma lampe à celle de M. de Baillehache, bien qu’il n’y ait aucun rapport. Mais où je partage entièrement sa manière de voir, c’est au sujet de la ressemblance de sa lampe avec celle de M. de Baillehache, et c’est justement ce qui fait que la lampe de M. Lacombe ne ressemble pas à la mienne.
- Avec tous mes regrets d’encombrer aussi inutilement votre intéressant journal, recevez, monsieur, l’assurance de mes meilleurs sentiments.
- SOLIGNAC.
- Nous croyons devoir ajouter à la réponse de M. Solignac quelques mots en ce qui concerne la réclamation de M. Victor Lacombe contre M. de Baillehache. M. Lacombe d’après sa lettre n’a l’air de considérer la priorité des inventions que d’après la date des brevets. En cela il commet une erreur, car il arrive quelquefois que des inventions ne sont brevetées que longtemps après qu’elles ont été conçues et même exécutées, et dans ce cas une publication de ces inventions faite dans un recueil paraissant à date fixe ou dans un ouvrage présenté à une Société savante dont les réunions sont à jour fixe, peut prouver tout aussi bien une antériorité. Or l’invention de M. de Baillehache est précisément dans ce cas, car son régulateur de lumière électrique a été décrit dans le tome V, page 5ii de VExposc des applications de VÈlectricitê de M. Th., du Moncel, présenté à l’Académie des Sciences dans sa séance du 11 mars 1878 (voir les comptes rendus, tome 86, page 645). Le brevet de M. Lacombe ne datant d’après sa réclamation que du 24 décembre 1879, il n’y a donc pas lieu pour lui de faire aucune réclamation en ce qui touche M. de Baillehache.
- (Note de la Rédaction.)
- FAITS DIVERS
- * Nous recevons du secrétaire général de la douzième Exposition générale qui va s’ouvrir à Bordeaux, une lettre dans laquelle il nous prie d’user de toute notre influence auprès des électriciens, pour les engager à participer à cette Exposition, où l’on a réservé une grande place à la section d’électricité, et où l’on a pris à l’égard des exposants de cette section les mesures les plus libérales. Nous ne pouvons que nous associer de tout cœur au désir de notre correspondant, car nous croyons que toutes ces Expositions peuvent contribuer puissamment aux progrès de la science électrique et à la vulgarisation de ses [applications.
- Pendant les récents travaux de pose de tuyaux de gaz dans la place de l’Opéra, on a mis à découvert les conducteurs électriques qui depuis 1877 servent à l’alimentation des
- foyers Jablochkoff. On a pu constater que ces fils n’ont nullement été altérés par un séjour de cinq ans sous le sol. Un fragment de conducteur que nous avons eu entre les mains présente absolument le même aspect qu’un conducteur neuf. Quand on songe au nombre de conducteurs de ce genre qu’on pourra placer dans l’espace occupé aujourd’hui par les conduites de gaz et au peu de réparations qu’ils nécessiteront en raison delà bonne conservation que nous venons de signaler, on voit que la distribution de l’électricité, loin de présenter plus de difficultés que celle du gaz, aura au contraire des avantages sur celle-ci.
- Un meeting vient de se tenir à Vienne sous la présidence du baron Erlanger dans les bâtiments de la Bourse, en vue de prendre les arrangements préliminaires pour l’Exposition Internationale d’Electricité qui, comme nous l’avons annoncé, doit avoir lieu dans cette ville pendant les mois de septembre et d’octobre prochains. Il a été annoncé que le ministre du commerce avait autorisé l’installation de cette exposition à la Rotonde (une partie de l’édifice de l’Exposition de 1873) et que les ministères du commerce et de la guerre seront représentés. Des comités locaux se forment déjà en Allemagne, en France, en Hollande et un certain nombre de maisons d’Angleterre, d’Amérique et de Belgique ont signifié leur intention d’envoyer des appareils. Le comité général de l’Exposition Internationale d’Electricité de Vienne comprend actuellement 73 membres et se subdivisera en un comité central dè 25 membres.
- Le bill du chemin de fer électrique projeté sous la Tamise, de Charing Cross à Waterloo, a été examiné de nouveau la semaine dernière à la Chambre des Communes et a passé en troisième lecture.
- Éclairage électrique
- La Société pour l’éclairage électrique d’après le système Edison, récemment fondée à Sarreguemines (Alsace-Lorraine), installe en ce moment dans la fabrique de faïence et de porcelaine de la maison Utzschneider soixante lampes électriques.
- U11 des endroits les plus pittoresques des Alpes d’Italie, la Chartreuse de Pesio, qu’entourent de magnifiques bois de châtaigniers, a été ces jours derniers brillamment illuminée par l’électricité. Cet ancien couvent de Chartreux devenu aujourd’hui un hôtel, appartient à M. Mengarini de Turin qui l’a inauguré avec l’éclairage électrique.
- En Angleterre malgré le prix très réduit du gaz, il résulte d’un rapport fourni par les lords du comité de l’instruction publique que l’éclairage du musée de South-Kensington à l’aide de seize foyers Brusli n’a entraîné qu’une dépense de deux cent trente-cinq livres sterling, tandis que la consommation du gaz y coûtait autrefois cinq cent soixante livres sterling. ___________
- La « Vestry » du quartier de Kensington, à Londres, vient de charger son comité de travaux d’étudier la question de l’introduction de la lumière électrique à Kensington.
- On se propose, dit VElectrician de Londres, d'employer la lumière électrique au Philharmonie Theatre du quartier d’Islington, théâtre qui doit être reconstruit.
- Des essais d’éclairage électrique de la Kochstrasse avec des lampes Edison, ont lieu à Berlin depuis quelques jours et doivent durer trois semaines. Ces essais commencent au coucher du soleil et finissent à minuit. C’est la première rue
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- qui se trouve éclairée sur le continent à l’aide de lampes Edison.
- A Milan, l’éclairage électrique introduit, il y a quelque temps déjà, au grand café Biffi dans la galerie de Victor Emmanuel, donne de bons résultats.
- Cinquante-sept lampes Edison A sont allumées chaque soir.
- La machine employée est celle qui a servi à l’éclairage du oyer du théâtre de la Scala pendant vingt-trois nuits, elle est placée à cinq cents mètres du café.
- A Madrid, la Société Espagnole d’électricité a passé un contrat pour éclairer le ministère de la guerre avec des lampes Swan et autres. Il y aura pour l’éclairage électrique de ce ministère i5 grandes lampes à arc du système Gramme, chacune de 180 becs carcel, et 43 lampes à incandescence S'wan et Maxim. Les lampes à arc seront placées dans les cours et à la principale entrée de l’édifice sur des colonnes de sept mètres de haut, tandis que les 1 ampes à incandescence seront distribuées dans les différents appartements. L’électricité sera engendrée par cinq machines Gramme, deux machines Siemens et une excitatrice, toutes actionnées par un moteur portatif d’une puissance de 40 chevaux.
- A Port-Louis ou Port-Nord-Ouest, capitale de l’ile Maurice, dans l’Océan Indien, l’Indian Electric Company vient d’écrire au maire qu’elle était prête à éclairer cette ville à l’aide de l’électricité.
- A New-York, les contrats pour l’éclairage de la ville ont été définitivement arrêtés. La United States Electric Light Company éclairera le Battery Park, le City Hall Park, Broadway, depuis Canal Street jusqu’à Fourteenth Street, Washington Square, and Fifth avenue depuis Washington Square jusqu’à Fourteenth Street. La Brush Company éclairera Broadway et Fifth avenue depuis Fourteenth Street jusqu’à Thirty-Fourth Street, Fourteenth Street, depuis Fourth Street jusqu’à Fifth avenue, Thirty-Fourth Street depuis Broadway jusqu’à Fifth avenue, et Union et Madison squares. Les autres contrats pour les autres districts ont été donnés aux compagnies de gaz. '
- A la Nouvelle-Orléans, on compte actuellement plus de trois cents foyers électriques servant à l’éclairage de rues, de places ou de quais. Le long des quais du Mississipi sont placés cent quatre foyers électriques.
- A Philadelphie, le journal le Public Ledger vient d’adopter la lumière électrique dans ses ateliers de composition et de stéréotypage, à la'place du gaz.
- Soixante-quatorze lampes Edison, d’une puissance de 16 candies chacune, sont allumées chaque soir. L’électricité est fournie par une machine dynamo-électrique absorbant un cheval par 8 lampes. Les compositeurs et tout le personnel sont, paraît-il, très satisfaits de ce nouveau mode d’éclairage. __________
- A Mexico, la rue del Coliseo va être éclairée à la lumière électrique.
- Télégraphie
- A la Chambre des Communes, Sir E. Watkin a demandé au maître général des Postes si la concession accordée à la Submarine Telegraph Company de poser des câbles entre l’Angleterre et la France empêcherait le Post Office de donner son assentiment (avec ou sans le concours du gouvernement français) à la pose de câbles entre la côte d’Angle-
- terre et le phare flottant de Varne et le phare du cap Grisnez dans le but spécial de permettre l’envoi d’avertissements aux navires en détresse dans le détroit, et si, au cas où des particuliers seraient prêts à poser à leurs frais de semblables câbles, il donnerait son consentement. M. Fawcett a répondu à Sir E. Watkin que la concession obtenue par la Submarine Telegraph Company empêchait le Post Office de donner son autorisation à la pose de câbles de ce genre.
- Au Mexique, le réseau télégraphique fédéral augmente progressivement. La ville de Guadalajara est déjà mise en communication avec la capitale et les ports de Manzanillo et de San Blas. Le gouvernement a pu annoncer dernièrement au Congrès que la Compagnie Télégraphique Mexicaine a tendu un câble entre la Vera Cruz et Goatzacoalcos. Une ligne terrestre qü’elle construit actuellement sur l’isthme de Tehuantepec et qui doit rejoindre ce câble et celui qu’on submerge dans le Pacifique, va mettre en communication le Mexique avec les nations du centre et du Sud-Amérique.
- La même Compagnie prolonge son câble depuis le Golfe jusqu’à Galveston.
- A Nantes, à l’occasion d’une grande exposition régionale, la Société générale des Téléphones a installé à l’intérieur de l’exposition une ligne et des appareils téléphoniques qu’elle met à la disposition du public. Cette installation comprend deux postes extrêmes dont l’un est placé dans le pavillon réservé aux fleurs et l’autre au buffet établi dans la section des instruments agricoles. Un bureau central situé au milieu de la galerie principale de l’Exposition industrielle relie les deux postes correspondants et les met sur demande en communication directe.
- A Niort, dans le département des Deux-Sèvres, à l’occasion d’une exposition régionale, une station téléphonique a été établie sur la place de la Brèche. On y entend les airs d’opéra chantés sur le théâtre de la ville. Ces auditions téléphoniques attirent une grande foule de curieux.
- Au secrétariat de la Chambre de commerce de Roubaix sont déposées depuis quelque temps des formules des conditions d’abonnement au réseau téléphonique que l’Etat se propose d'établir dans les villes de Roubaix et de Tourcoing. Ce n’est que lorsque l’administration aura été saisie des demandes des intéressés, et lorsque le crédit spécial aura été votéparles Chambres qu’il sera possible d’apprécier si le nombre des abonnements est suffisant pour passer à l’exécution et de prendre une solution définitive. D’après une lettre du ministre des postes et des télégraphes, chaque soumission doit indiquer si le soumissionnaire entend verser en une seule fois ou en quatre annuités le versement de sa part contributive aux frais d’installation dans les diverses villes de France.
- Les guardians de la Salford Union, à Salford, près de Manchester, sollicitent des offres pour l’établissement et le maintien de communications téléphoniques entre les différents bâtiments du nouvel hôpital situé à Hope.
- A Berlin, un téléphone fonctionne depuis quelques jours dans les salles du troisième étage du Rathhaus. Ce téléphone est en communication avec les deux stations centrales des bâtiments des Télégraphes et des Postes de Franzosiche-strasse et d’Oranienburgerstrasse, de sorte que les autorités communales peuvent se mettre en rapport avec les abonnés particuliers du téléphone.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 29208
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Administrateur-Garant : Th. DU MONCEL A. GLÉNARD'
- 4® ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 10 JUIN 1882 N® 23
- SOMMAIRE
- La foudre (3° article); Th. du Moncel. — Sur les compteurs d’électricité (20 article); Marcel Deprez. — Exposition Internationale d’Électricité : La table d’essais de M. Sabine ; Aug. Guerout. — Sur les mesures des courants intenses (2e article); E. Mercadier. — Applications de l’électricité à la pêche; C.-C. Soulages. — Exposition Internationale ' d’Électricité : Empire d’Allemagne : O. Kern. — La Télégraphie : Ses progrès manifestés à l’Exposition Internationale d’Électricité (5° article); E. de T. — Les sciences physiques en biologie : L’électricité (6e article); Dr A D’Arsonval. — La priorité, l’invention; Frank Geraldy. — Revue des travaux récents récents en électricité : Relais de M. C.-H. Haskins. — Système de chemin de fer électrique de MM. Perry et Ayrton. — Correspondance : Lettré de M. Leduc. — Faits divers.
- LA FOUDRE
- 3® article {Voir le numéro des 20 et 27 mai 1882.)
- Lorsque, par un temps parfaitement calme et une chaleur qui est plutôt accablante que piquante, nous voyons le ciel devenir blafard, de bleu qu’il était, nous disons que le temps est à l’orage et nous ne nous trompons guère. Le baromètre est en effet très bas, et le défaut d’évaporation, qui est accusé à la surface de notre corps par un sentiment de moiteur, nous prouve que l’air est près de son point de saturation (*). En effet, nous voyons bientôt des nuages se former, et ceux-ci en s’étendant couvrent en peu d’instants le ciel. Ils deviennent de couleur sombre et forment une masse tellement compacte, tellement noire qu’on se croirait au commencement de la nuit. Si le soleil est sur le point de se coucher et que les nuages se séparent un peu, le ciel paraît enflammé et la nature semble être éclairée comme si on l’apercevait à
- (*) M. Palagi prétend que l’air n’est pas saturé d’humidité au moment des orages, mais cette assertion aurait besoin d’être confirmée, attendu qu’elle est contraire aux observations de beaucoup de météorologistes.
- travers un verre jaune. C’est alors qu’un grondement sourd commence à se faire entendre, et que quelques lueurs vagues apparaissent au sein des nuages. Ces lueurs deviennent de plus en plus éblouissantes et laissent entrevoir bientôt des sillons de feu plus ou moins contournés. Le tonnerre augmente, l’air acquiert une sonorité toute particulière, et la pluie arrive. Alors les éclairs se multiplient, le bruit des coups de tonnerre suit de beaucoup plus près l’apparition des éclairs qui les ont motivés, la pluie redouble, et tous les éléments de la nature semblent être en révolution. Alors l’orage est arrivé à son maximum d’énergie, et c’est pour le savant et le poète le moment d’étudier ce terrible et majestueux élément qui semble imposer silence à la nature entière pour retentir avec plus de force et d’éclat.
- Les orages peuvent provenir de deux causes : soit de l’influence d’un courant ascendant d’air humide créé par une concentration de la chaleur en un point de la couche inférieure de l’atmosphère, lequel courant, n’étant pas dévié par le vent, accumule dans un même espace une grande quantité de nuages; soit de la lutte de deux vents opposés, de laquelle il résulte une condensation subite de vapeurs qui sature brusquement et en peu d’instants l’atmosphère. Lorsque la chaleur se maintient suffisamment et que l’air n’est pas trop chargé de nuages, il peut arriver que les orages se dissipent à mesure qu’ils se forment. Mais, le plus souvent, la température baisse sous l’influence des courants d’air froid qui affluent de tous côtés, et l’orage alors ne fait que s’accroître.
- Puisque les nuages sont, ainsi que nous l’avons dit précédemment, chargés en tout temps d’électricité, et même quelquefois chargés au point de paraître lumineux, comme l’ont qbservé MM. Rozier et Nicholson, on comprend que cette charge électrique, accumulée à un haut degré de tension dans les nuages orageux, doit réagir extérieurement,"soit par une simple électrisation par influence (c’est le souffle précurseur de Pline), soit par une décharge, si cette électrisation par influence est suffisante pour donner lieu à la recomposition des fluides. Cette
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- réaction se manifeste d’abord entre les nuages, mais plus tard elle s’étend jusqu’à la surface de la terre, et c’est alors que la foudre tombe, comme on le dit vulgairement, bien que cette chute de la foudre ne soit qu’une simple décharge électrique. De cette décharge résulte un trait de feu qui constitue l’éclair et le bruit de la décharge elle-même n’est autre que le tonnerre.
- Si l’on examine attentivement le ciel pendant un orage, on voit que les éclairs ont diverses apparences. Les uns ne produisent qu’une lueur blanchâtre qui éclaire instantanément une partie du ciel, sans présenter de contours arrêtés, et qui apparaît derrière un premier rideau de nuages. C’est ce que M. Arago appelle les éclairs diffus. Ils ne sont, comme on le comprend aisément, que la réverbération des éclairs eux-mêmes, qui sont alors cachés et qui s’échangent de nuage à nuage dans les régions élevées de l’atmosphère.
- Les autres sont nettement définis dans leur contour; ils forment ün sillon de feu parfaitement distinct, qui se recourbe, se brise de mille façons différentes, sans jamais suivre une ligne complètement droite dans toute leur longueur. Ces éclairs peuvent se classer en six catégories : les éclairs en zigzags continus, les éclairs en zigzags discontinus, les éclairs recourbés, les éclairs en zigzags à sillon sinueux, les éclairs droits, les éclairs à plusieurs branches. De plus, ils peuvent être de couleur différente, blancs, bleuâtres et rougeâtres.
- D’où vient la forme en zigzags de ces éclairs? C’est une question qui n’avait pas encore été bien éclaircie par les savants, puisqu’Arago l’a laissée à l’état de doute, et que Kaemtz, en regardant ce phénomène comme encore inexpliqué, ajoute qu’il pourrait bien provenir des différences (quelque petites qu’elles soient) qui existent dans la constitution de l’air. Il me semble pourtant que la question n’est pas si obscure, et les nombreuses recherches que j’ai eu occasion de faire sur les corps médiocrement conducteurs, m'ont amené à penser depuis longtemps que ce phénomène est dû aux conditions différentes de conductibilité des différentes parties d’une masse gazeuse qui renferme toujours des particules solides et liquides plus ou moins conductrices, plus ou moins agglomérées et qui possède une température variable en différents points. Il en résulte sur le trajet de la décharge l’interposition de conducteurs secondaires qui, n’étant pas assez bohs conducteurs pour la conduire entièrement, c’est-à-dire pour la propager sans déflagration, donnent lieu à une série d’étin-çelles qui dessinent une ligne lumineuse plus ou moins contournée et qui augmentent considérablement à la vue la longueur de la décharge. Les limailles métalliques, les gouttelettes d’eau très fines déposées sur un corps isolant, la tranche dorée d’un livre, le charbon en poudre, certains
- co mposés chimiques, comme le sulfure de mercure ou le sulfure de cuivre, donnent lieu à des effets de ce genre dans nos expériences de cabinet, et quand ces corps sont interposés entre deux conducteurs chargés des deux électricités différentes, non seulement ils facilitent la décharge à travers l’air, mais ils la rendent visible sous la forme d’un trait de feu. Or il est facile de comprendre que parmi les assemblages des particules matérielles qui composent ces corps, il en est dont l’agrégation, le rapprochement sont plus favorables que d’autres à la conduction de l’électricité ; ces assemblages peuvent être diversement disposés, et comme l’électricité cherche toujours les meilleurs conducteurs pour se propager, la décharge prendra donc au milieu de tous ces assemblages de particules ceux qui lui fourniront le moins de résistance, et suivra une ou plusieurs lignes plus ou moins courbes, plus ou moins zigzaguées, sur toute l’étendue desquelles elle apparaîtra à l’état lumineux.
- Avec l’appareil d’induction de Ruhmkorff, qui fournit en tous temps et d’une manière continue de l’électricité d’une extrême tension, on peut faire l’expérience d.e ce principe d’une manière extrêmement simple, soit avec de la limaille de cuivre, soit surtout avec des gouttelettes liquides extrêmement divisées. Humectez avec votre doigt, que vous aurez trempé légèrement dans l’eau, une planche faiblement vernie, et faites passer à travers la légère couche liquide que le vernis aura divisée, l’étincelle provenant de la machine en question ; immédiatement vous verrez la décharge se convertir en plusieurs jets de feu plus ou moins contournés, plus ou moins continus, plus ou moins brisés, qui varieront même de couleur et qui, par leur aspect, vous rappelleront, à vous y méprendre, les zigzags de la foudre. Ces jets de feu, qui pourront n’apparaître que par tronçons, s’échangeront de beaucoup plus loin que l’étincelle ordinaire, et le bruit de la décharge semblera s’être accru.
- Les corps de conductibilité secondaire que j’ai cités précédemment ne sont pas les seuls. L’air et les gaz échauffés sont dans le même cas. On peut s’en convaincre de deux manières. Placez dans les environs de la flamme d’une bougie les deux rhéo-phores de l’appareil Ruhmkorff, et vous verrez aussitôt la décharge passer par la flamme, au lieu de s’échanger directement d’un rhéophore à l’autre. Soufflez fortement sur l’étincelle échangée entre les rhéophores du même appareil, vous projetterez cette étincelle sous la forme d’une nappe de feu, au milieu de laquelle vous distinguerez une foule de filets lumineux en zigzags qui auront pris ce chemin, parce que l’air chaud qui enveloppe l’étincelle et qui se trouve projeté offre une conductibilité secondaire et irrégulière à la décharge. La raréfaction de l’air, par une cause quelconque,
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- facilite aussi la formation et la déviation de la décharge, et la présence même d’un corps conducteur dans le voisinage suffit pour la déterminer. C’est même ainsi que M. Gassiot excitait les décharges de sa pile de 3 ooo éléments.
- Il nous reste à examiner maintenant s’il existe entre les nuages et la terre et au milieu des nuages, au moment d’un orage, ce conducteur secondaire dont la présence peut faciliter la décharge électrique et la rendre d’apparence sinueuse. Cette question sera bien vite résolue sil’on considère que les vapeurs à l'état vésiculaire, les gouttelettes de pluie, l'air humide, les courants d'air de différentes températures sont les conséquences inséparables d’un orage : or, ces différents éléments ne sont autres que des conducteurs secondaires, et puisqu’ils existent au milieu des orages, ils doivent forcément réagir comme nous l’avons indiqué précédemment, c’est-à-dire en déviant les éclairs de la ligne droite et en facilitant assez la décharge électrique pour faire atteindre à ces éclairs une longueur de i 900 à 3 000 mètres. Il est, du reste, facile de fournir d’après les travaux mêmes des savants célèbres qui se sont occupés de cette question, les preuves de cette réaction des conducteurs secondaires dont nous venons de parler. Ainsi, je trouve dans l’ouvrage d’Arago sur le tonnerre plusieurs observations qui constatent que la présence dans Pair d'un courant ascendant humide peut attirer la foudre.Comment peut-il l’attirer, si ce n’est en lui offrant une conductibilité secondaire?
- Dans un autre passage, je vois que quelquefois, pendant les grands orages, les gouttes de pluie, et même aussi les flocons de neige et les grêlons produisent de la lumière en arrivant à terre ou même en s'entrechoquant. N’est-ce pas la conséquence de la charge électrique qui leur a été successivement communiquée ?
- D’un autre côté, M. Quetelet assure que ce n’est qu’à l’approche des orages, pendant les pluies, les grêles, les neiges, et avec les bruines, les brouillards et tous les phénomènes aqueux en général, que le galvanomètre fournit des indications ; mais que c'est surtout au moment de l'apparition de Vèclair que l’aiguille se met brusquement en mouvement.
- Enfin, je Us encore dans le Traité de météorologie de Kaemtz, que les averses qui accompagnent les orages ont une grande influence sur l’état électrique de l’air, dont elles augmentent la tension au point de motiver à elle seule des éclairs et du tonnerre.
- Cette même remarque est faite par Guy-Lussac, dans ses instructions sur les paratonnerres, Enfin, toutes les observations prouvent l’influence des hydrométéores sur le phénomène de 1a. foudre.
- Nous n’avons pas encore expliqué la couleur différente des éclairs.
- Si nous devions nous en rapporter aux expériences de cabinet citées plus haut, nous dirions que les éclairs sont blancs lorsque la décharge est assez forte pour que le conducteur secondaire ne prenne qu’une faible part à sa transmission ; qu’ils sont violets lorsque le conducteur secondaire transmet facilement la décharge ; qu’ils sont bleus quand la décharge est presque directe. Mais, d’après l’opinion de beaucoup de savants, il paraîtrait que la raréfaction de l’air, dans la région des nuages, serait une cause de leur couleur violette, puisque c’est cette couleur que prend l’étincelle électrique dans le vide. Je ne contesterai pas cette opinion; seulement je ferai observer que tous les éclairs qui s’échangent de nuage à nuage ne sont pas violets. Il est donc probable que les deux causes que nous venons de citer agissent concurremment ensemble.
- Le tonnerre, qui cause au vulgaire un plus grand effroi que les éclairs, n’est pourtant, comme l’a affirmé Pline lui-même, que la conséquence de ceux-ci; seulement, comme le son ne parcourt que 337 mètres par seconde, tandis que la lumière en parcourt 320000000, nous voyons la décharge électrique d’autant plus longtemps avant le bruit qui en résulte, que la distance des nuages orageux à la terre est plus considérable. O11 a comparé le bruit du tonnerre à celui d’un étui qu’on ouvre précipitamment, pour démontrer que ce bruit devait provenir du déplacement subit de masses d’air attirées avec une grande force pour remplir le vide formé par la décharge électrique. Cette hypothèse, la seule du reste qui ait été proposée sérieusement, n’a pas paru complètement satisfaisante à Arago, car voici ce qu’il en dit dans sa notice sur le tonnerre : « Mais par quelle cause physique la foudre « engendre-t-elle le vide ? Voilà ce que personne « n’a encore découvert. L’explication du tonnerre « est donc encore à trouver; jusqu’ici, on s’est « contenté de remplacer une difficulté par une « difficulté plus grande. » Toutefois, quelque temps après que M. Arago écrivait ces lignes, M. de Tessan, dans un Mémoire envoyé à l’Académie des sciences en mai 1841, expliquait d’une manière très ingénieuse cette circonstance du phénomène, et cette explication a reçu de la manière la plus complète l’assentiment de M. delà Rive, dont l’autorité scientifique n’est pas contestable en fait d’électricité;
- L’idée résumée de M. de Tessan est que, dans les corps conducteurs électrisés, la répulsion mutuelle des particules du fluide électrique qui, d’après toutes les théories admises jusqu’à présent, tend à les rejeter à la surface de ces corps, a pour effet secondaire de provoquer l’éloigtlement des particules matérielles de ces mêmes corps, lorsqu’ils sont constitués par des masses gazeuses ou de vapeur à l’état vésiculaire, tels que les nuages. Il s’é-
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- tablit donc, sous cette influence, une dilatation de plus en plus grande de ces nuages, qui n’est limitée que quand la pression atmosphérique qui maintient seule l’électricité à la surface extérieure des corps, fait équilibre à cette force répulsive, ou, en d’autres termes, lorsque la dilatation de la masse du nuage électrisé provoque de la part de l’atmosphère un excès de pression suffisant pour faire équilibre à la somme de toutes les répulsions individuelles des particules électrisées.
- Or, les limites auxquelles peut être atteint cet équilibre peuvent être extrêmement reculées, ainsi que le fait voir le calcul. De plus, comme un corps ne se dilate pas sans absorber une graude quantité de chaleur, il doit se manifester dans le voisinage du nuage ainsi gonflé un grand abaissement de température qui provoque une condensation subite de vapeurs, et par conséquent une pluie plus ou moins abondante. Les phénomènes qui se présentent sous nos yeux au moment des orages prouvent manifestement cette réaction, car on voit effectivement les nuages orageux prendre en peu d’instants une telle extension, qu’il est impossible de l’attribuer à la seule saturation de l’air dans les régions élevées du ciel. En même temps, on voit bientôt la pluie tomber avec abondance.
- Si l’on admet maintenant qu’entre le nuage ainsi dilaté et un autre électrisé soit directement, soit par influence (ou même entre ce nuage et la terre), il se produise une décharge électrique, on comprendra facilement que l’électricité de ces nuages se trouvant entièrement neutralisée ou tout au moins réduite à un très petit excès de tension, il devra arriver que les répulsions électriques qui avaient maintenu le nuage dilaté n’existeront plus, et alors la pression atmosphérique devenant prépondérante, l’air se précipitera de tous côtés dans le vide qui se trouve alors formé au sein de la masse nuageuse. Il se produira donc un effet analogue à celui de la rentrée de l’air dans un vase où l’on a fait le vide et qui est recouvert d’une vessie que l’on crève, c’est-à-dire une détonation plus ou moins formidable, suivant la grandeur des nuages électrisés et le degré de dilatation de ces nuages.
- Quelque ingénieuse et quelque vraisemblable que paraisse cette explication, elle ne rend pas aussi bien compte du bruit produit par les étincelles des machines, car alors les particules des corps électrisés ne sont pas mobiles ni susceptibles de se gonfler. En revanche, il y a dans l’air une impulsion très brusque et très prompte qui est produite, comme le démontre de la manière la plus manifeste le thermomètre de Kinersley. Cette cause doit donc agir concurremment avec celle que nous venons d’étudier. Quelle est cette cause? C’est ce qu’il est bien difficile d’analyser; pourtant elle pourrait être, avec un peu de bonne volonté, reliée à celle indiquée par M. de Tessan. En effet, il est démontré
- maintenant que les corps isolants peuvent subir par influence une certaine électrisation ; par conséquent, la couche d’air qui est dans le voisinage des surfaces électrisées doit être plus ou moins élec trisée elle-même ; partant, ses particules subissent une répulsion analogue à celle dont il a été question précédemment, et cette répulsion a pour effet de la dilater jusqu’au moment où l’étincelle éclate ; alors l’influence électrique qui provoquait cette répulsion n’existant plus, l’air ambiant se précipite spontanément au milieu de cette couche d’air très dilatée et peut provoquer un certain bruit.
- Du reste, ce bruit n’est pas le même, suivant qu’on est plus ou moins éloigné, de l’éclair. Ceux qui se trouvent dans le voisinage entendent un bruit sec plus,ou moins fort, qui cesse instantanément; mais ceux qui sont placés plus loin perçoivent une série de bruits qui se succèdent rapidement, et qui proviennent vraisemblablement d’échos plus ou moins multipliés. On ne doit pas, pourtant, confondre ces derniers avec ce qu’on appelle les roulements du tonnerre. Ceux-ci durent plusieurs secondes (') et ne vont pas en diminuant de force; au contraire, ils semblent se renforcer de temps en temps et paraissent entremêlés de coups plus violents.
- Plusieurs physiciens ont essayé d’expliquer les roulements du tonnerre. Suivant Deluc, ils. résulteraient d’une réflexion du son par les nuages, « ce qui est peu probable, dit Kaemtz, en raison du peu de résistance de ces hydro-météores. »
- D’autres, prétendant que ces roulements n’accompagnent que les éclairs en zigzags qui vont diagonalement à l’horizon, les attribuent à une série d’explosions partielles dont l’éclair serait composé et qui ne seraient distinctes que quand l’éclair va en s’éloignant du spectateur.
- Enfin, Kaemtz regarde ce phénomène comme l’effet de deux causes agissant simultanément : l’écho et l’inégale distance des explosions; mais, pour expliquer leur intensité inégale et l’intervalle .de silence suivi d’un renforcement du son, il suppose que les ondes sonores et sphériques de diffé- ^ rents centres d’explosion viennent à se rencontrer et à former des noeuds dans lesquels les vibrations sont tantôt en concordance et tantôt en discordance. C’est ce qu’on appelle en physique les interférences du son.
- Nulle part les orages ne se montrent avec autant de violence qu’entre les tropiques, pendant la saison humide, c’est-à-dire au changement des moussons. Mais c’est surtout dans la région des calmes que leur retour est le plus fréquent. Le matin, le
- (*) Le plus long intervalle observé entre un éclair et le coup de tonnerre correspondant a été 72 secondes, ce qui supposerait une distance de 6 lieues entre le nuage orageux et l’observateur.
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- ciel est serein, et vers midi il se couvre rapidement de nuages qui engendrent bientôt des éclairs continuels, et ces.éclairs se succèdent sans interruption avec accompagnement de roulements de tonnerre infiniment plus forts que chez nous. Quand ces orages sont accompagnés d’un vent très fort, on les appelle ouragans, tornados et typhons, suivant les différents pays où ils se manifestent.
- Toutes les relations des voyageurs font mention des désastres presque incroyables causés par ces terribles météores. Ainsi on a vu des navires lancés assez loin du rivage et la mer envahir des contrées entières sous leur influence. Du reste, il est à remarquer, et c’est même une des circonstances caractéristiques de ces sortes d’orages, que l’espace sur lequel ils agissent est très circonscrit : à 20 kilomètres à peine du lieu où ils éclatent, le calme de l’atmosphère n’a pas été troublé un seul instant.
- En général, ces orages se manifestent au moment de la plus grande chaleur du jour, et pendant toute leur durée, le vent change constamment de direction en venant de tous les points de l’horizon. Ce fait d’ailleurs s’explique facilement, puisque ces orages sont dus à la concentration locale de la chaleur.
- Dans nos climats, la fréquence et la distribution des orages suivent à peu près celles de la pluie, les pays de montagnes exceptés. Leur nombre diminue à mesure qu’on s’avance vers les pôles, et, dans les hautes latitudes, telles qu’en Islande, en Norvège, sur la côte ouest de l’Amérique du Nord, ils deviennent plus fréquents en hiver qu’en été. La Norvège présente cette particularité que, sur la côte ouest, la distribution des orages suit cette dernière loi, tandis que, de l’autre côté des Alpes Scandinaves, elle est en rapport avec celle de nos climats.
- Dans les pays situés au nord de la Méditerranée, comme la Grèce et une partie de l’Italie, les orages sont plus fréquents au printemps et en automne qu’en été, ainsi que le remarque Pline lui-même.
- Les orages sont en général plus fréquents et beaucoup plus violents dans les pays de montagnes que dans la plaine, parce que les vents produisent une condensation plus prompte des vapeurs, et comme les montagnes s’opposent au mouvement des nuages, l’électricité développée s’accumule pour ainsi dire en un seul point.
- D’après M. Arago, certaines circonstances locales tenant à la nature du sol influeraient aussi sur la fréquence des orages; ainsi, il paraîtrait que les terrains où se trouvent des mines métalliques sont les moins exposés aux orages. Serait-ce là la raison pour laquelle il ne tonne jamais au Pérou ?
- Du reste, il paraît démontré que plus on s’éloigne des côtes, plus les orages sont rares, et, chose qui peut paraître extraordinaire, les orages foudroyants sont plus communs en hiver qu’en été.
- Effets de la foudre. — M. Arago, dans sa Notice sur le tonnerre, a réuni des milliers d’exemples qui constatent les effets de la foudre. Ces effets sont très variés et dépassent souvent ce que l’imagination peut concevoir. Ainsi, en étudiant les différents exemples cités dans l’ouvrage d’Arago, on voit :
- i° Que là foudre développe, par son action sur les points où elle éclate, souvent de la fumée, presque toujours une forte odeur qui a été comparée à celle du soufre enflammé.
- 20 Que quand la foudre n’opère pas la fusion des fils métalliques par lesquels elle est conduite, elle les raccourcit.
- 3° Que la foudre perce quelquefois de plusieurs trous les corps qu’elle frappe, et, ce qui est remarquable, c’est que la moitié de ces trous ont leurs rebarbes dans un sens et l’autre moitié dans le sens opposé, comme s’ils provenaient de foudres dirigées dans deux sens opposés (1).
- 4° Que la foudre portant instantanément au rouge blanc l’eau qui se trouve entre les particules des différents corps poreux, lui donne une force de tension capable de fendre des pièces de bois considérables, des pierres énormes, et de les projeter au loin. .
- 5° Que la foudre, dans sa marche si rapide, obéit à des actions dépendantes des corps terrestres près desquels elle éclate ; qu’ainsi elle se porte, de préférence sur les métaux lorsqu’il en existe à découvert ou cachés, soit dans le voisinage des lieux sur lesquels elle tombe directement, soit près de ceux où sa course serpentante l’amène ensuite.
- 6° Que la foudre ne produit de dégâts notables qu’à son entrée dans les corps conducteurs et au moment de sa sortie.
- 7° Que, quand l’atmosphère est orageuse, il se manifeste quelquefois, au sein même de la terre, certaines perturbations, comme débordements de fontaines ou de courants d’eau souterrains, qui s’ouvrent alors un passage à travers les terres.
- 8° Que l’état particulier qu’un orage atmosphérique communique au globe par son influence, se manifeste quelquefois par de brillants et larges phénomènes de lumière, tels que brouillards lumineux, globes de feu, etc., dont la terre est d’abord le siège, et qui disparaissent à la suite d’une explosion, soit dans le lieu même où ils sont nés, soit après un déplacement plus ou moins étendu, plus ou moins rapide.
- 90 Que la foudre n’exerce son action foudroyante sur une chaîne non interrompue d’hommes ou d’animaux, qu’aux deux extrémités.
- io° Que quand un même nuage orageux couvre
- (i) C’était, comme on l’a vu, l’Opinion des anciens.
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- une grande étendue de pays et n’éclate qu’à une de ses extrémités, le retour brusque de l’électricité, attirée à la surface du sol par l’influence de ce nuage, provoque un genre de foudroiement appelé choc au retour, qui n’est pas moins désastreux qu’un coup de foudre.
- n° Que quand la foudre tombe dans le sable, son trajet est marqué par des tubes de sable appelés fui gu-rites, dont l’intérieur est vitrifié, et qui ont quelquefois jusqu’à 6 mètres de long.
- i2° Que la foudre, passant près d’une aiguille aimantée, en altère le magnétisme, soit en le détruisant complètement, soit en inversant les pôles.
- i3° Que la foudre, en déterminant une forte influence à.la surface du sol, peut, dans certaines circonstances, provoquer l’écoulement du fluide attiré, sous la forme d’aigrettes lumineuses, sortant de la pointe des paratonnerres ou de la sommité des mâts des navires. Ce sont ces aigrettes auxquelles on a donné le nom de feux Saint-Elme (*).
- Mais les plus extraordinaires de tous les effets de la foudre sont, sans contredit, les empreintes d’images terrestres qu’elle grave sur les objets foudroyés ; de nombreux exemples de ce genre d’effets ont été rapportés à différentes époques, et ont été le sujet de commentaires et de discussions qui ont occupé souvent les journaux. M. Poey, qui s’est occupé pendant longtemps de recueillir tous les phénomènes produits par la foudre, en cite une vingtaine d’exemples. Un des plus curieux est celui d’un matelot qui, ayant été foudroyé au pied d’un mât de vaisseau sur lequel le tonnerre était tombé, portait gravé sur sa poitrine le n° 33, chiffre qui était peint sur un pavillon flottant au-dessus du mât.
- Une chose qui peut paraître bien extraordinaire et qui ne l’est pourtant pas, c’est qu’on peut traverser un nuage orageux d’où part la foudre sans qu’il y ait plus de danger que quand on est au-dessous de lui ou même au-dessus. On comprend, en effet, que, dans ce cas, le corps humain, qui est conducteur de l’électricité, partage l’électrisation du nuage comme il partage au-dessous de lui l’électrisation du sol. Or, comme l’électricité n’affecte les corps conducteurs qu’à sa sortie brusque de ces corps, on ne doit subir aucune commotion pendant tout le temps que durent les réactions électriques échangées entre le nuage orageux et la terre.
- X1) Ce phénomène, qui n’est pas rare sur mer, avait été remarqué dès les temps anciens, comme le témoigne ce passage remarquable des Commentaires de César : « Vers ce temps-là, parut dans l’armée de César un phénomène extraordinaire : au mois de février, vers la seconde veille de la nuit, il s’éleva subitement un nuage épais suivi d’une pluie de pierres ; les pointes des piques de la cinquième légion parurent s’enflammer. » (De Vel'Io 'Africain/, cap ut VI.)
- Nous avons démontré précédemment l’influence des courants d’air inégalement dilatés sur la direction des éclairs; on comprend d’après cela qu'il peut y avoir danger à courir en temps d’orage, puisque le courant d’air qu’on laisse derrière soi étant plus dilaté que l’air environnant, il peut donner une issue plus facile à la décharge électrique. Par la même raison, des feux allumés en plein air peuvent servir de paratonnerres. C’est aussi pour cela que la foudre tombe souvent par les cheminées des maisons, et cela avec d’autant plus de préférence que la suie est un conducteur secondaire qui peut réagir dans le même sens.
- Dans un autre article, nous indiquerons les travaux théoriques nouveaux faits sur la foudre.
- Th. du Moncel.
- sur LES
- COMPTEURS D’ÉLECTRICITÉ
- 2° article. (Voir le numéro du 27 mai 1882.)
- Le totalisateur adopté par M. Yernon Boys est identique, ainsi que je le disais, à celui que M. Ab-dank Abakanowicz a présenté à l’Académie des Sciences de Cracovie le 20 mars 1880; c’est-à-dire deux ans avant M. Boys. Comme celui que j’ai imaginé en 1876 et qui figurait en 1878 à l’Exposition Universelle dans le wagon d’expérience de la Compagnie du chemin de fer de l’Est (voir sa description, page 488 du présent volume), il jouit de la propriété de n’imposer à la roulette totalisatricc aucun glissement. Un modèle destiné à la démonstration de ce genre d’intégrateur totalisateur est représenté dans la figure ci-jonte. Ses organes fondamentaux sont :
- i° Un cylindre C monté sur pointes et qui peut prendre un mouvement de translation parallèle à son axe de rotation ; à cet effet les pointes autour desquelles il tourne sont solidaires d’un châssis MHM'E porté par des galets GG roulant sur un chemin de fer RR'.
- 20 Une roulette r appliquée contre le cylindre par une lame de ressort qui appuie constamment sur la tige ts mobile dans un canon vertical ; cette tige est terminée par un étriers entre les branches duquel tourne l’axe de la roulette dont le montage (comme celui de l’instrument représenté figure 2, page 488) ressemble comme on le voit, à celui d’un gouvernail de tricycle.
- Cette roulette peut donc prendre deux mouvements de rotation, l’un autour de son axe horizontal, l’autre de pivotement autour de son axe vertical st. Ce dernier mouvement lui est imprimé au
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLEC TRI CI TE
- 535
- moyen d’une tige / V, pendant qu’elle roule sur le cylindre C qui est animé d’autre part d’un mouvement de translation arbitraire, dont on mesure l’amplitude au moyen d’une aiguille H mobile le long d’une règle divisée L.
- Si l’on désigne par
- a l’angle que fait l’axe horizontal de la roulette avec l’axe du cylindre C,
- dx le chemin infiniment petit parcouru par le châssis MHM'E dans son mouvement de translation sur le chemin de fer RR' pendant un élément de temps dt,
- dy l’arc linéaire décrit par la circonférence du cylindre C pendant le même temps, dz l’arc linéaire décrit par un point de la circonférence de la roulette r dans son mouvement de rotation autour de son axe horizontal,
- il est facile de démontrer que l’on a entre ces quatre quantités les deux relations
- dy — dx Ig a
- dz=-^~ cos a
- Cette dernière relation n’a pas d’intérêt pour la
- INTÉGRATEUR DE M. ABDANK ABAKANüWÎCZ
- question qui nous occupe, la première donne : y — f dx lS a
- Par conséquent, si x, c’est- à-dire le chemin parcouru horizontalement par le châssis MHM'E, est proportionnel au temps t (ce qu’on obtient au moyen d’un mouvement d’horlogerie) et si tga est proportionnel au produit El de la différence de potentiel entre deux points par l’intensité du courant qui circule entre ces deux points (ce qui permet d’obtenir mon mesureur d’énergie) en multipliant par une constante K qui dépend de la construction de l’appareil, on a
- y — k J El dt
- Donc les angles décrits par le cylindre C autour de son axe, sont proportionnels aux quantités d’énergie dépensées pendant le temps t.
- On voit qu’il n’y a aucune différence entre cet appareil et celui qui a été adopté par M. Boys.
- Marcel Deprez.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECT RI CITÉ
- LA TABLE D’ESSAIS
- DE M. SABINE
- • Parmi les différentes dispositions combinées pour l’exécution des mesures électriques et qui figuraient à l’Exposition Internationale d’Eleetri-cité, un bien petit nombre réunissaient en un seul appareil les instruments nécessaires pour les mesures diverses à effectuer sur les lignes et câbles télégraphiques. Là table d’essais de M. Sabine,
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- dont nous donnons aujourd’hui la description, est un des appareils qui répondent le mieux à ce but.
- Elle est représentée en perspective dans la fi-fiure 3, et en plan indiquant les communications dans la figure 2. Elle comprend d’abord un rhéostat à pont de Wheatstone, arrangé comme le sont la plupart des boîtes à pont ordinaires, mais dans lequel il est nécessaire que les bras de proportion puissent être séparés, par l’enlèvement d’une cheville A, du rhéostat proprement dit, et que celui-ci puisse être coupé en ôtant une seconde cheville B. Outre les résistances qui se trouvent dans les rhéostats ordinaires , celui-ci contient trois bobines ayant respectivement 20 000,
- 3o 000 et 40 000 ohms, de sorte qu’on peut intercaler dans le circuit une résistance totale de 100 000 ohms. L’appareil comporte, en outre, un condensateur C, une clef de décharge N et deux clefs à inversion M et O. La clef de décharge est du modèle ordinaire de Sabine, mais elle a reçu une petite modification. Le contact supérieur est mobile et disposé en forme de came, de sorte que si l’on fait passer de la position verticale un petit manche dont ce contact fait partie, les contacts inférieur etsupérieur se trouvent tous deux en connexion avec le levier de la clef, et celle-ci forme un contact direct.
- La clef à inversion O sert d’intermédiaire entre le pont etles fils de lapile, et permet de changer le sens du courant; la.clef M, reliée au galvanomètre, permet, de son côté, de modifier le sens de la déviadon. Ce dernier porte, en outre, la clef de shuntage du galvanomètre généralement disposée à part. Enfin, deux bornes isolées, L et E, sont destinées à être reliées aux lignes ou câbles et au sol. Toutes les communications sont établies au-dessus de l’appareil par de gros fils de cuivre peints de différentes couleurs, afin de bien indiquer les différents circuits.
- Si l’on développe cette disposition de manière à lui donner la forme du losange théorique de Wheatstone, ont obtient le schéma de la figure 1,
- sur lequel il est facile de suivre*les différentes modifications à faire subir à l’appareil pour les diverses mesures.
- Pour une détermination ordinaire de résistance, les chevilles A et B étant en place, ainsi que la cheville C du condensateur, on mettra le levier de N en relation avec ses deux contacts, et on placera en LE la résistance à mesurer.
- Pour la décharge d’un condensateur, les chevilles A et C seront enlevées, tandis que B restera en place ; L et E seront réunies par une résistance négligeable, et le levier de N sera placé sur le contact inférieur.
- Pour la décharge d’un câble, une de ses extrémités sera fixée en L, la cheville A sera seule enlevée, et le levier de N placé sur le contact inférieur.
- Pour l’essai de l’isolement par perte de charge, le câble sera placé de même, la cheville A seule enlevée, et le levier de N sera placé d’abord sur le contact inférieur pour la charge, puis isolé, puis sur le contact supérieur pour la décharge.
- Pour l’essai de l’isolement par déviation, la cheville B sera seule enlevée, le câble attaché en L, et le levier de N placé sur le contact supérieur.
- Pour la mesure de la constante du galvanomètre , dans une première disposition, A sera seul enlevé, LE laissé ouvert, le rhéostat réglé à 10 000 ou 100 000 ohms, et levier de N mis en relation avec ses deux contacts; la pile sera formée d’un seul élément.
- Dans une seconde disposition, la pile restant entière, B étant seul enlevé, le levier de N sera placé sur le contact supérieur, et une résistance d’un megohm placée en E L. Ce dernier arrangement s’applique seulement au cas où on peut se procurer une résistance d’un megohm.
- Dans l’indication de toutes ces dispositions, les clefs à inversion du galvanomètre et de la pile sont laissées de côté et considérées comme faisant partie intégrante de ces appareils.
- On voit que dans chacun de ees arrangements
- Rhéostat
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 5 07
- certaines parties de l’appareil se trouvent supprimées ou annulées, suivant l’opération que l’on se propose d’effectuer et que toutes les combinaisons peuvent se faire avec la plus grande facilité par le seul réglage de la clef de décharge et le déplacement de trois chevilles. C’est là un avantage' notable qui évite toutes les erreurs provenant du changement des fils à chaque nouvelle opération.
- On sait en effet combien il est incommode, avec les appareils ordinaires, de changer de fils pont-
- différents essais de la résistance des conducteurs, de la décharge des condensateurs et des câbles, de l’isolement, de la détermination de la constante du galvanomètre etc., et combien on est sujet à commettre des erreurs dans la manipulation que nécessitent ces changements de fils ; dans l’appareil de M. Sabine, la permanence des communications et la simplicité des opérations à effectuer pour changer l’arrangement du système rend impossible ces erreurs.
- FKÎ. 3
- En somme, outre cet avantage que nous venons de signaler, la table d’essais de M. Sabine présente encore comme avantages : la disposition des fils de communication qui sont visibles et placés à portée de la main, de sorte qu’on peut toujours les vérifier facilement ; la modification apportée à la clef de décharge qui permet de la faire figurer comme partie constituante du circuit, et enfin la grande simplicité des opérations qui supprime de grandes pertes de temps.
- M. Sabine n’a pas jugé à propos d’ajouter à son appareil un groupeur de piles destiné à faire varier le nombre des éléments employés. Il préfère avoir plusieurs piles, une pour chaque essai et changer à chaque opération les fils de communication pour
- mettre la pile qui convient en relation avec la clef à inversion.
- Aug. Guerout.
- SUR LES MESURES
- DES
- COURANTS INTENSES
- 2e article (Voir le n° du i3 mai 1882).
- En construisant l’appareil décrit dans le précédent article et qui n’est autre chose, en somme,
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- qu’une boussole de tangentes d’une résistance très faible, j’avais pour but d’étudier, à des points de vue divers, les propriétés d’éléments de piles de résistance intérieure très faible, comme des éléments Bunsen.par exemple.
- Je voulais placer ces éléments dans des conditions de travail et de mesures où les résistances extérieures fussent à peu près de même ordre que les résistances intérieures, de telle sorte que, dans toutes les expériences faites, les grandeurs dont l’expression entre dans les formules dont on se servirait pour les mesures fussent sans cesse comparables.
- Je crois qu’on ne se préoccupe pas'assez en général de satisfaire à cette condition qui pourtant paraît nécessaire quand on veut effectuer des mesures de précision. Il est clair en effet qu’un élément Bunsen, par exemple, que l’on met successivement en communication avec un circuit extérieur très résistant par rapport à sa résistance intérieure, puis avec un autre circuit dont la résistance est comparable à la sienne, ne se trouve pas du tout dans les mêmes conditions; dans le dernier cas le développement de chaleur qui accompagne tou-iours la production du courant se produit à peu près également dans tout le circuit, dans le premier il est beaucoup plus considérable dans le circuit extérieur à la pile : les phénomènes qui se passent dans l’élément ne sont donc pas identiques. Il peut y avoir des cas où cette différence peut ne pas avoir d’influence sensible sur les résultats qu’on a en vue ; mais on admettra bien qu’il y en a certainement d’autres où il n’en est pas ainsi.
- Quoi qu’il en soit, avec l’instrument que j’ai décrit, et en restant dans les conditions dont je viens de parler, on détermine facilement, rapidement et avec précision la résistance intérieure des éléments Bunsen, et par la méthode la plus simple et la plus directe du monde.
- A cet effet, i° on relie l’élément à la boussole (') et on lit sur l’échelle du galvanomètre Thomson la déviation d. Si E est la force électro-motrice de l’élément, a la résistance de la boussole, x celle de l’élément, d est proportionnel à :
- E
- x + a
- 2e On introduit entre les deux pôles de l’élément une résistance a! comparable à a et à x par conséquent, et on lit la nouvelle déviation d'. D’après les lois bien connues des courants dérivés, cette déviation est proportionnelle à :
- E a'
- aa' a -f a' (2)
- x a + a'
- (*) Il s’agit, bien entendu, du fil unique extérieur au galvanomètre et qui constitue la boussole de tangentes, et non de la bobine du galvanomètre.
- Ces deux lectures s’effectuent très rapidement ; elles sont très précises à cause de la sensibilité de l’appareil mobile du galvanomètre Thomson, et enfin, à cause de l’égalité approximative des résistances a et a', les deux déviations sont très différentes (l’une est environ les i de l’autre) ; ce sont donc là de bonnes conditions expérimentales.
- Soit K le rapport^égal à celui des expressions (1) et (2) on a :
- aa' + v (* + a')
- «'(.« + «)
- D’où en effectuant le calcul,
- K — 1
- * ~ a + a' K (3)
- aa' a’
- formule très simple qui donne la résistance intérieure de l’élément.
- Le rapport peut être déterminé une fois pour toutes, de telle sorte que si l’on fait travailler l’élément de façon à faire varier la résistance intérieure, on peut facilement et rapidement mesurer cette résistance à l’aide d’un calcul extrêmement simple, et étudier ses variations.
- Il faut remarquer aussi que du moment où l’on opère avec un galvanomètre Thomson, on peut, en même temps, en utilisant alors la bobine même du galvanomètre et à l’aide d’un condensateur, comparer la force électro-motrice de l’élément à celle d’un élément constant comme un callaud ou un daniell par la méthode de la décharge; si bien qu’on peut en 4 ou 5 minutes déterminer la force électro-motrice et la résistance intérieure d’un élément Bunsen.
- C’est ainsi que j’opérais dans les expériences que j’avais effectuées.
- Dans mes appareils j’avais :
- a =0.0695 ohms a’ = 0.071 ohms
- par suite
- et la formule (3) se réduisait à :
- K - ,
- Les études que j’avais commencées en 1879 avaient surtout pour but de voir s’il ne serait pas possible de se servir d’éléments Bunsen d’une manière continue, en leur conservant leurs propriétés à l’aide d’un mode d’entretien facile et économique. Question assez complexe, car elle devait comprendre : i° l’étude de l’influence de l’acide sulfurique
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 53g
- à divers degrés de concentration; 20 la même étude sur l’acide azotique renfermé dans le vase poreux ; 3° l’étude de l’élément avec une concentration constante de l’acide sulfurique; 40 enfin la même étude avec une concentration constante de l’acide azotique.
- J’avais à cet effet notamment construit des éléments où l’acide sulfurique, à l’aide de siphons convenables, s’écoulait et était remplacé goutte à goutte de façon à conserver le même degré aréo-métrique; où d’autre part le vase poreux fermé par une glace était mis en communication avec un appareil à recueillir le gaz.
- Les premiers résultats de ces études furent communiqués en août 1879 à la sëction de Physique du Congrès de l’Association française pour l’avancement des sciences à Montpellier. De nombreuses occupation professionnelles m’empêchèrent de les continuer, et avant‘que je pusse les reprendre,
- M. d’Arsonval qui, sans savoir quéj’avais commencé cette étude, l’avait faite de son côté assez complètement, en publia dans ce journal même les très intéressants résultats. Ceux que j’avais obtenus étant tout à-fait concordants avec ceux de M. d’Arsonval, j’abandonnai les expériences que j’avais commencées.
- Je crois donc tout à fait superflu de revenir sur des études si bien faites et si clairement exposées dans ce journal. Je me contenterai de donner sous forme de tableau le résumé de l’une des nombreuses séries d’essais opérés par les méthodes indiquées ci-dessus sur deux éléments Bunsen cylindriques ordinaires dont on se sert pour faire la lumière électrique, et dans les conditions suivantes:
- Dans les deux éléments l’acide sulfurique conservait un degré de concentration constant : ils étaient employés à faire rougir un fil de platine toute la journée: le soir on enlevait le vase poreux rempli
- DATES. Azo!i Ho ÉLÉMENTS So3 Ho BUNSEN N» E . A' Azo3 Ho ÉLÉMENTS So3Ho BUNSEN n» 5 E X DURÉE du travail.
- 3o juin 187g . . . . 37° 11» 1.79 0.048 37“ II» 1.81 0.043 2 heures.
- Ier juillet 1879. • • 33“ 12“ 1.71 • 0.048 36“ 12° 1.85 0.043 8 —
- 2 — . . • 28°S 12° 1.71 o.o5o 3o“ 12° 1.73 0.042 i5 —
- 3. - . . • 25° 12° 1.70 0.054 25°5 12“ 1.73 0.0435 22 —
- 4 — . . . 20° 12° 1.67 0.048 22“ 12° 1.69 o.o5o 29 —
- 5 — . . i8° 12» 1.65 0.059 19» 12» 1.66 0.054 36 —
- 6 — . . 16“ 12° 1.71 o.o56 17° 12» 1.72 o.o52 43 -
- 7 — • • i3° 12° 1.64 0.064 14“ 12° 1.67 o.o54 5o —
- 8 — . . • 12“ 12° I .70 0.075 12° 12» 1.71 0.069 57 -
- 9 — 9° 12° 1.63 0.088 9° 12» 1 66 o.o85 64 -
- d’acide azotique et le zinc : le lendemain matin on remontait les deux éléments en conservant aux acides le même niveau : dans l’élément n° 1 le niveau de l’acide azotique était maintenu à l’aide d’acide au môme degré de concentration ; dans l’élément n° 2 on maintenait ce niveau avec de l’acide neuf à 36° Beaumé, et on mesurait la quantité employée à cet effet.
- Dans ce tableau, on a indiqué aux colonnes Azo5 Ho et So3Ho le degré des acides à l’aréomètre Beaumé. E représente le rapport de la force électromotrice de l’élément à celle d’un élément Callaud bien entretenu, de force électromotrice très sensiblement constante, x est la résistance intérieure de l’élément.
- L’entretien au même niveau de l’acide azotique dans l’élément n° 2 pendant le 64 heures de travail effectif 11’a exigé qu’une consommation de 125 centimètres cubes d’acide à 36°.
- Les nombres de ce tableau me semblent présenter quelque intérêt.
- Ils confirment une fois de plus, en particulier, ce résultat bien connu, que la résistance intérieure
- d’un élément Bunsen est extrêmement faible, et bien qu’elle varie du simple au double malgré l’entretien de l’acide sulfurique à un degré de concentration constant, elle reste toujours . très faible, même après un travail de 64 heures.
- Jusqu’à ce que l’acide azotique marque 25° (ce qui est la limite pratique à laquelle on s’arrête quand on fait de la lumière électrique) et à la condition de maintenir l’acide sulfurique à 120, cette résistance intérieure est d’environ 0.043 d’ohm, valeur très petite et qui explique bien l’énergie extrême d’éléments de ce genre, et la difficulté ou même jusqu’ici l’impossibilité de les remplacer par d’autres, quand il s’agit de produire dans un circuit peu résistant un travail considérable.
- Cette valeur augmente un peu quand l’élément travaille dans les conditions ordinaires, la concentration des deux acides se modifiant peu à peu sans qu’on y touche. D’après les mesures nombreuses que j’ai effectuées à l’aide de la méthode précédente, pendant que la concentration de l’acide azotique passe de 36° à 25°, celle de l’acide sulfurique passe de 10 ou n° à 20° ou 210, et la résis-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- tance intérieure de l’élément varie de 0.04 à 0.07 d’ohm, ou en moyenne à o.o55 d’ohm.
- • Je pense que ce nombre peut être considéré comme suffisamment exact.
- E. Mercadier.
- APPLICATION DE L’ÉLECTRICITÉ
- A LA PÈC1IE
- Tout le monde connaît l’emploi du courant électrique dans les mines, les carrières, pour enlever les blocs de rochers qui encombrent le lit d’une rivière, pour les vieux murs à démolir rapidement, les ponts ou les fortifications quelconques à faire sauter en temps de guerre, etc., etc.; dans toutes ces occasions le système mis en usage est à peu près le même ; on place daus un endroit convenable des cartouches de poudre, de fulmi-coton ou de dynamite qu’il s’agit d’enflammer d’une certaine distance, afin d’être à l’abri de l’explosion, et c’est pour cette opération que l’électricité est d’un puissant secours puisqu’il est facile de donner aux fils conducteurs une longueur indéterminée.
- Dans les défenses sous-marines des côtes, depuis l’invention et le perfectionnement des torpilles, on dispose par séries ces terribles engins, dans les endroits où des vaisseaux ennemis pourraient essayer de tenter un passage ou d’opérer un débarquement, et quand le moment est venu, c’est-à-dire lorsque le navire se trouve au niveau d’une des torpilles, ce qu’il est facile de constater au moyen de cartes et de plans spécialement relevés pour ce service, le poste d’observation laisse passer le courant électrique dans le fil conducteur qui partant de la terre va aboutir à l’appareil de défense et produit l’étincelle dans la masse explosive.
- Le dessin que nous publions ci-contre montre comment on peut utiliser le courant électrique, dans des circonstances beaucoup moins sérieuses et simplement comme distraction, pour obtenir une pêche miraculeuse. L’emploi du procédé un peu sauvage que nous allons indiquer n’est certainement pas destiné à être répandu, au moins dans les pays civilisés où tous les genres de sport sont réglementés avec raison pour empêcher la destruction complète des divers gibiers ou des poissohs, mais dans les explorations en de lointaines contrées plus ou moins inhabitées, il sera possible de tenter la pêche dont nous parlons, ce qui, du reste, pourrait rendre de très grands services dans des moments où une caravane d’explorateurs, par exemple, suivrait les rives de quelque grand cours d’eau et viendrait à manquer de vivres.
- Le matériel nécessaire est, du reste, on ne peut plus simple et peut être emporté facilement dans
- de pareilles excursions; il se compose en effet d’une cartouche de dynamite, de quelques mètres de fil métallique, d’une petite bobine d’induction et d’une pile de petit modèle.
- Notre dessin représente le moment capital de l’opération, mais quelques dispositions préliminaires doivent être prises, si l’on veut vraiment obtenir un résultat miraculeux.
- Il faut choisir le long d’une rivière une partie à fond d’eau aussi considérable que possible, s’installer de préférence dans un site rocailleux et ombragé par quelques beaux arbres; les anfractuosités des rochers et les ramifications des racines qui plongent dans l’eau servant de refuge aux poissons, les ont habitués à se réunir en grande quantité dans de pareils endroits que le flair du pêcheur expérimenté sait bientôt reconnaître. Si les explorateurs sont campés à peu de distance et séjournent dans la région, il est bon d’amorcer* pendant un certain temps l’endroit où doit se faire la pêche pour réunir une masse considérable de poissons comme dans un vaste réservoir. Alors il n’y a plus qu’à •se glisser sans bruit sur les rochers ou les troncs d’arbres qui surplombent l’endroit choisi et à laisser immerger la cartouche de dynamite suspendue au fil conducteur qui la relie à la bobine d’induction-et à la pile.
- On doit laisser descendre l’appareil avec les plus grandes précautions pour ne pas disperser et faire fuir la foule aquatique ; il serait même préférable d’avoir des cartouches très imperméables et de les établir à l’avance suspendues dans la masse liquide où se trouve le poisson, on aurait ainsi une espèce de petite torpille fixe que l’on ferait exploser au moment voulu sans occasionner le moindre dérangement.
- Lorsque toutes les dispositions ont été prises comme nous l’avons indiqué, c’est le moment d’établir la communication avec la source d’électricité, alors le courant passe, l’étincelle enflamme la dynamite et il se produit un bruit très sourd en même temps que la masse liquide, soulevée comme si un monstre marin allait émerger à sa surface, retombe et s’applatit en bouillonnant.
- A peine le calme est-il un peu rétabli que l’on voit surnager au-dessus de l’eau une quantité énorme de poissons tués par la commotion et qui, le ventre en l’air, viennent témoigner de la violence du procédé barbare qui vient d’être employé à leur égard.
- Les dispositions que nous venons d’indiquer pour enflammer au moyen du courant électrique, la cartouche de dynamite sont de la plus haute importance pour éviter les accidents qui peuvent se produire lorsque ce terrible explosif est manœuvré par des mains inhabiles. Voici, en effet, ce que nous, lisions dernièrement dans un grand journal politique: « Nice, mai 1882. Un charpentier de la villa
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- a eu la malheureuse idée de vouloir pêcher à la dynamite, sans prévoir le danger qu’il courait ; il s’était rendu au quartier Sainte-Hélène et, au moment où il lançait la cartouche, l’explosion se produisit, le pauvre charpentier eut les bras emportés et'une partie du visage horriblement mutilée. »
- C.-C. Soulages.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- EMPIRE D’ALLEMAGNE
- La partie de l’Exposition allemande qui sê trouvait au rez-de-chaussée de la nef principale du Palais de l’Industrie, comprenait d’abord un grand parallélogramme disposé entre l’Angleterre et les Etats-Unis, puis deux annexes confrontant, du côté de la galerie des machines, à la grande installation américaine et, vers le côté sud-est, à l’Exposition de la Belgique. La vue perspective que nous publions ci-contre a été prise de la section américaine dont deux petites vitrines figurent même au premier plan.
- Pendant les soirées, cette section placée à peu près au milieu de la grande nef, profitait de l’éclairage général du Palais, mais elle avait aussi son éclairage spécial produit par des lampes différentielles de Siemens. Ces lampes étaient placées, par couples, comme l’indiqué le dessin, sur des candélabres élevés dont les principaux, en fer forgé, étaient placés à l’entrée de la section.
- Les produits de l’industrie galvanoplastique étaient en assez grande quantité : notre dessin montre sur la gauche une espèce de monument surmonté d’un buste de Germania obtenu par ces procédés ; on se rappelle du reste l’intéressante Exposition des usines de la Société Norddeutsche Afjinerie dont nous avons parlé dernièrement, et qui avait envoyé de si beaux spécimens de cuivre, d’or et d’argent à l’état de pureté chimique, des plaques laminées de fil étiré de cuivre électrolytique sans soudure, etc. Du reste l’électro'-chimie était très dignement représentée dans la. section allemande.
- Pour tous les appareils se rapportant à la télégraphie et aux signaux il y avait aussi de nombreux éléments d’étude, on voyait d’abord les anciens instruments employés vers la fin du siècle dernier et le commencement du dix-neuvième, puis tout l’ensemble de plus en plus perfectionné des appareils mis aujourd’hui en usage pour les signaux de toute sorte et les applications de la télégraphie.
- La grande table que représente notre dessin à gauche était couverte d’une foule de modèles excessivement intéressants; sur la droite, on aperçoit
- des collections de tubes électriques, tubes Geissler et Crookes pour expériences sur l’état radiant.
- Cette partie de l’exposition allemande avait été organisée par M. J. Müller qui est à Hambourg le successeur de Geissler ; à côté de cette exhibition de tubes et appareils était établi un téléphone Siemens ne présentant aucune particularité à signaler.
- La bibliothèque ne doit pas être oubliée, elle renfermait des collections d’ouvrages concernant la science et l’industrie électriques, des plans, des cartes du plus haut intérêt au point de vue de l’histoire de la science, qui prend de si grands développements aujourd’hui.
- L’exposition de M. Frédéric Kastner qui ne consistait malheureusement qu’en brochures explicatives et photographies, donnait pourtant une idée assez complète de l’intéressant théorème d’acoustique découvert par le savant alsacien. Il avait remarqué, après de nombreuses expériences sur les flammes chantantes, que si dans un tube de verre ou d’autre matière, on introduit deux où plusieurs flammes de grandeur convenable et qu’on les place au tiers de la longueur du tube, comptée à partir de la base, ces flammes vibrent à l’unisson. Le phénomène continue à se produire tant que les flammes restent séparées, mais le son cesse aussitôt qu’elles sont mises en contact.
- C’est en se basant sur ce principe que M. F. Kastner est arrivé à construire un instrument de musique auquel il a donné le nom de, pyrophone-, l’inventeur a ensuite appliqué l’électricité à son appareil et est parvenu à convertir les lustres, lampadaires, appliques, rampes de théâtre à gaz, en instruments de' musique. Le pyrophone est une application très ingénieuse' de la théorie des vibrations émise par M. F. Kastner, et l’on pourra en trouver la description de la partie électrique de cet appareil, dans Y Exposé des applications de V électricité, de M. Th. du Moncel, tome Y, p. 97. C’est M. Deschiens qui en a été le constructeur, et on y trouve d’habiles combinaisons .électro-magnétiques.
- L’une des photographies coloriées, placées dans la section allemande représentait le lustre-pyrophone électrique, il portait treize becs garnis de quatre tubes et donnait treize notes. On se rap-“ pelle du reste la vive impression produite sur le public par l’instrument si original de M. F. Kastner quand, après 1873, une série de concerts et de séances scientifiques ont été donnés par lui en France et en Angleterre.
- Cet étrange appareil est doué, paraît-il, d’un timbre tout particulier et plein de charme, se rapprochant beaucoup de celui de la voix humaine, il a une étendue qui peut dépasser trois octaves et possède un clavier comme l’orgue ou le piano.
- O. Kern.
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- EXPOSITION DE L'EMPIRE d’aLLEMAONE
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- LA TÉLÉGRAPHIE
- SES PROGRÈS RÉCENTS MANIFESTÉS A L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- Cinquième article (Voir les «0B des i3, 20 et 27 mai et 3 juin 1882.)
- [b] Lignes souterraines (Suite.)
- POSE DU CONDUCTEUR DANS LE CAS DES COURBES
- I. — Emploi de tuyaux courbes. — i° Dans les sections de 400 mètres à 5oo mètres (fig. 3) on n’emploie jamais plus de deux tuyaux courbes correspondant à une déviation totale de 220;
- 20 Dqnsles sections de 3oo à 400 mètres, emploi
- un multiple de 110, il suffit de couper un tuyau courbe de façon à obtenir l’angle voulu.
- Le tableau suivant donne d’ailleurs les longueurs de tuyau correspondant aux divers angles.
- 2°............................ om,i75
- 3°. :........................... om,2ô
- 4°..............' :.............. o™,35
- 5°............................ o,n,43
- 6°............................. . om,5i
- 7°.........................• . om,67
- 9°............... ...............' om,78
- io°............... .............. o"“,87
- ii°.............................. om,9Ô
- ii°,3o............’................. in>,oo .
- Dans la pratique, toute différence en plus de la longueur des tuyaux peut être remplacée par une
- FM. À
- au maximum de 3 tuyaux courbes correspondant à une déviation totale de 33° (fig. 4).
- 3° Dans les sections de moins de 3oo mètres, emploi au maximum de 4 tuyaux courbes correspondant à une déviation totale de 440 (fig. 5). Enfin quelquefois, pour faciliter le tirage, on ins-
- 2 tuyaux courbes
- 3 tuyaux courbes 33°
- talle entre deux chambres de soudure une chambre de tirage. C’est une chambre ordinaire dans laquelle. on installe un galet à gorge (fig. 6) permettant au câble de franchir le sommet de l’angle. L’introduction d’une chambre de tirage permet d’augmenter la longueur de section définie d’après les règles précédentes.
- Lorsque l’angle du sommet à franchir n’est pas
- inflexion de la conduite, si cette différence est inférieure à 0m,20.
- II. — Emploi de tuyaux droits infléchis sur les joints. — L’emploi de tuyaux courbes est indispensable lorsqu’il s’agit de franchir un angle notable, comme cela se rencontre presque toujours dans les traversées de routes ; mais très souvent sur une même route les alignements droits ne se
- FIG. b
- rencontrent pas si brusquement, ils sont au contraire raccordés par des arcs de cercle de rayon plus ou moins grand. Or, on peut sans nuire à l’étanchéité infléchir la conduite sur les joints dans de certaines limites. Quel est le rayon minimum de la courbe permettant d’employer ce deuxième procédé ?
- Il est évident qui si on pouvait appliquer sur la route un gabarit AG (fig. 7) de la courbe maximum qui permet l’inflexion, suivant que la courbe de la route serait en AB ou en AD on pourrait infléchir
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- ou on ne le pourrait pas. Mais pratiquement il est impossible d’appliquer ce gabarit. Voici comment on opère. Soient AB et FH les deux alignements droits raccordés par l’arc de courbe.
- Plaçons le gabarit tangentiellement au point A.
- FIG. 7.
- La figure 8 montre clairement que suivant que le gabarit tombera en AG ou en AG' on pourra infléchir ou on ne le pourra pas.
- Mais si l’on prend une longueur arbitraire AC déterminée sur la courbe, qu’on abaisse CD perpendiculairement à la tangente au point A, on pourra infléchir si DG’ est plus petit que DC et on ne le pourra pas si DG est plus grand que DC.
- FIG. 8
- Le tableau suivant montre, pour différentes valeurs de AC les valeurs différentes de la droite DG, AG étant la courbe gabarit.
- Longueur de la courbe.
- I — 10“..........
- i5“. . .......
- 20“...........
- 25“...........
- 3o“...........
- 35“...........
- 40™...........
- 45“...........
- 5o“...........
- 60“...........
- 70.......
- 80“.............
- 90“...........
- 100“..........
- Val. corresp. de d. . . . d = o“,io . . . . 0“,22
- . . . . o“,40
- . . . . 0“,Ô2
- . . . . o“,go
- . . . . I“,22
- . . . . i“,6o
- . . . . 2“,02
- . . . . 2“,5o
- . . . . 3“,6o
- . . . . 4“,9°
- . . . . 6“,40
- . . . . 8“,io
- . . . . 10“ ,00
- Arbres
- «3» à* tit- 'M & &
- fig. g
- Ceci revient à admettre comme rayon de la courbe gabarit une valeur d’environ 5oo mètres. Ces résultats sont le fruit d’expériences faites récemment*
- Au point de vue du tirage, à-déviations égales, l’inflexion de la conduite produit le même effet qu’un tuyau courbe et une courbe de 100 mètres donne la même inflexion qu’un tuyau courbe.
- Passage d'un alignement à un alignement pa-
- \<L
- FIG. 10
- rallèle. — Le raccordement de deux alignements parallèles (fig. 9) exige généralement l’emploi de deux tuyaux courbes placés de telle sorte que leurs courbures soient dirigées dans des sens opposés.
- Cependant quelquefois, lorsque la distance des deux alignements n’est pas très considérable, on peut infléchir la conduite, et il est évident que, plus grande sera la longueur sur laquelle on infléchit la conduite, moins grand sera le frottement qui
- s’exercera pendant le tirage. C'est-à-dire que la courbe 1 (fig. 10) sera préférable à la courbe 2.
- Au point de vue de la détermination de la longueur de la section, on peut se servir des règles données précédemment en admettant qu’un tuyau courbe correspond à un changement d’alignement si d est plus grand que 1 mètre, et deux changements si d est inféreiur à 1 mètre.
- Il ne nous reste plus qu'un mot à dire au sujet des fleuves et rivières.
- Le passage d’une rivière peut se faire de deux
- manières: i° en immergeant un câble armé aboutissant sur chaque rive à une chambre de soudure
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- où se fera le raccordement du câble armé et du câble ordinaire ; 2° en profitant des ponts qui se trouvent sur le cours d’eau.
- Ce dernier procédé correspond presque toujours à un double changement d’alignements parallèles. Si, d (fig. xi) a une valeur notable (2 à 3 mètres, par exemple), on est forcé de mettre en A et B des tuyaux courbes, car si on voulait infléchir la conduite, on serait obligé de creuser celle-ci sur une grande longueur à une profondeur de beaucoup supérieure à la profondeur moyenne, ce qui serait fort coûteux. En outre, l’inclinaison donnée à la conduite par suite de la pose des tuyaux courbes A et B force à employer également des tuyaux courbes en C et D.
- Si, au contraire, d est inférieur à 2 mètres, on peut employer de simples inflexions pour effectuer la traversée. C’est généralement le cas, lorsqu’on se propose de traverser en passant dans l’épaisseur du pont (fig. 12).
- (A suivre.) E. de T.
- LES SCIENCES PHYSIQUES
- EN BIOLOGIE
- L’ÉLECTRICITÉ
- 6° article, (Voir les nos du 25 février, des 8 et 29 avril, û mai et du 3 juin.)
- LA VIE NE PEUT S’EXPLIQUER PAR UN PRINCIPE INTÉRIEUR
- d’action
- Si dans le cas de vie latente, la vie ne peut s’expliquer, comme nous l’avons vu, par un principe intérieur d’action, on pourra m’objecter qu’il n’en est plus de même si on s’adresse à des êtres plus élevés dans l’échelle vitale. Nous allons voir qu’il n’en est rien.
- VIE OSCILLANTE
- Claude Bernard a donné le nom de vie oscillante à un état particulier ou l’activité vitale 11’est jamais complètement suspendue comme dans le cas précédent ; elle est simplement ralentie.
- Ces êtres à vie dépendante des conditions cosmiques extérieures sont fort nombreux dans la nature.
- Tous les végétaux, sans exception, appartiennent à cette classe ; tous, en effet, sont engourdis pendant l’hiver. Les échanges avec le milieu extérieur ne sont jamais complètement suspendus comme dans le cas de vie latente ; seulement ils se se trouvent réduits à leur minimum.
- Le processus vital est presque insensible jus-
- qu’au moment où le printemps ramenant la chaleur, le végétal sort de sa torpeur.
- L’hibernation végétale à son analogue chez les animaux.
- Ces alternatives d’activité et de repos fonctionnel se trouvent intégralement chez les animaux hibernants que tout le monde connaît. Tels sont le loir, la marmotte, le hérisson.
- Cette diminution de l’activité vitale a généralement pour cause l’abaissement de la température ambiante. On retrouve ces effets chez des animaux qui ne sont pas précisément hibernants, tels que l’ours et la grenouille, par exemple, dont l’activité vitale se trouve considérablement ralentie durant les grands froids. Parmi les animaux hibernants, Buffon et Cuvier avaient été très étonnés de voir le tanrec s’endormir en été. Cet animal s’endort en effet durant notre été, mais comme il habite l’hémisphère sud, il ne fait pas exception à la règle, comme l’a fait observer un peu malicieusement M. Brown-Séquard.
- Beaucoup de mollusques, d’insectes, etc., s’enfoncent dans la terre ou dans la vase durant la saison froide.
- Le froid produit un état d’hibernation particulier en agissant à des intervalles beaucoup plus rapprochés que ne le sont l’été et l’hiver. Le sommeil journalier de certaines plantes peut être considéré comme une hibernation qui revient toutes les 12 heures et qui est produite par le froid de la nuit.
- Les insectes sont dans le même cas. Qui n’a vu des mouches ou des abeilles, complètement engourdies le matin à cette époque quand la nuit a été fraîche, se montrer pleines d’activité aussitôt que le soleil les a un peu réchauffées?
- Il n’est pas jusqu’aux animaux supérieurs, l’homme compris, qui n’éprouvent cet engourdissement de toutes les facultés vitales sous l’influence d’un froid vif.
- Les mémoires de Larrey sur la retraite de Russie nous en ont laissé malheureusement trop d’exemples.
- La grande chaleur produit des effets qui se rapprochent beaucoup des précédents, c’est une véritable estivation.
- Ainsi au Sénégal ce sommeil d’été s’observe sur les gastéropodes, les amphibies, les serpents, etc. Dans la rivière de Gambie qui se trouve à sec une moitié de l’année, certain poisson (poisson dormeur des naturels) reste engourdi pendant toute cette période.
- L’engourdissement produit par la chaleur s’observe très bien chez la grenouille ordinaire. Il suffit de plonger un de ces animaux dans de l’eau à la température du corps (37° centigrades) pour le voir s’engourdir et devenir complètement insensible aux mutilations les plus graves:
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- Les habitants des pays chauds, tout le monde le sait, sont condamnés au repos durant la période la plus chaude du jour.
- L’excès de chaleur peut donc agir comme un froid vif pour amener une diminution de l’activité vitale. C’est d’ailleurs là une règle générale que nous retrouverons pour tous les agents physiques, humidité, pression barométrique, etc.
- Dans cette seconde forme de la vie, nous voyons que les manifestations vitales sont assujetties à des oscillations périodiques qui correspondent exactement à l’état du milieu physique.
- L’être n’est plus dominé, comme précédemment, par les conditions physico-chimiques extérieures d’une façon aussi absolue. Ces manifestations vitales ne sont pas complètement arrêtées comme dans le cas de vie latente; néanmoins, il reste encore tellement enchaîné à son milieu qu’il doit en subir toutes les variations.
- 3° VIE CONSTANTE OU LIBRE.
- Cette troisième forme de la vie caractérise les animaux supérieurs auxquels on donne aussi le nom d’animaux à sang chaud. Il serait préférable de les appeler animaux à température constante.
- Chez eux, la vie paraît complètement indépendante du milieu cosmique. Leurs organes fonctionnent toujours avec la même régularité et la même activité, quelles que soient les variations de température, de pression ou d’humidité du milieu extérieur.
- Cela tient à ce que l’organisme s’est constitué un milieu artificiel dont la composition est constante. Les éléments anatomiques chez les animaux supérieurs ne vivent pas dans le milieu extérieur ou cosmique. Il se sont créé, suivant le mot de Bernard, un milieu intérieur dont la composition ne varie pas sensiblement; c’est le sang dont la fixité de composition chimique, de température est assurée par des dispositions dont nous avons parlé déjà (*). 'Ces dispositions, variables avec chaque espèce animale, constituent les organes, les appareils, en un mot les mécanismes vitaux.
- Grâce à ce milieu intérieur, l’organisme, suivant l’expression de Bernard, est « placé comme en serre chaude; les changements perpétuels du milieu cosmique ne l’atteignent point ; il ne leur est point enchaîné; il est libre et indépendant. »
- Cette indépendance est obtenue grâce à la fixité du milieu où vivent les éléments anatomiques.
- Pour obtenir cette fixité, il faut des mécanismes automatiques qui compensent à chaque instant les variations du milieu extérieur.
- L’animal supérieur, par conséquent, ne saurait rester indifférent au monde extérieur et aux changements physiques du milieu qui l’entoure.
- (*) Voir n°54, année i08l
- Il doit, au contraire, être dans ufte relation étroite avec ce milieu pour pouvoir à chaque instant compenser ses variations. Ce travail fatigant, cette observation de tous les instants, est rendu heureusement inutile, grâce à des appareils automatiques, véritables régulateurs physiques, qui sont mis en jeu par le système nerveux, et qui constituent la grande classe des phénomènes nerveux inconscients, dits phénomènes réflexes.
- Les conditions nécessaires à la vie sont les mômes pour tous les éléments anatomiques. Que les cellules soient isolées et susceptibles de passer par les états de vie latente et de vie oscillante, ou qu’au contraire elles soient associées pour former un être supérieur à vie constante, quelle que soit, en un mot, la complication morphologique de l’être considéré, dans tous les cas, les conditions physiques de la vie restent les mêmes. Nous les étudierons dans le prochain article.
- (A suivre.) D'A. d’Arsonval
- LA PRIORITÉ — L’INVENTION
- Nos lecteurs ont remarqué certainement dans notre correspondance, combien fréquemment se produisent des réclamations de priorité : nous nous faisons un devoir de les insérer, quelle que puisse être d’ailleurs notre opinion, estimant d’une part que c’est le droit de ceux qui croient avoir inventé, pensant de l’autre qu’après tout le public est le meilleur juge et que toutes les pièces du litige doivent lui être soumises. Nous n’avons pas d’ailleurs l’intention de trancher ces questions qui constituent, et formeront de plus en plus à l’avenir l’une des grandes difficultés de l’histoire de la science; notre mission est à la fois plus délicate et pourtant moins ardue, nous n’avons point d’arrêt à rendre, mais notre devoir est de.le préparer en éclairant de notre mieux le sujet.
- Un juge, j’entends un juge légal, quand pareille question lui est soumise, n’a à se préoccuper que des faits positivement et légalement définis ; un brevet régulier, une publication à date authentiquement constatée font et doivent seuls faire foi pour lui. Dans les publications scientifiques, nous devons évidemment donner la prédominance à ces preuves, les seules indiscutables; mais il nous est également imposé de rechercher les origines, et, sans discuter la priorité légale, de déterminer, s’il se peut, les priorités morales. C’est là une recherche hérissée de difficultés ; l’étude des découvertes conduit en effet de plus en plus profondément à la conviction que, comme le disait déjà Salomon, il n’ÿ a rien d’absolument nouveau sous le soleil ; toute idée procède d’idées voisines, tout appareil a son germe dans les appareils préexistants en sorte
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- que, pour faire le juste départ des mérites, on se trouve constamment amené à rechercher où commence véritablement l’invention et quels en sont les caractères.
- Un tel sujet demanderait de longues études, et réclamerait peut-être tout un volume, on pense bien qu’il n’est pas question de le traiter ici ; cependant, comme nous avons constamment à exprimer des opinions de ce genre, il faut bien dire quels sont les principes qui nous déterminent et ont fixé la ligne suivie dans ce journal. Je ne prétends point du tout qu’ils soient parfaits ni complets, et j’entends au contraire conserver pour ma part le droit de me tromper ; tous les hommes de bonne foi le possèdent, et il appartient plus qu’à tous les autres à ceux qui, écrivant au jour le jour dans une publication périodique, n’ont pas toujours la possibilité de discuter à fond les documents dont ils font usage ; je pense seulement qu’ils renferment les caractères les plus saillants qui doivent emporter la décision dans des cas de ce genre.
- L’un des caractères indispensables est la' précision des moyens indiqués, et avant tout la réalisation matérielle. Avoir une idée ne suffit pas, il faut même le dire, cela est souvent assez peu de chose. « Voilà ce que je voudrais faire », c’est le premier germe et il est généralement né à la fois dans plusieurs esprits; « voilà comment je pense qu’il faudrait s’y prendre, » c’est l’acheminement, mais non pas l’invention ; cependant cela suppose une étude et un travail qui restreignent déjà le champ; « voici les dispositions, le dessin d’exécution de l’appareil qui doit réaliser mon but, » c’est la troisième étape et l’on peut dire de celui qui l’a atteinte qu’il a déjà acquis des droits ; mais, tous ceux qui ont expérimenté, poursuivi un résultat à travers l’obscurité et les mauvaises volontés des choses, savent quelle énorme distance sépare presque toujours cet instant de celui où l’on peut dire : « Voici l’appareil, il marche et le but est atteint. ® Celui-là seul qui a franchi ce pas peut réellement assurer qu’il a inventé, car jusque-là il y a bien du hasard, nul ne peut affirmer qu’il suivra toujours le bon chemin et qu’il le suivra jusqu’au bout.
- Pour prendre un exemple bien connu, il est incontestable que M. Ch. Cros avait, avant Edison, indiqué le principe du phonographe et la plupart de ses dispositions essentielles ; l’a-t-il inventé pour cela ? Non puisqu’il ne l’a pas fait ; s’il eût poursuivi ses idées, il est permis de penser, étant donnée d’ailleurs l’ingéniosité connue de son esprit, qu’il serait arrivé au résultat; il ne les a point poursuivies ; M. Edison a produit l’appareil et a atteint le but; rien ne sert de courir, il faut arriver; il est juste de reconnaître le mérite de M. Ch. Cros, mais l’invention est, sans contestation possible, à M. Edison.
- Il est vrai que ce n’est pas là tout ; un résultat
- réalisé peut n’être pas une invention, il faut encore qu’il ait les caractères de la nouveauté : la loi les définit assez bien ; elle demande soit un résultat nouveau par des moyens connus, soit un résultat connu par desmoyens nouveaux, soit, bien entendu, la combinaison de ces deux nouveautés. Il faut convenir qu’il n’est pas toujours aussi facile qu’il le paraît de discerner ces caractères. D’abord en ce qui concerne les moyens nouveaux, suffira-t-il de changer une vis à un appareil connu pour qu’il devienne nouveau ? une machine qui était noire sera-t-elle nouvelle quand elle sera peinte en rouge? Non sans doute, mais où commence le moyen nouveau? Cela est quelquefois difficile à dire. En cela comme en toutes choses il n’y a pas d’absolu, il n’y a que des relatifs et l’appréciation a sa part très large. Voyez, par exemple, le très curieux procès des téléphones qui vient d’être jugé en Angleterre : M. Bell ayant réalisé le téléphone magnétique, le moyen que M. Edison a trouvé de le faire parler était-il une invention (toute question de priorité mise de côté)? Pour ma part, j’aurais pensé que oui; le juge Anglais, après de nombreuses dépositions et de très importantes discussions, a décidé, paraît-il, que non. Nous reviendrons probablement sur ce débat, qui est une des pièces importantes de l’histoire scientifique de notre temps.
- Il semble qu’il doit être plus facile de reconnaître le cas où il s’agit d’un résultat nouveau obtenu, et cependant le plus souvent il n’en est rien. Presque jamais un résultat ne se produit de toutes pièces, étant resté complètement inconnu jusque-là; très généralement il était recherché de plusieurs côtés, atteint partiellement, réalisé dans les circonstances spéciales, dans des cas particuliers, en sorte que lorsque la solution générale qui constitue la véritable invention arrive au jour, le résultat qu’elle fournit, quoiqu’il n’ait pas encore été atteint, n’est plus inattendu.
- Je prends pour exemple les travaux faits depuis quelques années sur la distribution de l’électricité. Evidemment l’idée de distribuer l’électricité en elle-même n’est à personne; il y a beau temps que •chacunse dit: « il serait bien nécessaire de distribuer l’électricité. » Mais comment s’y prendre ? On savait qu’avec les piles, si l’on avait plusieurs dérivations à desservir, la marche à -suivre pour y arriver avec la plus grande approximation était de réduire le plus possible la résistance de la pile en réunissant les éléments en' surface et d’employer en même temps les conducteurs de faible résistance et de grande section. Ces principes généraux de la physique s’appliquent aux machines, et l’on pourrait évidemment obtenir un résultat approximatif dans des applications restreintes en réunissant des machines en quantité et faisant usage de gros conducteurs.
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- . J’ai déjà eu occasion de dire que dans ces termes la question n’est pas entamée, à peine peut-on dire qu’elle soit égratignée ; quant aux caractères de l’invention, on voit clairement qu’ils ne se rencontrent pas dans de telles solutions ; il n’y a rien de nouveau dans les moyens, il n’y a qu’un emploi judicieux d’un procédé connu ; c’est affaire d’ingénieur intelligent et non d’inventeur ; pour le résultat, il n’y a aucun résultat nouveau atteint, ce n’est pas là faire de la distribution, c’est, ayant quelques appareils à desservir, se tirer d’affaire le mieux possible. Ceux-là seuls ont pénétré dans la question qui ont proposé le. moyen d’alimenter avec une seule machine un nombre variable d’appareils distincts, et de régler automatiquement la production de ce générateur sur la demande d’értergie des appareils. Je ne reviens pas ici, bien entendu, sur la question de savoir quia produit les meilleures solutions, nous l’avons étudiée ailleurs, nous aurons beaucoup à y revenir, c’est la question de l’année actuelle et sans doute de celles qui suivront; je veux seulement montrer par cet exemple les conditions qu’il faut remplir pour pouvoir prétendre avoir réellement innové, et dont nous aurons à tenir compte dans les jugements que nous aurons à porter dans cette importante question.
- Chacun voit bien, au reste, ce qui est nécessaire ; ainsi, lorsque les ingénieurs de la ville de Paris résolurent de faire une installation électrique au pavillon de Flore, s’ils ont demandé à M. Marcel Deprez d’y introduire les dispositions de son système, c’est qu’ils ont voulu faire une expérience utile de distribution en réunissant les conditions nécessaires de simplicité dans le générateur, de faible section dans le conducteur, et de rendement avantageux. S’ils eussent voulu seulement arriver à un résultat tel quel, étant donné le médiocre nombre des appareils à desservir, il est clair qu’en mettant des machines en quantité en employant des conducteurs suffisants, on aurait obtenu une répartition électrique d’une approximation suffisante ; mais pour cela il n’y a pas besoin de faire appel aux inventeurs; dans ces termes, la solution est à tout le monde, il suffit d’un ingénieur expérimenté. La maison Siemens, qui fournit ces machines n’en manque pas et leur eût réalisé cette disposition tout aussi bien qu’une autre. Seulement dans ces termes, pas d’invention, pas d’expérience; ce n’est pas ca que voulaient MM. les ingénieurs de la ville ; et cet exemple montre en quoi un arrangement convenable diffère d’une invention.
- Quoi que nous puissions faire, et quelque impartialité que nous apportions dans l’examen de ces questions nous ne pouvons éviter de blesser beaucoup d’amours-propres. Chacun est naturellement enclin à s’exagérer la portée de ses idées; souvent on ignore les inventions antérieures. D’ailleurs, je le répète, il y a forcément là une part d’apprécia-
- tion ; on ne sera pas étonné que chacun des inventeurs apprécie hautement ses travaux et voie d’un œil moins favorable ceux des autres ; quant à nous notre rôle est d’exposer aussi complètement que possible la question, c’est pourquoi nous présentons au public toutes les pièces et accueillons toujours les réclamations môme quand elles nous paraissent peu fondées ; notre avis personnel n’est qu’une pièce de plus que nous soumettons avec les autres au lecteur.
- Frank Geraldy.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Relais de M. C.-H. Haskins
- Nous représentons dans la figure ci-dessous un relais breveté en 1872 par M. C.-H. Haskins, et qui, paraît-il, donne de très bons résultats.
- A, A' sont les deux pôles épanouis d’un électro-aimant dont les bobines sont enroulées avec deux hélices B B, C C, dont le fil est de grosseur différente ; la première hélice B B, est constituée par du fil fin et correspond au fil de ligne x, l’autre C C est formée avec du gros fil et est mise en relation avec le circuit local y dans lequel se trouvent interposés un rhéostat J et une bobine D qui enveloppe l’armature E de l’électro-aimant et la polarise; ce circuit est parcouru d’une manière permanente par le courant d’une pile locale p.
- Les hélices B et C sont enroulées et disposées par rapport aux courants qui les traversent, de manière à polariser le noyau magnétique de l’élec-tro-aimant en sens inverse, l’action produite par l’hélice B étant toutefois assez forte pour neutraliser pendant les fermetures du courant de ligne l’effet produit par l’hélice C. C’est donc la bobine B qui gouverne la polarité de l’électro aimant, et la bobine C ne lui communique des polarités .contraires que pendant les interruptions du courant de ligne, ce qui donne par conséquent lieu à des inversions de polarités à chaque mouvement du transmetteur du poste de départ. Comme l’armature E est polarisée d’une manière constante, elle peut en oscillant entre les pôles épanouis de l’électro-aimant, surrre tous les mouvements de la clef du transmetteur, et comme ces mouvements sont limi tés par deux butoirs d’arrêt K, IC, elle peut déterminer sur eux des contacts électriques dont nous allons maintenant examiner les effets.
- Une seconde pile locale />' est disposée auprès d’un récepteur télégraphique, que nous représentons en S et qui n’est qu’un sounder (récepteur du son), comme le sont presque tous les récepteurs
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- télégraphiques américains, est mise en relation avec les bobines de ce sounder et avec les contacts du relais dont il vient d’être question au moyen des fils z, z, z..., et le sounder lui-même est constitué par un double système électro-magnétique dont les armatures G, G sont portées par une sorte de levier basculant H qui peut s’incliner à gauche ou à droite suivant la prédominance d’action de tel ou tel des deux systèmes électro-magnétiques dont les hélices magnétisantes sont de puissance inégale. Comme ces hélices sont traversées, ainsi qu’on le voit sur la figure, par le même courant de la pile p', on comprend aisément que les mouvements de la bascule H peuvent résulter d’un côté de la différence de force des deux couples de bobines F F, F' F', et d’un autre côté de l’annulation du
- courant à travers l’un de ces couples de bobines-, F, F, par exemple, qui en temps ordinaire est le plus fort; et comme cette annulation peut être déterminée par une fermeture en court circuit effectuée par le contact K' du relais au moyen de la liaison directe K' z'z F' pr z E, l’armature G qui, en temps normal, était maintenue attirée par le couple de bobines F F va se trouver soulevée sous l’influence de l’action de l’autre armature G', alors la plus énergiquement attirée, et on obtiendra ainsi des mouvements de la bascule H qui seront la répétition amplifiée de ceux du relais et par suite du transmetteur. Dans ce système, les sons sont produits par les chocs exercés par la bascule H sur des butoirs de résonnance t, t' lesquels sont combinés de manière à produire des sons différents afin
- [Terre
- de permettre à l’opérateur de distinguer avec certitude les coups frappés en haut ou en bas, ou ce qui revient au même, de distinguer des espacements les points et les barres.
- Pour obtenir le résultat précédent, il faut que les mouvements du relais soient combinés de telle façon que, pour les abaissements de la clef du transmetteur, le contact de l’armature E du relais se fasse sur le butoir K' et que pour les mouvements inverses ce contact s’effectue sur le butoir K, ce qui coupe la communication en court circuit.
- Le rhéostat J est nécessaire pour régler, suivant les conditions de la ligne, l’intensité du courant à travers, le circuit local du relais et, par suite, de dohner toujours à l’hélice B la supériorité d’action nécessaire pour son bon fonctionnement.
- Ce système avait été combiné surtout en vue d’échapper au brevet Page qui, aux Etats-Unis, créait des difficultés d’exploitation à certaines
- compagnies télégraphiques. Nous sommes étonnés toutefois de la validité de ce brevet, car le relais en lui-même a été découvert par Wheatstone, et M. Page le dit lui-même dans une lettre qui a été publié en 1880 et qu’on retrouve dans l'Exposé des applications de l'Electricité de M. Th. du Moncel, tome III, p. 87.
- Système de chemin de 1er électrique de MM. Perry et Ayrton.
- Dans une conférence faite le 24 mars dernier à l'Institution Royale et que reproduit YElectrician dans son numéro du i°* avril, M. Ayrton a décrit un nouveau système de chemin de fer électrique qu’il a combiné, en commun avec M. le Dr Perry, principalement dans le but de réduire au minimum les pertes dues à l’isolement imparfait des fils.
- Dans une des dispositions de ce système,, le courant principal, amené le long de la voie par un
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- fil parfaitement isolé, est mis en rapport avec la machine motrice du train au moyen d’un rail auxiliaire dont les sections isolées les unes des autres et de la terre, sont reliées successivement au fil principal et à la locomotive. Dans ce but, chaque section du rail auxiliaire (figure i) repose sur un certain nombre de disques élastiques en acier D
- Rail auxiliaire en cuivre
- FIG. i
- isolés de leurs supports en fonte par des sièges d’ébonite E.
- Lorsque le train passe, des brosses métalliques, portées sous les véhicules et reliées à la locomotive, dépriment le rail auxiliaire suffisamment pour amener les touches F au contact des touches G, en communication par H avec le fil principal dont
- le courant traverse alors la machine du train. Les fils H doivent ctce. parfaitement isolés : les boîtes de contact sont fixées aux traverses ou simplement enfoncées en terre.
- Comme l’électricité du courant moteur ne peut s’écouler vers la terre que par la section active du rail auxiliaire, les pertes peuvent être considérablement diminuées.
- Dans une deuxième disposition (figure 2) le rail
- auxiliaire est remplacé par un contact isolé C placé sous les véhicules du train, et qui vient actionner les boîtes en frappant successivement les branches fléxibles des fourches K.
- On peut profiter des boîtes de contact, espacées de 10 à i5 mètres, pour faire indiquer automatiquement la marche du train ; on y arrive en faisant que chaque dépression d’une boîte mette à la terre le courant d’un fil auxiliaire relié à un galvanomètre dont l’aiguille se meut derrière une carte-écran où se trouve découpé le tracé de la voie.
- On peut aussi diviser la ligne en sections de block disposées de façon que le train qui franchit successivement les sections A, B, C... interdise automatiquement le passage du courant dans la section A avant qu’il n’ait franchi la section B; si une machine pénètre dans A avant que le train précédent n’ait franchi B, il en résulte, non-seulement qu’elle cesse d’être motrice, mais qu’elle devient un frein puissant, à cause de sa liaison avec le rail auxiliaire isolé et ceux de la voie, réunis automatiquement dès que leur section est séparée du courant principal.
- CORRESPONDANCE
- Bruxelles, 29 mai 1882.
- Monsieur le Directeur,
- Je ne veux point abuser de votre journal et me bornerai seulement à vous adresser quelques lignes, en réponse à la réclamation de M. Bartelous.
- Il admet bien que les principes du fonctionnement des deux appareils sont entièrement différents, mais sous prétexte que la date de la prise de son brevet est antérieure à celle du mien, il veut insinuer que j’aurais adopté certaines de ses disposions.
- Toutes les preuves confirmeront que l’appareil que j’ai exposé était entièrement achevé, alors que le sien n’était pas commencé et que pour sa construction, les constructeurs ont utilisé mes modèles et adopté des dispositions fruit de nos recherches communes.
- Ces faits ont du reste été avoués par M. Bartelous lui-, même, à l’Exposition Internationale d’Electricitc, dans le’ Département belge, eu présence de M. l’ingénieur des télé graphes Dumont.
- Ayant fait remarquer à M. Bartelous la similitude de plusieurs dispositions, il répondit : « Oui, Heppmann (le constructeur) voulait encore adapter d’autres dispositions, mais je lui ai dit que les appareils avaient déjà trop de ressemblance. »
- Je pense que dans ces conditions, on est mal venu de discuter la question de placer des contacts suivant une ligne droite, une circonférence, nue demi-lune ou une courbe quelconque.
- Veuillez agréer, etc.
- Leduc.
- Nous pensons que dans cette discussion de priorité, les répliques ayant été échangées de part et d’autres, il y a lieu de considérer la question comme suffisamment éclairée.
- (N'oie de la Rédaction.)
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- FAITS DIVERS
- On avait annoncé qu’une Exposition d’électricité devait avoir lieu à Vienne en même temps que celle de Munich. Pour que ces deux Expositions n’aient pas lieu en même temps et ne se nuisent pas l’une â l’autre, le comité de l’Exposition de Vienne a consenti à la reporter aux mois d’août, septembre et octobre i883.
- Disons à ce propos que l’on s’occupe avec activité de préparer l’Exposition de Munich, et que le comité d’organisation est de tous côtés appuyé par les grandes administrations de l’Etat. C’est ainsi que la direction générale des Postes, Télégraphes et Chemins de fer de Bavière met à la disposition du comité un train d’essai pour l’éclairage des wagons et des locomotives, et de longues lignes pour l’essai des téléphones à longue portée. La plus longue de ces lignes, de Munich à Dresde, atteindra 55o kilomètres. Cette administration entreprendra aussi 'à ses frais la pose des fils pour l’audition des représentations théâtrales, et celle des conducteurs destinés à la transmission de la force à distance. On compte utiliser pour cela la force hydraulique de l’Isar, évaluée à 3 ooo chevaux, et démontrer la possibilité de s’en servir pour éclairer à une distance de plusieurs kilomètres les rues et les habitations, et pour distribuer la force aux ateliers de la petite industrie.
- Au point de vue de l’éclairage des rues, on a déjà nommé une commission chargée d’étudier à l’Exposition les différents systèmes d’éclairage, et de déterminer ensuite s’il y a lieu de les appliquer aux rues de Munich, ce qui offrirait sans doute un avantage marqué, étant donné le prix relativement élevé du gaz dans cette ville.
- Enfin, l’intendance des théâtres royaux fait organiser à l’Exposition même un théâtre destiné aux essais d’éclairage électrique et d’effets de scène, et à l’étude des moyens qu’offre l’électricité pour diminuer les chances d’incendie.
- En Hollande, la maison Siemens et Halske de Berlin vient de livrer des machines et wagons destinés à un chemin de fer électrique, le premier que l’on ait encore tenté de construire dans les Pays-Bas. Ce chemin de fer électrique va le long du rivage de la mer du Nord, depuis les bains de mer de Zandvoort (station du chemin de fer de Ilarlem-Zand-voort) jusqu’au parc de Kostverloren. Il a une longueur de deux kilomètres. L’inauguration du chemin de fer électrique de Zandvoort doit avoir lieu ces jours-ci.
- Une nouvelle Compagnie électrique, la British Insulite Company vient de se fonder à Londres pour l’exploitation des brevets du docteur J. A. Fleming, inventeur de la nouvelle matière appelée « insulite » qui est un isolateur efficace et peu coûteux.
- Éclairage électrique
- Nous avons annoncé dernièrement qu’à l’occasion de la fête de Saint-Cloud, les grandes eaux, la ménagerie Bidel et un jeu de bateaux ont été éclairés à l’électricité. C’est par erreur que nous avons dit que cet éclairage était installé avec des lampes Brush. Les lampes employées étaient des lampes Siemens.
- La rue d’Alcala à Madrid a été de nouveau éclairée par l’électricité la semaine dernière depuis la rue de Peligros, jusqu’à l’entrée du Retiro. On avait disposé sur cet espace vingt et une lampes, du système Siemens, qu’actionnaient trois moteurs à gaz. La Compagnie avait eu d’abord l’intention de faire ces essais d’éclairage avec cinquante lampes,
- mais ne disposant pas de moteurs d’une force suffisante pour les alimenter, elle n’a pu présenter au public que vingt et une lampes.
- En Angleterre, la grande saline de Witton Hall à North-wich est maintenant éclairée par l’électricité. Seize lampes donnant chacune une lumière égale à deux mille candies ont été placées sur divers points de la mine de sel, principalement là où les ouvriers travaillent. Les parois souterraines et la voûte de la saline étincellent de toutes parts sous l’action des feux électriques. Les lampes ont été fournies par l’Hammond Electric Light Supply Company.
- A l’Exposition cynologique internationale qui vient de s’ouvrir dans la ville de Hanovre, des foyers électriques ont été installés pour l’éclairage de la place de l’Exposition. Ces foyers ont une puissance de six mille bougies.
- A Buenos-Ayres, où se tient en ce moment une Exposition universelle, la section française de cette exposition es éclairée avec des feux électriques produits par des appareils d’exposants français.
- A Lucerne, où de grandes fêtes viennent d’avoir lieu pour la réception des délégués italiens et allemands, invités à l’inauguration du tunnel et du chemin de fer du Saint-Gothard, la ville et le lac ont été brillamment illuminés à la lumière électrique.
- Le nouveau palais du roi de Siam, à Bankok, va être en partie éclairé par l’électricité. Parmi les bâtiments que l’on se propose d’illuminer les jours de fête au moyen de foyers électriques, on cite la maison des Eléphants-Blancs, animaux vénérés par les Siamois comme des divinités.
- Télégraphie et Téléphonie
- Les lignes et établissements télégraphiques de la Turquie prennent de grands développements. On signale l’ouverture de trois stations télégraphiques en Palestine.
- Ces stations sont Nazareth, Tibériade et Safié.
- En Arabie on attend le matériel commandé en Europe pour la construction du réseau des lignes télégraphiques du Hedjaz. Une partie de ce matériel est destiné aux premières lignes d; Djedda à la Mecque, et de la Mecque à Yambo et à Médine ; le reste qui est destiné au raccordement des lignes projetées du Hedjaz avec les lignes existantes dans le Yémen doit être expédié avec le câble sous-marin en construction dans les usines Siemens de Londres. Nous avons déjà dit que ce câble devait être immergé entre Djedda et Souakim à travers la mer Rouge pour opérer la jonction des lignes du Yémen avec les lignes égyptiennes, depuis longtemps reliées aux lignes télégraphiques de la Syrie.
- A Elizabethport, ville importante de la colonie du Cap de Bonne-Espérance, située sur la baie d’Algoa, vient d’être installé un réseau téléphonique. Les lignes sont en fil d’acier.
- A Newcastle-on-Tyne, capitale du duché de Northumber-land, existe depuis trois mois un bureau téléphonique, qui met actuellement en communication ‘environ cent vingt abonnés. Ces derniers résident pour la plupart dans la partie de la ville appelée Quayside. Le réseau téléphonique de Newcastle a été établi par la Northern District Téléphoné Company.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. —'29412
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- —yj. -L,;’ iq.
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL —fëf pT k# ) j NfX'V y( J
- Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4« ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 17 JUIN 1882 N» 24
- SOMMAIRE
- Quelques détails historiques sur les perfectionnements successifs apportés au téléphone; Th. du Moncel. — Sur la loi suivant laquelle varie la force électro-motrice d’une machine magnéto-électrique en fonction de la résistance du circuit extérieur; Marcel Deprez. — Les Dynamomètres ; Gustave Richard. — Exposition Internationale d’Electri-cité : Empire d’Allemagne; O. Kern. — Application de la lumière électrique à l’art militaire ; C.-C. Soulages. — La Télégraphié : Ses progrès récents manifestés à l’Exposition Internationale d’Electricité (6° article) ; lignes souterraines; E. de T. — Revue des travaux récents en électricité : Séparateur et shunt pour les courants à haute tension, par M. Spottiswoode. — Boutons d’appel avertisseurs d’incendie, de M. G. Dupré. — Résistance électrique des fils de cuivre de la Birmingham Wire Qauge. — Sur un nouveau système d’horloge électrique de M. Lassance. — Correspondance : Lettre de M. A. Bandsept. — Faits divers.
- QUELQUES DÉTAILS, HISTORIQUES
- SUR
- LES PERFECTIONNEMENTS SUCCESSIFS APPORTÉS
- AU
- TÉLÉPHONE
- Nous trouvons dans le dernier numéro du Journal de la Société des Ingénieurs télégraphistes, de Londres, un Mémoire de M. Dolbear sur l’histoire du téléphone, dans lequel on trouve quelques appréciations que nous croyons devoir faire connaître à nos lecteurs, et à l’égard desquelles nous croyons utile d’exprimer notre opinion.
- Suivant M. Dolbear, l’invention du téléphone devrait être rapportée à MM. Page et Reiss. Il accorde bien une certaine part à M. Farrar de Keene (New-Hampshire) qui aurait eu l’idée de reproduire des sons de différentes valeurs par les vibrations d’une armature d’électro-aimant mis en action par un transmetteur convenable, mais il insiste surtout sur les deux premiers. Nous avons exprimé notre opinion à l’égard de l’invention de Reiss, dans notre article sur le principe des téléphones
- à charbon, et quant à la part qui peut revenir à Page, tout le monde sait qu’elle se borne à la découverte de la production des sons par une tige de fer sous l’influence d’aimantations et de désaimantations rapides. Toutefois, il ne sera pas sans intérêt de résumer ici ce que M. Dolbear avance dans son mémoire.
- Dans le système de M. Farrar, dont il ne précise pas la date, l’armature appelée à vibrer sous l’influence de l’électro-aimant était fixée sur une membrane tendue devant l’électro-aimant, et le transmetteur était constitué par des anches d’harmonium qui réagissaient sur des interrupteurs de courant à la manière du diapason d’Helmohltz. Ces anches étaient mises en vibration sous l’influence des touches d’un clavier, et on devait pouvoir ainsi reproduire des mélodies musicales. M. Dolbéar-ajoute que M. Farrar pensa qu’on pourrait transmettre de la même manière la voix humaine, mais les nombreuses recherches qu’il entreprit pour résoudre ce problème n’ayant pas abouti, et les savants les plus autorisés de la nouvelle Angleterre, qu’il consulta pour savoir si cette idée était réalisable, ayant donné des réponses négatives, il abandonna ses essais.
- « Après ces recherches, dit M. Dolbear, vinrent celles de M. Helmohltz qui employait des diapasons commandés par des électro-aimants pour reproduire des sons à distance. Enfin, Philippe Reiss commença ses essais qui eurent à l’époque un grand retentissement, mais qui ne semblent être connus que très imparfaitement, car il parait certain qu’il chercha lui-même à résoudre le problème de la transmission de la parole articulée. »
- M. Dolbear, partant de cette donnée, cherche à démontrer que l’on pouvait facilement découvrir la solution du problème, car d’après lui on savait à cette époque (1860) qu’un courant électrique pouvait déterminer une aimantation à distance, qu’un son d'une valeur définie pouvait être reproduit à distance, qu’en parlant devant une feuille de papier ou un chapeau que l’on tenait à la main on sentait les vibrations que la voix déterminait, enfin que les vibrations d’un tambour pouvaient faire
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- LA lumière; électrique
- mouvoir un corps appliqué sur lui de manière à en faire 'varier les contacts ; or le problème consistait à faire en sorte que les vibrations de la voix humaine pussent réagir sur un courant électrique, de manière à reproduire à distance des effets physiques semblables, et il pouvait être résolu par l’action de contacts variables, déterminés par ces vibrations, sur un interrupteur de courant. C’est alors que M. Dolbear introduit dans son mémoire les phrases que nous avons relevées dans notre article du 3 juin et que nous avons combattues, car il est certain pour nous que l’interrupteur de Reiss n’a jamais produit de courants ondulatoires, et c’est pour cela qu’il n’a pas réussi à transmettre la parole d’une manière convenable. Aussi, contrairement à ce qu’a dit M. S. Thompson dans le Télégraphie Journal, du 27 mai, nous pensons que la partie du jugement qui vient d’être rendu en Angleterre est parfaitement motivée en ce qui concerne le récepteur Reiss. Il est certain que si le problème avait été résolu en 1860, on en aurait fait autant de bruit que quand M. G. Bell a an-1 noncé la découverte du téléphone en 1876. Or c’est tout au plus si on a fait attention à l’invention de Reiss, et cela parce qu’elle ne permettait que la transmission des sons musicaux.
- M. Dolbear indique ensuite les différentes formes du téléphone de Reiss, dont plusieurs se trouvaient à l’Exposition de 1881, et voici ce qu’il en dit :
- « Reiss adopta d’abord pour son récepteur la disposition combinée dans l’origine par Page, qui consistait dans une barre de fer plus ou moins longue entourée d’une hélice et montée sur une boîte résonnante ; dans ce système, les sons produits résultaient des variations de longueur du barreau magnétique sous l’influence des variations d’aimantation successivement déterminées par le courant transmis, et si ces variations avaient pu être assez grandes et assez promptement répétées pour produire des sons, ce modèle aurait réuni toutes les conditions nécessaires à la.reproduction de la parole articulée. Il n’y a aucun défaut dans cet arrangement, mais il est certain que Reiss n’en obtint que de très minces résultats, et pourquoi cela?... Parce que le système électro-magnétique était monté sur une boîte posée sur une table avec la pensée d’obtenir de cette manière des sons aussi forts que possible, comme ceux que l’on obtient avec les appareils télégraphiques.
- « Encore même aujourd’hui aucun système téléphonique ne pourrait réaliser cet effet dans de pareilles conditions, et pour qu’on puisse percevoir nettement la parole, il faut que l’appareil soit hermétiquement enfermé dans une gaine et combiné de manière que les ondes sonores de l’air soient amenées et concentrées sur le conduit auditif. Donc, ce n’est pas par le défaut du principe de son appa-
- reil que Reiss n’a'pas réussi, mais par suite de sa disposition. »
- Nous sommes obligé de dire à M. Dolbear qu’il existe des récepteurs téléphoniques qui sont susceptibles d’être entendus à distance, et que le récepteur fondé sur le principe de Reiss ne peut reproduire distinctement la parole qu’avec des transmetteurs microphoniques très bons et disposés de manière à fournir des courants ondulatoires très accentués. Avec le transmetteur à contact de platine de Reiss, cela n’est possible qu’en employant de bons récepteurs Bell, et encore ce ne peut être qu’accidentellement. Par conséquent, on ne peut pas dire que Reiss ait résolu le problème de cette manière. Mais laissons continuer M. Dolbear.
- « Il est curieux que ceux qui parlent du transmetteur de Reiss et de son récepteur ne considèrent en général que ses premiers appareils. Il en imagina pourtant d’autres, dont un avait pour organe magnétique un électro-aimant dans lequel, au lieu de mettre à contribution les mouvements moléculaires du noyau pour la production des sons, on employait les mouvements vibratoires d’une armature, et, avec cette disposition, c’étaient des courants d’induction qui provoquaient la réaction. Cette forme de l’appareil de Reiss est la seconde qu’il combina en i863. »
- M. Dolbear arrive ensuite au téléphone Bell, qu’il semble ne considérer que comme une modification du téléphone de Reiss basée sur ce que les courants ondulatoires, au lieu d’être le résultat de différences de résistances d’un circuit effectuées sous l’influence des vibrations vocales, sont engendrés par les mouvements mêmes d’une armature devant un système électro-magnétique. Il en résulte alors des courants induits, fonction des amplitudes des vibrations de cette armature, qui peuvent déterminer la reproduction de la parole dans un récepteur exactement semblable au transmetteur. M. Dol-bear admet, il est vrai, que cette disposition constituait un perfectionnement sur celle de Reiss, attendu qu’elle permettait d’éviter l’emploi d’une pile et d’un électro-aimant; mais il réclame comme sienne l’idée de la substitution de l’aimant permanent à l’électro-aimant employé par Bell dans ses premiers appareils, idée qu’il fait remonter à l’année 1876. Ceux qui auront lu notre article sur l’histoire de la découverte du téléphone, inséré dans le numéro du 4 février de ce journal, sauront à quoi s’en tenir à cet égard; car ils auront remarqué que le 2 juin 1875 (voir p. 98), M. Bell avait pensé à cette substitution, et si ce savant ne l’avait pas mise en pratique dans l’appareil exposé par lui à Philadelphie en juin 1876, c’est qu’il avait pensé qu’il obtiendrait des effets plus énergiques d’un système dans lequel l’organe magnétique était constitué par un électro-aimant (fortement aimanté d’une manière continue par un courant) que d’un système
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- constitué par un simple aimant permanent en acier aimanté. Le procès qui a été jugé aux Etats-Unis l’année dernière a, du reste, parfaitement éclairci ce point de la question.
- M. Dolbear, continuant ensuite son examen des systèmes téléphoniques imaginés depuis celui de Bell, s’exprime en ces termes : « L’instrument de Bell ne pouvant être employé que sur des lignes de i5 à 20 milles, il devenait nécessaire, pour correspondre à des distances plus grandes, de chercher une autre solution du problème. Le système électro-magnétique de Bell ne semblait pas devoir fournir de meilleurs résultats que ceux qu’il donnait; l’accroissement des dimensions de l’aimant ne fournissait aucun avantage; l’agrandissement du diamètre du diaphragme ne pouvait s’effectuer que dans des conditions assez limitées, et en le rendant plus épais, on le rendait moins sensible aux vibrations de la voix. La préoccupation des chercheurs dut donc se porter sur la première idée de Reiss, et on entreprit beaucoup d’expériences pour perfectionner son transmetteur ou lui donner un remplaçant. On essaya souvent le platine, mais on n’en obtint pas de bons effets, et c’est alors que M. Edison proposa l’emploi de la plombagine ou du noir de fumée, substances qu’il renfermait dans un petit cylindre, et sur lesquelles il faisait réagir un diaphragme vibrant de manière à les soumettre à des pressions variables en rapport avec les vibrations produites, et capables de modifier dans le même rapport la résistance du circuit. Plus tard, on montra qu’en substituant dans l’appareil de Reiss le charbon de cornue au platine, on pouvait en faire un des meilleurs transmetteurs qu’on puisse employer. »
- Après avoir rappelé qu’un courant électrique peut non seulement déterminer des effets électromagnétiques, des effets calorifiques et physiologiques, mais encore faire varier les effets du frottement exercé entre deux corps, M. Dolbear se trouve conduit à parler de l’électro-motographe et du motophone d’Edison et du système combiné par lui sur le même principe, mais en mettant à contribution l’adhérence électro-magnétique. Nous avons décrit ce système, qu’il appelle rotophone, dans le numéro du 14 décembre 1881 de ce journal. Il parle ensuite des téléphones combinés par lui et dont un a été représenté dans la figure 5 de l’article auquel nous venons de faire allusion. Voici ce qu’il en dit : « Cet appareil est un relais ordinaire dont les fonctions ne sont nullement troublées par l’adjonction d’un appareil téléphonique dont la plaque vibrante porte un fil d’acier qui est très rapproché du pôle le plus voisin du relais. Aucun des changements qui surviennent dans le magnétisme de ce pôle ne peuvent s’effectuer sans faire varier les effets attractifs produits sur le fil, et la plaque à laquelle celui-ci est soudé participe à ses
- mouvements, agissant en cela comme le diaphragme d’un téléphone Bell ordinaire. »
- M. Dolbear décrit ensuite son condensateur parlant de la manière suivante :
- « Tous ceux qui ont chargé une bouteille de Leyde ont remarqué sans doute qu’au moment de la décharge il se produit un son ressemblant un peu à un craquement ou à un crépitement. La première expérience dans laquelle on observa cet effet dans un condensateur autre qu’une bouteille de Leyde, fut celle que fit en i863 sir W. Thomson avec un condensateur à lame d’air mis en communication avec un câble sous-marin. Il observa que chaque fois que le condensateur était chargé ou déchargé, on entendait un son qui semblait provenir de l’air interposé entre les différentes lames du condensateur. Quelque temps après, le Dr Wright ayant réuni deux lames de papier métallique placées dos à dos et isolées l’une de l’autre aux extrémités du fil secondaire d’une bobine d’induction, trouva qu’on pouvait, avec un transmetteur de Reiss agissant sur le circuit primaire de la bobine, obtenir, par suite des charges et décharges successives du condensateur, des sons avec une force assez grande pour être entendus dans une grande salle ; mais je n’ai jamais entendu dire que la parole ait pu être reproduite de cette manière. Ensuite vint M. Varley qui employa des condensateurs de grande surface. Mais je ne sache pas non plus qu’il ait obtenu ni même essayé d’obtenir par ce moyen la reproduction de la parole. Quoique dans mon appareil actuel j’emploie un condensateur à air qui fonctionne dans des conditions identiques, je n’avais pas dans l’origine combiné mon appareil dans cet ordre d’idées. J’avais pensé un instant qu’en faisant passer un courant électrique d’intensité variable à travers une substance que l’électricité pourrait décomposer, je pourrais provoquer la formation de composés gazeux qui occuperaient un plus grand volume que la substance dans son état naturel, et qui pourraient déterminer des vibrations proportionnelles à leur quantité et par conséquent proportionnelles • à la force du courant.
- « Je fis quelques expériences en employant de l’eau pour substance à décomposer, et j’espérais que l’une des plaques étant fixe, l’autre mobile, cette dernière pourrait vibrer sous l’influence des gaz résultant de la décomposition, lesquels devaient être produits avec plus ou moins de rapidité suivant la force du courant. En garnissant cette plaque d’une embouchure téléphonique, je devais donc entendre des sons résultant d’un courant interrompu traversant l’appareil. C’est en effet ce qui eut lieu, mais dans le cours d’une de mes expériences pendant laquelle l’eau s’était échappée de l’appareil par une fissure, je reconnus que je pouvais entendre des sons sans la présence du liquide, et dès lors
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- je combinai mes appareils dans cet ordre d’idées. »
- M. Dolbear décrit alors le téléphone à condensateur dont nous avons parlé dans notre numéro du 14 décembre 1881, de ce journal. Il l’explique comme l’avait fait M. Varley par des attractions exercées entre les corps électrisés; mais nous ne croyons pas plus à ces attractions qu’à celles produites dans le téléphone Bell, et l’explication la plus vraisemblable est celle que l’on peut déduire des expériences de MM. Duter et Lippmann qui montrent que le diélectrique d’un condensateur subit des changements de volume sous l’influence des charges communiquées aux armures. Nous passerons donc légèrement sur cette question pour laisser M.-Dolbear rendre compte lui-même de ses expériences.
- « Quelles sont, dit-il, les conditions pour obtenir le maximum des vibrations sonores d’une plaque?... La plus importante est qu’elle puisse se mouvoir facilement et que ses mouvements aient une certaine amplitude sans être gênés par un contact avec un corps rigide qui puisse empêcher sa partie centrale de céder aux flexions déterminées par les actions physiques provoquées sur elle. Dans un condensateur ordinaire composé de plusieurs plaques réunies séparément à la ligne, la tension électrique sera la même partout et sera limitée par celle des plaques qui se font face ; elle ne contribuera donc pas aux effets produits sur les plaques extrêmes. Si le diélectrique a une grande capacité électro-statique, une absorption se produira et interviendra dans les réactions téléphoniques, et si toutes les lames du condensateur, armatures et lames isolantes sont fortement serrées les unes contre les autres, comme dans les condensateurs ordinaires, les vibrations seront étouffées et réduites à leur minimum d’action. H faut donc que les armatures ne soient séparées les unes des autres que par une lame d’air très mince, et c’est par la non observation de cette condition, que beaucoup de personnes n’ont pas obtenu de résultats avantageux de ces sortes d’appareils employés comme'téléphone s. M. Herz a pendant quelque temps expérimenté des téléphones de cette nature, et d’après ce qui m’a été dit, il a porté jusqu’à 40 le nombre des plaques ; mais suivant moi, plus ce nombre est grand, moins est bon un téléphone de ce genre. Les vibrations sonores se produisent avec une telle rapidité avec la parole articulée, qu’il faut éviter que les plaques soient susceptibles d’absorber les charges électriques sous l’influence des vibrations, et il y a par conséquent une limite à la grandeur de^plaques et un choix à faire dans les diélectriques à employer. J’ai expérimenté des plaques de toute grandeur depuis la grosseur d’un fil jusqu’à 2 ou 3 pieds carrés de surface, et quoique mes appareils fussent plutôt petits, j’ai trouvé que les petites plaques étaient aussi favorables que les autres au
- point de Ame de la force et de la netteté dé la parole. »
- M. Dolbear décrit ensuite la disposition électrique de son système; il montre que dans ces sortes d’appareils il faut que le courant électrique ait une grande tension. Les décharges des machines électriques à plateau de verre pourraient au besoin être employées, mais ce qu’il y a de mieux ce sont des bobines d’induction de 2 5oo à 3 000 ohms de résistance. « Avec de pareilles bobines, un élément à bichromate et un simple transmetteur microphonique, on peut, dit-il, faire fonctionner son récepteur sur un circuit de résistance presque sans limite; on peut même actionner plusieurs récepteurs à la fois. » Suivant lui, il n’est même pas besoin que l’une des deux plaques de son condensateur soit mise en communication avec la terre, et il peut obtenir la reproduction de la parole avec une seule plaque, seulement les sons sont moins forts; mais il faut qu’au-devant de cette plaque s’en trouve une en caoutchouc qui soit susceptible d’être induite par elle. Il paraît du reste, qu’on a pu reproduire des sons sans avoir besoin de relier directement l’appareil au fil de ligne.
- Voici maintenant comment M. Dolbear termine son plaidoyer.
- « Je vais maintenant expliquer les avantages de mon système et montrer pourquoi je le donne comme une nouveauté.
- « Le premier système de Reiss était un système dans lequel l’électricité était transformée en magnétisme et celui-ci en mouvement vibratoire de la plaque. Il y a donc dans ce fait une double transformation, tandis que dans le mien la transformation est simple. Les différences de potentiel sont immédiatement transformées en mouvements sans aucun intermédiaire, et j’ai bien, en conséquence, le droit d’en parler comme d’une nouveauté. L’appareil est réduit à sa plus simple expression, et j’ai pu en l’employant faire entendre la parole à 5o pieds de distance, ce qui permet d’éviter l’ennui de mettre l’appareil à l’oreille.
- « Dans les récepteurs électro-magnétiques où le courant électrique est employé, il faut tenir compte de la résistance du circuit et combiner leur hélice d’après les lois d’Ohm, tandis que dans mon appareil il n’y a aucune condition à observer sous ce rapport. Le prix de ces appareils est très minime et ne dépasse pas celui des autres systèmes, et la manière d’en faire usage est des plus simples. J’ai depuis deux ans une ligne qui relie mon cabinet de lecture à ma résidence éloignée de un mille, et qui a marché sans interruption, sans qu’on ait retiré ni surveillé la batterie autrement que pour y remettre de l’eau, deux fois seulement. J’ai appliqué ce système sur des lignes assez longues qui ont pu atteindre 256 milles, distance entre Boston et New-York, et le fil employé était celui de la Rapid
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- Telcgraph Company. J’ai répété mes expériences dans deux conditions climatériques différentes. La première fois, le temps était pluvieux et succédait à deux ou trois jours de pluie, de sorte que les poteaux et les isolateurs du fil étaient aussi mouillés que possible, et je m’attendais à une grande perte par suite des dérivations; mais par le fait il n’y eût rien de changé dans les transmissions, et les sons 11’étaient pas sensiblement différents de ce qu’ils étaient quand le temps était sec. De longues phrases pouvaient être entendues sans une seule interruption, et il n’y avait presque pas d’induction, bien que cette cause eût été assez puissante pour empêcher de fonctionner les autres systèmes. On percevait, il est vrai, les sons produits par l’induction quand l’appareil était inactif, mais aussitôt que la parole passait, rien ne semblait la troubler. Je n’ai pas expérimenté au delà de la distance dont je viens de parler, de sorte que je ne puis rien en dire. »
- Ici se termine la communication de M. Dolbear qui a provoqué quelques observations; mais je crois utile de faire remarquer que M. Dolbear, en donnant son appareil comme une nouveauté a été dans l’erreur. D’abord, la reproduction des sons par un condensateur n’était pas un fait nouveau, puisqu’il se charge lui-même de faire l’historique de cette découverte, et, ce qui aurait pu être nouveau, ç’aurait été la possibilité de reproduire la parole de cette manière ; or, c’est M. Herz qui a obtenu le premier ce résultat, au commencement de l’année 1880. M. Dunand, dont M. Dolbear s’est bien gardé de parler, y est arrivé de son côté, dès le mois de septembre de la même année, et il a obtenu des résultats très importants en partant de principes précisément contraires à ceux posés par M. Dolbear. Ainsi au moyen de 11 petits condensateurs à feuilles de papier de petites dimensions et nombreuses, réunies en quantité et disposées en éventail, il est arrivé à transmettre la parole assez fortement pour être entendue à une distance de 2 à 3 mètres de l’instrument. Il est vrai qu’il employait deux piles, dont l’une, celle destinée à polariser les lames, était assez énergique ; mais ces expériences ont démontré que les idées théoriques de M. Dolbear ne peuvent être acceptées qu’avec une grande réserve. J’avais, d’ailleurs démontré qu’une grande pression exercée sur les lames d’un condensateur n’empêchait pas les sons de se produire.
- Il est certain que si les expériences citées par M. Dolbear sont exactes, son appareil serait plus sensible que les autres; mais on ne peut le considérer que comme un perfectionnement, et la diminution des effets d’induction des lignes voisines sur les fils téléphoniques ainsi desservies avait été observée dès les premières expériences faites en France.
- Nous ne rapporterons pas ici les observations qui ont été faites à la Société des ingénieurs télé-
- graphistes de Londres à la suite ‘de la communication de M. Dolbear, car elles n’apprendraient rien au lecteur; mais il est triste pour nous de constater que certains hommes compétents qui font partie de cette Société, ont fait preuve d’une absence complète de mémoire à l’égard des travaux d’une foule de savants distingués qui se sont occupés de la question du téléphone. Est-ce oubli réel ou volontaire de leur part ?... je n’en sais rien, mais certainement, à lire le compte rendu de cette séance, on se croirait reporté à une époque où la question ne faisait que d’être présentée au public pour la première fois.
- Tu. du Moncel.
- SUR LA LOI SUIVANT LAQUELLE VARIE LA FORCE ÉLECTROMOTRICE d’une'
- MACHINE MAGNÉTO-ÉLECTRIQUE
- EN FONCTION
- DE LA RÉSISTANCE DU CIRCUIT EXTÉRIEUR
- Dans les nombreuses expériences que j’ai faites sur les machines dynamo-électriques dans le but de relever pour chacune d’elles la courbe à laquelle j’ai donné le nom de caractéristique, j’ai été frappé de ce fait que la force électro-motrice développée dans l'anneau de ce_s machines, non seulement ne croît pas indéfiniment avec l’intensité du courant qui traverse les électro-aimants inducteurs, mais encore finit par diminuer très notablement lorsque le courant engendré augmente de plus en plus (’).
- Cela m’a amené à penser que la force électromotrice développée dans l’anneau d’une machine magnéto-électrique, dont le champ magnétique est constitué par un aimant permanent, n’est pas constante, ainsi que cela a toujours été admis, mais qu’elle est fonction de l’intensité du courant même développé dans l’anneau.
- Pour vérifier ce fait, j’ai maintenu constant le champ magnétique d’une machine Gramme en excitant les inducteurs au moyen d’une source auxiliaire, et j’ai recherché comment variait la force électro-motrice de l’anneau tournant toujours à la même vitesse, lorsque je fermais le circuit extérieur avec des résistances de plus en plus faibles.
- Je copie d’abord dans mon registre d’expériences, une expérience faite le 18 novembre 1881, sur une petite machine Gramme à galvanoplastie.
- Comme d’après la caractéristique de la machine, je savais que les inducteurs étaient saturés à partir de 35 ampères, je les ai excités au moyen d’un courant auxiliaire puissant, dont l’intensité était de
- (!) Je dois dire que cet abaissement de la caractéristique avait déjà été signalé par M. Frœhlich.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 80 ampères environ. Je me plaçais ainsi dans les conditions voulues pour obtenir la sursaturation des inducteurs.
- Le tableau n° i donne les résultats de l’expérience.
- La première colonne Y indique la vitesse de rotation de l’anneau, prise à des périodes différentes.
- La deuxième colonne R indique pour chaque mesure la somme des résistances de l’anneau et du circuit extérieur.
- Comme on le voit la résistance de ce dernier a varié dans d'assez grandes limites.
- La troisième colonne I indique l’intensité du courant, mesuré avec un galvanomètre Marcel Deprez.
- La quatrième colonne E donne la force électro-
- Tableau n° 1.
- R I
- V. en ohms. en ampères. E = RI. OBSERVATIONS.
- 2431 3,712 8, » 29,70 18 novembre 1881.
- • 3,637 7,80 28,37
- 3,637 8, » 29, JO 30,43
- 2,717 11,20
- 2430 1,837 16, » 29,39
- 1,678 17,60 29,53
- I ,512 18,40 27,82
- 1,351 20,80 28,10
- 2424 1,190 24, 28,56
- 1,026 28, » 28,73
- 0,841 33,60 28,26
- 0,653 0,465 43,20 28,21
- 59,20 27,53
- 0,371 76,80 28,49
- 2420 0,278 88,80 24,69 Etincelles au collecteur
- 0,278 91,20 Il5,20 25,35 Do
- 0,187 21,54 Fortes étincelles au
- collecteur*
- motrice développée sur l’anneau calculée d’après la loi de Ohm E = RI, après la fin de la période variable.
- J’ai repris la même expérience le 19 novembre 1881. Le tableau n° 2 indique les résultats obtenus.
- On voit, surtout à l’inspection du tableau n° 2, où les expériences ont été poussées à outrance, que la force électro-motrice développée sur l’anneau diminue, quand l’intensité du courant produit augmente. *
- Voici enfin, n° 3, un tableau qui met en relief cet abaissement de la force électro-motrice d’une manière beaucoup plus frappante. Les expériences qu’il résume ont été faites sur une machine dynamo-électrique dont les inducteurs étaient excités par un courant de 10,5 ampères, très inférieur à celui qui était nécessaire pour les saturer. On voit que lorsque la résistance totale du circuit tombait de iohra775 à o0hmo5, l’intensité du courant s’élevait
- de i8.5 ampères à 84 ampères, tandis que la force électro-motrice s’abaissait de 33 volts à 4,2 volts, c’est-à-dtre à peu près dans le rapport de 8 à 1.
- Cette expérience démontre péremptoirement que l’abaissement constaté dans les caractéristiques
- Tableau n° 2.
- V. R en ohms. I en ampères. E = RI. OBSERVATIONS.
- 2399 2377 2378 2378 2396 2399 2406 2403 2397 U,432 10,552 8,952 7,957 7,077 5.512 4,5i7 3,637 3,637 1,968 1,837 1,678 1.512 1,35i 1,190 1,026 0,841 0,653 0,465 0,278 0,187 0, i56 0,140 0, i3i 0,093 2 60 2,80 3,20 3.60 4,00 5.40 6.60 8.40 8,40 15.20 16.80 17.60 19.20 22,00 24.80 29.20 34.40 43.20 59.20 88.80 122,40 134,40 141,60 I44.OO 168,00 29,72 29.55 28,65 28,65 28,3i 29,76 29.81 30.55 3o,55 29,91 30.86 29.53 29,03 29,72 29,5i 29.96 28,93 28,21 27.53 24.69 22,89 20.97 19.82 18.86 i5,62 Mesures prises au commencement et à la fin de l'expérience.
- lorsque le courant engendré devient très intense, tient à l’insuffisance des inducteurs. En fait ceux-ci ne sont jamais trop puissants, et c’est encore-là un argument de plus en faveur des grandes machines,
- E = RI
- VITESSES
- i8,55
- 1.066
- 21,09
- car j’ai démontré théoriquement et expérimentalement qu’un champ magnétique d’intensité déterminée coûte d’autant moins cher à produire, qu’il est engendré par des électro- aimants de dimensions plus considérables.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 55g
- Quant à la cause de ce phénomène, je pense qu’on peut l’expliquer ainsi :
- Supposons que l’on supprime le passage du courant dans les inducteurs et qu’on ne le fasse passer que dans l’anneau; ce dernier va devenir un aimant dont la ligne des pôles a'b' (fig. 1) se confond avec le diamètre qui passe par les points de contact deâ balais et du collecteur. Si on fait l’opération inverse en supprimant le courant qui traverse l’anneau et en le rétablissant dans les inducteurs, la nouvelle ligne ab des pôles de l’anneau se confondra avec celle des inducteurs. — Il résulte de là que lorsque le courant traverse à la fois l’anneau et les inducteurs, la ligne AB des pôles de l’anneau occupe une position intermédiaire entre les deux positions extrêmes qui viennent d’être définies et que l’on peut même déterminer par une construction identique à celle du parallélogramme
- LES DYNAMOMETRES
- Les dynamomètres destinés à mesurer le travail des moteurs et des machines peuvent se diviser en deux classes, les dynamomètres d’absorbtion et de transmission.
- Les dynamomètres d’absorbtion mesurent le travail des moteurs en substituant, au travail des machines qu’ils sont destinés à commander, celui d’une résistance, autant que possible analogue à celle de ces machines, facile à régler, à mesurer, et que l’on doit pouvoir maintenir à peu près invariable, automatiquement ou par une surveillance facile.
- Les dynamomètres de transmission permettent de mesurer le travail des machines en substituant, à leur transmission une transmission temporaire,
- FREIN KRETZ.
- des forces; O/représentant l’aimantation due à l’influence des inducteurs et Of' celle due au passage du courant autour de l’anneau, la diagonale OA représentera l’aimantation vraie de l’anneau. Il est facile de voir comment il faudrait s’y prendre pour déterminer la ligne de contact des balais de manière qu’elle fût perpendiculaire à OA, étant connues les grandeurs de Of et Of'. On reconnaît en traitant ce petit problème, que l’aimantation résultante de l’anneau est plus petite que l’aimantation due aux inducteurs seuls et que, en outre, une partie des pôles des inducteurs se trouve en regard d’une partie de l’anneau ayant même polarité, ce qui fait dévier considérablement les lignes de force de la normale à l’anneau et affaiblit par suite la force électromotrice. Le seul moyen d’atténuer-dans une certaine limite ce défaut inhérent aux machines dynamo-électriques consiste dans l’emploi : i° d’inducteurs très puissants; 20 de balais à calage variable.
- Marcel Deprez.
- par l’intermédiaire d’organes dont les tensions ou les déformations peuvent s’observer facilement, ou s’enregistrer automatiquement, de manière à faire connaître le travail qu’ils transmettent. Ces dynamomètres, bien que destinés plus spécialement à l’étude des machines, peuvent aussi servir à mesurer le travail des moteurs : tel est par exemple le cas du pandynamomètre à flexion de Hirn.
- Je me propose de décrire, dans cette série d’articles, les principaux dynamomètres actuellement en usage, et dont les descriptions se trouvent disséminées dans des ouvrages spéciaux, étrangers aux études habituelles de l’ingénieur électricien, ou dans des publications difficiles à se procurer. Afin de ne pas laisser trop incomplète cette petite monographie, je serai obligé de décrire à nouveau quelques appareils déjà publiés par La Lumière Electrique ; je le ferai le plus brièvement possible, en priant le 'lecteur de vouloir bien se reporter aux articles dont ils ont été l’objet dans ce journal, et notamment au remarquable travail que M. Guérout
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- 56o
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- nous a donné, en 1880, sur les dynamomètres à l’Exposition d’clectricité (').
- Je serai, en outre, souvent forcé, pour ne pas sortir de l’espace auquel je puis raisonnablement prétendre, de me borner à une simple exposition des principes sur lesquels repose le fonctionnement des appareils décrits dans ces articles.
- Les dynamomètres employés dans l’induslrie donnent le travail qu’ils mesurent, en kilogram-mètres ou en chevaux vapeur, directement ou par une opération très simple.
- Pour transformer ces travaux en ergs (2) et en
- ergs-seconde, il suffit de multiplier les travaux en kilogrammètres par 981 X io6 et les travaux donnés en chevaux par 736 x io7.
- 1 kilogrammètre = 981 X io5 ergs.
- 1 cheval-vapeur = 75 kilogrammètres par seconde 736 X io3 ergs-seconde.
- DYNAMOMÈTRES D'ABSORPTION. — DYNAMOMETRES DE FROTTEMENT.
- Le type le plus répandu des dynamomètres d’absorption à frottement est le frein de Prony :
- FIG. 2. — FREIN DYNAMO METRIQUE DE 10 A 20 CHEVAUX, DE MM. EASTON ET ANDERSON
- je ne décrirai pas cet appareil classique avec lequel tous les mécaniciens doivent être familiarisés (3).
- FREIN KRETZ (fig. I.)
- Un des premiers perfectionnements apportés au
- (9 La Lumière Électrique, 1881. 2° volume, p. 290,307, 341, 356, 373.
- (s) L’Erg-, est l’unité de travail dans le système C. G. S. (centimètre, gramme, seconde) adopté pour les mesures électriques; c’est le travail de l’unité de force ou dyne se déplaçant de l’unité de distance ou de 1 centimètre. L’unité de force ou dyne est la force qui imprime, au bout d’une seconde, aune masse de 1 gramme, une vitesse de 1 centimètre par seconde. La pesanteur imprimant anx corps une vitesse de 981 centimètres au bout d’une seconde, son action sur la'
- frein de Prony consiste, comme l’a proposé M. Kretz, à agrandir considérablement le diamètre de sa poulie, — ce qui permet de diminuer la pression de la bande par unité de surface de cette poulie et rend ainsi le frein plus précis et plus facile à monter — et à disposer l’appareil de manière
- masse de 1 gramme ouïe poids de 1 gramme, vaut 981 dynes, le kilogramme en vaut 981 000, et le kilogrammètre 981 000 X 100 = 981 X 10° ergs.
- L’unité d’énergie, dans le système C. G. S. est l’erg, par seconde — le cheval-vapeur équivaut à 7.5 X 981 X 105 ergs, seconde ou à 73575 X ioB = approx. 736 X 102 X io5= 736 X 101 ergs, secondes.
- (3) Voir Poncelet « Mécanique appliquée aux machines », vol. 2, et Kretz « Mémoire sur les conditions à remplir dans l’emploi des forces dynamométriques ». Gauthier-Villars .
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- '56i
- que le centre de gravité du frein proprement dit, se trouve sur l’axe même du tambour, de sorte que la sensibilité du frein est indépendante de son poids (*)'.
- FREIN DE EASTON ET ANDERSON (fig. 2)
- Cette disposition se retrouve dans un grand nombre d’appareils dynamométriques récents, et notamment dans le frein construit par MM. Easton et Anderson pour l’essai des locomobiles à l’exposition de Vienne en 1873.
- Cet appareil, représenté par la figure 2 empruntée à YEngineer du i3 juin 1873, est disposé d’une façon très pratique. L’axe des freins peut se soulever au moyen des vis v, de manière à pouvoir s’accoupler aux arbres de couche des locomobiles à essayer, dont la hauteur est nécessairement variable ; l’accouplement se fait au moyen d’un manchon à double articulation.
- Le frein de MM. Easton et Anderson présente en outre la particularité d’être muni du dispositif de réglage automatique d’Appoldt, dont le principe consiste à articuler les extrémités des bandes des
- (*) Soient: o l’axe du tambour d’un frein de Pronv;
- p et p' les poids du frein proprement dit et de sa charge, supposés concentrés en leurs centres de gravité A et A’;
- l et l’ les distances des projections de A et A' à l’axe o.
- h et h' les hauteurs des points A et A' au-dessus de l’horizontale o.x.
- freins, en des points c et d, aux extrémités de leviers pivotant autour d’axes o. L’effet de ces leviers, appelés leviers différentiels, est de relâcher les freins si le poids remonte par le fait d’un accroissement du coefficient de frottement, et de resserrer au contraire les bandes,, dès qu’elles se mettent à glisser. Il en résulte que, pour une certaine mesure des variations du coefficient de frottement, le frein se règle de lui-même à une résistance constante, et maintient automatiquement horizontal le levier de la charge.
- FREIN AMOS.
- Le mode d’action des leviers compensateurs des freins Amos, e fig. 3, est analogue à celui des leviers d’Appoldt : la jante de ce frein est en forme
- FIG. 3
- d’auge 1___1, l’eau froide destinée à absorber la
- chaleur du frottement est amenée au bas de la jante, elle tourne avec elle par l’action de la force centrifuge, puis s’échappe par un tuyau dont l’embouchure recourbée la ramasse dans la jante, à mesure qu’elle se présente devant elle (*).
- FREIN EMERY.
- On appelle sensibilité du frein le rapport ~ de la variation
- ap
- de l’angle a à celle de la charge, et l’on démontre (Résal « Mécanique générale » vol. 3, p. 273) que l’on a
- da___ /
- dp ~ p h + p’ hr
- Si l’on fait, comme dans le frein de M. Kretz,
- h’ — o,
- Dans la disposition proposée par M. Emery (2), les extrémités de la bande du frein sont articulés, en b et c, au levier L, relié soit au peson S, soit au renvoi de mouvement a MW. Dans-le premier cas, le poids W est en équilibre sous l’action du frottement F du frein et de la traction a du ressort S. Si le frottement F augmente, L est entraîné vers S dont la tension a diminue; l’inverse a lieu si le
- oq trouve, pour la sensibilité du frein, l’expression
- da l dp ph'
- indépendante de son poids p'.
- (*) Si on remplace le tube recourbé par une roue dentée, on obtient un mécanisme de transmission très doux ; ce mécanisme a été utilisé par Robertson (Rouleaux, Cinématique,
- p, 645).
- (a) Appleton’s Cyclopedia, p. 536.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- frottement diminue, de sorte qu’il y a toujours équilibre entre le poids W et l’action F -(- a. Avec
- FIG. 4
- la deuxième disposition, la force a agit automatiquement sur W par le levier M (‘).
- FREIN DE BRAUER (2).
- Dans cet appareil, les oscillations de l’index H sont limitées par l’action de la corde Fj F, attachée à l’un des guides G de la bande du frein. Le frottement de la bande une fois réglé au moyen de la vis D, son intensité se maintient automatiquement constante au moyen de la manivelle C, pivotant
- FIG. 5
- dans un œil de la corde L, de manière à tendre ou à desserrer A, suivant que le poids P s’abaisse ou s’élève.
- FREIN DE MARCEL DEPREZ.
- L’arbre A, dont on veut mesurer le travail, porte une poulie B serrée parles mâchoires c des leviers DFE, pivotant autour d’axes A fixés au manchon
- (*) En un mot, si on appelle a, b, c les forces agissant en ces points, F le frottement nécessaire pour équilibrer w», on a à
- H G et pressés par le poids p, dont le fil d’attache à F passe par l’axe de A. Le contre-poids H équilibre le système des leviers, de sorte que l’action seule du poids P tend à faire tourner G au tour de B, en entraînant le système des leviers malgré le frottement des mâchoires c. L’équilibre moyen une fois réalisé, si le frottement augmente, F s’incline sur la direction du poids p, dont l’action diminue, ainsi que le serrage des mâchoires’c, de manière à rétablir automatiquement l’équilibre entre leur frottement et l’action du poids dynamo-
- FIG. 6
- métrique P. Il suffit, pour assurer la marche de l’appareil, de donner à p une valeur telle que son action soit, à l’origine, légèrement supérieure à celle du poids P.
- FREIN DE S. IMRAY
- Dans cet appareil, l’axe B du frein porte un le-
- FIG. 7.
- chaque instant les relations F ==tv + c — b, b — a + c;d’où F=w>—a.
- (2) La Lumière Électrique du 2 novembre 1881.
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- vier c équilibré, et dont une des extrémités se termine par un secteur D, de même diamètre que la poulie A : la partie F W de la bande du frein porte sur ce secteur. Quand le frottement augmente, le secteur D monte et l’enroulement des freins diminue d’autant par l’accroissement de E P; l’inverse a lieu lorsque le frottement diminue et que W descend : en un mot, l’angle d’enroulement a, de la bande du frein varie à chaque instant en sens inverse de son coefficient de frottement f, de manière à maintenir le frottement local de la bande constamment égal à la différence des poids W — P (')
- FREIN FUNICULAIRE DE M. CARPENTIER.
- Ce frein est fondé sur le même principe que celui de J. Imray ; son installation plus simple est
- étudiée spécialement, pour la mesure des petites forces. L’appareil se compose de deux poulies A et B, l’une A, calée, l’autre B folle sur l’arbre dont on veut mesurer le travail. A la poulie folle sont attachées deux cordes ; l’une, fixée en G et porteuse du poids P, passe dans la gorge de la poulie folle ; l’autre corde, également attachée au crochet G, passe immédiatement sur la gorge de la
- (i) On démontre que l’on a théoriquement entre W et P la relation
- a étant le rapport de l’arc d’enroulement EF à la circonférence de A,/le coefficient du frottement de la bande du frein sur sa poulie (Hatton dé la Goupillière, Traité desmécanis-
- poulie fixe et porte un poids/><P. Les enroulements de ces deux cordes sont indiqués sur la fig. 8; il en résulte que la poulie folle se trouve constamment en équilibre entre l’action de la force P — p qui tend à la faire tourner en sens contraire de la flèche et celle du frottement de la corde sur 'A. Si le frottement augmente ou diminue,/) s’abaisse ou monte, de manière à faire varier en sens inverse l’angle d’enroulement, et à conserver, à la résistance du frein, une valeur constamment égale à P — p.
- FREIN FUNICULAIRE OU BALANCE DYNAMOMÉTRIQUE DE RAFFARD.
- Dans cet appareil, la poulie folle du frein Carpentier est remplacée parles deux poulies D, et D'
- FIG. 9
- la poulie fixe par la poulie D", et le crochet G par les attaches de la barre équilibrée B. Si le frottement de D" augmente, il entraîne, par B, les courroies R et R', de manière que le frottement de D" reprenne automatiquement sa valeur du régime P —p.
- Je ne crois pas devoir insister plus longuement sur ces deux appareils qui ont été décrits et discutés dans les numéros de La Lumière Electrique des 7 et 24 septembre et du 12 octobre 1881.
- mes, p. 414). Cette déduction de la théorie a été confirmée par de nombreuses expériences, notamment par celles de Coulomb et d’Imray (Spon. Dictionary, supplément, p. S04), il en résulte que l’on peut rendre le frottement d’un frein constant en faisant varier en sens inverse de / le rapport ^(freins Appold, Amos, Emery, Deprez, Bramwell) ou l’angle a (freins Imray, Carpentier, Raffard, Brauer).
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- FREIN BRAMWELL.
- Je signalerai, pour terminer cette description des dynamomètres à frottement, une disposition indiquée par M. Bramwell, et très convenable comme installation provisoire dans le cas de petites forces ; la bande ou la corde du frein a se trouve reliée à un ressort c, dont la tension augmente ou diminue suivant que le poids b s’abaisse ou s’élève. Il en résulte que les variations de la différence b-c rendent constant le frottement du frein, quelles que soient les variations du coefficient de frottement,
- FIG. IO
- comme 1e faisaient dans les appareils précédents, les variations de l’angle d’enroulement.
- FREIN DYNAMO-ÉLECTRIQUE MARCEL DEPREZ.
- Je ne saurais mieux terminer cet article qu’en décrivant la disposition ingénieuse et simple, au moyen de laquelle M. Marcel Duprez a pu effectuer ses mesures, aujourd’hui classiques, du travail des machines dynamo-électriques, et notamment des machines Gramme.
- Le principe du dispositif de M. Deprez est
- H 7TV
- l '
- i 11 lllfll J
- fJ \ , =. f P %==|C I j—1 F
- i H CE... D D l J K H i
- FIG. I I
- suffisamment indiqué par la fig. n, il consiste à suspendre le bâti A de la machine Gramme au moyen de deux fortes pièces auxiliaires montées sur deux couteaux F, dont l’arête inférieure doit se trouver dans le prolongement de l’axe de l’anneau; les coussinets I de l’arbre de l’anneau sont enlevés et remplacés par des coussinets D indépendants du bâti dont on a aussi séparé les balais (de. sorte qu’il n’est plus (une fois équilibré par une tare placée à l’extrémité du levier ksollicité à pivoter autour des couteaux que par la réaction du champ
- magnétique développé par les inducteurs sur l’an-' néau : ce champ agit sur l'anneau comme le feraient les mâchoires d’un frein invisible serrées par les inducteurs. L’ensemble de l’appareil constitue bien: un dynamomètre d’absorption.
- Si l’on désigne par P les poids actifs ajoutés au plateau du levier k pour maintenir au zéro la longue aiguille indicatrice /, et par d la distance du point de suspension de ce plateau à l’axe de l’an-, neau, le travail T développé par tour de l’anneau, est donné par l’expression
- T = 2itP d.- ..................
- C’est à,l’aide de cette disposition que M. De-i prez a pu vérifier l'exactitude de la loi exprimée par la formule
- T K i ..............,
- <>£'
- dans laquelle on désigne par
- E la force électromotrice du courant engendré par la machine ;
- I son intensité;
- « la vitesse angulaire de l’anneau ;
- g l’accélération de la pesanteur.
- Les expériences exécutées au moyen de cet appareil seront prochainement décrites dans ce journal par M. Deprez.
- Gustave Richard.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- EMPIRE D’ALLEMAGNE
- Nous donnons aujourd’hui une seconde vue perspective de la section allemande prise du centre de la grande nef à coté du phare. De ce point l’aspect de l’installation produisait un effet assez grandiose, grâce aux deux immenses candélabres enfer forgé placés en avant à chaque angle; ces candélabres surmontés d’une vaste lanterne dans laquelle était heureusement dissimulée la lampe différentielle Siemens semblent destinés à orner l’entrée de quelque, musée d’artillerie, et la colonne, portant le buste allégorique de l’Allemagne qui se trouvait au milieu, complétait une décoration assez imposante, présentant le caractère du goût germanique.
- Au premier plan du dessin, on peut reconnaître les tables ou bureaux portant les appareils qui servent aux transmissions télégraphiques, le tout disposé comme dans les stations où le public va expédier ses dépêches en Allemagne. Le système Morse pour lignes aériennes, sous-marines, souterraines avec ses manipulateurs ordinaires et automatiques et ses récepteurs ; les appareils imprimeurs
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Hugues et ceux à cadran magnéto-électriques figuraient 'à cet endroit. On se rappelle que la section allemande contenait aussi une certaine quantité de combinaisons pour la sécurité des chemins de fer, un block-system appliqué aux sémaphores réglant la circulation des trains entre les stations et aux sémaphores d’entrée des gares. II y avait aussi d’ingénieux appareils pour la transmission des signaux de secours.
- En arrière du premier plan, du coté gauche du dessin, sont indiqués les objets se rapportant à l’électricité médicale; citons, comme originalités, l’électro-aimant de M. le professeur Hirschberg pour retirer des yeux les petits éclats de fer, et le psychrophos, appareil d’éclairage pour médecins et dentistes, basé sur la phosphorescence produite par l’électricité d’induction; plus loin, encore du même côté, se trouvaient des tableaux représentant l’ensemble du réseau des câbles souterrains. Les indications fournies par ces plans étaient excessivement intéressantes, car l’Allemagne est le pays du monde où le système des câbles souterrains est certainement le plus répandu.
- Enfin, sur la droite de notre dessin, on retrouvera l’indication des collections rétrospectives d’appareils concernant les études primitives et les applications les plus anciennes de l’électricité; plusieurs instruments électriques employés pour le service des chemins de fer et inventés dès l’année 1845 parLéonhardt et Rier; les premières dispositions des télégraphes à cadran électro-magnétique et magnéto-électrique; le modèle de la première machine de Otto de Guericke, des reproductions des anciens systèmes télégraphiques de Sœmmering, Gauss et Weber, Steinheil, etc., etc.
- Rappelons en terminant les collections bibliographiques dont nous parlions dans le dernier numéro et qui renferment, sur la science et l’industrie électrique, une foule d’ouvrages bien précieux à consulter pour établir l’histoire encore à faire de l’électricité.
- O. Kern.
- APPLICATION
- DE
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- A l’art militaire
- La télégraphie de campagne était déjà considérablement développée dans toutes les armées des pays civilisés, mais la découverte du téléphone avec ses merveilleux perfectionnements, vient chaque jour donner des facilités plu» grandes pour transmettre le commandement à distance et simultanément dans diverses directions ; aussi un chef
- d’armée qui saura aujourd’hui utiliser les précieuses ressources que hous devons aux développements de la science électrique, pourra-t-il faire des prodiges et déconcerter l’ennemi par ses manœuvres d’ensemble et la rapidité de ses mouvements.
- Les applications de la télégraphie et de la téléphonie à l’art de la guerre peuvent rendre, comme nous venons de l’indiquer, des services immenses, mais là ne se borne pas le concours que peut prêter la science nouvelle aux opérations militaires. Nous avons déjà parlé dans ce journal de l’utilisation de la lumière électrique à bord des navires de guerre, et nous savons que dans la dernière guerre de Tunisie nos cuirassés ont éclairé divers points de la côte africaine qui étaient l’objectif d’un débarquement ou qu’il fallait bombarder. Ôn nous apprenait ces jours derniers que la flotte franco-anglaise, qui se trouve devant Alexandrie pour la fameuse manifestation, allume toutes les nuits quelques foyers électriques dont les rayons Sont projetés sur la ville et les côtes environnantes, au grand effroi des soldats égyptiens qui croient voir dans ces manifestations, toutes nouvelles pour eux, l’intervention de puissances surnaturelles.
- Ce qui a été fait depuis un certain temps déjà pour la marine de guerre (c’est en i855 que les premiers essais furent tentés sur le Jérôme-Napoléon, avec les machines de l’Alliance et le projecteur combiné par les ingénieurs de cette Société), ne pouvait tarder à être appliqué pour les armées de terre ; déjà en 1859, au moment de la guerre d’Italie, on avait eu l’idée d’employer la lumière électrique ; seulement comme il s’agissait de se servir de piles pour générateurs, l’organisation de ce service fut bientôt reconnue impraticable et tout à fait abandonnée. Pendant le siège de Paris, on a essayé d’utiliser la lumière électrique et on avait dans ce but installé des foyers au Mont-Valérien et sur les hauteurs de Montmartre, mais la lumière, qui était encore produite au moyen de piles, n’avait pas assez de portée pour démasquer les batteries prussiennes disposées au loin sur les coteaux des environs, et en somme le résultat de ces tentatives fut médiocre.
- Mais depuis ces essais, des études persistantes, ont été faites pour arriver, à utiliser les machines génératrices d’électricité pour la production de la lumière en campagne ; il fallait pour cela trouver une combinaison pratique qui comprît une locomo-bile, une machine électrique et les divers accès--soires nécessaires pour une installation temporaire, le tout pouvant être traîné sans trop de difficultés par quelques chevaux.
- En France, c’est dans l’usine de MM. Sautter et Lemonnier que la question a été le mieux résolue. On peut voir dans le numéro de La Lumière Electrique du i5 septembre 1880 une intéressante étude de notre collaborateur Frank Geraldy intitulée :
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- L'Electricité à la guerre, avec deux grands dessins représentant les appareils tels qu’ils ont été disposés pour le service des armées en marche.
- MM. Sautter et Lemonnier ont employé comme générateur électrique la machine Gramme, type D. Elle est mise en mouvement par un moteur à vapeur du système Brotherood qui donne, comme on le sait, la rotation sans transmission ; le tout est disposé sur un chariot solidement établi, mais' pourtant assez facile à manoeuvrer. Le projecteur Mangin complète l’appareil ; il se compose élémen-tairement d’un miroir sphérique concave en verre dont les deux surfaces ne sont point de même rayon, la surface antérieure, qui est transparente, servant à corriger l’aberration de sphéricité de la surface postérieure qui est réfléchissante. Dans les commandes successives qui ont été faites pour l’armée' française, la lampe employée a été simplifiée autant que possible. Ces appareils ont une puissance de projection considérable ; on a pu voir des édifices à 9 5oo mètres de distance.
- Le dessin que nous publions ci-contre représente une vue pittoresque d’une reconnaissauce de nuit opérée à la faveur de l’éclairage électrique ; le détachement de cavalerie spécialement chargé de la manœuvre des chariots vient de conduire l’appareil à l’endroit désigné, la locomobile, sous pression avant le départ, est prête à faire tourner la machine Gramme; le projecteur est bientôt transporté à peu de distance, dans une place un peu élevée, il est établi sur son support à quatre roues, comme l’ont combiné MM. Sautter et Lemonnier, ou placé sur une forte selle pivotante comme l’indique notre dessin ; les fils conducteurs sont en même temps fixés pour relier le projecteur à la machine, et un puissant faisceau lumineux ne tarde pas à rayer l’obscurité profonde. Les militaires électriciens chargés de la manœuvre font promener la lumière tout autour de l’horizon s’il s’agit d’une reconnaissance, ou la maintiennent sur un point déterminé, sur une/ville, par exemple, ou des travaux de défense, comme le représente notre dessin dans le lointain, si cette ville ou ces fortifications sont l’objectif des renseignements à prendre ou si elles doivent être bombardées la nuit par les batteries du corps d’armée qui opère dans ces parages.
- Cet appareil, à lumière, qui est appelé à rendre les plus grands services dans une guerre en plate campagne ou tout au moins dans des pays légèrement accidentés, deviendrait impraticable dans des endroits montagneux à cause de son poids ; aussi, comme on a fait l’artillerie de montagne, on a de même disposé de petits appareils pouvant être utilisés dans les régions d’accès difficile. Nous avons vu dernièrement, à l’usine de MM. Sautter et Lemonnier, un chariot à lumière avec sa petite machine Gramme et son projecteur pouvant facilement être traîné par un cheval, et, de plus, le tout se
- démontant entièrement ; l’ensemble peut être porté à dos de mulets, de sorte qu’il devient possible de faire jaillir la lumière électrique partout où l’on peut transporter les pièces d’artillerie de montagne.
- C. C. Soulages.
- LA TÉLÉGRAPHIE
- SES PROGRÈS RÉCENTS MANIFESTÉS A L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- i
- Sixième article (Voir les «®s des i3, 20 et 27 mai et des 3 et 10 juin 1882.)
- [n] Lignes souterraines (Suite.)
- Voyons maintenant comment les câbles sont introduits dans les conduites.
- On a eu soin, pendant la pose de celles-ci, de faire passer une ficelle tannée dans chaque tuyau au fur et à mesure de sa mise en place : on a donc .en définitive une cordelette tendue d’un bout à l’autre d’une section, entre deux chambres ; elle est provisoirement fixée à ses deux extrémités. Quand on veut faire le tirage du câble, qui marche, par
- a ' B
- ---- -)
- FIG. l3
- exemple, de Avers B (fig. i3), on commence par attacher à l’extémité A de la ficelle le bout d’un câble léger, en fil de fer ou d’acier et on tire la ficelle en B. Le petit câble pénètre dans la conduite et finit par se substituer de A en B à la cordelette; celle-ci est alors détâchée et le petit câble soigneusement relié à l’extrémité d’un câble métal-
- Soleil
- Bobine
- Conduite
- Conduite
- Chambre.
- lique beaucoup plus fort, enroulé en B sur un treuil placé en face de la conduite A B. Une traction inverse à la précédente fait ressortir en A le petit câble qui entraîne à sa suite le gros câble : c’est à ce moment que va, à .proprement parler, commencer le tirage du câble télégraphique.
- Supposons qu’on soit en présence d’une ligne à trois câbles : les trois bobines seront placées en face de l’ouverture À de la conduite et à une certaine distance d’elle; elles sont mises sur axes et
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- Stg
- les axes sont portés par des châssis : la position relative de ces différents éléments est à peu près celle qui est marquée par la figure 14.
- Les trois câbles sont alors saisis par une mâchoire nommée tracteur dont la tête est solidement attachée a,u gros câble amené précédemment à l’extrémité A : ce tracteur est formé essentiellement d’un noyau central dentelé dont la section droite représente un polygone curviligne à faces concaves en nombre égal à celui des câbles à tirer, trois dans le cas présent, et d’une cloche oblongue formant une sorte d’écrou pour un pas de vis continuant le noyau en question; les câbles ayant été légèrement engagés dans la cloche quand elle est à bout de course, le plus loin possible de l’extrémité du noyau dentelé, on visse cette cloche qui vient entre sa paroi intérieure et les concavités du noyau serrer fortement les câbles : toute traction transmise par le câble métallique à là tête du tracteur s’exercera donc également sur les câbles télégraphiques saisis.
- Mais il est besoin d’un guide d’entrée pour ceux-ci : aussi place-Eon en face de la conduite et dans
- F Cadre
- FIG* l5
- la cuve une poulie qui conduit le câble jusqu’à l’orifice du tuyau: ce dernier, de la sorte, ne produit pas sur l’enveloppe du câble télégraphique un rabotage qui l’endommagerait certainement.
- Une fois introduit dans la conduite, le câble va trouver dans le frottement contre les parois une cause de fatigue considérable, fatigue qui augmentera avec la longueur de câble engagée, avec la surface de frottement. Pour obvier à cet inconvénient, on saupoudre de talc le câble avant son entrée dans le tuyau; pour arriver à-ce résultat et au guidage du câble d’une façon relativement commode, on a combiné l’appareil suivant (fîg. i5), dont un modèle se trouvait au pavillon du Ministère des Postes et Télégraphes à l’Exposition.
- Un châssis rectangulaire EF supporte d’une part un entonnoir A B, de l’autre deux poulies C et D. Ce châssis est de dimensions telles qu’il puisse tenir en place en reposant simplement sur le bord 'de la cuve : il est disposé de façon que le plan de symétrie de l’ensemble soit plan diamétral pour la cuve et partage en deux parties égales le tuyau où il s’agit d’introduire les conducteurs. L’entonnoir est naturellement incliné, afin de recevoir sans
- changement brusque de direction les câbles qui viennent des bobines et du soleil. Ce dernier instrument (*) auquel les gens du métier ont donné un nom évidemment inspiré de sa forme, consiste (fîg. 16) en un ensemble de doubles montants rayonnant deux par deux autour d’un noyau central en bois, et supportant entre eux une paire de petites poulies : l’une de celles-ci a son axe fixé aux montants, l’autre, la plus éloignée du centre, est munie d’un axe mobile dans deux rainures et constamment sollicité vers l’axe fixe par deux ressorts.
- Chaque câble, au sortir des bobines, passe dans l’intervalle laissé entre les poulies d’une des paires montées, puis s’inclinant dans la tranchée entre dans l’entonnoir sans s’être mêlé avec un des autres câbles; il reçoit là, dans l’entonnoir, le talc qu’y jette constamment un homme placé au-dessus de la chambre; il entraîne alors avec lui du talc dans
- FIG. l6
- le tuyau, après avoir passé sur une poulie D qui l’amène en face de celui-ci.
- Si le tirage est particulièrement dur, on profite des manchons pour placer à l’un d’entre eux un homme qui saupoudre à nouveau le câble de talc afin de remplacer celui qu’il a abandonné dans les tuyaux déjà traversés.
- A l’autre extrémité de la conduite, le treuil enroule le câble d’acier; celui-ci entraîne après lui dans les tubes les câbles conducteurs, et pour que ni les uns ni les autres ne frottent contre le tranchant du tuyau, ce qui les endommagerait, on munit ce dernier, à la sortie, d’une poulie de renvoi dite poulie de sortie (fig. 17) qui permet aux câbles de s’élever jusqu’au treuil sans subir d’arrachement à la surface. Cette poulie de renvoi tourne entre deux joues qui se prolongent de façon à pouvoir embrasser le tuyau qui dépasse dans la chambre : des boulons de serrage aident à fixer la poulie en
- (') On en voyait un modèle au pourtour extérieur nord-ouest du pavillon du ministère des Postes et des Télégraphes à l’Exposition.
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- face de l’orifice de la conduite. Afin qu’il y ait prise de l’espèce de collier formé par le prolongement des joues sur le tuyau, celui-ci doit pénétrer de 7 centimètres environ dans la chambre; une moindre longueur ne suffirait pas pour installer la poulie de sortie; une longueur plus grande ferait sortir le câble trop près de la paroi opposée de la chambre et subir dès lors un changement de direction trop brusque.
- Les sections de câbles une fois posées, des ouvriers spécialement destinés à ce travail font les soudures et referment les chambres : le raccordement de deux câbles est une opération délicate et qui demande une main exercée.
- Nous venons d’exposer rapidement quel est le système jusqu’à présent généralement usité en France : est-il pratiquement parfait ? Le temps seul pourra le dire. Les câbles sont très efficacement protégés contre tout choc et tout effort d’écrasement; mais le tirage, quelque soin qu’on y apporte, est toujours une occasion de réelle fatigue, tant
- pour la gutta que pour le conducteur; il peut y avoir là danger pour l’isolement et la continuité du circuit.
- En outre, les détériorations mécaniques ne sont pas seules à craindre pour des câbles; on sait que la gutta-percha, qui recouvre les conducteurs est attaquable par certains produits qu’elle rencontre dans le sol, les émanations des tuyaux à gaz, par exemple, et les sels contenus dans quelques terrains : or, malgré le mattage des bagues en plomb, la conduite perd, au bout d’un temps qui n’est pas très considérable, l’étanchéité qu’on s’était attaché à lui donner en cours de pose. Les eaux chargées des sels solubles du terrain avoisi-sinant viennent s’infiltrer et la gutta des câbles se trouve remise en présence de principes destructeurs.
- Pour éviter ce péril, on a récemment créé un type de joints qui semble devoir procurer à ce point de vue une sécurité plus grande ; -un spécimen était exposé sur le pourtour extérieur sud du pavillon du ministère des Postes et Télégraphes. Dans le fond de l’e'mboîtement d’un tuyau vient s’engager l’extrémité du tuyau suivant : c’est ce dernier qui a subi une modification importante. Au lieu d’être lisse, le bout de ce tuyau porte un petit renflement dont le profil est perpendiculaire à la génératrice du cylindre du côté du tuyau précédent et en pente
- douce vers l’emboîtement du tuyau auquel appartient le renflement (fig. 18). En introduisant le tuyau A B C D dans le tuyau E F, on place contre B un petit anneau en caoutchouc qui se trouve par la suite comprimé entre la paroi B et le fond E H de l’emboîtement. On matte ensuite comme à l’ordinaire des demi-bagues de plomb dans l’espace an-
- no. 18
- nulaire E F D C ; c’est là ce qui donne le serrage du caoutchouc.
- Le manchon a été aussi modifié (fig. ig). Il est fixé par un anneau H I K L M N : muni comme les tuyaux d’une saillie E F, il est placé d’abord sur les tuyaux ABC. Mais on a eu soin d’enfermer entre l’anneau en fonte posé au préalable d’une part, le manchon et le tuyau de l’autre, de petites bagues en caoutchouc B C K, D E L K; du plomb matté ensuite en A BI H et M L F G N les amène à un degré de compression qui donné l’obturation des fissures, tout en reliant les unes aux autres les pièces HIKLMN, DEFG et ABC.
- Tels sont, sommairement décrits, les procédés employés pour la pose des câbles télégraphiques souterrains en France et en Allemagne. Le premier de ces deux pays met presque tous ses câbles en tuyaux, et il les introduit par tirage; le second, au contraire, se borne jusqu’ici à peu près exclusivement à l’usage de câbles armés recouverts d’enduit bitumineux. L’expérience seule pourra dire auquel des deux on devra donner la préférence pour les grandes lignes; des efforts ont d’ailleurs été faits pour perfectionner le système de câbles sous
- FIG. 19
- tuyaux, ainsi que nous allons le voir; mais il n’en est pas moins curieux de voir le besoin de continuité et de régularité dans les correspondances ramener depuis cinq ans deux grands pays à un mode de communication télégraphique qui fut usité presque à l’origine. Les premiers fils qui furent employés en Angleterre pour la télégraphie électrique étaient des fils souterrains entourés d’une matière isolante, et l’on pouvait, dans l’Exposition, voir à quelques mètres de distance les conducteurs que
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- S7i
- Jacobi (*) mettait dans des tubes de verre, le système qu’il proposait afin de les noyer dans un isolant, et les câbles souterrains modernes fabriqués avec toutes les ressources nouvelles que l’industrie a créées pour eux.
- {A suivre.) E. de T.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Séparateur et shunt pour les courants à haute tension par M. Spottiswoode (2).
- Quand on excite, comme M. Spottiswoode a montré la possibilité de le faire, une bobine d’induction par un courant alternatif, les courants
- induits de sens contraire que l’on obtient, au lieu d’être inégaux comme cela a lieu avec le courant continu, sont égaux en durée et en intensité. Cette circonstance est nuisible dans certains cas, par exemple dans l’étude de la décharge au travers des gaz raréfiés. C’est pourquoi M. Spottiswoode et son préparateur M. Ward ont imaginé deux dispositions destinées à séparer les courants et à les utiliser soit en les dirigeant dans deux tubes différents, soit en les faisant passer tous, après redressement, dans le même tube.
- Le principe de ces appareils réside dans ce fait que, dans un tube à vide ou un tube rempli de liquide, la décharge s’opère d’autant plus facile-
- (1) Section russe.
- (2) On a separator and a shunt for alternate Currents of high tension. Philosophical Magazine, mai 1882.
- ment que le pôle négatif présente une surface plus étendue.
- Le premier type de séparateur est représenté par la fig. 1 dans laquelle C et D représentent de larges électrodes plongées dans de l’eau glycérinée dont on peut faire varier la résistance en changeant sa composition ; A et B sont les pôles de la bobine excitée par une machine à courants alternatifs. Si le courant a le sens A-f-B—, il suit le chemin ACFB; s’il est de sens inverse, le courant — de A ne peut passer de la pointe vers C; il se dérive sur G, tandis que le fluide -fde B franchit D et passe aussi par G qui est un tube auxiliaire ou un conducteur quelconque, de sorte que le sens du courant n’est pas changé dans le tube en expérience F.
- Afin d’utiliser tous les courants pour la décharge dans un seul tube et dans un seul sens, on emploie
- l’appareil représenté par la fig. 2 dans lequel le tube F est muni de deux électrodes positives A" et B", terminées en pointes et reliées directement aux pôles de la machine, et d’une seule large électrode négative A' B' reliée aux pôles de la machine par l’intermédiaire de deux séparateurs C et D. En vertu du principe énoncé plus haut, la décharge ne peut s’effectuer de B" en A", ni de A' B' vers A" B" à cause de la résistance des séparateurs ; tous les courants passent donc de A" ou B" vers A1 B'.
- Pour régler l’intensité du courant induit, on se sert d’un rhéostat. Ce dernier est formé d’une ardoise inclinée de 3o° environ, longue de om6o et de 5o m/m d’épaisseur enduite de plombagine, et sur laquelle glisse un bloc de plomb P tiré par un fil passant sur une poulie et mu par une manivelle M, la position de ce bloc sur l’ardoise définit la longueur de plombagine introduite dans le circuit et par suite l’intensité du courant qui traverse le tube. Les auteurs trouvent avantageux de mettre ce
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- 5?2
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- rhéostat en dérivation sur AB. Le tube à glycérine E (fig. i) remplit le même rôle dans le premier appareil.
- Boutons d’appel avertisseur d’incendie de M. G. Dupré.
- On a à différentes reprises combiné des avertisseurs d’incendie susceptibles de faire retentir automatiquement une sonnerie électrique, quand un accroissement subit de température se produisant
- FIG. I
- en un lieu devait faire supposer un commencement d’incendie. Nous avons décrit à plusieurs reprises, dans ce journal, quelques-uns de ces appareils, entre autres, celui de MM. de Gaulne et Mildé, qui nous avait paru dans de bonnes conditions, en ce que les contacts électriques se trouvaient toujours décapés, par suite de leur emploi comme transmetteurs de sonnerie. M. Dupré a
- FIG. 2
- résolu le même problème, mais d’une manière plus simple et beaucoup moins dispendieuse, en appliquant l’avertisseur automatique aux boutons de sonnerie ordinaires. Il lui a suffi pour cela d’adapter au-dessus de la lame de contact inférieure du bouton, vune petite pièce de butée munie d’un morceau d’alliage fusible, assez long pour empêcher, en temps ordinaire, le contact des deux ressorts de l’interrupteur. Dans ces conditions, le bouton de sonnerie fonctionne comme un bouton ordinaire, mais quand le morceau d’alliage fusible vient à
- fondre à la température jugée convenable qui est environ 37° c., le ressort inférieur, dégagé de l’obstacle qui l’empêchait de se soulever, se relève et se met en contact continu avec le ressort supérieur, et la sonnerie tinte d’une manière continue, prévenant ainsi qu’un échauffement atteignant 37° s’est produit dans la pièce où se trouve le bouton.
- Nous représentons fig. 1 un bouton de sonnerie ordinaire, disposé d’après ce principe, et fig. 2 un bouton de sonnerie, actionné par un cordon de tirage.
- Dans la fig. 1, A représente le ressort supérieur, B la lame inférieure qui est recourbée en forme de Y pour faire ressort et qui abandonnée à elle-même viendrait se mettre en contact avec A. Le morceau d’alliage fusible est en C et se trouve maintenu appliqué sur le ressort par une vis qui traverse la lame B.
- Dans la figure 2, le dispositif est à peu près le même. Le ressort inférieur est en B, le morceau d’alliage fusible en C, et le ressort supérieur A recourbé en S, subit les effets de la traction exercée sur le cordon de sonnerie par l’intermédiaire d’un doigt logé dans la partie creuse du ressort. Quand le cordon est abaissé, le doigt frotte sur la partie bombée du ressort, l’abaisse contre le ressort inférieur, et le contact étant produit, la sonnerie correspondante retentit. Au contraire, quand le cordon restant fixe l’alliage fusible disparaît, le ressort B vient toucher le ressort A d’une manière continue et prévient de l’accroisse ment subit de la température.
- Ce système est si simple que M. Mors qui en est le constructeur, n’a pas été obligé d’augmenter le prix de ses boutons de sonnerie qui, de cette manière, remplissent un double office.
- Résistance électrique des fils de cuivre de la Birmingham Wire Gauge.
- A propos du petit ouvrage publié dernièrement pat M. Killingworth Hedges, sous le titre de Useful informations on electric lighting, nous avons signalé un tableau contenant les différentes données qui se rapportent aux fils de cuivre de la Birmingham Wire Gauge. Nous donnons dans la page ci-contre une traduction de ce tableau sous deux formes différentes.
- Dans la première nous avons exprimé les longueurs et poids en mètres et kilogrammes. Dans la seconde nous avons conservé les mesures anglaises pour la facilité de ceux qni auraient à exprimer leurs résultats en fonction de ces mesures.
- Des renseignements analogues sur les fils des jauges françaises se trouvent aux pages 64 à 68 du deuxième volume de l’Exposé des applications de l’électricité de M. le comte du Moncel. La jauge
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- RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE DES FILS DE CUIVRE DE LA BIRMINGHAM WIRE GAUGE (b. W. G.)
- NUMÉROS de la B_. W. G. DIAMÈTRES en millimètres. SECTIONS • en millimètres. CIRCONFÉ- RENCES en millimètres- MÈTRES par kilogramme KILO- GRAMMES par mètres. RÉSISTANCE par kilogrammes. EN OHMS par mètres. .KILO- GRAMMES par ohm. MÈTRES par ohm.
- I 7.,62 45.6 23 9 im95 Ok5l4 0.00073515 0.000377 i,36o 2652
- 2 7.21 40 8 22.6. 2.78 0.360 0 00116760 O.0OO420 860 2379
- O 6.58- 34 20-7 3.33 0 3oo 0.0016816.5 o.ooo5o5 Sg.5 1980
- 4 6.04 28.7 *9 , 3.95 0.253 0.00232260 o.ooo588 43o 1700
- 5 5.59 24.5 17.6 4.01 0.217 0.00322700 0.000700 3io 1430
- 6 5.16 21 16.2 5.43 0.184 0.00452319 o.ooo833 220 1200
- 7 4.S7 16.4 14.3 6.qo • 0 145 0.00731400 0.00106 i37 945
- 8 4.49 i3.8 i3.1 8.20 0.122 0.01025000 0 00125 98 802
- 9 3.76 II . I u 8 10.20 0 098 o.oi58iooo o.ooi55 63 646
- 10 3.40 9.1 10.7 12 5o 0.080 0.0237500 0.00190 42.20 527
- 11 3 o5 7.3 9.6 i3.5o 0.074 o.o3i86oo 0.00236 3i .40 424
- 12 2.77 6 8.7 18.87 o.o53 0.0539682 0 00286 18.60 35o
- i3 2.41 4.6 7-6 24 80 0 0403 0.0932480 0.00376 10 70 266
- 14 2 II 3.5 6.63 32.40 0 0309 0. i6o38o 0.00495 6.26 202
- i5 i.83 2.63 s.75 45 10 0 0232 0.294954 0.00654 3,40 i53
- 16 1.65 2.14 5.i8 52 90 0.0189 0.430077 o.oo8i3 2.30 123
- 17 • 1.47 1.70 4.62 69.40 0.0144 0 7.3564 0.0106 1.35 94.5
- 18 I .24 I 21 3.90 94.3o 0.0106 1.33906 0 0142 0.75 70.4
- 19 1.07 0.9 3.36 i35.io 0.0074 2.60743 0.0193 0.38 Si 9
- 20 0.89 0.62 2.80 181.8 o.oo55 5.05404 0.0278 0.20 36
- 21 0.81 o.5i 2.54 212.8. 0 0047 7.04368 0 o33i 0.14 30.2
- 22 0.71 0 3g 2.2.3 285.7 o.oo35 12.37081 0.0433 0.08 23. I
- 23 0 63 o.3i I.98 364 0.0028 19.6924 0 0541 o.o5 18.5
- 24 0.55 0.24 1.73 465 0.00215 32.55oo 0 0700 o.o3 14.3
- numéros de la B. W. G. DIAMÈTRES en pouces. SURFACES en pouces carrés. CIRCONFÉ- RENCES en pouces. LIVRES par mille. LIVRES par pieds. riEDS par livre. pieds par ohm. OHMS par 1,000 pieds.
- I 0 3 0.070686 0.94248 1444 0087 0.273 3.662 8706.843 0.1148
- 0 0.284 0 063347 0.89221 1291.8699 O.244 4.0988 7803.51 0.1282
- 3 0 259 0.052685 0.81367 1074 5697 0.204 4.9262 6490.09 0.1540
- 4 0.238 0.044488 0.74770 907 3683 0.171 5.85o 5580.01 0 17007
- s 0.22 o.o38oi3 0.69115 773.045 0.146 6.83 4681.1 0 2i36
- 6 0.203 o.o32365 0.63774 657205 0. 125 8.02 3985.7 0.2509
- 7 0.180 0.025447 0.56549 517.493 0.098 10.20 3i34.8 0.3190
- 8 o.i65 0.021382 0 5i836 434.861 0.082 12.14 2633.7 0.3797
- 9 0.148 0.017203 0.46495 349 853 0.066 ;5.10 2119.9 0 4719
- 10 0.134 0.014103 0.42097 286.651 0.054 18.44 1737.0 0.5757
- 11 0.120 0.01i3og 0.37699 22Q.C)g7 0.044 22 95 1392 9 0.7179
- 12 0.109 0.009331 0.34243 189.763 o.o36 27.82 1149.4 0.8700
- l3 0.095 0.007088 0.29845 144.144 0 027 36.63 873.1 1.1454
- 14 0.086 0.005411 0.26075 iio.o35 0.021 47.98 665 3 1.5o3
- i5 0.072 0.004071 0.22619 82.790 0.016 63-77 5oi .5 1.9941
- 16 o.o65 o.oo33i8 0.20420 67.478 o.oi3 78.25 408.7 2.4466
- 17 0 o58 0.002642 0.18221 5i.3i63 0.010 102.89 3io.8 3.2176
- 18 0.049 0.001886 0.15394 38.3486 0.007 137.68 232.3 4 3o52
- 19 0.042 o.ooi385 0.13195 28.1741 o.oo5 187.40 170.6 5.8599
- 20 o.o35 0 000962 0.10995 19.5677 0 004 269.83 118 5 8.4381
- 21 0.032 0.000804 0.ioo53 16.3574 o.oo3 322.79 99.1 10.094
- 22 0.028 0.000616 0.08796 12.5242 0.0023 421.58 75.8 i3.i85
- 23 0.025 0.000491 0.07854 9.9845 0 0018 528.82 6o.5 ’ i6.539
- 24 0 022 o.ooo38o 0.06911 7.7299 0 0014 683.06 46.8 21.357
- américaine diffère peu de la jauge de Birmingham et l’on peut pour un calcul approximatif confondre l’une avec l’autre. Pour faciliter cependant des calculs exacts, nous nous proposons de donner dans quelque temps pour la jauge américaine un tableau analogue à ceux que nous publions aujourd’hui.
- Nous rappellerons à ce propos combien il serait désirable que l’on fit disparaître toutes ces divergences entre les différentes jauges employées dans les divers pays pour les fils métalliques."' La jauge décimale, qui est la seule rationnelle, est aujourd’hui la seule qui devrait être adoptée.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Sur un nouveau système d’horloge électrique de M. Lassance.
- Le système électromagnétique imaginé par M. Foucault pour régulariser les oscillations du pendule — système décrit en détail dans le 40 volume de l'Exposé des applications de l'Electricité de M. le comte du Moncel — exige une complication relativement grande d’organes très délicats
- et beaucoup de précision dans leur calcul. Le problème que s’était posé M. Foucault était double: il fallait que l’action de l’électro-aimant régénérateur du travail perdu 11e se manifestât que pendant la marche descendante du pendule; il fallait aussi que cette action, bien que déterminée par le pendule lui-même, le fût sans l’intermédiaire d’aucun organe mécanique. Dans les applications usuelles de l’électricité à l’horlogerie, la seconde de ces conditions peut être écartée ; quant à la première,
- M. Lassance croit l’avoir réalisée d’une façon plus simple et plus pratique.
- L’appareil que propose, dans ce but, M. Lassance se compose simplement : i° d’un balancier en métal B portant d’une part un index S très flexible engagé dans un commutateur à lames suspendues abc, d’autre part une masse de fer doux M et une virgule v excessivement mobile; 20 et d’un électro-aimant ordinaire A muni de son armature R. Un dérivateur D et deux taquets mobiles T et T' complètent l’ensemble de l’installation.
- La. marche de ce système repose sur la création mécanique d’un courant de longue durée par un courant très court mis en action lui-même par le mouvement du pendule. Au reste, voici comment fonctionne l’appareil.
- Dès que le balancier approche du sommet de sa course ascendante, le ressort S entre en contact avec la lame a, et presque ausssitôt après la virgule v touche le taquet T ; ce second contact ne dure qu’un temps très court, mais suffisant pour déterminer un. courant 12345 traversant l’électro-aimant A. La palette R est attirée brusquement et reprendrait sa position première si elle ne venait heurter le dérivateur D, et fermer, par conséquent, le circuit 1645; il s’en suit que, dès ce moment, l’électro-ai-mant est traversé par un courant constant qui durera aussi longtemps qu’on le voudra, la circulation étant d’autant mieux assurée que l’armature est plus attirée.
- La masse . M subira donc une attraction qui pourra lui rendre tout ce qu’elle avait perdu, pendant son ascension, par le frottement produit au point'de suspension, par la résistance de l’air, les contacts, toutes les causes extérieures enfin.
- Mais au moment où le pendule approche de la verticale, grâce à la virgule v, il entre pour quelques instants en contact avec l’armature R; en même temps l’index S qui a quitté la lame a met le balancier en contact avec la lame b. Il en résulte que le courant émanant de la pile P se trouve en présence d’un circuit 1627 infiniment plus court et moins ré-sistânt que celui qu’il avait suivi jusqu’alors, et il arrive qu’au moment où le pendule quitte la verticale, l’armature R se relève et aucun courant ne passe plus dans l’appareil. La masse Mpeut donc remonter, libre pie toute entrave, et parvenir jusqu’au taquet T' c’est-à-dire recommencer en sens inverse la série de phénomènes qui viennent d’être exposés.
- Elle peut, d’ailleurs, à l’aide d’une vis de pression, prendre diverses positions le long de la tige du balancier; les taquets T et T' peuvent de leur côté se mouvoir horizontalement le long d’une règle divisée. Cette double opération suffit au réglage pratique de l’amplitude des oscillations.
- Il ne reste plus qu’à ajouter à ce système un encliquetage d’impulsion actionnant une minuterie
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 5?$
- ordinaire pour que cette horloge, réduite à des dispositions très simples, soit complète.
- - CORRESPONDANCE
- f Bruxelles, le 3o mai 1882 Monsieur le Directeur,
- Dans le dernier numéro de votre estimable journal, M. Frank Geraldy a parlé des expériences de M. A. Stroh. ayant pour but.de montrer les effets d'attraction et de répulsion résultant de vibrations.
- Je ne me permettrai pas de discuter la valeur scientifique qui s'attache aux travaux si élégants et si consciencieux du Dr Bjerknes et de M. Stroh, et je ne chercherai pas à savoir si, lorsque par des vibrations directement constatables, on peut produire les effets de l'électricité, il y a lieu ou non d'admettre que celle-ci n'est autre chose qu'un système de vibration différant seulement, peut-être, par des qualités spéciales, telles que dimension, direction, rapidité, etc.
- Il me suffira de démontrer que les expériences de MM.
- T
- (FIG. I FIG. 2
- Bjerknes et Stroh trouvent leur explication dans les phénomènes les plus élémentaires de la mécanique, et qu'il ne faut pas nécessairement chercher à assimiler les résultats obtenus aux effets électriques, avec lesquels ils ont une si grande analogie.
- Les principaux faits constatés par MM. Stroh et Bjerknes au cours de leurs expériences aérodynamiques et hydrodynamiques se résument en ceci :
- Lorsque les membranes vibrent à l'unisson, c'est-à-dire que leurs mouvements sont de même phase, il y a attraction des tambours.
- Lorsque les phases sont discordantes, il y a répulsion.
- Supposons deux corps vibrant ou puisant à l'unisson ; — les corps sont immergés dans un fluide compressible ou non.
- Chaque vibration se décompose en deux périodes : — la période d’expansion des membranes et la période de rentrée de celles-ci.
- i° L'expansion donne lieu à deux courants opposés C et C' du fluide; — comme cette expansion est une impulsion continue, le mouvement du liquide ou du gaz est un mouvement accéléré, et l'écoulement aura lieu de manière à évacuer un espace plus considérable que celui correspondant au maximum de tension des membranes. Il y aura donc raré-
- faction du milieu compris entre les deux tambours T et T' et ceux-ci se trouveront entraînés Vun vers Vautre.
- 20 Lorsque les deux membranes rentrent vers le corps des tambours, les courants d'arrivée Ct et C'i déterminent un mouvement rotatoire par lequel le fluide suit l'inflexion des membranes. Il se forme un vide (relativement au fluide) vers le centre et devant les membranes, et les deux tambours sont encore sollicités à se rapprocher Vun de Vautre.
- Donc, dans les deux périodes de vibrations similaires, il faut nécessairement qu'il y ait attraction.
- 3° Si maintenant les tambours vibrent en phases discordantes, voici comment se décompose chacune des périodes de la vibration.
- Les deux tambours se déplacent dans le même sens, mais d'un mouvement différentiel, c'est-à-dire avec des vitesses différentes : le résultat est donc Péloignement, Vun par rapport à Vautre, des tambours; car la dépression résultant de l'écoulement dû à l’expansion du tambour T, accélère la vitesse du courant de rentrée C' C'i et donne la prédominance à l'action du fluide sur la membrane concave.
- La deuxième hypothèse, c'est-à-dire celle des vibrations discordantes, mène donc naturellement à l'effet de répulsion.
- Ces explications si modestes des phénomènes observés par vos savants correspondants, tendraient à faire voir que les expériences hydrodynamiques du Dr Bjerknes et aérodynamiques de M. Stroh, ne doivent pas être considérées comme démontrant immédiatement que l'électricité soit un
- mouvement vibratoire ; — mais vous comprendrez ma réserve à cet égard..
- Veuillez faire de la présente tel usage qui vous semblera convenable, et agréer, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma parfaite considération.
- A. Bandsept.
- FAITS DIVERS
- La commission nommée par la chambre des Communes, pour l'examen des différentes mesures proposées pendant la session actuelle par les Compagnies de gaz et d'éclairage électrique, vient de formuler les conclusions suivantes :
- i° Le Board of trade aura pouvoir d'accorder des licences a.ux autorités locales, ou aux entreprises privées avec l'autorisation de ces autorités, pour la fourniture de l’électricité sur un espace déterminé.
- 20 Ces licences (concessions) devront être délivrées pour toute période de temps ne dépassant pas cinq ans, mais elles pourront, à leur expiration, être renouvelées aux conditions de l'article précédent.
- 3° Le Board of trade pourra accorder provisoirement aux
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- LA LUMIÈRE ELECTRIQUE
- autorités locales, ou aux entreprises privées sans le consentement de ces autorités, le droit de fournir de l'électricité, mais ces autorisations temporaires (provisional orders) deT vront être confirmées par le parlement.
- 4° Toute instance pour la concession d'une licence ou d'une autorisation provisoire devra être annoncée par des affiches publiques, dans le district, et toute opportunité donnée aux intéressés de se pourvoir devant le Board of trade.
- 5° Aucune concession de licence ou d'autorisation provisoire ne pourra être accordée avant l'expiration d'un délai de trois mois à partir de la publication de la demande.
- 6° Aucune autorisation temporaire, conformément au présent Act. ne pourra être accordée à une autorité locale, sur sa demande, avant d'avoir été .soumise à une assemblée de cette autorité convoquée spécialement pour faire connaître la demande au public.
- 7° Les licences et autorisations temporaires entraînent le droit de défoncer les rues pour la pose des fils nécessaires.
- 8° Lorsqu'il aura été démontré, à la satisfaction du Board of trade, qu'un espace donné se trouve, par licence ou par une autorisation temporaire, suffisamment éclairé par l'électricité, et que la fourniture du gaz a cessé d'y être rémunératrice, le Board of trade aura le droit de relever en partie ou en totalité, par un décret, les corporations ou associations de fabricants de gaz de l'obligation de fournir le gaz à ce quartier.
- 90 Les autorités locales auront le droit de racheter par force la concession de toute personne ou Compagnie autorisée par autorisation temporaire à fournir de l'électricité à l'expiration d'un délai de 15 ans, puis ensuite tous les cinq ans.
- ' io° Dans le cas d'un rachat, la valeur des terrains, immeubles, travaux, matériaux et installations sera estimée à leur juste prix courant à l’époque du rachat, en tenant ^un juste compte de leur nature et de leur condition, de leur état d'entretien et de leur adaptation au but de l'entreprise 5 lorsque le rachat ne portera que sur une partie de l'entreprise, on tiendra compte du préjudice causé par cette division, mais, dans aucun cas, on n’indemnisera du fait même du rachat obligatoire, ou en raison de bénéfices passés ou futurs, ou de toute autre considération analogue.
- ii° Les licences et autorisations provisoires devront renfermer des règlements.
- a pour assurer la sécurité du public contre les dangers de personnes et d'incendie. b pour l’inspection,
- c pour assurer une fourniture efficace et régulière de l'électricité,
- d pour l'équité des prix suivant que l'expérience en indi-
- . quera la nécessité.
- Lorsque le Board of trade aura acquis la preuve que la sécurité du public peut être compromise, il pourra, en tout temps, imposer les règlements complémentaires qu'il jugera utiles pour assurer la sécurité.
- 12e Aucun fil aérien ne pourra être posé sans le consentement des autorités locales, partout où il aura été constaté, à la satisfaction de deux juges de paix, ou des autorités correspondantes, que ces câbles ou fils peuvent compromettre la sécurité du public; ces autorités pourront les faire enlever par un ordre dans les délais qu'ils jugeront convenables.
- i3° Les autorités locales fournissant de la lumière électrique devront tenir une comptabilité distincte de ces entreprises et la publier en détail pour l'information des contribuables.
- 14* Le Board of trade devra soumettre au Parlement un rapport annuel sur la mise en exécution du présent Act.
- i5° Les entreprises autorisées par actes privés pour la fourniture de l'électricité devront se conformer aux conditions du présent Acl.
- Éclairage électrique
- Les magasins de MM. Duff et Rowntree, à Bishop Auckland (Durham) sont, comme nous l'avons déjà dit, éclairés à la lumière électrique. Au mois de novembre dernier, on employait pour cet éclairage une lampe Weston de 1 000 bougies, destinée seulement à l'éclairage extérieur, tandis que l'on employait à l'intérieur des lampes Swan.
- Depuis quelque temps, la lampe Weston est employée aussi à l'intérieur. Placé au centre d'un magasin de 104 mètres carrés de surface, cet appareil l’éclaire convenablement dans toutes ses parties. Le même espace, d'après l'appréciation de MM. Duff et Rowntree, peut être éclairé suffisamment avec douze lampes Swan d'environ vingt bougies. D'après ces messieurs, la lampe Weston a une lumière très fixe et a toujours fonctionné convenablement entre leurs mains.
- UElectrician de Londres nous apprend que la lampe à incandescence Edison va être prochainement adoptée pour l'éclairage de plusieurs fabriques dans la ville de Salford, près de Manchester. Les lampes et machines seront posées par l'Edison Electric Light Company.
- La Yorkshire Brush Electric Light and Power Company vient de se fonder pour exploiter dans le comté de York la lumière Brush et la lampe Lane-Fox. Une concession pour le Yorkshire lui a été accordée par la compagnie Hammond.
- Télégraphie et Téléphonie
- A Nice viennent d'être affichées à la préfecture, à la mairie, dans les bureaux de postes et télégraphes, et à la direction des postes et télégraphes, les conditions relatives à l'établissement d’un réseau téléphonique à Nice. D'après les dispositions du règlement, le prix de l'abonnement est fixé à 25o fr. pour un an, et à 200 fr. pour six mois. Les dépenses de premier établissement sont à la charge des abonnés pour les appareils (400 fr.), et pour le fiî (35o fr.). Lorsque le domicile de l'abonné est situé en dehors des limites de l’octroi, les prix ci-dessus sont augmentés de 25 fr. par kilomètre de fil en plus et de 25c fr. par kilomètre de ligne. Les établissements ouverts au public, tels que cercles, cafés, hôtels, restaurants, magasins, qui seront reliés au réseau téléphonique, pourront être autorisés à mettre leur fil à la disposition de leur clientèle. Ils acquitteront dans ce cas une taxe de location de or5o par cinq minutes de communication. Toute personne abonnée ou non se présentant dans le bureau téléphonique ouvert au public pourra dommuni-quer avec l'un des abonnés du réseau moyennant le même droit de location de of5o par cinq minutes de conversation.
- En même temps que l'on s'occupe de l'installation d'un réseau téléphonique à Nice, on établit un poste de téléphone près de cette ville, au sommet du Mont-Vinaigre, le point le plus central des montagnes de l’Estérel. On construit sur le Mont-Vinaigre une maisonnette où se tiendront deux gardiens, charges de donner le signal lorsque des incendies se déclareront dans la forêt de l'Estérel, ce qui est arrivé malheureusement trop fréquemment dans ces derniers temps. Toutes les maisons forestières de l'Estérel sont, du reste, déjà reliées entre elles par un réseau téléphonique qui communique avec l'inspection centrale, dont le siège est à Fréjus.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris* — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 29498
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Electricité
- 5.i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Administrateur-Gerant : Th. DU MONCEL A. GLÉNARD
- 4® ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 24 JUIN 1882 N® 25
- SOMMAIRE
- Exposition anglaise du palais de Cristal ; Th. du Moncel. — Les origines des lampes à incandescence ; Ch. de Changy. — Les progrès des piles secondaires; les nouveaux accumulateurs, le chemin de fer de M. Dupuy; Aug. Guerout. — Application du téléphone aux scaphandres; G. Le Goarant de Tromelin. — Exposition Internationale d’Electricité : Galerie des machines ; C. C. Soulages. -- Etude sur les transmetteurs téléphoniques à pile; A. Dejongh. — La télégraphie, ses progrès récents manifestés à l’Eposition Internationale d’Electricité, (7° article); E. de T. —Bibliographie: le microphone, le radiophone et le phonographe, par M. Th. du Moncel. — Revue des travaux récents en électricité: Rallumeur automatique de la lampe Solignac. — Le rhéolyseur de M. E. Wartmann. — Résistance électrique du carbone sous pression, par le professeur Svlvanus P. Thompson. — L’inductophone de M. Willoughby Smith. — Accouplement pour fils électriques de M. Brewtnall. — Nouvelle disposition de la pile Daniell. — Correspondance: Lettre de M. Marcel Deprez. — Faits divers.
- EXPOSITION ANGLAISE
- DU PALAIS DE CRISTAL
- L’Exposition anglaise d’Electricité dont nous avons, à plusieurs reprises, annoncé l’ouverture au Palais de Cristal de Sydenham, vient de se clore après avoir provoqué, comme à Paris, une grande affluence de visiteurs. Bien que cette Exposition eût été annoncée comme devant être internationale, ce sont les exposants Anglais qui en ont fait pour ainsi dire tous les frais. On comprend du reste facilement qu’il devait en être ainsi, car après l’Exposition de Paris qui en était si rapprochée et qui avait occasionné de grandes dépenses, les exposants des autres pays avaient besoin de se refaire, et on n’avait d’ailleurs pas le temps de produire de nouvelles inventions.
- Donc on peut considérer l’exhibition du Palais de Cristal comme une Exposition véritablement anglaise à laquelle ont participé beaucoup d’inventeurs et de constructeurs de cette nation qui, ne croyant pas au succès de la nôtre, s’étaient abstenus en grand nombre d’envoyer leurs produits à Paris. L’Angleterre étant le pays des électriciens,
- pouvait, du reste, bien à elle seule fournir tous les éléments nécessaires pour une Exposition. Nous aurions dû parler plutôt dans ce journal de ce nouveau succès de la science électrique, mais nos correspondants sur lesquels nous avions compté nous ayant manqué de parole, nous avons dû ajourner jusqu’à ce moment.
- Le Palais de Cristal de Londres a été construit en partie, il y a une trentaine d’années, avec les débris du Palais de l’Exposition anglaise de i85i, qui avait été établie à Hyde-Park. Cette Exposition était, comme on doit se le rappeler, la première grande exhibition internationale, et avait été le sujet de l’étonnement général par son grandiose et le mode de construction de l’édifice qu’on avait élevé à cette occasion et qui était tout en verre ; de là le nom de Palais de Cristal qui lui avait été donné et qui a été conservé à l'édifice construit avec ses débris. Ce palais se voit à Sydenham, village situé dans une position pittoresque à 9 kilomètres de Londres. On y a dépensé des sommes énormes pour en faire une Exposition permanente d’objets curieux et d’étude. C’est là que se trouvait l’écorce de l’arbre gigantesque de la vallée de Yose-mite, en Californie, connu dans le pays sous le nom de Mother of the forest.
- Le tronc de cet arbre dépouillé se voit encore dans cette vallée qui en renferme encore plusieurs autres presque aussi grands. Il avait été acheté par la direction du Palais de Sydenham, pour donner en Europe une idée des arbres gigantesques du Nouveau-Monde, et comme on ne pouvait le transporter en entier, on en avait fait seulement enlever l’écorce qui a été découpée par assises sur une hauteur d’environ 70 pieds, c’est-à-dire jusqu’aux premières branches. Tous les fragments ainsi découpés et numérotés ont été ensuite rajustés exactement au centre de la grande nef du Palais de Cristal, et pour donner une idée de sa grandeur, on avait installé à l’intérieur une sorte de petite salle où se trouvait dressée une table de 12 couverts. Malheureusement, ce spécimen de la végétation gigantesque des pays vierges a été brûlé dans un incendie, et on 11e peut plus s'en faire une. idée que par
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- les photographies stéréoscopiques qui ont été faites du tronc dépouillé qui existe encore.
- Autour de cet arbre gigantesque, on avait eu l’idée de grouper, dans toute l’étendue de la grande nef du Palais, une série de salles construites dans les différents styles d’architecture, depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, et on pouvait y faire un cours d’archéologie complet. L’idée était excellente et l’exécution en était parfaite ; malheureusement la plupart de ces salles ont été brûlées lors de l’incendie qui a dévoré la fameuse écorce dont nous venons de parler, mais elles ont été rétablies, et on a eu la très bonne idée, dans l’Exposition qui vient d’avoir lieu, de les éclairer séparément avec un système de lumière électrique différent. On pouvait, de cette manière, effectuer plus facilement et plus sérieusement qu’à l’Exposition de Paris, la mesure de l’intensité de ces diverses lumières, et mieux juger de leur mérite réciproque, puisque leur éclat différent ne se trouvait pas confondu dans l’éclairage général produit. D’un autre côté, on a adjoint au catalogue de l’Exposition des plans qui permettaient au public, non seulement de savoir quels étaient les systèmes d’éclairage qu’il avait sous les yeux, mais encore de reconnaître facilement la position des diverses expositions particulières dans toutes les parties du Palais. C’est en nous servant de ces plans que nous allons pouvoir donner une idée de l’Exposition qui vient de se terminer. Mais auparavant, disons en quelques mots comment est disposé le Palais de Cristal de Sydenham.
- C’est un vaste bâtiment qui a la forme d’un rectangle dont le grand côté dirigé, du sud au nord a environ 3oo mètres et le petit côté environ 80 mètres. Il est divisé dans sa largeur en trois parties ; celle du centre, d’une largeur de 25 mètres, constitue la grande nef et forme une ligne non interrompue de l’extrémité nord à l’extrémité sud, c’est-à-dire sur une longueur de 3oo mètres. Au milieu de cette partie, se trouve une sorte de transept très élevé où ont été installés un énorme amphithéâtre pour des orchestres et des chœurs de musique, un théâtre et une salle de concert ; et à gauche et à droite de cette partie centrale, s’étendent les deux côtés de la net qui sont bordées de galeries latérales longeant l’édifice sur deux étages. C’est dans les deux parties de cette grande nef que sont édifiées, sur deux rangées parallèles à l’axe du bâtiment, les salles architecturales dont nous avons parlé, qui sont au nombre de seize, sans parler des deux salles qui sont organisées pour le théâtre et les concerts.
- A l’une des extrémités de la grande nef, est une sorte de jardin d’hiver, meublé de magnifiques arbres des pays chauds, qui ombragent un beau bassin alimenté par des eaux jaillissantes.
- Ce iardin était illuminé le soir par les lampes Siemens; mais, en outre de cet éclairage, plusieurs
- illuminations décoratives se montraient au milieu des feuillages.
- La première . travée de la nef après ce jardin d’hiver, en se dirigeant vers le centre du palais, était éclairée par les lumières J. G. Lorrain, ainsi que l’une des salles fermées correspondantes à cette travée. L’autre salle de la même travée était éclai -rée par la lumière R. E. Crompton. La seconde travée ainsi que les deux salles correspondantes étaient éclairées par la lumière Gravier ; la troisième par la lumière Strode et C°. La cinquième, à droite de l’orchestre, ainsi que la salle du concert, avait été réservée à la lumière Edison. La partie centrale de l’édifice était illuminée par des lampes Crompton, l’orchestre, par des lampes Rowat et Fyfe, le théâtre par la lumière de la Compagnie générale de l’électricité, le pourtour de l’orchestre et la première travée à gauche de celui-ci, avec les deux salles correspondantes, par la lumière de la British Electric Light Company ; la deuxième travée du même côté, avec les deux salles attenantes, étaient éclairées parla lumière André, la troisième travée et ses deux salles par l’Electric Light and Power Generator C° ; la quatrième, ses deux salles et le grand corridor d’accession, par la lumière de l’An-glo-American Brush Electric Light Corporation. Enfin on trouvait dans différentes petites salles et corridors, les lumières del’Hammond Electric Light and Power Supply C°, de M. A. L. Fyfe, de M. G. G. André et de M. Swan.
- Les galeries latérales, d’un autre côté, avaient des éclairages particuliers entrepris par les compagnies de G. Hawkes, de Heneley, de Swan, de White House Mills, de Hammond Electric Light and Power Supply, de la Domestic Electric Lighting, de M. G. G. André et de M. J. C. Lorrain.
- Les machines alimentant ces lumières étaient placées au rez-de-chaussée dans le corridor de l’ouest, autour des cours dites : Chinese court, Birmingham court et Stationary court. Elles étaient construites pour la plupart par les Compagnies qui fournissaient les éclairages ; cependant on en trouvait d’autres exposées par MM. Elking-ton, R. H. Froude, E. Serell, Mignon et Rouart, Liardet, Zanni, Binko, L. Amette, Chubb, Deakin et Parker, Kelway, Elmore, Clark etMuirhead, Gallô-way, Whiteside Cook, etc. On y trouvait aussi les accumulateurs de la Compagnie Force et Lumière.
- Dans toute la longueur de la grande nef se trouvaient échelonnées sur deux rangées, les vitrines des principaux exposants. Dans la partie à droite de l’orchestre, on remarquait, faisant face aux galeries, celles de MM. Siemens, Lorrain, Johnson et Phillips, de la Maintenance Ce, de l'Automatic Te-legraph C°, de MM. Spagnoletti, Magdonald, Strode et C°, Skrivanoff et Locht-Labye, et du côté opposé, tournant le dos aux précédentes, on rencontrait les vitrines de MM. Paterson, J. G.
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- Lorrain, de la Ce Générale d’Électricité, de l’Eas-tern Telegraph Cc, de T Exchange Telegraph C® et de MM. Waterlow et Gladstone.
- Au centre de la nef on voyait les deux vitrines de sir John Benett, et dans la partie gauche de la nef, d’un côté,' les expositions de MM. Grove Hughes, Ladd, E. B. Bright, de la British et Irish Téléphoné C°,de L. B. et S. C. llailway, de L. et S. W. Railway, de Saxby et Farmer, du ministère des postes et télégraphes, du ministère de la guerre, de l’Electric Light and Power Generator C°, de la Consolidated Téléphoné C", de MM. Johnson et Phillips, Dolbear et Buck ; de l’autre côté, les expositions de MM. Sennett, Sir W. Thomson, Henley, Wallis, Apps, Cromwell Yarley, Sykes, Winter et Craik, Roos et Ostrogo-vitch, Lée et C°, de la South Eastern Railway et de l’école de télégraphie sous-marine.
- Les vitrines des autres exposants étaient installées dans les galeries du premier étage, et on trouvait aussi dans l’une de ces galeries un salon de peinture éclairé à la lumière électrique. C’était, comme on le voit, une réminiscence de notre Exposition.
- Les différents produits exposés n’ont pas été répartis, dans ces diverses expositions, suivant leur nature, mais, dans le catalogue, ils ont été groupés en 14 classes.
- La première comprend les appareils d’électricité statique; la seconde, les batteries et les appareils qui s’y rapportent; la troisième, les machines magnéto et dynamo-électriques ; la quatrième, les câbles, fils conducteurs et appareils qui s’y rapportent ; la cinquième, les appareils de mesure électriques ; la sixième, les télégraphes, les signaux et appareils qui en dépendent ; la septième, les téléphones microphones et photophones; la huitième, la lumière électrique; la neuvième, les moteurs électriques et la transmission de la force; la dixième, les appareils électro-médicaux; la onzième, l’élec-tro-chimie ; la douzième, les aimants, les compas de marine, les horloges et les instruments de précision ; la treizième, les appareils divers; la quatorzième, les engins hydrauliques à gaz ou autres applicables aux industries électriques. Toutes ces classes étaient représentées par 368 exposants anglais et 92 exposants étrangers répartis ainsi qu’il suit :
- j rc Classe Anglais. • • • * 7 Etrangers.
- 2e Classe. .... 24 II
- 3e Classe .... 25 6
- 4e Classe .... 44 2
- 5« Classe .... 18 2
- 6e Classe 5° I I
- 7° Classe .... 27 9
- 8° Classe . , . 38 i3
- 9e Classe O 8
- 10e Classe .... 17 O
- IIe Classe .... 10 5
- 12e Classe .... 35 5
- i3« Classe 5i 17
- 14' Classe .... i3 O
- Mais ce qui dominait dans l’Exposition du Cristal Palace, c’étaient les applications électriques se rapportant à la lumière électrique et à la télégraphie sous-marine. Il n’est pas jusqu’au jardin d’hiver qui n’ait eu son éclairage agrémenté d’illuminations placées dans les feuillages, et les lampes Edison, Swan, Lane-Fox ont fait merveille dans ce genre d’illumination à effet pittoresque.
- Toutefois, nous n’avons trouvé comme inventions importantes rien de réellement nouveau, et l’on ne doit pas s’en étonner, si l’on réfléchit que cette Exposition a succédé pour ainsi dire sans interruption à l’Exposition des Champs-Elysées où tous les pays s’étaient donné rendez-vous pour exhiber leurs nouveautés. Ce n’est toutefois que le 25 mars que les préparatifs se sont trouvés assez avancés pour qu’on ait cru devoir consacrer son ouverture parla visite du prince de Galles; mais auparavant on avait déjà fait quelques annonces pompeuses dans le but d’entraîner les visiteurs. Car cette Exposition étant une entreprise particulière, les intéressés devaient naturellement penser à faire rentrer le plus d’argent possible dans la caisse, et il ne faut pas s’en étonner, ni même le trouver mauvais, car dans des entreprises semblables, chacun doit trouver ses avantages : le public en s’instruisant, les actionnaires en recueillant un intérêt satisfaisant de l’argent qu’ils dépensent. Donc c’est la question financière qui a dominé dans l’organisation de l’Exposition de Londres, et c’est ce qui explique l’intervention de ces mises en scène théâtrales, de ces orchestres pompeux qui n’avaient rien à faire avec une Exposition scientifique et qui lui ont donné un peu un aspect forain que nous comprenons peu en France, mais qu’on retrouve souvent en Angleterre. Ainsi, dans les intéressantes soirées scientifiques de M. Peper, on trouvait à côté de conférences scientifiques instructives accompagnées d’expériences de physique, des concerts et des représentations théâtrales, des pantomimes même. D’un autre côté on doit se rappeler qu’en Angleterre les drames les plus émouvants sont accompagnés de morceaux chantés qui ne paraîtraient pas de saison chez nous. Chaque peuple a ses usages et ses habitudes, et quant à moi je pense que si nous eussions eu à notre Exposition un peu de musique, elle n’en aurait pas été moins intéressante pour cela.
- Ayant déjà étudié dans ce journal la plupart de tous les systèmes de lumière électrique exposés, nous n’entrerons pas dans de nouveaux détails à cet égard ; il nous suffisait d’indiquer leur répartition dans le vaste édifice de Sydenham, et il en est de même pour les autres applications électriques. Nous devons cependant ajouter que des auditions théâtrales téléphoniques y ont été installées dans de très bonnes conditions, et ont, comme à Paris, constamment captivé la foule ; cependant
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- en raison de leur éloignement de Londres, ces auditions n’étaient effectuées qu’entre des salles de concert dépendantes de l’établissement et les salles téléphoniques de l’Exposition qui étaient organisées pour que 80 visiteurs pussent entendre à la fois. Ces installations sont du reste établies d’une manière définitive et resteront à la disposition des curieux qui ne seront pas, de cette manière, privés, comme chez nous, d’une des plus grandes attractions qu’avait présentées notre Exposition. Il est vrai que la direction du palais de Sydenham n’avait pas à compter avec les droits d’auteur et le caprice de directeurs de théâtre qui croient que de pareilles installations peuvent leur faire concurrence ! !...
- En outre de ces installations téléphoniques il y en avait d’autres où l’on pouvait converser entre soi des • différents points de la salle; des instructions écrites sur la manière de faire fonctionner les appareils étaient placardées au-dessus de chaque poste, et l’on n’avait pas à passer par un bureau central pour se faire une idée de ce merveilleux moyen de correspondance.
- Il avait été question un moment de donner des récompenses aux exposants, et un jury de 21 membres Anglais et de 7 membres étrangers avait été nommé à cet effet; mais il paraît qu’on y a renoncé, puisque nous ne voyons aucune annonce de décisions prises par ce jury. Il est certain que les savants étrangers n’ont pas apporté un grand empressement à seconder cette organisation. Il semblerait que pour les mettre en branle, il ne faut rien moins qu’une initiative officielle ou ministérielle ! ! Quand donc l’initiative individuelle sera-t-elle chez nous assez forte pour nous faire agir par nous-mêmes sans avoir besoin de demander au gouvernement un patronage qui ne devrait appartenir qu’aux grandes questions d’intérêt général ou humanitaire?...
- Th. du Moncel.
- LES ORIGINES des]
- LAMPES A INCANDESCENCE
- Les lampes à incandescence électrique croissent, multiplient, s’accumulent sans cesse ; il n’est presque pas de jour où un nouvel appareil de ce genre ne se produise avec plus ou moins de bruit, s’annonçant toujours, bien entendu, comme le plus parfait, ou plutôt le seul parfait de ceux qui existent.
- J’ai pensé qu’il y aurait intérêt à exposer les origines et le point de départ de ce mouvement actuellement si considérable; je crois pouvoir, à
- meilleur titre que personne, en donner au moins les grandes lignes, ayant pris moi-même à ces premiers essais une part dont l’importance sera appréciée par le lecteur. Mes travaux sur ce point comptent actuellement près de quarante années. Tous les auteurs qui se sont occupés de ce sujet les citent au nombre des plus anciens au point de vue théorique ; quant à mes expériences et à mes applications de l’incandescence dans le vide, leur antériorité sur toutes les autres est un fait que personne ne conteste.
- Je fus engagé dans cette recherche par mon respecté professeur et ami M. Jobard de Bruxelles; celui-ci avait déjà depuis quelque temps tourné ses idées de ce côté ; et il avait émis en i838 dans le Courrier Libéral, l’idée que un petit charbon employé comme conducteur sur un courant dans une chambre vide, donnerait une lampe électrique à lumière intense fixe et durable. Il me conseilla de poursuivre la réalisation pratique de cette conception théorique. J’étais ingénieur et m’occupais spécialement des mines, l’application possible de l’éclairage à incandescence aux travaux de ma profession me frappa et j’entrai dans la recherche qui m’était indiquée.
- Après une certaine préparation théorique, je commençai mes expériences réelles dans l’année 1844, Je cherchai uniquement l’utilisation du charbon dans le vide, ainsi que l’avait indiqué M. Jobard. D’ailleurs les avantages éminents de ce corps au point de vue de l’incandescence, avantages qu’il n’est pas besoin d’énumérer aujourd’hui, étaient dès ce temps reconnus, et mes tentatives devaient se concentrer sur ce point. Je fis usage du seul charbon conducteur de l’électricité que l’on possédât alors, c’est-à-dire du charbon de cornue. Je taillais des baguettes aussi fines que possible de ce charbon et les enfermais dans des ampoules de verre vidées d’air en les mettant en communication avec les conducteurs. Je n’insiste pas sur les difficultés que je rencontrai dès l’origine pour former les attaches et obtenir une fermeture hermétique, elles sont communes à toutes les lampes de ce genre ; mais la nature même du charbon dont je faisais usage m’apportait un obstacle spécial. Ces charbons ne sont jamais bien homogènes, en sorte que la baguette, sous l’influence électrique, |se détruisait toujours par quelque point. J’essayai de lui donner de l’homogénéité par un procédé qui consistait à remplir les pores en trempant la baguette de charbon dans des résines fondues ou des solutions sucrées et la faisant ensuite recuire. Le résultat fut meilleur et je constituai un type de lampes dont je donne ici (fig. 1) une représentation approximative. Comme expérience, le succès était satisfaisant. Comme pratique il faut reconnaître que ces appareils ne pouvaient être sérieusement utilisés. Néanmoins c’était pour ce temps un progrès
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- digne de remarque ; d’autant mieux que j’étais seul dans cette voie ; les curieuses expériences de Starr et King, sur lesquelles j’aurai à revenir et qui furent présentées au- public vers 1844 n’étaient pojnt faites, comme on l’a dit par erreur, avec du charbon, mais avec du platine porté à l’incandescence dans l’air.
- Quelque intéressant que pût être ce résultat pour les hommes de science, au point de vue pratique il n’était pas bien fait pour m’encourager. D’ailleurs je fus à ce moment appelé en Angleterre comme ingénieur en chef des mines de Weal-Océan et de Weal-Ramoth; mes recherches furent naturellement suspendues.
- Toutefois, l’idée qui m’avait conduit à les entreprendre, celle de l’éclairage des mines, ne pouvait cesser de me préoccuper, surtout dans les fonctions auxquelles j’étais appelé. J’inventai même à
- cette époque une lampe à huile qui fut longtemps en usage sous le nom de Victoria-safety-Lamp. Ce n’était, à vrai dire, qu’une sorte de pis-aller, la lampe électrique n’ayant pas cessé de me paraître l’idéal pour les éclairages de ce genre; aussi lors de mon retour à Bruxelles, en i85o, je repris mes recherches, d’abord avec des interruptions, puis très activement vers i855.
- Je dirigeai alors mes essais dans deux sens en même temps; sans abandonner le charbon, je m’occupai de constituer un système de lampes où le corps incandescent était le platine. Celui-ci est loin d’avoir les qualités du charbon, mais il n’a pas non plus certains de ses défauts et on devait penser qu’il permettrait plus rapidement d’atteindre un système moins parfait peut-être, mais suffisamment pratique. Il est vrai que l’emploi du métal suppose la solution de divers problèmes, principalement de deux : il faut, pour éviter la fusion et la destruction du fil incandescent, même dans le vide, lui limiter strictement l’intensité du courant alimentaire, c’est-à-dire, en un mot, réaliser une
- régulation électrique. D’autre part, pour que le système soit pratiquement utile, il faut que l’on puisse placer plusieurs lampes sur un même circuit, ces foyers étant trop peu intenses pour qu’ils puissent être économiquement employés, si chacun d’eux réclamait un circuit.
- Quelques tentatives avaient été faites dans cette voie; j’ai dit un mot des expériences de Starr et King, qui firent beaucoup de bruit vers 1844; elles furent de peu de durée, le procédé mis en usage est assez mal connu ; la mort de Starr et la disparition de King mirent brusquement fin à cet essai sur lequel la lumière n’a jamais été complètement faite.
- Dans un brevet de 1848, Staite propose l’emploi de l’iridium, rendu incandescent dans l’air. Ce mé-
- tal est très peu fusible; les dispositions indiquées par Staite paraissent rationnelles ; je ne sais si ces lampes ont fonctionné, il est probable qu’elles pourraient le faire jusqu’à un certain point, mais Staite est obligé de donner un courant à chaque lampe et de plus l’iridium est fort rare et fort cher, en sorte que le système n’est nullement pratique. Vers le temps où je repris mes études, M. Hol-mès avait entrepris quelques travaux dans le même sens : il n’obtint pas de succès; sa régulation étant très insuffisante, ses lampes fondaient et se détruisaient très fréquemment.
- Des expériences méthodiquement suivies me conduisirent d’abord à reconnaître que le métal devait recevoir une préparation particulière ; il ne doit pas être dès le premier abord porté à l’incandescence, il faut l’accoutumer peu à peu au genre de service qu’il doit rendre; à cet effet on le maintient à des chaleurs rouges modérées pour le faire peu à peu et lentement monter au degré où il doit être main-
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- tenu. M. Edison a retrouvé ces faits environ vingt ans plus tard. J’avais également reconnu qu’il y avait intérêt à ne pas employer le platine pur, mais bien légèrement carburé. A cet effet, je lui fais subir une opération assez semblable à la cémentation de l’acier en le faisant chauffer dans des poussières dé charbon, après quoi on le fait repasser à la filière. J’arrivai ainsi assez rapidement à constituer des lampes qui ne se détruisaient pas et donnaient des intensités considérables. J’en donne ici (fig. 2) la représentation en vraie grandeur.
- Comme on peut le supposer, je n’eus rien de plus pressé que de proposer immédiatement l’application que j’avais toujours rêvée, c’est-à-dire l’éclairage des mines. Je présentai mes lampes à M. Devaux, ingénieur en chef des mines; celui-ci me fit cette objection assez singulière, que mes appareils étaient trop sûrs ; c’est-à-dire qu’ils n’avertissaient pas de la présence du grisou comme fait la lampe Davy. Je dois dire que je ne fus pas découragé par cette observation, parce qu’il me semblait qu’il valait mieux éviter complètement le danger que de le laisser subsister en conservant la chance d’être averti à temps; d’autant mieux qu’il y a d’autres moyens de reconnaître la présence du grisou et d’en être averti, j’en proposai moi-même un que j’avais combiné; mais le siège de M. Devaux était fait. Je n’en continuai pas moins mes recherches, et à la date du 17 mai i858, je pris un brevet sur un système complet de régulation et de division de courant pour la lumière électrique à incandescence. Je dirai bientôt comment la prise de ce brevet même amena l’interruption de mes travaux. Mais je dois d’abord résumer brièvement le procédé que j’employais. Chaque lampe était placée sur un circuit dérivé du courant général qui traversant, en outre de la lampe, le fil d’un électro-aimant; un deuxième circuit dérivé, branché sur le premier était formé par le noyau de cet électro-aimant et son armature; ce deuxième circuit n’était donc fermé que si l’électro-aimant, étant actif, mettait son armature en contact avec le noyau. On conçoit, alors, comment les choses se passaient ; dans l’état normal, le circuit renfermant la lampe et le fil de l’électro-aimant était seul fermé, le ressort antagoniste de l’électro-aimant étant réglé de façon que le courant convenable pour l’incandescence n’était pas assez fort pour le vaincre. Si le courant augmentait trop, le magnétisme de l’électro-aimant augmentait avec lui, le ressort antagoniste était vaincu, l’armature venait au contact du noyau et fermait ainsi un circuit dérivé dejDetite résistance qui détournait le courant devenu trop intense et dangereux pour l’appareil. La quantité d’électricité absorbée par la lampe étant ainsi limitée, il devenait possible d’en mettre plusieurs sur le même circuit, ce qui réalisait les deux buts cherchés, la régulation et la division.
- J’ai dit que tout en travaillant l’incandescence par les métaux, je n’avais pas abandonné le charbon. Dans cette période, et encore après je tentai, ne trouvant pas de charbon convenable, d’en fabriquer de toutes pièces. Je fis passer par une filière des pâtes de plombagine pour en former des baguettes fines que je cuisais ensuite, mais j’étais obligé d’introduire des corps agglomérants, par
- exemple de l’argile, la plombagine seule n’ayant pas assez de consistance. Je n’arrivai pas à réaliser des baguettes résistant comme je le désirais à l’incandescence électrique; elles présentaient une certaine tendance au ramollissement. En 1859, M. le comte du Moncel décrivit, dans ses études sur la bobine de Ruhmkorff, des expériences dans lesquelles il avait obtenu une très brillante lumière par l’incandescence de fibres végétales, telles que du liège, de la basane, préalablement trempés dans l’acide sulfurique.et carbonisés. L’application aux
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- lampes dans le vide était indiquée, et j’essayai des matériaux de ce genre, mais il fallait prendre certaines précautions, augmenter la conductibilité, l’homogénéité qui n’étaient pas d’abord suffisantes ; cela demandait une série d’expériences que je ne poussai point jusqu’au bout pour les raisons que je vais dire. Je réalisai à ce moment certains types assez curieux 'où l’incandescence du platine était combinée avec celle d’un charbon qui était entouré par la spirale de métal, je représente une de ces lampes (fîg. 3).
- Lorsque je fus parvenu à réaliser la régulation et la division du courant avec les lampes à platine, je dus songer aux applications, et à cet effet je présentai mes expériences aux personnes compétentes et en état de faire adopter mon système. Parmi elles, naturellement en tête, était M. Jobard, qui n’avait d’ailleurs pas cessé de suivre mes travaux avec un très vif intérêt. Satisfait des résultats acquis, il en fit le sujet de diverses communica-
- FIG. 5
- FIG. 4
- tions ; en particulier, il en adressa une à l’Académie des sciences de France, le 27 février i858, antérieurement, comme on le voit, à la prise du brevet. Je ne crois pas utile de reproduire cette note élo-gieuse. Il y résumait les expériences et énumérait les applications. J’en avais projeté quatre principales :
- i° Eclairage des mines;
- 20 Lampes immergées pour la pêche ;
- 3° Bouées lumineuses;
- 40 Télégraphe nautique, obtenu à l’aide de tubes colorés renfermant les hélices incandescentes, et dont les combinaisons obtenues à l’aide d’un clavier formaient des signaux lumineux au haut d’un mât de navire.
- L’Académie des sciences crut devoir réclamer une étude spéciale du sujet, et M. Quételet, secrétaire perpétuel de l’Académie de Bruxelles, chargé de ce complément d’instruction, délégua M. Mel-sens, l’un de ses collègues. Celui-ci assista aux expériences, les suivit de près, et à la date du 3 avril i858 rendit compte à M. Desprez de ce
- qu’il avait vu. Dans cette lettre,'il énumère les résultats, constate qu’il a vu sur un même circuit, alimenté par une pile Bunsen de douze éléments légèrement modifiés par moi, plusieurs lampes que l’on pouvait allumer soit ensemble, soit en groupe, soit isolément, à volonté, sans que l’éclat de chacune d’elles fut modifié ; il constatait donc que la régulation et la division étaient obtenues. L’Académie des sciences nomma une commission composée de MM. Becquerel père, Desprez et Babinet. M. Desprez écrivit à M. Jobard pour lui demander la description détaillée des appareils et des procédés. Celui-ci dut répondre qu’il lui était impossible de fournir ces détails, parce que leur publication
- FIG. 6
- nuirait aux brevets dont je venais de faire la demande. Sur cette réponse, M. Desprez déclara que M. de Changy, voulant faire de son invention un objet de lucre, ne méritait pas le nom de savant, et que l’Académie ne devait pas s’occuper de ses travaux.
- Une pareille réponse me découragea profondément, et je cessai à peu près complètement mes re cherches.
- Il se peut que le lecteur soit d’abord un peu surpris du regret avec lequel j’abandonnai ces études, les résultats que je viens de signaler paraissant assez restreints; il est incontestable en effet que les expériences que j’ai rapportées seraient peu frappantes pour un électricien de nos jours, mais il
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- faut considérer quel était l’état des choses en ce temps. Cette division, cette régulation, relativement peu étendues, que je réalisais, étaient en i858 des résultats absolument nouveaux; ces résultats sont restés le point de départ des progrès si grands obtenus depuis; ils en montraient la possibilité et ouvraient, j’ai le droit de le dire, la voie dans laquelle on s’est avancé ; ils avaient donc une importance qui justifiait les éloges des hommes de science et explique la valeur que j’y attachais. D’autre part, on peut être surpris au contraire que, reconnaissant ainsi l'utilité de mes recherches, j’aie pu me décider à les abandonner ; mais on doit considérer que l’heure des grandes applications n’était pas venue, les sources puissantes d’électricité, aujourd’hui si répandues, n’existaient pas; les résultats pratiques étaient certains mais non pas prochains, et le découragement était permis.
- Au reste, j’ai tort de dire que je délaissai tout à fait mes recherches. Une étude poursuivie pendant autant d’années et avec une si fervente ardeur ne se laisse pas ainsi quitter. Seulement je dirigeai mes travaux, d’ailleurs très ralentis, dans des voies un peu différentes. J’avais déjà créé un régulateur sur lequel il ne me paraît pas opportun de revenir, bien que pour ce temps il fût, à ce que je pense, ingénieux et intéressant. Je m’occupai d’incandescence dans l’air, soit par des baguettes de charbon descendant dans une spirale incandescente de fils de platine, soit par une baguette de charbon descendant entre deux autres ou mieux entre deux disques de charbon formant électrodes.
- Cependant, les années s’écoulaient; tout changeait en électricité : en même temps que la théorie s’éclairait tous les jours, les inventions grandissaient avec une admirable vitesse; en particulier les machines génératrices d’électricité prenaient naissance et atteignaient en peu d’années le degré de puissance et d’abondance où nous les voyons. A ce moment, l’heure propice à l’emploi de l’incandescence était venue, l’élément qui avait manqué à mes travaux était créé, aussi l’on sait par quelle évolution générale les inventeurs se tournèrent presque en même temps vers les créations de ce genre.
- Il ne m’appartient pas de faire remarquer à quel point furent utilisées mes recherches qui n’étaient pas inconnues, bien que leur auteur fût un peu oublié dans son silence; ce n’est pas à moi de faire voir comment quelques-uns ont tout simplement repris la série de mes travaux et réédité mes résultats quelquefois avec des dispositions pratiques inférieures. Les lecteurs de ce journal ont suivi les faits depuis ces dernières années, ils reconnaîtront, sans qu’il soit besoin d’insister, les analogies entre les inventions récentes et les études anciennes que je viens de raconter.
- On ne sera pas étonné que j’aie pris ma part d’un
- mouvement aussi général. Mes amis m’y poussèrent et je n’avais aucune raison de m’abstenir. La considération qui m’avait arrêté en i858 n’existait plus, l’esprit public ayant complètement changé sur ce point. On trouve aujourd’hni fort naturel que chacun tire de ses travaux le parti qu’il peut, et je pense que cela est juste; on estime que, loin de nuire à la science cela ne peut que lui être utile et on a raison : quelques-uns parmi les plus illustres en ont donné l’exemple et le refus tranchant de M. Desprez semblerait aujourd’hui fort étrange : je n’eus d’ailleurs qu’à reprendre mes travaux au point où j e les avais quittés vingt ans auparavant, pour me trouver à la hauteur des autres; mes anciens procédés, perfectionnés, complétés, modifiés sur certains points, m’ont donné un modèle de foyers à incandescence qu’il m’est bien permis de considérer comme satisfaisant. J’ai créé plusieurs types dont je donne ici la représentation (fig. 4,5,6,7); ils varient depuis 3 bougies jusqu’à environ 5o bougies. S’il y a lieu, je reviendrai sur le côté technique, je décrirai les procédés particuliers que j’emploie pour la confection du charbon, le mode spécial d’attache, etc. Je donnerai, si cela peut intéresser, quelques détails sur l’accumulateur particulier que j’ai récemment imaginé et qui présente des avantages; mais il m’a paru qu’il y avait avant tout quelque utilité à rappeler dans leur suite des travaux déjà anciens, et dont le récit peut contribuer à éclairer certains points de l’histoire de la science.
- C11. de Changy.
- LES PROGRÈS
- DES
- PILES SECONDAIRES
- LES NOUVEAUX ACCUMULATEURS. — LE CHEMIN DE FER DE M. DUPUY.
- Depuis que la modification apportée par M. Faure à la pile secondaire de Planté a attiré l’attention sur les applications industrielles de cet appareil, on a .vu surgir un certain nombre de formes, dites pratiques, de l’accumulateur. Nous avons, signalé en son temps l’accumulateur de M. de Méritens (La Lumière Électrique, numéro du 28 septembre 1881), celui de MM. de Pezzer et Carpentier (numéro du 14 décembre 1881), et celui de M. Sutton (numéro du 14 janvier 1882). Nous avons aussi indiqué la forme donnée par M. Reynier à la pile Faure (numéro du 28 décembre 1881).
- Depuis lors, on a imaginé encore quelques autres dispositions dont les principales sont celle de M. de Méritens, nouveau modèle, celle de M. de Kabatli, celle de MM. Sellon et Wolckmar, et celle de M. de Changy;
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- Dans l’ancien accumulateur de M. de Méritens, chaque électrode de plomb formait comme les feuillets d’un livre. Dans sa nouvelle disposition chaque électrode a la forme d’une persienne dans laquelle les lames seraient horizontales, très minces et se touchant presque; elle forme une plaque complexe d’une trentaine de centimètres de hauteur sur 25 de largeur et un centimètre environ d’épaisseur; chaque'accumulateur né comprend que deux électrodes de ce genre disposées dans une boîte rectangulaire en ébonite.
- M. de Kabath, de son côté, se sert de bandes ondulées analogues à celles que nous avons décrites dans l’appareil de MM. de Pezzer et Carpentier, mais avec les ondulations perpendiculaires et non plus obliques aux bords de la bande (’).
- Dans son appareil, une auge en bois contient un certain nombre (6 ou 14) d’électrodes composées placées à une petite distance les unes des autres.
- Les lames de rang impair, reliées toutes ensemble, sont en relation avec une borne qui forme un des pôles de la pile; celles de rang pair également réunies, sont reliées à l’autre pôle. La disposition est donc semblable à celle des lames d’une pile Faure, modèle rectangulaire. Maintenant chaque électrode composée est formée d’une centaine de bandes minces verticales, alternativement planes et ondulées, qui, placées à côté les unes des autres, forment une plaque de 8 à 9 centimètres de large sur un centimètre environ d’épaisseur et 40 centimètres de hauteur. Sur les deux grandes surfaces de ces plaques les tranches des bandes sont maintenues par des lames de plomb percées de trous.
- D’autre part, MM. Sellon et Woclkmar ont construit des accumulateurs, avec des lames de plomb percées de trous et contournées de différentes façons, mais le point principal de leur brevet consiste dans le remplissage des trous à l’aide de plomb spongieux. Les lames de plomb qu’ils emploient ont quatre millimètres d’épaisseur et les trous sont éloignés l’un de l’autre d’environ deux millimètres. La partie active de la lame est donc constituée principalement par la matière qui remplit les trous; les parties pleines servent de support, tout en participant dans une certaine mesure à l’action électro-chimique.
- Enfin M. de Changy se sert de masses de plomb non pas spongieux, mais amené, par son mode même de préparation, à présenter pour un faible poids une très grande surface. Ce résultat s’obtient en fondant du plomb et le projetant ensuite d’une certaine manière sur une surface refroidie. Le plomb ainsi refroidi brusquement forme des masses
- (9 A la suite d’une polémique engagée dans l’Jélectricien, entre M. de Kabath et MM. Carpentier et de Pezzer, au sujet de la propriété des bandes ondulées, ces derniers ont abandonné à M. de Kabath, l’emploi de ces bandes.
- très divisées. M. de Changy place ces masses dans un vase partagé en deux compartiments par une cloison poreuse et on s’en sert comme d’électrodes.
- Tous ces nouveaux dispositifs ont été employés comme accumulateurs et ont pu emmagasiner une certaine quantité d’électricité; mais jusqu’à présent on n’a publié sur leur compte aucun résultat numérique. Il est donc encore impossible de porter sur eux un jugement bien définitif. Il y a cependant un point qui nous porte à croire qu’ils ne constituent pas la meilleure utilisation du plomb pour l’accumulation de l’électricité. Ce que les inventeurs ont cherché, en effet, c’est à donner au plomb une surface maximum pour un poids minimum. Cela serait très bien s’il s’agissait de couples construits comme ceux de Planté, dans lesquels toute la surface est également active; mais, dans les nouveaux accumulateurs, il n’en est pas tout à fait ainsi; on a bien une surface très grande relativement au poids de plomb employé, mais tout indique que les diverses parties de cette surface jouent des rôles très inégalement actifs. Dans la pile Faure, l’inventeur reconnaît lui-même que l’action ne pénètre pas complètement la masse d’oxyde de plomb. Il doit en être évidemment de même dans les électrodes composées qui arrivent à une épaisseur d’un centimètre. C’est d’ailleurs un fait connu en électrolyse, que, si l’on emploie des électrodes non planes, l’action se produit surtout entre les points les plus rapprochés de ces électrodes. .
- Dans les plaques composées que nous venons de décrire, l’action aura donc lieu surtout sur le bord des lames ou bandes composant les électro des principales et la partie centrale de la masse restera peu active. Nous voulons dire que pour les électrodes positives, par exemple, toutes les bandes verticales seront bien oxydées sur toute leur surface, mais l’action oxydante sera beaucoup plus énergique vers les bords que sur la partie médiane des bandes, et en ce point le plomb" ne sera pas utilisé comme il devrait l’être.
- Ceci s’applique surtout aux dispositions à bandes horizontales ou verticales, comme celles de M. de Méritens ou de M. de Kabath. Dans les piles de MM. Sellon et Wolkmar, dans lesquelles le plomb a 4m/m d’épaisseur, la matière qui remplit les trous peut être parfaitement active dans toute sa masse, et nous avons vu des échantillons d’électrodes dans lesquels il en était ainsi, mais sur les parties pleines de la lame la pénétration n’est pas très profonde, et il y a là beaucoup de plomb mal utilisé.
- En ce qui concerne les applications pratiques des accumulateurs, il en a été fait un certain nombre pour l’éclairage électrique des chemins de fer. Nous les avons signalées en leur temps. On a cherché aussi, à plusieürs reprises, à utiliser les accumulateurs comme source portative d’électricité,
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- pour faire mouvoir des véhicules au moyen d’un moteur électrique. De tous les essais qui ont été tentés dans cette voie, un seul paraît avoir réussi ; c’est le petit chemin de fer électrique installé par M. Clovis Dupuy, dans la blanchisserie de M. Duchenne-Fournet, à Breuil-en-Auge. Ce chemin de fer est destiné à” relever les pièces de toile tendues sur le pré, il comprend d’abord deux fourgons ; l’un contient dix paniers de piles Faure, modèle Reynier, de 6 accumulateurs chacun ; le second renferme un moteur électrique pouvant à volonté mettre en mouvement soit les roues du véhicule, soit une sorte de dévidoir servant à ramasser les toiles. Les roues de ce wagon peuvent être calées par un frein et ce dernier, en même temps qu’il cale les roues, affaiblit d’abord le courant passant dans le moteur, puis, au moment où la roue est serrée au maximun, intercepte complètement le courant. Derrière ce fourgon sont 6 wagons découverts, destinés à recevoir les toiles. Les rails sur lesquels circule le train passent dans le pré, en tête des toiles à ramasser et perpendiculairement à la direction de celles-ci. Les pièces sont toutes attachées les unes aux autres à leurs extrémités. Il suffit donc d’engager la première dans le dévidoir et d’actionner celui-ci par le moteur électrique. De temps en temps on embraye le moteur sur le mouvement des roues et l’on fait avancer le train de quelques mètres.
- La vitesse exigée est donc très faible, mais le train est susceptible, paraît-il, dejFaire 12 kilomètres à l’heure.
- Maintenant, si l’on considère le poids très grand d’accumulateurs employés fie fourgon à accumulateurs pèse 800 kilog.) on voit de suite que l’on aurait pu faire une meilleure utilisation de l’électricité en se servant directement des rails comme conducteurs et comme source d’électricité de la machine dont on se sert pour charger les piles secondaires. Mais des circonstances spéciales ont empêché d’agir ainsi : d’un côté, la grande humidité de la prairie sur laquelle sont placés les rails a empêché de les prendre comme conducteurs ; de l’autre, les rails présentent un grand nombre d’aiguillages qui auraient compliqué leur installation. Le moteur à vapeur s’est trouvé également exclu, par crainte de la fumée de charbon, et des escarbilles enflammées qui pourraient venir tomber sur les toiles, et l’on s’est trouvé ainsi amené à faire porter au train sa propre source d’électricité.
- On ne peut que féliciter M. Clovis Dupuy d’avoir entrepris cette expérience ; mais il ne faut pas oublie^ que les avantages que présente, dans ce cas, l’emploi d’accumulateurs aussi lourds que ceux employés, tiennent surtout aux conditions toutes spéciales du problème que l’on avait à résoudre.
- Les accumulateurs ne seront réellement pratiques que quand on aura considérablement réduit leur
- poids et, à notre avis, l'on devra, pour y arriver, chercher dans une autre voie que celle qui semble aujourd’hui généralement suivie.
- Aug. Güerout.
- APPLICATION DU TÉLÉPHONE
- AUX SCAPHANDRES
- J’ai fait partie, il y a quelque temps déjà, d’une Commission chargée d’expérimenter l’adaptation du téléphone aux divers systèmes de scaphandres reglementaires dans la marine de guerre. Les comptes rendus avaient déjà mentionné cette application dont l’idée appartient à M. Des Portes capitaine de frégate. Il était nécessaire de s’assurer de la valeur des résultats obtenus, par des expériences nombreuses et faites avec soin.
- Un téléphone circulaire assez plat, de 6 centimètres de diamètre, muni à l’intérieur de deux aimants superposés de forme spirale, du poids total de 88 grammes avait été fixé à l’intérieur d’un casque système Denayrouze, au moyen de deux vis soudées à l’intérieur du casque et à la hauteur de l’oreille, à la place où se trouve la plaque vibrante de ces sortes de casques, lorsqu’ils sont munis d’un porte voix ordinaire. Un trou avait été percé dans le conduit de ce porte-voix,, pour y faire aboutir le conducteur allant au téléphone. L’un des fils du téléphone était relié intérieurement à une borne vissée dans le casque, qui' servait ainsi de plaque de terre.
- Le téléphone transmetteur était pareil à celui du casque ; les téléphones récepteurs étaient de différentes espèces ; ceux construits par M. Gaiffe ont donné d’excellents résultats. Le système avertisseur se composait d’un simple petit cornet à bouquin long de 8 centimètres sur 2 centimètres de large. Lorsque l’on voulait appeler le plongeur,, pour lui parler, on soufflait dans ce petit cornet en mettant son pavillon près de la plaque du téléphone transmetteur. L’appel ainsi fait au scaphandrier a toujours été entendu dans quêlque position qu’il se trouvât. Le plongeur pour prévenir qu’il désirait communiquer, n’avait qu’à dire « attention », appel qui était également très bien entendu.
- Lorsque l’on avait appelé le plongeur, celui-ci était obligé, pour entendre commodément, de prendre la précaution d’appuyer sa main sur la soupape d’évacuation de l’air, de manière à ne pas être gêné par ce bruit. Il prévenait qu’il était prêt et la conversation commençait. Mais comme la pompe continuait toujours à fonctionner, on était obligé au bout de quelques minutés, d’interrompre la communication, afin que le plongeur pût faire évacuer le trop plein de l’air.
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- Ces essais ont été (poussés jusque par des fonds de 14 mètres seulement, n’ayant pas à proximité de plus grands fonds. La commission n’a constaté aucune différence. L’influence de la profondeur agit en effet sur les oreilles du plongeur, et il était à craindre que l’ouïe n’en fût affectée. Il faut pour les téléphones qui ont une fermeture hermétique, prendre la précaution de faire un petit trou dans la plaque du téléphone, sans cela cette dernière se gondolerait et se collerait contre l’aimant par l’excès de pression.
- Les dénudations sur le conducteur entre le casque et le. transmetteur ont peu d’influence sur l’amplitude des sons perçus.
- ] Pour appliquer le téléphone aux casques du-système Cabirol, il faut lui adjoindre une soupape à réglage comme dans le Dénayrouze ; on peut alors faire passer le conducteur par la soupape actuelle.
- Un microphone ordinaire et celui d’Ader, ont été essayés. La commission n’a pas remarqué qu’il y eut une supériorité bien marquée en faveur du microphone Ader. Le plongeur entend tout aussi bien avec un bon téléphone.
- De plus le prix élevé du microphone à charbons multiples, l’emploi de piles, sans supériorité marquée sur le téléphone, ont semblé à-la commission’ des raisons suffisantes pour rejeter l’emploi du microphone.
- La commission a également comparé le -porte-voix ordinaire (système Denayrouze) ef le téléphone.
- La communication avec l’extérieur est dans les deux cas assurée. Les précautions à prendre pour •que le plongeur puisse écouter sont les mêmes, (manœuvre de soupape).
- Les sons perçus par le porte-voix ordinaire se rapprochent beaucoup de ceux du téléphone comme timbre et comme amplitude; la voix est un peu plus sourde.
- Je dois ajouter que l’influence de la profondeur se fera forcément sentir davantage, lorsque l’on se servira du porte-voix ordinaire ou du, téléphone.
- Le porte-voix ordinaire aboutit en effet à une plaque soudée au casque, destinée à vibrer lorsque l’on parle de l’extérieur ; mais sans communication d’air entre l’extérieur et l’intérieur du casque. Il en résulte que lorsque le plongeur parle, il met en vibration un air à la pression intérieure du casque, •et la plaque vibre facilement ; mais de l’extérieur la personne qui parle au scaphandrier, même en •criant très fort, a grand peine à mettre en vibration cette plaque gondolée, sur les deux faces de laquelle il n’y a pas équilibre de pression. Cet inconvénient s’accentuera à mesure que l’on opérera par de plus grands fonds. Le téléphone au contraire n’est pas affecté par l’influence de la pression, qui est égale sur les deux faces de la plaque du téléphone.
- Les oreilles du plongeur seules peuvent devenir moins bonnes. — Si à ces considérations on ajoute celle de l’obligation où l’on se trouve de se servir d’un gros tuyau, au lieu d’un simple fil conducteur, le choix de la commission en faveur des communications téléphoniques s’expliquera naturellement.
- Je me suis étendu un peu longuement sur cette application qui intéresse au plus haut point, non seulement la marine, mais encore l’industrie en général, les entreprises sous-marines, les sauvetages, les travaux hydrauliques, les ponts et chaussées, etc.
- Je pense que cette application, que M. le commandant Des Portes, a faite si heureusement, résout complètement la question. J’espère que ces renseignements pourront permettre dès maintenant aux intéressés, d’avancer l’heure où ils auraient pu, en connaissance de cause, faire usage de ce pro -cédé si simple pour les communications sous-marines.
- G. Le Goarant de Tromelin.
- EXPOSITION INTERNATIONALE d’ÉLÉCTRICITÉ
- GALERIE DES MACHINES
- L’ensemble des vues représentant les diverses sections de la galerie des machines à l’Exposition internationale d’électricité que nous avons successivement publiées, touche à sa fin; nous avions fait relever avec soin tout ce qui présentait un intérêt quelconque dans cette partie si importante du Palais de l’Industrie, et les lecteurs de La Lumière Electrique retrouveront ainsi, dans nos collections, des souvenirs complets de la première Exposition d’électricité qui a donné un si grand essor à la science nouvelle. L’élan donné à Paris a gagné l’univers entier, tous les grands centres songent maintenant à organiser leur Exposition d’électricité, et l’on sait que l’Angleterre a été la première à suivre l’exemple de la France; mais nous trouvons que cette seconde exhibition. spéciale a été beaucoup trop rapprochée de la nôtre pour pouvoir présenter un intérêt sérieux et montrer des nouveautés marquant un pas de plus dans la voie du progrès. Quoi qu’il en soit, il semble qu’une véritable monomanie électrique s’est emparée de nos voisins d’outre-Manche depuis quelques mois ; Londres a voulu avoir son Exposition immédiatement après Paris, et nous apprenons chaque jour la constitution de Sociétés nombreuses destinées à exploiter les procédés plus ou moins, pratiques que la science nouvelle livre, un peu hâtivement peut-être, à la fureur de la spéculation. Nous devons reconnaître pourtant que ces essais nom-
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- EXPOSITION DE M, DE MERITENS
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- LA LUMIÈRE ELECTRIQUE
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- breux tentés, surtout en Angleterre, pour développer les applications de l’électricité amèneront les plus heureux résultats, malgré les déboires inévitables de combinaisons basées sur de prétendues découvertes, souvent peu nouvelles, ou bien lancées dans le public après des études préliminaires par trop succinctes.
- Mais ces considérations nous entraîneraient trop loin, si nous voulions préciser davantage, et nous revenons à la galerie des machines. Le premier dessin ci-contre représente divers appareils exposés par la Société Lyonnaise de constructions mécaniques et de lumière électrique. On sait que cette Société possède trois systèmes électriques pour l’éclairage, ceux deMersanne, de Bertin et de Boulard; on voitdepuis assez longtemps fonctionner les régulateurs de Mersanne avec le réflecteur à échelons de Boulard, sur la place du Carrousel; le même système est installé depuis plus longtemps encore à la gare de Paris-Lyon-Méditerranée. C’est, au moyen des machines dynamo-électriques Lontin, représentées dans notre dessin, que le courant est produit dans ce système; mais nous avons assez souvent parlé de tous ces appareils pour qu’il soit inutile d’y revenir aujourd’hui avec plus de détails.
- La seconde vue perspective représente les machines de M. de Méritens; au second plan à droite, on voit le grand modèle à quarante aimants, chaque aimant étant composé de huit lames; ces machines sont surtout destinées aux phares et ont donné des résultats assez satisfaisants, dans les nombreuses expériences qui ont déjà été faites, pour que les administrations des phares dans divers pays en aient commandé un certain nombre à l’inventeur.
- Du même côté du dessin se trouve une petite machine Gramme à courants alternatifs, et sur la gauche une machine du même auteur à aimants plats. Après des études complètes faites antérieurement dans ce journal, nous avons déjà signalé, dans notre série sur la galerie des machines, tous ces appareils qui figuraient en nombre considérable dans les diverses sections de l’Exposition internationale d’Electricité.
- C.-C. Soulages.
- ÉTUDE
- SUR
- LES TRANSMETTEURS
- TÉLÉPHONIQUES A PILE
- La variation dans l’intensité du courant, produite par la voix dans les parleurs téléphoniques à pile, a pour expression la différence entre l’intensité du courant quand aucun son n’agit sur le transmet-
- teur, et l’intensité de ce courant quand le transmetteur est influencé par la voix.
- Cherchons l’expression mathématique de la variation d’intensité du courant.
- Supposons que R soit la résistance totale du circuit, E la force électro-motrice de la pile, et soit ± x la variation moyenne de la résistance sous l’action de la voix.
- La variation produite dans l’intensité du courant sera
- V = I' - I
- I' étant l’intensité du courant quand la parole agit sur le transmetteur ; I l’intensité du courant quand le transmetteur est au repos (la résistance du par-
- leur diminuant quand on parle).
- Or, ''-R-,
- et i = i
- donc E E Ea- (0
- V R —a- R ~ R2 — R A
- Si la parole produit une augmentation de résistance du parleur, l’expression de V sera :
- v = i — r== —--------— = ———
- Les deux équations (1) et (2) font voir immédiatement le rôle considérable joué par la résistance R. Tandis que la variation dans l’intensité du courant est proportionnelle à la force électro-motrice E, et à peu près proportionnelle à la résistance x, elle est inversement proportionnelle à une quantité plus grande que le carré de la résistance R dans la formule (2), et à peu près au carré de la résistance R dans la formule (1).
- En m’appuyant sur les formules (1) et (2), je passerai successivement en revue les différentes parties d’un circuit téléphonique : la pile, le parleur et la bobine d’induction, en. laissant provisoirement de côté le cas où l’on n’utiliserait pas les courants induits.
- LA PILE.
- Parmi les piles, il faudra choisir celles qui présentent le moins de résistance, même si leur force électro-motrice est notablement inférieure à celle d’autres piles d’une résistance plus grande. Les courants étant assez intenses, la polarisation est forte. Il faudra donc des piles qui donnent une faible polarisation ou qui se dépolarisent rapidement.
- . En résumé, la pile qu’on doit rechercher est celle qui, avec une faible résistance, possède une grande force électro-motrice, et ne donne lieu qu’à peu de polarisation ; la première condition est la plus importante.
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- Etant donné un certain nombre d’éléments d’une pile, comment faut-il les associer pour avoir le meilleur effet? Dans un article publié dans le n9 36 du 3 août 1881 de ce journal, j’ai discuté cette question.
- Je rappellerai que j’arrive à la conclusion : que, pour avoir la plus grande variation dans l’intensité du courant, il faut associer ces éléments de manière que leur résistance soit à peu près égale au tiers du restant du circuit. Cette disposition n’est probablement pas celle qui donne le courant induit le plus fort, quoiqu’elle donne la variation la plus grande dans l’intensité du courant. Cela tient à ce que le courant primaire de la bobine n’agit pas seulement sur le fil induit, mais encore sur le noyau de fils de fer de la bobine. Ce noyau est le plus fortement aimanté lorsque la résistance de la pile est égale à la résistance de l’autre partie du circuit. Jusqu’à quel point l’aimantation primitive du fil de fer agit-elle pour concourir à produire le courant induit? Cette question n’étant pas résolue, on ne peut, théoriquement, indiquer la manière exacte de disposer les éléments de la pile de la manière la plus avantageuse. D’un côté, une résistance de la pile égale à la résistance du reste du circuit donne la plus forte aimantation possible au noyau de la bobine; mais la variation dans l’intensité du courant est la plus grande quand cette résistance est à peu près égale au tiers ; la pile devra donc avoir une résistance intermédiaire entre ces deux valeurs, mais plus rapprochée de la plus petite que de la plus grande.
- DU PARLEUR.
- Les parleurs se divisent en parleurs à un seul contact et en parleurs à plusieurs contacts. Ces derniers se subdivisent eux-mêmes en parleurs à. contacts réunis en quantité, parleurs à contacts réunis en tension, et parleurs à contacts à la fois en quantité et en tension.
- Les parleurs à plusieurs contacts réunis en quantité, et ceux à contacts à la fois en quantité et 'en tension sont ceux qui jusqu’ici ont donné les meilleurs résultats. Ces parleurs présentent de grands avantages. Ils présentent peu de résistance et peuvent être traversés par un courant très énergique. Une pile peu résistante étant employée avec ces transmetteurs, on comprend qu’ils donnent de bons résultats malgré la faible variation de résistance qu’ils provoquent.
- Les parleurs à un seul contact et ceux à plusieurs contacts réunis en tension ne peuvent supporter une intensité de courant aussi grande que les parleurs à contacts réunis en quantité, mais la variation de résistance qu’ils produisent est plus grande. J’estime que ces parleurs convenablement disposés pourraient donner des résultats aussi bons, sinon supérieurs à ceux à contacts en quantité. J’expose les raisons sur lesquelles je m’appuie dans l’étude
- des transformateurs du courant voltaïque en courants induits.
- DES TRANSFORMATEURS
- Je pense que j usqu’ici on n’a pas prêté l’attention nécessaire à cette partie du circuit. Quelle résistance faut-il donner à la bobine d’induction pour obtenir le meilleur effet ? Pour calculer cette résistance il faut encore une fois tenir compte des deux effets qui concourent à produire 'les courants induits : la variation dans l’intensité du courant inducteur et la. force d’aimantation communiquée au noyau de fils de fer par le courant. Je pense qu’en donnant au gros fil de la bobine une résistance égale à la racine carrée du restant du circuit, on se place dans de très bonnes conditions.
- Cette condition est-elle généralement remplie? Oui, dans les transmetteurs à plusieurs contacts en quantité. Aussi ces appareils donnent-ils de bons résultats. Mais les parleurs à un contact ou à plusieurs contacts réunis en tension me paraissent à ce point de vue profondément défectueux. Prenons comme exemple un transmetteur à simple contact qui a été et est encore beaucoup employé : le parleur Blake.
- La résistance du circuit inducteur y est de 10 à 12 ohms, et le fil de la bobine n’entre dans cette résistance que pour une valeur se rapprochant d’un demi ohm. La partie transformant le courant inducteur en courant induit, en d’autres termes, la partie travaillante, n’y est que de un vingtième. Cela est évidemment illogique.
- Ce qui est vrai pour les transmetteurs à un contact est à plus forte raison vrai pour les parleurs à contacts multiples en tension. Faire agir le parleur à boules de M. Boudet de Paris qui, avec la pile, offre une résistance voisine de 3o ohms sur une bobine offrant un ohm de résistance, c’est se mettre dans de mauvaises conditions de rendement.
- Une quantité moindre que E du circuit où se produit la variation, est utilisée à produire les courants induits. Je suis certain que si l’on donnait une valeur convenable aux transformateurs du courant dans les parleurs à grande résistance, on en obtiendrait des effets beaucoup supérieurs à ceux qu’ils donnent actuellement. Souvent il serait difficile de donner au fil inducteur d’une seule bobine la longueur voulue, mais on peut employer dans ce cas deux ou plusieurs bobines. Les fils induits de ces bobines peuvent alors être réunis en quantité ou en tension suivant le circuit sur lequel ils doivent agir.
- CIRCUITS OU l’on n’utilise PAS LES COURANTS” INDUITS
- Les circuits dans lesquels le courant de la pile agit directement sur le téléphone deviennent avan-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- tageux dans certains cas : dans les appartements, dans les usines, chaque fois que la parole devra être transmise à une petite distance.
- Tout ce qui a été dit de la pile dans le cas des courants induits se rapporte également à ce cas particulier. Ordinairement on ne fait usage que d’un élément de pile qu’on aura naturellement avantage à prendre le moins résistant possible. Il n’y a dans ces circuits qu’une chose nouvelle à étudier : la bobine du téléphone récepteur. Quelle devra être la résistance à donner à cette bobine ? Rigoureusement et mathématiquement cette question est difficile à résoudre, à cause des effets multiples qui sont en jeu dans le téléphone. L’intensité du son émis est-elle en raison directe du carré de l’intensité du courant qui le produit comme l’est l’action d’un électro-aimant sur son armature? S’il en était ainsi, il faudrait donner à la bobine du téléphone une résistance se rapprochant d’une valeur égale à la racine carrée du circuit extérieur (pile, parleur et fil conducteur). On voit qu’ici on devrait procéder tout autremeut qu’on ne le fait en télégraphie par exemple, où la résistance théorique à donner au récepteur est égale à celle du circuit extérieur. Quoi qu’il en soit, la résistance de la bobine doit toujours être plus petite que celle du restant du circuit.
- A. Dejongh.
- LA TÉLÉGRAPHIE
- SES PROGRÈS RÉCENTS MANIFESTÉS A l’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- Septième article (Voir les «os des i3, 20 et 27 mai et des 3, 10 et 17 juin 1882.)
- Devant les difficultés qu’on rencontre à obtenir l’étanchéité des joints, il y a lieu de se demander si une conduite en fonte, établie avec moins de soin et par suite beaucoup moins de frais, ne pourrait être avantageusement substituée aux conduites actuelles, sauf à y introduire des câbles mieux protégés par eux-mêmes, par exemple des câbles sous plomb.
- La Belgique expose un système de tuyaux qui pourrait peut-être donner une solution du problème : les tuyaux Delperdange, employés il y a un certain temps dans les villes belges, donneraient toute protection contre des chocs ou des écrasements, et comme l’on y peut introduire les câbles sans opérer de traction sur eux et par simple dépôt, la pose du câble ne serait pas pour lui une cause de fatigue.
- Ces tuyaux, en effet, portent dans toute leur longueur une rainure de largeur suffisante pour
- laisser passer le câble ; les tuyaux sont obtenus sous cette forme par moulage direct. La fermeture est produite au moyen d’une barre de fer ABC en forme de T qui vient s’engager dans la rainure (fig. 20). Une clavette D E donne, à certains intervalles, le serrage nécessaire de la barre du T contre l’intérieur du tuyau : on a soin d’alterner le sens d’enfoncement des clavettes afin d’éviter le plus possible leur glissement. Dans l’espace libre laissé entre les bords de la rainure on coule du ciment et l’on obtient ainsi une fermeture assez étanche pour la pleine campagne; dans les villes, elle n’est pas assez hermétique pour empêcher les émanations des gaz d’éclairage, etc., d’arriver jusqu’à l’intérieur du tuyau.
- L’assemblage des tuyaux entre eux et avec les chambres de soudure.se fait d’une manière assez simple : on peut, s’il en est besoin, remplacer un tuyau sans difficulté.
- D’après ce que nous venons de dire, l’on conçoit
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- qu’un câble placé dans de pareils tuyaux n’a besoin que d’être protégé contre les agents destructeurs du diélectrique. Si donc on y introduit des câbles analogues à ceux qu’on emploie dans les égouts des villes, et qui, par eux-mêmes, ne possèdent pas une grande résistance mécanique, on obtiendra là un ensemble à peu près à l’abri des agents chimiques, dans de bonnes conditions mécaniques, et par là jouissant très probablement de sérieuses chances de durée.
- ôr, les câbles sous plomb fournissent, il nous semble, la solution naturelle du problème. Employés depuis longtemps dans les égouts, les conducteurs à diélectrique de gutta-percha placés dans des tubes en plomb ont donné un service satisfaisant : on pourrait donc, sauf la question de prix de revient et celle de facilité de transport sur lesquelles nous n’avons pas eu de documents précis, prendre des câbles de modèles analogues à ceux existant déjà.
- Cependant nous devons ajouter qu’ils n’ont pas encore été mis en expérience sur de longues distances: or, pour diminuer le volume des câbles sous plomb, on serait conduit à diminuer l’épaisseur de la gutta-percha; la capacité du câble augmenterait rapidement et la condensation amènerait un ralentissement trop marqué des transmissions.
- Il faut donc chercher un diélectrique de capacité
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- inductive spécifique notablement moindre que la gutta. Or, l’Exposition du Palais de l’Industrie montre que des efforts ont été sérieusement faits dans cette voie. '•
- - Depuis longtemps le caoutchouc a été essayé, soit seul, soit à l’état de mélange. Sa capacité inductive spécifique étant de 2,0 au lieu de 4,2 qui est admis pour la gutta ordinaire, il y aurait évidemment intérêt à l’employer comme isolant ; malheureusement les efforts qui ont eu lieu jusqu’à ce jour pour le faire entrer dans la fabrication courante n’ont pas encore répondu pleinement aux espérances qu’on avait conçues. Une des difficultés rencontrées provient de la sulfuration du caoutchouc, destinée à lui donner de la fermeté; le soufre attaque le cuivre ; pour éviter cette action, on étame ce dernier métal ; mais la solution n’est pas complètement satisfaisante; sous l’action de l’étamage, le cuivre devient cassant.
- Un essai fut fait, il y a quelques années, pour combiner le caoutchouc, non plus avec le soufre, mais avec le brome, l’iode ou le chlore ; des résultats intéressants furent annoncés; les fils recouverts par ce système pouvaient sans inconvénient supporter les alternatives d’humidité et de sécheresse ; leur condition électrique était très constante; enfin l’étamage du cuivre était inutile, mais nous n’avons pas eu connaissance que les expériences aient été continuées.
- Des spécimens de câbles dont le revêtement est un mélange à base de caoutchouc, la Rérite, étaient exposés par M. Hutchinson (4); cette fabrication ne faisant que commencer n’a pu encore donner lieu à aucun résultat bien net pour la pratique ; des essais se poursuivent actuellement.
- La résine dont la capacité inductive spécifique est de 1,77 a également attiré l’attention des constructeurs de câbles.
- M. Phillips (Etats-Unis) exposait un morceau de câble souterrain dont le diélectrique est, croyons-nous, de la résine ; elle est maintenue dans un tube de plomb.
- MM. Berthoud et Borelont présenté également des spécimens de câbles où l’isolant est en partie formé de résine : on pouvait môme voir travailler une petite machine de leur système à l’Exposition d’électricité (2). Le conducteur de cuivre est recouvert au préalable d'une ou plusieurs spires en coton ; quand il y en a plus d’une, elles sont, bien entendu, enroulées alternativement dans un sens et dans l’autre.
- Ceci fait, ces petits câbles mal isolés viennent passer dans un mélangé de résine et de paraffine (a) (*)
- (*) Salle 16.
- (ü) Vers le pavillon sud-ouest, près de la Société Force et Lumière.
- (3) La capacité inductive de la paraffine est de 1,98.
- maintenu liquide ; ils se rendent, de là, dans un réservoir rempli du même mélange, mais continué à sa partie inférieure par un tube en fer de forte épaisseur et dont le diamètre intérieur n’a que la dimension suffisante pour laisser passer le ou les câbles qui doivent être réunis dans une même enveloppe de plomb : le cylindre en fer pénètre par une ouverture exactement calibrée dans l’intérieur d’un réservoir cylindrique très résistant où se trouve enfermé le plomb (fig. 21); le fond du réservoir est formé par un piston qui fait suite à celui d’une presse hydraulique; mais ce piston est percé en son centre d’une sorte de filière qui aboutit vers l’extérieur et livre issue au câble manufacturé; dans le réservoir à plomb, la filière est terminée par une petite coupe où s’engage partiellement l’extrémité conique du cylindre où nous avons vu entrer tout
- FIG. 21
- à l’heure le conducteur revêtu de coton ; le cylindre est relié d’une façon invariable au piston; on voit donc que celui-ci va comprimer dans le réservoir à plomb, et faire sortir par la coupelle et la filière, le plomb qui viendra ainsi former gaine autour du fil alors entouré de son enduit isolant; le câble, après cette première opération, en subit une seconde tout à fait semblable; il reçoit alors une seconde couche de plomb après avoir passé dans du brai gras ; le câble, avec ses deux couches de plomb séparées par du brai, nous semble bien garanti. Les câbles de ce système sont déjà employés pour les correspondances téléphoniques, mais on ne les a pas encore éprouvés comme conducteurs télégraphiques, au moins pour de grandes distances ; comme on peut en fabriquer telle longueur qu’on désire sans interruption de l’enveloppe protectrice de plomb, il y aurait peut-être à étudier la question au point de vue où nous nous étions placés tout à l’heure, celui de câbles sous plomb déposés dans des tuyaux en fonte d’une étanchéité médiocre. Si l’on pouvait arriver à supprimer en construction une soudure sur deux, la chose vaudrait peut-être la peine d’être examinée,
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- d’autant que pour le système en question l’isolement paraît se bien maintenir.
- Quoi qu’il en soit, la résine pure ou mélangée de paraffine n’est pas le seul diélectrique qui ait attiré l’attention des constructeurs. Le pétrole et ses dérivés commencent à jouer un rôle dans les communications télégraphiques.
- On pouvaitvoir dans l’exposition de MM. Latimer Clark, Muirhead et Ce quelques échantillons de fil recouvert où l’enduit isolant est la nigrite. Or, celle-ci n’est autre chose qu’un mélange d’une partie de gutta-percha et de deux parties d’ozokérite ; l’ozo-kérite est un produit de la distillation du pétrole. Douée, paraît-il, d’une résistance supérieure à celle de la gutta-percha, la nigrite posséderait en outre une capacité inductive notablement moindre. Ce mélange serait même capable de supporter sans altération les changements de la température et ne souffrirait pas d’un séjour prolongé à l’air. La maison anglaise qui a acquis les brevets espère pouvoir réaliser à l’aide de la nigrite une économie de 40 0/0 sur le prix du diélectrique.
- Mais à côté de ce produit solide du pétrole, on pouvait voir un spécimen de câble isolé à l’aide d’huile de pétrole même. La India Rubber Gutta Percha andTelegraph Works Company (*) exposait en effet une section de câble construit dans le système de M. Brooks. Les conducteurs en cuivre, maintenus à distance les uns des autres par une enveloppe de jute, de chanvre ou de toute autre matière peu dispendieuse, sont réunis et introduits dans un tube qu’on remplit ensuite avec l’huile. On doit avoir soin de bien purger le jute ou le chanvre de toute humidité et de toute trace de gaz afin que l’huile les puisse bien imprégner.
- La conduite où le câble est enfermé se compose simplement de tuyaux de fer reliés en général les uns aux autres à l’aide de pas de vis.
- On peut dans des tuyaux de omo4 de diamètre intérieur placer jusqu’à 5o fils pour ligne ordinaire.
- Quand une ligne vient d’être construite, la première huile qui y est introduite perd rapidement une partie de ses qualités et il convient de la renouveler au bout de quelques jours; mais les conditions électriques de la ligne deviennent alors suffisamment constantes pour la pratique.
- En 1879, un ligne de 400 mètres fut établie pour essai à Bruges (Belgique) ; cette jigne a donné jusqu’à présent un bon service, bien que l’isolement des conducteurs ait un peu diminué.
- Au mois d’octobre 1879, M. Brooks fut autorisé à établir à Versailles une ligne de 5oo mètres. La capacité électro-statistique de cette ligne, mesurée au mois de novembre, était en moyenne de 0,2 microfarads par kilomètre (2).
- (*). En face du pavillon du Post Office. (2). Annales télégraphiques.
- On a introduit deux fils du câble dans des circuits desservant Paris-Versailles à l’aide d’appareils Hughes et l’on n’a constaté aucun trouble dans les transmissions.
- L’isolement kilométrique, bien que n’approchant pas de celui des câbles ordinaires, est plus que suffisant pour un bon travail télégraphique.
- Dans le cours de l’année 1880, un essai eut lieu en Angleterre et la section de ligne ne devait être payée que si elle donnait pendant six mois un travail satisfaisant; cette condition s’est trouvée remplie de telle sorte que le Post Office a autorisé la prolongation de la section précédente.
- Nous nous trouvons donc ici en présence d’un système qui, malgré sa hardiesse, mérite considération; sera-t-il possible de l’étendre aux longues lignes? Les expériences faites en Europe ne permettent pas encore de le dire. Mais la tentative n’en est pas moins intéressante et si la durée d’une ligne construite dans ces conditions était aussi con -sidérable que l’espère l’inventeur, on trouverait là une élégante solution des lignes souterraines, car le coût d’établissement en France de 1 kilomètre d’une ligne Brooks de cinquante fils pour service ordinaire est évalué à 5 ou 6 000 francs.
- Nous ne voulons pas terminer cette revue succincte du matériel des lignes souterraines à l’Exposition sans mentionner un isolant nouveau, dénommé par son inventeur gutta-percha française et qu’on pouvaitvoir dans le pourtour sud; c’est un des produits de la distillation de l’écorce de bouleau : c’est un corps très noir qui, paraît-il, se mélange bien au caoutchouc et à la gutta-percha; nous ne saurions dire actuellement quelle est sa valeur électrique ; nous croyons que des essais vont être bientôt faits dans cette voie : jusqu’ici l’on ne peut donc rien affirmer ; mais il y a là à signaler la recherche d’un isolant tiré de produits indigènes; quel que soit le résultat, la tentative est intéressante et mérite d’être encouragée.
- (A suivre.) E. de T.
- BIBLIOGRAPHIE
- Le Microphone, le Radiopiione et le Phonographe, par M. Tu. du Moncel
- M. Th. du Moncel vient de présenter à l’Académie des sciences la seconde partie de son ouvrage sur la téléphonie qui forme un volume à part sous le titre de Le Microphone, le Radiopiione et le Phonographe. Dans l’origine, cette partie de la téléphonie avait été comprise par l’auteur dans le même volume que le téléphone, mais les découvertes se sont tellement multipliées dans ces dernières années qu’on a dû leur consacrer cette fois deux volumes. D’ailleurs, cette science s’était
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- enrichie depuis peu d’une branche nouvelle, la Radiophonie qui, à elle seule, méritait une étude spéciale, et qui, depuis deux ans a provoqué des travaux très importants de la part de plusieurs savants des deux mondes. Il s’était produit, d’un autre côté, d’autres découvertes qui se rattachaient plus ou moins à ces divers instruments et qui pouvaient compléter le nouveau volume. C’étaient d’abord la machine parlante américaine et l’enregistreur de la parole, et en second lieu le têléphote ou té-lectroscope au moyen duquel les images lumineuses peuvent être reproduites électriquement à distance par des moyens analogues à ceux employés en radiophonie.
- Le nouvel ouvrage de M. Th. du Moncel est divisé en cinq grands chapitres. Le premier se rapporte au microphone considéré, non plus comme un transmetteur téléphonique, mais comme un amplificateur des sons.
- On y traite successivement de ses différentes formes, des expériences qui ont été faites pour son emploi comme appareil thermométrique, de sa théorie, de sès applications aux études scientifiques, comme relais téléphonique, à la médecine et à la chirurgie, etc., etc. Comme corollaire, on parle ensuite des applications téléphoniques considérées au point de vue de la révélation des actions moléculaires. On étudie successivement l’audimètre ou le sonomètre de M. Hughes, les balances d’induction du même auteur, avec les expériences qui en ont été faites et les applications de cette balance comme explorateur chirurgical.
- Dans la partie consacrée au Radiophone, on trouve l’exposé des différents travaux de Bell sur ce sujet, le résumé des travaux de MM. Mercadier et Preece, la description des photophones sans pile, des nouveaux systèmes de transmetteurs radiophoniques et les applications de la radiophonie.
- Au chapitre du Téléphote, se rapportent les systèmes de transmissions des images combinés par MM. Senlecq, de Païva, Carey, Sawyer, Perosino, Shelford-Bidwell, Ayrton et Perry.
- Rien n’a d’ailleurs été ajouté à ce qui avait été dit, dans les précédentes éditions, au chapitre du Phonographe proprement dit; on y trouve également la description de la machine parlante de M. Faber, mais on y a ajouté la description de l’enregistreur électrique de la parole de M. Amadeo Gentilli, de Leipzig.
- Enfin, le volume se termine par des appendices dans lesquels on trouve les derniers perfectionnements apportés au téléphone, quelques détails sur la représentation des sons par des images lumineuses, et les applications des vibrations électro-harmoniques aux transmissions télégraphiques simultanées.
- Le volume comprend 804 pages et est accompagné de 119 figures intercalées dans le texte.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Rallumeur automatique de la lampe Solignac.
- Nous recevons de M. Solignac, sur une modification apportée à sa lampe, les détails qui suivent :
- « Le grand reproche que l’on faisait à ma lampe de ne pas avoir d’allumage n’existe plus, car au-
- jourd’hui, grâce à un nouveau veilleur, l’allumage et le réallumage sont possibles, et l’extinction d’une lampe n’entraîne plus l’extinction de tout le circuit.
- « Ma lampe étant toute différente des régulateurs, il a fallu combiner un veilleur possédant des qualités entièrement opposées à celles des veilleurs ordinaires.
- « L’ensemble du système comprend un rallumeur
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- proprement dit fixé sur la lampe, et un veilleur placé à distance.
- * Le rallumeur se compose d’une tige équilibrée portant à une de ses extrémités un charbon qui vient buter parallèlement, sous l’action d’un électro, sur les deux crayons de la lampe, et ferme ainsi le circuit; en se relevant, il l’ouvre, et détermine ainsi l’allumage lorsque l’action de l’électro a cessé.
- « Ce qui distingue le veilleur, c’est d’abord une fermeture peu résistante et continuelle du circuit, quelle que soit la position des organes.
- « Dans l’appareil, le courant trouve quatre chemins; le premier, très résistant, est composé du solénoïde de dérivation; le second comprend la lampe; le troisième, une résistance égale à celle-ci, et enfin, le quatrième, la bobine du rallumeur.
- * Ces trois dernières branches ne sont jamais fermées en même temps; le dispositif rend donc impossible l’extinction par maladresse dans la manipulation de l’appareil.
- « Le second point original du veilleur est la suppression de la bobine du rallumage pendant la marche et de l’intervention de la main pour sa mise en activité.
- « Cette dernière disposition était indispensable, car nos lampes à l’allumage prenant de l’écart, il est imprudent d’allumer les dernières avant que le verre des premières ne soit ramolli; au contraire, en allumant les lampes une à une, nous supprimons un nouveau réglage qui serait à faire chaque fois.
- « Le veilleur se compose, comme l’indique la figure ci-contre :
- « D’un arbre A portant deux palettes B-C, plongeant dans deux godets de mercure B1 C1; cet arbre est commandé par un treuil sur lequel agit un solénoïde D très résistant et en dérivation du système.
- « Le godet B1 communique le courant à la lampe et le godet C1 à la résistance équivalente.
- « Le ressort E, lorsqu’il est repoussé par la tige à piston F, remet la palette B dans le godet B', et le courant est prêt à passer dans la lampe.
- « Ce dispositif a non seulement pour but de soustraire l’appareil à une manipulation trop brusque, mais c’est ce mouvement qui détermine l’allumage. Lorsque F touche E, le courant passe par la bobine du rallumeur. Il passe donc en quantité dans la lampe, le solénoïde et le rallumeur; et ce dernier, beaucoup moins résistant, absorbe presque tout le courant. Lorsque l’on laisse la tige F revenir en arrière, elle abandonne le ressort E; le courant ne passe plus dans le rallumeur qui relève le charbon sous l’action d’un contre-poids et détermine l’allumage. Si le circuit de la lampe est endommagé pendant le court instant où F n’est plus en contact avec E, le courant passe dans le solé-
- noïde qui replonge c dans c', et remet de nou* veau dans le circuit la résistance équivalente à la lampe.
- « Cet ensemble ne demande donc pour fonctionner aucun soin, et ne retire à la lampe aucun de ses avantages, car il n’intercale dans ce circüit aucune résistance de bobine pendant la marche ; de plus, il rend les lampes indépendantes les unes des autres, et si l’arc s’éteint par accident ou devient trop résistant, le solénoïde reçoit plus de courant et agit alors pour intercaler la résistance. Mais ce déclanchement n’a lieu que dans le cas limite, car par sa résistance énorme le solénoïde n’absorbe aucun courant en marche normale. »
- Le rhéolyseur de M. E. Wartmann
- Cet appareil que M. Wartmann vient de décrire dans le numéro de mai dernier des Archives des Sciences physiques et naturelles a déjà été présenté
- par son auteur en 1877, à la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. C’est un pont de Wheatstone de forme particulière dans lequel on peut faire varier depuis o jusqu’à un maximun l’intensité du courant qui passe dans la branche du galvanomètre et qui permet par conséquent d’utiliser ce courant en graduant selon le besoin son intensité..
- Le principe de l’appareil, sinon sa disposition exacte, est représenté par la figure ci-jointe. DD est un disque épais en verre ou en ébonite entouré d’un cercle en cuivre EE gradué dans chaque qua-
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- drant de o° à go°. Ce disque, porté sur un pied à vis calantes, porte une rainure circulaire RR remplie de mercure. Une alidade en matière isolante AA, placée un peu au-dessus du disque peut tourner autour du centre' de celui-ci, et pôrte deux vis de cuivre à pointes amalgamées et aplaties fixées à ses deux extrémités, qui ne cessent pendant son mouvement de plonger dans le mercure. Aux extrémités OO d’un même diamètre aboutissent les fils venant des pôles d’une pile p et d’autre part les fils d’un galvanomètre aboutissent, en passant par les pièces BB', aux bornes vv'.
- On a donc là un véritable pont de Wheatstone dans lequel, quand l’alidade est perpendiculaire au diamètre OO, le courant passant dans le galvanomètre est nul; quand au contraire cette alidade coïncide avec OO, le courant passant dans la branche du galvanomètre est maximum.
- Pour les positions intermédiaires, il est facile de se rendre compte que l’intensité est proportionnelle à l’angle que fait l’alidade avec le diamètre HH.
- Si on désigne par :
- I l’intensité du courant de la pile (supposée constante) en dehors de l’appareil,
- i celle'du courant dérivé qui passe par le pont et le galvanomètre,
- p la résistance de ce circuit dérivé, i'i, r2> r3> r'„ les résistances des arcs mercuriels compris entre les extrémités du pont et les points de division du circuit principal,
- On a, d’après les lois de Kirchoff.
- i _ T_____________r3 r3 — r, r,t__________
- irt + r3) (r2 + r%) + p (r, + r2 + ra + r,,)
- Dans le rhéolyseur,
- r, = r.v et ra = r3
- Appelons R la résistance d’une moitié de l’anneau,
- R = r, + r.2 = r3 + r-t
- ce qui donne
- Ainsi à partir de la position de compensation où r2 — rt l’intensité du courant dérivé croît proportionnellement à l’arc dont on déplace le pont. Il est facile de s’en assurer d’ailleurs avec une boussole des sinus.
- Si rt — o, la valeur de i devient maximum et peut s’écrire
- Quand p = on a i — \ valeur qu’on réaliserait en donnant au canal une
- section 3o fois plus grande que celle des conducteurs de cuivre et au galvanomètre une [résistance équivalente au quart de celle de l’anneau mercuriel.
- Le rhéolyseur peut s’employer :
- i° A obtenir un courant d’intensité donnée;
- 20 A maintenir cette intensité avec une constance rigoureuse ;
- 3° A vérifier, par un jeu semblable à celui d’un commutateur, la construction et l’installation des appareils fondés sur des réactions électro-magnétiques, tels que boussoles des sinus et des tagen-tes, électro-dynamomètres, galvanomètres, etc. L’équipage mobile est dans sa véritable position d’équilibre, à l’abri de toute cause perturbatrice, quand il dévie d’arcs égaux entre eux sous l’action de courants égaux et successivement opposés, produits par les déplacements du pont des deux côtés du zéro ;
- 40 A déterminer directement la valeur du coefficient de réduction qui rend comparables des évaluations effectuées au moyen de deux de ces appareils non identiques. Ce coefficient est égal au rapport des longueurs des arcs mercuriels, comptés à partir du zéro de compensation, pour lesquels la déviation de l’équipage mobile est la même dans l’un et l’autre instrument;
- 5° A établir la table de correspondance entre les intensités de divers courants et les déviations gal-vanométriques qui les mesurent ;
- 6° A former la table des corrections qu’il faut apporter aux indications des boussoles de tagentes ordinaires ;
- 70 A trouver les rapports d’intensité des forces électro-motrices qui proviennent de sources différentes. Ces intensités sont entre elles dans le rapport inverse des arcs du rhéolyseur qui produisent une même déviation au galvanomètre ;
- 8° A évaluer les rapports des résistances de conducteurs divers, ainsi que les variations de la résistance chez un même conducteur;
- 90 A s’assurer de la bonne construction des shunts, bobines de résistance et autres appareils du même gefite ;
- 1 o° A exprimer en mesure absolue l’intensité des courants dérivés, quand on connaît la valeur de I, ainsi que celle des résistances R et p.
- Résistance électrique du carbone sous pression,
- par le professeur Sylvanus P. Thompson (<).
- Dans un Mémoire présenté à la Physical Society, le 2.5 février dernier, M. le professeur Sylvanus Thompson démontre que l’effet d’une compression mécanique sur des charbons denses — comme ceux de Carré — est presque nul sur leur conductibilité.
- (9 On the Electric Résistance of Carbon under Pressure. Philosophical Magazine, avril 1882.
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- électrique et que les effets attribués jusqu’ici à un accroissement de cette conductibilité, par la compression, ne proviennent en réalité que du meilleur contact réalisé par la pression aux points de i onction des charbons avec le circuit.
- C’est ainsi qu’avec des charbons de Carré, recouverts d’un dépôt électrique de cuivre, assurant un bon contact aux points de liaison avec le circuit, la compression des charbons ne produisait aucun effet; lorsque la liaison avec le circuit se faisait en pressant des plaques de cuivre sur les extrémités d’un charbon non métallisé, la pression augmentait au contraire la conductibilité en rendant plus intime le contact des extrémités du charbon avec le circuit.
- Nous avons vu, dans notre numéro du 3 juin, que M. Nosworthy avait obtenu des résultats tout à fait opposés, et quant à l’explication de M. S. Thompson, elle avait été déjà donnée par M. Th. du Moncel, en 1874.
- L’inductophone de M. Villougy Smith.
- Cet appareil se compose d’une grande longueur de fil fin isolé enroulé sur lui-même en spirale
- sous la forme d’un disque pris entre deux feuilles de carton c et traversé par un courant interrompu par les vibrations d’un diapason électrique D, qui lui imprime des variations ondulatoires analogues à celles qui caractérisent les courants téléphoniques.
- Si l’on approche du tableau c la membrane d’un téléphone, avec ou sans son aimant, elle se met à vibrer synchromiquement avec le diapason : les sons émis sont d’autant plus intenses qu’on se rapproche plus du tableau.
- On n’a pas encore déterminé la distance au delà de laquelle l’influence du tableau cesse de se faire sentir.
- Les expériences de M. Smith ont nettement démontré que les téléphones peuvent être actionnés par un circuit auquel ils ne semblent reliés par aucun lien matériel.
- {The Engineer, 26 mai et The Electrician, •3 juin 1882).
- Accouplements pour fils électriques, de Brewtnall.
- Cet accouplement, remarquable par sa grande simplicité, se compose d’un cylindre creux c, fendu en sifflet pour laisser passer le câble principal c',
- et traversé, à sa partie supérieure, par un fil secondaire c". La liaison se fait en appuyant le fil principal sur le fil secondaire au moyen de la vis de pression v. On peut, au besoin, relier avec ce système, le fil principal au fil secondaire au moyen d’un conducteur de sûreté f, en métal fusible. — (D’après Y Engineer, du 19 mai.)
- Nouvelle disposition de la pile Daniell
- A une récente séance de la Société de physique, M. Bouty a décrit une forme de Daniell imaginée par M. Terquem. Elle ne diffère de la pile Callaud que par l’adjonction d’un robinet situé vers la partie inférieure du vase et qui permet de faire écouler de temps à autre une portion du liquide, pour éviter le dépôt de cuivre sur le zinc dû à la diffusion du sulfate de cuivre. En enlevant toutes les vingt-quatre heures un litre de liquide et le remplaçant par une égale quantité d’une dissolution de sulfate de zinc, la pile se conserve en bon état. Le liquide extrait séjourne sur de la grenaille de zinc qui précipite le cuivre et le transforme en sulfate de zinc : c’est ce liquide qui est introduit de nouveau dans la pile. La résistance de ces éléments (4°hms,5 environ) est assez grande, mais elle n’éprouve que de très faibles variations.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le Directeur,
- Dans le n° du 10 juin dé La Lumière Électrique, M. Frank Geraldy fait des réflexions fort justes à propos de ce qu’on peut qualifier d’invention en matière d’industrie. Il veut bien, en passant, me citer comme ayant été appelé <a appliquer au Pavillon de Flore un spécimen de mon système de distribution de l’électricité.
- Cette application n’aura pas lieu pour des motifs que je vais exposer aussi brièvement que possible.
- Tout système nouveau, vraiment digne de ce nom, exige naturellement des modifications aux systèmes existants, car s’il en était autrement, il ne différerait en rien de ces derniers.
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- De plus, une distribution de forces par l'électricité exige des études préalables ayant pour but de déterminer le diamètre des fils de la machine génératrice et des machines réceptrices, ainsi que la vitesse à laquelle elles doivent tourner pour satisfaire à la double condition de l'indépendance mutuelle de la marche-et d'un rendement économique élevé. Cette étude préparatoire est encore plus indispensable pour une distribution d'électricité que pour une distribution d'eau ou de gaz et les déterminations auxquelles elle conduit doivent être scrupuleusement respectées sous peine d'un gaspillage considérable de la force motrice initiale.
- Je dus par suite rechercher les conditions de fonctionnement des machines Siemens qui avaient été choisies par les ingénieurs de la Ville. C'est ainsi que je fus amené à déterminer leurs caractéristiques. Je reconnus qu'elles pouvaient résoudre le problème proposé mais à la condition que l’on modifiât le diamètre des fils des réceptrices et que l'on fit tourner la génératrice à une vitesse déterminée.
- Les agents de la maison franco-allemande à laquelle je transmis le résultat de mes recherches ne voulurent ou ne purent me donner satisfaction sur aucun de ces points et je dus me contenter d'essayer leurs machines telles quelles. Je dois dire cependant que la machine génératrice Do avait reçu le double enroulement qui constitue un des éléments principaux de mon système, mais ne peut remplir le rôle auquel il est destiné qu'à la condition que la génératrice ait une vitesse déterminée. (Voir La Lumière Electrique du 3 décembre 1881.)
- Cette vitesse a,pour conséquence une force électro-motrice considérable qui nécessite une vitesse excessive de marche des réceptrices (type D 5), à moins que l'on ne consente à changer le diamètre du fil des inducteurs et des induits ou que l'on ne se contente d'un rendement dérisoire. J'aurais peut-être accepté, en désespoir de cause, la vitesse exagérée (environ 4,000 tours par minute) que le calcul m'indiquait comme étant le seul moyen d'obtenir des réceptrices, dans des conditions économiques, le travail absolu (environ un cheval) que l'on attendait d'elles, et j'allais diriger mes expériences dans ce sens quand j'appris que les agents de la maison désignée, sans me consulter, sans me prévenir, avaient fait transporter au Pavillon de Flore la machine génératrice qui servait à mes expériences.
- Cette manière d'agir acheva de me confirmer dans une détermination que j’aurais dû prendre dès l'origine, si j'avais écouté des conseils dont je reconnus trop tard la sagesse.
- Je renonçai purement et simplement à l'application de mon système au Pavillon de Flore. II sera remplacé, dil-on, par un arrangement bien connu, auquel on donne depuis quelque temps le nom de « système de M. Maurice Lévy », et qui a été suffisamment exposé dans ce journal (11 mars 1882) pour que je me dispense d'en donner de nouveau la description.
- Veuillez agréer, etc.
- Marcel Deprez.
- FAITS DIVERS
- Le i5 juin dernier a eu lieu, dans le grand amphithéâtre du Conservatoire des Arts-et-Métiers, une intéressante confc* rence de M. Marcel Deprez sur le transport et la distribution de l'énergie. Après avoir exposé les principes qui l'ont conduit à la solution de ces importants problèmes, M. Deprez a confirmé ses explications théoriques par quelques belles expériences. Une force d'un cheval a d’abord été transportée à travers une résistance équivalente à 5o kilomètres de fil télégraphique avec un rendement de 70 0/0. Puis une force de 4 chevaux a été distribuée par le système de M. Marcel Deprez entre 5 appareils comprenant une machine Gramme, 3 machines Siemens et un marteau-pilon électrique. Ce der-
- nier appareil de construction toute i^cente a vivement attiré l'attention. En un tour de manette, un cylindre de fer pesant 25 kilog. est enlevé à une hauteur de 1 mètre dans un solô-noïde de construction spéciale, et on peut à volonté le laisser retomber brusquement pour produire l’effet ordinaire du marteau-pilon. Cet appareil et les quatre machines sont restés en fonctionnement pendant un temps assez long après la séance, et la régularité de leur marche, aussi bien que la force qu’ils produisaient, ont montré aux auditeurs que le problème de la distribution de l'électricité est dès maintenant résolu.
- Un nouveau cas d'éclair en boule vient d'être signalé dans le Courrier du Pas-de-Calais du Ier juin.
- « La foudre est tombée, dit-il, à 5 heures du matin, chez M. Veret, laitier, rue des Chanoines. MmeVeret, qui était dans l'étable occupée à traire une vache, a vu une langue de feu entrer dans l’étable, en faire le tour, passer entre une vache et la muraille, à un endroit où il n’y a pas plus d’un pied d’espace, et finalement sortir par la porte sans laisser trace de son passage et sans blesser personne ni aucun animal Deux témoins ont vu le fait.
- « Tout ce trajet a été parcouru lentement et a duré plusieurs secondes. »
- Pour combattre une opinion erronée au sujet du danger que présenteraient dans les villes les fils téléphoniques, le Reichsanzeiger de Berlin publie la note suivante :
- « Le violent orage qui a éclaté sur Berlin le lundi de la Pentecôte n'a endommagé ni les fils téléphoniques ni les isolateurs, preuve évidente que les lignes téléphoniques n’attirent pas la foudre et ne présentent aucun danger. Les pa-rafoudres établis dans les bureaux téléphoniques et chez les abonnés ont rendu les meilleurs services. Il va sans dire que sur les lignes où les parafoudres ont été traversés par les courants électriques, les communications ont été momentanément interrompues. »
- La Swan United Electric Light Company vient de se former à Londres. Cette Compagnie a acquis les affaires de l’Electric Light Company de Swan avec ses brevets, y compris le droit de se servir des brevets de MM. Swan et Sellon pour l’emmagasinage de l'énergie électrique. Un arrangement a été également pris avec MM. Crompton et Cc en vertu duquel la nouvelle Compagnie a fait l'acquisition de tous les contrats d'éclairage Crompton.
- La Continental Electric Light and Power Company (limi-ted) vient de se constituer pour acheter les brevets Gülcher et fournir la lumière électrique et la force en France, en Autriche-Hongrie, en Belgique et en Allemagne.
- La Self-generating Electric Light and Power Company (li-mited) s’est formée pour faire l'acquisition de l’invention de M. R. H. Simons pour la production de l'électricité par un procédé spècial, et pour l'exploitation de sa lampe à incandescence.
- La Laing Electric Light and Power Company vient d'être fondée à Londres. Elle se propose d'exploiter le système d'éclairage à arc Laing.
- Une nouvelle Compagnie électrique vient de se fonder à Londres. C'est la British Indian Electric Light and Power Company. Elle a pour objet d'exploiter dans l'Inde les brevets et systèmes appartenant à l'Electric Light and Power Generator Company, y compris les machines et lampes Weston, Rapieff, Lontin et Maxim.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Éclairage électrique
- A Marseille, à la suite des essais d’éclairage électrique faits par la Compagnie du gaz sur la place de Castellane, la municipalité de Marseille s’est décidée à entreprendre de nouveaux essais sur une plus grande échelle. Il s’agit d’éclairer de huit heures du soir à minuit la Cannebière et la rue de Noailles au moyen de vingt deux lampes équivalant à neuf cent vingt-quatre becs Carcel. Ces lampes seront du système Brush.
- L’installation des appareils coûtera environ cent vingt mille francs, mais la Compagnie demande à la ville de prendre à sa charge une part de la dépense calculée à raison de o fr. 75 centimes l’heure. Or, d’après les calculs, la somme d’heures sera de i 889, soit 3i 168 fr. So centimes dont il faut déduire une écouomie'de gaz de 4,q38 fr. 01 centime. Il resterait donc, à la charge de la ville 26 73o francs. Cette idée a été acceptée par le conseil municipal, et la première expérience aura lieu à l’occasion de la fête du 14 juillet.
- On vient de faire, dans un grand moulin à blé, près de Vevey, en Suisse (à Gillamont), l’application :des lampes à incandescence de M. Edison. Le propriétaire de ce moulin, M. Roussy, en est très satisfait et assure qu’il peut obtenir l’illumination de i5 lampes de 8 candies chacune par force de cheval. Chacune de ces lampes peut fournir sans se détériorer, un éclairage soutenu de plus de 3oo heures en moyenne, et, comme la force motrice lui est fournie par une chute d’eau, il calcule que ce genre d’éclairage ne lui revient pas à plus de 2 cent, par heure et par lampe, tous frais payés, y compris même les sommes représentant l’amortissement des dépenses de première installation. L’éclairage de cet établissement et des annexes est fait par ioolampesdu modèle appelé parM. Edison demi-lampe, et une seule machine dynamo-électrique sans excitatrice, du modèle que nous avons décrit dans notre n° du i5r octobre 1881, suffit pour les alimenter toutes. On a du reste adjoint à chacune d’elles plusieurs bobines de résistance afin de faire varier l’intensité de leur lumière depuis 8 candies jusqu’à 3, car l’expérience a démontré que pour le service delà meunerie, il n’était pas nécessaire d’avoir une forte intensité lumineuse. En définitive, tout le monde, dans l’usine, est satisfait de ce système d’éclairage, et on s’occupe beaucoup en ce moment d’en installer d’autres du même genre dans diverses parties delà Suisse. Il est certain d’ailleurs qu’à mesure que ce mode d’éclairage se répandra, le prix de revient s’abaissera, surtout celui des lampes qui est, aujourd’hui encore, de 7 fr. 5o, mais qui pourra être réduit avant peu de moitié. En admettant donc que ces lampes durent 3oo heures et qu’il faille par conséquent les renouveler tous les deux mois pour un éclairage de 5 heures par jour, la dépense de ces lampes ne reviendrait pas à plus de 12 centimes par jour au prix actuel.
- Au dernier meeting de la « Vestry » de Clerkenwell, à Londres, il a été annoncé que des arrangements ont été pris pour l’éclairage de cette paroisse par l’électricité, dès cet été. __________
- A Salford, près de Manchester, MM. Mather et Platt, mécaniciens, éclairent maintenant une partie de leurs usines à l’aide de lampes Edison. Il y a" 81 lampes dans les ateliers et 53 dans les bureaux, soit un total de i3q lampes. Le courant est engendré par deux- machines dynamo actionnées par deux moteurs à cylindre unique.
- Télégraphie et Téléphonie
- On vient de commencer à Strasbourg la pose des câbles souterrains destinés à remplacer les fils télégraphiques aériens qui partent du bureau télégraphique du quai de Paris, les uns dans la direction des ponts couverts, les autres
- dans une direction parallèle au faubourg de Saverne. Les câbles sont placés dans un fossé profond d’environ un mètre qui part du bâtiment du bureau central télégraphique, passe sur le pont de Saverne sous un trottoir de droite et longe le côté droit du faubourg de Saverne jusqu’à la digue du chemin de fer de la nouvelle gare. Ce fossé recevra quatre câbles composés chacun de sept fils télégraphiques pour les lignes de Paris-Wissembourg, Lauterbourg, etc. Un deuxième fossé partant également du quai de Paris et passant sur le côté gauche du quai de Saverne sera creusé le .long du quai Saint-Jean par la grande rue de la Course jusqu’à la gare centrale et recevra six câbles composés chacun de sept fils télégraphiques pour desservir les lignes de Bâle, de ICehl, de Molsheim, etc. L’un des câbles sera conduit par la rue Ktiss pour relier directement la gare centrale au bureau télégraphique du quai de Paris.
- Les câbles après avoir longé les différentes lignes qui partent de la nouvelle gare centrale, traversent les nouveaux remparts, en dehors desquels les lignes télégraphiques redeviennent aériennes.
- A Strasbourg, 011 travaille activement à l’installation du réseau téléphonique en ville et hors la ville.
- Hors la porte de Pierres, des poteaux pourvus d’isolateurs et destinés à supporter les fils téléphoniques reliant Schiltigheim à Strasbourg sont déjà posés le long de la route de Bischwiller. Sur la route de l’Hôpital et sur celle de Colmar sont également posés des poteaux pourvus d’isolateurs pour une ligne téléphonique qui relie la fabrique Schal-ler au bureau de la direction du télégraphe.
- Des téléphones viennent d’être introduits dans les houiJ-lières de Manvers Main et des Oaks, en Angleterre. L’appareil téléphonique, qui consiste en un transmetteur breveté de Johnson et un récepteur Bell, avec un avertisseur d’appel à sonnerie, a été posé par MM. Tasker et fils de Sheffield.
- A Londres, les Chambres du Temple (Ecole dedroit) situées entre Flcet Street et la Tamise vont être reliées au bureau central du téléphone.
- A la séance de vendredi à la Chambre des Communes, il a été question de téléphone. Répondant à une question de M. R. Martin, le maître général des Postes, M. Fawcett a déclaré que plusieurs Compagnies venaient de s’adresser à lui pour obtenir des autorisations d’établissement dans diverses villes où existent déjà des réseaux téléphoniques installés soit par des compagnies privées, soit par le Post Office lui-même. Ces nouvelles demandes, a dit M. Fawcett, sont l’objet d’une attention spéciale de la part du gouvernement, dont la décision ne saurait se faire attendre. En tout cas, le gouvernement anglais, a-t-il ajouté, n’a aucunement l’intention d’acheter l’entreprise d’une compagnie quelconque dé téléphone.
- A Hartford (Connecticut) assister au service religieux par l’entremise du téléphone est devenu une habitude assez suivie. Chaque dimanche une centaine d’abonnés sont mis téléphoniquement en communication avec leur église et ils peuvent entendre ainsi sans quitter leur demeure le sermon et l'office.
- Il se produit cependant parfois des interruptions. Quand, par exemple, le prédicateur se tourne de manière que le transmetteur ne soit pas impressionné.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, t3, quai Voltaire. — 29700
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-
-
- TABLE DES MATIÈRES
- Pages,
- A
- APPLICATIONS DE LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Éclairage des mines de houille d’Houghton par la lumière électrique................................... 24
- Éclairage électrique des usines de Rhymmez............. 24
- Éclairage électrique des fonderies d’acier de Moss-Bay et des fonderies de West-Cumberland par la lumière Brush....................................... 24
- Éclairage électrique des séances de la Royal Society
- de Londres par des lampes Swan................. 24
- Éclairage électrique de High Street, White-chapel et
- Commercial Road East par la lumière Brush ... 24
- Éclairage électrique de la ville d’Uxbridge......... 24
- Éclairage électrique de la rue qui vâ de Westminster
- Bridge jusqu’aux Horns, à Kensington ....... 24
- Éclairage électrique de la paroisse de Paddington . . 24
- Éclairage électrique du cantonnement de Poonah dans
- les Indes...................................... 24
- Projet d’éclairage électrique de la ville du Coventry. 24 Éclairage de l’église Saint-James à Londres par des
- lampes Maxim etEdison............................. 24
- Eclairage électrique de l’Hôtel-de-Ville de Berlin. . . 47
- Éclairage électrique des clubs de l’Athenœum et de la
- Réforme, à Londres. . . ............................ 47
- Éclairage électrique de Royal Institution, à Londres. 47 Installation de la lumière Brush à Victoria (Amérique
- du Nord)........................................... 47
- Éclairage électrique des bassins du fort de Grimsby . 47
- Eclairage électrique de la ville d’Ontario.............. 47
- Extension de l’éclairage électrique aux travaux de construction et de démolition des édifices en Angleterre........................................... 47
- Éclairage électrique des usines et aciéries de Lother-
- wood, à Rotierham.................................. 47
- Éclairage électrique de Saint-Raphaël................... 71
- Projet d’éclairage électrique des Halles Centrales. . . 71
- Éclairage électrique de l’Exposition Internationale de minéraux, dé métaux, de céramique, de verrerie, à
- Madrid............................................ 72
- Applications de l’éclairage électrique à Dewsbury. . . 72
- Eclairage électrique de la jille de Cincinnati...... 72
- Éclairage électrique sur une étendue de 2 milles et
- , demi de longueur à Philadelphie...................... 72
- Eclairage électrique du port du Havre.................. 118
- Éclairage électrique de la ville d’Exeter.............. 119
- Papes.
- Éclairage électrique de Croydon...................... 119
- Introduction de la lumière électrique à Hastings. ... 119
- Éclairage électrique des vaisseaux de guerre anglais
- 1 ’Ajax et VAgamemnon .......................... 119
- Eclairage électrique de Kalamazoo, en Amérique. . . 119
- Substitution de la lumière électrique au gaz au postoffice de Philadelphie............................... . 119
- Éclairage électrique des vapeurs du Mississipi....... 119
- Éclairage électrique du théâtre de la Monnaie, à
- Bruxelles.......................................... 119
- Éclairage électrique de l’Exposition artistique hispano-
- portugaise ........................................ 119
- Projet d’établissement de l’éclairage électrique dans
- les villes de Palerme, Messine et Catane........ 119
- Éclairage électrique de la gare de Strasbourg au
- moyen de la lumière Edison........................ 148
- Éclairage électrique du Cercle artistique........... 148
- Projet d’éclairage électrique de Saint-Etienne....... 143
- Éclairage électrique de la fabrique de tissus de laine
- de Closset et Begne, à Liège....................... 143
- Éclairage électrique de Ripon, en Angleterre............ 143
- Éclairage électrique du château du duc deSutherland. 143 Éclairage électrique des places et principales rues de
- Saint-Pétersbourg............................... 143
- Éclairage électrique des ateliers de Werneth dans la
- ville d’Oldham, en Angleterre...................... iq3
- Éclairage électrique du port de Milford, en Angleterre. ............................................ 143
- Éclairage électrique du vapeur Dacia par des lampes
- Swan ........................................... 143
- Éclairage électrique de Music-Hall, à Aberdeen. . . . 167
- Éclairageélectrique de la cour du Louvre. ........... 168
- Eclairage électrique à New-York par la Mutual Electric light and supply C°................ .......... 168
- Nouvel appareil d’éclairage électrique installé au phare
- sud de Macquarie Head, près de Sydney........... 168
- Projet d’éclairage électrique de la ville de Toulon. . . 191
- Éclairage électrique des grands magasins de Coxon, à
- Newcastle par des lampes Swan................... 191
- Application de l’éclairage à incandescence au Théâtre
- du prince de Galles, à Liverpool................ 191
- Installation, dans les ateliers de M. John Davis, à
- Derby, de la lumière électrique à incandescence. . 191
- Eclairage électrique des Junior Carlton et Royal
- Thames Yacht Club.................................. 191
- Projet d’éclairage électrique de la ville de Lewisham. 192 Éclairage électrique de la porte de l’Enfer à l’entrée
- du port de New-York..............”.............. 192
- Éclairage électrique de Hastings..................... 2i5
- Projet d’éclairage électrique de Barnard Castlc, . . . ci5
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-
-
-
- 002
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pages.
- Projet d’éclairage électrique pour Eastbourne........ 2i5
- Éclairage électrique du Théâtre Royal de Turin. . . . 2i5
- Éclairage électrique du chantier du tunnel de l’Arlberg
- dans le Tyrol...................................... 216
- Projet d’éclairage électrique pour Buda-Pesth......... 216
- Projet d’éclairage électrique des gares du railway métropolitain, à Melbourne........................... 216
- Installation de foyers électriques Brush, à Middle-
- town............................................... 216
- Éclairage électrique des trains de chemins de fer, en
- Allemagne.......................................... 216
- Projet d’éclairage électrique de la ville de Toul. . . . 239
- Projet d’éclairage électrique pour Harwich.............. 239
- Éclairage électrique du Théâtre Carlo-Felice, à Gênes. 239 Éclairage électrique de la grande salle des appareils du
- poste central des télégraphes, à Berlin............ 239
- Éclairage électrique de l’église de Troy, en Amérique. 239 Éclairage électrique des ateliers du Grand Trunk
- Railway........................................... 239
- Éclairage électrique de la poste aux lettres de Philadelphie par des lampes Maxim....................... 239
- Substitution de la lumière électrique au gaz pour l’éclairage électrique des ateliers à Augusta (État de
- Géorgie.)........................................ . 239
- Eclairage du tunnel sous la Manche avec des foyers
- électriques à incandescence........................ 239
- Application des lampes électriques Edison au grand
- Théâtre de la Scala, à Milan....................... 239
- Éclairage électrique d’une grande meunerie récemment
- construite à Minnéapolis (États-Unis;.............. 239
- Éclairage électrique des fâbriques'de linge de MM. William Laird à Forfar, en Écosse...... 23g
- L’éclairage électrique des côtes de France.............. 261
- Éclairage électrique du magasin de M. Gregh, éditeur de musique, rue de la Chaussée-d’Antin. . . 263
- Projet d’éclairage électrique pour Wycombe, en Angleterre.............................................. 264
- Éclairage électrique des filatures de West Hartle-
- , pool................................................. 264
- Eclairage électrique d’une portion du Willend Canal,
- à Ottawa (Canada).................................. 264
- Eclairage électrique des chantiers de construction de
- navires à Leith, près Édimburg..................... 264
- Eclairage électrique dù vaisseau-école anglais Bri-
- tannia............................................. 264
- Projet d’éclairage électrique de la ville de Cincinnati. 264 Éclairage électrique de théâtres à Boston et à New-
- York............................................... 264
- Éclairage électrique des chantiers de construction de
- Kinghorn (Écosse).................................. 264
- Projet d’éclairage électrique des rues de Xuatusco, au
- Mexique.... . . .................................. 264
- Éclairage électrique des rues de Kimberley, dans l’Afrique du Sud.................................... 264
- Éclairage électrique de la grande taverne alsacienne
- de Strasbourg avec des lampes Edison. ...... 288
- Projet d’éclairage électrique pour la ville de Bourne-
- mouth.............................................. 288
- Éclairage électrique de Norwich........................ 288
- Éclairage électrique des grandes usines de Robey à
- Londres, au moyen de lampes Edison........... 288
- Éclairage électrique d’un hôtel, de bâtiments conimu-naux et de plusieurs magasins à Portland (États-
- Unis) ............................................. 288
- Éclairage électrique d’une partie de Royal Avenue
- Theatre, à Londres............................... 288
- Éclairage par des lampes Swan du paquebot transatlantique Antonio Lopez........................... 288
- Éclairage du Théâtre Royal de Turin par des lampes-
- soleil............................................. 288
- Projet d’éclairage électrique des rues de Madrid. . . 288
- Pages.
- Projet d’éclairage électrique pour la ville de Grenoble. 3i2 Installation de lampes-soleil dans une fabrique de draps à Huddersfield et à Liverpool, et chez un
- grand négociant en vins, à Liverpool............. 3i2
- Projet d’éclairage électrique des paroisses de Clerken-
- well et d’Islington.............................. 3i2
- Emploi des lampes Swan au bureau central de Berlin. ................................................." 312
- Éclairage du bateau â vapeur Cotopaxi au moyen des
- lampes Swan......................................... 3i2
- L’éclairage électrique de Savoy-Theatre à Londres,
- par M. Nelius...........'........................ 328
- Installation de l’éclairage électrique à Penang.......... 335
- Installation d’éclairage électrique dans les environs de Rouen, à la distillerie de M. Boulet, à l’usine de M. Laveissière et à la fonderie de MM. Legris . . 335
- Éclairage électrique de la place Castellane, à Marseille.............................................. 335
- Éclairage électrique des usines de MM. Copestake,
- Hughes, Crompton, à Notingham................... 336
- Installation d’éclairage électrique à Eastbourne. . . . 336
- Éclairage électrique des mines de cuivre de Rio-Tinto. 336 Projet d’éclairage électrique de la Chambre des représentants à Boston.........................................336
- Projet d’éclairage électrique de Colombus (États-
- Unis).......................................... 336
- Projet d’établissement d’éclairage électrique t dans
- l’Inde............................................ 336
- L’éclairage électrique de Chesterfield.............. 36o
- Projet d’éclairage électrique des rues de Sydney en
- Australie...................................... 36o
- Éelairage électrique de la salle des sénateurs, à Berlin................................................. 36o
- Eclairage électrique de Rangoon (Inde).............. 36o
- Éclairage électrique du Liberal Club à Burtôn-on-
- Trent.......................................... 36o
- Projet d’établissement de foyers électriques sur la
- place de l’Hôtel de Ville de Paris............. 38q
- Éclairage électrique de la ville de Coleraine (Irlande). 384
- Projet d’éclairage électrique des rues de Dublin. . . . 38q
- Éclairage électrique d’Orizaba, au Mexique. ...... 384
- Éclairage électrique des bureaux du journal Oban Times (à Oban)........................................ 407
- Projet d’éclairage électrique des rues et édifices de
- Newcastle.. . •................................ 407
- Installation d’un éclairage électrique à Sydney (Australie)............................................ 407
- Commencement d’installation d’éclairage électrique à
- Washington.......................................... 408
- Éclairage électrique du Théâtre Royal de la rue Royale
- à Malte. . *........................................ 408
- Éclairage électrique d’un nouveau quartier de Berlin. 408
- Éclairage électrique de Norwich.......................... 432
- Éclairage électrique de Belfast.......................... 432
- Projet d’éclairer définitivement le foyer de l’Opéra avec
- la lampe-soleil..................................... 455
- Éclairage électrique d’un dock, à Glasgow........ 456
- Introduction de la lumière électrique dans une fabrique
- de draps à Bishop Auckland.......................... 456
- Éclairage électrique de la gare de Milan par le système Siemens........................................ 456
- Projet d’éclairage électrique de la perspective de Newski
- à Saint-Pétersbourg................................. q56
- Éclairage électrique du grand café de la Résidence, à
- Vienne.............................................. 456
- Éclairage électrique de la Chambre des députés, à
- Mexico.............................................. q56
- Éclairage électrique d’une des places de San-José, en
- Californie.......................................... 456
- Projet d’éclairage électrique de Iligh Street........... 479
- Invitation aux diverses Compagnies électriques de
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-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 6o3
- Pages.
- Pugcs.
- faire leurs offres pour l’éclairage d’une partie de la
- Cité de Londres................................
- Eclairage électrique du paquebot VAustral...........
- Éclairage électrique du buffet du restaurant du musée du Nord, à Bruxelles, par des lampes Edison. . . Installation de l’éclairage électrique de la rue de l’Al-
- cala, à Madrid.................................
- Éclairage électrique desjardins qui entourent le palais
- du Sultan, à Constantinople. ..................
- Éclairage électrique de Détroit, ville des États-Unis. Éclairage électrique par des lampes Brush de la gare de la Villette, de l’hôtel du Crédit Lyonnais, d’une partie de la ville d’IIyères, de la place Castellane à Marseille, du grand Hôtel Continental de Cannes, des forges de Commentry........................
- Installations de la lumière électrique chez MM. Gaillet
- et Huet........................................
- Éclairage électrique de Saiut-Avold, en Lorraine. . . . Installation au château de Windsor de nouveaux appareils d’éclairage électrique......................
- Installation d’éclairage électrique à Eastbourne .... Éclairage électrique de la partie haute d’Ottawa, au
- Canada.........................................
- Projet d’éclairage des Chambres du Parlement au cap
- de Bonne-Espérance.............................
- Éclairage électrique par le système Edison de la fabrique de faïence de M. Utzsschneider, à Sar-
- guemines...................................
- Projet d’éclairage électrique du quartier de Kensing-
- ton, à Londres.................................
- Projet d’éclairage électrique du Théâtre Philharmonique
- du quartier d’Islington........................
- Éclairage électrique du grand café Biffi, à Milan, avec
- des lampes Edison...............................
- Éclairage électrique du ministère de la guerre, à Madrid, avec des lampes Swan..........................
- Projet d’éclairage électrique à Port-Louis (île Maurice)...............................................
- Contrat passé avec plusieurs Compagnies de lumière électrique pour éclairer entièrement New-York. .
- Éclairage électrique de la Nouvelle-Orléans.........
- Éclairage électrique de l’imprimerie du journal Ptiblic Ledger, à Philadelphie, avec des lampes Edison. . Éclairage électrique de la rue du Colysée, â Mexico. . Éclairage électrique de la grande saline de Witton
- Hall, à Northwich..............................
- Éclairage électrique du nouveau palais du roi de Siam,
- à Bankok.......................................
- Éclairage électrique des magasins de MM. Duff et Rowntree, à Bishop Auckland, au moyen de lampes
- Weston et Swan.................................. .
- Éclairage de plusieurs fabriques de la ville de Salford
- par des lampes Edison..........................
- Éclairage électrique des moulins de Gillamont, eu
- Suisse, au moyen de lampes Edison..............
- Éclairage électrique de la paroisse de Clerkenwell, â
- Londres........................................
- Éclairage des usines de MM. Mather et Platt, â Salford, par des lampes Edison.........................
- 479
- 479
- 480
- 480
- 480
- 480
- 503
- 504 504
- S04
- S04
- 504
- 504
- 527
- S27
- 527 520
- 528
- 528
- 528
- 528
- 528
- 520
- 552
- 552
- 576
- 576
- 600
- ÔOû
- ÛÜO
- APPLICATIONS DE L’ÉLECTRICITÉ AUX CHEMINS DE FER
- Block-system de M. Sykes, par M. de Magneville. . . 33
- Possibilité de transmettre l’énergie à des trains sur
- une longueur de 200 milles........................ 47
- Demande parM. Chapuis d’établir â Paris un tramway
- électrique sur colonnes à câble volant............ 71
- Expériences de circulation simultanée de deux wagons
- sur le chemin de fer électrique de Lichterfeldc â Berlin............................................ 71
- Projet d’essai des machines électriques d’Edison pour
- les chemins de fer.................................. 71
- Exposition du chemin de fer du Nord, par M. Th. du
- Moncel. — icr article.............................. 73
- Id. — Id. — 20 article........................ iq3
- Id. — Id. — 3° article........................ 2O9
- Le tramway, électrique du Palais de l’Industrie et le
- chemin de fer postal, par M. A. Guerout......... 106
- Invitation aux Compagnies de chemins de fer par le Ministre des travaux publics d’avoir à employer le
- block-system absolu.............................. . 142
- Installation d’une voiture électrique sur une des lignes
- des tramways de Bruxelles.......................... 2i5
- Essai d’un tram-car mû par l’électricité sur la ligne de
- Leytonstone à Londres.............................. 263
- Étude d’un nouveau chemin de fer électrique pour
- Berlin............................................. 287
- Projet d’un chemin de fer électrique â Turin lors de
- l’Exposition universelle qui s’y ouvrira en 1884. . 3i2
- Construction d’un chemin de fer électrique dans la
- vallée eje Brühl, près Vienne...................... 35y
- Applications de l’électricité sur les trains de chemins
- de fer, par M. F. Geraldy.......................... 3yo
- Exposition du chemin de fer de l’Ouest, par M. Th. du
- Moncel............................................. 4°9
- Projet de chemin de fer électrique sous la Tamise, à
- Londres............................................ 455
- Projet d’un autre chemin de fer électrique en Angleterre, d’une longueur de 36 milles................. q55
- Projet de chemin de fer électrique entre le Kursaal de
- Wiesbaden et le plateau du Werberg................. 479
- Étude du projet du chemin de fer électrique de Cha-
- ring Cross à la station de Waterloo................ So3
- Vote par la Chambre des communes du bill concernant
- le chemin de fer électrique sous la Tamise. . . . 52? Système de chemin de fer électrique de MM. Perry et
- Ayrton............................................. 55o
- Chemin de fer électrique établi depuis les bains de mer de Zandvoort, en Hollande, jusqu’au parc de Kostverloren sur une longueur de 2 kilomètres. . 552
- ADRLICAT10NS DE L ’ É L E C T R IC I T É A L’HORLOGERIE
- Installations d’horloges électriques â Gèpes......... 47
- Projet d’établissement d’un signal du midi vrai à Marseille............................................. 312
- Sur un nouveau système d’horloge électrique de M.
- Lassance...................,.................... 574
- APPLICATIONS DE L’ÉLECTRICITÉ AUX ANNONCES
- d’incendie
- Liaisons téléphoniques des théâtres avec les réseaux
- d’avertissements d’incendie, à Birmingham.......... 47
- Appareils de tintement dans les clochers pour annoncer les incendies : système suédois deM. Ericson
- par M. C.-A. Nystrom............................... 82
- L’électricité contre l’incendie, parM. F. Geraldy.. . . 102
- Application des téléphones au service des incendies, à
- Strasbourg.........................................216
- Le transmetteur automatique d’annonces d’incendie de
- M. Bartelous, par M. A. Guerout................... 3qi
- Etablissement d’un système d’avertisseur électrique
- d’incendie â Winnipeg (Canada).................. . 407
- Règlement adopté par le bureau des assurances contre
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-
-
-
- 604
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pages.
- l’incendie de New-York, pour l’emploi de la lumière électrique................................ 431
- Emploi des lances d’allumage de M. Desruelles, à Nîmes.........................................."....... 432
- A propos des avertisseurs d’incendie, lettre de M. E.
- Bright............................................ 5o3
- Bouton d’appel avertisseur d’incendie de M. G. Du-
- pré........................................... 572
- APPLICATIONS DIVERSES DE L’ÉLECTRICITÉ
- Machines à voter, par M. Th. du Moncel............ 4g
- Enregistreur électrique des niveaux d’eau de M. Ilipp,
- parM. de Magneville........................... 124
- Indicateur électrique de route.................... i3g
- Météorographe électrique de MM. Van Rysselberghe
- et Schubart, par M. Th. du Moncel. . . ;...... 241
- Mélographe de M. Roncalli, par M. O. Kern......... 307
- Appareil destiné à régulariser l’écoulement d’un gaz à
- une pression quelconque, par M. Ville......... 356
- APPLICATIONS A LA MARINE ET A LA GUERRE
- Installation d’une double rangée de torpilles autour du
- port de Toulon...................................... 35g
- Les appareils de télégraphie militaire des États-Unis,
- par M. A. Guerout. — ior article................. 391
- ild. — Id. — de l’Angleterre. — 20 article. . . . 416
- La lumière électrique sur les vaisseaux de guerre, par
- M. C.-C. Soulages................................... 3g5
- Défense des côtes de la Tasmanie par des torpilles
- électriques...........•.......................... 407
- Indicateur de route pour les navires deM. Macdonald 477 Application de la lumière électrique à l’art militaire,
- par M. C.-C. Soulages............................. 566
- B
- BIBLIOGRAPHIE
- Acquisition par le journal La Lumière Electrique, de la collection des brevets américains figurant à l’Exposition de 1881..................................... 142
- Compte rendu de l’ouvrage de MM. Alglave et Boulard sur la lumière électrique. — De l’ouvrage de M. Fleming Jenkin sur l’électricité.. — De l’ouvrage
- de M. Cazin sur les piles électriques............. 2.34
- Le téléphone, par Th. du Moncel, par M. Nelius. . . 281
- Renseignements pratiques sur l’éclairage électrique,
- par Killingworth Hedges. ........................... 426
- Cours d’électricité deM. Duter. — Traité élémentaire
- d’électricité, par M. Hallès, par M. A. Guerout . . 474
- Le microphone, le radiophone, le phonographe, par
- Th. du Moncel....................................... 594
- c
- CABLES ÉLECTRIQUES
- Lois de protection pour les câbles sous-marins .... Prolongation des fils télégraphiques souterrains jusqu’à Marseille...............................
- Pages.
- Établissement des câbles entre l’Angleterre et l’Espagne, et entre Londres et Scilly Islands ..... 48
- Atterrissement du second câble américain sur la côte
- du Cornwall .................................... 48
- Nouveau câble sous-marin entre Thurso, dans le Caith-
- ness, et Island, en passant par les îles FeroS... 72 Établissement d’un câble entre Corfou et Trieste. . . 72 Liaison de l’observatoire du pic du Midi de Bigorre
- avec cette ville par un câble souterrain........ ug
- Pose de la dernière portion du nouveau câble transatlantique. . . . ................................. 1 ig
- Pose d’un nouveau câble près d’Édimburg............... 120
- Immersion d’un câble à plusieurs fils entré le Turquie
- d’Europe et la Turquie d’Asie..................... 120
- Projet d’établissement d’un câble entre Boston et le
- Brésil............................................ i2u
- Pose de plusieurs câbles dans l’Océan pacifique au
- Mexique.......................................... 120
- Charrue à poser les câbles électriques, par M. F. Ge-
- raldy . .......................................... i33
- Rétablissement du câble sous-marin russo-japonais. . 192
- Accroissement du trafic sur les câbles reliant l’Angleterre et la France............................... 240
- Établissement d’un câble à travers la Mer Rouge, de
- Djedda à Souakim.................................. 288
- Installation du câble de Trieste à Corfou........... 336
- Pose de câble souterrain entre Paris, Saint-Quentin et
- Cambrai. ......................................... 408
- Pose des câbles souterrains entre Paris, Lyon et Marseille ........................................... 408
- Pose d’une nouvelle ligne sous-marine entre l’Angleterre et l’Irlande.............................• 493
- Pose d’un câble sous-marin le long des côtes de Tunisie ........................................ 4°3
- Pose d’un nouveau câble transatlantique sous-marin
- entre l’Irlande et les États-Unis................ 408
- Interruption du câble sous-marin qui relie Mozambique
- à Zanzibar........................................ 408
- Difficultés en Espagne pour trouver un entrepreneur
- pour la pose du câble sous-marin des Canaries . . 4.82
- Liaison directe de l’Allemagne avec l’Amérique du
- Nord par un câble électrique sous-marin........... 432
- Câble de la Mer Rouge de Jedda à Souakim adjugé à
- la maison Siemens de Londres...................... 450
- Difficultés apportées à la pose des câbles en Angleterre par suite des concessions consenties par le
- gouvernement...................................... 528
- Remplacement à Strasbourg des fils télégraphiques
- aériens par des fils souterrains . . .......... 6oc
- D
- DISTRIBUTION DE L’ÉLECTRICITÉ
- Les actions électriques dans les systèmes conducteurs semblables, mémoire de M. Marcel Deprez, par
- M. Jules Sarcia................................... 15y
- Lettre de M. Frœlich sur la distribution de l’énergie
- d’après M. M. Deprez................................. 188
- Réponse de M. M. Deprez à cette lettre................. 190
- A propos de la distribution de force par l’électricité ;
- lettre de M. M. Deprez............................... 5gg
- Conférence de M. Marcel Deprez sur le transport et la
- distribution de l’énergie............................ 599
- p.604 - vue 608/616
-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL IVÉLECTRICITÉ
- 6o5
- Pages.
- E
- .ÉLECTRICITÉ ATMOSPIIÉRIQ U E
- Éclairs en bpule, par M. Th. du Moncel................ K|S
- Id. — Id. — 2» article......................... 169
- Échantillons d’arbres foudroyés, exposés par M. Col-
- ladon ............................................... 167
- Un cas d’éclair eu boule; lettre de M. P. Tavcrnier. . 214
- Deux cas d’éclairs en boule, cités par M. John Formby 262 Les éclairs sans tonnerre et les tonnerres sans éclairs,
- par M. Th. du Moncel................................. 265
- Nouveau cas d’éclairs en boule; lettre de M. Chabi-
- raud................................................. 287
- La foudre, par M. Th. du Moncel....................... 457
- Id. — Id. — 2° article............................. 481
- Id. — Id. — 3° article............................. 529
- Nouveau cas d’éclair en boule............................. 599
- Foudroiement de fils téléphoniques sans les endommager.............................................. 599
- ÉLECTRO-CniMIE
- Sur le travail absorbé par l’électrolyse, par M. Marcel
- Deprez............................................. i5
- Sur la décomposition de l’eau sur des électrodes de platine sous l’influence de décharges de bouteilles
- de Leyde........................................... 22
- Historique du procédé de cuivrage direct de la fonte. 42 Sur les procédés de cuivrage de la fonte employés au
- Val-d’Osne......................................... 70
- L’aciération des planches gravées...................... 93
- Les procédés électro-métallurgiques actuels............ n5
- Calculs électrolytiques de M. Louis Lossier........... i38
- Remarques relatives à la note de MM. Mignon et
- Rouart sur les procédés de cuivrage............... 139
- Le nickelage en Angleterre . ......................... 141
- Sur le procédé d’extraction du zinc de M. de Leétrang;
- lettre de MM. Parodi et Mascazzini.............. 142
- La décomposition de l’eau pure par les couples locaux,
- par M. A. Guerout................................. 255
- Sur la généralité de la méthode électro-chimique, pour la figuration des lignes équipotenticlles, par M. A.
- Guebhard.......................................... 260
- Production de composés organiques dans l’électrolyse 35?
- Sur l’électrolyse de l’eau distillée.................. 429
- Sur l’électro-métallurgie du plomb.................... 454
- ÉLECTKO- MOTEURS
- Application de l’électricité à la transmission de la
- force au Brésil.................................... 118
- Application de la transmission de la force au dessèchement des lacs et marais entourant la ville de
- Mexico............................................. 118
- Etablissement d’une Compagnie pour la transmission
- électrique de la force à Bristol..................... 118
- Sur le transport électrique de la force à grande distance, par M. M. Deprez...............................-. 160
- Sur l’utilisation de la force du Rhône ; lettre du docteur Colladon........................................ 166
- A propos du transport de la force motrice à grande
- distance............................................. 188
- Pages.
- Sur le transport de la force à grande distance, par
- M. J. Sarcia........................................ 220
- Bateau élévateur il moteur électrique.................... 35g
- Installation à Schaffouse de machines dynamo-électriques mises en action par les différentes chutes du Rhin devant cette ville, pour fournir de la force
- à distance..........................................' 35g
- A propos de la distribution de force par l’électricité ;
- lettre de M. M. Deprez.................................. 5gg
- ÉTUDES DES PHÉNOMÈNES ÉLECTRIQUES
- Sur le dégagement de l’électricité dans les cristaux
- hémièdres............................................ 20
- Contractions et dilatations produites par les tensions électriques dans les cristaux hémièdres à faces
- inclinées............................................ 20
- Recherches sur l’électricité de contact................... 23
- A propos de l’accroissement de résistance des anneaux Gramme mis en mouvement de rotation; lettre de
- M. Cabanellas....................................... 45
- Sur les décharges électriques dans les gaz raréfiés,
- par M. Goldstein..................................... 66
- Polarisation singulière des électrodes, par M. A. So-
- koloff............................................... 69
- Sur la résistance électrique des gaz, par M. Edlund
- (ior article)........................................ 112
- Id. — Id. — 2° article.................... 136
- Id. — Id. — 3e article...................... 258
- Sur le principe de la conservation de l’électricité; lettre de M. Lippmann en réponse à celle de MM. A.
- Ayrton et Perry...................................... 117
- Des variations des constantes voltaïques, par M. Th.
- du Moncel............................................ 121
- Détermination, au moyen du microphone, de la position • des nœuds et des ventres dans les colonnes d’air
- vibrantes . . . ..................................... i3g
- Sur les différences de résistance des machines dynamoélectriques; lettre de M. Lodiguine................. 141
- Lettre sur le même sujet, de M. John Formby............ 141
- Sur la théorie des phénomènes électro-dynamiques,
- par M. J. Moutier (ict article)...................... i5o
- Id. — Id. — 2e article...................... 292
- Id. — Id. — 3° article...................... 3i6
- A propos des variations des constantes voltaïques,
- par M. Th. du Moncel............................... 186
- Résistance électrique des corps isolants sous l’influence de la chaleur.............................. 214
- Courant d’interversions polaires, par M. Th. du Moncel 217 Encore quelques mots sur les variations des constantes
- voltaïques, par M. Th. du Moncel..................... 236
- Imitation par les courants liquides des phénomènes électro-magnétiques et de l’induction, par M. De-
- charme ............................................. 287
- Id. — Id. — 2° article........................ 283
- Id. — Id. — 3° article.........•.............. 3io
- Id. — Id. — 40 article.......................... 355
- A propos des courantsJd’interversions polaires, par
- M. Th. du Moncel.................................... 284
- Calcul des constantes voltaïques avec élimination des
- effets de polarisation ; lettre de M. Dejongh. . . . 286
- Échauffement des électrodes par les étincelles d’induction ............................................... 3n
- Ce qu’il faut entendre par courants induits inverses et
- directs, par M. Th. du Moncel....................... 3i3
- Études sur les éléments de la théorie électrique, par
- M. E. Mercadier..................................... 322
- Modification de la surface_d’un métal .par le voisinage
- d'un autre métal. . .".............................. 33q
- p.605 - vue 609/616
-
-
-
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 606
- Pages,
- Comparaison des phénomènes hydro-dynamiques et
- électriques, par M. Garnier......................... 344
- Id. — Id. — 20 article........................ 402
- Id. — Id. — 3° article....................... 424
- Id. — Id. — 4e article........................ 446
- Quelques remarques au sujet des analogies qui existent entre les mouvements électriques et les mouvements des liquides, par M. Th. du Moncel ... 36i
- De la rapidité avec laquelle change la résistance du
- sélénium............................................ 38o
- Sur la capacité électro-statique du verre et des liquides ........................................... 38o
- Sur les condensateurs................*............... 38i
- A propos des expériences hydro-dynamiques deM. De-
- charme; lettre de M. G. Richard................. 38i
- Recherches sur le passage de l’électricité à travers
- Pair raréfié, par M. E. Edlund.......•.......... 406
- Action des aimants sur l’arc voltaïque................ 428
- La réfraction de l’électricité.......................'. 43©
- A propos du passage de l’électricité à travers l’air raréfié (lettre de M. Boudet, de Paris)............... 4S4
- Expériences de M. Stroh, par M. F. Geraldy............... 462
- Id. — Id. — 2° article.......................... 494
- Sur la polarisation des électrodes et la conductibilité
- des liquides, par M. E. Bouty................... 476-S00
- Influence d’un métal sur la nature de la suflface d’un autre métal placé à une très petite distance, par
- M. Pellat........................................... S02
- Sur les effets produits dans le vide par le courant des machines Gramme, par MM. Jamin et G. Maneu-
- vrier............................................... 524
- Sur la longueur des étincelles de la décharge d’un
- condensateur électrique, par M. E. Villari...... 525
- Résistance électrique des fils de cuivre de la jauge de
- Birmingham.......................................... 572
- A propos des expériences de M. Stroh (lettre de M. A.
- Bandsept. .•........................................ 575
- Résistance électrique du’ carbone sous pression, par
- S. Thompson................................ 097
- EXPÉRIENCES DE LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Expériences de lumière électrique à Toulon, ix bord
- du cuirassé VAmiral-Duperrè.................... 24
- Essais d’éclairage électrique à Hanley........... . . . 24
- Essais d’éclairage électrique sur la place Saint-Étienne
- et dans le Graben à Vienne..................... 47-96
- Expériences d’éclairage électrique du théîltre de Savoy ............................................... 7>
- Essais de la lampe du docteur Hopkinson à Smethwick,
- près Birmingham............................ 72
- Illumination de la façade du grand établissement de
- MM. Lewis, à Manchester........................... 72
- A propos de l’éclairage de Savoy-Theatre, par M. C.-C.
- Soulages................................, . . . . 88
- Id. — Id. — 20 article...................... 95
- Essais par M. Lortet d’utiliser le courant du Rhône à
- Lyon pour l’éclairage électrique public.... 95
- Essais d’éclairage électrique à Lafayette, en Amérique 96 Intervention de la lumière électrique dans les illumi-
- x nations de Lisbonne........................ iq3
- Expériences d’éclairage électrique à Marseille .... 168
- Expériences d’éclairage électrique à Lyon...... 168
- Essais d’éclairage électrique des wagons en Italie. . . 168
- Essais d’éclairage électrique à Besançon....... 191
- Essais d’éclairage de magasins par l’électricité à Londres......................................... .... 191
- l’iipcs.
- Emploi de la lumière électrique pour l’éclairage de la
- construction d’un pont sur la Ribble............. 191
- Éclairage électrique des salles du Saltaire Institute . . 191
- Illumination électrique de Paisley...................... 191
- Essais d’éclairage électrique sur la place des Célestins
- à Lyon............................................. 215
- Essais d’éclairage électrique à Besançon.............. 21.5
- Illumination électrique de plusieurs rues et places de
- Rome à l’occasion du carnaval ................... 215
- Éclairage électrique de l’exposition horticole à Vienne 2.39
- Essais d’éclairage électrique sur la Clyde............ 2.39
- Éclairage électrique d’une partie du Kremlin à Moscou, à l’occasion des fêtes du couronnement de
- l’Empereur....................................... 2.39
- Éclairage électrique de l’Hôtel-de-Ville de Birmingham
- à l’occasion d’un grand festival musical.......... 2.39
- Essais d’éclairage électrique de voitures de chemins de
- fer sur la ligne de Milan à Alexandrie........... 2.39
- Éclairage électrique du Palais de Cristal............. 209
- Essais d’éclairage électrique sur le chemin de fer de
- l’Est, entre Paris et Gretz. .................... 260
- Expériences d’éclairage électrique faites à Marseille
- par la Compagnie du Gaz.......................... 263
- Essais d’éclairage électrique par la Compagnie du chemin de fer du Nord................................. 263
- Éclairage électrique d’un grand bal donné à l’Alhambra
- de Bordeaux........................................ 264
- Essais d’éclairage électrique des trains sur la ligne des
- chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée. . . , 287
- Éclairage électrique des travaux du port de Calais . . 313
- Essais d’éclairage électrique à incandescence à la
- Chambre des Communes............................. 3i 2
- Essais d’éclairage à Boston avec des foyers Bruslr . . 3n Éclairage de la section française à l’aide de foyers
- électriques..................................... . . 3n
- Éclairage de la ligne de l’Union Railway aux États-
- Unis............................................. 012
- Installation d’un appareil complet d’éclairage électrique à la Faculté des sciences de Marseille pour les
- expériences scientifiques......................... .335
- Illumination électrique dans la baie de Garavano, à Menton, pendant la fête donnée en honneur de la
- Reine d’Angleterre................................ . 335
- Essais d’éclairage électrique sur les bateaux du Rhin
- à Schaffouse....................................... 335
- Nouveaux essais d’éclairage électrique au British Muséum de Londres.................................... 338
- Application de l’éclairage électrique à l’élagage des
- arbres à Lille................................... . 36u
- Essais d’éclairage électrique aux allées du Meilhan et
- à la place des Réformés à Marseille.............. 36o
- Essais d’éclairage électrique d’un wagon à l’américaine
- sur le chemin de fer de Mulhouse................... 36o
- Essais d’éclairage électrique d’une partie de la ville d’Avignon à l’occasion du concours régional agricole. . ........................................... 36o
- Grand tableau éclairé par des lampes Swan à New-
- Castle............................................ 36o
- Illumination électrique de la place Saint-Marc et de la
- place Tomaseo à Venise............................. 36o
- Essais d’éclairage à Kiel, dans la Baltique............. 36o
- Aquarium de l’exposition philomathique de Bordeaux
- éclairé par la lumière électrique............... . . 38q
- Expériences d’éclairage électrique à Malte.............. 384
- Essais d’éclairage à l’intérieur du Reichsrath, à
- Vienne......................................... 384-480
- Essais de la lampe Solignac à la Société de physique. 407 Essais d’éclairage électrique de wagons sur le chemin
- de fer de la Vendée................................ 407
- Essais d’illumination de la mer par la lumière électrique à Portsmouth
- 407
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-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 607
- Essais d’éclairage électrique à Brooklyn..................40U
- Essais d’éclairage électrique à Bombay................... 408
- Application d’éclairage électrique aux manœuvres de
- nuit à Metz.........................................|u!i
- Essais d’éclairage électrique à l’exposition scientiiique
- de Luton............................................ 402
- Éclairage électrique d’une partie de la ville de Dax
- pendant le concours régional........................ q55
- Essais d’éclairage électrique à bord des paquebots faisant le service de l’Inde.......................... <j55
- Éclairage électrique du château de Windsor à l’occasion du mariage du prince Léopold....................|£6
- Illumination électrique des monuments de l’acropole d’Athènes pendant la session du congrès des médecins hellènes..................................... 4S6
- Expériences des lampes Swan à l’Hôtel-de-Ville de Birmingham ............................................ 47g
- Éclairage d’une salle de bal à Birmingham par les
- lampes Swan......................................... 480
- Éclairage électrique par les lampes Brush de l’exposition régionale de Peterborough...................... 480
- Éclairage électrique d’un bal à Manchester............... 480
- Expériences de lumière électrique au théâtre de la
- Monnaie, à Bruxelles................................ 480
- Illumination électrique à Saint-Cloud à l’occasion de
- la fête printanière de mai.......................... 504
- Éclairage électrique de l’exposition de l’industrie et
- des beaux-arts à Bradford........................... £04
- Éclairage électrique à Derby pendant une conversation................................................ £04
- Essais d’éclairage électrique à Liverpool dans la salle
- de lecture de la Liverpool Free Library............. £04
- Une grande fête à Bombay éclairée par la lumière électrique.............................................. £04
- Illumination électrique de l’ancien couvent des Chartreux de Pesio...................................... £27
- Essais d’éclairage électrique à Berlin avec des lampes
- Edison.............................................. 527
- Nouvel essai d’éclairage électrique de la rue d’AIcala
- à Madrid.......................................... Si 2
- Éclairage électrique de la place de l’Exposition à Hanovre ............................................. SS 2
- Éclairage électrique de la section française de l’Exposition de Buenos-Ayres.............................. ££2
- Illumination de la ville et du lac de Lucerne à l’occasion de l’inauguration du tunnel du Saint-Gothard SS2
- Nouveaux essais d’éclairage électrique à la Cannebière
- et à la rue de Noailles, à Marseille.............. 600
- F
- FAITS DIVERS
- Conférence de M. Preece, à Londres, sur les merveilles de l’électricité................................ 23
- Séance du 27 décembre de l’Union électro-technique
- de Berlin.............................................. 23
- Nouvelles de l’Exposition du Cristal Palace................. 47
- Exposition électrique de Saint-Pétersbourg.................. 47
- Formation d’une nouvelle Compagnie d’électricité à
- Bruxelles.............................................. 47
- Formation d’une Compagnie d’électricité à Barcelone 71 Prix de 2 Soo fr. institué par l’Institut royal de Venise pour le meilleur travail concernant les causes des phénomènes de la lumière, de la chaleur, de l’électricité et du magnétisme................................. 71
- - Pages.
- Etablissement d’une grande fabrique de machines
- électriques à Glascow........................... 71
- Nouvelles de l’Exposition du Palais de Cristal....... 95
- Mort de M. L. Schwendler............................. 1 ift
- Formation d’une Société industrielle pour l’exploitation de la lampe-soleil............................ 119
- Nomination de M. Mercadier comme directeur des
- études à l’École Polytechnique..................... 142
- Formation à Londres de la Compagnie Laing Electric
- Light and Power C°...................*.......... 143
- Formation d’une nouvelle Société intitulée la Brush
- Electric Light and Power C° du Niagara............. 167
- Nombre des brevets pris à Londres en 1881 sur l’électricité............................................ 167
- Exposition d’électricité à Saint-Pétersbourg............ 191
- Formation d’une nouvelle Compagnie d’éclairage électrique constituée sous le nom de Hammond Electric Light and Power Supply C°..................... 191
- Formation d’une nouvelle Compagnie d’éclairage électrique intitulée la South Australian Electric and
- Power C°........................................... 191
- Formation d’une nouvelle Compagnie de câbles électriques sous le nom de la British Honduras and
- Cuba submarine telegraph C°........................ 192
- Exposition électrique à Bordeaux................ . . 2i5
- Formation de nouvelles Compagnies d’électricité à Londres sous les titres de : The river Téléphoné and Electric Light C°, The Electric Light construction supply and maintenance corporation, et la Do-
- mestic Electric lightening C°................... 2i£
- Formation à Glascow d’une nouvelle Compagnie électrique sous le nom de Universal Electric C°. . . . 2i£
- Formation d’une nouvelle Compagnie pour les applications électriques à Louisville.................. 21 £
- Formation d’une Société de fabricants de torpilles électriques en Amérique................................ 210
- Établissement à Londres d’une Compagnie téléphonique................................................'. 216
- Formation d’une nouvelle Compagnie pour l’exploitation des téléphones à Londres...................... 216
- Meeting de la Dundee and district téléphone C°. . . . 216
- Première année d’exploitation de la Société téléphonique de Zurich.................................... 216
- Formation d’une nouvelle Compagnie d’éclairage électrique à Londres sous le nom de Great Northern
- Electric Light C°.................................. 239
- Formation d’une Compagnie d’éclairage électrique à
- Lowel, en Amérique................................ 2.39
- Analyse du discours d’ouverture du colonel Webber à
- la Société des ingénieurs télégraphistes de Londres. 240 Rapport du ministre des postes et télégraphes sur
- l’Exposition internationale d’électricité.......... 263
- Formation d’une nouvelle Compagnie télégraphique à
- San-Francisco...................................... 264
- Appareils électriques à l’Exposition des inventions na-)
- vales et sous-marines de Londres................J 312
- Les nouveaux ateliers de la lampe-soleil................ 33£
- Loi relative â l’éclairage électrique à Londres......... 335
- Pourparlers entre la Compagnie générale d’électricité et le Conseil municipal de la ville de Paris au sujet
- de l’éclairage de l’avenue de l’Opéra.............. 359
- Projet d’augmentation du prix des dépêches par les
- câbles transatlantiques............................ 36o
- Règlement pour l’emploi de l’éclairage électrique pour
- les usines assurées contre l’incendie.............. 383
- Formation d’une nouvelle Compagnie électrique en
- Angleterre........................................ 384
- Concession en Angleterre de privilèges d’exploitation
- d’une Compagnie à une autre........................ 384
- Essais électro-techniques qui seront faits â Munich du
- 16 septembre au 8 octobre.......................... 384
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-
-
-
- 6o8
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pages.
- Formation d’une nouvelle Compagnie électrique pour
- les signaux de feux............................. q3a
- Formation d’une Compagnie locale à Sheffield pour
- l’éclairage électrique de cette ville......... 4.32
- Formation d’une nouvelle Compagnie de lumière électrique à Londres...........................'..... 4SS
- Projet d’un collège où seraient formés des électriciens 455
- Exposition universelle de Turin de 1884, où devront se trouver un chemin de fer électrique et des bateaux
- électriques..................................... q55
- Fondation d’une Compagnie téléphonique au Mexique 456
- Formation à Londres d’une Compagnie d’emmagasinage électrique.................................. 479
- Formation d’une Société pour exploiter l’éclairage
- électrique en Lorraine............................ 479
- Formation d’une nouvelle Compagnie électrique à Londres ayant le droit d’exploiter les divers brevets de l’Anglo-American Brush dans les comtés
- de Surrey, Kent et d’Essex....................... 479
- Formation d’une Société pour exploiter à Londres la
- lampe Gülcher..................................... 479
- Jugement de commissions nommées par la direction
- de la navigation de la Clyde et par la corporation de Leeds sur les différents systèmes de lumière électrique et leur application à l’éclairage des
- ports............................................. 480
- Annonce d’une Exposition électrique à Vienne pour le
- mois d’octobre prochain.......................... 5o3
- Formation d’une nouvelle Compagnie électrique pour
- l’exploitation de la lampe Chertemps............... 504
- Appel aux électriciens par les organisateurs de l’Exposition de Bordeaux................................. 527
- Étonnante conservation des fils conducteurs des foyers Jablochkoff après un séjour de cinq ans sous le
- sol................................................ 527
- Préparatifs pour l’Exposition électrique de Vienne . . 527
- Ajournement de l’Exposition électrique de Vienne au
- mois d’août i883................................... 552
- Formation d’une nouvelle Compagnie électrique pour la fabrication d’une nouvelle matière isolante (l’in-
- sulite)............................................ 552
- Mesure votée par la Chambre des Communes relative
- à l’éclairage électrique ......................... 575
- Formation d’une nouvelle Compagnie pour l’exploitation des lumières Brush et Lane Fox dans le
- comté d’York....................................... 576
- Formation d’une nouvelle Compagnie fondée sur l’exploitation de la lampe Swan et de l’accumulateur
- Sellon............................................. 5gg
- Formation d’une Compagnie pour exploiter les brevets Gülcher en France, en Autriche, en Belgique et
- en Allemagne..................................... 599
- Formation d’une nouvelle Compagnie pour exploiter un système de production d’électricité de M.R.-H.
- Simons............................................. Sgg
- Formation d’une nouvelle Compagnie à Londres pour
- exploiter le système d’éclairage à arc Laing . . . 599
- Formation d’une nouvelle Compagnie à Londres pour exploiter dans l’Inde les appareils de Weston, Ra-
- pieff, Lorftin et Maxim........................... Sgg
- Déclaration par le Post Office de l’intention dans laquelle il est de ne pas acheter l’entreprise d’aucune Compagnie téléphonique.................................. 600
- Pages.
- I
- INSTRUMENTS ÉLECTRIQUES ET AUTRES SE RAPPORTANT AUX APPLICATIONS DE L’ÉLECTRICITÉ
- La boussole marine de Sir William Thomson par M.
- Aug. Guerout (101' article).................... i3i
- Id. — Id. 2° article....................... 162
- Quelques appareils de l’exposition belge par M. Nclius. 418
- Les dynamomètres par M. G. Richard.................. 55g
- .Séparateur et shunt pour les courants à haute tension par M. Spottiswoode......................... 571
- Accouplement pour fils électriques de M. Brewtnall. . 598
- L
- LAMPES ÉLECTRIQUES
- Des lampes à incandescence fixes par M. C.-C. Soulages. ......................................... 38
- Prix de i2 5oo fr. pour le meilleur système d’éclairage
- électrique pour les mines....................... 47
- Nouvelle lampe électrique de MM. G. Hawkes........ 72
- Nouvelle lampe électrique de M. Solignac, par M. Th.
- du Moncel...................................... 202
- La lampe-soleil par M. Aug. Guerout................ 22.3
- Les lampes Werdermann à l’Opéra par M. O. Kern. . 826
- La lampe Jaspar par M. Aug. Guerout............... 867
- Sur le rendement relatif des lampes à incandescence
- des divers systèmes par M. Van der Ven......... 388
- A propos du régulateur Archereau.................... 480
- Les lampes Bürgin par M. Aug. Guerout............. 4 p >
- A propos de la lampe de M. Solignac; lettre de M. V.
- Lacombe........................................ 47n
- Réponse de M. Solignac et de la rédaction du journal
- à M. V. Lacombe.............................. 527
- Les origines des lampes à incandescence par M. C. H.
- de Changy...................................... 58o
- Le rallumeur automatique de la lampe Solignac. . . . 5q5
- LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- De la possibilité de donner à la lumière électrique toutes les qualités de l’éclairage au gaz par M. M.
- . Avénarius.......................................... ib
- Sur l’équivalent électrique de la lumière, par M. F.
- Geraldy............................................ 18
- A propos du renouvellement des charbons ; lettre de
- M. Tikomiroff...................................... 335
- Déclaration du président de la commission des égouts de Londres que le prix de revient de la lumière électrique avait été, pour l’année, de 3o livres ster-lings moins cher que celui du gaz pour une môme période, d’où il est résulté un nouveau contrat
- avec la O Brush pour l’éclairage d’une partie de
- la cité de Londres. . •.......................... 33b
- Sur la préparation du carbone pur destiné à l’éclairage électrique par M. Jacquelain................... 404
- Rapport de la commission pour l’éclairage du musée de South Kensington concluant à une économie dans le rapport de 235 livres à 56o livres en faveur de l’éclairage électrique. .................................
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-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- 609
- Pages.
- M
- MACHINES A LUMIÈRE
- La machine Jürgensen et Lorenz, par M. Aug. Guerout 3i Recherches expérimentales sur les machines dynamoélectriques, par M. M. Deprez......................... 36q
- Machine à courants alternatifs (système Chertemps et
- Dandeu) par M. F. Geraldy...................... . 5i8
- A propos dé l’histoire des machines dynamo-électriques (lettre de M. Hellesen)....................... 526
- Sur la loi suivant laquelle varie la force électro-motrice d’une machine magnéto-électrique, en fonction de la résistance du circuit extérieur par M. M. Deprez .................................................. 557
- MAGNÉTISME
- Recherches sur la torsion, la flexion et le magnétisme
- par MM. G. Wiedemann.............................. 41
- Id. — Id. 2° article....................... 63
- Id. — Id. 3e article....................... 90
- Recherches sur l’aimantation par le Dr W. Siemens,
- par M. Aug. Guerout..............i............. 77
- Du vieux-neuf (les électro-aimants boiteux). ....... 2i3
- Influence de la force coercitive sur la chaleur produite
- par l’aimantation................................ 285
- La trempe par compression, par M. Clémandot. . . . 333
- A propos des dernières perturbations magnétiques terrestres (lettre de M. Marius Poirier)............. 407
- Sur une perturbation magnétique par M. Mascart. . . 452
- Des variations magnétiques des tiges aimantées pendant les orages, par M. G. de la Lagade............. 525
- MESURES ÉLECTRIQUES
- Installation d’appareils de mesure électrique à l’Exposition de l’école supérieure de télégraphie, par
- M. E. Mercadier.................................... 36
- A propos du travail de M. Lippmann sur la détermi-
- natiou de l’Ohm ................................ 65
- Appareils de mesure électrique à l’Exposition de l’école
- supérieure de télégraphie par M. E. Mercadier. . 85
- Id. — Id. 2e article........................ 104
- Id. — Id. 3° article.......................... i65
- Id. — Id. 4° article.......................... 203
- Mesures des potentiels correspondant à des distances
- explosives déterminées....................... 92-114
- Galvanomètre à déviation proportionnelle par M. Marcel Deprez........................................ 110
- Encore la détermination de l’ohm; réponse de M. Lippmann à M. Brillouin............................... 140
- Sur la mesure de la résistance moyenne d’un groupe
- de piles.......................................... 212
- A propos des galvanomètres à déviation proportionnelle ; lettre de M. Ayrton et Perry........... 2.38
- Sur un instrument destiné à mesurer les variations des
- champs magnétiques, par M. M. Deprez............ 270
- L’étalon lumineux, par M. Frank Geraldy............... 280
- Boussole sans résistance destinée à mesurer les courants intenses.................................... 282
- A propos de la mesure de l’ohm, lettre de M. G. Lippmann.............................................. 287
- Pages.
- De quelques dispositions d’appareils à l’usage des laboratoires, par M. Aug. Guerout....................... 319
- Compensateur pour mesurer les forces électro-motrices, par M. Slouguinoff............................... 356
- A propos des boussoles sans résistance; lettre de M.
- Albert Denzler...................................... 358
- Sur les mesures des courants intenses, par M. E. Mercadier (ior article).................................. 437
- Id. — Id. 2» article............................. 537
- Sur une nouvelle forme du galvanomètre apériodique
- de M. M. Deprez et d’Arsonval, par M. M. Deprez. 439 Sur les compteurs d’électricité, par M. M. Deprez. . . 486
- Id. — Id. 20 article............................. 53q
- La table d’essai de M. Sabine, par M. Aug. Guerout.. 535
- Le rhéolyseur de M. E. Wartmann........................ 596
- MICROPHONES
- Fanfare d’Ader.................................... 43-187
- Etude sur le microphone, par M. Boudet de Paris (les '
- transformateurs (n° article).................... 208
- Sur les contacts microphoniques dans le vide...... 211
- A propos des conditions que doit l’emplir le microphone; lettre de M. C. Barney.................... 358
- P
- PILES ET GÉNÉRATEURS ÉLECTRIQUES
- La pile à auge de Sir William Thomson............. 43
- Un nouvel accumulateur, par Henri Sutton..........: 44
- Des actions locales qui ont lieu dans les piles Planté. 93
- Les piles et condensateurs de M. Varley........... 117
- Faux rapport sur les piles Faure.................. 142
- Expériences sur une pile secondaire de M. Faure par
- MM. Allard, Le Blanc, Joubert, Potier et Tresca. 2.3o
- Nouvelle pile à alcali de M. Bennett.............. 238
- Sur la comparaison entre les piles et les machines dynamo-électriques, par M. M. Deprez.............. 25o
- Nouveau perfectionnement aux piles électriques par
- M. E. Reynier.................................. 3oq
- La chimie des couples secondaires................. 331
- A propos de la pile Reynier; lettre de M, A. François. 33q La nouvelle pile Reynier à cloisonnement par M. A.
- d’Arsonval..................................... 355
- Recherches sur la pile à bichromate de potasse par
- M. Th. du Moncel................................ 433
- A propos des piles à perchlorure de fer et à bichromate d’ammoniaque ; lettre de M. Partz.......... 526
- Les progrès des piles secondaires par M. Aug. Guerout............................................ 38f
- Nouvelles dispositions de la pile de'Daniell, par M.
- Terquem......................................... Sg8
- T
- TÉLÉGRAPHIE —
- Télégraphe harmonique de M. Elisha Gray par M. Aug.
- Guerout. . . ........•........................ 6
- Etendue du réseau de la Western Union en Amérique. 24
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-
-
-
- 6io
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pages,
- Les dépêches télégraphiques rendues secrètes en Italie. 24 Ligne télégraphique entre le Paraguay et la République Argentine.......................................... 24
- Ouverture de nouveaux bureaux télégraphiques eu
- Chine.............................................. 4b
- Installation d’un fil télégraphique le long de la Marne
- au Rhin........................................... 4b
- Les télégraphes écrivants et les télégraphes parlants,
- par M. F. Geraldy................................. 5q
- Étude sur le système de transmissions multiples ét le télégraphe imprimeur de M. Baudot, par M. J. P.
- (3° article)...................................... 55
- Id. — Id. (40 article)......................... 79
- Id. — Id. (5® article)........................ 127
- Id. — Id. (6® article)........................ 177
- Id. — Id. (7® article)........................ 198
- Commutateur de M. Judet................................. 66
- Exemple remarquable de transmission rapide en Angleterre........................................... 72
- Achèvement du réseau télégraphique souterrain de
- l’Empire d’Allemagne............................... 72
- Extension du réseau télégraphique au Mexique. ... 96
- Établissement d’une station télégraphique à Vinga en
- Suède............................................. 120
- Achèvement de la ligne télégraphique de Tientsin à
- , Shanghaï.......................................... 120
- Liaison de Irkoutsk avec le réseau général des télégraphes de Sibérie et de Russie................... 143
- Expériences de télégraphie optique dans les environs
- de Lyon........................................... 144
- Exemple de transmissions promptes sur les lignes de
- la Western Union.................................. 168
- Projet de création d’une nouvelle ligne télégraphique
- allant de New-York à Chicago...................... 168
- Liaison télégraphique du mont Athos avec le réseau
- télégraphique de la Turquie..................•. . 168
- Augmentation des tarifs des messages sur les lignes .
- de la Western Union des États-Unis................ 192
- Nombre de lignes télégraphiques à New-York............. 192
- Rétablissement des relations télégraphiques entre la
- Bosnie et la Turquie................................ 192
- Nouvelle pose de câble à travers le détroit du Firth
- of Forth.......................................... 216
- Extension du réseau télégraphique au Canada.......... 216
- Modification du service télégraphique en Herzégovine
- par suite de l’insurrection....................... 216
- Transmission télégraphique directe entre New-York et
- Chicago..............•.......................... 240
- Nouveau système de transmissions simultanées en sens contraire pour appareils Hughes par M. H.
- Kuss.............................................. 259
- Établissement d’une ligne télégraphique entre Colima
- et Guadalajara.................................... 264
- Installation d’un nouveau fil télégraphique à Menton
- pour le service de la Reine d’Angleterre........ 288
- Longueur totale des fils télégraphiques et téléphoniques à New-York................................... 336
- Statistique des lignes télégraphiques d’Allemagne,. . 384
- Extension des lignes télégraphiques au Canada. . . . 408
- Établissement d’une ligne télégraphique entre Ilunin-
- gue et Strasbourg le long du Rhin................. 408
- Réclamation à Albany pour l’enterrement des fils télégraphiques...................................... 432
- La télégraphie : ses progrès récents manifestés â l’Exposition Internationale d’Électricité parM. E. de T. 449
- Id. — Id. 2e article.......................... 470
- Id. — Id. 3® article.......................... 498
- Id. — Id. 4® article.......................... 519
- Id. — Id. 5® article.......................... 544
- Id. — Id. 6® article.. \ , 568
- Id. — Id. 7® article., 592
- Pages.
- Construction de lignes télégraphiques en Chine. . . . 456 Télégraphe sextuple de Jones, par M. O. Kern. . . . 509 Accroissement du réseau télégraphique fédéral au
- Mexique........................................ 528
- Relais de M. C. II. Ilaskins....................... 549
- Ouverture de 3 stations télégraphiques en Palestine et
- complément du réseau télégraphique de l’Arabie. 552
- TÉLÉPHONIE
- Transmission des sermons par le téléphone à Brighton. 24 Formalité à remplir en Allemagne pour l’établissement
- des lignes téléphoniques........................... 24
- A propos des bruits téléphoniques; lettre de M. Wey-
- her................................................ 46
- Installation d’une station téléphonique dans un des
- bureaux de la Chambre des Députés. ....... 48
- Installation d’un réseau téléphonique à Lille........... 48
- Projet d’établissement de lignes téléphoniques aux Antilles, dans l’Amérique Centrale, le Panama, le Vé-
- nézuéla, la Colombie et la Guyane............., 48
- Liaison du grand théâtre et du théâtre Marie à Saint-
- Pétersbourg à l’Exposition d’électricité...... 48-14 |
- Une nouvelle application de la téléphonie aux auditions théâtrales à Londres......................... 48
- Établissement de 12 lignes téléphoniques à Mexico. . 48
- Difficultés d’établissement des lignes téléphoniques à
- Buenos-Ayres....................................... 48
- Transfèrement du bureau téléphonique de Mulhouse. 96 Accident survenu à Cincinnati sur une ligne téléphonique par son cqntact avec un conducteur de lumière électrique........................................ 96
- Achèvement de l’installation du réseau téléphonique
- de Rouen........................................... 96
- Histoire de la découverte du téléphone par M. Th. du
- Moucel............................................. 97
- Expériences téléphoniques au Sénat..................... 120
- Application de la téléphonie aux scaphandres pour le renflouement d’un paquebot coulé dans le port de
- Constantinople.................................... 120
- Concert téléphonique en Angleterre..................... 120
- Adoption du téléphone pour le service des abonnés
- de l’Exchange Télégraph C®........................ 120
- Installation d’une ligne téléphonique entre les nouvelles et anciennes usines à gaz de la ville de Wal-sall.............................................. 120
- Établissement d’un réseau téléphonique à Colombo. . 120
- Installation de lignes téléphoniques à Alfeld et Gronau 120
- Concert téléphonique à Vienne........................ 144
- Projet d’établissement d’un réseau téléphonique à Bu-
- charest.......................................... 144
- Extension du réseau téléphonique de Berlin.......... 144
- Service téléphonique de nuit établi à Gènes........ 144
- Installation du téléphone à Nantes............... 168
- Démenti donné par le gouvernement anglais au projet qu’on lui prêtait d’acheter les entreprises téléphoniques........................................... 168
- Installation de nouveaux appareils téléphoniques au
- palais de Westminster........•................. 168
- Essais par l’administration des télégraphes d’Allemagne d’un nouveau téléphone qui permet d’échanger
- des conversations à grande distance......... 168
- Communications téléphoniques établies entre les bureaux de poste et les postes de pompiers à Dar-
- lington..................................... 168
- Installation d’un réseau téléphonique à La Rochelle. . 192
- Etablissement d’un réseau téléphonique à Reims. 192-264
- Bureaux téléphoniques, installés à Calcutta, Madras
- et Bombay................................... 192
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-
-
-
- JOURNAL UNIVERSEL P'ÉLECTRICITÉ 6n
- Pages,
- Fabrication de fils téléphoniques en bronze phosphoré
- en Belgique................................ . . . 192
- Jugement des procès relatifs au téléphone en Écosse. 192
- Expériences téléphoniques faites à la Chambre des
- Députés de Berlin............................'. 216
- Essai du téléphone Nigra à Turin................. 216
- Extension du réseau téléphonique à Cardiff et à New-
- port. . . ..................................’. 240
- Ouverture de 5 nouveaux bureaux téléphoniques à
- Berlin..................................... 240
- Application du téléphone aux mines de cuivre de Dol-
- coath...................................... 240
- Établissement d’une ligne téléphonique à Luton. . . . 240
- Projet de transmettre téléphoniquement de Venise à
- Milan l’opéra du Lohengrin................. 240
- Transmission simultanée de la voix humaine et de la musique de l’orgue à travers un seul fil au palais de Cristal...................................... 240
- Communications téléphoniques établies entre l’établissement pour la distribution des eaux de Wolver-hampton et la station de la pompe à Cosford. . . 264
- Établissement de 3 lignés téléphoniques à Truro (Cor-
- nouaille)...................................... . . 264
- Augmentation considérable du nombre des abonnés
- sur le réseau téléphonique d’Anvers............... 264
- Etablissement d’un réseau téléphonique à Adélaïde
- (Australie)....................................... 264
- Nouvelle organisation du réseau téléphonique à Bue-
- nos-Ayres......................................... 264
- Les bureaux téléphoniques automatiques (appareils
- Connolly et Mactighe) par M. Aug. Guerout. ... 272
- Id. — Id. (20 article). — (Appareils Leduc et Bartelous)................................... 299
- Convention entre la Compagnie téléphonique du Lan-cashire, et le directeur général des postes de l’Angleterre pour le prix des relations téléphoniques . 288
- Nouvelle démarche tentée pour l’établissement du ré-
- seau téléphonique de Reims....................... 312
- Projet d’une communication téléphonique entre Gueb-
- willer et Mulhouse (Alsace)...................... 312
- Accroissement des lignes téléphoniques à Philadelphie. 336 Installation de téléphones au grand théâtre de Marseille ainsi que d’appareils avertisseurs d’incendie. 336 Autorisation d’établissement de réseaux téléphoniques
- en Espagne....................................... 336
- Quelques dispositions téléphoniques inédites par M.
- Th. du Moncel (i°r article)...................... 337
- Id. — Id. (2° article)....................... 335
- Les systèmes téléphoniques du Dr Herz par M. A.
- Noaillon......................................... 35 j
- Action des courants téléphoniques sur le galvanomètre, note par M. Chardonnet...................... 357
- Projet d’établissement par l'État de réseaux téléphoniques dans les villes où la Compagnie des téléphones n’a pas créé d’établissement.............. 36o
- Transmission d’auditions théâtrales entre le Grand-Théâtre de Marseille et la Société scientifique et
- industrielle de cette ville...................... 36o
- Extension du réseau téléphonique de Birmingham. . . 36o
- Trompette téléphonique de M. Herz, par M. de Magne-
- vüle............................................. 379
- Lignes téléphoniques à Metz........................... 384
- Adjonction du téléphone au service des incendies à
- Brighton...................•.................. 384
- Indicateur téléphonique de la torsion et de la vitesse angulaire de l’axe moteur des machines par M. C.
- Resio............................................ 399
- Essai de correspondance téléphonique entre la gare
- de Paris et la gare de Nancy..................... 408
- Expériences téléphoniques pendant une marche mili-
- Pages
- Nombre énorme de dépêches téléphoniques échangées
- en Amérique..................................... 408
- Communications téléphoniques entre les villes d’Al-pena et Bay City éloignées l’une de l’autre de 208
- kilomètres...................................... 408
- Installatiçn téléphonique dans différentes villes de
- de l’Egypte, de l’Inde et de la Chine............. 408
- Installation d’un réseau téléphonique à Bradfort. . . . 482
- Sur un signal téléphonique vibratoire à sonnerie de
- Jacobi............................................ 453
- Introduction de la téléphonie au Brésil dès l’année
- 1877. ............................................ q56
- Introduction du téléphone dans toute la colonie de la
- Nouvelle-Zélande.................................. 456
- Dégâts sur les lignes téléphoniques du Brésil.......... 456
- A propos des bureaux téléphoniques automatiques ;
- lettre de M. Bartelous............................ 478
- Nouveaux progrès en téléphonie par M. F. Geraldy. . 499
- Installation d’auditions théâtrales téléphoniques à
- Rouen............................................. 504
- Installation d’une ligne téléphonique près d’Augou-
- lême.............................................. 504
- Installation à Albani de téléphones secrets............ 504
- Pose de nouvelles lignes téléphoniques entre Attleboro
- et Westmanfield................................... 504
- Le principe des téléphones à charbon par M. Th. du
- Moncel............................................ 5o5
- Modèle d’organisation d’un réseau téléphonique à l’Exposition régionale de Nantes..................... 528
- Auditions théâtrales téléphoniques organisées à l’occasion d’une Exposition régionale à Niort .... 528
- Projet d’établissement d’un réseau téléphonique par
- l’état dans les villes de Roubaix et de Tourcoing. 528 Établissement de communications téléphoniques dans
- un nouvel hôpital à Salford.................... 528
- Liaison téléphonique du Rathhaus de Berlin aux deux
- stations centrales du réseau téléphonique...... '528
- A propos des postes téléphoniques automatiques; lettre de M. Leduc. ............................... 551
- Installation d’un réseau téléphonique à Elisabethport
- (cap de Bonne-Espérance)....................... 552
- Établissement d’un nouveau réseau téléphonique à
- Newcastle......................................... 552
- Quelques détails historiques sur les perfectionnements successifs apportés au téléphone par M. Th. du
- Moncel............................................ 553
- Projet d’établissement d’un réseau téléphonique à Nice. 576 Installation d’un poste téléphonique au mont Vinaigre
- dans l’Esterel.................................... 576
- Application du téléphone aux scaphandres par M. Le
- Goarant de Tromelin. . .......................... 586
- Étude sur les transmetteurs téléphoniques à pile par
- M. Dejongh........................................ 5go
- L’inductophone de M. Willoughby Smith.................. 598
- Installation du réseau téléphonique de Strasbourg. . . 600
- Introduction du téléphone dans les houillères de
- Manversmain et des Oaks en Angleterre............. 600
- Liaison téléphonique de l’école de droit de Londres au
- bureau central des téléphones. ................... 600
- Habitude prise à Hartford (Connecticut) d’assister aux
- services religieux par l’entremise du téléphone. . 600
- V
- VARIÉTÉS
- Progrès de la science électrique en 1881 par M. Th. du
- Moncel (ier article)......................... 2
- Id. — Id. (2e article)....................... 25
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-
-
-
- Ol 2
- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Pogcs.
- Cataractes du Niagara éclairées par la lumière élec-
- trique par M. C.-C. Soulages........................... 14
- Les salles de l’Exposition d’Edison, par M. C.-C. Soulages................................................. 61
- Le salon du président à l’Exposition d’électricité,
- par M. C.-C; Soulages. ............................... i35
- La lumière électrique dans la marine militaire par M.
- C.-C. Soulages........................................ 160
- Les sciences physiques en biologie par M. A. d’Arson-
- val (ier article)................................... . 174
- Id. — Id. 2° article.......................... 329
- Id. — Id. 3° article......................... 394
- Id. — Id. 4* article.......................... 4i5
- Id. — Id. 5« article.. . ..................... 512
- Id. — Id. 6° article.............................. 546
- Éclairage électrique du foyer de l’Opéra, par M. C.-C.
- Soulagés.............................................. 384
- Installation Brush à l’Exposition, par M. C.-C. Soulages................................................. 206
- De Paris à Londres en 5 heures, par M. C.-C. Soulages. 2S1 Comment on prend un breyet en France et à l’étranger, par M. F. Geraldy. . ................................. 256
- L’éclairage électrique appliqué aux travaux de construction, par M. C.-C. Soulages....................... 278
- Éclairage électrique appliqué à la navigation, par M.
- C.-C. Soulages........................................ 302
- Fanal électrique sur un navire élairant une scène africaine, par M. C.-C. Soulages.......................... 324
- Quelques souvenirs de l’Exposition Internationale
- d’Électricité, par M. C.-C. Soulages.................. 347
- Pages.
- Éclairage électrique des serres et aquariums, par M.
- C.-C. Soulages................................ . . .
- Exposition de la section dn royaume de Norwège par
- M. O. Kern.......................................
- Galerie des machines de l’Exposition, par M. C.-C.
- Soulages.........................................
- Galerie des machines (machines octogones de Gramme)
- par -M. C.-C. Soulages...........................
- Application de la lumière électrique aux travaux agricoles, par M. O. Kern................................
- Les essais électro-techniques de l’Exposition royale de
- Munich..................“........................
- La galerie des machines à l’Exposition d’électricité (machines de Maxim et de la British Light C°),
- par M. C.-C. Soulages............................
- L’éclairage électrique de la bibliothèque royale de
- Bruxelles par M. Aug. Guerout....................
- Galerie des machines à l’Exposition d’électricité (Alliance, Wilde et de Méritens) par M.C.-C. Soulages ...............................................
- Application de l’électricité à la pèche, par M. C.-C.
- Soulages.........................................
- Exposition de l’Empire d’Allemagne, par M. O. Kern. La priorité de l’invention, par M. F. Geraldy.. . . Exposition de l’Empire d’Allemagne, par M. O. Kern. Exposition anglaise du Palais de Cristal, par M. Th.
- du Moncel........................................
- Galeriè des machines de l’Exposition électrique (machines de Méritens et de Lontin), par M. C.-C. Soulages.......................................v. . . .
- 419
- 422
- 44.3
- 466
- 468
- 475
- -161 513
- 515
- 540
- 542
- 5-17
- 564
- 577
- 58?
- FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES
- PARIS. — IMPRIMERIE P. MOUILLOT, 13, QUAI VOLTAIRE. — 3o2Ü2
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