Les fortifications du chevalier Antoine de Ville
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- LES
- FORTIFICATIONS
- D
- ANTOINE DE VILLE,
- CONTENONS
- LA MANIERE DE FORTIFIER TOVTE SORTE DE PLACES
- tant regulicrement, quirrégulièrement en quelle affiete quelles foient\ comme aufli les Ponts, paiGTages, entrées de riuieres, Ports de mer : La conftruétion de toutes fortes de Forts &c Citadelles-,le moyen facile de tracer fur le terrain.Le tout à la moderne, comme il fe pratique dans les meilleures Places de l’Europe 3 de-monftrc &C calculé par les Sinus &c Logarithmes.
- *AVEC ÏATAgVE, ET LES MOTENS DÉ PRENDRE LES PLACES par intelligence,[édition,furprif,firatageme,efalade:Les effecls de diuerfsfortes dePetards,pour fairefauter les portes,murailles ^ baflimens:Plufieurs Inftrumens pour rompre les chaînes paux; Vordre des longs Siegesja conSîruSlion des PortsRedoutes Jes Retranchemens des Quartiers. Des Tranchées,Bateries, Mantelets,Mines,plufeurs inuentions nouueües non iamais efrites.
- Plus la Defcnfe, bc l’inftru&ion generale pour s’empefeher des furprifes : les remedes contre la trahifon,fedition,reuolte:Pour Te garantir des efcalades:Diuerfes inuentions noüuelles contre le Pétard : La defenfe contre les longs Sieges,& contre les Sieges par force : L’ordre contre les aproches : Des Sorties, Contre-mines,
- Retranchemens,Capitulation, &: Reddition des Places.
- Le tout reprefentê en cinquante-cinq Planches, auec leurs Plantes)ProfeBiues>&Patfages.Le Difcours eflprçuuê par Démonstrations, expériences, raifons communes, & Phyjiquest auec les rapports des Histoires anciennes 3 & modernes.
- <iA l r o N,
- Chez Irenee B arlet, rue de Confort,
- DC. XXVI II.
- AVEC PRIVILEGE DV ROY.
- à l’Image S. Irenee.
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- AV LECTEVR.
- M Y Le&eur, la haine &lamour font les plus violentes pallions qui nous dominent scelle de lamouf eft plus forte enuers nous-mefmes qu’enuers les autres : car elle cil caufe que nous ne pouuons iuger fai-nement de nos aâions propres, &c recognoiflre nos fautes, veu que chacun s ellime 3 &c prife fcs Oeuures j&nya aucun lï ignorant, ou fi imparfait qui ne penfe auoir quelque chofé de> recommandable. Pour ne tomber en cet erreur ie me fuis foufmis au iugement de tous, expofant cet Oeuure en public , de laquelle^ chacun iugera fans paflïon > &C moy comme dans vn miroir, en cette voix publique, ie verray mes defauts , dont la cognoilfance m’augmentera la capacité. C’efl le fujet qui m’a incité à efcire , outre que i’ay aufli creu, que fi mon Liure ne meritoit d'eftre veu, il luy ferait facile de fe cacher dans la grande multitude d’Autheurs qui efcriuent tous les iours $ S£ fi on le treuue bon, tant plus d’honneur pour moÿ d’eftrc tenu en quelque rang parmi ceux qu’on ellime. Quoy qu’il en foit, i’auray contenté mon humeur, t’alfeurant, ami Le&eur,que ce peu que fay efcrit n a pas ellé fans hazard à l’apprendre,beaucoup de peine à l’efcrire, &C de frais à l’experimenter : Ceux qui s’en méfient le fçaurontaflez fans que ie l’afieure dauantage. I’aÿ taille les Planches de ma main,afin quelles foient plus iulles : i’ay mis la Plante pour en cognoilire plus facilement la forme les mefüres -, la Pro-fpeéliue , pour s’acoullumer à prendre le Plan des Places, lefquelles font le rnefme effed que ie les reprefente veucs de loin : les païfages feruent d’ornement. Dans le Difcours i’ay fuiui ce que i’ay veu par expérience eltre le plus pratiqué y ay ajoullé le rapport de l’Hi-ftoire pour ceux qui s y plaifent 5 comme aufli les raifons Phyfîques aux lieux qui fe font rencontrez à propos $ les demonflrations neccf* faires n’y manquent pas : i’ay cotte à deflein aux marges chaque cho-fe, afin qu*on puifle lailfer ce qui ne plairra pas fans interrompre le Difcours. lay mis ces diuerfitez pour contenter les diuerfitez des elprits î Les viandes bien que fauoureufes ne font pas treuuées bonnes
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- nés de tous : ce que l’vn eftime, l’autre le mefprife : la variété des inclinations 8c des humeurs fait la variété des iugcmcns. le t’afTeure pourtant, ami Leâeur,que ie n ay rien efcrit»que monfrere(Sergenç Major du Régiment de Monfeigneur le Prince Thomas ) oü moy, n’ayons veu, ou pratiqué ; L’cxperience de ceux qui s’enferuiront fera cognoiftre la vérité. En fin, i’ay fait le mieux que i’ay fccu, &c peu pour te feruir j à ceux qui m’en fçauront gré, ie leur fouhaitte vie longue,holnneur,ÔC profperité, leur offrant à tous mon feruicç, auec la mefme affection que ie leur offre ces Efcrks,
- Jaiffant aux autres la liberté de faire mieux, auec promeffe d’aider à leur gloire s’ils s’en acquittent plus dignement.
- A MON
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- A MONSIEVR
- LE CHEVALIER DE VILLE
- fur Tes rares Vertus.
- SONNET.
- £> uoir <vn cœur de Mars, <vn efprit de Minerue,
- 2 'afpirer qùaux honneurs , Vertus de haut prix, i-J ornes les vanitet) odorer en mefprù,
- O rner fis beaux Difiours d’vne diurne Verne,
- h ndiquer comme U faut qu 'un Eflat fi confirue, y, aiftre pour eficlairer lès plus braues esprits,
- W nfirmer vn Terrain d’vn compafié pourpris,
- O ire comme on ldffaut comme on le prefirue,
- tri fire grand Philofiphe, Mathématicien, nir le Cjeometre a P Arithméticien, h-h nltruire comme on doit policer *vne Ville, f-1 uïlrer fis longs labeurs de grande 'utilité, f1 aiffer fin beau renom à la poHerité, tp fi-ce pas ce que fait le Cheudlier D e Ville?
- Sur le nom du Sieur Antoine de Ville,
- *A N AG RA M ME.
- Toujours aux belles a étions On voit s’occuper l’homme habile %
- De Ville eft plein d’inuentions,
- Son Nom dit, Ie donne a l’vtile:
- Aufli l’on voit en fes Efcrits Que cet Oracle Prophétique Fait Leçon aux plus beaux Efprits De la Militaire praétique.
- L. Garqn.
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- O V Y S PAR t A GRACE I}£ D IE V ROY DE FRANCE ET D fi
- N ava r r e. A nos amez & féaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement de Paris, Thplpfe ? Rouen, Bcrufdeaux, Dijon, Aix, Grenoble, & Rennes, & à tous nos autres Iufticiers , & Officiers qu’il appartiendra, Salut, Noftrebien amé Antoine de Ville nous a faitremonftrer, que depuis neuf ou dix ans ,il a foigneufement trauaillé tant à compofèr,qu’à grauer cinquante cinq grandes Planches en Taille douce d’vn Liure intitulé, La Fortification, Ataqve} et Défense des Places, lequel liure ledit impétrant delîreroit faire imprimer tant de fois, & en tel caraéfcere qu’il auifèrg pour la plus grande commodité , fans qu’autre que ledit de Ville le puiiïè imprimer fans fon confen-tement. Et d’autant que nous délirons gratiner ledit de Ville pour les grands frais qu’il a faits, & luy conuient faire pour l’entier accomphlfement de l’imprelîion dudit Liure,#: par meîme moyen le faire reffentir du foin de fon labeur, le recognoiilànt v|ile au public : N o v s à ces câufes defïrans la promotion, 8c auancemcnt de la chofe publique en noftre Royaume, & ne voulgnt-permettre que ledit fuppliant foit fruftré de fon labeur 6c trauail, Vous mandons, ordonnons 6c enioignons par ces prefentes j Que vous ayez à permettre, comme de noftre authorité & puilîànce Royale auons permis & permettons audit de Villé, qu’il puilfe, & luy foit loifible dé faire imprimer tant de fois que bon luy femblera ledit Liure pendant le temps & terme de neuf ans, à conter du iour & datç qu’il fera acheué d’imprimer j faifant par ces prefentes lettres expreflè inhibition 6c defenfes à tous -Marchands Libraires 6c Imprimeurs de noftre Royaume, fpecialement à ceux de nos Villes de Paris, Lyon, 6c Rouen, & tous autres ; & mefmes aux Eftrangers, qui ordinairement trafiquent, & défi-* rent trafiquer en noftre Royaume, & à quelque perfonnçde quelle qualité, ou condition qu’ils foient, n’imprimer, ou faire imprimer ledit Liurç, ni pocher, ou contrefaire les Planches, ni en riper aucune choie pour l’inferer en autre, ni en expolèr en vente, changer ou troçquer aux Foires, ni d’en apporter, ou faire amener en ee Royaume fous noms interpofez, ou auec faufîè marque, ni d’en tenir aucun exemplaire d’autre imprefion, que ceux qu’aura fait imprimer ledit de Ville, & de fon confentement, fur peine de trois mil liures d’amande, appliquâmes moitié à Nous, l’autre moitié audit Impétrant, fans aucune diminution , & de tous defpens , dommages & interefts, & de confifcation defdits Exemplaires, qui pourroiçrjt eftre treuuez auoir efté imprime? & mis en vente contre la teneur de ces prelentes. Et que treuuanç ledit Liure ainfi contrefait , ils Ibient incontinant faifis, & mis en nos mains tout promptement par le premier de nos luges, Officiers, Huiffiers, ou Sergent fur ce requis, en leur monftrant ces prefentes , ou copie d’icelles deuëment collationnée à l’original, leur donnant pouuoir 6c mandement fpecial, 6c à vous tous de procéder à l’encontre de pons ceux qui contreuiendront à ces prefentes' par toutes voyes deuës & ràifonnables accouftumées, 6c parles peines fufdites,nonobftant oppofîtions,ou appellatiôs quelconques,Clameur de Haro,Car-tre Normande,& tqupes autres lettres à ce contraires,faites,ou àfaire,auîquelles nous auons dérogé, & dérogeons par ces prefentes, pour lefquelles, 6c fans preiudicç d’içelies ne voulons eftre différé $ à la charge d’enmettre deux Exemplaires en noftre Bibliothèque auant que l’expofer en vente, fui, liant naître Reglement, à peine d’eftrç decheu du prêtent Priuilege. Etpource que ledit Suppliant en pourroit auoir affaire enplufïeurs endroits, Nous voulons qu’au Vidimus d’icelles fait fur le Seel Royal, ou par i’vn de nos amez,& féaux Confeillers,Notaires,Secrétaires, foy foit adjouftée comme au prêtent priginal. Si voulons qu’en mettant en bref le contenu du prefent, au commencement,ou à la fin de çhacun des Exemplaires , que cela aye forme de lignification tout ainfi que Ci PpriginaJ eftoit particulièrement monftré & lignifié à vn chacun, afin qu’il n’en pretendé càufe dJignorance; par tel eft noftre plaifxr. Donné au Camp de la Rochelle le onziefme iour de Iuin, l’an de grâce,mil fe ceiis vingt-hui&,& de noftre Régné le difneufiefme,
- Par le Poy enfin Confiil,
- SAVARY,
- Acheué d'imprimer le premier iour du mois d’Aouft 1618,
- 4
- TABLE
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- TABLE DES CHAPITRES
- CONTENVS AV PREMIER LIVRE
- des Fortifications régulières du Cheualier Antoine de Ville.
- Avant propos. Pagei.
- Ch luifions , définitions des
- TRE I. fiPpff parties de la Mortification reguliere. 3
- x. Maximes, ou préceptes generaux pour
- la Fortification. 5
- 3. Confédération auantque de fortifier. 6
- 4. Des Ajfietesyou Sites. 8
- 3. De la qualité du terrain. 14
- 6. Du Deffein. 16
- 7. Diutfer nsne ligne droite donnée en trots
- parties ejgales. 17
- 8. Conflrufâion^ démonstration de lExa-
- '£00*. 17
- 9- Supputation des parties de lExagone. 23
- 10. lEptagone. *9
- ir. Pour ÏOttogone. 31
- 12. Pour t Enneagone. 3i
- 13. Tour le Décagone. 3Z
- 14. Pour lEndecagone. 32
- IJ* Dourle Dodécagone. 33
- 16. Pour releuer le Plan. 37
- 17- oA toute ouuertme du compas prendre
- d3rvn cercle donné la partie qu on Vou-
- dra. 38
- De la ligne de Defenfe. 43
- 19. De la Gorge du Baflion. 49
- 20. Des Flancs. 49
- xi. Des faces des Basions£où ils doiuent
- commencer à prendre leurs defenfés. 53 xx. Des pointes des Basions ou Angles flan-que?:. 59
- x3. Continuation demonfirant la perfection des aAngles flanquez^ reSfangles. 65
- 2.4. Des flancs couuerts^fl OriÜons. 71
- 2.5. Des Ca%emates>ou places baffes. 75
- x6. Des places hautes. 77
- xj. Des Canonnières > ou EmbrafureSîMer-
- lons>& Voûtes. 78
- 28. De la Courtine. 83
- 29. Des murailles. 87
- 30. DesRempars. 95
- 31. Des Parapets. 96
- 32. Des diuerfis formes de Parapets. 103
- 33. Dw Caualiers. 107
- 34. Des *Places £armes. ni
- 35. Des Galeries qui font dans la Place, m
- SECONDE PARTIE DES Fortifications régulières.
- 3 6. Des ^Parties extérieures. 113
- 37. Du Pofsé. 113
- 38. Des Faujfebrayes. 113
- 39. Des Contrefiarpes. 129
- 40. Du Corridor> eÿ* dfe lEfflanade. 135
- TROISIESME PARTIE des Fortifications irregulieres.
- 41. De la Fortification irregulieredes Piè-
- ces quiJe font au Dehors de la Place.13 9
- 42. Des Pièces neceflkires à la Fortification
- irreguliere. 140
- 43. Des doubles Raflions. Mi
- 44. Des pointes des Baflions coupées. 142
- 45. Des demi Battions. *45
- 46. Des Tenailles^ Angles retireK* 149
- 47. Des Plateformes. x53
- 48. Des Redens. *54
- 49. Des Tours quarrées rondes. 'I57
- 50. Comme on doit fortifier les Chafieaux des
- particuliers. 158
- 51. Des Rauelinsy ou Pièces deftachées. 158
- 52, Des Ouurages de Corne. 167
- 53. Des Demi4unes. *7i
- 54. Briefue récapitulation de toute la Fortifi-
- cation irreguliere. 317
- e QVA
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- QVAT.RIESME PARTIE des Places qui ont moins de fix Battions, 6c autres indifférentes*
- 55, Du Triangle. 179
- 56. Autre façon de fortifier les Triangles, 181
- 183 185 187 189 191 192.
- 192,
- 202
- 203 205 205
- 57. DuQuarré.
- 58. Du Pentagone.
- 59. Des Places,ou Forts en efioiÜe.
- 60. Des Citadelles,
- 61. Des Forts de campagne,
- 6z. Pour fortifier les Ponts,
- 63. Des entrées des riuieres.
- 64. Des Ports de mer,
- 65. Des ‘Portes,& des Corps de gardes,
- 66. Des Ponts-leuù.
- 67. Des Herfis if Orgues.
- 68. Des<~Barrieres,& Palijfades,
- LIVRE SECOND
- De TAtaque des Places du Cheualier Antoine de Ville.
- PREMIERE PARTIE.
- Des oAtaque's par furprife.
- Avant propos. 209
- Ch api- ton doit pluBoft choifir la
- TR£ I. paix que la guerre. "213
- 2. Diuers exemples des fujets des guerres,ti-
- rez, des Hifloires. 213
- 3. Confiderations que doit auoir njn 'Prince
- deuant que commencer la guerre, 217 DelaTrahîfon, 2,10
- Des Séditions, 222
- Comme on doit recognoittre les ‘Places quon <-veut furprendre. 22 4
- Des diuerfes fortes de Surprifes, & le moyen de les executer, 225
- Des Efialades, 235
- Du Pétard. 243
- Des Madrier s,comme on les doit attacher au Petard,& comme on doit appliquer les Pétards aux Portes quon veut approcher. 253
- iif Des Flefihes > rPonts-pvolans,if inBru-
- 13*
- H-
- lS-
- 16.
- *7-
- 18.
- 19.
- 10.
- 21.
- 4-
- 5-6.
- 8.
- 9-
- jo.
- 24.
- *fr
- 26.
- 27.
- 28.
- 29.
- 30.
- 3T*
- 3*-'
- 33*
- 34-
- 35-
- ^ rompre les chaijhes 3 ÿ des moyens £ appliquer le Pétard lors quon ne peut pas approcher de la porte. 257
- SECONDE PARTIE des Acaquespar force.
- Des longs Siégé s & houclemens des P lad Places. 169
- Confiderations quon doit auoir auant qu entreprendre rvn long Siégé. 269 Ce quon doit faire deuant que mettre le Siégé. 272
- L ordre quon doit tenir pour commencer les longs Sieges. 273
- Diuerfis maniérés de mettre les longs Sie-ges. ' 274
- De la confiruBion des Forts if Tranchées necejfaires au bloque ment d3rvne Place, *75
- aAutre maniéré de bouclement de Places.
- 277
- Des Forts & ‘Ponts quon faitfuries ri-uieres pour la comunication des Camps.
- 278
- Des Sieges par force. 281
- Comment il faut recognoifire if prendre le plan des Places. 282
- Si r on doit ataquer les petites Places £autour,ou aller £ abord à la Capitale. 288 Du Degafi. 289
- Des oAproches. 290
- De la difiribution des quartiers if loge* mens. 290
- Des ataques qu on doit faire aux Places.
- 293
- Si ton doit ataquer le plus fort, ou le pim foible d’^vne ‘Place. 297
- ‘Des Tranchées. 297
- Des Bateries. 303
- De tataque & prife des Dehors, if de diuerfis inuentions de éMantelets. 313 Comme on doit foufienir if empefeher tefi feB des firties. 321
- Destines. 32 2
- Comme on doit ouurir les Cotrefiarpes. 333 Comme il fautpajfer le Foffé. 337
- Vordre des oAtaques. 3 45
- 36. On
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- 3 6. On doit aller ornement aux premières Places quon ataque. 348
- 37. 'De la reddition des Places. 349
- 38. Desprifes dlajfautdi&ributiiyidu pil-
- lage. 351
- 39. Des prifes d* emblée^ de <z>iue force. 354
- 40. Comme on doit leuer le Siégé de deuant
- ame rPlace. 355
- 8. Contre les Efialades.
- 9. Contre le 'Pétard.
- 37*
- 377
- LITRE TROIS 1ESME
- De la Defenfe des Places du Cheualier Antoine de Ville.
- PREMIERE PARTIE.
- Ava n t-p ropos. 357:
- Chàpi- T""V& la defenfe contre les furprifis, TRE I. L/ tçj çonfimation des Places.
- SECONDE PARTIE.
- 10. De la defenfe contre la force. 387
- 11. De la Defenfe contre les longs Sieges. 387 n. De la Defenfe contre les Sieges par force.
- 389
- 13. Préparatifs generaux à la Defenfe d*<zme
- Place^le dénombrement de tout ce qui efi neçejfkire. v 390
- 14. De ïordre quon doit tenir contre Us apro-
- ches. 397
- 15. Des Sorties. Y 399
- i è. Qomme on peut rompre les Ponts des en-
- nemur. 404
- 17. Des Contrerminei. : 404
- 18. (foriïmeil faut défendre les Dehors. 409
- 361 19. Des Secours. 413
- Z. Kemedes contre la trahi (in. 362, 20. Comme le Chef doit inciter les Soldats à
- 3* De l ordre qupndoit tenir pour s9empef ta Defenfe. 418
- cher des furprifis. 3 65 zi. Continuation de la Defenfe. 4zz
- 4' Gomme oridoit entrer finir de Garde, zz. Des Refeanchemens. 4M
- çÿ des Rondes: ÿ Sentinelles. 3 66 13. Vordre de fbu&enir les affauts. 43i
- 5- De ïomerture des portes'. 368 24. De la 'Reddition de la Ville. 435
- 6. Des zAlarmes. - 370 25. Ce qu on doit faire quand ïennemi leUe le
- 7- Contre les Séditions^ Reuoltes. 373 Siégé. 440
- LES
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- I
- LES FORTIFICATIONS
- Attaques, & Defenfes des Places du Cheualier Antoine de Ville,
- LIVRE PREMIER.
- Auant-propos.
- O v T ainfl que les remedes du corps ont efté trouueZj apres la cognoiffance du mal *> de mejmes Fart de la Fortification a efté 'muenté apres auoir expérimenté Foffen-ce de ïennemy. qAu commencement vn peu de clofture \ juffifoit pourJe de fendre des belles : mais la malice & la dijfenfion venans dfe femer parmy les hommes,ilfalut bafiir des murailles, qui efloient pourtant fimples,ainfi que leurs armes F efloient alors. Lin-uention de nuire croiffant, celle de fie de fendre s augmenta : de façon qucj Artifice des an-pour refifter aux artifices de ce temps,qui efloient, Baie fires,Catapultes, qucH^piacw!1' Scorpions,Tour s de bois,ç$ autres jemblables, on haujfa des Tours quar-rées pour flanquer, commander combattre ceux qui s approchoient a la
- faueur de ces machines, Cette forte de fortifier a duré tout autant, qut-j celle d’attaquer a Jubfifté de mejmes -, tufques axe que Bertold trouua la Bertoid inuéceur poudre,d autres apres luy le Canon , la plus furieufè & efpouuantable canon] ?&ie Ca-machine qm ait efté iamais au monde, laquelle agijfant entièrement par non »nuété apres. le feu,il efi neceffaire quelle foit la plus violente de toutes, ainfl quil efi le plus fubtil de tous les Elemens : aufii rien de ce qui Jèruoit autres fois dfe defendre ne peut refifter dfk furie, ce qui eftoit tenu pour fort y efi
- facilement mis en poudre par fd violence. Le Jeul remede qu on a trouué Remede pour «-contre cette force a efté défaire de grandes leuées de terre quon a difiosé 1 er a urle* en forme pointue auec fèsflancs & faces,d ces corps on a donné le nom de Baftion. Les premiers qui furent faits eftoient beaucoup plus petits, ^Defauts des Ba-differents en plufieurs chofes de ceux de prefènt, qui font plus parfaits; .rig°eszancienscor" parce que peu d peu recognoiffant les defauts des autres,on les a corrige7^ rendus d la perfection quils font maintenant > & ceux-cy feront l(LJ fu)et de noïlre Difcours.
- A DI Fl
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- De la Fortification regulierè,
- Diuifion des Places fortes far nature, ou par art, ou par tous les deux.
- Places fortes par art.
- Par nature.
- Définition de la fortification des Places.
- Lieu enferme' de fimples murailles, nejl dit fortifié.
- planquer que tfefi.
- Deux fortes de Fortification endetterai.
- Places a la moderne quelles.
- Diuerfes Fortifications.
- Modernes.
- Places regulieres quelles.
- places irregulieres.
- DIVISIONS, ET DEFINITIONS
- des parties de la Fortification reguliere.
- Chapitre I.
- O v s commencerons par la diuifîon des Places, lesquelles font fortes par nature, ou par art, ou par tous les deux. Par nature, lors que leur affiette eft lï aduan-tageufe , quil eft difficile , &C prefques impoffible de les forcer : telles font les Places qui font fur les montagnes St rochers inacceffibles , foit dans la mer, ou dans la terre, ou bien dans les marais, ou autres lieux femblables.
- Les Places font fortes par art, lors que l’affiette n ayant pas ces auanta-ges,on la fortifie par l’artifice St le trauail.
- Les Places font fortes par nature & par art, lors qu’vne partie de la Place eft forte par nature, St ïautre qui ne l’eft pas eft fortifiée par art.
- Fortifier,c’eft baftir,ou enfermer les Places de telle façon, que tous les lieux du contour d'icelles (oient veus en flanc l’vn de l’autre, St qu’ils puiflent refifter aux armes St machines defquelles l’ennemy fe fort : c’eft pourquoy les Places feront dites eftre fortifiées, lors que tous les endroits
- St tant ce qui flanque,comme cé qui eft flanqué doit eftre affez fort pour refifter aux machines de l’ennemy.
- Flanquer, c’eft voir par cofté *, eftre flanqué, c eft eftre veu par cofté, ou par flanc.
- Il y a deux fortes de fortification en general, à l’antique, St à la moderne : Les Places fortifiées à l’antique font celles qui ont des fimples murailles , auec dés tours à certaines diftances, faites de matières qui ne font pas capables de refifter au Canon, & leurs tours ne font pas affez grandes pour en tenir. Çette forte de Places de prefent ne méritent pas d’eftre dites fortifiées.
- A la moderne, font celles qui font flanquées par tout : St les corps flanquans St flanquez font tellement folides St de telle matière, qu’ils peuuent refifter au Canon.
- Chaque païs a fa mode de fortifier, comme à la Françoife, à l’Italienne , à FHolandoife, à l’Efpagnole, &Cc. St ces dénominations font feulement à caufe de la différence qu elles ont en certaines circonftan-ces, ou accidens \ aux chofes effentielles toutes s’accordent.
- Des Fortifications modernes, il y en a de deux fortes -, fçauoir, regulieres , St irregulieres. %
- Les Places regulieres font celles qui ont les codez St les angles efgaux, St les Battions qui font fur iceux angles, efgaux auffi, & la force efgale par tout.
- Les Places irregulieres font celles qui n’ont point l’efgalité fufdite, ou des codez, ou des Battions, ou de la force -, de cefte façon font la plus part des Places.
- On
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- Liure I. Partie I.
- 3
- ObieÜion contre U definitio de la Fortification régulière.
- Refionfi a l’obic-ïïion.
- On pourroitdke contre cette définition, qu vne Place qui auroit toutes les races &C tous les Battions efgaux, eftant commandée de quelque cotte, la force ne ferait pas efgale par tout : ceft pourquoy félon la définition elle ne ferait pas reguliere, ce qui eft abfurde. le refpons que la Place ,bien que commandée de quelque collé, ne lailferoit pas deftre efgalement forte en elle mefme par tout: mais de ce collé cette force ferait furpalfee par celle du commandement laquelle pourtant demeurerait toufiours la mefme, bien que cette plus grande force luy fuit opposée , comme yn homme qui refiftera à vn autre homme ordinaire, & Comparafin. ne pourra pas refifter à vn géant j il naura pas pour tout cela moins de force contre celuy-cy , que contre l’autremais la force fera furmontée par vne plus grande :ainfi des Battions,ils feront en eux-mefmes de Force efgalle, mais aucuns prédominez par la force extérieure.
- Des Fortifications régulières, les parties font la Figure,qui eft l’efpace proposé à fortifier, compris de plusieurs lignes droites, elgalles entre elles, lefquelles à leur rencontre font les angles efgaux, comme en la fécondé Figure de la première Planche les lignes LH,HR,R &c. font la moitié dvnExagone, & lautre moitié doit eftre de melme.
- Or la Figure prend là dénomination du nombre des angles, ou des dVu prend
- n _*_/L J---------1— -Il _ ->---:------- i . _ _ i.i fa dénomination.
- Parties des Fortifications reguliere s.
- qui veut dire , trois, & gonia, angle -, tetragone, de telfares, qui veut dire, quatre, & gonia, angle, &C ainfi des autres : Pentagone, ceft à dire, à cinq angles *, exagone, à lïx > eptagone, à fept * ottogone, à huiét} en-neagone , à neuf-, décagone, à dix jendecagone, à vnze -, dodécagone, à douze ydecatrigone, à treze -, decatetragone, à quatorze *, decapenta-gone , à quinze *, decaexagone, à feize -, decaeptagone, à dix-fept $ de-caottogone, à dixhuidt -, decaenneagone, à dix- neuf -, icofigone,à vingt, &c. Si cell des collez qu elle prenne le nom, on l'exprimera par deux mots Latins, comme trilatere, quadrilatère, &c ainfi des autres.
- Les collez de la Figure, font les lignes qui font, ou comprennent la Figure,comme les lignes LH,HR, Ri^, &cc.
- L angle du collé de la Figure, ou Amplement langle de la Figure, eft celuy qui eft fait par le rencontre, &c inclination des collez de la Figure, comme les angles B HR, HR ç*.
- Langle du centre eft celuy qui eft faitpar deux lignes, chacune défi-quelles commence à langle du collé, &Cfe termine au centre,où toutes deux fe rencontrent, & font langle du centre. Autrement, langle du centre eft celuy qui eft fait au centre par le rencontre des deux prochains demi diamètres de la Figure, comme H S R.
- Cofiez. de la Figure que fi-ce.
- cingle du coïîL
- cingle du centre„
- Baftion , & fis parties.
- pose
- QMAEF.
- La gorge du Baftion eft cet efpace qu’on prend efgalement de cha- Gorge du Baftion. que coftéde l’angle de la Figure fur les collez d’icelle, & qui fait la largeur de l’entrée du Baftion du cofté de la place, dont l’vne des moitiez sappelledemy gorge, comme HQ^eft vne demi gorge, & Q_F,eft toute la gorge.
- A *
- Le
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- Flanc que cefl.
- Courtine.
- Face du Bastion,
- F ointe du Baftion.
- Ligne de defenfe.
- Angle flanquant.
- Flanc cwuert.
- Orillon.
- Ligne deï Epaule. Place bajfe.
- Place haute.
- Emhrafures.
- Merlon.
- Rempart,
- Porfll propre a voir toutes les parties dlvne Place.
- Rempart veu en la Figure du porfll.
- 4 De la Fortification reguliere,
- Le Flanc eft vne ligne qui cft efleuée perpendiculairement fur le co-fté de la Figure, au pomd où fe finit la demy gorge du Baftion, à laquelle il eft efgal, comme Q M.
- La Courtine eft tout ce qui eft entre deux flancs les plus proches des deux Battions differents, comme QJC.
- Faces, ou pands de Baftions, font les parties d’iceluy, qui font opposées à la campagne, lefquelles auec les flancs acheuent de former le Baftion, ou bien ce font les parties du Baftion qui font depuis l’extre-mité du flanc, iufques à la pointe, comme A M, & A E.
- La pointe du Baftion, ou Angle flanqué ,eft la partie du Baftion la plus auancéc vers la campagne, ou bien celuy qui eft fait par la rencontre des deux faces,comme la pointe A*
- La ligne dç defenfe eft celle qui eft tirée depuis la pointe du Baftion, iufques au poind où le flanc opposé fe rencontre auec la courtine, comme AC.
- Angle flanquant eft celuy qui eft fait par les rencontres des faces des deux Baftions prochains, prolongées vis à vis du milieu de la courtine, comme MOP, lefquelles monftrent où commence la defenfe du Baftion , d où s enfuiuent deux denominaifons des flancs, rafans lorsque la defenfe du Baftion commence au flanc opposé,fichans lors quelle commence dans la courtine > & cet elpace depuis où commence la defenfe , iufqu au flanc s’appelle premier flanc, &C l’autre ja defini fécond flanc.
- Flanc couuert eft celuy duquel la plus grand’ partie auance pour cou-urir celle qui refte, comme aux trois Figures d’Ôrillons, marquées 1,1.3. le flanc couuert eft B C. & la dcuxiefme Figure où font les Baftions, en ce mefrne flanc couuert eft marqué K.
- Orillon, ou efpaule , eft la partie qui couure le flanc couuert, comme E F, dans les Figures des Grillons.
- La ligne de l’Efpaule eft celle qui faifant partie de l’Efpaule eft opposée à la courtine, comme C E en la Figure des Orillons.
- Place baffe eft cefte partie du flanc, qui eft plus balfe dans le Baftion que le refte diceluy, comme on verra clairement en la Figure mifeen fon Chapitre, & icy elld eft en la Figure des Orillons en C B.
- Et la Place haute eft celle qui eft plus arriéré dans le Baftion,à mefine hauteur que le rempart d’iceluy.
- Embrafurçs ou Canonnières font louucrture du flanc par où tire le Canon.
- Merlon, eft ce qui eft entre deux Canonnières, qui couure le Canon, & la Place baffe.
- Le Rempart eft tout le terrain qui couure & enuironne la Place,marquée par la ligne v ,
- Les autres parties fe verront mieux aüPorfil, autrement appelle Orthographie , qui eft proprement la reprefentation déroutes les hauteurs de la Place, lequel on fe pourra imaginer, comme fi l’on voyoit la fe-dion de la Place qui fuft coupée par le milieu de la courtine.
- Icy l’on verra le Rempart ja dit eftre H F, en la Figure du Porfil, fa pente vers la Ville eft G H.
- Le
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- Liure I. Partie I.
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- Le Parapet d’iceluy eft ce qui eft efleué par deffus le Rempart du CO- Parapet. fié de la campagne, comme HIL.
- Le chemin des Rondes eft cette eipace qui eft au deuant du Parapet chemin des nndu. du Rempart, comme Y N ; ÔC fon Parapet eft marqué M Y.
- L’Efcarpe de la muraille eft cette pente qu’on donne à la muraille, à cfitrpe. fin quelle fouftienne mieux la terre, comme O QP.
- Le corps, ou folidité de la muraille, fans comprendre l’Efcarpe, s’ap- emp de u mu '. pelle, la chemife, comme P M. rmlk-
- Les Elperons,ou Contreforts,font certaines auances de la muraille du Effcrons. cofté de la Place entrans dans le Rempart,comme on verra en leur lieu.
- Le Fofsé eft cet efpace creusé tout autour entre la Place & la campa- Fofsé. gne, comme R
- La Cunette, ou petit Fofsé eft celuy qui eft au milieu du grand, mar- cmene. qué A.
- La Contre- efearpe eft le bord du Fofsé tout autour de la Place duco- Contre-cfcarpe. ftc de la campagne, ou bien la hauteur du Fofsé, qui eft opposé à l’Efcar-pe, comme T R.
- Chemin couuert eft ce lieu qui eft fur l’Efcarpe plus bas, & à couuert Chemin cornert. de la campagne, comme T V.
- L’Efplanade eft ce rehaufïêment de terre qui fêrt de Parapet au che- Esfianade. min couuert, Sc va fe perdant dans la campagne, comme X.
- La Place d’armes eft cette diftance qui eft entre le Rempart & les mai- pi** d’armes. fbns de la Ville:ou bien la Place qui eft au milieu de la Ville,ou autre part où eft le rendez- vous des Soldats en cas d’oecafion, ou pour la garde.
- A XI ME S > OV PRECEPTES
- generaux pour la Fortification. Chapitre II.
- A force d’vne Place doit eftre efgalement proportion- chef* epmieües
- née nar tour de ta force d’vne
- nee partout.
- Qu’il n’y ait aucun lieu dans la Place qui ne fbit flâqué.
- Que les parties flanquées ne fbientpas efloignéesdes
- WmÊjjSËficj^ flanquantes, plus que la portée des armes defquelles on
- fe defend, dont les principales font lesMoufquets.
- Que tant ce qui flanque, que ce qui eft flanqué fbit à preuue, ou capa-
- ble de refifteraux armes & machines de l’affaillant, dont les plus fortes font les Canons.
- Que les pièces de la Fortification les plus proches du centre foient toufîours plus hautes, & commandent à celles* qui en font efloignées.
- Que les angles flanquez foient droits, ou approchans de l’angle droit.
- Les angles flanquans les moins obtus font les meilleurs, demeurant le Baftion angle droit.
- Les Battions qui ont plus de defenfe, ou font plus flanquez, font les meilleurs.
- CO N
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- Utiles a quelle fin frafiieSo
- Cdnfutle premier qui enferma le terrain de murailles.
- Exemples.
- BaHir & fortifier failles eft murage de Prince.
- En vn grand Eftat ne faut fortifier que les Places frotteres.
- Ports de mer foncières doiuent eftre fortifiez..
- Çoqfiderations fur (ajjiette d’vne Pla-
- 6 De la Fortification reguliere,
- CONSIDERATIONS \AVANT
- que Fortifier*
- Chapitre III.
- > .
- A fin pour laquelle on baftit les Villes, eft pour pou-uoir fe défendre auec plus d’auantage, ÔC que peu de nombre puifle refifter a vnplus grand. Au commencement on les baftifloit pluftoft pour la fin politique, & pour tenir enfemble les peuples, & les régir par loix, que pour la defenfe : car on voit quon donnoit beaucoup plus de batailles, quon ne faifoit de fieges. Cain fut le premier qui enferma le terrain de murailles, & appella la Ville qu’il baftit He-noch, du nom de ion fils aifîié, dans laquelle il fe retira auec toute fe famille pour eftreplus en feureté, 8c auoir retraitte des courfes ÔC pillages qu’il faifoit furie pays. Du depuis des autres fe font feruis des Villes à mefme fin *, 8c fe voyans trop foibles dans la campagne, fe font tenus dans les Villes. Les Byfentins prefiez par Philippus laifferent la defenfe de leurs confins, & fe retirèrent dans les Villes, cependant Philippus abandonna fon entreprife. Hafdrubal fils de Gifcon, prefsépar Scipion diftribua dans les Villages ce qu’il auoit de refte de la deftoute de fon armée, & fut en feureté. Maintenant toutes les Villes qu’on fortifie ne font pour autre effeét que pour la retraite,defenfe,& affeurance de l’Eftat.
- Baftir 8c fortifier les Villes font ouurages des Princes, à caufe de la grande defpenfe qu’il y a à les faire, & à maintenir les garnifons ordinaires, qui font necenaires à leur conferuation, laquelle eft fi grande qu’autres que les Princes ne feauroient y fournir.
- Le Prince auant que de les entreprendre doit auoir plufîeurs confide-rations. Qn ne doit les baftir qu’aux lieux neceflaires : comme dans vn grand Eftat il faut feulement fortifier les Places frontières, pour empefe cher les voifins d’entrer fens frapper à la porte. De mefme les paflàges, où Ton fait le plus fouuent des Chafteaux, ou Forts aux endroits plus auantageux, Les Ports de mer qui font tenus pour frontières doiuent eftre aufli fortifiez *, & tous les lieux qui peuuent eftre abordez des voifins fens nul empefchement. Les autres lieux ne doiuent pas eftre fortifiez ; car il feroit plus nuifïblequ’vtile de baftir dans le Corps de l’Eftat des Places fortes, puis que d’aucune part on ne craint l’ennemy : 8c feroit à craindre qu’elles ne donnaient fojet de rébellion aux feditieux, lefquels s’en eftans emparez, le Prince auroit beaucoup à faire à les mettre à la raifon. A Tours on a fait des Fortifications, qui ont demeuré long temps imparfaites jpour auoir recogneu quelles ne pouuoient feruir que de retraitte aux mal-contens \ dequoy nous voyons des exemples allez frequens aux guerres ciuiles de noftre France.
- Il faut aufïï confiderer les commoditez de lafliete, & prendre lapins auantageufe ^de celles-cy nous en parlerons en particulier. Ondoitauffi auoir efgard que le lieu foit commode pour le trafic,8c qu’il y ait quelque riuiere pour le çranlport des dentées,principalement aux grandes Places.
- On
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- Liure I. Partie I. 7
- On doit choifir le lieu où l’air ne foit pas mauuais, veu qu’il fait mou- L'air y doit effirè rir plus de Soldats que ne font les ennemis : Et fi vn fiege dure long hon' temps, la maladie fans autre force contraindra ceux de la Place à fe rendre. En temps de paix ,perfonne n y veut aller pour y habiter ,& par ainfi la Place demeure deferte.
- H faut que le Prince le mefure félon là force, & qu’il ait du monde ce qui 4 necejfai-aflèz pour garder la Place en temps de paix, & la defendre en temps de 7 au PnncePour guerre, & pour la fecourir lors qu elle eft afliegée -, argent fuffifamment îZ** pour payer les Soldats, & des munitions pour les entretenir 3 & ne faire pas comme vn Prince d’Italie , lequel frelchement a fait fortifier vne Ville de fi grand circuit, qu’il faudrait deux fois autant d’hommes qu’il y en a dans fon Eftat pour la defendre.
- Si fon Eftat n’eft pas beaucoup peuplé, il feroit mal à propos de baftir ides Villes neuues pour les laiflèr apres defertes : toutesfois aux lieux ne-ceffaires, ou qui font de grand abord, on pourra le fëruir des moyens fuiuans. Pour attirer les peuples des autres païs à les venir habiter, on donne des franchifes plus grandes qu’aux autres lieux : car autrement perfonne ne voudrait lailfer le lieu où il eft habitué, pour s’aller loger dans les lieux peu fréquentez, où il n’y a ni cotiuerlation, ni commerce.
- A Ligourne on permet que toute forte de perfonnes s’y réfugient &C Exemples. foient afleurez, bien qu’ils ayent commis plufieurs crimes autre part.
- Les Vénitiens condamnent les riches qui ont mérité chaftiment de baftir quelque maifon dans Palma-noua 3 d autres d’y habiter vn certain temps.
- Moyle dans trois Villes qu’il baftit, Bozor en Arabie, Arimna en la terre des Galaadins, Gaulalin en la région Bataldide, concéda que ceux qui s’y refugioient ne fuflènt point punis des homicides qu’ils auoient commis non volontairement. Romulus apres auoir bafti Rome, l’appella lieu d’azile, où tous ceux qui s’y retiroient eftoientabfous de toute forte de crimes, &C les efclaues faits libres.
- Toutes ces confiderations & autres doiuent eftre pefées meurement, ô£ à loifir confultées par des perfonnes expérimentées auant que commencer vne fi grand œuure.
- Il y a des lieux où les Fortifications font plus neceflaires qu’en d’au- Fortifications plus très 3 comme en Italie, à caufe de la quantité des Eftats qui font proches Zuxu'cn^aH--l’vn de l’autre, & fi petits, qu’en la plufpart prelques toutes leurs Places nés. q font frontières. En Hollande &C en Flandres on fortifie plufieurs Places, parce qu’ils font continuellement en guerre. En Molcouie &C en Po- plafes ne fatfor-logne on ne les fortifie pas, parce que les Princes font eledtifs, lefquels ^ Poi^mT& pourroient vforper la domination, &C fe faire lùcceflifs s’ils auoient des pourqmy. fortes Places. Mais celle couftume eft tres-pernicieufe pour le peuple,
- & pour le païs, lequel par ce moyen eft ruiné, & la guerre en eft plus cruelle, & dure plus long temps, auec vn extreme defordre & confu-fîon 3 ce qu’ils commencent à recognoiftre, &C les plus habiles font fortifier leurs Places, pour euiter le rauage qui fe fait par ces armées volantes , qui gaftent comme le feu tous les lieux par où elles palfent : Ce qui n’arriue point en Hollande &C en Flandres 3 fi on fait quelque fiege, le ubourage en Fkn-trafic &C le labourage ne ceflènt point, le païs demeure en fon entier fins àm. eftre foulé, &c la Iuftice régné aufîi bien au plus fort de la guerre,qu’au
- plus
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- Biens prouenans de la Fortification,
- Ce qu'il faut confi-derer amnt que co-mencer vne Fortification.
- Places commandées en diuerfes manières.
- JOêuerJitéde Sites,
- 8 De la Fortification reguliere,
- plus tranquille de la paix, tous font en repos,& viuent afleurez dans leurs Villes. Ce font les biens quela Fortification caufe, ceft elle gui main-tient la liberté aux peuples, qui les defend de Toppreflion de 1 ennemy, aide les foibles, refifte aux forts, fait fleurir les Eftats, conferue Tordre, les droits & la Iuftice,chafle le defordre &C la mefchanceté, & empefche^ T vfurpation. Puis donc que la Fortification eft caufe de mille fortes de biens à ceux qui s en feruent, & ne fait pas dommage aux autres,elle doit eftre eftimée mife en vfage.
- DES sASSIETES, OV SITES.
- Chapitre IV.
- *
- Va n t que commencer quelque Fortification, on doit auoir choifi le lieu le plus propre -, ceft pourquoy nous traitterons icy des Affietes, ou des lieux fur lefquels on peut baftir les Fortifications : ie prendray icy apres indifféremment le nom de Site,ou Afliefedefquels ie diui-feray en hauts, moyens & bas : Et ceux-cy fe fubdiui-feront en ceux qui font fecs, & ceux qui font tous , ou en partie enui-ronnez d’eau, laquelle fera de mer, ou douce;, & celle-cy dormante,ou courante.
- Les lieux hauts font accefïibles,ou inaccefflbles -, ou partie acceflibles, partie inacceflibles, tant les fecs que ceux qui font dans leau. Les moyens prefoppofenttouffeurs eftre commandez, puisquily a des lieux plus hauts.
- Ox ce commandement peut eftre diuers, ainfi quà ceux qui font au plain Mefquels aucuns font commandez, autres non. Des commande-mens,ils font ou beaucoup , ou peu hauts d’vn cofté, ou de plufieurs, efloignez, ou proches: par fois il y a quelque valée,ou précipice entre le commandement, 8c la Place, ou quelque riuiere, ou tous les deux.
- Les Sites qui font dans les eaux, comme dans la mer, font fur les efcueils acceflibles, ou inacceflibles, emiironnez d eau tout au tour, ou de plufieurs coftez ,auec quelque aduenue du cofté de la terre ferme, ou de Tille, ou fans point daduenuë, commandez, ou non: Autres demeurent à fec lors que la marée eft baffe , &C enuironnez d eau quand elle eft haute. Aucuns font dans les marais, ou lacs -, les autres enuironnez d vne, ou plufieurs riuieres, qui peuuent eftre d eaux viues, ou qui tariflent en temps d’Efté. Par apres le terrain doit eftre confideré, duquel nous traitterons à part. Il y a encor des Sites qui font tellement fituez quon peut inonder tout le païs,la Ville demeurant entière plufieurs autres fortes qu’il feroit comme impoflible de dire, defquels la variété eft fi grande,que ie ne croy pas qu’il s’en trouue deux feulement qui foient en tout tellement femblables qu’on n y recognoiffe quelque différence. Nous parlerons de ceux qui ont efté alléguez en monftrant leurs commoditez Sç incommoditez, force &C foibleffe, &C les autres circonftances le plus exactement qu’il nous fera poflible.
- Autrefois
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- Liure I. Partie I. 9
- Autrefois on choififfoit les lieux les plus hauts pour baftir les Places, Places bafties ah-lefquels on eftimoit par defliis tous les autres, à caufe de la force de leur ^'Sham™* U$ afliete, laquelle n’eftant point commandée furpafle toute autre forte de f Site. Mais du depuis on a changé dopinion, ayant confîderé que la principale fin pour laquelle on baftit les Villes eft pour habiter, & pour
- Îr faire la conuerfation ou affemblée ciuile, le trafic 8ç commerce auec es voifins, fans lequel elles ne peuuent fubfîfter. Par apres on les fortifie pour fe pouuoir defendre, qui fait qu’il faut auoir les commoditez premièrement de l’habitation & des habitans, & fecondement de la Force. Or les lieux hauts s’ils font bons pour la force, ils ne le font pas pour la commodité des Citadins. le parleray donc de chaque efpece en particulier, deduifant leur bonté &C defauts.
- Ceux qui font inacceflibles ne peuuent eftre pris par la force *, car quel moyen y a-t’il de prendre ce à quoy on 11e peut arriuer ? c’eft pourquoy ils n’ont befoin d’aucune Fortification.
- Aucuns font enuironnezd’eau, commeS.Michelen Bretagne, lequel ie tiens auffi imprenable de force} car outre l’auantage du Site, en haute marée il eft enuironné de la mer, &c en baffe il n’y a que fables *, tellement qu’il ne peut eftre ferré ni par armée de terre, ni par armée naüale.
- Il fe trouue de femblables Sites dans les riuieres, comme Roche-maure, & le Chifteau Dair, tous deux au milieu du Rhofne, baftis fur des rochers taillez de tous coftez : toutesfois ceux-cy ne font pas fi forts que les autres, parce qu’eftans proches de terre,8c baftis de pierre,ils peuuent eftre battus, &c rompus à coups de Canon, ou par les Caualiers qu’on peut faire, ou par les eminencesquife treuuent au tour.
- D’autres font partie dans la mer, èc de l’autre cofté joints à la terre, aucuns defquels font tout à fait inacceflibles, comme la Rocquelleen Calabre, &; Corfou, qui eft aux Vénitiens, à l’extremité de fine fur vn rocher inacceffible, auancé dans la mer , fur lequel eft bafti ledit Cha-fteau, ou Fort, qui n eft pas fi haut que S.Michel -, c’eft pourquoy ie. f e-ftime defendre mieux la mer :car les coups tirez de là font plus dommageables à ceux qui paffent, parce qu’ils rafent dauantage. De cette façon eft encor le Chafteau de Douure : mais pour eftre trop haut ne peut aucunement endommager les Vaiffeaux qui paffent au pied d’iceluy.
- Par fois ces lieux font acceffibles du cofté de la terre, bien que diffici- VtlLe* aya™ des salement,comme Gayete dans le Royaume de Naples,& Nice en Prouence dtt co~
- dans l’Eftat de fon Alteffe de Sauoye -, &C ceux^ cy doiuent eftre fortifiez du cofté acceflxble,y faifànt les pièces qui conuiendront le mieux au Site.
- Des lieux en terre inacceflibles de tous coftez, il s’en voit plufieurs: inacceflibles. Verrogola dans le Pifàil,au haut d’vn rocher, Radicofani aux confins de l’Eftat du grand Duc auec le Pape. Comme qu’on baftifle ces Places, il nimporte pas*,fi Ton veut on y fera quelque tour,ou flâc,foit pourlome-ment du baftiment, ou pour f augmentation de la force. S’il y a quelque cofté d’où l’on fbupçonne l’ennemy pouuoir approcherai faudra fortifier ce cofté,corne on peut voir à Radicofani,& corne nous dirons en fon lieu.
- Il fe trouue plufieurs lieux hauts en terre, acceffibles,aufquels on peut puces nieuécs dot monter aflez facilement, comme Talen auprès de Dijon, lequel a efté ^cecese^ autrefois fermé, mais du depuis on fa abbatu *, Cordes en Albigeois eft
- B vne
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- io De la Fortification reguliere,
- ynç Ville fituée fur vnc montagpe de terre , qu elle occupe entièrement, & n’eft pas commandée d’aucun lieu > celle-cy eft murée, mais non pas fortifiée. Sancerre eftoit fortifié fur vn lieu haut, mais maintenant det moli depuis que Monfieur le Prince la pris.
- Lieux fmx. ** Ces lieux hauts d ordinaire font petits, particulièrement ceux qui font
- tnu&wiZTfw aux cimes des montagnes Sc rochers:de façon quon n’y peut baftir que ^ordinairepetits, quelquesChafteauxjefquelsferuentpeurcarencorquilsfbienttres-forts pour ne pouuoir pas eftre pris, à caufe de leur excefiiue hauteur, ils ne peuuent pas faire beaucoup de dommage, fbit fur la mer, ou for la campagne. On les baftit,& on y tient garnifon aucunefois,no pour s’en feruir, mais afin que quelque rebelle ne s en empare, ou lennemy voifin de cet Eftat. Ils ont cela d’auantageux qu’ils ne peuuent eftre forcez que par la faim,ou par la fbififont hors de bâterie,de mine,de fàppe,& inaccembles, & peu de Soldats les peuuent garder long téps -, c’eft pourquoy il faut peu de munitions pour les entretenir,& endurer vn long fiege,outre que d’ordinaire ils font en bon air. Ceux qui font dans la mer font meilleurs quant à la force ,par ce qu’ils ne peuuent pas eftre fi bien affiegez, que quelque temps de l’année les tormentes ne aiffipent l’armée afïàillante, & donnét loifîr à quelque barque d’y porter des rafraichiffemens/ou bien il faudroit auoir pris tout le pais circonuoifin.
- L'lTuf07a&7J ^es ^eux hauts font grandement bons quant à la force, parce qu’ils commodes pourïaj- commandent tout autour,& ne font pas commandez,&l’afïaillant ne fe [aillant, peut couurir qu’auec grande difficulté, ni faire aucun trauail qui efgale la
- hauteur de la Place. A toutes les forties ceux de dedans ont l’auantage d’eftre toufîours plus hauts, & de tenir le deffos -, &C peu de hauteur de, Rempart & de Parapet les couure. U en faut beaucoup pour couurir ceux de dehors, &c les tranchées tres-hautes pour n’eftre pas veus de la Place-, corne auffi les Parapets des Bateries,afin que les Canons foient à couuert apres leur recul : Et quoy qu’ils faffent ils font toufîours à la veué de ceux dç dedans, qu’ils ne peuuent pas voir. Bref ces Sites font très-bons, &c doiuent eftre mis au premier rang de la force. Mais tout ainfi qu’il n’y a rien de parfait,auffi ont-ils leurs imperfections. Bien fouuent faute d’eau, faute deterreja difficulté du charroy &C du trafficj’incommodité de tant monter & defoendre : Outre cela ces Places font toufîours efloignées des fleuues, qui eft vn fïgnalé defaut, principalement lors quelles font gran-Riuieres necejfaires des : Et femble quVne Ville ne petit durer fi elle n’eft proche de quelque mx Mies. riuiere *, auffi combien de Places voit-on eftre changées pour n’auoir pas
- cefte commodité. Fiefole, Ville fituée for vn lieu haut, a efté dépeuplée apres que Florence aefté baftie en la plaine auprès du fleuue Darno.Lyon eftoit autrefois en haut à S.Iuft, &; maintenant il eft au long de la Saône & du Rhofne % 8c plufîeurs autes Places qui ont efté changées pour s’approcher des riuieres, quifont tres-necefïaires aux Villes. On en voit peu maintenant par lefquelles, ou bien près ne pafle quelque riuiere : c’eft pourquoy cette forte de Site ne fe met en vfàge que pour les Chafteaux, ou Citadelles qu’on fait en ces lieux, afin qu ils commandent aux Villes qui font bafties dans la plaine. La defenfe eft mal-aisée en ces lieux, foit ou pour riauoir pas de terre pour faire les ouurages & retranchemens, commç auffi parce qu'il eft fort mal-aisé detirer le Moufquet en bas, les
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- Parapets eftans de iufte efpoiffeur. Ét eneor bien pis, le Canon qui fait plus d’effed tire de bas en haut,que de haut en bas*,parée que le feu monte en haut, &C par confequcnt accompagne plus long temps la baie qui eft poufsée en haut j au contraire tirant en bas,le feu s en va d’vn cofté, & b baie de l’autre : outre cela les coups tirez de bas en haut prennent les murailles par le pied & les enleuent,& ceux de haut en bas ne font qu enfoncer auec peu de ruine. Ceux qui commandent àceslieuxdoiuent eftre foigneux d y tenir des viures & munitions à fuffifance,auoir des grandes cifternes pour contenir quantité d eau, faire exade garde, & nelailferentrer perfbnne dedansqueceux delà garnifon,ou quifoient bien cogneus, fans armes: Ils feront vigilans pour fe garder d'eflre fur-pris par nnelfe, puis qu’ils ne craignent pas la terre.
- Les lieux bien que hauts qui font (ur la defcente, &c commandez,font moins forts, & beaucoup defedueux, & très mal-aifez à fortifier : de cette forte eft Sedan qui eft for la defcente, fans en eftre feparé que par Vn fofsé fait dans le roc par vn long trauail. De ceux qui font feparez du commandement eft Montmelian, lequel eft commandé de la montagne voifine,8c feparé par vne Valée qui eft entre-deux. C eft vn grand defaut à vne Place d eftre commandée *, c eft pourquoy on y doit remedier le mieux qu’il fe peut, enfermant ce qui commande à la Place, ou la plus grade partie,comme on a fait à Sedan jou bien faifant quelque Chafteau, ou Citadelle au lieu qui commande, comme on a fait à Orenge, où la Ville eft fîtuée au bas, au haut on a fait vn Chafteau très-fort auec vne belle Place d armes, qu’ils appellent la Vignafte. Que fi l’on ne peut faire ni l’vn ni l’autre, il faudra fe couurir de plulîeurs pièces l’vne deuant l’autre du cofté que la Placé eft commandée, comme on a fait à Montmelian, auec des hautes pièces, &C plufieurs trauerfes qui empefchent qu’aucune partie ne peut eftre enfilée, ainfi que nous dirons en la Fortification irreguliere.
- Refte à parler des Places qui font en la plaine, lefquelles font de plufieurs fortes, dont les plus mauuaifes font celles qui font commandées-, & celles où le commandement va fe perdent iufques aux Contrefcarpes de la Place, ou bien près, font les pires. D’autant que tous les ouurages qu’on fait au dehors de la Place font commandez,& tous ceux de lenne-my commandent. Ceux cjui attaquent ont cet auantage, qu’ils peu-uent mettre leurs batteries à telle hauteur qu?il leur plaift , & a mefure qu’on hauflera les trauaux dans la Place, ils haufferont aufli leurs batteries , lefquelles leur commanderont toufiours, 6C defcouuriront dans la Place quelle diligence que ceux de dedans y fçachent faire. On remarquera que ces cômmandemens font plus nuifibles que ceux qui font ex-cefliuement hauts & coupezf ennemy s’en fert plus auantageufement pour rompre, pour emporter les trauaux, pour faire brefche,&; ofter les defenfes : car les coups tirez à niueau font plus d’effed que ceux qui viennent de haut, comme fera demonftré apres. Il eft vray que les plus hauts d efcouurent d’auantage, & tourmentent ceux de la Place, qui ne fçaurok s en couurir. De cette façon eftoit Verrue, à fon Altelfe de Sa-uoye, qui a neantmoins fouftenu l’vn des plus fignalez fieges qui ait ia-mais efté mis deuant Place.
- Lieux difficiles a fortifie,.
- Montmelian fèpa* ré de la montagne cjui luy commande, par vne valée. Defaut à*vne Place commandée, & les remedes.
- Diuerfité des Places qui font en la plaine.
- Siégé de Venue tres-t
- B i
- Les
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- 12 De la Fortification reguliere,
- places commandées Les Places qui font commandées de plufieurs, ou de tous collez font tepZàl/rfbM encore plus mauuailèsque les autres,& ne peuuent iamais eftre bien for-fortifiées. tifîées : car quoy que ceux de dedans fçachent faire,ils ne peuuent iamais
- fi biencouurir. Et lors qu ils fontquelque lortie ceux de dehors ontfa-uantage de tous collez,veu quils voyent tout ce qui eft dedans-,car aucun trauaii ne les peut couurir. Elles ont tous les defauts que nous auons remarquez aux autres -, & d’autant plus qu elles font plus commandées : de celle façon eftoit S. Antonfo que le Roy afliegea & prit contre les Huguenots , Genes en ell de mefmes.
- opinion faujfe de Yen ay veu qui foullenoient que les Places commandées font meil-
- nZ Te iZpiZ's leures que celles qu*ne k f°nt Pas : Mais i’ellime cette opinion erronée, commandées font & qui ne doit pas eftre difputée, comme làns fondement & làns raifon j meilleures. & i eftime que vouloir monftrer là faulfeté, feroit fe rompre la telle en
- vain apres vne chofe à quoy tous d’vn commun confentement repu-
- Î;nent, 6c n y a que peu de perfonnes qui louftiennent ce caprice contre a raifon. Pour moy ie ne trouue autre auantage aux Places comman-°^es quela difficulté de faire les mines à ralfaiïlant, à caufe qu’il faut theur. quil creufe beaucoup auant qu’il foit au niueau de la Place, &C la facilité
- à l’aflàilly : mais celle commodité eft contrepesée de mille autres incom-moditez plus importantes que celle là. C’ell pourquoy celle feule ne doit pas eftre eftimée plus forte que toutes les autres pour perluader à receuoir cette faulfe opinion.
- places non comma- Les autres Places qui font en plaine làns eftre commandées, loient
- lZrZIeure!/m fiches, ou enuironnées d’eau font très bonnes. I’ellime que pour les Places Royales &c parfaites cette forte de Site doit eftre choifi par defius tous les autres : car elles n’ont aucuji defaut de ceux que nous auons précédemment alléguez : Elles ont prelque toufiours la commodité des ri-uieres, la facilité du charroy : on aaulfi leftendue de la campagne pour fe fortifier à plaifir,de la terre à commandement pour faire les Rempars, Parapets, Caualiers & autres ouurages -, on peut auancer de grands dehors dans la plaine,flanquez 6L commandez lvn apres l’autre par degrez; les eaux pour boire, de puits, ou de fontaine n y manquent iamais-. bref, c’ell l’alfiette qu’on çhoifit d’ordinaire pour les grandes Villes. De cette forte il n eft pas befoin d’en rapporter d’exemples, parce qu vn chacun en peut communément voir. C’ell fiir cette forte de Site que nous entendons deuoir eftre faite la Fortification reguliere que nous defcrirons cy apres, parce que tous les autres delfus alléguez ne peuuent pas eftre places non commd- fortifiez regulierement. Sur vn Site femblable eft fortifié Palma-noua "sen lapiame. dansf £ftat: des Vénitiens, &c Cpëuorden aux Hollandois, Manhem en Allemagne ; toutes lelquelles trois font dans la plaine làns eftre comman-charle-ville baHie dccs. Charle-ville que Monfieur de Neuers a fait baftir eft bien regu-PNeueZ™fî7egt ^CÏC » m^s ü Y a 1£ Mont Olimpe qui la commande, toutefois il eft de litre. la Place. Celles qui font enuironnées d’eau en plaine, le font d’eau dou-
- ce *, d’eau de mer ne le peuuent eftre, fi ce n eft quelles foient hors de la mer en quelques lagunes, ou rochers, comme nous auons dit, ou Mes entières, dequoy nous ne parlons pas} car c’ell pluftoft païs que Site ufrZnéeZZpZZe ^ vne Place. Porte-ferraro eft enuironnée la plus grande partie de la de k mer. mer, de f autre feparée de la terre de fille par vn fofsé artificiel : Mantouë
- eft
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- Liure I. Partie I.
- 13
- cft enuironnéc d’vn lac de tous coftez à h portée du Canon, & d’auan- Exmfiu èu «i. tage : Aiguefmorte eft entourée d’eau courante qui palTe dans les m
- foilez tout autour : Ferrare du cofté de Boulongne a de grands marets,
- & du cofté de Venife des canaux fort larges qui font faits par artifice de *»*««• l’eau du Po que l’on a deftourné : Peronne frontière, du cofté de France a de grands marets, fur lefouels eft vne auenuë ou chemin pour entrer en
- rions : &c ces lieux peuuent effare tellement fortifiez, qu’il fera prefques impoffible de les forcer *, ou on peut couper ces paflages , &C empefeher fennemy de fe pouuoir approcher. Cette forte de Site confideré en foy-mefme eft à la vérité très- fort : mais il faut aulïi prendre garde que pour les aflieger il faut peu de monde à l’aflâillant -, outre cela ces lieux font fort mal-aifëz à eftre fcçourus, & ceux de dedans ne peuuent faire aucune fortie, &c l’air d’ordinaire y eft mauuais : Toutesfois ils doiuent eftre eftimeztres-forts, puis qu’ils ne peuuent eftre prinsqu’auec difficulté,
- & par vn long fiege.
- Les Places qui ont la mer, & vn Port d’vn cofté, font les meilleures p laces ayons u mer de toutes les precedentes, à caufè quelles peuuent eftre toufiours fecou- ^ fîntwiiku rues de nouueaux Soldats, &C rafraichies de munitions, principalement ni quTiH^ruI lors que ceux de la Ville font les plus forts fur la mer : de cette forte eft demes-Oftande, contre laquelle on fçait aflez combien le fiege a duré, & com- skge dv fonde. bien elle a coufté auant qu eftre prife, à caufe du fecours que ceux du dedans auoient ordinairement par mer. Pour aflieger ces Places il faut toufiours deux armées, vne par mer, & vne par terre : celle de mer ne peut eftre continuellement ferme, à caufe des tourmentes *, 8c alors elles peuuent eftre fecourues : comme il arriua à Porte- ferrare affiegée de huilante Galeres du Turc, qui fut fecouru par vne feule Galere du Duc de Tofeane, laquelle pafla au trauers de cette armée à la faueur du mauuais temps fe rendit dans la Place.
- Venifè eft vn Site tout different desautres, fituée à l’extremité de la Site de Venife dif-mer Adriatique *, la plus proche terre eft à cinq mille. Il n’y a aucune ter- ferem des mms* re autour de la Place, que celle qui eft iuftement occupée par les bafti-mens : aucuns VaifTeauxn’y fçauroient aborder s’il ri’y a desperfonnes du pais quiallentau deuantauec la fonde pour trouuerle paflage,qui fe changea caufe des fables mouuantes *, &c auec cela il faut qu’ils paflent deuant plufieurs lieux qui font dans la mer fortifiez, & garnis de Canon auant qu’arriuer à la Ville : Ce Site eft merueilleux pour eftre feulen cette forte : Très-fortes encor font les Afliettes de terre •, mais de telle façon que quand ceux du pais veulent ils mettent f eau par toute la cam- Digms dei 7ps de pagne , ainfi que i’ay veu par toutes les Ifles de la Zelande, où le pais zeUnde eftms eft fi bas, que fi on rompoit les digues,il feroit tout fubmergé : de mefme %“J^mergeroiet ay-ie veu en Frize, particulièrement du cofté de Hoorn &c Enchuze, où kAmue Ejpagmk lors mefme que la mer eft baffe, la campagne eft plus baffe qu’icelle : cela fe peut aufli faire dans le pais de Leydem, puis qu’autrefois l’Efpagnol la rupture des di-l’a fait affiegeant ladite Ville , où apres auoir rompu quelques Digues, £“t!-toute la campagne rut çouuerte d eau, & la plus part de 1 armee btpa- , 6t 5. cmre Ratre. gnole noyée : Et l’année mil fix cens vingt-trois les Digues fe rompirent dam & Tng*«t.
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- Pointes de Clochers <& hauts édifices paroijfent au dejfies de l’eau entre Mil-debourg & Rotre-dam.
- Digues force de ce pairs.
- 'Terrain pour la Fortification doit eflre cogneu.
- Les montagnes & rochers ont peu de terre pour les ouvrages , & efl trop mefie'e de pierres.
- Terrain graveleux riefibon:
- 14 De la Fortification reguliere,
- entre Rotredam &C Tregaut pal: la quantité des glaces qui bouchèrent les pafifages des riuieres, lefquelles s’eftans enflées auecle reflux de la mer ouurirent les Digues, d’où, s’enfuiuit l’inondation du pais, auec la perte de quantité de Villages, & beaucoup de peuple qui fe fubmergea. Aux pais perdus entre Mildebourg & Rotredam on voit encore les Clochers 8C les ruines des plus hauts édifices paroiftre au deflus de l’eau : teC-moignage d’vne femblable inondation qui arriua autrefois en ce pais à cauft delà rupture des digues, dont il ne refte plus que la mémoire, & ces ruineux vertiges qui fe voyenthors de la mer. C’eft aufli la plus grande force de ce pais, 6c en quoy ils fe fient le plus : que s’ils font iamais trop preflez, ils aiment mieux perdre leur pais, & fe hazarder de fe perdre eux-mefmes pluftoft que defie rendre, 8C fe foufimettre à l’Elpagnol. Aufli perfionne n’a iamais entrepris d aflieger aucune de ces Places, le tiens quelles nepèuuent eftreprifes de force qu’il nÿaqu’vne longue neceflité qui les puifle fubjuger. Outre ces aduantages de la Nature ils y ont adioufté ceux de l’art, & très-bien fortifié toutes ces Places de terre, auec des grands Battions, Rempars 8C Parapets fort efpais, des foffiez très-larges, 8C toutes les autres parties requifes à vne bonne fortification.
- DE LA QVALITË DV TERRAIN. Chapitre V.
- E s lieux qui font propres à la Fortification, par fois le Terrain n’en vaut rien, lequel on doit cognoiftre : car c’eft la matière principale de la Fortification, &c d’où dépend la plus grande force d’icelle.
- Aux montagnes & rochers il fe treuue fort peu de terre, & celle qui y eft a trop de pierres meflées,qui ne font aucunement propres à faire les ouurages. Ceux qui veulent fortifier en ces lieux fe doiuent refoudre à la defpenfe de faire charrier la terre des lieux plus proches quon la treuue : l’ennemy aufli a cette incommodité que voulant s’approcher il na pas dequoy fe couurir.
- Le Terrain graueleux neft pas bon, parce qu’il fe fouftient peu, & n’a aucune liaifon :1e Canon donnant dedans fait grand’ ruine,& les pierres qui reflautent de tous coftez nuifent plus que la baie. On ne fçauroit faire ni Parapet,ni autre ouurage efleué decette matière,& faut neceflàiremét que tout foit reueftu de muraille,autrement il ne pourroit fe fouftenir:de cette façon eftoit Tonins, pris &rasé par M. Delbœuf. Il faut prendre garde qu’en cette forte de Terrain bien fouuent il fe treuue trois ou quatre pieds de bonne terre fiir la Jiiperficie, laquelle il faudroit ofter, 8L la mettre toute à part, par apresremplir le fondement,ou piedduRempart du grauier qu’on tireroit acheuât de creuferlefofsé,lequel parce moyen feroit au deflbus, Le niueau de l’Efplanade, où les batteries ne donnent iamais, mettant la bonne terre par deflus,& au deuant de ce grauier cotre la muraille, laquelle il faudroit faire pour le moins aufli haute que feroit ledit grauier fi on ne vouloit pas reueftir toute la Place : Ou bien on les
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- Liure I. Partie I. 15
- entremefleroit ainfi , la terre graffe fouftiendroit le grauicr, comme le, mortier fait la brique & les pierres. On me dira qu îlfaudroit vne belle defpenfe pour remuer fi fbuuent, ofter &C remettre ces terres -, i’aduouë quouy : mais il vaut mieux faire grande defpenfe qui ferue, que médiocre inutile.
- Le fàblonneux n’eft pas meilleur que l’autre -, d’autant que la muraillo qui le fouftient eftant rompue, il crible & s’en va comme de l’eau, & on n’en fçauroit faire aucun ouuragenon plus que de lautre fans eftrere-ueftu : celuy-cy s’il eft fable tout feul, il eft tout à fait impropre à la Fortification , fi Ton n’y mefle de la terre, ainfi qu’on a fait à Calais, où le Terrain eftant fort fàblonneux, pour le rafermir on y a méfié de la terre, & reueftu toute la Place de bonne muraille , laquelle doit eftre fort efpaiffe,auec des bons Contre-forts pour fouftenir ces fortes de Terrain, qui d’eux mefmes fe baiffent & pouffent en auant ,pour fe mettre à leur talud naturel.
- Le Terrain marefeageux eft meilleur, parce qu’il tient de la terro graffe : mais bien fbuuent apres qu’on a creusé quelque peu on trou-ue l’eau auant qu’on ait fuffifamment de cette terre. Si l’on doit fortifier vne Place auec ce Terrain, il faut que ce foit en temps d’Efté, parce quen Hy uer l’eau empefche qu’on ne peut ni creufer, ni fe feruir de cette terre à demi détrempée : mais lors quelle eft feche on peut la renger & accommoder bien à propos. I’entens parler des lieux marefeageux, qui fechent en temps d’Efté ; de ceux qui font toufiours couuerts d’eau, on ne fe fçauroit feruir du Terrain : car quel moyen y a-t’il de l’aller pef-cher au fonds de l’eau ? Ce feroit autant de merueille de fortifier de cette, terre vne Place, que là Pyramide d’Afchin Roy d’Egypte faite de la terre qu’on pefehoit dans vn lac auec des crocs &C pointes de fer : Si l’on veut fortifier en ces lieux, il faut aller cercher le Terrain autre part. On doit eftre aduerti qu’en ces fieux marefeageux il faut fonder les murailles fur les pilotits : il faut faire le mefmc aux grauelleux &: fàblonneux fi l’on veut qu’elles durent: mais à ces deux cy, apres auoir creusé quelque peu auant, d’ordinaire on trouue la terre ferme, ou le rocher propre à y fonder deffus.
- Le vray Terrain qu’on doit choifir eft la terre forte & graffe, qu’on appelle autrement terre argille , laquelle eftant mouillée tient aux mains,
- fe manie comme pafte y eftant feche fe rend dure comme celle dequoy on fait les pots & les briques. Ainfi eftoit Bergerac commencé à fortifier par les Huguenots, comme aufïi Sainéte Foy qui fe rendit & Cle-rac, qui fut amegé &c pris par le Roy *, & prefques toutes leurs autres Places eftoient de cette terre graffe, laquelle eft tres-bonne, parce qu’el-le n’a pas befoin d’eftre rcueftuë fi on ne veut *, ou bien on fera la muraille de fa moitié plus mince qu’aux autres. En hauffant les rempars il faut battre cette terre, & y entremefler quelques fagots & pièces de bois tra-uersées, parce que cela fie grandement*,le Canon y fait fort peud’effecSt contre ,& ne peut entrer dedans plus de dix pieds, ne faifànt que fon trou fans rien efbranler : tellement qu’on peut appeller cette forte do Terrain le cimitiere des baies * car elles ne font autre effeët que s’enfeue-lir dedans. Les Parapets qui font faits de cette terre, n’ont pas befoin
- d’eftro
- Terrain fàblonneux n’efl bon.
- Terrain marefeageux meilleur que les precedents.
- u4fchin fit vne pyramide de la terre tirée d‘vn lac auec des crocs.
- Le vray Terrain efi de terre forte (fi graffe» ou £ argille.
- Quelques Places que tenotet les Huguenots fortifiées de cette terre.
- Le Canon y fait peu etèjfeël.
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- i6 De la Fortification reguliere,
- d’eftre lî efpais comnie ceux qui le font d’autre mauuaife, d’où s'enfuie qu’on tire plus facilement pardefliis.
- Tait* de ce Terrain Les Rempars, Cauâliers & autres ouurages à cette forte de Terrain quddù etire. ne Moment auoir de Talu que la moitié, ou au plus les deux tiers de leur
- hauteur, parce que la terre fe fouftient d elle mefmeauec peu de pente, comme on peut voir aux lieux deflus alléguez.
- Cét entrelardement de fagots &C de bois, que nous auons dit deuoir eftre fait à ce Terrain , le doit eftre encor dauantage lors quil eft plus mauuais.
- DV DESSEIN.
- Chapitre VI.
- ’E st chofe commune à tous Arts, quauant que commencer l’œuure , l’Artifte fait premièrement vnMo-delle, ou Type, fur lequel il voit les commoditez, ou incommoditez qui fe trouuent à fon deflein , accommode les defauts s’il y en a, & le trauaille iufques quil la réduit à fa perfection, pour s’enferuir d’exemplaire, qui le guide iufques à l’accomplifTement de fon ouurage. Il eft d’autant plus requis à la Fortification, qu’elle eft de plus grande importance que, tout autre œuure qu’on puilfe faire, puis que par icelle les Eftats font, maintenus défendus des forces des ennemis, & le repos & le falut pu-
- blic entièrement conferué.
- JüÆtheur tafche Plufieurs ont donné diuerfes fortes de Fortifier -, pour moy i’ay tafché %mmenlmmê ^ redu*re Fortification en méthode très-facile, obferuant tout ce que tho^tres-flcîil iaY veu eftre pratiqué le plus fouuent, & aux lieux où l’on eftime les dijfembiabie depiu- Places eftre les mieux fortifiées.
- ^Mamere de fini- Aucuns füppofent le contour de la Place eftre donné paflant par la
- fier de quelques pointe des Battions,&: fortifient en iceluy:&il me femble auec plufieurs 7*Htteu?h de autrcs qu’il eft plus commode de fiippofer la Figure Amplement, &: fur icelle former les Battions •, d’autant que cette façon s’approprie mieux à l’irreguliere que l’autre, de laquelle on a plus d’affaire , comme chacun ce que doit faire foait, que de la reguliere. Et lors qu’vn Prince veut faire fortifier vno }air7fmifie7l7m Pkce,il propofe la grandeur qu’il veut qu’elle ait dans l’enceinte des mu-piace, railles, & non celle qui fe prend autour des pointes des Baftions -, c eft
- pourquoy ie fuppoferay ce qui eft plus commun & plus cogneu, qui çft la Figure, à la prendre par la Courtine.
- Eucüde ri a enfei- Or pource gu’il faut diuifer le collé de la Figure en trois parties efga-gZ aet%ü lpar- ^cs »ce qu’Euclide ni autres n<ont pas enfeigné comme il k faloit diuifer fies efgales. abfolument fans vne autre donnée diuisée de mefme , nous mettrons le
- Problème fuiuant.
- mvi
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- Liure I. Partie ï.
- DIVISER VNE LIGNE DROITE
- donnée en trois parties efgales.
- Cahpitre VIL
- O i t la ligne droite donnée B E,en la Figure première, Planché première , laquelle il faut diuifer en trois parties efgàles v fur icelle foient conftruits les deux triangles équilatéraux BAE * BKE, a vn de chaque cofté, &C foient diuifez les collez B K, E K, du triangle B E K, chacun en deux parties èfgales dupoinét A de Tau-
- gio^par *ne nelbitî
- ques quelle rencontre les <
- (ce qui fe fera les deux angles B À E, & FI A, eftaht moindres que deux droits, comme lera demonftréapres) la ligne IF fera parallèle à la ligne B E,c d autant que le triangle BKEeft coupé proportionnellement:par confequent langleB GI feraefgal à fônalterne»GBE &C BIH intérieur fera efgal à A B E extérieur ,d qui font angles des triangles équilatéraux, dont le troifîefme IB G fera efgal à ceux-cy :e Donc le triangle BIG ayant trois angles efgaux fera équilatéral cefta dire, que BI, I G, G B feront efgales. Or B G eft moitié de B K ,ou de fon efgale AB, auffi fera GI moitié de la mefme B A , on le tiers de latoute AI, puifque BI adiouftée luy eft efgale : Maintenant B E eftant parallèle à I F, les angles
- B Â mais. GI eft le tiers de IA > comme ilaefté demonftré-.donc] fera le tiers de B A, ou de fon efgale B E.
- De mefme fe demonftrcra D E eftre lè tiers de A E, ou de fon efgale B E : donc puifque B C eft le tiers de B E, &C D E auffi vn autre tiers do lamefme,laj * ~ "
- la ligne BEefl
- CONSTRUCTION, ET DEMONSTRATION
- de l&cagone.
- C h a pitre V I II.
- ’Exagoke eft la première Figure qu on peut fortifier, le Baftiondemeurant angle droit : cëft pourquoynous commencerons par celle-là, de laquelle ayant donné la méthode, on s en feruira en mefme façon pour toutes les autres Figures régulières. Soit veuë la fecondeFigu-re de la première Planche. On conftruira premièrement, vne Figure reguliere, ceft à dire, ayant les çoftez & les angles? efgaux,
- C d’autant
- a Premiert Propo-[mon du premier d'Euclide. b lo.Propofi.
- c i.Propof.6.
- d zy.Propof.i. c 3 i.Propof. i. f C.Propofi.
- g 4.Prepef.6.
- IJExAgone première Figure, comment [e peut fortifier.
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- a 16.Propof^. b 4.Pnpofi.
- ç io.def\. d i$.Propof.j. e j.Propof. i. f 3 z. Profof.i.
- ConfîruElion des parties extérieures.
- 18 De la Fortification reguliere,
- d’autant de coftez qu’on voudra que la Figure ait de Battions : ce qui le fera defçriuant vn cercle aufli grand qu’on voudra, & le diuifint en tant de parties qu on veut auoir des coïtez à la Figure -, comme fera de-monftrê apres, & tirant du poin& d’vne diuifion à 1 autre des lignes. Dans cette Figure nous auons mis la moitié d Vn Exagone, auquel ayant monftré comme ilfaut faire vn Baftion, on fera de mefine fur tous les autres angles îfofent les coftez RH , HL , d’vn Exagone ,&Tangle du cotte II ]HL, fur lequel ilifauf: faire vn Baftion, On diuifera T vn des coûte HL, en trois parties cigales,Si chacune d’iceües en deux, qui £bit-HF, dVn cofté, ÔCHQ^deFautre?chacune lafixiefmepartie ae tout, foiïcc^léiHR,ouHLi quiferontlcs demi gorges des Battions, Si for les points Qôc F loient efleuez perpendiculairement les flancs E Fje%au3t aux déffti gorges, dyne extrémité de flanc à 1 autre, foit menée ME, foit prolongé le demi diamètre S H, pafiant par 1 angle de la Figure autant qulon voudra : & foit faite l A elgale à IÊ,apres foit menée A E, Ôc À M, quifçront Je Baftion QJVJ A E F redangle, & prendra autant dedefenfe de Ja courtine qu’il fe peut, laquelle on cognoiftm où ellecommencefï on prdlonge les faces AE, A M, iufques à ce qu elles rencontrent icelle courtine qn B & R, là ligne de defenfe fera A C.
- L’Angle du cofté RH L eft diuisé en deux également par le diamètre H S Scie cofté HE eft efgal au cofté HQ^, par la conftrudfon, &C H G eft commun:Donç les triangles HGF,HQG feront elgaux b> &C ïangle FGH e<plùQGH>&k cofté FG,elgal à QG. Maintenant aux triangles GIE, G MI, fîàGF, GQ,on adjoufte lesefgales F EvQM,fes toutes G E; G M, feront cigales,& le cofté I G eftant commun, ;&lesangfes MGI,ÈIGaulïielgaux,,MI,IEferont efgales,& les angles MI G, EIÇ aulli elgaux,^ Sipar eonfequent droits : do mefine feront MI A, EI Ad* Par apres, puilque IA a efté faite elgale àlL,lesat^lesIAE,IE Aferontefgauxç: mais A LE eftant droit,chacun des autres fera demi droidf • de mefme fe demonftrera l’angle MAI eftre demi droit : donc le totaLM AE fera droid, qui eft la pointe du Baftion ,$c ainfi des autres.
- On remarquera que cette méthode ne peut feruir aux Places de moins de lîx Baftions, parce que les flancs & les gorges demeurans de iufte grandeur, le Baftion vient angle aigu.
- Quant aux autres parties on fera la largeur düFolsé, ou Contre efcar-pe VI?, YZ parallèle à la face du Baftion, à la largeur diftanted’icelle autant que le flanc eft long *cecy fe peut faire à toutes les Places, où la defenfe commence au flanc ^ aux autres on tirera la ligne delà Contre-ef* carpe -, de façon qu elle foit veuè* de*la moitié du flanc, ou pour le moins du tiers ,qui fera lors qu’il y^ura Grillon ,on le pourra tirer de ce pomd parallèle à la face du Baftion, ou bien que le Fofsé ait feulement trente pas dé large vers l’extrémité de la face $ ce qu’on dbfemera particulièrement aux Places dé plus dehuid Battions. De cecp en fera parlé plus clairement au Difcours des Contre-efcarpes, Pour les Rempars, on mènera v w parallèle à H R, à la diftance de la longueur du flanc F E : on les retranchera vers les angles par la ligné proene parallèle à H R, & repre-fentera Pefpefleur delà muraille, qui fera fort petite au haut, & à peine
- peut
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- Liure I Partie I. 19
- peut-elle eftre reprefentée aux petits deffeins. La diftance qui fuit apres fera le chemin clés rondes denuiron deux pas de large : le Parapet du Rempart fera apres celle-cy de quatre ou cinq pasd’efpeffeur,lequel fera fait tout autour de la Place, comme la muraille 5 ce qui doit eftre confédéré au Porfil. Dans la Figure nous auons marqué la Contre-efcarpe vers les pointes du Baftion, ou tournée en rond, comme Z SI, ou à faces, comme V*9 =£ • de façon que depuis «9, iufques à la pointe du Baftion il y ait la iufte largeur du Fofsé. Et de iufques à V, & iufques à fautant le Corridor fera parallèle à la Contre- efcarpe, à la diftance^ de cinq pas, ou au plus huid. Pour ne confondre le defïein, nous riauons pas marqué les talus. On remarquera que les mefures que nous auons données au deffeindela Place, doiuent eftre entendues en la Sedion du Plan de la campagne.
- Lors quon voudra faire des orillons,ou efpaules, on remarquera leurs Figures, à la première on diuifera le flanc A B en trois parties,& du tiers C, on tirera la ligne D, correfpondant à la pointe du Baftion, opposé A: apres on fera la droiture de lefpaule CE efgale au tiers du flanc C B. Et où elle rencontrera la face de fbn Baftion prolongée, comme icy au point D, ie mets vn pied du compas, eftendant l’autre iufques à E,&ie fais la portion du cercle FE, fur le milieu de laquelle G pour centre ,ie fais l’orillon rond, lequel on peut faire quarré, comme E F, en menant, F E parallèle au flanc.
- On peut faire autrement,comme à la Figure fécondé des orillons apres auoir diuisé le flanc en trois parties, & menée la droiture de l’et paule C E comme deuant, & fait l’orillon quarré A G E F, on diuifera EFen troisparties efgales,&dupoindEinteruaUeEH,onferal’arc G, & du poina: F intcrualle FI, l’arc G^&de ïinterfeâiàri G pourcentre on fera l’orillon F E,qui fera moins auaneé que l’autre.
- Autrement fur le poinét B, on fera le flâne B A perpendiculaire comme aux autres, fur le tiers C ie tire la droidure C E, à lextremité dcla-quelle E ie faits EF perpendiculaire, iufques quelle rencontre la face prolongée en F. » Apres ie diuife E F en deux parties efgales, & fur le milieu H, i’efleue H G perpendiculaire : apres ie tire F C , & du poind G pour centre ie fais lorillon A B, comme on voit en la Figure troifiefme de l’orillon.
- Plufieurs monftrent les Porfils,8£peu enfeignent à les faire, bien qu’il fbit aisé à ceux qui le fçauent : ie le diray pour ceux qui ne le fçauent pas le plus facilement que ie pourray. Nous auons défia expliqué le Porfil aux définitions. Soit veuë la Figure troifiefme de la première Planche.
- Il faut fare l’efchelle, qui eft vne ligne droite, diuisée en plufieurs parties efgales, lefquelles reprefentent ou pas, ou toifes, ou autre meïiire qu’on voudra : Et chacune de ces parties doit eftre efgale à chaque partie du deffein de la Place : comme par exemple,fi ie fuppofè le flanc eftre trente pas, ie diuiferay vne ligne efgale au flanc en trente parties, chacune defquelles vaudra vn pas: &C fi celle-là ne fuflit pas, on répétera plu-fîeurs fois cette diftance autant qu’il fera de befoin, diuifant chacune en trente : comme par exemple en la Figure du Porfil, l’efchelle contiendra la longueur du flanc, qui fera trente pas : mais en la Figure de la
- C 2. Place
- Pour faire des oril-los faut remarquer leurs Figures.
- eAutre maniéré four faire des orillons.
- Autre maniéré pour faire des orillons.
- Porfils monïirez, par plufieurs, & enfiignez. de peu.
- Efchede, qu’efi-ce*
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- CottftruiïioH du Porfih
- % o De la Fortification reguliere,
- Place fon cfchelle coiïtient croisfoisla longüeur du flanc, qui eft nouante pas.
- Soit menée à plaifir la ligne C V, &C fur icelle foit pris CD, cinq pais furie poin£t D,foit efleuée h perpendiculaire DF,efeale à C D, & foit tirée C F,qui fera la montée du rempart : du poin£k F foit menée F G de quinze pas, paralleleà C V, &for le poinâ G foit efleuée GH d’vn pas, &C foit menée F H, qui fera le plan du rempart auec fa pente vers la Place. HI fera faite de quatre pieds, & CL fera de cinq pas, Mpeffeur du Parapet : K L fera faite aufli longue quon voudra du cofté L, parce qu’a-pres on la retranchera : mais K doit eftre deux pas plus haufsé que la ligne C V : apres fera menée K N le talud du Parapet, N Y le chemin des rondes fera d’enuiron deux pas, & OM moins de demi pas -, dont fa hauteur M Y fera de fept ou huid pieds : par apres M P foit menée perpendiculaire for C V, de façon quelle foit de cinq pas au dcflous de O; c’cft à dire, au deffous du niueau de la campagne, qui eft la profondeur du fofsé. P Qeft le talud de la Hmraille qui doit eftre d’vn pas &C demi, &C O fera le cordon vn peujplus haut que leiplanade :1a largeur du fofsé QR,,aux grandes Places fera de vingt-fixpas ( parce que le talu de la muraille & de la Contre-efcarpe emportent cnuiron quatre pas ) aux autres de vingt-vn pas*R S foit de deux pas & demi le talu de la Contre-efcarpe. Sa hauteur S T cinq pas -, le Corridor TV qui fera fur la ligne C i aura de largeur cinq à nx pas, l’Efplanade fera haute par deflus le Corridor d’vn pas & demi VX*,&laquelle s’ira perdant à quinze, ou vingt pas en la campagne en E, & fera fait le Porfil : defquels il y en a de plufieurs fortes, ainfi qu’on peut s’imaginèr la Place eftre coupée en diuers lieux : Comme par exemple, le Pornl quipalfera par la pointe du Baftion fera différant de celuy qui palfe par la courtine ; celuy qui paffe par les Places baflès différant des autres. Les pas s’entendent Géométriques de cinq pieds de Roy, & ainfi par tourte Difcours de la Fortification,
- T LANCHE L
- S VP P F
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- Littré I. Partie I. 23
- SUPPUTATION TES PARTIES
- de l'£xagone.
- Chapitre IX.
- Ovr auoirl&cognoifïànce des longueurs de toutes les lignes du Plan, îT faut faire la fupputation de tous les triangles de la Figure, laquelle fe fait par les tables des Sinus, ou par les Logaritmes : nous mettrons comme, nous lesauons fuppucé par les Sinus, qui fbntiufques afteure les plus cogneus. Auant que parler des lignes, il faut cognoiftre les angles comme s’enfuit. Suppofons la Figure eftre, vn Exagone : Soit veuë la Planche cottée 18. l'angle du centre H RL eftant foixante degrez, l’angle du collé K HL fera cent vingt Ce qui fetreuueraparce que Clauius a demonflré fur le 32.. du premier d’Eucli-de, diuifànt jSo. par le nombre des angles de la Figure, &c le quotient, qui efl toujours l’angle du centre, l’ofter de 180. le relie fera l’anglê du collé, dont la moitié uy RHLfera 60. degrez ; ÔC l’angle BHA fora no. * &HA B eftant de 45. comme il a efté dcmonftre en la conftru-étion HBA feraij. appelle d'aucunsangle flanquant intérieur *, b & AB Cifij, Par apres E F B eftant droit FEB fera 73. Et IE A eftant 45. par la conftruâion, G EI fera de <5o. c & les deux enfemble G E A feront ioj. puilque EIG eft droit, E GI fera trente degrez, & les deux angles O N B, Q B N, feront efgaux chacun de quinze degrez : l'angle, flanquant A QB fera i5o.degrez, le tout par la jt-propolïtion du premier d’Eudide : Ce qui fe demonftrejd'vn cofté, le melme fera entendu des autres-.
- Supputation peur cognoiftre les longueurs de toutes Iqs lignes du Plan.
- Pour treuuer tangle du centre du co fié de la Figure.
- a i$.Propofi. b 3 i.Propaf.i,
- c 13-
- Maintenant on fera la fupputation comme s’enfuit. En l’Exagone, le collé de la Figpre eft touffeurs elgal à fbn demi diamètre,comme il eft demonflré par Eüclide, Propof.ij.du quatricfme.
- Pour le colle E B, cornme le Sinus de l’angle EBF, 25882..
- Au collé F E, trente pas,
- Ainli le Sinus total iooûoo.
- Calcul des lignes parle Sinus.
- Pour le cofiê E B.
- Au cofté E B vii5.pas,quatre pieds.
- Pour le cofté F B,comme le Sinus tôtalEF B, topooo- r*» i* coïté fb.
- Au cofté EB, i^.pas, quatre pieds.
- Ainli le Sinus derangle F E B, ^degrez 9 659b Au cofté F B, m.pas, quatre pieds.
- Doù senfuiura que le Baftion commencera la defenlè àhuiétpas vn pied dans la Courtine, qui font la ligne B G, doutant que toute la Ligne b c. Courtine (5 O eft no.
- Pour le cofté H G, comme le Sinusde Pangle HGF, jo.degrez pooo. Peur le coïté fia. Au cofté H F, 30.
- Ainli le Sinus total 100000.
- Au cofté H G, 6o.pas,
- Pour lé cofté GF,comme le Sinus total de l’angle G F H,iooooo. Pour k coïté g f.
- Au cofté G H, éo.pas.
- Ainli
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- La ligne G E. Peur le coîié 1 G.
- ha Hgne JH. 'Pmi le toile J E, dû IA.
- h.a ligne A H.
- Pour la face du Baftion A E.
- Ld ligne A B.
- Pour tognoiftre les angles aigus d’vn triangle ambligone.
- Angle A CB. Angle DAB.
- Potir la ligne B C.
- P ourla ligne AD.
- Ligne de defenfe.
- Çalcul de la ligne de defenfe par ime feule opération.
- 24 De la Fortification régulière,
- Ainfi le Sinus de l’angle G HF, foixante degrez, qui eft 86603.
- Au cafté G F, ji.pas quafi, à laquelle fi on adjoufte F E, 3o.pas,la toute GE fera Si.pas.
- Pour le coite IG > comme le Sinus total iooooo.
- Au cofté G E, 82.
- Ainfi le Sinus de langle G EI, 6o.degrez, 86603.
- Air cofté IG;71. pas , la ligne IHferadonc vnze pas.
- Pour le cofté;iï Eî^ôu IA, comme le Sinus total iooooo.
- Au cofté- EGvëi^;
- Ainfi le Sinusdefangle AGE, treritedegrez, 50000;
- Au cofté IE, quarante vn pas : Donc la toute A H,fera 5i.pas.
- feobrle cofté ou facedu Baftion AE, comme le Sinus de langle IA E,
- çfAegïQZ r7à7*u '
- Aii cofté I E, *p;pas.
- Aififîie Sinus total ioooba.
- Au cofté AE, $8.pas quafï, d’où s’enfuit que la toute A B, fera 173. pasquatre pieds. , E B ayant efté treuuée ii5.pas quatre piedfc
- Pour treuuer k ligne de defenfe A C,il faudra s’aider de laperpendi-cüla&IB D, fe treuuçr les deux portions A D, D C, comme s’enfuit.
- : iGomme la femme de deux eoftez A B, B C enfemble,qui eft 181. à la différence d’iceux.,qpieft: 165. pas, trois, pieds.
- v u Airifi la touchante de la moitié de deux angles incogneus mis enfem-ble^qui font quinze , & leur;ftioitié fept degrez trente minutes , & la touchalite de cettemèitié 131^5.
- o : A la touchante de la différence des angles incogneus au deffus, ou au deftousde la moitié 6.degrez $p, minutes, qui adjouftez à l’vne desmoi-tiez prouiendra 14. degrez 20, minutes pour le plus grand A C B, &C par conséquent l’autre D AB fera de 4o.minutes, a où s’enfuiuraque l’angle DBA fera de 89,degrez 20.minutes , & l’angle DBC, 75.degrez 40,minutes» • , • <. : .. r,
- Maintenant foit faitcomme le Sinùs total iooooq.
- Au cofté BG, &pas,
- Ainfi le Sinus de rangle DBG, 96887.
- Au cofté D C, qui fera fept pas,quatre pieds deux tiers.
- Et pour lautre partie A D, comme le Sinus total 100 000.
- Au cofté AB , 173; quatre pieds,
- Ainfi le Sinus de l’angle A BD, 99993.
- Au cofté A D, 174, pas. Doù s’enfuit que toute la ligne de defenfe fera 181. pas, 4. pieds 7, qui eft vn peu plus que le cofté de la Figure, lequel nous fijppofbnsÏ80. .
- Pour faire plus facilement-feus k perpendiculaire, ayant treuué les deux angles A C B, A B C ,von fera comme le Sinus de C AB, 1164.
- Au cofté C B, hui& pas, vfi pSedi
- Ainfi le Sinus de C B A : c’eft à dire, de fon fupplement,iufques à 180. qui eft quinze degrez ,& fon Sinus 15881.
- Au cofté C A,qui fera comme deuant,enuiron i82.pas.
- Toutes ces füppujtations Excepté cette derniere pcuuent çftre vérifiées par la 47.du premier.
- Pour
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- Liure I. Partie I. 25
- Pour contenter les curieux, ie mcttray icy fiiccindfcement le calcul du Calcul de l'Exagê-fufdit Exagone par les Logaritmes, lequel nous auons fait par les Sinus. m parles ï°&aritm La réglé des Logaritmes porte en general qu eftans donnez trois propor- La \egu des Loga-tionnaux, ontreuue lequatriefme en adjouftant enfemble le Logaritme ritmes-du fécond &C du troifieime terme, & du produit, fouftrayant le Logaritme du premier, le relie fera le Logaritme du quatriefme, lors que le Sinus total eft vne fois dans les trois termes, il ne faut quadjoufter, ou fouftraire fimplement, comme on verra en ce calcul.
- Pour le cofté EB, au calcul ordinaire,on dit comme le Sinus de l’an- PourkcoHé es. gle EBF,i5.degrez.
- Au collé E F so.pas.
- Ainfi le Sinus total de langle B F E.
- Au colle EB.
- Parles Logaritmes , on dit comme le Logaritme de langle EBF, i5.degrez, qui eft 135162613.
- Au Logaritme du collé EF, ï5o.pieds,qui eft 1897102.06.
- Ainfi le Logaritme de langle B F E, qui eft O.
- AuLogaritme du cofté E B, qui eft 579,pieds t-
- Dequoy le calcul fe fait fouftrayant du Logaritme du cofté EF , 150. Mode du calcul des pieds, qui eft 189701106-00000. Le Logaritme de langle donné E B F, Loiartt^es-i5.degrez,qui eft 135161613. le relie 54547593-00000. eft le Logaritme du collé E B, qui vaut 579».pieds,enuiron f. qui font H5 pas,4.pieds.
- Pour le cofté F B i adjoufte le Logaritme de E B, 579. t* pieds, qui eft Pour le coHé fb. 54547593-ooooo.auLogaritme defangle FEB,75.degrez, qui eft & le produit 57967814-00000. eft le Logaritme du collé FB , qui vaut 559.pieds vn peu plus, qui font m.pas,4.pieds.
- Pour lecolléHG, ie fouftrais du Logaritme du cofté H F 150. pieds, PourkcoHé h g. qui eft 189701106-00000. le Logaritme au Sinus F G H, 30. degrez, qui eft 69314718. le relie 110386488-00000. eft le Logaritme du codé H G,qui vaut 3oo.pieds,ou 6o.pas.
- Pour le cofté GF, i adjoufte le Logaritme du cofté HG300. pieds, pouyUcoïUgf. 110386488-00000. au Logaritme de l’angle G H F, 60. degrez, le produit 134770591-ooooo. qui vaut i6o.piedsquafi,qui font 51.pas,cille collé G F, donc la toute G E eft 8i.pas. L* ugne G E-
- Pour le cofté I G, 1 adjoufte le Logaritme du cofté GE, 8i.pas,c eft à PourkcoHé 1 g, dire, 4io.pieds au Logaritme de l’angle GE 1,6o.degrez,qui €1114384104. le produit 103535107- ooooo. eft le Logaritme du collé IG, qui vaut 355. pieds,ou 7i.pas 3 la ligne IH fera donc n.pas. La h™ /H-
- Pour le cofté IE,ou IA,iadjoufte le Logaritme du cofté EG,4io.pieds, Pour u coHé / qui eft 89151003-00000. au Logaritme de fangle A GE,3o.degrez,qui eft m IA* 69314718, le produit 158465711- ooooo, eft le Logaritme du cofté IA, qui vaut iQ5.pieds,ceft à dire, 4i.pas 3 donc la toute A H fera 5i.pas. L* liim A
- Pour le cofté ou face du Baftion A E. Du Logaritme du cofté I £,105. Pour u face du pieds,qui eft 158473727-00000. ie fouftrais le Logaritme de langle IAE, ‘JBa ton AB‘ 45.degrez ,qui eft 34657359. le relie 123816368-00000. eft le Logaritme du collé A E,i9o.pieds,ceft à dire, 58.pas, quafî 5 la toute A B fera donc 173. L* hm AB> pas,4,pieds, E B eftant H5.pas,4.pieds.
- Pour la toute A C, on treuuera les angles, comme s’enfuit,adjouftant p™? te coHé a c.
- D les
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- i6 De la Fortification reguliere,
- Jes deux coftez B C,B A enfembje, qui font 910. pieds, duquel ie treu-ue le Logaritme 9430915-ooooo.apres ie cerche leLogaritme de 8i8.pieds, qui font la différence des deux coftez, qui eft 18873492,. 00000. apres ie fuppute la moitié de la fommedes deux angles incogneus, qui eft 7.de-grez, 30. minutes, puis que A B C eft i^.degrez,& adjoufte la différentielle de ces 7. degrez, 3©.minutes, qui eft 201758943. au Logaritme-, de la différence des coftez 18873492.-00000.
- Du produit 111631435-ooooo.j ofte leLogaritme de lafomme des deux coftez mis enséble,qui a efté treuué 9430915.00000. de refte ^ 2,12.2,01520. eft la différentielle de la moitié de la différence des angles incogneus 3 c eft à dire , qu eftant treuuée la valeur de cette différentielle, qui eft prefque s.degrez, 50. minutes 3ce fera la moitié de la différencequily a de fvn des angles incogneus A CB, BAC, à lautre : c eft pourquoy fî à la moitié de ces angles incogneus, qui eft 7.degrez,3o.minutes, on adjoufte ces ^.degrez,5o.minutes, on aura le plus grand angle A C B i4.de-grez,2o.minutes3Sclautre par confequent 40. minutes 3ce qui arriuera auffî oftantde 7.degrez,30.minutes,6.aegrez,50.minutes. pmrkcoïUçn. On treuuera CD,en adjouftant le Logaritme deCB ,41. qui eft 89154623 00000.au Logaritme de langIeCBD,75.degrez,4o.minutes,qui u ugm c d. eft 31&191. le produit 91316914- 00000. eft le Logaritme de C D, qui vaut
- 39.pieds,vn peu plus 3 ceft à dire, fept pas,quatre pieds. four le cojîé d a. Four DA on fera le mefme, adjouftant le Logaritme de B A, 8 69. pieds,
- qui eft 1404n84-ooooo.au Logaritme de l’angle D B A,89.degrez,^.minutes , qui eft 6769. le produit 14047953-00000. eft le Logaritme de D A, qui vaut 87o.pieds quafî, qui font 174. pas prefoue, lefquels adjouftez à Ligne de defenfe 7.pas,4.pieds, fonti8i.pas,4»picds pour la ligne ae defenfe A C.
- On doit remarquer que cette planche bien que par inaduertence elles Y marquée 2,8Me doit efère apres la première.
- PLANCHE XXV lll
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- Liure I. Partie l.
- TOVR HEPTAGONE.
- Chapitre X.
- Oit faite lamelme conftraétion qu en l’Exagone : celt üefinptm dtïE-
- \ Â\™ C™* U jfL u;_______ pagone.
- \ chacune à F, &CToit menée fE, à laquelle foit faite,
- ! elgale IA, le demi diamètre de la Figure prolongé, 8c du poind A par Pextremité du flanc E, {bit menée AB, iulques quelle rencontre la courtine ; cette conftru&ion fe lùpputera en la mefme façon que la precedente : L angle du centre HRLeft 51. degrez, 26. minutes
- 2uafï : L angle du collé KHL, 128. degrez, 34. minutes3 &c la moitié ï H L fera 64.degrez, ^.minutes, &c langle L H A fera 115.degreZ543.mi-nutes 3 & H A B ellant de 45. A B H fera i9.degrez)i7.minutes ABC
- fera de itfo.degrez, 43. minutes *,& BEF de 7o.degrez,43. minutes, parce queEFBell droi£t,& langle IE A ellant 45.degrez,commeilaelléde-monllré en l’Exagone IEG, fera ^4.degrez, ^.minutes. Et parce que,
- EIG ell droit 5 E GI fera de 25. degrez, 43.minutes. Chacun des angles O B N, O N B, ellant de 19. degrez, ^.minutes, langle flanquant A O P fera de i43.degrez,i6. minutes, comme on peut voir en la Planche deuxième , laquelle fert pour toutes les fuiuantes.
- Larailonducolléde l’Eptagone à Ion diamètre ne fetreuuepasau Dimetre de tE-iulle *, par les Sinus on fera commele Sinus de l’angle du centre, 78188, /**£«»*•
- Au collé HL, 180.
- Ainli le Sinus de la moitié de langle du collé L H G,90095.
- Au demi diamètre H R 207.pas,&: f quali.
- Pour le collé E B, comme le Sinus de rangleEB F, 3302.4,
- Au collé F E trente pas.
- Ainlî le Sinus total 100000. de langle E F B.
- Au collé E B, 9o.pas, 4.pieds,vn peu plus.
- Pour le collé F B, comme le Sinus total B F E, 100000.
- Au collé EB, 9o.pas, 4.pieds. «
- Ainfî le Sinus de langle BEF, qui ell 7o.degrez, 43. minutes, qui ell 64390.
- Au collé B F, %s.m$, 4, pieds, d où s enfiiit que le Baftion commence à prendre fa defenfe 34, pas, vn pied dans la courtine, qui font la ligne hm B c°
- B C, la toute CF ellant de uo.pas.
- Pour le collé H G, comme le Sinus de l’angle E G1,25.degrcz, 43«mi- FoHr le C0P H G> nutes, qui ell 4339 ^
- Au collé H F, 3ô.pas.
- Ainli le Sinus total 100000.
- Au cofté H G, 69.pas,vn pied,vn peumoins.
- Pour le collé F G, comme le Sinus total FHG, 100000; pmtUcoSUp-g.
- Au collé GH, 69.pas,vn pied.
- Ainli le Sinus de l’angle GH F,64,degrez, ^.minutes, 90095.
- D 3 Au
- Pour le cofté E B.
- Pmr lecôftéFB.
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- Pour U ligne G E. Pour le coflé I E.
- Peurlecofiê IG.
- Pour U ligne I H, &AH.
- Pour le coflé A E.
- Pour la ligne A B.
- Pour la ligne de defenfe.
- Calcul de la ligne de defenfe far vne operation.
- 30 De la Fortification reguliere,
- Au cofté F G, 62.pas,vn pied : Donc toute la ligne G E fera 9i.pas, vn pied, F E eftantde 3°4?as,
- Pour le cofté IE, comme le Sinus total 100000.
- Au cofté E G, ?2,.pas, vn pied.
- Ainfi le Sinus de 1 angle EGÎ, 433 91.
- Au cofté I E , 4°«pas.
- Pour le cofté IG, comme le Sinus total 100000.
- Au cofté EG^.paSjVnpied.
- Ainfi le Sinus de langle IE G, 90095.
- Au cofté IG, 8^pas vn peu plus.
- Le cofté IG eftant 83, pas, & H G, 69.pas, vn pied, IH fera 13. pas, 4.pieds, à laquelle fi on adjoufte IA, efgale à IE, 4o.pas, la toute A H, fera 53.pas,4,pieds.
- Ppur le cofté A E, comme le Sinus de langle IA E, 70711.
- Au cofté IE, 4°.pas.
- Ainfi le Sinus total ïopôoo.
- Au cofté A E, 56. pas, 1. pieds > par confequent la toute A B fera 147. pas,vn pied, B E eftant 90.pas,4.pieds.
- Maintenant pour la ligne A C, foit imaginée la perpèndiculaire, & foit fait comme la femme des deux collez, A B, B C enfemble, iSi.pas, deux pieds, à la différence d’iceux 113. Ainfi la touchante de la moitié de la femme des deux angles incogneus ( qui eft 9. degrez, 38. minutes, SC 7) 16989. A la touchante de la différence des angles, au defius, ou au deffous de la moitié, 6 .degrez,i.minutes, 7. Par confequent langle A CB fera i5.degrez, 41. minutes, SC B A C fera de 3.degrez, 36. minutes, d où s enfuiura que langle CB D fera de 74. degrez, 19. minutes, 8C langle, A B D fera de 86.degrez,^minutes.
- Soit apres fait comme le Sinus total 100000,
- Au cofté B C, 3 4,pas, vn pied.
- Ainfi le Sinus de l’angle D B C, 96277.
- Au cofté D C, 3i.pas, 4,pieds Sc demi.
- Pour 1 autre partie A D, comme le Sinus total 100000.
- Au cofté AB, i47.pas,vn pied.
- Ainfi le Sinus de langle AB D, 99802.
- Au cofté A D, H6.pas,4.pieds f: par confequent toute la ligne de defenfe A C fera de i79.pas, 4.pieds,vn peu moins que le cofté de là Figure.
- Ayant treuué les deux angles B C A, B A C, on pourra faire par vno feule operation, comme le &nus de l’angle C A B, 3.degrez, 36.minutes, 6279. au cofté B C, 34.pas, vn pied : ainfi le Sinus de langle AB C 3 e eft à dire, defon fupplement, i9.degrez, ^.minutes, 33014.au cofté AC,qui fe treuuera comme deuant i79,pas,4.pieds.
- La fiipputatiôn de ces d^ux Figures fufïira pour fçauoir faire toutes les autres, defquelles nous mettrons Amplement les mefurés, fans mettre la forme du calcul-, laquelle fera tres-aisêe àçognoiftrepar la table cy apres mife. On remarquera que lors que nous difons, comme A eft à B, ainfi C eft à D, que c eft la réglé de trois, on multiplie C par B, & on di-uife le produit par A.
- pont
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- Liure I. Partie I.
- 31
- TOVR U OTTO CO NE.
- Chapitre XI.
- 01 t faite la conftruâion comme deuant, l’angle du supputation det collé eft de i35.degrez, l’angle du centre eftant de 45.de- JJfÂe ÏOtt0&’ grez/angle R HL, fera ^7.degrez, jo.minutes 3 & l’angle L H A, in. degrez, 30. minutes : & H A B eftant de, 45.degrez,ABH fera de 2i.degrez,3o.minutes3&: AB C, fera de 157. degrez, 30. minutes, & B E F de 67. degrez,
- 3o.minutes 5 parce que E F B, elt droit, & l’angle IE A eftant 45.degrez,
- IE G,fera de ^.degrez,3o.minutes;8c parce que El G eft droit, E GI fera de ii.degrez,3o.minutes *, & chacun des angles O B N, O N B eftant de zi. degrez, 30. minutes, l’angle flanquant A OP fera de 135. degrez.
- Le collé HL eftant 180. le demi diamètre fera 135. pas, trois pieds Supputation des u-&C t enuiron. &nes ^ ïOttogonc.
- La ligne F B fera 72. pas, deux pieds 3 la defenfe commencera 47. pas, trois pieds dans la courtine, qui eft quafi les deux cinquiefmes.
- E B eft de 78. pas, deux pieds.
- G F eft de 72. pas, deux pieds, fl on y adjoufte E F 30. pas, la toute G E fera iox. pas, deux pieds.
- H G fe treuuera 78. pas, deux pieds 3 d’où s’enfuit que les triangles H G F, E F B ont les collez & les angles efgaux Tvn à l’autre.
- IG eft 94. pas, trois pieds : Donc 1H fera 16. pas, vn pied.
- I E,ou Ion elgale I A,fera 39-pas,vn pied : Donc A H,fera 55.pas,2.pieds.
- Et la face du Baftion A E, 55. pas, deux pieds : Donc la toute A B fera 133. pas, 4. pieds.
- Et la ligne de defenfe A C fera 178. pas, trois pieds & demi.
- En ces fupputations on peut voir que la ligne de defenfe diminue d’autant plus que la Figure a de collez , fuppofant toulïours le collé de mefme longueur, les faces des Battions fe diminuent aulïi de mefme 3 la raifon eft, parce que d’autant plus que l’angle de la Figure eft ouuert, d’autant plus les extremitez des flancs M E s’approchent.
- T O FR VENNEAGONE.
- Cahpitre XII.
- ’Angle du centredel’Enneagone eft de4o.degrez,& Supputation des
- l’angle du collé 140. la moitié G H L 7o.degrez : &C lan- e mM
- gle LH A eft de no. degrez 3 &C H AB eftant de 45.
- A B H fera de 25.degrez 3 & A B C de 155. &c B E F de 65. d’atitant que le flanc eft perpendiculaire , l’angle IEA eft de 45.degrez, comme il a efté monftré en l’Exagone:
- Donc celuy qui relie IE G fera de 70. & EIG eftant droit, IGE fera de 20. degrez 3 &c chacun des angles O N B, & O B N eftant de 25. degrez, l’angle flanquant E O P fera dé ^o.degrez.
- De
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- Supputation de FEnneagone.
- Supputation des angles du Décagone.
- Supputation dés lignes du Décagone.
- Supputation des angles de l’Ende-çagone.
- 32 De la Fortification reguliere,
- De ce que delfus on peut voir que tant plus la Figure a de collez, tant moins l’angle flanquant eft ouuert, & par confequent meilleur, fai-lànt la mefme conftruétion aux vnes qu’aux autres.
- Le collé ellant 180. le demi diamètre fera z^.pas 7. Le flanc F E ellant fupposé 3o.pas, laligne F B fera de <4. pas,z.pieds qualî : la defenlè commencera 55. pas, 3. pieds dans la courtine, qui fera la ligne B C. La ligne G F 8z.pas,z.pieds, &C la toute E G nz.pas, z.pieds. H G doit ellre 87. pas, 3, pieds 7. & I G,i05.pas,3.pieds : HI fera xy.pas, 4. pieds 7, AI, ouIElo treuuera ellre 38.pas5z.pieds : Donc A H fera s<î.pas, vn pied -7, Si la Face du Baltion A E aura 54. pas, vn pied, vn peu plus 3 la toute A B fera par confequentizj.paSjVnpied, vnpeu plus 3 & la ligne de defenfe A G 1b treuuera ellre 17 7.pas,vn pied,vn peu plus.
- En toutes les Figures les triangles IE G, & H G F font equiangles, à çaufe qu’ils ont toulîours vn angle droit,&1 angle G commun.
- TOVR LE 'DECAGONE.
- Chapitre XIII.
- ’A n g l e du centre eft 3<S.degrez, celuy du collé 144. la moitié G H L fera de 7z.degrez,& l’angle L H A aura par confequent 108. Si H A B ellant de 45.degrez, A B H fera de zy. 6c A B C de 153. &BEF 63. parce que EFB eft droit. L’angle IE A ellant de 45.degrez, celuy qui relie IEG fera de 71. & El G ellant droit E GI fera de 18. degrez. Maintenant l’angle E B F ellant zy.dégrez, fon opposé P N O fera d’autant,& fon elgal aufli P B O : Donc 1 angle flanquant P O A fera de ué.degrez.
- Le collé H L, ellant 180. le demi diamètre fera zcji.pas, vn pied, vn peu plus. La ligne F B fera 58.pas, 4.pieds 3 la defenfe commencera donc plus auant que la moitié de la courtine, qui fera à 6i.pas, vn pied dans icelle, qui eft laligne B C, la ligne E B fuppolant toulîours le flanc 3o.pas,fera 6 6.pas 3 la ligne G F 9z.pas,3.pieds 1 Donc la toute G E fera izz.pas,3.pieds. H G 97-pas, le collé IG nz.pas, 3.pieds : Donc IH fera is>.pas, 3.pieds 3la ligue I E, ou AI fe treuuera ellre 37.pas,4.pieds,vn peu plus : Donc A H fera de 57. pas, z.pieds : &c la face du Ballion A E aura vn peu plus de» 53.pas, deux pieds : Donc la toute A B fera de nz.pas,z.pieds 3 Si la ligne de defenfe A C fera de i75.pas,4.pieds Si demi.
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- T O ER L’EN DEC J GO NE,
- Chapitre XIV.
- %
- ’A n g l e du centre eft 3z.degrez 7 3 c eft à dire ,3z. deg. & qualî 44.minutes : Cet angle icy ne fe treuue pas précisément 3 mais il nous fuffit de l’auoir ainlî,pource que nous en auons affaire. L angle du collé eft i47,degrez,i6. minutes, & fa moitié G H L, 73.degrez,38.minutes3& l’angle LHA,io6.degrez,zz.minutes 3 & H A B çftant de 45,deg. A B H fera de z8.deg. 38. minutesjÔC ABC par confequent
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- Liure I. Partie I. 33
- 3uent de i5i.deg.i.min. & B E F fera de 6i.deg.ii.min.parce que E FB gft roifj&langfelEAeftant de45. doncceluy quirelteIEG terade 73. deg.38.min.&EI G eftantdroit, EGI fera de i6.deg,*i.min. chacun des angles O B N, & O N B eftant efgaux à 1 angle E B F, qui eft de z8.deg, 38.min.langle flanquant A O P fera de ni.degrez,44.minutes.
- Le collé de la Figure H L eftant 180. le demi diamètre fera 319. pas, 1. Supputation desii-pieds prelque vie cofté F B de 55 pas, vn peu moins 3 &c la defenfe com- £nes ùi'Endecaga-mencera 65. pas dans la courtine. La ligne E B doit eftre 62,,pas, j.pieds, m*
- & le cofté G F ioi.pas, vn pied 3 auquel ii on adjoufte le flanc F E, de 30. pas, la toute GE fera de i3i.pas,vn pied 3 le cofté H G fetreuuera io^.pas, vn pied. Et parce que I Geft de u^pas, 4.pieds, IH fera donc de 10.pas,
- 3.pieds. IE, ou AI qui font efgales chacune, eft de 37.pas, vn pied : c eft pourquoy fi on les adjoufte à 1H, la toute H A fera de 57.pas, 4.pieds. La Face du Baftionaura 52-pas, 3.pieds, à laquelle fi on adjoufte E B, 61.pas,
- 3.pieds, la toute A B fera nj.pas, vn pied. La ligne de defenfe A C fera de i74.pas,4.pieds &C demi.
- TQVR LE DODECAGONE.
- Chapitre XV.
- ’Angle du centre eft 3p. degrez 3 celuy du cofté fera donc Supputantdam-H iSillX I5°* dont la moitié G HL fera de 75.degrez,&; par confequent di* Dodecai°-
- 4Ê Bjjjjfe L H A105, & H A B eftant de 4 j.deg.langle ABF fera de 30. w’ deg.& A B G 150.& B F E eftant droit,B E F fera tfo.deg.d où s enluiura que A EI eftant 45. deg. IEG reliera de 75. deg. Et parce que EIG eft droit,E GI fera de ij.deg.chacun des angles B O N,N O B eftant elgal à F B E, qui a efté trcuué 30. deg. fangle flanquant A O P fera no,
- Le cofté H L eftant 180. le cfemi diamètre fera 347*pas, 3,pieds, vn peu Supputation des li-plus. La ligne F B eft de 5'-.pas, vn peu moins 3 c eft pourquoy ladefenfe du Dod“*go-
- commencera ^8 pas dans U courtinequi eft la ligne B C. La ligne E B eft de 6o.pas,demeurantle flanc EF 30. La ligne G F eftm.pas quafi,fiony adjoufte le flanc E F, la toute G E fera 141. pas, & la ligne H G fera enui-ron n6.pas. La ligne 1 G, 137 pas, vn pied 3 ae laquelle 11 on elle H G ,116. pas,reliera HI, n.pas, vn pied. 1E, ou IA fon efgale ellant de 3 A.pas, 4. pieds, fi on y adjoufte H foi.pas, vn pied,la toute A H fera de 58.pas : la face diiBaftion fera de 5*,pas,à laquelle fi on adjoufte E B,60 pas 3 la toute A B aura iu.pas 3 la ligne de defenfe A C aura i74.pas,vn pied.
- A cette Figure,aux autres fuiuantes on peut augmenter les flancs fi on veut à proportion qu’il y a plus de collez en la Figure 3 mais il faut que la defenfe commence à la moitié, ou plus de la courtine.
- Nous riauons pas fupputé toutcecy fi précisément comme il fe pour-roit, ayant negligé en plufieurs lieux les fradions des pieds & des minutes 3 parce que cette exaditude ne fert à rien 3 &C qui voudra plus précisément le pourra fupputer foy-melme, comme auili les autres Figures qui fuiuent, par cette mode, ou par lesLogaritmcs, qui font beaucoup plus aifez : nous les auons fupputées ainfi, parce que lautre mode eft moins cognéuë que celle des Sinus. Nous n auons pas voulu fupputer les autres
- E Figu
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- 34 De laFortification reguliere.
- Figures, afin de ne croiftre ga^Jaigrofieur du Liure,& ennuyer le Leâeur. 'jfduertijfement au fay mis vne partie de chaule Figyredek i.Planche iufques au Dode-
- Ltfcur. cagonedans TordreTofcan & Ionique, où par mefgarde le nay pas ob*
- ferué la diminution qui doit ettre feite du quart en Tordre fiaperfcur : le nay pas aufli voulu refaire la Plache,puis que cela ne fot que d ornemét.
- Les Fortifications On pourroit demander fi les Fortifications qui ont plus de Battions
- ontfitudeHa- font plus fortes que celles qui en ont moins: il n y a point de doute quel-US les font plus fortes, à caufe quelles ont jdus de defenfe, & tout ainfi que
- le nombre 3. a moindre raifon a 4.que 4.à 5. & 4. a moindre raifon à 5.que fà £.& ainfi des autres. De mefine en la Fortification,le triangle comparé auec le quarré a moins de force que le quarré, comparé au Pentagone* &; ainfi des autres.
- TABLE T OV R P LF S FACILEMENT VOIR le Calcul des Figures mifes en la Planche 1.
- Exagone. Eptagonc. -Octogone. Enneagone. Décagone. Endecagone. Dodécagone.
- EB Côme le Sinus de l’angle EBF. Au cofte' F E. Ainfi le Sinus total de l’angle BFE. au cofte'EB. 27882 jo.pas. 100000 iif.pas,4.pieds JJ024 jo.pas, 100000 9o.pas,4.pieds j8afi8 jo.pas, IOOOOO 78.pas,2.pieds. 422 67. jo.pas, IOOOOO 71.pas. 47399 jo. pas, IOOOOO fifi.pas. ^79ZO 30.pas, IOOOOO 52.pas,3.pieds. 5*0000 30.pas, IOOOOO 5o.pas.
- ?B Comme le Sinus total de l’angle EFB. au cofte' EB. Ainfi le Sinus total de l’angle FEB. au cofte' FB. zooooo iif.pas,4.pieds 96%n . , ni.pas,4.pieds 100000 90.pas,4.pieds 9439» . , 87.pas, 4<pieds IOOOOO 78.pas,2.pieds. 92j88 72.pas,i.pieds. IOOOOO 71. pas, 90631 fi4-pas,2.pieds IOOOOO fifi.pas, 89101 78.pas,4.pieds. lOOOOa fi2.pas,j.pieds. .87770 73.pas quafi. IOOOOO fio.pas, 8fifioj 72.pas.
- BC Donc B C fera 8-pas,i.pied. J4.pas,i.pied. 47,pas,j.pieds. ’ 77. pas,3. pieds. fii.pas,1.pied. 63. pas. fi8.pas.
- HG Comme le Sinus de l’angle H G F. au coïté H F. Ainfi le Sinus total de l’angle H F G. au cofte H G. 70000 jo.pas. IOOOOQ 60.pas. 43392 jo.pas. iôoooo fip.pas, i.pied. 38268 jo.pas, IOOOOO 78.pas,2.pieds. 34202 30.pas, IOOOOO 87.pas,4,pied.ç 30902 jo.pas, IOOOOO 97-pas. 28178 jo.pas, IOOOOO iofi.pas,i.pied. 27882 ' jo.pas. IOOOOO nfi.pas.-
- GF. Comme le Sinus total de l’angle G F H. au cofté H G. Ainfi le Sinus de l’angle GH F. au cofté GF. 100000 60.pas. 86603 72 .pas quafi. IOOOOO 5p.pas, i.pied. poopy 52.pas,i.pied. IOOOOO 78.pas,2.pieds. 92J88 72.pas,2.pieds. 100000 87.pas,j.pieds. 9390g 82.pa$,2.pieds. IOOOOO 97-pas, 97iofi 92.pasjj.pieds. IOOOOO io5.pas,i.pied. 97948 I02apas,i.pî. IOOOOO u5.pas, 90993 ii2.pas.
- "g! Donc G E fera | 82.pas. 92.pas,i.pied. 102.pas,2.pi. ii2.pas,2.pieds I22.pas,3.pi. ij'2.pas,i.pied. 142.pas.
- IG Comme le Sinus toral'dè Pan-; gle GIE. au cofté GE. Ainfi le Sinus de l’angle G EI. au cofte I G. 100000 82.pas. 86603 7x.pas. 100000 92 .pas, i.pied. 90097 8j.pas. IOOOOO jo2.pas,2.pi. 92388 94.pas,3.pieds. IOOOOO Ii2.pas,2.pt.. 93969 loj.pas,j.pieds IOOOOO I2 2.pas,j.pi. 97iofi iifi.pas'jj.pi. IOOOOO I3£.pas,i.pîed. 97948 I2fi.pas,4.pi. IOOOOO 142 .pas, 96393 ij7,pas,i.pied.
- I H Donc ' 1H fera ii.pas. ij.pas',4.pieds. ifi.pas,i.pied. i7.pas,4.pieds. -19.pas, j.pieds. 20.pas,3.pieds. 21.pas, i.pied.
- I E ou IA Comme le Sinus total de l’angle GIE. au cofté E G. Ainfi le Sinus de Pangle AGE. au cofté I E. 100000 82. pas. JOOOO 4i.pas. IOOOÔO 92.pas, i.pied. ' 43392 40 .pas. IOOOOO io2.pas,2.pj. j82fi8 J9.pas,i.pied. IOOOOO H2.pas,2.pieds 34202 38.pas,2.pieds. IOOOOO 122.pas,3,pi. 30902 J7.pas,4.pieds. IOOOOO Ij2.pas,i.pied. 28178 J7.pas , i.pled. IOOOOO 142 .pas, 27882 jfi.pas,4.pieds
- AH Donc AH fe^î : 52.pas. 7j.pa$,4,piéds. 77-pas, 2.pieds. 7fi.pas,i.pied. 77-pas,2.piçds. 77.pas, 4-pied. 78.pas.
- AE Comme ' le Sinus de l’angle I A E. au cofté I E. Ainfi le Sinus total de l’angle El A. aucqfté^E. 70711 4i.pas. IQOOOO yS.pas quafi. 70711 40.pas. . IOOOOO ?5.pa$,2.pieds. 70711 39.pas,i.pied. IOOOOO yy.pas,2.pïeds. 70711 38.pas,2.pied$. IOOOOO 34.pas,2.pîedsf 70711 j 70711 j7.pas,4.pieds. ' 37.pas,i.pied. IOOOOO | 'IOOOOO -jj.pas,2.pieds. 72.pas,j.pieds. • 70711 3tf.pas. 4.pieds IOOOOO ya.pas.
- AB ponc AB fera i73-pas,4-P«- I47.pas,i.pied. ljj.pâs,4.pieds i27.p>as,2.pieds ii9.pas,2.pieds 117-pas. i.pied. 112.pas.
- AC Côme lés deux coftez’A B, BC enfemble à leur differéce. Ainfi la touchante de la moitié des Angles incogneus. A la diff.&c. i8a.pas. ifi7.pas,j.pieds ij 167 fi.degr.70.min. 181.pas,t.pieds iij.pas. 16989 fi.deg'r.j.min. l8i.pàs, i.pied. 86.pas,i.pied. 19891 7.degr.24.min. ^181. pas, _ 6g.pas, 4-pieds 2 21 fi9 ... 4.degr-7j.min. i8o.pas,jrpi. j i8o.pas,i,pied. 78.pas,1.pied. 7o.pas, 24008 ! 27721 4-degr.27.min. 4-degr. 3, min. iSo.pas. 44 .pas. 26793 j.degr,47.min.
- CAB ACB Donc Pangle CAB fera. &l’anglemaieur ACB. o.deg. 40.min. i4.deg. 20.m. j.degr.jfi.min. ij.degr. 41.m. j.degr. 71. min. ifi.degr. j9.m. 7.degr.j7.min. 17.deg.2j. min. 9.deg.7.min. Ï7. deg. 77-min. I0.deg.1fi.min. i8.deg.22.min. Il.deg.17.min. ift.degr. 4y.m.
- DBC DBA l’angle D B C fera l’angle DBA fera 7ï-degr. 40.m. 8ÿ.degr. 2o.m. 74.degr. 19.01. 8fi.degr. 24.n1. 7j.degr.21.rn. 84.degr.9-1n. 72. 33 82. ‘ 2J 72. 7 80. 77 7i- 38 79- 44 •a'1? 7WP47.
- PC Comme le Sinus total de l’an-; gle C D B. au cofté C B. Ainfi le Sinus de l’angle DBC. au cofté DC. loooqq 8.pas,i.pied. 96887 7.pas, 4,pieds. IOOOOO J4.pas, i.pied. 96177 J2.pas,4,pieds. IOOOOO 47-pas,j.pieds. 97807 47.pas,j .pieds. Fooooo yj.pas, j.pieds. 9339» yj.pas. IOOOOO fir.pas,i.pied. 97170 78.pas. 10 0000 fi j. pas. 9490$ fii.pas,4.pieds. IOOOOO fi8.pas, 9469J fi4.pas,2.pl.
- AD Comme le Sinus total de Pangle A D B. au cofté A B. Ainfi le Sinus de Pangle ABD. au cofté A D. 100000 I7JBas»4,P*.' 99993 174. pas. IOOOOO i47.pas,i.pied. 99807 I47.pas,quafi. IOOOOO ljj.pas,4.pi. 99479 *33-Pas> i-pied. IOOOOO 127. pas,2 .pieds 99118 I24.pas,i.pied. IOOOOO U9.pas,2.pi. 9874# ii7.pas,7.pieds IOOOOO. nj.pas, i.pied. 98399 nj,pas,i.pied. IOOOOO H2.pas, 98079 ro9.pas,4.pi.
- AC Donc la ligne A C fera 182.pas quafi. I79.pas,4.pi. 178.paSj4.pi. 177-pas, i.pied. 175. pas. 175-pas. i74-pas,i. pied
- AC Comme le Sinus de l’angle CAB. au cofté C B-Ainfi le Sinus de Pangle C B A.l au.cofté C A. | nfi4 8.pas,i.pied. 2788a. 182 .pas. 0*79 34.pas ,^pied. 33024 i79.pas,4.pi. 10192 47.pas,j.pieds. 38268 178.paS94.pi. 13*34 H-pas, j.pieds. 422fi2 I77.pas,l.pied. 17778 fii. pas, i.pied. 45399 I7fi.pas. 17823' fiy. pas. 479*o I7y.pas. 19709 fi8.pas, 70000 I74PüM-pied-
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- TOVR RELEVER LE PLAN.
- Chapitre XVI*
- Près qu’on aura fait le Plan fimple, il faudra tirer en dedans, & tout au tour désignés parallèles à iceluy à la diftance de cinq pas, ou enuiron, qui reprefenteront l’elpeffeur des Parapets, comme on voit en la Figure fuiuanté. Pour faire voir les hauteurs de la Place, comme aufli pour fornement,on releuera le Plan, tirant, des lignes perpendiculaires des angles du Plan fur la ligne horizontale, ce qui fe fera commodément auec l’inUrument fuiuant ,que i’appellc, Ortogone *, c eft à dire,angle droit, figuré aux collez de la Figure I. de la Planche III. lequel eft composé de deux réglés Tvne fur l’autre quon ajance en angles droits \ de façon que A B foit toute en dehors de C D. Vous attacherez le papier où eft voftre deffein fur quelque table qui ait le collé bien droit, en telle pofition que vous voulez qùil foit veu, &c que les extremitez du papier foient au long, ou parallèles au collé de la table: Par apres vous mettrez la réglé A ode voftre Ortogone contre le collé de la table, & le tenant ainfi ferme le ferez courir au long d’icelle, iulques que vous rencontriez les angles de la Figure, delquels au long de la réglé C D, vous tirerez des lignes vers vous, qui reprefente-ront les hauteurs des murailles que vous ferez longues à aiferetion, au double plus hautes que le naturel} parce que les faifant feulement de leur iufte longueur, le deffein n en eft pas fi beau *,toutesfois on les fera comme on voudra.
- L’autre infiniment marqué S, fertlors qu’on veut donner talu à la. Place qu’on releue , duquel on le feruira comme du precedent, ainfi qu’on voit au Pentagone, où vncollé eft releue fans talu,& laotreauec talu. Il faut prendre garde que ces lignes des hauteurs ne doiuenr pas eftre tirées de tous les angles : Pour cognoiftre delquels il les faut tirer, on remarquera , que pour releuer le collé de dehors, ouïes murailles, il faut toufiours mettre le collé de ! Ortogone lùr la ligne du deffein qui eft en dehors, & aux angles, où Ton ne peut pas la tirer fans paffer par deffus l’efoefTeur, il ne faut pas la tirer, comme on voit aux poinéks N P, delquels fi vous voulez tirer les perpendiculaires N O, P Q\ il faudrait paffer deffus lelpeffeur,ce quin’arriue pas aux angles E FGK,&c.
- Pour relouer le dedans,comme font les hauteurs des Parapets &c Rem-pars, il faut mettre noftrc Ortogone lùr tous les angles faits par les lignes du deffein qui font en dedans, & de tous ceux qu’il fe pourra, fans paffer par deffus refpeffeur*, tirer les perpendiculaires aulfi longues qu’on veut donner de hauteur à la chofe qu’on releue. Apres des extremitez de ces perpendiculaires, des vnes aux autres, tant releuant le dehors que le dedans,vous tirerez des lignes parallèles aux lignes du deffein qui font par deffus,defquelles vous reprelènterez les hauteurs -, parce moyen vous relouerez les hauteurs des contre- efcarpes, rempars, chemins,çouuerts, &c des autres ouurages. Ce fait, il faut donner l’ombrageà ces hauteurs,
- E 3 prenant
- Autre instrument four releuer en talu.
- Pour cognoiftre les angles quil faut releuer.
- Pour releuer le dedans.
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- $8 De la Fortification reguliere,
- prenant leionrdu cofté qu’il vous femble, 6C ainfi que la portraiture & feiographie, ou defeription des ombres le requiert.
- Auant que faire la Fortification nous auons fupposé la Figure, pour la conftruétion de laquelle il faut auoir fait vn cercle, & diuisé en tant départies qu’on veut que la Figurcait de coftez, dans lequel on l’infcrit: mais parce que cette diuifîon du cercle & infeription des Figures a efté donnée par Euclide de quelques vnes feulement, nous auons treuué le. Problème fiuuant qui s’eltend à toutes.
- <tA TOVT'E OVVERTFRE DF COMPAS
- prendre d>evn cercle donné la partie quon 'voudra. j
- Chapitre XVII.
- O i t le cercle donné APB en la Figure troifîefme do la Planche troifîefine, & fon diamètre B A, lequel foit, diuisé par la première ouuerture du compas en cinq parties, comme il eft enfeigné par Euclide, Propof. io„ du 6. C’eft à dire foit menée BHdautant de parties,fai-fant l’angle H B A auec le diamètre, &foient menées IG,LF,EM,ND parallèles à A H, & fera diuisé le diamètre en cinq parties ^fur tout le diamètre foit deferit le triangle équilatéral ABC, . & fur le poinét C, & fur la diuifion D du diamètre A B, on mettra la^ réglé, &C marquera rinterfedion d’icelle ,P, fur le demi cercle B P A. Si on prend le double de B P, qui eft P R, ce fera, la partie demandée de tout le cercle, laquelle réitérant cinq fois, le cercle fera diuisé, félon le requis en cinq parties. Ce Problème ne fe demonftre point *, &: au calcul il ne reuient pas tout à fait précisément iufte, principalement aux Figures qui ont grand nombre de coftez, comme cinquante ou loixante co-ftez.Mais quâtaufens&à l’operation il eft fort exa£te,8c quelque grand cercle qu’on diuife, on ny fçauroit recognoiftre faute fenlible. Ce Problème peut aufti feruir pour diuifer en mefme façon les portions du cercle, 8c a plufieurs autres vfeges : il eft à eftimer pour la facilité, & iuftefle plus grande que de tous les autres qui ont efté eferits pour ce fiijet.
- Defeription de la On peut encor defcrire la Figure par lande du cofté, ce qui eft autant
- UngC ou plus commode que la diuifion du cercle: pour ce faire il faut auoir vn demi cercle diuisé iuftement en 180. parties \ & lors qu’on voudra faire vne Figure à tant de coftez quon voudra, on fupputera de combien de degrez ëft l’angle du cofté d’icelle, comme nous auons dit cy deuant. Par apres on tirera vne ligne de la longueur qu’on veut eftre le cofté de la Figure , &C fur l'extrémité d’icelle on fera vn angle d’autant de degrez qu’on a treuué auoir l’angle du cofté de la Figure, 8C de mefinc mr l’autre extrémité , continuant ainfi iufques que la Figure (bit complété. Pour plus claire intelligence nous mettrons les deux Figures fui-uantes, marquées i. en la mefme Planche 3. pour laquelle foit fait le demi cercle A C B, diuisé en 180. parties y&c foit donné le cofté D E de la Figure qu’on veut fortifier, qui foit par exemple vn Exagone , par la,
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- Liure I. Partie I. 39
- fupputation il fe treuue que f angle du cofté eft no. Ceft pourquoy for le demi cercle ie marque l’ange A G F de no. degrez, auquel ie faits efeal l’angle DEH en prolongeant la ligne EH, îufques quelle foit, elgale à la ligne D E : par apres fur le poin<5t D, ie fais vn autre angle,
- EDI efgal à HED, prolongeant femblablement la ligne DI qu’dle, fbit efgale à la ligne D E, continuant ainfî iufques à ce que la Figure fbit, acheuée,qui fera vn Exagpneequiangle &; équilatéral *,onferade mefme des autres Figures.
- Cette façon eft fort commode pour fortifier lors quon donne vne ligne de quelque longueur quelle foit, fur laquelle on veut la Figure, eftre faite, comme aufli pour tracer fur le terrain , fi de quelque Place vieille on vouloit faire vne Place reguliere, où à caufe des baftimens on ne fçauroit faire vn cercle -, ou fi on la fortifie irrégulièrement, on co-gnoiftra aufli toft de quelle figure doiuent eftre les Battions qui feront, faits fur les angles -, & parce moyen on fçaura de quel endroit ils doiuent commencer leur defenfe \ le refte du deflein fe fera comme nous auons dit cy deuant.
- On pourroit treuuer mauuais que i’aye fupposé le cofté de la Figure,& po^my
- non pas la ligne de defenfe qui eft la principale : mais i’ay voulu en la fuppofition &c fupputation fuiure l’ordre de la conftrudion, outre que gure. le calcul en cette façon eft beaucoup plus facile, &c la ligne de defenfe, ne fe change pas notablement, & ce changement ne peut apporter aucune incommodité, puis quelle fe diminue, outre que la différence de, l’effed: du Moufquet à quatre ou cinq pas plus près, ou plus loin ne Ce peut aucunement recognoiftre.
- ï’euffe peu mettre diuers autres moyens de defleigner la Fortification, mais i’ay veu que la plus part maintenant tiennent les Battions angle droits les meilleurs ,& les defenfes qui commencent dans la courtine les plus fortes *, &C cela eft non feulement approuué par la voix commune ; mais mis en effe£t en la plus part des Places modernes -, ceft pour-quoyf ay voulu conformer mon opinion aux chofes que tout le monde eftime. Plufieurs penftnt eftre louez pour eferire des chofes nouuelles, pour moy ie tiens qu’auec cela il faut quelles foient bonnes, &C principalement en cette fcience, ou pluftoft art, qui eft de fi grande confequencç qu’il peut caufer la perte, ou la conferuation dvn Eftat $ on ne doit rien faire qui ne fbit prouué par la raifon, SC confirmé par l’experience, fans laquelle on ne peut fe mefler de cette profeflion. Vn Ingénieur de bon iugement,beaucoup pratiqué &c peu lçauant,doit eftre préféré à vn qui feroit beaucoup fçauant fans pratique. On ne doit pas fe contenter de fçauoir bien deffeigner, demonftrer & calculer les Figures fur le papier, et qui eji mcejfaire il eft encor befoin fcauoir les circonftances, formes &C accidens de cha-que partie •, ceft à quoy i ay trauaillé le plus, d’inftruire facilement le Lecteur. Or parce qu’il y a falu mefler aucunes demonftrations, il eft necef-faire pour les entendre, quon fçache les principes ou Elemens d’Euclide.
- Ceux qui n’en auront pas la cognoiflance,pourront laifler les demonftrations, & lire la fuite des raifons naturelles, tenant pour affeuré que ce qui eft demonftré,eft très-véritable.
- le ne mets pas icy comme on doit tracer fur le terrain, parce qu’il nous
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- 4© De la Fortification reguliere.
- çn faut parler à lirreguliere, ou on le pourraapprendre elairement, ce quaucuns sïmaginent eflre fort difficile jpour moy te ne fçay quelle* difficulté il y a j iaimercas? mieux tracer des Places entières dans la campagne, lors qa on n eft pas empefehé ,quvn mefchant bout de tranchée eftant proche del ennemy. Lès trauaux de terre ne font difficiles en leur conftruâion, qu a caufe du péril qu il y a de les faire.
- Cèft affez parlé du deffein,nous dirons maintenant de chaque partie* de la Fortification, leur forme, leur mefure, leur matière, leur lieu,& les autres circonftances &raifbns pourquoy tout doit eftre ainfi *,ien dit courray le plus clairement queie pourray.
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- DE LA LIGNE DE DEFENSE.
- Chapitre XVIII.
- N tout ce Difcours nous parlerons feulement des Pla- De U ligne de de~ ces regulieres-,c’eft pourquoy ce qui fera dit d’vn coite de la Figure,le mefine doit eftre entendu de tous les autres. « le ne diray rien du collé de la Figure, parce qu’il eft preique toufiours eigal à la ligne de defenfe joutre que le coftê de la Figure ne demeure pas le mefme en la Fortification : mais fe change en courtines & gorges,dequoy nous traitterons en leur lieu.
- Aucuns veulent la ligne de defenfe fort longue, de la portée du Ca- Rdfin première de non, ou Fauconneau. Les raiions qu’ils apportent pour confirmer leur opinion font,qu’auec moins de Battions on enfermera vne Place,ou auec U portée du Canon. les melmes on comprendra plus de terrain -, par confequent on épargnera beaucoup.
- Que les Battions peuuent eftre faits plus obtus-,car deux Battions plus Seconde rAifin. efloignez Tvn de Fautre que deux autres, tout le relie demeurant de met me ,ïes efloignez feront plus obtus, comme on peut voir en la premiers Figure de la quatriclme Planche, oùles Baftions CI &GK font plus proches du Baftion A E F, que les Baftions H & B, prenant tous deux la defenfe du flanc,& paflantpar les melmes extremitez des melmes flancs.
- Le Baftion A D F qui prend là defenfe des plus efloignez,fera plus obtus
- ?ue A E F,la prenant des plus proches,parce que H F eftant au dehors de ï F, apres la rencontre F, elle ira en dedans, comme il eft demonftré par Clauius for laxiome onzielme du premier d’Euclide -, de melme fe dira, de B A, CA, eftant menée AF, l’angle ADF fera plus grand que AEF. a a ^-Propof.i.
- Par apres les defenfes en font plus grandes,demeuranslesmefmes Troijïefme mfin. flancs &c angles des Baftions,comme il fe voit en la Figure Il.Planche IV. où il eft euident que les Baftions DGH,& BE ellans proches,ils n’auront de defenfe que les flancs oppofez B E, IL -, &c s’ils font efloignez,comme AF, la defenfe feraaugmentée de la partie de la courtine AB, FL.
- D’qu s’enfoiura que toutes les parties delà Fortification pourront eftre faites plus grandes, gardant leur proportion entre elles, & on pourra, ranger plus d’hommes fur les Baftions, plus de Canons aux Flancs, & faire de plus grands retranchemens lors qu’il en fera de befoin, &C par confequent la Place mieux defendue.
- Les coups de Moulquet de Fennemy depuis la Contre-efearpe vers la Qytricfmemfîn. pointe du Baftion ne pourront pas nuire à ceux qui feront aux flancs, & ainfi le maniement de l’Artillerie en fera alfeuré.
- Leur dernicre raifon eft que la defenfe fera meilleure auec les-Faucon- Demien mfin. neaux,& des Canons qu’auec le Moufquet : car on fe peut armer àpreuue de celuy- cy,mais non pas de l’autre ; outre que le Fauconneau va cercher fon homme plus loin *, & ceux qui font dans les Places ont plus de commodité d’auoir &c de manier ces pièces que ceux qui font dehors,lefquels pour s’en feruir, faut qu’ils fe couurent auec beaucoup de difficulté.
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- Du Canon,ceux de dedans s en feruiront le chargeant de baies de plomb d’vne once ou deux,ou bien de doux, de chaifnes, &: autres vieux fers, lequel ainfi chargé fera vn très-grand dommage,foit qu’on veuille venir à l’affaut, ou qu on paroiffe en gros ycar à ces coups rien ne peut refifter. Rtfynfe a u pre- le refponds à toutes ces raifons *, à la première ie disque pour eftre va-
- mere raifon. lable ^ jj faut quecelles qui filiuent apres le foient aufli -, c’eftpoutquoy
- ayant réfuté les autres, celle-cy ne vaudra rien : car fi on monttre que la defenfe auec le feul Canon neft pas bonne, il ne fort rien d alléguer quon fait moins dedelpenfe en faifant les Battions plus efloignez:on fe-roit encor moins de delpenfe n en faire point du tout, puis que ne fe de-fendant pas ils ne feruent aucunement -, ce neft pascncecy qu il faut, elpargner. Vn Prince qui veut battit des Fortifications doit fermer les yeux ôc ouurir la bourfe *, & ne laiffer rien à faire de ce qui peut porter commodité & force à fon def&in.
- Reffonfe à lafe- Pour Fautre qui luit, i’aduouë que les Battions peuuent eftre faits plus
- ande raifon. obtus-,mais ie nie que pour cela ils foient meilleurs : car comme nous de-
- monftrerons apres, Fobtufité ne fait pas la perfe&ion du Baftion, mais bien l’angle droit, qui eft comme le moyen entre les deux extremitez de laigu &: de l’obtus. Et quand bien i’accorderay qu eftans plus obtus ils font meilleurs, on doit entendre lors qu’ils font défendus conuenable-ment. Il faut toufiours venir à ce poinâ: fi les Battions peuuent eftre défendus bien à propos auec le Canon, ee que ie n’appreuue point.
- Reffonfe a la troi- C’eftpourquoy i’accorderay de mefme Fautre propofîtion que la de-
- fiefme raifon. fenfe cn augmentée, cela s’entend du Canon : mais ie nieray comme deuant que pour cela elle foit meilleure*,oubienie nieray Amplement que la defenfe en foit augmentée, parce qu’il neft point refolu qu’en cette di-ftance il y ait vraye defenfe ainfi comme elle doit eftre:on augméte bien le lieu qui voit la face du Baftion,mais il faut Içauoir fi ce lieu fait defenfe. Rejponfe k laqua- Celle qui fuit eft fort mal à propos, parce que fi lennemy ne peut
- mefme raifon. auec Moufquets arriuer iulques à voftre Place, vous n’arriuerez pas mieux iulques à lennemy *, fi ceux qui font aux flancs font alfeurezdes coups des alfaillans, eux aufli n’auront pas à craindre les coups des flancs: Et c eft ce que lennemy demande de pouuoir s’approcher iulques fiir la, Contre-efearpe ce que ceux de dedans doiuent empefeher tant qu’ils peuuent à force de tirer. Il eft aisé d’affeurer des moulquetades ceux qui font au maniement de F Artillerie des Places baffes auec les fronteaux de mire,& madriers, delquels on ferme les embralures quand on a tiré.
- Au refte ie Içay bien que les parties de la Fortification eftant bien grandes enkfont meilleures : mais il faut auec cette commodité contre pefer les incommoditez qui s’en enluiuent :car il vaut mieux quelles foient moindres, d’vne iufte grandeur, bien defendeus, que trop grandes làns defenfe. %
- Refponfek la der- La principale raifon, & le nœud de la dilpute confifte à feauoir fi Fef-
- more raifon. feft Moulquet pour la defenfe eft meilleur aux Places que celuy du
- Canon. Pour moy ie tiens celuy du Canon, s’il eft feul, de peu d’effed: car il n y a perfonne qui ne fçache bien le temps &C le monde qu’il faut pour le feruir, la place qu’il occupe, &C les munitions qu’il confomme. Que feroit-ce fi on deuoit defendre chaque attaque auec le Canon ? il en
- faudroit,
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- Liure L Partie I. 45
- faudrait bonne quantité, & pat confcquent vn grand nombre d’Offi-ciers. Et puis quand les Canons des flancs qui défendent le Baftion auront tiré, qui défendra cependant qu’on rechargera, fi le Moufquet ne-peut pas porter iufques à k pointe du Baftion ? Et fi on les démonté, auant qu'on en ait amené d’autres, l’ennemy cependant ne fera-t'il rien?
- On doit aufli confiderer qu'il faut k Pkte- forme vnie pour le recul du Incommodités de Canon : Si on ruine les flancs, il faut du temps pourreparer &C refaire, ladeMeduCan^ le lieu pour les mettre, durant lequel le Baftion eft fans defenfe -, outre qu’il n’eft pas affeuré qu’il rencontre toufiours : ce qui feroit de grande confequençe fi touteja defenfe dependoit de là. Quant à ce qu’ils apportent de charger le Canon de quantité de baies &C vieux fers, cela n’eft pas de fi grand efFed quon penfe eftant tiré de loin > à caufe que tout s cfcarte, &c a peu de force s’il n’eft tiré de près : alfeurément le Moulquet chargé à baie feule portera autant ou plus loin que le Canon ainfi chargé.
- Si l’on employoit cette poudre SC ces baies à tirer auec le Moulquet, il n y a aucun doute qu’on ne fift beaucoup plus de dommage : car plu-fieurs coups tirez à propos lvn apres l’autre tueront plus de monde que, fi on les tire tous à la fois en vn endroit. Il faut aufii remarquer que le>
- Canon ne fè peut pas mettre par tout, ni tirer de par tout, comme fait le Moufquetaire, & principalement de la defenfe qui eft prife de la courtine , à caufe qu’il faut tirer en biailànt. Le Moufquetaire eft toufiours preft 5 car cependant que les vns chargent, les autres tirent, 6C parce, moyen on tient toufiours le lieu en feu } &C dans la place qu’occupera., chaque Canon, il s’y rangera quatre Soldats de front, d’où ils tireront incelfamment \ &C quand mefmc on auroit rompu tout le lieu:, pour fi peu qu’on fe puiffe couurir, on ne laiflè pas de tirer de là -, ce qu’on ne, peut faire auec le Canon : fi Ion tue quelque Moufquetaire, d’autres font à l’inftant à la place. Si l’on démonté le Canon, qu’on rompe feulement quelque partie de la roue,ou del’affuft, il ne fçauroit plus feruir fans eftre raccommodé, & faut grand embarras pour en remettre vn autre à fon lieu. Le Canon d’ordinaire fait plus’de bruit &c de peur que de mal : mais
- 3uand on fait grefler vne pluye de moufquetades, qui continue toufiours urant l’attaque, il ne fe peut qu’il n’en demeure quantité des ennemis.
- Ce n’eft pas toutesfois à aire qu’on doiue reprouuer aux Places l’vfàge du Canon, ains au contraire il y eft tres-neceflàire pour empefeher & rompre les trauaux, mefmès pour tirer à vn affaut : mais la difficulté eft, fçauoir fi les Places doiuét auoir leur ligne de defenfe de la portée du Canon,ou feulement du Moufquet. Apres auoir réfuté leurs raifons &ap- condufion, que u*
- Î>orté les noftres, ie treuue qu’il eft mieux que la ligne de defenfe foit feu-ement de la portée du Moufquet:car par ce moyen on garde îvfàgedes portée du Mouj-deux armes *, par l’autre on fe priue de la meilleure,qui eft le Moufquet.
- Aucuns appellent la ligne de defenfe, celle qui eft menée de la poin- Q3lk efi ProPre~ te du Baftion iufques à l’endroit, où la face d’iceluy eftant prolongée ligne de rencontre de flanc, ou la courtine : Et moy ie tiens que la vraye ligne de defenfe fe doit prendre depuis l’angle du flanc auec la courtine, iufoues à la pointe du Baftion opposé ; car ceft du flanc que dépend la defenfe du Baftion : Si du flanc, les coups ne peuuent pas porter iufques à la pointe, le Baftion eft dit fans defenfe : mais en cette façon il pourroit fe rencon-
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- treten d aucunes Places, que la ligne de defenfe n’excederoit point la, portée du Moufquet > &c cependant la pointe du Baftion feroit hors delà portée du flanc : ce qui feroit abfurde > dire que lés lignes de defenfe fe-roient de iufte portée,& les Battions feroient trop efloignez lvn de l’au-tre.Et encore que toutes les lignesqui font tirées des lieux qui défendent le Baftion puiffent eftre diteslïgnes de defénfe:toutesfois parce quécel-le~cy eft comme la moyenne &c principale, elle doit eftre aufli particulièrement appellée ligne de defenfe. Par apres quand on parle de la Ion*
- Î;ueur de la ligne de defenfe, on veut dénoter la diftance qu’il y a depuis a defenfe, ou flanc, iufques à la pointe du Baftion 5 c eft pourquoy ie donneray ce nom à cette ligne feulement : vn chacun la peut appeller a fafantafie félon qu’il luy femblera mieux ; fuflit quon s’entende aux termes.
- Portée du Mottf-quet combien eft,
- Puis qu’il eft refolu que les lignes de defenfe nedoiuentpasexceder la portée du Moufquet, refte maintenant à fçauoir de combien elle eft; cecy giften l’experienee,laquelle fe doit déterminer : toutesfoisnonlî iuftement, àcaufe des diuerfes longueurs & calibres des Moufquets, de la différence, de la façon de les charger, & d’autres inuentions qu’on a treuué pour les faire porter dauantage, qui confiftent à la qualité delà-poudre, à la mode Û quantité de la charge,à la difpofition au canon,ou de la lumière , ou de la culaflè, &c en plufieurs autres fecrets que nous laiflbns pour les dire plus à propos aux feux d’artifice. C eft pourquoy on ne peut pas dire précisément de combien eft la portée du Moufquet: toutesfois en cecy il n’eft pas requis vne fi grande iufteffe. A ce que i’ay veulesMoufquets ordinaires porteront deux cens pas géométriques, de cinq pieds de Roy chacun,& dauantage, auec grand force. I’ay veu tuer des nommes auec le Moufquet à plus de trois cens pas loing,comme nous auons veu arriuer à Crotis Secrétaire d’Eftat, qui fut tué auprès de fon Alteflè de Sauoye à plus de cinq cens pas loin du lieu qu’il fut tiré, qui eftoit vne montagne auprès de Sauignon Ville des Génois. On pourra donc faire la ligne de defenfe de 150.ou180.pas, afin que des Places hautes le Moufquet ait affez de force pour defendre les Contre-ef-carpes & Corridor de la pointe du Baftion opposée, encor que cette diftance pafle les deux cens pas ; parce que les Moufquets des Places font plus grands que les ordinaires, &c porteront au delà facilement ; par ce moyen on pourra faire toutes les parties de la Fortification d’vne belle grandeur.
- Bien que i’aye fait le calcul de la Fortification fur 180. pas, c’eft parce que ie tiens le Moufquet portèr plus que cela : car quoy qu’il en fbit, i’e-ftime que les defenfes doiuent eftre à la portée du Moufquet : ceux qui la croyent trop grande à i8o.pas,qu’ils la fupputent & faffeht de 150.
- De les faire moindres, pçrfonne n en eft d’auis, parce que ce feroit faire grandiflime defpçnfe fans aucune commodité.
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- DE LA GORGE DE BASTION.
- Chapitre XIX.
- ’Est la première partie qui eft prife fur la Figure fîmple,com- cmüm d0it tïirt me nous auons dit au deflèin, dont la moitié,ou demi Gorge doit eftre de 30. pas aux Places qui ont le cofté dei8o.quifont les meilleures,qu’on appelle,Places Royales:aux autres moindres qui ont le cofté feulement de 150. pas, la demi Gorge fera de i5.pas.
- C eft la mefure ordinaire quon prend en toutes fortes de Fortifications, qui s’accordent à peu près deuoir eftre de cette grandeur : la raifon eft, parce qu’il faut quatre pas pour les Parapets,ou Merlons des placés baffes, nx pas pour la place baflfe, & cinq pour les places hautes, ou pour le chemin qui eft deuant icelles, & en refte encor 3 dix aux moindres, & quinze aux grandes de chaque cofté 3 efpace afïèz grand pour l’entrée du Baftion , qui fait apres le corps aflèz ample pour combatte &C fe retrancher.
- La faifànt plus grande,il faudrait faire les flancs plus petits,ou bien on ne pourrait pas cômencer ladefenfe fiauant dans la courtine, ou il faudrait que le Baftion fuft fort aigu, fi ce n eft aux Places de plus de neuf Baftios, aufquelles fans incommodité on peut augmenter les gorges & les flancs,
- &ce d’autant plus qu’ily aura plus de Battions qui pourront eftre angles droits, &; préefre auec cela la defenfe au milieu delà courtine : toutesfois à ceux-là mefmes i’aimerois mieux augmeter les flâcs que les demi gorges.
- Les defauts des petites gorges font, que le Baftion en vient fi petit Defauts des petites quil n’y a pas place pour fedefendre & retrancher dernier labrefche-, demt£or&es-&C vne mine emporte la plus grande partie.
- Les faifànt trop grandes,en s’accommodant de ce cofté, on s’incom- Defaut des mp modérait de plufîeurs. Car la Fortification eft comme le corps humain, &randeslor&es-s’il y a vn membre difproportionné au refte du corps, il le rend difforme, &c pour eftre trop grand il n’eft pas plus parfait, & luy apporte incommodité. De meune les membres de la Fortification doiuent auoir vn certain rapport & fymmetrie par enfemble v & pour la leur donner, il faut diftribuer les parties & la force efgalement 5 car en donnant plus à vne partie, on en ofte autant de l’autre.
- DES "FLANCS.
- Chapitre XX.
- ’E s t la première & principale maxime de là Fortification,quil Cemme doute t eftre n y ait aucune partie de la Place qui ne foit flanquée , & le lieu les Flancs' qui n’a pas des Flancs, n’eft pas dit eftre fortifié. C’eft pourquoy on doit auoir grande confideration en les faifant,parce quils font laplus importante partie de la Place, &c de laquelle toutes les autres dépendent.
- Les Anciens ont recogneu l’aduantage qu’il y auoit en cela 3 car ils fai-foient les murailles en angles auancez & retirez, afin que l’ennemy fuft non feulement veu en face,mais encor par flanc. La forme des Flancs eft vne ligne droite tombant à plomb fur le cofté de la Figure à l’extremité
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- 50 De la Fortification reguliere,
- de la demi gorge : bien qu’aucuns eftimenteftre mieux quelle foitperpendiculaire à tofacé du Baftïàn ^priricipalèiriént aux Placés de moins de fept Battions, qui n ont pas les Flancs çouuerts*commeen la Figure L Planche V. où les Flancs Àfi'CD font perpendiculaires aux faces des Battions C H, H A.yèc par ainfi ils font va peu mieux couverts, &C Fen^ nemy les voit plus obliquement du poinèt LMais auffi de là il arrive que les coups tirez d’iceux aux faces des Battions oppofez, font auffi de mteC-me j & fi lon veut faire des Merldns & Canonnières, elles feront fi ob-liquçs quelles naüront aucune foi^é, commeIon verra auDifcours des Canonnières qui feront aux Parapets des Courtines 3 ce qui fera bien pis lors que les Flancs font couverts : ou il faudra que FOrillon couûrè fi fort léElanè, qu'il le rende inutile,ou il faudra le faire tres-foible.
- Mefm dn Fiam. Leur mefore dordihaire eft autant que la demi gorge du Baftion, fan
- quelle nous auons fait de lafixiefinepartie du colté dela Figure,quire-uiént i ij-pas sil eft 15.0. ou 36. sil eft 180. lequel Flanc fe départ en trois; parties vies deux extérieures feruent pour PEfpaule,ou Orillon lors quoi* en veut faire -, &cFautre tiers ett le Flanc couuert où ett la principalede-fenfedu Canton. En cet efpace en dedans la Place on fait les Gazèmates, QffcUn Flanc, ou placés baffes en la façon que nous dirons après. L'office dû Flanc eft particuliérement pour flanquer & defendre la Courtine *, lautre Flanc,la face duBaftion opposée, le Fofsé & la Contre- efcarpe, auec les Canons qufon doit mettre dans ces places. Aux grandes ou les Flancs font dç 30. pas , on y peut mettre trois Canons , aux moindres on n en y pourra renger que deux, &C C eft le moins qu’on en doit mettre en vn Flanc, vn feul neftant pas capable de defendre3 fi on fait les Flancs moindres, cku incommodités des 24.0U u.pas,on n'y fçauroit loger que deux Canons,lors qu'on y veut fai* ptws Flattes. re l’efpavle des deux tiers, comme il eft neceffaire \ car l’autre tiers ne fera
- que de 7. pas , qui eft le moindre efpace qu’on doit auoir pour manier commodément dans ces lieux deux Canons.
- Ceux qui les font moindres allèguent cet aduantage , que demeurant; les mefines demi gorges, les Battions en deuiennent plus obtus, bien: qu’ils éprennent la defenfe de mefme endroit, comme en la Figure I L Rbjnchey. ou des deux Battions DFLGI, D EC HI, qui prennent la,; defenfe des mefines poinéfcs AB, celuy qui a les Flancs moindres eft plus obtus que l’autre qui les a plusgrands, parce que fi on mene la ligne A B, le triangle ACB qui eft necelïairement au dedans de ALB fera toufiours » ty.Frfof.i. plus obtus a : mais cetteraifon d'amoindrir les Flancs n’eft bonne quç^ lors que les Baftions font plus que raifonnablement aigus.Lors qu’ils font droits, ou approchant du droit, on ne doit pas amoindrir la defenfe pour les faire plus obtus, lefquels nous demonftrerons cy apres neftre pas fi bonsque les droits ; & quand cela ne feroit pas, il eft affairé qu’il faut • preferer la defenfe des Flancs à l’obtufité des Baftions, outre qu’aux Placesde fîx Baftions ou plus, l’angle du Baftion fe treuuera plus que droit fi on commence la defenfe au Flanc, demeurans iceux Flancs & demi gorges de cette longueur,
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- Liure I. Partie I.
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- DES FACES DES 'BASTIONS, ET d’où ils doiuent commencer a prendrez leurs defenfis.
- Chapitre XXL
- A face du Baftion commence à prendre la defenfe au les Battions
- poinft auquel eftant prolongée,elle coupe ou le Flanc, 7dl
- ou la Courtine. Erard a voulu que cette defenfe com- fenfis. mençaft toufiours au poin£t où le Flanc rencontre la,
- Courtine : dequoy toutesfois il n’a pas apporté derai-fon, ôc ie n en ay peu treuuer aucune, ains au contraire il me femble que cette façon apporte de très-grandes incommoditez à la Place. L expérience a confirmé dauantage mon opinion, qu’il va-loit mieux quand il fè peut commencer la defenfe dans la Courtine : car de toutes les Places que i’ay veu, ie nen fçache pas aucune qui prenne la defenfe feulement du Flanc, lors qu elle fepeut commencer dans la Courtine&C toutes les Places modernes, bien que du refte bafties comme Erard enfèigne, en cecy ne fuiuent pas fà méthode, car toutes commencent la defenfe à la Courtine -, comme Bergerac qui eftoit Exemples pour mo: commencé à fortifier, Cleracfortifié de terre, les deux Villes de To- £ZtpnndndeZ nins, Monheur, Montauban, &C toutes les autres que le Roy a allie- courtine. gées &c prifès. Et non feulement cela fe pratique en France, mais encor en Italie,comme on peut voir à la Ville neufue de Turin qui fe baftit de prefent, où les Battions commencent à prendre leur defenfe du milieu de la Courtine, à Palma-noua, à Lignago, à Pefquiere, à Ligour-ne, à Luques, &C autres Places fortifiées nouuellement. Et en Hollande particulièrement toutes les Places fortifiées que i ay veu, Coëuor-den, Nieumegue, Fleflingues, Goricum, &C toutes les autres,commencent leur defenfe dans la Courtine. Ces exemples perfuaderont plus que toutes les raifons que nous pourrions eferire, parce qu’il n y a perfonne qui ne fçache auec combien de confideration & de iuge-ment le Prince Maurice a fait fortifier fes Places : l’experience qu il a acquis en la longueur des guerres,& la diuerfité des fieges qu’il a faits, ou fouftenus luy donnoit allez à cognoiftre les defauts &C la bonté de la Fortification *, de forte que perfonne ne doute que les Places de ce païs nefoient tres-bienfortifiées.C’eftpourquoy iay voulufuiurecette méthode, comme celle qui eft pratiquée SC eftimée vniuerfcllement pour la meilleure, ÔC laifïer l’autre comme inutile, de laquelle nous demon-ftrerons les defauts pour donner plus de fatisfaâion, 8C faire voir plus clairement par raifon la vérité de l’experience.
- Les defauts qui viennent de prendre toufiours la defenfe du Flanc, Raif°™ de~ demeurant le Baftion angle droit, font, qu il faut neceffairement,ou mon faire les Baftions fort proches l’vn de l’autre, demeurons les Flancs &C Gorges de iufte grandeur , ou bien faire les Flancs fort grands, demeurans les Baftions en deux diftances, &C les Gorges de iufte grandeur, ou faire les Gorges excefliuement grandes demeurant le refte médiocre.
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- Démonstration.
- Aire de ÏExagone.
- Autre demonflm-tioru
- a z.Propof.G.
- b $ z.Propof i. c zy.Propof i.
- <1 13 .Propof r.
- € 19.Propof i.
- Autre demonftra-
- tim.
- f z$. Propof. i.
- g 19. Propof. i.
- Autre démonstration.
- 54 De la Fortification reguliere,
- Or en quelle façon que cefoit il y a toufîours du defaut: Car premièrement fi on fait les rlancs(les Gorges demeurant de mefme, &; {angle flanqué aufli, & la defenfe du Baftion commençant au flanc:) de la mefme grandeur qu’on les fait j la prenant de la Courtine, il fautfaire les Battions plus proches Tvn de l’autre, comme il fe peut voir en ,1a Figure première, Hanche fixiefine, où deux Battions C B D eftans imaginez eftre misfvn fur l’autre , leurs Flancs, leurs faces,leurs angles conuiendront, le tout eftant efgal lvne à Tautre, les lignes des faces des Battions prolongées finiront aufli à tous deux au melme poinét E, à la place à laquelle le Baftion cômence là defenfe au Flanc, fcn Flanc fera au poind E, &c celuy qui la pred dans la Courtine doitauoir neceflàirement le Flanc plus loin de tout 1 efpace F E, quil a de defenfe de la Courtine: donc les Battions feront plus efloignez, la defenfe commençant en la. Courtine, que lors quelle commence au Flanc, d où s’enfoiura que la Place fera moins contenante à celle qui a les Battions plus proches, quà celle qui les a efloignez *, ce qui eft tres-certairi,puifque les collez de lvne font moindres que les collez de 1 autre. Si on le fuppute on treuuera quvne Place de douze Battions à noftre façon,fera preiqjue trois fois autant contenante que l’autre. Lvne ayant le collé i8o.aura fon aire 374976. &; l’autre ayant le cofté de la Figure 118. naura de contenance, ou aire que 155902,. pas, &c auec cela au moins de defenfe de toute la ligne FE.
- Si on veut que le collé de la Figure demeure aufli grand en 1* vne qu en lautre,pour faire prendre la defenfe du Flanc F, deuxiefme Figure,Planche fixiefme, il faudra augmenter iceux Flancs, iufques qu’ils rencontreront la ligne F K, qu’on tirera du Flanc F parallèle a la ligne E B, afin que le Baftion demeure angle droit -, & par ainfi le Flanc H D fera augmenté de là partie H A,qui fera la puiflance de la defenfe F E, parce que D H eft à H A, comme D E à E F.a Mais nous dirons cy apres comme cette puiflance du Flanc fert mieux mife en la Courtine pour l’vfàge des Caualiers, ôc pour eftre plus difficile à rompre par l’ennemy. Outre cela il en arriue que la ligne de defenfe F B eftant de iufte longueur,F K excédera , parce que l’angle EIB eft plus grand qu’vn droit EIL eftant moindre, & E BI eft demi droit j donc BEI fera moindre quVn demi droit b> ou fon efgal K F I,&encor moins K F B,ou fon alterneFBECi doncletout IBF feramoindrequVndroit:doncFBK fera plus grand qu’vn droitd; donc FKI, qui n’eft que demi droit fera moindre que F B K : donc le cofté F K fera plus grand que le collé F B. e
- Il feroit bien meilleur d’augmenter la capacité de la Place, & diminuer la longueur de la ligne de defenfe, ce qu’on peut faire en auançant. la Courtine C D, troifiefme Figure ; & ainfi pour la partie du Flanc E D qu’on oftera, on aura la ligne CI de la Courtine beaucoup plus longue, &: la ligne de defenfe CB fera plus courte que A B, d’autant que l’angle B A C eft moindre quvn droit, F C D eftant droitf » à caufe que C D &C AGfont parallèles : donc CB fera moindre que AB s-
- D’augmenter les Gorges, laiffant les Flancs de mefme grandeur ainfi que fait Erard, il eft pis que deuant, parce qu’on augmente la partie qui a plus de befoin de defenfe,qui eft la face du Baftion, & l’on n’augmente
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- Liure I. Partie T. 55
- pas ce qui doit defendre, qui font les Flancs, ou partie de la Courtine, comme on voit en la Figure I V.où faifant la demi Gorge H G, il n’y aura que le Flanc IC qui défende la face  B,laquelle fera plus grande que F K, qui a la demi Gorge H E moindre : & cette face F K fera défendue non feulement du Flanc Ci, mais de la partie de la Courtine C D, qui fera efgale à GE,parce que les lignes CB,8c DK,font parallèles h . Parla fùppolition donc des angles AB H, F K H feront efgaux, d où s’enfuit que les triangles rectangles ACG, FDE font equiangles & efgaux,ayans les coftez GA, FE efgaux par la fuppofition : donc CG fera efgale à DE *» oftant la commune DG : CD, EG feront efgales : Ceft pourquoy autant:
- Sionagrandit la Gorge,autant pert-on de la defenfe:Et la face AB qui a x us de bcfoin de cette defenfe eft plus grande que F K qui eft mieux defendue-,parce que CB eft plus grande que DK,comme il eft demonftré autre part,oftant les efgales C A, DF,le refte A B fera plus grand que FK.
- Nous auons dit quil valoit mieux que cette defenfe fuft augmentée en la Courtine qu'au Flanc} la principale raifon eft parce qu’on met les Caualiers en cet endroit où ils font mieux fituez qu’autre part quonles fçache mettre, comme on peut voir à Palma-noua, où pour mettre les Caualiers en ce lieu, on a pris la defenfe bien auant dans la Courtine, Par apres pour emporter cette defenfe, l'ennemi a plus à rompre que fî elle eftoit au Flanc, & bien qu’oblique ne biffera pas de feruir au befoin. C’eft pourquoy ie conclus auec l'experience & la raifon, que les Places aufquelles la defenfe commence dans la Courtine, font meilleures que celles où elle commence au Flanc.
- De dire que d aucun endroit du Flanc fichant on ne peut pas nettoyer d’vn feul coup la face dû Baftion, il eft vray : mais cela fe pourra de l’endroit delà Courtine,où la defenfe comence,& encor des Fauffes-brayes, comme fera dit en leur lieu, qui feront auffi bons que le poinék du Flanc qui rafe, lequel ne pouuant eftre jamais tout à fait couuert de YOrillon, fera aufïi facile d’eftre rompu que l’endroit de la Courtine qui rafe.
- Lors que la defenfe commence en la Courtine, les Flancs s’appellent fichans * d'autant que les coups qui font tirez de là peuuent ficher, ou entrer dans la face au Baftion } ce qui eft beaucoup auantageux, à caufe quil faut entrer fort auant dans labrechepour eftre à couuert des coups tirez du Flanc. Les autres aufquels la defenfe commence au Flanc font dits rafans, parce que les coups tirez de là ne font que rafer Amplement la face du Baftion opposé. Toutesfois en cecy il ne faut pas fe tromper car il y peut auoir vne partie de ceux-cy aufïi grande,&c qui fichera autant que des autres ,fi ceux-cy font faits plus grands *, ce qui peut eftre confi-deré en la Figure V.de la mefme Planche fîxiefme.
- Ou foit le Flanc C K fichant au Baftion GI, moindre toutesfois que le Flanc rafant D C, d’autant que peut la defenfe prife en la Courtine C M réduite au Flanc C B, il y aura autant du Flanc C D qui fichera, comedu Flanc C K : Car fi Ton veut précisément parler,tous les poinéfs, hors le poin£t C ficheront autant du grand Flanc que du moindre y &C ainfi le plus grand auroit plus d eftendue fichante que le moindre, mais auec moins de puiflance, &: le moindre auroit moins d eftendue -, mais fà puiffance fichante feroitplus forte : cecy fedemonftreroit,mais ie crains
- h lî.JPropof.i.
- i i6.Prûpof.it
- Raiforts pour preu-uer le mefme.
- Reffonfe a l'obit* Eliort.
- Flatte fichant.
- Flanc rafant.
- Comme doit eïire entendu ficher & rafer.
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- 56 De la Fortification reguliere,
- quil nennuyaftplus qu’il ne feruiroitauLe&eur. Seulement ie diray que la commune façon de parler eft que tous deux fidhcront efgalement; parce que pour le rafement on ne donne pas vn poindt feulement , mais quelque partie,du Flanc duquel au moindre la partie de la Courtine CM faffe l’effeâ:, refte que tout CK fichera. Maisnousfuppofons le Flanc CDeftre plus,grand que le Flanc CK de la partie ACefgale à CB :1e refte donc D A feraefgal aCK,& fichera autant que C K, demeurans tous deux en mefme pofition au reipedt de la face du Baftion. Et par ainfî on doit entendre que cette façon de dénommer le Flanc fichant SC rafent, neft pas proprement pour exprimer la nature de tout le Flancs mais bien pour donner à entendre que la defenfe commence dans la* Courtine, lors qu’on l’appelle fichant, ou au Flanc lors qubn l’appelle rafent.
- Basons prenam De tout ce que defius s’enfoit que les Battions commençons la de-
- duFikncfmdX ^enfe feulement au Flanc font defedtueux^ d’autant qu’ils amoindriffent ^ la Place,ont les lignes de defenfe plus longues, font mdins défendus, ont plus de prife, les Flancs en font moins forts *, & au contraire les autres çommençans la defenfe dans la Courtine, au lieu de tous ces defauts ont autant daduantages,dont s’enfuit qu ils font meilleurs.
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- DES POINTES DES BASTIONS, ou Angles flanquer.
- Chapitre XXII.
- L n y a que trois fortes cTAngles rectilignes -, c’eft pour-quoy il ny peutauoir que trois forces de Baftions con-fiderez félon l’Angle flanqué*,c’eft à fçauoir, aigu,droit, ou obtus. Pour refoudre quels font les meilleurs , il faut premièrement fçauoir quelles batteries font meilleures j ou celles qui fe font en Angle droit, ou en Angle oblique. Lexperience nous fait allez voir que les coups de Canons tirez en Angles droits font beaucoup plus d’efted que ceux qui font tirez obliquement : la raifon naturelle eft, parce que d’autant plus que les coups déclinent de la grande force, qui eft l’Angle droit, tant plus ils saffoibliffent, &c s’approchent de la bricole , qui eft toute la foibleffe. Ce qui fe cognoit par lexperience , parce qu’vn coup de Canon tiré contre vn corps de peu de refiftance \ comme par exemple quelque muraille , n’entrera pas dedans s’il eft tiré trop obliquement : mais fi onlo tire moins obliquement, &C plus approchant de l’Angle droit il entrera eftant en mefme diftance, d’autant plus qu’il s’en approche dauantage: carie Canon a toufiours la force de fon coup efgale, & le corps mefme refiftance. Donc s’il n’entre pas toufiours eigalement, il faut attribuer le defaut à quelque accident : il n’y en a point d’autre qui fe change que la pofition du Canon au refped de la muraille félon le plus ou le moins d’obliquité : C’eft jx>urquoy fi le coup bricole ou entre peu, c’eft à caufe que le coup eft tire plus ou moins obliquement, ce qu’on pourroit tenir comme pour principe, que l’obliquité Amplement eft caufe du peu d’ef-fed du coup, dequoy toutesfois la caufe peut eftre telle. Les contraires tant plus directement qu’ils font oppofez l’vn à l’autre, tant plus ils agit* font, le plus fort contre le plus foible, à caufe que l’adion de l’vn fe porte directement contre l’autre. Parapres foitque la baie face l’effed, ou l’air qui eft pouffé deuant la baie, il faut neceflairement quelle entre & face fon effeCt fi elle ne rencontre quelque corps plus refîftant qui la repouffe contre fe première force, laquelle il faut que cette refiftance furmonte^
- Îiour s’en reuenir pat mefme lieu qu elle eft venue *, d’autant que le reffaut è fait toufiours par mefme Angle que le corps eft premièrement poufsé*, & lors qu’il eft poufsé par la mefme force en autre Angle que droit, il refeute par vn autre lieu qu’il n’eft venu, &c s’efquiue de la force qui l’a poufsé *, & tant plus l’angle eft oblique, tant plus il s’approche de fuiure le chemin par lequel il a efté premièrement meu, &C l’air ou la baie fui-uans cette route rencontrent moins de contraire, s’efchapent plus facilement , & font la bricole } ce qu’on peut facilement confiderer aux rayons du Soleil, bien que iettez toufiours prefque de mefme diftance &c d’vn mefme agent : toutesfois n’ont pas toufiours le mefme degré de chaleur en vn mefme lieu *, car par fois ils font moins chauds, par fois plus, &c c’eft lors quils tombent plus perpendiculairement, à caufe que
- H 2, la
- Trois fortes de B a-ftions.
- Les coups de Castes aplomb font plus dlejfeft que les obliques.
- Digrejfto de ÏAu-tloeur fur la force du Canon,& pour-quoy fe fait la bricole.
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- 6o De la Fortification reguliere,
- la refleftion ou réaction fe fait par mefme ligne, ou approchant au contraire , eftans iettez obliquement ils s en vont d’vn autre cofté, fe difli-pent, &c font peu d’effeâ:, neftant que fort peu arreftez, à caufe de l’obli-Comme doit eftre quité du corps qui leur eft opposé. De cecy &c des expériences qu on mefurée la force du peuc fajre à ce fujet, i’infere que la force du coup doit eftre mefurée par C0Hp' la perpendiculaire, qui eft tirée fur la face du corps auquel on tire, du
- poinâ: où commence le coup, à proportion de la force qu’il a oùil com-'Ægk de la force mence, 8c l’Anglefait par le tir, & la face qui luy fera opposée fera l’An-àuconf. gle de la force ou de l’eflfeâ: du coup : car la force eft fupposée toufiours
- elgale, le Canon eftant efgalement efloigné -, mais 1 obliquité, comme nous auons dit, fait le plus ou le moins deftèd -, ainfi qu’vne pefitnteur, bien quelle ait toufiours fon mefine poids*, toutesfois elle fera diuerfe force felon le plus, ou le moins de leue ,ou leuier qu on luy donne. Tout ainfi que cela a efté demonfiré par fes principes, nous pourrions de mefi me demonftrer la force du coup, & plufieurs propofitions qui s en enfument félon la proportion de la folidité, ou dureté des corps oppofez, demonMon, & la pofition du coup : mais ce difeours feroit trop long,& demande vn lieu particulier *, feulement on fuppofera comme pour .certain , que la plus grande force du coup eft lors qu’il tire en Angles droits, comme en la Figure i. Planche 7. le coup AB eft la force totale, & le coup E B qui en décliné n’aura de force que F E,&C le coup C B n en aura que CD, qui eft moindre que F E,8c encor moins que B A, à caufe que B A, B E, & B C eftant posées efgales, fi du centre B par icelles ondeferit vn cercle , la plus grande ligne fera A B, qui eft le demi diamètre, &C des autres la plus proche d’iceuc, F E fera plus grande que la plus efloignée DC, a 1 s-fropofa. a êc ainfi des autres. Maintenant les triangles FEB, CDB eftans re-
- étangles, la ligne C D fera moindre que F E -, &c dautant que la puiflan-çe de B D excedera }a puiflance de B F, dautant la puiflance de D C de-faudra de celle de E F, parce que les quarrez B F, F E enfemble font ef-\y 4j.Propof. 1. gaux aux quarrez de B D,& D C enfemble,C B, & BE eftant efgales b.
- Et ainfi tant plus les coups déclineront de l’Angle droit, tant moins ils auront de force, de laquelle les Angles feront E B F, C B D, &c ainfi des autres qui pourront eftre toufiours de moins en moins, par toutes les lignes qui peuuent eftre tirées dans l’Angle droit, qui font infinies. Et par ainfi la refiftence de quelconque corps eftant donnée, on pourra tirer le, coup en quelque pofition qu’il n entrera point, bien que le Canon foit toufiours en mefme diftance du lieu auquel on tire le coup. pe la refiftence du Bien qu’il femble hors de propos d’eftre fi longuement fur ce difeours:
- ç°rps. toutesfois parce que iay parlé de la force qui imprime le coup, nous di-
- rons vn mot de la refiftence de celuy qui le reçoit. Il faut premièrement fçauoir que ce qui refifte font les parties elpeffes, qui font diredement opposées l’vne apres l’autre ffe tant plus il y a de parties, ou folidité opposée ,tant plus il y a de refiftence , laquelle en mefine dimenfion eft plus oïl moins forte félon la qualité du corps. pemoniïmm. De cecy il s’enfuit, ainfi que nous auons dit, d’autant que le coup eft plus oblique, d’autant la force eft moindre : De mefine au corps qui refifte, tant plus le coup eft oblique, tant plus il a de refiftence, comme il fe peut voir en la Figure deqxiefme, où le corps opposé foit AG, le,
- coup
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- Liure I Partie I.
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- coup tire en Angles droits, foit C D H, il n y aura de refîftence que la^ fimple elpeffeur du corps C D, laquelle fe treuuera moindre que tout autre dans le corps, comme C E qui eft vn coup oblique, l’Angle C DE eftant droit, CED fera par conséquent moindre c: donclecoftéCE c i^fopof.u fera plus grand que CDa : donc il aura plus de refîftence contre le coup d ^^ropof.u oblique que contre le droit ; &: tant plus il fera oblique, d’autant plus
- F'ande fera la refîftence, comme au coup F refiftera toute la profondeur C, laquelle fera plus grande que C E, à caufe que l’angle CEF qui eft plus grand que le droit C D Ee eft plus grand que CFE-, donc le collé c i6.Propof.t.
- C F eft plus grand que le collé C E f, &C ainfi des autres tant plus ils fe- f i%Propofu ront obliques, comme icy le collé C E eft plus grand que le collé C Dj d’autant que le collé du quarré, composé des quarrez de C D & de D E enfemble, eft plus grand que le collé C D s , comme fi le collé C D eft g 47*Propofi,. 10. &c le collé DExo. CE fera d’autant plus grand que C D, que 500. ç*
- ( qui eft zi.& enuiron ~ qui font prefque 7.) eft plus grand que 10.
- Pour l’autre partie, la puilfance de laligne C F excédera la puiflànce de la ligne C E du quarré de E F, & deux fois le rectangle compris de deux lignes DE,EF % comme fi GE eft 10.& EF foit 5.1e quarré de CE h u.Propofi. fera 100. le quarré de C F fera 105. (fuppolànt D E 8.) & fon collé 2.05.1^, qui eft 14. &c enuiron 7. qui eft plus 7. En tout ce Difcours i’entens parler des chofes qui rompét en enfonçant,& non pas de celles qui coupent, parce que les raifons font differentes.
- Quelqu’vn pourra demander, pourquoy eft-ce donc quon fait d’or- Pourquoy on fait dinaire les bateries croisées, de façon qu’il y en a deux obliques &c vne les baterm crotse'es-droite. le relponsque chaque baterie confiderée à part, la droite eft la plus forte pour les raifons deuant dites : mais toutes enfemble font meilleures que l’vne ni l’autre à part, parce que ce que T vne elbranle, l’autre l’abat, comme vn arbre fecoüé de diuerfes parts eft pluftoft à terre que fi on le tire toufiours d’vn collé : ainfi ladiuerfité des bateries ruine plus que fi elles venoient d’vn feul endroit $ & les coups tirez d’vn collé font place à ceux qui viennent de l’autre : Mais pourtant la baterie du La baterie en milieu qui bat en Angles droits , eft celle qui fait le principal effed, & ?lut
- qm entre plus âuant y les autres ne ront qu emporter ce que celle-cy ,m. elbranle & rompt. Outre cela il faut confîderer que la brefehe ou ruine eftant commencée , il fe fait comme vn angle dans icelle, qui fait que les bateries des collez donnent autant à plomb dans les faces de ces ruines, comme celle du milieu, ainfi qufon voit dans la Figure 3. où Ton voit la brefehe former l’ Angle CED, &c les tirs G C -, H D qui au commencement elloient obliques font droits contre la brefehe.
- Le Ledeur m’exeufera fi i’ay fait cette digrelïion trop longue * ceux à Fi» *e u àigrefft qui elle ne plaira pas, ils la peuuent laiffer, &C lire ce qui fuit.
- Cela eftant que les bateries en Angles droits font les plus fortes, il fera Pourq^ les b*~ aisé à demonftrer que les Ballions delquels la pointe, ou Angle flanqué ^ màeurf^ue eft droit, font meilleurs que les autres. D’autant qu’ils ont plus de de- Z âmes™" fenfe, font plus contenansque les obtus, & ont plus de refîftence contre les bateries, que les aigus ou obtus > parce qu’ils ont tout le corps ou folidité opposé à la batterie, comme on peut voir en la Figure 4. ou foit leBaftionFBE Angle droit, Scia face BE contre laqudlc eft faite la Demonfiraùon.
- H 3 baterie
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- i i$.Propofi. k zS.Propofi.
- Defaut des Baftios Angle obtus.
- Demonflration.
- I zi.Propefi.
- Baftio Angle droit plus refilant que ÿobtus.
- 61 De la Fortification reguliere.
- bàtcrie en Angles droits DAB,les quatre Angles aupoinét A feront, droits ‘ , &c l’Angle ABF eftant droit par la fuppoution des deux U* gnes BE ÔcAC feront parallèles k : donc tout le corps ou fclidité du Baftion fera opposée à labaterie en quelque lieu de la face qu on la puiC* fe faire en angles droits, & c eft en ceçy que confifte la principale force du Baftion que par tout il foit efgalement fort.
- Pour faire voir le defaut des autres, ie dis que le Baftion Angle obtus a moins de refiftence que le droit, & auec cela il eft moins contenant, demeurans les tnefines Flancs &c demi Gorges en lvn & en l’autre : ce qui eft contre l’ancienne opinion du vulgaire, qui eftimoit la perfedfcion du Baftion cpnfifter en l’obtufité de fon Angle.
- Soit le Baftion G A D en la Figure cinquiefme, Angle obtus, &c le Ba-ftion C BD Angle droit j tous deux ayans les Flancs &C les Gorges de" mefmes les faces C B,B D,& C A,ADpaftèront par les mefmes poinds CD : foit donc menée la ligne C D,FAngle droit fera tout au dehors de l’obtus, &c le contiendra,1 parce que s’il alloit au dedans, comme CI D, l’Angle feroit plus grand contre la fuppofîtion *, ni deffus, parce qu il fe-roit encor obtus : donc il fera tout au dehors *, doncjl fera plus grand que l’obtus de tout le trapèze Ç B D A.
- De ce dëflus il s’en enfuit que le Baftion Angle droit eftant plus capable , il a aulïi plus de refiftence de tout ce qu’il aduance par demis 1 autre , comme il fe peut voir en la mefme Figure, qu’il eft plus fort de toute la partie D B A C, qui eft vn grand aduantage, tant pour mettre plus de Soldats,que pour faire de plus grands retranchemens.
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- Liure I. Partie I.
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- CONTINUATION *DE MONSTRANT
- la perfection des cingles flanquez* reiïangles.
- Chapitre XXIII.
- E Baftion Angle droit a cette perfection que lobtus Le•BashonAngU n a pas, qu'il a beaucoup plus de defenfe : car le Ba- foif $ de~ ftion Angle obtus prenant la defenfe du flanc, fi on ^ HqM °tw' le fait Angle droit, laiflant toufiours les flancs & gorges de mefine -, il aura la defenfe de la courtine, ôc ce autant plus auant dans icelle, qu il eftoit au parauant, plus obtus, comme on peut voir en la Figure première, Planche hui- Demonflmm. Ctiefme , où le Baftion Angle obtus foit DB,& le Baftion Anglo droit AB : fi lobtus commence à prendre la defenfe au flanc F, il faut neceflairement que le droit la commence dans la courtine-, parce que la face A B eftant prolongée, rencontrant l’autre au point B, la doit entrecouper , &c aller au deflbus, parce qui a efté demonftré par Clauius fur l’axiome onziefme du premier d’Euclide : C’eft pourquoy toute la-defenfe en fera augmentée de toute la partie EF, comme il fe voit enla Figure 1. Planche 8.
- Ce qui eft vn très-grand aduantage, comme nous auons dit, lequel
- 1 r 0 1 • / P « 1 A » font aux Battions
- on perd lans aucune commodité ni d augmenter les gorges , ni les 0ytHS. flancs, ni aucune autre partie : Et outre cela les flancs des Battions obtus ne font que rafans , où ceux des Angles droits font fichants $ &à ceux-là pour peu debrefche que l’ennemy fafle , dés qu’il y fera entré, foit pour s’y loger, ou pour donner aflaut, il fera afleure. des coups du flanc qui ne le pourront aucunement defcouurir, ce qui n’arriue pas a ceux qui fichent, comme nous auons dit cy deuant.
- En tout ce que defliis nous auons fuflifamment monftré les Battions Angle droits refifter plus, eftre plus contenans, &c mieux défendus que les obtus *, donc s’enfuit qu’ils font meilleurs.
- Refte à monftrer les defauts des Battions aigus, lefquels bien qu’ils Defauts des b*-foient tenus de tous pour mauuais, nous mettrons la raifon pour- ^tonsa^w' quoy.
- U eft tenu comme pour maxime, que le Baftion pour eftre parfait, Demonftration, doit auoïr par tout le corps tout opposé à la baterie droite : or le Baftion aigu n eft pas ainfi, donc il eft defaillant. Ce qui fe peut voir en la Figure deuxiefine , Planche huiétiefme , où le Baftion Angle aigu foit,
- F B D, & la baterie en Angles droits C D, fur la face du Baftion B F, les
- Angles au poinâ C eftans droits ,&FBD eftant moindre qu vn droit,
- les deux lignes B F & C D fe rencontreront du cofté D a donc toute * Dernier axiome
- la folidité du corps ne fera pas par tout opposée à la baterie > & tant plus
- le Canon tirera vers la pointe B, d’autant treuuera- t’il moins de refiften-
- ce, parce que les triangles B H G, D B E font equiangles, H G , D E
- eftant parallèles, &c ayans l’Angle B commun : donc comme B E à ED,
- ainfi B G à GH b . Mais BE première eft plus grande que B G troi- b 4.Propof.s.
- fiefme : donc E D fécondé fera plus grande que G H quatriefme c -.donc c 1 ^.Propof5.
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- 1 Battions Angles droits dotuent ettre prefere'Çjk tous auprès.
- Battions vn peu aigus moindres que les droits ,fontrece-mbies.
- Defauts des Basions trop aigus.
- ConftruBionpour faire les Battions moindres que droits.
- 6 6 De la Fortification régulière,
- la refiftence fera moindre tant plus on tirera vers la pointe. Dans la met me Figure on verra comme le Baftion Angle droit a plus de refiftence de la partie IG.
- De tout ce que deflus s en enfuit que les Battions Angle droits doi-uent eftre preferez à tous les autres , &C des autres l’eftime que les Angles aigus ont plus de commoditez que les obtus. le ne dis pas abfolu-ment tous les aigus , mais ceux qui font moindres que les droits do quinze à vingt degrez : d autant que ceux-cy font plus contenans, & ont beaucoup plus de defenfe, comme il a efté demonftré. Car pourco quon oppofe de rompre la pointe, & de s’y loger, fi on fuppute combien la folidité eft moindre qu’au droit à dix ou quinze pas de la pointe, le Baftion eftant plus pointu de dix degrez, on treuuera que c’eft de fort peu *, cfft à dire,avn pas & deux tiers *, ce qui n’eft pas confiderable au pris de la defenfe qui s’augmente , qui porte plus de commodité, fans comparaifon, que de defaut cette pointe. Et quand bien cette pointe feroit rompue iufquesà l’endroit où pafiferoit l’Angle obtus *,des flancs oppofez, on y verra toufiours dedans, à caufe qu’ils font fichants : ou au contraire, fi au Baftion Angle obtus on auoit autant enfonsé, on s y pourrait loger fans crainte *, 8c c eft autant d’incommodité qu’on donne à Tennemyde rompre toute cette partie à l’Angle aigu pour arriuer où il ferait, fans coup donner à l’Angle obtus, comme on voit en la Figure troifiefme : on entendra tout cecy de ceux qui ne font pas trop aigus , parce qu’alors il y a les incommoditez alléguées \ & de furplus on ne peut pas combatre dans ces pointes eftroites, ni loger du Canon, l’efpace manquant pour fon recul, ni faire aucun retranchement, ce qui feroit vn paflage à l’ennemy fans pouuoir eftre défendu que bien foi-blement : Et les Courtines, Flancs, 6C cofté de la Figure eftans de iufte grandeur,les lignes de defenfe viennent excefliuement longues,lors que l’Angle eft plus aigu que nous n’auôs dit : toutesfois les aigus iufques à 7o.degrez font préférables aux obtus, car ils n’ont pas ces incommoditez, Cecy femble eftre contre la commune opinion : toutesfois la raifon & l’experience nous le doit perfuader, car on verra plufieurs Citadelles pentagones, defquelles bien que les Angles foient toufiours aigus : toutesfois on les a faits dauantage pourauoir cette defenfo de la Courtine & flancs fichants : ainfi eft la Citadelle de Turin , celle de Bourg en Breffe l’eftoit auffi autrefois, celle d’Anuers eft de mefme,& plufieurs autres.
- Ceux qui eftimeront plus les Angles aigus que droits, pourront lire la Fortification eferite tres-amplement par Samuel Marolois, &c fuccin-£tement par PrefTac, ce que ie n’eferiray pas icy, puis qu’il a efté fi bien dit par ceux là y outre que mon opinion eft que les Battions Angles droits font plus parfaits que tous le* autres : toutesfois qui les voudra aigus les pourra faire en noftre Fortification mefme, fi au lieu de faire la lignes AI efgale à la ligne IE on la fait plus longue. Or pour fçauoir de combien elle doit eftre, on fera comme s’enfuit : Si on vouloit que l’Angle du Baftion fuft de fco.degrez,&par confequent fa moitié E AI 40. degrez , en l’Eptagone marqué en la Planche deuxiefme , l’Angle El A eftant droit, IE A fera de 50. degrez, ayant treuué le cofté IE, comme
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- Liure I. Partie I. 67 \
- il a efté enfeigné aux fopputations : on dira comme leSinus DIA E, 40. degrez, au cofté I E, 4°-pas. Ainfi le Sinus de A EI, jo. degrez,au coite A1,47* pas, trois pieds, vn peu plus. Ce calcul eft bien géométrique; mais apres il faut mécaniquement prendre iur lefchelle les mefures de I A. Nous les pourrions aufli donner geometriquemenc, mais il fau-droit faire vn nouueau difeours, lequel on peut lire plus do&ement efent dans les Autheurs alléguez. Ce que nous auons ait eft feulement pour contenter ceux qui veulent l’Angle aigu, tout le refte de la Fortification demeurera ainfi que nous Fauons eferit ; &C l'alteration de cet Angle n’al-tere aucunement le refte du corps de la Place, ni fes membres, ni pas vne des autres circonftânceS. Et bien que ie mette & loüe le Baftion Angle droit, pour cela ie ne reprouue pas l’autre, chacun a fes opinions &C les raifons. 1 ay déduit les miennes quant à la force au Difcours precedent yoèftre quil me femble à ma façon eftre beaucoup plus facile à operer, foit au deffein, ou fur le terrain, comme i’eferiray autre part, comme aufli au calcul. Pour conclufion ie ne diflùade point de fuiure l’autre mode, à qui k croit meilleure y de moy, ie les eftime toutes deux bonnes.
- Nous n auons rien dit de ceux qui font ronds, parce qu’ils font tenus Defauts des Ba-de tous mauuais : toutesfois parce qu’il y a plufieurs Pkces antiques qui ronds-en ont, &C particulièrement Padouë, la plus part de laquelle eft fortifiée auec des Battions ronds, &C néanmoins eft tenue pour forte y ie monftre-ray icy leurs defauts, qui font plufieurs. En ce lieu, c*eft qu’ils font trop petits, n’ayans pas plus de 15. ou 30. pas de diamètre y & quand bien ifs foraient aufli grands que les autres Battions, ils font pires que les aigusy d’autant que fans rien rompre, il y a l’efpace A B au milieu de la rotondité qui auance vers la campagne, où l’ennemy fe peut loger fans eftre veu : Et aux aigus pour ce faire il faut beaucoup rompre de la pointe auant qu eftre à couuert : par apres on ne peut tirer aucun coup des de-fenfes qui puifle endommager qu’en vn foui endroit de la rotondité: car vne ligne droite ne peut toucher le cercle qu’en vn poinét, parce que dans vn triangle il y pourrôit auoir deux angles droits : Aux autres vn foui coup nettoye, & va tout au long de k face du Baftion, comme on voit au tir CD.
- Aux ronds il n y a point de flancs formez, & cette rotondité eft incommode pour defendre bien à proposfautre Baftion, ou tour y parce qu’on ne peut tirer qu obliquement en vne petite partie , comme on voit aux endroits G H y à tous les autres il faut tirer en biaifant, ce qui eft très-fâcheux lors qu’on y veut loger du Canon, à caufe de la difficulté qu’il y a de faire les embrafùres obliques. Soit veiië la quatriefme Figure de la Planche huiâiefine.
- r L&> Battions quarrez feront encor pires que les ronds, d autant que les Defauts des b*.
- défauts en font plus grands, comme on pourra voir les comparant les /*»«**«"*•
- vns aux autres. Les Battions ronds ont efté faits de cette Figure,afin que
- les coups de Canon euflènt moins de prife : mais les quarrez au contraire
- font fort fujets à eftre ruinez aux angles y par apres la partie A B,qui refte
- fans defenfe aux ronds,eft bien plus grande aux quarrez,comme on peut
- voir en la 4. & 5. Figure de la Planche 8. où aux Battions ronds la partie
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- DAB I,qui eft fois defenfe, eft moindre que lapartie D A Bl&w quar-rez de la Figure 5.de toute la portion du eercle D BI,lors que tous deux font efgaux. Si onfait le Baftionquarré plus petit, on riy pourra pasjo-ger les Canons pour defendre lautre^par apres le tir C À, communément parlant,netoyera mieux au Baftion rond qu au quarré;çar il fcmbk que lé cercle s aproche plus de la ligne droite que l’Angle droit. C’eft la Figure la plus manuaife quon fçauroit foire pour les Battions, iî ce n eft lors quils font dans vn Angle retiré : mais de cecy en fera parlé en lïrregulie-re. Nous parlons icy des Battions qui doiuerit eftre faits fur les .Angles des Figures régulières, ce font toutes les Figures que peuuent auqir les Baftions ; de toutes lefquelles la,meilleure eft de ceux qui font en Angles droits.
- Nous n* auons pas dit combien doiuent eftre longues les faces des Ba-des Battions, fiions* parce que leurs mefures fuiuent celles des flancs & des gorges; eftant données, nous les auons mifes en la fupputation des lignes, ceft pourquoy nous ne les redirons pas. On fera aduerti que les Baftions qui n?ont pas d’Orillons, bien quils foient aufli grands aux autresjparties que les autres Baftions, leurs faces font plus petites, ce qui fait fembïer ces Baftions plus petits quederaifon:pourne fe tromper pas il faudra voir sil y a Orillon ou non.
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- DES FLANCS COUVERTS, ET ORILLONS. t Chapitre XXIV.
- O v r acheuer de parler des parties du Baftion, refte à dire du comme doit eftre Flanc couuert.L on diuife d ordinaire tout le Flanc en trois par-tics, defquelles on en donne deux, fçauoir celles qui font vers le dehors à rOrillo,ou Efpaule,&: l’autre tiers vers la Courtine fert pour le Flanc couuert,ou Cazemate : tellement que la Cazemate aura 8.pas vn tiers de large aux Places ordinaires,& dix aux Royales,& l'Oril-lon i6.ou io.pas : nous parlerons des vfages &c de la forme de cette partie en particulier cy apres. Maintenant nous dirons de l’Efpaule, laquelle on De ïefaute, oh auance autant que le Flanc couuert eft large,qui eft le tiers de tout le Flâc: Onllon-elle fert pour couurir vne partie du Flanc,laquelle on referue pour défendre les faces des Battions oppofez & les foffez. Il y en a de deux façons, ronds,ou quarrez. En plufîeurs Places aucuns ne veulent point d’Eipau-les, comme les marquez M L, Planche 9. ainfi que font la plus part des Places d’Hollande. La raifon qu’ils apportent, c eft pour mettre plus de Canons, Sc de Soldats fur le Flanc ; parce que l’Orillon emporte les deux tiers, &: n'y en ayant point tout eft en Flanc : par apres les Canons qui font fur le Flanc defcouurent d’auantage, & ne font pas enfermez comme les autres qui font dans les Flancs couuerts -, outre qu on cuite la def-penfe quil faut faire auançant ces Efpaules.
- A cela on re(pond,que lur f Efpaule &C dans le Flanc couuert,il fe ran- Raifons de ceux qui géra quafi autant de Canons &: de Soldats, que fur le Flanc -, d’autant efltmntles 0nU°s-que l’Efpaule a deux parties, fçauoir celle qu’on a prolongée depuis l'ex-tremité du Flanc, Sc lautre qui l’acheue, foit ronde ou droite.
- Quant à l’autre raifon : Il y a affez d’autres lieux plus commodes pour loger le Canon pour tirer en la campagne, comme furies Courtines, for les faces des Battions, &C for les Caualiers : Cette partie n’eft deftinée que pour defendre le Fofsé,la Contre efcarpe & Battions oppofèz*,& mefme on la fait feulement à la hauteur de la campagne ,afinqu’elle foit moins defcouuerte, on la referue pour le befoin : Et parce que c eft la partie qui nuit plus à l’ennemy, on la couuredes autres endroits,quelle ne doitpas defendre. Les Orilions empefchent que le Flanc ne peut eftre tout rompu 5 il reftera toufiours vn Canon pour le moins qui endommagera l’ennemi lors qu’il voudra entrer. Bref, c’eft le bras de la Fortification, qu’il faut couurir 6c armer pour eftre referue à fonvfàge.
- La confideration de la defpenfe n’eft .pas receuable, puis quelle ap- Reïfohfe aux oh-porte commodité & auantage. notons.
- Les Hollandois ne couurent pas les Flancs, ce n’eft pas qu’ils les efti-ment meilleurs ainfi *, mais c’en: parce qu’ils font des dehors plus forts que là Place mefme, qui empefehent que l’ennemy ne peut pas rompre les Flancs, qu apres les auoir pris, &C deuant quil en foit là,les Flancs défi-couuerts font plus propres pour rempefcher,&; luy nuire.
- Outrccela toutes ces Places prefque font fortifiées auec la terre feule;
- Scies Orillonsn’eftanspasreucftus,ne pourroient pas durer long temps, à caufe que leur maffe n’eft pas affez grande *, ou il leur faudroit donner
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- 72 De la Fortification reguliere,
- vn fi grand talu, que le Flanc eouuert eftant conucnablement large au haut, feroit trop eftroit à l’endroit des Places baflès.
- Oh dniuent effre Nous dirons donc qu’aux Fortifications Amples &C fans dehors, enui-
- frits les Ortiiom. ronnées de muraille, il eft bon de faire les Flancs couuerts : mais à celles qui ont des bons dehors, comme toutes doiuent auoir, il n eft pas tant necefiaire, principalement aux Places de terre. comme doiuet efire Aux Places qu’ on voudra faire d’Orillons fur les deux tiers du Flanc,
- fam les Onüom, Qn auancçra ia hgne de l’Elpaule de la longueur dVn tiers-,de façon qu elle correfponde à la pointe du Baftion opposé j le refte fe fera comme nous Ligne de l’Ejfauie auons enfeigné au deflèin. Aucuns tirent cette ligne de l’Efpaule marquée faùT dott e^re F parallèle à la Courtine^omme aux Fortifications de Tours, &c à celles de la Villeneufue de Turin:mais cela me femble malàpropos *,car ainfi il y a vn Canon le plus proche de l’Efpaule,qui ne voit rie que la Courtine, & l’autre n’en voit gueres d’auantage. Ils feront donc corne inutiles,d’autant qu’on attaque fort peu fouucnt la Courtine,& les autres Canons font trop couuerts, &C la face du Baftion en a moins de defenfe -, il me femble mieux autrement, Si on dit que l’Efoaule s’affoiblit} c eft de fi peu que ce qui refte eft toufiours baftant de refifter à la bateriedelennemy.
- Oriüons ronds oh Ontientles Grillons ronds(comeles marquez i.en la Planche 9.)meil-
- ]em^Uehmtk ^eurs ^ ^cs autres>à caufe qu’ils ont moins de prife, & font moins fujets à eftre efberchez : mais ils font aufli de grande defpenfe,& deflus s’y peu-uent ranger moins de Soldats qui tirent directement à la face du Baftion opposéjaux quarrez marquez K -, tous ceux qui feront rangez delfus tireront commodément à lautre Baftion. Ceft pourquoy îe les aimerois mieux ainfi pour euiter la defpenfe, &c augmenter la defenfe.
- On remarquera que lors que les Flancs font perpendiculaires aux faces des Baftioris, on nç fçauroit faire des Orillons, parce qu’ils couuri-roient trop, ou feroient trop foibles -, & fans Orillons ceux qui feront logez tireront obliquement.
- ?tics mp çqmerts Ceux qui couurent trop les flancs, à la fin ils les rendent inutiles. A tnmmss. Sienne dans l’Eftat du Duc de Tofcane, les Flancs outre qu’ils font cou-
- uerts de rOnllon à la Courtine & à l’Elpaule , il y a certaines auances, ainfi qubn peut voir en la Figure où le Flanc eouuert eft AB , l’Efpaule B E : C, D font les deux auances pour couurir le Flanc, &pour em-
- pefcher les bricoles ; Mais les Canons placez de cette façon ne deC-couurent que par vntrou,& ne peuuentpas faire la moitié de l’vfage Glacis oh redçms auquel ils font deftmez. A ce mefine deffein on fait les redents auprès ne fement de mn. FlanCj comme on voit en la Figure H 5 ou bien on augmente le talu de la façon qubn voit en G. Ceux qui les font ainfi difent que le Canon de l’ennemy tirant, la baie s en ira en haut : mais auec cela ils diminuent beaucoup de la Place où doiuent eftre les Caualiers, lefquels eftans plus retirez défendront, & verront moins la face du Baftion} 6c les redents de muraille fe rompent facilement : de terre, ne fe peuuent pas fouftenir. imenüQ pour cou- La façon d’Orilîon marqué NOP couure tous les trois Canons du
- mrks Flancs. Flanc couuert: efgalement ^ chacun defquels ne defcouure que ce qu’on
- veut, 8C eft feulement defcouuert de mefine, ce qui n’eft pas aux autres: carie plus proche de l’Orillon eft plus eouuert que les autres -, l’inuention n’eft pas à mefprifer,mais elle ne peut feruir qu’aux Places reueftues.
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- <DES CAZEMATES, OV PLACES ‘BASSES.
- Chapitre XXV.
- Vtrefois on faifoit aux Flancs des voûtes où on Foutes aux places mettoit le Canon tout couuert, &pardeflus ils enfai-foient d-autres pour mettre d’autre Canons: mais cela ri eft plus en vfage, à caufe des grandes incommodicez quon a veuarriuer en ces Places -, car apres qubnauoit tiré, la fumée rempliffoit de telle façonces vdùtes, qu’il ettoit impoffible d y demeurer dedans, ni rien voir pour recharger, quelques foufpiraux quon y peûft faire, outre que l’eftonnement du Canon efbranloit tout} &c lennemy tirant dans ces voûtés baffes,les efclats ÔC de-bris bleffoient & tuoient ceux qui eftoient dedans, & en peu de coups les mettoient en ruine : celles d’embas eftans rompues,celles de deffus tomboietit d’elles mefmes. C eft pourquoy on a laifsé ces voûtes, $£ on Places bajfes comme fait les places baffes defcouuertes : Et pour auoir deux places, on fait la_ doinem eftre fûtes. première plus baffe, vn peu par deffus le niueau de la campagne} de façon que les coups tirez de là parient par deffus les Parapets des Fauffe-brayes, s’il y en a. Les mefures quant à leur face font du tiers du flanc, ou de hu moitié, comme nous auons dit *, leur profondeur en dedans eft de quatre pas, qui font pour les Merlons, fix pas pour le dedans à mettre les Canons, &C trois pour les voûtes lors qu’on les met en ce lieu. La place baffe doit aller en eflargifïànt du cofté de la Courtine, afin que le Canon qui eft là puiffe eftre pointé vers la Contre- efcarpe.
- Du cofté de la Courtine doit eftre l’entrée, ou voûte, qui doit com- Parties de la Place mencer au dedans de la Ville, pafïànt par deffous le rempart de largeur *#
- & hauteur fuffifànte, pour pouuoir mener par là le Canon & munitions.
- De l'autre cofté vers l’Efpaule, il y doit auoir vne petite porte, auec la. defeente pour aller dans le rofsé,laquelle fert pour faire des forties à couuert, pour aller fecrettement dans iceluy : on peut auffi la faire par dedans le Baftion du cofté de l’Efpaule. Aucuns eftiment quelle eft plus à propos en cet endroit * d’autant qu’il y a plus de place, &C n’incommode pas les Cazemates : mais des autres difent auffi,que lors que lennemy fera logé à la face du Baftion, de ce cofté cette defeente ne feruira plus,ô£ on ne pourra faire aucune fortie. Il fera mieux faire la defeente qui vienne du haut du Baftion *, &C à la Place baffe on fera vne porte, par laquelle on puiffe entrer dans cette defeente : &C ainfi quand l’entrée a enhaut fera rendue inutile par l’ennemy, on fe feruira de celle- cy. Il faut que cette defeente foit faite de façon qu’on y puiffe monter &C defeendre à cheual, afin que la Caualerie puiffe auffi fortir par là, lors qu'il y en a dans la Place. Le tout fe verra plus facilement en la Figure de la Planche dixiefme, Explication de ce où A B G eft toute l’Efpaule, ou Orillon *, HI font les Merlons, F HIG v âe^' le plan de la Cazemate, F G font les voûtes pour tenir les Canons &; munitions à couuert, K eft la fortie dans le fofsé de la porte fecrete, L le lieu où eft la defeente, M eft le fofsé, N eft vn peu de retraite de la Courtine, afin que le Canon qui luy eft proche puiffe eftre pointé par tout,& qu’on puiffe paffer autour : A cette mefme fin eft l’efquiuement &; agranaiffe-
- Tf. i ment.
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- Exemple des redes.
- 76 De laFortification reguli ere.
- ment dç ladite Place vers le dedans, comme on voit par la ligne N, qui ne fuit pas la droiture de la Courtine : O, eft la voûte qui paffe fous les rempars par où Ion meine les Canons dans la Place baffe,
- En aucunes Places on fait affez près des flancs, en la Courtine quelques redens pour empefeher que le Canon ne donne en bricole dans le flanc, comme il a efté dit cy aeuant. Il y en a ainfi en la Citadelle baffe de Florence aux Baftions qui font du cofté de la Ville,comme aufli à Parme du cofté qu elle eft fortifiée, où ils font fort grands : Mais tout cela-, eft de peu de confequence, qui ne fait pas la Place plus ou moins forte pour y eftre, ou pour n’y eftre pas.
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- Liure I. Partie I.
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- DES PLACES H A PT ES.
- Chapitre XXVI.
- V lieu quanciennementon mettoit vue Place,ou Gaze- emm font faim mate fur l’autre par le moyen des voûtes -, maintenant, les PUces ha“tes-
- Sur auoir deux Places fins cette incommodité, on les t l’vne plus baffe que lautre en dedans, comme par degrez : l’vne s’appelle Place baffe,ou Gazemate, de laquelle nous auons parle, & lautre Place haute, laquelle fe fait ainfîpar deffus les voûtes de la Place baffe s’il y en a, ou par det fiis la muraille.Cinq ou fîx pieds plus arriéré,on leue vn Parapet de quatre ou cinq pieds d’efpeffeur de terre,haut feulement de trois pieds & demi, afin que le Canon puiffe tirer par deffus, lequel doit aller fort en talufànt, ou defeendant vers le dehors, afin qu’on puiffe pointer le Canon contre le fonds du fofsé. Ce Parapet doit commencer trois pas au deçà où cor-refpond la droiture de l’Efpaule, à caufe qu eftant retirée en dedans,l’Ef-paule la couuriroit de telle façon, que le Canon qui feroit de ce collé ne verroit que la Courtine -, ce qui eft caufe que malaisément icy deffus on y peut ranger plus de deux Canons,lefquels on doit mettre vers la Courtine tant quil fe pourra, afin qu’ils defcouurent mieux le fôfsé •, ou bien au lieu de Canons on y pourra mettre des Soldats. Ces Places hautes font marquées P & Qep laPlanche dixiefme.
- Il s’en treuue qui difent que ces Places hautes eftans fort retirées voyéf contre Us
- fort peu, & qu’outre cela ces deux Places, la baffe 8da haute occupent Tl<tces hautes‘ la plus part du Baftion 5 tellement que cette Place haute où on doit loger les Canons , empefche qu’on ne puiffe faire des grands retranchemens. le refpons que fi on l’a fait, & on loge les Canons comme il a eflé dit, ils Refynfe aux aliène laifferont de defcouurir beaucoup. Par apres ie ne treuue pas que ®ton$' cette Place empefche, d’autant qu’il n y a à faire qu’vn Parapet, & en cas qu’on voudroit faire des retranchemens, il ne faudrait qu’ofler les Canons,& la Place demeurera libre autant que deuant.
- D’autres ont apporté cette incommodité que les Canons de la Place Autres incommo-baffe tiràns, la fumée empefeheroit que de la haute on ne fçauroitrien d^tef*s **lAm voir : mais cela n eft point vray, car cette fumée neftant aucunement enfermée, elle monte foudain, & fe diffipe.
- On allégué auflx que les Canons des Places hautes tirans,le foin où paille qu’on met dans le Canon, tombant allumé en bas , pourroit mettre le feu aux munitions &c aux autres Canons : Mais bien qu’il foit tres-veritable que l’impetuofité du Canon porte ce foin plus auant deux fois que la Place baffe n eft large * quand cela ne feroit pas, il y a affez de re-mede tenant les munitions à couuert fous les voûtes, & lés lumières des Canons aoffi couuertes lors que ceux de deffus tirent, ou faire vne cou-uerture d’aix qui couure tous les Canons de la Place baffe, &c ainfion euitera cesincommoditez ,qui font peu confiderables au pris de la commodité qu’apporte la Place haute.
- D’ordinaire laffaillant rompt les flancs tant quil luy eft pofïible,lef- de u
- quels à la fin il rend inutiles, SC ceux-cy eftant plus hauts, plus retirez,
- K 3 &:
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- Forme & mefure des Canonnières.
- Quelles Canonieres font mauuaifes.
- Canonnières bonnes comme doiuçt eïlre faites.
- Combien doit defcouurir chaque Ça-npdes Places bajfe s.
- 78 De la Fortification reguliere,
- & mieux couuerts , font plus difficiles aeftre ruinez : par apres pour fe couurir de cette Place, il faut faire plus hautes les trauerfes qu on fait dans le Fofsé pour approcher la face du Baftion opposé. Et puifque les flancs font la principale defenfede la Place, pourquoy ne les redoublera-* on pas li on peut fans incommodité ? le les ay veu aux meilleures Places, particulièrement à Luques, ainlî qu'on les void en la Figure de la Planche dixiefme.
- La raifon pourquoy nous ne faifcns pas icy des Embrafures comme en la Place baffe,nous le dirons parlant des Parapets des Rempars.
- DES CANONNIERES, OV EMBRJSVRES,
- aJtâerlons & 'Doutes.
- Chapitre X X V 11.
- •Ordinaire on fait les Embrafures larges en dedans 8c au dehors, &c eftroites au milieu, comme il fe voit en la Figure %. de la Planche n. où le dedans vers la Place eft À,Je plus eftroit au milieu L,&; le large en dehors eft E. Onlesfaitdecefte façon pourpouuoir pointer le Canon de plufieurs edftez, comme on void par les lignes B D, BP, B G -. mais eftans ainfi ,il arriue qu’aux Merlons qui font de iufte cfpeffeur pourrefifter au Canon ,qui elt vingt pieds, fi le plus eftroit L eft au milieu, depuis A iufques à L il y aura dix pieds, qui excéderont la longueur du Canon depuis les rouçs iufques à la bouche, qui ne peut auancer dans la Canonnière quç quatre ou cinq pieds au plus : c eft pourquoy elle fera plus arriéré que le plus eftroit de l’Embra-îùre. Le Canon venant à tirer,la vehemence du feu,8c du foufle qui tend àfe dilater, en fortant treuuera la refiftance du plus eftroit de l’Embrafu-re, la rompra en peu de coups *, doù s’enfùiura vne grande ouuerture facile a emboucher par Fennemy, qui fera la Gazemate perilleufe pour y demeurer, &c feruir les Canons 5 comme on voit en la Figure marquée 2. tant en la plantequau releué.
- Qn les fera mieux à propos en la forme fuiuante marquée I. Le plus eftroit N fera à trois pieds du dedans delà Gazemate O, afin que la bouche du Canon paffe le plus eftroit de FEmbrafure -, 8C par ainfi le foufle & feu du Canon fe pourront exhaler tout au long du plus large. L ouuerture de dehors I, doit eftre enuiron de fept pieds, afin qu'ils puiffent defcouurir autant qu il eft neceffaire : le plus eftroit doit eftre vn pied & demy,ou au plus deux,& vers le dedans Fouuerture O fera de trois pieds. Il faut remarquer que les mefures de ces ouuertures ne font pas precifes à toute forte d’Emferafures : ôir fi le Merlon eft plus ou moins efpais, il les faut glus ou moins ouuertes. On doit partant toufiours remarquer que le Canoqui eft du cofté delà Courtine,doit defcouurir la Courtine,le Flâc, FOrillon,la face du Baftion opposé,le Fofsé,& partie de la Contrefcarpe, iufqu’au delà de la pointe du Baftion,& le Corridor qui luy eft au defïus.
- Le fécond qui eft au milieu ne doit voir que la moitié, ou le tiers de la Courtine, ou au plus les deux tiers,& le refte comme l’autre.
- La,
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- Liure I. Partie I. 79
- La pièce de FEfpaule, que les Italiens appellent Traditom doit voir feulement la face du Baftion opposé iufques auprès de la pointe \ f Efpaule & le Flanc opposé, &c enuiron le tiers de la Courtine en toute forte de Places,comme on void en la Figure de la Planche vnziefme,où la piece A proche de la Courtine defcouure tout l’efpace FA D : mais aux Places de fept Battions, ou plus, cette piece d auprès de la Courtine doit defcou-urir toute la Contre-efearpe KL. Celuy du milieu defcouurel’efpace G B D : 6c aux Places de huid Battions ou plus, toute la Contre-efearpe opposée, la Traditore defcouure H CP. Maintenant f ouuerture ou Em-brafure doit commencer enuiron à trois pieds 6c demi de hauteur, par deffus le Plan de la Cazemate, qui eft la hauteur du Canon fur l’affiift : Mais il faut prendre garde que ladite ouuerture doit eftre plus baffe d’vn pied 6C demi,ou de deux pieds par le dehors que par le dedans,afin qu on puiffe pointer le Canon en bas iufques au milieu du fofsé *, la hauteur de ces Merlons fera affez grande de fept pieds par deffus les trois, 6c ainfi toute la couuerture de la Cazemate fera de dix pieds. Autrefois on fai-foit ces Embrafures couuertes par deffus ; de façon que la Canonnière eftoit vn trou quarré en pyramide, large vers le dehors,en eftreffiffant au milieu, comme le marqué 4. Mais on a reçogneu que la force du foufîe, &C la flamme qui monte toufiours en haut efbranloit 6c faifoit efcrouler la terre qui eftoit au deffus. Et fi le Canon de 1 ennemy donnoit contre, la Canonnière fe bouchoit facilement de la ruine qui tomboit de par def-fus : c eft pourquoy on les laiffe defcouuertes afin d euiter ces accidens.
- On aefté fort en peine de treuuer le moyen comme on pourroit faire ces Merlons *, parce qu eftans de pierre, ou de brique,le Canon de lenne-my donnant contre, feroit tels efelats, quil feroit impoffible de demeurer dans la Cazemate fans eftre offensé. Pour les éuiter il les a falu faire de matière douce,comme terre graffejtnais encore y a- fil difficulté,parce qu eftant en petite quantité, elle ne peut fefouftenir fans vn grand talu, comme on fait aux autres lieux, lequel on ne peut donner icy fans faire des grandes ouuertures au haut. C eft pourquoy il a éfténecefïàire de les faire de teftereueftue d; vn petit mur fort mince, quon eftoit en temps d’occafion, Vautres au lieu de mur ont mieux aimé lés couvrir de planches liéesparcfes pièces de bùk, ou cercles de fer,qui lés ceindrôknt tout autour : mais lors qu on voudra s’en feruir 6c tirer par là, il faudra ofter vne partie de çes planches,fçauoir celles qui font exposées au feu du Canon,autrement elles brufleroient, 6c mettroient le feu tout autour. Si on n’y veut pas mettre ces sis, on les fera déterre graffe bien battue,couuer-te de gafons par deffus,liez 6c entrelardez deplufieurs piquets, 6c autres pièces de bois vert 5 le meilleur fera de faule, ou efpine qui prendront racine en dedans,6c la terre tiendra ainfi plus ferme.
- A ceux-cy en temps de paix on fera vne couuerture par deffus,comme vn auuent,afïn que la pluye 6c le mauuais temps ne les gafte, quon ofte-ra en temps d’occafion *, ainfi ils fe conferueront long temps, refifteront beaucoup, 6c ne feront point d efelats. En nos quartiers du Languedoc on fait de ces murailles de terre graffe bien battue, entrelardées de bois de Bruyères, que nous appelions Bruc, lefquelles durent vn fiecle, bien qu’exposées au mauuais temps.
- L Aucuns
- Explication.
- Canonnière couuer-te mamaije.
- Matière des Merlons.
- Pour cortfemer les Merlons,
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- Redemon Mer Ion s marnait.
- .Magafim & voûtes oit doiuent ejîre.
- Places bajfès on doiuent eïlre lors qutl ny u point d'Qrillçns•
- 80 De la Fortification reguliere.
- Aucuns ont fait des retiens aux Merlons en dedans la (Canonnière du cofté qui regarde la campagne, afin d’arrefter les coups qui embouche-roient f embrafure, &C donneroient par bricole dans la Place baffe, ainfî qu’il y en a à Padquë au Baftion rond, où la riuiere Brenta fe fepare en deux, Mais ces redens s'ils font de matière folide, ils fe rompent, Sc feront des efclats plus de dommage que la baie mefme qui ne laiflèra-pour cela d’entrer -, de matière douce, eltans fort petits neceffairement,ils n’auront aucune refiftence, &C ne pourront durer fans s’efcrouler deux-mefmes *, c eft pourquoy il vaut mieux n en faire point. Nous auons re-prefenté leur forme en la Figure troifiefme.
- Quant aux voûtes,qui feruent pour tenir les Canons &; les munitions à couuert, on les met d’ordinaire au fonds de la Place balfe, comme il a efté monferé en la Planche precedente dixiefine,Ion en fait deux ou trois fouftenuè’s par vn,ou deux piliers. Mais il eft dangereux que fi quelques coups de Canon rencontrent dans ces piliers, ils ne les rompent,&: facent tomber toutes les deux voûtes auec grande incommodité de la Place baffe,à caufe des ruines, & la Place haute enpatira eftant par deffus, outre que les efclats des murailles, pilliers & voûtes feront grand dommage à ceux qui feront dedans. C eft pourquoy il me femble qu’il vaudrait mieux les mettre à cofté deuers l’Efpaule, bien quon pourrait dire que cela raffoibliroit:maisle Baftion eft tellement folide en cet endroit,quon ne feauroit le rompre auec le Canon *, & feroit bien meilleur au lieu de ces voûtes,faire le fonds de cette Place baffe tôut de terre &C de gafons, pour empefeher les efclats.
- Ces Magafins pourront auflieftre faits fort à propos au coin de Isl Place baffe, du cofté de l’Efpaule, lequel endroit ne peut eftre veu de la-campagne , à caufe de la retraite de la Place baffe, ou de lauance de TO* rillon.
- Aux Places fans Qrillons, il faudra faire la Place baffe de mefine qu’à celles qui en ont : mais on la fera delà moitié du flanc, la retirant en de-* dans comme aux autres.
- Aux Places de terre, bien fouuent on ne fait quvne feule Place de la, moitié du flanc, vn peu plus bafle que le niucau du rempar *, ou bien on laiffe tout le flanc Amplement aueçfon Parapet , comme les autres ou-urages.
- TL ANCHE XL
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- Liure I. Partie I.
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- DE' LA COVRTI NE.
- Chapitre XXVIII.
- A Courtine eft l’efpace qui eft entre les deux flancs, la- Mefures & fim* quelle nous faifons longue de cent pas aux Places ordi- *la CoHmng* naires, parce que nous lùppolons tout le coftê de la Figure de cent cinquante, & donnons à chaque demi gorge i5.pas,dont il en refte cent pour la Courtine. Mais aux Places Royales qui ont le collé de la Figure de i8o.pas5§£ i3°.pas pour chaque demi gorge, reliera no.pour la Courtine. Cette me-lure pourra eltre diminuée aux Places qui ont plus de neuf Battions, en approchant plus vn flanc de l’autre , &C augmentant les gorges des Battions : car pour cela la defenfe ne lailTerapas d’eftre prife de la moitié de la Courtine, comme on peut voir au deflein : toutesfois comme nous auons délia dit, il vaudrait mieux augmenter les flancs, &C lailïer touf-iours les demi gorges de mefme.
- le ne fçay pourquoy aucuns diminuent toulîours là Courtine, de telle diminuer mfoun façon que la Place ayant douze Battions, ou plus, elle eft li petite, & les f0„Comtm n ^ Battions li proches lvn de lautre, aucc li grande face, quon peut appel-ler cette forte de Fortification Tenaille pluftoft que Baftionsrcar en effed elle n en différé point, de laquelle on ne fe fort qu alors que le lieu ne permet pas d y faire autre Fortification, à caufe que par ce moyen on diminue , comme nous allons dit autre part, l’endroit qui eft moins attaqué^ c eft à fçauoir la Courtine, & on augmente celuy qui fell d’ordinaire, fcauoir les faces des Battions.
- De dire qu’il vaut mieux faire les Battions toulîours plus grands, il eft vray, s’ils eftoient toulîours efgalement défendus : & moy ie dis, qu’il vaut mieux les faire d’vne iufte grandeur, & mieux défendus : car il me femble qu on ne doit pas toulîours les faire croiftre fans mefure, & qu’il y doit auoir quelque conliftance & médiocrité à laquelle on doit s’arrc-fter,& augmenter pluftoft les defenlès.
- Il me femble qurvn Baftion angle droit de trente pas de gorge, Sc au- Capacité êtvn b*-tant de flanc,qui aura en fuperficie 355o.pas quarrez, ou enuiron,fera alfez ^ion' grand tant pour combatre, que pour le retrancher, on y pourra ranger alfez de Soldats, & faire d’aliez grands retranchemens : les croilfant làns terme, à la fin on donne tant de prife à l’ennemy, & les Battions font fi vaftes, qu’il faudroit faire des retranchemens li exceffiuement grands, *
- qu’on auroit peine à les garder. Et cette conlideration des retranchemens, qui eft vne defenfe intérieure, & de neceftité, ne doit pas eftro préférée à celle qui defendl’exterieur ,&empefche l’abord de l’ennemy, ce qu on fait en accroilfant ainli les Battions : car comme nous auons demonftré, la defenfe en eft moindre,parce quelle le prend toulîours du flanc précisément, & celle qui refte des flancs n’en eft pas li bonne, d’autant quelle ne fait que rafer, là où l’autre fiche. C’eft pourquoy il mo 11 vaut mieux au^ femble qu’il vaut mieux garder vne certaine médiocrité aux Battions,& ***** fe* defenfe lailïer les Courtines plus grandes, afin qu elles puilfent défendre le Ba- tmx e*<n~ ftion : car tous font d’accord qu’il faut toulîours empefcher l’ennemy do
- L 3 s’appro
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- Figures des Courtines.
- Courtines trop longues mmuatfes.
- 84 De la Fortification reguliere.
- s’approcher le plus qu’il fe peut de la Place -, ce qui fe fait par l’augmentation des dçfeniès, qui empefchent d’entrer Fennemy, & non pas par les retranchemens qui ne font que le repoufler lors qu il eft entré. Les extre-mitez de grandeur & petiteffe font videufes, c5eft pourquoy on fuiura la médiocrité.
- Quant à la Figure des Courtines ,il n’y a aucun doute que celles qui font en ligne droite font meilleures que toutes les autres, comme les marquées 1. de la Planche n. à caufe que les autres ont des defauts très-grands , defquels il n eft pas befoin de difcourir fi amplement, parce, qu’vn chacun les pourra recognoiftre aux Figures que nous auons mifès en plan dans la cartelle, & en perfpediue toutes enfemble marquées 3.4.8e ^
- Des marquées 3.4« & qui entrent en dedans on en voit à Naples : elles diminuent la Place, font de grands frais, & apportent cette incommodité , que pour faire feruir ces flancs on gafteles Baftions, à caufe> quilfaut les faire grandement aigus pour pouuoir eftre flanquez d’iceux, comme en la Figure 3.8c 4.
- Celles qui vont en dehors, marquées i.& 5. ont ce defaut que chaque flanc ne voit que la moitié d’icelles, ou autrement tous deux \ les flancs la verraient tout aulong, & couftent d’auantage que les droites.
- Celles qui font fort longues auec quelque defenfe au milieu, comme à Milan & Plaifance,& à Paris auprès la porte S. Antoine,&c autres lieux font defe&ueufes, d’autant que ces petites pièces qui doiuent défendre ne valent rien eftant trop petites, d’ou s’enfuit que le Baftion proche en eft moins défendu, & ne laiffe pas de coufter plus que fi on enuironnoit la Place de Baftions raifonnables à iufte diftance : &c ces petites pièces feront rompues de Fennemy, &C les Baftions fans defenfe. De cecy fera parlé plus particulièrement en l’irregulierc.
- Les rondes ne font approuuées de perfonne, parce qu vntir feul no peut pas les nettoyer, & ne peut tirer qu’en vn poind.
- En toutes les autres on trouuera des femblables defauts, outre quo toufiours elles font de grande defpenfe *, c eft pourquoy il vaut mieux les faire droites,
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- DES <sMFRAIL LE S.
- Chapitre XXIX.
- Es Murailles fefont aux Places pour fouftenir la terre , & pour empefcher que la pluye & le mauuais temps ne la facent à la fin efbouler, de façon qu’il y ait montée par tout. On les fait principalement autour des terraffes , ou rempars qui epuironnent la Place , & par fois aux Contre-efcarpes*, bien quelles n y foient pas fi neceffaires, comme il fera dit cy apres, 6c autour des Ra-tielins : Nous parlerons feulement de leur forme èC matière, en tant, qu elle fort pour la conferuation ou defenfè de la place. Quant à la, mode de les baftir , cela appartient à ïArchiteéte ciuil, 6c au Maffom de fçauoir cognoiftre la profondeur fuflifante des fondemçns, là où il faut efpuifer leau , ou baftir fur les pilotis, félon que le terrain eft bon, ou mauuais, cognoiftre le mortier , le fable, & les autres matières. Cette partie eft enfeignée dans l’Arçhite&ure ciuile, mais nous traittons de, FArchiteduremilitaire,noftrc deffein eft feulement d’efcrire de la forme , 6c de la matière, en tant qu elles font plus ou moins fortes. Ce aeft pas que llngenieur ne doiue fçauoir IVn Sc l’autre, mais le fujeç de noftre difcours n eft que de parler de la Fortification.
- On fait les Murailles efpeffes au fondement de quinze ou dixhuid pieds, ôC de cette efpeffeur on les efleue efgalement iufques au deffus de la terre, ou plan du fof$é, &c là on retranche l’efpeffeur de deux pieds & demi, ou enuiron du cofté de dehors, lequel retranchement on appelle Banqueté, 6C les Italiens Zoccoh 5 marqué A en la Planche treziefc me, ô£ de là iufques au Cordon C, on fait aller ladite Muraille en talu-fànt, ou panchant vers le dedans. O11 donne d ordinaire fur chaque cinq pi eds de hauteur vn pied de talu : Si on haufTe encor la Muraille par’ deffus le Cordon on ne luy donne point de talu, pour les raifons qui font dites cy apres.
- Aucuns veulent qu’au deffus de la Banqueté dans l’efpeffeur, & tout au long de la Muraille on faffe vne voûte, ou allée de trois pieds de largeur , &C cinq ou fix de hauteur, marquée D, auec plufieurs trous qui allent au fonds du fondement, 6C a autres qui Portent iufques au haut.
- Outre cela, il faut eftre aduerty qu’au derrière de la Muraille vers la Place, il y doit auoir des Efperons, ou Contreforts qui s’auancent fèpt ou huiéf pie ds dans le terrain, ou rempar,e (pais de quatre,ou cinq pieds, diftans Tvn de l’autre de quinze ou vingt pieds, lefquels aucuns veulent eftre ioints à la hauteur du Cordon les vns aux autres par des voûtes, ou arceaux,comme les marquez 5*On les fait de formes diuerfes,comme on voit aux Figures i.M.4,5.6.7.8.
- Nous auons dit la fin pourquoy fe font les Murailles, fi on pouuoit s’en paffer, ôcn’en point faire, la Place en feroit meilleure : d’autant, qu’outre la defpenfe qu’il faut pour leur fabrique , elles apportent plu-
- M fieurs
- cPourquoy on fait les Murailles.
- Efpeftur & parties des Murailles,
- Contremine.
- Contreforts , oh Efperons.
- Places fans Murailles meilleures qnen ayant.
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- Immmodittz. des Murailles.
- Murailles trop def-lie'es mauuatfes.
- Confiâeratios qu’on doit auotr en ba-fiijfant les Murailles.
- Les Murailles de matières douces font les meilleures.
- Muraille de brique.
- Autre forte Muraille.
- 88 De la Fortification reguliere,
- fleurs incommoditez : carde quelles matières quon les puifïê faire, elles font pluftoft rompues, 8C refiftent moins que la terre feule.
- Les ruines de la Muraille comblent le fofsé, 8c lors qu’il yabrefchc, ces ruines font montée pour lennemy : les efclats font tres-dange-reux à ceux qui défendent, 8c principalement aux Places bafles , 8c aux autres lieux où l’on s’en fert pour Parapet : C’eft pourquoy fl on pou-uoit faire les Places fans Muraille, elles feroient meilleures, d’autant que la terre refîfte plus au Canon, 8c ne fe rompt pas comme fait la Muraille : les baies qui donnent dans la terre ne font que s’enfoncer, fans faire aucuns débris, 8c toutes les baies ne font que leur trou fans rien, efbranler. A la Muraille fi on rompt le pied , quand on aura allez tiré tout le long, ce qui eft au ddïùs tombera auec grande ruine : par apres les Mines qu’on fait dans les murailles bien efpaiffes font beaucoup plus d’eftizQl : car d’autant plus que la poudre trouue de refiftance, tant plus elle agit, d’où senfliit que celles qui font plusefpaifles font les plus mauuaifes *, toutesfois il ne faut pas aufli les faire fi defliées quelles no feruent de rien : car puis que la neceflité les fait faire, il faut aufli qu’el-les feruent à cette neceflité,qui eft de fouftenir le terrain quon met, contre. Ceft pourquoy en voulant euiter l’incommodité des mines du Canon, il faut prendre garde de ne tomber en vn plus grand accident , qui eft qu elles tombent ruinées par la pefanteur de la terre, laquelle eftant imbue d’eau, tafehe de fe remettre à fon naturel 8c s’eften-dre *, 8c de fon poids fait tomber la Muraille , comme il eft arriué à Nancy à vn Baftion neuf, auquel pour auoir fait les Murailles trop minces, ou auec de trop foibles Elperons , la terre a poufsé la Muraille, toute hors de fa place, 8t l’a toute creuafsée 8ç fendue. Et à Harlem, en Gueldre, il y a enuiron fix ans, on fit vne fort belle face de Bafiiom de Muraille, à laquelle apres y auoir mis la terre par derrière, elle tomba toute à la fois.
- En la conftruâion des Murailles on doit confiderer la bonté du terrain , parce que tant meilleur il eft, 8c plus gras, tant mieux il fe fou-ftient de luy-mefme,8c la Muraille fouftre moins d’efforc, & doit dire plus mince que lors quil eft graueleux, ou fablonneux, qui efcroule 8c pouffe dauantage la Muraille 5 c’eft pourquoy il la faut faire plus forte auec des efperons plusefpais.
- Les matières les plus douces font les meilleures pour les Murailles, parce qu elles ne fe rompent pas, 8C refiftent plus aux bateries, A Malte ils ont certaine forte de pierre, qui eft fort douce 8c facile à mettre en œuure, laquelle eft eftimée pour la plus excellente quon puifle treuuer pour cet effeift : mais en ce pais il y pleut 8c geie fort peu jee qui me fait, croire que fi elle eftoit employée en France,ou vers les pais Septcntrion-naux, elle ne pourrait refifter au mauuais temps.
- La Muraille de brique eft meilleure que celle de pierre, d’autant que celle de pierre depuis quelle eft efbranlée, la ruine fe fuit continuellement, ce qui n’arriue pas à celle de brique.
- ’ l’ay veu vne autre forte de Muraille qui eftoit ainfî *, on mettoit enui-ron quatre doigts, ou demi pied de terre battue-, par apres deux ran^s de briques iointes auec mortier, derechef autant de terre par defliis,
- conti
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- Liure I. Partie L 89
- continuant ainfi iufques au haut. Et cette forte de muraille me femble bonne \ car cet entrelacement de brique fait que la terre fe fouillent, &C la terre qui eft entre deux empefche le débris &c la ruine.
- A Palma-nouail y a vn meflange fait comme vnciment,lequel eftant p*»* f«*-
- lec lait vn corps qui réfuté beaucoup au mauuais temps : Et lors que le ^ Mumiks. Canon donne dedans ne fait aucun débris 2 Cette pafte pourroit eftre faite de briques pilées, de la chaux, &C du marbre pilé. Aucuns les veulent de briques qui ne foient pas cuites, Mais ie tiens que le mauuais temps les confommeroit : toutesfôis aux Merlons des Places bafles, on pourroit s en fouir, les couuranf en temps de paix auec vn reueftement <faix.
- Aucuns ont voulu enuironner lesterrafles de palliflades bien fortes, Murailles de pièces èC liées enfèmble, faites de poutres, ou trabes, parce qu’ils difent que de hm' cela refifte plus au Canon : mais ils ne s’auifent pas quil ne refifte pas au feu, que Tennemy y pourroit mettre facilement.
- Pour conclulîon nous dirons quil faudra choifir les matières les plus douces quon pourra trouuer félon la commodité du lieu.
- le parlcray en paffant,de quelques ftru&ures &C matériaux des ancien- D^fes matières
- L -if 1 1 r 1 11 1 • y • de Murailles ami^-
- nCS murailles, aucunes delquelles nous imitons encores, Les premières qHes% qu’on lit dans les Hiftoires bafties par Gain eftoient de brique cuite.
- Les Grecs, apres celles qui eftoient faites de moilon &C de cailloux,, ont préféré celles de brique à toutes les autres : ainlî eftoient les murailles que les Athéniens firent pour ioindre le Mont Hymettus à leur Ville.
- Les Temples de Iupiter &c d’Hercule faits par ceux de Patras eftoiét aufli de briques : le Palais d’Attalus à Trallis , &C celuy de Crœfus à Sardis, comme aufli celuy de Maufolus à Meflinarfus eftoient de mefme.
- A S.George de Natolie, & à Maflie &c Calento, Villes de Portugal, on fait des tuiles de briques qui nagent fur l’eau eftant feiches. Nos parois, ou pisé dont nous vïons en Languedoc & en Gafcongne ont efté autrefois fort vfitées en Barbarie & en Efpagne : on les appeîloit, murailles de forme, parce qu’on en forme la terre entre deux aix. Cette terre ainfi farcie refifte à lajpluye \ aux vents, & au feu *, Sc n y a ciment, ni mortier plus dur que cette terre. Les guettes &c lanternes qu’Annibal fit en Efpagne, les tours qu’il fit baftir es cimes des montagnes de cette matière , ont duré plufieurs fïecles. Les murailles de Charra, Ville d’Arabie , eftoient encor plus merueiïleufes car elles eftoient toutes mafliues de pierre de fèl, & riauoient autre mortier que d’eau pure pour les aflem-bler. Les Carthaginois enduifoient leurs murailles de poix, à caufe que les pierres eftans mollafles, rieuffent peu refîfter au mauuais temps, 6c aux tormentes de la mer. Celles de Babylone faites par Semiramis, ou félon dautres par Belus, eftoient meilleures. Leur conftruéhon eftoit telle : elles eftoient efpaiffes de 31. pieds, &c hautes de 100. les tours plus hautes que la muraille de dix pieds, le tout fait de briques cuites, le ciment eftoit de fange auec Afphalte, ou Bitume, qui fbrtoit d’vne cauer-ne auprès de la Ville de Mennius. De ce mefme Bitume &c fange eftoient enduites toutes les murailles. Nous ne les pouuons ainfi faire, n’ayans la commodité de ce Bitume. Celles de Hierufàlem ne leur cedoient pas en force, puis que lors qu elle fut afliegée par Titus auec tous les plus
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- Hauteur des Murailles.
- Talu des Murailles , er pourquoj on le donne.
- Talus trop grands maut&ais.
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- forts inftrumens, dans toute vne nui£t on ne peut ofter que quatre pierres de la Tour Antonia. Auprès de Pouflole la Pilcine admirable cachée fous terre eft enduite de telle matière, quon n’en fçauroit auoir morceau qu a grands coups de marteau : le croy que celle de Murena &C de Varro Ediles Romains qu’ils firent porter de Mifîftrat eftoient fcm-blables à celles-là. Bezira Ville des Indes, lors qu’elle fc rendit à Alexandre eftoit ainfi fortifiée 3 le fofsé enuironnoit la muraille, de laquelle le fondement eftoit de pierre 3 le relie de terre non cuite , auec quelques pierres, &C des poutres entrèmeflées, En Scychie, en la Sauro-rnatiae,&: enBudine Darius treuua les murailles de toutes les Villes eftre de bois. La Citadelle d5Athènes lors quelle fut attaquée par Xerces eftoit feulement enuironnée d’yne clofture de bois. A Meffine il fe voit encor vn Chafteau enfermé demelme , qu’on croit autrefois auoir efté bafti par les François. Celles-cy font de peu d’vfage 3 toutesfois ie les aimerois mieux que celles des Lacedemoniens,qui difoientque la Ville 11e fera pas moins enuironnée de murailles, qui feroit enuironnée de gens forts, &c non pas de brique : chofe brutale de s’expofer au péril lans rai? fon, àc ne fçauoir, ou ne vouloir pas fc fcruir de ce que* la nature nous donne pour nous defendre contre ceux qui nous veulent oflenfcr. La^ çonftrudion fuiuanteeft des murailles antiques : elles eftoient faites de terre argile, ou croye rouge, ou blanche, purgée du fable & grauier, fc-chée,non au feu,mais au Soleil, au Printemps en l’Automne, cinq ans durant : Deuant qu’on fechat cette matière , il faloit la bien batre, y mefier de la paille : La chaux eftoit de pierre viueie fàbie, comme eeluy de Pouflole, afpre leger, bruflé par la force du feu 3 que fi les briques eftoient ainfi faites d’argile qui tire fur la pierre ponce, les murailles fc-rojent éternelles 38c lors quel’vne & l’autre matière aurafcntile feu, elle viendra aufli dure que le diamant.
- Quant à fa hauteur, elle doit eftre vn peu plus haute , que les rem-pars, defquels nous parlerons apres 3 ou félon d’autres, feulement autant que la Campagne 3 8c là on fera le cordon de pierre qui fort pluftoft d’ornement que de commodité, parce que l’ennemy s’en pourra feruir de mire pour rompre les Parapets des Rempars, outre qu’eftant de pierre il eft facile à ruiner.
- Le talu qu’on donne aux Murailles,eft afin qu elles fcient plus fortes-au bas où elles fouffrent plus d’eff ort 3 & le plus foible où elles font plus veués , Sc endurent moins d’effort de la terre, laquelle pouffant au deuant , il a efté neceffaire luy donner ce pied pour refiîter,ainfi qu vn homme s’il tient vne iambe efeartée de l’autre, fouftiendra mieux vn choc que s’il les tient toutes deux droites : de mefme en eft- il des talus des murailles. Outre cela les coups de Canon ne donnent pas tant à plomb comme fi elles eftoient perpendiculaires 3 & à cet effeâ: aucuns ont voulu faire le talu auflî grand que la hauteur, de façon que la muraille foit vn triangle Ifocelle reâangle. Mai-s il en arriue de cela ces incommodi-tez 3 le fofsé au fonds s’eftrecit grandement, & les flancs couuerts ne le peuuent pas fi bien defendre : par apres pour fi peu qu’on ruine ces talus, ils fèruent de montée à l’ennemy pour aller à la brefehe ^ce qu’il peut faire facilement, mefmes à plomb s’il hauifc fës Canons fut des
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- Caualiers. Il faudrait faire des fondemens fi larges que ce ferait vnc, defpenfe nompat€ille fans commodité aucune -, ceit pourquoy il vaut, mieux les faire médiocres,comme nous auons dit.
- Aucuns font les Murailles iufques à demie hauteur fans talus au Antre forte de ta-refte du bas ils y font vn talus aulfi grand que la hauteur, parce qu’ils di~ lpu* fcnt que cela empefche que les efchelles ne puiffent s'appuyer tout au long de la muraille : Mats tout ainfi qu'on ne fe fert plus d efchelles pour prendre les Villes fortifiées \ aulfi l'on mefprife cette forte de taluspuis l'ennemy ne fçauroit-il pas y faire des appuis?
- Pour faire le talu en la raifon donnée, on tire la ligne de la hauteur de Pour faire u tah la muraille A B, dans la cartelle qui eft à collé, laquelle on diuife en au- enu mt^on donn*e' tant de parties que contient le dénominateur du talus -, comme fi c'eft deux cînquiefmes , ie la diuife en cinq parties, 6C en prends deux, qui font la ligne B C, en angles droits auec la hauteur, apres ie mene la ligne B C, qui fera la ligne du talus. En baftiffant la muraille pour faire ce talus ,au lieu du niueau ordinaire, onfera vne Planche, ou Parallelo-grame reétangle , duquel on oftera la pièce HFG cigale à l'angle du talu C A B, & on mettra le plomb E F parallèle au coite DI.
- La Banquette, ou relais n’a point d’autre commodité particulière, fi- La Banquette k non comme aux autres murailles qui doiuent auoir le fondement qui eft m ellefer(-dedans la terre plus efpais que ce oui eft au deffus, afin de la mieux • fouftenir.
- La voûte ou canal foufterrain qui eft dans refpailfeur fert de contre- La voûte à m mine, ô£ les trous & foufpiraux pour l’efuenter, ce que ie n ay point veu dli^ru pratiquer, & crois ie que ces trous ne feront pas capables d’efuenter la mine, ou il les faudrait faire fort grands, &par ainfi on affaiblirait la, muraille : c'eft pourquoy dautres. ont mieux aimé faire ces contre-mines autre part, comme fera dit parlant du fofsé.
- Les Elperons & Contreforts aident ô£ fouftiennent la muraille, & Les errons dqmy empefchent qu eftant batuë ne tombe pas fi toft : car eftans enfoncez tls dans la terre,malaisément les peut- on ruiner -, eftans liez auec la muraille, la fouftiennent beaucoup, &c font peu de ruine à caufe de la terre qui les enuironne. Les arceaux qui les ioignent l'vn à lautre fement pour faire,, par deffus les chemins des Rondes, &c pour les mieux lier &c faire tenir l'vn à l’autre.
- Aucuns veulent que toute la muraille foit faite à arceaux, qui pren- ALur aille à ar-nent les vns par demis les autres, &c que ceux qui feront par deffus en cea(iX‘ prennent deux de ceux qui feront au deffous, afin que le Canon battant cette muraille, ces arcs fouftiennent ce qui fera par deffus, ie ne fçay fi cela eft bon ou mauuais, parce que ie n'en ay point veu de cette façon.
- On pourrait demander quel doit eftre pluftoft fait, la muraille, ou le, Quel doit eft™ rempar ; il me femble que c eft la muraille , comme iay veu faire à la,
- C N . n . n . r . . t „ • raille ouïe rentpav.
- Rochelle, ou 1 eltois au commencement qu on la rortmoit, 8C le Prince^ de Bogel a fait enceindre de murailles fimples les Fortifications qu'il a fait à Bogel auprès de Mantouë, auant que faire les foffez ni les rempars.
- Toutesfois à la Ville-neufue de Turin l’on a creusé pluftoft les foffez &: ôcfait les rempars,quebafty la muraille: Semiramis fit pluftoft creufer les foffez de Babylo&e, &c de la terre quelle en fortit fit faire des briques
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- pour baftir la muraille &de la Ville &C de la Contrefcarpe : mais iai-merois mieux faire au contraire, à caufe que la terre fe range mieux contre les Efperons -, on peut mettre la meilleure contre la muraille, &c aux endroits les plus oppolez à la baterie , &c la pire aux autres lieux.
- Aux Places où il n’y apoint de muraille,ü faut faire vn fondement de cinq ou fix pieds qivon creufe, 6l là dedans on remet la terre &: la bac très- bien * fi le terrain eft mauuais, on fera ce fondement fi profond qu’il aile iufques au fonds du fofsé, afin queftant creuse, la terre quon aura ajancée 6c batue fe fouftienne.
- L’ancienne ceremonie des Romains baftiffant les murailles, inftituée par Romulus eftoit telle, celuy qui faifoit baftir la Ville faifoit vn fillon profond auec vne charme, de laquelle le foc eftoit de cuiure, tirée par vn bœuf & vne vache : toutes les motes qui fe leuoient, on les iettoit dedans ce qui eftoit enfermé dans cette Place, laquelle s appelloit Vçmœ-rion où deuoient eftre les portes ils hauffoient la charrue, ô£ la portaient durant cet efpace, tout le contour eftoit tenu fàcré, excepté les portes.
- Alexandre le] Grand faifànt baftir Alexandrie fit ietteç de Polenta, ou farine crue, au lieu où deuoient eftre les murailles. *
- TLANCHE X 1}L
- *DES;
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- Liure I. Partie I.
- <DES REMPARS.
- Chapitre XXX.
- V derrière de la muraille du collé de la Ville on met la, Mfms du Rem. terre qu’on tire du fofsé batue entre les Efperôs le mieux ^ quil fe peut -, elle fert pour relîfter au Canon & couurir les maifons de la baterie de rennemy, mefme pour y faire des retranchemen$,& par leur eminence commander fur le trauail deîennemy. Leur hauteur, à prendre depuis le niueau de la campagne doit ellre de 2.0, ou 25. pieds, fins comprendre le Parapet qui doit eftre par deffus;Sc ce principalement aux Places où il y a plulîeurs ouurages lvn deuant 1 autre, afin qu ils le commandent tous comme par degrez iufques au plus efloigné, lesfaifint plus bas ; les tirs à la vérité en font bien plus commodes, mais ils çou-urent trop peu la Ville, &ne commandent pas fi bien aux ouurages de dehors. En Hollande on ne les fait pas plus hauts de i5.pieds, à caufe que les Places ne font que de terre, laquelle ne pourrait pas fe fouftenir l’efle-uant fi haut ; outre que la campagne d ordinaire eft plus baffe que le plan de la Place -, fon efpaiffeur fera de zo.ou 2f.pas,au pied.
- Il doit aller en diminuant du cofté de la Place, de façon que le talu foit Pwhm duRem-efgal à fi hauteur, ou dauantage, afin qu on puiffe commodément y par’ monter par tout, ÔC afinque la terre par le mauuais temps ne s’auale. Il faut prendre garde que le plan du Rempar par le haut doit aller vn peu en penchant vers la Ville, afin que la pluye ôcleau qui tombera defTus fe puifle efcouler, SC afin que le Canon en reculant fe couure, comme il fera dit cy apres.
- Aucuns proportionnent le Rempar au nombre des Battions •, comme Mauuaife raifon par exemple à vnPentagone,ils le veulent moins efpais qu a vn Exago-ne, ÔC à celuy-cy moins qu a l’Eptagone}8c ainfi des autres ; parce qu’ils pars au nombre de* difçnt qu’il fera batu auec moins de Canons, à caufe de la proportion de Bafiions-farinée conquérante auec la force de la Place. Il faut donc à ce conte eftre d’accord auec lennemy qu’il ne mene que tant de Canons,ou s’il en me-* noit dauantage luy défendre. Chofe ridicule s’imaginer que l’afTaillant proportionne toufiours fi force à celle du defenfeur,8£ qu’il mette moins de Canons qu’il faut à vne baterie , parce qu’il attaque vn Pentagone, pour ne gafter pas cette proportion. Ces Rempars doiuent eftre faits de R*#'*™ doiuent cette efpeffeur tout autour de la Place : mais les Battions doiuent eftre en- p^Jykws 9 & tierementremplis de terre’; d’autant que là deffas on peut ranger grand nombre de Soldats pour combatte ÔC defendre le Baftion. Par apres on a quantité de terre, ôc lieu poûr faire foffez Scretranchemens, lefquels feront toufiours plus hauts que ceux de lennemy.
- Les Battions vuides ont ces defauts qu’ils ont peu de terre pour faire, Defauts des Ba-des rctranchemens, ÔC lors qu’on y a fait brefehe, il les faut faire en bas; ^tons vmdes>
- ÔC par ainfi feront commandez den’haut, & ne pourront pas defendre la brefehe ôc les Soldats qui feront rangez dedans mal-aisément, pourront ils empefeher que ceux qui font en haut ne les forcent, ayant cet auanta-ge queftant moptez ils feront par deffus lesautres; ÔC des retranchemens
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- ne fçauroient Voir la montée de la brefche ^ & ne pourront la défendra puis qu’ils font plus bas quicelle : Car il faut confîderer quç, foit quon ait fait brefche, ou par le Canqn, ou par la mine, elle entrera fi auant que ce qui reftera des Rempars ne fera pas capable dy pouuoir faire des bons ' retrancherai eps, G’cft vne maxime generale de la Fortification, que les defenfcs plus pioches du centre de la Place dôiuent eftre plus epiinente$ que les plus efloignées : comme pourra-t-on faire des defenfcs pu retranr chemens plus hauts que les Rempars ôc Dehors,fi les Baftions font tous vuides, outre qu’il eft quafineceffaire de remplir les Battions ? Car on ne fçauroit où employer la terre qu’on tire des foffez,pnis qu eftant pleins, il y en a encore plus qu’il n’en faut. Par apres ceux qui topt les Baftions vuides ne peuuent pas faire les deux places baffe & haute. Pour moy i ay yeu toufiours remplir les Baftions aux meilleures Places , & croy-ie que perfonne qui foit bien entendu aux Fortifications ne contrariera à ce poind que par plaifir, 6C pour çxerçpr fbn efprit.
- Jfrhrcs fur les On plante des arbres tout le lpng des Rempars & furies Battions,tant
- Repars, p0ur i’orqçméç &£ beauté de la Place,que pour auoirdu bois pour brufier, pour.faire des affûts en temps de befoin,cotnme à Anuers où il y en a plufieurs rangs*,à Luques & à Padoue il y en a auffi tout autour des répars.
- Aucuns n en veulent point, parce qu’ils difcnt que lors que le vent donne contre ces arbres, le bruit empefche que les Sentinelles ne puiffent entenare ce qui fe fait dehors: mais le remedede cela eft de les laiffer en te mps de paix,& en temps de; guerre les couper s’ils donnent incomodité.
- DES TARÀPErs,
- Chapitre XXXI.
- Ffiges des ‘Parapets.
- Des Parapets des Ronde}.
- Chemin des Rfides,
- Ar toutes les pièces de la Fortification,foit aux Dehors, Faillie- brayes, ou Rempars on fait des Parapets. Les, Rempars ou Terraffes par leur efpeffeur doiuent refifter à la bateriede l’ennemy, &c par leur hauteur couurir le. dedans de la Place. Les Parapets des Rempars feruent pour couurir fcs honimes &c les Canons qui font pour la defenfe de la Place.
- Les Parapets des Rondes fe font par la muraille quon haufie fix pieds pour couurir les gens de pied, ou pour mieux dire, pour empelcher que ceux qui font la ronde ne tombent dans le. fofsé, Leur efpelfeur doit çftre fort petite, & les plus deliez font les meilleurs, parce qu’ils ne font pas faits pour refifter, êc tant plus ifs font efpais, tant plus ils feront défi-çla,ts & de ruine, & fcroiat plus fafohçux à ofter, & ne. feruiront pas mieux. C eft pourquoy la plus part n en y mettent point *, mais il eft aihft trop dangereux a ceux qui vont fur içs murailles de tomber la nuiâ dans lefofse. Lors qu’on fait ces Parapets fort hauts, on doit faire du cofte.de la Place vne Banqueté d’vn pied,ou vn pied & demy,& autant de large, afin que les Soldats & les Rondes puiffent voir par delfiis.
- ^ Entre ce Parapet SC celuy du Rempar il y doit auoir cinq QU fix pieds d’efpace, lequel fert pour le chemindçsRondes, comme auffi.pourrece-
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- Liure I. Partie I. 97
- uoir la raine des Parapets des Rempars, lefquels autement cftans battus tomberoient dans le fofsé -, comme auffi s’ikeftoient immédiatement, deffus la muraille, lors q u on l’auroit rompue eftant par deffus, il tombe-roit auec grande incommodité pour ceux de la Place qui refteroient fans Parapet : mais laiffimt cet efpace il faut beaucoup rompre auant qu’eftre au deffous d’iceluy.
- Le plan de ce chemin fera plus haut que la campagne de huiét ou dix pieds. Aucuns le font à niueau d’icelle -, & d’autres le font auffi haut, que le Rempar.
- Apres cet efpace fuiuent les Parapets des Rempars qui font faits pour Parapets des Rem-couurir tant les Soldats que les Canons : leur hauteur par deffus le Rem- Pars &lefirs par doit eftre de quatre pieds, ou quatre &L demi au plus,& leur efpeffeur de vingt,ou vingteinq piçds. Ils aoiuent eftre faits de terre auec talu du cofté de la campagne:Lors qu’ils font efleuez beaucoup par deflus le chemin des rondes, on leur donnera fur deux pieds vn de talu, qui fera la, moitié de la hauteur. Le deflus doit aller en penchant vers la campagne, de façon quil correfponde au pied de la Contrefcarpe, ou lors que les foffez font eftroits au Corridor, ou à tout le moins à l’efplanade de la, campagne. Le tout pourra eftre veu plus facilement dans la Figure, ou Pornl qui eft dans la Cartelle de la Planche ^.marquée I, où le niueau de ExpUeatïddu Parla campagne foit A K, la hauteur du Rempar au deffus d’iceluy B L, fon talu ou montée A B : Ton efpeffeur au haut C B \ la hauteur au Parapet vers le dedans C D, l’efpeffeur dudit Parapet C E, fon penchant D E cor-refpondant au pied de la Contrefcarpe I, ou à l’efplanade de la campagne H en la fécondé Figure. La hauteur du Parapet en dehors E O, fon talu E F,la largeur du chemin des rondes F N, la Banqueté P, le Parapet des rondes G, la hauteur de la muraille G S, fon talu R H, la profondeur du fofsé H T,la largeur HI, le pied de la Contrefcarpe I, &c M l’efplana-de de la campagne,
- Nous donnons icy feulement quatre pieds de hauteur au Parapet^c eft 'Parapets bas pour afin que le Canon puifle tirer par deffus,ce que les Italiens appellent tirer tmr m
- en barbe. Bien que d’autres le faffent plus haut pour couurir les gens de pied, de cheual. Mais eftans ainfî,il faut neceffairement faire des Canonnières pour fe Ternir du Canon, lefquelles font difficiles à faire, &£ préjudiciables à la Placepour plufieurs raifons.
- Premièrement, fi le Canon tire par ces Canonnières faites dans le Pa- Raifons contre tes rapet, lennemy eft affeuré que ceux de la Place ne peuuent tirer que par F<traPen hmts-icelles, contre lefquelJes il pourra pointer fes Canons, & attendre que les autres tirent, & tout à lmftant tirer auffi ceux qu’il aura aprefté, il ne
- manquera le plus fouuent de les defmonter.
- Par apres vn mefme Canon ne pourra tirer qu en certains endroits, æm rafim autant feulement que portera 1’ouuerture de la Canonnière,&: à ceux qui feront fur les extremitez de la Courtine pour defendre la face du Baftion opposé : il faudra faire les Canonnières tres-ouuertes, ou bien ce qui les couurira fera fort foible,à caufe du biaifement, contre quoy le Canon de lennemy donnât,ou les bouchera tout à fait,ou les ouuriradç telle façon, qu’autant vaudroît-il qu’il n y euft point de Parapet,corne on peut voir en la Figure 3.oùla pointe A eft fi foible quelle nefçauroit refifterau Canô.
- N 2. Et
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- Incomodité défaire les Canonnières.
- Incomodité défaire les Parapets hauts.
- Çontre-bateriesfont midens*
- Démon fl ration*
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- Et quand bien l’ennemy ne tireroit pas contre, le feu &le foufle du Canon qui tirera par làefbranlera apurement cette foible pointe de terre , laquelle tombant bouchera la Canonnière, ou louurira trop.
- Outre cela il y a la difficulté de les faire fi elles ne font pas reueftues, la terre de deflus &c des coftez tombera facilement. Si elles font reueftuesf de muraille, le Canon de lennemy les ruinera auec beaucoup de dommage des efclats qui donneront à ceux qui feront fur le Rempar auprès du Canon. Si au lieu de muraille on y met des plâches,ou pièces de bois, le feu du Canon les bruflera : car on voit bien quelquesfois le feu fè mettre aux gabions, bien quils n enferment pas de la façon que fait la Canonnière , laquelle eft couuerte par deflus, 6c par fa longueur empefche que le feu ne fè peut exhaler, comme il fait aux gabions.
- Par apres, quel befoineft-il que la Caualerie aile fur les Rempars? Quand bien il le faudrait, quon la face marcher plus loin des Parapets vers la Place, 6c fera à couuert, bien qu’ils ne foient pas plus hauts que nous auons dit.
- Si on fait les Parapets fi hauts, ie demande par où tireront les Mouf-quetaires *, il faudra neceflairement qu’ils montent dèflfis,ou fur quelque degré, 6C qu’on face vn autre petit Parapet pour les couurir, lequel fera., grandement haut, 6c eftant rompu fera beaucoup de ruine, 6C montée à lennemy, auec grand embarras de mettre ainfi terre fur terre, 6c Parapet fur Parapet ♦, 6c faudra faire des grands talus,mefmes du cofté de la Place, ce qui fera fort incommode pour tirer. Outre cela ,pour monter deflus le premier Parapet, il faudra faire vn degré qui ne fufnra pas,en eftant ne-ceflaire deux : car pour couurir les gens de Cheual, il faut ?.pieds de hauteur , 6c vn homme ne peut tirer qu’au deflus de j.piedsy tellement qu’il faudrait faire les degrez de 4.pieds de hauteur, ce qui fèroit tres-incom-mode de tant monter &: defcendre à tous les coups qu’on voudroit tirer.
- Si l’on dit que les Parapets eftans bas ne font point propres pour couurir les contre-bateries qu’il faut par fois faire contre l’ennemy,ie refpons que ce font accidens, aufquels on remedie félon l’occafîon, 6c en quelques lieux feulement. Icy nous parlons du corps de la Fortification comme il doit eftre conftruit en foy eflèntiellement,n’entendant non plus icy parler des lieux commandez, aufquels il eft neceflaire de faire les Parapets grandement hauts, comme nous dirons à ilrreguliere.
- On pourra dire, qu’il faut que les Soldats 6c le Canon foient couuerts àpreuue du Canon, qu’autrement il vaudroit autant qu’il n’y euft point de Parapet. Mais ie dis qu auec cette hauteur que nous auons dit de 4. pieds, le Canon fe mettra à couuert par fon recul, à caufe de la hauteur du Rempar par deflus la campagne, 6C de ce peu de pente qu’on luy donne, qui fait que tant plus il fe retire,tant plus il eft à couuert y ce qui fe de-monftre ainfi en la Figurer.
- Soit le Canon H en la campagne, qui tire par l’extremité du Parapet B *, foit continuée la ligne B D iufques en G,de façon qu elle foit perpendiculaire a la ligne du niueau I H, ie dis quelle fera moindre que IC, ou quelconque autre perpendiculaire menée deflus la ligne I H, du cofté de la Place, fè terminant en la ligne du tir H K. le dis aufli que L M, plus efloignée de B G,eft plus grande que C I, qui eft plus proche.
- Les
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- Liure I. Partie l. 99
- Les triangles CIH, & B G H eftans redangles, & ayans l’angle H commun, ils feront equiangles a: Donc comme HI à IC,ainfiHGà * $i.pr<>poft.
- G B : mais HI première,eft plus grande que H Gtroifîefme : donc CI fécondé fera plus grande que GB quatriefme b : on demonftrera de mefme b 74 .Propof.5. que L M fera plus grande que CI, & ainfi des autres qui feront tirées du cofté de la Place. Maintenant fi l’on meine A F parallèle à I G,E I,§£ DG ferontefgales c, quioftées des inefgalesCI &BG reliera CE plus c 34.Pnpof.i. grande que B D 3 le mefme fe dira de M L. Soit fupposée la diftance du Canon H iufques à G,ioo.pas*,& B G la hauteur du Parapet,auec le Rem-par par delfus le niueau de la campagne i9.pieds, &c le recul du Canon G1, i5.pieds, on treuuera CI ellre 3o.pieds,ôC plus de deux tiers. Si vous oftez tant de B G que de C fij.pieds, reliera pour B D 4.pieds, & pour C E plus de 5.pieds 7, à quoy fi on adjoufte la pente du Rempar D E, vn pied, E C fera é.pieds 7, qui font baltans pour couurir le Canon, 8C empefcher qu’il ne puilfe ellre démonté.
- Par apres pour Faire les Parapets fi hauts, les Soldats feront-ils à cou- Autres incommo-uert à preuue du Canon ? Ne faut-il pas qu’ils tirent toufiours par delfus desParaPets ces Parapets,ou bien faire autant de Canonnières qu’on veut faire tirer de Moufquetaires à la fois, ce qui affoibliroit fi fort le Parapet, qu’il feroit inutile. Il n’ell pas aulfi necelfaire que tout foit à couuert à preuue du Canon -, veu que c’ell vn malheur lors que le Canon en rencontre quel-qu’vn aux occafions : on ne peut pas toufiours ellre alfeuré quand le, Moulquetaire aura tiré,quil veut demeurer fur le Rempar} fe tenant plus arriéré il fera à couuert du Canon, &c lors qu’il tirera, il fera autant couuert qu’aux autres Parapets où l’on tire par delfus les degrez.
- Que fi ces raifons ne les payent pas, &C qu’ils veulent faire les Canon- Parapets auec c*-nieres aux Parapets, ôn les fera hauts feulement de fix pieds du collé du nonnkres-Rempar, auec vn degré pour tirer par delfus, &c vn autre petit Parapet
- {>ar delfus celuy-là pour tirer à couuert, &C les Canonnières feront tail-ées dans la terre, ou efpelfeur du Parapet, comme on verra au Difcours 61 Figures de la fin de ce Chapitre, &C comme nous auons dit auxPlaces baffes, horfmis que Les Merlons ne feront hauts que de deux pieds, ou deux pieds èc demi par delfus Fembrafure, laquelle doit aller en penchant , afin qu on puilfe pointer le Canon iulqu’au pied de la Contref-carpe, ou pour le moins au Corridor 3 l’ouuerture d’icelle en dedans fera, de j.pieds 3 au dehors de é.ou 7.au plus ellroit d’vn ô£ demi, ou deux.
- De ce que delfus on peut voir facilement la railon pourquoy aux Pla- Pourqwy ton fait ces balfes nous auons fait des Canonnières & Merlons, ôucy nous n’en &pu-
- voulons point : parce que les Places balfes eftans au niueau de la campa- ces bajpès. gne, le recul ne cacheroit pas les Pièces comme il fait icy, ainfi qu’on void en la Figure 4. où la Place balfe A eltant au niueau de la campagne E, le Canon C pour reculer en B ne fera pas à couuert du Canon D, à caufe que B D, A E font parallèles : c eft pourquoy il faut icy que les
- Merlons foient plus hauts que tout l’alfut *, & par ainfi le Canon reculant fe couurira,à caufe que le coup vient par cofté. Que s’il tiroit direétemét, ou à plomb dans lembralure, le rçcul ne couuriroit pas le Canon *,d’où l’on voit que ceux des Rempars auec leur petit Parapet font plus alfeurez,
- &C fe couurent mieux que ceux- cy auec leurs hauts Merlons.
- N 3
- Autre
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- ico De la Fortification-reguliere.
- Ouvrages hauts anciennement e filmez..
- JJtemonfiration.
- a fi.Propof.i. b 4.Propof.6.
- c i6.Propof.fi.
- d %.Pvopoff, e 11 .Propof.f. f io.Propof.f.
- Coups. tire^ de bas piwnuïfibles.
- Poyrquoy 1‘on fait des Parapets médiocrement hauts.
- Autrefois on faifoit les Parapets hauts, parce qu’on croyoit auoir va* grand auâtage fur lennemy efleuant grandement les Rempars,Parapets, 6l autres dei:enfes,à caufe aeleur eminence, par le moyen de laquelle on peut mieux defcouurir dans le trauail de l’ennemy. Mais on s’eft auisé du depuis qu’eftans ainfi hauts, lors que lennemy eftoit proche,les coups tirez de là eftoient de peu d’effed:, comme nous demonftrerons apres. On a recogneu auffi que les coups tirez plus proches du niueau dp la campagne font plus de dommage que ceux qui tirent d’enhaut,& plus efloi-
- f nez diceluy,lors que tous deux tirent à vnmefme poinâ, comme en la igure j.foit le tir dix poind H en G plus proche du niueau de la campagne , que le tir de A au mefme poinA G tiré d’vn lieu plus haut, & plus efloigné dudit niueau, fuppofant l’offenfe commencer à vne certaine, hauteur, comme D C, ou E F, &C finiffant en vn mefme poin£l G, ie dis que la ligne C G de l’offenfe prouenant de H fera plus grande que la ligne GF, ou l’offenfe prouenant du poinft A, en mefme proportion quelle s’approche plus du niueau.
- La ligne A B eftant perpendiculaire à la ligne B G, & EF eftant auffi perpendiculaire à icelle, les triangles ABG,EFG feront equianglesa. De mef me feront les triangles H B G,& D C G : donc b comme A B à B G, ainfi E F à F G, & comme H B à B G, ainfi DÇàCGjen changeant comme A B à E F,ainfi B G à F G c. Et par la mefme,comme HB à DC, ou à fon efgale E F *, ainfi la mefme B G à C G : Donc les raifons des hauteurs A B, & H B, à la mefme hauteur E F, où la raifon de la hauteur E F aux hauteurs À B, &; B H fera comme des lignes G F & G C à la mefme B G. Mais tout ainfi que la hauteur D C,à plus grande raifon à H B, que à A B plus grande d en mefme proportion, la ligne GC aura plus grande raifon à la toute G B, que la ligne G F à la mefme G B :e Dont tank plus A B fera haute, tant plus l’offenfe f G F fera petite, ce qu'il faloit de-monftier. Soit A B 4o.pieds, E F la hauteur dvn homme de fix pieds,8C B G de 5oo.pieds par la réglé de proportion F G fera 75. pieds. Par apres foit posée H B, i5.pieds,&:les autres comme deuant, D C £.pieds,& B G joo.pieds, on treuuera C G eftre de loo.pieds.
- D’où l’on voit que les coups font plus nuifibles à l’ennemy de tant plus bas ils font tirez, çe qui nous eft confirmé par l’experience ordinaire, que les grands vaiffeaux en mer ne rencontrent pas fi fouuent les galere% comme font les galeres les vaiffeaux, à caufe que la hauteur empefehe 1 vn, & la baffelfe aide lautre.
- On pourroit dire qu'il feroit donc meilleur à vne Place de faire les Rempars à niueau de la campagne, à quoy ie refpons qu’ils font faits pour couurir les maifons & baftimens de la ViHç, 3c pour cet effeâ ils doiuent eftre efleuez à certaine hauteur, laquelle s’ils.excédent elle porte preiudice : Outre qu il faut que les Rempars dçfcouurent &C commandent dans les ouurages qui font au deuant d’iceux : car il faut que toutes les pièces de la Place allent comme par ftegrez, que celles qui font plus pliant dans la campagne foient par deffus le niueau d’icelle,&; commandées des autres qui font plus en. dedans, &C celles- cy des autres s’il y en a ^ucceffiuement.
- %L A# C H'B, XIV,
- rDES
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- Liure I. Partie T.
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- DES DIVERSES de Parapets.
- FORMES
- Chapitre XXXII.
- Fi n que les Soldats tirent auec plus d’affeurance, &C couuerts par defïùs le grand Parapet, il eft neceflaire de faire l’autre petit haut de deux pieds & demi, ou au moins de deux pieds, lequel ne doit point eftre de muraille , à caufe qu’il faudrait le rompre toutes les fois quon voudroit tirer le Canon , ou bien y biffer des Canonnières, tant pour les Canons que pour les Moufquets,& palf ainfi on tomberoit en l’inconuenient deuant allégué, & vn autre plus grand, que les efclats tueroient plus de Soldats que les coups.
- Aucuns ont voulu les faire de pièces de bois, mais tout cela ne vaut rien non plus : car outre qu’il eft fujet au feu, il fait des efclats, &c y faudroit faire des Canonnières comme à ceux de muraille.
- Les meilleurs , &C ceux que i’ay veu pratiquer fqrt fouuent font faits de barriques, ou demi barriques pleines de bonne terre , qu’on rango Tvnecontre lautre : les Moufquetaires tirent entre deux, lors qu’on veut tirer le Canon on peut ofter vne de ces barriques, &c la remettre apres qu’il aura tiré par le moyen d’vn petit chariot de la hauteur du Parapet. Ces Parapets de barriques entières font fort hauts, & fi on ne les veut que pour couurir les gens de pied, fufliroit vne demi barrique.
- Les Parapets qui fe font auec des facs de terre font auffi très bons,parce qu’ils laiuent plufîeurs endroits par où l’on peut tirer, & le peu d’ef-
- {>effeur qu’ils ont n’empefche pas qu’on ne puiffe tirer à cofté,outre qu’on es peut ofter & remettre plus facilement que les barriques pour faire tirer le Canon, & ne font aucuns efclats.
- On en fait encor auec des manequins ou hottes remplies de terre-, mais il faut aduifer que fi la terre eft trop fablonneufe, il les faut faire fort ferrez, autrement toute la terre s’en va comme par vn crible lors que la fueille eft tombée. Ceux-cy font meilleurs que les autres, parce que les barriques font efclatjes facs fe bruflent & pourriffent facilement, &C confient beaucoup.
- Ces Parapets ne fe mettent quen temps de fîege} c’eft pourquoy en temps de paix on fera prouifion dans les magafîns, de facs, de barriques, &C de paniers pour s’en feruir à ceteffeâ:.
- On fera aduerty qu a l’endroit de la Courtine qui voit la face duBa-ftion opposé, il faudra ranger les barriques ou facs comme en triangle-, autrement les Moufquetaires nepourroient pas tirer en biaifànc,comme il faut qu’ils facent en cet endroit. On peut voir en la Planche i5.comme il les faut ranger.
- Nous ne dirons rien de plufîeurs fortes de Parapets que diuers fe font imaginez-.nous mettrons les fuiuansen Figure, ann qu’on en voye les defauts à l’œil fur le Difcours que nous auons fait.
- D autres pour mieux couurir la Fortification les fonthauffans vers les
- O dehors,
- Petits Parapets dejftes Us grands.
- Petits Parapets de-ejttoy doment eftre faits.
- Auec.facs.
- Auec manequins.
- Petit Parapet corne doit efire fait à F extrémité de la Courtine.
- Diuerfes fortes i Parapets.
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- 104 De la Fortification régulière.
- dehors, comme les marquez 5. mais il faut neceflairement àceux-cy des Canonnières. Le petit Parapet par defliis eft pour couurir les Mousquetaires qui tirent par les trous. le treuue celuy-cy leplusmauuaisdc, tous, bien qu’il ait efté efcrit par vn Aurheur des plus modernes.
- Les marquez x.font d’Albert Durer, lefquels pour pouuoir fobfïfter* en cette forme, il faut neceflairement quils foient de muraille, & de. cette matière ils ne font pas bons.
- Ceux que ieflime les meilleurs font ceux que nous auons deforits, re-prefentez en la Figure première de la mefine Planche.
- FLANCHE XK
- DES
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- Liurc I. Partie I.
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- DES CAVALIERS.
- CaUalters.
- Chapitre XXXIII.
- Ep vis l’inuention de la Fortification môderne, outre les Pfages & du an ta* Rempars &c Parapets, on a fait les Caualiers,qui font de £es des Caiialiers-beaucoup plus eminens que tous autres ouurages qu’on fait dans laPlace.On en fait grad cas en toutes les Forti-ficatios,comme on peut voir à Palma-noua,Orfi-noudj en la Citadelle de Turin > &c autres lieux où fen ay veu«
- L’aduantage qu apportent ces Caualierseft,qu’ils moleftent l’ennemy tant quil eft dans la campagne, defcouurent dans les trauaux,&: l’offen-fent dans les bateries -, luy donnent cette incommodité,que pour eftre à couuert il faut qu’il haufle beaucoup plus les tranchées, bC les autres oii-uragesyoutre qu’il ne fçauroit faire que très-difficilement aucun trauail qui puifle commander à celuy-cy. Ils feruent auffi pour couurir les lieux enfilez de la Place , SC redoublent les defenfes de la face du Baftiom eftans fituez conuenablement. Ils fouiront encor pour tiret dans les re-tranchemens que l’ennemy fera eftantlogé dans le Baftion.
- Aucuns les reptouuent, difant, qu’ils ne font pas de grand feruice, 8£ foifom contre n% qu’ils ne pourraient défendre vne Place,parce qu’eftant beaucoup retirez ils ne chaffent pas l’ennemy en dehors, Apres leur hauteur apporte beaucoup d’incommoditez: Premièrement d’eftre faits ; car il eft difficile de hauffo ainfï terre fur terre, & Parapet par deffiis : ils font fort en butte à l’ennemy 3 outre cela, c’eft qu’au befcin, ôc lors que l’ennemy eft proche ils ne feruent quafi de rien,pour la raifon qui fera dite apres,& parce qu’on ne peut pas pointer le Canon en bas fans le defcouurir3ou diminuer grandement les Parapets. En fin qu’ils empefehent les retranchemens, &c 1 ennemy les ayant pris s’en feruira auec beaucoup d’auantage.
- Ces raifons ne font pas alfez fortes pour me perfuadet de les reprouutr* fotforfs à m ta voyant que plufieurs Ingénieurs les ont mis en vfage auec grand auam ^om’ tage 3 veu auffi qu eftans adjouftez à Vne bonne Fortification, ils la rendent affeurément plus forte. le ne dis pas qu’on les doiue mettre pour de-fenfé principale $ & qu au lieu de Baftions on face des Caualiers, ainfî qu’on a fait en aucunes Places, comme à Cremonne,& auffi à Plaifance, où les Courtines font exceffiuement longues, & parce qu’ vn Baftion ne peut pas defendre l’autre à caufe de leur grande diftâce. On auoit fait autrefois des Caualiers au milieu des Courtines : mais recognoiflant ce defaut , l’année 1615. on y a fait des Rauelins de terre, grands comme Baftions , qui flanquent 8£ défendent ceux qui eftoient efloignez. Et pour dire la vérité, les Caualiers ne doiuent eftre mis qu’apres que la Place eft fortifiée, êc lors ils fouiront beaucoup.
- Quant à ce qu’ils difent qu’ils font de peu d’efleét eftant retirez, leur ^4 orifé a l’autre hauteur fupplée à ce defaut, qui fait qu’ils defcouurent deuant eux, bien ratfon' qu’ils foient arriéré dans la Place.
- Pour la difficulté de les faire, puis qu’on en fait en tant de lieux, il Refynfe n’eft pas fî difficile 3 il ne faut pas plaindre la peine pour faire ce qui nous ' porte aduantage.
- O 3 Encor
- e aux autres obtenions.
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- Çaualîers ytiles.
- •Autres vtilitez, des Caualier.^
- Mcfures des Catta-tiers.
- Coups d’en haut tir rez, loin plus nuifi-blés a hnnemy,
- Dçmonjlrmono
- ioB De la Fortification reguliere,
- Encor qu?ils foient en butte pour eftre rompus, il faut que Fennemy face fes bateries, &C bien hautes, cependant que cecy eft tout fait, doti on le peut empefcher , &:le trauailler beaucoup auant qu’il ait mifes en eftat les fiennes de faire du dommage. Et quand il les aura faites,aufli toft les peut-on rompre des Caualiers, comnîe eux de leur trauaij rompre les Caualiers, outre l’auantage qu-on a que cette terre eft bien raflife &c batue K &c loutre mouuantç.
- Ils ne Lifteront pas de feruir au befoin pour eftre hauts, parce que de çeluy qui fera 4 Fextremité de la Courtine, on défendra le Baftion opposé 5 tirant afefi loin ils feruiront grandement pour nuire à Fennemy lors qu?il fera dans le fofsé, qu’il voudra faire la trauçrfç, laquelle il luy faudra faire fort haute pour fe mettre à couuert.
- Lors qu ils font aux extremitez des Courtines, ils n’empefehent aucunement les retranchemens, au contraire les défendenttres-bien : de dire que Fennemy s en ferpira apres qu il les aura pris comme d vne Citadelle pour batrela Ville, par mefine raifon il ne faudroit pas faire des Baftions. Qujon confidere qu’alorsque Fennemy aura pris tous les Baftios,& tous les retranchemens qui feront faits dedans,(car il faut forcer tout cela auat que d’eftre maiftre des Caualiers,qui font fituez comme nousauons dit) la Place malaisément fe peut-elle defendre, foit qu’il y ait Caualiers, ou non *, ô£ lors quil y en a,on a encor cette defenfe de refte, outre le grand dommage qu’on aura fait a Fennemy tirant des CauaHers auant qu’il ait forcé tous ces trauaux.
- Leur hauteur par defFus le Rempar doit eftre de u. ou 15, pieds, ou d’a-uantage, felon Foccafion de commodité du lieu, leur longueur de io.ou ij.pas pour y pouuoir commodément loger 4. ou ^.Pièces, leur largeur 5, pu £.pas,afin que les Pièces ayent leur recul &L foient commodément fer-uies. Cecy fe doit entendre, qu’en haut ils doiuent auoirces mefiires,fens. y comprendre le Parapet qui doit eftre vers la campagne, comme celuy des Rempars,4.pieds de haut, & 15.0U zo.d’efpais. Du cofté de la Ville il n’en eft befpin que d’vn bien petit, lequel on peut faire de briques,ou de ce qu’on voudra. La montée pour y niener les Picççs doit eftre de 10. ou u.pieds de large du cofté de la Ville, comme il fe void en la Planche 6.
- Il s’en fait de plus grands,capables de tenir hui£t ou dix Canons, comme celuy qui eft à Pefquiere qui en a fix,& place pour d’auantage eft grandement efleué afin de ppuupir commander,& çouurir la Place d. vne montagnette voifine.
- Parce que nous auons dit que les coups qui viennent tirez de haut, font peu de dommage eftans tirez proche, SC beaucoup plus tirant loin, nous en dirons la raifon *, c’eft parce qu ils s’approchent plus du niueau, §£ s’ils reflautent, le reftaut fe fait plus près de terre, 8C eft plus offenfifÿ s’il ne rencontre les premiers, il en rencontrera d’autres. Au contraire venant d’ vn Heu haut bien près, ne donnent qu’en vn endroit *, ÔC fi le ref-faut fe fait, il va fort haut ,oula baie demeure en terre.
- Soitle Canon B qui tire proche,le tir B M, & dumefme poinÆfc B foit tiré le tir plus Iom;& la hauteur de l’homme qui peut receuoir offen-fe foit E C, ou G H -, L’eftendue de l’oftenfe au tir loin, qui eft depuis G; iniques à K,fera plus grande que du proche depuis C iulques à M : parce
- quo
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- Liure I. Partie I. 109
- que les triangles ABM, CEM font equiangles eftans re£tangles,& ayans l’angle M communie mefme les deux triangles B A K, H G K : Donc comme B A à A M, ainfi E C à C M -, en permutant,comme B A, à EC, ainfi A M, à C Ma. De mefme de l’autre triangle, comme B A, à A K, ainfi HG à GK, en permutant, comme B A à HG:ainfi AKà GK: Mais E C &C H G eftans efgales par la fuppofition, B A aura la mefme raifon à E C, qu a H G &. Donc les raifons de A M, à M C eftans les mefmes que de B A à EQ8c les raifons de AK à GK,les mefmes que de B A,à la mefme EC,ou fon efgale HG,elles feront de mefine entre ellesc : C eft àdire,comme AM à M C,de mefme A K à G K,& en permutant, corne la diftance AM à la diftance AK-,de mefme loffenfe MC à l’offèn-fe KG:donc tant plus le Canon tirera loin,tant plus il aura d’offenfe. Cecy s entend,non de la force du coup,mais de l’eftendue de l offenfe d’iceluy.
- Leur forme eft diuerfo \ aucuns les font quarrez, comme les marquez 5.6.7. ou bien quarrez longs, comme les marquez 1. de façon que la plus longue face foit du cofté quils doiuent faire la principale defenfe, comme Ta Figure RF, Planche 16.&C font fort bons ainfi.
- D’autres les font enlaformefuiuante,matquée i.qui eftquafi comme la precedente,horfmis qu’ils en oftent l’angle qui eft du cofté duBaftion. De façon que la plus grande face regarde le Bàftion opposé : mais ceux çy doiuent eftre mis aux Courtines comme fera dit apres.
- le voudrois qu’au lieu quils font la face plus longue parallèle à la Courtine , ils la fiffent perpendiculaire à la face du Baftion , prolongée au moins le plus qu’il fè pourroit, comme R Qen la Figure première.
- Les ronds ou en ouale en la Figure 3.6c 4.font aufli très-bons, &C fem-blent meilleurs que les autres,parce quils font plus contenans : car de toutes les Figures Ifoperiuletres, le cercle eft le plus capable. Par apres on peut mieux ranger &C pointer les Canons de tous coftez, parce qu’ils font race par tout, ce quon ne fait pas fi commodément aux quarrez. Les ronds ont moins deprife, de par confequent moins fujets à eftre ruinez. Les mefmes commoditez font attribuées aux ouales, parce qu’ils ne different pas beaucoup des ronds, Sc femblent eftre pluscommodes, en ce qu’il faut toufiours qu’ils facent plus de defenfe avn cofté que d’autre -, êc par ainfi on met la race R F plus longue du cofté quils doiuent défendre. On ne doit pas toutesfois eftimer qu’on les doiue toufiours faire de cette Figure, car par fois les autres Figures font plus propres félon l’aflie-te commodité du lieu, l’vfàge pour lequel on les fait.
- Ils doiuent eftre de terre pour euiter la ruine &c les efclats.Or âfin qu’ils fe fouftiennent, il leur faudra donner fur trois pieds deux de taîu, 5c en, terrain mauuais autant de talu que de hauteur.
- Aucuns les mettent à l’entrée du Baftion entre deux flancs,comme les marquez 4- 5- 7. Ceux qui prennent la defenfo feulement du flanc font mieux de les placer là qu’autre part, afin qu’ils puiffent defoouurir & défendre la face du Baftion opposé : mais ils occupent aufli les lieux des Places hautes,lefquelles feront autant d’effeétque les Caualiers, & partie du Baftion;& font de peu d’effedt pour tirer dans la câpagne, eftans trop retirez en dedans, & empefehent les retranchemens. Ainfi font ceux de la Citadelle de Turin, mais c’eft afin qu’ils commandent dans la Ville.
- Ceux qui commencent la defenfe dans la Courtine les doiuent mettre
- depuis
- a i6.Propof$.
- b j.Propof$. c 11. Propo[$.
- Forme des Caua-liers.
- Bonté des Caualiers ronds.
- Matkre des Caualiers.
- Lieu ou doiuent eïire mis les Caualiers.
- Æx extrem\te\de la Courtine.
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- Par fois au milieu.
- faualiers malfi-ttfez..
- Refponfe h ceux qui les fanent ainfa
- Caualiers aux Places maritimes,
- Remarques pour les Caualiers.
- Dans le corps de la Place mauuais.
- no De la Fortification régulière.
- depuis où comence ladefenfe dans ladite Courtine,iufques vers le flanc, comme les marquez i. u 3. tournant la face plus grande en angles droits, ou approchant vers la face du Baftion opposé, 6c parainfi ils n’empef-cheront 6c n’occuperont pas la place des autres defenfes, ains les redoublant defcouuriront grandement dans la trauerfe que l’ennemy fera pour approcher le Baftion. C’eft le lieu le plus propre pour les places.
- Lors que la defenfe commence beaucoup plus que dans la moitié de la Courtine I, on les mettra au milieu d’icelle -, mais il faudra qu’ils foient comme quarrez,&; que la pointe correfponde à la campagne,^: les deux faces aux Baftions plus proches qui font aux coftez,comme le marqué 6.
- Ceux-là ont peu de raifon,qui veulent que les Caualiers foient au milieu de la Courtine, bien que la defenfe ne commence pas fi auant dans icelle, ils difent qu eftant fordongue comme ils la font, cecy la fortifie-, 6c aufli parce que le Caualier eftant là, defcouure mieux la campagne-, Uiefme que par ce moyen il en faut la moitié moins que lors qu’on les met autre part, vn mefme Caualier pourra tirera tous les deux Battions pour en chafler l’ennemy lors qu’il y fera entré.
- Nous les auons défia reprouuez autre part pour defenfe principale, 8Ç ne doiuent iamais eftre tenus au lieu de Baftions. Par apres fi les Caualiers nauoientautre vfage que de tirer loin dans la campagne, ce feroit peu de chofe : car par ce moyen on ne peut empefeher que l’ennemy ne s en rende maiftre *, 6c lors quil fera bien proche, eftans là fituez, ils ne feruirot prefques à rien, à caufe de leur grande hauteur,& pour eftre trop proches,comme nous auons dit 6c demonftré cy deuant, &nepeuuent flanquer aucun lieu pour tirer loin. De dire qu’ainfi il en faut moins, cela eft bon, s’ils feruoient autant qu’en en mettant d’auantage -, comme aufli que de là on pourra pourchafler l’ennemy lors qu’il fera entré.Et moy i’ai-me mieux luy nuire auant qu’il entre,&l’empefcher d’entrer,qu’attendre a le chafler lors qu’il fera deaans.Eftans mis aux extremitez des courtines, quand les defenles fe prennent dans icelles,ils redoublent icelles defenfes, 6c tirant à l’autre Baftion opposé le défendent grandement,6c font beaucoup de dommage auant qu’il l’aborde, &; encor apres qu’il y fera logé.
- Aux Places maritimes on les met aux lieux qui defeouurent mieux dans la mer,foit dans le Baftion,ou dans la Courtine,parce que là ils font faits pour defcouurir & tirer bien loin aux vaifle'aux qui fe prefentent.
- Il raut qu’entre les Caualiers 6c les Parapets il y ait fix ou hui<ft pieds d’efpace, afin que les Soldats puiflentpafler 6c tirer entre deux,& que les ruines n’allent pas dans le fofsé *,cet efpace fera taillé dans l’efpejGTeur du Parapet, parce que le Caualier L couure allez la Place fans le Parapet : Le tout fe voit en la Figure,où la Courtine foit N Ljà où commence la defenfe foit 1,6C le Caualier R P, le Parapet coupé à moitié F R, le chemin ou efpace entre le Caualier6c le Parapet FR.
- Il y en a qui les voudroient dans le corps de la Place,au de là de la Place d’armes : ïeftime cet endroit le plus mauuais de tous $ car la defpenfe en feroit excefliue, à caufe qu’il faut les reueftir, ils verroient moins, ou les faudroitfaire très- hauts,ne flanqueroient rien, & ne feruiroientquç lors que l’ennemy feroit entré dans le Baftion.
- Les Italiens appellent Caualiers à Chenal les groflqs tours quârrées qu'on ffit fur les portes desVilles,(ur lefquelles on pçut mettre du Canon.
- PLANCHE X VL DES
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- Liure I. Partie I.
- ni
- DES TL ACES D’ARMES.
- Chapitre XXXIV.
- Ep v i s le Rempar iufques aux maifons il y doit auoir vn efpace ou rue large de dix ou douze pas, quon appelle Place d’armes -, parce qu en cas d’alarme les Soldats font enuoyez là chacun au Quartier deftiné, félon, que le Gouuerneur, ou General ordonne, ou bien à vn alfaut pour fouftenir &rafraichir ceux qui défendent la brefche. Cette Place fert auffi pour faire les retranchemens generaux: Elle apporte encor cette commodité,que les baftimens eftans efloignez des Rempars de cette diftance,ils en font mieux couuerts.
- La grande Place d’armes qui eft au milieu de la Ville doit eftre de telle façon, quautant de rues comme il y a de Battions viennent aboutir droidement dans cette Place , & par ainfi du milieu d’icelle on verra, tous les Battions. C eft icy que les Soldats fe doiuent retirer &; affèmbler pour prendre les ordres des Gardes & commandemens, d’où ils font, enuoyez aux Quartiers & Places d’armes particulières.
- Il y a encor d autres Places qu on doit faire dans la Ville, tant pour le Marché & autres vfages, que pour rembelliflement. Mais parce que ce-cy ne concerne pas la Fortification, & d’autant au vn chacun les fait à la mode ,& au lieu quil fomble plus à propos félon la commodité de la Place, ou du trafic qui s'y fait, nous n en dirons rien en ce lieu.
- TES GALERIES QVI SONT
- dans la Place.
- Chapitre XXXV.
- E ne fçache en auoir veu autre part qu'en la Citadelle de Milan, laquelle eft de Figure Exagone, ô£ au dedans ces Galeries alfezpresdu Rempar tout autour en quarré, elleuées plus haut que les Rempars, & couuer-tes par delfus \ au dellous eft l’habitation des Soldats de la Garnifon, &C de leurs familles. Ces Galeries font autant pleines de Canons & de Fauconneaux entre-deux qu’il s y en peut quafi ranger. On dit qu eftans ainfi elleuées elles feruent pour defcou-urir dans la campagne, &c que fi lennemy venoit à prendre vn Baftion, de là on pourroit l’en faire fortir à coups de Canon : mais pour moy ie ne croy pas que ces Galeries ayent efté faites en autre intention que pour tenir en parade cette quantité de Canons que les Efpagnols ont dans cette Citadelle, &c pour donner plus de terreur au peuple de la Ville. A la de-fenfo elles feroient peu vtiles, parce qu’eftans de brique & hautes, il fe-roit impoffible dÿ demeurer dedans , & de là faire aucune defenfe, à caufe des çfolats ruines qui nuiraient auffi à ceux qui feroient en bas.
- P Par
- Mefures de la Place et armes.
- Grand Place etar* mes.
- Autres Places de la Fille.
- Galeries dans les Places ne feruent de rien.
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- Epilogue de la. premier? Partie.
- Iii De la Fortification reguliere.
- Par apres Pennemy eftani: proche de la place, elles ne pourroient del-coaurir aucunement dans les trauaux, à caufe que les Rempars font au deuant. .C’eft pourquoy ie croy qu’en temps de guerre on les abatroit, au moins ce qui peut eftre vpu par dehors, & pn mettrait les Canons où il ferait de befoin.
- C’eft ce que nous auions à dire des parties intérieures de la Place, qu' eft la première partie de la Fortification. Relie à parler des exrerieur es. .qui-feront le fujet du Difcours de la fécondé Partiç des Fortifications
- regùliereso
- SECON
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- n3
- SECONDE PARTIE
- DES FORTIFICATIONS
- REG VLIERES.
- DES TJRTIES EXTERIE FR ES.
- Chapitre XXXVI.
- N ne doit pas apporter moindre confîderation aux Parties extérieures, qu a celles qui font le corps de la Forti-fication:car vne Place bien qu’accomplie félon les réglés que nous auons cy deuant données, fera moins forte, qu vne autre fans ces Parties là, qui auroit toutes les fui-uantes faites comme nous les defcrirons.
- Ces Parties extérieures font les Foflez, les Fauffes-brayes, Cunette, Contrefcarpe, Chemin couuert, Efplanade ; & celles qui feruent indifféremment aux regulieres irregulieres, font,les Rauelins,les Demi-lunes,les Ouurages de Corne, les Retranchemens,& autres Ouurages qui n’ont point de nom propre pour eftre fort modernes, appeliez en general Dehors, defquels nous parlerons au Difcours fuiuant.
- <DV FOSSE'.
- Chapitre XXXVII.
- A première & plus proche Partie extérieure de la Fortification eft le Fofsé,qui eft le moyen entre la Place & la. Campagne. Il eft fait pour deux raifons \ la première, eft pour empefeher lennemy qu’il ne vienne d’abord contre la Place fans franchir cet entre-deux qui l’ar-refte : l’autre, c eft pour auoir de la terre pour faire les Rempars. On pourroit y adjoufter celle-cy, afin que les murailles foient plus hautes fans les efleuer beaucoup par deflus le niueau de la Catn-pagne.
- Leur profondeur &c largeur eft diuerle, parce qu’elle doit eftre félon, la qualité du terrain. Aux lieux marefeageux &C autres où l’on treuue bien toft l’eau,on les fait peu profonds &c beaucoup plus larges : Et aux lieux où il faut tailler le rocher, on les fait plus eftroits &: plus profonds.
- P % Quand
- ‘Parties extérieures tres-neceffaires.
- Quelles font les par* fies extérieures.
- Pourquoy on fait les Foffez...
- Dtuerfes mejures de Fojfez.,
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- ii4 De la Fortification reguîiere,
- Quand la terre eft bonne^on les fait médiocres : ceft à fçauoir de 15.0a 30, pas de large, to.ou 15. au plus, 30. pieds de profond : car par ainfî Ton a affez de terre pour faire les Rempars, remplir les Battions, hauffer les Parapets, SC pour les autres ouurages neceflaires à la Place. Cette largeur ne peut eftre trauersée par aucun pont artificiel,& là dedans on a dequoy faire nouuellesdefenfes, bc lieu pour combatte Iennemy y eftant entré* Fojfez, forges. Des plus larges où Ton treuue l’eau on n en peut pas bonnement déterminer la melure ; on fe gouuerne félon le lieu, bc félon la terre qu’on a affaire * tant plus toft on treuue leau, tant plus larges il les faudra faire. Foftijtfrohs, Quant à ceux qui font taillez dans le roc, on les fait aufli profonds qu’on peut, parce qu’on employé aux Baftimens la pierre quon en tire-, 6c de quelle profondeur quils foient la Contrefcarpe fefouftient fans talu. On les fait plus ettroits^ parce que de les faire fi larges,8£ de les ren-fonfèr fi profondément, ce feroit vn trauail exceffif,eftans plus forts par leur hauteur que les autres par leur largeur : Et puis.ils ne font pas faits pour y combatre dedans : car il eft bien affeuré que Iennemy ne defeen-dra pas fi bas pour remonter fi haut : mais tafohera à les combler -, ce qui luy fera fort difficile eftans fi profonds. Toutesfoisil ne faut pas les faire fi eft roi ts qu on puiffe les paffer facilement àuec vn pont artificiel : ils doi-uentauoir au moins is.ou io,pas de large.
- Quels Fojfez, me'tl- On pourroit demander quels font les meilleurs, ou les profonds, ou imrs,profonds, m les larges. Il me fcmble que ceux qui font fort profonds bC médiocre-drges' ment larges, ayans leurs Contrefearpes bC chemins couuerts bien flan-
- quez,font meilleurs que ceux qui font beaucoup larges &peu profonds-, incommodité^à parce que ceux-là font fort malaifez à combler. Si Iennemy entre de-f™”7ofondsX F°^ ^ans 5 ^ comme au fonds dvn précipice, &les Battions font fi hauts qu’il ne fçauroit par aucuns artifices monter deflùs s’il ne comble le Fofsé. Les ruines que le Canon fera, bien quelles tombent dans le Fofsé, nef* galeront iamais cette hauteur, Sc ne îçauroient faire montée : ôutre qu6 la Place eftant de roc, comme on fuppofe, la fappe n’y peut rien contre, bC la mine ne s’y peut faire quauec très- grande difficulté bC longueur de temps. Les larges bC peu profonds font bien toft comblez, Scies ruines des ndirailles font capables de faire montée. Par apres les coups do Moufquet tirez du flanc ne pourront pas défendre la pointe de la Contrefcarpe , ni FElplanade. La ligne de defenfe eftant de iufte longueur, Iennemy pourra loger plus de Pièces vers la pointe de la Contrefcarpe pour rompre le Flanc opposé.
- Incommodités des Outre cela on defcouure plus facilement le pied de la muraille, bC FoiïeUroPlarges. p0Ur ja batre paut qUÇ Iennemy efleue moins fon trauail que lors que le Fofsé eft plus eftroit, mettant en tous deux la baterie efgalement di-ftante de la Contrefcarpe , encor que tous les deux Foffez foient dvno efgale profondeur. Cette mifon a efté eferite par Laurino Autheur Italien , mais non pas demonftrée : nous la demonftrerons ainfi.
- DemonHration* Soit le pied de la muraille B, la largeur du Fofsé eftroit B D, bc la hau-
- teur D C, la baterie ou trauail efteué F L, efloigné de la Contrefcarpe de , la diftance C L. Le Fofsé plus large (bit B H, la diftance de la Con-
- trefcarpe de mefme quen Tautre G M : le dis que IM, la hauteur du trauail qu’on doit faire au large fera moindre que F L du plus eftroit, parce
- qivaux
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- Liure I Partie IL 115
- qu’aux triangles equiangles BDC,&CLF, &c aux deux autres aufll equiangles b l N, & G MI, comme B D à D C, ainfi CL à LF, a '-Sc a 4 .Propof.S comme B H à G H, ou (on efgale C D j ainfï G M, ou fon efgale C L à MI b : Donc comme font les raifons des deux lignes BD, &BHàla, b 7-Propofs. mefme C D, de mefmes font les raifons des deux MI &: LF à la mefme C L : Donc tout ainfi que D C, à plus grande raifon à D B, qu a B H c. c Propofs.
- D autant que B D n’eft que partie de B H -, de mefme auffi L F aura plus grande raifon à CL, que IM à la mefme CL a : Donc LF fera plus a n .Propofs. grande que IM en mefme proportion que BH eft plus grande que BD e. e 1 o.Prop0f.s. Comme par exemple, fi la largeur D B eftoit 6o. pieds, fa hauteur DC, Supputations.
- 20. &c CL la diftance de la baterie à la Contrefcarpe, 30. pieds, L F fera, io.pieds : Et fi Ton fuppofe la largeur du Fofsé B H, 120. le refte demeurant de mefme, MI ne fera treuué que de cinq pieds,qui eft la moitié de L F, comme D B eft la moitié de B H, comme on voit en la Planche fui-uante 17-
- C eft pourquoy les Foffez plus profonds feront eftimez les meilleurs. Les FoJfe‘ZJ?rofonds Nous ne leur auons donné queio.ou 15. au plus 3o.pieds de profondeur, ^omks 7miimrs-parce que Fcftans d auantage on ne fçauroitoù mettre la terre. Cette largeur aux grandes Places doit eftre preferée à la plus petite, encor que, moins profonds-, parce qu’il faut faire plufieurs forties pour rompre &£ empefeher les trauaux de lennemy : ce qui fe fait plus commodément les Foffez eftans médiocrement larges, qu’eftans fort profonds ô£ beaucoup eftroits.
- Aux Citadelles, ou Forts qu on fait aux Villes, ou paffages, il vaut mieux les faire plus profonds û. moins larges, à caufe que ces lieux font plus fojets que les grandes Villes aux furprifes, ô£ promptes efmotions, lefquelles font plus difficiles à executer, les Foffez eftans profonds, qu a ceux qui le font peu.
- Leur Figure fera que leur largeur foit parallèle à la face du Baftion, fe Fûrme de F4ez-rencontrant auec l’autre vis à vis du milieu de la Courtine aux Places de moins de hui<ft Baftions, &: à celles qui en ont plus,qu’ils foient veus des flancs, ou d vne partie, comme nous dirons aux Contrefcarpes.
- Aucuns les font en eflargiflànt vers la pointe du Baftion, parce qu’ils ^Htre firme* difent que cette partie eft le plus fouuent attaquée : mais par ainfi aux Places de plus de fept Baftions les Contrefcarpes ne font aucunement veuës des flancs, comme en la Figure 2. Planche 17.
- D’autres au lieu de faire rencontrer les Contrefcarpes en pointe vers le Autre forme. milieu de la courtine,tirent vne ligne droite,corne on voit en la Figure 12.
- On s eft imaginé plufieurs autres foknes de Foffez, que nous laiffons Fofez- marnais. pour eftre peu veiles. Nous dirons pour exemple la fuiuante : On les fait aduancez vers la campagne à la pointe du Baftion, comme en la Figure O. Ils difent pour leur raifon que par ainfi ils empefehent que I’enne-my ne peut pas s’approcher tant de la pointe de la Contrefcarpe, pour battre le flanc opposé : mais ils ne confiderent pas que fi ce lieu vient à eftre pris ( ce que lennemy peut auffi facilement faire que de mettre fes bateries for la pointe de la Contrefcarpe)il y fera vne trauerfe,d’où à Fai-fe ôC tout à couuert il pourra battre 8c ruiner les flancs oppofez,principa-lement les Foffez eftans fecs.
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- Refte>
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- Foffez. fees,«u pleins et eau , quais fint meilleurs.
- Oit les pleins d'eau font plut necejfams.
- Maifotts de ceux qui tiennent les Fojfez. pleins d'eau meilleurs»
- Maifotss peur ceux qui veulent lespof-j% fecs.
- 116 De la Fortification reguliere,
- Refte à dire quels font meilleurs,ou les focs, ou les pleins d eau, la re-folution en eft difficile pour les raifons qui font dvn cofté & d’autre.
- Autrefois oneftimoitquàtoutes les Places indifféremment les Foffez pleins d’eau eftoient plus aduantagcux , à quoy perfonne ne contre-difoit : mais alors on auoit vne mode d’attaquer differente de celle de, prefent, auffi la defenfe eftoit diuerfe \ c eft pourquoy plufîéurs du depuis ont changé d’opinion.
- Tous font bien d accord qu aux lieux qui ne font faits que pour foufte-nir vn effort, comme les Chafteaux &c Forts fur les pafiàges, autres lieux, comme auffi aux Citadelles, qui font pour empefcher lareuoke &C furie du peuple, les Foffez pleins d eau font meilleurs *, parce que ces lieux n eftans pas faits pour fouftenir fieges, ils n’ont pas le foin de faire des forties , & l’eau qui eft dans le Fofsé empefohe les forprifes mieux que le fec. Et pour cette caufe on cerche le plus fouuent pour faire ces Forts les lieux qui font enuironnez d’eau, &C de riuieres , comme le Fort S. André auprès de Bomel, & l’autre Fort de Voorn qui eft là tout proche ,1e Fort de Schinc,ô£ plufîéurs autres qu on voit en diuers endroits decepaïs.
- . La difficulté eft de fçauoir fi aux grandes Places les Foffez fecs font meilleurs que les pleins d’eau.
- Les Foffez pleins d’eau affeurent la Place d’efcalade, & des furprifes,
- Que le Folsé plein d’eau eft beaucoup plus malaisé à combler &; à pafTer que le fcc,
- Si l’ennemy comble le Fofsé, il n’a que le paffage qu’il a fait pour venir à la Fortification : mais lors qu’il eft entré dans le fec, il fe peut eften-dre de chacjue cofté pour faire diuerfes attaques.
- Le Fofsé eftant plein d’eau, on a plus de difficulté à fe couurir par la. trauerfe.
- Pour monftrer que le Fofsé plein d’eau porte aduantage à ceux qui "font dans la Place, & incommodité à l’ennemy : c’eft que lors que Fa^àife lant rencontre vn Fofsé plein d’eau, il le feche s’il peut j ce qu’il ne feroit pas fi Peau luy apportoit quelque commodité»
- On pourroit oppofer la difficulté des forties &c du fecours, à quoy ils refponaent qu’on les peut faire, & receuoir par des ponts fort bas, s’af-femblant auant que fortir dans le Dehors, lelquels eftans tous pris on ne fait plus de fortie. Et le fecours pourra de mefme eftre receudans iceux Dehors, ou s’ils font pris paffera par ces ponts*
- Ceux qui les veulent fecs, refpondent qu’en Hollande les Foffez font pleins d’eau, parce que le païs eft tout marefcageux,&; quon ne fçauroit creufer fanstreuuer Feau :«nais là oùFon peut les faire fecs on les fait comme on voit ceux qui font du cofté de la terre plus ferme.
- Les Foffez fecs bien gardez affeurent auffi bien la Place des furprinfes que lés pleins d’eau,à caufe de la Cunette quon fait au milieu pleine d’eau.
- Si l’ennemy n’a que ce paffage dans le Fofsé $ auffi ceux ae dedans ne peuuent venir là que difficilement, comme fera dit apres.
- Qn fait le paflage, ÔC la trauerfe aufti bien dans le Fofsé plein d eau,
- qu’au
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- Liure I. Partie II. 117
- qu'ku fec,, fi l’on a plus de difficulté à la faire, on eft auffi plus affairé
- l’ayant faite.
- On vuide les Foffez lors que cela fe peut faire commodément pour combler plus facilement le Fofsé, & la boue qui relie tient lieu d’eau pour empefcher ceux de dedans de venir à vous. Et ce Fofsé iufques qu’on eft arriué là apporte beaucoup d’incommodité à ceux de la Place.
- Outre cela ceux qui tiennent pour le fec, difent ces raifons, que les Incommodité^ des Foflêz pleins d’eau engendrent mauuais air. Fo^piümiem.
- Le Fofsé plein d’eau en temps d’Hyuer fe gele tout, 8c alors la Plaça pourra eftre facilement fùrprife.
- Lors que le Fofsé eft plein d’eau} on a grande difficulté à faire les for- Incommodités À ties, parce que fe feruant de ponts & de bateaux, il y aura incommodi-té à tous deux. Pour les ponts, l’ennemy s’il les defcouure les rompra, ou pleins dJL ° ** s’il les laiffe, il eft affaire que c eft par là quon fera les forties,contre quoy il oppofera fa force,&; principalement lors qu’il fera près,ou dans le Corridor. Quant aux bateaux,il eft tres-difficile depaffer &C repaffer les Fof-fez à toute heure fur des bateaux à la Veuë de l’ennemy : les forties par ce ' moyen font tres-dangereufes, & les retraites encor bien d’auantage : Et principalement s’il arriue quon foit vn peu prefsé à fe retirer, iugez quel defordre il arriue pour entrer dans ces bateaux , &c combien mal il va pour ceux qui n’y peuuent pas entrer, s’ils ne paffent à nage , §£ lors il faut qu’ils abandonnent toutes leurs armes. S’il y a de la Caualerie dans la Place, & quelle face quelque fortie,les ponts ni les bateaux ne feront pas capables d’empefcher qu’il n’y ait confufion à la retraite , &; perte* grande de plufieurs qui toberont dans l’eau s’ils font preffez dé l’ennemy.
- Dans le Fofsé plein d’eau on eft priué de faire aucune defenfe nou-uelle, &C lors que la Contrefcarpe eft gagnée , on n’a que le corps de la Place j &C l’ennemy ne peut eftre empefené de combler le Fofsé , 6c faire fa trauerfe. Car le flanc opposé eftant rompu ôn n a autre remede que ietter des pierres &: feux d’artifices par deffus ( dequoy il fe peut couurir auec vne bonne galerie couuerte de terre) ou bien auec des bateaux pour y mettre le feu, Ta renuerfer, &c chaffer ceux qui font dedans, ce qui eft tres-difficile, &C périlleux d’executer telles entreprifes dans des bateaux.
- Lors que le Foké eft:fec, on fait dedans nouuellesdefenfes,des retran- ^efenp^onPeu* chemens contre la Cunete, des Flancs bas,des Cazemates, des Coffres &c ç™ as les autres inuentions. Et lors que l’ennemy y veut entrer,on y fait de grands combats,ayans cet auantage fur l’affaillant qu’on eft beaucoup fecouru de ceux de dedans, qui tirent continuellement à couuert des defenfes fur l’ennemy. Lors qu’il fait la trauerfe on fait des forties &: deftourne fon trauailquand elle eft faite, on la rompt ÔC y met le feu. Bref la defenfe qu’on fait dans le Fofsé fec eft plus auantageufe, que l’eau qui eft dans celuy qui en eft plein. ,
- Outre cela on a la comodité de fortir quand on veut fans eftre veu de pmsyomodiies l’ennemy, on donne fecours à ceux de dehors, &C fe retire au befoin fans * 0 5e ec' courre hazard trauerfant le Fofsé y ce qui fefait par des chemins feufter-rains incogneus à l’ennemy, lefquels s’en vont aux Contrefcarpes, ou fe laiffans gliffer dans le Fofsé -, l’ennemy n’oferoit les fuiure, car ’il ne fçau-roit remonter eftant defeedu dedans,les Contrefcarpes ayant peu de talu.
- Ce
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- Conclusion.
- Cuneta;
- Reims dans le Fofsé.
- Fofsé femantde contre-mine.
- Autre petit Fofsé m doit ejïre fait.
- 118 De la Fortification reguliere,
- Ce font les raifons & defenfes quon peut apporter pour & contre les Foffez fecs 8c pleins d eau,lefquelles font fi bonnes d’vn cofté & d autre* que la queftionell fort difficile àrefoudreiel’eftime problematique:tou-tesfois îe tiens plus pour les focs aux grandes Places, fans toutesfois re-prouuer comme mauuais ceux qui font défia faits & remplis d’eau.
- Tousceuxqui eftiment le Folsé foc,font d’aduis qu’au milieu du grand Fofsé on en doit faire vn autre petit de la largeur- de 15. ou lo.pieds plein d eau, marqué 5.6. autant creux qu on pourra *, les Italiens l’appellent Qu-neta, les François, petit Fofsé. Il y en a en plufieurs Places d’Italie,comme au Chafteau S. Ange à Rome, à Luques, & à Clerac lors que le Roy l’af-fiegea, mais il n’eftoit pas plein d’eau. Ce petit Fofsé eft neceflàire pour receuoir f eau de la pluye,&: peut feriiir de contre-mine à caufc de fa profondeur. Par apres quand l’ennemy foroit entré dans le grand Fofsé,c’eft vnarreft pour l’empefcher de pafler foudainement plus outre. Dans ce Fofsé on fait encore vne autre defenfc, laquelle pourra eftre conftruite à redens, comme 5, ou à trauerfes, comme 6. afin qu elle nefoit enfilée de la campagne: mais on remarquera que ces petits ouurages de terre ne peuuent iamais entretenir leur forme fans eftre reueftus *,ffce qui foroit de tres-grâd couft,& de peu dVtilité,à caufc des efclats que feroiét ces redés.
- D'autres veulent que ce Fofsé feruant de contre1 mine foit tout contre la muraille, comme en la Figure 1. mais il me femble meilleur au milieu, car par ce moyen il fort à deux; vfages,&: icy ne fert que de contre-mine.
- L’on peut faire encor va autre Fofsé fcc, ou plein d’eau contre la muraille, comme la Figure i.qui feruira pour receuoir les ruines delà baterie, & empefcher qu’efles ne facent montée : toutesfois il faudroit qu’il fuft honneftement large, & fort profond. Ce Fofsé doit eftre principalement pour le mefme fujet auprès des flancs, au deffous des places baffes, comme en la Figure ?.à caufe que le lieu eftant bas, gc le plus batu de tous les autres, la ruine feroit montée : cçft pourquoy il faut creufcr beaucoup en cet endroit les Foffez : mefmes aucuns tiennent qu’il eft neceffaire
- Des Foffez. pleins deau (fuels font les meilleurs.
- Foffez, excellent.
- pris autrefois vne Place par vne embrafure \ ce qui pourroit encor arriuer a toutes fortes de Places qui n ont aucuns Dehors,&: qui ne font pas bien gardées : mais ie ne croy pas qu’en ce temps on peûft fi facilement fur-
- 5l rendre 8C prendre les grandes Places 5 parce qu on les fortifie & garde e telle façon,qu?on n?en peut approcher que de bien loin fans eftre défi-couuerts, à caufc des dehors 8c Fauffes- brayes qui auançent, par lefquels il faut paffer auant quarriuer à la Place : de cette façon font les Foffez en la Citadelle de Turin, lefquels eftans fecs font très-profonds au deffous des Places baffes.
- Quant aux Foffez pleinfrdeau, on remarquera que ceux aufquels 1 eau courante paflè autour font très- excellens, principalement lors quelle ne peut eftre diuertie, ni arreftée : car par ainfi on ne les peut combler, ni Faire aucune trauerfe dedans, &; faut aller à la brefche auec ponts & bateaux , ce qui eft très- fâcheux à vn affaillant.
- Les Foffez qu’on peut tenir focs tant qu’on veut, & puis les remplir foudainement,font encor meilleurs que tous les ainresiçar parce moyen
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- Liure I. Partie IL 119
- on peut faire toute la refiftance qu’il eft poflible, &C puis fennemy y eftant logé les remplir d’eau. C’eit en quelques lieux des Eftats d’Hollande quon peut faire cela, & mefmes en Flandres par le moyen des Efclufes qui retiennent l’eau lors que la mer eft haute -, la voulant faire, entrer,ilsn’ontqu’à les ouurir,&C par ce moyen rempliffent tous les Foflez. Cecy fe peut faire facilement auffi par toute la Zelande, 6c par toute laFrife, où non feulement ils peuuent remplir d eau les Foflez,mais encor tout le païs, comme Qpus auons dit parlant des Sites *, & ceux-cy font préférables en force à tousles autres.
- Aux Foflez pleins d eau ordinaires,on fait au milieu vne feparation de terre qui les diuifè en deux, afin que lcnnemy ne puifle pafler tout dVn coup,&: cecy eft vne efpecede Fauflèbrayes ,le(quelles i’aimerois mieux faire de cette façon que contre les murailles. En plufieurs lieux d’Hollande, au lieu de cettefeparation de terre, on la fait auec des paliflàdes, comme on peut voir à Amfterdam, qui en eft enuironné tout autour dans le milieu du Fofsé, comme la Figure 8. 6c particulièrement vers lc^ port où elles font doubles.
- Iay veu déux inuentions fort belles pour empefeher qu’on ne puifle pafler les Folfez pleins deau. L’vne eft ainfi : le Fofsé eit fort large 6c plein d eau, au milieu ils ont mis grande quantité de fable iufques à fleur deau, de façon qu a peine on le peut voir : fi on penfe pafler auec des bateaux, on fe treuue enfablé à la mifericorde de ceux qui font dedans, comme en la Figure 7.
- L’autre fe pratique en plufieurs lieux d’Hollande : On plante des paux particulièrement du cofté des aduenués, lefquels on coupe quatre doigts fous l’eau*,on cloue au bouc vne plaque auec quatre ou cinq pointes de fer qui viennent \ fleur d’eau *, de ces paliflàdes on en met du cofté qu’on craint pouuoir eftre abordé , 6c cela fe fait principalement aux forts enuironnez d’eau, comme en la Figure n.
- Il me femble qu’on pourroit mettre de ces paux ainfi rangez en plufieurs endroits : mais en la plus part des grofles pièces de bois remplies de pointes de fer, & attachées auec des chaines de fer à ces autres paux, 6c par ce moyen on efpargneroit beaucoup de defpenfe. Mefmespour faire des (orties on pourroit ouurir ces endroits 6c les faire par là, ce qui ne fe peut fi la Place eft toute enuironnée de ces paux fichez, ni receuoir le fecours. De ce que nous auons dit on verra la Figure 10.Sc n.
- Le Fort S.André a bien quantité de paliflades .mais elles ne font pas de cette façon : car il n y a Amplement que des paux fichez, lefquels forcent au dehors de l’eau, & feruent pour empefeher le paflage, fi on ne les rompt ainfi qu a Amfterdam.
- Au Fort S. Louys qui eft deuant la Rochelle on a enuironné tout lo Corridor de gros paux, proches l’vn de l’autre enuiron de huidt pouces, auec certaines pointes de fer qui font attachées aux paux, comme la Figure ü.monftre.
- Au Fort S. Caries qui eft auprès de Verceil fur les confins de l’Eftat de Milan,les paux font plantez au bas des Baftions 6c Coui tines,aflez près du pieef,ce qui eft fait pour empefeher les furprifes: car on ne fçauroit monter là haut fans les auoir rompus premièrement, comme en ia Figure 3.
- Q____ Abu
- Séparation qu‘on peut faire aux Fof-fez. pleins deau.
- Autres feparatiens qu on peut faire dedans ces Fojfez..
- Palijfades dans les Fojfez. commet doi-uent eftre.
- Autres palijfades.
- Autres fur le Corridor.
- Autre façon de pal'jfade.
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- Palijfadt apjeUçs F>étije,
- jdquoyeÜe fertr
- Cunete da$ le Fofsé plein d’eau.
- Fojfez, derrière les Rempars ne ftruent de rien.
- 120 De la Fortification reguliere.
- À la Ville de Creme, &C à Orfi nouo qui font dans FEftat des Vénitiens, outre cette forte de paliflade qui fe fait dans le Fofse, il y en a encor vne autre qu on appelle Fraife,laquelle eft faite de paux plantez fvn à demi pied de lautre, fur le milieu de la hauteur des faces des Dehors, comme on peut voir dans la Figure i. Mais cela ne peut fouir que contre vne furprife, non pas pour Fempefcher, ains pour ouyr Fennemy, & le defcouurir auant quil entre, &C luy faire perdre temps,lequel on gagne pour donner F alarme & venir à la defenfe. A vn fiege, cela ne peut pas iubfifter à vne mine, ou baterie, ou bien le Baftion ettant fàpé,fans quoy premièrement eftre fait, on n attaque iamais aucune Piece, C eftpour-quoy l’eftime qu’en cet endroit ils feruent pluftoft afin que les Soldats ou autres nepuiflent fortirde nuiât de la Place, ce qu’autrement feroit tref. aisé, les Battions eftans de terre auec leur grand talu, & les Foftez fées, comme ils font au lieu deuant nommé,
- Fay veu à Pefquiere que dans le Fofsé plein d?eau il y a vne Cunete, laquelle peut auoir io.pieds de large , &c fait tout le tour de la Place au milieu d’icduy Fofsé, ce qui fe voit facilement, à caufe quel’eau qui vient du lac de Garde eft tres-claire , de façon qu au trauers on voitfo fonds du Fofsé, & non pas de la Cunette, à caufe de fà profondeur : elle fot contre les mines, mais cecy ne peut eftre fait aux Places où Ton treu-ue tonfiours fable & terre parce que cette Cunete ettant fi profonde, les bords ne fe fouftiendroient pas : En ce lieu ceft pierre douce, laquelle eft fort commode à cet etted. Cette forte de Cunete eft fort remarquable, marquée 4.
- On propofa qir il fooit bon faire à Ligourne vn Fofsé tout autour au dedans de la Place contre les Rempars, parce que celaarrefteroit lenne-my faifant vn bon retranchement de la terre qu on en tireroit. Mais ce n eft autre chofe que redoubler la Fortification, ce qui fe fait en diminuant la Place, où au contraire faifant des dehors on Faugmenteroit,ou-£re que ces Fortifications ne feruiroient de rien : car les ennemis eftans dans la campagne, de là on ne fçauroit les voir ;, eftans fur les Rempars bien peu: car les Rempars commanderoient fur ces Fortifications, ou il faudroit les efleuer excefliuement fi l’on vouloir qu elles commandât fent aux Rempars : Ceft pourquoy 1 eftime cette forte de Foffez im utiles.
- Pour plus claire intelligence , i ay mis chaque piece des paliffades à part dans la Figure *, le nombre monftre en quel lieu chacune doit eftre appliquée.
- TRANCHE XVII
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- Liure I. Partie IL
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- <DES FAVSSEBRATES.
- Chapitre XXXVIII.
- O v s pouuions mettre icy deuant le Difcours des FoC-1 fez, d autant que les Fauffebrayes font toufiours plus proches des murailles que les Foffez :mais parce quon les fait dans lesFoffez,ilma femblé eftreneceffaire d’en ; parler premièrement, puifque ce font eux qui les contiennent.
- Auant que l'Artillerie fuft en vfage, on fe feruoit des Fauffebrayes pour refifter aux Beliers ÔC Catapultes, & lors on faifoit double muraille-, celle de deuant eftoit plus baffe,quon appelloit Fauffebraye, comme en la Plâche 18,Figure i. De cçtte forte on en voit en plufieurs lieux,comme tout autour de la Ville d’Arles, à S.Antonin, que le Roy afiiegea 6C prit. Cette forte dç Fauffebraye ne vaut plus rien, n’eftant pas capable de refifter au Canon. Du temps des Romains on rempliffoit de terre ce qui eftoit entre la muraille ÔC la Fauffebraye pour refifter au Belier 8C autres Machines : maintenant on les fait d’vne autre façon, & d’autre matière.
- Le lieu où doiuent eftre les Fauffebrayes eft contre les murailles, çfloi-gnêes d’icelles de 8.ou io.pas,pour les raïfons qui feront apres dites.
- Pour les faire, on laiffcra à cette diftance Sc tout autour des murailles vne terrace, &c fur icelle on eflêüera vn Parapet au deffus,de fix pieds de hauteur, lequel foit au niueau de la campagne, félon l’opinion d’aucuns &C la meilleure. D’autres le font fort bas -, de façon que le plan de la Fauffebraye foit le mefine que le plan,ou fonds du fofsé : ce que ie n’aprouuç point, parce que l’ennemy eftant logé dans le fofsé, la moindre trauerfe qu’il efleue, couurira &£ empefchera l’vfage de la Fauffebraye. Par apres les bateries quil fera fur la Çontrcfcarpe commanderont, &c defcouuri-ront beaucoup dans icelles eftant plus hautes. On cuite ces defauts, &C on a l’aduantage de commander dans les galeries, coffres, & autres de-fenfes qubn peut faire dans le fofsé. Pour moy ie voudrois faire cette, différence ,c’eft qu’aux foffez pleins d’eauje plan de la Fauffebraye feroit çfleué 3,ou 4.pieds plus haut que l’eau : aux foffez fecs le plan de la Fauffebraye feroit 8.ou 10. pieds par deffus celuy du fofsé, fans comprendre le Parapet d’icelles de fix pieds de hauteur : dans cette médiocrité on euite-roit les inconueniens qui arriuent aux baffes. Et ce qubn pourroit dire,
- Fauffebrayes anti* ques.
- Le lieu ou doiuent eftre les Fauffe-brayes.
- Comme on doit faire Itf Fauffebrayes.
- rapet d>C cette terrace eft ce qubn appelle proprement Faüffebraye, laquelle doit aller iufques contre la muraille, de façon qu’entre icelle &c lç Parapet foit l’efpace que nous auons dit franc pour loger les Soldats. Cç Parapet doit eftre de 15.OU to.pieds d’efpeffeur, afin qu’il refift® au Canon. Mais parce que cecy eftant plus bas, ou efgal à la hauteur de la campagne , peut eftre veu au long, & enfilé des trauaux qui pourroient eftre faits fur la Contrefcarpe, principalement tout le long des faces des Battions , ainfî qu’vn chacun peut iuger confiderant le deffein. Il eft neceffaire de hauffer vn peu plus les Parapets vers les pointes des Baftions
- 0^3 à n.
- Effeffottr du Ta-rapet des Faujfe-brayes.
- Pour empéfcher les Fauffebrayes d’eftre enfilées.
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- Faujfebrayes ne dsi-aent tftre trop proches des murailles.
- Comparaifon des Fauffebrayes auee les Dehors.
- Commoditez, des Faujfebrayes.
- 124 De la Fortification reguliere,
- à u. ou 15. pas d’icelles de chaque collé, afin qu’ils coiiurent les FaulTe-brayes, comme en la Figure marquée 6. de la Planche iS. Et pour augmenter dâuantage la defenfe, on fait fur le milieu de la Courtine,vne petite piece en forme de Baftion. De cette façon de FaulTebraye i’en ay veu à Ligourne,Place neufue & forte, port de mer que le Duc de Florence a fait baflir,laquelle outre la Fortification qui eft tres-belle,ell enuirônée de ces FaulTebrayes, comme la Figure 7.monftre. On pourroit dire contre cette façon de FaulTebrayes, auec cette pointe au milieu que le folsé eft trop ellroit en ce lieu : mais on relpondque c’ell vis à vis du milieu de la Courtine, qui ell la partie qu’on n’attaque iamais ; outre qu’on peut faire les Contrefcarpes en la mefme façon, &c les foffez aulli larges, les fai-fant en pointe comme la FaulTebraye : toutesfois pour moy i’ellime que cette piece au milieu de la Courtine de la FaulTebraye n’ell point necefc faire, principalement lors que les defenlès font de iufte longueur.
- En ce lieu les FaulTebrayes font fort proches de la Place, qui ell vne incommodité remarquable *, car les FaulTebrayes ne doiuent iamais ellre fi proches de la muraille, parce qu ellant batue,les Soldats ne pourroient demeurer dans ces Fauffèbrayes, à caufe du dommage qu’ils receuroient des efclats des pierres, & de la ruine qui les contraindrait de les abandonner. C’ell pourquoy lors qu’on veut faire de la delpence,il vaut mieux qu’on la falfe au dehors qu’aux FaulTebrayes,fi ce n’ell qu’on voulnll faire tous les deux,comme on peut voir par la comparaifon de l’vn à l’autre.
- Si TalTaillant force ces FaulTebrayes, ceux de dedans rie peuuent pas beaucoup luy nuire,à caufe quelles font trop proches de la Place -, ce qui n’arriue pas aux Dehors, lelquels ellans beaucoup plus elloignez font, mieux veus de ceux de la Pace, qui y peuuent tirer facilement i’ennerr y y ellant logé. On peut aulïi miner les Dehors,& faire iouer la mine lors qu’il fera dedans. Mais aux FaulTebrayes il ell dangereux que la ruine ne nuilè autant à ceux de dedans, qu’à çeux de dehors, &c que l’elbranle-ment de la mine ne falfe grand dommage aux murailles,en ellans fi proches. En fin pour gagner ce trauail,Tennemy n’a pas à fan e deux efforts ou attaques differentes, parce que s’il fait la brefche à coups de Canon, il n’y a point de doute que les efclats n empefchent J’vfage de la FaufTe-braye, &c la ruine comblera cet entre-deux, & fera montée plus facile. S’il veut entrer par mine, encor mieux *, car d’autant que la ruine en ell plus grande que celle du Canon, aulïi corpblera t’ede d’auantage,
- Ce font les incommoditez qui peuuent arriuer aux Faulïèbrayes, lef-quelles toutefois on ne doit pas reprouuer,puilque plilfieurs perfcnnes de grande ellime les mettent aux Places fortifiées. Encor quellesTbient fujettes à ces defauts,ce n’ell pas à dire quelles ne puîlfent feruir à plu-lieurs autres vfages, &les rendre bonnes accommodant ces manque-mens. Car ellant balTes, malaisément peuuent-elles ellre rompues par Je Canon ; & lors que Tennemy <£ veut loger fur la Contrefcarpe, on le molelte fort, &c Ton defend mieux le fofsé, parce qu elles s’approchent plus du fonds d’iceluy que les murailles, lelquelles difficilement le peuuent defendre, à caufe de leur eminence. Bien que Tennemy par la mine ou brefche réde inutile la FaulTebraye à l’endroit par lequel il veut entrer, malaisément rompra-fü la partie de la FaulTebraye qui le flanque;
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- Liure I. Partie II. 12$
- bref ce fbntdefenfes redoublées qui rendent la Place plus forte. Toutes- oàiesFauphayes fois i’eftime que ces Fauflebrayes font plus necelTaires aux foflez pleins fomPltisneceJfams-d eau qu’aux fecs, parce qu a ceux-cy on peut empefoher la trauerfe par piufieurs autres moyens : mais aux pleins deau on ne peut 1 empefeher qu en tirant de ces Fauflebrayes, lefquelles tiennent lieu de fofsé fec. Au tofsé fec on peut faire des defenfes nouuelles felon foccafion *, au plein d eau il faut qu elles foient preftes de longue main. Elles font aufli plus vtiles aux Places de terre, qu a celles qui font reueftuës de muraille,d’autant que les efclats d’icelles endommagent ceux qui fe tiennent dedans.
- Pour dire mon opinion ie treuue quelles font bonnes partout, mais il faut les accommoder felon la nature du lieu.
- Or pour les fa^ire meilleures, il lèroit bon les efloigner d’auantage do Ce qui les rend la muraille lors due la Place eft reueftue , &C ainfi on euitera les incom- rmlleHres-moditez deflùs alléguées : il eft vray qu’il faudra faire vn plus grand circuit. Aux Places de terre on les fera plus proches *, c eft à dire, qu’il y ait vingt pieds de place franche depuis le Parapet iufques à la muraille.
- Aucuns font les Fauflebrayes feulement au long de la Courtine auec Aucunes fortes de deux auances : celles-cy feruiront fort bien pour defendre le Baftion,ti- FmIfeh^s. rant de ces deux flancs ou pointes, lefquelles on commencera à lendroit où correipond la face du Baftion prolongée. Par ainfi on pourra de cet endroit rafer la face du Baftion , ce qu’aucuns eftiment neceflaire : cecy fe void en la Figure 5. où l’on remarquera que l’vnede ces auances marquées A, regarde plus à plomb le Baftion opposé B : mais ainfi ne fert de rien, à caufe que lautre partie L de la Fauflebraye ne peut pas flanquer , ou defcouurir la face du Baftion 13 c’eft pourquoy la precedente eft meilleure.
- Celles qui font Amplement eftendues au long de laCourtine, comme les marquées u font les plus mauuaifes.
- D’autres les font au deflous du flanc , & encor tout au long de la, fi** & Courtine, comme la Figure 3. Il me femble que ceux-cy ont plus de^ au^ r*yes' raifon , parce qu’au long de la face du Baftion elles font prefques inutiles , principalement aux foflez fecs *, d’autant que de là on ne peut tirer qu’au deuant contre la Contrefcarpe : des autres lieux, comme du flanc on flanque les faces du Baftion , mefmes de la Courtine lors que la de-fenfe commence'dans iceüe : par apres la face du Baftion eft la partie, qu’on bat d’ordinaire. C’eft pourquoy les Fauflebrayes qui feront au deflous ne pourront feruir de rien en cet endroit que pour arrefter la ruine , &C faire plus facile montée, &c rendent le fofse plus eftroit à lendroit où il doit eftre plus large. Il me femble qu’il feroit meilleur qu’au lieu 4um forte de de faire les Fauflebrayes parallèles au flanc du Baftion, on les fift en an- FauJfebra)’es-gle, prenant depuis l’extremité du flanc iufques à if. ou 20. pas dans la,
- Courtinejdu refte des parallèles à icelle, parce qu’eftans de cette façon en viennent deux commoditez -, lvne que les coups tirez de là vont plus à plomb, ou font moins obliques contre les faces des Baftions : par apres cette eftendue qui flanque eft plus longue qu’autrement 3 c’eft pourquoy elles font meilleures que toutes les autres, comme on voit en la Figure 3. où la Fauflebraye faite comme C me femble meilleure que faite comme D, ou E, pour les raifons fufdites.
- Pour
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- Pour èrnpefhir les efeUts,
- Hauteur des Pa~ rapets des Fattffe-brayes,
- Les FauJfebŸctyes & Dehors rendent parfaite1 vne Place fortifiée.
- 126 De la Fortification reguîiere.
- Pour empefcher que les Soldats qui feront dans la Fauffebmye ne foient offcnlez des efclats, on fera vne couuerture de planches contre la muraille, qui aille en penchant vers icelle en forme d auuent, moins haute toutesfois que les Parapets des FaufTebrayes , 8c ouuerte du çofté de la muraille * afin que la ruine roulant par deüus, torribe dans vn fofsé qui fera au deflous au pied de la muraille,comme il fe voit en la Figure 4.
- Aux Faufïebrayes qui font plus baffes, ou au niueau de la campagne, ainfi qu elles doiuent effare toutes, il eft neceffaire faire le Parapet haut de fix pieds, voire dauantage félon qu’elles font baffes : Et afin que les Soldats puiffent tirer il y faudra faire la Banqueté marquée G au Porfil 8. on laiffe auffi vn relais marqué F au deuant de la Fauflébraye, appelle Barbe , afin que la terre ne s’auale*
- Plufieurs font les contre-mines dans les FaufTebrayes , creufànt des puits fort profonds à 15. ou 10. pas Tvn de lautrà, parce que les faifànt dans là muraille, elles TafibiblifTent. Lors quil y aura des Dehors,il faudra les faire autre part, comme nous dirons au traittéde la Defenfe.
- Pour conclufion , ie dis que les FaufTebrayes font tres-bonnes à vne Place ; mais qui voudroit faire ou les Faufïebrayes, ou les Dehors feulement , i aimerois mieux faire des Dehors pour les raifons que nous auons dites 8C dirons apres. Tous deux enfemble rendront la Place parfaite, comme on peut voir à Coëuorden, la principale Place pour la Fortification,8c la mieux faite de toutes celles qui font dans les Eftats d'Hollande\ elle a FaufTebrayes 8c Dehors faits auec toutes les confiderations requi-fes. A Ligourne il y a FaufTebrayes, mais les Dehors ne font pas encor faits, parce qu en temps d occafion on les peut facilement 8c promptement efleuer : en temps de paix on n’en a pas affaire, & fe gaftent en peu d années, eftans toufiours faits de terre. Les Porfils marquez 8. & % qui font dans la Figure monftrent les diuerfes hauteurs & fituations des FaufTebrayes.
- TL ANC UE XVIIL
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- Liure I. Partie II.
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- DES CO N TR ESCARPES.
- Chapitre XXXIX
- A hauteur des Contrefcarpes ne fe détermine que par Hauteur des coula profondeur du fofsé : Mais ainfi que leur matière, trefiarPes-ou terrain fe treuue différant, aulfi les faut-il faire di-uerfement : aucunes doiuent eftre reueftues , d autres non : lors que les foffez font entaillez dans le roc il ne les Cotrefcarpes de roc faut pas reueftir, parce qu elles fe maintiennent en eftat Ï°nt les mcülmr65‘ d’elles-mefmes : Celles-cy font meilleures que les autres, à caufe de la, difficulté qu il y a de faire les tranchées pour en approcher, & de les ou-urir pour entrer dans le fofsé.
- Celles qui font de terre doiuent eftre reueftues de murailles, com- Si les Contrefcarpes me on peut voir en la Citadelle de Milan. Bien qu’aucuns reprou- reMm
- lient cereueftement, parce qu’ils difent que Pennemy eftant iufques m' aux Contrefcarpes, il pourroit fe feruir de ces murailles pour Parapet, des logemens & galeries qu’il feroit par deffous terre au long d’icelles , auec les Canonnières qu’il perceroit dans cette muraille, d’où tirant il endommageroit grandement ceux qui paroiftroient dans le fofsé, comme on voit en la Figure 6. Planche 19. Pour euiter cet accident, Murailles fekks ils font d’auis de faire cette muraille de Briques, ou de pierres fans mor- cZrefa^s /w tier : Et par ce moyen fi Pennemy vouloit s’en feruir, le Canon de la.
- Place donnant dedans feroit grand dommage par les efelats. De cette forte de reueftement ie ne fçache point en y auoir en aucun lieu -, & i’e-ftime que cette muraille fans ciment ne feroit pas affez forte, Sc fi la, terre ne fe fouftient d’elle mefme, elle ne la fouftiendra pas. C’eft pour-quoy quand bien il n’y en aura point, la terre fe maintiendra auffi bien, que s’il y en auoit : Car il y a bien de différence de cette terre qui eft raffife naturellement à celle des Rempars, laquelle eftant beaucoup plus haute &C remuée ne fe peut fouftenir qu’arreftée de la muraille , ou auec grand talu. Quant aux efelats , s’il faut reueftir la Contrefcar-pc pour y mettrd du mortier, le Canon donnant dedans ne laiffera, pas de faire autant d’efclats que dans la muraille feiche , pourueu qu’on ne la faffe pas fiiperfluement efpeffè. Si la terre n’eft pas bonne , il faudra neceffairement reueftir la Contrefearpe , à caufe du grand talu quelle feroit, facile à defeendre&cmonter, ce qu’il faut, euiter.
- Aux foffez fecs il faut que les Contrefcarpes reueftues ou non, Oudoiuemeftre re-foient taillées auec tel talu qu’on ne puiffe pas monter que par les lieux ]f™ssUs Cmtn^ deftinez *, afin que l’affaillant pourfuiuant a vne retraite de fortie, s’il entre dans le fofsé il n’en puiffe pas refortir : toutesfois elles ne doiuent pas eftre coupées à plomb , & faut qu’il y ait talu conuenable, Leur talu. afin queja terre fe fouftienne, que du Corridor on fe puiffe commodément couler dedans, tant pour receuoir le fecours, que pour faire les retraites.
- R 1
- II
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- Leurs montées,
- Forme des Contref-carpes,
- Bricoles ne fé peu-faire a toutes Con-trefcarpes, & font de peu d’vfage.
- Pourquoy on les tourne en rond.
- Mauuaife façon de Çontrefùtrpcs.
- 130 De la Fortification régulière,
- Il faut faire les montées marquées 6. en la Flanche 19 aux endroits où font les Dehors * comme au milieu des Conrrdcarpes qm correlpon-dent aux Courtines -, 6C vis à vis des pointes des Battions, cù ïi y doit, auoir place pour s’affembler à couuert auant que taire les ferries. Lors que le fofsé eft fcc , de quil y a de la Caualene dans Ja Place , il faut, que les Cheuaux puiffent monter par ces endroits , afin qua faute de pouuoir fcrtir, elle ne demeure pas inutile, comme on void en la Figure 2.
- Quant à la forme des Contrefcarpes, aucuns font d’auis de les tourner en rond vers la pointe du Baftion , comme la Figure 4. pour pou-tioir cirer du flanc en bricole à ceux qui auroient fait vne trauerfe à i autre face du Baftion qu on ne peut voir j Et cecy doit eftre fait feulement aux Contrefcarpes reueftues de forte muraille, ou qui font taillées dans le roc : car dans celles de terre, au lieu de bricoler, la baie entrerait dedans. Cecy ne peut eftre non plus fait aux Places de peu de Battions, à caufe que les Contrefcarpes font vn angle trop peu ouuert à leur de-ftour pour faire bricole : car l’autre face de la Contrefcarpe eft prefque opposée en angles droits aux tirs qui viennent des flancs : comme fi du flanc 3.on tire contre la Contrefcarpe 4 bien que tournée en rond,le coup ne bricolera pas, à caufe qu’il eft en angle droit. C’eft pourquoy cecy ne vaut rien qu’aux Places de plufîeurs Battions , où les Contrefcarpes à leur rencontre font vn angle fort obtus, capable de faire bricole-,comme au flanc 5. contre la Contrefcarpe 16.7. de la mefme Planche 19. Et là où elle le fera, elle ne fera aucunement affleurée ne fçaehant où l?on tire *, car bien fouuent voyant on ne rencontre pas,
- La raifbn meilleure pourquoy on les fait en rond, c’eft afin de ne-ftendre pas fî loin cette pointe fans necefïïté, qui a beaucoup meilleure grâce airifi tournée en rond, dclc fofsé a par tout fa largeur S Qjrigale, de par ainfî il y a plus d’elpace pour les Dehors, de pour les places des chemins couuerts qu on fait en ces endroits, & pour y faire vn corps de garde à Tendrait 4.aans lequel on peut s’affembler auant que faire les ferries. Si on ne veut pas les tourner en rond, on coupe cette pointe par* deux lignes droites, ainfî qu’on voit en la Figure 10. de en la pluspart des deffeins.
- Erard apporte vne forte d’inuention de tracer les Contrefcarpes, qu’il dit auoir apprife du Comte de Linar, bonne pour couurir les flancs. U tire vne ligne de la pointe du Baftion au rencontre du Flanc auec la. Courtine *, de ainfî de l’autre Baftion de du poindt du rencontre de ces deux lignes on fait les Contrefcarpes parallèles aux faces des Battions, comme on voit en la Figure où font les lettres, où du flanc A à la pointe du Baftion C on mene la ligne AC*, ôcdupoinâ: G aupoinét D la ligne G D, de du rencontre B on tire les Contrefcarpes B E, B F, parallèles aux faces des Battions CH, DI. Mais il faut remarquer que cette forte de Contrefcarpes ne peut eftre appropriée qu’aux endroits où la defenfe commence auant dans la Courtine, à la moitié, ou enuiron, autrement le fofsé ferait trep eftroit -, de aux Places qui prennent la de-fenfe feulement du flanc, il n’y aurait point de rafsé: c’eft pourquoy à
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- Liure I. Partie IL 131
- fa mode de fortifier , bien qu’il l’apporte , elle ne vaudroic rien, &C aux Ses défauts. autres ic la treuue plus pernicieufe qu’vtile ; d autant que par ce moyens quali toute la Contrefcarpe demeure fans ellre veuë ni défendue aucunement des flancs, comme on peut voir en la Figure où la Contrefcarpe BE ne reçoit aucune defenfe du flanc AI, ni d’autre part qu’em face;ce qui n’eft pas proprement defenfe, à caufe qu’on n’y peut tirer que bien difficilement, eftans fi proches & fi haut efleuez par defïus icelle. Le mefme fe voit en la Contrefcarpe B F, & ainfi de toutes les autres Contrefcarpes qui font autour de la Place. Outre cela il eft grandement confiderable que l’ennemy ayant fait la trauerfe L M vers la, pointe du Baftion, le flanc opposé rien pourra voir que la petite partie L O. Or le flanc eft fait pour l’empefcher àC rompre : donc on luy oftera fon principal vfàge, &c le rendra inutile, ce que tous iugeront très-défectueux ; outre que le fofsépar ce moyen deuient beaucoup plus eftroit, vers le milieu de la Courtine. Dauantage cela ne peut couurir les flancs, qu’on fait prefques toufiours fi hauts, que d’iceux on puiffe, rafer la campagne ; & par mefme raifon de la campagne on pourra rafer les flancs-, la Contrefcarpe par ce moyen ne le pourra donc pas couurir.
- Il vaut mieux les faire ainfi que i ay veu eftre pratiqué ordinaire- Contrefcarpes pour ment, comme on vofd en la Figure 8. On tire de lextremité du flanc fre b'nng>comme N, la ligne N Q parallèle à la face du Baftion R S ; &C de cette fa- °mme re mes' çon font les foffez de toutes les Places de la Zelande, & de toutes celles qui font marefcageufes, comme Fleffingues, Guillemftat, Breda,
- & autres ; &par ainfi les foffez font grandement larges aux Places qui ont plus de fix Battions ; car à celles de moins ils font plus eftroits.
- Si l’on veut qu’ils foient moins larges, on tirera cette ligne du milieu du flanc , comme le fofsé TV delà moitié du flanc X. Et lors quo le flanc fera couuert d’Orillon , fùifira que les Contrefcarpes foient, veuës du flanc couuert, cecy dépend particulièrement du nombre des Battions de la Figure : Car aux Places de moins de huid Battions, fai-fant tes foffez de vingteinq ou trente pas de large parallèles aux faces des Battions, ils feront veus des flancs ; ce qui ne feroit pas à celles qui en ont dauatitage ; & tant plus on va en croiffant le nombre des Battions, tant moins les foffez font veus des flancs, les Contrefcarpes eftans parallèles aux faces, comme nous auons dit ; Ô£ au contraire tant moins il y a de Battions, tant plus les flancs les voyent. A quoy on prendra bien garde que les Contrefcarpes foient veuës de la principale partie du flanc. Tout cecy fe doit entendre des Places qui commencent la defenfe dans la Courtine autant quil fepeut, demeurans les Battions angles droits.
- On pourra obferuer cette façon, &C faire les foffez aux Places de plus Autres façons de de hui<5t Battions, au lieu de mener de lextremité du flanc les Contref- ContrefcarPes-carpes parallèles aux faces des Battions, on donnera aux foffez vers les pointes des Battions 15.0113o.pas de large, allans correfpondre à la moitié du flanc ; 5^ par ainfi toute la Contrefcarpe & tout le Corridor fera veu du flanc.
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- Autre façon.
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- En plufieurs Contrefcarpes on retranche la pointe >î< E par vne ligne droite Y Z, prenant de chaque cofté la diftance ^ Z, ^ Y,de douze, ou quinze pas *, ce qui eft fans commodité aucune, & diminue d autant la Place ou Demi-lune qu’on fait au Corridor en cet endroit. Il eft ainlï retranché à Leyde,& encor bien plus j car il commence aux points de la Contrefcarpe v v, qui correfpondent aux extremitez des Flancs =a w : mais on ne prendra pas ce lieu pour exemple, car il eft peu fortifié.
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- Liure I. Partie IL
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- DF CORRIDOR, ET DE L’ESPLANADE.
- Chapitre XL.
- E chemin doit eftre fait à toutes fortes de Places fur la, Contrefcarpe, dans laquelle on creufe à moitié ce chemin , & l'autre moitié on lehaufïè de la terrequon en tire. Ce chemin couuert, ou Corridor eft la premiers defenfe qu'on fait apres le fofsé pour defendre la campagne. 11 doit eftre large de 5.0U 6.pas, haut, de façon, qu’il puilfe couunr [infanterie, & la Caualerie aux Places où il y en aura. Étlorsil faut faire vn ou deux degrez,afin que les gens depied puilfent, tirer par delfus. Ce chemin tient lieu de fofsé fec lors que l'autre eft plein d’eau. Dans ce chemin couuert on fait diuerfes fortes de defenfes pour flanquer tout le long de la campagne, &c pour y faire des corps de garde, & places où l'on doit s’alfembler auant que faire les forties. Ces defenfes fo font en conduisant &C creufant le Corridor en pointe fur le milieu des Contrefcarpes, qui correfpond au milieu de la Courtine, & aux pointes des Baftions on fait d’autres pointes, comme on voit aux Figures de la. Planche 2.o.Le Corridor fait de cette façon eft beaucoup plus auantageux que lors qu’il eft tout droit parallèle au fofsé : car par ce moyen la câpagne eft flâquée,8c Ton ne peut s’approcher de la Côtrefcarpe fans auoir gagné ces auances:& les Moufquetaires eftans ainfi bas rafent & font beaucoup plus de dommage que ceux qui tirent d’enhaut. La plus belle façon de Corridor que i aye veué eft à Ligourne, laquelle 1ay mis en la Figure 1.
- S’il y a quelque endroit dans la campagne qui commande dans ce chemin couuert, aucuns tiennent qu'il le faut faire àredens en la façon marquée 3.afin que les Soldats qui feront dedans foient à couuert du commandement , &c le chemin couuert ne foit pas enfilé $ 8C quand l'ennemy lauroit pris il fera veu des flancs,delquels il feroit à couuert s’il y auoit des,, trauerfes,comme les marquées 4.mais ces redens ou trauerfesne doiuent eftre faites qu’en temps d’occàfion, parce qu elles fe gaftent bien toft,c5-me aufli tous les ouurages de terre qui ont petite maflè,ils fe fouftiennent fort peu.On ne peut aufli faire le Corridor à pointes,corne les marquées 6.
- Ce chemin fert pour faire les forties, ôcfauorifer les retraittes. On. s’alïemble là dedans pour fortir auec ordre & fè retirer fans confufion*, car ceux qui relient dedans font beaucoup de dommage à ceux qui les voudraient pourfuiure leur tirant incelïàmment.
- Apres le Corridor vers la campagne on met la terre qu’on tire d’ice-luy en le faifànt, laquelle haulfe deux pieds èC demy, ou tois pieds, ou d’auantage par delfus le plan de la campagne, outre ce qu’on le creufe au delfous j}lus ou moins, félon qu’on fait le Corridor profond, feruant de. Parapet a iceluy Corridor : mais il faut que cette hauteur fe perde infen-fiblement en defcendant vers la campagne à dix ou quinze pas de là,afin que de tous les Parapets,&C Defenfes qui font dans la Place on puilfe voir tout le long de ce penchant *, 8C cecy s’appelle l’Elplanade de la campagne , laquelle on a peu remarquer aux Pornls precedans.
- Aucuns font la pente de cette Elplanade de façon qu elle correfponde
- S iufte
- Comme doit eftre le Corridor.
- Defenfes dans le Corridor.
- me
- le Corridor ne foit enfilé.
- A quoy fert le Corridor.
- Parapet du Corridor y autrement Ef-planade.
- Pentes de l'Ejpla-nade.
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- tonné inuention
- fiïonceatlsi dè pierres nuifibks à l’pn-nemy.
- Se pemtent mettre dans lesfojfez
- O fier la terre de fEïflanade*
- Petit fofsé an delà dit Corridor.
- 136 De la Fortification reguliere.
- iuftement aux pentes quon donne aux efpeffeurs des Parapets de la Place , comme on peut voir au Porfil dans la Planche 14.
- Iay veu vne inuention,laquelle i’eftime très-bonne en la Citadelle de Breffe de l’Eftat des Vénitiens. C’eft que tout autour de la Citadelle ils ont ofté toute la terre qu ils ont peu, &C au lieu ils ont mis des cailloux & greffes pierres , ce qui apporte deux commoditez -,l’vne eft que I’affaih lant ne peut faire aucune tranchée eftant dénué de terre *, &; par confè-quent ne peut approcher la Place quauec grandiffime péril ou trauail d’aller cercher bien loin dequoy fe couurir. S’il vient à deîcouuertje Canon de ceux de la Place donnant là deffus fait vn grand rauage par le ref-faut qu il fait faire à ces pierres, dont les efclats tuent ou bleflènt tous ceux qui fe rencontrent autour. Ils conferuent fort foigneufement ces Efplanades *, mefmes il eft défendu fur groffes peines qu on n’ait à ietter aucunes de ces pierres hors de ce lieu,
- On peuts’enferuird’vneautre façon. On laiffe enplufîeurs endroits de la campagne des gros monceaux de pierres à la portée du Canon,cou-uerts d Vn peu de terre, ou gazon leger, afin que l’ennemy ne s en prenne garde > 5c lors qu’ils approchent autour de ces monceaux, on tire le Canon là deffus auec grande tuerie de tous ceux qui font aux enuironsj de cette façon on a mis en certains endroits hors de la Ville de Parme,du cofté qu?on la nouuellementfortifiée.
- Par fois on fait cette inuention dans le fofsé, &C bien quon ne puiffe pas la reïterer forment -, toutesfois la faifant bien à propos elle endommagera beaucoup. On remarquera que ç eft vn auantage du fofsé fec ; car cecy ne peut eftre fait dans celuy qui eft plein d’eau.
- Tout autour de Malte on a ofté le peu de terre qu’il y auoit jde façon qu’il ny a refté que là roche à plus dç cinq cens pas loin de la Place:ce qui eft vn vray moyen pour empefeher qu’on ne puiffe approcher que tres-difficilement. De mefme a-t’on tafené de faire à Palma- noua des Vénitiens, & y mettre des pierres au lieu de la terre.
- Ces pierres bien que très- bonnes ne peuuent eftre mifes par tout, à caufe qu’on ne fçauroit où mettre la terre qu on tireroit de la campagne. Aux deux Places que nous auons remarqué il y a bonne commodité de ce faire : à Malte,parce qu’il y a fort peu de terre,ô£ prefque point en d’aucuns endroits, où le rocher paroift, mefmes aucuns Battions font taillez dans le roc : à fautre il y a plus de terre,& plus de trauail.
- Il y en a qui veulent qu’au de!à du Corridor vers l’Efplanade on faffe vn petit fofsé, marqué 5. de 10. ou 15. pieds de large. Mais ce fofsé ne fert à autre chofe pour ceux de la Place, que pour empefeher que lenne-my ne puiffe rècognoiftre le grand fofsé, lequel s en peut aider auec plus grand auantage : car c eft autant de tranchée faite pour luy lors qu’il fera prochedelaContrefcarpe,oubienilfaudroitfaire a ce fofsé vnnouueau Corridor, & defenfe *, 6c ainfî ce feroit toufiours à recommencer. Pour moy ie n’ay iamais peu faire cette forte de fofsé en aucune Place, non pas mefmes aux Places lors qu elles eftoient afliegées, bien que du rçfte elles fuffent très bien fortifiées,
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- TRÔISIESME PARTIE
- DE LA FORTIFICATION
- irreguliere, & des Pièces qui l'e font au dehors de la Place*
- Chapitré XLL
- O v t ce qut nous auons dit cÿ deuânt a êfté polir mori-ftrer les parties de la Fortification , leurs grandeurs St mefures, leurs éommoditez &c incommoditez : mais ceft feulement lots qu’on battit vne Place à neuf*&C que le lieu ou Site permettent d’apporter toutes les cir-conftaiices requiïès à vne Fortification parfaite telle que nous âuons defcrite. Or parce qu’il artiue le plus fouuéttt que les Places eftans défia bafties à l’antique, elles rie peuuent feruir,.ni refifter à l’attaquequon fait en ce temps, il faut les raccommoder * feferuant le plus qu’il fe peut du vieux contour de la Place; Par fois aux Places qui ont elle fortifiées depuis long temps, on y treuiie des defauts qu’il faut reparer fins changer toute la Place. Aucuhesfois on battit des Places neufues en des lieux où l’incommodité cju Site ne permet pas qu’on y fafle ce qu’on voüdroit : alôirs il fè faut aider de certaines pièces, lefqueb les on approprie félon f opportunité du lieu, dès perfonnes, & du temps*, le tout dépendant princîpalemerlt du iugemént de l'Ingénieur : Car ceft én la Fortification irreguliere qu’il doit apporter beaucoup de confîdera-tion, &C employer fon efprit *, parce qu’il éft très* difficile de prefcriré dès réglés à ce qui eft tout à fait irreguliér, êc la grande diuerfité des lieux eft caufe qu’on né peut donner des maximes qui feruent pour tdiités les occurrences * & pour toits les Sites qui fe peuuent treuuer : Car tantoft il faut fortifier Vn lieu haut, tantoft vn bas *, dautresfois vn lieu large, ou efttoit *, dés fâcèS longues, d’autres courtes $ dés angles retirez, comme aufli des Uuancez,qui feront aigus, ou fort obtus* Bien fouuent au haut d’vn rocher, ou bien fût la pente * Ou àti bas , près de k met, près des ri-uieires, enuironnéz tout alentour des eaux coûtantes, oü mârèfcageufes, âupres, ou au deflous d’vn précipice. D’autres qui feront commandées d’vn ou dé plüfieurs lieux, de commaridemens, Ou beaucoup, ou peu eminens. Bref il y a mille autres fortes de Sites, lefquéls font encor d if-ferens entre eux par leur rrteflange, & parles accidens extérieurs qui s y treuuent 5 comme aufli le plus 6C le moinsi lés qualitez tant des liéuX mefmes comme des adiacéns, à quoy l’experience 8c leiugement dé l’Ingenieur doit plus féruir que toute autre régie-yceft en cecy principalement qu’on doit faire la guerre à f œil.
- Bien qu’én la Fortification irreguliere il y ait de fi grandes dîuérfitez: toutesfois pour ne laifler en arriéré cette partie, laquelle véritablement
- S 3 eft
- Oh font faites les Places irregulieres.
- On ne petit donner réglés precifes pour ces Fortifications,
- Diuerfité de lîeut h fortifier.
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- 140 De la Fortification reguliere,
- eft la plus neceffaire, d autant que rarement on fait des Places neufues, &c tout à fait regulieres *, 8c bien fouuent on en fortifie de celles qui ont efté défia faites : nous donnerons des réglés 8c des moyens pour fortifier plufieurs fortes de lieux autant quil nous fera poflible j8c lors qu on en treuuera des differens de ceux que nous aurons donné , on prendra garde à ceux qui feront les plus femblables , 8c là delfus on fe réglera, auec difcretion.
- î)efinition des irre- Au commencement de ce traitté nous auons donné la définition des guimes. Places regulieres 8c irregulieres, nous la répéterons icy encore vne fois.
- Les Places irregulieres font celles qui ont ou les coftez ou les angles in-efgaux, 8c les Baftions, ou pièces qui font fur iceux inefgales ou diflém-blables, 8c par confequent auffi la force inelgale.
- Angle Taillant, c’dt celuy qui s’auance en dehors de la Place.
- Angle rentrant, c’eft celuy qui entre dedans, 8c diminue la Place.
- Les définitions des parties ont efté dites en la reguliere ; les autres pièces s’entendront mieux par les defcriptions que nous donnerons apres, que par la définition,
- jQuels font ks b a- Il faut remarquer qu encor que la Place foit irreguliere, il y peut auoir
- fiom réguliers. par fQjs vn ou pjufieurs Baftions réguliers : Car tout ainfi quon appelles vne Place reguliere, à caüfe de l’efgalité Sc fymmetrie de fes membres, de mefme on peut appeller vn Baftion régulier, lors qu’il a toutes les parties requifes telles que nous les auons defcrites,efgales, 8c de mefine force entre elles : 8c au contraire ils feront irréguliers, lors qu’ils n’auront point cette elgalité SC proportion des parties.
- <sM A X 1 M E S.
- Matienspour la Outre celles que nous auons donné aux regulieres, qui feruent encor
- bonification inc- pCur ccjles_cy 3 Gn obferuera les fuiuantes.
- gu un‘ Les Places irregulieres,qui s’approchent plus des regulieres en la forme
- SC Fortification, font plus fortes que celles qui en font plus elloignées, confiderées non félon rafliète,mais feulement félon la Fortification.
- Les Places lés plus efleuées 8c les moins acceftibles, foit à caufe des empefchemens extérieurs, ou à caufe de leur forme, font les plus fortes.
- Les Places defouelles lennemy fe peut approcher plus près àcouucrt, font plus mauuaiîès que celles qui aefcouurent St commandent loin, dans la campagne.
- Les Places commandées font moins fortes que celles qui ne le font pas.
- Aux Places irregulieres on doit rendre la force efgale partout le plus qu’il fe peut.
- Les angles flanquez ne feront iamais moindres de 6o.degrez.
- CDES TIECES ^NECESSAIRES à la Fortification irreguliere.
- Chapitre X L I I.
- Pièces de la Fortifi cation irreguliere.
- Ê s pièces qui feruent à la Fortification irreguliere, & qui luy font proprement affectées, outre les Baftions qui font les principaux, Sc ceux qu’on doit faire plus qu'il fe peut,comme les-plus
- forts.
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- Liure I. Partie III. 141
- forts. Il y a les doubles Battions,les demi Battions, les Angles retirez,les Tenailles, les pointes de Battions coupées en tenailles, les Plateformes, les Redens, les T ours quarrées 8c rondes, les Rauelins, ou Pièces defta-chées, les Dehors,les Ouurages de Corne, les Contre-gardes,les Demi-lunes , les Retranchemens, &; autres Pièces, defquelles on doit fe feruir félon le befoin 1 occurrence du lieu, du temps, ôc de la commodité, de chacune defquelles nous parlerons en particulier, &c des lieux où on les doit approprier : Car de toutes ces Pièces, aucunes feront bonnes en vn lieu, qui feront inutiles à vn autre *, c eft pourquoy il faut fçauoir les choifir, & les adapter félon que la necettité le requiert.
- le diray en panant qu’aucuns tiennent que la Fortification irreguliere Pourquoy la reg»-eft plus forte que la reguliere, parce quecelle-cy eft attaquable efgale-ment par tout -, &c à l’irreguliere on eft comme alfeuré des lieux quelle, fera attaquée. Mais cette raifon eft abfurde, parce que la reguliere eft en cela plus parfaite d’eftre efgalement forte par tout *, & l’autre eft defaillante en ce qu’il y a toufiours aucuns lieux trop foibles qui la font mau-uaife, ataquable, &c prenable par iceux.
- TES T> O V B LE S BASTIONS.
- Chapitre XLIII.
- E s doubles Baftions peuuent eftre faits en diuers lieux, où douent efoe mais particulièrement à ceux qui vont en penchant, ou fa*sJesdoublesBa' qui font commandez. De cette forte on en peut voir à Malte, ainfi qu’ils font dans la Figure 3. Planche 21. Il y a trois Baftions l’vn plus haut que l’autre y fi toutesfois on doit appeller chacun d’iceux Baftions,ou bien vn Ba-ftion retranché en trois endroits^côme qu’on l’appelle,on en voit la formd
- On peut fe feruir de cette Piece lors qu’on veut fortifier fur le cofté Autres lieux oùih d’vne defcente, &c lors qu’au long de cette defcente il y a d’autres Ba- ?muent efirsfms-ftions, pourueu que le lieu (bit capable de les contenir, en failànt des nouueaux flancs, qui feront grands à proportion du lieu : par ainfi ce qui eft plus bas eft mieux défendu de ce qui eft au delfus, 8C couuert parles Parapets de ces retranchemens, ou Baftions redoublez.
- A Montauban du cofté où le Tefcon petite riuiere fe va rendre dans le Autres lieux. Tarn fleuue,toute la face de la Place qui regarde ce cofté n’eftoit fans autre defenfeque des vieilles murailles &c Tours à l’antique *, toutesfois le. terrain alloit fort en defcendant, & la montée eftoit allez difficile. Quelque mois auant le fiege ils s’auiferent qu’ils pourraient eftre attaquez de '
- ce cofté,&C que la riuiere du Tefcon,qui defoy eft fort petite,& en temps d’Efté eft quafi feche, ne pourroit pas empefcher que l’on n affaillit cet endroit *, c’eft pourquoy ils y firent trois grandes pièces deftachées,dont à celle du milieu qui correfpondoit à la porte,& vis à vis d’vn pont, ils en firent vn autre par defliis vn peu moindre, & encor au delfus vn retranchement , lefquelles trois Pièces eftoient de terre gralfe bien battue, entrelardée de briques. Pour en mieux cognoiftre la difpofition on verra la Figure 1.
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- 142, De la Fortification irréguliere,
- tfyget des dmbies Et de là on voit vn fécond vfage de ces pièces aux lieux où la defcen-Bétom, te en pront ; £t cette façon fortifier eft très-bonne, d autant que
- ces lieux ne peuuent eftre attaquez que par deuant y & par confequentil faut aller degré par degré eftant toufïours commandes, ce qui eft très-fafcheux pour laffaillant.
- Autres comoditez. Il fort aufli à ceux de la Place, parce que le lieu allant en penchant, ceux qui feroient à la defenfe vn peu efloignez du Parapet feroient à def. couuert de la campagne eftans plushauts qu iceux Parapets, à caufe du Site : Et faifànt ce redoublement de Parapets tous font à couuert, &; les defenfes font augmentées,
- Autres iteust oh on On pourra ’fè feruir encor de cette forte de fortifier aux lieux hauts,
- ks peut mettre* il n’y a quvne aduenuë: mais il faut remarquer que toufiours les Piè-
- ces qui font plus arriéré doiuent eftre plus hautes que celles qui font au deuant, autrement elles ne feruiroient de rien.
- Il y a plufîeurs lieux où Ton fait Defenfe fur Defenfe, & principalement à ceux qui font commandez, &; qui vont en penchant : mais parce que ce ne font pas des Battions, nous en traitterons en leur lieu.
- DES T OINTE S DES ‘BJSTIONS coupées.
- Chapitre X L I V*
- N coupe la pointe des Baftions lors qu’ils font faits fur vn Angle aigu, à caufe qu eftans dVne iufte grandeur, la pointe s’auanceroit exceftiuement, & feroit trop aigue ,d oùs’enfuiuroit que la ligne de defenfe feroit trop longue, le Baftion au relie eftant en deuë diftance de, 1 autre, à quoy on remedie coupant cette pointe, Si hu retirant en dedans *, de façon qu’au lieu d icelle on fait vn Angle retiré. Ainfi eft coupé le Baftion de la Rochelle, qui fait vn Angle de la Villes; à Graue qui eft aux Hollandois j à Charlemont au pais de Liege, Place très forte pour fon afliete s à Geneue du cofté de S.Pierre, il y a des Baftions coupez à peu près comme on voit en la Figure 4.8c x.de la mefme *Fourquôyonmpe Planche 11. Pour plus facile intelligence, on remarquera que s’ils euftent as pointes. âcheué ce Baftion, il faloit beaucoup alonger cette pointe, qui rieuft de rien forui, ains au contraire euft eu les defauts deuant alléguez, ou il faloit le faire fort petit : Mais en coupant cette pointe, 8c faifant l’Angle ne combien on doit retiré, tout eft flanqué à iufte portée. Nous ne difons point de combien couper ces pomtes, coupée cette pointe *,car cela ne fe peut déterminer,que voyant
- combien elle auanceroit autrement. O11 pourra la couper, de façon que ce qui refte foit vn corps alfez grand, & que les lignes de defènfe ne foient pas trop longues.
- Si on veiit on pourra faire les gorges plus grandes, &: dans l’Angîo retiré faire vne tenaille, mais la defpenfe çn fera vn peu plus grande.
- TLJNCHE XXL
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- Liure I. Partie I
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- DES DEMI B4STJ0N& Chapitre X L V»
- E s demi Battions (ont praétiqp^z d ordinaire qualî eit toutes les Places qui ne font partout à lenteur enuiron-nées de Battions, mais qui ont d’vn cotte vne riuiere,ou lac, au (quelles on né fçauroit faire en cet endroit vnj Baftion, comme P L N, ou parce qu’il viendroic trop aigu ; & la face PL qui feroit du cotte de la riuiere n’au-roit aucune defenfe , n y ayant point d autres Battions,ou parce que d’ordinaire le lieu ne permet pas de faire autre chofe, comme on voit dans la Càrtelle de la Planche zz. De cecy on en voit d’exemples alfez frequens, comme à Clerac, à Montauban, a la Ville neufue de Turin, & prefejue dans toutes les Places fortifiées qui font proches * ou pluftoft aboutillent auec quelque riuierei
- On lés appelle demi Battions, parce quils femblent eftre,coupez pai* le milieu * èc n’ont qu’vn flanc, bien que par fois ils foient quafi autti grands que les Battions.
- La plus part de ces demi Battions ont ce défaut, qu’ils font prelque toufiours Angle aigus * principalement ceux qui abouti fient auec les ri-uieres s parce que la Place eft comme vn demi cercle ; & la face qui fait le bord de la riuiere, & qui coupe le Baftion eft Comme le diamètre: C’eft pourqüoy l’Angle ett moindre qu’vn droit, outre cela il éft diminué parla face du Baftion, qui fait encor vri moindre Angle, Lafcr-me de ces demi Battions eft reprefentée en la Figure de la Planche il, en la Càrtelle. Soit la facë L B, au long de laquelle pafie la riuiere, B A fera la face du Baftion faite ainlï que nous auons dit aux Battions entiers, excepté quon n’y fait quVne demi gorge D A, qui doit ëftre vn peu plus grande que l’ordinaire, & vn Flanc A \ SC le refte qui s’en enfuit comme aux autres, lequel fera aigu *, parce que LB eftant le diamètre du cercle LOB J Angle LB I eft moindre qu’vn droita, èc encor moins LBA.
- Ï1 faut remarquer que lors qu’on fait ces demi Battions, la face L B doit eftre hors d’attaque, autrement il y faudrait faire quelque defenfe. Et l’on doit eftre aduerti qu’il ne futtit pas qu’il y ait en cèt endroit & au long de cette face vne riuiere y car fi le bordrieft rocher efcarpé, on ne laifie pas de battre la Placera riuiere entre deux,& aller à I’attàut auec des bateaux bien coüuerts. C’eft pourquoy il faudra accommoder ce defaut en T vne des deux façons fuiüantes : Si le Baftion n’eft pas trop aigu,comme s’il a par exemple plus de yo.degrez, on en retranchera vn peu} de façon que la face qui fera du cofté de k riuiere ëttant retirée en dedans fera vn flanc * &C receura defenfe d’iceluy, comme en la mefme Figure de la Càrtelle, foit l’Angle du demi Baftion A B G, 85,dégrez, duquel i en re-trancheray dix parla ligne BD*, de façon que l’Angle ABD refterade 75. Si ie fais la face B D de 4<î.pas, l’Angle B E D eftant droit,multipliant le Sinus de l’Angle DBG par DB, diuifant le produit par le Sinus total , ie treuuerây que le flanc t)E fera de S.pas : Que fi l’on veut que le flanc DE foit plus grand, comme par exemple de dix pas, demeurant
- T » k
- Oit doiuint efïrè faits les demi Ba-fiions
- Pourquoy on les àp« pelle derm BaJHortti
- Défauts dans kè derm Maffians.
- i iè.Propoff.
- Dtfenfes dament eftre faites aux mi B a fiions.
- Caièulpôür treuuer le Flâne de ces defenfes.
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- four treuuer ladi-r mimtion de i Angle des demi Battions.
- Où l’on fe fert des demi Battions.
- 146 De la Fortification irregu liere.
- le mefme Angle A B D, il faudra prolonger dauantage la face B D, & le flanc F G fera plus grand, comme nous auons demonftré autre part. Si Ton veut fçauoir combien il faut prolonger la face, on multipliera le Sinus total par le flanc F G, 10. St le produit on le diuifera par le Sinus de l’Angle FB G ,10. degrez, on treuuera 57.pas vn peu plus qu’il faudra faire la face F B,pour auoir le mefme Angle, St le flanc io.pas,
- Si Fondonnoit la quantité du flanc GF, ô£ la longueur de la face F B, St Ton demande de combien fera diminué F Angle G B A, on multipliera le flanc F G io.pas par le Sinus total, St diuifera le produit par le cofté BF,57.onaura l’Angle FB G 10. degrez. Cecy n’efl pas calculé fî précisément *, iay obmis les fractions pour faire plus court -, qui voudra auec cette méthode le pourra calculer au iufte, mais cette exactitude ne fert, de rien : nous auons expliqué cecy en tant de façons, parce qu’il peut fer-uir au calcul de plufîeurs autres chofes.
- Cette forte de demi Battions eftaufli particulièrement affeCtée aux tenailles, lefquelles ils fuiuent toufîours, comme nous déclarerons apres.
- On s?en fert aufli aux Places qui ont Citadelle, aufquelles d’ordinaire on fait feruir ou la face d’vn des Battions d’icelle, ou la Courtine pour defenfè à la face du demi Baftion de la Ville qui y aboutit, qui n’a point, de flanc de ce cofté *> c’eft pourquoy on l’appelle demi Baftion , lequel toutesfois nelaiffe pasd’eftre auffi grand,ou plus,comme on peut voft quafî en tous lieux oui il y a Citadelle, St en laperfpeCtiue delà Figure, où des deux demi Battions qui abputiflent auec la Citadelle font trçs-grands.
- PLANCHE XX U
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- Liure I Partie III. 149
- DÈS TENAILLES ET ANGLES RETIREZ.
- Chapitre X L V ï.
- de l’autre, Sc malaisément peut-on faire des tranchées pour approcher Tvn ou l’autre cofté fans eftre enfilées -.toutesfois parce qu’ils ont d’autres defauts on les accommode &C fortifie*
- Aucuns ont eftimé qu’il eftoit mieux de fortifier vne Place pat Angles retirez,que faire des Battions, ce qui n’eft pas \ parce qu’ils ont toufiours plufieurs incommoditez:car là où il y a des Angles retirez,il faut neceffai-rement qu’il y etl ait d’auàncez,ou faillans,quiTbnt le plus fouüent aigus* difficiles à fortifier, Sc foibles pour les retranchemens* Si ces Angles retirez fontobtüs, leurscoftèzne fe peuuent pas biendefendreTvnfautre* à caufe de l’obliquité du lieu, qui' empefche de pouuoir tirer par deffus les Parapets qui iont de iufte efpeffeur *, 8c les Angles flanquans font auffi neceffairement obtus,pourtant defaillansJa Place fe diminue fort,à caufe du rentrement de ces Angles, & lors que l’ennemy eft proche de l’Angle retiré on ne fçauroit luy nuire* C’eft pourquoy lors qu’on dit les Angles retirez eftre forts, on entend feulement de cette partie comprife entre les deux collez, qui font l’Angle, &; non pas de ce qui s’en enfuit, comme les demi Battions, ou pointes qui font faites apres * lefquelles font plus foibles *, d’où s’enfuit que la force eft tres-inefgale, ce qui eft contre les maximes de fortifier. C’eft pourquoy on ne fera ces Angles que lors qu’on y eft forcé, & qu’on ne peut faire autrement $ comme pour accommoder quelque lieu defe£tueux de la Place,on ne fera pas des Angles retirez *, au contraire il vaut mieux s’auancer,& gagner terrain,que de s’enfoncer en dedans,& diminuer la Place. On laine ces Angles lors qu’on les treuue faits,ne les pouuant accommoder fans grands frais à caufe du Site,
- En cette façon eft fortifié Lyon du cofté d*Ainay,& tout ce qui regarde le Rhofne au cofté de S.Clair en Angles faillans & rentrans,& tant les vns que les autres font obtus,6c ont leurs corps fort grands : Mais i’ay remarqué qu’on tfre fort obliquement, pour d’vne face pouuoir defendre l’autre •,& tant plus on eft efloignéde l’Angle, tant plus il eft malaisé de tirer contre l’autre face, comme en la Figure 5.de la Planche 2,3. où l’Angle O RT eftant obtus,O ST le fera encor plusa, ôc par confequent OTS b fera plus aigu, ou plus oblique que O S R, & ainfî des autres qui feront plus obliques tant plus ils s’efloigneront de l’Angle O RT : Pour les rendre meilleurs il y faudroit faire des Plate formes, mais elles ne font pas necettaires en ce lieu, à caufe que le Rhofne qui patte tout proche fortifie affez ce quartier.
- Pour faire ces Angles plus forts, on fait læTenaille comme en la Figure 3.enfonçant E B, E A,8.ou dix pas,& efleuant les flancs B C, A D perpendiculaires fur A E,Ë E,qui feront couuerts par les Orillons FG, qu’on . pourra tourner en rond fi l’on veut : on fera les Places baffes les Mer-Ions , comme nous auons dit aux regulieres v on y pourra faire aufli des Places hautes. Cecy ne change aucunement l’Angle retiré, mais le rend
- beaucoup
- Oh conjîfte la force des Angles retirez»
- Défaut* dès Jngliï retire
- Angles retirez, ne feront faits quête necejfité.
- Fortifications de Lyon du cofié à3Ai* nay.
- Defauts des Angles retitrans obtus.
- a 16.Pr0pof.ii b 31 .Propof.%.
- Four fortifier les Angles rentrant
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- 150 Delà Fortification régulière.
- beaucoup plus fort couurant ce qui defend les faces : autrement oh fait, cette retraitte ÔC Place ronde, comme en la Figure 3.
- Tenailles. Ceux qui ne font pas des Places baffes, ne peuuent pas aufïi faire des Tenailles,ou Orillons,particulieremét aux Places de terre,qui ne le pourront fouftenir fans eftre reueftues pour faire ces couuertures. Il eft necef-faire à toutes fortes d’Angles retirez Amplement de faire des Places fort baffes,autremetfennemy eftât proche de F Angle,on neluy fcauroit nuire. i Forces. Il y a vne autre forte de Tenailles, qu’aucuns appellent Forces qui ne
- différé en rien de celle que nous auos dit,(mon qu au lieu de faire la courtine entre les deux flancs,ils laiffent la pointe côme en la mefme Figure 3. où l’Angle retiré eftant GEF,on fait deux flancs en dedâs en toutes deux: mais en Ta Tenaille on ofte l’Angle AEB,& au lieu on fait la courtine AB, g£en la face on laiffe cet Angle. La Tenaille me femble meilleure, parce que dâs cette courtine on y peut mettre quelque Can6,en lautre on pert cette defenfe,faifant au lieu les pands BE,Ë A,qui ne feruét de rien,&; font de plus dedefpéfe:car il faut faire plus de muraille pour faire l’Angle BEA, que pour la courtine AB. Et de plus les coups de Canonqui donriét cotre la courtine AB,ne peuuent pas bricoler pour rompre le flanc couuert AD. oà pon doit faire On fe fert particulièrement de cette forte de Tenailles aux lieux qui
- Us Tenais. n’ont qifvne aduenuë,& de chaque cotte ont précipices,ou roçhers,& le
- lieu ett fi eftroit qu’on ne fçauroit faire deux Battions,ni vn feulemét qui foit bien flanqué. De cette forte de Tenailles on en peut voir à Radicofa-ni, qui eft far la defcente,deuant laquelle on a fait vne autre piece, tout le refte d’alétour eft rocher taillé &C précipice. A Montmelian en Sauoye il y a encor vne forte de Tenailles peu differétes de celles-cy du cofté qu’il eft commandé : mais outre cela il y a d’autres pièces, ainfi qu a Radicofani. Temi Battit doi- Apres les Tenailles fuiuent toujours deux demi Battions H H, en la
- l^ThaiT apm Plante,marquée £.en la perfpe6tiue,aux deux pointes qui font l’Angle re-* enatts° pour s?en retourner à Fautre Baftion, lors qu’apres F Angle retiré il y a
- vne courtine droite. Que s’il y auoit vn autre Angle retiré qui fuiuift,on ne fera le demi Baftion > mais on laiffera fi m plein et l’Angle auancé marqué O,en la Figure 5.de la Plante, de la profpecftiue : vn Baftion entier
- n’y doit eftre iamais fait-,car fa pointe iroit trop excefliuement auant,fi on vouloir qu’il prift fa defence du flanc, ou Angle retiré :&le flanc qu’on feroit du cofté de l’Angle retiré ne feruiroit de rien,comme on voit en la Figure 4. où Je flanc LI ne peut tirer autre part que contre la face N O> ce qui narnue pas aux flancs qui défendent les Battions,lefquels tirent au long des faces des autres oppofez. Par apres, fi Fon veut que la face L M prenne la defenfe de F Angle N, l’Angle flanqué M fera tres-aigu, beau-fotj^torT coup plus que QPI F Angle du demi Baftion, outre la grande defpenfè fans commodité de faire les murailles, LI, L M, M P, au lieu de I P.
- Qn remarquera que toute forte d’Angles auacez & retirez ne font pas mauuais -, car par fois on fortifie en cette façon',comme à Montpelier du cofté qu’il fut affîegé par le Roy : mais là on ne les pourrait pas appeller Angles retirez,car tous auançoiét hors de laPlace-.Et nous entendes parler de ceux qui fe retirent dans le contour de la Place,ô£ la diminuent^ce qu’il faut fuir lors qu’on y peut faire autre chofe. Et bien que ces autres foient bons,i’aimerois mieux faire des Battions entiers, que ces Angles retirez.
- PLANCHE XXUL <DES
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- Liure I. Partie III
- DES ‘PLATEFORMES.
- Chapitre X LV II.
- A façon precedente de fortifier les Angles retirez auèc où ton dvitfm Tenailles eft bonne, lors que les Angles font aigus, od lesPIateformes-droits : mais ceux qui font obtus feront mieux fortifiez faifànt vne Plateforme au milieu de l’Angle.
- On prendra fur chaque cofté qui fait F Angle, depuis Comme elles doitiet iceluy 15.0113o.pas, & à cette diftance on efleuera les per^ dirc faitcs'° pendiculaires, ou flancs d’autant : fur les deux tiers du flanc Cri fera l’O-rillon, comme aux Baftions $ &c l’autre tiers fera le flanc couuert,commè on voit en la figure r. Planche 24. où l'Angle retiré foit E A C, depuis A iufques à B foient pris 3o*pas,&; dç A en D autant : fur D &: B foient efle-uez les flancs perpendiculaires DI & B H, le tiers defquels B F, B G fera le flanc couuert, aptes on mènera la ligne 1 H; De cette façon il y a vne Plateforme à Bergamo, à main gauche de la porte de Breffe ,plus petite que les mefures que nous auoris dit. Et à Lyoiiies Fortifications qui font du cofté de la Croix RoufTe, bien qufl n y ait aucun Angle rentrant* font faites âuec Plateformes entre deux Bàftions : il y en a de mefmes à Ghiuas Place de fon Altefle de Sauoye.
- Ainfi qu’à ces Angles obtus la Tenaille ne fort pas bien -, de mefmt; aux aigus on ne peut faire la Plateforme, à caufe que l’efpace entre deux eft trop eftroit.
- Cette forte de fortifier les Angles retirée eft très -bonne, &; par tous Comme on doit foies lieux où elle peut eftre faite on doit la preferer à la tenaillé \ d’autant u^ks Ar1gks n~ que par ce moyen la Place eft augmentée de ce corps, capable de grands retranchemens, où au contraire l’autre la diminue. Mais il faut remarquer que les coftez A E, A C, qui font F Angle,doiuent eftre affoz longs, afin qu’ils puiffont voir la face IH de la Plateforme * laquelle feroit autrement fans defenfe.
- Aucuns rie veulent pas qu elle foit plate, comme en la 2. mais la font Figure de h Plktè-en Angle * comme IR H *, parce qu’ils difënt qu’eftant plate, les coups forme-qu’on tirera d’vn cofté dffenferont l’autre opposé, ce qui n’arriuera pas fi elle eft pointue. Il me femble qu’il vaut mieux la faire toute plate, car ainfi elle receura defenfe de deux coftez, ou autrement ne fera veuë que d’vn. L’inconuenient allégué, peut eftre euité en mefme façon qu’om s empefohe de rompre le flanc opposé lors quon defend la Courtine.
- Outre que fi Fon fait cette pointe, ce ne fera plus Plateforme, mais vil Baftion dans Vn Angle retiré : comme qu’on la fice, ie croy qu’il y aura peu de différence en la force-
- La Plateforme qui eft à main droite en entrant à Genetiè par la porte Neuue, eft faite ainfi qu’vn des Redens de là Figure 3.
- Au lieu dé Plateforme on peut faire vn Angle àuancé, comffie en la^ Ætremodedefo-Fïgute 5. beaucoup, ou peu, félon que les coftez de F Angle retiré font, tjfoj** Angles n-longs, ©u courts : comme pat exemple,fi les coftez RT, R S,faifans F An-gle retiré, èftoient de 2oo.pas chacun, i’auanceray P R, R (^chacun de,
- 4©.pas, afin que ce qui refte QS,PT, puiffe eftre défendu auecle Moufl
- Ÿ z quet:
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- 154 De la Fortification irrégulière.
- quet : Si les coftez eftoient moindres, on auancera aufli moins les coftez RP, RQ^, de façon que les pointes S T ne foient iamais plus efloignées de QO, P O qüe la portée du Moufquçt : les coftez O P, O QJèront perpendiculaires fur les faces QS, P T.
- Demi Plateformes. On fait encor par fois dautres pièces qu on peut appeller demi Plateformes, lefquélles feruent pourauancer les defenfes lors quil y auroit quelque face trop longue, a laquelle on ne pourroit pas faire vn Baftion, à caufe de l’incommodité du lieu.Pour le fortifier il fera bon faire vne demi Plateforme, comme on peut voir en la Figure 6. De cette façon il y en a à Naples, éc à Genes on en voit des femblables.
- Cecy eft fort bon aux Places qui font fur des lieux hauts,peu accefli-blés, lefquels toutesfois peuuent eftre battus auec trauail > car ainfi tout eft flanqué, Sc les defenfès font couuertes.
- Autres Pièces ap- On appelle encor Plateformes certaines maffes de terre, qu'on efleue,
- peiiées Plateformes. feulcment pour fe couurir de quelque commandement, lefquelles diffe^ rent des Caualiers, en ce qu elles ne commandent pas, comme eft celle, qui eft à Pefquiere, à laquelle on donne aufli le nom de Caualier.
- Pour fortifier au- Tous les A ngles retirez peuuent eftre fortifiez les enfermant dans le
- tremem les Angles COntour de la Place, fai fiant aux extremitez des Baftions complets, & r u cette façon eft meilleure que toutes les autres. Comme en la Figure 7,
- au lieu de laiffer l'Angle retiré L N M, ©n fait la muraille M L,& aux èx-tremitez les deux Baftions LM.
- DES REDENS.
- Chapitre X L V III.
- E t t e forte de Redens ne différé pas beaucoup des, demi Plateformes que nous auons deferit, fi ce n eft en ce quils font réitérezfouuét,g£ plus fimples fansQrillons.
- Les Redens font certaines retraites qu’on fait en quelque face, laquelle autrement fëroit fans defenfo : la Figure 4.de la mefime Planche i4.monftre comme ils font. Us feront fort aifez à faire à ceux qui en verront la Figure : on auancera les flancs de cinq ou fix pas $ plus, ou moins félon la commodité du lieu, &C les faces on les fera de 40.0U 5o.pas.
- fo^itsRedln^ ^es Red°ns font faits particulièrement aux faces qui font fur des ro-es e ™s‘ chers & lieux hauts, difficilement acceflibles, où il y a peu b.efoin de defenfe, ô£ point de lieu pour faire autre çhofie. Ces Redens font meilleurs que fi on eftendoit droitement en long cette partie, ne faifant qu v-ne face : car ainfi il n y a aucun lieu qui ne foit flanqué, ce qui ne feroit pas s’ileftoit Amplement tout droit.
- De cette façon on en voit à Morgues for les confins des Geneuois: Cette Place eft fur le rocher du cofté de la mer, où font ces Redens,difficilement acçeflible. L’Efipagnol tient cette Place, &c y a vn petit port, qui eft au pied de la Ville.
- WLANCUE XXIV,
- V£S
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- Liure I. Partie lit 157
- DÈS T O FR S QVARRÈES ET RONDES.
- CfcAPltRÊ X L I X.
- V commencement qu’on fortifioit les Placés, on faifoit Tours animes fo des Courtines grandement longues, & au milieu d’icel- vdmmn' les certaines Tours rondes ou quarrées : mais du depuis on a veu les defauts &c incommoditez quelles apportent,c’eft pourquoy on ne s en fert plus. De cette façoil, il y en a éncôr à Milan,où entre les Baftions qui font fort petits au milieu des Courtines qui font très longues, il y a des Tours quarrées. Chacun peut iuger facilement les defauts de ces Tours,n’ayans rien de conforme aux maximes de la Fortification , car elles ne font pas capables de refiftér au Canon. C’eft pourquoy eftantbatue$& rompues, tous les deux Baftions qui font à cofté demeureront fans defenfe, ëftans trop eflosgnez Ivri de l’autre, outre qu’il n’y a pas de place pour mettre les Canons dedans. Le mefine peut-on dire des Tours rondes,lefquelles font yn peu meilleures que les quarrées, à caufe quelles ont moins de prife -, mais les vnes 6c les autres font défectueufes. Toutesfois aux Places irregul eres,quand on les treuue défia faites en quelque lieu à propos* on les la?fie, les rémpliffant de terre, afin quelles rcfiftent plus*
- Gayete, Placé tenue dé tous très force, dans le Royaume dé Naples* fortifiées eft fortifiée auec des Tours rondes. Il eft vray que leSite dé luy-mefme am Tours‘ eft très-fort * car cette Place eft baftié fur vn rocher inacceffible du cofté quelle auanee dans la mer qui l’enuironne : le cofté de la terre eft encor prefques tout rocher coupé, horfmis a lauenuë qui eft dans la Ville,à la-uelie toutesfois il faut monter bien rudement : ÔC c’eft pluftoft l’affiete e la Place qui la fait eftimer forte, que les Tours qui l’enuironnenr. Vis à vis de Gayete il y a vne montagne autant haute que la Place,fur laquelle il y a vne greffe maffe en forme de Tour ronde, qui peut auoir xo. ou 2.5. pas de diamètre, feparée de tout autre baftiment. Il me femble quo cette piecé eft plus mrfiblc, que profitable, d’aütant qu elle eft fans de-fenfe:c’eft pourquoy affez facile à eftre prifo,ou fî l’ennemy y eftoit logé* il pourrait s’en feruir comme d’vn fort Cauafer pour batre la Place : on pourra dire qu elle eft minée,ficqu on ne fçauroit s’y loger fans fe perdre $ mais à cela il y a prod remède.
- Le Chafteau qui eft à Ciuita Vechia auprès du port * êfî auffi fortifié Autres TUau àuec quatre Tours rondes aux quatre angles, 6c vn autre au milieu de la face, qui regarde le port où eft la porte dudit Chafteau. Ces Tours font bafties de pierre, 6c la muraille eft fort efpaiffe*,& les Canonnières eftant fort profondes, le feu 6c le vent du Canon a efbranlé les pierres qui font autour, bien qu’il tire rarement,d’où l’on peutiuger que ferait le Canon de l’ennemy tirant contre, c’eft auffi vn vieux Chafteau.
- A Paris à main droite au fortir de la porte S. Antoine il y a vne certaine Autres placés: petite piece qui fait defenfe au Baftion de la Baftille, parce que l’autre qui eft vers la Seine eft trop efloigné y mais cette piece ne vaut rien à cau-
- fe de fa petiteffe. on ne doit imfo-
- Nous dirons qu alors qu’on veut accommoder vne Pkce, il ne faut tifier auec Tours„
- pas
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- 158 De la Fortification irreguliere,
- pas y baftir des Tours neufuçs, ni autres femblables defenfes, parce que de raccommoder vne Place auec ces petites pièces, on perd la peine & le temps, & la delpenfe qu on y fait, àcaufe quelles font defedtueufes , & de peu de force,& faut croire que lennemy s auifera bien quayant rompu ces Tours, les Battions eftans trop efloignez feront fans defenfe j c’eft pourquoy il faut par tout rendre la force de la Place efgale, car touffeurs lennemy prend le plus foible.
- COMMENT ON DOIT FORTIFIER les ChaBeaux des particuliers.
- Chapitre L.
- Ors quon voudra fortifier vn Chafteau pour quelque Seigneur particulier,au lieu d y faire des Tours quarrées &C rondes, on pourra les faire en forme de Battions,ainfi qu’eft le Chafteau de Monfieur d’Vrfé en Forefts, & S. Marie en Normandie, & plufieurs autres. paujfebrayes iïnes ~ ~ ^ ~ Pour les fortifier mieux on fera des Faulfebrayes tout
- four fomfier les autour des murailles, auec Flancs ÔC Battions, ainfi qu’eft fait le quarré, d'Spar~ ou corPs baftimenc : les Flancs on les fera de 4.0U j.pas félon la grandeur du lieu, comme aulfi les demi Gorges &c Courtines à proportion^ elles feront efloignées delà muraille du Chafteau enuiron deux pas : ces Faulfebrayes pourront eftre faites de muraille elpailfe d’vn pied & demi, de briques,ou de pierre, & meilleures encor de terre gratte battue, comme on tait en Languedoc* qu’on appelle paroy,ou pisé,efpailfes de deux ou trois pieds, & par ainfi pourront refifter au Fauconneau : on les efle-canonnières de liera vn peu plus que la hauteur dVn homme : les Canonnières feront# Fauffcbrayes, faites 4’ vne pierre percée au milieu, auec fa fente pour vifer. Cette pierre
- eftant ronde pourra eftre tournée de tous coftez, afin que les Mou (que-taires auec peu dbuuerture puiflent tirer en plufieurs endroits. Au delà des Faulfebrayes doit eftre le Folsé, qu’il fera meilleur plein d eau, su le peut, en ces petits lieux. Ces Faulfebrayes font excellemment bonnes, parce qu’on peut laifler tout le corps du baftiment quarré fans Tours, & lera très-bien fortifié contre tous coups de main. Elles font meilleures & plus commodes que les Tours qui flanquent y car pour faire des Canonnières il faut percer tout le logis, ce qui gafte les chambres faîcs, & ne défend pas fi bien que ces Faulfebrayes, qui rafent la campagne, & font peu defcouuertes.
- DES RAVE UNS, OV PIECES DESTACHEES. Chapitre L I.
- Qu'efi-c* que Ra- V c v n s Italiens appellent Rauelin-, ce qui eft lur vne ligne#
- ue m' &ÊÊ$Êk ^r°irc* encor qu’il foit complet de toutes les parties neceflaires
- à vn Baftion, &: ne différé en rien cficeluy, fi ce n’eft en co qu’il eft posé fur vne ligne droite, ce qui me femble fort ab-
- furde
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- Liure I. Partie III. 159
- furde, d’appeller par exemple Rauelin le Baftion des François qui "eft à Padouè*, lequel eft auffi beau, 6c aufïî grand qu'il s’en puiflè voir; De> cette forte de Rauelins nous n entendons pas parler icy :mais feulement des pièces^ qui font deftachées, ou feparées du corps de la Place par le, fofsé, &C c eft ce que proprement nous appelions Rauelins.
- Nous pouuions mettre cette partie dans le Difcours des Places régulières , parce que plufieurs veulent qu on en mette toufiours deuant les Courtines d’icelles, mefines ces pièces femblét élire neceffaires par tout,
- 6c principalement pour couurir les portes : toutesfois parce qu’aux régulières nous nauons entrepris que de parler du corps de la Place régulièrement conftrui£t,nous auons lailfe ceux-cy comme membres extérieurs.
- Les Rauelins font certaines pièces triangulaires,ou à quatre,ou à cinq, Définition des Ra-ou fix faces, dont les deux auancées font comme les faces des Baftions, uelim'
- 6c les autres deux font les flancs, & l’autre eft le derrière de tout ce corps qui eft feparê de la Place par le grand folsé. Par fois il y aura deux de ces pièces iointes par vne Courtine > ainli que les Baftions ceux- là font,
- Rauelins doubles*
- Là première façon de Rauelins limples fàns flancs, s’applique le plus oh doiuent fouuent deuant les portes, comme en la Figure 1. Planche 15. & lors ils mu Us Rm*Um' doiuent eftre faits Angles aigus, de 50.0U 6o.pas de gorge,& par fois plus grands, félon le lieu quon les met. Lon fera dedans iceux vn ou deux corps de garde H, L, qu’on rencontrera auant qu’entrer dans la Place, &C deux ponts-leuis M, &, G, par ce moyen on eft plus affeuré desfurprifes,
- 6C du pétard.
- Il faut remarquer qu outre le grand fofsé M ,qui fepare le Rauelin do Leur fofsé» la Place, il y en doit auoir encor vn autre autour du Rauelin IG plus eftroit que le grand de là moitié, lequel aura fes Gontrefcarpes 6c chemins couuerts, tels que nous àuons défaits aux Fortifications regulieres.
- La longueur de chaque face du Rauelin ne doit pas eftre fi grande Loueur des faces que celle des Baftions, ou au plus leur doit eftre efgale 40. ou 50. au plus 6o.pas : 6c ceux cy eftans Angles droits font pour couurir les Courtines trop longues. Ces mefures ne font pas precifes, car on doit fe gou-uerner felon le lieu où on les doit mettre. Leur hauteur ne doit pas aulïi LcHr tuteur. eftre fort grande par deflus la campagne, afin quelle foit commandée dauantàgede la Place, 6c endommage beaucoup plus lennemy tirant, plus proche du niueau d’icelle : ce fera aflez de 8.ou to.pieds par deftus fon plan, lorsqu’on ne fait point d’autres pièces deuant les Rauelins, autrement il faudrait les efleuer vn peu plus , afin qu’ils commandaflènt à ce qui leur fera au deuant \ mais ils doiuent toufiours eftre moins hauts, 8C commandez de là Place.
- Leurs Parapets feront faits comme ceux du Rempar de la Place : tou- c*™ Parapets, tesfois à ceux-cy, à caufe de leur baftefle, il femble qu’il vaudroit mieux faire les Parapets hauts auec des Canonnières, à caule que les Canons,ni les Moufquetaires enfe retirant ne feront pas à couuert, &c parce que tous les trauaux de i’ennemy,tant foit peu qu’ils foient efleuez defcouuri-ront dedans : leurs Rempars feront moindres que ceux de la Place, ainfi qu*eft leur fofsé : on peut les faire plains, eftans couuerts de hauts Parapets,ainfi on aura plus de terre 6c de lieu pour les retranchemens.
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- 160 De la Fortification irreguliere,
- Rauelim fente# a
- munr Us portes. j^çQn efl; fort vfitée en France en la plus parc des Places qu’on a fortifié 4e prêtent : au deuant des portes on a fait des Rauelins,bien qu’elles fuf-fent musées 3 comme à Çlerac,à Montauban vers Ville-Bourbon^à Narbonne à la pprte qui eft du codé de Beziers, deuant la porte de la Citadelle de Calais,& enpîufieurs autres lieux. A Niumsguc ily en a qui ne font pas deuant les portes, &c à la Ville de Coeuorden, laquelle eft véritablement Ja mieux fortifiée, comme i’eftime, qui foit non feulement dans les pais bas,mgis encore au relie de l’Europe : outre les Faulfebrayes qui font autour de la Place, il y a dçsRauelins, ÔCnon feulement vers le milieu des Courtines pour couurir les portes, mais encor fur les pointes des Çpntrefçarpes, qui correfpondent aux Angles flanquez 3 ce qui la, rend remarquable par defliis toutes les autres Vnies. sewt pow Çes Pièces font mifes au milieu des Courtines, particulièrement lors qu’elles font trop longues -, pour couurir leur defaut,lors qu?on n’a pas le temps d’y faire vn Baftion au milieu, ou qu’on ne veut faire la defpenfe, ou que la Courtine n eft pas fi longue quelle foit capable d’vn Baftion, pn fait vn Rauelin au milieu, comme on a fait fraifcnement à Plaifence, Et lors on fait les demi gorges d’iceux plus grandes, afin qu’ilscouurent e.
- fournir Us Courtines,
- cflre.
- r AngU fiaqué du La ppinte du Rauelin ou Angle flanqué doit toufiours eftre aigu, ou Raueitn quehidott pQur je pius droit. Ja raifbn eft, parçe qu’il doit eftre flanqué du corps de
- a Place, lequel eftant efloigné de la largeur du fofsé, fi l’Angle du Raue-in eftoit obtus, les lignes des faces du Rauelin eftant prolongées iufques à la Place, elles seflargiroient trop, &C par ainfi feraient moins veuës, & auroient moins de defenfe de la Place,comme en la Figure i.du Rauelin, foit l’Angle d'iceluy droit, fa moitié LIS fera demi droit, eftant menée a 3x.prepof i. §N perpendiculaire à la Courtine, NRS fera aufli demi droita 3 donc R & S N feront efgales : or S N eft la largeur du fofsé, laquelle en cet
- endroit nous fuppofons eftre 3o.pas : donc depuis le milieu delà Courtine M,iufques à R, où commence la defenfe du Rauelin, il y aura l’efpacc M N vn peu moindre que toute la demi gorge L S, qui eft 45.pas,& en-D‘ou Us doiutnt cor 3°pas pour N R, qui font enfemble la toute M R, 75,pas. Tellement predre leur defenfe. guepour prendre la defenfe du Rauelin angle droit de Ja Courtine, il faudrait quelle euft plus de i5Q.pas, à çaufe que les 75.RM ne font que la moitié d’icelle : c’eft ppurquoy on ferles demi gorges d’iceux Rauelins moindres 3 c’eft à dire, de xjpas, lors que la Courtine eft de ?oo.pas,ou de 30. lors que la Courtine eft de 12.0. & l’Angle flanqué d’iceluy de 82. de-grez, & par ainfi Ils auront 8pas dç defenfe de la Courtine TR,& autant de l’autre çofté 3 ce qu’on pourra facilement voir par le calcul, & cette façon de Rauelin eft la meilleure. Lors qu’on les met à la Fortification régulière , on leur donne tfo.pas de gorge,leur Angle flanqué 8i.degrer, ce qui fe fera facilement u à l’extremité de la demi gorge LV, menée toute droite fans faire Angle en L 3 on fait l’Angle LV I de 4% degrezj l’autre VIL fera de 41. lequel eft la moitié du total 81.
- Rauelins ne doiuei De ce qui eft dit, on tirera pour maxime, que lors qu’on fait vn Raue-’duarpîdfi^pli p9u^ couurir quelque Courtine, ou Angle de la Place vieille, ou neu-a. c° ue, il ne faut pas le faire trop efloigné, afin qu’il foit plus défendu : outre
- cela
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- cela on a l’auantage du commandement de la Place,plus grand fur celuy duRauelin eftantplus proche : car d’autant que le corps qui eft commandé eft plusefloignéde celuy qui commande, dautant moins de-couure le commandement dans iceluy, outre que les tirs pour defendre les faces d’iceux Rauelins efloignez,8c de leurs Contrefcarpes, font plus foibles,&: du tout hors de portée pour defendre les autres ouurages quon voudroit faire deuant iceux : par apres fi on les veut miner,il faut faire vn glus grand chemin, & pour eftre bien défendus,il faut que leurs Angles foient plus aigus,
- Aucuns Rauelins font (ans flancs, triangulaires ou quarrez, comme Raveiins auecflda, ceux de la Figure i. les autres auec flancs, comme en la mefme Figure,re- &fAnsflancs' tranchant les Angles O O. La première façon eft meilleure pour couurir dauantage les faces qui font beaucoup longues,toutesfois auec Baftions aux extremitez de la face longue, ddquels, ou de la Courtine,ces Rauelins doiuent receuoir leur defenfercar ifne faut iamais que le Rauelin foit fi large,ou eftende tellement les faces qu’il couure celles des Baftions qui le doiuent defendre : vn Rauelin doit toufiours eftre flanqué de quelque partie du corps de la Place, aflez forte pour refifter au Canon, autrement il ne vaudroit rien. Aux Places regulieres aucuns tiennent que les faces des Rauelins doiuent eftre menées des extremitez de la Courtine, biem que plufieurs fe contentent qu’ils foient flanquez feulement des faces des Baftions. Et moy ie fuis de leur opinion 3 car il eft à propos que les Raue- ^aueli”s doivent uelins couurent les flancs, qui font fans Orillons *, & à ceux aufquels il y cmHnrlesfiancs-en a,fi on vouloitque les Rauelins commençaflentà prendre leur defen-fe de la Courtine,il faudrait les faire ou fort petits, ou fort aigus,à caufe que ledit Orillon auance beaucoup.
- La fécondé façon auec flancs O O eft bonne,lors qu’ils font faits non A“tre.façon de r* feulement pour couurir, mais encor pour defendre} bC quand aux extre- udms' mitez des Courtines, il hy a rien qui flanque tout au long, ou qu’il y a quelques Tours antiques, lefquelles il faut terrafler, afin qu elles refiftent au Canon, parce que les flans qu on leur fait fèruent pour defendre ces Tours,ces parties imparfaites ,lefquelles font fans defenfe. Et quand bien on feroit entre deux des Rauelins Amples fans flancs, les faces d’iceux ne pourroient*pas commodément defendre fes defauts, à caufè des obliquitez des coups tirez de ces lieux là. A ceux- cy l’on pourra faire les demi gorges L S plus grandes, afin qu’ayant retranché les flancs QS il y refte aflez de corps.
- A tous ces Rauelins il faut faire le fofsé large de 10. ou if.pas, profond Larg™r dvfifé de ù. ou 15. pieds : mefme il fera meilleur qu'il foit aufli profond que îe^ M Raw ms' grand fofsé, dans lequel il fe doit aller rendre -, de façon que le Rauelim Rauelins doivent demeure comme vn Ifle, bien qu aucuns veulent qu’ily ait vn flanc qui e^re en ^ foit continué auec le Corridor, comme en la Figure 3. mais cela me fem-ble mal, car s’il eft attaqué par là, ce fera vn paflage à l’ennemy, fins fofsé 6C fans eftre flanqué d’aucun lieu} dauantage il eft facile d’eftre furpris par ce paflage. Si l’on veut qu’il y ait vn flanc, ie le feray plus bas que le Flancs ^uelins. Rauelin, à niueau de la campagne, auec Merlons,corne lesPlaces baffes, capable de tenir deux petites Pièces, bl que le fofsé du Rauelin fuiue tout autour,s allant rendre dans le grand fofsé, comme on voit en la Figure x.
- • X *
- ce
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- Rempar de Rauelin.
- Rauelins doubles.
- uiutrefaço de Rauelins doubles. .
- Ou peuuent encor ejlre mis les Raue-
- lins.
- Quels sot meilleurs les Baftios attachez, ctf feparez, du corps de la Place.
- Il faut garder les Rauelins.
- \6% De la Fortification irreguliere,
- ce flanc fera très- bon, parce qu eftant bas,il ri empefehera pas la defenfo, qui vient de la Courtine, ou de la face du Baftion, qui fera fon eflèd ce-luy- cy eftant rompu. De ce que defliis on voit qui! y a aux Rauelins deux fortes de flancs : au premier ils feruent pour flanquer ce qui leur eft aux çoftez,comme 00,aufecondils flanquent leurs faces mefmes,corne PP.
- Le Rauelin doit auoir fon Rempar fon Parapet de terre,corne nous auons dit : de ces Rauelins auec flancs il y en a à Carmagnole, Place du Piedm6ttres-fortç,à Geneue du cofté de Gex,& en plufieurs autres lieux.
- Lors qu on veut quils feruent pour couurir vne porte, il faut faire l’ou-uerture à l’vne des faces du Rauelin, tellement quon aile en détournant pour entrçr dans la Place, ainfi quon voit en la Figure i.
- Si la face, ou Courtine à fortifier eftoit fi longue qu’vn Rauelin, ne fuflitpas pour la couurir èc defendre, on y en fera deux joints enfemble, auec leur Courtine,laquelle aura Foflez,Rempars &; Parapets,ainfi qu’au refte. Ainfi eft couuerte la porte de Verceil qui eft du cofté de Turin, Creme eft aufli fortifiée en cette façon parles Venitiens,lelquels ont fait faire tout autour des pièces deftachées de terre, peu efleuées auec leur fofsé au deuant, & le Rempar ainfi que nous auons dit, &c comme oïl, voit en la Figure 5.
- On les peut aufli faire feparez fans aucune Courtine ? comme en la Figure 4.1aquellemonftre Ja ailpofition de leurs flancs & de leurs faces,
- Les Rauelins fimples peuuent eftre encor appropriez aux Angles retirez au lieu de Tenaille,ou de Plateforme au delà du fofsé,qui eft au long de l’Angle retiré, on fera vn Rauelin qui prenne fa defenfe des deux codez, , qui font l’Angle retiré, lequel en fera très-bien flanqué, la defenfe^ grandement augmentée^ beaucoup de terrain qu’on gagne en dehors. Il y en a vn de cette façon au Chafteau S.Hermç à Malte au deuant dvn Angle retiré.
- Bien qu’on ait fait vne Tenaille dans l’Angle retiré, fi l’on met vn Rauelin au deuant, le lieu en fera beaucoup plus fort.
- On pourroit demander, quel eft meilleur de fortifier vne Place auec Rauelins deftachez, &c feparez du corps de la Place parle fofsé, ou auec des Battions continus à icelle. La refponfeçn eft aisée , que les Battions font beaucoup meilleurs : car plufieursreprouuent les Rauelins pour s’en feruir pour le corps de la Place fans autre Fortification, 8c ne le veulent, mette quen neceflité, ou apres que la Place eft fortifiée. Bien qu’ils foient très bons ainfi appliquez ; toutesfois ils ne font que couuertures & de-fenfes extérieures ceux qui fe feruent feulement de ceux-cy fe priuent de la meilleure pièce de la Fortification, qui font les Battions, lefquels n’empefehent, &c riexcluent pas les autres ouurages, &c Dehors que nous deferirons apres. Si on dit qu’on les fera complets auec les mefmes me-fures & parties des Battions, &c que pour eftre feparez de la Place par le fofsé, ils ne changeront pas de nature,& ne perdront pas la force, au contraire qu’ils feront meilleurs \ d’autant que l’ennemy y eftant entré, ne pourra pas aller plus outre fens beaucoup de peine de paflercenouueau fofsé. le dis que cette feparation ne vaut rien, parce qu ils feront dangereux à eftre furpris,& difficiles à eftre fecourus. Il y a vn Autheur moderne,qui'dit,qui! rieft point necçflaire de les garder en temps de paix, pour
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- Liure I. Partie III. 163
- îa difficulté qu’il y a de faire vnc entreprife fans qu’on en foit aduerti, à quoy ie ne puis condefcendre : car puis quil eft affeuré qu’on ne fortifie que les Places frontières, elles ne feront pas beaucoup efloignées de l’en-nemy,qui lempefcherade mettreinfenfiblementdans lesgarnifons plus proches plus grand nombre de Soldats que l’ordinaire pour executer fon defTein ? Tant de Places qu’on a furprifes, tant qu’on a petardées,ceux de dedans Font ils feeu auparauant ? Si ces entreprifes fi difficiles contre des lieux gardez ont reüffij pourquoy ne reüffiront-elles pas à vn lieu abandonné , où eftans entrez, & n’y ayant rien qui les flanque, ils forceront la Place fans peine, & auront autant d’auantage qu’on auroitl vne autre, Place apres auoir gagné les Battions ? On remarquera que c eft pis de ne garder pas ces Pièces, que les Dehors que nous deferirons apres 5 parce que cecy eft le corps St le principal de la Fortification, apres lequel il ne refte rien qu’vne fimple enceinte, laquelle encor ils veulent eftre ouuerte à tous les Angles, qui feruira de paflage facile pour entrer dans la Place. Aux Dehors, bien quon ne les garde pas, on tient toufiours affeuré le corps de la Fortification, duquel on peut repouffer ceux qui feroient entrez par furprife, St empefeher ceux qui les voudroient fecourir.
- Et quand bien ces Battions deftachezne pourroient pas eftre furpris, fi on compare la force d’vn Baftion à vne Piece deftachée, celle du Ba-ftion fera plus grande : qu’on regarde la commodité qu’apporte ce fofsé à ceux de la Place, autre certes que d’arrefter l’ennemy lors qu’il fera là defliis,à laquelle l’incommodité de defendre 8C fecourir ce lieu fera efga-le, &C plus grande lors que le fofsé fera plein d’eau. Par apres, quel feroit plus fort, ou de faire plufîeursretranchemens l’vn apres l’autre dans ce lieu où eft le fofsé, ou faire ce fofsé : Il me femble que l’ennemy aura plus de peine de forcer plufîeurs Pièces bien flanquées, que d’entrer dans vne feule fans aucune defenfe. Qu on confidere encor fi l’auantage du fofsé A C, en la Figure 4. eft auffi grand que la force du flanc, qui feroit autrement fait dans cet efpace A C, s’il eftoit joint à la Courtine. Il faudra, que le flanc foit fort petit, comme C D, ou le Baftion fort aigu, comme B E *, St par ainfî on diminuera la defenfe, ou onrendra defaillant St foi-ble le Baftion, contre la maxime de la Fortification. Si on fait des autres Rauelins St Pièces deftachées deuant ceux-cy,il faudra qu’ils foient fort hauts pour leur commander, & par confequent commanderont à la Place , ce qui eft très- mauuais, ou bien il faudroit efleuer exceffiuement les Rempars, lefquels eftans fi hauts,ne pourroient aucunement tirer dans le fofsé qui fepare le Baftion. le riay iamais veu Place fortifiée de cette façon, St ne croy pas qu’il y en ait, l’effime qrielle eft defe&ueufe, &: que cet Autheur l’a mife comme nouuelle inuention. Mais les chofes de la, guerre qpfont faites apres l’exemple St la raifon, doiuent eftre plus fui-uies qufc dlffés qui font fondées en la feule opinion.
- Qrieuft dit Erard là defïus qui reprouue les Rauelins non feulement pour Fortification principale, mais encor rien veut point aux Places fortifiées, pource qu’ils ne font flanquez que des faces entières des Battions , ce qu’il eftime trop peu. Et puis les frais des bateaux, ou du pont qu’il faudroit faire pour pafler, luy femblent trop grands pour admettre cette Piece, qu’il iuge fort foible. le croy que s’il s’eftoit treuué à la prife
- X 5 de
- Comparaifon de îa force des Battions à celle des Rauelins,
- Defauts des Rauelins au prix des Battions,
- Rauelins ne doiuet eflre reprouuex
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- difficulté cjtiily a 4 prendre les Roue-
- lins.
- fnuenùon pour fe-parer foudainement vn Baffion du corps de la JPlace,
- Payions font meilleurs que les Raue-
- lim.
- Rauelins daiuent efire mtntX^
- 164 De la Fortification irreguliere,
- de quelquvnc de ces Pièces ilneuft pas ainfi parlé, ceux qui y auront efté, fçauront dire fi elles font bonnes, ou non. Et ne fe treuuera perfon-ne qiu ne dife, qu apres que le corps de la Place fora fortifié, y adjouftant des Rauelins elle fera plus forte : car ces Pièces font de tres-grande de-fenfo , difficiles à prendre, &c perilléufes pour sÿ loger, comme nous auons veu à Ville Bourbon, où pour forcer vn Rauelin il fut tué quantité de braues gens, lequel pourtant ne fut pas pris, à caufe qu outre ce Rauelin la Place eftoit fortifiée, &C il eftoit flanqué des deux faces des Battions , èc par dedans eftoit veu du refte des faces, des flancs, &c de toute la Courtine, Èftans entrez dedans courageufoment, ceux qui sy voulurent arrefter furent la plus part tuez, ou blefïez : Et parce qu’on leur droit inceffamment de tant de lieux, ils n’eurent pas loifir de fe çouurir, & fa-lut abandonner la Pofte prife.
- Pour contenter ceux qui veulent des Rauelins au lieu des Battions, quils fe feruent de Imuention fuiuante : Qu on face vne voûte foufte-nue for des piliers,laquelle patte par toute la gprgedu Baftion s dans ces piliers on fera comme des trous, ou niches, dans lefquels on peut ranger vn baril de poudre à chacun : y mettant le feu,la voûte foutera,& fepare-ra le Baftion de la Place. Pour dire comment cela reüffiroit, ie n’en fçay rien, fi cela fe fepareroit ainfi nettement fans faire montée, ou s’il feroii plus dbuuerture qu?on nevoudroit,& files efclats ne nuiroient pas à ceux de la Place, ou fi quelque mine de F ennemy ne le feroit rompre de-uant temps. De cecy n’en ayant point veu dexperience,on n’en peut parler que par cœur : toutesfois f inuention en eft belle.
- De ce que deffus nous inférons que les Places fortifiées auec Battions fouis, font meilleures qnauec Rauelins fouis fans Battions, ni autre ou-urage : toutesfois celles qui ont Battions &C Rauelins font meilleures que celles qui ont lVn ou Fautre foui.
- l’eftime que les Rauelins font plus commodes aux lieux focs , qua ceux qui ont le fofsé plein d’eau, à caufe de l’incommodité du paffer & repaffer.
- Ces Pièces doiuent eftre gardées auffi bien que la Place * &: pour eftre plus affeurées, on peut les miner, afin queftans furprifes, Fennemy s y voulant loger, d vn foui coup on Fen ofte, & tous fes logemens.
- Si le Rauelin eft grand , on y peut faire des retranchèmens dedans*, mais il faut qu’ils foient de celle façon qu’eftans pris ils foient defçouuerts de la Place.
- On remarquera que lors qu?on fait des Rauelins dans les ouurages de Corne ,il faut les faire plus petits que ceux que nous auons defcrits : on les proportionnera à la grandeur d’iceux ouurages.
- ?£ 4NQUE XXV^
- WES
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- Liure I. Partie III.
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- DES OVVRAGE S DE CORNE,
- Chapitre L I I.
- E tt e forte d’ouurage s’eftend beaucoup plus loin que Diuerfes façons les Rauelins, & occupe plus de place dans la campa- de cv~
- gne. Il y en a de plufieurs façons : les vns fe font eiL eftrefllflant vers le dehors,&: plus larges du cofté de la.
- Place, prenant leur defenfe des deux Baftions, &c coupez en deux pointes, ce qui les fait appeller Cornes, ainfi qu’il fe voit en la Figure 3. Planche 2.6. ,
- Les autres fe font au contraire, en eftrefllflant du cofté de la Place, de Dehors en ^em façon qu’ils femblent aller aboutir au centre delà Place, &c font deux d^ronde^ pointes comme la precedente : on appelle ceux-cy en queue d’Aron-aelle, comme il eft en la Figure u Ceux-cy ont leurs pointes plus aigues que les autres $ mais ils ont plus d’eftenduç ou largeur du cofté de la* campagne.
- L’autre façon eft quon fait les deux coftez parallèles, de mefme Ames parallèles. largeur par tout, comme en la Figure 1. A toutes ces deux façons, au lieu de faire deux pointes Amples au bout, on y fait vn flanc de chaque cofté en forme de demi Baftion de huiâ ou dix pas de gorge, & le flanc cinq ou fix pas, fins comprendre le Parapet,ainfi qu’on voit en la Figure 1. où au lieu de faire l’Angle fimple H GI, ou fait les flancs A F, E B, §£ la.
- Courtine EF.
- Cette façon de faire des flancs eft pluftoft adaptée aux ouurages qui Dehors auec fams. vont en eflargtflant vers la campagne, qu’aux autres qui font eftroits *, à caufe que les deux coftez s’approchans ne permettent pas qu’on y puifle faire ces deux flancs , ou bien il faudrait neceflairement faire les deux Cornes ou pointes fort aigues & petites, inutiles par confequent pour y combatte dedans : mais à ceux qui font en queue d’Arondelle, à caufe quils vont en eflargiflant on y peut commodément faire ces deux flancs.
- le tiens que ces Dehors, ou autres qu on peut faire, font de telle con- Dehors font ms~ fequence, qu’ils font beaucoup plus forts que quelconque autre Fortifi- necellMres-cation, lors qu ils font mis à propos en leur lieu, auec les circonftances requifes. Nous dirons les commoditez ôcla force qu’ils apportent à vne Place, &; la méthode qu’il faut tenir à les faire auec leurs mefures, le. temps &c le lieu où ils doiuent eftre.
- Ces Pièces d’ordinaire font mifes vis à vis du milieu des Courtines, Omrages de Come au delà des Contrefearpes dans la campagne, fouuent on les met aufli m doiUet e^re mu' vis à vis des pointes des Baftions : Quelquesfois on les fait fi grands, qu’ils çouurent toute vne Courtine, prennent leur defenfe des faces des deux Baftions, qui font aux extremitez d’icelle Courtine : mais il vaut mieux les faire moindres, & qu’ils fcient veus & flanquez des extremitez de la Courtine : car ainfi ils ne feront pas de trop grande eften-due, &C feront mieux flanquez. ^ ug
- LVfage de ces Piecçs eft, qu’ils tiennent par fois lieu de Fortification, rmel emm m
- Y lors
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- i68 De la Fortification irreguliere,
- lorsqu on eft fürpris de lennemy, &c qu’on na pas le temps de faire, des Battions , ils leruent aux lieux où les Courtines &C defenfes font, trop longues, &c pour couurir ces detaucs on y applique ces ouurages de Corne j &c alors ceux qui font plus larges vers la Contrefcarpe font meilleurs , d’autant qu’ils couurent d’auantage, &c le dedans en eft plus grand pour y faire desretranchemens ÔC nouuelles defenfos, ainlî que nous dirons. A S. Antonin il y auoit deux petits Battions fort efloignez 1 vil de l’autre : ceux de la Place n’ayans pas temps de faire autre chofe5ils mirent des Dehors entre deux, comme nous auons dit, 6C tels qu'on voit dans la Figure 3*
- jux puces forü- Lors que la Place eft fortifiée on les fera parallèles comme les i. ou en ^nentlfire ^ queuê d’Arondelle, comme les z. d autant que parce moyen ils empef-cheront moins les Battions & flancs de voir & tirer au delà des Contref-carpes:c’eft ainfique font faits aucuns Dehors de Geneue, aufquels oïl. trauaille iournellement du cotte de S.Pierre, comme on voit aux Figures ja dites *, aucuns font faits ayans des flancs à leur pointe. celles qu* met Ceux qui font mis aux pointes des Battions, ne font pas fi bien flan-Jkmcmmefatus qLie ceux qui font deuant les Courtines, lefquelles regardent dire-
- ctement leurs faces > mais icy les pands des Battions les voyent obliquement. Or parce qu ils font tres-neceflàires en cet endroit, on les fera en queue d’Arondelle, &par ainfi ils feront moins ebliquemènt flanquez, des faces des Battions, comme en la Figure z. où Ton voit qu’eftans faits parallèles,les coups C D tirez du Baftion font obIiques,& en queue d’Arondelle,comme A B, ils tirent droitement. On les peut aufli faire comme en la Figure 5. auec leurs flancs tant du cofté de la Place, que du dehors. Et cela eft bon,prinçipalement lors qu’ils font beaucoup efloignez du Baftion.
- Cmre-gardesi Deuant le Baftion on fait aufli au lieu des Rauelins ou ouurages de Corne d’autres Pièces, appellées Contre-gardes : elles different du Ra-uelin en leur Figure, du refte elles luy font femblables. Ces Pièces doi-uent couurir la plus grande partie de la face du Baftion, &c feront en Ifle enuironnéesdu fofsé, veuës & flanquées des deux flancs des Battions oppofez, aufli haut efleuées que les Rauelins, afin quelles puiflent commander aux ouurages de Corne qu on mettra au deuant. On remarquera qu’il faut neceflàirement que ces Pièces foientfort aigues,eftans faites deuant les Battions Angles droits, ce qui les rend vn peu defaillantes, Figure 4.
- Mefme des omra- La mefure des ouurages de Corne doit eftre, que la plus efloignée ges de Came, pointe de la Place ne doit iamais eftre fi loin que la portée du Mdufquet:
- ce fera beaucoup fi on les auance de 50.01160. au plus de 80. pas au delà des Contrefcarpes, bien que aucunesfois on les auance beaucoup plus félon la neceflité & fituation du lieu.
- Largeur de ces p te- Leur largeur, lors qu’ils font faits pour couurir les defauts, ne peut
- eftre déterminée : toutesfois il ne faut les faire fi excefliuement larges qu’on ne les puifle garder *, mais on fe mefurera félon la force & le nombre des perfonnesqu on a pour les defendre.
- Quant à ceux qui fe font aux Places fortifiées, on les pourra autant auancer que les autres, & les faire larges vers la Contrefcarpe de 4otpas,
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- Liure I. Partie III. 169
- ou enuiron , allans en eflargiflant vers le dehors : s’ils font parallèles on, les pourra faire iufques à 6o.pas de large. Ils doiuent auoir vn fofsé lar- Leurfifsé. ge de dix ou douze pas,profond de douze ou quinze pieds, auecle chemin couuert, afin de les rendre plus forts, de pour auoir de la terre pour eilèuer leiclits Dehors, de pour faire leurs Rem pars, qui feront de cinq, Leurs Rempars. ou fix pas d’elpefleur, ou dauantage, dC par deflus leurs Parapets de dou- Leurs Parapet s. zc pieds d’efpefleur. Leur hauteur doit eftre de telle façon, que les Ba- Leur hauteur. liions de la Place defcoùurent de commandent par deflus ces Dehors de leurs Parapets, afin que fennemy les ayans pris foit touliours defcôuuert de commandé, de ne puiflë pas s’en feruir à fon auantage, de endommager de là ceux de la Place. Autrement on pourra efleuer par tout le^
- Rempar vn petit Parapet qui foit du collé de la Place *, de pour pouuoir tirer par deflus il faudra faire au dedans de ces Pièces vneBanqueté haute , de telle façon qu’on puifle tirer par deflus ces Rempars, de par ainfi les Soldats feront afleurez de couuerts, auec ce petit Parapet de lacs, Petit Parapet com-ou de paniers, ou tel autre qu’on treuuera à propos, comme nous auons me doît eHrefatt' dit aux Parapets. Cette façon me femble meilleure que la precedente, bien qu’aucuns la reprouuent, parce qu’ils dilènt qu’on ne peut pas les defendre auec la pique, à caufe de leur elpeflèur : mais il faut remarquer que Fennemy n’attaque iamais ces Pièces qu’il n’ait fait brefehe ou auec la naine , 011 auec le Canon, ou autrement : de forte que toute cette efpef-feur ne relie pas apres qu’ils font batus. Les autres Parapets ellans fort elleuez fur le bord du Rempar, ils font trop hauts, de la brefche faite on relie fans Parapet.
- Il faut prendre garde que les foflez qui font aux collez de cés ouura- Remarque fur leurs ges foient enfilez de veus tout au long, ou de la Courtine, ou du Baltion, ou de quelque autre lieu, afin que Fennemy les ayant pris ne s’en puifle lèruir.
- Ces ouurages de Corne doiuent ellre de terre : de les faire de murail- Leur matière. le, ou reuellus, ce feroit vue delpenfo excefliue, à caufe de leur grande ellenduë, de pour cela n’en feroient pas meilleurs. C’ell pourquoy oïl ne fait point de Dehors aux Places, que lors qu’on fe doute de quelque fiege j parce qu’autrement ils feroient gallez,&: ruinez par fois auant que l’occalion vinll de s’en feruir ji’entens de ces ouurages de Corne:Car pour les Rauelins, 011 les reuell en fortifiant', ou racommodant la Place, ainfi que les autres Pièces.
- La commodité de ces Dehors ell très-grande, d’autant que le poinét Leur commodité principal de la defenle, c’ell d’efloigner le plus qu’il fe peut Fennemy, dC &force‘ ne luy laifler gagner le terrain qu’auec grande force, de le plus lentement qu’il fe peut : parce moyen on le lafle,deflait beaucoup de Soldats, fait confommer les munitions, dC gagne temps : de façon que Fennemy bien foutient n’ell pas venu à bout des Dehors, lors qu’il fe propofoit deuoir entrer dans la Place. Ces ouurages ont cet auantage, qu’ellans fort bas, les coups tirez d’iceux font grandement nuifibles, d’autant qu’ils s’approchent du niueau de la campagne. La prife en ell fort difficile, parce, qu’ils font flanquez, non feulement d’eux, mais encor des defenfes plus hautes des Rempars de la Place : par apres les logemens font tres-dange-teux à faire lors qu’ils font pris j parce que ces lieux font faits de telle fa-
- Y t çon,
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- Les Dehors tiennet tennemy loin.
- Flancs qu'on doit faire tfux Dehors.
- Les Pièces quon doit tenir dans les Dehors.
- vjq De la Fortification irreguliere,
- çon, qu’eftant dedans on eft defcouuertde plufieurs endroits, d’où s en, enfuit que ces Pièces font tres-bonnes pour la defenfe d’vne Place *, & i o-feray dire quVne Place auec des Rauelins ë£ des Dehors bien faits, fans autre Fortification, fe defendroit mieux qu?vne autre fortifiée de Battions fans aucun Dehors. Car il n’y a perfonne qui ne fçache bien en, quel danger eft vne Place lors que lennemy eft au fofsé, labord duquel onnefçauroit empefcher que par les frequentes forties, lors qu?il n y a point de Dehors, lefquelles font par fois autant ou plus preiudiciables à ceux qui les font, quà ceux qui les fouftiennent,principalement lors que Faflàillant eft vigilant *, vn homme de ceux de la Place tué perte plus de dommage aux defendans,que plufieurs à ceux qui attaquent. Et puis que la fin de ces forties n’eft que pour reculer lennemy, ou Ifempefchei? de s’approcher, ne vaut-il pas mieux faire cela eftans couuerts fortifiez , quajfefçouuert fans auantage? Combien de forties faudroit-il faire , combien de Soldats fe perdraient pour empefcher l’ennemy dn s’approcher autant de la Place, comme fait vn bon Dehors ? L’exemple s’en eft veu frefehement au fiege de Berges Obzoom , où il y auoit des Dehors fi bien faits, & fi bien défendus, que lEfpagnol ne les a ia-mais attaquez qu’auec perte fignaiée des fiens -, ôc en fin il luy a fâlu leuer le fiege.fàns auoir peu emporter vn feul Dehors de la Place, bien qutl y ait fait de grands efforts, ainfi qifon peut remarquer au récit de ce fiege. De ce que deffus on peut voir quelle raifon ont ceux qui difent, que les Contre- gardes &c autres Dehors font nuifibles à vne Place fortifiée.
- Cecy ne contrarie pas à ce que nous auons dit, que lesBaftions font, plus forts que les Rauelins feuls, parce que nous mettons icy auec les Rauelins les ouurages de Corne, Ôc les Demi-lunes tout enfemble,quç nous difqns eftre plus fortes que lesBaftions feuls.
- Pour rendre plus forts \çs Dehors,on pourra à la fin des coftez d’iceux vers la Contrefcarpe faire des flancs, qui feruiront pour defendre les fip çes de ces ouurages : Ces flancs doiuerit eftre fi larges, que dVceux,comme de O N on puifle enfiler les Corridors QjP, &cles foffez auffi, le tiens ces flancs y eftre tres-neceflaires, à caufe que la Courtine eft trop efloi-gnée & trop haute pour defendre ces ouurages. On fera ces flancs plus bas que la campagnes&: enuironnez de foffez comme le refte,ainfi qu’on voit en la Figure, où le flanc marqué N eft perpendiculaire à la face NH, & le marqué O eft vn peu oblique : i’eftime plus le perpendiculaire. Les Parapets de ces flancs doiuent eftre fi hauts, qu’ils empefehent la Place baffe d’iceux d’eftre veuë de la campagne, d’où s’enfuit qu’il y faut faire des Garçonnières.
- Dans çes Dehors fi l’on veut tenir des Pièces, il faut qu elles foient légères & courtes, afin que les Soldats les puiffent retirer promptement venans à eftre forcez. Des Pièces femblables à celles que le Prince Maurice enuoyoit à Montpelier, prifes par les noftres, fcroient très-propres. Elles ont trois pieds de long, leur calibre eft trois pouces, leur pefànteur de i8o.Kures de metail, montées fur deux rouës fort legeres *, tellement qu’vn homme les peut facilement manier. Les Pierriers feraient encor meilleurs, d’autant qu’on peut les tirer fort forçuent, ayant quantité de boetes chargées de ferraille, de vieux clous,ëç ne tirer que de près,
- DES
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- Liure I. Partie III.
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- DES DE MI-LVNES.
- Chapitre L I I I.
- Lvsievrs donnent le nom de Demi-lune à tout CO Quefl-ce que De-qui eft fait en pointe, comme Rauelins, &c autres fem- m lune-blables. Mais icy i’appelleray Demi-lunes des petits Leur Figure. ouurages quon fait au delà des Rauelins &C Cornes vers la campagne -, leur Figure eft vn Angle d’ordinaire aigu, ou droit, faites de terre,efleuées par deffus la campagne, comme vn Parapet cfpais pour refifter au Canon, & la Banqueté pour tirer par deffus, auec vn autre petit Parapet pour couurir les Moufquetai-res, 6C folfoyée tout autour comme les autres ouurages,& comme la Figure D C monftrç en la mefme Planche 2.6.
- On fait ces Pièces aux chemins couuerts vis à vis du milieu de la, où doiuent eiïn Courtine, §£ par fois aux pointes des Battions,comme nous auons mon- rmfes ces ?teC€S-ftré parlant du Corridor : aucupesfois fofloyées autour, & alors elles ne different en rien des Rauelins, fi ce n eft qu elles font plus petites. Oïl peut les mettre encor fort à propos au deuant de l’Angle retiré des ouurages de Corne : mais il faudra qu’ellddprennent leur defenfo des faces des demi Battions IB, H A, ou Cornes, qui font plus arriéré, & feront efloignées de ces ouurages, que des flancs E B, &; A F on puiffe nettoyer les Corridors T V, qui font au long des faces des Cornes,ce qui ne pour-roit pas fi les De/rii-lunes eftoient plus proches, ainfi que monftre la Figure 1.
- Lors qu’on les fait fur le chemin couuert immédiatement, on leur iwmefun, donnera 15.0113o.pas de face,les Parapets de^.àio.pieds. Ilfaut que dedans s y puiffent tenir 100,ou i5o.Soldats,pour faire quelque fortie, ou retraite lors qu’il en fera befoin.
- Ces Pièces doiuent eftre de terre comme les autres, toutesfois vil leur matière. peu plus baffes , afin quelles foient commandées de celles qui font plus arriéré vers {a Place *, leur fofsé &C Parapet fera comme aux autres Dehors.
- Ces Demi-Innés fe mettent à toute forte de retranchemens quon fait en campagne, afin qu’ils foient flanquez, & l'affadlant mefme s’en fert aux tranchées.
- La pointe de ces Demi-lunes ne doit iamais eftre plus efloignée de la de
- Place que la portée du Moufquet, afin que des Rempars on puiffe defen- * dre tous les Dehors.
- On fait encor d’autres ouurages qui ont les pointes comme Battions, Autres ouurages. auec deux flancs chacun, ainfi que la Figure 5.monftre : il y en auoit do femblables à Bomel du cotte de Boleduc.
- ui fc font, de la De-
- Plufieurs ne font pas cas des Dehors, parce qu’ils difont rjuil faudroit trop grand nombre ae Soldats pour les. garder. Mais ceux-là ne confide- de*. que u Tiace.
- Y 3 rent,
- Nous laiffons dé parler des retranchemens &C des defenfos q dans les foffez, parce que cela fora dit plus à propos au traitté fenfe.
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- vjz Delà Fortificàtion irrégulière.
- rent pas de près cecy, car on treuuera qu’il n en faut pas d auantage pouf* les Dehors, que pour garder la Place s’il ny en auoit pas. Car il faut con-(îderer,quain(i qu’on n attaque iamais tous les Dehors qui font Tvn déliant l’autre tout à la fois, Ô£ quil faut que l’ennemy prenne les premiers pour venir apres aux autres : qu’auffi en défendant bien les auancez, les autres feront afleurez, èc ceux qui (iront plus arriéré (icourront ceux qui fouftiendront les premiers. Outre qu’vne Place n’eft iamais par tout attaquée : au lieu qu elle le fera on mettra dauantage de Soldats, & moins aux autres, & par ainfi le nombre ordinaire fuffira : car bien que ces ou-urages s’eftendent beaucoup vers la campagne, ils n ont pas pour cela plus de front, & ne donnent pas dauantage de prifç à lennemy, que la Fortification feule (ans Dehors.
- T LA NC HE XXVI.
- BRIEF
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- Liure I. Partie III.
- m
- RRIEFVE RECAPITULATION DE TOFTE
- la Fortification irreguliere.
- Chapitre LIV.
- ’Ingenievr auquel fera proposé de fortifier vne vieille Pla- ce ,Utf,un ce, il faut qu’il en face premièrement le Plan fur le papier,au iufte comme elle eft, recognoiflànt bien toutes les circon- T3lace irreguliere.
- ________fiances du lieu propre, & de ceux qui font autour,la qualité
- delafliete&du terrain,fi elle peuteftre fortifiée regulieremét fans beaucoup changer la vieille enceinte,ou que le Prince la vueille ainfi : il fçaura le contour de la Place,par lequel il cognoiftra combien de Battions il y Pourvoir le m-doit faire, diuifànt iceluy contour de là Place par la diftance ordinaires ^nyfaJantons quon donne du cétre d* vn Baftion à autre : comme par exemple s’il treu-uoit que le contour de la Place euft n^o.pas,le diuifànt par i8o.le quotient 7.monftreroit qu’il faudroit faire fept Battions :que s’il ne vouloit donner que 150. pas de diftance du centre a vn Baftion à autre, il y en faudroit hui<5t,&: refteroit 6o.pas,qu’il faudroit encor départir en huiâ:,d où vient 7.7-. qui font i57.pas & demi à chaque cofté de la Figure. Or pour mettre mieux les Battions aux lieux conuenables, & pour fe feruir des vieilles murailles le plus qu’il fe pourra, fur le dettein de la vieille Place il fera le régulier, l’accommodant du cofté qu’il verra eftre mieux à propos pour la force, ou pour la commodité.
- Pour tracer fon deffein fur le terrain, il faudra qu’il conftruife premie- Pour àffiw* ou rement la Figure fimple tout autour de la Place auec des cordeaux : ce qui ^rUterLJ.1^ ne fe peut faire icy, que par l’Angle du cofté, à caufe des baftimens qui empefchent de faire vn cercle, &C pour cet effedt aura vn Angle fait de deux pièces de bois, qui tiennent ferme, &c foient ouuertes autant, quon a treuué deuoir eftre l’Angle du cofté de la Place qu’on veut faire. Les branches de cet Angle, ou infiniment auront 11. ou 15. pieds de long, iu-ftement ouuertes, &cquelles ne fepuifTent ni fermer, ni ouurir,comme on voit en la Figure u Pour s’en feruir, il mettra l’Angle d’iceluy au lieu où il veut faire vn Baftion \ & là on plantera vn piquet A, puis on tournera le cofté de cet inftrument iufques qu’il aile droit au lieu où l’on veut qu’il y ait vne Courtine, comme A B, &C au long des coftez de l’inftru-ment A C, A D, on tirera deux cordeaux attachez au piquet A, vn d’vil cofté, l’autre de l’autre, auffi longs qu’on veut eftre le cofté de la Figure, comme A B, A C, chacun de i5o.pas : aux bouts de ces cordes on plantera les piquets C, B,aufquels on mettra l’Angle,ou Inftrument D C : pour tirer les autres coftez de la Figure, on mettra l’vn cofté d’iceluy D E, fur le cordeau ja tiré A B, & l’autre E C, luy monftrera où doit eftre posé l’autre piquet F, ou l’extremité du cofté de la Figure faifant B F efgale à A B. Auec ces cordes on continuera ainfi, iufques à ce que la Figure^
- A B F G C (bit acheuée. Apres on mefiirera ij.pas, à I, & à L de chaque cofté de l’Angle de C A B, d’autant qu’on veut auoir la demi gorge, où l’on plantera des piquets IL > &; là defiiis on efieuera perpendiculairemet les flancs M N,& l’on acheuera les faces des Battions O M, O N,auec les cordeaux O P, O Q^jOn marquera de mefme les Grillons, les Foflez,
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- Four fortifier irrégulièrement.
- ffasçimç.
- Ce tjuVl faut faire aux faces fort longues.
- Faces très-longues.
- Faces médiocres.
- Faces, courtes.
- Faces plus courtes.
- Faces fort petites.
- 174 De la Fortification irreguliere,
- & tous les autres ouurages auec ces cordes, faifant creufer vne raye , ou petit fofsé au delfous d’icelles cordes, pour les ôfter apres, §£ ainfi on aura la Place rracée fur le terrain*
- S’il faut qu’il la fortifie irrégulièrement,il en aura le Plan corne deuant, fur lequel il confïderera quelles Pièces feront plus à propos, s’accommodant a u defpence qu’on veut faire, &au temps qu’il a pour parfaire fon ouurage. Si fon eft prefsé il faudra faire des Rauelins, ou des autres Dehors, ouurages de Cornes, Demi-lunes &retranchemens, creufer les fofsez de la Place, de la terre faire des Rempars & Parapets, le plus de Defenfes qu’il luy fera poflible , ne lailfant aucun lieu dans la Place, qui ne foit flanqué à la portée du Moufquec.
- S’il a le temps 6c commodité,il fortifiera premièrement le corps de la, Place, l’approchant le plus qu’il pourra de la Fortification reguhere, faifant la force par tout e(gale,aueç les Pièces qu’il appliquera aux lieux où il iugera pouuoir mieux feruir.
- S’il y a quelque face fort longue, comme de 300, pas, iniques à 400, marquée R S,Figure 3.outre les Baftions qui feront aux extremitez R S, il en fera vn autre au milieu T, auquel on croiftra,ou diminuera les gorges à proportion de la longueur de la face qu’on fortifie : comme lî elle n’a que 3oo„pas, on fera les demi gorges de ceux qui font à collé, & de celuy du milieu de *5. pas. Si elle eitoit de 4cp.pa$, on fera les demi gorges de 30. Si la face au oit 45Q.pas,les demi gorges feront de 3^
- Si la face V X, Figure 4.auoit joo.pas, on fera deux Baftions Z Y fur icc lie,outre ceux des extremitez V X. Si elle eft plus longue,on augmentera fes demi gorges à proportion. Bref, on regardera toulïours que lés lignes de Defenfe n’excedent iamais la portée du Moulquet, mettant entre deux autant de Baftions qu’il fe pourra.
- Si la face A B, Figure 5, eftoit moindre que de 3ço.pas, &plus grande que iîso. n’eftant pas capable d’vn Baftion entre deux, on pourra lùr cette ligne faire les gorges entières, A C, B D, des Baftions EF, qui feront aux extremitez, les proportionnant comme deuant. Ce qu’on doit ainfi entendre, au lieu qu’en faifant les Baftions à l’ordinaire, on prend la demi gorge de chaque cofté de l’Angle, comme AG,& AC,icy on la prendra toute du cofté de la ligne plus longue, 6C le flanc A H, on l’efleuera fur l’Angle A, l’autre flanc CI, à la diftance de toute la gorge A C.
- S’il y relie quelque defaut, on le couuriraauec vn Rauelih K,ou autre Piece, ainfi qu’on peut voir en la Figure 5.
- S’il fe rencontre quelque face fort courte, comme de 80. ou 100. pas, comme en k Figure 6.1a face A B,faifant les Baftions à l’ordinaire, ils feraient: trop proches,on prendra les gorges entières AC, BD,des Baftions fur les collez de la Figure,qui fuiuent AE,BE, elleuant les flancs A B aux extremitez de cette face A B, tellement qu elle ferue de Courtine,
- Si elle eftoit encor plus courte,comme d’enuiron 6o.pas, comme en la Figure 7. la face A B, d’icelle on en fera là gorge d’vn Baftion A C B, qu’on fera la deflus,elleuant les flancs A E,B D fur les extremitez AB des autres lignes F B, G A, qui aboutiflent auec celle cy A B.
- Si elle n auoit que 25.0U 30. pas,comme A B, Figure 8.de cela on fera la demi gorge du Baftion BCE, l’autre demi gorge A E, on la prendra fur
- l’autre
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- Liure I. Partie III.
- 17Î
- l’autre ligne A G qui fuit à proportion quonen a affaire, pour les rendit de mile mefureje tout fe peut voir en la Figure 8.
- Si deux petites faces A B, B C s entretiennent, on en fera vne de tou- Deux petites faces. tes deux AQauec les Battions CA aux extremitez,corne en la Figure 9.
- Les Battions qui feront fur les Angles aufïi grands, ou plus que celuy B^ns fur An-de TExagone B A C,Figure io.on les fera comme en la reguliere,eileuantgleso îtis' les flancs D E, G F perpendiculairement,par les extremitez defquels E F, on tirera la ligne E F fur le milieu H,de laquelle on çn efleuera perpendiculairement vn autre HI efeale à la moitié H E de la ligne F E : Ion extrémité I, fera la pointe du Baftion G FIE D, angle droit.
- Sur les Angles efgaux à celuy du Pentagone, ou du quarré, on fera, comme nous dirons parlant de ces Places.
- Si l’Angle eft vn peu moindre que celuy du quarré,comme B A C,en Angles aigus com-la Figure n.on pourra couper la pointe du Baftion D,& la fortifier en te- e^n^r‘ nailleFGE. "***”
- S’il eft efgal à cçluy du Triangle,comme ABC, Figure nSi Ion y fait vn Baftion D E F, il faudra neceffairement faire de mefme, ou bien fans y faire vn Baftion retirer cet Angle A B C en dedans la Place,auec la Tenaille G HI, ce qui doit eftre touffeurs fait aux Angles qui font moindres que celuy du Triangle, à caufe que les Battions qu’on feroit là def-fus feroient trop aigus, & les faces trop longues * & les Pièces qu’on vou-droit mettre au deuant feroient ou trop aigues, ou fans defenfe.
- Dans les Angles rentrans, comme ABD,en la Figure 13*011 fera la Te- Angles rentrons. naille E F, quand les coftez B A, B D, qui font l’Angle DBA n excédent pas la portée du Moufquet, auec ce que les faces D des demi Battions l’allongent, qui doiuent eftre faites apres.
- Si les coftez AB,BC de la Figure 14. font plus longs,comme de 2.2.0,pas PUtefimes eu fa-dans l’Angle retiré, on fera la Plateforme DE, ou vn autre Angle î F G, ceslves' qui auance autant qu’il fera neceffaire, iufques à ce que la face qui reliera G C, I A, foit à la portée du Moufquet.
- Si Î vn eft long, comme BC,Figure 15.1 autre B A de iufte longueur,on r™ face feule eîiù auancera dauantage l’Angle D E F, du cofté de la longue face B C. longHe'
- Si tous deux, ou f vn d’iceux, comme B C, Figure i^.eftoittrop long, Redens. comme de 3oo.pas,on fera les Redens DE, vn ou deux,félon la longueur que la face B C fe’treuuera.
- Apres les Angles retirez fuiuent les demi Battions F GH, defquels on Demi Basions. fera la gorge,ou pluftoft demi gorge HA,de 40.OU 5o.pas,plus,ou moins, félon le befbin, comme on voit en la mefme Figure 16.
- Les Angles fortouuerts ABC,comme de plus de ^o.degrez feront te- Angles fortement. nus bc fortifiez comme lignes droites,faifànt les Battions D E, aux lieux neceffaires, comme en la Figure ij.
- Tous les autres Anglesretirez pourront eftre fortifiez, tirant vne ligne Autre Fortification AC,de l’extremité dvn cofté à lautre,enfermant ainfi l’Angle ABC dans des Angks rentras' la Place, bc faifànt des Battions E D lors que le lieu le permet, Figure 18.
- Les lieux hauts feront fortifiez auec Redens, du cofté qu’ils font peu Lieux peu atxejfi-acceflibles, Figure 19. S’il y a quelque auenuë, on la fortifiera auec deux demi Battions, ou vne Tenaille, auec quelque autre piece au deuant, Figure 10.
- Z Aux
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- Lieux en défendant.
- Lieux, qui font fur montagnes de terre.
- Lieux commande
- Courtine doit eftre opposée au comma-dement.
- parapets doubles.
- Caualiers pour cou« urir.
- Efcarper les commandement.
- Places commandée st îres-mauuatfcs..
- 176 De la Fortification irreguliere.
- Aux lieux qui vont en defcendant, les Battions redoublez feruiront, les vns mis par deffus les autres, Figure 11.
- Les montagnes de terre, de médiocre hauteur feront fortifiées fur le déclin, de façon que l’Efplanade du fofsé s aile perdant dans la plaine, de laquelle ledit fofsé foit efloigné 40.0U 5o.pas *, &c dans cet efpace on fera des Dehors, qui feront commandez comme par degrez les vns apres les autres, ô£ la Place commandera à tout cela. Fortifiant au bas,on per-droit lauantage du commandement, & tout au haut ,1a Place en fer oit plus petite, feroit moins de dommage à l’ennemy, on perdroit ce qui refteroit de la defcente. La veuë,& l’experience de l’Ingenieurluy feruiront en cecy plus que toute autre réglé, Figure 22.
- Ceux qui feront au déclin d’vne montagne commandez, ou on cm fermera le lieu commandé, ou on fera vne Citadelle au haut, ou bien on fe fortifiera plus auantageufement de ce cotte, faifant plufieurs Pièces l’vne deuant lautre, afin que Fart fupplée au defaut de la nature. On remarquera qu’en ces lieux çomrrfandez, il eft bon qu on oppofe la Courtine au commandement, hauffant fore les faces des Battions, & les Grillons, afin que ceux qui feront aux flancs foient à couuert y ce qui ne feroit pas fi Ton y oppofoit la pointe du Baftion. Aux autres Courtines,qui peuuent eftre enfilées, on fera plufieurs trauerfes de gabions marquez 23, pu de terre*,ô£ les Embraferes des flancs qui feront oppofez au commandement feront couuertes par deffus d’vn Parapet plus efpais que i’ordi-naire,& efleué affez haut,afin quil puifiè couurir ceux qui feront dans les Places bafles : les autres parties de la Place pourront eftre peu offensées, eftant beaucoup elloignées du commandement.
- Si l’autre coite de la Place eftoit affez proche du commandement pour en receuoir du dommage, on fera le Parapet double,auec vn chemin entre deux, où fe mettront les Soldats pour tirer -, 6L çecy doit eftre particulièrement aux lieux qui en flanquent d autres.
- Les Caualiers,marquez ^.feront faits lors que le commandemet n eft pas trop haut, 6C lors que par le trauail on peut efgaler ceufe hauteur : on les difpofera tellement, qu’ils empefehçnc que les lieux commandez ne foient enfilez du commandement.
- Lors que le commandement eft fort efleué par deffus la Place, on tail-lera,ou efearpera la montagne à plomb,& bien près d’icelle onbaftira ht Fortification : car par ainfi on oitera à l’ennemy le moyen de l’attaquer par là, n’y ayant point de defcente eftant fort proche du commandement , il ne pourra que peu nuire à ceux de la Place, Figure 25.
- A toutes les Places qui feront commandées, on efleuera les Rempars le plus qu’on pourra deuant le commandement, faifant les maifons bien proches, afin qu elles foient mieux couuertes par iceux.
- On n’entreprendra iamais de fortifier les Places commandées de tous coftez : fîc’eft quelque lieu important, on fortifiera les auenufis, & les lieux cirçonuoifins, qui feront fur les pattàges, ou bien on fera des Cha-fteaux & Citadelles lur les lieux qui commandent,dans lefquels on tiendra la garnifon : car de fortifier ces Places ainfi commandées^i’eftime que çeft argent 6C peine perdue, & feront toufiours peu defenfibles.
- PLANCHE XX VIL
- PES
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- i/9
- QVÀTRIESMÈ PARTIE.
- DÈS PLAGES QYI ONT
- moins de ïix Baftîohs,& autres indifferentes.
- CDF TRIANGLE.
- Ck^iTRÉ tfî
- Le n que ces Places foient régulières : toutesfois patc6 qu’on n’a pas accouftumé de les mettre auec les autres, à caiife qu’elles font imparfaites,! ay voülu fuiiîre cet ordre,ôC en faire vn Difcburs à part.
- Les Angles aigus font les plus malaifoz à fortifier; Angles aigus ne comme nous aubns retîiarqué:C eft pourquoy le Trian- eüre gle equiiaterall’eft plus que toutes lés iütfès figures, parce que c eft la,^ première àc la plus âiguedes regulierés^ Pltmeurs, ont donné diuets moyens de les fortifier,màis tous font defailians, ou de grande defpënfe.
- Éri la première façon ori diuife le cofté de la Figure en fix parties,def- comme on doit for-quelles Ori en donnera vne pour la demi gorge AD,& demi pour le flanc ü^r les Tnan&ks-CD,efleué perpendiculairement fur la Courtine DE, lequel fera fans Grillons, à càufe de fa petitèfle j SC la defenfe commencera au flanc D, ou E, le Fofsé fora de 15.0U io.pas3le refte à 1 ordinaire, comme dn voit à la Ffgurei.de la Planche 29.
- Si Ton fuppofe le cofté qo.pas, le demi diametrè fora 86. pas 3.pieds, les edeuù demi gorgés À D ,15. pas chacune, & le flanc C D douée 8£ demi, la,
- Courtine D E aura ioo.pas, la ligne de defenfé E B fera longuè de i£i pas: la face du Baftioü C B aura 60. pas deux pieds : depuis la pointe du Ba-ftion B, itifques à F Angle du cofté Â,ily aura prefque 40. pas : l’Angle flanqué G B C fora de 45.degrez 44.minutes, l’Angle flanquant CIF aura i^.degrez 44 jmiriuteSo ,
- De ce que delfus oh voit que les Angles flanquez font trop aigus, 8£ les flanquans trop obtus, contre la maxime de la Fortification -, les Ba-fiions font trop elïroitsjes Faces trop longues^ les flancs trop courts,& toute la Place peu contenante. Toutes les parties eftant defaillantes, ori conclura cette Figure eftre impropre a eftre bien fortifiée.
- Autrement on diuifora tout le cofté de la Figure E F, Figuré i.en cinq -âw» Fortification parties, & depuis FAngle È on prendra vne partie E G, fui' laquelle on, du Tnan^ efleuera le flanc  G d’autant : la defenfe fo commencera à deux parties,
- C foin du flanc G, d'où l’on tirera la ligne de defenfe C B, par Fextremi-té du flanc  ; iniques qu elle rencontre l’autre cofté,E prolongé eh B, tdmime bri voit eh ladite Figure:
- z 3 si
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- j8 P De la Fortification irreguliere,
- £4cui Si on fuppofe comme deuant le collé E F 15c. pas, la face du Baltiom
- A B aura 75. pas 7. le flanc A G fera de 30. pas, &c le relie delà Courtine G F fera de no. à laquelle fi on adjoulle le prolongement fait par la face F D du demi Ballion 73.pas 7, la toute G D fera de i93.pas 7, qui ell vne ligne de defenfe :l?autre ligne de defenfe CB fera 141. pas T Angle flanqué B aura 33. degrez, i^.minutes. Il nÿ a point d’Angle flanquant formé , fi ce n ell que pour jceluy on entende l’ Angle D C B, qui eft de 153. degrez, i6.minutes*
- Celuy-cy vaut moins que lautre, car les faces des Ballions font plus mal flanquées, les Angles flanquez font plus petits, &c par confequenf les demi Ballions moins forts pour fe defendre.
- ^4utre façon de for- En la troifîefme façon, on fait au milieu des faces du triangle des Ba-
- l^SCaicJnanglp5' ^ons entiers, comme la Figure 3. monllre. Le collé F G ellant 150. on fait toute la gorge de 30.pas,& les flancs B C de la moitié,qui ell iypas,&: le Ballion D Angle droit : Sc par ainfi la face du Ballion D C aura n.pas 8C vn peu plus, èc la ligne de defenfe enuiron 43.pas, §£ la defenfe commencera à ij.pas près du flanc, d’où s’enluiura que ce qui reliera du collé de la Figure fera de 45-pas,qui défendra la face du Ballion.
- Cette façon me femble meilleure que les autres,parce que les Ballions font Angles droits, 8C plus grands que les autres : toutesrois il y a ce défaut que la Courtine n’ell veuë que d’vn endroit, non plus que tous les autres endroits,& la face du Ballion ell defendue obliquement,non tou-tesfois tant qu’aux autres jcaricy l’Angle flanquant ell feulement de 131. degrez.
- f LA NC HE XXIX.
- *AFTRE
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- Liure I. Partie IV.
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- <5AVTRE FAÇON DE FORTIFIER
- les Triangles.
- O
- Chapitre L V I.
- ’Av tr e s auancent le milieu de la face, de façon quo d’vne face ils en font deux, & aux Angles ils font des petits Battions : mais ce n’eft pas fortifier vn Triangle, ains dVn Triangle en faire vn Exagone. le laiife toutes — ^ ^es autres fomblables.
- I’apporteray feulement celle qui fuit,parce quelle, eft fort belle,§c fortifie le Triangle, demeurant Triangle : Soit veuë k Figure r. de la Planche 30, ou foit le Triangle B K A à fortifier, duquel chaque face B A foit diuisée en hui£t parties, SC depuis l’Angle B îuf-ques à C foient prifes deux parties, &c fur Ç foit çfleuée C D d’vne partie. Apres par l’extremité D, &c par l’Angle B, foit menée D G tant longue qu’on voudra : de mefme foit fait fur la face K B du poind L en F. Apres foit pris le tiers de la Courtine M C,depuis le flanc opposé M, iuf-ques à E > èc par le poind D foit faite la face D F, iufques qu elle rencontre la ligne F L. Apres de B à I foient pris 25. pas, ou autant que CD,& fur I,foit efleuée la perpendiculaire HI du tiers de B ISc foit fait l’Orillon comme aux régulières $ ou fi Ion ne fait pas l’Orillon, on fera le flanc perpendiculaire à la face F B. Apres on tirera la Courtine IN, Scie Triangle fera bien fortifié demeurant Triangle : toutesfois auec autant de def-penfo qu’il faudroit quafi pour faire fix Battions -, auec tout cela il ne laiflë pas d’auoir les Angles flanquez fort aigus, comme monftre k Figure 1. de la Planche 30.
- S’il eftoit proposé à fortifier vn Triangle obtus Angle, comme icy ABC en la Figure i.duquel l’Angle obtus foit A, fur iceluy on fera vil Baftion ayant la demi gorge de 25. pas, §£ les flancs d’autant : &C fur les autres deux Angles aigus on fera deux demi Battions, & fur la face IH le Baftion M redtanglé.
- Pour faire cecy il y aura prefque autant de defpenfe que pour fortifier vn quarré : la force eft très ineigale, d’autant que les corps I &c H font, trop petits,& trop aigus5plus imparfaits que tous les precedens.
- Si le lieu eftoit fur quelque rocher,fi eftroit,qu’on ne peuft pas s auan-cer pour le fortifier en quelqu vne des façons que nous auons dit, ie reti-rerois vn peu les faces en dedans , afin qu’au milieu il y euft quelques flancs, ou auances qui les defendiflent. Peu de defenfe fuftiroit à ces lieux icy eftans aduantagez de la force de leur afliete, comme on voit en la Figure 3.
- Il faudroit vn difcours trop long pour eferire toutes les autres façons de fortifier les Triangles que plufieurs fe font imaginez, & qu on peut encor intienter, comme de faire des Rauelins vis à vis du milieu des faces au lieu de Battions, lefquels font icy fort mauuais, à caufe qu’eftant efloignez de la Figure de toute la largeur du fofsé, ou il faudroit les faire fort aigus &c petits, ou bien ils feraient peu defendans & flanquez du
- corps
- B elle façon de fortifier le Triangle.
- Triangles ambligo-nes comme fortifie’^.
- Autre Fortificatio.
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- 182 De la Fortification irreguliere.
- corps delà Place. Les ouurages de Corne fèruitont plus à propos, mais ainu les Dehors feront beaucoup plus grands que la PlacejSc lors il vau-droit mieux faire quelque autre Figure plus parfaite, puis quon auroit aflezde place,&: ladefpenfe n’en feroit pas plus grande. On recherche plus de moyens de fortifier cette Figure que les autres, à caufe qu elle elt plus imparfaite* Ceft le naturel des hommes de tafcher à perfectionner ce qui çA plus defaillant, & de s'efforcer contre les choies difficiles. Fay efcrit toutes ces façons , parce que plusieurs tafchent de bien fortifier cette Figure, & cecy ne ièrt pas feulement pour le Triangle , mais encor pour tousles Angles aigus qui fe rencontrent aux Fortifications irre-gulieres.
- tes, & ou ne doit iamais s'en fèrpir qu'aux lieux où ïçn ell forcé de les faire.
- TL ANCHE JTJTJ.
- DV
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- Liure I. Partie IV. 183
- DF QFARRE'.
- Chapitre LVIL
- E Quatre eft plus en vfage que le Triangle, parce qu’il fe fortifie mieux, &C a beaucoup plus de contenance : mais il a encor du defaut ayant les Angles flanquez aigus , toutesfois beaucoup moins que le Triangle.
- Il peut feruir pour des Forts, ou Citadelles,ainfî qu eft celuy que fon Altefle de Sauoye fait baftir entre Nifle &c Ville-franche ,au haut d’vne montagne, lequel empefche le paflage dV-ne Ville à l’autre, &C commande dans le port de Ville-franche, toutesfois d’affez loin. Par fois on fait des Citadelles quarrées,comme celle de Capouë dans le Royaume de Naples,qui eft fur le bord de la riuiere auec quatre. B allions, lefquels font fort petits, faits à l’antique. La Citadelle de Iuliers eft aufli à quatre Battions, auec Orillons, & renforcée de Dehors: celle de Calais eft prefque de mefme, & plufieurs autres en diuers lieux.
- Le Quarré fe peut fortifier en autant de façons que le Triangle : mais la meilleure eft d’y faire des Baftions qui ayent z5.pas de demi gorge HE, & le flanc DE d’autant, prenans la defenfe du flanc opposé.
- Suppolànt le cofté de 150. le demi diamètre fera vn peu plus de 106. & la Courtine aura ioo.pas. La face du Baftion D A fera de ^7.pas, 4,pieds. La ligne de defenfe AG,i7o.pas,4.pieds. Depuis la pointe du Baftion A, iulques au cofté de la Figure H prefque $9.pas: l’AngIe flanqué A fera fii.degrez, 56. minutes, l’Angle flanquant FIA, 151. degrez, j^.minutes. Figure 1. Planche 31.
- S’il eftoitproposé à fortifier vn Quarré long, dont les deux faces plus longues enflent plus que la portée du Moufquet, comme par exemple 3oo.pas, il faudroit faire quatre Baftions auxquatre Angles, SC au milieu de ces faces longues vn Rauelin à chacune, ou pour mieux faire vn Baftion attaché à la Courtine, comme en la Figure 3.
- ' De cette façon quafî eft fortifiée la Citadelle bafle de Florence, de laquelle on a auancé l’vne des faces longues, d’vne en faifant deux, &C va, Angle 3 &C au deflfus d’iceluy vn Baftion : & à l’autre face fur le milieu on y a fait vne piecede pierre de taille, d’enuiron 15.0U zo.pas de face : mais alors la defpenfe fera aufli grande que d’vn Exagone, & la Place ne fera pas fi contenante, non pas mefme quVn Quarré, qui auroit autant de, circonférence que ce Quarré long : parce que des Figures Ifoperimetres, ceft à dire,d’efgale circonférence, les plus regulieres en pareils nombres de coftez font les plus contenante$5&: des regulieres,ou equiîateres,celles qui ont plus de coftez font plus contenantes que celles qui en ont moins, bien qu’elles foient Ifoperimetres, comme icy, foit le Parallélogramme, ou Quarré long A E, en la Figure z. auquel foit fait le Quarré G D Ifo-perimetre,ie dis qu’il eft plus grand en contenance que le Parallélogramme A E, d’autant qu’il ne peut eftre ni efgal, ni plus petit. S’il eft efgala, les quatre lignes AB,GH,GH,&BE feront proportionnelles, ££ par confequent A B, & B E feront plus grandes: que G H, G H b, ce qui
- AA eft
- Citadelles quarrées,
- Fortification du Quarré.
- Quarré long moindre en contenance que la quarré.
- Dermnïiratiork.
- a jy.Propof.i, b Derniere Prop. 1.
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- 184 De la Fortification irreguliere.
- èft contre la fuppofition* Et moins encor peut il eflre plus petit, puis quellant efgal,lacirconférence du Parallélogramme eft plus grande, laquelle le feroit dauantage fi le Quarré eftoit plus petit : donc il fera plus grand. Qtxes*ils font etgaux en contenance, le Querre fera moindre en circonférence, comme nous lortons de demonftfer. C’efl: pourqucy vn Quarré fera fortifié plus facilement, quvn Quarré long, bien qu’ils foientefgaux en circonférence, comme îçy foit la face A B, 100. & BE, ioo. le collé du Quarré, pour eftre elgal a la circonférence de celuy là, qui fe pourra facilement fortifier auec quatre Baftions, ou àlautre,ily auroit du defaut*
- Nous ne demonftrerons point que TExagone d cigale circonférence loitplus grand que le Quarré, parce que ce léroit hors de propos, &; veu auffique Clauius le denionllre dans le liure 7.de fa Geometrie pratique * Propofition s.
- *PLJ lSt C HE X X XL
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- Liure I. Partie IV.
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- DF TENDAGONE,
- Chapitre LVIIL
- E Pentagone femble eftre proprement affe&é aux Ci- Pentagone propre tadelles, & celles gui font eftimées les plus fortes font ?0HrlesCttaMes' à cinq Baftions, àinfï qu eft la Citadelle d’Anuers eiL Flandres, le Fort Saind André en Hollande , la Citadelle de Bourg en France, lors quelle eftoit fur pied,1a Citadelle de Turin en Piedmont, celle de Calai dans le Montferrat,laquelle eft très-belle 8£ en bon eftatje Chafteau Saind Ange à Rome, & plufieurs autres. C eft parce que les Baftions faits fur Pourquoi, cette Figure s’approchent plus de l’Angle droit, bien que les flancs 8C gorges foient de belle grandeur : mefmçs elle eft affez contenante pour loger vne Garnifon capable de tenir en Bride les habitans d’vne Ville, &c pour y tenir dedans les munitions necelfaires. Eftant plus grande, il faudrait plus de Soldats pour la garder, ôcpar confequent le payement de la Garnifon coufteroit d’au^ntage au Prince, fans luy apporter ni plus de commodité, ni plus d’affeurançe,
- Lecofté FI fera de 150.pas,8£diuiséenfîx parties, dont vne qui Sesmefum. eft 15. pas fera la demi gorge FD,&leflanc DB d’autant-,6c par ce, moyen la face du Baftion B A aura 54. pas, deux pieds, la ligne de de-fenfe E D 157. pas , deux pieds, depuis la pointe du Baftion A, iufqnes à l’Angle du cofté de la Figure p, 47.pas, vn pied -, l’Angle flanqué E,
- 79.degrez, 5 6. minutes j l’Angle flanquant ACE, 151. degrez, 56. minutes.
- Aucuns veulent qu’on commence à prendre la defenfe du huiétiefme ok doit commencer de la Courtine, ou du dixiefme, ainfi que la plus part des alléguées cy M de^e' defliis : Mais à caufe que les Angles flanquez font aigus, & le feraient, d’auantage, on la prend du flanc : toutesfois i’eftime cela indifferent, car la defenfè qu’on augmente recompenfe bien le defaut de la diminution de r Angle, çe qui refte eftant affez fort, comme il eft icy en la,
- Planche 31.
- Or pource que ces trois Figures eftans fortifiées font toufiours defe- Pour le rendre pim âueufes , principalement le Triangle le Quarré : pour les rendre, ^ort* meilleures, on fera vers le milieu des Courtines des Rauelins, comme nous auons dit cy deuant. Toutes les autres parties, comme les Rem-pars, Fofféz, Contrefoarpes feront fuiuies à proportion, comme nous auons dit aux Régulières.
- On remarquera qu’au Triangle, Quarré, 8c Pentagone nous auons Po^uoyenejs Fi. toufiours fupposé le cofté de la Figure de cent cinquante pas feule- fa%lTded!i!nfe ment, bien que nous tenions la portée du Moufquet eftre de cent hui- moindre qu’aux ûante -, la raifon, parce qiia ces Figures les lignes de defenfe viennent, antres-beaucoup plus longues que les coftez de la Figure , ce qui narriue pas aux autres qui ont plus de Baftions. Tellement que fi l’on fuppofoiç, lecofté d’icelles de la longueur de la portée du Moufquet,les lignes
- A A i , de
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- i86 De la Fortification irreguliere.
- de dëfenlè lexcedant * (croient hors de portée, par confisquent defaillantes.
- Au Pentagone on pourroit faire le Baftion Angle droit, parce que, l’Angle du collé eft 108. mais il faudroit que les Flancs & Gorges fuffent très-petites les Battions ne vaudraient rien.
- TL A N C HE XXXII.
- Tes
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- DES TL AC ES, OV FORTS E EslotUe,
- Chapitre L I X.
- Vis quon ne met pas au rang des regulieresles Figures precedentes , encor moins y doit-on mettre cel-les-cy, quoy qu elles ayent leurs faces & leurs Angles efgaux.
- Bien que lVfage de ces Places foit plus propre pour Lvfagt des Fom les Forts de campagne , que pour les Citadelles : toutes- de camPa£ne-fois parce que i’en ay veu en quelques lieux, i en defcriray icy les mefu-res,ô£ leur forme.
- On les fait à plufieurs pointes, à quatre, à cinq, &C à fix, voire à huiâ> L<w »$ les deux premiers s’vfent d’ordinaire aux Forts de campagne 3 les autres deux,pour Forts de durée* On donnera à chaque face A D,40.0116o.pas3 s’il eft à fix pointes, on fera chaque Angle flanqué, D C F de 6o.degrez,
- & l’Angle retiré A D C de 12-0. les Places bafles feront faites comme aux Tenailles, l’Exagone delà Planche 33. foit veu , la conftru&ion duquel Leuy con&rustion. eft telle : Soit fait l’Exagone régulier A C E,&c.duquel chaque face A C foit de 104.pas quafî, & fur les extremitez C, &c A foient faits les An-gles DAC,&DCA, chacun 3o.degrez, & viendront D A, D C chacune de 6o.pas.
- Pour le Pentagone foit fait A C, io5-pas, & les Angles D A C, D C A, chacun de i9.degrez, les faces D A, D C feront comme deuant chacune de éo.pas, l’Angle flanqué DGF, 5o.degrez,le flanquant A D C, m.
- Pour le Quarré, foit fait À C, m.pas, & les Angles D A C, DCA, chacun ii.degrez -j-, chacune des faces A D, C D,fera de 6o.pas 3 l’Angle flanqué DGF, 45.degrez, ÔC le flanquant AD C, 135. A Naples il y a vil femblable Fort à fix pointes, appellé le Fort S. Erme, bafti de muraille: mais les Cazemates font voûtées, à deux eftages, ce qui eft mauuais, comme nous auons remarqué cy deuant.
- On fe fert de ces Pièces en des lieux hauts 2C eftroits, lors qu’on ne Leiieuohontedou peut pas s eftendre, à caufe de la petitefle &c incommodité du lieu,com- ^tre' me celuy de Naples 3 ou lors qu’il y a quelque rocher fur vn paflage en-uironné de mer, comme on peut voir auprès de Lerici, où il y a vn Fort fait en Eftoille, lequel defcouure dans ce golfe 3 il eft fitué fur le bord de la mer fur vn efcueil, ou rocher. Il n’eft pas tout à fait régulier, d’autant que d’vn cofté il y a vue Courtine entre les deux pointes, c eft à caufe deiafliete du lieu.
- Pour moy l’aimerois mieux fortifier vn lieu de cette façon qu’em & fant ailleurs Triangle 3d’autant que les Angles de ces pointes ne font pas fi aigus que qhelelruw£le• ceux des Baftions du Triangle , & les lignes de defenfe ne font pas le tiers fi longues, chaque face de cette Figure flanque 2£ defend l’autre,
- la Place eft autant ou plus contenante,& la defpenfe de la conftruétion en eft moindre. Mais on remarquera quil faut faire ces Forts bien bas,
- A A 3 ou
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- Pn sfutheur Italie les reproum mal à propos.
- 188 De là Fortification irreguliere.
- ou qu’il v ait des Places bafTes,autrement on ne fçauroit nuire à l’ennemy lors qu’il feroit proche de l’Angle retiré.
- Il y a vn certain Âutheur Italien ,qui fè mocquant de ces Forts, dit, qu’ils feront pluftoft Cometes qu’Eftoilles à ceux qui les feront baftir, ô£ fe fieront à ces Forts. Mais ie ne fçay quelle Aftrologie luy a enfoi-gné , qu’ils doiuent pluftoft influer leurs mauuais alpe&s fur ceux qui les font faire que fur ceux qui les attaquent. Çe$ comparaifons font bonnes en Rhétorique pour perfuader, mais ce font argumens fort foi-blés qui ne concluent rien $ partant cet Autheur s en fert fouuent pour? raifon, comme lors qu’il veut prouuer qu oïl ne doit faire qu’vn Ca-ualierau milieu de chaque Courtine ; parce, dit-il, qu’ainfî que la tefte eft efleuéc entre les deux bras, ainfi doit eftre le Caualier entre les deux pallions. Il faudroit pour bien conclure, qu’il monftraft la femblançe, la commodité, & la neceffité eftre en tous deux de mefme.
- TL ANC HÉ XXXI IL
- Des
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- Liure I. Partie IV.
- ,189
- DES CITADELLES.
- Chapitre LX.
- I e n qu’il fe trcuuc plufieurs Citadelles diuerfement for- Diuerfis Figures tifiées,aucunes auec BaftiôsdVncbfté,Tenailles de l’au- deCitaMts-tre, plufieurs en Angles auancez &c retirez,d autres auec Redens,quelques vues auec Tours : bref en plufieurs autres façons, félon que le lieu,le temps,ou la conftru&ion ^ défia faite le permettent : pour toutes celles-là, les Dif-cotirs de la Fortification irreguliere feruiront. Quant aux regulieres,on, les fera d’vne des façons precedentes : & fi le lieu le permet on les fera^
- Pentagones -, car pour vne Citadelle c’eftla meilleure, la plus raifonna-ble ,bien que celle de Milan foit de la valeur de fix Battions : mais aufli ils font fi petits,Sc les lignes de defenfe fi courtes,que cinq Battions de iufte mefure, tels que nous les auons deferit cy deuant, contiendront autant, que ces fix.
- On a couftume de faire des Citadelles principalement aux Places où l’on doit faire
- ~ • « •/' 4 .... les Citadelles.
- parmi ceux qui auraient mauuais deflèin, qui tafcheront ( fi Ton n’a ad-uantage fur eux ) à couper la gorge à tous ceux qui les tiennent en bride.
- De cela Ton en peut lire aflèz d exemples dans les Hiftoites des guerres*, le plus mémorable eft celuy des Vefpres Siciliennes *, 8C depuis peu ceux de Negrepeliflè, lefquels tuerent la garnifon qu’ils auoient receu volontairement du Roy : ce qui ne fuft pas ârriué,s’ils fe fuffent tenus dans des fortes Citadelles. Il ne faut iamais fe fier à ceux qu’on fubiugue, quelle bonne volonté quils tefmoignent,ilshaiflènttoufiours le commandement effranger, 8£ l’inclination naturelle les porte à rauoir leur liberté,
- & reuenir au premier eftat, ce qu’ils tafcheront de faire fi l’on ne les em-pefche par la force.
- On fait aufli les Citadelles dans les Places où l’on craint la reuolte, &C Entreslieux où Un quelque commencement de guerre ciuile,bien quelles foient dans le, lesdûUfatre* corps de F Eftat, à caufè de la diuerfité de la Religion,ou parce qu’ils font de mauuaife volonté contre le Prince, ou quils font naturellement mutins, ou pour autre confideration\ &C principalement aux Places qui peu-uent eftre facilement fortifiées, &c difficilement prifes à caufè de leur fituation»
- D’ordinaire on fait aufli des Citadelles aux Places frontières, comme On les doit faire on voit en la plus part des Villes de France,comme Calais, Amiens,Mets, places Pome'
- Verdun fur Saonne : en Flandres, Anuers, Gand, Cambray,& plufieurs autres *, afin que fi f ennemy par quelque ftratageme entre dans la Place,il en foit rechafsé par la force de la Citadelle.
- On battit aufli des Citadelles dans les Places qui ne font pas tout à fait frontières, lors qu a caufè du commerce & de la fréquence du peuple on ne peut pas fi bien garder les entrées, qu il riy ait encore à craindre*,parce que l’ennemy,ou quelque autre Prince aura des Places allez proches de là, auec commodité de pouuoir faire quelque entreprife. Pour eftre plus
- * affairez
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- Ue droit quon doit choifir four lesfiai-
- Citadellp. doiuent defendrç la Place.
- ?o fît ion des Cita-dciles q narrée s,
- Antre pofition lors que la Fille efîgrade.
- 190 De la Fortification irreguliere,
- affeurez on fait des Çitadellçs, qu on garde bien eftroitemcnt, dans îet quelles le Prince enferme lès finances, §£ ce qu’il a de meilleur : cecy fc, pratique fort en Italie, à caufe de la petiteffe ÔC diuerfité des Eftats.
- On doit choifir le lieu le plus eminent &C le plus fort, de façon qu il commande par defliis le refte de la Place, autrement elles ne feruiroient de rien *, car les Citadelles font la plus grand force defenfe de la Place. Il les fautbaftir en lieu quelles puiffent eftre facilement fecouruës,
- Le plus fouuent on les fait fur les Angles, & vers les extremitez de la. Ville, mais il faut prendre garde que la Courtine,ou face du Baftion de la Ville, qui aboutit contre la Citadelle foit defenduë &c flanquée d’icetlq &C la pointe d’iceluy n en doit pas eftre plus efloignée que la portée du Mouiquer. On a remarqué ce defaut en la Citadelle de Iuliers, laquelle eft posée de telle façon, que les faces des Battions de la Ville qui s y viennent ioindre ,nen font aucunement flanquées, à caufe que la Citadelle eft toute hors de la Place. De la mettre toute en dedans,on tombe-roit au mefme defaut, &C encor plus grand de ne pouuoir pas eftre fecou-ruë. Ceft pourquoy, pour bien faire, on la mettra de façon que la moitié foit en dehors, l’autre en dedans, afin qu elle flanque mieux, & qu elle laifle plus d’efpacepourla Ville, &pour faire la Place au deuant.
- Si la Citadelle eftoit quarrée, on la pourra fituer ainfi, on mettra vn, Baftion dans la Place, & les autres dehors. Les deux faces des demi Battions de la Ville prendront la defenfe des Courtines de la Citadelle aux petites Places. •
- Il fera beaucoup meilleur de mettre deux Battions dans la Place, les autres deux dehors , &: les defenfes fe prendront du milieu des Courtines , principalement aux grandes Places \ parce qu autrement là defenfe des demi Battions de la Ville feroit trop oblique : Et au contraire aux petites Places on y treuueroit ce mefme defaut fi les deux Battions eftoient, en dedans.
- Pofmons des pen- Q uant à celles qui font Pentagones, il n y a point de doute qui! faut
- tagones. que deux Battions foient au dedans de la Place , Ô£que l’entrée correfi
- ponde à l’Angle de la Place, d autant que par ce moyen toute çette gracw de Place regardera directement la Ville : &C fur chacun de ces Baftioits on pourra efleuer vn Caualier ,afin d’endommager d’auantage les mai-fons & baftimens.
- Quelles on met das On peut aufli les faire au milieu de la Ville : mais il ne me fembfe pas
- k niiiieu de U Vi e. qU>efjes f0jent là fi à propos , parce qu’on peut eftre facilement enfermé,fans, pouuoir donner aduis pour eftre fecouru,ô£ l’ayant donné on ne peut faire entrer le fecours, qu’on ne force la Ville : toutesfois bien fouuent l’auantage du lieu conuie à les fituer en ces endroits, parce qu’ils font plus efleuez,& commandent au refte de la Villerle Chaftean,ou Citadelle de Bergame eft fituée delà forte, à caufe de l’eminencedu lieu,, Places deuat U Ci- Déliant la Citadelle du cofté de la Ville,on doit faire vne grande Pla*
- tadeik. ce yQijg s fans aucun baftiment, à la portée du Moufquety on enuiron*
- afin qu’en cas de reiioke ils ne puiffent venir iufques au fofeé, fans eftre défcouuerts 5. o,u des maifons qu’ils pourroiçnt fecrettement terracer, &
- de^
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- Liure I. Partie IV. 191
- de là offenfer ceux de la Citadelle. La Place qui eft au deuàrït de celle dé Milan eft toute minée, ainfi que difent ceux de la. garnifon.
- Tout ainfi que la Citadelle eft la principale force de la Place, aufli citAdêOes doium faut-il quelle foit abondamment garnie de munitions neceflaires, tant
- four le viure, comme pour le combat, lelquelles nous deferirons dans attaque : la Garnifon, ou nombre des Soldats qu’on tiendra dedans,forà à proportion de la grandeur dé la Citadelle, du nombre &c de la force dé ceux de la Ville* folon l’occurrence du temps.
- Il ne fâtft pas bublier de laifler du cofté de la campagne vne porte, & fon pont, laquelle oiï n’ouurirà iàmais que pour rèceuoir lé fècours.
- DES FORTS DE CAMPAGNE.
- Chapitre LXI;
- Ë s Forts different des Citadelles, en ce qu’ils font côn-ftruiéts à autre fin, & en vn autre lieu : leur forme eft femblàble, mais le plus foiiuent leur matière eft diuerfe.
- On les fait pour plufieürs raifons, comme lors qu’on Pourqwy on fdà vei.it haftiuement couper vnpaflagepour arrefter vne^cesForts' armée, quand on veut fortifier quelque pont, comme; aufli pour boucler vne Ville, & quand elle eft afliegée, pour cmpefcher le feëoürs, où pour faire hyuerner l'armée. Us font grandement propres en tous les camps qu’on fortifie.
- La Figure la plus ordinaire qu on leur donne eft la quarrée, parce qùfe Leur Figure. ç eft la Figure à moins de çoftèz qui peut eftre bien fortifiée-, à cinq elle feroit trop grande, & faudroit trop de trauail pour la faire. Le Fort que le Roy a fâit baftir deuatit la Rochelle éft à quatre Battions : Celuy de,
- S.Carles entre Verceil & Noüarre eft à cinq Battions, à caulè quil a viL très-grande très-fort Prince voifin, outre quil eft fait pour durer long temps.On les fait aufli bien fouuent en Eftoille*defquels nous auohs parlé cy deuant.
- , Leur matière ordinaire eft de terre, dautant que ces Forts ne font faits LeurmtUn,; le plus fouuent que pour vn temps, apres lequel on les rafe : Mais les Citadelles, parce quelles doiuetit toufîours feruir ^ on les reueft de bonne matière ainfi que le refte de la Place.
- Quant à leurs mefurés elles font diuerfés 5par fois on les fait grands* mfml:
- comrtie celuy qiie nous auons allégué, les lignes de dëfenfé de 100. pas, les flânes de 16. ou 18. pas, ou dauântage. On conftruira dedans le bafti-merit qui fera neceflairc pour tenir la Garnifon : on les fait d’autres fois plus petits, comme au retranchement d’vri Camp, ainfi que nous dirons en iÂttaqüe;
- Nous auons dit quéleui: Figüire drdinaire eft quaprçe, c eft à dire, des Âmes irregullersi réguliers : Le plus fouuent il fe faut gouuèrher félon lafliete du lieu,comme lors qu’on ne craindra que dVn cofté pour âuôir quelque riuiere de l’autre, ou autre chofe qui le rendra aflèurê , oji pourra faire vn dëmi Quarré, ou $n demi Pentagone, ou telle autre Figure. Atiqunesfois ori les fera quarrez fans aucuns flancs , cc qu’on appelle aufli Redoutes,
- B B d’autres
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- 192. De la Fortification irreguliere.
- d’autres enEftoilles^d'aucunsauecTenaillesdvncofté,&vnepointe, pu Baftion de lautre : bref les diuerfific felpn qu?on treuue à propos.
- T O FR FORTIFIER LES PONTS.
- Chapitre ^ 3£ I1.
- Comme ils doiuent ffire fortifiez«
- Deux Basions entiers font défaillant.
- Pour le mieux fortifier.
- I l’on veut fortifier l’entrée dVn pont d’vne riuiere, oïl. pourra faire Amplement vn Rauelin aliec deux flancs en forme de demi Eftoille, &c les flancs, comme la Figure 4. Planche 34. monftre : car s’ils eftoient comme aux Battions, ils ne feruiroient de ri$n. Cette Piece eft la moindre quon peut faire pour cet effe£t.
- On y pourra faire deux Battions entiers, mais cette façon eft fort incommode -, d’autant qu’ils n’enferment point de Place, & les deux faces B A des Battions demeurent fans 4efenfè j Figure 3. •
- Il vaut mieux faire vn Baftion, &C deux demis, & par ce moyen pourraldger afle^demonde dedans,&tout fera flanqué : celuy- cy eft le plus expédient de tous lors qu’on a le loifir de le faire,corne en là Figure 1.
- Lesouurages de Corne, 6c les autres Pièces que nous auons delcrit au Chapitre des Dehors, peuuent feruir à fortifier les ponts & pafïàgeç,
- comme la Figure 1.
- On peut auffi faire deux Battions entiers, & deux demis ,qui feront vn quarré 3 duquel vn cofté fera au long de la riuiere. Trois Battions &ç deux demis peuuent eftre auffi faits dauantage s’il en eft befoin, pouç-ueu que les deux Pièces qui aboutiflént à la riuiere finifTeixt en demi Ba-ftions, comme la Figure 1.
- Ce tfifmdoïtobfir- : De' quelle façon quon face ces Pièces, il faut que tous les endroits mrprincipalement. flanquez fans exceder la portée du Moufquet,& que les lieux flan-
- Sis fbient proportionnez aux autres parties v comme fiie fay kligne efeiife de 8o.pas, ie feray les flancs de u.ôC les demi gorges d’autant, 8c ainfi des autres a proportion.
- Leurs'Kemparsdr Chacune deces Pièces doit auoir fes Rempars * ou Parapets ,011 tous Parapets. les deux enfèmble : mais bien fouuent on fait de la terre du fbfsé k Rem-
- par qui fert auffi de Parapet, & Ton tire par deflus quelque degré qu’on fait au dedans : toutesfois auec tout cela il faut quelque petit Parapet ai# deflus pour couurir ceux qui tirent, ainfi que nous auons ait aux Dehors. Leurs fvjfiz.. Puis quon doit faire Rempar & Parapet, il eft à fuppofer auffi qu’om
- doit faire des foffèz au deuant, lefquels ne doiuent pas eftre moindres de tinqà fix pas, & profonds de dix, ou douze pieds, auec leurs Contrel-car^svffîçfmês fuf icelles on fait parfois quelque petite Redoute,ou Demi-lune pour y loger quelques Soldats qui tirent en la campagne.
- Nous donnerons en l’attaque vn moyen tres-fàcile pour tracer toute forte de Forts, commeauffi la façon de les faire efleuereftans tracez, &C comme on doit àjancer la terre en la conftruétion de ces ouurages,lef-quels pérfonne ne doute qu’il ne les faille toufîours faire de cette matière.
- TL ANCHE XXXIV.
- T>ES
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- Liure I. Partie IV. 195
- DES ENTREES DES RlEEERES.
- C H A P 1 T fc B L X I I I.
- B N doit fermer &c fortifier les entrées des Riuieres, âutarît qüe le refte dé la Place -, pour sempefcher la nuict des furprifes afin que les Soldats * habitans&; autres ne fortent &c entrent à leur plaifit.
- Si la Place eft moitié d’vn coite de la Riuiere, &t moitié de 1 autre, il faudra que les Pièces qui finiront à la Riuiere foient les demi Baftions BC tant dVn coftéque d’autre,lors quelle fera fort large,comme de ijo.pas, ou plus. La raifon eft, parce que fi là Courtine finiftoit en cet endroit* &C qu’il y euft vn Baftion de chaque cofté, les faces de ces Baftions fe-roient fans defenfe, eftant trop eflôigriées des flancs oppofèz.
- Si la Riuiere n eft pas plus large que la longueur ordinaire de la Courtine , la façon fumante pourra feruir •> c’eft dé faire pafler la Riuiere entre deux Baftions, comme A D, &cpar ainfi l’emboùcheure fera veuë des flancs LI : Mais parce que Fennemy ayant refolu d’entrer fe peut couurir des deux coftez auec Barriques, ou autres Parapets pleins de terre, les flancs eftans couuerts d'Oollons, comme L, ne defcouuriront pas loin vers le dehors, ni Vers le dedans de la Place,à caufe du peu de la Courtine L qui refte. Pour rendre meilleurs ces flancs, on les fera fans Courtine L* de façon qu’ils aliène au long de la face L D * qui borde la Riuiere, marque par lès poin£h,&; on ferai4 Grillon vn peu fort,sauançant de dix pas; afin qu’il férue de flanc à cette face L D * qui va au long de la Riuiere. Il y a de la difficulté encor à cecy : car ôn lie peut pas toüfiours baftir fi àuantdans l’eau ces Grillons 5 c’eft pourquoy il fera bon alors défaire; tout au long dé la Riuiere vri quay de muraille àRederis, auec des bons Parapets de terre au defliis, au moins aux premiers qui peuuent eftre ba-tus de la campagne, afin que de là on defcouure en face &C de loin ceux qui voudraient venir fur la Riuiere pour entrer dans la Place, &; qu’on, puiffe tirer à iceuxen front auant quils entrent -, 6c quand Fennemy fera entré il ne treuuem point de lieu où il puiffe aborder, qui ne foit flanqué & tres-difficile à forcer.
- Il faut que la moitié des flancs de dès Redetis (oient tournez du cofté de Fauehuè' F, &c 1 autre moitié de 1 autre E, comme on peut voit en la. Figure de la Planche 35. où tous ceux qui font du cofté depuis le milieu de tous les deux bords, regardent font oppofez à l’aüeriuë de la Riuiere en montant, &clautremoitié flanquant de l’âütre cofté. Il femble. n’eftre pas necefïaire en mettre du cofté qu’il faut que Fennemy monte, contré le courant de Feau pour entrer dans la Ville, principalement lors que la Riuiere eft rapide.
- Or pôurce que ceux qüi font oppofez au cours de Feau,eftant pointus feroiét bien toft ruinez par (à rapidité,on lés fera en biai(ant,iu(ques qu’ils foiét plus hauts que Feau qui coulera au long fans rençotrer aucuns angles.
- Cette forte de Redens doit eftre aufli faite aux Places qui font avn. cofté de la Riuiere feulement, lefquelles dôiuent toufiours finir du cofté de l’eau en demi Baftions, parce qu’autrement il y auroit vne face fans defenfe,comme nous auons dit; Si de ce cofté le bord eftoit de roc taillé; ou inacceffible,i! rie fèroit befoin y faire aucunes Fortifications.
- BB 3 Pour
- Pourquoy on fortifie lés entrées des Riuieres.
- Comment en les doit fortifier.
- Ce quon doit faire aux ritiieres trop larges.
- Redens au long de la riuiere’.
- Leur diïpàfitiott.
- Comme on les doit faire.
- Autres lieux oit ton doit faire ces Redes.
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- 196 De la Fortification irreguliere.
- cavaliers km aux Pour rendre plus fortes les entrées des Riuieres, il feroit bon faire des
- eptrks des rtmeres. çaualjers fur les Battions plus proches d’icelle, &C principalement du collé d’où vient le courant de l’eau : ( car c’eft de là qu’on doit craindre len-nemy) afin de defcouurir , &C tirer plus loin.
- Tour fermer l’en- Outre la Fortification fufdite qui rend alfeuréela Place contre la force née de U riuiere. j?ennemy, il eft encor necelfaire de fermer ce paffage pour empefcher
- les forprifes, & afin que les Soldats, habitans & autres n’entrent 6c for-tent quand bon leur femble (ans eftre veus.
- Par ou doivent Lors que les Riuieres font eftroites, on les fait palfer fous la Courtine,
- tferinlses riuieref faifant vnearche ou deux,ou pluficurs à la muraille,& fous les Rempars;> € 70t e5' lelquelles on ferme auec des herfes, ou grilles de fer -, ainfi fc ferme l’en-
- trée 6C la fortie de la Riuiere qui paffe à Narbonne, çhaîfces peur fir- Aux Riuieres plus larges on fe fert ordinairement des chailhes, lef-mer les rtuiem. quelles doiuent eftre doubles, que l’vne foit par deflfus l çau, 6c l’autre vn
- peu au deffous, afin qu’aucuns bateaux n’y puiffent paffer quels légers qu’ils foient. On ferme l’entrée de la riuiere de Lignago du collé que l’eau vient, auec vne çhaifne fort bandée,mais elle fait toufîours vn ply, piliers ou bateaux II faut abgÜfer tous les matins ces chailhes en mefme temps quon 011-les ure les portes, & les leuer quand on les ferme auec des inftrumens qui c m n ' font aux deux collez. Or parce que la chailhe eftant fort longue, il feroit
- prefque impofllble de la tendre fi elle n’eft fopportée fur le milieu, on fera des piliers en diuers lieux de la riuiere, à 8. ou 10. pas l’vn de l’autre, de muraille, ou fi on ne les peut pas aiqfi faire,on plantera des paux,for lef-quels les çhaifnes s apuyeront. Il fera plus commode auec des bateaux, parce que les eaux fe baiffent échauffent félon les iàifons ; Si les çhaifnes eftoient appuyées for les piliers, elles demeureroienttoufiours en melmc hauteur, 6c les eaux eftans baffes on pourroit paffer par deffous, ou par deffus eftans hautes, Les bateaux fe baiffent &c hauffent comme l’eau,& par confisquent les çhaifnes, ceft ainfi queft fermée la Saône à Lyon.
- Paiijfajèï pour Lors qu’on ne peut pas mettre ces çhaifnes à çaufe de lexcefllue lar-femer les rtmeres. geur ja riuiere,il faudra plater plüfieurs rangées de paux,ef[oignez Tvn
- de l’autre d’vn pied, ou deux, entrelaffez de façon que chaquepau de la féconde rangée correfponde au milieu de la diftance qui eit entre deux paux de la première rangée:Et outre cela fi on veut les lier enfemble auec trauerfes de bois fou auec des chaifoes de fer,& au milieu de ces rangées laiffer vn paflfage de la largeur de 30.OU 4o.pieds,plus ou moins felon que requiert la grandeur des bateaux que cette riuiere pqrte^lequelpaf&ge on fermera facilement toutes les nuids aueç d’autres çhaifnes ainfi qu’on fait à Geneue du cofté du Lac, comme on voit en la Figure G : Au lieu de cette chaifne, ony pourra mettre vne piece de bois armée despointes de fer, qui tienne auec deux groffes boucles à deux paux qui feront aux collez, àu long delquelles elle pourra defcendre, ou monter, felon que l’eau bailfera ou hauffera, comme monftre la Figure H.
- Fortifier, k bord 4*. Si la riuiere eftoit trop large, qu’on n’y peuft mettre ces paux, on fer-Umaere. niera 6c fortifiera la Place tout le long de la riuiere, fi ce n’eft que Iç bprd
- fuft taillé, ou roc inacceftîble : S’il y a vne partie de la Ville de l’autrç cofté , on fera de melmc, Sc par ainfi ce feront deux Places fortifiées, fe-parées par la largeur de la riuiere.
- ‘PL ANCHE XXXV. «DÉS
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- Liure I. Partie IV.
- 199
- TES TORTS TE tMER.
- Chapitre L X I V.
- L y a plus grande difficulté à déterminer les moyens de Fortifier les Ports de Mer, que les entrées des Riuie-res, à caufe de la grande diueriîté qui fe treuue en leurs aduenuës, fituation, forme,grandeur, 8c autres circon-ftances qui fe rencontrent.
- Aucuns font appeliez Ports de Mer,bien qu’ils foient Pons appeliez, de en eau douce : mais parce que la mer en eft proche, ou que les Vaiflèaux qu m MH
- y peüuent aborder, on les appelle ainfi, bien quimproprement, 8c ceux ey font aux emboucheures des Riuieres, fî proches de la mer, qu elles fe hauffent 8C baiflènt par le flux 8c reflux : tels font les Ports de Bordeaux à lemboucheure de la Garonne , Nantes à lemboucheure de Loire,
- Rouen à l’emboucheure de la Seine. A ces Ports icy on ne fait le plus fouuent aucune Fortification, parce quils font fort auant dans terre, 8c qu’il faut pàffer deuant plufieurs Places 8c Chafteaux au long de la Ri-uiere auant qu’y arriuer, dans lefquels on tient bonne garde *, 8c doiuent eftre tellement fituez, quils defcouurent 8c commandent à la Riuiere le plus auantageufement qu’il fe pourra.
- Si la riuiere eftoit fi large que de ces Chafteaux on ne peuft tirer iuf- citadelles 0u cba-ques à l’autre bord,il faudroit fortifier la Place, SC faire quelque Citadel- fteauxfHrcesF«ts‘ le qui commandait dans le Port, comme à Bordeaux *, encor que Blaye,
- Forterefle importante, foit au bord de la Riuiere fur l’auenuë : toutesfois parce qu’en cet endroit elle eft excefliuement large, 8C que les coups de Canon tirez fi loin à l’autre bord font coups à demi perdus,qui n’empef* cheroient pas l’ennemy s’il auoit refolu d’entrer -, on a fait le Chafteau Trompette proche du Port, tant pour la defenfe d’iceluy, que pour la confèruation de la Ville.
- A Roiien il y a le vieux Chafteau à demi ruiné, qui neftoit qu vm mauuais baftiment fans autres Fortificatiôs que des murailles Amples de pierres : mais icy il neftoit pas necelfaire, à caufe quil eft fort auant dans terre, 8C faut pafter deuant plufieurs Forts auant que d’arriuer là, lefquels défendent le paflage de la Riuiere,aftez eftroite en ces lieux.
- Ces Ports ont cet auantage, qu’ils font afleurez des furprifes par eau, binant âges de cts 8cdes courfesdes Eftrangers, parce quils n’oferoientiamais fe hazarder d’aller fi auant dans terre , à caufe du danger euident auquel ils fo met-troient d’eftre defcouuercs des lieux forts 8c gardez, au deuant'defquels il faudroit neceffairement pafter. Et quand bien ils executeroient leur entreprife, la difficulté feroit à s’en retourner : Auffi n’a-t’on iamais veu attaquer par furprifo les Ports ainfi fituez. Nous dirons que ces Ports eftans afleurez à caufo des auenuës n’ont pas befoin d’eftre fortifiez.
- Il * y a d’autres Ports,quafi femblables à ceux-cy, qui font lors que par Pons à texmmiü canal onconduitfeau de lamer,iufques au lieu où Ion veut eftre le Port. des Cmmx-De cette façon on en voit en plufieurs lieux des pais bas, comme font»
- Mildebourg, Roterdam, Delfhaure, 8c la plus part des Ports qui font, en ce pair. Anuers eft composé de tous les deux, parce qu’il y a Riuiere
- CG &C
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- Comme doiuét efire fermeX.
- Comme doiuet efire fortifie^
- Redoutes aux menues.
- Fort de U Rochelle comme fortifié.
- Fort de Venife merveilleux.
- Aucuns Ports d’Hollande comme fermez. &fortifie^.
- zoo De la Fortification irreguliere,
- 8c Canaux qui abordent. Ces Ports peuuent eftre Facilement Fermez, d autant que les Canaux eftans Faits par artifice, font eftroics,Ô£ difpofez en telle Façon, qffauec les chaifnes on peut facilement empefcher le paf-fage : mais parce que la mer hauffe 8c baiffe par (on flux & reflux, on y met vne grofle piece de bois trauersée auec des longues* pointes de fer; & cette piece de bois a deux anneaux, ou boucles, vne à chaque bout, lefquelles coulent au long de deux pièces de bois plantées aux deux collez : ainfî l’autre piece trauersée monte 8C defcend ainfi que la megcom-me nous auons dit 8C monftré en la Figure precedente H,
- Lors que ces Ports font fort auant dans la terre, & qu il faut auant qu y arriuer paffer pîufieurs lieux fortifiez, qui défendent le palfage, il ne Fera pas neceffaire de les fortifier non plus que les autres. Que s’il n y a aucun Fort fur le Canal il faudra fortifier la Place, faifant pafîer iceluy Canal par le milieu de la Courtine,s’il n’eft pas fort grand, côme nous auons dit aux Riuieres:Et dâs le Port,ou vis à vis de l’entrée on fera encor quelque Mole, ou grolfe Tour, auec plufîeurs Canons deffus, pour tirer de là au long du Canal :on garnira aufli de Canons les Baftions 8c murailles qui regardent for iceluy. Mefme il me femble qu’il feroit bon de faire hors de la Ville quelque Redoute, ou petit fort, efloigné de la portée du Canon, où l’on tiendroit quelques Soldats pour aduertir ceux de la Ville, 6c empefcher quelque temps le paflàge à l’ennemy. C’eft ainfi qu’on a fait à Fleflingues, où auant qu arriuer, il y a vn Fort de terre fur raueniiè’,qui defcouure au long du Canal,fitué fur les Digues, lefquelles bordent ledit Canal. U n’importe pas de quelle forme on faffe ces Forts,lafïiçce du lieu nous fera cognoiftre la plus commode.
- Le Port de la Rochelle eft de cette façon ; lauenuë eil vn bras de mer naturel, lequel s’acheue dans ledit Port j il eft fort large par tout excepté à lentrée du Port,où il y a deux Tours,aufquelles font attachées les chaifnes pour le fermer toutes les nuiâs. A l’auenuë de celuy cy il n’y a aucun Fort, bien qu’il fembleroit y eftre neceffaire : mais c’eft qu’ils fe fient beaucoup en la Fortification de leur Ville, outre qu’eftans fujets à fe rebeller , fi le Fort qu’ils feroient venoit à eftre pris, il leur porteroit gran-diflime preiudice, & n’auroient pas affez de force pour le reprendre, ayans affaire à trop forte partie; c eft pourquoy ils aiment mieux s’affeu-rer entièrement en leur Ville. Par apres ils ont cela dauantageux quen baffe marée les gros Vaiffeaux ne peuuent ças aller iufques au Port ; à caufe du peu d’eau qu’il y refte ils demeurent a fec,
- Venife a le Port different de tous les autres,il eft en des Lacunes à f ex* tremité de la mer Adriatique : il n’y a aucunes Fortifications ni cloftures, parce que les auenuës font très-difficiles, à caufe des fables qui fe changent fouuent, outre qu il faut paffer deuant pîufieurs fortes Places, gar-r nies de quantité de Canons,auec pîufieurs Galeres 6e Vaiffeaux, qui les rendent les plus forts, & Rois de la mer Adriatique.
- Amfterdam eft dans vn recoin de mer,comme auffi Ancufe. Ces deux Ports, comme auffi tous les autres qui font par là autour, Hoorn, Edam, &c. font fermez de pîufieurs rangées de paux, auec vn paffage, ou plu-fieurs,qui fe ferment auec des groffes pièces de bois, comme nous auons dit. En aucuns de ces Ports ilnya point de Fortification qui domine*
- autre
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- Liure I. Partie IV. 201
- autrement, mais ils font aflèurez par la force de leurs vaifleaux, qui font, en tel nôbre,& tellement armez,quils ne craignët aucune force ennemie.
- Peu de Ports fe treuuent en la mer qui foient naturels, & qui fe puif- Ports naturels qui font fermer,ie n en ay point veu dautre qu a Marfeille *, on dit que Con- ^e{etrmem ftantinoplc fe ferme de mefme. Outre la Fortification qui eft en la Ville de Marfoille, qui rieft pas trop bonne, il y a fur vne montagne voifîne vn Fort appelle, Noftre Dame de la garde, qui regarde la mer &C le Port.
- Il y a auffi dans la Ville vn autre lieu efleué, qui commande dans la mer, garni de fort beaux Canons. Le Chafteau Di, à deux lieues de la Ville, iert pour defendre Iauenuë.
- A tous les autres Ports qui font faits par artifice, ou naturels, qui ne fo niuers expies des peuuent pas fermer, mefmes quand on les pourroit fermer, on fera des Forts fur les auenuè’s aux lieux qui defoouunront plus auantageufoment la mer &C le Port. Us doiuent eftre faits félon que le lieu le permet : i’en_, mettray quelques vns qui feruiront d’exemple. A Calais, il y a le Rifhan fait comme vn quarré en Tenaille du cofté de la terre ; à Ville-Franche, il y a vn Fort quarré -, à Antibe,il y a auffi vn Fort quarré ; à Genes, il y a feulement vne Tour for le Mole, &C quelques Forts quarrez fans flancs au haut de la montagne, lefquels font trop efloignez *, mais ceux~cy fe fient en la force des Galcres ÔC Vaifleaux. A Ligourne, il y a la Citadelle vieille * à Ciuita Vechia, vn Chafteau de pierreauec Tours rondes*, à Naples, le Chafteau de l’Ouo,bafti fur vn rocher,a diuerfes Pièces difformes , qui font toutes enfomble à peu près, vne Figure Ouale, & le Chafteau neuf. A Meffine,il y a vne Citadelle &c vne groffie Tour,quon appelle S.Saluador, vnFort de bois quia efté fait autresfois par les François, &: le logis du Generaliffime,lefquels commandent tous dans le Port.
- A Malte, le Chafteau S.Elme, qui eft quarré, auec vn Rauelin. l’en laiflè plufieurs autres 5 ceux-cy foffiront pour donner exemple : car on fo doit, accommoder à laffiete du lieu ; & en general il faut toufiours choifir les lieux qui commandent dans le Port, principalement à l’entrée, for lesquels on baftira quelque Fort, ainfi qu’on peut entendre des lieux alléguez. D’en déterminer la Figure, il ne fo peut, car autant de Sites, autant de formes: à cecy il faut que l’experience &:Ie iugement fupçlée:
- On prendra quelqu’vne des fofdites, celle qui conuiendra mieux a la, grandeur &C difpofition du lieu.
- Le relie de la Place fora fortifié felon les réglés défia données, car dans ce Difcours i entés parler feulemét des façÔs qu’on doit fortifier les Ports.
- Outre le grand Port,on en fait quelquesfois vn autre plus retiré, afin, que les Vaifleaux foient plus en foureté, comme à Calais ie Paradis,& en la mer Mediterranée on les appelle Darcincs, où lesGaleres hyuernent: 0*4-ce que Bar-ces lieux nont pas befoin de Fortification, parce qu’ils font plus retirez ctnes' que le grand Port,lequel doit eftre toufiours fortifié,corne nous auons d it.
- Aux Places maritimes qui font au bord de la mer, &C fujetes aux tor- “Pour ronferner les mentes du cofté que la mer bat,on plantera grand’ quantité de paux,rem- ^ pliflknt l’entre-deux de fafoines &c cailloux, ou pluftoft gros quartiers de pierre, ainfi qu on fait en la plus part des Places de la Zelandepu bien on mettra Amplement ces grones pierres au deuant du Mole &C des murailles , comme en la plus part des Ports artificiels de |a mer Mediterranée.
- CC x Ejl
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- toi De la fortification irreguîiere,
- En Hollande on empefche que la mer ne gafte les Digues, les cou-urant de paille trelsée, qui tient a des piquets plantez dans terre, toms fur les Caps Tout le long des coftes de la mer Mediterranée, for les Caps, & Pro-m promontoires. mon(;oires, on fait des Tours, encor qu il n’y ait aucun Port à f entour:
- elles feruent feulement pour defcouurir les Corlaires quand ils font for mer $ les premiers qui les voyent en donnentaduis aux autres, par la fumée le iour, & par le feu la nuid : mais pour cela ils ne laiffent pas fou-uent de forprendre des Places, & les mettre à feu & à fang, comme fit le Turc il y a fept ou huid ans à Malfredonia, &C vn an ou deux apres les Galeres d'Arger firent plufîeurs efclaues auprès de Çiuita Vechia jà quoy il eft mal-aisé de donner ordre : car de fortifier toutes les Villes & Villages qui font for la mer, &c tenir garnifon par tout, il eft prelque im-poffible : maison doit repouffer cette force auecvne autre force,& faire j marcher les Galeres for les coftes, & les tenir nettes de cette race,comme font les Galeres de Ligourne,ÔC ordinairement celles de Malte.
- T*ES ‘PORTES, ET DES ÇQRPS de Garde.
- Chapitre L X V.
- Çn doit faire peu de. Portes mx Fiïïes.
- Le lieu oh doiuent eftre les Portes.
- ui ym tyejbie entrée faire plttjïenrs PosrM'x
- N doit faire le moins de Portes qu'on peut à vne Place* fortifiée, parce qu?en temps de paix il y a moins de garde à faire, tant pour les douanes que pour la conferua-tion de la Place, qui fera moins fojetteaux forprifes. Selon la grandeur de la Place, &; la quantité des chemins, qui y aboutirent on y fera des Por tes ;leur largeur fera de n.pieds3la hauteur, tèlle qu il faut pour paffer vne charrette bien chargée. Le lieu où Ton doit les mettre félon aucuns, eft auprès des flancs mef-meSjàcouucrt du flanc, ainfî qu’elles font à Ligourne : La raifon eft,afin qu elles foient plus affèurées en temps de fiege, & qu’on puiflè entrer &C fortir plus librement. Mais au contraire, le flanc eftant fujet à eftre batu plus qu’autre partie , cet endroit fera aufli le moins commode pour les Portes, qui feront bien toft rendues inutiles,
- Il eft mieux de les faire entre les deux flancs au milieu de la Courtine, ainfi qu’on voit aux Places les plus regulieres, comme Coëuorden, Mil-debourg, Manhem, &plufieurs autres,parce que cet endroit eft moins fujet à la baterie, efgalement veu des deux flancs \ mefmes cela fait à la beauté de la Ville, afin que les rues principales aboutirent droitement aux Portes. Toutesfois lors quon fortifie vne Place ja baftie, on ne regarde pas tant précisément, que les Portes foient au milieu des Courtines, mais on les fait où fe rencontrent les grandes rues de la Ville, &Jes. plus frequentes auenuës des chemins,
- On a de couftume à vne mefme entrée faire plufieurs Portes, Sc plu-fieurs Corps de garde, &: ce pour empefcher le pétard & les forprifes j comme à Calais, apres la Barrière il y a vue Porte pour entrer dans le* Rauelin,ouilya vn Corps de garde,au dedans duquel à l’entrée du grand Pont, il y a vnç autre Porte auec fon Corps de garde pour
- entrer
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- Liure I. Partie IV. 203
- entrer dans la Ville il y a deux Portes, &: le Corps de garde qui ell au de là des Rempars. De mefme à Strafbourg, à la Porte du collé de Nancy, il y a vne longue voûte qui fouillent le Rempar, au delfous de laquelle il faut pafTer, où Ton rencontre plulieurs Corps de garde. De mefme elt il à Nancy à la Porte de f Annontiade, &C en plulieurs autres lieux.
- Aux lieux où Ion doit faire plulieurs Portes, on ne les fera pas diredc- Dament ef refaites ment!vne apres l’autre : mais il fautqu’elles foientendeftournantpour en de[imrmnt' empelcher 1 effedt du pétard, ou du Canon, lefquels autrement emporteraient plulieurs Portes à la fois.
- Les Corps de garde doiuent ellre à collé \ celuy qui ell à la derniers Le Co>p Regarde. Porte.au deübus du Rempar lèra voûté,8C doit auoir double muraille du collé du Rempar,auec des Efper ons,& ce pour foullenir la terre : l’efpace entre les deux murailles empefehe que l’humidité ne nuife aux Soldats.
- La grandeur des Corps de garde fera proportionnée au nombre des Soldats quon tient d’ordinaire dans la Garnilon. L’Orino a très- amplement §£ très- bien parlé comme il faut faire les Corps de garde.
- Aux Places où il n y a pas de Rauelin deuant la Porte,on met vn Corps Corps de garde an de garde au milieu du grand Pont, Ibultenupâr des piliers de bois, feparé dn grmâ
- de l’autre auquel on entre,auec vn petit Pont-leuis, comme en la Figure r.
- Planche 36. Lorsqu’il y a Rauelin,ce Corps de garde lèra mis dans iceluy:
- Cecy fert pour empefcher le pétard, &C autres furprifes. Il ^ a vri Corps de garde en cette façon à la Rochelle, à la Porte pour aller a Paris : mais i’aimerois mieux faire vn Rauelin , parce qu’il couure mieux, defend mieux, ell plus défendu. Il faut que lennemy paife deux folfez, rompe plulieurs Portes & Pont-leuis auant qu’il foit à la Porte de la Ville.
- VES P0NTS-LEF1S.
- Chapitre L X V I,
- Es Ponts-leuis font tres-necelfaires à vne Place. On les fait de plulieurs façons que nous mettrons icy , afim qu’on puilfe choifir ceux qui fémbleront les meilleurs.
- Les plus communs font a flefches, comme en la Fi- Pont-leuis k fief gure i. de la Planche 36. qui ne font pas bons, à caufe,ches' qu ellans leuez ils font defcouuerts,& les flefches ellans rompues, on ne les peut plus haulfer ni bailfer.
- Ceux qui font à bacule, ou trebuchet, auec vn contre- pois font meil- A bacule. leurs, comme en la Figure 3. delquels la bacille peut ellre en dedans de la Porte > Sc en cette façon il faudra faire vn creux au delà de la Porte en dedans, afin que lors qu’on voudra haulfer le Pont,la moitié s’enferme là dedans, & l’autre moitié couure la Porte, laquelle doit ellre plus arriéré qu’iceluy Pont-leuis.
- Autrement on ne fera point aucun creux du collé de dedans, 8£ pour Comme ™le dùit haulfer le Pont-leuis, on fera bailfer vne moitié qui ell dehors,& haulïèr letter' l’autre moitié qui ell dedans : mais il faut que la Porte foit plus grande que le Pont-leuis. De cette façon ell le Pont-leuis de la Porte de Genes, qui efl; du collé du Lazareto.
- C C 3' Ceux
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- P$/s lotis k pprtts.
- Pottts doubles*
- P ont s-lotis àflef-chts en dedans.
- Ponts-lmis kf lâches lestées.
- Ponts de Fille daine nt eftre de boit*
- f.ts Po$ts dûment (fin fort bits.
- 204 De la Fortification irreguliere,
- Ceux qui font faits plus auant, & quafi au milieu du Pont-dormant, font meilleurs que ceux qui font près des Portes : on les fera en bacule en IVne des façons precedentes s &c parce moyen le pétard ioiiant contre ce Pont ne fera point dçffeâ contre la Porte, de laquelle s’il eftoit proche, il pourroit les emporter tous deux à la fois : outre ce Pont, on en peut faire encor vn autre contre la Porte à flçfches, ou à bacule,
- Iay veu àTurinvne autre forte de Pot,lequel souure à Portes, &fe fait dans la Ville apres la Porte % on fait vn creux qüarré,comme pour faire la bacule,lequel on ferme 8c ouure par deflus auec deux Portes,vne de chaque cofté,qui fe joignent fur vn ou deux piliers au milieu,&: font le Pont, comme en la Figure 4.Les deux Portes AB eftans haufsées font Parapet de chaque cofté,auxquelles on peut faire des Canonnieres^eftans baifsées foruent de Pont,s?apuyâs fur les piliers C pour eftre plus fermes. Ce Pont ne peut eftre rompu, ni petardé, mais il faut qu’il foit en dedans la Place.
- 11 y a des Ponts doubles qui fe leuent de deux çoftez,eftans elleuez ils font vn grand palfage entreTdeux ? de cette façon on s’en fort en Hollande ,afin de faire paffer les Nauires entre-deux,car vn foui Pont ne foroit pas aflez large. La plus part de ceu x- cy font à flefches : lî on les fait à bacule, il faut queftant baiffez, la moitié de chaque cofté qui fait le contre-pois foit au deflouîr du Pont-dormant. Il y faut deux piliers de chaque cofté, & vne corde à chaque pilier pour les leuer. Ces Ponts foruiront grandement contre Je pétard , s’ils font ajancez comme nous dirons en fon lieu : on les peut voir en la Figure 3,
- A Padouë il y a vne autre inuention de Pont-leuis, il eft à flefches,lef-quelles font en dedans la Place,& font faites comme la Figure i.monftre,
- A Geneue ils ont vne autre forte de Pont, differente de toutes les precedentes : toutesfois tres-bonne, figurée en la 4.Figure. Il eft fait de plu-ficurs planches qu on met fur les trauerfos, ou trabes fans eftre cloiiées, 6C toutes les nuiéts ils les oftent 8c les emportent dans le Corps de garde, qui eft au delà du Pont du cofté de la Ville : & cela fe fait au Pont qui eft au deffus d’vne petite riuiere,nommée Arue,quipafteenuir65oo.pas loin dç la Ville,de crainte qu? vne nui# Iç Corps de garde ne yiene à eftre fur-pris,& quon s’aille loger dans le Plain-pâlais,quieft entre la V îlle &C la ri-uiere ,qui foroit vn auantage pour celuy qüj voudrait affteger la Place, Ce Pont eft femblable à celuy que fit faire Semiramis à Babylone.
- Il faut remarquer que tous Ponts de Villes doiuet eftrç tout au long de bois,&: non de voûte maçonnée,comme on faifoit autresfois, afin qu’on les puifle romprçou brufler facilement quand on voudra. Ceux de pierre de la z.Figure apportent cette incommodité, que les flancs D nepeuuent pas defoouurir lefofsé opposé , &c ce Pont eftant au milieu empefeheks deux flancs ,ce qui eft tres-mauuais : Il eft ainfi à Luques à la Porte du cofté de Pife, lequel afte la defenfe des deux faces des Baftions du fofsé, & de la Contrefcarpe.
- On fera les Ponts fort bas, qu’ils ne puiffent eftrç defoouuerts de la campagne, aflez larges pour y pouuoir paffer deux charrettes -, 8c foroit bon qu’ils allaflent vnpeu en deftournant, principalement lors qu’on fait dans i celuy quelques Ponts- îeuis,qui feront très- vtiles:car lennemy n entreprendra iamais de fiirprendre vnç Piace où 4 verra tant d’obftacles. »
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- Liure I. Partie IV.
- 205
- DES HERSES, ET O RG F ES.
- Chapitre L X V 11.
- Vtre les Ponts, on met encore la Herfe Sarrafine,marquée 5. au milieu de la voûte, qui trauerfe de la porte au Rempar,fufpendue auec vnc corde : les anciens s en fer-uoientauffi, &lappelloient Catara£fa-.elle fortbeaucoup la porte eftant petardée -, on coupe la corde, & la, Herfe tombe :c eft vn arreft à l’ennemy, ou feperation, s’il y en a défia.d entrez, quils ne puiffent eftre fecourus par les autres. Cecy le ferme promptement, & a ferui grandement plufieurs fois en, des Places, lefquelles fans cela euflènt efté prifes : car auant que l’ennemy ait rompu la Herfe, on a temps de fe r’alier, &c le repouffer. A cela l’on a treuué remede \ c eft qu?on met des pièces de bois au long du chemin de la Herfe, ou bien des cheualets qui Farreftent. La Herfe a aufti ce defaut ,qu’eftant petardée, s’il y refte quelque chofe aux coftez, cela fou-ftient ce qui eft au delfous, 5c on peut entrer par ce qui eft rompu.
- Pour remedier à tout cela, on s’eft auisé de l’inuention des Orgues, marquées 7* qui font beaucoup meilleures que la Herfe : Ce font groffes pièces de bois, comme poutres, fort longues, lefquelles on fait paffer par des trous faits à la voûte, alfez près de la porte, ainfi que la Sarrafine} ces pièces font proches dVn demi pied F vue de l’autre ; Elles font grandement bonnes, parce qffeftant petardées, ce qui refte en haut, retombe, & bouche le paflàge autant que deuant. Or pour empefcher qu’âpres eftre tombées on ne puiffe les rehauffer, on fera des entailleures au haut en diuers endroits d’icelles poutres, ou Orgues, comme aux roues de, contre-temps, aufquelles fe ioindront des barres de fer pôufsées par vn reffort dans l’entailleure de chacune : Ou fans tant de façon,auec des ballons de bois, apuyez dVn collé contre vne poutre, au milieu il y aura vne corde bien tordue, qui les pouffera contre la poutre,ou Orgue,comme en la Figure 7. où le ballon B, tenant ferme contre la poutre D, eft forcé d’approcher contre la piece de bois A, par la corde fort tordue G, laquelle feruira aulfi pour tous les autres eftant dans les entailleures E, qui font dans l’Orgue A, empefchera de la pouuoir leuer en haut, & pourra facilement defeendre.
- La Figure marquée 6. monftre vne autre forte d’Orgues, qui font pièces de bois mifes en trauers 1 vne à l’autre : mais celles cy ne font pas fi bonnes, parce qu’eftans rompues au milieu,les coftez fe tiendront dans les entailleures,&C empefcherôt que celles qui font par deffus ne tombent.
- DES ‘BARRIERES, ET PALISSADES,
- Chapitre LXVII I.
- E s dernières &; plus efloignées Pièces qu’on met pour la de-fenfe, ou garde des Places, font les Barrières, lefquelles fe, mettent au de la des Dehors & Rauelins. On les fait en deux façons y fçauoir des paux fort hauts, plantez affez près Tvn de
- « l’autre
- De la Herfe.
- Les anctes s’en fer-mient autresfoü.
- Ses vfages.
- Que font les Or-gués.
- Pour empefcher de les pouuosr rehauf fer.
- Autre forte d’Or-
- gues.
- Ou ïon met les Barrières.
- Comme font faites.
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- Moulinets aux Bftrrteres. J>alijpidet
- «Autre Pœkjfade.
- Aditertifement.
- Cor>dujion dùpret tfiitY Linre.
- 206 De la Fortification irreguliere.
- l’autre auec leurs trauerfiers, comme en la «..Figure de la mefme Planche $6. ce qui doit ellre pluftoft dit PalifTade, que fîarrieie y & çecy fe met d’ordinaire aux Chafteaux, ou Citadelles, dans lelquelles entre peu de monde. Aux grandes Villes,on fait les Barrières auec quelques paux plantez à dix pieds lVn de l’autre, de la hauteur de 4,ou 5,pieds, auec leurs trauerfiers, comme en la 3. Figure. Il faut qu’au milieu ily ait vne de ces Barrières,qui fe piaffe ouurir &c fermer pour biffer palier les charrettes, & gens de cheual y aux collez il y a des moulinets par où paffen t les gens de pied. Par fois on fait tous les deux, Barrière &; Paliffade deuant vne mefme porte,comme en la i.Figure, La Paliffade la plus proche de la Place^ la Barrière du collé de la campagne, cela fert pour empefcher& arreller ceux qui voudroient entrer de violence, &C d’effort, fok Cauale-rie, foit Infanterie y & pour reçognoiftre, 6c faire dire d’où viennent, &c qui font ceux qui veulent entrer dans la Ville.
- La Paliffade quatriefme, faite de paux, ou planches, qui s’entretou-çhent, n elt pas fi bonne, à caulè quon ne peut pas voir au trauers, ni le bien défendre, &: couurent ceux qui s’approchent.
- Il m’a femblé ellre à propos de mettre cecy à la fin du Dilcours de la. Fortification, parce que les Portes, Corps de gardes,Pontleuis,Ô£ le relie font neceffaires aulfi bien à la Fortification Irreguliere, comme à la Régulière *, ô£ aux Citadelles autant qu'aux Forts de campagne, & à tous les autres lieux qu’on ballit pour fe defendre.
- Le Ledeur fera aduerti qu en tous mes calculs &C mefures, ie me fuis ferui du pas Géométrique, éc non pas de la toife, qui ell 1a meliire ordinaire des Architedes &c Ingénieurs de France. le l’ay fait,parce que la, toife n’ell cognçuë qu’en France feulement y & le pas Géométrique ell entendu non feulement des François, mais de toutes les autres Mationsy ce qui ell caufe que i ay choifi cette meûire,comme la plus commune 6l la plus cogneuë. Il fera facile à vn chacun de réduire les pas en toifes, ou en telle autre mefure qu’on Voudra , fçaehant qu’il contient cinq pieds Géométriques.
- Nousauons parlé de tout le corps de la Fortification tant régulière, qu irreguliere, des Pièces extérieures, qui feruent à la force & a la, conferuation des Places, & des accidens de chaque partie, comme aulfi des lieux & alïietes où on doit ballir chaque Piece ,& toutes les circor> llances qui feruent à la force, ou caufenc la foibleffe d’vne Place : Nous dirons maintenant comme on les doit attaquer, tant par lurprife que par force, tout ce qui eftneceffaire d’eltre fçeu par vn ingénieur, ou autre Chef qui a la conduite de telles entreprifes y ce fera le fujet du Difçours du fecondLiure.
- Fin du premier Liure des Fortifications regulieres & irregulieres.
- PLANCHE X XXV i.
- LIVRE
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- 209
- LIVRE SECOND.
- DE LATAQVE DES PLACES du Cheualier Antoine de Ville.
- PREMIERE PARTIE
- DES sATAQJES PAR SVRPRISE.
- A VA N T-PROPOS.
- L ny a rien deBabli, ou de crééfar la terre qui naît X>fagC fait h elle fait pour plufieurs confiderations > defquelles la fin chofes”C? ^ efi le bien & le maly efiant permis aux hommes de migrer de ce qui leur peut caufer la mort le fa] et de lague* rifon, de la conferuation me fine de la vie. Les chofes vemmeufes ont en elles mefines ce qui nous défend de leurs dangereux efi feffs y fi ï on s en fert à propos^ les animaux empefihent par leur attouchement la mort qui promeut de leur piqueure \ par ainfi l’on cognoifi que tout ce qui nuit en vue façon profite beaucoup en ïautre> que lc~> feul vfage produit la diuerfité des efifeéts,$ fait la différence de la chofè.
- Le mefinenous paroifi efire de l*\Ataque 9 laquelle fappofe force vio** lence far autruy ; Son vfage en fait la différence y la rendant deteBable_j fi l’on s’en fert contre les loix de la iuBice & de la raifbn \ au contrai-
- re profitable & a élirefi elle efi fondée far de légitimés caufes,& de iufies fajets. Elle efi dangereufefi l’on s en veut fieruir a l’exemple des Suifies i/Ataque par fois du temps des Romains, le (quels rendirent leurs terres inhabitables par le raauuaire’ feu, & par vn grand dejgafi, pour ioindre a leur enuie vue plus forte re-filution de vaincre gÿ de s agrandir. Elle efi blafmable aux Campanois Exemples, fous oAgatocles combat ans en SicilereBans entre%dans Mefiine fous prétexte £ amitié, rauis de la beauté du lieu y mirent a mort la plus grand partie des Citoyens y part âge ans entre eux le bien de cette iniuBe con-queBe. Elle efi odieufe en Annibal y lequel apres audir donné fa foy à Gerion y v ille près de Nucerie y & qu ils fee furent rendus y les fit tous mourir y fans pardonner à perfeme y exerçant les impiété& accouBumées en femblables euenemens. Celle djdbfalom efi encor pire y seBarvt*
- DD % rebellé
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- aïo Auant-propos.
- rebellé contre fondre, tafché de le chaffer hors de fin Royaume, 0 dtj luy oBer la vie. Celle d’Alexandre contre Porus Poy des Indes a quel-
- attàipips de triomphe que la refiBance en auoit eBé hardie 0 genereu-fi, Ef plufiéurs autres que la mauuaife intelligence d fait naiBrtj parmi les anciens y £ ou Je Jont enfuiuies des inimitiés du tout barba-resy 0 trainé apres foy des malheurs qui n ont peu finir que dans la rui-ne de leurs EBats* Ce ne font celles-cy que les Princes doiuent imiter -, La raijon veut que l'on conferue ce qui efi defiaacquis fans le de-Jtruire fur lattente d’vn bien incertain : Ehonneur commande, dcj fuir les perfidies : La Foy ne permet pas aux per jures d’offrirfur ItJ Temple de la Prof ente : Dieu chaBie les impiétés 0 irreuerences ; 0 comme ChreBiens s il ri efi pas licite de faire couurir la terre dtj corps qui viuent fous nos mefines ioix > fi l’onna quelque autre fujet que ce luy de lhonneur : Cette-cy eBant donc a fuir la confideranL* de cette forte \ elle efi a eBimer 0 chérir de la fa çon que lont practi-quée les anciens guerriers , authorisêe par les premières institutions L’ataque coman- de la vraye Loy 0 de la IuBice. Dieu commanda d Moyfi dlexter-^lieùl01"de mmer Ies Cananéens y tuer les rebelles ,0 prendre tribut de cetix qui fi viendroient foufmettre fans combat \ de n oublier pas F injure, des zAmalecites pour les auoir affligeX au defirt y iufques à renuerfer les fondemens des Villes 30 d’en arracher les pauefj Saul reçoit commandement de Dieu de les perdre, fans pardonner aux femmes, aux Auques iuftes. en fans., ni au beBail mefine* Damd auant que mourir recommandes à Salomon la vengeance de loab , fofué celle des Cananéens, ^Alexandre attaque encore auec raifon Darius y fie remettant deuant les. yeux la mort de Philippm fin perey duquel le fang le porte à la vengeance : les Romains y fffa y pour venger ïiniuBice de cette Reyne , qui auoit fait mourir leurs Ambajfadeurs. Semblables caufis fourniffentj le gain des victoires, y promettent Les triomphes auant le combat 9 0 font ioüir l’auteur des de fouilles des ennemis par des effèéls du tout admirables, qui ne peuuent procéder que de la main du Tout-puiffant: i- comme on voit arriuer à fofaphat qui a la viâoire de fis ennemis fans coup donner 9 s eBant mis miraeukufiment dans le camp des fïAmmonites vnefie Br ange terreur y que les vns mefleT^parmi la con-fufion des autres, 9 s’entr.etmvent tous. Enfin nous voyons que ces fainëts Prophètes 9 defquels la conduite de leurs armes ne dependoit que de la reuelation de Dieu x ont ataqué 0 vaincu d la fiaueur d’vn La Nature n©us fi rare Chef y nous obligeant d les en future pour authorifer celles mêla
- enfeigne l'Ata- r £ • • ci , ^ ;-xt ^ * r- ^ n r
- que. raijon fait naistre 9 0 que la Nature nom enfeigne par vn mBinfltfi-
- crety
- Vidoircs admirables.
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- Auant-propos.
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- cret. Et puis quelle ne fait rien en vain, çy quelles fis éfmotions, ou pafiions de l’appétit irafiible , qui efi le plus noble de tous les autre* ) parce quil Jympathifi , ou prouient du plus haut des elemens; il fautaufiiquon les puijfe mettre enaBe, lequel en l’Ataque on doit appeler proprement courage, dcaufi quil fe fonde Jurvne fin perillejufLj quon cognoifi eBre telle : Car ceux qui s expofent au perd ou par Quel eftie cou-[homeB été, ou par la colere, ou pour fatisfaire a la volupté, ou par raS£ vray & fartx* force des loix , ou des, commandemens , ou par la necefiité, ne doiuensL» pas eïlre appeliez* courageux, üforn deuons donc eïlimer £ Atnqucv comme la plus noble action de la force : les animaux irraifionnables me fines nom le montrent parla hame quils ont les vns contre les autres y les Dragons affaittent les Elefans y la Belette tue le Bafihc y les Exépies. des ani-Serpens de Tirintç font mal aux e fitangers, çy non pas d ceux du pats, î^erre! ^ f°nC ceux de Suris au contraire \ £ Ichneumon fait mourir le Crocodile, çy mange les Phalanges y la Corneille çyla Chouette sentre font la guerre y le oJftCilan au Corbeau y le Corbeau efi ennemy duTaureau çy de~j £AJhe -y le Loup, du Taureau, de £A/he du Renard y £ Aiglt^ combat contre lf ^autour ÿ les Cerfs contre les Dragons y les Grues JL> battent contre les Pigmées y les Cigongnes çy'"Poifèau Ibis contre les Serpens y le Loup marin vjeufwal ap Muge y le Congre a la Mureney le Poulpe d la LangouBe y les gros po fions mangent les petits : bref Tout fe. fait la toutes chofis s entretiennent dans cette contrariété , çy £immortalité sueric* des ejpeces fe perpetuepar la corruption des indmidm, qui s altèrent^
- £vne £autre par £ excès des qualitez*. Tout le monde efi composé des contraires ,fans lefquels rien ne peut JubfiBer y vne forme chaffe £autre , çy toutfi fait la guerre. Tbutesfois £ homme qui a £ame rai fin- i.e fujet de ïAra-nable doit confiderer fi le mouuement que le corps çy les, fins font* doK eftre naiBre fint iuBes, ou iniuBes, afin de fuiure ceux-ld comme permis par les loix de Dieu ,çy de la Nature, & fuir les autres que £iniu-fiiee çy la pafiion meut dans le cœur des Monarques çy pmffans Rois.
- L’Ataque donc ri eBant quvne en nom , ie la voudrois eBre enfa différence raifinnable, afin qu eBant agréable d Dieu * fis fins en fuffent* glorieufis, qui ayans iuBes leurs commencemens, çy les actions çy tra-uaux des chefs méritoires, comme ceux que £ on entreprendroit légitimement , çy du confintement du ciel : Cefi la luBice que les lurifeon-fiultes dans le DroiB veulent efire armée y c efi celle qui comprend £ Ata-que y qui punit par la force les rebellions çy perfidies , que £ on peut apprendre dans lerecït des Hifioires. Cefi ceüe-cy qui tient en craintt-j les deffeins des eïprits peruers ,çy de laquelle Dieu s’efi firui d la de-ftruBion dvn nombre infini de peuples malicieux y çy doit dépend la grandeur çy conferuation des oJftÇonarchies, des Royaumes, çy des plus
- DD 3 grands
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- %iz Aiiant-propos.
- grands Bfiats, ce qui reprefinte mieux en terre les puifiances du Ciel, comme maifirefiè de fis foudres, fie propofè doncques celles-cy que les Princes dotuent fçauoir pratiquer auec autant de fctence que de confédération , & fuir ?autre comme infiniment dehonte, de reproche ,£tn~ iufiice, la caufe des fkccêsfmefies çÿ deïplaijans.
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- Liure II. Partie I. 213
- QVE L’ON DOIT PLvsrosr CHOISIR
- la paix que la guerre.
- Chapitre I,
- A Fortification n’eft quvne difpofition à Faction de la, Defenfe,laquelleprefuppofelAtaque:C’eft pourquoy Tordre naturel requiert quauant que parler de la Defen-fe nous difions de TAtaque -, combien il y a de façons d ataquer les Places^ comme on doit conduire ces Ata-ques,&: les autres circonftances qui concernent ce fujet.
- Auant que commencer FAtaque, on délibéré fi on la doit faire,pelant lesraifonsqui meuuent à commencer la guerre, lefquelles doiuenteftre très-fort es :car vn Prince ne doit iamais prendre les armes que pour quelque grand fujet, & changer le threfor de la paix auec les malheurs de la guerre. La paix doit eftre defitée de tous,parce que là où eft la paix,là eft îaccroifTemét de TEftat. Pindare appelle la paix,le terme du repos,S£ vne lumière (plendidetMoyfe commanda par fes loixaux Ifraëlites,s’il venoit occafion de guerre, qu’ils la fifient hors leurs limites, & qu’ils enuoyaf-fent des Ambafiàdeurs pour pacifier s’il eftoitpoflîble , 6C leur enioi-
- fmt qu’ils choififlent plultoft la paix que la guerre. Plutarque dit,que les ommes fàges & bons gouuerneurs des Republiques côfiderent pluftoft l’ifluë & la fin des chofes que Je commencement j & deuant qu’ils prennent les armes, ils expérimentent toute forte de confeils pour maintenir lapaix, Antiochus pour auoir la paix des Romains donna dixfopt mille tafens Attiques, &: vn million,quatre cens mille muis de bled \ Aucun or ne peut acheter la paix, tous la doiuent defîrer, ou lors qu’on la poflède îa conferuer : La ftatue de la paix auoit deuant foy la bien- vuéillance, & apres foy la vengeance, pour monftrer que Tvn fe doit oublier, l’autre re-cerçher. Toutesfois il ne faut rien faire diniufte,ou fouffrir aucune cho-fe deshonnefte pour iouïr de la paix. Les Thebains pour eftre exempts des périls de la guerre recourent la paix defauantageüfe qui les penfa ruiner : Les iuftes caufes donnent le courage, le ciel les fauorifç, la fin en
- eft toufiours heureüfe.
- DIVERS EXEMPLES DES SVIETS
- des guerres, tirets des HiEaires..
- Chapitre IL
- 1L fèroit impofliblede dire tous les fujets des guerres * caron 1 n’en void iamais deux femblables en tout \ nous en dirons 1 quelques vns generaux tirez dé l’Hiftoire : Les plus confide-
- _________^ râbles font pour la liberté,ou pour la Religion : De ces deux,
- ie tiens ceiuy de la liberté plus fort que celuy de là Religion} car le pre-
- mier
- La Fortification efi vne diffofition à U defenfe.
- Lapaix doit eftre préférée a la guerre.
- Exemples,
- Sujets generaux des guerres.
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- 214 Des Ataques par furprife,
- mier nous efl: donné par la nature, l’autre par Pinftrudion : tous défirent celuy-là, Sç plufieurs ne fe fondent aucunement de celuy-cy *, & la plus part des fujets pourraient eftre raportez à la liberté du gouuernement, Pmr U liberté. du viure,oude la Religion.Les Allemans semeurent contre les Rpmains
- pour la liberté \ les Thebains contre Alexandre, la Ville defquels eftant prife, il ne sen treuua pas vn feul qui vouluft demander la vie, en mourut mefipejls tuoient leurs ennemis : le§ mefines Thebains contre Xerxçs, qui difoit à Hydarnes Prefeét Perfan, s’il fçauoit combien efl: douce la, liberté, qu’il les pcrfuaderoit de çombatre non feulement auec flefches Tour u Rdigw. & piques, mais auec fiaches,Sc toute forte d’inftrumens. Les Hollandois contre le Roy d’Elpagne -, bien qu a ceux-cy foit mellé Tinterefl: de la. Religion, pour la conferuation de laquelle plufieurs fe font défendus pbftinément j comme les Iuifs contre les Romains,lefquels ne voulurent pas receuoir dans leur Temple les victimes eftrangeres de Celar 3 & aimèrent mieux fouffrir les plus extrêmes maux de la guerre, & perdre, leur liberté, leur patrie Scieur vie, que violer leur Religion. Il ne ferait pas befcin d’apporter d’autres exemples de ce fujet , puilque dans noftre France nous en voyons fi fouuent, pour mettre à raifon ces obftinez,lef-quels nouuèllement, fous pretexte de reforrper ? PUt voulu peruertir no-? lire Religion Catholique, authorisée par de fi grands Perfonnages, & confirmée par la continuation de tant de fiecles, quelle a fobfifté en mef-me eftat. Ce mefme fujet a meu Charlemagne à faire trente trois ans la guerre contre les Saxons,& palfer tant de fpis en Efpagne. Louys le Gros alla en Italie pour fecourir le Pape Calixte, & le mettre d’accord auec * l’Empereur Henry I V.qui l’oppreflbit : Pépin porta fes armes pour le Pa-
- pe Eftienne contrfe Aftolfe Roy des Lombards : Louys I Lremit au Siégé Pontifical le Pape Iean III. Godefroy de Buillon fit la guerre contre le. Turc pour le mefme zele de la Religion. Ceft vn fainét fujet lors qu’il efl: Amplement pour cettç copfiderapon, mais pdfeux lors qu’à toutes oeçafions on s’en fort 4e pretexte pour couurir fon ambition, &c donner couleur aux vfurpations iniuftes qu’on fait Amplement pour s’agran-Rour u patrie. dir. Les guerres pour la patrie fout les mefines que pour la liberté, car
- toutes deux confîftent à le defendre de ïopprefiion, Pour ce fujet les Romains fç défendirent contre Hannibal, & apres les Carthaginois contre les Romains r les Grecs contre les Perfes *, nous autres contre les An-glois -, la guerre fufeitée autrefois par les Seigneurs de France auoit pour pretexte le bien de la patrie:Apres la mefme raifon qu’on fe defend pour Pour rauoir ce. garder ce qu’on a, on attaque pour ipuïr de çe qui nous appartient lors. p n.°*“ apparti^ qu’il efl: pofledé par d’autres.Les Argiues firent guerre contre les Lacede-moniens pour les termes de leur territoire *, Adelgifîus fils de Defiderius alla en Italie pour recouurer PEftat de fon pere *, Sc le Roy Edouard pafla en France, parce qu’il difoit qu elle luy appartenoit. Le Roy de Portugal fit guerre contre celuy de Caftille, pour faire fuçceder (à niece à l’Eltat de Çaftille. Les çaufes de toutes ces guerres font generales^bien fouuent Bourtorufait^ Jes iniures particulières ontefié les principes de grands malheurs. Le> siMbajfadcpn. mauuais tràittement fait aux Ambaffadeurs de Dauid, enuoyez à Naas fils du Roy des Ammonites pour fe condpuloir de la mort de fon pere, jeqiiel au lieu de les receuoir humainement, leur fit rafer lamoitié de la,
- barbe,
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- Liurell. Partiel. 215
- barbe,couper la moitié des habits,fut caulè de là perte. Alexandre ruina Tyr, ÔC fit tuer deux mille habitans,pour venger la mort de lès Ambaflà-deurs tuez par ceux de la Ville. Xerces afliegea Athènes làns y enuoyer des Ambafladeurs , parce qu’ils auoient auparauant ietté dans les puys ceux de Darius. Les Romains afliegerent Iflà, parce que la Reine auoit fait couper la telle au retour à vn de leurs Ambaflàdeurs. La guerre du Roy François contre les Elpagnols, fut parce qu’ils tuerent Rincon &C Fregolè Amballadeurs auprès de Plaifànce,lur le Palfage du Po. Le droiét des gens commande quonreuereles Amballadeurs,6C leur faire iniure, c’eft vne aétion blafmable &c digne de vengeance. Prefque femblable^ Pour leurs Chefs. occafion pouffa les Achées contre les Meflinois pour venger la mort de leur Chef Philopœmen, fait mourir indignement en prifon auec poilbn par Dimorates qui l’aitoic pris. Cyaxarces Roy des Medes fit cinq ans la guerre contre Halyates, parce qu’il ne voulut pas luy rendre quelques ieunes hommes Scythes qui s’eftoient enfuis à luy, apres auoir fait manger à Cyaxarces au lieu de venaifonje corps du mailtre qui les inftruifoic à la chaflè. Les iniures 6c torts receus' font aufli Ibuuent fujets de guerre . &C de vengeance. Alexandre reprelenta à Darius qui luy demandoit la. Pour torts receus. paix apres là delconfite,qu’il la iullement ataqué *puifque Darius auoit commencé la guerre en gaffant la Grece 6C l’Ionie, pafsé la mer ,Ô£ porté fes armes en Macedone *, qu’il a fait tuer fon pere Philippus par ceux qu’il auoit corrompu par argent, qu’il a voulu donner mille talenspour le faire tuer à luy- mefrae. Xerces voulant faire la guerre contre les Athéniens, prend pretexte fur les iniures qu’ils auoient faites à Ion pere, 6C qu’ils auoient brullé les Temples,S£ bois facrez de Sardes, &c fait autres raua-ges. Des plus légers fujets on fait commencer les guerresjles Lacedemo-niens firent cruelle guerre aux Samniens,parce qu’ils leur auoient pris vn grand valè merueilleulèment taillé, qu’ils enuoyoient à Croefus recer-chant leur amitié en reuanche d’autres qu’ils auoient receus de luy ; les Samniens l’an auparauant auoient retenu vne cafaque ou thorax tres-ri-che,qu’Amafis enuoyoit aux Lacedemoniens} foit que le melpris,ou l’a-uarice les pouflàft à cela pour l’vn & pour l’autre, ils furent ataquez auec raifon : c’eft toufiours vn larcin de prendre ce qui n’eft pas à nous. Pour-quoy ne fera~t A pas tenu pour crime fait par les grands,puis qu’il 1 cft par les petits, l’eftime que ceux là auffi qui font la guerre pour auoir les ri- Pour les richejjès. cheffès de leurs voifins font autant blafmables que les voleurs qui efgor-gent les paflàns ppur auoir leur bourfe.Les Samiens enuieux des richefles des Siphniens leur demandent en emprunt dix talens, qu’ils fçauoient bien leur deuoir eftre refufez, pour donner quelque couleur à la guerre qu’ils vouloient faire contre eux pour auoir leurs richefles. Ariftagoras perfuade Cleomenes de faire la guerre en Afie, luy portant pour raifom qu’ils poflèdent des grandes richefles. Chofe inique qu’il nous falle eftre miferables, ou enuiez ? C’eft bien pis,la bonté du pais irrite les eftrangers à faire guerre. Les Gaulois vindrent en Italie fous Brennus, pour l’habi- Pour h fertilitédu ter à caulè de là fertilité, aufquels Camillus,chef des Romains,reprefèn- pa*s‘ tant l’iniure qu’ils faifoient aux Chiliens, Brennus leur chef refpond em riant, au contraire les Chiliens nous font tort, lefquels pouuans habiter’ en peu de terre,en veulent occuper beaucoup, làns nous en vouloir faire
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- Eart à nous autres Eftrangers. En cecte façon vous faifoient tort les Al-anois, les Fidenates,les Ardeates.les Veiens, les Capen atesjes Falifciës, les Volfques : Vous autres mefmes Romains attribuez cela à la loy ancienne,qui commande que les chofes moindres foient fujettes aux plus grandes, comme on voit en Dieu;iufques aux animaux. C’eftpourquoy nous nous faruons de la mefme raifon, que vous autres Romains vous eftes feruis : La force eft la raifon de la guerre -, le bruit des armes empef-che d’ouïr les loix. Ceux qui veulent faire la guerre ont affez de droiâ s’ils ont affez de force ; s’ils nont pas prétexte, ils en font naiftre,ou pren-Tour fis alliez,, nent la querelle pour les autres. Darius entreprend la guerre contre les Scythes, parce qu’ils auoient chafsé les Medes fes alliez auec des fouets; les Veiens, ou Etruiques donnent bataille auec perte de quatorze mille contre Romulus, parce quïls difent quïl a pris Fidenes Ville d eux confédérée ; Chofe ridicule de demander la Place,lors qu elle eftoit réduite, en la puiffmee des autres, à laquelle ils n auoient donné fecours aupara-uant la prife î Hannibal n’ayant aucun fujet d’aller contre les Romains ataque les Sagontins neutres, toutesfois confederez des Romains,auf-quels ils demandent fecours, qui leur eft defnié, dequoy Hannibal fe, Vour ramfiemem monftra fafché, & alla contre les Romains. Les Romains rauiflans les de firmes, femmes des Sabins,quïls auoient fait affembler à la célébration des ieux
- feints à l’honneur de Neptune, ne cercherent-ils pas le fujet de la guerre? toutesfois la faute quïls auoient des femmes,&c leur fin de s'allier &: procréer exeufoit en quelque façon leur temerité:L amour qu’on porte à ces animaux eft par fois fi irraifonnable qu’on tente tous moyens pour en, iouïr,ians aucune confideratiô de ce qui en peut arriuer: Ce feu d’amour a tant de fois allumé le feu de la guette ; le rauiffement d’Helene par Paris a causé la deftrudtion de Troye ; la guerre des Amazones contre les Athéniens fut causée,parce que Thefeus rauit Antiope Amazone : la Ville de Gabaa fut deftruite, parce qu’aucuns ieunes gens rauirent la femme dVn vieillard Hebrieu, laquelle mourut le lendemain : Illadiuife enu douze pièces, en donne vne à chaque Tribu demandant vengeance, laquelle fut faite,bruflant la Ville, & tuant tout ce qui fe treuua. Afpafia fameufè courtiiàne, de bon efprit, perfuada Pericles de faire la guerre, contre les Samiens. Maudite paffion qui fait perdre le iugementaux plus grands homes, & fait expofer leur vie,&; celle de tant de milliers d’hom-jpoutrefiu defim- mes, à qui ils commandent,pour vn fi foible fujet 1 Bien fouuentce n eft ms' pas pour elles, mais pour l’affront qu’on reçoit, tant, de ceux qui les ra-
- niment , comme pour ne les auoir pas en mariage 5 lors qu’on les demande. Cambyfès fe tient offensé de ce qu’Amafis, au lieu de fà fille qu’il de-mandoit pour femme , luy enuoye fà niepee Nitetis fille de Cyrus fon_, predeceffeur. Les Latins demandent aux Romains de leurs filles pour fe ioindre en mariage -, ils leur enuoyent Philotida aueeplufieurs autres fo-uantes, qui la nuidt des nopces tuent toutes leurs maris. La guerre durant le temps de Louys XI. qui fe fit contre le Duc de Bourgongne,fut fufeitée par le Conneftable, qui vouloir qu’iceluy Duc donnaft fa fille, heritiere au Duc de Guyenne. On demande par fois ce qu on fçait bien, deuoir eftre refusé, pour prendre fujet de fe fafeher. U faut peu de chofe pour commencer la guerre à ceux qui en ont enule ; les matières feches
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- prennent tout auflï toft feil \ la nâfce s allume fans le toucher. Quel plus léger commencement que celuy des Vénitiens contre les Turcs, parco des légersfi-
- que leurs Galeres paffant deuant Corfou ne voulurent pas falucr cel-]ets' les des Vénitiens ? La guerre des Suiffes contre le Comte de Bourgon-gne ne procedoit que d’vn chariot depeaux de moutôs que le Seigneur de Romond auoit pris à vn Suiffe paflant par fi terre. Ceft bien encor Pour l’ambition, pis quand on n a autre fujét que celuy de [ambition &C de lenuie de dominer. Alcibiades perfuada aux Athéniensd’ataquer la Sicile,poufsé par la feule ambition : Scylla & Marius fe font la guerre pour regner:
- L’ambition,S£ cette furieufe cupidité de regner incitèrent Cyrus &c Alexandre à faire la guerre * *, la mefme porta Cefir contre Pompée ion compétiteur» Prefque tous,quelpretextequilsprennent,onttoufiourscette ambition mellée. Peu de Thesées fe treuuent, qui n’auoit autre but que de purger la terre des voleurs *, Hercule des monftres *, Charlemagne d’Heretiques : Le fiecle eft trop corrompu, la malice eft femée par Peu de guerres fans tout, &C dansles plus fiines a&ions on treuue quelque grain de mefehan- maiiee-cetémeflée. Mais quoy qu’il en foit nous deuons feruir noftre Prince, fins nous informer du fiijet qu’il a de faire la guerre, ou qu’il foit iufte, ou iniufte,nous femmes obligez dobeïr à fes commandemens,ou quitter fon païs : U eft abfolu maiftre de nos biens & de nos vies} c’eft pour-quoynous ne pouuons pas les refufer lors qu’il les veut employer pour Ion feruice.
- CONSIDERATIONS QVE DOIT AVOIR
- *vn Prince deuant que commencer la guerre.
- Chapitre III.
- L n y a rien de li neçeffaire, ni fi dangereux que de de- n faut toufiours mander confeil. Vn Prince ne doit commencer aucun., Prendre confeiL affaire de confequence fins eftre premièrement con-feillé : il ne doit aufti iamais defcouurir fi volonté : Il comme en k peut peut faire tous les deux enfemble, bien qu’ils femblent de^
- contraires, propofint plufieurs deffeins, Sc faifint délibérer fur tous *, il mettra en auant plufieurs queftions, plufieurs doutes fur diuerfes ataques de Places *, il efeoutera les auis de tous,bons ou mau-uais, fans iamais donner à cognoiftre fon intention. Qui veut fes cho-fes eftre fecrettes , doit eftre fecret luy mefme : On eft libre de parler, mais lors que la parole eft efehapée on ne peut plus la retirer. Les meil- Quels font ks meilleurs confeils font ceux que perfenne ne fçait iufques qu’ils foient execu- lmrsconleüs' tez. Les Perfes eftimoient grande mefchanceté de defcouurir fon fecret, ou celuy delamy. Hamilcar voulant aller en Sicile n en dit rien à per-fonne, il commanda feulement de le fiiiure, .&•donna des lettres cachetées à tous les Chefs, qu’il defendoit d’ouurir qu’en cas de tempefte pour fçauoir où fe retirer. Domitian fit bruit de vouloir ataquer les Gaules, Pm tenir fes m-lors qu’il fe préparait contre les Allemans. Metellus interrogé vne fois fedsfecms' de ce qu’il feroit le lendemain, refpondit, Si ma chemife le fçauoit, ie la, bruflerois. Qu’eft il befoin qu’on f cache les deffeins du Prince, il fuffit,
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- Confideratios mat que commencer la guerre.
- Les forces qu'il faut pour commencer la guerre.
- Le General ne doit eïlreauare.
- jiuares indignes de charges.
- La fidélité doit venir de fajfeftion & non des prefens.
- Le Chef doit esîre très accompli.
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- d en cognoiftre les euenemens ? Qui defcouure ouuertement fa volonté, tefmoigne qu* il n’eft pas capable de refoudre, ôc fè met en hazard d’eftre defcouuert par l’ennemi.
- Les principales confiderations quon doit auoir auant que commencer la guerre font -, Si les forces quon a font battantes pour conduire a fin le deflèin : ÔC non feulement il Faut auoir efgard à fes propres forces,mais encor il faut fçauoir celles de l’ennemi yqui confiftent premièrement en la Place fortifiée, dequôy nous âuons aüez parlé au nombre, & en la, qualité de ceux qui font dedans. Les Septentrionnaux font peu patiens au trauail, ôc au patir la foif ôc la faim, 6c sexpofent plus facilement au péril que les Meridionnaux , qui craignent plus, a caufe quils ont moins de fang,mais ils fouffrentles incpmmoditez auec beaucoup de confiance. Il faut autti fçauoir quel feconrs ils peuuent auoir des amis ôc confe-derez, ou dé l’Eftat mefme : à toutes ces forces il faut que celles de l’af-faillant foient proportionnées, ôc beaucoup plus grandes. Non feulement il faut auoir des gens fuffifamment pour aflieger la Place, mais encor d’autres pour rafrefchir ceux-cy, ôc pour faire nouuelles recreuës, afin de remplacer ceux qui feont morts : Comme autti il faut eftre allez fort pour s oppofer au lecours qui pourroit eftre enuoyé à ceux de la* Place, tant par mer que par terre félon l’afliete d’icelle. Et cela ne fuffit pas, car il en faut pour faire les conu-ois, ôc garder les munitions qu on, enuoye au camp, principalement lors qu on afliege quelque Place hors de l’Eftat. Sur tout il faut choifir vn General, lors que le Prince n’y va pas en perfonne, qui puifie conduire le tout prudemment, qui foit courageux , de bon elprit, ôc de iugement raflis, bien expérimenté aux cho-fes de la guerre, hardi aux entreprifes, meur au confeil, prompt aux adtions, fur tout qu’il ne foit point auare *, car ceux qui ont ce vice font hais des Soldats, ÔC font fujets a trahir leur maiftre : Qui préféré l’vtili-té a l’honneur eft indigne d’aucüne charge. Il s’en eft treuué qui apres auoir fait prendre des Places auec beaucoup de fâng,lesont vendues lafchement pour de l’argent, ÔC rompu par leur infatiable auarice l’efpe-rancequ on auoit du bon fuccés d’vne puittànte armée. Ceux qui lër-uent le Prince feulement pour l’elperance du gain, ne doiuent pas eftre. eftimez fideles. Philippe Roy de Macedoine reprit Alexandre, parce quil vouloir attirer a fon amitié les perfonnes par les richefles. La fidelité ne vient pas par prefens, mais doit procéder de l’affedion naturelle qu on doit auoir a fon Seigneur. Ariftides reprit Themiftocles, qui di-foit, la plus grand vertu d’vn General eftre de içauoir les confeils de l’ennemi : Ariftides luy relpond, Cela eftre à la vérité neceflaire, mais auoir les mains abftinentes, ÔC ne voler pas eft le plus beau de cette charge. Marcus Curius difoit, qu’il aimoit mieux commander à ceux qui auoient l’or que le pofleder : L auarice ôC l’ambition font la pepïniere, ou la femence des plus grandes mefohancetez. C’eft pourquoy il faut choifir quelque (ubiedt cogneu pour homme entier, qu’liait les vertus neceflàires à vn bon Chef, exempt des vices qui luy font contraires : car il eft très véritable que quelque force qu’on ait, fi elle n’eft conduite par vnbon Chef, elle fè deftruidt d’elle mefme, ÔC ne fait iamais aucune a&ion remarquable* Vne armée de Cerfs conduite par vn Lion eft plus
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- forte <Ju vne armée de Lions conduite par vn Cerf. La force & grandeur dvn Eftat, ou d vne armée eft prisée félon la qualité du Prince , ou du Chef qui la gouuerne : tous fe conforment à leurs mœurs >
- Il elles font mauuaifes, elles corrompent celles de leurs fubieéts , lef-quels ne femblent pas approuuer les a&ions de leurs Princes s’ils ne les imitent.
- Le Chef ou General doit eftre feul -, lors que dans vne armée il y en_, Le General doit a plufieurs de puiflance efgale , tout eft mal conduit j deux Souue- efirefeuL rams ne peuuent iamais compatir enfemble. Alexandre refpondit à Darius,qui vouloit faire la paix comme elgal, que le monde ne peut, eftre régi par deux Soleils. L’Empire qui peut lubfifter fous vn ,lors quil elt gouuerné de plufieurs, il va en ruine. Les Spartes firent vne loy, que lvn de leurs Roys feroit auec rarmée, tandis que l’autre demeurerait à la Ville, parce qu’eftans tous deux enfemble contre les Athéniens , ilspenferent eftre caufe de la perte de toute Tannée. Moyfe commanda aux Hebriçux par loy exprelfe, que dans leur armée ils n’euffent iamais qu’vn Chef. Comme pourront s’accorder deux perfonnes en vne mefine opinion , veu qu’vn mefme a affez affaire de le tenir conftam-menten la fienne?
- On doit encor auifer, fi apres qu’on aura pris les Places, on les pour- on doit ejire 4^ ra conferuer & defendre contre les forces de l’ennemi : car il feroit inu- ^pucesprffis^ tile &c dommageable de confommer quantité d’hommes &C d’argent, à la prife de quelque Place qu’il faudrait apres abandonner, fi ce n’eft qu’on vouluft prendre la Place feulement pour fe venger de quelque fî-gnalée offenfe, ou lors qu’on les furprend fur les Turcs &C infidèles, fans autre intention que pour leur faire du dommage.
- Lors qu’on eft refblu d’effayer à prendre quelque Place, &C qu’on» fe croit eftre affez fort, on regarde comment &C par quel moyen on la, doit ataquer.
- Les Places peuuent eftre prifes par diuers moyens en general j fans Diuers mo)em de force, comme par trahifon, par ftratageme, ou par furpnfe -, ou auec frendre lesPlaces' force, laquelle fe fait par vne execution prompte, comme d’vne efeala-de, ou du pétard , ou bien par fiege, s’approchant auec les tranchées, &; donnant plufieurs affauts -, ou quand on boucle tellement la Place, qu’il n’y peut entrer aucuns viures, &c par la patience on fe refout à leur faire confommer toutes leurs munitions, par ce moyen les forcer à fe rendre.. **
- Bien que noftre principal deffein foit de parler de la façon qu’on doit fe gouuerner à la conduite-du fiege Scbouclement de la Ville, en ce qui concerne principalement l’office d Vn Ingénieur : toutesfois nousnelaif-ferons pas de parler des autres.
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- Quels femrnt faire la trahifon.
- Comme on doit tramer la trahifon*
- Exemples des reco-penfes des trahijons.
- Prefens & argent font les moyens qui pprfft a la trahifon.
- Des Ataques par furprife,
- TE LA TRAHISON.
- Chapitre IV.
- E plus facile moyen de prendre les Places, lors qu'il fe peut exécuter, ceft la trahifon, laquelle s’appelle autrement Intelligence, & fe pratique particulièrement aux lieux, où vn feul, ou peu de perfonnes peuuent rendre maiftrede la Placeceiuy qui tramel’entreprife. Car lors qu’il y a plufieurs qui commandent, & qu’on ne peut rien faire fans les autres, il eft très-difficile de rencontrer tant de perfonnes, delquelles on puifie corrompre la fidelité.Si on iuge que cela fe pourra, ou à tout hazard on le veut elfayer, il faudra enuoyer dans la garni-fon quelque perfonne accortç, ou fidelç, qui s’enroollera pour Soldat,ou Officier, ou s’y tiendra fous quelque autre prétexté, lequel doit tafeher par tous moyens d’auoir l’oreille de ceiuy qu’on veut gagner *, & par des difeours venus de loin defcouurira la volonté d’iceluy, en exaltant la.
- volontiers il le fondera. S'il y a apparence qu’il foit porté à faire cette mefchanceté, il continuera tûufiours, & luy parlera vn peu plus ouuer-tement. Il pourra prendre le temps, principalement s’il a receu quelque defplaifir de fon Prince, ou pour n eftre pas bien recompensé, ou pour n auoir pas Jes charges qu’il croit mériter,bien plus que d’autres, qui font auancez deuant luy. Il luy reprefentera que fes mefcontentemens font, iuftes, St qu’il a bonne occafion de fe retirer d Vn ingrat pour faire fortune autre part : que d’autres fe font auancez par des femblables feruices, Alexandre tint auprès delà perfonne en grande confideration Bagopha-nes, qui luy auoit rendu la Citadelle de BabylonqàMazœus,qui 1 auoit feruien vn autre femblable occafion, il luy donna la Satrapée , ou Gou-uernement de Babylone *, à Mitrenes, qui rendit Sardes, il luy donna* l’Armenie. Hannibal fit des grands prefens, & efieua à des grands honneurs Brundufînus, qui luy auoit liuré Claftidium, Ville forte & bien, munie, magafîn des Romains. Ceiuy qui rendit Bethleem à Phinees, fut recompensé luy & toute la famille. Moy fe elpoulà 8t honora tout iours Tharlis fille du Roy des Æthiopiçns, parce qu elle luy mit entre les mairns fon pere, 8t la Ville qu’il affiegeoit, appellée Saba, ou Meroës.
- S’il voit qu’il incline à fes perluafions,il en doit donner auis au Prince, qui lhy fera eferire des lettres, par lelquelles il fera cas de fa valeur, St qu’il defire eftre fon amy. A celabn adjoufte des grandes promefles, g£ fait marcher quelques petits prelèns & argent, lèlon la qualité du per-fonnage. C’en la plus forte perfuafion du monde que la quantité de l’or & de l’argent. Philippe Roy de Macedoine difoit que toutes les Places dans lefquelles pouuoit aller vn Aine chargé d’or eftoient prenables. La facrée faim de cet or force les volontez des homes. Milon rendit Tarante à Papyrius Curfor Conful, à caufe des prefens qu’il luy fit : Hannibal prit la mefinç Ville par la trahifon d’Eoneus qu’il corrompit par argent. Louys XI. donnoit tout ce qii’vn Capitaine demandoit pour rendre vne
- Place.
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- Liure IL Partie I. 221
- Place. C’eft le vray moyen de conduire à la fin la trahifon,laquelle eftant conclus, il faut arrefter le moyen de lexecuter. Maisauant que d’y en- n faut amw des noyer perlonne, il feroitbon retirer des alTeurances, ou oftages du trai- oHa£esdn traiflre-lire, de peur que penfànt enuoyer des Soldats à la prife d’vne Place,on ne Jes enuoyaft faire prendre & pendre eux-mefmes : ce que l’autre pourra, faire s’il ell habile &c fidele à fon Princej de cela Ton en a veu alfez d’e-xemples. On en attrapa ainfi quelques vns au Chafteau S.Michefqu’on Exemples. tiroitau haut auec vn panier au boutdvne corde,8c làon les efgorgeoit,
- & ne s en fauua que quelques vns qui eurent bon nez, ou pluftoft bonne oreille, qui défia commencez d’eftre tirez, coupèrent la corde, & le danger où ils s’eftoient mis. Milefius Gouuerneur de la Fortereffe de Damas pour Antiochus rendit la Ville à Philippus *, mais parce qu’il ne le recom-pëfa pas tant comme il efperoit,il le trompa,comme il auoit voulu tromper fonmaiftre. C^Caflius prit cinq cens Sefterces pour tuer Sitius, &c Calphurnius:ceux-là luy en donnent fix cens,il trahit les autres.Triphon promet à Ionatas luy rendre Ptolemaïde, il le reçoit dedans auec trois mille Soldats,fait ferrer les portes, fe faifit de luy &c des fiens, mande tuer le fecours qui attendoiten campagne: Triphon mande à Simon s’il veut racheter fon frere Ionatas, quil luy enuoye cent talens, lefquels il reçoit & tue Ionatas. Qui fait vne mefchanceté en peut faire plufieurs : N’eft ce pas folie d’efperer fidelité d’vn ame perfide ? ou s’il fat bien fon Prince , on doit eftre alfeuré qu’il trompera 1 ennemi.
- Si l’on ell alfeuré, ou qu’on palfe par delfus ces confideratios, &c qu’on Moyens d’exemer cerche feulement le moyen d’acheuer rentreprife : Si le traillre peut lait la trahifon. fer les portes ouuertes fans que perfonne s en puilfe aperceuoir que fes complices, ce fera le plus facile moyen, &c faire entrer l’ennemi la nuiCl par cette porte.
- Si le Chef a tel pouuoir fur la Garnifon, quil puilfe porter les Soldats Gagnât les Soldais. à fe rendre du collé qu’il voudra, il n’eft pas befoin d’autre ceremonie que de leur déclarer là volonté , &C inuenter quelque pretexte qui l’a meu à cela*,8c donner grande efperance aux Soldats dans ce changement, qu’ils doiuent eltre faits tous grands 8c riches, lelquelsfe lailferont facilement aller à ces promelfes. fi y a peu de fimples Soldats qui ne foient plus affectionnez à leur profitparticulier, qu’au feruice du Prince qu’ils feruent.
- S’il croit n’ellre pas receu de tous,il faudra qu’il gagne ceux qu’il pour- Faifant entrer gens ra : Et prendra le iour qu’il doit donner entrée a l’ennemi, par le lieu qu’il aP0^-auifera eftre le plus couuert, & fecret,& le plus facile pour entrer : En cet endroit il mettra s’il peut quelque Sentinelle à fa polie,qui lailfera palfer les ennemis lors qu’ils viendront, fans mot dire. Ou bien celuyqui trame de rendre la Place, quelques iours auparauant fera infenfiblement entrer quelques Soldats delguifez, armez delfous leurs habits, iufques qu’ils feront alfez forts pour deffaire quelque Corps de garde, &C loudain faire entrer l’ennemi par cet endroit. Le plus ordinaire moyen,c’eft lors que le ^res qu>onAmü fîege ell deuant la Place, ou qu’ily ell mis à ce delfein. Apres quelques ataques, le Gouuerneur reprefente qu’il eft bon de fe rendre *, qu’il vaut mieux par vne honnorable compofition fortir, ôc fe referuer pour feruir fon Maiftre en quelque meilleure occafion,que d’attendre la cruauté d’vn ennemi qui eft preft d’entrer par force*,Sc pour donner prenne de fon dire,
- il
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- 211 Des Ataques par furprifê,
- il fera auparauant ietter & gafter les munitions, y faiiànt mettre le feu, comme fî c’eftoit par quelque accident, cachera les viures,ou bien les di-ftribuera de telle façon qu’ils durent peu ; donnera telle conduite que tout aille au rebours de bien, aduertiflânt l’ennemi de tout ce qu’il peut faire, difbofant toutes chofes dedans pour lauantage d’iceluy. Qui veut faire quelque mefchanceté treuue affez de moyen de l’executer ; le n’eo, parleray point d’auantage, de peur que ie ne femble les vouloir épargner.
- DES SEDITIONS.
- Chapitre V.
- Ls cmarie ejiu ’Vnion & la concorde eft la principale force de ceux
- plMgrade force des âl i qui fe défendent, laquelle fi on peut rompre, &: les met-
- ^ cre en diffenfîon, c eft vn auantage tres-affeuré pour la.
- prife de la Place. Il fe treuue quelquesfois que dans la Place il y a des difterens partis, ou en la nation,ou en la Religion , ou en la qualité,SC toufiours il y a le peuple &t les Soldats. Dans les Republiques il y a ceux qui gouuernent qui font, les plus riches , Sc qui ont le plus à perdre en la perte de leurs Villes que> leshabitans,partie defquelseft parfois aife du changement, comme les plus pauures,efperans mieux en iceluy ; partie tient pour indiffèrent à qui qu’il foit fujet, &c aime mieux fe rendre à vn nouueau Seigneur, que bazarder fes biens, Sc fa famille, St fa vie à l’euenement douteux d’vn fie-fe peuple eft fujet ge. Le peuple eft fujet au changement, fes refolutions durent peu, leur changement, courage n eft bon que pour vn foudain mouuement, qui s’alentit aulfi contre vne affairée refiftance. Ils fe fafehent de patir les incommoditez, &C s’expofer au péril : bref ils font faciles à eftre portez à la fedition lors Mwfes d’efmouuoir que quelquvn commence, ou les y pouffe. Le Chef doit auoir enuoyé lafedttton. de longue main des perfonnes à cet effed, qui fe mettent de leur parti,fe
- monftrent du commencement fort zelez à leur feruice, & tefmoignent par leurs eifeds qu’ils font les plus affedionnez de leur parti. Lors qu’ils verront que dans la Place on commence à» eftreprefsé, ou par la force de lennemi,ou par quelque incommodité , & que le peuple commence à paffer fa fureur, ils s’accofteront de ceux qu ils iugeront eftre plus propres a la fedition, leur rendans fufpeds de trahifon les Chefs, Sc les plus fidèles } ce qui leur fera aisé à faire croire : car lors qu’on a quelque mauuaife impreflion , on interprète les meilleures adions pour mefehantes : Et fi quelquvne ne reliffit, 04 croit infailliblement ce qubn leur a fait fauffe-ment entendre. Ils femeront ces bruits fecrettement, prendront leur temps s’ils manquent à quelque bonne occafîon, ils reprefenteront combien c’eftoit leur auantage s’ils l’euffent executée, que le Chef s’entend auec l’ennemi ; fi a quelque autre ils ont du pis > que c’eft à deftèin qu’ils les enuoyent aux coups, &c à la boucherie, pour sen deffaire prompte-ui* Goumrnement ment. Cecy fert grandement aux lieux où le Gouuernement eft Demo-fîduivnfeftneMfa- crâ£^c]ne ’ ^ !es Chefs n’ont pas leur pouuoir fi abfolu, & qu’ils peuuent cüemem.J eftre chaffez par eux 3 quelquesfois tuez ou empoifonnezjee quils feront
- s’ils
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- sMs ont mauuaifo opinion d eux : car ils ne recognoiflént ceux qui leur (ont necefTaires que lors quais en font priuez.
- Les Athéniens ne regrettèrent Themiftocles apres qu’ils l’euret banni, qu alors que les Perfos leur firent la guerre, où le mefine Themiftocles commandoit. Les Romains n euftent iamais rapellé Gamillus, fi l’extrc-mité où les auoient réduits les Gaulois fous Brennus ne les euft forcé à ce faire. Coriolanus eft hay, accusé & banni, & apres qu’il s’eft rendu à Tullius, les Romains eftans preflez àFextremité fe repentent, luyen-uoyent des Ambafladeurs, leurs Preftres, & Augures, &: ce quils ont de plus fainél, iulques à là mere & toute (à famille pour le rappeilcr. Alcibiades iniuftement exilé par les Athéniens, la neceflité leur fait reco-gnoiftre leur faute, SC l’ayant foupçonné, derechef ils le banniflént. Le peuple eft toufiours foupçonneux,Ô£ nefe (bufmet,ni recognoift perfon-ne lors qu'il sen peut palier. Il faut feulement leur faire naiftre quelque ombre, & quelque petit fujet de méfiance, ils s’irritent facilement, &c fe foulleuent pour des legeres confîderations contre ceux mefme qui leur feruent. Le mefme Coriolanus lors qu’il faifoit la guerre contre les Romains brulla les pofléflions des principaux, Sclàuua celles du peuple, pour irriter les vns contre les autres : Au contraire Hannibal fauua celles de Fabius, &c gafta les autres. Les Thebains concilièrent à Mardonius qu’il enuoyaft aux plus puilfans des Gçecs des prefens 6c richeflés, afin, que les moindres les foupçonnaflënt. Cleonimus Athénien ataquant les Troëzeniens ietta certains*dards dans la Ville, où il y auoit des lettres ef-crites, par lefquelles il mit en fedition les vns contre les autres, les ataqua là ddfus, & les prit. Les Moabites &c les Madianites fe feruirent d’vn plus fubtil moyen -, pour melîer la fedition dans l’armée de Moy(é,ils en-uoyerent dans le camp ennemi leurs plus belles filles, defquelles les Soldats fe rendirent amoureux : elles les refufent s’ils ne prennent leur Religion , à quoy ils s’accordent\ Zamarias commence la fedition publiquement deuant Moyfe. C’eft vn grand auantage que les forces de Fenne-mi foient defunies : mais bien plus grand lors que par les (éditions elles fo deftruifent d elles mefmes. Prelques tous les feditieux, ou partialiftes périrent dans la4fedition, ou guerre çiuile d?Angleterre fous Edoüard durant i9.ans quelle continua. Les Romains ne voulurent pas accorder MafliniftàjSc les Carthaginois > afin que tandis qu’ils confommoiét leurs forces en querellés domeftiques, ils ne peuflënt entreprendre de faire la guerre dehors. Les Soldats de Velpafîan l’incitent d aller contre Ieru-falem : Il leur remonftre qinl valoit mieux laidér confommer l’ennemi par luy mefine. Lors que les membres font irritez Tvn contre l’autre, tout le corps meurt. La (édition eft le venin des Villes (fondantes : qui peut femer cette pefte parmi l’ennemi, le ruinera pluftoft que par les armes. On doit fe (éruir de tous moyens pour venir à bout de fon entre-prilé, &C ce que la force ne peut faire, bien fouuent reüftit par Fart.
- Exemples*
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- 224 Des Ataques par furprifè,
- COMME ON ‘DOIT REC0CN01STRE
- lu Places quon veut furprendre.
- Chapitre VI.
- A furprifè aprefque toufiours quelque peu de trahifom meflée, parceque deuantque furprendre vnePlace ou, tafche de gagner quelques vns de ceux qui font dedans: ou bien de longue main on y enuoye des perfonnes qui font complices, & aident au deffein. Il ne fe fait poinç de furprife,à laquelle on n’adjoufte auffi la force, toutes-fois moindre de beaucoup que fi elle eftoit ouuerte. Or la furprifè eft vn nom qui peut eflre donné à toutes executions promptes &C inopinées,lef-quelles peuuent eflre en diuerfes façons,félon que les moyens de les conduire à fin font diuers.
- Faut recognoiiïre Auant qu’entreprendre vne furprifè, il eft neceffaired’auoir enuoyé les places cjuon premièrement quelquvn dans la Place, qui foit bien entendu & fidele, veut furprenare. jCque| Vifitant tout le contour, recognoiflè s’il y a quelque lieu, par lequel ceux de dedans ne fe doutent point quon paille entrer , où ils ne
- facent point de garde $ & partant on y puiiïè faire paflèr quelques Sol-Lieux par ou l’on dats fans point de refiftance : tels lieux peuuent eftre quelque endroit de peut furprendre les muraille rompu, ou bien quelle foit fort baffe, op par les embrafures des aces' Places baffes. S’il y a quelque endroit peu fermé,comme quelque efgouft
- auec fimples grilles de fer, qu’on puifle rompre fans bruit, comme au-tresfois on a entrepris fur la Ville d’Anuers. Par fois il y a des vieilles portes bouchées de quelque muraille mince aisée à ouurir, &; autres lieux femblables. On peut encor voir fi quelque riuiere paflè dans la Ville, comme le paflage fe ferme la nui£t, fi c eft auec des chaifhes, comme, elles font fouftenues &c attachées, leur grofleur, combien il y en a. Ou fuiuratout le tour de la Place, confiderant le plus exactement qu’il fera, poflible tous les endroits d’icelle, s’il y a quelque lieu par lequel on puifle Comme on doit re- entrer facilement. Et non feulement il doit prendre garde au lieu, mais paroülZ gluten- encoraux euuifons, comme eft fait le fofsé en ces endroits, s’il eft large rnr. ou eftroit, profond ou non, plein d’eau ou fèc, facile à defcendre ou
- efearpé : les auenues fi elles font couuertes ou non par apres quand oïl fera monté la deflus, s’il y a quelque obftaclequi garde, ou empefchc* daller plus auant. S’il fe treuue quelque lieu propre pour la furprifè, fi ne fe faut pas contenter de le recognoiftre vne fois foule, mais on y doit retourner plufieurs, afin de le meme mieux dans l’efpnt, &c confiderer Comme on doit bien tous les enuirons pour pouuoir faire le rapport fidèlement,mefme deferi-fatreh appert. re ^ deffeigner le lieu ou l’endroit où il eft, auec les auenuçs, & autres circonftances '5 6C cela ne fuffit pas de fçauoir feulement le lieu -, car il eft encor très-neçeflaire de fçauoir quelle garde on fait dans laPlace , files Corps de garde font loin ae ces lieux, combien il y a d’ordinaire de Soldats , s’ils font fort exacts à la garde, l’ordre qu’ils tiennent à l’entrer ô£ au fortir, les lieux où ils mettent ordinairement les Sentinelles, combien de Rondes, &, à quelles heures on les fait, le temps auquel on fait moins
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- Liure IL Partie I. 225
- de garde, & quels font les Soldats & les Chefs qui la font : Si Ton peut, on s’informera de l’ordre quils tiennent aux alarmes, où eft leur rendez-vous , & combien,& quelles gens font ceux qui s y doiuent treuuer. On doit raporter tout cecy auec vérité, &c fi on ne peut le fçauoir que pour l’auoir ouy dire, on le demandera à plufieurs : mais en cecy il faut auoir Comme on fe doit grande difcretion&iugerngnt, afin de n’eftre recogneu pour elpion,&: c°^irZt m ehaftié pour tebEtceluy qui eft enuoyé doit auoir quelque prétexte pour lequel if va dans la Ville, & ne porter for luy aucune chofe qui le puifle faire foupçonner, comme tablettes tracées de defteins, de compas, ou réglés, ou autres inftrumens Mathématiques, papiers eferits de ces matières,ou lettres foupçonneufes. De tout cecy il doit s’en defeharger auant qu aller au lieu *, Sc au contraire porter lettres d’affaires, pluftoft acheter quelques rauauderies,fe faire monftrer force marchandées,donner quelques petites erres : bref trafiquer quelque négoce pour couurir fon intention. S’il eft defguisé, qu’il prenne garde que fos actions & difçours cor-relpondent à fon habit, &c au perfonnage qu’il reprefente* qu’il ne foit point eftonné eftant abordé de quelqu’vn qui s’informeroit de luy \ &C qu?il ne s’arrefte pas trop à contempler fixément les lieux qu’il veut reco-gnoiftre. C’eft pourquoy il faut à cecy vn homme bien accort, d’efprir Quel doit eftre ce~ prompt,&C d’imagination forte, afin que voyant les lieux, foudain il les luy qm reco£noift-mette dans la mémoire,& les puiffe par apres reprefenter comme ils font.
- Et le Prince ne doit pas fe fier à vn feul, mais il y en enuoyera plufieurs fans que l’vn fçache de l’autre, afin de cognoiftre par la conformité,ou di-uerfité de leur rapport la vérité, ou la fauffeté de leur dire, paire qu’aux chofe$ vrayes ils s’accorderont, &c auxfauffes non,
- Affa de couurir fon deffein, il en doit enüoyer plufieurs en diuerfos Enmyer piufiem Places 5 &C lors mefme qu elles feront toutes recogneuës dans le Confeil Pour reco&”°lfire de guerre, il les propolera toutes îndifieremment, afin que perfonne no fçache fur laquelle il yeut entreprendre,
- UES DIVERSES SORTES DE SVRPRISES,
- le moyen de les executer.
- Chapitre VI 1/
- E lieu eftant recogneu, on délibérera du moyen d’exe-cuter l’entreprifc, auec combien de gens, comment armez , en quel temps, ô£ comme on doit fe conduire, en toute l’aétion, fe conformant &C gouuernant felon lo rapport qui aura efté fait par ceux qui auront recognu la Place.
- Les Soldats choifis a l’entreprife doiuent eftre diuifez en deux j car les Comme doiuet ejlre vns feront enuoyez pour paffer doucemét par le lieu' deftiné,lefquels doi- 27aflrprP^merS uent eftre en tel nombre, qu’ils puiffent forcer & tuer tous ceux qui ferot au Corps de garde plus proche : Et ceux-cy doiuent eftre bien armez, &C porter chacü plufieurs pifto!ets,efpées courtes,poignards, & toutes fortes a armes qui peuuent eftre facilement cachées,& promptement maniées,
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- 226 Des Ataques par furprifè,
- auec lefqudles on puilTe faire execution de près. Les autres Soldats doi-uent eftre aux enuirons à couuert, attendans que ceux* cy ayent fait leur coup, pour les aller foudain fecourir : c’eft pourquoy il ne faut pas qu ils foient trop efloignez, afin d y pouuoir eftre à tempsxn cecy il faut auoir efgard à la mode de la furprifè.
- rpmY gfnbarrajfêr Si-en toute la Place il riy a aucun autre lieu que les portes par où l’on.
- ks pom. puifle entrer, 6C toutesfois on veut tafcher de furprendre la Place $ alors
- il faut treuuer quelque expédient pour embarrafler icelles portes,de telle façon qu on ne les puifle fermer, êc par ainfi s en rendre maiftres. Cecy peut eftre fait arreftant, ou treuuant moyen de rompre quelque charrette aux portes, ou faifant tomber quelques animaux chargez : quelquefois ftirprenant le Corps de garde, comme fut fait à Amiens auec vn lac de noix, qu vn Soldat habillé en païfan laiflà verlèr deuant le Corps de garde 5 les Soldats duquel coururent pour amafler les noix $ &C là deflus faillirent d’autres Soldats defguilèz, qui les tuerent tous, fe rendirent maiftres de la porte &: de la Place.
- Exemples? Philippus chafsé de la Ville des Sauciens, ayant corrompu Apolloni-
- des Gouuerneur, fit entrer vn chariot chargé de pierres quarrées , fqui ' embarrafla la porte , fit foudain entrer Philippus, &c les Soldats qui
- eftoient tous prefts5chargerent les habitans5& prindrent la Ville. dam, Cefar Maxio Napolitain, talcha de furprendre Turin pour f Efpagnol
- fur vies François, auec quatre chariots charge?; de foin , dans lelquels eftoientplulieurs Soldats, qui deiioient fortir lors qu’on auroitembar-rafsé la porte.
- A Breda, le Prince Maurice gagna Vn Batelier, qui auoit accouftu-me de porter delà tourbe dans le Chafteau : Il fit remplir le bateau do Soldats choifis, & bien armez, couuerts autour &C par défais de tourbe, lefquels entrèrent par cette finefle dans le Chafteau , ôc s en rendirent, maiftres, & de la Ville,aueclaide dufecoursqui eftoitpeu efloigné.
- Vachtendonch fur lariuiere de Nier s fut furpris par vne barque pleine de paille, dans laquelle eftoit Mateo Dulchen, auec treze autres, vil Soldat accouftumé à conduire la paille , qui eftant cogneu de la Sentinelle luy demanda la main pour fortir, le tire dans l’eau *, foudain les autres fe failîlTent du pont &C du Corps de garde, &c le haulfant prennent les armes de ceux quils auoient tuez : Cependant Henry de Bergues eftoit en vn bois là proche,pour les lècourir auec quatre cens hommes. Empnfc mec ha- Les Arcades entrent dans le Chafteau dés Meliinois, ayant pris des hitsdtfimuki. armes habits de ceux de dedans, au changement de la Garnifon ils entrent comme leurs amis > &c fe rendent maiftres de la Place.
- Epaminondas Thebain, en Arcadie print les habits des femmes lorries à la fefte de Minerue, fur le loir fait entrer fes Soldats ainfi veftus.
- Antiochus en Cappadoce prit le Chafteau Suenda, donnant aux Sol* dats les habits des muletiers, forcis de là, qu’ils auoient tuez.
- Amkfet*. Cimon Capitaine des Athéniens fit des embufches à vne Ville la.
- nuidt, mit le feu au Temple & au bois dédié à Diane proche de la Ville> ils y accourent pour l’efteindrejuy prend la Ville. stratagème. Les Thebains ne pouuans prendre le port des Scicioniens,chargèrent.
- vne Nauire de Soldats armeZjmettant de la marchandife au deflus : quelques
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- Liure IL Partie I. 227
- ques vns fortis fans armes font bruit entre eux , on appelle les Scicio-mens pour les mettre d’accord : cependant les Thebains cachez dans la, Nauire occupent le Port & la Ville.
- Par femblables fubtilitez on peut quelquesfois venir à bout de fon, deflèin 5 mais il faut que ceux qui font employez foient gens hardis, & qu’on les ait autresfoisefprouucz pour tels, car vn^poltron peut gafter tout.
- Si l’on veut furprendre la porte , il faut executer l’entreprife de iogj^ ce^on doit faire & lors quelle eft ouuerte, autrement il faudroit la rompre. Or pour fa- lodn jH>on ™»tpre-ciliter d auantage l’entreprife , il faudra auoir fait couler quelques Sol- es?ortes' dats defguifez par diuerfes pdrtes vnà vn en diuers temps dans la Place, armez fous leurs habits fimulez d armes propres pour fe defendre, & of-fenfer \ qui fe tiendront tous prefts pour aller au premier bruit aflîfter les leurs, 6C offenfer les autres, &C fe ioindre auec les premiers qui doi-uent faire rexecution$& à cet effed fe tiendront près des portes. Cependant ceux qui feront plus loin dehors, aduertis par le bruit, &C les coups qu’ils entendront tirer,entreront viftement dans la Place,s en rendront maiftres, auant que ceux de la Ville ayent loifir de s’aflembler pour leur faire telle.
- Le Prince Maurice à l’entreprife fur le Chafteau d’Anuers auoit ainlî Ordonné, qu’ayant donné lefealade à la Ville, plufieurs Soldats des liens qui eftoient là auparauant, vellus en habits de Moines, fe fulfent retirez dans le Challeau, bien armez fous leurs robes, enflent pris le Corps de, garde, &C fe fuflent rendus maiftres des portes.
- Or il ne faut pas tant fe fier à la furprife, que ceux qui doiuent fecou- i»$rumh necepi-rir ne portent encor quelques inftrumens pour rompre-, comme cognées, res aux fHrPrif€S' marteaux, cifeaux, fcies,quelque pétard,& principalement des cheualets pour empefcher que les herfes ne puilfent eftre tout à fait abatues,&: em-pefcher le paflage. Ils doiuent eftre de lîx ou fept pieds d’hauteur, afin, qu’on puifiepafler au deflous des herfes, pour lefquelles fouftenir ils doiuent eftre allez forts : leur longueur fuffira de deux ou trois pieds : à faute de ces cheualets des bonnes entreprifes ont efté manquées. Les HoL-landois euflent pris Boleduc làns vn vieillard, lequel demi aflommé de coups abatit la herfe, & empefcha ceux qui eftoient aux portes d’entrer, ayans defiaemployez leurs pétards aux autres. On doit encor auoir quelque pétard li l’on rencontroit quelque porte, ou empefchement pour le faire fauter.
- Quand ôn fera entré dedans, on pofera vn Corps de garde à la por- Ce cjHon doit faire te, & les autres Soldats s’en iront en bon ordre aux Places d’armes,6cau- e^2teentndamU très Corps de garde qui font dans la Ville, fans s’amufer au pillage iuf-ques qu’on foit maiftre afleuré de la Place : car on doit euiter la confu-fion &c le defordre, qui d’ordinaire gafte les meilleures entreprifes. Que fï ceux de la Ville durant l’adtion s’eftoient ralliez, ê£ vouloient faire telle : alors il faut les repoufler, non feulement auec la force des armes, mais encor les diftraire en mettant le feu en plufieurs endroits de ceux qu’on aura pris *, &£ n’y a point de doute que ce fera vn très-fort moyen pour leur faire quitter les armes : car ils aimeront bien mieux fe rendre, que s’opiniaftrant auec peu d’efperance voir brufler leurs maifons, leurs
- FF 3 femmes,
- Mettre le feu en plufieurs lieux de la Ville.
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- 2z8 Des Ataques par furprife,
- femmes, leurs enfans, 8c tout ce qu’ils ont de plus cher. Celuy qui ata-que riy ayant à perdre que ce quil efpere pren dre, doit pluftoft tout ga-fter8cconfomraer, qu’en voulant conferuer la Place fe treuuer frultré Forcer les remn- de la prife ëC de l’honneur. Si dans quelques rues ils s’eftoient retran-chcmem. chez * alors par d’autres rues on doit talcher d’enuironner 8c furprendre^
- par derrière ceux qui feront à la defenfe,ou bien percer plufieurs mai-fonsxju’onpuiffe aller del’vne à l’autre, 8c les enfermer de tous codez, Aucuns monteront aux feneftres 8c toits des maifons plus proches des retranchemens, 8c de là tireront Moufquetades, 8c ietteront pierres à ceux qui les défendront. A ces aérions feroient grandement bons les Mantdcts. Mantelets, lefquels doiuent eftre faits à preuue du Moufquet, auec quel-
- ques canonnières, fur deux roues, comme vne charrette, ainfi qu om voit en la Figure , afin que les Soldats les puiffçnt faire marcher de-uant eux par les rues, 8c eftre à couuert iufques aux retranchemens, le£ quels eftans faits a la hafte feront fort faciles à renuerfer -8c rompre, 8C forcer ceux qui les défendent. Si l’on n’auoit pas de ces Mantelets, oru s’aidera des plus gros tonneaux qifon pourra treuuer , lefquels pour faire qu’ils refîftent aux Moufquetades, ôn les remplira de fafeines, ou fagots j ils feruiront pour fe couurir les faifant rouler deuant foy. Les Soldats qui feront derrière, fe tiendront vn peu baillez,afin deftre couuerts^ 8c roulans ainfi ces tonneaux iront iufques aux retranchemens, qu’ils renuerferont ai?çcies piques, halebardes, 8c autres inftrumens,8c chaffe-ront ceux qui les défendent auec leurs autres armes. Il faut bien fe garder d’aller à la defbandade iufques que tout foit acheué.
- Inflmmens de l’in- Si l’on vouloit entrer par quelque lieu où il faluft rompre, ou ouurir uetion de lenteur. jes grilles de fer, on fe pourra feruir de l’inftrument fuiuant de mon in-uention,qui eft composé de deux auis ordinaires AB,auec leurs femelles C D, lefquelles auis AB ont chacune à vn bout vne roue EF, dentelées en biaifant, pour eftre meuës de l’auis fans fin G, comme la Figuro monftre. Cet infiniment alfemble toutes les barres de la grille : il eft de très- grande force auec peu de leuier, ou maniuelle,propre non feulement à ceçy, mais encor à plufieurs autres chofes. Il peut eftre autrement approprié, 8c au lieu quil ferre les grilles, 8c les met enfemble, on peut faire qu’il les ouure, 8c les fepare en mettant les deux roués de l’auis fans fin auec la maniuelle du collé de dedans de l’inftrument, 8c au bout des deux auis faire des gros bouts qui battent contre la plaque de fer -, 8c lors qu’on le voudra appliquer, il faudra mettre les deux plaques HI entre deux barres de la grille, 8c puis tourner la maniuelle, laquelle fera tourner les auis, 8C efloigner vne plaque de l’autre, 8c par ce moyen ouurir, ou rompre la grille : Mais il faut remarquer que le rer a plus de force eiv Remarques fur la la première façon qu’en la derniere, 8c le bois au contraire. On fera aufli fomde ïmflrumet, acJuerti que la groffeur de l’inftrument doit toufiours eftre proportionnée à la force quon veut qu’il face : car auec vn*infiniment fait de pièces minces, bien qu’il foit de grandifïime force, quant à la puiflance, ou di-fpofition des roues,il ne fera pas beaucoup deffeéfôc ne pourra pas exercer toute fa force, à caufe de la fôibleflè des pièces. Il faudra donc quel* les plaques foient toufiours plus fortes que les barreaux qu’on veut rompre , 8c le relie à proportion. Si la force, ou puiflance de Finflrument,
- n’eft
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- Liurell. Partiel. 229
- n’eft pas battante, on la peut augmenter par les roues & pignons, ou autres auis. On remarquera que tant plus on augmentera la force, tant plus lentement il marchera, parce que la viftelfe Sc la force ne peuuent 1a-mais eftre enfemble. U faut aulfi prendre garde que fvne des auis A doit eftre taillée au contraire de l’autre B, parce que fi toutes deux font, taillées d’vne façon,lvne baiffera quand lautre hauflera , &l’inftru-ment ne pourra pas marcher. La plaque H doit feruir de femelle, & la, plaque Iaoit Amplement eftre percée par où puiflfent pafler les auis.
- Aucuns fe feruent du Cric , mais la force d’iceltiy auec leuier, ou ma- Le Cric a moins de niuelle pareille fera beaucoup moindre que de cet infiniment : car fi oïl fuppute combien pourra vn Cric, lequel aura chaque dent K dvn pouce , &C vn pignon L à quatre dents attachez à 1 arbre de la maniuelle, laquelle foit longue de fept pouces, qui menue vne roué N de douze, dents, &C l’arbre de celle-cy ait vn pignon O de quatre dents, qui meu-uent la foie du Cric P, la force d’iceluy fera augmentée de feize fois &c demi. Et auec lautre fi on fait la roue qui eft meuë par l’auis fans fin de vingt-quatre dents, 8c que trois dents des autres auis faflent vn pouce? filon fuppofe la maniuelle comme en lautre de fept pouces, on treuue-ra la force eftre augmentée 1584. fois. Donc la force de noftre infiniment fera 96. fois plus grande que celle du Cric ayant tous deux leuier efgal.
- Si Ton aime mieux on pourra limer les grilles fans point de bruit, auec l* lime fmrde, des limes qu on appelle communément lourdes, lefquelles font limes plates, comme la marquée Q^vn peu larges, moins efpailfes qu vn dos de couteau, bien taillées à neul-,& bien trempées, lefquelles on emmanchera de plomb, &; les garnira aufti de plomb, à lautre bout R qu’d n’y relie que le ieu de la lime, de laquelle on couurira le défiais du dos Qde plomb,& le barreau S qu on veut limer on lënuironnera aufti de plomb, ne laiflant que l’endroit où la lime doit tailler, laquelle ne fera point de bruit, l*ay expérimenté aufti que fi Ton frappe dVn marteau T, em- Marteau fmrd de manché &enuironné de plomb fur quelque fer T,, qui en foit aufti en- aelAu~ uironné, ne laiflant de defoouuert que ce qui donne &C reçoit le coup, il s’entendra fort peu, & de près feulemenr. Cette melme inuention appli- sde fimde de tin-quée aux foies leur ofte beaucoup du bruit quelles font en foiant. uJ^un ^
- Si l’on veut furprendre la Ville par où pafle la riuiere, de laquelle le paflage foit fermé, ou auec des paux, ou auec des chaifties. Si cëll auec Pourfder les paux. paux, il faudra les fcier à deux pieds fous l’eau, ne les acheuant pas tout a fait, on enlaiftèra vn peu pour monftre, qu on piiilfe toutesfôis rompre d’vne fccouftececy fe doit faire dans plufieurs nuiéts qu’on choi-fira les plus obfcures, afin de n’ellre pas apperceu. Cela eft faifable aux lieux qui font fermez ainfi, lefquels font toufiours fort larges,& gardez feulement des deux collez : tellement que dans roblcurité,eftant au milieu, on ne fçauroit eftre veu : Ainfi auoit on entrepris fur ceux de Gene-ue,ÔC coupé défia quantité des paux, mais lëntreprife fut defcouuerte par vn mefohant traiftre.
- Lors qu’on aura coupé des paux à fuftifance pour le paflage d’vn ba- Comme on doit en--teau,onapprefteraplufieurs barques, qu’on chargera de Soldats,lefquels les patiX
- s’en iront au lieu, êc pouffons ces paux qui tiendront peu, entreront dans
- la.
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- tyottr faire batjfer je s chai]ne s.
- Pour rompre Us chaifnes.
- Eau fort pour rompre le fer.
- Ordre qu’où doit tenir pour approcher & retirer les barques & bateaux.
- Inuention âel’Au-thettr pour ce faire*
- 2,$o Des Ataques par furprife,
- la Place, 8C feront leur deuoir \ la prendre. Il feroit bon que les barques fuflent plus eltroices & plus longues, afin qu’ilyeufl moins de paux à couper 5 fur tout on prendra bien les mefiiresi&; pluftoft on fera le palla-ge trop large que trop eftroiti
- Si le palfagedelariuiere fe ferme auec des chaifnes j eftant large, il faut quelles foient appuyées fur quelque choie au milieu 5 autrement leur pli feroit palfage par delïous aux extremitez, ou par delfus au milieu. Si ce qui les fouillent font paux de bois, on les pourra Icier, comme nousauons dit : li ce font des bateaux, ie voudrais les percer par delfous, lefquels fe rempliront d’eau par le trou •, ellans pleins ils iront à fonds, & lailferont bailler les chaifnes, fur lefquelles les bateaux pourront palier : ou bien il faudrait auoir limé quali toute la chailne en_. quelque endroit, de façon que ce qui refteroit full fort delïié, & facile^ à rompre *,ce qu’on feroit la nuiâ de l’entreprife auec quelque hache de bon acier, bien trempé, ainli que i’ay veu rompre des grottes grilles de ferpu bien quelque cifeau, la chailne éftant appuyée fur quelque autre fer,romprait facilement ce qui refteroit.
- On peut encor les rompre auec des eaux forts : mais li l’onde 1ère des ordinaires, elles ne vaudront rien, à cet effedt, à caufe qu’il faut trop long temps pour rompre vne greffe chaifne -, &: outre cela il faut fou-uent changer l’eau ,&ya beaucoup de façon à l’appliquer. L eau fort fuiuante eft merueiÜeufe pour cet eflFedl , &: agit fort promptement: O11 prendra quantité de Tarentes, qui font animaux comme petits Lézards , ils font gris & comme tranlparens, auec la telle vn peu grolfe ; on les mettra dans vn alembic de verre, y méfiant les autres ingrediens ordinaires de l’eau fort : on fera diftiller le tout à feu lent -, de Peau qui en lortira, ôn s’en feruira mouillant vne pièce de linge dans cette eau, duquel on enuironnera le fer qu’on veut rompre ? l’ayant laifsé defliis quelque elpace de temps, on le changera : cela eftant fait trois ou quatre fois, le fer fe rompra comme verre. Les Salamandres que nous appelions Mourons, qui font Lézards noirs iaunes, qui viennent principalement aux pluyes d’Automne, font le rneftne efifedl que les Ta* rentes.
- Mais quelqu’vn pourroit dire, qui treuuçra- don qui vüeille fe hazar* der daller feier, limer, ou percer, ces paux, ces chaifnes, ou ces bateaux dansreau?Il s’en treuue allez pour l’entreprendre, non feulement cela, mais d’autres adiions plus periileufes que celle-cy, qui ne l’eft pas tant comme il lemble, fi Ion prend bien fon temps, & fe gouuernc figeaient : car fi l’on eft defcouuert * on peut fe retirer *, &C pour auoir auan-tage ,on fera dans vn petit bateau élirait, efpalmé à neuf, capable de porter huidl ou dix bons rameurs, auçc celuy, ou ceux qui doiüent tra-uailler : ces rameurs né feront rien en defeendant, lors quon fera lî près que le bruit des rames fe pourra entendre, on lailfera aller le bateau au courant de l’eau *ils feruirpnt pour s’en retourner, ou fe retirer ellans aperceus. Or pour ne faire point de bruit au retour, il feroit bon d-auoir deux bateaux, vn dans lequel feraient les rameurs, vn autre petit dans lequel fe mettroient ceux qui deuroient trauailler.Ellans à cent cinquante , ou deux cens pas dé la palifïâde, on ancrerait le bateau où feroient,
- les
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- Liure II. Partie I. 231
- les rameurs, 6c laifferoit aller l’autre à val leau, attaché à vue corde à ce-luy- cy. Que fi leau eftoit dormante, il faudroit auoir deux rames quon tienttoufiours dans leau, elles feplient d’vn cofté &c refiftent de l’autre$ ou bien on aura vne baie de plomb attachée auec vne longue corde, laquelle ceux du bateau ietteront tant loin qu’ils pourront, puis tirant la, corde s’approcheront ; St puis ietteront derechef la baie ,iufques qu’ils foient au lieu : Cela ne fait pas plus de bruit quvn poilïon qui faute.
- Aux eaux courantes il faut auoir laifsé le bateau où font les rameurs, ancré comme nous auons dit : Et quand ceux qui trauaillent fe voudront retirer, ils le donneront à cognoiltre tirans la corde : lors ceux qui font efloignez, leueront l’ancre rameront, 6c tireront le bateau fans que ceux de la Place puiffent entendre aucun bruit que fort elloigné. Il fera bon que ceux qui trauailleront à cela foient vertus de noir, ou de gris, parce que de couleur, principalement de blanc,ils feraient aperceus. En cette façon on^peut iuger la chofe eftre aisée à faire : on n?en doit point douter, puis que ivn a efté fait à Geneue} l’autre ie l’ay veu faire, 6c encor bien pis. Au Poufin on auoit fait vn pont fouftenu par des gras cables 6C bateaux, auquel on faifoit garde, &C y auoit plufieurs Sentinelles -, &C toutesfois les Parpaillots de Bay fur Bay,feus tant de ceremonie defcendoient au long de lariuiereà nage de nuiét, portant des haches auec eux, coupèrent les cordes du pont par plufieurs fois,& apres fe fau-uoient encor à la nage, fins que iamais on les ait peu empefcher,ni prendre , ou tuer aucun de ceux qui fe hazardoient à les couper * lefquels lc^ faifoient, comme nous auons feeu du depuis, fins elperance aucune de, recompenfe, ains feulement pour auoir la gloire d auoir fait du mal aux noftres. •
- S’il y a des paliffades à rompre, ou à Quurir, linftrument fait comme monftre la Figure marquée V fera fort propre, lequel aura vn leuier ou manche long de douze ou quinze pieds, plus ou moins, folon l’effort qu’on veut qu’il face -, tant plus long, tant plus il aura de force t on le, mettra entre deux paux , en tournant le manche il faudra que Tvn ou l’autre faute : mais il y a ce defaut,que vous ne fçauez quel des deux paux il emportera -, 6ç quelquesfois vous voudriez emporter tel qu’il laiüera. Pour ne faillir point fayinuenté le luiuant marqué X, qui eft auec autant de leuier que l’autre, auec vn fer au bout Y fait en crochet, qui tranche,pour en prendre les paux £uec l’autre branche Z : en baiffant le manche il faut qu’il les rompe, fi vous auez fait l’inftrument affe£ fort,
- Il y a plufieurs autres inftrumens propres à ouurir, arracher Jimçr,couper , rompre, brifer, enfoncer,qu’on peut treuuer dans les liures, 6c in-uenter de foy, félon que l’occafion fe prefentê. Les haches, ou cognées fur tout feruiront grandement à rompre les paliffades. On y peut auffi mettre le feu, mais il agit trop lentement pour executer quelque a£tion prompte : fi ce n’eft auec la poudre dans quelque fauciffe, grenade, mortier,ou pétard,comme fera ait en fon lieu.
- Les inftrumens ne fuffifent pas,il faut encor la force des hommes,non feulement de ceux qui doiuent executer l’entreprife, mais auffi de ceux qui les doiuent fecourir,qui foient en bon nombre, comme fera dit apres-, 6c en mettre toufiours plus qu’on ne croit eftre neccffaire pour forcer
- G G ceux
- /mention de/Au-theur pour faire marcher les bateaux fans bruit,
- Remarque,
- /nomment aropre la palijfade.
- Autre inflrumct de finuetiott de /Au-theur.
- La force des homes efi necejfaire aux furprifes.
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- 2ji Des Ataques par furprifè.
- ceux de la Place. Qui négligé l'ennemi eft vaincu le premier. Hannibal melprifant ceux qui eftoient dans Palerme , pour le peu de nombre qu’il les croyoit, fait vne attaque: les Romains fortent, les repouflent, &C en tuent la plufoart. Pompilius Lenatus applique les elchelles à Nu-mance auec peu de force : euxfortent, les chargent, 8c font retirer.. Le Sieur de Cran alïîege Dole pour le Roy Louys XI. auec peu de monde, melprifant l’ennemy -, ils font vne fortie,le chaifent, & amènent vne partie de fon Artillerie,
- TL ANCHE X XXV U.
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- Liure II. Partie I.
- *3S
- DES ESCALADES.
- Chapitre VIII.
- A ? a n e vs treuua îinuention eTefcalader les Places, qui fut tué par les Thebains auec tant de violence, &c de co-, leres, quon difoit la foudre l’auoir confommé. Elles 9 eftoientautrçsfois bien plus en vlage qu elles ne font de 1 prefent : mefmes anciennement c’eftoit la commune fa-k Çon deprédreles Villes : du depuis on a appris à fe mieux defendre. Si quelqu’vn en ce temps vouloit ouuertement efcalader vne Place, il nÿ gagneroit rien que des coups : ce feroit enuoyer les Soldats à la boucherie, & d’vne telle entreprife on n en peut attendre que perte af-feurée,ûns aucune elperance de profit ni d’honneur *, auffi perfonne n’entreprend de forcer ouuertement en cette façon aucune Place gardée.
- En cette adfcion ainfi qu’aux autres, il faut auoir recogneu lendroit par lequel on prétend d’entrer \ & tous les lieux qu’il faut paffer auant qu’y eftre arriuez. S’ily a quelque riuiere, ou ruifïeau auoir fondé le gué, &c meforé la largeur * veu les lieux où l’on fe pourra cacher auant qu’execu-
- fçauoir s’il y a d’eau dans Je fofsé, laquelle empefehe qu’on ne puiffe appliquer les efchelles qu auec tres-grande difficulté & longueur de temps, A caufe des ponts qu il faut trainer &c appliquer , ou des bateaux & radeaux qu’il faut defcendre dans le fofsé. Quand il y a des Dehors à la., Place , il eft très-difficile &; prefque impoffible de lafurprendre par ce moyen, principalement s’ils font gardez, à caufe du danger qu’il y a d’eftre dçfcouuerts partant par tous ces lieux * cequ’eftant,leddTein no peut aucunement reüffir,parce que ceux de la Ville fe mettront en armes & empefcheront l’entrée. Ces entreprifes fe font lors que celuy qui ata-que ne fe font pas allez fort pour de viue force emporter la Place, ou s’il Peft, qu’il ne veut pas employer fes forces : Car par les furprifes auec peu de force &C peu de temps 011 fait l’execution ; que s’il y faut employer Tvn pu l’autre, ce n eft plus furprife. C’cft pourquoy il là faut faire en telle façon qu’on treuue tpi de refiftance j autrement il faudroit furmonter la force par la forcf^ce qui ne fe pourrait eftant moindre que celle des alïaillis, comme l’on fuppofe.
- Il faudra principalement auoir mçfuré, s’il eft poffible, la hauteur de la muraille, & recognoiftre li dans le fofsé il y a des paliflades $ comme auffi contre la muraille ou efearpe par où l’on veut monter : Mefme prendre garde s’il y a des Mâchicoulis, ou fi au haut de la muraille on met aucune chofe, à laquelle appuyant les efchelles, ou autres machines oïl fafte du bruit pour aduertir ceux de dedans, ou tombe fur ceux qui voudraient monter. Il eft encor neceflaire de fçauoir ce qui eft apres la muraille , s'il y a vn rempar auec (a montée,par laquelle on puifle facilement defcendre, ou bien n c’eft vne muraille fimple, où il faille des efchelles our defcendre dans la Place apres eftre monté en haut, & combien eft aute la muraille du collé de la Ville : combien eft grande la Place d’ar-
- G G 3 mes
- e
- Qui fut ï muent eur deseftcalades.
- Comme on doit re-cognoiïlre le lieu qu'on veut efcalader.
- Place auec Dehors gardez, eft difficilement eft a la de e.
- Ce qu il faut remarquer auat que d'ef-calader vne Place.
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- l%6 Des Ataques par furprife,
- mes qui eft apres ,§£ paroù on doit aller aux portes & Corps de gardes plus proches : comme aufli aux Places publiques où fe raflemble le peuple pour faire corps aux alarmes : comme aufli, où font les Eglifes les plus fortes, la Maifon de Ville,FArcenal, & autres lieux où ceux de la Ville fe peuuent aflembler,& faire vn gros pour fe prefenter contre l’ennemi. Il faut recognoiftre tout ce que deflus,&; toutes les autres chofes quon rencontrera &C croira eftre ncceflàires de fçauoir pour acheuer Fentreprife* Le fecret &C la diligence font les poinds principaux de çes adionsjl’vn afin que l’ennemi n’en foit pas aduerti, l’autre afin que l’eftant il n’ait pas temps dÿ remédier,
- Exemple defntpn- Marc Cato pour furprendre vne Ville d*Efpagne fit dans deux iours %dlmfeS **r U ^ qu’on faifoit ordinairement en quatre. Camillus reprit la Ville
- titgemt. Sutrium le mefme iour que les Latins l’auoient prife,à caufe de fe diligen-
- ce incroyable.Charlemagne pour deliurer FEfpagne occupée par les Barbares furprit Augufte &c PampeJufle auant qu’ils fçeuflent qu’il fuft eiL chemin.
- Bimrfes imgumn Auant qualler au lieu, on préparé les inftrumens neceflairçs, qui font
- «ffefiaiZîfaireS outre ^es ârmes ( lesquelles font toufiours comme les membres des Sol-dats)les efcheles, deiquelies il en faut auoir plufiëurs, & de diuerfes longueurs félon que le Heu le requiert comme lï la Contrefcarpe eftoit taillée , il en faudroit pour defeendre dans le fofsé qui fuflènt de cette lon-
- Î^ueur, SC d’autres pour monter fur la muraille : quelque pont pour paffer a Çunette, ou autre fofsé s’ily en a,ou pour appuyer deflus les efcheles, ce faut obfer- Les principaux poinâs qu’on doit obferuer en la conftmdion des ef-leur confira- cheles , c’eft leur grandeur, leur force, & quelles puilfent eftre commodément portées &c appliquées fembrufopourquoy faire il faut auoir me-furé la hauteur du lieu quon veut efcalader, comme nous auons dit, &: fcauoir le pied qu’on veut donner aux efcheles. On treuuera combien^ doit eftre longue l’efchele, adjoutant le quarré de la hauteur, & du pied enfemble, & de ce qui en prouient tirer la racine quarrée, laquelle fera., a 7.Prp/ofi. fe hauteur de l’efchele a : Comme fi la muraille eftoit haute de so.pieds,
- le pied de l’efchele efloigné de la muraille de 2.0. pieds, leurs quarrez ajouftez enfemble font 1300. dont la racine quarrée 36. &c enuiron qui
- eft moins de demi pied,monftre la hauteur que deuroit auoir l’efchele,laquelle il vaut mieux faire vn peu plus longue qu* trop courte : car pour eftre trop longue on nelaiflerapas d’entrer, &c fi elles font trop courtes on ne pourra rien faire. Par apres il faut prendre garde que le plus fou-lient le fofsé panche, &C eft plus bas fin* le milieu qu’aux bords,ou contre la muraille. -, c’eft pourquoy il faut aufli faire des efcheles vn peu plus longues. Quant à leur largeur, ie voudrais qu a chacune ne peuft monter qu’vn homme de front > parce que les faifent fort larges pour pouuoir monter deux ou trois hommes de front, il faudroit les efchelons longs, qui fe romproient facilement,à caufe de leur eftendue,deux ou trois Soldats armez y eftans defliis -, ou bien il faudrait les faire fort gros, &; les autres pièces à proportion , doù s’enfuiuroit quelles feraient très- difficiles à manier, &; à eftre drefsées : car il faut non feulement que Fefchele fupporte deux ou trois Soldats, s’il en peut tant monter de front,mais encor tous les autres qui fuiuent fuccdfiuement pourfouftenir ceux-cy.
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- LiurelL Partiel 237
- Ceft pourquoy il vaut mieux en mettre plufieurs lvne contre l’autre, &C iinfi elles feront plus maniables, plus affairées, & plufieurs pourront monter de front.
- Publius fut repoulsé dcuant la Ville de Carchedo en Iberie, defendue par Magon, parce que les efcheles eftoient larges, plufieurs montoient à la fois, 6c eftoient fi hautes, que la veuë le troubloit à ceux qui montoient , qui tomboienfcd en haut pour peu quüs fuffent pouffez, 6c fai-foient tomber les autres.
- Or parce qu’il n’y auroit point d’efchele qui peut fupportertant depe-fanteur, il y faut faire des eftais par deffous qui la fouftiennent en diuers endroits.
- Quant à leur forme,parce quily en a des liures entiers, tant des an^ ciens, comme Vegece, que des modernes , comme Lipfe, il feroit ennuyeux défaire icy les mefines choies que les autres ont dit. Nous mettrons feulement les deux luiuantes pour exemple, apres auoir aduerti en general, qu’il eft bon les faire quelles fe démontent en plufieurs pièces, pour eftre portées plus commodément : mais il faut prendre garde qu’en les mettant enfemble elles ne faffent point de bruit (ou bien on les affem-blera auant quarriuer à la Place) ni aulfi en les appliquant. Pour remédier à cela il faut mettre des poulies au bout, bien graifsées à leur ellieu, &C futrees tout autour, afin qu’en les failànt rouler au long de la muraille, pour les elleuer elles ne facent aucun bruit. En bas il fera bon qu’il y ait des pointes de fer, afin d’empefcher que le pied ne recule : aucuns veulent qu’on mette des crochets de fer en haut, afin queftant acrochées aux murailles, on ne les puilfe plus pouffer làns les hauflèr, ce quon ne fçau-roit faire eftans chargées. Mais parce que ces crochets empefchent lVla-ge des poulies,ie ne voudrois pas les y mettre : 8c bien qu’ils feruent pour garanti^ ceux qui feroient demis,d’eftre iettez en bas auecles efcheles,ils ne feruiront pas pour faire reülfir l’entreprife, fi elle eft defcouuerte auant qu’on loit entré, ou que ceux qui feront entrez ne loient pas affez forts pour repouffer les ennemis , & donner temps d’entrer aux autres qui montent:Et quand bien les efcheles tiendroient le mieux du monde,ceft folie de s’imaginerde pouuoir emporter de viue force par efçalade vne Place, lors que ceux de dedans font en defenfe. C’eft pourquoy ie préféré l’vfage des poulies, ( qui empefche le bruit) à celuy des crochets,qui fait bruit,encor qu’ils empefchent qu’on ne renuerfeles efchelesrtoutes-fois qui les voudra mettre le fera comme monftre la Figure A. Ils font, fort commodes de cette façon : car fi on veut retirer les efeheles,on tirera la corde, 6c le reflort fe baiffant le crochet lafchera.
- Les plus grandes qu’on treuue dans les Hiftoires auoir efté employées, font celles que les Romains appliquèrent à Syracufe , qu’on appelloit Sambuques,mifes fur des grands vaiffeaux appeliez Corui,qu’Archime-des renaît inutiles ,1a defcription defquels on peut voir dans Polybe 6c dans Plutarque, comme aulfi la Teftuao des Romains qui eftoit vne et pece d’efcalade.
- La première façon d’efcheles eft marquée en la Figure B, elles ont efté faites à Geneue ; on les a grandement eftimées, c’eft pourquoy nous eiL mettros la defcription au long, 6c l’ordre de l’adio défaite par Matthieu.
- Monfieur
- Efcheles où peuuent monter plufieurs de fiant ne fontbones.
- Do tuent eïitt efiayées.
- Efcheles qui fe démontent plus commodes 4 porterç
- Leur defcription.
- Meilleures a poulies quk crochets.
- Efcheles des Romains deuant Syracufe degrâdeur de-mefurée.
- Figure des efcheles dont Geneue fut ef-caladée , & la defcription de Matthieu fur ce fujct.
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- 238 Des Ataques par furprifê,
- IJ ordre de Ventre» Monfieur d?Albigniauoit mis fur tous les paffages des gardes, afin quç^
- prife de Genem. p^fonne nc peult paffer, &c faire fçauoir à ceux de Geneue la venue des troupes de fon Alteffe de Sauoye : ceux qui deuoicnt donner les premiers s’auancent à la file au long du bord de la riuiere d?Arue, afin que le bruit de l’eau empefchaft la Sentinelle de les ouyr marcher : s en vont apres au long du Rhofne,fe mettent en ordre en la place du Plain-palais. Bngno-let auec ceux qui deuoient donner l’efcalade fuiuent d’Albigni, lefquels defcendans dans le fofsé fans eftre defcouuertsdes Sentinelles, palfent lefofsé fîir des clayes pour ne Renfoncer dans la boue, appliquent trois elcheles faites de pluneurs pièces, fe pouuans alonger où racoujrcir, §£ porter fur des mulets, &C auec cela eftoient auffi fermes que dVne pie-cèdes bouts qui appuyoicnt en terre eftoient arme^ de deux groffes pointes de fer, afin qu elles ne fe peuffent mouuoir 5 les bouts d en haut qui s appuyoicnt contre la muraille auoient chacun vne poulie de huidft pouces de diamètre, couuerte fur le bord de futre pour ne faire point de bruit les appliquant : tous les autres bouts des pièces de l’efchele auoient vne, entailleure garnie de fer finiffant en demi lune, afin qffon peuft ioindre les pièces plus facilement, &C qu’en cette entailleure fe repolàffent,& entraient les cxtremitez du plus haut efchelon de la pieceplus baffe : c eft pourquoy ils fortoienten dehors de chaque cofté quatre ou cinqpouces pour receuoir l’efchelon de l’autre : toutes les autres pièces eftoient de, mefine. Oni
- pouuoient ]
- vouloit. La façon dappliquer ces efcheles eft telle : on leue contre la, muraille la première piece où eft la poulie, à laquelle on ioint l’autre pièce, &c la pouffe en haut ^ à celle- cy ou adjoufte l’autre, ainfi iufques à la, fin. La Figure C reprefente ces efcheles,
- 'jiutre façon d’ef- L’autre façon d’efcheles eft fort belle, mais ie croy quelles font plus eheies digne de n- propres à des vfages légers qu’à efcalader les Villes : toufesfois pour faire marque, monter quelqu’vn pour mieux appliquer les autres, elles pourraient fer-?
- uir. Onâuraplufieurs ballons elgaux, lefquels d’vn bout feront plus petits,& percez de lautre, afin que Te bout de l’vn puiffë entrer dans le trou de lautre, &c ellans tous affemblez ils foient comme vn feul ballon, ou pique : aux deux bouts du dernier, ou plus haut il y aura deux crochets, ou vn feul, appliqué comme on voit en la Figure D : à ces ballons on attachera des cordes toutes efgales, qui feront la diftance d’vn Efchelon à autre, &c les ballons les efchelons : mais il faut que fi l’vn a tourné le trou d’vn cofté, l’autre qui fuit ait la pointe tournée de ce cofté, &: l’autre le trou, & l’autre la pointe, ainfi de fuite des autres : cela fera fort aisé à entendre à celuy qui en verra la Figure D : Lors qu’on les voudra porter, on démontera les ballons, &; ployera les cordes,& quand on les voudra appliquer on ioindra tous les ballons enfemble , qui feront vne longueur pour arriuer au lieu où on les veut pqfer, où ayant arrefté le crochet, on tire le dernier ballon , tous les autres fe démanchent, forcent l’vn de lautre, 6C lefchele fe treuue faite. Or parce que les efchelons feraient, vn peu trop loin Tvn de|autre, entre ceux qui feront faits des ballons on en mettra de corde, comme en la Figure D : les marquez E font de bois, SC les marquez F de corde. Si on auoit intelligence là où l’on veut
- monter,
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- Liure IL Partie L
- 2-39
- monterons tant de façon on aurait des ballons percez, qu’on enfilerait à deux cordes, faifant des nœuds au delïbus des efehelons, & feraient aufli bonnes que les autres, mais il faut que quelqu’vn les tire d’enhaut auecquelque corde pour les accrocher.
- De la première, ou féconde forte d efcheles, fi Ion s’en veut ferair on
- *, outre que tant plus on a d’efchçles, tant pli dats aufli peuuent monter à la fois $ d’où s’enfuit l’execuçion prompte de l’entreprilè.
- Les premiers qui feront montez, il faut qu’ils fe tiennent au lieu pu ils feront montez (ans faire aucun bruit, &C demeureront là, iufques qu’il y en ait d autres \ &c lors qu’ils feront affez en haut, les vns relieront à gar-
- ,1e-
- Faut en vneefcaîa-de auoir quantité d’eftheles.
- L'ordre qu'il faut tenir aux efcalades.
- viue
- force. Alors par quelque lignai prémédité, on aduertira ceux qui font dehors d'entrer par ce liçu, où ils fe renforceront. Pour mieux faire on ira à la porte la plus proche, 8C apres auoir tué ceux qu’on y treuuera en garde, on rompra & ouurira les portes, ou auec des coignées, ou auçç d’autres inftrumens j le plus prompt ell Je pétard, lequel ceux qui feront
- tes eftans rompues entrera par là. Or parce qu en rompant la porte aueç le pétard, on ne peut faire de moins qu’on ne rompe aufli le pont-leuis, il fera neceflàire que ceux qui fuiuent portent les ponts propres ppur pat fer deflus, Caualerie, ou Infanterie, fi l’on a tous les deux, pu bien fi ion peut on abatra le pont auant que petarder la porte. En toute cette a£tion comme aux autres on gardera vn bon ordre, & euitera la çonfufion, Le Chef doit auoir preuçu aux accidens qui peuuent arriuer,8c à ce qu’il aura à faire lors qu’ils arriueront -, 8C à ceux qui viendront inopinément, il faudra que par là prudence il y remedie. Lors qu’on fera maiftre de la porte,on s en ira aux lieux les plus forts de la Ville, &C s’en làifira *, comme des Places,des Egbfes, Maifons de Ville, Arcenal, & autres lieux où Ton fe barricadera & fortifiera j ce qu’il faudra faire le plus promptement qu’on pourra, afin de ne donner point temps de fe ralier, &C chafler ceux qui feraient entrez, comme on a autresfois fait pour s’eftre iettez trop toft au pillage. A lentreprilè -de Geneue , ceux de la Ville firent cependant corps, soppoferent, & chafferent ceux qui eftoient entrez, dont les vns fàuterent les murailles, les autres s’eftans mis dansvnetour furent pris à compolition les vies faunes,mais apres qu’ils les tindrent,faulfansmet chamment leur parole,les pendirent au Baftion le plus proche de la Porte neufue du collé qu’ils eftoient entrez. Surtout on fera en forte que les premiers qui feront entrez fe faillirent du logis du Gouüerneur, & prennent, luy, fon Lieutenant,& le Sergent Major,& les autres qui commandent dans la Place ; parce que le peuple fans Chef n’ofera rien entreprendre,ou s’il entreprend il le fera làns ordre, ô£ fera facile à le rompre.
- Le temps d’executer refcalade,fi le fofsé ell plein d’eau,fera fort à propos en temps d’Hyuer, lors qu’il ell bien gelé, 8C qu’on peut pafler par
- H H deffus
- ‘Fonts mcejfàiret apres auoir petardê v,ne parte.
- L'wdre quHl faut tenir apres qu'on «fl entré par efcalade.
- Gmeuou raÿie^
- chaffent ceux qui eftoient eut r«%. dans leur Fille.
- Quel temps on doit choifir peur donner vne efcalade, & ce qu'on doit faire.
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- 240 Des Ataques par furprife.
- deflus fans crainte de rompre la glace:car en ancre temps il faudrait anoir amené des bateaux, ou des radeaux, ou telles autres macnines pour pat fer le fofsé, §c appuyer deffus les efcheles 5 ce qui ne fe peut faire fans grand embarras & bruit, ô£ faut beaucoup de temps pour mettre cnor* dre tous ces équipages, d où s’enfuiuroit le danger d’eftre defcouuert,& par çonfequent lentreprife rompue. Ceft pourquoy auffi. iamais on ne s hazarde de prendre par efcalade, en autre temps les Places enuironnées d’eau* Quant aux: autres lieux qui pourraient eftre furpris par efcalade, il n y a aucun (doute qu’on doit choifîr la nuidt j & l’heure la plus propre fera la minuidt, ou quelques deux heures deuantla Diane t car ceft alors que tous font affoupis par la douceur de la matinée, & dorment le plus profondément de tout lerefte de la nuidt. Il faut auffi choifîr vne nuidfc qu’il ne faffe point de Lune, au contraire qu’il foit fort obfcur, ou qu’il pleutre, ou quil faffe grand vent : car Fobfçurité de la nuid,le bruit de la pluye & du yent fauonfent les entreprifes, l’vn empefehant qu’on ne fbit veu, l’autre qu’on ne foit ouy, qui fondes deux poinéts principalement requis en ces oçcafions. Il faudra encor prendre garde de monter s'il eft poflîble apres que la Ronde aura pafsé, èc fila couftume eft de donner Je mot à la Sentinelle, le premier monté s’il voit venir la Ronde, criera de loin,qui va là,afin d’auoir le mot, 5C parce moyen pourra aller aux autres Sentinelles, arrefter les Rondes, &C donner temps a fes compagnons de monter : par ainfi l’on pourrait facilement forprendre les Corps de garde.
- Il arriüe par fois des accidens dans des Places,qui font fort propres, & donnent oeçafion défaire des entreprifes, lefquelles le Prince, ou Chef choifîra *5 ce fora à luy de cognoiftre quand le temps fera à propos.
- I’ay peu parlé fur les formes des efcheles qu’on peut faire en diuerfos façons,corne auffi des diuerfos manières de les appliquer &acrocher aueç facilité, &C plufîeursinuentions fur cefujet que i’ay laifsées,parce que rarement en ce temps on prend des Villes par efcalade, à caufe de la difficulté qu’il y a dexecuter ces entreprifes aux Places qui font tant foit peu
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- Liure IL Partie I.
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- DF TETARD.
- Chapitre IX.
- 'Invention du Pétard eft la plus moderne de toutes Inuentim du Pe-celles que nous auons, lefquellcs par le moyen du feu tArd ™oderne > 4 rompent & font promptement ouuerture. Elle a efté premiereméc treuuée &; mife en œuure ennpftre France *, du depuis elle a pafsé en plufieurs autres pais, de façon que maintenant elle refte çogneuë à tous:mais comme toutes choies le vont perfectionnant,on a treuué diuers moyens pour faire agir apec plus de violence cette machine,& pour lapliquer plus facilement qu’on ne faifoit autresfois, dequoy nous traitterons en ce Dif-cours} &C non feulement de ce gui eft requis au Pétard, mais encore de, laétion de petarçter,& de ce quon doit obferuer deuant, en l’aâion, Sc apres l’aâ;ion,auec plus de facilité qu'il me fera poflible.
- Le Pétard dordinaire s’applique aux portes, ou à ce qui tient lieu de Pétard eu s'appli-porte, comme Barrières, Ponts-leuis hauflez, Herfes, Grilles, & autres ^ue' chofes femblables : par fois on s’en fert aufli en d'autres lieux, comme contre des murailles limples, aux mines pour les efuenter lors qu’on eft proche de l’ennemi, pour abatre des baftimens,Sc en plufieurs autres occurrences, delquelles nous parlerons cy apres particulièrement.
- Il ne fe peut iamais faire aucune entreprife qui reüflifle heureufement, Place doit eflre rc-fî premièrement on n’a recogneu la Place. C’eft pourquoy en celle-cy ctf^e aufli bien qu aux autres on doit auoir enuoyé quelquVn,lequel outre l’in- hn doit faire, & formation qu’il doit auoir des lieux circonuoifins, comme nous auons fiawir-dit cy deuant, de la garde qu’on fait dans la Place & aux portes,de la force qu’il y a dedans,& de l’ordre qu’on y tient (ce qui doit encor eftre ob-ferué en toutes les autres entreprifes.) Il faut qu’il recognoifle principalement les entrées de la Place, comme font faites les portes,s’il y a quelque Demi-lune, ou Rauelin au deuant *> auec,ou fans fofsé*fec,ou plein d’eau; les Barrières qui font au deuant, s’il y en a, fi elles font hautes ,011 bafles, fortes,ou foibles *, quelles gardes 8£ fentinelles on y met,de iour,de nui61-, combien de portés il faut pafler,fi elles font efloignées les vnes des autres, ou proches : fi elles font vis à vis, l’vne apres l’autre, ou en deftournant, fortes,ou foiblçs -, de bois fimple,ou de fer, ou de bois &C ferrées d’vn co-fté : en quels endroits font les Corps de garde, combien il en faut pafler auant qu’entrer dans la Place, &c combien de Soldats on y met d ordinaire $ en quel endroit ils font fituez, à cofté,ou en face *, comme quoy faits, les armes qu’il y a dans ces Corps de garde, s’il y a des Canons, des pier-riers, ou autres machines : on doit aufli voir combien on pafle de Ponts, èC comme ils font faits, s’ils fe leuent à flefches,à trebuchet, ou bacule, à portes, à planches qu’on leue 2 bref comme chacun eft fait, en quel endroit , & de quoy : on regardera aufli les longueurs d’iceux *, & cecy eft très-important pour faire les flefches & Ponts-volans de iufte longueur.
- Il faut aufli bien prendre garde aux Herfes, ou Sarrafines, comme elles font fouftenues,l’endroit par où elles tombent, qui a charge de les abatre én temps d’occafîon,& en quelle façon *, s’il y a des OrguesJeur groflèur,
- HH 3 four
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- Inftmftio pour faire le Pétard.
- Çomment ilfe peut faire meilleur.
- Sa grandeur doit eftre proportionnée à la for ce despertes.
- iRa fon Phyfujitc.
- Diuerfes grandeurs de Pétards.
- 244 Des Ataques par furprïfè,
- leur diftance de lVn à l’autre,l’endroit où ils font. Il faut aufti fçauoir s il y a quelque fecret aux portes pour empefeher le Pétard, de en quel endroit font les ferrures, barres, flefehiffes, gonds,chai fnes, de autres chofcs qui ferment la porte, ou la renforcent éitant fermée, afin de fçauoir où Fon pourra convenablement appliquer le Pétard* On verra encor s’il y a des meurtrières, ou mâchicoulis, s’ils font fur les portes où l’on doit appliquer le Pétard,ou s’ils font au dedans des ouuertures entre deux Corps de garde, afin de s’en pouuoir couurir par les mantelet's,&; autres inuen-tions. Il fera bon fçauoir ce qu ils tiennent là haut pourfaire tomber &; ruer fur le Pétard, fur le Petardier, de fur ceux qui voudraient entrer. Jîref il prendra garde le plus exactement qu’il luy fora poflible à tout ce, qui eft à feutrée de la Place, de à tout ce qui peut aider, ou empefeher* le fuccés defentreprife.
- Allant que parler de la façon qu’on doit fe gouuerner pour petarder vne Place, nous dirons comme doit eftre fait le Pétard, fes mefures, &c quel doit eftre l’alliage de la matière.
- l’en ay veu en plufieurs formes,aufti doiuent- elles eftre diuerfes, félon les vfages aufquels on les veut faire foruir : i’en mettray plufieurs, commençant par les plus ordinaires.
- Louuerture de la bouche aura fept parties *, au fonds de lame contre là culaffe,çinq parties -, Ia hauteur,dix parties -, le metail fera efpais, au colet demi partie, fans conter f orle -, à la culaffe ôc à la lumière vne partie,comme on voit Figure 1. L aliage de ceux- cy doit eftre bon, afin qu’ils tiennent, ayant la lumière comme nous dirons apres.
- Pour faire ce Pétard meilleur, on pourrait tenir cette mefure,l’ame, ou la culaffe 3o.lignes,le metail 10. ou n.lignes d’efpeflèur à la lumière,autant à la culaffe jfouuerture de famé à la bouche fera efgale à l’ame,à la culaffe, de au metail enfemble,qui font 50.QU 54.1ignes : Je metail à la bouche aura d’efpaiffeur ^.lignes,fa hauteur deux fois de demi,la largeur de lame à la culaffe?qui font 75.1ignes. Ces mefures me femblent meilleures que les precedentes, car le Pétard eft plus renforcé de metail,&c plus long,comme on voit Figure 1.
- La grandeur des Pétards doit eftre proportionnée à la force des portes qu’on veut rompre-, car vn petit Pétard ne rompra pas vne porte double bien barrée. 11 eft aufti à remarquer qu’vn grand Pétard agiffant contre vne porte foiblene fera que comme vn coup de Canon : il le faut faire proportionné à la reïiftance de la porte, à caufe que cette grande violence rompt facilement ce qui luy eft opposé, fans efhranler ce qui luy eft autour. De mefme voit- on vn coup de Canon percer vne porte (ans renfoncer, & vn Belier l’enfoncer fans la percer, à caufe queceluy-cy ne rompt point Tvnion des parties du continu, ce qui eft caufe que tout le corps en patit de sefbranle par la fecouffe, &C l’autre par fcn grand effort rompt foudainement cette vnion, qui fait que les autres parties ne fouf-frent point, de ne fe meuuent pas par la violence du coup. C’eft pour-quoy on en fera de diuerfes grandeurs, aucuns de éo.liures de metail,ief-quels feront les plus ordinaires, bien qu’on en fafle iufques à 80.de ioo.li-ures de metail-,d’autres moyens, de 40,01150 Jiures pour les portes barrées-, aucuns médiocres de 25. à 30. iiures. On en fait encor des petits de 10. ou
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- Liure II. Partie I. 245
- ïi.liures, pour les portes Amples les plus grands feront plus ouuerts à la., bouche que les petits, à proportion de leur hauteur, comme auflî le me* rail de la culalfe aux grands doit eftre plus renforcé qu’aux petits, cela, s’entend à proportion des autres parties.
- On remarquera que fi on rencontrait vn grand Pétard chargé, auec Madrier quel doit lequel il faluft rompre vne porte foible. il faudra faire le madrier beau- “ vn snnd
- çoup plus grand que li on 1 appliquent contre vne porte forte par la rai- arvnepom fpnîufdite.
- Il y a diuerfes opinions fur l’ouucrture de la bouche des Pétards : car Pétards larges à la aucuns les veulent plus larges, d?autres moins. Mais on remarquera que bJ^ce n ont tmt ceux qui font plus larges à la bouche n ont pas tant de force *, il eft vray * ^ qu’ils ouurent dauantage lors qu ils peuuent agir cptre la porte,& ne font pas fi dangereux de creuer : à ceux-cy on amoindrira le metail vers la bouche, ainfi quon peut voir en la Figure marquée 3. Ceux qui ont la- Pétards qui ont ta-me efgale, c’eft à dire, aulfi larges à la bouche qu a la culalfe, font plus me e&ak bom-d’effort en vn endroit,mais ne font pas fi grande ouuertute que les autres: ceux-cy doiuent touffeurs auoir le metail efpais à la bouche, à moitié de ce qui eft à la culalfe, & font très-bons,comme on voit en la Figure marquée 4. l’ay ouy dire à d’aucuns que les Pétards qui feront plus larges dans Larges dds la cbd-la chambre qu a la bouche feraient plus d’effed que tous les autres. Pour hre font^ms moy ie croy qu us en feront moins,&ç qu ils creueront, bien qu ils fuflent creuer. plus renforcez de metail, tant à la culalfe qu’à la bouche, comme on voit en la Figure 5. outre l’incommodité de les porter, à caufe de leur pelan-teur. Il y en a qui font canelez par le dedans,comme les marquez 7, ie ne penfe pas que cela augmente aucunement la force.
- fen ay veu d’vne façon extrauagante, ils eftofent plus larges à la bou- extrauagdte
- che, 5c plus eftroits vers la culalfe, comme les autres, mais repliez, & la dePetards-lumière eftoit enuiron aux deux tiers du repli du collé du plus élirait.
- Ils ne fçauroient eftre mieux reprefentez que par vn cornet de polie. Il me fut alfeuré dans Naples dvn certain perfonnage, qu’auec vn de ces Pétards, fi petit qu’il pourrait eftre porté dans la poche, il ferait fauter toute forte de portes pour fortes qu elles fulfent : mais à l’efpreuue qui en /
- fut faite aueç vn d’vne liure de poudre, ou enuiron, contre vne porte qui n’eftoit pas beaucoup forte, il fe trama qu’il faifoit moins d’effed que les autres, & ne fit qu’vn mefchant trou \ &C au lieu de reculer, il fit plufieurs tours en l’air en pirouetant. Cette forte de Pétard eft encore aangereufe à creuér,fi on ne les fait plus renforcez que les autres : le madrier fe met de façon que les deux bouts du Pétard battent contre içeluy, comme on peut voir en laTigure 8.
- On fait d’ordinaire vne anfe au Pétard pour l’attacher par icelle aueç Boit auoir vne an-vne corde contre le madrier, ou deux pour le porter plus commodément: f ^
- Et moy ie voudrais qu’il y en euft quatre bien fortes, comme la Figure 9* q '
- afin qu’il tinft plus fermement contre fon madrier : 6c pour mieux faire ie voudrais des anfes fort legeres,feulement pour le porter & manier \ &C pour l’appliquer y faire vn bord bien fort & large d’vn pouce auec quatre trous, lefquels feruiront pour l’effeéi: qui fera dit apres, comme la Figure 10. Que s’il n y auoit point de ces trous au Pétard, on y pourra faire vn cercle de fer, qui feruira de mefine,comme monftre la Figure 6.
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- Ditterjês matières de Pétards.
- 'h-*
- Veplomk.
- P’eftaitf'
- pefir»
- jpe bois.
- D’vn bouton de charrette.
- De bois taillé en donnes.
- Comme ynfeau.
- 246 Des Ataques par furprife,
- La matière dequoy on peut faire les Pétards eft fort diuerfè *, bien fou-uent onfe fert de celle qu?on treuue : car Fdccurrence &la neceflité donnent le moyen de fe feruir de toutes pièces.
- Il s?en fait de plomb, qui feruent à faire des efpreuues : ceux-cy ont, peu de force, &c fe creuent toufiours du premier coup,toutesfois fans faire des elclats,& ne font que s’ouurir.
- Ceux d’eftain font le mefme effed, fi ce neft qu’ils font vn peu plus forts, mais non pas affez pour eftre mis à de bons vfages, & ne doiuenç pas eftre eftimez meilleurs que les autres.
- On en peut faire de fer, puis qu’on en fait des Canons, ie croy qu’ils feraient très-bons,& tiendroient autant que les autres,& principalement s’ils eftoient de fer batu 5 car ceux de fer de fonte eftans trop aigres, il faudrait les faire fort pefans, ou feraient fujets à creuer s parce quon le fert peu de cette matière, ie n’en parleray pas çjauantage : ie F eftime tou-tesfois auflibonne que les fuiuantes.
- I’en ay aufli effayé de bois,tous d’vne pieCe?cercfez de fer en trois endroits ,lefquels pourtant ne laiffoient pas de creuer en plufîeurs pièces. I’en ay fqit d’autres auec dçs cercles, &par deffus liez encore de fortes cordes deux ou trois fois IVne fur Fautre par deffus tout le Pétard, mais ils creuoient auec tout cela aufli bien que les autres.
- Si l’on n’auoit pas autre chofe, on pourrait Ce feruir dVn bouton, ou moyeu d’vne roue de charrette (apres auoir coupé tous les rays) cerclé de fer, comme il eft ordinairement, 6C le boucher du cofté du plus eftroit: il faudroit faire entrer par force le bouchon par le plus large, §£ lors qu’il ferait au fonds le clouer par les coftez, afin que l’effort ne le fift fprtir, Ç& perdift la plus part de fa force,le feu fortant par ce cpfté, comme pn voit Figure 15*
- Autrement on les fera de bois qui foit bien dur, taillé en douues comme pour faire vn feau, efpaiffes d’vn pouce ou dauantage du cofté de la bouche, 8c au double vers la culaffe, qu’on cerclera de trois ou quatre cercles de fer, larges &£ efpais à proportion du Pétard : le cercle vers la bouche aura Ce s anneauxpour latacher au madrier : apres on fait entrer }a culaffe par la bouche,efpaiffe de quatre ou cinq pouces,à grand' force, laquelle on cloué très- bien auec les douues, 8C la ferrer par le dehors en croix, laiffant pafler Ja ferrare deux doigts, pour la plier, &c clouër derechef contre les douues, ainfi qu’on voit en la Figure h. Entre les cercles pn le pourra cnuironner de petite ficelle, qui eft meilleure que la grofle corde, 8c on la trempera dans cojophone & poix fondue tandis qu’011 l’entourne, de façon que le Pétard de bois reée apres tput yny par deffus, pomme on voit en la Figure 13.
- Il peut eftre aufli fait comme vnfçau fimple f^ns ferrure,feulement lié de corde tout autour, comme le marqué ii. &puis le mettre dans vn autre de iufte grandeur, qui foit tput d’vne piece, cerclé de fer, comme le marqué n. Ceux-cy tiendront mieux eftans de diuerfes pièces,que s’ils
- ne pourroit fe feruir fouuent d’vn mefme Pétard ainfi fait, à caufe que la perde fe brufle. On remarquera que des Pétards qui font faits de bois,
- ceux
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- Liure IL Partie I. 247
- ceux qui font deplufieurs pièces creuent moins que ceux qui font tout d’vne piece. La raifoneft, parce que la corde cede, &C le feu s’exhale, ce que l’ay appris par l’experience que i’en ay fait:ils font aulïi moins d effed toucesrois il eft à confîderer que tous ceux qui creuent s’exhalent encore bien dauantage.
- Les plus parfaits Pétards de bois n approchent iamais de la bonté du moindre fait de metail. Nous auons efcrit toutes ces maniérés de les faire pour s’en feruir au befoin lors qu’on n’en a point d’autres : cette neceflité eft mere des arts, qui force les efprits des hommes à cercher des nouuel-les inuentions : au befoin le fonds d’vn chapeau bien lié de cordes peut feruir de Pétard, ôc tout ce qui peut eftre capable d’enfermer la poudre auec quelque refiftance, fera effort pour rompre les corps oppofez.
- Les meilleurs doncques eftans de metail nous dirons leurs alliages qui font diuers : aucuns mettent vne liure de loton, deux &c demi d eftain, Sc15.de cuiure.
- D’autres mettent i.liure d’eftain,i.liure de loton, ô£ 1 pliures de cuiure.
- Autrement io.liures de cuiure, d’eftaim.liure, ÔC de loton demi liure.
- Ces alliages font quafi tous fomblables, 6^ font fort durs & aigres. Ils feront plus doux, fi pour lo.liures de cuiure, on met i.liure de loton fans eftain*carc’eftl’eftain qui rend les matières extrêmement aigres.
- Les plus expérimentez loüent grandement la Rofette toute pure fins autre alliage* ôc ce font veritablemét les meilleurs & qui tiennent mieux. A ceux-cy on peut amoindrir le metail, & tiendront autant que les autres. le diray la raifon pourquoy les Canons ne vaudraient rien de Rofette pure, &C les Pétards font très-bons * c eft à caufe que la Rofette eft fort douce : la baie du Çanon Portant gafteroit le metail,comme on peut voir en aucuns Canons qui ont lame en ouale,à caufe que le metail eftoit trop doux, C’eft pourquoy on met cet alliage au Canon pour le rendre plus dur,lequel n eft pas neceffaire au Pétard ne tirant point de baie.
- Quand on voudra faire plus ou moins de matière, on prendra chacun des métaux en mefme proportion,comme au dernier alliage : fi on prend cinq liures de cuiure, on mettra demi liure de loton.
- Il fe fait encor.d’autres fortes d’alliages, aufquels il y a plus de façon, mais pour cela ne font pas meilleurs que ceux que nous auons defcrits.
- L’alliage fe fait afin de rendre la matière plus dure, car vn metail foui eft plus doux qu’eftant méfié auec quelque autre quel qu'il foit * ôC tant plus ils font efloignez en pureté , tant plus leur compofition eft aigre, comme le plomb auec l’argent ou l’or fe rendent très-durs & aigres,comme on peut voir quand on a mal coupelé quelquvn de ces meflanges : le plomb ôC le cuiure fe font fort durs * le cuiure méfié auec l’argent fe fait plus dur que Tvn ou l’autre feul : toutesfois ceux- cy à caufe qu’ils ne font pas fi efloignez ne fe font pas fi durs. La raifon de cette dureté eft parce que les métaux font doux ou aigres à caufe de la quantité de l’humide, ou du Mercure qu’ils ont * car les métaux les plus parfaits ont plus de Mercure,& moins de foulphre, ou du terreftre * &c les imparfaits ont plus du foulphre &t moins de Mercure : Lors qu’ils viennent à fe ioindre, les Mercures s’alfemblent ÔC s’vniffent l’vn à l’autre à caufe de leur fimilitu-de. Or parce que le Mercure du metail imparfait,eft tellement ioint auec
- II fom
- Pétards de metail meilleurs que ceux de bois.
- Æiage de la mature des Pétards.
- Rofette toute pure tres-bonnepour Pétards.
- Pourquoy non pour Canons.
- Pourquoy fe fait l'alliage.
- Pourquoy tes métaux font doux ou aigres.
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- Pourquoy on mejîe ïeftainauee le loton & le future,
- Corne on doit charger le Pétard.
- Autre façon de charger le Pétard.
- Autre façon..
- Autre.
- Ce qu'm défit mettre apres qu’il eft chargé.
- 248 Des Ataques par furprife,
- fon foulphre, quil eft impoffible que l’vn fe fepare de l’autre, fon Mercure s’eftant méfié intimement auec le Mercure du metail parfait, il faut aufli que le foulphre s y mefle, lequel à caufe de (à grande fecherefle eft contraire au foulphre du parfait : çette antipathie èc le mellange de ces foulphres fait la dureté 8c aigreur des métaux. Albert le Grand dit que laigreur des métaux meflez vient de la nature balbutiente j ceft à dire, que le métaux qui ont moins de fympathie fe méfient moins.C’eft pour-quoy on mefle cet eftain,& ce loton auec le cuiure, afin de faire plus forte la piece,comme auffi afin que les matières fe fondent plus facilement, èC ce mellange eft appelle le bain^& on met l’eftain en fi petite quantité, parce que fi ion en mettoit trop, la matière ferait trop caftante. La co-gnoiffance de tout cecy appartient aux fondeurs,comme auffi de faire les moules, èc la façon de les ietter, &. le refte qui eft de cet art : c eft pour-quoy il fuffira ce que nops auons dit *, en vn autre traitté nous en parlerons plus amplement.
- Apres que le Pétard eft fait, il faut fçauoir Je charger, ce qui fe fait en diuerfes façons -, mais tous prefques conuiennent en cela, qu’il doit eftre chargé de poudre fine,bien batue,fans la defgrener que le moins qu’il fer ra poflible -, ce qui fe fera,fi en le chargeant apres auoir mis deux ou trois doigts de poudre on la bat, mettant deffus vn futre9& par deffus vn tranchoir de bois, lequel on batra, & ainfi on preftera la poudre fans la rompre : autrement auec vue feruiette &; auec le tranchoir de bois,batant par deffus -, le tranchoir fbit efpais de trois pouces, fait en quille, large dvru cofté, eftroit de l’autre,pour charger en haut &c en bas.
- On tient qu’vn Pétard eft bien chargé, lors qu’on fait entrer dans ice-luy,enbatant fans degrener, vne fois &C demi gutant de poudre que le Pétard en peut tenir fans eftre batue.
- Il fera fort bon fi en le chargeant pn met au milieu vn gros baftoa comme le pouce, ou plus * à proportion de la grofteur du Pétard ( la hui-étiefme, ou dixiefme partie de la bouche) lequel on tiendra dans iceluy tandis qffonle chargera, &; Fon mettra la poudre bien batue tout autour^ ce qui fe fera fi le tranchoir eft percé,&; fe met dâs le bafton. Apres qu’il fera chargé il reliera vn trou au milieu de la charge iufques au fonds,lequel on remplira de poudre fine fans eftre aucunement batue,&C en l’amorçant il faut faire vn trou à la charge par la lumière qui arriue iufques à ce vui-de, qu’on remplira encor de poudre fine iufques à la fusée. Il eft affairé qu’eftant ainfi chargé il fera beaucoup plus a effeét, à caufe que toute la poudre qui eft au milieu prend mieux à la fois n’eftant point batue.
- Aucuns au contraire bâtent la poudre tant qu'ils peuuent,encor quelle fe defgrene,&’au milieu de la charge ais font vn petit creus corne vn œuf, qu’ils rempliffent d’argent vif,le couurant d’vn morceau de bois, Fache-uent de charger,batans ainfi la poudre iufques qu’il eft rempli.
- -Autres ne lg bâtent aucunement, feulement fecoüant le Pétard la, preffent ainfi fans autre façon.
- Quand il eft chargé iufques enuiron deux doigts près de la bouche, il faut mettre vn tranchoir de bois, ou plufîeurs rondeaux de carton fort par deffus la poudre,de la grandeur qu’eft le Pétard en cet endroit, &; outre cela acheuer de remplir auec de la cire & eftoupes, ou poix noire, ou
- bien
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- bien mieux auec cire iaune, poix Grecque, yn peu de terebentine : On remarquera quil faüt vn petit rebord, ou caneleure en dedans du Pétard, où autour delà bouche, afin que ce ciment tienne, comme on voit Figure 2. par apres on le couure d vne toile cirée qu on lie tout autour, & ce
- twinn’iviUmpnf J—.'*. ___1 .._____„ ___________
- car la poudre defcendrqit, & la fusée ne prendroit pas apres,comme aulfi afin que l’eau, ou autre humidité n y puiflfe entrer. Et afin qu’il n’y ait aucun vent entre la poudre & le Pétard, ce qui luy ofteroit beaucoup de la force. Et pour mieux faire tenir cette compofition &c carton, oqiaifte ce petit rebord, ou caneleure dans le Pétard, comme on voit en ladite Figure.
- Nous auons dit comment il le faloit charger, mais non pas ce qu’on y De quelle poudre on met dedans'jla poudre la plus fine eft fe meilleure. do^h(irger u Fe~
- Aucun s croyent que la mouillant d’eau de vie on augmente fa force, ce qui eft faux, car quelconque liqueur qui touche la poudre ralentit, &C tant plus elle eft feche, tant mieux elle prend & fait plus deffedt.
- Outre la poudre, il y en a qui mettent au fonds de la charge fur la eu- Ce met.
- laffe vn li<St de fublimé, ou bien de cinabre,& ce afin que la poudre agifte tre dani Ia charge* auec plus de violence, lemefme effedfc fait larfenic félon aucuns: ces matières feruent pour contenter la curiofîté, mais pour les actions il vaut mieux fe feruir de l’ordinaire, afin de fçauoir aifeurement laforce du Pétard, outre que cela n augmente aucunement la force.
- La fusée qu on met au Pétard doit eftre de compofition vn peu lente, Compofïthm de u afin que le Petardier ait temps de fe retirer apres y auoir mis le feu. Au- du Pemrl cuns font cette compofition dé poudre fine pilée, qu ils mouillent auec f eau de vie,oude leau toute pure : mais cette façon n eft pas bonne,parce qu on ne peut pas afleoir iugement fur fa durée y car tant plus elfe fe feche tant moins elle dure,eftant portée au Soleil durera moins qu eftant portée de nui à: : elle fera meilleure auec le charbon pilé, ou auec fe falpetre, qui fait le feu plus violent,mettant moitié poudre, moitié falpetre bien pilez enfemble, & cette mixtio durera tant qu’on la gardera auec mefme force.
- Mais afin que iettant de leau fur la fusée elle ne sefteigne, on fera la ^uw compagnon. compofition luiuante, qui refiftera & bruflera dans leau : Prenez vno partie falpetre, demi partie foulphre, poudre trois parties *, pilez 1e tout bien fiibtilement, & le meflez enfemble ; de cela rempliffez voftre fusée la batant bien, & l’amorcerez de poudre fine} eftant allumée,bien qu on y iette de leau ne s efteindra pas \ ce qu’on peut efprouuer auec quelque tuyau qu on remplifle de cette compofition, laquelle eftant allumée on iette dans leau auec vne pierre attachée, on la verra brufler au fonds.
- On alentira cette mixtion y mettant plus de foulphre & canfre,Ô£ k fera plus vifte & forte y adjouftant dauantage de poudre.
- Aucuns fe font imaginez vn certain inftrument qui bat la fusée par temps & par mefure -, mais la méthode de le faire & de s en feruir eft trop fantaftique, &C Tvfege n en eft pas fi bon que des compofitions prece-cedentes. La meilleure amorce eft de poudre grofle pilée &; batue dans Autre, compojîmn la fusée fans autre ceremonie, qu’on alentira auec foulphre pilé,ou char-bon, ou des cendres fi elle eft trop vifte : car pour dire la vérité, i’eftime
- II a toutes
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- femme doit eftrelc fftyau dp U fusée.
- Où doit eflre la lumière des Fêtards.
- Autre endroit.
- fAutre.
- fa meilleure façon de lumière.
- 250 Des Ataques par fürprife.
- imites ges compojitipns inutiles : On Içait bien que ceux de la Place ne tiennent pas là haut de feau toute prefte pour ietter -, ils fçauentajflfez que ceft vu bien fojblp remede pour empefchçr Je Pétard de fairefon dFe6t, & lescompofitions .& façonsque 1 ay mjlps font feufempnt pour çpnten-|erle$ curieux.
- Il faut que letuyau de la fusée dp Pétard foit de bronze ainfi que le Pétard , gc fait enauis, ou bien de bois qui foit fprt dur ; il faut quelle tienne bien au Pétard, afin que iettant quelque çhpfe denbauton ne faite, tomber la fusées melme en Je portant $C jremuaqit,qu’elle ne forte hors de fon lieu : ceft pourquoy elle fera meilleure de metail que de bois.
- Il y en a qui font d'auis appliquant le Pétard, le tourner de façon que Ja fusée foit au deflfous, afin que fi Ton iette de J’eau, ou autre choie den-haut?elle foit couuerte du Pétard mefine *, mais à cecy il fauf que la fusée foit bien chargée, & bien batue, de peur qug par quelque fecouffe toute la pompofition ne tpmbe.
- Aux Pétards ordinaires, on fait la lumière fusée contre la culalfe, comme en la Figure ^laquelle en cette façon fait moins deffedfc queftant autre part. D autres Font mife à la culalfe, la perçant au milieu, cprnme en la Figure 2. Je tiens que celle-cy fait plus d’effeârque Fautre.
- Plufieurs la mettent vn peu plus auant que la culaflp, comme trois ou quatre doigts,plus, ou moins félon que le Pétard eft grand ou petit,comme en la Figure 3. Et cecy augmente grandement (a force,par la poudre prend plus à la fois : mais cet effort f^it plus en reculant qu-gutrement.
- La force sgugmentera encor bien daugntage,fi on fait la lumière proche de Ja çujaffé, comme nous; auons dit, §c que la fusée de metail aile iufques au milieu de Famé, ou de la charge, comme en la Figure 4.1a partie de la fusée qui entre dans la charge ferg remplie de poudre fine, Ô£ le refte de lg çpmpofition que nous auons dite, aihfi toute la poudre pren-î dra à la fois, &C fera yn merueilleux effe£t, phofe très- affeurée & très- ef-preuuée, mefmesaux Canons :mais à ceux cy fans fusée, comme iede-çlareray aux feux d?artifices, ginfique îay efpreuup. Il faut eftreaduerti que ces Pétards doiuent eftre plus renforce^ de métaux,afin qu'ils ne cre-uent pas : les mefiires feront pomme nous aupns dit aux premiers,Içauoir g la culalfe cinq parties, à la bouche feptje metail à la culalfe efpais d’vne partie &C demi, à la bouche làns conter Tordre deux tiers de partie. Ces Pétards font aufli yn recul furieux j il fera encor bpn de faire la fusée en Ja façon luiuantp.
- Dans l’elpaiffeur de la culalfe on fera comme yne lumière, ou canal qui aile iufqucs au milieu de la culalfe C,auec le petit deftour P : ainfi on donnera feu au milieu de la poudre,& ne s’exhalera pas, ppmme fi la cu-laffe B eftoit toute percée \ outre qu’en l’autre façon Ja fusée qui entre dedans eft fort fujette à fe rompre. '
- De ce quedeffuson pourra çognoiftre qu’vn Pétard ayant lesmefqres de la i.ou i.Figure, &C la lumière pomme en la 4.6C j.fera parfait.
- Tl AN C HE XXXIX.
- DES
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- Liure IL Partie I.
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- DES oMADRIERS, COMME ON LES doit attacher au Têtard, comme on doit appliquer les Pétards aux portes quon peut approcher.
- Chapitre V.
- E Pétard ne peut faire bon effed s’il na fon Madrier. Madrier que cejh Le Madrier eft vne grofle piece de bois, qu on met de-uant le Pétard,laquelle doit eftre de noyer,ou de chefne; il eft meilleur d orme,ou de quelque autre bois fort : Elle doit eftre quarrée,de grandeur proportionnée au Pétard, de façon queftant attachée au milieu diceluy,elle auan-ce de tous coftez, & doit eftre defpaiffeur de trois ou quatre pouces,plus ou moins félon la largeur du Pétard.
- Ce Madrier doit eftre ferré des deux coftez auec des bonnes lames dç Comme le Madrier fer mifes en croix par deflus, &c clouées contre iceluy,& fur le milieu on doit eftreferre-fera vn creux rôd yn peu enfoncé où Ton met le Pétard. D’autres au lieu de mettre ces lames en croix, les mettent en long \ &c en cette façon il faut prendre garde,qu elles foient miles au contraire des veines du bois. Il fera mieux d’en mettre plufieurs, qui s’entrecroifent comme on voit aux Figures 4.5*^78. Planche 40. On le ferre ainfi, parce que tant mieux il tient,tans plus d’ouuerture fait le Pétard.
- Ce Madrier doit toulîours auoir vne anfe ou crochet pour l’appliquer aux façons fuiuantes,marquées en la Figure n.
- Le Madrier doit eftre ioint auec le Pétard,faifant comme nous auons Commue Madrier dit quatre anfes au Pétard, 61 ces ailles on les attache auec des fortes cor- aHec
- des a quatre groflès auis fichées dans le Madrier -, cela fe fait afin que la force du Pétard ne fe perde pas par le recul : car ainfi il fait tout fon effort en auant, &: pouffant le Madrier il auance luy mefme, &C cela conferue toute la force : Figure 3.
- Il eft mieux autrement, lors qu’il y a vn orle au Pétard, comme nous Autrement, auons dit*, on le clone bien ferme contre le Madrier auec quatre doux ou auis, & le Pétard tenant ainfi ferme contre iceluy on l’appliquera à la porte, Scfera beaucoup plus d’effed, & reculera moins qu’autremenü, a autant que la force qui fë perd par le recul, lors qu’il n’eft empefehé de rien, fe gagne eftant attaché contre le Madrier : Figure io. Que fi lorle, ou bord du Pétard n eftoit pas percé ,on fe fëruira de doux à crochet, comme en la Figure 1.
- Ainfi qu’on fe fert du Pétard à diuers vfages ,auffi la façon de l’appliquer eft differente. En general, ou Ton peut approcher au lieu auquel, on l’applique, ou non, à caufë du fofsé qui eft au deuant de la porte.
- Lors quon peut approcher du lieu, la façon ordinaire de l’appliquer, Pour appuyer u c eft qu on attache Amplement le Pétard auec le Madrier, & on fiche^ ^approit le contre la porte vn tire-fonds ou deux,& à iceux on attache le Pétard & le Heu.
- Madrier enfemble * de façon que le Madrier batte bien contre la porte :
- car tant plus il eft ioinâ contre, tant plus il fait deffed. Les tire-fonds ^uec les tire-fonds.
- n. font trop longs à planter, cependant le Petardier court grand rifque:
- on
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- jfW fç marteau.
- Auec Ufourchette.
- Auec les deuxf pochettes.
- I
- Invention pour ap-phcjuerjes 'Ppards pej'ans.
- Comme le Pétard doit eflre appliqué contre les barrières-.
- Comme il doit eflre appliqué contré les portes.
- 154 Des Ataques par furprife.
- on fera plus promptement auec vn marteau à deux, ou trois pointes de bon gçier, lequel on plantera contre la porte, §£a iceluy on pendra le Pétard , comme çn la Figure 13. Qup fila porte eftoit ferrée quon nÿ peuft pas planter le tire-fon <ds,on y met vne groflfe fourchette qui fouftienne le Pétard par la boucle du Madrier, comme on voit en la Figure n. & en cette façon on rapplique aufli contre les ponts,herfes &C barrières.
- Les inuentions fuiuantes font rares pour porter &: appliquer facilement le Pétard. La première eft, qu’au Madrier 9. il y a deux fourchettes ou baftons qui tiennent à iceluy auec des fléchi fies ,afin qu elles fe puif-fentmouuoir ayant leurs pointes de fer longues à proportion de la hauteur du lieu où Ton veut appliquer le Pétard : le Petardier porte deuant luy le Pétard auecfon Madrier, qui luy fert de mantelet. L'ayant appliqué contre la porte, il laiiTe tomber les deux ballons à terre qui le tiendront bien ferme.
- Si le Pétard eft trop pefant,qu’il ne puifle eftre porté d’vn feul, on fera., le brancard 10. composé des deux pièces de bois, allez fortes pour porter le Pétard, &c longues conuenablement félon le lieu où on le veut appliquer, auec les deux trauerfes, à f vne delquelles fera fiifpendu le Pétard auec fon Madrier : deux hommes porteront tout cela fur leurs elpaulesj le premier pofera les deux bouts contre la porte,& l’autre fe baillant laif-ferales autres deux en terre,qui feront armées de leurs pointes. Apres on fera ioindre le Pétard contre la porte, rattachant fi Ion peut auec là boucle contre icelle, ainfi qu on voit en la Figure 10. lvne monftre 1’inftru-ment comme il eft fait, l’autre comme le Pétard eft appliqué, & dans le païfa ge comme on le porte.
- Il nuit eftre aduerti qu aux barrières on doit faire le Madrier plus large, afin qifil emporte d?auantage des paux, & l’appliquer en trauers félon cette largeur, ou pluftoft longueur.
- C^uand on rapplique contre les portes, il faut le mettre vis avis delà ferrure, s’il eft poflîble, & particulièrement à la petite porte 3 car parce moyen pour fi peu cfeflTeâ: que le Pétard face il emportera la ferrure * 8£ par confequent ouurira cette porter ou fi on ne peut pas là, on le mettra a l’endroit des flefehieres, où bien contre la barre à laquelle eft attaché le verrouïl -, on les mettra toufiours contre ces pièces principales, car eftans irompues toutle refte s?ouure.
- TL ANC HE IL
- T>ES
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- Liure II. Partie I.
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- TES FLESCIEES, TONTS-VOLANS, ET ïnïlrumens a rompre les chatfhes> & des moyens d'appliquer le Pétard lors quon ne peut pas approcher de la porte.
- Chapitre XI.
- Ovtes ces façons font bonnes lors quon peut approcher du lieu auquel on applique le Pétard : mais lors qu’il y a l’efpace du Pont-leuis àpafTer,ou quelqueau-tre fofsé, il faudra fe feruir de l’inuention de quelques Ponts-volans, lefquels on ictte ou eftend, de façon que lePetardier puifle pafTer par defTus , & aller appliquer
- le Pétard.
- l’en mettray plufieurs façons de mon inuention , ainfi qu on peut voir aux Figures 6. ££7. où le marqué 6. peut eftre fait de toile , c’eft à dire, de tiffu, femblable à celuy des fàngles des cheuaux: l’auis qu’on, voit au fonds d’iceluy fort pour le bander tant fort qu on peut auant que s’en feruir. Il fera tres-commode à porter, &C fe pourra plier détournant lauis, &C ioignant vne piece contre lautre.
- Le marqué 7. qui eft auffi de mon inuention eft encor meilleur que celuy-là, parce qu’il peut eftre plus long, &c a plus de force, s’il eft tait des deux pièces de bois À & B, dont la piece A entre dans B , 8c lors qu’on la pouffe, les pièces D fe hauffent : lors que le bout de la piece A eft entré iufques au reffort, ou loquet B, il ne peut plus retourner en arriéré : &C les pièces D qui bandent en angle T vne contre l’autre, fouftien-nent le milieu du Pont auec la corde C : autant en y doit-il auoir de l’autre cofté : Ce Pont peut eftre couuert de planches, ou de toile, comme l’autre, &C eft très-portatif. Il peut feruir à toutes fortes de furprifes : car auec ce Pont on peut pafTer vn fofsé affez large : on pourra monter ces deux Ponts fur deux roues, comme les marquez n.& n.
- Autrement on fait vne autre efpece de Pont, au bout duquel on attache le Pétard auec fon Madrier,& le pouffant en auant, on l’applique par ce moyen fans approcher le lieu. Ce Pont ou Flefche eft reprefenté par la Figure 12.
- La Flefche marquée n. fe fait de plufieurs pièces attachées f vne auec l’autre auec leurs anneaux à chacune, le tout porté fur deux roues auec fon timon,lequel à force de bras on tient en balance. Le Pétard eft à l’autre bout auec fon Madrier armé de pointes, afin qu’eftant poufsé de force elles s’attachent contre la porte, £>c tiennent ferme. Ces deux ont efté efcrites par Prefïàc.
- ; Les fuiuantes ne font efcrites par perfonne, car elles font miennes, dont la marquée 8. fe fait auec la piece de bois A, qui gliffe au long de lentaiHeure B,faite en queue aarondelle, tirant les cordes C, qui paffent par les poulies D, & font auancer ladite piece de bois A, laquelle eftant tirée auec violence s’ira planter auec fes pointes contre la porte, 8c appliquera le Pétard. le croy que cette façon feruiroit pour vn petit Pétard de dix ou douze liures, &c encor faudroit-il que l’entre-deux ne fuft
- K K 2 pas
- Comme on doit ap~ plicjtter le Pétard [ans approcher la porte.
- Inuention de l'An-theurpour les Pots volant.
- Autre inuention de l’Authenr.
- P ont-volant.
- Flefche.
- Inuention des Fief--ches de ? Au t heur.
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- 238 Des Ataques par furprifê,
- pas fort large : mais à vn Pétard de £o. ou So.liures, 6c à vne eftenduë vn peu plus longue, où il faudrait des groffes pièces comme poutres, qui feraient fort difficiles à manier, ou bien tout plieroit 6c romprait par la pe-(ànteur du Pétard qui ferait au bout*, ceft pourquoy on ne fe fçauroio feruir de ces flefches,
- jvm muent ion de On fera en la façon fuiuante, qui eft vne très-belle inuention, tres-fa-
- fiefche. cile SC tres-aflèurée. Il faut faire vne piece de bois entaillée en queue
- d’arondelle,comme la Figure marquée 9. monftre, au bout de laquelle il y a deux ou trois pointes de fer, & vne poulie de chaque codé, par lef-quelles on fait paffer deux cordes qui font attachées au Pétard. Quand on s’en voudra feruir, le Madrier eftant attaché au Pétard à lordinaire, 6C le Pétard à vne forte piece de bois, qui court dans lentailleure de la flefehe > on mettra tout cecy fur deux roues, comme le premier Pont quon pouffera auec force contre la porte : les pointes eftans entrées, on, tirera les cordes auec violence, lefquelles approcheront le Madrier contre la porte,ou (ans cordes 6c poulies on pourra le pouffer auec vne pique, ou autre piece de bois. Cette flefehe eft meilleure que toutes les autres, parce quelle neft pas fujette à rompre, car auant quelle fouftienne la pe-iànreur du Pétard, le bout eft appuyé contre la porte. jutreimmioap- Que lî le fofsé eftoitfort large> on fe feruira derinuention foiuante,
- püéeEfçaie, Figure io. que rappelle Efçale, composée de deux pièces de bois A B, efeartéesl’vnedelautreautantenuironque le Pétard auec fonMardrier eft large, longues autant que le fofsé a de largeur, fortes à proportion de la pefanteur du Pétard, ayant leurs trauerfes E F : au milieu il y aura-deux pièces de bois HI qui auront plufieurs trous pour les alonger &; acourcir félon la profondeur du fofsé : les affermiffant apres auec vne. cheuille de fer, laquelle paffera par ces trous H L,on mettra ces deux pièces au milieu du fofsé, apres on auancera lefcale qui aura aux extremi-tez A B attaché le Pétard $ baiflànt ce Pont &hauflànt lautre, on rappliquera comme on voudra. A cette inuention il ne faut point de roues pour porter ou faire rouler comme aux autres.
- Les Poms ne font fi Les Ponts ne font pas fi bons que les flefohes y car le Petardier court,
- fans que lesfiefebes. grand danger daller fous les meurtrières appliquant le Pétard : & apres s’eftre retiré, il faut ofter le Pont de là, ce qui fait perdre beaucoup do temps. Que filon penfe attacher le Pétard au bout du Pont,ê£ fe feruir apres dudit Pont, on fe trompera fort, car il s’en ira tout en pièces, 6c en faudra vn autre pour paffer. C eft pourquoy puis que cela ne peut feruir que pour appliquer le Pétard ,il faut faire ce qu’on pourra de plus leger 6c de plus maniable.
- *Tres- belle inuention Pour n’obmettre rien en ce mien Difcours, ie mettray encor finuen-
- tardwiefm^en ^on > vrayement merueilleufe pour petarder : le fofsé eftant en-
- m-deuxf0 e^m tre-deux, (ans flefehe, ni pont,on aura le Pétard marqué z. lequel iniques à trois doigts vers la bouche, foit plus fort de metail •, apres depuis là mf-ques à la bouche il fera diminué de toute lefpaiffeur, qui foit efgale à Fefpaiffeur de la piece, ou autre Pétard, marqué i.fans aucune culaflè, ouuert des deux codez, lequel entre iuftement dans lautre z. de façon qu’iceluy bâte contra le Madrier pour le charger, on batra très* bien la, poudre à l’ordinaire iufqües à trois doigts de la bouche, laiffant comme
- aux
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- Liure IL Partiel. 259'
- aux autres au milieu le trou qu’on remplira de poudre non batue : apres on mettra lautre Pétard 1. lequel on acheuera de remplir de poudre aulïi non batue, &C mettra le ciment, toile & Madrier bien cloué contre le Pétard , comme nous auons dit aux autres -, apres on vifera droitement au lieu qu on voudra petarder. Ayant mis le feu,il pouffera le Pétard 1. auec fcn Madrier, & fera vn effeâ incroyable* On remarquera qu’il le fera., plus grand la boite eftant par deffus.
- Celuy du Pétard tout dVne piece auec les barres de fer à la culaffe, ri- Autre merueilleufc uées au Madrier auec le demi vuide dedans, fait vn effeâ plus rare : car dii ayant mis le feu,il s’auance, & fait fon effeâ encor qu’il y ait fofsé entre deux : cette inuention eft plus affeurée que lautre, mais fait vn plus mer-ueilleux effeâ,a plus d’inuention, laquelle peut feruir à mille autres cho-fes : car le Pétard au lieu de reculer va bien loin en auant,chofe qui femble impoflible à ceux qui rien ont pas veu l’experience.
- Si ie ne craignois d ennuyer le Leâeur,ie mettrais encor vne autre in- Autn mmam uention de Pétard qui fait le mefme effeâ,efprouué plufieurs fois : com- rare dn Petard‘ me aufli celuy là qui eft à Madrier en croix de fer triangulaire deffus, la boëtequis encoftrepour couuercle, laquelle a vne grande diftance fans pont ni flefehe, rompt vne porte en pièces -, comme aufli le Pétard qui —
- rompt deux portes, bien qu elles ne fbient pas vis à vis T vne de lautre \ mais en deftournant. Si le Leâeur prend à gré les precedentes que i’ay clairement deferites, ie luy feray part vne autre fois de celles-cy, & de quelques autres que ie ne puis mettre fans croiftre par trop ce Volume.
- On donne feu au Pétard, le mettant à la fusée auant que le pouffer' Comme m doit don-contre la porte, laquelle on fait fi lente, qu’on ait loifir de l’appliquer & ”erfeu aîi PetArd% de fe retirer : mais fi du premier coup on ne l’applique pas bien, il rielaif-fera pas de prendre,&c ne donnera point temps à le remettre mieux.
- Autrement,on peut attacher à la fusée vn ou'deux rouets de piftolets, Autrement* qui foiét bons,8c à la deftente attacher vne corde, laquelle on tirera quad on les voudra faire prendre : ce qui eft bien dangereux, ou que les rouets manquent,ou qu’ils débandent aeuantle temps ,dequoy ie ne confeille-ray iamais fe feruir en des entreprifes fi importantes, puifque le fuccés d’icelles dépend de l’effeâ du Pétard.
- On peut faire autrement, auec vne trainée de poudre dans vn petit. Autrement. canal caué,ou attaché au long des pièces de bois, ou bien vn gros eftou-pin fait auec bonne compoficion qui fera lié à la flefehe, de façon qu’en tirant le Pétard ne fe puiffe rompre, ou difliper : il faut que la fusée du Pétard penche du cofté de leftoupin, &Cqu’au bout d’iceluy il y ait vn. creux auec quantité de poudre *, le Pétard eftant appliqué,ou luy donnera feu par ce canal,ou trainée, ou eftoupin. Cette façon eft bonne, toutes-fois fujette à manquer,non pourtant fi fouuent que l’autre.
- L’inuentionfiriuante en la Figure 4.& 5. eft très-afleurée pour mettre imetwnms-*$«+ le feu de loin au Pétard \ &c bien que facile,iufques afteure n’a efté eferite "J ^“rJ0dnmrfeH de perfonne, on verra la Figure 4. Lors qu’on fondra le Pétard, il faudra faire comme vne petite boëte fur la lumière,qui fe ferme par deffus,comme les lumières des Canons, &C fbit fendue du cofté de la culaffe : par cette fente on fera paffer vne fauciffe, qui fera noiiée au bout,ô£ ce nœud
- K K 3 fera,
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- Comme on doit appliquer le Pétard pour faire tomber les muratlles.
- Autrement contre les murailles fortes.
- Comme doiuet eflre les Pétards a rompre les murailles.
- Les Pétards ne peuuent tmfiours efuenter les mines,
- Remarque de ÏAutheur,
- 260 Des Ataques parfurprife,
- fera enfermé dans la boëte auec de la poudre tout autour, qui 1 acheue, de remplir. Cette fauciffe fera groffe comme le pouce faite de toile, remplie de poudre fine bien prefsée dedans, 8c plus longue que la fief-che : on fera vn peloton d’icelle qu’on tiendra dans yne caffete de bois, fortant par vn trou lors quon tirera le Pétard pour le faire appliquer, la, fauciffe fe deuidera,ne pouuant pas efchapper de la lumière3 on y mettra le feu quand on voudra 3 elle donnera affez de temps pour fe retirer, & prendra infailliblement.
- Les Pétards s’appliquent auflî contre les petites murailles, principalement aux endroits où il y aura eu quelque porte qu’on aura legerement fermée. Ces endroits peuuent eftre petardez facilement, comme auffi toutes les murailles ordinaires iufques à crois ou quatre pieds d ef-paiffeur.
- Pour l’appliquer à faire tober les murailles,on creufèra vn trou capable d y faire entrer le Pétard,de façon que la bouche foit en haut,& la culaffe en bas 3 apres on renfermera le refte du trou,laiffant paffage pour donner le feu,comme en la Figure 10. En cette façon il fait grand effe<5t,fi le Pétard eft proportionné : s’il eft trop petit, i l ne fait qu’vn trou,8c vne rupture tout autour fans faire tomber la muraille.
- Autrement on aura deux ou trois Pétards félon la grandeur de la muraille , bien chargez, lefquels on appliquera en cette façon 3 au lieu de> Madrier on aura vne forte poutre affez longue pour tous trois*,& on gra-tera contre la muraille auec cifeaux d’acier, de Façon que le Pétard eftant appliqué contre, la bouche foit vn peu haufsée, afin que le feu forçant, aile en haut, comme on voit en la Figure 21. on mettra le feu à tous à la fois, ils feront fauter la muraille quand elle auroit cinq ou fîx pieds d’ef-paiffeur, pourueu que les Pétards foient grands, & proportionnez à l’effort qu’on veut qu’ils faffent.
- On remarquera que ces Pétards à rompre les murailles doiuent eftre, plus courts que ceux qui font faits pour les portes,SC renforcez, afin qu’ils necreuentpas : car il eft tres-certain qu’vn Pétard qui creue fait beaucoup moins d’effeft qu’vn qui tient, à caufe qu’vne partie de la forcé fe diflipe, le Pétard fe rompant, & tenant elle fait tout effeét contre le corps quiluyrefifte.
- On fèfert auffi du Pétard pour efuenter les mines, ainfi que nous dirons en la Defenfe : mais c’eft lors feulement qu’on eft proche de 1 enne-my, &C qu il y a peu deterre entre-deux : car de s’imaginer auec le Pétard applique fur la terre, pouuoir éuenter vne mine qu’011 fait bien profondément au deffous, c’eft foire : ainfi qu’il arriua à vn certain perfonnage à Montauban, du cofté de Picardie, ou ie faifois trauailler fous Monfieur de Contenan Marefchal de Camp, deuant lequel il affeura contre mon opinion, qu’auec le Pétard il efuenteroit vne mine,que nous fçauions par rapport 8c par le bruit fourd que nous entendions la nuiét, fe faire au deffous d’vn de nos logemens : il appliquàfon Pétard fur la fuperfirie de la terre, & y mit le feu fans effed : apres auoir protefté qu’il n’y en auoit point, ie fbuftins le contraire 3 &c quand bien il n’y en auroit pas, qu’il eftoit bon la defcouurir auec les Pionniers 3 nonobftant cela on laiflà le, lieu fans faire autre chofe : & quelques iours apres, la nuiét de la Fefte
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- Liure IL Partie I. 261
- des Trelpaflez, la mine ioüa, qui fit fauter le logement, & enfeuelit plu-fieurs braues Gentils hommes volontaires qui y eftoientcn garde, & moy y euffe efté enterré auec les autres, fi par bon-heur ie n’eufTe efté à Cordes en Albigeois à la monftre des Cheuaux légers du Roy, desquels 1 eftois alors. D où ion peut voir que le Pétard ne peut pas agir contre la terre lors qu il y a grande efpaiffeur. Nous dirons apres cru quel temps, 6C comment on s en doit feruir à cet effed parlant des contre-mines.
- le mettray icy vne façon de fe feruir du Pétard ,& de rappliquer, la- Façon très-belle de quelle fait des merueilleux eflfeds, comme par expérience on a veu. fefcrmrditPet^ Les Luquois auoient demandé au Duc de Florence, qu’il permiftdeba-ftir vne maifonnette fur les confins de les terres, pour garder & enfermer le beftail qui paiffoit dans les pafquages de là au tour, ce qui leur fut accordé : mais eux y firent baftir vne grolfe & forte tour à quatre, murailles bien efpaiffes -, ce que le Duc treuua mauuais, & la fit abatrc en vn inftant auec lmucntion'fuiuante. On eut quatre gros Pétards bien chargez qu’on mit en croix, leurs culafïès les vnes contre les autres, lef-quels ainfi difpofez on enferma dans vne quaifle de bois fort efpaifïè ; de façon que les bouches des Pétards batoient iufte contre les aix de la, quaiffe, bien amorcez. On les mit au milieu du baftiment, ayant donné le feu à temps,ces Pétards iouërent auec telle violence,qu’ils firent fauter toutes les murailles à la fois, les brifans à morceaux,ce qui eft fort remarquable pour la force incroyable qu’ils firent. La Figure marquée 3.mon-ftre comme ils eftoient aiancez.
- Lors quon fe voudra feruir en cette façon des Pétards, il ne leur fau- Corne il faut amor-t dra point faire de fusée, mais couurir les lumières de poudre, qui fafTe, cer ces Petards-vn monceau, qui s’affemble au milieu de tous quatre, SC à ce milieu on mettra vne mefche, ou eftoupin aufïi long &c aufïi lent qu on voudra, qui forte par vn trou d’vn auis qu’on mettra au defTus,& vienne auffi loin qu’on voudra} le feu venant iufques à ce monceau de poudre, & l’alu-mant, donnera feu à tous les quatre Petards, lefquels prenans ainfi tous à vn mefme temps, feront beaucoup plus d’effeâ: que s’ils prenoient l’vn apres l’autre.
- Nous auons aifez parlé de ce qui eft du Pétard, de là forme, & de fa, matière, & la façon de le charger, de l’apliquer, &c d y mettre le feu, &C de tous fes vfages} nous dirons maintenant de l’adion, St de ce qu’on doit obferuerdeuant & apres icelle.
- Le temps le plus propre pour appliquer le Pétard, c eft la nuiâ:, com- Le temps u pim me de toutes les autres furprifes, afin de n’eftre point veu ni defoouuert. PrûPre a ïetardcr-Bone fut petardée par Monfieur de Beauregard vn peu deuant le iour.
- L’entreprifè de petarder la Citadelle d’Anuers deuoit eftre executée deuant le iour : toutesfois lors qu’on voit quelque occafion afïèurée de bien faire,on ne doit regarder à l’heure.
- Monfieur le Marquis d’Vrfé fit petarder Aigue-perfe en Auuergne à neuf heures du matin, au changer de la garde. On doit prendre le temps quon treuue plus à propos pour l’entreprife *, & les mefrnes circonftan-ces que nous auons remarquées cy deuant aux adions promptes, le mef-me doit- on obferuer à celle-cy.
- Au
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- Pour entrer dam les barrières.
- Pour abqtre Içs Ponts-leuü.
- 2ôz Des Ataques par furprife,
- Prepmùf ^on Au commencemept nous auons proposé quil faloit auoir recogneu doit faire auam que Ja Place. Or felon le nombre des Barrières, Ponts-leuis , Portes, Her-petar en jfes qUy y aura , il faudra porter des Pétards , ou autres inftrumens pour rompre ces obftacles, ou pour les empefcher de fe fermer. Il faut fçauoir combien il y a de Ponts à paflfer, & porter autant de Ponts-vo-lans ; des Cheualets pour empefcher qu’on mabate les Herfes, &c des Mantelets pour fe couurir.
- La première choie qu’on treuue eft la Barrière,laquelle eft par fois feulement pour arrefter les cheuaux, & les charrettes; alors il faudra entrer dedans fans rien rompre : que lï elle eft de paux l’vn contre lautre, il en faut fcier quelques vns, ou couper, ou rompre auec les inftrumens que nous auons dit cy deuant. On pourra encor les faire fauter auec vn&, courte fauciffe, ou pluftoft vn fac de toile de cinq ou fix liures de charge, couuert de mixtion, ( laquelle fe durcit comme pierre, que nous donnerons aux feux d’artifices ) horfmis du cofté de là bouche, qui doit eftre clouée contre vn Madrier vn peu large, qu’on attachera aux paux, y donnant le feu rompra la paliffade. Si l’on peut on paffera cecy fans bruit,afin de n'alarmer pas fi toft ceux de la Place.
- S’il y a vn Pont-leuis apres, s’il eft pofïible,on fera paffer quelque Soldat, lequel auec des inftrumens détachera le Pont-leuis : pour le faire plus facilement choilïra quelque aneau qui ne foit point brasé , ainfi qu’eft d’ordinaire à tous les Ponts- leuis le dernier aneau d’embas. Cependant qu’il le desfaira,on fouftiendra le Pont- leuis auec des piques fortes , ou halebardes, pour le laiffer aller doucement. C’eft ainfi quon fit, autresfois à l’Efclufe, quelques Soldats pafferent à la nage, ÔC défirent vne boucle du Pont qui eftoit puuerte, §£ on abatit le pont fans aucun bruit.
- Lors qu’il ne fe rencontrera aucun aneau ouuert, &C que tous feront, entiers ;pour les ouurir ie me fuis imaginé les inftrumens fuiuans,qui feront très-propres à cet effedt.
- On apra vn auis qui fera en pointe, groffiffant toufiours, de laquelle le de cau£ fQjc aa(fi grand que les aneaux puiffent entrer facilement dedans:
- mr ouunr r . . & . * r . , ,. .
- au ronds de cette auis il y en aura vne autre raite comme les ordinaires, a {fez groffe pour fouffrir l’effort, comme feroit à dire d’vn pouce de diamètre , longue de huidt ou dix pouces jl’efcroue, ou femelle fera vne, groffe platine de fer efpaiffe de deux pouces, auec deux fortes branches repliées à crochet, comme en la Figure 16. On s’en feruira de cette façon : On mettra l’auis pointue dans l’aneau autant qu’on pourra fans force, acrochant les deux branches à la chaifiie -, apres on tournera l’auis ordinaire auec vne maniuelle longue de deux pieds : &C par ainfi celle qui va en pointe entrera dans l’aneau,ôc l’ouurira. U feroit bon afin que l’in-ftrument ne tourne pas en tournant la maniuelle, faire vn long manche de chaque cofté de la platine, ou efcrouë, qu’on tiendra bien ferme tandis qu’on mouuera l’auis , ou bien qu’on arreftera contre le Pont-leuis; car il faut toufiours ouurir les aneaux plus proches d’iceluy. On pourra, augmenter la force de cet inftrunient par les moyens que nous auons dit en l’inftrument à ouurir les grilles : le tout fera plus facilement cogneu en la Figure 16.
- Comme
- Inftrument de Fin-ttention tîoeur pour ouurir les aneaux.
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- Comme aufïï les autres deux qui (muent, dont le marqué i3.eft d’vne Autre \nammn auis ordinaire, marqué A, qui poulie en bas la Platine B, & par confe-quentla pointe Cqui ed tranchante des deux codez,comme vn fer d’ef-pieuses pièces des codez feruent pour acrocher laneau, afin qu’il ne descende quand on bailfera le fer.
- L’autre indrument marqué i5.ed prelque femblable,fait dVne auis or- Autre inuennon dinaire, qui pouffe en bas vne platine de fer, qui a au deüous le tran- *m$rHfnent-chant C de bon acier trempé, mettant laneau, ou chaine entre le tranchant C, 8£ la platine de fer A \ en tournant Fauis on taillera ledit aneau, ou chaine.
- L’indrument marqué 14. rompra auffi auec grande promptitude les Autre inmmion aneaux de fer : il ed composé comme ceux-là dVne auis auec fes ailles *, ^wiirumnt• mais lauis au bout E doit edre d’acier,taillée comme vne limé de l’au-
- tre codé F il y doit auoir corne vn couteau,ou foie, la chaine fe met entre deux :La maniuelle doit auoir deux bouts, afin qu’en tournant & de-dournant fouuent promptement on mange le fer.
- Pour dire la vérité,tous ces indrumens font vn peu lents ; toutesfois Autre immion de tres-ajfeurez : On peut aulïi fe feruir dVne boëte en cône pleine de pou- 1 Ætheur-dre,mife dans laneau, le fera lauter plus promptement. Il ed vray que cela fait beaucoup de bruit, outre quon ne fçait pas affeurement en quel endroit elle creuera : c ed pourquoy 1’aimerois mieux me feruir des autres. Cette boëte ed reprenlentée en la Figure 17.
- Si en s’approchant de la Place on edoit defcouuert de la Sentinelle, on Ce quon doit faire refpondra feignant edre des amis, ou qu on porte des lettres de la part du Prince pour donner au Gouuerneur, ou quelque autre fornette pour amufer la Sentinelle : Cependant on s’approchera pour appliquer le Pétard à la première porte:que s’il y a des meurtrières audeffus,il faut auoir des mantelets grandement forts, qui couurent le Pétard, ëe le Petardier ( lors qu’il s’applique fans flefche contre la porte ) lequel fera armé à l’ef-preuue du Moufquet,le pot & le pladron. Ayant mis le feu,il fe doit retirer le plus loin qu’il pourra, 6c fe mettra à codé, ventre à terre, iufques que le Pétard aura fait fon effedt, afin de n’edre endommagé de fon recul, ou des pièces s’il fo creue.
- le ne fçay comme aucuns ofent dire auoir petardé, ou veu petarder Lafirce du Pétard foudenant le Pétard fur l’efpaule,ou fur le genouïi : c’ed vne choie fi ab- Z^artZmfom-furde à ceux qui ont veu fes effe&s, qu’il n’y a apparence, ni raifon que me. cela puiffe edre : car le Pétard fait vn fi furieux recul,que ie Fay veu encrer auant dans la terre à plus de douze pas de la porte qu’on petardoit : iugez vn peu fi vn homme pourroit foudenir cet effort.
- Que fi apres le pont il y a vne herfe qui ne foit point abatue, il faut Pourempefiher, ou mettre les cheualets au deffous, marquez 18. ou bien vne piece de bois romPreles herfes-toute droite dans la couliflè pour empefcherqu’ellenetombe,ou fi Fon, peut monter en haut, tuer celuy qui a charge de Fabatre, empefehant qu’autre n’y vienne, ou fi pn l’a abatue auant qu on y puiffe aller,il faudra appliquer vn autre Pétard à la herfe.
- S’il y a des ponts à bacule, il faudra porter des gros tire-fonds qu oïl Pouriespoms i ba-attachera au pont, &; auec des bonnes pièces de bois qu’on mettra de- CHle-dans, on Fempefohera de tresbucher,ou de s abatre.
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- Tout,
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- Ce que doiuet faire ceux qui font em-ployi^àl'aïlion.
- Lieux defqueh on fe doit fatfir.
- L'ordre du pillage.
- Exemples qu'on ne dçit pillerJitofi.
- L'ordre gr le nobre de ceux qui dotuent exécuter l'aftion.
- 264 Des Ataques par furprifè,
- Tout à Tinftant apres que le Pétard auraioüê, les premiers s en iront, au Corps de garde proche, pour tuer ceux qu ils treuueront dedans -, cependant ceux qui les doiuent féconder arriueront aufecours,&: mettront les ponts où il fera neceffaire, appliqueront les autres Pétards à ce qui re-fte *, quand tout fera ouuert, le Petardier fe peut retirer, car il aura taie ce qui ell de fon office. Ce leraapres à ceux qui font préparez à donner dans les Corps de gardes, à repouffer 6c deffaire ceux qui fe prefente-ront. Cependant le fecours du gros quieftoit alfemblé vn peu à l’efcart arriuera, 6c renforcera ceux- cy, 6c les vns fe tiendront dans les Corps de garde ja pris,fe retrancheront afin d’eftre affeurez de la porte,& des lieux doù ils ont chafsé ceux de la Place. Les autres s en iront rompre les barricades quon commencera à faire dans la Place, repouiler ceux qui fe, prefçnteront *, car la promptitude empefehe qu ils ne fe puilïent rauifer 6c raffembler. On pourfiiiura toufiours ainfi,& Ton ira aux lieux publics, comme aux Places où Ton fait les Corps de gardes,aux Eglifes,Arcenals, & autres lieux forts, ainfi que nous auons remarqué aux autres entrepri-fes, à tous lefquels on mettra des bons Corps de gardes : Et perfonne ne doit fe defbander pour aller au pillage, iulques que tout foie calme, 6C quon foit maiftre de la Place. Que filon veut donner la Ville au pillage, il feroit très-bonqu’011 marquait les Quartiers de la Ville par billets, 8C les faire tirer au fort par les Capitaines, lefquels feroient aflembler le butin qu’ils treuueroient pour le partager également : mais ces ordres ne, s’obferuent iamais en ces a étions ; car foudain qu’on eft entré, chacun fe iette où bon luy femble, 6c où il croit auoir plus d’auantage,&: pille tout ce qu’il peut, d’où s’enfuit vne grande confufion : car bien fouuent ceux qui entrent, au lieu de combatre s’amufent à piller & violer, 6c cependant ceux de dedans quelquefois fe ralient, 6c les rechalfent3ainfi qu’on a veu plufieurs fois. Vne des caufes qui fit perdre la bataille à Darius fut que les fiens fe ruerent trop toit fur le pillage de l’armée d’Alexandre. Le Roy Charles VIII. gagna la bataille de Fornouë, parce que les ennemis fe mirent trop toit à piller. Le Roy Louys XI. perdit la bataille de Guignegafte en Picardie cotre le Roy des Romains pour la mefme caufe. Cazanier à la prife de la Ville d’Exechium,défendit qu’on ne prift aucun butin,ni prift aucun Turc vif, iulques qu’on fuft maiftre de la Place. Iu-das defend le méfme contre Gorgias qu’il vainquit. Dorimachus eft chafsé d’Egira qu’il auoit furpris, 6c mourut au fortir de la porte pour auoir pillé trop toft.
- Encor qudnfarriue pas d’eftre toufiours rechaffez, il fe pert prelque autant de bien qu’il s’en prendra Ville fe brtifle,& tout fe ruine *,ce qu on doit euiter aux Places qu’on veut garder apres la prife j &: cela ne deuroit eftre permis que lors qu’on le fait pour fe venger,ou pour purementnui-xc à l’ennemy, comme font les Cheualiers de Malte contre les Turcs &C autres infidelles.
- L’ordre &C le nombre des Soldats qui deuroient eftre employez cm cette aétion pourrait eftre tel.
- Le Petardier auec fes Ajutans marchera le premier, 6c fera fon office. L’Auantgarde fera de cinquante hommes de pied conduits d’vn Capitaine , armez de cuiraffies 6c pots à preuue du Moufquet, auec Arquebufès
- à rouet
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- à rouet ( qui font meilleures que celles de mefche, pour n eftre pas det eouuerts de loin, & pour tirer plus facilement) oupiftolets & courtes efpées. Apres fuiuront deux cens hommes conduits de deux Capitaines, & deux Lieutenans, ou Enfeignes, armez d’halebardes, pertuifanes, demi-piques, armes-d’aft, fpontans, 6c autres fèmblables. A ceux- cy fuc-cederont cinq cens, tant Piquiers que Moufquetaires, conduits par va, Sergent Major, 6c quatre Capitaines -, le refte du gros fè tiendra vn peu à l’efcart en bataille, auec la Caualerie en bon ordre, attendant que les premiers ayent fait leur effort pour les aller fecourir. Ceux-cy doiuent conduire des munitions à fumfànce pour eux, pour les premiers entrez, 8c pour en garnir les Corps de gardes 6c lieux forts de la Place, afin de fou-itenir contre ceuxqui voudroient les en chafTer.
- Si l’onpetarde deux ou trois portes en diuers endroits,& efcalade d’autres tout à la fois *,ce quon doit faire toufiours, afin de diuertir la force de ceux de dedans, 6c les mettre en tel trouble quils ne fçachent de quel cofté aller,on diftribuera fes Soldats en autât de corps, 6c donnera l’ordre à chacun où il doit aller eftant entré , de quels lieux on fe doit fàifir, 8C quels on doit garder.
- Que fi l’on ne veut pas gafter la Place apres l’auoir prife, on donnera l’ordre auparauant d’enclouër le Canon, afin d eftre aflèurez à la retraite. Pour moy ie ne voudrais faire cela que feulement lors quon feroit preft à s’en retourner : car il fè treuue quelques fois des lieux dans la Place aflèz forts, où ils fè peuuent retirer, 8c fi on a le Canon, on les force à fè rendre,comme il arriua à la prifè de Sain&e More par les Cheualiers de Malte fur le Turc y pour auoir enclolié trop promptement le Canon, on fo treuuafruftré du butin, parce qu’ilsauoient le meilleur dansvn bafti-ment aflez fort, où ils fe retirèrent, 8C fe défendirent contre ceux qui eftoient entrez, &; on n’eut pas dequoy les forcer, qui fut caufè qu’il ra-lut s en retourner auec peu de gain *, car il euft efté dangereux de s arrefter 4à plus long temps, eftans trop peu de monde pour refifter au grand nombre qui fè fuft aftemblé contre eux. C’eft pourquoy le Chef qui conduit l’entrepçifè aura efgard à la difpofition du lieu, à l’intention de l’entreprife, 6c aux autres circonftances pour donner les ordres qu’il treu-uera eftre à propos.
- Outre les Pétards, on porte quelquefois des efchelles, principalement aux lieux où il n’y a point de fofsé, ou lorsqu’il eft fec 6c facile à paflfer : Alors aüfïi toft que le Pétard aura ioüé, fur le bruit de l’alarme, on applique autre part les efchelles 6c entre dans la Place.
- On fera aduerti qu’il ne faut pas feulement porter les Pétards qu’on_ croit eftre neccflaires : mais encor en auoir toufiours quelqùvn de plus, afin que s’il y en a qui manquent par quelque accident, on en ait d’autres pour mettre en la place.
- De mefme doit eftre des Petardiers, lefquels pour eftre en très-grand danger, il fèra bon qu’il y en ait plufieurs félon la qualité de l’entreprifè.
- Le Petardier doit aufïi porter quant 6c luy certains inftrumens, comme vn marteau,quelques doux,des tire-fonds, deux ou trois aiguilles ou poinçons à remuer l’amorce, de la poudre,eftoupin, 6c ce qu’il iugera luy pouuoir feruir.
- LL i II
- uitaquer plufïeun lieux à la fois.
- Ce qu’on doit faire ne voulant pas garder la Place.
- Petardat vne Place faut tefialader de l'autre cofté.
- Porter plujteurs Pétards.
- Il faut plujteurs Petardters.
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- Çaualerie mceffah pour les rftmfes.
- Çonclujion.
- 266 Des Ataques par furprife.
- Il 11e fe peut efcrire mille accidens qui peuuent arriuer diuerfement à chaque entreprife : Le Chef y doit remedier par fon iugement, expérience &c ouuragejequel ne fe doit pas eftonner lors quil arriue quelque choie qu’il 11 a pas prémédité ; car aux chofes douteufes la fortune fournit de
- çoniéil.
- Auant qu’aller furprendre la Place on doit auoir difposé & du fecours & de la retraite, parce que ces a&ions font fort hazardeufes, & l’euene-ment douteux. Il faut aiioir de la Caualerie qui fauorife la retraite^ quoy elle efttresmeceflàire,comme aufli pour batre la campagne, & prendre ceux qui voudraient entrer dans la Place,donner aduis de lentreprife.
- Les gens de pied font comme le corps qui agit, & fait les executions* la CauSerie doit eftre à l’erte pour preuoir,yojr &C empefcher les accidens extérieurs qui peuuent arriuer à ce corps.
- Dans ce Difcours nous auons parlé des chofes qui font touffeurs ne-ceifaires à lentreprife, fçauoir, les inftrumens ,leur forme, leur mode, le lieu,le temps & lesperfonnes qui doiuent executer ladion. C’eft ce que nous auions à dire fur les furprifes, aifeurant le Ledeur que nous n y auons rien mis qui ne foit tresraffeuré,§£ expérimenté auec beaucoup de frais &c de peine. Ceux qui liront cecy peuuent hardiment mettre en* œuure toutes ces inuentions fans crainte de faillir ,pourueu qu’ils obfej> uent ce que nous auons efcrit.
- 'PLANCHE XL /,
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- SECONDE PARTIE.
- DES ATAQVES
- PAR FORCE.
- T>ES LONGS SIEGES, ET ‘BOVCLEMENS
- des Places.
- Chapitre XII.
- N toutes les Ataques precedentes,ni l’affaillant, nil’afi failly n ont pas delployé toutes leurs forces : car ces Ata- Qtelles places en ques ne fe font qu’aux Places, ou qui font mal-gardées, ^ prmdre par ou qui ont leurs entrées peu couuertes, &C faciles à fur-prendre : mais lors que ceux de dedans font vigilans à la garde de leur Ville, qu’ils fortifient bien leurs entrées auecplufieürs Portes &c Ponts-leuis, de façon qu’auant que l’ennemi en ait pris la moitié , ceux de la Place font en armes pour défendre l’autre.
- Pour emporter ces Places on fe feruira de la force ouuerte, laquelle peut eftre employée en l’vne des façons fuiuantes.
- Le plus long, le plus fafeheux, celuy qui coûte le plus de tous les Longs jîeges f*f moyens quon a de prendre les Places, c’eft par les longs Sieges, qui fo ’ mat* tm~
- font empefchant quil n entre aucun feçours, ou auitaillement dans la,
- Place -, tellement-que les habitans apres auoir mangé leurs prouifîons, prelfez par la faim,& par la neceflité,foient forcez à le rendre. Cette forte de Siégé, bien qu’ellefoit de grandiffime defpenfe pour l’argent -, tou-tesfois elle eft de grandiffime efpargne pour les hommes:car fans efpan- . cher le fang ni d’vn cofté ni d’autre, on vient à bout de l’entreprife, & p rend la Place toute entière. Cefar difoit qu’il fe feruoit contre l’ennemi du mefme confeil que les Médecins contre les maladies, de les vaincre plus par la faim que par le fer.
- CONSIDERATIONS QV'ON DOIT AVOIR amnt qu entreprendre <vn long Siégé.
- Chapitre XIII.
- Et te façon de prendre les Places ne peut eftre pratiquée Quelles places ne par tous,ni en tous lieux, &C doit on auoir des grandes confi-derations auant qu’entreprendre vne fi grande œuure.
- Les Places aufquelles on ne peut pas empefeher le fe- bernes marin-
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- Z70 Des Ataques par force,
- il ne feruiroit de rien de les afïîeger d’vn cofté, fi de l’autre ils ont touf-iours rafraifchifTement.
- Celles dont la carn- On ne içauroit aufli prendre les Places par long Siégé, aux enuirons
- fagwpmt ejire m- defquelles on peut mettre l’eau, & inonder tout le pais quand on veut, Bn comme en toute la Zelande, &c la plufpart de la Hollande, parce que lors
- que ceux de dedans feront preffèz trop viuement,ouurant leurs digues ils noyeront tous ceux qui font autour de la Place, ainfi qu’arriua à l’Elpa-gnol aflïegeant Leyde Ville des Hollandois : le mefine peut eftre Fait par toutes les Places de la Frife, 8c autres pais circonuoifins.
- Qui ont les torrent s On ne doit non plus eflàyer à prendre les Places en cette façon qui font
- aatoarjujets a fe enuironnées de riuieres,ou torrents,lefquels ont acouftumé de fe defbor-w der, couurir la campagne -, à quoy lï Ton ne peut remedier par les,di-
- gues^u antre moyen, on fe mettroit en hazard qu aux meilleurs coups il faudroit fe retirer auec perte & confufion (ans rien faire.
- Coni Ville de Piedmont eft de cette façon : fon Site eft efleué, erîui-ronné de deux torrents qui croiffent tous les Eftez, & font tellement furieux que toute la valée fe remplit d eau, 8C n y fçaiiroit-on paffer par aucun aftifice. s y
- Les Places mmf- Les Places marefcagçufes qui font feches en temps d’Efté, &C en Hy-cageufes. llCrenuironnées d’eau,font auffi fort difficiles à eftre afliegées: car il ne faut pas faire eftat de fe camper deuant icelles dans le marefcage} & fi Ton fe tient au delà,il faudra faire vn grandiflime contour de retranchemens, & par confequent beaucoup de monde pour les garder.
- Il eft vray quon peut dire qu a cette forte de Places il fuffit de garder les auenues par terre moy ie tiens qu’il eft neceflaire de garder tout le
- tour,parce que s’il y a quelque partage ouuert,aftèurementonle treuuera, quand bien il faudroit paffer auec bateaux, ou par autre inuention. Or le Siégé ne fo fait que pour empefcher les viures $ fi on les laifle entrer par où que ce foit,il n y a point de doute qu on ne prendra jamais la Place. celles qui fim dans Celles qui font dans la mer ne peuuent pas eftre prifes par longs Sie-
- Umer. ges, à caufe de l’inconftance de la mer,qui ne permet pas qu’vne armée
- nautile fe puiffe tenir toufîours autour dvne Place, & principalement en temps d’Hyuer, outre que la plufpart de ces lieux eftans forts par nature, ont befoin de peu de garnifcn. C eft pourquoy peu des viures les peuuent entretenir long temps. Si toutesfoison auoitles ports de mer voi-fins,ô£ que la Place n en fuft pas beaucoup efioignée, on pourrait empefcher qu elle ne fuft aucunement fecouruë,&; la tenir bouclée à la faueur de ces ports,
- Les cbajîeaux fur II y a aucuns Chafteaux fitüez fur des rochers inacceflibles dans terre, foies0'13™tmCC^ (ïu^ Peuuent encor eftre gardez auec peu de monde, & par confequent auoir munitions pour long temps. Ce feroit folie qu’vne armée fe tinft deuant attendant qu’ils euffent mangé toutes leurs munitions, car elle fe treuueroit pluftoft incommodée que les affiegez.
- On ne doit iamais entreprendre de forcer par long Siégé toutes ces fortes de Places, & autres femblables, foit à caufe delà nature du lieu, qui empefehe qu’on ne fe peut tenir toufiours deuant, ou parce que ceux de dedans peuuent eftre long temps fans auoir faute de viures, ni de munitions.
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- LiurelL Partie IL 271
- En general les Places les plus peuplées font plus propres à eftre prifos en cette façon, (fautant que les viures font bien toit confommez quelle prouifion qu’il y en ait. Les petites Places de guerre, foit en terre, foit en mer, où il y a fort peu d’habitans, &c auiquelles peu de Soldats font ne-çeffaires pour les garder, font affeurées contre les longs Sieges, parce que peu de viures leur durent long temps , &; vne armée fe confommera pluftoft qu?ils n auront acheué leurs munitions. C’eft pourquoy il vaut, mieux tafeher de prendre les Places de force, car combatant, ce petit, nombre fera pluftoft affoibli que leurs viures ne feront confommez par la longueur du Siégé.
- Il né fijffit pas dempefeher feulement que la Place ne foit fecouruë : mais il faut auffi aduifer fi l’armée affiegeante le pourra eftre,& auoir des viures §£ munitions autant qu’il en fera de befoin, fans qu’ils puiffent eftre empefehez : car il feroit tres-impertinent de vouloir forcer les autres par faim fi Ton eftoit affamé le premier. En cela ceux de la Place ont cet auantage qu’ils fe peuuent prouifionner pour long temps, là où dans fe camp il faut auoir tous les iours des viures. C’eft pourquoy quand on fera en païs eftranger,ou bienauant dans les terres de l’ennemi,on ne fera point de long Siégé, fi ce n’eft qu’on ait tout le païs derrière foy en fe poiTeffion libre, ûns aucun foupçon que l'ennemi puiffç empefçhçr les conuois des viures & munitions.
- Ce feroit peine perdue de vouloir affieger les Places par long Siégé, qui font à vn Prince qu’on fçait bien qu’il pourra faire vne armée beaucoup plus forte, auec laquelle il eft affeuré qu’il forcera quelque quartier pour lecourir la Place,
- On ne doit pas auffi entreprendre ces Sieges, lors que pour les faire on dégarnit les autres Places,& par ainfi on fe met en hazard euident de perdre ce qu’on a d affeuré fous l’efperance de l’incertain : car il n’y a point de doute que l’ennemi pour diuertir le Siégé tafehera de furprendre quelque autre Place, ou la forcer, ce qui fera fort aisé fi elle eft defpourueuë de Soldats. De cecy on en a veit des notables exemples aux guerres des païs bas,83 particulièrement en la Place de Menin, qui fe perdit pour 1 a-uôir defgarnie penfent en prendre vne autre.
- Il faut outre cela eftre affeuré d’où Ton pourra faire leuées de nou-ueaux Soldats, au lieu de ceux qui meurent, ou qui s en vont, &; des munitions pour les entretenir pendant tout le Siégé -, meftnes il feroit bon lors que l’armée eft partie pour aller affieger quelque Place principalement en païs effranger, quïly euft vne autre armée fur pied pour rarïaif-çhir & renouuteller l’autre lors qu elle feroit affoiblie.
- Le principal de tout eft d’auoir de l’argent en quantité pour payer l’armée : car fon defautameinela defobeïffance *fe defobëïflànce,lamu-tination *, la mutination, le defbrdre, 6c interrompement de tous les def-feins. C’eft pourquoy il en faut auoir à fuffifance pour maintenir l’armée durant le temps qu’on s’eft proposé, 6c encor bien dauantage *, car à la, fin on treuuera çoufîours qu’il y aura du mefcontç, & pluftoft faute que de refte.
- Les plus peuplées [ont plus faciles À eftre ainfi forcées.
- Varmée affiegeate doit auffi auoir fe-cours,
- On ne doit ainfi affieger les Places quon peut fecourir . auec grand force.
- Pour faire vn Siégé on ne doit pas def-garnir fes ‘Places.
- Faut auair muud-les recreués.
- ; Faut, auoir- de l’argent.
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- CE
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- temps plus propre à faire les longs fteges,
- La faifpn plus propre.
- Exemples,
- Exemples,
- z7 2 Des Ataques par force,
- CE QV’ON'DO 1T FAIRE DEVANT
- que mettre le Siégé.
- Chapitre XIV.
- V i s quon fe propofe de forcer la Place à fe rendre par la faute des viures, on doit prendre le temps le plus propre , qui fera lors quil y aura moins de viures, ou plus de monde dans la Place, comme s’il s’y fait quelque a£ femblée,comme de Foire,ou quelque folennité,ou pour quelque Fefte, ou pour quelques îeux de refîouïffance publique, que le monde foit conuenu dans la Place, ce qu’on peut encor procurer par quelque inuention : Car c’eft l’auantage de l’affai liant qu’il y ait beaucoup de peuple dans la Place, afin qu’ils conformaient pluftoft leurs viures -, 6c bien qu’il y ait grand nombre de peuple dedans, la force, n’en eft pas beaucoup plus grande, parce que la plufpart n eft propre à fe feruir des armes. Et puis il faut confiderer qu’en cette façon de Siégé on ne combat qu’auec la patience, & que ceux de dedans ne fçauroient cm-pefcher qu’on ne fe campe deuant la Place.
- La faifon la plus propre eft deuant la récolté, parce qu’alors on a mangé la plulparr des referues qu’on auoit fait l’année auparauant, 6c qu’on s’attend de faire nouuelles prouifions*,que fi Ion eft fruftré de la moiffon, on a bien toft acheué celles quireftent. Aucuns eftimentquil eft mieux apres qu’on a femé, mais c’eft fans aucune commodité : car il faudra que l’armée hyuerne dans le camp, 6C au Printemps on ne fera pas plus auan-cé que fi l’on y arriuoit alors : il vaut mieux leur lailfer manger leurs viures pendant l’Hyuer, fans s’incommoder, ni faire ladeipenfe d’entretenir l’armée pendant ce temps là, qui à peine pourroit fubfifter contre l’in-temperature de la faifon, laquelle on mènera apres toute frefche lors que les autres auront à demi confommé leurs munitions, leur oftant à leur befoin l’efperance d’en auoir des nouuelles.
- Fabius Maximus ayant gafté les champs des Campanois, fe retira au temps des femences, afin qu’ils confommaffent le refte du bled aux fe-mailles, 6C reuint apres qu’il commença à naiftre, 6c le gafta, 6c ainfi furent facilement affamez. Antigonus fit de mefme contre les Athéniens.
- Si auparauant on auoit quelque commerce auec ceux de la Place, & particulièrement pour les viures, comme ceux deSauoye auec ceux de, Geneue, il fera défendu tres-exprelfement qu’aucun n’en puiffe porter, diftribuer, ou vendre en quelque façon que ce foit à ceux de la Place, ni à leurs confederez-, au contraire on tafehera fi l’on peut dempefeherque des autres lieux d’où ils en peuuent receuoir ne leur en foit fourni,les fai-fant acheter fous main,& tranfporter autre part. En fin on empefehera, qu’ils ne facent leurs prouifions,ou qu’ils lesfacent les plus petites qu’il fe pourra.
- Dionyfius voulant ataquer les Rheginois feignit la paix auec eux,leur demande vituaillespour de l’or,6c les ayant dégarnis les acaqueôC prend. Phalaris Agrigentin voulant affieger quelques lieux munitionnez en Sicile feignit la paix auec eux, leur configna, & mit dans la Ville grande
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- Liure II. Partiel. 273
- quantité de grains pour luy garder : mais il fit en forte que les Cens percèrent fecrettement le toid des greniers * de façon que la pluye tomboit dedans par tout : Eux ce fians à ce bled, duquel ils s afleuroient s’en feruir au befoin, mangent cependant le leur. Phalaris reuient au commencement de FEfté, les ataque^ ilsouurentles magafins, treuuent tout le bled gafté,en fin font contraints à fe rendre, forcez par la faim.
- L'ORDRE QJ'ON VOIT TENIR
- four commencer les longs Sieges.
- Chapitre XV*
- E font les conliderations qu’on doit obferuer deuant> ladion en laquelle on tiendra 1 ordre fuiuant.
- En s’approchant de la Place,on fortifiera tous les lieux Lieux par où tm par où Ton paffera, ou qu’on laiffera derrière foy, afin que le palTage des conuois foit toufiours alfeuré > autrement il enarriue grande cherté de viures, & autres ne-cdfitezdans l’armée, comme on a veu à ces dernieres guerres d’Italie.
- On fera des ponts fur les riuieres aux paflàgesneceflaires,les fortifiant Ponts doiuent eïtre tres-bien, ainfi que nous auons dit cy dçiiant, & laiflant garnifon par Hfc" tous les lieux fortifiez.
- Si par les grands chemins il fe rencontre des grands bois, on en fera des foùdoi-
- couper vne partie pour dlargir les chemins & fi le bois s’eftendoit iuf- uem e^rs cm^’ ques aux terres de l’ennemi qu’on ne tiendroit pas, on fera quelque Fort au commencement, ou au milieu, félon qu’on treuuera plus à propos, auec garnifon dedans. De mefme fera- t’on aux vallées, & paffages dangereux aufquels Pennemipeut venir à couuert.
- Quant au nombre des Soldats qui font necelfaires, npus n’en dirons Le nombre des Sol-rien \ en cccy il faut fe conformer aux cirçonftances qui fe rencontrent, ^Je Pm eHre qui font la grandeur &c enceinte de la Placera fituation,ou païs qui l’en-uironne, le peuple qui eft dedans, 6L la force du Prince qui la doit fecou-rir. Sur ces points on délibéré meurement, &c PIngenieur ne gouuerne pas cecy, mais le Confeil du Prince & des Chefs de l’armée,qui fe fait à loifir *, à cecy on y fonge plus de trois fois. En general on fçait bien qu’il faut Infanterie &c Caualcrie , les vns pour faire le Siégé, les autres pour garder les conuois, à quoy la Caualerie eft plus propre, comme aufll pour batre la campagne, &; defcouurir l’ennemi.
- Il faut moins d’Artillerie à cette forte de Sieges qu’aux autres, à caufe que ne foifànt aucune force,on ne s’en fert qu’en cas que ceux de dedans, ou ceux dehors pour le fecourir vouluflent forcer quelques Quartiers du camp.
- Les Pionniers font tres-necelfaires pour faire les Forts, dreffèr les tran- pionniers necejfd-chécs,& fortifier les Quartiers. leftime que c’eft vne des plus vtiles par- res Pour fMre lei ries de l’armée pour mettre en eftat promptement ces premiers trauaux, om‘ qui font les plus grands 8C les plus longs à foire, aufquels on peut employer ces Pionniers pour foire grande diligence,& bien qu’ils ne feruent pas aux lieux périlleux, ils font icy tres-necefïaires.
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- Cefi Ioffice de ^Ingénieur de fortifier les Quartiers,
- Place dans le corps de UE fiat comme doit efirs ajfiegée.
- Faut y faire des Forts pour empef-cher le fecours.
- «Anciens feferuoiet de tours de boù au lieu de Forts,
- Inuention admirable de tydutheur no encor déclarée.
- i74 Des Ataques par force,
- il n’eftpas befoin de redire comme il faut fortifier les lieux par où Ion paffe, parce que nous en auons parlé afTez amplement dans la Fortification , ni auffi l’ordre qu’on doit tenir au marcher de F armée, ni en la di-ftributiondes Quartiers, d’autant que cecy demande vn lieu particulier* & en vn autre traidé,l’office de l’Ingenieur ne s’eftendant pas a cela,mais feulement à la Fortification des Quartiers, & donner l’ordre du boucle-ment de la Place, comme on la doit enuironner de retranchemens, cm quelle façon doiuent eftre les Forts, en quelle diftance, de quelle forme, êc telles autres circonftances.
- DIVERSES MANIERES DE METTRE les longs Sieges.
- Chapitre XVI.
- Vand la Place qu’on veut affieger eft dans le corps do l’Eftat, comme des rebelles, ou lors quon tient tout lo païs, & toutes les Places qui font bien loin autour,de façon qu’on ne craint pas que l’ennemi puiffe donner fecours fans premièrement forcer plufieurs lieux *, alors il faut feulement mettre des Garnifons dans les Villes 8C Villages voifins , garder les paffages des riuieres &6des chemins *,& défendre tres-cxprefTement qu’on n apporte aucuns viùres dans la Place, ni conuerfer auec ceux de dedans, chaftier tous ceux quifortiront hors de la Place, SC n’empefcher perfbnne de ceux qui voudront entrer,pour-ueu que le nombre & les perfonnes qui entrent ne foient pas capables de faire corps afTez puifTant pour faire tcfte &c forcer quelque lieu circonuoi-fin : car tant plus de peuple ils feront dedans,tant plus toft ils auront mangé leurs viures,& feront forcez à fe rendre. Alexandre voulant affieger Leucadie prend tous les Villages d’alentour, &: laiflè aller dans Leucadie tous ceux qui voulurent, afin qu’ils fulTent plus toft afïàmez.
- Pour eftre plus affeuré,8c pour empefcher plus eftroittement que per-fonne ne leur donne aucun fecours, on fera des Forts tout autour de la. Place, efloignez d’icelle de la portée du Canon, &C de Tvn à l’autre qu’il y ait des tranchées bien larges &C profondes. En cette façon rien ne pourra entrer dans la Place fans qu’on le fçache $mais il y a plus de trauail à faire qu’en la precedëce. Nous dirons cy apres corne on doit faim ces For ts,leur matière, &c leurs mefures, &C tout ce qui eft requis à ce fujetpar le menu.
- Les Anciens au lieu de ces Forts fe feruoient des Chafteaux & des tours de bois, comme on peut remarquer dans Polybe, en plufieurs Sièges des Romains.
- Nous auons parlé en la Fortification de la forme des Citadelles &: Forts de Campagne en general, mais ici nous parlerons plus particulièrement de leur conftruâion.
- l’eufTe donné icy vne inuention tres-belle, auec laquelle on peut tracer toute forte de Forts,de quelle Figure qu’ils foient, de nuid,fans aucune lumière, ni clarté, &C fans bruit : ie me referue d’en parler vne autre fois*& en faire vn traidé particulier.
- On.
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- Liure II. Partie II. 275
- On fait aucuns de ces Forts quarrez Amplement, fans aucuns flancs, Forts CjMrrc'^fmi lefquels on appelle Redoutes, 6C fe mettent dordinaire entre deux des autres grands Forts, lefquels on fait en Eftoille à quatre, à cinq, ou à fïx F * °ms‘ pointes,ou bien comme Battions,qui font les meilleurs de tous. Dans la Planche 4i.qui fuit on peut voir diuerfes formes de ces Forts.
- T>E LA CONSTRUCTION DES FORTS gÿ tranchées necejfaim au houclement dvne Place.
- Chapitre XVII.
- A R c e que fouuent on a affaire de ces Forts,& prefques toufîôurs promptement, fans auoir Ioifir d’afïèmbler maffons, ou autres ouuricrs -, afin quon ne foit pas em-pefché à la mode de les conftruire, nous la mettrons icy fuccinâement.
- Premièrement on tracera fur le terrain le Fort detelle Forts comme âoiuet Figure & grandeur qu’on le veut, félon les mefures que nous auons def-crites en la Fortificationr comme auffi la largeur du fofsé -, car c’eft là cemm vnt a' première chofo qu’on doit faire, & par où l’on commence le Fort, apres auoir marqué le contour d’iceluy par vne petite foffete , afin qu’on la, puiffe recognoiftre , & fait leuer toutes les motes vertes qui font par deffus la fuperficie du lieu où doit eftre le fofsé &C le rempar, lefquelles on mettra à part. En creufant le fofsé on iettera la terre qu’on fortira d’iceluy en dedans le contour ou trace qui fera faite de la Place, la batant tres-bien,mefme fera bon la mouiller fi on a la commodité de l’eau,principalement aux extremitez, lefquelles pour les faire très-fermes,& qu’el-les duraffent long temps, en accommodant la terre ic voudrais mettre des planches au deuant fouftenues àuec des paux, & batre bien fort la terre contre ces planches, ainfî qu’on fait le pisé. Quand vous aurez mis vn pied de terre, ou vn pied & demi, vous rangerez vn lic£t de fafcines: fi voftre Fort eft pour durer long temps, il vaut mieux qu elles foient vertes, parce quelles font racines, & s’entremeflent parmi la terre, qui en eft mieux fouftenuë, &c dure plus long temps, principalement fi les fafcines font de faule, ou d’autre bois qui prenne racines facilement. Il Graine de foin fait n’y a rien qui faflè mieux tenir la terre enfemble, que d’y fomer parmi de la terre en vn
- la graine de foin, & mieux encor de gramen, appellé dent de chien,qui fait des longues racines : c’eft pourquoy il feroit bon en femer fur toutes les faces du trauail. Entre les fagots vous trauerferez quelques pièces de Conftrnmon des bois jpar apres remettrez de la terre par deffus,comme vousauez défia FmSm fait, continuant ainfî iufques que vous aurez efleué douze, ou quinze pieds par deflùs la campagne, qui fera la hauteur des rempars -, leur ef-paiffeur fera de 30.0U 4°-pieds *, le talu qu’on leur donnera fera la moitié, au plus les deux tiers de la hauteur. Si vous ne bâtez pas la terre contre les planches,ainfî que nous auons dit, vous mettrez les mottes vertes que vous auez referuées au deuant de la terre,en hauffant les rempars 5 & afin quelles tiennent mieux, vous les ficherez auec des piquets qui entrent dans le terrain , les ioignant bien auec la terre que vous mouillerez, &C
- M M 3 entre
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- 376 Des Ataques par force,
- entremeflcrez afin que la liaifcn en foit meilleure. Quand vous aurez acheué d?efleuer le Rempar a cette hauteur, vous ferez le Parapet pat deffus ,ou de terre auec des canonnières, ou de barriques, ou dautrç> choie,ainfi que nous auons dit en leurs lieux,afin que les Soldats puiffenç tirer à couuert.
- ^ygtur des Que fi le Canon de la Place peut porter iufàues là, de ce cofté on fera
- *ààt\a ^es4eu*°u*4-piedsd’efpais,quifumrontpour refifter au Ca-tfaaf U non,qui n’aura pas grande force tirant de iî loin. Les Battions, ou poin-
- tes feront mafliues, fur lelquelles on tiendra les Canons : la montée du Rempar fera aiséepar tout, çommp nous auons dit à ceux des grandes Places fles mefures feront obferuées proportionnellement comme à ceux là : les folfez feront aufli larges que les Rempars, & profonds iufques quon ait de la terre à fuffifànce, Au deffus des Contrefcarpes, vis à vis du milieu des Courtines, on doit faire des petites Demi-lunes,& principalement du cofté oùeftla porte, où il fera bon faire quelque petit Ra-uelin fofloyé autour, ainfi vous aurez voftrp Fort acheué. fentens icy parler des petits Forts qu’on fait autour dvn Siégé, ou autre part où ils, feront neceflàires : car lps mefiires que nous donnons icy des elpaiffeurs &L des hauteurs doiuent eftre plus grandes aux grands Forts, qui ftruent pour Citadelles, ou gardes des paffages car alors il faut les faire plus efpais, les folfez plus larges, ô£ les Rempars plus hauts, 8c tout le corps de la Place plus capable 5 toutesfois s’ils font de terre, la façon de les ba? ftir fera de mefme que celle que nous auons donné. Nous auons mis les Figures de çes Forts en la Fortification, & en la Planche fuiuante. f es Soldats qu’on Dans ces Forts on tiendra les Soldats en garnifon, cinq où fix cens
- Fm!mr m ** ^ans cha(îue F°rt 5 plus moins felon la grandeur du Fort, qui feront logez dans des hutei de planches qu’on dreflera dans iceux.
- Tranchées d’vn Apres de l’vn à l’autre on fera des tranchées en la façon fuiuante. II faut
- fon à i’aum. creufer vn fofsé de u. à t$. pieds de large, profond de 5. ou é.pieds, & la,
- terre quon oftera de ces folfez,on la mettra dVn cofté §£ d’autre, qui fer-uira dé Parapet. Ces tranchées doiuent eftre menées toutes droites d’vn Fort à autre , afin qu’elles puiflbnt eftre enfilées par iceux, & quelles aboutiffent au milieu de ces Forts, delquels fera la moitié vers la Place,& lautre moitié de l’autre cofté. A ces tranchées on fera vn degré alfez haut pourpouuoir tirer,on ouuriraaufli les Canonnières au Parapet,lelquelles on pourra faire commodément auecdes briques quon mettra de chaque cofté de la Canonnière, & par deffus, laiflànt feulement la fente du co -fté de la tranchée pour mettre le Moulquet. Elles feront ouuertes par dehors d’vn pied, ou d’vn pied & demi, plus ou moins félon l’efpaifleur du Parapet. On pourra faire femblablement les Canonnières aux Forts, qui feront ainfi tres-bonnes, d’autant qu’en çes liçux on ne craint pas les el-clats comme dans les Places afliegées.
- Çornhietf doiyeqt On fera ces Forts elloignez l’vn de lautre de trois cens pas, afin de. tefa mJ? pouuoir les entredefendre auec le Moulquet, & elloignez de la Placer
- 9r s ea ’ quatre ou cinq cens pas pour neftre pas moleftez du Canon d icelle, lequel à cette diftance aura peu de force : tellement que pour aflieger vne Place de fix Baftions, qui aura trois cens pas de diamètre, fi l’on veut |’enqironner de Forts à trois cens & quelques treze pas lvn de l’autre,
- elloignez
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- Liure II. Partie IL 277
- efloignez de la Place de quatre cens pas, il faudra onze ports, à chacun, delquels fi Ton met fîx cens Soldats, il faudra 6600. hommes pour les garder tous.
- Si la Place eftoit bien garnie de plufieurs Canons,il feroit fort dangereux &c difficile de baftir ces Forts fi proches de la Place, à caufe quon feroit beaucoup endommagé en la conftruétion, &C molefté en la de-demeure : c’eft pourquoy alors il fera necdfaire de les faire plus efloignez de la Place, c’eft à dire, fept ou huid cens pas. Or pour rien faire pas vn trop grand nombre, il faudra qu’ils foient plus efloignez lvn de lautre, fçauoir de quatre cens pas > car le Moufquet portera iufques à la moitié de cette diftance, &c lautre moitié fera defenduë de lautre Fort > 8c tout ] entre-deux fera par ainfi flanqué à iufte portée: les Fortsfedéfendront deux mefmes. Que fi Ion iuge la diftance de lvn à 1 autre trop grande, on fera des Redoutes entre-deux,lefquelles feront fort à propos, non feulement entre les Forts qui font beaucoup efloignez, mais encor aux autres.
- Dans ces Forts on pourra tenir quelques Fauconneaux, & plufieurs Moufquets à crocs pour aller çercher loin ceux de la Ville,qui voudroiét fortir hors de leurs murailles, ou pour les repoulfer, s’il arnuoit que par furpnfe ils voulufTent faire entrer quelque petit fecours, ce qui (èroit pref-que impoffible,la Place eftant affiegée en cette forte. Ainfi le Roy tient de prêtent affiegée la Rochelle, fous la conduite de Monfeigneur de Richelieu, vray Prince de l’Eglife, puis qu’il expofe fes biens, fon trauail 8C fa vie auec tant d’affedion pour (extirpationde cette prétendue fede, rebelle, 8C pour la tranquillité de F Eftat, 8c laugmentation de la Religion Catholique.
- Le contour extérieur, ou celuy qui eft du cofté de la campagne mon-ftre la façon de ce bouclement des Places, la difpofition, 8c diuerfité des Forts qui peuuent eftre faits, lefquels nous auons mis à deflein en diuer-fes formes, car ôn peut s en feruir de toutes félon loccafion & la commodité.
- aAVTRE MANIERE DE ROVCLEMENT de Places.
- Chapitre XVIII.
- Ors quon craint la force de lennemi, qriil pourra^ mettre fur pied vne armée, 8c faire leuer le Siégé, il faut plus grand nombre de Soldats, &C affieger autrement ces Places. On fera des retranchemens tout autour auec des Redoutes à certaines diftances. Depuis ces retranchemens vers la campagne on laiflera vn efpace capable détenir toute larmée qui affiege, ÔC au delà on fera d autres retranchemens bien plus forts que ceux qui font du cofté de la Place, pour lefquels flanquer &c defendre on baftira des Forts, ainfi que nous auons dit, à la façon precedente de boucler les Places : car ceft de là qu’on doit craindre que le fecours viendra, non pas du cofté de la Place, d où il ne fe>
- peut,
- Lors qu’il y a beaucoup de Canons das la Place.
- Armes qu’on doit tenir dans ce s Forts.
- Retracbemes qu’on doit faire autour des Places.
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- 278 Des Ataques par force,
- peut faire que quelque fortie pour aider a entrer ceux qui les veulent fs-courir. De ce cofté là on fait feulement quelques Redoutes à deux cens pas Fvne de 1 autre, auec des folfez autour *, 8c au milieu des retranche-mens qui vont dvne Redoute à autre -, fi on veut on y fera quelques De-mi-lunçs qui feruiront pour tenir les Sentinelles, 8c quelques Soldats en, garde :tant plus On augmente les defenfes, jtant plus d?auantage on a fur l’ennemi.
- il neft pas neceflaire de parler plus amplement de la conftruâionde ces Forts 8C Redoutes, puifque défia nous les auons clairement défaites en Ja Fortification : il fuffit qu’on en cognoilTe la dilpofition, qui fe voit siégé, de Brçd* re- clairement reprefentée dans la Figure, ou Planche 4*. C’eft ainfi que le marqmkie. Marquis de Spinola affiegea Brçda, où il s’eftoit tellement campé, que fes retranchemeris eftoient aufli forts que la Place qu’il afliegeoit, ainfi quon peut voir en fon plan.
- Exemples des longs Qui voudra voir l’orfe que tint Cyrus, 8C comme il fortifia fon,
- ??$?«: camp pour aflieger Babylone par long Siégé, qu’il life dans Xenophon,
- pu il eft efcrit au long * celuy de Titus deuant Hierufalem, dans Iofephe de la guerre Iudaïque 5 des Romains deuant Lilybée, eft amplement dans Polybe 5 de Philippus contre Thebes,dans le mefine Autheur \ d’A^ gamemnon deuant Troye,dans Homere -, 8C plufieurs autres qu’on treu-uera en diuers Autheurs,qu’il feroit ennuyeux à mettre en çp lieu.
- DES FORTS ET T ONT S OV'ON FAIT
- far les rmieres pour la communication des Camps. Chapitre XIX.
- i"Pour fermer tentée des rivières.
- /
- lï faux bien garder l’entrce des ports de mer.
- I quelque grande riuiere palfoit dans la Ville, il faudrait faire vn Fort fur chaque riue, principalement du cofté &L doù vient la riuiere : que fi elle eftoit trop large> outre» ^ les Forts, ie voudrois la trauerfa auec des chaifiies, ou 1 auec des paux, ainfi que nous ayons dit en la Fortifica-1 tion ,ou bien faire vn pont pour aller dvy Fort à autre, fur lequel on feroit garde -,6c de nui6t on mettroit plufieurs Sentinelles pour les empefeher de pafler par quelque inuention*,car par cet endroit ils tafeheront à fecourir la Place. Du cofté quilfaut aller contre leaupour entrer dans la Ville, peu de chofe les empefchera, principalement fi la riuiere eft tant foit peu courante : car il faut long temps pour aller contre* le cours de l’eau, 8c fe feruir de plufieurs perfbnnes pour ramer, ou beaucoup de cheuauxpour tirenmais ils ne fçauroient ramer fans grand bruit, & eftre defcouuerts de loin, &c moins encor laiflèra ton paifer les che-uaux. C’eft pourquoy quelque Redoute lur chaque bord fuffira de ce cofté là 5 &L fi la riuiere eft fort large, mettre quelques Sentinelles dans des bateaux qui fe tiendront au milieu de la riuiere.
- De mefme fera-t’on aux ports de mer, aulquels on entre par canal: mais il faut faire bonne garde,8£ ne fe fier pas aux chaifnes qu’on y tend, parce qu’on peut pafler par deflus,ainfi que fit Cneius DuelliusConful Romain,eftant enfermé dans le port de Syracufe,fit mettre tous les hom-
- mes,
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- Liure IL Partie IL 279
- mes,& autre pefanteurà la pouppe des galeres,8c les fit ramer auec grande violence, ils payèrent à demi par delfus les chaifîies ; apres fit paffer tout le poids fur la proue, & ramer, & paflà ainfi. De mefme firent les Galeres d’Efpagne dans le port de Marfèille lors que l’entreprife fut def-couuerte.
- le ne parleray point des bouclemens des Places par mer : i’ay aduerti défia autre part que mon intention n'eftoit que parler des a&ions qui font en terre : car celles de mer eftans fort difficiles & differentes de cel-les-cy, il faudroit vn autre volume pour les elcrire : ie retourneray à mon difcours.
- Pour faire les ponts de bateaux,on aura quantité de bateaux félon la, Comme il faut faire largeur de la riuiere, les plus grands, &c les plus efgaux quon pourra, lef-les de batMHX-
- quels on rangera droitement efloignez Tvn de lautre ü. ou 15. pieds. Ces bateaux doiuent eftre attachez à des gros cables qui trauerfent la riuiere: que fi elle eft trop large ,pour empefcner le grand pli qu’ils feront, ilfaut auec des autres cables les tenir bandez, & de tant plus loin, tant mieux: mefmes s’il y a quelque repli à la riuiere, il fera meilleur de tendre la corde qui le tient de cet endroit : car en angles droits, ou tant plus elle s’en approche,tant mieux elle tient -, comme on voit en la Figure fuiuante,où les cables qui arreftent les bateaux du pont F G, les cordes qui les tiennent bandez B C, E D, ou li la riuiere fait vn repli,la feule corde HI le tiendra mieux que les deux autres.
- Si la riuiere n eft pas fort profonde, on pourra planter autant de paux qu’il y aura de bateaux,aufquels on les attachera auec des cordes.
- De penfer affermir les bateaux auec des anchres, cela ne fe peut,parce que pour s’acrocher à la terre,tantoft ils cheminent plus,tantoft moins,fe- Ponts de bateaux. Ion la qualité du fonds, outre qu’apres quils font arreftez, l’eau emportant le grauier,ou fable peu à peu ils changeront de Place;, & en cette façon on ne les fçauroit ranger droitement l’vn apres l’autre, outre que le plus fouuent on ne treuue point la commodité de ces anchres. Par deffus ces bateaux on mettra trois ou quatre trauerfes, fur lefquelles on rangera des planches fortes, ou bien des pièces de bois les vnes contre les autres.
- La Largeur du Pont doit eftre de 2.0.ou i5.pieds, afin que deux char- d(i Pont-
- rettesy puiffent paffer commodément, & qu’il y ait encor paffage pour les gens de pied &c de cheual, y mettant des barrières de chaque cofté.
- On peut faire encor des Ponts où l’eau n’eft pas courante, attachant trefmede Pot. pluficurs bateaux faits comme les fuiuans, qui feront aifez à porter,comme la Figure monftre. On les peut mettre en long s’ils ne font pas allez larges, ou en faire deux rangs : le bateau A fe met lors qu’on le porte fur B,qui eft trainé fur les deux roues C D. Il vaut mieux porter ces bateaux fur des charrettes *, parce que de l’autre façon fi le pais n’eftoit tout vni, auant qu’on fuft au lieu pour s’en feruir, ils feroient ouuerts en pluficurs endroits par les fecouffes,& feroient infailliblement eau.
- II faut eftre aduerti que s’il y a quelque Place des ennemis au deffus Pour empefeherque du courant de l’eau, ou fi le Pont eft fait du çofté de la defcentedela ri- mf9icnt
- uiere, ils pourront laiffer aller quelque bateau plein de feu d’artifice pour "”***'' brufler & rompre le Pont, principalement lors qu’il faut paffer par deffus ce Pont pour porter &: fournir des viures à vne partie de l’armée, ou
- N N quand
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- jAutrt imitntm.
- jiutn inmntïon.
- ui ces Skges on doit principalement em-r pefsher le Jecours.
- 280 Des Ataques par force.
- quand ce ne fçroit que pour incommoder les affiegeans, ce qui fe fait encor facilement la riuiere eftant enflée,fi on laiffe aller les bateaux chargez de pierres.
- Or pour euiter cela, il faudra faire en forte qu on puiffe lafcher d vn cofté les cables qui tiennent le Pont, & par ainfi voyant de loin defeen-dre quelque bateau, ou autre artifice, ayant lafehé vos cables ,1e Pont poulsé par Feau siraranger d’vn cofté, & donnera paflàge à lartifico qui ira à val Feau fans faire aucun effeét -, ou bien on mettra des gros arbres à flotter auec des greffes pointes & crochets attachez les vns aux autres, efloignez cent ou deux cens pas loin du Pont, au deuant le courant de Feau, pour arrefter les bateaux & artifices qui defeendroient pour rompre le Pont,
- Autrement on fera vne rangée de paux plantez dans Feau, aflèzproches lvn de l’autre,8c toute cette paliffade fera efloignée de cent, ou cent cinquante pas du Pont,afin que les artifices de lennemi faifant leur effeét contre ces paux, ne gaftent aucunement ledit Pont.
- Le principal de ces Sieges eft d empefeher qu aucun fecours n entre, par fineffe, ôceftre fortifiez fi bien que lennemi n en puiffe faire entrer par force : la dilpofition de cette forte de Sieges pourra eftre veue au Plan de Breda, qui a efté vn des plus fameux de tous ceux qui ont efté faits en cette forte ; &C nous auons reprefenté tout ce que nous auons dit dans ce Difcours dans la Planche fiiiuante.
- TL ANCHE XL IL
- PES
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- i8i
- Liure II. Partie II.
- DES SIEGES PAR FORCE.
- ’ ' Chapitre XX.
- ’Est la plus commune & la plus violente façon de, prëdre les Places *, autrefois elle a efté beaucoup plus fan-glante qu elle n’eft pas de prêtent : Ceft à la conduite de ces Sieges qu’eft requis le iugement & l’experience de l’Ingenieur, à caufe de la diuerlîté des acciaens qui ar-riuent dans tout le cours d’iceux, & des ehofes qui cru dépendent, ce que ie tafcheray de déduire le mieux qu'il me fera pofiible.
- Les mefmes confiderations quon a auant qu’entreprendre les longs Confidemios auat Sieges, les mefmes doit on auoir àceux-cy : car par fois on les croit de- %ee^Hndre ces uoir eftre courts,qui apres durent long temps,
- La làifbn la plus propre eft furie milieu au Prin- temps, quand le fourrage commence à venir dans la campagne pour les cheuaux, 8C qu on peut commodément camper. Ce temps n’eft pas encor aflez auancé aux païs froids -, ceft pourquoy on doit auoir efgard aux climats, où l’on doit commencer plus toft, ou plus tard félon la température du païs.
- Du nombre des Soldats, des Canons, & de tout ce qui appartient à vne armée complété qu’on préparé pour faire vn grand Siégé,ie n en par-leray pas : car en cela il n’y a rien de certain $ 8£ pour moy ie tiens que tant plus il y aura de Soldats ,pourueu qu’on les puifte payer, & fournir de viures & munitions, que ce fera le meilleur *, d’autant qu’on pourra, faire plus d’Ataques tout à la fois, & plus violentes.
- Aucuns tiennent que pour chaque Baftion qu’il y a dans la Place, il Nombre de Soldats faut deux mille hommes, qui feront douze mille contre vne Exagone, fc^Jaut ?mr 8£ pour chafque mille hommes vn Canon : mais i’eftime que cela n’eft aucunement précis, parce qu’on ne treuue point de Places ainfi ajuftées*,
- & puis fi vous auez douze mille Soldats au commencement du Siégé, quelques jours apres vous n’en aurez pas dix mille, lelquels fe diminueront tant plus que le Siège durera : C’eft pourquoy tantoft on en met plus, tantoft moins, félon le nombre &c qualité de ceux qui font dedans, 8C l’elperance qu’on a des recreucs.
- Vn qui veut conquérir vn païs ne regarde pas à la force de chaque Remarques. Place : mais à la force de tout l’Eftat contre lequel il va *, & lors il doit ad-uifer de ne manquer ni au defaut, ni en l’excès: Peu de Soldats ne peu-uent pas acheuer vne longue entreprife, car ils diminuent toufiours par les incommoditez des maladies,& des bleflures : la trop grande quantité eft fujette à plufîeurs cas, tarde aux chemins, dangereufe au palfages,
- 8c l’eau 8£ les viures ne peuuent pas fufiire. Darius 8c Xerxes furent Exemples. pluftoft vaincus par leur propre multitude que par la vertu de l’ennemi:
- Alexandre auec quarante mille hommes bien difeiplinez conquit toute l’Afîe : Epaminondas Capitaine Thebain auec quatre mille défit vingt-quatre mille hommes de pied, 8è fix mille cheuaux Lacedemoniens:
- Quatorze mille Grecs défirent Artaxerxes qui aïioit cent mille cobatans.
- Pour ce qui eft du Canon,i’eftime que c’eft troppeu : car quand vous Les Canons quii ne feriez que deux ataques, qui eft le moins qu’on en doit faire, il faut fMt'
- N N z pour
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- 282 Des Ataques par force,
- pour chaque ataque trois bateries, & chacune doit auoir pour le moins trois ou quatre Canons, qui feront dix-hui£fc, ou vingt-quatre pour les deux ataques.
- Fentens icy parler lors quon affiege vne grande Place, qui peut auoir nom de Ville fortifiée, comme nous auons défia fupposé. A vne autre peu fortifiée, il en faudroit moins. Par apres il faut confiderer la fîtua-tion de la Place, 6L félon les auis qu on reçoit de ceux qui fçauent ce qui fe paffe dans icelle.
- Pour moy, ie ferois d auis que pour affieger vne Place bien fortifiée, & à proportion bien garnie de Soldats, qui auroit huid ou neuf Ba-ftions *, pour faire feulement deux ataques, il faudroit trente Canons, qui feroientdefpartis, à chaque ataque trois bateries, chaque baterie de cinq Canons,qui feroient quinze,&c en tout trente Canons.
- Pour ce qui eft du refte de larmée, &C de tout ce qui en dépend, ceft vn Difcours fi long, que pour le bien déduire il faudroit vn Volume tout entier ; nous fuiurons feulement noftre intention, qui eft de parler du Siégé ,& de ce qui concerne loffice de llngenieur.
- COMMENT IL PAVT RECOGNOISTRE
- & prendre le Pim des Places.
- Chapitre XXI.
- On doit faire la 'carte Géographe que.
- pt la Topographie que.
- Faut auoir le Flan de la Place.
- Ce quon doit obfer-uer en prenant le Flan de la Place.
- O vs auons donné à toutes les autres ataques ce quil faut recognoiftre auant que commencer rentrepnie. Icy il eft autant ou plus neceffaire de fçauoir leftat, la difpofîtion &c la force de là Place : ceft pourquoy nous le defcrirons comme nous auons fait aux autres. „
- La première chofe qu on doit fçauoir, ceft la Pro-uince, les Villes &c Villages qui font autour, d’où Ion peut receuoir fe-cours bc affiftance, ou au contraire du dommage, là où Ton pourra loger la Caualerie, auoir rafraifchifTement &C fourrages, & de cela en faire vne carte Géographique. >
- Par aprçs le païs circonuoifin de la Place, comme les auenuës, les chemins, les paffages ,les bois ? les riuieres, montagnes,valées, commoditez & incommoditez qui font autour de la Place, tant pour les affiegez, que pour les affiegeans, & de cela en faire vne carte Topographique, pour ne faire pas fi long. Qui voudra fçauoir le moyen de la faire, le pourra^ apprendre dans les Autheurs qui en on traitté, ce qui eft très-facile à qui prendra la peine de les lire. Peut eftre autre part nous en dirons quelque chofe auec facilité.
- Par apres il faut auoir le Plan de la Place, qui monftrera la Fortification , non feulement comme elle eft faite : mais encor les autres circon-ftances necefTaires, defquelles on réduira par Difcours celles qui ne peu-uent eftre mifes en Figure.
- Parce que ceft vne partie tres-neceflaire à Tlngenieur, nous dirons ce qu’il doit obferuer en prenant le Plan dvne Place. Premièrement il doit deferire la Figure de la Place,qui confifte à mettre le nombre des Baftios,
- leur
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- Liure II. Partie II.
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- leur grandeur, la diftance qu’ils ont Tvn de l’autre, comme ils font flanquez, les longueurs des lignes de defenfe, de quelle forme font les Basions,droits , obtus, ou aigus, s’il y a des Places baffes &c hautes, les me-lures de leurs parties le plus précisément quil fe pourra. On prendra garde aux indices,par lefquels on peut cognoiftre la grandeur des Rempars* comme fi les maifons eftoienr proches des murailles, alors il n’y aura^ point de Rempar, ou s’il y a autour quelque lieu eminent, il y montera pour le pouuoir defcouurir, les Parapets, leur figure, &c leur matière. Il aduifera aufli fi la Place eft reueftue, ou non, &c s’il y a des murailles, de quelle matière elles font, leur hauteur, la largeur du fofsé, èc la profondeur, s’il eft foc, auec, ou fans Cunete, les defenfos qui font dans iceluy, s’il eft plein d’eau, il aduifera fi elle eft courante, ou morte,qu’on la puifle ofter,ou nonjla hauteur des Contrefcarpes,fi elles font reueftues, comme eft faite la muraille, s’il y a chemin couuert •, s’il y a des Dehors, & combien il y en a, leur figure, leurs mefures, s’ils font fofloyez autour, loins, ou proches de la Place, leur matière, la qualité de la terre de laquelle ils font faits, comment ils font flanquez, & de quels endroits ils font veus &commandez,leur efpaiflèur,la profondeur & largeur de leur fofsé. Par apres,la campagne qui eft autour, de quelle forte de terrain, gras,fablon-neux, graueleux,pierreux, marefeageux : de cecy nous enauons parlé au Chapitre des terrains : Si elle eft plaine,ou montueufe,couuerte de bois, ôc hayes, ou defcouuerte, feiche, ou remplie d’eaux : s’il y a quelque lieu qui commande, proche, ou efloigné, fort haut, ou médiocrement,s’il eft rocher, ou coline de terre : de tout cecy nous auons parlé amplement au Chapitre des Aflietes, eferit en la première partie du premier Liure. En general l’afTiete de la Place & la qualité du fite, remarquant tout ce que nous auons dit -, outre cela les riuieres, & ruifleaux qui paflent autour, ou dedans la Place, comme font fortifiées les emboucheures de la riuie-re, ou lac s’il y en a, comme on ferme le paflage, les endroits qui font plus foibles, & plus propres à eftre àtaquez, &c quels font les plus forts.
- Bref il doit tellement recognoiftre,s’il eft poffible, que lors qu’il fera fon raportil efclaircifle entièrement tous les doutes qu’on pourroit propofer.
- Il mettra en deflein ce qui fe doit, comme la figure de la Fortification &C des Dehors, leurs mefures qui fe prendront fur l’efohele. Il en pourra, de la Place. faire deux defleins,IVn fimple ignographique,reprefentant la Plante feule , & l’autre orthographique, ou releué, qui monftrera les hauteurs, ce qui fe peut faire aufli par le porfil *, mais il n’eft pas fi aisé à cognoiftre, outre que pour chaque piece qui eft en la Place il faudroit vn porfil. Il pourra s’il veut le mettre en perlpediue,comme il l’a veu de quelque endroit haut qui defcouure dans la Place, afin de le monftrer femblable comme le verra le Prince, ou General, lors qu’il fera en cet endroit: tou-tesfois cecy n’eft pas neceflaire} c’eft feulement pour l’ornement & gen-tilelfe. Le refte il le mettra en Difeours -, s’il eft à propos par eferit,ou bien il s’en fouuiendra pour en pouuoir parler pertinemment aux occafions.
- Ce qui eft eferit cy deflus eft le principal qui doit eftre remarqué par Ce qu’°* doitp'm-vn qui va recognoiftre quelque Place : car pour ce qui eft de fçauoir iu- cj£*Umt mo¬’ ftement la grandeur des Angles,& la longueur des Faces y quand bien on ne les auroitpas fi précisément, cela n’importe pas tant comme les autres
- N N 3 circon
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- dre les Plans,
- 2 84 Des Ataques par force,
- circonftances : car vn Baftion pour eftre de trois ou quatre degrez plus aigu, ou plus obtus, fa force n en fera pas fenfiblement plus grande 5 ou plus petite, & pour cela on ne changera pas Tordre de l’ataque : de mel-me en eft-il des lignes de defenfe. le ne dis pas pourtant qu on ne doiue prendre garde à tout le plus précisément quon peut : mais il ne faut pas fe peiner tant feulement à recognoiftre cecy,qu’on laide le refte que nous auons dit, qui eft beaucoup plus important. Pour donc ne laifler rien à recognoiftre,nous enfeignerons aufli comme on peut prendre les Plans des Places.
- Le moyen de prendre le Plan de la Place, ie le diray icy pour defabu-fer plusieurs Ingénieurs de temps de paix, qui fe rompent la tefte apres infimmens feruem l’vfage de diuers inftrumens Géométriques, penfans faire des merueil-Zm kS àprendreles Plans au befoin,ainfi queie croyoisauantque i’en vifle m% lexperience. le dis que pour s’en feruir en ces occafîons ils font tout à fait
- inutiles : car il faut foauoir que de trop loin,ni auec la veuë feule,& moins auec les inftrumens, on peut cognoiftre ce que c’eft dvne Place : car on prendra les faces pour la Courtine, la Courtine pour le Baftion 3 bref on ne diftinguera rien : Si Ton veut s’approcher, à fçauoir fi ceux de la Place vous lairront là fans aller voir ce que vous faites:fi c’eft en temps de paix, s’ils vous treuuent à mefurer, afleurément ils vous donneront le cordeau, &C vous feront feruir de plomb pour faire tomber la perpendiculaire d’v-ne potence : ou fi c’eft en temps de guerre, ils vous tireront tellement demis , qu’il vous faudra abandonner tous vos inftrumens : car auanr qu’ont aitajufté tous les équipages,il faut prefqu’vn quart d’heure à chaque obforuation,& le plaifir eft qu a la fin on ne treuue rien de iufte, comme i’ay elpreuué en toutes les façons ,& auec la plus grande diligence qu’il a efté pofüble, toufiours à la fin il y a eu du defaut grandes ment fonfible.
- D’aller fe pourmenant fur les Rempars, & mefurant à pas contez tou-
- n eft que le Prince mefme le fafie faire pour auoir le Plan des Places de> inflrumem Geome- fonEftat? Ces inftrumens font beaux & bons pour plufieurs autres vfa-T §£s 5 ^ ^ont tres quant à la théorique, 6c à la fcience, veu qu’ils
- mien pmJeruZ font fondez fur des principes & demonftrations infaillibles, lefquelles on ne peut prattiquer icy, à caufe qu’on eft toufiours empefché de s’en foruir commodément. Et quand mefine on ne l’eft pas, noftre veuë, la matière, &: Tinftrument nous font encor faillir *, &c la faute qu’on fait à chaque obferuation pour petite quelle (oit, eftantplufieurs fois reïterée à vn grand contour, apres qu’on a iointcs toutes les faces Tvne à l’autre, fe voit aux dernières notablement grande, quel foin qu’on ait apporté enloperation.
- Pour prendre les Loïs qu’il vous fera permis de prendre le Plan de quelque Place,le plus
- pians hrs quti efl juffe moyen eft de mefurer tous les Angles auec quelque infiniment, *erm“‘ tant plus grand, tant meilleur il fera, & les faces auec quelque meftire : fi
- à la fin on ne treuue pas fon conte exaëte, on aidera vn peu à la lettre. C’eft chofe merueilleufe que les conceptions les plus afTeurées,lors qu’on les met en operation ne font iamais fi iuftes que f efprit les imagine, le
- defaut
- permis,
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- LiurelL Partiel!.
- 285
- defaut venant ou des fens, ou de la matière -, non pas quand auec vne» mefme mefurefouuent reiterée, deux perfonnesmefurent vnemcfme longueur, ils ne font pas précisément conformes.
- Lors qu’il faudra prendre le Plan de quelque Place de l’ennemi, ou d’autre lieu où il eft défendu tres-exprefsément de le recognoiftre, ce qui arriue fouuent eftre neceffaire, encor quil n’y ait point de Place de laquelle les Princes n’en ayent les Plans bien iuftes : toutesfois ils ne laifTent pas d’y enuoyer pour en auoir déplus fraisplus affeuré rapport -, &c quand on change,ou qu’on fortifie quelque Place de nouueau ils défirent en voirie deffein : & pour auoir premièrement ceux qu’ils ont, il a falu toufiours qu’ils les ayent fait prendre à quelquvn de leurs Ingénieurs, on fe conduira ainfi.
- Celuy qui aura cette commiffion feferuira d’vn autre moyen pour les prendre. Il faudra qu’auant qu’il fe meflc de cette profeflion, il s’exerce fouuent à regarder des faces, ou murailles à diuerfes diftajnces,& dire en foy-mefme la longueur, &C puis l’aller mefurer, &C regarder combien il a failli y & derechef la retourner voir du mefme lieu qu’auparauant fça-chant fà mefure,& faire cela fouuent : en fin par ce frequent exercice il acquerra vne telle habitude, que voyant vne face il dira la longueur fans faillir notablement,comme auffi les hauteurs, auffiiufte que fi on l’auoit mefure de loin auec quelque infirmaient. On s’exercera en mefme façon à cognoiftre les Angles,qui font vn peu plus difficiles que les faces:ayant tout confideré le iugement & l’exercice donnera à cognoiftre la forme de toute la Place par le rapport de toutes les parties : à oecy il eft befoin d’auoir bonne reflouuenance, &c fe reprefenter bien les lieux, à quoy la. mémoire locale peut beaucoup feruir. Pour dire le vray il faut y auoir vn certain Genie &: aptitude naturelle, qui ne peut eftre donnée par réglé. Ceux qui feront refle£tion fiir ce que i’en ay dit, treuueront que c’eft le plus vray, àc le plus facile moyen qu’on peut auoir de prendre les Pians, &C qui pourra dire pratiqué par tous ceux qui voudront prendre, la peine de l’executer. le fçay bien que plufieurs l’eftimeront peu, parce qu’il eft fort facile», mais c’eft ce qui le doit faire prifer. Si Ton dit que, chacun pouuoit bien fçauoir ce moyen, il faloit donc le dire & l’efcrire, au lieu de toutes ces bouffoles, &c embarras d’inftrumens : il fut fort aisé de faire tenir l’œuf droit fur la table apres qu’on l’eut veu faire -, tout eft facile lors qu’on le fçait.
- le ne fçaurois affez admirer l’impertinence d’aucuns,qui tiennent pour fecret rare de prendre des Plans auec vn miroir, ce qui eft tout à fait inv poffible : parce que fi le miroir eft concaue, il ne reprefente pas l’obied comme il eft,&: point pour tout s’il eft efloigné. Le conuexe ne peut reprefenter que les chofes proches : les efloignées il les fait fi petites qu’on 11e peut les cognoiftre, &; encor moins diftinguer leurs parties. Le miroir plan ne reprefenteiamaisfi nettement l’obiedque noftre œille voit: car la refleélion eft toufiouts plus foible, lors qu elle fe fait Amplement fans raffembler les rayons, que l’emiffiondirede des rayons, parce que d’autant plus que le patient eft efloigné de la vertu a&iue, tant moins elle agit. Or noftre veuë qui reçoit les efpeces intentionnelles eft plus efloignée de l’obie£k d’où elles viennent, à caufe de l’angle fait au miroir
- Les fens & U matière font manquer.
- Facile moyen de prendre les Plans.
- . -..... r........ les
- Plans auec les miroirs eft vne chofe ridicule.
- Raifon Phyjïque pour quoy on voit moins dits le miroir que de la veuë feule.
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- ToHYcjHoy on ne peut prendre les Plans auec les lune-tfs d’jimfterdam.
- Exemples,
- Comme on fe doit gouuerntr à pren* dre te Plans.
- Autrement.
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- roir par les deux lignes qui fe font par la refleâion, lefquelles font touffeurs plus grandes que la troifiefme : Donc nous verrons moins clairement dans le miroirqu en regardant la chofe mefme $ ce qui feconfirme par l'experience qu'on en peut facilement faire. Et quand bien on verroit mieux dans le miroir quauec l'oeil feul *, fi faut- il toufiours mettre le miroir en tel lieu,qu’il puiflè receuoir tous les rayons de Fobieâ:,ce qui fe fe-roit s’il eftoit bien haut en Pair vis à vis du centre de la Place : mais qui le portera 1 à,& qui l'ira regarder lors qu’il y fera ; certes les Aigles d'Efope feroient grand befcin pour eftre portez là haut.
- On fera aduerti qu'auec les lunetes de longue veuë, ou lunetes d’Ho-lande,autrement Canochiali,on ne peut prendre les Plans, parce qu auec ces lunetes on voit bien de loin, mais peu de chofe à la fois : c eft pour-quoy on ne fçauroit apres mettre enfemble tout ce qu'on a veuen plu-fieurs fois. Elles peuuent feruir à faire cognoiftre quelques parties quon ne peut diftinguer de la veuë feule.
- Il y a aucunes Places quon eft bien aife qu elles Ibient vcuës curieufe-ment. À Luques ils Iaiffoient autresfois aller par tous les lieux les plus particuliers de la Fortification,de mefme à Orange, &c autres lieux,parce qu'ils eftiment leurs Places fi bien fortifiées qu'on n’y fcauroit treuuer aucun defaut. Valerius Leuinus Conful Romain ayant recogneu vn_, efpion de l'ennemi,luy fit faire tout le tour du camp?ôC apres luy dit qu’il eftoit tellement affeuré de fes forces, qu?il permettroit de voir fon armée auxefpions quand ils voudroient. Quelques malades du camp d'Alexandre eftans demeurez, ceux de Darius leur font voir toute l'armée, &c les renuoyent à leur camp les mains coupées pour conter ce qu'ils auoiet veu. Cambyfes pour recognoiftre les pais des Ethiopiens enucye des Iétyophages qui parloient la langue du pais : Le Roy d'Ethiopie le fçair, leur fait voir tout, les renuoye auec prefens,& l.eur dit,que Cambyfes (fe contente que ie ne luy falfe pas la guerre. Xerces empefcha qu’on ne fift mourir trois Grecs pris à Sardes, ou ils eftoient venus pour recognoiftre fon armée ,leur fait tout voir, &C les renuoye, afin qu’on fceut que fon, armée auoit plus deffeët que de réputation : Mais il me femble que c’efl; trop fe fier en (à force: il ne faut iamais donner aucun auantage à fbo, ennemi pour petit qu'il foit : l'euenement de la guerre eft toufiours douteux } perfonne ne fe peut promettre vne vi&oire afleurée. Il eft fort aisé de recognoiftre ces lieux lors qu'on permet ainfî facilement les voir.
- Quand on voudra prendre le Plan d'vne Place qui doit eftre bien toft afïîegée, & qui ne peut eftre ainfi facilement veuë, on s'en ira auec ceux qui feront le degaft,& fera le tour de la Place à cheual,bien armé,& marchant vn peu vifte,on obferuera diligemment tout ce qu'on voit*, fai-fant ainfi le tour deux ou trois fois, on prendra le Plan en famemoire, qu'on tracera apres fur le papier.
- Il feroit bien mieux fi l’on auoit peû auparauant aller dans la PJace3en-trer par vne porte, remarquant tout ce qu’il y a à cette veuë, & ferrant par vne autre, recognoiflant de mefme ce qui fera de ce cofté : & s’il y a plufîeurs portes, reuenir par quelque autre porte, &; refortir par vne autre differente : s’il y a quelques lieux hauts, y aller fe pourmener, fans iamais s'arrefter, ni rien efcrire, ni porter rien de foupçonneux fur foy : s’il
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- Liure II. Partie II.
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- y a quelque chemin qui contourne autour de la Place, aller par ce chemin youii Ton permet qu’on fe pourmene autour, en faire le tour fi Ton
- uant rien qui vous puiffe faire foupçonner, on ne dira autre chofe. Orn pourra faire de mefine en dedans la Place pour recognoiftre les Rempars. Si on y laifle monter, on ira defius comme les autres,fans faire femblant de rien îou s* iln’eft pas permis, on ira par les rues proches d’iceux,remarquant tout ce qu on pourra. Si l’on ne peut pas tout voir la première fois, on y retournera deux, commençant quelque affaire dans la Ville, qu’on laiflera imparfait pour auoir pretexte d’y retourner, ainfi que nous auons dit cy deuant 5 ce qu vn homme d’efprit pourra faire fans qu’on s’en aper-çoiue. On pourra eftre aidé par le rapport de quelqu’vn qui fera forti de la Place, remarquant s’il dit vray de tout ce qu on a veu -, il y a apparence qu’il le dira aufïidu refte, fans fe fier toutesfois à vn mefine. C’eft pour-quoy il faut que ce (oient quelques perfonnes affidées qui facent le rapport,ou que plufieurs autres difent vne mefine chofe -, à cecy on doit employer tout le foin poflîble. Il eft tres-neceffaire qu’vne Place foit bien recogneuë, autrement on ataquera aufli toft le plus fort que le plus foi-ble. Aux aérions de guerre les meilleures occafions fe perdent faure de fçauoir.
- Cecy eft de telle importance que quelquesfois les Generaux mefines y vont pour en eftrç plus affeurez. Titus fut en perfbnne pour recognoiftre Hieru&lem : Pyrrhus eftant Chef des Tarentins fut luy mefme recognoiftre le camp des Romains auprès du fleuue Sirien*,l’vn & l’autre auec grand péril. Alexandre s eft exposé fouuent pour le mefme effeéï : toutesfois il me femble que c’eft vn peu trop legerement, bien que la Fortune les fauorifa. Ceux qui ont commandement ne doiuent iamais commettre leur vie, d’où dépend le falut & l’honneur de tant de milliers d’hommes. On s’eft ferui plus fagement d’autres moyens pour reco-
- fnoiftre les Places &C les forces de l’ennemi. Caius Lelius,enuoyé Am-aflâdeur au Roy Syphax, mena auec luy les efpions comme fes ferui-tcurs, & poui1 le donner mieux à croire en frappa vn publiquement auec vn bafton, ainfi firent les Carthaginois pour recognoiftre les forces d’Alexandre : Scipion en fit autant pour recognoiftre le camp des Carthaginois. Autrefois on prend quelqu’vn du lieu, auquel par force on fait dire l’eftat de la Place, & de ceux qui font dedans. Marc Cato enuoya trois cens Soldats dans le camp de l’Efpagnol, qui en prindentvn, auquel par tourmens il firent dire l’eftat du camp de l’ennemi.
- C’eft vn des principaux auantages qu’on peut auoir fur l’ennemi de* fçauoir fon confeil,l’eftat de fes forces ÔC de fes Places. Celles qu’on ata-que apres eftre bien recogneues font à demi prifes, parce qu’on proportionne fes forces à celles de l’ennemi, SC fi on eft trop foible, on ne les ataque pas. Pour moy i’eftime qu’on a autant d’auantage ataquant vn ennemi, ou vne Place, defquels on fçait tres-bien les forces, le nombre, SC la conduite, comme vn qui voit le ieu de çeluy contre qui il iouë.
- le donneray vnmot daduertiflement pour ceux qui demandent comment on peut cognoiftre les defauts d’vne Place. Premièrement on doit
- OO fo
- On ne doit[efier au rapport d’vn fini.
- Exemples des Generaux d’armée qui ont recogneu eux
- mefines.
- jiutre moyen de fçauoir ïtfiat de l’ennemi.
- Grand avantage d’auoir recogneu,
- Comme on peutco-gmifireles defenfes d’vne Place.
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- Jpuand on doit pre-dre les petites Places.
- giçetyples*
- Quaà on doit aller d'abord aux grades Places.
- a88 Des Ataques par fqrce,
- fe fouuenir des maximes, ou préceptes generaux doits-au commencement du Liute *, par apres des mefures, de la forme, & de la matière d’v-ne chacune partie, déduits amplement dans le Difeours de laFortificar tion. Lors quon verra quelque partie de la Place eftre au contraire, ou n?auoir pas toutes fes circonftances, on dira quelle defaut en celles qui luy manquent. Les remedes neceflakes font enfeignez dans la Fortification irreguliere,& fuccindement au Chapitre de la Récapitulation de la Fortification irreguliere.
- SI VON DOIT ATAQVER LES PETITES Placer (Hauteur , ou aller d-abord d la capitale.
- Chapitre XXII.
- E s raifons pour F vne & pour lautre opinion ne forcent de rien filon ne refout ainfi la queftion. On doit atar quer les petite^ Places qui peuuerit porter dommage lors quon voudra prendre la grande, empefchant les pafta-ges des conuois, des munitions, &C viures, & qui fer-uent de retraite à f ennemi pour faire afleurément fes courfes -, comme aufli pour s aflèmbler,afin de donner fecours à la Place, ou qui peuuentempefcher la retraite, corne ilarriua au Comte dç Char-rolois, qui n’auança rien au Siégé qu’il mit deuant Paris, à caufe qu’il ne^ s’eftoit pas rendu maiftre des lieux &£ paffages circonuoifins, d’ou Iesaf-fiegezreceuoient tousjesiours nouueauxrafraichiflemens. On doit aufli prendre les petites Places d’autour,lors que la principale eft tellement fortifiée munie de Soldats, qu on iuge ne pouuair la forcer, &c tenant ces
- lieux, on eft afleuré qu’elle fera contrainte de fe rendre. Alexandre prit tous les Villages d’autour de Leucadie : Cornélius Scipio voyant qu’il ne pouuoit prendre Delminiû prit les lieux voifîns: Pyrrhus ataqua les petites Places pour auoir la Capitale des Efclauons : Darius penfa perdre fon armée retournant dç Scithie,pour n’eftre maiftre des Places par où il eftoit pafsé en venant.
- Lors que ces Places riempefchent aucunement, il vaut mieux les biffer , & aller droitement à la principale, afin de ne donner point temps à l’ennemi de fe fortifier , &c munitionner, cependant qu on affoibliroit fon armée (ans rien auancer, eftans bien afleurez quayahs pris la Ville capitale,les autres fe rendront, &C non pas au contraire. Emilius Gonful ayant afliegé 6c pris Dimala, les autres Places moindres fe rendirent. Il me femble pourtant qurl feroit mieux denuoyer vne partie de Farmée à cet effed, cependant que le corps d’icelle fe camperoit au deuant de la, Ville capitale, S£ par ainfi on gagneroit & le temps 6L les Places qui vous incommoderaient ne les ayant pas , &feruiroient en eftans maiftres. Toutesfois il faut auoir efgarda la force d'icelles, Scne difperfer point Farmée, de façon qu’on riait ni l’vn ni l’autre. L’experience,&; la prudence du Chef doit cpgnoiftre quel eft le plus expédient.
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- Liure IL Partie IL
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- T>V DE GA ST.
- Chapitre XXIII.
- A première de toutes les avions d’vn Siégé, c’eft le dé- cmme ondoùfd-gaft, qui doit eftre fait par là Caualerie &c Infanterie,ra-u De^ uageant tous les fruiflrs des enuirons, fauchant le bled, s’ilfe peut, ou bien on le bradera, & vendangera toutes les vignes. Et fi ceft au Printemps lors qu elles bourgeonnent , on mènera quantité de cheures qui les gafferont entièrement, ainfi que fit Monfieur d’Efpernon deuant la Rochelle: les arbres, ô£ tout ce qui peut apporter quelque commodité à l’ennemi doit eftre coupé, gafté &C ruiné. On laiflera feulement ce qui peut feruir au campement, comme les maifons, les arbres qui ne portent pas fruid,
- &C autres chofes femblables. Halyates rauagea vnze ans durant le pais des Milefiens, fans iamais gafter les baftimens, ni les arbres. Le Degaft doit eftre fait le plus près de la Place qu’il fe peut 5 d'ordinaire ceft à la portée du Canon. Toute Tannée cependant doit eftre logée aux Villages plus proches circonuoifînsjelquels on doit fortifier auantque commencer le Siégé. On choifira quelques vns d’iceux pour les magafins des viures, aulquels on fera des fours pour cuire le pain de munition pour porter au camp durant tout le Siégé,& des moulins pour moudre les grains.
- Apres quon aura fait le Degaft, vn des Chefs de farmée,comme Ma- Le chef apres h refchal de camp,ou autre, accompagné de quelque Caualerie,&; des vo- x^jde lontaires, fecondé d’infanterie, s’en ira au lieu le plus eminent, doij Ton defeouure la Place, menant auec foy Tlngenieur qui l’aura auparauant re-cogneuë, 8c les autres qui luy auront aidé,lefqüels monftreront Tafliete, la forme des auenüës, §£ les autres remarques que nous auons dit cy deuant : principalement on regardera les lieux plus propres pour faire les approches, èc les endroits où Ton fera les ataques. Cependant on tiendra quelques Sentinelles autour, de peur d’eftre furpris , & toute l’Infanterie fera en bon ordre en armes : & fi le lieu eft couuert,on aura mandé quel-qu’vn auparauant le recognoiftre.
- Apres auoir veu tout ce qui eft d’vn cofté, on ira apres aux autres, remarquant la Place, & ce qui eft neceflàire pour le commencement &; conduite du Siégé.
- Cela eftant fait, le General ferâ aflembler le Confeil de guerre, ou le 0» dm dehbem-Prince s’il eft prefent, auquel oii appellera le Chef qui aura efté voir la. fHrlAtaiu'' Place, bc Tlngenieur,ou Ingénieurs, tous les autres qui auront efté auparauant députez pour recognoiftre,qui monftreront leurs Plans,fur lef-quels, & fur la relation qu’ils feront,chacun opinera quel lieu on doit ata-quer, Tordre qu’on doit tenir,quel nombre,&c quels Soldats doiuent eftre employez aux approches,^ aux autres ocçafiops. Et ayât prisles opiniôs &C les raifbns de tous, il refoudra luy feul, fi toutesfois il en eft capable: car pourcefaire il faut auoir tres-grânde expérience,ÔC encor plus de iu-gement:Et c’eft vne partie furhumaine fur la diuerfité des auis prendre fe meilleur, encor que moins en nCHubre le propofent, S’il eft en doute de ce qu’il doit conclurre, il prendra le plus de voix.
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- *pes
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- 290 Des Ata^ues par force,
- DES ^APPROCHES.
- C H AP 1 T R £ XXIV.
- Comme on doit faire les approches.
- Ponr ehajfer les ennemis des lieup dif-. ficiles.
- approches de Cle-rac fttrieufes.
- jiduertifftmettt.
- cintre adttertijje-ment.
- E lendemain on fera les Approches par l'endroit quon aura, délibéré,pour ce faire on choifira de toutes les côpagnies des Soldats les plus hardis,lefquels marcheront les premiers pour
- ________eflfans perdus (ans ordre,ÔC feront la première efcarmouche.
- S’il y a des chemins enfoncez,ils monteront fur le tertre pour auoir l’a-üantage, èc prendront toufiours le plus haut.
- S’il y a des ennemis dans les foffez on tafehera de les prendre par derrière , 8c les enfermer , pourfuiuant ainfi toufiours : car ceux de la Place n opiniaftreront iamais ce combat : il leur importe trop de perdre les Soldats à la première occafion.
- Les Approches font dâgereufes aux lieux où il y a des bois,des vignes, des hayes,des chemins creux, des foffez où l’ennemy fe peut cacher,& le retirer fans perte : d’où il faut le chaffer à force de tirer & combatre,comme fut fait aux Approches de Clerac,qui furent les plus furieufès de toutes celles où ie me luis treuué, à caufe du lieu,8c de l’opiniaftreté de ceux de la Place, lefquels fè tindrent prefque tout vn iour dans les vignes 8c dans les hayes, fe retirans à couucrt lors qu’ils eftoient preffez,fans quon peut les endommager que bien peu.
- S’il y a des retranchemens dans les chemins,il faut les forcer en faifànt le tour par le haut,& les prenant par derrière, & les abatre tout auffi tofl, fi ce n eft qu’ils puiffent leruir pour fe couurir de la Place : toutesfois oïl aduifèra qu’ils ne fbient pas faits de pierres,èc à la portée du Canon -, car au lieu de couurir & defendre ils tueroient de leurs efclats.
- Il faut prendre garde de ne s'approcher pas trop, èc fe mettre en gros dans les chemins qui font defcouuerts, & enfilez de la Ville à la portée du Canon -, comme à Montauban du collé des Gardes,où l’ennemi auoit fait dans vn chemin vn malheureux retranchement, qu’ils abandonnèrent, & s’eflans retirez du chemin, à l’inflant on lafeha de la Ville quelques Canonnades, qui tuerent plufieurs Soldats, èc vn des Chefs.
- Lors qu’on feraenuironà la portée du Canon, il faut s’arrefter, èc s’il y a quelques foffez, ou fieux couuerts, s’en fàifir, èc fè retrancher toute la nuid, faifant bonne garde, de peur que les ennemis ne fafïènt fbrtie auec auantage, principalement aux lieux où ils fe peuuent retirer à couucrt fansquon les puiflè pourfuiure à la retraite,
- DE LJ DISTRIWFTJON DES
- Ghtartiersfg Eogemens. CHAPITRE- X X V,
- Comme on doit di-Jlribuer ies Quartiers.
- E-iour apres on diftribuerales Quartierspour les Rçgimens, donnant les Ataques principales, & les lieux pins comtno-® KallË des aux premiers Rcgimcns, &C aux autres en fuite félon le 'PÙfadfaW- rang qu’ils tiennent,
- Le
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- Liure IL Partie IL 291
- Le Parc où fe tiennent les munitions doit eftre tout à fait hors la portée du Canon, ou s’il y a quelque lieu où il puiffe eftre fait à couuert, on s’en feruira, pourueu qu’il foit commode pour le charroy,& pour porter les munitions dans les tranchées. 11 y doit auoir autant de Parcs qu’il y a des Ataques , principalement lors qu’on ne peut aller d’vn lieu à lautre qu’auec beaucoup de temps & d’incommodité : èc chaque Parc fera du cofté de fon Ataque, qui. doit eftre mieux retranché que tous les autres Quartiers. Lafprme de leurs retranchemehs fera comme desautres:mais on fera les foifez plus larges, &C fera gardé plus foigneufement que les Quartiers, &: n’y doit- on iamais porter du feu, ni aucunes armes à feu, les Piquiers feulement le doiuent garder.
- Aux Sieges qui font bien formez, particulièrement quand on craint que quelque grand fecours n entre dans la Place, on fe retranche tout autour,tant du cofté de la campagne, que de la Place,tellement que le camp eft enfermé, &C fortifié de tous coftez.
- Apres auoir donné les Quartiers, on doit diftribuer les Logemens &C rues de chaque régiment. Bien que cecy appartienne proprement au Sergent Major, &C à la Caftrametation, de laquelle plufieurs ont fort bien eferit, ie le diray en partant/, parce que l’office de l’Ingénieur eft de le fortifier , mefme qu’on ne peut bien parler de l’vn fans dire de l’autre, veu qu il eft auffi neceflàire de fçauoir tous les deux,i’en eferiray fuccinâemét.
- Si on vouloit faire le Logement pour vn Régiment de deux mille hommes, on marquera premièrement tout le contour,qui aura 9o.pas de front,ic 12.0.en longueur,là dedans on repartira cet efpace en cette façon.
- Au milieu on fera la grande rue large de huiét pas, qui font 40. pieds: la moitié du Régiment fora d’vn cofté, l’autre moitié de l’autre. On fera dix rangs d’hutes de chaque cofté, marquées D, Sc cinquante hutes à chaque rang : tellement que chaque deux Soldats auront vne hute, SC cent hutes feront le logement pour vue Compagnie de deux cens hommes : ces deux rangs feront l’vn deuant l’autre,ayant à l’vhles portes d’vn cofté *, à l’autre de l’autre, quelles fe regardent s & y aura vne rue de fept pieds, marquée C, entre les rangs des hutes d’vne mefme Compagnie. Les Compagnies feront feparées l’vue de lautre, d’vne rue auffi de fept pieds de large, chaque hute ayant hui<ft pieds quarrez, les dix rangs do chaque cofté feront 160. pieds -, &C neuf mes qu’il y aura de chaque cofté entre deux feront i^.pieds. La diftanee G qùbndoitlaifferdechaque cofté, depuis les hutes iufqués auxrètranchemens,5o.pieds de chaque cô^ fté, tous deux font io.o:il jettera pour l’efpaiffeur des retranchements n. pieds de chaque cofté, font *4.qui feront en tout auec la grand’ rue 45:0. pieds de front,qui font2®*pas. _
- La longueur feraainfi defpartie : Vouslaiftez à la telle vn efpace de 50. pieds de large, marqué G, dans lequel efpace fera le logis du Maiftre de Campitnarqué A -, c’eft la Place d’armes qui doit eftre tout autour* iay elle eft depuis les retranchemens iufques aux logemens des Capitaines ^marquez B ,qsffauront 2-4.p&ds de large , & 3°. de long j apres lefquels fùL liront ks hutes,lefquelkseftans 50.cn longueur, occuperont 4oo.pieds, à 8q>ieds)ebacune, Aufonds on laiffera vn autre efpace de 4^. pieds pour les Marchands Sc Viuandiers, lequel me fembleroit mieux au milieu»
- OO 3 auec
- Oit doit eftre le Parc» & corne fait.
- Diftribution des le-gemens.
- Distribution de la largeur du logemet.
- Distribution de la longueur.
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- Comment doiuent fjire fortifie^Jes logement.
- Çamp peut eftre fortifie à Redens.
- Forts doiuent efire faits en la capagne outre les Redoutes.
- Quelle largeur doit 'çtiçir k fo'fsé aux retranchement.
- %g% Des Ataques par force,
- auec vne rue qui trauerferoit,afin quils riempefchalfent pas la Place d’armes derrière les retranchemens > & pour leur logement,&; pour la rue on pourroit donner jo.pieds, refteroit so.pieds pour la Place, entre les hutes &C le retranchement, ô£ 11, pieds de chaque cofté pour l’elpaifleur des retranchemens,qui feront 6oo.pieds,ceft à dire,uo.pas. Si Ion eft fi proche de la Ville,que le Canon puiffe porter dans le camp, il faudra faire les retranchemens plus efpais,comme de io.à 15,pieds, &; hauts qu ils puiffent couurir les logemens.
- Les retranchemens le font d’ordinaire en quelquVne des façons fai-uantes 1 C’eft que de 50. en 50. pas on fait vne Demi-lune, qui auance 10. ou n.pas dans la campagne,& fera en angle droit,comme font les Demi-lunes marquées N : aux extremitez on fera des petits Battions M, de 6.à 8.pas de flanc, {ans les Parapets. Par tout où Ton vçut que foient les for-tiés on fera des Demi-lunes deftachées, comme on voit en la Figure, marquée 1. On peut aufli au lieu de ces Demi-lunes faire des petits Forts quarrez qu’on appelle Redoutes,pofez comme la Figure L nionftre, de 11.OU q.pas de face, lefquels pourront feruir non feulement pour fortifier fentrée comme les autres Demi-lunes : mais encor l’ennemi venant à forcer quelque endroit entre deux Forts, pour le chafler, iceux Forts eftans foffoyez tout autour. I’eftime qu’ils doiuent eftre pluftoft faits du cofté de la campagne, que du cofté de la Ville, parce que ç eft de là qu on doit craindre la plus grande force pour feepurir la Place, §g lors qu’on eft afleuré que Pennemi tafehera dy faire entrer fecours. Toutesfois on les peut faire que la moitié foit dehors, lautre moitié dedans, comme ils font en la Figure.