La Lumière électrique
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
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- LA
- LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- JOÛRNAL UNIVERSEL D’ELECTRICITÉ
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- Lj
- Revue Scientifique Illustrée
- Publiée sous la Direction" scientifique de M. Th. DU MONCEL
- APPLICATIONS DE L’ÉLECTRICITÉ
- LUMIÈRE ÉLECTRIQUE --- TÉLÉGRAPHIE ET TÉLÉPHONIE
- SCIENCE ELECTRIQUE, ETC.
- TOME SIXIÈME
- PARIS
- AUX BUREAUX DU JOURNAL
- 5i, — Rue .Vivienne, — 5i
- 1882
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- La Lumière Électrique
- • Journal universel d’Électricité • 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 7 JANVIER 1882 N° 1
- SOMMAIRE
- Avis au lecteur; le comité de rédaction. — Des progrès de la science électrique en 1881 ; Th. du Moncel. — Le télégraphe harmonique de M. Elisha Gray; A. Guerout. — Les cataractes du Niagara éclairées à la lumière électrique; C. C. Soulages. — Sur le travail absorbé par l’électrolyse; Marcel Deprez. — De la possibilité de donner à l’éclairage électrique toutes les qualités de l’éclairage au gaz; M. Avenarius. — Sur l’équivalent mécanique delà lumière: Frank Geraldy. — Revue des travaux récents en électricité : Sur le dégagement de l’électricité dans les cristaux hémièdres. — Contractions et dilatations produites par des tensions électriques dans les cristaux hémièdres à faces inclinées. — Sur la décomposition de l’eau sur des électrodes de platine, sous l’influence de la décharge de bouteilles de Leyde. — Recherches sur l’électricité de contact. — Faits divers.
- LÀ LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Journal Universel d’Électricité
- HEBDOMADAIRE
- Directeur scientifique : M. Th. DU MONCEL
- ABONNEMENTS
- France et Algérie..................................50 »
- Union postale...................................... 60 »
- L’abonnement est annuel et part du zer Janvier Le numéro : Un jranc
- COLLECTIONS
- Année iSjq...15 » — Année 1880......25 »
- • Année 1881.....70 »
- ANNONCES : Deux francs la ligne
- 5/, rue Vivienne, Paris
- I.’Adm i n ist ra leur-géra n I.
- A. GLÉNARD.
- AU LECTEUR
- L’année qui vient de finir est une de celles qui marqueront dans l’histoire de l’électricité. L’Exposition Internationale d’Electricité et le Congrès International des Electriciens sont le grand événement de l’été dernier, pour les gens du monde comme pour les savants.
- La Lumière électrique, dont les propriétaires ont été les promoteurs de l’Exposition et du Congrès, devait tenir à honneur de leur donner une grande place, et c’est ce qui a motivé sa plus grande périodicité. Aujourd’hui que l’Exposition est fermée, il n’y a plus de raison pour que le journal paraisse à des intervalles aussi rapprochés, et il va en conséquence redevenir hebdomadaire. Mais en raison de l’élan qui a été imprimé aux applications industrielles de l’Électricité, et qui ne fait que s’accroître chaque jour, en raison aussi de nos moyens d’information qui se sont complétés, nous avons jugé nécessaire d’agrandir le cadre du journal. En conséquence, chaque numéro contiendra dorénavant 48 colonnes au lieu de 32, et paraîtra le samedi.
- Comme par le passé, la Rédaction n’épargnera aucune peine pour tenir les lecteurs au courant des nouvelles découvertes en Électricité et des travaux accomplis dans cette branche de la science en France et à l’Etranger.
- Le Comité de Rédaction.
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- LA LUMIERE ÉLECTRIQUE
- DES PROGRÈS
- DE LA
- SCIENCE ÉLECTRIQUE
- EN 1081
- Ce sont toujours les questions qui se' rattachent à la lumière électrique, à la téléphonie et à la transmission de la force qui ont préoccupé le plus les électriciens pendant l’année 1881, et on a pu s’en assurer à l’Exposition dernière, par l’importance et la variété des systèmes d’éclairages électriques exposés, parle nombre des machines, véhicules et métiers de toutes espèces qui s’y trouvaient mis en mouvement par l’électricité, et par les installations téléphoniques grandioses qui y ont été organisées. Cette Exposition elle-même était un véritable événement dans la science électrique, et on peut même la considérer comme la meilleure expression des progrès accomplis dans ces derniers temps. Nous avons tellement parlé de toutes les merveilles qu’elle recélait qu’il serait oiseux d’en reparler encore ; cependant connue il importe que nous indiquions dans nos comptes-rendus annuels les diverses étapes par lesquelles passent chaque année les diverses inventions, nous devrons résumer en quelques mots ce qui a été fait et les résultats obtenus.
- Bien que l’éclairage électrique par l’incandescence soit de date ancienne, aucune expérience sur une grande échelle n’avait été encore faite en France, et c’est avec un grand étonnement mêlé d’admiration qu’on a vu tous ces innombrables becs de lumière électrique, d’un aspect doux et tranquille, surgir des différents points de l’Exposition dans des conditions de divisibilité qu’on n’aurait jamais admises il y a peu de temps encore. C’était la meilleure réponse que MM. Edison, Swan, Maxim, Lane-Fox pouvaient faire aux incrédules, et si ceux-ci n’ont pas été encore convaincus sous le rapport de la question économique de cette lumière, ils ont toujours pu s’assurer que la lumière électrique était facilement divisible par ce système, qu’elle était parfaitement fixe et d’une couleur assez chaude et assez peu intense pour satisfaire ceux qui se plaignaient de la blancheur et du trop grand éclat de la lumière électrique ordinaire. L’avenir nous dira ce que coûte une pareille lumière, et nous croyons même que d’ici à peu de temps, grâce aux travaux de la commission du jury et du congrès, on pourra être fixé à cet égard ; mais en définitive nous avons acquis cette année la preuve que l’éclairage électrique domestique de petite intensité était possible.
- Nous avons pu également reconnaître que les
- éclairages de grande intensité pouvaient être appliqués dans de bonnes conditions, et, comme nous l’avons déjà dit dans ce journal, les lumières des systèmes Brush, Siemens, Werdermann, Clerc, Giilcher, Meritens, Crompton, Piette et Krisik se sont chargées de nous le démontrer pendant toute la durée de l’Exposition. Tous ces éclairages ne sont pas du reste restés à l’état de simples essais et on a pu voir dans nos faits divers que des installations sérieuses ont été faites dans le cours de l’année 1881 dans les différentes villes du monde, aussi bien chez les particuliers et les industriels que pour l’éclairage des rues et des places publiques. Quoique sous ce rapport nous ne soyons pas les plus avancés, on a cependant établi à Paris l’éclairage électrique de la place du Carrousel, et la préfecture de la Seine va appliquer prochainement plusieurs des différents systèmes d’éclairage qui ont figuré à l’Exposition. Aujourd’hui plusieurs châteaux en Angleterre, entre autres ceux du duc de Northumberland, de M. Spottiswoode, de M. Armstrong sont ainsi éclairés, et il est sérieusement question d’appliquer aux théâtres ce mode d’éclairage. On voit donc que l’année 1881 est en progrès sous ce rapport sur l’année 1880.
- Parmi les installations importantes qui ont été faites en 1881, nous citerons celle des quais du Havre, celle des docks de Liverpool, celle des rues de la Cité de Londres, celle des nouveaux phares de France et d’Angleterre, et celles qu’on a faites pour l’éclaistige d’un grand nombre de paquebots à vapeur, de certains chemins de fer et de galeries de mines en Angleterre et en Amérique. Il est probable que d’ici à peu d’années l’éclairage électrique sera appliqué partout, sinon d’une manière générale, du moins dans une foule de cas particuliers, car il est certain que sous le l'apport hygiénique, comme sous celui de la com servation des ornements des édifices et des appartements, comme sous celui de la moindre chaleur développée et surtout sous celui de la grande sécurité qu’il donne au point de vue des dangers d’incendie et d’explosions, il réalisera des avantages considérables, et nous ne comprenons pas comment les Compagnies du gaz n’ont pas pris elles-mêmes l’initiative de ce mode d’éclairage qui compléterait si bien le leur.
- Dans notre dernière Revue nous disions que la question de la transmission de la force par l’électricité était restée un peu stationnaire en 1880 : Cette année, elle a pris un essort nouveau, et on a pu voir à l’Exposition combien ce système était apprécié et à l’ordre du jour. Toutes les machines industrielles exposées fonctionnaient par l’électricité, depuis les machines à coudre, à plisser, à découper, voire même les pianista, les ballons, les métiers de passementerie, jusqu’aux pompes à force centrifuge, machines outils d’ajustage, scieries, marteaux pilon,
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- perforateurs de mines, presses d’imprimerie, blute-ries, charrues, ascenseurs, etc; le chemin de fer électrique de Siemens établi de la place delà Concorde au palais de l’Exposition était même une des grandes attractions de l’Exposition. Mais cette application n’estpas restée à l’état d’essai, un véritable chemin de fer électrique a été établi à Berlin et fait le service entre cette ville et Licheterfelde, et actuellement on en établit dans plusieurs villes. On voit que la question a bien progressé. Où est le temps où après des sommes énormes dépensées pour construire des électro-moteurs, on n’arrivait à avoir que la force d’un chat ! !
- Mais ce qui a le plus caractérisé le progrès des applications électriques pendant l’année 1881, c’est la solution inattendue donnée par M. Marcel De-prez, au grand problème de la distribution économique et automatique de l’électricité, déjà mis en avant depuis deux ans et qui répond à un besoin immédiat, surtout à un moment où il s’agit d’appliquer en grand l’électricité. Par ce système, on peut en effet distribuer dans des conditions parfaites de constance l’électricité à domicile, sans que la distance à la source génératrice, ni les irrégularités qui pourraient résulter de l’introduction dans le circuit d’un plus ou moins grand nombre de machines ou d’engins électriques mis en application, puissent en changer les conditions d’intensité et de constance, et cela à travers des conducteurs de si faible section qu’on a peine à comprendre qu’ils ne fondent pas sous l’influence du courant qui les traverse et qui pourtant peut transporter une énergie considérable. Il est certain que quand on pense que par ce système vous pouvez transporter une force de 20 ou 3o chevaux par un fil que vous pourriez faire passer à travers le trou d’une serrure, sans que vous sentiez en le touchant le moindre effet matériel, l’imagination elle-même est stupéfiée et l’on se demande si ce n’est pas de la magie !... C’est pourtant ce que nous voyons aujourd’hui. Pour ceux qui ont lu les articles que nous avons [publiés à ce sujet dans ce journal, la question est facile à comprendre, mais pour ceux qui ne sont pas bien au courant de tous ces effets, ces résultats paraissent inadmissibles, et naturellement ils nient. Nous en avons vu même qui avaient mis au défi M. Marcel Dcprez de faire produire à une machine d’induction à lumière une force électro-motrice de 1200 volts, et M. Deprez non seulement a pu produire cette force avec une machine Gramme du type d’atelier (A), mais encore sans qu’il se produisit au collecteur aucune étincelle. Evidemment nous devons nous attendre à beaucoup de surprises d’ici à peu de temps dans la voie où la question du transport de l’énergie électrique se trouve aujourd'hui engagée, et c’est certainement l’un des progrès qui caractériseront le plus l’année 1881.
- En attendant la réalisation sur une grande
- échelle de toutes ces applications merveilleuses, tous les ingénieurs, savants et inventeurs, comprenant l’avenir qui leur est réservé, se sont donné le mot pour inventer une foule de machines et appareils qui, comme nous l’avons dit plusieurs fois, se rapportent plus ou moins aux types primitifs sans présenter une grande amélioration; on les a peut-être mieux appropriés aux conditions de l’application et aux systèmes d’installation combinés par eux, mais en somme ces inventions, que nous avons décrites pour la plupart dans ce journal, nousparaissent avoir été faites surtout en vue de fournir les éléments de création de Compagnies exploitantes, et de tourner les brevets primitifs pour prendre part au gâteau quand le moment sera venu. Nous ne reviendrons donc pas sur ces appareils auxquels nous avons peut-être consacré trop de pages dans ce journal; nous rappellerons que ce sont les machines de Méritens des nouveaux modèles, les machines Brush, Siemens, Gramme du modèle octogonal qui ont fourni les meilleures résultats comme générateurs électriques. La grande machine Edison mue par une machine à vapeur de ioo chevaux de force a produit beaucoup d’effet, mais elle est venue trop tard pour qu’on ait pu se faire une idée de son rendement; elle est certainement très intéressante, et nous serons heureux quand les expériences faites par la commission du jury et du congrès nous auront fixé sur les valeurs relatives de tons ces générateurs. Il paraît qu’en ce moment le travail est complet et se rapporte à une trentaine de systèmes. Les calculs restent seuls à faire, et certainement la publication de ces documents sera l’un des plus importants résultats du Congrès des Electriciens de 1881.
- A propos du Congrès, nous devrions peut-être dire ici quelques mots de ses séances, car en déli-finitive, c’est surtout sur les questions d’éclairage électrique et de la distribution de l’énergie électrique que s’est portée son attention; mais nous avons déjà résumé ses travaux, et un volume tout entier va paraître prochainement sur tout ce qui y a été fait; nous dirons donc seulement que le résultat le plus important que l’on a obtenu, en dehors de la nomination d’une commission chargée d’étudier les divers systèmes d’éclairage électrique, a été l’adoption définitive des unités électriques de l’Association Britannique, à quelques-unes desquelles on a donné des noms nouveaux pour empêcher les confusions qui avaient souvent lieu. C’est ainsi que l’unité d’intensité électrique qui avait reçu le nom de Weber s’appelle maintenant une Ampère, pour la distinguer de l’unité d’intensité dans le système allemand des unités absolues qui s’appelait également Weber et qui diffère de l’autre d’une puissance de 10. On a aussi introduit une autre unité à laquelle on a donné le nom de Coulomb et qui se rapporte à la quantité d’électricité en circulation dans unciicuit.
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- De cette manière toutes les unités, dans le système actuel, sont nettement définies, et il ne reste plus qu’à déterminer d’une manière plus rigoureuse qu’on ne l’a fait jusqu’ici, l’unité fondamentale, Y Ohm, ce qui sera fait par une commission internationale à l’organisation de laquelle prendront part les différents Etats du monde civilisé.
- Les recherches faites en téléphonie n’ont pas fait éclore beaucoup d’appareils réellement nouveaux, mais on s’est appliqué à rendre pratiques ceux que l’on connaissait déjà, et sous ce rapport on a obtenu des résultats véritablement satisfaisants ; ainsi, dans les intéressantes auditions des représentations théâtrales qu’on avait organisées à l’Exposition, on n’entendait plus ces affreux crachements qui étaient si désolants dans les premiers systèmes téléphoniques à pile. Sous ce rapport, les appareils d’Ader ont donné des résultats très satisfaisants, et dans nos articles sur la téléphonie, nous en avons expliqué les raisons. L’organisation des bureaux téléphoniques a reçu d’un autre côté de grands perfectionnements, et on aura pu en juger par la description que nous avons donnée du bureau de Paris dans un des derniers numéros de ce journal. Déjà MM. Haskins et Wilson avaient combiné un système intéressant que nous avons décrit et qui est fort apprécié en Amérique. Nous avons, du reste, vu à l’Exposition que l’on cherchait toujours des perfectionnements, et que MM. Connolly avaient montré un sysème tendant à supprimer les employés des bureaux centraux pour les remplacer par des systèmes électro-magnétiques automatiques, au moyen desquels les abonnés effectueraient eux-mêmes, à distance, les communications. Les systèmes de condensateurs parlants combinés dans l’origine par M. Herz, se sont multipliés, et l’on a vu à l’Exposition ceux de MM. Dunand et Dolbear qui donnaient des résultats très intéressants ; M. Maiche, de son côté, montrait la possibilité de transmettre à travers un même fil plusieurs conversations différentes sur des récepteurs téléphoniques différents, et même un moyen assez simple d’éviter les effets fâcheux de l’induction des fils les uns sur les autres. Tous nos lecteurs doivent se rappeler aussi les intéressants travaux de M. Boudet de Paris sur les transmetteurs téléphoniques et microphoniques, et on a pu en apprécier lajustesse, dans les appareils perfectionnés qui se trouvaient à son exposition. Nous ne reviendrons pas davantage sur toutes les. tentatives faites dans le cours de l’année 1881 sur la téléphonie, car nos articles sur ces appareils à l’Exposition ont pu fixer le lecteur sur cette question, nous ajouterons seulement ici qu’aujourd’hui les téléphones à vibrations moléculaires sont devenus d’un usage pratique et que ceux de MM. Lockwood et Bart-lett ont donné d’excellents résultats sur les lignes de New-York à Philadelphie. Nous avons vu. d’ailleurs dans notre revue de l’année dernière les im-
- portants résultats obtenus par M. Herz sur les longues lignes téléphoniques et nous avons des raisons d'e croire que ce système téléphonique sera en voie de progrès pendant l’année 1882.
- La radiophonie qui est née de la téléphonie, a fait cette année d’importants progrès, surtout au point de vue scientifique, et les recherches faites par MM. Bell, Preece et Mercadier sont du plus haut intérêt ; nous les résumerons plus loin, mais nous devons dire dès maintenant que M. Mercadier est parvenu à en tirer parti pour les signaux télé-grahiques, comme on a pu le voir dans un de nos articles. Les appareils de MM. Mercadier et Bell figuraient du reste à l’Exposition et ont attiré l’attention des visiteurs, grâce aux expériences intéressantes qu’on faisait journellement au pavillon de l’administration des télégraphes.
- Les téléphotes ou appareils pour reproduire à distance des effets de vision ne semblent pas avoir beaucoup progressé depuis l’année 1880; cependant M. Shelford-Bïdwell a répété au moment du congrès les expériences qu’il avait faites en Angleterre et dont nous avons parlé à plusieurs reprises dans ce journal (Voir tome III, p. 20g). De leur côté MM. Ayrton et Perry ont fait des expériences du même genre qui ont montré que le problème n’était pas impossible à réaliser (Voir la Lumière Electrique, tome III, p. 266).
- La télégraphie électrique n’a pas non plus donné lieu à beaucoup d’inventions nouvelles. C’est toujours le multiplex de Baudot qui paraît être jusqu’à présent le plus important et le plus ingénieux des appareils télégraphiques, et tous les jours on le perfectionne. Aujourd’hui les appareils sont indépendants les uns des autres et prennent beaucoup moins de place. Les distributeurs et les com-binateurs, dont les fonctions s’effectuent maintenant mécaniquement, sont des merveilles de mécanique qui ont attiré constamment la curiosité publique pendant toute la durée de l’Exposition. Nous avions commencé une série d’articles sur cet ingénieux appareil, mais les droits de l’inventeur n’ayant pas encore été tout à fait sauvegardés pour certains détails de construction, nous avons dû différer encore l’achèvement de notre description. Les Morse automatiques de Wheatstone ont reçu également quelques perfectionnements de détail, et M. Willot a fait, pour les multiples de Meyer, ce qu’a faitM. Baudot pour ses appareils primitifs, ce qui lui a permis d’établir un système de transmissions multiples à stations intermédiaires dont nous avons déjà parlé dans ce journal, tome IV, page 61. En dehors de ces perfectionnements et de quelques appareils accessoires de télégraphie peu importants, dont nous avons déjà parlé, nous ne voyons rien qui puisse être rapporté à l’année 1881. Les expositions étrangères elles-mêmes ne nous ont apporté que des appareils connus. Ainsi on y a retrouvé le
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- télégraphe harmonique de Gray, le télégraphe multiple de Sehaeffler, l’imprimeur de Olsen déjà exposés en 1878, et les télégraphes autographiques de M. Edison, comme nous l’avons déjà dit, ne présentent rien de bien réellement nouveau. On y a bien trouvé quelques systèmes de duplex nouveaux, tels que ceux de MM. Orduna et Tommasi, mais l’expérience n’a pas prouvé leur supériorité. En revanche, les lignes télégraphiques se multiplient de tous côtés , les transmissions deviennent plus promptes, et ceux qui auront lu nos faits divers auront pu remarquer que les tours de force de manipulation se multiplient dans une grande proportion. La télégraphie se répand en effet de plus en plus dans les masses comme la téléphonie, et est devenue pour le public un besoin aussi indispensable que la poste. Aussi cherche-t-on maintenant à établir les lignes télégraphiques dans de meilleures conditions de conservation. La Prusse a donné l’exemple en convertissant toutes ses lignes aériennes en lignes souterraines,etnous commençons aujourd’hui, en France, à nous apercevoir, après de nombreux doutes, que ce moyen est pratique. Nous avons en ce moment une longue ligne souterraine (de Paris à Marseille) en cours d’exécution, et il est probable que nous ne nous en tiendrons pas là.
- Les applications de l’électricité à l’horlogerie pour l’unification de l’heure, sont restées un peu stationnaires en 1881. La ville de Paris a achevé son double réseau des centres horaires, et les horlogers sont en train de s’occuper d’appliquer leurs systèmes de remise à l’heure aux réseaux secondaires; mais ce travail marche lentement. Nous avons décrit avec détails ces différents systèmes, mais nous ne voyons pas qu’il s’en soit produit de nouveaux en 1881. On a pu, du reste, les voir fonctionner à l’Exposition, au pavillon de la Ville de Paris, où ils figuraient toiis. Quant aux horloges électriques, bien qu’on en ait trouvé un certain nombre à l’Exposition, il n’y avait pas de systèmes réellement nouveaux. C’étaient, pour la plupart, des pendules à butoir traînant du système de Hipp, et c’était aux expositions de MM. Hipp, Schweizer, Lenczewski, P. Garnier, Patry, qu’on trouvait les types les plus' intéressants.
- Les systèmes avertisseurs d’incendie pour villes se multiplient de plus en plus, et c’est avec une réelle satisfaction que nous voyons qu’on porte à cette question tout l’intérêt qu’elle mérite. Mais c’est encore à l’étranger que les systèmes électriques sont le plus appliqués, et on a pu en voir à l’Exposition de très ingénieusement combinés. Tels sont ceux de MM. Bright, O. Lawlor, Spagnoletti en Angleterre ; ceux de MM. Pond et Mackensie, et de M. Phillips, en Amérique; ceux de MM. Ericson, en Suède; de MM. Fein, Siemens, en Allemagne; de M. Egger, en Autriche; de MM. Welsch, Bar-
- telous, Devos, en Belgique. Nous avons vu d’ailleurs que les villes de Hambourg, Francfort, Stutt-gard, Amsterdam, Berlin, avaient, depuis longtemps, des installations de ce genre, et il en est de même pour presque toutes les villes d’Amérique et d’Angleterre.
- Le réseau des signaux d’incendie de Paris s’est encore développé en 1881, et quand le matériel des pompiers de cette capitale sera à la hauteur du système des avertissements, nous n’aurons rien à envier aux autres pays.
- Nous voudrions en dire autant pour les systèmes de signaux pour la sécurité des chemins de fer; mais, hélas ! nous sommes obligé de convenir que nous sommes, en France, de beaucoup en retard sur les autres pays; cependant, il y a progrès, et nous avons vu avec plaisir que le block-system commençait à se généraliser, ainsi que l’emploi des systèmes de Saxby pour le jeu des aiguilles. Nous avons consacré récemment de longs articles sur ce sujet, et nous n’avons pas par conséquent à y revenir ici; mais nous ne pouvons nous empêcher de manifester notre regret de voir que les expériences du block-system automatique de MM. Loi-seau et Leblanc, qui ont eu lieu l’année dernière et qui ont donné de bons résultats, ne se soient pas plus généralisées, et que les ingénieurs soient toujours aussi hostiles aux systèmes automatiques. Les accidents qui se produisent tous les jours devraient pourtant leur montrer qu’il y a quelque chose à faire dans ce sens.
- Comme inventions, se rapportant spécialement à l’année 1881, nous devrons mentionner le mélo-graphe répétiteur de M. Carpentier, que nous avons décrit dans notre numéro du 9 novembre et qui permet non-seulement d’enregistrer un air improvisé sur un orgue ou sur un piano, mais encore de faire répéter l’air sous l’influence de l’en-registration qui a été effectuée. C’est une sorte de phonographe musical, mais qui permet de lire et de traduire facilement les notes qui entrent dans l’air inscrit. Nous aurons encore à citer les systèmes électriques appliqués aux alcools par MM. Naudin et Esselmann, qui permettent de purifier assez ces liquides pour faire d’alcools mauvais goût des alcools bon goût. Ce procédé est aujourd’hui appliqué et il a un grand avenir. On remarquera encore les purificateurs des gruaux, qui permettent de bluter sans production de poussières les farines mêlées à leurs sons; les procédés électrolytiques de M. Goppels-rœder pour la préparation des matières colorantes dérivées du goudron; les explorateurs chirurgicaux qui permettent, au moyen de la balance d’induction de M. Hughes, non seulement de préciser l’emplacement des projectiles enfoncés dans le corps humain, mais encore la profondeur à laquelle ils se trouvent placés; un nouveau système de piano électrique de M. Baudet, danslequel on peut obtenir laprolongation
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- des sons des cordes par l’action d’un trembleur électro-magnétique dont elles sont accompagnées, ce qui permet de produire des effets d’orgue accompagnant des effets de piano; des pianista et machines à coudre mues par l’électricité; des pèse-laine électriques; de nouveaux systèmes d’indicateurs de grisou, combinés par MM. Leiving, Monnier et Somzéc, etc., etc.
- Il est une classe d’appareils qui, à une certaine époque, avaient préoccupé beaucoup les inventeurs et qui est restée un peu dans l’oubli dans ces dernières années : ce sont les machines à voler. Il est vrai que les méfiances des assemblées délibérantes n’ont pas encouragé les inventeurs, et c’est sans doute pourquoi nous n’avons trouvé à l’Exposition que deux modèles de ces machines : l’un, exposé par M. Davillé; l’autre, par M. Debayeux; encore ce dernier avait-il figuré à l’Exposition de 1878. Nous ne parlons pas, bien entendu, des allumoirs électriques dont on a trouvé un grand nombre de modèles plus ou moins nouveaux à l’Exposition, car cette application ne nous paraît pas avoir une grande importance.
- Parmi les appareils indicateurs et enregistreurs qui ont été le plus étudiés dans ces derniers temps et qui ont fourni le plus de modèles différents en 1881, nous devons citer les indicateurs des niveaux d’eau. On en trouvait un grand nombre à l’Exposition, et dans les quatre articles que j’ai publiés dans ce journal sur ce sujet, j’en décris une quinzaine dont les plus importants sont ceux de MM. Siemens, Gri-volas, Guillemart, Moquery, Kempe, Golfarelli, Hasler, Hipp, de la compagnie de Silvertown, De-lamotte, etc. Cette multiplicité de modèles prouve que cette application, que j’avais innovée en i856, est maintenant à l’ordre du jour, et qu’on a fini païen apprécier l’importance. Il en est de môme des électrotrieuses dont nous avons trouvé quatre très bons modèles à l’Exposition : mais aucun d’eux, nous le pensons, 11e doit être regardé comme appartenant à l’année 1881, et c’est pourquoi nous n’en parlons pas davantage.
- Dans un prochain article, nous nous occuperons des progrès réalisés dans la science électrique dans le cours de l’année 1881, et nous y rapporterons les appareils de mesure imaginés récemment et qui se rapportent plutôt à la partie scientifique qu’à la partie pratique de notre travail à laquelle ce premier article est consacré.
- (.1 suivre.)
- Tu. nu Moncel.
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- TÉLÉGRAPHE HARMONIQUE
- DE M. ÉLISIIA GRAY
- Le télégraphe harmonique de M. Gray a déjà été décrit dans le numéro du 20 juillet 1881 par M. le comte du Moncel, mais les renseignements que lui avait fournis M. Haskins laissaient encore quelques points obscurs. L’Exposition Internationale d’Elec-tricité, où le système de M. Gray avait été installé
- Il II
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- avec soin, nous a fourni l’occasion d’étudier de plus près les appareils, et cela nous permet d’en donner maintenant la description exacte et d’indiquer les dispositions générales du système.
- Le télégraphe harmonique a pour effet, comme 011 le sait, de transmettre simultanément par un même
- fil plusieurs séries d’ondes électriques qui se trouvent, au poste d’arrivée, triées par les appareils de façon à permettre la réception simultanée de plusieurs dépêches.
- Le principe de ce système est le suivant :
- Une pile, P,P2P3P,i (fig. 1), reliée d’une part au sol, envoie dans la ligne L un courant électrique qui, à la station réceptrice, traverse en série un certain nombre d’clectro-aimants, quatre par exem-
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- pie, E1? E2 E3, E4. Devant ces derniers, sont placées des tiges d’acier Bt, B2, B3, B4, et, sous l’influence des variations dans l’intensité du courant, chaque électro-aimant peut mettre en vibration, comme une lame de téléphone, la tige correspondante. En outre, les quatre tiges, fixées solidement par une de leurs extrémités, sont réglées de façon à donner en vibrant quatre notes bien distinctes ; par suite, chacune d’elles n’est affectée par les variations du courant que quand ces variations sont d’accord avec le nombre de vibrations qui lui correspond.
- D’autre part, la pile du poste transmetteur est divisée en quatre groupes, et sur chacun de ces groupes est disposé en dérivation un circuit comprenant une lame vibrante et un butoir de contact. On a ainsi quatre lames vibrantes ou vibrateurs Vu V2, V3, V4 et quatre contacts Ct, C2, C3, C4.
- Chaque fois qu’un des, vibrateurs touche son contact, la dérivation est fermée sur le groupe de pile correspondant ct le courant est affaibli ; dès que la dérivation s’ouvre de nouveau le courant reprend son intensité première. Or les vibrateurs, mis en action chacun par un système magnéto-électrique spécial, sont constamment animés d’un mouvemen vibratoire déterminé, et le nombre de vibrations de chacun d’eux est le même que celui d’une des tiges de l’appareil récepteur. C’est-à-dire que V4 aura un nombre de vibrations égal à celui de la note que donne Bj, V2, le nombre des vibrations correspondant à la note de B2, etc. Chaque vibrateur déterminera donc dans le courant des variations très rapides et produira une série d’ondes électriques en rapport avec le nombre de vibrations qu’il effectue. Tous les vibrateurs étant en action en même
- FIG.
- temps, il passera, par suite, dans la ligne quatre séries d’ondes électriques distinctes, et chacune de ces séries d’ondes trouvant au poste-récepteur une tige en accord avec elle, et susceptible de vibrer sous son influence, toutes les tiges B1; B2, B3, B4 entreront en vibration.
- Si maintenant on arrête un des vibrateurs, la série d’ondes électriques qui lui correspond est supprimée et la tige correspondante cesse de vibrer. Si on arrête deux, trois ou quatre vibrateurs, on produira l’arrêt de deux trois ou quatre tiges correspondantes. Ces arrêts pourront être entendus à la station réceptrice et, en faisant des arrêts courts et longs, on pourra constituer une sorte d’alphabet Morse et transmettre simultanément quatre dépêches différentes.
- Ce que nous venons de dire représente, réduit à sa plus simple expression, le système de transmission harmonique de M. Gray; mais il est évident que, dans la pratique, des dispositions toutes spéciales ont dû être prises pour en assurer le bon fonctionnement; il nous reste à indiquer ces dispositions, après avoir décrit en détail les différents appareils employés.
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- Nous décrirons d’abord l’appareil récepteur et nous indiquerons comment, au lieu de se servir comme signaux des arrêts dans le son des récepteurs, on transforme ces arrêts en contacts électriques susceptibles de produire des signaux électriques ordinaires.
- Le récepteur est représenté en coupe dans la fig. 2 : A est l’électro-aimant au-dessus duquel on voit la tige vibrante en métal de cloches, munie d'une armature en fer; le ton de cette tige peut être réglé à l’aide d’un curseur pesant B et l’on peut faire varier sa distance à l’électro' à l’aide d’écrous C c. Sur l’extrémité libre de la tige s’appuie un petit levier d équilibré sur un support et qui a reçu le nom de cavalier (rider). Ce cavalier ne doit pas vibrer à l’unisson avec la tige et doit avoir un son fondamental plus bas que celui de cette dernière. Tl est maintenu à sa partie inférieure par un petit ressort de réglage. La tige vibrante et le cavalier complètent un circuit local comprenant en outre un parleur (*) et une pile. Ce circuit local
- (>)Nous indiquons ici l’emploi du parleur d’un usage gémirai en Amérique, mais il est évident qu’un récepteur Morse ou
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- est indiqué sur un des récepteurs dans le diagramme de la fig. 8. Quand la tige vibre, le cavalier tremble sans cesse et le contact entre ces deux pièces est alors si mauvais que le circuit local peut être considéré comme ouvert et que l’armature de l’électro-aimant n’est pas attirée. Quand, au contraire, la tige cesse de vibrer le contact entre elle et le cavalier redevient bon et l’armature est attirée. Par suite, lorsqu’au poste transmetteur tous les vibra-teurs agissent sur la pile, tous les parleurs sont ouverts; si, au contraire, on arrête un des vibra-teurs, le parleur de la tige correspondante se ferme. L’arrêt d’un vibrateur agit donc sur le parleur correspondant comme agirait la fermeture d’une clef Morse, insérée avec lui dans le circuit d’une pile.
- La forme réelle du récepteur est représentée
- FIG. 4
- dans la fig. 3 ; à sa droite on voit le parleur qu’actionne la tige vibrante ; les communications entre ces deux appareils sont supposées faites en-dessous de la table comme cela a lieu dans la pratique.
- Le vibrateur, comme nous l’avons dit plus haut, est mis en mouvement par une pile spéciale. Il est représenté par Ja ligure 5. Les électro-aimants A et B ont respectivement 5 et 3o ohms de résistance. Le courant de la pile h traversant les deux électro-aimants, les aimante simultanément, mais à cause du plus grand nombre de tours, l’élcctro-aimant B est le plus fort. Il attire donc la lame d’acier cg, fixée en g et libre en c. Cette lame vient alors toucher le contact t ; le courant peut, dès ce moment, passer par la dérivation/, l’électro-aimant A devient, par suite, plus fort et attire la •lame. Le contact e se trouvant de nouveau rompu,
- B attire à son tour gc, et ainsi de suite. La lame vibre donc et sa vibration se règle sur son ton fondamental. Le contact d représente un des
- FIG. 5
- contacts indiqués dans la fig. i par les lettres C‘, C2, C3, C4.
- Cet appareil, au lieu d’être placé comme le montre la fig. 5, est suspendu verticalement dans la position représentée par la fig. 4. Dans cette figure on voit également, indiquée à droite, une manette destinée à supprimer l’action du courant local.
- Dans la disposition de la fig. 1, lorsqu’un vibrateur est en action sur la portion de la pile qui lui correspond, il affaiblit cette partie de la pile dans la proportion d’environ 60 0/0. Quand on arrête le vibrateur, son groupe de pile reprend toute sa force et tendrait à accroître l’intensité du courant dans la ligne. Avec quatre vibrateurs, plusieurs
- I I I IA
- FIG. 6
- d’entre eux pouvant être arrêtés en même temps, les changements d’intensité seraient très considérables et nuiraient au fonctionnement du système. Afin que ce dernier effet ne se produise pas, 1 faut, en même temps qu’on arrête un vibrateur,
- tout autre appareil analogue produirait le même effet. M. Gray, pour se conformer aux exigences de la France où l’on tient absolument à ce qu’il reste une trace écrite des dépêches, a
- d’ailleurs fait des expériences dans lesquelles il a fait fonctionner son système avec des récepteurs Morse au lieu de parleurs.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- supprimer du circuit les 60/100 du groupe de pile correspondant, afin de produire sur le courant général le même effet que le vibrateur lorsqu’il était en action. Pour arriver à ce résultat, M. Gray, au lieu d’arrêter le vibrateur en ouvrant le courant local, idée, qui se présente naturellement à l’esprit, produit cet arrêt à l’aide d’une disposition spéciale appelée. le transmetteur et représentée dans la lig. 6.
- La partie principale de cette disposition est un levier de laiton A, muni d’une armature en fer et légèrement taillé en bizeau à l’une de ses extrémités; il est terminé à ce même bout en forme de 1'; un ressort R, isolé par une pièce d’ébonite c, est porté par la partie supérieure du levier et un second ressort r est en communication avec la partie
- inférieure. Ces deux ressorts viennent toucher, par leur extrémité, les branches du T, lorsqu’ils n’en sont pas éloignés par l’une ou l’autre des vis de réglage. B et S. Un clectro-aimant e, actionné par une pile locale p et une clef k, est placé au-dessous de l’armature du levier. Une des extrémités de la pile est en communication avec l’axe O du levier, l’autre avec le vibrateur et aussi avec l’appareil voisin; le ressort R est relié à la ligne; lavis S communique avec le contact C du vibrateur ; enfin la vis B est en relation avec un point du groupe de pile, partageant ce groupe en deux parties qui soient entre elles comme 60 et 40.
- Dans la position indiquée par la figure, le pôle — de la pile communique avec la ligne par le levier A et le ressort R, le pôle -f- communique avec
- FIF. 7
- l’appareil voisin. Le contact C est aussi en relation avec le pôle — de la pile. O11 retrouve donc là le montage indiqué dans la figure 1 et les mouvements du vibrateur agissent sur le groupe de pile pour produire un courant ondulatoire et affaiblir ce groupe dans la proportion de 60 pour 100. Il en est ainsi tant que la clef k reste ouverte, mais quand on ferme cette clef, le levier A est attiré par l’électro e, le ressort p abandonne la vis S et le ressort R vient s’appuyer sur la vis B, mais cesse de toucher le T du levier. La portion de pile à gauche de B se trouve alors exclue du circuit et
- c’est seulement la portion à droite, soit les.—
- du groupe, qui envoie son courant d’une part dans, la ligne par B et R, et d’autre part dans les autres transmetteurs voisins par 111. La somme totale de courant n’a donc pas changé et la fermeture de k n’a eu pour effet que de supprimer la série .d’ondes électriques correspondant au vibrateur Y et par conséquent d’arrêter la tige vibrante correspondante.
- On pourrait se demander pourquoi on produit l’abaissement du levier A à l’aide d’un circuit local, au lieu de l’abaisser directement (*).
- La raison en est dans ce fait qu’avec la main la pression exercée serait très variable et les contacts seraient irréguliers; avec l’attraction d’un électroaimant, au contraire, la force produisant l’abaissement est toujours la même.
- Le transmetteur est représenté en perspective dans la fig. 7. Il est facile de reconnaître dans ce dessin la disposition de la fig. 6, on y voit en outre à l’extrémité droite du levier des vis de réglage des-tinées à limiter sa course. Il faut remarquer que la vis d’en haut à l’extrémité gauche est isolée par de l’ébonite. A gauche est représentée la clef de contact h, dans la forme usitée en Amérique.
- Si l'on relie maintenant ensemble les appareils
- C) C’est môme une question qui a été souvent faite à l’Exposition à M. Cushing, le représentant de M. Gray, que nous devons remercier ici de l’obligeance avec laquelle il s’est mis à notre disposition.
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- disposés comme nous venons de le dire, on obtient l’installation-générale représentée dans la moitié gauche du diagramme de la fig. 8. Cette partie constitue le système harmonique proprement dit, elle permet la transmission de quatre dépêches simultanément dans une seule direction, c’est-à-dire du poste transmétteur au poste récepteur, mais il est nécessaire que les employés du poste récepteur puissent communiquer avec ceux du poste transmetteur afin de pouvoir répondre aux appels ou faire des corrections.
- Dans ce but, on a ajouté au système harmonique
- de M. Gray deux relais, deux transmetteurs et des résistances qui, tout en assurant la communication nécessaire du poste récepteur au poste transmetteur, établissent, en outre, une cinquième communication du poste transmetteur au poste récepteur. Les relais employés sont des relais différentiels, c’est-à-dire que, sur le noyau de leur électro-aimant, on a enroulé deux fils en sens inverse. L’un M, placé au poste récepteur, doit agir sous l’influence du transmetteur à' disposé à l’autre station et actionné par la clef k d’un circuit local. L’autie N, faisant partie du poste transmetteur, doit agir sous
- l’influence d’un transmetteur semblable, placé à la station réceptrice et actionné par les clefs i, 2, 3, 4, 5, d’un circuit local.
- Voyons d’abord comment le relai M peut être ' affecté par le transmetteur a'. Le courant, en arrivant, à travers les récepteurs, au relai M, traverse d’abord une de ses spires ; de l’extrémité de cette spire il peut se rendre au sol par deux chemins, suivant que le levier a est abaissé ou non. Si a est abaissé, on a une communication directe au sol à travers une résistance négligeable r. L’intensité du bourant, passant dans une des spires du relai, est alors égale à la force électromotrice en jeu divisée pat la résistance totale de la ligne. Cette intensité produit dans l’électro du relai une certaine force attractive qui n’est pas tout à fait assez forte pour
- vaincre la tension que l’on a donnée au ressort an tagoniste de l’armature. Celle-ci n’est donc pas attirée. Quand, au contraire, a est relevé, le courant ne peut aller de l’extrémité de la première spire au sol qu’en traversant, d’une part, la seconde spire du relai et la résistance R, d’autre part la résistance R'; R et R' étant très grandes, l’intensité du courant est notablement affaiblie ; mais ces résistances ont été calculées de telle sorte que la somme des intensités dans les deux spires du relai est égale à l’intensité qu’avait primitivement le courant passant dans une seule spire. Comme, en raison de l’enroulement et du sens des courants, l’action des deux spires s’ajoute, la force attractive du relai est encore la même que dans le cas précédent et l’armature n’est pas influencée, tant que le cou-
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- FIG. Q. — INSTALLATION DU TELEGRAPHE HARMONIQUE DE GRAY A ^EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
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- rant reste normal. Dans les conditions normales du courant, le relai M n’est donc jamais influencé, quelle que' soit la position du levier a. Quand maintenant, au poste transmetteur, on abaisse la clef k qui commande a', on insère dans le circuit une pile additionnelle/, l’intensité du courant augmente; cette augmentation détermine l’attraction de l’armature du relai M, sans influencer N. En arrivant en effet du sol au relai N, le courant se divise entre deux résistances égales, celle de la ligne et une résistance égale R". Deux intensités égales, parcourent donc les deux spires et, comme les courants sont alors inverses, leur action est nulle, et le relai N n’est effectivement traversé que par le courant normal de la ligne qui, vu le réglage de l’armature, n’est pas assez fort pour l’influencer.
- Mais quand au poste récepteur l’action d'une des clefs i, 2, 3, 4, 5, abaisse A, les résistances R et R' sont exclues du circuit, l’intensité du courant augmente et ce courant qui traverse seulement une des spires de N pour prendre terre soit à travers A, soit à travers P, peut alors produire l’attraction de l’armature de N.
- Quand on abaisse simultanément a et a', il est facile de voir que les deux relais sont affectés en même temps de sorte que la cinquième communication du transmetteur au récepteur et la communication de service peuvent fonctionner en même temps.
- Le relai M met en action, à la station réceptrice, un parleur auquel est affecté un employé spécial. Le relai N, au contraire, fait fonctionner au poste transmetteur cinq parleurs placés devant les cinq employés et marchant en même temps. Les premiers signes transmis indiquent à quel employé s’adresse la communication.
- L’intensité du courant peut être changée dans de faibles limites, de manière à influencer les relais, sans nuire au fonctionnement du système harmonique, parce que ce système ne repose que sur l’action des courants ondulatoires ; et d’autre part les courants ondulatoires n’agissent sur les relais que comme des courants constants faibles. C’eët pourquoi les deux systèmes superposés, pour ainsi dire, fun à l’autre peuvent fonctionner indépendamment.
- La petite résistance r a pour effet d’éviter un trop brusque changement d’intensité quand a ou a' s’abaissent.
- Des condensateurs c, c’, c"... sont placés en dérivation sur chaque résistance, ils ont pour effet de compenser les extra-courants qui se produisent dans les spires des résistances et qui retardent les courants ondulatoires. Dans le fait, ils jouent le même rôle que dans les bobines de Ruhmkortf.
- Dans la fig. 8, les quatre groupes de la pile sont représentés comme étant tous égaux. Il n’en est pas réellement ainsi dans la pratique. Tous les
- groupes sont' bien divisés par le fil allant à la vis B en deux parties qui sont entre elles dans le rapport de 6o à 40, mais la valeur absolue de tous les groupes n’est pas la même. La raison en est dans ce fait, démontré par l’expérience, que les quatre courants ondulatoires produits par l’action des quatre vibrateurs ne se propagent pas aussi facilement les uns que les autres. La force électro-motrice nécessaire à leur propagation n’est pas la même pour tous; de là la nécessité de faire les groupes inégaux.
- Le montage, tel que nous venons de l’indiquer, était représenté à l’Exposition par une installation figurant les deux postes séparés par un seul fil de ligne. La fig. g est une vue de cette installation. On y voit les appareils récepteurs disposés sur le comptoir placé au premier plan. Sous ce comptoir sont disposées les piles locales. Sur le comptoir, représenté en second plan, sont les appareils transmetteurs et l’on voit les vibrateurs suspendus au bord de la table, afin que leurs vibrations ne se transmettent pas à celle-ci. Au-dessous sont placés les différentes piles; les relais et leurs résistances et manipulateurs sont placés à droite des deux tables sur les parties en retour.
- Le système harmonique de M. Gray a été expérimenté en Amérique du 22 novembre 1880 au 22 janvier 1881 sur les fils de la Western Union entre New-York et Boston, à une distance de 240 milles, soit environ .820 kilomètres. L’essai était fait dans des circonstances peu favorables, car le lil employé était voisin d’autres fils sur lesquels travaillaient g quadruplex et le courant de ces appareils crée des difficultés toutes spéciales ail point de vue de l’induction dans les fils voisins, en raison de l’emploi de fortes piles et des fréquents changements de sens.
- Dans une des expériences, cinq employés ont transmis, dans l’espace de g heures, 2 124 dépêches, soit 286 dépêches en tout par heure, ou 47 dépêches par homme et par heure.
- Une autre fois, quatre employés, choisis parmi les meilleurs, ont transmis, en 5 heures, 1 184 dépêches, soit 5g par employé et par heure.
- A la suite de ces expériences, les brevets ont été acquis par une Compagnie qui s’occupe actuellement de la construction de lignes spéciales pour fonctionner concurremment avec les Compagnies existantes. Ajoutons que le duplex harmonique, qui est une modification du système que nous venons de décrire, est dès maintenant employé en Amérique sur plusieurs lignes de chemins de fer.
- Des expériences sur de longues lignes vont être prochainement faites en Europe avec le télégraphe harmonique de M. Gray.
- A. Guerout. •
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- LES CATARACTES DU NIAGARA ECLAIREES A LA LUMIERE ELECTRIQUE
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- LES CATARACTES DU NIAGARA
- ÉCLAIRÉES A LA LUMIERE ÉLECTRIQUE.
- Le souvenir de ma visite au Niagara-Falls est resté profondément gravé dans ma mémoire, et je suis heureux que les essais d’éclairage électrique qui ont été tentés pendant mon séjour en Amérique, et plusieurs fois renouvelés depuis ces derniers temps, me donnent aujourd’hui l’occasion de décrire cette merveille du pittoresque.
- Avant mon départ pour le Nouveau-Monde, j’avais lu avec intérêt de nombreuses descriptions, pendant mon séjour à New-York, j’avais écouté bien des voyageurs racontant leurs impressions et j’avais le plus grand désir d’admirer à mon tour le grandiose spectacle dont mon imagination se faisait une si haute idée.
- Le voyage de New-York aux Cataractes s’exécute en une nuit ou un jour de la façon la plus agréable dans les magnifiques sleeping cars des chemins de fer américains ; mon départ s’est effectué le soir par la gare de l’Erié-Rail-Road, me réservant de revenir dejour par la ligne du New-York Central; le lendemain matin, j’étais à Suspension-Bridge, petit village qui doit son nom à un magnifique pont construit sur la rivière Niagara et faisant communiquer la rive américaine au territoire canadien.
- On sait que les grands lacs du Nord de l’Amérique, Supérieur, Michigan, Huron et Erié, envoient la masse des eaux qu’ils accumulent vers le lac Ontario, à travers un canal de 5o kilomètres qui constitue la rivière Niagara. Les Cataractes sont divisées en deux parties par l’île de la Chèvre; la chute Américaine, à peu près droite, a une largeur de 3oo mètres et une hauteur de 55 environ; la partie Canadienne ou Fcr-à-Chcval est large de 670 mètres et haute de 86. L’origine du nom est un peu incertaine, on croit pourtant qu’elle vient de l’iroquois et signifie Tonnerre des eaux. Les Cataractes du Niagara ont été vues pour la première fois par un homme de race blanche, il y a environ 200 ans; c’est, dit-on, le père Hennepin, jésuite missionnaire Français, qui les découvrit dans un voyage d’exploration en 1678.
- Le bruit de ces immenses chutes s’entend au loin et leur puissant grondement est plus ou moins distinct, suivant la direction et la force des vents. Le flot irrésistible qui se précipite a un débit de 100 millions de tonnes par heure. La violence des frottements exercés par l’eau recule, paraît-il, le précipice de plus de 3o centimètres chaque année. La largeur des chutes est de 1,000 mètres et la différence totale du niveau entre les lacs Erié et Ontario de i3i mètres.
- Ces renseignements précis, que les Américains ne manquent jamais de donner, permettent d’apprécier plus sûrement le côté grandiose du spectacle.
- Le dessin ci-contre représente une vue perspective des Cataractes du Niagara, prise en aval de Suspension-Bridge.
- Ce fameux pont est construit à 2,800 mètres environ au dessous des chutes; on a, en le traversant, un admirable point de vue ; les trains des Compagnies de chemins de fer Great-Western et New-York-Central en font usage pour passer des Etats-Unis au Canada.
- On peut se faire une vague idée de l’émotion profonde qui envahit le spectateur à la vue de cette masse liquide en fureur qui court, bondit, se précipite en nappes gigantesques pour tourbillonner, se tordre en mille remous au bas de sa chute et repartir avec plus de fureur pour former les rapides.
- D'immenses nuées__formées par les eaux pulvérisées s’élèvent sans cesse au-dessus du gouffre et présentent quelquefois dans leurs masses légères toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Le décor qui sert à entourer une des plus belles scènes naturelles du monde est du reste admirable, les rochers abruptes et la végétation vigoureuse qui recouvre toutes les hauteurs donnent au paysage des effets encore plus grandioses. Mais toutes ces merveilles deviennent une vraie féerie lorsqu’on peut les contempler la nuit par un beau clair de lune, et le climat de l’Amérique du Nord n’est pas avare de ces magnifiques effets.
- C’est alors que la lumière électrique vient compléter le spectacle fourni par la nature en en faisant ressortir tous les détails rapprochés.
- On a ingénieusement placé de grands foyers électriques derrière les murailles de rochers qui se trouvent en avant de chaque côté des chutes et les rayons lumineux sont dirigés vers les cataractes; en regardant de Suspension-Bridge on croirait voir un théâtre de géants avec ses montants gigantesques et son décor si fabuleux. Le ciel admirablement éclairé laisse tous les fonds se détacher en silhouettes fantastiques ; les premiers plans mis en relief par l’éclairage électrique présentent des aspects merveilleux d’ombre et de lumière, les grandes nappes d’eau miroitent et font jaillir de leurs ondulations vertigineuses mille reflets argentés.
- On ne se lasse pas d’admirer de pareils prodiges; pour ma part je suis resté bien avant dans la nuit, ébloui, fasciné, et je comprends aujourd’hui qu’il est impossible de trouver des expressions suffisantes pour dépeindre la sublimité d’un pareil spectacle.
- C. C. Soulages.
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- TOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- SUR
- LE TRAVAIL ABSORBÉ
- PAR l’ÉLECTROLYSK
- l’argent, égal à 0,004 X et pour l’intensité I ce poids devient
- d’où
- °;°°4 “(J I ~P
- __ 27000 />
- Il a été question dernièrement, à plusieurs reprises, dans ce journal, de l’électrolyse et du travail électrique qu’elle réclame, point qui intéresse au plus haut degré un certain nombre d'industries. Les principes que j’ai mis en lumière dans le numéro du 2 décembre s’appliquent à cette question et permettent de l’élucider.
- Il est facile de calculer le prix de revient d’une décomposition chimique produite au moyen de l’électricité en s’appuyant sur les considérations suivantes. Désignons par
- I l’intensité du courant qui produit la décomposition ;
- e l’équivalent chimique du corps à décomposer (l’hydrogène étant 1);
- e la force électro-motrice inverse développée sur les électrodes par le fait même de la décomposition ;
- g l’intensité de la pesanteur =9,81 ;
- r la résistance totale du circuit, y compris le bain contenant l’électrolyte.
- L’intensité, la force électro-motrice et la résistance sont supposées exprimées en unités absolues, c’est-à-dire en ampères, en volts et en ohms.
- Le travail négatif développé dans une seconde par la force électro-motrice inverse due à l’élec-
- troyte la pour expression
- Le travail calorifique développé par le passage du courant dans le bain est d’autre part égal à-~; le travail total par seconde est donc
- cl -f- rl1
- et par heure •
- Nous savons que lorsqu’un bain d’argent est traversé par un courant 'égal à un ampère,’ la quantité d’argent déposée par heure diffère très peu de o'Looq ; par suite, en vertu des lois de Faraday, si l’électrolyte contient un autre métal que l’argent, le poids de ce métal précipité par heure sera (pour une intensité d’un ampère), 108 étant l’équivalent de
- Remplaçons I par sa valeur et nous aurons pour le travail total développé par le courant pendant une heure
- rp __ 97200000 pe . 729000000 r/>-“ gs + ge-
- en remplaçant g par sa valeur, on a
- T G Et?
- -p = 99IOOOO — 7^310000 -„o
- qui fait connaître le travail absorbé par la précipitation de un kilogramme du métal considéré.
- On voit que le travail absorbé par la décomposition d’un kilogramme d’un électrolyte, croît avec la rapidité de la décomposition. Si nous supposons celle-ci très lente et la résistance du bain très petite, le second terme de la formule devient négligeable et il vient comme limite inférieure du travail
- T c
- — 9910000 v kilogrammètres
- Appliquons cette expression à la décomposition de l’eau. On a dans ce cas
- d’où
- e = 9 e — 1,75 (d’après M. Blavicr).
- T
- >
- 192S000 kilogrammètres.
- Ce nombre n’est pas d’accord avec celui que l’on déduit de la quantité de chaleur développée par la combinaison de ^ de kilogramme d’hydrogène avec | de kilogramme d’oxygène. Cela peut tenir à ce que le nombre 1,75 n’est pas exact ou à ce que les deux gaz résultant de la décomposition de l’eau sont dans un état moléculaire particulier produit par le passage du courant. On trouve en effet en cherchant l’équivalent mécanique de la quantité de chaleur développée pendant la formation d’un kilo gramme d’eau
- 1636ooo ki 1 ogrammé trcs.
- La différence entre ce nombre et celui calculé plus haut est de 289 000 kilogrammètres ; comme on le voit, elle est assez notable et il serait intéressant de savoir exactement à quoi elle doit être attribuée.
- Marcel Depuez,
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
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- DE LA POSSIBILITÉ
- DE DONNER A
- L’ECLAIRAGE ÉLECTRIQUEw
- TOUTES
- LES QUALITÉS DE L’ÉCLAIRAGE AU GAZ (2)
- L’exposition d’électricité de Paris a démontré que l’éclairage électrique, en ce qui concerne les machines destinées à produire le courant et les lampes électriques a fait pendant ces dernières an nées des progrès considérables. Mais si nous-comparons à ces progrès ceux qu’a faits dans le même temps la lumière électrique pour les besoins de l’éclairage des habitations particulières, nous verrons qu’à ce point de vue elle est restée fort en arrière. Si on va plus loin et qu’on cherche la cause qui pourrait expliquer cette contradiction apparente, il est facile de voir que des progrès encore plus grands dans la même direction ne pourront guère avancer les choses.
- Il faut chercher la cause de cet état d’arrêt dans les inconvénients que porte en soi le système actuel consistant à placer toutes les lampes électriques alimentées par le courant de la même machine, dans un seul circuit électrique. Ces inconvénients, qui excluent l’emploi de la lumière électrique dans les habitations particulières, sont les suivants :
- i° La grande tension électrique que doivent avoir ces machines comporte un danger imminent dans le cas de contact avec les fils conducteurs.
- 2° L’indépendance des lampes électriques exige l’emploi des régulateurs différentiels qui, vu l’énormité de leur prix, ne sont accessibles qu’à très peu de monde. Toutes les autres lampes électriques mettent celui qui les emploie dans une dépendance complète de la volonté de son voisin, si ce dernier alimente ses lampes par la même machine électrique, et cette dépendance n’est pas complètement supprimée dans le cas ou l’on emploie des régulateurs différentiels.
- Si l’on voulait pour mettre le prix de la lumière électrique à la portée de tout le monde employer des machines à forte tension, on augmenterait les
- (>) Nous ne parlons ici que de l’éclairage électrique d’ans le sens propre du mot, c’est-à-dire de l’éclairage par l’arc voltaïque ; car les lampes à incandescence donnent une lumière présentant si peu d’avantages comparativement à la lumière du gaz, qu’il semble difficile d’espérer que cet éclairage électrique puisse jamais concourir avec celui du gaz.
- (a Le problème que s’est posé l’auteur n est autre que celui de la distribution de la lumière électrique, résolu d’une façon générale par le système de M. Marcel Deprez, nous insérons cependant ce mémoire à titre de document.
- (Rédaction).
- conditions défavorables : le danger du contact avec les conducteurs et la dépendance mutuelle des brûleurs.
- Examinons l’autre méthode de disposition des brûleurs électriques dans le circuit.
- J’entends la méthode consistant à placer les brûleurs dans des dérivations par lesquelles on réunit les conducteurs principaux de la machine, méthode qui a été constatée comme très favorable pour les lampes à incandescence.
- En ce cas :
- i° La machine fournit un courant de grande quan-
- tité et de faible tension et le danger provenant des fils conducteurs est supprimé.
- 2° Tous les brûleurs électriques deviennent jusqu’à un certain degré indépendants les uns des autres.
- Si la susdite méthode de placer les lampes en dérivation n’a pas été en usage jusqu’à présent, il faut en attribuer la cause à la difficulté de faire brûler les lampes dans ces dérivations.
- Supposons une machine M à courants alternatifs, dont les conducteurs principaux a b, c d. ont une résistance infiniment petite, en rapport avec la résistance des dérivations i, 2, 3 (fig. i).
- Nous avons trois moyens d’entretenir simultanément la lumière dans les lampes électriques introduites dans ces dérivations.
- i° Si l’on introduit dans les dérivations i, 2, 3, des résistances, en comparaison desquelles les variations de résistance des arcs voltaïques puissent être négligées, le courant se distribuera dans les dérivations proportionnellement à leur conductibilité respective et la lumière des lampes électriques
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- pourra être entretenue dans toutes les dérivations. 1,2,3.
- Mais comme la résistance de l’arc voltaïque est sujette à des variations très-grandes, nous devons employer des résistances très grandes, qui produisent une grande perte de courant (i).
- 2° Si nous introduisons dans les dérivations 1,2,3 (fig. 2), des condensateurs, le courant ne les traverse pas; mais ils reçoivent de chaque courant produit dans un sens donné une charge électrique qui produit la décharge de chaque condensateur au commencement du courant contraire. Cette décharge n'est déterminée que par la capacité du condensateur et peut sous certaines conditions entretenir l’arc
- M
- i
- 3
- b
- cl
- FIG. 2
- voltaïque et la lumière de toutes les lampes électriques dans les dérivations (comme cela a été démontré par M. Jablochkoff).
- (*) A l’Exposition d’électricité de Paris, M. Gravier a fait fonctionner par cette méthode de six à huit lampes électriques en employant six machines Gramme. On n’a pas fait de mesures sur la force des machines, et nous ne pouvons baser notre jugement au point de vue du courant, qu en l’appuyant sur le témoignage du mécanicien qui avait charge de l’éclairage de M. Gravier. Selon scs données, une des machines en question n’est employée que pour alimenter les cinq autres; chacune de ces machines sert à produire un courant capable d’entretenir six lampes. Si ces données sont exactes, le quart du courant sera directement utilisé par les lampes, les autres trois quarts seront employés à chauffer les résistances introduites.
- Un journal allemand Zeitschrift fur angewandle Eieetrici-/.i/,. n° 20, 1881, p. 38g, contient un article sur le système Gulehcr, qui traite de la manière de disposer les conducteurs en dérivation à l’aide des résistances. L’auteur de l’article 11e fait aucune mention sur le rapport des résistances introduites et celles de l’arc voltaïque; cependant ses conclusions n’ont leur raison d’être que dans le cas où ce rapport serait infiniment grand, c’est-à-dire que le système Gulchcr, de même que celui de M. Gravier, doit comporter une grande perte de courant.
- Mais pour y arriver, on doit prendre ces condensateurs de capacité énorme. De plus, si l’on tient compte des changements auxquels sont soumis les isolants des condensateurs, on reconnaît que l’utilité des condensateurs ne correspond pas à leur prix (plus de 1.000 fr. chacun).
- 3° Si l’on introduit dans les dérivations des voltamètres à forte polarisation(fig.3),onobtient des charges électriques qui, comme dans le cas des condensateurs, pourront entretenir l’arc voltaïque, et en même temps on distribue à volonté le courant dans les dérivations en prenant les voltamètres des résistances correspondantes. En employant ce procédé, on n’a à craindre ni grandes dépenses pour la construction des condensateurs, ni grande perte du courant.
- Voici alors ce qui a lieu : Quand le .courant passe à travers le voltamètre dans une certaine direction, il produit une polarisation qui agit en sens contraire du courant primitif; quand le courant change de sens, il se produit premièrement une décharge du voltamètre, et secondement une polarisation en sens contraire du nouveau courant. Si cette polarisation (*) est grande et si le changement de signe du courant se fait rapidement, comme cela a lieu dans les machines dynamo-électriques actuellement en usage, ces décharges seront .suffisantes pour entretenir l’arc voltaïque dans chaque lampe électrique, même dans les lampes sans réglage comme les bougies Jablochkoff.
- Dès qu’on parvient à entretenir l’arc voltaïque, sa résistance n’éprouve plus de variations considérables, et le courant se partage dans les dérivations proportionnellement à leur conductibilité, sans que les résistances des voltamètres introduits aient besoin d’être considérables (2).
- Si l'on veut employer la méthode précédente de distribution du courant pour l’éclairage électrique en grand, elle devra être complétée essentiellement, suivant les conditions suivantes :
- i° Le fonctionnement d’un brûleur électrique ne doit pas être influencé par le nombre des lampes électriques qui fonctionnent dans le même moment.
- 20 Le courant employé pour chaque dérivation doit pouvoir être mesuré.
- (*) En employant des plaques en charbon, plongées dans une dissolution de silicate de soude dans de l’eau, il suffit d’introduire dans chaque dérivation huit voltamètres reliés en tension. Si l’on emploie de l’eau faiblement acidulée par l’acide sulfurique, le nombre des voltamètres doit être doublé.
- (2) Dans les laboratoires de MM. Jamin (avec les bougies Jamin) et Joubcrt (avec les bougies Jablochkoff) on a fait brûler, par exemple, 5 bougies dans 5 dérivations (1 bougie dans chaque dérivation) avec le courant d’une machine Gramme de 6 bougies. Les expériences avec les bougies Jamin ont de plus démontré qu’en augmentant la vitesse de la même machine, on peut faire brûler 7 bougies dans 7 dérivations; 8 bougies dans S dérivations (deux dans chacune) et 7 bougies en 3 dérivations, trois dans chacune.
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- Or pour satisfaire au premier point il faut introduire dans une dérivation un appareil qui entretienne dans cette dérivation un courant constant, en réagissant sur l’excitatrice de la machine. Si le courant est trop fort, il introduira dans l’excitatrice des résistances qu’il supprimera dans les cas où le courant est trop faible.
- La constance du courant dans cette dérivation a pour résultat la constance des courants dans toutes les dérivations (selon le principe, que le changement de la résistance d’une dérivation provenant de la combustion des charbons est infiniment petit en comparaison de la résistance totale de la dérivation), c’est à dire qu’en même temps que la machine garde une vitesse constante, on peut faire brûler
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- plus ou moins de lampes et chacune reçoit toujours la quantité d’électricité qui lui convient; seulement, le travail consommé par la machine varie proportionnellement au nombre des brûleurs en fonctionnement.
- Quant au second point, la quantité d’électricité qui passe dans une dérivation peut être mesurée par le volume du gaz qui se dégage de la décomposition du liquide d’un voltamètre. Si les lampes électriques dans toutes les dérivations sont de même type et l’intensité du courant la même, dans toutes les dérivations le volume du gaz provenant de la décomposition du liquide sera proportionnel au temps pendant lequel le courant passera à travers les lampes et le volume de gaz sera proportionnel au courant utilisé. Pour le courant d’une intensité différente nous avons encore à chercher des données empiriques, car la petite quantité de gaz qui se dégage dans les courants alternatifs ne peut être considérée à priori comme proportionnelle, à l’intensité du courant.
- Ainsi, supposant que toutes nos conditions soient remplies, c’est à dire, i° que notre machine produise un courant de faible tension, mais d’une grande quantité; 2° qu’on établisse des dérivations et introduise dans chacune d’elles outre la lampe électrique la série des voltamètres indiqués plus haut; 3° qu’un de ces voltamètres reçoive une forme convenable pour déterminer le volume du gaz résultant de la décomposition du liquide, et 40 qu’on introduise dans une des dérivations le régulateur qui agit sur l’excitatrice, la lumière électrique s’établit de la manière suivante :
- i° Toutes les lampes électriques qui recevront leur courant de la même machine seront complètement indépendantes l'une de Vautre : (a) on pourra employer des lampes de différents systèmes; (b) ces lampes pourront être allumées et éteintes sans agir sur la combustion des autres.
- 2° La consommation du courant pour chaque lampe pourra être mesurée et le prix pourra être établi d'après cette consommation.
- 3° Tout danger provenant du contact avec les conducteurs sera supprimé.
- En conséquence la lumière électrique tout en conservant les précieuses qualités aura en outre toutes les qualités de la lumière du gaz, grâce auxquelles le gaz était préféré à tout autre éclairage.
- M. Avenarius.
- SUR
- L’ÉQUIVALENT MÉCANIQUE
- DE LA LUMIÈRE
- La lumière est une forme de l’énergie; cela ne saurait être douteux, et nous en avons des preuves multiples. A défaut de manifestation absolument directe, cela est démontré par les divers travaux qu’elle produit.
- Les travaux chimiques sont nombreux ; la lumière opère diverses combinaisons, par exemple, celle du chlore et de l’hydrogène; c’est à elle que l’on doit la formation de la chlorophylle, matière colorante des plantes, qui, comme chacun le sait, ne peut se développer dans l’obscurité. Elle donne lieu surtout à un grand nombre de décompositions : on connaît celle des iodures, bromures et chlorures d’argent, et d’autres de ce genre sur lesquelles est fondée la photographie; on peut citer les réductions des oxalates, celle des sels de chrôme en présence d’une matière organique, et d’autres encore.
- Au point de vue mécanique direct, le cas est plus douteux; il n’est pas bien certain que les rotations du radiomètre soient dues à la seule lumière; mais elle
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- donne indirectement des effets mécaniques, nous le savons par le radiophone au noir de fumce.
- Notre collaborateur Mercadier a entretenu nos lecteurs de ces frappantes expériences où l’on voit la lumière faire naître des vibrations sonores qui sont incontestablement une énergie de nature mécanique.
- En un mot, la production de la lumière est un travail, et il y a un équivalent mécanique de la lumière comme il y en a un de la chaleur.
- Nous ne le connaissons pas, nous n’en avons même pas d’idée ; au point où en sont les mesures lumineuses, il ne peut être question de le chercher; nous n’avons pas d’unité réelle pour cet ordre dè grandeur, et celles vers lesquelles on semble provisoirement se diriger sont des étalons arbitraires peu propres à faire rentrer la lumière dans l’ensemble des énergies déjà connues. Cet équivalent n’en existe pas moins certainement; tout ce qu’on peut supposer, c’est qu’il doit être petit.; sans quoi, on eût été plus tôt obligé d’en tenir compte.
- Une conséquence immédiate résulte de cette considération. C’est que pour produire la lumière il faut.un travail spécial, distinct de celui qui produit la chaleur. En supposant que la capacité calorifique d’un corps reste la même, pour élever sa température d’un certain nombre de degrés, il faudrait un travail plus grand lorsque le corps est lumineux que lorsqu’il ne l’est pas, une certaine portion du travail étant employée à produire la lumière. Je ne connais aucune expérience propre à justifier cette conclusion, elles seraient probablement difficiles à faire, surtout si, comme je le suppose, l’équivalent mécanique de la lumière est iàible.
- Mais on peut le manifester autrement. En effet, s’il faut un travail pour produire de la lumière, toute production de lumière sur un courant électrique doit donner lieu à une force contre-électromotrice; car nous savons qu’aucun travail ne peut être recueilli sur un circuit sans qu’il y ait force contre électromotrice (Voir n° du 3 décembre, p. 3i 6 et suiv.). Or cela est exact et le fait est connu; des expériences nombreuses ont montré que dans l’arc voltaïque il y avait toujours une force contre-électromotrice; on lui a même trouvé dans certains cas une valeur considérable. Les expériences, bien concordantes quant au résultat, le sont moins, il est vrai, quanta l’évaluation de cette force; mais on n’en est pas encore à ce point, et on s’est jusqu’ici restreint à en démontrer l’existence. Elle est aujourd'hui'universellement reconnue; seulement on attribue à cette force diverses origines; le phénomène est assez compliqué en effet. D’aborn il est prouvé que les deux charbons sont à des températures très différentes et variables avec l’arc (Voir n° du ig mars rilBr, p. 220, expériences de M. Rossetti) ; cela doit donner lieu, comme l’ont supposé M. Roux, d’une
- part, M. Joubert de l’autre, à des effets thermoélectriques : de plus, il est certain qu’il y a arrachement de molécules et transport du pôle positif au pôle négatif; ce travail mécanique ne peut s’accomplir sans qu’il y ait une force électromotrice développée. Enfin la combustion elle-même des charbons, surtout s’opérant comme cela a lieu sous l’influence de deux températures différentes, doit faire naître une très notable différence de potentiel dont l’influence ne peut manquer de se manifester. Ces divers effets peuvent se contrarier; en tout cas, le résultat est une force contre-électro-motrice qui demeure inséparable de la production lumineuse, et dont on aura la mesure quand on voudra étudier la question dans ce sens. Cela pourrait donner des résultats intéressants et la recherche vaut qu’on l’entreprenne ; elle ne serait pas inutile pour la bonne utilisation lumineuse des courants. Cette utilisation dépend en effet de la bonne combinaison des forces électromotrices dans le circuit; d’après les expériences citées plus haut, la force contre-électromotrice de l’arc serait très comparable à la force électromotrice positive, et le rendement lumineux devrait s’établir sur le rapport de ces forces, conformément aux lois du transport de l’énergie.
- 11 n’est pas douteux que le même fait ait lieu dans la production de la lumière par incandescence ; il y a certainement développement d’une force contrc-électromotrice; seulement, il Sera probablement difficile de la manifester ; d’abord la quantité de chaleur produite est très grande relativement à la quantité de lumière, et si l’équivalent mécanique de celle-ci est faible, la petite portion du travail qui lui est afférente sera noyée dans le gros travail dépensé en chaleur; d’autre part, la résistance du charbon diminue à mesure qu’il s’échauffe, dans une proportion variable suivant les charbons et qui n’est pas bien connue : il y a là une çause de trouble qui rendrait les recherches délicates.
- Quoi qu’il en soit, comme il est bien certain que la production de la lumière exige un travail, puisque celle-ci est elle-même une énergie, il est non moins certain que sa production sur un courant suppose une force contre-électromotrice ; on l’a très nettement reconnue dans l’arc voltaïque, elle existe sans aucun doute dans tous les autres modes par lesquels la lumière peut être électriquement obtenue.
- Il ii’est pas impossible que ce phénomène puisse un jour conduire au lien qui rattache la lumière au système des autres grandeurs; et l’on devrait se féliciter s’il faisait entrer l’étude des phénomènes lumineux dans une voie plus méthodique et plus conforme aux procédés suivis dans l’étude des autres phénomènes.
- Frank Geraldy.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Sur le dégagement de l’électricité dans les cristaux hémièdres.
- Dans leurs recherches sur la pression des cristaux hémièdres à faces inclinées (voir la Lumière électrique numéros du icr septembre 1880 et des 12 février et 6 août 1881) MM. J. et P. Curie sont arrivés à ce principe général :
- « Quelle que soit la cause déterminante, toutes les fois qu’un cristal hémièdre à faces inclinées non conducteur se contracte, il y a formation de pôles électriques dans un certain sens; toutes les fois que le cristal se dilate, le dégagement d’électricité a lieu en sens contraire. »
- Ils ont ajouté à ce principe la conclusion suivante : « Si cette manière de voir est exacte, les effets dus à la compression doivent être de même sens que ceux dus à réchauffement dans une substance possédant suivant l’axe d’hémiédrie un coefficient de dilatation négatif. »
- M. Hankel (*) met en doute la généralité de ces principes. Suivant lui, si sur une partie des cristaux hémièdres la pression et le refroidissement produisent la même polarité, tandis que la cessation de pression et réchauffement déterminent une polarité contraire, il est d’autres cristaux hémièdres pour lesquels le contraire a lieu : la pression et réchauffement produisent la même polarité, et des pôles inverses sont déterminés parla cessation de pression et par le refroidissement.
- Parmi les corps étudiés par MM. Curie, M. Hankel écarte d’abord la blende, le chlorate de soude et le sel de Seignette dont les propriétés thermoélectriques ne sont pas bien définies. Il écarte également la topaze, ayant en 1869 dans un mémoire sur les propriétés thermo-électriques de la topaze, démontré que cette substance n’est pas hémimor-phe.
- Il reste donc parmi les corps étudiés par MM. Curie la boracite, la tourmaline, le silicate de zinc, l’acide tartrique et le sucre de canne, qui rentrent dans la règle énoncée. Le sucre de lait non étudié par MM. Curie y rentre également. Mais avec le tartrate neutre de potasse, la struvite et le quartz, la pression agit comme réchauffement, et la cessation de la pression comme le refroidissement.
- Sur ces trois corps, le quartz seul a été pris en considération par MM. Curie et rangé par eux dans les corps suivant la loi énoncée, mais d’après
- M. Hankel, c’est sur une expérience de M. Friedel qu’ils ont été amenés à le considérer comme rentrant dans cette loi.
- Dans un mémoire sur les propriétés thermoélectriques du quartz, M. Hankel avait montré en 1866 que le quartz est hémimorphe dans la direction des axes secondaires et, par conséquent, présente des pôles contraires aux extrémités des axes secondaires. Sous l’influence de la chaleur, les arêtes latérales d’un prisme hexagonal cfe quartz qui se rattachent aux faces rhombiques eî aux faces du trapé-zoïde trigonal s’électrisent négativement; par le refroidissement, elles s’électWsfent positivement. Les arêtes situées aux autres extrémités des axes et sur lesquelles ces faces manquent, présentent les électricités contraires. *
- En 1879 M. Friedel a étudié de nouveau le quartz et observé l’état électrique produit en plaçant sur une arête du quartz Urie boule métallique chaude en relation avec un ciieétromètre ; il a obtenu les résultats inverses cfe ceux de M. Hankel. D’après ce dernier, l’èffçt observé par M. Friedel ne provient pas du .changement de température de la masse du cristal, mais d’un phénomène décrit antérieurement par lui et qui consiste en une transformation directe du rayonnement calorifique en électricité. Dans ce cas le rayonnement produit la mêiiie polarité que produirait le refroidissement du quartz, et en attribuant cet effet à réchauffement du cristal, M. Friedel arrive à un résultat précisément contraire à celui auquel il devrait arriver.
- Le résultat obtenu par M. Fribclel a dû, dit l’auteur, conduire MM. Curie à considérer le quartz comme suivant le principe formdlé par eux, tandis qu’il suit une loi contraire.
- On ne peut d’ailleurs invoquer dans ce cas le principe additionnel cité pluë haut, car le quartz possède suivant l’axe d’hémiédrië un coefficient de dilatation positif, plus grand due le coefficient dans la direction de l’axe principal.
- Contractions et dilatations produites par des tensions électriques dans les cristaux hémiè-dres à faces inclinées.
- Comme suite de leurs expériences, dont nous venons de parler, sur l’électrisation des cristaux hémièdres sous l'influence de la pression, MM. Jacques et Pierre Curie ont présenté dernièrement à l’Académie des Sciences une note sur le phénomène inverse, c’est-à-dire sur les pressions produites par l’électrisation.
- « Supposons qu’un corps solide, un prisme de verre, par exemple, ayant om, 01 de surface, éprouve
- (9 Annales de Wiedemann. N° 0. 1881.
- (’) Annales de Wiedemann, 11. P. 269. 1880.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- une variation égale au millionième de sa longueur. Cette quantité sera très difficilement constatable par un procédé direct.
- « Mais, si l’on s’oppose d’une manière absolue à cette variation de longueur, le solide éprouvera une variation de pression de près de ikBr. Un système sensible, permettant de constater ou de mesurer cetté pression, donnerait doncla possibilité de conclure d’une façon indirecte à la variation de longueur qui aurait pu se, produire. On voit que cette méthode est basée sur la faiblesse du coefficient de compressibilité des corps solides.
- « Nous avons réalisé un appareil remplissant ces conditions, èn nous servant de la propriété que possède le quartz de dégager, lorsqu’on exerce sur lui un effort dans certaines directions, des quantités d’électricité proportionnelles aux pressions qu’on lui fait subir.
- « Nous décrirons cet appareil, en détaillant l’application que nous en avons faite pour mettre au jour le phénomène réciproque de la polarité électrique des cristaux hémièdres.
- « On sait que, lorsqu’on fait subir à un cristal hémièdre à faces inclinées une variation de pression suivant un axe d’hémiédrie, il se développe aux deux extrémités de cet axe des quantités d’électricité égales et de signes contraires, le sens du dégagement étant lié au signe de la variation de pression.
- « Nos expériences actuelles viennent prouver que, réciproquement, lorsqu’on charge d’électricités contraires les deux extrémités de l’axe d’un cristal hémièdre, il éprouve, suivant cet axe, soit une contraction, soit une dilatation, selon le sens dans lequel la tension électrique lui a été appliquée.
- « Les sens des deux phénomènes réciproques sont liés entre eux par la loi générale suivante, dont nous empruntons l'énoncé à M. Lippmann, et qui n’est autre chose qu’une généralisation de la loi de Lenz : « Le sens est toujours tel que le phénomène « réciproque tende à s’opposer à la production du « phénomène primitif. »
- « M. Lippmann, se basant à la fois sur les principes de la conservation de l’électricité et de la conservation de l’énergie, et sur les propriétés du phénomène direct, avait pu prévoir et démontrer d’avance toutes les particularités du phénomène réciproque ('). Il avait même donné le moyen d’en calculer d’avance la grandeur pour une différence de potentiel déterminée, lorsque l’on connaît la quantité d’électricité dégagée par une pression déterminée.
- « Nous avons ultérieurement mesuré la quantité d’électricité dégagée par la tourmaline et par le quartz pour une pression de i’te (2) : on trouve,
- f1) Principe de 'la conservation de Vélectriciiè (Annales de Chimie el de Physique, iH8i, p. i |5)).
- (2) Comptes rendus, t. XCI1I, p. 20.1.
- en faisant le calcul, que des prismes de ces substances éprouveront des variations de longueur d’environ de millimètre pour une différence de potentiel correspondant à une étincelle de om,oi dans l’air.
- « Voici comment les expériences ont été disposées : l’appareil est formé de deux plaques massives en bronze, unies par trois grosses colonnes qui font corps avec l’une des plaques, traversent l’autre et sont terminées par des vis munies d’écrous.
- « On peut ainsi, à l’aide des écrous, serrer entre les deux plaques une pile d’objets placés les uns au-dessus des autres. Les objets sont partagés en deux systèmes distincts :
- « Le système inférieur sert uniquement à mesurer les variations de pression; il se compose de trois lames de quartz larges et minces, séparées par des lames métalliques que l’on met en communication avec un électromètre, qui accuse l’électricité dégagée par les variations de pression subies par les lames de quartz.
- « Le système supérieur sert à produire le phénomène que l’on veut étudier. Dans le cas qui nous occupe, ils se composait de trois cristaux hémièdres aussi volumineux que possible, et séparés les uns des autres par deux rondelles de cuivre. Les trois cristaux avaient leurs axes d’hémiédrie parallèles à la direction du serrage. Les deux cristaux des bouts étaient retournés par rapport à celui du milieu, c’est-à-dire que, sur l’une des rondelles de cuivre, se trouvaient appliquées deux bases positives par pression, sur l’autre deux bases négatives.
- « Les deux bases extérieures des trois cristaux communiquaient avec la terre. Les deux rondelles de cuivre pouvaient être reliées aux deux pôles d’une machine de Holtz.
- « Nous avons opéré sur la tourmaline et sur le quartz. Pour ces deux substances, lorsque l’on unit la branche positive d’une machine de Holtz à la rondelle de cuivre attenante aux faces des cristaux positives par pression, et la branche -négative à la rondelle attenante aux faces négatives, les cristaux tendent à se dilater suivant l’axe de serrage et, par l’intermédiaire du système inférieur, qui subit une augmentation de pression, l’élcctromètre indique cette dilatation; quand l’action delà machine cesse, l’électromètre l’indique encore. Enfin, quand on renverse le sens de la tension, les cristaux se contractent et tous les effets se produisent en sens inverse.
- « Le phénomène est déjà sensible pour une tension correspondant à une étincelle d’un demi-millimètre ; il semble être proportionnel à la différence de tension.
- « Il nous est impossible, pour le moment, de donner une mesure; mais un calcul que nous avons fait pour le quartz, calcul grossièrement approximatif, vu les données imparfaites que nous avons
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- employées, nous a montré que le phénomène est du môme ordre de grandeur que le phénomène calculé théoriquement ('). »
- Sur la décomposition de l’eau sur des électrodes
- de platine, sous l’influence de la décharge de
- bouteilles de Leyde (2).
- On sait depuis les expériences de Paets van Troostwyck, que si l’on décharge une bouteille de Leyde à travers de l’eau dans laquelle plongent des fils de platine, cette eau est décomposée et il se dégage sur les deux électrodes un mélange d’oxygène et d’hydrogène. Riess ne considère pas cette décomposition comme électrique. D’après lui, elle serait due à la chaleur développée sur les électrodes par la décharge, ce qui serait possible puisque Grove a montré que le platine porté à l’incandescence décompose l’eau.
- C’est pour étudier de plus près ce point que M. Streintz a entrepris ses recherches. Il lui a semblé nécessaire d’éliminer d’abord l’effet calorifique en introduisant dans le circuit de décharge une assez forte résistance.
- Les expériences étaient disposées de la manière suivante :
- Une batterie de 18 jarres de Leyde, disposées de manière à pouvoir être groupées de différentes façons, était chargée à l’aide d’une machine Tœpler à deux plateaux.
- La décharge se faisait au travers d’une résistance et d’un voltamètre dont la première électrode était isolée et la seconde en communication avec le sol à travers un galvanomètre. Les constantes de ce dernier ayant été préalablement déterminées, son observation faisait connaître à chaque expérience la quantité d’électricité qui avait passé dans le circuit. A un moment quelconque, par exemple aussitôt après le passage de la décharge, l’électrode isolée pouvait être mise en relation avec une des paires de quadrants d’un électromètre Thomson-Mascart, dontl’autre paire était reliée au sol, et l’on pouvait ainsi mesurer la différence de potentiel produite par la décharge entre les deux électrodes. Ces dernières étaient du genre des électrodes à la Wollaston; quelquefois le fil de platine saillait en pointe
- (i) Les deux systèmes, celui qui servait produire le phé-
- nomène électrique et celui qui servait à le mesurer, étaient
- séparés l’un de l’autre au point de vue électrique, d’une façon
- parfaite; ils étaient chacun parfaitement enfermés dans des
- enveloppes métalliques communiquant avec la terre.
- 'Nous n’avons pas négligé toutefois les nombreuses vérifi-
- cations qui permettent de s’assurer que l’on n’a pas affaire à
- un phénomène d’influence. Ces précautions sont nécessaires,
- puisqu’il s’agit de constater de très petites quantités d’électricité qui se dégagent en présence des tensions énormes des machines de Iloltz.
- (*) Annales de Wiedemann. N° B. 1881.
- en dehors du tube de verre, mais le plus souvent il était coupé au ras de ce tube.
- L’auteur s’est d’abord occupé de voir s’il y avait un rapport entre la quantité d’électricité mise en jeu dans la décharge et la force électromotrice développée par la polarisation des électrodes ou force électromotrice de décomposition. Pour cela il a varié l’intensité de la décharge dans de grandes limites, soit en faisant varier le nombre et le groupement des bouteilles de Leyde, soit en changeant la longueur de l’étincelle. Il a reconnu que la force électromotrice de décomposition est déterminé par le courant de décharge dans le même sens que la force électromotrice de polarisation provoquée par un courant galvanique. Cette force électromotrice croît avec l’intensité du courant de décharge mais d’une façon si irrégulière que M. Streintz n’a pu établir un rapport entre ces deux quantités. (i) * * * * * * * * x
- Il a remarqué cependant que la force électromotrice de décomposition, mesurée aussitôt après le passage de la décharge, est d’autant plus grande que le voltamètre a servi à un plus grand nombre d’expériences antérieures, même en ayant soin, après chaque expérience, de fermer le voltamètre sur lui-même jusqu’à ce que l’électromètre n’indi-quàt plus aucune différence de potentiel entre les deux électrodes.
- Une décharge donnée développait en général une force électromotrice de décomposition plus grande que la précédente, en supposant que les deux décharges fussent de même sens. Avec des lames comme électrodes, la force électromotrice obtenue s’élevait de plus en plus ; avec des électrodes à la Wollaston terminées en pointe, cette force atteignait un maximum au bout de quelques décharges; enfin avec des électrodes coupées au ras de tube le maximum était atteint après la deuxième décharge.
- Mais si, dans ces expériences, après une série de décharges dans un sens donné, on fait passer une décharge en sens contraire, la force électromotrice de décomposition diminue tout d’un coup très notablement.
- L’auteur a reconnu en outre que cette force électromotrice dépend de la surface des électrodes et qu’elle est d’autant plus grande que cette surface est plus petite.
- M. Streintz a'étudié en outre le temps pendant lequel la force électromotricc de décomposition persiste après la décharge. En déterminant cette force électromotrice au bout de temps de plus en plus longs après la décharge, il a trouvé qu’elle s’affaiblit progressivement et que cet affaiblissement est d’autant moins rapide qu’il a passé déjà un plus grand nombre de décharges dans le voltamètre.
- Au moment de la décharge, l’électrode isolée se trouvant en relation avec le pôle positif de la bat-
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- terie, cette électrode doit s’électriser négativement. A la première décharge cela a d’abord lieu, puis le signe change au bout de quelques minutes ; à la deuxième décharge, cela se produit encore, mais moins rapidement, enfin aux décharges suivantes le changement de signe n’a plus lieu.
- Les dernières expériences de l’auteur ont enfin porté sur un cas spécial de polarisation galvanique. Dans un mémoire sur la nature de la polarisation galvanique, M. Beetz a déterminé la différence de potentiel entre du platine pur et du platine chargé d’hydrogène. Il a montré qu’il y avait d’abord une différence de potentiel de o,5o daniell et que cette différence de potentiel s’élevait en dix minutes jusqu’à 0,82 D. pour se maintenir à cette valeur pendant assez longtemps. Au bout d’une demi-heure, la différence de potentiel éprouvait une diminution que M. Beetz attribue à la diffusion de' l’hydrogène d’une électrode à l’autre.
- M. Streintz a observé que quand on opère comme l’a fait M. Beetz avec deux électrodes dont une seule est polarisée, et que celle-ci a été polarisée seulement pendant un temps très-court, puis abandonnée à elle-même, cette électrode est d’abord positive vis-à-vis d’une autre non hydrogénée, puis devient négative.
- L’auteur explique ce changement de signe, aussi bien que celui qui se produit avec la décharge, en admettant que le platine chargé d’hydrogène occlus est négatif vis-à-vis du platine pur, tandis que quand l’hydrogène en excès couvre la surface du platine, l’électrode se comporte comme positive vis-à-vis du platine pur.
- En ce qui concerne la décomposition produite par la décharge des bouteilles de Leyde, M. Streintz la considère comme le produit d’une polarisation et d’une dissociation de l’eau avec dégagement de gaz détonant aux deux électrodes. Il laisse indécise la question de savoir si cette dissociation est déterminée par un échauffemcnt des électrodes, mais cette idée ne lui semble pas improbable, d’après les expériences de Grove.
- Recherches sur l’électricité de contact.
- Sir William Thomson a étudié, au mois d’avril dernier, l’électricité produite au contact de différents corps, à l’aide d’une méthode déjà indiquée cur-sivement par lui en 1862. Cette méthode est analogue à celle de M. Pellat (Lumière électrique, 10 mai 1880) et repose sur le même principe. Des fils partant des métaux à étudier sont mis en contact avec le fil d’une sorte de potentiomètre et quand la force électromotricc de contact est neutralisée par la différence de potentiel sur le fil du potentiomètre les plateaux n’accusent plus de charge sur un électromètre de Thomson.
- Les résultats obtenus montrent que les forces électro-motrices de contact dépendent des gaz ambiants. ComnieM. E. Becquerel l’avait déjà montré ', l’auteur trouve qu’une lame de platine sèche entourée d’hydrogène sec est positive vis-à-vis d’une lame de platine ordinaire, et qu’elle perd cette propriété avec le temps. Un plateau maintenu pendant 45 minutes dans l’oxygène sec est négatif vis-à-vis d’un autre plateau plongé dans l’air. La différence de potentiel est de o,33 volt et cette valeur diminue aussi avec le temps. Après une légère dessiccation, une plaque de platine qui a servi d’électrode positive dans l’acide sulfurique étendu est aussi négative ; si cette lame a servi de pôle négatif et que l’hydrogène se soit dégagé sur sa surface, elle est positive et la différence des potentiels est de 0,04 volts. Le dégagement électrolytique des gaz sur les lames de platine agit plus vite que l’immersion de ces lames dans des gaz secs.
- FAITS DIVERS
- Dernièrement, M. Precce a fait à Londres, dans le hall de la Society of Arts, Adelphi, une conférence sur les merveilles de l’électricit6. Le hall était éclairé avec des lampes Edison. Quelques-unes de ces lampes étaient renfermées dans des cloches en verre de couleur bleue.
- M. Preece a défini et expliqué par des expériences, l’énergie et ses différentes formes, la production de l’électricité au moyen de batteries, l’application de l’électro-magnétisme à la télégraphie, les appareils automatiques Wheatstone. Le développement qu’a pris en Angleterre le télégraphe de 1O60 à 1881 a été rappelé par le savant électricien. Dans cette période les dépêches se sont accrues de six millions à trente millions, les bureaux télégraphiques de 2 000 à 5 Soo, les recettes de 700 000 liv. st. à 1 600 000 liv. st., la télégraphie sous-marine de quelques milles à soixante-dix milles de fils. On compte actuellement 8o3 journaux et cercles qui ont des fils spéciaux, et 320 villes reliées chaque- jour télégraphiquement avec Londres.
- La séance de l’Union Electrotechnique de Berlin du 27 décembre était présidée par le major général Kessler. Un mémoire sur l’emploi de l’électricité contre le danger d’incendie a été lu par le docteur Wcrner Siemens qui a rappelé qu’avec la lumière électrique les explosions n’étaient pas il redouter comme avec le gaz. Il a recommandé l’adoption de l’éclairage par l’électricité dans le théâtre en désignant comme particulièrement propres à ce mode d’éclairage les lampes à incandescence des systèmes Changy, Edison, Swan, etc. M. Ungcr a donné ensuite quelques détails sur les installations téléphoniques en Allemagne. C’est le i3 novembre 1877, a-t-il rappelé, que la première ligne de téléphone a été inaugurée de Fricdrichsberg, à Berlin; on compte actuellement dans cette capitale 1 280 postes téléphoniques en pleine activité.
- La séance s’est terminée par de curieuses communications de M. Massmann sur les dégfits que les oiseaux occasionnent
- (J) C. R. 22 p. 677, 1846.
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- aux lignes télégraphiques, surtout l'espèce connue sous le nom de pic, qui troue avec son bec les poteaux les plus durs.
- Télégraphe électrique
- Des expériences d’éclairage par la lumière électrique viennent d’être entreprises à Toulon à bord du cuirassé d’escadre VAmiral Duperrè, sous la direction d’une commission spéciale.
- Les propriétaires des houillères de Houghton dans le comté de Lancastrc, en Angleterre, viennent d’adopter la lumière électrique pour l’éclairage de ces mines.
- Aux usines de Rhymmez (pays de Galles) l’éclairage est produit depuis quelque temps au moyen de l’électricité et donne de bons résultats.
- L'Electrician de Londres annonce que la Compagnie de lumière électrique Brush {Brush Electric Light Company) vient de recevoir des commandes pour des installations d’éclairage dans les fonderies d’acier de Moss Bay et aussi dans les fonderies de West Cumberland.
- La corporation de la ville de Hanley, dans le comté de Stafford, va faire un essai d’éclairage par l’électricité dans quelques-unes des rues et places de cette ville.
- Depuis quelque temps, la Royal Society de Londres avait l’habitude d’illuminer ses salles, les soirs de séances, avec des lampes Swan. On nous apprend que ce système vient d’être définitivement adopté pour la salle des séances et ses abords. Les lampes sont alimentées par une machine Siemens.
- A Londres, MM. Hammond et C° viennent d’introduire la lumière Brush dansHigh Street, Whitechapcl et Commercial road East. ___________
- La ville d’Uxbridgc, qui est le plus grand marché aux grains d’Angleterre, va sans doute, être éclairée par l’électricité, car le conseil municipal a nommé un comité pour étudier la question.___________________
- On annonce, de Londres, que la fabrique de la paroisse de Lambeth va faire éclairer électriquement la rue qui va de Westminster Bridge jusqu’aux Horns, à Kensington.
- La fabrique de la paroisse de Paddington vient de prier son comité des projets généraux de rédiger un rapport sur la question de l’éclairage électrique pour la paroisse.
- Dans l’Inde, annonce 1 ç. Homcward Mail, le comité du cantonnement de Poonah s’est adressé au commandant en chef pour obtenir l’autorisation d’introduire la lumière électrique dans les limites du cantonnement.
- Le conseil de la ville de Covcntry, dans le comté de War-wick, a décidé d’envoyer une députation à l’Exposition d’c-Iectricité du Palais de Cristal de Sydenham. Cette députation est chargée de préparer un rapport relativement à la possibilité d’appliquer l’éclairage électrique à la ville de Coventry.
- Dimanche dernier, le Révérend II.-R. Ilawcis, de Saint-James’s, Westmoreland-street, quartier de Marylebone, à
- Londres, a éclairé son église au moyen de l'électricité. C:t éclairage avait été installé par les soins de la Compagnie d’éclairage électrique de Paris. On s’est servi de lampes Maxim et de lampes Edison.
- Télégraphie
- Il y a maintenant quarante-quatre ans que le télégraphe a été exhibé pour la première fois à New-York et une seule compagnie, la Western Union, possède actuellement aux Etats-Unis 35o,ooo milles de fils.
- Les journaux anglais publient un mémoire relatif aux lois protégeant les câbles sous-marins, présenté à lord Granville, ministre des affaires étrangères.
- Ce mémoire, signé par des délégués d’un grand nombre de compagnies possédant des câbles télégraphiques, signale les principales causes de dégradation et de rupture des câbles, notamment la négligence que mettent les navires en jetant ou en traînant leurs ancres dans le voisinage des lignes, la pratique de la pêche, aux mêmes endroits, au moyen de filets de fond, etc. Les compagnies prient, en conséquence, lord Granville de faire les démarches nécessaires pour arriver â signer une convention plaçant les câbles sous-marins sous la protection des lois internationales, et punissant les dégradations ou la rupture des câbles par suite de négligence ou de malveillance.
- Les câbles sous-marins étant marqués sur les cartes marines, les capitaines de navires peuvent facilement reconnaître leur position et les éviter en jetant leurs ancres.
- Depuis le iGr janvier 1882, l’administration des télégraphes d’Italie a adopté pour la transmission à domicile des dépê* ches le système qui est déjà en vigueur en France, en Allemagne, en Autriche. D’après ce système, comme on sait, les télégrammes ne sont plus renfermés dans une enveloppe; l’employé n’a qu’à transcrire l’adresse du destinataire sur une partie de la feuille, préalablement pliée et portant le télégramme. La feuille est fermée de manière que le secret du télégramme est parfaitement gardé.
- Ce nouveau système a, entre autres avantages, celui de faire gagner du temps. De plus, quand la dépêche est transmise par les appareils télégraphiques à impression, l’employé au lieu de transcrire l’adresse du destinataire, ce qui l’expose souvent à des erreurs, n’a qu’à prendre celle qui est imprimée par l’appareil même.
- On s’occupe de l’établissement d’une ligne télégraphique reliant le Paraguay à la'Rcpubliquc Argentine, avec el Paso de la Patria pour point de jonction.
- Téléphonie
- Dans plusieurs églises on a déjà essayé de transmettre prières et sermons par le téléphone. Dimanche dernier, une nouvelle tentative de ce genre a été faite avec succès à Brigh-ton.
- Se fondant sur l’article q8 de la Constitution de l’Empire allemand, le président de police à Berlin vient d’ordonner à plusieurs fabricants qui avaient établi des communications téléphoniques sans l’autorisation de l’administration des Postes d’avoir à se pourvoir devant cette administration à l’effet d’obtenir l’autorisation exigée par les règlements.
- Le Gérant : A. Glknard.
- Paris. — imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 25788
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONGEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 14 JANVIER 1882 N° 2
- SOMMAIRE
- Des progrès delà science électrique en 1881; Th. du Mon-cel. — La machine Jürgensen et Lorenz; A. Guerout. — Exposition internationale d’électricité : Block-Syslem de M. Sykes; de Magneville. — Exposition internationale d’électricité : Installation d’appareils de mesures électriques à l’exposition de l’École supérieure de télégraphie; E. Mercadier. — Sur quelques applications particulières des lampes à incandescence pure; C.-C. Soulages. — Sur la torsion, la flexion et le magnétisme; G. Wiedemann. — Revue des travaux réeents en électricité. — Historique du procédé de cuivrage direct de la fonte. — La pile à auges de Thomson. — Fanfare d’Ader. — Un nouvel accumulateur. — Correspondance : Lettre de M. Càbanellas à propos de la résistance des machines. — Lettre de M. Ch. Weyher sur les bruits téléphoniques. — Faits divers.
- DES PROGRÈS
- DE LA
- SCIENCE ÉLECTRIQUE
- EN 1881
- 2e article. ( Voir le numéro du y janvier.)
- L’une des questions qui a le plus préoccupé les Electriciens, dans le cours de l’année 1881, a été celle des accumulateurs voltaïques. Déjà, l’année précédente, elle avait donné lieu à des recherches nouvelles de la part de MM. Houston et Thomson en Amérique, de M. d’Arsonval en France, et nous en avons dit quelques mots dans notre dernière Revue; mais c’est dans le courant de l’année 1881 que l’on en a vu toute l’importance au point de vue industriel, bien que, depuis plus de vingt ans, M. Planté ait attiré l’attention, à diverses reprises, sur ce genre d’application électrique. Il est vrai que les réclames tapageuses et multipliées propagées par une Société puissante qui exploitait une invention de ce genre, n’ont pas été sans avoir contribué considérablement à la vulgarisation de cette application, et, comme elle a pu exhiber en public des résultats obtenus par ce procédé, on y a vu immédiatement le moyen d'emmagasiner des torrents
- d’électricité que l’on pourrait utiliser à produire de la lumière et de la force à domicile. Tout le monde s’est mis alors à l’œuvre pour faire des accumulateurs nouveaux, qui ne sont tous que des dérivations de l’invention de M. Planté. Ayant publié de nombreux articles sur ce genre d’appareils et sur l’accumulateur Faure qui avait provoqué tout ce tapage, nous croyons inutile d’en reparler encore; nous dirons seulement qu’après avoir reconnu que la puissance d’emmagasinement de ces appareils dépendait de la surface des lames de plomb formant les électrodes, on s’est ingénié à la développer sans en augmenter le poids, et on s’est trouvé conduit soit à constituer ces lames avec des feuilles de papier de plomb plus ou moins plissées, soit avec des dépôts de plomb rugueux sur les lames elles-mêmes, soit avec des peintures à base de plomb, capables de fournir une couche de plomb revivifié par l’action du courant. Tels sont les accumulateurs de MM. Faure, de Méritens, de Kabath, de Pez-zer, etc., dont nous avons successivement parlé dans ce journal. Il est certain que la question est très intéressante et que l’industrie pourra en tirer profit un jour.
- Parmi les recherches scientifiques qui ont le plus attiré l’attention, nous aurons à signaler celles qui se rapportent à la radiophonie et qui ont été, de la part de MM. Bell, Preece, Tyndall, Mercadier, le sujet d’expériences du plus haut intérêt. Il est résulté, en effet, de ces nouvelles études que, si dans quelques cas la lumière peut provoquer des sons en modifiant la conductibilité électrique de certains corps introduits dans un circuit téléphonique, les radiations calorifiques qui accompagnent toujours les radiations lumineuses, sont celles qui déterminent les sons quand les rayons lumineux agissent directement sur les substances qui les révèlent, et l’on a reconnu que l’intensité de ces sons était en rapport avec le pouvoir thermique absorbant de ces substances. Dans tous les cas, la parole a pu être reproduite sous la seule influence des rayons lumineux sans aucun intermédiaire électrique; mais, pour cela, il a fallu donner aux appareils une plus grande sensibilité, et on y est parvenu en introduisant derrière le diaphragme transparent sur lequel
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- les rayons lumineux étaient projetés, des substances spongieuses et absorbantes, telles que des ouates colorées et surtout du noir de fumée, qui alors agissent mécaniquement sur la masse d’air qui les entoure. On a pu reconnaître, en effet, que c’étaient surtout les effets produits par cette masse d’air emprisonnée qui déterminaient les vibrations sonores. Nous n’entrons pas ici dans les théories qui ont été données de tous ces effets, on pourra les retrouver suffisamment développées dans les nombreux articles qui ont été publiés dans les tomes III, IV et V de ce journal (*). Nous dirons seulement qu’on a reconnu que d’autres substances que le sélénium peuvent avoir leur résistance électrique modifiée sous l’influence des rayons lumineux, et que le tellure, et surtout le noir de fumée, déposé sur une lame de verre dans des conditions convenables pour, former un conducteur secondaire entre deux couches formant électrodes métalliques, pouvaient constituer de très bons photophones. M. Mercadier, du reste, a fait sur ce genre de photophones une étude très complète que nous avons publiée dans le tome IV de ce journal, page 347, et qui montre que, si la lumière agit par ses radiations calorifiques dans les sons produits sous son influence directe, elle peut agir par ses radiations lumineuses, quand elle manifeste indirectement son action par l’intermédiaire d’un corps dont la résistance électrique est impressionnée par ces sortes de radiations. Il fait, du reste, voir comment les substances sensibles à l’action de la lumière se comportent sous l’influence de températures variables, et ce travail, bien qu’en contradiction sur quelques points avec des expériences faites en Angleterre, est très complet et ne peut guère laisser de doute dans l’esprit. D’un autre côté, M. Mercadier a fait une étude également très complète sur l’influence que peut exercer le milieu dans lequel est plongée la substance vibrante sur laquelle la lumière est projetée, et a montré que, toutes les fois que ce milieu est aéri-forme, les sons sont produits avec plus ou moins de force, et qu’ils acquièrent leur 'maximum avec l’air saturé de vapeur d’ammoniaque, mais que, quand ce milieu est liqnide, aucun son n’est perceptible. M. Tyndall était, du reste, déjà arrivé à la même déduction et avait été conduit à conclure que ces effets, étant entièrement reliés à la chaleur rayonnante, ils devaient être d’autant plus énergiques que les vapeurs, ainsi mélangées à l’air, avaient un pouvoir thermique plus absorbant. Nous résumerons, du reste, toutes les recherches qui ont été faites à ce sujet dans le livre que nous publions en ce moment dans la Bibliothèque des Merveilles sous le titre de : le Microphone, le Radiophone et le Phono-
- (i) Voir tome III, pages 8, 37, Si, 276, 291, 356, 408, 238, 268, 297, 353, 369; tome IV, pages 63, 75, 76, 276, 295, 347, 4i5; tome V, pages 19, io5, 119.
- graphe, lequel est la seconde partie de la quatrième édition de notre ouvrage sur le téléphone.
- Les études théoriques sur le microphone ont été assez nombreuses dans le cours de l’année 1881, et les articles publiés par MM. Boudet de Pâris, et De-jongh, dans ce journal, en font foi. Ainsi, l’on a vu quelles étaient les meilleures conditions de construction des microphones à contacts multiples, et la manière la plus avantageuse de les disposer par rapport à la pile et par rapport au circuit. On a vu quelle était la meilleure disposition des éléments d’une pile pour satisfaire à des conditions données de circuit, dans quelles conditions l’intercalation d’un microphone sur une dérivation du circuit établie près de la pile présentait des avantages, et quels étaient les moyens d’amplification des variations de résistance du transmetteur microphonique sous l’influence des ondes sonores de la voix (*).
- Un nouveau moyen nous a été présenté dernièrement par M. Maiche, et nous croyons devoir en dire ici quelques mots, car il n’en a pas encore été question dans ce journal. Ce moyen consiste à constituer l’hélice primaire des bobines d’induction employées aujourd’hui dans tous les transmetteurs microphoniques, avec deux fils d’une longueur assez voisine, mais calculée de manière que l’un soit plus résistant que l’autre, précisément de la résistance du transmetteur microphonique. L’un de ces fils est en rapport avec le circuit de ce transmetteur, l’autre avec une dérivation issue de la pile, mais effectuée dans des conditions telles que les courants dérivés passent en sens contraire à travers les deux hélices. Il en résulte que quand, par suite des vibrations effectuées sur le transmetteur, la résistance du contact diminue pour augmenter ensuite, le courant augmente dans l’une des dérivations à mesure qu’il s’affaiblit dans l’autre, et réciproquement, et comme les effets exercés sur l’hélice secondaire sont de sens contraire, l’action correspondant à l’affaiblissement de résistance de l’une des hélices s’ajoute à celle qui résulte de l’affaiblissement de l’intensité électrique dans l’autre hélice, pour développer un courant induit près de deux fois plus énergique.
- Aujourd’hui toutes les questions qui se rattachent à la téléphonie et à la microphonie sont beaucoup mieux connues et beaucoup mieux étudiées, ce qui n’empêche pas certaines personnes qui se croient au courant de cette science, de publier à leur égard des absurdités avec une assurance qui ne peut être que le résultat d’une complète ignorance.
- La partie de la science électrique qui a fourni au point de vue théorique les résultats les plus importants et les plus curieux en 1881, est celle qui
- (4) Voir la Lumière électrique, tome III, pages 175, 207, 245, 293, 3i3, 342,358, 434, 448; tome IV, pages 25, 40, 204, 409, i56.
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- se rattache aux effets développés dans les corps magnétiques sous l’influence d’actions mécaniques. Ces phénomènes avaient bien été déjà étudiés il y a quelques années parM.Wiedmann,etnouspublierons même prochainement ses travaux sur ce sujet, mais ils ont fourni à M. Hughes le sujet de plusieurs mémoires importants qu’il a communiqués à la Société royale de Londres et que nous avons rapportés dans le tome III de ce journal p. 205, 278, 296, 289, 334, 401, 425. Il est résulté de ces savants travaux plusieurs déductions remarquables : d’abord que le magnétisme peut donner lieu à des effets d’induction très différents suivant qu’il réagit à la suite d’un changement survenu dans son énergie, ou suivant qu’il réagit moléciilairement. Dans le premier cas il produit les courants induits que nous connaissons, dans le second il développe des courants, non pas dans un fil ou une hélice qui entoure le corps magnétique, mais dans la propre substance de celui-ci. Quelquefois les deux effets se produisent simultanément quand le corps est soumis à des actions mécaniques extérieures. Suivant M. Hughes, les actions moléculaires du magnétisme se produisent à la suite d’un étirement ou d’une action de torsion exercés sur le corps magnétique, autant du moins que l’élasticité peut réagir concurremment ; mais ce qui est curieux, c’est que ces courants persistent tant que l’action mécanique exercée sur eux subsiste, et sont indépendants de la forme et de la masse du corps magnétique. Naturellement des actions mécaniques inverses produisent des courants de sens différent, et 011 peut même arriver, par ce moyen, à annuler les effets produits par l’induction ordinaire.
- M. Hughes a démontré en second lieu que la magnétisation extérieure d’un fil magnétique n’exerce aucune influence sur l’induction moléculaire qu’il peut provoquer, mais en revanche que la chaleur agit énergiquement en augmentant son intensité dans le fer mais en la diminuant dans l’acier.
- En faisant la contre-partie des expériences qui l’avaient conduit aux déductions précédentes, M. Hughes a reconnu que le passage d’un courant à travers un fil magnétique dépourvu de toute torsion, pouvait déterminer sur ses molécules un arrangement particulier équivalent à celui qui aurait été exercé par une action mécanique de cette nature, et que cet effet, qui est persistant, ne peut être détruit que par une torsion en sens inverse de celle déterminée par le courant. Ce moyen a pu être par conséquent employé à mesurer le degré de la torsion donnée aux molécules magnétiques sous l’influence des courants traversant un fil magnétique, et a conduit M. Hughes à reconnaître : i° qu’un fil qui a été traversé par un courant ou qui a subi un effet de torsion, se trouve dans le cas d’un solénoïde dont les spires sont invisibles mais qui n’en agit pas moins d’une manière ana-
- logue ; 20 que les effets du courant et de la torsion peuvent s’additionner, mais qu’alors le fil 11e peut plus revenir à l’état neutre par la détorsion, parce qu’alors il reste la torsion déterminée par le passage du courant; 3° que les effets produits sont pour ainsi dire nuis avec l’acier trempé; 40 que' ce genre de réaction est indépendant du magnétisme terrestre ; 5° que pour obtenir ces effets de torsion moléculaire sous l’influence électrique, il faut que la matière elle-même serve de véhicule au courant, mais qu’une action électrique ou magnétique transversale par influence peut les détruire une fois produits ; 6° que la chaleur ou des mouvements vibratoires rapides peuvent également détruire ces effets, bien qu’ils contribuent à les renforcer pendant l’action du courant; 70 que les effets précédents peuvent être obtenus fsur des fils de fer de différents diamètres, mais qu’ils sont plus développés sur des fils de 1/2 à 1 millimètre que sur les fils plus gros, en raison sans doute de la moindre résistance de ceux-ci. M. Hughes croit du reste que tous les fils télégraphiques sont tous plus.ou moins affectés de torsions moléculaires.
- Dans ses derniers Mémoires, M. Hughes s’est occupé des effets que devaient produire, sur des fils de fer, des courants interrompus les traversant directement ou les influençant par l’intermédiaire de bobines magnétisantes, et il est arrivé aux conclusions suivantes :
- iü Un courant électrique polarise son conducteur, et le magnétisme moléculaire de celui-ci peut se convertir en un courant électrique par une simple torsion de ce conducteur ;
- 2° C’est seulement par le mouvement de rotation de sa polarité moléculaire, qu’un courant électrique est engendré par suite de la torsion;
- 3° Le passage d’un courant à travers un fil de fer ou d’acier s’effectue suivant une hélice ;
- 40 La direction de cette hélice dépend du sens du courant et de la polarité magnétique du fil ;
- 5° Un aimant naturel peut être disposé avec des polarités moléculaires contournées en spirale, et par conséquent les courants électriques de sens contraire déterminent tous les deux une spirale semblable en les traversant ;
- 6° On peut faire tourner les molécules polarisées par la torsion par un fort étirement transversal ou longitudinal ;
- 70 La rotation ou le mouvement de molécules donne des sons clairs et perceptibles ;
- 8° Ces sons peuvent être augmentés ou diminués jusqu’à devenir nuis par les moyens seuls qui ont produit la rotation moléculaire;
- 90 Les mêmes effets ayant été obtenus par trois méthodes différentes, on ne peut pas dire qu’ils soient dus à un simple changement ou affaiblissement des polarités, comme quand une rotation
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- ayant été incomplète une simple vibration mécanique suffit pour rétablir l’effet maximum ;
- io° La chaleur, le magnétisme, les courants électriques continus, l’étirement mécanique, les vibrations exercent tous une action marquée sur ce genre d’effets.
- Ces différents travaux expliquent parfaitement comment M. Ader est parvenu à reproduire la parole en faisant réagir, sans l’intervention d’aucune pile, un diaphragme téléphonique sur une série de petits morceaux de fils de fer placés à l’intérieur d’une hélice magnétisante. Les chocs déterminés entre ces petits morceaux de fer donnaient naissance aux courants moléculaires magnétiques que nous venons d’étudier, lesquels en réagissant par induction sur l’hélice, engendraient les sons dans le téléphone en correspondance, à la manière des téléphones Bell ordinaires.
- Le développement considérable qu’ont pris dans ces derniers temps les machines dynamo-électriques, a fait étudier les meilleures conditions de leur construction par plusieurs savants, entre autres par MM. W. Thomson et Maurice Lévy ; malheureusement leurs travaux qui sont purement mathématiques ne sont pas de nature à pouvoir être interprétés par les constructeurs, et comme ils ne contiennent aucunes déductions pratiques, nous craignons qu’ils ne puissent être utiles pour la construction des appareils. Décidément, messieurs les physiciens mathématiciens planent trop haut pour les besoins de l’application, et comme nous l’avons dit plus d’une fois, ils devraient abandonner leur concision exagérée, pour donner' plus de développement aux .conditions d’application que l’on peut déduire de leurs formules. C’est ce que nous avons fait dans notre travail sur la détermination des éléments de construction des électro-aimants, et nous savons que ce travail a été consulté plus d’une fois par les constructeurs. Quant aux travaux dont nous parlons, nous renverrons les lecteurs aux numéros de la Lumière électrique du 24 septembre, 12 octobre et du 10 décembre derniers.
- L’étude de la question des machines dynamoélectriques a conduit non seulement aux beaux travaux théoriques de M. Mar. Deprez, que nous avons rapportés dans différents numéros de notre journal, particulièrement dans celui du 3. décembre, mais encore à d’autres travaux du même genre qui ont été présentés au Congrès par MM. Àvenarius, Gravier, Cabanellas. Ce dernier a même publié sur ce sujet toute une brochure que l’on trouvera dans la publication qui va être faite des travaux du Congrès. Parmi ces travaux, il en est qui se rapportent à une question déjà étudiée il y a une quinzaine d'années, mais qui a acquis dans ces derniers temps une plus grande importance, précisément en raison de la rationalité qu’on veut apporter auiourd’hui à
- la construction des différents organes des machines. Nous voulons parler ici des changements de résistance qui ont été observés dans les organes mobiles de ces sortes de générateurs. Nous en avons déjà parlé plus d’une fois dans ce journal, et nous avons vu que les opinions étaient très partagées. Les uns les attribuent à la création d’une force contre-électromotrice qui proviendrait des intermittences, quelque petites qu’elles soient, qui se produisent pendant le mouvement de la machine, et qui en changeant la valeur de la force électromotrice mesurée attribuerait dans les formules à la résistance du générateur que l’on pourrait en déduire, une valeur différente de sa valeur réelle. D’autres, au contraire, comme M. Lacoine, pensent que l’accroissement de résistance que l’on constate et qui augmente avec la vitesse de la machine, serait réel et proviendrait d’un contact moins intime des frotteurs de la machine sur le collecteur, par un effet de rebondissement ou de vibration dû à la force centrifuge. Il se produirait alors un effet analogue à celui qui se manifeste dans le microphone, et, effectivement, on a reconnu, par l’intermédiaire d’un téléphone, que le courant présente des irrégularités d’intensité qui augmentent avec la vitesse de la machine. Quoi qu’il en soit, ces variations sont considérables et proviennent vraisemblablement de plusieurs causes réunies. M. Cabanellas a montré qu’elles pouvaient faire attribuer à la résistance du générateur une valeur plus forte de 25 % que celle que l’on peut mesurer directement quand la machine est au repos.
- Ces variations de résistance ne sont pas du reste propres aux générateurs dynamo-électriques, on les retrouve dans les piles dont la résistance calculée augmente dans une grande proportion avec l’accroissement de la longueur du circuit. A une certaine époque, je m’étais occupé beaucoup de cette question, qui avait été soulevée pour la première fois par M. Jacobi, et je croyais que ces variations provenaient de ce que les formules d’Ohm, d’où 01$ tirait la valeur de la résistance des générateurs, étant basées sur la constance de la force électromotrice (constance qui n’existe pas par le fait en raison des effets de la polarisation), devaient fournir des chiffres variables avec la résistance du .circuit extérieur. J’ai prouvé en effet qu’en partant de la formule E — e pour exprimer la force électro-motrice réelle, et en admettant que e diminue avec la résistance du circuit, la combinaison des quantités dans les formules donnant la valeur de r devait rendre r plus grand à mesure que e diminuait (1). D’après cette manière de voir, ce n’était pas la résistance de la pile qui augmentait, mais bien la résistance du circuit tout entier, et elle ne frappait la résistance de la pile que parce qu’on reportait (*)
- (*) Voir mon mémoire sur les piles à bichromate de potasse, p. i5.
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- sur elle les différences résultant de'la formule. Cependant, des expériences que j’ai entreprises depuis pour éclaircir cette question, m’ont fait croire qu’il y a un accroissement réel de résistance à mesure que la résistance du circuit augmente, et M.Niaudet a observé aussi cet effet. Quelle en est la cause? Il me serait difficile de le dire, car aucune des théories que je m’en suis faites ne m’a complètement satisfait. Je reviendrai du reste plus tard sur cette question, et je n’en ai parlé ici que pour montrer que le phénomène d’accroissement de résistance pour les machines, signalé en premier lieu par MM. Le Roux, Jamin et Roger, n’est pas un fait isolé, et que j’adopterais très volontiers les deux explications qui en ont été données.
- Si nous considérons maintenant les travaux se rapportant à la science pure, nous trouverons d’intéressantes découvertes, en tête desquelles nous placerons les résultats obtenus par M. Bjerlmes, la réfraction de l’électricité, les changements de volume des corps soumis à l’électrolyse, les lois de développement électrique dans les cristaux hémiè-dres, les conséquences qui résultent du principe de la conservation de l’énergie électrique, les courants dus à l’influence lunaire, la démonstration définitive de la non-conductibilité de l’air humide.
- Les expériences de M. Bjerknes n’ayant de rapport avec l’électricité que par des analogies, nous n’aurons que peu de choses à en dire ici, bien qu’elles soient du plus haut intérêt. M. Géraldy, notre collaborateur, leur a d’ailleurs consacré, dans notre numéro du 5 octobre, un article très intéressant, qui a été suivi quelque temps après (voir le numéro du'9 novembre) d’un article de M. Bjerknes lui-même. Nous dirons seulement que ces expériences sont une preuve de plus que les phénomènes électriques se rapprochent beaucoup des phénomènes matériels ayant pour cause des mouvements vibratoires.
- Si les phénomènes électriques peuvent, comme nous venons de le dire, se rattacher aux phénomènes matériels, ils peuvent, d’un autre côté, présenter de grandes analogies avec les phénomènes lumineux, et M. A. Tribe a présenté, en 1881, un grand travail à la Société royale de Londres, dans lequel il démontre que, sous certaines conditions, le mouvement moléculaire électrique qui s’effectue à la suite du passage d’un courant à travers deux milieux inégalement conducteurs, dont les molécules seraient susceptibles d’ôtre déplacées, pourrait subir une déviation comparable à la réfraction d’un rayon lumineux passant à travers deux milieux transparents différemment réfringents. Pour vérifier ce fait expérimentalement, il place dans une cuve électrolytique, et obliquement par rapport à la direction des électrodes, un vase poreux à faces parallèles contenant un liquide plus étendu et, par suite, moins conducteur que celui de la cuve, et en
- faisant passer le courant, il montre, par une méthode particulière d’analyse qui lui indique la direction des mouvements dans les différentes parties de la cuve, que dans le liquide le plus conducteur cette direction est presque perpendiculaire aux électrodes, alors que dans le liquide moins conducteur du vase poreux, elle se rapproche de la normale à la surface de séparation des deux liquides. Les choses se passent donc comme dans le cas de la lumière, de la chaleur et du son. Le journal la Lumière Electrique a du reste publié un long article sur ce travail dans son numéro du 10 septembre 1881.
- Nous avons déjà parlé dans notre revue de 1880 des travaux de MM. Curie sur l’électricité dégagée par les cristaux hémièdres à faces inclinées sous l’influence de la chaleur et de la pression. Ces ingénieux physiciens les ont complétés récemment dans un travail qui montre qu’un condensateur dont la lame est isolante et constituée par un cristal hé-mièdre,peut se charger lui même sous l’influence de la pression, et qu’il peut servir, comme étalon d’électricité statique, pour la mesure des charges et et celle des capacités.
- Pour comprendre l’importance de cette application, nous rappellerons que d’après des recherches antérieures de MM. Curie : i° deux faces d’une tourmaline ou d’un quartz se chargent par la pression de quantités rigoureusement égales et de signes contraires; 20 lorsqu’une des faces est en communication avec la terre, l’autre fournit une quantité déterminée pour une pression donnée ; 3° il y a proportionnalité entre la quantité d’électricité dégagée et la pression exercée. Or il résulte de ces déductions que tandis qu’une pile permet de porter un conducteur à un potentiel déterminé, un condensateur de la nature de celui dont nous parlons permet de fournir à un conducteur une quantité déterminée d’électricité.- Il est vrai que dernièrement un savant allemand a critiqué un peu ces déductions, mais nous ne croyons pas que -cette critique soit appuyée sur des bases bien solides.
- Le phénomène connu sous le nom de phénomène de Peltier préoccupe depuis longtemps les physiciens et il a été à diverses reprises l’objet de la préoccupation de M. Bouty; mais dans un travail que ce physicien a présenté au commencement de l’année 1881 à l’Académie, ce même physicien a fait connaître un phénomène du même genre et tout aussi remarquable, dont nous avons déjà parlé dans notre n° du 23 avril, et qui montre que dans l’électrolyte de certains sels, tels que le sulfate et l’azotate de cuivre, le sulfate et le chlorure de zinc, le sulfate et le chlorure de cadmium, il est toujours possible d’abaisser l’intensité du courant, au-dessous d’une limite telle que la compression produite par le dépôt se change en un effet de traction, c’est-à-dire qu’au lieu de se contracter le métal se dilaté en se solidifiant, et le phénomène de Peltier se
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- produit en même temps que cette inversion. On peut donc en conclure qu’il y a un point neutre de la compression dans les mêmes cas où il y a un point neutre des températures, et l’expérience a montré que quand l’un des phénomènes ne se produit pas, l’autre ne se produit [pas non plus. On trouve dans ces phénomènes un exemple remarquable de la relation étroite qui relie les phénomènes thermiques et mécaniques dont l’électrode négative est le siège.
- Nous croyons devoir attirer encore l’attention sur différents travaux qui, bien que peu nouveaux, sous le rapport des conclusions que l’on en a déduites, semblent démontrer définitivement la vérité de certains principes physiques qu’on a bien de la peine à admettre. Il s’agit de la conductibilité de l’air humide et de l’inégale tension de l’électricité positive et négative.
- Dès l’année i85g, j’avais démontré que dans les décharges produites avec une bobine de RuhmkorfF, l’électricité positive pouvait être soutirée à une distance beaucoup plus grande que l’électricité négative, ce qui m’a permis d’expliquer le plus grand développement des décharges quand elles s’effectuent de petite à grande surface que dans le cas contraire et la production des courants résultant de l’immersion de lames de fer d’inégale surface. M. Doubrava est arrivé aux mêmes conclusions, mais il a montré de plus que cette condition différente de la tension des deux flux dépend de la nature du milieu à travers lequel s’effectue la décharge, et que, dans l’huile d’olive, c’est l’effet inverse qui a lieu.
- D’un autre côté, M. Marangoni a démontré, conformément à ce que j’avais toujours avancé à la suite de nombreuses expériences faites en 1862, et à ce que M. Gaugain avait dit lui-même en 1869, que l’air humide est un très bon isolant, tant qu’il n’entraîne pas une condensation de vapeurs sur les corps avoisinants interposés entre les deux flux d’une décharge, et il le prouve en montrant qu’une bouteille de Leyde introduite dans un tube d’eudiomètre rempli de vapeur d’eau, peut fournir une décharge entre ses deux armatures, si elle est chauffée à un degré suffisant pour empêcher la condensation des vapeurs sur le verre, mais que si elle n’est pas chauffée, a décharge s’effectue à l’état latent à travers la couche d’eau qui s’y trouve alors déposée. Tous les beaux calculs des mathématiciens sur l’intervention de l’air humide dans les effets électriques se trouvent donc réduits à néant.
- Nous aurions encore beaucoup à dire sur les travaux théoriques publiés dans le courant de 1881, mais étant obligé de nous limiter, nous signalerons seulement le beau travail de M. Lippmann sur les conséquences qui peuvent résulter du principe de la conservation de l’électricité, principe qui peut s’énoncer de la manière suivante ;
- Quels que soient les phénomènes qui se produisent entre les parties d'un système, l'attraction électrique totale exercée sur ce système par un point électrique infiniment éloigné, demeure invariable.
- En formulant mathématiquement ce principe et en en discutant les conséquences, on arrive à montrer que le gaz qui entoure un condensateur dont on augmente successivement la charge, se contracte sous l’influence de cette électrisation, fait qui peut rendre compte des sons produits dans le condensateur chantant et parlant. De plus on démontre que le coefficient de contraction électrique d’un gaz est égal à sa puissance réfractive pour la lumière, et une foule d’autres conséquences plus ou moins importantes et que l’expérience a justifiées. Suivant M. Lippmann, ce principe est pour l’électricité ce qu’est celui de Carnot pour la chaleur. Il est vrai que MM. Ayrton et Perry ont montré que ce principe et les formules de M. Lippmann peuvent se fondre dans des formules déjà connues données par Coulomb et Thomson, mais il n’en est pas moins vrai que M. Lippmann en a fait un corps de doctrine qui a pris de l’intérêt par les conséquences qu’il a su grouper autour, et ne serait-ce qu’à ce titre, que son travail aurait de l’importance.
- Comme travaux intéressants publiés en 1881, nous citerons encore : i° des mémoires de M. Piaz-zoli et de M. Hoffmann sur l’influence du magnétisme sur la ténacité du fer, qui montrent que cette ténacité serait augmentée par suite de l’aimantation. Le travail de M. Hoffmann, surtout, est intéressant à cause des résultats numériques qu’il .donne(*); 20 plusieurs mémoires de M. H.-F. Weber sur les rapports qui existent entre la conductibilité électrique et la conductibilité calorifique des métaux, rapports qui sont loin d’être les mêmes, comme on l’avait cru, et dont les variations sont proportionnelles à celles des chaleurs spécifiques des métaux (voir la Lumière électrique, tome III, p. 28 et tomeV, p. 307); 3° un mémoire de M. Wit-kowski sur l’influence de la torsion sur la conductibilité du cuivre qui tendrait alors à propager le courant en spirale, en sens contraire de celui de la torsion, et un mémoire de M. Chwolson sur l’influence de la pression sur la conductibilité des fils métalliques qui se trouveraient avoir alors leur résistance diminuée d’une manière appréciable; 40 un mémoire de M. Ira Remsen sur les effets chimiques développés sous l’influence du magnétisme et qui montre qu’un dépôt de cuivre soumis à l’action d’un fort aimant, au lieu de s’effectuer uniformément sur une lame de fer, comme cela a lieu ordinairement, ne se produit que très faiblement sur toutes les parties de la lame qui correspondent aux lignes de force magnétique; 5° un mémoire de M. Blondlot dans lequel il montre qu’une action
- (9 Voir la Lumière électrique, tome III, p. 79.
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- de frottement, de choc ou de compression exercée sur une lame de sélénium par l’intermédiaire d’une lame métallique, peut développer une action électrique qui est relativement persistante, et qui n’a rien de commun avec les effets thermo-électriques ; 6° un mémoire de M. Léo Errera qui rattache les conditions magnétiques des corps à leur poids atomique et qui montre que les corps des séries impaires de MendelejefF sont diamagnétiques et les séries paires sont paramagnétiques; 70 un mémoire de MM. Searpa et Baldo dans lequel on prouve que l’on obtient des étincelles d’induction plus fortes, pour une longueur de lîl donnée, quand les spires de l’hélice secondaire sont accumulées aux deux bouts de la bobine, que quand elles sont uniformément réparties sur toute sa longueur; 8° une note de M. Gaiffe qui montre que le cobalt et le nickel sont susceptibles d’une forte aimantation quand ils sont obtenus à l’état de grande pureté par voie électrolytique, et que leur magnétisme, surtout celui du cobalt, est de beaucoup supérieur à celui du fer pur ; 90 plusieurs mémoires de M. Guébhard sur la détermination expérimentale des lignes équipoten-tielles dans l’écoulement de l’électricité à travers les surfaces conductrices.
- Nous terminerons en signalant une discussion intéressante qui a eu lieu à la Société des Ingénieurs télégraphistes de Londres sur les courants continus terrestres que M. A. Adams avait attribués à l’action de la lune et qui, d’après le dire de plusieurs électriciens, existeraient bien réellement, car ils auraient une intensité qui concorderait avec les hauteurs des marées et les phases lunaires, et ils auraient pour cause une modification delà distribution électrique à la surface de la terre qui résulterait des influences variables de notre satellite dans ses différentes phases et qui provoquerait continuellement des différences de potentiel capables d’engendrer des courants plus ou moins forts, de sorte qu’il y aurait à la surface du globe de véritables marées électriques.
- Nous aurions voulu consacrer quelques colonnes à résumer les intéressants travaux de nos collaborateurs, MM. d’Arsonval et Coulon, sur le rendement des moteurs électriques, les effets produits dans les piles et le photomètre magnétique, qui ont été l’-occasion de nombreux articles dans le journal la Lumière électrique. Mais ces travaux renferment tant de choses, que nous préférons renvoyer le lecteur aux mémoires originaux. Il en est de même des travaux de M. Berthelot, sur les limites de l’é-lectrolyse, qui peuvent rectifier les idées sur quelques interprétations mal comprises de certains physiciens. Nous avons publié ces travaux dans les derniers numéros de 1881 de notre journal. En somme, l’année 1881 a été, comme on le voit, fertile en bons travaux de toute nature sur l’électricité.
- Tu. du Moncel.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LA MACHINE
- JURGENSEN ET LORENZ
- Parmi les machines qui figuraient à l’Exposition internationale d’électricité, il en est une qui, introduite tardivement au Palais de l’industrie, est restée longtemps dans l’espace réservé au Danemark, sans porter d’autre indication que la marque de son fabricant M. Junger. C’est pourquoi elle a été indiquée sous ce dernier nom en quelques lignes, dans ce journal (Voir le n° du 17 septembre 1881). La disposition de cette machine appartient en réalité à MM. C. P. Jurgensen et L. Lorenz, de. Copenhague. Comme le montrent les fig. 1 et 2, elle consiste en une modification de la machine Gramme.
- Les inducteurs a, a3, reliés par la culasse socle u2, forment un grand électro-aimant en fer à cheval muni d’épanouissements polaires. Pour empêcher les vibrations nuisibles des deux branches, leurs pôles sont assemblés en haut par une plaque non magnétique et soutenus en bas par trois supports non magnétiques l l. L’enroulement des fils de ces inducteurs présente ceci de particulier que le nombre des couches augmente à mesure qu’on s’approche des épanouissements polaires ; cette disposition a pour but de concentrer la magnétisme autant que possible vers les pôles. En outre, les différents tours de fil laissent entre eux un certain espace vide (près d’un centimètre) afin de faciliter la circulation de l’air et de diminuer réchauffement des fils.
- Outre ces aimants inducteurs, la machine comprend encore un autre système d’électro-aimants fixes placés à l’intérieur de l’armature tournante. Ces électro-aimants, de forme plate, un peu plus courts que l’armature, sont disposés comme une croix et les pôles de même nom, placés à côté l’un de l’autre, sont réunis par une pièce commune en fer doux. On a ainsi deux pôles intérieurs qui se trouvent en face des pôles extérieurs de même nom et l’on obtient une très puissante aimantation du fer de l’armature.
- Celle-ci est composée d’un certain nombre d’anneaux de fer de même grandeur isolés entre eux et assemblés par des goupilles transversales dans toute la longueur de l’armature. A chacune de ses extrémités, le cylindre de fer de l’armature porte trois saillies A3 sur lesquelles sont fixés les disques de cuivre gx et g2. L’un d’eux gt porte un anneau d’acier tournant librement autour du tenon e et dont la partie saillante tourne dans le coussinet m. L’autre disque g2 est fixé sur l’axe de rotation A qui porte la poulie i. Les disques gl et g2 sont percés chacun de 6 ouvertures et celles-ci ont leurs bords coupés en biseau ou munis, d’ailettes, comme le
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- montre le petit croquis’ annexé”à la fig. i ; de cette façon, le cylindre en tournant fait ventilateur et envoie dans l’intérieur de la machine un fort courant d’air qui empêche l’armature de trop s’échauffer. En outre, les plaques et g.2, qui sont assez massives, contribuent encore par conductibilité à refroidir le cylindre de fer.
- Les fils de l’armature sont enroulés comme dans les machines Gramme et le collecteur est le même que dans ces machines ; seulement MM. Jurgensen et Lorenz au lieu de se servir simplement de deux balais, en emploient quatre.
- Ils sont portés par le montant k et disposés de façon à pouvoir tourner autour de l’axe de la machine, afin qu’on puisse leur donner la position la plus convenable.
- Quand on n’emploie que les deux balais principaux, le courant traverse d’abord les é-lectro-aimants inducteurs puis le circuit extérieur, à moins que l’on ne se serve d’une excitatrice séparée. Le but des balais auxiliaires est de prendre sur le collecteur une dérivation à l’aide de laquelle on excite les inducteurs.
- Ce qu’il y a en somme d’original dans la machine Jurgensen et Lorenz, c’est d’abord l’électro-aimant intérieur à l’armature, puis l’enroulement spécial des fils des inducteurs et la forte ventilation que provoque la rotation de l’armature. Cette dernière disposition, ainsi que les espaces vides laissés entre les fils des électro-aimants, est avantageuse parce qu’elle amoindrit réchauffement de la machine. La concentration du magnétisme par suite de l’enroulement sur les appendices polaires, n’est pas non plus sans avantages, mais la forme contournée donnée aux inducteurs ne nous paraît pas bien logique en ce qui concerne la construction. A ce
- point de vue encore, nous critiquerons la façon dont sont supportés les inducteurs intérieurs retenus seulement par une des extrémités de leur axe. Dans cette position le poids des électro-aimants doit tendre à fausser le support et à mettre la machine en mauvais état de fonctionnement. Ces électro-aimants intérieurs avaient d’ailleurs déjà été employés par M. Siemens, mais avec une armature entourée de fil seulement à l’extérieur, et MM. Jurgensen et Lorenz insistent sur ce que la présence
- du fil à l’intérieur de l’anneau augmente notablement les effets d’induction en raison de l’action des aimants intérieurs ; nous ne pensons pas cependant qu’il en soit ainsi; pour nous, l’induction est produite principalement par le pôle que développent dans l’anneau de fer tournant les inducteurs , et il importe peu que ce pôle soit déterminé seulement par des électroaimants exté -rieurs ou par des inducteurs situés à l’intérieur et à l’extérieur. Cela est confirmé par ce fait que la machine de Fein (Voir la Lumière électrique, n° du i3 juillet 1881) qui possède aussi une induction intérieure n’a pas donné de meilleurs résultats que la machine Gramme.
- Quant à la machine Jurgensen et Lorenz, elle n’a pas été l’objet à l’Exposition, à notre connaissance du moins, d’expériences qui permettent de juger sa valeur pratique. L’analogie qui existe entre elle et la machine Fein, en ce qui concerne la façon dont l’anneau est attaqué par les inducteurs, permet cependant de penser qu’elle donnera des résultats peu différents de ceux obtenus avec cette dernière.
- A. Guerout.
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- BLOCK-SYSTEM
- DE M. SYKES
- POUR LA SÉCURITÉ DES CHEMINS DE FER
- La question des signaux de chemins de fer est dominée par une considération première capitale. C’est celle du principe même sur lequel sont basés les signaux. Effectivement dans certains pays, l’Angleterre et une partie de l’Allemagne, entre autres, on est parti de ce principe que la voie est considérée comme toujours occupée, les signaux barrent constamment la route, et on ne les manœuvre que pour donner la voie libre, quand elle l’est. Dans d’autres pays, en France, notamment, on est parti du principe contraire : la voie est considérée comme toujours libre, et on ne manœuvre les signaux, pour avertir le mécanicien conducteur d’un train, que quand il y a un danger en avant. Or dans l’un et l’autre cas, la manœuvre d’un signal peut manquer, et cela pour deux causes possibles, absence ou erreur de l’employé, ou manque de l’appareil lui-même qui peut se trouver détérioré, pour une cause quelconque. On comprend immédiatement quelles sont, dans l’un ou l’autre cas, les conséquences. Dans le premier, la voie reste fermée, le train subit un retard, dans le second, la voie, qui aurait dû être fermée, reste ouverte, et il y a un danger en avant sur lequel rien n’empêche le train de se précipiter.
- Le système Sykes, dont nous donnons ici la description, est basé sur le principe de la voie considérée comme toujours occupée.
- Mais avant de nous en occuper, nous placerons ici une observation générale relative à la considé,. ration capitale de salut à assurer, qui doit avant tout préoccuper les inventeurs et les administrateurs ou directeurs des travaux d’exploitation des chemins de fer. C’est que, dans aucun cas, ils ne doivent se fier exclusivement aux hommes ni aux machines, car les uns sont aussi faillibles que les autres. Les combinaisons des appareils doivent être simples en principe, mais leur jeu, leur fonctionnement doit être solidarisé avec l’action de l’homme, et des contrôleurs automatiques du travail bien faits rendront encore des services, si leur surveillance est bien et sérieusement faite.
- Le système Sykes est simple de construction, et il refuse automatiquement de fonctionner, si la voie n’est pas réellement libre devant un train, ou si une erreur de manœuvre a été commise, de même que si l’absolue régularité dans la marche des trains n’a pas été observée.
- Sur toute ligne à voie fermée, le disque d’arrêt ferme constamment le passage, et la manœuvre des appareils protecteurs consiste à relever ou éclipser ce disque à chaque train qui se présente, pour le remettre à l’arrêt aussitôt le train passé. Or, dans le système que nous allons décrire, comme du reste dans ceux de MM. Siemens et Lartigue, les postes sont reliés et solidarisés entre eux de façon qu'aucun employé ne peut faire fonctionner le sien sans en avoir reçu la possibilité du poste suivant, ou d’aval, lequel ne peut lui-même donner cette possibilité qu’autant que la section est réellement libre entre lui et le poste d’amont qui lui fait appel pour obtenir le déclanchement de son levier.
- On doit se rappeler que d'après le principe même du block-système, qu’il soit à voie libre ou à voie fermée, les signaux placés aux deux extrémités des sections doivent être manœuvrés de manière à ne jamais permettre qu’à un seul train à la fois de s’engager et de stationner dans une section, et là il s’y trouve bloqué, dans l’acception simple et littérale du mot. Or dans le système Sykes, c’est le fait même de la manœuvre du disque qui amène l’appareil en position convenable pour pouvoir envoyer le courant électrique au poste d’amont quand il le demande; mais cet envoi du courant électrique pour déclancher le levier de ce poste ne peut se faire qu’une fois. Ainsi la section est occupée dès que le déclanchement a été donné, et il faut nécessairement que le train quitte la section pour permettre à l’appareil d’envoyer un nouveau courant de déclanchement. Donc impossibilité de laisser pénétrer deux trains dans la même section, et par suite impossibilité de collision, si les manœuvres ont été régulièrement faites.
- Les appareils Sykes, dont nous représentons dans dans la fig. i ci-dessous une vue d’ensemble, tels qu’ils figuraient à l’Exposition, se composent de deux parties essentielles : l’une, purement mécanique, se rattachant à la manœuvre des signaux et qui occupe la partie inférieure', l’autre, électrique, qui se trouve reliée mécaniquement à la première, mais qui étant aussi reliée électriquement au poste d’aval, rend les manœuvres solidaires dans les deux postes. Nous donnons séparément dans la fig. 2 le dessin de cette seconde partie, qui occupe la partie supérieure des appareils.
- Les mécanismes de la partie inférieure se composent de leviers de manœuvre réagissant sur les bras à signaux par l’intermédiaire de tiges et de leviers articulés, et qui étant reliés eux-mêmes aux mécanismes supérieurs, peuvent se trouver enclanchés par le jeu d’une sorte de verrou mis en action par une bande de fer à entailles que l’on retrouve dans la fig. 2, et dont nous allons voir à l'instant les ’ fonctions.
- Le mécanisme de la partie supérieure rappelle un peu celui des électro-sémaphores de M. Lar-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- tigue, bien qu’il soit très différent dans les effets produits. La partie principale est un électro-aimant Hughes dont l’armature, maintenue attirée à l’état normal, commande l’enclanchement du levier de manœuvre par l’intermédiaire de l’une des deux tiges que l’on distingue fig. x, entre les deux pieds de fer qui soutiennent la boite du mécanisme électrique. Cette action est effectuée par la tige de
- gauche, qui est soutenue par l’armature de l'aimant, et qui, en réagissant sur le mantonnet T, peut, par l’effet de sa chute brusque sur un levier, enlever de l’entaille où il est engagé le verrou d’en-clanchement. Cette tige se termine en bas par un galet qui roule sur le contour d’une excentrique qu’on ne peut voir dans le dessin. La deuxième tige, celle de droite, est liée à cette excentrique
- FIG. ï. — LE BLOCK-SVSTEM DE M. SVKES A L’EXPOSITION'.
- par un goujon d’arrêt fixe, qui lui laisse toutefois la liberté de tourner en ce point. Pendant la manœuvre du levier, ces deux tiges montent ou descendent suivant les courbes de l'excentrique pour la première, et suivant le sens de mouvement de l’excentrique pour la seconde; elles font ainsi paraître ou disparaître les indicateurs qui donnent, à l’intérieur de la cabine d’abri de l’employé, les indications de l’état de la voie et des trains en circulation.
- L’équerre//, G, mobile sur sa partie anguleuse au-dessus de la colonne qui la porte, reçoit en H la pression d’un poussoir que l’on aperçoit fig. i, en avant des boites qui renferment le mécanisme électrique, et lorsque cette pression a lieu, la branche G vient agir sur le ressort K pour amener en R le contact électrique, et celui-ci envoie dans les bobines de l’aimant du poste d’amont un courant qui, en neutralisant l’action de l’aimant, dégage son armature et, par suite, la tige correspondante
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- qui agit alors sur le levier du mécanisme inférieur pour enlever de son entaille le verrou d’enclanche-ment.
- La pièce O est une rondelle de laiton qui sert à fixer l’aimant A contre le fond de la boîte.
- B I est une pièce de laiton qui porte une tige sur laquelle peut s’introduire une clef ad hoc pour permettre, dans certains cas particuliers, à un surveillant de ramener l’appareil à son état normal,
- F1Ü, 2
- sans que l’employé ordinaire puisse lui-même exécuter cette manœuvre, ce qui pourrait souvent avoir de graves inconvénients.
- Au-dessus du mécanisme précédent, se trouve encore une boite circulaire M, qui contient un galvanomètre dont l’aiguille, équilibrée extérieurement, indique l’état libre ou occupé des deux sections contiguës en amont et en aval.
- Pour une marche régulière et normale du service d’une voie ferrée, il arrive donc ceci : A l’approche d’un train vers une station, qui est toujours fermée, l’employé appuie sur le bouton de sonnerie que
- l'on voit, fig. i, à côté de chaque boîte. C’est un appel' fait à la station d’aval en vue d’obtenir le déclanchement du levier de manœuvre et afin d'ouvrir la voie au train qui va entrer dans la section. A ce signal, l’employé appelé appuie sur le poussoir de devant de son appareil électrique. La branche H de l’équerre H G, fig. 2, pénètre dans l’entaille qui se voit en arrière, et détermine en G un contact qui envoie le courant dans les électros de la station d’amont qui a fait appel; le déclanchement du mécanisme électrique de cette station a alors lieu, et la manœuvre d’ouverture de la voie devient possible; le train passe; mais, en même temps, l’équerre H G de l’appareil d’aval, qui a envoyé le courant, revient à sa place par l’action du ressort K; la pièce qui porte l’entaille où a pénétré l’équerre tombe, et il n’est plus possible d’envoyer une seconde fois le courant, par conséquent de laisser pénétrer un deuxième train dans la section qui vient d’ètre occupée. Quand ce train viendra à quitter cette section, les mêmes manœuvres auront lieu à cette station, comme à la précédente, et elles auront pour effet de ramener la pièce à entaille en coïncidence avec la branche H de l’équerre. Mais alors la section en amont sera libre, et la manœuvre de la station d’aval, qui se termine par le retour du levier à sa position d’arrêt, a relevé la coulisse qui porte l’entaille assez haut pour que son sommet donne en C le contact qui inverse le courant du galvanomètre, ce qui fait retomber l’aiguille, laquelle indique alors le dégagement de la section et par conséquent la voie libre à l’avant.
- Le train, en avançant successivement, oblige aux mêmes manœuvres à chaque section, et on voit de suite que, comme l’appel des sonneries fait de poste en poste précède constamment les trains d’une section à la suivante, les employés appelés ont le temps de préparer leurs manœuvres sans causer d’arrêt aux trains.
- Il est certain que le système de M. Sykes est simple, bien complet et dans de bonnes conditions d’application, mais nous sommes obligés de convenir qu’en principe, il se rapproche beaucoup de celui de MM. Lartigue, Tesse et Prudhomme, car dans les deux systèmes, les effets électriques sont solidaires des manœuvres des appareils aux signaux, toutefois ces manœuvres ne s’effectuent pas de la même manière, et les enclaneliements se produisent dans des conditions très différentes. Il faut aussi considérer que les appareils Sykes, s’appliquant à un système dans lequel la voie est supposée fermée à l’état normal, ont du être combinées d’une manière toute différente des autres, pour lesquels la voie est au contraire supposée toujours ouverte.
- De Magneville.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’Él ECTRICITÉ
- INSTALLATION D’APPAREILS
- DE
- MESURES ÉLECTRIQUES
- A L’EXPOSITION DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE
- DE TÉLÉGRAPHIE
- L’Ecole supérieure de Télégraphie, instituée il y a trois ans au Ministère des Postes et Télégraphes, a exposé, dans une partie du pavillon de ce ministère, son organisation, ses livres d’enseignement, des spécimens des travaux de ses élèves, et enfin une série d’appareils ou d’instruments destinés aux études pratiques de ces mêmes élèves ou qui avaient servi aux recherches effectuées au laboratoire de l’Ecole.
- Indépendamment des travaux originaux qui peuvent être faits dans ce laboratoire, qui forme comme une annexe de l’Ecole supérieure, des essais d’appareils, d’instruments, de systèmes de communication électrique nouveaux, peuvent et doivent y être faits, de façon que l’Administration des Télégraphes puisse se rendre compte de leur valeur pratique, ce qui, par ce temps de réclame à outrance, n’est certainement pas sans utilité.
- Ces essais nécessitent des instruments, et l’emploi de ceux-ci nécessite une installation convenable.
- Tout le monde sait, en effet, que les appareils de mesures électriques, galvanomètres, électromètres, électrodynamomètres... sont, en général, très délicats, et doivent être maniés avec précaution. De plus, il convient de les mettre à l’abri de deux.causes principales de perturbations : la proximité de masses de fer susceptibles d’être déplacées, et les trépidations du sol provenant du voisinage des rues fréquentées.
- Dans l’installation des appareils au laboratoire de l’Ecole supérieure de Télégraphie, on n’a guère eu, jusqu’à présent, à se préoccuper du premier inconvénient, qui n’existe à peu près pas, par suite de la situation même de ce laboratoire, placé dans une cour reculée et éloignée de masses de fer mobiles; mais, par suite de circonstances dont nous n’avons pas à parler ici actuellement, la question 'se présentera prochainement, et il y aura lieu de chercher une solution sur laquelle nous aurons sans doute à revenir.
- Quant au second inconvénient, hien que la situation du laboratoire l’annihile en très grande partie, on s’est préoccupé de le détruire complètement.
- Si on avait voulu seulement soustraire un appa-
- reil déterminé, tel qu’un galvanomètre, à l’influence des trépidations du sol, on aurait pu employer un moyen simple, en usage dans certaines usines anglaises par exemple, et qui consiste à suspendre l'appareil par deux tubes de caoutchouc convenablement ajustés. Mais on se proposait aussi de réunir dans un assez petit espace plusieurs appareils à miroir nécessitant l’emploi de sources lumineuses et de règles divisées, et de façon à diminuer autant que possible la fatigue de l’agent chargé de faire des mesures qui peuvent être continues.
- Le problème devenait dès lors assez complexe, La solution adoptée a été a été exposée au Palais de l’Industrie telle qu’elle existe (‘) au laboratoire dont nous parlons.
- Elle est représentée dans la figure ci-contre.
- L'installation comporte un galvanomètre Thomson à miroir G, un électromètre Thomson modifié ou non E, et au besoin un électrodynamomètre. A l’électromètre sont joints une jauge électrométrique J et un rechargeur v servant à charger à la fois la jauge et l’électromètre.
- Le plancher du laboratoire n’est séparé du sol que par une couche de bitume. Quatre blocs de pierre P, P, enfoncés de 3o centimètres dans le sol même, servent à supporter une table T également en pierre d’environ im.5o de long sur 5o centimètres de large, et munie d’un encadrement en bois. Les instruments sont posés sur cette table : la stabilité en est telle qu’on peut monter et piétiner dessus sans que les miroirs des appareils se déplacent sensiblement.
- La condition qu’il était indispensable de remplir l’est donc complètement..
- Les deux instruments sont placés aux deux bouts de la table T : leurs miroirs reçoivent un faisceau lumineux d’une source unique-, lampe à pétrole, lampe à gaz, ou tout simplement bougie mue par un ressort, comme cela se fait dans les lanternes de voitures. Cette source est enfermée dans une lanterne L à trois ouvertures fermées par des lentilles munies de réticules convenables.. Par suite, deux faisceaux lumineux réfléchis de chaque côté sur deux miroirs plans M et M' dont les plans de réflexion sont rectangulaires viennent frapper les miroirs des deux appareils et former ensuite sur des règles divisées r, r,...., dont nous reparlerons tout à l’heure, des images noires des réticules dans un champ circulaire lumineux qui éclaire les divisions des règles.
- D’autre part un faisceau lumineux, parti de la troisième ouverture qui est en avant, éclaire le cheveu mobile d’une jauge ordinaire J dont le bras
- (>) En réalité, elle n’existe pas au moment où paraît cet article, parce que des travaux qui s'effectuent actuellement dans le local môme du laboratoire en rendent provisoirement le fonctionnement impossible.
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- d’aluminium a été redressé à angle droit, ainsi que 2 fils horizontaux fixes placés un peu en avant du cheveu. Le tout est à peu près au foyer d’une lentille qui en donne une image réelle sur une petite-lame en verre dépoli e fixée sur le bâti du rechargeur V.
- Ainsi qifon le voit sur la figure, ce rechargeur et les règles divisées en millimètres r, r, qui sont en verre, sont fixés à une large règle de bois R soutenue par 3 colonnes en cuivre s, sur une large table en chêne où se placent les appareils de
- mesure usuels, ponts, rhéostats, condensateurs, clefs de charge et de décharge, shunts de galvanomètre.... etc., et devant laquelle s’assied l’agent qui fait les mesures.
- Par suite de cette disposition, cet agent a sous les yeux les images mobiles des réticules dont le déplacement mesure les déviations du galvanomètre et de l’électromètre, ainsi que l’image du cheveu de la jauge dont la position lui fait juger de l’état de la charge de l’électromètre. Il a d’ailleurs à portée de sa main le bouton v en ébonite du petit rechar-
- INSTALLATION ^APPAREILS DE MESURE A L'EXPOSITION DE L'ÉCOLE SUPERIEURE DE TELEGRAPHIE
- geur, que nous décrirons plus tard en détail dans ce journal et qu’il.suffit de tourner légèrement de temps en temps dans un sens ou clans l’autre, pour maintenir constante la charge de l’électro-mètre.
- Un système de réglages dans le sens vertical et horizontal permet de déplacer les règles r, r, et de mettre au point l’image des réticules. Les miroirs M, M', qui contribuent à produire ces images peuvent eux-mêmes se mouvoir dans tous les sens, et l’on peut, en faisant varier leur position, arriver très facilement à leur donner le maximum de netteté.
- L’installation complète n’a pas besoin d’être faite
- dans un lieu absolument clos : une demi-obscurité suffit parfaitement. Elle n’occupe pas plus de 4 ou 5 mètres carrés. L’expérience a prouvé d’ailleurs qu’elle est commode ; Je fait d’avoir tous les appareils autour de soi à portée de la main facilite de beaucoup les manipulations, et les agents qui ont fait des mesures dans ces conditions ont reconnu qu’ils pouvaient ainsi faire leurs opérations sans la moindre fatigue même pendant un temps assez long.
- E. Mercadier.
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- LA LUMIERE ÉLECTRIQUE
- SUR QUELQUES APPLICATIONS PARTICULIÈRES
- DES
- LAMPES A INCANDESCENCE
- PURE
- La question de l’application pratique des lampes à incandescence pure a été fort discutée dans ces derniers temps et l’on a beaucoup parlé de leur emploi non seulement pour l’éclairage des appartements de dimensions restreintes, mais encore pour celui des grands espaces. A ces deux points de vue, l’Exposition internationale d’E-lectricité a permis de se rendre compte des effets produits.
- En ce qui concerne les espaces de peu d’étendue, l’éclairage obte-nti à l’aide des lampes à incandescence était satisfaisant pour l’œil et jetait sur les objets une lumière agréable.
- Le bureau du Commissariat anglais , éclairé à l’aide de lampes Swan, celui du Commissariat américain,où l’on avait installé des lampes Edison, et celui de la Compagnie Brush qu’éclairaient des lampes Lane-Fox, démontraient la possibilité d’obtenir dans un appartement un bon éclairage à l'aide des lampes à incandescence pure. Les salles de l’exposition d’Edison, comparables à de vastes salons, achevaient la démonstration. En outre, les globes ou les abat-jour, dont les lampes avaient été munies, montraient qu’il est facile de tempérer la trop grande vivacité de la lumière. Mais ces bonnes qualités ne sont pas suffisantes pour que les lampes à incandescence puissent être adoptées pour l’éclairage journalier de nos habitations; ces lampes sont certainement plus dispendieuses que les autres systèmes, et, même quand la distribution de l’électricité à domicile aura été organisée, le prix de revient de cet éclairage sera un obstacle à son emploi général : il ne pourra guère être adopté que dans les cas où. la question de dépense aura une importance secondaire. On le
- verra, par exemple, figurer chez de riches particuliers, comme cela a déjà lieu au château de M. Spot-tiswoode à Combe-Bank, ou dans des établissements publics, comme dans les installations projetées pour la Préfecture de la Seine. Il viendra cependant sans doute un jour où le besoin d’éclairages intenses se faisant de plus en plus sentir, la question d’argent deviendra relativement secondaire, et les lampes à incandescence pourront entrer plus franchement dans la pratique.
- Pour les grands espaces, l’éclairage de la salle du Congrès, à l’aide de lampes Swan, pouvait être pris comme type de ce que l’on peut obtenir dans ce sens. Là encore l’éclairage était amplement suffisant et bien équivalent à ce qu’on aurait obtenu avec une bonne distribution de becs de gaz. Il avait donc les avantages de ces derniers sans en avoir les inconvénients: réchauffement trop considérable de l’air et la production de gaz nuisibles. Les lampes à incandescence pouvaient même être éteintes et rail Limées instantanément avec la plus grande facilité, qualité précieuse dans certains endroits, dans les salles de cours et dans les théâtres, par exemple. A ce point de vue, les lampes à incandescence ont remporté un véritable triomphe le jour où, pendant la conférence faite par M. Mercadier devant la Société des ingénieurs télégraphistes de Londres, on a plusieurs fois fait la nuit dans la salle pour permettre de faire des projections avec la lanterne de Dubosq. Mais, à côté de ces avantages, on se trouve encore en présence de certains inconvénients. Sans parler de la dépense que nécessitent les lampes à incandescence, leur emploi pour l’éclairage d'un grand espace exige un grand nombre de fils, rend l’installation plus compliquée et multiplie les dangers de dérangements. En outre, au point de vue décoratif, l’effet produit nous paraît mauvais. Tout éclairage, en général, doit être envisagé surtout connue destiné à remplacer la lumière du jour; les appareils employés à le produire, tout en contribuant autant que possible à la décoration, ne doi-
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- vent pas la surcharger inutilement et il ne faut pas qu’ils occupent une place exagérée. Il est certain pour nous, par exemole, que le foyer de l’Opéra gagnerait beaucoup si l’œil en se levant, pour regarder les peintures du plafond, n'était ébloui par l’éclat de trop nombreux becs de gaz et si la salle était débarrassée de ses lustres trop encombrants. Un nombre modéré de foyers plus intenses, convenablement disposés et installés de manière à occuper peu de place, produirait à coup sûr un bien meilleur effet. La critique que nous luisons à propos de l’éclairage au gaz du foyer de l’Opéra s’applique encore davantage aux lampes à incandescence. La grande concentration du foyer lumineux produit sur l’œil un effet plus éblouissant que la flamme un peu étendue du bec de gaz et * la grande multiplicité de petits points brillants nuit à l’effet décoratif des peintures et autres ornements.
- A côté de ces questions d’éclairage public et privé, pour lesquelles l’emploi pratique des lampes à incandescence pure peut être discuté, il est quelques autres applications pour lesquelles ces lampes semblent appelées à rendre des services.
- La première qui ait été faite, et qui a déjà été signalée dans le numéro de la Lumière électrique du 20 août 1881, est l’application des lampes à incandescence au service des mines. On connaît les terribles accidents que causaient si fréquemment antrefois dans les mines de houille les explosions de grisou. La lampe de Davy à cheminée de toile métallique a diminué considérablement le nombre de ces explosions, mais elle ne les a pas supprimées, car on a toujours à compter avec l’imprudence des mineurs auxquels il arrive trop souvent d’ouvrir leurs lampes dans les galeries. Différentes dispositions adoptées pour rendre l’ouverture des lampes difficile 11e se sont pas montrées complètement efficaces et c’est pourquoi l’emploi des lampes à incandescence pure dans les galeries de mines présente de réels avantages. Dans la disposition adoptée pour cette application spéciale (voir la
- Lumière électrique, 1881, n° 53), la lampe est renfermée dans un globe en verre très épais et celui-ci est protégé à son tour par une sorte de cage formée de tiges de fer. Il n’y a donc pas à craindre que la lampe se brise et que le charbon incandescent venant au contact de l’air extérieur puisse être la cause d’une explosion de grisou. Un certain nombre de lampes peuvent être placées à poste fixe dans les galeries et l'emploi de conducteurs souples permet aisément de rendre les autres mobiles dans un rayon suffisant pour les besoins du travail.
- La deuxième des applications que nous signalons est de date plus récente ; elle consiste dans l’éclairage des trains de chemins de fer à l’aide des
- lampes à incandescence. Les expériences faites dernièrement à ce sujet ont déjà été signalées dans les faits divers du journal ; elles ont d’abord été faites dans un wagon-salon Pullman, qui appartenait à un train faisant le service entre la gare Victoria, à Londres, et la ville de Brighton; ce wagon était éclairé à l’aide de lampes Swan et le courant était fourni par des piles secondaires. En raison du succès de cette première expérience, on l’a étendue à un train tout entier et le Pullman Limited Express fait depuis quelque temps un service régulier avec des wagons éclairés électriquement sur la ligne de Lon-dres-Brighton et la côte Sud. Ces trains sont formés de quatre voitures, formant parloir, salon, restaurant et fumoir. L’éclairage est produit par des lampes Edison, en tout 29, ayant chacune une intensité d'environ un bec carceî. 80 accumulateurs que l’on charge tous les soirs au dépôt de Charing-Cross sont employés pour fournir le courant.
- L’éclairage électrique des wagons a de l’intérêt en ce sens que l’éclairage actuel à l’aide des lampes à huile usitées en France est manifestement insuffisant et que l’éclairage au gaz très employé en Angleterre présente les inconvénients qui peuvent facilement résulter de fuites dans les tuyaux. Avec l’éclairage électrique, on peut aisément faire l’installation de façon à pouvoir toujours compter sur
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- de bonnes communications et l’éclairage peut être rendu, très suffisant; enfin des arrangements ingénieux permettront de tirer un parti tout spécial de ce mode d’éclairage et de le rendre moins coûteux qu’il ne parait d’abord.
- Dans les trains de jour par exemple, on pourra distraire une petite partie de la force de la locomotive pour mettre en mouvement une machine dynamo-électrique et charger des accumulateurs; cette charge pourra être suffisante pour éclairer le train pendant le passage d’un tunnel et la facilité avec laquelle se font l’allumage et l’extinction des lampes, permettra de ne dépenser de courant que pendant le temps strictement nécessaire, sur les lignes où l’on rencontre des tunnels de place en place.
- On ne sera plus obligé, comme avec l’éclairage à l’huile, de laisser les lampes allumées pendant tout le trajet.
- Sur les navires également, où les mouvements du bâtiment nécessitent pour les différentes lampes . en usage l’emploi de suspensions à la Cardan, les lampes à incandescence auront l’a vantage de ne pas être influencées par ces mouvements et l’on se trouvera aussi à même de pouvoir produire facilement le courant nécessaire. Nous avons déjà eu occasion d’indiquer la mise en pratique de cet éclairage sur différents paquebots, tels que : The City of Paris, The City Richmond, le Servia, le Château-Léoville, etc.
- Nous signalerons enfin l’application de ces lampes pour l’éclairage sous-marin dans les travaux des scaphandres. Les lampes à oxygène comprimé de M. Denayrouze constituaient déjà un. grand progrès dans ce sens, mais l’emploi de gaz fortement comprimé peut provoquer des explosions dangereuses. Avec les lampes à incandescence, on n’a plus à craindre ce danger et un câble souple bien construit permet de s’en servir en toute sécurité et avec la plus grande facilité.
- Dans la salle de buffet, faisant partie de son Exposition, M. Swan avait exposé des tableaux représentant les. trois applications que nous venons de
- signaler. Nous reproduisons ces tableaux dans les fig. i, 2 et 3. La fig. i, relative à l’application aux mines, indique l’emploi des lampes suspendues et celui des lampes portatives. La fig. 2 montre un compartiment de wagon assez bien éclairé par une lampe Swan pour que les voyageurs puissent lire. Enfin la fig. 3 représente l’application de ces lampes aux opérations sous-marines, et montre comme une chose actuellement possible, ce qui, il y a quelques années, n’était qu’une fantaisie imaginée par Jules Verne dans ses Vingt mille lieues sous les mers.
- Ces applications secondaires des lampes à incandescence pure sont peut-être destinées à prendre
- une certaine importance , car c’est surtout là où un appareil rend de réels services er remplit un but que remplissaient mal les appareils précédemment em -ployés, qu’il est appelé à réussir. Tel est le cas de l’application aux mines et aux travaux sous-marins. Pour les navires, il est certain que des appareils électriques d’autres systèmes ne seraient pas influencés par les mouvements de roulis et de tangage, et pourraient aussi être employés. On a vu, par exemple, à l’Exposition, M. Serrin faire fonctionner ses régulateurs dans les positions les plus singulières ; mais, sur les navires, on a à éclairer un certain nombre de petits espaces, et l’emploi des lampes à incandescence pure se trouve alors indiqué. Il est probable que l’on trouvera encore pouf ces lampes d’autres applications spéciales du même genre, pour lesquelles elles présenteront des avantages particuliers, et que ces applications ne se borneront pas à celles que nous avons citées. &
- Nous ne voulons pas dire par là que l’emploi des lampes à incandescence pure doive être limité à ces applications toutes spéciales. A côté de celles-ci, il trouvera, à être appliqué, dans des conditions données, pour les usages généraux.
- C.-C. Soulages.
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- RECHERCHES
- SUR LA
- LA TORSION, LA FLEXION
- ET LE MAGNÉTISME PAR M. G. WIEDEMANN
- A l’occasion des remarquables travaux de M. Hughes sur le magnétisme moléculaire, M. G. Wiede-mann nous a rappelé qu’il s’était lui-même occupé de cette question, et qu’il avait publié plusieurs mémoires, dont un, en français, qu’il nous envoie et que nous croyons devoir faire connaître à nos lecteurs, car tout ce qui se rattache à la question du magnétisme est d’un très grand intérêt, en raison de l’obscurité qui entoure encore cette partie de la science.
- Tu. du M.
- Quelques, expériences, dit M. Wiedemann, m’avaient démontré qu’il pouvait exister une liaison intime entre les mouvements moléculaires qui accompagnent les changements de forme des corps produits par des forces extérieures et ceux qui ont lieu dans le fer et l’acier pendant leur aimantation.
- Pour mieux étudier cette analogie j’ai d’abord entrepris quelques recherches sur la torsion des fils et la flexion des verges.
- I. Torsion.
- Un fil de laiton ou de fer, antérieurement chauffé au rouge pour lui ôter toute torsion inhérente, a étéfixé par son extrémité supérieure entre deux plaques de laiton vissées l’une contre l’autre. L’extrémité inférieure du fil portait une pince de laiton qui s’adaptait à l’axe d’une plaque horizontale et circulaire en laiton. Au-dessous de cette plaque l’axe était terminé par une pointe line en acier, qui jouait dans un petit support en agate polie. Une pièce de fer, également fixée à l’axe de la plaque et courbée en demi-cercle autour du support en agate, portait en bas une tige en laiton, placée dans la même ligne que Taxe. Le bout inférieur de cette tige était chargé par des poids (6 kilog.) servant à tendre le fil. Le bord de la plaque circulaire était un peu creusé ; un lil de soie très-forte faisait plusieurs fois le tour de la plaque, et après avoir passé sur une roue mobile disposée dans un plan perpendiculaire à celui de la plaque était tendu verticalement par un poids. On pouvait ainsi donner une torsion temporaire au fil métallique. En enlevant les poids, le fil revenait à son état initial, ou du moins ne gardait qu’une faible tension permanente. La torsion temporaire était mesurée par un index qui
- jouait sur le bord de la plaque circulaire divisée en degrés; la torsion permanente, par un miroir fixé à l’axe de la plaque dans lequel on pouvait observer, au moyen d’une lunette, une échelle divisée en millimètres et placée à une distance de 600 à 1 200'““ du miroir. Après avoir donné au fil une torsion permanente assez forte, on plaçait l’autre bout du fil de soie sur la roue, et on le chargeait également par des poids. De cette manière le fil tordu se détordait, et l’on pouvait observer le degré de la torsion temporaire et permanente. On employait un appareil spécial pour adapter sans secousse les poids au fil de soie, de façon à ce qu’ils ne produisissent que peu à peu leur effet de torsion; sans cela l’on n’aurait pas obtenu des résultats constants. La torsion et la détorsion des fils se faisait à plusieurs reprises, jusqu’à ce que les valeurs trouvées pour les mêmes charges dans les séries d’observations consécutives fussent toujours les mêmes.
- Les résultats obtenus de cette manière ont été les suivants :
- i° Lorsqu’un fil est tordu pour la première fois par des poids, les angles de la torsion temporaire s’accroissent plus vite que les poids.
- 20 La torsion permanente s’observe déjà aux moindres charges, et s’accroît bien plus vite que les poids. Ces deux résultats ont été déjà obtenus par M. Wertheim.
- 3° Un fil tordu étant détordu par des poids, la diminution de la torsion permanente est d’abord un peu plus lente que l’augmentation des poids. Pour obtenir la détorsion complète du fil, on n’a besoin que d’un poids inférieur à celui qui avait produit la torsion du fil.
- 40 Lorsque, après la détorsion, on tord et détord le fil de nouveau, les torsions permanentes ne s’accroissent plus aussi vite que la première fois ; elles deviennent peu à peu presque proportionnelles aux poids. Toutefois, pour des poids peu considérables, elles sont plus grandes qu’à la première torsion, mais la torsion maximum, obtenue par le plus grand poids diminue jusqu’à une certaine limite. En même temps, le poids qui réduisait la torsion permanente du fil à zéro lorsqu’il avait été tordu pour la première fois, n’y suffit plus. En employant ce même poids, on observe que le fil garde un résidu de torsion permanente qui s’accroît jusqu’à une certaine limite. Ainsi les changements permanents dans l’état de torsion du fil produits par l’effet réitéré des poids tordants et détordants -{- A et — B diminuent peu à peu.
- 5° Un fil tordu, qui a été détordu par le poids — B ne peut acquérir une torsion permanente dans un sens opposé à celui de la première torsion ni par l’effet répété du poids — B, ni par celui d’un poids moindre que — B. Cependant ces mêmes poids, employés dans le sens initial ( -)— B ), don-
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- nent au fil une torsion permanente plus ou moins considérable.
- 6° Un fil qui, ayant reçu une torsion permanente quelconque A (elle peut être nulle), a été tordu par une force K jusqu’à la torsion permanente B, et qui ensuite a été détordu par une force opposée jusqu’à la torsion C, comprise entre A et B, ne peut être ramené à sa torsion primitive A que lorsqu’on le soumet encore une fois à la force K.
- 7° La torsion temporaire d’un fil qui est encore sous l’influence de la force de torsion est augmentée par des secousses; elles diminuent sa torsion permanente. Un fil qui a été tordu et puis détordu par des poids se tord de nouveau par des secousses dans le sens de sa première torsion.
- Pour déterminer l’influence de la chaleur sur la torsion des corps, j’ai fixé verticalement des tiges d’acier de 2mm d’épaisseur, de 7““, 5 de largeur et de 56omm de longueur par leur extrémité inférieure dans une pince. Un fil attaché à leur extrémité supérieure et passant sur une roue, les maintenait dans la position verticale. A la partie supérieure des tiges on avait fixé un miroir dans lequel on observait la torsion au moyen d’une échelle divisée en millimètres et d’une lunette. Un levier adapté à la même extrémité des tiges servait à les tordre ; enfin elles étaient entourées d’un cylindre en tôle, par lequel on pouvait faire passer un courant de vapeur d’eau ou d’eau froide. Après avoir donné aux tiges une torsion permanente, on faisait varier leur température et on observait les changements de leur torsion. Les observations offrent quelques difficultés et ne sont pas très exactes à cause des changements lents (Elastische Nachwirkung) qu’éprouve la torsion des barres encore longtemps après que les forces de torsion ont cessé d’agir, surtout pour des températures élevées, et à cause des petites secousses qui accompagnent toujours les variations de température et qui par elles-mêmes ont une influence sur la torsion des tigres. Neanmoins on peut tirer des observations les conclusions suivantes :
- 8° La torsion permanente d’un fil tordu à la température ordinaire est diminuée par la chaleur. Par le refroidissement le fil se tord de nouveau quelque peu. Des changements de température consécutifs ont le même effet; seulement il est moins considérable. Les variations de la torsion augmentent avec la grandeur de la torsion elle-même.'
- 90 Un fil tordu à une température plus élevée perd une partie de sa torsion par le refroidissement. Le fil étant chauffé de nouveau, il en perd de nouveau et en reprend une partie par le refroidissement.
- Ces phénomènes ne s’observent que dans les barres un peu épaisses et qui ne sont pas très fortement tordues, parce que dans les barres minces et fortement tordues les changements lents de la torsion
- peuvent bien surpasser par leur effet celui de la variation de la température.
- io° Un fil tordu et puis détordu perd une partie de sa torsion par réchauffement. Cette perte varie en sens inverse de la grandeur de la détorsion du fil. Par le refroidissement le fil se tord de nouveau. La torsion qu’il acquiert de cette manière est plus petite que la torsion du fil après sa première détorsion si la détorsion a été petite ; elle est plus grande, si la détorsion a été considérable.
- (A suivre.) G. Wiedemann.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Historique du procédé de cuivrage direct de la fonte.
- Nous avons indiqué dernièrement les procédés de M. Weil pour le cuivrage direct de la fonte. La priorité de ces procédés ayant été contestée à M. Weil, il a adressé à M. le président de l’Académie des Sciences une lettre dont l’extrait suivant donne des détails intéressants au point de vue de l’histoire de cette branche d’industrie :
- «... Mes brevets datent de i863. Les produits
- « qui ont été mis récemment sous les yeux de l’Aca-
- « démie ont figuré à l’Exposition de Bordeaux, en
- « i865, et à l’Exposition universelle de Paris, en
- « 1867. Les procédés ont été décrits dans les A11-
- « nales de Chimie et de Physique, en i865. Les
- « bains spécifiés dans mes brevets sont des bains
- « renfermant des sels de cuivre à acides orga-• £>
- « niques, tels que les acides tartrique, racémique,-
- « citrique, oxalique, etc.; ou des matières organi-
- « ques neutres, telles que la glycérine, et des sels
- « alcalins formés par ces acides, avec excès d'al-
- « cali.
- « Les bains brevetés par le Yal-d’Osne, en 1872 « et 1873, sont des bains renfermant des sels de « cuivre à acides organiques, tels que : acides « tartrique, citrique, oxalique, etc.; des sels alca-« lins et un excès d'acide, quand ils n'attaquent « point trop fortement le fer.
- « La seule différence entre nos brevets est donc « que je n’emploie pas, et pour cause, d’excès « d’acide attaquant le fer, tandis que mes bains « alcalino - organiques dissolvent seulement la « rouille.
- « J’exécute le cuivrage par l’intervention d’un « faible courant électrique, produit par le couple « fer-zinc et cuivre-zinc, ou bien, pour les fortes « épaisseurs, à l’aide d’une pile, et, depuis 1869, à « l’aide d’une machine magnéto-électrique. C’est
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- « absolument à l’aide des mêmes moyens que le « Val-d’Osne opère.
- « C’est seulement depuis l’Exposition universelle « de 1878, époque de l’expiration de mes brevets « de i863, que j’ai pris connaissance, ainsi que le « public,, des échantillons de cuivrage obtenus par « le Val-d’Osne.
- « J’ai fait figurer, à la récente Exposition d’élec-« tricité, parmi mes produits nouveaux, des fontes « déjà cuivrées par moi en i865 (entre autres le « buste de la Dubarry), ainsi que des pièces cui-« vrées à forte épaisseur, de 186g à 1872, par « M. Auguste Achard, au moyen de mes bains et « de sa machine magnéto-électrique. J’ai voulu dé-« montrer ainsi la parfaite résistance aux intempé-« ries des fontes cuivrées selon mes procédés, pen-« dant quinze années, et constater mes droits à la « priorité. Que le Val-d’Osne ou d’autres indus-« triels emploient mes procédés de cuivrage, rien « de mieux. Depuis décembre 1878, mes brevets « appartiennent au domaine public.
- « Mais je maintiens mes droits à l'invention,
- « que j’ai perfectionnée avec persévérance. Cette « invention a été appliquée, dans notre pays, sur « une petite échelle ; mais elle a reçu une extension « plus grande à l’étranger, notamment en Alle-« magne et en Hongrie, comme l’attestent, entre « autres, quelques candélabres de l’éclairage public « de la ville de Pesth, établis en 1872.
- « Le moyen d’exécution de mon procédé, qui « doit être employé de préférence pour la plupart « de ses applications industrielles, consiste dans « l’emploi d’une machine magnéto-électrique ou « dynamo-électrique. Ce moyen, qui est le dernier « perfectionnement apporté à mon procédé, n’a été « appliqué qu’à Paris (à partir de 186g) et non pas « à l’étranger. »
- La pile à auges de Thomson.
- La forme que sir William Thomson a donnée à la pile Daniell sans vase poreux, est connue depuis quelques années; elle n’a cependant pas été décrite dans La Lumière électrique. L’Exposition Internationale d’Electricité, où figuraient plusieurs modèles de cette pile, nous offre l’occasion d’en donner ici la description.
- Chaque élément de cette pile se compose d’une auge carrée en bois A d’environ 40 centimètres de côté, garnie à l’intérieur d’une feuille de gutta-percha. Sur le fond de la boîte est une lame de cuivre C formant le pôle positif de la pile. Des cales en bois, placées sur la lame de cuivre supportent une sorte de gril en zinc Z, constituant le pôle négatif. Sur le fond de l’auge, on place du sulfate de cuivre en petits cristaux, et on charge l’élément avec une solution de sulfate de zinc de densité 1,10.
- Lorsqu’on veut réunir en tension un certain
- nombre de ces éléments, on les empile comme le montre la figure ci-jointe; un des quatre appendices que porte à scs coins chaque gril de zinc appuie sur une petite lame de cuivre qui se détache du fond de l’élément placé immédiatement au-dessus; cette petite lame passe par dessus le bord de l’auge et vient faire contact à sa partie inférieure avec le zinc.
- Pour entretenir la pile en fonctionnement, il faut avoir soin d’ajouter de temps en temps des cristaux de sulfate de cuivre, et aussi de remplacer, par siphonnement la partie supérieure du liquide, afin que cette partie, qui est une solution de zinc, ne devienne pas plus dense que la solution de sulfate de cuivre placée au-dessous.
- Quelquefois on enveloppe le zinc d’une sorte d’auge en papier parchemin pour empêcher le mé
- ange des liquides mais cette précaution n’est pas nécessaire.
- La pile de Sir.William Thomson présente cet avantage qu’elle a une faible résistance, et par conséquent peut être employée dans des cas où les piles Daniell ordinaires doivent être écartées en raison de leur grande résistance. C’est ainsi que M. Bréguet a pu s’en servir pour faire fonctionner des bobines d’induction de moyenne grandeur.
- Fanfare d’Ader.
- Comme nous l’avons dit plus d’une fois, la fanfare d’Ader est arrivée à reproduire, avec des sons très retentissants, un quatuor de cors de chasse sous la seule influence de chants de chasse fredonnés dans des espèces de microphones disposés un peu comme ceux des condensateurs chantants. Nous représentons dans la figure ci-dessous les quatre récepteurs qui produisent ces effets si remarquables; chacun d’eux est muni, comme on le voit, d’une trompette dont l’anche est sans doute reliée au diaphragme vibrant. Quelle est la disposition intérieure
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- du système? Nous ne le savons pas; car, jusqu’à présent, l’inventeur en a fait un mystère, mais ce que nous savons, c’est que les sons produits aux transmetteurs sont notablement amplifiés sur ces petits récepteurs, et c’est le seul exemple d’un microphone qui amplifie notablement les sons transmis par l’air au transmetteur. Le microphone, dans ces conditions, comporte bien le nom qui lui a été donné, et joue bien alors, par rapport aux sons, le même rôle que le microscope par rapport à la vue des objets. En ce moment, l’appareil ne s’applique qu’à la reproduction des sons musicaux,
- mais M. Ader compte bien appliquer son principe à la reproduction de la parole dans toute une pièce, de sorte que l’on n’aura plus besoin de porter aucun instrument aux oreilles. Il fait remarquer, à l’appui de ses espérances, que tous les téléphones qui parlent aujourd’hui ont commencé par chanter, depuis le téléphone de Reiss jusqu’au condensateur chantant. Or, si on arrivait à développer la parole avec le volume de son de sa fanfare, la plupart des sourds pourraient entendre, et au lieu d’avoir des appareils téléphoniques, on aurait des chambres^ou bureaux téléphoniques, dans lesquels
- FANFARE D’ADER A L*EXPOS[TION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- on échangerait une conversation, à telle distance qu’il conviendrait, sans se déranger de son fauteuil. Il y aurait dans cette découverte de quoi mettre en verve les poètes et les nécromanciens, car dans ce colloque à voix haute, n’ayant pour acteur qu’une seule personne, et échangé à une distance pouvant être considérable, on serait tenté de voir une adjuration aux esprits des ténèbres, et les contes d’Hoffman.i pourraient bien être alors au-dessous de la réalité...
- Mais reprenons notre sérieux et disons que nous ne comprenons pas le mystère qu’on veut faire autour de cet appareil qui peut-être restera toujours un simple instrument de curiosité. Le mystère en matière de science ne se comprend plus aujourd’hui que chez les prestidigitateurs.
- Un nouvel Accumulateur
- Dans un mémoire lu le 15 décembre à la Royal Society, dit Y Engineering, M. Henry Sutton, de Ballarat, Victoria, a fait connaître quelques expériences qui Font conduit à la construction d’une nouvelle pile secondaire. Il a découvert ce fait important, que l’emmagasincment de l’électricité dans des accumulateurs à lames de plomb est facilité par l’amalgamation de la lame positive. Son idée était de se servir comme plaque négative d’un métal dont l’oxyde fût soluble dans le liquide employé et put s’en déposer ensuite. Avec le plomb amalgamé comme lame positive, il s’est servi de lames négatives de zinc, de fer et de cuivre, le liquide étant dans chaque cas un sel du métal qui formait l’élec-
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- trode négative. Toutes ces combinaisons ont donné de bons résultats, mais les meilleurs ont été obtenus avec une lame de plomb amalgamé comme électrode positive et une lame de cuivre comme électrode négative, le liquide étant une solution de sulfate de cuivre. . Les deux lames sont percées d’un certain nombre de trous ,puis roulées en spirales et tenues à distance par des lames de caoutchouc coupées de douze en douze centimètres. Les trous dans les lames de plomb et les coupures dans les caoutchoucs sont destinés à assurer la circulation du li quide. Pendant la charge, l’oxygène provenant de la décomposition du liquide se combine avec le plomb et forme un dépôt uni de peroxyde insoluble; l’hydrogène se substitue au cuivre du sulfate et le cuivre se dépose sur la lame négative. Pendant la décharge, le plomb est réduit de nouveau et le cuivre s’oxyde; l’oxyde de cuivre se dissout dans le liquide en se combinant avec l’acide pour former du sulfate de cuivre. La puissance de cet élément est considérable et il est, dit-on, très constant : il peut être maintenu en action pendant quatre heures et la durée de son action dépend de la quantité de sulfate de cuivre décomposé. Par la décomposition et la recomposition d’un demi litre de solution de sulfate de cuivre, M. Sutton a obtenu plus de deux heures de travail effectif et réchauffement au rouge d’un fil de platine de io centimètres de long et de o mill. 52 de diamètre; l’élément secondaire avait io cent, de hauteur et io cent, de diamètre. La présence de cristaux de sulfate de cuivre dans l’élément empêche l’oxydation du plomb amalgamé, car il faut que le liquide soit légèrement acide avant l’oxydation du plomb. Pendant la charge, l’élément fait entendre un bruit particulier, dû peut-être à ce que le dépôt de cuivre sur la lame négative change la forme de la spirale. M. Sutton construit une forme pratique de son élément sur le modèle de la pile à auges de Cruikshank. L’espace entre les paires de lames est rempli de liquide; on charge la batterie avec un courant de tension suffisante pour vaincre sa force contre-électromotricc ; les lames positives s’oxydent et le cuivre se dépose sur les lames négatives. Avec deux boîtes de vingt-cinq lames chacune, chargées à l’aide trente éléments Bunsen, on obtient des courants très puissants. Quand on opère sur un certain nombre de ces boîtes de vingt-cinq lames, on peut les charger en quantité et les décharger en tension. Vingt de de ces boites d’un pied carré de section, accouplées en série, forment une pile de cinq cents éléments ayant chacun un pied carré de surface par lame. Il faut remarquer que M. Sutton n’a pas pris de brevet.
- Il serait à désirer que les bonnes qualités que l’on prête à cet accumulateur fussent vérifiées par l'expérience car ces appareils sont certainement appelés à rendre des services dans l'industrie élec-
- trique. Il serait possible que dans ce cas, il en soit ainsi, car la formation du sulfate de cuivre pendant la décharge introduit dans l’élément une nouvelle source d’énergie.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le Directeur,
- Mon attention vient d’être attirée sur un article de M. Ge-raldy, publié dans le n° 77, sous le titre « La notion de la résistance ». M. Geraldy a bien voulu citer mon nom à propos de mes recherches sur l’accroissement de résistance intérieure des machines en marche, communiquées à l’Institut en juin 1880 par M. le comte du Moncel. Il me parait nécessaire de rectifier deux points de cet article, susceptibles d’induire en erreur les lecteurs du journal; je dois donc faire remarquer que :
- i° La proportion d’accroissement de résistance intérieure que j’ai signalée, c’est-à-dire 25 °/0 d'accroissement pour un anneau Gramme A à l’allure de 45o tours par minute, est actuellement hors de toute contestation ;
- 2° Cet accroissement ne peut pas être mis sur le compte d'une modification dans le contact des balais, ce qui serait un effet du genre de ceux signalés par M. Lacoine, et cités page 42S du n° 77.
- i° Au Congrès officiel des électriciens, à propos d’une nouvelle méthode que je donnais pour calculer les résistances intérieures des machines en marche, j’ai été conduit à dire un mot de ces augmentations de résistance. M. Joubert, craignant un malentendu théorique, a fait observer que l’augmentation apparente de résistance devait être attribuée à des effets d’induction dépendant du nombre des torons de la machine. J’ai répondu que j’avais voulu m’abstenir de toute appréciation théorique, mais que, les machines se comportant comme si leur résistance intérieure augmentait, il me paraissait plus simple de faire subir à la résistance intérieure la correction additive qui permettait alors d’appliquer exactement aux machines les formules usuelles de Ohm ët de Joule. M. Joubert a parlé d’une formule (qu’il n’a pas citée), qu’il préférait introduire dans le calcul. Le procès-verbal officiel s’exprime en ces termes : «- Celle formule, simple d’ailleurs, a été appliquée par l’orateur aux expériences memes de M. Cabanel/as, et lui a fourni des résultats complètement d’accord avec ceux de M. Cabanellas. »
- Ainsi, non seulement ces chiffres sont le résultat de nombreuses expériences exécutées avec soin dans les ateliers de MM. Sautter-Lemonnier, avec le concours et le contrôle de M. l’ingénieur Sacquet, mais, de plus, mes chiffres ont la bonne fortune d’avoir été vérifiés par M. Joubert qui, par un autre procédé, est arrivé à des résultats complètement d’accord avec les miens.
- 20 M. Geraldy, qui estime, à priori, trop considérable l’accroissement de 2S °/0, puis qui veut rapprocher cet accroissement des accroissements si.considérables trouvés par M. Lacoine, pourra, en tout cas, pages 1346 et 1347 du n° 23 des Comptes-Rendus des séances de l’Académie des Sciences, se convaincre de ce fait, que je m’étais, dès le principe, préoccupé de l’influence personnelle que pouvait avoir, dans l’ensemble du phénomène que j’étudiais, le contact effectif des balais pendant le mouvement du collecteur.
- En effet, page 1347, lignes 23, 24 et 25 se trouvent les phrases : « la constitution de l’anneau paraît être la seule « cause dominante. J’ai isolé l’influence des balais qiii 11'en-« traîne que des différences d’ordres secondaires. »
- Pour ne pas trop allonger ma communication à l’Académie, e n’étais pas entré dans le détail de cette partie de mon
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- travail, mais je peux le faire ici. L/influence attribuable aux balais et à leur mode effectif de contact n’atteignait pas i %• Voici comment je procédais : aussitôt après une série d’expériences à l’allure de 450 tours, avec diverses résistances extérieures additionnelles, intercalées soit entre mes deux anneaux, soit hors de ces anneaux, je stoppais, et, pour supprimer la résistance et l’influence des torons de la machine, j’enroulais rapidement quelques tours, d’un fil de cuivre nu bien décapé, sur le collecteur, hors du passage des balais. J’observais la résistance, puis je remettais de suite en marche à l’allure étudiée et je reprenais la série de mesures en marche. En agissant ainsi, il est clair que la différence de ces deux résistances au repos et eu marche me donnait la part d’accroissement imputable, pendant la marche, aux balais et à leurs défectuosités de contact avec le collecteur.
- Je n’ai pas à apprécier les expériences de M. le docteur d’Arsonval dont je ne connais ni les chiffres ni le dispositif. M. Marcel Deprez, sans être plus explicite, a parlé, au Congrès, des expériences de M. d’Arsonvàl; M. Joubert, mon contradicteur, lui a fait observer qu’il n’y avait pas moyen de mettre en doute les chiffres d’accroissement cités par moi puisqu’il les avait vérifiés.
- Quant aux expériences de M. Lacoine, je n’ai aucune raison d’en contester les résultats, qni me paraissent être la conséquence des conditions dans lesquelles il s’est placé, je remarque d’abord que M. Lacoine, au lieu de deux*balais en fils de cuivre, emploie deux ressorts d’acier, bien différents et plus nuisibles sous le rapport de l’état vibratoire qu’ils peuvent prendre pendant le mouvement. Je remarqne aussi que les allures de M. Lacoine varient de 2000 à plus de 5ooo tours, les miennes étant de 450 tours.
- Ainsi, je 11e conteste pas les résultats numériques de M. Lacoine, seulement je trouve qu’il n’est pas légitime de voir dans ces résultats l’explication de l’accroissement de résistance intérieure des machines en marche. D’abord, j’ai prouvé nettement, plus haut, que cette explication ne rend pas du tout compte du phénomène pour l’anneau Gramme à q5o tours, et, du reste, M. Lacoine a observé que, lorsqu’il augmentait la pression de ses deux ressorts d’acier, les effets d’accroissement de la résistance diminuaient, même jusqu’à supprimer toute action microphonique dans son téléphone de contrôle. Dès lors, quelle conclusion positive est-il permis de tirer des chiffres qu’il cite, si ce n’est que son dispositif de balais (nature et pression) 11’était pas satisfaisant au moment où les chiffres cités ont été observés. Certes, il est regrettable que cette explication ne soit pas la vraie, car alors, il serait possible, par une disposition judicieuse de prise du courant, d’affranchir les machines actuelles à collecteurs de cette cause d’abaissement de leur rendement, tandis qu’il faut s’y résigner parce que cet effet est inhérent au système de constitution des éléments induits.
- En terminant, je ferai aux préoccupations de M. Geraldy sur le trouble que peut apporter dans les idées l’expression « Augmentation de résistance intérieure de machines en marche », la réponse que j’ai faite à M. Joubert : que cette expression est certainement sans danger puisque les travaux de MM. Jamin et Roger sur les machines alternatives de l’Alliance, l’ont déjà acclimatée depuis longtemps dans la science- (Tome 66 des Comptes Rendus de l’Académie des Sciences.)
- Enfin, il 11’est pas inutile de faire remarquer aux expérimentateurs que, non seulement il est plus simple d’appliquer à la résistance intérieure l’accroissement qui permet ensuite d’utiliser les formules usuelles de Ohm et de Joule, mais que ce procédé est en outre le plus rigoureux, le plus exact, ainsi qne je vais le montrer :
- En effet, lorsqu’une machine fonctionne normalement, elle est à un certain régime d’allure et d’intensité de circulation électrique. De ce régime établi résulte un certain équilibre de température du fil intérieur qui affecte également sa résistance. En sorte qu’il faudrait faire intervenir au moins
- deux corrections avec leurs deux causes d’erreur, tandis que le moyen que j’ai donné au Congrès international permet (sans qu’il soit besoin de deux machines du type et sans démonter l’appareil) de totaliser expérimentalement toutes les différentes influences efficientes, y compris celle de la température du fil intérieur.
- Veuillez agréer, etc.
- . Gustave Cabanellas.
- 3i décembre 1881.
- Monsieur le Directeur,
- A propos de l’article « Bruits téléphoniques », page 3y3 du n° du 17 courant de votre excellent journal, permettez-moi quelques observations qui peuvent offrir un certain intérêt :
- Il n’est pas nécessaire, comme il est dit dans cet article, que les lames formant les extrémités d’un circuit téléphonique soient de métaux différents, pour que des bruits soient perçus dans le téléphone; il est aisé de s’en convaincre par de très faciles expériences.
- Si, en effet, on chauffe dans la flamme d’une lampe à alcool l’extrémité d’un des fils de cuivre d’un circuit téléphonique, et si on frotte cette extrémité avec l’autre extrémité (du fil de cuivre aussi), on entendra dans le téléphone un grésillement bien marqué.
- La même chose a lieu si les deux extrémités sont terminées par des fils de fer ou tout autre métal, ou par des charbons de cornue.
- De même, si on réunit à l’un des fils d’un circuit téléphonique deux morceaux de métal identique, cuivre, fer, ou autre, ou deux morceaux de charbon de cornue, que l’on sépare par une goutte d’eau, chaque fois que l’on touchera ce système avec l’extrémité libre du circuit téléphonique, on entendra un crépitement dans le téléphone.
- De même encore, si dans un verre d’eau l’on immerge, sans qu’elles se touchent, les deux extrémités du circuit, et si au sein de l’eau on frotte l’une de ces extrémités avec une tige de métal identique, le grésillement aura lieu dans le téléphone, quoique la nature des métaux soit semblable, fer, cuivre ou autre.
- Ce n’est donc pas le contact de métaux différents qui produit ici des courants électriques.
- Je n’ose vous soumettre les considérations à la suite des-' quelles j’ai été conduit, il y a plus d’un an, à faire ces expériences; permettez-moi d’ajouter seulement, que ces mêmes considérations m’avaient amené à un certain nombre d’autres essais qui ont réussi, par exemple les suivants :
- Si on fait vibrer un diapason et si on l’approche d’un corps léger, par exemple un petit fragment de feuille à dorer, ce fragment est porté sur le diapason et y reste collé tant que celui-ci est en vibration.
- Si on arrête les vibrations, le fragment tombe aussitôt. Bien entendu, le diapason est tenu à la main, et il ne peut être question ici d’attraction électrique ou magnétique.
- L’expérience réussit également bien en approchant le diapason d’un morceau de moelle de sureau ou mieux de charbon de moelle de sureau, flottant à la surface de l’eau. Le morceau de charbon est pousse vers le diapason.
- Un corps quelconque, placé dans le voisinage d’un autre corps quelconque aussi, mais porté à une température supérieure, est poussé vers ce dernier et se porte sur lui, s’il est suffisamment mobile et s’il 11’est pas retenu par un obstacle.
- Veuillez agréer, etc.
- C11. Weyiier.
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- FAITS DIVERS
- MM. Ayrton et Pcrry adressent au Times une lettre sur la question des chemins de fer électriques. L’objet de cette lettreest.de démontrer que Félcctricité peut être employée pour transmettre l’énergie des trains, sur une ligne d’une longueur de 200 milles, cette ligne étant divisée en sections isolées les unes des autres, et disposées de telle sorte qu’il y a complète impossibilité pour deux trains à circuler eu même temps sur la même section.
- La catastrophe devienne a déjà donné lieu, dans plusieurs villes, à des enquêtes relativement aux mesures à prendre pour prévenir les incendies ou les combattre dans les théâtres. A Birmingham, le surintendant Tozer, chef de la brigade d’incendie, recommande entre autres précautions à prendre l’installation de communications téléphoniques avec les stations centrales d’avertissement d’incendie.
- L’exposition du Crystal-Palace se complète peu à peu, mais ce n’est guère que vers la fin du mois actuel que tous les objets seront installés. Les grandes Compagnies d’éclairage mettent en place leurs machines à Vapeur. Quelques-unes pourtant n’ont pas encore terminé les travaux de fondations. Les Compagnies Electric Light and Power Generator, Maxim, Weston, M. Strode, M. Gramme, de Paris; MM. Ro-watt and Pyle et Crompton sont très avancés. Les lumières Brush, sous la direction de M. Hammond* sont déjà installées; il en est de même pour MM. Siemens, Lontin et la Société générale d’électricité. La British Electric Light Company, qui a obtenu une médaille d’or à l’Exposition de Paris, aura à Sydenham 26 lampes Brockie et de nombreuses lumières à incandescence.
- Les autorités du Département de la guerre ont informé les organisateurs de l’exposition de Crystal-Palace de leur intention d’exposer un ensemble des appareils électriques adoptés aujourd’hui dans les services militaires de la Grande-Bretagne. Dans une récente assemblée de la Société des ingénieurs télégraphistes, le professeur Abel a fait remarquer à ce propos que l’Angleterre était en réalité à la tête des autres nations pour les applications électriques dans les opérations militaires.
- Saint-Pétersbourg doit avoir son exposition électrique; c’est la Société technique qui s’occupe de son organisation, et déjà de nombreux fabricants d’appareils pour l’clectricité et plusieurs inventeurs russes ont promis leur concours.
- Un système d’horloges électriques vient d’être étudié pour Gênes, et il est en ce moment en pleine exécution. Les horloges sont disposées sur cinq lignes distinctes, qui partent toutes du palais municipal. La première, avec sept horloges, va au quartier dit Porta-Lanterna; Ja seconde, avec neuf horloges, auMolo Vecchio; la troisième, avec neuf horloges, au Carignano; la quatrième, avec neuf horloges, au palais Tommaseo; et la cinquième, avec cinq horloges, à la place Manin.
- Éclairage électrique
- L’hôtel de ville de Berlin va être éclairé par l’électricité. C’est la maison Siemens qui s’est chargée de cette installation d’essai. On éclairera d’abord avec des appareils Siemens la salle appelée des Donateurs (Donaiorensaal).
- Quinze lampes à incandescence y seront aussi installées et l’on croit que cet essai décidera l’assemblée des conseil-
- lers municipaux à adopter également l’éclairage électrique pour la grande salle des séances qui est contiguë à celle des Donateurs.
- Une nouvelle Compagnie d’électricité vient d’être fondée. C’est la Compagnie belge et hollandaise d’électricité, dont le siège est à Bruxelles. Cette Compagnie se propose de fournir la lumière électrique cil Belgique et en Hollande. Son capital est de cinq millions de francs, divisé en 20000 actions. Elle possède les brevets belges de Faure, Julien et Reynier.
- A Londres, plusieurs édifices et établissements publics sont depuis quelque temps éclairés par l’électricité. Des cercles de la métropole vont être prochainement éclairés par le même procédé. On annonce que les comités des clubs de l’Athe-nœum (cercle des savants situé dans Pall Mail) et de la Rel'orm (cercle des membres du parti libéral ou whig situé également dans Pall Mail) ont décidé d’introduire la lumière électrique dans les salles des bibliothèques.
- A la Royal Institution, dans Albemarle Street, Piccadilly, on inaugure à partir du rjr janvier l’éclairage électrique de la bibliothèque de cette Société. On s’attend à ce qu’un grand nombre d’autres institutions de Londres, entre autres l’Institut Britannique, la Société des artistes anglais, l’Institution des ingénieurs civils, la Société de géographie, suivent le même exemple.
- A Victoria, capitale de la Colombie anglaise (Amérique du Nord), la Compagnie Brush vient d’installer des foyers électriques.
- MM. Hammond et Cia vont, annonce-t-on, éclairer par l’électricité les bassins du port de Grimsby, dans le comté de Lincoln. O11 se servira pour cet éclairage de la lumière Brush.
- Les avis du Canada portent que de nouvelles propositions viennent d’être faites pour éclairer par l’électricité la ville d’Ontario.
- La lumière électrique est maintenant de plus en plus adoptée en Angleterre pour l’éclairage des travaux de construction ou de démolition d’édifices. A Leeds, le grand magasin d’outils de MM. Fowler ayant été brûlé, les propriétaires ont aussitôt télégraphié à MM. Hammond et Ce pour les prier d’installer des foyers Brush afin de faciliter les travaux de déblaiement pendant la nuit. Quarante-huit heures après la réception de la dépêche, les lampes Brush brûlaient au-dessus des ruines.
- La Compagnie Brush est en train d’installer un certain nombre de lampes dans la ville de Victoria (Colombie anglaise).
- M. Ellis Sever, de Manchester vient d’offrir un prix de i2,5oo francs pour le meilleur système d’éclairage électrique pour les m'ines.
- A Vienne (Autriche) des essais d'éclairage électrique viennent de commencer sur la place Saint-Étienne et dans le Graben, c’est-à-dire le quartier le plus fréquenté de la capitale. Ces essais qui doivent durer un mois sont entrepris aux frais de l’Américan Brush Electric Light Company. Les fanaux placés dans les rues atteignent une hauteur de cinq mètres. D’après le Fremdenblatt, cet éclairage laisserait un peu à désirer au point de vue de la fixité et à cause des ombres.
- A Rotterham, dans le comté d’York les grandes usines et aciéries Lotherwood sont maintenant éclairées par les lampes à arc de MM. Crompton et C°.
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- Télégraphie
- La Great Northern Telegraph Company vient d'ouvrir de nouveaux bureaux télégraphiques en Chine. La ligne intérieure de Shanghaï à Tientsin ayant été complétée, on reçoit maintenant des télégrammes pour Soochow, Chinkiang, Tientsin, Chinkiangpoo, Chining, Lingching et Taku.
- Le câble direct entre l'Angleterre et l'Espagne via Bilbao, est complètement réparé depuis quelques jours.
- Les communications télégraphiques entre Londres et les Scilly Islands par Porth-Curno, sont rétablies après six mois d'interruption.
- La section terrestre du second câble américain de M. Jay Gould a atteint la côte duCornwall (Angleterre) dans le courant du mois de décembre.
- M. Cochery, ministre des Postes et des Télégraphes, vient de décider que le fil télégraphique souterrain en construction de Paris à Lyon sera prolongé jusqu'à Marseille. D'autre part le ministre a promis aux agents de change de Lyon et dé Marseille qu'un fil spécial serait mis à leur disposition de dix heures du matin à quatre heures du soir comme cela vient d'être accordé, ainsi que nous l'avons annoncé dans un de nos derniers numéros, aux agents de change de Bordeaux.
- On pose en ce moment un fil télégraphique le long du canal de la Marne au Rhin et les postes desservis par ce fil pourront être ouverts à la télégraphie privée suivant les dispositions ci-après arrêtées d'un commun accord entre l'Administration des Ponts et Chaussées et celle des Postes et des Télégraphes.
- Les agents du canal de la Marne au Rhin seront autorisés à recevoir et à transmettre, sans déplacement, les dépêches privées intéressant le commerce et la navigation, ainsi que les affaires des négociants et des mariniers qui font usage de la voie navigable. Ils pourront être ultérieurement appelés à recevoir et à transmettre pareillement les dépêches privées de toute nature dans les postes où l’administration des télégraphes croirait devoir, de concert avec l’administration des travaux publics, installer des bureaux ouverts à la télégraphie privée.
- Téléphonie
- La questure vient d'installer, dans un des bureaux de la Chambre des députés, une station téléphonique.
- Deux boxes, hermétiquement fermés et capitonnés à l'intérieur, contenant les parleurs et les récepteurs, tels qu'on les a vus installés sur différents points de l'Exposition d’électricité, sont, dès à présent, à la disposition des députés.
- Voici près de deux ans qu’il est question d'établir à Lille un réseau téléphonique. L'autorisation municipale ayant été enfin accordée, les travaux ont commencé, il y a trois jours. La première ligne doit être de trente fils. Le premier support a été établi rue de la gare. D’ici peu, d'autres lignes de même importance partiront du point central, situé place de la gare pour sillonner la ville de Lille dans tous les sens.
- Le nombre des lignes à construire est déjà d’environ cent cinquante.
- Le téléphone va maintenant dans les régions tropicales. On annonce que le traité de constitution de la Tropical Ame-
- rican Téléphoné Company vient d'être enregistré au greffe de New-York. Les fondateurs sont MM. Frédéric Delano, de Detroit (Michigan) James H. Howard, de Boston, et James B. Richards, de New-York. La compagnie du Tropical American Téléphoné se propose de construire et de mettre en exploitation des lignes de téléphone dans les divers villes, bourgs et villages des Antilles (excepté Cuba), de l'Amérique centrale, de Panama, de Vénézuéla, des Etats-Unis de Colombie et des Guyanes anglaise, hollandaise et française.
- Un meeting général extraordinaire des membres de VOriental Téléphoné Company a été tenu à Londres pour examiner la question d'arrangement entre Graham Bell, Edison, Y Oriental Bell Téléphoné Company de New-York, YAnglo Indian Téléphoné C°, George E. Gourand, Gardiner Grenn Hubbard, John Parks etc. etc.
- Le président du meeting, M. J. Pinder, membre du Parlement, a fait remarquer que 19Oriental Téléphoné Company avait l’avance sur tontes les autres dans l'Inde, en Australie et dans d’autres colonies, bien que sa fondation ne date que de quinze mois. En Egypte, elle a déjà cinquante abonnés à Alexandrie. En Océanie, dans la ville d'Honolulu, capitale des îles Sandwich, la compagnie compte actuellement cent soixante quinze abonnés. Le président a exprimé l'opinion que le télégraphe et le téléphone doivent se prêter ùn mutuel appui, et qu'avant peu ils se donneraient la main d'un bout du monde à l'autre.
- A Saint-Pétersbourg, on travaille activement à la pose d’une ligne téléphonique reliant le Grand Théâtre et le Théâtre Marie à l'exposition d'électricité.
- Une nouvelle application de la téléphonie aux auditions théâtrales a été faite dernièrement au Bristol Hôtel, Burling-ton-gardens à Londres. On a entendu par téléphone l’opéra-bouffe, la Mascotte. Les appareils avaient été posés par les soins de la United Téléphoné Company qui avait invité un certain nombre de personnes. Un couple de transmetteurs se trouvait sur la scène du théâtre de la Royal Comedy dans Panton-street ; ces transmetteurs étaient en communication avec des récepteurs disposés tout autour d'une salie du Bristol Hôtel. Les paroles et la musique sont, paraît-il, parvenus avec la plus grande netteté à l’oreille des invités, les chœurs surtout. Certains instruments, entr’autres le tambour ont cependant parfois détruit l'harmonie. C’est une répétition des essais de M. Ader à l'Exposition de Paris. Du reste cette expérience qui produit tant d’effet sur le public sera certainement bientôt répandue un peu partout, car presque tous les systèmes téléphoniques, et l'on sait s’ils sont nombreux, peuvent arriver au même résultat.
- On nous apprend de Mexico que MM. Wexel et de Gress ont livré au gouvernement, le mois dernier, les douze lignes téléphoniques qu'ils ont construites pour le district de Mexico, conformément à leur contrat du mois de juillet 1881.
- Malheureux téléphones! s’écrie un journal deBuenos-Ayres. A la mauvaise volonté des particuliers se joint depuis quelque temps celle du gouvernement. La compagnie téléphonique de cette ville vient, en effet, de recevoir l'ordre d’enlever les poteaux télégraphiques qui empêchent la circulation. Cette mesure, prise par le ministère de l'Intérieur, se base sur ce que la Compagnie téléphonique de Buenos-Ayres n’a pas demandé l'autorisation nécessaire. Cette autorisation une fois sollicitée lui sera certainement accordée et la compagnie posera probablement les fils de son réseau sous terre.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 35S92
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- La Lumière Electrique
- Journal universel d’Électricité 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
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- SOMMAIRE
- Exposition Internationale d'Électricilé : Machines à voter; Th. du Moncel. — Les télégraphes écrivants et les télégraphes parlants; Frank Geraldy. — Exposition Internationale d’Électricité : Étude sur le système de transmission multiple tet le télégraphe imprimeur de M. Baudot; J. P. — Exposition Internationale d’Électricité : Les salles de l’exposition d’Edison; C. C. Soulages. — Recherches sur la torsion, la flexion et le magnétisme; G. Wiedemann. — Revue des travaux récents en électricité : A propos de la méthode deM. Lippmannpourla détermination de l’ohm.— Disposition pour commutateur. — Sur les décharges électriques dans les gaz raréfiés. — Sur la polarisation singulière des électrodes. — Sur les procédés de cuivrage de la fonte employés au Val-d’Osne. — Faits divers.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- MACHINES A VOTER
- Bien que le nombre des inventions se rapportant aux machines à voter soit relativement assez grand, et j’en connais au moins dix systèmes, l’accueil peu empressé qu’on a fait à ces machines aura, à ce qu’il paraît, un peu dégoûté les inventeurs, car nous n’en avons vu figurer que deux modèles à l’Exposition, et encore l’un d’eux, celui de M. De-bayeux, avait déjà été exposé en 1878 à la grande Exposition universelle. L’autre modèle, moins important et combiné par M. Davillé, figurait à l’Exposition de l'administration des télégraphes français.
- Ceux qui ont assisté aux réunions des assemblées délibérantes ou qui en ont liait partie, ont pu reconnaître combien est long et minutieux l’émission et surtout le dépouillement d’un vote. Pour rendre cette opération moins longue on a, à diverses reprises, combiné des mécanismes ingénieux qui pouvaient, à la manière des machines à calculer, compter les votes et indiquer les résultats ; mais
- ces machines ne présentaient pas des conditions d’exactitude et de commodité suffisantes, et ce 11’est que quand on a pu leur appliquer les moyens électriques, qu’011 put entrevoir les avantages sérieux qu’elles pouvaient fournir. Toutefois, les caprices de l’électricité ont, à ce qu’il paraît, effrayé un peu les assemblées et, jusqu’à présent, ces machines n’ont été adoptées que dans des cas assez restreints, bien que plusieurs des systèmes proposés sembleraient devoir satisfaire les esprits les plus scrupuleux.
- Les systèmes qui ont été proposés jusqu’ici peuvent se répartir en deux catégories : i° les systèmes dans lesquels chaque votant a son transmetteur et son récepteur de vote, et dans lesquels la récapitulation des votes est fournie par un appareil qui réagit d’après les indications fournies sur les récepteurs ; 2° les systèmes dans lesquels les votes ne sont exprimés que sur les transmetteurs et ne sont recueillis qu’au moment même du dépouillement du vote, au moyen d’une machine qui se trouve mise successivement en rapport avec ces transmetteurs ; alors les votes se trouvent inscrits en face des noms des votants en même temps qu’ils se trouvent additionnés. Dans ces deux catégories d’appareils, une disposition particulière assez simple permet, du reste, de rendre les votes secrets.
- S’il faut en croire une réclamation de M. Martin de Brettes, ce serait lui qui, dès l’année 184g, aurait eu la première idée des machines à voter, et son projet qui aurait été autographié et présenté au Président de l’Assemblée nationale, aurait été mentionné et partiellement reproduit par les journaux de l’époque. -Plus tard, 'en 1860, M. Saigey, inspecteur des lignes télégraphiques, a également combiné un appareil de ce genre, mais sans en donner la description. Ce n’est qu’en 1862 que l’on a pu voir pour la première fois en France une machine à voter exécutée et susceptible de fonctionner d’une manière un peu satisfaisante, et cette machine, brevetée en 1861, a été imaginée par M. Galland et construite par M. Morin ; elle a été présentée à la Société des ingénieurs civils en 1862,
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- et à la Société d’encouragement en 1864, où elle a été l’objet d’un rapport fait par M. Molinos le 10 août 1864. Depuis cette invention, un grand nombre de projets ont été proposés, et les plus importants d’entre eux ont été combinés par MM. Clérac, Jacquin, de Gaulne, Daussin, Lalloy et Debayeux. Toutefois nous ne décrirons que le système de ce dernier, qui nous paraît le plus complet de tous, et qui peut donner une idée de tous les problèmes à résoudre dans ces sortes de machines. Il appartient à la seconde des catégories que nous avons indiquées, et par conséquent chaque votant a devant lui un transmetteur auquel correspond un circuit particulier aboutissant à la machine de récapitulation des votes.
- Dans ce système, le transmetteur de chaque votant se compose d’un commutateur à signaux persistants, et comporte en conséquence l’emploi d’une manette, se mouvant circulajrement autour d’un axe, et susceptible d’être transportée sur les troits contacts correspondants aux oui, non et blanc (Voir fig. 2). De plus, un mécanisme électro-magnétique adapté à la manette elle-même, permet, quand le vote est terminé, de la ramener au repère, afin que l’appareil soit toujours prêt à fonctionner, quand bien même le votant oublierait de la ramener dans cette position. Cette disposition ne présente rien de difficile ni d’important à signaler. Nous y reviendrons du reste plus tard.
- Il n’en est pas de même de la machine à voter, qui, malgré sa simplicité, remplit toutes les fonctions que l’on peut demander à ces sortes d’appareils. Ce système comporte trois sortes de mécanismes : i° Un appareil imprimeur qui imprime les noms des votants présents et leur vote, avec les totaux des oui, des non et des billets blancs, et qui fournit, déplus, le total général des votes. 2°Un mécanisme compositeur qui fait arriver devant le mécanisme imprimeur, les indications qui doivent être imprimées. 3° Un mécanisme commutateur qui fait fonctionner le mécanisme précédent, en mettant successivement le transmetteur de chaque votant en rapport avec le dernier mécanisme. Comme' ce mécanisme commutateur est le trait d’union entre les votants et les indications qu’ils veulent transmettre, nous devons commencer par en faire la description.
- Commutateur. — Ce commutateur se compose d’un cylindre construit avec une matière isolante et dont la grandeur est en rapport avec le nombre des votants. Il porte en effet sur sa circonférence intérieure un nombre de contacts égal à celui des votants, et comme chacun des votants peut émettre trois votes différents, ces contacts doivent être divisés eux-mêmes en trois parties. Ce cylindre est fixe, et c’est un axe muni de frotteurs à piston, qui, en tournant à l’intérieur du cylindre, établit successivement les communications électriques desti-
- nées à réagir sur le mécanisme compositeur. A cet effet, ces frotteurs, qui sont composés chacun de trois pièces frottantes, sont distribués sur l’axe moteur sur trois rangs, et sont isolés métallique-ment d’un rang à l’autre; les contacts sont incrustés à la partie interne de la surface cylindrique, et sont reliés isolément par des fils aux contacts du transmetteur, suivant leur numéro d’ordre. Il en résulte-que, suivant la position de la manette du transmetteur sur l’un ou l’autre de ces contacts, le courant de la pile sera transmis au contact correspondant du commutateur; mais il ne sera fermé que quand les frotteurs, étant arrivés devant ces contacts, auront complété le circuit à travers le mécanisme compositeur. Si c’est un non qui est transmis par le cinquième votant, je suppose, et que les non occupent la deuxième rangée circulaire des contacts, le mécanisme compositeur transmettra un non à l’imprimeur au moment où les frotteurs du commutateur arriveront devant la cinquième série de contacts du commutateur, parce qu’alors la pile ne sera mise en communication avec le circuit que par les contacts de la seconde rangée circulaire. Les frotteurs sont au nombre de trois pour chaque rangée de contacts circulaires, parce que l’un est destiné à appuyer sur les contacts incrustés, en rapport avec les fils du transmetteur, et que les deux autres, en appuyant sur une bague métallique adaptée parallèlement à côté de la rangée de contacts, établissent la communication électrique entre eux et les circuits du compositeur qui correspondent à ces bagues.
- L’axe qui porte tous les frotteurs est d’ailleurs pourvu d’une roue dentée, disposée de manière à engrener avec une vis sans fin dont est muni l’arbre qui transmet le mouvement aux mécanismes compositeur et imprimeur, et le nombre des dents de cette roue est tel que les frotteurs ne doivent .se déplacer que de l’intervalle d’un contact à l’autre, pour chaque tour accompli par l’arbre moteur.
- Mécanisme compositeur. — Le mécanisme compositeur dont nous représentons l’un des éléments, fig. 1, occupe la partie inférieure de l’appareil, qui porte horizontalement sur sa partie supérieure le mécanisme imprimeur; de sorte que les deux mécanismes ne sont séparés que par la plaque sur laquelle est monté ce dernier. Ces deux mécanismes ont d’ailleurs plusieurs organes qui leur sont communs, et en particulier l’arbre moteur qui est placé horizontalement au-dessous de la plaque dont il vient d’être question.
- Cet arbre moteur est mis en mouvement à la main avec une manivelle, et porte en outre de la vis sans fin, appelée à agir sur le commutateur, quatre disques de cuivre reliés par des chevilles à des excentriques en limaçon qui, étant mobiles sur l’arbre lui-même, sont susceptibles d’être déplacés latéralement. Ces excentriques, dont on voit la dis-
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- position en B E, fig. i, pour un système, sont prises chacune entre les branches d’une fourchette F, commandée par un électro-aimant M; de sorte que celui-ci peut, suivant qu’il est actif ou inerte, laisser dans son plan ou déplacer latéralement l’excentrique qui lui correspond, et qui tourne d’ailleiirs d’une manière continue, sous l’influence de l’arbre moteur (représenté en coupe en A), et des trois petites chevilles a, a, a dont nous avons parlé, et qui sont plantées sur le disque D. Dans la figure i, le disque D, fixé à l’arbre A, est supposé en avant, et l’excentrique à limaçon en arrière avec sa fourchette, et quand l’appareil est inactif, ces deux pièces sont séparées par un intervalle d’environ 4 millimètres; mais quand l’clectro-aimant réagit, elles arrivent presqu’au contact, et alors l’excentrique petit rencontrer dans son mouvement circulaire deux taquets G et K appartenant à des leviers LIv, HI qui constituent les parties actives.des mécanismes imprimeur et compositeur.
- Comme nous l’avons dit, la figure 1 ne représente qu’un des éléments du système, et il y en a dans l’appareil quatre semblables qui sont rangés horizontalement les uns à côté des autres. Pour économiser de la place, les électro-aimants qui commandent les excentriques sont disposés sur deux étages en M et M’. L’un des systèmes correspond aux contacts des oui, un autre aux contacts des non, le troisième aux contacts dés bulletins blancs, et le quatrième aux contacts des totaux. Il y en a bien un cinquième, mais qui ne correspond à aucun électro-aimant, et qui n’a d’autre fonction à remplir que de faire avancer le système mobile de l’imprimeur ou la forme qui porte les noms des votants. Il se compose seulement de l’excentrique BE et du levier HI, et fonctionne naturellement à chaque tour de l’arbre A.
- La forme sur laquelle sont imprimés les noms des votants et les numéros des votes se compose d’un grand châssis carré, porté sur quatre roulettes et disposé un peu comme un gril, c’est-à-dire avec une surface composée d’une série de lames parallèles, dont trois sont maintenues dans une position fixe par les traverses du châssis. Ces trois lames portent une série de pièces mobiles sur lesquelles
- sont gravés en relief les 11,0ms des votants. Ces noms se correspondent d’une lame à l’autre. Avec cette disposition, l’on comprend déjà que, si l’une de ces lames est munie en dessous d’une crémaillère, on pourra faire en sorte qu’à chaque tour de l’arbre A, le châssis avance de l’intervalle séparant deux noms consécutifs, et présente par conséquent au mécanisme imprimeur un nom nouveau. Or, cette fonction est précisément remplie par le levier HI, dont nous avons parlé, et dont nous étudierons à l’instant le mode d’action. Pour en finir avec la forme destinée à préparer les impressions, nous dirons qu’entre les trois lames fixes portant les noms des votants, et à droite de chacune de ces lames, existent quatre autres petites lames mobiles munies en dessous de crémaillères cd, dont le nombre des dents est égal à celui des votants, et
- qui peuvent glisser indépendamment sous l’influence des leviers HI, lesquels réagissent sur leur crémaillère comme un cliquet d’impulsion. Ces lames portent également gravées en relief les séries de chiffres b, b, b, etc., dont le nombre est égal à celui des votants et qui se trouvènt placés dans l’alignement des noms gravés sur les lames fixes. Pour faciliter leur mouvement, elles sont portées, comme le châssis lui-mème, sur des roulettes dont une se voit en /, fig. 1. Ces chiffres, toutefois, comme du reste les noms des votants sur les lames fixes, sont mobiles de bas en haut dans des rainures pratiquées à cet effet, et se terminant par des tiges b P, entourées d’un ressort à boudin qui les maintient abaissées en temps normal. La disposition de ces différentes lames est indiquée dans le diagramme ci-contre, et pour peu qu’on l’étudie, on ne tarde pas à reconnaître ce qui doit arriver quand tel ou tel votant ferme son transmetteur sur un oui, un non ou un blanc. En effet, supposons que M. N* commence la liste au vote non, que M. N** ait été absent, que M. N*" ait voté oui, et que M. N***' ait voulu mettre un billet blanc : Quand on viendra à tourner l’appareil et que les contacts du commutateur auront transmis le courant, fermé par le transmetteur du votant N, à l’électro-aimant des non, la quatrième lame E aura avancé d’un cran, et présentera au mécanisme im-
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- primeur le chiffre i en môme temps que le nom du votant sera arrivé devant le même mécanisme, sous l’influence de l’avancement du châssis. D’un autre côté, l’électro-aimant des totaux aura fait également avancer d’un cran la septième lame G, car cet électro-aimant est placé dans la partie du circuit commune aux trois autres électro-aimants ; or, le mécanisme imprimeur étant mis en action, ainsi qu’on le verra ,à l’instant, pourra imprimer sur une feuille de papier, divisée comme on le voit plus bas, le nom du votant à la colonne des non, avec le numéro d’ordre de ce nom et celui du total qui apparaîtra à la colonne des totaux. Ces chiffres seront naturellement i et i. Quand les contacts du votant N** arriveront sous les frotteurs des commutateurs, il ne pourra se produire aucune ferme-
- NON
- NOMS
- TOTAUX
- ture de courant, car le votant étant absent, son transmetteur sera resté au repère. Toutefois, l’axe de la machine en tournant aura fait échapper le nom du votant, qui ne pourra être imprimé ; mais les quatre lames mobiles resteront alors en arrière du châssis d’un intervalle de nom. Quand le tour des contacts du votant N*** sera venu, comme son transmetteur sera sur un oui, ce sera l’électro-aimant des oui qui sera actif, et la seconde lame sera avancée en même temps que le nom du votant N***, et dès lors l’impression pourra être faite à la colonne des oui, en même temps que l’électro-aimant des totaux aura provoqué l’impression du chiffre 2. Enfin, quand le commutateur, en arrivant aux contacts du votant N*“‘ aura animé l’électro-aimant des bulletins blancs, le chiffre 1 de la sixième lame F arrivera devant le mécanisme imprimeur en même temps que le nom de ce votant, et il en résultera l’impression du chiffre 1 à la colonne des blancs, et du chiffre 3 à la colonne des totaux. Si maintenant le cinquième votant transmet un oui, la lame des oui, qui était restée en arrière de quatre divisions par rapport au châssis, et dont le chiffre n° 2 est placé alors à côté du nom de ce cinquième votant, va se trouver poussé d’un cran en avant, et se présentera devant
- l’imprimeur1 en même temps que le nom du cinquième votant et le chiffre 4 des totaux; il en résultera une nouvelle impression qui indiquera qu’il y a eu deux oui, un non et un bulletin blanc de votés. Il en aurait été de même si, au lieu du oui, c’eût été un non ou un bulletin blanc, et comme les mêmes effets peuvent se renouveler de là même manière tant qu’on tourne la machine, on obtient ainsi, et à chaque votant, la totalité des oui, des non, des bulletins blancs et des votes avec les noms des votants placés à côté de leur vote.
- Mécanisme imprimeur. — Le mécanisme imprimeur est constitué : i° par un cylindre o sur la circonférence h h duquel est tendue la feuille de papier où doivent être imprimés les votes et qui est, comme nous l’avons vu, rayée d’avance en colonnes, afin que les oui, les non, les blancs et les totaux se trouvent immédiatement mis en place; 20 par un marteau imprimeur O P mis en action par le levier L K, et par conséquent par l’excentrique E; 3° par l’encliquetage à double cliquet H N, qui réagit sur la crémaillère cd, avant chaque impression; 40 par un double mécanisme déclan-cheur VUS, XW qui permet de ramener les lames de la forme et la forme elle-même à son point de départ; 5° d’un mécanisme agissant sur le rouleau o, pour faire avancer d’une certaine quantité le papier après chaque impression ; 6° d’un système encreur pour encrer la forme.
- Le marteau imprimeur, ou plutôt les marteaux imprimeurs, car ils sont au nombre de sept, sont placés devant chacune des queues P des types en relief placés sur la ligne d’impression. Ils se composent chacun d’une tige qui glisse dans un tube adapté à la plate-forme de l’appareil, et qui est fixée sur une lame horizontale O, prise entre les branches d’une fourchette terminant le levier L K. Cette lame horizontale est, pour les six: premiers marteaux, commune à deux tiges à la fois, et c’est en raison de cette disposition, que le mouvement accompli par elle peut déterminer l’impression simultanée du nom du votant et du numéro de son vote. La lame correspondante au marteau des totaux n’a qu’une tige, puisqu’il n’y a pas de nom à imprimer en regard des chiffres de cette colonne. Le jeu de ce système est d’ailleurs facile à comprendre, car sous l’influence de l’électro-aimant M, l’excentrique B E se trouve ramenée dans le plan du levier L K, et la partie saillante E venant rencontrer le butoir K, repousse en haut l’extrémité du levier L K, et par suite la lame O, qui, en poussant les deux tiges qu’elle porte contre les queues P des types placés au-dessus, détermine leur impression sur le papier du rouleau o. Quand l’excentrique B E a accompli son effet excentrique, le mécanisme imprimeur retombe, et ne peut être remis en action que si le vote transmis à la suite de celui qui vient d’être imprimé est dans le même sens;
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- mais alors l’excentrique a réagi sur l’encliquetage H N, et a changé la position et la valeur du chiffre, en même temps que le nom du votant a été lui-même changé par l’action mécanique de l’arbre. Si au contraire le vote transmis n’est pas de même nature, c’est un autre système qui est mis en jeu, et le premier devient inerte.
- Il s’agit de voir maintenant comment s’effectue le jeu de l’encliquetage H N. Le levier H I qui joue le rôle de cliquet d’impulsion est articulé en J sur une pièce J Z qui est, ainsi que celles des autres leviers, fixée sur une traverse horizontale qu’on voit en coupe en Z. Une vis butoir v et une autre traverse X faisant partie d’un système articulé en W, en règlent la course, qui doit être telle que pour chaque mouvement produit par l’excentrique E, quand elle vient à rencontrer le taquet G, une dent de la crémaillère cd puisse échapper. Un ressort antagoniste r rappelle d’ailleurs le levier à sa position normale après le passage de l’excentrique. L’encliquetage de retenue est constitué par une sorte de compas N S, adapté à l’extérieur d’une forte lame de ressort R, et qui appuie par son bras S contre une traverse placée au-dessus de lui, laquelle est vue en coupe ; l’autre bras N constitue le cliquet de retient proprement dit, et sa position doit être telle, que quand la dent de la crémaillère a été repoussée par le cliquet H, elle puisse buter cette dent pendant que le dernier cliquet retourne en arrière. La traverse contre laquelle bute le bras S, est portée par une bascule S V oscillant en U, et c’est cette bascule qui, étant abaissée par un bouton à plan incliné agissant sur la traverse V, peut désen-cliqueter les différents systèmes de la forme et permet de les ramener à leur position initiale. Toutefois, pour que ce désencliquetage soit complet, il faut que les leviers constituant les cliquets d’impulsion soient un peu renversés en arrière, et c’est pour cela que ces leviers butent contre la traverse articulée X, que l’on pousse en même temps que la bascule S Y, quand on veut désencliqueter le système. A cet effet, un second poussoir est adapté extérieurement à l’appareil.
- D’après ce qui a été dit précédemment, il est inutile d’expliquer le fonctionnement général de l’appareil ; l’inspection de la figure suffit d’ailleurs pour le comprendre facilement. Nous ajouterons seulement que pour obtenir les traces des impressions sur le papier, on doit encrer la forme à chaque vote avec un rouleau encreur analogue à ceux des imprimeries ordinaires.
- En désincliquetant le châssis mobile, on peut, comme on le comprend aisément, supprimer sur la liste imprimée les noms des votants, et n’avoir que la récapitulation successive des votes.
- Transmetteur. — Jusqu’ici, nous n’avons fait qu’exposer le principe des transmetteurs destinés à réagir sur le récepteur des votes. Mais pour que
- ces appareils puissent présehter les garanties qu’on est en droit d’exiger d’eux pour qu’on soit certain de la sincérité des votes, il a fallu leur ajouter certains petits mécanismes accessoires dont nous allons maintenant nous occuper.
- La figure 2 représente la disposition réelle d’un de ces transmetteurs, qui est placé dans une boite particulière se fermant à clef, et qui est adaptée sur la table en face de chaque votant.
- A M est la manette de l’interrupteur, qui se meut comme celle des manipulateurs des télégraphes à cadran, et qu’on fixe dans trois positions différentes, correspondantes aux trois votes à émettre. Ces positions sont marquées sur un arc de cercle
- O P avec les mots oui, non, nul, et une aiguille B, fixée sur la manette, indique le point exact où celle-ci doit être arrêtée. Pour que cette position soit maintenue, un second arc de cercle LN, mobile d’avant en arrière, présente trois crans dans l’un ou l’autre desquels peut s’engager un butoir fixé au-dessous de la manette, quand elle se trouve dans la position correspondante au vote exprimé. Mais pour pouvoir se mouvoir, cet arc LN doit être repoussé de la main gauche, au moyen d’un poussoir T. Un ressort R adapté à la manette, et trois contacts en rapport avec le commutateur du récepteur, lesquels contacts sont incrustés sur un arc en matière isolante Q S, complètent l’interrupteur de ce transmetteur.
- Pour obtenir que les manettes de tous les transmetteurs reviennent à leur position normale, une fois le dépouillement du vote terminé, un ressort u appuyant contre une came V adaptée à la manette, rappelle celle-ci dans la position qu’elle occupe sur la figure, et qui est limitée par un butoir d’arrêt, et
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- l’arc L N est porté par l’armature d’un électroaimant E E qui repousse cet arc en avant sous l’influence de son ressort antagoniste. Or, il résulte de cette disposition que si le commutateur du récepteur est muni d’un quatrième système de frotteurs, ayant pour effet de fermer le courant à travers l’électro-aimant EE, la manette se trouvera rappelée automatiquement à sa position initiale, aussitôt que le vote se trouvera enregistré. On pourrait d’ailleurs opérer cette remise au repère de la manette de plusieurs autres manières, soit après le vote, en continuant à tourner l’appareil et après avoir changé ses communications avec le transmetteur, soit au moyen d’un conjoncteur de courant manoeuvré par l’un des scrutateurs après le vote.
- Enfin, pour obtenir que le votant 11e puisse pas altérer son vote une fois le scrutin fermé, M. De-bayeux ajoute à son appareil un second électroaimant F dont l’armature K réagit par l’intermédiaire d’une fourchette J sur une tige D I qui, étant soutenue horizontalement par deux traverse^ G H et D, permet à son extrémité D de jouer le rôle du pêne d’une serrure. A cet effet, la manette À M porte une pièce D C munie de trois échancrures, lesquelles sont disposées de manière que la tige DI puisse passer à travers l’une ou l’autre d’entre elles, quand la manette est dans l’une ou l’autre des trois positions qu’elle peut prendre sur le limbe O P. Mais cette tige ne peut ainsi traverser ces échancrures que quand l’électro-aimant F est devenu actif. Quand cela a lieu, il devient impossible de changer la manette de place, puisqu’elle se trouve alors enclanchée par la tige D I. Or, cette immobilité de la manette dans la position que lui a donnée le votant, dépend de la fermeture d’un courant à travers l’électro-aimant F, fermeture effectuée par le président une fois le scrutin déclaré fermé.
- Ce système, comme on le voit, résout tous les problèmes qui ont été posés aux inventeurs pour ces sortes de machines, par ceux qui ont l’habitude des scrutins.
- Th. du Moncel.
- LES TÉLÉGRAPHES ÉCRIVANTS
- ET
- LES TÉLÉGRAPHES PARLANTS
- C’est un point toujours discuté que de savoir s’il vaut mieux, pour un service télégraphique, faire usage d’appareils écrivant eux-mêmes la dépêche ou d’appareils qui transmettent par le son et sous la dictée desquels l’employé transcrit. Des partis très tranchés ont été pris à cet égard; en France,
- tous les appareils écrivent; en Amérique, on ne fait usage que de parleurs.
- La simplicité de ce dernier système est certainement séduisante. Étant d’ailleurs donnée la tendance bien connue des administrations françaises vers un contrôle excessif et une écrivasserie démesurée, on a quelque propension à croire que l’adoption des télégraphes écrivants dans notre pays peut tenir principalement à des idées de ce genre. Encore y aurait-il lieu de discuter si, même au point de vue du contrôle, le système écrivant est supérieur à l’autre. En effet, dans le mode d’opérer américain, la dépêche envoyée subsiste en minute au bureau de départ; la dépêche reçue porte la signature de l’agent expéditeur, ainsi que de l’agent récepteur; s’il y a erreur, on peut toujours la réparer, et savoir par qui elle a été commise. Il est vrai que cela peut être moins facile qu’avec le système français où la bande imprimée du télégraphe peut quelquefois fournir immédiatement la rectification : en échange, on ne se préoccupe pas beaucoup chez nous de savoir qui a transmis les dépêches, et la responsabilité d’une faute grave serait parfois assez difficile à déterminer.
- En somme et à voir ainsi les choses d’un peu loin, le système des parleurs semble présenter des avantages de simplicité, de bon marché; il donnerait d’ailleurs, si l’on en croit quelques affirmations, une plus grande rapidité dans la transmission; qualité de premier ordre et qui suffirait à déterminer sa supériorité si elle était bien constatée.
- Mais il y a lieu d’examiner ce point de plus près. A priori, on ne voit pas de motif pour que le système écrivant soit moins rapide que l’autre ; l’employé n’est en rien ralenti dans son travail par la présence de la bande qui se déroule devant lui ; sa besogne est, au contraire, facilitée, parce qu’il est plus facile de traduire sur des caractères écrits que sur un simple son. Quant à l’appareil, il n’y a aucune raison pour que sa marche soit retardée ; il est, cela est vrai, un peu plus compliqué, mais pas assez pour diminuer la sûreté de sa marche; et de plus, chose qui peut surprendre, les appareils écrivants demandent une force moindre que les appareils parlants ; dans ces derniers, le choc doit être énergique pour que le son soit bien distinct, et cela nécessite des courants plus forts.
- La simplicité même de l’appareil parleur et son bon marché ne sont pas des arguments sans répli-plique. D’abord, ce ne serait qu’une considération secondaire ; deuxièmement, cet avantage a sa compensation qui est que, si l’appareil coûte moins, les employés coûtent plus cher. Cela est évident, car il est bien plus facile d’apprendre à lire un alphabet que d’accoutumer son oreille à comprendre des signes sonores consistant en craquements plus ou moins espacés. C’est pourquoi les employés
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- aptes à ce service difficile sont plus rares et plus coûteux que les autres.
- Malgré ces considérations, l’exemple de l’Amérique est d’une sérieuse importance, les qualités pratiques si connues de ce pays sont une présomption assez grave en faveur du système qu’il a universellement adopté; maison trouve dans le rapport fait par M. D. Brooks en 187.3, une explication de ces faits qui en changerait complètement le caractère. D’après lui, ce serait à cause de l’incommodité des premiers appareils Morse, ceux qui fonctionnaient par gaufrage, que l’on aurait été forcément conduit à faire usage du parleur; il n’y aurait donc pas là un choix déterminé par des avantages reconnus, mais simplement une nécessité subie. C’est certainement une interprétation curieuse et qui peut avoir sa vérité; mais il faut dire que depuis longtemps les appareils Morse sont perfectionnés, ils ne gaufrent plus, font usage de molettes à encre très commodes, et malgré cela les Américains n’y sont pas revenus, préférant leurs appareils parleurs.
- En sontme, on voit que la question 11e peut se résoudre immédiatement; il y a du pour et du contre. Tl est assez probable qu’en cela comme en bien d’autres choses il n’y a pas de solution absolue; il semble que dans certaines circonstances un système particulier s’imposera. Ainsi dans les chemins de fer où les responsabilités sont si grandes, il y a un intérêt évident à faire usage d’appareils écrivant ; au contraire, à la guerre, en voyage, dans les installations provisoires, l’appareil parleur est naturellement obligé.
- Quant à la rapidité d’action qu’on attribue au service américain, il se peut qu’il y ait quelque-chose de vrai, mais il resterait à savoir au juste si cela tient aux appareils ou aux agents ; aux Etats-Unis les télégraphistes sont les employés d’une entreprise particulière, ils travaillent comme des employés qu’on paie assez largement, dont on exige beaucoup, et qu’on peut renvoyer s’ils ne satisfont pas; en France, les télégraphistes sont des fonctionnaires, ils travaillent en fonctionnaires médiocrement payés, avec méthode et tranquillité, sachant d’ailleurs qu’ils font partie de l’Etat et qu’ils possèdent ces fameux droits acquis, principale fortune des agents gouvernementaux dans notre pays.
- Dans tous les cas, il faut que nos employés sachent se servir du parleur; on le leur demande, je le sais, mais il n’est pas certain qu’ils soient tous bien accoutumés à ce mode de transmission. Dans les examens que l’on fait passer aux employés du télégraphe pour le service militaire, ils doivent faire une lecture au son; il n’est pas sans exemple que l’examinateur ait été obligé de réduire la lecture aux plus simples éléments afin de n’avoir pas à discuter des employés d’ailleurs capables. Il ne serait peut-être pas inutile d’apporter quelque
- attention de ce côté, nos-agents ne manquent ni d’intelligence ni de zèle, on peut leur demander sans difficulté autant qu’à ceux des autres pays et on ne doit pas reculer à le faire.
- Frank Geraldy.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D'ÉLECTRICITÉ
- ÉTUDE SUR LE SYSTÈME]
- DE
- TRANSMISSION MULTIPLE
- ET LE
- T É L É G R A P H E IM P RIM E U R
- ])E M. IiAUDOT
- 3" article. {Voir les ti°3 Jes 2r sept, cl fl ocl. i88r.)
- III. DESCRIPTION PARTICULIÈRE DES DIVERS ORGANES
- (type 1880)
- i° Organes de distribution.
- .MOUVEMENT DES DISTRIBUTEURS
- Le mouvement des distributeurs peut être obtenu à l’aide de moteurs de différents genres. Les premiers appareils utilisaient des moteurs à poids analogues à ceux des télégraphes Hughes; plus tard M. Baudot a fait usage de moteurs à eau et, plus récemment, des moteurs électriques du système de M. Marcel Deprez.
- Nous ne nous appesantirons pas sur les détails de construction des moteurs dont la description n’est ici d’aucune utilité.
- DISTRIBUTEURS
- Avant de donner la description détaillée du distributeur, il faut tracer le diagramme des communications, sur lequel figurent nécessairement les organes de transmission et deréception. Nous supposerons, pour simplifier, que les appareils n’ont à desservir qu’une ligne dépourvue de .phénomènes perturbateurs, c’est-à-dire assez courte pour qu’on n’ait pas à s’occuper des condensations, charges et décharges. Plus tard, lorsque les différentes parties de l’appareil auront etc passées en revue et leur rôle nettement défini, nous indiquerons les légères additions ou modifications apportées par M. Baudot pour annuler les influences perturbatrices sur les lignes longues.
- . Malgré le soin que nous apportons à remettre à une époque plus éloignée les questions qui ne sont
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- pas indispensables pour l’instant, la description des organes et des dispositifs du distributeur ne laisse pas d’être fort complexe. Le lecteur ne doit pas s’effrayer de cette complication et s’arrêter devant les premières difficultés; elles se lèveront peu à peu, à mesure qu’il avancera dans l’exposition de cette partie importante du système télégraphique de M. Baudot. L’étude particulière des organes de transmission, de réception et d’impression achèvera de mettre en lumière les questions restées obscures et montrera le rôle des frappeurs de cadence, rappel des armatures, action des relais sur les électro-aimants récepteurs, courant des freins, etc., qui ne seront que vaguement indiqués sur le diagramme général des communications du distributeur.
- Le diagramme est représenté fîg. 7 ; il est plus complexe que celui qui a été donné dans le chapitre précédent.
- Le distributeur dessert à la fois les organes de transmission et deréception; il se compose essen-
- tiellement de frotteurs portés par un bras tournant autour d’un axe vertical; chaque frotteur parcourt une rangée de contacts disposés circulairement, et l’axe ne sert plus aux communications comme dans les diagrammes théoriques. Les frotteurs sont reliés entre eux d’une manière convenable et tous les ciixuits aboutissent aux rangées de contacts du disque du distributeur.
- Pour la commodité du dessin, nous représenterons, pour le moment, les contacts disposés sur des rangées rectilignes parallèles : pour simplifier, nous nous bornerons à indiquer la partie qui concerne le secteur de l’un des postes, le secteur B par exemple.
- Les rangées de contact sont toutes figurées sur le diagramme : on a écarté quelques-unes d’entre elles pour indiquer dans les intervalles, le plus clairement possible, les comrnunications des organes de transmission et de réception réduites au strict nécessaire.
- Ligne
- Terr-e
- Relais de correctioïi polarisé
- <2>®—>
- FIG. 5
- FIG. ()
- La ligne est en relation constante avec les manettes de commutateurs à deux directions dont chaque poste est muni : l’une des positions correspond à la transmission, l’autre à la réception. Le commutateur est logé dans le manipulateur, sous la main de l’employé.
- Le butoir T communique avec un contact de la première rangée (celle qui est à l’extérieur du disque) : ce contact a toute la longueur du secteur réservé au poste considéré.
- La deuxième rangée est composée de 5 contacts égaux en regard du contact précédent : ces deux rangées destinées uniquement à la transmission, sont parcourues par une paire de frotteurs reliés ensemble et dits frotteurs de transmission. Leur rôle est de mettre la ligne successivement en communication avec les contacts des 5 divisions.
- Ces 5 contacts de la seconde rangée sont reliés directement aux godilles du manipulateur B; ces godilles reçoivent le nom de godilles de transmission, pour les distinguer d’autres dont il sera question tout à l’heure. Les butoirs de repos et de travail de ces godilles, comme nous l’avons indiqué sur le diagramme théorique de la fîg. 2, communi-
- quent avec les pôles négatifs et positifs des piles de ligne.
- On réalise le contrôle au départ en produisant l’impression des dépêches par les organes récepteurs du poste qui transmet. Pour obtenir ce résultat, les touches du manipulateur doivent effectuer le double rôle d’envoyer le courant des piles de ligue sur la ligne et en même temps celui d’une pile spéciale dans les relais récepteurs du même poste : aussi chaque touche actionne-t-elle un commutateur de plus que le diagramme théorique n’en indiquait.
- Ces commutateurs sont formés chacun d’une languette ou godille oscillant entre deux butoirs; l’une d’elles, déjà citée, est destinée uniquement à la transmission sur la ligne, l’autre au contrôle au départ : c’est la godille d'impression en local.
- Les communications de cette seconde série de godilles sont figurées dans le diagramme sur une rangée parallèle à la première.
- Les butoirs de repos sont tous réunis ensemble et au contact de réception du commutateur à manette ; les butoirs de travail communiquent au pôle positif d’une pile spéciale dite pile d'impression en local.
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- Les godilles elles-mêmes sont reliées respectivement aux 5 contacts de la 3e rangée : la 4“ rangée est composée également de 5 contacts placés en regard des précédents. Leur ensemble constitue les rangées de réception, parcourues par une paire de frotteurs (3 et 4) reliés ensemble.
- Les contacts de la 40 rangée communiquent respectivement aux circuits des relais récepteurs dont les autres extrémités sont à la terre. Ils sont parcourus par le frotteur 4 bis, un instant avant de l’être par le frotteur 4 : le but de cette disposition est d’envoyer dans le circuit de chacun des relais
- Transmission
- Ligne.
- Commutateurs à manette.
- | Rangées de transmission.
- Pile négative de ligne.
- Godilles de transmission.
- Pile positive de ligne.
- Ligne pendant réception.
- Godilles d’impression en local.
- Pile locale d’impression.
- Rangées de réception.
- Bobines des relais récepteurs.
- Terre des bobines des relais.
- 5. Contacts de mise à la terre pendant
- réception.
- 6. Contacts divers pour les organes im-
- primeurs, etc.
- 7. Pile locale.
- 8. Terre.
- 9. Pile négative pour le 'rappel des relais
- Secteur A. Secteur B.
- FIG. 7
- le courant d’une pile négative locale (fourni par | les frotteurs 9 et 4 bis qui communiquent ensemble) afin de ramener au repos les armatures de ces re- j lais un peu avant la réception des émissions de ligne ou les courants positifs de l’impression en local. !
- L’avance du frotteur 4 bis sur le frotteur 4 est ! d’environ la longueur d’un contact et demi. ;
- Secteur C.
- Le frotteur 5 est constamment à la terre par l’intermédiaire du frotteur 8 avec lequel il communique et qui parcourt la rangée n° 8 reliée à la terre : ce frotteur 5 parcourt la 5° rangée formée d’une série de 4 contacts très courts dans chaque secteur. Ces contacts correspondent aux intervalles entre les contacts de réception des rangées 3 et 4, et sont reliés à la ligne lorsqu’on est sur réception. De la
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- sorte, pendant la réception la ligne est mise un instant à la terre à chaque fois que les frotteurs de réception 3 et 4 passent d’une division à la suivante, c’est-à-dire entre chaque émission venant de la ligne. Il en résulte une séparation plus nette entre les émissions reçues et une sûreté plus grande dans le fonctionnement des relais récepteurs. Les effets nuisibles d’un léger défaut de synchronisme en sont notablement atténués.
- Les frotteurs 6 et 7 reliés entre eux ont pour rôle d’envoyer le courant d’une pile locale fournie par la 7e rangée dans divers contacts de la 6° rangée, destinés à desservir les organes de transmission et de réception, mais ne produisant que des effets locaux. Nous les indiquons seulement pour l’instant, la description complète en sera donnée en temps opportun.
- Les exigences du fonctionnement sur les longues lignes ont obligé à ménager entre les contacts de deux secteurs consécutifs un intervalle assez grand (de la longueur d’un contact environ). On a placé un contact dans les intervalles de chacune des 4 premières rangées et on lui fait jouer un rôle dont il sera question plus loin. Les résultats qu’on peut ainsi obtenir sont les suivants :
- i° Mettre un intervalle de temps entre les passages des frotteurs d’un secteur au suivant.
- 20 Envoyer sur la ligne un courant négatif avant chaque série de 5 émissions.
- 3° Mettre la ligne à la terre avant la transmission et la réception de chaque série d’émissions.
- 40 Enfin un dispositif spécial permet d’orienter les deux rangées de transmission 1 et 2 par rapport
- aux rangées 3 et 4 de réception. On en verra plus loin la nécessité et les conséquences.
- Il nous reste à parler du secteur de correction signalé dans le chapitre précédent. Il ressemble aux secteurs des divers groupes, il est parcouru par les mêmes frotteurs ; il possède des contacts continus dans chacune des rangées 1 et 3 et des contacts discontinus au nombre de 4 dans les rangées 2 et 4. Le premier, dans 4 contacts, peut être mis soit au pôle négatif de la pile de ligne, soit à la terre par mesure de précaution.
- Les contacts réellement indispensables sont au nombre de 3 : l’ensemble du secteur de correction occupe sur le disque un angle de 4o° environ.
- Nous savons qu’à l’une des extrémités de la ligne le distributeur commande le synchronisme, l’autre subit la correction : les appareils ne diffèrent pas somme construction les uns des autres et peuvent indifféremment commander ou recevoir la correction; ce n’est qu’une question de communication à établir au moyen de conducteurs. Dans le poste de départ, on utilise les contacts des rangées de trans-
- mission et dans l’autre ceux des rangées de réception.
- Au départ (fig. 5), la ligne est en relation constante avec le contact continu de la première rangée; les contacts extrêmes communiquent avec le pôle négatif de la pile de ligne et le contact intermédiaire avec le pôle positif. Il en résulte, au passage des frotteurs de transmission sur le secteur de correction, l’envoi d’une émission positive, précédée et suivie d’émissions négatives.
- A l’arrivée (fig. 6), la ligne est également en relation constante avec le contact continu de la troisième rangée; le contact extrême parcouru en dernier lieu par le 40 frotteur communique avec le circuit du relais de correction, qui est polarisé comme les relais récepteurs ; les deux autres contacts sont à la terre. Ces dispositions proviennent de ce que la correction se fait toujours aujourd’hui en retardant le distributeur du poste d’arrivée.
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- Les communications électriques de la distribution étant bien établies, nous allons indiquer les formes données aux différentes parties du distributeur.
- Le» figures 8 et 9 représentent le plan et la coupe du distributeur tel qu’il est construit aujourd’hui dans les ateliers de M. Carpentier. Il ne diffère pas essentiellement de celui qui figurait à l’Exposition. Pour permettre d’en modifier les communications suivant les circonstances, on a réparti uniformément les divisions qui paraissent, à cause de cela, diffé-
- rer des conditions du diagramme théorique de la figure 7.
- Chaque secteur contient les 5 contacts essentiels et est séparé du suivant par un contact qui peut être utilisé si cela est nécessaire.
- L’ensemble des rangées r et 2 est légèrement orienté par rapport au reste du disque ; on en verra plus tard le motif.
- Les contacts de chaque secteur de la rangée 1 sont reliés entre eux, comme le veut le diagramme. '
- FIG 9.
- Nous supposerons le distributeur destiné à la transmission sextuple comme celui qui figurait à l’Exposition Internationale d’Electricité.
- Il se compose essentiellement d’un disque horizontal en ébonite D (fig. 8, 9 et 10) sur lequel sont incrustées les 9 rangées de contacts circulaires et concentriques dont nous avons parlé. Un axe placé normalement au disque, et par suite vertical, guide un manchon M portant à sa partie inférieure un bras B muni de 10 frotteurs en forme de balais analogues à ceux des commutateurs de Gramme. A la partie supérieure, le manchon est terminé par une roue d’angle A engrenant avec un pignon P placé à l’extrémité d’un arbre horizontal hh; ce dernier
- reçoit le mouvement de rotation d’un moteur spécial par l’intermédiaire d’une poulie à gorge G.
- L’arbre horizontal est muni d’un volant Y et d’un régulateur de vitesse à lame vibrante en hélice et d’un modérateur à frottement empruntés aux télégraphes de Hughes. Nous ne ferons que les mentionner, leurs dispositions étant bien connues (figure 10).
- La vitesse peut être réglée pendant le mouvement par le déplacement d’un contre-poids sur la tige vibrante.
- L’ensemble des rangées 1 et 2 est monté sur un anneau en ébonite E indépendant, susceptible d’être orienté autour de l’axe général au moyen d’une vis
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- tangente ou d’un pignon denté engrenant avec le pourtour denté.
- Nous verrons plus loin l’utilité de cette disposition : nous ne ferons maintenant que la signaler.
- Une manette (fig. 8), placée entre l’engrenage conique AP et la poulie G, sert à mettre en marche ou à stopper le distributeur, et cela par le jeu d’un frein excentré frottant ou non sur l’arbre horizontal.
- La correction se fait de la manière suivante :
- Le distributeur du départ ayant la vitesse normale, on cherche, par tâtonnement, à donner au distributeur d’arrivée une vitesse légèrement supérieure, de telle sorte que si, à un moment donné, les frotteurs sont d’accord c’est-à-dire passent
- en même temps sur les mêmes contacts, il n’en sera plus de même au tour suivant, les frotteurs, à l’arrivée, auront une légère avance qu’il faudra détruire. Ce résultat est obtenu par un décalage ou changement d’orientation du bras porte*frot-teurs, provoqué par le jeu d’un électro-aimant spécial influencé par le relais correcteur.
- Le décalage est produit aisément pendant le mouvement par un dispositif tout spécial dont nous allons dire quelques mots.
- L’entràinement du porte-balais se fait par l’intermédiaire d’un pignon satellite S qu’il porte lui-même ; la roue supérieure engrène avec la roue R du manchon moteur M ; la roue inférieure r engrène
- FIG. 10
- avec un second pignon T terminé en forme d’étoile à longues branches.
- Par l’etfet du serrage des diverses parties et du frottement qui en résulte, l’entraînement du porte-balais par le manchon se fera sans erreur ; mais si l’on vient à présenter une tige rigide i sur le parcours de l’étoile T, les branches rencontrant cette tige provoqueront une rotation d’un certain angle du pignon T et par suite du pignon satellite S. Il en résultera un changement d’orientation ou décalage du porte-balais B par rapport au manchon M. Les dispositions sont prises pour que ce décalage ait lieu en sens inverse du mouvement de manière à compenser l’avance.
- La tige rigide t est poussée verticalement de bas en haut par l’armature a de l’électro-aimant correcteur C disposé horizontalement sous le disque d’ébonite.
- On opère en pratique de la manière suivante :
- Après avoir lancé le distributeur d’arrivée à une vitesse supérieure à celle du distributeur du départ, on s’assure que la correction se fait à chaque tour en observant les mouvements de l’armature du relais et de celle de l’électro-aimant correcteur; on ralentit ensuite peu à peu l’allure du distributeur jusqu’à ce que la correction ne se fasse plus que de temps en temps, tous les 6 tours par exemple ; le réglage se fait alors convenablement.
- La rencontre des branches de l'étoile par l'extrémité de la tige t fait tourner le pignon T d’un -~ de tour, il en résulte une orientation relative du bras B par rapport au manchon M d'un ~5 de tour.
- (A suivre). I. P.
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LES SALLES
- DK
- L'EXPOSITION D’ÉDISON
- Nous parlions dans le dernier numéro de l’éclairage de différents espaces au moyen des lampes à
- incandescence et nous citions comme représentant le type de vastes salons les salles de l’exposition d’Edison. Nous donnons aujourd’hui, dans les fig. i et 2, la reproduction de ces salles. Dans chacune d’elles l’éclairage était composé d’un lustre central, déjà décrit dans la Lumière électrique (n° 53, 1881), de huit suspensions de trois lampes chacune et d’une série de lampes isolées, disposées sur différents supports, soit contre les murs de la salle soit sur les tables. Les lampes employées étaient de deux grandeurs, les unes à peu près moitié plus
- FIG. I. — PREMIÈRE SALLE. DE L'EXPOSITION DE M. EDISON.
- petites que les autres, et les représentants de M. Edison les désignaient par les deux noms de lampes et demi-lampes. Les premières pouvaient avoir unë intensité de 1 beccarcel 1/4, les secondes représentaient un peu plus d'un demi-bec carcel. Chaque lustre supportait 60 demi-lampes, les seize suspensions éclairant les deux salles comprenaient 48 lampes et les lampes répandues en divers points des deux salles formaient un total de 5i lampes et .12 demi-lampes. L’éclairage comprenait donc en tout gg lampes et i5a demi-lampes. Il est juste de dire que ce nombre assez considérable de lampes donnait une lumière plus que suffisante et même un peu trop vive, mais l'installation n’avait pas été
- faite seulement en vue d’obtenir une lumière convenable, et les lampes placées contre les murs ou sur les tables n’avaient pas tant pour but de contribuer à l’éclairage que de faire voir des dispositions spéciales. C’est ainsi qiie tout un groupe de lampes massées dans un des angles de la salle du fond (fig. 2) était destiné à faire voir que l’on peut donner aux lampes à incandescence l’aspect ornemental que présentent nos lampes à huile ordinaires.
- Pour faire valoir l’éclairage et montrer l’effet qu’il peut produire sur la décoration d'un appartement, on avait garni de tableaux les murs de la salle d’entrée (fig. 1) et ceux de la salle du fond (fig. 2)
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- avaient été tendus avec les belles toiles peintes de M. Létorey.
- L’effet produit sur ces dernières était satisfaisant; pour les tableaux, ils nous ont paru moins avantageusement éclairés que ceux placés dans une autre salle où la lumière était fournie par des lampes Soleil.
- En dehors de la question d’éclairage, les ligures i et 2 rappellent les principaux appareils de l’exposition d’Edison. En premier lieu, dans la salle d’entrée, le célèbre phonographe qui, suivant le mot
- d’un journal américain, à eu pendant l’Exposition l’honneur de chanter devant le prince de Galles l’air national américain Yankee Doodle, et la malice de faire entendre au roi Kalakaua un autre chant populaire commençant par ces mots : Il y avait un vieux nègre. Puis ce sont : les tubes et les raccords servant à la canalisation des conducteurs dans les rues; l’installation photométrique, la disposition servant à régler l’intensité du courant pour l’éclairage. Le télégraphe imprimeur, le we-bermètre ou compteur de courants et l’électro-
- frieuse complètent la série des appareils les plus remarquables contenus dans cette salle.
- Dans la seconde pièce, un grand nombre d'échantillons de bambou, les fibres plus ou moins ténues qu’on en retire, les différentes phases delà fabrication des charbons, et les formes que prend successivement une lampe entre les mains du souffleur, attiraient d’abord l’attention. Le micro-tasimètre, l’é-lectro-motographe, et la disposition simple de l’expérience sur laquelle il est basé, le télégraphe autographique, et différentes vues de Menlo-Park, se trouvaient également dans cette salle. Mais ce qui attirait surtout les regards, c’était la plume électrique. On s’étonnait surtout de la facilité du tirage
- et de la netteté avec laquelle les traits pouvaient être tracés. Il semble en effet tout d’abord que la vibration imprimée à la plume par le moteur électrique qu’elle porte fasse trembler la main et empêche d’écrire nettement. C’est bien ce qui a lieu d’abord; mais la main acquiert bientôt la fermeté nécessaire pour que cela 11e se produise plus. Ceci dit en passant, ajoutons, pour conclure, que l’exposition de M. Edison aura présenté comme ensemble, à côté d’un certain nombre d’inventions originales, beaucoup d’appareils déjà connus comme principe, mais fort bien établis au point de vue de la construction.
- C. C. Soulages.
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- JOURNAL UNIVERSEL IV ÉLECTRICITÉ
- RECHERCHES
- SUR LA
- LA TORSION, LA FLEXION
- ET LE MAGNÉTISME PAR M. G. WIIÎDEMANN
- 2e article. ( Voir la numéro du 14 janvier.)
- II. Flexion.
- Pour étudier la flexion des tiges, 011 les a encastrées horizontalement par l’une de leurs extrémités entre deux fortes plaques de laiton. L’autre extrémité portait un index qui jouait sur une échelle, et en outre un miroir dans lequel on pouvait observer une échelle au moyen d’une lunette. A ce même bout était fixé un fil de soie qui passait horizontalement et dans une direction perpendiculaire à celle de l’axe de la tige sur une roue et pouvait être chargé de poids. La flexion temporaire que la tige éprouvait dans un plan horizontal pendant que ces poids étaient suspendus au fil, était mesurée en observant la position de l’index; la flexion permanente, qu’elle gardait après que l’on avait ôté les poids, était mesurée au moyen de la lunette et du miroir. Après avoir donné à la tige une certain flexion, on pouvait diriger le fil en sens contraire et, en le chargeant de poids, défléchir la tige.
- Les résultats que l’on obtient ainsi sont tout à lait analogues à ceux qui ont été trouvés pour la torsion des fils et qui sont énumérés ci-dessus dans les numéros 1 à 7. Nous ne les répéterons pas.
- Nous dirons seulement que les phénomènes de la flexion sont mieux caractérisés que ceux de la torsion ; par exemple la diminution des changements de la flexion d’une.barre, produits par l’effet réitéré des mêmes poids -f- A et — B, est bien plus considérable que cela n’a lieu pour la torsion (n° 4). Ainsi une barre dont la flexion permanente produite par un poids -f- A (240 grammes) était 89, et qui, après avoir été défléchie pour la première fois par le poids — B (211 grammes) n’avait gardé que la flexion 1,0, a présenté, lorsqu’elle a été fléchie et défléchie pour la trente-troisième fois par les mêmes poids -(- A et — B les flexions 44,8 et 24,4. Le changement était donc à la fin réduit à peu près au i/5 du changement initial.
- D’après les observations qui précèdent sur la flexion et la torsion, un fil ou une barre garde un changement de forme permanent dès qu’on les soumet aux moindres forces. Il n’y a donc pas une certaine limite de forces au-dessous de laquelle
- les corps reviennent tout, à fait à leur état initial lorsque les forces ont cessé d’agir, et il faut par conséquent restreindre la définition de la limite de l’élasticité complète. Un corps qui a été déjà tordu ou fléchi et puis détordu ou défléchi par certaines forces, éprouve toujours sous l’influence de forces tordantes ou fléchissantes moindres que les premières un assez grand changement permanent de forme, de manière qu’il n’y aurait plus dans ce cas aucune limite de l’élasticité.
- Cependant la forme d’un corps qui, sous l’effet d’une force K, a éprouvé un changement permanent, ne peut plus en subir par l’effet d’une force moindre que K, mais peut seulement éprouver une modification temporaire. Dans ce cas, la force K servirait à déterminer la limite d'élasticité complète.
- III. .Aimantation du fer et de Vacier.
- J’ai déjà communiqué dans les Archives (*) les résultats de quelques expériences sur ce même sujet. Je me suis servi du même appareil pour reprendre ces expériences et observer, sous différents rapports, les phénomènes de l’aimantation. Je me permettrai de redonner ici les anciens résultats auxquels j’étais parvenu, en y joignant ceux que j’ai obtenus depuis.
- x° Lorsqu’une barre d’acier est aimantée pour la première fois par des courants galvaniques passant autour d’elle, le magnétisme temporaire., produit pendant l’effet des courants, croît d’abord un peu plus vite que l’intensité du courant. Par l’emploi de courants plus intenses, le magnétisme tend vers un maximum.
- 20 Le magnétisme permanent, qui reste après l’interruption du courant, croît d’abord beaucoup plus vite que les forces aimantantes ; mais ep employant des forces plus grandes c’est l’inverse qui a lieu.
- 3° Lorsqu’une barre aimantée est désaimantée par des courants de direction opposée, son magnétisme diminue plus vite que l’intensité du courant augmente. Pour obtenir la désaimantation complète, on n’a besoin que d’un courant plus faible que celui qui avait produit l’aimantation.
- 40 Lorsque, après la désaimantation, on aimante et désaimante de nouveau la barre, le magnétisme permanent est un peu plus considérable que la première fois. Il ne croît plus aussi vite que la première fois avec l’intensité du courant, et parvient plus tôt au point de rebroussement au delà duquel le magnétisme augmente plus lentement que l’intensité du courant. Enfin le maximum de magnétisme, obtenu par le courant le plus fort que l’on
- (*) Voyez tome XXXV, p. 39, et tome II (nouv. période), p. 3oo.
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- emploie, diminue par l’effet d’aimantations réitérées jusqu’à une certaine limite. En même temps le courant opposé, qui la première fois suffisait pour produire la désaimantation complète, n’y suffit plus.- En employant ce même courant on observe que la barre garde un résidu de magnétisme permanent qui s’accroît jusqu’à une certaine limite. De telle manière que les changements permanents qu’éprouve le magnétisme de la barre, par l’effet réitéré des courants -f-J et —J, diminuent de plus en plus.
- 5° Une barre aimantée qui a été désaimantée par le courant — B ne peut acquérir un magnétisme permanent contraire au premier, ni par l’effet réitéré du courant — B, ni par celui d’un courant moindre que — B. Cependant ces mêmes courants employés dans le sens de la première aimantation ( -f- B) donnent à la barre une aimantation plus ou moins considérable.
- 6° Une barre qui, après avoir reçu une aimantation permanente A (qui peut être égale à zéro), a été désaimantée par un courant K jusqu’au magnétisme permanent B, et qui ensuite a été désaimantée par un courant opposé à K jusqu’à l’aimantation C comprise entre A et B, ne peut être ramenée à son aimantation primitive A qu’en la sonmettant de nouveau à l’effet du courant K.
- 7° Le magnétisme temporaire d’une barre qui est encore sous l’influence de la force aimantante est augmenté par des secousses ; le magnétisme permanent qu’elle garde après l’interruption du courant aimantant est, au contraire, diminué. Une barre qui a été aimantée et puis désaimantée s’aimante de nouveau par des secousses dans le sens de sa première aimantation.
- 8° Le magnétisme permanent d’une barre aimantée à la température ordinaire est diminué par la chaleur. Par le refroidissement la barre s’aimante de de nouveau quelque peu. Des changements consécutifs ont le même effet, seulement il est moins considérable. Les variations du magnétisme sont proportionnelles à son intensité.
- 9° Une barre aimantée à une température élevée perd une partie de son magnétisme par le refroidissement. La barre étant chauffée de nouveau, elle en perd encore une fois et reprend une partie de son magnétisme par le refroidissement.
- Si la barre aimantée a été soumise à des Secousses avant le refroidissement, elle ne perd plus de son aimantation permanente, mais en gagne comme une barre aimantée à la température ordinaire et puis échauffée et refroidie.
- io° Une barre aimantée et puis désaimantée par Mes courants galvaniques perd une partie de son aimantation par l’effet de la chaleur. Par le refroidissement la barre reprend du magnétisme. L’aimantation qu’elle acquiert ainsi est moindre que l’aimantation après la première des aimantations
- par le courant galvanique, si la désaimantation a été petite; elle est plus grande si la désaimantation a été considérable.
- V. Influence de la torsion sur le magnétisme des barres d'acier.
- J’ai déjà donné dans les Archives (nouv. période), tome II, p. 3oa, quelques résultats sur ce sujet qui a été traité aussi par MM. Wertheim et Matteucci. Je me permettrai toutefois de les reproduire brièvement en y joignant quelques observations nouvelles.
- i° Le magnétisme des barreaux d’acier est diminué par la torsion dans un rapport plus faible que celui de l’accroissement de la torsion. La diminution du magnétisme est à peu près proportionnelle à son intensité. Une barre aimantée et tordue que l’on fait revenir à sa position d’équilibre subit encore une très faible perte de magnétisme. Une torsion réitérée dans le même sens ne diminue que très peu le magnétisme de la barre. Une torsion dans le sens contraire le diminue considérablement.
- 2° Lorsqu’une barre aimantée a été tordue dans les deux sens contraires jusqu’à ce que son magnétisme permanent ne soit plus modifié en la faisant revenir à sa position d’équilibre, chaque torsion dans un sens augmente son magnétisme, chaque torsion dans le sens contraire le diminue. L’aimantation de la barre, lorsqu’elle est revenue à sa position d’équilibre, est comprise entre ces deux valeurs extrêmes. Elle est plus grande que la moyenne de ces valeurs lorsque la barre revient à l’état d’équilibre après avoir été soumise à la torsion qui donnait un maximum de magnétisme; elle est plus petite que cette moyenne si la torsion était celle qui correspondait à un maximum. La barre peut être amenée à ce même état permanent par des secousses au lieu de torsions. Cependant elles doivent avoir agi très fortement et pendant longtemps pour qu’une torsion ne diminue plus le magnétisme.
- 3° Une barre aimantée à laquelle on a ôté par une aimantation contraire une partie de son magnétisme, en perd moins par une petite torsion qu’une barre régulièrement aimantée. Une barre qui a été fortement désaimantée par un courant galvanique, prend par la torsion d’abord un magnétisme plus grand qu’auparavant; puis par une plus forte torsion son magnétisme est diminué. Plus la désaimantation a été forte, plus la torsion doit être forte pour donner à la barre le maximum de magnétisme. Si, par exemple, la barre a été complètement désaimantée, elle reprend du magnétisme par la torsion, et .celui-ci augmente avec la torsion, mais moins rapidement.
- 4° Des expériences confirment l’observation déjà connue, que le magnétisme temporaire d’une barre d’acier, qui est tordue pendant que le courant gai-
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- vanique effectue son aimantation, s’accroît par de petites torsions et diminue par des torsions plus grandes. Si la barre aimantée a été soumise à des secousses avant la torsion, le magnétisme temporaire en est diminué tout d’abord.
- 3° Une barre aimantée à la température ordinaire, à laquelle on a enlevé par la torsion plus de magnétisme qu’elle ne perd par des changements réitérés de la température entre certaines limites, retient tout son magnétisme lorsqu’après avoir été chauffée elle revient à la température ordinaire.
- Y. Influence de Vaimantation sur la torsion des fils de fer.
- Pour compléter ces expériences déjà publiées, j’ai fait quelques autres observations sur ce sujet avec l’appareil qui avait déjà servi pour les expériences sur la torsion. Après avoir fixé dans cet appareil un fil de fer, on l’a entouré d’une hélice en fil de cuivre, dans laquelle on faisait passer un courant. On pouvait ainsi mesurer l’influence de l’aimantation sur la torsion temporaire des fils de fer pendant que les poids produisaient encore leur effet et son influence sur des fils qui, après avoir été tordus, avaient reçu une détorsion plus ou moins grande.
- On a obtenu de cette manière lès résultats suivants :
- i° L’aimantation détord les fils de fer tordus. Cette détorsion croît moins vite que l’intensité du courant employé et se rapproche peu à peu d’un maximum. Elle est indépendante de l’épaisseur et de la torsion des fils, si cette dernière n’est pas trop considérable. Elle est, en outre, indépendante des poids qui tendent le fil de fer. L’emploi réitéré du même courant dans le même sens ne détord plus le fil, tandis qu’un courant de la même intensité, mais de direction opposée à celle du premier, le détord de nouveau.
- 2° Un fil qui, ayant été détordu par l’effet de courants aimantants opposés autant qu’il est susceptible de l’être par ce moyen, est tordu de nouveau par une aimantation contraire à celle qui, la dernière, avait produit la détorsion maximum, est détordu par une aimantation suivante dans le sens primaire.
- 3° Un fil de fer qui, avant d’être aimanté, n’a été que peu détordu par des poids, est moins détordu par l’aimantation qu’un fil directement tordu. Un fil qui a été plus fortement détordu acquiert, au contraire, de nouveau par l’aimantation une torsion qui s’accroît jusqu’à un maximum et qui est diminué par de plus fortes aimantations.
- 4° Un fil de fer que l’on aimante pendant que des poids effectuent sa torsion temporaire, se tord plus fortement par des aimantations assez faibles, et garde la torsion acquise après l’interruption du
- courant aimantant. Une aimantation plus forte détord le fil qui, après l’interruption du courant, reprend sa torsion. Lorsque le fil a été ébranlé avant d’être soumis à l’influence de l’aimantation, il se détord immédiatement. En mesurant les poids qui tordent le fil et qui sont soulevés pendant la détorsion, on obtient une mesure de la force détordante de l’aimantation. Dans une expérience, la force d’aimantation qui détordait un fil de fer de i ,4 m/m de diamètre élevait un poids équivalant de 11,000 grammes appliqué tangentiellement à la périphérie du fil.
- (A suivre). G. Wiedemann.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- A propos de la méthode de M. Lippmann pour la détermination de l’ohm
- Après la note de M. Lippmann répondant aux objections de M. Brillouin, note que nous avons résumée dans le numéro du 17 décembre dernier, M. Brillouin a fait à l’Académie des Sciences une communication dans laquelle il présente d’abord les remarques suivantes :
- « Les observations que j’ai présentées, dans une communication précédente, sur la méthode de M. Lippmann pour la détermination de l’ohm, portaient spécialement sur deux points: i° le principe de la méthode; 20 les irrégularités probables d’expérience. C’est sur ce second point seul qu’ont porté les calculs numériques de la réponse de M. Lippmann (Comptes Rendus, du 5 décembre i88i).Quantau premier point,M. Lippmann a admis implicitement dans sa première Note, très explicitement dans la seconde, qu’on a en général le droit de négliger l’influence de la capacité du fil d’un circuit ouvert, sur la différence de potentiel qu’il présente entre ses extrémités, et particulièrement sur le maximum de la différence du potentiel qui se produit quand le circuit tourne d’un mouvement uniforme dans le champ magnétique terrestre. C’est le degré d'exactitude de cette hypotèse que je vais examiner: i° pour un cadre de dimensions particu-culières, celui de l’Association Britannique, que M. Lippmann a choisi comme exemple; 2° pour un certain nombre de bobines différentes, qui permettront de formuler une conclusion générale. Dans ces calculs, j’adopterai, comme donnant une indication suffisante, l’artifice employé par M. Lippmann, qui consiste à reporter aux extrémités du fil la capacité évaluée par excès. »
- Faisant ensuite les calculs indiqués, M. Brillouin trouve que, suivant la bobine employée, la quantité
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- qu’on mesure est comprise entre la dix-millième partie et plus du double de celle qu’on veut connaître.
- Il termine en formulant les deux conclusions suivantes :
- « i° Exposée dans toute la généralité de la première note, la méthode de M. Lippmann mesure une quantité absolument inconnue. Les phénomènes dus à la capacité du fil ne sont pas négligeables en général.
- « 2° Avec les dimensions particulières insérées dans la réponse, il est possible que la méthode fournisse une détermination exacte de l’ohm. »
- Disposition pour commutateur
- Dans les commutateurs à lames de ressort tournant autour d’un axe perpendiculaire à leur plan, et venant s’appuyer sur des contacts fixes, on a facilement de mauvais contacts, parce qu’en général c’est la vis de l’axe de rotation qui produit la ten-
- sion des ressorts et que les mouvements successifs „ donnés aux lames tendent à desserrer cette vis et à affaiblir par conséquent la tension des ressorts. Il n’en est pas de môme avec le commutateur de Ruhmkorff et avec celui de Bertin parce que, dans ces appareils, les ressorts, fixes à une de leurs extrémités. sont, au moment du contact, écartés de
- leur position de repos par des pièces mobiles agissant normalement à leur surface. Les mouvements effectués par les parties mobiles de l’appareil n’ont donc aucune influence sur la bonne qualité des contacts. Le commutateur représenté par la fig. ci-jointe, et que nous communique M. Judet, jouit de ce même avantage. Il se compose de deux ressorts hémicirculaires cc', zz' conimur niquant chacun, par exemple, avec un des pôles d’une pile; entre eux est un autre ressort M/ M" M'" fixé en M'". Une manette métallique m m' tournant autour d’un axe BV porte deux goupilles, l’une G communiquant avec la manette, l’autre G' isolée de la manette au moyen d’ébonite ; l’axe de rotation et le ressort en M'" communiquent chacun avec une des bornes MT auxquelles est relié l’appareil dans lequel on veut envoyer le courant de la pile. Dans la position indiquée par la figure, le courant arrivant en C passe par le ressort c' c" et la goupille G dans la manette, arrive à l’axe et de là à la borne T. Après avoir traversé l’appareil extérieur, le courant arrive en M, passe en M"' et revient par la goupille isolée G' réunissant les deux ressorts jusqu’à la borne Z de la pile. Si, au contraire, la manette est placée à gauche de sorte que G' soit contre le ressort c' c", le courant partant de C arrive d’abord en M par l’intermédiaire de G' et des deux ressorts; il traverse l’appareil extérieur, puis de T anive à l’axe et de là par G au ressort zz' et à la pile.
- Une petite pièce R1U placée sur l’axe au-dessous de la manette porte un cran rr destiné à limiter la course de la manette.
- Sur les décharges électriques dans les gaz raréfiés (*)
- M. Goldstein se propose d’étudier particulièrement les radiations qui partent de l’électrode négative dans les gaz très raréfiés. On sait que ces radiations, en frappant une paroi solide, produisent des phénomènes lumineux. Ceux-ci se produisent seulement à l’extrémité des rayons, car, si l’on en limite nettement un faisceau par un écrou percé d’un trou, une surface fluorescente placée très près du bord de ce faisceau, sans l’entamer, ne s’illumine pas. D’autre part, si le faisceau frappe des substances incapables de produire la fluorescence, comme certaines variétés de mica, un écran fluorescent mis à l’abri des rayons directs pourra être rendu lumineux, s’il est exposé aux radiations renvoyées par le mica, bien que celui-ci l'este obscur. Enfin, si l’on emploie comme pôle négatif une pièce de monnaie, ou tout autre conducteur portant un dessin, on voit sur la paroi fluorescente
- (') Journal de physique, Déc. 1881, d’après les Annales de Wiedcmann.
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- une image de ce dessin. On peut meme en obtenir une photographie en faisant tomber les rayons sur du papier sensible.
- Il paraît résulter de ces faits que la radiation dont la transformation au contact de certaines parois fait apparaître la lumière, est de nature optique et est émise par la surface de l’électrode seulement.
- Ces phénomènes peuvent s’observer avec du gaz dont la pression varie entre des limites assez étendues et avec des décharges d’intensités variables, quand on fait traverser au circuit des intervalles plus ou moins grands dans l’air sous forme d’étincelle.
- Le faisceau négatif contient sans doute des rayons d’une extrême réfrangibilité qui se transforment en produisant la fluorescence. Aucune substance connue, même le quartz en lames aussi minces que possible, ne laisse passer la plus faible trace de ces rayons. Une couche de collodion de quelques centièmes de millimètre d’épaisseur empêche complètement la fluorescence des substances qu’elle recouvre.
- Les phénomènes peuvent aussi être obtenues avec une lame d’une substance isolante, par exemple de papier, percée de petits trous. Cette lame partage la capacité du vase en deux parties contenant chacune une des électrodes. Dans la cavité qui contient l’électrode positive, les trous de cette lame jouent le rôle d’électrode négative et produisent des phénomènes absolument identiques aux précédents. Quand on donne à cette cloison la forme d’un tube étroit s’avançant dans la partie positive et troué sur son contour, la ressemblance devient complète.
- Mode de décharge dans les gaz raréfies. — D’après l’opinion généralement reçue, le courant négatif va du pôle négatif au pôle positif, en traversant d’abord toute la longueur des rayons partis du pôle négatif, puis successivement les diverses couches de lumière stratifiée, qu’on peut appeler, par opposition, lumière positive. Cette hypothèse rencontre de nombreuses difficultés. Si l’électrode négative est de forme plate et tourne une de ses faces vers le pôle positif, le rayonnement s’observe aussi bien du côté opposé. Il faudrait donc que l’électricité rebroussât chemin pour aller au pôle positif. Si les deux électrodes sont très rapprochées à une même extrémité d’un long tube, la radiation négative manifeste son existence jusqu’à l’autre bout du tube, sans être influencée par ce voisinage : le courant devrait revenir sans manifester son passage.
- Avec la disposition ordinaire, pour un vide peu avancé, la lumière négative est séparée de la première couche positive par un espace obscur. Cet espace diminue à mesure que le vide s’avance ; il finit par disparaître, puis, pour un épuisement plus parlait, la lumière négati ve pénètre dans les couches positives sans se confondre avec elles. Plaçons,
- par exemple, l’électrode négative au fond d’un tube étroit qui se continue par un récipient plus large. Un peu avant la jonction, soudons au tube étroit une branche latérale au fond de laquelle nous placerons l’électrode positive. Les couches positives stratifiées rempliront cette branche et une partie du tube étroit en s’avançant vers l’électrode négative. En même temps, si le vide est suffisant, les rayons partis de celle-ci traverseront les couches positives et viendront provoquer la fluorescence de la paroi qui termine le tube large. La région illuminée sera nettement déterminée par la limite géométrique du faisceau. Faudra-t-il donc admettre que le courant, après être allé jusqu’au bout du tube, revienne sur lui-même, jusqu’au commencement de la première des couches positives, puis retourne en suivant celle-ci une à une ? On peut du reste, en faisant communiquer différentes parties du tube par de petits trous ou des sections contractés, provoquer l’apparition de la lumière négative secondaire et compliquer encore le mélange des couches lumineuses. Les rayons de la lumière négative sont cependant accompagnés par des courants électriques, puisqu’ils se comportent avec les aimants conformément aux lois ordinaires. D’autre part, aucun effet du retour de ces courants vers la première couche positive n’est observable. Il convient donc d’admettre que chaque couche de lumière négative primaire ou secondaire et chaque couche de lumière positive représentent un courant séparé, sans liaison avec les autres, et que tous ces courants sont, au fond, de la même nature.
- Chacun de ces courants présente, du reste, en tous les points, les mêmes caractères qu’à son origine. Ainsi les tubes larges, contenant de l’air, donnent généralement naissance à des couches de couleur rouge orangé, tandis que les tubes très étroits fournissent une lumière bleue. Cette lumière conserve la couleur et le spectre que lui a communiqué son origine, quels que soient ensuite les espaces larges ou étroits traversés par elle. L’électrode négative se comportant comme un ensemble d’ouvertures étroites pratiquées dans une substance isolante, fournit aussi une lumière bleue, que l’on observe généralement autour d’elle.
- A l’approche d’un aimant, les rayons appartenant aux différentes couches changent de direction et s’infléchissent vers la paroi du tube, sur laquelle ils donnent une bande de couleur déterminée pour chacune d’elles. La région de la paroi où chaque faisceau va alors aboutir dépend de son lieu d’origine du côté négatif, et non de sa terminaison positive. Les rayons des diverses couches, primitivement mêlés, peuvent se séparer complètement dans le mouvement d’inflexion. Il peut même se former des intervalles obscurs entre eux. Si la décharge constituait un courant unique, elle devrait se com-
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- porter, en présence de l’aimant, comme un conducteur flexible fixé à ses deux extrémités, tandis que chaque portion se comporte comme un conducteur séparé, fixé par un bout.
- Sous l’influence d’un aimant puissant, chaque courant s’enroule en spirale, comme le ferait un fil flexible présentant une extrémité fixe, et le commencement d’une de ces spirales n’a pas de relations avec la fin de la précédente, qui en est entièrement séparée.
- Nouvelles actions phosphorescentes de la décharge électrique. — On entoure l’une des électrodes d’une poudre phosphorescente, qui remplit tout l’intervalle compris entre la paroi et l’électrode, et recouvre cette dernière. Le courant étant alors établi, on touche avec un corps conducteur la paroi du tube, dans le voisinage de la poudre, et l’on voit des décharges ramifiées se produire à la surface du tube et dans la poudre, qui devient phosphorescente et prend des couleurs remarquables sur le trajet des ramifications. On obtient aussi le phénomène en promenant le second fil du circuit à la surface du verre.
- Un autre mode de phosphorescence montre que la lumière positive est de même nature que la lumière négative et se propage comme elle en ligne droite. On prend un tube courbé à angle droit, et dans lequel on fait un vide très approché. Les électrodes arrivent aux deux bouts. Sur la paroi convexe de la courbure, on observe une brillante surface phosphorescente, limitée nettement du côté positif par une portion de courbe parabolique qui dépasse un peu à son sommet l’alignement de la branche négative et devient indistincte à ses extrémités. Le même phénomène se reproduit à chaque courbure quand le tube en présente plusieurs, ce qui exclut la possibilité de l’attribuer à la lumière négative. La lumière n’est produite que par les extrémités des rayons en contact avec la paroi, puisque la région éclairée par le faisceau est nettement limitée. L’ombre produite par l’interposition d’un fil est aussi nettement tranchée. Si l’on emploie deux fils placés dans le plan de symétrie du tube, leurs ombres coïncident. Il s’agit donc d’une radiation rectiligne, à peu près parallèle à l’axe du tube; les rayons forment un faisceau conique d’un petit angle.
- Des expériences, faites avec des tubes de formes variées, montrent que la lumière d’une couche positive, produite dans une branche, se propage en ligne droite dans cette branche jusqu’à ce qu’elle rencontre et illumine une paroi solide, alors même que cette branche se termine en cul-de-sac, le pôle positif communiquant avec une branche latérale.
- Sur la théorie de Crookes au sujet de la décharge. — D’après Crookes, la lumière négative est due à la translation de molécules gazeuses projetées à partir de l’électrode négative. Ces molé-
- oules ne produiraient de lumière qu’en arrivant dans une région où elles rencontrent soit la paroi, soit d’autres molécules gazeuses qui ne partagent pas leur mouvement. On peut objecter à cette hypothèse qu’une première couche lumineuse jaune entoure immédiatement l’électrode négative et fournit le spectre de l’air sans les raies du sodium, que la couche suivante, considérée par Crookes comme complètement obscure, émet en réalité une faible lumière bleue, enfin que les trajectoires des molécules repoussées devraient être les lignes de force, c’est-à-dire des hyperboles et non des droites, dans le cas d’un fil reétiligne étroit.
- Si l’on place obliquement devant l’électrode négative une surface métallique plane, en sorte qu’elle dépasse en partie les limites de la distance où se produit la phosphorescence négative, cette surface devrait présenter une partie illuminée et une partie obscure nettement délimitées, ce qui n’a pas lieu. L’éclat diminue graduellement sur les surfaces. M. Crookes admet toutefois qu’un petit nombre de molécules peuvent avoir dépassé sans collision la distance moyenne où la rencontre se produit avec d’autres molécules, bien que la grande masse de ces molécules atteigne seulement cette distance, qu’on peut calculer d’après la théorie mécanique des gaz. Cependant on a pu observer, dans un cas où la couche sombre atteignait om,o6, l’illumination de la paroi opposée par les rayons négatifs à om90 de distance. D’après les expériences de M. Hayen, la plus faible pression qu’on puisse obtenir avec une
- pompe à mercure est En la supposant réalisée,
- la course moyenne des molécules serait d’environ om,oo6. Or la couche sombre est dix fois plus grande et les molécules qui illuminent la paroi atteignent une distance cinquante fois plus grande. La probabilité pour qu’une • seule molécule pût l’attendre serait environ 7 X io~ G“.
- M. Crookes pense que les rayons négatifs sont lancés perpendiculairemement à la surface qui les émet. Comme preuve il annonce que si l’électrode négative est un miroir concave dont le centre est sur la paroi, le centre seul est illuminé. M. Goldstein a trouvé que, si le miroir concave est placé en face de la paroi, la région illuminée de celle-ci a un diamètre qui dépend du degré de vide et des intervalles d’air interposés dans le courant, ce qui contredit l’hypothèse d’une direction constante des rayons. D’autre part, cette région illuminée est toujours nettement délimitée, et si le bord du miroir présente une imperfection, elle se voit au bord correspondant de l’espace éclairé.
- On sait que la vitesse de translation d’un gaz lumineux en altère le spectre en modifiant la longueur d’onde des raies. Si le courant électrique était accompagné du déplacement des molécules gazeuses, 011 devrait pouvoir observer cet effet.
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- Les expériences spectroscopiques ne donnent rien de semblable et conduisent à rejeter toute convection du gaz ayant une vitesse comparable à celle que Wheatstone et l’auteur lui-même ont trouvée pour la décharge électrique dans les gaz raréfiés.
- Sur là polarisation singulière des électrodes (').
- Le phénomène désigné par le titre ci-dessus a été observé par M. A. Sokoloff, de Varsovie, en étudiant l’influence de la durée du courant polarisant ou primaire sur l’intensité du courant dépolarisant ou secondaire. Il se servait d’un voltamètre à électrodes de platine (plaques de 640““°) rempli d’eau acidulée au 1/10, que l’on avait fait bouillir sous la basse pression d’une pompe de Sprengel, afin d’en chasser les gaz dissous et d’affaiblir ces courants irréguliers que M. Helmholtz appelle courants de convection. Un élément Daniell constituait la pile polarisante. L’expérience a montré que le courant secondaire croît rapidement avec la durée de la charge; tout en restant, même au commencement de la décharge, plus faible que le courant primaire. Mais quand le voltamètre avait été chargé pendant vingt quatre heures, le courant secondaire était considérablement plus fort que le courant primaire. C’est ce phénomène nouveau que l’auteur appelle polarisation singulière.
- La polarisation singulière ne se manifeste avec l’eau acidulée que dans des voltamètres ouverts. Le courant de dépolarisation est d’autant plus intense au début que la surface des électrodes est plus petite, et que la résistance est plus faible; mais plus le phénomène est intense, moins sa durée est longue. Donc, du moins dans certaines limites, l’intensité du phénomène croît avec la densité du courant. La polarisation singulière se manifeste plus ou moins rapidement après la fermeture du primaire ; généralement dix-sept à vingt-quatre heures suffisent pour qu’elle prenne un développement considérable. Il existe une certaine limite de la force électromotrice polarisante, au-au-dessous de laquelle la polarisation singulière ne se manifeste jamais. Cette limite était, au minimum, de idn, 46 dans mes expériences; mais elle variait d’une expérience à l’autre.
- Avec l’eau distillée la polarisation singulière n’a été observée que très rarement (entre des électrodes à pointes) et elle était très faible ; le courant de décharge ne surpassait le courant primaire que de quelques degrés. Le phénomène devient de plus en plus marqué, et il croît d’abord très rapidement, avec la concentration de l’acide.
- L’étude de la polarisation singulière a porté l’auteur à penser qu’il faut en chercher la cause dans la for-
- (') Journal de Physique. Décembre 1881.
- mation du peroxyde d’hydrogène H2 O2 sur l’anode, pendant la charge. Mais, comme la force électromotrice de iau ne suffit pas pour décomposer l’eau, cette formation de IDO2 n’est possible que grâce à l’oxygène qui se trouve dans le liquide et sur les électrodes, et qui n’est pas tout à fait éloigné par la pompe et par l’ébullition. La formation de H202 est accompagnée d’une absorption d’énergie de io,8oocal par équivalent, d’après M. Berthelot;
- donc elle exige une force ^^<U1S’=o‘llls44 (’)•
- Si la polarisation singulière dans les solutions d’acide sulfurique est due à la formation de H2Oa, on doit penser qu’elle peut aussi être observée chaque fois que l’électrolyse s’accompagne de la formation de peroxydes métalliques sur l’anode, exemple avec les sels de P b M«, Co, N i, R/, A g, etc. Les expériences, toujours exécutées avec des forces électromotrices incapables de produire la décomposition ont confirmé cette conclusion. Avec iau, on remarque la polarisation singulière dans les solutions de nitrate de plomb P b (NO3)2, qu’elles soient faibles ou concentrées ; mais ici elle est très faible dans un voltamètre purgé d’air et très intense dans un voltamètre ouvert : on ne voit, dans le premier cas, aucun dépôt sur l’électrode positive, tandis que, dans le second, cette électrode se couvre d’une couche de peroxyde d’abord très mince et de couleur jaune, qui disparaît complètement par la décharge; mais, quand la charge a duré longtemps, le dépôt devient jaune foncé, rouge foncé ou noir. La dépolarisation singulière dure de cinq à dix minutes, et le dépôt de peroxyde ne subit en apparence aucune diminution pendant la décharge. Enfin, ayant saturé le liquide avec de l’oxygène, l’auteur a obtenu sur l’anode un dépôt noir de peroxyde en abondance. La dépolarisation singulière durait, dans ce cas, des dizaines de minutes; le courant de décharge tantôt diminuait lentement, tantôt présentait des renforcements périodiques, et la cathode se couvrait peu à peu d’un dépôt jaune de peroxyde.
- On observe aussi une polarisation singulière très forte dans les voltamètres ouverts, beaucoup plus faible dans les voltamètres fermés, avec les solutions des sulfates de manganèse, de cobalt, de nickel et du nitrate de bismuth.
- Les dépôts de peroxyde, sauf pour les sels de manganèse (2), ne se produisent que dans les voltamètres ouverts. Ces dépôts ont les mêmes propriétés que dans le cas du plomb; ils se forment plus facilement dans les solutions concentrées, et
- (]) a5ioo cal. est la chaleur de dissolution du zinc dans la pile, d’après M. Thomsen. O11 suppose que la loi de Faraday est applicable à cette pile, ce qui s’accorde très bien avec le résultat des expériences de l’auteur (od!1,46).
- (2) Ces derniers donnent même, dans le cas d’un voltamètre fermé, un mince dépôt de Mn Os sur l’anode.
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- ne disparaissent pendant la décharge, que si la couche est très mince. Quand l’épaisseur devient plus grande, le dépôt passe par toutes les nuances, depuis le jaune jusqu’au noir. Sur des fils de 8ou,lu de longueur et de 7mm d’épaisseur, on voit les dépôts se produire à partir de iai1; mais, si les dimensions de l’anode deviennent plus petites, il suffit d’une force électromotrice moindre : o‘m,3 pour Mn O3, o'111,6 pour Pb O2, etc.
- Il faut toujours une certaine force électromotrice minimum pour que la dépolarisation singulière se manifeste : odll,i5 pour les solutions de M« SO4, oau,55 pour celles de P£ (NO3)3, etc. L’évaluation exacte de ces limites présente des difficultés encore plus grandes que dans le cas de l’eau.
- Quant à l’argent, l’auteur n’a pu observer aucune dépolarisation, singulière ni dans les nitrates ni dans les sulfates de ce métal, quelles que fussent les conditions de l’expérience, et cependant la formation du peroxyde était visible avant même que la décomposition électrolytique eût lieu. M. Sokoloff ignore la cause de cette anomalie.
- Il a essayé ensuite les sulfates de zinc, de cadmium et d’aluminium avec une force électromotrice de ian. Ici la dépolarisation singulière se manifeste toujours, que le voltamètre soit fermé et purgé d’air, ou bien ouvert; mais, dans le premier cas, elle est plus énergique et dure plus longtemps. Dans les sels de zinc et d’aluminium on ne voit aucun dépôt sur l’anode, tandis que les sels de cadmium donnent un dépôt de couleur jaune intense, qui devient de plus en plus clair pendant la décharge, et disparait complètement en quelques heures. Avec les forces électromotrices excédant iau les sels de zinc donnaient un dépôt jaune sur l’anode, tandis que dans les sels de cadmium, il se formait un précipité gélatineux, qui disparaissait en se dissolvant, quand on agitait le liquide. Dans tous les cas, la décomposition de l’électrolyte n’a pu avoir lieu. L’auteur ne saurait dire rien de positif sur la nature chimique, de ces dépôts et de ces précipités; dans le cas du cadmium et de l’aluminium on pourrait croire que c’étaient des hydrates de leurs oxydes, mais on ne connaît aucune combinaison de zinc qui soit de couleur jaune.
- Enfin l’auteur a examiné les nitrates et les sulfates des alcalis et des terres alcalines. Ils manifestent tous la dépolarisation singulière, mais, tandis qu’avec un voltamètre ouvert on n’observait qu’une impulsion galvanométrique de peu de durée, le phénomène subsistait encore dans le cas du voltamètre fermé, trente à cinquante minutes après la décharge. Dans les solutions faibles on n’observait ni dépôts, ni précipités; mais avec les solutions concentrées et avec des forces électromotrices de iau à 2an, on voyait un dépôt qui était d’abord jaune, puis jaune foncé (sels de Na, Mg et Ba) ou rouge foncé (sels de K) ; il devenait noir si on se
- servait de pointés. Ces dépôts disparaissent très rapidement pendant la décharge; mais ils restent invariables pendant quelques heures, si l’on se borne ;\ ouvrir la pile; ce sont, très probablement, des degrés supérieurs d’oxydation des métaux correspondants. Si on admet que la formation de ces combinaisons exige une absorption d’énergie qui reparaît ensuite sous forme de courant électrique quand le dépôt disparaît, le phénomène de la polarisation singulière sera facile à expliquer. L’énergie accumulée pendant des heures de charge reparaît dans la décharge qui ne dure que quelques dizaines de minutes.
- Quant à l’électrode négative, elle reste, en général, tout à fait nette, à moins que ce ne soit un fil de dimensions trop petites... Avec des pointes on voit toujours un dépôt sur la cathode, dépôt poudreux, de couleur grise ou blanche avec les sels de plomb, granuleux avec les sels de zinc; enfin, luisant et cle couleur rose avec les sels d’aluminium et de manganèse. Dans les sels des alcalis et de terres alcalines, on obtenait, en se servant de pointes, des dépôts granuleux noirs. Tous ces dépôts n’étaient certainement pas des impuretés étrangères. Les sels, vendus comme chimiquement purs, avaient été purifiés de nouveau, par une cristallisation de leurs solutions concentrées.
- Sur les procédés de cuivrage de la fonte, employés au Val-d’Osne.
- A l’occasion des récentes communications de M. Weil, MM. Mignon etRouart viennent d’adresser à l’Académie des sciences la lettre suivante :
- « Dans une Note publiée aux Comptes rendus du 19 décembre 1881, M. Weil assimile ses procédés de cuivrage à ceux que nous avons introduits au Val-d’Osne, avec l’aide de M. Gauduin, aujourd’hui décédé.
- « Or M. Weil emploie, pour effectuer le cuivrage, un bain de sulfate de cuivre fortement alcalinisé, avec addition d’un acide organique empêchant la précipitation de l’oxyde de cuivre. Il insiste sur ce qu’il fait, de Valcalinité, la. base même de son système.
- « Nous employons une solution franchement acide, d’un sel double d’acide organique de cuivre et d’un alcalin quelconque.
- « Ainsi, M. Weil n’emploie l’acide organique que comme accessoire; c’est au contraire la base de notre système. Il emploie un bain fortement alcalin, nous employons un bain fortement acide. Nos procédés sont donc absolument différents.
- « Nous serions reconnaissants, si l’Académie voulait bien accueillir cette rectification. »
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- FAITS DIVERS
- Un ingénieur parisien, M. Chapuis, vient d’adresser au Conseil municipal et à la préfecture de la Seine une demande d’autorisation d’établir dans Paris â ses frais et à titre d’essai un tramway électrique sur colonnes à câbles volants. Cette demande a été déposée par M. le conseiller municipal Delhomme.
- Sur le chemin de fer électrique de Lichterfelde à Berlin vient d’être faite une intéressante expérience de circulation simultanée de deux wagons. La deuxième voiture ressemble complètement à celle qui sert depuis plusieurs mois au transport des voyageurs entre la gare et l’école des cadets. C’est le modèle de cette voiture qui se trouvait à l’Exposition Internationale d’Électrîcité de Paris. M. le Dr Siemens, entouré de ses ingénieurs, assistait à cette expérience qui a donné des résultats au-dessus de toute attente. Les deux voitures se sont mises en mouvement dans chaque sens avec autant de sûreté et de rapidité qu’une seule et c’est à peine si l’on remarquait une différence dans la vitesse de la locomotion, lorsque la deuxième voiture était lancée. Ce n'est qu’à la machine à vapeur fixe génératrice du courant électrique que l’on pouvait reconnaître qu’elle devait employer une force double, lorsqu’il fallait faire mouvoir deux voitures à l’aide du courant. Ces expériences ont confirmé ce fait que sur les voies électriques plusieurs machines peuvent marcher à la fois, sans se gêner mutuellement, ce qui augmente sensiblement leur importance pour le trafic.
- On annonce de Barcelone la. formation d’une Compagnie pour le développement, l’achat on la vente de tout appareil se rapportant aux téléphones, à l’éclairage électrique, à la transmission des forces et autres applications de l’électricité.
- On dit que M. Edison a fait un traité avec le président du Northern Pacific Railroad pour avoir cinquante milles de voie ferrée dans le Minnesota, afin d’essayer la valeur de ses machines électriques pour les besoins ordinaires d’un chemin de fer.
- L’Institut royal scientifique de Venise offre un prix de 2 5oo francs pour le meilleur essai concernant « Les Hypothèses récemment émises sur les causes des phénomènes de la lumière, de la chaleur, de l’électricité et du magnétisme *>. Les écrits sur ces sujets devront être adressés à l’Institut de Venise avant le 3i mars i883.
- D’après le Glasgow News, une compagnie vient d’acheter l’usine de Baltic Works, pour fabriquer en grand des machines électriques et principalement celles d’Akester et Ker-medy. On va d’abord construire une machine dynamo-électrique de 600 chevaux pouvant faire marcher 3 000 lampes à incandescence.
- Éclairage électrique
- C’est le 1e1’ février prochain, que la ville de Saint-Raphaël sera éclairée entièrement à la lumière électrique.
- M. Parent, inspecteur de la Compagnie d’électricité, fait en ce moment procéder aux travaux d’installation.
- A cette occasion, il y aura grande fête le février à Saint-Raphacl
- Un grand nombre d’habitants des environs se promettent
- de jouir du spectacle nouveau* et curieux d’une ville — la première en France — éclairée au moyen de l’électricité !
- Les invités de M. Martin se réuniront le soir au Grand-Hôtel où un banquet monstre aura lieu — la salle du festin sera naturellement éclairée à la lumière électrique.
- On va prochainement éclairer, paraît-il, à la lumière électrique les Halles centrales et leurs abords, où chaque nuit il y a un si grand mouvement. Cet éclairage doit être mis en adjudication; voici dans quelles conditions :
- L’éclairage serait payé à l’heure. Le bec Carcel servirait de base pour mesurer l’intensité de la lumière dont l’effet utile serait mesuré plutôt par la surface éclairée que par l’intensité intrinsèque des foyers.
- Les constatations quotidiennes seraient faites par les agents du service de l’éclairage qui s’assureraient notamment que les becs fonctionnent avec l’éclat prévu.
- Les irrégularités signalées et les déficits constatés donneraient lieu à des états de retenue.
- Le service d’architecture et celui de la voie publique supporteraient respectivement les dépenses qui leur incombent.
- On nous écrit de Londres : L’expérience de l'éclairage électrique du théâtre de Savoy a été complète. Le gaz a été supprimé radicalement de la scène. L’effet est on ne peut plus satisfaisant. Les couleurs des costumes de l’opéra-comique de Patience ont les mêmes teintes qu’en plein jour. Comme ils sont très riches, et dessinés avec goût l’effet est des plus remarquables. O11 peut affirmer que le grisou perfectionné qui porte le nom de gaz ne reparaîtra plus jamais sur cette scène digne de l’époque où nous vivons. Pour diminuer ou augmenter la quantité de lumière émise et régler les effets comme avec des becs de gaz, 011 emploie des bobines de résistance faites gvec du fil de fer. Comme la conductibilité de ce métal est dix fois moindre que celle du cuivre, la graduation est beaucoup plus facile â obtenir.
- Il est vrai que la force électrique employée à vaincre la résistance du fer est engendrée en pure perte. C’est un inconvénient au point de vue économique. Mais dans un éclairage de luxe comme celui d’une salle de spectacle, ce détail n’est que secondaire.
- Le directeur de Savoy a donné à ses invités une démonstration publique destinée à prouver qu’avec les lampes à incandescence, il est impossible de mettre le feu aux décors ou aux vêtements des artistes.
- Au moment où le rideau venait de baisser sur la première partie de Patience, il s’est avancé près de la rampe où il a pris au hasard une lampe Swan. II l’a enveloppée d’un morceau de mousseline et l’a brisée d’un coup de marteau. On a entendu un grand bruit provenant de la rentrée de l’air, mais la lumière s’est éteinte instantanément, la mousseline n’a même pas été noircie.
- On se demande pourtant si un plus petit nombre de lampes â incandescence plus intenses, du type Maxim, ne feraient pas un meilleur effet que les petites lampes Swan de i5 candies qui ne donnent pour la.plupart en réalité que 8 ou dix candies et même moins.
- La lampe â incandescence de 15 candies est trop faible pour l’éclairage de vastes espaces comme une scène ; mais d’un autre côté la lumière â arc est trop peu fixe et il faudrait trouver quelque chose d’intermédiaire, dans le système â incandescence et d’une intensité de 5o â 5oo candies.
- Les machines dynamo-électriques Siemens qui produisent l'électricité sont placées dans un hangar sur un grand terrain au-dessous du théâtre au niveau des quais, et on se propose d’établir lâ une station centrale pour la production de l’électricité par les mêmes moyens afin de fournir le courant électrique aux théâtres et autres entreprises du quartier du Strand.
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- LA LUMIERE ELECTRIQUE
- Des expériences très intéressantes viennent d’être faites à Smethwick, près de Birmingham, avec une nouvelle lamps qui doit être employée dans les phares de South Head, Mac-quart Harbour, Sydney, New South Wales. C’est un foyer dioptrique, tournant et à arc voltaïque. Cette lampe a un système particulier de prismes pour assurer la divergence verticale des rayons; elle a environ deux mètres de diamètre et trois de hauteur. Le régulateur qui fournit la lumière a, paraît-il, une puissance de 12000 candies au foyer, et les rayons émergeants une intensité lumineuse qui dépasse 12000000 de candies. La moitié de l’horizon sera illuminée à des intervalles de une minute et la révolution complète sera exécutée dans seize minutes. On pense que la lumière sera visible à une distance de cinquante à soixante-dix kilomètres.
- Ce puissant foyer électrique, construit par MM. Chame sur les projets du Dr Hopkinson F. R. S., est commandé par le gouvernement de la Nouvelle-Galle du Sud.
- Une nouvelle lampe électrique de l’invention de MM. G. Hawkes et Ce de I’EIectric Light Association, vient d’être exhibée dans Gray’s Inn Road à Londres. Les inventeurs prétendent que leur lampe est plus simple et plus économique que toutes celles qui sont actuellement en usage. Les roues, poulies, cordes et autres mécanismes sont en grande partie supprimés par la substitution d’un simple procédé qui peut rendre la lampe particulièrement utile pour l’éclairage des rues. Un des transepts du Pala!s de Cristal de Sydenham doit être éclairé avec des lampes Hawkes que l’on peut suspendre au plafond ou fixer sur un pilier comme les appareils d’éclairage au gaz.
- A Madrid, doit avoir lieu à partir du i5 mai prochain une exposition publique internationale de minéraux, de métaux, de céramique, de verrerie. Cette exposition organisée au Buen Retiro, le Bois de Boulogne de la capitale de l’Espagne, pourra être visitée la nuit aussi bien que le jour, car elle sera éclairée par la lumière électrique dans toute son étendue. D’après les plans approuvés par M. Alba Salcedo, député, président de l’exposition, celle-ci n’aura pas moins de trois kilomètres de circonférence; toutes les dispositions sont déjà prises pour que le public puisse circuler chaque soir à la lueur des foyers électriques de systèmes différents.
- A Dewsbury, ville industrielle du comté d’York, la lumière électrique a été introduite avec succès, ces jours derniers, par MM. Crompton et Ce. On a éclairé la place du Marché et ses approches. Des foyers supplémentaires vont être placés dans Church Street et dans Upper et Lowcr Westgate.
- A l’occasion d’un séjour que viennent de faire à Manchester les ducs d’Albany et d'Edimbourg, la façade du grand établissement de MM. Lewis dans Market Street a été brillamment éclairée par l’électricité.
- La ville de Cincinnati, dans l’Etat d’Ohio, compte environ 75 lampes électriques qui fonctionnent régulièrement tous les soirs. De nouvelles demandes arrivent de tous côtés à la Compagnie locale, qui touche un droit fixe de deux francs par jour pour chaque foyer et en même temps un prix de quarante centimes par heure d’éclairage.
- Chestnut-street à Philadelphie est éclairée depuis le 2 décembre avec des lampes électriques Brush, depuis la Dela-ware jusqu’au Schuylkill, sur une longueur de deux milles et demi.
- Télégraphie
- Le Times cite^un remarquable exemple de rapide transmission télégraphique. Mardi soir, à l’issue d’un grand meeting tenu à Birmingham et où M. Bright avait pris la parole, le maire de Birmingham est venu annoncer à l’assistance qu’il venait de recevoir de Londres un télégramme l’informant qu’à neuf heures vingt minutes le discours entier qu’avait prononcé au meeting M. Bright était parvenu par le télégraphe dans la métropole. L’expédition du compte rendu du meeting a été le plus grand et en même temps le plus rapide travail qu’ait jamais accompli le bureau télégraphique de Birmingham. Le nombre des mots transmis à Londres a été considérable. M. Bright a commencé à parler à 7 h. 25 du soir; six minutes après, la première page de manuscrit était remise par le reporter aux employés du télégraphe de service dans le hall, et à 8 h. 38 la transmission à Londres, Manchester et autres stations commençait. A 8 h. 35, M. Bright s’asseyait, et la dernière page des notes sténographiées du rapport pour Londres était transcrite et expédiée du hall à neuf heures moins trois minutes. Elle était immédiatement envoyée par le fil à Londres, d’où les autorités postales accusèrent réception de tout le discours de 7 336 mots à 9 h. 20. L’allocution de M. Chamberlain, suivit le discours de M. Bright, puis M. Bright reprit la parole pour remercier le maire de Birmingham. M. Chamberlain prononça 6 236 mots. L’expédition de tout le rapport était terminée à 10 h. 42 pour Manchester, Bradford et Liverpool; à 11 h. 5 pour Londres, à 11 h. i5.pour Leeds, Sheffield et Édimbourg, à 11 h. 55 pour Nottingham; à 12 h. 10 pour Glasgow et à 1 h. 6 du matin pour Dublin. _________
- Grâce à une dépense d’environ quarante millions de francs, l’empire d’Allemagne est pourvu maintenant d’un ensemble de communications télégraphiques souterraines qui, en temps de paix comme pendant la guerre, sont à l’abri des influences météorologiques et des moyens de destruction par l’ennemi. Cette grande entreprise a été poussée on ne peut plus activement dès 1876, aussitôt que ses réels avantages ont été bien reconnus, et le vaste réseau de câbles souterrains que possède actuellement l’Allemagne sera probablement plus économique par la suite que le système des fils aériens employé dans tous les autres pays, système exposé à toutes les intempéries et aux accidents les plus divers.
- Il est bien à souhaiter que cet exemple soit suivi dans tous les grands pays, comme on vient de commencer à le faire en France et que les autorités chargées de veiller à l’application de ces progrès scientifiques n’attendent pas quelques grandes catastrophes pour se mettre à l’œuvre.
- La ligne du télégraphe arctique, nouveau câble sous-marin le plus au nord de l’Europe sera placée entre Thurso dans le Caithness et Iceîand en passant par les îles Feroe. La tête de ligne dans Iceland se trouvera à Reikiavik et communiquera avec Stappen, principale ville du Wester-Amt, et avec Madruvel,dans le Norder-Amt. Le coût de ce câble, dont les études ont été faites à Copenhague, sera d’environ 6 700 000 francs.________________
- Des pourparlers engagés depuis quelque temps entre le gouvernement hellénique et les représentants de la Compagnie des câbles sous-marins Eastern de Londres pour la pose d’un câble sous-marin entre Corfou et Trieste viennent d’aboutir. La concession de cette entreprise ayant été de même accordée par le gouvernement autrichien on va procéder à la pose de ce câble qui, à part son utilité locale, est destiné à créer une nouvelle voie pour l’échange des correspondances télégraphiques internationales.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 26012
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Electricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4® ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 28 JANVIER 1882 N» 4
- SOMMAIRE
- Exposition Internationale d’Électricité : Exposition des différentes Compagnies de Chemins de fer français. Exposition du chemin de fer du Nord; Th. du Moncel. — Recherches sur l’aimantation, par le Dr W. Siemens ; A. Gueroüt. — Exposition Internationale d’Électricité : Étude sur le système de transmission multiple et le télégraphe, imprimeur de M. Baudot (4® article); J. P. — Appareils de tintement dans les clochers pour annoncer les incendies ; C. A. NystrOm. — Appareils de mesures électriques à l’Exposition de l’École supérieure de télégraphie; E. Mer-cadidr. — A propos de l’éclairage du Savoy-Theatre ; C. C. Soulages. — Recherches sur la torsion, la flexion et le magnétisme (3e article) ; G. Wiedemann. — Revue des ‘ travaux récents en électricité : Mesure des potentiels correspondant à des distances explosives déterminées. — L’aciération des planches gravées. — Des actions locales qui ont lieu dans les piles Planté. — Faits divers.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- EXPOSITIONS .
- DES DIFFÉRENTES COMPAGNIES DE
- CHEMINS DE FER FRANÇAIS
- EXPOSITION DU CHEMIN DE FER DU NORD
- Nous avons déjà consacré quatre articles à l’Exposition des chemins de fer de Paris-Lyon-Méditerranée, et nous comptions nous occuper d’une manière toute spéciale de l’Exposition du chemin de fer du Nord, qui est celui de tous nos chemins de fer qui a le plus expérimenté et le plus employé les moyens électriques. Nous comptions même donner un joli dessin de l’ensemble de cette Exposition, qui présentait un coup-d’œil réellement pittoresque, et permettait de voir en même temps tous les dis- positifs électriques aujourd’hui appliqués sur ses lignes; mais par suite d’une défiance, dont il est difficile de se rendre compte, l’administration de ce chemin de fer nous a refusé l’autorisation de faire dessiner les appareils exposés, et nous sommes obligé, pour compléter notre travail, d’avoir re-
- cours aux documents déjà connus, et à la brochure publiée par cette administration à l’occasion de l’Exposition.
- Les systèmes électriques qui frappaient le plus la vue dans cette Exposition étaient les électro-sémaphores de MM. Lartigue, Tesse et Prud’homme, qu’on retrouvait du reste à l’exposition particulière de M. Mors, et dont nous avons à plusieurs reprises signalé l’importance et la bonne disposition. Ils représentent le block-system dans ses meilleures conditions, et si nous avons quelque chose à regretter, c’est que ce système ne soit pas encore plus généralisé. Nous le décrirons plus tard avec détails; mais comme aujourd’hui nous ne voulons donner qu’une idée de l’ensemble de l’Exposition du chemin de fer du Nord, nous dirons seulement que la paricularité caractéristique de ces appareils est la solidarisation des signaux électriques et' des signaux visuels s’adressant aux mécaniciens et aux agents des trains. La mise à l’arrêt du signal visuel couvrant un train qui s’engage dans une section et le calage du signal dans cette position, sont obtenus mécaniquement, à l’aide de la rotation d’une manivelle, et simultanément la manœuvre même de la mise à l’arrêt fait apparaître électriquement au poste suivant vers lequel se dirige le train, un signal prévenant l’agent de ce poste de l’-arrivée de ce train. De plus, le signal d’arrêt fait par un poste à l’extrémité d’une section ne peut être décalé et effacé que par le poste placé à l’autre extrémité de la section, lorsque l’agent de ce dernier poste efface le signal à l’aide duquel il a été avisé de l’arrivée du train. En un mot, l’agent d’un poste met le signal à l’arrêt et le cale mécaniquement; l’électricité n’intervient que pour l’effacer, et l’effacement ne peut être fait que par le poste suivant.
- Comme complément de ce système, on a installé dans certaines gares, dont l’étendue ne comportait pas l’installation d’électro-sémaphores près du bâtiment principal et à la portée de certains agents, qu’il était cependant utile ou nécessaire de prévenir de l’arrivée des trains, on a disposé un répétiteur des indications données parle petit bras du sémaphore, dont nous indiquerons plus tard la disposition.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Les annonces des trains pour les lignes à voie unique sont effectuées sur le chemin de fer du Nord, par de grosses cloches dites allemandes, dont les premiers essais ont été faits en 1862 sur le réseau du Nord. Ces cloches sont de trois types différents, dont deux ont été combinés par MM. Siemens et Halske, et, le troisième, par M. Vérité de Beauvais. Elles sont mises en action par des machines d'induction de M. Siemens, que construit avec beaucoup de soin M. Digney,
- Pour prévenir de l’arrivée des trains les gardes barrières de quelques passages à niveau très-fré-quentés et situés sur des lignes à double voie à grande circulation, la Compagnie a essayé divers systèmes d’avertisseurs : la pédale automatique à soufflet, la pédale automatique à mercure, la grosse sonnerie, employée sur les lignes à simple voie, et le répétiteur de sémaphore, qui peut être employé sur les lignes où est installé le block-system. Le rapport de la Compagnie prétend qu’au point de vue du fonctionnement des appareils, les pédales n’ont pas donné de résultats « complètement satisfaisants par suite de l'excessive rapidité et de l'extrême violence des chocs que ces pédales ont à supporter. » Il faut donc que ces pédales aient été bien mal disposées, puisqu’avec le système de pédale à soufflet de MM. Leblanc et Loiseau il n’y a pas eu un raté en quatre mois sur le chemin de fer de Tours à Châteauroux. Il est vrai que dans le système de la Compagnie, combiné en 1859 Par MM. Tesse et Lartigue, la pédale réagissait directement sur le soufflet, tandis que dans le système de MM. Leblanc et Loiseau le soufflet fonctionne indépendemment sous l’influence d’un ressort, et la pédale est libre d’osciller plus ou moins brusquement sans rencontrer aucun obstacle; le soufflet 11e joue que le rôle de coussin pour amortir sa chute quand le convoi est passé, et faire en sorte que le contact s’effectue doucement et sans soubresauts.
- Dans le rapport publié par la Compagnie du chemin de fer du Nord, on signale parmi les appareils électriques employés dans l’exploitation du réseau, le sifflet électro-automoteur de MM. Lartigue, Forest et Digney, dont nous avons parlé plus d’une fois, et le système électro-automatique du frein à vide, auquel nous avons consacré un article dans notre numéro du 3o novembre dernier.
- « Les disques - signaux, dit le rapport, ne s’adressent qu’à la vue des mécaniciens, et peuvent échapper à leur attention ; il est donc d’une utilité incontestable de doubler ces signaux visuels par des signaux acoustiques qui, comme le pétard par exemple, éveillent ou appellent l’attention. On a cherché à diverses reprises la solution de ce problème, mais les différents systèmes qui ont été combinés n’ont pas, en général, résisté aux chocs produits par la rencontre de pièces rigides animées
- de vitesses relatives pouvant aller jusqu’à 28 mètres à la seconde. L’appareil emplo yé par la Compagnie du Nord est le sifflet automoteur, qui est actuellement appliqué à 289 machines. Le chemin du Nord ayant dans la suite adopté le frein continu à vide de Smith, MM. Delebecque et Banderali ont transformé, sur toutes les machines munies d’un ejecteur, le sifflet électro-automoteur en un appareil de déclanchement, et l’ont appliqué à la manœuvre du frein à vide avec ou sans participation ’ des agents du train. »
- Suivent les descriptions de ces systèmes; mais comme nous les avons données déjà, nous renvoyons le lecteur à notre article du 3o novembre.
- Le dispositif du sifflet électro-automoteur a encore été appliqué par la Compagnie du Nord pour constituer un appareil de protection électro-automatique pour les gares ou les bifurcations. Nous avons encore décrit longuement ce système dans notre article du 3o novembre, et nous croyons en conséquence inutile d’y revenir ici; mais il paraît appelé à rendre de grands services.
- L’une des mesures les plus utiles à prendre pour assurer le bon fonctionnement des systèmes'établis pour la sécurité des chemins de fer, est de contrôler le service des agents qui en sont chargés, et, sous ce rapport, le chemin de fer du Nord a mis en essai des appareils contrôleurs que nous allons maintenant passer en revue.
- L’une des manœuvres qui a le plus besoin d’être contrôlée est celle des pointes des aiguilles qui, étant souvent éloignées de l’agent qui les fait fonctionner, peuvent être soustraites à une surveillance immédiate. Comme il est fort important que cet agent sache si les lames ont bien obéi à.l’action du levier et si l’application sur le contre-rail est complète, on a dû chercher un dispositif qui pût prévenir des défauts de contact qui pourraient survenir et M. Lartigue a combiné un appareil trèsingénieux qui a été approuvé par décision ministérielle du 17 décembre 1875 et qui est aujourd’hui d’un usage général sur les chemins de fer du Nord, pour toutes les aiguilles manœuvrées au moyen de transmissions rigides et placées à une certaine distance des leviers de manœuvre. Ce dispositif est fondé sur l’emploi d’un commutateur à mercure dont nous donnerons plus tard la description et dont le fonctionnement a été toujours très satisfaisant.
- Un autre système de contrôleur fort utile employé par la Compagnie du chemin de fer du Nord est celui qu’elle a installé sur les appareils de désengagement de MM. Saxby et Farmer.
- Lorsqu’il existe à l’extrémité d’une gare un poste muni de signaux d’arrêt absolu, normalement fermés, les manœuvres qui s’exécutent au centre de la gare sont généralement couvertes, non par un disque à distance ordinaire, mais par des appareils spéciaux qui permettent aux agents du poste
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- central de couper à distance ou de désengager la transmission du disque ou des disques d’arrêt que manœuvre le poste extrême. Dans ces conditions, il est nécessaire, i° que l’agent du poste central sache si l’appareil désengageur a régulièrement fonctionné ; 2° que l’agent du poste extrême soit averti lorsque la transmission des disques d’arrêt est coupée, afin qu’il ne cherche pas à effacer ces disques au même moment; 3° enfin que l’agent du poste central soit à son tour prévenu lorsque le disque d’arrêt est effacé pour la réception d’un train, afin qu’il ne coupe pas indûment la transmission du disque qüi se refermerait pendant le passage du train. Ces trois problèmes ont été résolus dans le contrôleur de la compagnie.
- La centralisation des organes des manœuvres dans un même poste où se trouve un employé qui, sous le nom de signaleur, doit vérifier et surveiller tous les signaux, a nécessité l’emploi de moyens de correspondance entre ce poste et les agents préposés aux différentes manœuvres ; car, bien que ce poste soit placé à une certaine hauteur et en un point d’où la vue puisse embrasser la voie sur une certaine étendue, le signaleur ne peut se rendre toujours un compte exact de tout ce qui se passe sur la voie, et il doit être mis en rapport avec les autres agents mieux placés que lui pour se rendre compte de l’arrivée des trains, de leurprovenance, de la direction à leur donner, des mouvements en avant ou en arrière qu’ils doivent effectuer, des délais que nécessitent leurs divers mouvements. En conséquence la Compagnie du chemin de fer du Nord a fait établir en plusieurs points des gares et autour des postes de signaleurs, des appareils spéciaux donnant des indications optiques et acoustiques, capables de remplacer et de compléter les avis donnés par les mécaniciens et les divers agents préposés aux manœuvres. Les appareils adoptés présentent deux types différents : les appareils à guichets ou à tableaux qui fonctionnent au moyen de conducteurs souterrains réunis dans des câbles spéciaux, et les appareils télégraphiques à cadran. Les premiers sont analogues aux tableaux à numéros des hôtels, et chaque guichet porte une indication particulière que l’on fait apparaître suivant les cas; par conséquent, il y a autant de ces guichets que d’indications ordinaires à transmettre, et ce nombre varie de 4 à 8, suivant l’importance des gares, mais il y a en plus deux guichets consacrés aux mots, erreur, je répète et attendez. Les appareils télégraphiques sont des télégraphes à cadran à mouvements électro-synchroniques du premier système de M. d’Arlincourt et qui ont été un peu modifiés parM. Guggemos. Leur manipulation est, comme onle sait, très simple, puisqu’ils sont à touches, et on les emploie toutes les fois que la distance entre les points à mettre en circulation est considérable.
- On emploie encore quelquefois des appareils à
- un seul guichet avec sonnerie, dans le cas où il ne s’agit de transmettre qu’un signal qui doit être à la fois acoustique et visuel.
- La Compagnie duNord emploie encore beaucoup d’autres systèmes d’appareils contrôleurs dont l’application est plus ou moins importante. Sans parler des contrôleurs à sonnerie indiquant le fonctionnement des disques à signaux, qui sont du reste aujourd’hui appliqués sur tous les chemins de fer, elle en a qui indiquent automatiquement le fonctionnement des freins continus à air comprimé ou raréfié, qui contrôlent et enregistrent la vitesse des trains, qui indiquent la hauteur de l’eau dans les cuves à eau, qui enregistrent l’heure des manœuvres exécutées en différents points de la voie; nous aurons occasion de les passer successivement en revue.
- Nous n’avons pas besoin de dire que la Compagnie du Nord a été l’une des premières à employer le système d’intercommunication des trains au moyen de liaisons électriques établies d’après le système Prudhomme. L’installation de ce système que nous avons décrite avec beaucoup de détail dans notre Exposé des applications de l'élec-trecité, était fort bien faite, et ce service n’était pas, comme dans certains chemins de fer, abandonné au caprice des employés qui souvent n’accrochent pas les fils de communication.
- L’un des dispositifs électriques les plus complets employés par le chemin de fer du Nord, est un appareil électro-enregistreur des principales données dynamométriques d’un train. Cet appareil du reste analogue à celui que le chemin de fer de l’Est avait exposé en 1878, et qui figurait encore à l’exposition dernière dans le wagon de la compagnie dit dynamométrique, a été étudié dans le but de déterminer si le temps accordé aux mécaniciens pour franchir certains espaces est bien en rapport avec le type de locomotive employé, la charge du train remorqué, et le profil de la voie, si la perte de temps, résultant du démarrage, de l’arrêt, ou du ralentissement aux bifurcations, concorde bien en pratique avec celle que l’on suppose en théorie, et par suite, si les retards que certains trains subissent ne sont pas la conséquence d’une répartition défectueuse du temps accordé pour effectuer le trajet.
- Ce système n’est à proprement parler qu’un chronographe électrique de grande dimension et parfaitement exécuté, et qui reçoit les indications de 4 styles traceurs indiquant : le premier, les efforts de traction, le second, la position des poteaux hec-tométriques, le troisième, le temps écoulé, le quatrième, le nombre de tours de roues effectués par l’essieu du wagon, lequel essieu commande l'entraînement de la bande de papier sur laquelle se font les enregistrations.
- L’évaluation des efforts de traction est obtenue au moyen d’un ressort dynamométrique à lames
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- fixé à la tige de traction du wagon. La position des poteaux est indiquée par une fermeture de courant provoquée par un agent qui appuie sur un interrupteur à chaque poteau qui passe devant lui. Il peut même effectuer d’autres signalements en faisant intervenir la durée du contact de l’interrupteur comme élément de signal. Le temps écoulé est pointé par une horloge à contacts électriques qui provoque sur le chronographe une marque toutes les io secondes, comme dans les chronographes employés pour la détermination des différences de longitude. Le nombre de tours des roues qui peut indicjuer l’espaceparcouru, ést fourni par un contact électrique adapté à l’essieu même qui met en action la bande d’enregistration. Avec ces différentes indications on a pu tracer des courbes et calculer des tableaux dont plusieurs sont reproduits dans le rapport de la Compagnie, et qui ont pu donner des renseignements précieux pour la police des mouvements des trains et la règlementation du service de la voie.
- Nous devons encore signaler d’autres appareils électriques non moins utiles mis en usage sur le chemin de fer du Nord, et en particulier les indicateurs des pressions dans les machines locomotives qui, en indiquant les positions occupées par le piston de la machine quand la pression variable de la vapeur passe par une valeur arbitraire et connue, permet d’élucider certains points encore obscurs de la thermo-dynamique appliquée à la théorie des machines à vapeur. Cet appareil combiné par M. M. Deprez se compose essentiellement : i° d’une valve réductrice ou soupape auto-régulatrice, qui permet de disposer à volonté de pressions connues à chaque instant et variables depuis la pression atmosphérique jusqu’à celle de la chaudière; 2° de quatre explorateurs de pression en communication chacun avec l’un des fonds des cylindres, et tous avec la valve réductrice; 3° de deux enregistreurs électriques en communication avec chaque groupa d’explorateurs; 40 de deux tambours d’indicateurs mis en mouvement par les crosses des pistons.
- Pour contrôler la marche des trains, on emploie quelquefois au chemin de fer du Nord un appareil chronographique combiné par M. Brunot, qui étant placé sur la locomotive permet de contrôler automatiquement les mouvements divers exécutés par la machine ou le train qui le porte, d’inscrire le moment, la durée des arrêts et les diverses phases des trajets effectués. Cet appareil qui est fondé sur les trépidations déterminées par les trains en marche, peut encore être utilisé d’une autre manière. Placé en un point quelconque d’une ligne, principalement au sommet des rampes, il peut inscrire l’heure du passage des trains, et installé dans le bureau d’un ingénieur, il permet de suivre à chaque instant de la journée la marche d’une machine placée à une distance illimitée.
- La télégraphié électrique est, comme on le sait, l’accessoire inséparable des chemins de fer, et la Compagnie du Nord a apporté tous ses soins à la bonne organisation de ce service. Son matériel est bien choisi, et les appareils adoptés sont les plus perfectionnés.
- Comme isolateurs, on emploie ceux qui ont été définitivement adoptés par les administrations télégraphiques. Les piles en usage sont des piles Leclanché, à vase poreux, fendu en croix à la partie inférieure, pour assurer toujours une bonne perméabilité; elles sont placées dans les stations sur des étagères à claire-voie, et l’armoire qui les renferme est peinte au minium, ce qui diminuerait, dit-on, le développement des sels grimpants. Sur la voie, elles sont placées dans des abris confectionnés avec du ciment Coignet.
- Les appareils télégraphiques se composent de télégraphes à cadran (système Breguet), de télégraphes Morse, de sonneries Faure, de sonneries à relais, à une, deux et cinq directions, de sonneries d’alarme ou d’urgence, de commutateurs, boussoles, paratonnerres, parleurs, appareils télégraphiques de secours. Plusieurs de ces appareils, entre autres les paratonnerres, les sonneries d’urgence, certains commutateurs inverseurs ont reçu de MM. Tesse et Lartigue des dispositions particulières qui ont été appréciées dans la pratique.
- On a en outre établi beaucoup d’installations téléphoniques, soit pour relier les gares avec le dépôt des machines, soit pour relier les services de la grande et petite vitesse, soit pour mettre en rapport entre eux les bureaux d’administration, soit encore pour relier aux gares les signaleurs des postes Saxby. Les appareils adoptés par la Compagnie sont, jusqu’à présent, ceux de Gower, avec les transmetteurs Blake et les appareils d’Ader, qui sont les plus employés par la Compagnie.
- En dehors de tous les appareils dont nous venons de parler, et qui ont été exposés par la Compagnie, le chemin de.fer du Nord a mis en application la lumière électrique, soit comme éclairage des gares, soit comme fanal de locomotive pour éclairer la voie et manifester à une certaine distance la présence d’un train. On fait à la gare de Paris de nombreuses expériences dans le but de répartir également la lumière sur le sol à différentes distances à l’aide d’anneaux analogues à ceux de Fresnel.
- Comme on le voit, la Compagnie du chemin de fer du Nord a mis souvent à contribution les moyens électriques dans son exploitation; elle a fait, de plus, de nombreuses expériences sur les systèmes électriques proposés à diverses reprises pour augmenter l’adhérence des roues des locomotives aux rails par l’aimantation. Malheureusement ces expériences, n’ayant pas fourni de résultats importants en raison du déplacement des effets ma-
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- gnétiques quand les trains sont en mouvement, ont dû être abandonnées.
- Il serait maintenant à souhaiter que la Compagnie entrât résolument dans les essais des systèmes automatiques, et c’est à elle que reviendrait tout l’honneur de la réussite, car, comme on a pu le voir, c’est elle qui a toujours été la plus portée pour ce genre d’application de l’électricité.
- Dans de prochains articles, nous étudierons dans leurs détails les différents systèmes dont nous venons de parler.
- Tii. nu Moncel.
- RECHERCHES
- SUR L’AIMANTATION
- PAR LE Dr W. SIEMENS
- M. Werner Siemens vient de publier dans les Annales de Wiedemann (*) un long travail sur la théorie de l’électro-magnétisme; dans ce mémoire sont décrites des expériences qui trouveront leur application dans les questions actuelles.
- L’idée qui a servi de point de départ aux recherches de M. Siemens était de chercher quelle influence peut exercer sur l’intensité de l’aimantation d’un fer d’électro-aimant une aimantation préalable ou simultanée, différant en direction de celle que tend à produire le solénoïde aimantant. De la théorie d’Ampère et des idées de Weber, il résulte que si deux forces perpendiculaires l’une à l’autre tendent à aimanter une masse de fer, ces deux forces magnétiques pourront être remplacées par leur résultante, et celle-ci effectuera l’orientation des éléments magnétiques suivant sa propre direction; c’est dans cette direction que l’aimantation atteindra son maximum. Dans le cas de deux forces magnétiques égales agissant sur une masse de fer sphérique, le moment magnétique des éléments dirigés suivant la résultante doit être, dans la direction des composantes, égal à j/_L . Pour des masses de fer
- de forme quelconque, la question se complique par suite du renforcement d’aimantation que produit l’action des éléments magnétiques les uns sur les autres.
- Pour vérifier ces déductions, M. Siemens a fait usage d’aimants de construction spéciale, telle que la force aimantante et le magnétisme produit par elle dans le fer dans une des deux directions fussent sans influence sur l’appareil servant à mesurer le magnétisme produit dans l’autre direction.
- (') Annales de Wiedemann, 18O1, n8 12.
- Cette condition est remplie par un tube de fer droit sur lequel des fils isolés parallèles à son axe sont enroulés régulièrement à peu près comme sur un anneau de Gramme. Un courant parcourant ce fil développe dans le tube une aimantation dans le sens de la tangente et produit deux pôles longitudinaux. Kirchhoff a montré qu’un semblable aimant annulaire fermé sur lui-même n’exerce aucune action extérieure, et pour ce qui est de la direction de l’axç, cela se comprend à priori à cause de la symétrie des actions de part et d’autre de l’axe. Si on entoure maintenant le tube ainsi disposé d’une seconde spirale extérieure, transversale à la première, un courant traversant cette nouvelle spirale tend à produire une aimantation, dans le sens de l’axe du tube, et la somme des moments magnétiques de la spirale et du tube, en ce qui
- NOMBRE d’éléments dans la spirale intérieure. NOMBRE d’éléments dans le solénoïde extérieur. COURANT dans la spirale intérieure. COURANT dans le solénoïde extérieur. DÉVIA- TION du MAGNÉTO- MÈTRE.
- 0 10 O i58 372
- 1 IO 6- i58 364
- n IO I 17 i56 353
- 4 10 19S iSS 336
- 8 10 3^0 i55 3o8
- 0 10 0 1S4 366
- 8 10 338 152 3o6
- 0 10 0 i5i 365
- 0 0 0 0 0
- concerne le magnétisme produit par cette spirale, peut être mesurée par un magnétomètre à miroir placé sur le prolongement de l’axe du tube, tandis que l’aimantation produite par les fils longitudinaux sera sans action sur ce magnétomètre.
- C’est cette expérience que M. Siemens a faite à l’aide d’un tube de i3 m/m de diamètre intérieur, i5o m/m de longueur et 3 m/m d’épaisseur de parois, entouré longitudinalement, comme il vient d’être dit, de 36 spires d’un fil de cuivre de 1 m/m de diamètre. Le tube fut alors placé dans un solénoïde composé de 328 tours du même fil et ayant 100 m/m de longueur.
- Le tube dépassait d’environ 25 millimètres de chaque côté dii solénoïde. L’action du solénoïde lui-même sur le galvanomètre fut compensée par celle d’un second solénoïde identique, placé symétriquement de l’autre côté du magnétomètre et parcouru par le même courant. Le tube de fer était orienté perpendiculairement au méridien et tourné vers un magnétomètre à aimant en U renversé, à oscillations périodiques.
- En faisant passer le courant de 10 éléments Bun-
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- sen dans le solénoïde extérieur, on obtint une déviation du galvanomètre qui mesurait le magnétisme engendré dans le sens de l’axe. Le courant étant toujours maintenu dans le solénoïde, on fit passer dans la spirale longitudinale le courant d’un nombre de plus en plus grand d’éléments de pile. On vit alors la déviation diminuer de plus en plus, et le tableau ci-dessus donne les résultats obtenus..
- Ces résultats montrent bien que le magnétisme, produit dans une masse de fer, s’affaiblit quand on fait intervenir une force aimantante perpendiculaire à celle qui produisait tout d’abord l’aimantation. Le renversement du sens du courant dans la spirale longitudinale est sans effet sur les résultats.
- Le magnétisme annulaire atteint rapidement son maximum avec des courants relativement faibles. Cela tient, dit M. Siemens, à ce qu’un fil, parcouru par un courant et complètement entouré par un tube de fer, a une action aimantante bien plus grande que s’il était enroulé extérieurement à une tige de fer. Cela tient aussi à un renforcement analogue à celui qu’exerce la fermeture d’un aimant court par son armature. Un calcul simple montre que, si l’on considère un fil de longueur infinie passant dans l’axe d’un tube de fer et parcouru par un courant, le magnétisme total M développé dans le tube a pour valeur
- M=4 7t 1. s. i
- expression dans laquelle l désigne la longueur du tube, s l’épaisseur de sa paroi et i l’intensité du courant.
- On voit que le diamètre du tube n’a pas d’influence sur l’intensité du magnétisme et que cette dernière est proportionnelle à la longueur du tube et à l’épaisseur de ses parois.
- Pour vérifier ce résultat, M. Siemens a pris trois tubes de différents diamètres et d’épaisseurs différentes, mais de même longueur. Il les a entourés chacun comme précédemment d’une spirale longitudinale, mais il a superposé à celle-ci une seconde spirale, enroulée de même, de manière à former une sorte d’appareil d’induction.
- En lançant dans la spirale primaire des courants alternatifs, il obtint dans la spirale secondaire un courant induit qui fut mesuré par la déviation d’un galvanomètre à miroir.
- Cette déviation mesure le magnétisme produit; les résultats de l’expérience ont confirmé l’exactitude de la formule, l’augmentation du diamètre a cependant déterminé un affaiblissement peu considérable. Mais ce dernier résultat peut tenir au mode de mesure.
- L’emploi d’aimants en forme de tubes a permis encore à M. Siemens d’étudier la force portante d’aimants en fer à cheval fermés. D’après certains auteurs, cette force croît comme le carré du magnétisme et suivant d’autres dâils un rapport encore
- plus considérable. Les expériences démontrent que la force portante d’un court aimant annulaire ou tubulaire est sensiblement proportionnelle au magnétisme actif mesuré par l’induction comme ci-dessus. Pour faire cet essai, l’auteur a coupé en deux un tube de fer, par un plan passant par l’axe et a enroulé longitudinalement sur chaque moitié deux spirales longitudinales, l’une primaire, l’autre secondaire. Après avoir fait passer le courant de manière que les deux moitiés fussent attirées l’une par l’autre il a déterminé leur séparation - par une charge de poids et mesuré en même temps le courant secondaire produit par cette séparation. Si la force portante était proportionnelle au magnétisme, que mesure ce courant induit, le quotient du courant secondaire par le poids de rupture devrait être constant. Il n’en a pas été tout à fait ainsi, le quotient a baissé assez notablement quand on augmentait l’intensité du courant, de sorte que la proportionnalité ne serait pas tout à fait exacte. L’auteur pense cependant que l’on peut attribuer les irrégularités à une plus forte pression des surfaces de contact, ou à d’autres causes mécaniques.
- M. Siemens a fait la même expérience en contournant un tube en anneau complètement fermé, et coupant cet anneau suivant un plan passant par son centre et sa plus grande circonférence. Il a eu ainsi deux coquilles annulaires, entre lesquelles il a introduit deux spirales, primaire et secondaire, tenues à la coquille supérieure. La force portante et le magnétisme ont été mesurés comme dans l’expérience précédente, mais avec des dispositions comportant plus de précision. L’aimant était chargé d’abord d’un certain nombre de poids, puis on ajoutait au plateau porteur de ces poids un dynamomètre, que l’on tendait progressivement jusqu’à l’arrachement. La déviation observée à ce moment au galvanomètre donnait la mesure du magnétisme, qui disparaissait par suite de l’arrachement de la coquille formant armature. C’était aussi une mesure du renfoncement du magnétisme par l’armature. Pour connaître tout le magnétisme actif existant avant l’arrachement, il fallait tenir compte de la déviation produite par la rupture du courant primaire après en avoir retranché celle que. détermine la rupture du courant primaire quand les deux coquilles sont enlevées.
- Dans ce cas, les quotients ont présenté moins de différences, et les écarts trouvés peuvent s’expliquer par l’action du magnétisme rémanent, ou par un contact imparfait des surfaces du fer. L’auteur considère donc la force portante comme sensiblement proportionnelle au magnétisme.
- Le même appareil a servi à étudier l’effet de deux forces aimantantes perpendiculaires l’une à l’autre. Pour cela, la double spirale, recouverte de ses deux coquilles, a été placée horizontalement et èntourée de douze bobines plates verticales, un
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- petit espace étant réservé pour laisser passer la tige destinée à supporter les poids. Ces bobines étaient entourées de fil isolé, et deux d’entre elles étaient réservées pour servir de circuit secondaire ; les autres, reliées en série, servaient à aimanter l’aimant tubulaire dans une direction perpendiculaire à celle de l’aimantation produite par le fil primaire intérieur. L’ouverture interne des bobines verticales était assez grande pour permettre l’arrachement de la calotte inférieure.
- Si l’on fait passer un courant d’une façon permanente dans un des circuits primaires et qu’on en lance momentanément un dans l’autre fil primaire on obtient une déviation provenant de l’induction et cette déviation, qui mesure le magnétisme, est moindre que celle obtenue sans l’intervention du courant permanent. On confirme ainsi les résultats obtenus dans les premières expériences.
- Les électro-aimants tubulaires employés dans ces recherches sont encore intéressants en ce qu’ils peuvent aider à résoudre la question des écrans magnétiques. On a généralement admis jusqu’à présent qu’une action magnétique s’exerçant à distance n’est pas influencée directement par un écran de fer interposé et que les variations observées dans les actions magnétiques à distance s’exerçant à travers un écran semblable doivent être attribuées à un développement de magnétisme dans cet écran. M. Siemens a essayé d’éclaircir cette question à l’aide de deux spirales annulaires qu’il a placées de chaque côté de l’aimant en U renversé d’un de ses galvanomètres. La position des deux spirales pouvait être réglée de sorte que le courant les traversant en sens inverse, leur action sur l’aimant fût réduite à zéro. Elles furent alors tour à tour recouvertes d’une double calotte de fer, semblable à celle décrite comme ci-dèssus. L’on eut alors une faible déviation indiquant un affaiblissement dans l’action de la spirale couverte. Cet affaiblissement, d’ailleurs très faible, ne peut être attribué au magnétisme du fer qui produirait au contraire un accroissement d’action.
- L’auteur a aussi remplacé l’aimant du galvanomètre par une spirale induite en relation avec un condensateur dont il mesurait la charge, quand il faisait passer un courant dans les spires ; recouvrant ensuite l’une d’elles de la double coquille avant de faire passer le courant, M. Siemens n’a pas constaté de différence bien nette entre la charge du condensateur dans ce cas et celle obtenue avec les deux spirales nues. On peut donc admettre, ce nous semble, que l’écran de fer n’a pas pratiquement d’influence et cela confirme d’ailleurs l’expérience de M. Marcel Deprez, que nous citions à la page .%9, dans le n° du 14 décembre 1881.
- A. Guerout.
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- ÉTUDE SUR LE SYSTÈME
- DE
- TRANSMISSION MULTIPLE
- ET LE
- TÉLÉGRAPHE IMPRIMEUR
- DE M. BAUDOT
- 4e article. (Voir tes n°3 des 21 sept, et 8 oct. 1881 et du 21 janvier 1882.)
- 2° Organes de transmission
- MANIPULATEURS
- Chaque manipulateur contient, comme nous l’avons vu. 5 touches; elles sont réparties en deux groupes,
- l’un de 3 touches manœuvrées par la main droite, l’autre de 2 manœuvrées par la main gauche.
- ' Les touches reçoivent le même numéro d’ordre
- Impression en local
- Transmission:
- FIG. 13
- que ceux des divisions correspondantes des secteurs de distribution.
- Lit touche n° i est tnanreuvrée par l’index
- — n° 2 — le médium
- — n° o — l’annulaire
- — n°.| — l’index I main
- — n° 5 — le médium i gauche.
- Chacune des touches a un rôle multiple à remplir ; elle doit effectuer la transmission de ligne, la transmission en local (pour l’impression au départ)
- ) main j droite.
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- et enfin prendre part, dans certains cas, aux dispositions destinées à combattre les influences perturbatrices des longues lignes. Aussi sont-elles disposées pour produire simultanément plusieurs effets distincts, chacun d’eux se réduisant d’ailleurs à un simple échange de contacts. Chaque touche est composée de plusieurs commutateurs (4 ordinairement) à deux directions, indépendants les uns des autres au point de vue des communications électriques, mais invariablement liés à la touche et subissant ensemble son mouvement.
- Chaque touche est soutenue (fig. 11) par une lame métallique horizontale l tenant lieu de support et de
- ressort de rappel. Des lames verticales ou godilles g sont respectivement en communication avec les circuits de là distribution, comme l’indique le diagramme général (fig. 7). Les extrémités supérieures des godilles sont garnies d’argent et oscillent entre deux butoirs à vis réglables à volonté b b', également en relation électrique avec les organes extérieurs.
- Les fig. 11 et 12 indiquent la disposition d’une touche, d’une lame support, d’une godille et de ses deux butoirs dont l’ensemble constitue un commutateur à deux directions. Chaque touche en possède 4 identiques.
- FIG. l3. — TABLEAU DE MANIPULATION
- Les godilles extrêmes servent (à gauche) à la transmission de ligne, et (à droite) à l’impression en local; les godilles intermédiaires iouent un rôle spécial qui sera développé plus loin.
- La fig. 14 montre la vue d’ensemble d’un manipulateur : il se compose d’une boîte en bois portant un pupitre mobile et le clavier à 5 touches.
- Entré les deux groupes, séparés par un intervalle de la largeur d’une touche environ, on dispose la manette du commutateur dont il a été question dans le diagramme général, et dont le rôle est d’établir les communications pour la transmission ou la réception. Lorsqu’il est placé sur réception, il engage une sorte de verrou sous la touche n° 1, qui immobilise cette dernière pour avertir l’employé qui manipulerait sans avoir préalablement placé la manette sur transmission.
- Les communications électriques des contacts de
- ce commutateur sont figurées sur le diagramme général (fig. 7).
- FRAPPEURS DE CADENCE
- Comme on le voit sur la fig. 14, le couvercle de la boîte porte un frappeur de cadence constitué par une sorte d’électro-aimant boiteux dont l’armature fait l’office de marteau. Le courant est envoyé en temps convenable dans la bobine de l’électro-ai-mant par les frotteurs 6 et 7 du distributeur.
- Le frotteur 6, par l’intermédiaire du frotteur 7, auquel il est relié, est constamment en communication avec une pile locale, il en distribue le courant aux différents contacts de la sixième rangée destinés à marquer la cadence et reliés pour cela respectivement aux circuits des divers électro-aimants boiteux dont sont munis les manipulateurs.
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- Ces contacts sont disposés de telle façon sur le •distributeur que le frotteur 6 les parcourt au moment où les frotteurs de transmission et de réception franchissent les premières divisions du secteur du poste précédent. (Fig 7.)
- 3° Organes de réception.
- Dans un certain nombre d’installations actuellement en service, on a fait jouer un double rôle aux relais et aux combinateurs qui desservent alors deux postes distincts. A chaque station, les postes,, en nombre pair, sont accouplés deux par deux; chaque couple occupe une même table avec des organes de transmission et d’impression
- FIG. 14
- distincts; seulement le moteur, le combinateur et la série des 5 relais sont communs.
- Les secteurs de deux postes ainsi accouplés occupent sur le distributeur des positions à peu près diamétralement opposées.
- Dans ces conditions, les circuits des divers relais d’une série desservant les deux postes d’un même couple sont reliés à la fois aux divisions de même ordre des deux secteurs correspondants.
- Nous verrons plus loin comment chaque poste utilise séparément et à son tour les organes communs au couple dont il fait partie.
- RELAIS RÉCEPTEURS.
- Chaque couple possède une série de 5 relais polarisés dont les armatures, orientées par le passage des courants, figurent pendant quelques instants la combinaison reçue et la communiquent au récepteur correspondant qui en fait la traduction et l’impression.
- La fig. i5 montre l’ensemble des 5 relais; la fig. 16 représente un relais isolé destiné à la correction et dont nous avons déjà parlé ; il est d’ailleurs identique à ceux qui composent chaque série. La disposition de la figure permet d’en mieux saisir les dispositions. Nous en donnons d’ailleurs une coupe. (Fig. 17).
- FIC. 15
- A est une des branches d’un aimant en fer à cheval à 3 lames : l’extrémité est munie d’une semelle en fer doux s formant appendice polaire présentant une encoche en e. Dans cette encoche repose une armature verticale en fer doux ressemblant aux godilles des manipulateurs., terminée à sa partie inférieure par une arête en couteau Y. La
- FIG. 16
- partie médiane oscille entre les extrémités des noyaux B,B' de deux électro-aimants droits BB', placés en regard sur le même axe XX. L’extrémité supérieure de l’armature porte un contact d’argent a et oscille entre deux boutons à vis b,b' l’un de repos, l’autre de travail ; ce dernier est muni d’un contact d’argent et sert seul à établir une communication électrique.
- Sous l’influence du pôle A, l’armature g est polarisée et reste maintenue par l’attraction des noyaux de fer doux B et B' dans la position qu’on lui a donnée d’un côté ou de l’autre de la verticale.
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- Le passage d’émissions négatives venant de la ligne donne aux noyaux B et B' des polarités telles que l’armature occupe la position de gauche contre le butoir de repos b; le passage d’émissions positives produit l'effet inverse et place l’armature sur le butoir de travail b'.
- Les deux circuits qui entourent les noyaux B et B'
- ’Rc-poâ
- ____b'
- 1 Travail
- FIG. 17
- sont reliés comme ceux d’un électro-aimant ordinaire : l’une des extrémités est en communication avec l’un des contacts du distributeur suivant les indications du diagramme général ; l’autre est à la terre.
- Les 5 armatures de chaque série sont reliées par l’intermédiaire des aimants et du massif métallique
- Electro-aimants du récepteur B .
- E>
- S
- Contact de la 6?rangée (Relais B") FIG» i8
- avec un contact correspondant de la 6° rangée et disposé de telle sorte qu’il est parcouru par le frotteur 6, quand les frotteurs de réception se trouvent au milieu du secteur du poste suivant. A ce moment, le courant de la pile locale, qui communique avec la 70 rangée, est amené par les frotteurs 6 et 7 aux 5 armatures et.distribué par celles d’entre elles qui ont été amenées sur leurs butoirs de travail par des émissions positives aux circuits des électroaimants des organes imprimeurs.
- Les butoirs de travail sont pour cela isolés du massif métallique et reliés respectivement aux élec-
- tro-aimants de même ordre du récepteur du poste considéré (fïg. 18).
- Les contacts de la 6° rangée, destinés à ce rôle, s’appellent contacts des relais. Nous avons indiqué déjà comment s’opère le rappel des armatures des relais, au moyen du frotteur 4 bis et du courant produit par une pile locale négative et amené dans le distributeur par la 90 rangée. Ce rappel a lieu un peu avant le passage des frotteurs de réception 3 et 4, de telle sorte que les émissions de ligne et les courants locaux positifs de l’impression en local trouvent toujours les armatures à leurs positions de repos. Cette mesure de précaution ne serait pas indispensable à l’égard des émissions venant de la ligne : elle s’impose dans l’opération de l’impression en local.
- Après le passage des frotteurs de réception dans un secteur, les relais ont conservé, par les positions diverses de leurs armatures, le souvenir de la combinaison reçue et, par suite, du caractère que l’on a eu en vue au poste expéditeur. L’envoi du courant local dans les relais, quelques instants après, a eu pour effet de transmettre la combinaison aux électro-aimants du récepteur correspondant.
- Le frotteur 4 bis remettra toutes les armatures au repos un peu avant l’arrivée de la combinaison suivante.
- Dans le prochain article, nous étudierons les organes récepteurs et imprimeurs et leurs accessoires.
- (A suivre.) J. P.
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- APPAREILS DE TINTEMENT
- DANS LES CLOCHERS
- POUR ANNONCER LES INCENDIES
- Système suédois de M. Ericson.
- Dans plusieurs articles insérés à différentes époques dans ce journal, nous avons fait connaître les divers systèmes combinés pour prévenir les postes de pompiers d’une ville d’un commencement d’incendie, et nous avons vu que ces systèmes avaient mis à contribution dans une large mesure les moyens électriques. Ces moyens, en général, sont ceux usités en télégraphie et par conséquent ne peuvent être appliqués que dans les villes où il y a des postes de pompiers ou de police qui peuvent disposer d’un personnel toujours prêt à marcher et d’un matériel de secours suffisant; mais dans le plus grand nombre de villes, cette organi-
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- sation n’existe pas. Les pompiers restent à leur domicile pendant la nuit, et pour les rassembler il faut un temps toujours très long. Le moyen qui a paru le plus propre à hâter l’arrivée des secours dans ce cas, a été de mettre en branle d’une certaine manière les cloches des principales églises ou des beffrois des hôtels de ville, et de sonner ce que l’on appelle le tocsin. Mais avant que ce signal de feu soit produit, il faut toujours un temps plus ou moins long pendant lequel l’incendie peut prendre de grandes proportions et on a pensé' dans certains pays, notamment en Suède, que si on pouvait produire électriquement ces alarmes de feu, bien des désastres pourraient être évités. Mais comment mettre en branle électriquement des cloches assez fortes pour être entendues dans toute une ville?
- Tel était le problème très difficile à résoudre, et M. Eric-son semble y être parvenu dans l’appareil d alarme qu’il avait exposé dans la section suédoise au bout de la grande nef du palais de l’Exposition, près de la porte de sortie. C’est lui que nous représentons dans la figure qui accompagne cet article. Il était renfermé dans un petit kiosque élégant en bois de sapin, rappelant les constructions norvégiennes et qui était séparé du commutateur appelé à le faire agir, par toute la longueur des sections suédoise, italienne et suisse. Voici comment M. Nys-trôm, commissaire de la section suédoise, rend
- SONNERIE 1)2 CLOCHER POUR AVERTISSEMENTS D INCENDIE
- compte de ce système dans le petit opuscule qu’il a publié sur l’Exposition de ce pays.
- 1 « En Suède, il n’y a guère que les principales villes du pays dont les maisons soient édifiées en pierre (brique); aussi le mode de construction y présente-t-il contre l’incendie une sécurité que l’on
- peut même appeler exceptionnelle dans nos deux plus grandes villes, Stockholm et Gotcborg. Non seulement les maisons, mais encore les escaliers même doivent être en pierre ou tout au moins en fer. En outre, il est prescrit, pour plus de sûreté, que les greniers et les combles soient isolés des étages proprement dits par,, des planchers dits d'incendie, en briques, formant en même temps le plancher des greniers.
- « Les autres villes offrent, par contre, des dangers d’autant plus grands au point de vue du feu. La plupart ne contiennent pour ainsi dire pas un seul édifice en pierre. Les maisons en bois, alignées, pignon contre pignon, bordent des rues généralement étroites. Le danger du feu redouble encore, principalement dans les villes les plus septentrionales, parla circonstance que les toits sont presque exclusivement en bardeau. En été, surtout, après - une chaleur et une sécheresse de longue durée, l'inflammabilité de ces maisons est très grande, et si, au moment où un incendie éclate, les mesures d'extinction ne sont pas prises immédiatement, le sinistre a le temps de prendre des
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- proportions telles que, plus tard, il devient à peu près impossible de s’en rendre maître.
- « Il a cependant été fait beaucoup dans ces villes, pendant ces dernières années, pour l’amélioration du service d’incendie. Chaque homme valide, de l’âge de dix-huit à cinquante-cinq ans, a l’obligation de servir dans le corps des pompiers. On trouve ainsi, dans les villes ayant par exemple de io ooo à i5ooo habitants, des corps de pompiers de i ooo à i 600 hommes, avec un chiffre proportionnel dans les petites agglomérations urbaines. Des inspecteurs spéciaux veillent à ce que les engins d’extinction, dont le nombre dépend en général de l’effectif pouvant les servir, soient continuellement dans le meilleur état. Des conduites d’eau puissantes ont été établies dans un grand nombre de villes, et plusieurs d’entre elles possèdent dès maintenant des pompes à vapeur. La législation concernant les constructions et le service d’incendie a aussi subi pendant la même période, surtout pour ce qui concerne les constructions nouvelles, des modifications notables, avec des dispositions plus sévères, surtout au point de vue de la police du feu.
- « Ce qu’il y a toutefois de plus important dans les alertes d’incendie, c’est de parvenir à amener rapidement le secours, sans quoi tous les efforts faits en vue de maîtriser le feu ne sont que trop souvent inutiles. Dans presque toutes les villes doxit il est ici question, et qui sont trop insignifiantes pour avoir des corps de pompiers casernés, le signal d’alarme est donné par le tintement de l’une des cloches de l’église. Il s’agit donc de rendre ce tintement aussi prompt que possible. Le meilleur moyen d’y parvenir est naturellement l’emploi de l’électricité et d’un télégraphe d’alarme, agencé de façon que l’on puisse mettre la cloche en branle depuis un coin dé rue quelconque, où le fil de communication entre dans la boîte d’alarme.
- « L’appareil même de tintement a été construit par M. Ericson en vue de répondre au but indiqué plus haut. La donnée principale était que l’appareil présentât une construction solide et sûre dans chaT cune de ses parties constituantes, et qu’il opérât de la même façon et avec le même effet que quand la cloche est sonnée à la main. Chaque fermeture de courant ne devait être suivie que d'un seul coup sur la cloche, et il fallait parvenir à réaliser la plus grande modicité de prix compatible avec la solidité et le bon fonctionnement de l’appareil.
- « Le coup de battant le plus convenable pour faire tinter une cloche ne peut être obtenu avec l’intensité désirable par la seule combinaison de la masse du battant et de la vitesse. Si le battant est trop léger, il est impossible de compenser ce désavantage en donnant au battant une impulsion plus rapide. Une balle de fusil tirée contre une cloche d’église ne produira pas un son pareil à celui que donne un coup de battant ordinaire. La masse du
- battant doit nécessairemem s’appliquer à une certaine force d’inertie.
- « Le constructeur a toutefois réparti de telle sorte le poids nécessaire au marteau, que ce poids s’équilibre lui-même en majeure partie, et que, par suite, il n’est pas besoin d’une force bien grande pour actionner le battant. Le mouvement de celuLci est un mouvement de va-et-vient. Le mouvement du côté de la cloche, lequel présuppose une plus grande force initiale, est alors aussi plus lent; vers la fin, la vitesse ne continue que par suite de la force d’inertie du battant. Cette force, qui doit être surmontée pour renverser le sens du mouvement, est ainsi mise à contribution pour le coup à donner, absolument comme quand on sonne à la main. Dès que le marteau est revenu au repos, sa force d’inertie lui est enlevée par un coussin ou tampon élastique. Grâce à ce procédé, l’appareil, avec sa grande masse mise en mouvement, travaille d’une façon égale et régulière, sans chocs ni ressauts violents, et cela quoiqu’il n’ait point de mouvement d’horlogerie avec régulateur. On a obtenu de lai sorte le double avantage d’un prix sensiblement plus modéré et d’une fragilité moins grande.
- « L’appareil offre un autre avantage en ceci, qu’il ne donne qu’un seul coup sur la cloche à chaque fermeture du courant. Si, par conséquent, on tient dans la boîte d’alarme le bouton pressé pendant un temps quelconque, il ne provoquera néanmoins qu’un seul coup sur la cloche, et le mauvais plaisant qui voudrait donner une fausse alerte, ne pourra, par suite, donner qu’un seul coup de cloche, à moins de rester près de la boîte- assez longtemps pour que le marteau puisse frapper plusieurs coups. Si l’on opère plusieurs pressions sur le bouton transmetteur pendant que le marteau se trouve en mouvement, il n’en résulte néanmoins qu’un seul coup de cloche.
- « L’appareil peut aussi facilement servir à l’ouverture des volets du clocher au premier coup d’alarme. Exposé et soumis à des expériences au congrès général des chefs de service des incendies à Upsala l’année dernière, il y a été l’objet d’un rapport des plus avantageux de la part d’une commission nommée spécialement pour son examen.
- « Le prix de l’appareil, à Stockholm, est de 900 fr.
- « La cloche (de la fabrique de M. Crouzet-Hil-debrand, à Paris) à laquelle l’appareil a été appliqué pendant l’Exposition, était trop petite par rapport au mécanisme de tintement, ce qui en a rendu l’effet moins important que si la cloche avait été d’une grandeur proportionnelle au marteau.
- c II existe déjà des boîtes d’alarme télégraphiques dans les villes de Stockholm, Goteborg, Norrko-ping, Œrebro, Upsala et Sundsvall. Les deux premières de ces villes possèdent des corps de pompiers casernés, et n’ont par suite pas besoin des
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- signaux de cloche de l’espèce en question. Norr-koping entretient une petite garde pour le feu, ainsi qu’un corps d’élite soldé, qui cependant n’est pas caserné, mais il y existe en outre un grand corps de réserve, dont lés services sont mis à réquisition par le son de la cloche, ce qui n’arrive toutefois que dans des cas très rares et d’une gravité exceptionnelle. A Œrebro, le guet ou garde de la tour du clocher reçoit le signal d’alarme directement par le télégraphe, en même temps que la garde du poste de police. A Upsala, le signal d’alarme ne va qu’au poste de police, d’où le guet de la tour est prévenu également par le télégraphe. Sundsvall possède un système d’avertissement direct par les cloches, qui agit à la. fois au clocher de l’église et au beffroi de l’hôtel de ville, au moyen du signal parti d’une boîte d’alarme, lequel avertit en outre le poste de police.
- « Des stations ou postes de police partent des communications directes allant chez le chef du corps des pompiers, chez celui du service de la distribution des eaux et chez plusieurs autres personnes intéressées, qui reçoivent ainsi l’avis d’une alerte presqu’en même temps que la cloche donne les premiers signaux. On accorde en général une préférence décidée au système périphérique pour les communications extérieures.
- « En outre de la cloche d’alarme dont nous venons de parler, M. Ericson avait encore exposé un avertisseur d’incendies pour poste de police, appareil établi pour fonctionner conjointement avec le télégraphe et sous l’influence de signaux transmis par l’intermédiaire de boîtes d’alarme. Le premier signal produit au poste de police, par l’action d’un déclanchement, la fermeture permanente d’une pile locale qui met en mouvement une sonnerie bruyante dont le son se prolonge jusqu’à ce que l’on ouvre la porte de l’armoire dans laquelle sont placés les appareils télégraphiques, et ce n’est que quand cette porte est ouverte, que le circuit se trouve interrompu. Alors le signal se continue à partir du poste de police, avertissant à la fois, au moyen d’un signal électrique, le chef du service des, incendies, ceux du service de la distribution des eaux, de la pompe à vapeur, etc.
- « Des arrangements spéciaux ont en outre été pris pour qu’on puisse, à un moment quelconque, vérifier les communications tant extérieures qu’intérieures. Cette vérification est si simple, qu’elle peut être exécutée par le premier venu du personnel de la police.
- « Quant aux boîtes d’alarme, elles sont en fonte, et ressemblent un peu à celles déjà en usage dans certains pays. L’une de leurs parois (la paroi antérieure) est en verre, et chacun a le droit de la briser pour donner l’alarme en cas d’incendie. Il en résulte que l’appareil à signaux installé dans la boîte ne peut se déranger par suite du déjettement des par-
- ties portant cet appareil,-comme lorsque les appareils en question sont .en bois. En outre, l’appareil est arrangé de manière à rendre facile la sortie et la remise en place des différentes pièces constituantes. Les fils formant la communication depuis la ligne jusqu’à la terre, sont protégés contre les chocs extérieurs par une enveloppe tubulaire en fer. Comme il a été dit plus haut, le système télégraphique en question peut être arrangé pour faire sonner directement la cloche depuis la boîte d’alarme, et donner en même temps un signal au poste de police. Chaque fois que l’on presse sur le bouton à signaux, l’appareil de tintement frappe un coup sur la cloche de l’église jusqu’à ce que l’on ait ouvert au poste de police la porte de l’armoire contenant les dispositifs télégraphiques, après quoi le tintement est continué à partir du poste. Les boîtes d’alarme sont fixées aux parois .extérieures des maisons situées en face des réverbères, et à côté de chaque boîte est une affiche imprimée contenant les instructions nécessaires pour donner l’alarme en cas de feu observé dans les quartiers voisins.
- « Les télégraphes d’incendie, commandant directement le jeu des cloches, paraissent être moins exposés aux fausses alertes dues à la malveillance et à la bêtise, que les télégraphes ne donnant de signaux qu’à un poste de police ou de pompiers. La raison en est, sans nul doute, que dans le premier cas, les méfaits ne peuvent avoir lieu sans éveiller aussitôt l’attention publique, et, par suite, celle des personnes habitant dans le voisinage de la boîte d’où est parti le faux signal. *
- C.-A. Nystrôm.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- APPAREILS
- DE
- MESURES ÉLECTRIQUES
- A L’EXPOSITION DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE
- DE TÉLÉGRAPHIE
- Dans un récent article (tome VI, p. 36), on a décrit l’installation d’un certain nombre de ces appareils, en laissant de côté les détails sur ceux qui étaient nouveaux, soit dans le fond, soit dans la forme.
- Nous allons y revenir aujourd’hui pour les décrire complètement. Ils comprennent un rechargeur et une jauge électriques marqués v et J sur la fig. de la page 37.
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- Et d’abord le rechargeur, destiné à maintenir à un potentiel constant la jauge et un électromètre à quadrants.
- RE CHARGEUR ET MACHINE ÉLECTROSTATIQUE MIXTE DE M. IIUMBLOT
- Tout le monde connaît le rechargeur (reple-nisher) de M. W. Thomson, petite machine électrostatique d’induction enfermée en général à l’intérieur de ses électromètres absolus ou à quadrants dans une atmosphère constamment sèche nécessaire à son fonctionnement, qui sert à maintenir constant le potentiel de l’aiguille ou d’un plateau de l’é-lectromètre; et qui est toujours joint, à l’intérieur de ces appareils,. à une jauge servant à constater la constance du potentiel.
- Cette disposition présente deux inconvénients : i° elle complique singulièrement la construction des électromètres, de façon à mettre les expérimentateurs dans l’impossibilité de les réparer, de les régler de nouveau quand ils se dérangent; 2° elle oblige les observateurs à quitter de temps en temps les appareils d’expérience pour venir mettre l’œil à la loupe r
- de la jauge, afin de
- constater si le potentiel reste constant et de mettre, en mouvement le recharger s’il y a lieu.
- Aussi dans certains ' électromètres simplifiés, comme celui de M. Mascart, on a pris le parti de supprimer la jauge et de charger l’aiguille à un potentiel constant à l’aide d’une pile formée d’un grand nombre de petits éléments de Smée ou de Daniell. Mais alors on a l’embarras de l’entretien d’une pile, et l’on ne peut constater à ehaque-instant l’état électrique de l’aiguille de l’électromètre.
- Pour éviter les inconvénients et conserver les avantages des rechargeurs et de la jauge, j’ai cherché à mettre d’une manière continue les indications de la jauge sous les yeux de l’observateur et à mettre le rechargeur à portée de sa main : en même temps je me suis préoccupé devoir s’il ne serait pas possible de faire un rechargeur plus énergique que
- celui de M. W. Thomson. J’ai pu l’obtenir en faisant modifier par l’auteur lui-même une petite machine de M. Humblot qu’on a pu voir dans l’Exposition de l’Ecole supérieure de télégraphie et qui, d’ailleurs, imaginée et construite dès 1870, se vend depuis ce temps dans le commerce comme jouet scientifique à l’usage des enfants.
- Voici d’abord la description de cette machine, représentée dans la figure 1.
- P est un plateau formé de 2 disques d’ébonite mince collés l’un contre l’autre après qu’on a appliqué sur l’un d’eux une série de petits secteurs
- en clinquant au nombre de 20 ou 24 : chacun de ces secteurs ainsi enfermés entre les 2 lames isolantes et invisibles sur la figure porte un petit appendice a, a, a..., qui vient affleurer à la surface.
- Le plateau est mobile, à l’aide d’une manivelle N, autour d’un axe horizontal : cet axe traverse les 2 montants en bois qui supportent l’appareil en le fixant à un tube rectangulaire, et il communique avec un tube de terre épais transversal terminé par des boules B et T : ce tube est d’ailleurs armé intérieurement et extérieurement de lames métalliques de façon à constituer une 1 bouteille de Leyde. Les
- boules B qui font partie de l’une des armatures de la bouteille portent des ressorts de fil de cuivre en spirale C, C, qui viennent s’appuyer contre le plateau sur la circonférence qui contient tous les appendices a.
- D’autre part la seconde' armature du tube-condensateur communique avec des frottoirs F disposés comme dans les machines électriques ordinaires de Ramsden. Une tige mobile E en communication avec les frottoirs sert à faire jaillir les étincelles renforcées par la condensation entre elle et les boules B. On peut les renforcer encore, en réunissant l’une des tiges T fixées à la boule B, avec la tige T située au bas du montant reliée aux frottoirs, par l’intermédiaire de tubes à crochet armés comme de petites bouteilles de Leyde. On peut aussi, à l’aide d’un ressort I, rompre le circuit métallique qui joint les frottoirs à l’armature du tube conden-
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- sateur et obtenir en ce point des étincelles d’une nature différente de celles qu’on obtient à l’aide de la tige E.
- La théorie de l’instrument est évidemment complexe. Il ressemble d’une part aux accumulateurs de Warley et d’autre part c’est une machine à frottement.
- Il est certain que le frottement électrise directement la surface du plateau P ; mais en même temps, soit par polarisation des molécules du diélectrique, soit par induction à distance, soit par les deux causes réunies, les secteurs métalliques intérieurs- sont électrisés, et viennent, par suite de la rotation du plateau, déposer successivement leur charge sur le ressort collecteur C et par suite charger l’une des armatures du tube-condensateur B pendant que l’électricité contraire des frottoirs charge l’autre armature. On a donc là une machine mixte où les effets du frottement, de l’induction et très probablement de la polarisation des diélectriques se trouvent réunis.
- Le principal avantage de cette disposition aussi simple qu’ingénieusé réside sans doute dans ce fait que les secteurs électrisés se trouvent isolés pendant le temps qu’ils mettent à passer des frottoirs aux collecteurs C et y déposent par suite à peu près toute l’électricité qu’ils ont reçue.
- Il est certain en tout cas que, à égalité de surface et de vitesse, ces petites machines donnent de meilleurs résultats que toutes les autres.
- En second lieu, et c’est là un point important que je tiens à faire ressortir, cette machine, pourvu qu’elle soit propre (il suffit de l’essuyer de temps en temps avec un chiffon imbibé d’un peu de pétrole) fonctionne immédiatement, sans qu’on ait besoin de la chauffer, préalablement, par tous les temps : avantage précieux dans la pratique.
- C’est précisément cette propriété qui m’a fait songer à l’utiliser pour en faire un rechargeur, en diminuant encore beaucoup plus ses dimensions, et en la disposant de manière à pouvoir charger ou décharger à volonté un conducteur mis en relation avec elle.
- Il fallait, à cet effet, simplifier beaucoup la machine, qui n’était plus destinée alors à donner de grandes quantités d’électricité dans un temps donné, mais plutôt à en donner de très petites quantités au potentiel relativement élevé que donnent les machines à frottement. Il fallait en outre rendre la machine en quelque sorte réversible, comme le replenisher de M. W. Thomson, c’est-à-dire capable, suivant le sens de la rotation du plateau, d’augmenter ou de diminuer le potentiel sur un conducteur en communication métallique avec elle.
- Le problème ainsi posé à M. Humblot avec des indications suffisantes a été résolu par lui très simplement, de la manière suivante :
- La figure représente un plateau P sem-
- blable à celui de la machine précédente réduit à quelques centimètres de diamètre( 5 à 6 centimètres), mobile à l’aide d’un bouton v représenté sur la fig. de la page 37 ; / représente l’un des secteurs intérieurs dont l’appendice a aboutit cette fois sur la circonférence extérieure du plateau P. Enc se trouve un ressort collecteur qu’on relie au conducteur qu’il s’agit de porter et de maintenir à un certain potentiel.
- Les frottoirs sont représentés en F ; ils ont la forme d'un V renversé. A90° des frottoirs un ressort r est en contact avec la circonférence du plateau.
- La petite machine est ainsi dissymétrique, et l’on voit sans peine que, suivant le sens de la rotation,
- l’effet produit sur le conducteur relié à c sera différent : il sera chargé si la rotation s’effectue en sens inverse des aiguilles d’une montre et déchargé peu à peu par une rotation de sens contraire. En effet, dans le premier cas, chaque secteur l électrisé à son passage sous lés frottoirs viendra déposer sa charge sur le collecteur c ; dans le second cas, le secteur électrisé par le frottoir viendra d'abord au contact du ressort r se décharger, 'arrivera au collecteur à l’état neutre ou à peu près, se chargera à son contact, en retirant par suite au conducteur en communication avec lui un peu de)sa charge qui sera neutralisée ensuite au contact du ressort r.
- L’expérience prouve qu’effectivement l’instrument produit sur un électromètre le même effet quelle replenisher de M. W. Thomson, et qu’ilsuffit d’une petite fraction de tour du plateau pour maintenir de temps en temps la charge que l’on veut.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Je montrerai dans un prochain article comment on peut disposer pratiquement l’instrument en l’adjoignant à une jauge modifiée.
- E. Mercadier.
- A PROPOS DE L’ÉCLAIRAGE
- DU SAVOY-THEATRE
- On connaît l’essai qui vient d’être fait à Londres. Un théâtre tout entier a été éclairé à la lumière électrique; M. d’Oyly Carte, directeur du Savoy-Theatre, salle de création nouvelle, a voulu exclure complètement le gaz de son établissement et l’a remplacé entièrement par des lampes Swan. Question de dépense à part, en mettant de côté l’effet assez fatigant pour .les yeux produit par la multiplicité des petits foyers, on devait penser à priori qu’au point de vue de la.lumière produite et de la facilité des manœuvres de scène, l’effet obtenu serait satisfaisant.
- Les premières relations que nous ont envoyées les journaux de Londres parlaient en effet avec enthousiasme de la nouvelle installation. L’intensité de l’éclairage était amplement suffisante, la température n’était pas élevée , outre mesure par la chaleur des foyers comme cela a lieu avec le gaz, et tous les effets de scène pouvaient être facilement exécutés. Le directeur avait même mis un soin tout paternel à venir, entre deux actes, démontrer au public que les nouvelles lampes n’offraient aucun danger d’incendie. Prenant une lampe au hasard dans la rampe, il l’avait enveloppée d’un morceau de mousseline et au travers du tissu l’avait brisée d’un coup de marteau ; la lampe s’était éteinte instantanément et la mousseline n’avait pas été noircie.
- Il faut dire que, dans cette expérience démonstrative, le hasard, qui fait souvent si bien les choses, s’était montré complaisant. Il est clair que le coup de marteau en brisant la lampe avait brisé aussi le filament de carbone, de là interruption du courant et, partant, de toute incandescence et impossibilité d’enflammer le tissu. Si le verre seul eût été brisé, le charbon fût resté incandescent pendant un certain temps, celui qu’il met à brûler dans- l’air. Ce temps très court, une ou deux minutes environ, eût suffi, évidemment, pour communiquer le feu à la mousseline ou tout au moins la roussir. Nous ne voulons pas dire pourtant par là que les lampes à incandescence soient un danger d’incendie, mais seulement que l’expérience de M. d’Oyly Carte, quand on y réfléchit, ne prouve rien. Quoi qu’il en soit, elle n’en a pas moins contribué à chauffer le public et à entretenir l’enthousiasme.
- Aux éloges de la première heure, ont succédé cependant des appréciations moins favorables, et dans son avant-dernier numéro, le Télégraphie Journal publie des réflexions, reproduites en partie dans les faits divers de ce jour et dans lesquelles il exprime son opinion que l’essai fait à Savoy-Theatre est décevant. Suivant lui, l’intensité des lampes serait trop faible, une grande partie d’entre elles s’éteindraient pendant la soirée et l’éclairage serait, en un mot, insuffisant.
- Entre ces deux opinions contradictoires, on se demande ce que l’on doit penser; pour nous, nous croyons qu’il y a à prendre et à laisser. La question de dépense doit étire, jusqu’à nouvel ordre, laissée de côté faute de renseignements précis ; et avec les petits foyers à incandescence, il ne faut guère viser à des effets décoratifs; mais, d’autre part, la fixité de ces lampes et la facilité avec laquelle elles se prêtent aux manœuvres théâtrales sont un argument en leur faveur. Si on ne regarde donc pas à la dépense .et qu’on ne considère que l’éclairage même et l’application spéciale en question, il y a intérêt à amener l’installation à un bon fonctionnement. Les lampes Swan ont un filament de charbon très faible, et c’est de là sans doute que viennent les extinctions signalées par la Télé graphie-journal. D’autre part, la distribution du courant entre les lampes à Savoy-Theatre semble mal faite; ce qu’il faut donc, c’est chercher à remédier à ces deux défauts capitaux en modifiant à la fois la construction des lampes et leur installation, et nous arrivons là à une conclusion peu différente de celle du Télé graphie-journal, qui voudrait voir faire des essais avec d’autres systèmes analogues.
- Dans le cas où les avantages que peuvent présenter, pour les applications théâtrales, les lampes à incandescence feraient passer sur leurs inconvénients, et notamment sur la grande dépense de force qu’elles exigent, il faudra alors leur donner une disposition aussi avantageuse que possible au point de vue décoratif.
- Nous avons déjà exprimé notre opinion 'sur ce dernier point. Selon nous les foyers à incandescence sont trop réduits à des points pour donner lieu à des dispositions bien agréables à l’œil, mais ce n’est pas une raison pour ne pas chercher quel arrangement produira le meilleur effet.
- L’éclairage de la salle du Congrès à l’Exposition internationale d’électricité a bien montré que l’on ne doit pas avoir recours à des guirlandes de lampes analogues à celles employées dans cette salle. Les petits lustres en forme de couronne étaient d’un effet aussi fâcheux.
- Pour un théâtre, un lustre placé un peu haut conviendra bien et on devra lui ajouter pour l’éclairage de la salle, non pas des rampes uniformes, mais de petits groupes de lampes espacés sous forme d’appliques le long des galeries. Comme
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- lustre, celui qui figurait à l’Exposition dans la salle de M. Swan était très bien compris. Beaucoup plus léger que celui de M. Edison, il est bien disposé pour répandre la lumière de tous côtés. Nous le reproduisons dans la figure ci-contre pour compléter la série de dessins donnés jusqu’à présent sur les différentes dispositions des lampes à incandescence.
- Pour les appliques, on devra éviter la disposition en couronne dont nous parlions plus haut et l’arrangement adopté aujourd’hui pour les becs de gaz sera sans doute le meilleur. On pourra même entourer les lampes ou les groupes de lampes de globes en verre légèrement dépoli, mais il ne faudra pas abuser de ce moyen, car il est bon dans un théâtre que l’éclairage présente quelques centres brillants, ne serait-ce que pour faire mieux valoir les diamants des dames.
- C’est là sans doute un des côtés de la question, mais les directeurs qui doivent songer à captiver le public par tous les moyens possibles, ne le trouveront peut-être pas sans importance.
- Pour l’éclairage de la scène, une rampe de lampes à incandescence, disposée à peu de chose près comme les rampes actuelles à gaz, devra remplacer celles-ci avec avantage, et il en sera de même pour les herses et les lampes de portants. On devra, pour
- ces deux dernières applications, ajouter aux lampes des réflecteurs convenablement disposés.
- Pour ce qui est maintenant des effets de scène, les petites lampes à incandescence ne pourront plus
- être employées; on devra, comme aujourd’hui, se servir pour ces effets de grands foyers. Les effets lunaires devront être obtenus à l’aide de lampes à lumière blanche, comme celle que donne le régulateur Duboscq. Pour les effets de lumière chaude, les effets de soleil, par exemple, une lumière un peu moins bleue sera plus favorable. La lampe-soleil se prêtera bien à cette application, et nous avons vu dernièrement un modèle de cette lampe qui, tenu à la main, peut fonctionner pendant un temps suffisant, et peut être alimenté par des courants continus. Ce modèle serait fort applicable à ces effets de scène.
- En somme, la question de l’éclairage des théâtres par les lampes à incandescence est loin d’être vidée ; pour les petites salles surtout, cet éclairage pourra être pratique, et le demi-succès de M. d’Oyly Carte ne doit qu’encourager les autres directeurs à suivre son exemple et à entrer dans la voie des essais.
- C.-C. Soulages.
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- RECHERCHES
- SUR LA
- LA TORSION, LA FLEXION
- ET LE MAGNÉTISME PAR M. G. WIEDEMANN
- 3° article. (Voir les numéros des 14 et 21 janvier.)
- VI. Comparaison des résultats et esquisse d'une théorie.
- En comparant les résultats obtenus pour la torsion des fils et la flexion des verges à ceux qu’a donnés l’aimantation des barres d’acier, et en comparant de même l’influence de la torsion sur le magnétisme des barres à l’influence de l’aimantation sur la torsion des fils de fer, il est aisé de voir que, dans les différents cas, les phénomènes correspondent presque identiquement les uns aux autres dé manière que l’on peut presque toujours échanger les mots « torsion » et « magnétisme. »
- Cette analogie pourrait faire croire que l’aimantation ne consiste que dans une torsion des barres de fer. Cependant une telle torsion ne s’observe pas, lors de l’aimantation des fils de fer non tordus, et en outre les phénomènes de la flexion sont analogues à ceux de la torsion sous beaucoup de rapports.
- Toutefois cette analogie peut nous conduire à penser que l’aimantation des métaux magnétiques est accompagnée d’un mouvement mécanique de leurs molécules entièrement analogue aiix mouvements des molécules produits dans les corps par des forces purement mécaniques, par exemple par des forces tordantes, fléchissantes, etc.
- Nous admettons que les métaux magnétiques sont composés de molécules qui ont une polarité magnétique. Nous ne voulons rien préciser quant à la cause même de cette polarité, qu’elle provienne de la séparation des fluides magnétiques, des vibrations d’un milieu entourant les molécules, ou mieux encore de l’existence de courants élémentaires.
- Un corps ainsi constitué n’aura pas, en général, de magnétisme libre, parce que les axes magnétiques des molécules seront dirigés dans tous les sens et maintenus dans leurs positions respectives par les forces moléculaires, mais une force magnétique extérieure, telle qu’une hélice où passe un courant, leur donnera une direction générale.
- En poursuivant cette hypothèse, M. Weber a réussi à expliquer théoriquement l’accroissement du magnétisme d’une barre de fer soumise à l’influence d’une hélice aimantante jusqu’à un maximum.
- Nous supposerons en outre que les molécules,
- clans leur mouvement, éprouvent une certaine résistance qui les empêche de suivre complètement l’influence des forces qui agissent sur elles. Cette résistance empêchera par exemple les molécules de suivre complètement les forces qui tendent à les faire glisser les unes sur les autres, et à donner à leurs centres des nouvelles-positions relatives, comme les forces tordantes ou fléchissantes. Elle empêchera également les molécules, après que ces forces ont cessé d’agir, de revenir complètement à leurs positions primitives. Les corps tordus ou fléchis garderont ainsi une torsion ou une flexion permanente. Cette résistance interviendra aussi lorsque, par. une force magnétisante, les molécules des métaux magnétiques se tournent autour de leurs centres, et lorsqu’après l’interruption de cette force les molécules tendent à revenir à leur première position. Ainsi, une barre de fer ou d’acier ne prendra pas complètement le magnétisme temporaire qu’elle devrait acquérir sous l’influence d’un courant aimantant, et elle gardera un magnétisme plus ou moins grand après l’interruption du courant. Dans le fer doux, la résistance au mouvement sera petite- : il prendra beaucoup de magnétisme temporaire et ne gardera que peu de magnétisme permanent; dans l’acier, au contraire, la résistance sera grande ; il ne prendra qu’un magnétisme temporaire plus faible, mais il gardera beaucoup de magnétisme permanent.
- Il ne résulte pas de cette hypothèse que les corps qui, sous l’action d’une force donnée, éprouvent une flexion ou une torsion temporaire considérable, doivent garder par cela même une flexion ou une torsion permanente très faible. En effet, l’aimantation n’est accompagnée que d’une rotation des molécules autour de leurs centres qui gardent leurs positions relatives. La torsion et la flexion, au contraire, produisent un changement dans les positions et en même temps dans les distances des molécules. Ainsi, la grandeur de la flexion et de la torsion dépendra de la loi de variation de l’attraction moléculaire avec la distance, variation qui doit différer suivant les corps.
- Maintenant, comme cette résistance au mouvement doit agir d’une manière analogue sur le changement de position relative des centres de gravité des molécules et sur la rotation des molécules autour de leur centre même, les phénomènes de la torsion et de la flexion et ceux du magnétisme doivent suivre des lois analogues. Cependantl’on pourra bien observer quelques différences qui s’expliquent déjà a priori par nos hypothèses.
- La force qui tord un fil est toujours dirigée, dans nos expériences, dans le sens de la tangente de sa section transversale, tandis qu’une force aimantante, agissant dans la direction de l’axe d’une barre, sera d’autant moins inclinée sur les axes magnétiques de ses molécules que ceux-ci seront
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- plus près d’être parallèles à l’axe même de la barre. Ainsi, le magnétisme d’une barre s’accroîtra plus lentement que la force aimantante et plus lentement aussi que la torsion d’un fil avec la force tordante. Le magnétisme de la barre sera parvenu au maximum, si les axes des molécules sont tous parallèles à l’axe de la barre, tandis que la torsion du fil peut s’accroître jusqu’à l’infini ou jusqu’à la rupture du fil. Une différence du même genre s’observe pour la désaimantation et la détorsion, et s’explique de la même manière. Des torsions (ou flexions) et des détorsions réitérées, ainsi que des aimantations et 'des désaimantations réitérées rendent les molécules des corps plus mobiles qu’auparavant; elles suivront mieux les forces que la première fois. La proportionnalité des angles de torsion aux forces tordantes, l’accroissement régulier du magnétisme jusqu’à un certain maximum, seront mieux caractérisés qu’à la première torsion (flexion) ou aimantation.
- De'la même manière, les autres phénomènes de la torsion (flexion) et de l’aimantation doivent se correspondre. Des secousses rendent les molécules des corps plus mobiles; elles suivent mieux les forces agissantes qu’auparavant. Des secousses augmentent donc la torsion (flexion) et le magnétisme temporaire, et diminuent la torsion et le magnétisme permanent. Les changements de température semblent agir de deux manières. En premier lieu, ils ont un effet permanent analogue à celui des secousses. Chaque changement de température, soit échauffement, soit refroidissement, produit une diminution persistante de la torsion et du magnétisme permanent. Cet effet n’a pas lieu si l’on a produit la diminution persistante par des forces mécaniques, par exemple par des secousses. En second lieu, les changements de température ont un effet temporaire. L’échauffement rend temporairement les molécules des corps plus mobiles, et leur permet de suivre les forces qui les affectent, il diminue le magnétisme et la torsion permanente ; le refroidissement remet les molécules dans les positions qu’elles avaient avant réchauffement; les corps reprennent leur magnétisme et leur torsion.
- La torsion d’une barre qui a reçu un magnétisme permanent a d’abord le même effet persistant que les secousses; elle rend les molécules plus mobiles ; le magnétisme se diminue. Indépendamment de ces effets, les torsions ont une influence passagère sur le magnétisme. Par l’aimantation, les axes magnétiques des molécules ont une certaine inclinaison sur l’axe de la barre. Par l’effet de la torsion, l’angle est augmenté et le magnétisme diminue. Si dans un métal, comme dans le fer, les axes des molécules suivent facilement la torsion, cette diminution sera forte; s’ils persistent malgré la torsion presque complètement dans leur direction comme dans l’acier, la diminution sera petite.
- Là détorsion replace les molécules plus ou moins dans leur position, et le magnétisme de la barre est rétabli. Cependant il peut arriver, comme dans l’acier, que les axes des molécules, qui n’ont été que peu inclinés par la torsion, n’ont pas besoin de la détorsion complète de la barre pour reprendre leur position initiale. La barre reprend alors son magnétisme primitif, lorsqu’elle n’est pas encore entièrement détordue. La détorsion complète, en produisant une inclinaison des axes des molécules dans l’autre sens, diminue de nouveau le magnétisme. De la même manière, l’on peut expliquer les phénomènes qui s’observent à la torsion d’une barre qui est encore sous l’influence du courant aimantant, d’une barre qui a été aimantée pendant qu’elle est tordue, et qui ensuite est détordue, etc.
- Les limites que comporte cet extrait ne nous permettent pas d’aller plus loin dans l’explication de ces phénomènes, quelquefois assez compliqués, et qui offrent souvent la propriété que M. Wer-theim a désignée sous le nom de la rotation du maximum de magnétisme, et nous prierons le lecteur que ce sujet intéresse de recourir au mémoire original où nous nous sommes efforcés de démontrer qu’avec notre hypothèse bien simple l’on peut se former une idée assez nette des mouvements moléculaires qui ont lieu dans la torsion d’une barre aimantée.
- Les courants induits que M. Matteucci a observés en tordant une barre de fer placée dans l’axe d’une hélice aimantante, et dont on a attaché les deux bouts aux bouts du fil d’un galvanomètre, ont été expliqués par M. Matteucci lui-même, en admettant que la barre se compose de fibres magnétiques, comme d’un faisceau de fils magnétiques qui sont inclinés par la torsion sur l’axe de la barre. En ayant égard aux autres phénomènes de l’aimantation, nous préférerions expliquer ces courants induits par l’inclinaison des axes magnétiques des molécules mêmes de la barre, produites par la torsion.
- Lorsqu’on aimante un fil qui 'a reçu une torsion permanente, il se produit d’abord un effet persistant; la torsion diminue, parce que les molécules sont rendues plus mobiles par le mouvement rotatoire qui accompagne l’aimantation. Puis un effet temporaire se produit. Si, par l’aimantation, les molécules s’inclinent dans un sens ou dans l’autre, toute la masse de la barre suit ce mouvement, et la barre se tord ou se détord. Ces phénomènes doivent être l’inverse de ceux qui s’observent à la torsion d’une barre aimantée.
- L’aimantation d’un fil qui est encore sous l’effet des poids tordants, produit son effet persistant en rendant les molécules plus mobiles, et le fil se tord plus qu’auparavant. Après cet effet, chaque aimantation tend à placer les axes des molécules plus ou moins dans la direction de l’axe du fil. Le fil doit suivre ce mouvement en se détordant.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- Tout en reconnaissant qu’il faudra encore de nombreuses recherches, expérimentales pour compléter l’étude de ces phénomènes, et pour parvenir à en donner une explication entièrement satisfaisante en les soumettant à des lois mathématiques, j’espère que ce premier essai fera entrevoir la possibilité de faire rentrer les phénomènes magnétiques dans une théorie basée sur des principes purement mécaniques. Je me permettrai de communiquer prochainement quelques autres recherches sur ce même sujet.
- G. WlEDEMANN.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Mesure des potentiels correspondant à des distances explosives déterminées.
- M. J. B. Baille vient de présenter à l'Académie des Sciences une note que nous reproduisons ci-dèssous et à laquelle nous ferons une petite critique : les potentiels sont exprimés dans cette note en unités dérivées du système C. G. S., mais dont la nature n’est pas bien précisée. Les nombres correspondant aux différentes distances explosibles nous semblent trop faibles pour représenter des volts; il serait donc désirable que l’auteur voulût bien préciser, car si les unités dont il se sert montrent bien comment les potentiels varient quand on fait varier les distances explosives, ces unités ne suffisent pas à donner une idée de la tension correspondant à une distance explosible donnée. Des résultats exprimés en volts ou en un multiple quelconque du volt, parleraient beaucoup mieux à l’esprit.
- « Le potentiel électrique d’un conducteur, dit M. Baille, par rapport à un point intérieur, joue, dans l’étude de l’électricité, le même rôle que la température dans celle delà chaleur; et, pour avoir une échelle de potentiels analogue à l’échelle des températures, il est nécessaire d’en rapporter la mesure à celle d’un phénomène apparent et d’une reproduction facile. Je me suis proposé de mesurer les potentiels d’un conducteur correspondant à des longueurs d’étincelles déterminées.
- « La méthode que j’ai suivie consiste à faire jaillir une étincelle entre deux plans, dont l’un était électrisé et l’autre, légèrement convexe, était à la terre ; la distance explosive était mesurée avec soin. Le conducteur électrisé communiquait avec une sorte d’électromètre absolu : c’était un grand disque plan, attirant la partie centrale d’un plan parallèle relié à la terre. Cette partie centrale était attachée
- au fléau d’une balance très sensible, et l’attraction se mesurait directement avec des poids.
- « Le potentiel du plan attirant V était donné par la formule
- V = ny/87^>|J;
- dans laquelle D est la distance du disque attirant au plateau mobile de la balance, A la surface du cercle attiré et P le poids équilibrant l’attraction. Les observations, sont très régulières et donnent des résultats très concordants. J’ai mesuré les potentiels correspondant à des distances explosives variant depuis un demi-centième de millimètre jusqu’à un centimètre.
- « La principale difficulté a consisté à ramener le conducteur électrisé à un potentiel constant, pendant le temps de la pesée. Je me suis servi, pour cela, d’un conducteur à capacité variable. J’ajoutais des condensateurs tels que l’étincelle ne se produisait qu’à d’assez longs intervalles : le potentiel était alors un maximum atteint lentement, et l’attraction arrivait également à son maximum au moment même de l’étincelle.
- « M. W. Thomson avait déjà fait quelques déterminations semblables pour de petites distances explosives ; les nombres qu’il a trouvés sont sensiblement plus faibles que ceux que je donne pour les mêmes longueurs d’étincelles. J’attribue cette divergence à ce que le conducteur de M. Thomson était constamment déchargé par une série continue d’étincelles, de telle sorte que, le potentiel variant continuellement et très vite, on ne pouvait obtenir qu’une valeur intermédiaire entre le maximum et le minimum.
- « Voici quelques-uns des résultats que j’ai obtenus. Les nombres suivants sont exprimés en unités dérivées du système C. G. S., dans lequel l’unité de potentiel est le potentiel de la masse électrique i à la distance de omoi. S désigne la distance explosive.
- S. V. 6. V.
- cm cm
- 0,0025... 1,90 0,5 54,47
- 0,01 .. . 3,i6 0,6 63,82
- o,o5 8,7i 0,7 • • 73,78
- o,i .. 14,67 0,8... . . 84,86
- 0,2 25,5i 0,9 94,72
- 0,3 .. 35,35 1,0.... io5,5o
- 0,4 • 44,77
- « On voit que le potentiel d’un plan électrisé croît à peu près régulièrement avec la distance explosive qui peut être franchie.
- « On peut calculer les densités électriques correspondant à ces différentes longueurs d’étincelles : on voit que ces densités décroissent d’abord lentement et arrivent bientôt à une valeur constante vers ocm5, ce que l’on savait déjà.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- « On voit encore que la pression exercée par l’électricité sur l’air, au moment où va jaillir l’étincelle de omoi, n’est que le —^ de la pression atmosphérique. »
- L’aciération des planches gravées.
- On sait que les planches de cuivre gràvées sont susceptibles de s’altérer rapidement par suite des frottements répétés de l’encrage et de l’impression. Pour protéger les planches contre cette usure, M. Garnier a imaginé l’aciération électrolytique de ces planches. Nous extrayons d’un rapport fait par M. Davanne à la Société d'Encouragement, la description de ces procédés d’aciération :
- « Les planches gravées s’usent vite parle tirage; aussi les premières épreuves, dites avant la lettre, avaient-elles, autrefois, un prix supérieur aux autres; cette usure rapide faisait le désespoir des anciens graveurs et on ne pouvait leur rendre un plus grand service que de leur donner le moyen de conserver à leur œuvre sa perfection primitive ; c’est ce que font maintenant tous les imprimeurs en taille-douce ; ils recouvrent la surface de la planche par une couche de fer dur, qui la protège pendant longtemps contre l’action du tampon, de l’essuyage et de la presse, et qui peut être renouvelée facilement et autant de fois qu’il est nécessaire, dès qu’elle présente les premières traces d’usure.
- « Cette opération, qu’on appelle l’aciérage, est due entièrement pour l’application à M. Garnier; il importe de le proclamer bien haut, car si quelques gens compétents le savent très bien, beaucoup qui l’utilisent ignorent le nom de l’inventeur; d’autres môme commencent à dire que c’est une invention anglaise, ce qui serait la négation des titres les plus authentiques. Le brevet date du 18 juillet 1857.
- « Par un brevet du 9 décembre i858, on voit que M. Garnier a également pris part aux recherches faites pour les applications du nickelage.
- « L’opération de l’aciérage est simple ; tout intéressé la fait ou peut la faire. On prépare d’abord une solution aqueuse, contenant un dixième de sel ammoniac et on fait passer dans le bain le courant d’une pile de Bunsen, composée d’un ou de plusieurs éléments, suivant la dimension de la planche gravée; au pôle positif, c’est-à-dire au fil qui communique avec le charbon, on attache une plaque de fer que l’on plonge dans le bain ; le fil négatif, c’est-à-dire celui qui est attaché au zinc, plonge également dans le bain et commence à le mettre en activité. La planche gravée est ensuite décapée par un lavage à la potasse, bien rincée à l’eau, attachée au pôle négatif, au zinc de la pile, et plongée dans le bain.
- « Sous l’action du courant il se produit un double effet : l’électrode positive en fer est attaquée, il se
- forme dans le bain un chlorure de fer ammoniacal qui est décomposé à son tour, et le fer se dépose sur l’électrode négative, c’est-à-dire sur la planche gravée. En quelques instants celle-ci change de couleur et passe du rouge au blanc; il faut maintenir l’action pendant une demi-heure environ pour que le dépôt soit suffisant. Le fer peut être déposé aussi bien sur le zinc que sur le cuivre, et il est tellement dur qu’il y a avantage à en recouvrir les planches d’acier..
- « Après lavage et séchage, la planche est prête pour le tirage; mais quoique aciérée, quand elle aura tiré des centaines d’exemplaires, elle commencera à s’user et à montrer par places la couleur rouge du cuivre ; il suffit de la passer dans un bain d’eau acidulée par l’acide nitrique, marquant 5° B. Le fer disparaît immédiatement et on n’a qu’à la replacer dans le bain excité par la pile pour l’aciérer de nouveau.
- « Une planche gravée, ainsi aciérée et bien surveillée, puis réaciérée dès qu’elle en a besoin, peut fournir un tirage indéfini. »
- Des actions locales qui ont lieu dans les piles Planté.
- Si l’on a modifié la pile Planté de toutes les façons, on n’a guère fait de recherches sur les réactions qui se passent à l’intérieur de cet intéressant appareil.. De telles recherches auraient été pourtant d’une grande importance; aussi sommes-nous heureux de voir MM. Gladstone et Tribe aborder la question par l’analyse chimique et entrer dans une voie qui doit certainement conduire à de bons résultats.
- On se rappelle le couple zinc-cuivre qui a été décrit dans le numéro du 5 mars 1881. L'action locale de ce couple a été utilisée par les auteurs pour la préparation d’un certain nombre de composés chimiques, et les effets obtenus les ont amenés à penser qu’une action analogue doit se produire dans la pile Planté, sur la lame recouverte de peroxyde de plomb, le peroxyde jouant le rôle du cuivre. L’expérience leur a montré qu’il en est réellement ainsi.
- En plongeant dans l’eau pure une lame de plomb recouverte de peroxyde, ils ont vu ce dernier se réduire et passer du brun au jaune; il n’était pas douteux dès lors que le couple plomb-peroxyde de plomb décomposerait l’eau acidulée par l’acide sulfurique, en donnant naissance à du sulfate de plomb. C’est encore ce qui a lieu.
- Comme la destruction du peroxyde de plomb entraîne une diminution dans l’énergie de la pile secondaire, les auteurs ont voulu s’assurer quelle est la rapidité de cette action.
- Quand la couche de peroxyde de plomb déposée sur le métal est très mince, sa transformation en
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- sulfate blanc est perceptible à l’œil ; mais quand la couche d’oxyde est épaisse, la transformation est trop longue pour que l’observation puisse se faire ainsi. Dans une expérience, les auteurs ont chargé le couple secondaire, d’après la méthode de Planté, à l’aide d’une série de dix-sept charges et décharges, ou renversements de courants, chaque opération durant vingt minutes. Ils ont en outre séparé les opérations par sept périodes de repos de vingt-quatre heures chacune. Après la dernière charge, ils ont observé combien de temps le dépôt d’oxyde mettait à se convertir en sulfate; ce temps a été de dix-sept heures.
- Dans un autre cas, la charge ayant été faite de même, le couple secondaire fut relié à un galvanomètre et la déviation notée, puis la communication fut interrompue, et au bout d’une heure on observa de nouveau la déviation, et ainsi de suite jusqu’à presque complet épuisement de la pile, comme le montrent les chiffres qui suivent :
- Intensité initiale du courant...... ioo
- — après i heure de repos.... 97
- — — 2 — ..... 40
- — — 4 — ...... H
- — — 17 — ...... i.S
- Il résulte de là que pendant de longues périodes de repos, le peroxyde de plomb est presque complètement transformé en sulfate, mais comme dans cette action une partie du plomb précédemment à l’état métallique se trouve oxydé puis converti aussi en sulfate, quand on opère ensuite la réduction de ce dernier, la quantité de plomb spongieux existant sur l’électrode se trouve augmentée. Cela explique l’utilité des longs repos recommandés par Planté pour la charge de ses couples. Cette manière de voir a été vérifiée expérimentalement par les auteurs. Ils ont dosé la quantité de peroxyde de plomb déposée par la charge sur une lame donnée, et ont pris cette quantité pour unité ; puis ils ont laissé reposer la plaque dans le couple pendant dix-huit heures. Ils l’ont chargée de nouveau et
- dosé de nouveau le peroxyde et ainsi de suite à
- plusieurs reprises . Les résultats ont été les sui-
- vants : Temps Quantité
- de repos. Charge. de peroxyde.
- 1™ . . . . 1.0
- 18 heures. . . . , . . 2mc.... 1-57
- 2 jours , . . 3mc .... . .. . 1.71
- . . Aine , . . . 2.14
- 2 jours. . . . ... U.... . . . . 2.43
- Dans d’autres expériences, le procédé de Faure fut employé, le plomb spongieux fut obtenu par la réduction d’une couche de minium et le peroxyde par l’oxydation électrolytique de ce plomb spongieux.
- Ces lames, abandonnées à elles-mêmes comme
- dans la première expérience, ont donné les résultats qui suivent :
- Peroxyde
- réduit.
- Expérience 1 après 2 heures de repos. . . 7.20/0
- — 2—3 — ... iS. 1 —
- — 3 — 4 — ... 19.8 —
- — 4 — S — ... 3o.o —
- — 5—24 — ... 36.3 —
- — 6 — 7 jours de repos . . . 58.3 —
- — 7 — 11 — ... 67.3 —
- — 8 — 12 — ... 74-3 —
- Un essai fait au galvanomètre avec des lames formées par la méthode de Planté, a donné encore pour l’épuisement produit par action locale les nombres suivants :
- Intensité initiale du courant..... 100
- — après 1 jour de repos.... 92
- — — 3 — 79
- — — 4 — 34
- - — 5 — 24
- — — 7 — H
- -9 - ......... 3
- — — 13 — ....... I
- Toutes ces observations montrent qu’une lame de plomb peroxydée perd son énergie par suite d’une action locale, et que la rapidité avec laquelle cette perte a lieu, varie suivant les circonstances de la formation.
- Cette idée de l’affaiblissement par action locale, peut soulever dans l’esprit deux objections :
- 10 Pourquoi une plaque couverte de peroxyde de plomb et plongée dans l’acide sulfurique étendu s’épuise-t-elle si lentement, tandis que dans le couple zinc-cuivre où la différence de potentiel est bien plus faible, la même somme d’action aurait lieu en quelques minutes?
- 20 Comment la réduction de l’oxyde si lente. devient-elle si rapide quand le plomb, au lieu d’être simplement en contact avec l’oxyde, est relié à une autre lame de plomb plongeant dans ce même liquide, comme cela a lieu dans la décharge du couple secondaire ?
- 11 faut, d’après les auteurs, chercher la cause de ces faits dans la formation du sulfate de plomb insoluble qui remplit les interstices du peroxyde et crée une très forte résistance entre ce dernier et la plaque métallique.
- Ces expériences montrent donc parfaitement comment se fait l’épuisement lent d’un couple Planté abandonné à lui-même; elles expliquent en outre l’utilité des repos recommandés par Planté entre les inversions de courant pendant la charge, et ce sont là déjà deux résultats importants.
- MM. Gladstone et Tribe continuent leurs recherches. et l’on peut espérer avoir bientôt sur ce sujet de nouvelles données intéressantes.
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- FAITS DIVERS
- On nous écrit de Londres : L’Exposition d’électricité du Palais de Cristal de Sydenham est encore peu avancée, et l'on ne peut guère espérer que tout soit prêt pour la fin du mois. On peut cependant constater qu’il y a eu quelque progrès de fait pendant ces derniers jours, surtout dans le département de la lumière électrique. Une partie de la nef septentrionale a été brillamment illuminée par l’Electric Light and Power Generator Company, et un essai partiel a aussi été fait des lampes à incandescence Edison; on éclaire avec elles la salle des concerts. Les autres principales expositions dans le même département sont celles de la British Electric Light Company, de la Compagnie générale d’électricité, de MM. Siemens frères et Ce, et de la Swan Electric Light Company, ainsi que la lampe de M. Gravier. MM. Strode et Ce exposent une nouvelle lampe électrique (brevet Mackenzie) que nous n’avons pas encore vue à l’œuvre, à côté de leurs lampes à gaz et poêles sanitaires. On prétend qu’elle donne une intensité lumineuse de i 600 bougies (candies) avec une dépense d’environ quatre chevaux, qu’elle brûle cinq heures et peut être construite pour brûler beaucoup plus longtemps.
- En ce qui concerne la télégraphie, le département des télégraphes du Post Office du gouvernement britannique expose sa collection historique d’instruments anciens, ainsi que les différentes espèces et variétés d’appareils actuellement employés par lui. On s’attend aussi à ce que le département de la guerre envoie des spécimens de la plupart des appareils électriques en usage dans les services pour l’attaque et la défense. La Compagnie du télégraphe sous-marin, la Tele-graph Construction and Maintenance Company, et l’Eastern Telegraph Company exposent de splendides collections de câbles sous-marins de différentes dates; la plupart auront été déjà vus par nos lecteurs au Palais de l’Industrie. Un des spécimens les plus remarquables d’un câble avarié est un morceau de câble entortillé par une ancre de navire de telle sorte qu’il ressemble à un énorme nœud d’herbes marines. Une autre exposition importante es't le télégraphe imprimant de l’Exchange Telegraph Company, dont il y a trois ou quatre spécimens montés sur des poteaux. Et en dehors des appareils placés dans le Palais simplement pour l’exhibition, certaines applications électriques, notamment des transmetteurs d’alarme (en cas d’incendie), d’après le système Bright, et les horloges à synchronisme de M. Dent sont distribuées dans un but d’utilité publique dans tout l’édifice. On dit qu’on en fera autant pour les téléphones, et que tous les systèmes principaux seront représentés, mais jusqu’ici ils ne se sont guère montrés.
- II est assez regrettable que les étalages de l’exposition électrique se distinguent si peu des autres objets offrant de l’intérêt dans le Palais; mais d’un autre côté on est heureux de ne pas rencontrer cet * officialisme » qui gâte tant d’expositions. Il y a aussi une égalité absolue entre les exposants, y compris le gouvernement du pays qui est représenté par le département des Postes et des Télégraphes. Il n’y a point de sections nationales d’aucune sorte; les exposants anglais, français, allemands et américains sont établis les uns à côté des autres dans un voisinage amical. Un catalogue va être bientôt publié, et nous apprenons avec -plaisir qu’il y en aura plusieurs éditions revisées pendant la durée de l’exposition.
- Il y a quinze ans, M. Gobin, ingénieur de la navigation du Rhône, exposait un projet qu’il avait élaboré pour recueillir, à l’aide de machines hydrauliques, la force vive développée par le courant du Rhône au-dessus de Lyon et dans la traversée de la ville. Aujourd’hui ce projet se présente sous une autre forme et avec une bien plus grande importance. Il s’agit de mettre à profit cette force du fleuve pour produire.
- de la lumière, de la chaleur et de la force motrice. Déjà, M. Colladon, de Genève, a disposé et fait fonctionner actuellement sur le Rhône, avant sa jonction avec l'Arve, des roues hydrauliques. Ces jours-ci, M. Lortet, doyen de la Faculté de médecine de Lyon, a eu l’idée d’éclairer à l’électricité les nouveaux bâtiments du quai Claude-Bernard qui viennent d’être inaugurés à Lyon. Il a placé une roue-bateau de cinq mètres dans le lit du fleuve, devant la Faculté, réalisant ainsi une notable économie dans les dépenses d’éclairage. Mais ce moteur n’a été installé qu’à titre d’essai provisoire, l’autorisation de l’ingénieur en chef de la navigation du Rhône étant nécessaire et n’ayant pas été accordée jusqu’ici, de crainte que les amarres du bateau ne se brisent en temps de crue et qu’il en résulte des avaries aux ponts et aux quais. M. Lortet se propose de soumettre la difficulté au ministre afin d’obtenir la permission d’établir ses moteurs, cylindres et bateaux pour une période indéfinie. Il calcule qu’une roue de cinq mètres de longueur garnie de palettes d’un mètre de hauteur, produit huit cent kilogrammètres ou près de onze chevaux vapeur.
- L’application du système Marcel Deprez pour le transport et la distribution de l’énergie électrique rendra ces diverses tentatives tout à fait pratiques.
- A propôs de l’éclairage du Savoy-Theatre par les lampes à incandescence, le Télégraphie Journal fait les réflexions suivantes :
- « .... Au maximum, la lumière totale au moment le plus favorable n’est que de 18 000 candies, avec dépense minimum d’une force de 120 chevaux. Des lampes à arc produiraient probablement le même résultat avec un huitième de la force dépensé© actuellement; comme les lampes à arc sont à peine admissibles dans un théâtre, il n’est pas nécessaire d’entrer dans la question d’économie comparative. Mais, pour parler sérieusement, l’exhibition du théâtre de Savoy est des plus décevantes. Ayant vu l’installation en deux occasions, nous pouvons dire avec raison qu’à n’importe quel moment la puissance lumineuse de chaque lampe en moyenne, en prenant toutes les lampes tour à tour, n’est pas égale à dix candies. Nous avons remarqué sur la scène un nombre considérable de lampes éteintes, dans quelques rangées jusqu’à, dix pour cent; d’autres ne brillaient pas plus qu’un charbon rouge, ce qui indiquait que soit par des contacts défectueux, soit par des variations de résistance, elles ne recevaient pas la quantité voulue de courant; d’autres enfin en recevaient en excès. Un nombre égal de becs de gaz éclaireraient, à notre avis, beaucoup mieux la scène. Cependant, l’avantage pour les spectateurs et les acteurs est très grand en ce qui touche à la température modérée du théâtre, à l’absence de fumée désagréable et aux risques réduits de l’incendie, ce dernier danger ayant montré récemment la nécessité qu’il y a d’employer quelque mode meilleur que le gaz pour éclairer les lieux d’amusement public. La conjecture du Daily News, à savoir que le prix de revient doit être de plus du double de celui du gaz, et qu’il s’élève à 2,000 livres sterling par an est probablement assez peu éloignée de la vérité. Il serait intéressant de savoir combien de ces lampes, à incandescence sont détruites pendant chaque représentation; comme elles ne semblent pas être particulièrement bien choisies, la résistance et la masse du filament étant les mêmes dans chaque cas, il est évident, d’après nos propres observations, qu’un certain nombre de ces lampes doit être détruit. Cependant, l’installation du théâtre de Savoy est un pas dans la bonne voie et les résultats obtenus seront d’une grande utilité pour les ingénieurs s’occupant de lumière électrique dans l’avenir, bien qu’à présent il nous semble qu’une énorme quantité de force est dépensée pour un bien petit résultat; cela est surtout remarquable sur la scène où selon nous, vingt ou trente des lampes à semi-incandescence Wer-dermann ou Joël auraient produit un meilleur effet. Ces lampes, aussi fixes que les lampes Swan, auraient pu être réglées tout aussi aisément pour les usages de la scène, elles
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- LÀ LUMIÈRE ÊLËCfkîQÜË
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- auraient donné la même lumière colorée, et n'auraient pas dépensé autant de force pour fournir la lumière nécessaire.
- « Tout en conseillant l’usage de la lumière électrique dans des édifices publics semblables, nous ne croyons pas que d’autres directeurs de théâtre feraient sagement de suivre l’exemple de M. d’Oyly Carte en installant 1200 lampes Swan dans leur état actuel de développement. Nous suggérons donc que l’on fasse des essais concluants de tous les systèmes, surtout de ceux à incandescence, avant d’en adopter aucun finalement pour cet objet. Les détails de l’éclairage électrique, tels que la lumière produite par unité de force dépensée, lorsqu’une, deux, quatre ou un plus grand nombre de lampes sont dans un circuit, le coût des machines, lampes, et de l’exploitation du système pour de petites et de grandes installations, la durée de temps garantie pendant laquelle une lampe peut brûler, la puissance en candies qu’elle peut atteindre sans danger, et bien d’autres points, sont encore obscurs; les inventeurs paraissant éviter de donner de la publicité à ces questions; ils devraient pourtant savoir qu’en donnant franchement les détails les plus complets, relativement à tout ce qui touche à leurs appareils, ils feraient connaître en réalité et élabliraient de vraies données qui serviraient de base aux expériences, et permettraient d’atteindre la perfection de beaucoup plus près qu’à présent et cela dans un temps très court. Il y a tant de points dans l’éclairage électrique sur lesquels les électriciens sont divisés, que plus on se hâtera de donner de la publicité aux résultats d’expérience touchant les systèmes en présence, plus nous arriverons vite à des lois établies (qui deviendront le domaine de tous), comme celles que nous avons maintenant pour toutes les branches de la télégraphie. »
- Éclairage électrique
- Nous avons déjà annoncé les essais d’éclairage électrique faits en ce moment à Vienne, sur le Graben et le Stephan-platz (Place-Saint-Étienne). La Neue Freie Presse de Vienne donne à ce sujet les détails suivants :
- Depuis le 2 janvier ont lieu sur les grandes places publiques de Vienne des essais d’éclairage électrique qui excitent au plus haut degré l’intérêt du public. De tous les points de la capitale et même des faubourgs les Viennois accourent pour voir le nouveau mode d’éclairage. L’impression générale a été très heureuse; la lumière électrique, brûlant à côté du gaz, éclipsait ce dernier. Le coup d’œil était surtout particulièrement remarquable depuis le Graben jusqu’au ICohlmarkt et aux Tuchlauben; ces deux dernières rues étant éclairées au gaz comme d’habitude, apparaissaient tout à fait obscures à côté du Graben éclairé électriquement.
- C’est la compagnie Brush qui s’est chargée de cet éclairage du Graben et de la place Saint-Étienne, les essais se poursuivent chaque soir depuis la tombée de la nuit jusqu’à minuit.
- La machine dynamo-électrique productrice du courant est placée dans Jasomirgottstrasse et reliée à une machine à vapeur locomobile qui se trouve près de la place Saint-Étienne. De la machine dynamo-électrique part un simple fil de cuivre de la force d’un fil télégraphique ordinaire; il conduit jusqu’à la place Saint-Étienne et passe par le Stock-im-Eisenplatz, le Graben, le Petersplatz, et le Bauernmarkt pour revenir à la machine et il forme un seul circuit fermé d’un kilomètre de long, dans lequel sont intercalées toutes les lampes électriques. Treize lampes servent à l’éclairage du Graben et de la place Saint-Étienne, et une quatorzième est placée dans la Jasomirgottstrasse.
- Au moment où la machine est mise en marche et où elle envoie le courant électrique dans le conducteur, toutes les lampes, s’allument en même temps et elles s’éteignent à la fois, d’un seul coup, lorsque la machine est arrêtée.
- Les lampes ont sous l’angle de projection moyen une intensité de plus de 200 becs Carcel et qui serait insupportable à
- l’œil si elle n’était tempérée et dispersée à l’aide d’un verre dépoli.
- Les crayons de charbon brûlent huit heures; mais, chaque lampe est pourvue d’une double garniture de crayons de charbon qui s’enchâssent automatiquement, de sorte que la durée de combustion ininterrompue de chaque lampe est de seize heures.
- A Lafayette, État d’Indiana, le conseil municipal vient d’accepter une proposition de placer un foyer électrique d’une puissance extraordinairement élevée (on parle de 20 000 bougies), sur une tour de l’école de cette ville. Il sera payé 5 000 dollars pour l’usage de ce foyer pendant deux ans.
- Télégraphie et Téléphonie
- Au Mexique, l’extension du réseau télégraphique se poursuit. Le mois dernier la ligne télégraphique du Sud de l’État de Nouveau Léon arrivait à San Pedro de Iturbe. Presque toutes les villes méridionales de cette entité fédérale seront prochainement reliées entre elles par des fils télégraphiques.
- On nous écrit de Mulhouse que le bureau du téléphone de cette ville vient d’être transféré du bâtiment principal de la poste dans une des ailes récemment construites, sans que le service ait été interrompu. Le chiffre des abonnés a maintenant atteint la centaine et il y a en moyenne trois cents communications échangées chaque jour. Plusieurs administrations, telles que la direction de l’arrondissement, la direction de police, etc., ainsi que plusieurs fabriques seront reliées prochainement au câble téléphonique. Le service qui, dans le commencement, réclamait plusieurs employés, n’est plus rempli que par une seule personne, grâce à de nouveaux appareils. Dans quelques jours les bureaux de l’administration télégraphique seront transférés dans le nouveau local attenant au bureau de la poste.
- Les journaux de Cincinnati mentionnent un accident, heureusement fort rare, qui est arrivé il y a quelques jours à un abonné du téléphone à Cincinnati, Cet abonné se disposait à porter à son oreille un cornet téléphonique, lorsqu’il vit une flamme jaillir de ce cornet. Effrayé il attendit quelques instants avant de tenter de se mettre en communication avec le bureau central, où les opérateurs ont vu également' le même effet se produire.
- Cet accident singulier avait été occasionné par un contact subit du fil téléphonique avec un fil d’éclairage électrique.
- Un accident presque semblable a été signalé il y a quelque temps à Paris, au bureau télégraphique de la rue du Bac.
- Dans un de nos derniers numéros, nous annoncions que l’installation du réseau téléphonique de Rouen touchait à sa fin. Depuis que la rade a été reportée à l’île Elie, par suite de l’agrandissement du port, il avait été décidé qu’un service téléphonique serait établi entre le bureau des officiers dü port (quai du. Havre) et Croisset de façon à faciliter la transmission des ordres aux navires montant à Rouen. Ce service va fonctionner, car un téléphone vient d’être placé dans le bureau du capitaine du port de Rouen. Les communications qui se faisaient jusqu’ici entre le port et la rade par l’intermédiaire d’un canotier pourront ainsi avoir lieu beaucoup plus vite, au plus grand avantage des intérêts du port de Rouen.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Pari9. —* Imprimerie P. Mouillot, l3, quai Voltaire. — 26i5o
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- Lumière
- Journal universel
- Electrique
- d’Electricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4* ANNÉE (TOME VI)
- SAMEDI 4 FÉVRIER 1882
- N° 5
- SOMMAIRE
- Histoire de la découverte du téléphone; Th. du Moncel. — L’électricité contre l’incendie; Frank Geraldy. — Exposition Internationale d’Électricité : Appareils de mesures électriques à l’Exposition de l’École supérieure de télégraphie; E. Mercadier. — Le tramway électrique du Palais de l’Industrie et le chemin de fer postal ; A. Guerout. — Instruments divers destinés aux mesures électriques : Galvanomètre à déviation proportionnelle; Marcel Deprez. — Sur la résistance électrique des gaz; Edlund. — Revue des travaux récents en électricité : Mesure des potentiels correspondant à des distances explosives déterminées. — Les procédés métallurgiques actuels. — Les piles et condensateurs de M. Varley. — Correspondance : Lettre de M. G. Lippmann. — Faits divers.
- HISTOIRE
- DE LA.
- DÉCOUVERTE DU TÉLÉPHONE
- Dans l’exposé modeste qu’il avait fait de l’invention du téléphone, M. Graham Bell n’avait pas indiqué les différentes expériences successives qui l’avaient conduit à cette invention; aucune réclamation de priorité ne s’étant alors produite, il n’avait pas à entrer dans ces détails, et d’ailleurs son caractère extrêmement réservé ne l’y portait pas ; mais quand MM. Edison et Elisha Gray voulurent poser leurs droits à cette découverte (*), quand deux procès survinrent à cette occasion, ces détails n’étaient plus inutiles, et il fallut les rechercher de tous côtés. Or, il est résulté de toutes les enquêtes faites pen-
- P) Ce qui est curieux, c’est que ces revendications n’ont été faites que plus d’un an après la description, par tous les journaux du monde entier, des expériences de M. Bell, ce qui montre que les auteurs de ces revendications n’avaient, dans l’origine, attaché qu’une bien médiocre importance à cette invention, et il a fallu que le succès couronnât l’œuvre de M. Bell, pour les faire sortir de leur indifférence à ce sujet.
- dant le cours du procès, et qui remplissent quatre gros volumes, des documents d’un grand intérêt pour l’histoire de cette découverte, et que nous croyons intéressant de résumer ici, ne serait-ce que pour montrer par quels chemins tortueux une grande découverte doit passer avant d’arriver aux résultats importants qu’elle est appelée à réaliser.
- Nous devons commencer par dire, tout d’abord, qu’il est résulté des enquêtes du procès et des pièces justificatives qui ont été produites, que, dès l’année 1874, M. Graham Bell s’occupait de la transmission électrique de la parole. Ses premières recherches dans ce but remontent, en effet, au 26 juillet 1874. Mais ce n’est que le 2 octobre de cette même année que ses idées purent se préciser et prendre un certain corps. Après avoir étudié les beaux travaux de M. Helmholtz sur la combinaison des sons, il pensa que si deux électro-aimants placés aux deux extrémités d’un circuit avaient pour armature une série de tiges de fer de différentes longueurs et placées exactement dans les mêmes conditions aux deux stations, les sons de la parole pourraient impressionner telles ou telles de ces tiges, suivant qu’elles s’accorderaient plus ou moins avec leur son fondamental, et qu’il pourrait résulter des vibrations de ces tiges, au poste transmetteur, des extra-courants d’induction capables de faire reproduire de pareilles vibratio'ns sur les tiges de longueur correspondante au poste de réception. C’était, comme on le voit, le germe des télégraphes harmoniques à transmissions multiples, et il paraît qu’à cette époque (juillet 1874), M. Bell avait déjà constaté, pour ce genre de reproduction des sons combinés, la nécessité de courants continus et ondulatoires. Quoi qu’il en, soit, il fit part de ses idées à M. Clarence Blake et lui demanda même s’il croyait qu'une simple lame attachée à une membrane ne pourrait pas suffire pour produire les effets décrits précédemment. A cette époque, M. Bell n’était pas électricien et cherchait des conseils. Aussi allons-nous voir son idée se développer successivement.
- Dans une lettre écrite à M.Hubbard au commencement de 1875, M. Bell lui fait part d’une convef-
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- sation qu’il avait eue à ce sujet avec M. Hènreish, qui lui conseillait de donner suite à son idée, et dans une autre lettre écrite également à M. Hubbard, le 4 mai 1875, il lui indique le moyen qu’il avait conçu de transmettre électriquement la parole en faisant en sorte que les vibrations déterminées par le transmetteur pussent provoquer dans la résistance du circuit des changements proportionnels
- FIG. I. — PREMIER TÉLÉPHONE BELL DE 1875
- à ces vibrations. Se reportant à un mémoire scientifique qu’il avait lu, il croyait*pouvoir résoudre ce problème en faisant réagir un diaphragme devant lequel il parlait, sur un fil tendu traversé par le courant transmis, et il admettait que les différences de tension de ce fil, sous l’influence des vibrations produites, devaient entraîner dans la résistance du fil des changements proportionnels aux vibrations.
- K fiu,
- FIG. 2. — SECOND TÉLÉPHONE BELL DE 1875
- Il paraît que les expériences qu’il entreprit alors réussirent, car, le 24 mai 1875, il écrivait à son père une lettre dans laquelle il lui annonçait qu’il était bien près de résoudre le problème qu’il cherchait. Nous ajouterons que, dans les expériences précédentes, il employait comme récepteur une disposition absolument semblable à celle du transmetteur.
- Le 2 juin 1875, il constata qu’en employant deux électro-aimants boîteux dont les armatures étaient
- susceptibles de vibrer, il pouvait, en reliant électriquement ces électro-aimants et en intercalant une pile dans le circuit, faire en sorte que les vibrations de l’une de ces armatures fussent reproduites par l’autre, sous l’influence des extra-courants qui résultaient des rapprochements et des éloignements de Varmature vibrante. Or, cette expérience le conduisit immédiatement à penser qu’il pourrait obtenir la transmission des sons sans pile, en remplaçant le noyau de fer des électro-aimants précédents par un noyau d'acier aimanté; Telle est l’origine du téléphone électro-magnétique de M. Bell, auquel il s’est particulièrement attaché. Effectivement, peu de temps après cette expérience, c’est-à-dire le icr juillet 1875, il disposa ses électro-aimants de manière que leur armature fût reliée à une membrane tendue sur une sorte d’entonnoir, et il obtint des résultats tellement encourageants, qu’il put croire le problème bien près d’être résolu.
- Au mois de septembre 187.^, la question avait bien progressé, car parmi les pièces du procès on
- FIG. 3. —TÉLÉPHONE EXPOSÉ EN 1876 A PHILADELPHIE
- trouve une lettre de M. Bell à M. Hubbard, datée du 28 septembre, dans laquelle il lui parle d’une visite qu’il vient de faire à M. Brown, premier ministre des Etats du Canada, qui était alors à Toronto, dans le but de lui expliquer ses idées relativement à la transmission électrique de la parole, et au désir qu’il avait de le charger de prendre en son nom des brevets en Angleterre et en Europe, alors qu’il les prendrait lui-même en Amérique. Il avait été convenu dans cette visite qu’il se mettrait de suite à rédiger le brevet, et, effectivement, cette rédaction fut faite immédiatement et envoyée; mais bien qu’elle n’ait pas été retrouvée parmi les papiers de M. Brown, qui avait été assassiné quelques mois après, on a pu s’assurer de son existence par quelques fragments des minutes qui avaient servi à la faire, et qu’on a pu retrouver sur des envers de lettres écrites de Philadelphie, lesquelles en reportaient la date avant le 4 novembre 1875.
- Nous insistons sur ces détails pour démontrer que la rédaction du brevet de M. Bell était bien antérieure à la date qu’on aurait pu lui supposer d’après celle de son dépôt, et voici pourquoi celui-ci ne fut pas fait plus tôt.
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- Continuant à ne pas recevoir de réponse de M. Brown, M. Bell retourna au Canada avant de prendre son brevet Américain, et après avoir expliqué de nouveau son affaire à M. Brown, et lui avoir remis, le 29 décembre, les dessins nécessaires pour qu’il pût la bien comprendre, il fut convenu qu’à son prochain voyage en Angleterre, qui devait se faire sous peu de jours, M. Brown prendrait définitivement les brevets et qu’il eft donnerait avis.
- FIG. 4. — COUPE DU TÉLÉPHONE PRÉCÉDENT
- Toutefois, cette convention ne fut pas exécutée, parce que les Electriciens anglais auxquels M. Brown s’était adressé n’avaient pas trouvé l’invention assez sérieuse; de sorte que, après avoir attendu quelque temps encore, M. Bell dut se décider à présenter sa demande de brevet à l’office des patentes Américaines, et ce fut le 20 janvier 1876 que cette demande eut lieu ; mais le brevet ne fut présenté officiellement avec les formes de rigueur que le 14 fé-
- FIG. 5. — TÉLÉPHONE A ÉLECTRO-AIMANT A DEUX BRANCHES 1876
- vrier, et c’est ce même jour, deux heures après le dépôt de ce brevet, que fut présenté le caveat de M. Elisha Gray. Dans ce caveat, il n’était question que du téléphone parlant, mais cet appareil fonctionnait sous l’influence des variations de résistance d’une colonne liquide interposée dans le circuit téléphonique, comme dans l’un des systèmes indiqués dans le brevet de M. Bell, et le dessin annexé à ce caveat ne peut laisser aucun doute sur la parfaite identité des deux systèmes. Il est toutefois résulté de l’enquête qu’à la date des deux brevets, aucun des deux systèmes n’avait été exécuté, et que les premières expériences de M. Bell, seules,
- avaient pu démontrer la possibilité de la transmission de la parole. Mais *M. Bell fit construire en mars 1876 son appareil à liquide, et au 10 mai de cette même année, cet appareil fut l’objet d’une communication de l’auteur à l’Académie Américaine de Boston. Il figura ensuite avec ses autres appareils à l’Exposition de Philadelphie au mois de juin 1876.
- En résumé, il a été démontré, flans les deux procès aujourd’hui terminés, que c’est bien M. Bell qui, le premier, a pu faire parler le téléphone, en lui appliquant des courants continus et ondulatoires, fonction des vibrations de la voix, et qu’il a résolu le problème, soit avec des courants induits résultant des vibrations mêmes de l’appareil transmetteur, soit par des variations de résistance d’un conducteur imparfait mis en rapport avec le circuit et résultant elles-mêmes des effets vibratoires.
- Un fait assez curieux à rappeler ici, c’est que dès i865, M. Yeates, de Dublin, en essayant de
- FIG. 6. — RÉCEPTEUR TÉLÉPHONIQUE EXPOSÉ A PHILADELPHIE EN 1876
- perfectionner le téléphone de Reiss, avait réalisé en quelque sorte le transmetteur à liquide de MM. Bell et Gray, car il avait introduit entre les contacts de platine de l’appareil de Reiss une goutte d’eau, ce qui le rendait propre à la reproduction des sons articulés. Toutefois, ce résultat ne fut pas alors observé.
- Nous représentons dans les figures qui accompagnent cet article les différents appareils téléphoniques successivement construits, avec les dates de leur construction, telles qu’elles ressortent des enquêtes faites dans le cours des procès dont nous avons parlé.
- Les deux premiers de ces appareils sont ceux qui ont été représentés dans le premier brevet de Bell du 14 février 1876. Ils consistent, comme on le voit, dans des électro-aimants boiteux dont l’armature articulée sur la branche sans bobine était reliée, par son extrémité libre en face le pôle magnétique de l’élec-tro-aimant, par une tige adaptée à la membrane de parchemin d’un tambour de forme variée. En reliant les deux électro-aimants par deux fils et les faisant traverser par un courant, on pouvait, en parlant dans l’un des tambours, créer dans l’électro-
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- aimant correspondant des extra-courants capables d’influencer l’autre électro-aimant, et de provoquer sur son armature des vibrations magnétiques susceptibles de faire reproduire la parole au diaphragme de parchemin auquel cette armature était reliée.
- Les figures 3 et 4 représentent l’élévation et la coupe de la première modification importante des appareils précédents, et c’est elle qui a figuré à l’Ex-
- EXPOSÉ A PHILADELPHIE EN 1876
- position de Philadelphie. L’appareil a été construit en mai 1876 et exposé en juin de la même année. Il présente au centre de la membrane de parchemin a un petit disque de fer b devant lequel se trouve l’un des pôles d’un électro-aimant droit, soutenu horizontalement sur un pilier; un cornet acoustique terminé par une embouchure, permettait de concentrer toutes les vibrations de l’air déterminées par la voix sur toute la surface de la membrane.
- La figure 5 représente une modification de l’appareil précédent dans laquelle on employait un électro-aimant à deux branches au lieu d’un électroaimant droit, et la figure 6 montre la forme du récepteur qui correspondait aux appareils précédents. C’était un électro-aimant tubulaire au dessus dés pôles duquel était fixée une lame mince de fer doux qui servait d’armature, et qui était vissée en l’un des points du pôle circulaire.
- La figure 7 représente le transmetteur à liquide exposé également en 1876 h Philadelphie. Dans ce système, le liquide, qui était de l’eau acidulée, était renfermé dans le petit cylindre de verre que l’on voit au-dessous du tambour portant le diaphragme. Celui-ci était muni d’une large embouchure, et c’étaient les mouvements vibratoires d’un fil de platine fixé au centre du diaphragme et plongeant dans le liquide qui déterminaient les variations de résistance du circuit en rapport avec les vibrations vocales.
- Dans les figures 8 et g, on voit les premiers per-
- fectionnements apportés en juin 1877 au téléphone primitif dans le but d’augmenter l’intensité des sons. On employait alors un aimant en fer à cheval et un diaphragme de fer très mince B. L’embouchure présentait un assez grand développement ; mais, avant cette disposition, on était arrivé au modèle à main, représenté figure 10, qui date de mai 1877. C’est en août 1877 que fut combiné le téléphone à aimant en fer à cheval disposé verticalement dans une boîte, avec embouchure sur la partie antérieure, tel qu’on le construit encore sous le nom de modèle carré de Bell.
- Enfin, nous représentons (fig. 11) la dernière disposition adoptée par M. Bell en décembre Ï877 . pour ses téléphones à main. Ils étaient alors construits en ébonite.
- Nous avons donné, dans notre ouvrage sur le téléphone, l’historique fait par M. Bell lui-même des différents progrès successivement accomplis par lui dans la téléphonie. Cet historique avait été lu à la Société des ingénieurs télégràphistes de Londres dans sa réunion du 3i octobre 1877; mais, depuis le gain de son procès, M. Bell a publié une brochure intéressante de laquelle nous avons extrait les dessins précédents, et dans laquelle il donne les différents renseignements historiques qui sont ressortis des enquêtes faites pendant le procès. Cette brochure est intitulée : The invention of the Electric Speaking Téléphoné. Toutefois, l’historique que nous en avons donné au commencement de cet article est plus complet, car nous l’avons extrait des pièces du procès publiées dans les quatre volumes dont nous avons parlé, dont un entier est consacré aux différents travaux d’Edison sur ce sujet. Voici maintenant comment se termine la partie
- FIG. 8. — TÉLÉPHONE A AIMANT EN FER A CHEVAL CONSTRUIT EN 1877
- historique de l’opuscule auquel nous avons emprunté nos figures :
- « En ce moment on emploie aux Etats-Unis plus de i5o.ooo téléphones du modèle représenté fig. n, et sur ce nombre 35.ooo fonctionnent avec transmetteurs sans pile. D’août en septembre 1877, le monde entier avait considéré M. C. Bell comme le véritable inventeur du téléphone parlant, et l’avait honoré en cette qualité. Personne, du moins publi-
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- quement, n’avait formulé aucune réclamation, et c’était de M. Bell qu’on avait appris à s’en servir; tous les appareils essayés, quand ils n’étaient pas de lui, étaient construits sur les dessins qui en avait été publiés.
- « Or, c’est en septembre 1877, au moment par con-séquent où l’invention avait déjà pris une grande importance commerciale, que la grande Compagnie de la Western Union Telegraph, qui avait entre les mains l’exploitation de presque toutes les lignes télégraphi-ques des Etats - Unis, pensa à s’approprier cette découverte et à rechercher, pour les besoins de sa cause, des antériorités , et c’est elle qui commença la première attaque contre le brevet Bell, en soulevant les prétentions de MM.
- Edison et Gray comme premiers inventeurs du téléphone, en leur faisant remplir leurs brevets à l’office des patentes Américaines, et en introduisant le téléphone dans les services.
- « En présence de cette usurpation de droits, la Compagnie des téléphones Bell dut poursuivre en contrefaçon la Western Union Company, et il en est résulté un procès qui fut un moment interrompu par un arrangement amiable des parties intéressées,
- mais qui dut se continuer pour la satisfaction complète de l’inventeur, et c’est pour ce procès, qui a duré près de 3 ans, qu’ont été publiés : i° deux volumes de témoignages et de pièces justificatives intitulés, Téléphoné suits Dowd case; 2° deux autres volumes de documents produits par MM. Édison, Gray et Dol-bear. A la suite des débats, la Western Union Company et ses conseils durent convenir que M. Bell était le véritable inventeur du téléphone, et sans autre contestation , on rendit un jugement qui établissait définitivement les droits de M. Bell. »
- On aurait pu croire qu’a-prèstoutesles preuves fournies au cours du procès et la démonstration du principe du téléphone, les prétendants à l’invention se seraient tenus pour satisfaits. Mais il n’en a pas été ainsi, et nous voyons qu’un individu parfaitement inconnu dans la science électrique, M. Daniel Drawbaugh, de l’État de Pensylvanie, prétend avoir découvert ce merveilleux appareil en 1870; il s’est encore trouvé une Compagnie assez naïve pour prendre en considération cette réclamation, bien qu’il ait été démontré que la condition sine quà non pour qu’un téléphone pût parler était la production de cou-
- l'IG. 6. — PLAN DU TÉLÉPHONE A AIMANT EN FER A CHEVAL.
- PREMIER TÉLÉPHONE DE MAIN CONSTRUIT EN MAI 1877
- TÉLÉPHONE EMPLOYÉ EN AMERIQUE EN DÉCEMBRE 1S77
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- la lumière électrique
- rants ondulatoires et non de courants simplement interrompus, comme ceux employés par M. Drawbaugh. A ce compte-là, ce serait M. Bour-seul qui devrait être considéré comme le véritable inventeur du téléphone, puisqu’il en a parlé dès 1854. Mais il ne peut être sérieusement question d’une pareille prétention; pas plus que de celle d’un certain James Mac Donough de Chicago, qu’on veut également mettre en avant. Toutes ces réclamations ont pour but de faire annuler les brevets de M. Bell qui gênent beaucoup les contrefacteurs, et c’est un triste spectacle de voir tous ces agioteurs courir à la curée dès qu’une invention réussit. Autant la presse doit défendre les droits des vrais inventeurs quand ils sont méconnus, autant elle doit condamner toutes ces manœuvres tardives de réclamants incompris, qui ne cherchent qu’à ruiner les véritables inventeurs par des prétentions que rien ne justifie, et qui le plus souvent ne sont suggérées que par des spéculateurs de mauvais aloi qui ont surtout pour mobile d’exercer un coupable chantage. Aussi, ce n’est pas sans un certain étonnement que nous lisons dans le Télégraphie Journal du 28 janvier 1882 une sorte de revendication qui lui a été transmise par M. Barney au nom de M. Donough, et dont la lecture seule aurait dû suffire pour empêcher son insertion, puisque la date qu’invoque le réclamant est du 10 avril 1876, alors que la date du dépôt du brevet de M. Bell est du 14 février 1876. Ce qui est le plus curieux, c’est que la description du transmetteur n’est même pas donnée dans la réclamation en question, et on pourrait croire qu’au lieu d’un téléphone il ne s’agirait que d’un simple parleur télégraphique. Mais c’est trop nous arrêter sur un document si peu important, et, pour terminer, nous dirons que, dès l’année 1877, des prétentions aussi peu justifiées se sont élevées, mais au moins elles fixaient une date beaucoup plus éloignée. Il s’agissait, en effet, de l’année i865. A cette époque, le téléphone aurait été découvert, du moins en principe, suivant les réclamants, soit par un Anglais du nom de John Camack, qui en aurait même exécuté les dessins, soit par un certain M. Manzetti d’Aoste, qui aurait fait des expériences rapportées dans sept journaux de différents pays, entre autres dans \e,PetitJournal, de Paris, du 22novembre i865, le Diritto, de Rome, du 10 juillet i865, etc.,, etc.; mais quand on est venu à vérifier, on n’a rien trouvé de concluant. Je pense donc que la question est aujourd’hui résolue, qu’on n’a à tenir aucun compte de toutes ces réclamations tardives, et qu’il n’y a plus à y revenir.
- Th. du Moncel.
- L’ÉLECTRICITÉ
- CONTRE L’INCENDIE
- M. le Dr Siemens vient de faire à la Société électro-technique une communication intéressante sur les moyens à employer pour combattre les incendies à l’aide de l’électricité : sujet malheureusement trop à l’ordre du jour. La récente et terrible catastrophe du Ring-Theater de Vienne a évidemment donné naissance à cette communication ; aussi M. Siemens a-t-il traité lé sujet principalement au point de vue particulier de la securité des théâtres.
- Il étudie particulièrement la question d’éclairage, sur laquelle il émet des considérations utiles à reproduire. Il montre que les reproches que l’on a faits à cet éclairage ne sont pas fondés. On en a fait, paraît-il, deux principaux : le premier, c’est qu’il est dangereux; le second, c’est que sa couleur bleue est déplaisante au théâtre. Je n’aurais pas pensé qu’on pût sérieusement reprocher à l’éclairage électrique d’être dangereux; si l’on veut surtout comparer avec le gaz, l’affirmation tourne au comique; je ne crois pas nécessaire de résumer les arguments fournis par M. Siemens qui sont, d’ailleurs, parfaitement probants. Quant à la couleur, le savant allemand fait remarquer qu’il y a là une illusion; la lumière n’est pas bleue, elle est plus bleue que le gaz, mais moins que le jour; mise en comparaison avec la lumière solaire, elle est jaune. Ce qui est vrai, c’est que la nuit, nous sommes accoutumés à voir tout éclairé par des rayons rouges, que notre vision s’accoutume à cette lumière artificielle, en sorte que tout ce qui s’en écarte paraît singulier; les décorations de théâtre, les vêtements sont faits pour cet éclairage spécial. On peut modifier les décors ; pour les habitudes, elles sont déjà en voie de changement, en sorte que l’objection n’a pas de valeur. On sait du reste tout cela, mais il n’est pas mauvais de le répéter, puisque l’on reproduit les attaques.
- Il reste un point plus délicat, c’est l’installation de l’éclairage lui-même. Il n’est pas douteux que les gros foyers électriques avec leurs ombres, la difficulté de modifier les intensités, sont des obstacles à l’emploi de cette lumière dans les théâtres; M. Siemens propose d’employer deux lampes combinées : la lampe différentielle pour les grands éclairages, les lampes à incandescence pour la scène et les couloirs ou autres endroits qui réclament moins de lumière. Il y a là certainement une idée juste, qui est qu’une grande installation d’éclairage électrique ne peut être faite avec un seul système de lampes; dans un ensemble, il y a toujours des besoins différents à satisfaire, et pour cela on ne doit pas s’en tenir à un seul genre d’instruments, mais
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- bien faire appel, suivant les cas, à celui qui paraîtra le plus convenable. Je trouve même que M. Siemens a été trop étroit en ne supposant que l’emploi de deux lampes; on pourrait, on devrait, dans un cas de ce genre, combiner l’arc, plus ou moins divisé, les lampes mixtes, telles que la lampe soleil ou analogues, et les lampes à incandescence ; chacune trouverait sa place et aurait son utilité spéciale.
- Je dois à ce propos faire une remarque : on trouve dans la communication de M. le Dr Siemens, la phrase suivante : « Ces objections sont en grande partie écartées par la division de l’arc électrique, exécutée pour la première fois par la maison Siemens et Halske. » J’ai le plus grand respect pour la haute valeur scientifique du Dr W. Siemens, et je considère comme je dois la maison Siemens et Halske, mais il m’est absolument impossible d’oublier des faits que tout le monde connaît, à savoir que M. Lontin avait réalisé très pratiquement la division de l’arc électrique vers 1870, tandis que la lampe différentielle de Siemens est de 187g. On pourrait citer d’autres systèmes antérieurs, par exemple la lampe de Mersanne et aussi la lampe Tchikoleff, qui est différentielle et antérieure de quatre ans environ à la lampe de la maison Siemens et Halske. En sorte qu’il y a de la hardiesse à prétendre que celle-ci a la première atteint ce but, et de l’injustice à insinuer, comme le fait la phrase suivante de la note, que les diverses lampes différentielles existantes ne sont que des contrefaçons à peine modifiées du système Siemens et Halske. Ces appareils sont en réalité les applications d’un principe qui n’appartient pas du tout à la maison allemande, et avait été mis en usage probablement avant qu’elle n’y eût pensé.
- En sens inverse, M. Siemens reporte jusqu’à Yolta l’invention des lampes à incandescence. C’est remonter bien haut, et, de ce que'le savant Italien a fait rougir un fil par le courant, il ne s’ensuit pas qu’il ait inventé la lampe. Les expériences et les travaux attribués à Grove paraissent au contraire concluants, et c’est un renseignement peu connu, utile à l’histoire des lampes à incandescence. Il est vrai, d’autre part, que M. Siemens place les essais de Jobard et de Changy après ceux de King; les premières tentatives de Jobard et les premières publications à ce sujet datent de i838, elles sont donc antérieures à celles de King.
- Cet incident clos, revenons aux idées de M. Siemens sur l’éclairage. Après avoir combattu les objections, il montre les avantages. En dehors de la sécurité, qui est précieuse, et de l’intensité, il signale la facilité de maniement; on pourrait, par exemple, donner pendant les entr’actes, une lumière plus vive à la salle, pour reporter ensuite l’éclairage sur la scène pendant le jeu. On pourrait, à la fin du spectacle ou pour une raison spéciale, allu-
- mer de nombreuses lumières dans les couloirs et aux orifices de sortie; ce qui pourrait être fort utile à certains moments.
- Une fois les machines installées, on pourrait en faire usage pour d’autres applications, s’en servir par exemple pour la transmission de la force, les mouvements des rideaux ou des coulisses. M. Siemens montre qu’on pourrait les appliquer à la manœuvre du rideau de fer de la scène qu’on serait ainsi à môme de manier à distance et de faire tomber même lorsque la chaleur interdit l’approche de l’avant-scène. La possession d’un engin de ce genre eût peut-être empêché la catastrophe du Ring-Theater.
- Tous ces avantages sont incontestables et M. Siemens a grande raison de les signaler; j’aurais voulu seulement, dans l’intérêt de la vérité, qu’il signalât en compensation, une difficulté qui est sérieuse, c’est l’installation. et la manœuvre des générateurs. Il est certain que peu de théâtres ont l’emplacement nécessaire : il est douteux que, le possédant, beaucoup consentissent à se donner l’embarras et à s’imposer la dépense de la génération électrique nécessaire. Pour un grand théâtre, ayant des détours un peu compliqués, et surtout si l’on fait usage de l’incandescence, la force nécessaire s’élèverait au moins à cinq cents chevaux vapeur; c’est une lourde charge et un soin bien incommode. Le procédé ne sera évidemment appliqué qu’accidentellement jusqu’au jour où l’on distribuera l’électricité, et où l’on sera ainsi dispensé de l’incommodité extrême qu’on rencontre à la fabriquer directement.
- Telles sont les idées utiles et justes que M. Siemens émet au sujet de l’éclairage des théâtres; la première partie de sa communication, que j’ai réservée pour l’étudier à part, a une portée plus générale. Il s’agit de l’utilité de l’électricité pour combattre l’incendie sous toutes ses formes.
- D’abord il est un point que M. Siemens indique et sur lequel il aurait fallu, je crois, insister davantage : c’est que tout incendie doit, pour être réellement sans grand danger, être attaqué et éteint dans les premières minutes de son développement; c’est un fait bien connu ; il a été plusieurs fois mis en lumière par M. Pâris, colonel des pompiers de Paris ; on ne saurait trop y insister. Il résulte de ce fait qu’il faut que l’incendie soit aperçu, dès son origine, et de plus qu’on puisse immédiatement réunir sur le point attaqué, les secours les plus nombreux possibles. Je dirai tout à l’heure ce que je pense des moyens d’apercevoir l’incendie; quant aux secours à réunir, cela suppose un bon système de communications et d’avertissements; c’est sur ce côté de la question qu’il convient de s’arrêter un instant.
- D’abord, on doit supposer qu’il existe dans une ville, un bon système de postes de pompiers réu-
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- nis par un réseau télégraphique bien complet. Un système de ce genre est en voie d’installation à Paris; il n’est pas encore complet, il s’en faut, mais on en a au moins compris la nécessité.
- Il faut remarquer ensuite que les incendies ne se déclarent pas également partout : les grands établissements, usines, chantiers, grands magasins, théâtres, etc., en sont les plus fréquents et les plus dangereux foyers; il serait donc nécessaire que tous les points de ce genre fussent directement reliés aux postes voisins.
- Plusieurs le sont, mais cette précaution devrait être générale; est-on en droit de l’imposer au point de vue de la sécurité générale ? je ne le pense pas, mais on pourrait peser, au moyen, par exemple, de diminutions dans les taux d’assurances, sur les propriétaires pour les entraîner dans cette voie. Le mode de signaux à employer n’a pas besoin d’être déterminé avec beaucoup de précision, tout indicateur peut servir. Dans les maisons particulières, le feu est beaucoup moins dangereux, les matières combustibles sont moins agglomérées, la surveillance est beaucoup plus facile; cependant, un système de signaux simples permettant d’appeler promptement du secours ne serait pas inutile; le journal en a décrit plusieurs à propos de l’Exposition; quel que soit celui que l’on croirait bon d’adopter, l’établissement d’un poste d’avertissement public dans chaque rue ou au moins en beaucoup de points, serait une mesure salutaire. Pour ma part, je voudrais qu’il y eût dans les maisons mêmes, un système d’alarme permettant d’appeler promptement à l’aide, dans un cas pressant.
- Pour appeler les secours, il faut connaître l’existence de l’incendie. Je connais beaucoup d’avertisseurs plus ou moins électriques destinés à dénoncer la naissance du feu ; ils sont plus ou moins bons ; quelques-uns paraissent très satisfaisants, mais j^ ne me fierais complètement à aucun. J’ai dit dans le temps, je redirai pourquoi ; d’abord les appareils de surveillance ont chance de ne pas se trouver tout juste au point où le feu éclate ; puis comme ils sont destinés à ne fonctionner qu’accidentellement, à moins d’une attention spéciale leur état n’est pas contrôlé et il se peut fort bien qu’au moment où le danger se déclare ils soient hors de service sans qu’on le sache. Rien ne me paraît donc pouvoir dispenser d’une surveillance régulière ; c’est aussi l’opinion de M. Siemens. Il indique un mode de contrôle qui est en usage dans son usine et dans lequel les appareils qui signalent les rondes sont aussi ceux qui dénoncent les. incendies. Nous possédons des systèmes analogues, celui de M. Collin par exemple, et d’autres; on ne saurait trop en recommander l’application dans les grands établissements. Mis fréquemment enjeu, on sait constamment comment ils fonctionnent; ce qui est une grande sécurité. Dans les habitations, un pareil modo
- de contrôle est inutile, l’attention et surtout du sang-froid suffisent. Pour ce dernier point il ne serait pas mauvais de donner à nos enfants, comme on le fait en Allemagne, des instructions et une petite éducation spéciale pour leur apprendre à ne pas se troubler en présence du danger d’incendie et à l’attaquer par les bons moyens ; M. Siemens insiste sur les bons résultats1* obtenus dans son pays, et le procédé*, pour n’être pas électrique, n’en semble pas moins bon.
- Il dit quelques mots des appareils destinés à produire automatiquement l’extinction ; il ne semble pas y ajouter grande confiance et je dois dire que je partage entièrement son opinion. Tout ce que je connais en ce genre me paraît très imparfait. On conçoit d’ailleurs à priori combien il est difficile de faire en sorte que le secours aille automatiquement s’appliquer au point imprévu où le feu vient à naître, et s’y appliquer dans la mesure et avec la précision nécessaire. Ajoutez à cela que les appareils de ce genre sont de ceux qui, ne fonctionnant pas d’une façon régulière ou au moins de temps en temps, se trouvent généralement hors d’usage au moment où leur service devient nécessaire.
- M. Siemens déclare n’en connaître aucun qui le satisfasse, et je suis convaincu qu’il est dans le vrai. Fera-t-on mieux dans ce sens, cela n’est pas impossible mais reste néanmoins bien douteux ; en attendant, développons toujours les moyens que nous avons, évitons d’avoir à éteindre les incendies en arrivant à les prévenir et les étouffer dès leur naissance, ce qui vaut beaucoup mieux. Un bon système de surveillance et un bon système de communications sont les voies indiquées. Nous sommes loin d’avoir fait dans ce sens à Paris, non pas seulement tout ce qu’on pourrait désirer, mais même ce que d’autres ont déjà réalisé, et la question vaut qu’on fasse quelques efforts.
- Frank Geraldy.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- APPAREILS
- DE
- MESURES ÉLECTRIQUES
- A L’EXPOSITION DE L’ÉCOLE SUPÉRIEURE
- DE TÉLÉGRAPHIE
- 3e article. (Voir les nos des 14 et 28 janvier 1881.)
- Après avoir décrit le rechargeur et avant de décrire son adaptation à une jauge électrométrique, parlons d’abord de celle-ci.
- Pour pouvoir mettre cette jauge en dehors des
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- électromètres, il fallait les placer dans de bonnes conditions d’isolement : de plus il s’agissait de transformer en- quelque sorte les indications de l’instrument, de façon à les projeter à environ un mètre de distance pour les mettre constamment sous les'yeux de l’observateur.
- Pour arriver à ce double résultat, j’ai fait construire par M. Carpentier l’instrument représenté par la figure ci-contre (fig. i).
- Rien n’ÿ est changé d’essentiel aux piècès qui constituent la jauge de M.
- W. Thomson.
- On y voit en effet : en . D le disque en laiton qui est chargé par l’intermédiaire de la tige T et qui attire la plaque en aluminium p entourée de son anneau de garde, mobile autour d’un fil de platine f convenablement tendu.
- Le poids de la plaque p est équilibré par le bras de levier en aluminium b qui porte le cheveu horizontal, mobile, dans l’appareil de M. W. Thomson, entre deux points noirs fixés sur une petite tige fine émaillée. Mais ici la tige émaillée opaque est remplacée par deux tiges parallèles t et t’ entre lesquelles est tendu un fil rigide très fin c'.
- De plus le bras b est terminé par un fer à cheval portant un cheveu c, parallèle au fil c', aussi rapproché que possible de celui-ci (de i ou 2 millimètres), et élevé de 5 ou 6 millimètres au-dessus du levier b.
- Il résulte de cette disposition représentée très clairement par le diagramme qui constitue la figure 2,
- qu’on peut éclairer vivement à l’aide d’un faisceau de rayons parallèles émis par une lentille l le cheveu mobile c et le fil fixée', et en plaçant sur un support fixé à la jauge une lentille V d’un foyer et à une distance convenable, on peut obtenir une
- image nette du cheveu et du fil sur un écran e éloigné d’environ un mètre de l’appareil.
- Le disque D étant chargé, la plaque p est attirée et l’image du cheveu c se meut en se rap prochant de l’image Jixe du fil c' qui sert de trait de repère ; la coïncidence des deux images correspond à un potentiél déterminé qui dépend de la construction de l’instru ment et de la distance du dis que D au pla teau mobile p.
- En tout cas il suffit de charger ou de décharger le disque de façon à maintenir la coïncidence des deux images pour être certain de la constance du potentiel sur le disque.
- En revenant plus spécialement à la figure (a), on voit que l’appareil proprement dit est renfermé
- dans une cage cylindrique en verre fixée à un disque en éboniteE supporté par trois vis calantes. L’air intérieur de la cage est constamment desséché avec de l’acide sulfurique ou de la chaux vive.
- L’ébonite et le verre sont d’ailleurs recouverts d’une couche épaisse de vernis à la gomme laque : la tête de la vis N qui sert à faire mouvoir le disque D est isolée, ainsi que la tige T. Avec ces
- FIG. i
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- précautions la charge se maintient suffisamment sur la jauge.
- D’ailleurs il faut remarquer que du moment que l’observateur a constamment sous les yeux les indications de l'instrument sur l’écran e et qu’il a sous la main le rechargeur destiné à maintenir la charge, il n’est plus absolument nécessaire, comme dans les appareils de M, W. Thomson que la jauge puisse conserver sa charge, sans y toucher, pendant plusieurs heures.
- La relation entre la jauge et le rechargeur est
- FIG. 3
- établie à l’aide d’un fil bien isolé fixé d’une part à la tige T de la jauge, de l’autre au ressort collecteur C du rechargeur de la figure 3.
- Cette figure représente le rechargeur vu en perspective, et décrit dans l’article précédent, avec un pla.eau en ébonite P, ses frotteurs F, le bouton v qui sert à le faire tourner et qui est à la portée de la main de l’observateur.
- On voit en £ la petite plaque de verre dépoli sur laquelle se projettent les images des tiges t, T, du fil fixe du cheveu mobile f et de l’étrier qui le 'supporte.
- L’observateur est placé en arrière de l’écran du côté du bouton V.
- En se reportant d’ailleurs à la figure d’ensemble de la page 2>j du présent volume, on comprendra
- maintenant sans difficulté la manœuvre des appareils.
- Il va sans dire que le disque de la jauge est aussi relié par un fil isolé avec les aiguilles ou les quadrants des électromètres de façon qu’ils soient chargés en même temps, et maintenus en même temps à un potentiel constant, qui n’est pas nécessairement le même pour les deux appareils.
- E. Mercadier.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LE TRAMWAY ÉLECTRIQUE
- DU PALAIS DE L?INDUSTR1E ET
- LE CHEMIN DE FER POSTAL
- Le tramway électrique qui a fonctionné tout l’été au Palais de l’Industrie devait être pour les Parisiens une confirmation expérimentale des bons résultats obtenus à Bruxelles, à Vienne, à Londres et surtout à Berlin sur la ligne réunissant Lichter-felde à l’école des Cadets.
- Bien que la ligne de la place de la Concorde n’ait pas été établie dans les conditions pratiques dans lesquelles doit être faite l’installation d’un chemin de fer électrique, l’expérience n’en a pas moins été concluante et les difficultés que l’on a eu à vaincre au commencement de l’Exposition n’en ont que, mieux prouvé la fécondité des ressources que l’électricité met à notre disposition.
- Dans la description que nous avons donnée du chemin de fer électrique de Lichterfelde (’) nous avions indiqué une disposition projetée par M. Siemens pour le cas où les rails ne pourraient pas comme à Berlin servir de conducteurs pour l’aller et le retour. Cette disposition consistait en un contact mobile roulant sur un conducteur aérien soutenu de place en place par des poteaux. Les rails devaient alors servir de fil de retour. Ce mode de communication, qui n’était alors qu’à l’état de projet, est précisément celui que l’on a été amené à mettre en pratique à l’Exposition Internationale d’Électricité.
- La maison Siemens avait d’abord eu l’intention d’établir son tramway sur des rails aériens supportés par des colonnes, mais l’autorisation demandée pour cela fut accordée trop tard pour que l’installation pût être prête à temps. Force fnt donc de poser les rails sur le sol, mais il ne fut pas permis de les placer en relief comme cela a lieu à Lichter-
- (’) Lumière électrique, n° du 20 juillet 1881.
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- felde et l’on dut en fin de compte se servir de rails à fleur de terre, comme les rails ordinaires de tramway. Cette dernière circonstance fut encore un obstacle à l’accomplissement du projet indiqué ci-dessus. Les rails se recouvrant en effet de boue, celle-ci formait une couche isolante qui s’opposa à ce qu’on prît les rails comme conducteurs de retour. Il a donc fallu établir deux conducteurs aériens au lieu d’un seul et se servir par conséquent aussi de deux contacts mobiles.
- Ce sont ces modifications imprévues qui apportèrent quelques retards dans l’installation du tramway. Elles furent cependant promptement exécutées par MM Boistel et Sapé, auxquels revient aussi l’hon-
- neur d’avoir étudié et mené à bon fonctionnement le système de contacts mobiles, mis pour la première fois en pratique sur la place de la Concorde.
- Nous décrirons d’abord ce système pour indiquer ensuite les particularités que présentait le véhicule lui-même ainsi que sa marche.
- Les conducteurs aériens fixes étaient formés de tubes de laiton t1' représentés en coupe longitudinale et transversale dans la figure i ; ces tubes sont -fixés à des barres de bois LL supportées le long de poteaux par un système de fils de fer analogue à celui que l’on emploie pour les ponts suspendus. Les tubes t t étaient fendus à leur partie inférieure sur toute leur longueur et sur une largeur de i cen-
- S gÈSp
- MOBILES DU TRAMWAY ÉLECTRIQUE
- timètre. Dans l’intérieur de chacun de ces tubes courait une sorte de navette de laiton N, de laquelle partaient deux tiges verticales. Sur ces tiges pouvait glisser une traverse E E' portant un galet R. Une seconde traverse H était fixée entre deux écrous à l’extrémité des deux tiges et deux ressorts à boudin S S' s’appuyant sur H tendaient à soulever E E', de sorte que le galet R s’appuyait constamment sur le tube t t'. Celui-ci était donc constamment pris entre le galet R et la navette N et il en résultait entre le tube et le système mobile un contact qui n’était peut être pas parfait, mais qui était au moins toujours pratiquement suffisant.
- Les deux tubes étaient reliés parleur extrémité la plus voisine du Palais de l’Industrie à deux conducteurs venant de la machine génératrice du courant, et de chaque contact mobile partait un fil isolé F relié avec le moteur, situé sous le wggon entre les
- roues et leur transmettant le mouvement à l’aide d’une chaîne de Gall. Ce n’étaient pas cependant ces deux fils qui, pendant le mouvement de la voiture, entraînaient les contacts mobiles. Pour chaque contact, deux cordes étaient attachées aux tiges verticales au-dessus de la traverse E E', l’une en E, l’autre en E'; chacune d’elles servait à tirer le contact pour un des sens de marche du wagon et l’on avait ainsi quatre cordes pour relier la voiture à l’ensemble des deux contacts mobiles. Pour éviter que dans leur mouvement ceux-ci ne vinssent se toucher, les extrémités de la traverse E E' étaient garnies de pièces d’ébonite destinées à empêcher tout accident de ce genre. A force de servir, les pièces formant contact mobile s’usent, mais l’expérience a montré que cette usure porte surtout sur la navette et il est facile de la remplacer.
- La vitesse du véhicule pouvait atteindre jusqu’à
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- 70 kilomètres par heure ; mais sa vitesse moyenne, pendant tout le temps qu’elle a fonctionné, a été de 17 kilomètres par heure. Pour régler cette vitesse, le conducteur du car avait sous la main la manette d’un rhéostat, il pouvait ainsi introduire dans le circuit des résistances plus ou moins grandes. L’arrêt était produit au moyen de l’interruption du circuit, mais, pour éviter une trop brusque rupture du courant, cette interruption était précédée de l’introduc-
- tion dans le circuit d’une très grande résistance. Le conducteur tournait pour cela la manette de son commutateur de manière à augmenter graduellement la résistance ; quand la manette était arrivée à l’extrémité de sa course, le courant était rompu. En outre, la voiture était munie d’un frein ordinaire pouvant aussi contribuer à en opérer l’arrêt.
- Le nombre de tours de l’induit de la machine génératrice était de 55o par minute, celui du moteur
- l'IÜ. 2. — LE WAGON ÉLECTRIQUE DE LICHTEREELDE AU PALAIS DE L’iNDUSTRIE
- placé sous le car de 465 par minute. La ligne avait une longueur totale, depuis le Palais de l’Industrie jusqu’au petit hangar établi au coin de l’avenue des Champs-Elysées, de très près de 5oo mètres. Elle présentait une courbe de 55 mètres de rayon, et à l’entrée du Palais, à l’endroit où elle contournait la fontaine, une seconde courbe de 3o mètres de rayon avec contre-courbe à peu près identique. En un certain point, il y avait une rampe de plus de 2 centimètres par mètre. Sur la partie droite de la ligne, le travail dépensé à la vitesse moyenne était de trois chevaux et demi; sur la courbe, il était de sept che-
- vaux et demi, et il atteignait plus de huit chevaux et demi sur la pente.
- La voiture employée différait un peu de celle du tramway électrique de Lichterfelde que nous avons décrite dans un précédent article (numéro du 20 juillet 1881) et dont un modèle figurait à l’Exposition du Palais de l’Industrie, à côté des belles machines à galvanoplastie de la maison Siemens et des magnifiques planches de cuivre obtenues à l’aide de ces machines (voir fig. 2).
- C’était un car à impériale, modèle des Tramways-Nord, pouvant contenir en. tout 5o personnes, con-
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- trôleur et conducteur compris. Ce car pèse vide 55oo kilogrammes; lorsqu’il est complet, il atteint un poids de 9000 kilogrammes. Il est représenté dans la vue de la figure 3 qui donne en môme temps un aspect général de la ligne.
- Pendant la durée de l’Exposition, cette voiture a, dit-ori, transporté 84000 personnes, et son bon fonctionnement a apporté, comme nous le disions
- plus haut, une nouvelle -preuve de la praticabilité des chemins de fer électriques.
- En ce qui concerne le mode de communications adopté, bien qu'il ait fonctionné convenablement à l’Exposition, il est évident qu’il ne sera pas applicable à des lignes un peu longues. Pour ces dernières, c’est de lignes surélevées comme celle de Lichterfelde, «t surtout de lignes aériennes comme celles projetées d’abord par M. Siemens, puis par
- FIG. 3. — LE TRAMWAY ÉLECTRIQUE DE L’EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- M. Chrétien, qu’il faudra se servir, et les rails seront alors utilisés comme conducteurs. Mais, d’autre part, les contacts mobiles, dont on a pu reconnaître l’efficacité aux Champs-Élysées, pourront rendre des services dans d’autres cas. Pour des travaux d’exploitation, par exemple, ou pour des galeries de mine, en un mot pour toute ligne de peu d'étendue où il sera difficile d’isoler les rails, on devra y avoir recours.
- A la question des chemins de fer électriques proprement dits se rattache celle des chemins de fer électriques de petite dimension, servant au
- transport des dépêches. Cette question a déjà été traitée dans ce journal (voir les numéros des i5juin, i3 novembre et Ier décembre 1880, et du 6 juillet 1881). On a vu que l’idée de remplacer les tubes pneumatiques par un petit véhicule mu électriquement a été émise en août 1879 par M. Ch. Bon-temps, puis indiquée de nouveau en février 1880 dans une conférence du docteur Werner Siemens, et qu’ensuite des expériences furent faites la même année, avec un plein succès, par M. Marcel Deprez, sur un petit chemin de fer circulaire construit dans la cour de l’Administration des télégraphes, à l’aide
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- de sa petite locomotive électrique, décrite dans le numéro du i" décembre 1880. En mars 1881, des expériences du même genre furent faites à Vienne, également avec succès, par M. Brunner de Wat-tenvyl. Malgré ces résultats encourageants, le projet que l’on avait formé, à la suite des expériences de M. Deprez, d’établir une poste électrique dans les .égouts a été complètement abandonné.
- . Au Palais de l’Industrie, ce système de transport des dépêches était représenté par la petite locomotive de M. Marcel Deprez et l’appareil analogue de M. Siemens. La première, comme nous venons de le dire, a déjà été décrite, et nous n’avons pas à y revenir. Quant au petit chemin de fer postal de M. Siemens, il est représenté dans la figure 4. Il se compose, comme le montre cette figure, d’une petite machine Siemens, montée sur un petit chariot aux
- roues duquel elle communique un mouvement de rotation. Le courant est transmis à la machine par les rails et les roues, et la machine entraîne dans son mouvement des boîtes de métal onontées sur rdues, dans lesquelles sont placées les dépêches.
- M. Deprez a montré, dans les articles cités plus haut, toute l’économie qu’il y aurait à remplacer les tubes pneumatiques par la poste électrique. Il a fait voir qu’en supposant en mouvement sur le réseau à un instant donné, 40 véhicules électriques, pesant chacun i5 kilog. avec ses dépêches et mar chant à une vitesse de ù mètres par seconde, le travail total exigé par le transport des dépêches sur tout le réseau souterrain de Paris, ne serait que de 12 chevaux. Or, d’après les évaluations de M. Bontemps, ce travail est aujourd’hui, avec les tubes pneumatiques, de 120 chevaux.
- PETIT TRAMWAY ÉLECTRIQUE POSTAL DE MM. SIEMENS
- Avec les tubes pneumatiques, on a à faire mouvoir non seulement la boite contenantles dépêches, mais encore une colonne d’air considérable qui détermine un frottement beaucoup plus grand que celui de la boîte elle-même. On dépense donc une très grande force pour arriver à transporter un nombre relativement restreint de dépêches. Avec la poste électrique pour une dépense de force beaucoup moindre le nombre des dépêches transportées serait beaucoup plus grand. La capacité des véhicules permettrait même de ne pas borner leur application au transport des dépêches et il serait très facile de les faire servir au transport des lettres et même des journaux, de bureau à bureau, d’une région de Paris à l’autre. Ce serait là un auxiliaire important pour le service des postes, et il le serait d’autant plus que les deux services des postes et des télégraphes se trouvent aujourd’hui réunis.
- Il y a donc là évidemment un progrès réel à accomplir, et il est permis de croire que l’on ne se refusera pas indéfiniment à le réaliser. Espérons aussi qu’on ne laissera pas à des étrangers l’hon-
- neur d’appliquer à Paris un système sur lequel l’attention de l’Administration a été appelée pour la première fois par des Français.
- A. Guerout. ,
- INSTRUMENTS DIVERS
- DESTINÉS AUX MESURES ÉLECTRIQUES
- GALVANOMÈTRE
- A DÉVIATION PROPORTIONNELLE
- J’ai décrit deux appareils galvanométriques : l’un dans le numéro du ier février 1880, l’autre dans celui du 3o arril 1881.
- Le premier de ces deux appareils ne donne des déviations proportionnelles aux intensités que dans l’étendue d’un angle de 20° environ. Le deuxième possède cette propriété dans des limites beaucoup
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- plus écartées, mais à l’aide d’une transformation de mouvement.
- Je me suis proposé de créer un instrument donnant des déviations proportionnelles dans un angle d’environ 40°, ce qui est suffisant pour la pratique, sans exiger de transformation de mouvement, et qui fût en même temps disposé de façon à permettre une construction courante et industrielle. J’ai réalisé cet appareil au commencement de l’année 1880.
- Le principe sur lequel il repose est le même que celui des autres instruments que j’ai décrits; je crois utile de le résumer rapidement. Dans un champ magnétique puissant est placé un cadre galvanomé-trique ; au centre de ce dernier est une pièce de fer doux mobile, portant une aiguille. Le passage du courant dans ce fil modifie les lignes de force du champ magnétique; la pièce mobile de fer doux est déplacée, et l’aiguille qu’elle porte marque sur un cadran gradué une déviation donnant la mesure du courant.
- Dans l’appareil que je décris comme dans les précédents, le champ magnétique est formé par les pôles d’un aimant permanent, mais dans les anciens, le cadre galvanométrique est rectangulaire; dans celui-ci, il est formé de deux bobines rondes dont la construction est plus commode; on les place l’une à côté de l’autre très rapprochées.
- Entre ces deux bobines, ainsi qu’on le voit dans la figure ci-jointe est un axe portant une petite plaque de fer doux qui est dirigée par l’aimant dans la ligne de ses pôles.
- La différence essentielle de cet instrument avec les précédents est la suivante. Dans ceux-ci, le cadre galvanométrique est placé symétriquement par rapport à l’aimant et l’aiguille indicatrice est dans l’axe de ce cadre. En sorte que dans une mesure l’aiguille ne peut s’écarter que de 20° environ pour ne pas sortir des limites proportionnelles. Il est vrai qu’elle peut s’écarter de 20° dans le sens contraire, mais cette déviation répond à un autre sens du courant, et ne peut être utilisée avec la première.
- Dans l’appareil récent le cadre galvanométrique formé par les bobines est dévié d’un angle d’environ 20° de la ligne des pôles dans le sens où l’aiguille doit se dévier elle-même. Il suit de cette disposition que lorsque le courant passe, la plaque de fer doux a d’abord à décrire un angle de 20° pour arriver dans l’axe du cadre et pour le dépasser de l’autre côté de la même amplitude. Elle utilise donc pour une même mesure les deux angles qui, dans l’ancienne disposition, ne pouvaient être ajoutés.
- Afin de trouver une place aux bobines j’ai prolongé les pôles magnétiques à l’aide de plaques polaires fixées des deux côtés du système des bobines.
- On peut s’assurer que l’appareil est bien propor-
- tionnel à l’aide d’un commutateur que l’on voit placé en avant de l’aimant. Il suffira de dire, sans description plus précise, que ce commutateur permet de mettre les deux bobinas en tension ou en quantité.
- On fera usage d’une pile quelconque. La résistance des bobines étant très grande on peut considérer celle delà pile comme nulle. Soit R la résistance d’une des bobines; supposons qu’on fasse passer le courant dans l’une d’elles seulement, l’in-
- tensité sera — ; soit a la déviation: on s’assurera
- IX
- que la déviation est la même pour chaque bobine ; si l’on met les deux bobines en tension, leurs résistances s’ajoutent, l’intensité devient l’action d’une bobine est donc moitié moindre, mais comme
- FIG. 16
- il y en a maintenant deux en action, et que leurs actions s’ajoutent, la déviation restera a. Si l’on couple maintenant les bobines en quantité, la résistance est réduite à moitié, l’intensité dans chacune
- devient — ; chacune des actions est doublée et la déviation doit doubler.
- Cette opération n’est pas seulement un contrôle de l’appareil, elle sert à le régler. A cet effet, le système des bobines est monté à frottement dur sur un pivot; si la proportionnalité n’est pas complètement atteinte on fait tourner légèrement ce cadre jusqu’à ce qu’elle soit tout à fait précise.
- Il est inutile d’ajouter que cet appareil comme les précédents a l’avantage de donner des indications immédiates exemptes de toute oscillation. Il peut être utilisé comme galvanomètre différentiel en plaçant les deux bobinas sur des circuits distincts en opposition.
- La forme que je lui ai donnée et que représente la figure, est simple et conforme aux données de la construction usuelle. On pourrait la modifier si cela paraissait utile : en faisant, par exemple, usage
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- des aimants circulaires que M. Emile Duchemin emploie dans son excellente boussole, on obtiendrait une disposition compacte et symétrique (*).
- Marcel Deprez.
- SUR LA
- RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE
- DLS GAZ
- ,, § >•
- La résistance que les gaz opposent à la propagation de l’électricité, s’est montrée, à plusieurs égards, différente de celle produite par des conducteurs solides ou liquides. Nous allons prendre ici ces différences en considération, et essayer de montrer comment elles doivent être expliquées.
- i° Pour que le courant d’un électro-moteur puisse traverser un conducteur solide ou liquide, il n’est pas besoin d’une certaine force électro-motrice. Quelque minime que soit cette force, le courant ne la traversera pas moins, quoique le courant devienne naturellement plus petit à mesure que la force est diminuée ou la résistance augmentée. Le courant ne deviendra égal à zéro que quand la force sera égale à zéro. Chez les gaz, au contraire,, les circonstances changent. Pour que le courant puisse traverser un gaz, il faut que la source d’électricité ait une certaine force électro-motrice ou qu’elle soit à même de produire une certaine tension électrique, dont la grandeur dépend, en outre, de la nature chimique, de la densité et de la température du gaz, mais ne descend jamais au-dessous d’une certaine limite dans des circonstances données. Pour la force électro-motrice qui se trouve au-dessous de cette limite, le gaz est un parfait isolateur.
- 2° La quantité de chaleur que produit le courant électrique dans son passage par un conducteur solide ou liquide, est, comme on le sait, proportionnelle au carré de l’intensité du courant. Chez les gaz, au contraire, la quantité de chaleur est proportionnelle à la première puissance de l’intensité du courant, et nullement au carré de l’intensité. Cette propriété remarquable des gaz fut pour la première fois observée par G. Wiedemann (2), et, plus tard, il fut complètement démontré par Nac-cari et Bellati que la quantité de chaleur développée est effectivement proportionnelle à la quantité d’électricité qui a passé (a).
- 3° Pour les conducteurs solides et liquides, la \ ! :
- () Par une erreur du graveur, l’aimant est figuré en une seule pièce; comme tous les aimants, il est composé de lames superposées.
- (2) Pogg. Ann., T. L|S, p. 2.37.
- (3) BeibUitterzuden Ann.der Ph. uni Ch., P. 2, p. 720(1871’).
- quantité de chaleur développée, dans des conditions du reste égales, par un courant donné, est inversement proportionnelle à la section du conducteur. La quantité de chaleur, au contraire, qui se développe dans une colonne de gaz, est indépendante de la section de cette dernière. Cette thèse a de même été démontrée expérimentalement par G. Wiedemann, ainsi que par Naccari et Bellati.
- 40 Dans un conducteur, solide ou liquide, la résistance est inversement proportionnelle à la section du conducteur. G. Wiedemann a prouvé, par la voie expérimentale ('), que la tension nécessaire sur les électrodes pour forcer l’électricité d’une machine de Holtz à traverser un tube cylindrique rempli de gaz raréfié, est indépendante du rayon du tube, ce qui veut dire, en d’autres ternies, que la résistance électrique du gaz est indépendante de la section du tube. A deux expériences, l’une avec un tube de 16 m/m, et l’autre avec un tube de o,5 m/m de diamètre, Schulz (2) ne trouva déjà qu’une différence insignifiante dans la tension électrique nécessaire pour forcer l’électricité d’une machine de Holtz à passer par le tube.
- 5° Avec des conducteurs solides et liquides, la différence entre les tensions électroscopiques sur deux points situés à une certaine distance l’un de l’autre, est proportionnelle au produit de la résistance entre ces points multipliée par l’intensité du courant. Warren de la Rue et Hugo Müller (3) ont, par contre, prouvé expérimentalement que la différence entre les tensions électroscopiques en deux points situés à distance l’un de l’autre dans une colonne de gaz est totalement indépendante de l’intensité du courant. Ces physiciens firent varier le courant d’une pile composée d’un grand nombre d’éléments entre des limites très étendues, sans qu’il fût possible de remarquer une variation dans la différence de la tension précitée. A l’aide d’une pile galvanique d’une grande force électromotrice, Hittorf a aussi prouvé, quoique par une autre voie que les savants qui viennent d’être nommés, que les différences entre les tensions électriques des électrodes conduisant à la colonne de gaz sont indépendantes de l’intensité du courant. (4) Quand on remplaçait entre les électrodes la colonne de gaz par un conducteur liquide, la différence devenait, comme l’on devait s’y attendre, proportionnelle à l’intensité du courant. Hittorf en tire la conclusion un peu prématurée que la résistance de la colonne de gaz doit être en proportion inverse de l’intensité du courant, circonstance à laquelle il attribue une importance fondamentale pour la conductibilité des gaz.
- (') Pogg. Ann., T. iSB, p. 53 (1876).
- (2) Pogg. Ann., T. i35, p. 251 (1868).
- (3) Comptes rendus, T. 86, p. 1072 (1878). Ip) Wicd. Ann., T. 7, p. 5t3 (1879).
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- n3
- 6. Il y a plusieurs années qu’Edm. Becquerel (*) prouvait, par des expériences, que les gaz commencent à être conducteurs quand on les chauffe à la température du rouge, après quoi leur conductibilité augmente à mesure que la température s’élève au-dessus de ce point. Si la température est suffisamment élevée, ils laissent même passer le faible courant d’un seul élément. La conductibilité augmente du reste à mesure que la densité du gaz diminue. Le fait que les gaz chauffés au rouge deviennent conducteurs, fut d’abord révoqué en doute, quoique à tort, par Beetz (*) et G. Wiede-mann, (3) mais il a été confirmé plus tard de la façon la plus complète par Hittorf. (4)
- Mais l’expérience de Becquerel a fourni un autre résultat sur lequel nous appellerons une attention toute spéciale. Quand, tout en conservant la même pile, l’intensité du courant était modifiée par l’introduction d’une résistance rhéostatique plus ou moins grande, la résistance du gaz se montrait dépendante de l’intensité du courant. Soit, p. ex., i et it désignant les intensités de courant, E la force électro-motrice, r et les résistances des conducteurs solides et liquides, z et zi les résistances du gaz correspondant aiet à it, on obtient,
- d’après la formule de Ohm, i = et iA =
- E
- ~r +-~. Quand le courant ne passe pas par le gaz,
- et que M et Af, désignent les résistances nécessaires pour que les intensités de courant deviennent
- E E
- les mêmes qu’auparavant, on aura i = — et it = —
- d’où l’on obtient M—r — z et M, — rx=-Zi. En posant le calcul de cette façon, il se trouva que la résistance du gaz était à peu près inversement proportionnelle à l’intensité du courant qui avait passé.
- Les chiffres d’observation obtenus paraissent aussi indiquer que la résistance du gaz augmente avec le nombre des éléments de la pile employée, quoique l’intensité du courant soit maintenue invariable par l’introduction convenable d’une résistance rhéostatique. Nous ne nous arrêterons pas maintenant à ce résultat presque incompréhensible, comme Becquerel le fait observer lui-même, vu que, dans les derniers temps, W. de la Rue et H.-W. Muller, (5) ont trouvé dans leurs recherches, exécutées toutefois par d’autres procédés que ceux de Becquerel, que la résistance des gaz à une même intensité de courant est indépendante du nombre des éléments.
- Les différences mentionnées ci-dessus entre les conducteurs solides et liquides d’un côté, ainsi que
- (‘) Annales di Ch. et de Ph. (3), T. 3g, 377 (i853).
- (a) Fortschritte der Physik, T. 9, p. 479 (i853).
- (3) Die Lehre vom Galvanismus, 2mo Ed., T. 1, p. 339.
- (4) Pogg. Ann., Jubelband, p. 234 (1874).
- Philos. Transactions, T. 169, ire partie, p. 236 (1878).
- les gaz de l’autre, s’expliquent sans peine, si l’on prend pour point de départ la théorie unitaire exposée par moi sur la nature de l’électricité. (') Pour fournir la preuve de ce que j’avance, il est cependant nécessaire de citer d’abord quelques thèses de cette théorie.
- § 2.
- a) Suivant la théorie unitaire, le courant galvanique dans un circuit fermé consiste en ce que l’éther libre qui se trouve dans ce circuit est mis en mouvement translatoire. L’intensité du courant est déterminée par la quantité d’éther traversant, dans l’unité de temps, une section quelconque du conducteur, et la vitesse de l’éther est, pour une intensité égale de courant, inversement proportionnelle à la grandeur de la section. Le courant galvanique peut donc être comparé au courant d’un gaz ordinaire qui se trouve dans un système de tubes, et les propriétés appartenant à un courant de cette dernière espèce doivent donc être, mutatis mutandis, rencontrées chez le courant d’éther. Ainsi nous supposons un tuyau dont l’une des moitiés a la section 1, et dont l’autre présente une section n fois plus grande; nous supposons, en second lieu, ce tuyau rempli d’un fluide (liquide ou gat) ayant un mouvement translatoire imprimé par des forces agissant à l’un des bouts du tuyau. Si, maintenant, on veut empêcher ou diminuer en un point quelconque le mouvement du fluide par une contre-pression (p. ex. au moyen d’un piston ou d’autre manière), il faudra, pour parvenir au même effet, faire agir, dans la partie la plus large du tuyau, une pression n fois plus grande que dans la plus étroite. La diminution de la vitesse du mouvement par le moyen de la contre-pression, ne dépend pas de la valeur absolue de cette dernière, mais de sa valeur par rapport à l’unité de section. Si la contre-pression sur l’unité de section est aussi forte dans la partie la plus large du tuyau que dans la plus étroite, la diminution de l’intensité du courant est égale dans les deux cas. Il en sera toujours de même, quelle que soit la résistance, pourvu que le fluide employé soit doué d’une fluidité suffisante pour provoquer une pression égale dans toutes les directions.
- Ce qui vient d’être dit trouve une application directe dans le courant galvànique. Quelque opinion que l’on puisse avoir sur la nature de l’électricité, tout le monde est d’accord que c’est un fluide auquel ses particules mobiles à l’extrême permettent de communiquer la pression dans toutes les directions. La résistance galvanique porte obs-
- (*) Théorie des phénomènes électriques : Mémoires (Hand-lingar) de P Acad. roy. des scienaes de Suède, T. 12, N° 8 (1874). — Stockholm, P.-A. Norstedt et Sôner. — Leipzig, F.-A. Brockhaus’ Sortimeut. Prix : 3 Reichsmarks.
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- tacle au mouvement de l’électricité. Elle agit donc comme une pression en sens contraire, uniformément répartie sur tous les points de la section du conducteur. Si, maintenant, deux résistances, par exemple deux fils, chacun d’un métal différent et avec des sections différentes, produisent une diminution égale dans l’intensité d’un courant donné, on dit que leur résistance est égale. On sait également, en conformité de ce qui précède, que la contre-pression opposée, par chacun d’eux, sur l’unité de section, à la propagation du courant est de même égale. C’est donc exclusivement la contre-pression sur l’unité de section qui peut servir à la détermination de la résistance galvanique. C’est une conséquence des lois hydrodynamiques, et il est impossible de donner une autre interprétation à ce fait, si l’on veut continuer à admettre que la lumière électrique est un fluide.
- Supposons, maintenant, un seul fil conducteur ou une colonne liquide f, avec la section i, et en outre un nombre n d’autres conducteurs /,/,/ etc., d’une matière, d’une section et d’une longueur égales à celles du précédent, placés les une à côté des autres. Posons ensuite qu’un courant i passe par le conducteur/, puis simultanément par les conducteurs/,./, /, etc., placés les uns à côté des autres. Chacun de ces derniers conducteurs devra
- donc être parcouru par un couraiit = ~ i. Or, nous
- savons par l’expérience que la résistance à vaincre par le courant pour traverser simultanément les
- n conducteurs /0, /, /, etc., constitue de la
- résistance à vaincre quand le courant traverse /. D’après l’éxposé ci-dessus, la contre-pression, sur l’unité de section des n conducteurs sera de
- même — de la contre-pression dans le conducteur
- unique f, la résistance étant exclusivement déterminée par la grandeur de la contre-pression sur l’unité de section. Il suit donc de là, que, dans chacun des conducteurs /o,/,/, etc., la résistance
- sera, dans le cas actuel, — de ce qu’elle est en f.
- Nous nous trouvons donc devant le résultat inattendu que la résistance galvanique est proportionnelle à Vintensité du courant. Il faut observer, cependant, que cette démonstration ne concerne que les corps solides et liquides, mais nullement les gazeux, auxquels l’expérience citée n’est pas applicable.
- Le résultat mentionné ci-dessus est en opposition directe avec l’opinion généralement admise jusqu’ici, dans laquelle la résistance est indépendante de l’intensité du courant. Mais, si l’on veut continuer à soutenir cette opinion, il faudra de même, par suite de ce qui précède, admettre que le fluide que nous nommons électricité est soumis à de tout autres lois de mouvement que les autres
- fluides à nous connus. Il a du reste été démontré, dans le mémoire cité, que, quoique la thèse formulée soit en contradiction avec l’opinion commune, elle ne l’est nullement avec les résultats expérimentaux sur lesquels on a cru pouvoir baser cette opinion.
- Par suite des résultats de l’expérience, comme aussi de la considération théorique donnée ci-dessus, nous avons donc, comme expression de là résistance r0 dans un conducteur de la longueur i et de la section a, parcouru par le courant i :
- ki
- r* = T=r,>
- où k est une constante dépendant de la nature chimique et physique du conducteur, ainsi que de la température. La constante k est évidemment la résistance dans un conducteur de la section x et de
- la longueur i, parcouru par le courant i ; ^ est
- l’intensité du courant sur l’unité de section; r, ou en d’autres termes, ce que l’on a nommé jusqu’ici la résistance galvanique, n’est rien autre que là résistance par unité de l’intensité du courant. Afin de distinguer cette résistance des autres, nous la nommons dans la suite résistance principale.
- (A suivre.) Edlund.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Mesure des potentiels correspondant à des distances explosives déterminées.
- Dans notre dernier numéro, nous avons inséré sur ce sujet une note présentée à l’Académie des Sciences par M. Baille; dans une seconde communication, l’auteur a été amené à étudier l’influence que la courbure des extrémités polaires de l’excitateur exerce sur la valeur des potentiels.
- « Je faisais, dit-il, jaillir l’étincelle entre deux corps de forme déterminée, respectivement en communication avec les deux pôles d’une machine électrique et je mesurais le potentiel en valeur absolue, au moment même de l’étincelle, ainsi que je l’ai indiqué.
- « Un des conducteurs seul était isolé et relié au disque attirant de la balance. Il faut remarquer en effet que, lorsqu’une étincelle jaillit entre les deux pôles d’une machine, c’est-à-dire entre deux conducteurs isolés et chargés respectivement de quantités égales et de signes contraires, les potentiels de chacun de ceux-ci sont généralement différents, et varient en raison inverse de leurs capacités. Il est donc avantageux, pour n’avoir qu’une mesure à
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- faire, de déterminer une étincelle entre un conducteur électrisé et un conducteur en communication avec la Terre, dont la capacité est regardée comme infinie.
- * J’ai étudié deux formes particulières d’excitateurs, les cylindres concentriques, et les sphères de différents diamètres.
- « I. Lorsque l’étincelle jaillit entre deux cylindres concentriques, le potentiel dépend non seulement de la longueur explosive, mais aussi des diamètres des cylindres extérieur et intérienr : il augmente avec ces diamètres.
- « M. Gaugain, dans l’étude qu’il a faite des excitateurs cylindriques, avait énoncé la loi que la densité explosive est indépendante du cylindre extérieur. Cette loi ne se vérifie pas très régulièrement, mais elle peut donner une première approximation suffisante.
- « Il faut du reste observer que la densité explosive sur les cylindres concentriques.varie très peu, quels que soient les diamètres de ces cylindres.
- « II. Pour les excitateurs sphériques, extérieurs l’un à l’autre, les mesures diverses que j’ai effectuées m’ont conduit aux résultats suivants.
- « i° Pour une longueur explosive donnée, le potentiel est maximum, lorsque l’étincelle jaillit entre deux sphères de même diamètre.
- « 2° Il s’éloigne d’autant plus du maximum que la différence des courbures des pôles est plus grande, et que le potentiel est plus élevé.
- « 3° Je n’ai trouvé aucune différence bien nette entre les potentiels correspondant à la même distance explosive, selon que la sphère électrisée est la plus grande ou la plus petite.
- « 4° Lorsque l’étincelle jaillit entre deux sphères égales, on peut trouver pour chaque longueur explosive un diamètre tel que le potentiel soit maximum ; et ce diamètre de la sphère excitatrice, correspondant au maximum, est d’autant plus petit que l’étincelle est plus courte.
- « Ainsi une étincelle de imm exige un potentiel plus fort pour jaillir entre deux pointes qu’entre deux plans; c’est le contraire pour une étincelle de iomm.
- « Les nombres suivants, extraits du tableau qui représente les mesures que j’ai faites à ce sujet, indiquent bien ce dernier fait. Les maxima Sont indiqués par des_chiffres plus gros.
- Distances
- Sphères.
- explosibles Plans. de 6»»>. de icin. deoou>.35. de O cm, 1.
- O.I 14.670 14.733 i5.25o 16.042 16.io3
- 0.2 25.510 25.586 26.784 27.129 .21 910
- 0.3 35 352 36.124 37.322 36.287 24 124
- 0.4 45 089 45.667 46.553 41.420 26.3o3
- o.5 54 467 53 062 54 6S9 49.210 29 997
- 1.0 105.494 11 2.943 83.046 59.491 36.238
- potentiels correspondant aux distances explosives indiquées : ils sont exprimés en unités absolues du système C. G. S. »
- Les procédés électrométallurgiques actuels (*).
- Pendant l’Exposition, M. Henri Bouilhet, de la maison Christofle, a fait, sur les procédés électro-métallurgiques, une conférence contenant un certain nombre de faits qui pourrofit intéresser nos lecteurs.
- Après avoir retracé en quelques mots l’histoire de l’éléctrométallurgie, M. Bouilhet donne les renseignements suivants sur l’importance actuelle de l’argenture galvanique :
- « Une seule usine à Paris, celle de MM. Christofle, dépose annuellement plus de 6ooo kilogrammes d’argent, et depuis 1842, date de sa fondation, elle n’a pas employé moins de 169 000 kilogrammes d’argent, déposé sur un nombre incalculable d’objets à l’épaisseur convenable et suffisante pour assurer à chacun d’eux une durée appropriée à l’usage auquel ils sont destinés.
- « L’épaisseur moyenne adoptée pour ces dépôts est celle qui correspond à 3 grammes par décimètre carré ou 3oo grammes par mètre carré de surface. La surface couverte d’argent par cette seule usine n’est donc pas moins de 563 000 mètres, plus de 56 hectares.
- « Ce n’est là que le travail d’une seule usine; des documents certains, recueillis dans ces derniers temps, nous font fixer à 25 000 kilogrammes par an la quantité d’argent employé seulement à Paris en dépôts galvaniques. »
- M. Bouilhet estime, en outre, qu’en Europe et en Amérique les pays producteurs transforment en objets argentés une certaine quantité d’argent qui peut être évaluée à près de 125 000 kilogrammes par an, c’est-à-dire 25 millions de francs.
- Passant ensuite à la description des effets décoratifs que l’on peut obtenir en galvanoplastie par les dépôts d’or vert ou d’or rouge obtenus en ajoutant aux bains d’or de l’argent et du cuivre, il fait remarquer la difficulté qu’il y aurait à fixer d’avance la composition de ces bains mixtes, et il indique la méthode empirique à l’aide de laquelle on peut les obtenir :
- « Dans un bain d’or jaune fonctionnant bien et contenant 5 à 6 grammes d’or par litre, on fait passer un courant électrique pendant plusieurs heures, en mettant au pôle positif une lame d’argent pur. Lorsque le métal qui se dépose au pôle négatif a pris la couleur verte que l’on veut obtenir, on arrête l’opération et en remplace l’anode en argent par un anode en or vert; le bain est fait et peut alors continuer à être employé avec succès.
- « Les nombres contenus dans ce tableau sont les
- (!) Bulletin de la Société d’Encouragement, novembre 1881.
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- « L’or rouge s’obtient de la même manière en introduisant dans un bain d’or ordinaire une lame de cuivre qu’on remplace par une lame d’or allié aussitôt que l’effet est obtenu.
- « Ceci est la méthode empirique, mais si l’on cherche par l’analyse dans quelle proportion on doit employer l’or et l’argent pour faire un bain, on trouve que l’or et l'argent sont dissous dans la proportion inverse de l’alliage à déposer. Ainsi l’or vert en lingot est composé de 2/3 d’or et i/3 d’argent et le bain qui sert à le déposer contient i/3 d’or et 2/3 d’argent.
- « Les bronzes déposés galvaniquement à la surface d’objets sont obtenus de la même manière. »
- Un des moyens employés pour obtenir des incrustations dans une pièce métallique est décrit par le conférencier de la manière suivante :
- « Le dessin, qui sera plus tard enargent ou en or, est fait à la gouache sur la pièce à incruster. Cela fait, on épargne, au moyen d’un vernis qui ne doit être attaqué ni dans les acides ni dans les alcalis, toute la partie de la pièce qui n’est pas couverte de blanc et l’on porte dans un bain d’acide nitrique très faible, en mettant la pièce au pôle positif de la pile. Le sel de plomb dont est composée la gouache se dissout et le métal s’attaque. Quand on juge suffisante la profondeur . de l’alvéole ainsi obtenue, on porte immédiatement la pièce, après l’avoir rincée, dans un bain d’argent ou d’or galvanique, à très faible densité marchant à froid. Le dépôt de métal précieux, se produit et adhère parfaitement dans le creux décapé par l’eau forte. Lorsque l’alvéole est pleine, on arrête l’opération, on enlève le vernis, et on soumet la pièce obtenue à un polissage à la main qui fait disparaître l’excès du métal jusqu’à l’affleurement des surfaces. Si la pièce doit être repétée plusieurs fois, le moyen indiqué sert à exécuter le modèle; 011 emploie ensuite les procédés de reproduction pour la galvanoplastie pour obtenir la pièce toute faite avec des creux et des reliefs et on peut alors la décorer par incrustation. »
- On se rappelle le procédé indiqué par Lenoir en i858 pour la préparation galvanoplastique d’objets en ronde bosse. Il consistait à prendre pour électrode-négative l’intérieur d’un moule en creux de l’objet à reproduire et à introduire dans ce moule comme électrode positive une carcasse de fil de platine épousant à peu près la forme du moule, de telle sorte que la surface de ce dernier fût partout très près du pôle positif.
- Avec ce procédé, la construction des carcasses de platine était longue et difficile et d’autre part le dépôt de 1 kilog de cuivre exigeait l’immobilisation pendant un mois de 120 à 140 francs de platine. M. Bouilhet indique comment MM. Christofle furent amenés à remplacer ce procédé par une autre méthode encore employée aujourd’hui.
- « A cette époque, dit-il, M. Gaston Planté était attaché à leur usine comme chimiste électricien. Ses recherches sur les courants secondaires l’avaient amené à construire sa pile de polarisation, dans laquelle le platine était remplacé par du plomb. Il nous donna l’idée de substituer le plomb au platine et grâce à son concours et à celui de notre ingénieur, nous fûmes mis en possession d’un procédé qui permettait à la galvanoplastie de reproduire en ronde-bosse les statues les plus délicates et les plus fouillées. On comprend, en effet-, combien il est facile de faire avec ce métal les noyaux qui, percés de trous de manière à permettre la circulation du liquide sont placés dans l’intérieur du moule et maintenus à distances égales et régulières par des supports isolés. Le plomb relié au pôle positif se couvre d’une légère couche d’oxyde, devient le siège d’un dégagement d’oxygène et ne s’attaque plus.
- « Il est curieux de se rendre compte du travail qui se fait dans l’intérieur du moule ; prenons pour exemple une sphère, déposée par ce procédé, pesant 1 700 grammes et d’une capacité de 1 lit. 5 environ; en supposant que le bain de sulfate de cuivre contienne 60 grammes de cuivre par litre, il a fallu que le liquide se soit renouvelé vingt fois pour fournir la quantité de métal nécessaire au dépôt; c’est grâce au mouvement produit par le dégagement du gaz à la partie supérieure que ce renouvellement a lieu avec régularité; sans lui il était impossible. »
- La question si actuelle du nickelage est appréciée comme il suit par M. Bouilhet :
- « La galvanoplastie du nickel et le nickelage sont obtenus dans des bains ammoniacaux sur la composition desquels on a beaucoup discuté. A vrai dire, ils sont semblables à ceux qui avaient été brevetés dès 1842 par MM. de Ruolz et indiqués par M. Becquerel père; mais lorsque; en 1868, M. Adams prit un brevet en Amérique pour le nickelage, il sembla attribuer la réussite des bains qu’il brevetait à l’absence complète d’alcalis fixes dans les bains et, d’après lui, le dépôt de nickel ne pouvait être obtenu si le bain ammoniacal contenait la moindre trace de potasse ou bien de soude.
- « C’est là une erreur complète, car nous avons pu obtenir de très bons dépôts dans des bains ammoniacaux contenant des sels de potasse ou de soude ; M. Adams avait passé à côté de la véritable raison qui est celle-ci : Le dépôt de nickel n’est beau et résistant que s’il est déposé dans un bain neutre ou presque neutre. Dès que l’ammoniaque est à l’état libre dans un bain ammoniacal, le dépôt devient grisâtre et cassant. Si on évite son dégagement, le dépôt reste brillant et homogène. La présence de la soude et de la potasse libre produit le même effet, mais à l’état de sel neutre, elles sont sans influence sur le dépôt. Quoi qu’il
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- en soit, le meilleur bain pour le dépôt du nickel est un bain neutre de sulfate double ammoniacal, et la meilleure méthode pour opérer, c’est de n’opérer pour ainsi dire que le papier de tournesol à la main afin de s’assurer constamment de la neutralité du bain. »
- M. Bouilhet attribue l’extension qu’à prise dans ces dernières années le nickelage, non pas à une meilleure composition des bains, mais à l’emploi de la machine Gramme, source d’électricité meilleure, plus constante et beaucoup plus économique que celle fournie jusqu’alors par la pile.
- Il rappelle à cette occasion que c’est dans l’usine de MM. Christofle que, pour la première fois, M. Gramme a tenté une application industrielle.
- Dès 1854, MM. Christofle avaient essayé de substituer aux piles les machines magnéto-élec triques. Ils avaient essayé sans succès appréciable les machines de l’Alliance. Plus tard la machine Wilde avait été mise en pratique, mais sa construction vicieuse et son échauffement qui rendait son action intermittente ne permirent pas à MM. Christofle d’abandonner complètement les piles galvaniques.
- « En 1871, mis en rapport avec M. Gramme, ils lui posèrent les conditions du problème à résoudre : construire une machine déposant 690 grammes d’argent à l’heure sur une surface donnée dans quatre bains montés en dérivation et marchant avec une vitesse de 3oo tours par minute.
- « C’est ici pour nous l’occasion de rendre hommage à l’inventeur. Les études étaient tellement avancées, les calculs si sûrs et si précis, qu’au bout de trois mois il nous apportait une machine construite dans les conditions de résistance indiquées par nous et, dès les premières expériences, nous déposions 600 grammes d’argent à l’heure dans les quatre bains, avec une vitesse de 3oo tours à la minute.
- <t Pour vous montrer l’importance de la révolution accomplie par la machine Gramme, nous vous apportons des prix de revient absolument certains, car ils sont basés sur une production considérable et les calculs faits sur une moyenne de cinq années de travail manufacturier.
- « Avec la pile, le kilog. d’argent coûtait 3 fr. 87 de frais d’électricité. Avec la machine Gramme, en comptant la valeur de la force motrice, l’intérêt du capital et l’amortissement du matériel, le prix de dépôt de l’argent est réduit à 94 centimes le kilogramme.
- Les piles et condensateurs de M. Varley
- L'Engineering nous apprend qu’à une récente réunion de la Société de ingénieurs télégraphiques, M. Cromwell F. Varley F. R. S. a présenté une
- forme de pile Daniell brevetée par lui en 1854 (n° 2555). Chose assez curieuse, ce brevet est resté complètement ignoré et les appareils qui y sont décrits ont été brevetés trois fois depuis par MM. Charles Wheatstone, Minotti et Marié Davy. L’élément présenté par M. Varley se compose d’un vase de verre au fond duquel est placée une boite cylindrique plate en cuivre dont le dessus est percé de trous et qui est remplie de cristaux de sulfate de cuivre ; une électrode isolée relie cette boîte à l’extérieur. En haut du vase est 4 suspendu un morceau de zinc de forme conique bien amalgamé et portant aussi son électrode. La forme conique du zinc a pour but de faciliter le dégagement de l’hydrogène et le détachement du cuivre déposé sur le zinc. Le liquide employé est un mélange à volumes égaux d’eau et d’acide sulfurique. Une couche de matière poreuse, d’argile calcinée, par exemple, est placée au-dessus du couvercle percé de trous de la boîte de cuivre. Les cristaux de sulfate se dissolvent dans le liquide et le rendent plus dense, de sorte que la dissolution se maintient au fond du vase. Une certaine quantité arrive cependant par diffusion jusqu’au zinc, et y provoque un dépôt de cuivre. Pour empêcher ce dépôt, M. Varley siphonne de temps en temps le liquide au-dessous du zinc. D’après lui, l’amalgamation maintient constante la force électromotrice du zinc, qu’il soit ou non couvert de métaux étrangers.
- M. Varley a indiqué aussi comme remontant à la même époque (1854), la pile à sulfate de mercure employée depuis par M. Marié Davy. Enfin le même brevet contenait l’indication des condensateurs d’induction pour l’emmagasinement de l’électricité. Ces condensateurs ne sont pas des accumulateurs secondaires, mais des condensateurs statiques, comme ceux que l’on emploie aujourd’hui en télégraphie et ceux dont M. Jablochkoff s’est servi pour ses expériences d’éclairage.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le Directeur,
- Dans un récent numéro de la Lumière électrique, MM. W. E. Ayrton et John Perry se sont occupés du principe de la conservation de l’électricité (9, que ces auteurs considèrent comme superflu. (Voir la Lumière électrique du 23 novembre 1881.)
- Le raisonnement que MM. W. E. Ayrton et John Perry apportent à l’appui de leur opinion, et qu’ils appliquent au
- (') Les premiers mots de l’article de MM. W. E. Ayrton et John Perry pourraient donner lieu à une fausse interprétation : je dois rappeler que la priorité de l’énonciation et de l’application du principe de la conservation de l’électricité ne m'a été contestée par aucun physicien, et que sur ce point j’ai toujours été d’accord avec le professeur S. P. Thompson. (Voir la Nature anglaise, 1881.)
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- phénomène de M. Boltzmann, repose sur une confusion de notations. MM. W. E. Ayrton et John Perry désignent par a même lettre m successivement, la quantité d’électricité qui reste acquise par le condensateur de M. Boltzmann, puis la somme algébrique des quantités d’électricité fournies à cet appareil par la pile. En effet, d’abord MM. W. E. Ayrton, et John Perry posent :
- i) m— C0 (i + rp) x
- m représente donc la charge acquise par le condensateur ; il s’ensuit que dm est une différentielle exacte et que
- dm = o
- pour un cycle fermé. Or, il s’agissait de démontrer que la somme algébrique des quantités d’électricité fournies par la pile, est nulle pour un cycle fermé : c’est cette dernière quantité que j’ai représentée par m. MM. W. E. Ayrton et John Perry appliquent à cette dernière signification de la lettre m ce qui n’est démontré que pour la première. Ces auteurs admettent donc que ce qui reste acquis est égal à ce qui a été fourni, c’est-à-dire qu’il y a conservation de l’électricité. En d’autres termes, MM. W. E. Ayrton et John Perry s’appuient eux-mêmes, sans s’en apercevoir, sur le principe dont ils prétendent démontrer l’inutilité.
- En appliquant à la chaleur le raisonnement de MM. W. E. Ayrton et John Perry, on en voit plus clairement le défaut, qui consiste à confondre à priori ce qui reste acquis avec ce qui a été fourni. Soit Q, la quantité de chaleur contenue dans un corps; Q peut être regardé comme une fonction inconnue de la pression/» et de la température x; carp et x reprenant la même valeur, l’état du corps redevenant le même, Q reprend la même valeur. Donc dQ est une différentielle exacte, et
- fdq = o
- pour un cycle fermé. Peut-on en conclure que la somrrie algébrique des quantités de chaleur fournies au corps est nulle ? Il s’ensuivrait que la chaleur ne peut pas être convertie en travail.
- En outre, MM. W. E. Ayrton et John Perry attribuent à l’expérience un résultat qui est dû au raisonnement, et inversement : ces auteurs disent que l’équation i) est le résultat des expériences de M. Boltzmann et que j’en ai tiré par différentiation la formule
- 2) dm — cdx + hdp.
- Or, l’équation 1) ni aucune autre analogue ne se trouve dans le mémoire de M. Boltzmann ('); les expériences de cet
- habile physicien ont consisté à mesurer le rapport - ; elles permettent par suite d’écrire l’expression différentielle 2). Mais je ne connais aucune expérience qui établisse que l’équation 2) soit intégrable : cette intégrabilité résulte du principe de la conservation de l’électricité.
- D’ailleurs ce principe a été appliqué à des phénomènes que l’on constate sans employer de condensateurs (électrocapillarité, compression des cristaux hémièdres, etc.) et dans quelques-uns de ces cas, le raisonnement de MM. W. E. Ayrton et John Perry, même avec la confusion qu’ils commettent, ne peut plus être appliqué. — On sait que plusieurs des conséquences tirées du principe de la conservation de l’électricité ont été depuis vérifiées expérimentalement^* 2).
- En résumé, MM. W. E. Ayrton et John Perry considèrent, sous le nom de principe de la conservation de l’électricité une proposition qui est différente de ce principe, et qui ne pourrait pas servir de base aux mêmes déductions.
- Veuillez agréer, etc.
- G. Lippmann.
- (') Pogg. Ann. t. 155. p. 403-422, i8q5.
- (2) Voir R. Blondlot, thèse de Doctorat. Paris 1881. — P. et G. Curie, Comptes rendus de VAcadémie des Sciences, 1881.
- FAITS DIVERS
- Nous apprenons que M. Louis Schwendler, directeur des télégraphes de l’Inde à Calcutta, et dont nous avons eu à plusieurs reprises occasion de citer les travaux, vient de mourir à Berlin. Après avoir été longtemps attaché à la maison Siemens, il avait été distingué par le gouvernement anglais et chargé par lui de la direction des services télégraphiques des Indes anglaises. Il y a six mois, sa santé s’était trouvée atteinte par le climat et les fatigues et il avait dû prendre un congé et revenir en Europe.
- Au Brésil, la question de l’application de l’électricité à la transmission de la force est en ce moment l’objet d’études de la part de plusieurs ingénieurs, et il semble que l’électricité doive être appelée à jouer dans ce pays un rôle assez important dans la locomotion sur les voies ferrées, dit VAnglo-Brazilian Times. On sait que la plus grande difficulté que rencontre au Brésil la construction des chemins de fer consiste dans les grands changements de niveau sur de courts parcours, entre la côte et cet immense plateau central d’oû de grands fleuves navigables sur de longues étendues se précipitent sous forme de rapides et de cataractes impraticables aux bateaux à vapeur, et rendent ainsi nécessaire la construction de railways latéraux afin de remédier à cette interruption de la navigation. Or, à l’aide de l’électricité ces obstacles mêmes qui s’opposent à la circulation peuvent l’aider, si l’on utilise l’immense puissance hydraulique qui existe dans les sections interrompues des fleuves et rivières.
- C’est ainsi que l’on déjà songé à tirer parti de la série des magnifiques chutes situées le long du Paulo Affonso Railway construit pour relier la navigation du San Francisco supérieur à la section inférieure qui s’ouvre sur la mer, et à utiliser aussi les nombreuses chutes de la Madeira pour produire l’électricité qui serait employée sur le Mamoré et Madeira Railway, dont l’établissement est depuis longtemps projeté par une compagnie brésilienne.
- La ville de Mexico est entourée de lacs et de marais, que l’on traverse sur de grandes chaussées servant de digues. On vient de proposer un moyen de dessécher tout le bassin qui environne Mexico à l’aide d’appareils électriques et une Compagnie a été fondée. D’après ce projet, on établira sur-la pente occidentale des montagnes, où se trouvent de puissantes chutes d’eau, un certain nombre de roues hydrauliques, pouvant développer une force de 20,000 chevaux et on leur fera mouvoir des machines dynamo-électriques de grande puissance électro-motrice. Le courant provenant de ces machines sera conduit à environ vingt milles à une série de moteurs électriques placés sur la rive du lac, et mettant en mouvement des pompes qui nécèssiteront une force d’environ sept mille chevaux. L’eau devra être élevée d’environ quarante pieds pour franchir la crête, mais une fois élevée elle aura une marche ininterrompue jusqu’à l’Océan Pacifique. On croit que ce projet réussira et qu’il préservera à l’avenir la ville de Mexico des inondations qui depuis des siècles y exercent leurs ravages.
- On annonce qu’il est question de fonder à Bristol une compagnie d’éclairage et de transmission de force par l’électricité. Cette compagnie desservirait Bristol e't l’ouest de l’Angleterre.
- Éclairage électrique
- Le fonctionnement de l’éclairage électrique de l’avant-port du Havre s’opère maintenant, dit le Journal du Havre, d’une
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- manière parfaite ét des plus régulières, et la meilleure preuve, c’est que, depuis plus de trois mois, il n’a pas été constaté une seule extinction. De plus, les marins continuent à se déclarer très satisfaits de cette amélioration.
- Devant de pareils résultats, on ne pouvait hésiter à donner une plus grande extension à l’éclairage électrique, dans le port du Havre. C’est ainsi qu’outre les foyers supplémentaires que l’on doit installer à l’écluse des Transatlantiques, l’administration des Ponts et Chaussées va en placer trois autres, à l’entrée du bassin de l’Eure.
- En outre, une nouvelle machine à vapeur, servant de réserve, sera établie, par les soins de la Compagnie générale d’électricité, dans son local du bassin de la Citadelle, contenant le matériel nécessaire pour produire l’éclairage. Ce local va aussi être agrandi.
- Mais l’amélioration véritablement importante, qui est à l’étude en ce moment, c’est celle qui consistera à éclairer à la lumière électrique, pendant toute la durée des nuits, tout le réseau des voies ferrées existant autour de nos bassins.
- La Compagnie de l’Ouest a été frappée des inconvénients que présente la manœuvre de nuit des trains autour des bassins sur les quais si parcimonieusement éclairés, et c’est pour parer à cet inconvénient qu’elle a décidé de substituer, sur tout le parcours des lignes qui desservent les quais des bassins, la lumière électrique à celle du gaz.
- M. Cugnot, chef de la gare des marchandises au Havre, a été chargé de préparer un projet d’installation analogue à ce qui existe déjà à Anvers.
- Nous croyons savoir que, d’après ce projet, les terre-pleins de nos bassins seraient éclairés par soixante foyers électriques. Les conducteurs, au lieu d’être souterrains, comme pour l’avant-port, seraient aériens, de sorte que l’installation pourrait être complétée très promptement.
- Sheflield, la grande cité manufacturière célèbre pour sa coutellerie et sa quincaillerie, est une des villes d’Angleterre où la lumière électrique semble appelée à prendre le plus d’extension. MM. H. Bessemer, des fonderies et aciéries Bessemer, viennent augmenter la liste des grands industriels de Sheffield qui ont déjà adopté l’électricité pour l’éclairage de leurs établissements. MM. Hammond et C° de Sheffield et de Londres ont également installé dans leurs fabriques de marteaux, quatorze lampes à arc Brush, qui brûlent avec une parfaite régularité. MM. Davy frères, ingénieurs; MM. C. Cammell, des fonderies de fer et aciéries Cyclopes; MM. Steel, Tozer, et Hampton ont aussi en usage constant des lampes Brush. Une combinaison des lampes Siemens avec les lampes à incandescence Swan est maintenant utilisée avec avantage, paraît-il, pour éclairer une grande maison de draps de Sheffield.
- La ville d’Exeter, capitale du comté de Devon, va sans doute recevoir des installations d’éclairage électrique. Une Compagnie d’éclairage électrique vient, en effet, d’adresser au conseil municipal d’Exeter une demande d’autorisation pour la pose des fils. La Compagnie se propose d’utiliser la force hydraulique de l’Exe et autres cours d’eau.
- Croydon, ville du comté de Surrey, située à quatorze kilomètres de Londres et peuplée d’environ dix-sept mille habitants, va recevoir prochainement des installations pour l’éclairage électrique.
- Le contrat passé avec la Compagnie du gaz étant expiré, le conseil municipal de Hastings (comté de Sussex), port et bains de mer très fréquentés, vient de nommer un comité chargé de rédiger un rapport sur la question de l’introduction de la lumière électrique dans cette ville.
- Les vaisseaux de guerre anglais 1 ’Ajax et VAgamemnon,
- bâtiments à tourelles, vont être pourvus de lampes électriques. •
- Des ordres viennent d’être envoyés à cet effet à Chatham.
- On annonce que Kalamazoo dans l’État de Michigan doit être éclairé prochainement à l’aide du système électrique Brush.
- On assure que la substitution de la lumière électrique au gaz au Post office de Philadelphie a produit pendant l’année dernière une notable économie.
- Les vapeurs du Mississipi se mettent depuis quelque temps à installer à leur bord des lampes électriques.
- On annonce que la lumière électrique va être adoptée pour l’éclairage du théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles. .
- A Bruxelles, vient d’être„ légalement formée la Société industrielle d’électricité. Cette Société a pour objet d’exploiter les brevets de la Lampe-Soleil.
- L’exposition artistique hispano-portugaise qui vient de s’ouvrir à Lisbonne en présence des rois d’Espagne et de Portugal est éclairée danspre sque toutes ses parties à l’aide d’appareils électriques. L’effet produit par la lumière électrique dans les diverses sections est des plus satisfaisants.
- En Sicile, on commence à s’intéresser aux récentes applications de l’électricité. Des demandes ont déjà été adressées aux conseils municipaux des villes principales de l’île, telles que Palerme, Messine, Gatane, à l’effet d’introduire le système d’éclairage par l’électricité. C’est là une excellente idée; car dans un pays comme la Sicile, qui est obligé de faire venir le charbon de terre de loin et de le payer par conséquent plus cher que beaucoup d’autres contrées, l’introduction du système électrique qui permet d’utiliser toute espèce de force naturelle et gratuite, pourrait être très utile.
- Télégraphie.
- Au Pic du Midi de Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, le câble télégraphique souterrain vient d’être amené jusqu’au sommet de la montagne où le général de Nansouty a, comme on sait, établi depuis plusieurs années un observatoire astronomique qui a déjà rendu de grands services. Trois paratonnerres ont été également installés sur les points suspects du parcours. Depuis le commencement de l’hiver, l’envoi télégraphique des observations faites à la cime du pic n’a encore été interrompu par aucune des tempêtes qui se déchaînent sur les flancs de la montagne.
- Le vapeur Faraday vient de quitter les chantiers dé MM. Siemens frères, à Charlton, emportant la dernière portion du nouveau câble télégraphique atlantique, qui doit être incessamment complétée par la maison américaine Gould et C°. Le câble est d’une nature spéciale et remarquable par sa force, le bout de rivage pesant dix-huit tonnes par mille. Plus de 1,100 milles du câble ont été pris à bord à raison de cinquante milles par jour, et le câble une fois terminé aura trois mille milles de long. Le Faraday a déjà fait trois voyages pour la pose du câble transatlantique laissant chaque fois le bout du câble maintenu par une bouée dans l’Océan, où il a supporté les tempêtes de l’année dernière sans la moindre avarie. M. Jacob, électricien en chef, et un
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- nombreux personnel dirigent les travaux et le navire est commandé par le capitaine Mayple.
- La direction royale des télégraphes de Suède vient d'ouvrir à Vinga (entrée de Gothembourg) une station télégraphique à laquelle est annexé un établissement spécial pour l'échange de signaux avec les bâtiments passant en mer. Cette station télégraphique et sémaphorique combinée est située à une distance de cent quarante mètres à l'ouest de la balise de Vinga. On y reçoit et on y expédie les télégrammes tous les jours depuis le lever jusqu'au coucher du soleil.
- Près d'Edimbourg, à travers le détroit du Firth of Forth, le Post Office fait poser un nouveau câble qui aboutira à côté de Burntisland, ville du comté de Fife.
- La direction des télégraphes de Turquie vient de recevoir de Londres un câble à plusieurs fils destiné à remplacer ceux qui servent pour la communication des lignes européennes avec l'Asie. Il a été décidé que l'immersion du nouveau câble aura lieù à l'endroit le plus resserré du Bosphore et des ordres viennent d'être donnés pour la mise en parfait état des lignes partant des stations centrales de Stamboul et de Pera jusqu'au point d'attérissement du câble à Rouméli-Hissar. L'arsenal a reçu l'ordre de prêter un navire qui prendra le nouveau câble à Constantinople et ira le jeter entre les Deux-Hissars. Le même bâtiment relèvera les vieux câbles existants qui seront utilisés pour la communication entre Stamboul et Galata.
- A Boston, aux États-Unis, le projet de M. Jay Gould pour la pose d'un câble allant au Brésil par la voie des Bermudes, de Saint-Thomas, de Paramaribo et de Fortaleza, est prêt à être mis à exécution. La concession brésilienne a été accordée et le câble commandé.
- Au Mexique, on s'occupe activement de la pose des câbles sous-marins du Pacifique. Des vapeurs anglais ont débarqué à la Vera-Cruz le câble qui doit compléter la ligne sous-marine entre la Vera-Cruz et Goatzacoalcos et le steamer Dada a transporté au Callao (Pérou) le tronçon du câble péruvien. Dans le courant de février le vapeur Hooper partira de Londres pour le Pacifique avec quinze cent milles de câble. Toute la ligne du Mexique au Brésil sera probablement mise à la disposition du public le ier juin prochain. Un certain nombre d'ouvriers sous les ordres de M. Eduardo Mayo, a été envoyé dans l'isthme de Tehuantepec pour construire la ligne télégraphique de terre entre Goatzcoalcos et Salina-Cruz sur le Pacifique.
- Nous avons annoncé qu'on vient de terminer la ligne télégraphique de Tientsin à Shanghaï. La première dépêche expédiée de Péking est arrivée à Paris le 24 décembre dernier.
- Le tarif uniforme est de neuf schillings 2 pence par mot pour l'Angleterre. Il y a un courrier quotidien entre Tientsin et Péking; le départ de cette dernière ville est à quatre heures de l'après-midi, de la première à trois heures; chaque message paye un port de 10 pence; le courrier parcourt en vingt-quatre heures la distance entre Tientsin et Péking. Nous sommes loin de l'époque à laquelle Péking ne recevait de dépêches que par la Sibérie et Kiachta.
- Téléphonie.
- Une intéressante expérience téléphonique a eu lieu ces ours derniers au Sénat.
- Deux appareils avaient été placés à droite et à gauche de
- la tribune, et recueillaient les paroles des orateurs, qu'ils transmettaient au Petit-Luxembourg, dans le cabinet du Président du Sénat. Là le sténographe les recevait. Elles lui parvenaient aussi nettes et aussi intelligibles que s'il avait été placé au pied de la tribune.
- L'électricité vient d'être mise à contribution pour les opérations de renflouement du grand paquebot des messageries la Provence, qui a coulé le mois dernier dans le port de Constantinople, â la suite d'une collision avec un vapeur russe. On a expédié de Marseille un scaphandre perfectionné, muni d'un téléphone. Une des glaces du casque est remplacée par une plaque de cuivre, dans laquelle est enchâssé le téléphone, ce qui fait que le scaphandrier n'a qu'à tourner légèrement la tête, soit pour recevoir des communications de l'extérieur, soit pour en adresser; avec ce système, on peut visiter les navires sombrés et rendre compte de tout ce que l'on voit sans qu'il soit besoin de ramener les scaphandriers hors de l'eau, comme on était généralement obligé de le faire jusqu'ici. C'est une véritable conversation qui s'engage entre le plongeur qui est sous l'eau et les personnes placées dans la barque qui stationne au-dessus.
- Comme nous le disions dans un récent numéro, la mode des concerts téléphoniques se répand un peu partout. UE* lectrician de Londres mentionne une nouvelle expérience de ce genre.
- Il y a quelques jours, à Ipswich (comté de Suffolk), un concert de la saison d'hiver ayant été organisé, un habitant de Bramford, localité voisine, M. Packard, a eu la fantaisie d'assister à ce concert à distance, à l'aide d'un téléphone Gower-Bell. La distance entre Ipswich et Bramford est de deux milles (3 200 mètres). M. Packard a entendu le concert très distinctement, bien que quelques-unes des voix basses, telles que le contralto et la basse, n'aient pas résonné tout à fait aussi distinctement que les autres.
- UElectrician de Londres annonce que l'Exchange Telegraph Company est sur le point d'adopter le téléphone pour l'usage de ses abonnés, afin de compléter le système actuel de communications télégraphiques. On se servira du téléphone Gower-Bell.
- A Walsall, ville du comté de Stafford dont la population est de trente-huit mille habitants, le conseil municipal vient d'accepter l'offre de la National Téléphoné Company d’élever et d'entretenir un fil téléphonique entre les nouvelles et les anciennes usines à gaz et les bureaux du secrétaire de la municipalité. Cette installation aura lieu au prix de trente livres sterling par an.
- A Colombo, chef-lieu du gouvernement et de l'île de Ceylan, ville dont la population dépasse quarante mille- habitants, l'Oriental Téléphoné Company s'occupe de l'établissement d'un réseau téléphonique.
- La Krcuz-Zeitung d'Alfed, annonce que la direction des fabriques de papiers hanovriennes Alfed-Gronau fait installer dans ses fabriques à Alfed et Gronau une ligne téléphonique. Les frais de cet établissement, qui doivent s'élever à environ 2 000 marcs, seront supportés par l'établissement qui payera, en outre, à la Direction des postes, un droit annuel de 5o marcs.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P; Mouillot, i3, quai Voltaire. — 26586
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- La Lumière Électrique
- Journal universel d’Électricité
- 5i, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. D(J MONGEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4e ANNÉE (TOME VI) SAMEDI II FÉVRIER 1882 N° 6
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- SOMMAIRE
- Des variations des constantes voltaïques; Th. du Moucel. — Exposition Internationale d’Électricité : Enregistreur électrique des niveaux d’eau, de M. Hipp; De Magneville. — Etude sur le système de transmission multiple et le télégraphe imprimeur de Baudot; J. P. — La boussole marine de Sir William Thomson; A. Guerout. — Charrue à poser les câbles électriques; Frank Geralciy. — Le salon du Président; C.-C. Soulages. :—Sur la résistance électrique des gaz; Edlund. — Revue des travaux récents en électricité : Calculs électrolytiques. — Détermination au moyen du microphone de la position des nœuds et des ventres dans les colonnes d’air vibrantes. — Sur un indicateur électrique de route. — Encore la détermination de l’ohm. — Le nickelage en Angleterre.— Correspondance : Lettres de MM. Lodi-guine, Formby et Parodi et Mascazzini. — Faits divers.
- DES VARIATIONS
- DES
- CONSTANTES VOLTAÏQUES
- Il y a déjà longtemps, en 1846, M. Jacobi, à la suite d’expériences nombreuses, avait démontré que les valeurs de la force électro-motrice et de la résistance d’une pile, calculées d’après les formules d’Ohm, varient suivant la résistance du circuit extérieur. Depuis, MM. Despretz, de la Rive, Poggen-dorff, ont reconnu le même effet, et ont cherché à l’expliquer par la polarisation électrique. Enfin, MM. Marié-Davy, Gaugain, Becquerel et Guillemin ont trouvé que beaucoup d’autres causes sont encore en jeu pour changer la valeur de ces constantes. J’ai entrepris moi-même de nombreuses recherches à ce sujet, mais bien des points de cette question sont encore loin d’être éclaircis (').
- La première conclusion à laquelle on est parvenu (*)
- a été que, par suite des effets de polarisation dont Ohm n’a pas tenu compte dans sa théorie, la for-
- E .
- mule r R qui donne l’intensité du courant, se
- trouve transformée en E - -f, e désignant la force
- électro-motrice de polarisation, r la résistance de la pile, R la résistance du circuit extérieur. Or, de cette formule, on peut déduire déjà que les constantes E et r doivent varier : i° suivant la résistance dû circuit extérieur; 20 suivant la durée de la fermeture du courant; 3° suivant l’état plus ou moins neuf de la pile; 40 suivant qu’elle est agitée ou au repos, faits que l'expérience met en évidence.
- Que la force électro-motrice augmente à mesure que la résistance du circuit devient plus grande, cela se comprend aisément, puisque la force-électromotrice de polarisation devant diminuer à mesure que l’intensité diminue ou que R augmente, la quantité (E—e) devient par cela même plus grande; mais que la résistance r de la pile augmente également dans les mêmes circonstances, cela est plus extraordinaire, et on peut, jusqu’à un certain point, s’en rendre compte si l’on considère que par suite de l’augmentation de la valeur de E, les lois de la proportionnalité entre les intensités du courant et les résistances du circuit sont changées, que ces intensités décroissent dans un rapport plus lent que les résistances du circuit, et que si l’on déduit celles-ci de celles-là, en employant les formules d’Ohm, les circuits entiers se trouvent acquérir un excès de résistance qui ne frappe la résistance R que parce que, dans les calculs, on en décharge le circuit métallique.
- Pour qu’on puisse se rendre compte des effets de la perturbation produite dans la formule par suite de l’introduction de la quantité variable e, discutons la formule au moyen de laquelle on peut déduire la valeur de r d’après la méthode d’Ohm.
- (*) Voir les mémoires de M. Jacobi et de M. Despretz, dans mon Etude des lois des courants, p. 32 et 172; mou mémoire sur les variations des constantes voltaïques, dans les Mémoires de la Société des sciences naturelles de Cherbourg, t. VIII ; mes Recherches sur les effets produits dans les piles
- à bichromate de potasse, p. 16; mon Exposé des applications de l’électricité, t. I, p. 169; les mémoires de M. Marié-Davy {Comptes rendus de l’Académie des sciences, années 1861 et 1862).
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- On mesure, comme on le sait, l’intensité du courant de l’élément qu’on expérimente dans deux conditions différentes, en introduisant dans le circuit deux résistances connues, R, R', assez différentes l’une de l’autre, pour fournir à la boussole des sinus des déviations assez écartées. On obtient de cette manière deux expressions de I, dont on peut tirer les valeurs de E et de r, qui sont :
- „ II' (R' —R) F R'— IR
- E ~ I — I' V~ I — F
- On peut encore déduire la valeur de r, quand E
- E
- est déterminé, de la formule r — -- — R.
- Pour fixer les idées, supposons que les deux résistances R, R', y compris celles de la boussole, des fils de communication, etc., soient : n80hms,2g et i470hms,49, et que nous opérions sur une pile de Daniell en service depuis peu de temps. Avec une boussole des sinus à multiplicateur de vingt-quatre tours, on aura pour représenter I et F des déviations de 28°. i8' et 22°.42', dont les sinus naturels sont 0,47409, o, 385gi, et ces nombres, appliqués dans les formules précédentes, donnent pour valeur de E : 6058,42, et pour valeur de r 90hms,5, et ces quantités se trouvent vérifiées avec les différentes formules donnant les valeurs de E et de r.
- En prenant un autre élément Daniell à vase poreux plus perméable que le précédent, les valeurs de I et de F correspondant aux résistances de 118°*ims,29, et i470hnis*,49 étaient 29°.5o' et 23°.45', ce qui répondait à une résistance de la pile égale à 50hms,86. La force électro-motrice était alors représentée par 6175, et la valeur de F, en sinus, était 0,40275.
- Pour obtenir la réduction de la résistance du circuit extérieur sans changer les conditions de l’expérience, on a réuni les deux pôles de la pile par une dérivation b de 40hms,7, et pour obtenir avec cette nouvelle disposition la même intensité F, il a fallu réduire la résistance R' de i470hms,4g à 750hms,o5. Avec ces données, on pouvait obtenir
- E
- la valeur de r, car, dans un cas, on avait F =--,
- r+R
- et, dans l’autre, on avait en appelant a la résistance R' réduite
- r (a + b) + a b
- et comme ces deux expressions sont égales, on obtient pour valeur de r
- r — b (R' — a) _ a
- ce qui donne, dans le cas cité plus haut, r = 4ohms,02, c’est-à-dire une valeur près d’un tiers moindre. Or, nous allons voir que la valeur primitivement trouvée ne répond plus aux formules des
- courants dérivés. En effet, si les valeurs déterminées par la première méthode étaient exactes, il faudrait qu’appliquées à la formule donnant la valeur de F avec dérivation, on pût trouver l’intensité 0,40275; or, on trouve une valeur notablement moindre, c’est-à-dire o,33865. Au contraire, avec la nouvelle formule, on trouve 0,40780, quantité bien voisine de celle reconnue par l’expérience, et qu’on retrouve également quand on l’applique à la formule donnant la valeur de F avec le circuit simple, qui est alors 0,40756.
- On voit donc que par la manière même dont les quantités se trouvent combinées dans les formules donnant la valeur de r et de E par la méthode de Ohm, on obtient pour r des chiffres plus élevés qu’ils ne devraient être, par suite des effets de polarisation effectués dans la pile. Mais essayons de préciser d’avantage les résultats produits.
- Si nous cherchons ce que devient la formule donnant la valeur de E dans l’hypothèse où E est représenté par (E—e), on trouve
- „ IF (R' —R) , (le'—Ve)
- 1 —I' + I —F
- formule dans laquelle e, diminuant avec la résistance du circuit, suppose à e' une valeur plus petite que e, si R' est plus grand que R. Toutefois, il est à remarquer que si la quantité e variait exactement proportionnellement à I, la valeur de E déterminée par la formule ordinaire, resterait invariable, car la quantité ^ ^ resterait toujours
- égale à zéro, et c’est sans doute pourquoi les déterminations des forces électromotrices par les formules de Ohm sont beaucoup, plus concordantes que celles des valeurs des résistances des piles; mais l’expérience démontre que les résistances e, c' doivent varier dans un autre rapport, car on' obtient avec les formules ordinaires des valeurs qui paraissent être inférieures à celles que l’on déduit directement de l’expérience, ce qui ferait supposer par conséquent que ce rapport serait moins rapide que celui des intensités I et F.
- Il est difficile, du reste, de bien préciser, dans ce cas, la part qui revient aux formules dans les variations constatées, sans être fixé par l’expérience, sur le rapport dont il vient d’être question, et l’expérience est très difficile à faire ; ce que l’on peut dire, c’est que par la manière même dont les quantités sont groupées dans la formule d’Ohm, donnant la valeur de la force électromotrice sans type de comparaison, on obtient que des nombres abstraits, qui ne peuvent rien dire à l’esprit, qui n’ont de valeur que par leurs rapports respectifs pour les différentes piles, et qui varient suivant les conditions des appareils mesureurs. Il n’en est pas de même des valeurs de r qui sont exprimées en unités de même ordre que R et R'; mais nous verrons que
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- en raison du même raisonnement, la valeur de r semblera subir, par suite des mêmes effets, une augmentation factice qui est très manifeste dans les calculs, bien qu’en réalité ce soit l’inverse qui se produise.
- L’expérience confirme du reste ce que nous venons de dire. Ainsi, alors que la comparaison directe d’un élément Daniell avec un élément à bichromate de potasse donne, comme rapport des forces électro-motrices, i ,8g, ce rapport, en comparant les deux valeurs de E fournies par la méthode de Ohm, est en moyenne 1,714.
- Nous allons maintenant examiner comment la valeur de r augmente à mesure que le circuit s’allonge et pourquoi cette valeur, déduite des formules d’Ohm, conduit à des chiffres inférieurs pour les piles qui se polarisent beaucoup, et supérieurs pour des piles qui se polarisent peu.
- Si l’on part de la formule —+ ^ pour la détermination de r, on arrive à cette proportion.
- r _ 1' (E — e) — H' R r' I (E — e') — II' R'
- qui montre que si R' est plus grand que R, E — ef sera plus grand que E — e, et par conséquent r' sera plus grand que r. En effet, si la pile avait été constante et que E et r fussent restés invariables, comme l’avait admis Ohm, la proportion précédente aurait été
- r r E — IF R,
- T 1 e — ir rV
- et dans ce cas IE — II'R' = I'E — IFR, le premier membre se rapportant à r', le second se rapportant à r qui est égal à r'. Or, si l’on part de cette formule pour calculer r et qu’on lui applique les valeurs observées de F et de I, il est aisé de comprendre que la variation de la force électromotrice E entraînera forcément l’inégalité des deux membres de l’équation précédente, et que si E — e' est plus grand que E — e, la valeur de r' représentée par le premier membre sera plus grande que la valeur de r représentée par le second. De plus, si l’on considère la première proportion que nous avons posée, on reconnaît, par le signe — qui suit les valeurs (E — e'), (E — e), que la résistance r' déduite des formules croît dans un rapport plus grand avec l’augmentation de résistance du circuit que la force électro-motrice elle-même.
- Quant à la diminution relative de la valeur de r quand la pile se polarise beaucoup, elle s’explique facilement par cette considération que la valeur de E, qui sert à la déterminer, étant plus faible qu’elle ne devrait l’être pour correspondre à I par suite des effets de la polarisation, la valeur de r
- que l’on déduit de la formule r =y—R, se trouve elle-même subir les effets de cet affaiblissement.
- Il résulte donc de l’application de la formule incomplète d’Ohm dans la détermination des valeurs E et r que, d’une part les forces électro-motrices et les résistances des piles sujettes à se polariser sont au-dessous de la valeur qu’elles devraient avoir relativement, et d’autre part qu’elles augmentent avec la résistance du circuit extérieur. Pour les forces électro-motrices cette augmentation peut aller, dans une même expérience, du chiffre 12567 à 12683 avec des circuits R et R' variant de i3oohms,83 et i6oohms,8i à 2i70hms,37 et 2580l,ms,54; mais pour les résistances, la variation est encore bien plus grande, car elle a pu passer de 50l,m%55 à i30hms,4g.
- Du reste, la valeur exacte de r est toujours moins élevée que celle qui se trouve ainsi calculée, car son expression véritable, est
- I' R' — I R e — e'
- r~ i-r 1 —r
- et en ne prenant que la première partie de la formule avec les intensités I et F constatées, on
- l’augmente gratuitement de la quantité j—y <Iui
- est d’autant plus grande que la différence entre les résistances r et r' est plus grande.
- En définitive, la méthode de détermination des résistances par les formules de Ohm est défectueuse surtout pour les piles susceptibles de se polariser énergiquement. Il est vrai que les méthodes directes telles que celle de Poggendorff le sont encore pluç, car en éliminant les forces électro-motrices par l’opposition de deux éléments semblables, on est obligé de faire traverser le système par le courant d’une troisième pile, et les éléments polaires des deux éléments expérimentés constituent les électrodes d’un électrolyte et se polarisent plus ou moins énergiquement. D’un autre côté, il est impossible de trouver deux éléments dont les forces électro-motrices soient exactement les mêmes ; il existe toujours une force électro-motrice différentielle e qui empêche l’équilibrement complet. Il est vrai qu’en expérimentant successivement avec les deux sens du courant et en faisant usage d’une formule que j’ai posée pour éliminer la force électro-motrice différentielle, on peutjusqu’àun certain point dégager les effets produits de ceux résultant de l’inégalité des forces électro-motrices des deux éléments, mais on n’obtient jamais de résultats parfaitement concordants à cause des effets produits par la polarisation, ce qui prouve que la mesure de la résistance des piles est extrêmement difficile et incertaine.
- Pour rendre minima les effets de polarisation, j’ai employé avec la méthode de Poggendorff des circuits résistants de i3iohms,i8 et voici les résultats que' j’ai obtenus avec des éléments Daniell fraîchement montés.
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- Résistance pour équilibrer le circuit des deux piles, plus les i3iohm“,i8 (moyenne de 3 ob-
- servations)................................... i5iohms,38
- Même résistance avec inversion des communications. . ...................................... M3 ,q3
- Résistance de lîélément dans le premier cas. . . 8°lims,40 Résistance de l’élément dans le deuxième cas. . 8 ,09
- En variant, avec cette méthode, les résistances du circuit extérieur, j’ai trouvé encore un accroissement de la résistance des éléments de la pile à mesure que j’augmentais celle du circuit extérieur, et c’est pour cette raison qu’après avoir pensé pendant un certain temps que ces accroissements étaient dus uniquement aux calculs, par suite de l’oubli d’un terme variable dans les formules, je me suis trouvé conduit à admettre qù’il pouvait bien y avoir aussi une variation réelle de la résistance dans les piles, par suite des changements de résistance du circuit extérieur. Comme ces expériences-sont très délicates et qu’il serait très utile de les répéter avec différentes piles pour qu’on puisse être fixé définitivement à ce sujet, je crois utile d’indiquer la méthode quej’ai employée pour éléminer les effets des forces électro-motrices différentielles.
- J’emploie à cet effet le galvanomètre différentiel pour mesurer la résistance du circuit avec les deux sens du courant, et je fais naturellement varier la résistance additionnelle R jusqu’à ce que l’aiguille du galvanomètre arrive à zéro dans les deux cas. Si R' représente la résistance R ainsi modifiée dans le second cas, on aura les deux équations suivantes, en désignant par t la résistance des deux piles opposées :
- E t
- (E — e) R
- r(( + R) + (R f((+R)+/R ____E(_____(E + e) R'
- r(/ + R') + /R' r((+R')+/R
- ou E t = (E — e) R 7 ou E t = (E + e) R'
- Or, de ces deux équations on tire
- 2 R R'
- R + R' ’
- et la moitié de cette valeur représente la résistance d’un élément.
- Dans les expériences que j’ai entreprises pour mesurer les valeurs des constantes des principales piles, expériences qui ont duré plusieurs mois, je prenais mes mesures après que les effets les plus énergiques de la polarisation étaient effectués, c’est-à-dire au bout de 10 minutes de fermeture de circuit, et je prenais toujours trois mesures à chaque expérience. D’un autre côté, je plaçais mon circuit extérieur dans les conditions d’application, c’est-à-dire avec une résistance correspondant à celle qui est attribuée à chaque élément dans le service télégraphique; c’est pourquoi j’employais des résistances 118 à 147 ohms. Avec de pareilles résistances, les effets de polarisation étaient beaucoup moins énergiques, et les expériences plus faciles à faire.
- Mais précisément en raison de ces grandes résistances du circuit intérieur, les chiffres des résistances des piles que j’ai donnés et qui sont d’ailleurs à peu près les mêmes que ceux qui sont admis dans les services télégraphiques, se trouvent être beaucoup plus considérables que ceux donnés par les professeurs de physique, qui ont expérimenté sur des circuits courts; de sorte que j’ai dû donner dans mes ouvrages deux séries de chiffres pour représenter les valeurs des résistances des principales piles employées, afin qu’on puisse, suivant les conditions de l’application, employer telles ou telles de ces valeurs. Il est certain que sur les circuits courts, ce sont les chiffres donnés parM. Becquerel qui réprésentent le mieux les effets produits, mais sur les circuits résistants, dépassant 10 kilomètres par élément, ce sont ceux que j’ai déterminés qui sont les plus exacts.
- Les chiffres des Anglais sont intermédiaires, mais on peut dire que jusqu’à présent aucune de ^ces valeurs n’est réellement exacte. Ce ne sont que des approximations.
- Les chiffres se rapportant aux forces électro-motrices sont beaucoup plus concordants et beaucoup plus exacts, surtout dans leurs rapports respectifs pour les différentes piles.
- Malheureusement, les Électriciens sont loin d’être d’accord sur les chiffres des constantes qui doivent être pris pour base. Les uns, qui sont Anglomanes avant tout, ne voient que les chiffres donnés dans les ouvrages anglais; les universitaires ne veulent admettre que ce qui vient des Normaliens; les télégraphistes ne veulent entendre parler que des données qui viennent des Polytechniciens de l’Administration des télégraphes; les constructeurs se prêtent aux caprices de leurs clients, et, jusqu’à présent, il est peu de personnes qui se rendent un compte exact de la question et du choix qu’ils doivent faire suivant les conditions de l’application. Espérons qu’à mesure que la science électrique se répandra, les idées deviendront plus saines à cet égard, et sortiront du cercle étroit des préjugés de coterie.
- Th. du Moncel.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- ENREGISTREUR ÉLECTRIQUE
- DES NIVEAUX D’EAU
- UE M. ÏIIPP
- Dans son dernier article sur les indicateurs électriques des niveaux d’eau, publié dans le numéro du 19 novembre, M. Du Moncel 11’avait fait que si-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLEC TRI CI-TÉ
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- gnaler le système de M. Hipp sur lequel les renseignements lui manquaient, et il exprimait le désir que M. Hipp voulût bien mettre le journal à même {le compléter cette étude par l’envoi des renseignements nécessaires. M. Hipp s’est empressé de satisfaire à ce désir, et c’est d’après les renseignements fournis par lui que nous donnons aujourd’hui la description complète avec figures de ses appareils.
- Dans le système de M. Hipp, la construction des appareils est telle que la pile actionnant les électro-aimants du récepteur, n’est en activité que pendant le temps strictement nécessaire à la transmission des indications. Si donc le niveau de l’eau reste le même pendant longtemps, le circuit reste ouvert et il n’y a point de dépense inutile du courant. Deux fils relient le transmetteur au récepteur, l'un pour les indications correspondant à une baisse, l’autre pour celles correspondant à une hausse du niveau de l’eau; le retour du courant s’effectue ordinairement par la terre ou par la conduite d’eau du réservoir si elle est métallique.
- Transmetteur. — Les figures i et 2 donnent .l’une une vue latérale, l’autre une vue de face du transmetteur.
- Suivant que le niveau de l’eau monte ou descend, le flotteur A avec le concours du contrepoids B fait tourner le tambour b et son axe c, dans un sens ou dans l’autre. Un disque calé sur-l’axe c porte 4 goupilles f qui peuvent faire contact avec l’extrémité du ressort n. En avant du montant antérieur de l’appareil, se trouve un levier i dont l’extrémité inférieure en arc de cercle est dentée et engrène avec un pignon k. Ce levier i dont l’axe est en v porte vers son milieu une dent g de forme triangulaire qui est rencontrée par un double bras è, calé sur l’axe c quand ce dernier tourne dans un sens ou dans l’autre. Deux forts ressorts x et x’ agissant par l’intermédiaire de 2 leviers à axes concentriques et d’une goupille, tendent à maintenir et, éventuellement, à ramener dans la position verticale, le levier i. Çe dernier porte, enfin une goupille l pouvant faire contact avec le ressort m ou le ressort m' suivant que i est incliné à gauche ou à droite. La position relative des goupilles f et du double bras e sur l’axe c est telle que l’une quelconque de ces goupilles f ne puisse pas encore toucher le ressort n lorsque la goupille l participant au mouvement d’ascension lente du levier i, frotte contre l’un ou l’autre des ressorts m et m'. Par contre au moment de la chute du levier i, chute qui se produit lorsque la dent g est abandonnée par la pointe du bras e, une des goupilles f est en contact avec n et cela au moment où la goupille / frotte contre l’un des ressorts m et m'. Or, l’interrupteur fn est intercalé dans le même circuit que l’un ou l’autre des interrupteurs
- Im ou lm'; ce n’est donc que lorsque fn et Im (respectivement lm') sont fermés en même temps, que le courant circule. Comme cette fermeture simultanée ne peut se produire que pendant la chute du levier i, c’est-à-dire pendant un temps dont la durée est complètement indépendante de la plus ou moins grande rapidité de variation du niveau de l’eau, le problème qu’on se proposait est résolu. Le volant p monté sur l’axe du pignon engrenant avec la partie dentée du levier i règle la rapidité de la chute et par suite la durée du contact. Le ressort m est relié à l’un des fils allant au récepteur et
- FIG. I
- n’est en activité que pour les variations de l’eau dans un sens, le ressort m' est relié à l’autre fil et transmet les indications correspondant aux variations dans l’autre sens. L’interrupteur commun n est relié à l’un des pôles de la. pile dont l’autre pôle va au fil de retour.
- Dans le dessin qui accompagne cette explication, le diamètre du tambour b, le nombre des goupilles f et des pointes du bras multiple e sont tels que un contact se produit pour chaque variation de 10 centimètres. On pourrait naturellement changer ces organes de façon à indiquer des variations de n’importe quelle hauteur.
- Dans des appareils plus récemment construits, M. Hipp remplace le tambour b par une roue dentée engrenant avec une chaîne de Gall dont les
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- extrémités portent directement, l’une le flotteur, l’autre son contre-poids.
- Récepteur. — Il peut être simplement indicateur ou à la fois indicateur et enregistreur. La figure 3 donne une vue antérieure d’un appareil de ce dernier type.
- Les deux fils venant du transmetteur sont reliés
- aux deux électro-aimants horizontaux p et o qui ont un fil commun relié au fil de retour. Leurs armatures réagissent par le moyen de cliquets d’impulsion sur une roue dentée, sur l’axe de laquelle est calée l’aiguille indicatrice r. Suivant que le réservoir se vide ou se remplit, l’aiguille tourne dans un sens ou dans l’autre, indiquant sur un cadran gradué
- ® fo °!\
- 2 ET 3. — TRANSMETTEUR ET RECEPTEUR
- l'indicateur de niveaux de m. hipp
- en décimètres ou en centimètres, la hauteur de l’eau.
- L’axe de cette même roue porte une roue à gorge dans laquelle passe un cordon z dont les extrémités après s’être enroulées autour des poulies-guide s et s', viennent s’attacher au chariot u. Ce dernier porte une pointe v pouvant marquer des points sur le papier enregistreur. La succession de ces points forme une courbe dont les ordonnées (transversales au mouvement du papier) donnent les hauteurs de
- l’eau et dont les abcisses (parallèles au mouvement du papier) sont les temps. Le papier enregistreur est une bande sans fin dont le moteur est le poids G et dont la vitesse de déroulement (ordinairement 3 millimètres par heure) est réglée par les roues coniques a et l’axe vertical u, en relation avec le mouvement d’horlogerie d’une pendule électrique Hipp placée au-dessus de l’enregistreur et non représentée dans la figure 3.
- L’électro-aimant M reçoit de la pendule électrique
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- JOURNAL UNIVERSEL IVÉLECTRICITÉ
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- tous les quarts d’heure, demi-heures ou heures, des courants dont l’effet est de faire mouvoir le mécanisme chargé de frapper sur la pointe v. Dans les nouveaux appareils, la pointe v a été remplacée par une pointe à siphon traçant à l’encre rouge une courbe continue. L’électro-aimant M a été supprimé et remplacé par une roue à étoile entraînée par le mouvement d’horlogerie et marquant sur le bord du papier des points et des traits donnant les temps et servant en même temps de base pour la mesure des ordonnées de la courbe de niveau.
- L’enregistreur de niveaux d’eau de Hipp est appliqué dans plusieurs systèmes de distribution d’eaux, notamment à Zurich, Genève, Lausanne, Berlin,Ulm, Ratisbonne, Essen, etc. Il est comme on le voit très apprécié, et nous sommes heureux d’avoir été mis à même de le faire connaître à nos lecteurs.
- De Magneville.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- ÉTUDE SUR LE SYSTÈME
- ' DE
- TRANSMISSION MULTIPLE
- ET LE
- TÉLÉGRAPHE IMPRIMEUR
- DE M. BAUDOT
- 5° article. (Voir les n°s des 21 sept, et 8 act. 1881 21 et 28 janvier 1882.)
- III. DESCRIPTION PARTICULIÈRE DES DIVERS ORGANES
- (type 1880)
- Organes de réception et de traduction (suite)
- La figure 21 représente en perspective l’ensemble d’un récepteur proprement dit, tel qu’il figurait à l’Exposition d’électricité. Chaque récepteur est double, c’est à-dire qu’il dessert deux postes non consécutifs tels que A et D, B et E, C et F, à l’aide d’un seul moteur, d’un combinateur unique ; mais les organes imprimeurs sont nécessairement doubles et placés symétriquement sur deux faces opposées.
- La figure 19 montre la disposition des divers organes du récepteur double (B, E).
- Ce groupement a pour avantage de diminuer le nombre des organes et par suite l’encombrement et le prix de revient, mais il a pour conséquence la solidarité des deux postes ainsi conjugués. Cet inconvénient a été trouve assez grave pour qu’au-jourd’hui on se soit décidé à séparer complètement
- les organes des divers postes, comme dans le modèle présenté à l’Exposition de 1878. L’accroissement de dépense qui en résulte est compensé par la simplification des organes eux-mêmes. Nous décrirons ultérieurement les dispositifs mis dans ces derniers temps en service; mais aujourd’hui
- Organes di'impreaaion
- du pcjste E
- Axe du ccjtnbinateur
- IContactdufîleii
- nous étudierons avec détails le modèle de l’Exposition.
- Nous savons que, quelques instants après la réception d’une combinaison par les relais du poste B, les armatures ou godilles occupant les positions” qui leur ont été assignées respectivement par le
- Secteur C
- relais B
- Frotteurs
- Godilles des relais
- Butoirs
- Electro-aimants récepteurs ,fjmv
- Terre
- .Terre
- sens des émissions successives, les frotteurs 6 et 7 relient pendant un intervalle de temps suffisamment long la bande métallique de la 7e rangée (reliée à la pile locale, fig. 20) avec le contact delà 6e rangée intitulé relais B et placé sur le distributeur au milieu du secteur C. Ce contact communique avec les 5 armatures; les butoirs de travail sur lesquels elles viennent reposer après le passage d’émissions positives (touches abaissées du manipulateur) sont
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- reliées respectivement aux circuits de 5 électroaimants faisant partie du récepteur B ; les autres extrémités de ces circuits sont à la terre (fig. 20).
- Il en résulte que pendant le passage du frotteur 6 sur le contact relais B, le courant de la pile locale se rend à la terre par les armatures déplacées et en traversant les bobines des électro-aimants correspondants.
- Après le passage du frotteur, la combinaison est conservée par les positions des armatures des électro-aimants récepteurs et se trouve convenablement recueillie pour être transformée en caractère ordinaire par les organes de traduction et d’impression.
- Les organes de traduction et d’impression de l’ensemble de deux postes, tels que B et E, sont
- mis en mouvement par un moteur spécial, d’un type d’ailleurs quelconque. Aux moteurs à poids des premiers appareils ont succédé des turbines hydrauliques; aujourd’hui la tendance est à l’emploi (comme pour les distributeurs) de moteurs électriques de M. Marcel Deprez alimentés par le courant de piles et probablement dans l’avenir par des accumulateurs et des machines dynamo-électriques.
- Quel que soit le système du moteur, son mouvement est transmis par l’intermédiaire dune courroie ou d’une corde à boyau à une poulie P (fig. 4) dont l’axe horizontal z z est porté par la table sur laquelle repose le récepteur.
- A l’intérieur du récepteur un bout d’arbre a a porte un fort volant Y muni d’un rebord à rainures, pressant fortement sur le contour de la poulie P.
- FIG. 21. — RÉCEPTEUR DE L’APPAREIL BAUDOT
- Par frottement, la rotation de P est communiquée au volant V et à l’arbre a a sur lequel ce dernier est claveté.
- Un pignon p terminé par une roue d’angle sert à transmettre le mouvement à un arbre vertical auxiliaire R, tournant autour de l’axe y y, et commandant par un pignon d’angle et une roue dentée les organes d’impression et de traduction.
- Suivant l’axe XX de l’arbre aa est monté un modérateur à force centrifuge, dit modérateur de vitesse; au-dessus est disposé un frein électro-magnétique, dit frein régulateur. Ces deux organes, intéressant directement le jeu du récepteur, demandent à être étudiés de suite et isolément : leurs rôles sont distincts et leurs fonctionnements indépendants.
- Modérateur de vitesse. — Les figures 23 et 23 bis donnent la coupe verticale passant par l’axe et la vue latérale; la figure 22 représente en perspective la face latérale portant extérieurement une partie du mécanisme.
- Cet organe est un modérateur à force centrifuge absorbant une fraction notable de la puissance du moteur; il est disposé de telle façon que son couple résistant varie très rapidement dans le même sens que la vitesse de rotation pour de faibles écarts de celle-ci. Il en résulte qu’une fois le régime établi, les variations dans l’allure ne. dépassent pas des limites fort restreintes.
- V est un volant relié, comme nous l’avons vu, aux autres rouages du récepteur destinés aux organes de traduction et d’impression, et animé d’une vitesse huit fois plus grande que celle du combi-nateur, c’est-à-dire qu’il fait de seize à vingt tours par seconde. Il est claveté sur un arbre aa, introduit à glissement dans un manchon concentrique m. Une clavette longitudinale rend solidaires, au point de vue de la rotation, l’arbre aa et le manchon m, mais celui-ci peut se déplacer suivant l’axe, poussé vers l’extérieur par un ressort à lame rr. Le manchon m se termine extérieurement par un bout d’arbre monté en pointe sur l’extrémité d’une vis v;
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- il porte deux bras b b', terminés par des douilles dans lesquelles sont vissés deux boutons uu', supportant deux masses excentriques M M'. Des ressorts à boudin fa', (3 y, fixés d’une part aux bras et de l’autre aux masses, tendent à ramener celles-ci vers le centre, et agissent en sens inverse de la force Centrifuge développée par la rotation. Les masses portent deux petits frotteurs en liège n n', glissant sur la surface légèrement concave d’un disque métallique dd.
- • La pression qui s’exerce entre les frotteurs et la
- surface du disque est susceptible de varier par le réglage communiqué à la vis v (munie du contre-écrou ce), dont la disposition détermine la distance des bras b b' au disque d d. D’autre part, cette pression croît rapidement avec l’écartement des masses par rapport à l’axe de rotation, car l’emmanchement à vis des boutons u u' dans les douilles tend alors à éloigner les masses des bras en même temps que de l’axe, et, par suite, à les rapprocher du disque dd. La forme concave donnée à la surface a aussi pour effet de faire croître la
- FIG. 22. — MODÉRATEUR DE VITESSE DE L’APPAREIL BAUDOT
- pression avec la distance des frotteurs de l’axe.
- La vitesse de régime est ainsi réglée au moyen de la vis v; les écarts autour de sa valeur moyenne sont très limités en raison des dispositions prises pour faire croître le couple résistant très rapidement lorsque les frotteurs s’éloignent du centre sous l’action d’une augmentation de vitesse.
- Le modérateur de vitesse est indispensable, mais il ne suffit pas à faire remplir au moteur toutes les conditions exigées.
- La marche des récepteurs doit se régler continuellement sur celle du distributeur, afin que les organes de traduction ne commencent leur office qu’en temps opportun, c’est-à-dire seulement quelques instants après l’orientation complète des ar-
- matures des électro-aimants récepteurs sous l’influence du courant de la pile locale distribué suivant les indications des godilles des relais récepteurs.
- Cette dépendance entre le mouvement du volant V et celui du bras du distributeur est obtenue d’une façon très simple par le frein régulateur.
- Frein régulateur. — Chaque récepteur double possède un électro-aimant E, disposé près du volant V (fig. 23), et dont l’armature / entraîne une sorte de marteau à tête de liège F. Par le jeu de cette armature, la tête du marteau vient exercer une pression sur la périphérie du volant; le frottement qui en résulte provoque immédiatement une augmentation de résistance et une diminution notable dans la vitesse de rotation.
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- Une fois par tour, le sixième frotteur du distributeur (fig. 24) parcourt un contact intitulé : contact des freins, et le met alors en communication avec la pile locale, amenée par la rangée continue n° 7 et le frotteur n° 7.
- Ce contact est relié simultanément avec les cir-
- FIG. 23
- cuits des électro-aimants freins de tous les récepteurs.
- De plus, chaque récepteur (figures 19, 21, 22, 25) est muni sur l’une de ses faces d’un conjonc-teur (fig. 25) formé de deux lames élastiques l et l' garnies à leurs extrémités libres de contacts ar-
- ment la lame l' dont la course est limitée" parjme goupille butoir u et de la soustraire par là au contact de la lame L
- L’ensemble des deux lames II' est intercalé en o, o', o" soit sur le circuit qui va du contact du distributeur aux électro-aimants soit entre ceux-ci et la terre (fig. 24). Leur rôle est d’établir à cer-
- 7
- 6
- t I
- <r <2 «
- FIG. 24
- tains moments la fermeture du circuit et de permettre ainsi au courant de la pile locale d’influencer l’électro-aimant et de provoquer un ralentissement énergique et subit du volant Y et par suite des rouages du récepteur.
- Le soulèvement du bras B g du balancier a lieu pendant le passage de la portion ab de la came d montée sur l’extrémité de l’un des arbres horizontaux du récepteur, conduisant les organes d’impression et dont le mouvement est solidaire de. celui de l’arbre du combinateur.
- Pile locale
- IM
- FIG. 23 bis
- gentés"en regard l’un de l’autre o. La lame supérieure l est abaissée par le jeu d’un balancier B dont une extrémité g appuie constamment sous l’effet d’un ressort sur le pourtour d’une lame d. L’autre extrémité p porte une vis butoir réglable i qui sert à exercer à certains moments une pression de haut en bas sur la lame l.
- Un bouton b, placé sur l’extrémité de V permet, par la pression du doigt, d’abaisser momentané-
- FIG. 25
- En réglant le modérateur de vitesse et en abais-sant*le bouton b, on permet au volant Y de prendre une vitesse sensiblement supérieure à celle de régime, on laisse ensuite l' revenir à sa position normale. Par le jeu de la came d le circuit est fermé en o pendant une certaine fraction de tour de l’axe du combinateur.
- Au bout d’un petit nombre de révolutions, il arrive nécessairement que le passage du frotteur b sur le contact des freins, qui a lieu régulièrement et à chaque tour du distributeur, coïncidera pendant un temps plus ou moins long avec la fermeture en o.
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- Par suite, le courant de la~pile locale s’établira, l’armature de l’électro-aimant sera attirée, le volant subissant la pression du frein se ralentira notablement et ne sera libre de reprendre son allure qu’à la cessation du passage du courant.
- C’est-à-dire qü’à chaque révolution, le frein ne permettra au volant de céder à l’action de son moteur qu’à la sortie du frotteur b du contact des freins.
- Avec un réglage convenable du modérateur de vitesse, cet arrêt sera aussi peu violent qu’on voudra,' mais il se fera sûrement.
- • A chaque tour, au moment de la sortie du frotteur les cames des divers récepteurs n’auront fermé les contacts o que depuis une très petite fraction de temps. Par une orientation convenable de ces cames sur leurs arbres, on arrive à donner aux rouages’ de chaque récepteur la position qu’ils doivent occuper à chaque tour à l’instant précis du passage du distributeur dans un point de son parcours.
- La dépendance est donc obtenue d’une façon complète à la condition que le moteur tende à communiquer au récepteur une vitesse de rotation légèrement supérieure à celle du distributeur.
- Le synchronisme pendant toute la révolution n’est nullement nécessaire; il suffit qu’il y ait, une fois par tour, réglage de la position des rouages pour que les organes de traduction et d’impression ne commencent pas leur rôle avant le mouvement voulu.
- Un levier à manette q (fig. 23) permet de maintenir abaissée l’armature porte-frein et d’arrêter complètement le mouvement du volant V.
- {A suivre). J. P.
- LA BOUSSOLE MARINE
- DE SIR WILLIAM THOMSON
- Une des conditions les plus importantes que doit remplir une boussole marine est la stabilité. Avec les compas ordinaires à une aiguille, on a pu obtenir cette stabilité en chargeant de poids la rose du compas vers sa circonférence. Pour les cas de gros temps, on a même été amené à plonger complètement le système magnétique dans un liquide et à construire les appareils dits compas à liquide dans lesquels la résistance opposée au mouvement de l’aiguille empêche son affolement.
- A ce point de vue de la stabilité, un perfectionnement important a été introduit dans ces dernières années par M. Emile Duchemin. Dans sa boussole circulaire, il a ajouté à l’aiguille droite ordinaire deux cercles d’acier aimantés suivant un de leurs
- diamètres et dont les pôles coïncident avec ceux de l’aiguille droite. Dans ce système résultant de la combinaison de plusieurs aimants, les aimants circulaires eux-mêmes jouent le rôle des poids ajoutés aux anciens compas pour obtenir la stabilité, et comme leur présence augmente considérablement la puissance magnétique du compas, il est en outre dirigé très fortement. La stabilité de la boussole circulaire est donc réellement très grande et c’est cette qualité qui l’a fait adopter par la marine française et rendre réglementaire sur les navires de l’Etat.
- Mais en dehors de la stabilité il faut encore qu’on puisse corriger avec exactitude les diverses
- erreurs du compas. Cette correction se fait à l’aide d’aimants et de masses de fer doux placés dans le voisinage de l’habitacle. Mais les grandes dimensions des systèmes magnétiques des compas ordinaires s’opposent à ce que les corrections soient faites exactement, parce qu’elles rendent impraticable la correction de la déviation quadrantale pour toutes les latitudes, au moyen de masses de fer doux placées des deux côtés de l’habitacle- et altèrent aussi l’autre partie de la correction, celle qui s’opère au moyen d’aimants placés dans le voisinage du compas.
- C’est pourquoi sir William Thomson a cherché à construire une boussole qui fût à la fois stable et susceptible d’être corrigée exactement. Suivant lui, si l’addition de poids à la rose du compas augmente sa stabilité, ce n’est pas à cause de l’augmentation de friction sur le pivot; au contraire, un pivot émoussé ou trop chargé rend le compas moins stable en mer et, en même temps, moins sensible.
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE .
- La stabilité du compas dépend de la durée de ses oscillations, et c’est en rendant cette durée très grande que les poids augmentent sa stabilité, mais ils ont, d’autre part, l’inconvénient d’augmenter le frottement sur le pivot et de hâter l’usure de l’agate. En tout cas, lorsqu’on les emploie, il faut les reporter autant que possible vers la circonférence de la rose.
- De ces considérations, sir William Thomson a conclu que l’on pouvait obtenir la stabilité, c’est-à-dire la lenteur des .oscillations sans charger la rose de poids, et, par suite, sans causer de frottement nuisible, en augmentant le diamètre de la rose, et en rejetant autant que possible à sa circonférence les pièces pesantes qui entrent dans sa construction. Il a cherché en même temps à réduire les dimensions du système magnétique, de manière à assurer l’exactitude des corrections, et c’est ainsi qu’il est arrivé, après de longs essais, à construire le compas dont nous allons donner la description.
- Le bord extérieur de la rose est supporté par un mince anneau d’aluminium et ses parties centrales, par trente-deux fils de soie ou de cuivre, conver-
- geant de l’anneau vers une chape centrale également en aluminium, et formant comme les rayons d’une roue. La rose elle-même est en papier fort et mince, et toute la partie centrale en est enlevée de telle sorte que la partie graduée seule est laissée. La pointe sur laquelle repose l’agate de la chape est en iridium.
- Huit petites aiguilles en fil d’acier fin, de longueurs variant entre 8 centimètres et 5 centimètres, et à peu près de la grosseur d’une aiguille à tricoter, sont fixées comme les barreaux d’une échelle de corde, sur deux fils de soie parallèles, et tout ce système est suspendu au-dessous de l’anneau d’aluminium par quatre fils de cuivre passant dans des œilletons que portent les extrémités des aiguilles extrêmes. Cette rose est représentée, vue en dessus, dans la figure i.
- Le poids total de la chape centrale, pierre comprise, s’élève à o gr. 325. Il n'a pas besoin d’être plus grand pour une rose de 6o centimètres que pour une rose de 25 centimètres. Pour le compas de 2.5 centimètres, le poids total qu’a à supporter la pointe d’iridium est d’environ 12 grammes. La
- limite du diamètre de la rose dépend de la quantité de fer doux que l’on peut placer, sans trop encombrer l’appareil, des deux côtés de l’habitacle pour corriger la déviation quadrantale.
- Lorsqu’on ne veut pas corriger la déviation qua-drantalc, le diamètre du compas peut varier de 3o
- FIG. 3
- à 60 centimètres, suivant les circonstances; une rose de 60 centimètres de ce système sera certainement moins paresseuse pour la même stabilité qu’aucune autre de plus petite dimension, mais une rose de 3o centimètres se comporte bien, même dans des circonstances très défavorables, et cette dimension peut être considérée comme une moyenne pratique.
- Le modèle de 25 centimètres a, pour l’Angleterre une durée d’oscillation d’environ 40 secondes, ce qui est plus du double de la durée d’oscillation de la rose A, du type de l’Amirauté Anglaise ; il devait donc, d’après les idées de Sir William Thomson, avoir une stabilité beaucoup plus grande que celle de ce dernier et c’est en effet ce qu’ont démontré les essais faits en mer. Le retard produit par le frottement sur le pivot est egalement très faible et des changements de moins d’un demi-degré dans la
- FIG. 4
- direction du navire sont indiqués instantanément, même quand on arrête la machine et que la mer est parfaitement calme.
- En dehors de ce nouveau mode de construction de la rose, Sir William Thomson a apporté dans la disposition de l’habitacle et la suspension du compas différentes modifications destinées à^atté-
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- nuer l’effet des vibrations provenant du mouvement de la machine, de celui de l’hélice, ou d’autres causes.
- Dans ce but, on suspend généralement la boîte du compas dans l’habitacle au moyen de bandes de caoutchouc. Mais cette matière a l’inconvénient de s’altérer sous l’influence de la chaleur ou des corps gras; aussi, Sir William Thomson, après avoir essayé de plusieurs ressorts métalliques s’est arrêté à celui qui est représenté dans les figures 2, 3 et 4.
- C’est un anneau, formé d’une torsade de fils de laiton ; il est représenté en A dans les figures que nous venons d’indiquer. Pour le faire, on prend d’abord un seul fil de ce métal que l’on courbe et dont on soude ensemble les extrémités, de manière à former un anneau; autour de cet anneau pris comme noyau, on enroule en spirale allongée un-second fil faisant six tours sur le noyau et on soude également les extrémités. On a ainsi un anneau élastique assez fort pour supporter le compas. Aux doux extrémités d’un de ses diamètres cet anneau porte deux pièces a a (fig. 2 et 3) par lesquelles il il est supporté sur les bords de l’habitacle. Aux. extrémités du diamètre perpendiculaire au premier sont deux autres pièces e1, portant chacune, par l’intermédiaire d’une chaîne e2, un étrier e (fig. 4); sur la partie horizontale de cet étrier s’appuie le couteau c de la bague C, faisant partie de la suspension à la Cardan du compas. L’élasticité de l’anneau en fil de laiton atténue l’effet des vibrations verticales sur les couteaux delà bague et de la boîte du compas. La suspension de la bague C sur les étriers e diminue l’effet des vibrations horizontales.
- Telles sont les modifications apportées par Sir William Thomson à la construction du compas lui-même. Ces modifications, en raison de la diminution du poids de la rose atténuent dans une proportion considérable les erreurs résultant du frottement de la chape sur la pointe du pivot; en donnant, d’autre part, au compas une très longue période d’oscillation, elles lui assurent une grande stabilité. Le mode de suspension de la boîte du compas s’oppose aux .influences perturbatrices dues aux diverses vibrations du navire; enfin les petites dimensions du système magnétique réduisent la réaction qui se produisait entre ce système et les masses correctrices et permettent de faire les corrections avec une plus grande exactitude.
- Nous nous bornons aujourd’hui à cette description de la construction mécanique du compas, et nous décrirons dans un prochain article les appareils imaginés par Sir William Thomson pour faciliter les corrections.
- (A suivre.) A. Guerout.
- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- CHARRUE
- A POSER LES CABLES ÉLECTRIQUES
- Les communications électriques vont tous les jours se multipliant, et ce mouvement voit tous les jours augmenter sa rapidité. L’invention du téléphone et ses applications de plus en plus fréquentes ont entraîné la pose de conducteurs très nombreux et en exigent constamment une plus grande quantité. Dans ces installations, les lignes aériennes compteront probablement pour le plus grand nombre : elles sont économiques, d’une installation simple, et d’une surveillance facile ; mais, d’autre part, elles sont exposées aux intempéries, à la malveillance, sujettes aux dérangements: il est donc certain qu’en mainte circonstance on fera usage de lignes souterraines. Le principal inconvénient de ces dernières est particulièrement dans leur haut prix. Les câbles veulent un isolement soigné ; et leur mise en place est une opération assez laborieuse. Celle-ci offre particulièrement des inconvénients en ce que, outre les dépenses qu’elle entraîne, elle exige du temps. Dans certains cas, par exemple à la guerre, on trouverait grand avantage à se servir des lignes souterraines, mais il est bien rarement possible de les installer, on n’en a pas le temps.
- On a inventé des instruments propres à accélérer et à faciliter la pose des lignes souterraines. Ces appareils se présentent naturellement sous une forme analogue à celle d’une charrue, ie principal travail étant l’ouverture d’une tranchée suffisamment profonde. C’est là l’opération réellement onéreuse, et c’est en raison de son prix qu’on n’applique jusqu’ici les lignes souterraines que dans les cas où l’on peut profiter d’une seule tranchée pour faire passer plusieurs lignes.
- Il y avait à l’Exposition deux charrues ainsi disposées pour la pose des câbles électriques souterrains; l’une était dans la section allemande; elle était légère et ne pouvait atteindre qu’une petite profondeur.
- Il y a lieu de penser qu’elle a été imaginée principalement pour les usages militaires et qu’elle est destinée à opérer rapidement une installation un peu provisoire. Dans ces conditions, l’utilité de l’appareil n’est plus très grande; l’intérêt est de pouvoir opérer à l’aide de l’instrument une pose définitive.
- C’est le but qu’atteint l’autre charrue que l’Exposition nous a montrée. Celle-ci est due à un ingénieur français, M. Jules Bourdin. Nous en donnons la représentation dans les figures ci-jointes. Son mode de fonctionnement se comprend immédiatement. Un disque lenticulaire précède le soc, coupe
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- LA LUMIERE ÉLECTRIQUE
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- les racines, en un mot ouvre la tranchée; le soc est muni à l’arrière d’un tube recourbé et dépose le câble au fond même du sillon que le rouleau compresseur de l’arrière vient fermer; la machine porte un chevalet à treuil destiné au maintien et au remplacement des bobines sans qu’on ait besoin d'un personnel nombreux. L’instrument est simple, robuste et bien étudié; il doit donner de bons résultats. L’inventeur a pris soin de réduire la tranchée au minimum de largeur tout en lui conservant une profondeur qui est, paraît-il, d’à peu près un mètre.
- Les circonstances qui ont conduit M.
- Bourdin à construire l’appareil que nous venons de décrire sont assez curieuses. Il eut, il y a quelques années, à installer un réseau télégraphique entre diverses usines et ateliers qui sont dispersés sur les domaines d’un riche et actif propriétaire russe, le général de Maltzoff. Il paraît que dans ce pays il est très difficile de con server les lignes aériennes ; les paysans respectent à peu près les lignes de l’Etat; y toucher coûterait trop cher, mais les lignes particulières sont constamment détériorées ; les paysans n’hésitent pas à prendre le fil pour rattacher leur charrette brisée ou pouf tout autre motif du même )jenre. On est donc absolument obligé de recourir aux lignes souterraines, et il y a un intérêt puissant à les installer par les moyens les plus rapides et les moins coûteux; c’est pourquoi M. Bourdin a cherché à résoudre ce dernier problème par l’emploi
- de sa charrue, et c’est à l’aide de cet appareil qu’a été faite l’installation dont il était chargé.
- En ce qui concerne la vitesse avec laquelle on peut poser des câbles par ce moyen, des renseignements qui m’ont été fournis par un agriculteur permettent de s’en rendre compte. Une charrue ordinaire, attelée de trois bons chevaux, et marchant toujours en ligne droite, peut faire, d’après son
- estimation,quatre kilomètres à l’heure, au maxiihum. Le sillon creusé est alors de trente centimètres de profondeur. Cette vitesse ne pourrait pas être de beaucoup dépassée, même dans un sol tout àr fait meuble, parce qu’elle représente la vitesse maximum de chevaux/ marchant au pas; or, il n’est pas possibje de labourer au trot. Cependant, en augmentant la force de traction, les dispositions spéciales de la charrue pose-fils d.oivent permettre d’augmenter un peu la vitesse et d’allër " jusqu’à 5 kilomètres à l’heure; c’est en effet cette vitesse à laquelle est arrivé l’inventeur dans les travaux faits par lui en Russie. La difficulté de labourer profondément réside surtout dans la résistance du sous-sol et la profondeur de la couche superficielle détermine la profondeur maximum du sillon. Souvent cette profondeur ne pourra être bien grande ; mais il y aura des cas où la pose des câbles pourra être considérablement activée par l’emploi des charrues de M. Bourdin.
- Frank Geraldy.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- EXPOSITION INTERNATIONALE D’ÉLECTRICITÉ
- LE SALON DU PRÉSIDENT
- Oïl a souvent reproché à la lumière électrique, surtout il y a quelques années, son trop vit éclat,
- et l’on se rappelle les essais de globes faits jadis à l’avenue de l’Opéra pour rendre la lumière des bougies JablochkofF aussi éclairante que possible sans qu'elle fût fatigante pour les yeux; en d’autres termes, on se proposait d’atténuer l’éclat un peu trop éblouissant de l’arc en perdant le moins de lumière possible. On paraît y être arrivé d’une manière assez satisfaisante. Les globes très légèrement dépolis, mais cannelés, à peu près comme
- s’ils étaient formés d'un assemblage ae prismes courbes, diffusent assez bien la lumière et sans trop de perte.
- Ces globes à cannelures prismatiques nous sont revenus en mémoire à propos de l’éclairage de la salle qui, à l’Exposition internationale d’Electricité, était désignée sous le nom de Salon du Président de la République, et dont nous donnons une vue dans la ligure ci-jointe.
- ’ L’éclairage de cette salle était effectué seulement
- à-l’aide de trois appareils. Deux lampes Werder-mann, dont les tiges se trouvaient dissimulées dans des vases élevés, étaient placées sur la cheminée et éclairaient assez vivement les objets placés de ce côté.
- Une lampe de ce système, mais renversée, suivant la modification de M. Napoli, était renfermée dans un lustre placé au milieu de la salle. Ce lustre, ingénieusement combiné par M. Pinaud, était formé d’un assemblage de tiges de verre prisma-
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- tiques enfermant complètement entre elles le foyer lumineux.
- La lumière réfléchie sur les différentes faces des prismes se trouvait émise à peu près également de tous côtés, et si l’on en perdait une quantité assez notable, si les objets environnants étaient relativement moins éclairés que ceux placés dans le rayon des lampes de la cheminée, au moins l’éclairage était-il très égal.
- Cette égalité de l’éclairage estime condition qu’il est utile de remplir dans certains cas. Le lustre que nous venons de citer offre un des moyens d’y parvenir, mais il ne faut pas oublier qu’en cherchant à diffuser la lumière d’un foyer intense on arrivera toujours forcément à des dispositions qui en feront perdre une certaine partie.
- A l’occasion du Salon du Président de la République, que nous représentons dans notre gravure, nous croyons utile de rappeler que le lustre qui était placé au-devant de l’entrée, et qui a intrigué beaucoup de personnes, était un lustre à gaz, mais dont les becs étaient allumés instantanément par l’électricité au moyen du système déjà appliqué par M. Gaiffa à l’éclairage de nos Chambres législatives. Les appareils électriques destinés à produire cet effet étaient placés au bout de la galerie, à droite, et consistaient dans de grands éléments Leclanché, une forte bobine d’induction et des commutateurs qui, par leur manœuvre, déterminaient au-dessus de tous les becs de gaz • des étincelles capables de les allumer. Il y avait encore dans les autres, salles de ce côté de l’Exposition d’autres becs de gaz allumés par les mêmes appareils.
- C.-C. Soulages.
- SUR LA
- RÉSISTANCE ÉLECTRIQUE
- DES GAZ
- (Suite)
- b) La force électromotrice se mesure, comme les autres forces motrices, par l’accélération qu’elle est à même de donner, dans l’unité de temps, à l’unité de masse. En posant cette admission, à laquelle on est autorisé dans toutes les circonstances, la loi de Ohm se déduit sans peine des principes mécaniques ordinaires. Nous allons toutefois montrer préalablement que la force électromotrice est indépendante de l’intensité du courant.
- La force électromotrice agit avec une égale intensité sur chaque point de la surface de contact électromotrice. La valeur totale de cette force croît par conséquent proportionnellement à l’étendue de la
- surface précitée. En outre, il est évident que la force agit non seulement sur les molécules d’éther qui se trouvent à la surface même de contact, mais qu’elle s’étend aussi à celles placées à une distance très petite de cette même surface. Désignons maintenant par E la quantité de mouvement que, sur chaque unité de surface, la force électromotrice est à même de communiquer à la masse d’éther dans l’unité de temps. Représentons-nous, en premier lieu, un courant assez fort pour que l’unité de masse passe, dans l’unité de temps, par chaque unité de la surface de contact. Chaque unité de masse aura donc reçu l’accélération E. Si l’on nomme n l’étendue de la surface de contact, nE constituera par suite en ce cas la valeur totale de la force électromotrice. Supposons, en second lieu, la surface de contact traversée, dans l’unité de temps, par une masse d’éther p fois plus grande que précédemment, et pouvant dès lors être exprimée par pn. L’éther ayant la même densité dans un courant faible que dans un courant intense, la vitesse sera p fois plus grande en ce cas. Chaque particule de la masse d’éther subit donc l’action de la force électromotrice pendant un espace de temps
- qui constitue ^ du temps d'action du premier cas.
- L’accélération acquise ne comporte que — . En
- multipliant avec la masse pn, on aura la totalité de la force électromotrice égale à nE. Ainsi la force électromotrice peut s’exprimer par nE, que le courant soit fort ou qu’il soit faible.
- Si r signifie la totalité de la résistance principale, et que i désigne l’intensité du courant, la résistance totale sera ri. Cela ne signifie en ce cas rien autre chose qne la contre-pression opposée, sur l’unité de section, par la résistance à la propagation du courant. On aura donc nri pour la valeur totale de la contre-pression sur la surface de com tact grande de n unités. En désignant par L la longueur totale du circuit, on obtient de la sorte l’équation de mouvement :
- L^t = nE — nri; (*) d’où :
- i
- E_
- r
- (
- — e
- ?>
- 0) La longueur totale, L, du circuit étant égale ù la somme de toutes ses parties L, l3, h, etc., et celles-ci ayant les sections respectives a,, a„ a3, a,, etc., le volume total du conducteur sera a, /, a, lt -j- a, I, + etc. En multiplipnt cette somme par la masse d’éther 5 dans l’unité de volume, on obtiendra la masse entière de l’éther en mouvement. Si, maintenant, l’augmentation de a vitesse pendant le temps dt est respectivement dhi, dh,, dh,, le total de la masse d’éther recevra, pendant le temps en question, une augmentation de la quantité de mouvement, qui s’exprimera par (a, /, dh, -j- ci, /a d/i, -j- ci, 1, dh, -j- ....) ô. Or, rjCt\ o/ii — ôua oh, —a Sa3 dh, = di; d’où, par conséquent, l’augmentation totale de la quantité de mouvement de l’éther sera Ldi.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
- i37
- Dès que le courant est devenu constant, on a :
- ._E_
- r ’
- Il suit donc de là, que la force éleçtromotrice représentée dans la formule de Ohm, est indépendante de l’étendue de surface de l’électromoteur, ce qui, on le sait, est conforme à l’expérience.
- c) Figurons-nous un conducteur galvanique fermé, dont la longueur est l et la section partout égale à a, se composant de la même manière dans toute sa longueur, et traversé par un courant constant, de l’intensité i. Si 8 est la masse d’éther en mouvement par unité de volume, et h la vitesse de ce mouvement, on aura i — alh. Pour calculer le travail mécanique que le courant opère pendant l’unité de temps, nous considérerons d’abord un élément du courant, compris entre deux plans situés à la distance i l’un de l’autre. La résistance sur l’unité de secdon étant r0 et la grandeur de la section a, la résistance sur la section entière sera donc r0a = ki. Dans l’unité de temps, cet élément est repoussé de la longueur de chemin h, d’où le travail opéré
- sera kih. Or, li= — , expression dans laquelle 8 est une constante comme on l’a vu plus haut. Le travail mécanique de cet élément sera donc —. Si l’on multiplie cette dernière quantité par l, le travail du courant entier sera égal à4r-. Si, en dernier
- lieu, ou multiplie cette expression par A, l’équivalent calorifique de l’unité de travail, et que l’on fasse entrer la constante 8 dans k, la quantité de chaleur produite par le courant pendant l’unité de
- temps, sera égalé a —— , ce qui, on le sait, est conforme à l’expérience.
- Le calcul peut s’opérer avec une égale facilité sur les mêmes bases, dans le cas où la section et la nature du conducteur varient d’un endroit à l’autre.
- d) Pour ce qui concerne la production et la répartition de l’éther libre à la surface d’un conducteur galvanique, ces deux circonstances pourront le mieux s’expliquer de la manière suivante :
- Figurons-nous un tube dans lequel une masse de gaz est mise en mouvement par une force agissant à l’une des extrémités du tube, le gaz pouvant sortir librement par l’autre extrémité. Admettons, en outre, que la résistance du tube au mouvement du gaz soit, comme c’est en réalité le cas, proportionnelle à la longueur du tube. Si l’on nomme x la distance entre un certain plan de section et l’extrémité ouverte du tube, la résistance que le mouvement subit dans ce plan peut être posée proportionnelle à x. Nous négligeons totalement l’influence que peut exercer sur la résistance la différence de densité et de vitesse du gaz. Désignons par D' la
- densité du gaz au plan précité, et par D sa densité à l’extrémité ouverte du tube. Personne n’ignore que, du moment où le mouvement est devenu constant dans le tube, l’excès D' — D est proportionnel à x. La densité du gaz va donc en augmentant depuis l’extrémité ouverte du tube vers celle où la force agit. Supposons maintenant les deux extrémités du tube réunies de manière à complètement renfermer la masse de gaz en mouvement. Le gaz sera évidemment dilaté, dans l’une des parties du tube, de la quantité dont sa densité augmentera dans l’autre, et il aura, au point de transition entre ces deux parties, la même densité que s’il était au repos. Si le tube est partout égal, ce plan de transition (plan d’indifférence) divisera le tube en deux parties égales. A égale distance de ce plan, la condensation de l’un des côtés sera égale à la dilatation de l’autre. Si la résistance est plus grande dans l’une des parties du tube que dans l’autre, le plan d’indifférence se déplacera, vers la partie qui présente la plus grande résistance, de la quantité nécessaire pour que la résistance de toute cette partie (depuis le plan précité jusqu’à l’endroit où agit la force) devienne égale à la résistance de l’autre partie. Si D est la densité du gaz au plan d’indifférence, D'la densité dans un plan situé du côté où le gaz est condensé, D' — D sera égal à am', où a est une constante et m'la résistance depuis le plan d’indifférence jusqu’au plan en question. Si D" représente la densité du gaz dans un plan situé de l’autre côté du plan d’indifférence, D — D" sera de la même manière égal à am", si ni" est la résistance entre ces deux derniers plans.
- Ces thèses si connues ont une application directe à l’éther circulant. Il possède les propriétés des gaz ordinaires, en ce que ses molécules sont d’une mobilité considérable qui lui permet dès lors d’exercer une pression égale dans toutes les directions. Le fait qu’un corps électrisé est doué des mêmes propriétés optiques qu’à l’état normal, indique, comme nous l’avons signalé dans le mémoire cité, que l’élasticité de l’éther libre est proportionnelle à sa densité. Ce qui a donc été dit dans cette question par rapport aux gaz ordinaires, doit aussi s’appliquer à l’éther. La seule différence sera que l’éther, tant comprimé que dilaté, se placera à la surface du conducteur galvanique, vu que les molécules d’éther se repoussent mutuellement'.
- Supposons un circuit galvanique dans lequel une force électromotrice E provoque le mouvement de l’éther vers l’un des côtés. L’éther deviendra donc plus dense du côté de la force électromotrice vers lequel se porte le courant, et il sera raréfié de l’autre côté. Le plan d’indifférence aura une position telle, que la résistance galvanique, depuis ce plan jusqu’au siège de la force électromotrice , présentera une grandeur égale des deux côtés. Désignons maintenant : par i l’intensité du courant; par D la
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- LA LUMIÈRE ÉLECTRIQUE
- densité de l'éther au plan d’indifférence, ou, ce qui revient au même, la densité de l’éther quand il est au repos; par D', D" sa densité à deux plans quelconques du côté delà condensation; par D'0, D"0da densité du côté de la dilatation, et, en dernier lieu, par m', m", m'a, m"0 les résistances principales respectives depuis le plan d’indifférence jusqu’aux plans précités. Comme la résistance est proportionnelle à l’intensité du courant, on aura évidemment :
- D' — D = m'i; D" —D =m"0i; — (D'0 —D) = m'0i; — (.D"0 — D) = m'0i. Or, D' — D,D" — D, D'0 — D et D"o — D, ne sont rien autre que les différences entre les tensions électroscopiques dans les plans respectifs, les deux premières étant positives et les deux dernières négatives.
- On obtient donc que la différence entre les tensions électroscopiques de deux plans est proportionnelle à Vintensité du courant multipliée par la résistance principale entre ces plans.
- Ces déductions de la loi de Ohm, du développement de la chaleur, ainsi que de la répartition de la tension électroscopique à-la surface du conducteur, ne sont applicables qu’au cas où il se trouve des corps solides et liquides dans le circuit, vu qu’il n’est prouvé que pour ces corps que la résistance totale est proportionnelle à l’intensité du courant.
- (A suivre.) Edlund.
- REVUE DES TRAVAUX
- RÉCENTS EN ÉLECTRICITÉ
- Calculs électrolytiques
- Nous recevons de M. Louis Lossier, le résumé suivant d’un travail qu’il vient de faire sur l’élec-trolyse.
- Les idées qui ont actuellement cours sur la dépense d’énergie dans l’électrolyse sont en général assez peu précises et bien que des physiciens très distingués comme Thomson, Raymond, etc., se soient occupés de cette question et, par des calculs rigoureux, aient établi les principes qui sont à la base de ces phénomènes, l’expérience ne les a pas toujours confirmés d’une manière suffisamment exacte. On rencontre des anomalies singulières, telles que celles qui ont été remarquées souvent dans la décomposition de l’eau, par exemple.
- Nous savons en effet que la force électro-motrice correspondant à la chaleur de combinaison de l’hydrogène et de l’oxygène devrait être de: i,5i3 volts, tandis qu’expérimentalement on trouve pour cette force électro-motrice, des nombres très variables suivant l’intensité du courant et les conditions
- de l’expérience. On a cherché à expliquer de diverses manières cette inconstance des résultats, sans qu’aucune des théories avancées jusqu’ici, ait pu être confirmée par des déterminations exactes.
- De même aussi, dans une série d’expériences que M. Gramme a faites sur la dissolution et la précipitation simultanées du cuivre par l’électrolyse, il avait admis (et avec lui M. A. Niaudet et d’autres) que dans cette opération la dépense d’énergie devait être nulle. Les observations lui ayant prouvé qu’il y avait une polarisation et par conséquent une dépense de travail, il l’avait attribuée aux impuretés contenues dans le métal soumis à l’expérience.
- Cette explication, tout comme celles dont je parlais plus haut au sujet de la décomposition de l’eau, n’étant formulée que comme simple supposition, je résolus d’approfondir le sujet et reconnus bientôt que dans tous les phénomènes électrolytiques il y avait bien réellement une dépensé d'énergie due à une autre cause que celles qui ont été étudiées jusqu’à présent.
- Cette dépense cVénergie ou force électro-motrice de réaction est le résultat du travail mécanique nécessité par le transport des molécules du pôle positif au pôle négatif et peut s’exprimer par la formule très simple :
- s = y/fr
- dans laquelle I est l’intensité du courant et r la résistance de l’électrolyte.
- Un courant traversant un électrolyte quelconque fait naître une force électro-motrice de réaction égale à la racine carrée du produit de l'intensité par la résistance de la tranche liquide qui sépare les électrodes.
- L’expérience a entièrement confirmé cette manière de voir et un grand nombre d’essais faits sur la polarisation dans l’électrolyse de l'eau, des sels de cuivre, de zinc, etc., ont donné des résultats qui correspondent d'une manière remarquable avec les chiffres trouvés par le calcul en tenant compte de l’équation ci-dessus.
- Il est probable que les divergences fâcheuses qu’on observe dans les déterminations de résistance des liquides faites par divers auteurs, trouveront ainsi tout naturellement leur explication.
- Il sera bon aussi de tenir compte de ce nouvel élément dans la théorie de la pile, car la force électro-motrice de réaction a une valeur qui est loin d’être négligeable et qui devient même considérable pour des courants de grande intensité.
- La démonstration détaillée du principe que je viens d’énoncer, ainsi que quelques exemples numériques destinés' à en faire mieux saisir la portée pratique, font l'objet d’un mémoire publié sous le titre « Calculs électrolytiques » en novembre 1881 dans les Archives des sciences physiques et naturelles.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- Remarques relatives à la Note de MM. Mignon et Rouart, sur les procédés de cuivrage.
- A l’occasion de la note récente de MM. Mignon et Rouart, M. .Weil a adressé à l’Académie la lettre suivante :
- « Je demande à l’Académie la permission de faire observer que MM. Mignon et Rouart se trompent en disant, dans leur lettre du 9 janvier, que je n’emploie l’acide organique que comme accessoire. C’est le contraire qui est vrai. L’acide organique joue le rôle principal dans mon système de cuivrage, ainsi qu’il résulte de la description des mes procédés aux Annales de Chimie et de Physique, 1864, 40 série, t. IV.
- « Je démontre, dans le chapitre intitulé : « Proportions des différentes matières qui composent les bains, » qu’il faut à peu près 2<ri d’acide organique par équivalent d’oxyde de cuivre, pour faire des bains donnant constamment d’excellents résultats, se conservant indéfiniment et donnant des dépôts de cuivre rouge pur.
- « J’y décris également les inconvénients que présentent les bains renfermant moins d’acide organique, par exemple iéci ou 2éci. d'oxyde de cuivre pour un seul équivalent d’acide organique. Ces bains ne peuvent servir qu’au bronzage et ne cuivrent pas en rouge pur.
- « Ces sels de cuivre, avec excès d’acide organique (2és ou au delà d’acide pour ié(î d’oxyde de cuivre), qui forment la base de mon système de cuivrage de la fonte, sont, il est vrai, tenus en dissolution dans mes bains au moyen d’un excès d’alcali; mais cet excès d’alcali est nécessaire, non seulement pour tenir le cuivre en dissolution alca-lino-organique et pour assurer la stabilité du bain, mais encore pour empêcher l’attaque du fer métallique par les acides et pour garantir ainsi l’adhérence du cuivre déposé sur le fer.
- « J’y démontre aussi qu’un séjour de très courte durée dans mes bains alcalino-organiques est suffisant pour que le cuivrage à faible épaisseur qui en résulte, protège complètement le fer de l’attaque des acides, de sorte qu’on pourrait sans danger continuer le cuivrage à forte épaisseur dans des bains de cuivre, acidulés même par des acides minéraux.
- « Cependant, pour la plupart des applications exigeant l’adhérence maxirna, je préfère cuivrer également à forte épaisseur et à la pile dans mes bains alcalino-organiques, et, depuis 1869, à la machine magnéto ou dynamo-électrique. »
- Détermination, au moyen dit microphone, de la position des nœuds et des ventres dans les colonnes
- d’air vibrantes.
- M. Serra-Carpi vient de présenter à l’Académie des sciences, sur le sujet indiqué par le titre ci-
- dessus, une note que nous reproduisons in extenso; nous ferons remarquer toutefois que les expériences de M. Serra-Carpi ne diffèrent que fort peu de celles de M. Semmola, décrites dans le numéro de la Lumière électrique du i5 octobre 1880, p. 421.
- « Je demande à l’Académie, dit M. Serra-Carpi, la permission de lui présenter le résumé de mes recherches, pour déterminer, au moyen du microphone, la position des nœuds et des ventres dqns les colonnes d’air vibrantes.
- « Sur un petit anneau muni d’une membrane élastique, je fais appuyer une très légère tige de graphite, qui, à son autre extrémité, peut osciller dans un trou percé dans un petit morceau de charbon, soutenu par un demi-cercle en carton. Cette sonde microphonique a été introduite dans plusieurs tuyaux, mais la plupart des expériences ont été faites aVec un tuyau d’orgue, dont le son fondamental était do-i. Lorsqu’on porte successivement cet appareil dans diverses tranches de la colonne d’air vibrante, on peut, avec un téléphone, reconnaître aisément si la sonde passe par un nœud ou par un ventre. La présence d’un nœud est indiquée par un roulement, semblable aux bruits qu’on entend dans la lame d’un'téléphone lorsqu’un courant induit traverse le fil de cet instrument. Au contraire, quand la sonde se trouve dans un ventre, les bruits deviennent très éloignés et très rares. Dans les tranches inteimédiaires, les bruits deviennent de moins en moins rapprochés à mesure qu’on marche d’un nœud vers un ventre. Avec cet appareil, on n’entend presque pas, au téléphone, le son' musical rendu par le tube; si, au lieu du petit tambour microphonique, on enfonce dans l’intérieur du tube un petit microphone ordinaire, on entend bien le son musical, mais on ne peut pas reconnaître si le microphone passe plutôt par un nœud que par un ventre’. En regardant la tige en graphite de la petite sonde microphonique, on voit qu’elle effectue des oscillations assez grandes, mais peu fréquentes, dans le trou du petit charbon supérieur, quand elle se trouve dans un ventre; elle éprouve un frémissement à peine visible, lorsqu’elle passe par un nœud. Ces mouvements si différents de la tige du microphone, dans un tube muni de parois en verre, peuvent être projetés sur un écran; on rend ainsi visible à une nombreuse réunion la distribution des nœuds et des ventres.
- « Cette méthode, comme presque toutes celles qui ont été adoptées dans de pareilles expériences, demande des précautions d’autant plus minutieuses, qu’on explore l’intérieur de tubes rendant des sons plus aigus. »
- Sur un indicateur électrique de route
- Avec le système de signaux lumineux actuellement employés en mer, deux: navires se trouvant à
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- une certaine distance, l’un deux peut changer sa route et ce changement n’être aperçu par l’autre que quand les navires sont déjà très rapprochés. C’est pour parer aux collisions qui pourraient résulter de cet état de choses que M. J. H. A. Mac Donald a imaginé un indicateur électrique de route. D’après la description qu’en donne YEngineering, l’instrument consiste en un foyer électrique muni d’un réflecteur, que l’on peut placer en un point apparent du navire. Cet appareil est sons la surveillance d’un homme, mais est mené jusqu’à un certain point par les mouvements du gouvernail. A l’état normal, c’est à dire quand le gouvernail est dans le prolongement de la quille, le foyer lumineux projette ses rayons dans la direction de l’axe du vaisseau et un bras fixé au réflecteur est maintenu dans une position fixe par deux détentes que commande électriquement le gouvernail. Quand le gouvernail est incliné à bâbord pour un changement de route, ce mouvement ferme un circuit électrique, ce qui déplace une des détentes, et laisse libre d’un côté le bras du réflecteur; le surveillant peut alors d’un tour de bras faire mouvoir le faisceau lumineux vers tribord. Ce mouvement peut être, aperçu de très loin et indiquer le changement de route. Quand le rayon a parcouru un certain angle, un écran s’élève et cache le foyer lumineux, de sorte qu’on peut le ramener à la position normale sans qu’il en résulte des réflexions perturbatrices sur les vagues. Le procédé peut être répété plusieurs fois tant qu’on continue à tourner le gouvernail à bâbord. Quand on tourne le gouvernail vers tribord la manœuvre est la même, mais en sens inverse. Pour éviter toute négligence de la part de l’homme qui a charge de l’appareil, le réflecteur en revenant à sa position normale touche un contact qui met en mouvement une sonnerie. Celle-ci avertit le capitaine ou l’officier de quart que la manœuvre a été faite. Bien que l’appareil, tel qu’il est construit actuellement, soit destiné à être sous la surveillance d’un marin, on conçoit qu’il puisse être manœuvré automatiquement par les mouvements du gouvernail L’appareil, outre qu’il indique à grande distance un changement de route, a en outre l’avantage de permettre aux personnes placées sur le navire même que lui de voir de loin si la mer est libre. M. Mac Donald pense qu’avec un puissant réflecteur la lumière électrique serait visible à plus de quinze milles, et qu’elle pourrait encore être utile en cas de brouillard. Un modèle de ce dispositif figurera à l’exposition du Cristal Palace et l’inventeur n’a pas l’intention de breveter son appareil, dans cette idée que tout ce qui peut contribuer à la conservation de la vie humaine doit rester à la disposition de tous.
- Encore la détermination de l’ohm A'propos de la récente réponse de M. Brillouin,
- M. Lippmann fait remarquer que l’on peut conclure des expériences de M. Brillouin qu’il suffit d’employer une bobine de quelques centaines de tours pour que la méthode qu’il a décrite soit irréprochable en ce qui concerne l’erreur relative due à la capacité superficielle du fil.
- « Je pourrais donc, dit M. Lippmann, considérer la discussion comme terminée, si M. Brillouin ne donnait à ses calculs numériques une extension qui à pour effet de rendre moins claire la conclusion pratique que je viens d’énoncer. Je suis donc obligé de montrer en quoi consiste cette extension. M. Brillouin considère d’abord une bobine de 1 600 tours, et constate que, pour cette bobine, la limite supérieure 8 de l’erreur relative due à la capacité superficielle est négligeable ( 8=0,00009); puis M. Brillouin suppose que l’on rend le cadre k fois plus grand dans tous les sens, mais que l’on continue à en remplir le creux avec le même fil de om,25 de diamètre; et déjà, pour k—2, la limite supérieure de 8 est il est vrai, mais pour k — 2, le nombre de tours du fil est déjà de 128 000; en même temps l’étalon à graduer est parcouru par un courant qui l’échauffe 256 fois plus rapidement que dans le cas de la bobine primitive.. M. Brillouin va ensuite jusqu’à faire k —10. Cette «hypothèse implique les conséquences suivantes : La bobine serait formée de un million six cent mille tours du fil d’une longueur totale de 1984000™. Comme M. Brillouin suppose en même temps que la bobine fait 6 révolutions par seconde, il s’ensuit que la force électromotrice d’induction atteint 140 volts; comme, d’ailleurs, la méthode exigerait que l’on fit passer par l’étalon un courant de pile tel que la différence de potentiels aux extrémités de l’étalon devint égale à 140 volts, on voit aisément les dimensions qu’il faudrait donner à celui-ci pour qu’il résistât à cette épreuve ; on démontrerait sans peine qu’un étalon de dimensions courantes serait volatilisé en un instant. En faisant k= 10, on rend l’aire efficace Æ4 ou 10000 fois, et la vitesse d’échauffement de l’étalon ks ou 100000000 fois plus grande.
- « Il eût fallu proportionner la vitesse de rotation à l’aire efficace de la bobine, de façon à obtenir une force électromotrice qui ne fût pas trop grande. Si l’on veut que celle-ci conserve la même valeur que pour k = i, il faut réduire le nombre de tours par seconde à o 0006. Dans ce cas, on trouve 8 = 0000000001, c’est-à-dire que, même pour cette bobine de dimensions impraticables, la valeur de 8 à force électromotrice constante est absolument négligeable.
- « En résumé, notre but étant uniquement de déterminer la valeur de l’ohm aussi exactement que possible, il nous suffit d’y pouvoir parvenir en employant des bobines de dimensions courantes. Il nous paraît dès lors superflu d’insister sur les dimensions impraticables qu’il faudrait attribuer à ces
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- instruments, afin que la méthode se trouvât en dé-' faut. »
- Le nickelage en Angleterre.
- L'Engineering contient les détails suivants sur l’état du nickelage en Angleterre :
- ... C’est çn grande partie à M. William Elmore de Blackfriars que l’on doit l’introduction du nickelage en Angleterre; il a été le premier, croyons-nous, à employer dans ce pays les procédés américains de nickelage au moyen des machines dynamoélectriques. ,M. Elmore avait d’abord employé pour cet usage la machine Weston à galvanoplastie, mais il emploie aujourd’hui une nouvelle machine qui porte son nom et qui présente quelques avantages sur la précédente. Dans la machine Elmore, par exemple, le commutateur à mercure de la machine Weston, ainsi que le refroidissement par un courant d’eau, sont supprimés. D’après des expériences faites par la Nickel Plating Company, la quantité de métal déposé dans un temps donné ‘ par la machine Elmore est égale à plusieurs fois celle déposée dans les mêmes conditions par la machine Weston.
- ... La machine est construite, en outre, de façon à pouvoir être appliquée à toute espèce de dépôt galvanoplastique, dorure, argenture, bronzage, cuivrage, nickelage, laitonage et étamage. L’étamage électrique est un nouveau procédé dû à M. Elmore, et dans lequel on recouvre d’étain des lames de tôle sans l’emploi d’acides. On n’a plus alors l’inconvénient de l’exsudation qui se produisait dans l’ancien procédé...
- Aux ateliers de YElectrolytic Company, M. Elmore a installé des bacs de galvanoplastie capables de contenir chacun plusieurs milles gallons de liquide; comme la machine C peut déposer par jour 25o kilogrammes de métal, on peut recouvrir aisément des tubes de chaudières, candélabres, hélices de navires, etc., et, en général, toute espèce d’objets de grande dimension.
- CORRESPONDANCE
- Monsieur le directeur,
- Permettez-moi, par la voie de votre respectable journal, d’attirer l’attention de toutes les personnes qui s’intéressent au progrès théorique et pratique de l’électricité sur une question qui est actuellement peu connue, mais qui à mon avis est d’une grande importance. Je veux parler des différences que présente la résistance des contacts de machines électriques, selon qu’elles sont en repos ou en mouvement. Dans les numéros 3 et 4 du journal russe VÉlectricité (année 1880), j’ai publié un article dans lequel je faisais observer que, d’après mes recherches, lacauseprincipale de lavariation de résistance consiste principalement dans la variété de la résistance des contacts. On a attribué cette variation de résistance
- h des courants induits qui se produiraient dans les machines. Dans cet article, j’établis la thèse suivante : la résistance d’un contact, qui frotte sur la circonférence d’une roue en mouvement, s’accroît proportionnellement au nombre de tours de la roue; autrement dit, elle est proportionnelle î\ la vitesse; elle passe par exemple de 0,45 unité Siemens, au repos, à 27 unités et plus. La résistance d’un contact oscillant entre deux goupilles s’accroît et diminue proportionnellement à la distance existant entre les extrémités des goupilles; en gardant le meme nombre d’oscillations des contacts, elle passe par exemple de 0,04 unité Siemens (au repos) h i3o unités et plus.
- Dans le numéro 12 de VÈleclricien de 1881 et dans le numéro 77 de votre respectable journal de la même année, est imprimé un rapport de M. Lacoine sur des recherches relatives à la même question, où l’on voit aussi que la résistance des contacts s’accroît avec la vitesse du mouvement des machines. En 1880, en publiant mon article, je voulus attirer l’attention de messieurs les spécialistes sur l’importance qu’aurait l’étude des contacts et de leur meilleure condition de construction pour la théorie, aussi bien que pour la pratique de l’électricité.
- C’est le même but que je veux atteindre par cette lettre, en prenant en considération que : a en étudiant le travail de différentes machines électriques, il faut nécessairement tenir compte de la résistance des contacts, car dans le cas contraire il serait impossible d’avoir des données exactes; b en combinant et en construisant ces machines, un contact ou l’autre changera sensiblement la quantité d’action utile de la machine; c à la dernière Exposition électrique à Paris la construction des contacts de la plupart des machines était si mauvaise que les machines avaient exigé une dépense de force bien supérieure à celle que l’on supposait suffisante; les contacts et les collecteurs ne durèrent pas longtemps et les machines par conséquent ne pouvaient être considérées comme applicables dans la pratique. Tout cela prouve combien il est urgent de posséder de bons contacts, et il me parait très utile que messieurs les savants théoriciens signalent quel est le meilleur mode de contacts et dans quelles conditions ils produiraient, le moins de résistance 'et le moins de perte de fluide pendant la rotation de la machine; enfin il serait à désirer que messieurs les praticiens vérifiassent ces indications par l’expérience. Je me permets, monsieur le directeur, d’espérer que vous ne refuserez pas d’insérer cette lettre.
- Veuillez agréer, etc. Lodiguine.
- Monsieur le Directeur,
- J’ai lu avec un grand intérêt l’article de la Lumière électrique, du 14 janvier, dans lequel on parle'de l’accroissement de la résistance des bobines induites des machines dynamoélectriques lorsqu’elles sont en mouvement, car j’avais soutenu, il y a quelques années, que la résistance d’une hélice devait être augmentée par suite de l’aimantation du noyau magnétique qu’elle recouvre. J’avais fait en effet en 1879 et 1880, sur une petite échelle, il est vrai, des expériences dans cet ordre d’idées, en employant des hélices dans lesquelles on pouvait introduire des noyaux de fer, d’acier ou d’autres métaux. Rien qu’avec un seul élément Leclanché, on obtenait, au moment de l’action du courant, une augmentation de la résistance de l’hélice, et quand on renversait le sens du courant, ce qui changeait le sens de l’aimantation, cet accroissement de résistance augmentait encore. Quand on enlevait le noyau, cette augmentation de résistance n’était pas immédiatement annulée, mais elle diminuait successivement et finissait par disparaître, ce qui semble démontrer que l’action aimantante a pour effet d’échauffer le fil de l’hélice magnétisante; et, en effet, dans le cas de l’expérience précédente on constatai!: une élévation de température de 4® -f Fahrenheit, et l’accroissement de résistance était environ de ï pour 100 de la résistance normale de l’hélice.
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- Quand le noyau était préventivement aimanté par une hélice particulière fixée à une de ses extrémités, on ne constatait pas d’accroissement de résistance. Ces accroissements de résistance pour des noyaux de fer de longueur différente, mais de même trempe, variaient à peu près comme leurs poids respectifs. L’acier était trop dur pour que le courant faible dont je faisais usage pût agir sur lui, mais la limaille de fer provoquait un effet curieux. A l’instant où la fermeture du courant était effectuée pour la première fois, l’image lumineuse projetée par le miroir du galvanomètre mesureur que j’employais, se déplaçait brusquement pour reprendre instantanément après sa position normale, et je ne pouvais constater aucune trace d’échauffement dans l’hélice ni aucun accroissement dans sa résistance du fait de l’aimantation. Quant aux effets déterminés par les autres métaux, ils étaient assez variables. Le plomb provoquait toujours des accroissements de résistance (très irréguliers), mais le cuivre, le zinc et quelquefois le laiton ne donnaient lieu à aucun effet de ce genre. Il est bien entendu que dans toutes mes expériences on avait tenu compte des effets calorifiques dus au passage du courant de la pile, et on les avait déduits des résultats obtenus. Quand une seconde hélice B était fixée contre l’hélice A, mise en expérience, à l’autre extrémité d’un noyau court, magnétique ou non, la résistance de l’hélice expérimentée A augmentait ainsi que celle du circuit de l’hélice B, mais cet accroissement était très petit et quelquefois incertain.
- J’ai remarqué que la résistance d’une hélice seule semblait varier avec le changement de sens du courant et qu’elle était plus grande quand le magnétisme de l’hélice était sud (je le nomme ainsi quand le bout du noyau auquel correspond l’hélice est sud). Pour éviter l’influence du magnétisme terrestre, j’ai placé verticalement mon hélice, car je crois que si une différence d’action peut se montrer dans les conditions précédentes, on'peut la rapporter à l’inclinaison magnétique dont je n’avais pas tenu compte.
- Veuillez agréer, etc.
- John Formuv.
- Gênes, 28 janvier 1882.
- Monsieur le Directeur,
- Nous lisons dans le nnméro du 23 novembre 1881 de votre estimable journal la description d’un procédé d’extraction du zinc, de ses minerais, que l’on attribue à M. Létrange, et qui consiste dans la solution des calamines dans l’acide sulfurique, dans le grillage à température convenable de la blende, pour sulfatiser le plus possible le zinc, enfin dans le traitement des sulfates que l’on obtient par l’action du courant électrique de piles ou de machines.
- Comme nous avons fait breveter en Italie, au mois de mars 1880, un procédé tout à fait semblable à celui-ci, nous nous sommes informés de la date du brevet Létrange, et nous avons appris qu’il ne remontait qu’au mois de juin 1881.
- Il est par conséquent hors de doute que notre procédé était déjà à l’état d * expérience industrielle avant même que la demande de concession de brevet fût faite en France par M. Létrange.
- Il nous semble donc qu’il nous revient, non seulement la priorité, mais encore la paternité du brevet en question.
- Pour vérifier notre assertion, nous vous envoyons ci-incluse la copie de notre brevet, nous réservant ensuite, s’il en est besoin, de vous faire parvenir la livraison officielle du Bolletino Industriale del Regno qui sauvegarde nos droits éventuels.
- En vous priant de publier la présente réclamation dans votre respectable journal, nous vous prions d’agréer, etc.
- Parodi et Mascazzini.
- FAITS DIVERS
- Nous apprenons de source certaine que les documents publiés dans les journaux anglais le Génie Civil et d’autres journaux français sur les rendements de la pile Faure, soit-disant d’après le rapport de la commission du Congrès, n’émanent nullement de cette commission, par la bonne raison que celle-ci n’a pas encore fini la rédaction de son rapport. C’est pourquoi nous n’en avons pas parlé. Aussitôt que le rapport sera terminé et approuvé, nous nous empresserons de le publier, car comme nous l’avons dit, ce sera un document très important pour fixer les idées sur toutes les applications électriques qui préoccupent eu ce moment l’opinion publique. _____
- Nous sommes heureux d’apprendre que notre dévoué collaborateur M. E. Mercadier a été nommé directeur des études à l’Ecole Polytechnique.
- Nous enregistrons également avec plaisir que M. Gaston Planté vient d’obtenir le prix Lacaze, pour la physique, à la distribution des récompenses décernées par l’Académie des sciences de l’Institut de France qui a eu lieu lundi dernier 6 février.
- Ce prix qui est de 10,000 francs ne pouvait être plus justement accordé, et nous félicitons M. Planté de ce nouveau témoignage rendu à son mérite et à ses travaux persévérants.
- Dans la section de physiologie, le prix Lacaze a été décerné à M. le Dr Brown-Sequard, professeur au collège de France.
- Le prix Montyon pour la physiologie expérimentale a été décerné à M. le Dr A. d’Arsonval.
- Par arrêté ministériel, M. le Dr d’Arsonval a été nommé professeur suppléant au collège de France, dans la chaire de médecine qu’occupe actuellement M.. le professeur Brown-Sequard, chaire précédemment occupée par Claude Bernard, dont le Dr D’Arsonval avait été le préparateur.
- Nous applaudissons de tout cœur à ces distinctions dont vient d’être l’objet notre collaborateur.
- Nous voyons avec plaisir que le gouvernement français s’occupe sérieusement des mesures à prendre pour éviter les accidents de chemins de fer, et dans un récent communiqué transmis par le ministre des travaux publics aux Compagnies de chemins de fer, on les invite à appliquer au plus tôt le block-system absolu et non le permissij sur les différents réseaux français. On indique même comme le meilleur système à appliquer, celui de MM. Lartigue, Tesse et Prudhomme. Espérons que cette invitation deviendra bientôt un ordre, car en définitive la vie des voyageurs doit passer avant les bénéfices des Compagnies. Toutefois, nous ne croyons pas que le block-system, même absolu puisse suffire, car il ne faut pas compter aveuglement sur la surveillance humaine.
- La bibliothèque de notre journal s’est enrichie de la belle collection des brevets américains qu’on a pu voir à la section américaine de l’Exposition internationale d’électricité.
- Cette collection, dont la publication a coûté des sommes considérables au gouvernement des États-Unis, forme seize forts volumes et a été tirée seulement à vingt-cinq exemplaires. Elle comprend (texte et dessins complets) tous les livrets relatifs à l’électricité qui ont été enregistrés au Patent-Office de Washington, depuis sa fondation jusqu’au icr juillet 1881. Notre journal continue à recevoir tous les brevets américains à partir de cette date.
- Le gouvernement allemand a fait également l’acquisition de cette collection, et elle vient aussi de prendre place dans la bibliothèque du Patent-Officè de Londres. Si nos rensei*
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- gnements sont exacts, MM. Clark Muirhead et C°, de Londres, s’en seraient dernièrement rendus acquéreurs.
- Sur les vingt-cinq exemplaires tirés, les quatre que nous venons de signaler sont les seuls existant actuellement en Europe, l _____
- Éclairage électrique
- Depuis plusieurs jours la gare de Strasbourg est presque exclusivement éçlairée au moyen de la lumière électrique (système Edisoù).
- Voici quelques détails sur le moteur et les machines qui fournissent l’électricité nécessaire à cet éclairage :
- La gare actuelle devant être supprimée dans un temps rapproché, les machines ont été installées d’une manière provisoire dans un grand hangar en planches, situé en arrière du petit réservoir d’eau construit en forme de chalet à quelques mètres du passage à niveau de la rue militaire du Bastion.
- C’est par une locomobile de la force de 20 chevaux actionnant deux machines magnéto-électriques système Siemens, et une machine Edison qui produit l’électricité nécessaire à l’éclairage de la gare. Le locomobile qui travaille avec une pression de cinq atmosphères de 4 heures du soir à 7 heures du matin consume par jour environ 1200 kilos de houille.
- Les machines Siemens à excitatrice qui fonctionnent depuis le2ojuillet 1880, font 1180 tours par minute. Elles alimentent les foyers enfermés dans vingt globes ou lampes de verre blanc opale et qui sont de dimensions différentes; les 12 petites lampes installées dans la’ salle d’attente de la gare ont un pouvoir éclairant de i5o bougies; les 6 moyennes sont de 35o bougies et les 2 grandes de 1200 bougies. Ces deux dernières ne fonctionnent qu’à partir de minuit et sont installées, l’une près des hangars des locomotives, l’autre à proximité de l’ancien rempart.
- La machine Edison est électro-excitatrice et alimente actuellement- 80 lampes à incandescence de 16 à 20 bougies, qui éclairent le buffet, les bureaux de l’administration au premier étage de la gare, ainsi que le hangar où sont installées les machines.
- Il est, dit-on, question d’éclairer à la lumière électrique l’exposition des tableaux du Cercle Artistique, afin de pouvoir laisser ouverte cette exposition jusqu’à neuf ou dix heures du soir. C’est là une excellente idée, dont nous félicitons vivement ceux qui en ont pris l’initiative.
- La municipalité de Saint-Étienne (Loire) vient d’être saisie d’un projet tendant à éclairer la ville de Saint-Étienne à la lumière électrique.
- L’auteur de ce projet, M. Leconte-Grandchamp, propose d’utiliser pour cela les forces inactives des sources et chutes du Furens.
- A Liège, en Belgique, la fabrique de tissus de laine Closset et Begnc est depuis quelque temps éclairée à l’aide de la lampe électrique Jaspar.
- La lumière électrique a joué un rôle marquant dans les illuminations qui viennent d’avoir lieu à Lisbonne à l’occasion de la visite du roi et de la reine d’Espagne, venus dans la capitale du Portugal pour y assister à l’inauguration d’une exposition des arts rétrospectifs. Le palais de l’Exposition, la rive septentrionale du Tagc, le beau palais d’Ajuda, où réside le roi de Portugal, et Belcm étaient illuminés à l’aide de foyeis électriques.
- Ripon, ville du comté d’York, peuplée déplus de six mille habitants, va sans doute recevoir des éclairages électriques. Rans un récent meeting de son conseil municipal, rapporte
- VElectrician de Londres, un projet ^ été présenté pour l’an chat d’un moulin hydraulique que l’on utiliserait de manière à produire l’électricité nécessaire à l’éclairage des rues et places de la ville.
- Le duc de Sutherland se dispose à substituer l'électricité au gaz pour l’éclairage de son château de Trentham Hall, dans le comté de Stafford.
- La question de l’éclairage par l’électricité des places pu-f bliques et des principales rues de Saint-Pétersbourg est depuis quelque temps déjà sérieusement étudiée. Le conseil municipal de Saint-Pétersbourg vient d’etre saisi d’une pro-r sition de la compagnie VElectrotechnicien qui offre à la capitale d’établir à ses frais l’éclairage électrique de la Perspective Newsky depuis le pont d’Anitchkow jusqu’à la grande Moskaïa, moyennant une rétribution comparativement insignifiante. La Compagnie propose d’établir au minimum trente foyers électriques, qui seraient allumés et éteints aux heures réglementaires de l’éclairage au gaz. Elle demande pour cela : i° une concession de quatre ans à partir du icr janvier 1882, et l’autorisation d’établir ses fils sur les becs de gaz jusqu’à la fin de la période d’éclairage courante, en s’engageant à les remplacer dès le commencement de la période suivante par des fils souterrains; 20 le droit de poser des fils et d’organiser l’éclairage électrique dans les maisons de la Perspective Newsky, sur le parcours en question; 3° la concession d’un emplacement de 45 à 48 sa-gènes carrées, soit derrière la cathédrale de Kazan, soit place Michel pour y établir le moteur électrique.
- Dans la ville d’Oldham (comté de Lancastre) MM. Platt frères et Ce., grands fabricants de coton, viennent de décider d’essayer la lumière électrique pour l’éclairage de quelques salles dans leurs ateliers de Werneth*. D’autres maisons de la même ville suivront, dit-on, cet exemple.
- A Milford, port de mer dans la Principauté de Galles, la grande promenade qui fait face aux docks a été éclairée lundi dernier par la British Electric Light Company avec une de ses machines Gramme et cinq puissantes lampes électriques Brockie. Cet éclairage, si les essais continuent à être satisfaisants, sera étendu à toute la ville, au. port et à la nouvelle jetée récemment élevée pour le service des vapeurs transatlantiques.
- Le paquebot à vapeur Dacia, delà India Rubber Company, a fait la traversée de Liverpool à Rio-de-Janeiro, ayant à son bord des lampes Swan. Ces lampes, écrit de Rio M. l’ingénieur W. F. King, ont jusqu’ici donné des résultats satisfaisants.
- Une compagnie d’éclairage électrique, la « Laing Electric Light and Power Company » vient de se fonder à Londres. Cette compagnie qui exploite le bi evet Laing, essayé déjà en France, va éclairer Waterloo-Place, Piccadilly Circus et Regent-Street, c’est-à-dire un des plus.beaux quartiers de Londres. Les fils seront placés sous terre et ils seront entièrement isolés. On a déjà construit le hangar des machines dans Waterloo-Place.
- Télégraphie.
- Iakoutsk, ville de la Sibérie, située sur la rive gauche de la Léna, à 8,800 kilomètres de Saint-Pétersbourg va être rattachée au réseau général des télégraphes de Sibérie et de Russie. Pour la faire entrer dans ce réseau on va la relier à Irkoutsk, capitale de la Sibérie orientale, par une ligne d’environ trois mille verstes de longueur, à travers des contrées dont les conditions rendent ce travail .exceptionnellement
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- difficile. La ligne télégraphique de Yakoutsk avait été projetée depuis plusieurs années déjà par l'administration des télégraphes et elle forme un des sujets de préoccupation de l’administration locale. Le produit de 600 pouds de poudre d’or de la région de la Léna, les pelleteries, je poisson et le sel qui y abondent, l’énorme distance qui sépare Yakoutsk d’Irkoutsk, son chef-lieu administratif et centre des comptoirs des chercheurs d’or, justifiaient complètement le désir de la région de posséder des communications télégraphiques. La population locale avait réuni dans ce but par souscription une somme assez grande, et elle s’était en outre engagée à fournir gratuitement 26,000 poteaux télégraphiques, ainsi qu’à construire, également à titre gratuit, certaines stations télégraphiques.
- « Mais l’établissement complet de la nouvelle ligne sera trop coûteux pour que la dépense puisse être faite uniquement avec les ressources dont dispose l’administration des télégraphes et c’est pourquoi la création de la nouvelle ligne a été retardée.
- « Lors de la visite actuelle à Saint-Pétersbourg du gouverneur général de la Sibérie-Orientale, il est intervenu entre ce fonctionnaire et le ministre de l’intérieur de Russie un accord d’après lequel l’établissement de la nouvelle ligne commencera cette année sur une longueur de 272 verstes et demie entre Irkoutsk et Verkholensk, et les travaux de l’exploration du terrain seront poussés jusqu’à Vitine, centre important des chercheurs d’or. Les frais de ces travaux seront couverts au moyen de la somme réunie par souscription. »
- La section télégraphique du quatorzième corps d’armée se livre, depuis plus d’un mois à des expériences de télégraphie optique, sous la direction de M. Braum, lieutenant, chef de poste.
- Voici, d’après un témoin oculaire quelques détails sur ce système de communication télégraphique tel qu’il est appliqué en ce moment aux environs de Lyon. C’est, du reste, le meme système que celui qui a été employé avec succès dans les opérations de l’expédition de Tunisie, et dans le sud oranais.
- Tous les forts de Lyon ont été mis successivement en communication les uns avec les autres, et avec les points culminants de la campagne environnante, à l’aide du télégraphe optique.
- Dernièrement le fort Saint-Irénée conversait avec le fort de Bron. La distance à vol d’oiseau est d’environ dix kilomètres. L’appareil dont la forme et la dimension sont à peu près identiques à celles des boîtes photographiques ordinaires fut placé sur le sommet du bastion le plus élevé du fort.
- Cet appareil se compose d’une lampe à pétrole qui fournit la lumière, d’un miroir concave, posé derrièx*e le foyer de la lampe, et d’une lentille de 24 centimètres de diamètre, qui permet d’envoyer un faisceau cylindrique de rayons lumineux à quarante kilomètres, par un temps clair.
- Le même appareil pourvu d’une lentille de 45 centimètres, est utilisé en Algérie et en Tunisie, à une distance de 90 kilomètres entre le Kreider et Mécheria.
- Comme accessoires on a une lunette dupprochc qui permet de braquer l’appareil sur un point donné, deux pas de vis destinés l’un à hausser ou baisser l’appareil, l’autre à balayer Fjhorizon, et un obturateur placé entre la lentille et la lumière.
- A l’âide de la carte et de la boussole, l’opérateur dirige le faisceau lumineux sur l’endroit où se trouve l’autre station de télégraphie optique.
- Une fois la communication établie, les opérateurs correspondent d’après le système de télégraphie ordinaire Morse, c’est-à-dire que les projections de lumière sont graduées dans leur durée à l’aide de l’obturateur mû par un ressort.
- L’effet est merveilleux. Dans l’ombre et le silence de la nuit, deux télégraphistes, munis chacun d’un appareil aussi simple, se parlent librement à travers des distances relativement considérables.
- Si l’on substitue la lumière électrique à la flamme d’une-lampe à pétrole, la projection lumineuse peut atteindre deux cents kilomètres.
- Téléphonie.
- Des conccrtsjéléphoniques viennent d’avoir lieu à Vienne (Autriche). M. Édouard Strauss, chef d’orchestre des bals de là cour écrit à ce sujet aux journaux viennois : « J’ai fait hier avec mon orchestre Fessai dé transmission d’un concert à l’aide de fils téléphoniques, et cet essai a réussi pleinement. Je me suis servi de quatre microphones du système Ader. Huit téléphones avaient été installés dans un local un peu éloigné de l’endroit où était l’orchestre dans la même maison, la distance étant cependant augmentée artificiellement au moyen de câbles jusqu’à quatre milles allemands. Le résultat obtenu a été surprenant; les instruments de cuivre dominaient bien; mais la flûte et la clarinette conservaient leur caractère et leur sonorité. La harpe seule résonne presque comme un clavier, le petit tambour est aigu. Le chant garde toute son ampleur. Cet essai m’ayant, démontré que le public prend un vif intérêt à ces exhibitions téléphoniques, je suis décidé à lui offrir prochainement de semblables concerts par téléphone. *>
- A Bucharest, capitale de la Roumanie, le gouvernement fait étudier en ce moment la question d’installations téléphoniques. Depuis plusieurs jours, M. Floru, inspecteur général des télégraphes roumains, se trouve à Berlin avec mission de son gouvernement de rédiger un rapport spécial sur le réseau téléphonique déjà existant à Berlin.
- A Berlin, le réseau téléphonique va prendre un nouvel accroissement. On annonce que les faubourgs de Pankow, Rixdorf, Friedrichsberg, Reinickendorf et Schœneberg vont être relies à l’installation générale des téléphones de Berlin, aussitôt que l’administration supérieure impériale des Postes aura reçu un nombre suffisant d’adhésions.
- Dans les principales villes d’Italie, comme nous l’avons déjà dit, le téléphone s’est assez vite implanté. A Gênes, la Société du Téléphone Bell vient, nous écrit-on, d’inaugurer son service de nuit. Dorénavant, toutes les personnes qui correspondent avec la station centrale pourront demander la communication à 11’importe quelle heure du jour et de la nuit.
- Ce nouveau service de nuit constitue non-seulement un très grand avantage pour les abonnés de Gênes, mais pourra encore leur être de la plus grande utilité en cas de danger, soit d’incendie, soit d’attaques, en. leur permettant de communiquer instantanément avec la station centrale des pompiers et avec la questure royale.
- Nous avons annoncé qu’à Saint-Pétersbourg le grand théâtre, le théâtre Marie et l’exposition d’électricité étaient reliés par des tel'phones. Les deux théâtres, nous écrit-on de Saint-Pétersbourg, ont chacun dix microphones, et soixante téléphones ont été placés à l’exposition d’électricité. Chaque soir six à sept cents personnes pourront prendre part aux auditions téléphoniques. L’audition aura une durée de cinq minutes.
- Pendant le grand carême, les microphones seront transportés sur la scène du Théâtre-Michel.
- Le Gérant : A. Glénard.
- Paris. — Imprimerie P. Mouillot, i3, quai Voltaire. — 26572
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- La Lumière Electrique
- Journal universel dyÉlectricité
- 51, rue Vivienne, Paris
- Directeur Scientifique : M. Th. DU MONCEL Administrateur-Gérant : A. GLÉNARD
- 4® ANNÉE (TOME VI) SAMEDI 18 FÉVRIER 1882 N® 7
- SOMMAIRE
- Éclairs en boule ; Th. du Moncel. — Sur la théorie des phénomènes électro-dynamiques; J. Moutier. — Des actions électriques dans les systèmes conducteurs semblables; Jules Sarcia. — Sur le transport électrique de la force à grande distance ; Marcel Deprez. — La lumière électrique dans la marine militaire; C.-C Soulages. —La boussole marine de Sir William Thomson (2e article); A. Guerout.— Exposition Internationale d’Électricité : Appareils de mesures électriques à l’Exposition de l’École supérieure de Télégraphie; E. Mercadier. — Correspondance : Lettre de M. Colladon. — Faits divers.
- ÉCLAIRS EN BOULE
- Les éclairs en boule sont un des phénomènes météorologiques les plus curieux et les plus rares, tellement rares que, bien qu’Arago les ait signalés d’une manière particulière dans sa notice sur le tonnerre, beaucoup de météorologistes ont nié leur existence. Il est certain que bien peu de personnes ont été témoins de ce curieux spectacle, et il est regrettable que ce phénomène n’ait pas été plus observé par des personnes compétentes, car on serait mieux fixé qu’on ne l’est encore aujourd’hui sur les conditions de sa formation, et sur ses principaux caractères. Il peut d’ailleurs se faire qu’on l’ait confondu quelquefois avec des bolides. Cependant il existe certaines descriptions qui sont tellement circonstanciées et tellement nettes qu’il est impossible de ne pas admettre comme réels ce genre d’éclairs et nous allons tâcher de rassembler ici les documents les plus importants qui s’y rapportent.
- Un éclair en boule n’est à proprement parler qu’un globe de feu plus ou moins gros qui apparaît, dans des cas très rares, au milieu d’un orage, dont la couleur est généralement rouge, qui se meut lentement dans l’espace et même quelquefois à une très petite élévation au-dessus du sol, qui dans certains cas s’évanouit sans produire aucun bruit, ou qui dans d’autres cas détonne avec fracas
- en lançant latéralement des éclairs en zigzags. Avant certaines expériences faites par moi en i855, avec la machine de Ruhmkorff, et surtout avant celles que M. Planté a entreprises depuis avec sa grande batterie de 800 couples secondaires, on n’avait jamais pu reproduire a volonté des décharges électriques sous cette forme ; on ne citait que des faits isolés, et de là vient sans doute l’incrédulité de certains physiciens à l’égard de ce curieux phénomène. Parmi ces faits isolés, nous citerons un passage d’un travail de l’abbé Bertholon publié en 1787, qui constate que les deux physiciens Arden et Constalle ayant accumulé le fluide électrique dans une jarre, virent un jour se former un globe de feu ayant trois quarts de pouce de diamètre et tournant sur son axe. Il croyait d’ailleurs que les éclairs en boulé devaient être rapportés à une grande accumulation du feu électrique. D’un autre côté, il y a une vingtaine d’années, pendant des expériences faites sur une grande échelle au Panapticum de Londres par M. Noad avec la batterie colossale de cet établissement, on vit se détacher de l’une des boules d’un long tube à décharge où le vide avait été fait imparfaitement, une boule de feu qui tombait lentement le long du tube et s’était évanouie aussitôt après avoir touché l’autre boule de l’appareil. On voulut répéter l’expérience, mais on ne put y réussir, ce qui prouve que le phénomène exige certaines conditions pour se produire. Aujourd’hui, grâce aux études de M. Planté sur cette question, on peut être mieux fixé sur les conditions de ces sortes de décharges; mais auparavant de nous en occuper, rapportons quelques-unes des descriptions qui ont été données des éclairs en boule observés dans la nature.
- * Le 17 mai i852, à cinq heures, écrivait à M. Pouillet M. de l’Epée, président du conseil d’administration du chemin de fer de Rouen, le chef de la station de Beuzeville reçut du Havre, qui est à 26 kilomètres, l’avis télégraphique que le temps étant très nuageux, il y avait lieu de mettre son appareil en communication avec le sol. Il le fit, quoiqu’il n’y eût pas alors d’orage à portée. Peu après un vent violent .s’éleva, des nuages épais
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- s’amoncelèrent, et comme il ne tombait pas une goutte de pluie, le chef de la station crut que l’orage passerait pour aller tomber plus loin, et il continua le chargement d’un wagon de plâtre qu’il devait livrer au premier train. A ce moment, il était plus de cinq heures, trois coups de tonnerre violents se succédèrent à peu d’intervalle ; au troisième, la foudre tomba derrière une ferme, à un kilomètre environ de la station. Des arbres marquèrent le point où la brillante et forte décharge atteignit le sol. Mais au même moment on vit sortir, jaillissant de derrière les arbres, un globe de feu de la grosseur apparente d’un petit obus, d’une couleur rouge brun, décrivant une trajectoire allongée, laissant derrière lui une vive lumière, marchant avec une vitesse modérée, que l’œil suivait très facilement, suivant une courbe régulière et paraissant, d’après sa direction apparente, devoir dépasser la station sans s’y arrêter. Le mouvement de ce globe et la vive lumière qu’il laissait derrière lui, le faisaient ressembler à un projectile à fusée tiré dans une école de nuit. On se le montrait avec admiration, quand on le vit se poser comme un oiseau sur les fils électriques à une centaine de mètres de la station. A ce moment, il disparut, et toute la lumière avec lui, et cela avec la rapidité de la pensée. Une laissa nulle trace sur les fils ni au-dessous, mais les appareils de la station furent mis en mouvement, les aiguilles tournèrent rapidement avec un bruit strident comme celui d’iin tourne-broche se lâchant tout à coup, ou comme une meule aiguisant rapidement un fer d’où auraient jailli des étincelles. Il en sortait effectivement et en grand nombre des aiguilles de l’appareil. L’une d’elles, celle du côté de Rouen, resta affolée ; toutes les vis de cette partie de l’appareil furent dévissées, et sur le cadran de cuivre, près du pivot de l’aiguille,1 on remarqua un trou à faire passer un grain de blé. L’autre partie de l’appareil ne subit aucune altération; l’aiguille du Havre conserva sa marche régulière; son cadran, les vis, etc., restèrent intacts (’). »
- Voici maintenant un exemple d’un éclair en boule qui, n’ayant pas eu de conducteur pour écouler son électricité, a fait explosion et a lancé des éclairs en zigzags sur les objets environnants.
- « C’était, écrivait Mmo Espère, au mois de juin 184g, le 16, je crois, un vendredi, à Six heures trente minutes du soir, le jour où le choléra sévissait le plus fortement à Paris.
- « La température était suffocante ; le ciel paraissait calme dans le moment, mais on voyait des éclairs de chaleur de tous côtés.
- « Passant devant ma fenêtre, qui est très basse, je fus étonnée devoir comme un gros ballon rouge, absolument semblable à la lune lorsqu’elle est co-
- lorée en rouge, par des vapeurs. Ce ballon descendait lentement et perpendiculairement du ciel sur un arbre des terrains de Beaujon. Ma première idée fut que c’était une ascension de M. Grimm ; mais la couleur du ballon et l’heure me firent penser que je me trompais, et pendant que mon esprit cher-, chait à deviner ce que cela pouvait être, je vis le feu prendre au bas de ce globe suspendu à i5 ou 20 pieds au-dessus de l’arbre. On aurait dit du papier qui brûlait doucement avec de petites étincelles et flammèches; puis, quand l’ouverture fut grande comme deux ou trois fois la main, tout à coup une détonation effroyable fit éclater toute l’enveloppe, et sortir de cette machine infernale une douzaine de rayons de foudre en zigzags qui allèrent de tous côtés, et dont l’un vint frapper une des maisons de la Cité, le n° 4, où il fit un trou dans le mur, comme l’aurait fait un boulet de canon; enfin, un reste de matière se mit à brûler avec une flamme blanche vive et brillante et à tourner comme un soleil de feu d’artifice (*). »
- Bien qu’étant assez rares, ces éclairs en boule peuvent se reproduire plusieurs fois dans le même orage. En voici un exemple.
- « Au mois de juin i852, écrit M. Al. Meunier, je longeais la rue Montholon, entre onze heures et onze heures trente minutes du soir, lorsque la foudre éclata avec une violence peu ordinaire à. Paris. J’y fis d’abord peu d’attention, et je continuai ma route; mais, vers le milieu de la rue, un éclair immense brilla tout à coup et fut suivi presque instantanément d’un coup de tonnerre semblable à une décharge d’artillerie. Il me sembla voir une bombe énorme, lancée avec violence, qui éclatait avec fracas au milieu de la voie publique. Dans le moment, cette espèce de globe qui avançait me fit l’effet de la lune se détachant du ciel. C’était à peu près la même dimension, et je dirais presque la. même couleur. Ce coup ne ralentit pas ma marche, car je me rappelai ce qu’on dit : « Lorsqu’on a vu « l’éclair, on n’a plus rien à craindre. » Je me contentai de renfoncer mon chapeau, que le vent ou la commotion produite par la décharge électrique avait rejeté en arrière, et je continuai sans accident jusqu’à la place Cadet. Au moment où je posais le pied sur le trottoir, je vis s’avancer, un peu obliquement, un nouveau globe de feu, semblable au premier, mais qui avait à la partie supérieure une espèce de flamme rouge, qu’on peut comparer à la mèche d’une bombe quoique un peu plus grosse. Ce globe, qui n’avait pas été précédé d’un éclair, au moins pour moi, descendit avec une effrayante rapidité, éclata dans la rue avec un bruit tel que je n’ai jamais rien entendu de semblable, et me donna une si violente secousse sur le côté droit, que je fus jeté contre la muraille. Le coup ne me; parut
- (*) Comptes rendus de l’Académie des sciences, année i852 (20 vol., page 400).
- (*) Comptes rendus (2° vol., page 192).
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- sans doute si bruyant que parce que je me trouvais en position de le parfaitement entendre; mais ce qui m’a surtout paru remarquable, c’est la forme sphérique de la foudre. Mes souvenirs à cet égard sont des plus précis. Quant à l’accident en lui-même, il n’eut pas de suites bien fâcheuses : j’en fus quitte pour une quinzaine de jours sans pouvoir digérer. J’ajouterai, en terminant, que ce coup de tonnerre termina l’orage, et que, le lendemain, les journaux annoncèrent que la foudre était tombée dans les environs, rue Lamartine, je crois. »
- Voici maintenant un exemple extrait d’une dissertation sur le tonnerre du Père Lozeran du Fech, qui montre que ces météores peuvent avoir une certaine relation avec la matière pondérable (') :
- « C’était, dit le Père Lozeran du Fech, le 2 ou le 3 du mois de septembre 1716, vers les trois heures après midi, que mon observateur descendait avec un homme du pays, du haut du Cantal, pour aller aux Eaux de Vie. Le temps était serein et très chaud. Ils aperçurent en bas, vers le milieu de la montagne, un brouillard qui couvrait tout le vallon. Au-dessus du. brouillard s’élevaient quantité de feux; d’autres serpentaient dans la nuée. Ceux qui s’élevaient allaient en pointe, à peu près comme le fer d’une lance. On entendait en même temps un grand bruit, quoique moindre que le bruit ordinaire du tonnerre... Lorsqu’ils furent prêts d’entrer dans la nue, la variété et les divers mouvements de ces feux, qui ressemblaient tantôt à des gerbes de fusées, tantôt à des serpenteaux, qui coupaient la nuée en mille sens différents, offraient à leurs yeux un objet très agréable. La nue elle-même leur donnait un assez beau spectacle par les ondées qui paraissaient sur sa surface...
- « Quand ils furent près de la nuée, ils sentirent l’air devenir froid, encore plus froid quand ils y furent entrés. Mon homme trouva le brouillard si épais, qu’il ne voyait pas son cheval qu’il menait par la bride...; mais cela n’empêcha pas qu'il ne vit quantité de corps globuleux qui voltigeaient dans la nuée, les uns allant d’un côté, les autres de l’autre. Ceux qui avaient le plus de vitesse faisaient reculer les autres qui venaient à leur rencontre et sans les choquer immédiatement.
- « S’ils ne venaient pas directement l’un vers l’autre, ils se détournaient de leur route ; quoique la nue fût épaisse au point que je l’ai dit, on les voyait d’assez loin. Leur couleur était rougeâtre et obscure, semblable à celle du soufre allumé. Ils tournaient avec beaucoup de rapidité autour de leurs centres; il y en avait de grands et de petits. Il en vit un petit croître considérablement en peu de temps... Lorsqtie ces boules passaient, il tombait des gouttes de pluie aux en-
- té) Extrait du travail de M. Poëy sur les éclairs sans ton* nerre. Voir la Science du 3o avril 1857. ,
- virons... mais qui étaient beaucoup plus grosses au-dessous de ces boules, ce qu’il remarqua, lorsqu’il en passa quelqu’une au-dessus de sa tête. Jusque-là, rien ne l’avait épouvanté, lorsqu’il vit un de ces globes qui pouvait avoir environ deux pieds de diamètre, s’ouvrir à sept ou huit pas de lui, et laisser couler en s'ouvrant une flamme très belle, dont une partie alla en bas, l’autre en haut, et d’autres parties en divers sens, avec une rapidité très grande. En s’ouvrant, ce globe fit un bruit pareil à celui d’une livre de poudre à canon qu’on jetterait dans le feu, et, l’instant d’après, ce fut un bruit de tonnerre épouvantable. Les deux voyageurs se sentirent poussés et secoués, et commencèrent à humer un air infecté, ce qui les épouvanta enfin terriblement. Les parties séparées de la boule s’étendirent en devenant plus claires et disparurent bien vite. A mesure qu’ils descendaient plus bas, ces petites parties de la nuée étaient plus sensibles et les mouillaient davantage. Quand ils furent hors de la nuée, ils voyaient tomber des gouttes fort grosses, mais qui n’avaient point de force. Ils entendaient toujours gronder le tonnerre, et avec beaucoup plus de bruit que lorsqu’ils étaient au-dessus de la nuée. Les éclairs, de même, leur paraissaient avoir beaucoup plus d’éclat et de vivacité. La foudre, qui tomba en deux ou trois endroits aux environs, brûla quelques arbres et mit le feu à quelques chaumières. L’inondation fut ter rible. »
- Voici maintenant une observation plus récente, qu’on lisait dans plusieurs de nos journaux parisiens de la fin de septembre 1880 :
- * Un nouveau cas d’éclair en boule vient d’être signalé dans un des derniers orages qui ont éclaté sur Paris. Cet éclair a été suivi avec soin par un étudiant en pharmacie, qui se trouvait à la pharmacie Pennés, située à l’angle de la rue de la Sorbonne et de la rue des Ecoles, où la foudre s’était abattue sous forme de globe. Il a parfaitement vu une boule de feu qui, sortant de là maison, a pu rouler le long de la rue des Ecoles, passant d’abord devant la boucherie Macé, située au n° 5i, au grand émoi des passants, que la pluie avait fait se réfugier sous l’auvent, et un instant après le globe fulminant s’évanouissait. »
- M. Planté en rapporte aussi un exemple dans son volume, et il semble y attacher une certaine importance, car il y trouve une preuve de la vérité d’une théorie que nous exposerons plus loin.
- « Le 24 juillet 1876, dit-il, entre trois heures et demie et quatre heures de l’après-midi, une pluie torrentielle mêlée de grosse grêle et accompagnée d’éclairs et de tonnerre, s’abattit sur la place de la Bastille, que nous traversions en ce moment. Le vent étant relativement faible, la huée orageuse se maintint presque fixe pendant quelques minutes; les décharges étaient incessantes, et plusieurs
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- coups de tonnerre succédant aux éclairs sans intervalle appréciable, annoncèrent que la foudre était tombée plusieurs fois dans le voisinage.
- « Nous étant livré aussitôt à une enquête, nous apprîmes que le météore venait de tomber trois fois de suite, presqu’au même point, sur le théâtre Beaumarchais, dans la cour et le jardin de la maison n° 28 de la rue des Tournelles, connue au Marais sous le nom de l’hôtel de Ninon de Len-clos.
- * Le régisseur du théâtre qui se trouvait dans le magasin des costumes, petit pavillon situé à la partie supérieure de l’édifice, avait vu tomber une bombe de feu de la grosseur du poing.
- c Dans la rue des Tournelles, un ouvrier demeurant au quatrième étage, avait aperçu un globe de feu, de la grosseur d’un boulet de canon, passer au bord du toit, près d’un pot de fleurs, en ne brisant qu’une tige, et tomber dans la cour. Au même instant, un autre ouvrier, placé au rez-de-chaussée, observait trois petites boules de feu au-dessus du sol de la même cour qui était alors complètement inondée.
- « De son côté, M. Languereau, fabricant de bronzes, voyait tomber dans son jardin deux ou trois parcelles incandescentes, sans contours nettement définis, et se noyer, suivant son expression, dans le jardin transformé en un vaste bassin par l’abondance de l’eau tombée comme une véritable trombe. »
- Nous arrêtons là nos citations qui peuvent suffire pour qu’on puisse saisir les différentes circonstances dans lesquelles se produisent, dans la nature, ces météores si extraordinaires. Nous allons maintenant voir comment ils peuvent se former dans les expériences de cabinet.
- Lorsqu’on met en communication une batterie de 200 couples avec un voltamètre à eau acidulée par l’acide sulfurique ou à eau salée, de telle sorte que le fil positif soit seul immergé à l’avance, l’approche du fil négatif au contact du liquide détermine la fusion de ce fil ou sa volatilisation avec une sorte d’explosion et. une flamme diversement colorée, suivant la nature du métal qui constitue l’électrode. En diminuant la proportion d’acide contenue dans le liquide du voltamètre, de manière à éviter la fusion complète du métal, il se produit une série continue d’étincelles accompagnées d’une bruyante crépitation, et ces étincelles peuvent se prolonger en décroissant peu à peu d’intensité pendant plusieurs minutes. Mais si le fil négatif étant plongé au contraire à l’avance dans le liquide du voltamètre, on approche le fil positif de la surface liquide, les phénomènes sont complètement différents. Le fil ne fond pas et on voit se former à son extrémité un petit globule liquide lumineux accompagné d’un bruissement tout particulier. En relevant un peu le fil métallique, le globule augmente de volume comme
- si le liquide était aspiré par l’électrode, acquiert un diamètre d’un centimètre environ et prend en même temps un rapide mouvement gyratoire. Il s’aplatit par suite de ce mouvement, s’allonge quelquefois vers le fil négatif, si celui-ci est assez rapproché, et finalement se dissipe en même temps qu’il se produit une bruyante étincelle au pôle négatif quand ce fil plonge très peu dans le liquide. Le globule se reforme alors de nouveau spontanément à l’extrémité du fil positif, et les mêmes phénomènes se. reproduisent ainsi un certain nombre de fois de suite d’une manière intermittente.
- « Le mouvement gyratoire, dit M. Planté, n’a pas lieu invariablement dans le même sens, comme les mouvements gyratoires magnéto-électriques. Il a lieu tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre ; souvent il se produit un grand nombre de fois de suite dans le même sens, mais ce sens peut changer sans cause apparente. C’est un mouvement gyratoire de réaction analogue à ceux des tourniquets électriques, et dû à l’écoulement du fluide électrique dans le liquide. Le globule se trouvant presque détaché par sa forme sphéroïdale du reste du liquide du voltamètre, ou n’ayant qu’une faible surface de contact avec ce liquide, le mouvement s’opère dans un sens ou dans l’autre, suivant la position du point de la surface du globule par lequel se fait le principal écoulement du courant ou le dégagement de la vapeur produite. L’apparence lumineuse de tout le globule paraît provenir de la vive lumière émise à son contact avec le reste du liquide. Le bruissement est dû à la condensation dans le liquide de la vapeur qui tend à se former autour de l’électrode.
- « Les intermittences et l’étincelle qui apparaît au pôle négatif au moment où le globule a atteint le maximum de son développement, s’expliquent par cettê raison que le fil négatif plongé d’avance d’une petite quantité dans le liquide, se trouve bientôt séparé de sa surface par l’aspiration d’une portion du liquide qui forme le globule. Le courant est alors un instant interrompu, le liquide du globule retombant dans le voltamètre, rétablit les communi cations, et les phénomènes peuvent ainsi se reproduire plusieurs fois de suite spontanément jusqu’à l’épuisement de la décharge complète.
- « Quant à l’agrégation même du liquide sous cette forme globulaire, nous pensons qu’on peut se l’expliquer par un phénomène d’aspiration résultant de l’écoulement même du flux électrique au pôle positif. Cette aspiration peut même être rendue encore plus frappante en employant un courant d’une plus grande tension et en limitant l’espace au liquide, autour de l’électrode renfermée dans un tube étroit; mais ici le liquide n’ayant point d’espace limité s’agglomère naturellement sous la plus petite surface possible, et prend la forme sphéroïdale. Cette forme peut du reste être
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- rapprochée de celle qui se manifeste, également sous l’action de la chaleur seule, avec les liquides placés sur des surfaces incandescentes et qui a été étudiée par M. Boutigny. C’est aussi la forme que prennent des liquides simplement soustraits à l’action de la pesanteur comme le montrent les expériences de M. Plateau.
- « La cause même de l’aspiration nous paraît être, du reste, simplementl’efFet Calorifique très énergique, produit par les courants de haute tension, qui développe de la vapeur, aux points touchés par l’électrode, avec une telle rapidité que le vide produit doit être immédiatement comblé. »
- En répétant lès expériences précédentes avec une batterie de 800 couples secondaires et de Peau distillée, M. Planté retrouve d’abord (l’électrode positive étant plongée dans le liquide) une flamme jaunâtre de forme à peu près sphérique de 2 centimètres environ de diamètre, et le fil de platine entre en fusion à une hauteur de 14 à i5 millimètres au-dessus du liquide. Cette flamme est formée par de l’air raréfié incandescent, par de la vapeur du métal de l'électrode et par les éléments de la vapeur d’eau décomposée.
- Si pour éviter la fusion du métal, on diminue l’intensité du courant en interposant une colonne d’eau dans le circuit, l’étincelle apparaît sous la forme très nette d’un petit globe de feu de 8 à 10 millimètres de diamètre, et en relevant un peu plus l’électrode, ce globe prend une forme ovoïde; des points bleus lumineux dont le nombre varie continuellement, disposés par cercles concentriques, apparaissent à la surface de l’eau, et des rayons de même couleur partent bientôt du centre et joignent ces points. Par intervalles, les rayons prennent un mouvement gyratoire, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, en décrivant des spirales. Quelquefois les points et les rayons disparaissent tous d’un même côté, et des courbes variées formées par le mouvement de ceux qui restent, se dessinent à la surface du liquide. Finalement, quand la vitesse du mouvement gyratoire augmente, tous les rayons s’évanouissent, et l’on ne voit plus que des anneaux bleus concentriques.
- En examinant avec soin cette forme particulière d’étincelle, on reconnaît que c’est en réalité une sorte de houppe ou d’aigrette voltaïque analogue aux aigrettes d’électricité statique, mais mieux fournie, à cause de la quantité d’électricité enjeu; elle représente en quelque sorte l’auréole de l’étincelle d’induction, et les points lumineux de la surface liquide sont les points de sortie de ces aigrettes qui paraissent en mouvement de gyration, en raison de la réaction due à l’écoulement du flux électrique.
- Lorsque l’électrode métallique est positive, et l’eau distillée négative, l’étincelle affecte encore exté-
- rieurement une forme ovoïde, îhais le milieu est traversé par un cône de lumière violacée.
- Dans les conditions de ces dernières expériences, l'étincelle éclate directement â 1 millimètre environ au-dessus du liquide.
- Voici maintenant une expérience sur laquelle nous devrons attirer l’attention du lecteur, car elle peut expliquer certaines particularités du phénomène des éclairs en boule.
- Si au lieu de laisser l’électrode fixe à la surface du liquide pendant la production de l’écoulement du flux électrique sous forme d’étincelles globulaires, on suspend l’un des fils servant d’électrode à une assez grande hauteur pour qu’on puisse lui donner un mouvement oscillatoire, comme à un pendule, à la surface du liquide, sans que sa distance à cette surface change sensiblement, le petit globule de feu produit à l’extrémité du fil suit naturellement les mouvements de celui-ci, et quand on opère dans l’obscurité, on ne voit que le globule de feu se mouvant relativement lentement à la surface du liquide. Du reste, cette étincelle globulaire résultant de l’action d’une grande quantité d’électricité sur la matière pondérable, peut être animée par elle-même d’un mouvement de progression sans qu’il soit nécessaire de faire mouvoir l’une ou l’autre électrode. M. Planté, en effet, est parvenu, au moyen de sa machine rhéostatique, à obtenir une étincelle globulaire à travers un condensateur à lame de mica, qui s’est déplacée capricieusement entre cette lame et l’une des armatures du condensateur, en traçant sur celui-ci un sillon profond, sinueux et irrégulier, qui indique plusieurs bonds accomplis par elle d’un point à un autre. * Rien de plus bizarre, dit M. Planté, que la marche du petit globule éblouissant que l’on voit cheminer lentement et choisir les points sur lesquels il doit sc diriger, suivant la résistance plus ou moins grande des points de la lame isolante. Le condensateur se trouve découpé à jour sur le trajet de l’étincelle, et l’étain forme un double chapelet de grains fondus autour des bords du mica consumé. »
- Les expériences que j’avais faites en i855 avec les courants d’une machine de Rithmkorff, à fil un peu gros, ne m’avaient montré l’étincelle globulaire qu’en certains points d’une couche d’eau étalée avec le doigt sur une lame de verre ou sur une planche vernie, et dans les parties où l’eau s’était divisée en petites flaques plus ou moins larges. Elle ne se produisait que rarement, et sa couleur prenait un aspect rougeâtre prononcé, mais sa forme était souvent parfaitement sphérique, et j’étais parti de cette analogie pour hasarder une théorie que M. Planté a complétée depuis et que nous discuterons dans un prochain article.
- (A suivre.) T11. du Moncel.
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- i5o
- SUR LA
- THÉORIE DES PHÉNOMÈNES
- ÉLECTRODYNAMIQUES
- Ampère a déduit la théorie des phénomènes électro-dynamiques d’une formule fondamentale qui représente l’action mutuelle entre deux éléments de courant. Cette loi élémentaire repose, indépendamment de toute hypothèse, sur la considération de trois cas d’équilibre fournis par trois expériences. L’action exercée entre deux courants finis est ramenée à un problème d’analyse : les solutions variées que fournit le calcul dans des circonstances très différentes ont toujours été conformes à l’expérience. En considérant en particulier le système de courants fermés, dont l’ensemble constitue les solénoïdes, Ampère a pu rattacher les phénomènes si compliqués du magnétisme à l’électro-dynamique.
- La découverte de l’induction a complété les idées d’Ampère. Les phénomènes électro-dynamiques et électro-magnétiques sont sortis du domaine de la science pure et des laboratoires. Les applications industrielles se sont multipliées avec une rapidité sans exemple. L’invention de machines nouvelles, de moyens nouveaux et variés a fait naître le désir d’approfondir davantage la théorie des forces mises en jeu d’une manière inattendue. La science a profité du mouvement industriel pour renouveler ses théories.
- Par un retour imprévu, la loi d’Ampère, qui était restée le fil conducteur au milieu du dédale des expériences, a été reléguée au second rang, dans une place obscure. Les phénomènes magnétiques, qui avaient reçu leur première explication de la théorie d’Ampère, ont pris l’avance. La théorie d’Ampère, emportée par les idées nouvelles, ne paraît plus conserver qu’un intérêt historique.
- Il serait téméraire de porter un jugement sur une question qui divise les meilleurs esprits. On peut cependant exprimer le regret que la théorie d’Am-père n’ait pas pénétré davantage dans le domaine de la pratique et ’ne se soit pas répandue davantage en dehors des traités de physique. Peut-être faut-il attribuer ce retard regrettable à la difficulté que semble présenter l’emploi de formules mathématiques, de calculs compliqués et laborieux. Le moment semble venu cependant de rechercher si l’exposition des lois des phénomènes électrodynamiques ne peut pas être dégagée d’une partie des calculs qui font obstacle à l’expansion de la •théorie.
- M. Bertrand a déjà introduit une simplification très importante en montrant que l’un des trois cas d’équilibre servant de points de départ à la formule d’Ampère est une conséquence d’un autre cas d’équilibre. Si l’on admet comme premier résultat de
- l’expérience que l’action exercée par un courant fermé sur un élément de courant est normale à cet élément, M. Bertrand a fait voir que la propriété du courant sinueux est une conséquence nécessaire de la première expérience (‘).
- J’ai suivi une marche un peu différente. J’admets comme fait d’expérience, facile d’ailleurs à vérifier, la propriété des courants sinueux, et j’en déduis, comme conséquence immédiate, que l’action d’un courant fermé sur un élément de courant est normale à cet élément : cette dernière propriété paraît d’ailleurs plus difficile à établir par une expérience directe, à l’abri de toute critique, que la propriété des courants sinueux. J’admets ensuitp, comme second fait d’expérience, l’action d’un courant rectiligne sur un courant parallèle. Au moyen de ces expériences, j’indique une méthode qui permet de retrouver assez facilement la formule d’Ampère, dont j’étudie ensuite les conséquences.
- En publiant cet essai, dont je ne me dissimule pas les imperfections, j’ai le désir de ramener l’attention sur une théorie qui semble aujourd’hui un peu délaissée. Je m’estimerais trop heureux si je pouvais contribuer dans une faible mesure à répandre des notions qui, en réalité, n’exigent pas l’emploi de formules bien compliquées, et qui, je l’espère, se simplifieront encore dans la main des ingénieurs distingués auxquels l’électricité est redevable de si rapides progrès.
- i. — Première expérience. — Un courant sinueux, qui s'écarte très peu d'un courant rectiligne de môme intensité, exerce la même action que le courant rectiligne.
- Soient A B= ds, A' B’ = ds' (fig. i) deux1'éléments
- FIG. I
- de courant d’intensités i et V dirigés le premier de  vers B, le second de A' vers B'. Désignons par r la distance des points A et A'.
- Abaissons du point B une perpendiculaire Bx surla droite AA'. Le courant AB peut être remplacé par le circuit AxB parcouru par un courant d’intensité i. Si l’on achève le rectangle ayant pour (*)
- (*) Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences, t. LXXV, p. 733.
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- JOURNAL UNIVERSEL D'ÉLECTRICITÉ
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- diagonale AB, pour côtés Ax et Bx, le courant xB peut être remplacé par le courant A y infiniment voisin.
- Le courant AB d’intensité i peut être remplacé par deux courants de même intensité, ayant pour directions Ax et Ay, pour longueurs Ax—ds cosO, A y = ds sin 0, en appelant 0 l’angle du courant AB avec la droite A A'.
- Imaginons par la droite A A' un plan' perpendiculaire au plan B A A'; abaissons du point B' une perpendiculaire B' C sur ce plan, du point C une perpendiculaire Cx' sur AA'. Le courant A'IV peut être remplacé par le circuit A'x'CB' parcouru par un courant de même intensité i'. Si l’on achève le parallélipipède rectangle ayant pour diagonale A'B', pour côtés A'x', x'C et CB', le courant A'B' peut être remplacé par trois courants A'x', A'y', A'z', d’intensité i', partant du point A'.
- Si l’on désigne par 9' l’angle du courant A'B' avec le prolongement de la droite AA', par e l’angle que forment les plans menés par la droite AA' et par chacun des courants AB et A'B', les longueurs des courants qui remplacent A'B' sont respectivement :
- A'x' — ds’ cosO',
- A'y' — ds' sinV cas e,
- A'z' — ds' sinV sin e.
- On a six actions à considérer:
- i° l’action de Ax sur A'x',
- 2° l’action de Ax sur A'y',
- 3° l’action de Ax sur A'z',
- 4° l’action de Ay sur A’x’,
- 5° l’action de Ay sur A'/,
- 6° l’action de Ay sur A'z'.
- Il est facile de voir que certaines de ces actions sont nulles.
- 2. — Soient ab, a!b’ (fig. 2) deux éléments de courant rectangulaires situés dans le même plan de telle façon que le courant ab passe par le milieu de a'b' ; supposons les courants dirigés de a vers b, de a' vers b'.
- Admettons que le courant a'b' puisse exercer sur le courant ab une action f dirigée dans le sens ab. Si l’on fait tourner la figure autour de l’axe ab, l’action du courant a'b' sura£ ne change pas. Supposons que la figure fasse une demi-révolution, le courant a'b' prend la position a,#,. L’action de a,b, sur ab est une force / qui s’ajoute à la première force. La résultante de ces forces, 2f, représente l’action exercée sur ab par un conducteur que traversent deux courants égaux et de signes contraires. Ce conducteur est
- à l’état neutre; son action sut le courant ab est nulle,
- 2/ = O.
- Admettons de même que le courant ab ait sur le courant a'b' un action En opérant comme précédemment une demi-révolution de la figure, l’action de ab sur aib1 est une seconde force identique à la première force /'. La résultante de ces forces, 2f, est l’action d’un courant ab sur un conducteur à l’état neutre; cette action est nulle,
- 2/' = O.
- Les courants àb et a'b' n’ont donc aucune action l’un sur l’autre. Dans le cas précédent,
- l’action de Ax sur A'y’ est nulle, l’action de Ax sur A'z' est nulle, l’action de Ay sur A'x’ est nulle.
- 3. — Soient ab, a'b’ (fig. 3), deux éléments de
- FIG. 3
- courant situés dans des plans perpendiculaires, ayant pour perpendiculaire commune la droite qui joint les milieux des éléments. Supposons les courants dirigés de a vers b, de a' vers b'.
- Admettons que le courant a'b' exerce sur le courant ab une action f dirigée suivant la droite qui joint les deux éléments de courant. Prolongeons la perpendiculaire commune d’une longueur égale, et menons un élément de courant afi, égal et parallèle à ab, de même intensité, dirigé de ai vers b,. Le courant a'b' exerce sur albl une action fx égale et directement opposée cà la force /".
- Faisons tourner la figure a'b', a,bx autour d’un axe parallèle à ab, mené par le milieu de a'b'\ l’action de a'b’ sur aj>, conserve la même valeur. Lorsque la figure a effectué une demi-révolution, on a en ab un courant d’intensité double de la première intensité, sollicité par une force 2/les deux courants a'b', a',b'x de sens contraire et de même intensité ont une résultante nulle. L’action exercée sur ab par un conducteur à l’état neutre est nulle,
- 2/= o.
- Les courants ab et a'b' n’ont donc aucune action l’un sur l’autre. Dans le cas précédent,
- l’action de Ay sur A'z’ est nulle.