Dans les années 1890, le journaliste Louis Baudry de Saunier affirme qu'un Français, le comte de Sivrac, a inventé en 1790 (donc vingt-huit ans avant la draisienne) le célérifère, sorte de « véhicule tout à fait rudimentaire, constitué par deux roues en bois, réunies, dans leur sens radial, par une traverse, également en bois, servant de selle » (Ce que tout cycliste doit savoir, 1926).

Son histoire prend place dans un contexte d'inimitié forte entre la France et l'Allemagne, suite à la guerre de 1870. Pendant des décennies, l'invention du célérifère ne sera pas contestée, servant le nationalisme français ; on peut ainsi lire dans le rapport du jury de l'Exposition universelle de 1900 : « Les preuves abondent, l'histoire de la vélocipédie en ses grandes lignes est presque un chant de triomphe en l'honneur du génie français ».


Cependant, la seule trace existante du célérifère est celle d'un brevet déposé en 1817 par Jean-Henri Siévrac pour des « procédés de construction de voitures dites célérifères », qui sont en fait des voitures tirées par des chevaux... Le canular est dénoncé dans la seconde moitié du XXe siècle.